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Série de Conférences-débat, organisée en été 2004-2005,

par les ASBL CEBADAC ( Research Center and Study Area)


sous la direction de
Muzigwa KASHEMA Justin-Gratien
Directeur du Centre

RUBRIQUE : JEUNESSE

THEMATIQUE :
Intégration et accueil aux immigrés de la 2èmegénération
========================================
Jeunesse originaire d’Afrique en Belgique :
Victime ou Coupable ?
Par
Jacques KABONGO M. K.
(Chercheur indépendant)

Le sujet que nous proposons à la réflexion aujourd’hui revêt un double intérêt :


celui de briser le silence sur la déliquescence de notre jeunesse d’une part, et d’autre
part, de mobiliser les synergies nécessaires pour pouvoir répondre positivement aux
attentes de la communauté.
Vu que le terme jeunesse est très extensible, nous avons convenu de nous
intéresser à la tranche qui va de 6 à 20 ans.
Les termes victime ou coupable nous invitent également à la prudence, dans
la mesure où les facteurs qui déterminent l’un et l’autre sont complexes et
interdépendants. Ainsi, distinguer la victime du coupable sous-entend établir des
responsabilités. Chose qui n’est pas du tout aisée au regard de la sensibilité du
sujet.
Comme nous le savons, deux types de jeunesse se côtoient dans notre
environnement familial, dans nos quartiers et villes, dans les écoles etc. Il s’agit
d’une jeunesse qui se porte bien et d’une jeunesse en déroute. La frontière entre les
deux, reste à plusieurs points de vue fragile. Cependant, établir le pourquoi de ce
décalage entre ces deux jeunesses en appelle à des profondes prospections
pluridisciplinaires. La notre en est une.

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Comme dans toute société démocratique, nous devinons qu’il ne sera pas de
l’avis de tous que nous fassions de l’état débridé de notre jeunesse un sujet
alarmant. En l’absence des études sociologiques spécifiques que nous appelons
d’ailleurs de vive voix, nous pourrions d’une part comprendre cette réticence. Tout
comme d’autre part, nous nous appuierons sur la sagesse bantoue qui prévient que
: « Kadilu katshidi ku tshibalabala wa kajima ». En d’autres termes : « Mieux vaut
éteindre le feu aussitôt en vue d’empêcher son éventuelle propagation. Dans notre
rôle d’observateur attentif, parents, aînés, etc., nous trouvons légitime le fait de nous
alarmer sur ce qui ne va pas, même s’il s’agit d’un seul cas.
En bref, un petit tour sur les places publiques, notamment les stations de bus,
de métro les gares etc., nous prouve qu’un nombre grandissant de nos enfants se
porte mal. Des reportages télévisés ont déjà alerté l’opinion sur cet état débridé de
notre jeunesse.
En effet, il ne s’agit pas d’une maladie physique ou organique qui peut se
guérir sur une simple prescription médicale, mais plutôt d’une maladie de la
jeunesse, une maladie d’ordre comportemental, une maladie de société et dont la
compréhension des tenants et des aboutissants implique l’intervention des plusieurs
compétences.

Que sont ces maux?

Globalement, on peut schématiser cette situation comme suit :

Placements
11% Descolarisation
Révolte 27%
11%

Filles-mères
Délinquance 16%
35%

Ces observations concernent une trentaine de ménages dans la ville de Liège. Parmi
eux, 18 sont du type biparental et 13 du type monoparental. Du point de vue des
activités, 13 ménages ont au moins un membre actif professionnellement. Tandis

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que 18 restants sont composés des parents inactifs. Les jeunes concernés sont
représentés par 16 filles et 15 garçons. La délinquance qui représente 35% est plus
fréquente chez les garçons majeurs. Elle est indistinctement présente dans les deux
types de familles. Ce constat fait sur un échantillon non représentatif de la population
d’origine africaine, particulièrement d’origine congolaise, reste indicatif et sujet à
discussion. Néanmoins, son importance sociologique est indéniable vue qu’il reflète à
plusieurs points de vue le mal être de notre jeunesse.

