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Pierre R O SSI
LA CITE
D'ISIS
Histoire vraie des Arabes
PTOLEMEES ET SELEUCIDES :
ADVERSAIRES HEREDITAIRES
clama roi en 247 avant notre ère, donnant ainsi une nou
velle dynastie orientale qui régnera jusqu’en 226 après
J.-C., soit près de 500 ans, sous le nom d’Arsacides. Dès
lors, l’histoire de l’Orient et, par voie de conséquence,
celle de l’Occident devra compter avec ces nouveaux ve
nus. Ce qui signifie que désormais, à partir du m" siècle
avant notre ère, c’est-à-dire à une époque où Rome n’est
encore qu’une puissance balbutiante engagée dans les
guerres puniques, le poids de l’Asie centrale commen
çait déjà à déséquilibrer l’ancien ordre araméen. Si l’on
songe qu’à la même époque les Thraces, les Daces et les
Scythes regardaient avec convoitise les cités de l’Orient
méditerranéen et mésopotamien, tout en rêvant de les
conquérir, on se rend compte, qu’avant même son instal
lation, l’Empire romain serait fatalement attiré, satellisé,
par un Orient encore plus massif, encore plus menaçant,
encore plus ambitieux, encore plus guerrier que celui qui
avait déjà absorbé la Grèce. Quand Rome prend nais
sance, l’Orient nilo-babylonien s’est démesurément
agrandi, véhiculant son bilinguisme gréco-araméen jus
qu’à l’Hindou-Koush et le Danube intégrant à sa culture
plus de cinquante millions d’hommes. Si nous représen
tons l’Occident et l’Orient du m* et du IIe siècles avant
notre ère par deux plateaux d’une balance, nous devons
m ontrer le plateau à peu près vide de l’Occident emporté
par la masse écrasante du plateau oriental. Non seule
ment la cité romaine est cernée de toutes parts par la
conquête araméenne, mais elle est elle-même imbue de
traditions arabo-asiatiques, avec Enée l’ancêtre fonda
teur, avec la religion et la mentalité étrusque, avec la
présence gréco-palestinienne en Campanie, en Sicile, en
Provence, avec l’influence carthaginoise qui s’exerce en
profondeur depuis les rivages tunisiens, algériens, libyens.
Que peut bien peser Rome devant une telle emprise ? A
peu près rien. Guère plus qu’Athènes face à Darius. Pour
étudier notre histoire, c’est une carte de l’Asie plutôt
qu’une carte de Rome qu’il nous faudrait. Comparée aux
énormes événements qui depuis le h * siècle avant notre
ère se sont multipliés en Asie, de la mer Egée aux grandes
PTOLÉMÉES ET SÉLEUCIDES 181
N° d’éditeur : 1059
Dépôt légal : 4e trimestre 1976