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SKgtrYSTX'treKffÆ
-4rx rythrrce d'une aræignde. ",
YANNICK LEMARIE
Au moment de travailler sur l'ceuvre de pays d'Arachné appartient à 1a géogra- qui en totalise cent. Apparaître ? Le mot
Marker, une légende ancienne requiert, phie émotionnelle du cinéaste' et contri- est déplacé tant I'homme donne I'im-
presque malgré nous' notre attention : bue à alimenter un bestiaire dont tout le pression de se tapir au fond de l'écran à la
celle d'Arachné, la jeune Lydienne si monde connaît la richesse. De fait, à la façon de la chasseresse, et, loin de s'affi-
longue iiste des chats' des dromadaires, cher, d'user de divers stratagèmes Pour se
douée dans I'art du tissage qu'elle se van-
tait dêtre sans égale. Ulcérée d'une telle des tortues, des ours, des chiens... il faire oublier. En vrac va-et-vient désor-
:
outrecuidance, la divine Athéna Pallas convient d'ajouter la chouette (oiseau fé- donné des pâssants, multiplication des
tiche d'Athéna et de Marker) mais aussi cadres, brièveté de f image telle qu'elle en
lui lança un défi, réclamant que 1'une
et I'autre produisent une tapisserie afin l'araignée. Ce dernier cas surprendra devient presque subliminaie. Marker est
sans doute. Et pourtant... II y a, chez Ie 1à et i1 nèst pas 1à : immobile dans lès-
qubn puisse 1es départager. Or, horresco
referens,Ie résultat du concours ne fut pas cinéaste, ce que nous appellerons volon- pace qu'i1 s'est réservé au cceur du dispo-
celui escompté par Ia déesse : Arachné tiers un cotnplexe dArachné (ù prendre au sitif de captation ; invisible pour le plus
réalisa un chef-d'æuvre de sorte que sens bachelardien du terme évidemment grand nombre, mais dardant son æil-ca-
Pallas, fo1le de rage, transforma aussitôt et non pas freudien !) dont 1'arthropode méra en direction des spectateurs. Son
la mortelle en araignée, avec obligation constitue la figure par excellence. attitude s'apparente à celle du prédateur.
pour elle dèxercer son talent jusqu'à la Tel I'aptère assuré d'attraper sa nourri-
fin des temps. Complexe d'Arschné ture à un moment ou un autre, il tend
En relisant cette histoire telle qu'Ovide Qre connaissons-nous de I'araignée son objectif avec la certitude de capter
l'a popularisée, nous ne pouvons nous qui autorise un tel rapprochement avec quelque chose : des parties du réel, des
empêcher de penser quèlle a quelque Marker I D'abord une Posilian particu- extraits de reportages, des plans comme
chose à voir avec Chris Marker, même En effet, elle se tient dbrdinaire au
1ière. autant de morceaux d'une réa1ité qu'il lui
si la Grèce, où naît le moti{ et l'Italie, bout de sonf.l d'alerte, à moins qu'elle ne fardra remonler, et qui, pour rester dans
oir paraît le texte original, ne comptent soit au centre de sa toile dans l'attente de notre logique, constituent àes insecti
pas parmi " 1es pôles de survie ,, qlue Sans quelque proie. Or c'est ainsi que Marker puisque f insecte est, étymologiquement'
apparaît dans Sans so/ei/, quasiment a't n coupé ,. Dans LAmbassade (7973),fatx
soleit (7982) parcourt de long en large.
Pour autant, bien qu'il soit moins cité que milieu du film, et plus précisément à 1a ,.po.?ug. sur un coup d'État, Marker use
le Japon ou l'Afrique par les critiques, le cinquante-troisième minute d'une æuvre d'une attitude qui n'est guère différente.
Alors que sa caméra super-8 dévoile sa
présence dans la pièce oii se sont réfugiés
les opposants, il semble échapper à la u;e
de ses compagnons. 11 a beau se tenir à
proximité d'eu-x, il reste le plus souvent
hors de leur champ de vision. Et si, en
de très rares occasions, une femme jette
un regard dans sa direction, elle le fait
sans s'appesantir ni prendre en consi-
dération un témoin aussi dérisoire. Là
encore, le plaisir de Marker est de filmer
sans jamais être filmé, de laisser les autres
se prendre à 1a lumière de son cinéma,
sans que lui-même ne sorte de lbbscurité
ou de I'anonymat auxquels il sèst habi-
tué, d'attendre que le monde colle aux
fi1s qu'i1 a tendus et qu'il surveille dans
l'encoignure d'un cadre.
Le fl const\tue la derixième caracté-
ristique de l'araignée et un deu'xième
moyen de lier 1'homme et la bête.
Certains spécimens agissent directement
Level Five
sur 1e sol, cettes, mais I'espèce 1a plus
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CHRIS MARKER
photogrammes s'enchaînent entre eux, indispensable. trl1e justifie le filage et 1a Rythmologiques,Éditions Kimé, Poris, 2ooo, p. 78.
un plan appelle un autre plan, un épisode spirale. Qre I'image soit fixe ou mou- 2. Selon le commentoire de Pierre Souvonet,
s'articule à un autre épisode. Le mouve- vante, il faut, à un momenf ou un autre, le Mo peut signif ier indistinctement un ( intervolle
ment se fait au gré des rapprochements un arrêt ou... une syncope, pour peu que spotiol, distonce entre deux ou plusieurs objets
et des oppositions, au fil d'une pensée 1bn donne à ce mot son sens musical, plocés l'un d côté de l'outre; ou intervolle
qui se déploie. Veillons cependant à ne celui d'un silence sur un temps fort. Cela temporel, temps de pouses entre deux ou plusieurs
pas imaginer un mouvement rectiiigne. peut prendre la forme d'une volr qui se phénomènes se déroulont o lo suite l'un de l'outre )
Au contraire I Chris Marker, comme tait pour mieux repartir, d'un plan fixe, (op. cit., p.112).
