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TÉLÉDIX 2004-2005

1er envoi

Nombre de pages : 21

Matière : PHILOSOPHIE DEUG 1


Semestre : 1
E. C. : L1PPLO18

La philosophie de Ludwig Wittgenstein


La philosophie de Ludwig Wittgenstein
Monsieur NICOLET Daniel
Partie de cours 1

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UNIVERSITÉ DE PARIS X-NANTERRE — SERVICE TELEDIX —

PHILOSOPHIE

LA PHILOSOPHIE DE WITTGENSTEIN
UNE INTRODUCTION

D. NICOLET

ELP L1PPL018

2004-2005
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TRAVAIL PREPARATOIRE : LIRE LE TRACTATUS

Avertissement et plan de travail

Wittgenstein (1889–1951) n’a publié qu’un seul ouvrage se son vivant : Le Tractatus
logico-philosophicus (1922). A sa mort, il laissait un autre ouvrage inachevé, contenant des
pensées, « résidus de recherches philosophiques » menées depuis 1929 : les
Investigations Philosophiques (1953). Comme l’explique la Préface (datée de 1945),
Wittgenstein se proposait de « publier dans un ensemble les anciennes avec les nouvelles
pensées : ces dernières ne se trouveraient placées sous leur vrai jour qu’en se détachant sur le
fond de [s]on ancienne manière de penser, et par le contraste qui en résulterait. »
On a parfois trop vite conclu à l’existence de « deux philosophies » chez Wittgenstein.
Mais l’instruction de lecture ici donnée par la Préface insiste autant sur la continuité (le
« vrai jour » et le « fond ») que sur les différences (le « contraste »). Il faut donc plutôt
parler de deux états du développement de cette philosophie. Les nombreux écrits de
Wittgenstein, parus par la suite, permettent en outre, nous le verrons, de suivre les
multiples étapes de ce développement.
De toute manière, il est indispensable de commencer par prendre connaissance du
Tractatus. A cet effet, nous proposons la démarche suivante :
0.- se procurer l’ouvrage :
Ludwig Wittgenstein : Tractatus logico-philosophicus, Paris, Gallimard, coll. « Tel », 1993
(traduction G.G. Granger)1
1.- lire l’Introduction ci-après

1
Dans la même collection, il existe une ancienne version (traduction P. Klossowski), incluant aussi le texte des
Investigations, qui reprend la première publication en français dans la « Bibliothèque des idées » (1961). Cette
même traduction est parue aussi séparément dans la collection « idées ». Les deux traductions peuvent être
utilisées indifféremment, mais on prendra soin, en cas de divergence, de se référer au texte allemand (au moyen
par exemple du lexique donné avec l’Index de l’édition Granger)
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2.- lire méthodiquement le texte en suivant l’ordre indiqué, soit à partir des
documents annexés, soit directement dans le livre, en prenant note des définitions des
termes
3.- parcourir une fois l’ensemble du texte.

N.B. : On se rappellera un conseil de Deleuze : ne pas chercher à tout comprendre !

Introduction

Le Tractatus logico-philosophicus, comme son titre l’indique, est un traité,


c’est-à-dire un exposé de résultats, et non une recherche, comme s’intitulent plus
modestement beaucoup d’études contemporaines du même type (et comme
Wittgenstein intitulera lui-même ses travaux ultérieurs). L’auteur annonce qu’il
pense y avoir résolu les problèmes philosophiques “au moins pour l’essentiel”.
Dans ce projet radical, il aborde les questions centrales de la philosophie par le
côté de la “logique” c’est-à-dire par le côté des rapports de la pensée ou du
langage et du monde. En effet, comme le dit la proposition 3.1 : “Dans la
proposition, la pensée s’exprime pour la perception sensible.”
Le problème du livre est de déterminer les limites a priori de ce qui peut être
pensé (de manière articulée), et donc dit dans le langage. Et, selon une remarque
de Wittgenstein, son contenu peut étrangement se résumer par l’affirmation que
tout ce qui peut être pensé, ou dit, peut l’être clairement, c’est-à-dire ici
logiquement, et que tout le reste est non-sens. Le livre argumente donc contre la
transgression des limites du sens, comme le montre notamment sa dernière
injonction, aussi célèbre que mal comprise : « Sur ce dont on ne peut parler, il faut
garder le silence. »
Mais qu’en est-il donc de ces limites du sens ou du langage ? pourquoi
devrions-nous considérer quoi que soit comme inexprimable, et dans ce cas
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qu’est-ce donc ? Et s’il y a de l’inexprimable, pourquoi se donner la peine


d’interdire de l'exprimer ? Il est clair que si ces limites doivent être établies, ou
mises en évidence, c’est que d’ordinaire nous ne les reconnaissons pas et les
transgressons sans le savoir, c’est-à-dire que nous nous croyons encore en
régime de discours sensé quand nous errons depuis longtemps dans le non-sens.
Et cela arrive particulièrement quand nous faisons de la philosophie.
Telle est donc la limite du langage : il ne peut énoncer les conditions de sa
propre possibilité, son présupposé ultime, c’est-à-dire son rapport au réel. Mais
cette limite, ou ces conditions de possibilité, sont pourtant nécessairement
présentes dans tout énoncé : seulement ce ne peut pas être sur le mode de l’être-
dit, mais sur cet autre mode que Wittgenstein appelle “se montrer”. Ce qui se
montre ainsi dans l’énoncé, c’est-à-dire l’ensemble des conditions qui lui
permettent de signifier quelque chose, Wittgenstein le conçoit dans le Tractatus
comme une forme commune à la proposition et à l’état de choses qu’elle dénote
et c’est pourquoi il l’appelle la “forme logique”. La forme logique est ce que le
signe doit avoir de commun avec son signifié pour pouvoir absolument le
représenter (en être le représentant) (T. 2.18) La forme logique de la proposition
est simplement : “il en est ainsi” (T. 4.5). L’analyse propositionnelle nous montre
comment les éléments de la proposition se combinent pour former une image
logique du monde2, mais la forme de cette image ne nous dit rien de déterminé
au sujet du monde. Pour reprendre l’exemple de Wittgenstein, je ne sais rien sur
le temps qu’il fait lorsque je sais qu’il pleut ou qu’il ne pleut pas : “Les
propositions dites logiques montrent les propriétés logiques du langage et par
conséquent de l’univers, mais elles ne disent rien.” (Notes dictées à Moore, 1913).
Le caractère de cette condition de possibilité inexprimable, Wittgenstein
l’appelle “transcendantal”. “La logique, dit-il, n’est point une théorie [c’est-à-dire
2
La proposition élémentaire est une combinaison de noms, en rapport “fondamental-interne” avec une
configuration d’objets simples. La proposition complexe est une combinaison de propositions élémentaires
au moyen de constantes logiques (connecteurs). Or ces dernières ne représentent rien (idée fondamentale
du Tractatus), et le langage se résout donc en proposition élémentaires indépendantes, comme le monde se
résout en faits.
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un ensemble de propositions ayant un sens] mais une image qui reflète le monde; la
logique est transcendantale” (T. 6.13). Or, ce caractère est aussi celui de l’éthique :
“Il est clair que l’éthique ne se laisse pas énoncer. L’éthique est transcendantale.”
(6.421.) (Il en va d’ailleurs de même de l’esthétique, puisque “l’éthique et
l’esthétique sont une seule et même chose” (T. 6.41).)

