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L’évaluation des politiques publiques est une exigence démocratique et
une nécessité. De nombreux pays ont profondément réformé leurs
politiques publiques et les partenariats avec le secteur privé, en
s’appuyant sur des recherches académiques du plus haut niveau
international et sur une formation d’excellence des cadres du public et du
privé en évaluation des politiques publiques., En tant que nouvel outil
d’aide à la décision publique est apparue aux Etats-Unis vers les années
1960, avant de se développer dans l’occident en quelques décennies
plus tard.
L’évaluation des politiques publiques est Employée dans des situations
variées pour désigner des activités comportant une dimension de
jugement de valeur et/ou de mesure approximative ; L’évaluation pour
les politiques publiques est un outil : d’observation, d’analyse, d’aide à la
décision.
Evaluer une politique signifie officiellement apprécier son efficacité en
comparant ses résultats aux objectifs assignés et aux moyens mis en
œuvre.
L’évaluation de la politique publique est un programme qui se caractérise
par :
Des objectifs
Des moyens
Des réalisations
Des résultats
Des impacts
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o Par rapport à ses objectifs initiaux à sa logique d’intervention =
Dimension normative.
o En référence à ses résultats = Dimension cognitive.
o Dans le but de faire évaluer l’action ou améliorer la définition des
nouvelles politiques = Dimension instrumentale politiques.
o Sur la base de valeurs sociétales, externes à l’organisation
publiques à la suite d’un enchainement, pré-établi d’étapes =
Dimension procédurale.
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techniquement et institutionnellement.
Techniquement, parce que de nombreux pièges attendent l’évaluateur :
corrélation (entre une politique et ses résultats) ne vaut pas causalité et
l’évaluateur doit tenir compte des causalités inverses et des interactions
de la politique considérée avec de multiples autres facteurs ; il doit aussi
être conscient du fait que le bénéficiaire final d’un dispositif n’est pas
forcément celui qui est visé, ou que la politique peut avoir de multiples
effets, parfois loin du champ initialement ciblé. Plusieurs techniques
statistiques permettent de contourner ces problèmes, la clé étant d’être
capable de reconstruire ce qui se serait passé en l’absence de la
politique considérée. Lorsqu’une véritable expérimentation n’est pas
possible, les chercheurs exploitent les discontinuités existantes des
politiques publiques, soit que la politique soit mise en place par vagues
successives, soit qu’elle s’applique avec des seuils (on compare alors
les individus ou entreprises de part et d’autre du seuil).
L’évaluation est aussi difficile à mettre en œuvre institutionnellement car
seul un protocole rigoureux, défini si possible avant la mise en place de
la politique, permet d’obtenir une évaluation crédible. Ce protocole doit
garantir l’indépendance des évaluateurs et leur accès aux données
nécessaires à l’évaluation. Il doit aussi prévoir un temps de discussion
contradictoire des hypothèses et des résultats, dans un cadre
interdisciplinaire. Il doit, enfin, laisser les évaluateurs libres de publier
leurs résultats et de les discuter avec d’autres experts, en France
comme à l’étranger.
En pratique, l’évaluation d’une politique ne doit pas
être menée par l’administration en charge de la mettre en
œuvre.
L’expertise administrative est un complément indispensable à
l’expertise technique, en particulier pour comprendre les modalités
d’application de la politique et les interactions avec d’autres dispositifs.
Elle doit être combinée à l’expertise technique mais ne saurait s’y
substituer. Les évaluateurs extérieurs doivent être nommés selon un
processus transparent et extérieur lui aussi à l’administration en charge,
en veillant à éviter toute relation de dépendance avec les
commanditaires et à promouvoir une pluralité des approches. De leur
côté, les évaluateurs doivent respecter strictement la confidentialité des
données et être parfaitement transparents sur leurs éventuels conflits
d’intérêt.
Finalement, une évaluation crédible devrait reposer sur un triptyque
formé d’un coordonnateur (Parlement, Cour des Comptes, Inspection
générale des finances…), des administrations concernées et d’experts
indépendants. Ces éléments sont à la portée d’un gouvernement décidé
à faire le tri dans ses politiques publiques.
Si une évaluation crédible
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prend du temps, un diagnostic fiable et indépendant permet
ultérieurement de gagner du temps au cours du processus de décision.
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Au Maroc, cette question d'évaluation est passée du stade d'urgence à
celui de la fatalité. Pour Monkid Mestassi, SG du ministère des Affaires
économiques et générales «la bonne gouvernance n'est plus négociable,
elle devient une fatalité et il faut la traiter en tant que telle», faisant le lien
dialectique entre l'EPP et la bonne gouvernance.
«Evaluer pour évoluer oui. Mais il faut aller plus loin encore et évaluer
l'évolution également. C'est cela qui nous fera entrer dans un cercle
vertueux qui ramènera la croissance», souligne Mestassi.
S'il y avait un point d'accord entre les différents intervenants, c'est bel et
bien que la démocratie est une condition pour l'installation d'une bonne
gouvernance et l'EPP, tout en étant des outils de cette démocratie.