Dans l’ensemble, nous pouvons classer les maux dont souffre notre jeunesse en
deux catégories : 1° Des maux classiques représentés par la révolte, la
délinquance, le décrochage scolaire, l’errance etc.
2° Des maux naissants, provoqués par le choc entre les deux cultures. Il s’agit
entre autres de la toxicomanie, d’alcoolisme, de la prostitution chez les mineurs
d’âge, du phénomène fille mère, de fugues, des placements ou du phénomène
enfants de juge.

Responsabilités partagées ?

Jeunesse victime

D’emblée, on peut confirmer qu’aucun enfant n’a demandé de venir au monde ni de


choisir les parents chez qui il va naître. L’acte de procréation obéit tout simplement à
l’instinct naturel qui garanti la perpétuation de notre espèce. Cependant, assurer le
devenir de son rejeton de manière à en faire un citoyen responsable relève des
rapports de force qui existent entre la famille, l’école, le voisinage et les
institutions.

La Famille

Considérée comme premier milieu d’accueil de l’enfant, celle-ci présente une


importance toute particulière. Ainsi, selon son statut socio-économique, selon ses
vertus culturelles, selon son option spirituelle, selon la nature des rapports enfants-
parents, etc., une famille peut garantir la réussite ou provoquer l’échec dans la phase
de maturation d’un jeune vers sa destinée de responsable.

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Or, actuellement, nous observons un réel conflit de générations qui s’installe
sûrement dans les rapports enfants parents. Un nombre assez important de parents
ne se reconnaît plus dans leurs enfants comme on entendait dire jadis : « tel père tel
fils ; telle mère, telle fille.
Aujourd’hui, c’est souvent les cris de désolation qu’on entend: « Oboti muana, oboti
motema te » ; «Kobota elengi, kobokola pasi ».

S’agit-il de manque de repères ?


Un dicton populaire dit : « Eduquer un garçon c’est éduquer un homme,
éduquer une fille c’est éduquer une nation ». La question que l’on se poserait
aujourd’hui face à cette considération reste simple : A combien sont-ils ces parents
ou adultes qui peuvent prétendre sans crainte d’être contredit de servir des repères
aux jeunes ?. Sans perdre de vue que c’est la modernisation induite par nous-
mêmes adultes que l’éthique morale dans nos sociétés est en effritement constant.

Aux Parents on reproche par exemple :

1° Les sentiments de lassitude ou de fatalisme


2° L’inversion des valeurs qui induit les tensions inter couple démoralisantes pour les
enfants
3° Les séparations ou les divorces
4° Une certaine complicité
5° Un laissé aller (habillement, laisser les enfants tard devant la télévision suivre
n’importe quel programme…)
6° Des tabous
7° Des croyances irréalistes
8° La culpabilisation de l’enfant
9° Le manque de communication
10° La démission pure et simple
11° Ambition démesurée

L’Ecole

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Si celle-ci était jadis considérée comme un outil qui épaulait la famille dans la
construction de la personnalité de la jeunesse, l’école dans la plupart des cas, subit
de nos jours la jeunesse, et de ce fait, perd au fur et à mesure de sa valeur. Face
aux échecs, et à certains comportements d’incompréhension, nombreux sont des
jeunes qui stressent, désertent sans remord, ou y installent de la violence sans
crainte de quoi que se soit. L’école devient le lieu d’échange de mauvaises habitudes
ou pratiques. Beaucoup de jeunes reconnaissent avoir touché à leurs premières
cigarettes ou au cannabis à l’école. Sans oublier ce phénomène de déviance
sexuelle chez certains adultes en charge des enfants.
Tout comme il existe aujourd’hui une école à deux vitesses : celle qui prépare l’élite
vers le lendemain meilleur et celle qui est à la remorque des moins doués dont la
probabilité de réussite est moindre. La plupart de notre jeunesse appartiennent à
cette dernière catégorie.

Le Quartier

Selon la nature du quartier, riche ou pauvre, la fréquentation entre jeunes peut


induire des valeurs extra-familiales corruptibles ou réparatrices selon les cas. Dans le
premier cas, on a vu des jeunes délinquants s’identifier ou se regrouper selon leur
lieu d’appartenance. A Liège, à Namur, à Mons, à Charleroi, à Bruxelles, les
mouvements des jeunes révoltés regroupent des sujets issus essentiellement du
même terroir social et géographique ; on les appelle des jeunes à « risque . Dans le
deuxième cas, il existe fort heureusement, des groupements de jeunes qui se
forment pour faire du sport, jouer au scrabble, aller en excursion etc. Actuellement,
nombreux sont les parents qui désertent des quartiers dits « chauds » pour des
quartiers sécurisants dans les soucis de préserver leurs enfants des mauvaises
influences.

