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Publications de l'École française

de Rome

L'aerarium saturni et l'aerarium militare. Administration et


prosopographie sénatoriale
Mireille Corbier

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Corbier Mireille. L'aerarium saturni et l'aerarium militare. Administration et prosopographie sénatoriale. Rome : École
Française de Rome, 1974. pp. 3-792. (Publications de l'École française de Rome, 24)

http://www.persee.fr/doc/efr_0000-0000_1974_ths_24_1

Document généré le 16/10/2015


COLLECTION DE L'ÉCOLE FRANÇAISE DE ROME
24

MIREILLE CORBIER

VAERARIUM SATURNI

ET

VAERARIUM MILITARE

ADMINISTRATION ET PROSOPOGRAPHIE

SÉNATORIALE

Ouvrage publié avec le concours


du Centre National de la Recherche Scientifique

ÉCOLE FEANÇAISE DE ROME


PALAIS FARNESE, ROME
1974
Diffusion en France : Diffusion en Italie :
Diffusion de Boccabd « L'Ebma » di Bbetschneideb
11 Rue de Médicis Via Cassiodobo, 19
75006 PARIS 00193 ROMA

TIPOGBAFIA SANPIODECIMO, VIA DEGLI ETBUSCHI, 7-9 - 00185 BOMA


A Isabelle
INTRODUCTION

Depuis plusieurs décennies, les recherches en histoire romaine font


une large place à la méthode prosopographique. Un numéro des Annales,
paru en 1970, lui est en partie consacré: 01. Mcolet dresse un bilan
des études prosopographiques pour l'époque républicaine, A. Chastagnol
pour le Bas-Empire. Pour le Haut-Empire, un état de la question, établi
par H.-G. Pflaum, est publié dans les Mélanges Vogt.
Cette étude concerne les personnages qui, sous l'Empire, ont
administré la caisse du sénat, Vaerarium Saturni, ou la caisse de retraite des
vétérans, Vaerarium militare', le fait que quelques individus — Pline le
Jeune est du nombre — aient géré successivement les deux trésors impose
une recherche conjointe. La direction de ces deux services financiers a
toujours été confiée à des sénateurs.
Divers travaux prosopographiques ont déjà été élaborés sur des
fonctionnaires sénatoriaux qui ont occupé le même poste dans
l'administration impériale. Cette étude voudrait prendre place dans la même
lignée. Elle concerne des sénateurs romains; elle est donc tributaire des
instruments de travail où sont recensés les personnages connus: la Reàl-
Eneyclopädie, les deux éditions de la Prosopographia Imperii Romani
pour les trois premiers siècles de notre ère, le premier volume de The
prosopography of the later Roman Empire pour les années 260 à 395 ap.
J.-C; elle doit aussi beaucoup aux ouvrages spéciaux qui s'efforcent de
reconstituer le sénat romain règne par règne: je pense notamment à ceux
de S. J. De Laet, W. Eck, P. Lambrechts et G. Barbieri; elle se réfère
également aux nombreux Fasti consulaires ou provinciaux établis sur
le modèle des anciens fastes des magistrats romains, à la suite des
travaux pionniers de E. Groag, A. Stein et B. Syme. Les études
prosopographiques forment une partie importante de la bibliographie.
INTRODUCTION

Les fastes

La première étape de la recherche fut de dresser une liste aussi


complète que possible des sénateurs qui ont assumé la gestion de l'un ou
l'autre aerarium. Il n'était paru aucun recensement des titulaires de ces
fonctions depuis les listes dressées par E. De Buggiero pour le Dizionario
epigrafico. Chacun des grands dictionnaires de l'Antiquité comprend en
effet un article aerarium. Les études très vieillies de E. Guillaume et
G. Humbert, pour le premier volume du Dictionnaire des Antiquités
grecques et romaines de Ch. Daremberg et E. Saglio, publié en 1877, n'é-
numèrent pas les administrateurs des deux trésors. Dans le premier tome
de la Beal-Encyclopädie, édité en 1893, J. W. Kubitschek précise qu'il
laisse ce soin à E. De Euggiero. Les listes de ce dernier, présentées dans
l'ordre alphabétique, figurent dans le premier volume du Dizionario
epigrafico; au moment de leur publication, en 1895, il y manquait seulement
un praefectus aerarii mentionné au Digeste. Depuis cette époque, des
documents nouveaux ont révélé des responsables de l'une ou l'autre
administration financière. Ils sont indiqués pour la plupart par W. Ensslin,
dans les quatre colonnes réservées aux préfets du trésor de Saturne et
aux préfets du trésor militaire, sous la rubrique praefectus, dans le
volume XXII de la Eeal-JEncyclopädie, imprimé en 1954; la notice, centrée
sur l'évolution des deux administrations, ne comporte pas de liste; elle
a largement inspiré un article de M. Fortina sur les praefecti aerarii
Saturni, paru en 1961, qui n'énumère pas les préfets. Depuis la rédaction
de cette brève synthèse par W. Ensslin, de nouvelles inscriptions ont
été découvertes.
Le recensement effectué, seule l'étude chronologique du cursus de
chaque sénateur m'a permis de proposer une date pour la gestion du
trésor concerné et de présenter par conséquent les fastes des responsables
de Vaerarium Saturni et de Vaerarium militare sous l'Empire.
Une liste des praefecti aerarii militaris a été publiée par H. G. Kolbe
dans la revue CMron après la soutenance de ma thèse.

Les limites chronologiques de l'étude

Le point de départ d'une recherche sur Vaerarium militare est


naturellement l'année 6 ap. J.-C. qui vit la création par Auguste de cette
INTRODUCTION 9

caisse, destinée à pourvoir à l'établissement des vétérans. Ses


administrateurs qui portent dès l'origine le titre de praefecti aerarli militaris
sont des sénateurs de rang prétorien.
Sous la Eépublique, le temple de Saturne abritait déjà le trésor du
peuple romain dont la gestion était confiée aux deux questeurs urbains
sous la responsabilité du sénat. Ces magistrats n'entrent pas dans le cadre
de mon étude qui commence en principe en 28 av. J.-C, à l'époque où le
futur Auguste enleva aux questeurs urbains l'administration du trésor.
En fait, le premier personnage dont j'ai retenu le nom, M. Cusinius, prae-
fectus aerarlo, n'est pas un contemporain d'Auguste, comme on le pensait
généralement; il a été chargé du trésor en 45 av. J.-C. Une réforme
provisoire du service financier doit être effectivement attribuée à César; mais
la rupture décisive avec le système républicain revient à son fils adoptif.
Plusieurs formules furent essayées au cours du premier siècle de l'Empire;
aussi trouvons-nous successivement à la tête de la caisse sénatoriale des
praefecti et des praetores aerarti, puis des quaestor es aerarti Saturni, enfin,
pendant trois siècles, des praefecti aerarti Saturni, anciens préteurs.
J'étudie les administrateurs des deux services jusqu'à leur
disparition: le dernier préfet du trésor militaire connu remplit sa charge dans
le deuxième quart du IIIe siècle. En revanche, des préfets du trésor de
Saturne se rencontrent encore au milieu du IVe siècle, sous le règne de
Constance II; la caisse qu'ils gèrent est toujours sous la responsabilité
du sénat, même s'il y a lieu de s'interroger sur son importance.

Les notices individuelles

La première partie juxtapose les notices individuelles; elles sont


présentées dans l'ordre chronologique et numérotées en chiffres arabes, de
1 à 74, pour la caisse du sénat et en chiffres romains, de I à XXXVII,
pour la caisse des vétérans. Il convient d'ajouter un sénateur qui a
administré l'un ou l'autre trésor sans que je puisse préciser lequel: il figure
sous le n° 112. Deux personnages qui, à mon avis, doivent être exclus
des listes de responsables du trésor portent le n° 113 et le n° 114.
Pour chaque notice biographique, j'ai tenté de réunir les documents
qui fournissent des renseignements sur le sénateur. Les témoignages
littéraires sont précieux: les historiens anciens, Tacite, Suétone, Dion Cas-
sius, les auteurs de l'Histoire Auguste, sont souvent cités; mais les épi-
grammes de Martial, les correspondances de Pline le Jeune et de Fronton,
10 INTRODUCTION

les discours d'Aelius Aristide et l'œuvre de Lucien offrent aussi des


précisions utiles. Les documents juridiques et administratifs ont leur
importance; le Digeste — je l'ai déjà noté — donne le nom d'un préfet du trésor
de Saturne; mais il apporte aussi des renseignements sur l'activité des
préfets. Si les papyrus offrent une contribution plus que modeste, les
monnaies des cités d'Asie mineure indiquent parfois la date des
gouvernements provinciaux dans cette région. La majeure partie de la
documentation concernant les sénateurs provient cependant des innombrables
inscriptions, latines et grecques, retrouvées dans toutes les parties de
l'Empire. Aussi l'épigraphie est-elle essentielle pour ces recherches proso-
pographiques. Le texte des inscriptions est dans la mesure du possible
restitué et développé; j'examine aussi quelques fragments dont
l'interprétation est difficile. A l'exception de deux d'entre eux, ces documents
ont été publiés; dans un certain nombre de cas, je n'ai pas adopté les
propositions des premiers éditeurs; je ne reproduis pas leurs restitutions,
mais je m'efforce toujours de justifier celles que j'ai retenues.
Le commentaire étudie les sources ainsi rassemblées. Il essaie de
déterminer, pour chaque individu, son origine géographique et le milieu
social dont il est issu, les étapes de son avancement et la chronologie
de sa carrière, les compétences que révèlent les postes occupés, sa
position sociale dans le milieu sénatorial, ses relations avec les princes qu'il
a eu l'occasion de servir successivement. L'étude des parents et des amis
du personnage m'intéresse seulement par la place que lui confèrent ces
liens dans sa classe sociale. En conclusion, je m'efforce de dégager la
signification de la gestion du trésor dans le cursus, les motifs qui peuvent
expliquer une nomination à ce poste et le rang du personnage dans la
hiérarchie sénatoriale.
L'importance et la nature de la documentation dont je dispose
varient selon les individus, mais aussi selon les époques; aussi n'est-il pas
toujours possible d'apporter une réponse satisfaisante à toutes les
questions que nous nous posons.

L'ÉTUDE SOCIALE

La deuxième partie est réservée à l'étude sociale. Par une mise en


série, elle tente de dégager des points communs et éventuellement des
différences entre les personnages qui ont dirigé le même service. Elle se
présente sous forme de tableaux récapitulatifs suivis de leur commentaire.
INTRODUCTION 11

Ces tableaux, qui rassemblent les conclusions établies pour chaque


individu, se distinguent par des numéros auxquels je renvoie parfois le lecteur.
Il en existe deux séries, l'une pour Vaerarium Saturni, l'autre pour Vaera-
rium militare.
— Les variations de la titulature selon les périodes occupent le
tableau I.
— Le tableau II présente à la fois l'origine géographique et
l'ascendance des sénateurs; les deux éléments, souvent liés, méritent une étude
commune.
— L'avancement de ces sénateurs constitue la troisième rubrique;
les cursus sont analysés par l'intermédiaire de plusieurs tableaux. Au
premier siècle de l'Empire, des préteurs et des questeurs ont géré
Vaerarium Saturni; j'ai prévu, pour la carrière de ces personnages, une étude
distincte: le tableau III, A examine leur avancement avant
l'administration du trésor; le tableau III, B les postes qu'ils ont occupés après.
Les préfets du trésor de Saturne qui leur ont succédé sont tous d'anciens
préteurs comme les préfets du trésor militaire. Aussi faut-il distinguer
trois étapes dans l'ascension des préfets: la carrière avant la preture (ce
sont les tableaux 111,1); la carrière prétorienne (ce sont les tableaux 111,2);
la carrière consulaire enfin (ce sont les tableaux 111,3). La gestion
successive des magistratures les élève en dignité.
Mais la carrière sénatoriale s'est diversifiée sous l'Empire. Il existe
d'abord deux voies d'accès au sénat, donc aux offices réservés aux
sénateurs: d'une part le cursus honorum traditionnel qui passe par la gestion
de la questure, d'autre part Vadlectio impériale. Avant la filière
traditionnelle, s'est introduite l'habitude d'assumer des fonctions
préparatoires; elles précèdent par conséquent la questure qui, jusqu'aux réformes
de Constantin, donne accès au sénat. Deux tableaux présentent
respectivement les postes occupés avant la questure (III,l,a) et depuis la questure
jusqu'à la preture (III,l,b); c'est sur ce dernier que figurent les
éventuelles entrées au sénat par adlectio.
Pour déterminer la place de l'administration de l'un ou l'autre trésor
dans la carrière prétorienne, deux tableaux indiquent, l'un l'avancement
depuis l'exercice de la preture ou Vadlectio inter praetorios jusqu'à la
gestion du trésor (III,2,a), l'autre les étapes vers le consulat après
l'administration financière (III,2,b).
— Un quatrième tableau (IV) dresse le bilan d'une part des
curatelles, d'autre part des patronats de cité exercés par les sénateurs; ces
responsabilités n'appartiennent pas au cursus proprement dit; il n'est
12 INTRODUCTION

d'ailleurs pas toujours possible de déterminer si elles sont antérieures


ou postérieures au consulat.
— Un cinquième tableau (V) présente les sacerdoces reçus; il aide
à déterminer le rang des personnages dans le milieu sénatorial de leur
temps; il serait plus précieux encore si la dignité que confèrent les
différentes prêtrises et l'époque de la cooptation étaient mieux connues.
La deuxième partie offre ainsi des conclusions partielles sur l'origine,
l'avancement et le rang social des sénateurs qui m'intéressent.

L'ÉTUDE ADMINISTRATIVE

La gestion des deux services financiers qui fait l'objet de la troisième


partie reflète la politique administrative des empereurs. Le fait que les
deux trésors aient toujours été confiés à des sénateurs et non à des
chevaliers a sans doute une signification. Les réformes décidées par les
empereurs successifs quant au mode de désignation et à la dignité des chefs
de service ne peuvent pas être l'effet du hasard. Je m'interroge ensuite
sur les motifs qui justifient la nomination de tel sénateur plutôt que de
tel autre qui occupe en théorie le même rang — celui d'ancien préteur
par exemple — . Parmi les critères du choix, qui peuvent être multiples
et varier selon les époques, certains sont-ils déterminants? Dans quelle
mesure la compétence présumée d'un individu pour les fonctions qu'on
lui destine est-elle prise en considération? Il est utile par conséquent
de connaître les attributions des administrateurs des deux trésors. En
retraçant dans la troisième partie l'évolution des deux services financiers
gérés par des sénateurs et en reconstituant, dans la mesure du possible,
l'activité de leurs responsables, je cherche à préciser la politique adoptée
par les empereurs successifs dans le choix de leurs fonctionnaires.
Au terme de cette enquête, je voudrais établir pour chaque époque
le sens de ces gestions financières dans un cursus sénatorial et le rang
social des sénateurs qui les reçoivent. Ces deux éléments révèlent
l'importance des deux trésors et la politique des empereurs. Aussi, bien que
centrée sur quelques fonctions, cette étude prosopographique espère
apporter sa contribution à une meilleure connaissance du personnel
administratif et de la hiérarchie sénatoriale sous l'Empire.
INTRODUCTION 13

M. H. -G. Pflaum et M. A. Chastagnol m'ont suggéré ce sujet de


recherche en vue du doctorat de 3e cycle; ils m'ont aidée de leurs
encouragements et de leurs conseils; je tiens à leur témoigner toute ma gratitude.
J'ai bénéficié aussi des remarques que m'a faites M. M. Le Glay,
membre du jury, lors de la soutenance de ma thèse, le 7 juin 1972.
M. G. Vallet a bien voulu accueillir cet ouvrage dans la Collection
de l'Ecole Française de Borne; je lui en suis très reconnaissante.
Je remercie de tout cœur ma mère qui s'est chargée du travail le
plus fastidieux, la dactylographie.
Paul Corbier a participé à l'élaboration de ce livre. Pierre Gros
en a relu les épreuves. Leur aide m'a été précieuse.
Merci à Monique Trédé de ses conseils amicaux.
PBEMIÈBE PAETIE

LES NOTICES INDIVIDUELLES


L'ADMINISTRATION DU TRÉSOR PUBLIC

Le meilleur tableau de l'administration du trésor à la lumière des


sources littéraires reste celui de Mommsen i1). Nous retraçons
brièvement la chronologie des réformes successives que permettent d'établir
les témoignages multiples des auteurs anciens. îsTous réservons la
présentation et le commentaire des documents pour l'étude de l'évolution
de cette administration financière qui trouve place dans notre troisième
partie; pour les interpréter, il convient en effet de les confronter aux
conclusions de l'étude prosopographique.

Sous la Eépublique, le trésor de l'Etat, aemrium populi Romani,


était conservé dans le temple de Saturne, aedes Saturni (2). Sa gestion
incombait à deux questeurs de l'année appelés quaestores urbani (3). La
^République est restée fidèle à cette institution. La rupture définitive avec
le système traditionnel se place en 28 av. J.-C. Le futur Auguste reprenait
les termes d'une mesure provisoire, décidée par César pendant sa
dictature. Au cours du premier siècle de l'Empire, la dignité des responsables
du trésor changea à plusieurs reprises.
1) D'après Dion Cassius, avant son départ pour l'Espagne à la fin
de l'année 46, César aurait attribué le soin de Vaerarium pour l'année 45
à deux des πολιανόμοι chargés de remplacer en son absence les magistrats
qui n'avaient pas été élus. Ces πολιανόμοι sont appelés par Suétone des
praefecti (4).
2) En 28 av. J.-C, le futur Auguste donna au sénat le soin de choisir
chaque année parmi les anciens préteurs les deux administrateurs du
trésor; ils portaient d'après Tacite le titre de praefecti (5).
3) En 23 av. J.-C, Auguste confia Vaerarium à deux préteurs de
l'année, désignés par tirage au sort. Ce système fut pratiqué jusqu'en
44 ap. J.-C (·).

(x) Th. Mommsen, Droit 'public romain, IV, p. 234-263, en particulier p. 259-261.
(2) M. Le Glay, Saturne africain. Histoire, Paris, 1966, p. 461-466.
(3) Th. Mommsen, op. cit., p. 244-245.
(*) Dion Cassius, XLIII, 48, 1 et 3; Suétone, Oaes., 76, 3.
(5) Tacite, Ann., XIII, 29, 2; Dion Cassius, LUI, 2, 1; Suétone, Aug., 36.
(6) Tacite, Ann., XIII, 29, 2-3; Suétone, Aug., 36; Dion Cassius, LUI, 32, 2.
18 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET LJ« AERARIUM MILITARE »

4) En 44, Claude rendit aux questeurs la gestion du trésor. Ces quaes-


tores aerarli ne s'identifient pas aux anciens quaestores urbani; choisis
par l'empereur parmi les magistrats, ils restent en fonction pendant
trois ans 0).
5) A partir de la réforme accomplie par Néron en 56, le prince choisit
désormais les responsables du trésor parmi les sénateurs de rang
prétorien; ils sont appelés à nouveau praefecti (2).
6) Le système institué par Néron s'est perpétué; c'est celui que
connaissait Suétone en son temps. Une remarque incidente de Tacite permet
de constater une interruption: en 69, le trésor était géré par deux
préteurs de l'année et non d'anciens préteurs. Tacite note leur présence
comme une anomalie (3).

L'étude prosopographique des responsables du trésor public qui


nous sont attestés par des documents divers complète le témoignage des
sources littéraires.

i1) Tacite, Ann., XIII, 29, 3-4; Suétone, Claud., 24, 4; Dion Cassius, LX, 24.
(2) Tacite, Ann., XIII, 28, 6-7 et 29, 4-5; Suétone, Claud., 24, 4.
(3) Tacite, Hist., IV, 9.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 19

1 - M. CUSINIUS M. f. Vel.

aerario praef. 45 av. J.-C.

1 - CIL, XIV, 2604 = ILS, 965 Ager Tusculanus

M(arcus) Cusinius M(arci) f(ilius) Vél(ina tribu), | aed(ilis) pl(ebis),


aerarlo praef(ectus), pr(aetor), M(arcus) Cusinius [-] f(ilius) Vel(ina tribu)
|

poter, | Fictoria C(aii) f(ilia) mater, \ Cusinia M(arci) f(ilia) soror.

2 - Cicéron, PMI, III, 26


Qui sunt igitur reliqui, quos sors divina delectet? . . . Deinde M. Cu-
sini Sicilia, Q. Cassi Hispania. Non habeo, quid suspicer; duarum credo
provinciarum sortes minus divinas fuisse.
28 nov. 44
Quels sont donc les autres, qui se félicitent de ce tirage au sort miraculeux?
...Ensuite à M. Cusinius, la Sicile, à Q. Cassius l'Espagne; ici je ne trouve rien à
suspecter; je crois que, pour ces deux provinces, le tirage au sort a été moins
miraculeux.

Le titre de praefectus fut celui des responsables du trésor de 28 à


23 av. J.-C. i1); il fut repris en 56 lors de la réforme de ce service décidée
par Néron (2). Il qualifiait des sénateurs de rang prétorien. Or, sur la
pierre de Tusculum, la formule aerario praefectus est gravée entre l'édi-
lité et la preture. L'absence de cognomen atteste d'ailleurs l'ancienneté
de l'inscription. Aussi faut-il remonter plus haut dans l'histoire du trésor
public romain pour assigner une place à M. Cusinius (3).

i1) Tacite, Ann., XIII, 29, 2; Dion Cassius, LUI, 2, 1; Suétone, Aug., 36.
(2) Tacite, Ann., XIII, 28, 6-7 et 29, 4-5; Suétone, Claud., 24, 4.
(3) E. Groag, BE, IV, 2, 1903, col. 1894, n° 2, Cusinius et PIBZ, II, p. 395, n» 1626
situe justement sa gestion de Vaerarium avant 28, mais sans autre précision. S. J.
De Laet, Rom. Benaat, p. 47, n° 156, date la préfecture de M. Cusinius entre 28 et 23.
Dans un article récent, F. Millar, The Aerarium and its Officials under the Empire,
dans JB8, LIV, 1964, p. 34 note 14, cite encore la pierre de Tusculum comme un
témoignage sur les praef ecti augustéens des années 28 à 23; il se réfère à la note de Th.
Mommsen, Staatsrecht, IIs, p. 558 note 1 = Droit public romain, IV, p. 259, note 3
sur laquelle s'était déjà appuyé H. Dessau, ILS, 965, note 1, et PIB1, I, p. 488, n° 1329.
Le document concernant M. Cusinius, aerario praefectus, n'est pas utilisé dans l'étude
20 ΐΛ ΑΕΚ,ΑΒΓϋΜ SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

Un passage des Philippiques fait connaître un M. Cusinius parmi


les préteurs de l'année 44 i1). Or, nous savons qu'en 45 Vaerarium n'a
pas été administré par des questeurs, comme il était d'usage. Les
témoignages de Suétone (2) et de Dion Cassius (3) se complètent: sur le point
de rejoindre son armée en Espagne, César ne permit pas la réunion des
comices qui devaient désigner les magistrats pour l'année 45. Seuls
furent élus les tribuns et les édiles plébéiens. En son absence, le dictateur
confia le soin des affaires publiques au maître de la cavalerie, Lèpide,
assisté de personnages que Suétone appelle praefecti et Dion Cassius
πολιανόμοι. D'après le biographe, ces préfets tinrent lieu de préteurs.
L'auteur de l'Histoire romaine est plus précis: les πολιανόμοι étaient au
nombre de six ou huit; deux d'entre eux — δύο τότε των πολιανομονντ<ον
— reçurent la charge du trésor en l'absence de questeurs.
Il nous paraît nécessaire d'identifier le sénateur de Tusculum, M.
Cusinius, aerarlo praefectus, à la fois à l'un des deux πολιανόμοι préposés
au trésor public dans le premier semestre de l'année 45 et au préteur de
l'année 44 (4).
Par son libellé même, le texte de Tusculum pourrait laisser supposer
que M. Cusinius fut préposé à Vaerarium l'année de son édilité. De fait,
les édiles plébéiens de l'année 45 ont été élus normalement en 46; le même
passage de Dion Cassius relatif à l'année 45 traite de l'activité des πο-
λιανόμοι responsables du trésor et des άγορανόμοι οι εκ του πλή&ους (5); ils

de Μ. Fortina, I « Praefeeti aerarti Saturni», dans Rivista di Studi classici, IX, 1961,
p. 217-234, où les pages 217 à 220 évoquent l'époque de César et celle d'Auguste.
i1) Munzer, BE, IV, 2, 1901, col. 1894, n° 1, Ousinius.
(2) Suétone, Caes., 76, 3: . . .ita ut medio tempore comitia nulla habuerü praeter
tribunorum et aedilium plebis praefectosque pro praetoribus constituent, qui absente
se res urbanas administrarent ( . . . de telle sorte que, dans l'intervalle, il ne fit pas
d'autres élections que celles des tribuns et des édiles plébéiens et créa, pour tenir
lieu de préteurs, des préfets, qui furent chargés d'administrer Eome en son absence).
(8) Dion Cassius, XLIII, 28, 2: Τήν πάλιν τω τε Λεπίδφ και πολιανόμοις τισίν οκτώ,
ώς τισι δοκεΐ, ή εξ, ώς μάλλον πεπίστευται, επιτρέψας. (Après avoir confié la cité à Lèpide
et à des préfets — huit, comme le pensent certains, ou six, comme on le croit plus
souvent) et XLIII, 48, 3: Τους τε οϋν θησαυρούς τους δημοσίους δύο τότε των πολιανομούντων
διφκησαν. (Alors deux des préfets gérèrent le trésor public).
(4) L'identité de M. Cusinius M. f. VeL, connu par une inscription de Tusculum,
et du préteur de 44 a été suggérée par E. Syme, C. K. de T. E. S. Broughton,
Magistrates, I, 1952, dans Classical Philology, L, 1955, p. 134; elle a été admise par
Broughton, Suppl., 1960, p. 22-23, et adoptée tout récemment par T. P. Wiseman,
New Men, p. 228, n° 150.
(B) Dion Cassius, LXIII, 48, 3 et 4.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 21

apparaissent comme des personnages distincts i1). D'ailleurs, il nous


paraît difficile d'admettre qu'un préteur de 44 ait été édile en 45.
L'intervalle légal d'au moins une année entre la gestion des deux magistratures
était généralement respecté: ainsi L. Aelius Lama, dont on sait qu'il
était en 43 candidat à la preture pour l'année 42, est l'un des édiles
plébéiens de 45 (2). Nous pouvons imaginer que M. Cusinius était édile en 46,
lorsque César l'a inscrit sur sa liste de praefecti pour 45, ou qu'il l'avait
été en 47: les édiles plébéiens ne sont pas connus pour ces deux années.
Le choix du dictateur s'est porté sur un homme de son entourage
qui avait toute sa confiance; César, qui s'était emparé quelques années
auparavant des fonds déposés à Vaerarium (3), accordait certainement
beaucoup d'attention à la caisse publique. L'élection de M. Cusinius à
la preture pour l'année 44, après le retour d'Espagne du dictateur,
témoigne de la même faveur.
En revanche, après les ides de mars, la position du sénateur est peut-
être moins sûre: le 28 novembre 44, le tirage au sort des provinces lui
attribue la Sicile. Cicéron semble sous-entendre que le personnage
n'était pas particulièrement bien vu d'Antoine. Le proconsulat ne figure
pas sur l'inscription de Tusculum; or, cette dernière semble être une
épitaphe (4); il faut donc placer la disparition du sénateur à la fin de
l'année 44 ou au début de l'année 43.
Le personnage est peut-être natif de Tusculum où se dresse le
monument funéraire de sa famille, sur lequel figurent son père, sa mère et sa
sœur. Mais les Cusinii étaient sans doute originaires du Picenum (5); ceux
que l'on retrouve près à?Auximwm portent le prénom Caius (6); la tribu
Velina est particulièrement caractéristique du Picenum (7).

