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Revue du monde musulman et de

la Méditerranée

Alep à l'époque ottomane (XVIe-XIXe siècles)


André Raymond

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Raymond André. Alep à l'époque ottomane (XVIe-XIXe siècles). In: Revue du monde musulman et de la Méditerranée, n°62,
1991. Alep et la Syrie du Nord. pp. 93-109;

doi : 10.3406/remmm.1991.1525

http://www.persee.fr/doc/remmm_0997-1327_1991_num_62_1_1525

Document généré le 07/06/2016


André RAYMOND

ALEP A L'EPOQUE OTTOMANE

(XVIe-XIXe siècles)

L'histoire d'Alep à l'époque ottomane est à la fois bien connue et entourée d'une certaine
obscurité. La référence indispensable pour qui étudie la grande ville de Syrie du Nord est
naturellement l'ouvrage magistral que lui a consacré J. Sauvaget (1941), il y a tout juste un
demi-siècle. Mais il est à peine nécessaire de rappeler la contradiction étonnante qui existe entre
l'étude perspicace de Sauvaget sur l'Alep ottomane, dont il montre bien l'éclat matériel et
architectural, et les conclusions très négatives auxquelles il parvient cependant : "Les éléments
de désagrégation [qui] s'étaient déjà manifestés sous les derniers Mamelouks... ne font... que
s'exercer à nouveau, avec une tendance à l'exagération... L'Alep des Ottomans n'est qu'un
trompe-l'œil : une façade somptueuse derrière laquelle il n'y a que des ruines." Prisonnier de la
contradiction existant entre des observations favorables et ses préjugés concernant l'urbanisme
musulman et la domination ottomane, J. Sauvaget (1941 : 238-239, 248) s'en tire par une
pirouette : "Une ville n'est pas une œuvre d'art".
La révision, en cours depuis vingt-cinq ans, des thèses de Sauvaget à la lumière d'une part,
d'une appréciation plus équilibrée des effets de la domination ottomane et d'autre part, d'un
examen des réalités historiques et archéologiques concernant la ville d'Alep1, permet de remettre
dans une plus juste perspective une histoire longue de trois siècles, qu'on ne saurait décrire
comme marquée par un déclin quasiment continu, mise à part une brève période de prospérité
dans les premiers temps de la domination ottomane. Mais le dépouillement des très riches
archives conservées localement, à Damas, et dans la capitale de l'Empire, à Istanbul, reste très
lacunaire et nous constaterons souvent que bien des détails de l'histoire urbaine d'Alep à
l'époque ottomane restent difficiles à cerner et que tout essai de périodisation reste donc
largement hypothétique.2

RE.M.M.M. 62, 1991/4


94 /André Raymond

1. L'essor du XVIe siècle

1.1) Tous les spécialistes de l'histoire d'Alep s'accordent pour considérer que la conquête
ottomane marqua le point de départ d'une période de remarquable essor pour Alep. Les
considérations de J. Sauvaget résument parfaitement les problèmes. Devenue province d'un
empire méditerranéen, Alep bénéficiait du "recul des frontières" la mettant à l'abri des tentatives
ennemies : "La Syrie du Nord ne connaîtrait plus l'invasion". Sa sécurité était assurée, dans un
cadre territorial très vaste : Alep restait le chef-lieu administratif de la Syrie du Nord et son
rayonnement s'étendait sur de vastes zones turcophones de l'Anatolie orientale : donc un vaste
hinterland dont elle était le centre politique et commercial. En reportant jusqu'au Caucase et aux
montagnes bordières de l'Iran les frontières de l'Empire turc, la conquête ottomane avait placé :
"dans le même cadre politique qu'Alep elle-même les grandes routes du trafic international...
Des facilités nouvelles s'offraient aux caravanes, le nombre des frontières politiques qu'elles
avaient à franchir se trouvant désormais réduites au minimum3."
Du fait de ses énormes dimensions, l'Empire ottoman constituait, autour de la Méditerranée,
un ensemble favorisant un actif mouvement humain (pèlerinage) et matériel (relations
commerciales), ce qui explique le vif développement urbain enregistré dans les grandes villes
arabes les mieux situées (A. Raymond, 1985 : 43). Pour citer à nouveau J. Sauvaget :
'Tout sujet du Grand Seigneur [put] désormais circuler du Danube à l'océan Indien et
de la Perse au Maghreb sans cesser d'être soumis aux mêmes lois et à la même
organisation administrative de parler la même langue, d'user de la même monnaie,
circonstance favorable à un grand mouvement intérieur d'échange4."
L'ouverture du monde ottoman au commerce franc (Capitulations), l'installation dans les
Echelles de communautés de marchands européens, favorisèrent aussi le développement du
commerce, même si ces courants extérieurs n'eurent pas l'influence déterminante que leur
attribue un peu abusivement J. Sauvaget, lorsqu'il remarque que "le seul élément d'activité que
trouve [Alep] réside dans le développement du commerce européen", et lorsqu'il établit un
parallélisme rigoureux entre l'activité du commerce franc et la prospérité d'Alep (J. Sauvaget,
1941 : 200), alors que, de toute évidence, ce commerce "extérieur" ne joua, jusqu'à la fin du
XVIIIe siècle, qu'un rôle marginal dans l'activité économique des grandes villes intérieures du
Levant5.
A cette réserve près, la conquête ottomane plaçait en effet Alep dans une situation privilégiée
dont J. Sauvaget a bien reconnu les caractéristiques principales. Alep commandait les routes
stratégiques internes qui menaient du centre de l'Empire aux provinces arabes orientales, et en
particulier la route conduisant en Iraq, où les Ottomans étaient en conflit avec les Safavides, ce
qui fit d'Alep, durant trois siècles, le lieu de passage, et le centre de rassemblement, des armées
ottomanes. Alep était aussi une "étape obligatoire" sur la route du pèlerinage qui connut durant
la domination ottomane un essor remarquable aux effets économiques aussi bien que culturels et
religieux (J. Sauvaget, 1941 : 210). Alep resta également, en dépit des découvertes des
Occidentaux, un centre international de routes commerciales terrestres dont la découverte de la
route directe vers les Indes par les Européens ne réduisit pas sensiblement l'importance dans
l'immédiat : c'est le cas, en particulier, de la fameuse route de la soie qui ne paraît s'être
interrompue qu'au XVIIe siècle, et pour une période assez brève (vers 1600-1630) (B. Masters,
1988 : 13-24). De cette activité maintenue, l'empressement des Européens à ouvrir des
comptoirs et des consulats à Alep donne un témoignage convaincant : Vénitiens en 1548,
Alep à l'époque ottomane (XVI'-XIX' siècles)/ 95

