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mouvements de la pensée.

"On admettra volontiers que l'aventure, véritable mise à l'épreuve de la ruse et de


l'intelligence du héros, n'est pas un thème littéraire nouveau. Qu'ils soient relations de
découvertes, d'explorations ou de conquêtes coloniales, les récits auxquels elle donne lieu
furent, de tout temps, investis d'une valeur humaine exemplaire et considérés comme des
lectures vivement recommandées à la jeunesse des élites. Ce type de narration, qui possède
ses structures invariantes, renoue avec d'antiques quêtes initiatiques et aussi, sans doute, avec
d'anciens sacrifices de conjuration. Mais il connaît également, selon les cultures et les
époques, certaines reformulations pertinentes. L'aventure moderne s'inscrit en effet dans un
contexte original caractérisé, en période de crise, par une situation sociale et psychologique
difficile où se trouve la jeunesse, et par le statut fondamentalement ambivalent que lui
confèrent les adultes. On peut y voir à l'œuvre une sorte de célébration des vertus de la
jeunesse – à laquelle, par un processus inédit d'inversion, on emprunte volontiers ses modèles
– et, en même temps, l'expression d'une menace qu'elle ferait confusément peser sur les
adultes socialement intégrés.
Mais, à travers les changements actuels de leurs formes, on voit d'abord que la littérature
d'aventures et les récits de voyages cèdent le pas devant les images-marchandises, et que le
spectacle se substitue de plus en plus à la pratique. Que le marin devienne un skipper, que
l'aventure africaine se réduise au raid Paris-Dakar, un tel glissement n'est pas insignifiant.
Pour l'évasion, l'imagination en appelle au réalisme télévisuel des exploits, et l'émotion, pour
s'exalter, exige des événements exceptionnels réalisés – et retransmis – en décors naturels.
On peut par ailleurs s'étonner devant cet investissement incongru de la planète par des
sportifs qui la prennent pour un gigantesque terrain d'aventures ou pour une sorte de parc
récréatif. Les voici partant solitaires ou par petites escouades, mais armés des derniers
perfectionnements technologiques, afin d'y réaliser des performances athlétiques ou
acrobatiques. Dans ces expéditions qui tiennent de l'acte gratuit, ils n'ont d'autre but avéré que
de mettre leur vie en péril – en ces lieux où l'homme est absent et où la nature est
photogénique – avant de célébrer leurs prouesses à travers les images dramatisées de leur «
survie ». Ce que l'on destine au grand public, sous couvert de lui faire partager le goût de
l'aventure, c'est donc moins en fin de compte la profondeur d'une quête, l'émotion partagée, la
rencontre avec l'Autre, que l'impact télé-émotionnel des images. Dans notre imaginaire, la
figure du baroudeur explorant l'Orénoque le dispute désormais aux figures publicitaires de
jeunes survivants regroupés en une horde errant dans un décor désertique et calciné de
catastrophe postatomique. Entre l'imagerie insistante du Camel Trophy et celle des Gauloises
blondes s'étend le registre sémiologique de l'aventure.
On l'a dit, les livres d'images, les romans ou les récits d'explorations, d'aventures maritimes
ou d'épopées coloniales furent considérés comme les lectures les plus éminemment édifiantes
pour les enfants et les adolescents des classes entreprenantes. Avant Tintin, ce sont Ulysse,
Télémaque ou Robinson, les personnages de Jules Verne ou de Joseph Conrad, Francis
Garnier ou Savorgnan de Brazza, Mermoz ou Saint-Exupéry qui en furent les figures
classiques et les héros renouvelés. […]
Quelles qu'en soient les adaptations romanesques ou narratives, le mythe de l'aventure
conserve des dimensions invariantes repérables. Dans la structure de ces récits, on relève
toujours l'engagement dans l'inconnu, le passage difficile – parfois accidentel – d'un monde
familier à un monde étranger et l'exposition à des risques mortels au cours d'épreuve, qui
ponctuent le voyage. Dans l'aventure solitaire où l'on est soumis à sa seule volonté, il n'y a
d'autres lois ou discipline que celles que l'on s'impose à soi-même. C'est là l'expression de
l'autonomie fondamentalement recherchée du voyageur. Mais, face aux forces extérieures,
écrasantes et indomptables de la nature, on est menacé, en permanence, de la sanction
immanente : dans la série ininterrompue des choix décisifs, chaque erreur commise se paie
immédiatement et au prix fort. Dans tous ces actes et récits, on trouve ainsi des transpositions
parfaites de rituels d'initiation comportant souffrance et risques, suppression symbolique du
père et transgression de ses interdits, convocations de son destin et défi à la mort aboutissant à
une forme de renaissance. Le mythe de l'aventure a reproduit, sur différents registres de
modes d'expression de la culture occidentale, l'épopée solitaire d'un héros avec sa
métamorphose, ses conduites ordaliques, ses vicissitudes, ses gloires et ses tragédies.
Les années 1980 furent ainsi la décennie tragique des sportifs aventuriers qui ne revinrent
pas. Commencée avec les disparitions de Thierry Sabine, Philippe de Dieuleveult et Arnaud
de Rosnay, l'hécatombe ne s'est pas achevée avec la mort de Jean-Marc Boivin lors d'un
exercice à hauts risques réalisé, en exclusivité, pour l'émission « Ushuaia ». L'impact de ces
morts exemplaires, longuement relatées par les médias à sensations, pose la question de leur
signification profonde. Celles-ci ne sont réductibles ni à la fatalité – toujours invoquée en la
circonstance –, ni à la « rapacité » des commanditaires, ni à l'inconscience de leurs victimes.
On doit retenir également que certaines de ces perditions aventureuses – qui excitent
l'imagination – furent enregistrées et sont désormais stockées dans les archives de la
télévision comme témoignages de notre temps. On pourrait assimiler tous ces sportifs disparus
en service commandés de l'aventure à des héros valeureux sacrifiés sur l'autel des exploits
aventureux vécus par procuration."

Christian Pociello, "L'aventure : pratiques et représentations", Universalia, Encyclopédie


Universalis, 1992, p. 347-348.

Corrigé proposé :

Ancestral, le mythe de l'aventure a néanmoins évolué avec le contexte social propre à chaque
époque, et en particulier / avec la place occupée par la jeunesse, auquel il s'adresse en premier
lieu.

De façon invariante, l'aventure implique / le voyage dans l'inconnu, l'affrontement de


dangers mortels par un héros qui, seul face à son destin, est / transformé par les épreuves.

Toutefois, aujourd'hui, l'aventure a perdu son sens profond et son caractère édifiant pour
devenir un / spectacle, où des sportifs mettent en scène leur survie. Nombreux sont ainsi ceux
qui sont morts "en direct", pour satisfaire / l'imaginaire d'un public en quête de sensationnel.

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