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Ce blog est d’une longueur assez inhabituelle. Son but est d’essayer d’aller le plus
possible au fond des choses, mais en des termes accessibles aux non spécialistes
intéressés.
RÉSUMÉ EN TROIS PAGES (et treize points)
(1) La monnaie dite scripturale consiste en dépôts à vue auprès des banques et de
la Poste. Elle représente aujourd’hui 86% du stock total de monnaie, le reste étant
fait de billets et de pièces. Cette monnaie scripturale n’est pas « créée à partir de
rien », comme l’affirment les initiants. Elle résulte uniquement du fait que les
banques empruntent à court terme et prêtent à plus long terme : leurs emprunts à
très court terme, principalement les dépôts du public exigibles à vue et donc hau-
tement liquides, sont définis comme de la monnaie, à la différence des prêts des
banques à l’économie, lesquels sont à plus long terme et donc peu liquides. Une
augmentation de ces prêts se traduira par une augmentation des dépôts à vue, ou
vice versa, et il y aura création de monnaie ou, mieux dit, création de liquidité.
C’est tout et il n’y a là aucune alchimie. Par ailleurs, ce processus, qui n’est pas
illimité, permet de mobiliser une partie de l’épargne pour financer des investisse-
ments, tout en laissant le public relativement liquide. Il n’y a pas création illégi-
time de richesse et donc pas de « magot » que les banques s’approprieraient indû-
ment. Les banquiers ne sont pas des sortes de faux-monnayeurs.
(2) En finançant une partie des investissements mobiliers et immobiliers, les
banques rendent de grands services à l’économie, on l’oublie trop facilement.
2
banques et la Poste, mais les comptes à vue du public seraient dorénavant gérés
hors bilan. En outre, ces comptes devraient être couverts à cent pour cent par des
réserves auprès de la BNS – c’est en ce sens que la monnaie deviendrait « pleine ».
(8) Une première conséquence de ce nouveau régime serait une augmentation
considérable des frais à la charge des déposant parce que les coûts du système de
paiements ne seraient plus couverts par le rendement des prêts des banques à
l’économie financés par les dépôts à vue.
(9) Les banques ne pouvant plus utiliser ces dépôts pour financer leurs prêts à
l’économie, il faudrait s’attendre à une diminution importante de ces prêts, ce qui
mettrait en péril l’investissement et donc la croissance de l’économie. Une réces-
sion et une poussée du chômage seraient à prévoir.
(10) L’initiative stipule cependant que la BNS devrait en quelque sorte sauter dans
la brèche en accordant des crédits aux banques « pour un temps limité ». On en
reviendrait donc au statu quo, à cela près qu’il y aurait une étape supplémentaire
dans le processus via la BNS. On ne voit toutefois pas que la BNS puisse jamais
calculer, même approximativement, le montant des crédits qu’elle devrait consen-
tir aux banques pour permettre à ces dernières de fournir à l’économie les prêts
dont elles bénéficieraient dans le régime actuel. En outre, il y aurait accumulation
insensée de risques bancaires dans le bilan de la BN. Si une banque devait faire
faillite, ce serait à la BNS de payer une partie au moins des pots cassés. Par ail-
leurs, le nouveau régime conférerait à la BNS un pouvoir exorbitant sur l’écono-
mie. Au lieu d’être décentralisé comme c’est le cas aujourd’hui, l’approvisionne-
ment de l’économie en prêts et crédits serait largement du ressort de la BNS. Cela
n’échapperait évidemment pas aux politiciens et on voit d’ici les batailles autour
de la question de savoir qui contrôlera un organe devenu ultrapuissant, qui seront
les membres de sa direction générale, quelle sera la ligne de sa politique, etc.
L’indépendance de la BNS n’y survivrait certainement pas.
(11) Il importe aussi de dénoncer l’illusion propagée par les initiants selon la-
quelle l’adoption de leur texte nous mettrait à l’abri d’une déstabilisation du sec-
teur bancaire : la « monnaie pleine » n’empêcherait en rien d’éventuels mauvais
investissements par les banques ; dans les années avant 2007-2008, elle n’aurait
par exemple pas empêché l’UBS d’investir massivement dans les hypothèques
subprime.
(12) L’initiative prévoit encore que « l’argent nouvellement émis » – un peu plus
de 43 milliards en 2017 ! – sera dorénavant distribué à l’Etat ou directement aux
citoyens. Cet argent nouvellement émis le serait principalement via les crédits que
la BNS accorderait aux banques. Dans le bilan de la BNS, les actifs augmente-
raient du montant de ces crédits et le passif du même montant inscrit dans les
comptes des banques auprès de la BNS. Il n’y aurait donc pas de « magot » à
4
______________________________
Texte principal
La monnaie scripturale
En Suisse, à fin janvier 2018 et selon la statistique de la BNS, la masse monétaire
au sens étroit (M1) se montait à 639,6 milliards de francs (un peu moins que le
PIB annuel) dont 14,3% consistaient en numéraire (billets et pièces) et 85,7% en
comptes à vue et comptes de transaction détenus par la public auprès des banques
et de la Poste.1 Pris ensemble, les comptes à vue et de transaction forment ce qu’on
appelle la « monnaie scripturale » ou la « monnaie de banque » ou parfois la
« monnaie électronique », laquelle est créée par les banques et institutions appa-
rentées.
