du

Lettre
SECTEUR  ENTREPRISES

ÉDITO AVRIL 2018

1 L
e temps est venu de la « Renaissance » du Parti. Les périodes
passées difficiles pour notre Parti n’ont pas manqué. Les divisions nous
ont tellement minés que le « bébé a été balancé avec l’eau du bain ».

Mais l’heure est désormais à un nouveau départ.

Depuis le congrès d’Aubervilliers, toutes les équipes sont en place ; Conseil

national, bureau national et secrétariat national ont été constitués. Olivier
Faure, Premier secrétaire, en assure la direction.

Réflexion, travail et propositions peuvent désormais se déployer dans ce

nouveau cadre. L’avenir n’est jamais écrit. Il peut même être favorable au
Parti socialiste si nous savons être utiles pour les français, pour notre pays
et pour l’Europe. La droitisation de la ligne politique du pouvoir actuel nous
ouvre un espace. À nous de le saisir.

La commission nationale entreprises essaiera de contribuer autant que

possible à cette remontée.

Un nouveau bureau s’est constitué toujours sur la base de ses 20 groupes

de travail sectoriels. Nos lettres de secteurs mensuelles, contributions,
communiqués, auditions continueront d’alimenter régulièrement notre
réflexion et le Parti sur tous les sujets liés aux entreprises ; et ils sont
nombreux !

L’ouverture sur l’Europe avec l’objectif de participer à la constitution d’une

« association européenne entreprises » de gauche est également dans notre
agenda. Notre ambition s’inscrit dans le cadre de la construction d’une
Europe sociale et politique.

Les sujets d’actualité concernant les entreprises se multiplient. La SNCF, Air

France, la Poste, Carrefour avec leurs conflits sociaux bien sûr, mais aussi la
fiscalisation des plateformes digitales, la protection des autoentrepreneurs,
réels ou obligés, la réforme de la formation professionnelle, celle des
retraites ou bien encore la redéfinition de l’objet social de l’entreprise et sa
gouvernance sont sur la table. Et cette liste est loin d’être exhaustive avec
par exemple la question du rôle de l’État dans sa fonction de stratège et de
régulateur. On voit bien que ce sujet est de plus en plus central dans tous les
domaines et notamment sur le plan territorial.

Le défi est grand. Sachons faire des propositions positives et responsables.