1'araignée, privilégie l'enroulement : d'une bande-son qui s'annule dans un 3. Je reprends en portie les mots de Pierre Souvonet
" La guerre du Viêt-nam, entend-on par blanc total, d'une brusque bifurcation dons son livre L'lnsu, une pens,le en suspens, Arléo,
exemple da,ns Le fond de l'air est rauge spatiotemporelle, voire d'une ouverture 2011.
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Âx sxxr,ffi-q,,ftr "ry cff s c/ -PÆNKd s s,W
La canrâra explore {'air du rcnzps
YOURI DESCHAMPS
À h fin des années 60, on assiste à 1'éc1o- sociopolitique de la fin des années 60 : Lévolution récente des techniques d'en-
sion de plusieurs collectifs de réalisation la marche du 21 octobre 1967 sur le registrement (caméra légère, pellicule
dont la visée est résolument militante. Pentagone à Washington, manifestation rapide, magnétophone synchronisé au
Uheure est au combat idéologique et à pacifique organisée pour protester contre qtrartz, sans lien matériel avec l'appareil
lèngagement politique, lequel fait souf- la guerre du Vietnam. Le caractère col- de prise de lrre), permet aux cameramen
fler un peu partout un vent de révolte lectif et militant du film s'affiche dès le de véritablement faire corps avec 1'événe-
et de protestation. Réalisé en 7967, La générique : sans hiérarchie auctoriale, le ment et dbpérer presque sans entraves
Sixième Face du Pentagone appartient à nom de tous ceux qui ont participé à 1a depuis i'intérieur - même du cortège
cette mouvance interventionniste du réalisation du projet s'inscrit à l'écran, des manifestants. A < l'action directe "
cinéma documentaire d'alors. Signé jusqu'au spectateur lui-même d'ailleurs menée par 1es contestataires répond ainsi
. SLON , (o Société pour le Lancement (r, you ,, r, me ,r), dont lèngagement (ou o lbbservation directe n des cinéastes. La
des æuvres nouvelles ", collectif de pour le moins f implication) est d'emblée caméra rioccupe donc plus de position
gauche emmené par Chris Marker, re- sollicité. La t)?ographie reprend celle de privilégiée : impossible ici de prévoir quoi
baptisé ISKRA par 1a suite), 1e film s'at- la n dymo ", ce qui donne à ce générique que ce soit au préalable, aucune possibi-
tache à rendre compte n à chaud n d'un un aspect ( tract > artisanal réalisé dans lité de repérage ni de conception a priori
événement symptomatique du climat I'urgence. des prises de r.me ; lévénement a lieu dans
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de l(ent dans 1'Ohio (u The Kent Statc
Shootings ,). Ce jour-là, la garde natio-
nale a tiré sur la foule et a fait quatre
morts parmi les étudiants. " Amérique,
beauté à la peau lépreuse ", écrit Mailer
dans son pamphlet témoignage. À l'uni-
versité de Kent trois ans plus tard, le pou-
voir des fleurs cède la place au cri étouflé
d'une jeune femme (Mary-Ann Vecchio,
fugueuse de 14 ans, implorant à genoux
devant 1e cadavre de Jelïrey Mil1er,
20 ans), etle sit in pacifiste se fige en une
vision d'horreur. Mais 1e slogan appelant
à la désertion, scandé en 7967, He// no !
"
We t:on't go./ ,, qui structure La Sixième
Face du Pentagone, a fait le tour du pays
et gagné lbpinion. Comme la jeunesse
engagée de 7967, I'Amérique a changé
et la caméra militante de Chris Marker
continuera dèxplorer politiquement l'air
du temps pendant toute la décennie
suivante. *$
La Sixième Face du Pentagone
Pentagone, mais une immersion totale et pacifique, l'Amérique des Pères tremble
du Joli Mai et Le fond de I'air est
exhaustive, une sorte o d'analyse spec- sur ses bases : ses valeurs, son système et rouge, chocune foisont l'objet
trale des différents groupes en présence, ses cholr poliriques cont remis en ques- d'une édition en 2 DVD, Arte o
"
qui restitue lëvénement dans toute sa tion pil 1a majorité d'une classe d'âge. Le publié un coffret ( Plonète Chris
complexité et son illisibilité apparente, 21 octobre 7967,Ies caméras de Marker Morker >. Depuis La Jetée eI Le Joli
pour justement tenter d'en dégager le enregistrent un moment de torsion, de Mai (1962) jusqu'd Chats perchés
sens et la portée. hiatus générationnel, et font état d'une (2004), ce sont 14 films de Morker
Le film de Marker est de ce point dc phase de mutation en train de naître. Cèst
qui sont oinsi rossemblés. Sont
r,.r,re quasi visionnaire, dans la mesure oir d'ailleurs tout le sens du titre du film : si
il évalue immédiatement lévénement le Pentâgone de Washington symbolise notomment obsents ceux qu'il ne
comme symptôme privilégié d'une rup- la guerre américaine au Vietnam, le vaste vouloit plus voir circuler (cf. orticle
rure sociétale d'envergure. Cette marche mouvement dbpposition quèlle suscite de Mork Le Fonu) et qui, oprès
vers le Pentagonc cntcrinc une impor- en constitue la " slrième face ", cel1e qui son décès, ont réopporu dons des
trntc phrsc dc translormation, et corrsti- bouscule 1a géométrie imposée. festivols. Memoires pour Simone
tuc le prélude arx événements de 1968, n J'ai changé ,, déclare I'un des mani- (1986), por contre, qui o peu
qui 'crr l'rnnée der contestations, ru-r festants. Cèst par cette courte phrase
circulé, est consocré d son omie
Etats Unis comme un peu partout en que s'achève ie film, traversé de toutes
de toujours Simone Signoret : plus
E,urope. et surtout le premier m( )uvemcnt parts par la question du sens de l'enga-
de protestation de 1a jeunesse d'une telle gement individuel et collectif (" chan- qu'une biogrophie roisonnée, c'est
envergure. Comme le note le commen- ger soi pour changer le monde "). Et, en l'explorotion d'un grond ploc0rd
taire de Marker, de /'attitucle politiqtte effet, les choses vont chrnger, y compris de lo moison de lo comédienne
les jeunes étudiants sont pnssés àLL geste dans lbrdre des images symboles. A la o Autheuil : elle y conservoit une
politique : il ne s'agit plus sculement de célèbre photographie de Marc Riboud copie de ses films, des films de
défiler, mais d'affrontcr, dc résister et de sur laquelle s'arrête Markcr lc te mps fomille et de quelques émissions
s'appliquer à changcr lbrdre des choses. d'une scène répondra, quclqucs annécs
de télévision.
