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CIV.

1 CF

COUR DE CASSATION
______________________

Audience publique du 7 février 2018


Cassation sans renvoi
Mme BATUT, président
Arrêt no 167 F-D
Pourvoi no B 17-11.316

RÉPUBLIQUE FRANÇAISE

_________________________

AU NOM DU PEUPLE FRANÇAIS


_________________________

LA COUR DE CASSATION, PREMIÈRE CHAMBRE CIVILE,


a rendu l'arrêt suivant :

Statuant sur le pourvoi formé par M. Jean Magagnosc,


domicilié 1094 chemin de Précauvert, 83136 Garéoult,

contre l'arrêt rendu le 23 novembre 2016 par la cour d'appel de Poitiers


(4e chambre civile), dans le litige l'opposant à M. Yves Jean, domicilié 15 rue
de l'Hôtel Dieu, 86034 Poitiers cedex,

défendeur à la cassation ;

Le demandeur invoque, à l'appui de son pourvoi, le moyen


unique de cassation annexé au présent arrêt ;

Vu la communication faite au procureur général ;

LA COUR, en l'audience publique du 9 janvier 2018, où étaient


présents : Mme Batut, président, Mme Auroy, conseiller rapporteur,
M. Reynis, conseiller doyen, Mme Pecquenard, greffier de chambre ;
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Sur le rapport de Mme Auroy, conseiller, les observations de


la SCP Waquet, Farge et Hazan, avocat de M. Magagnosc, de la
SCP Fabiani, Luc-Thaler et Pinatel, avocat de M. Jean, et après en avoir
délibéré conformément à la loi ;

Sur le moyen unique :

Vu l'article 53 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la


presse ;

Attendu que, selon ce texte, applicable devant la juridiction


civile, l'assignation doit, à peine de nullité, préciser et qualifier le fait
incriminé et énoncer le texte de loi applicable ; qu'est nulle une assignation
retenant pour le même fait la double qualification d'injure et de diffamation ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué, rendu en référé, que


M. Magagnosc a fait diffuser sur son compte Facebook, dans une rubrique
spéciale intitulée « transparence de la vie universitaire à Poitiers », des
propos imputant à M. Jean, président de l'université de Poitiers, un
comportement malhonnête et irrespectueux du droit ; que soutenant que ces
propos étaient constitutifs, à son égard, de diffamation et, pour certains,
d'injures, M. Jean l'a assigné, par acte du 29 mars 2016, en référé sur le
fondement des articles 29, alinéas 1 et 2, de la loi du 29 juillet 1881, pour
obtenir une mesure d'interdiction de publication ;

Attendu que, pour rejeter la demande d'annulation de


l'assignation, l'arrêt retient que M. Magagnosc connaissait les éléments qui
lui étaient imputés à titre de diffamation et ceux qui l'étaient à titre d'injure,
qu'il a pu organiser sa défense en fonction des fondements juridiques
invoqués et que les faits qualifiés d'injure n'ont pas été compris dans les
propos considérés comme diffamatoires ;

Qu'en statuant ainsi, alors que les mêmes passages des


mêmes écrits se trouvaient poursuivis sous deux qualifications différentes et
que ce cumul de qualifications était de nature à créer pour M. Magagnosc
une incertitude préjudiciable à sa défense, de sorte que l'assignation était
nulle en son entier, la cour d'appel a violé le texte susvisé ;

Et vu l'article L. 411-3 du code de l'organisation judiciaire, dont


l'application est suggérée par le mémoire ampliatif ;

Attendu que la cassation n'impliquant pas qu'il soit à nouveau


statué sur le fond, il n'y a pas lieu à renvoi ;

PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE, en toutes ses dispositions, l'arrêt rendu


le 23 novembre 2016, entre les parties, par la cour d'appel de Poitiers ;
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DIT n'y avoir lieu à renvoi ;

Infirme l’ordonnance entreprise ;

Annule l'assignation du 29 mars 2016 ;

Condamne M. Jean aux dépens incluant ceux exposés devant


le juge des référés et la cour d’appel ;

Vu l'article 700 du code de procédure civile, rejette les


demandes ;

Dit que sur les diligences du procureur général près la Cour de


cassation, le présent arrêt sera transmis pour être transcrit en marge ou à
la suite de l'arrêt cassé ;

Ainsi fait et jugé par la Cour de cassation, première chambre


civile, et prononcé par le président en son audience publique du
sept février deux mille dix-huit.
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MOYEN ANNEXE au présent arrêt

Moyen produit par la SCP Waquet, Farge et Hazan, avocat aux Conseils,
pour M. Magagnosc.

