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Alain-Marc Rieu
Professeur, Université de Lyon – Jean Moulin
Faculté de philosophie.

Année 2014-2015

Master de philosophie

M1, 1° semestre : septembre - décembre 2014

Epistémologie historique

Syllabus

http://am-rieu.name

Rubrique « Enseignements »

Version 9-2014

Science et mutation des régimes ontologiques

Anthropologie, histoire, épistémologie

L’horizon du cours

L’évolution des sciences de l’homme et de la société bouleverse régulièrement la


connaissance de l’histoire des sciences et des techniques dans les sociétés européennes de
l’Ouest. C’est vraiment en particulier de cet événement supposé fondateur du « moderne »,
qu’on nomme la « révolution copernicienne ».
La dernière avancée est celle ouverte au début des années 2000 par le travail de
Philippe Descola, anthropologue au Collège de France, sur les « régimes d’inférence » et les
types d’ « ontologie ». Ces concepts permettent de repenser comment la "science moderne"
est née dans les sociétés européennes. La "nouvelle science" est censée marquer la différence
anthropologique des sociétés européennes de l’Ouest.
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Philippe Descola, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, 2005. Commencer par les
chapitres 2 et 3.

Il reste à montrer que ces concepts permettent de mieux comprendre cette émergence
qui, en quatre siècle, a transformé le monde.

Cette même évolution permet d’appréhender une dimension plus profonde : la


fonction dans un système social du mode de production des connaissances. En ce sens, la
notion de connaissance comprend aussi bien les sciences et les techniques que les sciences
humaines et sociales. Une part importante de ces dernières se donne en effet pour objet
l’étude des sciences et des techniques mais aussi leur rejet ou leur mise à distance. Le cours a
pour objectif de montrer l’existence d’une fonction épistémique, d’étudier les différents
moments de son évolution, la formation de « régimes épistémiques » successifs.

Cette approche « archéologique » (au sens de Michel Foucault : l’étude des conditions
historiques de possibilité) ne se réduit pas à une histoire des sciences, ni à une philosophie des
sciences. Elle contribue à l’analyse de la formation du régime épistémique actuelle.

Pour montrer ce déplacement de la perspective habituelle, je propose la lecture de La


condition humaine de Hannah Arendt, livre paru en 1958 et traduit en Français dès 1961.
Dans le prologue (à lire et relire tout au long du semestre) et dans le dernier chapitre (« La
vita activa et l’âge moderne »), ce livre célèbre propose une « anthropologie de la modernité »
et non pas une « philosophie », à savoir une « interprétation » ou une « lecture » de la
naissance des temps modernes : « l’histoire est faite d’évènements et non pas de forces ou
d’idées au cours prévisibles » (dernière chapitre, p 320). Arendt ne pratique pas une « histoire
des idées », elle cherche à mettre au jour les évolutions de long terme de la culture et des
sociétés européennes qui constituent les conditions de formation et de réception des
philosophies. Pour comprendre le texte d’Arendt, il faut le mettre en relation avec celui de
Heidegger sur « La question de la technique » (1951) parce qu’il en est à la fois une réfutation
et un commentaire.

Le cours se veut anthropologique pour les mêmes raisons que le livre d’Arendt mais il
met en œuvre d’autres problèmes et références et proposent d’autres explications. Cette
avancée dans la connaissance de l’invention de la « science moderne » dans les sociétés
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européennes s’ajoute à d’autres strates identifiées par des notions qui posent plus des
problèmes qu’elles n’apportent de solutions : « métaphysique », « système symbolique »,
« Symbolique », « épistèmé », « transcendantal historique ». Toutes ces notions posent le
même problème : la possibilité de mettre à jour un ensemble cohérent de représentations
collectives et de discours, de concepts et de problèmes, de savoirs et de disciplines dont les
évolutions et les mutations permettraient de décrire et expliquer l’émergence de la « science
moderne » au début du XVII° siècle, ainsi que la reconfiguration des savoirs aussi bien que
des sociétés que cette émergence est supposée avoir engendré. La mise à jour d’un tel système
et sa puissance explicative ne prouvent pas pour autant son existence.