–
Par Patrick Ardoin,
Secrétaire du bureau de la CNE
© Mathieu Delmestre

1
 Le droit à la seconde chance :
2 des établissements de formation pour les élèves « décrochés »
D ans une France fracturée, où il y a ceux et celles qui
suivent un chemin linéaire de la naissance jusqu’à
l’insertion durable dans l’emploi – la voie royale – et
ceux et celles (25 %) qui suivent des chemins détournés
pour une multitude de raisons souvent indépendantes
de leur volonté. Édith Cresson, en son temps, a imaginé
des établissements de « rattrapage » qu’elle a nommés
les écoles de la seconde chance (E2c). Aujourd’hui
elles couvrent une partie non négligeable du territoire
et ont fait des émules. Elles participent à redonner une
nouvelle chance aux jeunes d’accéder à l’entreprise. La
commission nationale entreprise s’est interrogée quant
à leur place dans le parcours d’insertion des jeunes,
mais également sur la responsabilité des entreprises
en matière d’intégration des jeunes dans leur premier
emploi durable. Pour trouver des réponses, nous avons
invité à la CNE lors d’une séance de travail Jean-Claude
Courteille qui œuvre avec l’ancienne Première ministre
pour les E2c.
On appelle « décrocheur » un élève qui quitte, ou risque
de quitter, prématurément le système scolaire sans
avoir obtenu de diplôme minimum pour s’insérer dans
la vie active de façon durable – CAP (Certificat d’aptitude
professionnelle), bac pro, bac... Certains établissements
proposent des solutions adaptées innovantes et
personnalisées. Les acteurs « éducatifs » du territoire
peuvent accompagner le jeune dans son projet personnel
avec une pédagogie spécifique : remotivation, reprise
d’études, construction ou consolidation d’un projet
professionnel en vue d’un emploi, etc. Encore faut-il que
la rencontre se fasse.
Nous aurions tendance à nommer cet élève « décroché »
du système plutôt que « décrocheur » qui implique une
volonté de la part du jeune qui est contestable. Des élus
de gauche se sont emparés du problème : « On veut
changer le regard sur le décrochage scolaire (…) On veut
arrêter la culpabilisation des jeunes et des familles.
On veut soutenir directement les jeunes », annonçait
Henriette Zoughébi, vice-présidente de la Région Île-de-
France en charge des lycées, en visitant le micro-lycée
© D.R.
de la Courneuve le 18 avril 2013, elle rajoutait : « Cette
seconde chance, si elle est banale dans de nombreux
pays développés, reste encore une culture à créer en
France. Un bel objectif pour 2030 ! » Guillaume Balas,
alors Conseiller régional d’Île-de-France et auteur
d’un ouvrage sur le décrochage, l’a rappelé aux Assises
régionales le 22 septembre 2013 : «le décrochage n’est
pas seulement le combat de l’école mais celui de toute
la société ».
En nommant George Pau Langevin ministre déléguée à la
Réussite éducative, le Gouvernement Ayrault en a fait une
de ses priorités. La ministre a contribué à faire reculer
notablement le décrochage scolaire – 40 000 décrocheurs
de moins en quatre ans – en faisant travailler ensemble
des acteurs de terrain qu’elle a rassemblé lors des Assises
nationales : « Le rôle du ministère délégué à la réussite
éducative est ainsi, dans l’intérêt des élèves, de renforcer
la mise en réseau des acteurs de terrain et d’améliorer
un pilotage national de ces partenariats. (…) Les lignes de
fractures ne bougeront pas en un jour mais, pas à pas, il
faut avancer vers cette réalité que l’École réussira mieux
par sa cohérence avec les autres acteurs.»
Après avoir posé ce préalable, il convient de présenter
un aperçu de l’ensemble des dispositifs existants sur
le territoire en matière de deuxième chance et de rac-
crochage. Leur multiplicité peut brouiller le paysage de
l’offre, ou participer à la complémentarité, l’idéal étant
que les jeunes ne décrochent pas de l’éducation initiale.
Ce qui fait la différence réside dans la lisibilité de l’offre
et dans la cohérence des acteurs éducatifs sur le terrain.
L’ONISEP (office national d’information sur les enseigne-
ments et les professions) a intégré ce phénomène dans
ses pratiques éditoriales et propose un nouveau service
en ligne réservé à ce thème : http://masecondechance.
onisep.fr/#accueil. Nous détaillons les dispositifs les
plus implantés sur l’ensemble du territoire francilien,
voire national, et en présentons quelques autres souvent
restés au niveau de l’expérimentation locale, c’est-à-dire
qu’il n’y a pas eu généralisation sur l’ensemble du terri-
toire français.
2
1. La seconde chance :
trois principaux dispositifs
1.1 Les E2C
Les Écoles de la deuxième chance (E2C) ont pour
objectif d’assurer l’insertion sociale et professionnelle
de jeunes adultes de 18 à 25 ans sans qualification et
sans emploi. Les E2C sont rassemblées autour d’une
association : « Le Réseau des Écoles de la 2e Chance »
(Réseau E2C France) depuis juin 2004 autour d’une
Charte des principes fondamentaux. En 2013, les E2C
ont accueilli 14 150 jeunes, soit dix fois plus en dix ans. Le
nombre de sites a dépassé la centaine (105 en 2013) et le
dispositif est présent dans 17 régions, 47 départements
et 4 DOM-TOM. Avec 58 % de sorties positives, le
dispositif confirme son rôle actif dans l’intégration
sociale et professionnelle des jeunes adultes sans
diplôme, ni qualification. En fort développement, le
Réseau E2C France s’inscrit dans un nouveau paysage
institutionnel et a mis en place les outils indispensables
pour assurer la qualité du dispositif par un processus de
labellisation. »
Cette présentation des E2C trouvée sur leur site est
intéressante, c’est un début, mais si l’on se positionne du
côté des 42 % de jeunes sans solution à la fin du cursus,
c’est un désastre car ils se retrouvent une nouvelle fois
en échec, après avoir touché l’espoir d’une issue positive.
Les E2C possèdent un réseau d’entreprises qui permet
aux jeunes de trouver un stage plus facilement. La
scolarité qui dure de 6 à 24 mois, est rémunérée au titre
de la formation professionnelle. Les candidatures, qui
reposent avant tout sur le volontariat, sont proposées
par les Missions Locales, Pôle emploi et les structures
d’insertion.
Observons la place des écoles de la seconde chance
dans le monde de l’insertion. Les effectifs de jeunes
accueillis par les E2C progressent depuis leur création,
et particulièrement de 8,5 % en 2013, mais le nombre de
sites a légèrement diminué en 2013. Comment doit-on
l’interpréter ? Les sites ont-ils été optimisés au niveau
de l’accueil ? La réorganisation des E2C a-t-elle eu un
impact réel sur la gestion des jeunes sortis trop tôt de
l’éducation initiale ? Tous les territoires possèdent-ils
une E2C accessible aux jeunes le nécessitant ? Autant de
questions auxquelles il faudra répondre.
Pour compléter ces informations, nous nous attachons
aux origines sociales des jeunes concernés, ainsi qu’à
leurs difficultés véhiculées à leur entrée dans l’école.
Les bénéficiaires de l’E2C sont à plus de 80 % des jeunes
issus de milieux urbains, n’ayant pas validé de niveau V
et avec peu d’expérience professionnelle. Il faut se poser
la question de l’emplacement des E2C, du transport
pour y accéder, de leur capacité d’hébergement pour
les jeunes domiciliés loin de l’école. Nous retrouvons
un cumul de handicaps qui n’est pas facile à gérer, les
écoles sont-elles outillées pour cela ?
Force est de constater que, malgré un travail important
