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La ville à la croisée des chemins – Promenade dans la littérature de l'urbanité


L'urbain par-delà la pratique et la
théorie : qu'est-ce que les sciences
sociales peuvent apporter au praticien
de l'aménagement et de l'urbanisme ?

VIII – LA PERSPECTIVE HISTORIQUE – 3) Le courant culturaliste: Lewis Mumford (1961)


Publié le 18 août 2013 par Jean-François SERRE

Caryatides de l’Acropole d’Athènes / Photo Harrieta 171 / Wikimedia Commons

Le courant culturaliste : Lewis Mumford (1961)

Après que Max Weber se soit penché sur l’histoire comparative des villes de l’Antiquité à la Renaissance et Louis
Chevalier sur les bouleversements entraînés par la révolution industrielle à Paris, c’est un tableau d’ensemble que
nous livre Lewis Mumford depuis l’origine de la cité jusqu’à l’explosion urbaine du XXe siècle. La résignation de
Weber à l’évolution urbaine n’a d’égal que la morbidité des descriptions de Chevalier et la nostalgie de Mumford
pour la ville traditionnelle, sinon la cité grecque.

« Entre l’urbanisme religieux des anciens et l’urbanisme pratique des modernes, celui de l’âge classique peut être
dit esthétique » avait déclaré Pierre Lavedan dans Qu’est-ce que l’urbanisme. Ce n’est pas tant une histoire de
l’urbanisme, centrée sur les formes, que nous a livré Mumford qu’une histoire de la cité, métamorphosée au fil du
temps en ville avant de se dégrader en agglomération à l’époque postmoderne[1].

L’évolution de la cité au cours des âges est la conséquence de mutations d’ordre politique. Il n’y a pas continuité
entre le village et la ville. Ce n’est pas tant la taille ou la démographie qui fait la différence que la culture qui
marque de son empreinte non seulement les mentalités mais également les formes urbaines.

Dans les sociétés traditionnelles, la cohésion sociale au sein des regroupements humains était assurée par la force
des liens de parenté et la solidité de la cellule familiale. Avec l’avènement de la cité, le droit statutaire a été
remplacé par le droit contractuel et le contrôle social et politique tend à supplanter les relations familiales
affaiblies. Le déclin des corporations après le Moyen-âge prélude au triomphe de la concurrence entre activités
économiques.

http://urbainserre.blog.lemonde.fr/2013/08/18/la-perspective-historique-iii/ 1/3
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La grande ville, dont les murs d’enceinte après avoir été reculés ont été mis à bas, s’étend au dépend des espaces
ruraux, contribuant à la rupture des équilibres entre ville et campagne, tradition et modernité. Elle engendre,
parallèlement, de nouvelles formes de sociabilité et d’intégration. Mais les réflexes de solidarité se perdent et les
forces de dislocation gagnent sous la pression du progrès technique, comme en témoignent la constitution de
ghettos au sein du tissu urbain ancien et l’extension des banlieues en périphérie. D’où la formule choc : « De la
mégalopole à la nécropole » pour reprendre le titre d’un chapitre de La cité à travers l’histoire consacré à la chute
de l’empire romain.

Avec la révolution industrielle, l’évolution de la cité positive jusque là, s’est retournée et en perdant le contact avec
la nature la ville s’est déshumanisée. Comme si du village à la ville et de la ville à la métropole il n’y avait pas
continuité mais ruptures, négation de l’histoire humaine et perte du sens de la vie. D’où la dévalorisation du
phénomène urbain et le pessimisme affiché de Mumford concernant le devenir des métropoles. Nostalgique de la
ville traditionnelle ? Peut-être. Mais il sait que tout retour en arrière est impossible. Il rappelle d’autre part que si
la cité antique recelait des valeurs aujourd’hui perdues elle n’en présentait pas néanmoins des tares. Au point
d’établir un parallèle entre le cérémonial de mort dans les arènes romaines et les divertissements, délétères à plus
d’un titre, auxquels la ville moderne nous expose par médias interposés : presse, radio, télévision, et aujourd’hui
Internet. « L’histoire de Rome indique, avec un relief particulier, ce qui, dans le domaine politique aussi bien que
dans celui de l’urbanisme, doit être à tout prix évité. » Hélas, « les pires institutions léguées par la cité originaire
ont, en notre temps, repris vigueur et se sont si bien renforcées que l’avenir en paraît entièrement obscurci. » A
preuve : « les Barbares se sont infiltrés dans les défenses, ils se sont installés dans nos murs. Ces signes sont ceux
de la prochaine nécropole. Le bourreau attend. Paraîtront bientôt les vautours. »

Mettant l’accent sur les relations organiques qui caractérisaient la ville traditionnelle l’auteur fait, d’autre part, un
rapprochement entre la Rome antique, incapable de soutenir sa croissance, et la mégapole moderne dont il
dénonce, préfixe oblige, la mégalomanie. Il rappelle à cet égard la théorie des cycles de croissance en matière
d’urbanisme de Patrick Geddes, depuis la naissance du village jusqu’à la mort de la mégalopole. Aussi, face à
l’internationalisation des métropoles, à dominante financière, en appelle-t-il à la revitalisation de la fonction
culturelle. Malgré des accents mortifères, il se refuse néanmoins à désespérer. Mais, non sans ambiguïtés, il
déclare in fine que « le retour à des formes d’activité et aux valeurs les plus essentielles, élaborées dans la cité
antique, et plus particulièrement dans les cités grecques, est une des conditions indispensables dont dépendra le
développement et les transformations future de la cité moderne. » Et de conclure que la mission de la cité future
est de reprendre le contrôle des forces qui la menace. Sachant que le progrès technique est un leurre, « des
progrès réels ne pourront intervenir tout au contraire que, lorsque, dans l’accomplissement de sa mission sociale
et humaine, la cité recevra pleinement le concours de la pensée et des arts, et lorsque tous les efforts de la science
seront consacrés à l’étude des forces cosmiques et des processus écologiques dont dépend l’existence de tous les
êtres vivants ». Aussi bien, dans Le déclin des villes ou la recherche d’un nouvel urbanisme[2], antérieur à La Cité
à travers l’histoire, l’auteur propose-t-il d’inverser l’évolution en préconisant une planification urbaine
susceptible de restaurer ces liens organiques à travers le contrôle démocratique de l’urbanisation, la
régionalisation et la restauration de l’environnement[3]. Alliance de la nature et de la culture, écosocialisme avant
l’heure ?

A suivre :
Par delà le culturalisme : « La ville qui vient » de Marcel Hénaff (2008)

[1] Cf. La cité à travers l’histoire (1961) dont sont tirées les citations qui suivent.

[2] 1956.

http://urbainserre.blog.lemonde.fr/2013/08/18/la-perspective-historique-iii/ 2/3
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[3] V. la préface de Jean-Pierre Garnier à La cité à travers l’histoire.

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À propos de Jean-François SERRE


Aménageur en retrait d’activité qui, tirant profit de son oisiveté, n’a rien trouvé de mieux que de se plonger dans la littérature
sur la ville dans le dessein de la confronter avec sa pratique professionnelle passée et de susciter un dialogue avec d’autres
passionnés par l’urbain et l’urbanité.

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