«L'autre condition pour instaurer une réelle EPP est l'existence d'un
encadrement réglementaire qui facilitera l'installation de la culture de
l'évaluation. Cela dépend également de la volonté politique et d'un
leadership avec un référentiel bien défini et réaliste» poursuit, Monkid
Mestassi pour qui un accès à l'information et une simplification des
procédures sont des ingrédients de réussite de l'instauration de la bonne
gouvernance.
Mais qui de l'évaluation ou de la démocratie implique l'autre ? Comment
savoir si l'on ne met pas la charrue avant les bœufs ? Pour le professeur
Saïd Hinti, chef du département des sciences économiques à la FSJES,
dans un processus démocratique, comme celui qui s'effectue au Maroc,
l'EPP s'impose. «Elle est même un outil de légitimation de l'action
publique qui va mobiliser les deniers publics. L'EPP est stratégique
quand on cible l'efficacité des actions entreprises puisque c'est un outil
de contrôle de l'action. Donc, il est temps d'intégrer cette nouvelle culture
dans le management public pour qu'il soit en phase avec le processus
démocratique en cours au Maroc», explique-t-il.
Mais voilà plus d'une décennie qu'on parle d'EPP et qu'on organise des
séminaires sans pour autant qu'on aboutisse à un modèle fiable et une
culture de l'efficacité et de la rédition des comptes. Et la raison en est
bien simple. En effet, pour y aboutir quelques grands chantiers doivent
baliser le terrain, comme les énumère Mohamed Harakat, Directeur de la
REMA, notamment le développement de la capacité du Parlement, du
gouvernement et de l'exécutif avec des audits au sein même du
gouvernement, le renforcement des capacités de la Justice marocaine et
le renforcement du contrôle lui-même en donnant plus de prérogatives à
la Cour des comptes et aux audits internes au sein des ministères et
départements publics.
Mais encore, quelle est la finalité d'une bonne évaluation si au bout du
compte on ne l'utilise pas comme outil de contrôle et de rédition ?
«Le talon d'Achille est : qu'est-ce qu'on fait de ces évaluations ? Elles
sont fondamentales dans la rédition des comptes. Sans démocratie et
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rédition des comptes, elles ne servent à rien. Et l'utilisation dépend de
ceux qui les reçoivent. Parce que si ça va dans les tiroirs, ça sert à rien
non plus. La société civile peut travailler avec évaluation justement pour
défendre la démocratie et la rédition des comptes», insiste Rachid
Benmokhtar Benabdellah, président de l'Observatoire national de
développement humain.
S'il est vrai qu'aujourd'hui la bonne gouvernance est le maître mot de
l'actuel gouvernement, il y a un large fossé, malgré les différentes
actions entreprises, entre la réalité et l'ambition. Et il est urgent de
travailler sur les différents couacs relevés par les différents experts pour
aboutir, in fine, à l'efficacité, qui est l'objectif ultime aussi bien de l'EPP
que de la bonne gouvernance.
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Le secteur public doit assurer l’intégrité, la transparence et la
responsabilité. Les appels en faveur de la transparence et de la
responsabilité de l’administration se sont accrus à la suite de la crise
financière et économique. L’ampleur des interventions et des dépenses
des gouvernements que la crise a provoquée, place l’intégrité au cœur
des préoccupations au sujet de la bonne gouvernance dans le monde
entier.
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de rapports établis en temps opportun des données financières et
de gestion fiables ; et iv) respecter la législation et les normes de
conduite applicables.
éclairer la mise en œuvre d’instruments, de processus et de
structures visant à favoriser l’intégrité au niveau des différents
organismes publics et non de l’ensemble de l’administration ; et
élaborer des données et des références applicables pour mesurer
le fonctionnement des systèmes d’intégrité et orienter leur mise en
œuvre.
Le Cadre d’intégrité sert également de base pour une série
d’examens par les pairs de l’OCDE sur l’intégrité dans le secteur
public, sur la base du volontariat. A ce jour, des examens ont été
réalisés sur le Brésil, la Grèce, le Moyen-Orient et l’Afrique du
Nord, et les É tats-Unis. En 2011, trois examens supplémentaires
de ce type doivent être réalisés au Mexique.
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chacune se concluant par une proposition concernant les meilleures
pratiques. Il y aurait tout intérêt à prendre en compte ces sections et
conclusions de manière globale, et non individuelle, pour accroî tre la
contribution de l’audit interne à l’intégrité, à la transparence et à la
responsabilité.