Les Institutions

Face à l’ampleur du problème, on a tendance à les considérer comme inadaptées.


On les dit répressives vis-à-vis des parents et laxistes envers les enfants. Cela se
traduit par les rapports de forces en déséquilibre dans le triangle parents-
intervenants sociaux-judiciaire. Les parents étant les plus lésés en cas des conflits

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avec l’enfant. Certaines lois, certaines attitudes, certaines interventions ont
largement contribué à la détérioration de l’autorité parentale. Certains enfants en ont
largement profité.
Par exemple, le fait de :
1° Privilégier les droits de l’enfant aux devoirs
2° Présenter certaines facilités financières du type assistanat social, allocations
familiales aux filles mères
3° Encourager les divorces ou les séparations des parents
4° Accorder à l’enfant une émancipation anticipée
5° Confronter les parents à leurs enfants ou condamner les parents devant l’enfant
6° Procéder au placement de l’enfant contre la volonté des parents
7° Approuver certains programmes audio-visuels déroutants pour les enfants
8° Désarmer vis-à-vis de la consommation de cannabis ou de la drogue
9° Tolérer la violence administrative ou policière vis-à-vis des personnes éprouvées

Jeunesse coupable

« Dis-moi qui tu hantes je te dirais qui tu es ! »

En nous conformant à la législation belge qui confère la majorité à 18 ans, nous


considérons que la responsabilité des parents est limitée vis-à-vis des actes
malveillants commis par les jeunes à cet âge. On notera à ce propos que les conflits
de générations diffus induisent un type de comportement caractériel chez nos
jeunes, notamment l’orgueil, l’arrogance, le repli sur soi. « C’est mon choix, il faut le
respecter ». « C’est ma liberté de penser » Voilà l’affront auquel font face certains
parents aujourd’hui.
On constate par exemple :
1° Indépendance dans l’habillement, dans le maquillage
2° Indépendance financière
3° La liberté dans la fréquentation
4° La liberté de mouvements (sorties et rentrées non surveillées)
5° Tendance à s’isoler des parents pour bénéficier des certains avantages
6° Refus d’obtempérer surtout si l’initiateur est le père ou la mère

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Bref, les parents ne sont-ils pas aujourd’hui considérés comme des conservateurs
mal inspirés ou des dictateurs mal placés dont on attend que la disparition ?

Une fille qui choisit contre la volonté des parents de cohabiter avec un ami et
qui se trouve violentée ou abandonnée plus tard est coupable de son choix.
Un jeune qui refuse de se former, de lire et qui par malheur se trouve limitée
dans son raisonnement est coupable de son état d’ignorance.
Un jeune qui malgré la campagne de sensibilisation consent des actes
sexuels sans se protéger est coupable de son entêtement.

Quels types de réponses devrait-on apporter à cette question ?

La prise de conscience nous semble une première approche réaliste. Elle doit se
faire au niveau individuel, familial, communautaire et institutionnel. Des débats
intergénérations, multiplidisciplinaires et multiculturels doivent être programmés. Les
parents éprouvés doivent sortir de leur mutisme. La référence à nos réalités
culturelles et la stabilité des ménages sont à encourager ou à préserver au sein de
nos familles ou de la communauté. Un collectif des parents ou des adultes peut
servir à la fois d’observatoire de la bonne conduite de nos enfants ou du suivi de
ceux qui sont dans les besoins. En restant à l’écoute du jeune, on peut facilement le
dompter. Il faut briser certains tabous et jouer le rôle des grands-parents en parlant
aux enfants des choses qui touchent à leur intimité de manière à le prévenir de
toutes mésaventures. Faire participer au jeune les choix qu’on opère pour lui de
manière à obtenir
son consentement.
Quant aux institutions, nous rappelons que des efforts devraient être faits pour
restaurer l’autorité parentale. Les enfants n’ont pas que des droits, ils ont aussi les
devoirs et les parents sont les mieux placés pour s’en occuper. Des structures
d’encadrement et de moyens devraient être octroyés aux organisations ou aux
acteurs qui se proposeraient d’encadrer les jeunes quel que soit le type d’activité.
Les adultes abuseurs d’enfants devraient être mis hors d’état de nuire.
En ce qui concerne l’école, nous souhaitons que la chance soit égale pour tous les
enfants. Que l’orientation scolaire soit discutée avec les parents. En cas des

