Sunteți pe pagina 1din 5

1

LA HAINE DU PATIENT SOMATIQUE

Annaik Feve
La haine du patient dans la consultation médicale est peu décrite et est parfois considérée comme
acceptable, dans le cadre d’une démarche de réparation de la part du médecin, c'est-à-dire « le
patient est haineux et agressif parce qu’il est malade et ne se sent pas bien ». Jeune médecin, je
ne m’étonnais pas des verbalisations « abusives » des patients lors de la réalisation des actes
médicaux, ou régulièrement le mot « putain » , dans un cri, émergeait. Le terme « putain » qui
m’était adressé correspondait peut être à une tentative de sexualisation, élaboration de la haine,
du masochisme et refus de la passivité inhérente à la position de malade dans le couple médecin
malade. Nous pourrons réfléchir sur les moyens de retourner cette haine exprimée en une
démarche de prise pour soi de la maladie et d’interactions du patient avec le médecin.
Beaucoup plus tard j’ai fait des consultations multidisciplinaires avec un ORL ( consultation de
neuro ORL). Dans ce cadre, l’examen médical du patient passe par la fibroscopie ou aussi
l’examen du larynx au miroir, un peu intrusif, un peu traumatisant. Parfois le patient expulse les
instruments et crache.
Je pouvais penser que le patient exprimait de la haine par un comportement, et que celui-ci
devait être pris en compte dans la relation thérapeutique. Cependant le médecin ORL, qui avait
l’habitude de ce type de travail, s ne supportait pas que le patient, lors de l’examen du larynx au
miroir, lui crache (à la figure) et considérait que cette conduite était contrôlable par le patient, et
que ce manque de contrôle était une preuve d’agressivité directe du patient, qu’il se devait de
cadrer.
Dernièrement, un patient me lança « putain » lors de la réalisation d’une injection, pourtant à
mon sens assez anodine, et s’excusa ensuite, me disant qu’il ne s’adressait pas à moi, comme si
j’en avais douté. Je lui dis alors qu’il ne s’inquiète pas, que si je ne supportais pas ce genre
d’injure, je lui ferai savoir ultérieurement, mais que ma tolérance pouvait avoir des limites qui
parfois, se manifestait brutalement. Il se tut pendant l’ensemble de l’examen, mais demanda
ensuite à aller aux toilettes et repeint les toilettes de ses excréments, ce que je ne découvrais
qu’après. Cependant, même dans ce comportement, on pouvait continuer à penser qu’i ne
l’ « avait pas fait exprès » mais était maladivement maladroit.
2

Autres exemples de comportement: les sursauts de patients pendant certains actes médicaux,
mettent directement en danger le médecin, quand le patient est séropositif pour l’hépatite B ou C
ou le SIDA. Expressions inconscientes d’agressivité, elles nécessitent une prise en charge
initiale.
Dans tous ces exemples, le comportement peut être considéré comme un automatisme, n’ayant
pas de signification. Cependant on peut aussi y voir une signification, en tout cas une ambigüité
dans la relation avec le médecin, qui , de toutes façons, va interagir avec la façon de traiter le
patient. Même à un niveau inconscient
Dans cet exemple, la relation avec les médecins est discutée davantage.
Jonathan à un blépharospasme qui le fait crisper de façon involontaire les muscles du visage en
un rictus qui peut être interprété comme un clin d’œil ironique ou comme une grande souffrance.
Cette ambiguïté marque les échanges cliniques alors qu’on ne sait pas s’il s’agit d’une ironie
moqueuse sur soi ou d’un signe d’agressivité envers l’autre. Traité médicalement pour ce
mouvement anormal, Jonathan est très amélioré, mais il trouve alors que les médecins se
moquent de lui. Se moquent ils de lui ou ce moque –t-il, lui, des médecins ? Sans que l’on puisse
savoir si cette façon de considérer les médecins soit un jugement sur leur efficacité (ou leur
inefficacité). Il débute ensuite un traitement par le psychodrame. Les premières séances se
déroulent bien et il est surpris d’entendre les thérapeutes prendre sa place derrière lui pour se
moquer des médecins, puis de les critiquer violemment. Il me dira ensuite qu’il pense tout le
temps cela mais ne le dit jamais. Il demande de façon véhémente un nouveau thérapeute, celui en
cours étant toujours nul et incapable. Il peut même devenir revendicatif et agressif vis-à-vis de
son entourage médical, de l’ensemble des thérapeutes qu’il a autour de lui et qu’il juge
incapables d’atténuer la souffrance (morale) causée par ce mouvement anormal qui le défigure,
En fait, à l’image de ses expressions faciales qui interrogent en permanence sur le type de
relation avec lui (amusement ou agressivité partagée), l’interlocuteur souffre aussi de
l’ambiguïté. Ignorance thérapeutique, ignorance de ce qu’il est, ignorance du rôle qu’il assigne.
Parfois la tolérance contre transférentielle est facilitée par l’idée que ses propos ne correspondent
pas à une agressivité directe et dépourvue d’insight, mais à ironie moqueuse qui s’exprimerait
sur son visage. Ce sentiment sera d’ailleurs repris en psychodrame où les thérapeutes
verbaliseront ce mépris pour la médecine, ce qui le réjouira et le surprendra, surprise source d’un
démarrage de symbolisation de sa propre agressivité.
3