Français en 1557, Anglais en 1583. Alep demeura bien "jusqu'au milieu du XVIIe siècle le
principal marché de tout le Levant", comme le note J. Sauvaget, et ceci explique le
développement d'Iskanderun/Alexandrette, avant-port naturel d'Alep, où un poste douanier fut
ouvert en 1593 (Sauvaget, 1941 : 200-201 ; B. Masters, 1988 : 14-18).
La conquête ottomane contribua également à renforcer le rayonnement régional d'Alep, et
donc l'activité économique de la ville : son hinterland était à la fois le lieu de production des
produits agricoles et des matières premières de son industrie, et le lieu de consommation des
produits fabriqués à Alep ou redistribués par son commerce. Région frontière, limitrophe d'Etats
plus ou moins hostiles, à l'époque mamelouke, la région d'Alep, à partir de 1516, est insérée au
centre d'un Empire qui recouvre toute l'Anatolie et s'étend sur l'Iraq. Son arrière-pays s'étend
jusqu'à Malatya et Diyarbakir, au nord, et Mosul, à l'est, et intègre de larges régions
"turcophones" sur lesquelles se développe son influence économique et certainement culturelle.
C'est par Alep que les chafarcani, toiles imprimées, importées de Perse vers Diyarbakir ou
fabriquées sur place gagnaient Marseille (K. Fukasawa, 1987 : 46-48 ; B. Masters, 1988 : 13).
C'est sans doute par Alep que tant de militaires et de commerçants originaires de Malatya, de
Harput et de Ayntab/Gaziantep, gagnèrent Le Caire, aux XVIIe et XVIIIe siècles, et y
constituèrent les gros bataillons de l'importante communauté turque (A. Raymond, 1988 :
209-210). Presque autant sans doute que le contrôle de grandes voies du commerce international,
c'est cette importance régionale qui permit à Alep de supplanter Damas comme métropole
provinciale et de devenir la troisième ville de l'Empire ottoman, après Istanbul et Le Caire.

1.2) L'expansion d'Alep pendant le premier siècle de l'occupation ottomane a été mise en
évidence par J. Sauvaget avec une clarté confirmée par les études qui ont été ensuite consacrées
à la ville.

1.2.1) L'aspect le plus spectaculaire de l'expansion de la ville a été le développement de la


zone centrale, et en particulier de la zone d'activité économique principale d'Alep,
significativement appelée la "Cité" ("Mdineh'VMadma). C'est dans cette zone située entre bâb
Antâkya (O 8) et la Citadelle que se concentrait l'essentiel des activités commerciales de la ville,
dans des caravansérails (khân) et des marchés (sûq) distribués le long des rues qui avaient
succédé à la grande artère antique. Cette zone avait connu un vif développement durant le dernier
siècle de l'époque mamelouke qui avait été marquée par la construction de plusieurs khâns d'une
remarquable qualité architecturale, tel le khân Ouzdamour (al-Sabûn), construit en 1479, un des
exemples les plus remarquables d'effort décoratif dans un bâtiment fonctionnel6. A cette époque
cependant la zone centrale ne s'étendait que dans la région située au nord de la voie centrale des
marchés, sur une surface totale d'environ 6 hectares (H. Gaube et E. Wirth, 1984 : 175).
En quelques décennies, au moyen de quatre opérations de waqf réalisées vers 1546, par
Khusrû Pacha, autour de sa mosquée (Q 16), vers 1556 par Muhammad Pacha, autour de la
mosquée al-cÂdiliyya (Q 14), vers 1574 par Muhammad Pacha, autour du khân al-Gumruk
(P 12), vers 1583, par Bahrâm Pacha, autour de sa mosquée (P 11), la surface de la Mdineh fut
presque doublée (environ 1 1 hectares) et son équipement en marchés et caravansérails fut
renforcé dans les mêmes proportions : elle comptait 31 des 56 marchés et 19 des 53 khâns
localisés, à l'époque ottomane (A. Raymond, 1979 et 1985 : 224-225). Ce vigoureux
développement de l'infrastructure économique centrale à Alep, dont les représentants de la Porte
ottomane furent les initiateurs, est naturellement à mettre en rapport avec l'essor économique
que connut la ville au moment de son inclusion dans l'Empire ottoman. C'est également le
mouvement d'urbanisation que connut la ville intra-muros et la pression qu'exerça le centre
96 /André Raymond

Fig. 1
Alep à l'époque ottomane
Alep à l'époque ottomane (XVI' -XIX' siècles)/ 97

économique sur la région avoisinante qui expliquent le déplacement des tanneries, anciennement
localisées dans le nord-ouest (en J 11), dans un emplacement qui garda ensuite le nom de
"Vieille tannerie" (al-Dabbâgha al-catîqa), et leur établissement juste à l'extérieur de la ville, le
long de la rivière Quwayq (P 6). La date approximative de ce déplacement (un peu avant 1574)
montre bien qu'il était lié aux grandes opérations de waqf qui se produisaient alors dans la
Mdineh (A. Raymond, 1977). Le déplacement des savonneries, localisées à l'époque mamelouke
dans la même région que les anciennes tanneries, ainsi que l'indique l'existence du toponyme
"Masâbin" fut sans doute provoqué par les mêmes évolutions urbaines (J. Sauvaget, 1941 : 151
et note 562 ; Th. Grandin, 1984 : 145-146). Ce "remue-ménage" d'activités "industrielles"
témoignait évidemment des bouleversements que connaissait la ville et des besoins en espace
économique et résidentiel que son essor provoquait.

