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Le contrôle supérieur des finances publiques au Maroc :

La mission de la Cour des comptes en matieè re d’eé valuation des projets


publics

Introduction

A l’instar des institutions supeé rieures de controô le de type juridictionnel, l’ultime


objectif de la Cour des comptes du Maroc est la sauvegarde d’un ordre public particulier
aè savoir: l’ordre public financier, aè travers le controô le (et la sanction) du respect des
normes juridiques et de gestion qui reé gissent le secteur public. A cet effet, la Cour des
comptes est synonyme de l’acte civique de rendre compte, elle est laè pour servir le
citoyen en lui rendant compte des actes de gestion des fonds publics par les agents de
l’administration publique. Exactement, comme le stipule le slogan de la Cour des
comptes française, deé jaè classique, adresseé aux citoyens français : « comptez sur nous,
nous comptons pour vous ». C’est pourquoi l’acte de rendre compte est un acte d’ordre
public geé neé ralement reconnu dans les systeè mes de bonne gouvernance deé mocratique, et
qui a deé sormais au2Maroc une valeur constitutionnelle.

L’acte de production du compte trouve sa source conceptuelle et historique dans


l’acte de production du compte par le comptable public aè la Cour des comptes dans le
cadre de sa premieè re attribution classique et juridictionnelle, aè savoir la veé rification et le
jugement des comptes. Il s’agit d’un acte qui preé ceè de et justifie l’intervention posteé rieure
de la Cour des comptes, assimileé par la litteé rature doctrinale financieè re aè l’acte de la
deé claration obligatoire de l’impoô t. Il vise, non seulement les comptables publics patents
(habiliteé s), mais eé galement toute personne, notamment les ordonnateurs, gestionnaires
publics et les agents qui leur sont subordonneé s, lorsqu’ils sont deé clareé s comptables ou
gestionnaires de fait pour violation du principe de seé paration des fonctions des
comptables publics et des ordonnateurs, il s’agit d’une deuxieè me attribution
juridictionnelle qui est celle de la gestion de fait.

Par ailleurs, la reddition des comptes prend une tournure de sanction


disciplinaire des fautes de gestion, lorsque les acteurs de la gestion publique enfreignent
aux reè gles de droit public financier, dans le cadre cette fois-ci d’une troisieè me attribution
exclusivement juridictionnelle et reé pressive, qui appartient en propre aè la Cour des

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comptes du Maroc, aè savoir la discipline budgeé taire et financieè re. Comme c’est le cas dans
le modeè le de reé feé rence d’origine française, la proceé dure de veé rification et d’apurement
du compte du comptable patent ou du comptable (= gestionnaire) de fait, est une
proceé dure d’ordre public, que nulle autre proceé dure judiciaire ne peut « tenir en l’eé tat ».
C’est ce qui constitue, en geé neé ral, la speé cificiteé de la Cour des comptes en matieè re de
jugement des comptes dans ses deux facettes (de droit et de fait).

Par ailleurs, la Cour des comptes du Maroc est investie, depuis sa creé ation en
1979, aè la diffeé rence de la Cour des comptes française ou tunisienne, mais aè l’instar de
plusieurs autres Cours des comptes de meô me type comme celle de l’Espagne ou du
Portugal en Europe ou de3certains pays de l’UEMOA(avec des nuances) en Afrique
occidentale ou d’Algeé rie ou de Mauritanie voisines au Maghreb, d’une autre mission
juridictionnelle reé pressive cette fois-ci. Il s’agit de la discipline budgeé taire et financieè re aè
l’eé gard de tous les gestionnaires publics des organismes soumis aè son controô le dans cette
matieè re. A ce titre, le parquet geé neé ral, lui-meô me qui deé fend la loi en matieè re de jugement
des comptes des comptables patents ou de fait, repreé sente, en matieè re de discipline
budgeé taire et financieè re, l’inteé reô t geé neé ral entant que partie principale qui deé clenche et
supervise l’action publique, toujours dans le souci de deé fendre et proteé ger l’ordre public
financier.

Pour arriver aè cela le Maroc a entrepris durant la dernieè re deé cennie un important
dispositif de reé formes visant l’ameé lioration de la gouvernance publique, comme
couronnement logique d’un processus de mutations et de maturation de son institution
de controô le supeé rieur des finances publiques. En fait, celle-ci s’est façonneé e de manieè re
progressive en n’eé tant au deé but, qu’un meé canisme rudimentaire d’apurement plutoô t
administratif et comptable que juridictionnel des comptes des comptables publics leé gueé
aè l’organisme institueé en 1960 relevant du Ministeè re des Finances dit «la Commission
Nationale des Comptes», puis eé rigeé e en 1979, en vertu de la loi N° 12-79, en une vraie
Cour des comptes en tant qu’organe juridictionnel chargeé d’assurer le controô le supeé rieur
des finances publiques.

En 1996, le leé gislateur marocain a hisseé la Cour des comptes aè une veé ritable
institution constitutionnelle chargeé e du controô le supeé rieur, indeé pendante des pouvoirs
exeé cutif et leé gislatif. Un tournant historique a eu lieu en 2002, puisque cette eé volution a

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eé teé consacreé e par la promulgation de la Loi N° 62-99 formant Code des Juridictions
Financieè res. De meô me et en vue de promouvoir la politique de deé centralisation, le
constituant marocain a institueé des Cours reé gionales des comptes qu’il a investies des
missions mieux deé finies dans l’objectif d’assurer l’exercice d’un controô le inteé greé et
eé quilibreé sur tous les intervenants dans les diffeé rents actes de gestion des finances
publiques de l’Etat et des collectiviteé s territoriales. Ce statut a eé teé renforceé par la
constitution de 2011 qui a confeé reé une place de choix aux principes et valeurs du
controô le de la reé gulariteé , de la conformiteé , de l’appreé ciation des reé sultats atteints en
termes d’efficaciteé , d’eé conomie, d’efficience, d’environnement et d’eé thique. C’est dire un
attellement deé finitif aè l’esprit de la bonne gouvernance ainsi qu’aè la qualiteé des
institutions qui en ont la charge, qui ont deé sormais la taô che, outre de controô ler et
conseiller le Gouvernement, d’assister le Parlement, d’apporter appui au pouvoir
judiciaire et aè faire le suivi du patrimoine des deé cideurs et responsables publics.

Quelles sont donc les innovations phares apporteé es par la reé forme des
juridictions financieè res du Maroc ?

