Sunteți pe pagina 1din 5

Directeur de la publication : Edwy Plenel

www.mediapart.fr
1

nouvelles, FI et Génération·s, il s’agit là encore de


se compter, mais aussi d’imprimer sa marque pour
Les gauches affûtent leurs stratégies en
l’avenir.
vue des européennes
PAR PAULINE GRAULLE La France insoumise, qui pense pouvoir réaliser un
ARTICLE PUBLIÉ LE DIMANCHE 22 AVRIL 2018
très bon score, veut se positionner comme l’unique
mouvement d’opposition crédible, en France comme
en Europe. D’où son idée de créer un « nouveau pôle
politique » transnational capable de créer le rapport de
force avec les libéraux et les populistes de l’extrême
droite.
Chez la toute jeune formation de Benoît Hamon,
Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent, Benoît
Hamon, Olivier Faure et Yannick Jadot. © Reuters
cette première confrontation au suffrage universel est
Un an avant le scrutin, toutes les formations de gauche surtout envisagée comme une rampe de lancement
pensent aux élections européennes, mais aucune n’a sur le plan national. Par ailleurs, l’enjeu financier
arrêté de stratégie claire. Outre leur volonté de est important : chaque eurodéputé élu, c’est un peu
changer l’Europe, elles vont jouer leur place dans d’argent dans les caisses.
la reconfiguration du champ politique français. Tour En attendant, à un an du scrutin, les formations
d'horizon. de gauche s’observent et se jaugent pour savoir
Qui pour incarner la gauche française ces quatre quelle dynamique politique elles peuvent engager.
prochaines années ? La France insoumise (FI) de Jean- FI tergiverse sur son « plan B », Génération·s tente
Luc Mélenchon ou une union rouge-rose-verte sous d’attirer le PCF et les écologistes d’EELV. Quant au
l’égide de Benoît Hamon ? Pour connaître la réponse PS, il est, comme à son habitude, empêtré dans ses
et y voir un peu plus clair dans son leadership ainsi contradictions.
que dans sa recomposition après le « big bang » de
la présidentielle, il faudra attendre mai 2019 et les
prochaines élections européennes.
Dès aujourd’hui, tout le monde prépare donc avec
grand soin l’échéance. En apparence, les formations
de gauche – en incluant le PS – sont unanimes contre
Jean-Luc Mélenchon, Pierre Laurent, Benoît
l’Europe prônée par Emmanuel Macron. Même si Hamon, Olivier Faure et Yannick Jadot. © Reuters
d’infinies nuances existent, toutes veulent une Europe • France insoumise : plutôt « plan A » que « plan
moins libérale et la sortie de l’austérité. Mais pas B»?
question pour autant de se rassembler dans un seul Pendant sa campagne présidentielle, Jean-Luc
et même orchestre. La première échéance électorale Mélenchon n’a pas ménagé ses efforts afin de faire
postprésidentielle ayant pour particularité d’être un passer l’idée que, pour sortir de ces traités européens
vote à un tour à la proportionnelle – il suffit d’obtenir jugés antidémocratiques, il fallait un « plan B ». Pour
un score à plus de 5 % pour obtenir un siège –, chaque faire accepter le « plan A » (la sortie des traités),
mouvement est bien décidé à jouer sa propre partition. il faudrait, disait-il, engager le rapport de force et
Pour les « vieilles » formations à la gauche de brandir la menace d’une sortie concertée de l’Union
l’échiquier politique (le PS, le PCF et EELV), l’enjeu européenne – le fameux « plan B ». À l’époque,
est simple : savoir si elles existent encore. Pour les l’hypothèse d’un « Frexit » avait d’ailleurs été
vigoureusement rejetée par Benoît Hamon, justifiant le
maintien de sa candidature présidentielle concurrente.