(x) F. Millar, loc. cit., p. 33, semble les avoir confondus, puisqu'il indique avec
la même référence à Dion Cassius que Vaerarium fut confié à deux édiles: in 45 B.C.,
according to Dio, Iulius Caesar appointed two aediles. Cette identification ne s'explique
pas par une interprétation originale de la pierre de Tusculum que l'auteur date d'une
époque postérieure (voir plus haut, p. 19, note 3).
(2) T. R. S. Broughton, Magistrates, II, p. 307 et p. 359.
(*.) Plutarque, Caes., XXXV, 3-4; Appien, Guerres civiles, II, 41, 164; Pline,
Hist, nat., XXXIII, 17.
(4) C'est aussi l'avis de E. Groag dans les notices citées à la p. 15 note 3.
(5) L. Ross Taylor, The Voting Districts of the Roman Republic, Rome, 1960,
p. 326 et R. Syme, People in Pliny, dans JB8, LVIII, 1968, p. 147.
-■;.(*) CIL, IX, 5817 et 6417.
(7) J. W. Kubitschek, Imperium Romanum, p. 272; voir aussi p. 34; deux
inscriptions de Tusculum mentionnent la tribu Velina, celle de M. Cusinius et celle d'un
autre personnage venu de Firmum dans le Picenum.
22 l'« aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

Le père de M. Cusinius, comme le prouve l'inscription de Tusculum,


n'a pas accédé à la carrière des honneurs. Son fils est un homo novus qui
doit son entrée au sénat à César (x). Il semble que la lignée se soit
perpétuée: un fragment de dédicace à un certain [C]usinio [-] f(ilio) Vel(ina
tribu) Bufo a été trouvé à Antioche de Pisidie (2); il honore probablement
un légat de la province de Galatie (3). Le gentilice et la tribu rattachent
précisément Cusinius Eufus à la famille du sénateur césarien dont il
descend peut-être. Il ne peut pas s'identifier à lui, puisque la province
de Galatie a été créée en 25 av. J.-C, vingt ans après la préfecture du
trésor de M. Cusinius. Les Cusinii de Tusculum, originaires du Picenum,
se sont alliés aux Asconii de Patavium; à l'époque de Pline, une Cusinia,
fille d'un M. Cusinius, est l'épouse de C. Asconius Sardus (4).

L'année 45 a donc vu pendant quelques mois l'administration du


trésor enlevée à ceux qui en avaient traditionnellement la charge, les
questeurs. César confiait la caisse publique non plus à des magistrats en
exercice, mais à deux sénateurs nommés par lui et responsables devant
lui seul. Son choix s'est porté sur M. Cusinius de Tusculum, un homme
nouveau qui lui était tout dévoué (8).
Dion Cassius constate qu'à la suite de ce précédent la gestion du
trésor n'est plus systématiquement revenue aux questeurs, comme par

(*) R. Syme, Bévolution romaine, p. 93 et p. 523 note 69, indique: « Trois des
préteurs de 44, parmi lesquels M. Cusinius, portent des noms obscurs; ils sont les
premiers et peut-être les derniers sénateurs de leurs familles respectives ». Ce dernier
point n'est probablement pas exact en ce qui concerne M. Cusinius. T. P. Wiseman,
New Men, p. 32 et p. 61, reconnaît aussi en lui un homo novus.
(2) E. Groag, PIBZ, II, p. 396, n° 1628; W. M. Calder et J. Keil, Anatolian Studies
presented to W. H. Buckler, Manchester, 1939, p. 209-210 = AE, 1941, 144.
(3) R. K. Sherk, The Legates of Galatia, p. 20, l'identifie à tort au préfet du trésor
à la suite de E. Groag; il en fait l'un des premiers légats de Galatie après la création
de la province en 25 av. J.-C, puisque, selon Groag, M. Cusinius M. f. Vel. avait été
aerario praefectus avant 28.
(*) CIL, Y, 2829 = ILS, 6692; cf. E. Groag, PIB2, II, p. 396, n° 1630 et R. Syme,
JB8, LVIII, 1968, p. 147.
(5) Ce livre était déjà sous presse lorsqu'est parue l'étude de A. Alföldi, Les
« praefecti urbi » de César, dans les Mélanges d'histoire ancienne offerts à William Seston,
Paris, 1974, p. 1-14, avec planches I-IV, insérées entre la p. 14 et la p. 15. A la page 11
de son article, A. Alföldi est amené à identifier les préfets responsables de Vaerarium
en 45 aux triumviri monetales. Le cursus de M. Cusinius ne révèle rien de tel. Nous
réexaminerons les problèmes posés par les praefecti de l'année 45 dans un article
ultérieur.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 23

le passé, et qu'elle fut finalement dévolue à d'anciens préteurs (*). Mais


ce passage rappelle à notre avis l'évolution postérieure; il ne permet
en aucun cas de conclure que César avant son assassinat avait remis le
soin du trésor à des praetorii (2).
Aucun texte ne précise si, après le retour d'Espagne du dictateur,
lorsque des élections eurent lieu, la charge de Vaerarium fut rendue aux
questeurs. Mais c'est infiniment probable puisque, d'après Suétone, en
28 av. J.-C, le futur Auguste enleva la cura aerarli aux questeurs urbains
pour la confier à d'anciens préteurs (3). Nous connaissons d'ailleurs l'un
de ces questeurs urbains du troisième quart du siècle: il s'agit de M. Aci-
lius M. f . Caninus, honoré d'une dédicace par les negotiatores ex area
Saturni (4).

2 - CN. PULLIUS POLLIO

pr(aetor) ad [aerarium] 22 av. J.-C.

CIL, XI, 7553 = ILS, 916 Forum Clodii, regio VII

Cn(aeo) Pullio [ - f(ilio) (tribu)} \ Pollioni fetia[U, q(uaestori),


Xvir(o)] stlit(ibus) iud(icandis) ex s(enatus) c(onsulto), trib(uno) pl(ebis),
|

pr(aetori) ad [aerarium] | pro co(n)s(ule) [pr~]ovinciae Narb[on(ensis), com(iti)


Caes(aris)] Augus[ti i]n Gallia comat[a itemquef] in Aqui[t]ani[a], Athena[s
\

ab Imperatore) Caes(are)] August[o] legatus in [bienn(ium) missus,] | IIvir(o)


quinquenna[li Claudiens(es) ex praef(ectura)~] \ Claudi[a patrono].

La chronologie de la carrière de Cn. Pullius Pollio montre qu'il fut


l'un des premiers préteurs chargés de la gestion du trésor public (5). Bien

(x) Dion Cassius, XLIII, 48, 3: Tò ô' οϋν κατά την διοίκησιν, εξ εκείνου δ' απερ
εΐπον παρατραπέν, ούκέτι τοϊς ταμίαις αεί επετράπη, άλλα το τελενταϊον τοις εστρατηγηκόσι
προσετάχ&η. (L'administration des finances, modifiée depuis cette époque pour les
raisons que j'ai indiquées, ne fut plus systématiquement confiée aux questeurs, mais
revint finalement à d'anciens préteurs).
(2) Comme l'indique J. Carcopino, Jules César, Paris, 5e ed., 1968, p. 489.
(3) Suétone, Aug., 36.
(*) GIL, XIV, 153 = ILS, 892 (Kome); cf. E. Groag, PIE2, I, p. 7-8, n° 54.
(s) R. Hanslik, BE, XXIII, 2, 1959, col. 1968-1970, n° 4, Pullius. Les notices
de H. Dessau, PIB1, III, p. 109, n° 802, et de S. J. De Laet, Rom. Senaat, p. 74,
24 ΐΛ( AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

que la pierre qui le porte soit mutilée, une restitution complète du cursus
peut être proposée par comparaison avec celui d'un préteur du trésor
contemporain, P. Paquius Scaeva.
Originaire de Forum Clodii — dont il fut duumvir quinquennalis et
patron — Pollio aborda la carrière sénatoriale par la questure; cette
première magistrature le fit entrer au sénat qui désigna ensuite ce
nouveau membre, ex s(enatus) c(onsulto), pour le poste de decemvir stUtibus
iudicandis; la précision post quaesturam figure a propos de Paquius
Scaeva (x).
Après avoir assumé le tribunat de la plèbe, Pollio reçut la charge
du trésor public l'année de la preture; il a donc rempli cette magistrature
au plus tôt en 23 av. J.-C, année où, d'après les auteurs anciens, Auguste
confia la gestion de Vaerarium à deux préteurs (2). Le tirage au sort lui
attribua, cinq ans plus tard (3), le proconsulat de la province de ISTarbon-
naise. Nous estimons que le gouvernement de Pollio avait pris fin ou
était déjà bien avancé, lorsque le sénateur accompagna Auguste en Gaule,
vraisemblablement en qualité de comes. Or, ce séjour commence en 16
av. J.-C. (4). Le proconsulat de ISTarbonnaise se place donc entre 18 et 16
et la preture entre 23 et 21. Les dates les plus probables sont, pour le
proconsulat, l'année 17-16 et, par conséquent, l'année 22 pour la gestion du
trésor. La dédicace à Pollio est sans doute le premier témoignage épi-
graphique du nom de Narbonnaise pour la province récemment rendue
au sénat (5). Pollio appartint à l'une des premières paires de praetores
aerarti; nous ne pouvons rien déduire de sa titulature, praetor ad aera-
rium, qui se rencontre encore sous le règne de Tibère (6). Il ne nous semble
pas qu'il puisse être l'un des responsables de l'année 23: à Rome, le
premier titulaire d'une fonction fait souvent figurer cette particularité.

n° 308, sont très brèves; celle de W. Meyers, L'administration de la province romaine


de Belgique, Bruges, 1964, p. 39-40, est incomplète.
(*) Sur cet avancement, voir désormais A. Chastagnol, La naissance de Γα ordo
senatorius », dans MEFBA, 85, 1973, 2, p. 596.
(2) Tacite, Ann., XIII* 29; Suétone, Aug., 36; Dion Cassius, LUI, 2, 1 et 32, 2s
(3) L'intervalle légal de cinq années entre la magistrature et le tirage au sort
des provinces sénatoriales est connu par Dion Cassius, LUI, 14, 2.
(4) Dion Cassius, LIV, 19; 20; 21.
(5) Dion Cassius, LIV, 4, 1.
(6) Voir la carrière de P. Plautius Pulcher (n° 18). Nous restituons pr. ad \aera-
rium] à la ligne 2 et non pr. ad [aerar.], comme le faisaient nos prédécesseurs, en
tenant compte du nombre de lettres minimum qui peut compléter les lignes 4-5 et 6.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 25

Le titre de cornes ne peut être mis en doute; la lecture legatus,


proposée par Dessau d'après la première restitution de Mommsen, ne se
justifie pas (*); Bormann a déjà proposé de lire cornes dans le Corpus XI.
Mais les provinces gauloises posent un problème. Que l'inscription
distingue la Gaule chevelue de la îsTarbonnaise ne surprend pas; mais il
paraît plus étonnant de mettre à part l'Aquitaine. 0. Jullian voyait dans
cette expression un témoignage de la différence qui existait entre les
peuples aquitains, proches des Ibères, et les Celtes (2); cette distinction
ethnique apparaît chez Strabon (3). Il reste que, dans la description que
fait le géographe grec de la division en trois de l'ancienne Celtique, la
nouvelle province d'Aquitaine figure au même titre que les deux autres (4).
Des restitutions différentes peuvent justifier la mention de l'Aquitaine
aux côtés de la Gaule chevelue. A la suite de Mommsen, Bormann et
Dessau proposaient de lire: [i~\n Gallia comat[a itemquef] in Aquitania;
R. Hanslik préfère l'expression cornes Caesaris Augusti in Gallia cornata
praecipue in Aquitania, en considérant que l'ancien proconsul de Nar-
bonnaise a accompagné le prince dans le sud de la Gaule
essentiellement (5). Le mot praecipue n'appartient pas au vocabulaire usuel des
inscriptions latines. Nous maintenons donc le complément hypothétique
itemque qui permet d'imaginer deux comitats successifs de Pollio, l'un
en Gallia cornata, l'autre en Aquitaine. La durée du séjour d'Auguste
en Gaule — trois années — permet d'envisager cette solution.
Par la suite, Pollio fut envoyé par Auguste à Athènes pour une
légation extraordinaire; nous adoptons le texte donné par Groag (e) sur
le modèle de l'inscription de Paquius Scaeva: Athenas ab Imp. Gaes.
Augusto legatus in biennium missus (7). Ce savant a écarté les
propositions de Mommsen et Hirschfeld qui figurent dans le commentaire de
l'inscription CIL, XI, 7553. L'objection à la restitution de Mommsen,

(!) H. Dessau, à la suite de ILS, 916, d'après Th. Mommsen, Bev. de Phi fol.,
XIII, 1890, p. 129 = Gesammelte Schriften, NUI, p. 543.
(2) C. Jullian, Histoire de la Gaule, rééd., Bruxelles, 1964, IV, p. 68-69, avec
notes 2 et 4 p. 69.
(3) Strabon, Géographie, IV, 1,1.
(*) Id., Ibid., IV, 2, 1.
(5) R. Hanslik, loe. cit., p. 19 note 1.
(6) E. G-roag, Achaia, col. 21.
(7) Voir aussi la carrière équestre contemporaine de Q. Octavius Sagitta,
procurator Caesaris Augusti . . . in Suria biennium: De Nino, Not. d. Scavi, 1902, p. 124 =
AE, 1902, 189 = ILS, 9007; cf. H. -G. Pflaum, Carrières, I, p. 13, n° 1.
26 L'a AERARIUM SATURNI » ET L?« AERARIUM MILITARE »

Athenas ivit ab Imp. Caes. Augusto legatus in Achaiam missus, est péremp-
toire: Athènes ne fait pas partie de la province d'Achaïe. La formule
indiquée par Hirschfeld, Athenas ab Imp. Caes. Augusto legatus in itinere
obiit, est également re jetée par Groag qui estime que la dédicace a été
élevée par les Claudienses du vivant de Pollio. Il nous semble en tout cas
que la composition du texte serait différente, s'il devait indiquer le décès
de Pollio au cours de ses fonctions.
Pollio fut coopté dans le collège des f étioles (x), qui comprenait donc
des plébéiens et fut rempli sous Auguste de partisans du princeps,
comme en témoigne l'admission de P. Paquius Scaeva à la même époque.

Ce sénateur italien qui fut l'un des premiers praetores aerarli était
un homme nouveau (2); il appartenait au proche entourage d'Auguste
comme l'attestent le comitat, la mission de confiance à Athènes et la
cooptation parmi les féciaux.

3 - P. PAQUIUS SCAEVA

praetor aerarli peu après 23 av. J.-C.

1 - CIL, IX, 2845-2846 = 5244 = ILS, 915 Histonium, regio IV

P(ublius) Paquius, Scaevae et Flaviae filius, Consi et Bidiae nepos,


Barbi et Dirutiae pronepos, | Scaeva, quaestor, decemvir stlitibus iudicandis
ex s(enatus) c(onsulto) post quaesturam, quattuorvir capitalis ex s(enatus)
\

c(onsulto) post quaesturam et decemviratum stlitium iudicandarum, tribunus


plebis, | aedilis curulis, iudex quaestionis, praetor aerarti, pro consule
\

provindam Cyprum optinuit, | viar(um) cur(ator) extra u(rbem) JR(omam)


ex s(enatus) c(onsulto) in quinq(uennium), proco(n)s(ule) iterwm extra sor-
tem auctoritate Aug(usti) Caesaris et s(enatus) c(onsulto) misso (sic) ad
|

componendum statum in reliquum provinciae Cypri, fetialis, | consobrinus


idemque vir Flaviae Consi filiae, | Scapulae neptis, | Barbi proneptis,
simul cum ea conditus.

(*) Sur l'importance de ce collège sacerdotal, voir Kubier, Dizionario, IV,


1922, col. 68-69.
(2) A ce titre, il figure dans le recensement des homines novi dû à T. P. Wiseman,
New Men, p. 255, n° 349.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 27

Flavia, Const et Sinniae filia, | Scapulae et Sinniae neptis, \ Barbi


et Dirutiae | proneptis, consobrina eademque uxor P(ublii) Paquii Scaevae,
filii Scaevae, Const | nepotis, Barbi pronepotis, \ simul cum eo condita.

2 - CIL, VI, 1483 Borne

Ois manibus sacrum | P(ubli) Paqui Scaevae \ Niceros et Felix et


Hymetus Ub(erti) | de suo.

3 - CIL, VI, 1484 Eome

Libe[rtis] \ et familiae | P(ubli) Paqui Scaevae | et Flaviae | C{ai)


f(iliae) Scaevae \ in fr(onte) p(edes) XII \ in agr(o) p(edes) XX.

4 - CIL, IX, 6078, 128 Histonium (tegula)

P(ubli) Paqui P(ubli) f(ilii) \ Scaevae h(eres) v(ivus) f(ecit).


|

Sur un énorme sarcophage double, sont gravées deux inscriptions qui


présentent P. Paquius Scaeva d' Histonium et son épouse Flavia ; le
sénateur avait épousé sa cousine. Les précisions qu'il donne lui-même
permettent de reconstituer le tableau généalogique suivant (x):

(Paquius) Barbus = Dirutia

Didia = (Paquius) Consus (Paquius) Scapula == Sinnia

P. (Paquius) Scaeva = Flavia C. (Flavius) Consus = (Paquia) Sinnia

P. PAQUIUS SCAEVA = Flavia

praetor aerarli

0) Le stemma dressé par M. Hofmann, BE, XVIII, 3, 1949, col. 1119-1124, n° 3,


Paquius, est meilleur que celui de OIL, IX, p. 267.
28 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET Σ'« ABRARrUM MILITARE»

Homo novus, Paquius Scaeva est issu d'une riche famille samnite
d'Histonium, alliée aux grands propriétaires fonciers de la région i1).
Didia Decuma, fille de Barbus, dont la présence est attestée dans une
ville voisine, Larinum, a quelque lien de parenté avec les Paquii (2). Un
Didius Scaeva, mentionné un siècle plus tard parmi les partisans de Ves-
pasien qui furent tués dans le Capitole en 69, descend probablement des
Didii de Larinum (3).
La carrière de P. Paquius Scaeva se déroule dans la deuxième moitié
du Ier siècle av. J.-C. Elle rappelle à certains égards celle de Cn. Pullius
Pollio, sénateur contemporain, qui fut chargé lui aussi d'administrer
Vaerarium l'année de sa preture.
Il s'agit vraisemblablement de l'un des partisans d'Octave à qui il
fut permis de se présenter à la questure; la gestion de la première
magistrature le fait entrer au sénat: par sénatus-consulte, l'assemblée désigne
ce nouveau membre, ancien questeur, pour le poste de decemvir stlitibus
iudicandis, puis pour celui de quattuorvir capitali». Ces magistratures
mineures se placent aux alentours de l'année 30 av. J.-C, avant les réformes
d'Auguste. On sait que César, pendant sa dictature, en avait accru le
nombre (4), faisant passer, comme l'indique cette inscription, l'ancien
collège des tresviri capitales à quatre membres, alors qu'Auguste revint
au classique triumvirat (5). En outre, la réforme d'Auguste confère à la
gestion des magistratures mineures un rôle précis: l'exercice de l'une
d'entre elles devint la condition préalable à l'entrée dans la carrière
sénatoriale, donc à l'élection à la questure (6).