Il s’agit des innovations suivantes :

La constitutionnalisation des Juridictions financieè res ;

La constitutionnalisation du controô le et du suivi des deé clarations


obligatoires du patrimoine, de l’audit des comptes des partis politiques et
la veé rification de la reé gulariteé des deé penses des opeé rations eé lectorales ;

La creé ation des Cours reé gionales des comptes ;

Le statut des magistrats ;

Le renforcement de la mise en jeu de la responsabiliteé des gestionnaires ;

L’harmonisation des proceé dures ;

L’extension de la porteé e des attributions de la Cour des Comptes ;

La possibiliteé d’apporter l’assistance, outre des pouvoirs leé gislatif et


exeé cutif, au pouvoir judiciaire ;

La publication de l’ensemble de ses travaux y compris les rapports


particuliers et les deé cisions juridictionnelles ;

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La preé sentation aè sa Ma Majesteé le Roi d’un rapport annuel retraçant
l’ensemble de ses activiteé s, qu’elle transmet eé galement au Chef du
Gouvernement et aux Preé sidents des deux Chambres du Parlement ;

La preé sentation enfin, d’un exposeé des activiteé s de la Cour par le Premier
Preé sident devant le Parlement, suivi d’un deé bat. En plus de ces axes qui sont d’ordre
leé gal, des actions d’ordre manageé rial ont eé teé mises en œuvre et portent essentiellement
sur la modernisation des meé thodes de travail et le positionnement sur la sceè ne
internationale.

Toutefois, il convient de preé ciser que cette reé forme du controô le supeé rieur des
finances publiques ne s’est pas faite d’une manieè re isoleé e, mais d’autres reé formes ont eé teé
engageé es paralleè lement. Je cite particulieè rement, la nouvelle loi organique des lois de
finances (1998), les nouvelles approches budgeé taires (2002), la redeé finition du controô le
financier exerceé sur les entreprises publiques (2002), la deé finition du champ de
responsabiliteé des diffeé rents intervenants dans la gestion publique (2002), le nouveau
code des Juridictions Financieè res (2002), l’alleè gement du controô le a priori au niveau de
l’Etat (2005), l’obligation de reddition des comptes des partis politiques (loi n° 36.04 sur
les partis politiques), le controô le des deé penses eé lectorales (loi n°9-97 formant code
eé lectoral), le nouveau systeè me de deé claration du patrimoine, confieé e aè la Cour et aux
Cours reé gionales des comptes, etc …

Le controô le effectueé par la cour des comptes reveô t un caracteè re important puisque
les deniers publics forment une partie treè s importante et essentielle de la chose
publique. La performance et la confiance dans la gestion des finances publiques se
trouvent parfois entacheé es par les erreurs, les fraudes, les gaspillages qui sont
imputables non seulement aux comportements des gestionnaires publics, mais
eé galement aux choix politiques de ceux qui agissent au nom de l’Etat.

L’existence d’un dispositif efficace de controô le des finances publiques est aè meô me
de permettre de reé tablir la confiance des citoyens dans l’Etat et les autres entiteé s
publiques (collectiviteé s territoriales, eé tablissements publics).

Le roô le de la Cour des comptes aè ce niveau n’est plus aè deé montrer. La Constitution
de 2011 a reé serveé un titre aè la Courdes comptes et aux Cours reé gionales des comptes.

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Elle a ainsi deé fini leurs attributions, deé limiteé leur champ d’action et a renforceé son rang
d’institution supeé rieure de controô le des finances publiques du Royaume, qui garantit son
indeé pendance. Elle est davantage impliqueé e dans la protection des principes et valeurs
de bonne gouvernance, de transparence et de reddition des comptes de l’Etat et des
organismes publics.

Les exigences de la nouvelle constitution et des reé formes touchant les finances
publiques, ainsi que les attentes des citoyens poussent aè une reé flexion sur le roô le que
devra jouer la Cour des comptes dans ce domaine.

En tout eé tat de cause, l’innovation constitutionnelle et les prolongements


juridiques qui seront donneé s aè ces nouvelles dispositions aussi, augure d’un
eé largissement des domaines de l’assistance que va apporter la Cour des comptes,
notamment vis-aè -vis du Parlement et qui vont imposer de nouvelles approches aè suivre
par la Cour, notamment en ce qui concerne l’eé valuation des projets publiques.

Mission constitutionnelle attribueé e exclusivement au Parlement, l’eé valuation des


projets publics est l’une des innovations majeures dans le dispositif de gouvernance des
finances publiques dans notre pays. A travers cette mission, la gestion publique
privileé giera de plus en plus la logique des reé sultats et de l’impact des finances publiques,
notamment dans le domaine de deé veloppement humain.

Le roô le de la Cour des comptes aè ce niveau est important puisque la Constitution


preé voit la possibiliteé pour le parlement de recourir aè l’assistance de la cour des comptes
pour l’eé valuation des politiques publiques.

Dans la pratique, il faut dire que la fonction d’eé valuateur n’est pas une nouveauteé
pour la Cour. En effet, elle a deé jaè effectueé plusieurs missions d’eé valuation des projets et
des programmes publics conformeé ment aux dispositions du code des juridictions
financieè res. Ainsi, l’eé valuation des projets publiques peut eô tre consideé reé e comme un
aboutissement logique de l’eé volution du controô le supeé rieur des finances publiques dans
notre pays.

A ce titre, la Cour des comptes envisage de deé velopper sa compeé tence dans ce
domaine. Il s’agit laè d’un chantier complexe ouè l’organisation, les meé thodes de travail et
les compeé tences doivent eô tre repenseé es pour aller au-delaè du controô le de la gestion des
finances publiques pour appreé cier la reé alisation des objectifs et leurs impacts sur le

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deé veloppement assigneé s aux budgets publics. Cette nouvelle approche imposera aè la
Cour en plus d’eô tre « un gardien de la bonne finance 1» de devenir aussi « un aiguillon de
la bonne politique ».

Par la consolidant de ses acquis en matieè re de controô le supeé rieur des finances
publiques et en eé largissant ses missions, notamment celles lieé es aè l’assistance et
l’eé valuation, le leé gislateur marocain reconnait implicitement la fonction de conseil aè la
Cour des comptes.

Cette eé volution impose donc aè la Cour des comptes de s’inscrire dans une logique
de performance et d’eé valuation afin de deé velopper sa pratique de proposition et de
conseil au service de l’Etat en alliant aè la fois la pertinence dans ses recommandations, la
qualiteé de sa production ainsi que la rigueur dans leur suivi.

