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ARTICLE IN PRESS
Journal de Chirurgie Viscérale (2017) xxx, xxx—xxx

Disponible en ligne sur

ScienceDirect
www.sciencedirect.com

Revue de presse夽
Press review

D. Goéré a,∗, A. Brouquet b

a
Département de chirurgie oncologique, institut Gustave-Roussy, 114, rue Édouard-Vaillant,
94800 Villejuif, France
b
Service de chirurgie digestive, hôpital du Kremlin-Bicêtre, 78, rue du Général-Leclerc,
94275 Le Kremlin-Bicêtre, France

䊏 Faut-il proposer une surveillance prolongée aux inférieur (8 % vs 11 % ; p = 0,02), et le taux de diagnostic de
patients ayant une lésion kystique du pancréas ? cancer était similaire (2 % vs 3 % ; p = 0,07) chez les patients
Résultats d’une analyse d’une cohorte surveillés au moins 5 ans.
monocentrique de 3024 patients Parmi les patients surveillés au moins 5 ans, 412 (69 %)
avaient une lésion kystique stable à 5 ans. Ces patients
Lawrence SA, Attiyeh MA, Seier K, et al. Should patients avaient un taux de traitement chirurgical et de cancer infé-
with cystic lesions of the pancreas undergo long-term radio-
rieurs par rapport aux patients surveillés moins de 5 ans,
graphic surveillance? Results of 3024 patients evaluated at
respectivement 5 % vs 11 % (p < 0,0001) et 1 % vs 3 %
a single institution. Ann Surg 2017;266:536—44.
(p = 0,008). Le risque de développer un cancer chez les
En 2015, l’American Gastroenterological Association (AGA) patients ayant une lésion stable à 5 ans était de 31,3 pour
recommandait chez les patients ayant une lésion kystique 100 000 par an, alors que l’incidence nationale calculée et
pancréatique stable, de stopper la surveillance radiologique ajustée sur l’âge est de 7,04 pour 100 000 par an.
après 5 ans [1]. Les auteurs concluent que les risques d’augmentation de
Le but de ce travail était d’évaluer l’intérêt éventuel de taille, de traitement chirurgical et de développer un cancer
poursuivre une surveillance au-delà de 5 ans. À partir d’une persistent chez les patients ayant une lésion kystique pan-
base prospective, les auteurs ont sélectionnés les patients créatique stable à 5 ans de surveillance. Chez ces patients,
suivis et surveillés pour lésion kystique pancréatique entre le risque de développer un cancer du pancréas est 3 fois
1995 et 2016. Les patients étaient divisés en 2 groupes : supérieur à celui de la population générale, ce qui justifie
(1) suivi de moins de 5 ans et (2) suivi de plus de 5 ans. la poursuite de la surveillance radiologique au-delà de 5 ans.
Les points analysés étaient : l’augmentation de taille du Commentaires
kyste (diamètre > 5 mm), traitement chirurgical, diagnostic 1. Il s’agit d’une étude rétrospective à partir d’une data-
de cancer. base prospective, ayant inclus un nombre important de
Parmi 3024 patients ayant une lésion kystique du pan- patients, mais sur une période longue de plus de 20 ans.
créas, une surveillance était décidée pour 2472 (82 %), dont Par conséquent, les groupes de patients ne sont pas
596 (24 %) ont été surveillés au moins 5 ans. Comparati- homogènes, tous n’ont pas eu le même suivi radiolo-
vement aux patients surveillés moins de 5 ans (n = 1876), gique, du fait des progrès de l’imagerie.
l’augmentation de taille du kyste était plus fréquente (44 % 2. Les raisons pour arrêter la surveillance avant 5 ans ne
vs 20 % ; p < 0,0001), le taux de traitement chirurgical était sont pas clairement expliquées. Était-ce pour résection
chirurgicale, ou lié au choix du patient ? Au cours de
la surveillance, une augmentation de taille de la lésion
kystique a été constatée chez 25 % des patients, et
DOI de l’article original : http://dx.doi.org/10.1016/j.jviscsurg. une résection chirurgicale a été réalisée chez 11 %, soit
2017.10.004.
夽 Ne pas utiliser, pour citation, la référence française de cet 262 patients dont 214 dans le groupe surveillance de
article, mais celle de l’article original paru dans Journal of Visceral moins de 5 ans.
Surgery, en utilisant le DOI ci-dessus.
∗ Auteur correspondant.

Adresse e-mail : goere@igr.fr (D. Goéré).

1878-786X/$ — see front matter


https://doi.org/10.1016/j.jchirv.2017.09.003

JCHIRV-819; No. of Pages 11


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2 D. Goéré, A. Brouquet

3. Toutes ces données obscurcissent le message de cette Il s’agit d’un essai randomisé multicentrique (n = 14). Les
étude. La question était de savoir si une surveillance au- taux et types de complications à 60 jours et le taux de mor-
delà de 5 ans était nécessaire lorsque la lésion kystique talité à 90 jours étaient enregistrés. L’effectif nécessaire
était jugée stable en taille. Quatre cent douze patients était calculé pour détecter une différence d’au moins 15 %
répondaient à ce critère. Parmi ces patients, 20 (5 %) ont pour le taux de complications ≥ 2, entre les 2 groupes. Les
eu une résection et un cancer a été diagnostiqué chez 4 patients étaient stratifiés sur la texture du pancréas (mou
(1 %), taux qui est décrit comme supérieur à celui de la ou ferme) et sur la technique opératoire (laparotomie ou
population générale et qui justifie par conséquent une laparoscopie).
poursuite de la surveillance. Au total, 344 patients ont été randomisés en préopé-
4. Par ailleurs, les auteurs ont inclus dans l’analyse toutes ratoire : 174 avec drainage et 170 sans drainage. Les
les lésions kystiques du pancréas, mais il s’agissait majo- 2 groupes étaient comparables en termes de données démo-
ritairement de TIPMP à l’examen anatomopathologique graphiques, comorbidités, IMC, étiologie, diamètre du canal
des lésions réséquées. Les conclusions sur la poursuite de Wirsung, texture du pancréas, technique opératoire. Le
de la surveillance au-delà de 5 ans s’adressent peut- taux de complications ≥ 2 était similaire entre les 2 groupes :
être uniquement aux TIPMP. Ce qui est en accord avec 44 % vs 42 %, p = 0,80. Le taux de fistule pancréatique et
les recommandations récentes du consensus internatio- de mortalité postopératoire étaient également similaires,
nal de Fukuoka [2] : il est recommandé de poursuivre la respectivement 18 % et 12 % (p = 0,11) et 0 % vs 1 %
surveillance des lésions de TIPMP tant que l’état général (p = 0,24). Deux décès sont survenus, tous 2 dans le groupe
du patient permet d’envisager une chirurgie. La sur- sans drainage. Le taux de collections intra-abdominales
veillance repose sur la TDM, l’IRM et l’échoendoscopie était supérieur dans le groupe sans drainage (9 % vs 22 %,
en alternance. p = 0,0004). Il n’y avait pas de différence entre les 2 groupes
5. Il faut retenir les critères actuels « inquiétants » lors concernant : le recours à une imagerie postopératoire, le
du diagnostic radiologique de TIPMP : (1) taille > 3 cm, placement d’un drain percutané, le taux de réinterventions,
(2) nodule mural prenant le contraste < 5 mm, (3) parois de réadmissions et les scores de qualité de vie.
épaissies/prenant le contraste, (4) diamètre du canal Les auteurs concluent que les suites postopératoires
pancréatique principal de 5—9 mm, (5) sténose du canal après pancréatectomie gauche avec ou sans drainage intra-
principal avec atrophie pancréatique, (6) adénopathie, abdominal peropératoire sont comparables.
(7) élévation du CA 19-9 sérique, (8) augmentation du Commentaires
diamètre de la lésion kystique > 5 mm/2 ans. En pré- 1. Il s’agit du 4e essai randomisé évaluant l’intérêt du drai-
sence d’un de ces critères, il est nécessaire de compléter nage abdominal systématique après pancréatectomie,
le bilan par une échoendoscopie et de proposer un et du 1er spécifiquement ciblé sur les pancréa-
traitement chirurgical en cas de nodule mural > 5 mm, tectomies gauches. Les études précédentes avaient
suspicion d’envahissement du canal principal, de cyto- essentiellement inclus des patients ayant eu une duo-
logie positive ou suspecte. En l’absence de ces critères, dénopancréatectomie. Pour 2 de ces études, le drainage
chez un patient jeune, un diamètre > 3 cm devra faire systématique n’apportait pas de bénéfice [1,2]. Alors que
également discuter une résection chirurgicale. dans l’étude la plus récente, une augmentation de la
Références mortalité en l’absence de drainage était rapportée [3].
1 Gastroenterology 2015;148:819—822. 2. Initialement, les 2 types de pancréatectomies (DPC et
2 Pancreatology 2017. pii:S1424-3903(17)30516-1. pancréatectomie gauche) étaient inclus. En raison d’une
augmentation de la mortalité dans le groupe DPC sans
drain, l’étude a été stoppée en décembre 2012 [3]. Puis,
䊏 Résultats d’un essai randomisé multicentrique sur le
l’étude a été modifiée, et ciblée uniquement sur les pan-
drainage abdominal après pancréatectomie gauche
créatectomies gauches en raison de la probable moindre
Van Buren G, Bloomston M, Schmidt CR, et al. A gravité des fistules après pancréatectomie gauches ;
prospective randomized multicenter trial of distal pancrea- du fait de l’absence de contamination digestive, et
tectomy with and without routine intraperitoneal drainage d’anastomose biliaire. Ceci explique la durée d’inclusion
(NCT01441492). Ann Surg 2017;266:421—31. longue, de plus de 5 ans.
3. La méthodologie de cette étude est d’excellente qualité,
Le drainage au cours des pancréatectomies gauches reste un ainsi que le contrôle de qualité. La randomisation était
sujet débattu. Les résultats d’un essai randomisé publié en faite en préopératoire et seule une déviation peropéra-
2014 étaient en faveur d’un drainage prophylactique placé toire (groupe pas de drain vers drain) a été constatée.
en peropératoire après duodénopancréatectomie, en raison Les 2 groupes étaient bien équilibrés notamment sur la
d’une augmentation du taux de mortalité postopératoire texture du pancréas, la technique de fermeture de la
chez les patients non drainés [1]. Dans la plupart des études tranche (agrafes dans 71 % des cas), IMC, le taux de gestes
portant sur l’intérêt du drainage intra-abdominal après pan- chirurgicaux supplémentaires (25 %).
créatectomies, les résections pancréatiques gauches sont 4. Seuls des centres experts (au moins 50 résections pan-
mélangées aux duodénopancréatectomies, et en nombre créatiques par an) ont participé à cette étude, ce qui
faible. Il s’agit du premier essai randomisé évaluant l’intérêt peut représenter un biais. Le taux de complications
du drainage spécifiquement au cours d’une pancréatec- postopératoires en l’absence de drainage systématique
tomie gauche. Cette étude a été présentée au congrès serait-il identique dans des centres de petit volume ?
annuel de l’American Surgical Association (ASA) en 2017. À cette question, le Dr Van Buren a répondu lors du
L’objectif de ce travail était de démontrer que l’absence congrès ASA, qu’il recommandait de maintenir un drai-
de drainage intra-abdominal après pancréatectomie gauche nage prophylactique systématique dans 2 situations :
n’augmentait le taux de complications postopératoires de dans les centres où une équipe expérimentée de radio-
grade ≥ 2 à 60 jours. logues interventionnels n’était pas disponible 24 h/7j et
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Revue de presse 3

