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DIVERSIFICATION ET SÉPARATION DES PATRIMOINES

La société civile

14 - Donation de titres en nue-propriété, mise en réserves


et stratégie transmissive

Intervention de Marc IWANESKO,


notaire à Toulouse

Un arrêt de la Cour de cassation concernant la donation en nue-propriété de titres de


société suivie de la mise en réserves des bénéfices sociaux ouvre d’intéressantes perspectives en
matière de transmission de patrimoine (Cass. com. 10-2-2009 n° 07-21.806, Cadiou : BPAT 2/09
inf. 65, RJF 5/09 n° 514 ; R. Gentilhomme, Affectation de résultats et distribution de dividendes
dans les sociétés à capital démembré : Dr. fisc. 12/09 comm. 252).

I - Donation de la nue-propriété de titres de sociétés endettées

Afin de limiter l’impact des droits de mutation à titre gratuit, de nombreux contribuables
sont tentés de donner la nue-propriété des parts sociales des sociétés civiles immobilières qu’ils
auront pu constituer.

Le schéma transmissif imaginé est le suivant : les parents constituent une société civile à
petit capital intégralement libéré. Ils donnent ensuite la quasi-totalité des parts sociales à leurs
enfants tout en en conservant l’usufruit, stipulé réversible au profit du survivant. La société
achète ensuite un immeuble, intégralement financé par un emprunt bancaire.

Une analyse rapide laisse à penser qu’au décès du survivant des donateurs, l’usufruit s’étant
éteint en franchise d’impôt (CGI art. 1133), les enfants seront quittes de leurs obligations
fiscales… Il n’en est rien, ainsi que l’exemple suivant permet de s’en convaincre.

Exemple :

Daniel et Monique constituent une société civile au capital de 1 000 € et donnent la nue-
propriété des parts à leurs enfants, Emilie et Rémy.

La société achète ensuite un immeuble de rapport pour 1 000 000 €, financé (ainsi que les
frais, s’élevant à 63 000 €) à l’aide d’un emprunt amortissable au taux de 4,5 %.

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Le bilan d’ouverture de la société se présente ainsi :

Immeuble 1 000 000 Capital social 1 000


Frais 63 000 Emprunt 1 063 000
d’acquisition
Banque 1 000

1 064 000 1 064 000

Au terme de l’emprunt, la société aura remboursé à la banque le principal du prêt (1 063


000 €) et les intérêts (421 700 €).

Le taux de rendement de l’immeuble étant de 9 %, le montant total des loyers (indexés à


1,5 %) perçus sur la durée du prêt est de 1 501 392 €.

En pratique, le résultat a été systématiquement distribué afin de limiter les efforts de


trésorerie des associés destinés à payer l’impôt sur le revenu.

Le solde du résultat comptable, soit la somme de 1 062 000 €, restera affecté au compte
courant de l’usufruitier, faute de trésorerie disponible.

Le bilan de la société au terme de l’emprunt se présente ainsi :

Immeuble 1 000 000 Capital 1 000


social
Frais 63 000 Compte 1 062 000
d’acquisition courant

1 063 000 1 063 000

Si les usufruitiers décèdent le lendemain du remboursement de l’emprunt, la totalité du


compte courant figurera à l’actif de leur succession et subira les droits de mutation à titre gratuit.

La seule chose qui aura été transmise, c’est la plus-value prise par l’immeuble entre le jour
de l’acquisition et celui de la succession.

Pour éviter ces conséquences, on a alors songé à mettre le résultat en réserves, ces dernières
appartenant au nu-propriétaire. Un auteur y a toutefois vu le risque d’une requalification en
donation indirecte (P. Fernoux, Une bombe à retardement : la taxation des donations indirectes : BF
4/99) ; avis totalement partagé par l’administration, faut-il le souligner.

La jurisprudence, au demeurant parfaitement orthodoxe au regard du droit des sociétés, a


heureusement balayé un tel risque.

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II - La Jurisprudence Cadiou et perspectives patrimoniales offertes
Affaire Cadiou
Une mère constitue une société civile avec ses trois enfants. Elle leur donne ensuite la nue-
propriété de la quasi-totalité des titres, chacun des trois enfants détenant en outre une part en
pleine propriété. Majoritaire à l'assemblée générale, la mère vote la mise en réserves des bénéfices
de la société au cours de plusieurs exercices. L'administration y voit une donation indirecte
consentie par l’usufruitière à ses enfants et notifie à ces derniers un rappel de droits
d'enregistrement.

