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viescolaire
le magazine des professionnels de l’éducation et des temps de l’enfant
L’Éducation nationale
Mensuel - Numéro 97 - Mai 2018 - Prix au n° : 13 € TTC - ISSN : 1968-7958
La commune et l'école
Guide pratique de A à Z
Par Éric Landot, avocat fondateur du cabinet Landot & associés,
et Anaïs Fauglas, avocat, fondatrice du cabinet Fauglas Avocat.
Nouvelle édition
www..
www.territorial-editions.fr
© BrunoGouhoury
PRINCIPAL ACTIONNAIRE : Info Services Holding
PRÉSIDENTE ET DIRECTRICE DE PUBLICATION :
Isabelle André.
DIRECTEUR DES RÉDACTIONS : Guillaume Doyen.
SITE INTERNET : www.territorial.fr
RÉDACTION : Directeur de la rédaction : Laurent
Thoviste, 04 76 65 77 78, avs@territorial.fr.
Assistante de rédaction : Marie-Aurélie Colpin.
I
l ne peut pas y avoir de territoires vivants sans services publics et en particulier
RÉALISATION : Rédacteur en chef technique :
Laurent Brugièregarde. Graphiste : Stéphane Mimouni. sans école. Parce que nous refusons que la montagne, et la ruralité en général,
Secrétaire de rédaction : Véronique Garcia. ne soit qu’un espace de loisirs, un lieu de production agricole ou une zone
Web designer : Jenny Buttigieg.
Chef de fabrication : Hervé Charras.
naturelle protégée sans trace de vie humaine, nous défendons une montagne
PUBLICITÉ où chacun puisse se soigner, travailler, communiquer et aller à l’école, bref vivre !
Gilles Dubois, directeur de clientèle, L’acte deux de la loi Montagne de 2016 place l’école au cœur du pacte Républi-
01 79 06 79 67 ou 06 67 15 78 67
cain qui lie la Nation à ses territoires d’altitude. Désormais, les seuils d’ouverture
DIFFUSION : Directeur de la diffusion : Guillaume de
Corbière. Responsable de diffusion : Valérie Friedel. et de fermeture de classe seront étudiés « au regard de leurs caractéristiques
IMPRESSION : Imprimerie du Pont-de-Claix, ZAE montagnardes, de la démographie scolaire, de l’isolement, des conditions d’accès
Les Bauches, 9 chemin de la Plaine, 38460 Claix et des temps de transports scolaires » ; désormais, les enfants de travailleurs
Origine du papier : Allemagne
saisonniers seront pris en compte dans les effectifs annuels ; désormais, la sco-
Ce papier provient de forêts gérées durablement
et ne contient pas defibres recyclées. larisation des moins de 3 ans devra être encouragée dans les environnements
Certification : PEFC sociaux défavorisés, dont les montagnes. Nous ne pouvons que nous réjouir de
Impact sur l’eau (P tot) : 0,016 kg/tonne
ces évolutions qui tiennent compte, dans l’intérêt de l’enfant, des caractéristiques
ABONNEMENT : abonnement@territorial.fr
• Tél. : 04 76 65 93 78, Fax : 04 76 05 01 63 : des territoires et placent l’éducation au-delà des seules considérations démogra-
Vente par abonnement (10 nos) : 121 €/an phiques ou financières.
• Prix de vente au numéro : 13 €.
Reste à présent à faire de ces bonnes intentions une réalité concrète… Malheu-
reusement, ce n’est pas encore toujours le cas et il nous faudra certainement
nous battre, élus, enseignants, parents d’élèves, pour que chaque Rectorat tienne
COMITÉ DE RÉDACTION :
compte des réalités locales et… respecte la loi. Le ministre de l’Éducation natio-
• Anne-Sophie Benoit, directrice de l’enfance
et de la jeunesse, Dunkerque nale, rencontré récemment, s’est dit « en phase » avec ces attentes légitimes
• Nathalie Blot, adjointe du directeur et a annoncé la nomination prochaine d’un référent « montagne ». Dont acte.
de la communauté de communes du Val de Somme
Gageons que cette démarche soit accompagnée de moyens concrets pour éviter,
• Alain Bocquet, secrétaire national de l’Andev,
ancien directeur de l’éducation de la ville de Nanterre comme évoqué par le ministre, des fermetures d’écoles qui mettraient en péril
• Emmanuel Cattiau, directeur général des services la vie des villages.
de Magny-les-Hameaux
• Francine Claude, conseillère municipale,
déléguée FCPE En montagne comme en plaine, à la ville comme à la campagne, chacun s’accorde
• Jean-Paul Stéphant, ingénieur en chef territorial à dire qu’il ne peut pas y avoir d’avenir sans école. Nos communes y consacrent
• Jean-Dominique Delaveau, formateur et consultant
des moyens importants. Premières de cordées pour défendre l’école rurale, les
en éducation populaire
• Jean Ferrier, inspecteur général collectivités attendent que l’État s’inscrive dans leur sillage.
de l’Éducation nationale
• Patrick Haddad, adjoint au maire de Sarcelles,
■ Marie-Noëlle Battistel,
délégué à l’éducation, à la formation et aux savoirs
• Sandra Imperiale, conseillère communautaire députée de l’Isère, présidente de l’Anem
de Nantes Métropole
• Frédéric Jésu, consultant, vice-président
de DEI-France, ex-pédopsychiatre de service public
• Éric Landot, avocat au barreau de Paris
• Marie-Christine Le Tarnec, adjointe au maire
chargée de l’éducation, de la jeunesse et des finances
• Sophie Lopez, enseignante en école primaire
• Stéphane Menu, journaliste
• Pascal Pique, Directeur du département gestion
des projets à l’agence nationale Erasmus +
éducation formation.
• Franck Plasse, directeur de cabinet, Lieusaint • Bulletin d’abonnement p. 21.