1.2.2) C'est aussi, pour une large part, au XVIe siècle, que l'on assista au second grand
phénomène urbain de l'époque ottomane, le développement de vastes faubourgs au nord et à
l'est de la ville. Les recherches de J. Sauvaget ont bien montré que le développement de ces
zones suburbaines n'avait été qu'esquissé à l'époque mamelouke, l'urbanisation se développant
principalement à cette époque le long des principales voies commerciales au départ des grandes
portes de la ville, bâb al-Nasr (I 16-17), bâb al-Hadîd (J 23) et bâb Nayrab (U 21). La
comparaison des cartes proposées par J. Sauvaget pour le début du XVIe siècle, et pour le milieu
du XIXe siècle, permet de définir une expansion globale, principalement localisée dans les
faubourgs (de 238 à 349 hectares) dont il semble bien qu'une bonne partie était réalisée dès la
fin du XVIe siècle7, les siècles suivants ayant sur ce point complété l'urbanisation réalisée dès
avant 1600. En ce qui concerne le faubourg nord, le progrès fut largement dû à l'essor de la
communauté chrétienne qui en réalisa progressivement le peuplement à partir de la région de
Judayda (FG 11-12), où l'installation chrétienne avait été très précoce puisque le quartier de
Salîba aurait été fondé au XVe siècle. Il semble bien que ce peuplement fut encouragé par les
sultans ottomans qui attendaient de l'installation de chrétiens un progrès des activités
commerciales : d'après l'historien alépin Ghazzî, le quartier de Zuqâq al-Arbain situé un peu
plus au nord-est (D 14-15) aurait été fondé au temps du sultan Salîm (1512-1520), quarante
familles (d'où son nom) y étant établies pour renforcer les activités commerciales d'Alep. Dès
1537 il y aurait eu, dans cette région, 553 "feux" chrétiens, sur un total de 10 270 pour Alep (soit
une proportion de 5,4%)8.
Le développement du faubourg oriental dont J. Sauvaget a défini le caractère avec beaucoup de
perspicacité s'esquissa dès le XVIe siècle. Il était lié à l'activité qui se développa dans la grande rue
ouest-est dont toute la partie occidentale était occupée par le grand souq de Bânqûsa, le long de la
route des caravanes de Perse, "en rapport avec l'importance et la fréquence plus grandes des
convois venus du Nord-Est." D'où l'aspect de souk caravanier de l'artère axiale du faubourg nord-
est. Le peuplement des quartiers reflétait d'une part cette importance des activités caravanieres et
d'autre part l'afflux de populations d'origine rurale ou nomade, dont la toponymie du faubourg a
gardé des traces : quartier des Tartares, quartier des gens de Someisat (sur le Haut-Euphrate),
quartier des Tziganes (al-Qurbât) (J. Sauvaget, 1941 : 228-230). Que ce faubourg se soit
développé au XVIe siècle et ait pris, dès cette époque, sa structure définitive paraît indiqué par
plusieurs indices. Le recensement de 992/1584, mentionne un nombre de quartiers (22 mahalla,
32,3% du nombre total de quartiers à Alep), qui ne variera guère jusqu'à la fin du XVIIe siècle : en
1683, 20 mahalla (27,8% du total). Par contre, la population continuera à augmenter : de 1581
"feux" en 1584 (17,5% du total) à 3 446 en 1683 (24,9% du total), ce qui implique une
densification de l'espace construit9. Second indice de ce développement, la construction de
98 / André Raymond

mosquées qui devaient pourvoir aux besoins religieux des habitants de cette zone en expansion,
durant le XVIe et le début du XVIIe siècles : mosquée Aghâjik, 1562 (M 26) ; mosquée Bâdanjak,
vers 1640 (W 26) ; mosquée al-Ballât, vers 1650 (P 27), mosquée Qâdî cAskar, en 1657 (K 28).

1.3) Faute d'informations précises sur la période mamelouke, il nous est naturellement à peu
près impossible d'évaluer le mouvement de la population d'Alep durant le XVIe siècle ; nous
n'avons pas davantage la possibilité d'évaluer l'expansion territoriale de la ville au XVIe siècle
qui pourrait fournir la base d'une évaluation démographique. Nous devons, de ce point de vue,
nous en tenir aux indices que nous fournissent l'évolution du "centre ville" qui paraît indiquer
une densification de la population, et le développement des faubourgs nord et est, que nous
venons de décrire. Vers la fin du XVIe siècle, la population de la ville se situait sans doute aux
environs de 75 000 habitants, un chiffre probablement plus élevé que celui de la population au
début du siècle10. Cette augmentation ne fut vraisemblablement pas régulière et il est possible
que ce mouvement ascendant ait été interrompu entre 1537 et 1584, mais il ne nous est pas
possible de préciser le moment exact de l'ampleur éventuelle de ce recul.
Pour tenter de trouver un terrain plus solide, il paraît intéressant de recourir aux indications
que nous fournit le mouvement de construction. Bien que l'activité architecturale ne constitue
pas un signe absolument fiable de prospérité, on peut considérer qu'elle est un indice d'une telle
prospérité, les "patrons" mobilisant pour leurs constructions les moyens que leur fournissait
l'activité économique de la ville et de la région. La comparaison du nombre de constructions de
monuments "publics" (mosquées, madrasa, fontaines), siècle par siècle, peut donc présenter un
certain intérêt de ce point de vue :

Construction de monuments "publics" de 1516 à 1800"

mosquées et madrasa zawiya et takiya fontaines total


1516-1600 18 5 12 35
1601-1700 14 - 7 21
1701-1800 11 5 23 39
Malgré une durée notablement plus courte, et bien que les premières années de la domination
ottomane aient, sans doute, été moins fructueuses on voit que, d'un point de vue quantitatif, le
XVIe siècle a été une période féconde pour ce qui concerne l'activité architecturale. On constate
également le nombre relativement important de constructions de grande ampleur (mosquées),
durant cette période.
Il faut, d'autre part, remarquer qu'Alep doit à cette première période ottomane quelques uns
des monuments les plus importants de toute son histoire, telles les mosquées de la Khusrâwiyya,
construite vers 1546 au pied de la Citadelle, de la cAdiliyya (1556), de la Bahrâmiyya (1583) qui
sont remarquables par leurs dimensions et leur qualité architecturale. Peu suspect de partialité en
faveur de la période ottomane, J. Sauvaget remarque que ces fondations neuves :
"témoignent d'une largeur de conception, d'une puissance de moyens, d'une perfection dans le
détail... qui font d'elles les plus belles réalisations architecturales qui se puissent voir à Alep. [La
silhouette de ces monuments] vigoureusement profilée à la mode de Stanboul... [modifie]
complètement le panorama d'Alep dont ils seront désormais l'un des éléments essentiels12."
Construits par des pachas ayant été en poste à Alep, ces édifices témoignent de l'intérêt des
hauts dignitaires de l'Empire pour une ville importante et prestigieuse. Il est également
significatif que le sultan Sulaymân lui-même (1520-1566) ait manifesté un intérêt direct pour la
Alep à l'époque ottomane (XVI'-XIX' siècles)/ 99

parure architecturale d'une de ses capitales provinciales, à laquelle il avait été amené à faire
plusieurs visites à l'occasion de ses campagnes en Iraq. La participation probable du fameux
architecte Sinan à la construction de la Khusrâwiyya ne se fit certainement pas sans son accord.
Et c'est sans doute lors de son passage à Alep en 1533-1534 qu'il ordonna de faire construire la
fontaine "al-Sultân" (I 9) qui porta, jusqu'à sa destruction relativement récente, une inscription
témoignant de cet intérêt sultanien. Beaucoup de monuments "utilitaires" témoignent du même
souci de la qualité architecturale, tels le khân Quit Bey (vers 1540) (L 15), et surtout le khân al-
Gumruk (1574) (P 12), dont la décoration, de caractère néo-mamelouk, pourrait être celle d'un
édifice religieux.

2. La crise du XVIIe siècle

Faute d'une étude approfondie de sources pourtant largement disponibles à Damas et à


Istanbul, le XVIIe siècle alépin est un siècle obscur à propos duquel on doit souvent se contenter
d'appréciations émises déjà très anciennement, concluant au déclin de la ville à cette époque.

