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! ! ! Présentation du projet ethnographique

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! ! ! ! ! "GESTES EN PERIL"

! ! ! ! ! par Nicolas Borzeix


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! ! Au mot "corps", on trouve dans le Robert (édition de 2003) la définition
suivante : "La partie matérielle des êtres animés"; et en première acception :
"L'organisme humain, par opposition à l'esprit, à l'âme".
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! ! S'il est malaisé de donner une date précise à l'origine de la guerre, on
peut dire que l'origine du processus de réification du corps est plus facilement
identifiable : la crucifixion du Christ préfigure le lent et troublant schisme du
corps et de l'esprit. Au Moyen-Age avec l'hégémonie occidentale de l'Eglise ca-
tholique, puis plus tard à la Renaissance qui parallèlement à une redécouverte du
corps voit la naissance du mercantilisme. Le messianisme christique fût récupéré
par le messianisme scientifique du XIX° siècle puis par les messianismes idéolo-
giques totalitaires du XX°. On mit le corps au cachot, l'imagination devînt la "Fée
du logis".
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! ! Il faudra attendre l'objectivisation des phénoménologues, des existenti-
alistes et des surréalistes il y à une cinquantaine d'années pour redonner ses lett-
res de noblesses à la notion de corps oubliée. Pourtant, quatre cents ans de mé-
thodique désenchantement du monde ayant fait son oeuvre, le corps n'est plus le
"Temple de l'Homme" de l'antiquité polythéiste, son étendue sémiologique s'est
rabougrie en peau de chagrin, en "une partie matérielle d'un être animé" selon sa
définition officielle : l'individualité du corps est devenu un simple rouage économique
dans le jeu du corps social.
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! ! La libéralisation à outrance actuelles des denrées et des hommes mar-
que, comme le dit Louis-Vincent Thomas ("Les chairs de la mort", 2000), "le doub-
le avènement du corps sujet qui est jouissif, et du corps objet, avant tout maîtrisé
et normalisé". Partout le matérialisme consumériste et ses dérivées techniques
assiègent notre conscience, notre patrimoine corporel et ses expressions culturel-
les. Des gestes traditionnels millénaires disparaissent en quelques années sans
laisser de traces, les maillons de la transmission se brisent pour toujours sous le
rouleau compresseur d'un libéralisme de type néo-colonial appelé aussi moderni-
té. On dit par exemple que le piquage du riz ne serra plus exécuté à la main d'ici
une quinzaine d'années mais par des machines, pour ne pas évoquer la trentaine
d'ethnies au monde seulement qui ont pu encore jusqu'à aujourd'hui préserver
miraculeusement leurs identités. Le corps humain oublie ses gestes de la vie quo-
tidienne, et à travers eux, sa propre conscience corporelle; sournoisement mais
sûrement, le fossé se creuse. En cette année 2007, à l'échelle mondiale, et ceci
pour la première fois dans l'histoire de l'humanité, le nombre des citadins a
dépassé celui des ruraux.
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! ! On le voit bien : le contresens de la définition du Robert (car c'est bien
le corps et l'esprit qui créent dans leur union "l'animation") reflète bien la supré-
matie de l'encéphale sur le reste de notre corps et le mépris dont il est l'objet. Les
représentation de nos yeux, de nos sexes et de nos mains sont surdimentionnées
par rapport à celle de nos pieds, de nos poumons, de notre foie ou de notre co-
lonne vertébrale par exemple, alors que notre cerveau est en définitive un organe
au même titre que les autres.
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! ! Certaines médecines traditionnelles holistes dont les plus reconnues
nous viennent de Chine et d'Inde, nous rappellent que l'individu est indivisible,
insécable, que sa psychologie ne peut être comprise sans sa physiologie, et le
succès croissant que connaissent les livres qui se penchent sur la question avec
plus ou moins de sérieux, est en ce début de millénaire éloquent : l'avancée des
"médecines douces" laisse penser que l'Occident serait aussi capable de (re-)con-
scientiser son corps s'il ne veut pas périr asservit par son instrumentalisation.
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! ! Nous nous proposons donc de créer une anthologie des gestes en voie
de disparition, gestes dont la beauté et le caractère unique de leurs inscriptions et adap-
tations dans leurs ères géographiques et ethniques respectives leur confèrent en tant que
tels le statut de patrimoine vivant de l'humanité, l'étude de l'immatérialité du corps
en mouvement étant le fondement et le critère de recherches. Cette "anthologie",
loin de prétendre à l'exhaustivité, se présenterait sous la forme parallèle de films
ethnographiques de format télévisuel et d'études anthropologiques (cf. le texte
adjoint). La création conjointe d'une SARL en vue de la création d'une maison de
production de films ethnographiques afin de pouvoir distribuer les réalisations
(les tournages se limiteront à des équipes légères de trois personnes), et d'une
structure éditoriale (site ou blog sur internet?), ainsi qu'une association loi 1901
afin de financer les projets, assureraient une structure autonome et ouverte.
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! ! Si l'on veut endiguer le mouvement de l'interruption des chaînes de
transmission corporelle traditionnelle et faire prendre conscience à l'opinion pub-
lique du péril qu'il implique, il en est encore temps, mais il ne le sera sans doute
plus dans une dizaine d'années.