• Alain Thirel, ancien coordonnateur du projet • Illustration de couverture : Rawpixel.com-AdobeStock
éducatif global, conseil général du Nord
• Yves Touchard, consultant et président
des Éditions EP&S, inspecteur principal
honoraire de la jeunesse et des sports Acteurs de la vie scolaire • numéro 97 • Mai 2018 3
p.4 Actus
p.8 Dossier
• L’Éducation nationale va devoir faire
son aggiornamento territorial
p.12 Métier
• Les professionnels peuvent-ils
administrer des médicaments
à l’école ?
p.14 Débat
p.11 p.14 • Dédoubler les classes de CP :
est-ce vraiment une bonne idée ?
p.16 Patrimoine
• Les aménagements des abords
de l’école
p.18 Juridique
p.19 • Un contrôle renforcé des établissements
scolaires hors contrat
p.19 Questions/réponses
p.16
p.20 Pédagogie
p.20 • Peut-on parler de conflit
de loyauté à l’école ?
p.21 Là-bas
p.21
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Scolarisation à 3 ans :
qui va payer pour le secteur privé ?
À l’occasion des assises de la maternelle, le 27 mars 2018, réclamer aux communes qui ne le paient pas déjà sur la base du
Emmanuel Macron, président de la République, a annoncé qu’il volontariat. Ce forfait est indexé sur les dépenses des communes
rendrait l’école maternelle obligatoire dès 3 ans à la rentrée 2019. pour l’école publique. Or, ce coût est plus élevé en maternelle, du
Si les maires ont salué cette décision, ils redoutent son impact fait de la présence des agents spécialisés des écoles maternelles
financier sur le budget des communes. De fait, depuis la loi Debré (Atsem). Répondant à une question de la sénatrice Mireille Jouve le
de 1959, elles sont tenues de payer aux écoles privées élémen- 5 avril, au Sénat, le ministre de l’Éducation nationale a néanmoins
taires un forfait communal couvrant leurs frais de fonctionne- confirmé que si des dépenses devaient s’ajouter aux communes
ment. Rendre l’école maternelle obligatoire reviendrait à étendre du fait de la scolarisation à 3 ans, l’État devrait financer la mesure.
ce forfait aux écoles maternelles privées, qui seront en droit de le C’est en tout cas ce qu’exigent les élus.
Le Plan mercredi
sera l’héritier des PEDT
Le 5 avril 2018, Jean-Michel Blanquer, ministre de l’Éducation
nationale, répondait aux questions de l’Association des maires
de France (AMF) lors des rencontres destinées à préparer la
rentrée 2018. L’occasion pour lui de donner quelques précisions
sur le Plan mercredi, que les maires attendent avec impatience.
Ce plan permettrait un soutien financier pour les communes
revenues aux quatre jours d’école et qui souhaiteraient néan-
moins offrir une offre périscolaire de qualité le mercredi. Avec
ce plan, le ministre ambitionne d’articuler de façon cohérente
temps scolaire et périscolaire, tout en évitant « le fossé qui a
pu se creuser entre les deux avec la réforme des rythmes ».
Mais il ne s’agit pas de faire table rase des coopérations déjà à
l’œuvre sur les territoires. « Ce plan sera l’héritier des projets
éducatifs de territoire (PEDT) », a-t-il insisté, annonçant que
le contenu de ce plan serait dévoilé en mai. Du point de vue
financier, les négociations avec la Caisse nationale d’alloca-
tions familiales (Cnaf) se poursuivent, les CAF devant apporter
« un appui » à ce plan.
> Pour voir les rencontres et les déclarations du ministre en
vidéo : goo.gl/4TFLHQ
L’Éducation nationale
va devoir faire son
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aggiornamento territorial
La fusion des régions a fait exploser le cadre de l’implantation territoriale
de l’Éducation nationale et la simplification de la carte intercommunale renforce
la place des EPCI. La Cour des comptes demande au ministère de se mettre
rapidement au diapason de cette révolution institutionnelle.
Jean-Michel Blanquer et Frédérique Vidal ont demandé à des spécialistes
de mettre en place des schémas d’organisation. Le rapport est attendu sous peu.
encadré). La Cour considère d’abord que « la carte vœux, la Cour regrette dans la foulée de la loi Notre que
des circonscriptions du 1er degré de l’Éducation natio- « le regroupement des régions [n’ait] pas empêché la
nale devrait être revue en fonction des nouveaux persistance de découpages dérogatoires […]. La création
schémas départementaux de coopération intercom- de recteurs de régions académiques a été préférée à la
munale (SDCI) ». Dans ce cadre, « les regroupements fusion des rectorats, laissant subsister la carte des trente
pédagogiques intercommunaux dits « concentrés » académies existantes ». Un statut quo qui ne plaît pas
devraient être favorisés ». Elle affirme enfin que « la aux sages de la rue Cambon, fustigeant la « fragilité »
compétence scolaire devrait devenir une des compé- des nouvelles régions académiques dans la mesure où
tences obligatoires des EPCI ». La Cour fixe un calen- elles « ne disposent ni d’autorité hiérarchique, ni de mis-
drier serré : révision de la carte des circonscriptions sions d’allocation des moyens ». Autre source d’éton-
d’ici au 31 décembre 2019 ; favoriser le RPI concentrés nement : « le siège des régions académiques [n’a] pas
d’ici au 31 décembre 2020… été localisé, dans quatre cas, au chef-lieu de région »,
entraînant « un décalage croissant entre l’organisation
« Découpages peu pertinents, territoriale de l’Éducation nationale et celle des autres
voire incohérents » services de l’État au niveau régional », à l’heure où les
La mise en œuvre de ces mesures est « un gage d’une politiques interministérielles se diffusent de plus en plus.
allocation plus juste et plus efficiente des moyens », Il est donc temps que l’Éducation fasse son aggiorna-
dixit la Cour. Dans son organisation actuelle, l’implan- mento territorial, au risque de continuer à brouiller les
tation territoriale de l’Éducation nationale manquerait pistes sur l’organisation du service public de proximité…
d’efficience, avec 1 248 circonscriptions du 1er degré, son
réseau « extrêmement dense » de plus de 52 000 écoles ■ Stéphane Menu
maternelles et primaires, 5 300 collèges et 2 500 lycées.
