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Tarde Durkheim
Crozier
Tocqueville
Elias Boltanski
Bourdieu
Becker
Honneth Foucault
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LES PENSEURS
DE LA SOCIÉTÉ
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Diffusion : Seuil
Distribution : Volumen
Xavier Molénat
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LE TEMPS
DES FONDATEURS
(Éric Keslassy)
– Herbert Spencer. Évolution et Société (Daniel Becquemont
et Dominique Ottavi)
– Karl Marx. Capital et Travail (Jean-François Dortier)
– Émile Durkheim. L’invention du social (David Ledent)
– Gabriel Tarde. Les lois de l’imitation (Solenn Carof)
– Georg Simmel. L’ambivalence de la modernité (Xavier Molénat)
– Max Weber. La rationalisation du monde (Jean-François Dortier)
– Norbert Elias. La paciication des mœurs (René-Éric Dagorn)
– John Maynard Keynes. L’État régulateur (Jean-François Dortier)
– Karl Polanyi. Le père de la socioéconomie (Nicolas Journet)
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ADAM SMITH (1723-1790)
L’intérêt et la morale
Michaël Biziou
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Les penseurs de la société
La « main invisible »
Adam Smith évoque la célèbre main invisible une première fois dans la
héorie des sentiments moraux (1759) : « Les seuls riches choisissent, dans la
masse commune, ce qu’il y a de plus délicieux et de plus rare. (…) En dépit
de leur avidité et de leur égoïsme (quoiqu’ils ne cherchent que leur inté-
rêt, quoiqu’ils ne songent qu’à satisfaire leurs vains et insatiables désirs en
employant des milliers de bras), ils partagent avec le dernier des manœuvres
le produit des travaux qu’ils font faire. Une main invisible semble les forcer
à concourir à la même distribution des choses nécessaires qui aurait eu lieu
si la Terre eût été donnée en égale portion à chacun de ses habitants ; ainsi
sans en avoir l’intention, sans même le savoir, le riche sert l’intérêt social et
la multiplication de l’espèce humaine. » Les riches sont riches parce qu’ils
sont en mesure d’employer des salariés, c’est-à-dire qu’ils disposent de
richesses au-delà du nécessaire, et leur contribution involontaire à l’intérêt
général est déinie comme leur capacité à salarier.
La seconde occurrence de la main invisible se trouve dans Enquête
sur la richesse des nations (1776) : « En dirigeant (l’industrie nationale) de
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manière à ce que son produit ait le plus de valeur possible, chaque individu
ne pense qu’à son propre gain ; en cela comme dans beaucoup d’autres
cas, il est conduit par une main invisible à remplir une in qui n’entre
nullement dans ses intentions. (…) Tout en ne cherchant que son intérêt
personnel, il travaille souvent de manière bien plus eicace pour l’intérêt de
la société que s’il avait réellement pour but d’y travailler. » Si la perspective
est diférente de celle de la héorie des sentiments moraux, le riche étant
ici le capitaliste, on retrouve l’idée d’un mécanisme anonyme qui dirige les
intérêts particuliers vers l’intérêt général.
Dorothée Picon
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CHARLES FOURIER (1772-1837)
La mécanique des passions
Un socialiste utopique ?
Ses contemporains le prenaient volontiers pour un fou. Plus
circonspect, Karl Marx n’en voulut pas moins lui régler son
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Le phalanstère
Laissons libre cours à nos passions ! Fourier s’inscrit en faux
contre la tradition libérale qui, de Montesquieu à Adam Smith,
voit dans le marché le mécanisme idéal de conciliation des pas-
sions humaines. Encore faut-il pour cela que le goût du lucre
puisse canaliser les autres penchants, les sublimer dans l’accu-
mulation matérielle. Témoin, en ces débuts du capitalisme, de
la paupérisation des masses, Fourier est très réservé quant aux
capacités du marché. Il est contre l’idée de domestiquer les pas-
sions et souhaite instituer un environnement où, tout en don-
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Xavier de la Vega
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Les penseurs de la société
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ALEXIS DE TOCQUEVILLE (1805-1859)
Heurs et malheurs de la démocratie
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Le temps des fondateurs
1- P. Bourdieu et J.-C. Passeron, Les Héritiers. Les étudiants et la culture, 1964, rééd.
Minuit, 1994, et La Reproduction. Éléments pour une théorie du système d’enseignement,
1970, rééd. Minuit, 1993.
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Les penseurs de la société
brise les chaînes et met chaque anneau à part », les hommes des
temps démocratiques cherchent à défendre leur bien-être maté-
riel. Isolés, ils ne perçoivent plus le lien entre leur intérêt person-
nel et l’intérêt général ce qui les amène à se désintéresser de la vie
politique, envisagée comme une perte de temps préjudiciable à la
conduite de leurs afaires privées. « Non seulement (les hommes
qui habitent des pays démocratiques) n’ont pas naturellement le
goût de s’occuper du public, mais souvent le temps leur manque
pour le faire. La vie privée est si active dans les temps démocra-
tiques, si agitée, si remplie de désirs, de travaux, qu’il ne reste
presque plus d’énergie ni de loisir à chaque homme pour la vie
politique. » Le citoyen individualiste et matérialiste se détache
de la chose publique pour mieux se replier sur sa sphère pri-
vée. Occupé à régler ses afaires, oublieux des vertus civiques, il
tombe dans une mollesse intellectuelle qui le conduit à négliger
le débat public.
dont ils emplissent leur âme. Chacun d’eux, retiré à l’écart, est
comme étranger à la destinée de tous les autres : ses enfants et
ses amis particuliers forment pour lui toute l’espèce humaine ;
quant au demeurant de ses concitoyens, il est à côté d’eux, mais
il ne les voit pas ; il les touche et ne les sent point ; il n’existe qu’en
lui-même et pour lui seul, et s’il lui reste encore une famille, on
peut dire du moins qu’il n’a plus de patrie. Au-dessus de ceux-
là s’élève un pouvoir immense et tutélaire, qui se charge seul
d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort. Il est absolu,
détaillé, régulier, prévoyant et doux. » Ce passage a longtemps
été utilisé par les néolibéraux qui le présentent comme une cri-
tique, avant l’heure, des interventions économiques et sociales
de l’État providence : assistés, les citoyens perdent de vue l’im-
portance de l’efort, du mérite et de la valeur travail4.
En dépit de cette menace sur la liberté, Tocqueville défend
l’égalité des conditions car il la croit favorable au plus grand
nombre. Cependant, il recherche les conditions de l’existence
d’une « démocratie libérale » qui parviendrait à concilier égalité
et liberté. Il énonce de nombreuses solutions qui concourent à
4- Voir, par exemple, F. Hayek, La Route de la servitude, 1944, rééd. Puf, 2002.