C’est un thème traditionnel de la philosophie des sciences. C’est aussi le « narratif »


de base des sociétés européennes dites « modernes ». Ce narratif a été très largement construit
par la philosophie, au XVII° et au XVIII° siècle, par Kant en particulier. Mais surtout ce
narratif fut au centre de la philosophie tout au long du XX° siècle. Ce narratif est exposé par
Hannah Arendt dans La condition humaine : l’intérêt de ce livre est qu’il dit ce que tout le
monde répète, interprète aujourd’hui : il formule l’idéologie commune sur l’homme moderne,
la technique, le monde industriel, la crise des valeurs et autres platitudes qui désormais
produisent de l’ignorance au lieu de fournir des explications. Arendt n’est pas en cause

Ces problèmes sont l’horizon du cours. Mais pour traiter ces problèmes, il faut
simplement s’engager dans l’étude des différents paramètres permettant d’expliquer les
conditions historiques de possibilité de la « révolution copernicienne », de l’invention de la
« nouvelle science » afin de comprendre comment cette révolution et cette invention ont
transformé les sociétés européennes de l’Ouest. Le mouvement en philosophie se prouve
toujours finalement en marchant.

Bibliographie de base

La bibliographie sur un tel sujet est immense. Je ne propose que les livres pouvant à la fois
informer, susciter la réflexion mais aussi préparer aux concours. L’étude de la "révolution
copernicienne" est en effet un genre en soi.
Des textes à télécharger seront mis en ligne.
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1. Sur les présupposés, les problèmes traités et divers problèmes de méthode

- Chalmers, Alan, Science and its fabrication, Minneapolis, University of


Minnesota Press, 1990, 142 p. Traduit en Français.
- Dominisque Pestre, A contre-science. Politiques et savoirs dans les sociétés
contemporaines, Paris, Seuil, 2013.
- Bruno Latour, Nous n’avons jamais été modernes, Paris, La découverte, 1992.
- Michel Callon, Yannick Barthe, Pierre Lascoumes, Agir dans un monde
incertain : Essai sur la démocratie technique (2001), Paris, Points, 2013.

- Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne (The human condition, 1958), trad.
française G. Fradier, Paris, Calmann-Lévy 1961, préface de Paul Ricoeur. Réed. Presses
Pocket.

2. Histoire des sciences

Les textes à lire en priorité sont soulignés

- Lovejoy, Arthur, The great chain of being, Cambridge, Harvard University Press, 1936-
1964, chapitres 2, 3, 4, 6. Pas de traduction française.
- Galilée. Il est proposé aux étudiants de commencer par une lecture des essais de la Galilée,
d’abord la Lettre à la Grande Duchesse Christine, puis les courts traités (sur les mécaniques
en particulier). Les deux grands traités attendront qu’ils soient situés par le cours.
- Brunschwicg, Léon, Les étapes de la philosophie mathématique (1912), nouvelle édition
Paris, Blanchard, 1972, chapitres 7 à 12.
- Canguilhem, Georges, La connaissance de la vie, Paris, Vrin, 1965, chapitre 2 : La théorie
cellulaire.
- Daumas, Maurice, Les instruments scientifiques aux XVII° et XVIII° siècles, Paris, P.U.F.,
1953. Commencer par l’introduction et la 2e partie, puis choisir un type d’instrument.
- Gille, Bertrand, Les ingénieurs de la Renaissance, Paris, Hermann, 1964 (réédition Seuil
col. Point).
- Hahn, Roger, The anatomy of a scientific institution : the Paris Academy of Sciences, 1666-
1803, Berkeley, University of California Press, 1971.
- Hallyn, Fernand, La structure poétique du monde : Copernic, Kepler, Paris, Seuil, 1987.
- Jacob, François, La logique du vivant : une histoire de l’hérédité, Paris, Gallimard, 1970,
chapitres 1 et 2.
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- King, James, Science and rationalism in the Government of Louis XIV, 1661-1683, New
York, Octagon Press, 1972 (difficile à trouver en bibliothèque mais facile à acheter sur.
- Koyré, Alexandre,
- Du monde clos à l’univers infini, Paris, P.U.F., 1962.
- Etudes d’histoire de la pensée scientifique (1966), Paris, Gallimard, 1973, col. Tel.
Ce livre est particulièrement important pour comprendre l’état de la recherche en histoire des
sciences préalable au renouvellement des problèmes et méthodes introduit par les Science
Studies. Il faut privilégier les articles où Koyré positionne sa démarche par rapport à celles
des grands historiens des sciences anglais et américains.
- Simon, Gérard, Kepler, astrologue, astronome, Paris, Gallimard, 1979. Commencer par
l’astrologie, par le début donc.