1
Dans la statistique bancaire, les « comptes de transactions » comprennent les comptes salaires,
les comptes privés et d'autres comptes offrant la plupart des prestations suivantes : ordres de
paiement, prélèvements aux distributeurs de billets, chèques, cartes de débit et de crédit, « home
banking », possibilités de découvert.
5
Voici ce qu’on peut lire à ce sujet sous la plume des auteurs de l’initiative en
question2 :
« Comment les banques créent-elles la monnaie électronique ? Tout sim-
plement en octroyant des crédits ou en achetant des actifs ; pour ce faire,
elles n’utilisent pas l’argent déposé par les épargnants, mais créent à partir
de rien de l’argent qui n’existait pas auparavant. C’est une bonne affaire
pour les banques, car elles encaissent des intérêts sur cet argent qu’elles ont
créé (…) Ce qui est grave, c’est que ce sont les banques qui bénéficient –
indûment – de la création monétaire, et non les citoyens. »
Pourquoi cela serait-il « indu » ? Pour deux raisons principales, selon les initiants.
Premièrement, parce que la Constitution adoptée en 1999 confèrerait à la seule
Confédération le monopole de la création monétaire. Mais à y regarder de plus
près, l’article constitutionnel 99 al.1 stipule que
« La monnaie relève de la compétence de la Confédération ; le droit de
battre monnaie et celui d'émettre des billets de banque appartiennent exclu-
sivement à la Confédération ». [Par « battre monnaie », il faut entendre la
frappe des pièces].
Rien n’est donc dit de la monnaie scripturale ; il s’ensuit que cet argument juri-
dique des auteurs de l’initiative ne tient pas.3 Le fait que les banques créent de la
monnaie scripturale n’est pas anticonstitutionnel.
Un deuxième argument est que cette création de monnaie scripturale par les
banques non seulement leur profiterait indûment, mais rendrait fragile et instable
le système monétaire et financier tout entier, et donc l’économie.
Avant d’en venir aux arguments de fond, on notera que l’argumentation des ini-
tiants donnerait facilement l’impression – même si cela n’est pas dit en ces termes
– que les banquiers sont des sortes de faux-monnayeurs, qui « créent à partir de
rien de l’argent qui n’existait pas auparavant ».
La réalité est à la fois plus prosaïque et un peu plus complexe. Voyons cela de
près, ce qui donnera l’occasion de rappeler un certain nombre de faits et proposi-
tions, parfois assez élémentaires, concernant le système monétaire et financier,
mais qui sont souvent absents du débat.4
2
Cf. http://www.initiative-monnaie-pleine.ch/info-en-3-minutes/ Téléchargé le 19 mars 2018.
3
Il en allait autrement de la Constitution de 1874, son art. 39 al.1 disant : « Le droit d’émettre
des billets de banque et toute autre monnaie fiduciaire appartient exclusivement à la Confédé-
ration » (italiques ajoutés). Ce n’est sûrement pas par hasard que les mots en italiques ont été
supprimés dans la nouvelle Constitution.
4
Pour une discussion plus poussée et détaillée, voir par exemple l’excellente analyse (en an-
glais) du Professeur Philippe Bacchetta (HEC/UNIL) qu’on peut trouver à l’adresse suivante
valable en mars 2018 : http://www.swissbanking.org/fr/medias/positions-et-communiques-de-
6
presse/initiative-monnaie-pleine-ses-consequences-potentielles-en-suisse-au-centre-
d2019une-etude/the-sovereign-money-initiative-in-switzerland-an-assessement.pdf
5
Si vous conservez une partie de vos revenus sous la forme de liquidités, cette partie de vos
revenus est en fait épargnée. L’épargne ne consiste pas qu’en comptes et livrets d’épargne.
7
comme la monnaie est habituellement définie comme le plus liquide des actifs et
que la monnaie scripturale est hautement liquide, il n’est pas faux, à strictement
parler, de dire que les banques créent de la monnaie, mais cela risque d’accréditer
dans le public non averti l’idée qu’il s’agit d’un processus obscur, suspect, voire
illégitime – bref, d’une sorte de faux-monnayage. (A noter que même l’actif le
plus liquide n’est pas tout puissant : si certains créanciers sont légalement tenus
d’accepter un règlement en espèces ou en monnaie scripturale, le fisc par exemple,
les entreprises privées ont en général le droit de refuser de vendre leurs produits
ou services si elles ne le veulent pas pour des raisons quelconques – l’économie
de marché inclut aussi la liberté de ne pas vendre).