Retenons ce caractère de l’éthique : condition de possibilité du langage sensé,


immanente à l’image logique du monde et comme celle-ci inexprimable. On
comprend ainsi ce passage d’une lettre de Wittgenstein à l’un des éditeurs qu’il
essayait de convaincre de publier le Tractatus :
“… mon ouvrage comporte deux parties, celle qui est présentée ici, et tout le reste que
je n’ai pas écrit. Et c’est justement cette seconde partie qui importe. Mon livre trace les
limites de la sphère de l’éthique pour ainsi dire de l’intérieur, et je suis persuadé que c’est
là la SEULE façon rigoureuse de tracer ces limites. En bref, je crois que là où
beaucoup d’autres se contentent de verbiage, je suis parvenu, dans mon livre, à
resituer nettement les choses dans le lieu qui leur revient en n’en parlant pas.“ (Lettre à
von Ficker)

Si le Tractatus traite donc de l’éthique de la seule manière correcte en n’en


parlant pas, dans sa partie écrite il traite paradoxalement du fondement de la
logique, qui est non moins inexprimable. Déterminer les conditions du sens de
l’intérieur et de manière rigoureuse, c’était en effet le projet du Tractatus, qui se
révèle ainsi finalement lui-même un tissu de non-sens. Mais ce sont des non-sens
d’une grande importance, puisque celui les comprend justement comme des
non-sens acquiert une juste vue du monde (T.6.54).

Guide de lecture

On trouvera ci-dessous le texte du Tractatus (traduction Klossowski) réparti


en strates en fonction du rang de chaque énoncé indiqué par la numérotation.
D’abord les 7 énoncés principaux; puis s’ajoutent les énoncés à une décimale;
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puis ceux à deux décimales. Cette disposition facilite une lecture progressive,
tout en tenant compte de la note de Wittgenstein sur l’importance relative de
chaque énoncé dans l’exposition.
Il est commode de se représenter les choses de la manière suivante : les
énoncés principaux seraient comme des titres de chapitres ; ceux à une décimale
des sous-titres ; ceux à deux décimales représentent alors le corps du texte, qui
peut être lu de façon continue, bien qu’il reste évidemment fragmenté (il est par
ailleurs à remarquer que la notation symbolique ou mathématique n’intervient
pratiquement pas jusque là) ; puis les énoncés à trois, quatre ou cinq décimales
sont comme des notes ou des commentaires de l’énoncé de rang immédiatement
supérieur.
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1. LE MONDE EST TOUT CE ARRIVE.

2. CE QUI ARRIVE, LE FAIT, EST L’EXISTENCE D'ÉTATS DE


CHOSES.

3. L’IMAGE LOGIQUE DES FAITS CONSTITUE LA PENSÉE.

4. LA PENSÉE EST LA PROPOSITION AYANT UN SENS.

5. LA PROPOSITION EST UNE FONCTION DE VÉRITÉ DES PROPOSITIONS


ÉLÉMENTAIRES.
(LA PROPOSITION ÉLÉMENTAIRE EST UNE FONCTION DE
VÉRITÉ D'ELLE-MÊME.)

6. LA FORME GÉNÉRALE DE LA FONCTION DE VÉRITÉ EST


[p,- ,ξ,- ,N(ξ,- )].
C'EST LA FORME GÉNÉRALE DE LA PROPOSITION.

7. CE DONT ON NE PEUT PARLER, IL FAUT LE TAIRE


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1. LE MONDE EST TOUT CE QUI ARRIVE.


1.1 Le monde est l'ensemble des faits, non pas des choses.
1.2 Le monde se dissout en faits.

2. CE QUI ARRIVE, LE FAIT, EST L'EXISTENCE D'ÉTATS DE CHOSES.


2.1 Nous nous faisons des tableaux des faits.
2.2 Le tableau a de commun avec l'objet représenté la forme logique de la représentation.

3. LE TABLEAU LOGIQUE DES FAITS CONSTITUE LA PENSÉE.


3.1 Dans la proposition, la pensée s'exprime d'une manière perceptible aux sens.
3.2 Dans la proposition la pensée peut être exprimée de telle sorte que les éléments de la proposition correspondent aux objets de
la pensée.
3.3 La proposition seule a un sens; et ce n'est que dans le contexte d'une proposition qu'un nom a une signification.
3.4 La proposition détermine un lieu dans l'espace logique. L'existence de ce lieu logique est garantie par l'existence des parties
constitutives à elle seule, par l'existence de la proposition qui a un sens.
3.5 Le signe propositionnel appliqué, pensé, est la pensée.