I)ans le cortègc ct sur les multiples scènes plus tard, celle dc l'Américain John Filo,
de théâtrc improvisées,les idées circulent
Hubert Niogret
prise lors d'une manifestation similaire le
ct sc transforment en actes symboliques, I mai 1970 sur le campus de l'université
titRt! L{ÂitK[Ê
d'un couple de danseurs sur la scène de d'une certaine manière au premier plan, y aura un moment dans le futuq hélas,
I'Opéra de Pékin, ou simplement 1a len- au r'rr des deux documentaires suivants quand, rendant compte du Chili, Marker
teur concentrée des citoyens ordinaires de Marker tournés à cette époque, ou râpportera des nouvelles qui ne sont que
pratiquant le tai-chi dans un parcl. Une quelque temps après : Description d'un désastreuses. Mais entre-temps (1963) i1
partition musicale percussive tisse les combat (1962), sur Israël, et À [/alparaiso y a tous lesjours les visions, les sons, les
éléments de ce poème visuel, mettant en (1963), petit film réalisé au Chili avec parfums d'une ville portuaire à enregis-
lumière des rythmes internes inatten- Joris Ivens. trer et à célébrer. La ville sëlève dans une
dus dans une démonstration virtuose du Ce sont de superbes documenlaires, au courbe plongeante au-dessus de la baie,
génie de Marker pour le montage. physique et au moral, si lbn peut sèx- et le film se piaît à démontrer le paradoxe
Lettre de Sibérie, qui fait moins d'une primer ainsi. Le titre Description d'un apparent que plus haut on vit, plus bas
heure, permet de le retrouver à lakoutsk, (0mbdl peût sembler assez juste pour est le lieu (ou le lieu d'une famille) dans
pas vraiment au milieu de nulle part mais décrire le célèbre durcissement d'Israël la hiérarchie sociale. Mais la sociologie,
presque. Le film offre un mélange d'im- au combat, mais, curieusement, il ny a d'un autre côté, ne décrit pas tout à fait
pressions complexes caractéristiques, pas beaucoup de combats. Nous sem- ce qui se passe ; elle ne saisit pas 1a liber-
dont 1a moins importante concerne le blons être dans une accalmie pendant les té, I'humour et le panache visuel des ren-
socialisme et 1e progrès. Ils sont 1à, bien hostilités : ia bataille de 7948 est termi- contres. Ce qui appartient à Ivens ou à
sûr, la grande entreprise collectiviste de née, tandis que la guerre des Slx-Jours Marker est un terrain de discussions pour
drague, de construction des digues, de et la guerre du Kippour sont encore à les étudiants. Le public ordinaire, lui, sera
mines, pour la terre. Mais, comme dans venir. Ii est difficile d'alirmer, Pour ce content de I'impression qui en résulte : le
le film sur Pékin, Marker est surtout qui est d'Israël, qu'il y ait jamais eu une travail final est un objet complètement
intéressé par ce qui n'a pas changé et période d'innocence : les angoisses de organique. Je dois aussi ajouter que 1e
qui ne changera peut-être jamais. Une la naissance ont été trop lourdes et trop film contient l'un des meilleurs ( coups
préoccupation centrale est ce1le du cha- tragiques ; mais, comme avec I'Union de théâtre > existant chez Marker, à ma
manisme, un thème qu'un autre tlPe de soviétique, il y a des périodes meilleures connaissance : nous âvons apprécié, dans
film, à lépoque, aurait présenté comme que d'autres (et ie début des années 60 la première moitié, lèxcellente photogra-
dépassé et laissé de côté, obstacle sur le en est une), quand on peut dire que lès- phie en noir et blanc, quand soudain (à
chemin de révélation. Marker est fas- poir était dans I'air. Le film de Marker la mention du sang et de la vendetta) le
ciné précisément par la ténacité de ce est franc car il cerne, par le biais de film bascule dans le Têchnicolor et s'y
système de croyance : cèst une partie de sympathiques interviews dans la rue, la maintient. Tout d'un coup. on voit que
l'ancienne culture qui doit être célébrée. composante arabe progressivement do- cèst une ville qui . aime , la couleur,
De même, un des aspects les pius humo- minante de l'Etat moderne d'Israël, mais et que cette couleur est nécessaire pour
ristiques et des plus sophistiqués croise sans ignorer les autres citoyens du pays, comprendre I'endroit. Les gondoles du
des références atx animarx et la magie les juifs - la majorité qui par1e, comme funiculaire à crémaillère, que les citoyens
des animarx : il y a une séquence d'ani- cela existait : le ton nèst définitivement présentent comme leur système de trans-
mation sur un mammouth de Sibérie et pas anti-israélien. Lhabileté de Marker port, brillent à nos yetx dans leur éclat de
de lqngues séquences idiosyncrasiques semble évidente dans detx séquences teintes primaires.
