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Le sens littéral, un concept novateur non-

interprétatif et non-herméneutique
Nous publions ci-joint la présentation doctorale de l'Islamologue Al Ajami
Moreno. Cette dernière porte sur l'analyse littérale des termes dîn et islâm
dans le Coran.

Le concept de sens littéral est au cœur de notre récente thèse doctorale en


islamologie ayant pour intitulé : Analyse Littérale des termes dîn et islâm dans le
Coran. Dépassement spirituel du religieux et nouvelles perspectives exégétiques.
Contrairement à l’évidence supposée du thème indiqué, les résultats de notre
recherche bousculent nombre de certitudes propres à l’Islam, mais aussi à
l’islamologie. En effet, bien que la compréhension des termes-clefs dîn et islâm
semble en apparence assurée, nous nous sommes proposé d’en réinterroger la
polysémie dans le Coran tant sont profondes leurs intrications sémantiques,
historiques, dialectiques et tant leur capital symbolique est manifeste. D’une part,
l’on sait de manière documentée que l’Islam compris en tant que religion est issu
d’un processus historique, mais l’on peine à comprendre la genèse et le rôle du
Coran au sein de ce parcours. Nous avons donc interrogé quelques points relevant
du non-dit et de l’impensé : Quels sont les rapports réels du référent scripturaire
coran avec la religion dite Islam ? En quelle mesure le Coran est-il le document
fondateur de cette religion ? Le Coran définit-il l’Islam en tant que religion ? Le
Coran avait-il vocation à fournir les rites et les législations de l’Islam ? Dans le cas
contraire, quels sont le but, la fonction, le message du Coran ? Globalement, quels
sont les liens textuels et conceptuels exacts entre le Coran et la religion Islam ?
Peut-on réellement établir la signification du Coran compte tenu de la circularité
herméneutique plus que millénaire entre le corpus coranique et celui de la religion
Islam ? Autrement dit, en notre compréhension du Coran quelle est la part réelle
du texte coranique et celle de l’apport interprétatif de l’Islam ?

La résolution de cette problématique nous a donc conduit à la détermination du


concept central de notre recherche : le sens littéral. Ce concept est sémantiquement
général, mais, s’agissant d’une recherche coranique, nous avons été amené à
élaborer une méthodologie à même de le déterminer : l’Analyse Littérale du
Coran. Nous allons ci-dessous détailler le parcours et la définition de ces deux
éléments clefs, mais précisons d’emblée que le concept de sens littéral et la
méthode qui l’accompagne ne sont logiquement en rien comparables à la démarche
dite littéraliste. (1)

Herméneutique & Sens littéral


Afin d’élaborer un paradigme et une pragmatique fonctionnelle permettant la
détermination du sens du Coran sans passer par les boucles herméneutiques de sens
classiques ou islamologiques, il nous aura été nécessaire d’explorer préalablement
trois axes fondamentaux: 1– Questionnement herméneutique ; 2– Paradigme du
document-coran ; 3– Méthodologie d’analyse du texte coranique.

– Du point de vue herméneutique, une étude transversale du concept de vérité


herméneutique nous a permis de pointer les limites du “tout n’est qu’interprétation”
et l’existence de failles théoriques au cœur même du dogme herméneutique. Partant
de cette « critique de la raison herméneutique », nous avons montré l’existence
possible d’un espace de sens dit sens littéral ou sémique, c’est-à-dire le sens délivré
par le texte hors phénomène interprétatif. Par suite, nous avons théorisé cette
notion de sens littéral et mis en évidence ce qui du point de vue des mécanismes
cognitifs d’obtention le différencie radicalement des interprétations. Pour ce faire,
nous avons proposé plusieurs modélisations permettant de distinguer ce qui relève
du sens littéral de ce qui est interprétation ou surinterprétation. De même, nous
avons montré que le sens littéral représente la « détermination des faits selon
l’énoncé », c’est-à-dire la signification minimale portée par l’énoncé, celle que l’on
ne peut ni lui ajouter ni lui ôter. Le sens littéral est ainsi « la plus petite unité de
sens probante partageable dont la signification ne peut être infirmée par tout ou
partie du texte. » Le sens littéral est ainsi probant et partageable, reproductibilité
rationnelle fondant son caractère d’éligibilité scientifique. De ce fait, nous avons
soutenu contre le dogme herméneutique ambiant l’existence d’un sens littéral
déterminant un espace de sens non interprétatif, compréhension qui de principe est
donc non-herméneutique. Autrement formulé, nous avons démontré que si toute
interprétation est une forme de compréhension, toute compréhension n’est pas
nécessairement une interprétation.

