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1.1 Textes pris par les autorités politiques Normes sur les spécifications permettant de répondre aux exigences essentielles
■ Principe de hiérarchie
Les textes pris par les autorités politiques obéissent à un prin- Figure 1 – Exemple de pyramide des textes (substances dangereuses)
cipe de hiérarchie : les textes qui sont hiérarchiquement inférieurs
ne peuvent pas contenir de dispositions contraires aux textes qui
sont hiérarchiquement supérieurs. Cette règle est contrôlée par les L’article 249 alinéa 3 du traité de Rome, dans sa version en
tribunaux. vigueur après le traité d’Amsterdam, dispose que les États
membres sont liés quant au résultat à atteindre, mais sont libres
Exemple : il n’est pas possible à un arrêté de fixer la dénomination sur les moyens à employer pour mettre leur droit national en
d’une marchandise ou d’en réglementer ou d’en interdire la vente (arrêt conformité : les États membres peuvent voter une loi ou prendre
du Conseil d’Etat du 2 février 1962, revue JCP éd. Générale, 1962, II, un texte réglementaire (décret ou arrêté en France).
no 12934, et Gazette du Palais, 1962, 2, p. 72). Ce pouvoir n’appartient
qu’au législateur, donc relève de la loi. Le responsable maintenance n’est pas concerné directement par
les directives européennes car il ne doit prendre en compte que les
À partir de cette règle, il est possible de rassembler les textes textes français. S’il découvre une contradiction entre une directive
relatifs à un même thème et de les classer en fonction de leur européenne et un texte français, il doit prendre contact avec le
niveau hiérarchique, ce qui constitue une pyramide (figure 1). conseil juridique de sa société pour déterminer la conduite à tenir
en attendant que l’État français mette son droit interne en confor-
■ Primauté des directives mité avec le droit européen.
Exemple : jusqu’à la réforme par la loi no 2001-397 du 9 mai 2001,
Les directives ont une valeur juridique supérieure aux lois l’article L.213-1 du Code du travail qui interdisait le travail des femmes
nationales. la nuit (sans contenir de dispositions particulières sur les hommes) était
contraire à l’article 5 de la directive no 76-207 du 9 février 1976 relative
Une directive est un texte qui a fait l’objet de votes par le Conseil à l’égalité de traitement entre les hommes et les femmes dans le
des ministres, la Commission de Bruxelles et le Parlement de domaine du travail (arrêt de la Cour de Justice de la Communauté euro-
l’Union européenne. Une directive a pour objet d’obliger les États péenne du 25 juillet 1971, revue Dalloz 1991, p. 443). Avant l’entrée en
membres à disposer dans leur Droit national de textes juridiques vigueur de la loi de 2001, les entreprises devaient demander une auto-
internes (lois, décrets et arrêtés pour ce qui concerne la France) risation à l’inspecteur du travail alors même que cette obligation prévue
reprenant les règles qu’elle fixe. Ces textes nationaux doivent être par le Code du travail était contraire à une directive européenne de
conformes aux règles que la directive contient. niveau hiérarchique supérieur.
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elle est reconnue comme étant représentative des usages et des 1.3.2 Liberté contractuelle et règles impératives
règles de l’art.
Une grande souplesse est accordée aux parties quant à la négo-
■ « Normes » privées ciation du contenu des obligations contractuelles : elles convien-
Le terme « norme » peut être utilisé dans un sens différent de sa nent ce qu’elles veulent dans la seule limite des règles d’ordre
signification officielle car ce mot n’est pas juridiquement protégé. public qui, il faut le reconnaître, sont très nombreuses.
Exemple : dans le domaine de l’industrie automobile, on parle sou- Un contrat valablement formé a, entre les parties, la même
vent des «normes constructeurs ». valeur qu’une loi, pourvu qu’il respecte les règles dites impéra-
tives, c’est-à-dire auxquelles il est impossible de déroger, y
En tant que spécifications techniques servant de référentiels, de compris par contrat.
tels documents peuvent être désignés par le terme « norme », mais Les règles d’ordre public sont impératives, c’est-à-dire qu’elles
ils n’ont qu’un caractère privé. Ils ne sont ni publiés, ni validés par s’imposent aux parties qui ne peuvent y déroger. Elles s’opposent
des organismes normatifs. aux règles interprétatives ou supplétives qui ne s’appliquent qu’à
Aussi, il est nécessaire de prendre garde à l’utilisation du terme défaut de volonté contraire des parties.
« norme » à travers les divers documents pouvant circuler à l’occa-
Exemple : citons quelques règles impératives :
sion de marchés publics ou de contrats privés. Il faut identifier leur
nature juridique. — le taux d’intérêt dû en cas de retard de paiement est au mini-
mum de 1,5 fois le taux d’intérêt légal ;
— les dispositions du Code de commerce relatives aux factures ou
aux pratiques anticoncurrentielles (ententes sur les marchés publics,
1.3 Contrats alignement de prix) ;
— le Code de la propriété intellectuelle (propriété des plans) ;
1.3.1 Nature juridique — la loi du 4 août 1994 sur l’emploi de la langue française.
■ Définition
Le contrat est défini par l’article 1101 du Code civil : « Le contrat
est une convention par laquelle une ou plusieurs personnes 2. Personnes pénalement
s’obligent, envers une ou plusieurs autres, à donner, à faire ou à
ne pas faire quelque chose ». responsables
dans l’entreprise
Les termes de convention et de contrat peuvent être consi-
dérés comme synonymes pour les non-juristes.
2.1 Responsabilité dite « pénale »
Le contrat matérialise l’accord de volonté entre les parties. des personnes morales
Alors que la loi est une disposition applicable à tous, le contrat
est en vertu de l’article 1134 du Code civil la « loi » entre les
parties : « Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi
2.1.1 Ambiguïté du concept de responsabilité
à ceux qui les ont faites. pénale pour les personnes morales
Elles ne peuvent être révoquées que de leur consentement Le Code pénal français, qui avait été créé par Napoléon, a fait
mutuel, ou par les causes que la loi autorise. Elles doivent être exé- l’objet d’une réforme importante en 1994 pour le moderniser en
cutées de bonne foi. » profondeur car ses actualisations successives au fil des années
En conséquence, toute modification doit être rédigée dans un n’étaient plus suffisantes pour pouvoir disposer d’un code adapté
avenant. aux nouvelles technologies et aux évolutions de la société.
Le contrat doit être signé par une personne habilitée à prendre Dans le cadre de cette réforme, le législateur a décidée de créer
des engagements au nom de la société (PDG, Directeur général ou une « responsabilité pénale » applicable aux personnes morales
personnes ayant reçu un pouvoir formel). (sociétés, associations, collectivités locales...), sauf à l’État. En fait,
il s’agit plutôt d’une responsabilité spécifique aux personnes
Les deux catégories principales de contrat sont : morales avec des sanctions adaptées telles que :
— la vente (transfert de la propriété d’une chose fabriquée en — montant maximal de l’amende élevé à cinq fois ce que risque
série) ; une personne physique pour la même infraction ;
— la prestation de service : le prestataire s’oblige contre rému- — confiscation de la chose à l’origine du dommage ;
nération à exécuter de façon indépendante le travail commandé — fermeture de l’établissement en cause, voire dissolution de la
par le client (par exemple, la maintenance d’équipements, le net- société ;
toyage de locaux, la réalisation d’un audit, le transport de mar- — exclusion des marchés publics.
chandises). Mais il n’y a pas de peine d’emprisonnement pour les personnes
Il existe bien d’autres types de contrat : le prêt, la location, la morales car elles sont immatérielles. Or, la réalité de la responsa-
construction de bâtiments neufs... bilité pénale réside dans le fait que l’on risque d’aller en prison.
De plus, l’existence de poursuites en responsabilité pénale à
■ Documents contractuels l’encontre de l’entreprise n’empêche nullement des poursuites
Ceux-ci peuvent correspondre, suivant les situations, aux docu- également en responsabilité pénale à l’encontre du responsable
ments suivants : maintenance s’il est personnellement concerné par l’infraction.