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DUa Descriptîon d' un combat
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Le climax de la rétrospective de Bologne, aussi important, des deux sexes) que piano. Tout, pour faire bref, est favorable
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cëtait la projection d'une nouvelle copie par la formulation courtoise, intelli- à 1a réflexion. En fait, les dernières vingt
f:le restaurée du long et magnifique docu- gente, et vivement humoristique des minutes mériteraient un chapitre en soi
!ent
1e mentaire n français Le Joli Mai. Cette
", questions. Il n'y a rien de cette supé- sur I'analyse de l'art de Chris Marker.
ie
buos restauration étant sortie dans les salles riorité irritante - le recours à 1a facé- D'abord, une extraordinaire digression
t'lmâ de cinéma, je ne m'y attarderai pas. Cette tie - qui peut parfois être chez lui un sur la vie dans une prison de femmes
Ll",-r. enquête sur le bien-être des Parisiens, au défaut. C'est bien sûr (en nbubliant pas (qui contraste avec la vie imaginaire de
printemps !962 (comme l'enquête d'une sa durée importante) un extraordinaire liberté qui règne dans les rues de Paris) ;
f*r"-
(e ambition équivalente mais subtilement travail de < construction >, aux rythmes ensuite, 1e retour dans les mêmes rues
[n
la) le différente, Chronique d'un été, que Jean intérieurs : ne serait-ce que son superbe pour examiner, avec ironie et pitié (diffi-
it sv Rouch avait dirigée deux ans plus tôt) ( entracte n à mi-chemin, quand lëcran cile de dire laquelle),le mécontentement
I
i que frappe par son absence de commen- devient noir et qu'une chanson d'Yves des visages des passants ; et enfin, en se
Itl.rr. taire : 1e travail essentiel de communi- Montand nous est donnée à écouter. déplaçant dans un univers de science-
I
lpour
cation est presque entièrement opéré Cette séquence, à notre souvenir, se fiction, la longue séquence de photo-
!s du par des entretiens remarquables : un combine avec la fin du film où, au lieu graphie accélérée qui emporte le film
quelconque commentaire sans préjugé du déroulant attendu du générique, les vers son dénouement majestueusement
fYens aurait dû insister là-dessus. Admirable spectateurs sont invités à rester trois mi-
Fans-
cadencé, enregistrant avec passion 1a
[at de tout du 1ong, tant par 1'échantillonnage nutes de plus assis dans lbbscurité pour beauté des rues et des avenues de Paris,
des témoins de tous bords (et, peut-être écouter un beau morceau de musique au quand 1e jour glisse vers le soir et la nuit.
DOSS]ER
o Marker avant la
Cet essai est intitulé
aucun des lilms
".iti"r. '. Bien sur'considére comme
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ui fnt, qu'à l'arriuee de la guerre
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i;.;;,"';t^s le milieu des annees t:
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résiduel qui l'a rendu
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Vnrt..i est décede' et' comme Pour
que notre allégeance
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Uourg"oi,t est Plus jti.:i: ;t::::;
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,il ;: *' n't J"Ë ar.'1'J:'.':: d'autres':
et Ï1"1:f'"
Tl,i,i "",'""xan tlre' 7993)' des
Entre-temps' nous avons ces travaux
;;;;';;.i;idérer' Leur beauté et leurs
sont pour moi évïdentes' **
[""fi,et
A-t-on eu tort de croire, à une certaine donne aujourd'hui presque automatique- et autres opérateurs électroniques. Dans
période, que le cinéma de Chris Marker ment), autant que Ia politique. Restent l'un et l'autre cas, transformation par
" documentait > son époque, et les mul- des éclairs, des éclats de lumière qui voisinage, transformation par anamor-
tiples pays et événements que traversent donnent soudain aux événements et aux phose, le principe est 1e même : garder
ses images ? Evidemment, son goût des hommes un sens nouveau. IJn visage, un un souvenir de f image initiale dans son
émois collectifs I'a fait chercher en Chine, regard : une femme au Cap-Vert, une avatar même. Comme si l'archéologie
au Japon, en URSS ou en France des actrice en France, une photo du . monde de f image continuait à jouer sur la sen-
témoignages de lutte, des lendemains qui d'avant >1
chantent, des images de bonheur. trt iI fut
-dont la présence, aujourd'hui, sibilité du spectateur. Cèst 1e cæur de
s'impose. Evénement sensible, I'image n'a f intrigue de Wrtigo,référence centrale du
1à, en effet, pour montrer des dimanches de sens chez Chris Marker que dans 1a cinéaste : non pas retrouver à f identique
à Pékin quelques années seulement après mesure où elle attire le regard, et permet la femme aimée dans la femme nouvelle,
l'accession au pouvoir de Mao ; i1 écrivit à son spectateur dbpérer des connexions. mais conserver de 1a première à travers
des lettres de la Sibérie post-stalinienne, Drôle de documentariste : avec lui, cèst la seconde une présence sensible et dif-
mais il fut aussi 1'un des rares cinéastes Ie spectateur qui a autorité sur f image, fuse. Figure que Chris Marker reproduit
occidentau.r à faire état des révoltes mili- et non f inverse. Comme on est loin des à deur nivearx dans La Jetée, puisqu'il y
tantes dans le Japon des années 70 comme oukases du cinéma direct et de ses usages développe la même intrigue et que, ce fai-
dans les usines françaises. Et au tournant actuels ! n Effacer le sourire de La./oconde, sant, i1 propose ce qu'il appelle lui-même
du millénaire, il est au Kosovo, dans des faire respirer les Renoir, je ne savais pas un o remake > de Wrtigo, dans lequel ia
camps de réfugiés. Tout cela consti- qu'un jour ce serait si simple : un clic de présence du film de Hitchcock est encore,
fue une cartographie des révoltes et des souris, Ià... ouIà (Immemory).