Elle pointe le fait que « les découpages des circonscrip- > (1) Quatre personnalités ont été choisies par les deux
tions de l’Éducation nationale semblent parfois peu ministres pour mener à bien la réflexion : François Weil,
conseiller d’État et ancien recteur de Paris, Olivier Dugrip,
pertinents, voire incohérents : ils ne correspondent ni
recteur de la région académique Nouvelle Aquitaine et
aux bassins de recrutement des établissements publics recteur de Bordeaux, Marie-Pierre Luigi et Alain Perritaz,
locaux d’enseignement (EPLE), ni aux nouveaux terri- inspecteurs généraux de l’administration de l’Éducation
toires de l’intercommunalité ». Concernant la suppres- nationale et de la recherche (IGAENR).
sion des rectorats de petite taille qu’elle appelle de ses > (2) goo.gl/4NyQpL
Fin 2017, l’Andev et Éducation et territoires plus pragmatique, d’ordre financier. « Certes,
organisaient une conférence sur la place de ça coûte cher, mais nous apportons des
l’intercommunalité dans l’action éducative. services en plus ! En 2018, chez nous, tous
Rozenn Merrien, présidente de l’Andev, en est les bâtiments scolaires auront été rénovés
convaincue : « les intercommunalités vont être pour un montant de près de 700 000 euros de
amenées à prendre une place de plus en plus travaux », assure lors de la conférence Renaud
importante en matière scolaire et extrascolaire ». Chiron, directeur de l’éducation à la communauté
Les chiffres les plus récents de la Direction de communes de l’Aire sur Adour. Même son
générale de l’enseignement scolaire (DGESCO) de cloche du côté de Mont-de-Marsan Agglo :
confortent cette intuition : sur les 14 298 EPCI l’intégration communautaire du scolaire et
existants au niveau national (fin 2017), 29 % du périscolaire depuis juillet 2016 a permis
ont désormais une compétence scolaire d’accélérer les travaux de mise en conformité
ou préscolaire (10 % disposent des deux, 9 % sécurité, incendie et accessibilité des écoles.
de la seule compétence scolaire, 10 % de la seule Comme si ce passage vers un nouveau mode
compétence périscolaire). Est-ce à croire que d’organisation était acté, Alain Boissinot,
les maires seraient prêts à se délester de cette ancien recteur et ancien président du Conseil
compétence à forte dimension symbolique ? national des programmes, se propose même
Ils auraient de moins en moins le choix des armes, d’écrire la suite du film : « La répartition entre
dixit Agnès Le Brun, présidente de la commission communes, conseils départementaux et régions
Éducation à l’Association des maires de France. ne marche plus ! ». Le prochain chef de filât ?
« Les collectivités territoriales souffrent La région, qui sera amenée à déléguer ses
de la contrainte normative et budgétaire responsabilités. Vers qui ? Les départements ?
et de transferts de charges sans compensation. Les intercommunalités ? Le rapport commandé
Depuis 2014, nous n’avons jamais eu autant par le ministre apportera peut-être quelques
de démissions de maires ! ». L’explication serait réponses.
DR
Morne-à-l’Eau (971) : l’ancienne décharge Phalempin (59) : un bâtiment
devient un parc pédagogique reliant deux écoles décroche
le label Passivhaus
Fermée depuis 2006 et en réhabilitation depuis 2016, l’an-
cienne décharge de Gédéon est entrée dans le cadre d’une Ce bâtiment énergétiquement « passif » de 1 300 m2 visait
opération de réintégration environnementale et écologique, à réunir deux écoles primaires, pour que les trois établisse-
tout juste inaugurée. La commune ambitionne d’en faire un ments de la ville soient sur un même site. Construit en dix mois,
site exemplaire pour la découverte, l’éducation et la protec- pour un budget de 4,8 millions d’euros, ce nouveau bâtiment
tion des zones humides. Un parcours pédagogique devrait accueillera sept classes supplémentaires. S’il fait partie des
permettre de sensibiliser les élèves à l’écologie, d’autant sept établissements scolaires français ayant décroché le label
plus qu’ils seront chargés de gérer de manière participative, allemand Passivhaus, il présente un score d’étanchéité deux
avec les enseignants, une zone humide éducative (ZHE). fois plus élevé que le seuil requis pour le label. (Le Moniteur)
> Mairie de Morne-à-l’Eau : 05 90 24 27 09. > Mairie de Phalempin : 03 20 62 23 40.
Les professionnels
peuvent-ils administrer
des médicaments à l’école ? xxxxx
L’
administration des médicaments est réservée
par la loi aux professionnels de santé titu-
laires d’un diplôme « permettant l’exercice de
la profession de médecin, chirurgien-dentiste
ou sage-femme » (code de la santé publique (CSP),
art. L.4111-2) et d’infirmier (CSP, art. L.4311-1) : toute
art
autre personne qui administre ou distribue des
aut
médicaments pourrait être poursuivie pour exercice
mé
illégal de la médecine (CSP, art. L.4161-1). Ce n’est
illé
jamais arrivé, mais de nombreux professionnels
jam
de l’enfance et de la petite enfance ont déjà eu à
répondre, à titre personnel, d’erreurs commises dans
rép
la distribution
d ou l’administration de médicaments.