lorsque le patient ne pouvait pas être surveillé « de près » « initialement non résécable » des MHCCR n’influençait pas
pendant les 2 semaines suivant la chirurgie. la survie globale ou sans récidive.
5. La prescription d’analogues de la somatostatine était Les auteurs concluent que la résection des MHCCR après
laissée au choix du chirurgien. Cependant, il est regret- L2, chez des patients sélectionnés permet d’obtenir une
table que ces données n’aient pas été enregistrées survie globale comparable à celle des patients opérés après
prospectivement. Dans le groupe drain, le type de drai- L1. Les survies globales et sans récidive sont comparables
nage était également laissé au choix du chirurgien. après L1 ou L2 chez les patients ayant des MHCCR initiale-
6. La question restant à élucider est de savoir si un groupe ment on résécables. Le traitement chirurgical des MHCCR
de patients plus à risque de développer une fistule ne devrait pas être systématiquement écarté après échec
pancréatique pourrait bénéficier d’un drainage prophy- d’une 1re ligne de chimiothérapie.
lactique. À ce jour, il n’existe pas de score permettant Commentaires
de calculer ce risque, et par conséquent, aucune recom- 1. Il s’agit de la série la plus importante en nombre de
mandation n’est faite. patients opérés de MHCCR après une 2e ligne de chi-
7. On peut rappeler que lorsqu’il est décidé de laisser un miothérapie (L2). Ces résultats sont importants car ils
drain, il est possible de retirer ce drain au 3e jour post- démontrent que des survies prolongées peuvent être
opératoire chez les patients à risque faible de fistule obtenus après échec d’une 1re ligne de chimiothérapie
(taux d’amylase dans le drain ≤ 5000 UI/L à j1) [4]. (L1). Cependant, les raisons pour modifier la chimio-
thérapie et débuter une 2e ligne étaient liées à une
Références
1 Ann Surg 2001;234:487—93. progression sous L1 chez uniquement 22 % des patients.
2 Ann Surg 2016;264:528—37. Les autres raisons étaient : une réponse insuffisante pour
3 Ann Surg 2014;259:605—12. proposer une résection complète (48 %), une stabilité
4 Ann Surg 2010;252:207—14. (23 %), progression (22 %), une toxicité et intolérance
(7 %). Les raisons de changement de ligne influençaient la
survie, avec une survie significativement diminuée chez
les patients progressifs sous L1 par rapport à celles des
䊏 Résection de métastases hépatiques colorectales
patients en « réponse insuffisante » ou « intolérants ».
après une seconde ligne de chimiothérapie : est-ce
2. Ceci confirme les données de la littérature, à savoir
utile ? Analyse de 6415 patients issus de
que les taux de réponse objective après échec d’une
LiverMetSurvey
L1 restent faibles (20 %), et par conséquent les taux
Adam R, Yi B, Innominato PF, et al. LiverMetSurvey inter- de résections secondaires, très faibles. En revanche,
national contributing centers. Resection of colorectal liver une intensification de la chimiothérapie chez un patient
metastases after second-line chemotherapy: is it worthw- stable ou « insuffisamment » répondeur à L1 pour-
hile? A LiverMetSurvey analysis of 6415 patients. Eur J rait permettre d’amener à la résection un nombre non
Cancer 2017;78:7—15. [Epub ahead of print]. négligeable de patients. Ceci souligne l’importance de
https://doi.org/10.1016/j.ejca.2017.03.009 l’évaluation précoce de la réponse à L1 et la modification
rapide du traitement en vue d’une résection.
La résection hépatique des métastases d’origine colorec-
3. Il faut noter qu’étaient intégrés dans la définition de L2 :
tale (MHCCR) reste le seul traitement curatif permettant
la modification d’un agent cytotoxique ou l’ajout d’une
d’obtenir des survies prolongées de plus de 40 % à 5 ans.
thérapie ciblée à l’agent(s) cytotoxique(s) déjà en place.
Il a été démontré que la progression sous chimiothérapie
La proportion de chacune de ces 2 attitudes n’est pas
systémique était un facteur pronostique défavorable, et pro-
détaillée dans l’étude, ni son influence sur la survie.
bablement une contre-indication à la résection en présence
4. Le nombre médian de cures de chimiothérapie préopé-
d’au moins 4 MHCCR [1]. Dans la littérature, la plupart des
ratoire pour L1 était de 6 [4—8] et de 12 [8—16] pour
données concernent des patients opérés après une 1re ligne
L2. Les taux de complications postopératoires étaient
de chimiothérapie (L1) ; les résultats du traitement chirur-
supérieurs pour L2 (33,5 % vs 29,9 %, p = 0,044), ce qui
gical après une 2e ligne (L2) ont été peu rapportés (2). Les
confirme les données de la littérature, à savoir une aug-
auteurs rapportent l’analyse d’une base de données interna-
mentation de la morbidité lorsque le nombre de cures
tionale (LiverMetSurvey) de patients opérés de MHCCR entre
préopératoires est supérieur à 6 [3,4]. Les taux de mor-
janvier 2005 et juin 2013. Au total, parmi 6415 patients, 791
talité postopératoire (< 3 %) étaient identiques dans les
(12,3 %) avaient reçu 2 lignes de chimiothérapie avant la
2 groupes.
résection chirurgicale et étaient comparés aux 5624 opérés
5. D’un point de vue méthodologique, il s’agit d’une base
après L1.
de données internationale, ce qui implique des biais,
Après un suivi moyen de 30,1 mois après le diagnostic de
notamment de sélection des patients. Il se peut que les
MHCCR, il n’y avait pas de différence de survie globale (OS)
pratiques et décisions thérapeutiques diffèrent entre les
à 3 et 5 ans entre les 2 groupes L1 et L2, respectivement :
pays.
71 % et 49 % vs 76 % et 49 %, p = 0,32. Après la résection des
MHCCR, les patients L2 avaient une médiane OS significative- Références
1 Ann Surg. 2004;240(6):1052—61.
ment diminuée : 41,4 mois vs 49 mois, p = 0,049. Il en était
2 Ann Surg 2006;243(1):1—7.
de même pour la survie sans récidive (DFS) à 3 et 5 ans :
3 Ann Surg 2012;256(5):746—52.
27 % et 15 % vs 32 % et 23 %, p = 0,001. Les facteurs pro-
nostiques défavorables pour le groupe L2 étaient : tumeur
primitive N+, métastases extra-hépatiques, progression sous
L2, résection R2, et nombre d’hépatectomies < 50/an dans le 䊏 Résultats de survie à 3 ans de l’essai randomisé
centre. Les facteurs associés à une DFS diminuée étaient : TIME : œsophagectomie par voie ouverte versus par
tumeur N+, MHCCR bilobaires et synchrones. Le caractère voie mini-invasive
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4 D. Goéré, A. Brouquet