" elle aussi, sensible et diffilse.
luttes sociales depuis un demi-siècle avec 11 faut donc que d'abord il y ait Renoir La mémoire et les images se combinent
laquelle peu de cinéastes peuvent rivali- ot La Joconde, et pas n'importe quoi ainsi d'une manière exemplaire et nou-
ser.Pourtant, ce n'est ni comme témoin ni d'autre ; qu'il y ait Tarkovski ou le visage ve1le : ni comme un flash-back tradi-
comme militant politique qu'il concevait lumineux de Simone Cenevois en Jeanne tionnel, qui expliquerait le présent à la
son rôle, et ce nèst pas dans I'actualité d'Arc, lequel aura à jamais associé 1e lumière du passé, ni comme un flash-
qu'il voulait, semble-t-il, que lbn regarde cinéma et 1es visages de femme dans une back. moderne qui construirait le passé
ses fi1ms. n Ce qui me passionne, cèst fascination enfantine, confie-t-il dans '
à la lumière du présent. Chez Marker, les
l'Histoire, et la politique m'intéresse seu- Immemory.Il faut une rencontre, et que temps coexistent parce que les images
lement dans la mesure oir elle est la coupe ce11e-ci puisse se transformer, évoluer et s'entrechoquent. Dans Immemory, des
de l'Histoire dans le présent n, confiait-il faire évoluer1es images les unes grâce alx tableaux anciens accueillent des images
à Libération il y a plus de dir ans (5 mars autres. Cèst sans doute I'un des paradoxes nouvelles : le champ de blé de'y'an Gogh
2001, cahier < Cinéma n.). Encore s'agit- les plus riches du cinéasre : lbbligation est envahi par des soldats équipés de
il d'une histoire qui doit être personna- première pour une image de toucher la masques à gaz, et la femme de Picasso
1isée, et concerner des individus précis. sensibilité... dêtre assez forte, non pour arrête de sa main levée un tireur qui la
" Là où on voudrait nous faire croire que étre figee dans sa lorme, mais pour pou- met en joue. Au moment de la guerre
sèst forgée une mémoire collective, mille voir se transformer. Pendant longtemps, "
du Golfe, les images du musée se jetèrent
mémoires d'hommes qui promènent leurs dans sa filmographie, cette transforma- toutes seules à la rencontre des images de
déchirures personnelles dans la grande tion passe par le montage : confrontée à Ia guerre... la memoire a ses aimants, on
déchirure de I'Histoire ,, fait-il dire au d'autres images, ou montée avec un autre lui livre la limaille
des signes, et elle fait le
commentaire de Sans soleil. Une his- commentaire, une fête de rue en Guinée, feste >, commente le texte.
toire vécue, racontée et regardée par des des archives de guérilla, trois enfants sur 11 y a bien sûr quelque chose de surréaliste
consciences individuelles. Où se heurtent une route en Islande prennent un autre dans cette description magnétique de 1a
sans cesse des mémoires subjectives, pro- sens. ,Sazs so/eil s'ouvre sur la nécessité, et mémoire. Et la pensée magique de Breton
voquant des oublis, des inversions, des la difficulté d'une telle opération (n J'ai nèst pas loin qui éta1e en une surface plane
récits retravaillés. . On ne se souvient pas, longtemps cherché à monter cette image les forces du temps s'attirant et se repous-
on récrit la mémoire, comme on récrit avec d'autres... o), avant dèn décliner 1es sant sans continuité imposée. Au fond,
l'Histoire n, disait 1e commentateur de occurrences impossibles. Puis, de plus en Chris Marker réalisa à lëchelle du temps
San.ç so/ei/. Éclatement des mémoires, plus dans ses dernières æuvres, les images ce que Dziga Vertov accomplit dans 1'es-
donc, et éclatement des moments : exit deviennent elles-mêmes ductiles, mal- pace des villes d'URSS pov L'Homme à
I'Histoire (au sens hégélien qubn 1ui léables, passées au feu des ordinateurs Ja caméra: rapprocher des images dont la
DOSS]ER
définitive le but recherché ? N'est-ce pas Marker fait æuwe de documentariste, en blé est déjà le lieu de débâcle des soldats
la quête d'un ordre, d'un canevas invisible, créateur, à la manière de Dziga Vertov, aux uniformes dèxtraterrestres, le geste de
qui préside à tous ces chocs d'images, à cèst-à-dire cinématographiquement. la femme est déjà, et de toute éternité, le
geste vain de défense face au tireur.
tous ces écartèlements ou paradoxes ap-
parents ? Là encore, sous la variété, sous la Dans Immemory, des dizaines de cinéastes Grâce à Resnais, grâce à Guernica, on
liste,le multiple, pourquoi chercher lécho, sont cités, et de multiples références peut ainsi mesurer ce qui est spécifique
si ce nèst pour mettre à jour' sinon l'unité visuelles ou textuelles sont faites à des au montage de Chris Marker : une totale
films. Ni Resnais ni aucun de ses films ne indifiérence au temps, ou, pour 1e dire dans
secrète, au moins la même appartenance ?
Mais, si on s'intéresse à ces images feuil-
letées, à ces montages qui nbrganisent
pas forcément des récits ou des histoires,
on ne peut éviter une autre comparaison,
avec un autre âuteur majeur de documen-
taires contemporains, Marcel Ophuls.