Si les banques rendent donc un grand service à l’économie en mobilisant une par-
tie de l’épargne pour financer des investissements, tout en permettant au public
de rester relativement liquide, il ne s’ensuit pas du tout que…
… « tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes bancaires »
Un premier problème à cet égard est que la confiance joue un rôle essentiel dans
le processus en question. Tant que le public pense que ses dépôts à vue sont sûrs
et qu’il fait donc confiance aux banques, retraits et nouveaux dépôts sous la forme
de numéraire (billets) tendront à se compenser, de sorte que les banques pourront
opérer avec un très petit stock de billets ou, ce qui revient au même, un très petit
volant de liquidités à la BNS.
Mais supposons maintenant qu’il se produise un choc ou une commotion d’un
type ou d’un autre : une ou plusieurs banques mal gérées font faillite, elles doivent
fermer leurs guichets et les déposants n’ont plus accès à leurs comptes à vue et
d’épargne ; une grave crise politique, économique ou sociale survient et déstabi-
lise le pays ; une guerre menace ; etc. Dans ces conditions, le public peut perdre
plus ou moins soudainement la confiance qu’il accordait aux banques et il voudra
donc convertir ses dépôts à vue en billets, comme il en a légalement le droit. Si le
mouvement, qui peut aussi s’étendre aux comptes d’épargne, est suffisamment
général, il se produira alors un « run » ou ruée sur les banques ou certaines d’entre
elles. Le spectacle de longues files d’attente devant ces banques renforcera la perte
de confiance – le processus tend à s’autoalimenter et cela peut déboucher sur plu-
sieurs vagues successives de ruées sur les banques. C’est ce qui s’est produit sur
une vaste échelle aux Etats-Unis entre 1930 et 1933 (pas moins de quatre grandes
paniques bancaires). On se souvient que le dernier cas en date d’un run notable
sur une banque remonte à septembre 2007 lorsque l’établissement britannique
Northern Rock a dû fermer ses guichets, pour être nationalisé par la suite.
Une panique bancaire généralisée prendra nécessairement à contre-pied l’en-
semble des établissements. Etant à long terme, la plupart de leurs actifs ne peuvent
être réalisés pour faire face aux demandes de retrait et, si rien n’est fait (voir plus
loin), elles seront obligées de fermer leurs guichets. C’est ce qui est arrivé en mars
8
6
Pour en savoir plus, on peut par exemple consulter un de mes récents livres, De crise en crise,
volume 1 : La Grande Dépression des années 1930, Slatkine, Genève, 2011, 275 pp.
9
Dans un livre intitulé Lombard Street : A Description of the Money Market publié
en 1873, Walter Bagehot (1826-1877), un journaliste et publiciste anglais, a mon-
tré pour la première fois, en des termes compréhensibles aux non-initiés, comment
la banque centrale – la Banque d’Angleterre en l’occurrence – se doit de réagir
lorsque le système bancaire est ébranlé et qu’il y a crise générale de liquidité. Le
livre de Bagehot lui a été inspiré par une crise bancaire survenue peu avant.
Le 10 mai 1866, la banque d’escompte Overend, Gurney and Company dont le
siège se trouvait sur Lombard Street à Londres, d’où le titre du livre de Bagehot,
fit faillite, elle dut fermer ses guichets et suspendre ses paiements. Cela déclencha
une panique bancaire générale, d’abord à Londres, puis dans pratiquement tout le
pays. La Banque d’Angleterre réagit selon une stratégie ou un modèle qui allait
devenir classique et qui se fonde sur trois principes : (1) prêter abondamment aux
banques en manque de liquidités, en leur fournissant en particulier tout le numé-
raire nécessaire ; (2) à des taux d’intérêt plus élevés que ceux du marché ; et (3)
moyennant de solides garanties, des titres d’Etat par exemple. La raison d’être des
deux dernières conditions est qu’il s’agit d’aider les établissements en manque de
liquidités et non pas ceux qui ont en réalité un problème de solvabilité.
Grâce à ces prêts lors de la crise Overend-Gurney, les banques saines mais en
difficulté ont pu se procurer auprès de la Banque d’Angleterre, qui détenait et
détient toujours le monopole de l’émission de billets, le numéraire qui leur man-
quait pour faire face aux demandes de retrait en billets et elles purent donc garder
leurs guichets ouverts ou les rouvrir promptement. Cette stratégie réussit pleine-
ment, la confiance se rétablit et la panique se résorba rapidement.
Un prêteur de dernier ressort
Une autre manière encore de voir les choses est de dire qu’un secteur bancaire
fragile par essence a absolument besoin d’un prêteur de dernier ressort, lequel ne
peut être que la banque centrale.