— le document juridique de base (conditions générales, condi-
tions particulières, documents spécifiques au projet) ; 2.1.2 Règles de droit commun
— les annexes techniques (cahier des charges, spécifications
techniques...) ; Aux termes de l’article L. 121-2 du Code pénal issu de la réforme
— les avenants au contrat pour les modifications ultérieures. de 1994, une personne morale est pénalement responsable des
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infractions commises pour son compte par ses dirigeants ou sonnes morales peuvent voir leur responsabilité « pénale » enga-
représentants : « Les personnes morales, à l’exclusion de l’État, gée sur ce fondement juridique de l’homicide ou des blessures
sont responsables pénalement selon des distinctions des articles involontaires (cf. § 2.3.2).
121-4 à 121-7 [relatifs à la définition de l’auteur d’une infraction, de Le fait d’être négligent dans le respect des règles d’hygiène et de
la complicité et de la tentative] et dans les cas prévus par la loi ou sécurité constitue une infraction d’homicide ou blessure involon-
le règlement, des infractions commises pour leur compte, par leurs taire punie par le Code pénal, si un accident survient à cause de
organes ou représentants ». cette négligence. En revanche, s’il n’y a pas accident, seul le Code
Il faut donc que l’infraction ait été commise par une personne du travail s’applique et celui-ci ne prévoit pas la responsabilité
physique dans l’exercice d’activités ayant pour objet d’assurer pénale des personnes morales.
l’organisation, le fonctionnement ou les objectifs d’un groupement En l’absence d’accident, la responsabilité pénale d’une personne
doté de la personnalité morale et que cette personne ne manifeste morale peut resurgir en cas de mise en danger d’autrui, c’est-à-dire
pas la poursuite d’un intérêt personnel (arrêt de la Cour de cassa- le « fait d’exposer directement autrui à un risque immédiat de mort
tion, ch. criminelle, du 2 décembre 1997, revue JCP 1998, II, no 100 ou de blessures de nature à entraîner une mutilation ou une infir-
023 et JCP 1999, I, no 1112). mité permanente par la violation manifestement délibérée d’une
La responsabilité pénale de la personne morale ne peut être obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la
retenue que si une loi le prévoit expressément. Tel est le cas notam- loi ou le règlement » (art. 223-1 et 223-2 du Code pénal).
ment pour :
■ Responsabilité financière pour défaut de plan de sécurité
— l’homicide ou les blessures involontaires par maladresse,
imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obliga- Le Code du travail prévoit des mesures de prévention
tion de sécurité (art. 221-7, 222-19 et 222-20 du Code pénal) ; « a posteriori » : « En cas d’accident du travail survenu dans une
— la mise en danger d’autrui, c’est-à-dire le « fait d’exposer entreprise où ont été relevés des manquements graves ou répétés
directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures aux règles d’hygiène et de sécurité du travail, la juridiction saisie
de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente doit, si elle ne retient pas dans les liens de la prévention là où les
(art. 223-2 du Code pénal) ; personnes physiques poursuivies sur le fondement des disposi-
— des infractions en droit du travail, par exemple : délit de mar- tions du Code pénal citées à l’article L. 263-2-1, faire obligation à
chandage (art. L.152-3-1), travail clandestin (art. L.362-6 du Code du l’entreprise de prendre toute mesure pour rétablir des conditions
travail) ou conditions d’emploi de main-d’œuvre étrangère (art. normales d’hygiène et de sécurité du travail.
L.364-10 du Code du travail) ; À cet effet, la juridiction enjoint à l’entreprise de présenter, dans
— des infractions en droit de l’environnement par exemple : trai- un délai qu’elle fixe, un plan de réalisation de ces mesures accom-
tement des déchets (art. 541-47 du Code de l’environnement). pagné de l’avis motivé du comité d’entreprise et du comité
d’hygiène et de sécurité ou, à défaut, des délégués du personnel. »
(art. L.263-3-1 du Code du travail alinéas 1 et 2).
2.1.3 Hygiène et sécurité
À défaut de présentation ou d’adoption d’un tel plan, la juridic-
■ Principe : pas de responsabilité pénale pour l’entreprise tion compétente ordonne à l’entreprise l’exécution d’un plan que
Dans ce domaine, l’article L.263-2 du Code du travail ne désigne les juges établissent eux-mêmes pour faire disparaître les dangers
comme responsables que des personnes physiques : chef d’établis- révélés (art. L.263-3-1 du Code du travail alinéa 3).
sement, directeur, gérants ou préposés (pour ces derniers, L’employeur peut être condamné à une amende pouvant aller
cf. § 2.3). La responsabilité d’une personne morale ne peut donc jusqu’à 18 000 € en cas d’inertie de sa part (art. L.263-3-1 du Code
pas être engagée sur le fondement des dispositions relatives à du travail alinéa 5).
l’hygiène et à la sécurité du travail (arrêt de la Cour de cassation,
ch. criminelle, du 1er décembre 1998, Bulletin criminel § no 325,
p. 942 ; revue JCP Edo E 1999, II, p. 1930 ; revue Dalloz 2000, I, 2.2 Responsabilité pénale du chef
p. 34 ; revue Droit pénal décembre 2000, no 12 bis, p. 20).
d’entreprise et du chef
■ Limite au principe : homicide ou blessures involontaires d’établissement
Dans le même arrêt du 1er décembre 1998, la Cour de cassation
a marqué une distinction entre :
— les infractions aux règles d’hygiène et sécurité (prévues par le
2.2.1 Responsabilité du fait personnel
Code du travail) qui causent ou pas un accident ; Il y a longtemps que les tribunaux ont admis que le chef d’entre-
— les actes de maladresse, imprudence, inattention, négligence prise supporte une responsabilité générale liée à ses fonctions de
ou correspondant à un manquement à une obligation de sécurité dirigeant. Les premières décisions remontent au XIXe siècle. Plus
(prévus par le Code pénal) et qui causent un accident. récemment, on retiendra un arrêt de 1956 qui posa une règle de
L’arrêt du 1er décembre 1998 confirme qu’une personne morale principe reprise régulièrement par les tribunaux : « Il lui appartient
ne peut pas voir sa responsabilité pénale engagée sur le fonde- de veiller personnellement et à tout moment à la stricte et
ment juridique d’une infraction aux règles d’hygiène et sécurité car constante exécution des dispositions édictées par le Code du tra-
la loi ne prévoit pas une telle responsabilité dans cette hypothèse. vail ou les règlements pris pour son application en vue d’assurer
Mais, toujours selon cet arrêt, le fait pour le président d’une l’hygiène et la sécurité des travailleurs (arrêts de la Cour de cassa-
société ou son délégataire en matière de sécurité de ne pas accom- tion, ch. criminelle, du 19 décembre 1956, bulletin § no 859, et du
plir toutes les diligences normales pour faire respecter les prescrip- 12 juillet 1988 § no 302) ».
tions, qui s’imposaient à la société dans le domaine de l’hygiène et En matière d’hygiène et sécurité le chef d’entreprise est respon-
de la sécurité, caractérise une faute d’imprudence ou de négli- sable sur le fondement d’articles du Code du travail et du Code
gence engageant la responsabilité de celle-ci, et ainsi justifie une pénal qui posent des obligations générales de sécurité et lui impo-
condamnation du chef d’homicide involontaire au regard de sent en conséquence le devoir d’exercer une action directe sur les
l’article 121-2 du Code pénal qui prévoit la responsabilité pénale faits de ses subordonnés. Cette obligation pèse sur le chef d’éta-
des personnes morales. blissement lorsque l’entreprise dispose de plusieurs sites indus-
L’article 121-2 du Code pénal pose le principe de l’existence triels.
d’une responsabilité dite « pénale » des personnes morales et les Certaines lois rappellent ce principe comme le Code de l’environ-
articles 221-7, 222-19 et 222-20 du Code pénal prévoient que les per- nement (cf. § 7).
