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Abstract
Phenomenology of Spirit and Scepticism.
Scepticism plays a double role in Hegel's philosophy : it is an introduction to philosophy and at the same time also one of its
moments. It is the first aspect wich interests us here. We would like to analyse the idea of the « Phenomenology of spirit » as an
introduction to philosophy via scepticism. Passing through the furnace of scepticism, non-philosophical conscience looses its
naïveté and become philosophic conscience. This immanent development of non-philosophical conscience into philosophy, may
be seen as an indication of the necessity of philosophy.
Résumé
Le scepticisme apparaît sous deux aspects dans la philosophie hégélienne : il est une introduction à la philosophie, mais il est
également un moment de celle-ci. C'est le premier aspect qui est envisagé ici. Il s'agit de considérer l'idée de la
Phénoménologie de l'esprit en tant qu'introduction à la philosophie par le truchement du scepticisme. En passant par le creuset
du scepticisme, la conscience non philosophique quitte sa naïveté, et s'élève de la sorte au savoir philosophique. Ce
développement immanent de la conscience non-philosophique vers la philosophie, peut être envisagé comme la preuve de la
nécessité de la philosophie.
Klein Ytshaq. La phénoménologie de l'esprit et le scepticisme. In: Revue Philosophique de Louvain. Quatrième série, tome 69,
n°3, 1971. pp. 370-396;
doi : 10.3406/phlou.1971.5617
http://www.persee.fr/doc/phlou_0035-3841_1971_num_69_3_5617
et le scepticisme
tiendrait pas parce que son* objet» lui échapperait mais même, comme
aide purement didactique, il risquerait de voiler ce qu'il essaie
d'élucider.
Quant à la méthode, la seule valable pour Hegel est de s'abstenir
de tout principe méthodologique, et de laisser la pensée se mouvoir
toute seule. Une pensée qui se meut conformément à des principes
méthodiques esi; une pensée relative, non absolue. Elle dépend d'autres
choses ; il faudra entreprendre un autre discours pour établir les
principes méthodiques. Or, la pensée philosophique ne peut être
conditionnée par rien.
Pourtant, un discours dont le sujet ne peut être déterminé
n'est-il pas un non-sens? N'est-ce pas Hegel lui-même qui, dans
sa logique, a soutenu que l'Être tout court est identique au Néant et
que pour qu'il soit quelque chose, il doit se définir comme un être
déterminé? Un ouvrage qui manque de «sujet», de «thème»
déterminé, est un ouvrage qui ne dit rien : un ouvrage qui n'avance aucune
thèse est un ouvrage qui ne dit rien.
De plus, l'auteur tout immergé dans son projet pourrait-il être
son propre juge? Comment peut-il savoir s'il n'y a pas de raisons
assez fortes pour ébranler tout ce qu'il a soutenu? N'aurait-il pas
besoin de la réflexion pour cela ? Et ensuite : comment convaincre le
lecteur qui n'est pas engagé d'emblée dans son projet ?
4. La conscience naturelle
Or, cette idée nous la trouvions déjà dans l'article sur le Rapport
du scepticisme et de la philosophie. Seulement, tandis que dans cet
article elle n'est apparue que comme un libre raisonnement dont on
ne pourrait dégager la signification exacte, la Phénoménologie le
développe dans toute son ampleur. Nous trouvons ici, d'une part, la
dialectique de la figure sceptique qui s'en tient à la négation abstraite,
négation qu'elle veut saisir comme dépourvue de toute affirmation, de
toute positivité. Cette négation est une négation immédiate, irréfléchie.
Elle est saisie de manière finie, comme la conscience naturelle est
habituée à saisir ses « objets ». Au moment où la conscience sceptique
parvient à la réflexion elle se dissout. D'autre part, nous voyons
l'autre sens du scepticisme, dont la négation est comprise de manière
concrète. C'est le scepticisme qui ne peut se former en une figure. Par
ailleurs, il n'est perçu que par « nous » (à savoir, la conscience
philosophique), tout en étant l'œuvre du discours phénoménologique
intégral. Il caractérise la conscience naturelle qui n'est plus telle, qui
est élevée au niveau réflexif, sans qu'elle puisse comprendre ce qu'il
lui arrive. Elle attribue le scepticisme — en le détachant de son
aspect positif — à la conscience philosophique.
Si le scepticisme, au sens large du terme, se produit à l'insu de la
conscience qui se développe, — et c'est pourquoi il n'en est question que
dans l'introduction, et non pas à l'intérieur même du discours
phénoménologique proprement dit — c'est, au premier chef, parce qu'il
est plus qu'un scepticisme. Autrement dit : il n'est qu'un moment
disparaissant, il ne peut être fixé sans être dénaturé. Pourtant, nous
l'avons vu, une telle fixation n'est pas une erreur totale. Seulement
il doit être conçu désormais de manière concrète : dès lors, la négation,
dans son application totale, ne pourrait faire exemption d'elle-même.
Elle doit être considérée dialectiquement, comme impliquant son
contraire.
Mais la conscience naturelle n'est pas à même de saisir le scepticisme
de manière dialectique, sans cesser d'être conscience naturelle. Elle
ne pourrait capter la vérité que sous les catégories immédiates de
l'être, pour parler dans les termes de la Logique. Elle ne peut être
que contrainte de passer d'une figure à l'autre, sans comprendre cette
nécessité. En revanche, le sens du discours phénoménologique
outrepasse ces formes extérieures. Il nous révèle la vérité en et pour soi,
mais en tant que se mirant dans la non-vérité, qui est son contraire.
Dans les termes de la Logique, elles se déroulent dans l'élément
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