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Yasser Lotfy
1) Définition de la logistique
2) Situation de la logistique au
Maroc
3) Politique national de logistique
au Maroc
4) Stratégie sectorielle de logistique
au Maroc
5) Contrat programme
6) Plateforme logistique
7) Projet logistique au Maroc
Définition de la logistique
-L’importance de la logistique
Dans le passé la logistique a été considérée comme une
activité de conservation. Des responsables de
magasin étaient des conservateurs des produits stockés
dans des petits magasins et des grands entrepôts.
Par conséquence, la science (et l’art) de la logistique
ainsi que les personnes qui font marcher les
systèmes logistiques pour les produits de santé n’étaient
pas aperçues comme une partie importante des
programmes de la planification familiale, de la lutte
contre le VIH/SIDA et de l’immunisation, parmi de
nombreux autres. Heureusement, au fur et à mesure,
plus des responsables des programmes ont compris
la contribution importante de la logistique au succès
d’un programme.
L’objectif d’un système logistique n’est pas limité à
l’effort d’assurer que les produits arrivent au bon
endroit. A l’arrivée, l’objectif de tout système logistique
pour les programmes de santé est d’assurer que
les clients bénéficient de la sécurité des produits. La
sécurité des produits de santé existent lorsque toute
personne est en mesure d’obtenir et utiliser des produits
essentiels de santé de bonne qualité quand elle
en a besoin. Une chaîne d’approvisionnement efficace
représente une partie essentielle de l’atteinte de
la sécurité des produits. Le financement, les politiques
et l’engagement des parties prenantes sont aussi
nécessaires.
Des chaînes d’approvisionnement efficaces contribuent
non seulement à la sécurité des produits,
mais aussi au succès (ou à l’échec) des programmes de
santé publique. Dans le secteur privé et le
secteur public, des preneurs de décisions mettent plus
d’attention sur l’amélioration des chaînes
d’approvisionnement puisque le renforcement de la
logistique mène à des bénéfices quantifiables. Des
chaînes d’approvisionnement efficaces contribuent aux
programmes de santé public en—
•
augmentant l’impact des programmes
•
améliorant la qualité des soins
•
améliorant le rapport coût-efficacité et l’efficience
La logistique augmente l’impact des programmes.
Il est probable que plus de personnes utiliseront des
services de santé quand un système logistique fournit un
approvisionnement régulier de produits. Des
clients font plus de confiance à un programme quand ils
ont accès à un approvisionnement continu de
produits. Ceci motive la recherche des soins et
l’utilisation des services.
-La logistique est importante.
La logistique améliore la qualité des soins.
Des programmes de santé qui sont bien approvisionnés
peuvent fournir des services de haute qualité
et des programmes mal approvisionnés ne peuvent pas.
De façon similaire, des agents de santé bien
approvisionnés peuvent utiliser d’avantage leur
formation et leur expertise, ce qui mène à la prestation
de soins de haute qualité aux clients. Les clients ne sont
pas les seuls à bénéficier d’une disponibilité continue du
produit.
-Le système logistique
Tout au long de votre vie, vous allez rencontrer des
centaines de systèmes logistiques, que ce soit dans
des restaurants, des magasins, des entrepôts, et d’autres
endroits. Certes, ce manuel décrit des systèmes
logistiques pour les programmes de santé, mais si vous
comprenez un exemple simple d’un système
logistique, vous serez à même de comprendre quasiment
tous les systèmes logistiques de la santé.
Un exemple parmi d’autres d’un système logistique
simple est celui d’un restaurant.
•
Le local d’entreposage d’un restaurant est la cuisine ; la
nourriture y est conservée jusqu’à ce qu’elle
soit livrée au client.
•
Ce sont les serveurs qui assurent le transport, en portant
la nourriture depuis la cuisine vers le client.
•
Les tables, c’est-à-dire l’endroit où les clients s’assoient
pour commander et manger, constituent les
points de prestation de services.