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Le temps des fondateurs
Éric Keslassy
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Solenn Carof
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HERBERT SPENCER (1820-1903)
Évolution et Société
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Les penseurs de la société
Sulfureuse sociobiologie
Les débuts de la sociobiologie
Peut-on analyser la vie sociale des êtres humains de la même manière que
celle des animaux ? C’était en tout cas la conviction du zoologiste Edward
O. Wilson qui, en 1975, annonce la création d’une nouvelle discipline :
la sociobiologie, dont le programme est « l’étude systématique des bases
biologiques du comportement social chez l’animal comme chez l’homme. »
Pour E.O. Wilson, chez de nombreuses espèces, les conduites sociales sont
« instinctives », c’est-à-dire guidées par les gènes. En conséquence, airmait
Wilson dans le dernier chapitre de son livre, « chez l’homme, les conduites
sociales ont des racines biologiques. La sociobiologie peut donc s’appliquer
à l’homme. »
Pour la sociolobiologie, tous ces comportements s’expliquent par l’hé-
rédité des conduites et la sélection naturelle.
Controverses et nouvelles perspectives
Ces théories vont déclencher une tempête et des polémiques furieuses,
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d’autant que E.O. Wilson récidive quelques années plus tard, en 1978,
en publiant L’Humaine Nature, dans lequel il airme clairement que « les
gènes commandent la culture ».
Nombre d’anthropologues, de philosophes et même de biologistes
ou théoriciens de l’évolution, comme Stephen J. Gould ou Richard
C. Lewontin, montent au créneau pour dénoncer le « réductionnisme bio-
logique » et le darwinisme social.
Dans les années qui suivent, la sociobiologie va poursuivre son bon-
homme de chemin dans les milieux scientiiques : chez les biologistes et
les éthologues surtout, beaucoup plus rarement chez les anthropologues.
De très nombreuses études sur les fondements biologiques du comporte-
ment animal vont voir le jour : sur les stratégies sexuelles, les comporte-
ments parentaux, les comportements territoriaux, la dominance, les formes
d’organisation sociale, les diférences de comportement mâles/femelles,
etc. Les modèles se diversiient et on tente de comprendre les modes de
vie en société à partir de divers modèles de sélection : sélection naturelle,
de groupe, de parentèle, sexuelle, etc. On cherche à comprendre les com-
portements des individus en termes de « stratégie de reproduction » ou de
« itness » (adaptation au milieu).
À partir des années 1990, la polémique s’atténue. La sociobiologie
fait moins de bruit, mais n’en poursuit pas moins ses avancées. Dans les
années qui suivront, des recherches sur les fondements biologiques du
comportement animal et humain vont être menées sous le nom – plus
politiquement correct – de « biologie évolutionniste » ou de « psychologie
évolutionniste ».
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Le temps des fondateurs
Jean-François Dortier
Extrait du Dictionnaire des Sciences Humaines,
éd. sciences Humaines, coll. « PBSH », 2008.
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KARL MARX (1818-1883)
Capital et Travail
Jean-François Dortier
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Le temps des fondateurs
L’influence du marxisme
Le marxisme a profondément inluencé les sciences sociales du xxe siècle.
En économie, il a suscité une analyse de l’impérialisme (Rosa
Luxemburg, Ernest Mandel), une théorie du développement (théorie de
la dépendance) et de nouvelles formes de capitalisme (l’école de la régu-
lation).
En sociologie, la théorie marxiste des classes a engendré un débat tou-
jours renaissant sur le thème : « Les classes sociales existent-elles encore ? »
Par ailleurs, la sociologie de la connaissance et de la culture fut développée
par Karl Mannheim, Georg Lukacs, Walter Benjamin, heodor Adorno ou
Antonio Gramsci.
En histoire, le marxisme a inluencé des historiens du capitalisme
comme Eric Hobsbawm ou Immanuel Wallerstein.
Bien qu’il ait connu un déclin notable depuis les années 1980, le
marxisme connaît un regain d’intérêt depuis le début des années 2000.
La philosophie reste l’un de ses principaux bastions avec des auteurs qui
se réclament encore ouvertement du marxisme-léninisme comme Alain
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J.-F. D.
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ÉMILE DURKHEIM (1858-1917)
L’invention du social
David Ledent
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Le temps des fondateurs
Deux disciples
• Marcel Mauss (1872-1950)
Neveu de Durkheim, il développe une vaste œuvre anthropologique
qui culmine avec l’Essai sur le don (1923-1924). Caractérisé par la triple
obligation de donner, recevoir et rendre, il n’est pas réductible à un intérêt
marchand, et pourtant continue de prospérer dans nos sociétés à la « men-
talité froide et calculatrice ». Sa morale est universelle et « éternelle ».
• Maurice Halbwachs (1877-1945)
Il prolonge les travaux de Durkheim (Les Causes du suicide, 1930),
notamment en y introduisant les phénomènes de stratiication sociale (La
Classe ouvrière et les Niveaux de vie, 1913 ; Esquisse d’une psychologie des classes
sociales, 1938 ; Les Classes sociales, 1942). Il est célèbre pour avoir fondé le
concept de « mémoire collective » (Les Cadres sociaux de la mémoire, 1925) :
à travers l’étude des musiciens ou des Évangiles, il montre que « c’est dans
la société que l’homme acquiert ses souvenirs, qu’il se les rappelle, qu’il les
reconnaît et les localise ».
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Xavier Molénat
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Les penseurs de la société
Véronique Bedin
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GABRIEL TARDE (1843-1904)
Les lois de l’imitation
Tarde redécouvert
Le premier à tirer Tarde de l’oubli sera le philosophe Gilles
Deleuze. Dans Diférence et Répétition (1969), il le consi-
dère comme un philosophe de premier plan, inventeur d’une
« microsociologie » qui confère aux forces psychologiques du
désir et des croyances la place qu’elles méritent. Il est aussi
redécouvert en sociologie par Raymond Boudon, qui le rallie
au camp de l’individualisme méthodologique. Plus récemment,
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Le temps des fondateurs
Solenn Carof
térité pour son ouvrage sur La Psychologie des foules (1895). Il y reprend
le thème de l’élitisme, qu’il avait développé auparavant dans d’autres
livres (La Civilisation des Arabes, 1884 ; Les Civilisations de l’Inde, 1887).
Les sociétés humaines sont dirigées par une élite formée d’individus
capables d’échapper aux préjugés collectifs. Si l’Angleterre et les États-Unis
dominent le monde, c’est que leurs systèmes sociaux favorisent l’initiative
individuelle, et donc les individus supérieurs.
