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Résumé
REB 31 1973Francep. 299-305
T.C. Lounghis, Sur la date du De thematibus. — En se fondant principalement sur l'épisode de la reconquête temporaire de la
Sicile par les Byzantins, l'auteur fixe à l'année 952 la composition du De thematibus de Constantin Porphyrogénète. Antérieur
au De cerimoniis (957/959), cet ouvrage fut écrit après le De administrando imperio (948/949), dont il donne à l'occasion une
version abrégée.
Lounghis T. C. Sur la date du De Thematibus. In: Revue des études byzantines, tome 31, 1973. pp. 299-305;
doi : 10.3406/rebyz.1973.1471
http://www.persee.fr/doc/rebyz_0766-5598_1973_num_31_1_1471
T. C. LOUNGHIS
II a été dit plus haut qu'Otton Ier descendit en Italie en 952 et qu'il
retourna en Allemagne peu après ; on peut supposer facilement que ce fut
après l'aimistice conclu la même année entre Byzantins et Arabes de Sicile ;
ce fait peut encore rendre évidente la collaboration byzantino-germanique,
qui n'a pas pu finalement aboutir à des résultats tangibles en Occident
malgré les ambassades successives qui ont été échangées entre 945 et 952.
De toute façon, on peut avoir la certitude que la maîtrise de la mer et
l'occupation de la Sicile dont parle Constantin Porphyrogénète ont en
effet existé, selon Kédrènos depuis 952, date à laquelle, je pense, fut composé
le De thematibus.
Ceci nous amène à penser que le De thematibus est un peu postérieur au
De administrando imperio, composé entre 948 et 95216. De plus, une
constatation facile à faire est la suivante : partout où le De administrando
imperio et le De thematibus parlent du même sujet, la version du second est
toujours un résumé du premier. Un flagrant exemple, à mon avis, est le
passage sur la reconquête de Bari, reprise dans le De thematibus11 par
Constantin VII, qui l'avait déjà relatée en détail dans le De administrando
imperio18. L'exposé du De thematibus représente exactement la moitié
du passage correspondant de l'autre ouvrage. Ainsi, tout en racontant la
reconquête de l'Italie méridionale par son grand-père, Constantin VII
lui juxtapose la domination de la Sicile sous son propre règne, domination
qui avait déjà subi de sérieuses atteintes sous Basile Ier avec la perte de
Syracuse19.
Il y a enfin une question importante qui touche toute l'histoire des
relations entre Byzance et l'Occident pendant la seconde moitié du Xe
siècle : Constantin VII avait-il connaissance de la fameuse Donation de
Constantin, le faux le plus célèbre du Moyen Age ? La réponse à ceci, même
partielle, ne peut être cherchée que par déduction. Il est admis avec raison
que le chapitre n, 48, du De cerimoniis, où sont traitées les adresses des
souverains étrangers, est l'ouvrage le plus récent de Constantin VII ;
16. Cf. J. B. Bury, The treatise De administrando imperio, BZ 15, 1906, p. 517-573 ;
voir aussi l'introduction de R. J. H. Jenkins dans Constantine Porphyrogenitus. De
Administrando Imperio, I, Washington 1967. (On citera le texte grec de cette édition due à
G. Moravcsik.)
17. De thematibus, n, 11 : Pertusi, p. 9731-9841.
18. De administrando imperio, 29 : Moravcsik, p. 128100-130155.
19. Pour l'idée qu'on se faisait à Byzance de la domination impériale en Italie au Xe
siècle, voir O. Treitinger, Die oströmische Kaiser- und Reichsidee nach ihrer Gestaltung
im höfischen Zeremoniell*, Darmstadt 1956, p. 192-193.
SUR la date du De thematibus 303
20. F. Dolger, BZ 36, 1936, p. 157 ; W. Ohnsorge, Abendland und Byzanz, Darmstadt
1958, p. 238.
21. De cerimoniis, n, 48 : Bonn, p. 686 et 688-689. Sur la soi-disant hiérarchie
internationale, voir G. Ostrogorskv, Die byzantinische Staatenhierarchie, Seminariwn
Kondakovianum 8, 1936, p. 41-61 ; Idem, The Byzantine Emperor and the Hierarchical
World Order, The Slavonic and East European Review 35, 1956, n° 84, p. 1-14. Voir encore
F. Dölger, Die « Familie der Könige » im Mittelalter, dans Byzanz und die europäische
Staatenwelt, Ettal 1953, p. 32-66.
22. De cerimoniis, n, 48 : Bonn, p. 689 et 691 . Pour la correction Ιταλία, voir F. Dölger,
BZ 38, 1938, p. 235. Pour la Saxe, voir O. Meyer, Eis ton règa Saxonias, dans Festschrift
für Α. Brackmann, Weimar 1931.
23. De administrando imperio, 30 : Moravcsik, p. 14273~74.
24. Ibidem, 27 : Moravcsik, ρ. 11414'·.
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