2.1) Le fait que les premières décennies du XVIIe siècle aient été une période de crise pour
l'Empire dans son ensemble, avec des difficultés extérieures (guerres avec l'Iran et la Hongrie),
avec des rébellions internes (révoltes djelali), sous un gouvernement faible et incompétent, ne
put qu'affecter les provinces, et d'abord celle d'Alep. Des troubles sérieux s'y déroulèrent
effectivement, avec un siège de la ville en 1604, la rébellion de cAlî Janpulatoghlu en 1607. Mais
Alep fut sans doute plus directement touchée encore par les conséquences du conflit avec l'Iran
de Chah cAbbâs, auquel un terme (provisoire) ne fut mis que par la campagne de Murâd IV en
Iraq et la reprise de Baghdad (en 1638)13.
On admet généralement que le commerce d'Alep fut frappé, pendant le premier tiers du
XVIIe siècle, par le ralentissement du commerce oriental sur lequel sa prospérité économique
était largement fondée. Peu après 1600, les navires des compagnies anglaise et hollandaise des
Indes orientales commencèrent à transporter les marchandises orientales par voie de mer, court-
circuitant les routes traditionnelles du Levant ; la perte de Hormuz, enlevée au Portugais le 1 1
février 1622 par des forces combinées anglaises et persanes, constitua un épisode décisif de cette
"révolution" commerciale. Le commerce de la soie fut d'autant plus atteint, que Chah cAbbâs
(1587-1629) faisait de la production de soie un monopole royal. Sans que le trafic de la soie ait
jamais été totalement détourné vers la voie de mer, le commerce de caravanes terrestres vers les
marchés du Levant fut évidemment affecté par ces changements. Vers 1630 le poivre et les
épices en provenance de l'Est se raréfièrent également à Alep14.
Ces mutations, lointaine conséquence de la découverte de la route maritime du Cap par des
Européens, ne furent ni totales, ni définitives : après 1630, le commerce de la soie connaissait
une reprise et le transport de la soie par caravane d'Iran à Alep se poursuivit jusqu'au milieu du
XVIIIe siècle (B. Masters, 1988 : 24-25, 216). Mais, dans l'immédiat, ces évolutions du
commerce oriental eurent des effets néfastes pour l'économie d'Alep. Il est tout à fait significatif
que les constructions de khâns, si nombreuses au XVIe siècle, s'interrompent totalement dans la
première moitié du XVIIe siècle : le dernier khân dont la date de construction précise est connue
de nous au XVIe siècle est le khân al-Hibâl, construit en 1594, dans la "Cité" (O 12) par
Muhammad Pacha. Il faut ensuite attendre soixante ans pour enregistrer la construction du khân
édifié vers 1654 par Ibshîr Pacha dans le faubourg nord (F 13). Au total nous ne connaissons que
100 /André Raymond

Fig. 2
Alep, édifices publics construits entre 1516 et 1800.

Légende : • mosquées, madrasa


• Zâwiya
♦Fontaines publiques
Alep à l'époque ottomane (XVI'-XIX' siècles) / 101

quatre khâns datés du XVIIe siècle contre une vingtaine au XVIe siècle (et huit au XVIIIe).
L'histoire monumentale confirme la profondeur de l'ébranlement apparemment subi par
l'économie d' Alep durant les cinquante premières années du XVIIe siècle.

2.2) Le probable ralentissement du développement d'Alep au XVIIe siècle, et peut-être, à


certains moments, le déclin de la ville, ressort du tableau que nous avons donné plus haut de la
construction de monuments "publics" à Alep durant la période ottomane. Entre un XVIe siècle et
un XVIIIe siècle, également productifs, de ce point de vue (35 et 39 monuments respectivement),
le XVIIe siècle se caractérise, nous l'avons vu, par un "creux" significatif : seulement 21
monuments, à peu près la moitié du siècle précédent et du siècle suivant. La chronologie de la
construction révèle d'autre part de longues périodes de totale inactivité architecturale : c'est
ainsi que nous ne connaissons aucun monument public construit pendant les années 1602 à 1617
(seize ans), 1621 à 1635 (quinze ans), 1658 à 1671 (quatorze ans) : soit 45 années durant les
années 1602 à 1671. Un silence tout à fait remarquable qui témoigne sans doute d'une baisse de
prospérité qui atteint les éventuels patrons de l'activité architecturale. On interprétera de la
même façon le fait que très peu de ces monuments du XVIIe siècle aient une réelle importance
architecturale : l'ensemble édifié dans le cadre du waqf d'Ibshîr Pacha (FG 13), vers 1653 (mais
la modestie de la mosquée qui justifie l'entreprise est tout à fait remarquable), et, vers la fin du
siècle, en 1682, le khân al-Wazîr (N 15), dont les dimensions et la qualité décorative sont
remarquables, constituent des exceptions et indiquent peut-être le retour de temps meilleurs.

2.3) Les remarques qui précèdent ne sont cependant que des observations "marginales" qui
ne peuvent remplacer l'analyse approfondie (statistique) des conditions socio-économiques de
l'évolution d'Alep au XVIIe siècle, que des chercheurs entreprenants donneront un jour. Un
certain nombre de données doivent nous amener à nous interroger sur la profondeur, et sur la
durée, de cette "dépression" du XVIIe siècle. Si le commerce international d'Alep fut atteint,
l'activité "industrielle" de la ville se poursuivit, expliquant les succès, mieux connus, du XVIIIe
siècle. Une étude sur l'industrie traditionnelle de la savonnerie à Alep révèle une importante
évolution du mode de fabrication du savon au cours du XVIe ou du XVIIe siècle ; les petits
ateliers sont remplacés par de plus grands bâtiments, à la capacité de production plus importante,
les grandes savonneries étant installées souvent dans des édifices préexistants (Th. Grandin,
1984 : 145). Le waqf considérable constitué par Ibshîr Pacha dans le faubourg nord, en 1653,
avec sa mosquée, mais surtout son khân et ses quatre qaysâriyya (totalisant 82 pièces), son sûq,
sa teinturerie, son café et sa fontaine, le tout couvrant 6 224 m2 (une surface équivalente à celle
du khân al-Gumruk construit en 1574 dans la Mdineh), représente un effort considérable qui
témoigne de l'activité de l'artisanat textile (J.-C. David, 1982 ; M. Salati, 1990) dont un autre
indice nous est fourni par des documents du Tribunal produits par B. Masters : des ordres du
gouverneur d'Alep, datés de 1665 et 1673, indiquent qu'en raison de l'augmentation de la
production de tissu atlas à Alep, les importations d'étoffes d'Europe ont diminué, ce qui a
entraîné la baisse de revenu des douanes ; le pacha ordonne donc la levée d'un droit sur les
tisserands alépins, 3% sur les musulmans, 5% sur les non-musulmans. Une telle décision révèle
une remarquable stupidité dans la gestion économique ; mais elle permet aussi de mesurer
l'activité de la production locale (B. Masters, 1988 : 198-199).
Ce que nous savons enfin de l'histoire démographique de la ville n'indique nullement un
recul ou une stagnation, sur une longue période. D'après l'évaluation donnée par le consul
d'Arvieux en 1683, la population d'Alep était de 13 854 "feux", ce qui représente une
augmentation de 53% par rapport au recensement de 1584 (9 049 feux). Evaluée en "habitants"
102 /André Raymond