La crise financière qui a éclaté en 2007-2008 a illustré le rôle des banques centrale
en tant que prêteuses de dernier ressort. Le 15 septembre 2008, Lehman Brothers,
une grande banque d’investissement en principe américaine mais en fait multina-
tionale, qui avait été fondée en 1850, dut déposer son bilan. L’établissement s’était
engagé à fond dans le secteur immobilier américain et détenait un très important
stock d’hypothèques subprime, au point qu’elle en était venue à ressembler à un
grand fonds d’investissement immobilier. Une enquête postérieure révéla qu’elle
avait aussi utilisé diverses astuces comptables pour embellir son bilan.
La faillite de Lehman Brothers constitua un choc de première grandeur, l’équiva-
lent économique d’un tremblement de terre de magnitude 9 ou 10. On pourrait
donc penser que la Federal Reserve aurait dû intervenir pour empêcher un événe-
ment susceptible de provoquer, par contagion, l’effondrement de tout le système
10
7
A ce sujet, voir : http://time.com/3450110/aig-lehman/ ; adresse valable en mars 2018. La
banque Barclays avait manifesté un certain intérêt, mais le régulateur financier britannique lui
interdit une reprise éventuelle.
8
AIG compte aujourd’hui environ 56’000 collaborateurs servant plus de 90 millions de clients
dans plus de 100 pays et juridictions.
9
Voir : https://projects.propublica.org/bailout/list ; adresse valable en mars 2018.
11
Pourtant, s’il y a bien une antienne qui revient sans cesse dans les médias ou dans
les propos du public, c’est celle de « ces banquiers qui se paient grassement tout
en provoquant régulièrement des crises financières, mais qui doivent être sauvés
par l’argent des contribuables lorsque les choses tournent mal ».10 Il y a des
mythes que rien ne peut extirper. En réalité, les banquiers n’ont pas simplement
reçu de l’argent public gratuitement et à fonds perdus, mais ils ont bénéficié de
prêts à intérêt, des prêts dont la totalité ou presque a été remboursée par la suite.
A noter encore que le Président Obama a reconnu publiquement, lors d’un dis-
cours prononcé en octobre 2012 dans le New Hampshire, que les banques améri-
caines avaient remboursé « jusqu’au dernier penny » l’aide (the bail-out money)
qu’elles avaient reçue suite à la crise financière de 2007-2008.11 Mais rien n’y a
fait et les Américains restent persuadés aujourd’hui, dans leur majorité, que les
banques ont indûment profité de la manne des contribuables.
Il a été dit plus haut que « la confiance est chose fragile et, par conséquent, le
secteur bancaire l’est aussi : c’est la contrepartie inéluctable des services que ce
secteur rend à l’économie ou, si l’on préfère, c’est le prix à payer pour ces ser-
vices ». Un autre prix à payer est la nécessité tout aussi inéluctable pour la banque
centrale d’intervenir comme prêteuse de dernier ressort lorsque le système ban-
caire est ébranlé. Malgré toutes les précautions qu’on peut prendre (voir ci-des-
sous), des crises bancaires se produiront toujours, à des intervalles irréguliers et
pour des causes souvent différentes ou inédites, ce qui signifiera nécessairement
qu’il faudra aider le système bancaire au moyen de prêts. C’est entièrement nor-
mal – alors, autant en être conscient et l’admettre une fois pour toute.
Un autre aspect problématique du secteur bancaire…
…dans la plupart des pays est que ce secteur n’est généralement pas conforme au
modèle concurrentiel de la théorie économique néoclassique, avec un grand
nombre d’agents se faisant concurrence et dont aucun n’a de « pouvoir de mar-
ché » (c’est-à-dire la capacité d’influer sur les prix et autres paramètres perti-
nents). Le modèle approprié est généralement plutôt celui d’un oligopole, avec un
petit nombre de grands établissements (l’UBS et le CS en Suisse) qui disposent
d’un pouvoir de marché, mais avec aussi une « frange concurrentielle » (en
Suisse, les banques cantonales, Raiffeisen, la banque Migros, Postfinance, etc.) Il
n’est donc pas sûr que ce secteur bancaire oligopolistique fournisse ses prestations
à des conditions et à des prix économiquement optimaux. En outre, cela peut en-
courager des comportements collusifs, comme on l’a vu dans la manipulation
10
La dernière fois que j’ai entendu ce mythe était... hier, vendredi 23 mars 2018, lors de l’émis-
sion Forum de la première chaîne de la radio romande.
11
Voir à ce sujet : http://www.politifact.com/new-hampshire/statements/2012/oct/25/barack-
obama/barack-obama-says-banks-paid-back-all-federal-bail/
12
moins de dix pour cent. Mais des économistes de renom, comme par exemple
Martin Hellwig de l’Institut Max Planck, n’hésitent à prôner un ratio de vingt pour
cent, voire davantage. Impossible d’en dire plus à ce sujet – c’est, comme men-
tionné, une question de choix.