Interdit de donner
Int
La circulaire DGS/PS 3/DAS 99-320 du 4 juin 1999
s’est basée sur l’avis du Conseil d’État pour rappe-
s’es
ler que « l’aide à la prise n’est pas un acte relevant
[de l’exercice illégal de la médecine], mais un acte
L
e projet ne manque pas d’ambition : dédoubler 2 500 largement puisé dans ses effectifs pour pourvoir en ensei-
classes de CP situées dans les réseaux d’éducation gnants le dédoublement des CP. « Ça fait trois ans que les
prioritaire renforcés (REP +) puis, aux rentrées enseignants cherchent, réajustent et avancent sur ce dis-
suivantes, étendre la mesure aux CE1 et à tous les positif. Ils commençaient à en récolter les fruits auprès des
REP. La mise en œuvre a été difficile, notamment pour élèves et là on le casse », déplore Francette Popineau.
affecter les enseignants et trouver les espaces scolaires
nécessaires. Selon le ministère, « dans 86 % des cas, le Des fermetures en milieu rural ?
dédoublement a été possible grâce aux salles de classe Les syndicats pointent aussi des académies où, pour affec-
inoccupées. Dans 14 % des cas, les salles de classe font ter aux dédoublements le nombre d’enseignants nécessaire,
l’objet d’une réorganisation pour accueillir deux profes- on a gonflé les effectifs des autres CP ou, pire, dans le milieu
seurs dans une classe ». Des dépenses imprévues pour
les communes et des choix pas toujours judicieux. Liliana
Moyano, présidente de la FCPE, a dès le début tiré la son-
nette d’alarme : « dans certains départements à la démo-
graphie forte, les écoles sont trop exiguës pour envisager
les aménagements nécessaires ».
Lancement précipité
Lorsque, de gré ou de force, c’est la solution « deux maîtres
par classe » qui s’est imposée, les résultats sont contrastés.
Ainsi, Roland Gispert, directeur de l’école André-Boulloche à
Montpellier (Hérault), se réjouit d’avoir « cassé la solitude »
des professeurs. Mais « il faut que les maîtres soient d’accord
sur les principes éthiques, partagent la même vision de la
répartition des rôles ». Cela n’a pas toujours été le cas. À
Vénissieux (Rhône), des enseignantes se retrouvant à deux
face à vingt-six élèves ont mis du temps à accepter de coopé-
rer. « Il aurait fallu nous prévenir avant. Là on nous explique
qu’on est responsable de treize élèves, mais dans la classe
ils sont vingt-six, c’est complètement incohérent », regrettait
une des deux enseignantes. Francette Popineau, secrétaire
générale du SNUipp-FSU, dénonce également le lancement
précipité de l’opération et son impact négatif sur le dispositif
« Plus de maîtres que de classes » qui, depuis 2013, affectait
dans certaines écoles un enseignant supplémentaire aidant
ponctuellement les autres professeurs. Officiellement, ce
dispositif perdure et sera co-évalué sur trois ans en même
temps que les dédoublements mais, de fait, le ministère a
DR
vrai. On ment aux gens pour essayer de les mobiliser. Je
vous le dis, et je peux tout à fait rectifier une décision si on Le lien entre taille des classes et réussite scolaire est complexe,
me montre le contraire. » Pourtant, selon l’intersyndicale notamment parce que les mécanismes sous-jacents n’ont pas été
des enseignants de la Somme, 63 classes essentiellement clairement identifiés. Par quels canaux passe l’effet d’une réduction
rurales devraient encore fermer à la prochaine rentrée. de la taille des classes ? Est-ce en augmentant le temps consacré
à l’élève par l’enseignant, en améliorant la communication avec les
Une chose très agréable parents, ou encore parce qu’il serait plus facile d’assurer la discipline
Il n’en reste pas moins que le dédoublement plaît aux dans des classes plus petites ? L’une des principales interrogations en
enseignants comme aux parents. Brice Lartillot, un ensei- suspens concerne le caractère cumulatif et durable de ces politiques.
gnant de Forbach (Moselle) souligne qu’« avoir un effectif
divisé par deux est une chose très agréable. Au niveau
des apprentissages, nous sommes beaucoup plus pré- Hors REP
sents pour les élèves : nous pouvons intervenir instanta- La revue « Alternatives économiques » souligne une autre
nément dès que l’on aperçoit la moindre difficulté. Nous faiblesse : selon les données du tableau de bord national
pouvions le faire dans une classe de vingt-deux élèves, publié par le ministère, les deux tiers des 3,2 millions
mais cela demandait une tout autre organisation de la d’élèves issus de milieux défavorisés, souvent les plus fra-
semaine, et le bruit autour rendait la tâche plus difficile ». giles, sont scolarisés hors des ZEP. « Un doublement des
Nouzha Rebai, enseignante à Stains (Seine-Saint-Denis), postes d’enseignants du primaire sur tout le territoire paraît
surenchérit : « ma démarche pédagogique a complète- budgétairement irréaliste alors qu’un renforcement de leurs
ment changé. J’ai mis des choses en place que je n’ai pu qualifications et une baisse plus modérée des effectifs par
faire avec mes anciennes classes, comme : la mise en classe auraient, à coût égal, bénéficié plus vite à bien plus
place de groupes de besoins en décloisonnant avec les d’élèves », souligne un économiste. Sans doute le système
autres CP de l’école ; la mise en place d’ateliers au sein s’enrichira-t-il de bonnes pratiques au fur et à mesure. Les
de la classe, comme en maternelle… » Beaucoup mettent dédoublements s’étendent déjà çà et là à des zones REP
en avant aussi une forte accélération des apprentissages, simples, voire hors REP et Emmanuel Macron a annoncé
notamment en lecture, pour les élèves les moins avancés. l’ouverture de « la première classe dédoublée en milieu
rural », à Rilly-sur-Vienne. Mais François Jarraud, respon-
Former les enseignants sable du Café pédagogique, s’interroge : « une ou deux
Il est trop tôt pour s’appuyer sur des évaluations du nou- années de petits effectifs peuvent-ils ancrer suffisamment
veau dispositif, y compris pour le comparer au système des apprentissages qui se font sur tout le primaire ? ».