(x) Sur ce personnage, notices de S. J. De Laet, Horn. 8enaat, p. 69, n° 279, et


de T. P. Wiseman, New Men, p. 249, n° 308; sur l'entrée au sénat de ces familles
d'Italie centrale, cf. K. Syme, Révolution romaine, p. 341 et p. 574 notes 54 et 56,
ainsi que T. P. Wiseman, op. cit., p. 62.
(2) CIL, IX, 751.
(3) Tacite, Hist., Ill, 73, 4: Pauei militarium virorum inter quos maxime
insignes . . . Didius Scaeva pugnam ausi obtruncantur (Un petit nombre d'hommes de
guerre dont les plus distingués étaient . . . Didius Scaeva osent combattre, et se font
tuer); cf. E. Groag, PIB2, III, p. 16, n° 75.
(4) Suétone, Caes., 41, 1: Benatum supplevit, patricios adlegit, praetorum, aedi-
lium, quaestorum, minorum etiam magistratuum numerum ampliavit (II compléta le
sénat, créa de nouveaux patriciens, augmenta le nombre des préteurs, des édiles,
des questeurs et même des magistrats inférieurs); cf. Th. Mommsen, Droit public
romain, IV, p. 303 avec note 2.
(5) Th. Mommsen, op. cit., IV, p. 300 et p. 303; ce collège de jeunes magistrats
composé de vingt membres constitue désormais le vigintivirat.
(6) Tacite, Ann., Ill, 29, 1: Neronem ... commendava patribus, utque munere
LES NOTICES INDIVIDUELLES 29

Le cumul du tribunal de la plèbe et de l'édilité curule est également


antérieur aux réformes augustéennes X1); trois autres cursus
contemporains juxtaposent de même le tribunat et l'édilité curule (a). Bientôt ces
deux magistratures, mises au même rang, allaient devenir l'une des étapes
obligatoires de la carrière sénatoriale rénovée (3).
ludex quaestionis, Scaeva figure sur la liste des membres des jurys
perpétuels dressée par le préteur urbain.
Il fut sans doute l'un des premiers préteurs à qui Auguste, à la suite
de sa réforme de 23 av. J.-C, confia l'administration du trésor public (4).
Sénateur prétorien, Scaeva obtient le proconsulat de la province de
Chypre. Sa désignation s'est probablement faite par tirage au sort, cinq ans
après la preture, comme le voulaient les récentes dispositions prises par
Auguste (5). L'inscription d'Histonium conserve, semble-t-il,
scrupuleusement l'ordre chronologique; c'est donc après ce premier proconsulat
que Scaeva fut chargé par le sénat de la surveillance des voies italiennes
en dehors de la ville de Eome, pour cinq ans. Vers l'an 10, il est nommé
par Auguste, sans tirage au sort, dans la province qu'il avait quittée
cinq ans auparavant (6). La nomination impériale a été ratifiée, comme
il était d'usage, par un sénatus-consulte, du fait que Chypre appartenait

capessendi vigintiviratus solveretur et quinquennio maturius quam per leges quaesturam


peteret. (Tibère recommanda Néron au sénat et pria qu'on le dispensât des fonctions
du vigintivirat et qu'on lui permît de briguer la questure cinq ans avant l'âge légal).
i1) Th. Mommsen, op. cit., II, p. 214 avec note 2.
(2) CIL, X, 6082; OIL, Y, 832 = ILS, 3552; OIL, Y, 3339.
(3) Voir l'étude de A. Chastagnol, La naissance de Vaordo senatorius », dans
MEFBA, 85, 1973, 2, p. 583-607, parue depuis la rédaction de cet ouvrage.
(4) Tacite, Ann., XIII, 29, 2; Suétone, Aug., 36; Dion Cassius, LUI, 2, 1 et 32, 2.
(s) Dion Cassius, LUI, 14, 2: Kotvfj ôè δη πααιν αύτοΐς απηγόρενσε μηοένα προ πέντε
ετών μετά το εν τ-fj πάλει αρξαι κληρονσϋ·αι (Par un acte public, il interdit à tous ceux-ci —
les gouverneurs de provinces sénatoriales — de participer au tirage au sort dans les
cinq années suivant leur magistrature).
Suétone, Aug., 26: Auctor . . . fuit . . . ne magistratus deposito honore statim in
provincias mitterentur. (Il Îut l'auteur d'une mesure qui défendait d'envoyer les
magistrats dans les provinces, dès la fin de leur mandat).
(6) D'autres exemples sont connus: celui de Q. Iunius Blaesus sous le règne de
Tibère: Tacite, Ann., Ill, 32; 35; 58; celui de G-alba sous Claude: Suétone, Galba,
7, 2: Africam pro consule biennio optinuit extra sortent electus ad ordinandam provin-
ciam et intestina dissensione et barbarorum tumultu inquietarti. (Il gouverna l'Afrique
à titre de proconsul pendant deux ans, car il avait été choisi sans tirage au sort pour
remettre en ordre cette province que troublaient à la fois des divisions intestines et
une révolte des barbares); cf. Th. Mommsen, Droit public romain, III, p. 287, avec
note 3.
30 l'<( aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

à la provincia du sénat. Sa désignation atteste la faveur dont Paquius


Scaeva jouissait auprès du prince. Comme son contemporain Pullius
Pollio, Paquius Scaeva a d'ailleurs été coopté par les fetiales; il semble
que ce collège sacerdotal ait été rempli de partisans d'Auguste, ce qui
ne saurait nous étonner.

Originaire à'Histonium dans le pays samnite, P. Paquius Scaeva


doit vraisemblablement au futur Auguste son entrée au sénat; il
apparaît ensuite comme l'un des fidèles partisans du princeps. Lorsque celui-
ci décida de confier la gestion de Vaerarium Saturni à deux préteurs de
l'année, il désigna parmi les premiers titulaires de ce poste le sénateur
Paquius Scaeva dont le dévouement lui était assuré. L'avancement de
Scaeva témoigne de la période de transition qui vit le déroulement de sa
carrière; les premiers postes datent du triumvirat et de l'époque de la
bataille d'Actium; ainsi s'expliquent la gestion successive de deux
magistratures mineures, qui plus est après la questure, et celle du tribunat
de la plèbe juxtaposé à l'édilité curule. La carrière prétorienne commencée
après 23 reflète l'existence de la réforme d'Auguste, même si le prince
tourne ses propres lois lorsqu'il y trouve avantage. Il ressort de ce cursus
que les décisions augustéennes concernant la carrière sénatoriale sont
contemporaines de la création de l'administration impériale.

4 - M'. VIBIUS M. f. Vel. BALBINUS

praet. aerari fin du règne d'Auguste

CIL, IX, 5645 = ILS, 937 Trea, regio V

M(anio) Vibio M(anii) f(ilio) \ Vel(ina tribu) Balbino, \ tr(ibuno)


mil(itum), pr(aefecto) fabr(um), pr(aefecto) \ eq(uitum), q(uaestori), aed(ili)
pl(ebis), praet(ori) aerari, leg(ato) | divi Aug(usti) et \ Ti(beri) Caesaris
\

Aug(usti), | proco(n)s(uli) provinc(iae) \ Narbonensis.

M'. Vibius Balbinus est inscrit dans la tribu Velina qui est celle de
Trea, dans le Picenum (x), où fut retrouvé l'unique document qui
mentionne son nom; il est donc originaire de cette cité (2).

(x) J. W. Kubitschek, Imperium Romanum, p. 66.


(2) Sur ce personnage, cf. PIB1, III, p. 420, n° 377; S. J. De Laet, Rom. Senaat,
p. 92, n° 8; R. Hanslik, RE, VIII, A, 2, 1958, col. 1967, n» 24, Vibius; T.P.Wiseman,
New Men, p. 273, n° 487.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 31

Avant la questure, le jeune homme fut successivement tribun


militaire, praefectus fabrum et préfet d'une aile de cavalerie. A propos de
ce dernier poste, H. Dessau a rappelé un paragraphe de Suétone sur
l'œuvre d'Auguste i1): Liberis senatorum, quo celerius rei p. assuescerent,
protinus a virili toga latum clavum induere et curiae interesse permisit mi-
litiamque auspicantibus non tribunatum modo legionum, sed et praefecturas
alarum dédit. (Il permit aux fils de sénateurs, pour les familiariser plus
vite avec les affaires publiques, de revêtir le laticlave et d'assister aux
séances du sénat aussitôt après avoir reçu la toge virile; et, dès leur entrée
dans la carrière militaire, il leur donna non seulement le tribunat
légionnaire, mais aussi des préfectures d'ailes.) S'il convient de rapprocher ce
texte de notre sénateur, Balbinus aurait commandé une aile de cavalerie
en tant que membre de l'ordre sénatorial et aurait exercé auparavant
un tribunat laticlave.
Toutefois le passage de Suétone ne nous permet pas d'expliquer la
praefectura fabrum, poste destiné aux chevaliers. H. Dessau cite une autre
inscription où apparaît, selon lui, un praefectus fabrum membre de l'ordre
sénatorial; il s'agit de celle de C. Iulius Montanus qui, à la fin du règne
de Claude, exerça cette fonction avant d'être decemvir stlitibus iudican-
dis (2). Il nous paraît plus simple de penser que Balbinus et Montanus
appartenaient à l'ordre équestre, lorsqu'ils assumèrent la préfecture. Ils
entrèrent tous deux dans l'ordre sénatorial suivant les règles propres à
leur époque (3). Pour Balbinus, cette promotion fut la conséquence de
l'élection à la questure. Pour Montanus, elle fut liée à la concession du

C) Suétone, Aug., 38, 2.


(2) CIL, XI, 3884 == ILS, 978 (Rignani in agro Capetrate): C(aio) Iulio C(aii)
f(ilio) Cl(audia tribu) \ Montano, tr(ibuno) mil(itum) leg(ionis) V Macedonicae, \ prae-
f(ecto) fabr(um), Xvir(o) stlitibus iudicand(is), quaestori destinato, Iulia C(aii) f(ilia)
Nobilis | pairi. Cet homme dut se donner la mort en 56 sous le règne de Néron: Tacite,
\

Ann., XIII, 25, 2, qui relate l'incident, précise qu'il s'agit d'un individu « senatorii
ordinis, sed qui nondum honorem capessissetr>; de fait, d'après son inscription
funéraire, C. Iulius Montanus n'avait pas encore géré la questure. Il semble que Suétone,
Nero, 26, 2, fasse allusion au même individu qu'il appelle quidam laticlavius; cf. L.
Petersen, PIB2, IV, 3, p. 240, n° 435. L'expression laticla/vius désigne un membre
de l'ordre sénatorial qui n'a pas encore assumé de magistrature; la formule de Suétone
est explicitée par celle de Tacite.
(3) Voir l'étude de A. Chastagnol, La naissance de Va ordo senatorius », dans
MEFBA, 85, 1973, 2, p. 583-607, en particulier les p. 598-603, qui est parue après
la rédaction de cet ouvrage.
32 ΐΛ AERARTUM SATURNI » ET L'a AERARTUM MILITARE »

laticlave qui lui permit d'aborder la carrière sénatoriale par une fonction
du vigintivirat.
M'. Vibius Balbinus était chevalier; le texte de Suétone sur la vie
d'Auguste ne le concerne pas. Après le tribunat militaire angusticlave,
la praefectura fabrum, poste réservé aux chevaliers, et le commandement
d'une aile de cavalerie qu'il exerça en qualité de chevalier, il devint
sénateur par la gestion de la questure, édile et préteur. Il fut chargé de
Vaerarium l'année de la preture, qui se place à la fin du règne d'Auguste.
Le premier poste prétorien, celui de légat d'Auguste et de Tibère, date
en effet de 14 ap. J.-C: nous ne pouvons pas préciser de quelle fonction
il s'agit. Le proconsulat de la province de Narbonnaise, qu'il obtint au
plus tôt cinq ans après la preture (χ), date des premières années du règne
de Tibère.

M'. Vibius Balbinus, chevalier de Trea, dans le Picenum, jouissait


de la faveur du premier princeps. Homo novus dans le sénat d'Auguste, il
administra le trésor public à la fin du règne, l'année où il fut préteur.

LES FASTES DU FOBUM

1 - CIL, VI, 1496 = 32270 = A. Degrassi, Eome


Inscr. liai., XIII, 1, n° 27, p. 305-306

a. 12 [
]C]eler{?)
Gallus
[
a. 13 [C. Silio Largo, L. Munatio Plarijco co(n)s(ulibus)
[ C. Cae]Uo Bufo pr(aetoribus)
1. 5 [cur(atores)~\
[ ] Niger
[ ] Labeo
[ ] Alban(us)

Dion Cassius, LUI, 14, 2.


LES NOTICES INDIVIDUELLES 33

a. 14 [8ex. Pompeio, Sex. Appuleio] eo(n)s(ulibus)


1. 10 [ ~\lio A[tt]ic(o) pr(aetoribus)
[cur(atores)]
[ ] Ruf us
[ ] Albanus
[ B\assus
a. 15 1. 15 [Bruso Caesare, C.Norbano FÎjacco co(n)s(ulibus)
[ ] Valente pr(aetoribus)
[cur(atores)']
[ - - - ] Ruf us
[ ] Ruf us
1.20 [ ] Picentin(us)
a. 16 [Sisenna Statilio Tauro, L.8crib]on(io) Libone co(n)s(ulibus)
[ ]o Proe(ulo) pr(aetoribus)
[eur(atores)]
[ ] Celer

2 - CIL, VI, 1496 = 32272 = A. Degrassi, Eome


op. cit., p. 306

a. 18 Ti. Caesare Au[g(usto) III, Germanico Caes(are) co(n)s(ulibus)~]


C. Ummidio Quadr[ato, pr{aetoribus]\
[cur(atores)]
C. Lucilius C.[f. ]
1. 5 Q. Trebonius [ ]
C. Figulius C.[f. ]
C. Cluvius C.[f. ]
a. 19 M. Silano M. f., L. Νorìgano Balbo co(n)s(ulibus)]
Q. Lucanio Latino, [ ] pr(aetoribus)
1. 10 [cur(atores)]
M.[ ]
Jf.[ — -]
P. [F]iïïi[us ]
a. 20 M. Valerio Messal[la, M. Aurelio Cotta co(n)s(ulibus)]
1. 15 Q. Arquinio [ ]
L. Pontio Ni[grinof pr{aetoribus)]
\cur{atores)~\
34 ΐΛ( AEEARnJM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

3 - CIL, VI, 37144 = A. Degrassi, op. cit., p. 307 Rome

a. 26 [cur(atores)]

[ ] P. /. Fronto
[ ]M. f. Antullus
a. 27 [L. Calpurnìo Pisone], M. Crasso Frugi c[o(n)s(ulibus)]
1. 5 [ ]eno Paeto pr(aetoribus) aer(arii)
cur(atores)
[ ] T. f. Tiro
[ ] T. f. Firmus
[ ] Cn. f. Niger
a. 28 1. 10 [C. Appio lunio Stiano], P. Silio Nerva co{n)s(ulibus)]

[ ] Avillio Pastore pr(aetoribus) aer(arii)


cur(atores)
[ ] P. f. Pollio
[ ] li. f. Lepidus
1. 15 [ ] Q. f. Lupus

Ces fastes ont été reconstitués à partir de fragments trouvés sur le


forum romain, à proximité du temple de Saturne.
Les documents publiés au siècle dernier couvrent les années 12 à
16 ap. J.-C. (texte 1) et 18 à 20 ap. J.-C. (texte 2). Ils présentent par
année:
— les consuls éponymes,
— puis deux pr(aetores) (dont il subsiste le plus souvent un seul
nom; mais les deux praetores de l'an 20 sont conservés),
— enfin trois cur(atores) (qui sont exceptionnellement quatre en 18).
Le terme cur(atores) ne figure pas sur les pierres retrouvées. Il a été
restitué par comparaison avec un fragment de fastes de l'époque flavienne,
édité en même temps que les premiers (x): ce document mentionne
précisément, à la suite des consuls ordinaires, les deux praef(ecti) aer(arii)
Sat(urni), puis trois personnages dont les noms, à l'ablatif, sont rangés
sous l'appellation cur(atoribus). Il y avait donc quelque vraisemblance

CIL, VI, 1495 = 32271; cf. A. Degrassi, Inscr. Ital, XIII, 1, n° 27, p. 308.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 35

à mettre en rapport les fastes contemporains d'Auguste et de Tibère et


l'administration du trésor, d'autant qu'étaient gravés chaque année les
noms de deux préteurs seulement, nombre identique à celui des
praetores aerarti. Borghesi (*), le premier, avait suggéré ce lien en constatant
que C. Ummidius Quadratus, pr(aetor) en 18 sur la pierre du forum, porte,
sur une inscription de Casinum qui présente son cursus, le titre de pr(aetor)
aerarli (2). Par la suite, Mommsen (3) proposa d'identifier les trois
curateurs aux sexprimi, connus par d'autres sources, qui dirigeaient chacune
des trois décuries de scribes du trésor (4); aussi ces fastes sont-ils appelés
dans le Corpus et dans l'édition récente de A. Degrassi, fasti scribarum
quaestoriorum. L'expression ne nous paraît pas tout à fait satisfaisante,
puique le texte ne fait pas connaître les scribes, mais seulement les trois
curateurs de l'année. En 18, nous remarquons quatre noms de curateurs:
la disparition ou la démission de l'un d'eux avait probablement entraîné
son remplacement.
La mise au jour d'un troisième fragment (texte 3) a confirmé
l'interprétation de Borghesi: à la suite des consuls éponymes des années 27
et 28 ap. J.-C, figurent à l'ablatif deux noms, accompagnés de la
précision pr(aetoribus) aer(arii).
Tels qu'ils nous ont été transmis, ces fastes font connaître dix
préfets du trésor de la fin du règne d'Auguste et du règne de Tibère:

a. 13 [. -]lius Bufus
a. 14 [. -]lius A[tt]ic(us)
a. 15 [. -] Valens
a. 16 .[. -]us Proc(ulus)
a. 18 C. Ummidius Quadr[atus]
a. 19 Q. Lucanius Latinus
a. 20 Q. Arquinius [-] et L. Pontius M[-]
a. 27 [. -]enus Paetus
a. 28 [.] Avillius Pastor

(x) B. Borghesi, Bull. dell'Istituto di Corrispondenza archeologica, 1856, p. 59-62.


(2) CIL, X, 5182 = ILS, 972 (voir la notice n° 12).
(3) Th. Mommsen, Born. Mitteil., VI, 1891, p. 157-162.
(4) CIL, VI, 1820 = ILS, 1891: M(arco) Natronio C(aii) f(ilio) Pup(inia tribu)
\

Bustico scr(iba) q(uaestorio) \ sex primo \ eur(atori) honor(e) | functo \ arbitratu | Pe-
troniae Sabinae uxorie suae; cf. Th. Mommsen, Droit public romain, I, p. 393-394,
\

et E. De Ruggiero, Dizionario, I, col. 305, aerarium.


36 L'cc AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ( AERARIUM MILITARE »

5 - C. CAELIUS C. f. EUFTJS

pr. 13 ap. J.-C.

1 - CIL, VI, 1496 = 32270 = Inscr. Ital., XIII, 1, Fasti scribarum


n° 27, p. 305-306, 1. 3 et 4, lère col. quaestoriorum

[C(aio) Silio Largo, L(ucio) Munatio Plan~\co co(n)s(ulibus) | [(. — )


C(aio) Caéjlio Bufo pr(aetoribus)

2 - CIL, X, 6639 = Inscr. Ital., XIII, 1, n° 26, Fasti Antiates


p. 303, 1. 15-16 minores

C(aius) Caelius, L(ucius) Pomponius Flaccus, \ suf{fecti) C(aius) Vi-


bius Mar sus, L(ucius) Voluseius Procul(us) a. 17

3 - CIL, VI, 10051 = IL8, 5283, 1. 7 Agitatores

C(aio) Caélio L(ucio) Pomponio co(n)s(ulibus)

4 - CIL, VI, 36841 = ILS, 9337, 1. 5 Catahgus auguriorum


L(ucio) Pomponio Fiacco, C(aio) Caelio

5 - CIL, XI, 1356 = ILS, 7728 = Inscr. Ital., Fasti Lunenses


XIII, 1, n° 28, p. 309, 1. 7

L(ucio) Pontio Fiacco, C(aio) Caecilio co(n)s(ulibus) a. 17

6 - Inscr. Ital, XIII, 1, n° 24, p. 297, III, 1. 1-2 Fasti Arvalium

[L(ucius) Pompójnius [Flaceus], | [C(aius) Caelijus Bufu[s]

7 - Inscr. Ital., XIII, 1, n° 5, p. 184-185, 1. 18 Fasti Ostienses

\L{ucius) Pomponius Flaccujs, C(aius) Caeliu[s] a. 17

8 - Tacite, Ann., II, 41, 2

C(aìo) Caelio L(ueio) Pomponio consulibus, Oermanicus Caesar etc.


LES NOTICES INDIVIDUELLES 37

9 - Dion Cassius, LVII, 17, 1


Τω δ' εχομένω ετει το μέν των ύπατων Ονομα Γάϊός τε Καικίλιος και Λούκιος
Φλάκκος ελαβον.
L'année suivante (en 17) C. Caecums et L. Flaceus reçurent le titre de consuls.

10 - Dion Cassius, ind. du livre LVII


Γ. Καικίλιος Γ. vi. Νεπως ή 'Ρονψος

D'après les fastes trouvés sur le forum à proximité du temple de


Saturne, le sénateur [. -]lius Eufus était pr(aetor aerarli) en 13 ap. J.-C,
l'année du consulat éponyme de C. Silius Largus et L. Munatius Plancus.
Il est raisonnable d'identifier ce personnage au consul ordinaire de
l'an 17 ap. J.-C. que de nombreux fasti et les auteurs anciens font
connaître tantôt sous le nom de C. Caelius, tantôt sous ceux de C. Caecilius,
[. -]us Eufus, Γάϊος Καικίλιος, Γάϊος Καικίλιος Γαϊου υιός Νέπως ή 'Ρονψος (Χ).
11 nous paraît inutile d'imaginer, comme le faisait Groag (2), l'adoption
d'un Caelius par un Caecilius. La graphie Caecilius est certainement
erronée; son collègue L. Pomponius Flaccus n'est-il pas lui-même appelé
L. Pontius Flaccus sur les fastes de Lunaì Le préteur du trésor portait
vraisemblablement le nom de C. Caelius 0. f. Eufus, qui est celui de sa
lignée.
De fait, les Caelii Bufi sont mieux connus désormais. Le consul suf-
fect de l'an 4 av. J.-C, révélé en 1935 par les fastes des vici magistri (3),
C. Caelius, est sans doute le père du consul éponyme de l'an 17; il faut
vraisemblablement lui restituer le cognomen Eufus (4). Ce sénateur n'est
pas un homo novus, comme il semblait à l'époque où son nom est apparu (5).
Un tribun de la plèbe de l'année 51, C. Oaelius (6), portait déjà le cognomen
Eufus, comme le montre une inscription de Demetrias, en Thessalie, qui
date de sa légation en Macédoine (7). Nous retrouvons donc trois géné-

(*) Sur ce nom grec, voir J. Linderski dans Eos , LVI, 1966, fase. 1, p. 146-150.
(2) E. Groag, PIR*, II, p. 27-28, n° 141.
(8) AE, 1937, 62; cf. A. Degrassi, Inscr. Ital., XIII, 1, n° 20. Il ne figure pas
dans la PIR*.
(4) Comme le fait A. Degrassi, Fasti consolari, p. 5.
(5) E. Syme, Révolution romaine, p. 574-575 note 66, suivi par S. J. De Laet,
Rom. Senaat, p. 33, n° 74.
(6) T. K. S. Broughton, Magistrates, II, p. 241.
(7) T. A. Arvanitopoulos, Polemon, I, 1929, p. 204, cité par E. Syme, C. E. du
livre de Broughton dans Classical Philology, L, 1955, p. 133.
38 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

rations de C. Caelii Rufi au sénat: le tribun de 51, le consul suffect de


4 av. J.-C. et le consul ordinaire de 17 ap. J.-C. Le tribun de 51 est soit
le père, soit le grand-père du consul suffect de l'an 4.
A quel personnage identifier aujourd'hui C. Caelius C. f. Bufus qui
fut édile de Tusculum avec 0. Caninius Cf. Eebilus pour collègue (x)?
Groag ne doutait pas qu'il s'agît du préteur du trésor (2), le second édile
étant C Caninius C. f. Eebilus, consul suffect en 37 ap. J.-C (3). Mais le
grand-père de ce dernier, collègue de César en 45, C Caninius Eebilus,
dont on a retrouvé seulement la filiation C(ai) n(epos) était sans doute
un C(ai) f{ilius) aussi (4). Groag ne pouvait pas penser à lui pour la pierre
de Tusculum, puisqu'il ne connaissait ni le père, ni l'aïeul de C. Caelius
Eufus, consul en 17. A notre avis, les deux « grands-pères » peuvent avoir
été édiles à Tusculum aussi bien que leurs petits-fils: le tribun de 51,
C Caelius Eufus, et le consul de 45, C. Caninius Bebilus, appartiennent
en effet à la même génération. L'identité du préteur du trésor et de C.
Caelius C f. Eufus, édile de Tusculum, n'est donc pas assurée.
L'essentiel pour nous est l'exercice d'une magistrature à Tusculum
par l'un des C. Caelii Rufi; il est ainsi établi que la famille était originaire
de cette cité.

Préteur du trésor en 13 ap. J.-C, C Caelius C f. Eufus de Tusculum,


petit-fils ou même arrière-petit-fils de sénateur, est le fils d'un consul
suffect. Il devint lui-même consul ordinaire quatre ans seulement après
la preture; nous ne connaissons rien d'autre de sa carrière, mais cette
particularité prouve la faveur dont il jouissait au début du règne de
Tibère.

6 - [. -]LIUS A[TT]IC(US)

pr. 14 ap. J.-C.

CIL, VI, 1496 = 32270 =Inscr. Ital, XIII, 1, Eome


n° 27, p. 305, 1. 10
[ ]lio A[tt]ic(o) pr(aetoribus) a. 14

(x) CIL, XIV, 2622: C. Caelius G. f. Bufus G. Ganinius C. f. Eebilus a[ediles].


(2) Point de vue adopté par S. J. De Laet, op. cit., p. 33, n° 75.
(3) E. Groag, PIB2, II, p. 94-95, n° 393.
(4) Id., ibid., p. 94, n° 391.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 39

Le préteur du trésor de l'année 14 ap. J.-C, [. -~]Mus A[tt]ic(us),


ne peut être identifié à aucun sénateur contemporain. Les gentilices se
terminant par -Mus sont nombreux. Le cognomen Atticus paraît
probable (*); or, V index établi par A. Degrassi, à la fin de ses Fasti
consolari (2), montre ce surnom associé à onze gentilices pour les consuls
connus; ceux-ci appartiennent tous à des époques nettement postérieures;
il apparaît cependant que le cognomen Atticus devait être assez répandu
dans le milieu sénatorial dès l'époque augustéenne.

7 - P. OOENELIUS LEîsTTULUS SCIPIO

pr(aetor) aerari 15 ap. J.-C.

