Sunteți pe pagina 1din 404

Science et psychologie :

nouvelles oeuvres inédites de


Maine de Biran / publiées...
par Alexis Bertrand,...

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France


Maine de Biran (1766-1824). Science et psychologie : nouvelles
oeuvres inédites de Maine de Biran / publiées... par Alexis
Bertrand,.... 1887.

1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart


des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le
domaine public provenant des collections de la BnF. Leur
réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet
1978 :
- La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et
gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment
du maintien de la mention de source.
- La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait
l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la
revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de
fourniture de service.

CLIQUER ICI POUR ACCÉDER AUX TARIFS ET À LA LICENCE

2/ Les contenus de Gallica sont la propriété de la BnF au sens de


l'article L.2112-1 du code général de la propriété des personnes
publiques.

3/ Quelques contenus sont soumis à un régime de réutilisation


particulier. Il s'agit :

- des reproductions de documents protégés par un droit d'auteur


appartenant à un tiers. Ces documents ne peuvent être réutilisés,
sauf dans le cadre de la copie privée, sans l'autorisation préalable
du titulaire des droits.
- des reproductions de documents conservés dans les
bibliothèques ou autres institutions partenaires. Ceux-ci sont
signalés par la mention Source gallica.BnF.fr / Bibliothèque
municipale de ... (ou autre partenaire). L'utilisateur est invité à
s'informer auprès de ces bibliothèques de leurs conditions de
réutilisation.

4/ Gallica constitue une base de données, dont la BnF est le


producteur, protégée au sens des articles L341-1 et suivants du
code de la propriété intellectuelle.

5/ Les présentes conditions d'utilisation des contenus de Gallica


sont régies par la loi française. En cas de réutilisation prévue dans
un autre pays, il appartient à chaque utilisateur de vérifier la
conformité de son projet avec le droit de ce pays.

6/ L'utilisateur s'engage à respecter les présentes conditions


d'utilisation ainsi que la législation en vigueur, notamment en
matière de propriété intellectuelle. En cas de non respect de ces
dispositions, il est notamment passible d'une amende prévue par
la loi du 17 juillet 1978.

7/ Pour obtenir un document de Gallica en haute définition,


contacter
reutilisationcommerciale@bnf.fr.
RELIURE SERREE
Absence de marges
CenMM tmutttMM
)tMsib)tMpatUe))e intérieures
M~ZO.)!<H4

Valable pour tout ou partie


du document reproduit
MbMt d'une ~ne <to <tMttnentt
en cautew
B~MOT~~ DE FA€~
'=. L1'ON'

SCÏEN EE
"OMiBM
ET~
.'r~~M"
..MAt~E;~
M, B]~
t~m~.MWKS MMtKS.

p~<gM.A~C.MN&.)~oMCMeN'
j" ~w~~

~'s~ ,.AMXIS~~R~ ~;r~


.P<~w'~MU<~e~M~tMM~ j

'M se'lbbbi, lai r

~.Ji/SM.
~1~
ERNEST ~EROU~ ËBiTEUR

'w:
£
9a,ttt!~Mo~y~TR,SR
r; 'ï.M~i~s
M~'tn~NS~CCTt~PWB~MR~MSB~A~~
'ao~s:'a~oo~DB$'M
'h~80œNTnHQOE~
w

SiBMONOtM~BSMtt.OMmS

/('
8SWMH B'ARCM~MMXë~
8SN~t)&Ea~aAM)BtMMOM!QUBlM~8~tBNVR

~A!
$~MNP~M6~C~ËMNOMt()~~SOaA~
>
A'ROHtV'Eë'&.Ba'Mt~t6N~a~B!
~a''T~M~ 'ï;r~
/A~A~ NSt~01!<

'e-
PnhN6eMBeta~MeMm<tH.eB'BA'tv,~M~
`.
'~J~(.t~t~
~Mt~mBa'.p~ét~~ ~oaL ar~a~I~p t~
't~tBe'a~~i[~~ 0~j~a'~c.o~~

'?~ "'4. ~iex.

.4'
len~n'~ b.r~snt~tlei~

'jM~rt~a~~
<
'& F~M~.B~ R~ ~1~W ~$~

'~f
't~t.. '?.J~i-.< s,.

li~

~o~.M.
C~j 4

x.~

.t.-j~
>, £ ( S
~p~y~~

~t t'y' ;j.

't' -j~t'<=.
sr
ANNUAIRE
-1

DE M FACULTÉ DES LETTRES DE LYON

TABt.E DES TROtS PMEMN!MSS ANN&ES


t883-iMS

!A:MË&tMa
KtWtMto t. B~MtM, pM~Mexr de ~eempMe: to ~Mat)<M, MatotM de
t'AMMtb et de t'AM~ pttmMf. (httMdtMMon à t'M<t<t~ de
r~Mpe.)
je
C)t.B~wr,pMt!i!SMMr(t'hMxiMetaBM~MBd)tmeyen~:ie
WeoMe<fMN<)M««M<mMN.
)L. Cn~M, tt~MMw de tanetta et de MMmtaMt ft-m~he do
meye)tage:J~oCAMa(9Me<fe~a~m6eM.
FnMk)tten.pAn.RM!<A)))).Sf<M)M<!taH~W~<a<HHM.
E.Bt!MT.c<)irrMp<mdMtde)'tMUtut:P<M)fM<'WCeM~.
Pa.!hwc&:t'tM'<MWe~<Mt,
t..<Ma*T:~<M~M<fepA~a~e/~of«<
C. M6)!mtM Nexfef <M'a<Mr.'
FaMteuteN!.FbtMt:~<M<<<NM'/apA<y~pAte~)M~a<Mtw<
!tBMt*Nt: B~Mt~MM <<? M~aM~e et ? MM ~M<«/<tt< met
~<'
n'.M)N)SB.~Mt.
B.t~&m<:SM'M<~MeM~tt<!Aet)a~J~~)~.
FMctMte!.
CH.tMBf:ta/!M<Me<<Mt<t<t<M<&CfM<fm<fn.
LCt~t:~M~<eBMMae~M<~jr~<'&t.~W6-MM).
ttMMjdmMtw..
RBa~T;J%M~~<;ttMde~tMdttetaMMrtMdehpM~~
A.BBnTes,êt&~dMMBMt~M~d~totM:fa&ataM&<feet!tmM.
PeM*tt)B: Mt<~<MO' tm eptcea<!t M{-<N.M)tf<)~« <?
BMtMtMM.
Rtseitote! P.RBBMn<:S<9)tCMta)!~)<<a!<M&fHM.
P.RBNfACB!j6<«<tMpAenN~et<<tHetyteA~ttM. 'è'
<<~tM~<weMt~
Fin d'une série de documents
en couteut
BIBLIOTHÈQUE
)<)i).A

FACULTÉ DES LETTRES DE LÏON

TOME DEUX!ÈME
La Faculté des Lettres de Lyon a dedde, l'année dernière, de
modifierles conditionset la formede la publication seientiNque
qu'elle avait entreprise depuis <M3. Son ~iaatMtM, qui tio com-
posait de &sctca!es d'Mato!ro, de Mt~mt~M. do philosophie,
devtont une ~MtoM~tM analogue & celle que publie rËeotedes
Haates études, formée de volumes eoUeFement iadëpondants
les uns des autres. Le présent volume est le deuxième de cette
publication. Le premier, ~eM~ad~ et la jPoMfaKej~ntM~aHe
en FfaaeAe-C<MM~, par AI. E. BomMBMs, docteur ès-tettrea,
chargé des cours & la Faculté des Lettres de Lyon, vient de
paraître. Le troisième,La CAatMoade Roland, traduite en prose
archaïque et rythmée par M. L. Ct&tAT, professeur à la Faculté
des Lettres de Lyon, paraîtra très prochainement.
MBUOTH~E DE LA FACUMË DES MmES DE MON
TOMBtt

SCJ~CE ET PSYCHOLOGIE
~WEUtS SUMMt~tHS
t~ /< ~J
~~ÎNE DE BIRAN
PPm.)~ A\KK UKE tNtMM!CH(M<

hana

ALEXIS BERTRAND
ftefMMur do PMttMj~k t le Faculté de. LtttM!) de t.;m.

Fae-ShnMe. tntMdncUen. Rapporta de t'Meetegie


et des Nathëmatiqaes. Observattem aBr le paterne de Gall.
CemmenMMam' les NëditatieMde BeMarteB. Rapports des Menées naturelles
avec la Psyeheteate. Notes mr t'abM de U9Me.
Notes sor ndeeteeie de N. de 'Tmey.

PARIS
ERNEST LEROUX, ÉDITEUR
28, ME BONAPARTE, 28
1887
FM.strn~ d'w.aap~ed<t~snuaeptt
m~nuseril
?*
INTRODUCTION

En <8N6. le programme de l'Agrégation de philosophie


comprenait tes JM<~<~<MM M~e~A~~M~ de Deaoartpa. Je
savais quo Maine de Biran avait laissé un CemtWH~~
inédit sur les J!M~f<t~<ttM, et je désirais vivement en fairp
profiter nos étudiants et en profiter moi-même. Je me rendis
donc à Gonbvo: M. E. Naville m'aeeuoittit avec «a henné
graee accoutumée et mit a ma disposition tous les manuscrits
de Maine de Biran. On est vite l'ami de t'émineut philosophe
génovoia quand on est l'ami de la philosophie et l'admirateur
de Maine de Bifan il voulut bien me diriger et m'aider à
explorer ces volumineuxmanuscrits, qu'il connaît page par
page, ligne par ligne, je devrais dire mot par mot. De ce pré.
mier voyage je ne rapportai cependant que le CMMHCH~aw
~Mf les Jtf~tNita~MM, et il me parut si important que je
résolus des lors de le publier dans notre ~MMtMM~, ou du
moins d'en extraire les parties les plus nouvelles, et qui n'a-
vaient pas leur équivalent dans les œuvres connues de notre
philosophe. Quand t'~wMMH'e fut transformé, l'an dernier,
en Bibliothèquede la Faculté des Lettres, mes projets s'agran-
dirent et mon ambition augmenta j'étais vivement frappé
dp cette idée qu'il ne s'agit pas ici d'ouvrages de peu d'im-
portance, négligés à dessein par les premiers éditeurs, mais
qu'an contraire, an témoignage de l'homme qui connatt le
mieux la question, cinq ou six des manuscrits inédits sont
désignés pour faire partie de l'édition dé6nitive que la France
et la philosophie attendront peut-être longtemps eneore,
tandis que plusieursdes pièces pnbtiéea par V. Cousin seront
évidemment éliminées de cette édition. C'est une anomalie,
un fait étrange, et qui ne ae présente peut-être pour aucun
antre auteur ancien ou moderne, mais c'est on fait qui s'ex-
plique le plus aisément du monde a! l'on se rappelle l'histoire
bitiarre,devenue légendaire comme celle des écrits d'Aristete,
de la publication des manuscrits de Maine de Biran Le
traité des ~<~w<s <!fM'Hf<?<: FM<Mw~ a<~c la Psycho-
~M me parut surtout d'un intérêt si actuel et, soit par tt*
sujet, soit par la matM~ra dont il est traité d'une utilité !:i
indiscutable à cette époque surtout on nous voyons la phy-
siologie envahir te domaine de la psychologie, trop mol-
lement défendue, que jo n'hésitai pas à en proposer et & en
entreprendre la publication. C'est, en etbt, une adm!rabh'
défense de !a psychologie, et ceux qui voient avec dou-
leur l'espèce d'abandon et de délaissementtu semble s'étioïer
aHJoard'huieetto science toute française et prononcent au fond
du cœur t'~enafe a~MM/ 1 ceux-là, j'en suis sur, auront
lieu d'être contents. Pas un des arguments de Maine d<'
Biran n'a vieilli. Cet éioquent plaidoyer, bien qu'il date
de soixante-dix ans, semble écrit d'hier et s'adresser & des
adversairesqui viventet conspirent au milieu de nous. Puisse-
t-it convertir quelques néophytesintempérantsde la physioto-
gie et les ramener au véritaMe objet de la psychologie;
puisse-t-il aussi détourner quelques-uns de nos jeunes philo-
sophes de ce coup de désespoir, qui consiste à abdiquerentiè-
rement entre les mains de Kant et a s'incliner sans nécessité
devantl'Allemagne. J'entends l'accusation étrange manière,
va-t-on dire, de défendre la philosophie, que d'en exclure la
science et d'y introduire lè chauvinisme Eh 1 non Maine de
Biran était un savant; il connaissaitles mathématiques, je ne
dis pas autant qu'homme de France, mais autant qu'il fallait
pour discuter avec Ampère sur maint sujet qui embarrasserait
fort tel d'entre nous qui parle avec conviction et non sans une
complaisance légèrementemphatique, de la loi ~a~A~M~
de Fechner il était 61s de médecin, très versé dans les études

it. NM&e A&<o~M et <tMM~<tpM}«e Mr <raeatt.E de NanM de Bt~m,


eontEmmt i* rHbhtife des mamMtMainédite de ce philosophe; a' lé Cata-
logue «abonné de Mttmweatant inédites que pnMieM; 3' le Catategae dee
écrits relatifs à sa vie et a sa doctrine, pM M. E. Naville. Qenève, i8St.
physiologiques, fondateur et présidentd'une ~<tf)Mf<fM~fM&
l'ami intime de Cabanis, comme en témoigna Mac corres-
pondance inédite que j'ai sous les yeux. Quant à t'AMomagne.
il ne jurait point par elle, mais il la forçait de couronner ses
tnémoires. M pensait d'aitteura que Biehat et Cabanis valent
bien les Allemands qui les pittent. Schopenhauor écrivait en
Biehat a vécu trente ana, il est mort il
<M2 « y aura bientôt
soixante ans, et toute l'Europe honore aon nom et lit ses
ouvrages. Sur cinquante millions de bipèdes, on aurait peine &
rencontrer une tête pensante telle que Bichat. Assarétnent,
depuis ses travaux, la physiologie a fait dea progrès, mais
sans les secours des Allemands, et grâce uniquement à
Magendie, Flourens, Ch. Bett et Marshat Hall pourtant ces
progrès n'ont pas 616 tels que Bichat et Cabanis en paraissent
vieillis, et tous les noms que je viens de citer s'inclinent
quand on prononce le nom de Bichat. » Je n'ajouterai certes
pas avec Schopenhauer « Quittons maintenant cette noble
société pour pénétrer dans l'auberge des saltimbanquesatte-
mands, » car un Français qui répéterait le quart des invec-
tives que Schopenhauer adresse à ses compatriotes, ferait
crier au blasphème. Je me contenterai de dire que sur beau-
coup de points, notamment sur les lois de l'habitude, Maine
de Biran au fond de sa province, sans ressources scienti-
Nques, parle seul enbrt de la méditation personnelle avait
ren-
contré et même devancé Bichat'. J'ajouterai que pour admi-
rer à la fois et Schopenhaueret ceux qu'il invective si cruet-
lement, it faut vraiment se mettre trop au-dessus du vieux
principe de contradiction et avoir un grand !bnds d'admiration
en réserve. C'eat pourtant notre histoire. Admirons et emprun-
tons, soit, mais d'abord connaissons nos propres richesses et
sachons si la psychologie française n'est pas précisément

i. Ce fait Mt attestA par une longue


<M<Mf da <<ette ttroa~o~ M-<M<<< am la
?? (inédite)dea<fMM& au e~te~n B.
Nif. Bteta<
eMM~M << BMtMea.
h
<m~ <taM ? premier volume de MMMM~te nt&tteate en puan~tt an M.
par f<n«<m- du JMno&< <a«<HM f ~a/?«ente de ftaMf«<<e tm- &t /<«?< de
fHMar, t<MMt)M<par <YtMH<t<< national dam ta <aMee du ~t messidor au X.
cette que nous estimons «! haut quand elle noua est réim-
portée d'Attemagne,
Elle eat ntte des mathématiques et de la médecine, puis-
qu'elle a été fondée par Ampère et Maine de Biran, J'espé-
rais pouvoir insérer dans ce volume la C<MTp~peM<<9Mce de
Maine de Biran, et notammentles réponses aux lettres d'Am-
père, mais des raisons budgétaires me forcent actuellement à
remettre à plus tard cette publication cette correspondance
et la longue introduction qui eut été nécessaire pour en
éclaircir tes points ebaenra, en combler los nombreuses la-
CMneit et la rendre intelligible, eussentgrossi deprea d'nn fiera
te présent votante. D'aillenrs te lecteur,je l'espère, ne perdra
rien pour attendre; te nombre dea lettres retrouvéespout s'ac-
croMra de jour en jour et déjà de nouveaux documents me
sont parvenus depuis que l'éminent directeur de la T~NMf
~t/MOj~MNa bien voulu insérer dans le numéro de janvier
dernier la lettre suivante que je me permets de reproduire
ici « An moment de mettre sous presse un volume qui
parattra sous ce titre CoM'f~MM&mcM JM~MOtres inédits
de Maine de Biran, permettez-moi, monsieur le directeur, de
recourir a votre obligeance et à la publicité de la Revue ~Ve'
sophique, pour prier tous les amis des sciences et de la philo-
sophie qui posséderaientdes lettres de Maine de Biran, de
vouloir bien me tes communiquer. Sa correspondance avec
Cabanis, Ampère, Stapp&tr, Destutt de Tracy, a duré fort
longtemps et a toujours été très active. J'ai entre les mains
des lettres nombreuses et intéressantes, mais je suis loin sans
doute de les avoir toutes, et il y a encore bien des lacunes, et
de très regrettables. Comment fixer, par exemple, les part"
respectives d'Ampère et de Maine de Biran dans l'élaboration
de leur système commun, si l'on ne possède pas leur corres-
pondance ? Grâce a M. Barthélémy Saint-Hilaire, nous avons
d~Mes lettres d'Ampère le public aura bientôt les réponses
de Maine de Biran. Il importe que les pièces de ce grand
procès figurent toutes dans la nouvelle publication or, beau-
coup sont sans doute disséminées on perdues. Puissent ceux
qui en ont entre les maina imiter la libérale et g~néreuxa
conduite de M. E. Naville, qui fait un M aimable accueil aux
amis de la philosophie et do Maine do Biran, et ton ta!sse
puiser a pleines mains dans sa pracieuaa eottection de manua.
crits. Agréez, etc. n
On voit, par cette lettre, que t'étude des rapports d'Ampère
aveo Maine de Iliran, c*<'at-&-dir<' la seule partie vraiment
neuve de l'histoire des idées de Maine de Biran nous est inter-
dite jusqu'à nouvel ordre. 11 faut donc borner cette introduc-
tion at'anatyse critique et historique des ouvres inédites qMe
contient ce volume. A ce mot d'tenvres inédites s'attache à la
fois une certaine faveur et une certaine pr&veation on les
accueille sans doute comme documents intéressants, mais on
les dédaigne volontiers comme n'étant que de simples gla-
nures après la moisson. On aurait grand tort de croire que
tout est dit et que l'on vient trop tard. On lit dans les ~.p~t~
des ~aa<& pAt/osopAM de M. A. FouiMéc a Les ~HOpaM~
ouvrages (de Maine de Biran) ont été recueittis par V. Cousin
en l84t. » Il en résulterait qu'après i84i M. E. Naville, lui
aussi, n'avait plus qu'à glaner. Aussi M. FouiMée ajoute-t-il
négligemment « D'autres cauvres inédites ont été publiées
par M. Naville on i8S9. » Mais tournez les feuillets et vous
aurez vite la preuve matériettc, pour ainsi aire, que ces eM<M'<
<M<M'M mA~es sont bel et bien les principaux orivrages <«)
l'auteur. Personne en effet ne récusera la science profonde.
la haute compétence et le goût parfait de M. A. Fouittée
or, sur les onze morceaux qu'il emprunte à notre philosophe
et qui sont en effet parfaitement choisis, combien pensez-
vous, sont extraits des quatre volumes de V. Cousin ? Pas
un. Et des trois volumes de M. E. Naville? Onze tout juste
Cela soit dit sans vouloir rabaisser le mérite de V. Cousin
c'est l'augmenter au contraire, car il fallait être singulière-
ment pénétrant pour juger si bien Maine de Biran sur des
échantillons fort incomplets, et, ajoutons-le, publiés avec
beaucoup de négligence. Avoir proclamé que Maine de Biran
est « le plus grand métaphysicien qui ait honoré la France
depuis Malebranche, N qu'il est « un homme sans égal en
France pour le talent de l'observation intérieure, la finesse ft
la profondeur du sons psychologique, a «'est ineenteatabte-
ment nn titra de gloire pour V. Cousin et un des plus grands
services qu'il ait rendus à la philosophie de son pays. L'examen
rapide des nouvelles eBMvrea inédites va nous faire parcourir
toute la carrière philosophique de l'auteur et assister à la
genèse et à l'évolution de son système; idéologue renforcé
dans los Rapports de tlddologie et des JM<ï<A~Ha<t~t<M, nous
le trouvons à la Bn du volume en possession de tous ses
principeset parfaitementmattredu système nouvMMt, de cette
psychologie qn'M n'est que juste d'appeler &tr<MMeHMt. Je
m'empresse de déctaror que s'il y a eu quelque mérite à
rassembler péniblement ces fouilles dispersées, à décMHrer
ces manuscrits mal écrits et en désordre (le fac-simiié que con-
tient ce volume représente une demi-page choisie parmi les
pins nettes et les moins illisibles dn manùscrit des Rapports),
le principalhonneur en revient à M. E. Naville qui m'a cons-
tamment guidé et dont j'ai scrupuleusementsuivi les indica-
tions la main qui exécute ne fait qu'accomplir un devoir dp
reconnaissance en rendant hommage à la tête qui dirige.

On ignore généralementdeux particularités fort inté-


ressantes de ta vie de Maine de Biran l'une nous est révélée
par les lettres inédites de Cabanis, c'est qu'il songea assez
longtemps à se faire professeur de mathématiques l'autre
par la partie inédite des lettres d'Ampère, c'est qu'il sollicita
en 1808, lors de la fondation de l'Université, un poste de
recteur. H est à croire que la carrière de l'enseignement ou
l'administration universitaire lui convenaient mieux que la
politique,mais le hasard des événeme*'ts en décida contre ses
veaux. Cabanis lui écrit le i9 theEmido* an XI « Votra ami
Vanhnttenaurait voulu que vous demandassiezla chaire de ma-
thématiquesqui vaquaità Versailleset il vous avaitécrit pour
cela. B n'y a point de doute que lesinspecteursde l'iBatruetiott
publique ne soient très disposés à vous proposerpour quelque
<
ptacf, mais nous voudrions bien que cela ne fût pas trop loin
de Paris nous avons besoin de conservert'espéraacc de voua
y voir » Ampère lui rend compte dans une lettre datée
de f808', des démaFchea qu'il a faites en aa faveur auprès du
chancelier et du grand mattre de l'université tous s<*s t'tforts
aont venus ëohoaer, malgré de beMes promesses, contre la
décision prise par t'emperear de ne nommer recteurs qM<*
d'anciens professeurs ou des proviseurs. C'est donc parce qu'H
ne fut pas nommé professeuren i803, que Maine de Biran ne
put être recteur en i808. Les lettres inédites de Cabanis nous
font voir qu'il faisait grand cas de Maine de Biran comme ma-
thématicien et qu'il le croyait destiné & réformer la langue
géométrique et à la faire profiter des progrès de t'idéotogie
«
Mon ccaar vous suit à Bergerac, où je désire beaucoup que
votre santé vous permette de reprendre vos anciens travaux
il en est un surtout auquel je mets un intérêt particulier; c'est
votre réforme de quelques parties de la langue géométrique
et par conséquent des idées elles-mêmes qui s'y rapportent
il me semble que ce transport de l'idéologie dans la géométrie
est devenu indispensable et que personne n'est en état de
t'exécute!' comme vous. » Le mémoire sur les Rapports de
f~eo~M et des Mathématiques a donc, sans doute, été
composé à la prière de Cabanis. Nous en trouvons la preuve
dans une lettre du 19 thermidor an XI (7 août 1803) où
Cabanis avoue ingénument qu'il « patauge dans
le
compte rendu qu'il prépare pour l'Institut sur un de ses con-
cours « Si vous aviez fait quelque autre chose sur le sujet
que vous avez traité d'une manière si supérieuredans la note
~<Mt</e vous SMMredevable, vous m'obligeriez sensiblement de
me l'envoyer. Je patauge dans le compte rendu qu'on me
demande, et j'auraibien de la peine à m'en tirer; je prendrai
'40
i. Recuea de lettres ineditea communiqué par M. K. Naville.
2. Cette lettre a été mnHtée, on ne Mtt pourquoi, dans l'édNon de M. Bar-
thélemy Mnt-Baatfe. Benx ~ges qui roulent sor ces négociations ont été
Mpptttneea.
3. Reenea tnMtt. Cette tettre est datée dn M août MM.
le parti d'y fondre, cm plutôt d'y copier votre note. Si vous y
avex fait quelque changement, ayp)5 la bonté de m'en faire
part. )' L'excellent Cabanis avait, on te voit, une méthode
commode pour alléger le Jaheur de ses comptes rendus On
peut donc être assuré âne le manuscrit que nous possédons,
sans ratures, extrêmement soigné, a été envoyé à Cabanis
en i803, et nous en avons presque la preuve matérieUe dans
une note écrite de la main même de Cabanis sur la première
page « Tout ce paragraphe XXIX est encore, comme le pré-
cédent, la copie d'an mémoire sur les rapports de l'idéologie
et des mathématiques, qui n*)us a été envoyé par un idéolo-
giate qui est en même temps un géomètre distingué, mais
qui n'appartient à l'Institut que par les prix qu'il y a rem-
portés. »
Le fragment que nous publions ne serait-il donc que le
paragraphe XXIX d'un mémoire fort étendu, communiqué à
Cabanis? Rien ne nous autorise positivement à le supposer,
car Cabanis parle d'une note <&w~ est fM~-paMe a Maine de
Biran, et cette expression s'appliquerait mal à un travail de
l'importance qu'il faudrait supposer. Il faut donc admettre,
ou que ce numéro se rapporte au compte rendu lui-même ou
que Maine de Biran n'avait écrit que le plan et l'ordre des
paragraphesdu mémoire, dont il communiquait l'ordonnance
générale et quelques fragmentsentierementrédigés.Quoiqu'il
en soit, on ne trouvé pas dans les recueils imprimés de l'Ins-
titut le compte rendu de Cabanis, où il avait fondu le travail
de son correspondant, ni dans les manuscrits de Maine de
Biran, la première partie de son mémoire. La note margi-
nale de Cabanis parlant au pluriel de prix remportés par
l'auteur, semblerait indiquer que le Mémoire sur les rapports
de fJM~o~M et des Mathématiques est postérieur en date an
JM&MMre sur la décomposition de la pensée, mais M. E. Naville
croit que le contraire est établi par la lettre du i9 messidor
indiquée ci-dessus, et conjecture. que Cabanis aura parlé
comme d'un prix de la mention honorable obtenue par le pre-
miermémoiredé Maine de Biran sur FTa/ZMeMeede /<<M<
L'idée maitresse de l'ouvrage est de sacrifier la métaphy-
sique, science/«~< <eM<?~M!«', & ta géométrie et de subor-
donner la géométrie elte-même, «/MMM~ eoMpfMa&A* a<M ~i<
/<M~HCM< organisées, à l'idéologie considérée comme la
science des sciences. On peut y voir le développement de la
thèse magistralement posée par Pascal, de la distinction de
l'esprit de finesse et de l'esprit géométrique l'esprit de finesse
devient ici l'esprit idéologique et si la partie historique, abou-
tissant à la proscription de la métaphysique, parait fort discu-
table, il faut convenir que Maine de Biran caractérise supé-
rieurementle genre d'esprit qui convient aux recherchespsy-
ehologiques, mais il parle encore d'une psychologie abstraite
et pour ainsi dire exsangue et émaciée qu'il est destiné &
réformer après avoir abandonné l'idéologie proprement dite
et s'être rendu compte qu'il n'a pas une <~e calclfl et que sa
santé nelui permet pas l'extrême contention<fe~M'« qu'exigent
les recherches géométriques. On peut réduire à deux les ser-
vices que l'idéologierend, selon lai, aux mathématiques en
premier lieu, elle force l'esprit à remonter jusqu'aux formes
génératrices, jusqu'aux définitionsréelles et non plus nomi-
nales et provoque ainsi une réforme de la langue mathéma-
tique que les algébriers de profession, incapables de secouer
le joug des habitudes invétérées, ne tenteraient jamais eux-
mêmes parce qu'ils n'en sentiraient pas le besoin et n'en
auraient même jamais la pensée en second lieu, elle seule
sait discerner, pour ainsi dire, les nuances de la certitude ou
plutôt les degrés de la probabilité, car la vraisemblance cor-
respond à un état d'esprit qu'un analyste exercé et pénétrant
peut seul définir, de sorte que dans beaucoup de cas « l'idéo-
logiste fournit les données et met le problème en équation le
calculateur le résout mécaniquement M. On voit que Maine de
Biran ne ménage pas les éloges à l'idéologie, non parce qu'il
adresse son mémoire à Cabanis, mais parce qu'en 1803, il est
encore tout imbu des doctrines de ses premiersmaîtres, Con-
dillac et ses continuateurs.
Il.- Avec lediscoarsaurteayatomedeGatt,nouspénétrons,
dans un monde intellectuel nouveau l'horizon s'élargit et
s'éclaira, la langue m&me est plus préciao et, on dépit du ton
oratoire, plus soientiNque. Cest que dans l'intervalle cinq
années se sont écoutées. cinq années fécondes remplies par
les méditations et les découvertes psychotiques. J'ai vive-
ment regretté de laisser inédit un ~u~MMfp sMf les perceptions
o6scMfM,composé, comme le discourssur Gall, pour la -SoeMM
médicale de Bergerac. Il y traite Mr pro fesso des états pure-
ment affectifs ou plutôt de cet inconscient qui a fait depuis
une si brillante fortune. Apres avoir étudié ce curieuxmanus-
crit, il m'a paru que trop de pages avaient paasé dans d'autres
écrits pour qu'on put en toute vérité le publier comme inédit,
mais it offre un ensemble remarquabledont nous n'avons jus-
qu'ici que des fragments? J'ai dû écarter aussi la 2MscMM<oM
avec Af. ~oye~-Co/& sMf la réalité <fMM état j9Mfea:e~
affectif, publiée en entier par M. J. Gérard en réunissant
ces deux mémoires, on prouverait aisément que cet incons-
cient, dont les Allemands disent tant de merveilles, a été
parfaitement décrit par Maine de Biran qui, le premier, a
fécondé les profondes, mais brèves indications de Leibnitz. La
Société médicale de Bergeracfut fondée en i807; quand le
discours de Gall y fut prononcé, le célèbre docteur était à
Paris depuis huit mois au moins, comme le texte l'indique
il faut en conclure que ce travail est de 1808, car c'est en 1807
que Gall vint à Paris et tourna toutes les têtes en enseignant,
on pourrait presque dire en prêchant la nouvelle doctrine.
Il ne faudrait pas croire que le système de Gall fût le seul
objet du discours de Maine de Biran il a su élever le débat
et lui donner une portée générale. Tout ce qu'il écrivait
en i808, il pourrait presque t'écrire encore aujourd'hui. D
s'agit, au fond, de toute doctrine qui tend à substituer aux
facultés de l'âme leurs sièges cérébraux vrais ou prétendus.

t. La philosophie de ~foMte <teB)Mn,EMtt suivi de ffagntenbtnMthi.


pMb. M!6.
H n'en faut pour preuve que le titre complet tel que le
donne le manuscrit et que nous avons eru pouvoir abréger
et alléger « <Ma'fpa~<MM sMr tes divisions <M'y<Hn~M<'<'
f~M e~MNM,*eet~K~t~es catttH<c dea <M<<<~ /<ïeM~
w~cctM<s <*< MCMt~. Der rapport ~M'on j)CM< ~<t
entre CCMC sorte de <~<PMMM l'analyse des /<!CM~ de /*<'M.
tendement. ~aMtCH der ~~NM du docteur Gall à <'<*
sujet. » Ce dernier point n'est donc pas l'unique objtt do
cet écrit, mais la cause occasionnelle et certainement l'objet
principal.
Négligeons, avec Matae de Biran, los railleries plus ea
moins piquantes et toute la partie banale de l'argumentation
des adversaires de Gall. Nous assignerons à son système une
double origine, fondée à la fois sur la nature des choses et sur
les exigences de l'esprit: d'une part la nature a séparé les
sens en leur attribuant à chacun un organe, et c'est nou"
inviter en quelque sorte & chercheraussi des organesspéciaux
aux facultés spéciales de l'esprit; d'autre part, les philosophes,
mus par un besoin d'unité inné à l'intelligence, se sont tou-
jours efforcé de découvrir le siège de l'Ame, témoin Descartes
qui la loge dans la glande pinéate; or, ce besoin d'unité
de siège est le même quand il s'agit d'une facuhé et de
ses diverses opérations, que lorsqu'il s'agit de Famé et de ses
multiples facultés. H se pourrait cependant que ce besoin
appartînt & l'imaginationplus qu'& la raison un centre céré-
bral n'est nullement un point mathématique,etiadimoulténe
fait que reculer. On a généralement renoncé à chercher le
siège de l'âme c'est un problème mal posé et partant inso-
luble.Sera-t-on plus heureux en cherchant le siège destàcultés?
Ce n'est pas probable, car la même dHBculté, disons plus, la
même contradiction dans les termes du problème se retrouve,
autant de fois multipliée qu'on reconnatt de facultés, et l'on
sait si Gall se fait faute de les multiplier. Maine de Biran
ajouterait peut-être qu'il est piquant de voir aujourd'hui tant
de psychologues et de physiologistes chercher les sièges des
facultés alors qu'ils s'entendent presque pour supprimer les
facultés. C'est même le août point sur lequel ib s'entendent.
Si les fMuttas ne sont que la chaine pointe sur te mur, ne
suffit-il pas d'un etou peint sur ta mur pour la suspendre, et
pourquoi tant de aoina pour faire un sort a des facultés mori-
bondes on déjà mortea ? Maine de Biran démontre aisément
que la théorie de Gall n'est point déduite de l'anatomie ou
de la physiologie, mais empMquementetahHe Bap des obaer-
vations plus que conteatabtes. F&t-eHeexacte, en d6p!t de la
méthode défectueuse qui sort à la fonder, H faudrait encore
revendiquer les droits de la psycholugie qui fournit le point
de départ, car apparemment ce n'est pas en contemplantdus
bosses que l'on découvre le sentir, le vouloir et le oooMÏt'w.
D'ailleurs les facuttés localisées ne sont le plus souvent que
des facultés nominales, do sorte qu'on aboutit à une hypothèse
entée sur une autre hypothèse c'est l'ombre d'une brosse.
semble-t-il, que l'on s'efforce do mottro entre les mains de
l'ombre d'un cocher. La faculté est hypothétique, le siège
assigné empiriquement est arbitraire. Localiser d'auteurs
n'est pas expliquer. Tout physiologiste qui aborde la théorie
des localisations fait un premier pas dans la métaphysique
n'admet-ilpas d'emblée qu'il n'y a des facultés ou du moins
des fonctions qui sccretenU'invisibleet l'impondérable?Enfin,
localiser les passions à la manière de Gall, c'est se montrer
aussi mauvais psychologue que présomptueuxphysiologiste
intel-
une passionn'enveloppe-t-elle pas toujours un élément
lectuel et un élément affectif que non seulement l'analyse
mais la réalité sépare souvent? Comment dès lora aurait-elle
passions artiSciettes
un siège simple, un siège unique? Et ces
sociale, faut-il admettre que
que l'homme se crée par la vie
la nature leur a de toute éternité préparé leur siège dans le
cerveau? car si elles se faisaient elle-mêmes, pour ainsi dire,
lenrplaceaucerveau.e'est qu'elles existeraient,ne futrce qu'un
instant, en dehors de tout siège cérébral. Comment se fait-il
telle
encore que celui qui est doué d'une bosse représentant
l'inNuence,
on telle passion ne soit pas constamment sous
passion? Telle est s pcnprcs l'ar-
aou~ l'obsession de cotte
gumentation de Maine de Biran ette se heurterait aMJ«ur-
d'hui au fait généralement recenna <!<< la localisation de la
facutte du langage dans la tMiaieme pi~onvotution gauche
frontale. Maia Maine de Biran ne se tiendrait pas pour battu
parler, dirait-il,c'est un acte matent, MMe f«ncti<tophya:ott<-
gique, partant tocaMsabk; n)a!ao&htcaMt)M-voH8t'id'!<'dmnot
ou du siga<<, la volonté actMt'th' df s<<)t svFVtr? n tveanna)-
ttatt (il nu l'a jamais nié) que !<' <wr\'t'au <'at t'organ<< imnté-
diat df la pt'na<5~ mais il continuerait à i<' aMhordonnt'r a t*f-
fort qui rinn"rvt, a f«~c-/<M«' qui tM met fn brantf. M n<'
i
~mp!ac~'ra!t pas atMwnm' <'spress!on d'activité de r<'sprh
par t\'xpr<<8SMR p!M9 savaa~, mais moins e!a:n', d'~tMsm''
e<!rébrat, et il conttMuwait & parh'r qaaiqM'on l'ait accusa
d'ignorer le français, dfperc"ptions obscan'St'tMondf cé~-
bration inconsciente. Voici sa demi~rt' eonchtsiof cntr''
la ponséf et tf cerveau, la fonction ot ta cause psychiquf qui
la met en jeu it y a « hétérogénéitételle qu it dt'mKurt'ra tou-
jours néct'ssairt'mRnt<'ntn' t'ttt'a une lacune impossible a rt'm-
ptir <'t une sorte d)' hiatus qm' tous t«s t'norts du génie n)'
sauraientfranchir ».

Ut. Maint* de Biran n avait pas toujours été au courantd''


tout ce qui se faisait à Paris et en Europe sur sa science favo-
rite. Mais ce qu'it lisait, it h' lisait toujours la plume à la main,
surtout entre les lignes, comme doit lire un vrai philosophe.
II vivait en intime communion d'idées avec Leibnitz et Des-
cartes. Le C<WMHeK~rM'esur les JM~&a<KMM de Descartes en est
une preuve entre miite. Nous trouvons dans une lettre inédite
de curieux détails sur l'ignorance relative où il se trouvait
encore vers 1803, de tout ce qui n était pas idéologie on car-
tésianisme. Comme ils fixent un point important de l'histoire
de ses idées, nous en citerons qnelques-uns
« Habitant un
département éloigné, privé dans une solitude profonde de
toutes communications littéraires et livré à la méditation
beaucoup plus qu'à la lecture des livres nouveaux que je n ai
guère les moyens de me prucurer, j'ignorais &bso!umeMt
B
l'existence et jusqu'au nom d« Biehat jusqu'à <? que itm-
pression oonronné~ do anccèa de ma faible production (le
mémoire da f/M~MCMce de fAaMatb) m'ayant appelé a Paria,
je pas m'in!ormer et faire. l'acquisition de divers ouvrages
qui avaient trait à la science dont je m'occupais. Revenu dans
ma solitude avec ce trésor scientinque, je dévorai d'abord le
traité Do /a vie p< < /« tNO! Quelle fut ma stupéfaction en
apercevant dans cet ouvrage le gormo de mes opinions et le
fond intime d'une théorie dont je croyais être exciMsivement
t'aateMr ot dont, pour cotte raison, j'étais diapoaôa même-
net' » Quand il aongea vers i8t3 a écrire tm grand ouvrage
sur les ~a~pa~s des ~e~Me~ naturellés «Me Psychologie
il était donc parfaitement au courant du mouvement con-
temporain des sciences naturelles il voulut approfondir
en relisant avec soin les Jtf<Mt~t<MMde Descartes les principes
de la psychologie. Tout semble prouver que les deux manus-
crits datent de la même époque. Mainede Biran a parlé de
Doscartes dans presque tous ses grands ouvrages ce n'est
donc pas son opinion bien connue sur le père de la philosophie
française, que nous chercherons ici, et, si ce manuscrit ne
renfermait qu'une expression nouvelle de cette opinion,
peut-êtreeût-it été suporOade l'imprimer.
!t renferme autre chose et l'on peut réduire à trois points
''ssentiets la partie vraiment nouvelle et fort importante de
cette rédaction que vraisemblablement Maine de Biran ne
songeajamais à publier i° un examen détaitté des analyses
psychologiques de Descartes 2" une discussion approfondie
des preuves cartésiennes de l'existence de Dieu 3" une di-
gressiontrès intéressantesur l'idée de la matière et lesnotions
de temps et d'espace. Sur le premier point Maine de Biran
s'efforce de substituer au moi abstrait ou moi-pensée de Des-
cartes un moi réet qui ne se sépare jamais, fut-ce par abstrac-
tion, du corps propre et qui est tel qu'en affirmant son exis-

i. Note adresse au citoyenB. auteur <t<:odeux pre<nieK MtntMe sur les


ouvrages de X!M. Bichat et Buisson.
tonce il aMrme en mémo temps celle du corps auquel it est
Mat. M9 Iota to doute univefMt n'Mt plus possiblo et los con-
cessions ptoviaoipes que Descartes faisait au scepticisme en
a'attribuant un pouvoir imaginaire do suspendre sou juge-
ment, ces concessions dangercMaes no sont plus pcrmîses,
car en atnnaaot la pensée nfwa aMfmona du mëtne coup, in-
~iaciMetnfnt, tout ce qui est inséparable de la pensée m~me
et impliqué dans notre première atttfmatton. Il y a donc <!et
vér!Ma évidentes par ettes-m&nMa, inhérentes à la pensée, sur
tesqucMea noua ne sommes pas libres le moins du monde df
suspendre notre jugement. U y a plus déclarerpussible cette
suspension du jugement en faire m~me une regto de méthode
dans la théorie du doute ~e~«~«c, c'est concéder aux
sceptiques le fond même de leur système, car de la possibilité
do douter de tout il résulterait bien évidemment que tout est
relatif et contingent. Ainsi Descartes a eu le double tort de
soutenir implicitement la thèse de la relativité univorseito en
faisant entrer dans sa théorie du doute la suspension du
jugement fur certainesvérités premières, et do confondre le
moi avec t'ame en faisant de la pensée l'attribut de je ne sais
quel sujet abstrait,oubliant ainsi l'individu réel, la vraie per-
sonne « dont le corps propre est une partie essentielle, consti-
tuante. M
Dans sa critique des preuves de l'existence de Dieu, Maine
de Biran se montre tout pénétré de l'esprit de Kant. Il semble
que la période de sa vie où il écrivit te C<wtMeMMM*eet le traité
des Rapports des <eMwe< K<t<MM~M avec la psychologie soit
une période presque complètementkantienne il cite Kant,
s'inspire de ses doctrines et emploie assez souvent sa termi-
nologie. Cependant il faut noter tout d'abord une ditférence
essentielle qui montre bien qu'il ne jure sur la parole d'aucun
maître et conserve toujours sa physionomie propre; ce n'est
point par la morale et la liberté, a'est par la psychologie et le
fait primitifqu'il sort du doute et prétend pénétrer dans le
monde des noam~MS aa moyen de la croyance qu'il oppose
à la science. Quoiqu'il en soit, le C<HMMe~<H~e est presque
exclusivement critique, e'eat la ~<MS <~fMeMS dont le traité
suivant sera la ~<t~ .vo~~Hs. Sa critique pénétrante auit pas
à pas lea analyses et l'argumentation de Descartes; il en
signale le fort et le faible et se rencontre parfois, dans ses
objections, avec Gassendi. Ce n'est pourtant pas cette dis-
cussion, si intéressantequ'elle soit, qu'il importe de signaler
comme une nouveauté; au fond elle se réduit à soutenir après
Kaotque nous ne pouvons passer de resaenee à l'existence,
du logiquo à l'ontologique, de l'immanent au transcendant.
La deHnitMMtdo Dieu pose un être purement idéal; comment
prouver que t'existonoe doit en être afnnnéc comme nn de
ses attributs et une de aos perfections? M Avant de conce-
voir des attributs dans un sujet, i! faut savoir s'ii y a un sujet
existant. Maine de Hiran est même plus sévère que Kant
pour la preuve ontologique, nerf caché de toutes los autres
preuves,car H écrit que c'est un a véritable sophisme ?, alors
que Kant se contente de l'appeler un paralogisme. Voici à
mon sens ce qui constituet'originatité de Maine de Biran sur
ce problème capital il est possible de transformerla prouvee
de telle manière qu'on passe non plus de l'essence à l'exis-
tence, mais de l'existenceà l'existence. Los astronomes per-
tjoivent comme le vulgaire un soleil sensible d'un pied de
diamètre sur la voûte bleue du ciel, mais ils passent de cette
intuition, au moyen de la plus légitime des hypothèses scion-
ti6ques, à un soleil astronomiquequi est le soleil véritable
et réellement existant. Qu'il n'y ait aucune intuitiondu soleil
et leur hypothèse sera purement gratuite; le passage de
l'idée à l'être serait alors métaphysique, non scientifique.
Eh bien n'avons-nous pas une intuition, celle du moi, qui
nous permette de passer aussi légitimement du phénomène
au nonmène?La psychologie est donc le pont jeté sur l'abîme;
par elle nous franchissons la distance qui sépare non l'idée
dej'être, mais la réalité passagère et contingente de la
réalité immuable et nécessaire. Il serait curieux de comparer
cette solution originale avec la théorie de Fichte et surtout
avec celle de Malebrancht!. Un sait que selon le Platon ïran-
~ais il n'y a paa à proprement parler d'idée de Dieu t'idéa
de Mon, c'est Oien tni-meme présent à rame. Mois M aait
aussi que Malebranche ne nous accorde aucune connaissance
de rame et que selon lui nous n'avons de notre propre
existence qu'un obscur et vague sentiment. Le biranismc en
théodicée serait donc nne sorte dematebranchismeretourna;
au lieu de dire que nous voyons tout en Dieu sauf notre âme.
Maine do Biran dirait volortiers, si nous interprétons bien
sa pensée, que nous voyons tout en Dieu parce que d'abord
nous noua y voyons nous-mêmes, comme noua avons t'in-
taition du soleil visible dans la perception tout intellec-
tuelle du soleil intenigiMe qui seul est au fond vraiment exis-
tant et parfaitement réel. Voilà l'intuition sensible réctam&e
par Kant pour tégitimer toute connaissance supra-sensible;
Kant est un pur logicien qui se contente de recueillir sans
ta contrûter une pseudo-psychologie abstraite et scolastique.
Maine de Biran vivifte ses concepts et féconde son formalisme;
de la logique à la métaphysique aucun passage n'est possible,
mais que la logique devienne une vivante psychologie, que
les idées cessent par là même d'être considérées, selon un mot
de Spinoza, comme des peintures muettes, des images inertes,
et des lors la métaphysique sera renouvelée, vivinée: elle de-
viendra une psychologie sublime. Nulle part Maine de Biran
n'a traité explicitement de la théodicée et c'est ce qui donne
à ces pagesune importance exceptionnelle; tant qu'ellesfurent
ignorées il était presque impossible de comprendre révolution
de Maine de Biran vers le mysticisme sans recourir à des rai-
sons de sentimentou à des influences extérieures.Nous tenons
enfin quelques-uns des chaînons qui relient la personne-moi
à la personne-Dieu, les deux pûtes de toute science humaine,
et, du même coup, nous avons le secret du mysticismefinal,car
il est naturel que par le progrès de la méditation,l'intuition
s'efface devant le concept, ta réatité éphémère devant la réatité
nouménale dont elle n'est que la manifestationpassagère om
plutôt l'ombre portée. L'éclatante lumière du fait primitif ne'
paraîtra bientôt plus qn'nne ombre en face de la lumière véri-
table; Maine do Biran ost vraiment de la famille des Mala-
branohe, des Spinoza et des Fichte,
Si cette doctrine est véritable, elle va nous donner un
moyen infaillible de reconstituer le monde extérieur mis en
doute par Descartes, nié parles idéalistes, et le temps et les-
pace considéréaparKant comme de simples formessul~eotives
do notre sensibilité. Le fait primitif est en effet une double
intuition, celle du corps propre et cette du moi personnel.
Ne considérons que reapaee il sera facile d'étendre
la théorie à la notion du temps et celle de la matière nous
entraînerait trop loin. Est-ce que l'espace, forme, j'en con-
viens, de la vue et du toucher n'a pas aussi sa réalité exté-
rieure « certifiée par notre faculté d'intuition? Si j'étais
pure pensée je ne pourrais pas plus passer du jBNM~ au
monde extérieur, à l'étendue substantielle de Descartes que je
ne pourrais passer& Dieu considéré comme doué de l'existence
réelle et non simplement idéale. Mais je ne suispas une pensée
pure; je ne perçoisle moi que dans son opposition, ou plutôt
dire son conflit avec le non-moi. L'espace doit donc m'être
donné dans le fait primitif, car pour que je projette mes re-
présentations hors de moi, dans l'espace intérieur qui est
mon corps, il faut qu'il y ait un hors de moi; je l'affirme en
même temps que le moL La « sensation limitante est la
forme de l'espace et mon corps est le lieu des sensations limi-
tantes. L'espace est donc au corps propre, ce que l'âme est
au moi, on pourrait presquedire ce que Dieu est au moi l'es-
pace est une sorte de Dieu matériel le « grandMtieu w de la cos-
mogonie d'Auguste Comte. Ce n'est pas une forme pure; j'af-
firme l'espace au nom d'une intuitionaussiréelle que celle du
moi, l'intuition du corps propre. Hypothèse si l'on veut, mais
hypothèse légitime, inévitaMe, irrésistible, absolumentiden-
tique à celle qui nous donne le ciel astronomique l'univers invi-
sible. Le moi n'est pas a&sû~e~MS, mais a&s~AeM~: en s'abs-
trayant de l'âme il crée Dieu, et en s'abstrayant du corps il crée
l'espacé pourvu qu'on prenne ce mot de création dans un sens
purement humain de genèse psychologique on d'évolution de
t'Mp~oe. Vt'it~ sans doute pourquoi. contrairement A <a (toc'
trine professée dans la plupart de ses écrits, Maine de Biran
soutientici que le principe de substance est antérieur et supé-
rieur au principe de causalité « La relation du mode à la
substance, semblerait donc avoir un caractère supérieur de
nécessité et de primauté. » Entendez la relation de t'appa-
rence à la réalité, du phénomène au noumèno, & la « chose en
soi, ou bien encore, si l'on veut, de la nature naturéo n h ta
nature naturante » Aussi, avec quelle exactitude et quelle
profondeur Maine de Biran ne signale--t-il pas la transitiou
du cartésianisme au spinosisme, et que nous sommes loin
de Kant, qui paraissait d'abord le séduire et le faire d6v!er de
sa voie 1

IV. Je n'hésite pas à dire que c'est dans l'ouvragemalheu-


reusementinachevé surles J~~of~MsciencestM<Mr<esavec
la Psychologie que Maine de Biran a le plus étendu son point
de vue un peu étroit à l'origine, et nous a donné la plus large
exposition d'un système complet fondé uniquement sur un fait,
et achevé sans appel au mysticisme. Ici, la troisième vie n'est
pas l'absorption du moi en Dieu, mais l'exercice de la raison
philosophique sous le nom de « système primitif de nos
croyances a. Comment se fait-il que la raison ou la faculté de
l'absolu reconnue, décrite, mise en possession detous ses droits
dans le manuscrit des Rapports, s'éclipse et disparaisse dans
les ouvrages suivants? C'est une question que nous essaye-
rons de résoudre, mais il faut auparavant parler de l'ouvrage
lui-même, et élucider les questions de date qui fait naître ce
manuscrit composé de 334 pages, grand format,extrêmement
surchargées, hachées de ratures et dans le plus complet dé-
sordre. H est même assez difficile de reconstituer le plan
cependant de brèves indications jetées un peu partout, en
marge ou dans le texte, permettent d'&fSrmer que l'ouvrage
devait se composer d'une introduction et de deux parties la
première était consacrée à l'étudedu principe de causalité en
général, et la deuxième devait montrer les applications de ce
principe à l'étude des rapports du physique et du moral de
l'homme. L'introduction existe complètement. La deuxième
partie fait absolument défaut, et ne parait pas avoir reçu
même MB commencement d'exécution. La première partie
n'est pas complète; mais se compose de fragments fort im-
portants qu'il est tacite de relier entre eux on peut supposer
que des pages du manuscrit sont perdues, mais il est beaucoup
plus probable, pour ne pas dire certain, que la rédaction n'a
jamais été achevée. Cette premièrepartie devait avoir trois
sections !a deuxième section manque totalement, mais on
peut s'en consoler, car eUe avait pour objet un point impor-
tant sans doute, mais traité dans presque tous les ouvrages
postérieurs do Maine do Biran,l'identité de l'aperception du moi
et de la relation de cause à effet. La troisième section parait
complète sauf quelques lignes, quelques pages peut-être qui
manquentà la fin. Quant à la première, telle qu'elle est publiée
dans ce volume, on peut affirmer qu'elle se compose de maté-
riaux précieux, que l'auteur seul aurait pu relier entre eux par
des divisions régulières tel fragment ne semble même qu'une
seconde rédaction d'un autre fragment, et toutefois on con-
viendra qu'il n'appartenaità l'éditeur ni d'élaguer, ni d'arran-
ger, ni de fondre ensemble plusieursrédactions d'une pensée
qui se cherche, et qui ne se trouve pas toujours,
Quelle est la date de cette composition? M. E. Naville a
beaucoup hésité sur cette question. n semble que l'auteur ait
voulu de propos délibéré, dérouter les éditeurs, car il a écrit
sur la première page Ouvrage qui a remporté de prix sur lu
question jM-opo~e par ~MM~MM de Co~MK~Me, alors que
l'examenmême le plus superficiel, démontre surabondamment
que cet ouvrage n'a presque rien de commun avec le mémoire
couronné en Danemarck. Lespoints communs se seraientpeut-
être trouvés dans la deuxième partie qui nous manque. Peut-
être même est-il permis de conjecturer que les ~oKce/ZM eoast-
<~a<!MM sur les rapportsduphysique e~ du moral de l'homme
sont une forme nouvelle dè cette deuxième partie-et du mé-
moire de Copenhague.Cependant cet ouvrage quidate de 1820,
est écrit dans un esprit assez différent de celui du manMae'')t
des Aa~po~s pour que cette supposition soit fort loin d'être
une certitude. M. H. Naville avait d'abord supposé que ce
manuscrit avait été entrepris vers 1811, et abandonné pour
l'usât <w fondements <~ la Psychologie. D'une part en
effet, on ne peut remonter plus haut que cette date, époque
du prix de Copenhague d'autre part, l'état dn manuscrit et
les indications duJowvM~ intime, ne permettent pas de placer
cette rédaction plus tard que vers la fin de i<H3. LJ~~ot
devait être une refonte générale dans un grand travail d'en-
semble de tous les travaux antérieurs de l'auteur; celui-ci
faisait-ilpartie de ces travaux antérieurs? Mais alors comment
supposer que la théorie de la raison et de la croyance, en un
mot des éléments universelset nécessaires de l'esprit, ait tota-
lement disparu dansl'Essai? Quoi, un philosophe de la portée
de Maine de Biran, aurait aperçu à un moment donné la
profonde lacune de son système, l'auraitcomblée avec succès,
puis, oubliant ses propres méditations et ses propres labeurs,
il l'aurait laissée entière et béante, dans l'ouvrage le plus
complet qui soit sorti de sa plume! Cela ne peut être aussi
M. E. Naville, après y avoir longtemps réSéchi, «près avoir
étudié le fond et la forme du manuscrit, consulté des amis
compétents, a-t-H fini par conclure que ce travail est de
18i3. Voici les preuves extrinsèques qu'il en donne; quant
aux preuves intrinsèques, les plus fortes peut-être,je viens
de les indiquer. Le 5 décembre i8<2, M. de Biran écrit à
M. Maurice, préfet de laDordogne, à propos de l'Essai sur les
fondements de la psychologie. « Les discussions que j'ai eues
avec ces messieurs sont, je crois, utiles àl'ouvrage quejepre-
pare et que je senslanécessité d'étayer dans plusieurs points.
Je crois devoir en diSérer encore l'impression pour divers
motifs qu'il m'est impossible de vous détailler. » Six mois
après, le 12 juin 1813, il écrit « Je me trouve un peu dans le
chaos, et j'attends le fiat lux pour publier une grande com-
position. Je l'ai remaniée sur bien des points; j'y travaille
même chaque jour mais de combien de motifs de décourage-
ment et de sujets de diversionje suis entouré î D écrit enfin,
le 23 octobre i8i3 « Je m'occupe tant que je puis de mes
travaux métaphysiques~ j'espère en publier ~Me/~Me chose cet
hiver. » De ces textes inédits, M. E. Naville conclut i* qu'à
la fin de 1813, la conversation des hommes voués aux études
philosophiques que M. de Biran avait rencontrésà Paris où il
venait de s'établir, lui avait fait sentir le besoin de modiner
sur quelques points, la rédaction de l'Essai, rédaction presque
entièrement terminée à Bergerac 2* qu'en juin <8i3, la
composition qu'il veut publier est beaucoup plus loin d'être
achevée que ne l'était l'ouvrage dont il différait l'impression
vers la fin de 1812: 3" qu'en octobre 1813, le quelque chose
que M. de Biran songe à publier dans l'hiver, ne parait plus
être l'ouvrage complet dont il avait jusque-là entretenu son
correspondant. C'est très probablement le travail sur les jBa~-
ports de la Psychologie avec les sciences naturelles. Membre
de la commissiondes Cinq, mèté à toutes les grandes affaires
du pays, il n'eut pas le temps de mettre la dernière main à
son travail et c'est l'Essai, jadis abandonnépour les Rapports,
qui sollicita son attention, comme travail d'ensemble et
comme synthèse de tout ce qui l'avait précédé, quand il revint
vers 18i8 & ses méditations métaphysiques. L'ouvrage était
prêt, il n'eut qu'à y faire des retouches sans grande impor-
tance et c'est ainsi que le manuscrit des Rapports fut sup-
planté à son tour par le manuscrit qu'il avait supplanté. Mais
cet épisode de la pensée de Maine de Biran n'en marque
pas moins le point culminant de sa métaphysique si l'on
admet que son mysticisme final dépasse la métaphysique elle-
même et s'appuie non sur la croyance rationnelle,mais sur
les croyancesreligieuses.
Demandons-nous maintenant, comme nous Favons fait au
sujet des écrits précédents, quelles sont les idées neuves et
originales que renferme le traité des A)~poï'& diM «MBees
H<t<M~e~s avec la psychologie. Nous allons y retrouver une
partie des idées simplementindiquées dans le C<MnaMa<atre
qui est surtout critique, tandis que le présent traité est fon-
écrément dogmatique c'est dm moins à ce point de vue que
nous Jo jugerons, laissant a dessein de côté tout ce qui con-
cerne l'exposition critique des idées de Descartes et de Leib-
nitz, intéressante sans doute, mais qui n'offre rien d'absolu-
ment nouveau'. L'introductioncontient une exposition magis-
trale des idées de Maine de Biran en psychologie on ne trou-
verait pas ailleurs une suite de définitions aussi complète et
aussi précises. Le ton rappelle celui do la Monadologie ce
sont des thèses ou principes posés p"T l'auteur et qui ren-
ferment la quintessence de la doctrine. Qui comprendraitpar.
faitement ces vingt pages aurait la clef de tout le système et
pourrait le reconstruire. C'est ainsi que tout le système de
Leibnitz tient dans les vingt pages de la Monadologie: il est
vrai qu'elle ne devient intelligible pour le commun des lec-
teurs que si on l'éclairé au moyen de ses autres ouvrages. Du
principe de causalité, nous n'avons guère à dire ici l'intro-
duction, étant une analyse, ne s'analyse pas, et la théorie
biranienne de la causalité a été supérieurement exposée par
nos devanciers. n serait dangereux d'en faire une nouvelle
exposition nécessairement affaiblie et de montrer à la suite
de notre auteur que la notion de causalité n'est pas une pure
abstraction, une catégorie ou une idée générale. Cependant
Maine de Biran n'a jamaismieux prouvé que dans cet ouvrage
la nécessité de distinguer les idées y~Me~es ou abstractions
logiques des notions fondamentales de l'esprit les notions
sont individuelles et subjectives, fondées sur le sujet qui les
produit, et les tire de sa propre substance, les idées générales
sont abstraitesdes objets et se réduisentfinalement à des signes
relevantainsi non de la métaphysique, mais de la logique et
du langage les notions sont nécessaires et ne peuvent pas
plus être crées on anéanties par la pensée que la pensée ne
peut se créer ou s'anéantir elle-même, tandis que la pensée

<. Cependant M. J. Gemrd a trouvé cette exposition eUe m~tne


ttMex nenve et
MMz ori~nate pour lui donner la p)Me principaleparmi les ~i~~)~~e~tiaédits
qui accompagnent ton savant onvrage M)' la PMa~opMede JKo~e de B~mt
(pp. xuH txxv) et qui eont la plupart empruntée preaeM traité.
reste toujours libre do former des eatégoriea ou de tes exclura
pour se replier sur ette'meme et, pour ainsi dire, se panser
ette-tneme; cette liberté même de l'esprit en facondes catégo-
ries qu'il crée, modifie, étend ou resserre, l'avertit qu'il n'est
pas forcé d'y croire et qu'ellesn'ont rien de nécessaire, tan-
dis que t'etïbrt d'abstraction, qui crée la notion, le force a y
croire et à l'affirmer comme nécessaire, « Est-ce que te sujet
qui abstrait (a&M), peut se prendre lai-m&mc pour la
chose ou l'objet abstrait? H Le moi ne saurait donc devenir
une entité logique, une catégorie, te simple sujet nominal
d'une proposition et il y a nécessairement de l'être, puisqu'il
y a du moi dans toute proposition Fidée générale exclut t'MM
en même temps que (<-Ms et KMMM eoMeM~MK~, disait
Leibnitz), car eUe se forme par la constatation des ressem-
blances, jamais par la perception d'une identité ou, du moins,
en vertu da principe des indiscernables, l'identitén'estjamais
que partielle. 11 y a encore un résidu d'images dans los idées
les plus générâtes ettes ne sont, à proprement parler,
que les
se~MM des notions qui seules sont rentes, absolues, néces-
saires, vraiment indépendantes de l'expérience extérieure et
do ses conditions. L'idéologie, en spéculant
sur los idées
générâtes, tache la proie pour l'ombre et prend pour les
notions elles-mèmes leur vain reNet dans les formes cristalli-
sées du langage l'idéologie ne ruine pas seulementla méta-
physique, elle ruine aussi ta psychologie, l'empêche de prendre
pied dans le réel et réduit toute la spéculation à jeu savant
un
mais puérit d'abstractionslogiques.
Maintenant qu'est-ce que la raison? Abordons de front le
problème et disons nettement que pour Maine de Biran, la
raison n'est pas nne faculté, mais une M, la loi qui
nous
permet de passer, ou plutôt, qui nous force à passer du sys-
tème de nos connaissances au système de nos croyances. Ce
n'est pas la faculté de l'absolu l'absolu est inconnaissable et
par cela seul qu'il tomberait sous les prises de la connais-
sance, it deviendraitrelatif. V. Cousin se tire aisément d'em-
barras quand il s'agit d'expliquer les eowM&MHMs qui
dépassa l'expérience il s'en tire à la manier éeosaaiso on
inventant une faculté. la raison; mais qu'est-ce que cettf
faculté du l'absolu qui joue un si grand rote dans sa théorie?'?
Un mot commode dont il abuse, un habile procédé oratoire
(~<e-<M~to)pour transformer ça explication la simple cons-
tatation d'une loi de l'esprit. C'est que V. Cousin croit que
nom coHMNtSMMMl'absolu tandis que Maine de Biran se con-
tente d'affirmer que nous y efaycHs légitimement. Son point de
vue sous ce rapport est assez analogue à celui de M. H. Spen-
cer, mais pour le philosophe anglais l'inconnaissable est nm'
sphère qui limite l'univers décrit et sondé par la science,
tandis que pour le psychologue français l'inconnaissablo n'est
point par delà los cieux et par detà les dernières nébuleuses
mais au fond du moi. V. Cousin s'efforça vainementde con-
vertir notre philosophe et de le contraindre à s'incliner devant
cette raison dont il se proclamait le prophète « Il rejette la
raison comme tacntté originale, Plus tard, pressé pas mes
objections, il se contente de la négliger ou, s'it lui rend quel-
quefois un tardif hommage, c'est par pnre politesse car il
ne l'emploie jamais, eUe ne joue aucun rôle dans sa théorie*. »
it est permis de trouver que V. Cousin l'emploie trop et qu'il
porte sur son adversaireun jugement qui serait profondément
injuste s'il n'avait pour excuse l'ignoranceoù il était du vigoa-
reux eSbrt tenté par Maine de Biran pour retrouver un équi-
valent psychologique de cette raison qui n'est souvent chez
V. Cousin qu'un expédient et l'M/~MMa ratio d'âne dialec-
tique aux abois. Cette loi en vertu de laquelle nous sura-
joutons au système de nos connaissances le système de nos
croyances comme Leibnitz, surajoutait son dynamisme au
mécanisme de Descartes, nous l'avons déjà entrevue elle
consiste à passer de l'intuition du moi à la notion de l'Ame
en vertu de la même nécessité qui force l'astronome àpasser
de l'intuition du ciel visible à l'affirmation du ciel astrono-
mique et invisible, ou le physicien à passer de la molécule

I. <K«f)'M~M<K~At}Met do Maine de BiMu.tMM tV, p. Mf)).


tangible à t'atome impalpable. V. Cousin, chaque fois qu'il
parle de la raison, semble s'écrier: «Jevoia,je8a!a,jeeMis'
Maine de Biran, moins dogmatique ou plutôt moins tranchant,
se contonte de dire « Je ne vois pas, je ne sais paa, mata je
crois parce que je ne peux pas ne pas croira. » Je ne puis con-
naître tea noMmenes, dirait Kant, maia j'ai le devoir de t'aMr-
mer. Maine de Biran dirait Jenesaia pas encore aic'eat un
devoir, mais c'eat plus qu'un droit, e'eatnne nécessité, ce qui
rendra le devoir facite et économisera les prescriptionsa
morales dont U est imprudent d'abuser. H y a d'ailloura reei-
prooitë entre les conditions de !acoanaias«nceet les conditions
de la croyance. Supprimez la notion du mci, l'absolu ne sera
que la plus vaine et la plus vide des catégories; mais suppri-
mez la croyance M'ahsoht, t'unit~ du moi reste inesptiquée et
inexplicable:il se dissémine et se dissout dans la poussière do
ses propres modifications. Si l'absolu est pfM<s Ha<M~<t le
moi est pfMMMs <e~M~orN, et à la rigueur « le moi peut exister
et te savoir sans croire d'abord qu'il est lié à une substance. Il
C'est une étrange et téméraire entrepriseque celle qui consiste
à déduire de t'absoL-mo moi et la conscience, comme le fait
Spinoza; la déduction géométrique ressemble aux causes
finales raitiées par Bacon, elle est stérile ou n'enfante que des
nuages. L'absoludeviendrait-itdonc, qu'on nous passe le mot,
relatif au moi, dépendant du moi? Oui, si nous prétendionsle
connaître non, si nous nous contentons de t'afurmer, car
aBirmer n'est pas comprendre, et le moi, par cet acte de foi,
s'incline devant l'absolu et se subordonne à l'inconnaissable,

t. On voit combien est h~Mte t'aeoMaUon de M. Cousin « Que Mt donc


Maine de Mme, dit-il (Prêt. xxxv), M tmaginenntmcëdedont nat philosophe
ne s'était encore avisé, qui m'eat pas le principe de causalité, mais qui en a
a toute la vertu, p)'ae<M< magique ~~w son <ttoea<<M' <<&f& à peme et auquel
N attribue MM <Ktet«MMt!a propriété merveittetMe de transporter et de re-
pandre en quelque aorte de moi hors de !nt-nt6nte ce procédé il t'appeUo
indu~on. n Je décrit au contraire tongnement,il le discute avec une vraie
profondeur, mais V. Cousin n'ayantpm tu notre m<m<Mc<tt !go<~a!tMa!ematt
cette dMcrtption et cette discussion et c'est ce qui rend sea critiques exeu-
sables MM les rendre plu juites. E))M portent a faux.
bien loin d'aspirer à i'étreindre et à la dominer du haut do «a
science présomptueuse. Kant nous somme do reconnaître
le noumbno au nom (te la loi, sic vola M<? ~M~a, habitude
prussienne te philosophe français noua invite à rentrer en
nous-mêmes et à suivre au delà du moi ce libre mouvement du
la réNexion qui nous a conduit aa moi. Il enseigne sans
dogmatisor et semble même nous dire comme Socrate il n'y
a qu'une chose que je sache bien, c'est quo je ne «MM rien.
Faites comme moi cherchez et touchez et vous oroirex
soyez psychologue aussi complètement que possible, et la mé-
taphysique voua sera donnée par sureroit. Il l'appellerail
encore comme dans son mémoire sur los Rapports <A? f«A~-
/o~ee<<&MMM~<fma<<~KMune « scteMCf/M~Ve et ~Mf~eM~,
mais, la connaissant mieux, item parlerait avec plus de respect
et nous dirait que si elle n'est pas une science, ello est du
moins une TaoNe croyance à laquelle nous élève infaillible-
ment la libre réuoxion de l'esprit sur lui-même, car « ce que
nous connaissons a son principe nécessaire dans ce que nous
ne connaissons pas, mais que nous croyons exister. Il y a
plus, la métaphysique est la création de la /<Ae~ irrémédia-
blement condamnée sans elle à la torpeur et à l'inertie. Pour
Platon, c'est l'intelligence ou plutôt l'intelligible qui crée la
volonté et qui nous rend libres en nous aBranchissant des con-
ditions intérieures de l'existence pour Maine de Biran c'est
la volonté qui crée la lumière en la faisant jaillir comme par
un coup de baguette magique des profondeursde l'Ame, car
« l'in6ni, l'éternel est donné à notre &me comme elle donnée à
elle-même. t tt dit encore « Ouvrir les yeux de l'esprit, tes
diriger du côté d'où vient la lumière,les tenir Bxés sur l'objet,
voilà tout ce que nous pouvons, et en quoi consiste la liberté. ?
II est de tradition chez les historiens de la philosophie fran-
çaise au xtx* siècle, « que Maine de Biran a en quelque sorte
découvert la volonté, Ampère la raison'. » Serait-ceque la
théorie de la croyance que nous venons d'esquisser aurait été

t. F. NMahwu, Ges ~&<tuM~4<e en P«Mt.'e au Mf «Me, ùd., p. H. Sur


inspirée à Biran par Bon ami? Mfncitf proMemM historique
que nous aurons t oMaaion de discuter en pnMiant les lettres
de Maine de Biran, mais que nous pouvons au moins poser
ici en indiquant brièvement la solution qui nous semble la
plus vraisemNaMe. On conviendra d'abord que la raison telle
que l'entend Maine de Biran, n'a presque rien de commun
a\eo !a <«M«M MHpffMHH~do V. Cousin. (~M'OM en juge MnM
dernière foia par cette dAtinition « La raison, dit V. Cousin.
est imporattnneMe de sa nature. Ce n'eat pas nous qui !a fai-
«ons, et elle est ai peu individuelle, que son caractèreest pré-
cisément le contraire de l'individualité, & savoir ruaiverM-
tite. » On a vu que pour Maine do Biran la raison est au con-
traire personnelle au suprême degré, fondée qn'ene est sur !e
vouloir et t'apo) ception du moi. E!h* n'est pas davantage la
raison qu'Ampère nous décrit comme la facutté d'établir des
rapports entre les nOMmenes, puisque Biran, tout en recon-
naissant l'existence des noumenes, ne nous attribue jamais te
pouvoir d'établir entre eux des rapports quelconques, ce qui
serait une façon de connattre l'inconnaissable. « Je voudrais
qu'Ampère oxamin&t, dit-it dans une lettre inédite, quelles
espèces d'idées ou de notions nous pouvons nous former des
noumènespurs, dépouittés de tout ce qui est phénoménal. »
Il va même jusqu'à émettre des doutes sur l'exactitude des
comparaisons tirées .de l'astronomie et destinées a rendre
sensible la nécessité de l'affirmation des noumènes, car, dit-
it, « les astronomes admettent l'existenceréelle de l'étendue
naturelle ou de l'espace pénétrabte, et tout se borne pour eux
à rendre compte de certaines apparences qn'onrent les corps
dans leurs mouvements. On ne saurait fonder la certitude
(de l'existence des noumènes) sur aucune hypothèse, puisque
l'hypothèse se fonde nécessairement ette-méme sur l'exis-
tence et les formes nouménales qu ette a pour objet de véri-
fier, et qu'elle part de là comme de données primitivesahso-
la théorie Mtanteme de la Croyance, cf. Ch. NMtUe, CBt<M~ M<!<C<<Mde
JMtH)M de NKtM, (intMd. pp. contt-BCttt). J. Ciérard, La pAtfettjp&tf de Snme
'te Biran, (pp. 45H6~).
tuea'. "D'aitteuta nouaavoaa tetém&ignaganon équivaqua
d'Ampara tui-meme M reoannatt a son ami 10 mérite d'avoir
découvert quatre grandes vérités, dont tea deux dernicMs,.
les seatea qui nous intéMasent en ce moment, sont fcirts-
lence dm MOMmAtea pe~ataMpata, et /<t relation de ca<M«AEf~
entre CM M<tMaM~!Met les ~A~Kem~HM qui /CMf sont <tMMAt~.
N'est-ce pas la théorie même des oroyancea on do la raison,
telle quo nous venons de l'esquisser? Reste une cinquième
théorie, ~a'Ampbre revendique pour htMatm~ « Restait
donc, dit-il, cette demiëM question Quo pouvons-notta aMr-
merdes Mam&Bca?8o«8 le point do vue deteara rolations
mu<Me!!e8, pouvons-noaareeoattaKMces relations? Et dans
ceca8,c<Mnm<Mtt pouvons-nous !o9 reoonnattro Et quel est
la degré de certitude de cette eoaaaiaaaaee? Le lectour, qui
sait d~a que Maino de Biran résout toutes ces questions
négativetnent, conclura que la théorie de la raison lui est
absolument personnelle, et que sur ce point il ne doit rien a
Ampère. Reconnaissons pourtant qu'Ampèreexagère quand
il écrit à son ami « Voua n'avez aucune idée de Kant S'H
le connaissait mat et de seconde main, il savait du moins
tirer un merveilleux parti des ouvertures qu'il possédait,
grAce & l'ouvrage inexact mais fort curieux do Villors sur
cette grande philosophie que de Gérando et M°" de Staet
venaientaussi de révéler à la France.
11 y aurait bien d'autres idées à signaler dans
ce mémoire
abrégeons et allons directementà la conclusion c'est t'afSrma-
tionla plus nette du déterminisme scientifique étranger à toute
idée de cansaUtéet ne se souciant au fond pas plus des causes

t. LeMtBB M<MtM de Maine


de BtMn tAmpète.
S. LeUM du 4 mptMnbM MM a Voua n'avez aaome Mte de Kant que
t'NM«!)ne des t~&aet de ~a«mpMe et rouvmte de Vmets n'ont Mn~ <pt'&
dMguMf pour des mcUtt eentMtfea. M eest trompé dans aea eometqnences
mais commeM a pMtimd&Mntma~nt les &«s primitifs,et les bb de ~Me!-
itgmee humehte! VoM ~oao ea mppettMava~6ment,&Mntgmd.&ee qu'en
ont dit MM. de Tracy et de de Glraudo, qui ront traité comme CondNtac a Mt
t t'<g<t!~ de De~«<t<M «teofhmt de Locke tordre, aea etBtM~OM pour leur
Mm dite tout te contraire de ce qu'il a dtt.
c
soeondeaque de la cause premieM ou de ta Mt<fM soM~p, puix-
qu'il eat condamné par aa méthode à eoastatw uniquement tf"
conditions des phénomène*,c'est-à-dire loura autécédontainva-
riahles.Partant hardimentla guerre ourle tenrain de ses adver-
Mires, it tour montre qu'on dépit d'eMx-taêmea Ma parlent
M)M eeaso de cauaea, ils pillent la psychologie en t'ina~ttant.
puis, aprîts t'aveif dépouillée,il la décrient.Que !e lecteurse r<
porto aux dix p<t!atsde doctrino <aa<a&fës par Maine de Bira«
dans aa eoacMtMea,il y trouverate r~aaatéet la qa!ates9oaca dp
tout l'ouvrage. i" L'ettaft n'ost pas le aeaa MtMaeu!a!M, eap les
aanaat!onamusculaires en sont un elfot,et quand e!tes aoat pro-
dontas, l'Ame les reçoit pasaivement commo toutes les autrMt.
De cette manière, la volonté (cause eNemnte) est au moyen
eu a reHet immédiat (le mouvement produit) comme ce mou-
vement est à la sonsation qui en résulte et qui devient ainsi
t'eKet fH<~Sa< de la volonté; on peut doao révoquer en doute
!a nature spéoiale et sui ~cHeWs do la sensation musculairo
sans que ce doute puisse atteindre le fait primitif. N'est-ce pas
transformer t'OMbrt en volonté et Maine de Biran ne nous
appara!t-Upas ici comme dépassant lui-mêmeson proprepoint
de vue? 2* H y a hétérogénéité complète entre la succession
des phénomènes dans t'espace et la causalité dire que le
dehors se transformeen dedans, que les mouvements corpu-
rets aboutissentà un phénomène intérieur qui serait un eBbrt,
c'est dire une chose absolument inintelligible,c'est le para-
logisme transcendantaldes sciences naturelles. 3' Même dans
le monde des phénomènes intérieurs, il ne saurait y avoir
transformation, métamorphose d'une sensation en une autre
sensation it n'y a véritablementque succession et voilà pour-
quoi il est légitime de tenter une sorte d'histoire naturelle ou
idéogénique de t'ame, pourvuqu'on n'ait pas ta prétention de
fonderainsi une psychologie.La science est plusexigeante et la
psychologie aune tout autre autorité. Vous Mtaitessoitcomme
physiologiste, soit comme idéotogisteque t'A&tMfede MMe

t. S{inem <)!mit t'AMt~te~. Maine de Biran, B n'en faut pat douter, tHMMt
:t i< n'y avait paa primitivement Mac apeM<:p«on immé-
diate do !a cause, queue Maguliëre tMasion aérait celle dn
lex
ces savants et de ces métaphysiciens qui supposent que
objets agissent sur noua pour produire nos sensations et nos
idées. Comment comprendre cette causalité en dépit d'une
méthode qui ne s'attache légitimement qu'au détenninianM
des faita et ne doit aspirer qu'à constater loura suceeaHena
constantes. Tout deviendraitAme, excepté t'ameeMe-memeoM
plutôt ce aurait « l'idéalisme et le scepticisme systématisés
fn aspirant à supplantor la psychologio, !a science devient
donc uno métaphysique et se nie eMe-memo. 8'* M n'est pas
Mtoina dangereux de s'tbordonner nos volitions à nos désirs
que de subordonnernotre sensibilité aux
objets désirs et son
étions appartiennent à cette région moyenne qui sépat~ t''
mouvementdans Fespaca de t'enortdans !e temps; ils forment
ce qu'on pourrait appeler les limites de Famé. 6* Cf serait
même lour accorderune sorte de participation a l'effort qui m'
leur appartient qu'indirectement au fond, quand on prétend
expliquer les sensations par des mouvements, « on n'expMquf
en effet, que certaines fonctions dépendantes des mouvements
extérieurs ou organiques par d'autres mouvements de ta
même espèce, sans toucher aux faits de sens intime qui
restent nécessairement hors de toute explication. » T* Ainsi
la théoriequi soutient que le cerveau secrète la pensée est une
métaphysique hasardeuse absolument hors des faits c'est
aux psychologues à rappelerles physiologistes métaphysiciens
au respect de la méthode expérimentaleet & crier à leur tour
des faits et des lois. plus de rêveries enfantées par l'imagina-
tion 8" La méthode analogique et inductive employée par les
Écossais est donc eUe-même radicalement défectueuse c'est
une hypothèse métaphysique qui a la prétention de passer
Écossais sont encore
pour une doctrine scientifique. Les
des idéologues leur système pourrait s'appeler un système
acetMiiit avec emhmMhmnela ~ye~of~~tM',fMh tes p!<tt ht~Msaso ex
pMencM enr la mesure dM semaMeM n'euuent modttê en rien d'eMenUet
les f~andee U~M de ecn q~Mme.
de facultés transformées et mi~tx vaut encore une aensatien
qu'âne faculté. 9" On déclare que la cause est Bourde dans le
monde dos faits scientifiques et on la force a répondre dans
le monde des faits psychologiques c'est une véritable vio-
lence. Admettez au moins, si voua voulez être conséquent,
qu'il y a Mn cerveau du monde pour produira et penser vos
lois et que « l'axiome éternol est aa aeoréttoa. Si l'on
demande au savant Qm'oat-ce qui produit la gravitation ?`'
il répond modestement Je l'ignore. Maia si on lui demande
Qa'est-ce qui produit la pensée? il répond audacieusement
Je le sais, c'est le cerveau. 10'* C'ost ainsi qu'une doMNoeon-
clusion s'impose ù tout esprit nonprévema « la psychologie
ne peut ni no doit, dans aucun cas, prendre des données dans
los sciences naturellos, ni se subordonner à o!to8, ou à leur
méthode d'observer, de classer,d'exposerles lois et de cher-
cher los causes elle a pour mission spéciate, en face de
ces envahissementsde la science, « de fixer les limites des
sciences naturelles et de les empêcher de s'égarer dans des
recherches obscures ou de vaines hypothèses explicatives.
La psychologie est vraiment la j9A<AM<~AMjM'MM!e.

V.– Ceux qui trouvent la physiologie trop envahissante et


pensent que la psychologie s'est montrée de trop bonne com-
position en abdiquant ses droits, alors qu'il suffisait de tendre
la main à sa rivale et de traiter avec eUe d'égale à égate, se-
ront assurément enchantés de cette fière revendication.Les
deux ouvrages qu'il nous reste à apprécier n'ont pas l'im-
portance du traité des Rapports, aussi passerons-nous rapide-
ment sur ces notes intéressantes, mais un peu décousues, et
qui ne contiennent que des développements nouveaux des
idées fondamentales de l'auteur. Sur un agenda de poche,
Maine de Biran écrit à la date du 28 avril 1848 « J'ai fait une
assez longue et AoHKenote métaphysique sur quelques passages
de l'abbé de Lignae. !1 s'agit évidemment de celle que nous
publions et l'on voit que l'auteur n'en est point mécontent
bien qu'il fut généralement sévère pour ses propres écrits.
V, Cousin a publié dans son édition A'a~ ~to* «M ~MMM~c ~<'«
MtH<t~M<tMe <fM Jf~HC~tMrye <fM MM intime, pw ~M<? <i~
~Mae mais ce morceau fort défectueux sous le rapport da
la liaison des idées, est extrêmementinférieur à la rédaction
que nous lui substituons et qui subsisterait soute dans une
édition déNnitive. !t ne faut pas s'étonner que l'abbé do Lignae
ait attiré !'aKentieR et m~iM l'estime de Biran c'est un mé-
taphysicien profond qui, en plein xvnu siècle, sut parler en
disciple respeotMea!:mais indépendant do Descartes et de Ma-
lebranoho, a!ufa que Locke était seul écouté et, grAee à las-
servissement général des esprits à ses doctnnes, pourtant
modérées, fegnait on despote sur la philosophie française.
Lignae maintenait en face de l'empirisme et du fatalisme
triomphants les droits de la conscience et de la liberté il
fut à Locke ce qae Mainede Biran a été pour Condillac, mais
avec moins d'éclat et de sacoes. Sa doctrine se laisse aisément
résumer dans une double thèse, t'ano qui est la conclu-
sion de sa polémique contre l'empirisme et qu'il formule
ainsi La doctrine de Locke que l'on trouve si lumineuse
est tellement équivoque qu'elle conduit égatemcnt à ces
deux extrémités incompatibles, qu'il n'est pas certain qu'it y
ait autre chose que des corps ou autre chose que des
esprits; » l'autre qui renferme la partie dogmatique de
son système et qui consiste à restaurer le sens intime ou la
perception immédiatedu moi ainsi que la perceptiondu corps
propre ou le se~M de la co~M~CHee*. On connaît assez Destutt
de Tracy pour que nous soyons dispensé d'insister sur la cri-
tique étendue présentée par Maine de Biran de la notion du
corps et de certaines tendances de ce philosophe qui sont de
nature à conduire à l'idéalisme par. Il faut bien que les
théories de Tracy soient moins vieillies qu'on
ne pense et
qu'elles aient quelque profondeur, puisque M. A. Bain ter-

t. Tome M, page< 99! &3n.


V. Le KatO)~)M9e<t«MMM<&Heet de fa~xMe~ opposé la /b'pro/itac
et ridicule fatalistes n!<Mt<-ntM. 3 voL in-t2. Amerre, n60.
mine un ouvrage sur tes J~MM~KMM de la ce~M~ par de longues
citations de ce philosophe qui « donne, dit-il, une excellente
idée de ce qu'est notre perception du monde externe Il se-
rait donc intéressant d'examiner la discussion de Maine de
Biran et sa solution de ce diNciie et capital problème, ainsi
que les considérations qu'il dévetoppe sur la confusion du
désir et de ta volonté sur les idées universelles, sur i'idée dp
l'étendue, maisle sujet est bien vaste et il est temps de clore
cette trop longue introduction.Il en est des rapports de Maine
de Biran avec Destutt de Tracy comme de ses rapports avec
Ampère; c'est un chapitre trop important de l'histoire de ses
idées pour !e traiter en courant. D'ailleurs nous avons entre
les mains une très volumineuse correspondance de Maine
de Biran avec de Tracy c'est en la publiant qu'il serait temps
d'approfondirce sujet. Nous le réservons donc & dessein et
pour le même motifqui nous a complètement interdit d'abor-
der la questionplus importante encore des rapports de Maine
de Biran avec Ampère.

ALEXtS BEBTUAttB.

Lyon, te 16 mai MM.

1.1<-< &MM<MMet la Volonté,trad. Br. de P.-iL. Le Monntef, p. MS.


MÉMOIRE
SCB tES jSAPPOtUfS

M L'tDËOL06!E ET DES MATHEHATtQUES'

(i803)

Depuis cette obscure origine où la géométrie (comme dit


Bonnet dans son stylepoétique) « née comme un ver des fanges
du Ni!, traçait en rampant les bomes des possessions, jusqu'à
cette époque brillante où prenant des ailes, elle s'élève an
sommet des montagnes, mesure d'un vol hardi les plaines
célestes et perce enfin dans la régton de l'infini », on voit le
cercle de cette science s'étendre, s'élargir progressivement il
enveloppe en avançant le système entier des objets, des idées,
ou des rapports susceptibles de mesure il exclut et repousse
tout le reste, Ainsi se forme, dans le système général des
connaissances ou des produits infiniment variés de l'activité
de l'esprit humain, un domaine isolé, où doit, pendantlong-
temps~se concentrer l'évidence. Le contour da cercle séparera
la lumière de l'ombre et les empêchera de se mêler, de se con-
fondre.
Soit qu'on envisagelesprogrès des sciences mathématiques
dans leur, application pratique aux arts, résultats nécessaires

t. En marge do mNMMcrtt original, on lit cette note écrite de la main de


Catxnb q Tout ce ~NMjpanheXXtX est encore, eonnne précédentla copie
le
d'un mémoireMr têt rappotta de ndéoidgie et des tMhematiqmes,qnt nous a
été envoyé par nn idéologiste<ptt est en mêmetemps un géomètre dieUngné,
mata qui n'appartient à t'UMMtat MUoMt que par les pnn qn'H y a rem.
ttortéa. e (A. B.)
t
des besoins et des intérêts compliqués de l'homme en société,
soit qu'on les suive dans ces recherches théoriques profondé-
ment abstraites qui (en attendant leur application éloignée
et contingente) fournissent toujours un attrait puissant à la
curiosité, un aliment convenable à ces tètes fortement orga-
nisées qui ont besoin d'exercer toute leur activité on voit
ces sciences marcher d'un pas inégal, mais toujours indépen-
dantes dans leurs progrès, des diverses branches de la
~f/ca~~M.
Concentrée dans son objet simple, avec une méthode spé-
ciale, une langue qui n'est propre qu'à elle, la géométrie dut
rester étrangère surtout aux sciences qui ont la nature et los
facultés de l'homme pour objet elle n'avait besoin de leur
rien emprunter, et elle était trop éloignée pour pouvoir leur
prêter. Malheureusement pour celles-ci, elles ne purent donc
entrer en partage de sa certitude, et heureusementpour celle-
là, elle ne put suivre et partager leurs écarts.
Quel point de contact, par exemple, pouvait-il y avoir entre
cette science ténébreuse qui, sous le nom de !M~<!pAys!~Me,
prra si longtemps dans les espaces imaginaires, croyant avec
des termes vides de sens, découvrir la nature des choses,
pénétrer dans la région des essences-etla science réelle qui,
sans sortir du mond& sensible, empruntait tous ses matériaux
des objets do nos perceptions les plus claires et les plus dis-
tinctes ? Jamais il n'y eut d'opposition plus marquée, de
marche plus divergente jamais ligne de démarcation ne fut
mieux établie que celle, qui semblait devoir séparerà jamais
la métaphysique de la géométrie.Aussi les voyons-nous tou-
jours isolées quant à leurs produits et leur inBuence l'une
propage la lumière, l'autre accumule ses nuages dans les
mêmes lieux, les mêmes temps et jusque dans les mêmes
têtes. Nous voyons les mathématiques briller chez les Grecs
du plus grand éclat depuis les Thaïes, les Pythagore, les
Platon, jusqu'à la destruction de cette école d'Alexandrie, où
se conserva si longtemps le feu sacré de la science et dans ce
long intervalle, chez les mêmes Grecs, dans le sein de cette
même école, la métaphysique n'est qu'un jargon puéril, un
tissu monstrueux de rêvorieset d'absurdités.Après de longues
et d'épaisses ténëbrss si favorables au triomphe exclusif de
cette métaphysique, la géométrie renait de ses cendres. Le
xvt" siècle, et surtout la fin du xvn', voient s'opérer la plus
grande et lapins belle révolution dans les sciences mathéma-
tiques et physiques et la scolastique, toujours dominante,
continue à couvrir de son voile le fondement de nos connais*
saaceset la génération simple et réelle de nos idées.
Cependant la révolution faite dans la géométrie et surtout
physiques,
son application nouvelle à la recherche des vérités
frappe et éclaire tous les bons esprits on s'aperçoit que le
monde réel est plus fertile en découvertes que le monde
abstrait; insensiblement on descend du vague de l'un pour
observer les phénomènes de l'autre; des génies du premier
ordre emploient toute la force de leur tête à prouver la néces-
sité de ce passage, à en tracer les moyens, à prescrire des
règlesgénérales à l'observationet à l'expérience ils donnent
eux-mêmes l'exemple avec le précepte, en appliquantl'obser-
vation directe on microcosme ou à l'homme, et l'origine que
toutes ses facultés prennent dans ses sens est nettement
démontrée, dès qu'il est prouvé qu'il ne peut rien connattre
hors de la nature et que le seul moyen de connattre la nature
est d'y appliquer ses sens.
On aperçoit ici une influence des progrès de la géométrie
mais
sur les commencements de l'analyse philosophique;
remarquonsque cette influence n'est pas directe et qu'elle n'a
de la physique.
pu produire son effet que par l'intermédiaire
Peut-être même doit-on principalement l'attribuer à cette ten-
dance manifeste qu'ont tous les esprits à se mettre entre eux
dans une sorte d'équilibre,lorsqu'un mouvement général leur
est Imprimé.
Quoiqu'il en soit, et comme par une suite de ce divorce
premier et peut-être naturel de la métaphysique avec la
géométrie, il est certain que les géomètres qui voulurent en
même temps être métaphysiciens, bien loin d'activer les pro-
les arrê-
grès do l'an~ysc inteUeetucMe, les suspendirent et les
tèrent autant qu'il était en eux, tandisque réciproquement de
plus profonds analystes de l'entendement humain furent
mauvais gcometrcsou rcstërpnt du moins étrangers aux pro-
Pytha-
grès do cette science. Sans remonter jusqu'aux Grecs,
Leibuita, Matebrat<ehe. nous
gore, Platon, etc., Descartes, Condillac
consument le premierfait Hobbos,Bacon, Locke et
serait pas difficile de
nous attestent Je second, et it ne nous exemples des
trouver parmi les savants de nosjours plusieurs
mêmes ventés.
Cependant l'analyse philosophique (que plusieurs s'obsti-
science
nent encore à appeler métaphysique) n'a, comme cette
futi!o, aucune opposition absolue avec la géométrie, ni dans
de procéder; nous verrons
son objet, ni dans sa manière
bientôt au contraire qu'il y a entre eMos une alliance possible
dont la géométrie pourrait même retirer certains avantages.
D'où vient donc cet éloignementde fait qui subsiste entre les
deux scicBCos? et pourquoi, jusqu'à présent, ne paraissent-
elles pas pouvoir sympathiserdansles mêmes têtes? Je crois on
entrevoir plusieurs causes qu'il serait trop long de développer
dans cette occasion je m'arrêterai seulement & celles qui me
paraissentprovenir de !a différence des habitudes que l'esprit
contracte en faisant son objet principal de l'étude de la géomé-
trie ou de l'annlyse de nos facultés. Je laisserai & mon maîtret
le soin d'examiner si ces deux genres d'études n'exigent pas
des dispositions de tempérament ou d'organisation trop
éloignées les unes des autres.
La géométrie, par la nature de son objet primitif, semble
d'abord ne faire que seconder cepenchant qui entramel'homme
hors de lui-même. Alors qu'olle a le plus dépouillé cet objet,
les formesabstraites,sonslesquellosclleles considère, laissent
encore une prise aux sens. Ces
abstractions, tantôt Sgurées
objets directs de la percep-
aux yeux, deviennent elles-mêmes déterminés outoujours
tion tantôt revêtuesde signes précis,

i. MMUtM, à la demande duquel ce mémoire avait été rédigé. (A. B.)


aisément déterminabtes, cites conservpnt dans la mémoire
une etarté, une usité supérieure. L'analogie dt's sigxca. cor-
respondante à l'homogénéité dea idées, la symétrie et la
brièveté des formules, qui offrent dans une simple expression
te résultat des déductions les plus longues et les plus eom-
pliquées, la tManiere uniforme, assurée et absolument méca-
nique dont on procède dans ces déductions, tout concourt &
ménager des points do repos à t'aUention, assurer la Rde-
M<e de la mémoire qui dirigera bientôt toute seule te rai-
sonnement ou le calcul avec la promptitudeet la facilité de ses
habitudes.
L'objet do l'idéologieest tout intérieur,infiniment complexe
sous une apparence de simplicité. H faut aussi l'abstraire, le
diviser ou le prendre par parties pour l'étudier et apprendre à
le connaître. Mais ici, combienles abstractions sont plus dim-
ciles à saisir et à ooBrcer Tantôt fugitives et se rejoignant au
composé, sans laisser do traces distinctes dans le souvenir,
tantôt se confondant avec leurs signes et prenant une consis-
tance, une réalité illusoires- quelle surveillance, quelle atten-
tion continuelle ne faut-il pas pour éviter ces dangers qui
sont nuls pour le géomètre Pendant que ce dernier brise son
modèle àvolonté pour en étudierles parties, parcourt, mesure
successivement chaque dimension, sans avoir & tenir compte
des autres, puis, rassemblantces débris dans le même ordre,
retrouve et reconnatt le composé premier, l'analyste ne sait
presque jamais ce qu'est une propriété, une modificationcon-
sidérée hors de l'ensemble il a toujours à craindre que son
imagination n'altère les éléments, en voulant les fixer; et
attribue à leur nature individuelle des formes qui n'appar-
tiennentqu'à leur relation avec l'agrégat dont ils font partie
Enfin les propriétés de tous les objets qui sont du ressort de
la géométrie peuventtoujoursse représenter par des symboles
ou signes abrégés qui tiennent lieu de la représentation

t. Cest là, comme on sait, ce qui a trompe Bonnet et Condillac. (Note de


M. de B.)
directe et <h taillée des modèles, los eombinaiaonadiweraea do
ces signesexprimanttoujeura ndelement les rapportaque l'on
considère, et indiquant les opérations & effectuer pour repro-
duire à volonté los formes, los figures ou les quantités déter-
minées. L'analysedo nos opérationsintelleotuellosau contraire,
est toute dans la conscience distincte de chacune de ces
opérations les signes qu'emploio cette analyse, loin de tenir
lieu des idées ou opérations mêmes, n'ont pour but que d'en
raviver les souvenirs trop fugitifs, trop légers par eux-mêmes,
d'y ramener, d'y fixer une attention souvent rebelle. L'analyse
a, de plus, sans cesse & se mener de la mobilité d'acception de
ces signes la nature des idées qu'ils expriment,la complexité
et rhétérogénéité des éléments qu'ils réunissent, et par ces
raison?, le défaut d'analogie qui règneentre eux, rendent leur
emploi souvent douteux et incertain; rien no garantit ici la
Métité de la mémoire, rien ne peut dispenser d'un examen
profond, d'une réHexion assidue. Marche circonspecte, lente,
mesurée et toujours réMéchie; analyses, comparaisons et véri-
fications fréquentes des signes et des idées, tels sont les pre-
miers titres de succès pour l'idéologiste. Ceux du géomètre,
au contraire, sont dansl'assuranceet la rapidité de sa marche,
dans la sécurité avec laquelle il emploie des termes suffisam-
ment connus. Pour celui-ci, l'évidence est dans l'identité des
signes, il ne la voit le plus souvent que dans les rapports
fidèles de ses souvenirs; pour celui-là l'évidence n'est que
dans les idées, il a toujours besoin delà MH~M*. Je pourrais
étendre beaucoup ce parallèle mais en voilà assezsans doute,
pour faire voir la contrariétédes habitudes qui doivent résul-
ter de la culture assidue des deux sciences comparées et pour
rendreraison du fait de leur incompatibilitéordinaire dans les
mêmes esprits. Ajoutons cependant un autre trait de compa-
raison qui nous conduira plus directement à l'objet principal
que nous avons en vue.
L'idéologiste ne peut atteindre quelques résultats ntilcs et
vrais qu'en portant dans son langage et dans ses principes la
plus scrupuleuse exactitude. Les principes sont pour lui l'ori-
gine même des idées dont it veut eonuattrf la ecunposition
intrinsèque il s'agit ici non seulement de déterminer tous
tes éléments, mais encore de retrouver rendre successif et
simultané do leur association. II aura donc toujours uu tra-
vail plus OH moins long et dunette à exécuter sur chaque idée
principale avant de faire entrer dans ses FaisonnoMenta le
terme qui l'exprime et de pouvoir fonder sur ce terme quclquo
deduotion légitimo. Le géomètre n'a pas, ou du moins ne
sont paa actuellement !o besoin de remonter ai haut dans !a
génération des idées ou des termes sur tesquota il opère it
prend souvent ces ideoa toutes faitos, telles qu'uneexpénence
commune et irréfléchie les lui a procurées. !t no veut !ea com'
parer que par leurs propriétés les plus généralas, les plus
simples, tes plus aisëos à noter; it ne cherche à en déduire
qu'une seule espèce do rapports qui'pourront toujours être
appréciés ou exactement évalués dans les signes mêmes, sans
qu'il soit ou qu'il paraisse nécessaire do remonter jusqu'au
fondement do leur institution, encore moins do scruter la
nature intrinsèque des idées. Qu'importo, par exemple, au
géomètre la fondement réot des idées d'étendue, d'espace, de
temps, do mouvement, et la manière dont nous tes acquérons ?
Qu'importe au mécanicien la nature hétérogène des tern*cs
V==–'E
qu'il réunit et compare dans la formule et par consé-
quent l'insigniflance absolue de cette formule considérée en
etto-méme? Lorsqu'il aura substitué des nombres à la place
dos lettres dans le second membre et cBectué la division, il
n'en aura pas moins un nombre abstrait qui servira à déter-
miner Ïa vitesse relative V d'un autre mobile qui parcourt
t'espace E dans le temps T, en indiquant que cette vitesse est
double ou triple ou etc. de la première, ce qui remplit te
but actuel du géomètre qui cherche des rapports de signes et
non des rapports d'idées~ ou plutôt qui identi6e les uns avec
les autres.
On voit par cet exemple que l'indéterminationdes ~nnc~M,
et par conaëqucnt des expressions qui a'y rappartent, o'innae
pua d'une manière sensible sur los résultats Mcondairea ou
que les rapporta abstraits auxquels on parvient en comparant
deux termes, peuvent avoir toute la certitude et la clarté
désirablea dans le but géométrique, malgré l'inexaetitudo,
l'obscurité ou même l'absence totale dos idées ou notions pri-
mordMea d'au cea termes sont denvcs. !o! se manifosto la
ligno do dëtnarcation qui sépare ce qu'on appollo ta at~a-
~y~M<* de la science ot la science même ou ses applications
pratiques, et t'independance absolue où ont etê.jnaqn~a pré-
sent les mathematiqMes,non seulement de la théorie générale
de nos idées, mais môme de la théorie partientiere de celles
aur qui elles se fondent immédiatement. Veut-on voir encore
cotte double indépendance prouvée j~ar !es faits? Qu'on
examine si on trouvera beaucoup de géjmëtfes, je ne dis plus
maintenant veraés dans t'analyse pM!nsophique en générât,
mais même possédant la métaphysiqa'.)propre de leur science.
« Los plus grands géomètres, dit d'Atembort, dont le témoi-
gnRge en ce genre n'est pas suspt~t, sont le plus souvent
de mauvais métaphysiciens, m&m< dans leur science leur
logique est toute renfermée da~s leurs formules et ne
s'étend pas audeta*. a Si une mauvaise métaphysique avait
pu influer sur la certitude et les ~ésuttats pratiquesdu calcul,
que serait devenue cette branche de la géométrie sublime à
laquelle te calcul différentiel et intégral a donné naissance?
N'est-ce pas dans le temps même où ce nouvel instrument,
sorti de la filière du génie créateur des monades, portait dans
aon principe l'indétermination, le vague et l'obscurité d'une
métaphysique abstruse et fausse, n'est-ce pas des lors, dis-je,

i. ~&)nen& de pA</<Mf)ptt~ c!mp. xv, p. <19. « U semble que les grands


géomètresdevraient être excellents metaphys~ciene, an moins sur tes objets
dont ib s'oecMpent; cependant il sen faut bien qu'ils le eMemt tonjouN. î~
ifl~
logique de quelques-uns
qas dc qnsiqaes-nas d'entre cm est
d'eatrc an: esi rcnfcrms`.a daas !eof.
reB&rm<a <has leusa tMai~M,
formuie~, 6!
~~t
ne retend point au de)à. On peut les comparer à nn homme qui anMtt te
sens de la vue contraire à celui du toucher, ou dans lequel le second de s'!9
sens ne se perfectionnerait qu'aux dépens de t'antre. (A. B.)
qu'it produisit aps phf prandpa tnfpvcith'a, et, enMT~ tnvat~.
rieuxtui'ntëme, acr~t à dévaHprdeamystères? Ne lui Mtut'it
pas d'être manié par des mains habiles et exercées qui t'em-
ptoyaient avec eonnanco, sans s'inquiéter autrement d't'a il
tonr venait,ni quollo était aa nature ? Et loraquo notre Mhtstrf
t<agfange, conduit tMt.mttno par cette vraie mëtaphystqMc
qui oet Fiastmet du génie (nM plutôt des hons «oprUa), aaMM-
aant t'p~< d'une méthode naturalisée en quoique aarto danx
son intatMgenee, trouva dana la forme générale du d6vdop.
pement des foliotions en aMes, la v~ritaMe origine du calcul
d!Cëroat!et, dëga~e aiaa;de toutes ces conaid&Fat!oaavagaca
d'infiniment petite de ditferenta ordres, ce calcul &pH<Mva-t.i)
qaetqaer&votatioa? Sas applications pratiques on do~Mrent-
ollos plus exactes, plus certainea, ptus étendues? Non. Satis-
faits do la certitude spécutativc du principe, tes mathémati-
cMns n'ont rien ehangé & t'ancienne forme du calcul; ils
conservent Mgonthme de Leibnitz comme plus commode et
écrivent ou parlent encore à peu près comme lui.
Ajoutons un exempte plus simple le philosophe déjà cité,
d'Alembert, se plaint encore (dans ses ~f~M~)
que « l'al-
gèbre, toute certaine qu'elle est dans ses principes et dans les
conséquencesqu'elle en tire, n'est pas exempte d'obscaritéa &
beaucoup d'égards', x H cite en preuve la théorie des
quan-
tités négatives qui n'a été (selon son opinion, à laquelle
on
peut bien son rapporter) encore éclaircie dans aucun ouvrage.
Ces obscurités, dans une science qui
se pique de n'en point
avoir, ne peuvent évidemment provenir que de l'inexactitude
des principes ou de celle du tangage qui s'y rapporte. Et
cependant la certitude des résultats obtenus par l'analyse

i. Voici le texte exact de d'Atembert NCNMnMM, toute eertatue qu'elle


(ta)gebre] est dans ses principes et dans tes conséquencesqn'elle
fautaveuer qu'elle n'est pas encore tout à fait exempte d'obscuritéen tire, il
à certaine
<'gamb. Pour n'en citer qn un exemple. je
no conmaM aucun ouvrage ou ce
qM regarde la théorie des quantités négatives soU parfaitement
eeMM)
~t-ce la faute de t'a!gehre? Ne seMtt-ce pas pMot celle des auteurs qui
tout traHée {mqu'iei! (JË~men~ <<ej)M!M< ehap.
xtv, p. 154.) (A. B.)
algébriqueon épreuve't-ette quoique a!Mration ? Lea procèdes
mécaniques qui donnent les véritables vakura des inconnues
dans la résolution des équations en sont-ils moins sura?Et
quand même !c génie idéologique, uni à une eonnaisaance
profonde des règles et de la pratique du calcul, parviendrait
à &ure subir à sa langue los réformes dont elle est susceptible,
ces noMveaMX degrés de précision et d'exactitude ne demeure-
raient-Ha pas Mnfenneadana la sein des principes spéculatifs,
sans inMMeraur!a certitude pratique, comme il est arrivé dans
le calcul ditMfentiet q?
On voit donc encore ici une des causes principales qui
tiennent éloignées l'une de l'autro la géométrie et l'idéologie,
et qui retardent tear alliance. Les mathématiciens sont consi-
dérés comme los juges naturels des réformes à opérer dans
leur seieMe. Or, d'après tout ce qui vient d'être dit, ib ne
doivent point reconnaître la nécessité de ces réformes ni en
sentir le besoin; la certitude des résultats qu'ils obtiennent
en suivant aveuglément certaines méthodes ou en partant de
certains principes, leur fait conclure sans autre examen la
bonté des unes et la rectitude des autres. Il n'est point néces.
saire, il serait même inutile et dangereux, dans leur opinion,
d'en examiner les fondements. En outre, la grande habitude
,qu'ils ont de leur langue, tes empêche d'en reconnaître les
vices et de songer & les recti&er. De là leur opposition presque
générale contre la science qui ne fait grâce à aucune habi-
tude, et qui met les règles de l'évidence, et jusqu'à ïévidence
même en discussion.
Je trouve un exemple frappant de cette opposition trop
réelle dans l'écrit d'un géomètre estimable qui parait s'être
un peu occupé d'idéologie, quoiqu'il soit loin d'en connaître
l'objet ni l'esprit, ni la méthode. <' En comparant, dit Lacroix
dans la préface de sa Géométrie ce que la métaphysique a
perdu d'un côté et gagné de l'autre, peut-être est-il temps
qu'on s'arrête et qu'on reconnaisse que seule entre toutes les
sciences, la métaphysique n'est susceptible que d'un progrès
limité, et qu'il existe dans la théorie des opérations de l'en-
teadement un point que l'an M« p<mtN~jja<na)adépaaacr.n Non,
citoyen Lacroix, il n'est point tempa qu'on tt'orf&to & p~ino
même a-t-on commencé. La science que vous nomme!! méta-
physique a encore bien longtemps h travaiMer MtMement, car
ello no devra s'arrêter que loraqu'it n'y aura plua (t'htécs
vagues et obaeMrea, d'idées dont on na puisse eta!M<Mat
ddmontrer l'origine, de termes dont on n'ait exactement e!f-
conacrtt l'acception. Et votre scionce, toute eerta!ne qu'alto
est. ncnt lui fournir oncora Mn assez vaste champ. Pourquoi
tes bornes de la métaphysique aeratent-ettes ptua reaserrcoa
que eeUea deaaMtN88c!eneo9,qMe celles de aos idées <a&me!t?
La aphero de cea idées ne peut s'agrandir dans un genre
quelconque sana fourmF de nouveaux matériaux à ta science
qu! s'occupe de leur origine, de leur ordre do filiation, de
!oura classificationsm6thod!quos. Et combien cette physique,
cette theone des probabilités, auxquelles vous nous renvoyez,
n'ont-eHes pas besoin de son secours Combien son alliance
avec tes diverses branches des mathématiques ne pourrait-
elle pas otfrir d'avantages précieux, quoique )usqu'a présent
inaperçus
Ceci me conduit à une seconde question. Je crois avoir
prouvé que la métaphysique ou la science de nos idées, leur
théono en6n, bonne ou mauvaise, n'avait eu dans aucun
temps d'innuence directe et sensiMe sur les progrès des
mathématiques. J'en ai cherché les causes dans la nature
comparée des objets que traitent et dos buts que se proposent
le.géometre d'un coté et l'analyste philosophe de l'autre, dans
les habitudes opposées que font contracter à l'esprit ces deux
genres d'étude. Passant maintenant en quelque sorte du fait
an droit, j'examinerai brièvement comment l'idéologie peut
s'appliquer anx sciences mathématiques ot quelle espèce de
réformes elle pourrait leur faire subir.
H