IL EST FAIT GRIEF à l’arrêt confirmatif attaqué D’AVOIR rejeté le moyen de


nullité de l’assignation,

AUX MOTIFS QUE:

« En l'espèce après avoir rappelé tous les écrits transmis par voie
électronique par M. Magagnosc à divers destinataires, la citation précise en
page 4, « en publiant les écrits précités M. Jean Magagnosc a commis:
1o)une diffamation envers M. Jean, fonctionnaire public, en lui imputant un
comportement malhonnête, une complicité dans les faits de vols et le fait
d'avoir, en tant que doyen de faculté et président d'université, protégé des
comportement malhonnêtes en commettant une injustice à l'égard de
M. Magagnosc.
Délit prévu par l'article 29 alinéa 1o de la loi du 29/07/1981 sur la liberté de
la presse et réprimé par l'article 31 alinéa 1ode la même loi.
2o) des injures envers M. Jean, fonctionnaire public, en lui appliquant les
qualificatifs suivants:
- les voleurs et tricheurs,
- voleurs et profiteurs de l'argent public
- triste sire
- exécuteur de basses et hautes oeuvres
- un " monsieur" de cet acabit."
Délit prévu par l'article 29 alinéa 2o de la loi du 29/07/1981 sur la liberté de
la presse et réprimé par l'article 33 alinéa 1o de la même loi. »

Il ressort de la lecture de la citation qu'il n'existe aucun cumul de


qualification, M. Magagnosc savait exactement les éléments qui lui était
imputés, à titre de diffamation puis à titre d'injure, ainsi que les textes visant
et réprimant ces faits. Il a pu ainsi se défendre sur une base précise et
juridiquement déterminée. Il n'y a pas de double qualification: les injures qui
lui sont imputées sont précises et strictement citées. Elles ne sont pas
englobées dans les propos diffamatoires incriminés qui visent un
comportement et des faits portant atteinte à l'honneur et à la considération
de M. Jean.

C'est dès lors à juste titre que le premier juge a rejeté le moyen relatif à la
nullité de l'assignation. Sa décision sera confirmée. »

Et AUX MOTIFS éventuellement adoptés :

« que l’argumentation soulevée à l’audience par Monsieur Jean Magagnosc


relative à la nullité de l’assignation au motif que celle-ci retiendrait pour le
même fait la double qualification d’injures et de diffamation doit être écartée,
au regard de la nature des écrits dont il a été rappelé le contenu ci-dessus ;
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que ces propos qualifié de diffamatoires et d’injurieux ont été totalement


distincts dans le cadre du présent dossier et qu’au regard de ces éléments,
M. Jean Yves sera déclaré recevable en toutes ses demandes.»

ALORS QUE selon l’article 53 de la loi du 29 juillet 1881, qui doit recevoir
application devant la juridiction civile des référés, l'assignation doit, à peine
de nullité, préciser et qualifier le fait incriminé et énoncer le texte de loi
applicable ; qu'est nulle une assignation retenant pour le même fait la double
qualification d’injure et de diffamation ; qu’en retenant à tort qu’il n’existait
aucun cumul de qualification et en rejetant le moyen relatif à la nullité de
l'assignation quand la double qualification de diffamation et d'injure avait été
retenue pour les mêmes imputations et créait pour le défendeur une
incertitude préjudiciable à sa défense, la cour d'appel a violé le texte
susvisé ; la cassation interviendra sans renvoi.

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