Straatman J, van der Wielen N, Cuesta MA, et al. Minimally chirurgie ouverte, la gastrolyse était faite par laparoto-
invasive versus open esophageal resection 3-year follow-up mie et la résection œsophagienne puis anastomose par
of the previously reported randomized controlled trial: the thoracotomie latérale droite. La plupart des patients
Time trial. Ann Surg 2017;266:232—6. (92,2 %) avaient reçu une radio-chimiothérapie préopé-
ratoire.
Il s’agit des résultats à plus long-terme de l’essai publié en
4. Dans le groupe mini-invasif, le taux de conversion était
2012 par Biere et al. [1].
de 15 % [conversion en thoracotomie (n = 6) ou en lapa-
Le but de ce travail était de rapporter les résultats de
rotomie (n = 2)].
survie à 3 ans de l’essai contrôlé randomisé, multicentrique,
5. Ces résultats confirment la faisabilité de la résection
européen, TIME (traditional invasive vs minimally invasive
œsogastrique polaire supérieure par voie mini-invasive
esophagectomy, a multicenter, randomized trial). Le but de
dans les centres expérimentés, ainsi que le poten-
cet essai était de comparer les résultats de 2 techniques
tiel bénéfice de cette voie d’abord en termes de
chirurgicales de résection œsophagienne pour cancer : par
complications et durée d’hospitalisation, sans modifica-
voie ouverte ou par voie mini-invasive (MIE).
tion des résultats oncologiques par rapport à la chirurgie
Les résultats postopératoires immédiats ont été publiés
ouverte.
en 2012, démontrant un bénéfice en faveur de la voie
6. Des résultats identiques avaient été obtenus dans
mini-invasive avec un taux de complications pulmonaires
l’étude MIRO, avec une diminution nettement signifi-
diminué, une durée d’hospitalisation raccourcie et une
cative des complications postopératoires (OR 0,31, IC
meilleure qualité de vie.
95 % 0,18—0,55, p < 0,001), notamment pulmonaires
Entre juin 2009 et mars 2011, les patients atteints d’un
(p = 0,037) [2]. Dans cette étude, la gastrolyse était
cancer de l’œsophage ou de la jonction œsogastrique de
réalisée par voie laparoscopique alors que la résection
type Siewert 1 étaient randomisés entre 2 bras de traite-
et anastomose œsophagienne étaient faites de façon
ment : chirurgie ouverte ou mini-invasive. Le critère de
conventionnelle par thoracotomie. Ceci souligne le fait
jugement principal était la survie sans récidive à 3 ans et les
que la laparotomie représente le principal facteur lié à
critères secondaires, la survie globale, le nombre de gan-
la survenue de complications pulmonaire [3]. Par consé-
glions réséqués, le taux de complications postopératoires,
quent, actuellement, il semble licite de proposer un
la radicalité de la chirurgie, le taux de récidive locale et à
abord laparoscopique au cours d’une œso-gastrectomie
distance.
polaire supérieure. Les résultats à long terme de l’étude
Cent quinze patients ont été inclus et randomisés :
MIRO et de l’essai ROMIO sont en attente [4].
56 dans le bras chirurgie ouverte et 59 dans le bras chirur-
gie mini-invasive. Il n’y avait pas de différence significative Références
de survie globale entre les 2 groupes, avec un taux à 3 ans 1 Lancet 2012;379:1887—92.
2 Ann Surg 2015;262:817—22.
de 40,4 % (SD 7,7 %) pour le bras « ouvert » et de 50,5 %
3 ESMO 2017 [Abstract 6150 PR].
(SD8 %) pour le bras « mini-invasif » (p = 0,207). Il n’y avait 3 Trials 2014;15:200.
également pas de différence de survie sans récidive à 3 ans,
35,9 % (SD 6,8 %) pour le bras « ouvert » et 40,2 % (SD 6,9 %)
pour le bras « mini-invasif » (HR 0,691 [0,389—1,239]). Le 䊏 Incidence des plaies du grêle lors du traitement de
taux de résection complète R0, le nombre de ganglions exa- l’occlusion du grêle en fonction de la technique
minés étaient similaires dans les groupes, respectivement chirurgicale : laparoscopie versus voie ouverte.
54/59 pour le groupe « mini-invasif » et 47/56 pour le groupe Résultats d’une large analyse de cohorte de
« ouvert » (p = 0,106) ; et 20 vs 21 ganglions. 8584 patients
Les auteurs concluent que cette étude démontre
l’absence de différence de survies globale et sans récidive Behman R, Nathens AB, Byrne JP, Mason S, Look Hong N,
Karanicolas PJ. Laparoscopic surgery for adhesive small
à 3 ans entre les 2 techniques chirurgicales d’exérèse de
bowel obstruction is associated with a higher risk of bowel
cancer de l’œsophage ou de la jonction œsogastrique de injury: a population-based analysis of 8584 patients. Ann
type 1. Ces résultats à long terme et ceux observés en Surg 2017;266(3):489—98.
postopératoire immédiat confortent l’utilisation de la voie https://doi.org/10.1097/SLA.0000000000002369
mini-invasive pour œsophagectomie pour cancer.
Commentaires Avec le développement de la laparoscopie, de plus en plus
1. D’un point de vue méthodologique, il s’agit d’un essai de chirurgiens traitent les patients en occlusion du grêle par
contrôlé, randomisé de phase 3. L’objectif principal de laparoscopie. Cependant, certaines difficultés liées à la dis-
cette étude était le taux de complications pulmonaires tension de l’abdomen pourraient résulter en un risque accru
et le nombre de patients à inclure était calculé sur de plaies du grêle. L’objectif de cette analyse de cohorte
cet objectif principal. Par conséquent, cet essai n’a pas de patients opérés d’occlusion du grêle sur bride était de
été construit pour montrer une différence de survie et comparer l’incidence de plaies du grêle en fonction
manque certainement de puissance (seulement 59 et de la voie d’abord : chirurgie ouverte ou chirurgie
56 patients dans chaque groupe). laparoscopique.
2. Les patients étaient répartis de façon homogène dans Les auteurs ont analysé au sein du registre de popula-
les 2 groupes. Seuls les centres réalisant plus de 30 œso- tion canadien d’Ontario, les patients opérés d’un premier
phagectomies par an pouvaient participer à l’étude et épisode d’occlusion du grêle sur bride, entre 2005 et 2014.
un minimum de 10 œsophagectomies par thoracoscopie Le premier objectif de cette étude était le taux
étaient requises. d’incidence de plaies du grêle intégrant : les entérotomies,
3. D’un point de vue technique, les patients du groupe les sutures, et les résections.
mini-invasif était réalisée en position allongée sur le Au total, 8584 patients ont été inclus, parmi
dos, avec une laparoscopie, une thoracoscopie et un 72 574 patients hospitalisés pour syndrome occlusif.
abord cervical pour l’anastomose œsogastrique. Pour la Parmi les 40 800 patients hospitalisés pour syndrome
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occlusif dus à des phénomènes adhérentiels ou brides, iatrogènes du grêle [1—4]. La première étude rando-
8584 (21 %) ont été opérés, dont 7,8 % par laparosco- misée de phase 3 sur le sujet est actuellement en
pie. L’intervention était réalisée par voie ouverte chez cours d’inclusion en Finlande (ClinicalTrials.gov identi-
7911 patients, et par voie laparoscopique chez 673. Les fier: NCT01867528).
2 groupes de patients n’étaient pas comparables ; les Références
patients du groupe « laparoscopie » étaient plus jeunes 1 Scand J Surg 2017;106(1):28—33.
et avaient moins de comorbidités. Le taux de traitement 2 Surg Endosc 2014;28(1):65—73.
par laparoscopie a triplé au cours de la 4e période d’étude 3 Am J Surg 2016;212(1):138—50.
de 2012 à 2014 (4,3—14,3 %, p < 0,0001). L’incidence de 4 Am J Surg 2012;204(5):779—86.
plaies du grêle était significativement supérieur dans le
groupe « laparoscopie », respectivement 53,5 % vs 43,4 % 䊏 Résultats de l’essai contrôlé randomisé EASY :
(p < 0,0001). Après ajustement, la voie d’abord laparosco- fermeture de l’iléostomie de protection précoce
pique était un facteur indépendant associé à un risque versus tardive (www.clinicaltrials.gov,
augmenté de plaies du grêle (OR 1,64, IC 95 % : 1,4—1,9), et NCT01287637)
à une augmentation du taux de résections et de réparations
du grêle. Danielsen AK, Park J, Jansen JE, Bock D, Skullman S, Wedin
Les auteurs concluent que la voie d’abord laparoscopique A, Marinez AC, Haglind E, Angenete E, Rosenberg J. Early
pour traiter un 1er épisode d’occlusion du grêle augmente le closure of a temporary ileostomy in patients with rectal can-
risque de plaies du grêle. Ceci peut être dû à des difficultés cer: a multicenter randomized controlled trial. Ann Surg
liées à la distension intestinale. 2017;265(2):284—90.
https://doi.org/10.1097/SLA.0000000000001829
Commentaires
1. Il s’agit d’une analyse rétrospective large cohorte de La confection d’une iléostomie temporaire après anasto-
population, dont les données ont été recueillies dans mose colorectale basse ou colo-anale permet de diminuer le
les registres de santé type PMSI, de méthodologie bien risque de fistule anastomotique symptomatique [1]. Cepen-
construite, mais avec les biais inhérents à ces larges dant, il existe un taux de complications propres à cette
recueils de population. La voie laparoscopique était asso- iléostomie à type d’épisodes de déshydratation, insuffisance
ciée à un taux plus élevé de gestes sur le grêle que ce rénale, réhospitalisations, survenant chez 19 à 43 % des
soit pour les résections (42,6 % vs 36,2 %, p = 0,0009) et patients [2].
pour les réparations (18,4 % vs 11,4 %, p < 0,001). Les L’objectif de cette étude était de comparer les résul-
autres facteurs indépendants associés à un risque accru tats en termes de morbidité et de mortalité entre de
de plaies du grêle étaient : sexe féminin, patient de plus 2 délais de fermeture d’iléostomie latérale de protection
de 75 ans, période d’étude de 2005 à 2007, et inter- après résection d’un cancer du rectum. Il s’agit d’une étude
ventions en soirée et week-end. Les auteurs ont réalisé multicentrique (8 centres danois et hollandais), randomisé,
une analyse par score de propension qui confirmait les (EASY, www.clinicaltrials.gov, NCT01287637). Les patients
résultats avec une augmentation du risque de plaies, ne présentant pas de complications postopératoires étaient
résections et réparations du grêle lors d’une chirurgie par randomisés entre 2 groupes : fermeture précoce (entre
voie laparoscopique pour syndrome occlusif sur bride. Il 8 et 13 jours après la résection rectale), et fermeture tar-
faut souligner que les durées d’hospitalisation, le taux dive (au moins 12 semaines après la résection rectale). Les
de complications et de mortalité postopératoires étaient données cliniques s’étaient enregistrées durant les 12 mois
significativement moindres dans le groupe laparoscopie, postopératoires. Les complications étaient classées selon la
ce qui confirment les données de la littérature. classification de Clavien-Dindo.
2. Il faut noter que la voie laparoscopique était rarement Au total, 112 patients ont été inclus et analysés. Le
utilisée (chez moins de 8 % des patients opérés) ; et délai médian de fermeture dans le groupe précoce était de
de façon plus fréquente dans les centres ayant plus de 11 jours, et il était de 148 jours (5 mois) dans le groupe tar-
250 lits, dans les hôpitaux universitaires, et au cours de dif, ce qui est bien supérieur aux 12 semaines prévues. Les
la période d’inclusion de 2012 à 2014. durées d’hospitalisation (résection rectale + fermeture sto-
3. Un geste sur l’intestin a été réalisé chez 44,2 % des mie) étaient similaires dans les 2 groupe, avec une moyenne
patients, il s’agissait plus fréquemment de résections de 14 jours.
intestinales (37 %) que de réparations (12 %). Il est regret- Le nombre moyen de complications à 12 mois était signi-
table que les causes de résections intestinales ne soient ficativement diminué chez les patients du groupe fermeture
pas connues, celles-ci pouvant être nécessaires du fait précoce par rapport à ceux du groupe fermeture tardive,
d’une souffrance grêlique, et non être liées à une plaie respectivement 1,2 versus 2,9, avec un ratio de 0,42 (IC 95 %
peropératoire. 0,32—0,57 ; p < 0,0001) pour le groupe fermeture précoce.
4. Les taux de conversion ne sont pas détaillés et les Le nombre moyen de complications liés à la fermeture de
patients chez qui une conversion en laparotomie, puis stomie était supérieur dans le groupe « tardif » par rap-
une résection de grêle ont été faites du fait d’une port au groupe « précoce », respectivement de 1,25 et de
souffrance grêlique, ont été inclus dans le groupe 0,30 (p < 0,0001), ces complications étaient majoritairement
laparoscopie avec « plaie » du grêle, ce qui est bien évi- mineures (grade I et II). En revanche, il n’y avait pas de diffé-
demment en défaveur du groupe laparoscopie. L’analyse rence significative entre les 2 groupes concernant le nombre
des « vraies » plaies accidentelles du grêle, survenues moyen de complications de grade ≥ 3 (p = 0,32).
lors de la laparoscopie avant toute conversion, aurait été Les auteurs concluent que la fermeture précoce (entre
plus juste. 8 et 13 jours) de l’iléostomie de protection après résec-
5. Les résultats de cette étude vont à l’encontre d’autres tion rectale est sûre et bien supportée, chez les patients
études dans lesquelles la voie d’abord laparoscopique sélectionnés sans signe clinique et radiologique de fistule
n’était pas associée à un taux plus élevé de plaies anastomotique.
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ARTICLE IN PRESS
6 D. Goéré, A. Brouquet