Lui aussi truffe ses films dèxtraits, de
détails, d'images sur des supports hétéro-
clites, et les superpose plutôt qu'il ne les
articule dans 1a durée. Lui aussi, plus que
n'importe quel autre cinéaste, tente de ré-
pondre à cette question posée par l'auteur
ùt Joli Mai : " Mais comment font les
gens pour vivre dans un monde pareil ? ,
Depuis ses premiers films pour la télévi-
sion, Munich ou la paix pour cent ans, ou À
la reclterche de mon Amérique, il ne cesse de
fouiller dans les mémoires et les images
pour comprendre comment des peuples,
des nations, des collectivités peuvent, à un
moment donné, concevoir comme évident
ce qui nous paraît à présent si intenable.
Et avant d'en tirer des ieçons morales, sa
grande question est précisément la capa-
cité du cinéma à rendre cette évidence, à
la faire jaillir et la faire comprendre, par
sautes et montages d'images. Au prir de
cette opération, on pourra poser des ques-
tions d'aujourd'hui à des époques passées,
ce qui est la démarche, par ailleurs, de tout
un courant historiographique que lbn
nomme 1',, histoire culturelle ,.
C'est une autre façon de convoquer les
images pour parcourir les temps avec un
même regard. Un autre gpe d'anachro*
nisme. Qd tente de reffouver la diffe-
rence 1à où Chris Marker cherche à la
faire disparaître. Mais cèst la même ma-
nière de croire que I'image est capable de
passer les temps pour sbffrir à un regard
d'aujourd'hui, de procurer des sensations,
de faire penser, démouvoir, tant quèlle
est associée à d'autres. Chez I'un comme
chez I'attre, et a fortiori parce qu'ils ont
des horizons difiërents, ce qui frappe, cèst
l* h**i, L'homme à Ia caméro la complémentarité des images, Ia capa-
*n S*:, level Fiye
cité quèlles ont à s'éclairer mufuellement.
Une manière de rappeler qu'au )O(" siècle
ses propres term€s, une telle attention au essentiellement lié au passage temporel, s'est ouverte une pensée /as images. $S
présent de l'Histoire, à ses coupes, que les écrans de Chris Marker se creusent, se
chaque moment y apparaît détaché de feuillettent, et les temps s'y replient sans
toute temporalité. Le montage par super- cesse, jusqu'à disparaître. Ce qui, dans La
position, 1es écrans dans les écrans, ces Jetée, semblait constituer une forme dra-
formes manipulées dans les images allir- matique originale apparaît en définitive 1. Respectivement dons Sons so/eil, /rnmemory et
ment I'anachronisme du cinéma, à savoir comme un principe, que 1e cinéaste pro- Lo Jetée.
sa capacité à ignorer les temps. clame dans Sans soleil en revendiquant 2. Les deux cinéostes ont trovoillé ensemble sur
Alors que longemps le défllement des de chercher à être un tiers-mondiste du plusieurs films, ûu début de leur corrière, cosignonl
"
images a imposé la métaphore d'un art temps >. notomment Les stotues meutent aussi.
107
tt',
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Lr- ,nffi\j t / v &J rJ Jtl
MATH IEU CAPEL
Le stade des jeux Olympiques de Tolyo : Passé l'évidence d'un recensement' se de fiction créé pour Sans soleil, ou, dans
cèst 1à quèn 1965 la filmograPhie de pose la question des apports et des em- Lruel Five,l'amant perdu de Catherine
Chris Marker sbuvre au Japon. En dépit prunts. Mais quelque chose accroche Belkhodja. C'est encore ce << tu > que
des voyages et des portraits, des engage- qui empêche de s'abandonner aujeu des Marker se donne à lui-même dans Le
ments et des enquêtes qui font parfois influences. Car il est des manques trou- Dépays, dont texte et photos en disent
mine de 1a refermer, cette ouverture sèst blants, par quoi je ne peux mèmpêcher peut-être moins sur le Japon que sur
toujours maintenue. I-lattention portée à d'aborder 1es rapports de Marker à ce I'ubiquité dont il est pour lui la formi-
la u chose Japon ", cet élan et cette envie que je continuerai donc de nommer la dable occasion (" Je sais que, si je retourne
ne se sont jamais taris. Jusquèn 1997, n chose Japon n - le fruit d'un travail de demain au Japon, j'y trouverai I'autre, j'y
certains films I'affirment sans détour : taille et dbblitération (de montage) qui serai l'autre n). Comme si la chose Japon
révèle peut-être, pour dévoyer ce qu'An- ne pouvait se voir en face : par réfraction,
Le Mystère Koumiko (1965), Sans soleil
(1982), A.K. (7985), Takyo Days (1988)' dré B'az'n disait du cadre cinématogra- uniquement. Mais cette impossibilité-1à
Bullfght in Okinarsa (1994), Lerlel Five phique, la logique du u cache Marker ". ne compromet rien. Plutôt fournit-elle à
(7997). Mais d'autres' qui paraissent IJn stade, donc. Lobjectif glisse sur une Marker ses plus beaux . départs de fic-
à mille lieues de 1à, invitent eux aussi masse de visages alignés, excités ou dis- tion >>, comme le dit Jean-Christophe
ce Japon, avec entêtement et quelque traits, bruyamment muets. Ii
retrouve Bailly dans un ouvrage âu titre conver-
malice, 1à oir on ne l'attend pas de pré- bientôt 1a jeune Koumiko, point d'entrée gent, Le Dépaysement. Les données
férence, comme une nécessité qubn (n Autour dè1le, le Japon dit le com- sociologiques qrue Le Mystère Koumiko
",
croyait pourtant suspendue : L'Héritage mentaire) par lequel il pénètre ia fouie énumère disent d'autant mieux combien
de la chauette (1989)' Une journée dZn- d'une fête foraine, d'un temple ou d'un le cinéaste entend se tenir à lécart de leur
drei ArsenecJitch (1999), Le fond de I'air grand magasin. Dès les vingt premières approche. Un refus du documentaire en
est rouge (1977) . . . comme si ce qui aurait minutes dr Mystère Koumiko,les caracté- son sens le plus convenu' peu étonnant
ristiques du Japon de Marker sont là, en chez lui, d'autant mieux fondé qu'il s'ab-
pu passer pour une marotte au regard de
grande part. sout par avance de toute méprise : " Se fier
lavaÀété thématique de sa filmographie,
des ensembles qu'eile forme par ailleurs, Le besoin d'abord, moins d'un guide que anx apparences, confondre sciemment le
en était plutôt comme le soleil lointain d'un intermédiaire. Koumiko d'abord, décor avec la pièce, ne jamais s'inquié-
et voilé - d'un brouillard forcément ou l'Arielle Dombasle de Tokyo Days, ter de comprendre, être 1à " (Le Dépays).