1/5
Directeur de la publication : Edwy Plenel
www.mediapart.fr
2

Plus les européennes approchent, plus l’hypothèse du Un cadre insoumis confie son malaise : « Certes,
« plan B » des Insoumis semble lentement s’évaporer. le plan B est un marqueur facilement repérable
Le 12 avril, FI, les Espagnols de Podemos et le Bloco pour les électeurs français, mais ce n'est pas
de Esquerda portugais signaient un accord présenté forcément une bonne idée de chercher à tout prix
comme « historique », censé sceller leur alliance un électorat dégagiste tenté par le nationalisme, dont
transnationale contre l’Europe « austéritaire ». Un on n’est même pas sûr qu’il se déplace pour aller
texte où il n’est nulle part question de quelque sortie voter. » Surtout dans l’hypothèse, probable, où la
de l’Union européenne. droite de Laurent Wauquiez et l’extrême droite de
Podemos, en tant qu’organisation politique, ne s’est Florian Philippot occuperaient déjà le « créneau »
jamais rendu à un seul des cinq sommets du « plan souverainiste à droite.
B » organisés ces dernières années. Le mouvement Une critique que Manuel Bompard évacue d’un revers
de Pablo Iglesias, qui mise gros sur un accord avec de la main : « Il n’y a pas de désaccord entre ce
les très europhiles communistes et écologistes pour les qu’on dit en France et ce qu’on dit en Europe,on ne
municipales espagnoles – lesquelles se tiendront en va juste pas conditionner les alliances avec les autres
même temps que les européennes –, ne veut pas jouer partis européens à un accord sur le plan B. » Dès
la carte d’un retour aux frontières. lors, pourquoi ne pas faire alliance avec Génération·s ?
À La France insoumise, on assure que si la question « Parce qu’il y a plein d’autres sujets de désaccord.
du plan B sera évacuée dans la campagne qui sera Génération·s pense qu’on peut changer l’Europe dans
faite en Europe, la dialectique plan A/plan B sera les traités actuels. Nous ne sommes pas d’accord non
toujours de mise pour ce qui concerne la campagne plus avec l’idée d’une Europe de la Défense défendue
française. « Puisque seule la France peut décider, par Hamon, qui nous laisserait dans les mains de
par référendum, de la sortie de l’Union, la question l’OTAN. »
du ‘‘plan B’’ est une question qui relève davantage • Génération·s : rien à perdre, tout à gagner
du niveau national que du niveau européen, justifie C’est l’avantage des petits nouveaux en politique :
Manuel Bompard, porte-parole de FI et possible tête quand on part de zéro, on ne peut que progresser.
de liste. De toute façon, ce qui compte, c’est le plan Pour le mouvement de Benoît Hamon, ces élections
A. » européennes doivent officialiser le lancement sur
orbite de son mouvement. Persuadé que son 6,36 % de
la présidentielle ne reflète pas le poids politique réel
de ses idées, l’ancien socialiste veut croire que l’heure
de Mélenchon est passée. Et qu’il arrivera en position
de force dans cette campagne, où il espère atteindre un
score à deux chiffres.
Jean-Luc Mélenchon et les députés insoumis pendant la Pour cela, une stratégie : rassembler autour de sa
conférence de presse du groupe, le 27 juin 2017. © CG
formation le Parti communiste – même s’il est très
Chez les concurrents, ces atermoiements stratégiques affaibli –, ainsi que tout ou partie des écologistes
font jaser : « Comment est-il possible d’être aussi d’EELV qui avaient fait l’unité derrière lui à la
en contradiction ? On ne peut pas dire d’un côté présidentielle. Damien Carême, maire de Grande-
de la frontière, qu’on va sortir de l’Europe, et Synthe (Nord), ou le porte-parole d’EELV Julien
de l’autre, assurer qu’on ne le fera pas », pointe Bayou ont montré des signes d’intérêt. Mais certains
l’eurodéputé de Génération·s Guillaume Balas, qui membres de leur parti refusent de se rallier à nouveau.
dénonce une « tactique électoraliste destinée à attirer
les souverainistes ».