1 Ph. SEGUIN, « La Cour, vigie des finances publiques », RFFP n° 100, 2007, p. 223 et suivantes.

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Partie I : les compétences de la cour des comptes
Chapitre I : Assujettis et formation de la cour des
comptes
Section1 : Composition de la cour des comptes

Toutes les deé cisions de la Cour ayant rapport aè son activiteé de controô le sont
deé libeé reé es colleé gialement, par des formations.

Les formations de la Cour sont :

L’AUDIENCE SOLENNELLE
La Cour sieè ge en audience solennelle notamment pour proceé der aè l’installation
des magistrats et recevoir leur serment. Assistent aè l’audience solennelle, le Premier
Preé sident, le Procureur geé neé ral du ROI et l’ensemble des magistrats.

LA FORMATION TOUTES CHAMBRES RÉUNIES


La Cour se forme toutes chambres reé unies :

- Pour formuler des avis sur les questions de jurisprudence ou de proceé dure.

- Pour juger les affaires qui lui sont soumises soit directement par le Premier
Preé sident, soit sur reé quisition du ministeè re public ou sur renvoi apreè s cassation d’un
arreô t rendu par la Cour.

- Les chambres reé unies se composent du Premier Preé sident, du Procureur


geé neé ral du ROI, des Preé sidents de chambres et d’un magistrat par chambre eé lu par ses
pairs pour un an. En outre, des Preé sidents de Cours reé gionales peuvent, sur invitation du
Premier Preé sident assister aux audiences des chambres reé unies.

LA FORMATION INTER CHAMBRES


La formation inter chambres statue sur les appels formeé s contre les arreô ts rendus
deé finitivement en premier ressort par les chambres ou les sections de chambres de la
Cour en matieè re de jugement des comptes et de discipline budgeé taire et financieè re.

La formation inter chambres est composeé e de cinq magistrats et preé sideé e par un
Preé sident de chambre, deé signeé annuellement par ordonnance du Premier Preé sident.

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LA CHAMBRE DU CONSEIL
La chambre du conseil approuve le rapport annuel de la Cour, le rapport sur
l’exeé cution de la Loi de finances et la deé claration geé neé rale de conformiteé . Elle peut eô tre
consulteé e par le Premier Preé sident sur les matieè res dans lesquelles il estime son avis
neé cessaire.

La chambre du conseil est composeé e du Premier Preé sident, des Preé sidents de
chambres, du secreé taire geé neé ral de la Cour et du plus ancien conseiller de chaque
chambre.

LES CHAMBRES
Le nombre, la composition et la reé partition des compeé tences des chambres de la
Cour sont fixeé s par arreô teé du Premier Preé sident.

Les chambres et les sections de chambres ne peuvent sieé ger en audience qu’en
preé sence de 5 magistrats, dont le Preé sident de la chambre ou de la section. La Cour
comprend actuellement huit (8) chambres. L’une des Chambres exerce les compeé tences
de la Cour en matieè re de discipline budgeé taire et financieè re ; une deuxieè me Chambre
statue sur les appels formeé s contre les jugements deé finitifs rendus par les Cours
Reé gionales des comptes ; une troisieè me chambre de la deé claration obligatoire du
patrimoine et une quatrieè me chambre s’occupe de la veé rification et du jugement des
comptes. Quant aè la reé partition des compeé tences entre les 4 autres Chambres, elle est
faite sur une base sectorielle puisque chacune des 4 Chambres exerce l’ensemble des
compeé tences deé volues aè la Cour des comptes aè l’eé gard d’un certain nombre de
Deé partements ministeé riels et sur les organismes publics qui en deé pendent.

LE COMITÉ DES PROGRAMMES ET DES RAPPORTS


Le comiteé des programmes et des rapports est chargeé de la preé paration du
programme annuel des travaux de la Cour et des rapports produits par la Cour. Il est
composeé du Premier Preé sident, des Preé sidents de chambres et du secreé taire geé neé ral de
la Cour. Lorsque le comiteé examine des questions qui concernent des Cours reé gionales,
les Preé sidents desdites Cours reé gionales participent aè ses travaux, sur invitation du
Premier Preé sident.

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Section2 : Assujettis de la cour des comptes

Ce sont les personnes justiciables passibles de controô le devant cette juridiction.


L’article 52.la loi n° 62-99 formant code des juridictions financieè res deé montre clairement
les assujettis de la cour des comptes :

Les services de l'Etat ;

> Les eé tablissements publics ;

> Les entreprises concessionnaires ou geé rantes d'un service public, autre que
celles qui sont soumises au controô le des cours reé gionales ;

> Les socieé teé s et entreprises dans lesquelles l'Etat ou des eé tablissements publics
posseè dent, seé pareé ment ou conjointement, directement ou indirectement, une
participation majoritaire au capital ou un pouvoir preé pondeé rant de deé cision ;

> Les socieé teé s et entreprises dans lesquelles l'Etat ou des eé tablissements publics
posseè dent conjointement avec des collectiviteé s locales, une participation majoritaire au
capital ou un pouvoir preé pondeé rant de deé cision ;

> Les organismes de preé voyance sociale, quelle que soit leur forme, qui reçoivent
de l'un des organismes citeé s aux paragraphes ci-dessus des concours financiers sous
forme de cotisations patronales ou de subventions.

Chapitre II : Missions de la cour des


comptes
Voulues par les Hautes Instances du pays comme institutions supeé rieures de
controô le de reé feé rence, productrices de travaux de valeur et de qualiteé , en vue de garantir
la bonne gouvernance, de rationaliser la gestion publique et de moraliser la vie publique,
la Cour et les Cours reé gionales des comptes marocaines sont inviteé es, plus que par le
passeé , en raison de la strateé gie globale du Maroc de se moderniser et d’assurer son roô le
de pays avant-gardiste sur les plans socio-eé conomique et deé mocratique, mais eé galement
appeleé es, en raison des attentes des citoyens en matieè re d’information et de moralisation
de la vie publique, aè exercer un roô le accru, aè travers les diffeé rentes attributions qui leurs
sont deé volues par la loi, en terme de transparence, de responsabiliteé et de reddition des
comptes.
En ce sens, le leé gislateur marocain a, bel et bien, su joindre l’utile aè l’agreé able, puisqu’il