1 - CIL, V, 4329 = IL8, 940 Brixia, regio X

P(ublio) Cornelio Len[tulo~] Scipioni, co(n)s(uli), pr(aetori) aerari,


legato Ti(beri) Caesaris Aug(usti) leg(ionis) VIIII Hispan(ae), pontif(ici),
fetiali, d(ecreto) d(ecurionum).

2 - CIL, VI, 37836 = ILS, 9349 Eome

Druso Caesar[e] | C(aio) Norbano Fiacco [co](n)s(ulibus), | Menander


C(ai) Comini Macri et C(ai) Corneli Crispi, bigarius vincit ludis Mar-
\

t(ialibus) q(uos) f(ecerunt) co(n)s(ules), eq(uis) Basilisco, Rustico', | ludis


Victor(iae) Caesar(is) q(uos) f(ecerunt) P(ublius) Cornelius Scip(io), \
Q(uintus) Pompeius Macer pr(aetores), eq(uis) Histro, Corace. a. 15

3 - Inscr. Ital., XIII, 1, n° 24, p. 297 Fasti Arvalium

P(ublio) 8cipio(ne), C(aio) Calpurn(io) Aviol{a\. a. 24

4 - CIL, XIV, 4568 Ostie

[P(ublio) C]o[rnelio &cip~\ion\e], C(aio) C[alpurnio A~]viola.

(x) II résulte d'une meilleure lecture indiquée par A. Degrassi dans les Inscrip-
tiones Italiae; le Corpus proposait [Pro]c(ulus).
(2) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 245.
40 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ( AERARIUM MILITARE »

5 - CIO, 3186 = IGE, IV, 1409 Smyrne

Ό δήμος \ Πόπλιον Λεντλον Σκί\πί[ω]να τον άν&ύπατον, | ενεργέτην δντα


δια | προγόνων της πόλεως.

6 - a) Tacite, Ann., Ill, 74, 2: (trois colonnes se préparent à attaquer


Tacfarinas)

Ex quis Cornelius Scialo legatus praefuit ... a. 22


L'une d'elles fut sous les ordres du légat Cornelius Scipio . . .

b) Id., ibid., VI, 8, 2, 2


Scipiones haec et Silani et Cassii isdem ferme aut paulum iwmutatis
verbis adseveratione multa censebant ... a. 32
Les Scipions, les Silani, les Cassii se contentaient de donner leur opinion dans
les mêmes termes ou en changeant à peine quelques mots, mais avec beaucoup
d'insistance et de force. . .

c) Id., ibid., XI, 2, 3


Ipsa ad perniciem Poppaeae festinat, subditis qui terrore carceris ad
voluntariam mortem propellerent, adeo ignaro Caesare ut paucos dies epu-
lantem apud se maritum eius Bcipionem percontaretur cur sine uxore diseu-
buisset, atque ille functam fato responderet. a. 47
(Messaline) se hâte à la perte de Poppée en lui envoyant des gens qui lui firent
peur de la prison et la poussèrent au suicide. L'empereur n'était au courant de rien.
Aussi, quelques jours plus tard, recevant à sa table le mari de Poppée, Scipion, il
lui demanda pourquoi il était venu dîner sans sa femme, et celui-ci répondit qu'elle
avait accompli sa destinée.

d) Id., ibid., XI, 4, 7


Bogatus sententiam et Scipio, « cum idem », inquit, « de admissis
Poppaeae sentiam quod omnes, putate me idem dicere quod omnes », eleganti
temperamento inter coniugalem amorem et senatoriali necessitatem. a. 47
Comme on lui demandait son avis, Scipion répondit: «comme j'éprouve, sur
la conduite de Poppée, les sentiments de tout le monde, supposez que je parle aussi
comme tout le monde », élégant compromis entre l'amour conjugal et les obligations
d'un sénateur.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 41

C'est sans doute pour saluer l'élévation de P. Cornelius Lentulus


Scipio (*) au consulat que les décurions de Brixia lui offrirent une statue:
la base présente la carrière prétorienne du sénateur dans l'ordre
chronologique, à l'exclusion de la magistrature suprême indiquée en tête,
comme il se doit. Le premier poste connu est celui de pr(aetor) aerari;
or, l'année de la preture de Cornelius Scipio est précisée par une
inscription romaine qui commémore les jeux célébrés en 15 ap. J.-C. par
les consuls et les préteurs. Il faut donc restituer pour cette année-là le
nom de Cornelius Scipio sur les Fasti du forum avant celui de son collègue
[. -] Valens (2).
Tacite mentionne ce sénateur parmi les légats qui participèrent aux
campagnes de l'année 22 contre Tacfarinas: le jeune homme commandait
alors la légion VIIIIa Eispana, comme l'indique la pierre de Brixia; il
est vrai que cette légion fut envoyée en Afrique contre le chef numide (3).
Le jeune Scipio se trouvait donc en 22 sous les ordres du proconsul Q.
Iunius Blaesus (4), qui était son parent (5). L'élévation de Scipio au
consulat en 24 récompense sans doute sa participation à une guerre que
Tibère considérait comme terminée: il avait même permis aux soldats
d'acclamer Blaesus en lui donnant le titre à1 Imperator (6).
Cornelius Scipio apparaît à plusieurs reprises dans les Annales: en
32, il fait probablement partie des Scipiones qui donnent leur avis au
sénat; en 47, son épouse Poppaea Sabina est poussée au suicide par la
malveillance de Messaline: le sénateur a l'élégance de ne pas s'associer
au blâme public.
Nous savons par une inscription de Smyrne qu'il fut proconsul d'Asie.
Calpurnius Aviola, son collègue au consulat en 24, gouverna la province
en 37-38 sans doute (7). Cornelius Scipio l'a précédé à Ephèse; en effet
celui de ses fils qui porte le cognomen Asiaticus, commémorant le pro-

C) E. Groag, PIB2, II, p. 343-344, n° 1398; S. J. De Laet, Bom. Senaat, p. 45-


46, n° 141.
(2) Inscr. Ital, XIII, 1, n° 27, p. 305, 1. 16.
(3) Tacite, Ann., IV, 23, 3: en 24, Tibère croyant l'Afrique apaisée à la suite
des campagnes de Blaesus, rappelle la neuvième légion.
(4) B. E. Thomasson, Die Statthalter, II, p. 25.
(5) Voir le stemma des Lentuli dressé par E. Groag, PIB2, II, dépliant après
la page 328.
(6) Tacite, Ann., Ill, 74, 5.
(7) E. Groag, PIB2, II, p. 49, n° 251; D. Magie, Boman Buie, II, p. 1581.
42 ΐΛ AERAKTUM SATURNI » ET L5« AERARIUM MILITARE »

consulat de son père, fut consul suffect en 68 (x); s'il a géré les faisceaux
consulaires suo anno, il est né en 35. C'est donc en 35-36 que nous
placerions volontiers le séjour en Asie de l'ancien préteur du trésor (2).
Scipio fut coopté par deux collèges sacerdotaux, les pontifes et les
féciaux. Ce n'est pas étonnant pour un patricien, membre d'une des
familles les plus illustres de la fin de la Bépublique, les Lentuli (3). Cette
lignée descendait des Cornelii Scipiones. Fils du consul de l'an 2, P.
Cornelius Lentulus Scipio (4), le préteur du trésor eut deux fils qui furent
les derniers consulaires Lentuli (5): le premier, P. Cornelius Scipio fut
consul suffect en 56 (6); le second, P. Cornelius Scipio Asiaticus, né peu
avant ou pendant le proconsulat d'Asie, géra les faisceaux consulaires
en 68 (7). Poppaea Sabina était la fille de C. Poppaeus Sabinus, consul
ordinaire en 9 (8), un novus homo originaire du Picenum (9). D'un premier
mariage avec T. Ollius, elle eut une fille Poppaea Sabina, qui épousa
plus tard Néron (10). Après l'assassinat de T. Ollius en 31 (10), elle épousa
P. Cornelius Lentulus Scipio: il est donc vraisemblable de voir en elle
la mère du consul de 68, mais non celle du consul de 56, né sans doute
d'un premier mariage du préteur du trésor.

(!) E. Groag, PIB2, II, p. 356, n° 1440.


(2) D. Magie, op. cit., II, p. 1581, le situe aussitôt avant celui de Calpurnius A viola
sans préciser de date.
(3) K. Syme, Révolution romaine, p. 473-474; à la p. 599, note 26, l'auteur
rappelle une plaisanterie sur les Lentuli qui datait de la fin de la république. Cf. Quin-
tilien, 6, 3, 67: P. Oppius dixit de genere Lentulorum, cum assidue minores parentibus
liberi essent, nascendo interiturum (P. Oppius dit de la famille des Lentuli que, puisque
les enfants y étaient constamment plus petits que les parents, elle périrait à force
de se reproduire).
(4) E. Groag, PIB2, II, p. 343, n° 1397.
(5) K. Syme, op. cit., p. 599, note 28.
(6) E. Groag, PIB2, II, p. 356, n° 1439.
(7) Voir la note 1.
(8) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 7.
(9) E. Syme, op. cit., p. 375; T. P. Wiseman, New Men, p. 254, n° 341.
(10) Tacite, Ann., XIII, 45, 2: Erat in civitate Sabina Poppaea, T. Ollio pâtre
genita, sed nomen avi materni sumpserat, inlustri memoria Poppaei Sabini, consulari
et triumphali décore praefulgentis ; nam Ollium honoribus nondum functum amicitia
Seiani pervertit. (Il y avait à Rome une femme, Sabine Poppée, qui était la fille de
T. Ollius, mais qui avait pris le nom de son aïeul maternel, Poppaeus Sabinus,
d'illustre mémoire, ancien consul, qui brillait de l'éclat que donnent les honneurs du
triomphe; car Ollius n'avait pas encore parcouru la carrière des honneurs, quand
l'amitié de Séjan le perdit).
LES NOTICES INDIVIDUELLES 43

Stemma

P. Cornelius Lentulus C. Poppaeus Sabinus


Scipio cos ord. a. 9
cos. a. 2

P. COKNELIUS LENTULUS £ Poppaea Sabina = T. Ollius f a.31


SCIPIO
pr(aetor) aerari a. 15
cos. a. 24
P.Cornelius Scipio P.Cornelius Scipio Poppaea Sabina
cos a. 56 Asiaticus épouse de Néron
cos. a. 68

Praetor aerari en l'an 15, P. Cornelius Lentulus Scipio est un


membre de la nobilitas comme L. Calpurnius Piso. Un intervalle de huit
années sépare la preture du consulat; entre- temps, Scipio participa
seulement à la campagne contre Tacfarinas. Nous ne savons pas en revanche
si le proconsulat d'Asie fut son unique poste consulaire.

8 - [. -] VALENS

pr. 15 ap. J.-C.

CIL, VI, 1496 = 32270 = Inscr. Ital., XIII, 1,


η» 27, p. 305, 1. 16
[ ] Valente pr(aetoribus) a. 15

En 15 ap. J.-C, le sénateur Valens était préteur du trésor avec pour


collègue P. Cornelius Lentulus Scipio dont le nom doit être restitué sur
les fastes du forum (voir la notice précédente); sans doute n'y figurait-il
pas en entier. Nous ne pouvons rapprocher Valens d'aucun personnage
connu; ce cognomen se rencontre à la suite de dix-neuf geniilices pour les
consuls, comme le montre Vindex établi par A. Degrassi à la fin de ses
Fasti consolari (x); il était donc largement répandu parmi les sénateurs.

A. Degrassi, Fasti consolari, p. 271.


44 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

9 - [. -]US PBOC(ULUS)

pr. 16 ap. J.-O.

CIL, VI, 1496 = 32270 = Inscr. Ital., XIII, 1,


n° 27, p. 305, 1. 22
[ ]o Proc(ulo) pr(aetorìbus) a. 16

Ce pr(aetor aerarli) de l'an 16 portait vraisemblablement le cognomen


Proculus inscrit en abrégé sur la pierre; ce surnom est l'un des plus
répandus i1). Il ne nous est pas possible d'identifier le personnage. Le seul
nom qui mérite d'être relevé et rapproché du sien est celui de On. Acer-
ronius Proculus qui fut consul ordinaire en 37 (2); sa carrière n'est pas
connue.

10 - C. UMMIDIUS C. f. Ter. DUBMIUS QUADEATUS

pr. aer. 18 ap. J.-C.

1 - CIL, X, 5182 = ILS, 972 Casinum, regio I

C(aio) Ummidio C(ai) f(ilio) Ter(etina tribu) Durmio \ Quadrato,


co(n)s(uli), XVvir(o) s(acris) f(aciundis), \ leg(ato) Ti(beri) Caesaris
Aug(usti) prov(inciae) Lusit(aniae), | leg(ato) divi Claudi in IUyrico eius-
d(em) et | Neronis Caesaris Aug(usti) in Syria, proco(n)s(uli) \ promnc(iae)
Cypri, q(uaestori) divi Augusti et Ti(beri) Caesaris | Aug(usti), aed(ili)
cur(uli), pr(aetor) aer(ari), Xvir(o) stlit(ibus) iud(icandis), curat(ori) \ ta-
bular(um) publicar(um), praef(eeto) frum(enti) dandi ex s(enatus) c(onsulto).

2 - CIL, VI, 1496 = 32270 = Inscr. Ital., XIII, 1,


n° 27, p. 306, 1-2

C(aio) Ummidi(o) Quadr[ato pr(aetori)] a. 18

(x) L'index des Fasti consolari de A. Degrassi montre à la p. 264 cinquante-sept


gentilices associés au cognomen Proculus, et ceci pour les consuls connus seulement.
(2) E. Groag, PIB2, I, p. 4-5, n° 32; A. Detrassi, op. cit., p. 10.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 45

3 - CIL, X, 5180 Casinum

[ leg(ato) Ti{beri) Claudi Caes(aris) Aug(usti) Gé]rm(anici) in |


\
[Illyrico, leg(ato) eiusdem] in Syria, [proco(n)s(uli) prov(inciae) Cypri,]

\
q(uaestori) divi Aug(usti) \ et Ti(beri) Caesaris Aug(usti), curator(i) [ ]

4 - CIL, X, 5181 Casinum

[ ] | Xvir [stlit(ibus) iud(icandis) ] curator tabular(um) pu-

|
blicar(um) [ ]

5 - CIL, II, 172 == ILS, 190 Aritium Vêtus,


Lusitania
C(aio) Ummidio Durmio Quadrato, leg(ato) C(aii) Caesaris Germanici
|

Imp(eratoris) pro praet(ore). | Iusiurandum Aritiensium. Ex mei animi


|

\
sententia, ut ego iis inimicus | ero quos C(aio) Caesari Germanico inimicos
esse | cognovero, etc. [A(nte) d(iemj] V idus Mai[as] in Ariense oppido ve-
|
teri, Cn(aeo) Acerronio Proculo C(aio) Petronio Nigrino co(n)s(ulibus), \
\

mag(istris) \ Vegeto Tattici, [ ~\ìbio [ barioni.


11 mai 37

6 - Β. MoTiterde, Mélanges de la Faculté orientale Milliaire sur la voie


de Vuniversité Saint-Joseph (Beyrouth), 1907, p. 337 romaine d'Antioche
= AE, 1907, 194 à Ptolemaïs

[Nero Cl\audiu[s] \ [Caesar A]ug(ustus) Germanicus | [trib(unicia)


potentate) bis, co(n)s(ul) \ [designafjus iterum [viam] ab Antiochea \ [fecit
\

ad rijovam colon[i]am | [Ptolemai~]da milìa passu(um) \ [ ] XIIII \


[m(ilia) p(assuum) - — ] XXXVII \ [C(aio) Ummidi]o Durmio
\

[Quadralo leg(ato) pro pr(aetore).

7 - Catalogue of the Greek coins in the British Mu- Antioche


seum, Galatia, Cappadocia, Syria, p. 160, n° 173
"Επί Κοναδράτον.

8 - Tacite, Ann., XII, 45, 6

Postremo quia multitudinem hostium Pollio, iussa patris Badamistus


obtendebant, pactus indutias abscedit, ut, nisi Pharasmanen bello abster-
46 ΐΛ( AERARITJM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

ruisset, Ummidium Quadratum praesidem Syriae doceret quo in statu


Armenia foret a. 51
Enfin, comme Pollio et Eadamiste alléguaient, l'un la multitude des ennemis,
l'autre les ordres de son père, il convient d'une trêve et part avec l'intention, au cas
où il ne détournerait pas Pharasmane de la guerre, d'informer Ummidius Quadratus,
gouverneur de Syrie, de la situation en Arménie.

9 - Id., ibid., XII, 48, 1

At Quadratus, cognoscens proditum Mithridatem et regnum ab inter-


fectoribus obtineri, vocat consilium, docet acta et an ulciseeretur consultât.
a. 51
Cependant Quadratus, apprenant que Mithridate avait été trahi et que son
royaume était aux mains de ses meurtriers, convoque son état-major, lui apprend
les faits et met en délibération s'il en demandera réparation.

10 - Id., ibid., XII, 54, 5

Hique primo laetari, mox gliscente pernicie cum arma militum interie-
cissent, caesi milites; arsissetque bello provincia, ni Quadratus Syriae rector
subvenisset. a. 52
Ils (les procurateurs respectifs des Graliléens et des Samaritains dont les deux
peuples en viennent aux mains) s'en réjouirent d'abord; bientôt, le mal »'aggravant,
ils firent intervenir les soldats, qui furent taillés en pièces; et la guerre aurait
embrasé la province, si Quadratus, gouverneur de Syrie, ne fût venu l'arrêter.

11 - Id., ibid., XIII, 8, 2

Copiae Orientis ita dividuntur, ut pars auxiliarium cum duabus le-


gionibus apud provinciam Syriam et legatum eius Quadratum Ummidium
remaneret. a. 55
Voici comment furent réparties les troupes de l'Orient: la moitié des auxiliaires
avec deux légions resterait dans la province de Syrie sous le commandement du légat
de Syrie, Quadratus Ummidius.

12 - Id., ibid., XIII, 9, 3

Accepitque eos centurio Insteius ab Ummidio missus, forte prior ea


de causa adito rege. a. 55
Ils · — (les otages) — furent remis au centurion Insteius, envoyé par Ummidius
pour traiter une autre affaire avec le roi et arrivé par hasard le premier auprès de lui.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 47

13 - Id., ibid., XIV, 26, 4

Corbulon in Syriam abscessit, morte Ummidii legati vacuam ac sibi


permissam. a. 60
Corbulon se retira en Syrie; cette province, devenue vacante à la suite du décès
du légat Ummidius, lui fut confiée.

14 - Flavius Josephe, Bellum ludaicum, II, 12, 5-6

Και των Σαμαρεων oi δυνατοί προς Ούμμίδιον Κουαδράτον, δς ην ήγεμών της


Συρίας, εις Τύρον παραγενόμενοι δίκην τινά παρά των πορυηαάντων την χώραν
ήξίουν λαβείν · παρόντες δε και οι γνώριμοι των 'Ιουδαίων και ό άρχιερευς Ίωνά'&ης
νιος Άνάνου κατάρξαι μεν ελεγον της ταραχής Σαμαρέας δια τον φόνον.
Les chefs des Samaritains vinrent à Tyr pour voir Ummidius Quadratus,
gouverneur de la Syrie, pour le presser de punir les auteurs de ces déprédations. Les
notables juifs, avec le grand prêtre Jonathan, fils d'Ananus, se présentèrent aussi
et affirmèrent que les Samaritains, par le meurtre en question, étaient à l'origine des
troubles, etc.
(Tournée de Quadratus en Palestine qui s'accompagne d'une sévère
répression).

15 - Flavius Josephe, Ant. lud., XX, 6, 2


Σαμαρέων δε oi πρώτοι προς Ούμμίδιον Κουαδράτον της Συρίας προεστηκότα
κατά τον καιρόν εκείνον εν Τύρω τυγχάνοντα παραγενόμενοι κατηγορούν των
'Ιουδαίων, ώς τας κώμας αυτών εμπρήσειαν και διαρπάσειαν etc.
Les chefs des Samaritains rencontrèrent Ummidius Quadratus, gouverneur de
la Syrie, qui, à cette époque, était à Tyr, et accusèrent les juifs de brûler et mettre
à sac leurs villages.
(Féroce répression ordonnée par Ummidius Quadratus).

Trois inscriptions honorent C. Ummidius Durmius Quadratus à Ca-


sinum, dans le Samnium, dont il est originaire; en effet il est inscrit dans
la tribu Teretina qui est celle de cette cité (x) et sa fille, Ummidia Qua-
dratilla, a élevé à ses frais un amphithéâtre et un temple à Casinum (a).

(x) J. W. Kubitschek, Imperium Romanum, p. 16-17.


(2) CIL, X, 5183 = ILS, 5628: Ummidia C. j. Quadratilla amphitheatrum et
\

templum Casinatibus | sua pecunia fecit.


48 L'a AEßAKIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Les Ummidii Quadrati constituent une lignée de consulaires pendant


tout le IIe siècle et s'allient à Marc-Aurèle i1). C. Ummidius Durmius
Quadratus est le fondateur de cette noble gens (2); son second gentilice
Durmius lui vient de sa mère ou d'une adoption; il peut être apparenté
à M. Durmius, triumvir monetalis en 19 av. J.-C. (3).
Le premier texte présente son cursus sans respecter d'ordre
chronologique, pas plus ascendant que descendant. Nous devons donc
reconstituer cette carrière. Quadratus a commencé par un poste honorable du
vigintivirat, celui de decemvir stlitibus Îudicandis qui lui a donné un
premier contact avec les problèmes judiciaires. Le service militaire
n'apparaît pas. La questure est très flatteuse, puisque le prince a choisi le
jeune sénateur pour lire ses messages au sénat; successivement questeur
du divin Auguste et de Tibère, Quadratus a exercé sa première
magistrature en 14 (4). Bespectant les intervalles réglementaires entre les
honneurs, il est vraisemblablement édile curule en 16, puisque sa preture
est précisément datée de l'année 18. En effet la pierre de Gasinum
indique que Quadratus fut praetor aerarii; or, les fastes des curateurs du
trésor, trouvés sur le forum à proximité du temple de Saturne, portent
le nom de C. Ummidius, Quadr[atus] à la ligne des préteurs, pour l'année 18.
Après avoir passé une année au service de Vaerarium, Quadratus
est nommé par Tibère à la direction des archives publiques avec le titre
de curator tabularum publicarum: il appartient au collège de trois
sénateurs que l'empereur a créé, en 16, pour remédier aux carences de la
conservation des archives à l'aide d'un service spécialisé (5). Il est intéressant
de voir la désignation à ce poste d'un ancien responsable du trésor; on sait
que, sous la Eépublique, les quaestores urbani avaient à la fois la charge

(x) P. Lambrechts, La famille des Ummìdii Quadrati, dans L'Antiquité classique,


VII, 1938, p. 85-90, se proposait surtout d'établir un arbre généalogique. Récemment
R. Syme, The TJmmidii, dans Historia, XVII, 1958, p. 72-105, a consacré une notice
à chacun des membres de cette famille; il ne modifie pas le stemma donné par
R. Hanslik, BE, suppl. IX, 1962, col. 1830.
(2) Sur ce personnage, cf. PIB1, III, p. 468-469, n° 600; S. J. De Laet, Bom.
8enaat,-p. 95-96, n° 428; R. Hanslik, BE, suppl. IX, 1962, col. 1827-1831, n° 1, TJm-
midius; R. Syme, loc. cit., p. 73-75, n° 1; T. P. Wiseman, New Men, p. 268, n° 452, le
retient dans son recensement des homines novi.
(3) E. Grroag, PIB2, III, p. 65-66, n° 209; M. Durmius est présenté comme un
homo novus possible par T. P. Wiseman, op. cit., p. 229, n° 159.
(4) M. Cébeillac, Les « quaestores principis et candidati » aux Ier et IIe siècles de
VEmpire, Milan, 1972, p. 19-21, n<> VII.
(5) Dion Cassius, LVII, 16.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 49

de la caisse publique et des archives. Nous discuterons de cet avancement


à propos de la carrière de L. Coiedius Candidus (notice n° 21). Quadratus
a dû prendre le service des archives au début de l'année 19; nous ne
connaissons pas la durée de sa curatelle. Sorti de sa charge, il est choisi par
le sénat (ex senatus consulto) pour veiller pendant une année aux
distributions gratuites de blé à la plèbe frumentaire (x) qui sont, à cette époque,
assurées par la caisse sénatoriale (a).
Cinq ans au moins après la preture, donc après 23, le tirage au sort
lui attribue une modeste province sénatoriale, Chypre: à Paphos, une
famille qui lui doit la citoyenneté porte son nom et est inscrite dans sa
tribu (3).
A la fin du règne de Tibère, Quadratus gouvernait la Lusitanie avec
le titre de legatus Ti. Caesaris Augusti provineiae Lusitaniae; en 37, lors
de l'avènement de Caligula, il fait prononcer à la population à?Aritium
vêtus un serment qu'une inscription commemorative a conservé (4).
Quadratus est resté plusieurs années en Lusitanie; il y est arrivé après
l'année 31, puisque la présence du gouverneur L. Fulcinius Trio est assurée
à cette date (6). On sait que Tibère laissait ses légats assez longtemps
dans la même province (7).
Il reçoit vraisemblablement le consulat suffect peu après sa sortie
de charge (8); nous ne pouvons pas le dater plus précisément qu'aux
alentours de l'année 40 (9). Il est alors honoré d'un sacerdoce, celui de
quindecemvir sacris facîundis.