L'idéologie piano, pour ainsi dire, sur toutes les sciences,


car les sciences ne se composent que de nos idées et de leurs
divers rapports. Ces idées forment comme un pays immense
et infiniment varié, partagé en une multitude de districts,
eoupé par un plus grand nombro de routosde communication.
Pendant que les savants ecya~MMse disporsent dans ces dis-
tricts, vont et viennent dans ces routes, t'idéotegiste, placé
sur une éminonco et comme immobile, observe leurs direc-
tions, en tient note, en dresse la carte de là, il arrive que
souvent il connaît mieux les chemins que les voyageurseux-
mêmes, qu'il peut leur fournir d'utites indications et en
quelque sorte les «fM~ef. Mais toutes ces routes ont une
origine la plupart même partent d'un point commun pour
diverger ensuite c'est cette origine, ces points communs,
ordinairement ignorés des voyageurs, que l'idéologiste se
charge principalement de leur apprendre. Pour suivre encore
notre comparaison, la carte la plus simple à dresser, la direc-
tion la plus aisée à suivre, est celle du géomètre; it est dans
une grande et large route et it va tout droit, mais toujours
avec une telle rapidité qu'on le perd aisément de vue et que
lui-même ne sait souvent où it a passé. Si l'idéologie, qui ne
partage pas cet entraînement, peut, en le suivant de loin,
tenir note de tons ses pas, elle aura ensuite bien des particu-
larités curieuses à lui révéler sur sa propre marche.
Si on ne sort pas de la route ordinaire du mathématicien,
ou, pour revenir au langage propre, si on ne prend les idées
dont il s'occupe qu'au point où il les prend lui-même, sans
remonter au delà, on voit qu'elles sont de formation posté-
rieure ouvrages de notre entendement, elles ne contiennent
que ce que nous y avons mis, ne se composent que de maté-
riaux pris dans nos perceptions les plus simples, les plus
familières, les plus clairement représentables. L'idéologie
appliquée & ce système d'idées, &'y trouvera d«ne en quelquo
sorte dans sa sphère elle n'aura point à lutter contre les difu-
cultés qui fartent quo!quefois dans certaines profondeurs;
ette ne craindra point l'inHdélité des souvenirs et ne sera
pas tenue d'en renouer laborieusement ou d'ou suppléer la
chaîne interrompue. Partant de l'origine conveatMnaeMo des
d!<Mrontes idées do quantité, et coM<mcH~<tM< par le c«M<tMCH.
paroourra lentement et par ordre la séné des
conteste, elle
conditions qui ont déterminésuccessivement toutes les fofmoa
des termes et dos idées, depuis lour <map!iotM premibro jus-
qu'à leur plus haut degré de composition. Dans co travail,
elle n'abandonno jamais le fil de ranatog!e le suivant partout
où it pourra la conduire, elle déviera souvent do la route
frayée par les géomètres, mais pour la raccourcirou rejoindre
les traces trop distantes de leurs pas et remplir !es lacunes
qu'ils ont laissées dans leur marche prëcip!téo et leurs sauts~
C'ost ainsi qu'eUc trouvera tes moyens do dissiper toutes
les obscurités, tout ce qui peut rester de vague et de mysté-
rieux dans l'énoncé de certains principes. Ainsi sera parfai-
tement nettoyé le champ de l'évidence. C'est ainsi enfin que
CondiHac appliquait l'idéotogio aux principes de l'arithmé-
tique et de l'atgebre Mais, dans plusiourscas, les obscurités,
les vices de langage et de principes viennent de plus loin et no
peuvent être recuBés, si on ne remonte jusqu'à cette origine
réeUe des idées, où les mathématiciens qui sont partis des
notions communes et des préjugésvulgaires, ont cru pouvoir
se dispenser de puiser. L'idéologie, qui a pour fonctions de
creuser jusqu'à cette origine, jusqu'à ces formes vraiment
y~r~fMes, pourra seule alors approfondir et raffermir les
bases chancelantes de la certitude, donner un sens à ce qui
n'en a pas, substituer des dénnitions do choses à dos défini-
tions de mots, des démonstrations rigoureuses à des paralo-
gismes.
1. Son ouvrage pourrait Mre trehit matotmMnt, et beaucoup mieux,
s'astreignant moins servilement aux Mpre'Miom~ et aux formes inexactes en
tes math~uMUques out eoneacreee. (Note de M. de B.) que
Los abstractions géométriques peuvent êtra considérées,
soit dansle sujet réel et perceptible d*o& elles ont été tirées,
soit dans la langue ou l'ensemble des signes naturels ou con-
ventionnels qui représententou fixent ces abstractions.L'idée-
logie les considérant sous te premier rapport qui tient à ce
qu'on appelle ~y~Ke géndrale, révélera le secret de leur
origine olle dira ce qu'est pour nous ce sujet étende, solide,
résistant, auquel nous rapportons nos propres modinoa'ions
et que nous nommons corps, ce que sont pour nous ses pro-
priétés générâtes, comment, dans quel ordre et par quelle
suite d'expériences, nous acquérons tes idées simples qui
nous représentent ces propriétés; elle fera voir comment,
étant toutes engendréesd'une première et prenant leur origine
commune dans l'exercice d'une seule et même /4MM/M, elles
sont liées et subordonnées entre elles, suivant un ordre nxe
dont l'observation et la connaissance peuvent seules nous
diriger sûrement dans l'étude des sciences naturelles ou
abstraites, et dont l'intervenion est la principale cause de
l'obscurité, des erreurs mêmes qui règnent dans plusieurs
principes de ces sciences. La géométrie, la mécanique et
toutes les branches physico-mathématiques (en proportion
même qu'ellesretiennent un plus grand nombredes propriétés
sensibles de leur sujet), devront donc emprunterdes principes
de l'idéologie, et ce n'est qu'en s'alliant à elle, en partant de
ses données, qu'elles pourront acquérir les degrés de préci-
sion et de clarté qui manquent encore dans plusieurs points
de leur théorie, l'exactitude, l'enchatnement et la rigueur que
l'on désire dans plusieurs de leurs démonstrations.
Il ne serait pas difficile de prouver ces vérités par des
exemples, et on ne pourrait être embarrassé que du choix.
Mais, comment douter qu'une conception nette de la manière
dont nous acquérons les idées de ligne droite, brisée, etc., et
en général de l'étendue et de ses modes divers, celle de mou-
vement, d'espace, de temps, de force, ne soit une introduction
utile et nécessaire même aux sciences qui se fondent sur ces
idées et qui font un emploi continuel de leurs termes? Ne
sora-co pas là qu'il faudra remonter lorsqu'on voudra sortir
du mécanisme des opérations et des rapports abstraits des
signes conventionnels, pour trouver dans la nature des <cnMM
de rapporta fixes, réels et non arbitraires? Croit-on que l'on
serait encore à désirer des principes clairs sur la mesure des
angles, sur tes propriétés des parattetes, etc., si l'on eut bien
cherché à se rendre compte de la vraie génération de ces
idées? Aurait-on si longtemps et si vaguement disputé sur
la mesure des forces, sur la nécessité ou la contingence des
lois du mouvement? Tournerait-on encore dans ce cercle
vicieux qui détermine l'espace par le temps, le temps par
l'espace, le mouvement par l'un et par l'autre et ptee-fpfM,
si on eût bien connu la vraie filiation de ces idées? Voyez sur
tout cela ce que dit d'Alembert dans ses JtM&m~M et jugez
ensuite si les géomètres entendent bien la métaphysique de
leur science. Celui-là, du moins, a le mérite d'avoir senti qu'il
y en avait une et qu'il pouvait être utile d'y remonter.
Si jamais quelque idéotogiste profond fait des éléments de
mathématiques, et désirons que cela arrive pour l'utilité de
cette-ci et pour le triomphe de l'idéologie, on verra comment
toutes ces obscurités disparaissent, lorsqu'on sait se placer
an véritablepoint de vue et commencer par le commencement;
on appréciera l'utilité de cette science aujourd'hui tant décriée,
qui tendant toujours à remonter le plus haut possible dans la
première formation de nos idées, fournit des principes à
toutes les sciences et les lie ensemble par leurs extrémités
convergentes.
Les abstractions géométriques considérées sous le second
rapport, o'est-a-diredans le système des signesqui les suppri-
1. Article ~caa~Me des jÊ&mea~ de ~M&M<!p«e Le philosophe mécani-
cten doit. mon seulement déduire les principes de la mécaniquedes notions
tes plus claires, mais encore les étendre en tes réduisant. » (P. tM.) « La
réducHonde toutes les lois de la mécanique à trois, celle de la force d'iner-
t)t., <~)o du )t<"<tf<mpnt eMapoeé et eelle de t'éqniNbre, pcut servir a
résoudre le grand proMeme métaphysique proposé, il y a quelques années,
par une des plus cétëhres académiesde l'Europe, M les &)M du !tMH<))eme<t< et
de f~t«S&M<~McwtM «Mt< de vérité tt~ee~MO~e! eottHagettte?t (P.2M.)(A.B.)
ment, les fixent ou les remplacent, offriront encore à l'idéologie,
un vaste champ où elle pourra recueillir d'abondantes et d'utiles
moissons. La langue des mathématiciens, où le calcul algébri-
que a, comme toutes les autres, sa métaphysique, c'est-à-dire
des principes ou idées primitives,fondamentales, qui ont servi
de types à ses premièresexpressions, en ont déterminéles pre-
mières valeurs réelles. Ces idées ou principesne pourront être
éolairois sans que le langage ne s'en ressente et n'éprouve
par là même d'utiles réformes. Ceux qui pratiquent méca-
niquement une langue, sans avoir une connaissance exacte,
ou sans se rendre compte de l'esprit des conventions pre-
mières qui durent déterminer sa formation,risquent souvent
de dénaturer ses acceptions, de forcer ses tours, d'altérer son
génie. Si, comme il est arrivé plus ou moins à toutes les
langues, elle s'est étendue peu à peu, suivant l'extension des
besoins, quelquefois par le mélange des idiomes, il est encore
plus à craindre que l'arbitraire et l'obscurité ne s'y soient
glissés à la place de cette analogie, de cette clarté et simpli-
cité qui compensaient la pauvreté du langage primitif. Ici,
comme ailleurs, les embarras et les inconvénients accompa-
gnent souvent les richesses.
La métaphysique de la langue algébrique avait sans doute,
dans l'esprit des inventeurs, une clarté qu'elle n'a plus.
La multitude des problèmes dont le besoin ou la curio-
sité ont déterminé successivement la proposition, ayant
conduit & des expressions diversement compliquées, les ma-
thématiciens se sont trouvés entraînés, sans s'en apercevoir,
bien loin des règles originaires. Ces règies ne s'étendant plus
aux cas nouveaux (du moins en apparence), on ne pourrait
pas atteindre directement par leurs moyens les solutions dési-
rées. H fallait donc y procéder par des essais, des tâtonne-
ments, des voies détournées il était rare, dans ces cas embar-
rassants,. que l'on cherchât les moyens de solution dans
l'analogie, ou que l'on se traînât régulièrement du connu à
l'inconnu. L'impatience du génie aimaitmieux couper le nœud
que le délier, il avait plutôt fait d'inventer une méthode nou-
velle, que de consulter et de suivre laborieusementl'esprit de
l'ancienne. Ainsi se sont perdues les traces de l'analogie,
ainsi a'est obscurcie la vraie métaphysique do la langue,
ainsi se sont aecumuléea tant de règles, tant d'élémentshété-
rogènes dont il est si difnoile et quelquefois impossible de
trouver les liaisons. De là tant de pratiques, tant de formules
dont un esprit attentif et rénéchi cherche en vain les fonde-
ments dans les idées claires antérieurementacquises.
Cependant on jouit des résultats, et les mathématiciens qui
ne tendent que vers eux, sans se soucier de la manière dont
ils les atteignent, se laissent conduire dans la pratique de
toutes ces règles par la même habitude aveugle et méca-
nique qui dirige ceux qui parlent leur langue maternelle sans
en connaître la grammaire, ou encore ces grammairiensordi-
naires qui ont étudié les règles sans remonter jusqu'à leur
esprit. Mais le philosophe, l'idéologiste médite cet esprit des
règles, cette grammaire générale des langues dont les prin-
cipes se tirent de l'origine commune des idées il l'aperçoit,
le sent, le devine, quand il se cache, et peut enfin l'inter-
préter au besoin.
Transporté dans la langue du calcul, le génie idéologique,
accoutumé à d'autres formes, habitué surtout à réBéchir, à
refaire lui-même tous les signes dont il se sert, à percer jus-
qu'à leurs racines, ne saurait se livrer en aveugle a ces mé-
thodes formulaires et purement mécaniques, avant d'en avoir
sondé les bases. Témoin de l'entraînement commun, il ne le
partagera pas il voudra se diriger lui-même, mesurer sa
route, savoir d'où il vient, où il va. Comme il est en quelque
sorte en pays étranger, il sera choqué de certaines disso-
nances de langage que l'habitude cache aux gens du pays.
Rencontre-t-U des expressions paradoxales en apparence, des
termes obscurs et presque mystérieux, tels qu'il s'en présente
quelquefois en algèbre, il en soupçonnera dès lors l'~acti-
tude, car il sait que la vérité se distingue ordinairement par
la simplicité, la clarté et la facilité de l'expression il ne se
laissera point éblouir par certaines explications dont les habi-
2
<K~< se contentent, ni même par la certitude pratique des
résultats auxquels peuvent conduire ces formules para-
doxales. Tant qu'il restera quelque louche, ne fut-ce quo dans
les termes, il ne sera point tranquille M n'est descendu dans
le pays de l'évidence que pour y voir clair sur tous les points.
Comment d'ailleurs peut-il subsister des obscurités, des
énigmes dans un système d'idées qui ne contient que ce que
l'homme y a mis? L'idéologiste appellera ici sa méthode
ordinaire, remontera jusqu'aux formes y~~m<neM, suivra
do nouveau et avec toute la force de son attention toutes lours
~'tt~<M, sans en omettre aucune, sans faire aucun écart,
aucun saut; et en consultant toujours l'analogie la plus
rigoureuse, il recréera, s'il le faut, toute la langue et peut-être
la fera mieux. C'est ainsi qu'il trouvera la vraie source des
obscurités qui l'avaient frappé dans quelque convention
ittégitime et contraire à l'esprit des conditions fondamen-
tal, dans quelque omission essentielle, quelque supposition
at~traire tu vicieuse. Il aura ainsi pour toujours fait dispa-
raître ces taches et encore une fois nettoyé le champ de l'évi-
dence.
C'est ainsi, pour citer encore quelques exemples, qu'il
pourra éclaircir (et paut-ètre mieux que ne l'a fait Condillao
lui-même dans sa /aM~«e des calculs) l'article essentiel dos
quantités négatives, qu'it roconnatlra l'insignifiance de l'é-
noncé du principe paradoxal multiplié pu, donne +,
ou que divisé par donne car les signes + et no
sont point par eux-mêmes les stijets des opérations, mais indi-
quent seulement les opérations d'ajouter ou de soustraire, et
voità tont. Des qu'on admet des expressions inexactes, il faut
s'attendre qu'on s'en ressentira tôt ou tard, et c'est ce qui
est arrivé dans ce cas-ci. L'idéo!oyste prouvera qu'il n'y a
point réellement do Mom~fMK~a~/ il s'attachera à faire
voir que certains résultats ou formules algébriques, unique-
ment susceptibles d'être construits ou traduits on lignes, n'ont
aucun sens, aucune valeur arithmétique il assignera la
cause de cette différencedans la nature do la quantité continue
et celle de la quantité <&se~e, comme dans les formes parti-
culières de numération qui s'appliquent & cette dernière; il
ne lui sera pas difHei!e de prouver que l'absence de cette dis-
tinction fondamentale a occasionné une multitude d'obscu-
rités, de mésentendus et de disputes dans un sujet et
avec
une langue qui ne paraîtrait pas devoir en souNrir, les uns
soutenant la réalité d'un résultat ou d'une expression atgé-
briques, parce qu'ils les concevaient traduits en lignes,
d'autres leur impossibilité, parce qu'ils voulaient les elTec-
tuer en nombres. La fameuse dispute de Loibnitz et do
Bernouilli, au sujet des logarithmes négatifs,
en fournit
une prouve bien remarquable EnBn, suivant toujours les
mêmes principes, il éclaircira la nature des quantités et des
racines qu'on appelle MM~MMM'M et trouvera peut-être quel-
que moyen d'écarter cette pierre d'achoppement de l'analyse
algébrique il soumettra encore à une nouvelle analyse
ce
fameux principe, fondamental dans la théorie des équations
et qui n'est pas encore exempt do nuages, savoir que dans
toute équationd'un degré quelconque, l'inconnue a autant do
valeurs particulières qu'il y a d'unités dans son plus haut
exposant, principe que l'on conçoit bien si on en regarde l'in-
connue comme l'a~cme oul'or~o~M~ed'une courbe qui varie
dans ses valeurs successives, mais qui n'est plus concevable
des que l'on veut que cette même inconnue sot
une quantité
numérique une et déterminable.
Voilà sans doute assez et peut-être trop de détails
pour
prouver ce résultat incontestable, que l'idéologie est suscep-
tible d'une application directe aux sciences mathématiques, et
qu'en y portant son esprit, sa méthode, sa manière de
pro-
céder, elle peut et elle peut seule faire subir à leurs principes
des réformes essentielles. On attendrait vainement
ces
réformes des mathématicienseux-mêmes les e~Me~
por-
teront toujours de l'algèbre, mais ne se redresserontpas,
ne se
tailleront pas d'eux-mêmes.

t. Voyez le CommeretUM Q'tï<o/«'«a).(Note de M. de B.)


Je n'ai point parte do l'application de l'idéologie «n calcul
te plus important do tous par son objet, celui dos probabilités,
parce que cette branche du calcul est évidemment, et presque
tout entière de son ressort c'est elle qui déterminera la nature
et l'espèce des différentes probabilités, assignera les idées ou
objets qui fourniront des chances plus ou moins nombreuses,
plus ou moins faciles à éva!ner, et qui enseignera pourquoi,
comment, et avec queUes restrictions le calcul leur est appli-
cable. L'idéotogisto fournit tes donnéea, et met presque le
problème en équation le calculateur le résout mécanique-
ment. M donc le mathématicien doit être idêologiste pour
concevoir, et celui-ci mathématicien pour exécuter.
En réunissant toutes les réflexions qui précèdent, on peut
voir quel est surtout le genre d'innuenoe que l'idéologie doit
exercer sur tes mathématiques,et dans quelles limites doit se
renfermer cette influence pour avoir son utilité prochaine la
ptus désirable. L'idéologie est contiguë à toutes tes sciences
par leurs extrémités commençantes; elle adonc des rapports
immédiats avec leurs éléments, et peut être qu'elle seule peut
leur en fournir de bons. Si l'idéotogiste était ex ~fo/!?MO un
grand calculateur, un grand géomètre, it ne serait peut-être
plus idéologiste, il aurait changé ses habitudes. Il n'étendra
donc pas directement les progrès de la science il no préten-·
dra pas à allonger le bout où cite nnit mais c'est précisément
parce qu'il n'a ni la prétentionni les moyens d'agrandir actuel-
lement le champ de la science qu'il est plus propre à en raffer-
mir la base, à en éclairer tes principes. S'it remplit une fois
cette grande fonction, s'il parvient à donnerenfin aux sciences
mathématiques do bons et de véritableséléments, à réformer
leur langue dans plusieurs points essentiels, à systématiser
tous les signes et toutes les notions qui les composent, en
comblant leurs vides et les ralliant à leurs vrais et communs
principes, il aura rendu deux services inestimables, l'un par-
ticulier à ces sciences, l'autre général aux progrès do la phi.
losophie ou do la raison humaine.
Les conquêtes de la géométrie en deviendraient d'abord
plus nombreuses, plus assurées et plus importantes; <<ltc ao
concilierait et ~'attacherait ponr toujours do bons esprits qui
l'abandonnent souvent pour l'avoir mat apprise, ou dont la
raison profonde et sévère ne peut se plier au joug de sa mé-
thode actneMe, au mécanisme de ses formes. Qui sait môme
jusqu'ou ces bons esprits, ces têtes naturellementsaines, for-
tifiées par une culture appropriée, par des méthodes toujours
rigoureuses,pourraient pousser à l'avenir les progrès réf!a de
la science? Tout dépend des bons principes ou des bons com-
mencements on !o dit, on le répète, on le sait, et cependant
on a fait jusqu'ici comme si on ne le savait pas. Mais ce qui
est plus important encore, c'est que l'étude de la géométrie,
dirigée par l'esprit idéologique, commencée et continuée
dans cet esprit, ne formeraitpasseulement do bons géomètres,
mais serait éminemment propre à former de bons et profonds
penseurs. Des têtes bien faites et convenablement exercées,
accoutumées a n'admettre que des idées claires et des termes
exactement déterminés, à ne se rendre qu'à l'évidence, à ne
céder qu'a la raison et jamais a aucune autre autorité,auraient
vraiment tes a~ses de laphilosophie(aMM~Mosop~M?),seraient
capables de la détendre, d'en étendre, d'en propager l'em-
pire.
On dit souvent que rien n'est plus propre que l'étudede la géo-
métrie à rectifier fesprit, à former le raisonnement, et cepen-
dant pourquoi voit-on tant do bons géomètres qui, hors de leur
science, ne sont plus que de pitoyables raisonneurs, des esprits
faibles et boiteux ? Ce n'est point aux géomètres que l'analyse
logique ni même (à quelques rares exceptions près) cet esprit
philosophique qui distinguera à jamais notre siècle, doivent
leurs progrès. Si, loin de diriger ces progrès, de marcher à la
tête, la plupart sont restés en arrière, si quelques-uns même
ont fait leurs efforts pour en ralentir ou suspendre la marche,
n'est-ce pas en grande partie àdes habitudes mécaniques et
pour ainsi dire serttiles, contractées dans l'étendue de leur
science, qu'il faut s'en prendre? n appartient à l'idéologie de
briser le joug de ces habitudes. Après avoir apporté sa mé-
thode dans les sciences math&matiqaea,diaaip& la vague et
l'obscurité <<e plusieurs de leurs principes, s'être associé à
tcars progrès, avoir rattaché ea6n à son domaine le propre
champ do l'évidence, quel triomphe pour elle d'opposer tous
ces produits communs, toutes ces forces reaaies et conspi-
rantes aux ennemis de la raison, de les on accabler

FIN
OBSERVATIONS
arn
LE SYSTÈME DU DOCTEUR CALL
(iaos)

ME8MECB8,

Il y a huit mois que l'on parlait dans toute la France du


docteur Gall et de sa doctrine nos journaux tes plus savants
commetes plus frivoles nous donnaient chaque jour un article
de craniotogie.etla place intéressante consacrée dans certains
feuilletons aux modes du jour, était remplie par un exposé
plus ou moins léger et divertissantdes leçons du docteur attc-
mand, qui était venu offrir lui-même son hypothèse comme
une mode digne d'occuper la capitale. Cette mode est passée,
et assurément,je n'ai pas l'intention de la ressusciter. Mais,
comme j'avais on l'occasion de connattre le système de Gall,
assez longtemps avant qu'il en fût questiondans les cercles de
Paris, je puis bien m'on occuper encore à ma manière après
qu'il a cessé d'être en vogue.
Les rénexions que j'oBro ici à 1& société savante que j'ai
l'honneur de présider ne sont pointparticulièrementrelatives
an système du docteur Gall elles embrassent, dans un com-
mun point de vue, toutes les hypothèses du même genre, qui
tendent à rattacherles facultés de l'intelligence à des organes
on sièges séparés dans le cerveau; elles remontent au prin-
cipe commun de ces hypothèses, en démontrent le vide
et préviennent leurs illusions. Sous ce rapport, je crois
qu'elles sont utiles, sinon comme ouvrant quelque route nou-
velle on portant la lumière dans des endroits ténébrenx, dn
moins comme faisant l'oSice de garde-fous, ou de ces pieux
placés !t Fem~a des lieux escarpés, <m sur le bord des préM-
piees, pour avertir le voyagour et l'empèoher de ae pardre
dans dos ahtmes.
Ce petit travail que le temps ne m'a. pas permis do soigner
davantage, se présentera sans doute sous dos formes trop
abstraites, trop déponitlées do ces images qui donnent de
l'intérêt et de l'attrait surtout à une looturo publiquo. Mais la
nature du sujet et ma mamere particulière de b considérer
éteignaient les ornements que l'imagination répand sur tout
ce qu'eHe saisit, mais dont la réOexion, concentrée dans aon
champ propre, redoute et fait le talisman.
Tout physiologiste qui prétend diviser ou analyser organi
quement les facultés de l'intelligence humaine,fait uno excur-
sion dans la métaphysique il prend 1& nécessairement ses
données, ses premières bases de division et son point d'appui.
Il se place donc sous la juridiction des métaphysiciens il les
reconnaît pour arbitres et renonce à être exclusivement jugé
par ses pairs. Si je profite ici des droits que me donne la
science que je cultive plus particulièrement, je ne perdrai
point de vue, messieurs, les intérêts de la nôtre. Toujours
attentif à saisir les points de contact qui nous unissent, je ne
laisserai pas échapper une occasion de me rapprocher de
vous et de prouver à une société dont la bienveillance et l'es-
time me sont si chères~ combien je suis pressé du désir et du
besoin constantde m'occuper d'elle, de lui consacrer tous les
moments que je puis dérober à mille autres travaux et de
diriger mes pensées vers l'objet important de ses études,
savoir la connaissance de l'homme intellectuel et moral, qni
n'est pas séparé de l'homme physique.
L'analyse, on la division naturelle des facultés de l'homme
comme être organisé, vivant, sensible et intelligent, fut et
sera toujours un des problèmes les plus importants etles plus
difficiles dont la philosophie ait à s'occuper.On pourrait prou-
ver aisément qna c'est à cette analyse exacte et Bien faite que
vont se rattacher les divisions encyclopédiques des sciences
et des arts, tous les objets divers d'étude on de connaissance,
kt méthodes d'éducation et d en~pignement, toMtea h's qMus.
tions particulières de psychologie, de morale et d'économie
politique, toutes les règles do l'art qui apprend aconnattre les
hommes et à les diriger, et avant tout a se connattre soi-
même pour remplir sa véritable destination, éclairer son
esprit, régler sa conduite et ses moeurs, et se rendre parlà
plus sage, meilleur et plus heureux. Plus, enenet, on médite
profondément le précepte de l'oracle MMee ? x~MMt, plus on
s'assure que tout est renfermé !a, mais ptus on a lieu aussi do
so convaincre qu'il n'ûat pas donné aux forées humaines de
remplir le précepte dans toute son étendue. Mais si!o dernier
progrès de la science consisterait à se connattre parfaite-
ment soi-même, c'est déjà une assez grande disposition à la
sagesse que de diriger un cei! attentif sur son être, sur sa
nature, son but, ses moyens, ses dispositions et ses facultés.
Homme, prends l'homme pour l'objet de ton étude, ~«~
au lieu deM<MM,voita!e seul précepte qui nous convienne,
celui aussi que cette société a choisi pour épigraphe, It n'oure
rien qui soit au-dessusde notre vo!onté constante, rien qui ne
soit propre à exciter notre émulation, à encourager nos
efforts.
La conditionpremière et essentielle à remplirpour atteindre
à la connaissance tant soit peu exacte d'un objet composé,
c'est de le diviser enparties subordonnées les unesaux autres.
Mais la division faite, chaque partie séparée peut offrir un
sujet d'étude assez vaste pour remplir et surpasser même la
capacité de l'esprit. L'homme est un être mixte, infiniment
composé, sujet multiforme, où se développent, successivement
ou à la fois, plusieurs facultés de différents ordres. Chacunde
ces ordres constitue une science particulière et si riche en
principes et en résultats, que les génies les plus étendus ne
sauraient en épuiser la fécondité. Le premier ordre qui
embrasse les facultés de l'être organisé, vivant et sentant,
appartient à la physiologie ou à la dynamique des corps
vivants. Le deuxième appartientà la psychologiequi explique
la génération des connaissances humaines, et planant sur le
vaste champ des idées, forme & elle seule la théorie de toutes
les théories. Un troisième ordre de facultés appartient à la
morale et à l'économie, sciences ou plutôt arts pratiques et
d'application qui sont à la psychologie ou a la science spécu-
lative des idées et des fonctions intellectuelles, ce que la
médecine ou l'art do guérir les maladies et de conserver la
santé est à la théorie des fonctions physiologiquesdes organes
et instruments do la vie ou do la sensibilité.
Vous voyez, messieurs, que cette division fondamentaledes
sciences ou plutôt de la science unique qui a l'homme pour
objet, se réfère à une première division calquée sur la nature
même de cet être mixte, dont l'existence se compose de tant
de phénomènes divers, qui peuvent être étudiés ainsi séparé-
ment les uns des autres, dans chacun des ordres respectifs
où l'analogie les a placés. Mais, descendant de cette première
distribution générale dans les divisions particulières et pro-
pres à chacune dos parties do la science de l'homme, nous
trouvons encore une extrême variété dans tes points de vue
relatifs au même sujet et une diversité proportionnée dans
les moyens, les procédés et le but de l'analyse, quand il s'agit
d'observer les phénomènes de différents ordres, de les classer,
d'en poser les lois, d'en assigner les causes. Nous bornant ici
aux deux sciences qui paraissent avoir entre elles un degré
d'aHinité que j'aimerai bien à reconnaître, puisqu'il forme le
principal lien qui m'unit à vous, je veux dire à la science des
fonctions organiques et à celle des sensations et des idées,
j'observerai d'abord que l'analyse physiologique des fonctions
vitales n'a, ni ne. peut avoir réellement presque rien de com-
mun dans son objet ou son but, dans ses procédés théoriques
et les résultats qu'elle se propose, avec l'analysepsychologique
des idées et opérations de l'entendementhumain. Cette diSé-
rence ou ligne de démarcation bien tranchée, que Stahl et ses
disciples ont vainement tenté d'eHacer, en. tranfportant !a
métaphysique dans la médecine, ou mettant au rang des opé-
rations du même sujet pensant les fonctions vitales de l'orga-
nisme le plus- obscur comme les actes intellectuels que la
conscience éclaire et s'approprie, cette ligne de démarcation.
dis-je, qui sépare les deux sortes d'analyse dont il s'agit, st'
fonde sur la différence et l'opposition même existante entre
deux faonitéa qui les dirigent respectivement, savoir l'imagi-
nation qui, représentant ce qui est hors do nous, s'attache
exclusivement dans la formation de ses tableaux à ce qui peut
se voir, se toucher, se décrire et la réflexion qui, se concen-
trant sur ce qui est en nous, s'attache tout entière à ces modes
les plus intimes qui n'ont point, hors de la conscience, de
signe de manifestation, ni d'objet ou d'image qui les motte
dans un relief son&iNe.
De là donc, deux analyses ou deux méthodes de division
essentiellement distinctes la première, représentativeet des-
criptive, qui est propre aux sciences anatomiquos et physio-
logiques la seconde, purement réuoxive, qui doit être exclu-
sivement employée dans la science propre des idées et des
facultés du sujet pensant.
La première travaille sur un objet naturellement composé
et qui s'offre de tui-méme aux sens externes, comme une ma-
chine dont on peut apercevoir séparément les pièces, les res-
sorts, les mouvements, le jeu et les produits la seconde
s'applique à un sujet essentiellement un et simple, qui
n'offre aucune prise aux sens extérieurs, ni aucune pat'ie
qui puisse se représenter à l'imagination. Ce sujet est une
force toute en dedans dont on ne peut que distinguer, énu-
mérer les actes ou les modes successifs, sans aucune division
possible.
L'analyse physiologique tend ainsi toujours à décom-
poser les fonctions considérées comme mouvements, et à les
localiser dans les sièges ou organes particuliers en qui et
par qui seuls elles peuvent être connues. L'analyse idéologique
ou intellectuelle ne décompose jamais à proprement parler.
Les phénomènes intérieurs a qui elle s'applique, n'ont aucune
analogie avec des mouvements conçus dans l'espace. Avec elle
tout tend essentiellement à se simplifier et s'individualiser, et
l'idée de siège, de lieu ae trouve nécessairement exclue de
toutes les notions sur qui elle peut a'exeroer, comme de tous
les résultats auxquels elle peut atteindre.
On peut donc voir déjà combien serait illusoire tout paral-
tMe entre les divisions physiologiques des fonotions vitales
ou de leurs sièges organiques et la division psychologique
des idées, ou facultés intimes du sujet pensant. Aussi, les
physiologistes qui ont hypothétiquementétabli un parallèle,
prenant l'inverse de la doctrine stahlienne, c'est-à-dire trans-
portant la physiologie dans la métaphysique, ont dénaturé le
sujet et le but de cette dernière science, l'ont entraînée dans
une fausse direction, lui ont prêté une méthode et des instru-
ments ou moyens d'analyse, qui lui sonttout à fait étrangers.
Arrêtons-nous à examiner les motifs et le fond de cotte
transformationréciproque des idées et des méthodes propres
à deux sciences faites pour s'entendre et non pour se con-
fondre. Ainsi placés dans un point de vue assez élevé au-
dessus de toutes tes hypothèses particulières, nous pourrons
juger la doctrine du docteur Gall comme toutes celles qui
ont pu lui servir de modèle, prévenir leurs écarts communs
et dissiper leurs prestiges.

1
C'est la nature même qui a fait le partage de nos sensa-
tions extérieuresen cinq classes ou espèces, relatives à autant
d'instruments ou d'organes particuliers qui les reçoivent et
les transmettent et par là aussi, elle semble bien avoir effec-
tué et préparé à l'avance la sorte de décomposition ou d'ana-
lyse physiologique qu'on peut faire d'abord des modifications
spécifiques et vraiment distinctes de notre seiMiMMtéexté-
rieure. Cette sorte d'analyse, que j'ai déjà appelée représen-
tative on objective, s'applique toute en effet au corps qui est
objet externe, par rapport au sujet individuel et un qui sent
et perçoit; elle a aussi pour fondement unique une circons-
tance palpable, matérielle, qui n'exige pas le moindre retour
rénéchi sur les modificationsmêmes inhérentes au sujet sen-
tant, modificationsqui peuventd'ailleursêtre toutes différentes
ou opposées, quoique venant par le même organe ou ayant
le même siège, suivant la nature diverse des causes externes
ou internes qui les déterminent. Cette analyse a, en un mot,
même base et aussi même certitude et même clarté que toutes
tes représentations qui ont ponr objet immédiat et actuel
rétendue, le lieu. Aussi, pour le dire en passant, voyons-nous
le chef d'une institution célèbfo en Allemagne, et dont les
effets bienfaisants sont arrivés jusqu'à nous, Pestalozzi, com-
mencer le déve!oppementdes facultés d'intuition et de raison
de l'enfance, par l'analyse descriptive de l'objet le plus près
de nous et aussi le plus intéressant à connaître le corps
humain. C'est en apprenant à distinguer et à nommer toutes
ses parties extérieures et avant tout les organes séparés des
sensations, que Pestalozzi donne à ses jeunes élevés, les pre.
mières habitudes d'analyse et d'observation qui forment le
caractère éminent de sa méthode.
Il n'y a point de doute en effet que l'espace et le lien ne
soient comme les formes naturelles de nos représentations
primitives, et que pour concevoir distinctement une idée, une
modificationquelconque, nous n'ayons besoin de la revêtir de
l'une de ces formes sensibles, de la rapporter à quelque siège,
de la localiser enfin. C'est là ce qu'on appelle concevoir par
l'imagination, et c'est à cette sorte de conception, exclusive-
ment propre à un certain ordre d'idées, que l'on a du chercher
dans tous les temps à ramener tous les systèmes de notions
intellectuelles ou réBexives qui s'éloignent le plus de cette
sphère. Puisqu'en effet, a-t-on dû dire, la nature nous offre
une divisionprécise et tranchée de notre faculté extérieure de
sentir en cinq domaines on sièges séparés, qu'y a-t-il de plus
simple et de plus convenable, ce semble, que de suivre ces
premières indications et de continuerà suivre, d'après l'ana-
logie, un plan de division semblable, en l'appliquant à un
ordro'do phénomènes où la lumière directe nous abandonne? P

puisque nous distinguons si nettement les odeurs,les saveurs,


les sons, les couleurs et les qualités tactiles, lors même qu'elles
nous affectent simultanément et qu'elles nous viennent d'un
même objet, et cela parce que nous les rapportons à autant
d'organes extérieurs qui forment comme des districts séparés
pour chaque espèce de sensations puisque d'ailleurs il n'y
a aucune difficulté pour la formation d'espèces ou classes de
ces modifications, aucune divergence dans l'acception des
signes imposés à chacune d'elles, pourquoi ne chercherions-
nous pas à étendre les avantages de cette méthode de division
naturelle à toutes les autres espèces de modes et de facultés,
soit passives de la sensibilité, soit actives de l'intelligence?P
En partant de là, et suivant l'analogie, on a pu songer
d'abord à étendre jusqu'aux sensations individuelles, la divi-
sion que la nature avait établie pour les espèces et tel a été
en effet le point de vue de Hartley et de Bonnet, qui ont
fondé toutes leurs analyses sur cette induction assez vrai-
semblable, que, comme il y a autant d'organes séparés que
d'espèces de sensations, il doit y avoir aussi dans chaque
organe commun, tel que l'odorat, la vue, etc., autant défibres
nerveuses distinctes qu'il y a d'impressions ou de sensa-
tions individuellement différentes. L'odeur de la rose, par
exemple, aurait sa fibre appropriée, distincte de celle de
l'odeur d'oeillet la couleur rouge en aurait une distincte de
la couleur verte, et ainsi, des autros. Ainsi, cet appareil
nerveux qu'on appelle l'organe commun d'un sens, se trouve-
rait composé d'une multitude indéSnie de fibres et de fibrilles,
ayant chacune une fonction particulière et différente. Mais ces
fibres s'oBrant par une de leurs extrémités à l'action des
objets ou corpuscules qui leur sont appropriés, vont aboutir
de l'autre à un point quelconque dans l'intérieur du cerveau
il faudra donc rapportera cette division cérébrale, tontes les
sensations spécinques qui nous viennentpar tel organe pa'*ti-
culier de plus, comme ces sensations extérieures, après que
leur cause a cessé d'agir, donnent lieu à une suite de phéno-
menés tout intérieurs qu on distingue sous les noms d'uMogi-
nation, de mémoire et d'associations ou combinaisons d'idées,
on sera bien fondé à rapporter aux diverses parties du cer-
veau, auxquelles ont été respectivement transmises les im-
pressions de chaque sens externe, les phénomènes subsé-
quents relatifs à la conservation, à la reproduction et compa-
raison des images qui correspondent à ces impressions. Do lù
autant de sièges attribués dans l'intérieur du cerveau aux
facultés spéciales de perception, d'imagination, de mémoire,
de jugement.
Tel est à peu près le point de vue de Hartiey dans son
explicationphysique des sens et des idées, ou dans la doctrine
des associations, qu'il fait dépendre des vibrations correspon-
dantes des fibres ou fibrilles du cerveau, à chacune desquelles
il rattache séparément une sensation et une idée particulières.
Telle est surtout la théorie de Ch. Bonnet qui nous a donné,
sous le titre d'JS~sa~NMa~~Mede ~<bMe, une analyse presque
entièrement physiologique d'instruments infiniment variés et
multipliés, auxquels il rattache les différentes idées et les
modificationsou opérations de l'âme que l'observationinté-
rieure peut découvrir, et que la science proprement dite
psychologie a pour but de distinguer,d'énuméreret de classer
sous différents titres.
On voit par là que le nombre et la diversité de sièges hypo-
thétiqnement établis par le docteur Gall, no s'approche pas à
beaucoup près d'être égal à celui qu'ont admis de la même
manière, d'autres philosophes qui ont donné cette espèce de
direction hypothétique ou symbolique, à l'analyse de nos
facultés sensitives et intellectuelles,puisque le docteur alle-
mand admet seulement autant de facultés spéciales de per-
ception, d'imagination,etc., et de sièges organiques qui leur
correspondent dans le cerveau, qu'il y a de sens externes,
tandis que les Jeux analystes que je viens de citer, admettent
autant de ces facultés spéciales et de ces sièges cérébraux
qu'il y a de fibres nerveuses correspondantes chacune à telle
impulsion ou modification particulière d'un sens. Gall n'a
dont rien innové dans ce qui tient à la distinction des facultés
spéciales et de leurs organes appropriés dans le contre céré-
bral, distinction que certains journalistes lui ont attribuée
cependant comme une grande découverte.
Mais, remontant à un autre point de vue plus générât, prix
encore dans l'imagination, quoique plus rapproché en appa-
rence de la rénexion, celui qui n'établitqu'un seul cen:re peur
tous les modes ou opérations du sujet pensant, un siège uni-
que en un mot pour une âme ou un moi unique et indivisible,
on trouve déjà de grandes divergences sur lavéritable place
ou point du cerveau réellement affecté à ce siège. Les uns,
comme Descartes, le placent dans la glande pinéale d'autres
comme La Peyronie etLancisi, l'attribuent au corps calleux
des anatomistes plus modernes, à cette espèce de collet qui
unit la moelle allongée au cervelet toutes hypothèses qui
d'abord établies, ce semble, sur certains faits physiologiques,
ont été renversées ensuite par d'autres faits d'anatomie com-
parée plus exactement observés. L'anatomie, écrivait Halles à
Charles Bonnet, dans un temps où cette sorte de recherche
était suivie avec le plus d'ardeur, est muette sur le propre
siège de l'ame. Elle n'a pas parlé plus clairement malgré les
progrès réels qu'a faits la science depuis l'époque do cet
homme d'un génie si profond, si étendu et si sage.
Sans doute la simplicité métaphysique du sujet pensant n'a
point de rapport essentiel, ni même aucune analogie avec
cette sorte de simplicité physique attribuée à tel atome, tel
point unique de la substance cérébrale qu'on,voudraitconsi-
dérer comme le siège propre de l'âme, ou comme l'organe ou
l'instrument immédiatau moyen duquel elle exerce toutes ses
opérations, perçoit, meut, juge on se ressouvient, etc. Sans
doute, les bomes plus ou moins étroites qu'on est conduit à
attribuer physiologiquement à ce siège, appelé vulgairement
settson'MHt commune, ne sauraient nous éclairer
en rien sur
la liaison de l'âme et dn cnrpft, pas plus que sur runité ou Iq
divisibilité du siège atfecté aux diverses opérations de l'en-
tendement et de la volonté. La manière dont une organisa-
tion quelconque, tonjoura conçue ou imaginéo comme éten-
due, divisible et composée, peut-être liée à un sujet pensant,
à un moi rénexif; essentiellement un et simple, sera la pierre
éternelle d'achoppement de toutes les philosophies. Si elles
tentent de Fexpliquer, c'est parce qu'elles n'ont pas su déduire
de la nature même de nos facultés, ou de nos moyens de con-
naître, le principe ou la raison de l'hétérogénéitéabsolue des
deux espèces d'idées primitives, essentiellement opposées
sous lesquelles il nous est permis de concevoir d'une partie
sujet pensant et ses opérations, d'autre part les organes ma-
tériels, leur jeu et les objets auxquels ils s'appliquent hété-
rogénéité d'idées telle qu'il demeurera toujours nécessaire-
ment entre elles une lacune impossible a remplir et une sorte
de hiatus que tous les efforts du génie ne sauraient franchir.
S'il a été impossiblejusqu'à présent désigner, même ana-
tomiquement, dans)amasseencéphalique un point où viennent
précisément converger tous les nerfs qui ont pour fonctions
reconnues de transmettre jusqu'au cerveau les impressions
diverses faites par les objets externes, un point unique eu
l'Ame, avertie de ces impressions, exerce sur elles son acti-
vité de conscience, les perçoive, les compare, les juge et les
rappelle, il n'est sûrement pas moins impossible de dire, s'il
y a réellement autant de sièges séparés que d'opérations
diverses, ni a plus forte raison d'assigner précisément ces
divers sièges dans le cerveau. Et comment saisirait-on mieux
par les disséminations hypothétiques des facultés dans divers
centres, ce qu'on n'a pu concevoir par concentration dans un
seKsoMMM unique? Comment la multiplicité des sièges serait-
elle plus aisée & prouverque l'unité de centre, comme de sujet
pensant? Assurément l'un de ces systèmes n'est pas mieux
appuyé que l'autre sur les faits anatomiques, mais la supposi-
tion d'une convergence de tous les nerfs cérébraux dans
un
point unique, regardée comme nécessaire quoique non prou-
vée par Haller et Bonnet, a l'avantage supérieur de représen-
ter à l'imagination comme indivisiblement unis dans un même
centre des modifications et actes que laréuexion conçoit sùre-
3
rement comme indivis soit ontre eux, sait par rapport au
mémo sujet pensant. Et comment d'ailleurs se faire une idée
do ces facultés spéciales et diverses qui, selon !o docteur Gall,
ne se rapportent à aucun centre ? Comment allier avec l'unité
du NM! ces actes de perceptions, de souvenirs, de jugements
représentes comme multiples, et répartis entre plusieurs divi-
sions cérébrales, sans rendez-vous commun? Et ici, en no
prenant la direction et le jeu des organes cérébraux que pour
ce qu'ils sont, c'est-à-dire pour los simples représentations
symboliques des opérations intellectuelles auxquelles on les
fait correspondre, on perd absolument do vue l'espèce d'ana-
logie qu'il pourrait y avoir entre le symbole ou le signe, et la
chose représentée ou signifiée, entre des organes séparés qui
tous sont dits percevoir, se souvenir, imaginer, juger, chacun
à leur manière, et le sens univoque, individuel et précis qu'om-
portent dans le sens intime chacun des signes que la réflexion
seule a pu attacher à nos actes intellectuels.
Remarquez aussi en premier lieu que dans les hypothèses
de Bonnet et do Hartley, quoique les diverses pa~tOKCM&s du
centre cérébral qui est le propre siège de l'âme et que Bonnet
considère comme un système nerveux en abrégé, commeune
névrotogie en miniature, quoique ces parties, dis-je, mues ou
ébranlées chacune à sa mahière par les impressions directes
des sens extérieurs qui y aboutissent, y laissent des traces,
s'y conservent et s'y combinent, et doivent sous ce rapport
être considérées comme autant d'organes distincts de percep-
tions, de souvenirs et d'images, il n'en est pas moins vrai
qu'au moyen du concours essentiel de toutes les impressions
et opérations dans le même organe central, tel qu'il est ton-
jours établi par les hypothèses dont il s'agit, il y a moins de
difficulté à concevoir comment tant de modifications ou d'im-
pressions diverses peuvent se rapporter au même sujet indi-
viduel qui sent et agit avec la con«ci«neM de M simplicité per-
manente dans la multiplicité des impressions comme de
son activité et de sa causalité unique dans la variété des
mouvements qu'il détermine et qu'il produit.
La supposition d'un centre unique pour toutes les moditica-
tious ou opérations qui ne peuvent être rapportées qu'à un
même sujet sensible et moteur, est tellement accommodée,
pour ainsi dire, au principe métaphysique do la simplicité et
identité du <M<M, tellement ap~opriée au témoignage même
du sens intime, que les esprits sages et tant soit peu difficiles
sur les inductions des faits ou la probabilité des hypothèses,
se sont toujours accordés & reléguer au rang de conjectures
dénuées de vraisemblance, et opposées même à nos connais-
sances les plus certaines, les tentatives qui ont été souvent
hasardées, avant le docteur Gall, pour disséminer ou circons-
criro dans divers sièges cérébraux pins ou moins multipliés
les organes de ces facultés métaphysiquemont distinguées
entre eties. Ainsi, lorsque Wi!Hs, prétendantassigner dans le
cerveau des domaines séparés à diverses opérations intvHec-
tuelles, loger le sens commun dans le corps eaKMc~, l'imagi-
nation dans le corps ca//eM.c, la mémoire dans la ~M~/aMce
corticale, il eut également contre lui los physiologistes et les
métaphysiciens de son temps. Les premiers purent lui
répondre comme le plus savant et le plus réservé de nos ana-
tomistes, M. Cuvier, a répondu au docteur Gall, que tant s'en
faut qu'on soit en état d'établirou de démontrerquelque rela-
tion entre les fonctions du cerveau, ou des diverses parties
dont il se compose, et les perceptions, sentiments ou actes
intellectuels et moraux, qu'on est même très éloigné de pou-
voir assigner quelque rapport certain entre la structure de ce
viscère et ses fonctions purement physiques ou organiques.
C'est que le scalpel, travaillant sur cette masse molle et put-
pense, a bien de la peine à y démêler des organes vraiment
distincts, qu'on ignore probablement l'existence do la plupart
de ces parties, et qu'un voile obscur edveloppe l'usage auquel
la nature a destiné plusieurs même de celles qu'on connaît;
que toute découverte réelle sur l'anatomie du cerveau se
borne donc à déterminer quelque circonstance nouvelle dans
les formes, les connexions et le tissu de certaines parties qui
pouvaient avoir échappé aux anatomistes précédents, et que
toutes lea fois qu'on croit aller plus loin, on ne fait qu'inter-
caler entre toi modo de structure découverte et !e9 effets con-
nus quoique hypothèse que repoussent tous les espritsraison-
nables.
Ces objections que les physiologistes auraient opposées
contre une division do sièges cérébraux, conçus & la manière
do WiUis~ et affectés à des facultés générales, toiles que la
porcoption, l'imagination, la mémoire et le jugement, s'ap-
pliquent encore avec plus de force à la division hypothétique
des organes cérébraux, considérés comme sièges des facultés
c~sM~ à la manière de Gall, c'est-à-dire, par exemple, des
facultés de percevoir, de rappeler et do comparerles couleurs,
respectivement distinctes d'autres facultés de percevoir, do
rappeler et do comparer les sons d'ou la distinction d'un
organe do la peinture, d'un organe de la musique, d'un autre
pour la mémoire dos choses, d'un quatrième pour la mémoire
des mots, etc., hypothèse dont nous avons déjà prouvé l'in-
compatibilité avec les faits du sens intime et avec la signifi-
cation vraie que la réflexion peut attacher aux termes percep-
tion, mémoire,jugement.
Remarquez, en second lieu, que l'observateur des fonctions
physiologiques n'étudieles effets et ne cherche à les rapporter
à leurs causes naturelles qu'autant qu'il considère ces effets
et ces causes comme étant d'une même nature. C'eat toujours
un mouvement réel et apparent qui est censé produit par un
autre mouvement intérieur que l'on suppose caché dans les
profondeurs de l'organisation. Ainsi, c'est le mouvement du
cœur qui produit celui de la circulation c'est la compression
lente des parois du tissu de l'estomac qui contribue à trans-
former les aliments en chyle, et ainsi de toutes les fonctions
secrétoires où les effets organiques produits sont toujours
homogènes avec leur cause réelle ou hypothétique, et sont
pris dans le même point de vue objectif, quoique, sans sortir
de cet ordre uniforme de phénomènes, on ignore le plus sou-
vent le comment de leur liaison ou production réciproque.
Mais quelle espèce de liaison, de rapport, de causalité, de
ressemblance ou d'analogie peut-on concevoir entre dos phé-
nomènes d'une nature aussi différente et pris dans de'' points
de vue aussi essentiellementopposes que le sont les fonctions
physiologiques attribuées à diverses parties de l'organe céré-
bral, le mouvement, par exempte, ou l'ébranlement rée! ou
supposé produit dans un centre du système nerveux, et telle
modificationsensible, tel acte intellectuel ou moral qui est
censé en résulter? Car si l'on prétendait ici faire un rappro-
chement contradictoire et absurde, dans l'expression m~me
qui le consacre, en comparant la pensée à une sécrétion orga-
nique, nous demanderions à voir ou à pouvoir nous repré-
senter à l'aide de quelqu'un de nos sens externes le produit
matériel d'une telle sécrétion. Qu'on nous montre comment
l'impression reçue se transforme en perception, souvenir,
image, jugement, de même qu'on nous montre phyaiologi-
quement la pâte alimentaire successivement transformée en
chyle, en sang et en diBérentes humeurs sécrétoires ou
excrétoires qui restent toujours accessibles aux sens dans
leurs diverses métamorphoses.
Aussi, et c'est là mon observation la plus importante, est-il
bien remarquable que le docteur Gall n'a pu déduire son
système craniologique de la théorie nouvelle anatomique ou
physiologique exposée dans son mémoire à l'Institut. Si le
système eut été réellement déduit de la théorie, do telle
manière qu'il eût fallu nécessairement étudier l'une pour
arriver à l'autre, il est à croire que la craniologie aurait été
moins en vogue et moins à la mode parmi notre gent spiri-
tuelle et frivole. Mais, tout au contraire, la craniologie, ou
l'art de reconnaître par certaines protubérances du crâne les
dispositions morales et les facultés de l'esprit, est tout à fait
indépendante de la théorie physiologique du même auteur,
sur les divisions et fonctions du système nerveux l'une sub-
siste sans l'autre il y a plus, c'est qu'elles paraissent oppo-
sées entra elles, comme je m'engage à le faire voir dans un
autre article.
La manière dont le docteur Gall a exposé son système dans
les cours publics, faits à Paris, et celle dont H annonce lui-
même qu'il est parvenu à FétaNir, consiste dans une sorte
d'observation purement empirique, qui ne s'étale absolument
d'aucun principe théorique ou positif. En examinantles crânes
d'une certaine quantité d'hommes doués de telles facultés ou
qualités morates, sujets à tel penchant ou telle passion, ayant
tel caractère, adonnés à tel vice, comparant ces divers crânes,
soit entre eux, soit à ceux des animaux en qui se manifestent
des facultés ou dispositions correspondantes, le docteur Gall
prétend avoir trouvé constammentque chacune de ces facultés
intellectuelles ou affectives se marquait au dehors par une
hosse ou protubérancesituée dans un point fixe et déterminé
do la surface du cr&ne. Tous les individus, hommes
ou ani-
maux, qui sont doués de la même disposition, ont une saillie
apparente dans le même endroit de la botte osseuse; tous
ceux qui n'ont pas cette faculté ou qui en ont une opposée, se
distinguent par un petit enfoncement ou aplatissement dans
la même partie du crâne. Voilà un fait qui est vrai
ou qui ne
l'est pas, un rapport d'organisation avec les facultés morales
qui est fondé sur une loi réelle et constante de la nature,
ou
qui n'est qu'une pure hypothèse basée sur quelques observa-
tions vagues, illusoires et précipitamment généralisées. C'est
l'un ou l'antre. Si le rapport dont il s'agit est réel et constant,
ou si les observations directes dont on prétend l'appuyer ont
été multipliées, assez répétées et constamment vérmées dans
un nombre indéfini de cas et de circonstances diverses, la cra-
nioïogie, l'art de connaître les hommes par l'inspection
on
l'attouchement du crâne est véritable quoique prouvée seule-
ment d'une manière empirique; e* lors même qu'il serait de
tonte impossibilité de concevoir o'< d'expliquerce rapport qui
pourrait ainsi demeurer toujours au nombre des phénomènes
occultes quant à leur cause, mais qui n'en sont pas moins
empiriquement certains. C'est ainsi que le baromètre annonce
le temps sec on pluvieux quoiqu'on ne soit pas bien fixé sar ht
cause qui le fait monter ou descendre. Ainsi l'apparition de
Sirius annonce à l'antique Égypte, depuis des millions de
siècles, les inondations fécondantes du fleuve qui arrose.
quoiqu'on n'ait connu que de nos jours la cause de ces débor-
dementapériodiques.
L'astronomie, science si certaine et si exacte aujourd'hui,
n'a guère été, depuis les Chatdéens jusqu'au xvt' siècle, qu'un
recueil d'observations empiriques et de rapporta vraiment
occultes. Plusieurs branches de la physique ne nous olfrent
encore même rien de plus. Que dirons-nous, messieurs, de
l'art si beau et si utile que vous professez? et quoique vous
soyez initiés dans les plus profonds secrets de sa théorie, en
combien d'occasions n'ètes-vous pas obligés, par la nature
m~mo des choses, do vous laisser aller à un véritante empi-
risme, qui, pour n'être pas raisonné, n'en est peut-être que
plus sur? Il n'y a qu'à connattre un peu les fondements do la
séméiotique et de la thérapeutique,deux principalesbranches
de votre art, pour sentir la vérité de cette remarque. Comme,
en effet, en Usant les signes actuels ou~précurseurs do cer-
taines maladies dans tels caractères de la physionomie, tello
couleur ou forme des traits du visage, telle habitude du corps,
vous prononcez avec assurance sur l'invasion ou les suites
prochaines de la maladie, et déterminez le remède préservatif
ou caratif, sans pouvoir dire ni avoir besoin de connaître
l'espèce de rapport qu'il peut y avoir entre telles apparences
extérieures du. corps et tels désordres cachés des organes
internes de même, si une expérience aussi constante, ou
également fondée sur une loi de la nature qui nous dérobe ses
moyens et ne nous montre que des résultats, avait sanctionné
le prétendu rapport découvert par le docteur Gall entre telle
protubérance craniologiqne et la disposition secrète de l'esprit
ou du cœur dont elle est le signe, on pourraitparvenir à lire
ces dispositions dans leurs signes apparents, institués par la
nature même, sans qu'il fût besoin d'autre explication ni
théorie scientifique pour motiverleur confiance.
tt Mt vrai que le docteur allemand a ainsi d'abord naïve-
vement présenté au public français le fondementde son hypo-
thèse, comme offrant une suite de moyens pratiques ou sym-
boliques de parvenir à connaître à l'aide des protubérances
les secrets de l'esprit et du cœur, du tempérament et du carac-
tère. Mais il ne s'en est pas tenu strictementà cette vue expé-
rimentale tes justes prétentions qu'il peut avoir au titre de
novateur éclairé dans les sciences anatomiques et physiolo-
giques ne lui permettaient pas tant de réserve et de modestie
en présence dut monde savantoù il savaitqu'il aurait des juges.
Entre telles protubérances extérieures, marquées sur la
botte osseuse du crâne, et la disposition intellectuelle et
morale qu'elle annonce, ou entre le signe et la chose signi-
liée, it y a une suite d'intermédiaires, ou nn enchainement
d'enets et de causes qu'une méthode empirique at le senti-
ment d'une ignorance invincible ne tenteraient pas même de
démêler, mais que le dogmatisme de la science ne permet pas
de laisser à l'écart. La conformation générale et extérieure
dn crâne étant absolument calquée sur la ngnre externe de la
masse cérébrale pulpeuse, qui y est logée comme dans une
boite, tous les détails de forme ou de figure de la substance
contenue doivent correspondreexactement à ceux de la botte
contenant. Autant il y a donc da petites bosses solides, mar-
quées sur le crâne, autant il y a de petits appendices ou de
saillies répanduessur la surface hémisphérique du cerveau, et
auxquels ces petites bosses servent d'étuis. C'est ainsi que la
substance molle et organisée des coraux, des madrépores et
des polypes est logée dans ces ramifications solides et écail-
leuses qui nous représentent le zoophyte sous l'apparence
d'une véritable végétation. Mais, pour suivre cette dernière
comparaison qci me parait exprimer assez bien le point de
vue du docteur Gall, comme chaque bras du polype ou chaque
branche du polypier total est une petite machine organisée,
complète, qui, étant séparée ou détachée de la souche com-
mune, vit ou fonctionne à part, croit, se nourrit, se pro-
page, etc.~ de même chacune des petites protubérances céré-
brales dont la place est marquée par la bosse dtt crâne qui lui
sertd'étui, est un organe particulier, qui fonctionne à sa ma-
nière, donne lieu à une certaine espèce de modifications
ou
d'opérations spéciales del'être sensible et intelligent. Cettes i
peuvent donc être étudiées, observées dans l'exercice préd«.
minant de leur organe, séparément des produits ou opérations
spéoiNques de tous les autres organes qui ont aussi leurs pro-
tubérances distinctes. On voit ici comment !e docteur Gall,
conduit par une première analogie fondée sur la distinction
et séparation des cinq organes de nos sens externes, a pu
d'abord former le projetd'établir une division semblable entre
les facultés intellectuelles ou morales qui se rapportent origi-
nairement à leur exercice, comment en s'emparant des titres
nominaux de perception, mémoire, imagination, jugement,
passion, etc., sans en scruter la valeur, sans constater par
l'emploi du véritable criterium, !e nombre précis des modifi-
cations ou des facultés réeUementdistinctes, il a cru pouvoir
ainsi e.r abruptoassigner dans teHe ou telle protubérance un
siège réel distinct et séparé à chacune de ces facultés nomi-
nales dont un signe abstrait ou conventionnel forme le plus
souvent toute l'essence. On conçoit aussi comment il a pu ral-
lier ainsi son système de division ou de dissémination des
facultés intellectuelles et affectives dans divers sièges céré-
braux à sa doctrine scientifique des divisions et fonctions du
système nerveux,ou comment peut-être, en fondant cette der-
nière, il songeait déjà à l'hypothèse craniologique qui devait
s'y raccorder. Telle est du moins l'idée qui se présente quand
on lit attentivementl'exposé,fait à l'Institut par M. Cuvier, de
la théorie anatomiqueet physiologique du docteur Gall sur le
système nerveux et le cerveau.
Sans entrer ici sur cette théorie dans des détails qui seront
mieux placés ailleurs, je crois qu'il serait aisé d'indiquer et de
suivre le fil continu des idées systématiques du docteur alle-
mand, depuis l'origine de ses recherches savantes sur l'ana-
tomie des nerfs et du cerveau, jusqu'à ce résultat pratique
auquel il parait tendre comme au principal mobile de l'intérêt
général et de la curiosité que peut inspirer sa doctrine, à part
toute spéculation scientifique, et, par suite, comme au moyen
le plus sur de la populariser.
Mais, considérée sous ce dernier rapport parement empi-
rique, ou comme offrant une espèce particulière de signes
extérieurs propres à distinguer et reconnaître les facultés
diverses, ou les modifications variées de la sensibilité et de
l'intelligence humaines, l'hypothèse du docteur Gall est loin
de pouvoir passer pour nouvelle, et, dans ce point de vue par-
ticulier comme dans ceux sous lesquels nous l'avons précé-
demmentenvisagée,noustrouvons plusieurs autres hypothèses
de la même espèce dont il est intéressant de la rapprocher.
Et d'abord, tout ie monde connaît !e système physiogno-
monique du fameux Lavater qui n'emploie pas, it est vrai,
les protubérances du crâne comme moyens de connaître les
facultés de l'esprit et du cœur, mais qui voulut faire servir à
cette connaissance tous les signes qu'il est possible de tirer
de la conformation et de l'expression des traits du visage,
considérés séparément et un à un, ou dans leur ensemble en
quoi il établit une suite de rapports vagues, mystérieux et
tout à fait occultes, étrangers aussi à toute théorie physiolo-
gique, mais auxquels il ne manque, comme à ceux du docteur
moderne, que d'être sanctionnés par une expérience générale,
constante et irrécusable,pour être aussi empiriquement prou-
vées. D n'est pas probable, en effet, qu'on démontre jamais
d'une autre manière l'espèce de liaison qu'il peut y avoir
entre telle conformité du nez, de la bouche, etc., et telle
faculté de l'âme, pas plus qu'avec la science réunie de tous
les docteurs allemands, on n'expliquerajamais le rapport qui
peut exister entre les mêmes facultés et les protubérances qui
leur correspondent, si jamais un rapport de cette ebpèce a
présenté les caractères de généralité et de nxité qui peuvent
motiver une confiance raisonnable dans les choses qui sont
uniquement du ressort de l'empirisme et non pas de celui de la
science. C'est le rapport ou la proportion de grandeur que
Camper a saisi et révélé le premier, «n comparant le cerveau de
l'homme à celui des diverses espèces d'animaux, où Fan voit
successivement l'industriedécroîtrcà mesure que l'angle facial
devient aigu, et que par suite la cavité cérébrale se rétrécit.
L'angle facial est, comme on sait, formé par deux lignes tirées,
l'uue de l'extrémité supérieure du front jusqu'à la mâchoire
inférieure, l'autre du coin de l'oreillejusqu'à cette môme mâ-
choire. Voilà un terme de rapport constant et Sxe. Il est sus-
ceptible d'être apprécié, avec une exactitudesuffisante, parles
lumière directes de l'anatomie comparée, et par l'observation
des mœurs, on de l'industrie, des dinerentes classes d'ani-
maux depuis l'huître et les poissons jusqu'à l'homme. On peut
encorele vériner par les comparaisons faites entretes hommes
te plus inégalementdoués des facultés de l'esprit, oa le rétré.
cissement de la cavité cérébrale et te degré d'ouvertuto de
t'angte facial offrent aussi les différences tes plus notables.
Ici le signe physiognomonique a, pour ainsi dire, une grande
étendne d'acception; it repose sur une base large, sur une
division bien tranchée et facile à saisir comme à vérifier; car
si l'on ne s'entend ni sur le nombre ni sur la nomenclature
des diverses henités de l'esprit, des sentiments de l'Ame, des
modifications ou nuances de caractère qui donnent lieu à
telles passions, à telles dispositions morales, à telles habi-
tudes soit vertueuses soit vicieuses; s'il entre enfin beaucoup
d'arbitraire dans ces classifications artificielles, beaucoup de
vague dans le langage qui sy rapporte si enfin la plupart
des facultés nominales ne sont que des abstractions de l'es-
prit, de purs êtres de raison qui, sons ce rapport, ne peuvent
évidemment être localisés dans un siège cérébral réei, il n'en
est pas de même lorsqu'on cherche seulement a établirun rap-
port général entre tel signe constant pris dans l'organisation
et le degré déraison,d'esprit ou d'intelligence attribué à divers
hommes, comme les degrés d'industrie attribués à diverses
espèces d'animaux. Ici tout le monde s'entend, parce qu'on a
la latitude nécessaire pour comparer et juger. Là,
au con-
traire, dans l'hypothèse de Gall, les comparaisons reposent
sur des points exigus, sujets à discussion, à exception, à
mille incertitudes, dans les signes et dans leurs applications
variées.
Disons donc que Camper parait avoir trouvé la véritaMe
craniologie, le vrai signe naturel qui peut nous conduire
empiriquement de la conformation générale du cerveau aux
degrés d'intelligence qui peuvent s'y rapporter. En décompo-
sant ce rapport général, ou fractionnant les signes matériels
de l'intelligence, pour en rattacher un particulier à chaque
faculté spéciale, -le docteur Gall s'est perdu dans un dédale
de subdivisions contrairesaux lois de la psychologie, et que la
physiologie même "st loin de pouvoir avouer.Il n'a pas craint
de risquer le sort de son hypothèse,en rappliquant à une mul-
titude de faits, de détails, qui sont comme les pierres de
touche et presque toujours les pierres d'achoppementdes sys-
tèmes et la craniologie ne pourrait résister à cette épreuve.
Mais son exemple vient à l'appui d'une vérité bien justinée
par l'histoire de la philosophie et les révolutions des opinions
humaines, c'est que les systèmes les plus absurdes doivent
leur origine à l'abus de quelques observations incontestables,
et que les erreurs les plus grossières sont le résultat de cer-
taines vérités auxquelles on donne une extension forcée, ou
dont on fait une mauvaise application.
Sans doute, s'il était donné a l'homme de soulever un coin
du voile qui couvre la partie la plus noble de son être, ce serait
dans des comparaisons prises des points extrêmes de l'échelle
ou sont répartis les divers degrés de sensibilité et d'intelli-
gence ce serait surtout dans ces anomalies, ou dans ces
grandes aberrations de la nature sentante et intelligente que
nous pourrions, ce semble, nous attendre à trouver quelque
lumière car rien ne nous éclaire comme les contrastes, et,
c'est dans ces écarts et ces digressions,hors de l'état ordinaire
et habituel, que la nature nous révèle ses secrets, nous excite
à l'étudier et nous apprend à la connattre. Aussi les signes
indicateursd'une division ou d'une séparationréelle des sièges
cérébrauxaSectés à des facultés diverses, ont-ils paru à cer-
tains philosophes, même très judicieux et très circonspects
dans leurs assertions,pouvoir être induits avec un assez haut
degré de certitude, de ces états de délire, de manie et de vésa-
nies partielles où l'on a cru s'apercevoir que certaines facultés,
désignées sous tel titre nominal et conventionnel, étaient
absolument oblitérées, pendant .que d'autres facultés, distin-
guées de la même manière, continuaient à s'exercer et sem-
blaient prendre même un surcroit d'énergie.Le savant et sage
Pinel conclut de plusieurs cas semblables, qu'il a été à portée
d'observer, que cet être abstrait et complexe, appelé entende-
ment dans la langue psychologique, est réellement multiple,
divisible et actuellement divisé en diverses facultés, telles
qu'attention, mémoire, imagination,jugement, affectées cha.
cune à un siège particulier, ou à une division cérébrale dont,
à la vérité, moins hardi que le docteur Gall, il ne se permet
pas d'assigner la place. Le môme auteur reproduit une asser-
tion semblable dans sa nosographie philosophique où, parlant
encore des vésanies, il dit que l'action nerveuse n'a point un
centre unique dans le cerveau, mais qu'il y a divers départe-
ments ou une môme cause irritante peut porter séparément
atteinte à diverses fonctions, altérer ou abolir tour à tour, et
encore séparément, tantôt les fonctions des sons et des mou-
vements volontaires, tantôt telles autres fonctions organiques
ou vitales, etc.
Je ferai quelques observations sur ces faits émanés d'une
autorité infiniment respectable, et mes remarques s'applique-
ront à plus forte raison à l'hypothèse de Gall.
1° On peut bien admettre la dernière assertion, relative aux
divers effets produits par une même cause irritante qui, se por-
tant tour à tour sur duférents points cérébraux, altère séparé-
ment les fonctions sensitives ou organiques qui y ont respec-
tivement leur siège ou leur foyer mais ce fait, bien vériSé et
constaté qu'il soit, ne peut prouver autre chose qu'une division
ou séparation réelle de fonctions physiologiques, et on ne peut
en tirer aucune induction légitime pour une autre division,
supposée parallèle, des facultés ou opérations de conscience,
qui tiennent à la même âme, au même moi indivisible, dont
les modifications et les actes divers ne peuvent être ainsi
conçus par représentation ni par dissémination dans des
sièges cérébraux particuliers.
Cor.Mn<t 'ntu'<)MM Illisibilité partielle
Mf~<~tacL«

Valable pour tout ou partie


du document reproduit
7'
8° Avant d'aMrmeF que tel maniaque ou aM6n6 ex<r<'e
aotufitetupat une faculté partiette, telle que l'attention au la
contemptation, pendant quo d'antres ttpératiuttaiatettectuettea,
comme le jugement ou la mémoire demeurent sans exereioa,
à cause d'une attération ou lésion organique de lour siège, il
faudrait bien fixer d'abord le sens psychologique qu'il est por-
<M!a d'attacher a ces termes tacMM ou opération intellectuelle
d'attention ou do jugement, été., commo au aigne complexe,
général, <'H~<'M<~MtCM<; car le sens propre et r~a! de tels term«a
ao r~Mrant toujours n<ieessairet)Mntà la eenoapt!on réttpsivo
d'un sujet individuelou d'un moi, qui exerce avec coMMtOMCM
l'acte désigne par cela môme sous le titre d'intellectuel, il
impliquo contradiction d'attribuer une faculté ou une action
quelconque de cette espèce à rôtre qui, poursuivi ut absolu-
ment domine par qoe!quoafantômes, se trouve dénué de ta
première condition essentielle de l'intelligonce, savoir du
<'a?MMMM ou du oMMjM~Mt. Ainsi tes termes tols qu'attention,
contemplation ne pourraientdonc trouver'abseiumontaucune
application dans les cas cités et comment aller chercher tes
signes et tes caractères propres d'une division des phéno-
mènes, ou actes intellectuels, dans l'état qui exclut précisé-
ment la condition fondamentale et vraiment caractéristique
de l'intelligenceet de la pensée ?
3* On voit que ladivision de cet être abstrait qu'on nomme
~eH~eMMMt, pour nous servir de l'expression de M. Pinel,
en plusieurs facultés distinctes, rattachées aux divers sièges
cérébraux, se réfère à un système idéologique particulier, ou
à une classificationarbitraire des phénomènes de la sensibilité
et de l'intelligence classificationdont on ne peut s'empêcher
de discuter les bases, pour entreprendre de tes raccorder avec
tes phénomènes physiologiques, dont la division est conçue
sur nn autre plan et dans un autre point de vue. Par exempte,
M. Pinel n'a pu transporter à l'état d'aliénationmentale, par-
tielle ou complète, que tes signes convcntMMMMts de certaines
facultés nominales, prises, pour ainsi dire, en dedans de la
sensation, qui est dite se transformer pour tes produire, tan-
dia que, daus une acMpt!onplus vrai«, tes taenu~s ou aet~
intt'MMMta sont des phénombn~s Mypofxcntihh'x, qui sont
en dehors de toute aeaaation, auparit'ura & elle commp FoM'
vrier oat supérieur & la matière qu'H empïoie. En un mot, te~
divisions hypothétiques de M. Pinol, et plus encore celle du
docteur Gall, ne peuvent so conciHcrqu'avec te syatbme M<io-
logique de Cond!t)ao, toi que ce métaphysicien ra M ingcnieu-
sement déduit du la SMppttitition d une atatMa )Mum<i« d<'Ht il
OMvra successivement les sens. Mais, avant do partir da pt)
sysMtmo, ou avant d'adopter !e8 dëHnitiona, etaaaiMeatieMs t!t
divisions qui s'y rattachent, ao faMait H paa cxanMtter si ~s
facultés attribuées au fantômehypothétiquede Condittac, a(Mtt
précisémont égales ou idontiquos en nature, en ospbce on an
nombre à colles dont l'homme SMMt peut reconnaîtreen lui h!
modblo intérieur, ot acquérir los Mena vraies par une ret!esi«n
eonceatf&o sur les propres actes de sa sensibilité et de sa
pensée.
Rien ne peut donc dispenser de recourir d'abord à cette
analyse première du sons intime, qui seul nous apprend &
connattre ce que nous sommes et ce que nous faisons et sen-
tons et c'est dans cette source quo doivent être puisés tes
signes propres et véritables d'une division dos phénomènes
intettoctuots. Mais cette analyse fondamontate pourrait être
établie d'abord indépendamment de toute considération phy-
siologique sur tes instruments unis ou séparés au moyen des-
quels nos diverses facultés s'exercent. Si on vient ensuite à
rapprocherces deux sortes de divisions, et à employer cette-
ci comme preuve ou terme d'explication do celle-là, on ne
pourra que tomberdans une sorte de cercle vicieux et arriver
à l'une des alternativessuivantes ou !a division des phéno-
mènes intelleotuels est déjà conSrmée, en effet, et complète-
ment vériHée par son critère approprié, la réMexion et !e sens
intime, ou bien elle n'est qu'arbitraire, conventionnelle et
provisoire.
DaMa htpn!mlefe<ta, la diversité utténearement prouvée
des sièges organiques auxquels on pourrait rapporter, chacune
à chacun, tea faeuttéa psychotogiquemfnt distincte, n'ajou-
tfrait rion & ta r<tat:M et & la v~rito du cattc diatiaetten priaea la
véritaMt) aoMMe; CM y gagnemit aoutcMMnt du pouvoir
étahtip tan
établir MM parallélisme
parattétisme et unun accord satisfaisant entre
entre deux
deux
sortes des connaissances qui M doivent jamah être confon.
daaa, aavo!r: taoonnaisatmM o!~eot!vedea moyens ou !ns-
trttmenta organiquespar lesquels nos facultés :ntaHectMcnoa
peuvent s'excMef, et la connaMaaRco iat<SneM)re ou têNe~'e
de cet oxcrcico ou de aoa r~outtata positifs.
Oana 10 aecond eaa, celui où la division dos phaaomtmes
iMietteetuetit n'étant pas encoM aff~tëe et Cs.<e sur uno baae
réelle et naturelle ae réduirait à uao etasaMoation arbitraire,
la division psychotogiquo dont il s'agit pourrait fournir, il est
vrai, des signes naturels a cette première ctaaaiBc~ioa~ctai-
ref t'aoatyeo philosophique, fectMer et préciser la nomencla-
ture, en tMaiaant le nombre des facultés et celui de leurs
titras nominaux au nombre précis do sièges organiques réelle-
ment distincts, comme cela a lieu pour les sens externes et
los cinq classes de modifications sensibles qui s'y
rapportent.
Mais it faudrait alors que la division physiologique fût
établie sur des faits positifs de cet ordre, et indépendamment
des données conventionnelles empruntées de la métaphysique
et de la logique; au lieu que ce sont au contraire ces données
arbitraires, tettes, par exempte, que la division généralement
admise par los métaphysiciens en entendement et volonté,
puis tes subdivisions de l'entendementétendues
par tes uns,
abrégées par tes autres, en perception, attention, mémoire,
imagination, comparaison, jugement, raisonnement, etc.;
ce
sont, dis-je, de telles classifications, aveuglément admises
tes physiologistes, qui leur servent de point de départ, quandpar
il s'agit de résoudre ta question de savoir si tes acuités intel-
lectuelles ont différents sièges dans le cerveau. D'où il suit
que si t'idéotogiste ou le logicien dont on adopte le système a
été déterminé, dans certaines vues systématiques, à multiplier
ses signes de divisions arbitraire, le physiologiste croira avoir
occasion de chercher et se croira peut-être suffisamment
au-
<w!t<o& aaaignwdtMM qut'tque divioi~n cérébrale tf si~' H~t!f
de la noMVcMe modiMcatian tnteMcatncttc, ou facntté pté-
tenduc étëmeataite. Ainsi, sans doute, M ta docteur Gatt eat
été conduit d'avanco à adopter le système métaphysiquo de
son compatriote Kant, le nouveau chef de t'écote attemand<
il out porté lu nombre des organe cérébraux. a Fégat de cutte
multitudo d*< formes 8ens!h!cs et pn~a, do <M~«wf!, dent to
métaphysicien a surchargé aa namenctatMreet hënsitô sa dnc-
triuo enttqao. Mais on voit Menatoftt <jjHp t'hypot~ao physw-
!og!qMe ainsi ent~e sur !'hypoth~se métaphysique d'un autre
ordre, ne contribuerait pas beaucoup a éclairer l'analyse de
aoa facultés, ni a éteadM le champ de la science. Na semble.
rait-il pas, en effet, que la nature, simple dans ses moyens
comme dans son but, a du proportionner la division des
organes cérébraux à la multiplicité et à la variété des nuances
et des distinctions artineieMes, qu'il a plu & certains philo-
sophes d'établir dans leur langage conventionnel, en consi-
dérant un sujet identique sous diuérents points do vue
abstraits, ou une même disposition de l'esprit et du c'cur par
rapport & tels résultats extérieurs, telles conséquences for-
tuites auxquelles l'ordre éventuel des sociétés a pu seul don-
ner une valeur et faire attacher de l'importance? N'est-ce pas,
par exemple, une disposition toute artiueicHe que cette
coquetterie qui ne natt dans la femme qu'an moment où elle
tend à échapper & sa distinction naturelle, à changer l'ordre
de l'attaque et de !h défense, & feindre la résistance quand
elle aspire Ma défaite, et l'intention de se rendre quand elle
en est le plus éloignée ? Pourquoi donc accuserait-onla nature
d'avoir fait à certaines femmes une nécessité de cet artiBce
en leur donnant l'organe de la coquetterie ? et comment ce
prétendu organe se trouverait-il distinct de celui de la ruse,
do celui de la vanité, de celui de l'orgueil, car il y a aussi des
organespour toutes ces dispositions qui ont cependant tant do
rapports entre eues, qui ne sont guère que des nuances ou
des empreintes d'un même type fondamental? L'organe de
la coquetterie se trouve-t-il donc aussi chez les femmes des
4
Murons, des Iroquois, ut dea Mottentoto ? L'organe du vol
cxiatait'it chex les Spartiates, qui ne connaissaient point la
propriété ni la différence du liun et du mien? Est-co donc
enfin que la nature a du varier los formes du cerveau et tes
pro)Mb6Fanc<}8 du erAno suivant les HXBMM et les
usages des
dHMfenta peuplos, suivant los dogr~ de civilisation, les
conventions et tes toM do la aoo!6M?
Ceci nous donne lieu de répondre à un argument dont te
doetcMrGatt prétend tirer grand parti pour appuyer sa division
des organes cérébraux. Lof animaux, dit-it, ont te', mêmes
organes que nous relativement aux sensations extérieures. La
plupart même d'entre eux ont quelqu'un de ces organes
ptus fiu et plus detie que nous, pourquoi donc n'ont-ils pas
les mémos facultés intetiootuettes ou morales, si ce n'ost parce
qu'il y a dans l'intérieur du cerveau des organes particuliers
que nous avont et dont ils sont dénues? Cet argument, très
fondé en tant qu'on t'emptoio comme preuve de fait et pour
établir un rapport générat têt que celui que Camper a fondé
sur l'ouverture de l'anglo facial et le rétrécissement do la ca-
vité cérébrale, cet argument, dis-je, ne prouve rien en faveur
de la division hypothétique de Gall, et peut même être
retorqué avantageusement contre son système. On pourrait
lui dire on effet l'hommo ayant plusieurs facultés que l'ani-
mal n'a pas, it s'ensuit, selon vous, que l'organisation com-
mune du cerveau humain doit comprendre diverses parties
qui sont étrangères au cerveau de t'animât, mais tes hommes
de tous tes pays et de tous les siectes doivent et ont d& avoir
ces organesdont vous parlez, et bien certainement le même
homme tes a en tout temps; pourquoidonc y a-t-it une si pro-
digieuse dinérence entre tes individus de notre espèce qui
sont soumis à des circonstances accidentelles diverses de sol,
de climat, d'institutions? Commentse fait-il surtout, si la supé-
riorité des facultés tient uniquement à la multiplicité des
organes ccrôhïaox, que tel homme tronva si dinérent de
lui-même, suivant les climats, les saisons, la température?
Mais pourquoi, messieurs, m'arréterais-je à combattre ici
la nouvollo hypothèse du doctenr allemand, on la pronunt
dan~ ces détails aingHiiora, qui pat d6}h donne dos prises M
faciles à la critique, tant prêté à rire aux esprits frivoles et
fourni aux singes do la littérature une si holto occasion do
mordrejusqu'au sang, en ayant l'air do aojouer? J'aurais pu
trouver aussi dans la craa!etegia des at~cts de mégaytr aveo
vous j*a! cru qu'il convenait mieux a une assemblée aussi
grave d'y chercher do nouveaux moyens de s'instrmre et de
so prémunircontre l'illusion commune à tOMtes 108 hypothèses
du mémo genre. J'ai cherché à creaaof jua~aMs racines do
l'arbre, ia!aaant a d'autres le soin decoMr!raMXbranches. J'a!
voulu montrer que toute division physiologiquo de a!eges
eerehraux, auxquels on prétendrait rapporter tes facultés
diverses, par analogie avec les organes séparés re!at!fs aux
sensations extérieures, ne pout être fondée que sur une
espèce de rapport occulte et purement empirique, étranger
aux théories, & toute observation anatomique directe, comme
aux inductions tégitimes et sages qui peuvent s'en tirer. A
cette occasion, j'ai fait voir que la craniologie du docteur
Gali était tout & fait indépendante de son exposition anato-
mique et physiologique des fonctions des nerfs et du cerveau.
Je me .snis attaché & prouver que la mattipticité dos sièges
attribués à des actes intellectuels qui tiennent au Mot, ou &
l'unité essentielle du sujet pensant, par confusion avec des
impressions purement sensitives et passives, qui n'ont point
la même relation essentielle avec cette unité de principe,
était absolument contraire aux premièreslois de la psycho-
logie et aux vérités immédiates du sens intime. J'ai démontré
que toute division de. sièges cérébraux, anectés à diverses
facultés, supposait une division antérieure, et psychologique-
ment étabiie, de ces mêmes facuttés et quo la division des
sièges, an lieu do servir à donnerà la division psychologique
une base plus solide, en la calquant sur la nature organique,
tendait au contraire à plier cette uature même à des systèmes
logiques, à des dassincations arbitraires et conventionnelles.
J'ai conclu de là qu'un pareil abus, étant inhérent à toutes
loa hypothèses de t'espace de ~alte qu'a reproduite te docteur
Ga!t, devait éloignerles bons esprits do cas p~atigas, et les
empêcher de se livrer à des recherches qui ont été et qui seront
éternellement sans succès, comme il est démontré par l'expé-
rience do tous ceux qui, depuis Démocrite jusqu'au docteurr
Gall, ont étudié, disséqué et morcelé le cerveau de toutes
les tnan!eraa, daca !e vain espoir d'y trouver le siège de r&Me
et les instruments immédiats do ses opérations.
Je n'ai pas cru devoir séparer, daaa t'ordM des idées que jo
viens d'exposer d'une manière généralo, ce qui a rapport à la
division organiquo du système intellootuol proprement dit de
co qui se rapporte à des facultés d'un autre ordre. Comme on
convient 'genératement que !o cerveau est l'organe ou l'ins-
trument essentiot de l'intelligened, quoi qu'on soit loin do
s'accorder sur la manière dont cet organe fonctionne dans les
opérations de la sensibilité et do la ponsée, et qu'il n'y ait &
cet égard, comme nous l'avons assez vu, que des conjectures
ou dos hypothèses peu propres à satisfaire les esprits sages, !e
physiologiste pourtant qui prétend avoir découvertquels sont
dans le cerveau tes sièges ou les instruments propres des
facuttés de l'ordre intellectuel, tels que la perception, le juge-
ment, la mémoire, ne parait pas du moins choquer le bon sens
ni se mettre en lutte avec l'opinion commune, il n'en est pas
de même pour ce qui a rapport aux facultés alfectives,telles que
les déterminationsde l'instinct,les appétits, les penchants en
général,les affectionsde l'être purement sensitif, commeaussi
les passions développées,les inclinations et les sentimentsde
l'être moral. Ici on est loin de convenir généralement que les
organes divers de ces affections et passions soient concentrés
dans le cerveau et exclusivement rattachés à des divisions
partielles de ce siège de l'intelligence.
L'opinion dos philosophes, depuis l'antiquité jusqu'à nos
joaM, appuyée, ce semble, du propre témoi~na~e du sens
intime, a placé dana des organes précordiaux ou dans ceux
de la vie intérieure qui sont les plus éloignés et paraissentles
plus indépendants du cerveau, les sièges de nos plus vives
émotions. do nos passions les plus entratnantes; et quand te
docteur GaM ~Yo h voix centra ces autorisa, il !n: faudrait
pour tes combattra des annea plus pniaaantca, des preuves
autrement fortea quo celles qu'on trouve dans son hypothèse
craniologique.
loi surtout, it parait bien que toutes tes assertions dogma-
tiques du docteur Gall aur tes sibges cérébraux attribués
faoultés affectives, aux passions. aux
comme aux facultés intellec-
tueMes, ont été etabHca,
non d'après tes faita, mais unique.
ment en vue de parvenirà un résultat pratique, arrêta d'avance
powébtoniretentrainer la multitude eMnonse. Il faut, da
a
M dire le docteur en commençant, que je mette tout !'homme
intérieur en une sorte do reliof, toi qu'on puisse !e
conaattre
d'abord à l'inspection ou a l'attouchementdes bosses du
crâne.
Mais la pensée et l'intelligence
ne sont pas tout l'homme, et
quoique ce soit la portion la ptus noble de
son être, ce n'est
pas celle qui offre le plus d'intérêt, ni qu'il importe le plus de
connattro pour les usages pratiques de la vie sociale. L'homme
agit et influe sur ses semblables, sur la société entière,
par
ses passions et ses affections, qui tiennent à son caractère ou
à son tempérament. Ces passions ont sans doute leurs signes
naturels de manifestation extérieure et leur caractère physio-
gnomonique mais ces caractères sont variables, mobiles
et
fugitifs comme les auections même qu'ils dénotent. Il s'agit
de les rattacher à des signes fixes et permanents
or, rien en
cBet, de plus fixe et de plus solide que les protubérancesdu
crâne. Il faut donc absolument trouverdes protubérances
les passions. Mais, d'un autre côté, les bosses solides pour
ne sont
que les envèloppes des organes cérébraux qui font saittie en
dessous. It y aura donc, dans le cerveau,
par une suite néces-
saire, des organes aSëctés aux passions; et il faut
que cela
soit ainsi pour compléter~hypothèse, en dépit des observations
physiologiques et même de la nouvette manière de voir de
l'auteur sur les fonctions du système nerveux et du
cerveau,
en dépit surtout des preuves coMh<m~ t:r&M du sens intime.
C'est ici le coté le plus faible du système craniologique et
d'aptes tout ep qui pF~aedc, je epoiraia inutile da m'y aN~ep,
ai jo n'y tpauvaia t'ceeaaioo de faire qMc!qufs autws pappKt-
chementa int6res9Mtta et do préciser quelques idées encore
vagues, mente chez nos meilleurs physiologistes, sur ce qui
tient aux passions anaux diverses facultés affeotives, coMme
à tenfa siégea.

