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D’autre part, la pyramide des âges en Afrique sera de plus en plus dominée
par les générations du baby boom durant les prochaines décennies. En
2050, le nombre des jeunes Africains devrait culminer à 840 millions,
selon les prévisions des Nations Unies. Durant cette même année, environ
19 millions de jeunes entreront sur le marché du travail en Afrique
subsaharienne et 4 millions en Afrique du Nord. Et la tendance va se
poursuivre sur 15 ans, à raison de près de 30 millions de jeunes actifs
supplémentaires chaque année sur l’ensemble du continent, soit
l’équivalent de trois fois la population de la Belgique. Une impressionnante
masse de bras sous-employée et sans espoir de promotion sociale va alors
se constituer aussi bien dans les campagnes que dans les métropoles.
Selon un sondage réalisé par l'Institut Gallup, 42% des jeunes Africains
déclarent vouloir émigrer. «Ils sont partis du village pour aller en ville, à
la capitale, et maintenant c'est le débordement. Les gens vont partir à
l'extérieur, pas forcément en Europe mais essentiellement en Europe»,
analyse Stephen Smith, professeur d'études africaines à l'université Duke
(Etats-Unis), estimant que «chaque famille africaine aura dans deux
générations un neveu ou une nièce d’Europe, comme chaque famille
européenne avait naguère un oncle d’Amérique». Selon lui, aucun mur ou
dispositif de garde-côtes ne pourra endiguer la déferlante migratoire
programmée.
«Ils sont partis du village pour aller en ville, à la capitale, et
maintenant c'est le
débordement. »
«On ne peut souhaiter qu’une chose, c’est que l’ampleur des financements
internationaux conduise les responsables africains à reconnaître la
légitimité d’un devoir d’ingérence démographique. Ce devoir d’ingérence
démographique est plus important que le devoir d’ingérence humanitaire
car il intervient en amont, comme moyen de prévention des conflits, et
non pas en aval pour en panser les plaies. Il pourrait s’exercer par une
conditionnalité de l’aide», suggère le géographe français Roland Pourtier,
professeur émérite à l'Université Paris-1 Panthéon-Sorbonne et spécialiste
reconnu de l’Afrique.
Walid Kéfi