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A P I C U LT U R E
L
a ruche connectée se démocratise. jusqu’à introduire un capteur à l’intérieur souvent des produits à plus de 300 €, mais
En Europe, une vingtaine d’acteurs de la ruche pour en prendre le pouls. quand l’achat d’un essaim s’élève à 160 €,
(Capaz, Hostabee, Label Abeille, ce n’est pas justifié. L’essentiel, c’est, derrière,
Beezbee, Connected Beekeeping, Une surveillance rapprochée de bien maîtriser la gestion de l’élevage, les
Beeguard, Honey Instruments, La start-up Hostabee a imaginé un boîtier techniques de reproduction, le croisement
Beebox World, Optibee, Citizen de quelques centimètres carrés, conçu à d’espèces si nécessaire, etc. »
Bee, Mine Not, Smart Hive, etc.) mettent partir de plastique alimentaire, que l’on
sur le marché des dispositifs plus ou glisse à l’intérieur de la ruche pour en Réduire les coûts d’acquisition
moins sophistiqués. À défaut de vérita- mesurer la température et l’hygrométrie. Chez Label Abeille, l’approche est radica-
blement lutter contre le déclin des « Nous étions au départ partis sur le prin- lement différente. « Aller à l’intérieur des
abeilles, ils proposent aux apiculteurs cipe de la balance, et puis, on s’est dit qu’on ruches n’apporte pas grand-chose », estime
des outils d’aides à la décision et amé- pouvait le faire autrement. Notre approche, Laurent Laurentin, fondateur de l’entre-
liorent aussi les conditions de travail c’est d’alerter et d’équiper l’apiculteur à un prise apicole créé en 2015. « Ce qui nous
quand la surveillance de ruchers peut coût abordable », explique Maxime Mularz, intéresse, c’est l’environnement. » Le sys-
contraindre à parcourir plusieurs di- fondateur de Hostabee, qui a accouché tème repose sur une balance placée sous
zaines de kilomètres en plaine ou en d’une solution à 86 € HT (avec en plus chaque ruche hyperconnectée, géoloca-
montagne. « La mesure du poids des ruches l’abonnement téléphonique de 3 €/mois lisée, non intrusive, fournissant en temps
à distance représente un vrai intérêt pour la seconde année). Les informations, réel les données météo, l’orientation de
le suivi des périodes de miellées. Et, d’un transmises toutes les heures, sont croi- la ruche, la pression atmosphérique, la
point de vue médical, en période hivernale, sées avec les données météo, et mises à luminosité, le sens et la vitesse du vent,
ça permet de veiller à l’affaiblissement des disposition sur une plateforme web. etc. L’analyse de toutes ces données per-
ruchers et d’éviter les risques de famine », « Pour l’instant, ça permet de voir si la ruche met de fournir des recommandations aux
indique Christophe Roy, apiculteur et est en vie ou non et si la reine pond ou non », apiculteurs, à travers « une solution clé en
vétérinaire dans le Cantal. Si pour la plu- observe Jean-François Villaire, apiculteur main dotée d’une interface simplifiée et pré-
part des 1 700 apiculteurs profession- à Chavignon dans l’Aisne, à la tête du dictive », que le concepteur voudrait cer-
nels, l’outil indispensable demeure la ba- complexe apicole Les Ateliers de l’abeille. tifier avec un laboratoire indépendant
lance, l’arrivée de nouvelles générations « Nous sommes apiculteurs depuis quatre pour satisfaire aux exigences du marché
d’apiculteurs, le déclin des abeilles et générations. Or, même avec de l’expérience, du développement durable. Le coût du
l’introduction du numérique dans la so- on est parfois démuni. La technologie nous dispositif atteint 640 € HT avec un forfait
ciété amènent à de nouvelles pratiques, permet d’anticiper les problèmes et d’aller téléphonique par rucher. Là encore,
© HOSTABEE
Le boîtier d’Hostabee se glisse à l’intérieur de la ruche pour en mesurer la température et l’hygrométrie. Les informations, transmises toutes les heures,
sont croisées avec les données météo, et mises à disposition sur une plateforme web.
l’équipement d’une partie des ruches suf- précision. » Un sentiment partagé par Axel
firait à avoir une vision globale de l’état Decourtye, directeur scientifique de l’Itsap1
de santé des colonies. « Le gros avantage, et Cédric Alaux, chargé de recherche à
c’est que l’on intervient plus vite sur place l’Inra2 (unité de recherche 406 abeilles et
en cas de soucis. Alors que si un problème environnement), à Avignon. « On obtient
survient au lendemain d’une tournée de sept des données certes, mais les mesures sont sou-
jours, je n’y retourne que huit jours plus tard vent difficilement interprétables, et rarement
et les dégâts peuvent être conséquents », reliées à des données biologiques. Ce qui em-
souligne Florent Maugeais, à la tête des pêche toute détection précoce. Or, c’est juste-
Ruchers de Normandie avec 800 ruches. ment que ce que l’on cherche. Et on n’en est
Un temps engagé avec une start-up qui vraiment pas là », s’accordent-ils. C’est
travaillait sur un concept de ruche d’ailleurs l’un des projets du groupement
© LABEL ABEILLE