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Vivre avec ou sans masque?

¿Vivir con o sin máscara?

Face á l'épreuve quotidienne du miroir, la tentation est grande de se décider á l'authenticité


de l'expression ou, au contraire, de cultiver les mimiques de l’acteur. Mais n'est-ce pas là deux
égales impasses?

Frente a la prueba diaria del espejo, existe una gran tentación a la hora decidirse por la
autenticidad de la expresión o, si por el contrario, cultivar la expresión del actor. Pero, ¿no son
ambos dos callejones sin salida?

A la hora de decidir si conservar la autenticidad de la expresión

Dernier passage devant le miroir, juste avant de sortir. Ouille ! Ces yeux cernés, ce teint
poussiéreux, ce petit bouton qui pointe sur la joue, ces cheveux qui blanchissent... Et toujours
ces maudites oreilles... Sans parler du tic qui abîme au plus mauvais moment notre air le plus
aimable. Ce n’est pas forcément que l'on se trouve laid. On n’a pas seulement peur de
déplaire. On a simplement du mal à se reconnaître. OR il va falloir, une journée entière, et
toute sa vie durant, promener aux yeux de tous l’étendard de soi-même, qui es à la fois la
parie moins connue et la plus intime de son être, celle qui porte les traces du passé et exprime
les émotions du présent. Le trouble fondamental que l’on ressent à l’idée de montrer son
visage naît de cette disproportion entre étrangeté à soi et exposition à autrui.

Último paseo frente al espejo, justo antes de salir. Ouch! Esos ojos oscuros, esa tez
polvorienta, ese pequeño grano en la mejilla, ese pelo que blanquea ... Y siempre esas malditas
orejas... Por no mencionar el tic que echa a perder nuestro aire más amable en el peor
momento. Eso no significa que uno sea feo. No es solo el miedo que tenemos a desagradar/no
gustar. Simplemente tenemos problemas para reconocernos. Llevará un día entero, y toda su
vida, caminar a los ojos de todos los estándares de uno mismo, que es al mismo tiempo la
apuesta menos conocida y la más íntima de su ser, la que lleva las marcas del pasado y expresa
las emociones del presente. La perturbación fundamental que uno siente con la idea de
mostrar su propia cara nace de esta desproporción entre la extrañeza hacia uno mismo y la
exposición a los demás.

Bien sûr, on se lave, on se coiffe, on se rase, on se maquille , on soigne son aspect. On peut se
teindre les cheveux, voire se faire retendre un peu la peau. Les stratégies sont multiples. Si une
calvitie apparaît, certains assument. Certains tentent la lotion, voire l’implant capillaire.
D’autres encore se rasent entièrement la tête.

Trois voies, au fond, s'offrent á nous. La première est en apparence la plus raisonnable et se
résume en deux mots : restons naturels. Jean-Jacques Rousseau en est le porte-paro1e. « On
n’ose plus paraître ce qu’on est » déplore-t-il dans son Discours sur les sciences et les arts
(1750). Travestir son visage, ce que soit par des cosmétiques ou une feinte courtoise, c’est déjà
mentir et refuser toute relation sincère avec autrui. Rosseau illustre ces préceptes par son
autoportrait. Dans Rosseau juge de Jean-Jaques (1780), il affirme que « son cœur transparent
comme le cristal ne peut rien cacher de ce qui s’y passe ; chaque mouvement qu'il éprouve se
transmet à ses yeux et sur son visage ». Il se compare à « une belle femme sans rouge qui
n'ayant que les couleurs de la nature paraît pâle au milieu des visages fardés ». Il rejette les
artifices techniques et la dissimulation morale. Ce choix n'est Pas de tout repos. Le «
promeneur solitaire» que deviendra Jean-Jacques, á force de dénoncer les conventions de son
temps, ne montre plus son visage á grand monde. Rejeter maquillage, teinture des cheveux et
urbanité peut finir par isoler. Surtout, cette attitude s'autodétruit. Choisir d'être naturel,
comme ces personnes qui répètent á qui veulent l'entendre qu'elles ne cachent jamais ce
qu'elles pensent et en profitent pour vous dire des choses désagréables, c'est déjà porter un
masque. Oscar Wiide affirmait opportunément : « Être naturel est aussi une pose , et la plus
irritante que je connaisse » Aujourd'hui, on Peut exhiber un visage très savamment naturel: il
suffit de le demander á son coiffeur ou de porter la barbe á la manière du rugbyman Sébastien
Chabal. Le naturel ressemble finalement á un idéal tout aussi feint que nos ruses.

La deuxième voie consiste donc plutôt à assumer l’artifice. Construire son visage permet de
bien se supporter. Le philosophe britannique Thomas Hobbes rappelle, dans le Leviathan
(1651), l'étymologie du terme de personne. Ce mot désignait le masque des acteurs du théâtre
antique, destiné à laisser passer le son de la voix: per-sona. Le visage d'une personne, le lieu de
son individualité profonde, se confond avec le masque de l'acteur. « Tant à la scène que dans
la vie», continue le philosophe, nous jouons un rôle. Puisque nous sommes des êtres sociaux et
que nous passons notre temps á manier des signes (de supériorité le plus souvent), nous
sommes contraints de contrôler notre visage.

Vivre avec son propre visage cesse alors d'être une souffrance - ce n'est plus qu'un défi. Et
Pour se composer un ail approprié, mieux vaut ne pas se fier aux émotions. impromptues et
sauvages. Dans Le Paradoxe sur le comédien (1773-1778), Denis Diderot explique ainsi que «
tout le talent [de l'acteur] consiste non pas à sentir, [...] mais à rendre les signes extérieurs du
sentiment ». Cet homme toujours affable, qui affiche un air particulièrement heureux de vous
revoir, observez-le bien. Il modèle son visage exactement de la même manière avec cette
autre personne, que vous savez être sa pire ennemie. Et cette dame aux joues figées, regardez
comme elle passe du regard légèrement hautain au sourire maitrisé. en laissant parfois percer
des éclairs de bienveillance savamment travaillés. Quel art !

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