Il
eES at~asa XES pAsatONa DANS tt eo<~aMB Du aAU. eoMPAB~E
A CEUE DE BMaM

Nous connaissons très bien la nouvellethéorie anatomique


et physiologique du docteur Gallsurles fonctions des nerfs et
du cerveau et dire que nous en tenonsl'exposéde M. Cuvier,
c'est bien annoncer que cet exposé a toute l'étendue, la pré-
cision et l'exactitude désirables. Mais ce savant naturaliste
s'adressant à la classe de l'Institut qui s'occupeexclusivement
de sciences exactes et do faits positifs, s'est imposé dans son
rapport sur la nouvelle théorie des fonctions du système ner-
veux et du cerveau, l'obligationstricte de mettre à l'écart tout
ce qui était relatif à 1 hypothèse craniologique. D'un autre
coté, divers journaux nous ont offert, dans les premiers mois
de cette année, des extraits assez étendus et assez complets
des leçons du cours public fait à Paris par le docteur, pour
que nous ayons pu acquérir une idée assez exacte de cette
hypothèse mais les rédacteurs de ces journaux, étant pour la
plupart étrangersaux sciencesanatomiques et physiologiques,
ont dû laisser absolument de coté tout ce qui, dans les leçons
publiques, pouvait se rapporterà une théorie savante.
Ce qui nous manque donc pour connaître à fond le système
du docteur Gall, c'eat un rapprochementou une comparaison
exacte de sa nouvelle théorie des fonctions des nerfs et du
cerveau, avec les défaits de son hypothèse craniologique,
rapprochement tel qu'on puisse concevoir nettement com-
ment cette dernière se déduit de l'autre, s'y rapporte ou s'y
coordonne. J'ignore si an semMaMe travail a été entrepria
jusqu'à présent, mais l'exécution M'en paratt d'autant ptua
diBicite qu'en lisant séparément le rapport do M. Cuvier et
l'extrait des tecona eraniobgiques du docteur allemand,
j'avoue que non seulement it m'a été impossible d'y saisir un
véritable rapport de déduction et d'analogie, mais que j'ai cru
trouver une opposition remarquable entre la théorie anato-
tomique d'une part et !a craniologie do l'autre.
Le résultat qui attire particulièrement notre attention dans.
le nouveau système anatomique,c'est le déplacement de l'ori-
gine des nerfs que presque tous tes physiologistes, jusqu'à
Bichat exclusivement, se sont accordés à faire sortir du cer-
veau considéré comme la souche ou la matrice commune,
avec cette différencepourtant que les nerfs spécialement nom-
més e~~M~ sont censés émaner de cette souche d'une ma-
nière directe et immédiate, pendant que tes nerfs dits spMMM~c
et tous ceux qui, placés dans tes régions intérieures du corps,
le thorax, l'abdomen, y servent aux fonctions de la vie orga-
nique ou nutritive, ne se rapportent au cerveau que d'une
manière médiate, par l'entremise de la moelle épiniere, ou de
quelque partie du système cérébrat auquel its s'abouchent.
Bichat, génie desUné, ce semble, à faire une révolution daus
la science et à en changer la face, mais qu'un sort funeste et
à jamais déplorablemoissonna, dès l'ouverture de sa carrière,
avant qu'il eut pu consolider le grand œuvre de la réforma-
tion physiologique et féconder tous les germes précieux qu'on
trouve répandus dans ces pages écrites avec la précipitation
d'un jeune homme qui, plein du feu sacré, semble pressentir
confusément que la mort est là et qu'il n'aura pas le temps de
tout dire, Bichat apporta un changement notable dans la doc-
trine des physiologistes qui l'avaient précédé, sur l'origine
du système générât des nerfs ou leur dérivation commune du
cerveau.
On peut voir dans ses recherches immortelles sur ta vie et
la mort, et dans son anatomie physiologique, comment il
établit une division nette et précise, fondée sur les observa-
tions les plus approfondies entre !e systema nerveux de la
vie animale, dont il laisse l'originedans le cerveau considéré
toujours comme le centre unique des fonctions de cette vie,
et le système nerveux de la vie organique on nutritive qu'il
prouve n'avoir point de connexion directe et nécessaire avec
le cerveau, mais prendre son origine dans les divers centres
nerveux qui sont les ganglions. Ces ganglions sont répandus
oans les différentes régions du corps; chacun est un foyer
particulier d'action nerveuse, irradiée de là par plusieurs
ramifications vers les organes qui sont en rapport avec lui.
Ainsi, comme le terme do la sensibilité animale et l'origine
de la contractitité de même espèce se trouvent toujours dans
te cerveau, de même le terme de la sensibilité organique et
l'origine de la contraotitité correspondante se rapportent au
ganglion dont chaque organe interne reçoit ses nerfs. VoiKt
une division physiologique bien tranchée, et on peut voir
déjà comment viennent s'y coordonner naturellement,d'une
part, les facultés perceptives ou intellectuelles qui ont le
même centre ou même siège un, que les fonctions de la vie
animale, et d'antre part les facultés aBective& ou passives,
qui, étant liées aux fonctions do la vie organique doivent avoir
et ont aussi,les mêmes centres ou sièges intérieurs variés et
multiples.
Le docteur Gall est venu armé do nouveaux faits anato-
miques, qu'il prétend avoir découverts, et surtout armé d'une
hypothèse qu'il veut mettre en vogue dans le monde. Il com-
mence à faire pour le système nerveux cérébral ce que Bichat
avait déjà fait pour le système nerveux de la vie organique,
D'abord il semble soustraire en eBet à l'empire du cerveau les
fonctions de l'une comme de l'autre vie. Il ramène également
ces deux classes de fonctions à celle d'un seul système nerveux
commun, subdivisé en plusieurs systèmes, et semblable à un
réseau dont les portions séparéesparticipentselon leur volume
à l'organisation et aux fonctions de FensemM~ plutôtqu'à un
arbre qui, n'ayant qu'une souche unique, se distribuerait en
branches et en rameaux à la manière du système artériel par
exempte. Le docteur Gatt appuie cette manière de voir aur
les dissections qu'il a faites des nerfs du cerveau, en com-
mençant par les couches inférieures, et où il prétend avoir
constamment observé que los nerfs dits cérébrauxqui sortent
de dessous l'enoéphate, et principalement do la moelle allon-
gée, ne viennent pas plus du cerveau que les nerfs vulgaire-
ment appâtés spinaux qu'en suivant séparément les racines
do ces nerfs prétenduscérébrauxjasqaea daaat'épaisseurde
la moelle allongée, oa les voit directement remonter de celle-
ci vers le point du cerveau où ils aboutissent, et non pas,
comme on l'avait cru généralement, descendre du cerveau
pour traverser la moelle. C'est donc à cette moelle allongée,
dont i'épiniere n'est que la prolongation, et qui forme avec
elle le grand cordon médnHaire que se rattachent toutes les
parties du réseau nerveux. C'est là que gtt le véritable lien
de communication de toutes les parties. Le docteur Gall pré-
tend, en effet, et c'est là la partie vraiment neuve de son
système, avoir observé le long de ce cordon médullaire une
suite de renflements, ou de tubercules ou protubérances,d'ou
sortent autant de paires de nerfs, formant chacune un système
particulier,, dont les fonctions sont indépendantes jusqu'à un
certain point, quoique concourant à celles du même tout
vivant. Le cerveau lui-même et le cervelet ne sont autre chose
qu'un de ces ren&ements plus gros et plus considérables qui
a aussi des tubercules ou protubérances partielles. C'est ainsi
qu'on voit sortir du bourrelet d'un arbre greffé, plusieurs
branches séparées et jusqu'à un certain point indépendantes
du tronc, quoique vivant avec lui d'une vie commune.
De cet exposé il suit que le cerveau, dans le système de
Gall, ne joue guère que le rôle d'un ganglion nerveux dans
le système de Bichat, avec cette différence néanmoins que,
suivant le physiologiste français, les ganglions servent d'ori-
gine ou de matrice aux nerfs de la vie organique, comme le
cerveau, centre uniqne, donne naissance aux nerfs de la vie
animale, tandis que, suivant le docteur allemand,les nerfs de
ces deux vies tirent également leur origine de la moelle épi-
niera d'oh il parait que la grande division de Bichatn'aurait
presque plua de fondement, et qu'il n'y aurait pas plua de
centre unique et essentiel pour les fonctions de la vie animale,
qu'il n'y en a pour celles de la vie organique,mais que, dans
l'une comme dans l'autro vie, it existerait divers foyers d'ae-
tion nerveuse et sensitive, dana les prctxbérances on renne.
menta du cordon médullaire, foyera d'action ne d&pendantpaa
essentiellement du cerveau, et exerçant aussi lours fonctions
indépendamment les uns des autres.
Tout cola posé, on voit très bien comment s'explique dans
le système de Gall, le donbte jeu des sensations et des mou-
vements, dans les êtres acéphales, comme dans ceux ou le
cerveau tqui est essentiel et prédominant dans les animaux
placés au haut de t'oohette), n'est en effet qu'an petit appen.
dico ou un rennement très pou considérable de la moelle épi-
nièro. On voit aussi comment dans dos êtres ainsi organisés,
les fonctions de la vie, dn mouvement et de la sensibilité peu-
vent se répartir ou se disséminer entre divers centres qui
vivent et fonctionnent séparément les uns des autres, ainsi
que cela a lieu dans les vers de terre, les naides et plusieurs
espèces de chenilles. Mais ce qui ne s'explique pas, à beau-
coup près, aussi bien dans la même doctrine, et qui parait
même être en contradiction avec elle, c'est qu'en considérant
le cerveau comme un organe subordonné au grand cordon
médullaire, dont il est censé tirer son origine et n'être qu'un
simple appendice, on nous le représente d'un autre c&té
comme s'il était le véritable centre des fonctions des deux
vies, puisqu'on y établit les sièges respectifs de tontes les
facultés spéciales de diBérents ordres, les organes on instru-
ments nécessaires des affections, de l'instinct et des passions
de l'être sensitif, comme des idées et des volontés libres de
rêtre intelligent.Pourquoi donc cette concentration de toutes
les facultés diverses dans un seul organe qui ne joue pourtant,
dit-on, qu'un rôle accessoire et dépendant dans l'organisation
générale ? Pourquoiun simple appendice de la moelleallongée
jouit-il du privilège exclusif de réunir en lui les sièges do
toutes les facaliéa? et comment ae fait-il que ~mt d'autrea
renaomenta pMtiela, qui donnent naiaaance à des pa!rea da
Mer& Cm mani autant do syatemoa qui ont leura fonctions
pra'
près et distinctes, n'entrent d'aucune manière en partage do
ce privilège? Quand noua accorderions présontemont lacon-
centrationdes facattéa intellectuelles dans le cerveau, et leur
dissémination possible dana tea d!vomea port!oMa de cet
organe (et nous avoaa assez vu ce qu'il fallait ponsor dea
preuves do cette dissémination pFétendtte), du moins nous
sommes en droit de demander par quola motifs on veut encore
homor exclusivement au cerveau los aiegea divers dea ina-
tinots, dea app6t!ta, dea aHeot!ona et des passions. Docteur
ittooMovaNe, pourrions-nousdire, mettez-vous done d'accord
une foia avec vous-môme et avee voa propres observations.
Voua avez voulu d'abord, ce semble, ravir
au cerveau l'empire
que tout le monde lui accordait aur los fonctions de la vie
animale, pourquoi voulez-vous lui attribuer maintenant
une
influenuo générale et exolusivo qu'aucun observateur n'avait
admise avant voua? Vous poussez un peu loin l'esprit de
contradiction. Quand nous disons que tout ce qui tient à l'in-
telligence et à la vie de relation se rapporte dans le
cerveau à
un centre unique, vous prétendez nous montrer qu'il y a
autant de centres ou de sièges physiquement séparés, que de
tacuttés ou de manières d'&tpe et d'agir du même au;et,
psychologiquementdistinctes. Quand nous disons, au contraire.
que la vie intérieure et toutes les affectionsou passions qui
y prennent leur source ou y portent leur influence, ont divers
centres ou sièges séparés, et comme indépendants dans l'or-
ganisation, vous noua assurez qu'elles sont concentrées dans
le même organe cérébral.Ainsi ce que le sens intime et l'expé-
rience réunissent, vous le divisez; ce qu'ils divisent,
vous le
réunissez et cela sans autres preuves que certaines observa-
tions empiriques particulières, sur lesquelles il faut s'en
rap-
porter à vous et dont, sans blesser la politesse due à un
étranger, nous pourrions bien au moins vous contester la
généralité. Mais, dites-nous, grave docteur, qui placez l'organe
d'une paaMon telle que l'amour physique dans la nuque, en
allant ainsi directement Mntre tes droita Mon tégitimea du
sixième sens, vous qui csptiquea si Mon !ea fonctions vitales
et sensitives des êtres qui n'ont point de cerveau, apptenei<-
nous qtMJt aéra !e siège de cette af~ction dans des ac6phatea,
qui n'ont pas été tellement nttdtraMs par la nature qa'its ne
jouissent pourtant à leur manière des douceurs de ramoHp?
Où sont aussi, dans los mêmes êtres, les sièges des appe-
titaet des diverses atfecttonsqM'its manifestent?Et comment
conciliez-vous,en eHet, le cefete des fonctions assez étendu que
parcourent tant d'êtres organisas qui sentent, se meuvent, se
nourrissent, se reprodnisentsans corveaa, avec l'opinion qui
assigne exclusivement dans ce si~go los organes de toutes les
faenttes'?'1
Ici la contradiction est tellement manifeste que je m'étonne
vraimentqu'elle n'ait pas frappé d'abord tous les critiques du
système de Gall. Sans avoir besoin d'y insister plus longue-
ment, nous continuerons toparatteie de ce système avec celui
de Biohat, sur les sièges des passions, en levant a cet égard
quelques équivoques et cherchant & éclaircir quelques
doutes.
Toute espèce de sensations,dit Bichat, a son contre dans
le cerveau, car là où l'action de cet organe est suspendue,toute
sensation cesse. Au contraire le cerveau n'est jamais affecté
dans les passions les organes de la vie interne en sont le
siège «tM~Me'. A t'appui de ce principe, l'ingénieux auteur

t. Le doctmr AchenaMm a fait contM la <oeMne de 6aM, m ce qui est


tetaUf Mt ergMM des paMimm, <tM objeeUoM qui me pMa!Ment tree bien
fondées, et auaqnelles
tondfes, i'élwe de
<uxqoe)!ett'6!ève GaU a fort
de Gali hrtmat ttpendn (voyes
mai répondn (~oyezles
teepa~ee~S
pages 878
et SN de la Cmnfo/o~. « A rtdêe des passions, N dit te docteur attUgaMMe,
e appatttennent non seulement les changementsqui B'opetent daM Je cerveau,
mais aussi principalementt'actton de rimagtntttton exercée sur !e netftympa-
O~qae et, & t'aMe de ce!ut-e!, sur les opérations de ta vie erganhpte. Gall n'a
tenu MCMcomptedecet e&t earaetMsttqae dea pMetons. e (Note de M.de B.).
S. Votet le texte eMct de Nchat, ahregê par Maine de Bhwn « Tonteespace
de Mnmttens a son centre dans le cerveau, car tonte <enMUon supposeffm-
preMien et la perception.Ce sent lee sent qui reçoivent )'tmpres<ton,etle cer-
veau qui la pet~oit en sorte qae ta C& faction de cet organe est smpendae,
du ?h<M <~ la <?fe~Je~t mari cite MM muttitudo do faits
qui tendent & prouver que t'eNat do toute passion constam-
ment étrangère à la vie animale, est de faire naMre un chan-
gement, une altération quelconque dau<< la vie organique ou
dans les fonctions <Mver8M dont elle se compose, savoir la
circulation, ta respiration,les sécrétions, etc. te! tous toa faits
semNeat s'aocof~oravec ta théorie; et h division des faoMt~s
atTactivas et des facMttes intellectuelles, jastitioa en quelque
sorte par la féBexion in~riowe, parait t'Mpo encore par les
divisions anatoauqaos et phyeiotogiqMea, qui sont d'ailleurs
fondées aur un tout autre ordre d'observations.
Qu'oppose te docteur Gall à tons ces faits? rien qu'un sys-
tème d'observationsempiriques, étrangères, contraires mémo
au sens intime, comme à ses propres divisions d'anatomie ou
do physiologie.
On avait toujours pensé, lui fait dire un des journalistes qui
ont exposé sa doctrine, que les facultés intellectuelles seules
avaientleur siège dans te cerveau, tandis que celui des affec-
tions, des passions et des penchants était dans les organes
intérieurs. Cette opinion est contredite, en ce que les organes
internes ont tous tours fonctions bien connues, et qu'il est
impossible de concevoir comment le cceur, par exemple, qui
n'est qu'un muscle, pourrait engendrer des actes moraux. Le
docteur oonçoit-il bien mieux que la pulpe cérébrale, avec
toutes tes protubérances possibles, soit ptus propre que lu
ccour a engendrer des actes NMMWtB? On connatt bien, dit
Gatt, toutes les fonctions des organes internes~ et c'est pour
cela qu'il répugne à leur en attribuer de ~rotatives à telles
affections ou passions. Mais quand bien même il serait vrai
que nous connussions parfaitement toutes les fonctions phy-
siologiquesdes organes internes, qu'est-ceque cette connais-
sance aurait de commun avec celle de l'espèce d impressions
ou d'affectionsimmédiates, qui peuvent naître de ces fonctions
toute MMatiM) cesse. Au eontMire, il n'est jamais atîeeM dans les passions;
tM M~tmes de la vie interne en sont le siège unique. (BecteM&o~&~tOh)-
~et <t<f ta e& et sur la N0)-<, t" parMe, aft. 6, S 2.) (A. B.)
ou qui s'y apportent? C'oat ici une confusion bien étrange
des deux espëcea de connaiasaaoea en d'idées, que noua nous
sommes tant attachés a distinguer celles qui naissent exclu-
sivement du sens intime et qui ne ae représentent point au
dehors, et cottes qui ont, au contraire, tout leur mobile dans
l'ohser~'ation extérieure. Y a-t-il quelque rapport, en effet,
entM la eonnaiaaeaoedes fonctions physiologiques du cour
et de l'estomac, et une a~ectioagaHtnque, une cardialgie, etc. 2
Remarquez en outre l'abus que le docteur Gall fait dm mot
organe et la resineHon qu'il donne à ce terme pour appuyer
son hypothèse. Un sentiment intime et qui paratt bien imme.
diat, nous fait rapporter telle impression ou modification de
notre sensibilité à tel siège partieutiordans t'intérieur du corps
ou à sa surface, et nous dirons que cette partie oa nous
sommes aatureUement entraînes à localiser l'impression, en
est l'organe oa le siège corporel. La langue savante, d'accord
avec ta langue vulgaire, a consacré cette acception. Mainte-
nant, quoique nous sachions par la théorie et l'expérience
physiologique que l'impression doit être transmise jusqu'au
cerveau ou à un foyer nerveux principal, pour être ce que
nous appelons perçue ou sentie par le moi, néanmoins, quand
on admettrait dans le cerveau même autant do divisions et de
points, où chaque impression spécifique individuelle devrait
aboutir pour être ainsi perçue, jamais pourtant on ne serait
fondé à regarder ce point cérébral comme le véritable et
l'unique organe de ces sensations diverses; car ainsi ceux qui
n'admettent qu'un siège unique de i'àme seraient fondés &
n'admettre qu'un organe de sentimentou de perception. U est
de fait que nous ne sentons rien dans les points du cerveau
dont il s'agit; nous ignorons même, en ne regardant qu'en
nous, s'il existe de pareils centres, tandis que noas sentons
bien réellement l'impression agréable ou douloureuse, dans
le lieu physique où nous la rapportons et nous ne la sentons
que là. Et quel motif aurait-on d'appeler organe la partie
où l'impression aboutit, à l'exclusion de la partie qui la
transmet? Comme tout cet appareil nerveux et membra-
neux qui forma ta nex sera toujoura dit avec raison l'organe
de l'odorat, et également pour tea appareits extérieurs visuels
et auditifs, etc., de même les visera internes auxquels pous
rapportons certaines affections immédiates, produites par une
cause quelconque physique ou morale, sont bien proprement
nommés tes sièges ou les organes de ces affections.
Je deMan~M ici, par exemple, pourquoi le docteur Gall n'a
pas placé dans le cerveau les organes de la faim, de la soif,
comme il y place colui de l'amour physique? 8'i! ne croit pas
devoir admettre pour ces premiers appétits d'autres sièges
que ceux auxquels le sens intime les rapporte, pourquoi
va-t-il en chercher do différents pour l'appétit vénérien, l'ins-
tinot maternel,etc. Pourquoi?. C'est qu'il fallait que l'amour,
dont te nom seul s'empare si vivement do notre imagination,
eut sa protubérance marquée mais je ne puis voir là que le
signe d'un rapport empiriquementétabli et non point l'organe
vrai d'une passion ou d'un appétit naturel. Eh comment
peut-on confondre ainsi le signe que l'homme imagine ou
découvre, avec l'organe que la nature attribue à telle fonction?'}
Des physiologistes plus exacts ont bien trouvé aussi un rapport
entre la largeur de la poitrine ou l'étendue de l'appareil de
sanguification et la force génératrice; s'ensuit-il que t'organe
de cette force soit dans la protubérance de la poitrine? Le
docteur allemand, comme tous les faiseurs d'hypothèses,
connait bien tout l'ascendant de certains mots et les illusions
qu'on peut produire par leur moyen. Mettons~nous à l'abri de
semblables prestiges par une analyse exacte des faits et des
idées qui se trouvent renfermées sous ce terme ~assMK.
f Les impressions immédiates passives, que le sens intime
seul nous porte à localiserdans certains organes intérieurs,
comme la faim, la soif, une douleur de colique, un mal d'es-
tomac, ont bien pour sièges les parties mêmes auxquelles
nous les rapportons et il n'y a point de motif pour leur cher-
cher d'autres organes.
2* Mais il y a une autre espèce d'affections immédiates qui
ne se localisent pas ainsi directement. Le sens intime ne les
rapporte à aucun sie~e particulier du corps on pfut savoir
phyaiologiquement qu'elles naissent toujours à la suite do
telle lésion orgaNque ou qu'elles accompagnent tel modo
d'altération de certaines fonctions essentielles à la vie mais
l'individu ne les sent point réellement dans les organes lésés,
pas plus, ou pféctS~Mont par la m~me raison qu'il ne sent ou
ne perçoit point les impressions et mouvements constitutifs
des {<H)CtMMtslitotes ~e ces organes. Le propre des affections
dont il N'agit est d'inOuer directementsur k sentiment général
de notre existence, de nous rendre immédiatement heureux
ou malheuroux, sans que nous connaissions la cause intérieure
t'eeHe du bonheur ou du malheur, et que nous puissions dire
ce qui nous fait souffrir ou jouir, quelle est la partie de nous-
mêmes qui s'affecte en bien ou en mal. Aussi n'est-il pas
étonnant que nous allions toujours chercher les causes de ces
tufectidns dans les objets externes perçus, a l'exclusion des
causes vraies, qui ne sont autre chose que ces impressions
immédiates, obscures pour la conscience, et sur lesquelles
tout retour nous est interdit.
Los affections, par exemple, d'hilarité ou de tristesse, de
calme ou d'anxiété~ de courage ou de timidité, de confiance ou
de méfiance en ses forces et tant d'autres semblables qui
n'ont point de nom et sont vraiment me~oA/es, tiennent bien
sûrement à tel mode d'exercice des fonctions vitales du foie,
du poumon, du coeur, de la rate, etc., et aux impressions
organiques immédiates qui leur correspondent, impressions
ou passions proprementdites, qui auectent t'être sensitif par
eoMseMMS et en masse. Elles ne se localisent ou ne se dis-
tinguent point dans des sièges particuliers, comme les sensa-
tions extérieures,parce que, ainsi que le prouve la physiologie,
il n'y a point de connexion directe, essentielle, entre le centre
cérébral et les organes où elles sont reçues. Aussi la volonté,
la force motrice de l'âme, ne peut rien pour les exciter, les
faira naitro, les suspendre et les dcvcr au rang de véritables
perceptions.
Rien ne peut donc favoriser ici l'hypothèse qui tendrait à
déplacer la siège organique interne d<*a atfcetion~ et pasaMn~
dont il s'agit, pour les rapporter & quelque division cérébrale
Bxe et déterminée. Toutes les observations sont contraires,
et encore an coup, !o système anatomique et physiologique
de Gall lui-même s'y oppose. Et vraiment a'il y avait un organe
ou siège fixe dans le cerveau pour chaque espèce d'aueotiou,
chaque disposition passagère de la sensibilité ou chacune do
ces mod)Mcat!<Mts du tempérameMt ou da caractère dont le
médecin expérimenté ne peut lire les aigaes quo dans rea-
semble de l'organisation, dans la predommanoo rccotmae de
tel organe interne, s'il y avait, dis-je, un siège cétebrat fixe
pour chaque passion comme pour chaque ordre de percep-
tions, d'où pourraient venir ces variations continuelles quo
chacun de nous éprouve nécessairement dans ses affections
ou dispositions sensitives? Celui qui a dans la tête l'organe
du courage,par exemple, ne devrait-il pas toujours se sentir
à peu près égalementfort et courageux, comme celui qui a
les sens de la vue et de i'ouïe bien constitués voit et entend
toujours à peu près égalementbien? Pourquoi donc la protu-
bérance atteotée à tel sentiment ou à telle passion particulière
restant la même, y a-t-il tant et de si continuelles vicissitudes
dans l'affection ou disposition sensitive correspondante?Si
l'amour physique ou l'appétit vénérien a son siège organique
dans une protubérance située derrière la tête, pourquoi l'inter-
mittence, les variations, les degrés d'énergie ou d'affaiblisse-
ment d'une telle passion se proportionnent-ils toujours a
l'état d'irritation ou d'atonie d'an autre foyer particulier de
sensibilité ou de cet appareil nerveux dont l'influence est
assez connue? Et si c'estia prédominance d'un tel foyer, son
excitation actuelle par le fluide séminal qui l'impressionneet
l'irrite, qui détermine l'appétit et fait naître la passion phy-
sique de l'amour pourquoi ne serait-ce pas là aussi qu'elle
aurait son organe ou son siège propre? n en est de même sans
doute de l'amour des mères pour tenr prngémtnre, considéré
dans ce qu il a d'instinctifou de vraimentanimal, et abstraction
faite de toutesles habitudes morales qui viennent s'yrattacher.
8'it est prouvé par les observations tas plus conatantea que
cette anection immédiate tient easentieMement aux disposi-
tions de la matrice, de t'utéraa, de t'organo sécréteur du
Mnide nourricier d'où natt le besoin de l'altaitement et l'im-
pression agréable qui raccompagne comment peut-on trans-
porter ailleurs et dans une division cérébrale particulière le
siège d'HMe semblable aHeotioa? C'est donc bien à cette otasse
d'atfeetions ou de passions immédiates, naturelles ot simples,
que s'appMqMe comptetement le principe de Bichat, opposé à
i'hypotheM craniologiqne, savoir que toute passion a aon siège
déterminé dans quelque organe de la vio intërienre; que c'est
là te terme où aboutissent et le centre d'où partent toutes les
passions, résultat bien prouvé, non seulement on ce que les
passions portent essentiellement sur les fonctions organiques,
en affectant leurs viscères d'une manière spéciale, mais de
plus en ce que l'état de ces viscères, tours lésions, les varia-
tions de leurs formes concourent d'une manière très marquée
à la production de telle espèce de passions, comme la joie, la
tristesse, te courage ou la timidité, la colère impétueuse ou
froide et l'apathie.
Nous pouvons donc encore afnrmer avec assurance, d'après
les espèces d'observations de tout ordre, qu'aucune dos im-
pressions passives ou dos facuttés aBëctives de l'espèce que
nous venons de considérer, n'a de siège ou d'organe propre-
ment dit dans aucune division cérébrale particulière, à moins
qu'on n'abuseétrangementde ces mots siège et organe et qu'on
ne mette de côté tous les faits et les principes sur lesquels le
docteur Gall lui-même a basé ses propres divisions physiolo-
giques.
3" Considérons maintenant les passions dans un autre ordre
do phénomènes plus retevéa,auxquels donne lieu le développe-
ment de la vie morale, le mélange et la succession continuelle
de sentiments et d'idées qui s'exécutent et se produisentréci-
proquementles uns par les autre); et tendent de plus en plus
& compliquer la valeur du termepassion et par suite l'analyse
de tout ce que ce terme résume.
loi, te point da \'ue aeus lequel on peut envisager le phe'
aotuene mixte appâté passion est vraiment double. On peut
en etTet avoir égard surtout à la partie purement intetleotuelte
du phénomène,c'est-à-dire à la production des diverses idées,
jugements do l'esprit qui se rapportentà l'objetd'une passion
en peut n'avoir égard aussi qu'aux sentiments atfoctifs qui
constituent proprement cette passion et à tous ses effets orga-
niques, comme le trouble ou le désordre, et <me!<}nefoia te
surcroît d'énergie quo prennent certaines fonctions dans ces
mouvements ou ces violentes tempêtes de !'ame sonsitivo.
Sous le premier rapport ou en ne considérant que !a cause
qui produit et détermine la passion ou la fixe sur un objet
particulier, on peut lui attribuer même siège, même organe
ou m&mcs instruments qu'à l'imagination, la mémoire ou le
jugement et on générai aux phénomènes intellectuels qui
interviennent dans sa production et qu'elle sert à exalter
& son tour. Mais dans ce cas, il n'y aurait pas lieu à rattacher
les acuités affectives a des sièges cérébraux distincts de ceux
qu'on attribue aux facultés de perception ou de représentation.
Par exemple, l'idée ou l'image qui me représente un monceau
d'or est la même dans mon cerveau que dans celui de l'avare
c'est toujours à la même division cérébrale qu'elle doit se
rapporter par l'hypothèse la seule diHérence consiste dans
une affection particulière, une tendance, un attrait très éner-
gique qui se joint à cette image dans l'avare et qui en est
séparée dansla représentationindifférente que je puis me faire
du monceau d'or. !1 est vrai que cette espèce d'atfection déter-
mine dans le premiercas un surcroît d'activité, de persistance
et de force dans les phénomènes de l'imagination mais cela
ne fait rien au siège de l'idée fondamentale relative à l'objet
de la passion, auquel seul on paratt avoir égard dans le point
de vue dont il s'agit.
Prenons encore pour exemple les effets do cette disposition
tendre qu'on appelle c<MMpZc.K<Mt amoureuse. Dans cet âge où
le sang s'allume, où toutes les facultés organiques et morales
acquièrent une vie nouvelle par l'influence de l'irradiation
puissante d'un nouveau coutre do senaiMHté, l'amour constitue
tamodineation intime, habituelle do l'existence et même
l'existence tout entière l'être sensible trouve partout des
sujets d'aimer, des objets de la plus douée sympathie. C'est
alors que tout dans la nature devient l'objet d'une sorte de
culte et que, comme l'a dit un grand observateur, Cabanis, on
est porté à adorer, à aimer les puissances invisibles comme
on aimerait ou parce qu'on a besoin d'adorer une maîtresse.
Et remarquons ioi en passant, contre Gall, que l'amour
physique et te sentiment de la théosophie ou de l'amourdivin,
paraissentbien alors fondus dans la même disposition sensitivo
et non point disséminés dans des organes séparés.Mais le siège
de l'imagination qui conserve et reproduit sans cesse les
imagos voluptueuses pour le jeune homme plein de vie et
d'amour, sera le même encore quandl'âge aura tout desséché,
tout glacé et que les mêmes formes purement idéalea se pro-
duiront nues et dépouillées dans l'organe central de l'imagi-
nation.
H faut conclure de la, qu'en considérantles passions dans
sentiments
un ordre moral, ces phénomènes se composent de
et d'idées, des produits de l'imagination et de ceux de l'aSec-
tibilité intérieure. En ayant égard seulement au travail intel-
lectuel qui se joint aux appétits et aux affections immédiates,
soit que ces aSeotions él&vent la pensée et lui impriment sa
direction ou qu'ellesne lui soient que consécutives, et naissent
de son exercice, il y a lieu à contredire le principe absolu et
général de Bichat, que toute passion a son siège exclusif
dans les organes de la vie intérieure; mais il faudra nier en
môme temps, que les passions aient dans quelques divisions
du cerveau un siège différent de celui des idées qui repré-
sentent leur objet, ou des opérations intellectuellesrelatives
au même objet, ce qui n'est pas moins contraire à l'hypothèse
de Gall.
Mais pourquoi, dans les phénomènes mixtes dont il s'agit,
s'attacherait-on exclusivement à la partie intellectuelle et à
l'œuvre de l'imagination, en laissant absolument à l'écart
touto la partie affective,, et toutes ces impressions Masenties
dans les organes de la vie intérieure, tous les changements
opérés dans l'ordre de tours mouvementset fonctions ? N'est-ce
pas là vraiment la portion la plus notable du phénomène?
n'est-ce pas là ce qui caractérise véritablement ht passion, et
qui la distingue des seenes muettes, calmes et réBéchies qui se
passent uniquement dans l'intelligence? Ce n'est point en
eNet, quant à la production des idées, que nous pouvons être
dits passifs ou éprouver une passion bien au contraire, c'est
dans le champ des idées intellectuelles, dépouillées de ce qui
tient aux affections, que s'exerce toute l'activité de l'&mo
pensante. Or, eUe est bien nulle, en eBet, cette activité, sous
l'empire exclusif ou la prédominance d'une nature simple-
ment affective (simplex Mt o<<a~t<a<e), qui ne connaît point de
régulateur ou de contrepoids dans l'entrainementde la pas-
sion proprement dite. Le cerveau, considéré comme centre
unique de la perceptionet do la volonté, no fait plus que réagir
sympathiquement, sous tes impressions des organes inté-
rieurs, qui prennent sur ses fonctions propres !'ini<Mi!ve et la
prédominance. On reconnaît bien les produits de cette réac-
tion sympathique et passive au caractère brusque et tumul-
tueux des mouvements, à la succession irrégutiere et spon-
tanée des fantômes, à la vivacité des images, aux couleurs
sensibles dont elles se revêtent, à leur opiniâtre persistance
que la volonté enchaînée ne peut interrompre ni distraire.
Quelle que soit donc l'origine on la cause déterminante du
phénomène proprement caractérisé passion, que ce soit un
appétit instinctifdont le siège ne sauraitêtre douteux, comme
dans les passions naturelles et simples, ou une idée produite
d'abord par le libre exercice de l'imagination ou des facultés
perceptives, comme dans les passions artificielles et compo-
sées qu'on pourrait appeler aussi intellectuelles, une fois que
telle anectiom est devenue dominante, et qu'elle a acquis par
l'habitude le pouvoir de réveiller les séries d'images qui lui
sont associées, elle a déjà planté des racines plus ou moins
profondes dans la vie organique et c'est alors seulement que,
transformée en tempérament, identifiée pour ainsi dire avec
tes fonctions de cette vie intérieure, elle revêt les caractères
d'une véritable passion résultat générât qui s'appliquant à
diverses classes de phénomèmes compris sous le mente titre,
justifie sans doute les principes de Bichat sur le siège réel des
passions, autant qu'il contredit l'hypothèse craniologique et
toutes les observations empiriques du docteur Gall. Et com-
ment dans ce dernier système pourrait-on expliquer l'~OMC
<~t<p/ejBqui ressort avec une si grande force de conviction du
témoignage même du sens intime bien consulté? Si les facul-
tés aMeotives ont leur siège dans le cerveau comme les facul-
tés intellectuelles, d'où vient donc cette opposition et cette
lutte que nous sentons en nous-mêmes, entre deux principes
de mouvements et de déterminations: cette puissance de vou-
loir, véritable force motrice, tantôt dominante sur celle des
passions, des instincts et des appétits qui tirent en sens
contraire comme dans le Sage stoïque, tantôt en équilibre
avec elle, comme dans les affections raisonnables; tantôt
subjuguées, comme dans ces passions vraiment malheureuses
on l'on se sent entraîné par une sorte de fatum?
Si tout est sous la dépendance du même centre cérébral, et
de ses divisions multiples, comment se fait-il que divers mou-
vements des muscles, comme différentes espèces d'idées ou
d'images se trouvent excitées par des causes physiques dont
l'influence se porte d'abord tout entière sur des organes inté-
rieurs, tels que le cœur, le foie, le poumon, ainsi qu'on en
trouve tant d'exemples dans la pratique de l'art de guérir,
appliqué particulièrement aux vésanies et aux différentes
espèces d'aliénations mentales? Que devient enfin, dana ce
système, la belle divisionétablie par Bichat, entre les phéno-
mènes des deux vies, et ceux des passions considérées par
rapport à l'une et à l'autre, division qui peut seule nous
donner l'explication et la clef d'un des phénomènes lesplus
remarquables de l'action et réaction du physique sur le
moral, d'où aussi le médecin éclairé tire l'un des plus pro-
fonds et des plus utiles secrets de son art, celui de remédier
aux altérations organiques en innuant sur te moral, et aux
désordres moraux en agissant sur le physique?
Concluonsdonc enfin, avec le célèbre auteur du 7'w~ dp
Me la mort, qu'il n'y a point pour les passions de centre
fixe et constant, comme i! y en a nn pour les sensations exté-
rieures et les facultés perceptives qui s'y rattachent.
« Camper, dit Bichat, en déterminant l'angle facial, a
donné lieu à de lumineuses considérations sur l'intelligence
respective des animaux. Il parait que non seulement tes
fonctions du cerveau, mais toutes celles en générât, do la vie
animale qui y trouvent leur centre commun, ont peu
près
cet angle pour mesure de perfection. H serait bien curieux
d'indiquer aussi une mesure qui, prise dans les parties servant
à la vie organique, pût fixer le rang de chaque espèce sous te
rapport des passions'. »
Ce que Bichat désirait, mais dont il parait bien avoir senti
toutes les difncuttés, le docteur Gall a voulu t'exécuter sans
sortir de l'enceinte des divisions cérébrales, et des protubé-
rances du crâne. II n'a fait ainsi que décomposer, ou frac-
tionner le rapport unique trouvé par Camper entre les degrés
de l'angle facial et ceux de l'intelligence, et en a déduit hypo-
thétiquement divers signes pour les passions comme pour les
idées, pour les facultés affectives comme pour celles de l'en-
tendement. Mais les véritables signes naturels ont échappé à
cet esprit systématique, et le problème proposé par Bichat
restera sans doute encorelongtemps indéterminé.

i. Be<'twAMpt~&)h)~t<Msur la vie et aur la mort (ï" partie, art. 6, St.)


(A. B.)

FIN
COMMENTAIRE
ttpa

MS HËMTATMNS MÉTAPHYSIQUES DE DBSCARTE8

(tsia)

MCMTATMMtS l, 't ET IV

M
L'indifférence à afBrmer ou nier no s'étend pas seulement
connaissance,
aux choses dont l'entendement n'a ancane
mais généralement au?si à toutes colles qu'il ne découvre pas
la volonté en délibère ¡
avec une parfaite clarté,au moment que
qui me rendent
car pour probables que soient les conjectures
enclin à juger quelque chose, la seule connaissance que j'ai
raisonscertaines indu-
que ce sont des conjectures et non des
bitables, suffit pour me donner occasionde juger le contraire
jours passés, lorsque
ce que j'ai sumsammentexpérimenté ces
j'ai posé pour faux tout ce que j'avais tenu auparavant pour
très véritable'. » Descartes amis au rang des conjectures pro-
bables, des vérités nécessaires que nous sommes obligés de
croire, en vertu des fois mêmes de la pensée; or, ce que nous
libre à la volonté
croyons ainsi en vertu de ces lois, il n'est pas
d'en détihérer; mais te jugement immédiatet primitif précède
dou-
toute délibération, comme il exclut toute possibilité de
ter. La notion même du doute répugne à l'esprit
relativement
chose
à des vérités de cet ordre « Je pense, j'existe comme
pensante ou substance; je suis cause de certains actes on
modifications actives de mon être; je suis sujet passif d'autres

La phtMe se tefmiM ntaet «. pour cela mal que j'ai


t. N«~. tV, § M.
temarqoé qa'on ne ponvait en quelque façon douter Nous rapportons tee
ttMioB'! à rMittoe J. 6am!ef tMM hs K'-M9<MM <!oan<< <'<)<?w wft pm. <fM)-
îonuea an texte de cette Mition. eo qui arrive que!<pteMaquand M. de B!mn
eite ce mémotM. (A. B.)
modes qui eemmenpent et nniaaent sans ma volonté;il y a des
causes et des substancesautres que mui, etc. a En supposant
qu'on pouvait douter de ces relations et vérités nécessaires, et
n'admettre que la première comme évidente, Descartes a
méconnu l'autorité des lois primitives, inhérentes à l'esprit
humain, Il n'a pas va que s'il était possible de mettre en
doute un seul instant les vérités nécessaires, it ne pourrait
plus y avoir rien de vrai, ni de certain pour notre esprit. Rien
ne saurait Mre établi par le raisonnement, car ce raisonne-
ment doit s'appuyord'abord sur dos choses dont il ne soit paa
possible de douter. Or, it s'agit de distinguer,d'abord, qaeMea
sont ces choses. Si l'on en trouve une seule, par exemple notre
existence a titre d'êtres pensants, it s'ensuivra qu'H y en a
d'autres qui, étant inséparables de cette existence, ne com-
portent pas ptusqu'ellele moindre doute.En ettet, la certitude
que j'ai de mon existence n'est pas celle d'un être abstrait,
mais d'un individu qui se sent modiuo dans un corps étendu,
inerte, organisé, sur lequel il agit. La certitude de l'existence
do ce corps étendu fait donc partie essentiel!" de celle que j'ai
de mon être. J'aperçois dans cette étendue certains attributs
inséparables d'otte, comme la divisibilité, le nombre, et
lorsque j'affirme ces attributs du sujet, je suis aussi assuré do
ne pas mn tromper que lorsque j'amrme la pensée ou le senti-
ment du moi qui en a conscience. Il ne peut donc pas se faire
que je me trompe, lorsque je dis que deux et trois font cinq,
ou qu'un carré a quatre côtés; et s'it était possible que je
fusse dans l'erreur sur les rapports nécessaires de ces idées
auxquelles j'ai moi-même attribué des signes, ou que j'ai
moi-même déBnis d'une Tertaine manière je ne pourrais
jamais avoir confiancedans aucune chose; je ne pourrais éta-
blir aucune sorte de vérité l'existence de Dieu ne saurait
jamais être prouvée, car elle ne peut s'appuyer que sur des
vérités premières nécessaires dont il est impossiblede douter.
« Je suis contraint d'avouer, dit Descartes, qu'il n'y a rien
de tout ce que je croyais autrefois être véritable dont je ne
puisse en quelque façon douter; et cela non point par inconsi-
deration ou tegarete, maia pour (tes faisons trea fortes et
mûrement considérées mais je ne me désaccoutumerai
jamais do déférer & mes anciennes et ordinaires opinions et do
prendre eonnance en elles tant quo je les considérerai telles
qa'ettea sont en effet, c'est à savoirenanotqnafaçon douteuses,
et toutefois fort probablos, en sorte que l'on a beaucoupplus
da raison de les croire que do les nier. C'est pourquoi je pense
que je ne forai pas mal si, prenant de propos délibéré un son-
thnent contraire, je me trompe moi-même, et ai je feins pour
quelque temps que toutes ces opinions sont entièrement
fausses et imaginaires; si par ce moyen il n'est pas en
mon pouvoir de parvenir à la connaissance d'aucune vérité,
à tout le moins, il est en ma puissance de suspendre mon juge-
ment '.n Voilà l'erreur fondamentale de Descartes, savoir
Qu'il est en notre pouvoir de douter de certaines choses
inséparaMes de notre pensée, de notre existence, et aussi
'évidentes,aussi certaines qu'elle; que nous pouvons suspendre
notre jugement au sujet de ces vérités, que nous sommes
mattros de les croire ou de ne pas les croire. Cette supposition
erronée, contraire aux lois de la pensée, ôte toute base certaine
à la connaissance et ferme à l'esprit toute issue pour sortir
du labyrinthe de doutes dans lequel il a cru pouvoir s'engager
par un emploi malentendu ou même impossible de sa liberté

i.M&t. t. N 9 et M.
S. « La lumière naturelle nous enseigne que la «MtMiMmee de l'entende-
ment doit toujours précéder la déterminationde la volonté, » (N~Katfen tV.)
Oe9tMte< entend M par determinaUon de la volonté le consentement ou
l'adhésion que l'esprit donne à une ehoM qui tni paratt vraie apri. délibéra-
Mon. Mais ce n'e~t que dans les choMB douteuses ou probables qu'il peut ou
at'H doit y avoir deMbération, et que la connaisMnee de t entendet'tent doit
précéder la délibérationde la volonté. Quand 11 e'a~tt dea vMtée ntceMairee,
évidentes par eMea-memee,l'adhésionde l'esprit on, si l'on vent, la détermi-
nation detavoionte fa pas besoin d'être précédée par la connaissancede
l'entendement elle est indépendante de cette connaissance antérieure, et
simultanéeavec eiie quand elle a lieu. « L'erfenr, dit avec raison Descartes, se
MMontre dans l'opération en tant qu'elle dépend de moi (c'est-à-dire qu'il
dépend de moi de jugerqu~ne chose est vraie ou ne iefi p!M/ ~«h aoa dan.
la tacnité que j'ai reçue de Dieu, nt même dans FopéraUon en tant qu'elle
dépend de lui. » A quoi reconnaissons-nousqo'nne opétation dépend de Dieu ?
il y a dea vérité premieroa évidentes par eMpa.mamesqu'il
est imposaiMe de M paa croire dea qu'eMes aa préaeutent à
l'esprit. Ces vérités partent avec elles un caractère absolu, et
non point nn caractère relatif à la nature ou aux dispositions
variables de l'esprit qui les conçoit en temps ou lieu. D s'agit
de bien distinguer ces vérités premières, néeeaaaiFes, abao-
lues, dea vérités contingentes et relatives, do bien constater
leur dtHefenco. Ma!a lorsque dès le début de la science on pré-
tend révoquer également en doute cos deux sortes da vérités,
on décide déjà une grande question, savoir qa'H n'y a point
de vérités néoessaires, qu'il peut y avoir erreur ou iOaaion
dana l'esprit qui les adopte à ce titre de néoesaité, par suite
que tout est également contingent et relatif. Le aceptioiamo
triomphe dea ee premier pas dans le doute univerad, on lui
accorde justement ce qu'il demande, savoir: qu'il est possible
de prendre pour fausses, imaginaires ou relatives les vérités
que tous les hommes admettentcomme évidentes, nécessaires.
et absolues; car de cette possibilité de douter de tout, il s'en-
suit bien directement que font est relatif et contingent. S'H
dépendait de l'esprit de se mettre pour ainsi dire table rase
pour la vérité, il suivrait ~jassi de là qu'il n'y a en lui aucune
vérité innée; car, s'il y a quelque vérité innée, il devra être
complètement impossible à l'esprit de ne pas la prendre
comme évidente et nécessaire, aussitôt qu'il viendra à y
penser.
Que l'esprit s'éloigne de tout ce en quoi il peut imaginer le
moindre doute, tout de même que s'il connaissait que cela
tut absolument faux, j'y consens. Mais il faut savoir s'il n'y
a pas des choses dans lesquelles il est impossible d'imaginer
le moMM&'e doute, et quelles sont ces choses si les vérités
mathématiques,par exemple, ne sont pas dans ce cas et, s'il

C'estJmtement en ce que noua ne sommes paa mtttfee de la changer,que


neMjaeeoM ou croyons de tette mantêre eme pouvoir croire auttement. On
peut dire que nnMUen des véritésnécessaires est ganmtie par ta v6tac)t6 de
Dieu qui nous la donne. Les Inductions on dé<)neti<MMqui viennent de noùt
saut seules sujettes à l'erreur. (Note de M. de B.)
on est ainsi, on aura supposé faussementque tout est douteux
et peut &t<e rejeta comma faux.
« fuis-je aaauror que j'aio laMoindr&chose do toutes eoMca
que j'ai dites naguera appartenir & la nature du corps? Je
m'arrête à y penser avec attention, je passe et je repnsso
toutes ces choses en mon esprit, et je n'en rencontre aucune
que je puisse dire être en moi. Passonsaux attributs de l'Amo
et voyons s'il y en a quelqu'un qui soit en moi. Les premiera
sont de me nourrir, de marcher; mais s'il est vrai que je n'ai
point do corps, il est vrai aussi que je ne puis marcher ni
me nourrir'.H Supposition impossible qu'ainsi je puisse
exister et dire moi sans avoir la conscience du corps propre,
et que je puisse avoir cette conscience de l'elfort si te corps
n'existe pas. Je puis bien rêver que je marche pendant que je
suis dans le repos du sommeil, mais non pas que j'ai un
corps sur lequel ma volonté agit, pendant que ce corps
n'existe pas.
« Un autre attribut de l'Ame est de MM<M'; mais on ne peut
aussi sentir sans le corps; outre que j'ai pensé sentir autre-
fois plusieurs choses pondant le sommeil, que j'ai reconnu à
mon réveil n'avoir point en etfet senties'. Ce mot sentir
est prie ici, comme il l'est presque toujours, d'une manière
équivoque. H n'est pas vrai qu'on puisse reconnaître au
réveil qu'on n'a pas senti en eHet ce qu'on croyait avoir senti
dans le sommeil. Au contraire les sensations que !'&me a
éprouvées pendant le sommeil, il est toujours vrai qu'eMe les
a eues. L'illusion consiste seulementà croire ou à juger que
les objets ou les causes auxquelles ces sensations intérieures
se rapportent sont présentés aux sens pendant qu'elles ne le
sont pas réellement. Mais ce jugement n'est pas la sensation.
L'âme ne peut sentir sans le corps, voilà ce que nous savons
maintenant. L'âme peut sentir dans son corps par lui ou avec
lui sans connaître ce corps ni elle-mêmecomme distincte; et
t. M<'<M<!«<m, M, S S.
S. MM.
«'est en cela même que consiste lu sensation purement ani-
male. Mais quand l'âme perçoit la sonsation en l'attribuant au
corps dont elle se distingue, il est impossible que cette aper.
eeptien la trompe; et a'il y avait sur ce fait primitif possibilité
do doute ou d'erreur, rien ne serait vrai ou certain pour
nous.
« Un autre aUfibut est de ~ema! et je trouve ici que !a
penséo est un attribut qui m'appartient; elle moule no pont
être détachée de moi'. n N'y a-t-il pas contradiction à dire que
je ne suis qu'autant que je pense et que je oeaseraia d'exister
ai je cessais totalement de penser, et dire d'un autre côté
on croyant n'admettre rien qui ne soit nécessairement vrai, je
no suis précisément parlant qu'une chosequi pense, savoir un
esprit. En enet si vous êtes une chose durable, et dont la pou-
sée est un mode, il répugne d'affirmer que le mode étant ôté,
la chose qui en est douée s'évanouisse. Cette expression, MHe
eAoM ~Mt ~MMe indique la relation d'un attribut ou d'un
mode qu'on appelle la peHs~e, à une substance durable qui
ost conçue on crue permanente, indépendamment do cet attri-
but, quoique nous ne puissions dire quelle est cette subs-
tance ni en avoir aucune sorte d'idée séparée. Et c'est là le
cas de tout ce qui est donné h notre esprit sous une relation
nécessaire dont les deux termes sont nommés et crus exister
distinctement quoique nous ne puissions jamais les repré-
senter l'un sans l'autre.
En énonçant le fait primitif de l'individualité reconnue,
~e <M&e.cM~, Descartes n'a pas vu qu'il n'exprimait qu'une
relation. Il a cru pouvoir réduire cette relation à un seul
terme absolu. L'être et l'existence sentie ou aperçue, l'dme et
le moi se sont identifiés dans son esprit. n a pris une notion
abstraite pour le premier pas de la connaissance, sans voir
que cette notion avait son origine dans âne relation anté-
rieure qui est le fait de conscience. Or le fait comprend l'indi-
vidualité tout entière et il n'y a pas d'individualité sans le

t.~M<Ma<K)'tU,S6.
sentiment d<* t'aetioo exeMeo sur te corps. La sujet Mm agit
et te terme présentqui lui Saisie sont les donxétémenta indi-
visibles du même fait. L'on n'est paa plus suaeeptibta
que
l'autre d'être mis en doute; et lorsque je pense ou que je veux
et agis sur mon corps, it ne m'est pas plus possible do supp.)-
sur que ce corps n'est rien que de supposer que je no suis pas
pondant que je pense. Cartel n'est pas !aanbstaaceabstraite
qui a pour attribut la pensée, mais l'individu complot dont lu
corps propre est une partie essentielle, constituante.
« Je connais que j'existe, et je cherche qoet je suis moi
que je connais être. Or il est très certain quu !a Mouttah-~neo
de mon être, ainsi précisément pris, ne dépend point des
choses dont l'existence ne m'est pas encore connue; par con-
séquent, et!e no dépend d'aucunesdo celles que jo puis feindre
par mon imagination'. M faut savoir si ta connaissance de
mon individu précisément pris n'emporte pas nécessairement
avec eUe la connaissance ou le sentiment propre do la pré-
sence d'un corps sur qui la force agissante se déptoie et
c'est ici une des choses qui no se peuvent feindre par t'ima-
gination, mais qui sont l'objet de l'aperception intérieure.
Si imaginer n'est rien autre chose que contempler ta ngure ou
l'image d'une chose corporette, assurément le corps orga-
nique sur qui l'âme déptoie sa force et dont la présence est
sentie immédiatement ne peut être feint par l'imagiuation.
Mais n'y a-t-il point une manière de sentir et d'apercevoir te
corps propro autre que l'imagination? C'est ce que Descartes
n'a pas examiné.
Le fait de conscience a été réduit par lui à un seul terme
absolu, uniquement parce qu'il ne renferme rien qui puisse
être imaginé.
« Etiamsi supponamus Deum alicui tati substantiae cogi-
tanti substantiamaliquam eorpoream tam arête con}unxiss<
ut arctiusjungi non possint, et ita ex ittis duabus unum ~K«<
conllavisse, manent nihitominus realiter dist!ncta:; quia'

t.M.ge.
quaattunvia &Mte ipsaa univerit, patenta, quam ente hahehat
ad cas separandaa, sive ad nnam ahttquo alia conaervandam,
se ipsum exuere non potuit, et quœ vêt a Doo posaunt sopa-
ran val sejunctim conservari realiter suat diatineta*. a Il ne
s'agît pas de ce que Dieu a fait ou peut faire, mais de ce que
nous aeatons ou apercevons mténearement. Nous no auppo-
sons paa, mais nous apercevons immédiatement que notre
individuatité consiste dans nue relation à deax tonnes qu'il
est impossible do concevoir aëparês, quo!qa'i!s soient donnés
distincts dans l'aperception même du moi. Et si de cette dis-
tinction reet!e entre ta force qui agit et le terme inerte qui
résiste, nous concluons la possibilité d'une séparationabso-
lue, nous fondons une conclusion hypothétique sur un prin-
cipe de fait évident. Nous ne saurons jamais si ce qui est dis-
tinct dans nos idées, peut ou non être séparé réeMement dans
les choses.

MËMTAMON Ht

« Les choses que nous concevons fort clairement et fort dis-


tinctement sont toutes vraies*. Voilà l'unique er&cnMm de
toute vérité selon Descartes, à partir de la première de toutes:
Je suis une chose qui pense, etc. « Toutefois, dit-il, j'aï reçu
et admis ci-devant plusieurs choses comme très certaines et
très manifestes, lesquelles néanmoins j'ai reconnu par après
être douteuses et incertaines. Quelles étaient donc ces choses-
là ? C'étaient la terre, le ciel, les astres, et toutes les autres
choses que j'apercevais par l'entremise de mes sens. Or
qu'est-ce que je concevais clairement et distinctement en
elles ? Certes rien autre chose sinon que les idées ou les
pensées de ces choses-là se présentaient à mon esprit. Et
encore à présentje ne nie pas que ces idées ne se rencontrent
en moi »
t. Bftcattee, frmc~ta fM/Mq)A<B, paN prhna, S M.
9.~M..m, 6<.
3. lbid., SS.
V<MM aveu tort de no pas te nier, car s'il y a quelque chose
que voua puissiez dire apercevoir clairement et distincte-
ment, c'est quace que vous appâtez tes idées images du ciel,
des astres, est hors do vous ou
ou se représentecomme étranger
à votre moi, tant s'en faut qu'elles M rencontrent dans
le moi.
Ce qui est en vous, ou vous appartient, o'eat le
la pensée que ces choses vous sont extérieures
jugement ou
à vous-même; et vous ne pouvez faire autrement ou étrangères
l'affirmer, en ce que vous l'apercevez aussi e!a!rementque de
tmotement que vous apercevez et dis.
que vous êtes un être pensant.
Lorsque vous jugez ainsi qu'il
y a hors de vous des choses
d o& procèdent ces idées,
vous ne vous trompez point et
n'avez pas besoin d'aucune autre connaissance
la vérité de ce premier jugement. Mais quand pour appuyer
vous atBrmez
que vos idées sont sembla6les a«a? choses, ou plutôt que la
chose perçue est en elle-même telle
t entremse d'un sens qui peut n'êtreque vous l'apercevez par
pas approprié à l'objet,
vous afnrmez au delà de la perception et votre jugement
être erroné ou douteux. Je vois dans l'éloignement peut
ronde et c'est un polygone. Je vois te ciel une tour
bleue surbaissée. J'affirme comme une voûte
que telles apparences visibles ont
lieu parce que je l'aperçois clairement
et distinctement;
j'affirme de même que ce
que j'aperçois est hors de moi,
quoique je hasarde un faux jugement
en attribuant à l'objet
nécessatrement aperçu comme extérieur des modes
utés qui ne sont pas en lui. ou qua.
C'est dans l'espèce d'attribution, et
non dans le genre en'
core moins dans le rapport plus généra! et nécessairede l'effet
à la cause qu il peut yavoirde l'incertitude
et du doute. Voilà
ce que Descartes ne distingue point. n transporte juse~
ment primitif ce qui ne peut convenir qu'aux au
culiers d'attribution des modes rapports parti-
ou quantés a l'objet. Que tel
mode, senti ou perçu par l'entremise des
sens diffère réeue~
ment de ce qui est dans l'objet, cela peut être, mais
rien contre la réalité de cet objet, ne prouve
cause de ce que nous sen-
tons en nous ou apercevons au dehors. C'est
sur les qualités
6
spécifiques quo nous nous trompons, et non pas sur les fêta- s
tions universelles, nécessaires, inséparables de notre pensée.
En rêvant même, noua ne nous trompons point lorsque nous
pensons qu'il y a hors de nous des causes réelles qui nous
modinent, qu'il y a un espace étendu qui prend diSérentes
formes, etc. nous ne nous trompons qu'en transportant des
qualités imaginaires à des objets qui ne les ont point.
« Entre mes pensées quelques-ânes sont comme les j
images des choses, et c'est à celles-là seules que convient s
proprement le nom d'idée; comme je me représente un
homme, ou une chimère, ou le ciel, où un ange ou Dieu
mémo a Descartes confond ici les notions avec les idées ou
images.Les notions ne nous représententrien; elles nous assu-
rent seulementde la réalité absolue et nécessaire des choses
ou des êtres que leur nom signifie, sans que nous puissions
nous représenter ou imaginer ces choses ni aucun de leurs
attributs. Cetteconfusion des idées ou images avec les notions
est la principale erreur de la métaphysique de Descartes.
n est remarquable que Reid, prenant la chose en ~ens
inverse, a attribué aux idées ou aux imagesce qui ne convient
qu'aux notions, quand il a nié la diBérence établie par Des-
cartes et ses disciples entre les idées et les choses qu'ellessont
dites représenter. Il est vrai que nous avons les notions ou
croyances d'existences réelles, de substances; de causes,
d'étendue,de nombre,dont il n'y a aucune idée ou image dans
notre esprit. Mais il est vrai aussi qu'il y a en nons des
images ou idées de qualités ou d'effets et de phénomènes qui
peuvent être conformes ou non aux vraies qualitésou attributs
des choses, aux vrais phénomènes ou effets des causer ou
forces de l'univers.
De ce qu'il y a notion et persuasion d'existence réelle sans
images ou idées, Reid a eu tort de nierqu'il y eut des images
ou idées,.
De ce que certaines images ou idées sont rapportées à des

i.N&t.,m,5St
objets ou choses hors de nous qui ne sont jamais représentes
par ces idées, quoique leurs modes ou effets le soient. Des-
cartes a eu tort aussi de conclure que les notions représen-
taient des objets; qu'il y avait par exempte dans notre esprit
une idée de Dieu, ou de la cause suprême, représentativede
cette cause et différented'ello, pouvant y être conformeou non;¡
car la notion que nous avons de Dieu, comme toutes celles
que nous avons des substances ou. causes subordonnées de
l'univers, nous assurera seulementdo leur existence réelle et
ne les représentera point. Les images qui s'ajoutent à ces
notions, ou les qualités que nous affirmons des substances
tiennent à une autre source c'est là le champ de nos doutes
et de nos erreurs'.
« Pour ce qui concerne les idées, si on les considère seule-
ment en elles-mêmes et qu'on ne les rapporte point à quel-
qu'autre chose, elles ne peuvent, à proprement parler, être
fausses a II s'agit de savoir s'il est possible de considérer
les idées, les images en elles-mêmes, sans les rapporter à
quelque existence, et si cette attribution ne fait pas partie
essentielle de l'idée.
« Si les idées sont prises en tant seulement que ce sont
c~aMM~/zpoM <&,petMey, je ne reconnais entre elles aucune
différence ou inégalité et toutes me semblent procéder de
moi d'une même façon. Mais les considérant comme des

t. Fontenettedit MsNen que tonte Idée ne représente pas; mais H rentend


sMiement des Mees abstraites,générales qn'N nomme nntverseues,et qui sont
nn résnttat de la Mmitation de notre esprit. Auési, <!tt-H qu'il n'y a point
d'idées mn~eteeKet en Dieu. Mata u faut distinguer des idées genemtes les
not!ent tmitemeNee, abttfaiteB par reftexioa, qui à h TétiM ne reptesentent
poi~ ponr
point ~na tee
ponr nona 1~ eristencee
exMenceeabschtes qu'eHee comprenne~;
absoln~ qn'elles comprennent, maia
mais qni
qui nons
nous
Batment eeubment de la teaMte de ces existences. Stt n'y avatt pas de notMtN
ptimMtea et natmeHea & notre esprit, a n y aarait pas d'idéesgénétates, arH-
NeteUes. Sti n'y a~aîtpas d'nntte natareUe, H n'yaatait pas d'nnitëaftmcieUe.
Le modèle est en nons, les copies sont an dehors et mnltipliéesà rinnn!.
Les notions petKente~edes Mees repréaentativeaen Dieu; il voitles forces,
tes causes, t'espace et la temps. 11 se représente clairement ce que nons con-
eevons seulement exister; ce qui est notion en nous peut être intuition en
Men. (M. deB.)
a.J(f~m,96.
images dont les unes représentent une chose et les autres una
autre, il est évident qu'elles sont fort différentes les unes des
autres'. » Descartes ici ne tient aucun compte de la différence
naturelle qui existe entre les affections et les intuitions pas-
sives, comme entre ceUes-ci et les aperoeptions qui résultent
de notre activité. Ces façons de penser, de sentir ou d'agir
n'ont pas besoin d'être considérées même comme images pour
être dioerentes. Il n'est donc pas vrai que les idées, consi-
dérées même comme nos propres manièresd'être, procèdent
de nous, ou soient en nous de la même façon. Il y a une
autre cause générale de différence dans l'activité et la
passivité.
« Les idées qui me représentent des substances sont sans
doute quelque chose de plus, et contiennent en soi, pour ainsi
parler, plus de réalité objective, c'est-à-dire participent par
représentation à jo~M de degrds d'être ou de perfection, que
celles qui me représentent seulement des modes ou acci-
dents'. n Descartes me semble abandonner ici l'analyse et la
langue philosophique. Qu'est-ce que la réalité objective? Que
sont des degrés d'être ou de perfection? L'être est-il suscep-
tible de degrés différents d'intensité? La perfection n'est-elle
pas une idée morale, relative à un archétype ? Et quel est cet
archétype? Les notions de substances renferment seules la
réalité absolue; et il n'y a pas deux sortes de réalités. Les
idées de modes ou de phénomènes n'ont par elles-mêmes
aucune réalité. Bntre les notions et les images, comme entre
les noumènes et les phénomènes, il n'y a point de degré de
réalité.
Je puis me faire une idée de beauté, de perfection qui n'a
point de réalité hors de mon esprit. Je trouve en moi la faculté
d'exagérer pour ainsi dire des qualités, attributs ou perfec-
tions qui sont dans mon esprit. Est-ce que l'exercice de cette
faculté prouve nécessairemeMt qu'il y ait un objet ou aa

i. ?<< m, § ie.
& ?&
sujet réel qni se manifeste ? Quels aéraient les moyens de cette
manifestation? 2
« C'est une chose m<Mt/p~ par la lumière naturelle, dit
Desoartes, qu'il doit y avoir pour le moins autant de réalité
dans la eet~e efncionte et totale que dans son ~<; car d'où
est-ce que l'effet peut tirer sa réalité, sinon de sa cause, et
comment cette cause la lui pourrait-ellecommuniquer, si elle
ne l'avait en elle-même*. M Cela prouve bien qu'il y a des
facultés réelles appartenant à nn sujet réel qui produit cer-
taines idées on modes de respr~i., et sans lequel ces modes
n'auraient aucune réaUté, mais non pas que ces idées aient un
objet à qui elles correspondent,ouune cause extérieurequi les
produise dans l'esprit.
« Ce qui est plus parfait, c'est-à-dire qui contient en soi
plus de réalité, ne peut être une suite et une dépendance du
moins parfait, » De cette vérité Descartes conclut que l'idée
de l'inSni et de la perfection de Dieu ne peut être un
ouvrage de notre esprit fini et imparfait. D'où il suit que
cette idée doit avoir une cause et un objet supérieur à
notre esprit à qui l'existence appartienne, et partant que Dieu
existe.
Ce raisonnement n'est pas du tout convaincant. L'emploi
que fait Descartes du rapport de causalité est toujours ambigu,
parce qu'il comprend également au rang des effets, les subs-
tances et les modifications et les phénomènes. Nulle modifi-
cation ou idée n'a de réalité qu'en tant qu'on la considère par
rapport à une substance ou une cause. Tout ce que nous
considérons comme substancea dans son genre toute la réalité
et la perfectionpossible; et il n'y a pas de plus ou de moins
dans la réalité. Quoiqu'une substance ait moins d'attributs,
ou, selon nous, ait des attributs moins parfaitsqu'une autre,
ce n'est pas une raison pour que la moinsparfaite dépende de
l'antre,quant à son existence. En réduisant doncle rapport de
causalité à ce qu'il peut et doitêtre dans notre esprit, savoir à la

<.MM.,n!,§ u.
production d'un mode ou d'un eOet transitoire
par l'activité
d'une force qui pat dito c~M< il n'y a pas de comparaison à
établir entre les degrés de réalité et de perfection du mode
et
ceux de sa cause eMciente.
L'esprit humain a la faculté de faire des compositions
d'idées qui lui représentent des oboses plus parfaites, plus
excellentes que tout ce qu'il eonnaU; il n'est
pas nécessaire
que cotte idée soit mise en lui par une cause étrangère qui
contienne eu soi pour le moins autant de réalité qu'il
en con-
coit dans son idée car ainsi que le dit Descartes lui-même,
toute idée étant un ouvrage de l'esprit, sa nature est telle
qu'eue ne demande de Roi aucune autre réatité formelle
que
oelle qu'elle reçoit et emprunte de la pensée
dont elle est seulement un mode, c'est-à-dire
ou de l'esprit,
une manière ou
façon de penser M. Il semblerait par ce passage
que nos
idées ne tirent que de l'esprit ce qu'il
y a de réel ou de
substantiel en elles car la réatité formelle dans le langage de
Descartes est la seule réalité proprement dite. Colle qu'il
appelle objective, n'étant autre chose que le caractère distinctif
des idées ou leur manière d'être et de se présenter à l'esprit
n'a pas besoin d'une cause différente de l'âme de l'esprit,
ou
qui agit pour se modifier lui-même de ces manières diverses
qu'on appelle réalité objective. De ce point de
vue ressortirait
un idéalisme complet systématisé.
Mais Descartes cherche à éviter cet écueil
par l'explication
qui suit « Afin, dit-il, qu'une idée contienne
une telle réalité
objective plutôt qu'une autre, elle doit
sans doute avoir cela
de quelque cause dans laquelle il se rencontre
pour le moins
autant de réalité formelle que cette idée contient de réalité
objective; car si nous supposons qu'il
se trouve quelque
chose dans une idée qui ne se rencontre
pas dans sa cause, il
faut donc qu'elle tienne cela du néant' II
», y a dans ce pas-
sage beaucoup d'obscurité. La réalité objective qui se trouve
dans une perception ou idée de couleur,
par exemple, diffère
i. m'A, m, § n.
2. lbid.
de la réalité objecte do la perception d'«ne qualité taetile,
d'an son ou d'ana odeur. Ces réalit6s objectives diverses se
rapportent-elles nécessairement à autant decausea ditférentca
ou ne peuvent-elles dépendre d'une seule et même cause qui
agit dineremment sur des organes divers ou disposés de
diverses Manières? Quand on dit que ces causes ou cette
cause unique doivent avoir pour le moins autant de réalité
formelle qu'il y a de réatité objective dans les idées ou modes
de lame qui en sont les effets, peut-on entendre antre chose,
sinon que les idées ou ces modes n'auraient pas lieu, s'ils
n'étaient pas produits par quelque eaMfw réelle, et qu'ils ne
seraient pas différents les uns des autres s'il n'y avait pas une
diversité réelle, soit dans leurs causes productives, soit dans
la manière d'agir de la même cause. Mais qu'est-ce qui nous
dit que cette cause est nécessairement extérieure à t'ame?
Certes on ne peut pas dire que cette façon d'&tre d'une chose
qui la rend objectivement présente à l'entendement par son
idée no soit rien, ni par conséquent qu') cette idée tire son
origine du M~OK<. Mais ne suffit-il pas qu'elle soit un produit
de l'activité de l'Ame pour être quelque chose de positif ou
qui ait une origine réelle et positive ?
Jusqu'ici donc Descartes n'a rien dit qui prouve que la dif-
férence de réalité objective qui existe entre les idées se rap-
porte à des causes diBérente!' de l'âme et qui aient chacune
une réalité formelle correspondant à la réalité objective des
idées. D y a plus, o'est qu'il n'a point prouvé la nécessité
d'une réalité formelle dans les causes des idées, et que cette
réalité pourrait être réduite à la simple réalité objective qui
serait dans les causes comme dans les effets ou les idées.
e Tout ainsi, dit-il, que cette manière d'être objectivement
appartient aux idées de leur propre nature, de même aussi
la manière ou la façon d'être formellement appartient aux
causes de ces idées (à tout le moins aux premières et princi-
pales) de leur propre nature', n Voilà une manière commode

i.M.M.n,gn.
do trancher le nmad de la diBtcutto aur la premier problème
de !a philosophie.
Aucune idée ou mode no peut être dit objectivement ou par
représentationdans l'esprit, qu'autant qu'il y a an mot ou ttn
sentiment d'individuatité distinct de tout ce qui est ainsi
représenté. Si en admettant ou présupposant résistance du
moi, on peut dire que la manière d'~pe e~e~petM~~ appar-
tient aux intuitions da leur propro nature, on ne peut pas le
dira également des impressions affectives qai ne prennent
cette manière d'être élective qu'on s'assoeiaat an sentiment
do l'effort, et se localisant dans les parties dtt corps. La seule
perception ou idée qui soit objective de sa nature, c'est cetb
de rétendue tangible et visible, jointe à la résistance ou
séparée d'etie. Toutes les autres modifications ne prennent
to caractère objectif qu'en s'associant avec cette première. B
n'y a donc pas plusieurs réalités objectives différentes, mais
une seule à laquelle participent des modes ou phénomènes
divers qui n'auraient par leur nature aucune réalité objective
ou formelle.
Quant aux causes des idées, on ne peut dire que la manière
ou la taçon d'être formellement, c'est-à-dire la téatité for-
melle leur appartienne, qu'en tant qu'après avoir tiré tes
notions de cause ou de substance de l'aperception de notre
être propre, agissant ou pensant, nous appliquons hors de
nous ces notions qui contiennent vraiment et de leur propre
nature la réalité formelle. Les notions se rattachant ainsi an
fait de conscience celle de ta force intelligente est déduite
du sentiment de notre volonté efficace celle de la substance
matérielle est déduite de l'aperception de notre propre corps
inerte, étendu, obéissant à la volonté.Toute la réalité formelle
qui est contenue dans les éléments du fait primitifse retrouve
dans les notions, originaires de ce fait, et n'a pas une antre
source.
Une idée ou un phénomène ne peut êtra dit cause d'un
autre que dans un sens impropre, et en tant qu'il s'agit de
causes physiques ou d'une succession d'eSets. Cette succes-
aion noua conduit tou}oura & un premier terme qui n'est plus
un phénomène dont la réalité soit purement objective dfma
l'esprit, mais une foro on une substance ayant une réalité
formelle. Descartes oppose toujours cette réalité, la seule qui
puisse être ainsi proprement nommée, à ce qu'il nomme
improprement la réalité objective; et il entend que la pM-
mière doit nécessairement être eontenae dans te9 causes des
idées, comme la seconde l'eat dans les idées mêmos. C'est là
qu'est toute t'obscurité et le faux do la dootrine.
« Les idées, conclut-il, sont en nous comme des tableaux
ou des images qui peuvent & !a vérité facilement déohoir de la
perfection des choses dont elles ont été tirées, mais qui ne peu-
vent jamais rien contenir de plus grand ou de plus parfait »
Les notions de substances, de causes ne sont pas dos images.
La réalité formelle s'y attache immédiatement et il n'y a rien
là qu'on puisse appeler réalité objeotive. Les notions, appli-
quées hors de nous, ne peuvent d'abord renfermer rien de
plus grand ou de plus parfait que la source d'où elles ont été
tirées, savoir notre être propre. B est vrai que notre esprit
est doué de la faculté d'amplifier ou d'étendre ce qui lui est
donné sous certaines limites. Ainsi dès qu'il a la notion d'une
force ou puissance motrice qui surmonte certains obstacles et
est arrêtée par d'autres, il peut faire abstraction de ces obs-
tacles et concevoir une force supérieure à la sienne, à laquelle
rien ne résiste. De même en partant d'une étendue limitée
teUe que celle de son propre corps, il a la faculté d'étendre
indéSniment ces limites ou même de les écarter tout à fait.
Ainsi conçoit quelque chose de plus grand et de plus par-
fait que la source à laquelle se rattache cette grandeur et per-
fection supérieure, mais qui n'ont cependant point d'antre
réalité formelle que celle de l'âme on du moi où elles prennent
naissance. De là, il résulte que le raisonnementsuivant n'est
pas aussi fondé en principe que le croit l'auteur des Médita-
tions, quand il dit: « Si la réalité ou perfection objective de

t. MM., m, s H.
quelqu'une de mea ideaa est telle quojoaonnaiMc elairpment
que oette même réalité ou perfection n'est point en moi n!
formellement ni éminemment, et que par conséquent je ne
puis moi-mème en être la cause, il suit de là nécessairement
qaejo ne suis pas seul dans le monde, mais qu'il y a encore
qMcttjjM'autfe chose qui existe et qui oat la cause de cette M&e
au lieu que s'it no se MncontM point en moi do telle idée, je
n'aurai aucun argument qui me puisse convaincre et rendra
certain de l'existence d'aucune autre chose quo da moi-
metRO »
t Je répenda i* queje puis bien connaltre clairement que ta
réalité d'une idée n~eat pas contenue en moi, quoi je me
MeonnaiMe néanmoins comme la cause de cette idée qui
pourrait d'ailleurs n'avoir aucune réalité formelle autre que
celle que mon espritlui attribue par induction de la reaMté de
mon être propre. Ainsi quand je serais seul au monde, il su~
nrait que j'eusso le sentiment de mon activité identiqueà celui
do mon individualité complète, et que je fusse doué des
mêmes facultés d'abstraire, de génératiser, d'amplifier mes
conceptions pour que j'eusse des notions de torées, de subs-
tances, ayant la réalité de mon être et une perfection supé-
rieure, sans que je fusse en étpt de prouver par le raisonne-
ment que les causes dont j'ai les notions existent réeUement
ou ont une réatité formelle absolue et séparée de moi.
Je réponds: 2' qu'en m'en tenant au fait de conscience et
aux notions de force et de substance qui en sont les éMments
nécessaires, sans rien ajouter, ni sans rien amplifter, je n'en
serais pas moins assuré qu'il existe quelqu'autre chose que
moi, que je le suis de l'existence de Met, cette certitude ne se
fondant pas à la vérité sur le raisonnement, mais l'aporcep-
tion interne d'un fait ou d'un rapport primitif à deux termes.
Tout ce que notre esprit conçoit, comme ayant une réalité
/b!TKc~e absolue, est aussi conçu comme ne pouvant avoir sa
cause en nous-même, mais comme existant d'mM {manière
indépendante. Le moi ne peut être cause des substances, mais
i. ~M, m, s ~a.
aputotnpnt desmodineationa pradu!<<'adan9<e!tsahs(<mees. Il
ne peut pas naa plus se eooccvnit commo etM, puisque sa
force propre, oonstitHtive. est au cantraiw l'antacédentnéeea-
sMpe de tout rapport do causalité. !<es modes passifs seuts
sont sentis comme eSats do quelque cause qui n'est pas lui.
La notion de Dieu, causa sMpF~me, substance !nHn!« no peut
pas contenir une réalité formelle supëneufa à celle des autres
forces ou substances da !'Mn!vera dont HOMa croyons ndeea-
aMKtMent!'ex!8tenco. Il n'y pas de degf6 dans cette r~atht.
M n'est pas besoin do MHMmterjusqM'~Dieu pour trouver
des notions do choses dont la rëaHtô n'est pas contenue utt
nc'os-m&BMs, et dont par conséquent nous no sommes pas
caMaea, bien quo toute ex!steMe séparée de la notre soit dans
le m&me cas. Descartes passe eu revue les d!)Mrentes espèces
do nos idées pour savoir celles dont la réalité. peut ôt~ conte-
nue on nous, et dont par conséquent nous pouvons être causes,
et celles dont nous ne pouvons pas être causes par cola seul
que leur, réa!h6 n'est contenue ni formellement ni éminem-
ment dans le moi. Il énonce d'abord ridée qui représente le
moi à tui-même, sur laquelle il ne peut y avoir, dit-il, aucune
<cM~. M me parait, au contraire, que toute !a diMcutté
g!t dans ce premier point, et que les écarts de la philosophie
de Descartes, comme de tous les métaphysiciens, viennent
précisément de ne pas assigner les vrais caractères de ce fait
par lequel le moi se représente, ou, pour parler plus exacte-
ment, s'epe~e& ~Mt-m~Me. De là, en eSet, dépend la question
de savoir si par cela seul que je m'aperçois moi-même en
disant, je pense, j'existe, je ne reconnais pas quelqu'autre
chose qui agit et qui réagit sur moi, ou si je ne suis certain
que de l'existence de moi-même.
Sans s'arrêter à ce premierpas, Descartes passe immédiate-
ment à l'idée de Dieu, des choses corporelles, des anges, dos
animaux, enfin des hommes semblables à lui. Les deux pre-
mières idées. Dieu et les choses corporelles (l'étendue) sont,
suivant lui, les éléments de toutes les autres qui pourraient
être formées par leur mélange ou composition, quand il n'y
aurait aucun hommo, n! an~e, ni animal au monde. Ceci
ravient à dira donnea-moi utM~ force agiaaanto et une aub~
tance étendue, et jo ferai des homme?, des animaux, etc.: <e
qui pourtant ne suf&t pas, car il antre dans ces idées outre les
deux notions qui en sont les basoa ou les éléments nécessaires,
dea modtMcationa aeceasotrea qui ne ponvent venir do nous-
tnemes.
Dans les r&ves, cortainesimages ao forment en nous, aana
nous, par !a eontMnNaonsentM des sensations ou intpreasieM
antaF)«HH)ft,Fe~Meadana te cerveau. Ma!a toraqMe nous aemmos
aoaa-mômca los aateMFs de certaines idées afcMtypea, aeaa
aavons par ce!a même que ces idées n'ont point de réalité for.
meMe, juaqn'tt ce que nona les réatisiona hora de nous, en
donnant à la matière los formes ptaatiqaea qui sont objective-
ment ou par reprëaentation dans notre pensée; auquel cas
nous pouvons être dits & juste titre les causes eMcienteades
objets représentésdont notre pensée a fourni le modete et que
l'art a exécutés, réalisés. On peut dire que la perfection surna-
turelle et idéale, exprimée dans les chefs-d'œuvre de l'art, est
contenue objectivement dans l'esprit do l'artiste; et, en la réa-
lisant hors de lui dans la nature, il devient la cause efnciente
do cette réalité formelle. Souvent l'artiste exprime ainsi une
beauté, une perfection idéale qu'il sent bien n'être pas conte-
nue en lui.
En tant que nous concevons une choM, on yeut dire qu'elle
est contenue dans notre esprit; mais il y a diné~entes manières
de concevoir,aavo!r:d'unemanièredistincte etadéqnate,!ora-
que nous embrassons par la pensée tout ce qui constitue l'objet
ou lui appartient; et d'une manière conhtse et imparfaite,
lorsque nous savons seulement que l'objet existe, sans avoir
aucune notion distincte de sa nature. C'est ainsi que nous
concevons l'infini, Dieu, une perfection, me beauté idéale
dont les traits échappent à notre intelligence. Nous ne sommes
pas causes ou sttjets réels de ce que nous concevona <tMMt
c'est comme la présence d'une divinité supérieure qui nous
ret~ue.
Mait pow qu'uno phoao, notion eu idée, puia~e dire dite
venir de noua-memoa, M ne sutOt paa que le degré da por*
footien ou d'excellence que noua y trouvons aoit inférifur à
celui que nous remarquons fn nous-mêmes; comme aussi de
co que nous avons ridée de quelque chose plus pMfa!t, ptua
grand que nous ne le sommes réellement, il no s'ensuit pas
que cette idée soit un objet r~et, ou ait <H~ misa dans notre
esprit par quelquo cause, dKMrent~ de notre eapfit, qui ait
une réalité formelle an moins égalo a la réatit6 objectiva de
l'idée. Cette <choMa comparative de degrés sMp~rieMM ou
inférieurs do perfection ost un mauvais enMnM~t pour juger
si nous sommes ou non los auteurs do telles idées.
Suivant Desoartes, !e9 idées do modes tels que la lumière,
tes oouleurs, tes sons, les odeurs, les saveufs, la chaleur, te
froid et les autres qualités qui tombent sous l'attouchement,
se rencontrent dans la pensée avec tant d'obscurité et de con-
fusion, que même en los supposant vraies, c'est-à-dire repré-
sentatives de choses réeUes, il est impossible do distinguer la
chose représentée d'avec le non-être; et de là l'auteur conclut
qu'il ne voit pas pourquoi notre esprit n'en pourrait pas être
l'auteur. Mais il est facile de répondre que los modes dont il
s'agit sont vraimentinséparables des substances en qui nous
les apercevons ou des causes étrangères & qui nous les
attribuons comme effets. Sous l'un et l'autre rapport nous
savons très certainement, es'<<sMM<! scientid et e~ma~e
coNMMH«< que nous ne sommes pas les auteurs de ces modes
que nous percevons et sentons malgré nous. Les idées de
modes puisées dans la relation sous laquelle seule il nous est
permis de les concevoir, ont toute la réalité de la substance
et de la cause à qui elles se rapportent. Si on les abstrait de
ta rotation, ce sont de pures abstractions qui n'ont aucune
réalité; nous sommes les auteurs de ces abstractions, quoique
nous ne fassions pas les éléments abstraits ou les phénomènes.
Venant aux idées claires et distinctes des choses corpo-
relles, Descartes reconnait qu' « il y en a quelques-unesqu'il
me semble avoir pu tirer de l'idée que j'ai de moi-m&me;
«StuatMe celtes que j'ai do la s<tbatone&, de ta durée, du
nombre, et d'autres choses semblables. Car lorsque je pense
que la pierre est une substance, ou bien une chose qui
de soi est capable d'exister, et que je suis aussi moi-mêmo
une substance; quoique je conçoive bien que je suis une
chose qui penae et non élenduo, et que la pitwre, au contraire,
est une chose étendue et qui ne pense point, et qu'ainai entre
eos deux conceptions il se rencontre une notable différence,
touteMa ottes semblent eonveniF en ce point qu'elles repré-
sentent toutes deux dos anbstaacea M DeaeMte~ manque ici
'd'exactitude; ce n'est point par l'aoto de la pensée ou de la
renexion seule que je me forme de moi-tnênM une notion do
substance à laquelle puisse participer une chose matérieUe.
Par cet acte, je m'aperçois seulement eotntne force agissante,
capable de produire des modes actifs; et lorsque je sens des
modes paaatta, je reconnais par induction l'existence réelle
d'une cause étrangère a ma volonté ou à moi. L'idée de cause
vient bien de moi, mais non pas le mode passif, ni l'asso-
ciatioa qui se fait naturellement de' la notion d'une tbrctt
étrangère. Quant à la notion de substance étendue, elle a bien
son origine dans l'aperception de mon individualité dont mon
corps est une individualité nécessaire, et de ta elle se trans-
porte aux corps étrangers.
Aprea~voir cherchéà établir, mais bien vainement ce me
semble, qu'il n'y a pas d'idée ou de représentation objective
de substance, ou de mode extérieur à nous, dont notre esprit
ne puisse être l'auteur ou qui ne puisse étM contenu en lui
formellementou éminemment, Descartes vient enfin à l'tdée
de Dieu, dans laquelle il se propose ~e considérer s'il y a
quelque chose qui n'ait pu venir de nous-meme. « Par le nom
de Dieu j'entends, dit-il, une substance infinie,' étemelle,
immuable, indépendante,toute connaissante, toute puissante,
et par laquelle moi-même et toutes les antres choses qui sont
(s'il est vrai qu'il y en ait qui existent), ont été créées et pro-

t.J)M.,Mt;5M.
duites. Of, eea avantagea sont si grands et si éminents, qua
plus attentivement je les considère et moins je me pet auada
que l'idée que j'on ai puis~a tirer son origine do moi sent. Kt,
par conséquent, il faut nécessairement conclure de tout ce
que }'ai dit auparavant que Dieu existe car, encore que l'idée
de la substance soit en moi de cota même que je suis une
subtanco, je n'aurais pas aeaamoiaa r!déo d'une substance
infinio, moi qui suis un être Sn!~ 8i elle n'avait été wso on
moi par quelque substance qui ftlt véritablement inHnie\ 1)
Cette preuve do l'éxistence de Dieu, que Dosoartea adtMet
comme d'en ordre supérieur ou antérieur à celui de la réalité
de toutes !es autres existences, se fonde sur plusieurs hypo-
thèses qu'U serait diSicile de justifier
to Que nous avons l'idée positive d'une substance infinie
comme actneMement existante. Je doute que les hommes les
plus réuéoMs, se laissantgaider par tes soutes lumières de la
raison, trouvent en eux cette idée, comme ils y trouvent la
notion distincte d'une substance étendue, et aussi celle d'une
cause eu force indéterminée productive des phénomènes. Or,
si l'esprit ne trouve pas en lui cette notion, comment s'y
prendra-t-on pour lui prouversa ~a~/bMMe//e?
2'* Que toute notion qui représente une chose supérieure à
ce que nous sommes, ou à ce que nous apercevons être, a un
objet, un modèle ou un type réel de perfection extérieur &
notre esprit; et que cet objet réel a gravé, pour ainsi dire, en
nous la notion qui le représente ou qui en est la copie. Voilà
encore une hypothèse impossible àjustiner. D'abord savons-
nous bien ce que nous sommes? N'y a-t-it pas dans la nature
de notre âme des puissances que nous ignorons complète-
ment et qui sont destinées à se développer dans un autre
~N<M.,Ut,6iS.
2. Descartes se fait à tnt-meme cette dMBcMtte un peu phM bas mais M la
résout en dtMat que t'etM objectif d'nne idée ne peut être produit par un
être qui existe seulement en puissance, teqnet, & proprement parier, m'est
rien; maia seulement par un être formel on actueL Mais c'est précisément
là ce qn'U a'a~t de prouver, savoir si de ce ({ne noua avons la notion d'un
être utunt, partait, on peut coueture qu'u y ait un être formel ou actuel,
mode d'existence ? Qui sait s'il n'y a pas en elle une perfecti.
bilité inCnie, une science innnio maia confuse? Ne pourrit-
elle pas se créer d'après ce typé intérieur te modèle d'un être
tout-puissant, tout parfait, omniscient, sans que ce modèle
eut un objet externe, cause de la notion qui le représente?
Pourquoi serait-ce en Dieu seulement et non en nous-méme
que nous trouverions l'inBni ?
La preuve que notre âme a en elle la faculté de concevoir
l'infini, la perfection, c'est qu'elle a de telles notions. Nous
concluons très bien des actes aux facultés qui sont en nous,
maia non des facultés aux causes supérieures qui les ont pro-
duites avec notre âme, car il faudrait pour cela que nous
puissions nous faire une idée de la création et après que
nous sommes parvenus à reconnaîtreune cause efSoienie pw-
mière de ce qui se fait, remonter encore jusqu'à la cause de
ce qui est, ou à une substance qui a produit toutes les autres,
quoique celles-ci soient comme indépendantespar leurnature
ou par cette de la notion même qui les représente. Ce progrès
de l'esprit, qui remonte à la cause première des substances et
des forces, causes naturelles des phénomènes, n'est pas dans
l'ordre naturel de le. raison; d'ou l'on peut conclure qu'une
telle notion n'a pas été mise dans notre esprit par quelque
substance infinie qui en soit le modèle extérieur, mais qu'au
contraire nous nous élevons à la conception d'un tel modèle
en réalisant hors de nous par induction la cause, la substance
que nous trouvons en nous-même.
3* On prouverait l'existence nécessaire de la substance ma-
térielle, étendue~ plutôt que celle de Dieu, par l'argument de
Descartes, en disant Je n'aurais pas l'idée d'une substance

hors de notre âme. Kant a très bien distingue la poMiMtiMréaBe de la poe-


sibillté logique. « Pour qu'tme chose, dit-il, (Voyez XM&ef, page i6t) soit
togiqae.uemipossible, B mNt qu'elle ne soit pas en contradiction avec elle-
même pour qa'eUe soit réellement possible,, il faut en entre qu'elle s'ac-
corde avec les principes de notre sensibilité on de nom entendement. La
p<MMtbHK< T~eUe wpp<MM< Men pw'tbtMM teghpM mais mm <tee~!et~<t.
Tout ce qui est possible dans la pensée ne t'est pas pour cela dans la
rêaiKé. a (M. de B.)
étendue, moi qui suis une ohose qui pense, non étendue, ai
elle n'avait été mise en moi par quelque substance qui soit
véritablement étendue donc une telle substance existe réette-
ment. Et cet argument me parait sans réplique, dès qu'on
fait l'application nécessaire du principe de causalité, puisqu'il
est vraiment impossible de concevoir comment nous pour-
rions avoir l'intuition de l'étendue, comme étant hors du moi
et opposée à lui, s*il n'y avait pas une substance étendue ou
une cause extérieure quelconque de cotte intuition. Nous
sommes assurés par le fait de conscience que nous ne contri-
buons en aucune manière par notre activité à cotte représen-
tation et la manière senle dont elle se produit à nos sens,
son antagonisme avec notre moi, nous atteste qu'eUe ne
peut être tirée de lui, qu'elle n'y est point contenue d'avance.
Autant vaudrait-il dire que l'ombro était contenue dans la
lumière.
Descartes a prévenu cette objection fondée sur ce que no
pouvant pas trouver en nous-mémeta notion d'une substance
étendue, il faut qu'elle y ait été mise par une substance réel-
lement étendue, et, par conséquent, que nous savons premiè-
rement que les corps existent. a II est vrai, dit-il, que l'é-
tendue, la figure, la situation et le mouvement, ne sont point
formellement en moi, puisque je ne suis qu'une chose qui
pense mais parce que ce sont seulement de certains modes
de la substance, et que je suis moi-même une substance, il
semble qu'elles puissent être contenues en moi éminem-
ment 1. Ce passage est très remarquable; c'est le point de
la doctrine de Descartes où l'on aperçoit le mieux sa con-
nexion intime avec celle de Spinoza. La substance qui pense
peut contenir éminemment l'étendue; l'étendue est un des
modes de la substance pourquoi la substance infinie et une
ne contiendrait-elle pas éminemment la pensée et l'étendue,
comme des attributs ou modes Inséparables d'elle ?
Si je m'en tiens à l'aperceptioninterne de mon individua-

t. j)M. Ut, s M.
7
lité, sans division ni abstraction, je trouve en moi ou dans le
corps propre qui actualisele sentiment de l'eMort, retendue
(non figurée), la situation ou le mouvement joints à la pensée
dont l'objet immédiat est le corps propre qui réunit ces qua-
lités. Mais en tant que j'abstrais l'un de l'autre les deux
termes du.&u~ de conscience, l'étendue qui se représente à
distance comme objet d'intuition, et le moi ou l'CMort sont
indépendants et ne peuvent en aucun sens être dits contenus
l'un dans l'autre. Descartes décelé son embarras, quand il
dit que l'étendue, la Sgure, quoique n'étant pas contenus
formellement dans l'Ame, peuvent y être éminemment; ce
qui veut dire sans doute qu'elle a la puissance de les former
comme étant d'une nature supérieure mais ici la préémi-
nence de nature ne fait rien. n est certain par Inexpérience
intime que nous ne formerions pas l'idée la plus simple, la
plus grossière, si nous ne l'avions pas reçue. Celle de l'é-
tendue est tout à fait dans ce cas.
Je ne me dois pas imaginer que je ne conçois pas I'M</îtM
par une véritable <We, mais seulement par la négation de ce
qui est fini, de même que je comprends le repos et les
ténèbres par la négation du mouvement et de la lumière
puisqu'au contraire je vois manifestementqu'il se rencontre
plus de ~a~ dans la substance infinie que dans la substance
finie et partant que j'ai en quelque façon premièrementen
moi la notion de rinnni que du fini, c'est-à-dire de Dieu que
de moi-même car comment serait-il possible que je pusse
connaître que je doute et que je désire, c'est-à-dire qu'il me
manque quelque chose et que je ne suis pas tout parfait si je
n'avais en moi aucune idée d'un être plus parfait que le
mien '? » J'avoue que je ne conçois rien & ce paragraphe et
il m'est impossible de concevoir sur quelle faculté de l'esprit
Descartes appuie les assertions qui y sont contenues. Je con-
çois en moi là faculté de faire abstraction de toutes limites

1. ('p.tfhtCompaMtMnduquel je connattrais les débuts de ma nature.


t~M. n), § <6.)
d'espace et de temps, de saisir ainsi ces notions comme celles
de substance et de cause par une sorte de vue générale et
indéterminée mais quant à l'idée positive de l'infini, de l'ab-
solu, je ne crois pas qu'elle se perçoive distinctement dans
l'esprit de quelque homme que ce soit. Dans la formation
renéobie do nos idées distinctes, nous partons bien certaine-
ment du déterminé et du fini, quoique nous soyons forcés
par une loi de notre esprit d'admettre ou de croire un absolu,
un infini antérieur dont nous ne pouvons nous faire en aucune
manière une idée ou notion distincte. Ce sont là des prin-
cipes et non pas des idées. Avant de me connaître moi-même,
je ne connais rien, je ne suis pas même un être pensant. Je
n'ai donc en moi en aucune façon pfe~MtëremeK~ la notion de
l'innni ou celle de Dieu avant l'aperception ou la connais-
sance de moi-même. Mais comme j'ai la relation de cause et
d'effet présente à mon esprit, en même temps que mon exis-
tence est indivisible d'elle, et qu'aussitôt que je viens à pen-
ser à la substance, à la cause, je conçois que ce que j'appelle
ainsi a préexisté à mot et à ma connaissance et en est indé-
pendant, on peut dire que le p~MCi~e formel de teUes notions
est premièrement non en moi, avant que je fusse ma per-
sonne, mais. dans l'âme substance, quoiqu'il n'y eut aucune
notion ni idée.
Quant à la connaissance réuoxive de ces modes de mon
être pensant et sentant que j'appelle doute, désir, elle ne sup-
pose certainementpas la notion de Dieu. Mais il est vmi que
pour reconnaître que ces états sont des imperfections, il faut
se faire qnelqn'idée d'un autre état plus parfait relativement
auquel on compare celui où il manque quelque chose. Et il
suffit pour cela d'avoir éprouvé cet état de l'esprit jouissant
de l'évidence pour sentir que le doute est une imperfection.
Descartes confond ici Jes rénexions que nous pouvons faire
sur certains états sensitifs, intellectuels et moraux, et les com-
paraisons que nous pouvons faire entre eux et avec ces états
eux-mêmes.
M)SMTATMH< V 1

« ï! n'y a rien
de contfnu dans !e concept du corps de ce
qui appartient à l'esprit, et réciproquement dansle concept de
l'esprit non n'est compris de ce qui appartient au corps'. n
Dam le concept de l'objet résistant et solide, te! que celui que
l'aveugle peut se figurer, il peut n'y avoir rien de ce qui
appartient à la vue, et réciproquement. Peut-on en conclure
qu'il y ait là deux objets diuérents?
« De ce que je conçois clairement et distinctement une
substance sans une autre, je suis assuré qu'elles s'excluent
mutuellementl'une l'autre, et sont réellement distinctes a
Je l'accorde. Nous concevons clairement et distinctementdes
substances séparées à l'aide de la même faculté de représen-
tation ou d'intuition externe. Mais il s'agit de savoir si ce
que nous concevons par réuoxion ou aperception interne est
aussi une substance complète, ou peut être appelée ainsi,
comme ce sujet étendu en qui nous voyons se succéder diffé-
rentes modiBcations voilà la grande ditNculté. Que l'esprit
soit conçu comme une chose subsistante, quoiqu'on no lui
attribue rien de ce qui appartient au corps, c'est ce que Des-
cartes prétend avoir démontré, et qu'on peut bien regarder
comme une illusion de 1 esprit qui attache la réalité à ses
abstractions. Conçoit-on l'esprit comme une chose?
« Il est très évident que tout ce qui est vrai est quelque
chose, la vérité ~at!< une même chose avec f~re » La vérité
est dans les relations que nous concevons entre nos idées,
soit que nous les rapportions aux choses ou aux êtres, soit
que nous ne les y rapportions pas. Dans le premier cas, la
vérité est physique dans le second métaphysique, ou logique.
Lorsque les relations sont perçues entre les idées générales
ou abstraites, la vérité est purement logique. Elle n'est pas
i. Voy. Réponse aux œeMdm Object., § 5 et
2. KM.
JtM. t, § 8.

3. JtM. V, S 2.
une même chose avec l'être, ou avec la réalité absolue des
choses, et on se trompe, lorsqu'on confond cette vérité de
convention avec une réalité absolue, C'est ainsi qu'on réalise
dans la nature des classifications arbitraires, ou des rapports
numériques, géométriques qui n'ont lieu que dans notre
esprit.
« Si de cela seul quo je puis tirer de ma pensée l'idée de
quelque chose, il s'ensuit que tout ce que je reconnais daire-
ment et distinctementappartenir à cette chose, lui appartient,
en eMet, ne puis-je tirer de là une preuve démonstrative do
l'existence de Dieu'? » Lorsque je tire do ma pensée l'idée
d'une chose, il s'ensuit que tout ce que je reconnais claire-
ment et distinctementappartenir à cette chose, lui appartient
en effet, en tant que son idée est dans mon esprit ou que je la
conçois. Mais il ne s'ensuit paa que cette chose existe réelle-
ment hors de mon esprit avec les attributs que j'y reconnais.
Les vérités mathématiques en sont un exemple. Nous conce-
vons clairement et distinctement ces idées et leurs relations
sans pouvoir en conclure rien pour la réalité absolue do leur
objet.
« L'existence de Dieu doit passer en mon esprit au moins
pour aussi certaine que les vérités mathématiques qui ne
regardent que les nombres et les ngures » J'admets la parité
quant au genre de la vérité.
« Ayant accoutumé, dit Descartes, dans toutes les autres
choses de faire distinction entre l'e:clstel1ce et l'MMHee, je me
persuade aisément que l'existence peut être séparée de l'es-
sence de Dieu, qu'ainsi on peut le concevoir comme n'étant
pas actuellement. Mais lorsque j'y pense avec plus d'atten-
tion, je trouve manifestement que l'existence ne peut non
plus être séparée de l'essence de Dieu que de l'essence d'un
triangle rectiligne la grandeur de ses trois angles égaux à
deux droits, ou bien de l'idée de montagne l'idée d'une vallée;

N<M. V, S 3.
2. Jbid.
on sot t~ qu'il n'y a pas moins do répugnance de concevoir un
Dieu, e'est-a-dire un ~tre aouverainement parfait auquel
manque l'existence, c'est-à-dire auquel manque quelque per-
fection, que de concevoir une montagne qui n'ait point de
vallée Je trouve un véritable sophisme dans ce raisonne-
ment. Sans doute lorsque, ayant défini Dieu un ëtro qui a
tontes les perfections, voua considérez l'existence comme une
de ces perfections, il répugne à notre d6<hnt!on d'exclure
t'existenoe de l'idée de Dieu. Maia c'est !a une vérité logique
fondée sur le principe de contradiction point do montagne
sans vaUée, point d'enet sans cause, etc. Ceta serait logique-
ment vrai quand il n'y aurait pas de montagne ni de cause
réelle au monde.
On a objecté contre l'argument de Descartes qu'il ne prou-
vait pas que Dieu, ou qu'un être souverainementparfait, fût
possible, et que l'argument n'était vrai, ou l'existence de
Dieu certaine, qu'autant que cette notion était possible, c'est-
à-dire qu'elle n'admettait pas d'éléments incompatibles entre
eux. Mais quand même il n'y aurait pas d'incompatibi)ité
entre les éléments que l'esprit réunit sous cette idée, il ne
s'ensuivrait pas nécessairementqu'elle cat hors de l'esprit un
tel objet ou un modèle réellement existant. Descartes met
l'existence au nombre des attributs ou perfections de l'être
réel ou purement idéal qu'il appelle Dieu. Mais avant de con-
cevoir des attributs dans un sujet, it faut savoir s'il y a un
sujet existant*. Or, la manière dont nous pouvons nous assu-

<. W~. V, S 3.
2. Me cela seul que je ne puis concevoir Dieu que comme existant, il
t
s'eusuit que exMence est inséparable de lui, et partant qu'H existe vêrtta-
blement, non que ma pensée pnbse faire que cela soit, ou qu'elle impose
aux choses aucune nécessite mais an contraire la nécessite qui est en la
chose même me détermine & avoir cette pensée. (JM. Y, 9 4.) On confond
ici la nécessite des idées avec la nécessité des choses. Je trouve dans mon
esprit la nécessité de concevoir des causes efBcientes quand je vois des
phénomènes qui commencent, et je suis conduit par l'exercice de mes
facultés à pousser cette notion de cause jusqu'à cette de Dieu. Mais la né-
cessité d'un être souverain, parMt, n'est pas imposée à mon esprit comme
une vérité nécefsaire. Car combien d'hommes en qui ftte ne se troove
rer de la réalité du aujot estérionr on étranger a nona.memea
ne ressemble nullement à la manière dont nous lui rappor-
tons certains attributs, certainesqualités. L'existence réelle,
absolne peut être affirmée on crue d'un sujet avant qn'it y ait
quelques attributs distinguésdu sujet. Cette distinction est le
premier pas de la connaissance. Mais avant elle est la croyance
nécessaire que la chose existe et si cette existence n'est pas
crue nécessairement ON primitivement it faut qu'elle soit jus-
tirée par l'expérience ou par le fait. Je pnis me faire t'MeeoM
l'image d'une chose ou d'une peraonne doaee de telles qna-
tités, ayant telle physionomie, tel caractère je pourrai feindre
que cette personne a fait certaines actions conformes a son
caractère je ferai le roman de sa vie, etc. Il n'y a rien d'im-
possible dans mon roman il pourrait mémo arriver par
hasard que je rencontrasse une personne semblable a cette
que mon imagination représente, ayant passé partes circons-
tances que j'ai imaginées mais avant la rencontre, tout ce
que j'ai imaginé n'a point de réalité extérieur&, ou du moins
je n'ai pas le moyen do to savoir. Le raisonnement et les
comparaisons répétées entre ce que je conçois par l'imagina-
tion et ce que je perçois peut me convaincre do la possibilité
de mon idée, mais il ne m'assurera jamais de la réalité for-
melle de leur objet. Cette réalité n'est jamais susceptible de
démonstration on la croit nécessairement, ou on reste tou-
jours dans le doute à son égard.
Ceux qui assimilentles moyens qui peuvent nous servir a
prouver des existences, avec la méthode des hypothèses phy-
siques ou mathématiques, employées à démontrer que tels
faits s'accomplissent réellement dans la nature de manière à
nous montrer certaines apparences, se trompent évidemment

pas Ttudte que la notion de !'cxtstcaeeréelle des fahstanf~. des caueesde


phénomènesest MmtveneUe on commune à tous les esprits. L'idée de t'exis-
tence peut être prise pour l'existence même, quand it s'agit des Cgure:'
mathématiques, car il dépend de moi de les réaliser. Mais il n'en est pas de
même de l'idée d'un Mre indépendant supposer son existence ou en avoir
l'idée n'est pas t'apercevoir. (M. de B.)
qu'elle
car avant qu'une chose aoit de telle manière, i! faut
esiate. Si !a croyance d'une existeaeeréelle n'était pas néces-
sairement jointe ta l'idée dit soleil que je vois, grand comme
9'fMaoc!eFa!tjama)a
un plat, attaché à une vente bleue, elle ne
h la notion astronomique du véritable soleil, plusieurs mil-
liera de fois plus gros que la terre et FecaM dans l'espaco h
trente-quatre millions de lieues. En état~ssaat par le ra!aon-
nomont et la méthode dos géomètres cette dermere vérité,
tirées
commo celle des relations des lignes qu'on sMppoae
dans t'espace, je ne trouverais jamais qae !'idée d'MM ao!e!t
posNiMe avec telles dimensions, et non point la eroyance d'un
soleil actuellementexistant.
« Noas somMes
tellement accoMtafïoa, dit Descartes, &
distinguer dans toutes teaaHtpeschoses l'existenco dei'~seHc~
appartient
que nous ne prenons pas assez garde comment elle
à l'essence de Dieu, plutôt qu'à celle des autres choses. Mais
pour lever cette première diMcutte. il faut faire distinction
entre l'existencepossible et la M~'Ma<re, et remarquer que
l'existencepossible est contenue da~s !a distinction de toutes
tes choses que nous concevons étalement et distinctement
mais que l'existence nécessaire n'est contenue que dans laseule
idée de Dieu. Car encore que oc us ne concevions jamais les
autres choses sinon comme existantes, il ne s'ensuit pas
néanmoins qu'elles existent, mais seulement qu'elles peu-
vent exister, parce que nous ue concevons pas qu'il soit néces-
saire que l'existence actuelle soit conjointe avec leurs autres
propriétés, mais de ce que nous concevons clairement que
l'existence actuelle est nécessairement et toujours conjointe
avec les autres attributs de Dieu, il suit de là
nécessairement
que Dieu existe*. » L'existence n'est point un
attribut; mais
tout attribut, toute propriété ou qualité suppose nécessaire-
ment et toujours l'existence réelle et actuelle de qnsiquc
être*. Je dis que l'existence actuelle (et non pas seulement
<. Bescartcs, B~aaM a!i.):a''M e&fH~ § i2.
2. Gassendi a objecté avec raison que l'existence ne peut être eotMld<r!e
daus une chose comme une perfection (ni par snite comme on attribut) et
poMiMe) est nécessairement contenue dans toute nation;
et quoiqu'il puisse être vrai de dira quo l'e&iatonee n'aat eoa-
tenue dans aucune notion autre que celle do Dieu, entondaut
par là qu'il est impossible d'apercevoir un phénomène sans
croire ou sans avoir nécessairement présente& t'eaprit ta notion
d'une auhatanco en qui réside le mode ph6nom<5n!qMe oM
d'une cause qui !e f)Ht commencer. Et cette notion entpatta
avec elle md!v!a!Moment reshtenco réoHe et actuelle de la
substanoe et de la cause indépendantedu phénomène produit,
puiaqa'etta est conséo rester appâtai conMne subsister avant.
L'existence et l'essonce sont oomplètement identiquos toutes
les fois qu'il s'agit de cause ou de substance. Cette double
notion de substance et do cause ne peut avoir qu'une réalité
formette; elle n'a point do réalité objective, puisque la
substance ni la cause ne se représententpoint absolument &
l'esprit. Nous savons seulement, nous assurons quelles exis-
tent dès que les phénomènes se présentent à nos sens.
Lorsqu'on oppose l'existence possible de toutes tes choses que
nous apercevons à l'existence nécessaire, on a égard aux pro-
cédés du raisonnementqui reMonte dans la série des notions
aux causes emcientes, plutôt qu'aux lois naturelles de notre
esprit dans la perception ou la connaissance.
Considérant que nous avons commencé et que nous cessons
d'être, que toutes choses fluent sans garder de formes cons-
tantes, que les générations et les destructions se succèdent
sans cesse dans la nature, nous reconnaissons des êtres con-
tingenta qui peuvent être ou ne pas être et nous disons que
leur existence quoiqu'elle soit réelle et actuelle n'est pas
nécessaire, c'est-à-dire qu'ils pouvaient être ou ne pas être,
que leur existence est contingente. C'est le contingent qui est
ici opposé au nécessaire. Un être contingent et passager n'en
est pas moins réel et actuel pendant qu'il dure tandis qu'un

et une chose manque d'exbtemce, on ne dit pas qn'eUe soit hnparMte, mats
bien qu'eUe est nulle on qu'eue n'est point dn tout. Mn'yt point de <tmf<M.
dit M. AnciJlon, et t'en ne peut aBtnnef leur existence il n'y a a point d'exie-
tence, s'N n'y a quelque chose qui existe. (M. de B.)
être Mmptompnt possible n'est pas aetuct ni réel. Le tangase
do Dpaeartea, souvent inexact, j'eat surtout dans e<!«e acfa-
sion. On peut donc dir~ que la t'aueo ttHpr&me est la faute en
qui l'existence nécessaire soit conjointe avec tous les autres
attributs; mais non qu'elle est la seute en qui l'existence
Roit conjointe avec cas attFtbota. Car cette CN~a~MH en
res'ateaco actuollo est aussi n~cesaatroquand it a'ag~ (t'MMt'
sabstanee ou d'uno cause subordonnée quotcMnqMO, que
tnraqn'i! s'agit de Dieu. Et nous ne nouft ~tevons a cette dw-
ni&rc Motion que longtemps apr!'s avoir conçu qu'il y a n~cos-
Mttt'tMent (tea SMbataneea et ~aa caasea dana )c monde des
pbéttom&nea et que nnus sommea noMs-m&mea des causes,
des substances. D'ailleurs q~c seraient des attributs et des
ntodea qui no seraient pas nécessairement conjoints avec
l'existence réello et actuelle d'une substance? Ne soraient-ce
pas de pures abstractions?
Ronchtoas quo si l'existence nécessaire n'appartient qu'à
Dieu, en tant qu'it est la cause suprême et ta dernière raison
des existences, M~MMa fa<to ~efMM, t'existence reeMc et actuetto
n'en est pas moins conjointe avec toutes les perceptions des
choses hors de nous et inhérente à toute notion de substance
et de cause qui entre comme élément nécessaire dans ces per-
ceptions.
« Ne distinguant pas assez soigneusement les choses qui
appartiennent à la vraie et immuable essence d'une substance
de celles qui ne lui sont attribuées que par une notion de
notre entendement, encore que nous apercevions assez claire-
ment que l'existence appartient à l'essence de Dieu, nous ne
concluerons pas de là nécessairementque Dieu existe, par-
ce que nous ne savons pas si son essence est immuable et
vraie, ou si eUe a seulement été faite et inventée par notre
esprit. hlais pour ôter cette seconde difBcutté, il faut pren-
dre garde que les idées qui ne contiennent pas de vraies et
immuables natures, mais sentiment de feintes et composées
par l'entendement, peuvent être divisées par l'entendement,
non seulement par une abstraction ou restrictionde la pensée,
Mais par wnc ctairp et distincte opération en sorte que tes
phases que t'cMtendementne p~Mt paa ainM dhioer n'ont p'tiat
sans doute été faites ou composées par ht! Ce « ~«MtM
me paraît juste, et je t'adapta pour prouver quo toute relation
de substance au mofte, da caHSo & e~pt ac peut t~fh ~t~
con)poa6e pt~rMotre etttendMnent.pmaqtt'i! naMSt'stimpt~
MMe de conepve!f un modo qm ne soit pna !ah6rent & Mne
sMhstaace aetMe!tcment extatante, non ptna qu'un ph6nfn~n<'
qo! commenoe oana Mnc eauae, que noMs ne pouvoMs Mon
ptas noMa empêcher da croire cs!ataate. A!na! ce n'ext paa
seutement avee la notion de iMoM, Mais dp ptua avec coMe d<*
tonte cause ou SMbstance que t'existeneo est a~eesaairetnent
conjointe, quoique dana un antre sens Dieu sent existe néces-
sairement et par soi. T~nte substance ou canae a une vraie et
immuaMe nature que notre esprit n'a point faite et qn'it ne
peut changer.L'argument de Descartes a donc te défaut d'être
p) is dans un sens partieutier, pendant qu'H est universe!.
Chaque faculté porte avec eue son témoignage ou son
cM~MMt de vérité et nous M nous trompons qu'on voûtant
apptiquer l'une quelconque do ces facultés a ce qui n'est
pas de son domaine. Descartes ne reconnaît que l'auto-
rité de t'atmrception interne. On ne voit pas pourquoi it ré-
cetto~eta mémoire, et veut absolument qu i) n'y ait do
cuse
vérité d~ttnous ne puissions être assurés invariablement,
qu'auta~que Dieu existe.
Toutent à Mon distinguer les caractères qui constituent
pour nous l'existence rée!te des choses ou des êtres, de ceux
d'ou dépendent seulement leur vérité ou possibilité idéale.
Cette possibilité est ce que les métaphysiciens appellent t'es-
sence de l'objet têt qu'il est représentépar une idée de l'esprit.
Je conçois, par exempte, l'essence d'un dodécaèdre régulier,
ou d'un corps solide compris sous douze plans, en ce qu'un
tel corps est possible et que son essence est véritable, quoique
j'ignore s'il y a quelque dodécaèdre existant. Mais je ne puis

t. ne~cart~. B~OMe OM.rpxmth'Me~eeMoM,§ i2.


concevoir un décaèdre fégatier, quoique t'anatogie deamots
Mo conduise & inventer un toi signe, parce qu'un tel corps eat
impossible ou qu'it n'a point d'eaaenea, même dans mon
entendement. Après avoir reconnu cette impossibilité ou nut-
t!t6 d'essence idéale,j'afnrme positivementqu'it n'existepoint
de décaèdre régulier dans la nature.
II pacatt par cet exemple
Que dana les Meoa que ROM8 composons noue-mômes,
t'eaMtMO véntaMe, ou la possibilité de la choso conçue aMMit
pOMp noua assurer non pas que la ollose existe MtMettentent
totta MHM nous la eoaeevona, mais qu'elle peut rA«t)ement
exista, ce que nous parvenons Il constater par dea expé-
riences ou des recherches dont l'inutilité ne saurait jamais
nous convaincre que la chose n'existe en aucunliou de t'espace
ou aucune époque de la durée. Mais tout doute disparaît lors-
que nous réalisons nous-mêmes ces idées, comme font les
géomètres et les artistes qui peuvent faire qu'un objet dont
ils conçoivent l'essence idéale, passe du possible à l'actuel.
2° Dans les choses que la nature compose, nous connais-
sons l'existence avant de connaître l'essence véritable, et
indépendamment de cette essence, ou de ce qui fait précisé-
ment qu'un tel être était possible avant qu'it existât. Nous
n'avons pas besoin de connaître cette essence pour nous
assurer de l'existence des êtres, les moyens naturels que
nous avons, nous sont donnés avec les perceptions~tes sens.
3° Quant aux idées ou notions qui ne sont pas notre
ouvrage, qui sont données toutes faites à notre esprit avec la
croyance nécessaire d'une existence réelle et actuelle,il n'y a
aucune dtstinction à faire à leur égard entre l'essence et
l'existence, aucun doute possible à former sur celle-ci, ni
aucune lumière & acquérir au-dessus de celle que nous donne
la nature. Reste à savoir si la notion de Dieu, celle de l'âme
séparée, est au nombre de ces dernières auquel cas il n'y
aurait pas plus de ~mo~M~a p<MN&& de sa réalité qu'il
n'y en a de celle de la substance matérielle, des forces
actives, etc. Et l'argument de Descartes serait inuti'" car il
n'y a rien à démontrer sur des notions qui emportent avec
c!!es la réalité il ne a'agit que do les eeastatcr. On dirait, à
entendre Descartes et les métaphyaiciena, au il est !ibre !t
notre esprit do faire entrer l'idée d'existence dans une notion
ou idéo, ou de ren aëpaFe~ oa de montrer par le raisonne-
ment qu'etto lui appartient. 'Assurément si rejnsteaoe reeHa
n'était pas donnée à notre esprit, il ne la conoevrait jamais
par déduction.