« plus de maîtres que de classes ». On ne peut se référer
qu’à des études réalisées dans d’autres contextes. Jean- ■ Jean-Dominique Delaveau,
Michel Blanquer met en avant la vaste étude conduite formateur et consultant en éducation populaire
en 2011 par Pascal Bressoux et Laurent Lima, « La place
de l’évaluation dans les politiques éducatives : le cas de
la taille des classes à l’école primaire en France ». Or,
« Il y a plus de chances
remarque Claude Seibel, inspecteur général honoraire
de l’Insee, si elle concluait aux vertus du dédoublement, que ça marche
elle mettait aussi en avant « l’affectation dans ces zones du côté de la réduction
et sur cette mission d’enseignants ayant plus de trois ans des effectifs »
d’ancienneté ». Également vantée par le ministre, l’éva-
luation du programme américain Star (Student Teacher Pascal Bressoux, professeur
DR
Les aménagements
des abords de l’école
Les abords de l’école ont une fonction
symbolique et d’identification.
Il est également important
que les enfants les ressentent
comme des lieux agréables et sécurisés.
Les aménagements doivent prendre
en compte les contraintes liées
à la circulation, à l’accessibilité
ainsi qu’aux risques d’intrusion.
© xxxxx
L’
entrée principale de l’école doit annoncer immé-
diatement l’identité de l’établissement. Si le bâti-
ment est visible de la rue, cette fonction incombe
principalement à la façade en vue dont la compo-
sition architecturale (distribution des ouvertures, choix
des matériaux, signalétique) exprimera sans ambiguïté la
fonction du bâtiment. Mais il n’est pas rare qu’une école
ne bénéficie pas d’une telle perspective. Il appartient
alors aux aménagements extérieurs d’exprimer qu’ils
annoncent et qu’ils donnent accès à une école. Une
signalétique bien pensée est un moyen d’identification
explicite de l’établissement mais les aménagements de
voirie aux abords des écoles, lorsqu’ils sont bien conçus,
constituent un décor propre à remplir ce rôle de vitrine.
Transports collectifs
En milieu rural, la distance nécessite un service de cars
spécifique utilisable lorsque les parents n’ont pas la pos-
sibilité d’amener eux-mêmes les enfants en voiture. Il est
essentiel de prendre en compte la nécessité pour ces
derniers de se garer ainsi que pour les cars, en organisant
l’espace de telle sorte que le cheminement des enfants ne
croise pas celui des véhicules (cars et voitures). Lorsque
l’entrée de l’école donne directement sur la rue, il est
possible d’aménager un « arrêt en écluse » qui consiste
© PackShot-AdobeStock
L
a grande diversité des établissements privés hors blissement dans un délai de trois mois sur le fondement
contrat qui reposent sur des enseignements confes- d’une liste de motifs « modernisée et étoffée » (3). Les
sionnels, bilingues, axés sur les langues régionales autorités publiques peuvent désormais, selon les nou-
ou sur des pédagogies alternatives, s’explique par le velles dispositions de l’article L.441-1 II du code de l’édu-
caractère peu contraignant du régime déclaratif d’ouver- cation, s’opposer à l’ouverture d’un établissement privé
ture de ce type d’établissement (1). hors contrat en invoquant « l’intérêt de l’ordre public ou
de la protection de l’enfance et de la jeunesse », le res-
Maintien du régime déclaratif pect des conditions requises pour ouvrir et diriger ce
Un précédent projet de loi avait tenté en 2016, dans type d’établissement (capacité, âge, nationalité, diplôme
un contexte de crainte de multiplication des foyers de et expérience professionnelle), et enfin l’inadéquation du
radicalisation dans des établissements confessionnels projet de l’établissement avec « le caractère d’un éta-
hors contrat, de conditionner l’ouverture de ces établis- blissement scolaire ». L’administration peut également
sements à l’obtention d’une autorisation préalable. Le désormais s’opposer pour les mêmes motifs à un chan-
projet avait toutefois été invalidé par le Conseil constitu- gement de la direction de l’établissement dans le mois
tionnel au motif qu’il « portait une atteinte disproportion- suivant la déclaration de ce changement pour éviter le
née à la liberté constitutionnelle d’enseignement » (DC recours à des prête-noms lors de l’ouverture.
n° 2016-745 du 26 janvier 2017). La loi du 13 avril 2018
maintient finalement le régime déclaratif en prévoyant Alourdissement des sanctions
désormais un dispositif de déclaration unifié sous l’égide Afin de lutter contre les situations de fait résultant de
de l’autorité académique et en listant les pièces exigées l’ouverture d’un établissement en dépit d’une opposition
au dossier (2). formulée par l’administration, le nouvel article L.441-4
du code de l’éducation alourdit la sanction financière en
Renforcement de la faculté portant le montant de l’amende à 15 000 euros et en
d’opposition l’assortissant d’une peine complémentaire d’interdiction
L’écueil principal du régime déclaratif antérieur repo- définitive ou pour une durée de cinq ans d’ouvrir, de diri-
sait sur des délais d’opposition très courts aux décla- ger ou d’enseigner dans un établissement scolaire. En
rations d’ouverture cas de constat d’ouverture irrégulière d’un établissement
(entre huit jours privé hors contrat, l’autorité académique peut également
et deux mois) et la agir auprès des parents en les mettant en demeure sous
Un contrôle accru sur limitation des motifs quinze jours d’inscrire leurs enfants dans un autre éta-
les établissements actifs d’opposition aux blissement.
seules raisons tirées
La loi du 13 avril 2018 vient également de l’hygiène et des ■ Anaïs Fauglas,
renforcer les contrôles exercés sur les bonnes mœurs. La avocate au barreau de Paris
établissements actifs. Le nouvel article loi du 13 avril 2018
L.442-2 du code de l’éducation impose permet désormais > (1) Toute personne titulaire du baccalauréat âgée d’au
moins 21 ans et remplissant les conditions de nationalité
désormais une obligation d’information à l’autorité acadé-
peut ouvrir un établissement privé hors contrat.
annuelle de l’autorité académique sur l’équipe mique compétente,
> (2) Code de l’éducation, articles L.441-1 et L.441-2 modifiés.
pédagogique en poste (identité et diplômes) au maire et au préfet
> (3) Rapport de la commission des affaires culturelles et de
et le principe du contrôle obligatoire lors de la de former opposition l’éducation de l’Assemblée nationale sur la proposition de loi
première année d’exercice. à l’ouverture d’un éta- du 20 mars 2018, p. 8.