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La responsabilité du chef d’entreprise, ou du chef d’établis- sont potentiellement autant responsable que leur chef d’établis-
sement, s’explique par les caractéristiques propres de leurs sement. En réalité, il n’y a pas égalité devant le risque de pour-
prérogatives : ils sont investis d’un pouvoir de gestion et d’organi- suites pénales :
sation ainsi que d’une plénitude d’autorité sur leurs salariés, ce qui — le chef d’établissement est celui qui court le risque le plus
les oblige à veiller personnellement au respect des prescriptions élevé, car il supporte une obligation générale d’assurer la sécurité
légales par leurs subordonnés. sur son site. Si un accident survient parce que cette sécurité n’est
Exemple : un salarié meurt, écrasé contre le boîtier d’une cer- pas assurée, alors le droit français considère qu’il y a faute ou négli-
cleuse par le bras préhenseur. Cet accident est dû au fait que ce salarié gence de la part de cette personne qui doit donc être punie ;
a pu accéder à la zone dangereuse de la machine alors que le bras pré- — ensuite, le risque de poursuites pénales est encouru, dans une
henseur était en mouvement. Cette possibilité d’accès était due à un moindre mesure, par les salariés disposant de responsabilités
défaut de protection de la zone dangereuse. Il y a donc eu de la part du fonctionnelles ou opérationnelles : production, maintenance, chef
directeur de l’usine une négligence et une inobservation des obliga- de chantier, par exemple. Ceux-ci sont concernés directement
tions de sécurité imposées par la loi et les règlements en matière lorsqu’une délégation de pouvoir leur a été concédée ;
d’hygiène et de sécurité, d’autant qu’aucun autre moyen de sécurité tel — enfin, de manière marginale, il est possible d’envisager des
que des cellules photo-électriques permettant l’arrêt de la machine lors poursuites pénales à l’encontre d’un simple salarié. Mais il s’agira
de l’accès à la zone dangereuse n’avait été installé. En l’absence de d’une situation exceptionnelle car l’article L.230-4 du Code du travail
délégation de responsabilité, le directeur de l’usine était donc le seul prolonge l’article L.230-3 en déclarant que les dispositions de cet
responsable de l’hygiène et de la sécurité et a donc violé l’article article n’affectent pas le principe de la responsabilité des employeurs
R.233-15 du Code du travail. Le directeur de l’usine a donc commis une ou chefs d’établissement.
faute personnelle engageant sa responsabilité pénale alors même que
l’origine exacte de l’accident n’était pas connue et était même
2.3.2 Responsabilité des salariés et le Code pénal
contestée (arrêt de la Cour de cassation, ch. criminelle du 2 décembre
1997, inédit no 97-80008). ■ Actes volontaires : mise en danger d’autrui et violation
délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence
Le dirigeant (de l’ensemble de l’entreprise ou d’un site) est donc
dans une situation particulière au regard du risque pénal : il est De manière cumulative avec les infractions prévues par le Code
exposé en raison des infractions qu’il commet lui-même directe- du travail, le Code pénal punit :
ment dans le cadre de ses fonctions, mais aussi en raison des — la mise en danger d’autrui qui correspond au « fait d’exposer
infractions commises par ses subordonnés du fait que ce dirigeant directement autrui à un risque immédiat de mort ou de blessures
n’a pas pris toutes les mesures nécessaires pour que cette infrac- de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité permanente
tion ne soit pas commise. par la violation manifestement délibérée d’une obligation particu-
lière de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement »
(art. 223-1 et 223-2 du Code pénal) ;
2.2.2 Prise en charge personnelle des amendes — le manquement délibéré à une obligation de sécurité ou de
prononcées contre ses employés prudence imposée par la loi ou le règlement (art. 222-20 du Code
pénal).
L’article L.263-2-1 du Code du travail autorise le tribunal à faire
supporter à l’employeur le paiement des amendes prononcées et ■ Actes involontaires : homicide ou blessures involontaires
des frais de justice, en totalité ou en partie, lorsque la responsabi- Le Code pénal punit les actes d’imprudence, maladresse, inatten-
lité du préposé est engagée pour une infraction aux dispositions tion ou négligence causant un décès (art. 221-7), une incapacité de
légales en matière d’hygiène et de sécurité du travail ayant causé travail (art. 222-19) ou même des blessures sans incapacité de tra-
un préjudice corporel involontaire. Le juge prend sa décision, qui vail (art. 622-1).
est facultative, compte tenu des circonstances de fait et des
conditions de travail de l’intéressé. L’article 121-3 du Code pénal dispose qu’« il n’y a point de crime
ou de délit sans intention de le commettre. ». Il ajoute dans son
Cette disposition du Code du travail est exceptionnelle. Une alinéa 2 que « toutefois, lorsque la loi le prévoit, il y a délit en cas
entreprise n’a pas le droit de payer une amende à la place d’un de de mise en danger délibérée de la personne d’autrui » et, dans son
ses employés si une décision de justice ne le prévoit pas. alinéa 3 qu’« il y a également délit, lorsque la loi le prévoit, en cas
de faute d’imprudence, de négligence ou de manquement à une
obligation de prudence ou de sécurité prévue par la loi ou le règle-
2.3 Responsabilité pénale des préposés, ment (...) ».
dont le responsable maintenance Ces dispositions sont une innovation du Code pénal entré en
vigueur le 1er mars 1994 et consacrent ainsi le principe selon lequel
toute infraction suppose un agissement coupable avec une inten-
2.3.1 Responsabilité personnelle des salariés tion consciente.
dans le Code du travail L’intention consciente correspond à une exigence constitution-
nelle : en effet, le Conseil constitutionnel a estimé, dans une déci-
L’article L.230-3 du Code du travail dispose que chaque tra-
sion en date du 16 juin 1999, qu’« il résulte de l’article 9 de la
vailleur doit prendre soin, en fonction de sa formation et selon ses
Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, s’agissant des
possibilités, de sa sécurité et de sa santé ainsi que de celle des
crimes et délits, que la culpabilité ne saurait résulter de la seule
autres personnes concernées du fait de ses actes ou omissions au
imputabilité matérielle d’actes pénalement sanctionnés ; qu’en
travail. Ces diligences s’accomplissent conformément aux instruc-
conséquence, et conformément aux dispositions combinées de
tions qui lui sont données par son employeur.
l’article 9 précité et du principe de légalité des délits et des peines
L’article L.263 du Code du travail confirme ce principe en pré- affirmé par l’article 8 de la même Déclaration, la définition d’une
voyant une amende pouvant aller jusqu’à 3 750 € à l’encontre non incrimination, en matière délictuelle, doit inclure, outre l’élément
seulement des chefs d’établissement, directeurs, gérants mais matériel de l’infraction, l’élément moral, intentionnel ou non, de
aussi à l’encontre des préposés ayant commis une faute person- celle-ci (...). » (décision no 99-411 du 16 juin 1999).
nelle. Cependant, avant l’entrée en vigueur du nouveau Code pénal, il
En s’arrêtant à la lettre sur ces deux articles du Code du travail, existait de nombreux délits non intentionnels qualifiés par la doc-
on pourrait croire que les salariés travaillant sur un site industriel trine de « délits matériels » du fait de la quasi-inexistence de leur
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élément intentionnel. Les « délits matériels » étaient constitués en d’une amende pouvant atteindre 3 750 €. L’amende est appliquée
l’absence de toute faute intentionnelle, mais aussi de toute faute autant de fois qu’il y a de salariés dans l’entreprise concernée par
d’imprudence ou de négligence. Les agissements matériels suffi- la ou les infractions relevées dans le procès-verbal de l’inspecteur
saient à constituer l’infraction. du travail (art. L.263-2 du Code du travail).
Le caractère matériel de ces délits a été supprimé par la loi Toujours en l’absence d’accident, mais au cas où une personne
no 92-1336 du 16 décembre 1992, dite loi d’adaptation relative à est exposée directement à un risque immédiat de mort ou de bles-
l’entrée en vigueur du nouveau Code pénal et à la modification de sures de nature à entraîner une mutilation ou une infirmité perma-
certaines dispositions de droit pénal et de procédure pénale ren- nente, à la suite d’une violation manifestement délibérée d’une
due nécessaire par cette entrée en vigueur. L’article 339 ne laisse obligation particulière de sécurité ou de prudence imposée par la
subsister que les délits non intentionnels antérieurs à l’entrée en loi ou le règlement, la personne en cause risque une peine
vigueur de cette loi. Ainsi, les seules infractions matérielles sub- d’emprisonnement pouvant atteindre un an et une amende pou-
sistant dans notre droit pénal sont les contraventions. vant aller jusqu’à 15 000 €.