des formateurs de l’école de la seconde chance, les
résultats concernant les sorties positives sont, certes
supérieurs à ceux d’autres dispositifs, mais sont, dans
les faits, inférieurs aux 60 % imposés généralement par
les financeurs. Et de plus, cela pose le problème des
deux cinquièmes sortants sans solution. Nous pouvons
relativiser ces résultats, puisqu’en 2009 les sorties
« durables » concernaient 630 jeunes quand elles en
concernent 1938 en 2013, le chiffre a plus que triplé,
mais que représentent ces quelque jeunes face au demi-
million de jeunes en invisibilité totale ?
Il est très difficile de dire que les écoles de la deuxième
chance sont la solution idoine, à moins de multiplier le
nombre de places disponibles (14 150) par plus de trente
pour couvrir l’ensemble des besoins, cependant elles
peuvent faire partie d’une panoplie d’offres.
1.2 Les EPIDE
L’EPIDE (Établissement Public d’Insertion de la Défense)
est une réponse singulière et adaptée aux besoins de
jeunes désocialisés, en manque de repères et pour
lesquels le risque de marginalisation est important
– aujourd’hui l’acronyme est devenu Établissement
Pour l’Insertion Dans l’Emploi. Sa mission : insérer les
jeunes en difficulté. « Créé en août 2005, l’EPIDE est un
établissement public d’insertion. Il est financé par le
ministère chargé de l’Emploi et le ministère chargé de
la Ville, le financement est complété par une subvention
du Fonds Social Européen (FSE). L’établissement est
placé sous triple tutelle des ministères chargés de
l’Emploi, de la Ville et de la Défense. Sa mission est
d’accompagner des jeunes femmes et hommes dans la
réussite de leur projet social et professionnel, grâce à
un parcours adapté et individualisé. L’EPIDE accueille
des volontaires âgé(e)s de 18 à 25 ans révolus, sans
qualification professionnelle et sans emploi, en
situation de retard ou d’échec scolaire, voire en risque
de marginalisation, pour une durée de 8 à 10 mois » –
aujourd’hui le ministère de la Défense s’est désengagé
du projet mais l’esprit militaire demeure. Les EPIDE sont
également ouverts depuis peu aux mineurs délinquants
de 16 à 18 ans sur prescription de la justice.
Ces jeunes sont issus pour un tiers des ZUS et quartiers
sensibles, ce qui donne une image syncrétique du public,
gage d’une mixité sociale. Les élèves sont accueillis en
internat et perçoivent une allocation. Ils participent aux
tâches quotidiennes relatives à la vie en communauté
et à des activités sportives. L’EPIDE met en œuvre une
offre globale de services qui s’articule autour de quatre
volets : la socialisation, l’orientation, la formation et
l’emploi. L’EPIDE dispose de 18 centres répartis sur le
territoire métropolitain – aujourd’hui 19. Les classes ont
des effectifs réduits (quinze personnes en moyenne).
Les volontaires qui souhaitent s’inscrire dans un centre
de l’EPIDE sont orientés par les Missions locales et par
d’autres partenaires prescripteurs. Les candidatures
spontanées constituent également une part importante
des demandes d’inscription. Ils sont environ 3 000 à être
accueillis par an – aujourd’hui 3 500. Le tableau suivant
montre le rendement de ceux qui persistent, nous
expliquerons ci-dessous la différence entre les entrées
et le nombre de places occupées :
3
Nombre de jeunes en EPIDE et rendement
Année 2005 2006 2007
Places occupées 152 522 1360
Sorties à l’emploi 0 293 579
Rendement 0 % 26 % 43 %
Les résultats paraissent plutôt décevants devant la
mobilisation de moyens humains représentant 980
adultes pour 3 269 volontaires admis dans le programme
en 2011. Le constat est rude devant la déperdition
considérable pendant le parcours − près du tiers des
jeunes sortent avant terme plus ou moins rapidement − le
nombre de places occupées n’était en 2011 que de 2 047.
Ce qui modifie les résultats affichés puisque seulement
44 % des entrants trouveront une sortie positive, ce qui
est proportionnellement peu en regard des écoles de
la deuxième chance ou d’autres dispositifs ; même si
l’on peut convenir que les jeunes qui sortent à la fin du
parcours ont retrouvé le goût de vivre et une place dans
la société. Tous les jeunes ne s’intègrent pas en EPIDE.
La discipline y est très stricte et l’esprit militaire règnant
dans l’école ne correspond pas à tous les jeunes.Ce
parcours peut être une solution choisie à la marge pour
les quelques jeunes volontaires, mais ne sera jamais
qu’un élément d’une offre globale.
Nous serions tentée de dire que le rôle de socialisation
du cadre d’inspiration militaire pourrait se transposer
dans une participation de la Défense à l’organisation
d’un Service civique obligatoire (SCO) plus adapté, à
notre sens, aux besoins de la société actuelle et qui
pourrait favoriser la mixité sociale.
1.3 Les micros lycées
Trois micro-lycées (à fin 2014), un par département,
ont été créés dans l’académie de Créteil (sur 4 sites) et
un quatrième dans l’académie de Nice. Ils accueillent
(après admission sur entretien) des jeunes entre
16 et 25 ans, ayant obtenu un passage en seconde
mais ayant décroché d’un lycée depuis au moins
6 mois, sans place dans un établissement scolaire
traditionnel et résidant à une heure de transport
maximum du lieu de cours. L’objectif est de les aider
à (re)préparer un bac L (littéraire), ES (économique et
social) ou STG (sciences et technologies de la gestion),
en 1 ou 2 ans et de les accompagner dans leur projet
personnel de formation. Ils suivent des cours dans
toutes les disciplines prévues pour chaque bac, mais
avec des horaires aménagés. Sans être qualifiés de
« micro-lycées », d’autres établissements implantés
dans d’autres académies, notamment, Aix-Marseille,
Caen, Grenoble, Nantes, Paris, Poitiers... peuvent
être considérés comme s’inscrivant dans les buts de
« raccrochage » poursuivis par les « micro-lycées ». Ce
dispositif a déjà fait ses preuves : celui de Sénart, un des
quatre micro-lycées que compte déjà la Région Île-de-
France, a obtenu en 2013 un taux de réussite au bac de
60 %. Celui de la Courneuve atteignait déjà les 78 % en
2011 : des scores plus qu’honorables compte tenu du
2008 2009 2010 2011
1570 1896 1992 2047
884 943 1243 1408
56 % 50 % 62 % 69 %
profil des élèves. Cette solution nous agrée car elle est
incluse dans les établissements scolaires classiques et
de fait, marginalise moins les jeunes y ayant recours, et
de plus, elle peut participer à la mixité sociale dans les
établissements scolaires. Il y a matière à créer autant de
micros lycées que de demande.
Comparatif des trois plus grosses structures
Il est important de comparer ces trois premières
structures pour bien en saisir l’apport dans une politique
de seconde chance.
En effet, nous remarquons que les micro lycées recrutent
à 50 % par les médias ou le bouche à oreille. Cela confirme
la valorisation de cette solution par les jeunes eux-mêmes,
le retour à l’école ne leur fait pas peur. Par ailleurs, les
80 % de réussite au baccalauréat sur les élèves présentés
(65 % des élèves inscrits) est une réussite en soit, que l’on
ne peut comparer aux 80 % des EPIDE puisqu’en réalité,
ils ne seront que 45 % des entrants à trouver une sortie
positive du dispositif. De surcroît, ce rapport daté de mars
2014, confirme nos hypothèses, le nombre de places
disponibles pour les jeunes décrochés est largement
inférieur aux besoins réels.