– Du point de vue paradigmatique, et concernant le document-coran, nous avons


pris comme postulat de départ l’hypothèse suivante : le Coran est un corpus clos.
Ceci se justifie directement du fait de la situation historique incertaine du Coran
due aux rétroprojections interprétatives en lien avec l’histoire des premiers
musulmans, du discours coranique constamment diffracté, des nombreuses
références intertextuelles auxquelles il allude, ainsi qu’à sa compréhension
fortement dépendante des exégèses classiques. La notion de corpus clos signifie
selon notre approche que nous supposons que ce texte est « un document suffisant à
la détermination intra-coranique du sens littéral ». C’est cette notion
d’intratextualité, essentielle pour notre analyse, qui permet de mettre en œuvre un
principe connu de longue date : tafsîr al–qur’ân bi-l–qur’ân ou explication du
Coran par lui-même, antique défi qui, en réalité, n’a jamais été relevé.

– Du point de vue méthodologique et en présence d’un texte aussi interprété que le


Coran, notre recherche nous a amené à développer une approche méthodologique
procédant algorithmiquement à la détermination du sens littéral et court-circuitant
les processus interprétatifs. Cette méthode ne vise pas ce que l’on nomme
l’analyse littéraire, mais elle est spécifiquement adaptée à la détermination du sens
littéral coranique, d’où sa dénomination fonctionnelle : Analyse Littérale du Coran.
En tenant compte de ce que nous avons précisé quant à la nature non-interprétative
et non herméneutique du sens littéral, nous donnons de l’Analyse Littérale du
Coran la définition suivante : « Méthodologie non-interprétative, non-
herméneutique, d’analyse sémantique intratextuelle et algorithmique pour la
détermination du sens littéral au sein du corpus clos coranique. »

Ce processus comporte 5 phases : 1- Analyse lexicale ; 2- Analyse sémantique ; 3-


Analyse contextuelle ; 4- Analyse de la convergence coranique ; 5- Résolution du
sens littéral. L’articulation logique de ces étapes génère une approche
algorithmique de la détermination du sens littéral coranique. Plus finement, ce
processus comporte 37 étapes de résolution. Signalons que l’analyse contextuelle
occupe une place centrale au sein de cet arbre de décision. Trois niveaux
contextuels sont ainsi systématiquement recherchés : le contexte général de la
sourate, le contexte proche donné par la construction discursive, le contexte
d’insertion du verset. En cela, l’analyse littérale du Coran s’oppose au découpage
du texte coranique tout autant qu’aux contextualisations, qu’il s’agisse des
circonstances de révélation ou d’autres indications para-historiques ou
sociologiques. Par ailleurs, la mise en œuvre de ces différentes étapes implique que
nous avons étudié en détail les données et les outils spécifiques disponibles
informant et induisant l’interprétation lors des mécanismes de compréhension
textuelle de tel ou tel verset du Coran.

Cette démarche critique concerne en premier lieu les ressources lexicales, les
sources interprétatives et l’intertextualité : corpus exégétique, corpus juridico-
canonique, corpus hadistique, corpus biblique, corpus islamologique, corpus
traductionnel. S’y ajoute les sources historiques : circonstances de révélation,
hagiographies, histoire musulmane et non-musulmane. Cet examen serré a mis en
évidence les biais propres à ces matériaux et leur responsabilité directe majeure sur
les circularités herméneutiques interprétatives qui tiennent lieu de compréhension
du texte coranique. Notre méthodologie ne fait donc pas recours à l’intertextualité
et, à l’opposé, elle est strictement intra-coranique, intratextuelle. Elle diffère donc
tout autant des approches exégétiques musulmanes classiques que des « Nouvelles
approches du Coran » développées par l’islamologie.