Le rôle de cette élite est de conduire la foule. Cette dernière est irra-
tionnelle, impulsive, incohérente, imperméable à l’argumentation, plus
proche de l’animalité, comme ces formes d’humanité inférieure que sont
pour Le Bon le sauvage, l’enfant ou la femme. Et cet être collectif faible a
besoin d’être dominé : « La foule est un troupeau qui ne saurait se passer de
maître », écrit-il dans une formule célèbre. Le comportement de foule, qui
peut s’observer dans les circonstances de la vie sociale les plus variées – Le
Bon cite les assemblées parlementaires et même les jurys de cours d’assises –
est donc une régression. Les foules, par « haine des supériorités », menacent
la marche de la civilisation.
Au-delà de ces considérations élitistes, ouvertement racistes et sexistes,
les analyses de Le Bon ont ouvert la voie à la psychologie sociale, qui s’inté-
resse notamment aux mécanismes de l’inluence sociale.
Benoit Marpeau
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GEORG SIMMEL (1858-1918)
L’ambivalence de la modernité
n’est qu’à partir des années 1980 que l’œuvre du sociologue alle-
mand sera traduite et redécouverte en France, notamment grâce
aux eforts de Raymond Boudon et de ses aidés.
Une réception diicile, donc, qui contraste avec l’inluence
considérable qu’a pu exercer Simmel sur une bonne partie de la
sociologie du xxe siècle. Ses rélexions sur la ville, les pauvres,
l’étranger, en font un peu le grand-père de la fameuse école de
Chicago. En Allemagne, on trouve des échos très directs de ses
analyses chez Norbert Elias ou dans les œuvres de l’école de
Francfort. On peut enin souligner que la sociologie des réseaux
considère Simmel comme l’un de ses inspirateurs, sa vision
relationnelle de la société se rapprochant « d’une des formules
fondatrices de l’analyse des réseaux sociaux, selon laquelle les
structures émergent des interactions, et exercent sur elles une
contrainte formelle qui n’a rien cependant d’un déterminisme
mécanique ».
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Xavier Molénat
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Le temps des fondateurs
X.M.
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MAX WEBER (1864-1920)
La rationalisation du monde
Religion et économie
La rationalisation de la pensée s’exprime à travers l’essor
47
Les penseurs de la société
Jean-François Dortier
Le « désenchantement du monde » ?
Un recul de la vision religieuse du monde comme doté de sens, au
proit d’une approche strictement rationnelle, « froide », appuyée notam-
ment sur la science : voilà ce qu’on entend généralement par l’expression
« désenchantement du monde ».
Une idée pourtant éloignée de la pensée de Max Weber, qui parlait
d’ailleurs de « démagiication » ou de « désensorcellement » du monde
(Entzauberung der Welt). Il désignait par là, en premier lieu, le recul, au
sein même des religions, de la magie (c’est-à-dire la croyance en la possibi-
lité de contrainte des esprits par des moyens techniques, une ofrande par
exemple) comme moyen de salut, au proit de l’éthique (conduite de vie),
ce qui constitue, selon lui, un processus de rationalisation interne de la
religion. Pour le sociologue allemand (qui n’a jamais pensé en termes de
sécularisation), la religion étant l’un des principaux « systèmes de régle-
mentation de la vie », c’est sa rationalisation qui a engendré le processus
occidental de rationalisation du monde. Religion et rationalisation du
monde ne s’opposent pas pour Weber, puisque la première a été, selon lui,
à l’origine de la seconde.
X.M.
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NORBERT ELIAS (1897-1990)
La pacification des mœurs
R.-E. D.
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JOHN MAYNARD KEYNES (1883-1946)
L’État régulateur
L’équilibre de sous-emploi
Dans le raisonnement keynésien, rien n’oblige en efet la
machine économique à tourner à plein régime. Si les consomma-
teurs préfèrent conserver une partie de leurs revenus en épargne,
si les investisseurs potentiels préfèrent garder leurs liquidités par
« motif de précaution » ou « motif de spéculation », la demande
globale va faiblir. Les entrepreneurs ne seront alors pas encou-
ragés à produire plus et donc à embaucher… Il en résulte une
situation que Keynes qualiie d’« équilibre de sous-emploi » où
un chômage de masse peut survenir.
Que faire pour pallier cette atonie du système économique ?
Puisque les règles du marché sont insuisantes à assurer le plein-
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Le glas du keynésianisme ?
Le keynésianisme a inspiré la plupart des politiques écono-
miques de l’après-guerre à la in des années 1970. Il a ensuite
été mis au ban du fait de l’apparition d’efets pervers : déicit
croissant de l’État, inlation galopante… De plus, l’ouverture
des économies nationales, la mondialisation des échanges et de
la inance rendaient inopérantes les techniques de relance natio-
nale. En efet, si l’aide à la consommation conduit à l’augmenta-
tion des dépenses, dans une économie ouverte, cette consomma-
tion nouvelle favorise autant et parfois plus les produits étrangers
que la production nationale. Est-ce pour autant la in du keyné-
sianisme ? Non, répondent les néokeynésiens actuels2. Le key-
nésianisme a été réduit, à tort, à un certain nombre de recettes.
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Jean-François Dortier
Hayek : l’anti-Keynes
En 1931, un jeune professeur fraîchement nommé à la London School
of Economics s’attaque frontalement, dans une série de conférences, à la
théorie de John M. Keynes. Pour Friedrich von Hayek, en efet, les crises
économiques s’expliquent par l’absence d’épargne et les mauvais ajuste-
ments des politiques monétaires. Plus généralement, l’économiste autri-
chien est un critique implacable de l’économie planiiée (La Route de la
servitude, 1943) : la ixation de règles économiques en fonction de « lois
préétablies » conduit à ignorer les besoins réels de chacun. Les principes
du marché concurrentiel, de la décentralisation et de l’expression des droits
de l’individu peuvent permettre de gérer au mieux l’économie, car le libé-
ralisme est le seul système capable de corriger ses propres défauts et de
gérer la complexité des sociétés modernes. Hayek obtiendra le prix Nobel
d’économie en 1974.
J.-F. D.
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KARL POLANYI (1886-1964)
Le père de la socioéconomie
Nicolas Journet
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Les penseurs de la société
Nouveaux apports
Dans les années 1970, le néomarxisme et les théories du développe-
ment se sont nettement démarqués de l’économie néoclassique en analy-
sant les phénomènes de pouvoir nichés au cœur du système économique.