Un restaurant n’est pas considéré comme un système
logistique par ses clients ; c’est un endroit où
on mange. Vous non plus n’avez probablement jamais
considéré un restaurant comme un système
logistique. Cependant, ce que vous attendez d’un
restaurant est directement lié à la logistique.
2) Situation de la logistique au
Maroc
Rapprochant l’offre de la demande, la logistique s’est
imposée comme un vecteur déterminant de la
compétitivité économique dans un contexte de
globalisation du commerce. Capable de tirer vers le haut
la croissance d’un pays ou d’une entreprise, son
efficacité repose sur les politiques publiques, les
investissements, les infrastructures, les transports,
l’innovation et la formation. La logistique peut
permettre de désenclaver certains territoires et d’en
connecter davantage avec le reste du pays ou du monde.
En outre, la logistique doit de plus en plus intégrer les
questions de la durabilité environnementale. L’ancrage
d’un pays aux dynamiques de la mondialisation
nécessite donc de posséder un certain nombre de
qualifications logistiques, à la fois dans la maîtrise du
temps et la gestion de l’espace.
Le Maroc cherche actuellement à répondre à toutes ces
exigences. Il poursuit depuis quelques années une
politique de développement et de modernisation de
l’ensemble de son territoire en améliorant notamment le
dispositif infrastructurel dans les régions qui, autrefois,
avaient été marginalisées, à l’instar de la province
septentrionale du Rif. L’objectif du Royaume est de
renforcer simultanément son attractivité internationale à
travers de meilleures performances de sa chaîne
logistique globale (optimisation des coûts, volonté de
satisfaire les fournisseurs et les clients, etc.).
En 2010, une stratégie nationale a été adoptée pour
améliorer la compétitivité logistique du pays. Elaborée
dans le cadre d’un partenariat public-privé et prenant la
forme d’un contrat-programme pour la période 2010-
2015, elle a été fortement inspirée par une étude fournie
par le cabinet McKinsey… Cet organisme de conseil
international avait parallèlement été mobilisé pour la
mise en place de plusieurs plans sectoriels pour le
Royaume concernant notamment le tourisme (plan azur)
ou l’agriculture (plan Maroc vert).
Sans surprises, la stratégie nationale de développement
logistique s’inscrit dans une démarche libérale visant à
favoriser l’ouverture du commerce extérieur du
Royaume. Elle se donne pour principaux objectifs
d’abaisser à 15 % les coûts logistiques rapportés au PIB
(contre 20 % en 2010) et de créer progressivement un
réseau de plates-formes logistiques multi-flux. Celui-ci
doit à la fois doper les exportations marocaines en
produits textiles, agricoles et industriels et faciliter les
approvisionnements grandissants du Royaume en
céréales et en hydrocarbures. Trois ans après son
lancement, cette stratégie semble avoir accumulé les
retards. L’agence marocaine de développement
logistique (AMDL) ne s’est véritablement mise en place
que fin 2012. Des polémiques ont éclatées autour de
l’implantation de certaines zones logistiques, comme à
Zenata, près de Casablanca, sur fonds de controverses
foncières, notamment. La terre, rare et fragile, convoitée
et malmenée, sera sans aucun doute un sujet de frictions
dans la politique de développement logistique du
pays [1].
Le Maroc est passé de la 94e à la 50e place mondiale du
classement proposé par la Banque mondiale au sujet de
la performance logistique des États [2]. Malgré ce bond
en avant, le Royaume reste derrière la Tunisie,
l’Espagne, la France, l’Italie, le Portugal, Malte et la
Turquie si l’on compare sa position par rapport aux
autres pays riverains de la Méditerranée. Et c’est ici
qu’il faut introduire la problématique sensible de cet
espace où bien souvent la concurrence entre les États
l’emporte sur la complémentarité à l’échelle du
Bassin [3]. La preuve en est dans le domaine du
transport maritime et des installations portuaires, dans
lequel le Maroc s’active amplement. 2004 marque le
lancement du projet visant à doter la ville septentrionale
de Tanger, au nord de la province du Rif, d’une plate-
forme portuaire et industrielle capable de jouer un rôle
de premier plan dans les échanges commerciaux
internationaux.