M6MTATKM) Vt

Descartes distingue r<MM~<M«<t<Mt de la pure tH<c//ce<[MM OH


conception. Il cite en exomple le triangle qui n'est pas soule-
ment conçu comme une figure composée de trois lignes, mais
do plus représenté ou rendu présent par la force ou l'applica-
tion intérieure do l'esprit, ce qu'il appelle HH~MMr.
A cet exemple, il oppose celui du cMtiogone où l'esprit
conçoit qu'il l'agit d'une figure composée de mille côtés,
aussi facilement qu'il conçoit que le triangle est composé do
trois lignes seulement, mais sans regarder ces mille côtés
comme présents avec les yeux de l'esprit. Descartes emploie
le mot concevoir pour exprimer une pensée quelconque que
l'esprit attache à un signe, lorsqu'il n'y a pas d'images ou
d'idée claire réveulée en lui, pourvu toutefois qu'on entende
le sens du mot. C'est ce que Leibnitz appelle pensée aeeMy/e
«Maym&o~Ke. Et il faut bien distinguer les cas où les signes
sont destinés à représenter des choses dont il y a des images
possibles, de ceux où il n'y a proprement rien à représenter,
comme lorsqu'il s'agit de notions purement intellectuelles et
morales. Lorsque nous mettons une pensée aveugle ou sym-
bolique à la place d'une idée claire que nous pourrions avoir
an moyen d'une contention d'esprit sufnsante, ou encore qu'il1
nous est impossible d'obtenir actuellementà cause de la M.
blesse de notre imagination, on ne peut pas dire que l'esprit
pMcede par pure intellection. H y a plutôt défaut d'exercice
d'une faculté qu'emploi d'une autre faculté particulière. Mais
nous appliquonsl'intellection et !a conception aux signes qui
expriment des notions dont il n'y a paa d'images.
« La faculté d'imaginer
qui est en moi, autant qu'elle dittere
do la puissance de concevoir, n'est en aucune façon néces-
saire à ma nature on à mon essence, c'est-à-dire à l'essence
do mon esprit car encore que je ae l'eusse point, il est sans
doute que je demeurerais toujours le même que je suis
maintenant d'o& il semble que l'on puisse conclure qu'elle
dépond do quelque chose qui diffère de mon esprit.
L'esprit en concevant se tourne vers lui-même et considère
quelqu'une des idées qu'i! a en soi mais en imaginant il se
tourne vers !o corps, et considère en lui quelque chose de
conforme à l'idée qu'il a lui-même formée ou qu'il a reçue
par les sens. Je conçois aisément que l'imagination se peut
faire de cette sorte, s'it est vrai qu'il y ait des corps; et parce
que je ne puis rencontrer aucune voie pour expliquercom-
ment il se fait, je conjecture do là que probablement il y en
as. Le corps concourt aussi nécessairement *à l'intellection
qu'à l'imagination. En offet je ne concevrais pas p!us le
triangle que le myriogono si je n'avais des signes auxquels
ces conceptions fussent attachées, et de plus s'il n'y avait l'idée
d'une étendue extérieure dont l'aperceplion immédiate de
mon propre corps est le type nécessaire. Tout signe est néces-
sairement matériel ou tiré de quelqu'un de nos organes. Pour
concevoir, il faut donc que l'esprit s'aidant de quelques signes
se tourne aussi vers le corps d'une manière quelconque. Il
est vrai que la fonction du corps-ou du cerveau, dans la pure
intellectionou dans la conception des idées qui ne se rappor-
tent pas aux sens externes, est diuérente de celle qui a lieu
dans l'imaginationou la représentation des idées qui se rap-
portent a un sens externe quelconque, le cerveau étant plus
actif dans ce dernier cas, on requérant un déploiement
d'effort plus énergique, plus précis de la part de l'âme. ]Hais
l'on ne peut pas conclure de là que le corps ne prend aucune

1. 3féd. Vt, § 2.
part & l'intellection ou & l'acte quelconque de la pensée; et
s'il n'y prenait aucune part, il n'y aurait point de MMt,
suite point de pensée.
par
De là on peut mieux comprendre le sens suivant lequel
on
peut dire avec Desoartes que l'imagination en tant qu'elle
diCere de la puissance de concevoir (ou d'apercevoir) n'est
pas nécessaire à l'essence de l'esprit ou du HMM. En effet, pour
être moi ou apercevoir mon existence individuelle,
pour
penser et agir enfin, il n'est pas nécessaire que mes sens
externes, aMectés du dehors, transmettent des impressions au
cerveau, ni que cet organe central retenant ces impressions
ou conservant les images des objets, les retrace ensuite soit
spontanément, soit par un effort déterminé de Famé il suffit
que l'âme exerce une action ou un effort déterminé sur le
corps, par l'intermédiaire du cerveau, et qu'en commençant
te mouvement elle l'aperçoive comme
un eHet dont eUe est
cause. Cet effort appliqué au rappel des signes, et par eux à
celui de quelque notion antérieure est
un acte d'aperception,
d inteltection pure sans imagination.
Descartes examine ensuite ce qu6 c'est que se~M-, et si do
ces idées reçues dans l'esprit par cette façon de penser qu'on
appelle ainsi, on ne peut pas tirer. quelque
preuve de l'exis-
tence des choses corporelles.
« Certes, dit-il, en considérantles idées de toutes ces qua-
lités sensibles (couleurs, odeurs, saveurs, sons, etc.) qui
se
présentaient ma pensée et lesquelles seules je sentais
pro-
prement et immédiatement, ce n'était pas sans raison que je
croyais sentir dos choses entièrement différentes de ma
pen-
sée, à savoir des corps d'où procédaient ces idées;
car j'expé-
rimentais qu'elles se présentaientà elle sans
que mon consen-
tement fut requis, en sorte que je ne pouvais sentir
objet, quelque volonté que j'en eusse, s'il ne
aucun
se trouvait pré-
en mon pouvoirde ne pas le sentir'.M »
sent à l'organe de l'un de mes sens, et en ce cas il n'était pas

dit phM bas (avant d'avoir reconnu fcxMtcuFe de Dieu)


1. Descartes
Quoique )M idées que je re<~)is par tes seus ue dépendent
pas de ma
L'auteur se sert ici du rapport de eausatité et de la tMutté
que nous avons de percevoir certaines modiBcationa eommo
effets de quelque foroe ou cause différente du moi et opposée
à lui pour étabHr l'existenceréelle des corps.
Mais, à moins qu'on appelle corps les causes inconnues des

volonté, je ne puis en conclure qu'elles procèdent de choses dMerentes de


moi, puisque peut-être il se peut rencontreren mot quelquefaculté inconnue
jusqu'ici qui en soit la cause et qui les produise. x Je réponds que dans toute
hypotMse, cette cause n'étant pas moi, eu lui étant même opposée,ta &eutM
dont il s'agit ne pourrait pas plus être dite en moi ou 4 mot que ne Fett la
facultéde nutrition, de sécrétion, quoiqu'on pnt dire par hypothèse qu'une
telle faculté de produire des sensations Mna le eonconrf) d'aneun objet exte-
rieur et contre t'hnpuMon de la votante appartint a t'ame on au eorps. Car
je ne puis dire qu'une chose est en moi ou m'appartient qu'autant que je
puis la reconnaMre ou t'apercevoir par une attention suNMnte de l'esprit
et il répugne de Mpposer que ce que je reconnais ainsi comme étranger on
opposé & moi soit t'enet d'une taontte on puissance que j'anrab sans le
saroir. Cette amphitMiogie prouve clairement la nécessite de rostreindre ce
qu'on appelle moi au fait de conscience ou & la volonté en exercice.
Dans ses réponses aux premières objections. Descartes reconnatt qu'une
puissance telle que ceUe de se conserver ne peut être dans un être pensant
sans qu'il s'en aperçoive « Car~ dit-M, comme celui qui s'interroge soi-
même, ne se considère que comme une chose qui pense, rien ne peut être
en lui dont il n'ait ou ne
puisse avoir connaissance,4 cause que tontes ies
notions d'un esprit, comme serait ceiie de se conserver soi-même, si cite
procédait de lui, étant des pensées et partant présentes et connues & l'esprit,
celle-là comme les autres lui serait aussi connue et présente, et par elle,
il viendrait nécessairement à connattro la faculté qui le produirait; toute
action nous menant mecessa rement à la connaissance de la tacuMé qui la
produit. En tant que je suis un être pensant, moi, il est évident que je
connais tout ce qui m'appartient ou me constitue moi, puisque je ne suis
tel que par l'aperception interne ou la conscience. Ce qui n'est pas dans
les limites de cette conscienceou connaissance intérieure ne saurait donc
être dit en moi. Mais it n'en est pas ainsi on tant que je prends pour moi
mon individualité tout entière, savoir le corps propre en qui et par qui
je sens des impressions, j'exécute des mouvements, et la force qui se
déploie sur lui, avec la conscience d'ette-même. Je puis dire ainsi qu'N se
passe en moi beaucoup de choses qui ne viennent jamais & ma connais-
naissance, telles sont toutes les fonctions de la vie organique.Le principe
vital a, en enet, comme en réserve des forces qu'B dépieie dans le besoin et
dont le moi ne se doute pas. Il en est de mêmede l'lime pensante qui a
souvent en elle des trésors ignorés jusqu'à ce que les circonstances en per-
mettent le développement.Mais il est vrai de dire, comme Descartes, que
toute action dont nous avons conscience mène nécessairementà la connais-
sance de la faculté qui la produit. (M. de B.)
modificationspassives que nous éprouvons par dos sen& quel-
conques externes ou internas, il est impossible de dériver de
cette source unique l'idée que nous avons d'une substance
matérielle comme existante réellement et actuellement hors
de nous;<et nos idéologues modernes qui se sont plus parti-
culièrement attachés à l'analyse de cette question, n'ont pas
beaucoup ajouté à ce que Descartes en avait dit dans ce pas-
sage des Jtf~t/a~MM. Ce philosophe ajoute
« Parce que les idées que je recevais par les sens étaient
beaucoup plus vives, plus expresses, et même à leur façon
plus distinctes qu'aucune de celles que je pouvais feindre do
moi-même en méditant, ou bien que je trouvais imprimées en
ma mémoire; il semblait qu'elles ne pouvaient procéder de
mon esprit; de façon qu'il était nécessaire qu'elles fussent
causées en moi par quelques autres choses. Desquelles choses
n'ayant aucune connaissance, sinon celle que me donnaient
ces mêmes idées, il ne pouvait me venir autre chose à l'espriti
sinon que ces choses-là étaient semblables aux idées qu'elles
causaient'. »
Ici je trouve que l'auteur échouecomplètement dans le pro-
jet d'exposer ndelement ce qui se passe en nous dans l'acte
de la perception. Certainement en n'examinant que cet acte
par lequel nous rapportons ou attribuons certaines modifica-
tions passives à quelque cause ou force indéterminée connue
à l'instar de notre moi, par induction, et supposant que nous
n'eussions aucune connaissance de cette cause étrangère
autre que son effet sensible actuel, il ne viendra jamais à l'es-
prit d'un être intelligent que les causes soient semblables aux
sensations ou aux idées qu'elles produisent que la cause de
la sensation de chaleur ou de piqûre, par exemple, sente le
chaud, la piqûre que la cause de l'odeur de rose éprouve
elle-même cette modification. Cette assimilation ou identité
de la cause efficiente avec l'effet produit est absolument
opposée à la nature de la relation de causalité, où i'antécé-

i. JMd. Y), S S.
8
dont e~t essentiellement distinct et sépare en temps de son
effet trausitoire, et n'a par conséquent aucune analogie de
nature avec lui.
Descartes a confondu dans cet exemple, comme partout,
les intuitions où nous percevons immédiatement quelque
chose d'étendu et d'extérieur à nous, comme dans un espace
étranger, avec les affections où nous ne sentons que les mo-
dincations de notre propre substance.
Lorsque nous avons l'intuition d'une étendue cotoréo, si
nous pensons à la cause qui fait commencer pour nous ce
phénomène, nous reconnaissons que c'est l'étendue ette-memo
qui reste, soit que nous la percevions ou non, et qui se mani-
feste elle-même au sens disposé convenablement.Dans ce cas
seulement, il peut venir à l'esprit que la cause qui fait com-
mencer une intuition étendue est étendue. Mais l'idée que
nous avons ainsi de la substance étendue, colorée, ne res-
semble pas seulement à cette substance, elle lui est identique.
L'étendue colorée elle-même, en tant qu'elle se manifeste,
est improprement dite cause de sa manifestation, puisqu'elle
ne l'est que des moyens ou des signes naturels de cette mani-
festa'ion. Elle est cause en tant qu'elle est censée agir sur
nos sens; mais l'effet sensible do cette action ne ressemble
pas à la cause qui le produit; et lorsque l'esprit perçoit la
substance d'après un tel effet sensible, c'est elle-même et non
pas son idée, son image ou sa copie qu'il perçoit.
Il y aurait encore des recherches importantes à faire sur la
nature et l'origine de notre idée d'étendue,et particulièrement
sur le rapport de cette idée avec celle de l'impénétrabilité,en
prenant garde de bien distinguer ce qui appartient à, deux
points de vue presque toujours confondus par les métaphysi-
ciens, savoir les phénomènes ou le résultat des rapports que
les choses du dehors ont avec nos sens, et les twumènes ou
les choses considérées comme elles sont dans leur rapport les
unes avec les autres et indépendamment de notre esprit qui
conçoit ou entend ces rapports entre les choses sans les per-
cevoir.
nous appelons t'~n~Mp est la forme commune des
Ce quo
perceptions de la vue et du toucher, On peut la considérer
comme l'effet de l'impression produite parle contact immédiat
do nos organes et des objets sur los sens et sur le cerveau,
effet dont la cause est indéterminée, inconnue par sa nature,1
et induite du sentiment de notre causalité. On peut consi-
dérer aussi l'étendue comme la chose même on l'attribut
essentiel de la chose qui nous est représentée par le sens de
la vue et du toucher.
Le premier point do vue est philosophique et réttéchi lu
second est v ulgaire, naturel et irrénéchi. Dans le premier, il
y a lieu à chercher ce que peut être en elte-memc la causo
qui produit pour nous le phénomène de l'étendue, et les sys-
tèmes de Leibnitz, de Boscovich tendent à résoudre cette
question. Dans le second, il n'y a rien à demander. Nous per-
cevons immédiatement la chose étendue, parce qu'elle est
telle par sa nature; il n'y a point là do rapport entre une
cause et un effet produit, dont on puisse demander le com-
ment. L'étendue se manifeste comme etto existe, mais elle
n'existe point parce qu'elle se manifeste.
Descartes qui a identifié l'étendue avec la substance maté-
rielle, n'en a cherché la raison dans aucune cause autre que
Dieu qui l'a créée. Leibnitz et ceux qui, comme lui, ont dis-
tingué le phénomène de l'étenduede la substance réelle ou de
la cause qui le produit ou le manifeste à nos sens, ont cher-
ché la raison du composé sensible dans des êtres simples qui
échappent à nos sens et ne peuvent être conçus que par la
raison.
Mais avant de philosopher ou de raisonner, nous avons
des intuitions immédiates, et nous croyons à la réalité exté-
rieure et indépendante de l'étendue qu'elles renferment.Cette
faculté d'intuition on de croyance porte avec elle son témoi-
gnage elle a son autorité irrécusable et qui ne peut être con*
trôlée par aucune autre. Avant de pouvoir expliquer le rap-
port de causalité hors de moi et pour que cette application
puisse se faire, il faut qu'il y ait un hors de NKM, c'est-à-dire
un eapaoe qui m'est donné comme la baae reeUe, neccssaiM 1
de mes intuitions et même de mes aueetiona internes; e'aat

t. Noua ne contribuons on aucune manière & former ou a composer notre


Intuition d'étendue visible nous h recevons ainsi faite, composée da par-
ties continues juxtapose!). M est vrai que pour connaître cette composition,
pour avoir l'Idée des parties juxtaposées du composé, il faut penser,
abstraire, exercer l'activité de l'esprit. Mais M n'y aurait pas Max & eence-
voir ces parties, à panser par abstraction, si la chose sur laquelle t'Mpnt
op~ro ne lui <!tatt doum'o premièrement.Eu second )ten, il faut observer que
cette notion ou eo concept de t'ctt'ndue fertxfe de parties juxtapMeea dont
on est coM'Mt à ~'tnfofMtcri'5 cMes' Mat encore MoMd«e~, <m campo~M, ou
dmpka et non cteuduca, comme Loibulta et BtMcevieh pr<iteMdomt cemee~
voir !oit t'Mmenta de !a mutièra, que cctto nottou, dis-je, toute autre que
l'intuition ecni'iNf, conserve à peine quelques rapports avec elle comme le
MteM que conçoit l'astronome n'a plus qu'un rapport éloigné avec l'intuition
du soleil, attaeht a la voûte Neue, que tee aeua atteignent directement,
quoique ce soit toujouM sur cette Image que t'enteadement operp, et qu'olle
soit la base eMentieiiedu raiMnoemeut doit calcula de la parallaxe. On ne
dispute pas sur l'intuition de t'ptendne, wa<< Mcn sur la notion pour savoir
et ette exprime rccUement ce qu'est Mtonduo en eMe-mèmo, mdcpeudaut-
meut de notre ee.prtt ot elle a vraiment dt'it parties coMt!guea. juxtaposées
et par coutieqt'entétendues, comme on te croit getMSrateMent, ou <tt tcx eM-
meuts fimptes de la matière ue peuvent se toucher, (îtaut douea do forces
rfputetve:' qui croissent à nnntM torique les distances diminuent, suivant
l'opinion du père Boscovich. On regarde dans ces systèmes l'intuitiou d'une
étendue continue comme un pur phénomènequi n'a pas plus de rcssetn-
Nance avec la chose on la matière reeMe, que les simples apparences célestes
n'en ont avec la réalité des faits astronomiques. Alors il ne faudrait plus
parler d'une étendue extérieure réelle, mais de la cause de cette étendue
et les philosophes M tromperaient autant toMqu'its parlent do l'étendue
visible, comme d'une chose qui est hors de l'esprit, que le vulgaire se
trompe lorsqu'il parle de l'odeur comme étant dans la Heur. Et pourtant
rien de plus clair, ni de plus distinct dans notre esprit que l'Idée d'une
étendue continue, formée de parties juxtaposées, et donnée ainsi composée,
comme extérieure réelle. Comment pouvons-nous amrmer contre le sens
intime que cette idée ne ressemble à rien de ce qui est hors de nous, n'est
la copie d'aucun modèle réel? Comment la misom peut-elle nous convaincre
que la notion formée par notre entendement avec les débris de notre intui-
tion, exprime mieux ce qui existe réellementPourquoi m'en rapporterais-
je a l'autorité de mes facultés de raisonner, de déduire et d'abstraire, après
avoir récusé le témoignagede ma faculté de percevoir qui est la base de
toutes les autres On a distingué des qualités premières de la matière, qui
sont l'étendue, 1'impénétraMHtc, la divisibilité, la mobHIté, le nombre; Si
tM «yst~mf!' de t.mhttKx et <<« ttfMx'ovx'h étaient fMtdé!, il faudrait rayer
l'étendue du nombre des qualités premières et la considérer comme une
qualité seconde, puisque le phénomène qui porte ce nom ne serait que
dans cet espace que les sens do la vue et du toucher perçoi-
vent naturellement les couleurs et les qualités tactiles, en lui
que ma pensée place aussi les causes indéterminéesde mes
affections passives, et nous ne pouvons concevoir de cause
étrangère que dans un espace, comme d'anection agréable ou
douloureuso qui ne soit répandue dans un espace du corps
propre, partie essentielle de notre individualité.
L'espace est donc la condition commune et, comme dit
Kant, la forme essentielle de toutes nos représentations ce
qui n'empêche point qu'il n'ait par lui-même la réalité exté-
rieure, absolue, cortiuée par notre faculté d'intuition.
L'espace, qui entre dans toutes les représentations,ne cons-
titue pas notre idée des corps M~ftCKfs, môme en y joignant
la résistance, la cause qui arrête .nos mouvements et nous em-
pêche de passer outre. Cette cause, en tant qu'elle est opposée
au moi et hors de lui, ne peut être conçue que dans t'espace
mais rien ne peut nous apprendre si elle est spirituelle ou ma-

t'enet d'une c<u)M non étendue, comme les sensations <t'<'<tc<t)'. de chattf), 'tf
froid sont te< e)Te<a de eaoMe qui ne M~semNeat nullement à cet MttM-
tions. Mais dans tous les systèmes on ne peut s'empfeher do prendre <'<
pace comme une chose fêeue et cet espace est necei'mtMtnentcontinu,
sans part!e9 composantes proprement dites. Lorsque notm parcourons re~-
pace, nous mesurons, nous comptons nos mouvements nouf apprenonf
que cet espace indéfini peut être limité, borné dans certains sens et nous
y reconnaissonsdes parties. M suit de là que ce qui est donné primitive-
ment par la forme de nos intuitions de la vue et dn toucher est réellement
et ne peut être mis en doute, quelque système qu'on adopte sur ta nature
des éléments de la matière.
Nos sensations, nos intnMoM sont destinées par leur nature a nous asau-
rer de la réalité des choses et des rapports qu'elles ont avec nous et non
point à nous faire connattre ce que les choses sont en ettes-m&nx'!). Le
sophisme perpétuel des sceptiquesest de prétendre inarmer le témoignage
des sens sur la seuie reatite à laquelle ils atteignent, en opposant leurs pré-
tendues erreurs sur ce qui n'est nullement de leur ressort.
Nos sensations seront les mêmes, dit Boscovich, soit que la matK'rc con-
siste en des points absolument inétendns et sépares entre eux par des
intervallesplus petits que tout ce qui peut tomber sous nos sens et que les
forces qui appartiennent à ces intervattes affectent les fibres de nos organes
sans aucune interruption sensible soit que la matière consiste dans des
éléments contigus, juxtaposés, étendus eux-mêmes, et qu'elle agisse sur
nous par un contact immédiat. (M. de B.)
térielta, tant qu'on n'y ajoute pas l'étendue. e'est-a-dire ta
propriété des parties eontiguës et juxtaposées,qui, en s'appli-
quant à des parties sensibles également contiguHs et juxta-
posées de notre corps, font éprouver au toucher cette im-
pression continue d'une étendue solide.
Nous pouvons savoir et parvenir à démontrer, par le raison-
nement, que sans l'impénétrabilité qui est essentielle à toute
matière, il n'y aurait pas d'intuition d'étendue, ou d'étendue
perceptible à nos sens. Ce qui fait que la matière est percep-
lible, dit BoscovirMans son ouvrage très curieux intitulé:
~t/<MO~At<!f M<~W<t/M! pftHC~M ad KMt'MH) /~Mt !'<'<~«'/<t
(page 78), ne provient pas d'une extension continue, mais do
FimpénétrabUité,propriété de laquelle il résulte que les fibres
do nos organes sont tondues par les corps qui sont arrêtés par
elles, et que le mouvement est propagé vers le cerveau car
supposez que los corps fussent étendus et dénués d'impéné-
trabitité, ils n'arrêteraient pas los mouvements dos fibres de
la main qui les saisirait, et n'y produiraient aucun mouve-
ment ils ne fouéchiraient pas non plus les rayons lumineux,
mais sa laisseraient librement traverser par la lumière qui ne
recevraitd'eux aucune modificationnouvelle.
Voilà ce que nous apprennent l'expérience et le raisonne-
ment sur les propriétés de la matière considérée en elle-
môme. Nous croyons que si les moiécutes de la matière n'é-
taient pas douées d'impénétrabitité, c'est-à-dire de la faculté
d'exclure du lieu de l'espace que chacune d'eUe occupe toute
autre molécule, les phénomènes ne pourraient être te!s qu'ils
nous paraissent, et la matière ne pourrait se manifester à
nous telle que nous la connaissons par les sens. Mais il s'agit
moins de savoir ce que la matière doit être en elle-même pour
se produire à nos sens sous telles apparences, que de savoir
comment et dans quel ordre ces apparences sont produites de
manière à ce que nous ayons l'idée de corps extérieur telle
qu'elle est primitivement dans notre esprit, et quels sont les
éléments essentiels qui entrent dans cotte idée. Or, d'abord
quoique l'espace (ou le dehors indéSni) et la propriété de
rester à nos organes soient ait nombre de ces éléments,
s'i)s étaient jtents, noua n'aurions paa l'idée de ce corps, maia
celle d'une cause ineunnue qui résiste hors Je noua et à
laquelle nous n'attacherions pas la notion d'impénétrabilité
absolue. Car la résistance ou 1a capacité d'arrêter nos mou-
vements pourrait être conçue comme une force active, diffé-
rente do la propriété passive qu'a une motéoute do matière
d'exclure toute autre du lieu qu'ollo occupe, ou do coexister
dans le mémo point de l'espace avec une autre en restant diffé-
rente d'eUe.
Que faut-il donc do plus? il faut qu'une impression on une
sensation quelconque marque dans cet espace Indénni une
portion déterminéo dont les limiles d'avec le reste de J'espaco
constitueront pour nous le corps qui est proprement une por-
tion d'étendue limitée. Quelle que soit la sensation qui marque
cette timite, ce sera etto qui complétera notre idée de
corps extérieur et, sous ce rapport, on pourrait dire quo l'es-
pace, joint ou non à t'impénôtrabitité,est la matière du corps
et que la sensation limitante en est la forme.
La perception do résistancen'est pas un élément, essentiel
de notre idée, ou intuition immédiate du corps, quoique celle
d'impénétrabilité d'où dépend la résistance et les qualités s~n-
sibles qui servent à nous manifesterles corps, soit la propriété
la plus essentielle de la matière. Je sais, par exempta que la
lumière, traversant l'espace vide et impénétrable, ne peut en
aucune manière se manifester à la vue. Mais sans éprouver
aucune résistance matérielle, si une couleur ou un mélange
de couleur tel que le spectre coloré ou le bouquet du miroir
concave, marque dans l'espace indéfini une portion éclairée,
colorée, en la séparant de celle qui ne l'est pas, j'ai la percep-
tion d'une étendue colorée, d'un corps dont je pourraiignorer
s'il est pénétrante ou non. La même chose pourrait avoir lieu
avec d'antres sensations, avec celle de chaud ou de froid, par
exemple. Si en parcourant avec ma main l'espace pénétrable,
et ayant la perception de ces mouvements, je trouvais une
sensation de chaud, qui succédât à une sensation de froid,
continue pendant que je parcours telle portion do l'espace, et
cassant lorsque je passe dans une autre, je pourrais avoir la
perception d'un espace pénétrable, chaud ou froid, séparé par
certaines limites de l'espace indéMni où je n'éprouve pas la
même sensation, et partant celle d'une cause étendue de mo-
dificationspassives ou d'un corps. Ceci suppose que l'exercice
de notre faculté de mouvoir notre corps volontairementest
essentiellement accompagnée de la conscience de ce mon~e-
ment, et inséparable de t'espace on do l'étendue pénétrable
dans laquelle il s'accomplit comme du temps pendant lequel
il a'acoomptit.
On objecte à cela que, pour sentir te mouvement, il faut
avoir la perception d'un point fixe dont on s'approche ou
s'éteigne, c'est-à-dire connaître hors de nous quelque objet
visible ou tangible. Mais le hors de moi est l'espace (y com-
ptis notre propre corps) et cet espace est l'objet immédiat et
propre du sens du mouvement, comme la résistance est l'objet
propre de celui de l'effort inséparable de tout mouvement.
Quand je n'aurais rien vu ni palpé, il suffit que je me meuve
pour apercevoir immédiatement l'espace continu dont les par-
ties correspondent à celles du temps ou à la succession de mes
sensations de mouvement. Nous ne sentons notre propre
mouvement d'une manière immédiate, qu'autant que nous
nous le donnons à nous-mêmes Motum tMM/fKnt MOM $CM<
!M!M MM! M~: H<M !/M! M!0~!MK !H<~MCMM!M(Boscovich).
Tout changement produit ou aperçu dans l'espace immobile
n'est qu un mouvement. On demande un point on un cadre
nxc dans cet espace pour que le mouvement (qui n'est que le
changement de distance à ce point) puisse être reconnu. Mais
le cadre fixe est l'espace lui-même donné d'abord comme im-
mobile à la vue et au tact externe ou interne de notre corps
et la perception d'un changement arrivé dans cet espace ou
dans la sensation qui sert à marquer les limites d'uneportion
de cet espace est la perception du mouvement même. L'espace
immobile que ma vue embrasse lorsque j'ouvre les yeux, ou
encore la toile nerveuse appelée rétine, dans laquelle j'ai
t'aperception interne immédiate comme de toutes tes parties
de mon corps, voilà la cadre nxe et jo n'ai besoin d'aucune
autre comparaison pour percevoir h's mouvements dos oh{fta
visibles, comme tus déptaeements successifs de mon corps on
do quelqu'une de ses parties. S'il s'agit des propres mouve-
ments de mon corps que je produis à volonté, je les aperçois
immédiatement comme indivisiblement unis avec cette sensa-
tion particulière qui accompagne la courbure et la contrac-
tion de mes muscles; cette sensation dinere essentiellement
de toutes les autres en ce qu'elle est la seule que je produise,
commence et suspende à volonté. M est vrai qu'elle n'est pas
la sensation même du mouvement, qu'eHe ne parait même
avoir aucune ressemblance avec la perception dn déplacement
on du changement de situation dans l'espace; il est vrai
qu'on pourrait supposer un être qui aurait la sensation interne
musculaire sans connaître qu'il change de place, comme on
pourrait on supposer un autre qui aurait la perception des
mouvements produits dans l'espace visible sans éprouver do
sensation musculaire, quoique cette dernière hypothèse soit
inadmissible, parce qu'elle exclut la première condition do
l'individualité et par suite de tout jugement; mais il n'est pas
moins vrai que la sensation musculaire emporte avec elle
l'aperception interne de l'inertie du terme organique et étendu
sur qui la volonté se déploie et quoique la connaissance pré-
cise de la situation des parties du corps les unes par rapport
aux autres, telle que nous l'avons par le sens de la vue et du
toucher, ne soit pas comprise immédiatement dans le simple
exercice du sens musculaire, on ne peut douter néanmoins
que ce dernier sens ne soit spécialement approprié à l'aper-
ceptiondel'espace intérieur et itiimité du corps propre, comme
à celle des changements qui y arrivent ce qui suffit pour cons-
tituer une sorte de sensation du mouvement inséparable de
celle de la contraction musculaire, identique avec elle et qui
ne ressemble en rien à la perception des mouvements pro-
duits dans l'étendue visible ou. tangible où notre volonté ne
s'étend pas immédiatement. Quant à ces derniers mouve-
monta, nous ne les aentona paa, à proprement parler, mais
nous jjngef'ns qa'ita ont lion, en tant que telle intuition ou
situation, localisée dans une partie déterminée do t'espace
extérieur, M trouve localisée l'instant d'après dans une autre
partie, comme lorsque l'image d'un point coloré correspond
successivement à différentes parties de la rétine, ou qu'une
sensation quelconque de chatouillement, de pression passe
d'âne partie à l'autre de notre corps. H aufnt que la première
sensation soitioeanseepour que son déplacement ou son mou-
vement dans l'espace fixe soit perça. Et il ne peut y avoir
d'illusions dans ces perceptions immédiates. Si je produis
moi-môme le mouvement dans une partie du corps appliquéo
à l'objet, il est impossible que j'attribue le mouvement à cet
ob}ot. Ce n'est que dans le cas où l'objet et l'organe qui s'y
applique, sont transportés l'un et l'autre par une force étran-
gère qu'il y a do l'incertitude et de la difficulté à reeonnaUre
auquel dos deux appartient le mouvement. Mais ici ce n'est
pas le sens qui est juge naturel entre deux apparences égatea.
Le mouvement qu'il perçoit est toujours réel. C'est ici un dos
cas où il faut distinguer et reconnaitre avec soin une diffé-
rence essentielle entre le phénomène et la réalité, entre l'idée
et la chose.
H n'y a de sensation simultanée que dans l'espace ou par
l'espace et je crois impossible do concevoir qu'un être pût
éprouver deux modifications à la fois sans les confondre, s'il
ne rapportait pas ces impressions à deux points coexistants
dans l'espace. En effet, toute impression non localisée et non
susceptible de l'être par sa nature ne peut être considérée
que comme une modificationdu moi, dont l'existenceinterne
est opposée à celle de l'espace or, l'existence du moi est
essentiellement successive, c'est-à-dire qu'elle constitue le
temps dont il répugne qu'aucunepartie infiniment petite, ou
instant indivisible coexiste avec une autre partie ou un autre
instant. Ainsi toute modifieation simple ou composée de
l'existence du moi ne peut correspondre qu'à un seul instant
de sa durée et il ne peut y avoir qu'une seule modification
dans Ma seul et mêmo instant, comme H n'y a qu'un soul
Mta<. Maia il est de la nature do t'espace
quo toutes ses par-
ties coexistent distinctement ot séparément les
dans unes dos
autres le même instant, et restent immuables.
Do cotte propriété qu'a l'espace ou !'étond«e de
se repré-
senter comme un tout permanent, susceptible d'être divisé
en parties, aussi permanentes, dont chaoune existe avec
tant dMM ta division même, de là, dis-je, résulte la possibilité
de How~f ou de réunir sous
une même idée, un mémo
signe, plusieurs un:Ms qu'on fait coexister
par la numération
même. La géométrie ou la science de J'étendue M< donc
avant celle de la numération ou t'arithmétiqne.De là résulte
la prouve !a plus directe que les affections les intuitions
ou
no sont pas, comme disent les métaphysiciens, des modifica-
tions de l'ame on du corps, mais bien des modes
d être de l'étendue organique où le moi les
ou manières
perçoit. Et il ne
perçoit deux on plusieurs impressions à la fois,
douleur aux pieds et à la tète, comme une
une odeur, un son ou une cou-
leur, qu'en tant qu'il les localise actuellement dans deux
parties distinctes de l'espace intérieur extérieur.
ou
Donc s'il n'y avait pas un sentiment de l'existence du
corps
propre, indivisible de celui du moi, et en faisant partie
tte)!e, il ne pourrait y avoir de sensations simultanées, esson-
dis-
tinguées et reconnues multiples, mais seulement des
modifi-
cations internes, senties comme simples à chaque instant
qui
seraient distinguées de celles qui les suivraient à l'aide de la
mémoire comme un instant de l'existence du moi
est distin-
gué d'un autre instant.
Le même raisonnement
prouve qu'il ne peut y avoir plu-
sieurs modes intellectuels
ou plusieurs opérations de la
pensée exécutés à la fois. Si la comparaison exige impérieu-
sement que deux idées soient présentes à la fois, peut dire
hardiment que ces idées sont rapportées à deuxon
parties de
l'espace qui leur servent comme de signe. De là il
résulte
aussi que deux parties coexistes de l'espace
être distinguées l'une de l'autre ne peuvent
ou perçues par l'esprit qu'en
tant qu'elles correspondentà deux choses ou modi&eations
sensibles dont chacune d'elles est te lieu. Les relations à l'es-
pace comme au temps sont au nombre de ces relations primi-
tives qu'on peut aussi appeler faits primiti fs, et dont il nous
est impossible de concevoir les éléments ou les termes sépares
par la raison que nous n'avons pas fait ou composé nous-
mêmes leur relation et qu'ils nous sont donnés ainsi par la
nature des choses ou celle de la pensée.
Qu'est-ce que l'espace ou l'étendue sans quelque chose ou
mode visible, tangible, qui nous paraît étendu? Qu'est-ce que
le temps eu la durée en faisant abstraction des choses ou
modes déterminées qui durent ou se succèdent? Qu'est-ce
que la substance séparée de toute modification, la cause effi-
ciente ou force productive sans l'effet produit? Toutes ces
questions ne tendent à rien moins qu'à concevoir séparément
les éléments des faia primitifs, donnés à notre esprit comme
indivisibles, et qui cessent pour nous d'être des faits ou des
existences récites intelligiblee, dès qu'en donnant des signes
à chacun des éléments distingués, dans le fait même, nous
voulons effectuer la séparation complète et faire comme le
départ des deux membres de la relation, en poussant l'ana-
lyse intellectuelle au delà des bomes do la nature ou de l'es-
prit humain.
Nous croyons que les premiers termes de relation, la subs.
tance, la cause, l'espace, le temps, existent réellement et
absolument, que les modes ou les effets n'existent que dans
ou par ces premiers termes mais nous n'avons point d'idée
séparée de cet absolu de l'espaco. Nous ne percevons, ni ne
pouvons imaginer aucun mode qui ne soit rapporté actuelle-
ment à une substance. Au contraire, nous sentons ou imagi-
nons très bien certains effets sans penser à la cause on même
en en faisant abstraction, comme font les physiciens. La rela-
tion du mode a ta substance semblerait donc avoir un carac-
tère supérieur de nécessité et de primauté.
D'un autre côté, puisque le moi ne s'aperçoit ou n'existe
pour lui-même qu'à titre de MM~e, il ne peut y avoir aucune
perception ou idée antérieure & h région de causatité qui
semblerait ainsi devoir être plus intime à l'esprit. N'y a-t-il
de substantia-
pas là une sorte de contradiction? La relation
Uté est déjà dans le sentiment confus de l'existence avant la
personnalité distincte. Elle est renfermée dans les intuitions
moi. Mais cette relation
ou les affections qui sont avant le
n'est connue distinctement qu'après la naissance du moi et
qu'au mo-
par suite après la relation de causalité. De là vient
ment où nous existons pour nous-mêmes à titre de causes, la
notion de substance étendue se présente à notre esprit, non
point comme une chose nouvelle ou qui commence à exister,
mais comme une chose qui préexiste à notre connaissance et
qui était déj& dans les intuitions confuses de la sensibitité ou
de l'instinct même.

FiK
RAPPORTS
SCIENCES NATURELLES

LA PSYCHOLOGIE
oc
t.tSOtXCtF~extTtS
CtS CECtS~atT
HMaAtt)
(i8i3)
Cof~of'&BmacAXM? mfx/t&Ms
tMffBMm< <*< quod M< WMt~'
est p)'oet<<eMt<a, <M corpore est
/~<MMt. LNMm!.

INTRODUCTION
§ f
Fondements de la distinction entre les points de vue des
doux sciences.

Observer les faits, les classer, poser les lois, chercher les
causes, tel est rordre des procédés assignés par la philosophie
de l'expérience à l'esprit qui tend à s'étever des premiers
échelons de la connaissance jusqu'au plus haut degré qu'il
soit permis d'atteindre.
Cette marche régulière et progressive devinée par le génie
et en quelque sorte par l'heureux instinct des premiers obser-
vateurs de la nature, a été tracé et en quelque sorte régulière-
ment jalonnée dans les ouvrages modèles du célèbre restau-
rateur des sciences naturelles, Bacon, qui s'en servit lui-
même avec succès pour dresser la mappemonde de nos con-
naissances, en distinguant la vraie science formée d'après
ces procédés méthodiques de la fausse dont le vide et les
erreurs systématiques paraissent évidemment se rattacher à
la transgression des mêmes procédés. Dans l'état actuel des
lumières et vu les progrès immenses que toutes les sciences
naturelles doivent, surtout depuis un siècle, à cette heureuse
et même méthode d'M/t~wHce et d'tM~MC~MM,celui qui pré-
tendrait élever dos doutes aur sa préémMence, provoquer
un
examen plus approfondi des principes sur lesquels elle repose
pour savoir si elle est également et aussi exclusivement hppro-
~riée aux branches diverses de nos connaissances, si ~o
s'applique à la philosophie première, comme aux sciences
dérivées, à la détermination des faits et dos lois de l'expé-
rience intérieure, comme à celles de l'expérience extérieure,
serait jugé sans doute par les successeurs de Bacon
comme te
serait celui qui contesterait l'existence de la lumière à
ceux
qui voient et le mouvement à ceux qui marchent. Je
ne crains
pourtant pas de m'exposer, dès mon début, à une préven-
tion défavorable en observant d'abord
i" Que s'il y a plusieurs facultés de l'esprit humain, et
non
pas une seule, comme on a prétendu l'établir et peut être en
violant la méthode elle-même ou classant avant d'observer, il
doit y avoir avant tout plusieurs méthodes et non
pas une
seule, pour donner à chacune de ces facultés l'emploi et la
direction qui leur conviennent
2" Qu'ainsi cette unité de méthode ne saurait être
conçue
comme praticable, s'il est vrai qu'en appliquant aux choses
extérieurescertains moyens ou certains sens, appropriés à la
connaissance objective, notre esprit est disposé d'une toute
autre manière, que lorsqu'il s'applique à se reconnaître lui-
même par l'emploi d'autres moyens ou d'autres sens
appro-
priés si l'entendement humain a pour ainsi dire telle face
dirigée vers le monde extérieur, et telle autre concentrée
sur
ses propres modifications ou actes, etc
3* Enfin qu'on prétendrait vainement transporter à la philo-
sophie première ou à la science des phénomènes de l'esprit
humain, les procédés de la méthode expérimentale, si l'obser-
vation intérieure diffère essentiellement par ses moyens et
son objet de celles qui sert de base aux sciences naturelles; si
les faits de la première ne sont nullement susceptibles de
l'espèce d'analogie ou de ressemblance qui détermine les
ctassineations physiques ou si le point do vue qui rapproche
et réunit sous une idée et un terme communs les phénomènes
qui coexistent dans l'espace, est opposé à cetui qui distincte
et sépare les modes ou actes de l'esprit humain qui se suc-
cèdent dans le temps; si les lois métaphysiques et nécessaires
de la pensée contrastent avec les lois physiques, contingentes
et variables enfin, si les causes physiques conçues dans un
ordre déterminéde sucession expérimentale des phénomènes,
à laquelle s'attachent exclusivement les physiciens, diuerent
toid Ha~!<r<! des causes e/~c:tH~s, auxquelles s'attache te
psychologuecomme au pivot sur lequel roule toute sa science.
Ainsi il n'y aurait d'identique ou de commun dans les pro-
cédés des deux sciences que les signes observer, e/<M$ff, etc.,
tandis que les choses ou les opérations sont réellement d'une
autre nature, puisque observer en psychologie n'est pas voir
ni exercer aucun sens externe, que classer n'est pas aperce-
voir des ressemblances, que poser des lois contingentes
ou chercher des causes physiques n'est pas constater des lois
nécessaires do l'esprit humain et l'existence des causes efn-
cientes.
La distinction générale que nous annonçons ici entre les
deux sciences considérées sous le rapport de leur objet, de
leurs moyens de connaître, et par suite do la méthode respec-
tivement appropriée à chacune d'elles, a besoin d'être éctaircic
et connrmée par des considérations do détail plus particu-
lières, dans lesquelles nous entrerons après avoir posé quel-
ques définitions essentielles.
I. Tout ce qu'un être pensant et sentant aperçoit ou
sent actuellement en lui ou hors de lui par quelque sens
externe ou interne, devient pour cet être ce qu'on appelle un
/<:&.
Il. Tout fait a un caractère de relation essentielle c'est
un rapport à deux termes ou un composé de deux éléments
distincts et non séparés l'un de l'autre, savoir d'un sujet qui
perçoit et d'un objet qui est perçu.
Ht. Sous le titre d'objet, on peut rentertUM' tout ce que
9
l'être pensant perçoit, comme actuellement distinct du senti-
ment de son existence individuelle, identique et permanente.
Ainsi une modincation, même intérieure, peut être un objet
par rapport au moi, s'il la distingue du sentiment qu'il a de
lui-m&me ou de son durable.
IV. Une modification no peut se distinguer du moi et
s'objectiver par rapport à lui, qu'en se référant soit à un
sujet permanent d'inhérence, si elle est constante et fixe, soit
à une cause productive, si ello est variable on passagère.
n'y a do fait actuellement perçu par nos sens, ou conçu
par notre esprit que sous l'une ou l'autre, si ce n'est sous
l'une et l'autre de ces deux relations essentielles et primor-
diales de l'effet à sa cause productive, du mode ou de la qua-
lité à son sujet d'inhérence.
V. Comme cette cause et ce sujet sont on le moi lui-
même ou autres que le moi, il y a deux sortes de faits essen-
tiellement distincts des faits extérieurs que uous ne pouvons
nous représenter que hors de nous, ou comme des êtresétran-
gers & nous, et des faits intérieurs que nous ne pouvons sentir
ou apercevoir qu'on nous-mêmes.
Néanmoins en remontant à l'origine des idées et jusqu'aux
premiersrudimentsde la pensée humaine, ou encore en nous
observant nous-mêmes dans certains états où la sensibilité
physique est seule prédominante et absorbe presque toutes
nos facultés actives, nous sommes conduits à reconnaitre
qu'il y a eu originairement et qu'il peut y avoir encore en
nous des phénomènes simples que nous appelons intuitions,
ou a~ee~MtM SMMp/es, séparés, je ne dis pas de tout sujet d'in-
hérence ou de toute cause absolue efficiente, mais de toute
aperception ou conscience de ce sujet et de cette cause*.
Nous sommes même conduits à croire qu'il n'ay que des
phénomènes de cet ordre pour les animaux, pour tous les

t. Nous donnerons mUeum des exemples qui prouveront !a rMiM de cee


phénomène!! aensiMb purs, simples, séparés de toute conscience U snnit
M qu'on ceni,Hei<: ttt oetMtotMMi e«tMt<e puaMMe. K~ux dirons aussi eu quoi
MMMte l'élément inteUeetuet pur. (M. de B.)
êtres purement sentants, comme pour l'enfant qui vit'nt do
cattre et pour l'homme même dans l'état du sommeil, d<'
délire, etc., et en)!n que la perception du rapport qui cons-
tituo un fait complet, tel que notre esprit se le représente au
moyen des sens, n'appartiep* qn'& t'intelligence,
Ainsi les intuitions et les affections no sont point de pms
concepts abstraits, mais bien des modes positifs etréetsdo
l'existence de certains être organisés, viv ants, qui n'ont aucun
percevoir leurs impressions ou de connaitre tour
moyen de
existence.
VI. Si d'un fait quelconque externe ou interne nous
abstrayons le phénomène, il nous restera le concept pur d~
cause ou de substance. Ce concept, pris hors de toute relation
avec les phénomènes, et sous l'acception universotto et émi-
nemment abstraite que nous attachons actuellement aux
signes de substance, no sera sans doute qu'un être logique,
une catégorie, une abstraction sans réalité tant qu'on ne la
ramènera pas à sa véritable et unique origine, savoir, au fait
primitif de la conscience ou de l'existence du moi.
Mais ce fait primitif, originaire do toute connaissance, doit
être tel qu'il emporte avec lui le sentiment indivisible de la
cause et de son effet, du sujet et de son mode permanent. I)
aura donc encore le caractère d'une )'e/<:<MM, mais d'une
relation qui ne sera plus susceptible d'analyse ultérieure,
comme les rapports ou les faits secondaires qui se forment de
l'association des phénomènes intuitifs et affectifs avec les con-
cepts do cause et de substance. Nous montrerons dans cet
ouvrage comment ce double concept s'identifie avec le fait
primitif de la conscience, ou s'y ramène médiatemcnt en
second lieu comment tous les phénomènes qu'il compose, et
auxquels il communiqua. le caractère de fait, sont des rap-
ports composés ou de véritables jugements synthétiques, a
partir des idées de sensation que Locke a considérées
comme simples.
VH. Comme j'ai appelé intuition on affection le phéno-
mène qui reste, quand on en sépare le concept de cause ou de
substance, je nommerai <~<e~p~oMinterne immédiate ce qui
reste du même fait quand on on sépare tout élément phéno-
ménique.
L'aperception interne est le août fait qui aoit primitif en sa
nature, olle no peut être résolue en phénomène et emporte
avec elle la réalité des deux éléments subjectif et objectif qui
s'y trouvent indivisiblement unis en restant toujours distincts
l'un de l'autre.
V!U. Unie avec un phénomène intérieur ou une affec-
tion simple, rapercoption constitue le fait que j'appelle MM-
~MM. La sensation ou, suivant le langage do Locke, l'idée
do sensation emporte avec elle la connaissance immédiate du
sujet qui l'éprouve, et la notion médiate ou immédiate de
quelque cause quilaproduit. Lorsque c'est le M<M lui-même qui
agit pour produire la sensation (comme nous en verrons des
exemples), la connaissance de la cause est immédiate et
s'identifie avec celle du sujet sentant. Lorsque le moi ne pro-
duit pas actuellement la sensation, la notion de la cause est
médiate et distinguée du sujet sentant.
!t y a donc dos sensations actives et passives. J'appellerai
les premières aperceptions internes médiates, et les secondes
simplement ~eMM«otM.
tX. Unie avec un phénomène extérieur ou une M~M~MH,
l'aperception constitue le fait que j'appellerai en général
fe!M'eM<s<!oa. La représentation emporte avec elle fla
connaissance de l'intuition, comme ~A~«MK~Mee.c<~MM~ dont
l'espace est la forme indivisible; 2° la conscience du sujet
qui se représente; 3* la notion on croyance d'un être, d'une
substance ou d'une ~ause par qui se réalise le phénomène de
l'intuition.
X. Le moi ne peut être la cause efficiente d'une repré-
sentation, pas plus que d'une affection, mais ilpeut concourir
à se la donner par son activité (ainsi que nous le verrons);
comme aussi il peut éprouver des anections, ou avoir des
intuitions passives, sans y concourir en aucune manière par
son activité, sans en être cause.
Dans le premier cas la MMS<* partielle et le sujet de la repré-
sentation se trouvent identinés dans le même fait de cons-
cience et distingués de l'intuition qui se rapporte toujours et
nécessairementà l'espace extérieur.Dans le second cas c'est )a
cause et l'objet do la représentationqui se trouvent identifiés
dans l'espace et distinguésou séparés du sujet qui s'aperçoit
dans le temps. B y a donc aussi des représentations actives et
passive! jie distinguerai les représentations actives sous te
titre d'aperceptions externes; et je me servirai du mot généri-
que de perception pour exprimertoute représentation,dans la-
queUo le sujet se distingue de l'objet et de la cause de l'intuition.
XI. L'aperception interne immédiate ou médiate emporte
essentiellement avec elle la réalité du sujet et de la cause du
phénomène intérieur senti ou aperçu sous l'un et l'autre
rapport d'inhérence ou de causalité; et il n'y a pas d'argu-
ment sceptique qui puisse ébranler la forme persuasion oa
nous sommes que nous existons comme sujets identiques,
permanents, causes libres de certains modes ou phénomènes
que nous produisons à volonté, et passibles d'autres modes
que nous sentons sans vouloir ni agir.
L'aperception externe emporte aussi avec eUe la croyance
d'un objet ou d'une cause étrangère, sans laquelle le phéno-
mène de l'intuition que notre volonté ne produit pas, no
saurait se réaliser ou commencer à paraître à nos sons. Mais
ici la notion de cause et d'objet durable ou de substance
extérieure, n'est qu'associée au phénomène, et, transportée
dit moi à l'objet extérieur, ne jouit que d'une évidence secon-
daire et déduite du fait du sens intime, sur qui eUe a besoin
de s'appuyeret qui seul la Justine.

§2
Dirisiondes edencee pMatMeà celle des faitspremiemqui leur servent debase.
II résulte des analyses ou définitions qui précèdent que
ordres de faits qui
nous sommes fondés à reconnaître trois
serviront de fondements & autant de sciences distinctes par
leur objet et peut-être aussi par leurs procédés méthoaiques.
i. Les faits extérieurs sont des composés primitifs réso-
luhtcs ça deux éléments ou deux termes de rapport, savoir
!o ~~MfMM~M externe on l'w~MtfMH qui est comme la matière
du fait conçu ou représenté et la notion d'un sujet subs-
tantiel ou cause permanente qui est comme la forme Intel-
lectuelle du fait et sous laquellel'espritsaisit ou se représente
les phénomènes.
La physique, ou science de la nature, est la science dos
faits extérieurs représentés par intuition. Ces faits y sont
d'abord considérés en eux-mêmes, commo s'ils étaientsimples
et absolus, et sans relation au sujet qui les perçoit, à la
substance à qui ils sont inhérents ou à la cause ofneionte qui
les produit.
Cette relation subsiste bien toujours, il est vrai, dans l'inti-
mité de la pensée mais parce qu'elle est première, fonda-
montato do la connaissance et profondément habituelle,
l'esprit la perd de vue pour s'attacher uniquement aux
intuitions phénoméniques dont il cherche à saisir les ressem-
blances ou analogies sensibles, et l'ordre des successions ou
liaisons en lenaps, que l'expérience répétée convertit en lois.
Ainsi la science de la nature, considérée dans son objet
premier et sa méthode appropriée, est moins celle des faits
que celle des phénomènes extérieurs et de leur ordre de suc-
cession, pris dans l'intuition absolue qui los représente, et en
faisant abstraction ou plutôt confusion du sujet qui se repré-
sente, de l'objet permanent représenté. et de la cause effi-
ciente do la représentation;
2. Les faits M~ncM~s sont ies composés ~NM~, réso-
tubtes aussi en deux éléments, savoir les phénomènes ou
affections simples de la sensibilité animale, et la notion d'un
sujetpermanent,à qui ces aSectiomssontinhérentescommemo-
dalités, ou d'une cause intérieurequiles effectue dans un temps.
La science de ces phénomènes intérieurs organiques,connue
sous le titre de p~MM/o~M,est la sciencede la nature eecaR~.
Suivant les procédés de la physiquedont elle est une branche,
cette science s'attache également d'une manieFfexctusivp aux
a~ceticnaou aux~AM~~ws de la vie <*t d<* t'or~aniaation.
en faisant abstraction ou confusion du sujet identique et pet-
manent qui les perçoit, et en même temps de la cause interne
qui les effectue, comme de la volonté qui petit concourir
quelquefois à les produire et toujours à les modifier. La phy-
siologie plus encore que la physique est une science de purs
phénomènes, dont l'observation par les sens et !'oxpër!ence
extérieure rëpëtëe, déterminent l'ordre d'analogie et de suc.
cession, sans qu'it y ait lieu pour elle & chercher ni mente à
concevoirl'existence réelle de substance ou de cause
3. Les faits primitifs du sens intime oa plutôt !o fait primitif
unique (M« yeHew) qui réunit en lui le caractère du ~M-e et
de l'individu, consiste dans un rapport fondamental simple,
ou irrésoluble en termes phenoméniquos, où la cause et
l'effet, le sujet et le mode actif se trouvent unis indivisible-
ment dans !e même sentiment ou la même perception d'effort
(MMM) dont les muscles soumis à la volonté sont los organes
propres. C'est de cette impression originello d'un effort que
dérivent toutes les idées de forces ou de causes.
On appelle /M~c~o/<!y<e la science qui, s'attachant d'abord à
ce fait primitif et à ses dérivés immédiats, se propose do faire
l'analyse complète des faits externes, en y distinguantla part
phénoménique de l'objet et la part réelle du sujet d'y recon-
nattre ainsi les véritables éléments formels de ces faits, de
rappeler à leur source primitive les notions de cause et de
substance de justifier la réalité absolue que nous leur attri-
buons de donner ainsi une base à la science des phénomènes
et d'en garantir ta solidité en l'appuyant sur Je fait évident et
irrécusable de la conscience ou de l'existence du moi.
La psychologie se propose de justifier les titres auxquels
nous possédons une connaissance quelconque, de déterminer
ce que nous pouvons connaître de réel et comment nous le;
connaissons, en partant des faits complets et déterminés,
tels qu'ils sont donnés actuellement est relation, et d'après
nos habitudes, aux sens externes et internes. Cette science
première s'attache d'abord aux éléments formels communs à
tous les faits, en faisant abstraction des phénomènes variables
et particuliers. Si elle s'arrête aux notions ou aux concepts
universels et nécessaires de substance, de cause, tels qu'ils
se trouvent actuellement dans l'esprit, élaborés par nos
facultés, rattachés à des signes généraux ou érigés en caté-
gories, si elle considère l'ensemble des êtres sous leurs
rapports les plus généraux d'existence, de substance durable,
de cause c'est la métaphysique pure, ou la science des
formes qui uottent dans une sorte de vague intellectuel
jusqu'à ce qu'elles aient trouvé un fond ou une base solide,
où elles puissent se rattacher.
La psychologie sente assigne ce fond ou cette base dans la
conscience du moi; elle s'appuie sur une première expérience
tout intérieure et diuère pourtant de ce qu'on appelle les
sciences expérimentales, par son point de vne et ses procédés
méthodiques.
La psychologie est synthétique ou rationnelle, lorsqu'elle
considère !e fait primitif de sens intime, hors de son associa-
tion avec les phénomènes externes ou internes pour les y
voir ensuite. Elle est analytique et plus spécialement expéri-
mentale, lorsqu'elle part des faits composés comme de
principes élémentaires, et qu'elle se home à l'analyse des
sensations ou des idées associées entre elles et aux signes ou
surcomposées par l'expérience.
Locke a poussé assez loin la psychologie expérimentale ou
analytique, mais ce qu'il y a d'incomplet, de défectueux et de
contradictoire même dans sa doctrine prouve combien il est
dangereux de s'attacher à un fait composé avant d'avoir
reconnu le simple, et d'arrêter l'analyse, avant d'avoir trouvé
un fond où l'on puisse bâtir solidement.
On peut remarquer combien Locke est embarrassé lorsqu'il
s'agit d'assigner la cause d'une existence réelle quelconque
et de dire en quoi consiste la convenance do nos idées avec
quelque modèle réel donné hors de nous, lorsque nous
n'avons et ne connaissons que des idées.
Descartea, Leibnitx, Kant et leurs disciples ne se sont
attachés qu'a la métaphysique pure ou à la science des rela-
tions universelles et nécessaires des êtres ils sont partis des
notions de cause, de substance et ne semblent pas avoir soup-
çonné que ces notions pussent être ramenées à quelque fait
primitif bien plus, ils ont soigneusement écarté tout recours
& un tel fait originel ou à une expérience intérieure, comme

ne pouvant donner qu'une base contingente à la science,


dont toute la certitude doit reposer selon eux sur des principes
à priori. Aussi ont-ils sacriné le plus souvent l'évidence de
fait à celle de raison, et pris une certitude purement logique
pour la certitude métaphysique qu'ils avaient en vue.
Malgré les essais de quelques esprits excellents, placés
dans un point de vue moyen entre !a psychologie purement
expérimentale et la doctrine métaphysique pure, il nous
manque encore une véritable psychologie rationnelle ou
élémentaire, où se trouve une garantie suffisante non pas
seulement de la certitude, mais de la réalité de notre connais. 1
sance des êtres, des causes on des substances. J'essaierai de
poser les premières bases de cette science, en établissant les
rapports qu'elle a avec celles qui ont pour objet les purs phé-
nomènes de la nature morte ou vivante.
Les rapports des sciencesdont je viens de parler sont ceux
qui existent d'une part
i° Entre les phénomènes externes et internes, considérés
dans leur liaison en temps, ou leur correspondance harmo-
nique, abstractionfaite de la vraie relation de la cause ef6-
ciente à l'eSet produit, relation qui ne peut avoir lieu entre
de pars phénomènes, puisqu'elle suppose comme nous le
verrons, l'existence réelle et absolue des dires ou des subs-
&MCM qui sont censés agir ou réagir les uns sur les autres,
et par conséquent quelque chose de plus que de purs phéno-
mènes, ou qui soit indépendant d'eux.
2* D'autre part, entre ces deux sortes de faits composés,
externes et internes, et le fait primitif du sens intime qui
comprend l'existenceréelle, la cause efficiente. Ici les rapports
vrais d'o& peuvent se déduire des systèmes quelconques
d'explications de eea faits les uns par les autres, exigent
~évidemment que l'esprit remonte d'un fait primitif et simple
aux faits secondaires et e<MHp<M<& qui en dérivent, car l'expli-
cation ou la raison du composé ne peut se trouver que dans
le simple, qui ne peut lui-même être expliqué par cela même
qu'il est simple, mais qui ne doit pas être non plus une pure
abstraction. D'ou il suit qu'en limitant la psychologie & la
science des faits primitifs ou des notions élémentaires, cette
science pourrait bien fournir des moyens d'explication
ou
d'analyse aux sciences dérivées qui ont un objet extérieur,
mais non en recevoir d'elles et l'on voit d'ici comment la
question proposée prise dans ce point de vue général
ne
serait susceptible que d'une solution négative; on voit de
même que les phénomènes simples qui font respectivement
l'objet des sciences physiques et de la physiologie, étant
conçus ou représentés sous deux points de vue divers de
l'intuition et de l'aperception interne médiate, ne sauraient
avoir rien de commun entre eux, ni s'expliquer ou s'éclairer
les uns par les autres; mais nous verrons bientôt que ce
que
l'on entend par l'explication d'un ordre de faits par un autre,
se prend dans une latitude beaucoup plus grande que celle
du rapprochement on de la liaison des phénomènes simples,
et qu'elle peut se fonder sur d'autres rapports d'analogie ou
de causalité.
§3.
Des différents points de vue de la setence de la nature de l'homme.
Le premier procédé de l'esprit suivant la méthode des
sciences physiques, consiste à observer on recueillirles phé-
nomènes des sens externes.
Les sens de l'intuition externe, la vue et le toucher sont les

t. Par t'AfffttXti? d" Copenhague.


crtt
«
J)ho,/em-,
Le texte de ce
p. 29 (A. B).
On Ht à la premM~ page du mMM-
Ma< W<t, PfogMMme ttc f~cad~tt de CqMnAa~. a
ce programme est donné par Maine
donne par Maine deBiran,
de BirN~aE!<MtSM<'<m<s, ï.
OEuvres-inédites, t. J.
premiers et presque les seuls instruments de cette observa-
tion. Or, comme le développement ou le progrès de ces sens
est très rapide, qu'ils ont une prédominance marquée dans
l'organisation, il est naturel que la connaissance objective ou
représentative à laquelle ils sont spécialement appropriés,
prédomine également dans l'ensemble de notre cognition.
L'analyse d'un fait quelconque, connu ou représenté objec-
tivement hors de nous, nous a donné trois rapports élémen-
taires, savoir lo rapport de l'intuition avec un sujet qui per-
çoit, avec un objet perçu et de plus avec une cause qui produit
ou fait commencer le phénomène. Cette cause s'identifie,
comme nous l'avons vu (au n* VI), ou avec l'objet extérieur
permanent dans les représentations passives, ou en partie
avec le sujet dans les représentations actives, mais forme
dans tous les cas une troisième relation essentiellement diuê-
rente du rapport d'inhérence, ou d'une modification à son
sujet ou d'une qualité à son objet permanent. Ces trois
rapports se trouvent confondus d'après les lois de l'habitude
dans un seul et même fait dont l'observateurde la nature n'a
pas besoin de faire l'analyse pour avoir une représentation
claire, ou pour saisir d'abord le monde extérieur avec cette
assurance qui tient de l'instinct et que la raison ne saurait
motiver. Il ne s'agit jamais, en effet, pour l'observateurde la
nature extérieure d'une analyse de décomposition d'un fait
dans ses derniers éléments, mais de l'analyse de description
d'un objet dans ses parties il ne s'agit pas non plus de la
relation d'un phénomène transitoire, à la cause efficiente qui
le produit ou le fait commencer, mais de la simple liaison en
temps d'un fait avec un autre qui le précède.
Le physicien qui entreprendrait d'analyser un fait donné
quelconque dans ses éléments qui le constituentsous tels rap-
ports simples au sujet qui le perçoit ou à la cause qui le pro-
duit, changerait de rôle ou de point de vue il ne serait plus
borné à observer ou fi se représenter des phénomènes, mais
il devrait concevoirquelque chose de supérieur aux intuitions.
quelque existence qui ne serait plus représentée sous des
images il sortirait enfin du monde des objets visibles et pal-
pables pour entrer dans celui des substances, des forces sim-
ples, invisibles, impalpables, sur qui l'imagination n'a plus de
prise, et accessible à l'entendementseul qui s'appuie sur l'a.
perception immédiate interne, d'après le type original qu'it
trouve dans l'aperception réelle, immédiate du mot.
Que si l'observateur,s'élevantparlapensécjusqu'à cedemier
monde, essayât d'y transporter les lois on rapports d'analogie,
do composition, de succession empruntées des phénomènes
de lanatureextérieure, il se créerait un universfantastique sans
modèle et sans règle, hors de toute proportion avec ce qui
peut être aperçu au dedans, ou représenté au dehors de
nous.
Ainsi s'ouvre et s'agrandit le champ trop fécond de ces
hypothèses explicatives, qui ont si souvent et si longtemps
mis des erreurs et des préjugés pires que l'ignorance à la
place des véritables lois de la nature dont elles ont empêché
l'explorationet retardé la découverte.
Nos modernes physiciens eux-mêmes, heureusementcon-
duits d'un coté par une méthode d'expérience et d'induction
si bien appropriée au but et aux véritables progrès de leur
science, mais entraînésnécessairement d'un autre coté à croire
ou à supposer l'existenceréelle absolue de certaines substances
ou causes on agents invisibles des phénomènes auxquels ils
voudraient exclusivement s'attacher, nos physiciens, dis-je,
n'ont pu échapper à toutes les hypothèses gratuites, lorsqu'ils
ont tenté de soumettre au point de vue de l'imagination et aux
lois de l'expérience oxterieare, la manière d'agir on le com-
NMKt de l'efficace de ces causes supersensibles, dont il n'est
donné à l'homme que de connaître on de penser l'existence
sans en rien savoir de plus.
L'observateur de la nature qui affirme cette existence
réelle, on qui croit invisiblement que tout phénomène qui
commence pour ses sens a une cause hors d'eux ou hors do
lui, affirme ou croit certainement au delà de ce que l'obser-
vation ou même l'expérience répétée peuvent lui apprendre.
M semblerait donc pécher directement et dès son début
contre le premier précepte de sa méthode qui consiste à ne
rien admettre an delà des faits d'expérience ou des indue-
tions raisonnées de ces faits; mais l'inBuence de cette mé-
thode ne s'étend point jusqu'à ces croyances ou persuasions
qai semblent être comme les lois naturelles de l'esprit
humain. Bornée à la science des objets ou des phénomènes
extérieurs et ne remontant point jusqu'aux conditions pre-
mières détente science, elle doit se subordonner d'elle-même à
ces conditions ou à ces lois, dont il n'est jamais en son pouvoir
de contrarier ou de modifier l'application.
Ce n'est donc point lorsqu'il croit ou admet de primo
abord et sans examen, la réalité des substances et des causes
qui sont par leur nature hors de toute observation ou expé-
rience, que le physicien peut aller contre les principes d'une
méthode quelconque; mais il sort vraiment des limites de sa
science, lorsqu'il prétend savoir sur ces causes quelque chose
de plus que leur existence, lorsqu'il substitue l'hypothèse au
fait, ou qu'il abstrait au lieu d'observer, analyse ou décom-
pose au lieu de décrire, lorsque posant ainsi des causes per-
manentes, indépendantes des phénomènes, il tend à <~eo!Her
ou concevoir par l'imagination ce qu'elles sont en elles-
mêmes et comment elles agissent pour produire les effets qui
leur sont attribués comment, par exemple, le monde actuel
que nous voyons a pu commencer (d'où les systèmes de cos-
mogonie, de théogonie, etc.), ce que sont en eux-mêmes les
premiers éléments de toutes choses, indépendammentdes com-
posés phéooméniques qui enrésulteni quelle est la forme des
globules lumineux, comment ils se meuvent dans l'éther avec
une prodigieuse rapidité et frappent nos yeux ce que sont
les fluides magnétique électrique, gravifique, et comment ils
circulent dans les pores des corps et produisent les phéno-
mènes d'attractionou de répulsion, etc. Toutes ces recherches
ou explications sont trop évidemment incohérentes avec les
faits positifs et réels de la nature, tels qu'il nous est donné de
les concevoir ou de les connaître dans l'ordre concret et sous
1

CoMffUa hMxttMnt
Mf~<a<t< "KsibiMM partielle

Valable pour tout ou partie


du document reproduit
la relation nécessaire do la ~'anso à IWot et non dans l'abstrait
OM l'abaottt de ta cause cfnci<'ntc indépendamment « de son
enct.
Lorsqu'on a pf~tcndn tranv~ dans la aonaation l'otigine ~t
la réalité de toutes nos eonnaissaMetta, a t-en aasex proton.
dément rcnéctti sur cette néccsMté do croire, avant toute
aeienco inatitM~a. !a réalité de cur<a!nps paMSM ou de aMbs-
tances, n6poasit6 {mposëa à tous tes hommaa et dont tes
empiristus tes plus d~cMMs théorie no sauraient a*a<!fan-
chh? A-t-omMon t<~fioM!'e<Heatcheroh~ d'<t& matM vannent
ces notions d'agonts invisibles, do cauMs permanentes, idcn-
tiques, prodocttVM dea ph6nom!)nes variab!cs MprOsfMt~a à
neasena?
Pourquoi l'esprit du t'hommo na a'arr&te-t-it pas à ce qui eat
a!os! reprësentë ou imag!n6? Pourquoi faut-il qu'il admette
toujours quelque chose qui reste quand )e pMaom&ne est
change ? Pourquoi rapporto-t-H tout ce qu'it voit ou patpe à
quelque eauao qa'it Me peut ni voir ni patpor? En serait-il de
même si les facuMés do percevoir, do juger ou do croire
n'étaient autres que oet!e de sentir? Nous trouverons assez
d'occasions do résoudre ces difucuttes dans les considérations
on nous entrerons bientôt sur te principe do causalité et sur
son application originelle aux objets hors de nous. Arrêtons-
nous d'abord à constater la diversité des points do vue, sous
lesquels l'homme peut se considérer tui-méme en se prenant
pour objet ou sujet propre do son étude.
Dans l'observation des faits de la nature, les sens externes
ou l'intuition et l'imagination sont les premiers mobiles en
exercice. Mais que pourraient-ils seuls et s'ils n'étaient
dirigés par nos facultés actives, éctairés par la conscience ou
la réBexion comme par une lumière intérieure ? Dans ces
premiers procédés pour ainsi dire excursifs de l'esprithumain,
qui est pour lui-même le dernier et le moins important des
objets à connattre, l'être sentant et pensant, absorbé par les
impressions affectives ou les images vivantes du dehors,
semble se perdre de vue lui-même comme agissant, voulant
pt pensant it pourra meconnattrc longtemps et pPut-ttM
toujeura ae qn'it mut du sien propre dans tes faits qu'il per-
çoit, ot tout ce que tes lois do son iatcttigeneo, de aon aeti-
viM pwpf« a}autt'nt à <'« qu'il xppctto <oi« ph~!<}«cs <t<' la
nature.
~!ent-it à tourner 8e8 regarda sur tu! manM' ? MtOtMMp Ma
ao conMdîtro<rabar<t qMe eomme M~ct de ct'ttu Matma phéntt-
M)6niqMe dont il fait partie dans !e point dit vue extérieur oh
il se trouve placé. M n'est oncort' pcxf hti-tn~Ma on MtÎMt,
qM'Mna eomMnaiaott op~aaia&o qui vit, «eut, ut moMt ou He
mfMt CM vpftM do certaiucs itttpt'ea'oaMs co<MMMMi'}M~'s par
divers agents phyaiqHOitaMxquehil attribue te~OMt'aw'eMoace
d'eMiruteMir sa vie, d'exciter aa sensibilité, do mottro en jeu
son imagination, sa pcns~)) et aavotunte même.
Ainsi il se voit ou so sent entratné dans ce cercto fatal oft
roulont tous les êtres passifs, animés comme inanimés, soit
qu'ils sentent ou connaissent le mouvement nécessaire auquel
ils obéissent, soit qu'ils le suivent d'une manière tout à fait
aveugle sans te sentir ni le connattre.
Comme les corps célestes suivent sans le savoir dans t'es-
pace et te temps absolus tes lois constantes de t'attraotion, qui
détermine la forme de leurs orbites comme les motecutcs
infinitésimalos de la matière obéissent aussi constamment
aux aMnités ~/ee<!CM qu'ettesignorent, les machines organi-
sées considérées dans la manière dont elles se forment, se
propagent ou s'entretiennent par une suite de mouvements,
d'actions ou de réactions mutuelles, nécessaires et étroite-
ment tiées, paraissentégalement soumises à certaines attrac-
tions, sympathies ou antipathies, que les lois de la sensibilité
organiquerendent plus obscures et plus compliquées encore,
en les laissant égalementsous l'empire du fatum.
En qualité d'être organisé vivant et sentant, l'homme obéit
il est vrai, comme tous les êtres de la nature vivante ou
morte, à des lois constantes et nécessaires qui t'entraînent à
son insu l'ensemble des fonctions pariesqueUesil végète, se
nourrit, croit et se développe, s'exécutenten lui, sans lui. Il
\it, aent et ac meut, ou plutôt est ma, aana connattra aa vie,
aas sensations et aea monvementit: <'<t'~c<<
~t.W XM.W.
< MCMWs

Maia CM aa qualité d'être intetti~nt, voulant et pMMant,


l'hnmma se place lui-même en dehora et au-dea&uade ectte
nature qui lui est donnée commo objet de aon intHitton il !a
f!o)tt!na on elfet par aa penaëo et par sa volonté, en mêmo
temps qM'H en fait partie et lui est soumis par son organ!-
aation mater!e)ta et aa aen8iM)it6physique non seulement il
vit Je !a vie comntMneà tous !ea êtres sentanta, mais il vit de
plus d'uno vie de rotation ou de conscience, dont il est & la
f<t)!) sujet et tem"in non Roulement it sent ou a des sensations,
ma!a do plus i! sait qtt'H «ent, il a l'idée ou la connaissance de
ses scnsationa; non seulement il a dea rapporta a\'ee les
divers agents ou objets de ta nature, mais encore il aperçoit
ces rapporta et peut s'en rendre compte; de plus il les modine,
les étend, las complique ou los multiplie sans cosse, ou s'en
crée de nouveaux a ctmque instant par l'exercice d'une puis-
sance, d'une force agissante qui t'attranchit des liens du
/h<MtM, et le constitue individu, personne morale, intellec-
tuolte et libre. De là deux points do vue de la science de
l'homme non seute'nent différents, mais de plus opposés entre
eux celui du naturalisto qui s'attache à l'homme extérieur et
le considère dans son enveloppe matérielle, et par les eûtes
sous lesquels il se trouve par sa capacité réceptive d'impres-
sions, en dépendance nécessaire de tout ce qui l'environne;
et celui du psychologiste qui s'attache à l'homme intérieur et
te considère tel qu'il eat, non pour un spéculateur étrangt),
qui l'observe du dehors, mais pourtui-méme. Ces deux points
de vue de la science du même être vivant, sentant et voulant
ou agissant, se fondent sur la distinction essentielle étabtM
auparavant entre les facultés d'intuition et d'aperception
immédiate, auxquelles correspondent respectivement les deux
ordres do faits externes et internes.
Les premiersconstituent notre monde physique, celui de la
nécessitéoù l'homme est entrainé, comme tous les objets de
la nature, vers un but qu'it no connaît pas, par une «eric de
moyens dont il n'a ni to aentinMnt ni la disposition ou qu'it
paut «antir sans en di~pooer.
ttca seconda constituent tf <nondo MOfat et !nte!!eptuet,
celui de la volonté, «& rhotBOM ae dêtefmiatt et 00 dirige lui-
M~tae VMS un but qu'il prévoit, par (tea tno~ena dont il a !a
conscience et la libre <!iapoftt!oB. Que c« sentiment intime du
moyona, joint & celui d'M)) ~oMtmH', d'une cause !!bro qui les
metenjeu, soit te/mEf~MMt~de taeotMMCMM', tel que nous
l'avons eamct~na~ (n' XI) c'est ce qu'on aura d'abord do la
peine il admottro mais qui se jJMstiHoFa poMt être par dos ann.
tysett MttéfMMrett. Tuut pb<!iomM&)M qui se lio d'une HMMMîtM
immédiate ou médiate à un tôt pouvoir senti d'agir est un
fait intérieur du ressort do la psychologie.
Au contraire tout phénomène dénué du sentiment de pou-
voir et joint à l'idée d'une cause étrangère au moi est un fait
de la nature physique.
La maxime de Leibnitz, ~«0~ M me~e est ~acM~cM~M, e~
M ce~o~e /~KM, que noua avons prise pour épigraphe,
exprime avec une précision énergique tout te fondement do
ces divisions qui devront & tour tour servir do prouve a ta
maxime quand elles auront été développées et justinéns,
comme ellos sont susceptibles de t'être, par tes considérations
et les recherches où nous allons entrer sur l'origine et la
valeur réette du principe de causalité.

i0
8ECTWN PHKM!ËMË

COfiSM'~tMtO?!~t!ATtMSff6U.)S&SfR t.'tHHS)m: H SATCHK Mt) PK)'<-


t:<M: MB CAt'SAMT~, KT H! CAttACtÈM! tttiS SattOSS OU) K~t SOSf
f&tttVËES.

CMAPtTMK PKEMtEK

V«<M)t <<M pttnatptt do eMeaMU.

8it
Qm) ceMe n'httiwt 'Mtî')'" <)') Mppwt <h' tUtoMM~un dM ph<!uemf'm'

Toute représentation d'un phénomène uu oo que nous


appelons MM /<Mf emporte actuellement la relation à une cause.
Co principe se trouve clairement exprimé par la formule quo
<a«< ce qui ceMWCMce a MMe cause; proposition évidente par
ello'meme et qui so peut regarder comme le premier <MH<MH<;
de fait. Tout homme dirigé par le simple bon sens croit fer-
mement que tout ce qui commence a une MM~e, ou qu'un
phénomène, un mouvement par exempte a été produit par
quelque force ou cause. Demandez-lui pourquoi it le croit
ainsi; s'il répond à cette question singulière, qui suppose un
doute sur une chose dont il regarde le contraire comme
impossible, ce sera en disant qu'il le croit parce que la chose
ne peut être cM~emeM~. Demandez-lui de plus quelle espèce
d'idée il attache à ce mot c<nM<! s'i! appelle exclusivement
du nom d'idée, les images, ou les copies d'tM~M~KMMj~Ho-
M~tMyMM, il sera obligé de convenir qu'il n'a absolument
aucune idée de cette cause mais seulement qn'il conçoit une
certaine puissance, force, énergie ou tendance, comme on
voudra l'appeler, en vertu de laquelle le phénomène est pro-
duit, et qui a avec lui (ou plutôt lui avec elle) une relation
tellement nécessaire que si ht puiManfo, ht force n'existent
pas Nettement indépendamment du phénomène tranaitoir~.
eetui.ei no pourrait Jamais avoir tieuoM commeaew tout sent.
RM reate, il conviendra de bonne foi que tout qu'il sait
ce ou
peut concovoir d'une tollo force productive se réduit & la
notion de son existence et de sa rotation nécossaire avec te
phénomène. Pour peu qu'on te pousse, it no sera pas embar-
ra8a& de montrer a ceux qui t'interrogent qM'tts sont eux-
mêmos forcés, malgré toute tenr science, de reconnattre et
d'afOrmer à chaque infant t'existenceattaotue d'etr<'adont i!s
no ao font aucune idée représentativeou image, a commencer
par teur &tro propre on te moi pensant et voulant.
Ceux qui prétendent exclure du domaine do l'entendement
humain tout ce qui n'y est pas à titre d'images qu'ils appellent
clairos, ayant tour origine médiate ou immédiate dansla sen-
sation ou l'intuition externe, ont besoin pour justiner leur
point de vue, de ramener la causalité à la succession, ou à
i'ordro expérimental de pnorité et de postériorité des phéno-
mènes. Et c'est même là te pivot sur lequel tourne et s'ap-
puie la doctrine dos sensations. Si l'un est ûté, l'autre ne peut
se maintenir; et réciproquement si le principe de causalitéest
d'un ordre supérieur aux phénomènes et à leur succession,
it faudra reconnaître que tout ce qui est dans notre ospdt no
s'origine pas de la MMM~MM.
Or, je dis que ce principe emporte avec lui un caractère
particulier qui le distingue éminemment de toute tiai&on ou
succession do phénomènes. Pour le prouver, essayons de tra-
duire l'axiome précédent tout ce ~Mt commence a MM caK~e,
dans cet autre tout phénomène e~ précédé<f<Mt autre ~Mo-
M~MC OU a pour <!M~C~M< M~CMMN'e MM CM~e ~~MMM~ae.
Ces deux énoncés devraient être identiques. Or, tout homme
doué de quelque réBexion ou capable d'entendre ce qu'il dit,
n'a qu'a se consulter sur l'espèce d'impression que fait dans
son esprit chacun de ces énoncés, pour juger qu'ils difléreut
essentiellement par leur nature, leur caractère et peut-être
par l'origine des idées ou notions dont ils se composent.
Le premier énoncé,quoiqu'il se compose de termes indéter-
minés ou qui no rëveittcttt dans l'esprit aucuneidée on image
particulière, ne l'alfeote pas moins du sentiment d'évidence
qui s'attache à toute venté nécessaire, universelle, absolue,
ne comptant aucune exception et dont le contrairo ne peut pas
même être supposé ou ponsé.
La seconde proposition, composée de termes particuliers
qui demandent a être déterminés pour pouvoir être conçus.,
loin d'être accompagnée d'un sentiment d'évidence, n'a paa
même un ~Ms quelconque, tant qu'elle reste dans cet état
d'indétermination,sous une forme générale ou univofaoUe qui
ne peut lui convenir.
Le signe c«<Me emporte, dans son indétermination, m&me
la plus complète, la notion d'une existence réelle et nécessaire,
universotte, la même sous los attributs ou enets les plus
divers, sans laquelle aucun phénomène déterminé ne saurait
commencer.
Dans le second énoncé au contraire, la proposition n'est
généralo que dans la forme logique; et comme les termes
correspondent à des idées particulières qui demandent à être
déterminées pour pouvoir être conçues, elle ne saurait avoir
aucun sens, tant qu'en eBet elle reste sous cette forme univer-
sité, indéterminée qui ne lui convient pas. Comme il n'y a
pas d'auection de la sensibilité ou d'intuition objective qui ait
un caractère universel et nécessaire il n'y a point de phéno-
mène qui ne soit variable,particulier, contingent.
Cette formule un phénomène y~M~, permanent, implique
contradictiondans les termes, car ce qui constitue le général,
l'universel, le MMMa! commune des divers êtres, ne peut
avoir le caractère phénoménique, Aussi, quand on dit que
tout phénomène doit avoir été précédé par un antre, ou se
t. Kaat a )M'Mr<)< ce MMct~ à ce qa'H appette fintuttion pare de l'es-
pace et du <em~ mais il Studrait emminer a'it n'a pas pris dea MM<MM
abstraites po<<r des intuitions; on peut lui conteater dea son premier pas
qu'il y ait des intuitions pures, universelles, et tout le sort de sa doctrine
Jcpead de !a. Kutto reviendrons aiueuM sur cotte nneetiom importante.
(M. de B.)
réclame comme conséquent d'un autre phénomène antécé-
dont, t'imagination demande & voir t'antécédent comme te
conséquent eUe ne peut concevoir leur liaison qu'autant
qu'ils so représentent & la fois ou suceeaaivement dans son
point do vue, et t'indétormination de l'antécédent équivaut
pour elle au pur néant. Mais pourquoi d'ailleurs ce recours a
.unaa~cedent? et qu'a-t-on besoin dechofeherwn rapport là
où l'imagination confit clairement un fait déterminé, qui
aMMi et n'en demande aucun autre avant lui?
De plus, et enfin, si tel fait qui se représente isolément
était le conséquent d'un rapport dont Mn autre fait tndétfr.
miné serait l'antécédent nécessaire, ou le premier en temps,
il faudrait bien concevoir celui-ci à son tour sous le mémo
rapport, ou comme ayant encore un terme avant lui, et ainsi
de suite en aUant & l'infini, dans cette progression de faits
successifs, sansqu'i! fut possible d'assigner le premier terme.
De là est venue la question élevée par tous les métaphysi-
ciens, savoir si toute succession a nécessairement un pre-
mier terme tandis qu'on n'a jamais mis en problème, si tout
ce qui commence doit avoir une cause. C'est que dans )o pre-
mier cas l'imagination s'attachant à une suite de phénomènes
ou d'états dont chacun est déterminé à part et indépendam-
ment de celui qui précède dans l'ordre du temps, it n'y a
point de nécessité ni à borner la série ni à t'étendre au delà
d'un certain terme connu; tout se réduit à affirmer d'après
l'expérience répétée ou l'habitude que tel phénomène précède
tel autre qui est suivi d'un troisième, d'un quatrième, d'un
H* jusqu'au dernier. Mais l'habitude ne saurait ériger cette
succession déterminée en loi universelle ou nécessaire. Elle l
motive bien l'énonciation particulière telle succession a let
premier terme eMSS! déterminé; mais non point l'énonciation
absolue toute succession doit avoir MH premier terme MM$
~OMNOM'<M<enMMM!*quel il est.
Dans te second cas au contraire, celui de la causalité, l'ima-
gination n'intervient pas et ne veut jamais être consultée,
puisque la cause ou la force productrice, quelle qu'elle soit,
c'est pas de son ressort ou no sauraitjamais être représentée.
!t auMt de savoir qu'elle existe ou qu'elle a d& agir pour
produire ou faire commencer ce phénomène.
L'esprit trouve immédiatement la notion de cette cause
dans un seul fait qui ao présente, et sans aucune succession
phénoménique. Il peut remonter aussi jusqu'à elle par une
série plus ou moins longue de phénomènes mais lorsqu'il y
est arrivé, il s'arrête là sans aller plus loin, non comme a un
premier terme antérieur en temps seulement(p~H!M ~Hpe~*),
mais comme à un terme supérieur de nature (pntM M<~w<!), B
dans t'ordre de production ou de génération dea effets sucées-
sifs. Et ce qu'il y a de remarquable,c'est que le motif ou la Õ

nécessité do s'arrêter à tel principe générateur se trouve dans


l'indéterminationmôme de l'idée ou de la notion qui s'y ratta-
che. C'ost ainsi que ce qui tombe sous tel sons ou sous l'ima- ]
gination no peut jamais être considéré comme primitif (pr)M~
!M<Mf<!), mais toujours dépendant de quelque cause.
Domando-t-on quelle est cotte cause? Pour s'en faire une
notion quelconque, il faut concevoir quelque être qui ne soit
pas du même genre que l'ohjet ou le phénomène représenté.
Ainsi la cause des couleurs sera conçue dans un fluide qu'on
ne voit pas celle des odeurs dans des molécules émanées ou
expansives qu'on ne sent point on assignera de même la cause
ou la raison de l'étendue représentée, qui sera dans dos mo-
nades ou des forces simples celle du mouvement musculaire
dans une tendance, effort de la volonté qui n'est point ce
mouvement, mais qui le produit. En général, l'esprit humain
ne saurait jamais s'arrêter à nn phénomène ou à un état
déterminé par l'imagination,comme au premier terme néces-
saire ou à la cause d'une suite donnée. Et la tendance invin-
cible que nous avons à nous élever toujours dans la progres-
sion indéfinie des termes jusqu'àun premier, non dans l'ordre
du temps seulement, mais de plus dans l'ordre de génération,
prouve assez qu'il y a en nous d'autres besoins que ceux de la
Sensibilité, d'antres fam~tés que l'imagination, qai, si elte
était seule, ne s'élèveraitjamais jusqu'à la notion d'un~e-
mier nécessaire et inoonditionnol, Do nous pourrionscon-
clure, ai c'en était !e !icu, qu'on bonne métaphysique il~est
impossible de prendre un phénomène de l'Ame, tel que la son
sation, l'impression affective ou intuitive, pour origine des
M~cs, pour cause ou principe générateur des connaissances
comme des facultés do l'entendement, par la raison qu'une
sensation eat un état déterminé de lame, qai, on te aappa-
sant premier dans le temps (ou à telle époque de la durée quo
l'imaginationet la mémoire peuvent atteindre), n'est point le
premier quant à la y~~w/MM, puisqa'en sa qualité de phé-
nombne il se rée!tMne tai-m~me d'âne cause qui la fasse com-
mencer. Cette cause est ou la force propre du <MM que nous attri-
buons à l'Ame dans l'ordre absolu, ou une force étrangère
conçue par induction à l'instar de coHe du moi et que nous
transportonsaux substances matérielles. Ces notions de force
et de substance n'ont rien de commun avec les représentations
des sons, elles ne sont rien pour eux ni pour l'imagination
elles sonttout pour l'entendement, la raison et la connaissance
de l'homme qui, sans elles, ne pourrait penser ni exister
pour lui-même, Les physiciens peuvent se borner à observer
les faits extérieurs, les phénomènes de leur ressort et à saisir
leur liaison ou ordre de succession d'après l'expérience. Ils
supposent la réalité absolue des causes des substances. Ils
n'ont pas besoin d'en déterminer la nature ni de s'informer à
quels titres nous connaissons ou croyons ces réalités. Mais
dans la psychologie, même la plus expérimentale, il est si
peu possible de faire abstractionde la cause efficiente de cer-
tains phénomènes, que cette cause en tant qu'elle s'identifie
originairement avec le moi, devient le sujet même de la
science, que ses actes et leurs produits immédiats font partie
essentielle des phénomènes intérieurs, enfin, que les notions
des forces, des substances durables, et les croyances invin-
cibles attachées à leur réalité sont placées au premier rang
des faits, et constituent les premiers éléments de la science
de l'homme, d'où il snit qu'on ne peut ça faire abstraction
sans dénaturerentièrementle sujet même de l'étude qu'on se
proposait, savoir t'être agissant et pensant, doué do la
faculté de eonnaltre et les choses et lui-même selon certaines
formes ou lois inhérentes à aa nature, en lui substituant un
être fantastique que l'imagination habille et compose à sa Ma-
nière, mais qu'on peut à peine considérercomme le squelette
de l'entendementhumain.

§a.
Quo la notion de ea«Mt!M a'Mt paa oao pHM abstMeHon, une oatêgorlo ou
une Mt*e ~n<iM)e. CftMcMMs dos (tttMreMoa CMeaMeKei' eMtM tof
notions pt loa Mfcf g<n<'ratea.

Nous venons de voir que le véritable énonce du principe de


causalité ne pouvait se traduire en un autre, où le rapport do
succession de deux phénonemes serait substitué. D'où nous
avons conclu l'hétérogénéité essentielle de ces deux rela-
tions que l'on a si souvent prises rune pour l'autre.
Voulons-nous maintenantsubstituer cet autre énoncé,tant
répété dans les écoles, que tout effet a une MM~ ? nous aurons
un axiome logique à la place <fMa ~MMCtpe de fait, cet
axiome emportera bien aussi avec lui un caractère d'évidence
immédiate ou de nécessité, mais ce sera une autre espèce
d'évidence, une tout autre nécessité. Dire que tout effet a une
cause, c'est dire que tout ce qui a une cause, en a une; ce
qui est, est proposition frivole qui n'apprend rien du tout,
puisqu'elle se home à la simple concordance de deux signes
conventionnels, cause et elfet corrétati& l'un de l'autre, ou à
l'identité même d'un terme répété, qui joue dans la même
proposition le rôle du sujet et celui de l'aMM~.
L'évidence aura toujours ce même caractère /o~M~, tant
qu'elle se fondera uniquement sur l'identité reconnue entre
des notions que l'entendement a lui-même composées, et
abstraites et liées à des signes destinés à lui rètracer les
œuvres de sa création. En comparant ces termes abstraits ou
complexes, l'esprit ne peut qu'y retrouver ce qu'il y avait
mis il reconnatt que les conventions faites antérieurement
avec toi-mêmesont remplies; que le même signe répété dans
des temps différents, ne peut conserver que la même valeur
ou exprimernon pas deux idées identiques, mais absolument
la m~He idée; que deox signes digérantsattachés à deus ma*
difieations de l'esprit, ou a doux points de vue sous lesquels
it a considéré un seul et même sujet, expriment encore l'iden-
tité de ce sujet d'où !e sens absolu et universel des axiomes
dont le seul énoncé emporte avec lui cette évidence logique,
immédiate et irrésistible, ou ce repos de l'esprit, cette impos-
sibilité de douter qui tient à la stabilité des conventions qui
ont présidé à la formation de notre langage.
Lorsqu'on substitue dans ces expressions la définition au
terme dénni, it est naturel qu'on doive toujours retrouver
l'identité du nom, d'où l'on conclut cette de la chose ou de la
notion signifiée, Dire par exemple, que le tout est plus grand
que sa partie, ou que la partie est plus petite que le tout, c'est
dire que ce qui est plus petit que le tout est plus petit que te
tout; et dans le même sens dire que tout effet a une cause,
c'est dire que tout ce qui a une cause a une cause; tous los
axiomes de cette espèce viennent donc se résoudre dans
l'axiome et sous la formule unique du principe ce qui est,
est.
Leibnitz, qui a donné une grande importance à cet axiome,
en le considérant comme la base de la p~AMopAM/M'MK~v,
l'a très bien caractérisé sous le titre de principe de e<M!~ a-
diction, puisque en effet, it consiste tout entier dans l'impos-
sibilité qu'il y a, à ce que les signes, étant une fois institués
ou employés à noter certaines choses ou relations, contre-
disent leur institution même en exprimant des relations

diction entre la dénnition et le déSni.


différentes ou opposées en deux mots, qu'il y ait contra-

Il est bien évident que, si ce principe n'avait pas lieu, ou


s'il n'y avait pas dans la valeur des signes de notre langage
une fixité ou permanence qui correspond dans l'ordre logique
à ce que nous appelons la constance des lois de la nature dans
l'ordre physique, il n'y aurait aucune base aux jugements que
nous pavana sur nos propres idées abstraites, pns plus qu'il
n*y aurait lieu à quelque jjugetnent absolu, sur les faits et sur
les existences (y compris la notre propre), ai tout changeait a
chaque instant, hors de nous, comme en nous-mêmes, c'est'
à-dire s'il n'y avait que des ~A~MN~MMaana fond, une con-
a!stance. C'est sur cette double permanence observée dans
l'ordre logique do nos signes d'une part, et dans les faits
positifs et réels de la nature d'autre part, que se fondent deux
grandes classes de vérités; les unes conditionnelles, OM de
définition, les autres absolues ou de /<!A; classes qui ne peu-
vent être ramenées ou se rattacher a un seul principe sans
confondre toutes les lois de notre connaissance et compro-
mettre a la fois la certitude apodiotique de l'une et la réalité
de l'autre. La différence qui sépare ces doux classes de vérités,
ou les deux principes sur qui elles se fondent respectivement,
est justiuée par celle des deux espèces d'évidence que chacun
do leur énoncé emporte avec lui dans l'esprit.
Quand on dit <<M<<~< a une cattse, le mot effet institué par
la convention du langage pour noter ce ~M< a taie cause,
rappelle à l'esprit sa définition qui étant mise à la place du
déBni convertit la proposition sous cette forme ce qui est,
est, ou A A. La convention première est observée, et il n'y
=
a plus rien & demander. Mais si t'en s'entientta,il est évident
que la proposition exprimée ne suppose dans l'esprit aucune
sorte d'idée ou d'opération autre que le rappel des signes et
le souvenir do leur valeur; il est évident aussi que le principe
de contradiction se réfère uniquement & l'institution du lan-
gage, et ne serait rien sans les signes c'est-a-diro que sa
valeur est purement logique et que l'espèce d'évidence ou de
nécessité qui accompagne son expression, comme celle de
tous les axiomes qui s'y ramènent, tient moins à l'impossi-
bilité sentie ou reconnue a priori de penser on d'aperce-
voir le contraire, qu'à celle de ~<n~' aulcement, quand on
a une fois convenu de la signification de certains mots.
D'où il suit, pour le dire en passant, qu~on ne saurait ad-
mettre le principe de contradiction et ses dérivés immédiatt
comme innés sans admettre aussi un langageiuué avec telles
formes, oto,
Au coatrairo daua t'éaoneé du principe ~M< <w ~M< coMWx'HM,
ou ~OM< ~tA~tem~H~ a «w ~wp qai ta fait commcMCpr, il n'y
a point d'identité même partietto, entre los M<iM du sujet et
de!'a«nbMt de la proposition, de manibro qu'on substituant
l'un & l'autre, on puisse parvenir à cette expression ou ~qu~-
tion identique A == A. Il n'y a pas seulement défaut d'ide~!t6
entre l'idée <Mt t'uMage de retfet OM phénomène qui commence
exister, à apparaMre a nos sens, ot la notion d'une cause ou
foMe qui le fait commencer; il y a de plus MMro~né:M de
naturo, de caractère et de source entre cette natton et cette
image. Les deux termes de la proposition qui affirme t'un et
t'autre sont, il est vrai, essentiellement corrélatifs.En vertu
d'une induction premibro dont nous assignerons bientôt le
fondement et que plusieurs philosophes regardent comme
une toi première de notre esprit, l'intuition du phénomène
ou l'idée de t'ouet suggère nécessairement à la pensée, la
notion d'une cause. Mais it suit do cota même, que ta corré-
lation ou le lien d'un terme avec l'autre ne se fonde nulle.
ment sur les conventions ou les détmitiona arbitraires de
notre langage.
Quand il ne serait point exprimé par dos signes, le principe
de causalité, bien différent en cela de celui de contradiction,
n'en serait pas moins toujoursintimement présentà la pensée
il n'en serait pas moins le résultat d'une toi nécessaire,
imposée à notre esprit, loi que les signes expriment sous la
forme d'axiome métaphysique, où ce qui est petM~ est en
accord nécessaire avec ce qui est, mais que le langage ne crée
pas comme il crée tes axiomes logiques, où il suffit d'un accord
idéal entre le dé6ni et la définition.
Je dirai donc, au risque peut-être de choquer des opinions
assez répandues de nos jours, parmi nos philosophes natio-
naux, que le principe de causalité, ou la proposition qui
l'énonce est éminemment syM<A~<~Me, c'est-à-dire qu'euen'est
point homée à atËrmer l'identité du sujet et de t'attribut,
mais qu'on énonçant celui c! elle ajoute a l'autM un élément
qui n'y était pas compris et qui vient d'une autre MUMe. La
MM~, ou force productive, et l'effet ou le phénomène
qui
commence ne sont pas nne seule et même Mac revêtue
do
deux expreaaiona ditfepontett, comme dans les asiomea logi.
c'est
ques, oMdaos l'expression de la vérité con<titioano!!e;
lui
une notion intellectuelle qui s'ajoute à uno image et
MKpnme une forme, un caraetefe nouveau qa'eMe m'avait
point.
Séparée on abstraite do cette image et de tout phénomène
sensible, la notion d'aae cause et toutes ceMeaqui en défirent,
le senti-
commo nous le verrons Montût, s'M<ftt)«fMa~ dans
ment de notre MM et participe toujours & sa réalité, bien
dinerente de tout ce que noua appelons <tA~<t~«MM, ~M
~t~A'squi, étant tirées uniquement deao~ets dont elles
expriment des propnétés, qaatites ou coMectione do quaUtes
séparées, ae trouvent réduitesà do purs signes, lorsqu'on les
prend a t'état d'abstraction !e pins élevé, et hors do toute
application déterminée à tels objets d'intuition. Essayez de
prendre quelqu'un de ces termes universels, cause, substance,
force, pensée hors de toute application objective, sans aucun
recours à l'imaginationet en exerçant uniquement i'apercep-
tion intérieure on la réOexion, et vous trouverez encore un
fondement et une acception vraie a ces termes, en tant qu'its
expriment des notions qui ont leur modèle individuel et réel
dans le fait de conscience, indépendamment de leur applica-
tion universelle aux objets ou phénomènes de l'expérience.
Au contraire, employez quelqu'un de ces termes généraux
qui expriment des idées collectives de genres ou de classes:
homme, animal, plante, etc., ou encore quelques-uns de ces
signes abstraits de qualités d'objets sensibles, que Locke
appelle idées saMp&s de MnM<wn couleur, saveur, son, etc.,
séparés de tout sujet d'inhérence ou de tout objet déterminé,
si l'imagination ne prend aucune part & l'emploi des termes,
sensible nécessaire
ou ne vient pas y joindre le complément
poMf !«f m«t<~ <' M portât vmM aurez dans le premier cas
MM pur signa indéterminé qui no Mi que retracor a l'esprit
aes propres inventions on les souvenirs des opérationsinté-
rieuMit d'abstraire et de comparer, dont te résultat eat
exprimé par tel nom; ou quolquo r~prpsontation vague et
confuse do l'objet qua l'attention tache do saisir h t'aMe du
s!gae, a6pw<<oent de t'objet ou du sujet <t'!ah6Feace, «MM
qui dans cet état d'abstraction M'<t<fra & l'esprit qM'MMO sorte
do fantôme fagittf sana consistance, sans ~at!t&, sans modMe,
aMs appui m dans !o moi qui ne peut trouver ea hd-mAnto !t)
typa d'aucun mode objootif, tôt quo los coM!enf< tes <pM!h<!t
taetite~ Bt hors du moi dans la nature exMneMra où aucune
qualité, aMCUoe collection de modes n'esiale f6e!tetMeMt sans
le sujet 6tondu qui on est te soutien et, comme on dit, le s«~-
~<!<MMt.
Téta sont donc les caractères qui dt~erencient easenttoUe-
ment tes idées genéfatos (ou ce qu'on appelle vaguement
psychologie, abstractiora) et les notions ~ndamenta!ea dont
en
l'esprit humain fait nn emploi continuel et nécessaire
i. Los notions étant séparées et pour ainsi dire purinécs
de tout mélange avec les choses sonsiMoa, en passant du
monde des objets à qui e!tes s'appliquent au sujet oit eMes
ont leur origine et leur fondement, s'individualisent et se
déterminent tandis que les idées générales abstraites ou com-
plètement séparées de tout objet déterminé, ne conservent
plus aucun caractère réct, en perdant le fondement exclusif
qu'elles avaient dans les objets du dehors, sans trouver un
appui dans le sujet, et finissent ainsi par se réduire aux
signes ou aux catégories logiques qui font toute leur valeur.
2. Dans t'emptoi-de ces idées générâtesou de ces catégories,
l'esprit reconnaM son ouvrage il pourrait sentir, imaginer,
réBéchiF sans les avoir tandis qu'à partir de cette de causa-
lité qui est la hase de toutes les notions,il trouve en lui la
substance, la force il tes constate ou reconnaît leurs carac-
tères au dehors mais il ne dépend pas plus do lui de tes
avoir, de tes écarter, on da modifier leur nature, que d'exister, .00
do se créer eu de e'emémttir lui-même.
S. Lo.au;at pensant qui ahatraitou
aéparoieaqMatitéaotdec~
tiws les unes dos autres et tca conçoit ou les nomme ainsi
hors do lui, et loin d'être nécessité à <
aeparément. en Mi dos eoMeetiena ou des tonts arHtnnMS
que Ma abstmo-
iions existent réettement, il est averti du contraire par la
liberté qu'il a <t'en d:aposeF~ de les mod~r, d'&teMdfe ou de
Mais, en faisant
resserrer ces idëoa générales, collectives.
abstraction de tant ce qui n'est paa /t«, le met ah~ra!t en
dM sentiment
tnCfno temps les notions qui sont inseparaMea
de sMetfo propre et individuel.
Lorsque par tel acte de réflexion, te a~et pensant distingue
eanst;tMe «a
et sepaM ainsi ce qo! lui appartient en propre ou lui
nature, de tout ce qui est senti an dehors comme ne monde appar-
du
tenant pas, peut-on dire qu'il s'abstraie iui-meme
dos phénomènes ou des choses scnsibtes, comme s'il en était
de même qu'une qua-
une partie constituante et subordonnée,
lité est séparée par l'attention de la collection ou elle entre
comme partiellement? Est-ce que le
sujet qui abstrait (<t~.
~M) peut se prendre lui-même pour la chose ou l'objet
abstrait*? l objets
4. Los qualités sensibles sont abstraites do divers
dont le sujet pensant aperçoit la ressemblance en comparant
leurs qualités ou propriétés analogues, teMes que la forme,

t. tttu~M<UMortaU.ut4'meqoe Je Mmt .M<.MMMMH<! & citer,K~~ cM ~M


),tit tr&< p~eMmeut la u.A.t! .MtUncM.a que m vue, et
ptu..o.qu..t. if n'aurait peut-Mr. pM <r~ te principe de CMMNM en
.at~ric. ~Mt chercher dans le
cette notion. Qu.tq.'H .K,
i~vidMt
voici la manière dont n
ti..cUM. qui me parait mériter dNre pe~ par tous ceux
qu'une sorte d'~tMoMon et .fo~~t
vrai
<t~
&n<t.M.~de

par M même les MMcM teU~ que


rStre. la substance, la force, t'uniM avec les td~ g~Mte'. « ~«~
M~M' aMMCtt 'M<<W, ~M, '?
.&.<
auleln hic est, M<MMM~
A'<- ~MM~MM M«c«~, anlea aMH-~MH eMe

.~M a~ Pr~.«M~MM.w
M<M«-am de
~<<-< ?~' ab
duco.