De son côté, l’analyse des « réseaux » montre que le marché réel (comme
le marché du travail ou celui de la inance) est en fait rarement ouvert et
s’inscrit dans un tissu social très compartimenté. Mark Granovetter est un
des représentants de ce type d’analyse.
L’économie des coûts de transaction, ou « néo-institutionnalisme », se
situe à mi-chemin entre économie classique et socioéconomie. L’idée cen-
trale en est la suivante : la logique du marchandage n’est pas toujours la
plus eiciente du fait des coûts de transaction (prix à payer pour s’informer,
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Jean-François Dortier
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P. L. BERGER ET T. LUCKMANN
Les fondateurs du constructivisme
Xavier Molénat
67
Les penseurs de la société
X. M.
68
ETHNOMÉTHODOLOGIE,
LA SOCIÉTÉ EN PRATIQUES
La « secte » ethnométhodologique
Les réactions de la communauté des sociologues ont pourtant
été extrêmement vives face au projet d’H. Garinkel. Ce n’est
que récemment que ce dernier a été reconnu comme s’inscrivant
pleinement dans le projet de la discipline. En 1975, dans un
discours resté fameux7, le président de l’American Sociological
Association, Lewis Coser, avait qualiié le courant ethnométho-
dologique de « secte » du fait de l’ésotérisme de son langage,
de son autoréférentialité (les ethnométhodologues ne discutent
qu’entre eux).
Sur le fond, L. Coser reprochait à l’ethnométhodologie son
aspect programmatique, son refus de la théorie, son ignorance
des facteurs institutionnels en général et de la centralité du
pouvoir dans les interactions en particulier ainsi que, derrière
les interminables digressions méthodologiques et autoanalyses
du chercheur, la trivialité des résultats obtenus. En France,
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ERVING GOFFMAN (1922-1982)
Le monde comme théâtre
Reclus et stigmatisés
Dans Asiles (1961), l’un de ses plus célèbres ouvrages,
Gofman a voulu décrire les rouages de ce qu’il appelle les « ins-
titutions totales », celles où des individus coupés du monde
« mènent ensemble une vie recluse dont les modalités sont expli-
citement et minutieusement réglées ». Il a vécu un an à l’hôpi-
tal Saint-Elizabeth de Washington, en se mêlant aux malades.
Il traite de l’hôpital psychiatrique comme d’un établissement
76
Les rouages de la société
Dominique Picard
77
Les penseurs de la société
D.P.
78
L’ÉCOLE DE FRANCFORT
Sortir de l’aliénation
social dominant.
La rationalisation du monde
Dans un contexte de montée du nazisme et de discrédit du
communisme, c’est un véritable déi qui rassemble des penseurs
tels que Max Horkheimer, heodor Adorno et Walter Benjamin.
Horkheimer esquisse un premier « manifeste » dans héorie cri-
tique et théorie traditionnelle (1930). Il s’agit de redéployer phi-
losophiquement le marxisme sous la forme de projets interdis-
ciplinaires, intégrant ainsi des philosophes, des sociologues, des
économistes, des historiens et des psychologues. La pensée se
veut désenclavée, la simple métaphysique s’insérant directement
dans les luttes sociales en y participant elle-même. Ne croyant
plus au progrès nécessaire de la raison envisagé par les Lumières,
la théorie critique postule qu’il faut participer activement à la
rationalisation du monde. Réinterprétant la thèse marxiste de la
vocation historique du prolétariat, la théorie critique cherche à
comprendre pourquoi le prolétariat ne parvient pas à s’émanci-
per de l’ordre capitaliste par le biais d’une critique de l’idéologie
ou de l’économie politique, mais en prenant en compte d’autres
éléments sociaux et culturels.
79
Les penseurs de la société
Un marxisme esthétique
C’est l’occasion pour les penseurs de l’école de Francfort
d’élaborer un « marxisme esthétique », à l’instar de Benjamin,
dans lequel la culture devient un espace de lutte sociale symbo-
lique. Cependant, c’est en 1950, avec les Études sur la personnalité
autoritaire dirigées par Adorno, que l’école de Francfort donne
naissance à l’une de ses recherches les plus célèbres. Écrites pen-
dant l’exil américain d’Adorno, ces études visent à comprendre
ce qui a rendu possible l’adhésion de masse au fascisme. Mais la
diiculté de l’étude réside en ceci qu’elle ne s’intéresse non pas
aux individus qui se réclament ouvertement du nazisme mais à
l’adhésion potentielle à des idées non démocratiques d’indivi-
dus vivant au sein d’une démocratie reconnue. Véritable enquête
sociologique reposant sur près de 2 000 entretiens, l’étude
montre que les dispositions fascistes des individus sont plus liées
à des phénomènes mentaux inconscients plutôt qu’à une appar-
tenance globale de classe ou à des visées rationnelles.
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Les rouages de la société
Louisa Yousi
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L.Y.
81
Les penseurs de la société
Deux représentants
• Walter Benjamin (1892-1940)
Le plus littéraire des penseurs de l’école de Francfort est philosophe,
critique de littérature et d’art. Sa théorie de la « reproductibilité technique »
a joué un rôle décisif dans l’élaboration d’une critique des industries cultu-
relles. Il se suicide en 1940 à Port-Bou, en tentant de fuir les nazis.
L’Œuvre d’art à l’époque de sa reproductibilité technique, 1935, rééd. Allia,
2012.
• Herbert Marcuse (1898-1979)
Assistant de Martin Heidegger, il intègre l’Institut de Francfort tardi-
vement. Il y exerce une dissidence en se soustrayant à une conception de
l’individu condamné à l’uniformisation de la culture de masse. L’individu
moderne, au contraire, aurait la possibilité de se libérer grâce à l’amour, l’art
et le jeu.
L’Homme unidimensionnel. Essai sur l’idéologie de la société avancée, 1964,
rééd. Minuit, 1989.
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HANNAH ARENDT (1906-1975)
L’impasse de la modernité
masse3 ».
Céline Bagault
La « banalité du mal »
En 1961, Hannah Arendt couvre à Jérusalem, pour le New Yorker, le
procès d’Adolf Eichmann, criminel nazi en charge de la logistique de la
« solution inale ». En dépit de son immense responsabilité, Eichmann appa-
raît pour Arendt comme un personnage insigniiant, au discours incohérent
et contradictoire, un « clown » dira-t-elle plus tard. « Il faisait son devoir,
répéta-t-il mille fois à la police et au tribunal ; non seulement il obéissait aux
ordres, mais il obéissait aussi à la loi. » Arendt conclut alors à la « banalité du
mal » (Eichmann à Jérusalem, 1963, rééd. Gallimard, 2012). Une expression
qui ne signiie pas que ce mal se trouve en chacun de nous comme beaucoup
l’ont commenté, mais qu’il n’a besoin que du respect de la hiérarchie pour
s’exercer sous sa pire forme.