Analyse littérale des termes dîn et islâm

Nantis de ces outils théoriques et pratiques nous avons appliqué notre méthodologie
d’analyse littérale aux termes-clefs dîn et islâm. Autrement dit, quels sens littéraux
peut-on déterminer pour ces deux concepts qui, de toute évidence, ne sont compris
qu’en fonction de la grille de lecture fournie par l’Islam ? Précisons qu’en fonction
de la démarche intratextuelle propre à l’analyse littérale, la détermination de ces
sens littéraux, outre les versets occurrents pour ces deux termes, a mobilisé 820
versets impliqués en cette démarche croisée.

• Dans un premier temps ont été analysées les 92 occurrences coraniques du terme
dîn, soit 79 versets, nous citerons les faits principaux suivants :

- L’approche philologique a permis d’expliquer la grande polysémie du terme dîn


en montrant l’existence de quatre origines étymologiques différentes : dîn dérive
selon les cas coraniques soit du terme dên en pehlevi, soit du concept avestique de
daênâ, soit de l’araméo-hébraïque dân, soit enfin de la racine arabe dâna.

- Sur les 43 acceptions de dîn possibles en langue arabe au moment coranique


supposé, nous retrouvons 15 significations : Foi ; foi ; voie ; Voie ; Rétribution ;
rétribution ; croyance ; culte ; rituel ; tradition ; coutume ; obéissance ; sentence ;
jugement ; usage. Signalons que les sens de Foi, Voie, Rétribution sont des
néologismes coraniques. De fait, la polysémie que nous avons constatée est bien
supérieure à celle d’ordinaire plus réduite dans les usages musulmans et
islamologiques qui pour dîn dans le Coran ne retiennent guère plus de trois
significations : Rétribution, religion, culte ou autres équivalents.

- Fait important, dès lors qu’on ne lit pas ce terme selon la grille de lecture de
l’Islam, mais selon une approche analytique littérale, nous n’avons pas identifié de
versets où dîn pourrait prendre le sens de religion.

- Tout aussi notable, nous avons constaté que le choix lexical coranique était
directement lié aux contextes et, qu’à un même contexte, correspondait une même
signification. Cette observation confirme rétrospectivement l’importance de
l’analyse contextuelle. Pour le terme dîn, nous avons relevé 10 contextes différents
: théologico-dogmatique ; eschatologique ; théologico-religieux ; politico-religieux
; théologique et politique ; théologico-spirituel ; politico-militaire ; évènement
circonstancié ; théologie ontologique ; pragmatique. Or, plus de la moitié des
occurrences de dîn s’exprime en trois contextes, dans l’ordre d’importance :
contexte théologico-dogmatique (dîn/foi, 29 occurrences) ; contexte eschatologique
(dîn/Rétribution, 19 occurrences) ; contexte théologico-religieux (dîn/voie, 15
occurrences). L’on note que les significations majoritaires traduisent un
détournement sémantique et conceptuel du terme dîn – qui pour les Arabes était
principalement représenté par la notion de dîn al–‘arab, voie culturelle et cultuelle
des Arabes – vers le concept de foi monothéiste, ce qui cerne avec précision les
intentions coraniques en matière de dîn.

- Ces observations indiquent que le Coran n’emploie donc pas le terme-clef dîn
pour traiter ou même définir une nouvelle religion, mais pour qualifier et définir la
nouvelle foi/dîn portée par le message coranique. Logiquement donc d’un point de
vue littéral, mais contrairement à l’affirmation courante en islamologie, nous
n’avons pas noté d’évolution diachronique significative de l’emploi du terme dîn
dans le Coran en fonction des périodes dites mecquoise et médinoise.