N.B.

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! ! Réflexions autour d'une anthropologie du geste
en forme de plaidoyer pour un renouveau de notre conscience corporelle
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! ! ! ! ! par Nicolas Borzeix!
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! ! Qu'est-ce que le geste ? Et en quoi l'étude du geste peut-elle nous
révéler plus sur l'identité de chacun de nous que toute autre forme d'expression
culturelle ?
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! ! Notre corps objectivé par la modernité vendue au consumérisme, notre
corps-objet, rouage de l'économie de marché, émet les premiers signes de sa suf-
focation à venir. Quant à notre corps sujet, il est réduit, au pire, à sa fonction jou-
issive par la société de type pornographique, et au mieux, contraint à l'Eveil Ra-
pide par les lobbies du Nouvel Age. Dans les deux cas, l'expression du corps en
mouvement, que l'on nomme "geste", reste dans nos sociétés dites civilisées ju-
gulée par des consortiums financiers d'un côté et des préceptes plus ou moins
conscients d'ordre civilisateurs et/ou religieux de l'autre. !
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! ! L'analyse anthropologique de l'immatérialité du geste (en tant qu'étude
de l'expression à part entière du corps vivant considéré comme le siège de l'indi-
vidu), se doit aussi d'avoir une approche comportementale des habitudes et des
consciences corporelles liées à l'action productrice ou transcendante, de se révéler
une esthétique de la quotidienneté des transmissions gestuelles de tout ordre mi-
ses en péril, dans laquelle le corps
mis en mouvement affirme ainsi son unicité culturelle et son intelligence face aux
assauts du nivellement global. Cette nouvelle forme anthropologique s'il en est,
se proposes de montrer l'intelligence du corps sous l'angle de ses actions les plus
anodines (les travaux agraires, la cuisine, mais aussi l'amour, la guerre, le travail
etc...), comme dans ses expressions les plus raffinées (la danse, les cérémonies,
mais aussi les thérapies ou la respiration), et d'alerter l'opinion sur la disparition
prochaine pour ne pas dire le génocide de cultures gestuelles entières et de leurs
consciences corporelles respectives dues à une technologisation outrancière et au
nivellement des différences.
! ! On apprend dans le "Yoga de la vie quotidienne" (Jean Herbert, 1978), à
effectuer nos gestes sans rien en attendre, dans une dévotion du geste pour lui
même, sans en attendre une fin. Laver une table ou faire la vaisselle, pour n'évo-
quer que des exemples que chacun pourra sûrement apprécier, peuvent devenir
une forme d'ascèse, une recherche du geste resacralisé, notion que la cérémonie
du thé japonaise illustre peut-être mieux que toute autres. C'est dans cette relati-
on qui dépasse celle du sujet/objet que le corps se libère de son asservissement
matériel. Et il n'est pas besoin d'être pessimiste pour avancer que les jours sont