avec tous les risques que représente une telle conversion, la population d'Alep serait passée
d'environ 75 000 à environ 115 000 habitants. Mais nous ne sommes pas en mesure de dire
comment cette population a évolué au cours de ce siècle. Ce qui est, par contre, évident, c'est
que le mouvement de peuplement des faubourgs nord et est s'est poursuivi durant cette période à
un rythme soutenu, identique dans les deux faubourgs : plus 111% dans le faubourg nord ; plus
118% dans le faubourg est, entre 1584 et 1683 (A. Raymond, 1984 : 455). Le dynamisme de la
croissance d'Alep ne se ralentissait nullement, si on l'envisage dans le long terme, mais il se
concentrait dans les zones périphériques de la ville, les plus récentes.

3. Un XVIIIe siècle contrasté

L'étude du XVIIe siècle confirme combien est artificielle la coupure de l'histoire d'Alep à
l'époque ottomane en périodes séculaires. Il serait sans doute plus conforme à la réalité
historique, telle que nous la pressentons, de proposer un découpage qui, après la période de
dépression de la première moitié du XVIP siècle aurait comme point de départ les années 1650 à
1670, et comme point d'arrivée les années 1770 à 1780, avant la crise de la fin du XVIIIe siècle.
On aurait ainsi une impression relativement favorable pour une période d'environ un siècle qui
ne paraît pas marquée par une décadence affirmée.

3.1) Le caractère marquant de cette période est la vigueur de l'activité économique d'Alep,
dans les rares secteurs où on dispose d'éléments pour la mesurer.
La savonnerie fut une de ces activités traditionnelles qui avaient un large débouché dans les
régions qui dépendaient économiquement d'Alep, mais aussi dans les autres provinces de
l'Empire. Nous avons noté plus haut que de grandes fabriques ayant une plus grande capacité de
production se substituèrent, au XVIe ou au XVIP siècle, aux petits ateliers anciens. Plusieurs des
sept fabriques dénombrées par Rousseau au début du XIXe siècle furent édifiées au XVIIIe
siècle, notamment la savonnerie Zanâbilî (H 17) et la savonnerie Jbaylî (J 17). L'augmentation
du nombre des savonneries au XIXe siècle (Ghâzzi en cite quinze) confirme la vitalité de cette
activité (Th. Grandin, 1984 : 145-146).
Plus significatif encore, est le dynamisme de l'artisanat du textile au XVIIIe siècle. Les
progrès de cette production localisée dans les ateliers de tissage installés dans des qaysâriyya se
manifestent par une forte expansion dans le faubourg nord, résultat du déplacement des activités
les moins nobles en dehors de la ville intra muros (comme les tanneries avaient, au XVIe siècle,
abandonné le centre pour la périphérie) (J. Cornand, 1984 : 81, 105, 115, 116, 120). Ce
développement est également lié à l'expansion de la population chrétienne dans cette région. Au
début du XIXe siècle Barbie du Bocage estimait qu'il y avait à Alep 12 000 métiers à tisser et
100 teintureries, et la variété des productions dont il fait état est tout à fait conforme à la réalité :
un document d'archives de 1762, concernant les conditions de fabrication des tissus à Alep, ne
mentionne pas moins de 43 espèces différentes d'étoffes tissées dans cette ville (A. Raymond,
1985 : 268). Cette position d'Alep comme centre de production de tissus est reflétée par
l'activité du commerce extérieur de la ville dont le commerce avec Marseille, le mieux connu, et
le plus important, donne l'image. Au cours du XVIIP siècle, les exportations de toileries d'Alep
(surtout de cotonnades) vers Marseille, ne cessent d'augmenter : 85 000 livres en 1700-1702,
1 326 000 en 1750-1754, 1 696 000 en 1785-1789 ; elles représentent alors 48,25% des sorties
d'Alep et 67,1% des exportations de tissus de tout le Levant. Inversant les termes habituels de
Alep à l'époque ottomane (XVI'-XIX' siècles) / 103

l'échange entre l'Europe et le Moyen-Orient, Alep s'impose, au XVIIIe siècle, comme un


exportateur de produits fabriqués, et c'est ce commerce qui explique le gonflement des
exportations d'Alep vers Marseille (multipliées par six entre 1700 et 1789), ainsi que la forte
valeur des cargaisons au départ d'Alexandrette, avant-port d'Alep : 375 700 livres par bâtiment
(214 900 pour Smyrne, et 148 500 pour l'Egypte)15.
On doit tenir compte de cette vitalité interne pour apprécier l'évolution d'Alep au XVIIP
siècle, et on doit donc relativiser un certain nombre de facteurs adverses qui purent affecter sa
prospérité. Il en va ainsi de la crise dans le commerce de caravane, et en particulier du trafic de
la soie que provoquèrent les troubles que connut l'Iran à partir de 1722 et les conflits entre les
Ottomans et Nadir Chah, jusqu'en 1747 (B. Masters, 1988 : 30-31 ; A. Marcus, 1989 : 149-150).
La crise fut certes sévère, mais elle n'eut sans doute pas un caractère irrémédiable : dans les
statistiques de Marseille les importations de soie s'effondrent en effet de 298 000 livres en 1700-
1702, à 48 000 en 1750-1754 ; mais le montant enregistré en 1785-1789 est de 223 000. Et,
durant tout le siècle, le commerce global d'Alep avec Marseille, qui est l'un des rares indicateurs
dont nous disposions pour mesurer l'économie alépine, croit avec régularité en volume, se
maintenant en pourcentage dans le cadre du commerce global avec le Levant, lui aussi en forte
progression : 924 000 livres en 1711-1715 (6,75% du total), 2 078 000 en 1750-1754 (9,35%),
3 517 000 en 1785-1789 (9%), pour ce qui concerne les achats marseillais. Durant les mêmes
périodes, les ventes d'Egypte stagnent en valeur (3 520 000, 2 352 000, 2 863 000) et régressent
en pourcentage par rapport à l'ensemble du commerce du Levant (25,5%, 11,25%, 7,5%)
(R. Paris, 1957, v : 370, 415-416).