L’ouvrage d’Arendt fut très controversé. Plusieurs auteurs, comme l’his-
torien David Cesarini ou le juriste Claude Klein, réfutent aujourd’hui cette
vision d’Eichmann comme simple fonctionnaire « dépourvu de pensée »,
mais voient en lui un bureaucrate profondément pénétré de l’idéologie nazie.
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C.B.
86
PSYCHOLOGIE SOCIALE
Les logiques de l’influence
cipline, ne dit en efet pas autre chose : chacun d’entre nous est
capable de tuer froidement dès lors que le contexte l’y engage.
Constat choc qui a façonné la psychologie sociale autant que la
Shoah a façonné le xxe siècle. Parallélisme tout tracé puisque ce
sont justement les crimes allemands de la Seconde Guerre mon-
diale qui ont inspiré à Milgram, psychologue américain, ladite
expérience.
De quoi s’agit-il exactement ? Horriié par la manière dont
les Allemands ont suivi les ordres de leur(s) leader(s), Milgram
décide d’étudier les mécanismes de soumission à l’autorité1. Il
veut tester si l’homme est capable d’obéir à des ordres contraires
à sa morale. Pour cela, il met en place entre 1960 et 1963 une
expérience au cours de laquelle des individus doivent poser des
questions de mémoire à un apprenant. S’il échoue, ils sont char-
gés de lui envoyer des décharges électriques de plus en plus fortes
à chaque fois. Pour favoriser la punition, l’expérimentateur –
vêtu d’une blouse blanche de médecin qui marque son autorité
intellectuelle – intervient parfois avec des injonctions de type :
« L’expérience requiert que vous continuiez. »
La puissance de l’expérience
Au-delà de son caractère spectaculaire, l’expérience de
Milgram marque un point de non-retour dans le champ de
la pensée moderne et révèle un certain relativisme propre à la
psychologie sociale : les Allemands n’étaient donc pas plus fous,
cruels ou sanguinaires que nous le sommes et, à contexte égal,
nos actes auraient été probablement les mêmes. Cela ne paraît
rien de le dire, pourtant le constat va à l’encontre de notre
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Maxime Morsa
M.M.
90
Les rouages de la société
La prison de Stanford,
l’expérience qui tourne mal
Aussi célèbre pour ses résultats que pour les traumas qu’elle a engendrés,
l’expérience de Stanford n’en init toujours pas de fasciner. En 1971, le psy-
chologue Américain Philip Zimbardo recrute des étudiants qu’il paie 15 dol-
lars par jour pour participer à une expérience (Voir J.-P. Leyens et V. Yzerbyt,
op. cit.). Il leur est demandé de vivre dans une prison factice aménagée pour
l’occasion au sein de l’université de Stanford, pour une durée de quinze jours
maximum. L’étude est inancée par l’US Navy et l’US Marine Corps et vise à
comprendre la raison des conlits dans leur système carcéral.
L’hypothèse de Zimbardo et son équipe est que les gardiens de prison
et les prisonniers adoptent spontanément des comportements qui corres-
pondent à leur situation (autorité versus soumission). Après un tirage au sort,
les uns sont arrêtés chez eux – pour faire « vrai » – et envoyés en prison en
tant que prisonniers, tandis que les autres se voient attribuer le rôle de gar-
dien. Il ne faudra pas longtemps pour que les choses dégénèrent : les prison-
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M.M.
91
Les penseurs de la société
Ami/ennemi :
comment se forment les groupes
Au cours des années 1950-1960, le psychologue social américain Muzafer
Sherif mène une série d’expériences auprès d’adolescents de 11 et 12 ans dans
un camp de vacances (M. Sherif et C. W. Sherif, Social Psychology, Harper &
Row, 1969). Il forme d’abord arbitrairement deux groupes, invités ensuite à
participer à un jeu d’équipe – par exemple une chasse au trésor – installant
un climat de compétition entre eux. L’ambiance dans le camp devient délé-
tère, chaque membre de l’endogroupe – son propre groupe – percevant les
membres de l’exogroupe – l’autre groupe – comme hostiles. Sherif propose
alors de réaliser une tâche de coopération qui sert l’intérêt commun des deux
groupes. Résultat : les attitudes de chacun sont plus positives envers l’autre,
montrant les efets néfastes de la compétition sur les relations intergroupes.
Des groupes qui prennent vite réalité pour ses membres comme le montre
l’expérience.
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M.M.
92
PIERRE BOURDIEU (1930-2002)
Les dessous de la domination
Xavier Molénat
X. M.
95
RAYMOND BOUDON (1934-2013)
Logiques de l’individu
96
Les rouages de la société
97
Les penseurs de la société
Claude Vautier
Pourtant, il poursuit depuis 1978 une rélexion qui vise à éclairer la manière
dont nous agissons réellement en société. Sa particularité est de ne pas accor-
der aux normes et contraintes sociales plus que le rôle d’un cadre large dans
lequel les individus font des choix. Tout le problème est que ces normes et
contraintes, bien que présumées fonctionnelles, ne satisfont pas forcément
à l’intérêt immédiat de l’individu. Dans une société dominée par l’honneur
familial, la vengeance est un devoir. C’est un risque immense pour celui qui
s’y engage, mais c’est aussi un moyen pour lui de gagner l’estime des siens et
de dissuader des ofenseurs potentiels. En outre, l’homme n’est pas un très
bon calculateur. Tout cela permet aux normes de jouer un rôle prépondérant
dans les choix individuels, parce qu’elles sont, explique Elster, « émotionnel-
lement ixées dans l’esprit ».
Nicolas Journet
99
ALAIN TOURAINE
Des mouvements sociaux à l’acteur
Le contrôle de l’historicité
Cette sociologie s’oppose tout d’abord à ce que Touraine
qualiie de sociologies classiques, essentiellement le fonctionna-
100
Les rouages de la société
Jean-Paul Lebel
102
Les rouages de la société
Trois héritiers
• Michel Wieviorka
Il a montré la fécondité de la notion de « sujet », développée par Alain
Touraine, à travers des enquêtes sur le terrorisme (Sociétés et Terrorisme,
Fayard, 1998), le racisme (L’Espace du racisme, Seuil, 1991), le multicultu-
ralisme (Une société fragmentée ?, La Découverte, 1996) ou la violence (La
Violence, Balland, 2004). Il a dirigé le Cadis entre 1993 et 2009.