Du transfert médical au transfert psychanalytique


La haine, exprimée de façon ambigue dans ces exemples comme un comportement
( verbalisation brutale sursaut, crachat, mouvement anormal ou l’ambiguité de l’apparence se
double d’une relation agressive) pourrait correspondre à un recherche de symbolisation ou à un
recours au langage archaïque.
Serait il possible d’envisager ce mouvement comme une aide à la mentalisation contre-
transférentielle, y compris avec le médecin, plutôt qu'un court circuit de mentalisation? " version
régressive de la remémoration" (Donnet, 1995). Si l'acte appelle l’acte et fonctionne de cette
façon dans le transfert-contre transfert, le psychanalyste ou le médecin se contiennent, et
maintiennent, même en médecine, un cadre. De l’expression de la haine, mouvement brutal
comme une tentative de jeu. Mélanie Klein (1955) évoquait cette symbolisation seconde
permise par le jeu. L'importance de la trace du mouvement vers la mère comme première
représentation de la relation d'objet chez l'enfant a été évoqué par Marty et Fain (1955), qui
parlent de l'"importance du rôle de la motricité dans la relation d'objet". Marilia Aisenstein
(2001) souligne cependant dans « face à face, corps à corps » que « La motricité est voie de
décharge mais aussi support indispensable au tissu des représentations. »
Tous ces mouvements s’intègrent néanmoins dans une sensation d’ambiguité, ambiguité
nécessaire à la poursuite de la relation thérapeutique ( quand le patient médical devient vraiment
haineux et/ou met cette haine en acte, il est souvent chassé du cabinet médical.
Ce qui en soit peut avoir une fonction ? répondre à la haine agie n’est pas que, pour le médecin ,
se protéger , mais à aussi une fonction cadrante.
Une patiente, avocate, m’appelle en me disant qu’elle est du barreau de Paris, je lui demande si
elle a un problème neurologique, elle me dit que oui, elle fait des malaises, mais qu’elle est du
barreau de Paris, je lui donne un rendez vous, alors qu’elle souhaitait me parler au téléphone de
son problème. Arrivée en face de moi, elle ne veut pas répondre à mes questions considérant que
c’est « une intrusion dans sa vie personnelle », je me tais quelques temps et la laisse continuer,
mais sent monter en moi la colère. Je lui demande comment ce malaise a retenti sur sa façon de
marcher et elle répond que cela ne me regarde pas et que ce n’est pas son problème, que c’est le
contraire, sa façon de marcher a déclenché le malaise. Je lui dis que nous allons arrêter là, et la
met à la porte. Par la suite, je me sens très coupable, mais également furieuse, je pense que seule
4