Mais le garde des sceaux a indiqué, dans sa circulaire commen-
tant le nouveau Code pénal, que la répression ne s’en trouvera pas Si un accident intervient, le barème suivant s’applique :
limitée dans la mesure où la plupart des « délits matériels » — en cas de décès, une peine d’emprisonnement pouvant
concernaient des professionnels pour lesquels le non-respect de la atteindre cinq ans et/ou une amende jusqu’à 75 000 € (art. 221.6 du
réglementation constituaient nécessairement une négligence ou Code pénal) ;
une imprudence fautive (circulaire du 14 mai 1993 sur le commen-
taire des dispositions de la partie législative du nouveau Code — en cas d’accident entraînant une incapacité totale de
pénal (livres I à V) et des dispositions de la loi du 16 décembre 1992 travail de plus de trois mois, une peine d’emprisonnement pou-
relative à son entrée en vigueur). vant atteindre trois ans et/ou une amende pouvant aller jusqu’à
45 000 € (art. 222.19 du Code pénal) ;
La jurisprudence montre en effet que les infractions d’homicide
ou blessures involontaires s’appuient sur une présomption de — en cas d’accident entraînant une incapacité totale de travail
faute des dirigeants ou des salariés disposant d’une compétence d’une durée inférieure ou égale à trois mois, une peine d’empri-
sur les questions d’hygiène et sécurité. sonnement pouvant atteindre un an et/ou une amende pouvant
aller jusqu’à 15 000 €.
Exemple : à la suite du décès par électrocution d’un monteur en
caténaire, des poursuites pénales ont été exercées, pour homicide
involontaire et infractions à la réglementation à la sécurité sur les chan-
tiers en matière de travaux électriques, à l’encontre du chef d’équipe
présent sur le chantier et du directeur du groupe caténaire de l’entre- 3. Délégation de pouvoir
prise de BTP, ce dernier étant titulaire d’une délégation de pouvoirs
écrite en matière de sécurité. Ce dernier a néanmoins été relaxé alors
que le chef de chantier a été condamné pénalement. En effet, le pré- 3.1 Délégation : seul moyen
venu avait prescrit à la victime l’exécution de son travail au mépris des
règles de sécurité et en toute conscience du danger qu’il lui faisait cou- d’exonération de responsabilité
rir, de plus il était titulaire de la carte d’habilitation caténaire no 3 dont la pénale pour le dirigeant
délivrance impliquait un enseignement particulièrement poussé des
mesures de sécurité. En outre, le directeur du groupe caténaire de
l’entreprise avait pu démontrer qu’il s’attachait à former de manière La responsabilité pénale des infractions est généralement attri-
théorique et pratique son personnel et qu’il ne conférait de responsabi- buée au dirigeant occupant le poste le plus élevé de la hiérarchie,
lités qu’aux personnes qui s’étaient révélées aptes à l’issue des stages c’est-à-dire le représentant légal ou le chef d’établissement. En tant
de formation ; ce qui avait été le cas du prévenu qui bénéficiait en outre que tel, le dirigeant doit veiller personnellement et à tout moment
d’une expérience dans ses fonctions de 7 années (arrêt de la Cour de à la stricte et constante application des dispositions légales ou
cassation, ch. criminelle, du 14 février 1991, Bulletin criminel § no 79, réglementaires.
p. 197). Cette obligation générale de sécurité rend le dirigeant coupable
de tous les manquements à la sécurité commis par ses préposés.
2.3.3 Existence d’un cas de force majeure Il commet une faute personnelle si un de ses préposés en commet
une au regard des règles de sécurité car il doit prendre toutes les
L’article 122-2 du Code pénal dispose : « N’est pas pénalement mesures requises pour que ceux-ci n’en commettent pas.
responsable la personne qui a agi sous l’empire d’une force ou Exemple : le directeur de l’usine, qui n’a pas mis en place la sécu-
d’une contrainte à laquelle elle n’a pu résister ». rité requise, a commis une faute personnelle engageant sa responsabi-
Le principe est que la contrainte abolit la volonté du prévenu qui, lité pénale alors même que l’origine exacte de l’accident n’était pas
malgré lui, se trouve obligé de commettre une infraction. La force connue et était même contestée (arrêt de la Cour de cassation, ch. cri-
majeure doit revêtir, en particulier, le caractère d’imprévisibilité qui minelle du 2 décembre 1997, inédit no 97-80008 ; cf. § 2.2.1 pour la
est mal admis en matière d’accident du travail. description des faits).
Exemple : le desserrement intempestif d’un écrou ayant neutralisé Aux termes d’une jurisprudence constante, la faute de la victime,
le système de sécurité d’une presse n’était pas imprévisible dans la le caractère coûteux des mesures de sécurité, l’éloignement du
mesure où « l’éventualité d’un dérèglement du système de sécurité, dirigeant ou encore l’accord du personnel pour écarter les mesures
loin d’avoir été imprévisible pour l’employeur, aurait pu être efficace- de sécurité ne font pas disparaître la responsabilité pénale du
ment combattue par des mesures préventives appropriées. » (arrêt de directeur d’établissement.
la Cour de cassation, ch. criminelle, du 2 mars 1977, Bulletin criminel
§ no 85, p. 202).
La seule cause d’exonération réelle du dirigeant est donc la
délégation de pouvoirs :
2.3.4 Sanctions — expresse en faisant signer un document au préposé ;
Tant qu’il n’y a pas d’accident, les infractions aux règles — implicite en donnant de fait à un préposé le pouvoir qui
d’hygiène et de sécurité prévues par le Code du travail sont punies permet d’éviter l’accident.
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Si l’attribution d’une fonction de contrôle à une personne qui est pénale sans écrit dans la mesure où le chef d’équipe était investi
totalement étrangère à l’entreprise ne constitue pas une délégation des moyens et d’une autorité lui permettant, en sus de sa
valable, l’existence d’un lien salarial direct entre le chef d’entre- compétence professionnelle, de veiller à la sécurité dans l’exercice
prise et le délégataire n’est pas nécessaire : trois arrêts de principe de ses fonctions.
concernant la même affaire ont retenu la validité d’une délégation
faite à un membre d’une société filiale : « Rien n’interdit au chef ■ Refus d’admettre une délégation malgré l’existence
d’un groupe de société et président de la société chargé des tra- d’un écrit
vaux, de déléguer ses pouvoirs en matière d’hygiène et de sécurité Exemple : le chef du département décapage-laminage, et titulaire
au dirigeant d’une autre société du groupe placé sous son autorité d’une délégation de pouvoirs en matière d’hygiène et de sécurité, a été
hiérarchique. » (arrêt de la Cour de cassation, ch. Criminelle, du déclaré coupable d’homicide involontaire et d’infraction à la réglemen-
26 mai 1994, Bulletin criminel § no 208, p. 486). tation concernant les engins de levage après le décès d’un opérateur
La portée de cette jurisprudence en est double : P1 à la suite d’une chute au cours d’une opération de manutention d’un
— d’une part, le droit pénal ne se préoccupe pas du cloisonne- équipement de montage. La mort a été provoquée par écrasement lors
ment résultant de l’existence de plusieurs personnalités morales de la manœuvre d’un pont roulant destiné à déplacer un appareil de
différentes du moment que ce cloisonnement autorise en pratique 2,5 t pour permettre l’entretien d’une cage de laminage. Un même
une délégation effective ; ouvrier était à la fois opérateur et signaleur, mais n’avait pas une vue
— d’autre part, par voie de conséquence, c’est le pouvoir hiérar- d’ensemble des autres opérateurs.
chique qui est, quelle que soit sa source, la condition préalable et Les juges ont écarté l’argument du prévenu qui se défendait en
nécessaire de la délégation. déclarant avoir délégué sa responsabilité pénale, pour la période
L’existence d’un contrat de travail est un élément en faveur de la de ses congés, en prenant une note de services sur des opérations
reconnaissance d’une délégation valable. à accomplir en son absence sous le contrôle d’un ingénieur. Il sem-
ble que les juges aient considéré que cette simple note de services
ne valait pas transfert de la compétence, de l’autorité et des
3.3.4 Forme de la délégation moyens dont était investi le prévenu et que donc cette note de ser-
L’écrit n’est pas exigé par la jurisprudence. Dans l’affaire du sala- vices ne valait pas délégation de responsabilité pénale.