comptés avant qu'il ne devienne utopique de pouvoir encore accéder à cette li-
berté.
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! ! La conscience, l'écoute de son corps telle qu'elle existe encore au-
jourd'hui pour la moitié de la planète dans les "médecines traditionnelles" (en-
tendons celles dont le corpus n'a pas été réécrit aux temps de la récupération du
messianisme scientiste occidental), nous indique une voie de salut que nous
apprendrions à emprunter si vous voulions éviter l'écueil de "l'impossible trinité
félicité, lucidité, sensibilité" (Denis Buican, "La mosaïque profane", 2005) due au
schisme intervenu entre le corps d'un coté et l'esprit de l'autre il y a près de quat-
re siècles.
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! ! L'unicité de chaque être ne peut se limiter au jugement moral ou à l'as-
pect mercantile de sa civilisation, mais transcende justement ces dimensions dans
l'affirmation de son énergie propre, de son insécabilité et de sa souveraineté. Le
règne de la quantité (dont l'éventail va des denrées aux péchés en passant par
nos téléphones portables, nos habits, nos envies ainsi que par notre façon de pen-
ser) avoue son impuissance devant le règne de la qualité que le geste conscient
de sa valeur confère à la chose vivante ou inerte. Si l'objet clinquant nous confère
trop souvent aujourd'hui une valeur ajoutée, nous transformant nous-même en
biens de consommation, nous pouvons aussi l'investir en retour de notre souffle,
participant ainsi à une forme laïque du réenchantement du monde.
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! ! A l'écoute de nos propres attitudes corporelles, nous trouverons sou-
vent une clé essentielle dans la compréhension de l'autre. La psychanalyse
répugne malheureusement encore dans sa pratique dominante à considérer le
corps autrement que comme le révélateur de l'esprit, et l'anthropologie actuelle
semble encore rechigner à se sortir pour de bon d'une grille de lecture structura-
liste obsolète.
! ! Nous tenterons dans un "état d'esprit d'ethnographie holiste", si l'on
peut dire, de participer à la sauvegarde de la mémoire des gestes en péril, nous
attachant à les restituer dans leur simplicité et leur beauté, en se satisfaisant
d'eux-mêmes - c'est à dire sans commentaires ajoutés pour ce qui concerne l'as-
pect ethnographique et visuel de l'entreprise. Une étude anthropologique de la
singularité de ces gestes et de leurs rôles dans la relation de l'homme à son envi-
ronnement, menée conjointement, viendra compléter de manière écrite la présen-
tation visuelle des sujets choisis.
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! ! A travers la notion de geste envisagée sous cette forme, c'est aussi bien
sûr celle de la transmission des savoir-faire qui est comprise. Une collection de
gestes significatifs, un patrimoine du vivant, et en filigrane de celle-ci, une nouvelle pa-
role donnée au corps.