En service depuis l’été 2007, le complexe de « Tanger-
Med » bénéficie d’une position géographique favorable,
au cœur du détroit de Gibraltar, à quelques kilomètres
marins de l’Espagne, là où transite un conteneur
mondial sur cinq. Il a donc pour principale activité le
transbordement de conteneurs. L’investissement, estimé
à 7,5 milliards d’euros, a rapidement fait de Tanger-
Med le plus grand chantier d’infrastructure du Maroc.
En effet, derrière le port, une zone franche s’est peu à
peu établie, permettant à des entreprises de s’implanter,
à l’instar de l’usine Renault-Nissan, opérationnelle
depuis 2012. Environ deux millions de conteneurs
auraient été traités en 2012. C’est moins que les
objectifs initiaux, la crise économique mondiale étant
passée par là. D’ailleurs, Tanger-Med 2, censé être en
place l’an dernier, reste en travaux. Dans un contexte
socio-économique effervescent dans le Royaume, des
critiques se font entendre relatives aux coûts de ce port,
dont l’impact sur les populations locales est diversement
perçu et dont le modèle serait inadapté par rapport aux
capacités actuelles et à la concurrence régionale. Le
Maroc aurait-il donc vu trop grand avec Tanger-Med ?
Aussi est-il intéressant de noter que le Maroc,
indépendamment de son indice global de performance
logistique, possède un maillage infrastructurel qui, peu à
peu, se déploie, mais accuse toujours des retards
significatifs en termes de procédures douanières et
administratives. Ces retards nuisent au climat des
affaires, obèrent le développement économique du pays
et font souvent dérailler la chaîne logistique. Nul doute
qu’une évolution des comportements au sein de la
sphère publique (qui passe elle-même par l’instauration
d’un climat politique plus confiant et plus transparent)
et que l’amélioration des formations aux métiers de la
logistique constitueront des déterminants majeurs pour
la poursuite de son développement et son insertion dans
les circuits du commerce international. A cela s’ajoute
l’inévitable mise à niveau normative permettant de
fluidifier la circulation des marchandises. Or trop de
produits sont encore transportés de manière informelle,
ce qui peut engendrer des risques sanitaires, pour les
produits alimentaires, notamment, la chaîne du froid
étant insuffisamment développée. Améliorer la
réglementation constitue donc un impératif majeur pour
le Royaume si celui-ci veut protéger sa population et
sécuriser son commerce extérieur.
Même si le Royaume regarde de plus en plus vers son
sud, en misant beaucoup sur une nouvelle diplomatie
économique africaine, et tisse des relations sans cesse
plus étroites avec la Chine, le Brésil ou l’Inde, il reste
dépendant des échanges avec l’Europe. Il sera d’ailleurs
opportun de suivre l’action du nouvel Institut
méditerranéen de logistique et des transports de Tanger,
créé en partenariat avec l’École nationale des ponts et
chaussées en France, et dont l’annonce a été officialisée
à l’occasion de la visite d’État du Président François
Hollande au Maroc le 4 avril 2013.
La mise à niveau logistique du Maroc apparaît donc
incontournable pour qu’il puisse mener une politique
extérieure commerciale sur autant de fronts et
poursuivre sa modernisation. Mais le passage à la
modernité économique, comme dans les autres pays
arabes de la région, ne saurait se faire sans vigilance
politique envers les défis sociaux et humains du
Royaume. Les écarts de richesse au sein de la société
marocaine et le fossé économique entre les villes (le
« Maroc utile ») et les campagnes (le « Maroc de
l’intérieur ») demeurent des éléments déstructurants en
dépit de toute stratégie d’optimisation logistique. Si ces
problèmes ne sont pas résolus, la stabilité, la croissance
et le développement du Maroc tout entier ne peuvent se
conjuguer qu’au conditionnel.