Oui mais seulement si l’ensemble des circonstances dont l’administration avait connaissance était de nature à lui faire consi-
dérer qu’elle était régulièrement saisie de la demande de radiation de l’établissement scolaire sans avoir besoin de recueillir
au préalable l’accord du deuxième parent. L’article 372-2 du code civil pose en effet un principe de présomption d’accord entre
parents séparés exerçant l’autorité parentale conjointe qui implique que chacun des parents est réputé agir avec l’accord de
l’autre, « quand il fait seul un acte usuel de l’autorité parentale relativement à la personne de l’enfant ». Saisi d’une demande
indemnitaire à l’encontre de l’État par une mère dont le fils avait été radié de son établissement scolaire à la demande du
père dont elle était séparée sans que le recteur se soit assuré de son accord sur ce changement d’établissement, le Conseil
d’État a considéré que le tribunal administratif de Saint-Denis a « commis une erreur de droit en jugeant qu’une demande
de changement d’établissement scolaire ne revêtait pas le caractère d’un acte usuel de l’autorité parentale, sans rechercher
si, eu égard à la nature de cet acte, l’ensemble des circonstances dont l’administration avait connaissance était de nature à
la faire regarder comme régulièrement saisie de cette demande ».
> Source : CE, 13 avril 2018, n° 392949, AJDA 2018, p. 827.
Oui ou non selon les juges. Dans un jugement du de manifester leur appartenance ou croyance religieuse si
22 novembre 2011, le tribunal administratif de Montreuil avait « les exigences liées au bon fonctionnement du service public
écarté la notion de « collaborateurs occasionnels du service de l’éducation » l’exigent.
public de l’Éducation nationale » au profit de la notion de > Source : TA Montreuil, 22 novembre 2011, n° 1012015, AJDA 2012
« participants au service public » pour soumettre les parents p. 163 ; TA Nice, 9 juin 2015, n° 1305386, AJDA 2015 p. 1933 ; avis
CE du 19 décembre 2013 à la demande du Défenseur des droits.
accompagnateurs à l’obligation de neutralité religieuse. Le
tribunal administratif de Nice a considéré pour sa part, dans
un jugement du 9 juin 2015, que « les parents d’élèves auto-
risés à accompagner une sortie scolaire à laquelle participe
leur enfant doivent être regardés, comme les élèves, comme
des usagers du service public de l’éducation » qui ne sont,
de ce fait, pas soumis au principe de neutralité religieuse. Il
s’agit également de la doctrine développée par le Conseil
d’État dans un avis du 19 décembre 2013 aux termes duquel
il indiquait qu’« entre l’agent [public] et l’usager [du service
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public], la loi et la jurisprudence n’ont pas identifié de troi-
sième catégorie de « collaborateurs » ou « participants », qui
serait soumise en tant que telle à l’exigence de neutralité reli-
gieuse », tout en considérant que les chefs d’établissement
peuvent recommander aux accompagnateurs de s’abstenir
Oui, dès lors qu’elles peuvent se voir opposer un refus d’affiliation à une caisse de retraite motivé par l’insuffisance du
nombre d’heures hebdomadaires travaillées pendant la période considérée. La Cour de cassation saisie de ce conflit relevant
du juge de la sécurité sociale a en effet donné raison à une Atsem qui invoquait à l’appui de son recours la discrimination dont
elle était victime dans le cadre de la liquidation de sa retraite en qualité de femme, dès lors que les postes d’Atsem étaient
principalement à temps partiel et quasi exclusivement occupés par des femmes. La Cour de cassation a ainsi considéré « qu’en
subordonnant à une durée de travail minimale, fixée pour la période litigieuse à 31 h 30 hebdomadaires par délibération du
conseil d’administration de la CNRACL, l’affiliation au régime de retraite des fonctionnaires affiliés à la CNRACL du fonction-
naire territorial nommé dans un emploi à temps non complet et affecté aux activités scolaires et périscolaires des écoles
communales, alors que celles-ci recourent à une proportion élevée d’emplois à temps réduit plus fréquemment occupés par
des femmes, l’article 107 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 modifiée a institué une discrimination indirecte dans l’accès à
un régime professionnel de retraite contraire, en l’absence de justification dans les conditions sus-énoncées, aux exigences
du principe de non-discrimination énoncé par le premier des textes susvisés ».
> Source : Cass., civ. 2, 9 novembre 2017, n° 16-20.404, AJFP 2018, p. 103.
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ou rencontre des difficultés à l’école.
Il semble que cela soit rare avant
l’adolescence.
P
our Hélène Romano, psychothérapeute, « la loyauté séparent et que cette séparation se passe mal (c’est le
peut être entendue comme ce qui est conforme à cas de 40 % des séparations), qu’elle est conflictuelle,
la loi, à la fidélité et aux engagements pris et, serait l’enfant se retrouve pris au milieu avec le sentiment d’une
pour certains, inhérente à toute filiation ». impossibilité de choisir entre les deux. Cette situation
entraîne des répercussions négatives pour le ou les
Constitutif du développement enfants concernés : un sentiment de culpabilité lié à
de l’enfant l’impression qu’il est responsable de la séparation de ses
Ivan Boszormenyi-Nagy, psychiatre hongrois formé à la parents, un grand mal-être, un repli sur lui-même, des dif-
psychanalyse, a conceptualisé la notion de loyauté et ficultés à se concentrer, un désinvestissement de l’école,
a décrit les conflits qui s’y rattachent. Il considère que des comportements régressifs, des somatisations, etc.