(x) Dans sa dernière liste des responsables sénatoriaux des distributions de blé
à la plèbe romaine, insérée dans les Bonner Jahrbücher, CLXIII, 1963, p. 234, H.-G-.
Pflaum date sa préfecture de l'année 20.
(2) D. Van Berchem, Les distributions de blé et d'argent à la plèbe romaine sous
VEmpire, Genève, 1939, p. 69-70.
(3) IGE, III, 950 et 951.
(*) Sur ce serment de fidélité, voir R. Etienne, Le culte impérial dans la
péninsule ibérique, Paris, 1958, p. 358 et p. 435-436.
(5) G. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 136-137, situe son gouvernement entre 31
et 39.
(6) Id., ibid., p. 135, d'après AB, 1953, 88.
(7) Tacite, Ann., I, 80.
(8) Au Ier siècle, tous les légats de Lusitanie connus ont obtenu aussitôt après
le consulat; voir le tableau établi par G. Alföldy, op. cit., p. 227.
(9) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 11, le place entre 39 et 48.
50 ΐΛ AEEARIUM SATURNI » ET L'a AEEARIUM MILITARE »

Sous le règne de Claude, il exerce un gouvernement en Illyricum,


puis celui de la Syrie qui s'est prolongé sous le règne de Néron. Sa
légation, de Pannonie ou de Dalmatie, se place vers les années 46-50 i1).
En 50 ou 51, Quadratus accède au grand commandement de Syrie;
plusieurs passages de Tacite et de Flavius Josephe permettent de
reconstituer l'essentiel de son action. Il est déjà en place en 51 lorsque Ea-
damiste, fils de Pharasmane, neveu de Mithridate, s'empare de son
oncle par trahison et le fait mettre à mort avec tous les siens. Quadratus,
sans attendre les ordres de Claude, somme Pharasmane d'abandonner
l'Arménie, en vain puisque Eadamiste se proclame roi d'Arménie. En 52,
Quadratus intervient en Judée; sa pacification est particulièrement
brutale. En 54, redoutant l'invasion du royaume d'Arménie par les Parthes,
Claude envoie Corbulon en Orient; mais les troupes sont divisées en deux
groupes: Quadratus reçoit deux légions et une partie des auxiliaires de
Syrie, Corbulon deux légions et les troupes cantonnées en Cappadoce.
Une rivalité divise les deux hommes: en 55, c'est le légat qui reçoit des
otages du roi des Parthes, Vologèse. Quadratus meurt en Syrie avant
l'année 60 pour laquelle Tacite fait allusion à sa disparition et à son
remplacement à la tête de la province par Corbulon.

La carrière de cet homo novus de Casinum, commencée sous Auguste,


couvre les règnes de Tibère, Caligula, Claude et ÏTéron. La gestion du
trésor public qui lui incomba l'année de la preture — en principe par
tirage au sort — a orienté son avancement ultérieur: les deux premières
fonctions prétoriennes, curatelle des archives et direction des distributions
de blé, sont en étroite relation avec Vaerarium. Pendant quelques années,
Quadratus fut, à Eome, l'un des sénateurs préposés aux affaires relevant
du sénat; aussi son premier gouvernement de province s'exerce-t-il dans
une province sénatoriale, Chypre. Peut-être cette spécialisation aussi
nette sous le règne de Tibère témoigne-t-elle d'une relative disgrâce de
la part de cet empereur; c'est lui cependant qui lui accorde une première
légation impériale. Caligula ou Claude lui confère le consulat. Sous le
règne de Claude, Quadratus termine brillamment sa carrière par le
gouvernement de la Syrie; cette nomination, signe de faveur, surprend un
peu pour un homme qui n'avait accompli auparavant aucun service
militaire.

A. Jagenteufel, Balmatia, col. 31-34, n° 8.


LES NOTICES INDIVIDUELLES 51

11 - Q. LUCANIUS LATINUS

pr. 19 ap. J.-C.

CIL, VI, 1496 = 32270 = Inscr. Ital, XIII, 1, Borne


n» 27, p. 305-306, 1. 8-9

M(arco) Sitano M(arci) f{ilio), L(ucio) Nor\bano Balbo co(n)s(ulibusy\ |


Q(uinto) Lucanio Latino, [ pr(aetoribus)] a. 19

Les fastes retrouvés sur le forum montrent que Q. Lucanius Lati-


nus i1) était pr(aetor aerarli) en 19 ap. J.-C, année où M. Iunius Silanus
Torquatus et L. Norbanus Balbus étaient consuls éponymes (2).
Ce sénateur n'est pas connu par ailleurs. Il n'est plus possible de
l'identifier au Κοίντος Λονκανιο[ς] qui figure sur une inscription de Cy-
rène (3); ce personnage est certainement Q. Lucanius Proculus, proconsul
de la province de Crète et Cyrénaïque sous Auguste (4). Q. Lucanius
Proculus est peut-être le père de Q. Lucanius Latinus (5); la vraisemblance
chronologique permet cette hypothèse.
Un personnage des Annales que Tacite appelle tantôt Lucanius La-
tiaris (6), tantôt Latinius Latiaris (7) s'identifie sans doute au L.
Lucanius Latiaris dont le nom se lit sur une tuile romaine (8). Sénateur de
rang prétorien dans les années 27-28 ap. J.-C, cet individu pourrait être
un frère cadet du préteur du trésor (9).

i1) L. Petersen, PIB2, V, 1, 1970, p. 93, n° 347, lui donne le titre inexact de
praetor aerarii Saturni; ce personnage ne figure pas dans la notice Lucanius de la BE,
XIII, 2, 1927, col. 1552-1553.
(2) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 8.
(3) IGE, I, 1032 — 8EG, IX, 96. Ce rapprochement était suggéré par H. Dessau,
PIB1, II, p. 300, n° 258.
(4) E. Ghislanzoni, Bendiconti Lincei, 1925, p. 409-410 = AE, 1927, 140 et G-,
Oliverio, Documenti antichi dell'Africa italiana, I, 2, Cirenaica, Bergame, 1933, p. 181
= AE, 1934, 256 (à Cyrène).
(6) L. Petersen, loc. cit., p. 93, n° 348.
(β) Tacite, Ann., VI, 4, 1.
Ο Id., ibid., IV, 68, 2; IV, 71, 1.
(8) CIL, XV, 1245: L. Lucani Latiaris (les lettres datent l'inscription du Ier
\

siècle); voir l'étude de R. Syme, Personal Names in Annals I-VI, dans JB8, XXXIX,
1949, p. 13.
(") L. Petersen, loc. cit., p. 93, n° 346.
52 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

Q. Lucanius Latinus appartient donc à une famille sénatoriale; son


origine italienne ne fait pas de doute i1). Le premier des Lucanii connu
est M. Lucanius M. f. Hor. qui figurait en 89 dans le consilium de Cn.
Pompeius Strabo à Asculum (2); la différence des prénoms n'incite pas
à supposer une descendance directe. Dans l'étude qu'il avait consacrée
à M. Lucanius M. f. Hor., Cichorius se demandait si les Lucanii de
l'époque de Tibère n'appartiennent pas à une famille qui avait reçu la
citoyenneté de ce personnage, à l'issue de la guerre sociale (3).

Q. Lucanius Latinus est donc un Italien d'ascendance sénatoriale


dont nous connaissons seulement la preture du trésor, exercée sous Tibère,
en 19 ap. J.-C.

12 - Q. ABQUIKEUS
[pr.~\ 20 ap. J.-C.

CIL, VI, 1496 = 32270 = Inser. Ital., XIII, 1, Borne


n° 27, p. 305-306, 1. 14-15-16

M(arco) Valerio Messal[la, M(arco) Aurelio Cotta co(n)s(ulibus)~\ \


Q{uinto) Arquinio [ ] | L(ueio) Pontio Ni[grinof pr(aetoribus)] a. 20
Q. Arquinius apparaît, sur les fastes du trésor, après les consuls
éponymes de l'année 20: le nom de M. Valerius Messalla figure encore;
celui de M. Aurelius Cotta peut ainsi être restitué (4). Q. Arquinius est
donc préteur du trésor; son collègue, L. Pontius Mfgrinus], est mentionné
à la ligne suivante. Peut-être le cognomen de Q. Arquinius était-il gravé
dans la partie de la pierre qui manque aujourd'hui.
Ce sénateur n'est pas autrement connu. Nous devons remarquer en
outre qu'il est le seul Arquinius relevé par la Real-Encyclopädie (5) ou la
ProsopograpMa Imperii Romani (6). Aucun Arquinius ne se rencontre

(x) Sur le gentilice italien Lucanius, cf. W. Schulze, Lat. Eigennamen, p. 359
et p. 532.
(2) CIL, VI, 37045, 1. 10-11.
(3) C. Cichorius, Das OffizierJcorps eines röm. Heeres aus dem Bundegenossenkriege,
Römische Studien, Leipzig, 1922, p. 171-172.
(4) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 8.
(5) P. v. Rohden, BE, II, 1, 1895, col. 1219, Arquinius.
(6) E. Groag, PIB2, I, p. 209, n° 1069; Q. Arquinius figure aussi dans S. J.
De Laet, Bom. Senaat, p. 107, n° 516.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 53

parmi les magistrats de l'époque républicaine recensés par T. R. S.


Broughton i1). Le personnage n'est probablement pas issu d'une famille
sénatoriale. Le gentilice Arquinius est d'ailleurs assez rare; on en trouve
quelques exemples en Italie (2).

Préteur du trésor sous le règne de Tibère, Q. Arquinius, d'origine


italienne, est vraisemblablement un homo novus.

13 - L. PONTIUS NI[GEINUS ?]

[pr] 20 ap. J.-C.


Voir l'inscription à la notice précédente.

Le nom du personnage est gravé à la suite de celui de Q. Arquinius,


mais nettement séparé de la liste des curatores; il s'agit certainement du
collègue de Q. Arquinius, préteur du trésor.
L'existence du sénateur C. Petronius Pontius Mgrinus, consul
ordinaire en 37 ap. J.-C. (3), invite à penser que le cognomen de L. Pontius
dont subsistent seulement les deux premières lettres Ni-, était Mgrinus(4).
La parenté des deux hommes ne fait pas de doute (5). A titre
d'hypothèse, nous pouvons suggérer que le consul éponyme de 37 est un fils du
praetor aerarli de l'année 20, entré par adoption dans la famille des Pe-
tronii. Le père adoptif était peut-être 0. Petronius Umbrinus, consul
suffect en 25 (6). Les nombreuses colonnes consacrées à des Pontii par la
Beal-Encyclopädie témoignent de la large diffusion que ce nom a connue (7);

i1) T. R. S. Broughton, Magistrates, II, p. 533.


(2) OIL, VI, 12350, (Rome); CIL, X, 4335, (Capoue: une Arquinia); OIL, XI,
149 (Ravenne); sur ce gentilice italien, cf. W. Schulze, Lot. Eigennamen, p. 126 et
p. 403.
(8) R. Hanslik, BE, XXII, 1, 1953, col. 40-41, n° 40, Pontius; A. Degrassi, Fasti
consolari, p. 10, appelé par erreur P(ublius) dans Vindex de ce livre.
(4) Sur L. Pontius Ni[grinus?], "brèves notices de S. J. De Laet, Bom. Senaat,
p. 131, n° 741, et R. Hanslik, loc. cit., col. 40, n° 39.
(5) Dans le même sens, voir R. Hanslik, loc. cit., col. 40-41, n° 40.
(6) E. Groag, BE, XIX, 1, 1937, col. 1229-1230, n° 79, Petronius, envisage la
possibilité de cette adoption.
(') BE, XXII, 1, 1953, col. 30-46.
54 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AEBARITJM MILITARE »

il reste qu'on le trouve particulièrement en Etrurie (x) et en Ombrie (2).


Or, le gentilice Petronius est lui-même caractéristique du monde
étrusque (3), où il se rencontre fréquemment sous des formes toscanes
et sous son dérivé latin (4); il s'est répandu dans les régions voisines,
puisque le cognomen du consul de 25 atteste l'origine ombrienne de cette
branche (5). Le rapprochement des gentilices Pontius et Petronius dans
le nom du consul de 37 nous invite par conséquent à faire de son proche
parent, L. Pontius Mgrinus, un sénateur originaire de la Toscane ou de
l'Ombrie.
Peut-être l'inscription romaine non datée qui fait connaître un Cladus
Pontiorum Nigrini et Labionis dtsp(ensator) (6) doit-elle être rapprochée
de L. Pontius Mgrinus, comme l'a fait E. Hanslik (7). Pontius Labeo,
frère de l'un ou de l'autre, est inconnu par ailleurs (8).
La similitude des prénoms nous fait rappeler l'existence d'un tribun
de la plèbe de l'année 45 av. J.-C, L. Pontius Aquila (9). La diffusion du
nom Pontius ne permet pas de le considérer comme un ancêtre probable
du préteur du trésor.

Ainsi nous ne savons pas si L. Pontius Mgrinus, sénateur italien


qui fut préteur du trésor sous le règne de Tibère, était un homo novus
ou avait une ascendance sénatoriale.

(*) On le rencontre à Clusium (CIL, XI, 2194), à Florentia (1668), à Falerii


(3180), à Sutrium (3254), à Caere (3675), à Capena (3993); cf. W. Schulze, Lat.
Eigennamen, p. 212.
(2) En particulier à Interamna (CIL, XI, 4292) et à Tuder (4708).
(3) A titre d'exemples, CIL, VI, 292: G. Petronius C. f. Scap. Iustus Florentia
et CIL, IX, 5226 (à Asculum dans le Picenum): C. Petronius Etruseus; cf. W. Schulze,
op. cit., p. 209.
(4) Ainsi, près de Pérouse, le tombeau de la famille Petruni | Petronia comporte
des urnes avec inscriptions étrusques (CIE, 3854-3864) et une avec inscription latine
(CIL, XI, 1989: L. Petronius L. f. Noborsinia[natus]).
(5) E. Grroag, loc. cit., col. 1229-1230, n° 79, considère cette origine comme
probable.
(6) CIL, VI, 9338.
(7) R. Hanslik, loc. cit., col. 40-41, n° 40, reconnaît en C. Petronius Pontius
Nigrinus le frère de Pontius Labeo.
(8) E. Hanslik, loc. cit., col. 38-39, n° 32.
(9) L. Pontius Aquila était originaire de Sutrium, en Etrurie; cf. E. Groag, BE,
XXII, 1, 1953, col. 34-35, n° 17, Pontius; T. R. S. Broughton, Magistrates, II, p. 308;
T. P. Wiseman, New Men, p. 253, n° 335.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 55

14 - L. CALPUENIUS PISO

pr. aer. sous Auguste ou Tibère

CIL, VI, 1265 = ILS, 5937 Rome

L(ucius) Calpurnius Piso, \ M{arcus) Sall(u)vius, \ pr(aetores) aer(arii), |


aream ex s(enatus) c(onsulto) a privatis \ publica pecunia \ redemptam
terminaver{unt).

Les deux pr(aetores) aer(arii), L. Calpurnius Piso et M. Sall(u)vius,


ont été chargés par le sénat de racheter, aux frais du trésor public, Y area
(Saturni) que des particuliers s'étaient appropriée et ont élevé ensuite
un bornage autour de ce bien d'Etat; un des cippes, retrouvé au pied du
Capitole, a transmis le souvenir de cette opération.
La place dont il est question est celle qui s'étendait devant le temple
de Saturne: Γ area Saturni est connue par la dédicace à un questeur
urbain qu'offrirent les negotiatores qui traitaient leurs affaires en ce lieu (x).
Il est intéressant de voir les particuliers lancés dans les opérations
financières s'installer sur le forum précisément devant le temple qui servait
de lieu de conservation au trésor de l'Etat. Ce document date d'une
époque où les questeurs urbains étaient responsables de Vaerarium populi
Romani, mais aussi de l'édifice qui l'abritait — Vaedes Saturni — , et,
d'après ce témoignage même, de l'area dallée qui donnait accès au temple.
Il est donc antérieur à l'année 28 av. J.-C, au cours de laquelle le futur
Auguste enleva la gestion du trésor public aux questeurs urbains pour
la confier à deux praefecti, choisis par le sénat parmi les anciens préteurs (a).
Cinq ans plus tard, cette formule était abandonnée: désormais et cela
jusqu'à la réforme de Claude qui date de l'année 44 ap. J.-C, Vaerarium
fut administré par deux praetores aerarti, tirés au sort parmi les
préteurs de l'année (3). Le bornage de Y area Saturni se place donc entre 23
av. J.-C. et 44 ap. J.-C.

(*) CIL, XIV, 153 = ILS, 892: M(arco) Acilio M(arci) f(ilio) Ganino, | q(uaestori)
urb(ano), | negotiatores ex area \ Saturni.
(2) Tacite, Ann., XIII, 29, 2; Suétone, Aug., 36; Dion Cassius, LUI, 2, 1, et
32, 2.
(3) Tacite et Suétone, ibid.-, Dion Cassius, LUI, 32, 2.
56 Ι,'« AERARIUM SATURNI» ET l/<< AERARIUM MILITARE»

Le fait que nous connaissions les deux collègues permet d'éliminer


les quelques années pour lesquelles nous avons le nom complet ou mutilé
de l'un des préteurs, parfois des deux; il s'agit des années 13, 14, 15, 16,
18, 19, 20, 27 et 28 (voir les notices précédentes). Il est difficile de préciser
davantage.
Le praetor aerarli peut s'identifier aussi bien à plusieurs des Ludi
Càlpurnii Pisones de cette époque (x): les consuls ordinaires de l'an 15 (2)
et de l'an 1 av. J.-C. (3), ou le consul ordinaire de 27 (4). Le consul des
années 21 ou 22 paraît exclu, puisque l'on connaît sa preture (5).

Du moins pouvons-nous remarquer que le praetor aerarii devint


probablement consul et que ce membre d'une illustre famille italienne,
les Càlpurnii Pisones, était un nobilis.

15 - M. SALL(U)VIUS
pr. aer. sous Auguste ou Tibère
Voir l'inscription à la notice précédente.

M. Sall(u)vius, praetor aerarti, eut pour collègue L. Calpurnius Piso


qui s'identifie à l'un des trois consuls ordinaires de l'an 15, de l'an 1 av.
J.-C. ou de l'an 27 ap. J.-C. (voir notice précédente).
M. Sall(u)vius n'est pas autrement connu (6); son gentilice prouve
qu'il est italien (7). Peut-être appartenait-il à une famille sénatoriale,
puisqu'un certain C. Sall(u)vius Cf. Naso était légat propréteur de Lu-
cullus en Asie en 73-74 av. J.-C. (·). Il est difficile de considérer le préfet

i1) Dans le même sens, E. Groag, PIB2, III, p. 68, n° 291.


(2) L. Calpurnius Piso pontifex, ibid., p. 61-67, n° 289.
(3) L. Calpurnius Piso augur, ibid., p. 67-68, n° 290.
(*) L. Calpurnius Piso, ibid., p. 69-70, n° 293.
(5) L. (Calpurnius) Piso, ibid., p. 68-69, n° 292.
(6) Nagl, ME, I A, 2, 1920, col. 1976, n° 2, Salluvius.
(7) W. Schulze, Lot. Eigennamen, p. 404 et p. 429.
(8) IGE, I, 401 = 0018, 445 = ILS, 37 (Arida): Ο. Sallvio C. f. Nasoni leg.
pro pr. I Mysei Ab[b]aitae et Epict[ete]s, | quod cos bello Mithrida[ti]s conservava, vir-
|

tutis ergo. | Γ[α'ι]φ Σαλλουίωι Γαΐον υίώι Νάσωνι \ πρεσβευτή και αντιστράτηγο) ι, ΠυσοΙ \
Άββαιεϊται και ' Επικτητεΐς, δτι αυτούς \ εν τώι πολεμώ τώι Μι&ριδάτονς | διετήρηαεν, άνδρτ}ας
ένεκεν.
Sur le sénateur C. Sall(u)vius Naso, cf. Nagl, loc. cit., col. 1975, n° 1; T. E. S.
Broughton, Magistrates, II, p. 105, et T. P. Wiseman, New Men, p. 258, n° 373. Il
est sans doute originaire d'Arida, petite ville du Latium.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 57

du trésor, qui porte le prénom Marcus et n'a pas de cognomen, comme


son descendant. Mais il peut être issu d'une autre branche de la gens
sénatoriale Salluvia. Nous ne lui connaissons pas de postérité.

M. Sall(u)vius, sénateur italien, qui fut responsable du trésor l'année


de sa preture, n'est probablement pas un homo novus.

16 - [. -JENUS PAETUS
pr. aer. 27 ap. J.-C.

CIL, VI, 37144 = Inscr. Ital., XIII, 1, n° 27, Eome


p. 307, 1. 4-5

\L{ucio) Calpurnio Pisone], M(arco) Crasso Frugi c[o(n)s(ulibus)]

|
[ ]eno Paeto pr(aetoribus) aer(arii) a. 27

La titulature pr(aetor) aer{arii) ne permet aucun doute sur les


activités du sénateur [. -]enus Paetus en 27 ap. J.-C, année du consulat
éponyme de M. Licinius Crassus Frugi, dont le nom figure sur la
pierre (x); celui de son collègue, L. Calpurnius Piso, doit être restitué.
Nous ne pouvons identifier le personnage à aucun sénateur connu.
Les gentilices qui se terminent par -enus ou -ienus sont très nombreux (2).
Ite cognomen n'est pas particulièrement porté par l'une de ces familles (3).

17 - AVILLIUS PASTOR
pr. aer. 28 ap. J.-C.

CIL, VI, 37144 = Inscr. Ital., XIII, 1, n° 27,


p. 307, 1. 10-11.

[C(aio) Appio lunio Stiano,] P(ublio) Silio Nerva co(n)s(ulìbus)] \


[ ] Avillio Pastore pr(aetoribus) aer(arii) a. 28

(x) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 9.


(2) W. Schulze, Lot. Eigennamen, p. 104 et 105, à propos du gentilice étrusque
Volusenna, latinisé en Volusenus, donne des exemples variés.
(3) L'index des cognomina établi à la fin des Fasti consolari de A. Degrassi, p. 261,
associe, pour les consuls connus, le surnom Paetus à sept gentilices, dont aucun ne
se termine par -enus ou -ienus.
58 ΐΛ AERARIUM SATORNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

En 28, l'année du consulat éponyme de P. Silius ÏTerva, dont le


nom se lit sur la pierre, et de son collègue C. Appius Iunius Silanus (*),
Avillius Pastor était pr(aetor) aer(arii), selon la formule gravée sur les
fastes du forum.
Ce sénateur n'est pas autrement connu (a). Mais il nous paraît
vraisemblable de voir en lui un parent du chevalier A. Avillius Flaccus, qui
fut préfet d'Egypte pendant plusieurs années, sous le règne de Tibère (3);
ce personnage influent, ami de l'empereur (4), avait une cinquantaine
d'années en 28, puisqu'il avait été le compagnon des deux princes, Oaius
César et Lucius César (5). Il peut avoir favorisé le jeune Avillius Pastor. On
retrouve sous le règne d'Antonin, deux représentants d'une gens
sénatoriale Avillia (6); l'un d'eux, A. Avillius TJrinatius Quadratus, consul
suffect en 156, porte précisément le prénom Aulus qui était peut-être
aussi celui d'Avillius Pastor. Les Avillii du IIe siècle descendent
probablement du préfet d'Egypte ou du préteur du trésor de Tibère.
Le gentilice Avillius est largement répandu en Etrurie et en
Ombrie (7); mais on en connaît aussi des exemples ailleurs (8). Il est
intéressant de noter que le consul de 156 porte un nomen typiquement étrusque,
Urinatius, associé à celui d'Avillius (9). Par ailleurs, nous savons par une
remarque de Philon que le préfet d'Egypte de Tibère avait passé sa
jeunesse à Eome où il était né (10). Ces divers éléments nous paraissent assurer
l'origine italienne d'Avillius Pastor; mais il serait hasardeux de préciser
davantage.
Aucun Avillius ne figure parmi les magistrats connus pour l'époque
républicaine (u). Le premier Avillius de quelque importance que nous

(x) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 9.