Commentaires et ne sont pas toujours concordantes [3]. Par conséquent, il


1. D’un point de vue méthodologique, il s’agissait d’une n’est pas toujours aisé de fournir une information claire et
étude de supériorité. L’effectif était calculé pour objective sur ce risque à la patiente enceinte devant être
détecter une diminution du nombre de complications à opérée.
12 mois de 66 % avec une puissance de 80 % dans le groupe Les auteurs rapportent les résultats d’une étude rétros-
fermeture précoce. Cependant, en raison d’un rythme pective de l’analyse de données médico-administratives de
d’inclusion faible, ce taux a été diminué à 62,5 % afin plus de 6 millions de patientes anglaises. Le but de l’étude
de diminuer le nombre de patients nécessaires à 60 par était de donner l’incidence du risque de recours à une
groupe. Il est à noter que l’effectif prévu n’a pas été chirurgie non obstétricale pendant la grossesse et de défi-
atteint avec 57 et 55 patients par groupe. nir le risque sur l’évolution de la grossesse selon le type
2. L’absence de fistule anastomotique était recherchée par d’intervention.
un scanner avec lavement à l’eau (29,4 % des patients) Au total, une intervention chirurgicale non obstétricale
ou par endoscopie digestive basse (21,4 %) ou les deux a été réalisée chez 47 628/6 486 280 patientes participant
(49,1 %). Il n’est pas décrit de différence de perfor- à l’étude (0,7 %). Globalement, la réalisation d’une chirur-
mance entre ces différentes techniques, ou d’échec de gie augmente le risque d’événements compliquant le cours
diagnostic de fistule de l’anastomose colorectale. de la grossesse mais de manière assez limitée. Le risque
3. Cette étude confirme la faisabilité de réaliser une ferme- de fausse couche est estimée à 1/287 interventions, celui
ture précoce d’iléostomie chez des patients sans signe de d’accouchement prématuré de 1/31 interventions, celui
clinique, radiologique ou endoscopique de fistule, avec de petit poids de naissance de 1/39 interventions, celui
un nombre de complications liées au geste opératoire d’accouchement par césarienne de 1/25 interventions et
comparables entre les 2 groupes. Cependant, près de celui d’hospitalisation prolongée de 1/50 interventions.
70 % des patients éligibles n’ont pas pu être inclus Les auteurs concluent que les résultats de l’étude
dans l’étude, pour différentes raisons : causes médicales montrent que l’effet d’une intervention sur le risque
(55 %), refus du patient (18 %), fistule anastomotique d’événements compliquant le cours de la grossesse est glo-
(13 %), autres (14 %). Ceci souligne la difficulté à propo- balement faible et que le risque associé à une intervention
ser et à réaliser une fermeture précoce de l’iléostomie chirurgicale est limité. Ces résultats peuvent donc servir de
après résection rectale. référence en vue d’études prospectives.
4. La faisabilité d’une fermeture précoce a été démontrée Commenairets
dans d’autres études, notamment l’étude multicentrique 1. Cette large étude de cohorte a le grand mérite de préci-
française publiée par Alves et al. en 2008., avec un ser l’incidence du recours à une chirurgie non obstétrical
taux de complications médicales et d’occlusion postopé- pendant la grossesse. À partir de ces données, il semble
ratoires, à 90 jours, diminué dans le groupe fermeture que ce risque, de 0,7 %, soit plutôt inférieur à ce qui est
précoce [3]. couramment rapporté.
5. La fermeture précoce de l’iléostomie permet de dimi- 2. Les auteurs font une conclusion sur le risque obstétri-
nuer le nombre moyen de complications essentiellement cal assez optimiste en se basant sur l’ensemble de la
liées au port prolongé d’une stomie : irritations et ulcé- cohorte. Toutefois, si on s’intéresse au cas particulier de
rations cutanées, fuites et débit abondant. la chirurgie abdominale, le risque d’évènements sévères
Références est pratiquement multiplié par 2 que les patientes soient
1 Ann Surg 2007;246:207—14. opérées par voie ouverte ou laparoscopique.
2 J Surg Res 2012;178:708—14. 3. Comme le font remarquer les auteurs, cette étude ne
3 Br J Surg 2008;95:693—8. permet de distinguer l’effet de l’affection en cause et de
la chirurgie elle-même sur le risque obstétrical. C’est une
question particulièrement importante à trancher dans
䊏 Quel est le risque obstétrical en cas de chirurgie non des situations comme la lithiase vésiculaire symptoma-
obstétricale chez la femme enceinte : résultats tique où la chirurgie peut être différée après la grossesse
d’une étude de cohorte rétrospective sur plus de en prenant le risque d’exposer la grossesse à la survenue
6,5 millions de grossesse de complications de la lithiase.
4. À partir des données rapportées, il semble que les
Balinskaite V, Bottle A, Sodhi V, et al. The risk of adverse
pregnancy outcomes following non-obstetric surgery during malades opérées par voie laparoscopique n’est pas de
pregnancy: estimates from a retrospective cohort study of meilleurs résultats que les malades opérées par voie
6,5 million pregnancies. Ann Surg 2017;266(2):260—6. ouverte. Ces données posent la question du bien fondé
https://doi.org/10.1097/SLA.0000000000001976 d’un abord cœlioscopique chez la femme enceinte,
notamment pour l’appendicite, alors que bon nombre
En cas de grossesse évolutive, la nécessité de recours à une d’équipes en défendent la pratique.
chirurgie non obstétricale expose au risque théorique de
fausse couche, d’avortement spontané, ou de prématurité Références
[1]. Les données les plus récentes suggèrent que la réalisa- 1 Anesthesiology 1999;91:1159—63.
2 J Clin Anesth 2006;18:60—6.
tion d’une chirurgie non obstétricale pendant la grossesse
3 Am J Surg 2005;190:467—73.
n’augmente pas le risque malformatif mais que certaines
affections comme par exemple, la péritonite appendicu-
laire, peuvent être associées à un risque plus important 䊏 Stratégie de traitement personnalisé basé sur la
de perdre la grossesse. Néanmoins, bien que ce problème réponse à la chimiothérapie d’induction chez les
soit extrêmement courant (1 à 2 % des grossesses) [2], les malades ayant un cancer du rectum localement
données dont nous disposons sont issues de séries anciennes
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ARTICLE IN PRESS
Revue de presse 7