2. La seconde chance : d’autres dispositifs
2.1 Les collèges lycées élitaires pour tous (CLEPT)
Le CLEPT, structure de l’Éducation nationale, mène une
expérience innovante, depuis l’an 2000 à Grenoble. Cet
établissement accueille des jeunes volontaires de 15 à
23 ans, décrochés et/ou décrocheurs du collège ou de
tout type de lycée, ayant quitté le système scolaire depuis
plus de 6 mois, en vue d’une remise à niveau de fin de
collège ou d’une entrée en lycée. « L’objectif prioritaire
est de les réinscrire dans un processus d’apprentissage
et de les réconcilier avec une trajectoire scolaire
d’enseignement général qui pourrait les conduire
jusqu’à un baccalauréat » général littéraire, scientifique,
économique et social.
1/ À l’entrée du dispositif, les jeunes sont accueillis dans
un module de raccrochage ;
2/ Dans un deuxième temps, ils réintègrent un cursus
généraliste en fonction de leurs profils et acquis ;
3/ En parallèle, une alternance culturelle et éducative
leur est proposée. Il s’agit de temps d’apprentissage
dans des champs moins classiques, au sein d’ateliers
co-animés par des professionnels et des enseignants.
Lieux de détour pédagogique, ils sont aussi ceux d’une
véritable éducation à la citoyenneté.
Nous pourrions faire un parallèle avec les ateliers ou
classes relais du collège, mis à part que nous sommes
4
 sur un temps long, bien mieux adapté au raccrochage
scolaire après une rupture « consommée » ou en phase
de l’être. C’est une expérience qui mérite une évaluation
fine des résultats mais également des moyens humains
et financiers engendrés par un tel dispositif.
2.2 Les lycées de la nouvelle chance
Il existe plusieurs lycées de la nouvelle chance en
France. Ce sont des projets locaux tentant de répondre
aux besoins spécifiques des territoires d’implantation.
Celui de Villeurbanne accueille des jeunes entre 18 et
25 ans, ayant quitté le système éducatif scolaire depuis
au moins un an, et cela dans l’objectif de les aider à
construire leur projet professionnel en préparant un
bac professionnel en 2 ans. Celui de Versailles accueille
des jeunes entre 16 et 25 ans désirant reprendre une
scolarité en vue de passer un bac général (L ou ES) ou
technique (STMG). Ses méthodes et objectifs rejoignent
ceux du CLEPT de Grenoble.
2.3 Les lycées expérimentaux
Quatre lycées expérimentaux (CLE Hérouville, CEPMO
Oléron, lycées autogérés de Paris et Saint-Nazaire)
ont été créés en 1982 dans l’objectif de proposer une
formation répondant aux exigences du baccalauréat
général littéraire, scientifique, économique et social.
Les équipes pédagogiques proposent des méthodes
d’enseignement différentes à des jeunes de plus de
15 ans motivés et volontaires. Ils ont parfois quitté
le système éducatif depuis longtemps, rencontrent
des difficultés particulières ou viennent de la filière
professionnelle et ont besoin d’un appui spécifique.
2.4 Les LMA (lycée municipal d’adultes)
Les LMA s’adressent en priorité aux personnes salariées
de plus de 18 ans qui ont interrompu leur parcours
scolaire, parfois depuis de nombreuses années, et qui
3 « Le fil d’Ariane » va-t-il résister aux turbulences européennes ?
© D.R.
souhaitent passer leur baccalauréat général littéraire,
scientifique, économique et social. Les cours obligatoires
ont lieu le soir et le samedi matin hors temps de travail.
2.5 Les MFR (Maisons familiales et rurales)
Les MFR accueillent majoritairement en internat − dans
un cadre éducatif − des jeunes qui souhaitent passer un
diplôme professionnel de l’enseignement agricole de
la 4e à la licence pro. Elles favorisent l’insertion sociale
et professionnelle par le biais de l’alternance et de
l’apprentissage à la citoyenneté.
Une multitude d’offre pour quelle efficacité ?
En conclusion de cette rapide présentation, ces
quelques dispositifs forment une palette d’offre de
deuxième chance pour les jeunes en déshérence, mais
ne constituent pas aujourd’hui un élément suffisant de
réponse aux problèmes des jeunes constituant le « flux »
des décrochés, et encore moins à ceux constituant le
« stock » des « invisibles ». En effet, les places disponibles
ne sont pas suffisamment nombreuses et les territoires
ne sont pas maillés en regard des besoins réels de cette
population spécifique. Mais l’inconvénient majeur réside
dans l’obligation pour les jeunes de rentrer dans des cases
– âge, lieu d’habitation, niveau scolaire… – ce qui réduit
d’autant pour chacun l’offre de seconde chance. Et puis,
certes, ces structures sont rendues plus lisibles pour
les jeunes et leur famille par leur promotion sur le site
de l’ONISEP, sous l’onglet unique, « Seconde chance »,
encore faut-il avoir l’idée de le visiter. Néanmoins, si les
entreprises ne jouent pas leur rôle d’accueil des jeunes
en insertion, rien ne sera possible.
–
Claire Bernot-Caboche,
Membre du bureau de la CNE
Docteure ès sciences de l’éducation
L a société ArianeGroup conçoit et commence à
qualifier les éléments du lanceur Ariane 6 pour
entrer dans la grande compétition mondiale en 2020. Le
nouveau lanceur aura alors à faire face à de redoutables
concurrents déjà en lice depuis peu. Le concurrent
d’ArianeGroup le plus menaçant, pratiquant une
politique de prix très agressive se présente comme le
pur produit du libéralisme économique. Il s’agit de Space
X fabricant du lanceur Falcon, sous différentes versions
dont la version Heavy qui vient de mettre en orbite
extraterrestre, sous nos yeux ébahis, une voiture Tesla,
avec un mannequin au volant ! Comment l’Europe, via
l’Agence Spatiale Européenne, qui finance le projet avec
le CNES comme principal contributeur, peut-elle réagir
pour ne pas être victime de cette arrivée en force d’un
compétiteur hors norme ?
5
 L’an dernier la fusée Ariane 5 a mis en orbite 12 satellites
géostationnaires contre 7 pour Space-X et négocié
neuf commandes, contre 8 pour Space X, pour de tels
satellites. ArianeGroup dispose donc actuellement
d’un carnet de commandes de 10 milliards d’Euros.
Son lanceur, Ariane 5, véritable cheval de bataille, est
très fiable et doit terminer sa mission opérationnelle
dans trois ans lorsqu’Ariane 6 arrivera sur le marché.
D’ici là il doit faire face à un effondrement progressif
des lancements des satellites géostationnaires de
télécommunication, alors que les constellations en
orbite basse, qui doivent prendre le relai prennent du
retard dans leur mise en place : il y aura donc un creux
d’activité en 2022, alors qu’une course contre la montre
est engagée entre l’Europe, les États-Unis ainsi que la
Chine et l’Inde. ArianeGroup et sa filiale Arianespace en
charge de la commercialisation des offres ont besoin
de lancer 5 fusées Ariane 6 en 2021 et 8 en 2022, alors
qu’Ariane 5 sera retirée du service.
Ce scenario suppose que les États européens choisissent
ce nouveau lanceur avec un financement associé de
250 millions € pour cette phase transitoire, ce qui n’est
pas encore acquis. Par la suite 5 lancements par an
en provenance des états européens sont nécessaires
pour garantir la viabilité économique de la filière Ariane
6, alors que les chamailleries existent encore sur la
4 La filière nucléaire, un moyen indispensable pour que l’Europe tienne
P our répondre aux engagements qu’elle prit lors
de la réunion de la COP 21 l’Europe doit se donner
les moyens de réduire ses émissions de gaz à effet de