Voyant leur réclamation rejetée, les donataires saisissent les tribunaux qui prononcent la
décharge de l’imposition. Faute pour l’administration de rapporter la preuve de l'intention
libérale de la mère, la mise en réserves du résultat social ne peut être qualifiée de donation
indirecte (Cass. com. 10-2-2009 n° 07-21.806, précité).

Qu’en est-il au regard du droit des libéralités et du droit des sociétés ?

Sur le terrain du droit des libéralités

La donation entre vifs est l’acte par lequel le donateur se dépouille actuellement et
irrévocablement de la chose donnée en faveur du donataire qui l’accepte (C. civ. art. 894).

Une libéralité suppose la conjugaison de deux éléments :

- un élément matériel consistant dans l'attribution d'un droit patrimonial au bénéficiaire


sans que ce dernier soit tenu de verser une contrepartie équivalente au disposant (J.-Cl. Notarial
Formulaire Donation entre vifs fasc. 10 n° 14) ;

- un élément intentionnel, c'est-à-dire la volonté du disposant de procurer un avantage au


gratifié (notamment, Cass. req. 27-1-1887 : DP 1888 I p. 303).

Sans ces deux éléments, il n'y a pas donation (Cass. 1e civ. 20-11-1984 : JCP G 1985 II n°
20571 note M. Dagot).

Dans l’affaire Cadiou, l’administration qualifie la mise en réserves des bénéfices de


donation indirecte par l’usufruitier au profit des nus-propriétaires. « La donation indirecte est
tout acte sincère, qui, sans recourir aux formes normales des donations, aboutit cependant à
transporter gratuitement, par la volonté des parties, une valeur d’un patrimoine à l’autre »
(Savatier cité par Ponsard : Les donations indirectes en droit civil français Thèse Dijon 1946 p. 20).

Sur le terrain du droit des sociétés Confrontons maintenant la définition de la donation


indirecte qui vient d’être donnée au droit des sociétés :

- « la donation indirecte est tout acte sincère… ». Il n’est pas contesté que la décision de
l’assemblée générale est juridiquement valable ;

- « …qui, sans recourir aux formes normales des donations… ». La mise en réserves ne revêt pas
la forme notariée prescrite par l’article 931 du Code civil ;
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- « …aboutit cependant à transporter gratuitement, par la volonté des parties,… ». La donation
est un contrat qui suppose en l’espèce l’accord de l’usufruitier et du nu-propriétaire. Or, force
est ici de constater que l’accord du nu-propriétaire fait défaut, l’affectation du résultat étant
l’apanage exclusif de l’usufruitier (Cass. com. 31-3-2004 : Bull. civ. IV n° 70). La résolution étant
votée par l’usufruitier, le nu-propriétaire ne l’accepte ni expressément, ni tacitement. Les règles
du contrat sociétaire s’imposent à lui.

- « …une valeur d’un patrimoine à l’autre ». Autrement dit, l’usufruitier a-t-il transféré au
nu-propriétaire un bien lui appartenant ? Ce dernier point mérite que l’on s’y attarde.

Nul ne pouvant disposer de plus de droits qu’il n’en possède, l’usufruitier ne peut
consentir de donation que de biens lui appartenant. Il faut donc vérifier si l’usufruitier a le
pouvoir de disposer des bénéfices de la société.

L'usufruitier a le droit de jouir de toute espèce de fruits que produit l'objet dont il a
l'usufruit (C. civ. art. 582). Ces fruits peuvent être naturels (produit spontané de la terre, produit
et croît des animaux), industriels (obtenus par la culture) ou encore civils (loyers, intérêts des
sommes exigibles, arrérages des rentes). Les fruits civils présentent la particularité de s’acquérir
jour par jour.

Initialement, la jurisprudence considérait que les bénéfices sociaux constituaient des fruits
civils dès leur réalisation (Cass. civ. 21-10-1931 : DP 1933 I p. 100 note Cordonnier, S. 1933 I p. 137
note Batiffol).

Un auteur, quant à lui, considérait que les bénéfices sociaux ne constituent des fruits civils
qu'à compter de leur mise en distribution : « ce n'est pas le bénéfice distribuable qui est fruit,
c'est le bénéfice distribué » (Colomer, Réserves de sociétés et régimes matrimoniaux
communautaires : Defrénois 1980 art. 32380 n° 13).