4. LA PENSÉE EST LA PROPOSITION AYANT UN SENS.


4.1 La proposition représente l'existence et la non-existence des états de choses.
4.2 Le sens de la proposition est son accord et son désaccord avec les possibilités de l'existence et de la non-existence des états
de choses.
4.3 Les possibilités de vérité des propositions élémentaires signifient les possibilités de l'existence et de la non-existence des
états de choses.
4.4 La proposition est l'expression de l'accord et du désaccord avec les possibilités de vérité des propositions élémentaires.
4.5 Dès lors, il semble qu'il soit possible d'indiquer la forme de proposition la plus générale: c'est-à-dire de donner la description
des propositions d'un quelconque langage de signes, en sorte que chaque sens possible puisse être exprimé par un symbole
auquel convienne la description et que chaque symbole auquel la description convient, puisse exprimer un sens, si les
significations des noms sont choisies de façon concordante.
Il est clair que lors de la description de la forme de proposition la plus générale, seul ce qu'elle a d'essentiel doit être décrit,
— autrement elle ne serait pas en effet la forme la plus générale.
Qu'il existe une forme générale de proposition, c'est ce que prouve le fait qu'il ne doit pas y avoir de proposition dont on n'ait
pu prévoir (c.-à-d. construire) la forme. La forme générale de la proposition est: Il en est ainsi (Les choses se présentent de
telle ou telle façon).

5. LA PROPOSITION EST UNE FONCTION DE VÉRITÉ DES PROPOSITIONS ÉLÉMENTAIRES.


(LA PROPOSITION ÉLÉMENTAIRE EST UNE FONCTION DE VÉRITÉ D'ELLE-MÊME.)
5.1 Les fonctions de vérité se laissent ordonner en séries. C'est là la base de la théorie de la probabilité.
5.2 Les structures des propositions se trouvent mutuellement en relations internes.
5.3 Toutes les propositions sont les résultats d'opérations de vérité sur des propositions élémentaires.
L'opération de vérité est la manière dont la fonction de vérité procède des propositions élémentaires.
Conformément à la nature de l'opération de vérité, ce sera à la manière dont leur fonction de vérité procède des propositions
élémentaires que procédera des fonctions de vérité mêmes une nouvelle fonction. Chaque opération de vérité engendre (à
partir) de fonctions de vérité de propositions élémentaires une nouvelle fonction de vérité de propositions élémentaires, c'est-
à-dire une proposition. Le résultat de chaque opération de vérité sur les résultats d'opérations de vérité sur des propositions
élémentaires est de nouveau le résultat d'une seule opération de vérité sur des propositions élémentaires.
Chaque proposition est le résultat d'opérations de vérité sur des propositions élémentaires.
5.4 Il apparaît ici qu'il n'existe pas d'«objets logiques», de «constantes logiques» (au sens de Frege et de Russell).
5.5 Chaque fonction de vérité est un résultat de l'application successive de l'opération (-----V)(ξ,....) à des propositions
élémentaires.
Cette opération nie l'ensemble des propositions dans la parenthèse de droite, et je la nomme la négation de ces propositions.
5.6 Les limites de mon langage signifient les limites de mon propre monde.

- - -
6. LA FORME GÉNÉRALE DE LA FONCTION DE VÉRITÉ EST [p, ,ξ, ,N(ξ, )].
C'EST LA FORME GÉNÉRALE DE LA PROPOSITION.
6.1 Les propositions de la logique sont des tautologies.
6.2 Les mathématiques sont une méthode logique.
Les propositions des mathématiques sont des équations, donc des pseudo-propositions.
6.3 L'investigation logique constitue l'investigation de toute régularité. Et hors de la logique, tout n'est qu'accident.
6.4 Toutes les propositions sont d'égale valeur.
6.5 Une réponse qui ne peut être exprimée suppose une question qui elle non plus ne peut être exprimée.
L'énigme n'existe pas.
Si une question se peut absolument poser, elle peut aussi trouver sa réponse.
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7. CE DONT ON NE PEUT PARLER, IL FAUT LE TAIRE.


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1. LE MONDE EST TOUT CE QUI ARRIVE.

1.1 LE MONDE EST L'ENSEMBLE DES FAITS, NON PAS DES CHOSES.
1.11 Le monde est déterminé par les faits, ces faits étant la totalité des faits.
1.12 Car la totalité des faits détermine ce qui arrive et aussi tout ce qui n'arrive pas.
1.13 Les faits dans l'espace logique constituent le monde.

1.2 LE MONDE SE DISSOUT EN FAITS.


1.21 Une chose peut ou bien être ce qui arrive ou bien n'être pas ce qui arrive et tout le reste
demeurer égal.

2. CE QUI ARRIVE, LE FAIT, EST L'EXISTENCE D'ÉTATS DE CHOSES.


2.01 L'état de choses est une liaison d'objets (entités, choses).
2.02 L'objet est simple.
2.03 Dans l'état de choses les objets pendent les uns aux autres comme les chaînons d'une
chaîne.
2.04 La totalité des états de choses existants est le monde.
2.05 La totalité des états de choses existants détermine également quelles sortes d'états de
choses n'existent point.
2.06 L'existence et l'inexistence d'états de faits constituent la réalité.
(L'existence d'états de choses nous la nommons aussi un fait positif, leur inexistence un
fait négatif.)

2.1 NOUS NOUS FAISONS DES TABLEAUX DES FAITS.


2.11 Le tableau représente le fait dans l'espace logique, l'existence et la non-existence des états
de choses.
2.12 Le tableau est une transposition de la réalité.
2.13 Aux objets correspondent dans le tableau les éléments du tableau.
2.14 Le tableau réside dans le fait que ses éléments ont des rapports déterminés les uns avec les
autres.
2.15 Le fait que les éléments du tableau ont des rapports déterminés les uns avec les autres tient
à ce que les choses se comportent de la même manière les unes vis-à-vis des autres.
Cette connexion des éléments du tableau, nous la nommerons sa structure, et la possibilité
de sa structure la forme de la représentation.
2.16 Le fait d'être tableau implique qu'il y ait quelque chose de commun entre le tableau et ce
qu'il représente.
2.17 Ce que le tableau doit avoir de commun avec la réalité, afin de pouvoir la représenter à sa
manière — avec justesse ou fausseté — c'est la forme de la représentation.
2.18 Ce que chaque tableau, de quelque forme que ce soit, doit avoir de commun avec la
réalité, pour absolument pouvoir la représenter — justement ou faussement — c'est la
forme logique, c'est-à-dire la forme de la réalité.
2.19 Le tableau logique peut représenter le monde.