• François Dubet
Dans Sociologie de l’expérience (Seuil, 1993), il montre que le déclin des
instances collectives (État-nation, classes sociales) fait que l’on ne peut plus
appréhender l’action des individus en termes de rôles ou de normes. La dis-
tance rélexive des individus au système les contraint à construire une identité
qui ne leur est plus assignée.
• Danilo Martuccelli
Dans La Consistance du social (Presses universitaires de Rennes, 2005),
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cet ambitieux théoricien tente de dépasser les oppositions entre les concep-
tions « solides » (la société comme système organisé et contraignant de
conduites) et « liquides » (dissolution généralisée des liens sociaux) de la vie
en société, pour mettre en évidence le caractère « élastique » du monde social.
Xavier Molénat
103
MICHEL CROZIER (1922-2013)
La vie des organisations
Philippe Cabin
105
Les penseurs de la société
Autonomie/déterminisme :
une fausse opposition
« Quand je me suis battu pour mettre la notion d’acteur au centre de
l’analyse des phénomènes sociaux, c’était dans le contexte dominant du
déterminisme. L’idée que les gens sont des “agents”, jouets de forces obscures,
et non des sujets qui agissent par eux-mêmes était une idée très répandue.
Comme sociologue empirique, je voyais certes des contraintes, mais aussi
des gens qui utilisaient leur marge de liberté, faisaient des choix, élaboraient
des stratégies.
La notion d’acteur est essentielle, mais le problème n’est pas d’oppo-
ser l’acteur au déterminisme. Prenons l’exemple du choix d’orientation d’un
individu vers une carrière littéraire ou scientiique. Il évolue certes dans un
univers de contraintes du fait de son milieu d’origine, de ses ressources, etc.,
mais il dispose également de marges d’autonomie évidentes si l’on observe
la diversité des trajectoires, les phénomènes de mobilité sociale qui existent.
Cette marge d’autonomie augmente d’ailleurs dans nos sociétés. »
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106
GARY BECKER (1930-2014)
L’individu calculateur
108
Les rouages de la société
Julien Damon
109
Les penseurs de la société
Économie et altruisme
L’altruisme a été étudié dans le cadre de la théorie des jeux, qui sert
aujourd’hui de référence pour de nombreuses recherches en micro-économie
et en sciences politiques. Le cadre de rélexion est le suivant : à quelles condi-
tions un individu supposé rationnel a-t-il intérêt à coopérer avec autrui ?
L’économiste Gary Becker a proposé, en 1976, le théorème du rotten
kid (enfant gâté). Dans les cas d’interdépendance entre les revenus de cha-
cun (comme c’est le cas dans une famille), G. Becker montre qu’un « enfant
gâté » (qui reçoit des revenus de ses parents) n’a pas intérêt à capter un sup-
plément de revenu à son proit. Cela conduirait à terme à réduire le revenu
global de la famille et donc ses revenus propres.
Cet altruisme, qualiié « d’altruisme stratégique », vise à montrer par le
calcul rationnel qu’on a parfois intérêt à ne pas être trop intéressé…
(Jean-François Dortier)
– Les penseurs de la postmodernité (Louisa Yousi)
– Bruno Latour. L’acteur-réseau (Xavier Molénat)
– Axel Honneth. La société de reconnaissance
(Catherine Halpern)
– Luc Boltanski. La force de la critique (Xavier Molénat)
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MICHEL FOUCAULT (1926-1984)
Une microphysique du pouvoir
époque donnée.
• Le pouvoir est indissociable du savoir : tout point d’exer-
cice du pouvoir dans une société moderne est également un lieu
de formation du savoir (sur le vivant, la folie, le sexe mais aussi
la petite enfance ou l’art de produire…). De façon symétrique,
tout savoir établi permet et assure l’exercice d’un pouvoir. Par
exemple, l’extraction administrative du savoir (démographie,
criminologie…) est une manière de connaître la population
pour mieux la gouverner et la contrôler.
Clément Lefranc
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Concepts clés
Biopolitique
Ce terme rend compte de la mutation qui a lieu, selon Michel Foucault,
au tournant de la in du xviiie siècle et du début du xixe siècle : le pouvoir
ne vise plus alors seulement à gouverner des individus mais des populations
à travers la gestion de la santé, de l’hygiène, de la sexualité, de la natalité.
La gestion de la « vie » est devenue un objet politique comme l’attestent les
mesures dites de santé publique.
Souci de soi
Apparu tardivement chez Foucault, ce concept désigne les techniques
que met en œuvre un individu pour se construire et se transformer.
S’appuyant sur les philosophes antiques, il montre cependant que, loin
de l’introspection et de l’idéologie du « changement personnel », ce souci
de soi est profondément politique : il s’agit, à travers la igure d’un maître
d’existence, d’accorder sa vie aux principes que l’on s’est donnés. Loin de
tout égoïsme, Foucault le décrit comme un mode de pouvoir : se gouverner
soi-même, c’est se mettre en mesure de gouverner les autres.
115
EDGAR MORIN
La complexité du social
116
La société éclatée
La nature de la société
Les analyses de sociologie du présent et l’élaboration
conjointe d’une théorie de la complexité conduisent Morin à
forger une vision de la société qui va à l’encontre des analyses en
termes de structures, de fonctions ou de système intégrés, qui
avaient dominé la sociologie d’après-guerre. Morin conçoit le
monde social comme une entité où travaillent en permanence
des forces contraires qui s’assemblent et s’opposent, où ordre et
désordre se mêlent, où les actions individuelles et les événements
sont à la fois produits et producteurs de la dynamique sociale, où
les phénomènes d’émergence, d’auto-organisation et de bifurca-
tions viennent parfois briser les régularités de l’ordre social.
117
Les penseurs de la société
Jean-François Dortier
118
La société éclatée
La Métamorphose de Plozevet.
Commune en France (1967)
En 1965, Edgar Morin pilote une enquête globale sur les transforma-
tions d’une petite commune française : Plozevet, un bourg de l’extrême
Finistère, en plein pays bigouden. Plozevet est une commune agricole.
L’identité bigoudène y est assez airmée. Politiquement, c’est une com-
mune « rouge » (laïque et de gauche), à la diférence de ses voisines.
Mais en ce début des années 1960, la France rurale connaît une phase
de progrès rapide, stimulée par l’arrivée des tracteurs et des engrais, pro-
mue par une minorité active de jeunes agriculteurs qui encouragent à la
modernisation. Parallèlement se produit une autre mutation majeure : la
« révolution domestique ». Arrivent dans les foyers les réfrigérateurs, la télé-
vision, les 2 CV, la salle de bain, le moulin à café électrique, etc. Ici, ce sont
les femmes, « agents secrets de la modernité », qui poussent leurs maris à
équiper les maisons du « confort moderne ».
