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La mémoire est un monstre; On oublie, elle pas. Elle garde tout. Elle prend soin des
choses pour nous ou les emmagasine. et nous les rappelle avec une volonté
indépendante de la notre. On pense avoir une mémoire, mais c’est elle qui nous a.
John Irving, Prière à Owen Meany
Dans les fonds marins, la queue bien ancrée aux algues, il se balance calmement au
gré des mouvements d’eau. Le père hippocampe monte la garde, le seul mâle du
règne animal qui couve les oeufs en son sein, jusqu’à ce qu’un beau jour les alevins
éclosent et disparaissent dans le vaste océan. Une mystique et insignifiante petite
créature d’une forme ne ressemblant à aucune autre dans le règne animal.
Mais attendez un peu, Il ne s’agit pas d’un livre sur les animaux marins. Pour trouver
ce que nous cherchons dans ce livre, Il nous faut remonter des profondeurs et dans
le temps de quelques 450 ans. Recommençons:
Mais cela, le docteur Scoville n’en savait rien. Il avait entendu parlé d’un chirurgien
au Canada qui opérait une ablation de l’hippocampe pour guérir l’épilepsie. Et il
pensait que retirer l’hippocampe de chaque côté du cerveau serait sûrement un
traitement deux fois plus efficace que d’un seul. Henry s’en remit à son médecin. Il
était naturellement désespéré par une vie entière d’une maladie incapacitante.
Il fut pour l’expérimentation et devint par cet accord la personne la plus importante
de l’histoire de la recherche sur la mémoire. Lorsqu’il se réveilla après l’opération, il
ne se rappelait pratiquement pas des deux ou trois dernières années, mais plus
important encore, il ne se souvenait pas au-delà de ce que ça capacité d’attention
parvenait à maintenir dans l’instant. Les soignants devait lui montrer le chemin
jusqu’aux toilettes chaque fois qu’il avait besoin. Ils devaient lui dire où il se trouvait
car il l’oublier sitôt qu’il pensait à quelque chose d’autre.
Les 50 années qui suivirent, Henry dû vivre dans l’instant. Il ne se rappelait pas de
ce qu’il avait fait une demie-heure auparavant ni qu’il avait raconté la même blague
une minute plutôt. Il ne se souvenait guère non plus de ce qu’il avait eu pour repas
ou de l’âge qu’il avait atteint avant qu’il ne se vît dans le miroir, les cheveux gris. il ne
savait pas quel moment de l’année était-ce, mais le devinait en regardant par la
fenêtre. Ne se souvenant de rien, il ne pouvait tenir en ordre ses comptes, sa
nourriture ni les tâches ménagères que l’on doit se rappeler d’effectuer, raison pour
laquelle il vivait chez ses parents. Il était pour autant joyeux et satisfait de
l’existence, mais il y eut des moments également fort difficiles comme lorsque son
père mourut.
La douleur de la perte fut oubliée le jour suivant. Mais un jour, en se réveillant le
matin, il découvrit que quelqu’un avait dérobé la collection d’armes qui avait toujours
été aux murs. L’oncle d’Henry en avait hérité et là était apparu un signe très clair
que quelque chose n’allait pas, une collection d’armes manquante, bien qu’Henry ne
se souvint pas que son père était mort. Il croyait qu’un voleur avait été à l’oeuvre
durant la nuit. On ne parvenait pas à lui expliquer ce qui ce passait, le jour suivant, il
découvrait à nouveau que des cambrioleurs avait été à l’oeuvre. A la fin, l’oncle du
restituer la collection d’armes. Après cela Henry s’habitua également à ce que son
père ne rentre plus à la maison et avait une certaine forme de compréhension de la
mort de son père.
Le Chirurgien Scoville avait effectué une expérience dont personne jusqu’à lors
n’avait envisagé les conséquences. En fait, Scoville avait déjà opéré plusieurs
dizaines de patients de la même manière et simplement, aucuns d’entre eux n’avait
montré de signes apparents de défaillances mémorielles. Tous les patients qui furent
opérés avant Henry Molaison avaient été choisis car ils étaient sévèrement
schizophrènes, avaient des représentations délirantes ou étaient psychotiques. Mais
ils se comportaient de manière suffisamment similaires auparavant pour que les
troubles de la mémoires soient diagnostiqués comme une part de leurs psychoses.
Du reste, les patients ne devenaient pas moins schizophrènes suite à l’opération.
Mais il s’agissait d’un temps où la lobotomi était en vogue, et Scoville était
particulièrement décidé à développer plus avant la lobotomie en oblitérant
l’hippocampe au lieu de l’opération classique de l’incision des parties frontales du
cerveau. Ce qui constitue la pensée derrière cela, appartient à un autre livre. Ce
sont les suites de l’opération connue d’Henry Molaison qui nous préoccupent ici. Et
les résultats suivirent pour Scoville. Il reconnut dans les faits son erreur dans un
article scientifique qu’il rédigea avec la psychologue canadienne Brenda Milner.
Laquelle se donna pour mission dans découvrir plus sur comment la mémoire
d’Henry fut affectée. Et par là elle et Henry purent montrer au monde comment la
mémoire humaine s’articule.