évolué : résultats préliminaires de l’étude de phase II résultats doivent être confirmés à partir de l’analyse des
multicentrique française GRECCAR4 données cliniques à long terme.
Commentaires
Rouanet P, Rullier E, Lelong B, et al. Tailored treat- 1. Il s’agit d’une des premières études montrant la fai-
ment strategy for locally advanced rectal carcinoma
sabilité d’une stratégie de traitement personnalisé des
based on the tumor response to induction chemotherapy:
malades ayant un cancer du rectum localement évolué.
preliminary results of the French phase II multicenter GREC-
CAR4 trial. Dis Colon Rectum 2017;60(7):653—63. PubMed Bien que les résultats de cette étude de phase II ne per-
PMID: 28594714. mettent pas encore de valider définitivement le concept,
https://doi.org/10.1097/DCR.0000000000000849 on peut tout à fait imaginer que ce type d’approches se
développe plus largement à l’avenir.
Le traitement de référence des cancers du rectum locale- 2. Cette étude, menée par le GRECCAR, groupe de chirur-
ment évolué (CRLE) non métastatique repose sur l’exérèse giens experts dans la prise en charge des cancers du
du rectum et du mésorectum précédée d’une radiochimio- rectum illustre toute la difficulté de construire ce type
thérapie (RCT). Les avantages de la RCT ont été démontrés d’essai. Le design de l’étude avait nécessité d’établir
au cours de plusieurs essais contrôlés [1,2] et comportent une hypothèse concernant le taux de réponse majeure
l’augmentation du taux de résection complète R0 et la à la chimiothérapie d’induction par Folfirinox des can-
diminution du risque de récidive locale à distance de la chi- cers du rectum localement évolués, et cette hypothèse
rurgie. La RCT comporte également des inconvénients dans ne s’est malheureusement pas vérifiée ce qui a conduit à
la mesure où elle est associée à une augmentation du risque déséquilibrer les différents bras et à interrompre l’essai
de séquelles fonctionnelles digestives, urinaires et sexuelles avant que le nombre de malades inclus dans tous les bras
et que son intérêt sur le risque de récidive métastatique et la de traitement soit suffisant.
survie à long terme n’est pas démontré. En d’autres termes, 3. La définition de la réponse majeure était basée sur une
chez un certain nombre de malades ayant un CRLE, la RCT réduction du volume tumoral de plus de 75 % et seuls
préopératoire pourrait être considérée comme inutile, voire 15 % des malades ont été classées en « bons répondeurs »
délétère alors que pour d’autres, ce traitement pourrait être selon cette définition. Pourtant, 80 % des malades ont eu
jugé insuffisant au regard du risque élevé de récidive méta- une réduction du volume tumoral de plus de 50 %. Cette
statique. Plusieurs études de phase II et séries rétrospectives information importante doit pouvoir permettre d’établir
ont démontré l’efficacité d’une chimiothérapie systémique le design de futurs essais évaluant ce type de stratégie
pour induire une réponse morphologique et potentialiser dans le traitement des cancers du rectum localement
l’effet de la RCT chez des malades ayant un CRLE [3]. évolués
Les auteurs rapportent les résultats d’une étude de phase 4. Le taux élevés de résection complète chez les malades
II dont l’objectif était d’évaluer la faisabilité d’une straté- « bons répondeurs » opérés après chimiothérapie seule
gie personnalisée basée sur la réponse à une chimiothérapie sans irradiation est un élément supplémentaire en faveur
d’induction par Folfirinox de courte durée (4 cycles) chez de la faisabilité d’une approche supprimant l’irradiation
des malades ayant un CRLE. Les critères d’inclusion pour préopératoire chez des malades sélectionnés.
la tumeur du rectum étaient l’existence d’un CRLE mrT3c 5. Le taux très élevé de réponse histologique complète
ou mrT4 ou une marge circonférentielle prédictive ≤ 1 mm (58 %) chez les malades « bons répondeurs » au Folfirinox
et une marge distale ≥ 1 cm. À l’issue de la chimiothérapie traités ensuite par radiochimiothérapie peut faire discu-
d’induction, les malades étaient considérés comme « bons ter l’intérêt de ce type de séquence dans la perspective
répondeurs » en cas de réduction du volume tumoral ≥ 75 %, d’une conservation d’organe. C’est d’ailleurs l’approche
et ces malades étaient randomisés pour avoir soit une chi- qui est actuellement testée chez des malades ayant un
rurgie d’emblée (bras A) sans irradiation (bras A), soit une cancer du rectum cT2T3 de mois de 4 cm dans le nouveau
chirurgie précédée d’une RCT standard (CAP50) (bras B). Les protocole GRECCAR12.
autres malades étaient considérés comme « mauvais répon- Références
deurs » et étaient randomisés pour avoir soit une RCT par 1 N Engl J Med 2006;355:1114—23.
CAP 50 (bras C), soit une RCT préopératoire par CAP60 (bras 2 J Clin Oncol 2006;24:4620—5.
D). Le critère principal de l’étude était le taux de résec- 2 Lancet Oncol 2010;11:241—8.
tion R0 devant atteindre plus de 90 % dans tous les bras de
traitement.
Au total, 194 malades ont été inclus dans l’étude et 䊏 Préservation d’organe chez les malades ayant un
classés en « bons répondeurs » (n = 30, 15 %) et « mauvais cancer du rectum (GRECCAR2) : résultats d’une
répondeurs » (n = 164, 85 %). La compliance au traitement étude prospective, randomisée de phase III
d’induction a été relativement bonne dans les 4 bras de
Rullier E, Rouanet P, Tuech JJ, et al. Organ preservation
traitements (68—86 %). L’étude a dû être interrompue dans
for rectal cancer (GRECCAR 2): a prospective, rando-
la mesure où les deux bras de traitements concernant les mised, open-label, multicentre, phase 3 trial. Lancet
« mauvais répondeurs » (bras C et D) avaient inclus la tota- 2017;390(10093):469—79. [Epub 2017 Jun 7]
lité des malades nécessaire à l’étude alors que le taux https://doi.org/10.1016/S0140-6736(17)31056-5
d’inclusion dans les deux bras de traitement concernant les
« bons répondeurs » (bras A et B) restait faible. Le taux de En cas de cancer du rectum localement évolué cT3/T4 et/ou
résection R0 était de 100 %, 100 %, 83 % et 88 % dans les N+, le traitement de référence repose sur une radiochimio-
groupes A, B, C et D, respectivement. Le taux de réponse thérapie (RCT) préopératoire suivie d’une exérèse rectale
histologique complète était de 10 %, 58 %, 13,5 % et de 20 % et du mésorectum. L’objectif de la RCT est d’améliorer le
dans les groupes A, B, C et D, respectivement. contrôlé local mais son intérêt sur le pronostic oncologique
Les auteurs concluent qu’une approche personnalisée, à long terme n’a jamais été démontré [1]. En revanche, dans
basée sur la réponse à une chimiothérapie d’induction est près de 20 % des cas, la RCT néoadjuvante peut conduire à
faisable chez les malades ayant un CRLE mais que ces une stérilisation de la tumeur rectale et dans cette situation
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8 D. Goéré, A. Brouquet