.«~ <c/&aM~.<w
<<M«~M
~.tf~
eMc~ ,~<<
ne.sa non
~~M-.
<~<~ 9"<~
a~eM,
Bixc
"M. in

<M~ ab omni MM.<.M, non~<M a MM<< et Me&M dice-


~<w eMn~MT ~ftaM ab&w<<< <M. de S.)
ta eo~tcMF, dureté, etc. it exprime ces resaemMtMcea
par aa terme ~n~ra! fM commun appticaMe & toMa tes ot~cta
t)tM ont eatra e~x tf m&mf rapport d'aMa!og!e. C'eat !& tout
rartiSce des Mées g6a6Nttea oa des otassiBeattOMS. Ces i<Mea
do genre ett do classe ainsi formées o'adMetteat donc aucun
~témont qui soit proprement MM et identique ponp tous les
individus compris sous le m&me genre car la ressemblance
n'est pas t'«~M<AJ, et lorsqu'on croit ~Mtfe)' cette difficulté on
admettant une <~cM~<f partielle entre tes idées ou entre tours
objet: on ne fait quo jouer sur tes muta.
L'identité M peut ainsi ao o)ofee!er, so rexscrfOF ou a'&tea-
<tre elle n'a qtt'nna natura et <ua type, ce type est le MMt.
Toute notion qui peut se ramener an fait de conscience parti-
cipe à l'identité, à l'unité et à la permanence du MM< tout
ce qui est représenté objectivement aux sens ou à l'imagina-
tion, exclut ce caractère ou n'en jouit quo par empmnt; nos
sensations et nos intuitions peuvent se fc~~HM~ ptus ou
moins, mais aucune n'est identique à l'autre ni à eUe-meme
elles se répètent dans des temps différents, et c'est ici que lu
principe des tMtfMcefHS~&s s'applique sans aucune restric-
tion.
Toutes les idées générâtes retiennent nécessairement les
caractères des sensations ou des qualités sensibles comparées,
et dont les rapports de ressemblanco sont exprimés par te
terme général dont il s'agit. Mais cherchez quelque ressem-
blance entre les notions et une espèce quelconque d'idées ou
d'images sensibles, vous ne trouverez aucune analogie.
Car la ressemblance n'est qu'entre les composés et n'appar-
tient nullement aux simples. D n'y a qu'une seule manière de
concevoir la substance, la cause, l'unité, etc., à quelque objet

ciens.
qu'on l'applique; la relation est unique et ne dépend nutte-
ment des termes comparés. U me semble que cette diffé-
rence est assez saillante pour avoir frappé Jes métaphysi-

Toute notion de cause eBiciemte, de substance durable est


parfaitement tsw et M~M~M' quelle que soit la variété des
objets cm phénomenea qui elles N'appliquent. Tous tes êtres
de lunivers rapprochés, comparés et concentrés pour ainsi
dire 8MM l'Mne on l'autre do cea cotions n'ont pas seulement
entre eux une ressemhtMteeparfaite on peut dire qu'!ta sont
numériquement identiques, comme rHoit6 r~pét~e est iden-
tiqao à ette-tttt'mo. Au contraire, tout genre embrasse neces.
Morement dana sa compréhension une multitude indéfinie
d'éléments divers, de qualités hétérogènes. ChacMndesindi-
vMaa d'oh ce~ eMmentaont été tirés, peut avoir avec un antre
une ressemblance plus on moina sensible, mais comme los
qualités do lune no aont pas celles de l'autre, t'idoe générale
formée do la collection de ces qualités, ne f'apptiqne diatino-
tement et précisément à anonn des individus qu'elle com-
prend, par cela mémo qu'eUe s'applique indëterminémeat et
confusément & tons.
Les idées générâtes ou les catégories ne sont donc pas des
notions premières,fondamentales, pas plus que Ie~ notions ne
sont des idées générâtes.Mais on pourrait considérer ceHes-ei
Aue-
comme des symboles artificiels ou, bomme disent les
mands, !e ~c~M des notions. De même que les notions im-
priment & tout le système de nos idées, le sceau do l'unité et
do ta réalité du moi, les idées générâtes, sous lesquelles se
rangent tes~p~eM/a~MMéparsea dos phénomènes, servent
à les coordonner entre elles, en les subordonnant & l'unité
artificielle d'un signe. Ils se sont donc laissé aller à la pente
des habitudes de l'imaginationet du langage, tes philosophes
qui ont confondu les deux sortes d'élémentsdont nous venons
de signaler tes caractères distmcti& soit que considérantles
notions comme dos idées abstraites ou des collections de qna-
lités sensibles, ils aient voulu qu'ellesdénvassentdessens soit
de caté-
que prenant d'abord tes notions, au titre universel
gories, en omettant le caractère individuel et rée! qu'elles ont
dans le moi, ils les aient considérées comme innées à Famé ou
préexistantesen elle à priori, comme des formes ou des caté-
gories qui règlent l'expérience et sont indépendantes d'elle..
De là est résulte entre tes doctrines abstraites et expéri-
montâtes une lutte ou la raison ae trouve obligéo do balancer,
sans prendre un parti décisif. En effet, si tes notions telles que
t Atre, ta auhatonce~ne pau\ <<nt etra pnMa qu'au titM wHttf~
et comme ca~fM'Mi:,ettesno sont autre chose que le genre !o
plus élevé, sous lequel tous tea objets et les faite de t'exp~-
rience viennent se ranger; il n'y a donc pas de raison autn-
saute pour les distinguer des antMa idéos généralesdont nous
reconnaissons très bien l'artifice logique et te propre ouvrage
de t'eapnt, aaaa conséquence pour tes choses memoa donc
il n'y a point d'exception à faire à la maxime tM~</< <M
tM~M. etc., en faveur do ces notiona qui ae trouvent au
sommet de la pyramide dont nos premiorea sensatiena aont la
base, etc.
D'un autre cote ces notions ont un caractèreréel, invariable,
nécessaire, qui n'appartient à aucune idée déduito, ni a aucune
de nos classes artificielles; comment donc pouvoir les con-
fondre aveoettes? Comment tirerions-nous du dehoraet des
objets de nos sensations t'être, la substance, ta cause, si elles
ne nous étaient pas données par cela soul que nous existons
et pensons? Comment acquerrions-nousla première et la
plus simple de toutes les connaissances objectives, si nous
n'avions déjà par devers nous le fondement de ces notions?
Il faut donc qu'elles soient placées à la tête ou même en
avant du système de la connaissance comme des conditions
premières.
Ces deux points de vue sont également fondés. <" Il est vrai
que toute catégorie n'a aucune valeur logique, artificielle et
dépendante de t'expérience donc si tes notions ont un carac-
tère et une valeur diBéMnte, elles ne sont pas des catégories.
2" Il n'est pas moins vrai que tes notions ont un caractère
réel, absolu, nécessaire qui les sépare essentiellement des
idées adventices de sensation et de tout ce qui provient de la
même source; qu'elles sont indépendantes de l'expérience
extérieure et de ses conditions, quoiqu'elles se lient à une
autre sorte d'expérience et à un système de faits primitifs trop
négligés dans les théories payehologiques.
it
Entw oea deux opinions, dont t'ane vent que lea notions
soient absolnes et nniveMetteapar essence et innëea r~me à
eo titre, et celle qui ne voit dans toute idée générale ou uni-
vefaeMe qu'an par ati!nce, ouvrage de notre esprit travaillant.
en dornier lieu sur les sensations et les pKMhuta de t'expé-
rienoe extérieure, comme sur dea matenaax indispensables,
il y a donc uu point de vue moyen que nous chercherons à
étabtir.

Ccmment tm dactftneo dM M<!t'" ttm~M et <te< ten~aMo))'' tahaent & McMt


t'w~tt humain.
en ttt'MtuMnt têt MoMoa* prctoMfoa et foM~Mfatatet do primttM de
Bii'HueHw t!<'fouHenf & ttbo'tMt «tttfo ta ay~t~me eoe
eroyancf!* et celui de~ M~ea ou des ceMaiMMMe.
Lorsqu'on parle do principes ou de sentiments innés, dit
Leibnitz, il ne faut pas entendre seulement que l'esprit a en
lui la faculté de les connattre, mais de plus qu'il aia faculté de
les trouver en lui-même, et en lui seul, comme une prédis-
position à los approuver nécessairement, quand il viendra à
y penser. Doscartes entendit a peu près de la même
manière
ses idées innées, ainsi qu'on peut le voir dans ses réponses à
Hobbes et à Gassendi, ces idées n'étant point innées suivant
lui, dans ce sens qu'etles soient présentes objectiven~nt à
l'esprit avant toute expérience ou antérieurementà l'exercice
des sens qui lui fournissent l'occasion ou les moyens de
les concevoir ou d'y penser, mais dans ce sens qu'il les
trouve uniquement en lui-même, ou qu'il a une prédisposi-
tion aies former sans aucune inuuence étrangère.
Sur quoi j'observerai d'abord que toutes les discussions
élevées parmi les philosophes à ce sujet n'auraient peut-
être pas existé, si au lieu de parler d'idées ou de notions
innées, on se fut borné & reconnaître seulement des lois inhé-
rentes à l'esprit humain qui dépendent de sa nature ou de sa
constitution intime. En effet, s'il y a un fond de sensibilité
et d'intelligence commun à tous les hommes si malgré la
multitude infinie des diSérences accidentelles provenant de
celles des temps, des lieux, du degré de culture ou de civili-
sation, il est pourtant incontestable quo tes hommes sentent
ou perçoivent à peu près de la même manière; que tours
idées se forment sur un plan sembtaMt), se dévctt'ppent par
!oa mêmes moyens et se rejoignent toujours aux memea
anneaux,ce qui fatiqu'its peuvent s'entpadta etcotMtnoxiquof
par des signes, apprendre los langues les uns dos autres; si
tout cela est vrai, on ne pourra nier l'existence de lois pnmi-
tives ou de principes régulateurs et nécessaires, auxqucts
notre entendement est astH)etH par sa nature, et dont il
ne peut s'écarter metne dans les plus grandes excursions nh
l'emploi de sa libre activité peut Pontrotnpr, pas plus <}tM
les mobiles de quelque manière qu'ils soient lancés, à
quelque force qu'ils obéissent, ne peuvent s'écarter des lois
éternelles de la mécanique. Ne peut-on pas dire que les
fois de la pensée n'ayant pas d'autre cause que la nature
ou t'essenoo de t'eswit humain qui tes sent des l'origine.
avant de pouvoir s'en rendre compte, sont nées avec lui, ou
iaaées dans l'acception de Descartes et de Leibnitz, non
comme préexistantes sous tour titre avant d'être conçues,
mais comme prédispositionsde l'esprit à les former et à tes
adopter comme siennes?
Qui peut nier sous ce rapport que tes notions d'~es, do
$K~<!MCM, et avant tout de causes efficientes ou de forces, no
soient des résultats primitifs et nécessaires des lois constitu-
tives mêmes de l'esprit humain ou des lois inhérentes à sa
nature?
Leibnitz a tonte raison de demandercomment nous pour-
rions avoir quelque notion d'êtres, de substances, si nous
n'étions pas nous-mêmes des êtres mais il pouvait et devait
demander d'abord comment nous pourrions avoir quelque
notion de force, de cause, si nous n'étions pas nous-mêmes
des forces, des causes eSicientes, si notre moi n'était pas une
force motrice, une cause de mouvement.
Mais une grande cause d'erreurs, de mécomptes et de
dissensions interminables parmi tes métaphysiciens, y com-
pris Descartes et Leibnitz, a été de partir des notions de
l'être, de la substance, de la tarée comme ayant leur type
exclusif et primitif dans l'absolu de 14me substance ou force,
au lieu de partir de l'idée ou du sentimentrelatif du wo< indi'
viduel qui ne s'aperçoit ou n'existe pour lui-même qu'à
titre de cause ou de force agissante sur une substance éten*
due, Dans le premierpoint de vue, celui dea métaphysiciens,
le point de départ est une ahatraction ou une notion très eia-
horée dana le second, c'est nn fait, le fait primitif du sens
intime, qui est t'origine de tout, d'où toute science doit être
dérivée.
Si en partant de ce fait et t'analysant dans ses éléments, on
peut montrer comment toutes les notions en dérivent média-
tement ou immédiatement, on aura prouvé que celles-ci ne
sont pas <MM~<, quoique en remontant au delà de tout fait, do
toute existence sentie ou aperçue, on trouve par la raison que
les notions dont it s'agit, sont des résultats nécessaires de la
nature do l'esprit humain, qui induit, d'après des lois pre-
mières et vraiment innées, la causalité étrangère, du senti-
ment do sa propre activité, l'existence absolue, univers eUe, de
l'aperceptionde son existence relative et individuelle.
La manière dont l'esprit procède dans cette sorte d'induc-
tion, en partant du fait primitif de la conscience, n'a jamais
fait l'objet de l'étude des métaphysiciens qui ont trouvé plus
commode, soit de regarder comme innées ces notions dont ils
reconnaissentla nature propre, en niant leur origine, soit de
tes exclure totalement du domaine de la science, en mécon-
naissantégalementleur nature et leur origine.
Je tAcherai de jeter quelque jour sur lesnotionsconsidérées
sous e double rapport, et de chercher ainsi les fondements
solides de la psychologie.
En s'attachant d'abord à la valeur étymologique des mots,
d'après laquelle jM'<Mc~e veut dire la même chose que com-
mencement, un principe de la connaissance ne serait que telle
connaissance déterminée, considérée an moment o& elle com-
mence. Le premier connu (pfHMas <eN!pofe), serait le p!'m
cipe. Mais ce n'est pas ainsi que nous déterminons la valeur
réelle de ce terme, pria dans le sons ordinaire et indépendant
ment de tout système. Ce n'est jamais au promier en temps
que nous noua arrêtons et que nous sommes les maîtres de
nous arrêter. Une loi de notre esprit nous impose la nécessitéde
remonter jusqu'à un premiergénéraieur(~MSM<t~M~)qui dé-
termine le commoncemontde la suite, quoiqu'il soit lui-même
tout & fait indéterminé ou qui est la condition de telle série
commentante, quoiqu'il soit lui-même sans condition. C'est
ce premier danst'ordrede génération que nous appelons ~MtH-
cipe, et qui din~re par le genre et la nature (~o ~H<'M et
tM~M~a) de tout ce qai est compris dans la succession phéno-
ménique, à partir du commencement jusqu'à la nn.
Un principe n'a pas besoin d'&tre coMMM pour exister et pour
avoir toute sa valeur, et la force que nous sommes fondés à
lui attribuer, soit a priori, soit o: posteriori quand nous venons
à y penser comme </ /hM< et à nous en rendre compte.
Ainsi, il y a des principes d'action communs à tous les êtres
animés, à ceux qui ont l'intelligence en partage, comme à ceux
qui ne pensent point ou qui suivent nécessairement les lois
d'une nature qu'ils ignorent.
A voir les actions ou les mouvements coordonnés des ani-
maux, ceux de l'enfant qui vient de naître, comme ceux de
l'homme qui rêve ou qui se trouve accidentellement placé
hors de toutes les lois de la connaissance, ne dirait-on pas en
effet qu'il y a une sorte d'harmonie préétablie entre ce qu'ils
tant, appètent ou croient, sans le connattre encore, du moins
à notre manière, et ce qui existe réellement hors d'eux entre
ce qui doit être la conséquence infaillible de leurs actes néces-
saires non déterminés par le vouloir, et destitués de pré-
voyance comme de conscience, et ces actes mêmes. Cette
sorte d'harmonie préétablie entre ce qui existe et ce que les
êtres animés font, ou ce que les êtres même intelligents
croient nécessairement et primitivement avant de pouvoir
s'en rendre compte, paratt bien devoir se fonder sur des prin-
cipes innés. H est impossible de ne pas en admettre de tels.
Ceux qui les nient le plus opiniâtrement, sont obligés de les
reconnaîtra sous an titre quelconque. Qu'on substitue par
exempte un terme têt que principe de spMsa<MM, de M<tMPc-
tacM~, à e~M ~en~aM~ ou à celui d'&me ça d'être sentant, de
substance & laquelle on est obMgé (te rattacher les diverses
modifications comme à un sujet d'inhérence eu une cause,
toujours faut-il admettre quelque chose qui préexistait à la
première sensation, qui en est la condition néceasaire sine ~«t
Moa et ie~MMSH<t~<f<t que ce soit une substance dite matérieUe
ou immatérieHo, étendae ou inétendae,qui soit préjugée ou
crue exister ainsi, cette réalité absolue n'en est pas moins
admise comme principe antérieur à toute sensation ou con-
naissance acquise, et hors des lois de l'expérience qui ne
sauraient l'atteindre, paisqu'eUes-mêmes s'appuient sur ce
principe.
Tout ce que nous connaissons ou pouvons connattre, a
ainsi un principe nécessaire dans ce que nous ne connaissons
pas, mais que nous croyons exister dans l'ordre absolu dos
existences. L'étendue solide ou la matière, telle que nous
pouvons la percevoir par !e toucher, aidé ou non do la vue, a
des principes constitutifs que nous sommes oNigés d'ad-
mettre ou de croire quoiqu'ils ne tombent plus sous les sens
ou l'imagination, etc.
Ainsi dans l'ordre relatif de nos connaissances, le fait pri-
mitif de la conscience ou du moi, qui comprend un effort
voulu et une résistance du moins organique, a un double
principe nécessaire i* Dans l'activitéabsolue d'une substance
ou force que nous sommes obligés d'admettre, sans la conce-
voir, sous le nom d'Ame ou tout autre quel qu'il soit 2* Dans
une résistance on inertie absolue aussi nécessaire d'une antre
substance, que nous appelons corps. Nous croyons à ces deux
existences, nous sommes certains qu'elles restent, qu'elles
durent quand tout effort, toute résistance s'évanouit avec le
moi, quoique nous n'ayons aucune idée de cet absolu, hors du
sentiment ou de la connaissance présente.
Par suite, l'identité,la permaasnce de notre ??< ou le un-
ment de notre identitéou individualité constante, a son principe
nécessaire dana le durable même de la substance de t'ama
et du corps, et il en est ainsi do toutes les partieutaritéa ou
connaisaaaees étémentairoa que nous pouvons distinguer daaa
le fait primitif de la conscience, identique à celui de la con-
naissance et dont chacun se réclame d'un principe pris néces-
sairement de l'ordre absolu des existences.
La distinction fondamentale que noua sommes conduits à
établir entre le système de nos croyances et celui de nos con-
naissances, nous semble la seule propre à concilierjusqu'à un
certain point les deux sortes de doctrines opposées, dont
t'nne part des croyances données a l'esprit humain ou inhé-
rentes à sa nature, comme de notions complètes existant a
priori, ou d'idées innées, et dont l'autre part d'idées parti-
culières comme des premières données des sens pour en
déduire toutes tes notions, en dissimulantle titre et la valeur
réelle des croyances, ou faisant totalement abstraction de
celles-ci, ou ne les considérant que comme des chimères, par
cela seul que ce ne sont pas des idées complètes venues par
sensation ou par rénexion. Pour rapprocher ces deux
systèmes opposés, il sufBra peut-être de rétablir l'élément
intermédiaireomis ou méconnu également des deux cotés.
Faisons observer i* aux partisans des doctrines a priori
qu'il est aisé de voir en effetpar ce que noua avons dit (et on n'a
qu'à se consulter soi-même pour s'en assurer) que le système
de nos croyances nécessaires tend toujours et invariablement
vers un ordre d'absolu, qui étude par sa nature toutes les lois
de noire connaissance raisonnéeou rénécbie. Si des métaphy-
siciens aussi profonde que Descartes, Leihnitz et leurs disciples
les plus recommandables, qui ont abordé le premier problème
de la- philosophie, y ont laissé encore tant d'incertitudes et
d'obscurités, c'est peut-être pour avoir voulu étendre les
principes de notre croyance hors des limites où la nature les
a circonscrits, en les plaçant à la tête de nos connaissances ou
en les faisant rentrer dans le même système, sons le titre
vraiment trompeur d'idées ou de notions innées on a pmoft.
Si ces métaphysiciens avaient nettement tracé la ligne de
démarcation qui sépare d'une part les principes innés de
nos
croyances et les notions qui a'y rattachent, d'autre part ces
notions premières, régMtatrioea et nécessaires, que nous
ne
faisons pas, mais que nous trouvons déjà toutes formées dans
notre esprit, dès que noua y pensons, sans pouvoir penser le
contraire, et les idées abstraites générales ou les catégories,
appelées aussi notions o~~noMdonHesprinoipaa trou.
se
vent dans un langage artine:e! et de convention; si ces d:<M-
rences eussent été, d!s-je, chupenMnt ~a~M, il n'y aurait pas
ou lieu à tant de disputes aur la nature des principes, comme
sur l'origine et la génération de la connaissance. Ce!tes-ci
étant nettement distinguées de nos croyances nécosMtires et
absolues, on aurait pu s'accorderà reconnattfeque les
unos
n'ont ni les mêmes principes ni les mêmes limites que tes
autres; que les croyances ont des caractères de primauté,
d'universalité, de nécessité qui los distinguent éminemment
de toutes les idées ou notions acquises, et en font un système
à part dont il- faut assigner la place dans l'entendement
humain; on aurait vu ce système antérieur, du moins en
principe, à celui qui embrasse nos connaissances acquises,
originelles ou dérivées, se joindre à lui dans sa naissance,
raccompagner, le suivre et s'y confondre dans certainspoints,
s'en séparer dans d'autres, finir par n'avoir plus rien de
commun avec lui, comme une ligne droite à laquelle une
ligne coarbe serpentante est coordonnée, la rencontre, la
coupe, se confond avec elle dans tes points tangents, et peut
s'en éloigner ensuite à l'infini on aurait vu que tes termes
universels qui signifient des croyances, tels qu'être, substance,
force.dnrée,espace, absolu, n'emportentavec eux dans l'esprit
aucune idée déterminée de quoi que ce soit que nous puissions
connaître distinctement et séparément; que ces termes
simples exprimentou déterminentl'objet de cet acte primitif
de notre esprit que nous appelons c~oya'Mce qui se joint à tout
ce que nous pouvons apercevoir en nous et percevoir et con-
naître en dehors, sans que rien de ce qui est ainsi aperçu ou
connu puisse en être déduit ou dérivé par ordre de génération
que cette croyance entrant ainsi comme élément adcessaira
dans certaines idées <)H notions do !'<)~, ne eaaatitno pas à
eMo M'ute une «Mf ou notion complète, et qu'en admettant
ainsi qu'il y a dans nos idées on connaissances un principe
ou un élément inné, inhérent a la nature de notra esprit, on
ne saurait regarder comme innée une idée ou notion complète
quelconque, ni dira que ce qae nons connaissons et croyons
ait son principe générateur dans ce que noua croyons aaaa le
eonnattre car il faudrait pour cela qu'en partant d'un têt
principe, o'est-a-diro de t'être, de la substance daraMe, de la
cause absolue, universelle, objets indéterminea de notre
croyance nécessaire,noua pussions en déduire quelque idée
ou notion positive de telle existence déterminée, do teMe durée
relative, de telle cause ou force individuelle, ennn de quelques
faits internes ou externes or, cette dérivation impossible a
été et sera toujours t'écueH des métaphysiciensqui voudront la
tenter, en se fondant sur dos paralogismes continuels, ou en
donnant pour déduction de leurs principes a pnen, ce qui leur
était connu d'avance sans ces principes ou indépendamment
de leur application fictive. On aurait reconnu enfin quo toute
connaissance ou notion proprement dite, ayant par sa nature
ou parcelle de notre esprit un caractère de relation ou n'étant
jamais que le rapport nécessaire d'une chose conçue au sujet
qui conçoit, s'il y a en nous (comme il est impossible d'en

t. Nous preuouli Ici le mot ~«ottpe dMM uu MtM bien opposé & celui de
«os modernes disciples de CondiUM ou de Locke. Suivant eux, te priucipe
cet <Mt fait premier qui <crt de fondement 4 tous les autres qui n'en Mnt que
des aM<tt/îea<«MM. Ceat ainsi que le sentiment est un principe qui ne peut
admettre rien avant lui, etc.
Au contraire les principes de croyance dont nous parlous, se retrouvent
partout identiquement les mêmes, ne se transforment jamais pour produire
quelque idée on connaissanceque ce soit; on ne peut en rien déduire ni dé-
MYer; ils sont les termes on tes antécédents nécessaires de tontes les rela-
tions qui ne sont connues que par eux et dont Us sont dits & juste titre les
principes sans être conçus en eux-mêmes hors de nos rotations.
Cest, ainsi que nous le disons, que le sentiment a son pftaO~e et sa raison
dans i'amc et dans sa Uaison avec le eoftM; dans un sens tout diNërent dejeeM
on l'on dit que la eonnais<H<Me<! « a<M)pTiiMipe dsM le sentiment. (M de B.)
douter) une faculté, une tandanco invincible à CKtiff au &
supposer aana cesse quelque absolu qui est le ptwmiw twmo
MM le fondement nccoaaaiM da la Motion, il est évident que
Mt absolu, en tant que tt't, dont !1 y a crayanoc sans idée, na
saurait être l'origine puro d'auouno connaissance au Mée, et
quo te problème qui ceMMte & trouver cotte origine doit avoir
aas données en de~a des limitea du champ de nos croyances,
dans une pfennëra relation OM un fait primitif tel que nous
allons b!ent&t la déterminer plus espMaaêmont;
3' Faisons observer aux ideo!ogiateadisciples de Locke et
de Condillac
Qa'itx no peuv~Mt ae dépenser d'admettre au moins comme
fait de fe~Mt ~KtMawla eroyanee invincible qu'attachent tous
les hommes, mêmo les sceptiques, los plus d6e!d<!9, a quelquo
réalité a~o/Mp; qu'une telle croyance ne peut venir de l'hahi-
tudo ou de t'experience répétée, car tout ce qui nous vient de
cotto souroe est susceptible de plus ou de moins, peut être
conçu d'une autre manière, varie comme le nombre des repe-
titiona, comme les circonstances do temps ot do tiou nui l'ont
amène, tandis que tous les hommes sans exception croient
également à la première expérience comme à la mittieme,
qu'Ms sont des êtres et non pas des phénomènes, des idées
de sensation, qu'ils ont un corps distinct et séparé d'autres
corps durables et permanents, quand ils ne les voient pas;
qu'il y a enBn sous tes sensations passagères des substances
et des causes permanentes diBérentesdes sensationsquoiqu'ils
ne puissent s'en faire aucune idée ou image; en6n que s'il est
vrai comme ce système F~aM~,qu'il put y avoir, et qu'il y eût
originellementun systè& de connaissances ou d'idées déri-
vées de la sensation pure, sans aucun mélange de notionsou de
croyances des êtres substantiels, durables en nous ou hors de
nous, it s'ensuivrait bien que tout ce système de connaissances
est indépendantde celui de nos croyances, ou des notions que
les métaphysiciens ont considérées comme fondamentales,
universelles, nécessaires; mais alors l'entendement humain
serait pour ainsi dire tout en images et succession d'images,
rien a'y aurait le caractera do pormaaenM et d'identité, tout
cxistwait dans des {ormes variahtos, des accidenta paaaagora.
aaoa aucua <bnd r~c! ça awoit enOn «no sorte de tantasKta-
geria touta din~rente du monde réel, externe et mtcrnc que
nouscrayona: lorsqu'onrentre dans ce monde et qu'on veut en
cennattra tes lois positives et eoMtantea, il faut bien pouvoir
dire co qui fait la ditMrenM entre t'otnhfe et la p~atitë, entre
tea images OM les id~aa da sensations que nous connaissons
sans croiro aux substances, causes eMeientM, et les idées de
/<t<~ poaitifa, d'objets réels, los notions certainoa que cas
erayancM viannent joindre aux pMnont~nea ou aux images.
Du ta donc une branche do rceherehaa psychologiques
toutes ditféreatas de cettos qui entrent dans Mtr traité des sen-
sationa quelque ing6nioux. qu'il f&t, ou même quolq e fondé
qu'il ptlt être dans sa Manière d'originer nos idées et nos con-
naissances proprementdites. D'ott nous vient la croyance de
ces êtres durables, substances, causes ou forces qui échappent
& notre faculté de connattre par les sons, l'imagination,

comme a celle de raisonner, de généraliser ou d'abstraire qui


se réduit en demiëro analyse a l'art de parler? A quoi tionnent
ces caractères d'universalité,de nécessité qui nous défendent
de pensor le contraire ou de penser autrement? En cherchant
à nous donner la solution positive de ce problème, il faudrait
faire un autre ouvrage que le ?'«tA<f des s<'MM<MMs deCondittac
ou même que t'EM<M sur feM~MfpBMM~ AMMMtM de Locke.
Que si l'on soutient qu'il n'y a rien de ptusdans l'entendement
que ce qui se trouve exprimé, observé, noté ou analysé dans
ces ouvrages très estimables, il faudrait donner cette preuve
négative en allant, je crois, contre le témoign"ge du sens
intime le plus exprès, puisqu'on s'engagerait à prouver qu'il
n'y a pas même lieu à poser les questions dont it s'agit, qu'il
n'y a rien dans l'entendementqui n'y soit à titre d'idée claire,
positive, déterminée ou particulière, que tout le reste ne con-
siste qu'en abstractions sans réalité, en purs signes, que
l'absolu, l'infini ne sont pour nous qne desmots vides de sens,
que nous ne pouvons rien MMattre ni rien affirmer de la
réalité dea Mr~s substances ou cauaea que noua n'attachons
à cas tcrmaa aucune idée ou notion autre qu'à dea t<~<M~m
CM à des cottcetiona
artiBciettoa quo te earaetëfe do necfs.
MM qui a'attaeheà certaines notions, qu'it est impossible que
nous n'ayons pas ou que nous ayons d'une autre Mant~c,
est illusoire, cbimérique et no tient qtt'tMtx habitudes du tan-
gage qu'it n'y a dono pour nous qM'mte nëcesaité logique,
qui conaiste daas t'ident!t& et que la aêceaaité M~jBA~~Mp
qui prétend étendre aux existences réelles n'est qu'un j~M de
mots enfin que nulle croyance oe pout s'êtendre aM dolA du
témoignagedes sens au de ee!M de la mémoire qui en est une
ouite, toraqo'it s'agit de faits au de t'Avidence logique, o'eat-
a-dire encore de l'identité, quand it s'agit des rapports de nos
idéea abstraites ou des~otioM improprement appelées pria-
cipes qu'ainsi il n'y a aucune distinction possible à admettre
ou à concevoir entre ce que nous connaissons souvent sans y
croire, et ce que nous croyons exister réeUement sans te con-
naître.
Quand on parviendraita justifier par ta ces assertions néga-
tives, te plusdifficile serait encore il faire; ce serait de les
raccorder avec te témoignage du sens intime, sent CMM~'MM
que nous ayons de ta vérité métaphysique. J'ose assurer hau-
tement d'après ce témoignage qu'on n'y parviendrajamais. Je
conclus de ce qui précède
i° Que le défaut de distinction entre les principes et les lois
de notre faculté de croire et de connaître a été la prinoipale
source des erreurs où sont tombés tes métaphysiciens purs,
quand ils ont cherché à dériver la connaissance de certaines
idées positives, des principes innés de croyance. Mais,
2" Que l'oubli de la même distinction fondamentale, on
plutôt l'abstraction totale des principes de notre eroyancf
rend tout an moins incomplètes lesthéories des psychologistes,
qu'en s'attachant exclusivement aux lois de dérivation de nos
connaissances et à la formation de nos idées d'espèces diffé-
rentes, ces théories renoncent ainsi & en justifier la réalité.
C'est ce que je m'attacheraià développer un peu plus dans les
consitMfaMonasuivantes qoi nous pafataaaemt propres à
d~montMtFqM'it y a du moins beaucoup d'incomp~tet de vagMa
dans tes dactf!aea qui a'appaiantaMr la sensation MtnqMemeM<.

(MtjecMMM MHt MMo~hte~.


Toutes les doctrines en général, tant celle de métaphysique
pura que celle de psychologie expérimentale, prennent pour
point de départ nécessaire la réalité ~o/M~ de quelque Aw,
~H~aHM ou eet~<t qui est censé ou cru exister, avant qu'il
commenceà se maaifeaterpar quelque sensation, mottification
ou idée produite CM tMus. H est bien reconnu a~ourd'hMi
que ceux qui font des efforts pour se passer de cette donnée
absolue OM qui prétendent la déduire, en construisant pour
aimai dire le monde dea réalités, ne fout que tourner labo-
rieusement dans un cercle d'identités logiques, et que leurs
prétendues déduotions ne sont que de vrais paralogismes qui
offrent, sous une forme trompeuse de résultats, ce qui a
été nécessairement et implicitement supposé en principe,
savoir l'MM~MC~ réelle qui, quoi qu'on en dise, ne sera
jamais pour nous identique a la seMMee. C'est en voyant ces
vains efforts qu'on est peut-êtretenté de regarder la métaphy-
sique comme une chimère et vraiment e!te serait telle, si
nous n'avions aucun moyen de nous assurer qu'il y a des
causes et des substances réeUemeat existantes dans l'univers.
Assurément il n'y a pas lieu à demander comme ce roi des
Mèdes dont parle complaisamment Voltaire,pourquoi existe-
t-il qae!qne chose? Ce serait faire une question non moins
insoluble et ridicule que de demander commet quelque 1
chose existe?. mais ce qui peut et doit éveiller la curiosité
d'un esprit raisonnable c'est de savoir comment quelque
chose peut commencer à exister pour nous, sujets ~eKsaM~
et sentants, c'est-à-dire à être connu par notre esprit au
titre quelconque absolu ou relatif de substances douées de
certaines modifications ou de causes productives de certains l
effets; ou en second lieu comment nous existons noas-mcmcs
ou apercevons n~tre existence individuelle au Mémo titre.
Quoique ces domiî'res questions semblent être plus à la portée
do l'esprit humain, on a été bien tengtemps à les poser et
Même à douter qu'il y eût lieu à une question. Et lorsqu'on
en est venu à tes poser, la manière dont on l'a fait, et ta mul-
titude de solutions ditférentes et contradictoires auxquelles
sont arrivés les métaphysiciens, a prouvé qu'en nous comme
hors de nous, les principes on les commencements sont tou-
jours ce qu'il y a de plus diMoite à déterminer; et que dans =
la philosophie première on est également exposé à obscurcir
tes notions les plus claires en demandant ce qu'on sait, et à
se créer de vains objets de recherches en ne sachant pas ce
qu'on demande.
De nos jours et depuis Descartes surtout, qu'il faut consi-
dérer commele véritablepère de notre métaphysique modeKM,
les métaphysiciens paraissentavoir renoncé aux spéculations
ontologiques sur ce quo les êtres sont en eux-mêmes dans
l'absolu, pour s'occuper plus exclusivement de ce qu'ils sont
pour nous et dans leurs relations avec nos moyens de con-
nattre, moyens que plusieurs ont limité aux sens externes
et aux facultés qui en dérivent et se rapportent le plus spé-
cialement & leur exercice mais ainsi on a tout & fait négligé
un système particulierde notions ou de croyances,dont l'esprit
ne peut se passer, dont il fait un emploi très précoce, continu
et nécessaire qui, sans pouvoirêtre représentées ou coMHMM
par les sens ni l'imagination,sans avoir ce que nous appelons
des idées qui leur correspondent, n'en font pas moins partie
intégrante et essentielle de toutes nos idées de faits, & qui
elles communiquent le caractère réel, permanent et invariable
qui leur appartient en propre et qui n'est bien certainement
l'apanage d'aucune des impressions accidentelles reçues du
dehors. En négligeant ce système de notions et procédant à
l'analyse des sens et des facultés de l'esprit humain, comme
s'il n'v avait point de réalité absolue et une ratio essendi que
l'homme est obligé de croire, alors même qu'il ne peut s'en
faire jamais aucune sorte d'image, on n'a pu arriver qu'à des
théorMs idéales qui, au lieu de représenterl'esprit humain tel
qu'il est, ne le montrentque sous une de aea faeea partielles,
ou mettent à aa place une aorte do fantôme hypothétique «t
artificiel, qui n'a avec laiqa'une reasemblance imparfaite. On
ne trouve en effet dans ces théories ou systèmes quelque bien
liés qo'Hs soient dam t'expfesawn,rien qui indique tnêaM. ta
place do ces notionsréellesd'êtres, de substances, do causes,
de forces soMS lesquelles ou conditiondesquelles seules nous
connaissons les ehoses et tes 6tre9, y compris notre propre
individu, puisque en effet !e sujet pensant et sentant moi, qui
conçoit des idées ou reçoit des sensations, n'est pour hM-ntemo
ni une idée ou nne sensation pare, ni une collection do sen-
sations, ni une catégorie.
Cette manière de procéder par abstraction dans l'analyse des
faenhés de l'homme, a mis la psychologie dans une sorte do
lutte et d'opposition, je ne dis pas seulement avec les sciences
naturellesqui réclament nécessairement en faveur de la réalité
absolue do lour o6jet, contre le point de vue qui tend à réduire
cet objet à une collection artificielle de sensations ou d'idées;
je no dis pas avec le sens commun de tous les hommes qui ne
peut supporter qu'on mette en problème ce dont il lui est
impossiblede douter; mais avec elle-mêmequi Bnit par s'&ter
le point d'appui de la croyance, sans lequel elle n'aurait pu
commencer à s'établir, donnant ainsi gain de cause & l'idéa-
lisme et assurant le triomphe du scepticisme qui s'empare de 1
cette opposition entre les théories et les données réelles de
l'existence, pour détruire celles-ci au moyen de celles-là, et
dire que tout est incertain, même ce que nous croyons le
mieux savoir.
Les théories de Locke, de Condillac et de presque tous les
métaphysiciens, supposent en enet comme données irrécu-
sables et évidentes par elles-mêmes, l'existence réelle et
absolue de l'âme donéo par sa nature de certaines <acn!tés,
celle des corps matériels doués aussi de certainesqualités/we-
mières indépendantes des idées représentatives que nous en
en avons, et de plus des pnissances ou des !wces en vertu
desquelles ils agissent aur nos organea et par eux sur
rame, eto.
Voil&biendea choses prises pour données et con~nea comme
réellement et néceaaairement exiataatea avant qu'aucune sen-
sation no commence. Or, comment savons-nouset sur quel
témoignage croyons-nous avant les sensations et par suite
indépendamment des êtres réels et des causes qui font com-
mencer ces sensations en nona? Ce n'est pas d'aprëa les
mêmes idées de ~Msa~te~qui seraient dhoa représenter ces
êtres ou ces causes car on s'accorde aujourd'hui à reconnattre
ce quo ~oche paratt ne pas avoir bien compris, qu'il ne peut y
avoir do ressemblance qu'entre deaxidéoa ou deux sensations
et jamais entre une idée de sensation et son objet substantiel
ou la cause qui le produit. Ce n'eat pas non plus d'après des
idéea de rénexion, puisque ceMea-ci se bornentà nous informer
de ce qui s'est passé en nous-mêmes et de nos propres opé-
rationa. Ainsi puisque noua avons des notiona ou du moina
des croyances de choses, toutes différentes de nos idéea do
sensation ou de rénoxion, et qui ne leur ressemblent en
aucune manière, it faut en conclure que l'esprit humain n'est
pas limité à ces deux oapecea d'idéea; et quand même on
accorderait au scepticisme qu'il n'y a rien hors de notre esprit,
cette conclusion n'en serait pas moins fondée, pniaqu'ii serait
toujours vrai de dire qu'à tort ou à raison, noua concevons
et croyons quelque chose qui ne rentre ni dans l'une ni dans
l'autre classe d'idées, par suite que le système est incomplet.
Condillac, des le début de son traité des sensations, pose
de même une âme, des organes matériels, des objets qui
agissent sur sa statue, c'est toujours là le postulatum néces-
saire, ou la condition requise pour que la première sensation
puisse commencer, ou que l'odeur de roso soit sentie par
l'amc. Or cette âme prise à titre de substance ne saurait être
identique, comme on dit, avec la sensation, puisqu'elle est
supposée rester identiquement la même après comme avant;
l'odeur de rose qui varie nécessairement est remplacée par
d'autres, etc., etc. Ce n'est donc point par une idée de sen-
sation qu'on peut concevoir la substance dont on est obligé
do supposer maintenant la realité Ainsi s'il n'y avait en
noua que ta sensation, il ne pourrait y avoir aucun sens
attaché aux signes dont on se sert pour énoncerle postulatum
de la doctrine, et quand on dit par exemple j'approche une
rose du Mps de la statue, son Ame est modinée en odeur do
rose, été., ces termes substantifs rose, MM, ~<~«c, dme n'au-
raient absolument auoune signification hors de la sensation
actuelle et accidentelle d'odeur, mais dans ce cas pourquoi
e sert-on de tels signes vides de sens? pourquoi supposer des
substances, des causes existantesavant la sensation ? pourquoi
ne pas adopter un autre langage et exclure do la science ces
prétendues données qui sont de vrais non-sens? Qu'on
essaie donc de son passer, seulement quelques instants, et
d'imaginer une sensation abstraited'un sujet seatant et d'une
chose sentie. Cette nouveauté mérite bien la peine d'être
tentée. ReconnaM-on que la chose est impossible, que nous
sommes contraints de parler et de penser d'après la ferme
persuasion et la supposition nécessaire qu'il y a hors de nous
et que nous sommes nous mêmes des êtres réels, différents
des sensations et des idées il faut avouer aussi qu'il y a du
moins dans notre esprit des notions ou croyances tout à fait
différentes de ces sensations et qui pourraient ne pas nous
venir par la même voie, etc.
On peut dire que le postulatuni sur lequel l'analyse des
sens et des idées est forcée de s'appuyer est une hypothèse
admise d'après nos habitudes ou les préjugés qui dominent
actuellement dans notre pensée, mais que nous ne devons
admettre ainsi que par provision, et seulement jusqu'à ce que
la M!Mon ou la suite des expériences réBéchies l'ait confirmée
ou inSrmée. Alors on s'engage d'après la méthode des hypo-
thèses, admise avec succès dans plusieurs branches des
sciences naturelles, à prouver que la première supposition
d'où l'on part est absolument vraie, en tant qu'elle s'accorde
avec les phénomènes, et quelle les représente exactement
ou qu'elle est fausse et doit être exclue de la science, comme
i2
étant on opposée avec quelques-uns des faits qu'elle est dos-
tinée à expliquer. ou inutile et de nul emploi, si ces faits
peuvent être expliqués d'une autre manière, et sans avoir
recours à l'hypothèse dont il s'agit.
Or ai l'analyse des sensations et des idées ne prouve point
en résultat que l'hypothèse d'umnonde réel et extérieur soit
opposée aux phénomènes psychologiques, elle s'attache du
moins a montrer, et croit y avoir réussi, que l'ensemble do
ces phénomènes et le système entier de nos idées ou do nos
connaissances est indépendant sinon do la réalité absolue des
substances et des causes efficientes, du moins de la connais-
sance que nous en avons, puisque nous n'avons aucun moyen
d'atteindre cette réalité absolue, ni par suite de justinor ou de
démentir complètement l'hypothèse; d'où il résulte qu'elle
est inutile et devrait être rojetéc, si l'on était conséquent à la
méthode dos physiciens comme l'ont été les idéalistes.
Lorsque Copernic se propose d'expliquertous les mouve-
ments réels et apparents de notre système planétaire en
partant de cette supposition que la terre tourne autour du
soleil immobile, il déduit d'abord a priori do cette donnée
hypothétique, une suite de conséquences ou de fait, encore
hypothétiquescomme leur principe; 2" il compare ces résul-
tats avec les phénomènes observés tels qu'ils doivent être
réellement dans l'espace absolu pour produire les apparences
sensibles que nous remarquons; 3° il conclut enfin de l'iden-
tité entre les faits observés et ceux qui sont déduits de l'hypo-
thèse la vérité absolue de celle-ci qui se trouve ainsi érigée
en une loi de la Ka<MM, éternelle, immuable, aussi indépen-
dante de nos représentationsque l'existence même des corps
célestes à qui elle s'applique.
Si les déductions a priori du principe hypothétique ne s'ac-
cordaient pas avec les expériences ou les faits observés a
jMM~MMou si ceux-ci pouvaientêtre expliqués de toute autjre
manière, le système astronomique, étant conçu et complè-
tement analysé dans tous ses détails, indépendamment de
l'hypothèse que la terre tourne, celle-ci serait par là même
démontrée fausse, et on ne pourrait la regarder que comme un
jeu de l'imagination, une fantaisie arbitraire qui ne mérite
aucune croyance, H importe de remarquer au sujet do ces
hypothèses dont les physiciens font usage qu'elles se fondent
toujours elles-mêmes sur la réalité absolue des objets, revêtus
de telles apparences sensibles ou manifestés par tels phéno- ¡
mènes vrais, cette réalité étant nécessairement indépendante
de l'hypothèse qui ne peut s'étendre jusqu'à elle en second
lieu, qu il y a toujours une alternative opposée à la suppo-
sition que les choses se passent réellement ainsi et qu'on
pourrait concevoir tout aussi bien qu'elles ont lieu d'une tout
autre manière.
Ainsi Copernic était le maître de faire, en commençant,
comme tout !e monde, la supposition commune que e~est !e
soleil qui marche autour de la terre immobile et la difficulté
eût été alors de concilier les faits de la nature avec cotte
hypothèse. Mais assurément il n'aurait pu faire ni l'une ni
l'autre hypothèse, s'il n'avait pas eu l'idée ou la notion préa-
lable d'une terre et d'un soleil, comme existant réetlemont
en mouvement ou en repos dans un espace absolu, immo-
bile, etc.
Telle est donc la portée et la limite do nos hypothèses arbi-
traires, qui ne peuvent qu'assujettir à certaines formes ou
combinaisons, d'abord purement idéales, certains éléments
primitifs donnés à notre esprit ou à nos sens comme réels,
sans que l'hypothèse soit capable d'en altérer la nature ou à
plus forte raison de les anéantir ou de les créer.
Voilà pourtant ce qui devrait être pour que la méthode des
hypothèses pût être applicable à la philosophie première et
servir à la solution analytique du grand problème des exis-
tences. On peut en physique opposer les observations les unes
aux autres, feindre que les phénomènes soient autres qu'ils ne
paraissent,et comparer le tableau de l'imaginationà celui des
sens, ou soumettre le premier à la vérificationde l'expérience.
Mais comment vérifier par l'expérience des notions qui, par
leur nature, sont les conditions universelles et nécessaires de j1
toute expérience, sans lesquelles rien de ce que nous appelons
fait ne pourrait exister pour nous? Comment justifier aussi
par les déductions de la raison ce qui constitue la raison
môme?queMe pourrait être la règle, la base, la point d'appât
de l'entendement pour prouver les lois qui le régissent
on Fe
prouver lui-même? Pour appliquer ici la méthode des hypo-
thèses à la philosophie, il faudrait pouvoir dire
comme
Copernic s'il y a, comme nous le croyons et le
supposons
d'abord, dos substances corporelles, une &me, des
causes
externes de sensations et un sujet réel qui les reçoit il doit
resntter ojOMon de ce principe hypothétique dps idées de
sen-
sations sous telle forme, et des notions sons tels caractères.
Or nous éprouvons ou nous savons d'après notre expérience
intime que ces sensations et notions sont telles qu'eUes
devraient être, si nous avions une âme, un
corps organique,
et s'ii y avait hors de nous des substances étendues, donc
l'hypothèse est absolument vraie.
Voilà bien la forme d'un raisonnement hypothétique, la
forme seulement quant au fond, il n'y en a pas c'est
un pur
paralogisme, qui ne voit qu'il n'y a là que la forme logique
qui soit commune, et que tout diHere pour le fond?
Ce raisonnement présente en effet, sous l'apparence d'un
doute ou d'une hypothèse à justiner, un principejte
croyance
nécessaire sans lequel il serait impossible de
penser ni de
faire aucune hypothèse comment en euet écarter un seul
moment ces notions de substances, de causes pendant qu'on
pense ou qu'on parle de sensations ? etc.
S'il y a des corps, il doit en résulter telle suite de phéno-
mènes. Mais s'il n'y en avait pas, s'il n'y avait aucune subs-
tance, ni cause efficiente dans le monde, que deviendrait
celui qui fait l'hypothèse? Est-ce qu'il peut tout a la fois
penser et concevoir tout anéanti, y compris lai.méme, pen-
dant qu'il pense? Qu'est-ce donc qu'une hypothèse dont le
contraire n'est pas même susceptible d'être pensé 2?
Mais admettons qu'il fat possible de présenter
sous cette
forme hypothétiquele jM~a~MMnécessaire de toute phito-
sophie, du moins faudrait-il que la première hypothèse étant
donnée comme principe, tout l'ensemble des résultats on des
déductions dont se compose la doctrine, tendissent& eonnrmer
une hypothèse qu'il y a des êtres rée!s, des causes de sen-
sations, et une âme ou un sujet sentant. Mais tout au contraire,
après qu'on a employé l'hypothèse et les signes ouïes notions
dont elle se forme, pour établir ta doctrine et mettre en jeu
les sensations et les idées, il arrive que cette doctrine se suffit
à elle-même, s'élève et se compte, sans admettrelesnotions
ou plutôt en excluant tous tes étéments qui entraient dans
l'hypothèse, et qu'elle Suit enfin par prononcer et prouver à
sa manière qu'il n'y a dans notre esprit aucune idée de sen-
sation ni de réuexion qui représente des substances quel-
conques, matérielles et immatérielles, et que nous ne pou-
vons juger ou raisonner que sur nos idées ou ce qu'elles nous
représentent; que nous n'avons aucun moyen ds savoir s'il y
a ou s'il n'y a pas des substances et des causes, et que, si elles
existent, suivant l'hypothèse faite en commençant, nous ne
pouvons les connaître en aucune façon. Ce qui est, en con-
tinuant notre comparaison, comme si Copernic en partant
de l'hypothèse que la terre tourne autour du soleil et raison-
nant sur les conséquences de cette hypothèse, avait établi une
théorie astronomique, où le mouvement de notre planète ne
serait pour rien, et dontla conséquence finale eût été qu'il est
impossible de se faire la moindre idée de ce mouvement et de
savoir s'il a I!ou ou non.
Pourquoi donc supposer, lui eut-on dit, et comment avez-
vous pu faire pour concevoir et exprimer par quelques signes
une hypothèseinintelligible?
On peut demander de même aux philosophes dontil s'agit
pourquoi avez-vous supposé en commençant qu'il y avait des
substances étendues, des causes de sensations, un sujet?
comment avez-vous pu concevoir et exprimerune hypothèse
avec des signes qui ne doivent avoir aucun sens pour vous,
puisqu'ils ne sont associés à aucune idée?
Remarquez ici que la diBicuIté n'est pas tant de savoir s'il
y a réellement hors de noua des substances ou dea causes de
sensations, comme nous !e croyons, que de comprendre com-
ment il est possible dp forger une telle hypothèse, s'il n'y
avait rien, en dehors ni même dans notre esprit, qui corres-
pondit aux signes que nous employons pour l'énoncer.
C'est là un mystère vraiment impénétrableque tous les hom-
mes ignorants comme savants ne puissent parler et penser
qu'en employant des signes de substances, de causes auxquelles
ils attribuent exclusivement la réatité et qu'en parlant ou
pensant, ils ne s'entretiennentque de chimères au lieu d'êtres
réels, et de choses inintelligiblesau lieu de rëantés premières
et évidentes.
Assurément,le témoignagedu sens intime nous atteste que
nous savons très bien ce que nous disons quand nous aMr-
mons certaines quatités d'un sujet substantiel, certains effets
d'une cause ou force productive veut-on infirmer ce témoi-
gnage, sous le prétexte qu'il n'y a point d'idée de sensation
attachée à la substance, à la cause? Nous tirerons de ta plutôt
une conclusion opposée a la doctrine, en disant puisque
nous nous entendons très bien en parlant de substances, de
causes, etc., et que, d'autre part, il n'y a point d'idées repré-
sentatives de ces choses, il faut bien que nos affirmations,
nos croyances, notre pensée, ennn, s'étende plus loin que ce
qu'on appelle sensations, Idées représentatives, etc.
Descartes a conclu l'existence récite et absolue de Dieu, de
son idée d'un être nécessaire, inSni, éminemment parfait; car
si cet être n'existait pas, comment cette notion se trouverait-
ette en nous? Je m'étonne que ce profond métaphysicien n'ait
pas appliqué !e même raisonnementà toutes tes notionsd'être,
de substance, de cause, etc. Il est certain que nous ne faisons
pas ces notions, comme nos idées collectives ou générales,
nous les trouvons toutes faites avec leur caractère réet, uni-
versel, nécessaire. Or, s'il M'e.HS<<n~ pas réellement dos subs-
tances, comment pourrions-nousles croire et les afBrmer?
Je résumeraices objections en m'adressantaux auteurs des
systèmes
Voua supposez, on admette! do prima abord, l'cxiatcnce
réelle et absolue de l'Ame, substance douée de ptusicuM hcul.
tés (qu'on pont essayer de réduire ap~s vous a una sente
faculté réoeptivo do sensations); vonssuppoaexau~i t'osi~
tence absolue des organes qui reçoivent des corps étrangers
des impressions qui produisent les premières idées simpks do
sensations; toutes ces suppositions sont autant de ~(M~M/M/<!
qui servent de bases à votre théorie. Vous ne croyez
pas
qu'il soit nécessaire, ni peut-être possible de les prouver ou
dotes justiner, avant devons en servir; à la bonne heure,
pourvu que l'ensemble de votre doctrine no les démente pas
et que lu féa!ité des notions, des substances, des caus~, des
eneta et des seHsa<M)M, par exemple, se retrouve comme con-
séquence des déductions dont cite a été le principe hypothe.
tique. Cependant vous avancez dans la construction de votr<*
grand édifice psychologique; déjà il est achevé: vous nous
le présentez commo complet, et nous devons croire d'après
vous qu'il n'y a pas une seule idée, notion ou opération
intoUectueUe qui ne rentre dans quelqu'une des ctassus et des
compartiments que votre génie méditatif a tracés, pas une qui
ne se rapporte a l'une ou à l'autre des sources que vous avez
signalées ou aumétange des deux. Mais que deviennent
donc ces substances, ces causes que vous aviez vous-mêmes
admises comme réellement existantes, avant ta sensation et
indépendantes d'elles? Vous ne les reléguez même pas dans
la classe des idées simples do sensation, car alors elles n'au-
raient pas plus de réalité ou de permanence que ces idées ou
phénomènes qui naissent, s'évanouissentet varient à chaque
instant. Vous n'avez jamais prétendu assimilerla cause de
l'odeur, d'une couleur, par exemple, avec l'idée même de la
sensation; cela contrarierait la supposition qui vous a servi
de point de départ, comme tous les principes de croyance
invincible qui sont avant la science, que celle-ci no pept
jamais contredire.
Vous ne pouvez non plus les ranger parmi les idées simples
de réflexion, telles que voua les considérez, parce que celles-ci
ne viennent qu'après les idées de sensation, et no sont que des
conséquences ou dos produit étahorés nhériaMpement, puis-
quo, d'nincHFS, l'idée r6(!éohi~ d'une cause no ditMmrait pas
du sentiment intime da cette Mwc, et qu'il ropugne de dira
que nous ffMt«wM immédiatement avec tes odeurs, los M-
WMM, etc., lois causes qui pradMiacat on nous ces settoa~ona.
Je cherche doae vainement la ptMo de CM notions admises
ou supposées r~eMes, au début du système, de r&MM substance,
des organes tnaMFida, des objets ou causM do aeaaaUena,
reconnus d!st!ne<8 ot sépara d'eHcs. Et je trouve que non
soulemont la théorie ne laisse pas de easet, pour ces notions,
mais, do p!as, qM'et!a les exclut tormattetnaatà titre d'!d<'<ts,
en assurant que noua n'avons aucun moyen do connaMn) los
substances et los causes.
Que Mfe donc dans cet embatfas? Admettrai-je la théorie
p9ycholog!que?Mfautqueje contredise !asuppoait!on promibre
et tous les principes do croyance qui ont servi à l'établir et
que je n'y retrouve ptua. M'en rapportorai-je à ces principes
de croyance? et admettrai-jetaréa!!te des notions qu'its expri.
ment ? Il faut sinon que j'abandonne la théorie dans ce qu'elle
a de conforme aux véritables faits psychologiques dont je puis
trouver en moi la copie, du moins que je leur cherche quoi-
que supptément nécessaire, un moyen de remplir les lacunes
trop évidentes, de réparer ses omissions de principes et de
sauver ses contradictions.
C'est là l'objet que je tâcherai de remplir otténearement
en cherchantl'origine et les caractères de toutes tes notions
et croyances de l'esprit humain, dans une première qui s'iden-
tifie exclusivement eUe-méme avec le fait primitif de cons-
cience.
D'ou il résultera que le premier problème de la philosophie
peut en6n être.résolud'une manière exempte des difScuités et
contestationsdont la métaphysique a donné jusqu'icil'exemple
et pour ainsi dire le scandale. n le sera par une méthode
tmoyenne, pour ainsi dire, entre celle des doctrines toutes
fondées snr Inexpérience extérieure qui n'admettent que des
sensations et dea ideca. et celle des dootrinos à priori qui
admettent des notions OM des principfs iun~a.
J'ai cherctt~ h pMMwr que les uotiom do substaueos, do
forces ou eauaes, ne sont ni ~fa M~a da acn~atton tt! des
ahatFacUoaa ca~aM tea aMtFea tt mo reste matateoant & fa!re
voir qu'& titre de notions !atett~tMot!ao, eMea Me aont point
innées ou Md~eodantes da tOMte Mtp~riencc.

Commentt<'< d)<f<)<~)~tM m~<«ph)f<[<)))c!tHoo~'ntAtitfoohxtn)) <)<'<'pïtnetpt'i)


<)'' h t'~y~Mc~ ft ttf In c.ottta~Mtx't'

Noua l'avons dit: notre faculté de croire est !i6« par sa


nature à !'<~a~; c'est comme uaa face de l'esprit humain,
qui so trouve naturellement tournéo vera la réalité absoluo
des ehoaea ou des êtres; mais cotte face doit être éctairee pour
se manifester et les rayons qui se dirigent vers elle, du dedans
au dehors, l'altèrent, la dénaturent & leur contact; l'esprit qui
connatt, mMe et confond sa propre nature avec cotte des choses
dont l'existence reette lui est signiMeo, attestée, parla faculté
de croire. Mais, dès qu'il les saisit ou tes touche, il en change
les formes, tes trouble, tes attere, tes dénature JVa<M~ <e-
MMM, Ha<MM<M iMCtM inmiiscet e<tM!~MC <~M<O~Me< <M/
mat. (Bacon.)
Si quelque chose d'ahsotu ne nous était pas donné primiti-
vement et nécessairement, comme objet de croyance, il n'y
aurait pas de connaissance relative, c'est-à-dire que nous ne
com.'tîtrions rien du tout.
Le relatif suppose un absolu préexistant; mais comme cet
absolu cesse d'être tel et prend nécessairement le caractère de
relation, dès que nous venons à le connattre, ou par cela seul
que nousle connaissons, il implique contradiction de dire que
nous ayons quelque connaissance positive ou idée de !'<~o/M,
quoique nous ne puissions nous empêcher de croire qu'il est,
ou de l'admettre comme donnée première inséparable de notre
esprit, préexistante a toute coKnaMiMKcc. C'est cette faculté
do croire M que nous ne pavana admettre que de eeMnes
metaphyaieiena ont distinguée aona la titre tr~s ittusoire,
ce
mo semble, d'wifM~MM M~<M<
< Le procédé do l'esprit qui se fonde sur la croyance censée
à partir de t'abaotn ~aHM< pour arriver au relatif <'<MMM: c'est
la marche de la Métaphysique a ~~<; elle contrarie los
fois fondamentales do notre connaissance. Comme appollo
on
cotte métaphysique jOMtw, on pourrait tfha bien lui appliquor
ta mot ingénieux de Bacon, au sujet do la recherche dos
causes flnalos, qu'il compatea une vierge pure et sacrée, con-
damnée a la stérilité C~MJMfMHt~«!/<MtM tHw~~< ~<<'i
M~, /«M~M<!M ftry« Dro COMMCM~ HtAt/~wA.
Le seul procédé légitime de la connaissance consiste à
partir d'une première relation d'un fait primitif connu, pour
arriver il l'absolu, non pas comme objet <fMMe <<?<* ou d'une
j connaissance déterminée quelconque, mais
comme ohjetde
croyance indéterminée par sa nature et qui entre comme prin-
cipe élémentaire dans toute connaissance réelle ou de fait.
sans constituerpar tui-même cette connaissance
Le procédé de la connaissance est nécessairementanaly-
tique celui do la croyance est toujours synthétique; mais
cette synthèse sa trouve limitée ù joindre ensemble ou à

<. Suivant la philosophie weMeuM, t[ y a quelque chose tt'aoMrieur &


rMMteuce. paixqu'Mt peut d~nir t'ex~teuM eu disant qu'elle est le oampM-
Uteut du poMibte. Atast, dans ce point de vue qui e<t celui de la <-)a~«t<w,
le possible engt'odff ractuel, eo qui veut <)ife que la <-au:e pr~cMe
son elfet
pht'uMUfMtque,et qu'avant te pMuumfue que nous pouvons tonaa)tr<' tt
ya
un Mre qui rend possible tel pMtMtuèac ou tette Kpn'MntatMn actuelle.
Observez qu'on ne peut paa dire qu'avant le pMttom~e actuel ou la tvp~-
Mtttation de phénomèneil y a une représentation ou nu phénomène pos-
eibte: ce serait là réaliser une pure abstraction, et t'Mfe abstraite, arUa-
eieUe, de ce possible vient bien certainement de l'actuel oa du fait reprf-
MnM; mais il n'en est pasainsi do la conception de t'<Mn? ou de la causa qui
actualise le phénomène ou produit le fait pour nous; noua ~«mmp!) nccea-
eiMs à mettre cette cause ou cet être possiMti"ant avant t'actue) qu'M
entendre reeiicment, quoique nous ne concevionscet être que par le fait ou
avec lui. Ceci explique comment il y a deux modes de dérivation t un
dans le système de nos croyances absolues, t'autre dans celui de nos con-
naissancesrelatives, qui sont tous ies deux vrais. (M. B.)
combiner des éténx'nta logiques, et ne peut n'aboHtip enfin,
après avoir tourné danssoncerela, qu'à des identités wrbatea
do cette fornw A ==: A.
En suivant te profadé (ta la croyance, on établit comme
axiome, qu'avant d'a~A, avant d'être modiné d'une manière
quelconque déterminée, de ao manifester sous toi aMr!bM(,
qualité eM propriété, il faut ~e absolument ou à titre do
substance, dt) eAoso ~M <M<, do H«WH)A<p et 6'est une vër!M
n~iccsaairo, qu'il est impossible do no pas croire, OM dont !e
contraire est inmteMig!b!o. Mais cette v~rit4 ahsotMc, Mtiiver-
selle, néeeaMir~, «<tt-«!<a aussi primitive. Oui, daas !'<M dre de
E
nos croyaMes; non, dans celui de notre eonaaiaaanca. D~s
quo ta faculté de croire s'exeree, t'axiome dont il s'agit a
touto aa force et son caractère do primauté. Nul meda n'est
conçu, nul ph~ftomëae ou mouvement ou action, n'est reprA-
aentô à l'imagination ou aux sons, sans etra rapporta soit a
une substance, soit à une cause qui est censée ou crue néces.
sairemont exister avant comme après.
En suivant le procédé de la connaissance, on établit comme
ajewHe également nécessaire qu'avant d'avoir ou pour avoir
la croyance d'un absolu quelconque, ou chose en soi, d'une
substance, y compris notre âme, il faut se sentir exister ou se
connattre sous un attribut, une première qualité d~rminéo,
ou à titre de fait primitif. Il n'y a point à choisir entre ces
deux vérités, elles sont également évidentes et nécessaires et
comme eUes se manifestent dans notre esprit, il s'ensuit
qu'elles ne sont point opposées entre elles, et par conséquent
qu'elles n'ont point un seul et même objet. Il ne s'agit pas de
savoir si quelque chose existe ou existait avant que nous le
connaissions cette question est décidée positivement par le
fait, puisque c'est en cola même que consiste le principe de la
croyance contre lequel nous chercherions vainement & récla-
mer. Il ne s'agit pas non plus de savoir si tel acte déterminé
de notre faculté de croire est antérieur à une connaissance
quelconque et au fait primitif de la conscience, question
décidée négativementpar ce fait même qui nous témoigne et
nous assure qu'avant lui ou sans lui, c~st-a-dire sans le tH<
rien ne peut être dit p~istor dans t'paprit à titra de eroyaaee
pas plus que de connaissance ou (te notion même obscure eu
indétenninéo.
Mais une question plus embarrassanteest celle qui consis-
terait à savoir si le fait primitif de la connaissance (identique
& celui do la coaaeience du «MM) peut être ou avoir M erigi-
neMem&t)t séparé de la croyance d'un absolu préexistant, tel ?
que la substance durable de l'Amo ea du corps, c'est-à-dire
s'it est possible d'assigner dans la durée de ratre sentant et
pensant une époque o& il commencerait à avoir l'aperception
de son existence individuelle, d'un effort voulu, sans avoir
encore aucune notion ou oroyanco de son durable ou de ce
qui le constitue dire absolu, chose en soi, hors de la cons-
cience ou si, au contraire, !e~w<e<pedo la croyance, se trou-
vant fondé dans la nature même de l'ame et par suite antérieur
à tout, du moins cM<<«?//eMMM<, ne passe pas nécessairement
de cet état virtnet & l'effectif aussitôt qu'arrive te premier
élément de la connaissance, une sensation, une impression
quelconque e~ee~M ou m<Mt<<<w, de telle sorte que le fait 0

primitif de la connaissance emporte nécessairementavec lui


la croyance de l'étre, de la substance durable modifiée, comme
celle de la force absolue, qui agit ou se déploie sur cette 1
substance passive que nous appelons corps pour y produire le
mouvement, etc.
Dans la première alternative, il doit y avoir un progrès L
assignable par lequel notre esprit passe de la première
connaissance à la croyance de la réalité absolue de l'âme et
par suite à celle des autres substances. Dans la seconde alter-
native, la croyance est nécessairement eon~eMpofaMMà la
première connaissance de fait, à partir de celle du moi et
inséparable d'elle.
Ici je trouve le principal point de division des systèmes qui
ont abordé le problème générateur, ou qui l'ont supposé d'une
nanière ou d'une autre.
Descartes, Leibnitz et tous ceux qui ont adopté sous un
titra quelconque des principes innés ou des notions a priori
indépendantes de l'expérience, paient du principe do la
eroyaaoa qui nous force d'admettre quelque absolu praxis.'
tant ou fait primitif de la cooacienoo, en mettant un avant ce
principe comme n'ayant pas besoin de preuves. L'âme, ou
comme on voudra l'appeler, cette chose qui sont et pense en
noue, étant un ~e ou une SM~~Mcc, doit avoir, da moins
vutNeMe<nent,t'Mee ou la notion tMH~ de ce qu'elle est, et
puiaqu'eMe est absolument comme substance sous chaoune
doa modMeatiena qu'elle reçoit des idées adventices qui lui
arrivent, des actions qu'ollo esefee dans un temps, il est
naturel qu'elle no aente ces modineations, ne conçoive ces
idées, ou n'aperçoive ces actes, que sous tel rapport essentiel
d'inhérence à l'être, à la substance qui est eMe-meme.
« Comment, en effet, demande Loibnitz, pourrions-nousavoir
quelque idée d'~e.si nous n'étions pas nous-mêmedeaêtres,
des substances, » Il ne faut donc pas demander comment
« il entre do t'~fe, do l'absolu dans toutes nos idées, » il
faudrait bien plutôt s'étonner qu'il en fut autrement, car
t'ame ne peut rien apercevoir en elle ni rien connattre au
dehors que comme elle est, ou soton ce qu'elle est on cHo-
méme B~erMa MOM co~Mse~ MMtpef ça ~M~ HMMMt in s~Mc<
%pM, c'est--à-dire, comme êtres, substances durables ou choses,
ce qu'elle est.
Pourquoi tous les métaphysiciens qui partent de cet être
absolu de l'âme substance, pour rendre raison du caractère
de nécessité, d'universalité des notions de durée, de subs-
tance, d'identité attribuées à ce qui n'est pas nous, ne se
demandent-ils pas d'abord comment nous existons nous-
mêmes à titre de substance, ou comment nous savons que
nous sommes des êtres, des substances durables? C'est que
les métaphysiciens confondent perpétuellement l'âme, chose
en soi, objet absolu de croyance, avec le mot, sujet relatif de
la connaissance.
Or, comme ils Mnt~Rt l'impossibilité d'expliquer le moi
primitif, puisqu'il faudrait pour cela trouver un point d'appui
hors de nous-môme ou de la conscience, ou se transformer
en objet cannM, sans cesser d'Mre«~ eonnaiaaant,e'eat-&.dire
être en même temps soi et un autre, ils transportent à la notion
d'une substance séparée in a~rac~e ce qui est vrai de la con.
science du moi ou du fait primitif de l'existence individuelle.
Cependant non n'est plus dîneront que cette e<MMeMHee ou
ce sentiment relatif que le moi a de tui-Meme~ en tant qu'U
pense on agit présentement, et cette croyance de l'absolu
d'un être permanent d'une substance durable, hors de l'action
et de la ponsëe.
Bien loin do nior que la conscience réfléchie de notre moi
emporte avec elle présentement la croyance nécessaire du
durable de la substance qui reste, alors que le moi n'y est pas
comme dans le sommeil, le délire, la défaillance, etc.
J'affirme, au contraire,qu'il nous est impossible d'écarter cette
croyance, et qu'elle est présente à l'esprit de tous les hommes,
de ceux mêmes qu'on appelle matérialistes, et qui se disent
idéalistes ou sceptiques dans la spéculation.
Je ne décide pas encore positivement la question de savoir
s'il y a eu réeUementun temps de notre vie sensitive et intellec-
tuelle où nous ayons eu la conscience du moi, sans quelque
croyance ou perception absolue de notre être ou de la substance
de l'âme plus ou moins obscure, du ducable de notre être pen-
sant et, par suite, de quelque autre substance que ce fût; mais
ce que je me crois autoriséà affirmer dès ce moment, c'est que
nous concevonstrès nettement cette dernière hypothèse,puis-
qu'il n'y a aucune absurdité à admettre le fait primitif de
conscience ou une connaissance première de fait, sans aucune
notion ou croyance d'absolu tandis qu'il implique évidem-
ment contradiction de supposer la notion ou croyance actuelle
que l'&me aurait de son être absolu, indépendammentde la
conscience du moi et avant elle. Or, si l'on admet au moins
comme possible l'antériorité du fait de l'existence indivi-
duelle à la notion de l'absolu, il y a lieu à demander quelles
sont les conditions du passage de l'un à 17autre; quel est le
fondement de l'association première de l'élément de croyance
avec une connaissance qneteonque, soit subjective, soit oMcc-
tive, ou qui réunit en môme temps !a!< deux caractères;
comment le sujet pensant prenant pour point de départ
l'aperception qu'il a de son existence dans un acte qu'il
produit spontanément ou librement, parviendra-t-il à la
croyance on notion d'une substance passive ou d'une force
absolue quand eMe n'agit pas ? Y parviendra-t-il par ta
raison ou le raisonnement je pense, donc, je suis ? Sera-ce
par l'expérience ? Cette expérience scra-t-eue intérieure ou
extérieure? Devra-t-eUe être répétée? Et la croyance np
sera-t-elle ainsi qu'une habitude? Ou bien portera-t-elle avec
elle on naissant son <*r)<eWMtH de vérité, de nécessité? Dans
te premier cas, comment l'habitude pourra-t-elle transformer
lo relatif en absolu, le contingenten nécessaire; et comment,
on se répétant, l'expérience revêtira-t-elle un caractère
diamétralementopposé à celui qu'elle avait dans l'origine?
Dans le second cas, en quoi une première expénenco inté-
ripure ayant le caractère de nécessité, invariable, ditTere-t-ello
du principe a ~OM, d'une idée innée ?
Tous ces points sont loin d'avoir été éclaircis dans les
systèmes divers et opposés des métaphysiciens mais on a
fait comme s'ils l'étaient, et on a pris son parti sur le moyen
do passage d'une première sensation ou connaissance soit
interne, soit externe, aux croyances et aux notions que l'on a
confondues avec les idées abstraites, ou des croyances néces-
saires que l'on a prises pour dos idées innées, aux premières
connaissances.
Jé donnerai deux exemples remarquables et très instructifs
de ces deux moyens opposés qui consistentl'un à passer d'une
première connaissance relative ou expérience intérieure à la
croyance on notion de l'absolu; –l'autre, à passer par le
même intermédiaire de la notion de l'absolu objectif à la con-
naissance intérieure. Ces deux exemples me seront fournis
par Descartes et Leibnitz, les chefs des deux écoles célèbres
qui ont propagéjusqu'à nous l'esprit et la méthode de leurs
maîtres.
DESCARTES. En posant !e fameux principe Je ~<c, <~Mc
je SMM, Descartes paraît avoir senti le besoin de déduire do la
connaissance individuelle, la notion ou croyance d'un absolu
qu'il étabtissait d'un antre coté à titre d'idée innée.Si c'est bien
une véritable contradiction, nous pouvons dire qu'elle est
heureuse, puisque c'est à elle que nous devons l'exemple du
procédé le plus sur que notre esprit puisse employer pour
trouver la base de nos connaissances certaines, et assigner
l'ordre de leur génération.
Tâchons de pénétrer dans la profondeurde ce principe plus
avant que ne l'ont fait d'autres philosophes qui n'y ont vu,
tantôt que l'expression de i'idéanté logique, tantôt même que
celle d'un seul et même fait de conscience, ou d'un jugement
simple revêtu de la forme illusoire d'un raisonnement.
La conscience du moi ou l'aperceptionimmédiate de notre
existence individuelle, constitue bien le fondement de tout ce
que nous pouvons appeler NHe~etM~e. Sans le moi ou la cons-
cience du moi, il n'y a point d'acte de pensée sans l'aper-
coption interne qui est bien une pensée, il n'y a point de moi
exister (pour soi-même), s'apercevoir qu'on existe, JMHM?',
voilà autant de synonymes qui peuvent être substitués l'un à
l'autre sans rien changer au fond des idées. Cela posé, la
maxime de Descartes pourrait être énoncée ainsi j'existe ou
j'ai la conscience que j'existe, donc je suis.
Si le verbe je suis dans la conclusion n'emportait pas avec
lui une conception différente de celle du verbe /e.ns<e (et je
sais, je pense) dans la prémisse, cet énoncé du principe ne
serait qu'un pur jeu de mots, à peu près pareil à celui que
rapporte Cicéron en se moquant des dialecticiens st~t<ce<,
&<ce<, a~Mt lucet, ergo &fee~.
On ferait injure à un métaphysicien tel que Descartes si on
réduisait à un tel jeu de signes on de notions,le principe qu'il
regarde comme fondamental de tonte sci:ace, comme le
crt~M~ de toute évidence de fait et de raison en même
temps.
Mais dans le sens vrai et réel du principe, j'existe ou je
reconnais que j'existe (je pense) ne veut pas dire tamemochose
quojesMM le premier exprime le fait de toute conscience, la
connaissance relative du <Ho<qui n'existepour lui même qu'au-
tant qu'il s'aperçoit on pense, le second emporte avec lui
l'être absolu on la croyance que ce sujet qui se dit moi est
une
substance durable, une chose en soi qui n'a besoin de
pas se
connattre dans quelque relation à un temps ou un lieu déter-
miné, pour être dans l'absolu du temps et de l'espace.
Descartes semble bien entrevoir lui-même le fondement de
cette distinction lorsque, après avoir posé son principe do
fait ye~M~, j'existe, il se demande à lui-même quand
et
combien de temps est-ce que j'existe? savoir tant
que je
pense, que je me sens exister.
Suivant ce trait de lumière il aurait du dire, en demeurant
fidèle à son point de départ ou continuant à procéder d'après
l'évidence du fait de sens intime.: je n'existe
pour moi-même
qu'autant de temps que je me sens exister ou que je
pense or
je ne pense pas toujours et je n'ai pas toujours la conscience
du NMt; donc ce que j'aperçois ou connais quand je dis
j'MM~e n'est pas l'~re, la substance durable de Famé qui
est
censée ou crue exister de moi.
A ce raisonnement appuyé sur le fait du sens intime, et la
distinction essentielle qui s y rattache comme conséquence,
Descartes en oppose une autre contraire. Et après s'être élevé
de la conscience du sujet pensant moi à la notion d'une subs-
tance qui a en elle ou dans sa nature la capacité, la possibUité
de penser ou do devenir moi. it part de cette possibilité
comme eBectuéo, et définissant l'âme substance pensante (au
lieu de cogitative) il se fonde sur cette déEmtion pour affirmer
que l'âme pense toujours et par cela même qu'elle est toujours
(depuis la création jusqu'à son annihilation par la toute-puis-
sance divine).
D'où il suit qu'il peut y avoir et qu'il y a une pensée subs-
tantielle durable qni préexiste à la naissance ou à la formation
même de l'homme, on du composé des deux natures spiri-
tuelle et corporelle que cette pensée, pour n'être pas aperçue
13
ou accompagna de la conscience du moi, n'en existe pas
moins; qu'elle peut avoir pour objet l'absolu de l'âme et con-
séquemmentleaattributs inséparablesde sa nature; qu'il y a
ainsi le m<M <!<iso/M, indépendant de tout ce que nous appelons
conscience, aperception ou connaissance relative du moi pré-
sent à lui-m~me et aux sensations adventices qu'il éprouve,
comme aux actes contingents qu'il opère dans un temps par
suite qu'eu disant je pense, on peut entendre cette pensée
substantielle qui emporte avec elle l'absolu de l'~He identinée
alors avec le moi, ce qui ramène l'enthymeme à une véritable
identité entre deux termes, puisque cet énoncé~e pense équi-
vaudra à celui-ci je SKM une substance, une chose pensante,
car je ne pense que ce que je suis, et comme je suis (ou plutôt
mon Ame ne pense que ce qu'elle est et comme elle est).
Je substitue cette dernière formule parce qu'il est impos-
sible d'introduirele signe précis de l'individualité personnelle
je ou moi, sans donnef à la proposition le sens relatif qu'em-
portel'existence du sujet qui s'aperçoitou juge; de sorte qu'en
adaptant comme vraie la pensée ou l'idée innée que mon âme
aurait de son être ou d'elle-même comme substance chose <M
jso!, il est impossible d'employer la formule je suis pour
exprimer cet état intérieur absolu. Car des que l'âme consi-
dérée dans ce qu'elle est, ou comme substance pensante aurait
en elle l'équivalentde cette proposition je mis une substance,
un <e, il y auraitjugement, connaissance d'un fait ou d'une
relation, dans laquelle le sujet qui affirme, juge ou croit, n'est
pas la chose même dont il affirme ou qu'il croit en un mot ce
qu'on appelle l'a&so/M cesse d'être tel pour nous, par cela
même que nous y pensons ou voulons y~Ma~f,et cette formule
j pensée SMts<aK<:eNe, connaissance de l'absolu, implique con-
tradiction dans les termes ce qui n'empêche pas qu'il n'y ait
croyance nécessaire d'un absolu inconuu, mais qui n'est pas
le moi, tel qu'il s'aperçoit ou se reconnatt exister sous
une
premicro relation nécessaire; ce qui n'empêche pas plus
non
que cette croyance ou notion n'emporte avec elle la réalité
absolue de son objet, de telle sorte qu'on soit fondé à dire:
ce que je crois être absolument et nécessairement sans pouvnir
m'empêcher ds le c~nAw (tant que je pense ou que j ai la
conscience du mot), est réellement et absolument comme je
le crois, quoique je ne puisse m'en faire aucune image ou
idée claire. C'est ainsi que noua sommes fondés à affirmer
qu'il y.a des êtres et des substances hors de nous comme en
nous, sans pouvoir en aucune manière les représenter ou les
concevoir sous une idée. Nous prouverons que ces êtres sont
absolument, sans crainte de nous tromper, quoique nous
n'ayons d'autre preuve ou criterium de leur existence, que
l'autorité même de cette croyance nécessaire. J'ai ajouté la
consciencedu moi à la croyance, pour distinguerles croyances
réelles de celles qui peuvent s'attacher à certains fantômes
comme nous le dirons bientôt.
Les formes du langage font souvent illusion, et la manière
de poser les principes ou de les énoncer expose presque tou-
jours, si l'on n'y prend garde, à confondre le sujet logique do
la proposition affirmative avec le sujet réel qu'on devrait avoir
présent à l'esprit pour la clarté des idées c'est là ce qui a pu
empêcher les métaphysiciens de reconnaîtreque ce qui affirme
ou croit l'~<rc, la substance, la chose pensante, n'est pas l'être,
la chose qu'il affirme.
Ainsi dans la proposition je SMM, que Descartes donne comme
la conclusion de son enthymème,le sujet logique abstrait je
dont on affirme ou qui est censé affirmer de lui-même la réalité
absolue de l'être ou de la substance~ n'est identique que par
le signe au sujet individuel de la prémisse /ejoeMse il en dif-
fère par le fait autant qu'une existence précise, individuelle
et déterminée diNere de l'objet d'une notion universelle, indé-
terminée. A cette formule personnelle et déterminée je suis,
il faudrait donc substituer l'impersonnelle et l'indéterminée,
l'âme, dire, et dire en développant l'enthymèmepour marquer
le passage ou l'associationnécessaire de la connaissance à la
croyance j'existe ou je me connais moi dans l'acte présent de
ma pensée; donc il y a une âme, une substance durable, à
laquelle l'existence individuelle du moi est attachée ou dans
l'être absolu de laquelle le mot a son principe, fa condition
nécessaire comme tout ce qui est déterminé a son principe, sa
raison auMsacte, dans quelque chose qui est indéterminé, ou
absolument inconnu & notre esprit, quoique nous soyons néces-
Mtés à le croire ou à l'admettre.
Mais si j'ai besoin de connattre mon existence individuelle
ou d'exister moi pour m'assurer de !'ètre absolu de mon &me
ou si la notion que j'en ai est la conséquence d'un raison-
nement dont!o fait de conscience est la prémisse, cette notion
de l'absolu n'est donc pas innée ou primitive et antérieure au
fait de conscience. Que s'il y a une notion substantielle de
moi emportant la réalité absolue de l'&me, cette réalité
exprimée par la formule je SMM ne saurait être la conséquence
d'aucun raisonnement principe de tout ce que nous savons
ou connaissons, même par eoMSCMHce, elle ne doit rien avoir
avant elle, ni au-dessus d'elle. Ainsi Fenthymeme détruit par
sa hase la doctrine dos idées, des notions ou croyantes innées,
où il porte tout à fait à faux en présentant sous <MMe<MH ce
qui est nécessairement et primitivement dans notre esprit
sous forme de principe.
Il fallait reconnattre que la vérité de fait, je pense, et la
vérité absolue, je suis une chose pensante, ne sont pas de
même genre et qu'étant égalementpremièresdans leur ordre,
elles ne peuvent pas être déduites l'une de l'autre. L'une n'est
certaine qu'autant de temps que je pense ou que je me dis
que j'existe. L'autre est certaine absolument soit que je la
connaisse ou non on que je l'exprime par des paroles, ou que
je manque de signes pour l'énoncer. En disant je pense, je
conçois une existence subjective identique avec toute ma
pensée actuelle. En disant je suis une chose, je conçois ou
crois un objet tout à fait différent du sujet actuel de ma
pensée, qui était avant le mot et sera encore après il n'est
donc pas exact de dire, quoique tout le monde le répète, que
nous concluons d'un fait tel que celui de notre existence, la
réalité absolue d'un étM durable qui embrasse comme en un
point le présent, le passé et l'avenir. H faut reconnaître que
cette croyance d'une durée N&sa~M est associée avec nos Mecs
de faits et d'abord! avec le Mt'primitif, pour former des
notions, mais qu'elle n*est déduite d'aucun fait partieuuer*
et si cette déduction pouvait avoir lieu, elle ruinerait nécea-
sairement tout ayat~ne d'idées, de principes innés. Descartes
avait un esprit trop conséquent pour ne pas sentir cette sorte
de contradiction on il était entra!né malgré lui par les formol
de son langage.
Quand noua aperoavona, dit-il, que nous sommes dos
choses qui ~HMH<, c'ett une première notion, qui n'est tirée
d'aucun syllogisme (pourquoi donc voua servez-vous de la
forme d'un syllogisme pour établir cette première notion ?).
Lorsque quelqu'un dit je pense donc je suis, continue ce
philosophe, il no conclut pas son existence de sa pensée,
comme par la force de quelque syllogisme, mais comme une
chose connue <e//e-N!~me, il la voit par une simple inspection1
de l'esprit. S'il la déduisait d'un syllogisme, il aurait du aupa-
ravant connattre cette majeure tout ce ~M<* je pense est ou
existe mais au contraire eUe lui est enseignée de ce qu'il
sent en lui-même, qu'il ne se peut pas faire qu'il jMMSp, s'il
n'MM<e, car c'est le propre de notre esprit de former les pro-
positions ~H~*<~ de la connaissance des particulières.
Descartes parait bien être ici dans le point de vue le ptus~
opposé au système des idées innées ou des principes a priori.
De la connaissance de notre existence particulière indivi-
duelle, nous nous élevons aux notions générales, universelles
d'Are, de substance donc ces notions ont une origine. Ici
notre grand philosophe se fait illusion en croyant qu'il lui est
possible d'employer le terme ou la notion de chose ou substance
pensante, dans un sens précis, déterminé, particulier ou indi-
viduel, identique à celui que nous attachons au signe ~e on
moi; il n~a pas assez compris que ce dernier signe n'emporte
avec lui rien d'universel, d'absolu, rien qui puisse avoir le
caractère d'objet pensé.
Au contraire, la chose pensante ou la substance que nous
appelons âme, par cela seul que nous lui donnons un tel nom
a
et que ieaprit !a prend pour sujet logique de durées attri-
butions, prend néaeaaaifement le caractère d'une notion uni-
vorselle, dont tout ce qui est aMrmé l'est d'un objet indé-
terminé qui n'est pas moi, et qui est indépendant de son
existence individuelle ou du sentiment qu'il en a. Aussi pen-
dant quo t'~M<<' devient te sujet d'attributions générales eom-
~<nnnes à toutes les sabatanoos du même genre, comme
t'tmmateriaHM, la force, le durable absolu et ind6(!ni, oa
l'universalité, etc., le moi ne aanratt ae prendre tHi-m~me
part'acto de réflexion que pour la sujet d'attributions parti-
cutièrea qui ne conviennent qu'à lui. ï<*c<!bft OM te mode
d'activité aoas lequel il s'aperçoit, lui est exclusivement
propre; ce n'est jamais ce modo d'activité déterminé qn'it
attribue & d'autres êtres, mais bien la force qui est abstraite
du sentiment de son effort ou de son existence individuelle,
et cette notion de force ainsi abstraite a dès lors toute la
généraHté et toute Funiversauté possible dans son application
aux.objetsdéterminés ou indéterminés,y compris l'ame à la-
quelle,nous ne pensons peut-être à rattache. notre existence
individuelleou notre moi, qu'autant que nous avons transporté
la force abstraite aux objets en mouvement qui agissent sur
tons nos sens et do diverses manières, pendant que nous
n'agissons sur eux que d'une seule manière et par un seul
sens.
H suit de là, quoiqu'en dise Descartes, que i'afnrmation/e
suis une chose peMMM~e, ne peut avoir l'acception précise
individuelle d'une vérité de fait, évidente par e/m~e
comme celle-ci, je pense ou j'aperçois mon existence person-
nelle et que cette affirmation absolue, énoncée en termes
universels, se fonde nécessairement sur le principe antérieur
de croyance; pour penser ou avant de s'apercevoir exister
sous tel mode actif ou passif, il faut être absolument une
chose en soi. Ce principe s'applique à la connaissance ou à
l'existenceparticulière de notre moi, à l'aperceptioninterne,
comme aux intuitions externes. H est associé avec chaque
connaissance ou idée particulière de fait, où il entre comme
étém~nt il fournit aussi une base ahaotao et idcntiqno &
tous les jugements succeasita qutt nous portona aur chaque
objet de nos pcrcfptiona en aMunant de lui div~Moa pra~
priétéa ou qualités de la même substance, comme toraqua
nous disons d'un corps, têt qu'un morceau d'M', par exemp!p,
qu'il est jaune, dMotite, fusible, etc., en épuisant toutes cca
propHétêa et supposant que la tfn&too aMha<anoe, te ta~mo être
reste identique 80<ta ces divers attributs. L'&trf qui est lu
aa}ot de tous ces jugements particuliers, est bien auaai le
sujet identique des propositions que noM8 forMon:) aar dos
objeta divers dont tes qnatitea seront identiqMea, ma«t o& ce
quo nous appelons <!M<~<Me<:est tai-meme non pas semMahte
mais identique, et devient ainsi le titre «M du genre le plus
<!ov< sous lequel viennent se ranger toutes les existences
objectives~a~cM/
Lorsque Descartes dit que le propre de notre esprit est do
former les propositions générâtes de la eewMMsaMM, des
pa~MM~es, il déroge en ceta à son système des idées
innées, et confond à tort les propositions générâtes abstraites,
dont le sujet logique est un terme de classe ou de ~ewe que
nous avons formé nous-mêmes, en observant plusieurs objets
qui se ressemblent, et faisant abstractionde leurs différences
individuelles ou spéciSques,avec les proposition? universettos
dont le sujet f~/ est une notion universelle nécessaire, tou-
jours présente a notre esprit, qui ne ~'a point faite, et ne peut
non plus la mettre à l'écart telle est celle dont il s'agit. Pour
penser ou connaître son existence individuelle, et avant de la
connaître, il faut être une chose, une substance; je pense, je
me connais, donc je suis une chose ou une substance pen-
sante.
Pour exister sous telle modificationdéterminée, il faut être
une eAoM en soi; or je suis modifié tour à tour de telle
manière agréable ou douloureuse, doncje suis une substance
sentante; et ce que je dis de moi ou plutôt de ce fondement
absolu de mon être que j'appelle dme, je l'affirmerai de la
même manière absolue de tous les objets particuliers que je
ha peux eoneevoif que soua l'attribution MniverseMe et néeos*
onira d'être, de Mtbstance vertu d'un principe da e~yHneo
qui m'est donné avant que je t'applique à aucune existence
dire que nous for-
connue et déterminée. 18 ne faut donc pas
(qui emportent avec ettea
mons les proposhiena universelles
MR earaeteK) de
Bécossité absolue) de la cMtnaisMMedes par-
ticMtibrea, mais ait contraire que noaa n'ajoutons !a caractère
xnivfraet à des propositions individoeMes OM particutiepea,
qM'atttant que cet universel est donné indépendaMmentd'elles,
itthereat & notre
en vertu d\ n principe antérieur de croyance
aatMre.
Sans doute je n'acquiers la connaissance du principe
qu'autant que je pense et que je conn'U!' mon existence indi-
viduelle, ou d'autres existences parUcutiores et déterminées,
et il y a maintenant une assMiatk'a intime entre ces dcus
éiétnents de toutes nos idées de ÎMis. Mais, comme en aup-
posant qu'un pur esprit peut pcns~'Fetre universo!, h snbs.
tance, sans pouvoir en déduire aucune connaissance parti-
culière, si nous étions réduits & )<cs sensations et des intui-
tions jointes à l'aperception interne do notre moi individuel,
jamais
sans aucun principe de croyance, nous ne pourrions
nécessaire, donc
nous élever de là à la notion u~iverseMe et
il n'y a point de possibilité Je déduire immédiatement les
indivi-
croyances univ<:rseUes, nêcrssaire'!1, des connaissances
duelles, pas plus que cef. connaissances des principes de
croyance; mais ces deux éléments se trouvent unis intime-
ment dans tout ce que nous appelons connaissances defaits.
U faut bien remarquer, et cela n'a point échappé à la saga-
cité des deux profonds métaphysiciens dont nous rapprochons
la méthode et les principes, que toutes tes questions relatives
a Yexistence absolue d'un monde de substances autres que
notre Ame, à la diBérence ou la distinction, fondée ou non,
entre ce monde d'invisibles que nous croyons sans te connaMre~
et l'univers sensible des phénomènes que nous connaissons,
sans être nécessites
&CC à y croire, et souvent en croyant ou conce-
vant le contraire de ce qui nous appareil; que ces questions,
la aatutiottpositive on négative dpaquetteaeat attacha
dis-j<~a à
ta sort de la tN~o~MC, ont toutes tour fondement ou tfur
véritable principe dans cette que noua venons d'examiner, en
discutant le fameux principe do Doscartes, savoir si ta Mo~oH
eu Jta croyance d 'un ~tre réel, d'une substance OM forco
absoluo, telle qu'on l'ontend quand on parle de r&nte, est
Mentiq~eau fait do la conacicncooada l'oxislenco du moi,
ou si ctte en est tout & fait distincte et a~parëe dam ce
dernier caa, si la croyance ou la notion do l'absolu peut Mrp
déduite du fait de la conscience ou de la pensée comme étant
renfenn<!e «n lui, ainsi que l'indiquo t'eathymbne da Des-
cartes, ou ai elle ne lui est simplement qu'oe~ alors quel
est le fondement, quottes sont les lois do cette association?
n'y a-t-il entre les deux termes qu'une liaison en temps? et
quel est !o premier dans l'ordre de succession? y a-t-it géné-
ration ? quel est !e générateur? l'absolu donno-t-il naissance
a la relation, ou en est-il dérivé par abstraction? n'est-ce
qu'une dépendance nécessaire entre deux idées abstraites, ou
une connexion réelle et nécessaire entre un enet et sa cause?
Suivant le parti qu'on prendra sur ces questions, le monde
des substances étrangères à notre âme, sera ou ne sera pas
distinct de celui des phénomènes ex!ernet< la croyance ou la
notion du premierservira de base ou do principe à l'autre ou
au contraire le premier ne sera qu'une déduction et peut-être
une abtraction du second. Enfin it y aura quelque moyen
d'atteindre te monde réel des substances, ou il n'y en aura
aucun. n nous sera révélé immédiatement par les sensations,
suivant une loi première de notre nature comme des choses
signinées sont représentéespar les signes qui n'ont avec elles
aucune ressemblance, ou bien nous pourrons l'atteindre par ta
raison, et l'absolu ~sera la conclusion d'un raisonnementdont
une idée de connaissancerelative quelconque sera la prémisse.
Ces opinions principales qui se partagent ettes-mêmes en
plusieurs subordonnées, sont soutenues avec la même force
dans divers systèmes de métaphysique dont chacun se trouve
fondé sur l'une ou l'autre des deux faces de la grande et
étwneMe question sur les exiaiencM, sur la maa!e)M) dont aoa
connaiaitancea privent d'eues ou atloa de aoa !déas, aur te
)~M' cMfMtft et te r~'o fa~M<M~M<~f, sur le comment il y a
quelque chose <'M«M, et comment on si noua pouvons le con-
naMre,etc. En parcourant tout ce qui a été dit dans chacun do
cas deux points de vue du proMeme, on est tenté do s'éotier
Fe))): qui potMK ycfom c«)!ne<'ftM PMM!

et do demander ~MM ~o~P ma!s l'utile inatruciton qu'on


peut rotircr de cette grande expérience dea opiniona phiioao-
phiqMes c'est que la tnmicra ne peut nattre que de la réunion
de deux pointa de vue, ou faces de la question dont lisolation
a da produire le scepticisme et l'idéalisme.
LEtnsrn!. A la manière dont Leibnitz a abordé le premier
problème de la philosophie, il est aisé de voir que la métaphy-
sique avait été sa dernière étude* aussi la manière dont il
conçut cotte science fut trop dépendante des principes de phy-
sique générale et do cosmologie saisis d'abord par ce tfénie si
éminemment systématique.
En posant les principes do la connaissance humaine,
Leibnitz songeait surtout et presque uniquementà la manière
d'établir la réalité absolue des existences, ou de justiner par
la raison la croyance nécessaire, universelle qui s'y trouve
attachée, comme par une toi naturelle que notre esprit n'a pas
faite, par une sorte d'instinct qui le maitrise, et qu'il n'est
pas libre de contrarier ou de changer.
C'est la réalité des êtres, des substances, des forces absolues,
des monadesdont notre âme qui est aussi une monade pensante,
est le miroir concentrique, c'est le ratio essendi, qui occupe
toujours ce métaphysicien, comme étant le premier terme ou
Fantécédent objectif de toute relation de connaissance, dont
notre subjectivité est le conséquent. Une grande et belle
harmonie se trouve préétablie entre ces deux termes, entre le
monde invisible des substances ou des choses, telles qu'elles
t. Cette observation a été faite par le savant et profond historien des sys-
tèmea de philosophie,M. Degerando. (M. de B.)
Mmt, et eetn! dos phénombues tels ~e les sona ou l'imagi-
nation !ea rcp~Mntent la raison ~«~ appuyca aur la
réMesion. et se aervaat de l'abstraction comme d'un inatru-
ment, parvient à aaisir cette harmonie et à en assurer les lois.
En partant de l'existence de l'&me humaine, do ses attributs,
des notions qui lui sont inhérentes (puisquelles ne aont que
l'expression do sa propre nature) comme de données ou de
principes synthétiques, ia raison atteint teaantreaesiatenccs: i
eMe Bait!es lire dana rame même; elle teaveit comme par
~?c.fMM dans 10 miroir où eHesac représentent olle doter.
mine ce que doivent être los choses pour correspondre à cet
appareil psychologique de sensations ou d'idées contingentes
ou de notions et do principes nécessaires; et résout ce grand
proMeme étant données !ea relations des choses avec notre
&me, déterminer les relations qu'elles ont entre elles et ce
qu'eues sont en eues-memes. Le principe de la raison suM-
sante que notre esprit trouveen tui-tnemea~OM,est l'unique
instrument de cette solution.
Leibnitza supérieurementvu que le principe de causalité,
tel que nous pouvons le connaître,sans sortir de nous-mêmes,
est le grand pivot de toute métaphysique qu'il forme tout le
lien qui unit nos sensations et nos idées aux choses du dehors
et ie monde des phénomènes à celui des réalités.
En partant de la causalité comme d'une relation nécessaire
entre l'objectif et le subjectif, Leibnitz a établi le réalisme
transcendantal des notions ou de ce qui leur correspond hors
de notre esprit, en même temps que lejBA~MMM~Msmede tout
ce que nos sens peuvent saisir, y compris l'MfMe. En par-
tant du moi relatif pour en déduire le subjectif absolu, sans
songer d'abord à la causalité. Descartes, au contraire, pose
les bases de l'idéalisme transcendantal,c'est-à-dire la réalité
de notre âme seulement et de ce qui est en elle. Du reste ces
deux philosophes s'appuient sur la conscience comme sur le
principe d'oit doit être déduit l'absolu de l'âme suivant Des-
cartes, l'absolu des forces ou des causes qui sont hors de
l'Ame, suivant Leibnitz.
Nous avons discuté te premier point de vue, venons main-
tenant au second.
Je trouve établi dans mon esprit avec les caractères de
nécessité et d'universalité ce principe que tout ce qui com-
mence a une cause, or cette relation ou notion nécessaire no
peut être dans mon espritsans raison sufnsante, et cette raison
c'est qn'H y ait hors de moi on de mon Ame des êtres ou des
substances qui soient entra ea~ sous ce même rapport de la
cause à t'eifet; donc ces substances existent, et la notion de
causa~Ué en est l'expression et la preuve.
Noua pouvons abréger ce raisonnement et le réduire à la
forme d'un euthymene j'ai la notion de causalité ou je pense
qu'il y a des êtres qui sont causes, donc ces êtres sont
causes.
Pour que ce raisonnement ait la valeur d'un principe
nécessaire,il faut que nous ne puissions concevoir aucun être
qui ne soit une cause et dont un autre être ou phénomène ne
soit un cMbt. Ce qui peut être vrai (et qui nous conduit direc-
tement dès le premiers pas de la science, à la cause suprême,
absolue qui est Dieu, comme Descartes y est arrivé par une
voie un peu moins directe) mais c'est là un théorème et non
pas un principe.
D'ailleurs cet énoncé du prétendu principe suppose que la
notion de causalité étant innée comme celle de t'~e absolu,
n'est cependant dans notre âme que comme y sont tontes les
idées objectives qui doiventreprésenter les autres existences,
sans qu'elle puisse les apercevoir distinctemeet en ette-même.
Observez en effet que Leibnitz ne dit jamais que nous trou-
verons la cause en nous-mêmes, comme nous y trouvons
l'~e, ta M<~aKec, et it répugnait aux principes de sa philo-
sophie d'admettre l'Ame commeune cause efficiente, première
par rapport à elle, puisqu'en effet elle ne produit rien hors
d'elle ni en elle, et qu'il n'y a en elle qu'une représentation
ou prévoyance de ce qui arriva par des lois qui sont au-
dessus d'elle et a qui eUe obéit. Aussi si l'Ame met de l'être
partout parce qu'elleest un ~fe, eUe ne conçoit pointla notion
<de CMtaalM objective, parce qu'elle est une cause; au con-
traire, elle no trouve la causalité en eUe-même, que parce
qu'elle l'a prise au dehors, ou plutôt, comme rien n'agit sur
elle, et qu'elle De rêagit sur rien, parce qu'il est dans sa nature
de représenter ce qui est au dehors suivant les lois de l'har-
monie préétablie entre son monde intérieur et celui des subs-
tances qui sont causes et effets les unes par rapport aux
autres.
Ici nous trouvons que la méthode de Leibnitz s'écarte tout
& fait de celle de Descartes et franchitd'un saut un intervalle
entre deux points qui réclamaient quelque intermédiaire.
Je trouve établie dans mon espritla notion de cause à effet,
donc il y a des êtres qui sont causes et etfets.
li faut prouver que nous ne pourrionspas avoir cette notion,
sans des êtres qui soient entre eux dans le môme rapport.
Mais comment ou sur quel fondement affirmons-nous telle
relation des êtres, ou leur en faisons-nous l'application,
n'est-ce pas parce que nous l'avons déjà par devers nous, et
peut-être avant que nous ayons aucune notion d'êtres? Ce
n'est donc pas en eux, mais seulement dans notre esprit, que
nous pouvons fn trouver le fondement.
Le paralogisme est ici évident en partant de la notion de
ceMM/t~, on prétend justifier la réalité des substances, et en
partant de cette réalité, on veutjnstiBer cette notion.
Le seul moyen d'éviter le paralogisme était d'appliquerà la
causalité ce qui avait été dit de l'être, en se demandant.
comment nous pourrions avoir quelques notions de causes, t
si nous n'étions pas causes nous-mêmes. Prenant ainsi le fait
de l'existence comme identique à celui d'une cause, on en vient
au principe de Descartos j'existe comme cause relative
pour moi-mêaae, donc j'ai une âme qui est çaMse ou force
absolue et les mêmes questions que nous avons faites sur
la liaison des deux propositions se reproduisent ici. Mais il y
avait de plus à chercher comment la notion ça la croyance
d'une force absolue qui est notre âme, étant comprise dans
le fait primitif de la causalité de notre moi d'où le raisonne-
ment la déduit, ou seulement associée avec ce fait dont
l'analyse de réflexion la distingua comment, dis~e, cette
action transportée hors de notre âme peuple pour notre
esprit un monde de forces, de causes, en même temps que de
substances invisibles et inimaginables?
C'est cette lacune que Descartes n'a cherché à combler
qu'au moyen de l'intervention divine, ~Mt~M<Ha <&«s ex ma-
china, et que Leibnitz a laissée dans sa philosophie en négli-
geant tout intermédiaire et en objectivant de prime abord la
notion de causalité sans savoir le fondement qu'elle a, non pas
dans notre Ame comme notion innée, absolue, universelle,
mais d'abord dans notre moi, comme aperoeption interne,
individuelle et relative.
Nous voici conduits à chercher le passage du fait primitif
aux notions* qui peuvent en être dérivées, ou les liens qui
existent entre la connaissance première et nos croyances, qui
ne peuvent jamais être confondues.
En rénéchissantsur les exemples que nous venons de pré-
senter, on s'aperçoit aisément que l'erreur commune aux
plus grands métaphysiciens est i* d'être partis de notions ou
de croyances comme essentiellement renfermées dans le fait
de l'existencede notre moi identiSé avec l'~e de notre âme;
2° d'avoir cru que ces croyances ou notions se liaient immé-
diatement aux sensations reçues du dehors on aux phéno-
mènes <M<Mt~ d'où le jugement imd de la réalité absolue de
notre corps ou de la substance étendue à laquelle nous rap-
portons les sensations affectives, et de ce que nous appelons
corps étrangers auxquels se rapportent les intuitions~ l'être,
la substance entrant, comme dit Leibnitz, dans ces idées de
sensation, parce que l'âme qui les reçoit est un être, d'où
encore les jugements universels et nécessaires sur la perma-
nence des êtres, sur la constance des lois de la nature, les
relations de cause à effet, qui ne sont que l'application que
nous faisons des principes ou des notions qui sont en nous à
priori.
Recherches sur t'origtne de~ notions on croyances.

tt0 motidentiBé avec l'effort ou le pouvoir moteur, ne peut


éprouver ou sentir la modification liée immédiatement à
l'exercice de ce ~OMCOM' sans avoir l'aperception interne de
lui-même comme cause et réciproquement il ne peut avoir
l'aperceptionde lui-même comme cause sans éprouver la mo-
dification qui est l'effet immédiat de sa force constitutive et
qui suit ou accompagne constamment l'exercice de son pou-
voir moteur.
Le sentiment d'un effort cause, et celui d'une modincation
spéciale qui en est l'efbt, sont les deux éléments indivisibles,
mais distincts, dufait de conscience.
Par l'emploi des facultés de réflexion et d'abstraction qui
sont bien dans notre nature, mais dont l'exercice est plus ou
moins tardif, nous parvenons à concevoir et à noter séparé-
ment par des signes les deux termes de cette première rela-
tion, savoir le mot (cause) comme ayant une existence ou une
réalité séparée indépendante de tout sentiment actuel d'an
effet ou changement produit dans le corps organisé sur qui
l'effort se déploie, et cet e~ ou mode produitdans le terme
de l'effort, comme existant aussi séparément et indépendam-
ment de sa cause ou du moi. De là deux notions séparées
l'une de l'absolu d'one force indépendante de tout effort dé-
terminé, et dont le durable est une tendance à agir, alors qu'il
n'y a point d'action effective; l'autre de l'absolu d'une
substance corporelle, passive, capable d'être modifiée et mue
par l'effort, mais dont le durable est indépendantde toute mo-
dinoation ou mouvement effectué.