serre. La production d’électricité est donc concernée
par le choix des moyens à mettre en œuvre pour
répondre à ces engagements.
Ignorée par les instances européennes, la filière
nucléaire européenne représentant 800 000 emplois,
pâtit de l’absence de politique industrielle ambitieuse
et d’un cadre de marché incitatif pour les investisseurs.
nécessité d’observer la solidarité européenne dans cette
phase d’utilisation du lanceur Ariane 6 et pour cela de
ne pas faire appel à des concurrents, comme le Falcon
de Space X, même s’il est moins cher à performances
égales.
Ces péripéties illustrent bien les difficultés de la
construction européenne qui a toujours du mal à se
mettre en place et à donner la priorité à ses propres
productions alors que le « Buy American Act » impose
aux organismes institutionnels américains de lancer
leurs satellites sur des lanceurs nationaux.
Nous devons donner à l’Europe spatiale les moyens de
se construire comme l’Europe de l’aéronautique a pu le
faire avec l’impulsion des États. Ceci doit se faire dans la
transparence des coûts, pour que les citoyens européens
ou leurs représentants puissent s’assurer que l’argent
public est bien employé, sans dépenses excessives.... ce
n’est pas la partie la plus facile de l’exercice... en tant
que socialistes, soucieux du bien commun, nous devons
avoir cette exigence et la faire connaître publiquement.
–
Par Yves Beguin,
GSE Espace
© D.R.
De ce fait, le secteur ne dispose pas de la visibilité
suffisante lui permettant d’envisager le renouvellement
de son parc. Exclu des mécanismes d’aides d’État
et des garanties offertes par le Fonds européen pour
les investissements stratégiques (plan Juncker), le
nucléaire européen, libéralisé, n’est pas reconnu
comme un bien public et d’intérêt commun et est
concurrencé par les nucléaires administrés (Russie,
Chine, etc). Dans les prochaines décennies, il risque de
perdre son leadership. La situation n’est cependant pas
irréversible : des solutions existent.
6
Pour répondre à l’impératif climatique et satisfaire à
ses engagements auprès de la COP 21, la Commission
a privilégié unilatéralement les énergies renouvelables,
ce qui a entraîné des effets pervers allant à l’encontre
des objectifs de sécurité et de compétitivité, sans
parler de la lutte contre la précarité énergétique.
En effet, les discriminations positives accordées aux
renouvelables pour favoriser leur développement ont
réduit les capacités d’utilisation gaz et nucléaire. Ce
dernier ne représente plus que 29 % de la production
d’électricité dans le mix européen, et selon les
prévisions de la Commission dans le PINC (programme
indicatif nucléaire), il ne représentera plus que 20 %
en 2050, contre 50 % pour les renouvelables alors
que l’expérience de l’Australie du Sud a largement
démontré   l’impossibilité de maintenir l’équilibre du
système électrique dans de telles conditions.
Par ailleurs, la priorité accordée dans les réseaux aux
sources éolienne et solaire, variables, a provoqué une
volatilité des prix spot au jour le jour, alors que les
investissements nucléaires ont besoin de prix stables pour
inciter aux investissements de long terme dont font partie
les investissements en moyens de production d’électricité.
Ces choix dissuadent donc les investissements dans
le nucléaire, une énergie qui ne pollue pas et n’émet
pas de gaz à effet de serre, lequel apparait de ce fait
indispensable à la réalisation des objectifs climatiques
fixés à la COP21, et cela tant que les moyens de stockage
de l’énergie pour pallier l’intermittence des productions
éolienne et photovoltaïque n’ont pas été mis au point.
Les prix
La qualité des études produites et des débats initiés
par diverses associations dont Sauvons le Climat et
la SFEN ont de plus permis de faire la clarté sur les
coûts. La deuxième génération du nucléaire offre en
effet une électricité avec la meilleure compétitivité-prix.
Celle des renouvelables éolien off-shore et solaire −
bien qu’elle progresse rapidement comme l’a démontré
une étude de Sauvons le Climat − voit sa compétitivité
mise en cause lorsque l’on prend en compte les « coûts
système ». En effet, l’intermittence de ces sources est
énorme (et le solaire trouve sa meilleure extension
potentielle dans la zone intertropicale) : elles ne peuvent
pas répondre seules à la demande et donc se développer
sans l’existence de capacités de production en continu-
nucléaire, et les turbines à gaz et centrales à flamme
(gaz et charbon) comme nous l’avions déjà signalé
à diverses reprises dans le passé. LOCDE démontre
que l’élévation excessive de la part des renouvelables
aurait pour conséquence un déplacement massif de la
demande vers des productions de base comme le gaz et
le charbon. Il est par conséquent urgent de revaloriser
le prix du carbone (aujourd’hui estimée à 5 €) afin de
dissuader la consommation en combustibles fossiles,
et de réformer le marché d’émission des quotas de CO2
établis par l’Union qui s’avère être un échec. Par ailleurs,
qui est souvent oublié, le coût des infrastructures de
réseaux qui amène les flux des renouvelables vers
les consommateurs, et les coûts sociaux dans les
entreprises, liés au changement de leurs modèles
économiques, ou sur les territoires.
DES CLIMATOLOGUES
INTERPELLENT EMMANUEL MACRON
Face à l’urgence climatique et à la nécessité de réduire
massivement les émissions de CO2, des dizaines de
climatologues, des écologistes et des scientifiques de
renom demandent dans une lettre ouverte au président
de la république de soutenir l’ensemble des énergies
propres, dont l’énergie nucléaire.
« Lancé dans les années 70 et 80, le programme nucléaire
français a démontré qu’il était possible de décarboner
la production d’électricité d’un pays industrialisé. Pour
lutter contre le changement climatique et améliorer la
qualité de l’air, la France devra réduire massivement
l’utilisation de combustibles fossiles dans le transport
et le chauffage en utilisant l’ensemble des énergies bas
carbone. L’énergie nucléaire doit jouer un rôle central
dans l’atteinte de cet objectif » expliquent les signataires
dans leur communiqué.
La France a démontré qu’il était possible de décarboner
la production d’électricité.
Dans leur lettre ouverte, disponible sur en anglais sur
le site d’Environmental Progress et en français sur celui
de Sauvons le Climat, les scientifiques préviennent que
« toute réduction de la production nucléaire en France
aura pour effet d’augmenter la production d’électricité
par des combustibles fossiles, donc la pollution, au vu
des faibles facteurs de charge et de l’intermittence du
solaire et de l’éolien ».
Comme nous l’avons fait dans deux précédentes
publications les écologistes pointent les limites de la
transition énergétique allemande : « Les émissions de
CO2 de l’Allemagne n’ont pratiquement pas changé
depuis 2009 et ont, en fait, augmenté tant en 2015 qu’en
2016, à cause des fermetures de centrales nucléaires.
En dépit d’une augmentation de la puissance installée
solaire de 4 %, et de celle de l’éolien de 11 %, la production
de ces deux sources a baissé de 3 et 2 % respectivement
du fait qu’il y a eu moins de soleil et de vent en 2016 qu’en
2015. Et là où la France a une électricité parmi les moins
chères et les plus propres d’Europe, celle de l’Allemagne
est une des plus chères et plus sales. L’Allemagne a