« le conflit de loyauté s’applique à une situation dans
laquelle une personne est coincée entre deux objets Situation exceptionnelle
de loyauté, explicitement concurrents ». Selon Hélène Il est devenu assez courant de faire appel à l’existence
Romano, « dans l’établissement des liens d’attachement d’un conflit de loyauté lorsqu’un élève n’apprend pas ou
qui se tissent entre l’enfant et ses parents dès son plus rencontre des difficultés à l’école. Daniel Calin, agrégé de
jeune âge, se construit philosophie et ancien formateur d’enseignants spéciali-
la notion de loyauté à sés à l’IUFM de Paris, estime pourtant que « l’idée qu’un
chacun d’eux et à ce jeune enfant puisse éprouver un sentiment de loyauté
La triple autorisation qu’ils lui transmettent. à l’égard de ses parents est probablement très contes-
Le conflit de loyauté table. Il est certes « attaché » à ses parents mais il est
Plutôt que de parler de « conflit de loyauté », est de fait constitutif du probablement immergé dans cet attachement, pris dans
de contradictions entre la culture de l’école développement de l’en- ce lien, sans aucune distance psychique par rapport à lui.
et celle de la famille, ou encore entre la fant quand il se trouve Or, pour que puisse émerger un « sentiment de loyauté »,
culture d’origine et celle du pays d’adoption, exposé à un conflit il est nécessaire que son contraire, la trahison, soit pen-
pour expliquer les difficultés d’apprentissage, intrapsychique lié à une sable ». Daniel Calin estime que cela n’est possible qu’à
certains chercheurs préfèrent « le processus difficulté à devoir se partir de l’adolescence. En outre, il ajoute que « pour que
d’autorisation », par lequel un enfant peut positionner vis-à-vis de cette notion prenne sens en milieu scolaire, il faudrait que
s’émanciper, sans avoir le sentiment de chacun de ses parents l’élève se sente attaché à ses maîtres ou plus générale-
renier sa famille. Ce processus est triple, lorsque ceux-ci sont en ment à l’univers scolaire, dans une mesure comparable à
selon Jean-Yves Rochex, professeur de désaccord ». la puissance de ses attachements familiaux, ce qui reste
sciences de l’éducation. une situation tout à fait exceptionnelle ».
Il nécessite que : Impossibilité
1) le jeune s’autorise à devenir autre que de choisir ■ Pascal Jean,
ses parents ; C’est d’abord à propos psychologue de l’Éducation nationale, mention EDA
2) ses parents l’autorisent en retour, des enfants du divorce
symboliquement, à ce qu’il ne soit pas ou de la séparation du
tenu de reproduire leur histoire ; couple parental qu’on Bibliographie :
3) le jeune reconnaisse la légitimité de a utilisé la notion de « Conflits de loyauté — Accompagner les
l’histoire et des pratiques de ses parents conflit de loyauté. enfants pris au piège des loyautés familiales »,
dont il veut s’émanciper. Lorsque ses parents se R. Coutenceau et J. Dahan, Dunod, 2017.
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américain d’apprentissage au codage, Oracle Academy. Les enseignants
seront formés gratuitement par l’État, et les écoles recevront, toujours de
la part de l’État, une subvention « CodeLagos » délivrée en contrepartie
du temps de travail de préparation. (Le Point Afrique)
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Menace terroriste :
comment protéger les ERP ?
Les établissements recevant du public sont des cibles idéales pour les terroristes.
Pour tenter d’éviter une nouvelle fois l’horreur, l’État tire le fruit de l’expérience des
catastrophes précédentes, tout en sachant qu’aucun site ne peut être sécurisé à 100 %.
Quels sont les dispositifs possibles et les obligations qui incombent aux propriétaires
et exploitants ?
L
e parc immobilier d’une commune priétaires et conducteurs doit être relevée distance peut être prise pour référence
est souvent important mais heu- et l’intérieur des véhicules appelés à sta- au moment de mettre en place les res-
reusement, tous les bâtiments ne tionner doit être contrôlé afin de détecter trictions.
sont pas des cibles pour le terro- d’éventuels pièges. Mais ces restrictions de circulation et de
risme. La première démarche d’un plan Sur domaine public, des obstacles phy- stationnement doivent être compensées
de sécurisation vigipirate consistera à siques pourront être mis en place pour par des offres nouvelles en créant chaque
établir la liste des bâtiments à traiter en délimiter un périmètre aux abords des fois que possible de nouveaux parcs de
priorité. Le ministère de l’Intérieur donne bâtiments recevant beaucoup de public. stationnement provisoires permettant aux
une liste non exhaustive des bâtiments Une distance de 200 m est préconisée visiteurs d’y laisser leurs véhicules.
prioritaires afin d’aider les collectivités : pour isoler un véhicule suspect et cette La protection contre les véhicules béliers
établissements d’enseignement, de santé, passe par l’installation d’obstacles très
sociaux et médico-sociaux, crèches et massifs qui oblige les véhicules à circuler
accueils de mineurs, centres commerciaux à vitesse limitée. L’objectif est d’empêcher
et grands magasins, salles de spectacle, Ville de Montpellier : les véhicules s’approchant de l’établisse-
cinémas, musées, stades, lieux de culte, Dispositif vigipirate renforcé ment de prendre de la vitesse. Matérielle-
d’enseignement confessionnel, et lieux à l’hôtel de ville ment, ces obstacles peuvent être consti-
communautaires. Sont aussi concernés tués d’éléments en béton tels que plots ou
les sites institutionnels tels que la mai- Depuis le 27 janvier 2015, l’accès bordures. Des big-bags remplis de sable
rie et les administrations diverses. Les aux étages de l’hôtel de ville est seront aussi d’une grande efficacité. Dans
infrastructures de captage, de traitement, soumis à un contrôle d’accès au des zones moins aménagées, il pourra être
de transport et distribution d’eau sont moyen de badges magnétiques. créé des obstacles à base de fossés et
aussi à prendre en compte parce qu’ils Les personnes extérieures doivent merlons en terre. C’est le relief ainsi créé
pourraient être utilisés pour contaminer au préalable s’adresser aux agents qui empêchera l’utilisation d’un véhicule.