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avait cru bon de s’atteler au modeè le français marqueé par l’assurance des principes de
l’indeé pendance, de l’impartialiteé et de la colleé gialiteé garanties par la juridictionnaliteé de
ses proceé dures, tout en s’inspirant du systeè me anglo-saxon proô nant les normes
professionnelles internationales d’Audit orienteé es vers la logique de performance et du
reé sultat.
Il convient de signaler qu’en poursuivant leur objectif visant aè participer activement aè la
rationalisation et aè l’optimisation de la gestion des deniers publics, dans un contexte
eé conomique et financier en queô te de la performance et du reé sultat, tant aè l’eé chelle
national qu’international, les Juridictions financieè res marocaines, en vertu des nouvelles
dispositions de la loi organique relative aè la loi des finances (LOLF ) adopteé e par le
parlement l’anneé e courante 2014, sont appeleé es aè jouer un roô le primordial, non
seulement dans la performance des organismes publics, mais aussi dans la certification
des comptes publics comme assurance raisonnable sur leur qualiteé et sur la situation
financieè re du pays, sur son patrimoine et sur les risques auxquels il est exposeé .

Section1 : Missions et objectifs de la Cour des comptes.

Outre ses attributions reé galiennes de la reé gulariteé et de la conformiteé des comptes
des comptables publics et du controô le de la gestion des ordonnateurs de recettes et de
deé penses publiques, la Cour des Comptes, indeé pendante des pouvoirs leé gislatif et
exeé cutif, autonome dans sa programmation des theé matiques et gestions aè controô ler et
outilleé e par les meé thodes modernes d’Audit, largement inspireé es des normes techniques
internationalement reconnues, s’adjuge la mission d’auditer la performance des entiteé s
publiques, de controô ler et de faire suivi des deé clarations de patrimoine, d’auditer les
comptes des partis politiques et veé rifier la reé gulariteé des deé penses des opeé rations
eé lectorales, solliciteé e d’assister les pouvoirs leé gislatif,
exeé cutif et judiciaire, en sus de la publication de ses travaux via les rapports particuliers
et les deé cisions juridictionnelles ainsi que la preé sentation de son rapport annuel aè Sa
Majesteé le Roi qu’elle transmet au Chef du Gouvernement et aux Preé sidents des deux
Chambres du Parlement et enfin, la preé sentation d’un exposeé de ses activiteé s par le
Premier Preé sident devant le Parlement suivi d’un deé bat.

La typologie des contrôles juridictionnels.

Les deux attributions classiques assureé es par la Cour des Comptes entant que
juridiction speé cialiseé e en matieè re des finances publiques sont caracteé riseé es par leur

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aspect Juridictionnel avec ses multiples facettes , portant sur la reé gulariteé des opeé rations
et la conformiteé des eé tats financiers et budgeé taires, elles concernent le Jugement des
comptes des comptables publics ainsi que les comptes des comptables de fait qui
usurpent les fonctions de comptables patents, puis la Discipline Budgeé taire et Financieè re
exerceé e sur les deé cideurs de la gestion publique ainsi que sur leurs subalternes dont la
responsabiliteé peut s’aveé rer engageé e devant la Cour.

Contrôles extra juridictionnels ou contrôles techniques.

La Cour des Comptes exerce plusieurs autres types de controô les visant la
rationalisation de la gestion publique et la moralisation de la vie publique. Ces controô les
portent sur la gestion des deniers publics, l’emploi des fonds, l’emploi des fonds collecteé s
par appel aè la geé neé rositeé publique, les deé penses des partis politiques, les opeé rations
eé lectorales, les deé clarations obligatoires du patrimoine, outre la possibiliteé d’assister le
Parlement et le Gouvernement.

Et comme nouveauteé apporteé e par la dernieè re constitution de 2011, elle peut


assister les instances judiciaires du pays dans les domaines relevant de ses compeé tences.
Elle assiste aussi le Gouvernement dans les domaines se rapportant aux fonctions de
l’exeé cutif.

La Publication, Présentation, et exposition des décisions


juridictionnelles, rapports particuliers et rapport d’activités.

Conformeé ment aux meô mes dispositions de l’article 148 de la constitution de


2011, la Cour des Comptes publie l’ensemble de ses travaux y compris les rapports
particuliers et les deé cisions juridictionnelles.

Outre la soumission, aè Sa majesteé le Roi d’un rapport annuel sur l’ensemble de ses
activiteé s, elle le transmet aussi au Chef du Gouvernement et aux preé sidents des deux
Chambres avant sa publication au «Bulletin Officiel» du Royaume.
Enfin, un exposeé des activiteé s de la cour est preé senteé par son
Premier Preé sident devant le Parlement. Il est suivi d’un deé bat.

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Section2 : Rôle et attributions des Cours régionales des
comptes

Fideè le aè son choix irreé versible de construire un Etat de droit deé mocratique
moderne et deé centraliseé , et aè la poursuite reé solue d’achever son processus de bonne
gouvernance, de moralisation de la gestion de la chose publique dans le cadre du
principe de correé lation entre les droits et les devoirs de la citoyenneteé , le Maroc s’est
doteé en 1996 de Cours reé gionales des comptes avec des attributions propres aè elles qui
consistent dans la taô che d’assurer le controô le des comptes et de la gestion des
collectiviteé s territoriales et de leurs groupements. Un controô le eé tendu et multiforme avec
aspects juridictionnel, technique et consultatif qui porte sur environ 1740 collectiviteé s
territoriales.

Les compétences juridictionnelles des Cours régionales des comptes (CRC)


Elles sont le prolongement et la transposition, aè l’eé chelon local, de celles de la
Cour des comptes au niveau national, elles concernent le Jugement des Comptes des
Comptables Publics et des Comptables de Fait, et la Discipline Budgeé taire et Financieè re.
Ses jugements deé finitifs sont susceptibles d’eô tre porteé s en appel devant la Chambre
d’Appel de la Cour des Comptes.

Contrôle de la Gestion
Dans le cadre de sa compeé tence, la CRC assure le controô le de la qualiteé de la
gestion des services publics locaux ou deé centraliseé s, des concessions et gestions
deé leé gueé es de services publics locaux, et des entreprises dans lesquelles les CL et leurs
groupements, les eé tablissements publics locaux posseè dent une participation majoritaire
au capital ou un pouvoir preé pondeé rant de deé cision, en vue d’en appreé cier la qualiteé et de
formuler, eé ventuellement, des suggestions sur les moyens susceptibles d’en ameé liorer les
meé thodes et d’en accroîôtre l’efficaciteé , le rendement et la performance.