Autre précaution encore
Une des leçons de la Grande Dépression des années 1930 a été qu’un système
d’assurance des dépôts à vue et des comptes d’épargne par l’Etat était un autre
moyen de rendre le système bancaire plus solide. Cela fut fait, d’abord aux Etats-
Unis sous Roosevelt, puis dans pratiquement tous les pays industrialisés. En
Suisse par exemple, ces dépôts sont aujourd’hui assurés ou garantis par la Confé-
dération à concurrence de Fr. 100'000.- par déposant.
Le remède est certes bon, mais il n’est pas infaillible. Ainsi, les dépôts auprès de
la banque britannique Northern Rock étaient assurés, mais cela n’a pas empêché
un run sur cette banque en 2007. Dans le cas de la Suisse aujourd’hui, on peut
aussi se poser des questions, au risque de peindre indûment le diable sur la mu-
raille. Imaginons donc que l’UBS et le Crédit Suisse fassent faillite (qu’à Dieu ne
plaise…), même si ce risque paraît actuellement très petit. Etant donné la masse
énorme des dépôts dans ces deux grandes banques, la Confédération devrait faire
face à une facture quasiment astronomique, au point qu’on peut se demander com-
ment les choses se passeraient en réalité. Mais c’est là un scénario vraiment ex-
trême. S’il devait se réaliser, d’autres mesures seraient sans doute adoptées pour
protéger les déposants et éviter un effondrement du système bancaire.
Un deuxième problème avec le secteur bancaire
Cet autre problème n’est pas inhérent au système bancaire en tant que tel, comme
c’est le cas des risques systémiques décrits ci-dessus, mais il tient à une particu-
larité presque universelle de la fiscalité touchant les entreprises.
Dans pratiquement tous les pays, le fisc permet aux entreprises de déduire de leur
revenu imposable (généralement leur bénéfice) les intérêts encourus sur leurs em-
prunts, bancaires en particulier. En revanche, les intérêts « notionnels » ou impli-
cites sur leur capital propre ne peuvent être déduits. D’un point de vue écono-
mique, cette asymétrie de traitement ne se justifie pas. Lorsque des fonds sont
investis dans une entreprise pour en constituer le capital propre, ils ne peuvent
plus, ipso facto, être placés sous d’autres formes comme par exemple des bons du
Trésor, lesquels ont un rendement. Ce rendement non réalisé constitue ce qu’on
appelle un « coût d’opportunité », lequel représente un authentique coût de pro-
duction pour les entreprises, au même titre que les salaires versés à la main-
d’œuvre. A ma connaissance, la Belgique est aujourd’hui le seul pays qui autorise
la déduction des intérêts notionnels.
14
13
Deux grandes institutions ad hoc ont aussi été créées à cet effet, les fameux Freddie Mac et
Fanny Mae, des « government-sponsored enterprises » (des entreprises parrainées par le gou-
vernement), lesquelles n’ont pas peu contribué à la crise financière de 2007-2008.
16
Base monétaire
14
La création de monnaie scripturale est aussi limitée par la demande de crédits, la confiance
du public, l’inclination des banques à prendre des risques ainsi que la réglementation bancaire
et financière.
15
Pour un survol des instruments de la politique monétaire de la BNS, voir par exemple :
https://www.snb.ch/fr/iabout/monpol/id/monpol_instr
17
Le décor ayant été planté, ce qui a été un peu long mais était nécessaire, nous
pouvons maintenant en venir à…
…l’initiative dite de la monnaie pleine
Un système bancaire et financier absolument sûr et stable est une pure utopie.
Comme déjà dit et comme l’histoire le prouve, il s’est toujours produit et il se
produira certainement toujours des crises bancaires et financières, à des intervalles
irréguliers et pour des raisons différentes, plus ou moins inédites et imprévisibles.
Ce qu’il faut plutôt viser est donc un système aussi sûr et stable que cela est hu-
mainement faisable.
A cet égard, on peut dire, sans tomber dans l’autosatisfaction (mais au risque de
tenter les dieux…), que le système bancaire et financier suisse paraît aujourd’hui
très solide et que, dans l’ensemble, il se trouve entre de bonnes mains. A titre
d’illustration, le sauvetage de l’UBS par la BNS et la Confédération en 2008 a
été, sans exagération, un tour de force remarquable, le problème ayant été reconnu
à temps, puis résolu avec compétence et efficacité, dont acte avec remerciements
aux responsables de l’opération.
Un objectif central de l’initiative en question est de rendre le système bancaire et
financier suisse plus solide et stable. Elle s’attaque donc à un problème qui, dans
les conditions actuelles, n’en est pas un. Tout au contraire, il est probable – non,
il est quasiment certain que son adoption éventuelle provoquerait une onde de
choc déstabilisante et susciterait, comme on va le voir plus en détail, de graves
difficultés et problèmes, particulièrement dans une phase initiale de transition qui
pourrait se révéler fort longue.