2.2 LE TABLEAU A DE COMMUN AVEC L'OBJET REPRÉSENTÉ LA FORME LOGIQUE DE LA


REPRÉSENTATION.
2.21 Le tableau s'accorde ou non avec la réalité; il est fidèle ou infidèle, vrai ou faux.
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2.22 Le tableau représente ce qu'il représente indépendamment de sa vérité ou de sa fausseté;


au moyen de sa forme de représentation.

3. LE TABLEAU LOGIQUE DES FAITS CONSTITUE LA PENSÉE.


3.01 La totalité des pensées vraies constitue un tableau du monde.
3.02 La pensée contient la possibilité de l'état de choses qu'elle pense. Ce qui est pensable est
également possible.
3.03 Nous ne saurions rien penser d'illogique parce qu'alors il nous faudrait penser
illogiquement.
3.04 Une pensée juste a priori serait celle dont la possibilité déterminerait sa vérité.
3.05 Nous ne pourrions savoir a priori qu'une pensée est juste que si sa vérité se pouvait
reconnaître à cette pensée même (sans objet de comparaison).

3.1 DANS LA PROPOSITION, LA PENSÉE S'EXPRIME D'UNE MANIÈRE PERCEPTIBLE AUX SENS.
3.11 Nous utilisons le signe sensible (phonétique, graphique, etc…) de la proposition en tant
que projection d'un état de choses possible.
La méthode de projection est la pensée du sens de la proposition.
3.12 Le signe par lequel nous exprimons la pensée, je le nomme signe de proposition. Et la
proposition est elle-même signe de proposition dans sa relation projective avec le monde.
3.13 A la proposition appartient tout ce qui est propriété de la projection: mais non ce qui est
projeté.
Donc la possibilité de ce qui est projeté, non sa réalité.
Dans la proposition son sens n'est pas encore contenu, mais seulement la possibilité de
l'exprimer.
(Le «contenu de la proposition» veut dire: le contenu de la proposition qui a un sens.)
La proposition contient la forme du sens, pas son contenu.
3.14 Le signe propositionnel réside dans le fait que les éléments de la proposition, les mots, se
rapportent (en elle) les uns aux autres d'une manière déterminée.
Le signe propositionnel est un fait.

3.2 DANS LA PROPOSITION LA PENSÉE PEUT ÊTRE EXPRIMÉE DE TELLE SORTE QUE LES ÉLÉMENTS
DE LA PROPOSITION CORRESPONDENT AUX OBJETS DE LA PENSÉE.
3.21 A la configuration du signe simple dans le signe propositionnel correspond la
configuration des objets dans l'état de choses.
3.22 Le nom dans la proposition représente l'objet.
3.23 Le postulat de la possibilité du signe simple est le postulat de la détermination du sens.
3.24 La proposition qui concerne le complexe se trouve dans une relation interne à la
proposition qui concerne sa partie intégrante.
Le complexe ne peut être rendu que par sa description et celle-ci sera juste ou fausse. La
proposition dans laquelle il est question d'un complexe, sera, si ce complexe n'existe pas,
non pas absurde mais simplement fausse.
Qu'un élément de proposition désigne un complexe, on peut le reconnaître à une
indétermination dans les propositions où cet élément apparaît. Nous savons que tout n'est
pas encore déterminé par cette proposition.
(La désignation de généralité contient en effet une image originelle.)
La condensation du symbole d'un complexe en un complexe simple peut être exprimée
par une définition.
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3.25 Il y a une analyse, rien qu'une analyse intégrale de la proposition.


3.26 Le nom ne saurait être décomposable par aucune autre définition: il est un signe originel.

3.3 LA PROPOSITION SEULE A UN SENS; ET CE N'EST QUE DANS LE CONTEXTE D'UNE PROPOSITION
QU'UN NOM A UNE SIGNIFICATION.
3.31 Chaque partie de la proposition qui caractérise le sens de cette dernière, je la nomme une
expression (un symbole).
(La proposition elle-même est une expression.)
L'expression est tout ce qui étant essentiel pour le sens de la proposition constitue ce que
les propositions peuvent avoir de commun.
L'expression caractérise une forme et un contenu.
3.32 Le signe est ce qu'il y a de sensiblement perceptible dans le symbole.
3.33 Dans la syntaxe logique la signification d'un signe ne doit jamais jouer un rôle; il faut
qu'elle se laisse établir sans qu'il soit pour autant question de la signification d'un signe,
elle doit seulement présupposer la description des expressions.
3.34 La proposition possède des caractères essentiels et accidentels.
Accidentels sont les caractères qui procèdent de la manière de produire le signe
propositionnel. Essentiels sont ceux qui seuls permettent à la proposition d'exprimer son
sens.

3.4 LA PROPOSITION DÉTERMINE UN LIEU DANS L'ESPACE LOGIQUE.


3.41 Le signe propositionnel et les coordonnées logiques: voilà le lieu logique.
3.42 Bien que la proposition ne puisse déterminer qu'un seul lieu de l'espace logique, il n'en
faut pas moins que tout l'espace logique soit déjà donné par elle.
(Autrement de nouveaux éléments — «en coordination» — seraient sans cesse introduits
par la négation, la somme logique, le produit logique, etc.)
(L'échafaudage logique autour du tableau détermine l'espace logique. La proposition
s'étend à travers tout l'espace logique.)