dépensé près de 24 milliards € de plus que le prix de
marché en 2016 pour ses seuls prix garantis d’achat
des renouvelables mais ses émissions ont stagné. Il est
à prévoir que l’Allemagne n’atteindra pas ses objectifs
de réduction d’émissions de 2020, et de loin. Malgré
des investissements énormes dans les renouvelables,
seulement 46 % de l’électricité allemande sont issus
de sources d’énergie propre, à comparer aux 93 % de la
France ».
Le modèle allemand si souvent avancé par des médias
et des « écologistes » comme un modèle à suivre s’avère
− malgré des efforts importants vers une substitution
du nucléaire par des renouvelables − comme un échec
tant du point de vue de la protection de l’environnement
que du coût pour les consommateurs − à l’exception des
industriels bénéficiaires de conditions particulières − car
il leur en coûte près du double du prix moyen français.
7
 L’intérêt d’inclure le nucléaire
dans le mix énergétique
Pour les signataires de la lettre ouverte au président,
le développement des énergies renouvelables doit
permettre de réduire la part des énergies fossiles : « Les
renouvelables peuvent contribuer à une électrification
plus poussée des transports, celle-ci étant déjà bien
entamée avec le réseau ferré mais pouvant être
poursuivie avec les véhicules individuels ».
À l’inverse, substituer une énergie bas carbone
(nucléaire) par des énergies elles-aussi bas carbone
(renouvelables) aurait un effet nul sur le climat mais
des impacts importants sur le prix de l’électricité :
Quand les décideurs politiques consentiront-ils
5 à écouter les exploitants du système électrique ?
P eut- être le feront ils lorsqu’ils auront compris
que ne pas le faire présente un risque sérieux de
déboucher sur des décisions inappropriées − ce qui déjà
est grave pour leur pays − mais…et à cela ils devraient
(malheureusement…) être bien plus sensibles, à leur
défaite politique, sanctionnés ainsi par leur peuple.
Nous l’avions évoqué dans un précédent texte l’Australie
du Sud constitue un remarquable laboratoire grandeur
réelle d’une expérience de pari − sanctionné par un
cuisant échec – sur une production électrique à 50 %
renouvelables de productions éolienne et photovoltaïque,
étape vers une version à 75 % d’ENR.
Nous l’avons expliqué, le plus simplement possible
à diverses reprises afin d’être compréhensibles par
tous. Les sources intermittentes d’électricité (éolien
et solaire) modifient profondément les systèmes
électriques. Les études prospectives théoriques sont
difficiles et il est absolument essentiel de recourir
à l’observation pour se faire une idée du futur des
systèmes électriques comprenant une part importante
de ces énergies.
Ce qui s’est passé en Australie du Sud justifie la
nécessité de limiter le poids relatif des productions
« renouvelables » pour préserver l’équilibre d’un
système électrique. Pour n’avoir pas respecté cet
équilibre le Gouvernement d’Australie du Sud a exposé
ses concitoyens à des coupures de courant à répétition
dont une totale. Ce n’est sans doute pas la seule raison
mais il vient de payer cette erreur (et d’autres) d’un
échec lors des élections du week-end du 18 mars, lui qui
avait présenté ces élections comme « un référendum
sur sa politique énergétique ».
L’Australie du Sud, petit État moderne de 1,6 millions
d’âmes est un laboratoire inestimable, du fait de son
« Un remplacement du nucléaire par des combustibles
fossiles et des renouvelables nuirait considérablement à
l’économie française de trois façons : augmentation des
prix de l’électricité pour les ménages et l’industrie, la fin
des exportations lucratives d’électricité et − peut-être
le plus important − la destruction de la filière nucléaire
française à l’export. Si le parc nucléaire français est
contraint de fonctionner avec un facteur de charge
réduit, la filière nucléaire française en sera paralysée
par une augmentation de ses coûts et une réduction de
ses revenus ».
–
Par Marc Leygonie,
secrétaire du GSNE EDF/GDF
© D.R.
relatif et actuel isolement. Le Gouvernement travailliste
a mené une politique de développement rapide du solaire
et éolien, qui produisent environ la moitié de l’électricité,
la proportion des ¾ étant visée. Il souhaitait que le petit
secteur électrique local garde une certaine autonomie.
Une de ces idées séduisantes sur le papier ou dans les
discours de dirigeants mais souvent sanctionnées par la
confrontation au réel !
Dans le cas de l’Australie du Sud les conséquences de ce
choix ont été pénalisantes pour la population.
Les factures d’électricité bondirent. Une question anima
la campagne électorale : l’État avait-il l’électricité la
plus chère du monde développé ? Fin 2017, la Banque
Alimentaire locale fit une enquête concernant le bond
des demandes d’aides de nourriture et conclut que
les pauvres se privaient de repas pour payer leur
électricité. Les trois États en tête pour l’importance
du « solaire+éolien », Australie du Sud, Allemagne et
Danemark ont des tarifs proches, les plus élevés du
monde industriel, doubles des prix français.
8
 Durant l’été austral 2016-2017, l’État d’Australie du
Sud connut une demi-douzaine de coupures, dont l’une
concerna tout le territoire.
Devant la perspective des élections de mars 2018, le
Gouvernement mit sur pied un plan d’urgence dont le
coût peut être estimé à un peu plus de 220 euros/habitant
(payés par l’impôt). Un tiers des fonds servit à payer un
gigantesque parc de batteries amené en grande pompe
par Elon Musk, le patron médiatique de Tesla. La plus
grande partie de l’argent alla à un parc de centrales à
gaz dont le Gouvernement d’Australie du Sud se réserva
l’utilisation en cas de risque de coupures.
L’été austral 2017-2018 se passa mieux. Néanmoins, des
alertes aux coupures furent lancées et certaines, limitées,
eurent lieu : quatre par exemple dans la soirée du 18
janvier dans l’agglomération de la capitale, Adélaïde2.
Un incident fit la une de la presse durant la campagne
électorale. Dans ce contexte, les groupes électrogènes
de secours des hôpitaux doivent fonctionner. Or lors
d’un essai dans le plus grand établissement de l’État, le 7
février, quarante salles d’opération se retrouvèrent dans
le noir durant vingt minutes. Il n’y eut pas mort d’homme
grâce au sang- froid du personnel médical. L’Association
des Médecins d’Australie rappela sèchement au
Gouvernement local la nécessité d’une alimentation en
électricité fiable !
« C’est ce qu’a promis le Parti Libéral désormais
au pouvoir. Les électeurs n’ont pas voté contre les
6 ASSASSINONS LES POPULATIONS MAIS PROPREMENT S’IL VOUS PLAÎT …
L orsque l’actualité de la défense est riche en
événements, c’est hélas rarement de bon augure. Et
cette fois n’échappe malheureusement pas à la règle.
Je ne peux commencer cet article sans rendre un
hommage des plus respectueux à Arnaud BELTRAME,
Officier supérieur de Gendarmerie, lequel a
héroïquement sacrifié sa vie lors de l’attaque terroriste
le 23 mars dernier au magasin Super U de Trèbes.
Hommage national, hommage unanime de toutes les
instances, de toute la nation, personne n’oubliera le
geste du Colonel BELTRAME.
Cependant, on a trop vu la population applaudir les
forces de l’ordre pour leur action lors des dramatiques
attentats de 2015 pour presque oublier oserais-je dire
quelques mois après et retomber dans leur habituel état