1. Ce résTtttat d'nne analyse plus approfondieque motM développeronsbien-


tM pourrait sembler n'avotr ici qu'nne dateur logique telle que celle-ci là
o& on suppose nn ettet en tant que tel, il y a une cause et vice ce~, etc.
On pourrait demander pourquoi le moi no se trouverait pas aussi bien sons
la première impression passive venue dn dehors, que sous une modification
conçue uniquement par la nature de i'âme et accompagnéedu premier sen-
timent de pouvoir, nous répondrons à cette question. (M. de B.)
Que ces deux notions se trouventmaintenantétablies à titre
de croyances nécessaires dans un esprit rénécM ~M< <y jae~Me
comme t~/aM~, et qui est capable d'attacher un sens vrai à la
formule je pense, donc je suis, c'est ce qu'on no peut nier.
Qu'elles aient leur principe dans la nature de l'être pensant et
sentant, c'est ce qu'on peut accorder aussi sans qu'il s'ensuive
pour cela qu'elles soient innées a priori ou indépendantes,
comme notions, de toute expérience interne ou externe; le
contraire sera prouvé si, on partant de ce fait primitif et sui-
vant régulièrementl'ordre des procédés de notre esprit, nous
sommes conduits, je ne dis pas à justiner ces:croyances(elles
n'en ont pas besoin) mais~ à dire comment et à quels titres
nous possédons les notions de deux réalités absolues ou do
deux mondes de substances matérielles et immatérielles.
Or cette recherche serait inutile et n'aurait point d'objet si,
comme l'ont supposé presque tous les métaphysiciens, l'âme
substance séparée était identinéo au mot humain, ou si la
notion que l'âme est censée avoir primitivement en elle-même
par cela seul qu'elle est, était identique à la conscienceactuelle
du moi tellement que l'individu ne pût s'apercevoir qu'il existe
sous un mode déterminé quelconque, et particulièrementsous
la relation de cause à effet, sans connattre et croire en même
temps qu'il est un ~<fe, une substance on une force absolue;
que le corps sur qui et par qui son âme agit a une étendue
durable, absolue enfin que le monde extérieur pbanoméniqne
et variable des intuitions cache sous lui un monde réel/per-
manent et invariable de causes et de substances.
Mais admettons, au moins provisoirement, qu'il n'en est
pas ainsi et que le sujet sentant et agissant s'élève successive-
ment par une suite de progrès du fait de consciencepurement
re&ï~ ou qui ne comprend encore aucune notion d'a~o~M, à
ces concepts ou croyances de deux réalités absolues, l'une
immatérielle qui pourra être énoncée par la formuler pense
moi, abae suis substantiellement une chose ~eHMM~; l'autre
matérielle qui pourrait être exprimée par cette autre formule
énonciative d'une croyance non moins absolue et qui se trouve
renfermée dans la première :ayts volontairement pOMf MMM-
voir mon corps, donc le corps P~tMte~M~NMCPmobile, ~M~K~
inerte.
Il est question de savoir comment, d« quelle manière et à
quel titre elles s'y trouvent établies avec leur caractère absolu,
universel, nécessaire, etc. Si elles sont toîtienaporaines ou
nées l'une après l'autre, ou peut-être rune de l'autre ou s'il
est impossible de les ramener au même principe de dériva-
tion.
Quand on part d'une maxime absolue telle que celle-ci je
jMHse.~e sMM une substance ~eMS<!H<e, comme d'un principe
unique où viennent converger et se réunir les deux sys-
tèmes de nos croyances identifiées et confondues l'une avec
l'autre, on s'épargne bien des recherches, mais on fait une
supposition impossible à justifier a posteriori par l'expérience
ou a priori par le raisonnement,sans employer l'intermédiaire
du fait primitif. Cette supposition, c'est que le moi ne peut
s'apercevoirou se connaître sous un mode relatif, sans con-
nattre ou croire en uème temps son être absolu.
Je crois qu'on peut induire avec assez de vraisemblance de
l'observationdes faits psychologiques qu'il n'est point essen-
tiel à un être qui commence à vivre, à sentir, à mouvoir et à
connattre son existence individuelle, d'avoir en même temps
la notion du durable d'une substance sentante et motrice, et
qu'une telle notion n'a du être le produit que de la raison
perfectionnée par l'habitude de réNéchir et d'abstraire. Mais
avant que cette notion soit formée et qu'il y ait des signes
pour l'exprimer, le moi existe et se prend lui-même dans
l'expérience intérieure pour la cause immédiate de tous les
modes actifs accompagnés d'un effort déployé sur le corps
propre; et c'est à celui-ci que se rapportent ensuite, comme à
un sujet permanent d'inhérence, toutes les affectionsvariables
ou modificationspassagères de la sensibilité.
La conscience du moi est donc bien indivisible de la percep-
tion !tKM!eeSa<e du corps propre, ce que les cartésiens ont
exprimé en disant que l'âme a l'idée innée de son union avec
14
Je corps. Et ce que Spinosa a falsifié ou exagéré en disant que
la consciencede l'âme on du moi n'est que l'idée immédiate
du corps. Mais cette perception immédiate du corps n'est-elle
pas celle de la substance corporelle, ou n'est-ce pas à l'éten.
duo que s'applique d'abord le principe de croyance d'une
réalité absolue ou indépendantede la perception que nous en
avons? et peut-il y avoir originairementquelque réalité conçue
hors de l'étendue ou de l'espace?S'il en était autrement ou si
le sentiment du moiemportait avec lui la croyance ou Je con-
cept d'une substance séparée do cette portion d'étendue sou-
mise à notre volonté motrice, et par laquelle seule nous
sentons ou croyons MH&'f, tous les hommes et même les phi-
losophes seraient-ils enclins à confondre ce qu'ils appellent
le moi avec le corps propre? Ce qu'on appelle Mf~a'Mccserait-
il si universellement entendu, comme le dit Hobbos, sous une
raison de MM<<~e? Enfin le procédé pour lequel l'esprit par-
'icnta distinguer et à nommer sep .rémont le sujet individuel
qui perçoit tout, sans pouvoir se présenter ou se voir lui-même
comme objet, ne serait pas si difficile, si lent, si incertain que
la plus grande partie des hommes même éclairés, ne s'y sont
jamais complètementélevés.
Il est vrai que lorsque la distinction ou la séparationdu moi
est une fois faite comMe il faut, par l'acte do réflexion et
notée par un signe, il s'y joint nécessairement la croyance
d'un être, d'une réalité absolue, indépendante de la conscience
actuelle; mais cette réalité d'une substance, lorsqu'elle est
plus que nominale, s'entend encore le plus souvent sous une
raison de matière; et le moi ?e prend ou s'imagine lui-même
comme un mode de la substance étendue du corps, suivant le
point de vue d'un philosophe qui a poussé jusqu'au bout et
de la manière la plus conséquente les spéculations abstraites.
La conscience du moi, la pensée ne serait qu'une modifica-
tion de la substance unique qui a en même temps l'étendue et
la pensée pour attributs.

i. Spiuosa. Eth. P. Il. (M. de B.)


De telles idées se trouvent bien e'Ttainomcnt en opposition
avec le témoignage du sens intime bien consulté et part
toute vue systématique; mais cites prouvent par le fait que la
notion ou la croyance de l'Ame substance ~fMs~H~, et que le
durable, hors de la conscience actuelle, est peut-être la der-
nière des abstractions à laquelle l'esprit humain puisse s'éle-
ver, loin de pouvoir Atre placée à l'entrée de la science et iden-
tinéo avec le fait primitif ou renfermée en lui. Ce qui est
essentiel & ce fait ou identique avec lui, c'est te rapport immé-
diatementaperçu d'une cause agissante son effet produit sur
un terme résistant ou inerte, en qui ou par qui la force s'ac-
tualise, s'aperçoit ou existe elle-même.
Otcz ce terme et la conscience du moi s'évanouit avec
t'c~b~ ooM~K, comme il arrive dans te sommeil, les défail-
lances etc. Ce qui reste c'est la notion d'une force virtuelle ou
qui a dans son durable la tendance à l'action, et c'est à une telle
notion que s'attachela croyance d'un absolu de l'âme, substance
essentiellement active, et qui, si l'on veut encore l'appeler
SK&!<aace, diffère essentiellement de la substance passive, à
laquelle sont inhérentes les modifications, et ne pourrait de
même être entendue sous une raison de matière. Si l'homme
parvient, par ses facultés naturelles, à s'assurer de la sub-
stance et de la réalité de son âme séparée et à en avoir une
conviction supérieure à toutes les épreuves, il ne faut pas dire
comm" Descartes, qu'il soit plus assuré par le fait de cons-
cience ou le sentiment intérieur de sa propre pensée, de
l'existence réeie de son dme que de ce~e de son corps; car en
partant do ce fait identique à une première action, au premier
effort de l'âme, elle ne commence à s'apercevoir ou à se con-
naître moi, que dans sa relation avec le corps, ou le terme
auquel s'applique immédiatement sa force motrice en passant
du virtuel à l'effectif, du possible à l'existence. Et en suppo-
sant même que l'esprit puisse jamais s'élever à la notion com-
plète d'une force absolue séparée et non pas seulement dis-
tmcte de son terme de déploiement, il ne saurait Atra ni plus
ni moins assuré de la réalité de l'un des termes de ce rapport
qui constitue un fait de l'existeneo individuelle de l'~NMMHe
qu'il n'est assuré de l'autre, car la croyance de l'absolu s'at-
tache égalemont à chacun dos doux termes, quand on y pense
par ft~s~ac~oH mais la science, la connaissance réelle et
positive ne peut s'attacher qu'aux deux réunis~ et les embrasse
simultanémentdans son point de vue, sans séparationni par-
tage
Tout cela posé, voici donc l'ordre des progrès par lesquels
le tnoi commençant a exister pour lui-même pourrait s'éle-
ver de sa connaissance personnelle distincte et non séparée
de la perception immédiate et continue du corps propre à
des notions ou croyances de réalités absolues, de substances
matérielles ou immatériellesindépendantes de toutes percep-
tions phénoméniquos.
Étant donnés les trois étémonts quo nous avons déjà distin-
gués sous les titres do phénomènes affectifs, intuitifs et do moi
(fait primitif do conscience et principe ou fondement do la
connaissance), nous sommes maintenant fondés à y joindre
comme quatrième élément la croyance qui, on se joignant au
système de la connaissance, lui imprime un caractère a~o/M,
qu'on no pout s'empêcher d'y reconnattro et qui n'aurait pas
lieu sans lui.
Indiquons les produits des combinaisons de ce nouvel élé-
ment avec chacun des précédents
En faisant abstraction du moi pour remonter jusqu'& un
état antérieur et absolu où l'âme est dite penser sans se con-
nattre ou sentir sans le savoir, on ne peut s'en faire d'antre
notion que celle dont on reconnaît le type dans tous les états
où la pensée sommeille, et où l'individu étant, comme on dit
vulgairement,hors de lui-même ou n'ayant pas la conscience,
le compos sui, est hors des lois de la nature humaine. Dans
cet état, la sensibilité peut s'exercer au plus haut degré, et
l'imagination prédominer avec une force d'autant plus grande
qu'elle n'a plus de contrepoids datM aucune de nos facultés
<t Spinosa dit très bien ce que nous eaTona et connaissons, mais il ne
rend pM raison de ce que nous croyons. (M. de B.)
actives; o!!e crée Mac multitude de fantonx'a, qui sa suivent
ou s'assoeient fortuitement sans ordM, sans liaison. Chacun
de ces fantômes a tout l'ascendant de la a~~M; l'être
sentant ne se dit pas à lui-même quo ce qu'il voit ou dont il a
l'intuition par son cerveau exalté existe réellement; il n'est
pas en état do distinguer le phénomène de la croyance qu'il y
a}oute. Mais ces doux etémenta, que t'être pensant set'* est
appelé à distinguer, n'en sont pas moins intimement unis; on
reconnait leur association aux mouvements aveugles tels que
les revoa, les délires de diMrentea espèces, qui fournissent
des exemples très propres à nous faire concevoir rassociation
du principe do croyance avec les phénomènes intuitifs ou a~
fectifs sans rintennëdiairodu~ot'. Considérée dans cet état
<t~o/« d'âme senaitivo ayant la pensée et l'actionen pMMsaMee,
mais ne l'exerçant pas actuellement ou ne faisant que p&tir et
réagir sans conscience, Famé n'est point le mot; on peut dire
ou croire qu'elle est mais on tant qu'elle no le sait point ou
ne peut le savoir, c'est pour eMe-memo, et relativement au fait
(te la conscience, comme s'il n'y avait rien, ni existence, ni
croyance.
Pour que l'Ame ou plutôt pour que t'AoMMMc devienne moi
il faut que l'ame détermine librement et hors de la nécessité
de la nature organique, une première action ou effort cet
effort voulu en principe et senti en résultat est la première
relation qui comprend indivisiblement l'aperception du moi
cause et celle d'un effet senti comme tel.
Le fait relatif de conscience a bien son fondement ou son
principe dans l'absolu en tant qu'il y a quelque réalité absolue
avant ce fait, comme nous ne pouvons nous empêcher de le
croire dès que nous venons à y penser; laM<OMOuIacroy<7Kce
de l'absolu se fonde à son tour sur le fait primitif ou la pre-

<. On poarmit <Mfe an sujet de la croyance la qaesttom qu'on a faite au


sujet du beau est-il beau parce qu'il nous plait, ou nom plaît-il parce qu'it
est Leau ? CMyoM-noas mcecssaitBBMmtMM eh~ae parée qu'eUe est traie et
qo'eUe existe réellement ou m'est-eHe vraie, n'existe-t-cHe que parce que ou
en tant que nous la croyons? (M. de B.)
mi~e r&ttMXMt,sans laquelle il ne saurait y avoir, je ne dis pas
aucun principe do croyance, mais aucune notion de l'objet
indéterminéde la croyance.
Lorsque le moi existe ou qu'il ya un sujet de connaissance,
une personne constituée qui s'aperçoit et se représente ou
perçoit tes phénomènes, ce n'est plus à coa phénomènes
simples que s'unit un'principo do croyance aveugle et méca-
nique c'est à des faits complots et des rapports
que s'attache
une croyanco alors éclairée jusque dans son indéterminationet
son caractère do nécessité.
C'est le moi qui croit, c'est lui qui sort d'intermédiaireet de
lien entre los phénomènes et les êtres réels dont ils sont
comme l'enveloppe; c'est le moi qui affirme ou juge qu'il y a
(le tels êtres cachés sous les apparences sensibles,
en mémo
temps qu'il affirme, on peut-être même avant de croire qu'it
y a un être réel substantiel caché sous la conscience qu'il a de
tui-m&mo, et sous les modifications qu'il aperçoit
comme des
effets dont il est cause.
Ainsi commencent à exister pour nous ou à être «'MS deux
mondes invisibles très distincts do ceux des phénomènes
externes et internes, celui des causes et des substances étran-
gères, et celui de t'ame et des attributs qui sont censés lui être
inhérents, par cela seul qu'elle est, et sans qu'elle ait besoin
do se connaître. On pourrait penser que ces deux mondes
do substances ne sont autre chose que des produits de t'analyse
artificielle des faits externes ou internes, composés naturels
dont nous créons les éléments, en les distinguant par notre
faculté d'abstraire et à l'aide de nos signes conventionnels; et
on aurait raison s'il n'y avait pas une croyance nécessaire atta-
chée à ce qui reste de chacun de ces ordres de faits, y compris
le fait. primitif lui-même lorsqu'on en a oté tout
ce qu'il y a
de phénoménique ou de perceptible aux sens
ou à l'imagina-
tion. Assurémentla notion de substance, de force qu'on obtient
ainsi a une tout autre valeur que celle des qualités séparées
de leurs sujets, ou des idées générales que le langage note
par des substantifs abstraits. Si l'on niait la différence il
serait facile do prouver à ceux qui la aient en théorie, qu'ils
J'admettent eux-mëmea dans le pratiqueet toutes les foiaqu'Us
portent un jugement de fait quelconque, etc. Qu'il n'y ait
aucune MHayc attachée aux cotions, pas plus qu'aux idées
générâtes, cela est certain mais que les premières emportent
avec elles une croyance de réalité absolue, indépendante do
nos idées ou do nos sensations, qui les différenciedes abstrac-
tions que nous formons à vo!ontéoansy croire, c'est ce qu'on
no peut se dispenser de reconnaître quand on ne pourrait pas
l'expliquer.
L'acte de reOexion fait pour ainsi dire le départ du principe
de croyance des phénomènes auxquels il était uni, pour t'unir
à chacun de ces mondes de substances invisibles qui ont seules
droit à la réalité absolue et se trouvent exprimées dans l'esprit
par des notions d'où la connaissance objective se trotne
exclue, mais dont une croyance nécessaire fait toute la base.
Ce que le moi, l'aperceptioninterne ou externe, médiate ou
immédiate d'une cause comprise dans le sentiment de l'effort,
est aux phénomènes, la croyance d'une fjalité absolue l'est
aux faits externes ou internes; en d'autres termes, les notions
(telles que nous les considérons) sont aux faits ce que ces
faits sont aux phénomènes simples, ou unis au principe de
croyance instinctive.
Comme le sentiment ou l'idée première d'une caaso donne
un point d'appui aux phénomènes variables et passagers, aux
affections ou intuitions, et devient le principe de leur coordi-
nation régulière dans le temps, dont la succession n'est con-
nue que relativementà quelque chose qui reste; de même ta
notion ou croyance d'une réalité absolue, indépendante de
toute connaissance ou des faits qui la supposent et s'y rat-
tachent, donne seule une base réette et permanente à ces faits
successifs et variables dans l'un au moins de leurs éléments
elle leur assigne un principe générateur, un prius ~M/M~c dans
l'ordre de la ca~Mtité; eUe coordonne tonte succession à une
durée absolue, indépendantedu temps relatif, qui en est la
mesure et l'emblème; elle établit enfin par delà ce temps, des
loia constantes et invariables qui dirigeaient les phénomènes
de la nature avant qu'ils fussent aéa pour noua, avant quo
nous existassions même; qui continuent toujours à les régler
quand nous ne pouvons les voir, et les régleront encore quand
nous ne serons plus.
Tel est ou tel noua concevons au moins le passage et les
rapports dos phénomènes aux faits, des principes do croyance
à des croyances positives, qui entrent comme éléments dans
les faits externes ou internes, et ennn do ce dernier composé
aux NO<«MM. Celles-ci ne peuvent exister à ce titre dans l'es-
prit humain que par l'acte de réOexion et d'abstraction qui
parvient à séparer dans une connaissance do fait quelconque
externe ou interne, ce que nous connaissons ou pouvons con-
nattre par l'exercice do toutes nos facultés, do ce que nous
croyons et sommes nécessités à croire comme indépendant
de l'exercice de ces facultés, et sans pouvoir y appliquer
aucun de nos moyens de connaître.
J'ai besoin de m'arrêter encore sur ce procédé de l'esprit
qui peut le conduire des faits aux notions, et d'abord du fait
primitif ou du moi à la notion de l'âme substance, soit immé-
diatement,soit par un intermédiairequ'il s'agit de déterminer.
C'est ainsi que nous pourrons faciliter du moins l'abord du
premier problème de la philosophie, s'il ne nous est pas donné
de le résoudre complètement.
Le moi qui se connaît comme cause peut n'avoir encore
aucune notion de Famé mais son identité reconnue par la
mémoire dans deux temps différents, dans l'intervalle, par
exemple, qui sépare le commencement et la fin du sommeil
du moi, doit amener la croyance nécessaire d'un être ou d'une
substance qui dure absolument, lorsque le moi cesse d'exister
dans un temps relatif. L'autorité seule d'une telle croyance
suffit pour établir la réalité absolue de l'être avec qui le moi
s'identiSe d'une part, et en tant qu'il se sait exister présente-
ment, mais dont il se distingue d'une autre part, CM attri-
buant à cet être une durée absolue permanente, qu'il sait par
expérience ne pas lui convenir. Vainement on dirait d'après
le principe de la croyance que te moi ne peut être sans t'ame
noua dirons d'après le fait de conscience qu'il peut exister et
te savoir, sans croire d'abord qu'il est Mo avec une substanco
et qu'il ne peut s'élever à cette croyance ou notion d'âme,
qu'en prenant poar type ce qu'il est lui-mêmedans sa propre
aperoeption. Ainsi il concevra la cause, parce qu'il est lui-
même une cause ou force agissanterelative à nn eHet produit
déterminé, tel qu'un mouvement produit dans des organes
soumis à la volonté, en faisant abstraction de cet effet déter-
miné, il concevra une force a&so/Me qui n'agit pas, mais qui a
en elle la possibilité d'agir. Ce qui diHéreneie cette corrélation
vraiment abstraite do ce qu'on appelle abstraction ou idée
générale en terme de logique, c'est la réalité absolue de la
substance qui reste toujours attachée à la notion de la force
ou substance de t'ame, alors que la conscience du M<M on est
séparée.
Ce sont de telles abstractions réalisées sans que nous puis-
sions faire autrement, qui étant en elles-mêmes objets de
croyances nécessaires, universelles, constituent ce que nous
appelons notions. Toute notion peut être ainsi considérée
comme abstraite du fait primitifdo la eotMeMMeede M<K, c'est
ce qui reste quand on sépare de ce qui est connu par le mot
comme lui appartenant en propre, ce qui est connu ou cru
appartenir à l'âme telle qu'elle est hors du sentiment du ma!
ou de la pensée.
Le moi ne peut se transporter hors de lui-même, ou s'aper-
cevoir là où il n'est pas; mais lorsqu'il abstrait de ce qu'il
aperçoit ou conçoit de lui-même, ce qu'il croit être de son
âme, il pourra transporter à tous les objets hors de lui ce
qu'il attribue objectivement à son âme, la substance,la durée,
la causalité, et réciproquement, il pourra être conduit à
croire ou concevoir son âme sous diverses attributions objec-
tives, sous lesquelles il répugnerait de concevoir le NMM.
(c'est ainsi que l'âme apaasé pour être un feu subtil, on petit
corps éthéré, nn fluide secrété par le cerveau, toutes choses
qu'il serait ridicule de confondre avec le moi, qui est toujours
essentiellement distinct de co qn'i! pense, imagine, ou croit
être dans los objets). Sans t'apereeption interne, immédiate
de la causalité du mot, nous n'aurions pas la notion de force
absolue, d'êtres, de substances, en tant qu'elles en sont déri-
vées. Ce n'est qu'en confondant l'dme et te mot, que Leibnitz
a pu dire que nous trouvions en nous tes notions absolues
d'êtres, de substances. Si, comme Descartes, il n'a pas com-
pris la notion de causalité au nombre de celles que nous
trouvons en nous, c'est qu'on otant à F<hMe la causalité <~î-
eMH~e par crainte de l'égaler à Dieu, it n'a
eu aucun égard à
ce sentiment de pouvoir par lequel notre mot est constitué
pour lui-même, non comme une force <~<~<«', illimitée ou
universelle, mais d'abord comme une cause individuelle
particulière, relative à certains actes ou mouvements que le
mot commence, et qui n'auraient pas lieu sans lui.
Ainsi Leibnitz fait venir du dehors précisément la seule
Ho/MH proprementdite que l'âme identinée avec le moi puisse
être dite tirer d'elle-méme; tandis qu'il regarde comme inhé-
rentes af<hHe, en qualité do principes MM~s. les notions abso-
lues d'être, de substance, que le sujet pensant ne saurait
con-
cevoir que par l'abstraction des faits externes ou internes.
quoiqu'il soit vrai que notre âme ou notre être substantiel en
fournisse te fond.
Dans le point de vue de Leibnitz les notions innées sont
celles que l'Ame a la faculté de trouver en elle seule, en
pen-
sant à ce qu'elle est; et comme en considérant la chose a priori
il répugne de dire que l'amo soit cause efficiente première,
puisque c'est une substance créée, elle ne saurait avoir la
notion innée de cause; par la même raison elle ne peut avoir
la notion innée d'infini, ni d'aucun des attributs de Dieu. Leib-
nitz nous dit lui-même comment nous acquérons ces notions,
savoir en partant de ce que nous sommes ou de ce
que notre
âme trouve dans son être propre et en écartant les limites
pour concevoir ces attributs dans Dieu. c'est bien dire qu'il
n'y a pas en nous de notion immédiate de l'infini, et que nous
y arrivons par le /&M. Et, en appliquant cela à l'absolu, on
dirait do même quo nous n'y arrivons que par le relatif, ce qui
détruit d'un côté le caractère des notions innéca ou c~oM,
qu'on a voulu établir de l'autre, en se fondant sur ce que dos
notions universelles, nécessaires, no peuvent venir de l'expé-
rience, comme si ce n'était pas une première expérience inté-
rieure, que cotte première connaissance du moi, ou la pre-
mière aperception immédiate de la causalité qui lui est
inhérente, et qu'il ne peut séparer par conséquent d'aucune
idée de fait, pas plus qu'il ne peut se séparer lui-même de tout
ce qu'i! conçoit <*a pense; ce qui suffit bien pour rendre
raison des caractères d'universalitéet de nécessité des notions
dont il s'agit, sans qu'on ait besoin de les admettre a priori.
Suivant Descartes, il y a des idées innées de choses dont
l'Ame n'a en elle-même aucun archétype. Dieu, l'infini,
l'immense, la ~M<e-pKtMaac< etc.; et c'est précisément
parce que notre Ame a la faculté de concevoir de telles idées
qu'elle ne fait point et dont et!o ne peut trouver en elle-même
aucun modèle, que Descartes conclut immédiatement la
réalité objective ou formelle de ces idées; ainsi de ce que
nous avons l'idée de Dieu comme d'un être infini, éminem-
ment parfait, à qui l'existence réelle appartient, il s~ensuit
que Dieu existe, car s'il n'existait pas, d'oa nous en viendrait
l'idée, ou comment pourrions-nous y penser?
Ce point de vue conduirait droit au JMa~MHcAMtMe et au
.SpmosMMM en effet lorsque nous avons les idées ou notions
d'un absolu, d'un infini réd, présentes à notre esprit, que
nons n'avons pu faire par aucun artifice, et dont nous ne
trouvons le modèle ni en nous-mêmesni dans ce qui peut
tomber sons nos sens nous ne pouvons voir ces idées qu'en
Dieu, qui contient formellement et éminemment les objets de
ces idées et qui les transmetà notre esprit comme des reflets
de sa propre substance ce n'est donc point de notre âme que
nous tirons les idées ou notions de l'être, de substance, de
cause eBiciente, mais c'est Dieu seul qui les transmet à notre
esprit comme des reflets de son être absolu, infini, et de là il
suit encore que notre âme n'existe pas substantiellement,
mais comme modification de l'infini, du grand tout,
en qui
elle pense et aperçoit ce qu'elle n'est point.
Descartes, Malebrancheet Spinosa se donnent la main.
Voilà des exemples célèbres et bien instructifs de l'abus
trop commun parmi les philosophes de prétendre soumettre
aux lois de la eoMtM&Mwe ce qui est du domaine exclusif de
nos croyances nécessaires. Ils s'imaginent que nous pouvons
atteindre tes réalités absolues, tes choses telles qu'elles sont
indépendamment de la pensée, uniquement parce
que nous
croyons qu'elles sont lorsque nous n'y pensons pas.
Ici est bien remarquable queLeibnitz en refusant de
ranger
la causalité parmi les notions innées que l'âme trouve
en
elle-même en pensant à ce ~M'e~e est, ait appliqué précisé-
ment à cette notion le raisonnementde Descartes sur les idées
d'inSni et qu'il admet comme innées quoique sans modèle
en
nous « Nous avons, dit-il, la notion de cause et d'eSet; or
cette notion ne pourrait jamais nattre dans notre âme, s'il
n'y avait pas des substances hors de nous qui fussent entre
elles dans le rapport de la cause à l'effet; donc ces subs-
tances existent réellement. »
Si l'on retrouve l'argument de Descartes, j'ai l'idée de
Dieu (d'une cause suprême), donc Dieu existe réellement.
Là, Leibnitz part aussi de l'absolu des causes
ou forces
étrangères à l'&me, pour justifier la notion que nous en
avons; et il tombe dans le paralogisme étemel de la méta-
physique.
On part des notions pour prouver des substances hors de
nous, en appliquant le principe de la causalité; et on croit
pouvoirjustifier ensuite les notions et le principe lui-même,
en partant de réalités absolues, comme si celles-ci pouvaient
être en elles-mêmes indépendamment d'un principe qui est
en nous ou dans notre moi, avant toute application. En par-
tant du moi ou de la conscience comme d'une première rela-
tion, on voit clairement comment la notion de l'absolu de
l'être, de la substance, de la force, en dérive par l'analyse et
l'abstraction réfléchie. An contraire, en prenant
son point
de départ dans l'a~a/M supposé inné, on ne peut en dériver
le relatif; il faut le faire venir d'ailleurs et se contredite
comme Doscartes au sujet de l'idée de Dieu, de l'infini, et
Leibnitz au sujet de l'idée de cause, en ce que certaines
notions sont suggérées, inspirées à notre âme, du dehors ou
d'en haut, et pourtant qu'elleslui sont innées, etc.
Le moi doit être le point de départ, l'appui, ou du moins
l'intermédiaire essentiel de toutes les notions auxquelles
s'attachela croyance d'une réalité absolue.
Avant le moi, je ne dirai pas que l'âme ne soit rien qu'une
faculté, puisque nous sommes nécessités à croire le contraire,
mais je dirai hardiment que tout ce qui est ou qu'on peut
croire à priori ou concevoir à posteriori, dans cette substance,
est nul pour la connaissance, ou n'existe pas pour nous,
puisque nous n'existons pas nous-mêmes.
Le moine peut se connaître ni connaître les autres choses
qu'en tant qu'il existe et comme il existe; et comme il ne
s'aperçoitlui-même que sous un mode actif, dont il est cause,
il ne percevra les autres existences que sous des modes passifs,
dont il n'est pas cause, ou qui commencent et continuent sans
son effort. Les existences étrangères ne sont donc d'abord
que des causes. Telle est la première croyance ou le passage
du principe au fait. Ces causes étrangères conçues existantes
relativementMeurs effets, étant nommées à part, ou abstraites
de tels effets particuliers, deviennent les êtres,les substances
qui durent et restent identiques, quand les phénomènes qui
s'y rapportentpassent et varient; le moi croit d'abord la réalité
absolue de cet être ou force ~rop!*e et absolue, qu'il appelle
son âme, et à laquelle il attribue une durée antre que la sienne.
Comme la cause étrangèreest induitedu sentiment de la cau-
salité du moi, la notion de la force absolue ou de la substance
de l'âme est induite des notionsd'êtres et de substances exté-
rieures. Mais s'il ne se connaissait pas d'abord comme cause
déterminée,individuelle, il n'aurait jamais la perception d'au-
cune cause étrangère déterminée par relation aux sensations
qu'il éprouve sans les produire. En eBet, l'induction première
qui rattache cette sensation passive à une cause autre que le
moi, est bien plus rapprochée de la notion do substance étran-
gère dont elle ne diffère même peut-être que par un signe abs-
trait, que le sentiment du moi cause n'est rapproché de la notion
de substance ou force absolue de l'âme, et il me paraîtque l'ana-
lyse doitadmettrela notion d'extérioritécomme intermédiaire
essentiel entre ce sentiment et cette notion. Mais en partant
même des notions d'être, de substance durable, ou même
de cause, comme innées, si l'on voulait chercher à délier au
lieu de trancher le nœud de la question qui consisterait à
savoir, sinon d*ou viennent de telles notions, ou quelle est
leur origine de leur dérivation, du moins comment, d'après
quelles lois ou conditions elles peuvent commencer à se
M<MM/<M<er à l'esprit sous les formes et avec tous les carac-
tères qu'elles y ont maintenant; on se trouverait conduit, en
procédantrégulièrement, à prendre la conscience de moi, ou
si on l'aime mieux, la première connaissance ou aperception
interne que l'&me a d'elle-même, comme un intermédiaire
essentiel entre les principes innés, tels qu'ils sont, sous le
titre impropre de notions dans l'absolu de l'Ame, avant la
conscience, et les notions ou croyances, c'est-à-dire l'appli-
cation que l'&me fait de ces principes innés, en posant hors
d'elle l'existence nécessaire on la réalité absolue d'un monde
de substances, de forces, de causes invisibles.
Faute d'avoir suivi cet intermédiaire, les métaphysiciens
ont laissé le premier problème de la philosophie irrésolu,
ou n'ont donné que de prétendues solutions qui n'ont été
que des pétitions de principes, relatives à telles hypo-
thèses qu'ils faisaient en commençant, sans que ces hypo-
thèses trouvassent même nulle part leur moyen de vérifica-
tion.
Ainsi quand Leibnitz dit nous voyons l'être partout,
parce que notre &me est un être, il ne dit pas comment l'âme
vient à savoir ou il croire qu'elle est un être il pose et
applique en même temps un principe absolu de croyance,
comme s'il ne pouvait et ne devait pas y avoir un inter-
médiaire entre le principe inné et son application hors de
nous. Lorsqu'en raisonnant d'après la méthode do Descartes,
ce philosophe dit « Je trouve en moi la notion de cause et
d'eSet donc il y a des substances qui sont entre elles comme
la cause est à l'effet, il conclut d'après le principe hypothé-
tique de l'harmonie prdétablie tout ce qui est dans mon âme
à titre de notions ou d'idées soit innées, soit acquises, corres-
pond au monde des réalités extérieures dont mon âme est le
miroir. Ce qui est vrai relativement à l'hypothèse d'une har-
monie préétablie entre les notions qui sont dans notre âme et
les réalités qui sont au dehors. Mais qui nous garantira la
vérité de t'hypothèse?ïtpasse de même immédiatementde <a
causalité subjective à la causabilité objective ou du principe
à son application hors de l'Ame sans dire comment ce prin-
cipe absolu devient une notion ou est connu par l'&me ou
par le moi avant d'être appliquée aux autres existences il
n'examine pas s'il est possible que cela soit ainsi.

Autre fragment sur le même sujet.

Pour justifier l'origine assignée aux notions, et faire mieux


sentir combien il est indispensable de partir du fait primitif de
conscience, analysé dans ses éléments, pour pouvoirassigner
le passage des principes innés (ou de tout ce qu'on peut ad-
mettre dans l'âmeà titre de formes, catégories, virtualités, etc. )
aux notions et croyances qui en sont les éléments, je prends
dans la philosophie de Leibnitz un exemple qui me paraît
éminemmentpropre à démontrer qu'en poussant son point
de départ an delà de ce fait primitif et par suite hors du moi,
la science des principes ne peut avoir elle-même de principe
ou de base, et ne s'appuie que sur une hypothèse ou un
paralogisme. Lorsque Leibnitz dit dans le passage déjà cité
je voudrais bien savoir comment nous aurions quelques
notions d'êtres, si nous n'étions pas MOMs-m~Kes des êtres, il
entend par le nous-mêmes, notre âme, substance ou force
a&so/M<' ainsi nous aurions la notion de l'être, qui entre dans
toutes nos idées ou notions, parce que notre tune est un
être, et qu'eue mêle, pour ainsi dire, son essence propre à tout
ce qu'elle peut concevoir ou croire. Ce point do vue aulqectif
et idéaliste se trouve changé en un réalisme absolu et objectif
lorsqu'on le rejoint au système de l'harmonie préétablit; où
l'àme, miroir concentrique de l'univers des substances,
aperçoit en elle-même les êtres comme ils sont re~Hement,
et s'aperçoit ou se retrouve en eux comme elle est en elle-
même, dans son essence absolue, indépendante car il y a
réciprocité do représentation ou d'aperception sans aucune
réciprocité d'action, puisqu'aucunesubstance no peut agir sur
une autre.
Ainsi la réa!ité absolue du monde invisible dos substances,
des forces, est garantie par les notions que l'âme en a <! priori
en vertu de sa constitutioninterne ou de son essence et indé-
pendamment des phénomènes accidentels commeces notions,
à leur tour, sontjustinéospar la réalité des êtres ou substances
qu'elles expriment ou représentant, puisque de telles notions
no sauraient être dans notre esprit sans une raison suffisante
ou une cause qui les Rt' être. C'est ainsi que la chose en soi,
le noumène et la chose coMHMe (phénomène), le ratio esMM<N et
le ratio coyM<MccMe~,l'objet de la croyance et celui de la con-
naissance, convergent pour ainsi dire dans le même foyer de
l'Ame, se justinent l'un par l'autre Pt se servent mutuel-
lement d'expression et de preuve. Le problème de la con-
naissance trouve une solution dans le même principe mais
ce principe est une hypothèse qui aurait elle-même besoin
de preuves.
On voit que ce système ne fait guère que tourner dans un
cercle, en partant tour à tour tantôt de l'&me comme donnée
pour expliquer les notions d'êtres ou de substances hors de
nous, tantôt de ces êtres réels, comme données ~~M'MMpour
justiBer les notions ou croyances que nous en avons par le

t. Extema non videt nisi pef cogNiUomem eorum qutB eunt in Bemetipeâ.
principe de causalité ou de raison snfHsante, Ainsi !'<'n
pourra
dire indifféremtnent il y a da l'&trc dans toutes nos ideea
ou
représentationsobjectives, parce que notre âme est un ~f et
notre âme a les notions invariables, nécessaires d'être, de
substance,parcequ'il y a hors d'elle un monde réel d'êtres, de
substances. Ces deux raisons qui se suffisent l'une a l'autre
dans l'hypothèse d'une harmonie préétablie entre
ce qui est
en soi, et ce qui est connu ou cru ne sont rien moins que
suffisantes, si l'on nie l'hypothèse.
i* Et d'abord comment peut-on conclure immod!atement do
ressence de i'ame ou de ce qu'elle est en elle-même a
ce
qu'elle connaît? Suffit-il qu'elle soit un être, substance
ou
force pourjuger, concevoir ou croire hors d'elle des ètres~ des
substances?S'il en était ainsi, et si tous les objets des notiftns
ou des croyances premières universelles nécessaires étaient
donnés à Famé conformément à son ~s~acc ou à ce qu'elle est
en elle-même, ne faudrait-il pas dire qu'eUe a aussi l'étendue,
l'espaceinlini, la ~«-ec, ~/brce absolue, la cause, etc., puisque
toutes ces notions qui se résument dans le seul mot~-e, sont
également nécessaires, universelles, et que l'&me no peut tss
pensersans les avoir entièrementprésentes ? Leibnitz n'oserait
assurément pas avouer cette conséquence qui eut détruit son
système; il devait donc reconnaître que l'âme a des notions
premières qui non seulement ne sont pas conformes à l'essence
de l'&me, mais mémo qui lui sont opposées et que comme
l'âme a la notion de l'espace ou de l'étendue, de l'infini, sans
être étendue, infinie, elle pourrait bien avoir celle de l'~re,
de la substance, sans être une substance séparée, ou
au
contraire être une substance, un ère, sans avoir les no-
tions.
La raison tirée de l'essence de l'âme pour expliquer les
notions universelles n'est donc pas suffisante.
2° On demandait auparavantcomment nous pourrions avoir
des notions d'êtres de substances, si nous n'étions pas
MOKx-
tMAM<M, ou si notre âme n'était être,
pas un une substance.
Maintenant le point de vue change, et l'on demande comment
15
notre âme pourrait avoir telles notions ou eonnattra telles
restions, a'i! n'y avait pas hors d'elle des êtres réels, ou si
tes termes do cette relation n'existaient pas réellement et
absolument. Ainsi, comme dans le premier cas, on passait
notions univer-
sans intermédiaire de rcsseMCc do l'âme aux
selles, maintenant on peut passer d'une manière aussi immé-
diate d'une relation donnée à priori à la réalité absolue des
substances.
Ici Loibnitz voit de la hauteur do son génie toutes les
notions de l'a~o/M des êtres, des substances, etc., comme
ressortant du grand principe de causalité qui peut seul en
etfet leur donner une base. Mais la causalité, telle qu'il la
conçoit, est censée donnée à l'âme à priori au titre universel
sous lequel notre esprit l'emploie et l'applique sans cesse aux
objets et aux phénomènes do la nature extérieure.
Or, avant que la relation do causalité ne prenne ce caractère
universel et objectif, n'a-t-elle pas dû ou pu avoir le caractère
individuel et particulier, et ce caractère n'est-U pas précisé-
ment celui d'un fait do conscience ou du moi, donné à lui-
même par son aperception immédiate interne, sous cette
nlation do cause et d'effet?
Si Leibnitz se fût adressé cette question, et en eut cher-
ché la réponse dans le sens intime ou l'expérience inté-
rieure, il aurait créé et poussé jusqu'à ses dernières limites
la science dos principes. Et combien d'iltusions, de mé-
comptes, de vaines tentatives n'eùt-il pas épargnés à ses
successeurs ?
Lorsque ce métaphysicien disait « Je voudraisbien savoir
comment nous pourrions avoir des notions d'M, si nous
n'étions pas nous-mêmes des êtres », il énonçaitle principe de
nos croyances nécessaires et voulait en justifier
l'application
objective. Pourquoi, passant de ce principe de la croyance à
celui de la connaissance et suivant l'analogie, ne s'est-il pas
demandé lui-même comment nous pourrions avoir quelque
notion de causalité, si nous n'étions pas nous-m&mcs des
causes, ou si le moi distingué de l'âme n'était pas une
cause?
Au Heu de cette question à laquelle il semblait devoir être
conduit par Fanatogio et !a nature des ehoso~ il en e!cv<* une
autre tout à fait opposée et demande comment !a re!ation uni-
verseMe et nécessairedé causalitépourrait être donnéo à notre
esprit s'il n'y avait pas hor do nous dea substances ou des
êtres qui fussent entre eux dans ce rapport, d'ou il prétend
conclure la réalité absoiue de ces substances
Il serait curieux d'examiner les motifs d'une transition

<. On voit ici que Leihnitit, quoique s'' phcant dans)mpo!ntdevn''oppfi!e


au nôtre et partant de principes dincrents, considère comme nonttari'tat~n
de causalité comme~)'tM<<)M et en déduit la notion o~e/M'* dp Mtb~tanff qui
est la soute vraie, la «ettte confonMe aux loia de t'Mprit humain.qui ne peut
jamais atteindre l'absolu directement et M «A)'Mp<o, mai!' e~t foutraint, par
la nature de sa eonuai~Mnec retattve. a eroire que t'ahxntu existe Mas fon-
cevoir fe ~M't~ est; c'est at«i't que la MtaUon positive de cauMtiM étant
comme decompoeee en aee deux termes, noua donne l'exiatence absolue de
ses deux substances, l'une active, qui est la force, l'autre passive, qui est la
matière étendue, résistante, impfnetrabh'. L'une de ces notions ne peutMre
ramonée a t'entre, commo l'ont tente si vainement tes MoMaft-ft, soit spiri-
tuaiistos, soit tnatertaMsies. Leibnib! ne voyant que des /b)'eM ou des subs-
tances douées de /b)~ dans la nature, et prenant t'etendu comme un
~A<'aoMfoe, devait anéantir (univers des cot~jM; ce point de vue est eatquesur
l'hypothèse d'un être actif et intelligent qui serait réduit a dea sens et
n'admettrait pas primitivement la forme d'étendue; un tel être n'aurait
d'autre notion que celte de sa /!M'ce p<'o~e et celle des forces immaterieMcs
qu'il concevrait a i'instar de la sienne propre; n pourrait n'y avoir pour lui
qu'une seule substance active productive de toutes tes modifications dont it
ne serait pas cause M se concevrait comme dépendant de cette substance
quant a ses manières d'être passives, mais indépendant quant a Mtt dire.
L'âme est un être, une substance, une force; avant de te savoir ou d'avoir
conscience d'eitc-meme, eUe n'acquiert cette cotMCtmce qu'autant qu'eHe est
modifiée ou qu'elle reçoit du dehors quoique impression. Maisaus&itotqu'eue
vient à être modifiée,. ou dès la première impression qu'cBe reçoit, il est
Bat~~re~ qu'elle ajoute à cette impression des éléments de son propre fond,
c'est-à-dire tes notions ou idées de ce qu'eue est. EUe mêlera donc avec la
sensation les notions d'être, de substance, de force, non qu'eue tes reçoive
du dehors, mais parce qu'eue les a en olle-même et qu'eue ne peut percevoir
nue comme elle est et suivant ce p<*eMeM/,ou conformémentà sa nature, etc.
Tel est le raisonnement de ceux qui veulent prouver ou justifier l'innéité
des notions. Mais ce raisonnement suppose que i'ame est une substance
distincte; qu'il lui est essentiel de connaître ou d'apercevoir ce qu'eiie est
qu'elle ne peut sentir ou percevoir tes autres choses que comme <<* ext.
Comment justifiera-t-on ces suppositions autrement que par le fait, etc.
(M. de B).
aussi brusqua ou d'une inversion de principe et do méthode,
telle qu'après avoir déduit tes notions de l'essence de l'âme, it
cherche à déduire immédiatement la réalité absolue dea
choses d'une notion ou relation première comme inhérente à
notre esprit.
Nous remarquerons seulement ici que cette inversion est
motivée par te caractère général de la doctrine leibnitzienne
qui tend toujours à l'absolu des êtres, tels qu'ils sont en eux-
mêmes, et qui, en établissant les lois subjectives de la pensée,
songe surtout aux lois réelles et objectives que dosent suivre
les êtres et l'dwc p~/e-M~HC, en vertu de l'harmonie univer-
selle préétablie; à titre d'âme raisonnable ou de monade pen-
sante, notre âme peut connattre ces lois, en faire l'application
et on prévoir les résultats; à titre de monade dérivative et
subordonnée, elle est tout entière sous l'empire absolu du
/<~Km~ dont la chaîne ombrasse et lie étroitement toutes les
parties do la création.
L'âme n'est donc point une cause efficiente et il répugne au
système de l'harmonie préétablie d'affirmer de l'ame la causa-
lité, comme on en affirme nécessairementt'être ou la subs-
tance et comment notre Ame aurait-elle dans son essence la
causalité ou l'activité productive de mouvements, de change-
ments quelconques qui ont lieu en elle ou hors d'elle, lorsque,
ne faisant que percevoir ou représenter ce qui arrive néces-
sairement en vertu des lois do l'harmonieuniverselle, elle ne
produit rien et n'agit sur rien, comme rien n'agit sur elle 2?
D'ailleurs Leibnitz ayant pris une fois son point de départ
dans l'absolu ou l'essence de l'<~Me, ne pouvait appliquer à la
causalité ce qu'il avait dit de l'être*. En effet, toute conception

t. tt y avait cepeudaut une doctrine de ta pMto:'opMe teibntMenne qui


scmbhtt presque conduire à admettre la notion de causalité comme faisant
partie de l'essence de t'Ame humaine. car cette âme est toujours, suivant
Leibnitz, essentiellement unie a un corps organisé qui ne fait que se déve-
lopper à sa naissance pour se concentrer ou s'envelopper de nouveau à la
mort. Ainsi l'âme agirait toujours sur un terme de déploiement,elle ne ces-
serait pas plus d'être cause pour elle-même dans sa perception absoute,
qn cite ne cesserait d'être une substance, etc. (M. de B.)
de cause, emportant nécessairementavec elle la relation do
quelque effet produit, M aurait fallu convenir que dans l'ordre
de génération des notions comme de la croyance, !o relatif
était avant l'absolu, et que toute notion telle que t'être, la
substance, la force, dérive d'une première relation analysée
dans ses deux termes ce qui, en rétablissantl'ordre légitime
de la générationdes notions ou de nos connaissances, donnait
l'exclusion au système des idées innées on des principes syn-
thétiques priori, auxquels Leibnitz ne pouvait renoncer
comme étant la base de sa doctrine.
Ainsi, puisque nous trouvons !o principe de causalité établi
dans notre esprit avec les caractères de nécessité, d'univeraa-
lité, qui ne peuvent convenirqu'à une notion d ~f!0f/, et que,
d'un autre côté, l'âme n'étant point cause efficiente, la causa-
lité n'est plus renfermée dans son essence et ne peut en être
déduite comme les notions d'être, de substance, que l'amo at-
tribue à tout ce qu'elle conçoit hors d'elle, il faut bien qu'elle
prenne cette relation ailleurs; on d'autres termes, si l'âme
trouve en elle la causalité, ce n'est pas en tant qu'eUe aper-
çoit elle-même ce qu'elle est, mais on tant qu'ollo représente
les choses comme elles sont.
De là ce raisonnement sur lequel se fonde tout le réalisme
de la doctrine leibnitzienne.
Si la notion de causalité ne peut exister dans notre esprit
qu'autant qu'il y a des substances qui soient entre elles dans le
rapport de )" cause à l'effet, ces substances doivent exister
hors de notre &mo et le principe de causalité en est à la fois
l'expression et la preuve; or il n'y aurait point de raison suffi-
sante pour que ce principe fût dans notre esprit avec les carac-
tères universels et nécessaires qui lui conviennent, s'il n'y
avait pas hors de nous des substances qui fussent entre elles
dans le rapport de la cause à l'effet; donc ces substances exis-
tent réellement, et la notion de causalité en est à la fois l'ej?-
jM'MSMM et la pf~tw.
J'observe d'abord que la mineure est un véritable paralo-
gisme, puisqu'elle s'appuie sur ce qu'il s'agit avant tout d'éta-
blir, savoir que la relation de causalité ne peut être dans notre
esprit si elle n'y est produite par des substances étrangères
qui aient entre elles cette relation.
Assurémentpour que des objets extérieurs aient entre eux
des rapports de la cause & l'effet, comme toute autre relation,
propriété ou qualité, il faut bien d'abord que ces objets soient
quelque choae en eux-mêmes, ou qu'ils aient une essence ab-
solue, indépendante de cette re!ation déterminée c'est t& ce
que nous croyons nécessairement. C'est le principe de Des-
cartes retourné et pris dans le sens logique je pense (ou je
suis pensant), donc je suis. Les êtres sont causes et effets entre
eux, donc ils sont existants. Mais il no s'agit pas de principe
logique ni même de principe de pure croyance, mais des pre-
mières notions dont la croyance fait partie et où elle entre
comme élément quoiqu'elle ne les constitue pas. Or, en appli-
quant les objections déjà faites contre le point de vue où l'on
passait immédiatement de l'existence absolue de l'ame aux
notions, à ce dernierpoint de vue où l'on part du principe de
la causalité universelle et objective pour déduire la réalité
absolue des substances, je demande
S'il suffit qu'il y ait des substances hors de nous qui sont
entre elles dans le rapport de la cause à l'effet pour que nous
ayons en nous la notion de causalité.
Oui, disent les leibnitziens, s'il est dans la nature et l'es-
sence de notre âme de représenter ou d'exprimer toutes les
substances de l'univers et leurs relations, comme elles sont
réellement et en elles-mêmes, sinon par des notions dis-
tinctes, du moins par des perceptions obscures qui sont sus-
ceptibles de se développer pe.t à peu. Mais qui ne voit que
c'est là une hypothèse appuyée sur une autre hypothèse,
comme le monde des Indiens est appuyé sur la tortue, laquelle
ne s'appuie sur rien.
Est-ce qu'il ne peut pas y avoir entre les êtres des relations
universelleset nécessaires autres que celles dont nous avons
des notions? Si par exemple l'attraction réciproque de toutes
tes parties de la matière était une propriété essentielle comme
plusieurs philosophes l'ont admis, n'aurait-oUcpasexisté sans
que l'on s'en doutAt, depuis l'origine des siècles jusque celui
de Newton?
Comme entre ce que nous croyons primitivement et néces-
sairement et ce que nous parvenons à connaître par l'expé-
r!eace, il y a un intervalle immense que tous les travaux accu-
mulés des générations ne combleront jamais, de même il
peut y avoir entre ce que noua croyons, d'après les lois de
notre nature, et ce qui est dans l'immensité de l'espace et de
la durée, un monde d'êtres et de relations dont il ne nous est
pas même donné de soupçonner la réalité dans le mode actuel
do notre existence. Dire que notre âme contient ou représente
par des perceptions obscures ce qui est et doit être étemeUe-
ment voilé à notre esprit, ce qui ne donne même pas lieu a
l'ombre d'un doute ou d'un soupçon, c'est mettre des signes
vides à la place des notions. Là où notre connaissance dé-
terminée est forcée de s'arrêter, la croyance traverse encore
un vaste désert que l'imaginationse charge trop souvent de
peupler à son gré, mais là où s'arrête même notra faculté de
croire et d'imaginer, il n'y a plus rien pour nous.
Je demanderai en second lien comment nous pouvons, je
ne dis paseoKKa~c,mais croire ou soupçonner des substances
étrangères à notre âme, comme étant entre elles dans le rap-
port de la cause & i'enet, avant que notre âme se connaisse ou
n'ait l'aperception immédiate de sa propre existence alors
identique à l'existence du moi, sous la relation déterminée
d'une cause à quelque effet produit par elle en elle-même ou
dans l'organisation.
Si l'on n'a pas craint de donner une valeur purement objec-
tive aux notions d'êtres, de substances en les déduisant de
l'essence ou de l'être même de l'ame, pourquoi serait-on ar-
rêté par cette crainte lorsqu'il s'agit de la relation de causa-
lité subordonnée à la notion de l'~re dans le système de nos
croyances? Est-ce que le principe de croyance ou l'induction
première qui force l'&me à ~WM/Mr~' an dehors ce qu'fHe
conçoit primitivement en elle on d'ene-mêmo, n'a pas une
autorité égale et suffisante dans un cas comme dans lautre?
Si toute notion de <M~/<HM'c ou d'être avait un caractère
sM~<*c~ comme étant fondée primitivement et nécessaire-
ment dans l'âme, comment la relation do causalité qui a lieu
entre des substances aurait-ello un caractère primitivement et
essentiellement objectif? est-ce que la rotation pourrait avoir
un caractère et un fondement opposé à celui des termes reta-
tés, et s'il était possible do séparer la relation des termes qui
la composent, ne serait-ce pas elle qui devrait être considérée
comme ayant une source et une valeur subjective plutôt quo
chacun des termes abstraits de la relation que la croyance ne
peut réaliser que dans te point de vue objectif.
Enfin si la réalité absolue des substances a besoin d'être
justifiée ou prouvée et qu'elle no le soit pas suffisamment par
l'autorité seule de la croyance qui entre comme élément né-
cessaire dans toute notion, comment pourra-t-elle être d priori
justinée par la relation universelle et objective de causalité
qui la suppose déjà établie et ne peut se fonder que sur
elle?
Pour que la réalité d'un monde invisible et extérieur do
substances pût être légitimement déduite du principe de cau-
salité comme d'une prémisse ou d'un principe nécessaire,
ne
faudrait-il pas que la relation fût donnée d'abord ira eoKc~o.
avec les termes avant que chacun de ceux-ci fût conçu ou cru
exister réellement et absolumentin abstractu hors de la rela-
tion ? mais si la causalité donnée primitivement est celle qui
existe ou qui est censée exister nécessairement entre les êtres
du monde invisible, il faut bien que ce monde et les êtres dont
il se compose soient donnés avant ou du moins en même temps
qu'elle; donc il n'y a pas de passage on de déduction légitime
de la causalité à la réalité absolue des substances.
Mais pourquoi accumuler tant de difficultés contre la ma-
nière do déduire les existences d'un principe qui n'existe pas
et ne peut exister dans le système dont nona parlons? Nous
avons déjà vu en effet que dans l'hypothèse leibnitzienne,
l'âme n'est pas cause, ne peut être cause efficiente d'aucun
changement ou modo produit en elle on dans toute autre
substance avec qui elle serait supposée en rapport harmo-
nique.
Je dis en elle, puisquela suite des états et modifications par
lesquels elle passe estrégtée et préordonnée dès l'origine d'une
manière déterminée, correspondant à tout ce qui arrive suc-
cessivement dans l'univers, dont l'Ame représente toutes les
variations ou les phases successives. Je dis dans toute autre
substance, puisqu'elle n'agit point sur eUe, et qu'en général
il n'y a aucune action ni réaction possible d'une substance
sur une autre, quoique chacune d'eUes représente à sa ma-
nière, et conformément à sa nature, la suite des changements
qui arrivent et doivent arriver à l'inani dans toutes tes autres
suivant les lois du/otKNt, lois qui, pour être prévues par les
êtres intelligents, n'en sont pas moins invincibles et immuables
pour eux. Mais là où il n'y a pas d'action réciproque d'une
substance sur une autre, comment peut-il y avoir causalité?
Que peut-on entendre, quand on dit que deux substances
sont entre elles dans le rapport de la cause à l'effet, lorsqu'on
a commencé par ôter l'action réciproque aux substances en
réduisant chaque monade à cet état de perception où elle
représente toutes les autres sans action ni passion réci-
proque ?
Veut-on dire qu'une substance n'est que l'effet d'une autre
qui la produit, la fait commencer ou la fait passer du possible
à l'actuel, en un mot la crée ? Mais sous ce point de vue le
rapport de la cause à l'effet se trouverait ramené par l'iden-
tité, à celui d'une substance ou force créatrice avec un monde
de substances créées; la relation de causalité aurait un carac-
tère mystérieux, surnaturel, et hors de toutes les lois de con-
naissance, bien loin d'en être la première donnée; elle serait
le dernier effort de la raison, entraînée par le besoin et la né-
cessité de croire ce qui la surpasse, bien loin d'être pour elle
un premier point de départ de la science
t. Dans ce point de vue il ne pourrait y avoir qu'une seule cause efficiente
pour la multitude infinie des effets, et si l'on ramenait le rapport de la cause
La relation de !a cause à l'effet n'est point réeHemont pour
nous ce!!e que peut avoir la substance conçue en elle-même
on dansl'absolu de son être, avec une autre substance consi-
dérée sous le même rapport, et en tant qu'elle commence à
~f; cette création ex mMo est universellement repoussée
par notra esprit comme hétérogène à sa nature, sinon à titre
do croyance, du moins à celui de notion.
La causalité, telle que nous la concevons nécessairement et
comme application universelle constante d'une loi primitive
do l'esprit humain,n'est autre que la relation d'un phénomène
qui commence avec une force agissante qui le fait com-
mencer

à l'effet à celui de la substance au mode, ainsi qu'on y est conduit assez


directement en raisonnant d'après les lois ontologiques en partant de
l'absolu, il n'y aurait qu'une seule substance dont tous les êtres de l'univers
visible ou invisible seraient tes modtneations.
Tel est le système de Spincza, et, sans sortir du même point de vue et
ayant égard à ce que nous percevons nécessairementles effets dans la cause
comme les modes dans la substance, on serait conduit & dire que nous
voyons tout en Dieu, qui serait la substance unique par cela seul qu'il est la
cause eNeiente unique. (M. de B.)
i. Je rapporterai encore sur ce sujet important un passage tiré de ta thèse
de Kant Étant donnéesplusieurs substances, leur communicationpossible
réciproque ne dépend point de leur existenceseulement,mais de quelqu'autre
principe qui détermine leurs relations mutuelles et nous les rend intetil-
gibles. Eu e9et, si l'on ne considérait dans telle substance que son existence
seule, cette notion ne pourrait se reMrer tout au plus qu'à cette d'une eaaM
nécessaire, universelle; mais le rapport de la cause n'est pas une communi-
cation, c'est une simple dépendance. Donc, s'it y a une communicationréelle
quelconque entre tes substances, elle devra se fonder sur une fuson parti-
culière qui la détermine; et c'est en cela que consiste Mn/!t<ett<'e physique,
dans le sens vulgairement adopté, où le commerce des substances se fonde
uniquement sur des forces qui leur sont inhérentes ou font partie de leur
essence. Ce n'est pas là un système, mais l'absence de tout systèmephiloso-
phique, qu'on regarde comme superflu dans cette matière. Le concept d'une
innuence physique nous donne le seul genre de commerce qui puisse être
appelé f~, d'où tout ce que nous appelons le monde emprunte sa.réalité et
n'est plus seulement un tout idéal ou MM~Han-e.
« Cfuuue chaque substance, en tant qu'elle er&<e, se suffit à
elte-mëmeet
se trouve hors de toute dépendance d'une autre, il est évident que le com-
merce des substances (c'est-à-dire la dépendanceréciproque de leurs états)
non seutemeut n'Mt pas une suite néfcsfairp de leur existence,mais de ptuf
On ne conçoit pas comment Leibnitz, n'admettant point
de véritable communication entre les substances, mais seu-

no peut icur convenir eu aucune manière à titre de substances néces-


saires*. xD
La raison logique nous dit bien que si le monde est un tout continpent
qui ne se compose que dp substances contingentes, il doit avoir une cause
nécessaire de son existence mais ta difficulté est, je ne dis pas de prouver,
mais même de concevoir i'hypoth6se de cette contingence, quand il s'agit
des substances dont la présence dans l'univers, comme dit Kant, n est point
locale et n'a aucun rapport au lieu, mais est t'H'~M~A* ou idéale.
En voyant les phénomènes commencer et changer, nous croyons neee!
sairement qu'il y a une cause hoM d'eux qui les fait commence)', mais eu
pensant à la substance qui )'M<e la même dans tous tes changements et i:uc-
cessions, non seulement nous ne sommes pas nécessites à la rapporter a nne
cause qui détermine ou a fait commencer cette existence, mais do p)N°,
t'idee de ce commencementd'existence d'une chose durable par e!)e-mcme
qui reste toujours identique dans le fond de son être, répugne aux lois de
notre esprit et à la notion de substance.
La notion d'une force (improprement dite substance) cause ou causante.
n'a pas pour corrélatif nécessaire celle de substance causée, mais bu'n cpHc
d'un effet ou d'un nouvel accident produit dans une autre substance indé-
pendante de la force quant à son M~/Moe, qaoiqu'eite lui !M)it subotionnee
quant !.ux modificationsou changements accidentels dont elle est passiMe.
La notion de foreo ainsi conçue étant toute prise dans te fait du sentiment
intime, on pouvons-nous trouver celle d'une cause de i'cxistence des subs-
tances mSmes? Aussi, comme dit très bien Kant, le rapport des substances
<*<tt<~e* à une substance cause est-it un rappori: de dépendance que la raison
établit en appliquant par un paralogisme la notion de cause relative aux
modifications durables des substances, à {'existence même de ces substances
et en suivant le procédé logique de la dépendance nécessaire des idées ou
notions qui sont dans notre esprit, plutôt que celle des choses extérieures
que nous ne connaissons pas.
En partant de ce principe que tout ce que nous croyons exister réellement
et nécessairement existe en eiîet, comme nous le croyons,nouspouvonsbien
affirmer que la cause (.c) de tout phénomènequi commenceexisteréellement
et, considérant t'ensemNe des phénomènes que nous présente l'aspect~ de
l'univers comme un seul effet total qui a commence, notre esprit s'élève
nécessairement à la came suprême qui détermine tel ordre harmonique de
toutes tes parti?'). Maie lorsque nous venons à considérer le monde matériel
des substancespassives, inertes, dépouillées de ces principes de force, de vie
ou d'activitéqui me sont point essentiels à leur existence, loin d'appliquer à
cette existence absolue la notion de causalité telle que nous l'avons dans
notre esprit, nous éprouvons au contraire uue t'ejMgnance à croire et une
disposition négative à affirmer qu'eue ait nn co~ncement, et ta cause
De mnndï eenstMHs, eh*
lemont une sorte de commerce idéal et sympathique, a pu
chercher néanmoins à établir la réalité objective du monde
extérieur sur la relation de causalité qui par cela seul qu'elle
so trouve dans notre esprit doit avoir sa raison suffisante
dans des substances qui aient entre elles le rapport de la
eaMse fe~e<.
Qu'est-ce en effet que la causalité dans nu système où l'on
n'admetpoint d'action réciproque ni aucune influence phy-
sique ? Et quelle peut être la raison suffisante lorsque nous
concevons ou appliquons le rapport de la cause à l'effet. Si
dans le système des êtres tout no fait que se correspondre
idéalement et par harmonie sans s'influencer réellement et
physiquement, il faut en conclure que la notion de causalité
n'a pas de raison suffisante hors de notre esprit dans le monde
des substances, car comment une simple correspondance
d'événements qui s'accordent et arrivent en même temps à
l'occasion les uns des autres, pourrait-elle produire dans
notre esprit quelque notion pareille à celle de l'énergie ou du
pouvoir actif d'une cause efficiente, telle que nous Pavons?
H faudrait donc dire ou que cette notion purement idéale
ou subjective ne venant point du dehors n'exprime ou ne
représente rien de ce qui est au dehors; que c'est une pure
chimère, une illusion, une habitudede l'imagination, selon le
point de vue sceptique de Hume ou qu'ayant la notion innée
do Dieu, cause efficiente unique et seul lien des e~cM/eKees,
nous apercevons et sentons en lui l'énergie, le pouvoir actif
do la cause, selon le point de vue de Malebranche, dont
Leibnitz n'est pas très éloigné.
Mais dans ce premier cas on ne peut déduire aucune réalité

créatrice de la matière cet pour nous inintelligible, car notre esprit


ne pou-
VMtt partie que du fait prumttf de conscience, comme du principe de toute
notion ou raisonnement ne conçoit la dépendance du monde matériel,
par
rapport à Dieu, que comme celle du corps par rapport à rame; or nous
croyoM que ces deux substances existent et durent ensemble, que rune agit
sur l'autre, est cause efficiente de ses modifications et non pas de son
existence; ce qu'on admet au delà est étranger aux lois de la raison
à celles de nos croyances primitives et nécessaires. (M. de B.) comme
objective d'an principe purement idéal et qui o'& aucun fon-
dement dans la nature des choses, d'aprbs l'hypothèse de
l'harmoniepréétablie; dans le second cas la notion tMM~p
de la cause efficiente n'étant autre que eeile de Dieu, no
prouve immédiatement aucune autre existence réoHe que la
sienne,il faudraitpartir de ses attributs donnés comme prin-
cipe, savoir de la toute-puissance, de la véracité qui se mani-
festent à nous par les œuvres de la création etc. pour en
conclure la réalité d'un monde de substances, de forces subor-
données suivant la méthode et les procédés dont Descartes
a le premier donné l'exemple dans ses admirables médita-
tions. On ne voit donc dans aucun cas commeat une hypo-
thèse telle que l'harmonie préétablie ou les causes occasion-
nelles étant admise et substituée à l'influence physique des
substances et dos forces dont se compose cet univers, il serait
possible de déduire de la notion de causalité telle qu'elle est
établie dans notre esprit, la réatité objective d'un monde
HM~WeA Mais en rétablisssant le principe de l':H~MeMce phy-
sique, voyons comment on peut déduire cette réalité de subs-
tances, de la relation première et individuelle de causalité,
en employant la forme d'un raisonnementà peu près pareil à
celui de Leibnitz.
Si la première relation de cause à e~e<, sous laquelle le moi
commence à exister à titre de personne individuelle, ne peut
nattre dans l'esprit qu'autant qu'une force réelle, perdurable,
commence à agir sur une substance inerte, étendue, donnée
existante comme terme immédiat du déploiement de la force
et manifestée par ce déploiement; il faut conclure (comme
nous y sommes forcés d'ailleurs par le principe de croyance),
que cette force (appelée âme en tant qu'on la considère comme
puissance virtuelle et hors du sentiment de son exercice, et
moi, en tant qu'elle a l'aperception actuelle ou le sentiment
immédiat de cet exercice) et cette substance existent réelle-
ment et substantiellement et la relation de la cause à effet
est à la fois l'expression et la preuve de cette réalité. Or le
moi ne commence à exister par lui-même que sous la relation
CoMtfUt ttMu'hMM
)M(!iMtM partielle
M)'j:<~U<~)<
a

Valable pour tout ou partie


du document reproduit
do eawm à oHet, do l'effort voulu au taouYcmont, et M Mi
impossible de concevoir t'eHort voulu ou apor~u «ana une
farfue ~~< absolue et perduraMoqui io detMatina,H) d'apor-
covt)"* ou de aentir te tMouvomfnt qui en résulte, sans la
aubatance étendue et passive sur laquelle la forco so d&p!oit),
donc l'Ame ut le corps propro existent f6e!tetnpnt et <atM)c-
tement et le rapport de cause à effet en est l'oxpression at la
prouve.
Les notions J'aa<e et do corps étant ainsi formées par t'ana-
tyae ou la résolution du fait primitif dans aea <teMx termes
d!st!aets, les not!ons pronnent tmo~diatement et par l'aoto
t))0))o d'abstractionle caractèret<Mt<WM)t'neoeaaa!re et a~/M,
sous lequel nous concevons et le monde des forces invisibles
et celui des substances; c'est alors que nous pouvons dire quo
tanotton de causalité est h ta fois l'oxpression et la prouve dea
<*x!8teaces aMtrca q~o la notre.
Mais cette relation conserve toujours son caractère indi-
viduel qu'olle tient de son origine, tandis que ses termes MM!s
abstraits de la relation sont pris nécessairementà titre uni-
verset et conçus dans te point de vue objectif. C'est ainsi que
l'entendementconçoit l'objectivité absolue de l'univors maté-
riet et collo do la cause unique et nécessaire des existences.
Dans l'action et la réaction mutuelle que nous attribuons
nécessairement (et indépendamment de toute vue systéma-
tique) à toutes les substances de l'univers, c'ost toujours
l'et!brt, te ru'sus, en vertu duquel notre corps est m&. qui sort
de type & la causalité universelle; c'est l'idée réuexive et
abstraite de cet ~r~ qui s'interpose entre les corps moteurs
et mobiles; c'est elle qui sert de modèle et de type à tout lien
ou MpM« des deux mondesde forces et de substances dont les
notions s'appuient sur le fait de conscience et dont la réalité
est garantie par la connaissance nécessaire de l'individualité
et du durable de notre dire propre ce n'est donc pas d'une
causalité universelle et objective que nous concluons la réalité
des substances mais au contraire la causalité n'est conçue &
ce titre universelqu'entre des substances auxquelles la réatité
absolue est d~ja attr~M~o par ta princ!po da ereyanea la
sento retatton pr!<n!t!va est la eawaatitc tadhtdMcMe <tu Mo!,
d'o(< tes n«t!oM8 soMt d~rh~oa par aba~aettoa et par ~t!cx!an.
To)t est rfFjt~ de gJM~atieu <!a«a !a ayet~mt) do noa cen-
nxtaaeaeea tels sont les t!eaa!ntitt)es qui MMMaoot c~aya~mM
h celui do la CfayaHep, taquet marche paratt6teMeMt a\eo ht!
aans pttMveir en Atre dérivé.
Je oro!a ces principes et ces cettadqMcnoes & l'abri des
ohjcotKtns fondeos, at rcn admet seulement la mhtOMre dn
r«MOM)M))tn<'Mt qui pf~ctdo, aavetp quo l'aperceptiondu moi est
)d«nt!qMe à cette pfemibro retaHoa do cause il eno~ OM a UMe
origine qui est Fettoft voulu.
C'eat cette proposition importante qui sort do fendement &
la psychologie expérimentale et& la phHoaophK) prem~re.
Nous consacreFttns !aMctio~8u!vamteason d6vc!oppenMat
et asM preuves.
SRCTMN TtMM~ME

APH.tCMfta:<M HH'«W8 M CAMM.ttË AM 8CKSCE9 PMStOM~

Aprbs avoir indiqué comment les principaux systèmes de


métaphysique se trouvent en contradiction avec ta Mt de «MM
intime pour avoir voulu s'élever au-dessus da lui; après avoir
vu comment toute notion do cause eM!cien(e ? aa source dans
!« MnUment primitif et immëdiat d'Mo efbtt que la volonté
d~tormina Nans qua noMa puissions étendft! plus loin rerigitte
do cette notion, ai la transformer dans tes applications quo
nous un faisons aana eoMe aux divers objets hors de noMs,
aaaa la denaturef noMM sommes mieux a portée maintenant
de reconnaître, d'apprécier l'emploi que font les physiciens
«M tes naturalistes du principe de causalité, dans ce progrès
de lour science qui consiste selon eux & chercher les causes
des phénomènes après on avoir d'abord observa toutes les
circonstances, tes avoir classés suivant leurs analogies, et
avoir pose tes lois expérimentâtes do teur succession dans te
temps, ou de leur simultanéité dans l'espace.
Il est remarquable d'abord que dans cette prétendue
recherche des causes, on s'arrêto toujours à ce qu'on appelle
une MM~M/SMMpremière qui détermine un premiermouvement
lequel en amène à sa suite un certain nombre d'autres; et
lorsqu'on a bien établi par l'observationaidée du calcul, qu'un
phénomène éteigne et compliqué dont on s'occupe, se rat-
tache à une telle impulsion première par une teUe série de
mouvements déterminés quant à la quantité et à l'ordre de
succession, on croit avoir complété l'explication, et n'avoir
plus rien à demander.
C'est avec beaucoup de sagesse en effet qu'on s'interdit
toute recherche sur le comment de l'application de la force
impulsive du premier mobile, ou. de sa communication et
transmission do corps & corps, puisque pour avoir la science
de M comntt'nt, it faudrait d'ahcrd avoir cette du Mtameut
du premier eMort ou de l'existencedu ?!«< qui, étant te sujet
do toute eonnaissanec, ne peut en devenir t'«h;<'t ni te
repréaentof. e'eai-a-difo être en môme tentpa et <tH<ft'
~Me lui.
Sana dontu les Ma<Mpat!att!8 qui timUont (OMtea !oma
recherchaaM.c MMtM~A~~MM ne se rondont pas centpte du
rintpe9<nb:!M absolue oit Ma ao trompât de s'&tovof plus
haMt, tant qu'ils restent dans te monde oh}ect!f dus ph~no-
m<)nf)a, mais Mne sorte d'instinct haMrMts gMid~ par c<!th)
cxeettente méthode do !'M</M<«M OM analogie dont Bacon
a'ust fait io promoteor,et qui M justîMe s: bien eMe-m&me a
~«s~MMpardeasucebs Matants, lour tient lieu d'âne raison
ptuttappretbadie qui, pour être caohéo dans ta nature m6<MM
plus intime de M~e ~t'MMt~, n'en est que plus itnpoftante
et plus ouriouse à dévoiler.
Toute cause pt-emiera et cMciente d'ua mouvoment pMM-
menique ou apparent, ne peut êtpoeonça~que sous la notion
d'une force impulsive car cette force est précisément cette
que nous déployons dans tout exercice ,de .ta volonté ;apptiquép
à mouvoir notre corps et par lui les corps étrangers, et te typo
exclusif do toute force ou cause efficiente do mouvement dans
la nature no peut se trouver ailleurs que dans lu sentiment
primitif de notre o<fort identifié avec celui de notre moi.
Si l'on demande coot'nent nous pouvons transporter ainsi
la force constitutive de notre moi aux objets extérieursou
aux
substances étrangères, et comment, prenant d'abord exclusi-
vement en nous-mêmes l'idée de cause efficiente, nous pou-
vons l'attribner s des êtres qui ne sont pas nous, nous pour-
rons nous contenter de répondre que cela se fait ainsi par un
principe d'inductionqui se lie immédiatement au fait primitif
de notre existence individuelle, si même elle n'y est
pas ren-
fermée que c'est une loi de notre nature
que, trouvant en
nous la causalité dans l'effort ou l'action volontaire, nous la
mettons hors de nous dansles passions ou modificatic; Ils invo-
tontairM que nont y t~Msportnna «n <n~M' tempit t'êt~, !a
i6
substance, l'unité, la durée, tout~ les notions inséparables
du aentimont de notre existence individuelle,
NoMs wvons qu'il n'y a des causes, doa ~M~, doit unitéa
dans la naturo qu'autant que notre moi connaît
ae ou exista
pour iHi-mome comme une cause, uno force, une Mnh<) 8Mb-
jective, nous le savons, dis-je (ce~tMtMM sc~M~a e/aM~t~
et
€MM<'«'M~) par FaHtonMt MM!e de cette faculté
prem~ro
d tadtM<!on, qui
noua cumnMHtdo la croyance des cauaes, dëa
aMbataaoesosMFtoMraa, d'uno MMtM~tMtaa:iMpëfieMae,
aussi
irrésistible, quo le fait p,,tM:t!f de
aena intime nous attaate
MetM propre MXtatttaoa ou, ce qui Mv:ont
au m~ma, notre
causette. Et na suffit-il pas pour la sanction de cotte doMbte
autorité, qu'il soit absolumont impossible de
nous en afTran-
chir et de penser ou croire te contraire de
co qu'elle noua
dicte?
Supposez qu'un être put penser et avoir la conscience du
MM', sans avoir jamais exercé
aucun enort o~act!on sur lui ni
bwa de lui, et qu'il eut des intuitions représentations immé-
ou
diates des phénomènes extérieurs qu'il distinguât dosa
existence, qu'it,v!t les objets étendus, colorés mouvoir propre
dans l'espace ou changer de position relativementse
a un point
Hxe, ou entre eux, se rapprocher jusqu'au
contact et dans ce
contact, modifier leurs vitesses, leurs directions, mot
en
tout ce que l'expérience ou l'observation extérieureun
manifeste dans le choc des corps. Je dis qu'un tel êtrenous
pourrait concevoir ou imaginer autre chose qu'un certain ne
ordre de succession dans les phénomènes l'expérience
répétée ou l'habitude lui apprendrait, comme apprend
on
physiciens, à prévoir ce qui doit arriver quand deux aux
corps
ayant des masses et des vitesses données, égales inégales,
dans ou
un rapport déterminé,viendraient à se rencontrer. Mais
il n'aurait aucune idée de ce que nous appelons la force d'MM<
pM&Ma, le choc, la percussion, il-ne regarderait point
comme
un principe nécessaire que le premier mobile communiquât
un mouvement à celui qu'il rencontre, il n'aurait à cet égard
qu'une croyance d'aM~M soumise à un calcul de probabilité
il y a plus, e'est qu'il n'aurait aucune id~M do ce que nuua
appelena communication ou transmiaaion de mouvement d'un
corps & l'autre par cette raison qu'il n'aurttitjamtMa aouti eu
lui-même sa transmission de l'effort ou du mouvement aux
membres, et do ceux'ci aux corps quo la volonté remue,
poMaao ou tança dans l'espa< Caro'oat do taumqHOtnentque
noMa vient l'idée do cette activité du tendance OH du MtiMM que
nous attribuons aux corps qui sont mus ou qui tcadoMt à fe
mouvoir les uns contra les autres.
i)'<~ il 8M~ i" contre oeux qui niont le vrai pnnotptt du
causalité en réduisant tout à uno s!a)p!o liaison dos phéno-
mènes qui se sont 8Hoe<d6a habituellement dant un <wrta!n
ordre, qu'il est impossible quo nous apercevions ou jugion~
comme poMrra!ent ta faire dos êtres qui n'auraient jamais
agi, /<M< un effort, commonoë librement une suite de mouvu-
ments, enfin qui n'auraient jamais exercé to sons muscutairM
on poussant, en soulevant, etc., un obstacle, ou plus simple-
ment on mouvant leurs corps ou leurs membres à votontë
qu'il est vrai que la notion d'une force productive, d'une
cause efficienten'est point une idée de spMsa~MMni de réllexion
dans le sens où Locke prend ces deux mots. Elle n'en est
pas moins universelle, nécessaire, une notion très positive
qu'il ne dépond pas de nous d'avoir ou de n'avoir pas, et qui
a un caractère particulier très distinct de ceux des idées géné-
rales ou particulières qui se rapportent à l'une ou a l'autre
des deux sources indiquées.. e
Mais 2* que contre l'opinion do ce~ métaphysiciens qui con-
cluent que la notion de cause efficiente est un principe inné
ou à priori par cela seul qu'on ne peut lui assigner aucune
origine dans les sensations venues du dehors, cette notion a
une origine et tient à une condition très déterminée, et telle
que si elle venait à manquer, en supposant tout égal d'ailleurs,
il y aurait des sensations et des intuitions phénoméniques
liées entre elles dans un certain ordre expérimental, sans nul
emploi, MMM «t'CMtM appti<*atinn du principe de causalité on
de l'idée de la force productive. Donc cette notion n'est pas
innée puisque, si cMo l'était, <}!ta ae dépendrait d'aucune con-
ditian partieuMerc,ot qu'au no pourrait eancaveiroMaa~igaM
un seul cas oo e}k n'aurait pas lion.
Hevenant à l'étrs sentant at pensant, mais compiMement
passif, dont noue avons fait la supposition (impossible à la
v<5rit<!), nous disons donc qu'il ne pourrait y avoir pour lui
quo des causes ~y~M<'i! ou do simples liaisons do phéno-
m&npa auoefasita sans aucune notion de cause <eM'~< et
cet axiome M évident, ai n~Masaira pour nous, que nul phe-
nomttne n« peut commonaor sans une cause, n'aurait aucutto
valeur F~u, aucun stta« iutoHigibte pour lui. Jo vois bien,
pourrait-itdire, des phenomenea, des mouvements coordonnes
entre eux dans un certain ordre successif ou simultané dont
mon imagination est accoutumée à prévoir la liaison aeci-
dentelle, mais je ne vois point où est la nécessité d'une telle
liaison déterminée, le pourquoi je no sais ce qu'on veut me
dira quand on parle d'une force, d'une cause efficiente qui
détermine le commencement des phénomènes ou des mouve-
ments, sans être otte-mème un phénomène, un objet; je ne
vois pas pourquoi il est nécessaire d'admettre qu'il y ait
quelque chose hors de la série des phénomènes, ni mémo de
croire que telle série ait un premier terme. Observez que tous
les raisonnementsdont le profond sceptique Hume s'est servi
pour saper les fondements réels et naturels do ce principe,
s'appliquent parfaitement à cette hypothèse; et précisément
parce que ces raisonnements sceptiques s'adaptent parfai-
tement à une telle supposition qui ne peut jamais se vérifier
par aucun exemple, et que nous sommes autorisés à regarder
comme chimérique, ils ne prouvent rien du tout contre la
réalité du principe dont nous, êtres agissants et pensants,
capables de créer J'effort, de commencer une série de mou-
vements à volonté, trouvons l'origine et le type évident en
nous-mêmes, dans le sentiment on l'aperception immédiate
de notre existence. !1 est vrai que pour trouver ce type vrai
de toute cause efEeleutM, il ~e s'agit point, comme le dit
Hume, de~eNMKe~e~'ey<M'<&borsde soi, d'interpellerchaque
sens externe et do procéder par une suite de ayttogiamea ou
de raiaonnementa en forme, déduits de tontes les sensations,
mais il s'agit do rotournor sa vue au dedans, do consulter te
sens intime de l'activité ou de t'eBor~ ou comme le dit un
métaphysicien étranger dont j'aime & me trouver trea rap-
pfocM', d'exercer ta 80Ma musculairo et de consulter ses
muscles, etc.
J'ai dit encore que t'&tra supposé raisonnerait sur les pM-
M~ca CM sur la suite dca expëriencea comme 10 font noa
phyaie!eM9. Je dia maintenant que nos physiciens raMonncnt
précisément commo Ha pourraient !e fait~ dana Fhypoth~ae
dont i! s'agit, c'est-à-dire comme ai n'ayant point en cnx, par
suite ne pouvanttrouver hora d'eux, te typa d'aucune force ou
cause eMciento, ils étaient forcés de s'arrêter aux causes phy*
siques ou a l'intuition de pura phenomenea, à prendre cette
intuition externe pour point de départ marqué ou à observer
!oa faits extérieurs, a tes classer suivant leurs degrés d'ana-
logio, à assigner les lois de la succession expérimentale et à
en préciser l'expressionpartes calculs numériques.
Et vraiment si cette sorte d'abstraction ou do mise à
part de toute cause efSciente était une nécessité pour tes
physiciens, comme elle le serait infailliblement dans l'hypo-
thèse singulière que nous avons faite, ce serait peut-~tre une
heureuse nécessité, puisque la marche do toutes tes sciences
naturelles serait précisément la mém~ qa'eMe a été depuis
Bacon jusqu'à nos jours, par remploi constantd'une méthode
d'observation et d'induction, parfaitement appropriée à ces
sciences, avec cet avantage inestimable qu'il n'y aurait plus
de confusion possible entre les causes efficientes et les causes
physiques et qu'il deviendrait impossible de s'égarer, en
appliquant aux unes les lois qui sont exclusivement relatives
aux autres, ou en se livrant à des recherches vaines et témé-
raires sur les forces productives des phénomènes ou sur leur
manièred'opérer.

t. M. Enget (M<'mt~rM de Bef~a). (M. de B.)


Accordons on et~t & noa naturalistes que la reoherohe dea
MMfws en physique ne peut ou ne doit être que cette de l'ordre
do aucceasi(m des phénomènes, il ne pourra Jamais être
question pour eux dans l'application de cette reehetehe que
de reconnattro par l'observation directe, ou par une suite
d'expériences raisonnées, si tel fait de la nature se trouve en
rapport constant avec têt autre, de telle manière que là pre-
xnier ayant liou on puisse affirmer avec ce degré aMperieur de
probabilité équivalent pour nous a la certitude, quo le second
arrive en même temps ou a la suite, à quoi le calcul a}onte
une prouve supérieure lorsque le coM&Mtt des phénomènes
peut être évalué en nombre ou en parties oommensurables de
l'espace et du temps qui se rencontrent dans tous les mouve-
ments phénoméniques.
C'est par l'évaluation de ce combien, toutes les fois qu'il
est possible, qnn les causes expérimentâtes sont reconnues
dans les effets qui doivent y être exactement proportionnels;
c'est par là seulement qu'on peut aussi déterminer que
plusieurs effets semblables, ayant entre eux certains rapports
constants numériques,appartiennentà une mêmo~causo. C'est
ainsi que, comparant le combien des élévations do nuidcs do
densité diverse, dans le tube barométriqueporté à différentes
hauteurs, on a'est assuré que la pesanteur do l'air était la
cause commune de l'élévation de l'caa dans les pompes et do
celle du mercure dans le tube, etc.
Ainsi en comparant les quantités des mouvements curvi-
lignes des planètes entre elles et avec celle du mouvement
des corps tombant de différentes hauteurs vers le centre de la
terre, Newton a découvert par la plus savante induction que
ces deux sortes de phénomènes qu'on n'aurait pas imaginé
avoir quelque analogie entre eux, étaient soumis à des lois
parfaitement semblables et par suite appartenaient à une
même cause, une même force d'attraction ou de génération
répandue dans toute la nature.
Mais après avoir ainsi remonté par l'induction et la com.
paraison des phénomènes successifs ou simultanés jusqu'à la
cause commune qui est eenséa les produire, quelle espèce de
notion le naturaliste peut-il se taira de cette Mt<~? qu'este
pour lui qu'une force productive? Aprëa t'avoir évaluée par
le eotH&tpn des effets ou des phénomènes qu'elle est censée
produire, y a-t-il encore pour lui quelque recherche à faire ?
ou est-il fondé à s'enquérir de eomaMHt de l'action ou de la
production de reffet par la cause?
M se trouve la ligne de démarcationentre les causes phy-
siques et efncientes. Si on la ffancMt, on entre dans un champ
stérile d'hypothèses ou de spéculations aussi téméraires dans
le but que vaines dans tes résultats. Ici nous sommes
heureux de pouvoir nous appuyer sur t'antontô du grand
Newton. Je ne feins point d'hypothèses, dit ce père des
sciences naturelles, quand il se sent pressé de dire ce que
peut être cette force <<!Mf<:e<<eH ou de gravitationuniverselle
qui fait tendre tes planètes vers le soleil, les sateMites vers
leurs planètes, les graves vers le centre do la terre et chaque
motecute de la nature l'une vers l'autre, hypotheses uon /!H~a.
Les choses se passent, les phénomènes se manifestent à l'ob.
servation et au calcul, comme si les corps tendaieut tes uns
vers tes autres par une force propre, quoique cela se fasse
peut-être par quelque force impulsive, universelle, dont il
faut nous résoudre à ignorer toujours la nature et la manière
d'opérer. Et vraiment nous concevons mieux maintenant et
d'après tout ce qui précède
i° Que si l'on remonte jusqu'à la véritable cause efficiente
des phénomènes, il ne peut y avoir aucune idée objective
d'une telle cause, puisqu'elle n'est jamais conçue qu'à l'instar
ou à la ressemblance de cette force agissante moi, qui ayant
le sentiment ou l'aperceptionimmédiate interne d'elle-même,
dans son effort, se conçoit et parvient par un principe d'in-
duction qui est dans la nature pensante, à saisir ou concevoir
d'autres forces actives comme elle, dont elle reste toujours le
type ou le modèle constant et universel. Ainsi le principe
de causalité, étant tout subjectif par sa nature, il doit s'en-
suivre qu'il n'entre que comme élément hétérogène dans
toutes les combinaisons des objectifs, ou plutôt qu'il ne saurait
entrer en aucune mameye, ni dans la elassiBeationdes phéno-
mènes analogues, ai dans aucune forme des calculs numé-
riques qui en exprimenttes lois.
2* Que les corps ae meuvent ou soient mus les uns vers les
les autres d'une manière quelconque et par des forces (.c)
quelconques, il ne s'agira toujours que de la direction et de
la quantité de ces mouvements comparés entre eux eu égard
a la masse et a la vitesse des mobiles. Or ces éléments
restent ça qu'ils sont pour l'observateur, quoique cotui-oi ne
songe en aucune manière à la nature de la force ou à la cause
efnoiente, impulsive ou attractive qui détermine la mouve-
ment, et lors même que n'ayant jamais exercé d'effort comme
dans l'hypothèseprécédente, il ne pourrait se faire aucune
espèce de notion d'une force active et n'aurait que l'idée ou
l'intuition externe des objets mus dans l'espace.
3° Que si la notion d'une force (~) inconnue en eue-même,
mais dont l'existence réelle est nécessairementet infaillible-
ment afnrmée ou crue, vient malgré nous s'associer toujours
a la représentationdes phénomènes, il est bien évident qu'une
telle notion ayant un. type unique, constant et MM~brMe, dans
l'aperception interne de notra propre force motrice M<~M-
<~<e~, ne saurait se diversifier, se résoudre et se multiplier
en quelque sorte, pour former les notions de plusieurs forces
ou causes efficientes, telles qu'on croit pouvoir les admettre
on physique, sous les titres nominaux de forces impulsives et
attractives,tangentiellesou centrales,indéterminéesen elles-
mêmes et connues seulementpar certains efforts sensibles et
appréciables en mesure de l'espace et du temps.
De là sort le fondement certain d'une opinion commune,
adoptée généralementpar les savantscomme par les ignorants,
c'est que toute force ou cause efficiente ne peut être qu'une
impulsion, et que l'attraction elle-même, lorsqu'on passe
des phénomènes qui nous manifestent une tendance ou une
direction constanted'en corps vars an autre dont îl est éloigné,
à la cause réeUe ou à la force qui produit cette tendance ou
direction de mouvements, ne peut être qu'une fOree impul-
sive car la force prapM et individuelle qui sert de typa &
toutes, ne se manifeste que sous un seul modo d'action ou
sous une seule force qui est l'impulsion. C'est par impul-
sion que l'individu meut d'abord ses membres et son corps
en masse c'est par impulsion qu'il agit sur les corps et les
déplace, soit qu'il tes pousse ou les chasse devant lui dans
l'espace, soit qu'il les attire vers lui au moyen de quelques
machines, comme les leviers ou cordes, etc.
Si l'on met donc nue force dans le soloil pour attirer
vers lui les ptanMes qui se meuvent suivant la tangente, et
si l'on suppose qu'il y en ait une pareille dans chaque planète
et jusque dans chaque molécule de matière, cette force sera
toujours conçue sur le seul et mémo modèle d'une MM~M/SMM
qui s'applique aM!M~&<aMN< de corps à corps, quand il
s'agit des phénomènes de l'impulsion proprement dite ou des
lois do la communication du mouvement par le choc direct et
qui s'exerce immédiatement à <&~MCC par le moyen de
quelque fluide ou de quelque machine naturelle interposée,
quand il s'agit de ce que nous appelons l'attraction ou l'action
do <&w vers MM, c'est-à-dire de faire effort pour pousser dans
la direction centrale.
C'est ainsi que Kepler conçut d'abord que les mouvements
des planètespouvaient être dirigés vers le soleil qui en était
comme l'Ame et leur communiquait l'actiongiratoire, etc.
C'est ainsi que Newton, ses disciples et tous ceux qui
veulent se faire quelque notion d'une force attractive sont
obligés malgré eux de la concevoir. Newton adopte bien sans
restrictioncette forme invariablede la notion de cause, quand
il s'exprime ainsi dans sa lettre à Bentley, citée par M. Du-
gald-Stewart dans sa Philosophie de l'esprit humain « On
ne saurait concevoir, dit ce philosophe, qu'une portion de la
matière brute et inanimée puisse, sans l'entremise de quelque
chose d'!amM~w/, agir sur une autre portion de matière,
ou l'affecter de quelque manière, sans être en contact immé-
diat avec elle. Prétendre que la gravité est innée, inhérente
à ,la matière, qu'un corps puisse agir sur un autra corps à
travers te vide, aana l'entremise de quelque autre chose par
htqHpMoat à travara laquelle l'action et la force du l'un puisse
paaaorjusqu'à l'autre, est à mes yeux una ai grande <tAsMf<f~
que je ne puis me perauader qu'un homme d'un sens droit et
capable de l'appliquer aux objets de la philosophie, puisse
comMeMte une telle M<~rMe. M
Ce passage remarquableest surtout bien important pour la
thèse que nous soutenons et pour les conséquences que nous
espérons en déduira dans te courant de ce mémoire.
D'abord, on y voit que Newton rapporte toute eanso efti-
oiento de mouvement à l'impulsion dont ce qu'il nommo
attraction, n'est à ses yeux qu'un cas ou un mode d'exercice
ou d'action qu'il ne cherche point à déterminer et qu'il a bien
reconnu comme étant hors des limites de l'expérience ou de
toutes les déductions du calent, lorsqu'il dit A~o~Mes MMt
~Hye. On y voit en second lieu comment il rattache l'action.
exercée et transmise à distance, & l'entremise de quelque
substance immatériette où vient en effet se rattacher en der-
nière analyse toute notion et sujet de force.
On y voit surtout en troisième lieu combien ce philosophe
avait pou songé à se rendre compte de la nature du principe
de causalité, de son fondement dans notre esprit et des lois
primitives de son application hors de nous, quand il croit
pouvoir absolument se passer de cette entremise, pour se
faire une notion claire et précise de l'impulsion ou de la com-
munication du mouvement de co?~M o corps <&cM le contact
immédiat. Comme si la difficulté de concevoir cette commu-
nication et d'appliquer la loi de cause efficiente aux change-
ments produits dans l'état de repos ou de mouvement, ou en
général dans les modifications d'un corps en présence d'un
autre corps, était moindre lorsque ces deux corps sont en
contactque lorsqu'ils sont à distance.
On voit bien ici la confusion qui s'établit presque toujours
dans l'esprit des physiciens même les plus grands entre les
lois des causes efScientes et celles des causes physiques.
de
f En ayant égard aux premières ou en prenant h notion
efneiente dans c'est-à-dire dana !a
cause sa aontee, <*ona-
eience d'eCort. il eat très vrai que noua Mo pouvons panect oir
d'impulsion exercée autrement que par contact immédiat,
celle qui opéra à distance exigeant toujours quelque milieu
interposé par lequel se propage i'action de !a force motriep.
C'est ainsi que noMs aenteas ou apercevons intérieurement
dana retfort, notre puissance motrice appliquée aux organes
musculaires qu'elle tnet~njeM par uncinHHCoce tMMM~w~
que !o sens intime noua atteste ot que toH8 los raisonnementu
possibles no peuventattaquer.
Ainsi noua percevons les meavcment~ qae notro volonté
produit dana les objets par l'intormédiaire dea organeaaMr qui
olle se déploie immédiatement et ainai de suite de milieu en
milieu, depuis l'objet contigu à notre corps quo noua avons
mia en mouvement, jusqu'au dernier mobile à qui l'autre
mouvement est tranamis. Noua devons donc supposer que la
même transmission de mouvements s'opère en sens inverse,
lorsque nous percevons tes objets éteignes, ou lorsque nous
voyons qu'un corps distant d'un autre se met en mou"cment
à la présence de celui-ci toujours et malgré nous, nous con-
cevons une force t~M~'ce émanée de l'objet que nous appe-
lons cause du phénomène, du mouvement ou du changement
quelconque produit dans un autre, par suite des intermé-
diaires ou moyens de transmission de cette force. Et c'est dans
la déterminationde ces moyens que consistent les hypothèses
physiques explicatives, toutes basées sur les lois générales ou
spéciales de l'impulsion.
Mais il est trop évident que ces hypothèses ne peuvent
s'étendre jusqu'à l'impulsion primitive ou le mode de son
application au premier mobile, qui demeure toujours et
essentiellement inexplicable par sa nature et par la raison que
nous avons énoncée précédemment.
Donc en vertu de cette nature même des choses, ou plutôt
des lois primitives et invariables de notre esprit, l'impulsion
ou l'action d'un corps sur un autre considérée comme cause
«Mctcn<e n'eat paa plua explicable dans le contact immédiat
qu'au trawra (tes plus grandes dMtancaa seulement dans te
pr<})a!cr eaa, noue appliquons hara do noua !& principe do
caaaalite ou d'impulsion, tel que noua Io trouvons en noua-
momes dans le sentiment de t'etîwt ou de t'~Maenco im<n~
diate de la volonté sur les corps Atrangera; taudis qu'une
caasa etNe!ente exeF~ant soo action att loin aana aHOHM M~r-
m<MMH~ est non soulomont tMxpMcaMe, maia m~Me absolu-
ment inintelligible comme étant contraire BM principe n~mc
de aaMaa!M, tel qM'!t est ou tel qH'it natt dana MOtre esprit.
a" blais en n'ayant égard qu'aux causes physiques, eM tai-
sant dec0t6 toHtee qui amppo~ au eoMHMHtde tapradHOtton
de l'effet par la cause pour no s'oecupep que dea pMnom!)nes
et des lois oxpérimontalosde leur succession ou do leur cocs!s.
tonco, oa no doit pas plus s'étonner qa'Mn corps puisse inftuor
sur to mouvement ou l'état d'au autre corps placé & nne dis-
tance quelconque, que s'il le touchait immédiatement, il n'y
a pas plus liou a demander l'oxplication du comment da la
production ou de la communication du mouvement, dans un
cas quo dans l'autre. Et comme, dans notre hypothèse pré-
cédente, l'observateur des phénomènes extérieurs qui n'aurait
jamais fait d'effort pour mouvoirou se mouvoir, n'ayant point
d'idée de cause efficiente, ne trouverait pas plus de mystère
dans la succession ou la correspondance des mouvements de
deux corps éloignés que si ces deux corps étaient en contact,
it se trouverait naturellement dans te point de vue, où nos
physiciens tâchent de se placer autant qu'il est en eux, c'est-
à-dire dans celui d'une sorte d'harmonie préétablie entre les
mouvements des corps qui n'agiraient point réellement tes
uns sur les autres, et par conséquent pourraient très bien se
correspondreà des distances quelconque sans se toucher. En
un mot, dans l'emploi exclusif des causes physiques aux-
quelles les sciences naturelles fondées sur l'observation et
l'expérience extérieure, sont nécessairement réduites, l'at-
traction et l'impulsionsont des phénomènes ou des faits géné-
raux jouissant de la même évidence, dont les lois sont
~at~nent prouvées et auaai ri~nrausenwnt AtahMpa par
t'cxp~ttMnpM et ttt catcni et il n'y a plua ri<'n a savoir ou à
demander au d~ta. Que ai <nn veut Mcamir aux eauaea
efOciputea, il faut reeonnattro que tes forces imputée ut
attractive, aussi myatérieuses t'Mne <{Me roture dana ta f<MH-
tH< do !eMf aetwa ou tte taMr app!icat!«M aux objets du moudu
exMf!cMF, xe )a!aMM égatemeat ramener i'Mae at l'autre aM
typM primitif et unique tt'MMa m6aM force, dont la notion priao
dans aa «OMtcu est auitM ôvMonta quo le fait môme du nutru
existence.
On voit Mon par t'exempte qtK) nous voMOMa de rapporta
qMH malgré la aage méthode suivie par noa phyxictona da<M ou
qM'itit appellentJ!a recherche des e«MSM, et qui no difR're point
de la ctassiMcatioM dos ph6nembnei< ut du catcut des luis «sp6-
fimentatea de leur auceosMon, ita sont toujours entra!)~:).
quoiqu'ils fassent, vors l'application r6ollo du principe du
causalité, et qu'ils ne peuvent parvenir à écarter la notion du
force productive ou de causo cMcionte et a fairo qu'elle ne se
glisse plus dans les opérations intellectuelles exclusivement
appliquées à la connaissancu extérieure. C'est ainsi qu'ils
sont toujours tentés d'apptiaMer les lois purement subjectives
de la causalité du moi, à la succession dea phénomènes du
dehors et qu'ils tes confondent perpétuellement avec cettos
des causes physiques; témoin le grand Newton lui-même qui
a embrassél'illusion de croire, comme le vulgaire des philo-
sophes, que ta contiguïtédes corps était une condition néces-
saire pour la transmission ou la communication du mouve-
ment, sans songer que cette nécessité n'était fondée que sur
l'inductiond'un principe antérieur ou de la causalité du moi
dans l'application immédiate de notre force individuelle aux
organes mobiles qn'ette met enjeu, sans que nous puissions
jamais nous faire la représentation ou l'idée objective d'aucune
force, ni, à plus forte raison, concevoir ou expliquer sa
manière d'opérer dans l'espace ou le lieu, soit contigu, soit
distant. Si les physiciens étaient les maîtres de restreindre
leur science & la détermination des causes physiques, ou,
CMMtM ila te prétendent à celle do l'ordre da auecasaion ou
do combinaiaon des faits oxMrloMra, et & l'évatMatioa du
ecM<MM)dos causes aana aucun retour sur lo eaMMM<< d'uno
action impossible i1 conaaMre et qui peut n'avoir aucune
réalité, s'ils pouvaient enfin adopter sMeMaement et dans la
pratique to point de vaa doa alternes, tels que coux des
eaMaes occasionnelles, do ï'harmoaie p~&tab!ia. <tM'vaat
tesquets les pMttom~M se succèdent ou ae corMapoadont
hora de nous aana aueune inBMonce ou action rAoUo réc!pr<«j(u<!
exe~a da corps à corps dans ta contact comme à distance,
atora vraiment il ao a'agifait ptua qtw d'~e<'M)', de e~<M!M')',
do poser loti lois génëfatea les causes physiques se trouvant
nécessairement renforméos dans les deux demiera progrès
do la science, ne pourraient donnerlieu à aucune rochercho
ultérieure.
C'est bien là !a marche tracëo par Bacon et à laquelle les
naturalistes tAchentde ae conformer autant que possible. Mais
ita n'ont pas toujours ;été los mattres de la suivre exclusi-
vement.
Jetons un coup d'ecit d'abord sur oetto marche.
Au lieu de partir M* a~<~o dos notions de classes, do
genres, comme de premiers principes quo l'ancienne école
adoptait, sans en connaître la valeur, et dont elle interdisait
même tout examen, les disciples de la méthode baconnienne
commencent par bien constater chaque phénomène ou qualité
étémentaire des objets soumis & l'observation directe. Les
premières expériences faites sur plusieurs objets individuels,
manifestant un certain de~ré d'analogie ou de ressemblance
plus ou moins parfaite entre quelques-unesde leurs qualités
constitutivesou. accidentelles, déterminent une première dis
tribution de ces objets on espèces ou familles auxquelles on
donne un nom commun qui convient également à tous ces
objets en tant qu'on ne les considère que partiellement sous
le point de vue des qualités par lesquelles ils se ressemblent
en faisant <t&~MM<<wt de celles par quoi ils diScroat r~&~
CM~.
Ces noms d'espaces sont eoMeoti~. Do naMwllesexpériences
donnpnttif n a d'autres compar«iaonaoKtrtt tes <c<'s d'ob~eta
ou de pItônomèM~ et détwtaiaent la foratattoa doa genres
qui sont aux espèces ça que eottea-e! sont aux individus. Et
c'en ainsi qa'a l'aide de l'expérience, suivant tarama le
même procède d'induction,l'esprit a'ét&va daMa i'~cheMa dea
généralisations ~HeoeaMves, juaqM'~ la conception de ces
rapports de ressomblance ph~Ma)6n!qMe les plus étendus qui
oobfasMnt toute la ehatae & partir de l'individu ou du f<ut
donné par l'observation dirocto, jasqH'aux genres les plus
ôtavës que roMtendemMntsoul peut saisir, on juaqu'~ eos lois
umiverscttes qui phncnt sur tout !a vaste ensemble dos ta!ta
de !a nature, en les résumant toutes dana leur expression la
plus simple et la plus conoiso par cola qu'oUe est h plus
geaerate.
Ces proecdés de gen6FaUaat!on ou d'inductiontaiasent tou-
jours néccasa!rement à l'écart la eaKM efficiente des phcno-
mbnc9, ot no sauraient jamais comdu!re jusqu'à elle, si elle
n'était donnée d'ailleurset avant même ce travail ou M progrès
de l'esprit qui remonte jusqu'aux lois universottes. Que
voulent donc dire îas physiciens quand ils assurent que les
procédés de leur méthode tendent à remonterou a déterminer
los causes parleurs effets ? Est-ce donc que la découverte de
l'attraotion universelle et toutes les preuves certaines dont
Newton et ses dignes successeurs l'ont appuyée a jeté quelque
jour sur la véritable cause e/e<e~e de la chute dos corps ou
de la tendance réciproque des graves? Cette cause n'est-otto
pas un mystère également impénétrable avant comme après
cette découverte? Tout le monde en convient; donc il n'est
pas vrai que les astronomes soient remontés par la connais-
sance la plus parfaite des effets jusqu'à la notion même la
plus incomplète de la cause ou force productive qui est encore
et demeurera toujours couverte d'an voile impénétrable.
Nous savons maintenant pourquoi le mot attraction, dans le
vrai sens où le prennent les physiciens astronomes,n'exprime
donc pas le signe d'une cause réeîie, mais, comme ils te disent
très bien eax-memea, te signe d'un fait le plus général poa.
siMe quo t'observation et l'expérience ont constate dans