Le nouvel article constitutionnel 99 al.2 proposé par l’initiative stipule que
« Elle seule [la Confédération] émet de la monnaie, des billets de banque et
de la monnaie scripturale comme moyens de paiement légaux ».
Les mots en italiques sont nouveaux par rapport à l’article actuellement en vi-
gueur. Cela signifie concrètement que toute la monnaie scripturale, c’est-à-dire
tous les comptes à vue détenus par le public auprès des banques et de la Poste,
devrait dorénavant être couverte intégralement par des réserves auprès de la BNS.
Une possibilité théorique pour atteindre cet objectif serait de centraliser tout le
trafic de paiements à la BNS, en cela que tous les comptes à vue seraient transférés
des banques et de la Poste à la BNS. Ce n’est cependant pas ce que propose l’ini-
tiative, un nouvel article 99 al.5 stipulant que
« Les prestataires de services financiers [les banques et la Poste] gèrent les
comptes pour le trafic des paiements des clients en dehors de leur bilan.
Ces comptes ne tombent pas dans la masse en faillite. » (Italiques ajoutés).
18
Les banques et la Poste continueraient donc d’assurer le trafic des paiements, mais
les comptes à vue du public seraient non seulement hors bilan, mais devraient être
couverts intégralement par des avoirs ou réserves auprès de la BNS 16 – c’est en ce
sens que la monnaie deviendrait « pleine ». Quant aux banques, elles ne pourraient
dorénavant financer leurs prêts et crédits qu’au moyen des comptes d’épargne et
autres dépôts ou emprunts à long terme, devenant ainsi nolens volens des sortes
de fonds d’investissement.
Il s’ensuit que la « transformation des échéances » par les banques (voir plus haut)
serait sinon supprimée, du moins fortement réduite. Il est en effet concevable que,
dans ces nouvelles conditions, les échéances des prêts et crédits consentis par les
établissements soient à plus long terme que leurs sources de financement et qu’il
y ait donc une certaine transformation des échéances, mais sur une bien plus petite
échelle qu’actuellement.
Autre chose encore : du moment que les banques ne pourraient plus utiliser les
dépôts à vue pour financer leurs prêts et crédits à l’économie, étant donné aussi
qu’un système de paiements hors bilan génère nécessairement des coûts qu’il fau-
drait couvrir, il est certain que les frais à la charge des détenteurs de dépôts à vue
augmenteraient considérablement.
On peut penser par ailleurs que, du moment que les établissements ne pourraient
plus financer, au moyen des dépôts à vue, une partie de leurs prêts et crédits aux
entreprises et ménages, dont les hypothèques, le volume de ces prêts et crédits se
contractera nécessairement, probablement de beaucoup. Les investissements dans
l’économie chuteraient d’autant, mettant en péril l’activité économique et la crois-
sance. Une récession plus ou moins profonde et longue serait à prévoir.
Les auteurs de l’initiative semblent cependant avoir été conscients de ce danger
puisqu’un nouvel article 99a, para. 1, sur la BNS a la teneur suivante :
« En sa qualité de banque centrale indépendante, la Banque nationale suisse
mène une politique monétaire servant les intérêts généraux du pays ; elle
gère la masse monétaire et garantit le fonctionnement du trafic des paie-
ments ainsi que l’approvisionnement de l’économie en crédits par les pres-
tataires de services financiers. » (Italiques ajoutés).
16
Cela ressort de l’art. 197, ch. 12, des dispositions transitoires ad art. 99 (ordre monétaire et
marché financier) et 99a (Banque nationale suisse) : « Les dispositions d’exécution prévoiront
que, le jour de leur entrée en vigueur, toute la monnaie scripturale figurant sur des comptes pour
le trafic des paiements deviendra un moyen de paiement légal. Il en résultera des engagements
correspondants des prestataires de services financiers vis-à-vis de la Banque nationale
suisse. » (Italiques ajoutés).
19
Les mots mis en exergue ne peuvent que signifier que la BNS devra consentir des
prêts aux banques pour que celle-ci puissent continuer à approvisionner l’écono-
mie en crédits.17 Mais c’est ici que les choses deviennent franchement bizarres.
Supposons en effet que, par un miracle d’information, la BNS soit capable de
calculer exactement le montant et la distribution des prêts, par ailleurs « limités
dans le temps », qu’elle devra consentir aux banques pour que ces dernières puis-
sent à leur tour accorder aux entreprises et ménages les crédits dont ils bénéficie-
raient avec le système actuel.18 On en reviendrait donc au statu quo, à cela près
qu’il y aurait une étape supplémentaire dans le processus via la BNS. A cela près
aussi que si une banque devait d’aventure tomber en déconfiture, ce serait doré-
navant à la BNS de payer une partie au moins des pots cassés ! Les initiants rétor-
queraient sans doute qu’en contrepartie les dépôts du public seront plus sûrs, mais
ils sont déjà aussi sûrs que cela est humainement faisable, comme on l’a vu.