le pronostic à long terme est bon ce qui a conduit certaines 2. Les auteurs valident le concept sur un modèle de sélec-
équipes à proposer des stratégies de conservation d’organe tion en 2 temps : extension de la tumeur au diagnostic
(wait and watch ou exérèse de la cicatrice résiduelle (T2T3 < 4 cm) puis bonne réponse au traitement (T rési-
après RCT) en cas de très bonne réponse clinique [2,3]. duelle < 2 cm sans extension au-delà de la paroi rectale
En effet, la chirurgie du rectum est associée à un risque en IRM). Il faut attirer l’attention des lecteurs et de
de complications postopératoires immédiates, dominées par l’ensemble de la communauté sur la nécessité d’une
les complications infectieuses péri-anastomotiques pouvant sélection très rigoureuse des malades qui peuvent être
survenir chez 10 à 20 % des malades. Ces complications candidats à ce type de séquence thérapeutique.
peuvent à distance être responsables de séquelles impor- 3. Une autre approche de la sélection des malades candi-
tantes (mauvais résultat fonctionnel, stomie définitive) dats à une conservation d’organe a été proposée dans le
susceptibles d’altérer la qualité de vie et par conséquent, le cadre de l’essai américain ACOSOG Z6041 dans lequel,
développement de stratégies évitant la proctectomie peut la sélection est uniquement effectuée à l’entrée dans la
se justifier. stratégie sans évaluation de la réponse tumorale si ce
Les auteurs rapportent les résultats d’une étude de n’est pour vérifier que la tumeur n’a pas progressé. Dans
phase III multicentrique française comparant une stratégie cet essai, seuls les malades ayant un cancer cT2 au diag-
de conservation d’organe basée sur l’exérèse de la cica- nostic sont éligibles. Le débat entre les deux approches
trice après RCT à la proctectomie carcinologique en cas de n’est pas refermé et le taux de réponse histologique
bonne réponse à la RCT. Les critères d’inclusion en ce qui quasi complète (ypT0T1) de 39 % chez les malades « mau-
concerne le cancer du rectum étaient des tumeurs du bas vais répondeurs » illustre encore la difficulté de mesurer
rectum, cT2/T3 en échoendoscopie ou en IRM, mesurant la réponse de la tumeur rectale après radiochimiothéra-
moins de 4 cm. En cas de bonne réponse à la RCT définie pie.
par une réduction de la taille de la tumeur < 2 cm à la rec- 4. Bien que l’objectif de la conservation apparaisse, sur la
toscopie et l’absence d’extension au-delà de la musculeuse base de ces résultats, accessible à une proportion impor-
sur l’IRM de réévaluation pratiquée 6—8 semaines après la tante de malades ayant un cancer du bas rectum cT2 ou
RCT, les malades étaient randomisés pour avoir soit une petit cT3, le bénéfice pour le malade n’est peut-être
exérèse locale, soit proctectomie carcinologique. Chez les pas à la hauteur de l’espoir qu’il peut susciter. L’étude,
malades ayant eu une exérèse locale et ayant une tumeur mise au point pour démontrer la supériorité de l’exérèse
résiduelle ypT2-T3 ou en cas de marge de résection positive locale par rapport à la proctectomie sur un critère
une proctectomie de rattrapage était indiquée. Le critère composite (décès, récidive locale ou à distance, mor-
principal de l’étude était un critère composite comportant bidité postopératoire sévère ou séquelle importante),
le décès, la récidive locale ou à distance, la survenue d’une est négative. Ce phénomène s’explique par les mauvais
complication postopératoire sévère (grade Dindo III/IV) ou résultats observés chez les malades ayant eu une exérèse
d’une complication à distance sévère (colostomie défini- locale et devant être réopérés pour de mauvais critères
tive, incontinence anale). Au total, 186 patients ont été histologiques ce qui souligne l’importance de la sélection
inclus dans l’étude parmi lesquels 145 ont présenté une des malades candidats à cette approche. Il faut espé-
réponse clinique majeure et ont été randomisés pour avoir rer que les nouvelles modalités d’imagerie permettant
une exérèse locale (n = 74) ou une proctectomie carcinolo- d’améliorer la mesure de la réponse tumorale permet-
gique (n = 71). Au total, 26 patients ont eu une proctectomie tront d’améliorer encore la sélection des malades.
de rattrapage dans le groupe exérèse locale indiquée par 5. L’analyse des pièces de proctectomie a permis
ailleurs chez 8 autres malades qui ont refusé la réopération. d’identifier des critères cliniques supplémentaires,
À 2 ans, dans l’analyse en intention de traitement modifiée, notamment le caractère cN0 de la lésion, qui peuvent
un ou plusieurs évènements du critère composite sont sur- aider à mieux sélectionner les malades à l’avenir.
venus chez 41 patients (56 %) dans le groupe exérèse locale
Références
et 33 (48 %) dans le groupe proctectomie (odds ratio 1,33, 1 Lancet Oncol 2011;12:575—82.
95 % IC 0,62—2,86, p = 0,43). Il n’y avait pas non plus de 2 Ann Surg 2004;240:711—7.
différence entre les deux groupes sur aucun des éléments 2 Lancet Oncol 2015;16:1537—46.
du critère composite et la supériorité de l’exérèse locale
n’était pas démontrée.
Les auteurs concluent que l’étude ne permet de conclure 䊏 Hémorroïdopexie par agrafage circulaire versus
à la supériorité de l’exérèse locale sur la proctectomie en hémorroïdectomie classique : résultats de l’essai
raison du nombre important de proctectomie de rattrapage randomisé, multicentrique eTHoS
nécessaire dans le groupe exérèse locale et de la lourde
Watson AJ, Hudson J, Wood J, et al. Comparison of
morbidité associée à cette intervention. Une meilleure
stapled haemorrhoidopexy with traditional excisional sur-
sélection des malades en vue d’une stratégie de conserva-
gery for haemorrhoidal disease (eTHoS): a pragmatic,
tion d’organe est par conséquent nécessaire. multicentre, randomised controlled trial. Lancet 2016;
Commentaires 388(10058):2375—85. [Epub 2016 Oct 7]
1. Cette étude est la première à valider le concept de https://doi.org/10.1016/S0140-6736(16)31803-7
conservation d’organe chez les malades ayant un cancer
du rectum, bons répondeurs à une radiochimiothérapie. Le traitement de la pathologie hémorroïdaire a fait l’objet
Au total, parmi l’ensemble des malades randomisés pour de plusieurs évolutions grâce notamment à l’apparition de
recevoir le traitement expérimental (exérèse locale), nouvelles techniques minimale invasive incluant la liga-
une conservation du rectum a été possible chez plus de ture artérielle Doppler et l’hémorroïdopexie par agrafage
la moitié des malades et ce, sans avoir d’impact délétère circulaire. Ces techniques se sont largement imposées au
sur le résultat oncologique à partir des données actuelles sein de l’arsenal thérapeutique disponible comme alter-
de l’étude. native aux techniques classiques de ligature élastique et
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ARTICLE IN PRESS
Revue de presse 9