Le contrôle de l’emploi des fonds publics

Le but de ce controô le par la CRC, est de s’assurer de l’emploi adeé quat des fonds publics
reçus par les associations ou tout autre organisme beé neé ficiant d’apports au capital de la
part d’une CL ou tout organisme soumis aè son controô le.

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Contrôle des Actes Budgétaires

Etant une attribution exclusive de la CRC, eu eé gard au principe de la territorialiteé , un


Controô le des Actes Budgeé taires est exerceé sur les CL et leurs groupements par l’eé mission
d’avis sur les conditions d’adoption et de mise en œuvre de leurs budgets.

Les Déclarations Obligatoires de Patrimoine.


En queô te de transparence, de moralisation de la chose publique locale dans le
cadre de l’eé galiteé des chances des citoyens, et au regard de son statut d’institution
juridictionnelle, constitutionnelle, indeé pendante et impartiale, la CRC est chargeé e de
recevoir et de controô ler les deé clarations de biens faites par les diffeé rents responsables,
gestionnaires et deé cideurs publics locaux et des chambres professionnelles.

Il convient de souligner que si aucune mention n’est faite pou les CRC, au niveau
d’autres attributions telles que celles de la preé sentation et la publication des deé cisions
juridictionnelles, des rapports particuliers et des activiteé s de la Cour, c’est parce que les
deux institutions ont le meô me statut et sont similaires, chapoteé es et encadreé es par le
Premier Preé sident responsable de la preé sentation, de l’exposition et de la publication des
deé cisions juridictionnelles, des rapports particuliers et des activiteé s de toutes les
Juridictions Financieè res.

Enfin, dans le cadre du chantier de reé formes important initieé par le Maroc avec le
projet ambitieux de « Reé gionalisation Avanceé e », les Juridictions financieè res marocaines
et les CRC surtout seront ameneé es aè accompagner ce nouveau modeè le d’autogestion
reé gional conçu par Sa Majesteé le Roi au Maroc, et qui aura forceé ment des implications sur
l’eé tendu de leurs missions aussi bien au niveau quantitatif que qualitatif.

Pour conclure, il convient d’affirmer que toute reé forme devrait s’inscrire dans le
temps et dans l’espace et atterrir doucement et progressivement en tenant compte du
contexte socio-eé conomique et financier speé cifique aè chaque pays.

Toute bonne gouvernance passe impeé rativement par la promotion d’une reddition
des comptes claire et transparente aè tous les niveaux de responsabiliteé , en tant que pilier
fondamental de l’activiteé eé conomique, financieè re et sociale de chaque pays.

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Ce sont laè quelques points de reé flexion, inspireé s essentiellement de l’expeé rience
marocaine en matieè re de controô le, que nous partageons avec vous, pour contribuer aè
l’ameé lioration du travail de nos institutions afin qu’elles puissent eô tre aè la hauteur des
aspirations des citoyens de nos pays respectifs.

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Chapitre I : l’importance d’audit dans le secteur public : Dans ce chapitre nous allons essayer de mettre en
évidence les raisons qui ont poussé les décideurs d’auditer le secteur public tout en commençant par une déclinaison des
composantes de ce dernier. Ceci d’une part et d’une autre on relève que l’explication de l’importance d’audit dans le
secteur public se fait aussi par les rôles joués par ces auditeurs.
I- les composantes du secteur public au Maroc : Pour aborder un domaine aussi complexe que l’audit dans le secteur
public, il s'avère important et même nécessaire d'essayer de définir les concepts relatifs au thème de notre étude. Tout
d'abord, qu'est ce qu'un secteur public ?
Selon la classification de l’article 1 de la loi n° 69-00, relative au contrôle financier de l'Etat sur les Entreprises Publiques
et autres organismes, un secteur public comprend :
1- Les Organismes publics : composés des entités suivantes :
- L’Etat : désigne la personne morale de droit public qui, sur le plan juridique, représente une collectivité, un peuple ou
une nation, à l'intérieur ou à l'extérieur d'un territoire déterminé sur lequel elle exerce le pouvoir suprême, la
souveraineté. Par extension, l'Etat désigne l'ensemble des institutions et des services qui permettent de gouverner et
d'administrer un pays : ministères, services, directions, préfectures, délégations, administrations déconcentrées ou
décentralisées. Un établissement public : c’est une personne morale de droit public, financée par les fonds publics,
disposant d'une certaine autonomie administrative et financière (contrairement à une administration centrale de l'État
par exemple) afin de remplir une mission d'intérêt général, précisément définie. Ils se distinguent des entreprises
publiques qui sont des personnes morales de droit privé à capitaux publics qui ne remplissent pas nécessairement une
mission d’intérêt général. Exemple des établissements publics existant au Maroc : L’agence d’Aménagement de la Vallée
de Bou Rgreg ; L’agence Nationale de la Promotion de l’Emploi et des Compétences (ANAPEC) ; Les Agences Urbaines ;
Les Chambres d’Agriculture ; Les Chambres d’Artisanat ; Les Chambres de Commerce, d’industrie et de Service ; Office
Marocain de la Propriété Industrielle et Commerciale ; Les écoles publiques et les universités du royaume.
- Les collectivités locales ou territoriales : ce sont des structures administratives, distinctes de l’administration de l’État,
qui doivent prendre en charge les intérêts de la population d’un territoire précis. Ainsi une commune est-elle chargée des
intérêts des personnes vivant sur son territoire. Elle est dotée de la personnalité morale, qui lui permet d’agir en justice.
Alliée à la décentralisation (processus consistant pour l’Etat à transférer au profit des collectivités territoriales certaines
compétences et les ressources correspondantes.), elle fait bénéficier la collectivité territoriale de l’autonomie
administrative. Elle dispose ainsi de son propre personnel et de son propre budget. Au contraire, les ministères, les
services de l’État au niveau local ne sont pas des personnes morales. Il s’agit seulement d’administrations émanant de
l’État ; Elle détient des compétences propres, qui lui sont confiées par le législateur. Une collectivité territoriale n’est pas
un État dans l’État. Elle ne détient pas de Souveraineté et ne peut pas se doter, de sa seule initiative, d’organes
nouveaux ; Elle exerce un pouvoir de décision, qui s’exerce par délibération au sein d’un conseil de représentants élus.
Les décisions sont ensuite appliquées par les pouvoirs exécutifs locaux.
2- Sociétés d'Etat : Les sociétés dont le capital est détenu en totalité par des organismes publics mais qui ne remplissent
pas une mission d’intérêt général. A titre d’exemple on peut citer les sociétés suivantes : Société Nationale de la Radio et
de la Télévision (SNRT) ; Société Nationale de Transport et de la Logistique (SNTL) ; Société Nationale de Promotion
d’Habitat Locatif (SOPHAL) ; Agence Spéciale Tanger Méditerranée…
3- Filiales publiques : Les sociétés dont le capital est détenu à plus de la moitié par des organismes publics, à titre
d’exemple : CIH, Crédit Agricole…
4- Sociétés mixtes : les sociétés dont le capital est détenu, au plus, à hauteur de 50% par des organismes publics. Le
capital détenu s'entend de la participation directe ou indirecte, exclusive ou conjointe, détenue par l’Etat, les Collectivités
Locales et les Etablissements Publics. NB : Les participations publiques inférieures au seuil de 5% ne sont pas intégrées
dans le portefeuille. A fin 2007, l'inventaire des Etablissements Publics et des participations financières directes et
indirectes de l'Etat et des Collectivités Locales totalise 695 entités contre 673 en 2006. Selon la classification introduite
par la loi n° 69-00 relative au contrôle financier de l'Etat sur les Entreprises Publiques et autres organismes, le