(2) Brèves notices de E. Groag, PIB2, I, p. 291, n° 1415, et de S. J. De Laet,
Rom. Senaat, p. 108, n° 528.
(3) E. Groag, loc. cit., p. 290-291, n° 1414; A. Stein, Die PraefeMen von Aegypten
in der röm. Kaiserzeit, Berne, 1950, p. 26-27.
(4) Philon, In Flaecum, 19, 158: κρι&είς δε των πρώτων φίλων παρά Τιβερίω Καίσαρι.
(5) Id., ibid.: συμφοιτητής και σνμβιωτής γενόμενος των ϋνγατριδών τοϋ Σεβαστού.
(β) Ε. Groag, loc. cit., p. 291, n° 1416: Avillius Quadratus; n° 1417: A. Avillius
Urinatius Quadratus.
(7) Des Avilii ou Avillii sont mentionnés à quarante reprises dans les indices
du CIL, XI, p. 1426, pour la région VI (Ombrie) et pour la région VII (Etrurie).
(8) Ainsi Cicéron fait connaître un Avillius de Larinum (Cicéron, Pro Cluentio,
36-39).
(9) Kemarque de W. Schulze, Lot. Eigennamen, p. 72 note 3.
(10) Philon, op. cit., 19, 158: ο γεννηθείς και τροφείς και παιδεν&είς εν τγ] ήγεμονίδι '
(") Τ. E. S. Broughton, Magistrates, II, p. 535.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 59

rencontrions est le chevalier A. Avillius Flaccus, né quelque vingt ans


avant le préteur du trésor. Cette double constatation écarte, nous semble-
t-il, l'hypothèse d'une ascendance sénatoriale pour ce dernier.

Avillius Pastor, préteur chargé du trésor en 28, est


vraisemblablement un homo novus d'origine italienne, qui doit peut-être sa promotion
à l'amitié de Tibère pour son parent A. Avillius Flaccus.

18 - P. PLAUTIUS PULCHEB TBIUMPHALIS FILIUS

pr(aetor) ad aerar(ium) 36 ap. J.-C.

1 - CIL, XIV, 3607 = ILS, 964 = Inscr. Ital., Tibur, Latium


I, 1, p. 124

P(ublius) Plautius \ Pulcher \ Triumphalis filius, | augur, Illvir


a(uro) a(rgento) a(ere) f(lando) f(eriundo), q(uaestor) \ Ti(beri) Caesaris
Aug(usti) V consults, | tr(ibunus) pl(ebis), pr(aetor) ad aerar(ium), cornes
Orusi fili | Germanici, avonculus Drusi Ti(beri) Claudi Caesaris Augusti
fili I et ab eo censore inter patricios | lectus, curator viarum sternendar(um) |
a vicinis lectus ex auctoritate \ Ti(beri) Claudi Caesaris Augusti Germanici, |
proco(n)s(ul) provinciae Siciliae, \ Vibia Marsi f(ilia) \ Laelia nata | Pulchri
(uxor).

2 - R. Paribeni, Not. d. Scavi, 1932, p. 127 = AE, Près de Ciciliano


1933, 151 {Trebula Suffenas)

P(ublio) Plautio M(arci) f(ilio) Ani(ensi tribu) | Pulchro, \ patrono


benemerenti, \ Idmo l(ibertus).

La carrière de P. Plautius Pulcher est connue par l'inscription


funéraire que son épouse Vibia a fait poser sur le mausolée des Plautii près
de Tivoli i1). L'existence de ce tombeau monumental semblait prouver
que la famille était bien originaire de Tibur (2). Aussi, lors de la
publication, en 1932, d'une dédicace à P. Plautius M. f. Ani. Pulcher découverte
près de Ciciliano, E. Paribeni concluait-il que l'inscription provenait d'une

H PIB1, III, p. 45, n° 355, et M. Hofmann, BE, XXI, 1, 1951, col. 33-35, η" 46,
Plautius.
(2) Voir, par exemple, R. Syme, Bévolution romaine, p. 88.
60 L'ccAERABIUM SATURNI» ET l'(( AERARIUM MILITARE »

villa des Plautii, natifs de Tibur i1). Or, comme l'a montré récemment
L. Ross Taylor, il existait, sur la rive gauche de l'Anio, la cité de
Trebula Suffenas, inscrite dans la tribu Aniensis, dont le territoire recouvrait
le site actuel de Ciciliano; les Plautii sont précisément inscrits dans la
tribu Aniensis, comme l'a révélé l'inscription de P. Plautius Pulcher, et
non dans la tribu Camilia, qui est celle de Tibur: ils sont donc issus de
Trebula Suffenas (2).
P. Plautius Pulcher qui siégea au sénat sous les règnes de Tibère,
Caligula et Claude appartient à une illustre famille: les deux branches
importantes des Plautii au début du principat descendaient de A.
Plautius, préteur en 51 av. J.-C. (3); P. Plautius Pulcher est son arrière-petit-
fils. De son grand-père, nous connaissons seulement le nom, M. Plautius
Silvanus (4); l'amitié de Livie pour sa grand'mère Urgulania (5) n'est
donc pas étrangère à l'ascension de son père, M. Plautius Silvanus, qui
partagea le consulat éponyme avec Auguste en 2 av. J.-C. et reçut en
10 ap. J.-C. les ornamenta triumpJialia pour ses victoires en Blyrie (6):
le consulaire garda le surnom de Triumphalis qui le désigne sur l'épi-
taphe de son fils, Pulcher. Nous lui connaissons, outre le praetor aerarti,
deux fils et une fille. M. Plautius Silvanus fut préteur urbain en 24 (7);
A. Plautius Urgulanius était mort avant son père à l'âge de neuf ans (8);
Plautia TJrgulanilla fut la première épouse du futur empereur Claude et
lui donna un fils appelé Drusus comme son grand-père (9): Livie et Urgu-

i1) E. Paribeni, Not. d. Scavi, 1932, p. 126-128.


(2) L. Eoss-Taylor, Trebula Suffenas and the Plautii Silvani, dans Mem. Am.
Acad. Borne, XXIV, 1956, p. 7-30; repris dans L. Eoss-Taylor, The Voting Districts
of the Boman Bepublic, Eome, 1960, p. 243.
(3) M. Hofmann, loc. cit., col. 7-8, n° 8; T. E. S. Broughton, Magistrates, II,
p. 241; T. P. Wiseman, New Men, p. 252, n° 324.
(4) CIL, XIV, 3509 (Ciciliano); cf. M. Hofmann, loc. cit., col. 26.
(5) L'influence d'Urgulania sur Livie est attestée par Tacite, Ann., II, 34, en
particulier par la formule: « Urgulania quam supra leges amicitia Augustae extule-
rat »; voir aussi IV, 21,2.
■(··) CIL, XIV, 3605-3606 = ILS, 921 (Tibur); Suétone, Tib., 20, 1; Claud.,
26, 3; Dion Cassius, LV, 34, 6; cf. PIB1, III, p. 46, n° 361; E. Syme, Bévolution
romaine, p. 364, 376, 409, 476; M. Hofmann, col. 30-33, n° 43.
(7) Tacite, Ann., IV, 22; cf. PIB1, III, p. 47, n° 362, et M. Hofmann, col. 33,
n° 44.
(8) CIL, XIV, 3606 = ILS, 921; cf. PIB1, III, p. 48, n° 36, et M. Hofmann,
col. 33, n° 45.
(9) Suétone, Claud., 26, 3; 27, 1. Elle donna à Claude deux enfants Drusus et
Claudia. Cf. PIB1, III, p. 48, n° 368, et M. Hofmann, col. 52, n° 66.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 61

lania ont probablement favorisé le mariage de leurs petits-enfants. Sur


l'inscription funéraire de Tivoli, l'épouse de P. Plautius Pulcher fait
figurer la qualité d'oncle maternel du jeune Drusus dont pouvait se flatter
le sénateur défunt. L'empereur Claude était encore en vie lors du décès
de Pulcher qui se place donc avant 54.

Voici le stemma de cette noble famille (x): ^

A. Plautius
praet. 51 av. J.-C.

(A. Plautius) M. Plautius A. f. = Urgulania


Silvanus
A. Plautius M. Plautius M. f . A. n.
praet. 2 av. J.-C. Silvanus Triumplialis
cos 2 av. J.-C.
f avant 14
= Lartia Cn.f.

A. Plautius Q. Plautius
cos a. 29

Plautius Lateranus
cos des. a. 65

M. Plautius A. Plautius P. PLAUTIUS Plautia


Silvanus Urgulanius PULCHÉK Urgulanilla
quaestor a. 31 uxor Claudii
praetor ad aerarium
= Vibia

A. Plautius
Drusus Claudia

Son épouse Vibia est vraisemblablement la fille du consul suffect


de l'année 17, C. Vibius Marsus, de Pérouse (?), et de Laelia, fille de D.

(*) D'après H. Dessau, PIB1, III, p. 46 et L. Koss-Taylor, loc. cit., p. 24.


(2) PIB1, III, p. 422, n° 388.
62 L·'« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Laelius Balbus, consul en 6 (x). Elle indique, à la mode étrusque, sa


filiation par sa mère aussi.
Le jeune A. Plautius que Suétone cite parmi les personnes alliées
ou apparentées à Néron que celui-ci fit mettre à mort (2) est
probablement le fils de Pulcher et de Vibia qui portait le prénom de son aïeul,
le préteur de l'année 51. Après l'exécution de son cousin Plautius Late-
ranus accusé d'avoir participé à la conjuration de 65, alors qu'il était
consul désigné (3), la famille des Plautii était sur le point de disparaître·
Elle se survit sous les Flaviens grâce à Ti. Plautius Silvanus Aelianus,
fils de Marcus (4), qui, à la suite d'un mariage ou d'une adoption,
descendait à la fois du consul de l'année 2 av. J.-C, M. Plautius Silvanus, et de
L. Aelius Lamia qui fut consul en 3 ap. J.-C. (5); ce grand personnage,
consul sufïect en 45, fut l'ami de Vespasien, à ce titre préfet de la Ville
en 73 ou 74 (6) et bis consul en 74 avec Titus pour collègue (7). Ses débuts
comme triumvir monétaire et questeur de l'empereur rappellent ceux
de son parent P. Plautius Pulcher; mais Silvanus Aelianus était déjà
patricien, alors que Pulcher était encore plébéien.
Fils d'un eminent consulaire, Pulcher a certainement géré les
magistratures suo anno; questeur de Tibère l'année du cinquième consulat
de l'empereur, en 31 (8), le jeune homme est probablement né en 6 ap.
J.-C. Il commence brillamment la carrière sénatoriale par le poste envié
de triumvir monetalis; il bénéficie de la recommandation impériale pour
l'élection à la questure; quaestor Ti. Gaesaris Aug. (9), Pulcher lit au
sénat les messages de Tibère. Ces débuts pourraient être ceux d'un
patricien; mais le tribunat de la plèbe prouve que les ornements du triomphe
n'avaient pas valu l'honneur du patriciat à son père, Silvanus. L'année

(!) L. Petersen, PIB\Y, 1, p. 12, n°57 (Laelia), et p. 10, n°47 (D. Laelius Balbus).
(2) Suétone, Nero., 35, 8: « similiter ceteros aut afinitate aliqua sibi aut pro-
pinquitate coniunctos, in quibus Aulum Plautium iuvenem. . . »; cf. PIB1, III, p. 44,
n° 345 et M. Hofmann, col. 29, n° 40.
(3) Tacite, Ann., XV, 60, 1; cf. PIB1, III, p. 44, n° 354 et M. Hofmann, col. 30,
n° 42.
(4) CIL, XIV, 3608 = ILS, 986 (sur le mausolée des Plautii à Tibur); cf. PIB1,
III, p. 47, n<> 363 et M. Hofmann, col. 3540, n° 47.
(5) E. Groag, PIB\ I, p. 34-35, ne 200.
(e) Gr. Vitucci, Bicerche, p. 115, n° 12.
(7) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 21.
(8) Id., ibid., p. 10.
(9) M. Cébeillac, Les « quaestores principes et candidati » aux Ier et IIe siècles de
l'Empire, Milan, 1972, p. 37-39, n° XVI.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 63

de la preture, probablement en 36, Pulcher est désigné par Tibère pour


administrer le trésor de Saturne; sa titulature, praetor ad aerarium, était
moins usuelle que celle de praetor aerarli qui se rencontre sur les fastes
du trésor; nous en connaissons un autre exemple à l'époque d'Auguste (*).
Le comitat est visiblement mal placé, puisque Drusus, fils de Germani-
cus, était mort dans sa prison en 33. Il faut vraisemblablement le situer
avant la questure.
Le texte de l'inscription lie nettement la parenté de Pulcher avec
le fils aîné de Claude et Yadlectio inter patricios au cours de la censure
de ce prince, en 47. Tacite explique ces promotions par l'âge des
sénateurs honorés ou par les exploits de leur père (2); Pulcher a bénéficié de
la gloire de son père Triumphalis et de l'alliance des Plautil et des Claudii.
Il ne s'est pas distingué par quelque fait d'armes. Les deux postes qu'il
obtint, sous le règne de Claude, vraisemblablement avant 47, sont
exclusivement civils; ce sénateur prétorien de la nobilitas fut chargé
seulement de veiller au pavage de certaines rues, dans Eome peut-être, puis
envoyé en Sicile comme proconsul. Disparu peu après l'année 47, il
n'avait pas obtenu le consulat suffect. Une faible santé ou une quelconque
infirmité expliquent sans doute qu'il ait été dispensé de tout service armé;
le comitat auprès de Drusus ne suppose pas nécessairement la
participation à des combats. On ne peut imaginer qu'il ait été volontairement
tenu à l'écart de l'armée par Claude en invoquant quelque méfiance à
l'égard de l'aristocratie, puisque son proche parent Ti. Plautius Silvanus
Aelianus accompagna l'empereur, en qualité de légat et de cornes, au
cours de l'expédition en Bretagne, en 43-44 (3). Le titre de légat cumulé
avec le comitat indique assez qu'Aelianus était officier dans l'état-major
impérial; or, Pulcher était déjà un sénateur de rang prétorien à cette
époque.

P. Plautius Pulcher qui fut l'un des deux praetores aerarli de l'année
36 est un membre de la nobilitas; le personnage, remarquable par sa
filiation et l'alliance de sa famille avec les Claudii, semble avoir été destiné
aux tâches administratives du fait d'une quelconque incapacité à assu-

0) Cn. Pullius Pollio (notice n° 2).


(2) Tacite, Ann., XI, 25, 3: Isdem diebus in numerum patriciorum adscivit Caesar
vetustissimum quemque e senatu aut quibus clari parentes fuerant.
(3) CIL, XIV, 3608 = ILS, 986: . . . legat(o) et corniti Glaud(ii) Caesaris in
Brittannia. . .
64 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

mer des fonctions militaires; de même, si son nom lui a valu sous Claude
le patriciat, sa modeste carrière personnelle n'a pas mérité la gestion
des faisceaux consulaires.

19 - C. CAETROKLITS C. f. Cam. MICCIO

[prae]fectus reliquorum exigendorum popul[i] Romani 42-43

CIL, II, 2423 et aussi p. 900; cf. G. Alfoldy, Re- Bracava Augusta,
vista de Guimaraes, LXXVI, 1966, p. 368-369 = Hispania citerior
ΑΈ, 1966, 186

C(aio) Caetronio C(aii) [f(ilio)] | Cam(ilia tribu) Miccioni, tr(ibuno)

\
pl(ebis), pr(aetori), legato Aug(usti) [Hisp(aniae)] | c[ite]rioris, leg(ato)
Aug(usti) legi[o]\ni[s] II A[ugu]st(ae), proco(n)s(uli)] \ pr\ovin\c{iae) B[ae]-
ticae, p[raef(ecto) aerar(ii) | mil[Ì]\t[aris, prae~\fecto reliquo\rum exigendorum
popul[i] | Romani, cives Romani qui nego\tiantur Bracaraugust[a].

G. Alfoldy a donné récemment une nouvelle lecture d'un cursus


sénatorial de Bracara Augusta, en Espagne citérieure i1); la
nomenclature du personnage, C. Caetronius Miccio, fils d'un Caius, inscrit dans
la tribu Camilia, et certains des postes qu'il a occupés sont désormais
mieux connus.
Le cursus est rédigé dans l'ordre direct depuis le tribunat de la plèbe
jusqu'à la fonction prétorienne de [prae~]fectus reliquorum exigendorum
populi Romani, inconnue par ailleurs; mais la terminologie est claire:
les reliqua sont les restes du tribut à payer (2). C'est ce poste qui permet

i1) G. Alfoldy, Un « cursus » sénatorial de Bracara Augusta, dans Bevista de


Guimaraes, LXX VI, 1966, p. 363-372, avec photographie de la pierre; il s'agit de la révision de
la lecture de E. Hubner et de ses prédécesseurs, CIL, II, 2423 et p. 900; cf. AE, 1966,
p. 52, n° 186. La notice de E. Groag, PIE2, III, p. 201, n° 491: Fronto (?) est donc
périmée. G-. Alfoldy a présenté un bref résumé de son article dans ses Fasti Hispa-
nienses, p. 67-70.
(2) L'inscription funéraire romaine, CIL, VI, 37174 = ILS, 9049, fait connaître
un esclave public a reliquis p(opuli) B(omani). Le verbe exigere ou le substantif exactor
sont toujours usités dans ce cas: les exactores tributorum sont mentionnés par Paul,
Dig., XLIX, 18, 5, 1; C. Furius Sabinius Aquila Timesitheus fut, durant la guerre
persique de Septime-Sévère, exactor reliquor(um) annon(ae) sacrae expeditionisi CIL,
XIII, 1807 = ILS, 1330; cf. H. -G. Pflaum, Carrières, II, p. 811-821, n° 317.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 65

de dater la carrière. Nous savons par Dion Cassius que l'empereur Claude,
en 42, nomma une commission extraordinaire de trois sénateurs de rang
prétorien, chargés de recouvrer les créances du trésor ^).
Caetronius Miccio a donc parcouru les échelons de la carrière
sénatoriale sous Tibère, Caligula et Claude; il est né à l'époque d'Auguste.
La pierre de Braga ne mentionne pas de fonctions sénatoriales avant
le tribunat de la plèbe; il convient de rappeler une mesure prise par
Auguste en faveur des chevaliers, en 12 ap. J.-C, qui leur permettait
d'être candidats au tribunat de la plèbe (2): ce procédé peut s'être
perpétué sous Tibère; C. Caetronius Miccio accéda sans doute par ce moyen
au sénat; C. Caetronius, légat de la première légion en Germanie inférieure
en 14 ap. J.-C. (3), est un très proche parent; il est difficile de reconnaître
en lui le père de Miccio: la différence d'âge entre les deux hommes
rendrait cette hypothèse possible; mais comment expliquer alors qu'un fils
de sénateur ait commencé sa carrière par le tribunat de la plèbe? Nous
conclurons plutôt que C. Caetronius Miccio, membre de l'ordre équestre,
avait déjà des parents bien placés dans l'ordre sénatorial pour faciliter
son propre accès au sénat sous le règne de Tibère (4).
Après le tribunat de la plèbe, il devient normalement préteur; il
occupe ensuite cinq postes prétoriens. Legatus Augusti en Espagne cité-
rieure, il exerce les fonctions de iuridieus. Il commande ensuite la legio
IIa Augusta, qui, vers 35, était en garnison à Argentorate en Germanie
supérieure (5). Il revient alors en Espagne comme proconsul de la
province de Bétique, peut-être en 37-38 (6).

i1) Dion Cassius, LX, 10, 4: Τρεις άνδρας των εστρατηγηκότων πράκτορας των τω
δημοσίω οφειλομένων κατέστησε, και ραβδούχους και την αλλην νπηρησίαν αύτοΐς δονς. (II
établit une commission de trois anciens préteurs pour recouvrer les créances du
trésor public, leur accordant des licteurs et un service propre.)
(2) Dion Cassius, LIV, 30, 2, et LVI, 27, 1, indiqué par H. -G. Pflaum, AB, 1966,
p. 52. Dans sa première étude, G-. Alföldy, loo. cit., p. 371-372, suggérait une adlectio
inter quaestorios: il n'a pas repris cette interprétation dans le résumé des Fasti Hispa-
nienses, p. 69.
(3) Tacite, Ann., I, 44; cf. E. Groag, PIB2, II, p. 43, n° 216; T. P. Wiseman,
New Men, p. 219, n° 88, hésite pour son origine entre Atria en Vénétie et Suasa Seno-
num en Ombrie.
(4) Sur ce sujet, voir maintenant l'étude de A. Chastagnol, La naissance de
Γ« ordo senatorius », dans MEFBA, 85, 1973, 2, p. 583-607.
(5) Gr. Alföldy, Die Legionslegaten der rôm. Bheinarmeen, dans Epigr. Studien,
III, 1967, p. 3-4, n° 4.
(e) Gr. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 153.
66 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET I,'« AERARIUM MILITARE »

Sous Caligula, il gère le trésor militaire avec le titre de p[raef(ectus)~]


aerar(ii) mil[i]t[aris]; ces restitutions ne font pas de doute, elles
correspondent à la titulature usuelle de l'époque: Vaerarium militare fut
administré par des préfets dès sa fondation; ceux-ci restent en fonction
trois ans i1). La préfecture de Miccio date peut-être de 39 à 41. En effet,
en 42, il est désigné par l'empereur Claude pour participer à la
commission sénatoriale chargée de faire rentrer les sommes dues à Vaerarium
Saturni; le titre de [prae]fectus donné à Miccio est celui qui s'est imposé
douze ans plus tard avec la réforme de Néron pour les responsables du
trésor, de même que le rang prétorien des titulaires (2). Il est
vraisemblable que les praetor es aerarti ont continué à exister, en 42 et en 43,
à côté des tresviri. La fin de la mission de ces derniers a coïncidé, à notre
avis, avec la réforme de l'année 44: après la remise à jour des comptes
du trésor, Claude confie ce service à deux questeurs qui resteront en
fonction pendant trois ans (3). Le maintien du personnel en place pour
une durée prolongée répondait au même souci de bonne administration
que la création de la commission triumvirale.
Nous ne savons pas s'il a obtenu le consulat suffect; il est vrai que
les fastes consulaires sont incomplets pour les années 44 et 45 (4).
Les négociants romains de Bracara Augusta l'ont considéré pour
ainsi dire comme leur patron, en conséquence de son activité de iuridicus
en Espagne citérieure. Ce sénateur est italien: le gentilice Caetronius,
d'origine étrusque, se rencontre principalement en Italie (5); la tribu
Camilia est courante en Italie (6). Le cognomen Miccio est celtique (7).
G. Alföldy propose comme cité d'origine Suasa /Senonum, en Ombrie,
inscrite dans la tribu Camilia, qui avait reçu un peuplement celtique (8).
Il y aurait donc avant le règne de Claude des sénateurs originaires du
territoire des Senones (9).

i1) Dion Cassius, LV, 25, 2.


(2) Tacite, Ann., XIII, 28-29.
(3) Dion Cassius, LX, 24; Tacite, Ann., XIII, 29, 3-4.
(4) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 12-13.
(5) W. Schulze, Lot. Eigennamen, p. 268.
(e) J. W. Kubitschek, Imperium Romanum, p. 270.
(7) A. Holder, Altkeltischer Sprachschatz, Leipzig, 1905, p. 58.
(8) G-. Alföldy, art. cité, p. 370.
(9) Tacite, Ann., XI, 24, 9: Claude, s'efforçant de convaincre les sénateurs
d'admettre des Gaulois parmi eux, rappelle les peuples d'Italie que Eome a combattus,
il cite en particulier les Senones; mais il n'est pas possible de conclure absolument
de ce passage qu'ils ont donné des sénateurs.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 67

Ce sénateur italien d'origine équestre est donc le premier des


personnages connus qui, après avoir administré Vaerarium militare, ait reçu des
fonctions importantes auprès de Vaerarium Saturni-, lorsque Claude, en
42, a cherché des sénateurs experts en matière financière, il a choisi tout
naturellement un ancien préfet du trésor militaire, récemment sorti de
charge.

20 - T. DOMITIUS T. f. Vol. DECIDIUS

qui primu[s quaes]tor . . .praeesset aerario Saturni 44-46

CIL, VI, 1403 = ILS, 966 Eome

[T(ito) Do]mitio T(iti) ftilio) Vol(tinia tribu) Decidio, \ [III]viro


capitali, | [elect~]o a Ti(berio) Claudio Caesare | [Augusjto Germanico qui pri-
mu[s | quaes~]tor per triennium citra [sorte~]m praeesset aerario Saturni \
|

praetori.

cf. Tacite, Agricola, 6, 1.