La chambre commerciale de la Cour de cassation s’est ralliée à cette dernière position dans
un arrêt de principe rendu le 23 octobre 1990 : « c'est la décision de l'assemblée générale de
distribuer tout ou partie des bénéfices réalisés au cours de l'exercice sous forme de dividendes qui
confère à ceux-ci l'existence juridique » (Cass. com. 23-10-1990 : JCP E 1991 II p. 127 note P.
Serlooten ; D. 1991 p. 173 note Y. Reinhard).

Position confirmée dans l’affaire Cadiou, les Hauts magistrats retenant que « les bénéfices
réalisés par une société ne participent de la nature des fruits que lors de leur attribution sous
forme de dividendes, lesquels n'ont pas d'existence juridique avant l'approbation des comptes de
l'exercice par l'assemblée générale, la constatation par celle-ci de l'existence de sommes
distribuables et la détermination de la part qui est attribuée à chaque associé ; […] il s'ensuit
qu'avant cette attribution, l'usufruitier des parts sociales n'a pas de droit sur les bénéfices et
qu'en participant à l'assemblée générale qui décide de les affecter à un compte de réserve, il ne
consent aucune donation au nu-propriétaire » (Cass. com. 10-2-2009 n° 07-21.806, précité).

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Conséquences pratiques
Au regard du droit des sociétés, l'assemblée générale est souveraine dans l’affectation du
résultat. Ce dernier peut être mis en réserves ou distribué, indépendamment du fait de savoir s’il
existe de la trésorerie. Si la décision de distribuer est prise en l’absence de trésorerie, le compte
courant de l’usufruitier sera crédité.

Dans les sociétés dont le capital est démembré, un équilibre doit être trouvé entre l’intérêt
de l’usufruitier et celui du nu-propriétaire. L’usufruitier doit payer l’impôt sur le revenu à raison
du résultat courant réalisé par la société, indépendamment du fait de savoir s’il existe ou non de
la trésorerie distribuable. Il semble donc cohérent que l’assemblée générale lui affecte à titre de
résultat la trésorerie disponible, le solde étant mis en réserves pour éviter la formation d’un
compte courant. Cela peut être un acte de bonne gestion en l’absence ou même en présence de
trésorerie.

En l’absence de trésorerie La mise en réserves du résultat peut sembler une inutile


provocation à l’égard de l’administration fiscale. Des raisons purement juridiques peuvent
pourtant fonder une telle décision, par exemple la crainte de l’usufruitier actuel, en cas
d’usufruit réversible, que l’usufruitier successif ne demande le remboursement du compte
courant lors de l’ouverture de son droit.

Exemple :

Ariel a donné la nue-propriété des parts de la SCI Yoyo-Baïta à ses enfants, Ada et Inès, et a
stipulé un usufruit successif au profit de sa seconde épouse Tatiana. Il détient par ailleurs un
compte courant de 1 000 000 € dans cette société qui possède un immeuble d’égale valeur.

Ariel décède. Tatiana, ayant besoin d’argent, demande à la société le remboursement du


compte courant dont elle a l’usufruit. Faute de trésorerie, cette dernière devra réaliser son seul
actif pour faire face à ses obligations. La stratégie de transmission mise en place par Ariel au
profit de ses enfants sera déjouée. La mise en réserves du résultat aurait permis d’éviter cet
écueil.

En présence de trésorerie Le droit des sociétés ou l’intérêt social peuvent conduire à mettre
une partie du résultat en réserve.

Une réserve légale doit même être constituée dans les SARL et les sociétés par actions. Le
prélèvement pour doter cette réserve est de 5 % sur le bénéfice de l’exercice, diminué le cas
échéant des pertes antérieures. Cette obligation cesse lorsque le compte de réserve atteint 10 %
du capital (C. com. art. L 232-10).

Les statuts peuvent prévoir l’existence d’une réserve statutaire. Cette dernière devra alors
être dotée avant toute distribution de dividendes et immédiatement après la réserve légale.

Ces réserves serviront à faire face aux besoins de l’entreprise, à assurer la stabilité des dividendes ou à
réaliser des investissements. Dans les sociétés immobilières, la nécessité d’entretenir les immeubles peut
conduire à affecter une partie du résultat à cette fin (E. Tort, Les immeubles de placement : des régimes
complexes et différenciés : RF compt. avril 2006 p. 38).

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