3.5 LE SIGNE PROPOSITIONNEL APPLIQUÉ, PENSÉ, EST LA PENSÉE.

4. LA PENSÉE EST LA PROPOSITION AYANT UN SENS.


4.01 La proposition est une image de la réalité.
La proposition est une transposition de la réalité telle que nous la pensons.
4.02 C'est ce qui ressort du fait que nous comprenons le sens du signe propositionnel, sans qu'il
nous ait été expliqué.
4.03 Une proposition doit communiquer au moyen d'expressions anciennes un sens nouveau.
La proposition nous communique un état de choses, elle doit donc être essentiellement en
connexion avec l'état de choses.
Et la connexion en effet consiste en ce que la proposition est l'image logique de l'état de
choses.
La proposition n'exprime quelque chose que pour autant qu'elle est une image.
4.04 Dans la proposition il faut distinguer juste autant d'éléments que dans l'état de choses
qu'elle représente.
Tous deux doivent posséder la même multiplicité logique (mathématique).(Cf. La
Mécanique de Hertz relativement aux modèles dynamiques.)
4.05 La réalité est comparée à la proposition.
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4.06 La proposition ne peut être vraie ou fausse qu'en étant une image de la réalité.

4.1 LA PROPOSITION REPRÉSENTE L'EXISTENCE ET LA NON-EXISTENCE DES ÉTATS DE CHOSES.


4.11 La totalité des propositions vraies constitue la totalité des sciences de la nature.
4.12 La proposition peut représenter la réalité totale, mais elle ne peut représenter ce qu'il faut
qu'elle ait en commun avec la réalité pour pouvoir la représenter — la forme logique.
Pour pouvoir représenter la forme logique il faudrait que nous puissions nous situer avec
la proposition en dehors de la logique, c'est-à-dire en dehors du monde.

4.2 LE SENS DE LA PROPOSITION EST SON ACCORD ET SON DÉSACCORD AVEC LES POSSIBILITÉS
DE L'EXISTENCE ET DE LA NON-EXISTENCE DES ÉTATS DE CHOSES.
4.21 La proposition la plus simple, la proposition élémentaire, affirme l'existence d'un état de
choses.
4.22 La proposition élémentaire consiste en noms. Elle est une connexion, un enchaînement de
noms.
4.23 Le nom n'apparaît dans la proposition que dans le contexte de la proposition élémentaire.
4.24 Les noms sont les symboles simples, je les indique par des lettres isolées (“x”,“y”,“z”).
La proposition élémentaire, je l'écris en tant que fonction des noms sous la forme: “fx”,
“Φ(x,y)”, etc.
Ou bien je l'indique par les lettres p, q, r.
4.25 Si la proposition élémentaire est vraie, l'état de choses existe; si la proposition élémentaire
est fausse, l'état de choses n'existe point.
4.26 La spécification de toutes les propositions élémentaires vraies décrit intégralement le
monde. Le monde est intégralement décrit par les spécifications de toutes les propositions
élémentaires plus la spécification de celles d'entre elles qui sont vraies et de celles qui sont
fausses.
4.27 En ce qui concerne l'existence et la non-existence de n états de choses il y a Kn =
Erreur !possibilités.
Il est possible à toutes les combinaisons d'états de choses d'exister, aux autres de ne pas
exister.
4.28 A ces combinaisons correspondent autant de possibilités de la vérité — et de la fausseté
— de n propositions élémentaires.

4.3 LES POSSIBILITÉS DE VÉRITÉ DES PROPOSITIONS ÉLÉMENTAIRES SIGNIFIENT LES POSSIBILITÉS
DE L'EXISTENCE ET DE LA NON-EXISTENCE DES ÉTATS DE CHOSES.
4.31 Nous pouvons représenter les possibilités de vérité des propositions élémentaires par des
schémas du genre suivant (“V” signifie «vrai», “F”, «faux»). Les séries V et F sous la
série des propositions élémentaires signifient en une symbolique aisément intelligible les
possibilités de vérité de ces propositions.

p q r p q p

V V V V V V
F V V F V F
V F V V F
V V F F F
F F V
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F V F
V F F
F F F

4.4 LA PROPOSITION EST L'EXPRESSION DE L'ACCORD ET DU DÉSACCORD AVEC LES POSSIBILITÉS


DE VÉRITÉ DES PROPOSITIONS ÉLÉMENTAIRES.
4.41 Les possibilités de vérité des propositions élémentaires constituent les conditions de la
vérité et de la fausseté des propositions.
4.42 En ce qui concerne l'accord et le désaccord d'une proposition avec les possibilités de
vérité de n propositions élémentaires il y a Erreur != Ln possibilités.
4.43 L'accord avec les possibilités de vérité, nous pouvons l'exprimer en leur coordonnant la
marque “V” (vrai) dans le schème.
L'absence de cette marque signifie le désaccord.
4.44 Le signe qui résulte de la coordination de ces signes “V” et des possibilités de vérité, est
un signe propositionnel.
4.45 Pour n propositions élémentaires il y a Ln groupes possibles de conditions de vérité.
Les groupes de conditions de vérité qui appartiennent aux possibilités de vérité d'un
nombre de propositions élémentaires, se laissent ordonner en une série.
4.46 Parmi les possibles groupes de conditions de vérité il y a deux cas extrêmes.
Dans le premier cas la proposition est vraie pour la totalité des possibilités de vérité des
propositions élémentaires. Nous disons que les conditions de vérité sont tautologiques.
Dans le second cas la proposition est fausse pour la totalité des possibilités de vérité: les
conditions de vérité sont contradictoires.
Dans le premier cas nous nommons la proposition une tautologie, dans le second une
contradiction.

4.5 LA FORME GÉNÉRALE DE LA PROPOSITION EST: IL EN EST AINSI.


4.51 A supposer que toutes les propositions élémentaires me soient données: alors il y aurait
simplement à demander: quelles propositions puis-je former à partir d'elles? Et ce sont là
toutes les propositions élémentaires et ainsi elles sont limitées.
4.52 Les propositions sont tout ce qui résulte de la totalité de toutes les propositions
élémentaires (naturellement aussi du fait que c'est la totalité de toutes).
(Ainsi l'on pourrait dire en un certain sens que toutes les propositions sont des
généralisations des propositions élémentaires.)
4.53 La forme propositionnelle générale est une variable.