- Au final, l’on déduit de ces faits littéraux que le Coran n’avait pas pour fonction
principale de définir une nouvelle religion, mais bien une nouvelle foi, foi/dîn
monothéiste dont la nature et le contenu sont didactiquement explicités en
opposition au polythéisme arabe ambiant. Ce n’est donc que postérieurement au
Coran que la construction de l’Islam a conféré au terme dîn le sens de religion.

• Dans un deuxième temps, les 8 occurrences coraniques du terme islâm ont été
analysées, soit 8 versets seulement. Notons que si l’on suppose un lien direct et fort
entre Coran et Islam, cette rareté terminologique interpelle. En réalité, la force de
ce lien ne résulte que de l’efficacité des boucles herméneutiques mises en place, car
l’analyse littérale a mis en évidence les faits littéraux suivants :

- Nous n’avons trouvé que deux lignes de sens littéral coranique pour islâm :
abandon plénier de soi à Dieu (ou remise de soi à Dieu) et reddition, sujétion. Par
ailleurs, aucun argument étymologique ou sémantique ne permet d’affirmer
qu’islâm en tant que substantif de la forme verbale IV aslama signifie paix ou
soumission contrairement aux idées reçues ou plaidées.

- Le terme islâm dans le Coran ne qualifie pas la religion éponyme, mais la Voie
spirituelle proposée par le Coran. De fait, le sens d’abandon de soi à Dieu/al–islâm
est un néologisme coranique, affirmation démontrable par le Coran lui-même et en
6 versets le terme islâm s’inscrit bien en un contexte théologico-spirituel. L’étude
contextuelle montre que le concept coranique islâm indique la modalité de la Voie
de réalisation spirituelle. Cette démarche est purement intérieure et d’ordre
ésotérique, elle est sans liens orthopraxiques établis. Le terme islâm n’a donc pas
de dimension religieuse, mais une portée pleinement spirituelle.

- Tout comme pour l’emploi du terme dîn, nous n’avons pas constaté d’évolution
diachronique du terme islâm dans le Coran. Il revêt sa totale portée spirituelle
première dès la fin de la période mecquoise.

- Comme nous allons l’expliciter infra, l’’ensemble des données relatives au sens
littéral du terme-clef islâm décrit le concept coranique d’islam-relation (à Dieu) que
l’on peut opposer au concept islamique d’islam-religion (l’Islam).

Synthèses & Perspectives


L’analyse littérale des termes-clefs dîn et islâm a fourni de nombreux résultats en
rupture avec les éléments constitutifs de divers paradigmes propres à l’Islam. Elle
apporte aussi des matériaux critiques qui se démarquent de l’ensemble des
positionnements islamologiques contemporains. Afin d’éviter à notre tour
d’interpréter les sens littéraux mis à jour, nous nous sommes limité aux leviers de
sens les plus directement apparents dont voici les principaux :

- Le Coran est un corpus clos délivrant les informations nécessaires et suffisantes


pour établir le sens littéral de ses propres énoncés. L’expérience littérale que nous
avons menée montre que le texte coranique est un document particulièrement apte à
l’analyse contextuelle intratextuelle et à une approche méthodologique non-
herméneutique représentée en l’occurrence par notre Analyse littérale.

- Nous avons constaté le divorce herméneutique entre le Coran et l’Islam. Nombre


de paradigmes fondamentaux de l’Islam, qui par mécanismes herméneutiques nous
semblent inscrits dans le texte coranique, apparaissent du point de vue littéral soit
différents, soit en opposition ou contradiction, soit inexistants. Ce faisant, nous
avons démontré à de nombreuses reprises que le Coran ne dit pas ce que l’Islam lui
fait dire.

- Ce différentiel littéralement apparent entre propos coranique et discours


islamique indique formellement que le Coran est un document-texte antérieur à la
religion Islam puisque s’il lui avait été postérieur il aurait été réarrangé pour être
concordant. C’est donc par une puissante emprise interprétative que l’Islam a mis
en conformité, non pas le texte coranique mais le sens du texte.