Mais le mot attractionpas


chaque cas particulier de la chute dea graves.
encore une autre valeur?
n'emporte-t-il pas avec lui une notion différente de celle de
l'oMet généralisé? n'exprime-t-il pas aussi la notion d'une
cause ou d'nne foMe productive à laquelle !aa physiciens
pensent malgré eux, quand ih emploiont ce aigno, et dont it
n'est pas en leur pouvoirde renier l'existence?
Sans deMte, comme le dit te phitoaophe quo nous avons
déjà cité 1 la seule chose que nous connaiasions de la force
d'attraction, c'est l'effet opéré, c'est-a-diro te mouvement ou
te rapprochement du corps attiro de celui qui attire. Mais ce
n'est pas à la représentation ou à l'idée soute do ce mouve-
mont quo s'arrête notre conception et il y a de plus je ne sais
~«e//s <fMe~<e ou tendance dont le principo, quoique abso-
lument caché, n'en est pas moins nécessairement conçu,
comme la cause du mouvement. Ce je ne sais quoi, n'ayant
de mot originaire dans aucune langue, il a Mtu recourir pour
le désigner à des expressionsqui avaient un autre sens, et
s'appliquaient à dos objets connus; tels que les signes de
certaines affections de t'ame. C'est ainsi qu'on a attribué
ces mouvements des corps qui s'attirent, à des sortes d'ap-
pétits, d'inclinations, de désirs, de sympathie, etc., et cette
conversion des signes du langage détournés du sens moral
au physique, tandis qu'il l'est dans tout autre cas d'uno
manière inverse, serait seule propre à justi&er l'origine ex-
clusive que toute notion de force a dans le sentiment de
notre moi.
Néanmoins je pense contre l'opinion de ce philosophe, que
les substantifsabstraitstels que ceux-ci attraction, impulsion,
venus des verbes exprimant une action, ou des participes
a~M~ens, empe~MM (être une cause qui attire ou pousse) ont
eu pour fonction première d'exprimer les causes ou les forces

t.Enget.tM.deB.)
agissantes telles que reaprit en a la notion, non pas on abs.
traotion ou séparées de Met. mais en vérité avec la repré.
aentation du mouvement on de l'acte qui est indivisible de la
força productive, d'au il suit que los naturalistes sont obligea
de faire une sorte de violence au sens naturel des signes
expressifs des causes eMc!entea, pour les réduire a n'expri-
mer plus que des effets géneratMoa. Quoi qu'ils fassent et mal-
gré la méthode, los termes téta qu'impulsion, attraction, gra-
vitatioa et en générât toua tes verbes actifs substantifiés,
réveittent ou soateveront toujours dans l'esprit la notion de
quelque caaseeM d'un qui agit pour produire têt phéno-
mène ou mouvement détermine, lequel ne peut pas plus être
conçu sans la force qui le fait commencer et continuer que
cette cause no peut être conçue sans lui.
Les signea dont il s'agit étant détournés de la signification
Nc~'oe pour exprimer seulement des effets passifs, tels qu'Us
seraient conçus dans l'hypothèse précédente par un être qui
n'aurait aucune notion de force ou d'énergie, oCrent toujours
deux valeurs qu'on ne songe guère à distinguer l'une primi-
tive et naturelle qui tient à l'application constante du vrai
principe de causalité; l'autre artificielle ou de convention par
taq* ;te on entend la méthode qui tend à substituer une cause
physique à la cause efficiente, ou un fait généralisé à une
force productive individaetto.
Le signe de la cause physique est comme une de ces ex-
pressions algébriques qui représentent, sous une forme simple
et abrégée, des quantités très composées, mais qu'on peut
toujours obtenir par le développement de la puissance, telle
serait (o!+&)".
Dans le premier cas, le signe de la cause <cMn<e est
comme celui de ces quantités irrationnelles on incommensu-
rables qui peuvent se rencontrer dans le calcul analytique,
mais qui disparaissentdans la forme générale de l'équation
dont on cherche les racines vraies, sans qu'on puisse les
déterminer elles m&mcs a csase do leur hétérogénéité, et
parce qu'on ne peut les mettre en équation avec des quantités
i7
do la w~MM <ee. Do là vient qu'elles restent toujours et n6-
caaaairement indéterminées.
Pour pou qu'on soit familiarisé avec la langue des physi'
ciena, on remarquera aisément qu'ila emploient tour à tour !e
même mot sous !ea deux acceptions de cause productive et do
l'effet généralisé. Sans examinerjusqu'à quel point cette sorte
d'amph!bo!og!e peut nuire à la e!af<& et à la précision da tan-
gage, il ma suffit d'avoir ao)é l'impossibilité o& ils aont de
fa!M autrement et la raison da cette impoastbiHté.
Parce qM~ la fonction du signe qui exprime la cause otfi-
ciente, eat nécessairement indéterminéepour le physicien qui
ne peut la mettre on représentationou l'égaler avec aucun
objet du phénomène de l'expérience extérieure, il cherchera
donc toujours à t'<fca~er ou & en faire abstraction. Mais
comme cette mise à l'écart complète ne peut ae concilier avec
un premier besoin do l'esprit humain, comme on ne peut
empêcher ce retour & quelque chose qui est caché sous les
phénomènes et en avant de chacune des séries ou des classes
dans lesquelles ils sont distribués, tout ce qu'on pourra faire
ce sera d'éloigner les occasions de ce recours forcé ou de
diminuer te nombre des cas où le signe de la cause efncMnte
doit être nécessairement employé, ou la cause physique ne
peut plus tenir lieu de la cause emciente, et où on est tenu
enBn de nommer et d'appliquer cette notion tout indéterminée
et obscure qu'ellepuisse être.
Et ici l'on peut apercevoirle véritable motif des eubrts que
font les physiciens pour réduire !e nombre des causes occulte*
on, comme ils disent, simplifier les principes en les ramenant
dans des hypothèses plus ou moins hasardées ou des classifi-
cations arbitraires, jusqu'à une sorte. d'unité systématique,
artificielle qui leur paraît mettre le sceau à une véritable
science, dès qu'ils croient pouvoir en dériver tout, par un lan-
gage de convention, plutôt que par une induction sage et
nwnréo des faits individuels observés, bien analysés dans
leurs circonstances de détail. Pourquoi des discussions si
vives sur l'muté ou la piuratité de ces causes?
S'it s'agit seulement do faits plus on moins généraux et non
point de foMM mystérienaea, on est ob!ig& de reconnattra lea
titres ou d'employer les noms de ces MtecHHM~qni viennent
s'interposer outre tes1. Ma pour en rompre la chatne, et qu'il
faut nécessaifement éliminerpour avoir une science complète,
uniforme dans toutes ses partMa.
Si du moUfet du but sensible de la simplificationdea pria-
cipes ou de la réduction des causes, nous passons aux moyens
quo !ea matât aMstes omploient pour l'opérer, nous reconnais-
a«ns encore mioux combien coa moyens, fondés sur la méthode
d'induction, sont à la fois ingénieux et vraiment utiles dans
l'application aux progrès des sciences naturelles, mais aussi
combien ils sont insnfnaants pour enectner la substitutionpro-
posée des causes physiques aux causes efficientes, combien
mémo ils sont propres à confondre les domaines de ces deux
sortes de causes.
On sait combien de tentatives ont été faites pour réduire
d'abord l'attraction à l'impulsion' puis (de nos jours encore)
pour se passer d'une première impulsion et ramener tous les
phénomènes à une force attractive. Ces tentatives ont été in-
fructueuses jusqu'à présent. Mais supposons qu'elles fussent
couronnées d'un plein succès, qu'en résu!terait-it dans le
point de vue de nos physiciens et le but générât où ils ten-
dent ? C'est que le nombre des faits généraux serait diminué.
c'est-à-dire que les analogies entre les phénomènes particu-
liers de la nature seraient plus étendues, et qu'ainsi, au lieu
de deux c&Mses de faits, il n'y aurait plus qu'une grande classe
ou nn genre supérieur, où des espèces maintenant séparées
viendront converger et se réunir par leurs sommités. D'où
résutterait ce qu'on appelle l'p.qB/teeneM de tous ces phéno-
mènes compris dans une méfe classe à l'aide d'un seul prin-
cipe on d'un seul terme qui ne donnerait lieu qu'une seule
fois pour toutes, au recours nécessaire et 6nal de l'esprit vers

i.Yoy<a les muvrcs do JLcMge de Bu~o)) ~nw~ CM3 <<c la nature, et


de Laplace. (M. de B.)
la cause inconnue. Mais qa'aarait'on fait pour déterMxner on
éMminer celle-ci? rien absolument, et la cause ou la force soit
attractive, aoit impulsive, M'en serait pas moins mystérieuse
après qu'avant la réduction de principe.Toujours enveloppée
dans l'intimité de l'osprit où elle a sa source, on ne pourrait
ni r~oarter en la reculant, ni l'expliquer en la comparant aux
donnéos objectives de l'expérience avec qui elle est hétéro-
g~no par sa nature.
Nous voyons encore mieux a présent comment ce qu'on
appelle la recherche des causes en physique, ne diCere point
au fond de réparation qui consiste a former des classes plus
étendues de phénomènes, qu'un désir oxtrême ou un besoin
naturel de simplifier les principes,contribue singulièrement à
rendre arbitraires en les étendant.
Lorsque pour étendre chacune de ces classes et par là en
diminuer !e nombre, on force toutes les analogies apparentes
de la nature, on dissimule les diuerenees réeMes pour arriver
à ce qu'on appelle Fanité de principe et qu'it vaudrait mieux
nommerl'unité de terme général.
Nous voyons, en second lieu, comment les causes que les
physiciens prétendent a connaître ou à déterminer en remon-
tant jusqu'àelles par l'observation et l'induction des e~e<s, ne
sont jamais les véritables causes efficientes dont la notion
fondamentale nécessaire, individuelle, antérieure à tout pro-
cédé de généralisation,indépendantemême dans sa source de
toute connaissance objective, se trouve par la nature des
choses ou par la constitution même de l'esprit humain, hors
de toute proportion avec la méthodedes sciences naturelles ou
avec les moyens de connaissance extérieure dans lesquels ces
sciences se trouvent renfermées.
Les considérations rationnellesdans lesquelles nous sommes
entrés sur l'application du principe de causalité dans les
sciences naturelles, ou mieux sur l'espèce de transformation
que les promoteurs de ces sciences ont voulu faire subir <t ce
principe universel, nécessaire et inaltérable par sa nature, loin
de nous écarter de l'objet principal de cet ouvrage servent au
contraire à fixer le véritable sous de la question qui nous est
proposée a r~sondre, et doiventavoir préparé tous les moyens
que nous avons pour la résoudre.
En eNet, il était nécessaire de savoir en quoi consiste tex.
plication des ~MMa~MM de l'ordre physique, considérés dans
leurs ~apports mutuels soit d'aaategie oa de resaembiaacp,
soit d'etfets aux causes communes, et surtout de bien se fixer
sur ce qu'on peut entendre par une cause eonptoyëe à expli-
quer un certain nombre de faits extérieurs de la même espèce
et par des effets dont on se sert pour remonter à une cause,
ou avant de chercher si l'on peut ou jusqu'à quel point l'on
peut appliquer les principes,les données et la méthode propres
aux sciences de la nature extérieure à la psychologie ou & la
science tout intérieure des phénomènes de l'esprit ou du sens
intime c'est de quoi il est temps maintenant de nous occuper
après avoir montré comment le sujet et la divis!on de cet ou-
vrage se trouvent tracés à t'avance dans ce qui précède.
Quand une impression est faite paM~eweM~ou sans le con-
cours de la volonté sur une partie extérieure et sens'Me, nous
éprouvons une sensation, c'est-à-dire une modification ou un
changement dans notre manière de sentir. En vertu d'une
induction première, fondée sur le sentiment immédiat de notre
propre effort, ou ce qui ne nous importe point ici, en vertu
d'une loi primitive inhérente à l'esprit humain, nous rappor-
tons ce changement dont notre etfort voulu ou le moi n'est
point cause, à l'objet MAne, comme à une force ou cause
emciente extérieure.
Sans l'intuition d'étendue cette cause efficiente serait
conçue indéterminémentcomme non mot. Avec l'intuition qui
s'exerce presque dès la naissance et qui est contemporaine de
la sensibilité extérieure, la cause se détermine plus ou moins,
en se rapportant à un lieu de l'espace, d'où elle agit, et en
prenant la forme d'une étendue quelconque en moMcemen~;
car nous ne concevons de force ou de cause que dans le mou-
vement d'un corps.
En concevant la cause extérieured'une modification interne
quelconque, nous lui attribuonsla ~epMMHMNeeet la réalité du
moi. Noua lui attribuons hors du mouvemeut effectif actuel
cette virtualité ou faculté constante d'agir, qui reste toujours
la même avant et après !e mouvement et qui est indépendante
de ta virtualité que nous apercevons au nous-mêmes comme la
hase de notre existence.
Il eat bien évident que nous n'avons pas te sentiment ou
l'aperception immédiate de la cause extérieure, comme de
notre propre causalité,puisqu'il faudrait pour cela que le mot
s'identiNatavec elle, et alors le moi serait autre ou la eanse ne
serait plus étrangère mais en vertu du principe d'induction.
ou de la toi primitive dont nous venons de parler, nous sup-
posons ou croyons que l'objet a pour nous modifier ou pour
produire des changements dans notre sensibilité, une force
pareille à celle de notre moi pour produire des changements
sur les organes mobiles de notre corps.
Cette supposition ou croyance H~cc~Miw ne diCere nulle-
ment en principe de celle qui noua fait attribuer au corps
étranger en mouvement, une force ou une énergie capable de
changer l'état d'un autre corps.
Le changement perçu, dans l'état d'un corps étranger au
nôtre et attribué a~ne force extérieure, est un fait physique,
le changement senti dans une partie de notre organisation, et
attribué & une autre cause que la volonté, est un fait physio-
logique extérieur au mot, mais propre à l'organisation.
Mais le principe de causalité s'applique aux deux cas de
la même manière et s'étend toujours du moi où il a tout son
fondement et sa source à un être ou un objet qui n'est pas
moi, et à un espace ou il n'est pas, mais où il localise une
force semblable à la sienne.
Toute force agissanteest conçue comme impulsive, car o'est
par impulsion que la volonté qui sert de type à toute notion
de cause ou de force meut immédiatementnos membres et
par eux les corps étrangers, la force doit s'appliquerimmédia-
tementau terme sur qui eHcfto déploie; sisonaciionestcensée
se propager ou se trausmettre à distance, ce ne peut être que
par une suite de corps intermédiai)Msou par un mtf<pt< telle
est la loi des causes p~M'H~s, eu de l'application du principe
de causalité transporté du moi à d'autres êtres auxquels
nous
attribuons une force ou puissance d'effort pareille à la sienne,
par cela seul que nous les concevons comme des êtres ou des
tMfMcMMSf car le principe d'individualité, pnMotptMtM <H<f<t't-
duationis, comme dit Fécote, étant l'effort pour notre propre
individu, ne peut être dilférent pour les causes individuelles
de la nature; tel est le fondement du système des monades de
Leibmtz qui ont la force pour essence.
La notion de cause ou de force ainsi prise est le dernier
terme de tonte analyse on le point de départ nécessaire
de toute synthèse; au delà il n'y a plus rien à demander,
et toute recherche ultérieure sur y~Menee objective de la
force, ou sur le comment de son application à nn terme,
pour produire l'effet phénoméniqae, impliquerait contradic-
tion avec la premièreloi de la connaissance. Ainsi par i'ap-
plication nécessaire et constante du principe de caasaUté,
nous croyons qu'il existe des objets, causes des sensations,
sans avoir aucun moyen de connattre, ni aucune raison de
demander ce que sont ces causes en elles-mêmes et indépen-
damment de leurs effets; nous croyons de même que ces
objets agissent sur les organes sensitifs externes pour les
mettre en jeu comme notre volonté agit sur les organes
mobiles pour les contracter ou les déplacer, c'est-à-dire par
impulsion accompagnée de cette sorte d'effort ou de tendance
inséparable de toute idée de cause efficiente.Nous attribuons
cette vertu impulsive aux objets de l'intuition que nous perce-
vons à distance, comme aux causes des sensations affectives
qui sont censées en contact avec nos organes; mais dans le
premiercas nous supposons l'existence nécessaire d'un milieu
interposé entre l'objet et l'organe, sans lequel la cause de
l'impressionne pourrait pas transmettre son effet à l'organe.
Mais cet eBet ou l'impression faite sur l'organe n'est pas la
modincstion sensible ou le changement survenu dans l'état
intérieur de l'Ame ou du moi, et lorsque nous venons à distin-
guer ces deux éléments, noua concevons eneoM que cette me-
diMcation, on le changement dana l'état intérieur du moi est
retfet d'âne autre eapaca d'impulaion produite par les organoa
ou par te nuide particulier qui les pareMurt, sur rAme ou aap
son a!ëge. Telle est rhypothbae la plua naturelle, en quelque
aorte te résultat teptas direot de l'application du pt;ncipe de
causalité, servant a figurer ou à repr~aenteF hora de nous,
aoMa
une espèce de forme symbolique, la notion de cause «?-
ciente.
Aussi voyons-noaa cette hypothèse génëratemont admiso
par tous les philosophes soit metaphysMiena~c~Mo. soit
Mteme par toa natHralMtea qui, en cette qualité, semblaient
devoir s'arrêter aux phénomènesou à l'ordre de succession
expérimentale. Ainsi quand Locke n'hésite point a aNrmer
que les corps ~a~M&oX en HOtM des iddes ou sont les cat4ses
efficientes des idées de sensations,it aflirme comme
une suite
nécessaire du même~MM~eque c'est manifestement
par voie
d'impulsion que se fait cette production; car c'est la seute
manière, dont nous concevons qu'un corps puisse agir. Mais
pourrions-nous concevoir que les corps agissent et
que c'est
uniquement par impulsion, si nous n'avions pas agi
nous-
mêmes, et si notre volonté n'était pas une force impulsive ?
Locke n'est pas remontéjusque-ia; aussi en employant dès
son premier pas la notion nécessaire de cause efuciente et
l'appliquant à l'origine dos idées de sensation, laisse m cette
notion elle-même sans origine et s'il évite de la considérer
comme innée à l'exemple des métaphysiciens qu'il combat, ce
n'est qu'en dissimulantle caractère et la nature de cette notion
fondamentale et, par une sorte d'inconséquence qui lieu
a
d'étonner de la part d'un philosophe aussi judicieux, reniant
le principe même qu'il a été obligé d'admettre des en début,
son
ou en transformant les lois nécessaires, universelles des
causes efficientes, en lois abstraites et accidentelles des causes
physiques.
Newton semble aller plus loin encore dans ce sujet, et après
avoir montré par le précepte et l'exemple qu'il faut écarter
toute notion de cause otnfienta dans la rocherehe dca lois ~é-
nëralea de ta nature au dans l'appMeatianda ces lois aux phe*
nomenpaparticaliera,il aamhtoonhtipr teat & fait aea prineipftt,
toraqu'it vent indiquer parhypoth~o t'wigiMc dus aenatMittna,
ou expliquer ta <!<ttMMeH< de la production dea idées, 9n trana-
portant aux objets exMMCHrala causalitéef(!ciente.
La s~HM~MM des an!maux, dit-it, M'eat.tt pas ta lieu où «st
présente la substance penaanta et ad /<) ~<'CM MHMA/M ~x
choses sont porMea par les nerfs ot to eerveau, afin qM'~ks
puissont ~tra per~Mea par t'esprit qui est présent en ee lieu.
ta?
Cette hypttth~ae MM t(etMb!e-t-et!e pas tenir à t'~afanM do la
philosophie, à ces temps où t'ttn croyait pouvoir tout ospti.
quer, ppêoiaémoatparce qu'on ignorait tout, et qu'on alliait
les produits vagaoa d'une imagination sans frein et sans guide
& certainsprincipes ou notions primitives,dont on était encore
si loin de pouvoir se rendre compte, et d'on connattro la
source. Que des hypothèses physiques ou mécaniques do les-
pèce de celles employées par Locke, Newton et tant d'autres
phitosopnes en remontantjusqu'à Démocrite et Ëpicure, ayant
toutes pour but commun d'appliquer la notion de cause eM-
ciente à l'origine des sensations et des idées, se présentent
assez naturellementà l'osprit lorsqu'il veut remonte) à cette
origine, avec ses habitudes acquises, en se laissantaller aux
mouvements de l'imagination, ou en consultant les analogies
de la nature extérieure; c'est ce que l'on conçoit aisément, et
ce que confirme l'accord de tous les philosophes qui se sont
rencontrésdans l'emploi de la même hypothèse, en appliquant
la notion de cause ou de force impulsive aux premières idées
de sensation.
Mais ce qui est vraiment inconcevable, c'est que des philo-
sophes aient donné à cette hypothèse la valeur de faits primi-
tifs, sans avoir égard à la nature ou au caractère du principe
dont elles pouvaient être déduites; c'est qu'on ait espéré de
pouvoir jeter par ce moyen le moindre jour sur la manière
dont une sensation peut être produite; c'est qn en!!n Fon n ait
pas vu qu'on voulant d'un« part tout dMMifa da la «MMatian,
«t d'auto part fo bavant ehtig~ da ooaaid~er la sensation
paaaiw cftHMo un effet des earps ou des ~uha<aMtiea ~tran-
g~a 6n tombait néMatairamont dana une pét!tiou do pr<n-
titpo, puisqu'on 8Mpp«nait h~M de la MRHM<en et comme
!n<Mpead<tMte d'eUe, doa objets ctmsaa, qui sont aon~a n'être
donné» que par la aonaat!on et aven elle. Do plus on a'Aeatta!t
de la maM'hM propre aux actexecs oatM~Mea qui pfMcdt de au
renfermerdans la tim!te des ta!ta ast<r:CMM ('M !nt~f!<!H<M,
dans l'observation de toM~ attatagies ou dKÏXroHCM et eaMM
dana la rechet e!«t dea eaMa~ phyo!q))cs ea a'totoFdtMmtt«Mt«
rcoharche de causes efficientes ou du eemment do t~Mp
action.
Si l'on pouvait a'astreind~ rigoureusement à ce praoëdë
onëthodiqac en bannissant absolument de reprit touto notion
de cause ef<!c!enta ou de force productive, alors sans doute
les mouvements de corps a corps ou los faits exterieora, et
les impfeasioM de la sensibilité ou les fails intérioursseraient
ega!cment perçus dans un rapport unique de aucoession dans
le temps. L'un nattrait ou serait senti à la suite de la repré-
sentation de l'autre, sans que l'êtro sentant et percevant eat't
la moindre idée do quelque énergie ou force en vertu de
laquelle !e phénomène premier dans la série produirait celui
qui vient après, et aussi sans aueane anatogie ou ressem-
blance perçue entre ces phénomènes d'espèce différente car
ainsi que nous l'avons déjà remarqué, c'est en vue d'éviter
la répétition trop fréquente de rapport de causalité et de
diminuer le nombre des causes qu'on est déterminé à étendre
et forcer les analogies des phénomènes. En écartant donc
toute notion de causes efficienles pour s'en tenir aux causes
physiques ou aux lois de la simple succession des faits
externeset internes, il ne s'agirait que de constater par deux
sortes d'observations appropriées, la liaison de deux ordres
de phénomènesqui, quoique l'on fasse, resteront toujours
deux sans qu'on puisse les réduire à l'unité réette de principe
ou de cause, ni même à t'unité artincMie de c&~c, & moins
qu'on n'<Ht!e diFMtemont eont~ r6vid<'ncadoa faits pn«titib,
qui étabMasont tenrdu~M; aiMsit'onovitoraittoutt'atMbMfaa
dea ~ptiMtioM~ tout la vide des hypoth~s~ gratuites et
purement imagiaairaa; on ao trouverait alora placé comme
natuMMamcnt dans le point de vue d'une aorte d'A<M'MMHt<'
~AaMc d'uno part entre h's mouvement a oxtérieurs ou
physïqoes doa objets et tos intpreasions organiques CM ta jeu
des fibres Merweusea, têt qu'on suppose qu'il a lieu quand Mn
objet ou un Mmde quelconque v!ant éhranler un organa, ot
d'antpa part entM ces impressiona aH ce jeu do nerfs ot les
modifications do t'~MM ou du moi, harmenia telle que le mMa-
vement du eorpa. les impressions dea organes et los modifi-
cations de t'ame M correspondraient rAgu)!erempnt,''hacum
dana la série a !aqMeHe appartient, sans qa'H y e&t testa-
ment aMCMne action ou iuftaeKce réciproque, ni rien en M*WM
de ~MCtt'Mn pFodaistt p!c!tetHentt*aMtf(t,cequi é!o!gncrait
!e recours a une cause eMciente des premières sensations et
diapanaenut de faiM aMcune hypath&se sur la nature et
t'esptco de l'aotion impulsive attribuée aux objets, ou sur la
manière dont cette action peut être transmise mediatemont
ou immédiatement aux organes des sens et de ceux-ci a
t'ame, etc., ou au lieu du cerveau o(t elle est présente.
Mais il faut reconnaure, et toute notre expérience nous
atteste que cette sorte d'abstraction ou de mise à l'écart d'une
cause efficientedes sensations est impossible dans la pratique:
pourquoi en est-il ainsi? pourquoi sommes-nous si généra-
lement enclins à supposer une première impulsion partant
des objets, et communiquée par une suite de corps ou d'agents
intermédiairesjusqu'au lieu où l'âme est présente? pourquoi
cette hypothèse paratt-elle si naturelle, je dirais presque si
nécessaire,qu'eMe a été adoptée par tous ceux qui ont dirigé
leurs idées de ce coté et qu'il ne faut rien moins que toute la
profondeur de méditation et de réBexion luttant contre la force
et l'ancienneté d'un préjugé philosophique pour élever des
doutes sur le fondement réel de cette supposition, et pour
faire comprendre
t. Qu'on ayant égard aux eauaes eMpientPs ou au rnado do
faction, da t'inOuenatt réelle, efttcaee. que
nous attribuons
aux suhatancea les unes aurtea autres, i'impuMon au tacem.
munioation du mouvement par le cAoc immédiat da
eorpa à
corps, n'est pas moins un mystère impénétrable, quo t'at-
(ractio~ ou te mouvement communiqué & distance d'un
eorps
& un autre <t <MM~ /e vide et aana intermédtaira tand!a qu'en
n'ayant égard qu'aux eaMaea physiques ou aux lois do la
succession dea ph~notn~nea, l'attraction et r!mpute!on sont
deux ta!ta généraux également certains et de)non<)~a
par
l'expérience et le calcul.
2" Qu'en appliquant aussi la toi des
causes efficientes à
t'!nMuenoo de certains agenls externes
on mouvement sur les
organes des sens, et des ébranlements de coux-ci sur les sen-
sations de rame, comme & rinMuenee de ces sensations
les perceptions ou intuitions des objets qui los accompagnent
sur
ou los suivent il n'y a ni plus ni moins de mystère à concevoir
ou expliquer comment ces effets de différente nature sont
~M'<MfM<~ soit qu'on suppcse
une première impulsion transmise
par une suite de mouvements ou d'agents mobites intermé-
diaires depuis l'objet jusqu'à la substance qui sait, soit qu'on
ne suppose rien de pareil et que la perception des objets quii
est le terme final et la conséquence réputée nécessaire de tous
ces mouvements physiques ou organiques, s'accomplisse
d'une manière immédiate sans aucun mouvement ni impres-
sion antérieure, et comme par une sorte d'inspiration tandis
que si l'on ne s'occupe que des causes physiques ou des lois
expérimentalesdes phénomènes, il est égalementévident que
tels mouvements soient suivis ou accompagnés de telles
impressions organiques qui correspondent à certaines sen-
sations, lesquelles sont suivies de perceptions, etc.
30 Qu'en ayant égard encore à la
cause efficiente ou à sa
manière d'opérer, il n'est ni plus ni moins mystérieux ou
difficile à concevoir qu'une impulsion physique
ou un mou-
t. Voyex les recherches sur rentendpment humain. parR~M, et la pM)<M-c-
sophie de BuptM-Stewart. (M. dp B.)
vement extérieur puisse produire une ~H~«M< qu'il ne l'ost
d'admettre qu'un corps en mouvement produiso dans un autre
corps un mouvement égal an aien ou de ta mc<ne e~ce par
quelque vertu ou énergie soit impulsive au contact, soit
attraetivo & distance, etc,
Et vraiment, quoique dans leur manière de concevoir ou
d'apptiquer lu principo de causalité, les physiciens ycutent
toujours qu'il y ait quetque analogie entre l'effet et la cause,
on ne voit pas d'abord comment cette analogie ou reaMnt-
blance entre des faits qui ae succèdent pourrait nous ee!airer
en nea sur la nature et la neeeMité de leur liaison ni sur te
comment ou le modo de production, et notre curiosité à cet
égard n'est guère plus auacoptiMe d être satisfaite lorsqu'il
s'agit do la succession constante et régulière de faits aussi
hétérogènes entre eux quo le sont des mouvements représentés
hors de nous et des impressions auectives ou des modiNea-
tions intérieures de notre sensibilité. Cependant il est de fait
que les lois de l'impulsion de corps à corps, paraissent par-
faitement claires et intelligibles à tous les esprits, tollement
que lorsque les physiciens parviennent & ramener à ces lois
des phénomènes quelconques, ceux-ci passent pour être sufli-
sammentexpliqués, et l'on no croit pas avoir rien à demander 1;
il y a plus, c'est que le mouvement d'un corps qui vient à être
rencontré ou choqué par un autre nous semble être un effet si
naturel, si nécessaire du mouvement de ce dernier pris pour
f. Cette phM graude hcittM qa'MtcroM trouver à concevoir une liaison d'*
cause et d'effet entre des faite homogèue)! tient teujouN au même ptiucipt'
de la contMiMt des causes eMdetttes avec celle des causes phy<queo.Comme
dans ee dernier cas il ne s'agit que dune simple liaison M~eM)/H,duneM!'o-
ctatlon entre deux faits successifs, il résulte dea lois si bieu connues de
l'assooiationdes tdeea ou des images que ces phénomènesont plus d aNnite
entM eux, plus de tendance 4 se lier dans rimagination, a s'y reproduire t'un
par t'antre, ou & devenir signes l'un de l'antre, toraqu Us se ressemblent entre
eux, comme deux mouvements par exempte, que totsqn'ib sont d un ordre
tout diftereut; aussi faut-il une expérience moins longue ou moins répétée
pour que l'imagination s'accoutume à représenter les deux Mis analogues
dans cet ordre nécessaire que l'un est dit cause de l'autre, mais cette facilité
do passade de rimajftMConn'Mue en rien sur la Uatson réelle et mecessNrc
de la cause a i'enet. (M. de B.)
cause prochaine ou seconde, que t'en se oroirait co état do
prévoir « ~< ça qui doit arriver dans )to choc des eorp~
avant l'oxpérionce.
En vain le scepticisme te plus délié, armé de toata~ pièces
contre les hases de ta certitude, nie le fondement mémo do
notre idée de causalité ou de liaison nécessaire en ae i~adMl
sur ce qn'it n'y a réellementaucun moyen naturel de concevoir
ou d'expliquerassurémentqu'un corps peut agir aurun autre
ou lui communiquerune partie de aonMMMWHMMt,cette com-
munication se réduisant à une simple liaison de phénomènes
successifs ou simultanés, liaison contingente ou fondée uni-
quement surt'expérience et qu'il eût été impossiblede ~MW
ou de déterminer a ~MWf!, comme cela devrait être si reCet
était tM<eeMNM'eNM'H< ti6 à sa cause, ou comme si nous avions
la notion vraie et distincte de la cause efficiente ou do la
manière dont elle agit pour produire son eBet. En dépit de
tous les arguments sceptiques, la relation nécessaire établie
entre des mouvements de corps à corps représentés dans
l'espace dont l'un est produit non pas seulement à la suite ou
à l'occasion, mais en vertu de l'autre, nous semble toujours
porter avec elle ce caractère d'évidence immédiate qui la mot
au-dessus des explications dont elle est ene-même le moyen;
toujours nous serons portés à considérercette relation comme
fondée 9ur la nature des choses, ou sur quelque loi primor-
diale de notre esprit; et quand on dirait qu'elle l'est unique-
ment sur une AaM~Mf~, comme cette habitude est universelle
et sans exception, il faudrait toujours admettre qu'elle tient
à quelque faculté ou prédisposition de notre nature pensante.
Mais il n'en est pas de même quand il s'agit de concevoir
une liaison entre les mouvements représentéshors de nous et
des impressionson des modifications internes produites dans
un sujet sentant <M ce~M de ces mouvements.
Nous savons bien par une expérience répétée à chaque
instant que de tettes modifications ou de tels changements
survenus dans l'état de notre MMStMëM correspondentà telles
représentationsou intuitions objectives, et la physique peut
aller jusque considérer cos modincatienaeammedea résuttats
de mouvements fxtérieura communiquéa à ooa organes, été
mais comment un toi mouvement communiqué peut-il amener
à sa suite un phénomène qui a'a avec lui aucune espace de
rapport, d'analogie ou de rossemMance? comment une sen-
sation ou une modincation de t'ame est-elle ~o~K~e en vertu
t
de impntMon attribuée à l'objet extérieur? c'ost ce qui paratt
d'autant plus inconcevable que l'effet d'un choc ou d'une
impulsion quelconque ne paratt devoir jamais &tre d'après
notM espënence, qu'un mouvement produit dana l'espace, et
qu'ici it a'agit d'une sensation elfectuée dana «M temps sans
aucun rapport a l'espace.
Aussi quand Locke dit dans le passago déjà cité (liv. M,
chap. vx, § ~) que l'impulsion est la seule manière dont nous
concovona (suivant la loi des causes eMcientes) qu'un corps
puisse agir sur un autre corps, it ne fait qu'énoncerune vérité
hors do toute contestation; mais quand il conclut de là quo
c'est MKM</iM<eMeH~par voie <fwtpM&MM que les corps ~'o-
~MMM<<en MOtM des idées, il dit une chose tout à fait hasardée,
si elle n'est tout à fait inintelligible et, à moins qu'on ne
confonde deux ordres de faits aussi essentiellement hétéro-
gènes que le sont dos mouvements et des idées ou des sen-
sations, on ne saurait concevoir que la conclusion ait quelque
rapport avec le principe. Non seulement nous ne concevons
pas qu'un mouvement représenté dans l'espace puisse pro-
<~MM*e une sensation ou une modificationinterne
aperçue seu-
lement dans un temps mais de plus il est inintelligible qu'une
sensation ou une modification interne puisse avoir pour cause
efficiente une autre sensation de la même espèce ou com-
mencer en vertu d'une autre modificationpassive comme celle
qui requiert aussi une cause en vertu de laquelle elle com-
mence et ainsi de suite. Prolongez en effet tant que vous
voudrez la série des impressions ou des affections purement
internes dans un être sensitif, tel que la statue de Condillac
avant l'exercice du toucher (qui sent crée dans ce système
l'étendue ou l'espace extérieur), vous aurez bien une chaîne
continue de sensations qui ao succèdent ou naissent dans
l'ordre du temps, les unes après tes autres, mais non pas les
unes en vertu des autres, comme les euets naissent de leurs
causes par une véritable génération on production e0<!ace;
et t'ame de la statue se trouvant constituée en dépendance
nécessaire de tout.ce qui t'environne, sens jamais être la eatMP
de ce qui se passe soit en elle et dans son organisation, soit
an dehors, aura beau sentir des modifications intérieures qui
se succèdent, elle ne s'élèvera jamais à la conception d'une
cause efficiente qui les effectue et n'attribuera jamais à une
sensation antérieure la vertu ou l'énergie nécessaire pour pro'
duire celle qui suit.
Que faut-il donc, ou quello est la condition nécessaire pour
que l'aperception interne, et par suite l'idée ou la notion de
cause efuciente ou force productive puisse entrer dans l'esprit
de la statue?
Voilà le problème qui se présentait & résoudre dans un
traité qui avait pour objet de déterminerl'origine et la réalité
de nos connaissances. Condillac n'a pas même eMeuré cette
question et nous savons a présent comment il s'était interdit
tous les moyens de la résoudre, en prenantla sensation passive
pour origine exclusive de la connaissance.
Nous avons t&ché de remplir cette lacune importante dans
les considérationsqui précèdent. Mais nous avons besoin d'en
ajouter de nouvelles,ana de pouvoir éclairer la difnculté qui
vient de s'élever tout à l'heure. Pourquoi la notion de cau-
salité nous paralt-elle se lier d'une manièreplus immédiate et
plus nécessaire à la succession des mouvements ou à la com-
munication qui s'en fait de corps à corps, qu'à toute autre
succession de phénomènes d'un ordre différent? Y a-t-it
quelque peu d'analogie ou de ressemblance entre les termes
ou les phénomènes que nous concevons comme étant primiti-
vement et nécessairementliés entre eux par la relation de
cause à eBet? Et quelle est cette analogie? Nous ne pouvons
jdouter maintenant, d'après ce qui précède, que dans un être
tel que la statue de Condillac, dont les sens commencent
pour la première foia à s'ouvre anx impressions du dehors,
l'idée de quelque c«HMc f/~K'M~ne saurait absolument lui
6tre suggérée par aucune impression externe, moins de
supposer qu'elle n'ait déjà cette idée innée ou infuse & son
esprit avant l'expérience. mais nous n'aurons pas besoin
d'une telle supposition qui est comme le coup de dëaeaptwt'de
l'analogie si nous concevons rame de la statue comme doMee
par sa nature du pouvoir d'agir aur certains organes, sur
lesquels elle aa deptoio immédiatement, de créer l'effort,
d'apercevoir ou do sentir les modineationo qui en sont des
prodahs ou des résultats comme des e~e<s dont son action est
la ea~e. Cela pose, les seuls modes qui soient les e)Tots
immédiats de re~r<, eo sont dos tMOKcemeH<s musculairos au
moyen ou par l'intermédiairedesquels la statue peut produire
certaines modifications sensibles, telles par exemple que des
odeurs, en supposant qu'elle ne pat les sentir que par un
mouvement d'inspiration nasale forte et prolongée (comme
nous l'éprouvons dans t'eMcAt~Mcatea~ et lorsque nous
/aeroMs avec un certain effort d'attention), ou encore plus
naturellementdes sons que la voix émettrait volontairement
et que t'ouïe percevrait comme des résultats du mouvement
do l'effort vooal, etc. -Toutes les modifications ainsi pro-
duites par les mouvements ou à la suite des mouvements
volontaires étant aperçues par t'ame de la statue comme des
résultats médiats de sa volonté ou de son pouvoir d'agir, de
son moi enfin, emporteraient donc avec elles d'abord l'aper-
ception immédiate et par suite ta notion d'une cause, qui ne
saurait en aucune manière naitre du dehors, ni d'aucune
succession passive d'impressions. Remarquons à ce sujet
que le mouvement on la contraction musculaire, étant tou-
tours et nécessairement t'eBet ou le produit immédiat de la
ceMe efficiente, devient cause seconde ou moyen de la modi-
fication active qui est aperçue ou sentie ainsi, comme un <~e<
secondaire ou médiat de la volonté.
Telle est la véritable origine naturelle de cette sorte de
proportion métaphysique qui a servi comme de pivot ou de
'8
point Muiement à tontes lea idées métaphyaiques, théoto.
giquea et politiques d'un de noa célèbres modernes la
cause
est au moyen ce que ta moyen est à l'eBet. Cette formule peut
&tre ramenée à l'expression d'un fait do sens intime. De cette
manière la volonté (cause efficiente) est au moyen ou à l'effet
immédiat(te mouvement produit) comme ce mouvement est
à la sensation qui en résulte et qui devient ainsi l'offot m<Mm~
de la volonté.
La sensation qui a et6 ainsi eMeotuee d'abord
par le con-
cours de la volonté, peut venir & commencer sans elle et sans
l'intervention du mouvement volontairequi était te
en moyen
et des lors il n'y a plus de sea<wM'~ ou d'aperception aotuelle
de la cause moi qui était liée à la modification active, mais
seulement le souvenir ou l'idée de cause
ou d'un pouvoir qui,
demeurant présent à l'esprit sans s'exercer actuellement,
s'associe à la sensation passive comme le sentiment du
pouvoir se liait à la modification active. Or, cette association
de l'idée de cause efficiente avec une sensation qui
commence
sans l'effort ou le vouloir du moi, emporte avec elle t'exté-
riorité de la force conçue par induction,
comme nous le
verrons plus bas. Or; je dis qu'à la notion de cette force
extérieure indéterminée sous tout autre rapport
que celui de
l'existence, doit nécessairement se joindre celle d'un
moyen
ou d'un intermédiaire par lequel elle produise la sensation
et ce moyen ne peut être qu'un mouvement, ainsi en substi-
tuant l'idée de cause étrangère à l'aperception de l'effort
voulu, nous trouverons encore la même proportion qu'aupa-
ravant. A partir du fait primitif de la conscience, la force
motrice ou la cause avec laquelle le moi est identi&é, peut
ne
être conçue comme agissante, que dans un dans
espace et un
temps, car l'espace est comme la forme inséparable de I'aper-
ception immédiate du terme organique
sur lequel la volonté
se déploie~ elle temps est la forme même sous laquelle le moi
existe en s'apercevant qu'il agii- ici la liaison de ta csass a
l'eBet, ou du moins à l'effort et à la sensation musculaire
produite, est vraiment immédiate et de cette immédiation
mema résulte t'impossibitité d'analyser
ou de résoudra la
notion de causalité ramenée à
son origine. Dire que la volonté
se déploie dans un espace et dans un temps, c'est dire quo
son action consiste dans un mouvement produit, ou qu'elle
ne se manifeste et n'existe pour elle-même que dans la pro-
duction du mouvement,
car ce mode est !e seul qui réunisse
d'une maniera indivisible les deux éléments de l'espace du
et
temps. En transportant la causalité hors de
induction première, nous par une
nous y transportons aussi l'idée d'un
mouvement produit dans l'espace dont la notion de cause ou
de force est inséparahte même à
son origine, et comme notre
force individuelle n'agit,
pour produire la modificationactive,
que par te moyen ou l'intermédiaire d'un mouvement effectué
dans le corps propre, la force étrangère
ne sera de même eoH{-Mc
comme produisant une sensation passive, que par l'inter-
médiaire d'un mouvement enëctué dans l'espace extérieur.
D'où suit la même proportion qu'auparavant substituant la
en
force étrangère ou sentimentde la force du pouvoir du'moi.
ou
Cette analyse nous fait voir déjà pourquoitous les hommes
(les philosophes comme les ignorants) sont conduits
comme
naturellement à croire ou à supposer que les objets
ou les
causes de nos sensations agissent sur les sens et sur lame
au moyen d'une suite plus ou moins longue de mouvements
communiqués de corps à corps, propagés jusqu'à l'organe qui
reçoit l'impressionou jusqu'au lieu ou la substance sentante
est présente. Mais si nous voulons nous rendre un compte
fidèle de ce qu'il y a de clair ou de vraiment distinct dans
l'esprit, lorsqu'il applique ainsi hors de lui la double relation
de la cause au moyen et du moyen à l'e~,
nous trouvons
i* Que la liaison du mouvementvolontaire comme à
la sensation qui le suit ou l'accompagne comme effet,moyen,
participe
à l'évidence première et immédiate du fait primitif de
cience, ou du sentiment mèmerdu pouvoir dans la production cons-
immédiate de l'etfort, tandis que la liaison entre le
mouve-
ment supposé ou imaginé comme moyen, et la sensation pas-
sive étant hors du fait de conscience, prise dans
un point de
vue étranger au sens intime ou à ia réflexion, ne peut avoir
qu'une certitude d'induction ou d'analogie fondée sur cette
proportion comme la modincation active est au mouvement
volontaire qui sert de moyen à la force du moi, ainsi la sen-
satioa passive est au mouvementextérieur qui sert de moyen
à la force étrangère pour produire cette sensation.
Une telle croyance analogique,quoiqu'elle se déduise assez
naturellement d'un fait de conscience, ne saurait sans doute
partager toute son aM<en<~ et c'est vainement que le scepti-
cisme chercherait à se prévaloir contre celle-ci des motifs de
doute qu'H oppose contre l'autre.
2* Qu'en s'en tenant, comme ïe fontles physiciens et lesphy-
siologistes, à la liaison des moyens et des mouvements
externes et iuternes entre eux, la connexion des causes et des
effets se trouve exprimée dans une suite de termes semblables
ou analogues en progression continue dont la raison com-
mune, celle de la force motrice, a son produit eSectué dans
l'espace et le temps, se répète d'une manière identique d'un
terme à l'autre.
Mais pour que cette progression soit vraiment continue, ou
pour que l'esprit puisse la parcourir régulièrement, sans
changer de point de vue, sans faire de saut, et en conservant
toujours présentela même relation identique, il faut que tous
les moyens qui séparent le premier terme du dernier, ou la
force productive de l'effet final, y compris cet effet lui-même,
soient également conçus on représentés dans l'espace et Io
temps, e'est-a-dire que ce soient des mouvements ou des
liaisons de mouvements. La progression ne peut donc pas
aboutir.à un dernier terme ou à un effet qui ne serait suscep-
tible par sa nature que d'être conçu, senti on aperçu dans le
temps, en excluantl'espace, comme des affections simples dé
-la sensibilité et des modifications purement. rénexives de
l'esprit, et il n'y a point de pr&gr~ naturel on de relation
intelligible entre une cause ou une force agissante dans
l'espace extérieur, et un phénomène intérieur quelconque.
3° La loi d'analogie, sur laquelle se fonde l'application du
rapport de eaaaalitô à dea eneta physiques, Mpese donc tout
entière sur la forme de l'espace qui doit être commune aux
deux phénomènes liée entre eux par cette relation, et l'on
voit maintenant pourquoi nous sommes si fortement enclins
naturellement. sans avoir besoin même de l'expérience répétée,
à regardercomme nécessairesles lois de l'impulsion on de la
communication des mouvementsde corps à corps, en y appli-
quant directement le principe de la cause emciente ou la
notion de force, de pouvoir, prise en nous-mêmes a priori,
et après avoir abstrait de cette notion le sentiment intime que
nous avons de notre force propre individuelle; tandis que tout
hommeréfléchi est forcé de reoonnaitre qu'il y a un hiatus ou
un véritable abtme impossible à franchir entre une suite de
mouvements quelconques représentés dans l'espace et une
sensation ou des faits du sens intime; do plus, qu'il n'y a
aucune liaison intelligible de cause et d'effet entre une sen-
sation passive et une autre modification interne de la même
espèce, et de cela résulte une nouvelle preuve de la différence
énorme qui sépare le rapport de causalité de celui de suc-
cession ou de la simple liaison en temps; car cette dernière
peut s'établir également suivant les lois de l'habitude ou de
l'association des images, entre des phénomènes quelconques
analogues ou dissemblables; et il n'est point nécesaire que
les termes d'une même série se représentent à l'esprit sous
une seule forme commune et identique, telle que l'espace, pour
contracter entre eux cette liaison d'habitudedans le temps qui
fait attendre ou prévoirle second quand le premier vient à se
présenter, ainsi de suite.
4* Qu'en ne s'attachant qu'au rapport du moyen à l'effet et
négligeantle rapport plus intime, primitif et fondamental de
la cause au moyen, ou de la force motrice (qui a toujours l'ef-
fort pour type) an moyen (au mouvement produit), c'est-à-dire
en ne voyant qu'un rapport simple là où il fallait reconnaître
unepro~M~MK, les physiciens ont pu conserver ~évidence
dans l'ensemble des explications et déductions des faits de
leur ressort, au moyen d'une analogie constante, observée
dans la progression des moyena on des mouvements de la
même espèce, mais cette omission ou cet oubli da rapport
fondamental a du aéoesaairement égarer tes métaphyaieiena
et ruiner los bases de la certitude ou de la réalité de nos con-
naissances, en fournissant contre elles des armea au scepti-
cisme. En effet, soit qu'on parte du moyen ou du mouvement
représenté dans l'espaoe absolu, pour en déduire t'eCet ou la
aensatin, soit qu'on parte d'an phénomène Mtériear quel-
conque conQu dans le temps seulement ou dans la durée du
même sujet sentant pour en dériver la connaissance de reten-
due ou du mouvement produit dans l'espace extérieur, le pas-
sage du moyen (pris pour c<MMc) à l'enet, comme celui de
l'effet au moyen, est égalementimpossible tant qu'on n'a pas
recours au modèle commun ou au rapport fondamental dont
celui dont il s'agit n'est que la copie, savoir celui d'un effort
ou pouvoir moteur à son ettet immédiat ou au mouvement
du corps propre.
Voilà pourquoi tous les métaphysiciens sans exception qui
admettent de prime abord et comme postulatum nécessaire,
l'existence absolue des objets, ont supposé que les objets pro-
duisaient en nous des MMsa<MMS et des !<MM par voie d'impul-
sion, ou ont été conduits par cette hypothèse même, qu'on a
pu considérer comme purement gratuite, tant qu'ils négli-
geaient de remonter au titre légitime de son admission, à
méconnaître ou renier le vrai principe de causalité ou son fon-
dement réel, et par suite ont motivé tous les doutes sceptiques
sur la réalité des objets de nos sensations et jusque sur celle
du sujet qui sent et perçoit.
C'est ainsi que Condillac ne voit en nous ou dans notre
esprit, comme au dehors dans la nature, que des sensations
ou dos collections de sensations qui commencent, passent, se
transforment sans cause productive ou transformative, on, ce
qui revient au même, sans que nous ayons aucun moyen de
connaître la réalité de cette cause dont il a pourtant supposé
l'existence nécessaire dès son premier pas.
-Et vraiment, s'il n y a pas.idée ou notion innée de cause on
de substance et s'il est Mon reconnu d'autre part
que cette
notion ne peut venir du dehara ou quelle no peut&tra donnée
par aucune sensation, aucune succession de modes passifs, il
ne reste qu'à nier son existence dans notre esprit et sa r~a!!M
au dehors; d'oa t'ttM~MaM et te scepticisme i!<~<fMM~M<&
C'eat ainsi encore et toujours parce qu'on a cherché a
aa
rcp)'ëaentwia!!a!son du moyen & retFet médiat, iaoMa t'ao
de Fa~tre, sans remonter jusqu'au rapport primitif où la
cause
productive et retfet sont nécessairement et indlvisibloment
donnés l'un par l'autre ou rMaaeee l'autre; que les métaphy-
sic!etMt les plus profonds, tels que Descartos et Leibnitz,
ont
trouvé qu'il y avait une impossibithé absolue a lier immédia-
tement l'un à l'autre et par la relation de causalitéles deux
mondes extérieur et intérieur oa les sensatious, les idées, les
désirs ou inclinations de l'Ame, aux mouvements des corps,
y
compris le nôtre propre et réciproquement; d'où le double
système des causes occasionnettes et de t'harMonie préétablie,
qui oient la causalité etnciente à t'être agissant et pensant,
comme aux termes inertes de son action, ou aux objets
étendus de la pensée, en réduisant les relations des deux
mondes ou de leurs phénomènes à de simples liaisons
en
temps et niant aussi les fondements réets de cet en t!e~M f~M
de /'aM<re sous lesquels notre esprit les unit toujours néces-
sairement et malgré lui-même.
Mais lorsque ces philosophes nient que la volonté ou le Mot
<
soit la cause etnciente immédiate des mouvements du corps
et médiate des sensations qui résultent de ces mouvements,
ils nient le fondement même du principe de causalité; ils

i. n est curieux de voir commentl'idéalisme et le matérialismeviennent se


réunir et se pénétrer en quelque sorte dans la doctrine qui prend la <enMMon
pour l'origine commune et exclusive de nos idées; d'nn côté nous ne con-
naissons que nos propres sensations et nos modifications intérieures dont ce
que nous appelons objets ne sont que des eotieetions voilà bien t'KMa/t~x-
D'un autre cote la sensation psMtce ne peut commencer sans une eatoe ou
sans un objet; t'odeur de la rose, par exemple, n'a pu commencer que lors
qu'une rose r&c a agi sur t'o-gane. Le sujet 'pntjmt est doue tomtihte Ht
dépendance nécessaire de l'univers matériel dont il fait partie. (M. de B.)
avouent qu'un fait da sens intime peut nous trompor, et ils
couvent ainsi avec ta cft~MNt unique do la vérité toutes l<'a
barrières qu'il fat possible d'opposer an scepticisme le plus
absolu; au lieu qu'en rejetant seulement l'induction qui nous
lait attribuer la causalité aux objets do nos sonsations, ils Me
font que motiver le point de vue d'un ideatistne transcendant
où !e moi serait seul dana le monde aab)ect!fdea))nodincat!ona
internes et des actes intellectuels dont il aetait cause, ou ne
reconnattrait d'aMtro existence que celle des etre'< immatériels
semblables à lui.
D'oit t'ttn pout eoMctaM quo les systëmes «n6taphys!que8
sont ansoeptibtead'être divises ou scindés, pour ainsi dire en
deux parties, dont l'une, celle qui oie la oausatite aux objets
do nos sensations, no contrarioqu'une induction nécessaire,il
est vrai, mais dont l'évidence empruntée du fait de sens intime,
reste en ôtant ses conséquences; tandis que l'autre partie,
celle qui nie la causatité du moi ou la réalité de notre pouvoir
moteur, ne peut être admise par la raison spéculative, sans
détruire la base unique sur laquelle reposent toutes los lois de
cette raison mémo.
L'erreur consiste donc à avoir confondu l'application du
principe de causalité avec ce principe lui-même,ou le rapport
secondaire du moyen à FeBot avec la relation primitive de la
eaMe efficiente à son produit; par suite à avoir transporté au
principe le doute qui s'attache à son MM&<e<:onlorsqu'on prend
cette-ci pour le principe ou le fait primitif tui-même.
S* Qu'en partant soit du fait primitif où le moi est constitué
cause, soit de l'induction qui nous fait concevoir une force
étrangère, le progrès naturel de l'esprit consiste à descendre
de la cause à l'effet sensible par l'intermédiaire d'un mouve-
ment qui est le moyen, ou encore de remonterde l'effort médiat
& la cause productive par le moyen, mais qu'il est contraire

aux procédés naturels de l'esprit ou à la toi fondamentale des


causes efficientes de renverser la proportionou de substituer
l'un à l'autre les termes du rapport en prenant une s<:tMation,
une modification intérieure de l'esprit, telles qu'une affection
ou un ~<r pour c<nM~ d'une t'o/~MM, eommo le font ceux qui
Mthardonnentonti!'rement notre aonaiMtitéaux ot~ets et aux
Mouvements du dehors, OMoncora les volitions du moi aux
passions et aux affectionsde !a eonsihilité car ainsi on prend
la conaëquent de chaque rapport de causalité à la place de
l'antécédent, et etM tersa, et il n'y a plus de proportion )mte!-
ligible.
Tous los payehttto~stes )nétaphys!c!ens qui ont cm pouvoir
prendre des fonctions organiques ou des moavetnentanencus
réels ou supposés, des jeux de libres ou de Ouides pourca<M<'s
d~ phenotnenes !aMdear8 do l'esprit, ont ainsi renversé la
proportion. Nous savons par l'expérience int6riouro ou par
l'aperception im<n6diateqao la force tnotr!ce qui est moi pro-
duit des mouvements dans le corps, quo!qae nous ignorions à
jamais le «MMMMM~ non seulement nous no concevons en
aucune mantëre comment un mouvement organiquo peut pro-
du!re une hensation dans r&me,maisdeptus nous n'avons pas
d'expërienco interne ou externe de ce fait, puisque nous ne
sentons ni ne voyons ce jeu denbres, do fluide%, etc., et que
nous ne sommes dirigés à cet égard que par une hypothèse
analogique qui pourrait n'avoir aucun fondement réel. On voit
par là combien sont vraiment téméraires !cs hypothèses qui
auraient pour but d'expliquerpour ainsi dire le dedans par le
dehors ou de déduire l'un de l'autre; tandis que le point de
vue opposé qui tendrait à déduire le dehors du dedans, peut
se concilier jusqu'à un certainpoint avec los facultés de notre
nature, et qu'il peut être démontré, comme le dit Leibnitz,
que l'Amo ne parvient à connaître les choses qui sont hors
d'elle que par l'apercepiion ou la connaissance réMexive de ce
qui est en elle-même.
6" Si l'on a cru pouvoir lier par une relation de la cause à
l'effet, des faits aussi hétérogènes par leur nature que le sont

L,
des mouvements représentés dans l'espace et des sensations
on des idées de l'esprit, ce qu'on appelle ca~Me~ les uns
par les autres, c'est qu'on o'«st dissimulé volontairementou
1- savoir cette hétérogénéité absolue, ou qu'on l'a
sans !e
maaquéa par dea analogies tout à fait illusoires, et qu'on
prétendant expliquer des sensations par des mouvements,ou
a'a expliqué en effet que certaines fonctions dépendantes des
mouvements extérieura ou organiques par d'autres mouve-
ments do la même espèce, sans toucher aux faits de sens in-
tima qui restent nécessairement hora de toute explication.
Que e'eat ainsi qu'on a vainement tenté d'expliquer les
sensations, les idées, les opérations de l'esprit en les tradui-
sant pour ainsi dire en mouvements, vibrations ou jeux
quelconques hypothétiquesdu cerveau on a dit ennn que te
cerveau faisait la sécrétion organiquede la pensée, détour-
nant ainsi les mots de la langue psychologique de leur valeur
propre et substituant une métaphysique hasardeuse à l'ex-
pression simple des faits de conscience pour faire passer dans
te point de vue objectif de l'imagination, ce qui appartient
exclusivement à la réflexion intérieure.
8" Que la méthode d'analogie et d'induction sur !aquet!<'
s'appuient toutes tes hypothèses explicatives des phénomènes
psychutogiques est essentiellement vicieuse dans sa base,
puisqu'ainsique nous l'avons vu précédemment,elle se fonde
tout entière sur une fausse application du principe de cau-
salité car en prenant d'abord les !H<M<M)Mea~ physiques ou
organiquespour les causes, on est amené & conclure par la
toi d'analogie entre r<~ et la cause, que les sensations ou
idées de l'esprit ressemblent aux mouvements des corps,
conclusion toute démentie par le sens intime, parce que ces
deux ordres de faits resteront toujours et nécessairement
hétérogènes.
9" Que si par la nature même des choses ou par le caractère
du fait primitif de conscience auquel se rattache la notion de
causalité, comme par la manière dont cette notion s'applique
aux faits extérieurs de la nature, toute explication du com-
ment de la liaison de deux faits ou mouvements homogènes,
ou de la production de l'un par l'autre est supérieure à nos
moyens de connattre, combien ne doit-elle pas t'être à plus
forte raison, lorsqu'il s'agit d'expliquer ou même de conce-
v«iraoua ht relation da eauaalit& des faits aussi hétérogenea
quo te sont los mouvements physiques et dpa 8en<mtiona ou
idées de l'eaprit!
L'on conçoit bien, en eSet, h raison de mouvements homo-
gènes entre eux et à une même cause ou force physique,
sans en expliquer le comment c'est ainsi que tes physiolo-
gistes conçoivent le phénomène de !a circulation du aang
poussa ou chaaaé successivement dans les artères et k's
veines, comme une suite da mouvements ïiea entre eux et &
la force contractile dn ecoar, première causo imputsive. tts
voient ou ae représontentde même la phénomène de la diges-
tion et ceux des diverses sécrétions,comme autant de circons-
tances du mouvement organiqueliées entre elles et a une ou
plusieurs causes, telles que la force contractilo ou seulement
compressive des parois et du tissu dos organes sécrétoires, te
degré successif de téauité des vaisseaux, par lesquels filtrent
pou à pou les humeurs sécrétées, élaborées, etc. Mais s'agit-il
do t'ouvrir le passage de ces mouvements d'organ<s, objets
de représentation, à des phénomènes de conscience qui ne
peuvent plus être vus, mais seulement sentis ou aperçus
intérieurement, on se trouve arrêté là comme sur te bord
d'un abime, que l'esprit humain ne saurait franchir par cette
seule raison qu'étant le sujet de la pensée, it no peu se voir
lui-même en dehors comme objet; ou que se connaissant
comme cause de mouvement, il ne peut se représeuMr comme
effet.
10° Qu'il suit de là que la psychologie ne peut ni ne doit
en aucun cas prendre des données dans les sciences natu-
reMes, ni se subordonner à elles, ou à leur méthode d'observer,
de classer, de poser les lois et de chercher les causes.
Car, d'abord, les données sont des faits primitifs ou des
notionsfondamentales qui doivent s'y rattacher; or les sciences
naturelles ne s'attachentqu'à l'objet et laissent à l'écart tout
ce qui tient au sujet, et par suite au fait primitif de la cons-
cience elles appliquent les notions telles qu'elle se trouvent
établies dans l'esprit, et sans s'inquiéter d'où elles viennent;
et quels peuvent êlre laura titrer docr~anoa; ellaa emploient
le principe de causalité qui est & la tête de toutes e~a notions,
sans s'informer de la nature de ce principe ni de son <Mtrac-
tère de primauté, et même omettant ex a~~e toutes les
questions embarrassantes et insolubles auxquelles pourrait
donner liou l'application théorique de ce principe dans la
recherche des causes eMeienteseMleur substituant des causes
physiques, c'eat-a-diredea M<a qui enpf6oedeatcoMtant<nent
d'autres do la metna ospboo.
Au contraiFo, la psychologie, par la natwto même du
sujet auquel elle s'attache, se place en avant dea faite esté-
rieurs et doit assigner los conditions de l'objectivité dos exis-
tencos et des causes; poMreHo, observer ou constater los faits
primitifs, e'eat dej& rceonnattre les lois primitives de l'onton-
dement et Hxer la véritaMe valeur do toute notion de cause
efuciente; c'est à elle, c'est & cette phitoaophie vraiment
~~Mt~e (et qui n'a pas eto vainement caractérisée ainsi)
qu'il appartient do justiaor les premières données sur
lesquelles la physique s'appuie avec une connance aveugle,
de justifier aussi la substitution qa'eHo fait aveuglément des
causes physiques aux causes efficientes, et de lui montrer
les fondements de la méthode qu'elle suit sans connattre les
motifs de son aporception.
C'est la psychologie qui doit axer les limites des sciences
naturelles et les empêcher de s'égarer dans des recherches
oiseuses ou de vaines hypothèses explicatives, placée à l'ori-
gine de toutes les classes d'idées ou de conceptions de l'esprit
humain, elle trace les domaines respectifs de toutes les
sciences et se rend compte à elle-même des homes qu'elle
ne doit jamais franchir, bornes qui lui sont indiquées par la
nature même de son sujet ou parcelle de la lirison première
des causes aux effets, constatée dans sa source.
Si, pour répondre à la question proposée par l'Académie
de Copenhague, il ne s'agissait que do montrer F des consi-
dératliins rationnellesla nature du principe de causalité, et
la. liaison nécessaire de cause à effet, des phénomènes exté-
rieurs ou des mouvements physiques, aux modincationa de
t'être sentant et ponsant eu aux faits de sens intiate, je croi-
rais avoir montré par tout ce qui précède qu'une tetle Maison
de causalité, loin de pouvoir être soumise à quelque système
d'explioation, n'est pas même intelligible ot ne peut être conçue
ni par la raison, ni par l'imagination par suite qu'il n'y a
sous ce rapport aucun passage possible dos doctrinoa CM
expéFienees physiques aux faitada sens intime, ou aux op6ra-
tions de l'esprit, en tant que les premiers seraient emptoy~s
a expMqMerles autrea, comme certains phenomenoa et mou-
vements sont omployés à en expliquer d'autres analogues
qui les suivent ou les accompagnent constamment dans
l'ordre de la nature.
Mais d'abord il ne s'agit pas de l'application qu'on peut
faire des sciences natUMttes à la psycbologioou de la science
des objets à cette du sujet pensant, sous le rapport unique de
la cause à t'enët il y a d'autres rapports sous lesquels on peut
chercher à établir ou à concevoir une liaison possible entre
les deux sciences; en second lieu on ne demande pas à con-
naître catégoriquementce qui peut être fait d'après la nature
des choses ou d'après los lois mêmes do l'esprit humain, pour
expliquer ou éclaircir les faits du sens intime par dos doc-
trines ou expériences physiques, mais on veut savoir surtout
historiquement ce qui a été fail ou tenté par los divers philo-
sophes qui ont cru à la possibilité d'expliquer d'une manière
quelconque les phénomènes de l'esprit. On demande à con-
nattre le fond de leur système, d'en apprécier la valeur, afin
de déterminer jusqu'à quel point ils ont pu inBuer sur les
progrès respectifs de la philosophie de l'esprit humain, afin de
pouvoirjuger ainsi, non plus par des considérations ration-
nelles ou a priori, mais par des preuves historiques fondées
sur l'expériencedu passé, ce que l'on peut attendre pour t'ave-
nir de semblables systèmes d'explication.
Pour remplir ces vues indiquées par les termes du pro-
gramme cité au commencement de cet ouvrage, il était néces-
saire peut-être d'entrer dans les considérations qui précèdent
et de remonter jaaqu'a la souMa commune de toute explica-
lion des phénomènes d'an ordre quelconque, car dans des
sujets pareils à celui qui nous occupe, les questions de
s'éclaircissentpar celles de droit, et les recherches théoriques
sur la nature et les lois de l'esprit humain sont l'introduction
la plus utile, la plus nécessaire même à l'histoire des opinions,
dos découvertes ou des erreurs. Ainsi nos Meherchea anté-
rieures sur le fondement intime de la notion de causalité et
sur l'applicationdétournée que les physiciens font de ce prin-
cipe en transformant d'une part la cause emciente en cause
physique, comme ils te disent, en fait généralisé, pendant que
d'autre part ils retiennent toujours malgré eux la notion d'une
force productive toujours présente au sujet qui perçoit ou
pense, tant que ce sujet est présentà lui-même ou à son ac-
tion par la pensée; ces recherches métaphysiques nous mettent
maintenanta portée de classer les diSérents systèmes d'expli-
cations en les rapportant aux trois divisons suivantes
i* En partant du fait intérieur de conscience ou des phéno-*
mènes de l'entendementhumain, considéré comme passif, eu
égard à certaines facultés réceptives de sensations et d'idées,
et appliquant le principe ou l'axiome que tout phénomène a
laquelle il est pro~
une cause, en vertu ou par l'énergie de
duit, on se sent nécessité à chercherhors du mot la cause qui
détermine oueSectue ses premières sensations, ses premières
représentationsobjectives et jusqu'au premier sentiment ou &
la première aperception qu'il a de tui-mème. Cette cause, soit
qu'on s imagine consciencieusement pouvoir t'assimiler ou
l'identifieravec l'objet même de l'intuition, soit qu'on la con-
çoive par une analogie vraie avec le sujet un et simple qui
agit et pense, est toujours et essentiellement distincte de l'un
et de l'autreet l'esprit lui attribue une existence réelle, durable,
permanente, hors de la sensation qui en est l'effet passager.
L'existence de la cause étant affirmée ou' crue ainsi néces-
stufettKMttMt vertu d'une loi de notre esprit, on peut chercher
à expliquer la manière dont elle agit pour produire son effet,
l'impulsion ou du choc des
en appliquant d'abord les lois, de
corps à l'impression faite par l'objet eu par quelques nuidea
intermédiaires émanés de lui, sur les
organes des sens; et en
second lieu en appliquant lea lois physiologiques des
mouve-
ments ou fonctions organiques aux sensations ou opérations
de t'ame, de telle maniera que l'impulsiondes objets
ou agents
matefieta quelconques soit considérée comme la
cause vrai.
ment eMoieme des sensations ou des phénomènes de l'esprit.
Nous avons d'avance reconnu te fondement et apprécié la
valeur des systèmes d'explication ~ndés
aur ce point de vue,
et M ne nous reste qu'à entrer dans quelques détails historiquM
sur la manière dont se sont formées et propagées, depuis t'an.
tiquité jusqu'à nous, ces éootos soi-disant explicatives des
sensations et des idées.
3' En suivant la méthode pratiquée depuis Bacon dans les
sciences naturelles et parfaitement appropriée a
ses progrès, on
peut faire abstraction des causes efncientes et par suite s'abs-
tenir de toute recherche sur leur manière d'opérer,pourn'avoir
égard d'abord qu'aux phénomènes tels qu'ils sont donnés à
t observation intérieure ou extérieure, puis aux analogies ou
rossemblances qu'ils ont entre eux, à la manière dont ils
suivent dans l'ordre du temps; d'ou les méthodes de classifi- se
cation d'après lesquelles un seul terme est établi
comme signe
conventionnel de tous les faits analogues (ou réputés tots),
l'expression des lois de tel ordre de succession; et dernière
en
analyse, la relation de tous les faits analogues d'une même
classe à une seule cause ou force productive (x) méconnue
indéterminée dans son essence ou manière d'opérer. ou
Ce mode d'explication, le seul auquel l'état actuel des
grès de l'esprit humain puisse donner quelque crédit, pro-
ne peut
servir à lier la psychologie aux autres sciences naturelles,
qu'autant qu'on y suppose une certaine analogie
blance entre les deux ordres de faits intérieurs et ou ressem-
extérieurs,
savoir entre les sensations et les idées prises
pour effets des
mouvements physiques ou organiqnM on encore <~ forcM
inconnues (x, y) productives de ces mouvements.
Nous arrivons à examinerles motifs sur lesquels cette
ana-
logia hypothétique a pu se fonder dans les déclines de nos
phyaiotogtates modernes, et nous ontreronsà ce anjjet dans des
détails historiques, nécessaires pour connattre l'esprit et la
diroction commune de ces doetnaea diverses.
3' En observant d'abord la ligne de détnaMat:oo entre les
deux ordres do Mta qui forment l'objet respectif des adeMea
Ma~Mf<s et psychologiques, oa peut s'attacher uniquement
à la simple liaison ou correspondance harmonique qui parait
exister entre certains mouvements ou fonctions organiques.
NOTBS

REMUES PASSAGES DE L'ABBË DE UCNAC

(i8i5)

L'auteur de l'ouvrage intitulé ?WtH<M~Haye<A< M~ M~WM.


a reconnu et bien analysé les faits du sens intime, du vouloir
et de l'effort; mais les préventions pour nn système conçu
d'avance l'ont aveuglé et entratné bien au delà des faits dont
il cherche hors du moi une cause mystérionso.
« Nous sentons, dit-il, nn rapport de nécessité (il fallait
dire de causalité) entre la volonté d'exécuter tel mouvement,
comme d'articuler tel mot, et ce mouvement ou cette articula-
tion ce n'est point notre co/W!~ yM< fonde ce rapport »
(notre volonté est le terme nécessaire on l'antécédent du
rapport senti); « les fonctions nerveuses, ou contractions
musculaires d'ou résulte l'eSet produit, ne sont point un
choc, une compression, un frottement, une attraction de
corps à corps. Or nn mouvement qui n'est point déterminé
par un autre mouvement, ne peut être que l'effet d'une vo-
lonté qui le détermine; donc le jeu des fibres nerveuses qui
concourent au mouvement ou à l'articulation dont il s'agit,
sont les eSets immédiats de la c<K<M qui les produit; et nous
savons que nous ne sommes point cette cause'. »
Nous savons certainement c~MM~a scientia et c~aNet~e
e<MMCMt!<M! que nous sommes causes de la sensation muscu-
laire qui résulte du jeu des nerfs ou des contractions, ou qui

i. Tome tt, page 99. Dans Mtte ettaMon, H. de Mran, tout en cotNerrantte
sens de UgMc, a an peu modNé te texte. Ces madNeatimM,paratMamtvoton-
taires, ont d& être cmMervees. (A. do B.)
19
les accompagne, sans que nous ayons aucune connaissance
immédiate oa perception do ces nerfs ou muscles comme
oMets hors de notre esprit. Mais, comme au sentiment de
l'effet correspond nécessairement le sentiment de la cause
moi, à l'idée, ou à la représentation externe des nerfs et des
muscles, connus par l'anatomie, correspond la notion d'une
force absolue ou d'une substance immatérielle qui les met
en jeu, et cette force est ce qno nous appelons Mme, que
nous ne sentons pas plus immédiatement que nous ne sen-
tons la substance corporelle.
Maintenant, c'est par une illusion singulière et commune
qu'on transporte à cette force absolue ce qu'on peut dire avec
raison du Mot, ou de l'Ame même, en tant qu'elle s'aperçoit
senti. Le MM ne
ou se connaît par relation de cause à effet
peut être dit agir, vouloir, exister, qu'autant qu'il connaît ou
plus
se connaît. Mais il n'est point nécessaire à l'âme, pas
qu'a une force physique de connaître ce qu'elle fait, ni les
qu'elle
moyens qu'elle emploie, ni les rapports ou les lois
suit en agissant, pour agir d'après ces lois. Comme la force
attraction détermine la forme des orbites planétaires, et n'a
s'y
pas besoin de connaître les distances et les masses pour
proportionner, ainsi l'âme peut bien ne pas avoir besoin de
connaître les fibres nerveuses ou musculaires pour déter-
miner d'abord les mouvements ou contractions organiques,
et lorsqu'en opérant, d'après certaines lois préétablies, elle
s'aperçoit caMse de ces mouvements sentis, le témoignage
qu'elle se rend de sa causalité immédiate n'a besoin d'être
appuyé sur aucune connaissance objective des moyens de
l'action.
Si, des lois de Funion, dont nous ne sommes pas causes,
puisque la volonté et le moi n'en sont que des résultats, nous
remontons par la raison à l'intelligence suprême qui a établi
ces lois, nous procédons ici de la même manière que si nous
remontions à l'existence de ce pouvoir intelligent par tons les
autres phénomènes ou lois de la nature.
La force d'une intelligence qui opère par le seul vouloir,
a son type exclusif dans le sentiment immédiat de l'eNcaee
de notre propre volonté, à laquelle nous sentons que le corps
obéit. L'erreur générale est de vouloir se faire ridée ou
l'image des actions de l'âme, on de sa manière d'opérer, en
prenant pour modèle l'action prétendue que nous attribuons
aux corps, les lois de l'impulsionextérieure ou des mouve-
ments rapportés à l'espace; tandis qu'au contraire nous ne
concevons l'action ou la force dans les corps, et les rapports
suivant lesquels cette force, impulsion ou attraction s'y
applique ou s'y distribue, qu'en prenant pour type le senti-
ment de notre propre force impulsive, appliquée à mouvoir
notre propre corps, et répandue en quelque sorte dans ses
diverses parties. L'illusion à ce sujet est telle qu'on ne croit
pas qu'il y ait la moindre difnoulté à concevoir la manière
dont le mouvement se communique d'un corps à un autre;
tandis qu'on regarde comme un mystère l'action de l'Ame
sur le corps ou les moyens de cette action. On est également
persuadé que si l'on pouvait parvenir à éclairer ce mystère,
ce serait uniquement par une analogie, ou ressemblance,
qu'on pourrait saisir entre les mouvements physiques et ceux
que la volonté imprime aux organes; et, tout an contraire,
l'impossibilité où nous sommes d'expliquer l'impulsion, ou
la cause des mouvements de la matière, tient uniquement à
l'impossibilité de concevoir ou de se représenter objective-
ment la manière dont la volonté peut mouvoir nos membres.
Cette erreur ou ce renversement d'explication tient à ce
qu'en voyant les corps en mouvement communiquer ce mou-
vement à ceux qu'ils rencontrent, notre imaginations'accou-
tume à lier ces mouvements entr'eux par le rapport de cau~
satité, en prenant nn premier mouvement pour la cause
physique de celui qui le suit, sans remonter au delà des
phénomènes. Mais dès que nons cherchons à concevoir par
la pensée ou la réNexion ce qui peut être une véritable cause
efficiente de mouvements, nous ne pouvons nous empêcher
de reconnattre la profonde justesse de cette ancienne maxime
d'Anstote, qui disait que « Tout moMc~MCMt a M~e cause
n'estpas e~-tMèHPMH mouvement, comme <M«e /~Mf<* a une
catrse ~M< H'M~as WH<? /bfHte*. o
La cause du mouvement étant une force ou un é<M qui a
la force pour essence, on voit bien que pour trouver l'origine
de cette action, il faut rentrer en nous-mêmes au lieu de
regarder hors de nous, où nous ne pouvons rien trouver qui
ressemble à une cause ou à une force opérant par le vouloir.
« I! résulte des phénomènes tiréa
du plus intime de nos
Ames, dit l'auteur du y~o~H~e ~M MtM intime, que nous
avons la perception <ft<Me <M<e/~eMee qui opère par le vouloir,
puisque nous sentons la nécessité de la correspondance de
nos memmes à nos votontés, et que nous voyons clairement
que cette nécessité ne vient point d'une force qui nous soit
propre, mais de cette d'une intelligence qui connaît ce qui se
passe dans l'Ame et le cerveau. a
La correspondance de nos membres à nos volontés peut
être dite nécessaire, en ce sens que les rapports ou les lois
de l'organisation, en vertu desquels l'&me opère par le vouloir
la
sur certaines parties du corps vivant, sont fondées sur
nature de l'&me et du corps, ou sont une suite nécessaire de
leur essence, de mêmo que les lois du choc ou de la commu-
nication des mouvements de corps à corps sont une suite
nécessaire de l'essence de la matière ou de ses attributs
essentiels, tels que l'impénétrabilité, l'inertie, l'étendue, etc.
Nous ne connaissons point cotte essence, et il nous est impos-
sible de déterminer comment telles lois des phénomènes en
dépendent, quoique nous ayons la notion de cette dépen-
dance nécessaire. Nous savons ainsi que les lois dont il s'agit
de
ne sont pas contingentes, car, étant donné l'existence
l'homme, on d'un composé formé d'une force agissante et
d'une substance matérielle tel que nous le connaissons ou
l'apercevons immédiatement, la force de l'âme ne pourra
qtt'Artstotc
t. L'MshniMhm~taNie entre le mouvement et la forme prouveqa'it le
n'attK pM cwt!M<'< la nature du rapport de la cause & t'ei&t, et cen-
fon<Mt avec celui de la MbstaMe étendue au mode. (N. de B.)
2. Tome M, page t2. (A. B.)
s'appliquer au corps, ou à quetques-unos de ses parties que
suivantcertaines lois qu'elle ne peut changer, pas plus qu'elle
ne peut changer sa nature. Mais de ce que los lois Je t'MtMOH,
d'après lesquelles t'ame déploie son activité, sont HApaMM~
et immuablos, comme la toute-puissance qui les a établies, il
ne s'ensuit nullement que ce que rame opère selon de teUea
lois et selon son activité essentielle soit M~eeMaH'e ou non
~re, et qu'elle ne soit pas la propre cause efficiente des
mouvemeata qu'eMe produit. C'est mal raisonner que de dire
L'âme n'eat pas la cause de son union avec te corps, ou des
rapports essentiels qui la lient à un corps; donc elle ne
peut être cause des mouvements produits dans le corps en
vertu de cette union. Quand on dit que la correspondance
de certains mouvements libres avec les volontés de t'âme
est nécessaire, on ne peut donc entendre autre chose, sinon
que t'àme voulanttel mouvement, ce mouvement s'exécute a
l'instant suivant les lois nécessaires de l'union.
Mais l'âme ne veut que les mouvements dont ctto dispose,
qui sont en son pouvoir; et, en les exécutant, elle sent qu'elle
pourrait ne pas les faire, et vouloir et agir autrement qu'elle
ne le fait. Si elle était passive, comme dans les sensations et
les mouvements M~MSMtM~, quand même ces mouvements
s'accompliraient à point nommé, au moment où l'âme les
désirerait, elle n'en sentirait pas moins qu'elle est nécessitée
par rapport à eux, qu'elle n'en est pas cause efficiente. Elle
pourrait, dans ce sens, chercherhors d'elle la véritable cause
qui ferait naître tout à la fois des désirs en elle et des mouve-
ments dans son propre corps, en vertu d'une correspondance
nécessaire et naturellement existante entre les uns et les
autres. Mais, comme les mouvements libres sont accompagnés
du sentiment immédiat d'un pouvoir moteur; que nous
sommes libres de les vouloir ou de ne pas les vouloir, quoique
nous ne puissions faire qu'ils ne soient pas exécutés au même
instant que voulus, cette simultanéité du vouloir et du mou-
vement étant une suite nécessaire ou l'expression même des
lois de l'univers, comme enfin vouloir et agir ou mouvoir
sont inséparables et identiques,quoique la métaphysique fasse
une distinction abstraite entre les doux', il s'ensuit que l'Ame
est la véritable et unique cause efBeiento des wnteim qu'ollo
cxéoote parte moyen du corps à qui elle est unio, et qa'eMe
ne dépend qne d'eUe-même quant & cette espèce de modes
actifs, qaoiqa'elte d6pende d'autres forces quant à son e~s-
tence et aux modtncations passives du corps qu'elleanime.
Tout cela pose, on voit combien est mal fondé Fauteur du
?~Het~Ma~ ~MM~M intime lorsqu'il a}onte. « Nous avons une
perception si vive de cette nécessité de la correspondance des
mouvements et des volontés, que nous noua irritons contre
ceux qui soutiennent qu'un mouvement libre que nous avons
donné à notre main, par exemple, n'est pas une suite de notre
volonté. Que faisons-nots alors ? Nous attribuons par une
erreur grossière la souveraine puissance à cette volonté.
Nous avons donc la perception d'une force dont l'effet est
infaillible, et que nous MHa~MMMM faussement aotfs <~pa~-
<<t!H' » Pourquoi faussement ?
Si une expérience de sens
intime peut nous tromper, qu'est-ce qui sera vrai ? La force
dont l'effet est infaillible, dans l'état actuel, c'est nous-même,
qui ne sommes pas, il est vrai, causes de notre existence, ou
de l'union des deux étéments qui
nous constituent,mais qui
f sommes bien causes premières de nos actions libres. Nous
n'attribuons point la souveraine puissance à notre volonté,
ou à nous-mêmes ce serait une erreur; mais nous attribuons
une puissance d'agir immédiatement sur le corps et par lui,
et si c'était une erreur, la persuasion intime de notre exis-
tence en serait une.
Mais, dit-on, la volonté de mouvoir n'est pas toujours exé-

t. La grande erreur commune aux cartésiens et aux autres philosophes,


c'est de séparer le vouloir et faction, et de chercher ensuite à les Mer l'un à
t'antre par un Mend étranger et extérieur à l'âme tel que i'emcaced'un pou--
voir divin, été. Tandb qu'il n'y a reeNement aucun intermédiaireentre vouloir
un mouvement et t'exécuter et que e'u y a quelque chose de certain an monde,
c'est que c'est ie même être qui veut et agit. La cause de cette erreur tient
la confusion du désir avec ie vouloir. (M. de B.)
S. Tome tt, page 93. (A. B.)
cutée, comme dans le paralytique, dans ceux qui ont perdn
réaentment quelque membre, etc. Janiete fait. Le paralytique
d6sire la monvpmeot dont il se sanvMnt comme ayant été
autrefois en son pouvoir; il ne saurait te t'«M/<M*t' précisément
parce qu'il n'a pas le sentiment immédiat du poMpoH' ou de
reBbrt actuel. A mesure que les forces corporelles diminuent,
et qno rame perd la conscience de son pouvoir immédiat, !n
volonté se restreint aussi il y a des tâtonnements, des vet-
léités, mais point de vouloirs décides et proprement dits.
« Les mouvements libres quo nous tirons de notre corps
sont tout aussi dépendants des lois générâtes du mouvement
que ceux qui entretiennentla fM <MMHa/c. Le principe déter-
minant de ces actes libres, dont notre volonté n'est que rocca-
sion, n'est compris, il est vrai, dans aucun des cas qui ren-
ferment les lois générâtes il dépend de celles de l'union de
Famé et du corps mais tout ce qui forme l'exécution pleine
do notre volonté est dn & t'ofucace des lois générâtes qui sem.
Ment alors soumises à ce principe déterminant »
La matière de nos membres a des propriétés et des lois
communes avec celles de la matière en général. Ces lois
générales ne peuvent être changées entièrement par la force
de t'amo qui doit s'y conformer pour mouvoir le corps, mais
elles sont modinées par cette force, et ce qui constitue préci-
sément les mouvements libres n'a rien de commun avec le
mécanisme matériel ou animal.
Le principe déterminantest toujours un premier vouloir ou
acte libre. Il faut bien remonter jusque-là pour trouver la
cause du premier mouvement mais nous n'y remontons que
parce que nous trouvons en HMMMH~MMS l'intelligence qui
opère par le vouloir, et si nous n'étions pas des causes libres,
si nos vouloirs n'étaient pas efficaces, nous n'aurions pas
l'idée de la ctuse ou volonté suprême.
« N'assurez pas que vos mains exécutent tel mouvement
parce que vous le voulez Vous connaissez donc natnreUe-

t. Tomf H, p!)!:e «O.


ment cette faculté d'agir par le vouloir, de produite des effets
physiques simplement an les voyant? Il n'est plus question
que de savoir où vous la sentez, Est-ce eu vous-mêmes?
Examinez-vous de près et vous reconnaîtrezque votre volonté
est de son fond impuissante. Cettefaculté est cependant réelle,
puisque vous la sentez. Cette cause est, pour la même raison,
dana un Être tout aussi près de vous que vbua l'êtes de vous-
mêmes, qui lie vos volontés, qui voit ce que vos organes per-
mettent d'exécuter, qui met ea ouvre les moyens de vous
faire obéir par vos membres, moyens auxquelsvous ne pensez
pas, que vous ignorez, que vos désirs ne déterminent pas, et
qui pourtant doivent être détermines afin que vos volontés
soient satisfaites M
Tout ce qui est attribué ici à Dieu convi( at parfaitementau
moi qui veut et agit ou opère par le vouloir. Il ne saurait y
avoir aucune bonne raison de lui ôter remcaco du vouloir
qu'it s'attribue par le fait de conscience en le transportant à
un autre être. Je connais naturettemen), ou par expérience
intérieure, une faculté d'agir par le vouloir. On me demande
où je la sens. Cette question est étrange. Comme si je pou-
vais sentir quelque faculté comme m'Appartenant, ou faisant
partie essentielle de ma nature, ailleurs qu'on moi-même.
D'une part, dit-on, cette faculté est réelle puisque je la
sens. Par là on reconnaît ce qui est bien vrai, savoir, que je
ne puis sentir aucune faculté en moi qui ne soit réelle. Si je
supposais une telle faculté dans un ètre différent de moi, je
pourrais me tromper, et mes suppositions on inductions rai-
sonnées ne sauraient jamais prouver la réalité d'une chose
avec cette force d'évidence qu'emporte avec lui le sentiment
intime. Mais, d'autre part, continue-t-on, en m'examinantde
près, je reconnais que ma volonté est de son fond impuis-
sante. Qn'entend-on par cette impuissance au fond ? Mon pou-
voir réel ne s'étend pas aussi loin que mes désirs ou que mat
conceptions. Lorsque j'agis, ou que je veux, d'après le
sou-
t. Tome Il, page t55.
venir ou l'idée d'un pouvoir quo je ne sens pas actuellement,
ou dont je n'a! pas l'aperception immédiate ou intérieure, je
puis faire un effort impuissant, avoir des volontés, ou plutôt
des velléités inefncaoes, comme lorsqu'un semi-paralytique
fait OMort pour marcher ou parler, etc. Mais ces anomalies ou
ces excursions des désirs ou des idées d'un pouvoir imagi-
naire au delà des bornes du pouvoir réel, ne prouvent point
du tout que le sentiment de ce pouvoir réel me trompe, ou
que je n'agisse pas efficacement lorsque je sens mon action
efficace.
« La cause des mouvements de mon corps, convient
M. Lignac, est aussi près de moi que je !e suis de moi-même
elle lit mes volontés, voit ce que mes organes peuvent exé-
cuter, met en œuvra ces organes, ou les instruments de
motitité volontaire que je ne connais point, etc. « La cause
efnciente des mouvements dont il s'agit est identinée avec
moi, puisque je la sens, et que je ne puis sentir que ce qui
est en ?!<)!; ainsi cet être qu'on appelle Dieu ne serait pas dif-
férent de moi-même je serais une partie intégrante, ou une
modification de cette substance unique, à peu près comme
l'entend Spinosa, en conservant néanmoinsmon <M<&oMfMcA~,
ce qui est assez difficile à concevoir. Mais c'est là faire une
hypothèse sans nécessité, puisque je ne conçois pas mieux
comment un être intelligent, avec qui je suis identiBé par le
sentiment de vouloir, sans l'être par la puissance effective,
agit pour mouvoir mon corps, que je ne conçois comment agit
la force propre à laquelle j'attribue l'efficace.
n est vrai que je ne pense pas aux moyens ou aux instru-
ments de motilité, qne je les ignore même, ou que je n'en ai
aucune idée objective, quoique j'aie le sentiment ou l'aper-
ception intérieure de leur jeu, en tant que ma force motrice
s'y applique actuellement et continuellement dans l'état de
veille. Mais ce n'est pas le jeu des nhriHes nerveuses ou mus-
culaires, ce ne sont pas les moyens de mouvement que je
veux, c'est ce mouvement même ou la sensation insscaiaire
que je sens ou aperçois être en mon pouvoir, comme déter-
minée, non par te désir qu'un certain mouvement 8'aceom.
plisse hors de M)at, maia par la volonté oxpreaae qu'un mou-
vement ou qu'une aensation dont je dispaao librement a'exé-
eute.
C'est donc la sensation perçue dans des organes immédia-
tement subordonnés à une force motrice, qui est l'objet de
mon vouloir. Ja connais ou je perçois cette senaation je sais
par l'expérience intérieure ce que je veux, je le connais très
distinctement quand je me rends compte de mes mouvements
votontairea, quoique je ne m'en aperçoive paa toujours. Je ne
puia vouloir le jeu du cerveau et des nerfs comme moyens do
mouvements séparés de l'enet du vouloir parce que ces
moyens et cet euetaont simultanés, enveloppés dans le même
sentimentindivisible, et ne peuvent être distingues autrement
que par une abstraction de l'esprit, et non par aucune per-
ception particulière.
Les mouvements volontairesde notre corps sont des moyens
que nous employons pour atteindre un but extérieur quel-
conque, ou nous donner certaines modifications qui ne sont
pas immédiatement en notre pouvoir, les modifications sont
alors les effets de la volonté par l'intermédiaire des mouve-
ments que l'individu aperçoit et veut. Mais lorsque l'on con-
sidère les mouvements mêmes par rapport & la volonté, il n'y
a point d'intermédiaire, puisque la force motrice se déploie
sur le terme qu'elle sent, ou qui lui est immédiatement pré-
sent par le sens intime.
Si l'on demandaitpourquoi ce sens ne perçoit ou nerepré.
sente pas son objet propre, il n'y a aucune autre chose à
répondre sinon que cet objet n'est pas de nature à être repré-
senté hors du moi, comme les sons, les odeurs, etc.
Il ne faut pas demander pourquoi ce sens ne connaît pas
ses moyens d'exercice, ou les instruments matériels qui con-
courent à son exercice; car il a cela de commun avec tous les
sens. L'œil ne se voit pas lui-même, mais l'objet extérieur
est vu. Le sens musculairene perçoit pas le jeu de ses propres
fibres, mais le moi en aperçoit immédiatement le résultat
dans la sensation qui accompagne la contraction ou la com-
motion des muscles, été.
«!<e sentiment intérieur, dit très bien Bonnet'nous con-
vainc de la /iM*ce motrice de l'âme, et cette preuve est d'une
évidence première qu'on tenterait vainement d'aCaiMir. M
L'auteur du !WMe~H<t~<'dit sens tM~'me demande à ce sujet ce
qu'entend Bonnet par cette force, qu'il attrihae à l'Ame, de
remuer nos membres. '< Je n'en sais rien, dit-il, ce serait &
lui à nous rapprendre. <' N'est-ce pas comme si l'on deman-
dait ce qu'on entend par la faculté de voir, d'entendre, de
sentir le plaisir ou la doutaut. Est-ce que ces îacu!t~ se défi-
nissent autrement que par leur exercice, ou par eUes-mêmes?
Peut-onen donner ridée par des paroles ?
Sans doute Bonnet n'a pas été fondé à dire que nous igno-
rons profondément ce que c'est que force, activité, que ces
termesontétéinventéspourexprimerseutementdeseffets, etc.,
que notre propre force, celle qui s'oxèrce sur notre corps,
cette force qui est nous-mêmes, nous est aussi inconnue que
tout autre. Bonnet entend par !a que nullo force (y compris
la notre) ne se manifeste que par ses effets, qui son~ des mou-
vements qu'il nous est impossible de nous faire une idée "u
une image de notre propre force, bu de la connattre objecti-
eeme~ comme un phénomène extérieur ou /bnMe~meM<
comme chose en soi. Cela est vrai, mais cela n'empêche pas
que nous ne connaissions très manifestement, et avec une
évidence supérieure cette force, par le sentiment intime de
son exercice actuel, et que nous n'ayons par là même la
notion implicite de sa réalité absolue, de l'existence de la
force, indépendante même de ce sentiment actuel qui accom-
pagne son exercice. Ces notions implicites jointes an senti-
ment et & tout ce qui a pour notre esprit le caractère de fait,
ont été négligées par les psychologistes modernes, qui n~en
ont tenu aucun compte dans leurs doctrines, dont la tendance
est ainsi toute sceptique ou idéaliste. Cependant de telles

i. CM par UfMM. Tome H. pagp <5!. (A. B.)


notions implicites étant abstraites des faita de perception ou
de sentiment, et notées aéparément au moyen dea signes
(moyens exclusifs de leurs conceptions) représententà l'esprit
tout ce qu'il y a de réel dans nos connaissances les êtres, les
substances et les causes, dont noua croyons nécessairement
l'existence et la réalité permanentes, quoique nous ne puis-
sions les imaginer ni les sentir dans cet état d'isolation, mais
seulement dans le concret, avec les phenomenea, ou dans les
relations qui caractérisent tout ce que nous appelons faits
extencMTS f'a intérieurs.
L'auteur du Témoignage ~M sens intime rétorque trea bien
contre Bonnet ce qu'il a dit de la force, en tant que ce signe
n'exprimerait pour nous que les effets inséparables d'elle.
« Car, ainsi
dit l'auteur, notre propre force ne serait qu'un
effet, savoir, l'obéissance de nos membres à nos volontés.
Mais outre l'avertissementsecret de la docitité de nos membres,
le sens intime no nous apprend-il pas de plus que cet e~
suit H~cessat~emeM~ notre ooM/OM'.
« Le sens intime (continue l'auteur) renferme d'abord
l'union de notre âme et de notre corps, non comme un effet
de notre vouloir,mais comme l'effet d'une cause extérieure* ».
Je nie absolumentcette proposition. Ce que nous appelons le
sens intime comprend deux termes ou éléments indivisibles
quoique distincts l'effort (cause) et la sensation musculaire
(effet). La notion de l'âme et celle du corps sont implicitement
renfermées dans ce sentiment intime, et l'union des deux
êtres absolus est exprimée par la relation des deux éléments
du même fait de conscience mais l'union de l'âme et du
corps, en tant qu'elle est renfermée dans le sens intime, ne
peut être que l'aperception interne que la force motrice a
d'elle-même, comme s'exerçant actuellement sur un corps
organisé sensible ou aSectible. Cette union est le fait du sens
intime qui emporte avec lui la causalité du moi, maia qui ne
peut être connue comme effet d'aucune cause extérieure. D

i. Tome M, page t99.


est M faux que te MM), qui n'existe pour tni-même qu'~ titre
de €<n<M se sente lui-même comme effet d'uno autre cause
supérieure~ qu'il ne peut concevoir au contraire de cause
extérieure à lui que d'après le fait de fa propre causalité, et
lorsqu'il est parvenu à cotte abstraction ou notion de
fea~pMee ou de f~<f séparé du sentiment individuel de son
être p'opre, toujours concret avec la relation première de la
cause à i'fnet.
« C'est en conséquence de notre union avec tel corps indi-
viduel que nos membres nous obéissent, mais cette union
est formée par la toi de l'Etre qui opère par le vouloir' ».
Dites que le sentiment de cette union est identique à celui
qu'a de tui-meme l'individu qui sont qu'il opère par le
vouloir.
« L'obéissance de nos membres est donc encore l'effet de
même toi, et c'est ce que nous dit le sens intime » Le sens
intime nous dit que nos membres passifs et inertes par eux-
mêmes obéissent à une force active qui les meut, avec le
sentiment immédiat de son action. Mais l'idée ou la notion
de la toi, en vertu de laquelle cette activité d'une part et cette
obéissance de l'autre peuvent avoir lieu, n'est point comprise
dans le témoignage du sens intime. Nous sentons qu'il y a en
nous, dans le même être individuel, action et passion; que la
partie passive obéit à la partie active et nous pouvons le
sentir ainsi toute notre vie sans songer un instant qu'il y
ait une loi dont l'obéissance de nos membres soit t'enet, etc.
« Le corps par ses mouvements n'est point la cause
extérieure et prochaine de nos perceptions » Le corps
n'étant doué par lui-même d'aucune activité, n'est cause de
rien il est seulement le siège ou le lieu où nous percevons
certaines modificationssensibles, déterminées par des causes
ou forces actives conçues à l'instar de notre force propre.

i. Tome H, page M9.