kurosawaien. mais surtout Sandor Krasna, caméraman Pareille démarche naît-e1le des difficul-
tés que Marker éprouve à dialoguer avec
Koumiko, dont le français trop approxi-
matif s'i1 est une ressource poétique, est
aussi un empêchement ? Toujours est-il
qu'après 1965 ses intermédiaires ne sont
plus des Japonais : ceux-ci assurent dé-
sormais (L'Héritage de Ia chouette ow Le'uel
Fiae) le rôle de témoin ou de théoricien
(Atsuhiko Yoshida, Kenji Tokitsu). Le
prlr à payer peut-ètre pour pouvoirjuste-
ment < être 1à n, toujours à la lisière entre
compréhension et incompréhension.
Plus qu'une métaphore' cette lisière
correspond à un ensemble de lierx
réels. Autre caractéristique du Japon de
Marker qui, à peu de plans Près, est un
Japon d'extérieur(s). Un Japon des rues
et des carrefours, des parcs' des grands
magasins et des galeries marchandes. Un
Japon de trains et d'automobiles, de fer-
ries aussi. De passants. De fouies' quèlles
Sons solei/
sbrganisent pour 1a danse d'un festival ou
110
CHRIS MARKER
g,ffyxKss x sç*eÂ$'s-ws
Koumikochkq,
Triste ville que Paris : le Pachi'nko
y est inconnu, Pas lbmbre de jeux
"Oly-piq.,".
et - 1e comble ! - les chats
,r.-rulrr..tt pas.Je ne sais pas s'il faut
pousser Yamadal à sènterrer aussi loin
àe toute civilisation mais je mbccupe
-
de lui, et j'espère avoir des nouvelles
auiourd'hui ou demain. En attendant
voici des images de film pour la version
Unifrance de Cinémonde, voici un
Cahier du cinéma pour Marcel, et pour
toi les premières images sorties de la
boite.J'aimerais que tu les aimes'
Il y a aussi mon nom écrit en chinois
(ert-.. la même chose en jaPonais ?)
- souvenir d'une invitation à Pékin' un
lapin chinois et des baguettes chinoises'
pour chez toi'Je tènverrai d'autres
.hn..r. As-ru reçu les livres ? Dis-moi
s'il y a, à la réflexion, d'autres livres ou
images ou quoi que ce soit que je puisse
t'envoyer.
Je riai encore rien
l'u du fi1m (huit jours
po.rr 1. dédouaner, huitjours Pour 1e
rirage).J'ai encore une semaine pour
rêvù qu'i1 est comme je le souhaite,
.o--. 1'ai inventé à travers le viseur
i.
de la caméra. Après, il faudra voir 1a
réa1ité en face. Ainsi, comme dirait
Godard, le cinéma est lëcole de la vie !
Je saurai cette semaine
sije repars tout
de suite pour Mexico ou si j'attaque
immédiatement mon, ton' notre film' Ce
que j'aimerais mier'x, à vrai dire' C'est
.o-L" le surfing :je suis sur la crête de
la vague partie de Tolqro, je voudrais y.
,".,"i j.ruq,r'a h frn du montage' dans le
même é1"n, Pour t'aPPorter un film qui
te ressemble. (Comme ces vagues de 1a
bombe chinoise, qui finissent par arriver
. jusqu'à toi - Kumiko/Nausicaa')
J. r.li. des livres de ma bibliothèque
sur le JaPon, Pour confronter' Le
comte Iiaymànd de Dalmas dit que les
Japonais, hommes et femmes, fument
énormément (il écrit en 1885)' Il dit
aussi : ,. Dans 1a conversation et surtout
dans la lecture à haute voix, employée
par er.x le plus souvent même quand
i1s
113
un gros chat. Signe de vieillissement sans chambre indépendante quèlle a, rue grand album sur 1bkyo, un grand ami,
doute. De toute façon, avec I'agitation Garancière, derrière Saint-Sulpice, et sa femme est tout à fait merveilleuse),
qui nous entoure, il ny a guère 1e choix. tout près de Saint-Germain-des-Prés 5 rue de Médicis, Paris 5.