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Situer l’évaluation des politiques publiques dans une réflexion
d’ensemble sur la gouvernance
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2.L’impact d’une politique publique est évaluable. Cette hypothèse
paraît « de bon sens » et on la retrouve aussi dans toutes les politiques
de coopération, publiques ou privées, qui privilégient le financement de
projets. Mais, quand on y réfléchit un peu, la possibilité d’isoler l’effet
propre d’une politique publique ou d’un projet est plus rare qu’il n’y
paraît. Il faut en effet que l’action entreprise ait des effets relativement
rapides et mesurables faute de quoi la diversité des facteurs explicatifs
aux évolutions constatées est telle qu’il est bien hasardeux, y compris au
plan épistémologique, d’attribuer à tel ou tel facteur la paternité des
évolutions constatées. Au risque de créer un paradoxe, je dirai que
l’impact est mesurable lorsqu’il était prévisible. Et, s’il était prévisible,
parce qu’on dispose par exemple de séries statistiques assez longues, la
mesure de l’impact devient presque inutile. Un exemple intéressant : la
baisse du nombre de morts sur les routes après les décisions du
gouvernement Raffarin. Tous les analystes savaient qu’il existe une
relation mathématique avérée entre vitesse moyenne de circulation sur
les routes et nombre de morts pour 1000 kilomètres. Dès lors, faire
baisser cette vitesse moyenne induit des effets assurés. Ce qui était le
moins prévisible, c’est qu’une politique présumée impopulaire auprès
des citoyens automobilistes ait été acceptée et que la mise en place des
radars ait effectivement produit aussi soudainement la baisse escompté
de la vitesse moyenne. En fait, si je me reporte au comportement moyen
des automobilistes au début des années 70, quand le nombre de morts
sur la route en France a atteint un pic, l’opinion publique avait lentement
et sûrement évolué en 30 ans. L’intérêt de la politique du gouvernement
Raffarin, c’est ce que l’on peut appeler le flair politique, a été de
pressentir que l’opinion était prête à des mesures que l’on disait jusque
là impopulaires.
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d’évaluation, on se méfie de leur subjectivité, susceptible de nuire à la
sacro-sainte scientificité de l’évaluation.
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Un développement sur les caractéristiques de la reforme
budgétaire au Maroc
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Le présent papier se propose de présenter l’expérience marocaine en
matière de réforme budgétaire en mettant l’accent sur ses
caractéristiques et sur les défis qui doivent être relevés pour réussir son
enracinement et garantir son caractère irréversible.
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3. Le renforcement de la déconcentration budgétaire à travers sur la
contractualisation des relations entre les administrations centrales et
leurs services déconcentrés afin de renforcer l’autonomie des
gestionnaires locaux et les responsabiliser quant à la réalisation des
objectifs qui leur sont assignés et à la gestion des crédits qui leur sont
alloués.
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Une reforme mise en oeuvre selon une démarche pragmatique,
progressive et participative et à législation constante
Le dispositif budgétaire au Maroc présente de nombreux points forts
résultant de sa longue tradition en matière de gestion des finances
publiques accumulée depuis plusieurs décennies et enrichie en
permanence parallèlement aux évolutions constitutionnelles qu’avaient
connues notre pays.
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capitalisées pour le bénéfice de l’ensemble des départements
ministériels.
Notons également que les instruments de la réforme ont été introduits
successivement : la globalisation des crédits fut lancée en 2002 alors
que la programmation pluriannuelle a été introduite en 2007 et les
premières missions d’audit de performance ont été réalisées, pour leur
part, en 2008.
REALISATIONS :
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relations de contractualisation contribuant fortement au renforcement de
la déconcentration et à sa mise en œuvre à grande échelle. Ainsi, le
ministère de la santé a signé des contrats de performance avec six
agences régionales de santé pilotes. Le ministère de l’éducation a, pour
sa part, signé des contrats de performance avec 15 universités et 2
établissements publics soumis au contrôle de l’Etat. En outre, le
ministère de l’agriculture a signé seize contrats de performance avec
les différentes régions du Maroc pour la concrétisation sur le plan local
de la stratégie nationale « Maroc vert ».
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représentants de plusieurs ordonnateurs dans le but de mutualiser les
bonnes pratiques ministérielles en matière de dépenses publiques.
Enfin, des systèmes d'information intégrés ont été développés
permettant la mutualisation de l'information budgétaire et d'accroître la
capacité d'analyse et la dématérialisation des échanges d'information
grâce notamment au système « GID » qui permet d’instaurer le
principe de la saisie unique, de renforcer les capacités de contrôle
interne et de mutualiser l’information budgétaire ainsi que le système
« e-budget » qui permet la mise en ligne des prestations de la Direction
du Budget au profit des ministères.
2. Points de fragilité:
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L’exploitation insuffisante des instruments introduits par la réforme
aussi bien dans le cadre de la gestion courante que dans les
négociations budgétaires et l’examen de la loi de finances au
niveau du Parlement. Cette situation affaiblit, de facto, l’impact de
la réforme sur le fonctionnement de l’administration et la qualité du
service public. A titre illustratif, on peut citer l’inflation des
indicateurs de performance et la faiblesse de leur qualité, la qualité
insuffisante des rapports de performance et des CDMT, etc.
PERSPECTIVES
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Si la consécration légale de la gestion budgétaire axée sur les résultats
et de la programmation pluriannuelle dans la loi organique des Finances
permettra d’assurer la pérennité de la réforme, il n’en demeure pas
moins que la réussite de son déploiement dépend largement des
mesures d’accompagnements mises en place, de la qualité de son
pilotage et du degré d’engagement politique en sa faveur.
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