d’hemorroïdectomie alors que la démonstration de leur inté- avantage de l’hémorroïdopexie par agrafage par rapport
rêt n’est pas acquise. Actuellement, les données disponibles à l’hémorroïdectomie classique, notamment sur les dou-
sont issues d’essais de petite taille et un certain nombre de leurs postopératoires et le risque de complications alors
questions persistent quant à l’utilité, l’efficacité, et le rap- que les résultats à long terme étaient supposés équiva-
port coût/efficacité de ces techniques [1]. Pour répondre à lents. Cette étude montre qu’il n’y a pas de différence
la question de la place de ces nouvelles techniques dans le sur la morbidité postopératoire et que les résultats à long
traitement de la maladie hémorroïdaire, le NHS (National terme sont nettement en faveur de l’hémorroïdectomie
Health Service) a financé deux essais importants comparant classique.
la ligature artérielle Doppler à la ligature élastique chez 2. Les auteurs avaient pris en compte dans le calcul des
les malades ayant une maladie hémorroïdaire grade II/III, effectifs le risque d’inclusion de malades non évaluables
d’une part, (essai HubBLe) [2] et, d’autre part, l’agrafage ou perdus de vus et l’effectif total des inclusions est un
circulaire à l’hémorroïdectomie chez les malades ayant une peu en dessous des 800 malades initialement requis. De
maladie hémorroïdaire grade II—IV (essai eTHoS). plus, dans la mesure où beaucoup de paramètres ont été
Les auteurs rapportent les résultats de l’essai contrôlé, relevés par des auto-questionnaires, il aurait été souhai-
multicentrique randomisé de phase III eTHoS com- table de connaître le taux de réponse des malades inclus,
parant l’hémorroïdopexie par agrafage circulaire à taux qui n’apparaît pas clairement dans l’article.
l’hémorroïdectomie classique chez les malades ayant une 3. Dans la mesure où il s’agit de l’évaluation d’une nou-
maladie hémorroïdaire grade II—IV. Le critère principal velle technique, même si elle s’est largement implantée,
de l’étude était la qualité de vie mesurée par le score formation spécifique à l’hémorroïdopexie par agrafage
EQ-5D-3L sur les 24 mois suivant la randomisation mesurée aurait pu être proposée dans le cadre de l’essai.
par des questionnaires à 1, 3, et 6 semaines puis 12 et L’absence de « pretest training » a pu, dans une cer-
24 mois suivant la randomisation. Pour répondre aux taine mesure, affecter les résultats dans le groupe
hypothèses formulées sur le critère principal et en prenant l’hémorroïdopexie par agrafage.
en compte le risque de perdus de vue, un effectif total de 4. Cette étude ne doit pas nécessairement conduire à
800 patients avait été calculé. Cet effectif était également bannir l’hémorroïdopexie par agrafage et il serait inté-
sensé permettre de répondre aux critères secondaires de ressant de disposer d’une analyse des facteurs de risque
l’étude incluant le risque de complications, le taux de d’échec de la technique pour en définir les meilleures
récidive et le coût. indications.
En un peu plus de 3 ans, les investigateurs ont inclus Références
777 patients randomisés pour avoir une hémorroïdopexie 1 Dis Colon Rectum 2004;47:1837—45.
par agrafage circulaire (n = 389) ou une hémorroïdectomie 2 Lancet 2016;388:356—4.
classique (n = 388). En ce qui concerne le critère princi-
pal, cette étude montre que l’hémorroïdectomie classique
est associée à une qualité de vie sur les 24 mois suivant 䊏 Réponse histologique complète après traitement
l’intervention améliorée par rapport à l’hémorroïdopexie néoadjuvant des cancers du rectum: analyse d’une
par agrafage circulaire (différence moyenne —0,073, 95 % database nationale pour évaluer l’impact du volume
CI = 0,140—0,006, p = 0,0342). Le score EQ-5D-3L n’était du centre
supérieur dans le groupe hémorroïdopexie par agrafage cir-
Lorimer PD, Motz BM, Kirks RC, et al. Pathologic complete
culaire par rapport au groupe hémorroïdectomie que dans
response rates after neoadjuvant treatment in rectal can-
les 6 premières semaines suivant l’intervention. Dans le cer: an analysis of the National Cancer Database. Ann Surg
même sens, les douleurs postopératoires évaluées par EVA Oncol. 2017;24(8):2095—103
étaient significativement moins importantes dans les suites https://doi.org/10.1245/s10434-017-5873-8
immédiates dans le groupe hémorroïdopexie que dans le
groupe hémorroïdectomie mais cette différence disparais- La réponse histologique complète après traitement néoad-
sait après 6 semaines. En ce qui concerne la résolution juvant des cancers du rectum est associé à des résultats
des symptômes, il n’y avait pas de différence sur les oncologiques favorables tant en termes de survie globale
résultats précoces. En revanche, l’hémorroïdectomie clas- que de contrôle local de la maladie [1]. C’est la raison
sique était associée à un taux de récidive moins élevé que pour laquelle la réponse histologique complète, qui est en
l’hémorroïdopexie que celle-ci soit mesurée à partir de principe un critère oncologique intermédiaire est devenu le
l’évaluation à 12 et 24 mois par le score HSS (Hemorroidal critère principal d’études contrôlées, y compris de phase
Symptom Scale), les symptômes rapportés par les patients III pour évaluer de nouvelles modalités thérapeutiques pré-
à 1 an ou encore le recours à une nouvelle intervention. Le opératoires chez les patients ayant un cancer du rectum
taux de complications n’était pas différent entre les deux [2,3]. Actuellement, bien que la valeur de la réponse his-
techniques. tologique complète comme « endpoint » soit contestée,
Les auteurs concluent que dans la prise en charge person- de nombreuses études tentent encore d’identifier les fac-
nalisée de la maladie hémorroïdaire, l’hémorroïdectomie teurs prédictifs de réponse histologique complète. Parmi ces
classique est supérieure à l’hémorroïdopexie et demeure le facteurs, certains sont incontestables comme l’utilisation
traitement de référence. d’une chimiothérapie en association avec l’irradiation pel-
Commentaires vienne alors que d’autres sont plus contestés comme
1. Il faut rendre hommage au NHS d’avoir financé ce travail. l’intervalle de temps entre la fin de l’irradiation et la chi-
Il s’agit d’une étude très pragmatique dont la rigueur rurgie d’exérèse [3].
méthodologique doit être soulignée. Le message est très Les auteurs rapportent les résultats d’une étude
clair, repose sur des données solides et peut modifier la rétrospective à partir des données d’une database médico-
pratique. Comme le soulignent les auteurs, les études administrative de malades traités pour un cancer du rectum
antérieures, moins dimensionnées et peut être moins aux États-Unis. Bien que le recueil ne soit pas exhaustif,
robustes au plan méthodologique avaient mis en avant un cette base inclut en principe près de 70 % des malades
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ARTICLE IN PRESS
10 D. Goéré, A. Brouquet