5. LA PROPOSITION EST UNE FONCTION DE VÉRITÉ DES PROPOSITIONS ÉLÉMENTAIRES.


5.01 Les propositions élémentaires sont les arguments de vérité des propositions.
5.02 Il est facile de confondre les arguments de fonctions avec les indices de noms. En effet je
reconnais autant à l'argument qu'à l'indice la signification du signe qui les contient.
Dans le “+c” par exemple “c” est un indice qui indique que tout le signe est celui
d'addition pour les nombres cardinaux. Mais cette désignation repose sur une convention

~p” cependant, “p”


arbitraire et au lieu de “+c” on pourrait choisir un simple signe; dans “

n'est pas un indice mais un argument: le sens de “


~p” ne peut se comprendre, sans que le
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sens de “p” ait été compris au préalable. (Dans le nom, Julius Caesar, Julius est un indice.
L'indice est toujours une partie d'une description de l'objet, partie à laquelle nous
attachons le nom de l'objet. Par exemple: Le César de la gens Julia.)
La confusion de l'argument et de l'indice se trouve si je ne fais erreur à la base de la
théorie de Frege relativement à la signification des propositions et des fonctions. Pour
Frege les propositions de la logique étaient des noms, et les arguments de ces propositions
les indices de ces noms.

5.1 LES FONCTIONS DE VÉRITÉ SE LAISSENT ORDONNER EN SÉRIES. C'EST LÀ LA BASE DE LA


THÉORIE DES PROBABILITÉS.
5.11 Si les raisons de vérité qui sont communes à un nombre de propositions sont toutes
également les raisons de vérité d'une proposition déterminée, nous dirons que la vérité de
cette proposition résulte de la vérité de ces propositions.
5.12 En particulier la vérité d'une proposition “p” résulte de la vérité d'une autre “q”, si toutes
les raisons de vérité de la seconde sont les raisons de vérité de la première.
5.13 Que la vérité d'une proposition résulte de la vérité d'autres propositions, c'est ce que nous
fait voir la structure des propositions.
5.14 Si une proposition résulte d'une autre, celle-ci en dit plus que celle-là, celle-là moins que
celle-ci.
5.15 Si Vr est le nombre des raisons de vérité de la proposition “r”, Vrs le nombre de ces
raisons de vérité de la proposition “s” qui dans le même temps constituent les raisons de
vérité de “r”, nous nommerons le rapport: Vrs:Vr la mesure de la probabilité que la
proposition “r” donne à la proposition “s”.

5.2 LES STRUCTURES DES PROPOSITIONS SE TROUVENT MUTUELLEMENT EN RELATIONS


INTERNES.
5.21 Nous pouvons souligner dans notre mode d'expression ces relations internes par le fait que
nous représentons une proposition comme résultant d'une opération qui la produit à partir
d'autres propositions (les bases de l'opération).
5.22 L'opération est l'expression d'une relation entre les structures de son résultat et de ses
bases.
5.23 L'opération est ce qui doit se produire dans une proposition pour en faire une autre à partir
d'elle.
5.24 L'opération se montre dans une variable; elle montre comment d'une forme de
propositions on peut parvenir à une autre.
Elle contribue à exprimer la différence des formes.
(Et ce qu'il y a de commun entre les bases et le résultat des opérations, ce sont justement
les bases.)
5.25 L'occurence de l'opération ne caractérise pas le sens de la proposition.
L'opération elle-même en effet n'affirme rien, seul son résultat le fait et cela dépend des
bases de l'opération.
(L'opération et la fonction ne doivent pas être confondues entre elles.)

5.3 TOUTES LES PROPOSITIONS SONT DES RÉSULTATS D'OPÉRATIONS DE VÉRITÉ SUR DES
PROPOSITIONS ÉLÉMENTAIRES.
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L'OPÉRATION DE VÉRITÉ EST LA MANIÈRE DONT LA FONCTION DE VÉRITÉ PROCÈDE DES


PROPOSITIONS ÉLÉMENTAIRES.
5.31 Les schémas du par. 4.31 ont également une signification, quand “p”,“q”,“r”, etc… ne
sont pas des propositions élémentaires.
Et il est facile de voir que le signe propositionnel du par. 4.31, même si “p” et “q” sont
bien des fonctions de vérité de propositions élémentaires, exprime une fonction de vérité
de propositions élémentaires.
5.32 Toutes les fonctions de vérité sont les résultats de l'application successive d'un nombre
fini d'opérations de vérité aux propositions élémentaires.

5.4 IL APPARAÎT ICI QU'IL N'EXISTE PAS D'«OBJETS LOGIQUES», DE «CONSTANTES LOGIQUES»
(AU SENS DE FREGE ET DE RUSSELL).
5.41 Car tous les résultats d'opérations de vérité sur des fonctions de vérité sont identiques, qui
sont une et même fonction de vérité de propositions élémentaires.
5.42 Que ∨, ⊃, etc. ne soient pas des relations au sens de gauche et de droite, voilà qui est clair.
La possibilité de définition croisée des «signes primitifs» logiques de Frege et Russell
montre d'elle-même que ce ne sont point des signes primitifs et à plus forte raison qu'ils ne
signifient aucunes relations.
Et il est évident que le “⊃” que nous définissons par “
~” et “∨” est identique à celui par
lequel nous définissons “∨” avec “
~”, et que ce “∨” là est identique au premier. Etc.
5.43 Que d'un fait p il résulterait un nombre infini d'autres, à savoir ~~p, ~~~~p, etc.
est d'avance à peine croyable. Et il n'est pas moins singulier que le nombre infini des
propositions de logique (des mathématiques) résultent d'une demi-douzaine de «principes
fondamentaux».
Toutes les propositions de logique disent cependant la même chose. A savoir, rien.
5.44 Les fonctions de vérité ne sont pas des fonctions matérielles.
Lorsque par exemple une affirmation peut être engendrée par une double négation, la
négation est-elle alors — en un sens quelconque — contenue dans l'affirmation? Est-ce
que “
~~p” nie “~p”, ou bien affirme-t-il p; ou fait-il l'un et l'autre?
La proposition “
~~p” ne traite pas de la négation comme d'un objet; en revanche la
possibilité de la négation est déjà préjugée dans l'affirmation.
Et y aurait-il un objet nommé “ ~”, il faudrait que “~~p” signifiât quelque chose
~
d'autre que “p”. Car une proposition traiterait alors de , l'autre ne le ferait point.
5.45 Du moment qu'il y a des signes primitifs logiques, il faut qu'une logique correcte élucide
leur position réciproque et justifie leur existence. La construction de la logique à partir de
ses signes primitifs doit devenir claire.
5.46 Si l'on avait introduit correctement les signes logiques, on aurait introduit du même coup
le sens de toutes leurs combinaisons; donc non seulement “p∨q”, mais aussi bien
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“ ~(p∨~q)”, etc., etc… On aurait de ce fait même introduit l'effet de toutes les
combinaisons imaginables de parenthèses. Et par là il eût clairement apparu que les signes
primitifs généraux proprement dits ne sont pas les “p∨q”, “(x).fx”, mais la forme la plus
générale de leurs combinaisons.
5.47 Il est clair que tout ce qui se peut dire de prime abord au sujet des formes de toutes les
propositions doit pouvoir se dire d'emblée.
En effet toutes les opérations sont déjà contenues dans la proposition élémentaires. Car
“fa” dit la même chose que “(∃x).fx.x=a”.
Là où il y a composition, il y a argument et fonction, et là où se trouvent ceux-ci, se
trouvent déjà toutes les constantes logiques.
On pourait dire: la seule constante logique est ce que toutes les propositions, selon leur
nature, ont de commun entre elles.
Mais c'est là la forme générale de la proposition.