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portefeuille public comprend : 255 Etablissements Publics ; 440 Sociétés réparties comme suit : 94 Sociétés d’Etat (SE),
120 Filiales Publiques (FP), et 226 Sociétés Mixtes (SM). Au cours de l’exercice 2007, le Portefeuille Public a enregistré
57 entrées dont 7 filiales du Holding Al Omrane, 5 nouvelles agences urbaines ainsi que des prises de participations de la
CDG et de la BCP et 35 sorties dont 7 ex-ERAC, DRAPOR et COMANAV et ses filiales.
II- Les raisons de la mise en place d’un audit dans le secteur public : Une série de facteurs qui militent en faveur de
l’application et du développement des méthodes modernes d’audit aux organismes publics, on peut citer :
1- La privatisation : La privatisation d’une société est souvent bien autre chose qu’un simple transfert de propriété. En
effet, peut s’accompagner d’un changement de dirigeants ou même vraisemblablement d’une transformation radicale
dans l’organisation des pouvoirs délibérants ou dirigeants de l’entreprise. D’où la nécessité d’une évaluation et une
modernisation des entreprises publiques. Objectifs recherchés : évoquer le prix exact, donner plus de transparence à
l’opération et l’insertion d’une nouvelle culture qui pousse à réorienter notre réflexion vers le « mieux d’Etat ».

2- Le processus d’ouverture internationale : L’internationalisation des échanges est allée de pair avec
l’introduction de nouvelles pratiques managerielles dont l’audit fait partie.
3- Nécessité d’une bonne gouvernance : La gouvernance désigne l'ensemble des mesures, des règles, des organes de
décision, d'information et de surveillance qui permettent d'assurer le bon fonctionnement et le contrôle d'un Etat, d'une
institution ou d'une organisation qu'elle soit publique ou privée, régionale, nationale ou internationale. Selon l'IT
Governance Institute, la gouvernance a "pour but de fournir l'orientation stratégique, de s'assurer que les objectifs sont
atteints, que les risques sont gérés comme il faut et que les ressources sont utilisées dans un esprit responsable". Elle
veille en priorité au respect des intérêts des "ayants droits" (citoyens, pouvoirs publics, partenaires, actionnaires...) et à
faire en sorte que leurs voix soient entendues dans la conduite des affaires. Initialement utilisé pour désigner la manière
dont un gouvernement exerce son autorité économique, politique et administrative et gère les ressources d'un pays en
vue de son développement, le concept de "gouvernance" a ensuite été étendu à la gestion des entreprises. Issu de la
théorie micro-économique et de la science administrative anglo-saxonne, la notion de "bonne gouvernance" a été
diffusée dans les années 1990 par la Banque mondiale, comme la condition nécessaire des politiques de développement.
La gouvernance repose sur quatre principes fondamentaux à savoir : La responsabilité, la transparence, l’Etat de droit et
la participation. La bonne gouvernance se définit comme étant la manière dont les organisations sont dirigées et
contrôlées. En d’autres termes, elle se définit par la gestion transparente et participative du processus du
développement économique et social, fondé sur la primauté de Droit. Elle vise comme objectif l’amélioration de la
gestion des affaires publiques. Pour parler de bonne gouvernance, il faudrait : Améliorer la gestion des affaires publiques
; Lutter contre la corruption et renforcer la transparence de la gestion ; Augmenter l’impact des dépenses publiques sur
les conditions de vie des populations ; Améliorer la sécurité publique ; Renforcer le partenariat avec les organisations de
la société civil. L’audit public est la clé de voûte d’une saine gouvernance dans le secteur public en offrant une évaluation
objective, impartiale et efficace de la gestion des ressources publiques et en vue d’obtenir les résultats escomptés.
Les auditeurs aident les organisations à agir de façon responsable et garder la confiance des citoyennes et autres parties
prenantes. Dans ce cadre, sa majesté le Roi feu Hassan II a adressé au premier ministre dans une lettre royale de 19-
07-1993 ( cette lettre concerne l’audit des entreprises publiques, encore propriété de l’Etat) visant une recommandation
de la nécessité de soumettre aussi bien la décision que la gestion de ces établissements à un audit rigoureux et efficace
permettant de donner une image exacte sur leur situation financière, tout en proposant les voies et les moyens
susceptibles de leur assurer la meilleure gestion possible et la moins onéreuse .
III- La place d’audit dans le secteur public : L’obligation de rendre des comptes sur le plan financier existe dès lors
qu’une personne a dû confier ses biens ou ses affaires à une autre. L’audit dans le secteur public s’inscrit dans une
relation principal-agent avec : Le principal est le propriétaire du capital et l’agent est son gérant. Les fonctionnaires à
titre d’agents du public doivent rendre compte périodiquement de l’utilisation qu’ils ont faite des ressources et de la
mesure dans laquelle les objectifs du principal ont été atteints. Un audit efficace atténue les risques inhérents à la
relation principal-agent. Le principal s’appuie sur l’auditeur pour lui fournir une évaluation indépendante et objective de