3.2) Si nous revenons, dans cet effort pour apprécier l'évolution d'Alep, vers les éléments
que nous donne la ville elle-même, le tableau n'est pas défavorable. Au point de vue
architectural, le XVIIP siècle fut une période d'activité qui se compare favorablement avec le
XVIe siècle, ère d'expansion (39 bâtiments publics édifiés contre 34), et qui est naturellement
beaucoup plus intense qu'au XVIe siècle (21). Il est vrai que la proportion des mosquées, les
monuments les plus importants, dans ce total, diminue sensiblement, les fontaines, édifices plus
modestes, et donc moins coûteux, constituant l'essentiel de ces constructions. Mais le XVIIP
siècle fut aussi marqué par l'édification de quelques bâtiments de grande ampleur, telle la
madrasa cUthmâniyya, en 1730 (K 17) ou la madrasa Ahmadiyya, en 1751 (P 1 1).
A l'intérieur de la ville intra muros on relève une activité qui renoue, au delà d'un XVIIe
siècle peu fécond dans ce domaine, avec les grandes entreprises du XVIe siècle. Les zones les
plus actives paraissent être : la région sud, entre bâb al-Maqâm (W 16) et Sâha Biza (U 15), où
cinq fontaines publiques sont construites, ce qui est sans doute le signe d'une forte urbanisation ;
la région du Jallûm (aux environ de Q 11), au sud de la Mdineh, où les familles de notables
locaux, Taha Zâda et Kawâkibî, sont particulièrement actives (M. Meriwether, 1981). Mais c'est
surtout au nord de la Mdineh, entre la grande mosquée (0 13) et la porte de bâb al-Nasr (I 16),
dans le quartier de Suwayqa cAlî (MN 14-15), qu'une vive activité se développa (deux mosquées
et madrasa, deux zâwiya, sept fontaines), du fait, en particulier, d'une famille de grands
commerçants d'Alep, les Amîrî dont le plus remarquable, Mûsâ (mort en 1 177/1763-4), eut une
activité de commerçant qui l'amena jusqu'en Iraq et aux Indes, et qui construisit, près de sa
mosquée al-Khayr (N 14) de nombreux édifices, mentionnés dans une waqfiyya datée de 1763,
récemment éditée et traduite par J. Tate (J. Tate, 1990 ; J.-C. David et J. Tate, 1986).
Au nord d'Alep, le peuplement du faubourg par les chrétiens se poursuit : vers la fin du XVIIIe
siècle, les quartiers qu'ils habitent, d'après les registres du Tribunal, sont au nombre de 12 (9 vers
1680) et on voit apparaître les noms de Mâwardî (GH 19-20), Turâb al-Ghurabâ (H 18), Tawîl
104 /André Raymond

(C 20) et Aqyûl (E 21), de plus en plus vers l'est. On peut estimer que vers 1800 la situation
décrite par l'historien Ghazzî au début du XXe siècle est à peu près réalisée : toute la zone située
entre Salîba (FG 11-12) et la rue joignant bâb al-Hadîd (J 23) et bâb Aghiyûr (C 21) est alors
peuplée majoritairement de chrétiens16. Le quartier se caractérise par un vigoureux développement
des activités textiles, dont nous avons vu qu'elles étaient liées à la communauté chrétienne. Mais
sur le plan de l'habitat la zone nord est aussi une zone d'habitat de qualité, exception à la règle
habituelle de la concentration de l'habitat bourgeois dans le centre des villes arabes, qui
s'explique naturellement par la présence d'une population chrétienne plus aisée, en moyenne, que
la population musulmane17. De cette prospérité, témoignent, aujourd'hui encore, les belles
maisons bourgeoises où les chrétiens menaient, à l'abri des portes de leur quartier "une vie
confortable de bourgeois cossus" (J. Sauvaget, 1941 : 226) : un certain nombre d'exemplaires,
datant des dernières décennies du XVIIe siècle et des premières du XVIIIe siècle, en sont parvenus
jusqu'à nous, maison Ghazzâla (F 13), Dallai (E 12), Ajîqbâsh (G 13), Bâsîl (E 12).
Les assez maigres informations que nous avons sur le faubourg est nous permettent de
supposer que cette région poursuivit le développement amorcé aux siècles précédents. Les
constructions relevées le long des principaux axes commerciaux de cette zone, souq de Bânqûsa
(une mosquée, deux zâwiya, une fontaine), et rue de bâb Nayrab (deux fontaines), peuvent être
interprétées comme un signe de l'activité des routes caravanières vers l'est. A. Marcus (1989 :
280 et carte) y relève l'existence de 26 quartiers (contre 20 en 1683 : voir liste L. d'Arvieux,
1735) ce qui paraît bien indiquer un progrès de l'urbanisation dans cette région.

3.3) Aucune information véritablement précise ne nous permet de proposer une évaluation
fondée sur la population de la ville au XVIIIe siècle, les premiers chiffres ayant quelque valeur
apparaissant vers le milieu du XIXe siècle. B. Masters (1988 : 41) et A. Marcus (1989 : 339)
proposent, respectivement, pour la fin du siècle, 80 et 100 000 habitants, estimations qui sont
proches de celle que donne Volney, un observateur incontestablement perspicace, mais qui ne se
base lui-même sur aucun élément concret :
"On veut y compter deux cent mille âmes, note le voyageur, et sur cet article de la population on
ne sera jamais d'accord. Cependant, si l'on observe que cette ville n'est pas plus grande que
Nantes et Marseille, et que les maisons n'y ont qu'un étage, l'on trouvera peut-être suffisant d'y
compter cent mille têtes". (C. F. Volney, 1822, II : 49).
Si l'on accepte ma propre évaluation de 115 000 habitants pour la fin du XVIIe siècle, la
population d'Alep aurait donc globalement diminué, d'un siècle à l'autre. Mais nous n'avons
naturellement aucun moyen de connaître la courbe de cette évolution et il n'est pas impossible
que la crise des dernières décennies du siècle explique ce repli démographique, de la même
manière qu'au Caire les difficultés diverses (crise politique, épidémies, famines), expliquent
sans doute le recul démographique enregistré par les savants de la Description mais qui n'était
peut-être que temporaire (A. Raymond, 1983, II : 26-27). Nous avons noté précédemment que
l'activité architecturale du XVIIIe siècle indique plutôt un redressement urbain : l'abondance de
la construction de fontaines, monuments modestes mais fortement significatifs en ce qui
concerne la démographie (23 construits au XVIIIe siècle, contre 12 et 7 dans les deux siècles
précédents) milite en faveur de l'hypothèse du maintien du développement démographique, sauf
peut-être durant les dernières décennies du siècle.