rié électrocuté (cf. § 2.3.2), la Cour de cassation a conclu que le pré- Alors même qu’il n’était pas présent sur le chantier (puisqu’en
venu « avait été régulièrement subdélégué par le directeur du vacances), le prévenu a été considéré comme étant celui qui avait
groupe caténaire pour ce qui concernait la sécurité de son gardé le pouvoir d’éviter l’accident : après avoir constaté que le
chantier ». Pourtant, cet arrêt ne vise aucune délégation écrite de la prévenu était pourvu de la compétence, de l’autorité et des
part de ce directeur vis-à-vis du prévenu ; l’arrêt ne vise qu’une moyens nécessaires à l’exercice de sa mission, les juges l’ont
délégation de pouvoirs reçue par le directeur, probablement de la condamné pour ne pas avoir accompli les diligences normales qui
part d’un représentant légal de l’entreprise. Cette affaire semble lui incombaient pour assurer le respect des règles relatives à la
donc considérer qu’il peut y avoir une subdélégation de responsa- sécurité des travailleurs chargés d’effectuer en son absence les tra-
bilité pénale de fait lorsqu’une personne est investie des moyens vaux prévus au cours de cette période et qui exigeaient des pré-
et d’une autorité lui permettant, en sus de sa compétence profes- cautions particulières.
sionnelle, de veiller à la sécurité dans l’exercice de ses fonctions En effet, la manœuvre prévue avait un caractère exceptionnel et
(arrêt de la Cour de cassation, ch. Criminelle, du 14 février 1991, un mode opératoire aurait dû être concrètement défini, avant l’exé-
Bulletin criminel § no 79 p. 197). cution des travaux, avec une équipe spécialisée nantie de
La preuve de la délégation peut donc être apportée par tout consignes particulières et non, comme en l’espèce, en utilisant des
moyen. salariés intérimaires (arrêt de la Cour de cassation, ch. criminelle,
Par précaution, il convient d’établir un écrit pour la délégation. du 17 juin 1997, Bulletin criminel § no 237, p. 788).
Le juge doit en effet vérifier si le salarié, qui a reçu la délégation, ■ Délégation écrite sans effet
dispose de la qualification et de l’autorité nécessaire et s’il a
compris l’engagement qu’il a ainsi reçu. L’écrit facilitera cette La Cour de cassation a retenu que même en présence d’une
recherche en donnant le périmètre et les conditions de la déléga- délégation écrite celle-ci pouvait être dénuée de validité dès lors
tion. qu’il n’est pas rapporté, nonobstant l’existence d’un écrit, l’exis-
tence d’une délégation certaine et exempte d’ambiguïté (arrêt
de la Cour de cassation, ch. criminelle, du 4 juin 1998, inédit
3.4 Délégation de fait et de droit no 97-81186).
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En matière de maintenance, de nombreux décrets relatifs à la l’évaluation des risques. L’existence de ce support traduit un souci
sécurité dans l’entreprise et appliquant le principe de prévention de transparence et de fiabilité de nature à garantir l’authenticité de
avec l’évaluation des risques en amont ont vocation à s’appliquer, l’évaluation des risques.
par exemple ceux concernant :
■ Loi Informatique et Libertés
— le document d’analyse des risques établi par le Comité
d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT) ; L’employeur, ou les cadres responsables des traitements infor-
— les fiches de données de sécurité réalisée par les fabricants de matisés du document unique, sont tenus à une déclaration auprès
produits chimiques ; de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL)
— le plan de coordination en matière de sécurité et de protection dès lors que le document unique sous forme électronique
de la santé dont le respect est contrôlé par un coordinateur de sécu- comporte des données nominatives. À défaut, des sanctions péna-
rité (décret no 94-1159 du 26 décembre 1994 relatif à l’intégration les sont possibles.
de la sécurité et à l’organisation de la coordination en matière de ■ Contenu du document unique
sécurité et de protection de la santé lors des opérations de bâtiment
ou de génie civil et modifiant le Code du travail dans sa deuxième L’article L.230-2 du Code du travail énumère des risques devant
partie – art. R.2381 et suivants du Code du travail). être évalués (sans que cette liste ne soit d’ailleurs limitative) et l’arti-
cle R.230-1 de ce même code prévoit que le chef d’entreprise dresse
Deux décrets, intéressent particulièrement les responsables un « inventaire des risques identifiés dans chaque unité de travail. »
maintenance :
La circulaire du 18 avril 2002 précise que les documents déjà
— le décret no 2001-1016 du 5 novembre 2001 portant création existants peuvent servir de sources d’information utiles : le docu-
d’un document relatif à l’évaluation des risques pour la santé et la ment d’analyse des risques fait par le CHSCT ou les fiches de
sécurité des travailleurs prévue par l’article L. 230-2 du Code du tra- données de sécurité concernant les produits chimiques (§ 2.1.2 in
vail et modifiant le Code du travail dans sa deuxième partie – art. fine de la circulaire).
R.230-1 du Code du travail ;
Cet inventaire ne se réduit pas à un relevé brut des données issu
— décret no 92-158 du 20 février 1992 complétant le Code du tra-
de l’identification des dangers potentiels ou réels au sein de
vail et fixant les prescriptions particulières d’hygiène et de sécurité
l’entreprise, mais consiste également en une analyse des risques,
applicables aux travaux effectués dans un établissement par une
résultat de l’étude des conditions d’exposition des travailleurs à
entreprise extérieure – art. R.237-1 à R.237-28 du Code du travail).
ces dangers (§ 2.1.2 de la circulaire). À titre d’exemple, le rythme
du travail et la durée du travail, pris isolément, pourraient ne pas
constituer un danger pour les travailleurs. Cependant, l’association
4.2 Évaluation des risques de ces deux facteurs pourrait être susceptible de porter atteinte à
dans l’entreprise : la santé et à la sécurité du travail.
le rôle du document unique La notion d’unité de travail doit être comprise au sens large. Son
champ peut se réduire à un poste de travail ou s’étendre à plu-
L’article L.230-2 du Code du travail, issu de la loi du 31 décembre sieurs postes de travail présentant les mêmes caractéristiques. En
1991 dispose que le chef d’entreprise est obligé d’évaluer les ris- outre, une unité de travail peut englober plusieurs lieux géographi-
ques au sein de son entreprise. ques différents mais les regroupements opérés par le chef d’entre-
Suite à l’accident dramatique de Toulouse en septembre 2001, le prise ne doivent pas occulter les particularités de certaines
décret du 5 novembre 2001 concrétise le dispositif général mis en expositions individuelles.
place par la loi du 31 décembre 1991 en introduisant deux disposi- ■ Mise à jour du document unique (§ 2.2 de la circulaire)
tions réglementaires dans le Code du travail :
La mise à jour du document unique, qui s’inscrit dans une
— l’article R.230-1 du Code du travail précise le contenu de l’obli- démarche dynamique et évolutive, est destinée à disposer d’un
gation pour l’employeur de créer et conserver un document unique document à jour malgré les perpétuelles mutations et s’articule
transcrivant les résultats de l’évaluation des risques à laquelle il a autour de trois obligations imposées au chef d’entreprise :
procédé ;
— une mise à jour au moins une fois par an. Cette périodicité est
— l’article R.263-1-1 du Code du travail assortit de sanctions
purement indicative et ne justifie pas une obsolescence du docu-
pénales le non-respect par l’employeur des différentes obligations
ment unique durant l’année ;
auxquelles celui-ci est dorénavant soumis en matière d’évaluation
des risques. — une mise à jour en cas de décision d’aménagements impor-
tants (transformation importante des postes de travail découlant de
Le responsable maintenance joue un rôle prépondérant pour la modification de l’outillage, d’un changement de produit ou de
l’analyse des risques existant sur les postes de travail sur lesquels l’organisation du travail, ou modification des cadences et des
il intervient. normes de productivité liées ou non à la rémunération du travail -
La circulaire du 18 avril 2002 apporte des commentaires aux Article L.236-2 septième alinéa du Code du travail) ;
inspecteurs du travail en donnant des éléments de droit et de — une mise à jour « lorsqu’une information supplémentaire
méthode utiles pour promouvoir le document unique d’évaluation concernant l’évaluation d’un risque dans une unité de travail est
des risques et en faciliter la compréhension par les acteurs externes. recueillie » (article R.230-1 troisième alinéa du Code du travail).