la population. Les risques à prendre en de l’accueil qui, contre remise
compte sont principalement des attaques d’une pièce d’identité, mettent à Contrôler l’accès
par armes balistiques ou armes blanches, leur disposition une carte magnétique des sites
les véhicules béliers ou bien encore des qui leur donne accès aux étages du L’accès à chaque site sensible devra
colis piégés. bâtiment. En fin de visite, les pièces être revu afin de permettre un contrôle
d’identité sont restituées contre efficace par une équipe de vigiles. Ainsi,
Circulation remise de la carte magnétique qui leur la politique d’accueil en accès mul-
et stationnement a été prêtée. Sont acceptées comme tiples comme elle était pratiquée il y
Les véhicules étant à considérer comme pièces d’identité les cartes d’identité, a quelques années n’est plus possible
des armes par destination, leur admis- les permis de conduire, les passeports, désormais. Tous les accès secondaires
sion dans l’enceinte des établissements les cartes de séjour et aussi les cartes ne devront plus offrir un accès de l’exté-
recevant du public (ERP) est à limiter aux vitales pourvu qu’elles soient munies rieur. En revanche, il ne faut pas perdre
seuls véhicules utiles. L’identité des pro- d’une photographie. de vue qu’ils font partie du dispositif
22 Acteurs de la vie scolaire • numéro 97 • Mai 2018 Article extrait de la revue Techni.Cités n° 311
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d’évacuation en cas d’incendie et donc leurs objets prohibés dans des casiers/ ristes dans l’établissement. Un récepteur
qu’ils doivent toujours assurer l’évacua- consignes. radio est également recommandé afin
tion rapide du bâtiment. Le risque d’uti- Les agents chargés de l’accueil devront de d’offrir aux personnes confinées un moyen
lisation de ces accès secondaires pour préférence avoir une vision la plus loin- de recevoir de l’information par la modula-
introduire des armes est à prendre avec taine possible sur l’arrivée des visiteurs tion de fréquence même si les téléphones
le plus grand intérêt et il ne suffit pas de piétons, ceci afin de prendre toute mesure fixes ou mobiles ne sont plus opération-
limiter leur usage au seul sens de sortie, de protection avant une attaque éven- nels. Le système d’alerte comprendra éga-
il faut également que leur ouverture soit tuelle. Lorsque cette vision ne peut être lement un dispositif d’appel des services
assortie d’un dispositif de contrôle. Des directe, un système vidéo pourra donner de secours et de police.
détecteurs contacts permettront ainsi cette vision.
de repérer une ouverture inopinée et ■ Par Jean-Paul Stephant
aux équipes de surveillance d’intervenir. En cas d’attaque terroriste
La maîtrise du contrôle d’accès ne se Le public et le personnel doivent être pré-
limite pas qu’aux accès secondaires, les venus en cas d’attaque terroriste et cette
fenêtres du rez-de-chaussée lorsqu’elles alerte doit être parfaitement distincte
existent, voire du 1er étage, peuvent être d’une alerte incendie car la conduite à Risque terroriste
considérées comme des accès potentiels tenir est différente. Le signal émis sera et Dicrim
pouvant être utilisés par des comparses donc différent et il devra être connu des L’obligation de disposer
pour introduire des armes ou des explo- agents travaillant dans l’établissement d’un document d’information
sifs. Chacune de ces ouvertures devra qui auront par ailleurs été formés sur la communal sur les risques
donc être équipée de détecteurs contacts conduite à tenir. Des locaux de confine- majeurs (Dicrim) est fixée
reliés à une centrale de surveillance. ment devraient être identifiés afin de per- par le préfet et a généralement
pour origine des risques
Dans les locaux interdits au public, des mettre aux personnels de se mettre et de
naturels ou technologiques.
détecteurs de présence viendront com- mettre le public en sécurité. Le dispositif Toutefois, lorsqu’il en existe un,
pléter le dispositif précédent et un sys- d’alerte comprendra des messages d’infor- il est souhaitable que le risque
tème de contrôle à badge pourra donner mation automatisés tendant à organiser la terrorisme y apparaisse. En effet,
accès aux seules personnes autorisées. mise en sécurité ou l’échappement sans ce document permet d’anticiper
Un réseau de vidéosurveillance est aussi déclencher de mouvements de panique. de possibles situations de
un moyen utile de contrôle et s’avère éga- Les lieux de confinement devront être crises et de communiquer avec
lement dissuasif contre les éventuelles équipés d’un combiné téléphonique ainsi la population sur les moyens à
attaques. que d’un « annuaire de crise » qui est une mettre en œuvre s’il survient de
telles occurrences. Certes, tout
La mise en place d’un contrôle d’accès liste des numéros nécessaires ou utiles.
le monde ne le lira pas mais au
amènera les agents chargés de la surveil- Cet équipement aidera le personnel à moins une partie de la population
lance à interdire l’introduction de certains communiquer avec les services de secours sera informée des moyens mis
objets dans l’établissement. Les visiteurs en leur donnant autant que possible des en œuvre et cela ne pourra que
devront pouvoir dans ce cas déposer indications sur la localisation des terro- faciliter les interventions.
École numérique
COMMENT DÉPLOYER CONCRÈTEMENT
LE NUMÉRIQUE DANS LES ÉCOLES
À l’heure du plan numérique développé par l’État, l’équipement numérique des écoles est
une nécessité pour toutes les collectivités. Comment faire les bons choix sans céder aux effets
de mode ? De quelles aides bénéficier et comment travailler avec l’Éducation nationale ?