Si la vie est un gros chat, la mort serail (regarde un plan de Paris). Cèst déjà un Agnès Varda et Jacques Demy - 86 rue
narurellement un chien maigre qui problème en moins, au moins pour les Daguerre, Paris 14.
hulule, et cèst un peu éprouvant de voir, premières semaines. Edith Sorel (une copine à moitié
d'entendre toutes ces voix qui ne sé1èvent I1 faut que tu me dises aussitôt que tu cubaine, qui travaille pour la presse
de plus en plus fort que parce quèlles 1e sais (et à e1le aussi) quand tu arrives cubaine et est très gentille et serviable),
essayent de couvrir ce hululement, exactement. Est-ce que tu t'arrêtes à 21 rue de l'Estrapade, Paris 5.
d'autant plus fort qu'i1 est mieux entendu, Moscou ? J'ai un bon ami là-bas, Nikita Antoine Bonfanti (l'ingénieur du son
et que parmi nous les plus ambitieux, Boloslovski (il écrit des chansons) qui qui t'a mixée, et te connaît comme
les plus actifs, les plus < vivants > sont pourrait t'aider. Son adresse :1/75 qtai s'il avait été à Tokyo) - il habite en
simplement cer.x qui ont lbreille 1a plus Kotelnichaskaia, bât. V, App. 44, banlieue.
sensible au cri de la mort. Moscou 240. Son téléphone :b 74840 Avec ça tu as déjà un réseau. Plus celui
Et moi, comme ru le dis mieux que (la première lettre est un / cyrillique, de Yamada (est-il encore là, je n ai plus
personne, j'aime plutôt les chats ,... qu'il ne faut pas confondre avec le B de nouvelles du tout), tu ne risques pas
"
Bonsoir, sweet princess. français qui se prononce V en russe... dêtre trop seule. Cela dit,je te répète,
Mereredi 3û {juin x965) Ouf !). Egalement : Bella Epstein, qui préviens-moi de la date exacte dès que
travaille à I'Union de Cinéastes, 13 rue tu ia sais, je lerai tout mon possible pour
Vassilievskaia,je n'ai pas son téléphone etre là. Sinon lu me verras arriver un peu
Je viens de rentrer ù Pqris. sous la main, ah si, D 10827 (cèst un D, plus tard, et cèst toi qui me montreras
Les prises de vues (image par image) cette fois).Tu lui dis que tu es la vedette Paris.
de mon nouveau film (sur photos, de mon dernier film, d'ai1leurs elle doit Tu sais qubn a eu un prix en Allemagne,
sur mes voyages depuis dix ans) savoir : c'est une gentille. Nikita et Bella à Oberhausen ? Il y a un très gentil
commencent demain. Le montage se parlent français. Pour Paris, sije ne suis article sur toi dans les Lettresfrançaises,
fera à Hambourg.J'ai travaillé comme pas 1à quand tu arrives,je te prépare du 1a belle Japonaise qui parle d'elle et
un bufle, avec le soleil pour m'aider. moins un comité de réception. Note les de son pays < avec une intelligence et
Je n'ai aucun regret que ru ne soies pas adresses suivantes: une sensibilité surprenante "... 11 est
venue cet hiver, qui d'après les parisiens Catherine Winter (qui te loge, et que question de sortir le film au même
a été affreux. 11 fait encore très froid. tu âs \,'rre à Tokyo),4 square Georges programme qluela Brigitte Bardot de
Mais le printemps, oui, ça peut être très Lesage, Paris 1,2. Reichenbach. Avoue que ce serait une
bien.Je ne sais pas encore exactement Claude Joudioux (le producteur, bel1e affiche, genre Viva Maria.Et si
combien de temps je reste à Flambourg qui t'a envoyé une médaille),66 rue ça coïncidait avec ton arrivée, ce serait
(en principe j'y reste tout le mois Mouft-etard, Paris 6. plutôt drôle, non ?
d'avril, mais ça dépend de la rapidité Alain Resnais (sans commentaire), Je te répondrai à Paris au sujet des
des machines, pas de la mienne). Mais 70 rue des Plantes, Paris 14. échardes de la vie et de la manière d'y
en tout cas, Catherine peut te loger William etJanine Klein (cèst le opposer quelque chose o de bon n - en
jusqu'au milieu de mai dans une petite photographe américain qui a fait le fait, cèst tout le sujet du fi1m queje fais.
Je ne sais pas du tout s'il sera réussi,
mais jèspère qubn pourra y lire quelque
chose qui répond au-r échardes, atx
autres, à toi... Qrant à ta photo tirant
la langue,je la garde pour la donner aux
journaiistes quand le film sortira. I1 y en
a une déjà célèbre, d'Einstein tirant la
langue, donc : Koumiko = MC2, comme
dirait Godard.
Tu fais des plis ?
Le ?s msrs {1966}
Loin du Vietnam
114
CHIIIS MARKTR
ville. 11 m'a proposé le printemps (le joli dans le film. Koumiko me répond :o Cèst vent de Mongolie ou printemps )).
mai l) ou l'été.La. première fois où il ma par hasard que je lui ai dit cela, car tous les Plus étonnont encore est Arîthmétique
invitée à déjeuner ce {irt avec son meilleur matins, sans faute,le journal arrive dans la horaire, triptyque formé por deux
ami Alain Resnais. Bien plus tard, je me boîte arx lettres, apportant les nouvelles ; portroits, celui d'une comédienne
rappelle l'avoir r''r,r un jour par hasard assis c'est ce quei'avais dans 1a tête quand je me vieillissonte, odmiroble por son coroctère
seul dans un cafe en train de boire. Je 1'ai suis exprimé ainsi. > :.i introspectif et le mystère poétique
qui entoure ce personnoge, et celui
d'Hyppolite, un Porisien entre deux ôges,
velléitoire, ( obsent de son corps et de
son esprit )). lls encodrent cinq sequences
de Berlin où lo ville est peinte ovec lo
polette d'un Grosz, d'un Kirchner ou d'un
Beckmonn. Ce livre, qui brode tout ou
long le motif du temps, est illustré por
des bois polychromes d'Utomoro, choix
judicieux cor ils s'occordent mieux o lo .
figure de l'octrice que ne l'ouroient foit
des estompes de Shoroku.
contoctOlodeli ronte.f r
116