traités pour un cancer colorectal. Le but de l’étude était 䊏 Résultats du registre international des malades ayant
d’identifier les facteurs prédictifs associés à la réponse eu une exérèse totale du mésorectum par voie
histologique complète après traitement néoadjuvant des transanale
cancers du rectum. Au total, les investigateurs ont pu recen-
ser 27 532 malades traités pour un cancer du rectum stade Penna M, Hompes R, Arnold S, et al. Transanal total meso-
rectal excision: international registry results of the first
II (n = 12 631) ou III (n = 14 901). L’analyse multivariée des
720 cases. Ann Surg 2017;266(1):111—7
variables disponibles dans la database nationale a mon-
https://doi.org/10.1097/SLA.0000000000001948
tré que le diagnostic récent, le sexe féminin, un contrat
d’assurance privée, un grade tumoral faible, une tumeur Le traitement de référence du cancer du moyen et du
ayant un stade clinique cT moins avancée, un stade clinique bas rectum repose sur l’exérèse du rectum et de tout le
cN moins avancé, un délai plus important entre la fin de la mésorectum [1] éventuellement précédée d’un radiochi-
radiothérapie et la chirurgie, et la prise en charge dans un miothérapie préopératoire en cas de tumeur localement
centre à haut volume. évoluée. Au cours des 20 dernières années, les progrès de
Les auteurs concluent qu’il est difficile d’appréhender les la technique chirurgicale et notamment l’introduction des
paramètres qui expliquent le fait que le volume du centre abords mini-invasifs ont conduit à faire évoluer la pratique
puisse avoir un impact sur la réponse histologique complète de la chirurgie du cancer du rectum. La chirurgie laparosco-
mais que cette association devrait faire l’objet de nouvelles pique s’est progressivement imposée comme la voie d’abord
recherches. de première intention alors que la démonstration de sa non-
Commentaires infériorité sur le plan oncologique (qualité de l’exérèse,
1. La réponse histologique complète après traitement taux de résection R0) par rapport à la voie d’abord ouverte
néoadjuvant continue de susciter de l’intérêt parce que fait toujours l’objet de débats [2,3]. Ce qui est certain, c’est
c’est un critère rapidement évaluable, qui a pu être pro- que l’exérèse totale du mésorectum par voie laparosco-
posé comme critère principal pour évaluer les nouvelles pique demeure une intervention difficile, associée à un taux
thérapeutiques néoadjuvantes des cancers du rectum. de conversion et un risque de complications postopératoire
Toutefois, il faut rappeler que bien que la réponse notamment infectieuses péri-anastomotiques relativement
histologique complète soit associée à un pronostic favo- élevés. L’ensemble de ces éléments (qualité de l’exérèse
rable après chirurgie, un taux de réponse histologique et risque périopératoire) explique que plusieurs techniques
complète plus élevé ne se traduit pas forcément par un innovantes dont la chirurgie par voie transanale endo-
meilleur résultat oncologique en termes de risque de scopique sont actuellement en cours d’évaluation afin de
récidive ou de survie. déterminer s’il est possible d’améliorer ces résultats [4].
2. Cette étude ne permettra certainement pas de répondre Les auteurs rapportent les résultats de l’analyse d’un
à la question de la valeur prédictive du taux de réponse registre international de 720 malades opérés d’une tumeur
complète sur la survie puisque les données de survie ne du rectum selon la technique de l’exérèse totale du méso-
sont pas analysées. . . rectum par voie transanale (taTME). La technique repose
3. Cette étude ne permettra pas non plus de mieux sur la réalisation d’une dissection par voie transanale clas-
comprendre les phénomènes qui conduisent à la réponse sique puis endoscopique de tout le mésorectum qui pourrait,
histologique complète après traitement néoadjuvant. d’une part, améliorer la qualité de l’exérèse et, d’autre
Aucune information issue de la NCDB ne permet part, diminuer le taux de conversion.
d’appréhender le type de radiothérapie (courte hypo- Le taux de conversion vers une voie abdominale (cœlio
fractionnée ou conventionnelle), la dose administrée, ou laparo) sur l’ensemble de la série des 720 malades opé-
l’association à une chimiothérapie. . . rés par taTME était de 6,3 % alors que 2,8 % des malades
4. Cette étude ne permettra pas non plus de mieux étaient convertis vers une voie périnéale. Le mésorectum
comprendre l’impact du délai entre la fin de la radiothé- était intact dans 85,6 % des cas et le taux de résection
rapie et la chirurgie sur le taux de réponse histologique R1 était de 2,7 % parmi les 634 malades opérés d’une tumeur
complète. Il n’est pas du tout exclus qu’une proportion, maligne. La mortalité et la morbidité postopératoire étaient
même importante de malades aient eu une radiothéra- de 0,5 % et de 32,6 %, respectivement. En analyse multiva-
pie courte, ensuite opérés après un délai court (le délai riée, les facteurs de risque de marge de résection R1 était
minimal dans l’étude était de 25 jours), dont l’objectif une marge circonférentielle prédictive positive en IRM, une
n’est certainement pas d’obtenir une réponse histolo- tumeur du bas rectum < 2 cm de la jonction anorectal et une
gique complète ce qui explique que les malades dans dissection rectale postérieure menée par voie abdominale
le groupe délai long ont un taux plus élevé de réponse jusqu’à moins de 4 cm de la marge anale.
complète. Des essais randomisés, de bien meilleure qua- Les auteurs concluent que la technique d’exérèse du
lité, sont font heureusement actuellement en cours pour mésorectum par voie transanale est sure et efficace sur le
trancher cette question. plan oncologique avec des résultats à court terme tout à fait
5. Cette étude ne permet finalement que de soulever des acceptable et une qualité d’exérèse satisfaisante. Ces résul-
questions à savoir celle de l’hétérogénéité de la prise en tats doivent toutefois être confirmés à l’occasion d’études
charge des cancers du rectum aux États-Unis et éventuel- contrôlées.
lement de son impact sur le taux de réponse histologique Commentaires
complète mais sans y apporter de réponse claire. . . 1. Cette étude de cohorte confirme la faisabilité de la
Références technique d’exérèse totale du mésorectum par voie
1 Ann Surg 2010;252:998—1004. transanale. Les résultats rapportés sont bons à la fois sur
2 J Clin Oncol 2010;28:1638—44. le taux de conversion, le taux de complications postopé-
3 J Clin Oncol 2016. pii:JCO676049. ratoires et sur la qualité de l’exérèse du mésorectum.
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Revue de presse 11

2. Comme cela est souligné par les auteurs, on ne peut pas 4. Les auteurs soulignent le risque lié à la dissection
exclure sur ce type d’étude (cohorte non exhaustive de antérieure et de plaie urétrale, mais à partir des don-
malades opérés dans les centres participant au registre) nées présentées, aucun élément ne permet d’assurer
que les résultats soient en partie influencés par un biais l’innocuité de la technique quant à la dissection laté-
de sélection. La réalisation d’un essai contrôlé est désor- rale et les risques qu’elle comporte sur le risque de plaie
mais absolument nécessaire pour valider l’intérêt de des plexus nerveux. Il aurait été intéressant d’avoir des
cette nouvelle technique, actuellement au moins deux éléments concernant les fonctions urinaires et sexuelles
essais sont en cours pour trancher cette question (essai à distance pour apprécier ce risque.
COLORIII et GRECCAR11). Références
3. Comme toute nouvelle technique, une courbe 1 Br J Hosp Med 1979;22:277—81.
d’apprentissage est nécessaire et il aurait été intéres- 2 Lancet Oncol 2013;14:210—8.
sant sur cette série importante de savoir si l’expérience 3 JAMA 2015;314:1346—55.
du chirurgien a pu influencer les résultats. 4 Ann Surg 2015;261:228—33.

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