Outre la complication de ce système à deux étages, il faut souligner que le bilan
de la BNS deviendrait beaucoup plus risqué et fragile qu’aujourd’hui, avec une
accumulation insensée de risques bancaires.
En réalité, on ne voit pas que la BNS puisse jamais déterminer ou calculer, même
approximativement, le montant et la distribution des prêts qu’elle devrait accorder
aux banques. Plus généralement, la politique monétaire de la BNS passerait en
terra incognita. Quels seraient les effets du nouveau régime sur les taux d’intérêt ?
sur la masse monétaire ? sur le taux de change ? Et que deviendrait la politique
monétaire de la BNS ? Seule une période d’expérimentation relativement longue
pourrait permettre de répondre à ces questions, une période de tâtonnements et de
navigation à l’aveugle, avec tous les dangers que cela comporterait.
Il importe aussi de dénoncer l’illusion propagée par les initiants selon laquelle
l’adoption de leur texte nous mettrait à l’abri d’une déstabilisation du secteur ban-
caire : la « monnaie pleine » n’empêcherait en rien les mauvais investissements
par les banques ; elle n’aurait par exemple pas empêché, dans les années avant
2007-2008, l’UBS d’investir massivement dans les hypothèques subprime.
Les auteurs de l’initiative assurent encore que si cette dernière est adoptée, le franc
suisse deviendra la monnaie la plus sûre et la plus solide au monde. En réalité,
cela risque d’être juste le contraire : il n’échappera pas aux marchés et investis-
seurs internationaux qu’en adoptant l’initiative la Suisse se lance dans une expé-
rience jamais tentée ailleurs et qu’elle fait un saut dans l’inconnu. Aucun doute
que, d’une monnaie forte, parfois trop forte, le franc deviendra une monnaie trop
faible.
17
Voir aussi l’art. 99a al.3 sur la BNS qui stipule : « Elle [la BNS] peut octroyer aux banques
des prêts limités dans le temps ».
18
Il va de soi que les banques auraient tout avantage à « gonfler » leurs demandes de crédits
par la BNS, cette dernière devant donc procéder à un tri.
20
Ce n’est pas tout car le nouveau régime conférerait à la BNS un pouvoir exorbitant
sur l’économie. Au lieu d’être décentralisé comme c’est le cas aujourd’hui, l’ap-
provisionnement de l’économie en prêts et crédits serait largement du ressort de
la BNS. Cela n’échapperait évidemment pas aux politiciens et on voit d’ici les
batailles autour de la question de savoir qui contrôlera un organe devenu ultra-
puissant, qui seront les membres de sa direction générale, quelle sera la ligne de
sa politique, etc. L’indépendance de la BNS n’y survivrait certainement pas.
L’article 99a al.3 du texte de l’initiative stipule par ailleurs que
« Dans le cadre de son mandat légal, elle [la BNS] met en circulation, sans
dette, l’argent nouvellement émis, et cela par le biais de la Confédération
ou des cantons ou en l’attribuant directement aux citoyens ».
Dans le régime proposé par l’initiative, « l’argent nouvellement émis » – un peu
plus de 43 milliards en 2017 ! – le serait principalement via les crédits que la BNS
accorderaient aux banques, voir plus haut. Dans le bilan de la BNS, les actifs aug-
menteraient du montant de ces crédits et le passif augmenterait du même montant
inscrit dans les comptes des banques auprès de la BNS. Il n’y aurait donc pas de
« magot » à distribuer.
Par conséquent, la BNS se verrait obligée de verser à l’Etat ou directement aux
citoyens une grande partie ou même la totalité de ses bénéfices, voire de ses actifs
si la somme à distribuer est plus grande que ces bénéfices – que ce soit approprié
ou non du point de vue de sa politique monétaire et plus généralement. On fait
ainsi miroiter aux citoyens et à l’Etat la perspective d’une sorte d’argent de poche
tombant du ciel dans leurs escarcelles. C’est de nouveau une illusion et aussi un
attrape-nigaud démagogique. En effet, le nouveau régime proposé ne changerait
rien à la fortune nationale et il n’y aurait pas création de richesse. En économie,
les miracles n’existent pas. Le système actuel de distribution des bénéfices de la
BNS à la Confédération et aux cantons est de loin mieux fondé.
Conclusions
Cela étant, on ne peut que conclure que l’initiative « monnaie pleine » est en vérité
un miroir aux alouettes (« chose séduisante, mais trompeuse », selon le diction-
naire). On pourrait aussi ranger cette initiative dans la catégorie des solutions
pseudo-évidentes, du type « il n’y qu’à… », et qui promettent la lune.
Tout le monde ne sait sans doute pas que, historiquement parlant, ce n’est pas la
première fois que le souverain doit se prononcer sur une initiative de ce type car
il y a un précédent, à savoir l’initiative dite de la « monnaie franche », laquelle a
fait l’objet d’une votation en avril 1951. Le texte soumis au souverain était d’ap-
parence inoffensive, sa disposition principale stipulant que
21
19
On disait aussi « monnaie fondante ».