La jeunesse est un autre groupe innovateur. Les jeunes ne veulent plus
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vivre comme leurs aînés. Dans les cafés du centre-ville, les « blousons noirs »
se regroupent, écoutent la musique au juke-box, jouent au baby-foot.
La Métamorphose de Plozevet (rééd. coll. « Pluriel », 2013) est un bel
exemple d’analyse multidimensionnelle où les facteurs économiques,
sociaux, idéologiques sont saisis dans leur imbrication pour expliquer la
dynamique d’une microsociété en plein bouleversement. Un petit monde
qui relète des tendances globales de la société française tout en gardant un
caractère singulier et local.
J.-F. D.
119
PENSEURS
DE LA POSTMODERNITÉ
Le règne de l’individu
L’ébranlement postmoderne des savoirs a conduit néces-
121
Les penseurs de la société
Louisa Yousi
La Société de consommation
Nous ne vivons plus dans une société constituée d’hommes mais dans
une société faite d’objets. Telle est la thèse principale du célèbre ouvrage du
philosophe Jean Baudrillard, La Société de consommation (1970). Se caracté-
risant par un cycle de vie particulièrement court, les objets doivent se renou-
veler à un rythme efréné ain de répondre à l’idéal hédoniste de la société
postmoderne : « À proprement parler, les hommes de l’opulence ne sont
plus tellement environnés, comme ils le furent de tout temps, par d’autres
hommes que par des objets. Leur commerce quotidien n’est plus tellement
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L.Y.
123
Les penseurs de la société
Sommes-nous entrés
dans une seconde modernité ?
Et si, au lieu d’avoir rompu avec les idéaux modernes, nous vivions
dans la première véritable modernité ? C’est en tout cas le diagnostic que
formulait dès 1986 le sociologue allemand Ulrich Beck. Dans La Société
du risque, il airmait qu’un changement majeur s’était produit au sein des
sociétés modernes : alors qu’auparavant, le risque provenait essentiellement
de la nature (catastrophes naturelles, épidémies…) et faisait donc peser de
l’extérieur une menace sur la société, aujourd’hui, c’est la société elle-même
qui crée du risque. Maladie de la vache folle, plantes transgéniques, mani-
pulation du vivant : tous ces « risques » sont produits par l’activité humaine,
et il ne s’agit plus tant de les écarter que de les gérer, en sachant que l’on ne
pourra en maîtriser tous les aspects, dans un contexte où les avancées de la
science accroissent notre incertitude.
Beck tire de ces observations une conclusion lapidaire : d’une société
fondée sur la répartition des richesses, nous serions passés à une société
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fondée sur la répartition des risques. Mais cette analyse dépasse largement
les seuls risques industriels. En fait, selon lui, ce sont tous les comparti-
ments de la vie qui sont désormais gérés selon le paradigme du risque. Le
sociologue insiste fortement sur le fait qu’il ne parle pas, bien au contraire,
d’une montée de l’individualisme. Pour lui, « l’individualisation signiie en
premier lieu la décomposition, en second lieu l’abandon des modes de vie
de la société industrielle (classe, strate, rôle sexué, famille) pour ceux sur la
base desquels les individus construisent, articulent et mettent en scène leur
propre trajectoire personnelle » (« Le conlit des deux modernités et la ques-
tion de la disparition des solidarités », Lien social et politique, n° 39, 1998).
Détraditionnalisation et réflexivité
Autrement dit, les formes traditionnelles d’appartenance, qui enser-
raient l’individu, déclinent, ce qui ouvre grand le champ de la décision.
Tout, désormais, est soumis au choix et à la décision de l’individu, dans
un contexte où il est de plus en plus en diicile de prévoir son avenir : les
carrières professionnelles ne sont plus linéaires, les couples ne sont plus
éternels, et même le partage des tâches ne va plus de soi. L’individualisation
est « une contrainte, il est vrai paradoxale, à la réalisation de soi ».
Quand Beck mais aussi son collègue anglais Anthony Giddens parlent
de la seconde modernité comme de la véritable modernité, c’est donc au
sens où celle-ci serait la première forme de société fondamentalement
« détraditionalisée ». En efet, la modernité, qui avait été initialement
conçue contre la tradition (par la valorisation de la raison, de l’individu…),
avait elle-même repris ou créé des éléments de traditions. Par exemple, la
124
La société éclatée
Xavier Molénat
125
BRUNO LATOUR
L’acteur-réseau
Xavier Molénat
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Mots-Clés
Actant
Ce terme, emprunté à la sémiotique, désigne l’ensemble des éléments,
humains comme non humains, qui composent un réseau sociotechnique.
Par exemple, un automobiliste utilisant son véhicule s’inscrit dans un
réseau où les actants sont aussi bien les garagistes, les compagnies de pétrole
que le bitume de la route ou les feux tricolores.
Symétrie généralisée (principe de)
En sociologie des sciences, le principe de symétrie posé par David
Bloor enjoignait d’expliquer de la même manière les succès et les échecs
scientiiques. Michel Callon et Bruno Latour élargissent ce principe en
imposant de traiter dans les mêmes termes la nature et la société, c’est-
à-dire de décrire avec le même langage l’action des humains et des non-
humains (entités naturelles, objets, dispositifs…).
Traduction
Repris au philosophe Michel Serres, ce concept désigne l’ensemble des
opérations (négociations, persuasion, violences…) grâce auxquelles « un
acteur ou une force se permet ou se fait attribuer l’autorité de parler ou
d’agir au nom d’un autre acteur ou d’une autre force ».
128
AXEL HONNETH
La société de reconnaissance
De Hegel à Honneth
On doit au philosophe allemand Axel Honneth d’avoir repris
la question de la reconnaissance avec rigueur pour en faire le
pivot d’une nouvelle théorie de la société. Le concept n’est pas
neuf. Hegel dans la Phénoménologie de l’esprit mettait en scène
la lutte engagée par deux individus pour faire reconnaître l’un à
l’autre leur liberté. Ce conlit prenait la forme d’un afrontement
marquant le besoin qu’a chacun du regard de l’autre pour recon-
naître sa propre valeur. C’est donc sur une lecture de Hegel que
A. Honneth, le dernier héritier de l’école de Francfort, va asseoir
sa théorie critique de la société, et non sur Karl Marx comme
l’avaient fait ses prédécesseurs. La lutte pour la reconnaissance
produit une tension qui pousse la société à approfondir toujours
plus ses principes de justice. Elle joue un rôle moteur dans l’his-
toire qui conduit par exemple dans la sphère politique à étendre
le droit de vote d’une petite élite à tous les hommes, puis aux
129
Les penseurs de la société
130
La société éclatée
apportant sa contribution.