3.4) Le dernier point à relever, en ce qui concerne le XVIIIe siècle, est l'importance du rôle
que jouent les notables locaux dans l'histoire de la ville. Parmi ces a cyân on trouvait avant tout
Alep à l'époque ottomane (XVI'-XIXe siècles) / 105

des membres des grandes familles religieuses qui monopolisaient les fonctions dévolues aux
culamâ, ouvrant la porte à de fructueuses activités (gestion des waqfs, par exemple) : les Jâbirî,
les Kawâkibî, les Taha. Etroitement associées à ces familles de culamâ étaient des familles de
marchands, une alliance traditionnelle dans les villes islamiques : les Amîrî figurent parmi les
plus notables. Enfin, remarque M. Meriwether,
"bien que le statut de sharîf à lui seul n'assurât pas une place parmi les notables de la
cité, le fait d'avoir une ascendance chérifienne constituait un des éléments de statut
parmi ces familles" (M. Meriwether, 1981 : 85).
Sur tous ces points les analyses classiques de A. H. Hourani sont totalement confirmées (1957 :
89-122 ; 1966). Si on analyse le développement urbain, on voit l'importance du rôle joué par ces
notables locaux, qui s'exprime en particulier dans la participation à l'activité architecturale. Parmi
les Taha Zâda, très actifs dans la région du Jallûm, Ahmad fut le constructeur de la madrasa
édifiée en 1751 (P 11). Egalement liés au Jallûm, les Kawâkibi comptaient en Ahmad (mort en
1782), le constructeur d'un sabîl (en 1773) (J 15) et d'une madrasa (S 9). Les Amîrî étaient liés au
quartier du Suwayqat cAlî (M 15) : ils comptèrent deux grands bâtisseurs cAbd al-Qâdir (une
fontaine et un masjid, vers 1747) (K 1 1), et son cousin, Mûsâ (une mosquée et un sabîl, vers 1762)
(N 14 et LM 14). Dans le développement de la ville les notables locaux tendaient à se substituer
aux pachas dont nous avons remarqué la grande activité au XVIe siècle.

4. Alep au tournant du siècle

4.1) Vers la fin d'un dix-huitième siècle qui paraît avoir été plutôt favorable, Alep entre, dans
les années 70, dans une période de crise qui va durer plus d'un demi siècle et culminera avec le
siège de 1819 et le tremblement de terre de 1822.
Cette crise était naturellement liée à l'affaiblissement (effondrement serait un terme plus
approprié) de l'Empire. Le désastreux traité de Kiitchûk-Kaynardja, en 1774, marque l'ouverture
de la "Question d'Orient". Sur le plan local ce recul sans précédent de la puissance ottomane
s'accompagne d'un affaiblissement durable de l'autorité centrale :
"La capacité d'assurer aux habitants de l'Empire sécurité et justice n'appartient plus au
pouvoir central et revient à des forces locales." (J.-P. Thieck, 1985 : 124).

Les gouverneurs, démunis de moyens du fait de la crise financière que connaît l'Empire, sont
incapables d'imposer leur autorité aux forces locales, en particulier aux Janissaires, mais aussi
aux citadins (et aux notables qui les représentent). En 1775 les Alépins chassent leur gouverneur
de la ville, à l'issue d'un mouvement qui a été lancé par les Janissaires contre cAlî Pacha
(J.-P. Thieck, 1985 : 124 ; A. Marcus, 1989 : 87). Les vingt années qui vont suivre vont être
marquées par une crise économique aggravée par de dramatiques difficultés alimentaires (1787)
que concluaient souvent des épidémies dévastatrices : la cité fut affectée par une série
d'épidémies de peste en 1786-1787 (avec un taux de mortalité estimé à 15% de la population),
en 1793, en 1802, 1808, 1813-1815 et 1827, soit six occurrences en quarante ans, un rythme très
supérieur à celui, habituellement décennal, de ces accidents de santé (D. Panzac, 1985 :
156-161 ; A. Marcus, 1989 : 256-257).
Sur cet arrière plan désastreux se déroulèrent, durant une trentaine d'années, une série de
révoltes populaires comme Alep n'en avait pas connu au cours de la période ottomane : suivant
le mouvement de 1775, les révoltes se succédèrent, en 1778, 1784 (expulsion de cAbdî Pacha),
106 /André Raymond

1787 (le pacha nouvellement nommé se voit refuser l'entrée de la ville), 1791 (Kûsâ Mustafâ
Pacha est assiégé dans son sérail par la population et doit partir), 1804 (Muhammad Bey,
gouverneur par interim doit quitter la ville (A. Raymond, 1989, II : 244). La ville était d'autre
part agitée par des conflits entre les deux groupes qui se partageaient le contrôle de la
population, les Janissaires et les Chérifs, dont les plus notables furent ceux de 1770, 1778, 1798
et 1805. Mais en dépit de cette concurrence, on est plutôt frappé par leur accord fondamental
pour la défense du peuple d'Alep, ainsi qu'il fut évident lors de la crise finale de 1819, qui fut le
dernier, et le plus grave soulèvement d'Alep durant la période ottomane. La révolte causée par
les exigences fiscales et les exactions des gouvernants ottomans, éclata le 23 octobre 1819 et
dura plus de trois mois. La population d'Alep, notables et Janissaires alliés, résista au siège
mené par trois pachas et neuf mille hommes, mais dut finalement capituler le 1er février 1820
(H. Bodman, 1963 ; A. Raymond, 1989, II : 248-260). Ce désastre fut suivi, en août 1822, par un
tremblement de terre qui dévasta la ville et qui lui porta le coup de grâce.

4.2) Une telle accumulation de difficultés politiques, matérielles et naturelles explique


suffisamment le déclin que connut la ville pendant la période qui couvre les dernières décennies
du XVIIIe siècle et les premières du XIX' siècle. Le probable recul démographique de la fin du
XVIIIe siècle en témoigne, et la situation s'aggrava sans doute pendant la première moitié du
XIXe siècle : la révolte de 1819 provoqua des pertes sévères dans la population ; on porte au
passif du tremblement de terre de 1822, la mort de trente mille personnes (évaluation
évidemment exagérée). En 1840, la population d'Alep serait tombée à un chiffre voisin de
75 000 habitants, à peine supérieur à celui que comptait la ville trois siècles plus tôt, dans les
débuts de la conquête ottomane (M. Meriwether, 1981 : 55). Sans doute l'économie d'Alep
restait-elle forte, mais la ville entrait avec une situation fortement diminuée dans un XIXe siècle
qui allait la confronter avec le défi, de toute manière difficilement resistible, que représentaient
la concurrence et la pénétration européennes.