Les commentaires ci-après sont tirés de cette circulaire du 18 avril Cette mise à jour est liée au retour d’expérience (survenance d’acci-
2002. dents du travail, de maladies professionnelles, ...) et à l’évolution
des connaissances scientifiques et techniques (risques chimiques
par exemple) et aux modifications des textes de lois (prise en
4.2.1 Établissement du « document unique » compte des risques psychosociaux, par exemple).
■ Caractère d’unicité
Le décret exige qu’il n’y ait qu’un document pour assurer : 4.2.2 Personnes amenées à connaître
— cohérence : regrouper sur un seul support l’ensemble des le document unique
données issues de l’analyse des risques professionnels ;
■ Acteurs internes à l’entreprise
— commodité : il est plus facile d’assurer le suivi d’un seul docu-
ment que de plusieurs ; Il s’agit :
— traçabilité : ce document, qui peut être écrit ou numérique, — des instances représentatives du personnel (CHSCT, délégués
doit être utilisé de façon systématique pour reporter les résultats de du personnel et instances équivalentes dans les établissements
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appel à un prestataire extérieur de petite taille ne proposant pas de l’accomplissement d’actes de commerce par toute personne
beaucoup d’avantages sociaux à ses employés. Il se peut même physique ou morale qui se soustrait de manière intentionnelle à
que la petite entreprise ne respecte pas les règles du Code du ses obligations :
travail. — d’immatriculation au registre du commerce et des sociétés ou
En requalifiant la situation de cette personne et en décidant au répertoire des métiers (pour les artisans) ;
qu’elle est, en fait, un salarié du client donneur d’ordres, le juge — de déclarations sociales et fiscales.
constate alors qu’elle ne bénéficie pas des avantages accordés par
ce dernier, ou par la loi ou une convention collective, puisque son ■ Dissimulation d’emplois salariés
régime social est celui moins favorable que le prestataire extérieur Il s’agit pour un employeur de se soustraire intentionnellement
lui accorde. à l’accomplissement de l’une des formalités suivantes :
■ Jurisprudence — remise d’un bulletin de paie ou mention du nombre exact
Le préjudice causé au salarié peut être financier. d’heures travaillées (le fait d’indiquer un nombre inférieur au
nombre d’heures réellement effectué est une infraction pénale) ;
Exemple : les salariés du prestataire étaient privés « des garanties — déclaration nominative préalable à l’embauche.
légales en matière d’embauchage et de licenciement, du bénéfice des
conventions collectives et des avantages sociaux conférés aux salariés
permanents de la RNUR » (arrêt de la Cour de cassation, ch. criminelle, 6.1.3 Formalités destinées à lutter contre le travail
du 25 avril 1989, Bulletin criminel § no 170, p. 437). dissimulé
Le préjudice peut résulter du non-bénéfice d’avantages. ■ Formalités à l’embauche
Exemple : « les salariés ne bénéficiaient pas de la protection résul- Il s’agit des formalités suivantes :
tant, dans les entreprises auprès desquelles ils étaient détachés, de la
représentation du personnel et de l’action des organisations syndi- — déclaration préalable à l’embauche : l’embauche d’un salarié
cales » (arrêt de la Cour de cassation, ch. criminelle, du 25 juin 1985, ne peut intervenir qu’après déclaration nominative effectuée par
Bulletin criminel § no 250). l’employeur auprès des organismes de protection sociale ;
— obligation de l’employeur vis-à-vis du salarié : l’accusé de
■ Sanctions réception envoyé par l’URSSAF comporte un volet détachable
Ce sont les mêmes que pour l’infraction aux dispositions de mentionnant les informations contenues dans la déclaration que
l’article L.125-3 du Code du travail (cf. § 5.2.4). l’employeur doit remettre sans délai au salarié. Cette obligation de
remise est considérée comme satisfaite si le salarié dispose d’un
contrat de travail écrit, accompagné de la mention de l’organisme
destinataire de la déclaration préalable d’embauche ;
6. Travail clandestin — contrôle : l’employeur doit présenter à toute réquisition des
agents de contrôle habilités soit l’accusé de réception que lui a
ou dissimulé adressé l’URSSAF, soit, tant qu’il ne l’a pas reçu, les éléments per-
mettant de vérifier qu’il a bien procédé à la déclaration (avis de
réception, double de la lettre d’envoi). Il faut aussi, notamment, jus-
Textes : tifier la commande en pouvant présenter un devis, un bon de
— articles L.324-9 à L.324-15 du Code du travail ; commande ou un contrat (art. L.324-12 du Code du travail) ;
— articles R.324-1 à R.324-9 du Code du travail. — réglementation de la publicité concernant une offre de
services ou une annonce destinée à faire connaître l’activité pro-
fessionnelle : la loi no 96-603 du 5 juillet 1996 relative au dévelop-
pement et à la promotion du commerce et de l’artisanat impose aux
6.1 Régime juridique personnes responsables de s’identifier (art. L.324-11-2 du Code du
travail).
6.1.1 Interdictions légales
■ Obligation d’information sur les chantiers
La loi no 97-210 du 11 mars 1997 a renforcé la lutte contre le tra-
Il s’agit des obligations suivantes :
vail clandestin, qui est désormais identifiée sous le vocable
« travail dissimulé ». L’interdiction porte sur les éléments sui- — affichage sur les chantiers : tout entrepreneur travaillant sur un
vants (art. L.324-9 du Code du travail) : chantier ayant donné lieu à la délivrance d’un permis de construire
— l’exécution d’un travail totalement ou partiellement dissi- doit, pendant la durée d’affichage du permis, afficher sur ce chantier
mulé ; son nom, sa raison ou sa dénomination sociale ainsi que son
adresse (art. R.324-1 du Code du travail) ;
— les publicités, par quelque moyen que ce soit, tendant à favo-
riser, en toute connaissance de cause, le travail dissimulé ; — obligations des entreprises extérieures : des chefs d’entre-
— le fait d’avoir recours sciemment, directement ou par person- prises extérieures doivent faire connaître par écrit à l’entreprise uti-
nes interposées, aux services de celui qui exerce un travail dissi- lisatrice la date de l’arrivée, la durée prévisible de leur intervention,
mulé. le nombre prévisible de salariés affectés, le nom et la qualification
de la personne chargée de diriger l’intervention. Ils sont également
Toutefois, ces interdictions ne s’appliquent pas aux travaux tenus de lui faire connaître les noms et références de leurs sous-
d’urgence dont l’exécution immédiate est nécessaire pour prévenir traitants, le plus tôt possible et en tout état de cause avant le début
les accidents imminents ou organiser des mesures de sauvetage. des travaux effectué par ceux-ci, ainsi que l’identification des
travaux sous-traités (art. R.237-4 du Code du travail concernant les
6.1.2 Formes du travail dissimulé plans de prévention) ;
— information des agents de contrôle et de prévention : les chefs
L’article L.324-10 du Code du travail distingue deux formes. de l’entreprise utilisatrice et des entreprises extérieures tiennent ces
informations à la disposition des personnes habilitées. En outre, les
■ Dissimulation d’activité chefs des entreprises extérieures fournissent à l’inspection du tra-
Il s’agit de l’exercice à but lucratif d’une activité de production, vail, sur demande de celui-ci, l’état des heures réellement passées
de transformation, de réparation ou de prestation de services ou par les salariés qu’ils affectent à l’exécution de l’opération.
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■ Sanctions pénales Une attestation sur l’honneur établie par ce cocontractant, certi-
fiant que le travail sera réalisé avec des salariés employés de façon
Les personnes susceptibles d’être poursuivies sont celles qui : régulière, doit être remise.
— exercent un travail dissimulé ;
■ La présentation par le client de la copie des documents qui lui ont
— ont recours sciemment, directement ou par personnes inter-
été remis par son cocontractant permet de considérer qu’il a pro-
posées, aux services qui exercent un travail dissimulé ;
cédé aux vérifications imposées par la loi et l’exonère de la solida-
— par publicité tendent à favoriser, en toute connaissance de rité pécuniaire, sauf fraude ou collusion avérée (art. L.324-14 du
cause, le travail dissimulé. Code du travail a contrario ).