3) Politique nationale de
logistique au Maroc
La logistique, les technologies de l’information et
de la communication, et les transports constituent
un ensemble perçu comme stratégique pour le
tissu économique marocain qui, dans le cadre de
la mondialisation, nécessite une mise à niveau des
entreprises, des infrastructures et des institutions
et la rationalisation de la gestion industrielle et des
services.
Afin de poursuivre le processus de renforcement
de la compétitivité de l’économie nationale, à
l’export et à l’import comme en interne, les
autorités marocaines se sont donc fixées comme
priorité la compétitivité logistique des entreprises,
avec aussi pour objectif de positionner le Maroc
comme le hub logistique entre l’Europe et l’Afrique
subsaharienne.
Une stratégie nationale logistique pour le
développement de la compétitivité logistique a
donc été élaborée pour la période 2010 – 2015.
Pour la mettre en œuvre, une agence nationale
(Agence marocaine de développement de la
logistique - AMDL) a aussi été créée ; ceci afin
d’assurer la coordination et la mise en œuvre au
niveau national des importants projets prévus, qui
pourraient pâtir de la multiplicité des intervenants
et de leurs prérogatives (administrations,
collectivités locales, acteurs économiques...).
Cette stratégie nationale logistique vise à réduire
les coûts logistiques du Maroc, accélérer la
croissance du PIB par l’augmentation de la valeur
ajoutée induite par la baisse des coûts et faire du
secteur logistique un acteur du développement
durable du pays, à travers la réduction des
nuisances
La nouvelle stratégie logistique ambitionne d’accélérer
la croissance économique de 0,5 point de PIB par an,
soit 5 points de PIB sur les dix prochaines années, ce
qui correspond à une création de richesse d’environ 20
milliards de dirhams (MMDH) en plus value directe et
40 MMDH si on ajoute la plus value indirecte.
En outre, elle vise à promouvoir une gestion optimisée
des flux de marchandises pour la réduction des coûts
logistiques de 20 pc du PIB actuellement à 15 pc à
l’horizon 2015, au profit aussi bien des consommateurs
que de la compétitivité des opérateurs économiques.
Force est de souligner que cette stratégie se traduira
par une meilleure maîtrise des prix et contribuera par
la même à la préservation du pouvoir d’achat et à la
réduction du nombre des intermédiaires. Elle
permettra, dans l’ensemble, d’augmenter la croissance
de l’économie nationale de 3 à 5 points du PIB à
l’horizon 2015, soit une valeur ajoutée additionnelle de
20 MMDH sur une période de 10 ans, et de générer
36.000 emplois (d’ici 2015) et 96.000 emplois à
l’accomplissement de la stratégie (2030).
Par ailleurs, la nouvelle stratégie logistique aura
également un impact très positif sur l’environnement
puisqu’elle permettra la réduction des nuisances
résultant d’une gestion peu efficace des flux de
marchandises, au service d’un développement durable
et cohérent des villes marocaines. C’est ainsi que les
émissions de CO2 seront réduites de 35 pc à l’horizon
2015, de même que les routes et les villes seront
décongestionnées, contribuant ainsi aux objectifs
d’amélioration de la politique environnementale.
Fruit d’une approche partenariale entre l’Etat et le
secteur privé, la Stratégie nationale pour le
développement de la compétitivité logistique est
promise à un avenir meilleur dans la mesure où elle
intervient à un moment où toutes les stratégies
sectorielles déjà mises en œuvre ont grandement
besoin d’une nouvelle stratégie transversale et intégrée
à même de booster la compétitivité du tissu
économique marocain et de conforter la place du
Maroc en tant que hub régional de logistique et
plateforme internationale d’attraction de
l’investissement à haute valeur ajoutée.
4) Stratégie sectorielle de
logistique au Maroc