• Le principe de l’égalité dans la sphère des relations juridiques. Chacun
doit pouvoir sentir avoir les mêmes droits que les autres individus pour
développer ainsi le sentiment de respect de soi.
Pour A. Honneth, ce sont ces trois principes de reconnaissance qui
déterminent les attentes légitimes de chacun.
132
LUC BOLTANSKI
La force de la critique
Xavier Molénat
135
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FAUT-IL EN FINIR
AVEC LA SOCIÉTÉ ?
croyances, sa sexualité…).
Sur un ton moins prophétique, plusieurs chercheurs plaident
pour que la sociologie se défasse du cadre national auquel elle se
restreint trop volontiers. On retrouve ici Beck, qui plaide pour
un véritable « cosmopolitisme méthodologique » prenant acte
du fait que les individus, dans leur vie quotidienne (emploi, cli-
mat, culture…), sont placés dans des interdépendances globales
(Qu’est-ce que le cosmopolitisme ?, 2006). Le sociologue britan-
nique John Urry invite également ses pairs à aller « au-delà de la
société ». Dans un monde de lux (personnes, images, argent…)
circulant à l’échelle du globe, il faut moins s’intéresser aux « sys-
tèmes normatifs et aux diverses contraintes qui s’exercent sur les
individus qu’à la “mobilité” », ce par quoi il désigne « l’ensemble
des techniques et des comportements qui permettent l’accès à
des ressources sociales désirées » (Sociologie des mobilités, 2005).
Finie donc, la société d’antan ? L’idée est séduisante, tant on a
du mal à « lire » l’organisation des nations occidentales. Mais elle
est aussi profondément insatisfaisante, car il semble diicile de
rayer d’un trait de plume le rôle majeur que continuent à jouer
les États nationaux et leurs institutions, ou de nier l’existence de
groupes sociaux diférenciés dans leur niveau et leur style de vie.
139
Les penseurs de la société
• Saskia Sassen
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X.M.
141
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PETIT DICTIONNAIRE
BIO-BIBLIOGRAPHIQUE
• T. III : La Connaissance de la
Sociologue allemand, contemporain
connaissance, 1986
de Max Weber, théoricien de l’inte-
• T. IV : Les Idées. Leur habitat, leur
raction et des « formes sociales ». Pour
vie, leurs mœurs, leur organisation,
1991. G. Simmel, la vie sociale est le produit
• T. V : L’Identité humaine, 2001. d’un mouvement contradictoire entre
• T. VI : Éthique, 2004. la « vie » et les « formes ». La vie est pul-
• Introduction à la pensée complexe, sion, création, désir, émotions, afec-
Seuil, 1990. tion, innovations. Les formes, ce sont les
• Une politique de civilisation, avec conventions, les institutions, les règles
Sami Naïr, Arléa, 1997. et normes qui encadrent la vie sociale.
• Le Monde moderne et la question • Sociologie. Études sur les formes de la
juive, Seuil, 2006. socialisation, 1908, réed. Puf, 1999.
• Sociologie et Épistémologie, 1911,
réed. Puf, 1981.
Parsons, Talcott (1902-1979) • La Philosophie de l’argent, 1900,
Formé en Europe (Londres, Heidel- réed. Puf, 2007.
berg) avant de revenir enseigner aux
États-Unis, Talcott Parsons fut l’un
des premiers professeurs du départe-
Smith, Adam (1723-1790)
ment de sociologie de la prestigieuse Écossais, Adam Smith poursuit des
université de Harvard, fondé en 1931. études brillantes à Glasgow et Oxford.
Contre l’empirisme dominant d’alors, il Il devient à 27 ans professeur de philo-
a fondé une théorie très conceptuelle du sophie à l’université de Glasgow, où il
système social. enseigne la logique puis la philosophie
• he Structure of Social Action, 1937, morale. Il efectuera un long voyage en
rééd. Free Press, 1968. Europe (1774-1776), au cours duquel il
• Societies. Evolutionary and compara- rencontrera de nombreux penseurs.
tive perspectives, Prentice-Hall, 1966. • héorie des sentiments moraux,1759,
147
Annexes
rééd. Puf, 2003. Premier des deux (substitut du procureur, juge d’instruc-
grands ouvrages d’Adam Smith, la tion, directeur de la statistique judi-
héorie des sentiments moraux a pour ciaire au ministère de la Justice) avant
objet les principes de la morale. Le d’être nommé en 1900 au Collège
principe de sympathie est au cœur de de France, à la chaire de philosophie
la héorie, car il permet l’existence du moderne.
lien social. • Les Lois de l’imitation, 1890, rééd.
• Enquête sur la nature et les causes de Kimé, 1993.
la richesse des nations, 1776, rééd. • La Philosophie pénale, 1890, rééd.
Puf, 1995. L’ouvrage se présente Cujas, 1972.
comme une enquête sur les moyens • L’Opinion et la Foule, 1901, rééd. Le
d’enrichir la nation. Sur la base Sandre, 2006.
d’une théorie des prix, des revenus • Psychologie économique, Félix Alcan,
et de l’accroissement des richesses 1902.
(livres I à III), Adam Smith expose
au livre IV une critique des auteurs Tocqueville, Alexis de (1805-1859)
mercantilistes et dans le livre V sa
conception des devoirs de l’État. Le Issu d’une vieille famille de la noblesse
système de la liberté naturelle n’est normande, Tocqueville est une person-
favorable à l’ensemble de la société nalité politique doublée d’un écrivain
qu’à condition que l’État y participe hors pair, connu surtout pour son
ouvrage foisonnant publié au retour de
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ONT CONTRIBUÉ À CET OUVRAGE
Avant-propos 5
153
Annexes
(Maxime Morsa) 87
Pierre Bourdieu. Les dessous de la domination
(Xavier Molénat) 93
Raymond Boudon. Logiques de l’individu
(Claude Vautier) 96
Alain Touraine. Des mouvements sociaux à l’acteur
(Jean-Paul Lebel) 100
Michel Crozier. La vie des organisations
(Philippe Cabin) 104
Gary Becker. L’individu calculateur (Julien Damon) 107
LA SOCIÉTÉ ÉCLATÉE
Michel Foucault. Une microphysique du pouvoir
(Clément Lefranc) 113
Edgar Morin. La complexité du social
(Jean-François Dortier) 116
Les penseurs de la postmodernité (Louisa Yousi) 120
154
Table des matières
CONCLUSION
Faut-il en inir avec la société ? (Xavier Molénat) 137
155