Les personnes morales sont aussi passibles d’une « responsa-
bilité pénale » (cf. § 2.1) (art. L.362-6 du Code du travail).
Les peines sont l’emprisonnement pouvant atteindre deux ans
et/ou une amende pouvant aller jusqu’à 30 000 € (art. L.362-3 du 7. Environnement
Code du travail).
Le tribunal peut ordonner que le jugement de condamnation Le lecteur pourra se reporter aux volumes « Environnement » et
soit publié intégralement ou par extraits dans les journaux qu’il notamment à la rubrique « Déchets ».
désigne et affiché dans les lieux qu’il indique pendant une durée de La grande loi du 15 juillet 1975 relative à l’élimination des
15 jours. déchets et à la récupération des matériaux qui donnait les règles
Outre les peines d’emprisonnement et d’amende, les infractions de base en matière de gestion des déchets n’existe plus. Ses dis-
à l’interdiction du travail clandestin peut donner lieu à des peines positions ont été rassemblées avec bien d’autres textes (par exem-
complémentaires telles que : ple la loi du 16 juillet 1976 sur les installations classées) dans le
Code de l’environnement.
— la confiscation des outils (machines, matériaux, véhicules uti-
lisés ou stockés qui ont servi à commettre l’infraction ou ont été uti- Les pollutions de nature à engendrer la responsabilité des indus-
lisés à cette occasion) ; triels peuvent être d’origines diverses (pollution de l’air, du sol, du
— la confiscation des biens et des produits (sur lesquels a porté sous-sol ou des eaux) et les textes applicables sont nombreux,
le travail clandestin) ; détaillés et complexes.
— l’interdiction des droits civiques. « Nul n’est censé ignorer la loi ». Toutefois, une approche de bon
sens permet d’éviter dans de nombreux cas le tribunal
correctionnel : il suffit de comprendre qu’il est interdit d’abandon-
ner sur le sol n’importe quoi, de jeter dans l’eau n’importe quoi et
6.3 Recommandations de rejeter dans l’atmosphère n’importe quoi.
Les entreprises doivent se faire remettre par leurs cocontractants
une attestation sur l’honneur indiquant s’ils ont ou non l’intention
de faire appel, pour l’exécution du contrat, à des salariés de natio-
7.1 Lignes directrices du Code
nalité étrangère et, dans l’affirmative, certifiant que ces salariés de l’environnement en matière
sont ou seront autorisés à exercer une activité professionnelle en d’élimination des déchets
France.
■ Lors de la conclusion d’un contrat dont l’objet porte sur une obli- 7.1.1 Élimination, valorisation et recyclage
gation d’un montant au moins égale à 3 000 €, le client doit se faire
remettre par son prestataire de services les documents suivants (art. Un déchet correspond à « tout résidu d’un processus de produc-
R.324-7 du Code du travail). tion, de transformation ou d’utilisation, toute substance, matériau,
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produit ou, plus généralement, tout bien meuble abandonné ou ■ Élimination par voie interne
que son détenteur destine à l’abandon » (art. L.541-1 du Code de D a n s l e b u t d e r é c u p é r e r s o i t d e l a ch a l e u r, s o i t d e s
l’environnement). sous-produits, l’entreprise peut elle-même procéder à l’élimination
Le Code de l’environnement dégage plusieurs types de déchets : de ses déchets.
— les déchets ménagers et assimilés (résidus urbains, ordures Ce traitement en interne des déchets est soumis à une législation
ménagères, déchets municipaux) ; particulière puisque l’article L.541-25 du Code de l’environnement
— les déchets agricoles (résidus d’engrais, de pesticides) ; fait entrer les installations d’élimination des déchets dans le cadre
— les déchets industriels dont la gestion en vue de leur retraite- de l’ancienne loi du 16 juillet 1976 sur les installations classées
ment ou de leur élimination ainsi que leur stockage et leur transport (devenue les articles L.511-1 et suivants du Code de l’environne-
éventuel doivent faire l’objet de procédures adaptées car les effets ment) et ce, quel qu’en soit l’exploitant.
préjudiciables de ces déchets subsistent tant qu’ils n’ont pas été éli-
L’entreprise traitant en interne ses déchets devra donc :
minés.
— solliciter une autorisation ou faire une déclaration à la préfec-
La plupart des déchets industriels présentent des caractéristi- ture dans le ressort de laquelle l’installation est implantée (décret
ques qui les différencient des déchets urbains ou agricoles. Parmi du 21 septembre 1977) ;
les déchets industriels, on trouve :
— établir la manière dont son projet sera compatible avec le
— les déchets banals, ils sont assimilés par leur composition aux plan d’élimination des déchets.
déchets ménagers ;
— les déchets inertes qui ne sont susceptibles d’aucune évolu- En cas d’exploitation sans autorisation, l’exploitant s’expose à
tion physique, chimique ou biologique ; des sanctions pénales : jusqu’à 75 000 € d’amende et/ou jusqu’à
1 an de prison ; jusqu’à 1 500 € d’amende en l’absence de déclara-
— les déchets industriels spéciaux (DIS) qui contiennent des pol-
tion. De plus, l’exploitant s’expose à des sanctions administratives
luants spécifiques.
(consignations, travaux d’office, suspension) et peut se voir inter-
Après la loi du 15 juillet 1975, une politique ambitieuse s’est des- dire d’utiliser l’installation jusqu’à l’obtention de l’autorisation
sinée dans les années 1990 pour développer la prévention, la valo- administrative.
risation et le recyclage dans le cadre de directives européennes.
■ Élimination par voie externe
Cette politique a eu pour conséquence la limitation à partir du
1er juillet 2002, normalement, du stockage des déchets aux seuls La plupart des industriels confient leurs déchets à des centres de
déchets ultimes, c’est-à-dire ceux qui ne sont plus susceptibles traitements des déchets pour échapper à la législation sur les ins-
d’être traités dans les conditions économiques et techniques du tallations classées (les coordonnées des centres de traitements des
moment, notamment par extraction de leur part valorisable ou par déchets peuvent être consultées au sein des DRIRE et aux agences
réduction de leur caractère polluant ou dangereux. locales de l’ADEME).
Pour les déchets non ultimes, il convient de recourir à la valori- L’élimination des déchets par voie externe suppose alors un
sation dans la mesure du possible. En tout état de cause, il faut les transfert des déchets vers un tiers dans des conditions variables
traiter conformément au Code de l’environnement car est puni suivant leur nature.
d’emprisonnement pouvant atteindre deux ans et d’une amende
pouvant aller jusqu’à 75 000 € (art. L.541-46 du Code de l’environ-
nement) notamment le fait : 7.1.3 Deux types de déchets industriels résultant
— d’abandonner, de déposer ou de faire déposer des déchets en
d’une activité de maintenance : les huiles
contravention des multiples règlements applicables ; usagées et les déchets d’emballages
— d’effectuer le transport ou le négoce de déchets sans satisfaire ■ Réglementation de l’élimination des huiles usagées
aux multiples règlements applicables, en particulier l’arrêté du 4
janvier 1985 sur le contrôle des circuits d’élimination des déchets En raison de leur caractère très polluant pour les milieux où elles
générateurs de nuisance. Cet arrêté prévoit un bordereau de suivi sont déversées, les huiles usagées sont l’objet de l’une des pre-
des déchets industriels sur lequel doivent figurer la nature du mières réglementations édictées en matière de déchets industriels
déchet, ses principales caractéristiques physiques ou chimiques, (directive no 75-439 du 16 juin 1975 concernant l’élimination des
son caractère dangereux éventuel ainsi que sa filière de destination huiles usagées - modifiée et complétée par la directive 87/101 du
choisie ; 22 décembre 1986). En France, le décret no 79-981 du 21 novembre
— de faire obstacle aux contrôles de l’administration. 1979 (plusieurs fois modifié), portant réglementation de la récupé-
ration des huiles usagées et transposant la directive du 16 juin
1975, impose un ramassage le plus exhaustif possible des huiles
7.1.2 Élimination des déchets industriels usagées et une valorisation optimale des huiles collectées.