cette interruption, réponse acte par acte pouvait avoir un effet de sidération , agissant sur son
déni. Car elle n’avait pas compris que ce qu’elle disait était haineux.
Le déni est il a l’origine de la haine ? on pourrait aussi penser qu’il s’agit d’une partie non
symbolisée, proche du négatif de Green, qui peut, par l’action du médecin, trouver une ébauche
de représentation.
La haine de soi combine une haine de soi et une nécessité de se faire hair par l’autre. Dans le cas
de cette patiente, c’est très évident. Freud (1915) « si l’amour pour l’objet s’est réfugié dans
l’identification narcissique, la haine entre en action sur cet objet substitutif »
Chez plusieurs des patients cités, les polysomatisations coexistaient de façon dangereuse, et
parfois la haine rendait une prise en charge médicale difficile ou impossible. On peut rapprocher
cette idée de ce que dit Paul Laurent Assoun (1995) « hair est une manière de s’autoconserver,
jusqu’à la destruction de l’autre ».
Les groupes de médecins, qu’ils soient classiques ou Balint, les staffs médicaux et la théorisation
–tiercéisation- qui va avec, sont autant de possibilités groupales de traiter le médecin soumis à la
haine du patient. « si la haine s’éprouve comme déplaisir de la « rencontre de l’autre » qui vient
menacer l’intégrité du moi, il faut réintroduire la manière d’être de cet autre. On est alors
ramener aux fonctions (contenantes) de l’autre dans la relation avec le bébé, fonction alpha de
Bion.
Etchegoyen, commentant Winnicott (1945) dit que « le patient qui présente des insuffisances de
développement émotionnel primitif doit faire l’expérience de se sentir perturbé et d’exprimer une
(légitime) colère. Il utilise pour cela les erreurs de l’analyste. Ce qui est considéré comme une
résistance est en fait une erreur de l’analyste, la « résistance » ne disparaitra que quand l’analyste
reconnaitra son erreur.

Reste a définir dans quelle mesure la haine est aussi véhiculée du médecin vers le patient.
Winnicott parlait de la fin de séance comme une possibilité d’exprimer la haine contre-
transférentielle. Il est vrai que parfois, le patient exprime sa haine en ne voulant pas partir
( blocages devant la porte, discussion interminable, oubli du carnet de chèque, lenteur de
l’écriture, etc…) . le médecin a aussi toutte une gamme de moyen pour exprimer sa haine, outre
le fait extrème et particulièrement rare, de mettre le patient a la porte. Il a le médicaments à
prescrire, il doit choisir de ceder ou pas aux demandes des patients , il y a le remboursement du
5

transport, la somme a payer, les imprimés a remplir ou a oublier… la gamme est donc
particulièrement vaste.

Bibliographie :
Aisenstein M. (2001) Corps à corps, in : « le face à face psychanalytique ». Conférences en
ligne, site de la SPP, Janvier 2001.
Donnet J.L. (1995) A propos de la répétition agie. In : Le divan bien tempéré, PUF,1995, p 159.
Feve A. Les mouvements du corps dans l’analyse : accès au représentations archaiques ?
Topique, 2004, 87 : 197-206
Feve A. The shadow of movement in psychoanalysis. The Psychoanalytic Review, 2005, 92 (2),
271-280
Freud S. (1914) Remémoration, répétition, élaboration. In : La technique psychanalytique Paris,
PUF , 1997, pp 105-115.
Freud S. (1920) Au-delà du principe de plaisir. In : Essais de psychanalyse. Petite Bibliothèque
Payot. Paris, 2001. pp 55-62.
Hallett M. (1995). Is dystonia a sensory disorder? Ann. Neurol. 38. 139-140
Klein M. (1955) La technique de jeu psychanalytique : son histoire et sa portée, dans « Le
transfert et autres écrits », PUF, bibliothèque de psychanalyse, Paris 2001. pp 25-50.
McDougall Joyce. (1982) Corps et métaphore. Théatres du Je. NRF, connaissance de
l'inconscient, Gallimard, 152-183.
Marty Pierre et al. (1955) Importance la motricité dans la relation d’objet. Revue Française de
Psychanalyse , 19 : 205-284.
Winnicott, 1945 Primitive emotional development

S-ar putea să vă placă și