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! ! Nos gestes sont aussi signifiants que nos paroles (parole, du grec para-
bolos, parabole). Notre corps exprime au quotidien quantité de "mimodrames"*
qui résument notre sentiment de nous mêmes, mais aussi notre culture à travers
l'adaptation de nos gestes à notre milieu. Si l'homme est langage, alors la parole
sans le geste vaut aussi peu que le geste sans la parole. Le geste, à l'origine du
langage, vient dans toute les formes de ritualisation, qu'elles soient sacrées ou
profanes, sanctifier la parole, couronner le langage, donner sens. La scène de
fondation est alors revécue, rejouée dans la réalité de façon analogique à travers
une gestuelle codifiée spécifique. Dans les sociétés traditionnelles le corps reste ainsi
l'incarnation de l'Idée, le Verbe fait chair des premiers chrétiens par exemple, le
pont entre le monde d'en haut et le monde d'en bas.
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*mimodrame = rejeu global analogique faisant appel au registre corporel manuel,
cf. Marcel Jousse, La manducation de la parole, 1975
! ! On peut dire à cet égard que les cultures orales (en péril d'occidentali-
sation, ou pour le dire autrement : "en voie de disparition"), ont mieux pu
préserver ce rapport et cette place du corps au monde que dans nos cultures de
l'écrit, où le corps, tout comme la mémoire, a été progressivement désinvesti de-
puis Guttemberg au profit de la prédominance d'une raison épicière et de ses au-
tomatismes techniques.
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! ! Notre univers contemporain n'est pourtant pas exempt de célébrations
corporelles et gestuelles : si notre corps n'est plus le temple de l'antiquité, il est
bien devenu celui de notre confort et celui de la société du "Wellness" dont elle
tire d'ailleurs fort profit. L'essor des industries cosmétiques et pharmaceutiques,
de celles du prêt-à-porter, mais aussi la place délirante accordée aux informations
sportives ou au sexe, conduisent à penser que notre société moderne affirme le
culte de son corps jouissif dans une forme d'extase matérielle et compétitive.
Nombre de rituels corporels sont donc depuis longtemps nécessairement
restreints à la sphère privée, tandis que le corps social normalisé s'enferre tou-
jours plus dans ses carcans du paraître. Et ce fossé se creuse, nouveau paradigme
de la modernité pour certains, entre ces deux modalités corporelles, entre le corps
sujet, qui est jouissif, et le corps objet, maîtrisé par les institutions. ! !
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! ! L'analyse de sa gestualité révèle l'identité de l'individu au même titre
que l'analyse de sa parole. Les manières que l'on a de se bouger, de tenir son dos,
de marcher, de respirer, de faire l'amour, mais aussi d'essuyer une table ou de
tenir sa fourchette forment toujours et quelque soit la culture une véritable cho-
régraphie unique dont il est vrai que le caractère global réfrène souvent l'étude.
Les paramètres d'analyses sont en effet ici multiples : culturels, génétiques, psy-
chologiques, physiologiques... En ce sens, le corps est la réalisation de l'idée que
l'on se fait de soi-même par le biais de ses gestes et de ses attitudes corporelles.
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! ! Et si l'on pouvait dire que penser revenait à la multitude de micro-
gestes effectués par nos neuros-transmetteurs ? ! ! !
! ! Et si la culture de l'écriture et ses dérivés informatiques conduisait à
une pensée de type linéaire c'est à dire de nature quantitative ?
! ! Et si la culture de l'oralité, conférant au corps un statut central par na-
ture, était à même de transmettre une pensée de type plus spatial, c'est à dire
qualitative ?
! ! On connaît l'engouement actuel pour les médecines globales. L'im-
portance accordée aux représentations corporelles ne cesse de croître tant sur le
marché des médecines parallèles que d'ailleurs dans les spots publicitaires. La
différence entre ces deux genres de relation au corps est pourtant de taille : dans
le second cas les projections corporelles se modélisent sur une norme extérieure
arbitraire, un produit par exemple, alors que dans le premier, elles se concentrent
sur l'harmonisation des énergies vitales internes avec l'environnement en une
forme de "régulation à usage ordinaire" ou de "système d'adaptation primale".

! ! On sait aussi que le monde occidental affiche encore souvent sa méfi-


ance voir son dénis envers les systèmes holistes. La spécialisation et son
conséquent morcellement du savoir, tributs de son historicité, sont en effet autant
de freins à une pensée de type globale. Depuis la "découverte" de l'inconscient
verbal, l'accès à une conscience globale de son propre corps constitue une nou-
velle révolution à venir, une nouvelle économie.
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! ! Entre ces deux visions du monde règne une désespérante étanchéité à
laquelle nous tenterons de palier en montrant comment la continuité de l'inscripti-
on des gestes dans leurs cadres géographiques (continuité mise en péril aujourd'hui)
garantit aussi notre équilibre physico-psychique tant qu'écologique. !!

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N.B.

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