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l’exactitude de la comptabilité de l’agent et lui remettre un rapport sur la question de savoir si l’agent a utilisé les
ressources conformément aux objectifs établis. La nécessité d’une attestation produite par un tiers sur la crédibilité des
informations financières, les résultats des activités, la conformité et d’autres mesures découlent de plusieurs facteurs
inhérents à la relation entre le principal et son agent :
A ce stade on peut relever certains points à éclaircir : 1. Risques sur le plan éthique, conflits d’intérêts : Les agents
peuvent utiliser les ressources et les pouvoirs qui leur sont confiés pour favoriser leurs propres intérêts plutôt que ceux
du principal. 2. Éloignement : Les activités peuvent échapper physiquement à la surveillance directe du principal. 3.
Complexité : Le principal ne possède pas nécessairement l’expertise technique nécessaire pour superviser l activité. 4.
Conséquences des erreurs : Des erreurs peuvent être coûteuses lorsque les agents se voient confier la gérance de
quantités importantes de ressources et sont responsables de programmes ayant des répercussions sur la vie et la santé
des citoyens. Certaines définitions courantes de l’audit témoignent de la variabilité des rôles des auditeurs, tout en
mettant en relief les éléments importants de la profession. Par exemple : « L’audit est au service de la responsabilisation
en matière de reddition de comptes. Il s agit de l’évaluation indépendante et objective de la fidélité des déclarations de
la direction au sujet de la performance ou de l évaluation des systèmes et des pratiques de la direction, par rapport à
des critères, communiquée à un organisme dirigeant ou à d autres parties ayant des responsabilités similaires ». «
L’audit interne est une activité indépendante et objective qui donne à une organisation une assurance sur le degré de
maîtrise de ses opérations, lui apporte ses conseils pour les améliorer, et contribue à créer de la valeur ajoutée. Il aide
cette organisation à atteindre ses objectifs en évaluant, par une approche systématique et méthodique, ses processus de
management des risques, de contrôle, et de gouvernement d entreprise, et en faisant des propositions pour renforcer
leur efficacité ». Bien que l’audit public ait élargi son champ d’action, passant des opérations individuelles aux systèmes
de contrôle et aux opérations de programmes, elle doit néanmoins remplir les conditions essentielles au maintien de sa
crédibilité son apport au processus de gouvernance, notamment : Focalisation impartiale sur l’objet de l’audit. Utilisation
de processus systématiques pour la collecte et l’analyse des informations. Comparaison avec des critères pour
l’établissement des conclusions. Les critères peuvent être, par exemple, des normes, des objectifs/cibles, des jalons ou
des lois. Utilisation de normes professionnelles d’audit largement reconnues.
IV - Le rôle d’audit dans le secteur public : À titre de composante essentielle d’une structure de gouvernance publique
solide, l’audit public renforce les rôles de surveillance, d’information et de prévoyance de la gouvernance. Comme la
réussite du gouvernement se mesure principalement à sa capacité de fournir les services de manière efficace et à
exécuter les programmes de façon équitable et appropriée, les auditeurs du secteur public doivent avoir les pouvoirs et
les compétences requises pour évaluer l’intégrité, l’efficacité et l’efficience des finances et des programmes de
l’administration. En outre, les auditeurs doivent protéger les valeurs de base de l’État, qui est au service de tous les
citoyens. 1- La Surveillance : Les auditeurs aident les décideurs à exercer une surveillance en évaluant si les entités
publiques font ce qu’elles sont censées faire, dépensent les fonds aux fins prévues et ce conforment aux lois et à la
réglementation. Les audits axés sur la surveillance visent à répondre à des questions comme « La politique a-t-elle été
appliquée comme prévu? » et « Les gestionnaires ont-ils mis en place des contrôles efficaces pour atténuer les risques ?
». L’audit renforce la structure de gouvernance par l’examen des rapports émanant des organismes et des programmes
gouvernementaux et portant sur la performance financière et programmatique, et par le contrôle de la conformité aux
règles et aux objectifs de l’organisation. Les audits axés sur la surveillance favorisent la reddition de comptes au public
en donnant accès aux informations sur la performance aux parties concernées tant à l intérieur qu’à l’extérieur de
l’organisation vérifiée. Les représentants élus et les gestionnaires ont la responsabilité de donner le ton approprié et de
définir les objectifs de l’organisation. De plus, les gestionnaires ont le devoir d’évaluer les risques et d’établir des
contrôles efficaces pour atteindre les objectifs et éviter les risques. Dans leur rôle de surveillance, les auditeurs du
secteur public évaluent dans quelle mesure ces initiatives ont réussi, et font rapport à ce sujet. La surveillance englobe
également la responsabilité qui incombe à de nombreux auditeurs du secteur public de détecter et de prévenir la
corruption publique, notamment la fraude, les irrégularités ou les abus et tout autre mésusage du pouvoir et des

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ressources confiées aux représentants des organes gouvernementaux. Les auditeurs surveillent l efficacité de la
structure de contrôle interne de la direction afin de cerner et de juguler les conditions propices à la corruption. Dans de
nombreuses régions du monde, les auditeurs du secteur public sont également tenus de prendre des mesures à l’égard
des allégations de corruption soulevées contre les organismes gouvernementaux qu’ils servent par la détection et la
prévention. 2- La Détection : La détection consiste à identifier les irrégularités, inaptitudes, illégalités, fraudes ou abus
qui se sont déjà produits et à réunir des éléments probants afin d’étayer les décisions à prendre en ce qui concerne les
poursuites au criminel, les mesures disciplinaires et autres recours. Les activités de détection peuvent prendre de
nombreuses formes : Audits ou enquêtes fondés sur des circonstances suspectes ou des plaintes et qui comprennent
l’application de procédures et de tests visant spécifiquement à identifier les actes de fraude, de gaspillage ou d’abus. De
même, les signaux d’alarme mis en lumière au cours d’un audit effectué pour des motifs entièrement distincts peuvent
donner lieu à la mise en œuvre de procédés supplémentaires visant expressément à identifier les actes de fraude, de
gaspillage ou d’abus. Audits cycliques, comme la paie, les comptes fournisseurs ou la sécurité des systèmes
d’information, qui portent sur les décaissements et / ou les contrôles internes connexes de l’organisation. Audits exigés
par les responsables de l’application de la loi et visant à analyser et interpréter des états financiers et des opérations
complexes destinés à être utilisés dans le cadre d une enquête ou de l établissement du dossier de la preuve contre les
auteurs d infractions. Examens des conflits d’intérêts potentiels au cours de l’élaboration et de la mise en œuvre des lois,
règles et procédures. 3- La Dissuasion : La dissuasion consiste à identifier et à juguler les conditions propices à la
corruption. Les auditeurs cherchent à dissuader les auteurs éventuels d’actes de fraude, d’abus de biens et autres abus
de confiance du public : En évaluant les contrôles exercés à l égard des fonctions existantes ou proposées ; En évaluant
les risques organisationnels ou spécifiques à l’audit ; En examinant les changements proposés aux lois, règles et
procédures d’application existantes ; En examinant les contrats afin de relever tout conflit d’intérêts potentiel. Des
mesures de détection efficaces peuvent également avoir un effet dissuasif. 4- L’Information : Les auditeurs facilitent la
prise de décisions lorsqu’ils évaluent si les programmes et les politiques fonctionnent ou non, communiquent les
informations qu’ils ont acquises sur les meilleures pratiques et les données de référence, et recherchent horizontalement
au sein des organismes publics et verticalement entre les divers niveaux des organes gouvernementaux les possibilités
d’emprunter, d’adapter ou de modifier des pratiques de gestion .