■ L’entreprise et ses déchets industriels : À ce titre, tous les acteurs de la chaîne d’utilisation et d’élimina-
comment les éliminer légalement ? tion des huiles usagées sont concernés :
En fonction de la nature des déchets, les moyens d’élimination — le détenteur des huiles usagées est chargé de les stocker dans
et les obligations des opérateurs ne seront pas les mêmes. des conditions satisfaisantes et de veiller à ne pas les mélanger à
un quelconque autre déchet ou produit, celui-ci devant ensuite
Aux termes de l’article L.541-2 du Code de l’environnement, confier les huiles usagées à un ramasseur agréé ou les transporter,
« toute personne qui produit ou détient des déchets dans des également sans mélange, à destination d’un éliminateur agréé ;
conditions de nature à produire des effets nocifs sur le sol, la flore — le ramasseur est chargé du regroupement, de la collecte ou
et la faune, à dégrader les sites ou les paysages, à polluer l’air ou du transport jusqu’au site d’élimination des huiles usagées pro-
les eaux, à engendrer des bruits et des odeurs, et, d’une façon géné- duites dans une zone géographique déterminée dès lors que le
rale, à porter atteinte à la santé de l’homme et à l’environnement, détenteur ne les aurait pas directement affrétées. Ce transport
est tenue d’en assurer ou d’en faire assurer l’élimination confor- s’effectue selon des conditions strictes de ramassage (tenant
mément aux dispositions de la présente loi, dans des conditions compte de la qualité des huiles et du tonnage ramassé) ;
propres à éviter lesdits effets ». — l’éliminateur, à qui il a été accordé la faculté d’exploiter une
Compte tenu des contraintes imposées par la législation, il est de installation de traitement de déchets industriels pouvant conserver
plus en plus fréquent que les industriels n’assument pas eux- des huiles usagées, est chargé de procéder à la valorisation des
mêmes cette obligation et fassent appel à des tiers. huiles usagées, dans des conditions non préjudiciables pour l’envi-
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ronnement et pour la santé publique (le brûlage des huiles est ainsi ment responsable de ses actes préjudiciables à l’environnement,
interdit). mais aussi de ceux qu’il fait commettre à ses employés. Cette obli-
Au niveau de la maintenance, il appartient donc au responsable gation pèse fortement sur le chef d’établissement lorsque l’entre-
interne ou au prestataire de maintenance de procéder au stockage prise dispose de plusieurs sites industriels.
puis, le cas échéant, de s’adresser à un ramasseur et/ou à un élimina- Ainsi, le Code de l’environnement dispose dans sa partie relative
teur français ou d’un autre État membre de l’Union européenne en à l’élimination des déchets que les dirigeants d’entreprise répon-
conformité avec la réglementation. Ainsi, l’entreprise devra être titu- dent des infractions qu’il ont fait commettre et des infractions
laire d’un agrément délivré par la préfecture si elle est française (par matériellement réalisées par leurs préposés : sont pénalement res-
exemple, la procédure de délivrance de l’agrément du ramasseur ponsables « tous ceux qui, chargés à un titre quelconque de la
des huiles usagers est définie par l’arrêté du 28 janvier 1999 relatif direction, de la gestion ou de l’administration de toute entreprise
aux conditions de ramassage des huiles usagées). ou établissement, ont sciemment laissé méconnaître par toute per-
Il peut lui être reproché de ne pas avoir vérifié que le stockage sonne relevant de leur autorité ou de leur contrôle » les interdic-
des huiles usagées fait l’objet d’une interdiction par le maire ou le tions figurant à l’article L.541-46 du Code de l’environnement
préfet du lieu dans lequel ces huiles sont entreposées en attendant prévoyant une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à deux
d’être transportées ou ramassées. ans et/ou une amende pouvant atteindre 75 000 € le fait, notam-
ment, d’abandonner ou déposer de manière irrégulière des déchets
■ Réglementation de l’élimination des déchets d’emballages ou encore de les faire transporter sans satisfaire aux prescriptions
autres que ceux abandonnés par les ménages du Code de l’environnement » (art. 541-48 du Code de l’environne-
Le décret no 94-609 du 13 juillet 1994 sur l’élimination des ment).
déchets et à la récupération des déchets d’emballage dont les Exemple : un chef d’entreprise s’est vu condamné pour pollution
détenteurs ne sont pas les ménages prévoit que l’élimination de de cours d’eau parce qu’il n’avait pas, selon le tribunal, attiré l’attention
ces déchets doit avoir pour vocation de les utiliser, notamment par de ses salariés sur la dangerosité des substances qu’ils manipulaient
le truchement du recyclage, pour la fabrication de nouveaux maté- (tribunal correctionnel Saverne, 19 mai 1994, Gazette du Palais, avril
riaux ou pour la production d’énergie (art. 2 du décret du 13 juillet 1995, jurisprudence) ou parce qu’il n’avait pas informé son chauffeur de
1994). camion sur la nature des déchets que ce dernier avait chargés et déver-
En ce sens, après le tri des déchets recyclables et de ceux qui ne sés dans un bassin du parc de la Beaujoire (jugement du Tribunal cor-
le sont pas, le détenteur des déchets d’emballages devra : rectionnel de Nantes du 7 mai 1982, Ministère Public c/ MM et P, Code
— soit procéder en interne à leur valorisation, dès lors qu’il est permanent environnement et nuisances, chapitre « Déchets »).
en conformité avec la réglementation lui permettant d’exploiter
■ Responsabilité pénale du responsable maintenance
une installation de traitement des déchets industriels (c’est-à-dire
une installation classée) ; Le responsable maintenance ne verra sa responsabilité pénale
— soit recourir aux services d’un tiers habilité à exploiter une engagée que s’il commet une faute personnelle et volontaire en
installation classée, ou à un intermédiaire spécialisé dans le trans- violant délibérément une règle du Code de l’environnement.
port, le négoce ou le courtage des déchets. De plus, cette jurisprudence sévère pour le chef d’entreprise ne
Dans ce second cas, le décret du 13 juillet 1994 impose au déten- doit pas laisser croire aux responsables de maintenance qu’ils ne
teur de conclure avec l’éliminateur et/ou avec l’intermédiaire un courent eux-mêmes aucun risque pénal car une nouvelle tendance
contrat écrit devant préciser la nature et la quantité des déchets se dessine depuis quelques années : la mise en jeu de la respon-
d’emballages pris en charge. Une contravention de 5e classe (soit sabilité pénale du middle management pour les fautes qu’ils
1 500 €) peut être infligée en cas de non-respect de cette obligation commettent personnellement et qui causent un dommage.
(art. 10 du décret du 13 juillet 1994).
■ Transfert de responsabilité pénale sur le prestataire
Au niveau de la maintenance, la valorisation des déchets
d’emballages suppose tout d’abord de procéder au tri sélectif, puis L’analyse juridique devient plus difficile lorsqu’il s’agit de recher-
de s’assurer que leur recyclage est organisé en interne ou par cher la personne responsable en cas de sous-traitance de la main-
l’intermédiaire d’une société spécialisée et, en tout état de cause, tenance. En matière précise de gestion des déchets, la règle de
que ces déchets ne font pas l’objet d’une destruction sauvage. base semble devoir s’appliquer : c’est celui qui a violé la réglemen-
tation applicable qui engage sa responsabilité pénale, donc le cas
échéant le sous-traitant mal inspiré. Dans certains cas, le Code de
7.2 Responsabilités personnelles l’environnement prévoit la responsabilité solidaire du producteur
de déchets, qui a remis ceux-ci à un exploitant d’une installation
respectives du chef d’entreprise d’élimination non agréé, pour les dommages causés par ce dernier
et du responsable maintenance à l’environnement (art. L.541-23 du Code de l’environnement).
En conséquence, il est important que le contrat de maintenance
■ Responsabilité pénale du chef d’entreprise conclu entre le donneur d’ordres et le prestataire de maintenance
Le responsable maintenance est peu concerné par les infractions précise la répartition des responsabilités relatives au traitement
en matière d’environnement car le chef d’entreprise est non seule- des déchets.
Références bibliographiques
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203, LGDJ (1989). Conception - Production (2004). Traité Sécurité - Gestion des risques (2003).
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