S. Tome U, page t80.
3. Tome H, page t6t.
« De même les volontés de i'ame ne sont paa les causes
proprement dites des changementsqu'elles cocaaionneat dans
le cerveau, et par suite dans les membres, etc.
L'âme ou la force qui opère par des volontés sur les mem-
bres, d'une manière inconnue, est la cause des changements
ou mouvements qui s'y effectuent, en tant qu'eue se les
attribue comme des effets dépendantsde son action et de son
pouvoir seul. Il ne s'agit pas ici de ce qui est vrai absolument
ou et! M:, indépendamment du sentiment ou de la conscience,
mais de ce qui est vrai pour la conscience. Et comment
pourrions-nouscroire ou démontrer qu'une vérité primitive
de conscience soit opposée à la vérité absolue? Tout le
système de l'abbé de Lignao porte sur la confusion qu'il fait
sans cesse des vérités premières de sens intime, dont le
caractère est essentiellement relatif avec des notions
absolues qu'il prétend faussement être renfermées dans le
sens intime.
« La loi de l'union est la volonté de l'intelligencesuprême.
Donc les effets qui suivent de cette loi, les mouvements de
notre corps, n'ont d'autre cause efficiente que cette volonté'n.
Voilà des propositions absolues qui consistent à afurmer ce
qui est, en mettant à l'écart ce que nous sentons; ce n'est
donc pas une philosophie fondée sur le MMM~me.
L'auteur nie expressément la force motrice de l'Ame. Sui-
vant lui c'est une chimère scolastique, et voici le raisonne-
ment qu'il fait pour le prouver: « Si ta K~ees~ de corres-
pondance entre le mouvement de mon bras et mon vouloir
vient immédiatement de ma volonté, il est hors de doute
que
je ne puis m'empêcher de reconnattre en moi une force
motrice mais si cette nécessité dépend de lois que je n'ai
point faites, auxquelles je suis soumis, la force motrice est
dans la loi ou l'auteur de la loi, etc. a.
Une force se déploie sur un corps d'après certaines lois on
i. Tome tt, page i6t.
& Tome H, page i63.
8. Tome H, page 163
rapports qui existent entra elle et te corps, et qui aentmeme
des conséqueneeanécessairesde la nature, ou de l'essence de
la force, et de son terme d'application. Parce que cette
essence, ces rapports ou ces lois ne sont point loa effets de la
force qui opère d'âpres eux, niera-t-on qu'elle opère ? Et sur
quoi pourra se fonder cette étrange négation? Dieu lui-même
ne peut agir que selon son essence combinée avec celle des
êtres sur lesquels il agit, et d'après des rapports qui unissent
ces êtres à lui, et les rendent passibles de son action. Niera-
t-on pour oela que Dieu opère en se conformant à ces lois?
Notre activité est bornée, s'ensuit-il qu'eue n'existe pas?
« La faculté de vouloir, avait dit Ch. Bonnet', ne suppose
pas toujours la faculté de WOMCOM' on peut vouloir des choses
auxquelles l'activité de l'âme ne s'étend point. e Sur quoi
l'auteur remarque qu'on veut ce qu'on ne peut point précisé-
ment parce que l'état des fibres nerveuses est inconnu, etc.
Bonnet a confondu comme les autres le désir, la préférence
avec le vouloir. La faculté de vouloir suppose si bien celle
de mouvoir que l'une est identique à l'autre la volonté et le
pouvoir réel, ou le sentiment de ce pouvoir, ont même
étendue, mêmes limites. Un être qui n'auraitpas le sentiment
immédiat d'une énergie ou d'une tendance, d'un pouvoir
moteur, ne voudrait pas le mouvement, et pour cela il n'a
pas besoin de connaître objectivement les fibres nerveuses ni
leur disposition; il lui suffit de sentir immédiatement cette
disposition, ce qui est bien différent de les connattre comme
objets.
Je vois une machine, et après m'être fait une idée exacte
de ses ressorts divers, ou de la manière dont ils jouent, je
juge qu'en poussant telles pièces~ je pourrai mettre la machine
en mouvement. Supposez que lorsqueje formele désir que le
ressort soit poussé, une puissance quelconque la mette en jeu,
et que la machine joue comme je le souhaite sans que j'aie
besoin d'agir voilà ce que serait i'àme par rapputt au corps

t. CM par LtgtMC. Tome H, page <65. (.1. B.)


si elle ne la connaissait que comme objet, si elle n'avait pas
de force motrice, et que aon désir f~t simplement foeeast<tH
du mouvement. Sans doute, pour désirer que le ressort soit
mu de telle manière, il faut le connaître, il faut avoir l'expé-
rience de ce qui doit arriver dans la machine, mais il n'y a là
rien qui puisse être comparé à l'aperception immédiate du
vouloir et du pouvoir moteur dans l'&me unie au corps, sur
qui elle déploie un effort senti et qui compose avec elle un
même tout.
La machine étrangère et moi sommes des êtres sépares
mon corps et moi ne faisons qu'un. Je ne puis le connaître
comme objet en tant que j'agis immédiatement sur lui et par
lui, de même que je ne puis sentir immédiatement le pouvoir
médiat que j'ai sur la machine, en tant que je la connais
comme un objet différent de moi-même.
« C'ost la manie de notre siècle, observe l'auteur, de dire
que nous ne connaissons pas notre âme, quoique nous nous
sentions exister, que nous distinguions en nous ce qui est
~MMM~ de ce qui est <?< et que nous
ne puissions nous
prendre pour un autre individu a.
Cela est vrai parce qu'on ne distingue qu'une manière de
coMHa~ par perception externe on imagination, et qu'on
exclut de la connaissance l'aperceptioninterne et la rénexion.
Mais l'auteur favorise lui-même cette illusion, lorsqu'il
affirme que nous ne connaissons pas le terme immédiat de
l'activité de famé, ou les fibres nerveuses, parce que nous ne
pouvons les percevoir à la manière des ubjets.
La volonté et la force motrice sont-elles deux facultés
diBérentes, dont la seconde soit subordonnée à la première
seulementdans certains cas, et non point dans d'autres, tels
que ceux des fonctions vitales qui s'exerceraienttoujours par
TinSuence de la même /<M'ee motrice, mais sans la volonté.
Voilà le doute de Bonnet à quoi l'auteur répond très bien
« Si r&ote avait une forée motrice diuëtentt; de la volonté,

t. Tome H, page t66.


elle pourrait en effet opérer tous les phénoMenef de l'économie
animale <axs le savoir. Mais sur quoi pourrait-on se fonder
en
ce cas pour juger quee'est elle qui produit ces phénomènes?.)
Ici l'on avoue que nous n'avons d'autre ett~M«H
pour juger
si l'âme produit ou ne produit pas tels ofFets, que la conscience
d'un vouloir efficace ou le sens intime d'un effort; mais
pourquoi nie-t-on d'un ~autre côté cette efficace du vouloir
quand nous le sentons ou l'apercevonsintérieurement ?
« L'&me, dit Bonnet, n'a point le MH<MMeM< de la mécanique
et du jeu des organes sur lesquels elle agit librement, par
cela même ~K'e~e agit sur ces organes ». (Je dirais L'âme n'a
point le sentimentet non pas l'idée objectivede la mécanique.)
« Cette action n'est point une idée. » (Je dirais: Ce sentiment
n'est point une idée) « C'est un mouvement communiqué
n
(Dites C'est le résultat d'un mouvement connu) Un degré
«
de force transmis tout ce que l'Ame en connaît, et
que
Inexpérience (intérieure) lui enseigne, c'est le point du
senso-
rium (Dites Le lieu du corps vers lequel elle doit diriger
son action.) L'amo no connaît ce lieu que par la résistance
que son action y éprouve, or le sonsorimn, le point du cer-
veau quelconque, d'où l'âme exerce son action, ne résiste pas.
L'&me a dans la sensation musculaire le sentiment du résultat
de la mécanique et du jeu des organes sur lesquels elle agit
librement, ou en tant qu'elle en est cause; elle n'a point le
sentiment de cette mécanique ou de ce jeu, pas plus qu'elle
n'a le sentiment des vibrations excitées dans l'air par le
corps sonore et communiquées aux fibres de la lame spirale,
ou du choc des rayons lumineux sur la rétine; et il est bien
évident que si l'âme percevait en dehors ces vibrations
ou ce
jeu des rayons et des fibres, elle ne saurait avoir même
en
temps la conscience des impressions qui en résultent. Ainsi
Bonnet ne s'exprime pas exactement quand il dit L'&me
n'a pas le sentiment de la mécanique ni du jeu des or-
ganes sur lesquels elle agit librement par cela même qu'elle
agit sur eux; car on ne voit point du tout comment l'action
exercée par l'âme sur un terme organique exclut le sentiment
20
do ce qai ao passe dans ce terme. tout au contraire s'il y a
quelque moyen de connaître ce qui sepassedans un organe,e'est
en tant qu'elle agirait sur lai. Mais l'âme ou le moi ala cons-
ciencede l'effort, le sentiment de la présence du terme inerte
et mobile sur lequel son action se déploieimmédiatement.
Do ce que cette action est immédiate, il s'ensuit bien que
l'amo n'a pas l'idée on la perception do son effort comme
d'nn objet mais de ce que le terme lui est immédiatement
présent, quo sans lui il n'y aurait point d'effort senti, ou que
l'amo n'aurait pas l'aperception interne d'eue-mêmo comme
force motrice, il s'ensuit aussi qu'elle a le sentiment do la
présence, ou <h la coexistence de l'organe sur lequel elle agit
librement, par cela m&mo qu'elle agit sur lui.
Elle no peut avoir le sentiment do la mécanique ni du jeu
des fibres do cet organe, car Famé n'a le sentiment immédiat
que d'eUe-mëme, en tant qu'elle agit, ou des modes de son
activité essentielle. Elle a aussi le sentiment médiat des
pro Mta de 'on action, en tant qu'eHe les localise dans le
corps auquel elle est unie et en qui seul elle sent ou aperçoit
intérieurementce qu'elle opère par le vouloir.
C'est par une faculté toute différente de celle d'agir qui
constitue son essence que i'&me perçoit ou se représente ce
qui est hors d'elle dans un espace extérieur et c'est ainsi
qu'elle pourrait se représenter un mécanisme ou un jeu de
fibres yt<e&<Mt~Me. Cette représentation est une 'We objective
qui exclut le sentiment immédiat ou d'aperceptioninterne,
puisque l'âme étant une force simple, n'a en elle-même rien
-pn ressemble à un mécanisme .ou à un composé de pièces et
ressorts. Toute idée da mécanisme représente des choses
extérieures l'Ame, et le corps propre, en tant qu'il est senti
ou aperçu intérieurement .par l'&me comme son objet
immédiat, n'est point extérieur à elle, ou étranger comme le
vaisseau l'est par rapport au pilote qni le conduit, à l'aide du
toucher ou de la vue, par la connaissance vraiment objective
qu'il a des diverses pièces et du jeu de la machine sur laquelle
ilagitmédiatement.
Toutes les erreurs et les mécomptes viennent donc ici de
M pas distinguer !a caractère du sentiment immédiat, ou de
l'aperception interne que l'âme a d'oMe-méme
en tant qu'elte
agit librement sur certaines parties du corps organisé, et
en
même temps de ces parties, en tant qu'elles curent à l'action
de rAme ce degré d'inertie ou de résistance qui rend l'action
elle-même aperceptible avec son terme, de ne pas distinguer,
dis-je, ce sentiment interne de l'âme et de
son union
substantielle avec le corps, qui constitue avec elle
un seul et
même individu, de l'idée élective que nous avons de notre
corps et des ditférentes parties qui le composent comme d'une
chose étrangère, extérieure à l'individu, ou séparée de lui.
Cela posé, nous dirons L'âme a le sentiment MHH!<f<6<t< de
l'inertie et du mouvement des organes sur lesquels elle agit
librement, et elle n'en a point l'idée ou la perception externe
par cela qu'elle agit sur eux, et qu'elle a le sentiment do leur
présence.
Le sens du passage de la psychologie de Bonnet étant ainsi
rectiué, nous pouvons mieux apprécier les objections de l'au.
teur du Témoignage des sens !H<MMe contre ce passage.
« L'action de rame n'est point une idée, » disait Bonnet.
C'est une idée ou une notion en tant que nous concevons
une
force agissante et absolue de l'Ame autre que celle de notre
moi actuel. Dans ce dernier cas, c'est un sentiment.Le clave-
ciniste n'a pas besoin de connaître le mécanisme de son ins-
trument pour en jouer, et cette connaissance ne ferait pas
qu'il jouât mieux. L'&me pourrait connaître la structure du
cerveau, des nerfs et des muscles, sans mieuxmouvoir. Mais,
sans connaître cette structure, elle pourrait voir intérieure-
ment ces fibres, comme le claveciniste voit et touche le cla-
vier, et avoir en même temps la conscience du résultat du jeu
des pièces mais cette connaissance objective serait toujours
diBérente du sentimentinterne de l'action.
« L'Ame a-t-elle une perception de cette action prétendue
ou bien l'action n'est-elle point comprise dans son sens in-
time ? Dans ce dernier cas, elle n'appartient point à l'âme
(conceda). Dans le premier cas, l'action étant l'objet d'une
perception, c'est une idée dans le sens de l'autour (MMa).
H
L'action ne peut être l'objet d'une perception, comme le mou-
vement ou la changement successif d'an corps d'un lieu dans
un autre. Mais l'action voulue est une aperception interne de
l'&me, dans laquelle le sujet et l'objet sont complètement
identités, et le mouvement,on la contraction musculaire qui
est i'eMet de cotte action, ne peut être dit l'objet de la percep-
tion ou du sentiment, car le sentiment n'a point d'objet.
Le mouvement senti, dans les organes mobiles à volonté,
n'eat pas le mouvement perçu ou représenté dans un corps
étranger qui va d'un lieu à un autre. Le degré de force trans-
mis à un organe sur lequel l'effort se déploie, n'est pas un
choc ou un mouvement communiqué de corps à corps. On
erre en voulant comparer ici dos choses incomparables, des
sentiments avec des idées.
« Consultons le sens intime, dit l'auteur, il nous annonce
une correspondance nécessaire d'obéissance de la part de nos
membres à notre volonté*. a Cette correspondance est l'objet
d'une idée acquise d'un jugement abstrait, elle n'est point un
sentiment nous ne percevons point d'abord distinctement le
jeu de nos membres, et les opérations de notre volonté comme
deux choses séparées, ainsi que le pilote perçoit les mouve-
ments du vaisseau qu'il dirige mais nous avons une sensa-
tion musculaire qui correspond constamment à notre volonté,
et ces deux éléments du même fait de sens intime, de l'effort,
sont distincts sans être séparés. La correspondance ou l'obéis-
sance de l'un à l'autre est donc un fait qui porte avec lui sa
cause, et le sens intime n'en reconnaît pas de plus élevé. Ce
n'est qu'autant que nous avons acquis par abstraction la no-
tion séparée d'&me et de corps que nous concevons les lois
d'une correspondance entre les deux substances, ou entre
une force et une substance, et que nous reconnaissons que

i. Tome M, page H4.


Tome M, page HS.
cette relation, dans laquelle consiste notre existence tout en-
tière, doit avoir une cause qui est aux existences individuelles
ce que notre volonté est aux phénomènes ou aux mouvements
qu'elle détermine a commencer. Le sens intime seul ne re-
monterait donc point à la cause de l'union, puisqu'il sortirait
de lui-même, et cesserait d'être le sens intime.
Nous sentons en noua une force, on plutôt noua noua sen-
tons nous-mêmes comme une force qui opère par le vouloir,
et c'est d'après ce sentiment intime de notre causalité que la
raison se forme l'idée d'abord de forcephysique, puis do cause
universelleintelligente.La force individuelle qui opère par le
vouloir n'opère que sous certaines conditions ou d'après cer-
taines lois. Ces considérationset ces lois sont celles de notre
existence elles se fondent sur l'essence même de la force
vivante, avec laquelle le moi est identifié, combinée aveoceMe
du corps organique sur laquelle cette force se déploie natu-
rellement. Lorsque les rapports naturels qui doivent exister
entre la force motrice et les organes sont altérés, ou que les
conditions organiques do la réceptivité do l'impulsion sont
changées, le vouloirn'est plus efncace, ou même il n'y a plus
de vouloir conclura-t-on de là que, sous l'empire des lois
naturelles de l'union, la volonté n'agisse réellement pas, ou
que son action ne soit pas efncace?
Suivant l'auteur du Témoignage<~M sens <K<MMe, il n'y a de
cause efnciente que celle qui opère par le vouloir d'une ma-
nière absolue, sans être limitée par aucune loi, puisque c'est
elle qui les a faites et tout être qui dépend d'un autre quant
à son essence, ou à son existence, dépend sous tons les rap-
ports, il est passif. C'est contrarier, dans un point de vue
systématique, le sens intime qu'on invoque. Est-ce que la
cause suprême, telle que nous la concevons, n'agit pas aussi
d'après son essence combinée avec celle des êtres qui souf-
frent son action, et cela empêche-t-il qu'elle opère par le
vouloir?
« On n'a point d'idée, dit l'auteur, de cause, de puissance,
de force, de possibilité, quand on ne connaît point une intel-
tigence qui effectue en voûtant*. '< Je t'accorde mais je suis
assuré, par te sens intime~ que l'idée de cette intelligencequi
opère en voûtant est toute prise en moi-même, et que c'est
par cette idée particulièrede mon individualité, en tant que
je me reconnais une intelligence qui opère par le vouloir,
que je puis remonter jusqu'à la notion de t'emcacede la vo.
lonté suprême du législateur de la nature. Ce n'est pas on lui
que réside ma /o~p~a~, quoiqu'il soit la raison de ce que
j'existe ou que j'ai une force.
Est-il nécessaire qu'une intelligence ait prévu ou établi
certaines lois entre les êtres pour que ces lois existent ou
soient rigoureusement observées?Los lois ne sont que les
rapports des êtres ces rapports résultent de ce que ces êtres
sont on eux-mêmes ils sont dérivés de leur essence simple
ou combinée. Est-il nécessaire que cette essence ait une
cause? Supposé que ta gravité assujettie à la loi du quarré
des distances, soit de l'essence de la matière la pierre ne
tomberait-elle pas [nécessairement, sans qu'it soit Ibesoin
do remonter à une intelligence qui connaisse la loi dont il
s'agit, et qui opère d'après elle par le vouloir? L'auteur du
TWtHo~Keye du MtM intime aurait dû au moins fournir cette
preuve.
« Si nos premiers soins, en commençant & raisonner,
avaient pour objet l'analyse de notre sens intime, deux vé-
rités antérieuresà tout raisonnement,et, par conséquent, indé-
pendantes de lui, se présenteraient à nous, savoir, la réalité
de notre existence et la réalité d'une cause qui nous fait
exister et qui détermine nos manières d'être; car nous nous
sentons un effet et dans le fond et dans tes manières de notre
être; or se sentir un effet, et sentir une cause présente, c'est
la même chose'. »
J'observe ce qui suit sur ce passage très remarquable
i° Le sens intime nous atteste avec une évidence première

i. Tome n, txtge ne.


2. Tome n, page tS9.
et supérieure à tout raisonnementla réalité de notre existence
identique à colle d'âne cause de mouvement,qui opère par !e
vouloir, puisque cette cause est <Ha<. L'existence et la causa-
lité personnelleétant le fait primitif ou la première donnée
de toute acience, n'admet aucune idée de cause au-dessus
d'elle, et ai la réalité d'une cause qui le fait exister lui était
immédiatementprésente avec le sentiment de son existence,
celle-ci ne serait pas pour lui le fait primitif mais bien secon-
daire oa dérivé. D'un autre côté, la réalité de la cause de
l'existence étant étrangère au moi et supérieure à lui, ne serait
point un fait de sens intime ou de conscience, cetui-ci ne
serait donc pas la première vérité, t'être pensant, apercevrait
quelque chose qui n'est pas lui, dont il dépend, avant de
s'apercevoirlui-même, et il ne faudrait pas dire que le sens
intime nous atteste la réalité d'une cause de l'existence
2° La même cause ou force qui existe pour eUe-même
détermineaussi certaines mani~a d'être d'ette-mêmo ou du
corps sur lequel elle agit sans le concours d'aucune autre
cause. Il n'est donc pas vrai que nous sentions d'abord un
effet. Au contraire, nous nous sentons une cause dans le fond
de notre être voulant et agissant, et dans les manières d'être
qui dépendent du vouloir et de l'acte primitif;
3* Il y a des modes passifs de notre être sous lesquels nous
nous sentons réellement comme des effets dépendants d'une
cause qui n'est pas nous. Sentir des modes comme effets, ce
n'est pas sentir une cause présente, car nous ne pouvons
sentir ou apercevoir immédiatement d'autre* cause que le
moi; mais c'est avoir t'M~e ou la notion plus ou moins con-
fuse d'une cause étrangère
4° Cette notion est induite du sentiment intime de notre
propre activité ou causalité, et ne peut lui être antérieure
elle ne natlrait point sans ce sentiment du mo!<:<!MM;
S* Ce n'est qu'après nous être élevés par l'abstraction, et à
l'aide des signes, jusqu'à la notion de l'être absolu, des
noumènes appelés dme et corps, ou du composé des deux, que
nous concevons une existence sans moi, sans aperceptions
on sentiment, et c'est alors aussi que considérant cette exis-
tence individuelle comme contingente, temporaire, notre
esprit remonte jusqu'à une cause efficiente, néaeaaaire, éter-
nolle, qui a réalisé t'être contingent. Mais il est bien évident
que cette conception est prise tout à fait hors des limites du
sens intime, pour qui rien n'existe qu'individuellement et
intérieurement, loin d'être renfermée en lui. Noua sentons
notre passivité ou notre dépendance à l'égard des causes
extérieures quant à certains modes de notre existence sensi-
tive, opposés aux modes résultant de notre activité, mais non
pas quant au fond de notre être pensant qui ne s'aperçoit
qu'en tant qu'il est actif, cause libre, et partant indépendant
do l'action do toute autre cause. Il faut s'être élevé par la
rénexion et l'abstractionjusqu'à la notion de l'essence pour
concevoir que n'étant pas nous-mêmes les auteurs de cette
essence, cite dépend d'une cause suprême qui est à l'essence
et à l'existence qui ont un commencement ce que notre âme,
force motrice, est aux mouvements qu'elle fait commencer
dans le corps.
Cela posé, si l'on disait que nous sentons la présence do la
divinité dans le sens intime de notre existence, et la cons-
cience de nos sensations, il faudrait reconnattre au moins
que c'est senlement dans la conscience des sensations ou
modifications passives, qui sont toutes des relations à une
cause non moi. C'est cette cause qui serait Dieu, dont l'idée
serait aussi induite du sentiment même de notre être actif,
ou de i'aperMption intérieure de la force qui commence le
mouvement.
Le sentiment de la présence d'une force en exercice, qui
opère par le vouloir, peut être dit inné non point à l'âme
mais à l'homme, en tant qu'il commence à exister pour lui-
même, en commençant à agir ou à mouvoir; mais l'idée ou la
notion de force de cause, en général, résultant de la réuexion
faite sur l'exercice de la force n'est point inné parce que la
rénexion ne l'est pas.
Ceux qui prennent pour l'idée de I'<btM le sentiment du
niai ou celui do l'effort, qui renferme aécesaairementcelui do
la présence ou de la coexiatenw du corps peuvent dire que
l'idée de l'Ame est innée, en ça sens que le moi est t~ Ini-
même, ou que l'aperecption immédiate intérieure de t'cxis
tence de l'homme est inné à l'homme, puisque c'est elle qui
constitue son individualité, Mais c'est à tort qu'on appelle
idée le sentiment immédiat de l'existence individuelle ou du
moi, car l'idée suppose toujours un exercice actuel de l'atten-
tion libre et reftéchie de la part du sujet, et un caractère
universel de la part de l'objet. Ainsi, quoique pendant tout le
temps que la veille dure l'individu ait le sentiment de son
existence, par l'elfort constant et non intentionné exercé
sur
le corps, il n'y a d'idée de moi distincte qu'autant qu'il
ya
un exercice de l'ettort voulu et réuéchi. Do même le fait de
conscience ou de sens intime ne peut être considéré comme
idée dans l'enfance et jusqu'à ce que l'individu se fasse de la
force, ou de la causalité propre qu'il sent ou aperçoit immé-
diatement en lui-même un modèle imitable à l'imini, sous
lequel il conçoit par induction des causes extérieures a lui,
et sous l'action desquelles il est passif, ou d'autres forces
intelligentes, semblables à la sienne, et opérant de même
par
le vouloir.
On peut donc appliquerau moi humain ce que Malebranchc
dit de l'âme, qu'il ne se connaît point par idée ou comme
objet. Ce n'est pas en conséquence d'une idée, ou notion
innée de la substance ou de la cause, que nous nous sentons
exister; mais, au contraire,c'est parce que nous avons d'abord
le sentiment immédiat de l'existence individuelle, que
nous
acquérons, par la réSexion et l'abstraction, la notion univer-
selle d'existence, de force, de causalité.
Il suit de là que, pour en finir sur cette question tant
rabattue des idées innées, il n'y aurait qu'à faire voir d'abord
en quoi consiste la personnalité directe, et comment le sen-
timent du moi devenant l'idée individuelle du moi distinct
des autfes existences par réSexion, donne lieu ettStt & !&
notion universelle de l'être, de la substance et de la causalité
formée par l'abstraction. C'est par là seulement que la philo-
sophie de Descartes et de Leibnitz peut être ramenée à ses
véritables principes, c'est-à.dire aux faits primitifs du sens
intime.
L'idée du MMn'est point originairement une abstraction,
mais elle devient une abstraction, ou une véritable notion
abstraite, des qu'on cesse de faire attentionau sujet individuel,
d'oa l'idée de force et de cause a été tirée, et que l'esprit ne
s'attache plus qu'au fondement même de la relation, exprimé
par les signes eaMM/t~, force, ou à l'un des termes, conçu
primitivement, en relation avec un phénomène, puis isolé de
phénomène particulier.
L'homme sent qu'il existe, et il exprime ce fait de cons-
cience par une proposition énonciative ou le sujet et l'attribut
réellement indivisibles l'un de l'autre par la pensée, sont
notés chacun par un signe séparé, j'existe ou moi existence.
Sous ce mot existence ou être, il comprendra tout ce qu'il
conçoit, & partir de son être propre, jusqu'à l'être souverain.
L'acte de réflexion fait pour ainsi dire ressortir du sentiment
de moi, autant d'idées d'attributs, d'abord individuels, et qui
prennent de même le caractère universel et objectif de
no~MMM, dès qu'ils sont notés séparément, ou abstraits du moi
qui les pense c'est ainsi que nous formons les notions d'in-
telligence, de volonté, etc.
L'abstraction qui crée ainsi des sujets logiques, ou pure-
ment artificiels, donne lieu à cette multitude d'illusions qui
font confondre de prétendus êtres de raisonavec de véritables
êtres métaphysiques.
On donne le même nom de substance à l'objet permanent
qui se manifeste par l'étendue et l'inertie, et au sujet, on à la
force durable qui se manifeste par des effets ou phénomènes
transitoiresqu'elle produit dans l'espace et le temps, et qui
ne commenceraient pas sans elle. Mais quand on dit que la
substance peut être étendue ou inétendne, sensible on insen-
sible, spirituelle on matérielle, on ne s'aperçoit pas que le
sujet commun de ces attributs opposés est purement logique.
La matière substance étendue, inerte, n'a point avec l'~iM
force agissante, ou cause de mouvement,'un fond commun
sur lequel puisse être entéel'intelligenceou l'activité. L'esprit,
la force qui agit ou opère par Je vouloir, n'a point, avec la
matière substance qui résiste, un fond commun auquel l'in-
telligence et l'action puissent convenir.
C'est dans le sens intime de l'effort et de la présence du
terme étendu, inerte, par qui il s'exerce que nous apercevons
confusément les attributs universels de la substance et de la
cause; c'est de cette source unique que la réflexion tire tes
notions distinctes de ces attributs. Descartes et Leibnitz ont
méconnu cette filiation, et parce qu'ils ne voyaient pas com-
ment les notions dont il s'agit, se rattachaient au fait primitif
de conscience, ils ont dit qu'elles étaientinnées, comme l'idée
de nous-mêmesou de notre Ame. Mais le sentiment de nous-
mêmes ou de notre moin'est pas i'idée de l'âme, et l'apercep-
tion immédiate de l'existenceindividuelle n'est pas la notion
de l'être universel, quoique celle-ci en soit déduite par
abstraction.
Si l'idée ou l'aperceptionréelle du moi individuel, obtenue
par réCexion, n'est pas une abstraction comme une autre,
elle est encore moins une image. Les intuitions sensibles de
la vue ne représentent que les simulacres, ou les images des
objets réellement existants, et l'inteUigence seule peut dis-
tinguer ces intuitions pbénoméniques des objets réels à qui
elles se rapportent comme & des substances durables ou à des
causes permanentes.
Cette double relation étant saisie par la pensée dans les
deux termes dont elle se compose, l'esprit peut concevoir
chacun d'eux isolément. S'il conçoit la substance abstraite
de tout mode déterminé, ou la cause séparée de tout effet, il
a des notions universelles sans images. S'il conçoit les images
séparées de l'existence réelle, et comme des modèles d'une
multitude indéSnie d'intuitions semblables, il se forme des
idées abstraites générales; c'est ainsi que l'intuitiondu rouge,
par exemple, conçue séparément de tout objet déterminé,
devient le modèle de toutes ces modincations semblables
cxpriméoa par le même terme' général fOM~, etc, L'image
particulière ne devient une idée proprement dite qu'autant
qu'elle est ainsi abstraite et notée par un signe générât.
Notre âme ne se voit point tH~M~cftHCH~. Aucun être, subs-
tance ou cause, ne peut devenir objet d'intuition. Mais, en
partant du fait primitif qui rend le moi certain de son exis-
tence, on peut dire que l'âme connaît ses propriétésou facultés
constitutives par la ~MrMa. Elle s'aperçoit de dedans et
en
dedans, et de manière que le sujet qui observe est identique
à l'objet observé. Ce mode d'observation intérieure caracté-
rise la connaissance que nous pouvons prendre de
nous-
mêmes à titre d'êtres pensants, et lui est exclusivement
propre dans toute intuition ou perception, le sujet qui repré-
sente est distinct et séparé de l'objet représenté.
En se rendant ainsi compte de son existence, de
sa force
individuellele moi peut considérer sa force ou
son pouvoir
d'agir, comme le modèle ou le type exemplaire de toute force,
ou pouvoir, semblable ou identique, quoique distincte de ce
qui la constitue. Il cesse alors de faire attention à
son indivi-
dualité, et il considère son être propre, ou ce qu'il appelle
son âme, de la même manière que le géomètre examine le
cercle qu'il a tracé sans s'occuper de ce cercle
en particulier,
ni de ses dimensions actuelles, pour en déduire toutes les
propriétés qui conviennent à cette espèce de courbe. Il faut
remarquer que ce qui distingue éminemment l'intelligence,
et donne en quelque sorte le psychomètre, c'est la faculté de
voir dans chaque objet individuel, présent aux
sens ou à
l'imagination, les propriétés communes à une multitude de
choses semblables et auxquelles cet objet particulier sert de
modèle. Les enfants, les imbéciles, ou les hommes dont les
facultés sont peu développées, s'arrêtent à l'image indivi-
dueMe l'esprit éclairé ne voit dans cette image
que le signe
ou le sytnbole d'une idée très générale. De même le sentiment
intime de notre individualité est la limite d'un esprit réduit
aux plus bas degrés de réBexion mais l'intelligenceéclairée
saisit dans ce sentiment tes propriétés ou les attributs qui
conviennent à toute la nature spiritneUe, y compris Dieu.
Ainsi nous n'avons pas d'idée individuelle de notre dme,
comme de notre moi, mais une notion aniverseMe qui com-
prend tous les êtres intelligents et voulants. Je ne perçois ni
la substance ni l'image d'aucun de ces ôtres invisibles, y
compris mon Ame, mais je sells l'énergie de moa action indi-
viduelle, et je eo?MMM des forces ou énergies semblables,
opérant par le vouloir ou sans le vouloir.
Toutes les notions abstraites universelles sont ainsi des
relations dout le moi, ou la force individuotte qui se sent
opérer par te vouloir, est toujours l'autour ou le premier
terme, type de tous les antres.

FIN
NOTES
acM

L'IDËOL 0 GI E
DB

M. DE TRACY

(i8iS)

CHAPITRE VII
DE L'MXtSTESCE

« Une sensation, dit M..de Tracy, est une manière d'exister,


une manière d'être, et rien de plus; et toutes nos sensations
diverses sont, purement et simplement, différentes modiB-
fications de notre être
Fort bien; mais qu'est-ce que notre ~fe? Qu'entend-on
par <*e sujet qui existe sous différentes modifications? N'est-il
lui-même qu'une sensationqui se modifie ? Là où tout n'est
que modificationet changement,it est impossible de concevoir
ce qui est changé on modifié. La sensation de mouvement est
également une manière d'exister, tout intérieure, de l'être
sentant, comme toute autre. Comment peut-on dire que cette
sensation est ~ro<&<&e à volonté. La sensationqu'une volonté
répète n'est-clle pas nécessairement distincte de celle qui a
lieu sans vo!onié et qu'est-ce que cette volonté qui fait la
ditférence?
La volonté ou le moi qui veut et ment le corps, sent le mou-

1. H<!oi~ ~p~mmt dite par M. Deetutt, comte de Tney. Tome ï,


p~a «n de la 3e édition. (A. B.)
vement ou l'espèce d'impression qui accompagna la courbure
des muscles. H est impossible qu'il éprouve cette impression
en conservant te sentiment de lui-même ou de la volonté
motrice sans la rapporter hors de lui et à la partie du corps
sur qui la volonté s'exerce autrement le fait de conscience
n'aurait pas lieu, et par cela seul que l'individu deviendrait
sa sensation de mouvement comme la statue de Condillac
devient odeur de rose il n'y aurait point de volonté, point de
moi sans le sentiment d'une volonté; point de volonté exercée
sans un terme distinct sur lequel cette force s'exerce.
« Une jtMM'e
sMM~KMt n'a point par ette-mëme la propriété
de nous avertir qu'elle nous vient de quelque chose qui n'est
pas nous ».
Non pas une affectionpassive ou une impression au dehors;
mais si c'est la volonté qui fait naître la sensation dans une
partie déterminée du corps, je demande si cette volonté peut
se confondre avec la sensation dont elle est cause, et dans le
cas où elle s'en distingue, comme il est nécessaire pour qu'il
y ait volonté, s'il est possible d'admettre une telle distinction
sans que la sensation soit rapportée au corps ou à un espace
indéEnihors du moi ou de la volonté ?
« Nous appelons corps ces êtres
auxquels nous attribuons
d'être la cause de nos sensations', Il Ne serait-il pas possible
qu'il y eut des causes de nos sensations qui ne fussent pas ce
que nous appelons des corps? ou que nous eussions l'idée de
ces causes sans aucune idée d'étendue matérielle ou de corps?
Loin que ce soit cette étendue inerte et impénétrable consti-
tutive du corps qui soit cause, elle est au contraire opposée à
la notion de cause. Les corps sont pour nous les sujetsd'inhé-
rence des qualités extérieures qui occasionnent nos sensa-
tions, ou, s'il s'agit de notre propre corps, c'est le sujet d'inhé-
rence de ces sensations elles-mêmes.
U est impossible de concevoir une sensation .qui ne serait
pas dans une partie du corps propre. Lorsqu'il y a un moi,

t. Tome 1, page tM.


une personnalitédistinctp~ cette sensation est taeatiaép lors-
qu'il n'y a pas de moi ou de sujet aonnaissart qui se distinguo
du corps, en distinguant tes parties de ce corps les unes dca
autres, c'est simplement la combinaison organisée qui est
BMeotée, pâtit ou jouit dans toute son étendue ou quelqu'une
de ses parties non distinctes. Dans tous les cas, l'hypothèse
d'un être qui sentirait et connattrait son existence sans
se
sentir un corps ou dans un corps, est inadmissible. C'est
l'hypothèse de Descartes renouvelée par Condillac et Tracy.
La vertu sentante, idontinée avec la volonté, est le moi seton
M. do Tracy. C'est une véritable abstraction qui n'est rien
hors do cette sensation qui détermine ou actualise cette vertu
sentante.
Le mouvement du corps non senti ne peut rien apprendre
sur les existences étrangères, cela est trop évident. Le mou-
vement spontané, sans désir ni volonté déterminée, ne nous
apprendraitrien non plus. C'est donc la sensation de mouve-
ment, tout intérieure qu'elle est, qui, étant accompagnée du
désir qui continue encore quand elle vient subitement à
cesser, nous avertit que la cause qui la fait cesser est autre
que notre vertu sentante ou en dehors d'elle 1.
Je demande i° Qui est-ce qui juge ou reconnaît que la sen-
sation de mouvement est continuée ou interrompue ? Et d'où
vient ce moi, qui se distingue déjà de ses sensations, qui
juge? 2° Si c'est par un simple désir, et non par une volonté
efficace, que la sensation du mouvement continue. Quel privi-
lège peut avoir cette sensation sur celle d'odeur, de saveur
qui peuvent également se continuer comme nous le désirons,
ou cesser malgré notre désir. Assurément, en supposant la
préconstitution du moi, ces sensations sont très propres à
nous donner idée des causes étrangères, mais ces causes
n'ont rien de commun avec ce que nous appelons aujourd'hui
corps.
D'ailleurs on n'est pas fondé à dire que lorsque le mouve-

i. Cet alinéa r&)mn<! les p!t(;ea <23 a t2S du texte de M. de 'Trac;. (1. ?.)
2t
ment s'arrête, le désir de le continuer subsistant toujours,
l'individu reconnaîtra que ce n'est pas là un effet de sa vertu
sentante. Il en conclura très bien que ce n'est pas un eBet de
son désir ou do sa volonté; mais il pourrait croire dans
certains cas que c'est un pur effot des dispositions de aa vertu
sentante et motrice comme si les nerfs étaientparalysés.
Observez que déjtt on fait raisonner l'être sentant, on lui
fait tirer des inductions de ses sensations pour connaître les
corps, etc. M. de Tracy fait comme Condillac, l'hypothèse
continuelle d'un sujet modifié d'une manière agréable ou
désagréabto, qui existe et se connaît sous de telles modifica-
tions sans se connaître et se sentir comme corps, ou sans
aucune perception du terme organiqueauquel se rapportent
les sensationset les mouvements. « Je puis, dit-il, déterminer
le mode d'existence, ou ce que nous appelons l'étendue de
cet être qui, ou est tout à fuit étranger à mon moi sentant et
voulant (ce sont les corps extérieurs) ou quelquefois lui obéit
(c'est notre propre corps), mais toujoursen est distinct et agit
sur lui de beaucoup de manières
On ne peut reconnaîtreplus expressément la distinction de
Dcsctu .es. Mais d'un autre coté, il laisse subsister l'équivoque
sur la question de savoir quel est ce moi distinct du corps, et
ensuite s'il n'est pas le c~ps. Toutes les philosophies ont le
défaut commun de séparer d'abord par abstraction deux élé-
ments qui sont réellement et indivisiblement unis dans le
fait de conscience, le sujet et l'objet, l'être sentant et le corps.
Mais quand on les a ainsi séparés, il devient impossible de
concevoir comment ils peuvent s'unir, comment ils peuvent
être ramenés l'un à l'autre.
11 est remarquable que c'est par la causalité que commence
M. de Tracy, et il confond le rapport d'inhérence avec ce
premier rapport de la cause, par suite la sensation avec l'in-
tuition.
La propriété de s'opposer à la continuation du sentiment

). Tome t, tMtj;<! )29.


quo nous causent nos mouvements, quoique nous voulions le
prolonger, est la propriété principale et vraiment fondamen-
talo du corps, car elle nous assure d'âne manière certaine
qu'il y a là un être qui n'est pas nom, et elle constitue l'cxis.
tence réelle de cet être. Cette existence devient pour nous une
conséquence immédiate et nécessaire de notre sentiment de
vouloir, et de la contrariété qu'il éprouve dans choses dont
nous sommes bien assurés a.
C'est aller bien vite. Comment le fait de la suspension ou
da l'arrêt du mouvement voulu ontraine-t-il pour
nous l'exis-
tence d'un être dont cette opposition ou résistance est une
propriété essentielle et fondamentale? Je veux ou je désire
tello sensation de mouvement;elle s'accomplit et
se continue
d'abord comme je !e veux ensuite elle est arrêtée, quoique je
veuille la continuer. Qu'on analyse tant qu'on
pourra cette
modification intérieuro du moi ou des organes,jamais on n'en
fera ressortir immédiatement et nécessairement la connais-
sance de l'existence d'un être qui arrête de dehors le mou-
vement voulu ou s'oppose à sa continuation. L'espèce de
sensation qui résulte du mouvement est une modification du
mot et de son organisation. Lorsque cette sensation est
arrêtée, c'est une autre modincation ou une négation de sen-
timent, mais pour que nous puissions déduire do là l'existence
d'une cause étrangère qui nous arrête, il faut qu'il y ait un
principe nature!, ou comme une sorte d'instinct irréBéchi qui
détermine ce passage, et l'on tombe alors dans l'opinion de
Reid.
Assurémentl'existence de ce qui n'est pas nous n'est pas la
conclusion d'un raisonnement dont la sensation du mouve-
ment arrêté soit la prémisse nécessaire et exclusive. Si
quelque conséquence peut être déduite de là, c'est celle d'une
force inconnue qui s'opposeraità notre action, et pour pou-
voir faire cette induction, il faut d'abord que nous existions
nous-mêmes comme cause, que le sujet et le terme de l'effort,

t. Tome t, page i89. La citation n'est pas entieMmenttextuette.(A. B.)


le moi et son corps soient déjà donnés distineta dans le fait de
eoaseienee, alors seulement nous pouvons transporter la cau-
salité hors du moi parce que cet o< dehors est donné avec le
sentiment mente de l'existence du moi inséparable du corps
propre. Mais encore une fois cette causalité n'est pas le corps
étranger, et l'induction nous conduirait bien plutôt à l'idée
d'existence des causes spirituelles et immatérielles, qu'&
l'existence des corps étendus dont la résistanceau mouvement
serait une propriété essentielle. $
Concluons que les premières analyses do M. de Tracy, loin
de rien apprendre sur la manière dont nous parvenons a la
connaissance dos corps, ferment plutôt rentrée de cette con-
naissance.
L'hypothèse d'~fe voulant gui ~a<H'e!'at< eMcore qu'il y a
<fM mouvement et des <!<res', qui connaîtrait son existence
seule sans apercevoir en aucune manière qu'il a un corps qui,
dans cette profonde ignorance,saurait néanmoins distinguer
les cas où il se donne à volonté la sensation du mouvement et
ceux où il ne le peut pas quoiqu'il le veuitte, une telle hypo-
thèse, dis-je, est inadmissible; elle admet l'exercice d'une
rénexion assez concentrée dans l'origine même de la vie elle
fait raisonner et conclure un être qu'elle représente d'un autre
côté comme purement sensitif; elle suppose enfin l'applica-
tion du principe de causalité, de notions ontologiques d'être,
do substance, avant d'en avoir indiqué l'origine aucune autre
hypothèse ne favoriserait mieux celle des idées innées.
Pour établir le privilège qu'a la sensation de mouvement
sur toutes les autres pour la connaissance des êtres qui ne
sont pas nous, M. do Tracy s'exprime ainsi « Sans doute,
dit-il, je puis bien désirer de prolonger ou de renouveler une
sensation visuelle ou tactile ou auriculaire ou affective, tout
comme la sensation d'un mouvement, mais si je suis supposé
ignorer tout, et le mouvement, et les êtres et moi-même, je ne
puis rien faire en conséquence de ce désir'. »
t. Tome t, page 130.
2. Tome t, page Mt.
Vous ne pouvez pas faire davantage, pn conséquence du
désir dp vous mouvoir, tant que vous ignorerex tout et !o
mouvement et existence de votre corps, et par suite votre
existence individuelle. 11 est impossible de faire ressortir
jamais aucune connaissance da cette source, à moins qu'on na
dise que par !e seul fait de l'exercice premier d'une volonté
appliquée à mouvoir le corps (laquelle volonté diffère tota
Ma~M~a d'un instinct, d'un besoin, d'un simple désir) te sujet
voûtant se reconuatt dans cet effort moteur comme distinct
du terme mû qui est le corps propre. Alors le fait de cons-
cience est nettement exprimé et en y trouve la base de la
connaissance des autres êtres.
M. de Tracy a cru qu'i! était simple et naturel pour l'être
sensiMe et moteur dû distinguer sa volonté, c'est-à-dire son
mot voulant, de la sensation mémo du mouvement, par suite
de distinguer Jes cas où cette volonté s'accomplit, et ceux où
elle est contrariée mais une telle distinction, loin de pouvoir
servir à expliquerceUe qui se trouve établie à l'origine même
de la connaissance entre le moi et ce qui ne l'est pas, me
parait offrir une difncuité de plus et supposer déjà un com-
mencement de réuexion de Fètre sentant et voulant sur ce
qu'il éprouve, sur ce qui suit l'exercice de sa volonté, sur ses
actes et leurs résultats, distinction réNéchie que nous avons
nous-mêmes souvent bien de la peine à faire. La preuve en
est dans cette sensation même du mouvement dont M. de
Tracy a le premiertiré un si grand parti, et qui avait échappé
jusqu'à lui à la perspicacité des métaphysiciens les plus
subtils.
M..de Tracy a bien raison de dire « qu'on ne voit pas quelle
liaison un enfant !yn<MWt~ tout pourrait établir entre la sen-
sation qu'il éprouve, et le mouvement de ses organes néces-
saire pour se la procurer, à moins qu'il ne s'aperçoive du
mouvement de ces mêmes organes' » j'ajoute et de la
volonté qui les détermine, soit à la suite d'une sensation

<. Tome t, pa~ i3t


présente soit m~me et surtout, indépendamment de cette
sensation.
H y a des rapports naturels et instinctifsentre les impres-
sions purement affectives de la sensibilité, et les mouvements
organiques spontanés. Ces rapports-la sont étrangers à la
connaissance l'individu les trouve tout formés quand il vient
à se connattre ou à exister pour lui-même, mais il ne les
établit point; il y a une antre espèce de rapports qui sont les
objets spéciaux de la connaissance et qui existent entre Je moi
ou les actes qu'il détermine et les sensations résultant de ces
mouvements. Ces sensations ne pouvant jamais naître sans
être précédées de la volonté, c'est ici que le mouvement doit
êtrenécessairement,je ne dis pas seulementsentien lui-même,
mais de plus voulu ou accompagné d'enbrt pour que la liaison
dont parle M. de Tracy, puisse s'établir. Mais un mouvement
déterminé par do vives affections ne saurait être ni perçu
distinctement ni voulu. La confusion que fait cet auteur entre
les deux sortes do mouvements ou de rapports d'instinct et
de connaissance, a do jeter sur sa doctrine tout le louche
qu'on y remarque et fausser un principe vrai en lui-même.
Si « la sensatioh externe est la cause occasionnelle de l'ac-
tion de la volonté, » et que « la sensation interne da mouve-
ment soit seule cause de la connaissance du moyen de se
procurer cette autre sensation désirée', » j'en conclus que la
sensation interne du mouvement est l'unique objet immédiat
de la volonté qui peut bien ne pas être remarquéà part comme
il nous arrive à chaque instant, et que la sensation externe
sera l'objet le plus frappant du désir
On dit faction de la volonté et noa pas fac<MK du <MMf, du
besoin. M. de Tracy établit lui-même la ligne de démarcation
entre la volonté et le désir. Il dit a Quand je sens un désir.
quand je fais en conséquence de ce désir une action que je
sens aussi, et quand j'éprouve une résistance à cette action,
je MH<) ffrtain d'MM existence antre que celle de m& faculté

1. T')m<*t.p!<Re 135.
de sentir*. » Plus bas il dit « H ne suMt pas que je sente un
désir, il faut que ce désir soit suivi d'une action, que je sputo
cette action aussi quand elle a lieu et que tantôt <'H<~ ait !icu
librement. tantôt elle éprouve une opposition*. '<
Je puis donc désirer sans agir, et le sentiment du désir
diffère de celui de l'action je puis avoir l'un sans l'autre
maintenant le désir tend vers la sensation indépendante de
nous. La volonté no tend qu'à l'action ou au mouvement qui
dépend d'elle, Ainsi, par cela sent que nous pourrions désirer
sans agir, comme agir sans un but détermine vers une sen-
sation partieaKere, désir et la volonté sont deux facultés
essentiellementdiuérontes.
M. de Tracy fait voir aussi que rien ne doit être plus
difficile dans l'origine d'une vie purement sensitive que de
distinguer nettement la sensation du mouvement des affec-
tions qui accompagnent toujours et déterminent ce mouve-
ment. « Je vois bien le nouveau-né arrive à désirer une
sensation et à savoir, dans quelques cas, se la procurer eu
commençant par s'en donner une autre qu'il a reconnu con-
duire à celle-là. Mais je ne vois pas du tout comment il par-
viendrait à apprendre que la sensation qui est son but et celle
qui est son moyen, sont causées par des êtres distincts de son
moi, et à découvrir qu'il y a des corps et qu'il en a un'. ? »
Toujours la même hypothèse inadmissible qu'un individu
peut avoir un a!<M distinct et distingué des sensations dont
l'une est but et l'autre moyen sans connaître son corps, sans
y localiser des sensations, etc. Les pas les plus dif&ciles sont
mis avant le premier de tous, avant te fait même de la cons-
cience qui renferme indivisiblement sujet et objet.
B est très singulier que M. de Tracy, qui incline fortement
vers le matérialisme, ait énoncé des principes qui sont bien
plus spiritualistes que les miens. Il fait en effet aux spiritua-
listes purs une concession dont ils pourraient se contenter et
t. TOtttf t, page !3T.
2. Tom<* t,
page M9.
3. Tomp t, p)tj«' t35.
que je nie radicalement, c'est qu'un ôtrc immatériel et sans
organes, s'il en existe de tels, pourrait se connaître lui-même
sans avoir aucune perception ou idée de la matière et des
corps ni du sien propre.
Les cartésiens sont partis de là pour séparer les deux subs.
tances et prouver que nous étions bien plus certains de 1 exis.
tence do l'amo que do colle du corps. Jamais personne n'a
dit que nous pussions avoir connaissance des corps sans
organes, et Berkeley a prétendu que ce n'était qu'une illusion.
Je nie au contraire qu'il y ait une existence du ~KM sans le
sentiment de la coexistence du corps propre.
« Los êtres autres que moi m'apparaissentpar la propriété
qu'ils ont de résister aux mouvements que je fais faire à la
portion de matière qui obéit à ma volonté et par laquelle je
sens* M.
Oui, mais cette portion de matière qui obéit à ma volonté
ne l'aperçois-je pas d'abord immédiatement par le mouve-
ment que MM ou ma volonté lui fait faire, c'est-à-dire par
l'effort que j'exerce pour la mouvoir, et la résistance ou
l'inertie qu'elle oppose. Si je ne l'apercevaispas ainsi immé-
diatementpourrais-je sentir en elle et par elle, et lui rapporter
quelques sensations distinctes ? Si nous ne connaissions pas
immédiatement notre corps par le seul fait de l'effort et de
la résistance,nous serions réduits à une simple vertu sentante
sans distinction do tM<K ou de sujet modifié.
Il ne faut pas dire qu'on ne peut vouloir que quand on
connaît les corps ou son propre corps car cette connaissance,
au contraire, ne s'acquiert que dans un effort voulu elle est
contemporaine à cet effort, et ne le suit ni ne le précède dans
le temps seulement le corps propre est connu immédiate-
ment, et par lui les résistances étrangères.
M. de Tracy ne peut pas nier que des mouvements invo-
lontaires suffisent pour nous apprendre l'existence de notre
corps, car toute sensation nous apprend dn moins notre

i. Tome page MO.


propre existence. Or M peut y avoir sensation d'un mouwmcnt
involontaire. Donc nao telle sensation nous apprend notre
existence; mais est-ce que le corps, on cette portion d~
Matière où te mouvement est senti peut être exclu du senti-
ment de l'existence, et s'il en était ainsi, t'ame, ou la vertu
sentante, n'existerait-ello pas distinctement et séparément du
corps? Connattre ou sentir son existence n'est-ce pas sentir
son corps? Ce n'est pas le corps qui sent son existence, mais
c'est l'âme qui le sent.
Pour l'âme, sentir son corps c'est exister: exister c'est
sentir son corps, mais ce n'est pas se sentir soi-même, car on
pourrait dire qui est-ce qui sent le moi ? et il y aurait ainsi
un progrès à l'infini.

CHAPITRE IX

DES PMPMETESDES CORPS ET DE LEUR BEÎ-ATtOX

« Tant que nous ne faisons que sentir, nous ressouvenir,


juger et vouloir, sans qu'aucune action s'ensuive nous
n'avons connaissance que de notre existence, et nous ne nous
connaissons nous-mêmes que comme un être sentant, comme
une simple vertu sentante, sans étendue, sans forme, sans
parties, sans aucune des qualités qui constituentles corps'.
H est impossible de concevoir ce que serait une volonté sans
action. Le souvenir et le jugement sont aussi des actions ou

i. Tome I, page iSS. Cependant M. de Tracy dit quelques pages plus loin
(page 162) qui! est imposstMe de concevoir nm être qui n'existerait nulle
part, et n'aurait point de parties ». Comment concilier cela avec la manière
dont t'être sentant eennatt tai-meme d'abord sa propre existence Mt se con-
natt comme simple vertu sentante sans étendue, sans parties? M. de Tracy
<p)bp)« tnMttAmo eetta contradiction apparente (page t6S). « fai voulu, dit-
H, rendre manifeste que nous sentons uniquement, que nous avons
une
volonté, et que quelque chose M résiste, et que nous ne savons rien de
plus mais. je n'ai pas prétendu établir que nous.crussionsêtre un point ma-
des résMttats d'actions, et la oonnaiaaanee même de notre
existence tout entière est dans l'exercice de notre activité.
Si la vertu sentante dont on parle est inhérente à une
organisation matérielle, il est aussi impossible de concevoir
comment cette faculté sentante pourrait se connaître ou se
sentir elle-même sans connaître ou sentir sa propre étendue
car elle ne peut se sentir que comme elle est, se prendre que
pour ce qu'elle eat en elle-même. Vent-on que la faculté de
sentir soit une propriété de l'organe nerveux. Cette propriété
ou vertu réparée du sujet à qui elle est inhérente, n'est
qu'une abstraction. Or, on ne peut dire qu'elle se connaisse
eue-mêmè ainsi par abstraction.H faut donc toujours en reve-
nir an sujet qui connaît et à la chose ou à la modification
connue. Si le sujet est sans étendue, sans forme, sans partie,
etc.; il n'est donc pas le corps; et s'il n'est autre que le
corps, il ne peut se connaître comme étendu et composé, etc.
Tout gtt à bien déterminer ce que nous appelons connais-
sance. On ne peut concevoir la connaissance sans un sujet qui
connaisse et sans nne chose quelconque, connue comme
distincte du sujet qui la connaît. Le premier pas de CondiUac
anéantit la connaissance en identifiant les deux éléments.
Tant que l'être sentant se confondavec sa modification ou que
toute son existence s'y réduit, il n'y a pas de connaissance
possible.
L'être sentant qui connaît son existence sous telle sensation
n'est pas cette sensation même. H ne connaît cette sensation
thématique, ni que nous nous mssions une idée d'une vertu quelconqueexis-
tant sans appartenir à aucun être eeh est impossiNe. »
Apurement mate n reste à savoir si vous ne pouvez pas vous Mrc H~e
de quelque vertu appartenant à un être qui ne serait pas corps.
Otservëï que !orsqoe M. de Tntey atnnne qu'il est impdNiNe de concevoir
un être qui n'anNtt point de parties, il entend concevoir par i'ttNa~oMHMt,
tandis qu'en partant de la connaissance tout intérieure que lètre sentant a de
son existence, de sa volonté, de ses désirs, etc. U conçoit très bien cette eon-
MisiNtttce touf réh-mhM, ma~ uniquement p~r br~Sexioa. En eSët, qa'cst-cc
que sentir qu'on a une votonté, si ce n'est ce que Loc~e appelle f~/M'Atf.
L'espace est la tenue propre et exclusive de l'imagination, comme ie temps,
de la rMedon. (M. de B.)
qu'en la rapportant à quelque chose dont il se distingue, à
son corps c'est dana le corps on par lui qu'il sent.
Otez le corps, peut-il y avoir quelque chose do senti? Si
l'on prend l'aformative on reeonnatt la séparation des deux
substances si on le nie, on convient que tout étant senti
dans le corps et par lui, l'étendue est nécessairement insépa-
rable de toute sensation.
M.deTraeyva un peu vite. quand il s'agit de déterminer
l'origine de notre perception d'étendue. D'abord il ne
considère le mouvement que comme une sensation simple,
une manière d'être, et non point comme la perception de
l'état du corps passant d'un lieu dans un autre, puisqu'il n'y
a'point~encoNde corps ni d'étendue,ni par suite de lieu connu.
<t Je ne sais pas, dit-il, que je traverse le vide puisque
j'ignore qu'il est étendu, qu'il y a au monde quelque chose qui
soit étendu. Bientôt le mouvement, que je voudrais continuer,
qui n'est qu'une manière d'être, que je voudrais prolonger,
cesse malgré moi ce qui l'arrête n'est pas moi, mais c'est
quelque chose, c'est un être, et cet être est un corps'. Voilà
l~idée de cause identifiée avec celle de corps.
« .Tignore sans doute que ce corps est étendu, qu'il a des
parties M. Ici l'idée de corps est distinguée de l'étendue et
limitée à la force ou vertu résistante comme le moi est limité
à la vertu sentante, et je crains bien que ce ne soient là que
deux abstractionsréalisées. Peut-il y avoir résistance aperçue
sans idée d'espace ou détendue? Quand même nous ne
sentirions la résistance que dans notre corps, ne serait-elle
pas toujours dans l'espace?
« Parmi ces nombreuses expériences (voilà dé}à un sujet
capable de faire des expériences et d'en déduire des résultats)
il y en aura sûrement une où, pressantcet être et glissant sur
sa surface, je sentirai que je me meus sans-cesser de sentir
cet être ».
t. Tome ï, page
Tome-I, pege Me.
l6D.
2. ToNM pitge tM.
3. Totnc t, pxgp Mt.
Suivant ce qui précède, je sentirai une manière. d'être
intérieure, sans aucune idée de <~&teeMeM<, jointe à une
résistance sans étendue; or que cette double modification.
soit continuée 00 répétée tant qu'on voudra, si l'on n'y ajoute
rien de plus, ou si l'on m'y a pas mis déjà ridée d'étendue, on
n'en fera ressortir ni le sentimentdu déplacement, ni celui de
corps étendu. Ce sera toujours, comme dans le premier
instant, une résistancecontinuée avec une simple sensation
musculaire ni l'un ni l'autre de ces éléments ne renfermant
l'étendue, on ne voit pas du tout comment on pourrait la
déduire par une expérience quelconque. Tout aa contraire,
l'impénétrabilité ou la résistance, l'inertie perçue présuppo-
sent une étendue ou un espace fixe donné dans lequel noua
percevons d'abord le mouvement libre de notre corps et puis
les causes qui l'arrêtent.
« Dès lors, continue M. de Traoy, cet être cesse de n'être
qu'un point; je lui reconnais des parties les unes à côté des
autres je juge qu'il est ~M~M 'a.
Sur quoi se fonde ce jugement? Sur ce que vous éprouvez
une sensation musculaire intime, et que vous sentez une
résistance qui peut n'être encore qu'une modiccation de votre
corps ou de votre faculté de sentir. Assurément il y a loin de
là à reconnattre qu'il y a un corps étranger hors de nous,
ayant des parties les unes à coté des autres.
D'ailleurs, que sont ces parties, et comment les eonnatt-on
quand il n'y a jamais qu'une seule vertu résistante distincte
et identique à elle-même, une même sensation,musculaire et
une résistance continuées ? Les parties ne supposent-elles
pas déjà une étendue totale, présente à la fois à un sens
quelconque?
« La propriété d'être étendu est bien en elle-même la
propriété d'avoir des parties distinctes, des parties situées les
unes à côté des autres; mais c'est par notre mouvementque
nous la connaissons elle est, par rapport à nous, la propriété

t. Tome I, page i6t.


detre touche continampnt pendant que nous faisons une
certaine quantité de mouvements M.
J'accorde la dénnition de l'étendue en elle-même et par
rapport à nous ou aux moyens que nous avons, je ne dis pas
de la percevoir immédiatement, mais de connaître qu'elle se
compose de parties distinctes, représentéespar la somme des
mouvements que nous faisons pour la parcourir. Mais pour
reconnaître les parties de l'étendue par une saito de mouve-
ments voulus, il faut bien que nous connaissions d'abord
le mouvement de notre corps ou son déplacement dans l'es-
pace, car si ce que M. de Tracy appelle la sensation du
mouvement n'était qu'une manière d'être purement inté-
rieure, et si nous n'apercevions pas que notre main, par
exemple, change de place à volonté en glissant sur un
corps qui nous fait éprouver la résistance, nous ne juge-
rions. jamais que ce corps est étendu, figuré, ou qu'il a des
parties situées les unes à coté des autres. Or la perception
que nous avons du mouvement de notre corps, ou du dé-
placement de la main, suppose déjà une étendue ou un es-
pace fixe donnés dans lequel nous nous mouvons. Donc ce
n'est pas par le mouvement que nous en avons la connais-
sance première.
M. de Tracy veut éloigner le soupçon d'an spiritualisme
qu'il sent être renfermé dans le principe do sa doctrine, et il
s'exprime ainsi « Je n'ai pas prétendu établir que nous
crussions être un point mathématique, ni que nous nous
Bssions une idée d'une vertu quelconque existant sans appar-
tenir à aucun être. Cela est impossible. C'est pourquoi en
même temps que nous découvrons la propriété d'être étendu
dans ce qui résiste à notre volonté,' nous la découvrons dans
notre moi qui sent; il s'étend et se répand, pour ainsi dire,
dans toutes les parties par lesquelles il sent, et qui se meu-
vent aMHt gré. Nous apprenons l'étendue de notre corps
comme celle des autres corps, et nous la circonscrivons par

i. Tome t, page t6t.


Cc!WfH9<Mut)Mnt
MP~« <:CLt< tMisihitjM pattieMe

Valable pour tout ou partie


du document reproduit
te~ m&ott~ Moyens. 1 e~t m~ne' vraiawa~a <pt<' c'est ta
pr<'mH'ra dont ««Ma noua aporeevatM
t) y a M«n dt'tt chases ttbaervff sur cet artMa.
NoM!' ut) p)Htv«na jamais croire ~tro aatfe ehesoeuc eo <}ua
nMuaoavona auapareevttna imx'odiaietnent~ra partetwns
inttMa. Or par cela même que noua ouncewenttOM naw~ papté-
sHMtona quelque chatte et~eot!voNent, f&t-eo nn po!Mt
«Mth~mxtiqMe, nous anvans ~vMemnMnt (<w<MM<< s~M<'«<
t'f <~tMNM~ tMHxf~H<M!)qMonMMt ne sommes pas cette eh<M~
~nt~MM M. do 't'~ey a pmftunnitM tm camMe~Mtt la w<*WM
.«'M~af< il on a fa!t tHa!gf6 tm-M&MtM Mn ~tre aMJMi <attHbM-
lion Mtt!qtM do toMtM fea MenMthtns MM op~fat!t)ns qu'il
yeeonaatt pouvoir ex!&ter dans un individu sentant, qui ne
eont.attHMtoncoro ~Me aa propre ox!at<tace Mas avoir aMewnc
[t('re<)pt!<m du corps propre ou étranger. Ce a~ct d'attnbMtMn
qM'H a cnn~tt ~'apr~x ta <4Hes!en et point du tOMt en eanauttaMt
l'imagination n'a he"Mn pour ainsi dix~ d'aucun auppert, et il
impliquerait <!« l'attribuer à an autre Mm eon~a d'après
t'tMaginattox têt que BOfait te corps. Ce serait, cotttoe dit
Deacartos, aff!rmor une substance d'une autre, et après avoir
conçu t'aae sans te aocoars de l'autre la transformer en àttn-
but do ceM~c!.
AinM la manière dont M. de Tracy a conçu la vertu sen-
tante avant la connaissance d'aucun corps a du suffire pour

t. Totae ), pt~e MS. on a vu pfSet~emmtNt que M. de Tmcy me meattaM


point tu toutcomment noM ~e«t)<Mnt h pMpdMé <MtM étendu <htM ce
<tttt nom t&tMe. M mentM etteem mo!zt M qM eem h <MmutMm <aM te
Me< qui M~, où oMû n'Mt point et ne MMmtt «M. )et ee pt~teado viol qui
sent est bien te MtpB mab est~ee te corps qui w MBMK tai-m&me comme
MmdiM dana t<t MnMttun ? t)'ea vient <htM qu'il M se «HMtaM fM d'ahent
tmntMhtement eemmc «eedo B'o& ~tmt <t<t'B a 6esota de tant d'mpt-
~eMM pour d&ieutftr cette <tcmhMqut te ceMUhte?Commentp~nt-U d6te-
n)f un objet extérieur & M-mtme, M hmehant, se Mpmt, ? paMOMant!
Comment te sujet <[(ttMfept~emteM) tM~e-t-B dM!Bet de l'objet mpt6-
<enM pendant <p)'M n'! ?<« <~t)ement qu'w~ avee lui TMe ht mytMrM do
htMtMopMe de SeheBtng, qui ttee tout du Kto du a~et, me aont am~
htcoMeMNM que ceux d'une phUeM~hte eppM~e oit le sujet, au contraire,
est identique avec t'e~at. (H. de B.)
établir la t~aMMd'un ~h~ entant distinct du t'orps. t~r
sMivant te point do v(M cartésien que t'autaur paratt Moir
t'mbraa~ ~s son déhMt, nous ~HMnM obtins do considcrcr
Ctomato dea étMa <tM~M<t, ~M e~Mmw d'M s'~b&tane~
distinctea, tex ehMoa dont tKtua avons <!fa i~es contp~te~
<M8t!n<;tes et eppoa~eit en les concevant ehMMn<' h part. Or
M. ~a Tfacy tt'es< fait l'idée d'une veftM ocntanto ~tt! conMat-
tra!t aon os!a(onca aans connattra !M corps, et rid~a du Mrpf
n'ontre point du tout tlans !a eonnaissaneo (m 10 aen~HtCMt
qM'e!!M a d'ono-M~ma.Donc, elle a MMu MXMtottM) dtatinch' t't
sApor<!(t de eetkt du corps. UfMe, eMo ost MM ~tfa ttMMrent.
(~Mant & t'impassiM~Mdo Ct)ncevo!r une faculté, une vertu
xuntante aaas t'attribuer a un êtro, ni t'on entend par ~<ro ta
farpa, cette HttpoastttttiM est Contredite pur t'exempte do
l'autour tut-ntëmo, et toMt ce qM'on pont d!rt' c'eat qM'it est
io~ptMMMc de se représenter par l'imagination un &tfe qui no
n<-fa!t pas corps, et que c'est au eorpf seutement que t'itnag!-
nation donne to nom d'êtc« La MMt ae distingue de tout ça
qui est étendu, it est vrai qu'il étend et répand, pour ainsi
dire, la sonsation dans te corps, mais le sujet moi qui répand,
attribue, localiseles sensations, n'est ni le tenue d'attribution,
ni te lien qu'it perçoit hors de lui, ni la mottiueatiou attribuée.
ït n'est aucune dos parties par lesquelles il sent et qui se
meuvent & son gr6 et ne répugne-t-it pas de dire que les
parties qui se meuvent au gré du moi voûtant, sont ce moi
lui-même, ou entrent dans sa composition. La volonté se
localise-t-ellejamais elle-même comme la sensation?Y
M. de Tracy suppose avec Condittac que les sensations,
'd'abord dénuées de toute forme d'espace ou de l'étendue
même du corps propre, ne s'étendent ou ne se répandentqu'à
mesure que la surface de ce corps est parcourue et limitée
par la main. Avant cette circonscription des parties du corps,
toutes tes sensations sont considérées comme simples modi-
ncations, tout & fait internes, do t'âme on 'de la vertu sen-
tante, qui n'est censée exister que par elles ou qui tes de-
vient tour à tour. Ce point de vue tout à fait hypothétique
eat la MMt)Hw de toutes tes ittuaiona de nos modernes M)<Ma<
phyaieiana.
Avant d'être tecatis~o et pfr~ue, l'a~action est une modi-
ncatton du corps vivaut dont il nous est iMpos~ibte de twus
Mre aucune idée, et il n'y a jamais eM ~<at 06) yawe ait
aaMt! quelque impression en 8o!-tMênMt sans les aUnbuer a
rien. !t cat impossible de concevoir une teMa maniée M'~fa
af~cMe int~r!eMfeM)tmt aaas !acat!M<!oa.OM attribution au
corps, et quand en par!a d'one âme 0~ d'MBe vertu sentante,
qui ac aent ou M connatt ~Ma-m~tne comnM ntadiK~a ese!M-
tt~ement au corps, on ~aHeo MMopMfa abaiMption.
Avant <e MM on peut concevoir ~M UMo soaaiMMM dHtMso
dana toutes tes parties du corps soMdatromoHt ttnies entre
eUes, t)M un contro unique do aenaibiHM oh s'aceomp~t la
sensation. !t n'y a aucuno raMon pour ater la propre de
sentir immédiatement & chacune do ces parties tant qn'cUcs
aent ainai a~tMaiFoment Mniea. Et pottfqMci l'impression
douloureuse ou agr~aMe no serait-ellepas ta oa jo la perçois'?
Y serait-elle mo!as quand je Mo la percevrais pas comme
cola a lieu au cemmenc<tment de la vie, dans te sommeil, te
délire, etc.
L'erreur perpetùette des métaphysiciens est de confondre
l'impression sensible avec ta perception q~'en a le m<M. Cette
perception n'a d'autre fondement quo l'effort antérieur exercé
sur ta partie qui est le siège de l'impression, et par suite le
sentimentdistinct de l'existence de cette partie actuellement
impressionnée et qui pâtit immédiatement Je plaisir nu la
douleur. Otez cet effort, et par suite ta connaissance de la
partie aonnrante, il y aura une anection éprouvée par le
principe de la vie et bien ou mal être du corps, sans nulle
perception.C'est ainsi que nous nous trouvons, ou p* que
nous trouvons notre corps disposé organiquement tantôt
t. C'eit vainementqn'on objpcte la ncetNMKe de h <MMmMen à un centre
ergM~oe pour que la sensation ait lieu. Les <~pMeMts de ligature ne
pt ouvent autre chose e!Mn ht n~eeMtM d'une MtMariM entre tous les systèmes
Mf~n*, mMtMt et ti<mt:«in!t Pour quit y nit MnmMen anintate. (M. de ?.)
Mon, tantôt wat, aana noutt en rendre t't')ttpt< ~ans en avoir
la connaissance, !a perception proprementdite.
Toute petception appartenant au Hhtt Mi e~ontiettftwnt
r~M&cMaafMtta, non oMf eMe.at&tHc, eommc l'ont <!it eeF<a!aa
cafMaiMta, mata aw qMotqMe chosa qM! n'~t pas ta moi pcr-
cevant, et qui tantôt est Mur~aMMat pMteh<na ou éloigné de
aun action, commo dana la mouvement et les fwnaation<t
tactiles ou aMf!cwtairet( qui ta aMtveat, tantôt est indëpcndaot
de cette action cumme ttaaa toutes tes aHoetiana de la acas!-
bilité.
Si l'on ne confond paa,eomn<a<M) t'a taajoMftt fait, sentir ''t
pereaveir, on Me dMit~ma!a dire que le M<e< at'nt, <Mt aMoet~.
uta!a ~M'H perçoit ce que aent le corps organe \:va<tt. S:
Descartes, ï<ooke et Condillac enasent fait cette <at!nct!on, !e
premiern'aurait pas Fefuaé la faculté de sentir aux animaux
avec la pénale ou la réttexion, le aeeontt n'aurait pu s'ompê-
cher de reoonnattM un cafactero pK'ptemeat ré~xif dans eo
qu'it appelle idde de ~tsa~MM, et le troiaiëme, reconnaiaaont
deux éléments diat!ncta dans ce qu'it appelle en massa la
sensation, n'aurait pas tenté de dériver tout le système des
idées et des facultés humaines d'une source absolument
étrangère à la connaissance.

CMAHTRË X

CE t.A MëSUttB DES PHOfmÉTÉS BBS COttfS

M. <te Tracy donne pour conclusion générate de tout ce


qu'il a dit sur ie mouvement, t'étendue et ta durée.
i* « Que c'est par sentiment que nous conma!ssons te
moavemem. »
En accordant que dans le mouvement volontaire accom-
pagné d'eSbrt, dans ta locomotion de notre corps en masse,

t. Terne t. pa~ t9t).


uu de quelqu'une de ses partios, il y a une st'naotion mtMcu-
ta!ra interne, on est fondé a "nier quo ceM« «cnfatian auMae
paur eonnattM ta MOMWtnpM~ a'Mt-a-diM peaf jn~er que
nous noua mouvons «M que nous changeons de twH dam MM
espace BxaabsotM; eajug~tncMt na pouvant évMocuaMntac
fonder que em la <!«fma!a9aaca de qMoh~M porcept!on OM M~f
d'Mo espace ou d*~te)H<tMa.
2* « QtM c'ott sa mouvement (ounHM par 8en<!nMnt) qui
neMa fait cotmaMre )t*6~ndMO.
C'est bien plutôt papee que i'etpaef OM i ~teadMa est ««e
donnéo primitive pour nous que nous pfmv<M)t< coMMaMre
notre pfopM <aeu~mant commo toi, e'aa~-dtM j"gaf que
notre corps sa d6place pendant quu noMs ~pMMvana !atAFiaM-
rement une certaine aetMftt!oM )MMacataiM, conMa!saaaee OM
jugemeKt !mpoastMe tant qu'il n'y &<j~MMtte8enaat!un!atoHM.
3" « Que t'étendue se mosure par elle-môme, sans iatotm~'
diture, avec une cumnMdito ext)A<nc, & cause de la netteté et
da la pMt manwaca de 8)'s divisions.
4° n Que l'étendue représente parfaitement te mouvement
oper~, puisque cette propriété des corps na consiste qu'en ce
qu'Ua peuvent être parcouruspar le mouvement. »
8" « Qu'en conséquence ie mouvement rend la durée mosu-
rabte en rapportant soif divisions & celles de l'étendue. »
C* « QuM pour la même raison le mouvement iui-m&me
devient mesurable en le rapportant & l'espace parcouru par
un mouvement pria pour unité »
Je conviens bien que c'est le mouvement qui nous donne
l'étendue ~M~M~e et non point l'espace primitif qui est une
donnée indépendante,antérieure à tout. L'étendue ou l'espace
ne se manifeste comme divisible en parties, oit comme ayant
des parties distinctes les unes hors des autres, qu'en tant que
nous nous mouvons successivement, ou que nous apercevons
les mouvements successifs dans cet espace*.
t. Tome t, page <M. La citation n'est pas entièrement textuelle. (A. B.)
a. Le mouvement est comme te lien entm te mt~eeaf et t'oMectif, le
temps et reattaoe. CfaMae app~tenant «« Mtjot, tt eompn'nd te temps qui en
StMM t'espace dona~ pendant tm avant m~mM mouvement.
MeMa na c«naaMrion<t pas ea mouvement qui se tranvorait
réduit pour noua à uno pnr« Mnaatioo intMtae. Sana molt-
Wtnent, nouaaecannaMrionapa~t'cspaef tmt'étenduccantmp
div!s!Me en pactes.
Pour percevoir la successionde nos <Mouvemt'nt~& taqMattf
correspond une aMec !i9Mm des parttcw do ~tendMp Hxc hors t
dénoua, il faMtqMe teMtMaoitCtMtsthH~ pff(«'))n« duM~dc
r~n)in!sc<tnc« <'t doJM~nwttt; sana <*ch), !t n'y a point d'ordre
de sMft'essicn, p<nn~ da t~mpt.
tA'fpaee pourrait ttx' d<MM«' '.)mtdt!)tM')tKt<t ("mnte un
tout Mtdtvis~ et (Md~biMe par une première tn(H!t!'m unique.
t.'tnhttUt'n st'Mta «Mf<!t pour te aaiinr ot le <!sof. H K'CM est paa
de même da la dM~e qui uu puMt su <uMdt!t <}ae sur ptu-
sMMM iotuiUons Mët'M entro ettoa par la m~moirt'.
En ne considérant qne des apnsatiuns purement !nMricur~
ou une suite d'actes et d'enorts voulue, il y attrait )tMCce8s!en
d'MMatence aperçue antérieMrenMnt ou sucefasiom des mudes
dt! cette t'xtstoMce; pour être aperçue ou connua, eetto succes-
sion r<*<{)nert un 6tre permanent invariable, <'t des actes tran-
sitoires uu des modes qui changent &M regard du sujet MM qui
reste lu même. Mais nous ne tr"uvons point tX la condition
d'un temps ou d'unu durée mesurée.
L'instant, ou l'unité du tet~px, est déterminé par un seut
eMbrt ou un acte voulu, dans l'exercice duquel l'individu peut
dire MMM ou MM. Au second acte il dit encore «M en conservant

eut httMMthte eoauue aptN)rh')M)tt 0 t «Hiet, U iK; t< )<rt~fn<t' ()<MM ))!-['.«<'
'pt
ft du nembM
En MtMchant qui
tt <U<~<eet qui lui oett de mesure.
et cemptamt iie
MM j
pM, d'eboMt
ntpperiMtt te ditbioM
ni <hm~ le muuwMtnt <tt) ht tftop!) ttf
t~Mex <)ui
temps tt du nombre qui se rapportent .l'abord an% dit Isiuns 4tu tPlllfI'I qui
t'éeeute pendant
riécuule pendent qur
qw je me muus,
meus, puis aux dici~iom
pufs oux df ti'eapace,
di~MotM de j\'M-
~Mand j'eva-
Mpafe, yuancl
mine la trace tai<~e par me~ pu apttf) que le mou~extMtt est termina.
den~Mit divMeM me tf~r~'ntcnt donc ct-ntM du temjM &:«uM, et ett num-
(:
htant mes tmeM je nombre tes instants du temps, comme en Bemhtaat
d'ahepd les imt<mt!< je temptab mes pM ou les di~MeM que je M~b de les-
pace. C'est donc toujours te mouvement qui mMure t'cs[<aee et te tcmp~.
mn~ il n'Mt jamob mMure. (H. de B.)
aon identité, avuc ta r~miniocaneequi lui rend encore posent
ta premier acte pendant y<e te seoond est t~écnte et ainsi
pour toute ta suite des inatantaqui est mapquAa par cette dca
notes eséeutca.
Cette auito peut être reppésentée par une ehatttc con<!aMe
cotnpos~o d'Mne multitude de ehatmens, tas~Meta cMBtiaMeat
entre eux eontme tes pttints dont nous concevons !ntaMee-
tMettemont ~M'MttM ligne droite ost composée. Telle est!'tmaga
(t'NMo dMr~o totato quo nous saMhaeMa par Ma seul acte de
FapeMeptiott jomta & la mémoire, cotame MHS ooncevons
t'eapaoo par une noMte intuition MMMttaaée. Au premierinstant
do son existence, un ~tre sentant ut panaaMt n'aurait anoano
idée de dar~c~ pendant qu'it a a6c«saairement cette d'espace
par cela MMt qu'il ~e~oA.
C'et~ an ayant cette durée présente à la foM que nous pou-
vona y FoeonMaitre ou y mesurerdos parties que nousappetons
temps comme c'est en ayant l'espace présent par l'intuition
que u«ua pouvons y tracer des divisions.
Le mouvement est le moyen naturel et WM~Me de cette
division du temps comme de l'ospaco. Toute division se fait
dans un temps. L'espace, comme divisé et dans l'acte même
de la division, est if séparante du temps. Les divisions de
l'espace sont permanentes et représentent les mouvements
faits, comme les instants écoutés depuis que te mouvement a
commencé.
Supposez que l'espace ne fut pas donné comme un seul
tout permanent qui reste toujours fixe pendant que nous le
parcourons ou que nous le divisons par des mouvements
successifs, chaquepartie élémentairedisparaissant, à mesure
qu'un mouvement cesse et qu'un autre recommence, il n'y
aurait plus qu'une suite de sensations musculaires internes
tiées entre elles par la mémoire, et par suite une durée ou
cA<Kc <&< ~K~M sans aucune mesure Sxe. !i résulte de cela
même que ce n'est point de simples sensations musculaires
successives ou répétées que l'idée de t'espace peut être origi-
nairement acquise, mais qu'au contraire l'espace Bxe pet-
manent est une donnée primitiveindiapensaMementn~'sMure
pour que noua pniaaiona connaîtra nos tnonvem<'nta on cea
modes qui changent pendant que la phase qui est parcourue
feate.
II semblerait d'abord qu'on devrait appliquer tes mémfs
prineipes à la durée, et dire que ce n'est point non ptus par
des mouvementsanceessibqMe nous avons t'idee d'une durée,
puisque, au contraire, la BMC<'css!on ppt<;Me dans tca modes ou
actes de mouvement présMppose quelquo chose qui reste lixe
au dettans de noMa-n~meset dont tesmouvemeatane ppxvent
que uoua donner tes parties ou tes pointa de division. Cum-
ment concevoir en enet dea parties sans t'id6e d'un tont fimM!
taaë présent à la pensée? Mais H y a ici, entre !ea deux con-
ceptions de Feapace et du temps, une ditFérence essentielle &
noter. t/Mpaeo eat donne a la Ms par le premier acte d'in-
tuition objective; la durée n'est conçue comme un font que
par la liaison étroite que la mémoire étaMit entre les actes
répétés. Chacun da ces actes a été perçu d'abord distinctement
dans un seul fait de conscience, et la réminiscence t'a joint
au suivant pour faire deux instants pt ainsi de suite pour
toute la chaîne dos moments de notre existence successive.
La pensée compose cette chaîne par une véritable synthèse
dont chacun des 'principes ou éléments a été indépendant d<*
celui qui le suivait, et l'analyse s'appuyant uniquement sur la
mémoire sépare ensuite les chaînons en traçant certains points
de division dans la chaîne totale et y assignant ce que nous
appelons des époques*. Au contraire, l'espace est donné syn-

t. M. Boyer CothKt m'a demandé si chaque afte n'emportait pas Mfc lui
quelque dm<!e ou meceNtM d'instants.
J'at ttpondtt que chaqne tnstont de la dm~e correspond & on aetc ou mou-
vement vraiment instantané ou mmt MMeMshm appFMaNe, eat j'appcMf
acte le vouloir et le mouvement qui le suit. Or, a nous est hnpMstMe dp
reeennattre aucune suceessfon entre ces deux tenum te mouwment parais-
sant bien simultané dans le sens Intime arec la déterminationdu moi qui t'ff-
fectm. Cependant u &)tt bien quu ait ta quelque mee<sston p)ti<que dans
tMt MM~M de maNitê volontaire le sujet moteur s'aperçoit lui-même
comme faEM', pendant quit p<*rçoK ta !.<'ttK)Mon ntusfuhtin' rommp <*iM. Or.
thétiquement et sous la forme d'un tout (tant !'idéo précède
cette des parties, et Fanaïyse ou ta distinction de ces pattes
s'opère par une suite d'intuitions et dp souvenira. OtM fin*
tuition du tout et cette des parties qui restent présentes dans
la suite des mouvements, et t'espace s'identifie avec le temps.
n n'y a rien de permanent dans celui-ci que te moi. Les ins-
tants partiels do son existence s'ëvanouisaont daaa teMP
aMecossîon et sa m~tno!' seule en conserve les tracos.
On pourrait demander ii collo occasion si nos idées de
nombres sont spec!aten)ent relatives aux divisions perma-
nontes de t'capneo, si eHea ne peuvent paa i'Atra aussi aux
divisions aaecesMves do la durée'? ït est certain que, aana la
mémoire, il n'y a pas d'idée de nombre, pas plus qu'il n'y a
d'idée de temps. L'être qui aurait des sensations et des intui-
tions sans mémoire, en lui supposant une personnalité distincte,
pourrait dire MM chaque instant de son existence qui serait
toujours comme le premier, et il no dirait jamais <feM.c, etc.
Mais dans!a suite des actes internes répétés, si le souvenir ou
la réminiscence du premier se joint à l'aperception du second
au moment où il est exécuté, voita deux actes ou deux ins-
tants embrassés dans la même anité de conscience, et le
temps natL avec l'idée du nombre it ne me paratt pas possible

la cause deH ph'cM~'r son effet d'un instMtt de durée, tout (mppt'MaMf
qa'H pubse ~tft, et toutes les fois qM<' nous appliquons hors de nous ce typf
intérieur et prtmMf df tout rapport de fouMUM, n«U!' conrevons c~Mttatrf
Mont que la Mma* Mt aMnt itou etfft on qu't!h* agit dstM xn temps pour tf
produire.
YoU& pourqoot d'nn<' part on Mt d porM à confondre la camattM avec la
s)tcce&ti<tn et & répéter MM ccM!* t« p<M< hoc e~o pt~ttf /<'x' d'an autre
côté, la stmaKanaM apparente de chacun de nos actes de vouloir avec le
mouvement qui en est l'effet, a cmpéeM jusqu'à présent les philosophes df
t'hercher dana ee sentimentprhaMf du vouloir on de t'effort l'origine de FMee
de eauMtMê, de force et de tonteft les notions qui dérivent de la même murée.
C'est a ht notion de Mbstanee qu'on s'est attaché. Or, la tattHh<ne<< coetMe
a~ec se~ modes, et te même acte de Ja pensée les embrasse otmaitanement.
D'atUenM, c'est l'espace ou l'étendue qui nous tmnnt nos première* idées
de substance, ou de ce qui reste toujours présent dans la tariete des BMdtB-
cattons. VoUA pourquoi la ptnpart des systëmM de metaph~'iqtK' MM& Jf
l'école de Deiieartetinetinent vers te matMatt"m' (M. de B.)
de séparer ces deux notions dans l'origine point do temps
sana nombre, point da nombre sans temps, de m~mo. point
d'espace divisé aans nombre et sans temps.
J'ai pensé aussi autrcfoM qu'il n'y avait point d'idée de
nombre sans division de l'espace en parties distinctes et per-
manentes. Je pense aujourd'hui quêta réminiscence des actes
successifs aumt pour donner naissance aux idées de nombre
par cela seul qu'elleconstitue le temps dont te nombre même
est inséparable. Je pense aussi que sans "s~acc ~<n~ par nos
mouvements objectifs et en vertu seotement d'une sMito d'actes
intérieurs répétés, le temps et le nombre sont pris ordinai-
rement et uniquement dans le sujet; et la pensée tes conce-
vrait nettement en se faisant uno arithmétique, une algèbre
et même une sorte de dynamique intellectuelle sans aucune
idée objective d'étendue, limitée, figurée ou sans géométrie.
Les divisions permanentes de t'espace servent éminemment
a fixer et à préciser nos idées de temps et de nombres. Les
nombres s'appliquent également et de la même manière à
tout ce qui est conçu sous l'une on l'autre de ces formes.
On passe naturellement et avec la plus grande facilité de
l'une do ces idées à l'autre, et cela est tout simple, puisqu'il
n'y a pas d'étendue divisée sans mouvement ni de suite de
mouvements aperçus sans un espace, que le temps ne dinere
en aucune manière de cette suite de mouvements aperçus,
enfin que los divisions permanentes de l'espace nous repré-
sentent toujours, d'une manière fixe, une suite de mouve-
ments opérés, et ce qui est la même chose, une suite de
mouvements écoulés. La mesure naturelle de ces mouvements
et de ces instants se trouve donc dans l'espace divisé.
Un espace total comme la circonférence de t'équateur, par
exemple, représente une suite de mouvements faits ou d'ins-
tants écoulés une division ou fraction de cet espace fixe.
représente un seul mouvement, un seul temps intelligible.
Chaque division est égale, par suite chaque mouvement,
chaque temps est censé égal. Je dis censé parce que nous
supposons toujours le mouvement uniforme, sans avoir, hors
de l'espace parcouru,aucun moyen de vériNereatte uniformité
qui est une conception de notre pensée, et dont nous n'avona
aucune raison de supposer d'abord te contraire ou la variété.
<' On n'a pas entsrs fait voir nettement, dit M. de Tracy,
en quoi consiste la propriété de l'étendue on n'a pas imaginé
d'en déduire la cause du degré de certitude des diverses
sciences, certitudequ'on a été porté à attribuer en général à h
manière do procéder de ces sciences, que l'on croyait fort
différente, tandis qu'il est prouvé que la marche de l'esprit
humain est toujours la même dans tes diverses branches de
ses connaissances, et que la certitudede ses jugements est
toujours de la même uature'.
La manière de procéder d'une science est nécessairement
subordonnée à la nature des idées qu'elle emploie, et par
suite au caractère des. signes qu'elle emploie pour exprimer
ces idées avec plus ou moins de précision. Les idées et tes
signes mathématiquesfont une classe à part, en ce qu'il n'y
a point de différence entre ces idées ou notions et leur objet,
qu'il n'y a point à s'occuper de la conformité des unes avec
tes autres, et qu'en pensant à l'étendue ou à ses modes, aux
rapports des figures et des nombres, etc., on pense à des
réalités invariables, permanentes, connues dans leur nature
et jusque dans leurs derniers éléments.
ït n'en est pas de même des sciences qui se basent sur des
sensations ou des intuitions; il s'agit en ce cas de connaître
les causes des effets sensibles produits en nous, ou les objets
réets correspondant aux images qui sont dans notre esprit.
Or cette recherche qui n'a pas lieu dans les semences mathé.
matiques, exige des procédés particuliers nécessairement
différents et des t&tonnements toujours plus ou moins incer-
tains les rapports conçus dépendant toujours de la nature
des modifications variables, etc.
M. de Tracy a cherché à classer les propriétés des corps, et
ce qu'il dit à cet égard prouve combien sa philosophie pèche

). T<Mne t, par 204. La citation n'est pas entêtement tettoeth-. (A.B.)


par les fondements ou combien ces fondements sont vagues
et incertains.
n met au premier rang ce qu'il appelle la maMiM qu'i)
considère comme la source de tons tes efteta que tes corps
produisent les uns sur tea autres, comme ta cause même de
la faculté de aemUr et de aemoavoir. Il ajoute que toatea les
autres propriétés des corps sont nécessairementdépondantea
de eette-t~ pM~qa'ett~s B'aaTment pas lieu sans eHe; ou y
sont essentiellement relatives, poiaqa'ettca ne nous sont
connues que par le mauvement*. M
G'eatlà une grande eonfuaion d'idées. Dans la man!ëre dont
M. de Tracy a conaidtfél'origine de la connaissance, la mobi-
lité est prise à la fois dans le point de vue objectif pour la
propriétéou plutôt la capacité qu'a tout ce que nous appelons
corps, d'être parcouru par les mouvements que noua faisons
et sentons, et d'y opposer quelque ttsiatance et dans le point
de vue subjectif (qui est aussi le dominant) pour la &cntté
que nous avons nous-mêmes (êtres connaissants) de mouvoir
notre corps et d'agir ainsi sur les corps étrangers.
Dans le premier point de vue cette mobilité (improprement
dite ainsi) se confond avec t'étendne,etce n'est qu'une qualité
relative à l'être moteur. Nous n'avoua en effet dana cette
théorie aucune idée de ce qui est, dans le corps étranger, la
capacité d'être parcouru et m& par le mouvement de notre
propre corps qui est la seule chose que nons connaissionf ou
sentions immédiatement. Mais dès qn'it ne s'agit poi)ht de
propriétés réelles et absolues des corps, mais des quttité~
relatives à nous et à nos moyens de connaître,il ne devrait
plus s'agir de classer des propriétés suivant l'ordre ou elles
peuvent dépendre les unes des antres ou d'une première,
mais nsiqnement d'assigner l'ordre de dérivation des idées
que nous avaax de teUes qualités relatives, en les considérant
par rapport à la première sensation ou idée qui est censée en
être l'origine.

t. T<Mn« t, p!t(«' aCK.


A ep dernier égard, il est vrai de dira, suivant la théorie de,
M. de Tracy, que tout ce que noua cannaissena des corps par
t'Mpériene~ est subordonné & la faentté de noua mouvoir
volontairement et d'avoir eonseifnce de ces mouvements et
de leurs effets, Mais en payant de la conscience de noua-
mêmes par opposition à ce qui n'eat pas Mas, il v a une
grande erreur à conclure de la prem!~ condition sur-laquelle
ae fonde la connaissance des ~tres à la condition mAmo de
leur existence absoluo et de la dérivation do lours propriétéa
telles qn'eMca sont et parce que nous pouvons déduire un
certain système d'idées du sentiment intime de notre propre
mobilité ou plutôt w<~t/< croire, en transportant cette
mobilité au corps, que toat ce qM'!ta aont en eux-mêmes
dérive d'une certaine mobilité propre à eux, ou d'une capacité
qu'ils ont d'être mus les uns par les autres comme ils le sont
par nons-mêmes. Cette confusion d'idées tient évidemment
à l'emploi équivoque du terme mobilité pris à la fois et sans
distinction dans les deux sens subjectifet objectif.
Assurémentil n'y a aucune raison d'aMrmer dans le point
de vue objectif et absolu quo toutes les propriétés des corps
sont nécessairement dépendantes de la mobilité; et, en
admettant qu'elles ne nous soient connues que par le mouve-
ment que nous faisons nous-mêmes,ou n'en saurait conclure
d'après aucun principe de bonne logique, que de la capacité
qu'auraient tes corps à être mus ou transportés dans diBe-
rentes partiesde l'espace, il s'ensuivitcommedes conséquences
rigoureusementnécessaires telle ou telle autre propriété au
contraire la mobilité suppose nécessairement comme anté-
rieurs à elle l'espace, l'étendue divisible, et une force ou des
forces impulsives.
A le bien prendre, il faut qu'il y ait dans le corps plusieurs
propriétés essentiellement distinctes entre elles, on qu'il n'y
en ait qu'une seule de laquelle dépendent toutes les aubes.
Dans le premier cas, il n'y a point de raison d'assigner
aucun
ordre de subordination entre ces propriétés distinctes; puis-
qu'elles coexistentdans le même objet, il n'y a point de pre-
<n!eM'ni de dernière; et t'en pourrah, jj~ wois. appliquer
également eetto remarque auxdifMrontea facultés qui eocsis.
tout dans te «njet. ït'crranr porpAtnctto de la métaphysiqtM'
consiste a croire que les choses que nous eansid~ronadistinc-
tement les unes hors des aulraa, on les unes ap~s les au(<t,
aont réellement séparées dans l'espace et dans le temps at<s<t-
lus. Dans !a second cas, et a'tt n'y a qu'âne seMt<" propre
esaent!eMe dont toutes tes autres dérivent eomMe do leur
source, ces derni~faK aoront improprement n<M)Mne«t pm-
pr!etës, puisqu'elles ne sont r~oMement que des ntfdtMcattMMS
de !a même qui se transforme pour les produire. !s tora il
ne s'agit quo de montrer par !e raisoanoinent ou le oalcul,
appuyés sur des faits ineonteataMos,l'identité et tes lois de la
transformationdont il s'agit. Ce qui n'a pu etM fait jusqu'à
présent par la physique et la méoaniquo. Maia il faut toujours
se garder de confondre les lois relatives do la connaissance
avec les lois absolues de t'existence, et pour donner un
exemple, quand même nous prouverions que t'idee ou la
connaissance que nous avons de l'attraction se réduit dans
notra esprit à celle d'une sorte d'tmpM/SMMqa' est la premierf
connue, ou d'un choc de fluides en mouvement qui poussent
les corps & distance les uns vers tes autres, ce no serait point
une preuve que l'attraction ne soit réellement différente de
l'impulsion dans la nature et que la première de ces forces
absolues ne puisse jamais être ramenée à l'autre nous n'avons
même aucun moyen de savoir ai eUes peuvent être séparées
dans quelques cas, quoique nous les concavions très nette-
ment comme distinctes, etc.
« L'inertie et l'impulsion, » qui viennent, suivant M. de
Tracy, après la mobilité n'auraient pas lieu sans elle, et ne
sont que des circonstances de son existence
Ceci ne peut vouloir dire autre chose sinon que sans la
faculté de nous mouvoir, nous ne nous ferions aucune idée de
ce que nous appelons inertie ou résistance dans la matiez,

Tome t, page 206.


MMora maina t!o cette faref pw taquett~ h~ cwp))) r<~oiv<'nt M(
ao oammuniquantdu MOM~Mtent. Ma!a nt'ao H~ M~tUM pttiut
du <<M<t t'ixfrtia abaotMc de$ <Mwpa Mt una dépcadowtt
néeeasairo de tour meMMtA MM t'jfc~ WM, JR~ ccMsMôMnt
Mt<o propriété ainai quo j'eaten~eot les ma<h~Mtat!e!entt,
comme celle par taqMet!o les corps tondent tot~OMtw & pet-
~v&rof dans leur 6<at soit t)e moMvcnxont, «ah do repos,
ea conçoit qu'elle fMbsMtorMt ~a!~mcnt <}~a«d il n'y au-
rait aucun moMveMeMt dans ta nwnde; en t'!tt<'n(!RaM<
avec ta r<ai«tane« que n~utt ttppfmoHt toMJOMM !ea cafpx
quand il ft'agh Mit d'aff~M ta mMtwment impf!n~, soit
de h) oommenccF, on poM' bien dire qu'ollo na mMM est
eonnuo ~H<t par notM effort ou notre propre MMtMVMMent,
mais non qu'elle soit une co!MéqM«nce de qu~qua vertu <Mt
tendance ~MtMab!c qu'en feindrait gratuitement Atre inhé-
rente aux corps. Quant à t'impaMon ou a !a cause MMpM~MM'
absolue, elle est bien nécesaaiMment conçue avant te mou-
vement, puisque c'est elle qui !o rend possible en ctt~etuant
ce que nous en concevons comme uno sorte de capacité vir-
tuelle dans le corps.
Ceci s'appliquede même à l'attraction que M. de Tracy pré-
tend aussi n'être qu'une MMéqueace, & la vérité non nécea-
saire, de la moMuté; tandis quo cette force peut Mre consi-
dère comme la cause de toute mobilité.
Si la matière n'était pas essentiellementactive, dit M. de
Tracy, je ne comprends pas comment ette serait mobile, car j<'
ne puis concevoir d'oo viendrait le commencement d'un mou-
vement quelconque'. a
Je dis moi Si la matière était essentiellement mobile, je
ne puis concevoird'où nous viendrait l'idée que la mouvement
a pu commencer; mais si je la connais nécessairement comme
inerte, je suis porté à me demander d'où vient un premier
mouvement et la plus simple réMexion sur te fait du sens
intime m'apprend que l'activité du moi opposée à t'inertie du

t. Tome t. pai:? SOS.


corpa ne pMHt 6tr<' idw<4qua uwe ~Me Mt t~ppMteu!' «M n~mo
~<.
~<M MtMb!!c ttu <~M& tto <n«MMM, e'f~t <t~!r lit ('«?(?!?
<t'&<MmMOMtFanapartA: ~hv actif, o'~at awifh faaMhé du
ptedaiM !t) tMOMVOtnont. Of, ~Me!qMa HOH9 M<t C08S<w!<mtt
po!nt~HotaaMf< caMoa, a! de axw~ oatM t'f~t, neMs na ;<OH-
vona admeMpa~MM« chttsn tm MM phônon~n~ t'ox~M CMmMa
<!<!bt soit un n~m~ ~~pa Ra pr«pta caMso.
en ~ta!t ainsi,
les dt~MX taftntm <!« M{tpo~ étant i~nttiqMca, il n'y <Mtf«!t ph<a
<~ et)Maa< intelliGible.
Vtent eoHM t'~M~t', qt<t M't'«<, aMtvant M. da 'ffaoy, a!
u
<t<M M~'<Mta<aaM, M un «Mot df ta nMbitM, tMah ~Mt ne noM))
ost ~HMMa <tM<! par eU~, t~ triste pwM' aaoaqMt'pot' sa retM-
t!att avec to ntOMv~Mt~nt
Ne aeMMt-H pas plus vrai t<M <<!)<' <j)M« to taonvement n"
nous oat c«naM quo par aa n'tatien avoe t'~tMMtue, et <! l'on
convient 'quo ce aoMt deux p~pnéMa dhtioctea <<M €<xp8.
eomnMot a-t-on pu dire quo toutes tea pK)pp!6t~t dea cerpx
aootdëpoadaMh'sde teMFmtobH!t6? ate.Un ttreqMt n'auratt
jamata vu aucun Corps étranger en mouvcmont ne pourrait-il
pas avoir une intuition d'étendue et y rappurter la résts
taoce? L'étendue continue qu'i) meauroFah par son propre
mouvement serait pour lui dtvMMeMtM être encore mobile
et it en aurait ainsi une idée tout aussi complète et aussi nette
qu'en voyant ensuite se mouvoir les diMrentea parties de
ceKe étendue.
De l'étendue, M. de Ffaey fait dénver la divisibilité, la
lorme, et enfin r<N~M~M~ M considèro ici rimpénétra-
bH!tA comme cette propriété par laquelle un cafps exclut
nécessaifement un autre corps du lieu qu'tt occupe; et dans
ce sens 1'impénéttahHtté est bien certainement une consé-
quence do t'étendue mais en prenant la notion d'impénétra-
Mité dans son ofiginf, nous concevons qa'eMe s'identifie
avec la résistance que les corps étendus opposent à nos mou-

T'~M page S<M-


\eoMnta ~«ntotres, jt~M~to <~s!atanec ao praptw<i<!)nt)c&
rinert~. Ahts! est Mac ptopri~é Btem!
MeMHM..
rptatha acn
t'!mp6n~<MMMt6
!a MoMHM <!M <:«r~ MM):a
~BMwa
~'RW~

\<r.. w

FIN
Si.
TABLE DES MATEES

tNmODUCTtOM. ft~. <

MATHRMATtQtttë;
M~tOtRE SUR LKS RAPPORTS DE L'tOËOLOQtE ET DUS
i
OBSERVATIONSSUR L6 SYSTEME DU DOCTEUR GALL. ?
&eeMedeB:ehM.
g S. Des a!~09 <!es pMNioas dans t<t doetriMe de Uttt comparée
5t

DEDESCAUTES.
<:OMMËNTAtRË SUR LES MÊNTATMNS MËTAPHYStQUËS

M«)taUM!tt,MeHV. M

MMitattoatM.
MMttaUo~V.
M

MMitationV!
tM

MAtN.
t<M
ÊM
RAPPORTS DES SCIENCES NATURELLESAVEC LA t'SYCHO.
LOGIE OU LA SCIENCE DES FACULTES DE L'ESPRIT HU-
M

base.
vuedeadeMMience'
~NTROBNenott.§ t. Fondements dota diatinetion entre tee pointe de
i27
§ 2. Division des Mtencea parallèle à ceMe des faits premiers
!?
t'hemme..<
qui leur servent de
§ 3. Des différents points de vue de la science de la nature de

S6cne!< ptumt&M. Considérations raMonneUes sur l'origine et la


i3t!

en sontdenvees.
nature da pnncipe de eaasatité et le caMetèfe des notions qui

camaiiM.
<4t!

nomènes.
CHAPKMfMtNtB«.Vate)tfdapnneipe de
§ i. Que cette tehtien diBete du rapport de sttMeMion des phé-
H6
t46
fW
S i*. QM <& t'atMM de eanM)«e M'ett jjm Mue (MM at~aethM,
nne ca«s<Tie <M uno M<~ ~narate. CaMoteta <tM <?-
MNem MMttM~et e~M !aa ~nMfms ci tu M6M g~~M. m
ComoMt ha dMtdoM daa Mft): tnn~ o< dM smeaManslais-
sent & MMttao dénaturent!ea NOth'napNn<<~a et f<m<M«ea.
tates de t'espt!t b(mm!n. DMxe~n essent~He & obsener

ee~nctameees.
entre to sy~Mme primitifde naa ctoyanaM et celui <taa M&es Mt

MM~Btee.
ObjeeMaMBam
i<N!
tTX

t.eMn)«!
)OBSMTt99.
CûmmMt tes diMaMhtM M~ophyetqam tiennent & la confusion
des principes do la croyance et do la <'Mno<stanee. <?
t~

sujet.
tioohorohoa eur l'oriSine dea aotiune ou
Awtfefmgment aorte même

aeieMeapbysiques.
eroyanMa. 307
Sj~nos TMeMtÈM). Apptimt!en du principe de eaaa<t)ite aux
a~
?3
240
NOTES SUR QUELQUES PASSAGES DE L'ABBË DE UONAC.. 289
TRACY.

'J)
NOTES SUR MOEOtOCtE DE M. D~ 3M
Cn*FtMBVt!.Derex!stence. 3M
CaAptTttB tX. Dea pMpfMtea des ootps et de leurs Mtat!ene. 939
CHA~TM X. De la meeoM des propriétés dea eomfC.~f.)~T~. :ST

*!t6]!tt, <St. SMStS si t~ MS 6*aat! t.


s::&

j
Of!)!&M<et)eoutauf
NF Z M-HO-a
~<JTM~~w~<<~<~MM<~
&t&tf*Bm'ao~
~e~Mtt~ M~<<tf ~t~ mot~, t~MteMttMeaMfOM~a
~f<Bei<<t~~$~tt'<
M.afanMtK'.
Fe~~M!&Mt.M.)Pt~e<~M~M~~<~e~~j~<<~(M~~
A~~MMt~;<<c~A!a&<'tMrM<
P.tt~M!t?.jtf~<Mj~.t.
N~'ÂMi~tM!
~Me)Mte). C.Bt<M<:N~)w~~apM~<<<e~W~M~tt)tt<<B~~Mt
E.BEM<a~a~~<hM~j~w~MOtt~)f~,tjMtetttH<!M
&KMB<mtmmw<«M''<~teMMttt'tMct)~tte!m9..
~C~w!Aa~a~9<fe~a~&Mtt.ttUaaMfi~<~
FMtt6~en.P.am«tcn:~anM~a''<JMtM~
Q.t<*MM!i&&eaNM'<<'oHpt)'<«M.
6.B~M~taFae~MdM!e<&<sa'NMf)iw-<~M)<t-
Wfen~M<M<~fame~iF!M)<Mt.
P.BeM)tm:~aM~~)M<e~~a)'o.
p~M~~MeM~<&t~
t<<«~ <tMoe~M ~MM~a<<<eM<? <Katee(M~MMat~tM~.
eMfmtRM,éttA~t&h~&~aM~)p<)MM~~e<

fiMetentetU-t.. AaMMM! ~tMec&Moa e< <M!M~aiMwMw<~<fesMMt«tMM<t


:<MKM<~M<Mf<n/!<t<Me<fe~M~9h~
"A.)~~)~A~X~e,
A.1tM~MtBt:~d&eet)M<K««<<t~Mat~M~fe.
B.~<NX:t97&'<w<<eA&<&tMw~fMM<fen.

"N'~a«M.
A. HMMBMttt Ce«)~ ~'<Mier<we <<'«? cMtf~ ~w &tpM<M<~MM

fef~ne
P. Rm)M)M &«' <<< ;t<~<a'< M~M)t~Meat ~&j~Mn<
f&HMaee<f<Mtt<M<M.
P.BeatMW!eMMfeaM)~t<~N~i!)~Mea<<M<fM&.
t. MMtM, <tum<nHt)t fMa!M CeaMM<<MMa At M~~eC'<fM
;M))~&t<tf&M!ih..
NMMM~ ,DIS':JÆTTÍIS,»fLYON::

'%txMM.<a <b tMfSt~mM M ttt<a~ (M(~t~, par


"<!e'tyan.t'
~c~MM,<~w~;Mt~eh~~)~ts&MEac~t&de~iL~~
Se&nM e< ~~te6~: ttMtM~M mM~ <& M~te <<e B~a, pahMêes
aMiatto~~B.~A~~~~tm/~jH~Ment~ ~t~N'ph~ t h
t~~dMt~~det~
awe

ta MaM<St ~e~aSm~ tMa~tôn att pMM dltL)ÕD.


m~Mtq~ et tyH~te,
nm t.
Ct.6MT,~otMMMt)aP<t~M<dM~~

S-ar putea să vă placă și