Hinc ad capessendos magistratus in Urbem regressus Domitiam De-
cidianam, splendidis natalibus ortam, sibi iunxit.
Eevenu de Bretagne à Rome pour accéder aux magistratures, il s'unit à Do-
mitia Decidiana, de brillante naissance.

De la nomenclature du personnage subsiste sur l'inscription romaine


[ . -\mitius T. f. Vol. Decidius. L'indication du prénom de son père, Titus,
l'existence de Domitia Decidiana, épouse d'Agricola (x), et du
procurateur T. Decidius Domitianus (2) invitent à compléter son nom sous la
forme: T. Domitius Decidius (3); ce personnage est certainement le beau-
père d'Agricola. Le mariage de ce dernier date peut-être de 62 (son fils
est né en 63 (4)); T. Domitius Decidius, qui — nous le verrons — était
questeur en 44, avait plus de quarante ans à cette époque.

(1) Tacite, Agr., 6, 1; cf. E. Groag, PIB2, III, p. 56, n° 174.


(2) L. Wickert, Annuario del Oùerpo Facultativo de Archiveros, 1, 1934, 9 =
AE, 1935, 5; cf. Α. Stein, PIBZ, III, p. 7, n° 22.
(3) E. Groag, PIR*, III, p. 47, n° 143.
(4) Tacite, Agr., 6, 29; la date de 62 est proposée par E. G-roag, PIB2, III, p. 56,
n° 174.
68 ΐΛ AEEARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERAEIUM MILITARE »

Agricola est né à Forum Iulii, en Narbonnaise (*). Le gentilice Do-


mitius, hérité du conquérant de la Provincia (2), et la tribu Yoltinia (3)
indiquent la même origine provinciale pour son beau-père. L'inscription
de Merida qui fait connaître le procurateur T. Decidius Domitianus
apporterait, s'il en était besoin, un argument supplémentaire (4): l'épitaphe
de T. Pompeius Albinus, adiutor du procurateur, précise que le défunt
était originaire de Vienne — domo Vienna — bien que sa tribu,
Trementina, ne soit pas celle de cette cité (5). Nous pouvons penser que le
procurateur T. Decidius Domitianus a choisi son subordonné parmi ses
compatriotes; le cas n'est pas unique (6). T. Domitius Decidius est sans aucun
doute un parent du procurateur; il est précisément inscrit dans la tribu
Voltinia qui est celle de Vienne (7). La pierre de Merida nous permet de
suggérer, à titre d'hypothèse, le nom de Vienne pour la patria du beau-
père d'Agricola.
Nous ne sommes pas surpris de voir un provincial à qui nous ne
connaissons pas d'ancêtre sénateur commencer par le poste du viginti-
virat le moins prisé, celui de triumvir capitalis. Il n'est pas fait mention
du service militaire. L'année de la questure, Domitius Decidius est
nommé par l'empereur Claude à la tête du trésor public. Ce choix l'honorait;
les questeurs préféraient rester à Eome qu'accompagner un proconsul
dans une province lointaine; de plus, Decidius est le premier à exercer
la fonction nouvellement créée de quaestor aerarli (8). La nomination par
l'empereur succède à la formule du tirage au sort précédemment employée

0) Tacite, Agr., 4, 1; cf. L. Petersen, PIB2, IV, 3, p. 128-129, n° 126.


(2) Cn. Domitius Ahenobarbus, consul en 122, fut en grande partie responsable
de la conquête et de l'organisation de la province; sur la présence largement attestée
en Narbonnaise du nom Domitius, voir R. Syme, Bévolution romaine, p. 512, note 88.
(3) La tribu Voltinia est très répandue en Narbonnaise; cf. J. W. Kubitschek.
Imperium Bomanum, p. 204-205.
(4) AB, 1935, 5 (Emerita): T(itus) Pompeius T(iti) f(ilius) Trom(entina tribu) |
Albinus domo Vienna, \ Ilvir, trib(unu$) mil(itum) leg(ionis) VI victr(icis), | adiutor
T(iti) Decidi Domitiani proeuratoris | Caesaris Augusti. | H(ic) s(itus) e(st) s(it) t(ibi)
|

t(erra) l(evis); cf. CIL, XII, 2327.


(5) Vienne est inscrite dans la tribu Voltinia; on n'y rencontre pas la tribu Tro-
mentina; cf. J. W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 212-213.
(6) H.-Gr. Pflaum, Carrières, p. 118-123, n° 52, étudie la carrière d'un jeune
chevalier d'Arles, M. Te-, qui a été choisi comme adiutor par son compatriote, Mettius
Eufus, préfet de l'annone.
(7) Voir la note 5.
(8) Tacite, Ann., XIII, 29, 3-4; Suétone, Claud., 24, 4; Dion Cassius, LX, 24.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 69

pour désigner, parmi les préteurs de l'année, les deux préposés au


trésor l1). Le cursus de Domitius Decidius confirme en outre la durée
triennale des fonctions de questeur du trésor. Cette précision prouve que les
praetores aerarli du régime administratif précédent ne restaient pas en
service au-delà de leur année de magistrature; les fastes trouvés sur le
forum apportent le même témoignage.
La réforme claudienne de l'administration du trésor public se place
en 44 (2); ce fut donc pour T. Domitius Decidius l'année de la questure,
et sa gestion de Vaerarium a couvert les années 44 à 46.
L'exercice de la preture aussitôt après la questure du trésor
confirme une autre indication des auteurs anciens. Tacite assure que Claude
promit aux quaestor es aerarli un avancement rapide: extra ordinem honores
prorulslt (3). Nous constatons en effet que Decidius a été dispensé de
l'échelon édilité-tribunat et a obtenu la preture à la fin de sa
responsabilité financière triennale, dès l'année 47 sans doute.
Son nom n'apparaît pas dans les fastes consulaires et nous ne savons
rien de la suite de sa carrière éventuelle; l'inscription romaine pourrait
être funéraire.

T. Domitius Decidius, originaire de Narbonnaise comme son gendre


Agricola, a peut-être Vienne pour patrie. Ce personnage est dans doute
un homo novus au sénat romain: ainsi s'explique la médiocre fonction
du vigintivirat qui caractérise ses débuts. L'honneur que lui fait
l'empereur Claude, en 44, en lui confiant le poste nouvellement créé de quaestor
aerarli, mérite d'être remarqué. Si T. Domitius Decidius a disparu après
la preture, sa carrière a manqué d'éclat. La formule de Tacite à l'égard
de sa fille Domitia Decidiana « splendidis natallbus orta » se justifie
pourtant: le terme splendldus ne qualifie pas le cursus, mais la dignité d'un
personnage; il s'applique dans ce contexte à un sénateur (2).

(!) Tacite, Arm., XIII, 29, 2-3.


(2) Dion Cassius, LX, 24.
(3) Tacite, Ann., XIII, 29, 4; confirmé par Dion Cassius, LX, 24.
(4) Cl. Nicolet, L'ordre équestre à l'époque républicaine (312-43 av. J.-C), Paris,
1966, p. 213-222, examine les emplois de l'adjectif honorifique splendidus; au terme
de son enquête, il ressort que le titre de splendidus, au premier siècle de l'Empire
comme sous la République, s'applique aux membres des deux ordres, sénatorial et
équestre. L'usage du mot n'est pas encore réservé exclusivement à l'ordre équestre,
comme il le sera plus tard: A. Stein, Der römische Bitterstand, Munich, 1927, p. 105,
a montré en effet que splendidus devient à l'époque impériale le plus général des
adjectifs de rang attribués à la hiérarchie équestre.
70 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

21 - L. COIEDIUS L. f. Ani. CANDIDUS

quaest. aer. Satur. 47-49


a[é]r. Sat. q.

CIL, XI, 6163 = ILS, 967 Svasa Senonum, regio VI

L(ucio) Coiedio L(ucii) f(ilio) Ani(ensi tribu) Candido, tr(ibuno)

|
mil(itum) leg(ionis) Vili Aug(ustae), IIIv(iro) capital(i), quaest(ori) |

\
Ti(berii) Claud(iì) Caes(aris) Aug(usti) Ger(manici), quaest(ori) aer(arii)

\
Satur{ni), cur(atorì) tab(uTarum) p(ublicarum) ou tab(ulariorum) p(ublico-
rwm). Hunc Ti(berius) Cl(audius) Caes(ar) Aug{ustus) Germ(anicus)
|

\
revers(um) ex castr(is) don(is) mil(itaribus) don(avit) cor(ona) aur(ea)

\
mur(ali) vàl(lari) Inasta pura', eund(em) cum ha[be]r(et) inter suos q(uaesto-
|

res) | eod(em) ann[o e]t a[e]r(arii) Sat(urni) q(uaestorem) esse ius(sit). Pu-
bl(ice).

Les auteurs anciens nous ont transmis la décision prise par


l'empereur Claude, en 44 ap. J.-C, de nommer à la tête de Vaerarium Saturni
deux questeurs de l'année qui resteraient en fonction pendant trois ans i1).
De tels questeurs apparaissent dans deux textes épigraphiques
seulement (2). Aussi l'unique inscription relative à L. Coiedius Candidus,
quaestor aerarti Saturni (3), est-elle un document particulièrement
intéressant, puisqu'il contribue à éclairer la réforme de Claude. La division de
ce texte en deux parties est déjà une disposition qui mérite d'être
remarquée; le cursus proprement dit, présenté dans l'ordre inverse, occupe les
six premières lignes; les lignes suivantes constituent un commentaire de
la carrière, destiné à souligner les faveurs successives de l'empereur.
Le monument a été élevé avec des fonds publics (publiée); c'est donc
la cité de Suasa Senonum, en Ombrie, qui a honoré le sénateur. Celui-ci

(!) Tacite, Ann., XIII, 29, 3-4; Suétone, Claud., 24, 4; Dion Cassius, LX, 24.
(2) - T. Domitius T. f. Vol. Decidius: CIL, VI, 1403;
- L. Coiedius L. f. Ani. Candidus: CIL, XI, 6163 = IL8, 967.
(3) E. Groag, PIE2, II, p. 299, n° 1257, et S. J. De Laet, Rom. Senaat, p. 152,
n° 984.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 71

n'est probablement pas né à Suasa, inscrite dans la tribu Camilia (x),


mais dans la région: d'après son gentilice, il est certainement ombrien (2).
A l'occasion du service militaire, le tribun de la huitième légion
Auguste s'est distingué au point de mériter les décorations que pouvait
espérer un jeune officier: couronne et lance de bois. L'empereur les lui
a remises à son retour (reversus ex castris). Le règne de Claude est fertile
en expéditions militaires; il paraît difficile de suivre la suggestion de
H. Dessau qui admet la participation de Candidus à la conquête de la
Bretagne en 43 (3). Il semble que la huitième légion Auguste n'ait pas
quitté les provinces danubiennes pendant toute la durée du règne (4).
Cantonnée depuis l'époque d'Auguste en Pannonie, elle a été transférée
par Claude en Mésie vers 47. Candidus s'est donc distingué sur le Moyen
Danube. Une hypothèse plus séduisante a été formulée par E. Groag (5):
le jeune tribun a pu se faire remarquer par sa fidélité à l'empereur lors de
la rébellion du légat de Dalmatie, L. Arruntius Oamillus Scribonianus, en
42 après J.-C, rébellion étouffée en cinq jours (6). Nous relevons pour
notre part que deux légions, la VIIe et la XIe, stationnées respectivement
en Dalmatie et en Mésie, ont reçu à la suite de cette affaire les noms de
Claudia pia fidelis (7), pour avoir refusé de participer à la révolte. Des
officiers de la VIIIe Auguste ont dû prendre une position analogue (8).
L. Coiedius Candidus s'est attiré en tout cas les bonnes grâces de
l'empereur.

(*) J. W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 77.


(2) Le gentilice Coiedius est assez répandu en Ombrie:
1) Coied(ius) Auxanon ligne 7
2) Coiedius Hilarianus ligne 4
3) Coid(ius) Pamphilus ligne 5
4) Coiedius Proculus ligne 1 se rencontrent dans une liste de Cultores
D(ei) 8(olis) I(nvicti) Mithrae, trouvée à Sentinum: CIL, XI, 5737 = IL8, 4215;
5) Coiedius Helix dans une épitaphe de Sentinum: CIL, XI, 5774.
(3) H. Dessau, ILS, 967, note 3.
(4) E. Bitterling, BE, XII, col. 1645, legio.
(5) Voir la note 3, p. 70.
(6) Suétone, Claud., 13, 4: Bellum civile movit Furius Camillus Scribonianae
Delmatiae legatus; verum intra quintum diem oppressus est; Tacite, Ann., XIII, 52, 3:
Pater Scriboniani Camillus arma per Dalmatiam moverai; voir aussi Tacite, Hist.,
I, 89, 2, et Dion Cassius, LX, 15, 3.
(7) Dion Cassius, LX, 15, 4.
(8) L'assassin du légat fut promu du rang de simple soldat aux plus hauts grades,
cf. Tacite, Hist, II, 75, 3.
72 ΐΛ AERARITJM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

II paraît surprenant de voir ces faits d'armes ou cette fidélité mal


récompensés par la fonction la moins honorable du vigintivirat, celle de
triumvir capitalis, alors que, pour la questure, la faveur impériale est
manifeste: Candidus est choisi comme questeur du prince. Le souci que
l'on pourrait invoquer de maintenir un parallélisme entre les deux parties
de l'inscription (la mention des décorations appelant le tribunat
militaire au début du texte) ne nous paraît pas suffisant pour supposer que
ce cursus inverse fait fi de la chronologie. Candidus a effectivement reçu
le poste du vigintivirat le moins coté, après s'être distingué comme
tribun militaire. Nous trouvons une seule explication à cette anomalie
apparente: Candidus, membre de l'ordre équestre, était tribun militaire
angusticlave; sa prise de position, en 42, lors de la rébellion du légat de
Dalmatie, a été récompensée par la concession du laticlave. Le poste de
triumvir capitalis est normal pour un nouveau venu dans l'ordre
sénatorial; T. Domitius Decidius, un homo novus de îsTarbonnaise, a commencé
par la même fonction avant de devenir questeur du trésor (x). La faveur
impériale n'a pas cessé pour Candidus, puisque, au lieu d'être questeur
provincial comme il était d'usage après ses débuts de chevalier (2), il est
resté à Rome l'année de sa première magistrature.
Choisi comme questeur du prince (3), le jeune homme s'élève au-
dessus de ses collègues; la nomination, la même année, à la tête de Vaera-
rium est considérée comme une deuxième faveur. En effet, le cursus
proprement dit, c'est-à-dire les six premières lignes du texte, énumère
clairement deux fonctions distinctes: d'une part, celle de quaestor Ti. Claudii
Caesaris Augusti Germanici, d'autre part celle de quaestor aerarli Saturni.
La deuxième partie de l'inscription est plus précise encore: Claude, y
est-il dit, a nommé (jussit) Candidus à la tête de Vaerarium l'année même
où celui-ci exerçait sa première magistrature. Le libellé de ce texte
apporte la confirmation des renseignements donnés par les textes littéraires;
on y retrouve les trois éléments de la réforme claudienne:

(!) CIL, VI, 1403 (voir la notice n<> 20).


(2) A. Mac Alindon, Entry to the Senate in the Early Empire, dans JM8, XL VII, 1957,
p. 193-195, a réuni les exemples de carrières où le tribunat militaire est suivi du
vigintivirat; il constate que leurs titulaires sont le plus souvent tresviri capitales, puis
questeurs en province. Au terme de son étude, il considère que ces débuts sont
propres aux fils de chevaliers; il ne précise pas à quel moment leur a été concédé le
laticlave.
(s) M. Cébeillac, Les « quaestores principes et candidati » aux Ier et IIe siècles de
VEmpire, Milan, 1974, p. 45-46, n° XXI.
LES NOTICES INDIVIDnELLES 73

1) les responsables de Vaerarium sont à nouveau des questeurs:


Candidus porte précisément le titre de quaestor aerarti Saturni;
2) il s'agit d'une fonction indépendante de la première
magistrature, dont elle ne respecte pas le principe d'annalité (les quaestores aerarii,
précise Tacite, restent en charge trois ans): le cursus de Candidus distingue
aussi deux étapes dans la carrière, puisqu'il répète le mot quaestor; cette
précision permet au lecteur d'éviter toute confusion entre l'exercice de
la première magistrature et la direction de Vaerarium; le texte indique
en outre que le quaestor aerarii est entré en charge l'année même de sa
questure;
3) les responsables de Vaerarium, comme le précisent Tacite et
Dion Cassius, sont désormais nommés par l'empereur et non tirés au sort:
le texte de Suasa note que l'année où Candidus exerça la questure, Claude
« ordonna qu'il fût aussi questeur de Vaerarium Saturni ».
E. Groag (x) se demande si Candidus ne serait pas l'un des questeurs
de l'année 44; il ne rappelle pas que l'on connaît déjà l'un des deux
quaestores aerarii pour l'année de fondation, T. Domitius Decidius. D'après
l'hypothèse de Groag, Candidus serait son collègue; nous pouvons nous
étonner que son cursus ne mentionne pas qu'il fut « qui primus quaestor
per triennium citra sortem praeesset aerano Saturni », comme le fait celui
de Decidius. Certes Candidus présente sa promotion comme
exceptionnelle, mais la formule gravée — eodem anno et aerarii Saturni quaestores
esse iussit — vise-t-elle à souligner la nouveauté d'un semblable
avancement ou simplement l'honneur que lui a fait le prince en le lui accordant?
Nous penchons pour la deuxième explication: en effet d'autres exemples
— au cours de cette étude même (2) — de personnages appelés à occuper
une fonction pour la première fois montrent qu'il est permis d'attendre
dans ce cas l'adjectif primus.
Différent sur ce point encore du cursus de Decidius, celui de Candidus
ne fait aucune allusion à la durée de ses fonctions. Nous pouvons retenir
les trois années, puisque la quaestura aerarii de Candidus est de peu
postérieure à celle de Decidius qui confirme ce triennium, déjà indiqué par

i1) E. Groag, loc. cit.; suivi par F. Millar, The Aerarium and its Officials, dans
JB8, LIV, 1964, p. 35: L. Ooiedius Candidus who was quaestor of the aerarium in
the first year of Claudius' new system.
(2) C. Arrius Antoninus: CIL, Y, 1874 = IL8, 1118: praetori cui primo iuris-
dictio pupillaris a sanctissimis imperatoribus mandata est; CIL, Vili, 7030 = ILS,
1119! [praetori] curatoribus et tutoribus dandis primo constituto (voir la notice n° 53).
74 ΐΛ( AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARITJM MILITARE »

les auteurs anciens. T. Domitius Decidius est en charge de 44 à 46; Can-


didus est sans doute l'un de ses successeurs, pour les années 47 à 49, ou,
peut-être, pour les années 50 à 52. Cette seconde période est moins
probable, puisque le cursus est rédigé du vivant de Claude et qu'il mentionne
une autre responsabilité après la quaestura aerarti.
La surveillance des archives publiques est, à notre avis, une
responsabilité distincte, confiée à Candidus après la gestion de Vaerarium; aucun
élément ne permet d'imaginer que ces deux offices sont concomitants. Les
inscriptions font connaître cinq sénateurs du Ier siècle qui ont eu la charge
des archives publiques. Un contemporain de Tibère, qui a été préposé
à Vaerarium l'année de la preture, a reçu le poste de curator tabular(um)
pubUcar(um) (*): il n'est pas possible de développer autrement ces
abréviations. Sous le règne de Claude, on connaît, par une dédicace élevée
en 46, les noms de trois personnages qui se disent curator[é]s tabulariorum
publicorum (2); sur l'inscription de L. Coiedius Candidus, il paraît
raisonnable de comprendre la formule cur. tab. p. par curator tabulariorum
publicorum, puisque le sénateur a occupé ce poste après 46. Mais ce n'est
pas un point important: les tabulae publicae comme les tabularla publica
sont les archives publiques (3). Le lien avec Vaerarium est matériel;
c'est au temple de Saturne à l'origine, puis dans le grand édifice voisin
appelé Tabularium qu'étaient conservés, à Eome, sous la Eépublique,
les tablettes de compte du trésor public dont les questeurs avaient la
garde et tous les documents d'archives sans rapport avec les finances,
en particulier les lois et les sénatus- consultes.
A l'époque républicaine, la surveillance des archives revenait au
questeur urbain, qui se contentait d'ailleurs de les déposer au temple ou
au Tabularium. Dion Cassius a retransmis la décision prise par Auguste
en 11 av. J.-C, d'enlever le soin de conserver les sénatus-consultes aux
tribuns et aux édiles (qui, apparemment, assistaient dans cette tâche les

(*) C. Ummidius Durmius Quadratile: CIL, Χ, 5182 = ILS, 972 (voir la notice
no 12).
(2) CIL, VI, 916 = 31201: Ti. Claudius Brusi f(ilius) Caesar Aug(ustus) | Ger-
manicus pontif(ex) max(imus) | trib(unicia) potest(ate) V co(n)s(ul) III desig(natus)
IIII | Imp(erator) X p(ater) p(atriae) ex s(enatus) c(onsulto) [per] C(aium) Calpetanum
|

Bantium Sedatum, M(areum) Petronium Lurconem, T(itum) Satrium Decianum


|

curator[e]s tabulariorum publicorum fac(iendum) cur(averunt). Nous ne comprenons


|

pas pourquoi F. Millar, loc. cit., p. 35, note 35, met en doute la lecture: tabulariorum
publicorum, acceptée par Mommsen.
(3) Voir la notice Tabularium dans Daremberg et S aglio, V, p. 14-19.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 75

questeurs urbains) pour le confier aux questeurs seuls i1). Cette réforme
atteste donc la distinction faite à cette époque entre Vaerarium,
administré alors par des préteurs choisis par le sort, et le service des archives,
dévolu à des questeurs. Nous pouvons nous douter que les pièces de
nature financière, en particulier les livres de comptes, restaient du ressort
des praetor es aerarli.
La réforme de Tibère en 16 ap. J.-C, connue également par Dion
Cassius (2), maintient la même distinction: une commission sénatoriale
composée de trois membres est chargée de rechercher les documents
épars et de faire reproduire ceux qui se sont altérés. Nous devons
nécessairement rapprocher du texte de Dion Cassius une dédicace élevée à
l'empereur Claude, en 46, par trois personnages qui se font nommer cura-
tores tabulariorum publicorum. Il est difficile de considérer la mesure de
16 ap. J.-C. comme exceptionnelle; il paraît plus satisfaisant d'admettre
que, de Tibère à Claude, la responsabilité des archives publiques
incombait à un collège de trois curateurs. Les trois premiers, en 16, furent
désignés par le sénat. Il n'y a pas lieu de penser que la nomination de C.
Ummidius Quadratus à la curatelle des archives en 19, après sa gestion
du trésor en 18 (3), ait fait exception. En revanche, il paraît peu
vraisemblable d'imaginer que l'empereur Claude ait laissé au sénat le soin de
choisir les responsables des tabulae publicae; nous estimons qu'il a désigné
lui-même L. Coiedius Candidus pour ce poste, comme il l'avait recruté
pour diriger Vaerarium Saturni.
Quel est le rang de ces trois curator -esì C. Ummidius Durmius
Quadratus était un sénateur de rang prétorien, puisque, en son temps, la
gestion du trésor était attribuée à deux préteurs tirés au sort (4). Faut-il

(x) Dion Cassius, LIV, 36, 1: Τοις ταμίαις τά όό^ματα τά εκάστοτε γιγνόμενα δια
φυλακής ποιεισ&αι εκελεύσ&η, επειδή οϊ τε δήμαρχοι και οί αγορανόμοι οι πρότερον αυτά
επιτετραμμένοι δια των υπηρετών τοϋτ' επραττον και τις εκ τούτου και διαμαρτία και ταραχή εγ ενετό.
(Il confia aux questeurs la conservation de tous les sénatus-consultes, parce que les
tribuns et les édiles qui en étaient précédemment chargés laissaient faire ce travail
par leurs subordonnés et que, de ce fait, il s'était produit quelques erreurs et confusions).
(a) Dion Cassius, LVII, 16, 2: Έπεί τε πολλά των δημοσίων γραμμάτων τά μεν και
παντελώς άπωλώλει, τά δε έξίτηλα γοΰν υπό τοΰ χρόνου εγεγόνει, τρεις βουλενται προεχειρίσ-
ϋ·ησαν ώστε τά τε οντά εκγράψασ&αι και τά λοιπά άναζητήσαι. (Comme un bon nombre
d'archives publiques avaient complètement disparu ou étaient en tout cas devenues
illisibles au cours des temps, trois sénateurs furent élus pour recopier celles qui
existaient encore et pour retrouver le texte des autres.)
(3) OIL, X, 5182 = ILS, 972 (voir la notice n° 10).
(*) Tacite, Ann., XIII, 29, 2-3; Suétone, Aug., 36; Dion Cassius, LUI, 32, 2.
76 l'« aerarium saturni » et ιΛ aerarium militare »

en déduire que la cura tabularum publicarum était une fonction


prétorienne. Dans ce cas, Candidus aurait été préteur (sans le mentionner dans
son cursus) avant de gérer les archives i1). En fait, il ne nous paraît pas
nécessaire de supposer ici l'exercice d'une magistrature « oubliée » sur
l'inscription. Le choix restait à l'empereur; or, on sait par ailleurs que
Claude accordait un avancement rapide aux quaestores aerarli au bout
de leurs trois ans de service (2); nous avons vu ainsi T. Domitius Decidius
parvenir directement à la preture (3). De la même façon, la quaestura
aerarli a rendu Candidus apte à entrer dans le collège des curatores tabu-
lariorum publicorum, sans que cette dernière fonction fût strictement
réservée à des préposés au trésor sortis de charge. Les responsables de
Vaerarium, habitués à conserver les tabulae relatives aux comptes publics,
paraissaient bien préparés à collationner le reste des archives de l'Etat.
Ainsi un changement dans le rang sénatorial des préposés à Vaerarium
se répercutait dans celui des administrateurs des archives.
Cette remarque nous permet d'expliquer un texte de Tacite qui
intrigue toujours ses commentateurs (4): au livre XIII des Annales,
Tacite rapporte en ces termes la réforme de Vaerarium Saturni due à Néron,
en 56 ap. J.-C: dein princeps curam tabularum publicarum a quaestoribus
ad praefectos transtulerit. Ce passage donne l'occasion de remarquer une
fois de plus l'imprécision du vocabulaire de Tacite en matière
d'administration, imprécision en partie voulue par l'auteur; le brillant raccourci (5)
— cura tabularum publicarum — pour désigner le trésor public a conduit
certains à imaginer l'adéquation des deux fonctions à l'époque précédente,
lorsque L. Coiedius Candidus les exerçait (6). En fait, Tacite projette
dans le passé la situation qui existait en son temps: les praefecti aerarli
Saturni, créés par îsTéron en 56, ont cumulé la direction du trésor public
et celle des archives, disons d'une partie seulement des archives publi-

(*) C'est ce que suggère E. Groag, loc. cit.