2/5
Directeur de la publication : Edwy Plenel
www.mediapart.fr
3

En revanche, au PCF, la direction de Colonel-Fabien Les européennes sont historiquement les élections
ne cache pas son intérêt pour une alliance avec Benoît reines pour les écologistes. Tout le monde se souvient
Hamon. de l’exploit de 2009, quand les Verts – refondés
en Europe Écologie – passaient devant le PS et
obtenaient 16,2 %. En 2014, le parti alors dirigé
par Pascal Durand rassemblait encore presque 9
% des suffrages, soit davantage que le Front de
gauche. Si les élections européennes sont si favorables
aux écologistes, pourquoi, alors, aller fusionner avec
Benoît Hamon ?
Benoît Hamon se promène peu avant son discours, le 1er C’est en tout cas la position de Yannick Jadot,
juillet 2017, lors de la fondation de son mouvement. © CG
qui entend convaincre EELV qu’une liste portée
L’ancien député de Trappes sera-t-il tête de liste ? Pour par Michèle Rivasi et lui-même serait à même de
l’heure, la décision n'est pas prise. La liste accueillera, redonner un peu de couleurs à ce mouvement en
comme à la FI, des personnalités estampillées « société grande difficulté. « Les européennes, c’est une élection
civile », notamment des intellectuels et des personnes emblématique pour nous, avance l’eurodéputé, qui
issues de la « diversité ». Si le programme n’est pas avait réuni 11 % en 2014. Au Parlement européen,
encore ficelé, le cap est à peu près donné. nous sommes d’ailleurs toujours en pointe pour mener
Fin janvier, Benoît Hamon rencontrait des journalistes un certain nombre de batailles, comme l’interdiction
dans un café parisien pour officialiser son de la pêche électrique ou la remise en cause des
rapprochement avec Yanis Varoufakis, l’ancien accords de commerce. »
ministre frondeur du gouvernement grec d’Alexis
Tsipras. Objectif : faire groupe commun au Parlement
européen et porter un seul et même candidat à la tête
de la Commission – sans doute, Varoufakis lui-même.
« Oui, l’Europe peut être nouvelle à traités constants
», expliquait alors Benoît Hamon, sans exclure de «
changer les traités » au bout de quelques années. Yannick Jadot à Mediapart Live.

Si, sur le papier, le ticket avec la « star » grecque est un L’ancien allié de Benoît Hamon à la présidentielle
avantage de poids, le chemin n’en est pas moins semé estime qu'EELV est seul à pouvoir incarner le
d’embûches. D’abord, il y a l’instabilité politique du mouvement de l’écologie politique : « Vous les voyez,
Grec qui soutenait, il n’y a pas si longtemps, la vous, les militants de Génération·s et les Insoumis à
stratégie du « plan B » – ce que ne manquera pas de Notre-Dame-des-Landes ? » N’empêche, pour d'autres
lui rappeler La France insoumise. Ensuite, il souffre de écolos, le contexte a changé. Le vert a infusé partout
son image d’homme politique « hors sol » : s’il vient dans la gauche rose et rouge. Quant à la « dream team »
de lancer son parti, baptisé MeRa25, en Grèce, il n’a de 2009 (Dany Cohn-Bendit, José Bové et Eva Joly),
d’élu ni au Parlement grec ni au Parlement européen. elle s’est dissoute depuis belle lurette, laissant un parti
« Pour exister au Parlement européen, il faut des alliés exsangue, sans idées ni représentants médiatiques.
déjà ancrés politiquement, pointe Manuel Bompard. Alors, faut-il d’ores et déjà accepter la mort du
Or Génération·s en manque cruellement. » parti et la fusion dans Génération·s ? Certains y
• EELV : la tentation de l’autonomie songent, et tentent de trouver « l’histoire » qui pourrait
accompagner un tel scénario. « On a testé l’union de
la gauche sous Jospin, mais on a été déçus car on