5.5 CHAQUE FONCTION DE VÉRITÉ EST UN RÉSULTAT DE L'APPLICATION SUCCESSIVE DE


L'OPÉRATION
(-----V)(ξ,....)À DES PROPOSITIONS ÉLÉMENTAIRES.
Si ξ n'a qu'une valeur, alors N(ξ,- ) = p, (non p) s'il a deux valeurs alors N(ξ,- ) =
5.51
~
~p.~q (ni p ni q).
5.52 Si les valeurs de ξ sont l'ensemble des valeurs d'une fonction fx pour toutes les valeurs
de x, alors N(ξ,- ) = (∃x).fx.
~
5.53 L'identité de l'objet, je l'exprimerai par l'identité du signe et non pas au moyen d'un signe
d'identité. La différence des objets par la différence des signes.
5.54 Dans la forme propositionnelle générale, la proposition ne figure dans la proposition qu'en
tant que base des opérations de vérité.
5.55 Il nous faut maintenant répondre a priori à la question relative à toutes les formes
possibles des propositions élémentaires.
La proposition élémentaire consiste en noms. Mais comme nous ne pouvons indiquer le
nombre des noms de significations différentes, nous ne saurions davantage indiquer la
composition de la proposition élémentaire.

5.6 LES LIMITES DE MON LANGAGE SIGNIFIENT LES LIMITES DE MON PROPRE MONDE.
5.61 La logique remplit le monde: les limites du monde sont aussi ses propres limites.
Par conséquent nous ne saurions dire en logique: il y a telle et telle chose dans le monde,
non pas telle chose.
Cela semblerait en effet présupposer que nous excluions certaines possibilités, ce qui ne
saurait être le cas, puisque alors la logique devrait transgresser les limites du monde; c'est-
à-dire si elle pouvait aussi considérer ces limites de l'autre côté.
Ce que nous pouvons penser, nous ne saurions le penser; donc nous ne pouvons dire ce
que nous ne saurions penser.
5.62 Cette remarque nous donne la clé pour résoudre la question de savoir dans quelle mesure
le solipsisme est une vérité.
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Ce qu'en effet le solipsisme entend est parfaitement juste, sauf que cela ne se peut dire,
mais se montre. Que le monde soit mon propre monde, voilà qui se montre dans le fait
que les limites du langage (du seul langage que je comprenne) signifient les limites de
mon propre monde.
5.63 Je suis mon (propre) monde. (Le microcosme.)
5.64 Ici l'on voit que le solipsisme rigoureusement pratiqué coïncide avec le réalisme pur. Le
moi du solipsisme se réduit au point inétendu et il ne reste que la réalité qui lui est
coordonnée.

6. LA FORME GÉNÉRALE DE LA FONCTION DE VÉRITÉ EST[p,- ,ξ,- ,N(ξ,- )].


C'EST LA FORME GÉNÉRALE DE LA PROPOSITION.
6.01 La forme générale de l'opération Ω⎡'(η,- ) est donc:
[ξ,- ,N(ξ,- )]'(η) (=[η,ξ,- ,N(ξ,- )]).
C'est la forme la plus générale de la transition d'une proposition à l'autre.
6.02 Et c'est ainsi que nous en venons aux nombres: je définis
x = Ω0'x Def. et
Ω'Ων'x = Ων+1'x Def.

D'après ces règles de symboles nous écrivons la série x, Ω'x, Ω'Ω'x, Ω'Ω'Ω'x, .....ainsi:

Ω0'x, Ω0+1'x, Ω0+1+1'x, Ω0+1+1+1'x, .....

Au lieu de “[x,Ω']” j'écrirai: “[Ω0'x, Ων'x, Ων+1'x]” et je définirai:


0 + 1 = 1 Def.
0 + 1 + 1 = 2 Def.
0 + 1 + 1 + 1 = 3 Def.
etc.
6.03 La forme générale du nombre entier est: [0, ξ, ξ + 1].

6.1 LES PROPOSITIONS DE LA LOGIQUE SONT DES TAUTOLOGIES.


6.11 Les propositions de la logique par conséquent ne disent rien. (Elles sont les propositions
analytiques.)
6.12 Que les propositions de logique soient des tautologies, voilà qui montre les propriétés
formelles-logiques du langage, du monde.
Que leurs parties constitutives ainsi liées produisent une tautologie, voilà qui caractérise
la logique de leurs parties constitutives.
Pour que les propositions, liées d'une certaine manière, produisent une tautologie, il faut
qu'elles aient des propriétés déterminées de structure. Qu'ainsi liées, elles produisent une
tautologie, montre par conséquent qu'elles possèdent ces propriétés de structure.
6.13 La logique n'est pas une théorie, mais une image réfléchie du monde.
La logique est transcendantale.