d’esprit de conflit, parfois de haîne envers policiers et
gendarmes. Force est de constater que l’hommage que
l’on rend aujourd’hui au Colonel Arnaud BELTRAME
a un goût amer de déjà vu, aujourd’hui un héros, d’ici
quelques temps un anonyme. Je ne dis pas qu’il faille
énergies renouvelables. Ils veulent des factures qui
n’envoient pas les pauvres gens à la Banque Alimentaire
Ils souhaitent que leurs hôpitaux aient une alimentation
en électricité garantie. Les centrales nucléaires ont des
générateurs de secours foisonnants et soumis à des
réglementations draconiennes. Etendre ces contraintes
aux établissements de soins, très nombreux, serait un
autre problème. L’exemple australien montre qu’une
alimentation importante en électricité intermittente
pose ce problème. »
(Lettre Géopoilitique de l’Électricité ,Brève d’actualité du
2 mars 2018)
CONCLUSION
Quand nos dirigeants accepteront − ils d’ouvrir enfin les
yeux, de voir les réalités au lieu de cultiver des rêves
voués à l’échec ? Nous le redisons ici pour répondre à
ceux qui « gentiment » nous traitent d’irresponsables
voués au service d’un hypothétique « Lobby Nucléaire » :
nous n’avons comme objectif que le seul intérêt général.
Écoutez s’il vous plaît ceux qui savent, profitez des
éléments qu’ils vous apportent pour fonder librement,
en pleine connaissance de cause et en conscience, vos
opinions et élaborer des politiques pertinentes.
–
Par Marc Leygonie
Citoyen et militant secrétaire du GSNE EDF,
membre du bureau de la CNE
ressasser ces événements en permanence, les français
aimeraient oublier ou du moins que tout cela cesse mais
bon....
Cultiver le devoir de mémoire s’avère plus que jamais
nécessaire et également, il faudrait une véritable
prise de conscience de la population et des pouvoirs
politiques...Au risque de choquer, nous ne traversons
pas une simple crise mais avons une véritable guerre à
livrer. Je citerais le Général Pierre DE VILLIERS, ex-Chef
d’État-major des armées, lequel, a récemment affirmé
lors d’une conférence à laquelle j’ai assisté que nous
sommes bel et bien en guerre. Et si celle-ci n’est pas
officiellement déclarée, elle n’en est pas moins réelle.
Mais chut…N’en parlons pas. En politique on n’aime pas
choquer. On laisse ce soin à certains médias. La guerre
justement parlons-en…
Dans la nuit du 13 au 14 avril dernier, vers 03h00
du matin, des frappes aériennes visant des dépôts
d’armes chimiques ont été menées conjointement par
les États-Unis, la France et le Royaume Uni en Syrie.
9
 Ces bombardements seraient la sanction aux attaques
chimiques du pouvoir syrien dirigé par Bachar Al Assad
envers la population, et, le moyen d’empêcher que de
telles attaques ne se reproduisent. Quand cesserons-
nous d’être hypocrites. Bachar Al Assad massacre ses
populations depuis des années et ce, dans l’impunité
la plus totale. Est-ce dire qu’aujourd’hui il a franchi la
ligne jaune en ayant recours aux armes chimiques ? Est-
ce dire qu’il existe une manière politiquement correcte
d’exterminer les populations ?
7 Chômage et santé
© D.R.
Tout pour les contrôles,
rien pour la santé !
C inq millions de chômeurs en France, 27 millions en
Europe : le chômage est lourd de conséquences.
L’inactivité forcée constitue un risque pour la santé et
la vie de chaque chômeur, elle est toujours une épreuve
pour l’entourage. L’espérance de vie moyenne des
chômeurs est réduite d’un an par rapport à celle des
travailleurs qui n’ont pas connu de période sans emploi.
La surmortalité liée au chômage provoque plus de 15 000
morts chaque année en France, la mortalité par suicide
est plus élevée et le risque de passage à l’acte suicidaire
est multiplié par trois.
Tous les chômeurs ne connaissent pas une période de
dépression, le plus grand nombre d’entre eux traversent
cette période sans troubles de santé et savent rebondir.
Les capacités personnelles, la qualité de l’entourage
familial et social, l’accompagnement psychologique
parfois nécessaire constituent les éléments clés de
leur résilience. En leur absence, c’est la spirale de la
dévalorisation, avec son cortège de réactions addictives,
dépressives, parfois même jusqu’au désespoir. Les
mesures économiques et financières destinées à
favoriser l’emploi et à diminuer le nombre de chômeurs
constituent la vraie réponse.
Alors Monsieur Al Assad, je vous en prie… Assassinons
les populations, mais proprement s’il vous plaît…
–
Par Arnaud DELCOURTE
Membre de la CNE
Secrétaire GSEN Sécurité Défense Nationale
Pourquoi les pouvoirs publics ont-ils tant de difficultés
à reconnaître qu’un chômeur en mauvaise santé a plus
de difficultés à retrouver le chemin de l’emploi ? L’heure
n’est plus à dénoncer cette situation intolérable, elle est
à décider des mesures à prendre.
Détresse individuelle
et passivité collective
Le moment de la perte de l’emploi – suite à un
licenciement individuel, à un plan social, à un dépôt
de bilan pour l’artisan ou le commerçant ou suite à la
fermeture de l’exploitation pour l’agriculteur – provoque
un véritable choc psycho-traumatique générateur de
troubles de la santé parfois majeurs.
Comment comprendre que ces millions de Français
sans emploi ne se mobilisent pas, ne se révoltent pas et
qu’ils restent à ce point absents des médias ? Comment
expliquer qu’un « lobby des chômeurs » n’ait jamais pu
émerger ? La raison est presque ontologique : comment
une partie de la population dont toute l’énergie est
mobilisée par le seul souhait de retrouver du travail
pourrait-elle s’investir pour défendre une situation
et un statut dont elle souhaite se débarrasser au plus
vite ? Cinq millions d’individus au chômage, ce sont cinq
millions d’histoires et de trajectoires singulières, de
situations disparates, de vécus différents : cela ne fait
pas un groupe social capable de peser directement sur
les choix politiques et sociaux.
Bien plus, les chômeurs bénéficient de la couverture
assurance maladie, ils ont comme tous les salariés
accès aux soins ambulatoires et hospitaliers, qu’ils
soient médicaux, chirurgicaux, ou psychiatriques.
C’est pourquoi il est souvent admis que leur santé est
normalement prise en compte, ce que démentent
pourtant toutes les statistiques sanitaires.
La médecine du travail existe (elle est en péril !) mais,
paradoxalement, elle s’arrête au moment même où
le travailleur perd son emploi et devient sur le plan
psychologique et relationnel, non pas fragile, mais
fragilisé. Il faut constituer la médecine préventive des
10
chômeurs afin d’évaluer pour chacun d’entre eux l’état de
santé au moment de la perte de l’emploi et l’importance
du choc traumatique subi, de façon à mettre en place, si
nécessaire, un accompagnement médical, psychologique
et social.
À travers un tel dispositif, un message sera adressé à
l’ensemble des chômeurs : votre santé, c’est-à-dire votre
bien-être, intéresse la société tout entière. Vous n’êtes
plus doublement abandonnés, d’abord par le travail,
ensuite par la santé publique.
La réponse consiste aussi à repenser la place du travail
dans le parcours de vie, de façon à ce que la perte d’emploi
ne soit plus vécue comme un point de non retour, mais
plus sereinement comme un moment particulier de sa
propre histoire, comme le rendra possible le contrat
social universel.
–
Michel Debout
(extrait de la note « Travail et Santé »
publiée par la Fondation Jean-Jaurès)