B- L’audit public exercé par les organes du contrôle externes au ministère des finances : Outre le contrôle
exercé par les organes relevant du ministère des finances sur le secteur public, d'autres corps de contrôle interviennent
en la matière à savoir : La cour des comptes ; La cour régionale des comptes ; Le parlement. Ces organes effectuent un
contrôle a posteriori qui s'exerce après le paiement définitif des dépenses « marchés de l'Etat ». Il ne peut, en principe
ni modifier une opération en cours ni revenir à une situation antérieure. Son objet est surtout de dénoncer les
irrégularités passées, en vue d'en éviter la répétition.
1- la cour des comptes : Le contrôle juridictionnel du secteur public est assuré par la Cour des Comptes. Cet organe a
été institué le 14/12/79, en remplacement de la Commission nationale des comptes. En vue de faire jouer pleinement
son rôle à la Cour en tant qu’Institution Supérieure de Contrôle, la Constitution du 13 septembre 1996 l’a érigée en
Institution Constitutionnelle : Le titre X de la Constitution précise que la Cour des comptes est chargée : D’assurer le
contrôle supérieur de l’exécution des Lois de finances. De s'assurer de la régularité des opérations de recettes et de
dépenses des organismes soumis à son contrôle en vertu de la loi et en apprécier la gestion ; De sanctionner, le cas
échéant, les manquements aux règles qui régissent lesdites opérations ; D'assister le Parlement et le Gouvernement
dans les domaines relevant de sa compétence en vertu de la loi ; De rendre compte au Roi de l'ensemble de ses
activités. En 2002 et en application des dispositions constitutionnelles, la loi n° 62-99 formant Code des Juridictions
financières a été promulguée le 13 juin 2002. Cette loi, composée de trois livres, a marqué une étape importante dans
l’itinéraire de la Cour des comptes du fait qu’elle a explicitement fixé les attributions, l’organisation et le fonctionnement
de la Cour (livre I), des Cours Régionales des Comptes (livre II) ainsi que le statut particulier des magistrats de ces

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juridictions (livre III). L'intérêt primordial de ce contrôle juridictionnel réside au moins, théoriquement, dans son
indépendance. En ce qui concerne le secteur publique (les marchés de l’Etat), cet intérêt est concrétisé par l'intervention
de la cour, après l'achèvement du marché, ce qui lui permet de saisir la réalité et de déceler les moindres irrégularités à
n'importe quel niveau de l'opération à l'occasion de l'exercice de contrôle juridictionnel sur les intervenants dans
l'engagement, la régularité et l'exécution des marchés en l'occurrence, les ordonnateurs, les contrôleurs et les
comptables. Avant d'entrer dans le vif du sujet, il s'avère souhaitable de traiter en premier lieu les rouages structurels et
organisationnels de cette institution, qui sont complexes, afin de se rapprocher de l'environnement où se déroule ce
contrôle juridictionnel des marchés de l'Etat.
2. L'organisation de la Cour des comptes : La Cour des Comptes est une juridiction financière. Tout en gardant son
autonomie, celle-ci s'insert dans l'ordre judiciaire du Royaume. Elle est composée de magistrats qui sont régis par un
statut particulier similaire à celui des autres magistrats. Elle dispose à l'instar des autres juridictions d'un parquet. La
Cour est composée de : un Président : Il est nommé par dahir qui fixe en même temps sa situation administrative.
L'article 8 de la loi sur la Cour dispose que le président est responsable de la bonne marche de la Cour. Il est assisté
dans cette mission par un secrétaire général qu'il choisit parmi les conseillers et le nomme par ordonnance. Les
présidents de chambre : Ils sont nommés conformément aux dispositions de l'article 30 de la constitution. Ils doivent
être classés au grade exceptionnel. Ces présidents sont chargés de présider chacun une chambre de la Cour. Le vice
président signe les arrêtés rendus, il corrige et vise les projets d'intervention administrative préparés par les rapporteurs.
En cas d'absence ou d'empêchement, le vice-président peut être remplacé par le conseiller le plus ancien de la chambre
ou de la section. Les conseillers : On distingue les conseillers du premier grade et ceux du deuxième grade. Les
auditeurs : Ils sont classés au 3ème grade. Les magistrats suppléants : Ce sont des magistrats de 2ème et 3ème grade
qui accomplissent un stage en qualité de magistrats suppléants. Ils participent, sous la direction et la responsabilité des
magistrats, aux activités de la Cour sans pouvoir toutefois délibérer, ils peuvent notamment : Assister les magistrats de
la cour chargés des vérifications des comptes ; Assister le ministère public au niveau des sections des chambres. Le
procureur général du Roi : Comme tout organe juridictionnel, la Cour des Comptes dispose d'un parquet représenté par
un procureur général, l'article 14 de la loi relative à la Cour précise « le ministère public est exercé par le procureur
général du Roi qui est assisté d'avocats généraux. En cas d'absence ou d'empêchement, le procureur général du Roi est
suppléé par l'un des avocats généraux qu'il désigne annuellement à cet effet. Le procureur général du roi exerce son
ministère par le dépôt de conclusions ou de réquisitions. Il n'exerce son ministère que dans les matières juridictionnelles
dévolues à la Cour... ».

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