3/5
Directeur de la publication : Edwy Plenel
www.mediapart.fr
4

est restés dans le tropisme socialiste. Maintenant, il candidature autonome. Histoire de ne pas trop déplaire
faut voir ce que Hamon a à nous proposer », avance aux « identitaires » lassés de ne pas affronter plus
Sandra Regol, porte-parole d’EELV. Un véritable souvent le suffrage universel.
choix stratégique de long terme. • Au PS, toujours rien de nouveau…
• Le PCF temporise En dépit du discours offensif de son nouveau premier
Le parti de Pierre Laurent a laissé passer son tour par secrétaire Olivier Faure à Aubervilliers, le 8 avril
deux fois aux dernières présidentielles. Est-il temps dernier, où il appelait à une « alternative européenne »,
pour lui d’enfourcher le cheval des européennes ? le PS est, comme toujours, flou sur sa ligne et
En attendant de trancher, le PCF, comme souvent, hésitant sur sa stratégie. Nouvelle illustration de ces
a décidé de temporiser : lors de son dernier conseil tergiversations, la participation ou pas des socialistes
national, il a voté la création d’une plateforme pour au comité de surveillance de la consultation que La
tenter d’unir la gauche, et le lancement d’initiatives République en marche a lancée sur le sujet.
pour « engager un grand débat public national sur les
enjeux européens ». Lutte contre le dumping social,
réflexion sur la mise en place d’un salaire minimum
européen, harmonisation fiscale ou réorientation de
la Banque centrale européenne seront au menu des
discussions.
« Emmanuel Macron veut caricaturer le mouvement
entre pro et anti-Europe et constituer une liste de Olivier Faure, sur le marché de Savigny-le-Temple, le 2 juin 2012. © S.A
rassemblement de tous les libéraux », décrypte Pierre
Boris Vallaud, chargé des questions européennes,
Laurent, qui veut y opposer « le rassemblement des
a beau jurer qu’un espace existe entre la ligne de
forces de gauche afin d’éviter de se retrouver avec
Génération·s et celle d’Emmanuel Macron, il n’est
cinq ou six listes concurrentes ». Si officiellement le
pas aisé de l’entrapercevoir. D’ailleurs, il ne veut pas
parti se dit à équidistance de Jean-Luc Mélenchon et
en dire plus avant les consultations militantes qui
de Benoît Hamon, on croit entendre entre les lignes
auront lieu au début du mois de mai sur les élections
que l’hypothèse Varoufakis les séduit davantage. « Si
européennes.
on constitue un front, on atteindra 20 % », estime
Anne Sabourin, chargée des questions européennes Les tensions se cristallisent autour de la figure de
au PCF, qui pourrait incarner une candidature de Pierre Moscovici, pressenti pour prendre la tête de
renouvellement. la liste socialiste. Lors de son discours au dernier
congrès du PS, qui avait clairement valeur de
candidature, le commissaire européen a eu beau
promettre de « revoir le logiciel des politiques
économiques, [et de] revenir à un monde politique
où la réforme sociale est synonyme de progrès et une
vraie Europe sociale », l’hypothèse « Mosco » agace
beaucoup chez les militants.
Pierre Laurent en mars 2018. © Reuters À l’aile gauche, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann
Alors que le congrès du mois de novembre s’annonce veut, elle, une candidature unie de toute la gauche
assez mouvementé pour la direction en place, le parti afin de « faire un électrochoc » et espérer franchir
a promis d’envisager sérieusement l’hypothèse d’une la barre des 5 % : « On est tous d’accord sur les
questions environnementales, le dumping social ou le
dumping fiscal. Si la gauche française se retrouvait

4/5
Directeur de la publication : Edwy Plenel
www.mediapart.fr
5

dans une candidature unique autour d’une plateforme, on pourrait être à 35 %, et gagner les élections car le
peuple de gauche n’attend que ça ! » Il lui reste un an
pour mener le combat de l’union pour l’Union.

Directeur de la publication : Edwy Plenel Rédaction et administration : 8 passage Brulon 75012 Paris
Directeur éditorial : François Bonnet Courriel : contact@mediapart.fr
Le journal MEDIAPART est édité par la Société Editrice de Mediapart (SAS). Téléphone : + 33 (0) 1 44 68 99 08
Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 24 octobre 2007. Télécopie : + 33 (0) 1 44 68 01 90
Capital social : 24 864,88€. Propriétaire, éditeur, imprimeur : la Société Editrice de Mediapart, Société par actions
Immatriculée sous le numéro 500 631 932 RCS PARIS. Numéro de Commission paritaire des simplifiée au capital de 24 864,88€, immatriculée sous le numéro 500 631 932 RCS PARIS,
publications et agences de presse : 1214Y90071 et 1219Y90071. dont le siège social est situé au 8 passage Brulon, 75012 Paris.
Conseil d'administration : François Bonnet, Michel Broué, Laurent Mauduit, Edwy Plenel Abonnement : pour toute information, question ou conseil, le service abonné de Mediapart
(Président), Sébastien Sassolas, Marie-Hélène Smiéjan, Thierry Wilhelm. Actionnaires peut être contacté par courriel à l’adresse : serviceabonnement@mediapart.fr. ou par courrier
directs et indirects : Godefroy Beauvallet, François Bonnet, Laurent Mauduit, Edwy Plenel, à l'adresse : Service abonnés Mediapart, 4, rue Saint Hilaire 86000 Poitiers. Vous pouvez
Marie-Hélène Smiéjan ; Laurent Chemla, F. Vitrani ; Société Ecofinance, Société Doxa, également adresser vos courriers à Société Editrice de Mediapart, 8 passage Brulon, 75012
Société des Amis de Mediapart. Paris.

5/5

S-ar putea să vă placă și