- Notre recherche sur l’emploi des termes dîn et islâm par le Coran lu à la lumière
des lignes de fractures qui se dégagent de la comparaison entre propos coranique et
propos de l’Islam a permis de distinguer deux concepts radicalement différents,
l’un est coranique, l’autre islamique. Le premier compose l’islam-relation : le
Coran à partir des sens de foi, voie, Voie, qu’il confère à l’ancien terme arabe dîn et
de la notion d’entier abandon de soi à Dieu/al-islâm formalise la réalisation
spirituelle en Dieu. Cette Voie est entièrement fondée sur la foi monothéiste, elle
constitue le cœur mystique du message coranique. Le second, l’islam-religion,
résulte de l’histoire post-coranique qui a investi différemment la terminologie du
Coran en construisant la notion de dîn/religion et en réduisant le terme islâm à un
simple dénominatif de ladite religion : l’Islam. Nous avons par ailleurs en notre
thèse exploré les raisons terminologiques ayant justifié le choix sémantique et
technique de ce détournement herméneutique.

- De manière complémentaire, notre recherche littérale a remis en cause l’existence


au sein du Coran d’un corpus religieux propre à la constitution d’une religion,
Islam y compris. Cela implique que l’on ne puisse littéralement trouver dans le
Coran la notion de loi/sharî‘a, le Coran se revendique en tant que Voie, mais pas en
tant que Loi. Ce constat s’oppose au postulat de l’Islam. Tout au plus retrouve-t-on
l’indication de grandes lignes rituelles somme toute communes aux autres religions
monothéistes, ce que le Coran du reste revendique. Ces éléments épars sont à
proprement parler les linéaments constitutifs de ce que dut être le proto-islam au
temps coranique. Ce constat s’oppose au postulat des coranistes actuels. La
Voie/islâm et la foi/dîn sont intrinsèquement corrélées et ce cheminement spirituel
vers Dieu ne passe pas par une démarche religieuse particulière, elle est strictement
individuelle et non partageable. Ce constat s’oppose au postulat du soufisme
confrériste.

– Si le Coran ne traite pas d’une nouvelle religion, mais d’une nouvelle foi, il est
attendu qu’il n’établisse pas de « Loi ». Ainsi, l’analyse de l’occurrence en S9.V29
a montré que la notion de jizya comprise comme impôt de capitation est une
construction exégétique et que le sens littéral coranique en est tribut de capitulation,
propos sans aucun rapport avec le statut des dhimmis, concept politique post-
coranique donc. De même, en S24.V2, la « Loi divine/dînu–llâh » censée traiter des
cas d’adultère s’est révélé seulement être une sentence de Dieu rendue au sujet
d’un cas particulier et ne faisant pas loi. Pareillement, il appert que le segment-clef
de S5.V3 ne signifie pas « ce jour, J’ai parachevé votre religion/dîna-kum », mais a
pour sens littéral : « ce jour, J’ai parfait votre rituel/dîna-kum », le rituel en
question ayant uniquement trait au Pèlerinage.

- En matière de Salut de l’âme et en raison de ses positions méta-religieuses, le


Coran développe une théologie inclusive opposée point par point à la théologie
exclusive propre à l’Islam. Selon le Coran, premièrement : non-exclusive de la foi,
du fait de son origine ontologique la foi personnelle a une dimension universelle,
toutes les expressions de foi monothéiste sont équivalentes en valeur.
Deuxièmement : non-exclusive religieuse, la pluralité religieuse a pour raison
d’être la diversité des hommes, toutes les formes religieuses sont acceptables.
Troisièmement, non-exclusive du Salut : ce ne sont point les religions qui
détiennent un passe pour le Salut, mais celui-ci repose sur la foi traduite en actes
positifs. À l’inverse, le triptyque islamique est foncièrement exclusif : exclusive de
la foi musulmane, exclusive de la religion Islam, exclusive du Salut pour les seuls
musulmans. En cela, l’Islam n’a fait que suivre les religions monothéistes l’ayant
précédé. Ces éléments essentiels confirment que le Coran dépasse la question
religieuse en la ramenant à sa juste réalité, une construction humaine, et en
affirmant que le propos divin n’est pas de constituer ou de défendre telle ou telle
religion. Il est ainsi offert et ouvert la possibilité d’un surpassement d’ordre
spirituel des clivages religieux et une vraie opportunité d’échanges, de
compréhension et de respect interreligieux.

