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Prélude et Continuum pour 3 guitares

Avant-propos

C’est en 2017 que je me suis lancé dans la composition du Prélude. Cette courte pièce,
qui n’avait alors pas encore de titre, est la première dans laquelle j’ai essayé d’exploiter
une scordatura de type « violoncelle » – idée qui m’est venue après avoir entendu la
Sonate pour Violoncelle Seul de György Ligeti et tenté d’en faire une transcription pour
guitare. En effet, la guitare 3 est prévue pour être accordée de la manière suivante : Do,
Sol, Ré, Sol, Si, Mi (du grave à l’aigu), sorte d’accord hybride entre guitare et violoncelle,
permettant d’imiter ces sonorités intrigantes que l’on retrouve dans le Dialogue de la
sonate de Ligeti.

Comme dans ce Dialogue, le Prélude développe un thème lent, solennel, comme hors du
temps, laissant la part belle aux résonnances exacerbées par l’écriture en hoquet qui
marque l’entrée des guitares 1 et 2. Le but de la démarche et de donner l’impression
d’un seul instrument aux résonnances larges, l’illusion d’un son plus épais grâces à
toutes ces fréquences proches qui évoluent et se frottent les unes aux autres.

Le Continuum est lui aussi inspiré de la musique de Ligeti. Lorsque j’ai découvert son
Continuum pour clavecin, la première chose qui m’est venu à l’esprit a été : serait-il
possible de reproduire ça à la guitare ? Si Léo Brouwer s’en approche dans l’introduction
de sa Espiral Eterna, la technique guitaristique n’atteint selon moi pas tout à fait
l’objectif d’un son continu à l’évolution lente, progressive, mais surtout fluide ; une
guitare seule ne peut pas arriver à donner cette illusion : il y aura toujours un accroc,
une résonnance étouffée à cause d’un déplacement de la main gauche…

L’idée m’est donc venue, en février 2018, d’essayer de parfaire cette illusion en ajoutant
des guitares – le nombre de guitares a été déterminé simplement par ma collaboration
avec Bastien Goffette et Timothy Van Ceulebroeck au sein du trio Pagaille!. L’avantage à
utiliser plusieurs guitares est que la résonnance de plusieurs instruments masque ces
petits accrocs qui cassent la continuité du son d’un seul.

Afin de créer cette illusion d’un son continu, j’ai décidé d’adopter la technique évolutive
de Brouwer, m’inspirant de son écriture minimaliste que l’on peut entendre dans
nombre de ses pièces – sa Sonate pour guitare, l’Etude Simple N°20, le second
mouvement d’El Decameron Negro, les parties centrale et finale de son Paisaje Cubano
con Campanas entre autres : un motif simple, rapide et répétitif, qui se complexifie peu à
peu par accumulation, que je fait évoluer à la manière de la Espiral Eterna en modifiant
progressivement les notes de ce motif. A quoi j’ajoute une polyphonie, sous la forme
d’un canon évoluant en « chenille » : la guitare 1 entre au motif 1 ; lorsqu’elle passe au
motif 2, la guitare 2 entre au motif 1, avec un temps de retard ; la guitare 1 passe ensuite
au motif 3, la guitare 2 passe au motif 2 avec un temps de retard, la guitare 3 entre au
motif 1, avec un temps de retard ; et ainsi de suite… Le côté chenille vient du fait que les
guitares ne passent pas simultanément d’une case à l’autre, mais toujours une, puis
l’autre, puis la troisième, chaque case étant répétée ad libertam. Cette manière d’avancer
dans la pièce permet de rendre flou le passage d’une étape à l’autre.
L’effet désiré est celui d’un essaim d’abeilles ou d’un vol d’étourneaux : une masse – ici
sonore – composées d’innombrables individus – chaque attaque de chaque guitare –
évoluant dans un chaos organisé dont la cohérence échappe à tout élément extérieur à
cette masse. Ce bouillon sonore s’étire dans une temporalité extrêmement libre qui perd
l’auditeur ; comme le dit Steve Reich de sa propre musique, c’est une musique qui
s’entend mais ne s’écoute pas : il faut se laisser porter par l’atmosphère sans tenter de la
saisir à tout prix.

A l’intention des interprètes

La scordatura employée pour le Prélude est différente à chaque instrument :

La guitare 1 est en accord standard, la guitare 2 est accordée avec la 6 ème corde en Ré, la
guitare 3 est accordée en « violoncelle ».

La guitare 2 doit se réaccorder en Mi pour le Continuum, les guitares 1 et 3 ne changent


pas.

Pour le Continuum, j’ai opté pour une écriture sous forme de cases. Comme expliqué plus
haut, chaque case est répétée ad libertam, chaque guitare passe d’une case à l’autre
chacune à son tour, à la manière d’une chenille (ou d’un lombric, mais c’est moins
classe…).

Chaque motif doit être joué le plus vite et le plus fluide possible. Aucun tempo commun
n’est nécessaire, bien qu’il serait avisé de conserver une certaine unité dans la vitesse.
Les doigtés de la main droites sont très simples : p m i ou p a m i ; j’agrémente certains
motifs de notes coulées (tantôt tirées ou frappées), toujours après le pouce ou après
l’index.

Je n’ai pas indiqué de nuances, elles sont à la liberté des interprètes. Ceci dit, afin de
donner du relief à cette « soupe » de notes et donner du mouvement à cette masse
sonore sans cesse changeante, tantôt s’étirant, puis se rétractant à la manière du vol
d’étourneaux mentionné plus haut, voici quelques suggestions d’interprétation :

- Mettre en évidence certaines notes clés (les notes qui change d’un motif à l’autre,
les notes coulées, les pouces…) avec un accent ou un changement de timbre.
- Mettre en évidence certains motifs clés par un contraste dynamique ou timbral.
- Avoir une dynamique interne claire et contraster.
- Eventuellement rompre le canon en chenille et changer de case simultanément à
certains endroits stratégiques, pour une plus grande expressivité.

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