BRèVES 8
© Mathieu Delmestre

> SNCF
Du 14 au 21 mai, l’intersyndicale organise un référendum interne appelé une « vote-action » auprès
des 150 000 cheminots sur la question :
Êtes-vous pour ou contre le pacte ferroviaire porté par le gouvernement ?

La CFDT Cheminots a annoncé son intention d’assigner en justice la SNCF. Le syndicat reproche à
l’entreprise ferroviaire de ne pas payer les jours de repos pour dissuader les salariés de faire grève.
Cette procédure d’urgence sera lancée le mercredi 25 ou jeudi 26 avril devant le tribunal de grande
instance de Bobigny. Le secrétaire général ajdoint du syndicat, Rémi Aufrère-Privel précise que
cette procédure porte sur le paiement des jours de repos.

> Air France

4 mai 2018, résultat du référendum : Sur les 46 771 salariés d’Air France, la participation a été
de 80,33 %. Le Non l’emporte avec 55,44 % des suffrages exprimés. Comme annoncé en cas de rejet
de l’accord salarial proposé par la direction, le président Janaillac indique qu’il va démissionner
dans les jours à venir.

> BPI France

Activité 2017 : 14,4 Mds € de financements directs, 80 000 entreprises accompagnées, 8,9 Mds € de
prêts bancaires garantis. Renforcement de l’assurance export.

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> Automobile
Le constructeur automobile PSA a publié ce mardi un chiffre d’affaires en hausse de 42,1 %
à 18,2 milliards d’euros pour le premier trimestre, dopé par l’intégration d’Opel Vauxhall. Mais
même sans cette opération (le rachat de Vauxhall a été bouclé l’été dernier), le chiffre d’affaires
de la division automobile, avec les trois marques Peugeot, Citroën et DS, affiche une solide
progression de 13,3 %, à 10,2 milliards d’euros.

> France- Loisirs

Restructuration : Le Pdg assume et s’explique « Ce que je fais là aurait dû être fait depuis 10 ans » ;
D’où suppression de 480 emplois sur 1 800. Voilà clairement un problème évident de gouvernance :
Une évolution trop tardive, une mise en discussion des difficultés absente, une formation
professionnelle faible ou inadaptée pour évoluer et se redéployer.
Et le personnel qui paie les pots cassés.

> Brexit
Les Lords ont voté pour que la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne soit
conservée dans la loi britannique ; un nouveau revers pour le gouvernement britannique après
celui sur l’union douanière.

OURS
LETTRE du SECTEUR ENTREPRISES LSE – Avril 2018 – CNE
▶ Comité de rédaction : les membres du bureau de la CNE.

NOUS CONTACTER VIA LE SIÈGE DU PARTI

Vous adresser à Pascal Jailloux
Téléphone 01 45 56 75 16 ou E-Mail : pascal.jailloux@parti-socialiste.fr

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