3. Histoire culturelle des sciences

- Yates, Frances, L’art de la mémoire (1966), trad. Daniel Arasse, Paris, Gallimard, 1975.
- Husserl, Edmond, La Crise des sciences européennes et la phénoménologie transcendantale
(1938), trad. Gérard Granel, Gallimard-Tél. Il faut lire tout ce qui concerne la révolution
copernicienne, les rapports entre science, sujet et raison, etc.
- Kant, Critique de la raison pure. Sur l’idée de « révolution copernicienne »

4. Pour les étudiants voulant établir un lien avec la révolution scientifique de la fin
du XIX° et du début du XX° siècle :

- Atlan, Henri, Entre le cristal et la fumée : essai sur l’organisation du vivant, Paris, Seuil,
1979, première partie.
- Bachelard, Gaston, Le nouvel esprit scientifique (1934), Paris, P.U.F., 1968.
- Perrin, Jean, Les atomes (1948), Paris, P.U.F., 1970.

Plan du cours

Introduction

1. La fonction épistémique
a. Des temporalités enchevêtrées
b. Anthropologie et philosophie

2. Problèmes et méthodes
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a. Glissements ontologiques
b. Les quatre régimes d’inférence selon Philippe Descola
c. La « Grande chaîne du vivant » selon Arthur Lovejoy
d. Une transition ontologique
e. Quelle révolution anthropologique ?

I
Les conditions d’émergence

3. Deux paradigmes emboîtés

i. Le paradigme aristotélicien
ii. Le paradigme ptoléméen à fondement platonicien
iii. Une conception de la science : la cartographie

4. La dissociation des deux paradigmes

i. Une querelle théologique aux conséquences imprévisibles


ii. Une transition historique: du monde méditerranéen vers l’Europe du
Nord-Ouest

II
Dissociation

5. La dissociation du monde et la mise en ordre de Copernic

a. Deux épistémologies distinctes deviennent contradictoires


b. Une nouvelle conception de la « connaissance »
c. Une nouvelle science devient possible : l’idée du « désenchantement » de la
nature
d. « l’ouverture du monde »
e. Situer Copernic
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6. Comment expliquer le passage d’une ontologie à une autre ?

III
L’émergence

7. L’ émergence de la « science moderne » et de ses institutions


a. Un nouveau champ de réflexivité
b. Copernic mais aussi Bruno, Vésale, etc
c. La science selon Galilée
d. L’âge des académies et la monopolisation de la « science moderne » par l’Etat

8. L’apogée de la science moderne


a. Descartes
b. Bacon et Harvey
c. La science de Newton
d. Le sens historique de l’œuvre de Newton et l’interprétation de Kant
e. La Mécanique universelle de Laplace (1749-1827)

III Conclusion
L’infrastructure symbolique du monde européen moderne

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