6.2 LES MATHÉMATIQUES SONT UNE MÉTHODE LOGIQUE.


LES PROPOSITIONS MATHÉMATIQUES SONT DES ÉQUATIONS, DONC DES PSEUDO-
PROPOSITIONS.
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6.21 La proposition des mathématiques n'exprime pas de pensée.


6.22 La logique du monde, que les propositions de logique montrent dans les tautologies, les
mathématiques la montrent dans les équations.
6.23 Lorsque deux expressions sont reliées par le signe d'égalité, cela veut dire qu'elles sont
mutuellement remplaçables. Mais que ceci soit le cas, c'est ce qui doit se reconnaître dans
les deux expressions mêmes.
Ce qui caractérise la forme logique de deux expressions, c'est d'être mutuellement
remplaçables.
6.24 La méthode des mathématiques pour en arriver à leurs équations, est la méthode de
substitution.
Car les équations expriment la substituabilité de deux expressions et nous progressons
d'un nombre d'équations à de nouvelles équations, en remplaçant des expressions par
d'autres, conformément aux équations.

6.3 L'INVESTIGATION LOGIQUE CONSTITUE L'INVESTIGATION DE TOUTE RÉGULARITÉ. ET HORS DE


LA LOGIQUE, TOUT N'EST QU'ACCIDENT.
6.31 La soi-disant loi d'induction ne peut en aucun cas être une loi logique, car elle est de toute
évidence une proposition ayant un sens. — Et c'est pourquoi elle ne peut pas non plus être
une loi a priori.
6.32 La loi de causalité n'est pas une loi, mais la forme d'une loi.
6.33 Nous ne croyons pas a priori à une loi de conservation, mais nous connaissons a priori la
possibilité d'une forme logique.
6.34 Toutes les propositions comme la proposition de la raison suffisante, de la continuité dans
la nature, de la moindre action dans la nature, etc., toutes ces propositions sont des
intuitions a priori quant aux formes possibles des propositions de la science.
6.35 Bien que dans notre image les taches soient géométriques, il est évident que la géométrie
ne saurait absolument rien dire ni de leur forme ni de leur position réelles. Le filet
cependant est purement géométrique, toutes ses propriétés peuvent être indiquées a priori.
Des lois telles que la proposition de la raison suffisante (la loi de causalité), etc., traitent
du filet, non pas de ce que décrit le filet.
6.36 S'il existait une loi de causalité, elle pourrait être ainsi conçue: «Il existe des lois
naturelles.»
Mais il est évident qu'on ne peut le dire: cela se montre de soi-même.
6.37 La nécessité selon laquelle une chose devrait se produire, parce qu'une autre s'est produite,
n'existe pas. Il n'y a qu'une nécessité logique.

6.4 TOUTES LES PROPOSITIONS SONT D'ÉGALE VALEUR.


6.41 Le sens du monde doit se trouver en dehors du monde. Dans le monde toutes choses sont
comme elles sont et se produisent comme elles se produisent: il n'y a pas en lui de valeur
— et s'il y en avait une, elle n'aurait pas de valeur.
S'il existe une valeur qui ait de la valeur, il faut qu'elle soit hors de tout événement et de
tout être-tel. Car tout événement et être-tel ne sont qu'accidentels.
Ce qui les rend non-accidentels ne peut se trouver dans le monde, car autrement cela aussi
serait accidentel.
Il faut que cela réside hors du monde.
6.42 C'est pourquoi il ne peut pas non plus y avoir de propositions éthiques.
Des propositions ne sauraient exprimer quelque chose de plus élevé.
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6.43 Si c'est la bonne ou la mauvaise volonté qui change le monde, elle ne peut que changer
que les limites du monde, non point les faits; non point ce qui peut être exprimé par le
langage.
En un mot, le monde doit par là-même devenir absolument un autre monde. Il doit pour
ainsi dire diminuer ou augmenter en tant que totalité.
Le monde de l'homme heureux est un autre monde que celui du malheureux.
6.44 Ce qui est mystique, ce n'est pas comment est le monde, mais le fait qu'il est.
6.45 Contempler le monde sub specie aeterni, c'est le contempler en tant que totalité — mais
totalité limitée.
Le sentiment du monde en tant que totalité limitée constitue l'élément mystique.

6.5 UNE RÉPONSE QUI NE PEUT ÊTRE EXPRIMÉE SUPPOSE UNE QUESTION QUI ELLE NON PLUS NE
PEUT ÊTRE EXPRIMÉE. L'ÉNIGME N'EXISTE PAS. SI UNE QUESTION SE PEUT ABSOLUMENT
POSER,ELLE PEUT AUSSI TROUVER SA RÉPONSE.
6.51 Le scepticisme n'est pas réfutable, mais est évidemment dépourvu de sens s'il s'avise de
douter là où il ne peut être posé de question.
Car le doute ne peut exister que là où il y a une question; une question que là où il y a une
réponse, et celle-ci que là où quelque chose peut être dit.
6.52 Nous sentons que même si toutes les possibles questions scientifiques ont trouvé leur
réponse, nos problèmes de vie n'ont pas même été effleurés. Assurément il ne subsiste
plus alors de question; et cela même constitue la réponse.
6.53 La juste méthode de philosophie serait en somme la suivante: ne rien dire sinon ce qui se
peut dire, donc les propositions des sciences de la nature — donc quelque chose qui n'a
rien à voir avec la philosophie — et puis à chaque fois qu'un autre voudrait dire quelque
chose de métaphysique, lui démontrer qu'il n'a pas donné de signification à certains signes
dans ses propositions. Cette méthode ne serait pas satisfaisante pour l'autre — il n'aurait
pas le sentiment que nous lui enseignons de la philosophie — mais elle serait la seule
rigoureusement juste.
6.54 Mes propositions sont élucidantes à partir de ce fait que celui qui me comprend les
reconnaît à la fin pour des non-sens, si, passant par elles, — sur elles — par-dessus elles,
il est monté pour en sortir.
Il faut qu'il surmonte ces propositions; alors il acquiert une juste vision du monde.

7. CE DONT ON NE PEUT PARLER, IL FAUT LE TAIRE.

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