4.3) Dans l'immédiat cependant, les difficultés des décennies du changement de siècle auraient
pu n'être qu'un accident aux conséquences limitées dans une évolution qui avait connu des
phases très contrastées depuis 1516. Une période de croissance marquée, de l'occupation
ottomane aux environs de 1580, avec un remarquable développement de l'infrastructure
commerciale du centre économique (Mdineh) de la ville, et avec un vif essor des faubourgs est, et
surtout nord (où les chrétiens étaient l'élément le plus dynamique) ; une période de crise entre
1600 et 1650, liée aux problèmes internes de l'Empire, et aux difficultés du commerce oriental en
début de siècle ; une période de reprise dans les dernières décennies du XVIIe et les premières du
XVIIIe siècle, brièvement interrompue par la crise du commerce oriental (et en particulier de celui
de la soie), entre 1720 et 1750, puis un retour à la normale dans la seconde moitié du siècle. La
crise profonde qui commence vers 1770-1780 y met un terme : elle va se prolonger jusque vers
1820, marquée par des difficultés politiques internes et par des difficultés économiques, dans le
cadre du déclin général de l'Empire18. On peut trouver une réflexion de ces mouvements dans
l'histoire architecturale de la ville, qui souligne certaines de ces évolutions, et dans son histoire
démographique, trop lacunaire cependant pour qu'il soit possible de faire coïncider toujours les
variations de la population, que nous saisissons mal dans leur détail, et l'histoire de la ville :
75 000 habitants vers 1580, 1 15 000 vers 1680, 100 000 vers 1800, 75 000 vers 1840.

4.4) Dans l'ensemble cependant, un essor assez remarquable, surtout si on évoque les
appréciations défavorables traditionnellement émises sur la période ottomane. Examinée d'une
Alep à l'époque ottomane (XVI'-XIX' siècles) / 107

manière plus réaliste la ville paraît bien avoir connu durant ces trois siècles une réelle prospérité
économique, fondée sur un dynamisme local et non, comme le suggérait J. Sauvaget, sur la seule
activité des Européens : cette prospérité se traduit par un éclat monumental qui n'a eu de
précédent dans aucune autre phase de l'histoire de l'Alep arabe et musulmane. Relisons les
conclusions de J. Sauvaget, en écartant ses commentaires désabusés sur l'urbanisme arabe et la
domination ottomane :
"[Les fondations religieuses ottomanes] laissent très loin derrière elles tout ce
qu'avaient produit les époques antérieures ; [elles sont] les plus belles réalisations
architecturales qui se puissent voir à Alep... On ne saurait taxer d'exagération les
appréciations enthousiastes des voyageurs européens du XVIIe et du XVIIIe siècles : il est
certain que dès cette époque Alep se distinguait de toutes les autres villes syriennes par
son étendue, son activité, sa richesse et sa magnificence." (J. Sauvaget, 1941 : 234-235)
Et écoutons, en effet, le "sévère" Volney livrer ses impressions en 1785 :
"La ville elle-même est une des plus agréables de la Syrie, et est peut-être la plus propre
et la mieux bâtie de tout l'Empire. De quelque côté que l'on y arrive, la foule de ses
minarets et de ses dômes blanchâtres flatte l'œil ennuyé de l'aspect brun et monotone de
la plaine." (C. F. Volney, 1822, II : 47).

NOTES

1. Les travaux dont nous nous inspirons, le plus souvent dans cette étude, sont ceux de : J.-C. David (1975 et
1982) ; M. Meriwether (1981) ; A. Abdel Nour (1982) ; A. Raymond (1984) ; H. Gaube et E. Wirth (1984) ;
J.-P. Thieck (1985) ; K. Fukasawa (1987) ; B. Masters (1988) ; A. Marcus (1989) ; J. Tate (1990).
2. Voir sur cette périodisation les remarques, très judicieuses, de M. Meriwether (1981 : notamment 48-56).
3. J. Sauvaget (1941 : 193, 201). Voir aussi B. Masters (1988 : 13).
4. J. Sauvaget (1934, IV : 468). Voir aussi A. Raymond (1979 : 27).
5. Je pense que les conclusions (chiffrées) auxquelles je suis parvenu pour Le Caire (A. Raymond, 1985 :
44-45) valent pour Damas et Alep.
6. J. Sauvaget (1941 : 173 n. 650 et 233 n. 882, ainsi que les pi. XXII, XXffi). H. Gaube et E. Wirth (1984 :
137 : 360-361).
7. Voir les cartes LXII et LXX de Sauvaget (1941, Album) qui donnent la superficie de la ville, telle que
Sauvaget l'estimait, au début du XVIe et au milieu du XIXe siècles.
8. Sur les chrétiens de Syrie et en particulier sur les Melchites voir J. Nasrallah (1979) et Kâmil al-Ghazzî
(1342 H, II : 413, 427, 429, 449, 462, 468). Voir J.-C. David (1990 : 154) et A. Raymond (1992).
9. D'après les chiffres du Tapu defterî 610, des Basvekalet arsiv dairesi (dont le microfilm a été consulté au
Center for Historical Research de l'Université de Amman : année 992/1584) ; et ceux du recensement
mentionné par L. d' Arvieux (1735, VI : 434-437, année 1683). Voir sur ces problèmes A. Raymond (1984).
10. Voir A. Raymond (1984 : 458). Les hypothèses que j'ai présentées dans cet article sont acceptées par
B. Masters (1988 : 39-41) et A. Marcus (1989 : 337-341).
11. Pour établir cette liste j'ai principalement utilisé, outre mes propres recherches dans les sources et sur le
terrain, J. Sauvaget (1931) et le précieux inventaire réalisé par H. Gaube et E. Wirth (1984). Pour la
localisation de ces monuments voir la carte jointe à cet article.
12. J. Sauvaget (1941 : 234-235). Il inclut dans ces monuments importants la madrasa al-cUthmâniyya,
construite en 1730.
13. Sur la situation générale de l'Empire voir Robert Mantran (1989) : "L'Etat ottoman au XVIIe siècle".
Pour Alep, voir aussi B. Masters (1988 : 18-24).
14. Sur ce problème voir Niels Steensgaard (1973) dont les thèses sont acceptées par B. Masters (1988 :
22-23) et A. Marcus (1989 : 148-149). Notons que N. Steensgaard indique clairement qu'il n'y eut jamais
arrêt total (et totale "diversion") du commerce terrestre par caravane (par exemple 394-396). La "révolution
commerciale", dont la prise de Hormuz est le symbole, n'eut que des conséquences limitées sur le Levant.
108 /André Raymond

15. Sur le commerce avec Marseille voir Robert Paris (1957, V : 416, 534, 609). Voir aussi K. Fukasawa
(1987 : 24-26, 116, 122, 124) et J.-P. Thieck (1985 : 142-143).
16. Voir A. Raymond (1992). Nos informations proviennent du daftar Alep 108 (1171/1781) des Archives
Nationales de Syrie à Damas, dont la consultation nous a été aimablement facilitée par leur directrice,
Madame Dacd Hakîm, que nous remercions ici. Voir aussi K. al-Ghazzî, passim ; H. Gaube et E. Wirth
(1984 : 195 et la carte) ; J.-C. David (1990 : 152-155 et la carte).
17. Voir les études et les cartes de J.-C. David (1975) et de A. Marcus (1989 et sa thèse 1979). Egalement
A. Raymond (1992).
18. Réflexions pertinentes de M. Meriwether (1981 : 47-48).

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