20
Voir une interview qu’il a donnée, le 23 mars derniers, à la première chaîne de la radio ro-
mande. Cette interview était un petit chef-d’œuvre de confusion. Après avoir déclaré qu’il vo-
terait pour l’initiative, Rossi a poursuivi en en critiquant certaines dispositions essentielles, pour
conclure qu’il était bon qu’on discute enfin de la monnaie et du système bancaire et financier.
L’interview peut être téléchargée à l’adresse suivante : https://www.rts.ch/play/radio/la-mati-
nale/audio/initiative-monnaie-pleine-interview-de-sergio-rossi-professeur-deconomie-a-lu-
nifr?id=9413207&station=a9e7621504c6959e35c3ecbe7f6bed0446cdf8da
22
Aujourd’hui, alors que la campagne autour de l’initiative vient d’être lancée, les
initiants cherchent à banaliser leurs propositions, à les faire paraître inoffen-
sives.21 De leur point de vue, c’est une tactique plus habile que celle qui consiste-
rait à mettre l’accent sur le caractère novateur, voire révolutionnaire de leur texte.
Un des arguments avancés par les initiants lors d’une récente conférence de presse
est que le texte proposé ne revient, au fond, qu’à séparer banques d’investissement
et banques de dépôts (ou banques commerciales), comme cela a été fait aux Etats-
Unis par la loi Glass-Steagall de 1933 adoptée suite aux convulsions bancaires
des années précédentes. Que penser de cet argument ?
La loi en question était l’un des principaux éléments d’un véritable corset que le
gouvernement Roosevelt a imposé à l’appareil bancaire et financier américain.
(FDR détestait les banquiers et les financiers, n’hésitant pas à le faire savoir ou-
vertement). En rétrospective, on peut dire qu’en handicapant gravement les acti-
vités des banques et institutions financières, ce corset a contribué significative-
ment à retarder la reprise économique aux USA après 1933 puisque, outre-Atlan-
tique, c’est en fait la Deuxième Guerre mondiale qui a mis fin à la Grande Dé-
pression.22 La loi Glass-Steagall a été abrogée par étapes entre 1970 et 1999, ce
qui a fait dire à certains économistes, Joseph Stiglitz par exemple, que la crise
financière de 2007-2008 ne se serait pas produite si ladite loi était restée en vi-
gueur. C’est plus que contestable, la crise en question ayant eu d’autres causes,
avant tout dans le secteur immobilier. Si banques d’investissement et banques de
dépôt étaient restées séparées, la crise aurait pu être différente par certains de ses
aspects, mais pas son origine ni sa physionomie essentielle.
A noter encore que la loi Glass-Steagall n’interdisait pas aux banques de dépôts
de consentir des crédits aux entreprises financés par les dépôts à vue du public,
comme l’initiative veut l’interdire. Tout au contraire, elle était censée les encou-
rager à fournir ces crédits. Ce qui leur était interdit était d’acquérir et négocier des
titres financiers (à l’exception des obligations d’Etat, « charité bien ordonnée… »)
En outre, ni ces banques ni les banques d’investissement n’étaient obligées de
couvrir à cent pour cent leurs engagements par des réserves auprès de la banque
centrale, comme le veut l’initiative monnaie pleine. Le parallèle fait par les ini-
tiants avec la loi Glass-Steagall est donc erroné.23
21
Voir un article intitulé « Verniedlichtes Vollgeld », dans la NZZ du 23 mars 2018.
22
Pour en savoir plus, voir par exemple l’ouvrage mentionné à la note 5 ci-dessus. La lenteur
de la reprise aux USA, avec un hoquet en 1937-38 (une « récession dans la Dépression » suite
à un resserrement monétaire injustifié et prématuré), a été due à d’autres causes encore, dont en
premier lieu une politique économique générale, surtout en 1933-36, qui visait à ramener l’offre
globale au niveau d’une demande agrégée qui était très déprimée…
23
Certains commentateurs se sont laissés prendre par l’argumentation des initiants – voir par
exemple un article de Marian Stepczynski dans la Tribune de Genève du 26 mars 2018, article
intitulé « Le tort d’avoir raison trop tôt ». Je dois dire que venant d’un commentateur en général
avisé et compétent, cet article m’a étonné et déçu.
23
24
Ce paragraphe s’appuie en partie sur l’article « banques » dans le Dictionnaire historique de
la Suisse.
25
Voir : De crise en crise, vol. 2 : La grande récession et la crise financière (2007-2009) –
Origines, déroulement et conséquences, Slatkine, Genève, 2011 ; pp. 284-289 et passim.
26
De la démocratie directe en Suisse, à paraître chez Slatkine, Genève.
24
prochain et que l’initiative sur la monnaie pleine sera reléguée à sa juste place,
c’est-à-dire aux oubliettes.
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