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difficultés les parents peuvent recourir aux écoles de devoirs ou autres structures de
prise en charge extra-scolaire.
Pour les jeunes qui ont eu la chance de s’en sortir, ils peuvent nouer des contacts
avec les cadets de manière à les stimuler.

Commentaires après débat :

QUELQUES AXES DE REFLEXION ET D’ACTIONS ATTENDUES


A LA SUITE DU DEBAT

A part son rôle de père d’une nombreuse famille, notre orateur est biologiste
enseignant et chercheur. Il a déjà effectué d’autres missions au compte des ONG qui
s’intéressent à la jeunesse des rues comme celles de Kinshasa en RDC. C’est autant dire
que sa perspicacité pour débattre de cette problématique a été irréprochable. C’est avec
beaucoup d’intérêts que les parents soucieux d’avenir de leurs enfants l’ont écouté : les
asbl organisatrices le considèrent déjà comme un spécialiste incontournable dans ce
domaine.

La déroute de quelques jeunes noirs en Belgique étant jugée


préoccupante, la conférence de ce mercredi 18 août offre une opportunité
d’éveil à tous les acteurs concernés. De ce fait, la problématique de la jeunesse
originaire d’Afrique subsaharienne devrait figurer à l’agenda d’un chacun
avant que la situation ne devienne ingérable.
Sur une trentaine de ménages dans la ville de Liège, la déliquescence se
présente dans l’ordre de 35% pour la délinquance, 27% pour le décrochage
scolaire, 16% pour le phénomène fille mère, 11% sont des enfants révoltés,
11% se trouvent en placement, ils sont appelés des enfants de juge.
Les responsabilités de la famille, de l’école, du voisinage et des
institutions ont été établies. Il est question que toutes ces composantes puissent
se mettre ensemble en vue de juguler cette crise qui s’installe sûrement au sein
de la communauté noire.

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Au cours du débat, certains participants ont considéré que les jeunes
étaient plus victimes que coupables. Les parents ont été considérés à leur tour
comme des victimes des institutions et du système politique du fait que les droits
de l’enfant ont été plus privilégiés que le devoir. Par ailleurs, un parent qui n’a
pas d’emploi ne constitue pas une bonne référence pour un jeune qui a besoin
de repères.
Quelques pistes d’action ont été dégagées : Les participants se sont
accordés sur l’initiative de créer un observatoire multiculturel en vue de
récupérer les enfants en difficultés, de s’occuper de ceux qui ont besoin d’être
encadrés, et d’arrêter des stratégies de prévention.
Il a été proposé d’interpeller les Institutions pour qu’une politique de
consultation soit mise en place afin que les valeurs culturelles des uns et des
autres soient prises en considération dans toute initiative. De même, l’assistance
a plaidé pour que les moyens d’agir soient donnés aux organisations qui
s’occupent de la jeunesse.
Enfin, des voix se sont levées pour que les parents sortent de leur mutisme
d’une part, et que d’autre part, du fait qu’on ne peut pas les dissocier des
enfants, ils fassent aussi l’objet d’une préoccupation. On a constaté que
nombreux sont ceux qui craquent.
L’augmentation des consultations psychiatriques et des accidents liés à
tension artérielle (AVC) en dit long. Les participants ont considérées qu’il y a
nécessité d’organiser des séances de formation et d’information en faveur des
groupes cibles. A titre de prévention, des espaces de dialogue réunissant des
personnes de tous les âges doivent être crées.
Tous les participants et les ASBL organisatrices de cette rencontre
souhaitent que les idées émises dans cette Conférence soit largement diffusées et
au besoin que cette même Conférence soit reprise pour un public de parents
encore plus nombreux et dans différentes villes.

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Les organisateurs ont apprécié la contribution d’une trentaine de parents
qui se sont déplacés et qui ont pris conscience de la gravité du problème.

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