Conclusion
La mise en évidence de l’existence d’un sens littéral non interprétatif et non-
herméneutique n’est en rien une anti-herméneutique, mais représente une avancée
théorique et pratique au sein de l’Herméneutique. D’un point de vue islamologique
et exégétique, l’Analyse littérale que nous avons pratiquée s’est avérée un outil
efficace de contournement des nombreuses boucles herméneutiques à l’œuvre dans
l’ensemble des études coraniques. Pragmatiquement, cette méthodologie permet de
désigner les interprétations et de les déconstruire, ainsi que d’envisager le texte
coranique selon une approche originale pleinement intratextuelle, il est ainsi
possible de comprendre le Coran par le Coran.

Puisque le sens littéral est hors champ de l’interprétation, les résultats de notre
recherche quant au termes-clefs dîn et islâm différent grandement des
interprétations classiques, mais aussi islamologiques. Globalement, ces résultats
remettent en question le lien entre le Message coranique et l’Islam compris en tant
que religion. Ce faisant, ils mettent en lumière le biais principal des études
coraniques : comprendre le Coran en fonction des paradigmes de l’Islam et non par
le Coran lui-même et idem pour les démarches islamologiques qui sont en réalité
toutes aussi dépendantes des paradigmes islamiques. Il en est de même pour les
emprunts et apports extra-islamiques mis en jeu par l’islamologie alors qu’ils sont
très incertains et à haute valeur interprétative. La détermination du sens littéral
permet aussi d’expliquer les difficultés de compréhension du texte coranique
lorsqu’elles résultent de différences et divergences entre le propos du Coran et les
affirmations de l’Islam. Il est ainsi possible de restaurer la cohérence interne du
texte coranique qui s’avère le plus souvent engendrée par des interprétations
inadéquates voulues par et pour la construction de l’Islam.

Si la détermination du sens littéral des termes-clefs, dîn et islâm remet en question


les certitudes les plus ancrées, cette déconstruction n’est pas pour autant délétère.
Au contraire, elle ouvre un vaste champ de compréhension du discours coranique.
À ce sujet, nous en avons évoqué quelques intéressantes perspectives tant pour le
renouveau d’une pensée musulmane ressourcée au Coran que pour une
compréhension de l’altérité et un progrès véritable en matière de respect
interreligieux.

Dr Moreno Al Ajamî

(1) En effet, ce que l’on nomme littéralisme n’est en rien une lecture de la lettre, mais un
ensemble d’interprétations superposées au texte coranique. Ce système interprétatif détermine
la compréhension du Coran à partir d’un vaste corpus exégétique extra-coranique de nature
interprétative ; l’on peut y distinguer cinq catégories principales : les hadîths exégétiques
prophétiques et les propos/khabar de Compagnons ; les circonstances de révélations/asbâb an–
nuzul ; l’hagiographie prophétique/Sîra ; les avis exégétiques/aqwâl d’autorités anciennes ; les
isrâ’îlliyyât/sources judéo-chrétiennes. La lettre du Coran dont tant se réclame le littéralisme
est ainsi l’otage herméneutique de l’Islam. Concrètement, la fidélité à la lettre revendiquée par
le littéralisme n’est que fidélité à l’opinion d’interprètes reconnus par l’orthodoxie
musulmane. Ceci explique aussi que le mouvement salafo-wahhabite actuel se revendique du
littéralisme, non pas qu’il soit ainsi conforme ou contraint par le Coran, mais, qu’au contraire,
le littéralisme lui permet par un recours sélectif à ces sources extra-coraniques de justifier plus
aisément , prétendument au nom du Coran, ses propres croyances.

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