(a) Tacite, Ann., XIII, 29, 2-4; Dion Cassius, LX, 24, 1-3.
(3) CIL, VI, 1403 = ILS, 966 (voir la notice n° 20).
(*) Tacite, Ann., XIII, 28, 7; cf. F. Millar, loc. cit., p. 35, qui ne cherche pas à
l'expliciter: Thus it is not clear what division of functions there was — a confusion
not helped by Tacitus description of the job transferred by Claudius in 44 — cura
tabularum publicarum.
(5) II est appelé comme un écho par la mention des quaestores aerarti inscrivant
sur les tabulae publicae les noms des débiteurs de l'Etat.
(6) F. Millar, loc. cit., p. 35, propose avec un point d'interrogation la coexistence
des deux fonctions dans le cas de C. Ummidius Durmius Quadratus et dans celui de
L. Coiedius Candidus — at the same timel —
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 77

ques, celle qui concerne le Sénat. Nous n'utiliserons pas pour l'affirmer
la précision que donne Pline le Jeune sur son travail à Vaerarium: «
confido tabulas » (*), car nous préférons traduire ce passage par « je tiens des
livres de comptes ». Nous retrouvons ici l'ambiguïté du sens du mot latin
tabula qui désigne plutôt le support. Mais nous ne possédons plus, après
le règne de Claude, de documents épigraphiques relatifs à la curatelle
des archives comme à une fonction individualisée; en revanche, les
préfets de Vaerarium Saturni sont responsables des registres divers, liés à
leurs compétences financières, mais les dépassant: sans doute les comptes
rendus envoyés des provinces par les legati ad census accipiendos, et
d'autres documents du même ordre, puisque c'est tout naturellement aux
praefecti aerarii que Marc-Aurèle, réformant le service de l'état civil,
continua à confier la tenue des registres (2). Après 56, les préfets du trésor
ne sont responsables que d'une petite partie des archives publiques (3),
chacune des grandes administrations romaines conservant désormais les
siennes (4).
Eevenant à la phrase énigmatique de Tacite, nous pouvons conclure
que Tacite a projeté sur l'administration antérieure à la réforme néronien-
ne le schéma qu'il connaissait en son temps. L'allusion aux quaestores (5)

(x) Pline, Lettres, I, 10, 9; F. Millar, loc. cit., p. 35, utilise cette formule pour
expliquer « that documents continued to be kept at the Aerarium ».
(2) 8ΠΑ, vita Marci, 9, 7-9: Ut primus iuberet apud praefectos aerarii Saturni
unumquemque civium natos liberos profiteri intra trieensimum diem nomine imposito;
per provincias tabulariorum publicorum usum instituit. (Il fut le premier à ordonner
que chaque citoyen déclare ses enfants nouveaux-nés dans les trente jours après
leur naissance aux préfets du trésor de Saturne en leur donnant un nom; dans les
provinces il établit l'usage d'archives publiques.) Il est intéressant de noter que
l'enregistrement des naissances se fait dans les provinces aux tabularia publica; le prae-
fectus aerarii Saturni aurait donc absorbé la fonction de curator tabulariorum
publicorum, qui existait encore à l'époque de Claude, et probablement sous cette
dénomination.
(3) Les deux fonctions se rejoignent lorsqu'elles ont perdu toutes les deux de
leur importance. Déjà, sous la République, les archives n'avaient pas été toujours
conservées dans le temple de Saturne: pendant longtemps, le temple de Céres garda,
sous la surveillance des édiles plébéiens, les documents relatifs à la plèbe: cf. Dion
Cassius, VI, 90, 95, Mais ce phénomène restait exceptionnel.
(4) On trouve une allusion aux archives impériales dans Pline, Lettres, X, 66, 3:
in scriniis tuis; les scriniarii sont attestés par CIL, X, 527 = ILS, 1671. Ces
archives sont indépendantes et leur accès est interdit aux profanes: cf. Tacite, Hist.,
IV, 40, 9.
(5) Elle tient aussi au poids de l'histoire: les questeurs sous la République avaient
la double responsabilité du trésor et des archives.
78 ΐΛ< AERARIITM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

peut s'expliquer par l'examen de la carrière de L. Coiedius Candidus:


avant 56, les anciens quaestores aerarti qui, pendant leur gestion du trésor,
avaient tenu les livres de compte de l'Etat ou tabulae ont reçu, à leur
sortie de charge, la cura des archives publiques; dans cette seconde
fonction, le titre de quaestorii leur aurait mieux convenu que celui de
quaestores, employé par Tacite.

22 - OBULTEONIUS SABINUS

aerarii quaestor 56

1 - Tacite, Ann., XIII, 28, 6-7.

6 - Et Helvidius Priscus tribunus plebei adversus Obultronium Sabi-


num aerarii quaestorem contentiones proprias eœercuit, tamquam ius hastae
adversus inopes inclementer augeret.
7 - Dein princeps curam tabularum publicarum a quaestoribus ad
praefectos transtulit.
A ce propos Helvidius Priscus, tribun de la plèbe, satisfit ses inimitiés
personnelles à l'égard d'Obultronius Sabinus, questeur du trésor, sous prétexte qu'il
exerçait sans pitié son droit de saisie à l'égard des pauvres.
Ensuite le prince enleva aux questeurs le soin des archives publiques pour les
confier à des préfets.

Tacite, Hist., I, 37, 6.


His auspiciis TJrbem ingressus, quam gloriam ad principatum attulit
nisi occisi Obultronii Sabini et Gornelii Marcelli in Hispania, etc.
Entré à Eome sous ces auspices, quelle gloire a-t-il attachée à son principat
à part le meurtre d'Obultronius Sabinus et de Cornelius Marcellus en Espagne, etc.

Le nom d'Obultronius Sabinus figure à deux reprises dans l'œuvre


de Tacite i1). Nous savons par les Annales que ce personnage était quaes-

Tacite a pu vouloir rapprocher ainsi la création des préfets de Vaerarium, sous


l'Empire, des attributions des questeurs du Trésor sous la Eépublique, pour mettre
en balance les deux régimes par le biais d'une formule lapidaire.
(!) PIE1, II, 1897, p. 423, n° 4; W. Hoffmann, BE, XVII, 2, 1937, col. 1752,
Obultronius.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 79

tor aerarii en 56, au moment où Néron décida de remplacer les questeurs


par des préfets à la tête du trésor. Le sénateur apparaît dans l'exercice
de ses fonctions: il est chargé de récupérer les sommes que les
particuliers doivent à l'Etat; dans le cas où le débiteur est insolvable, il recourt
à la saisie de ses biens.
Le premier livre des Histoires présente le discours qu'Othon adressa
aux soldats de Eome, le 15 janvier 69; l'empereur énumère les
personnages importants qui ont été mis à mort sur l'ordre de Galba. Obultronius
Sabinus et Cornelius Marcellus, assassinés en Espagne, sont cités les
premiers.
Obultronius Sabinus qui était questeur du trésor en 56 doit être,
en 68, un sénateur de rang prétorien. Un avancement normal l'aurait
conduit à la preture en 60; a-t-il bénéficié d'un tour de faveur pour
l'accession à cette magistrature1? Claude avait promis aux questeurs du trésor
«.extra ordinem honores » (*); nous avons vu qu'effectivement T. Domitius
Decidius, après avoir administré Vaerarium pendant trois ans, obtint la
preture sans passer par l'édilité ou le tribunat. Il est vrai que la durée
des fonctions d'Obultronius Sabinus n'est pas connue. Nous ne devons pas
nous fier à une succession régulière de paires de quaestores aerarli, tous
les trois ans depuis l'année 44 où Claude créa cette magistrature; lors de
son avènement, en octobre 54, Néron peut avoir renouvelé le personnel
administratif dont la désignation lui incombait. Ainsi nous ne pouvons pas
dater précisément la preture d'Obultronius Sabinus. Il reste qu'en 68 le
sénateur était inscrit parmi les praetorii depuis un certain nombre
d'années.
Cornelius Marcellus, dont le nom suit le sien, est sans doute d'un
rang inférieur. Il s'agit pourtant d'un sénateur prétorien: il s'identifie
vraisemblablement à L. Cornelius Marcellus, connu grâce à deux
inscriptions trouvées en Sicile, l'une à Agrigente (2), l'autre à Palermo (3),
qui permettent de reconstituer la carrière suivante: q(uaestor) pr(o)
pr(aetore) du proconsul de Sicile, leg(atus) pr(o) pr(aetore) prov(inciae)
SicUiae, praetor d[esignatusf] (4).
Plusieurs fonctions peuvent justifier la présence de sénateurs
prétoriens en Espagne. Dans la province d'Espagne citérieure, le gouverneur

i1) Tacite, Ann., XIII, 29, 4.


(2) CIL, X, 7192 = ILS, 6767.
(3) CIL, X, 7266.
(*) E. Groag, PIB2, II, p. 345, n° 1403.
80 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET i/« AEßARIUM MILITARE »

de rang consulaire est assisté de trois légats, un par district; l'un d'eux
commande la légion — c'était, en 68, la légion VIa Victrix — les deux
autres exercent uniquement des fonctions civiles, en particulier judiciaires,
qui leur ont fait donner par la suite le nom de iuridici. Le gouverneur de
Lusitanie, le proconsul de Bétique et ses légats sont également des
sénateurs de rang prétorien.
En 68, le légat de Lusitanie est le futur empereur Othon i1). Galba
est le gouverneur consulaire de VHispania citerior (2); le commandant
de la VIe légion est alors T. Vinius (3). Dans une étude récente, B. Liou (4)
a suggéré d'identifier Obultronius Sabinus et Cornelius Marcellus aux
deux autres légats de Galba. Ils auraient été les premières victimes de
leur supérieur. Dans ses Fasti Hispanienses, parus au même moment,
G. Alfôldy (5) préfère écarter l'éventualité du juridicat, du moins en ce
qui concerne Obultronius Sabinus. Il constate que les legati Augusti Hispa-
niae citerioris connus à cette époque sont de jeunes sénateurs qui
assument leur première fonction prétorienne (6). Obultronius Sabinus — nous
l'avons déjà noté — a une certaine ancienneté. Aussi G. Alfôldy propose-
t-il de reconnaître en ce sénateur le proconsul de Bétique. Puisque ce
personnage a été assassiné au printemps ou au début de l'été 68, son
proconsulat se placerait en 67-68. M. Ulpius Traianus, père du futur empereur,
consul suffect en 70, lui aurait succédé pour l'année proconsulaire 68-69 (7).
G. Alfôldy admet que L. Cornelius Marcellus pourrait être le légat du
proconsul de Bétique. Il est vrai que, pour l'année 67-68, nous
connaissons seulement le questeur de cette province: A. Caecina Alienus, qui
soutint énergiquement le parti de Galba (8).
Il paraît vraisemblable de considérer Obultronius Sabinus comme
le proconsul de Bétique de l'année 67-68; mais l'hypothèse du juridicat
ne doit pas être absolument écartée.
Les Obultronii sont issus de Casinum, dans le Samnium, comme l'a

(!) Tac, Ann., XIII, 46; Hist, I, 13; Suétone, Ofho, 3, 2; Plutarque, Galba, 20, 1.
(a) Dion Cassius, LXIII, 23, 1.
(3) Suétone, Galba, 14, 3; Plutarque, Galba, 4, 4.
(4) B. Liou, Praetores Etruriae XV populorum, coll. Latomus, vol. 106, 1969,
p. 39-40, avec note 5, p. 39.
(5) G. Alfôldy, Fasti Hispanienses, p. 155-157.
(6) Id., ibid., p. 232: la carrière des sénateurs jusqu'au juridicat d'Espagne
citérieure.
(7) ILS, 8970; cf. G. Alfôldy, ibid., p. 157-159.
(8) Tacite, Hist., I, 53.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 81

établi un récent article de G. Alföldy (x): M. Obultronius Cultellus, prae-


fectus fabrum de l'empereur Claude, a été duovir dans sa cité (2); Obultro-
nia Prisca est l'épouse ou la mère d'un autre duovir de Casinum (3). Ce
gentilice italien (4) se rencontre à Borne (5), en Italie du sud (e), et aussi
en Dalmatie (7), où il témoigne de l'émigration italienne vers cette
province.
Ti. Claudius Melipthongus Obultronianus (8), publions a subselliis tri-
bunorum, est probablement un affranchi du sénateur Obultronius Sa-
binus, qui a reçu la citoyenneté romaine de Claude ou de Néron; obligé
de prendre le nomen impérial, il a tiré du gentilice de son patron un
second cognomen.

Obultronius Sabinus fut l'un des deux derniers quaestor es aerarii;


il avait sans doute été désigné par Néron. Ce sénateur italien, originaire
de Casinum, occupait, douze ans après la questure, une fonction
prétorienne en Espagne, probablement le proconsulat de Bétique.

23 - L. FUNISULANUS L. f. Ani. VETTONIANUS


praef. aerari Saturni 74-76

1 - CIL, III, 4013 = ILS, 1005; cf. V. Hofnller Andautonia,


et B. Saria, Antike Inschriften aus Jugoslawien, Pannonia
p. 215, n° 479

L(ucio) Funisulano | L(ucii) f(ilio) Ani(ensi tribu) Vettoniano, \


tribuno) mil(itum) leg(ionis) VI vict(ricis), quaes\tori provinciae Sidliae, \

(x) Gr. Alföldy, Zur italischen Gentilnamenforschung: die Obultronii, Beitrage zur
Namenforschung, Neue Folge, Bd 1, 1966, Heft 2, p. 145-152.
(2) CIL, X, 5188.
(3) CIL, X, 4274 = 5205.
(4) W. Schulze, Lat. Eigennamen, p. 201 et 205.
(5) CIL, VI, 35959 a; VI, 1056; IV, 103; VI, 2340.
(6) CIL, X, 8059, 287; IX, 6078, 121; IX, 6079, 42.
(7) CIL, III, 1939; 2294; 9003; 2444; 1976; 142781; 1944; 2445; 9334; 3092;
1801 = 8421; 3184.
(8) CIL, VI, 2340: Dis Manib{us) Ti(berio) Claudio Melipthongo Obultroniano
public(o) a subsel(Uis) tribunorum vix(it) an(nos) XL Primitivos patri carissim(q) posuit.
82 ΐΛ AERARHJM SATURNI » ET LJ« AERARIUM MILITARE »

trib(uno) pleb(is), praet(ori), leg(ato) leg(ionis) IIII | Scythic(ae), praef(ecto)


aeravi Satur\ni, curatori viae Aemiliae, co(n)s(uli), | Vllvir(o) epulonum,
leg(ato) pro pr(aetore) provinc(iae) Delmatiae item pro\vinc(iae) Pannoniae
item Moesiae \ superioris, donato [[ab | Imp(eratore) Domitiano Aug(usto)
Germanico]] bello Dacico eoronis IIII \ murali vattari classica aurea,

|
hastis puris IIII, vex(il)lis IIII, \ patrono, \ d(ecreto) d(ecurionum).

2 - CIL, XI, 571; cf. S. Aurigemma, Not. d. Scavi, Forum Popili,


1940, p. 17-18 = AE, 1946, 205 regio Vili

[L(ucius) Funisulanujs L(ucii) [f(ilius) An\i(ensi tribu) Vettonianu[s


co(n)s(ul), | Vllvir epulonum so1dali[s A]ug(ustalis), proco(n)s(ul) pro-
vinc(iae) A[f]ricae, | [leg(atus) Aug(usti) pr(o) pr(aetore) provinc](iae)
Delmatiae item provinc(iae) Pan[nó]niae [item Moesiae supe~]r(ioris), curator
\
aquarum, curator viae Ae[m(iliae)], praet(or), \ [trib(unus) pleb(is), quaest(or)
prov(inciae) Sic(iliae), t~]rib(unus) mil(itum) leg(ionis) VI victr(icis),
IIIv[ir capit(alis)].

3 - CIL, XVI, 30 = ILS, 1997 Carnuntum, Pannonia

Imp(erator) Caesar divi Vespasiani f(ilius) Domitianus | Augustus


Germanicus, pontifex maximus \ tribunizia) potestat(e) III, imp(erator) VII,
p(ater) p(atriae), co(n)s(ul) X \ equitibus et peditibus qui militant in (liste
des unités) et sunt in Pannonia sub L(ucio) Funisulano Vet\toniano
(avantages accordés par le diplôme). A(nte) d(iem) III nonas Septembres), C(aìo)
Tullio Capitone Pomponiano Plotio Firmo, \ C(aio) Cornelio Gallicano
co(n)s(ulibus) . . .
3 sept. 84

4 - CIL, XVI, 31 Carnuntum, Pannonia

Imp(erator) Caesar divi Vespasiani f(ilius) Domitianus | Augustus


Germanicus, pontifex maximus, | tribunizia) potestat(e) IIII, imp(erator)
VIIII, co(n)s(ul) XI, \ censoria potestat(e), p(ater) p(atriae). | lis, qui
militaverunt équités et pedites (liste des unités), et sunt in Pannonia sub
L(ucio) Funisulano Vettoniano (avantages accordés par le diplôme). Nonis
Septembr(ibus) | D(ecimo) Aburio Basso, Q(uinto) Iulio Balbo co(n)s(u-
libus) | ...
5 sept. 85
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 83

5 - G. Annibaldi, Not. d. scavi, 1934, p. 214-217 Bome


avec flg. = AE, 1936, 95

Iovem epulonem \ M(arcus) Licinius Honoratus cala(tor) | Pactumei


Bufi, | L(ucius) Novius Eutactus calator \ Funisulani Vettoniani, | C(aius)
Iulius Silani Ub(ertus) Acanthus calator eiusdem, \ L(udus) Caecilius

\
Thalamus calator \ Pompei Gemini, \ honore usi sua pecunia posuerunt.
Dedicat(um) V h(alendas) Iun(ias) Imp(eratore) Caesare Nerva

\
Traiano Aug(usto) Germanico II \ C(aio) Pomponio Pio \ co(n)s{ulibus).
28 mai 98

6 - CIL, XIV, 4016 = XV, 7460 Fistule de plomb


vée près de Ficulea,
regio I
L(ucii) Funisu(lani) Vettoniani

7 - CIL, XIV, 4276 Inscription funéraire


trouvée près de Pré-
neste
1. 22. Corellio et Vettoniano co(n)s{ulibus)

8 - G. Schneider-Graziosi, Nuovo Bullettino di Eome, Via Latina


archeologia cristiana, 1913, p. 240 = AE, 1913, 224

Epitaphe répétée quatre fois: L(ucii) Funisulani \ Vettoniani.

9 - Tacite, Ann., XV, 7, 1-2

Sub idem tempus legati Vologesis, quos ad principem missos memoravi,


revertere inriti bellumque propala/m sumptum a Parthis. Nec Paetus de-
trectavit, sed duabus legionibus, quarum quartam Funisulanus Vettonianus
eo in tempore, duodecimam Galavius Sabinus regebant, Armeniam intrat
tristi ornine. a. 62
A la même époque, les ambassadeurs de Vologèse, dont j'ai rappelé la mission
auprès de l'empereur, revinrent sans avoir réussi et les Parthes ouvrirent
franchement les hostilités. Paetus ne se déroba pas; avec deux légions, la quatrième alors
commandée par Funisulanus Vettonianus, et la douzième par Calvius Sabinus, il
entre en Arménie sous de funestes auspices.
84 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET LJ« AERARIUM MILITARE »

La documentation concernant le sénateur L. Funisulanus Vettonia-


nus est abondante (x); le gentilice Funisulanus (2) et la tribu Aniensis (3)
attestent son origine italienne. Ce personnage est né en Emilie, sinon à
Forum Popili même, où il a fait élever une inscription: en effet cette
cité est inscrite dans la tribu Stellatina (4).
Pour reconstituer sa carrière, nous disposons essentiellement de deux
textes:
1) la dédicace de la cité d: 'Andautonia à son patron énumère les
postes dans l'ordre chronologique apparemment, jusqu'au gouvernement
de la Mésie supérieure; le consulat, lui aussi, est indiqué en son temps et,
après lui, l'entrée dans le collège des septemviri epulonum.
2) la pierre que L. Funisulanus Vettonianus a fait graver pour
lui-même à Forum Popili est postérieure: elle fait connaître le proconsulat
d'Afrique; elle ajoute aussi la qualité de sodalis Augustalis, ce qui prouve
que la cooptation dans ce collège sacerdotal a eu lieu au retour du
sénateur de la Mésie. La carrière de Forum Popili a été reconstituée à partir
de quatre fragments; le consulat suffect et les deux prétures sont
indiqués après les noms du personnage, comme il arrive fréquemment, et
non au moment où ils ont été obtenus.
Les deux documents peuvent s'interpréter à la lumière l'un de
l'autre; malheureusement aucun d'eux n'indique la totalité des postes
prétoriens.
Le" vigintivirat ne figure que sur la deuxième inscription: il s'agit
d'un triumvirat. Funisulanus Vettonianus qui devient peu après un
modeste questeur du proconsul de Sicile a certainement abordé la carrière
sénatoriale par le poste le moins recherché, celui de triumvir capitalisa

i1) E. Groag, BE, VII, 1910, col. 301-305, n° 2, Funisulanus, et PIB2, III,
p. 224-226, n° 570; S. J. De Laet, Bom. Senaat, p. 190, n° 1408; A. Garzetti, Nerva,
Rome, 1950, p. 124-125, n° 59.
(2) W. Schulze, Lai, Eigennamen, p. 86; R. Syme, JB8, XXXV, 1945, p. 114,
précise qu'il est, d'après son gentilice, originaire d'Italie centrale.
(3) J. W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 270.
(4) Id., ibid., p. 97, qui ne connaissait pas la tribu de Forum Popili, cite
l'inscription de L. Funisulanus Vettonianus comme celle d'un enfant du pays. Aussi les
commentateurs considèrent-ils généralement Forum Popili comme la patria de L.
Funisulanus Vettonianus. La tribu Stellatina a été révélée par AE, 1921, 20 = ILAfr.,
472; cf. A. Donati, Aemilia tributim discripta, I documenti delle assegnazioni tribale
romane nella regione romagnola e cispadana (8oc. di Studi Bomagnoli), Faenza, 1967,
p. 53.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 85

le triumvirat monétaire que restituait encore le plus récent éditeur de


la pierre de Forum Popili est réservé aux patriciens ou aux fils de
consulaires promis à un brillant avenir; ces jeunes gens deviennent souvent
quaestor es Augusti (x). Or, Funisulanus Vettonianus, après avoir rempli
ses obligations militaires en Espagne comme tribun de la légion VI*
victrix (2), exerce la questure en Sicile auprès du proconsul de cette
province sénatoriale.
Le tribunat de la plèbe et la preture suivent normalement la questure,
comme le montre le texte à^Andautonia.
Quatre fonctions prétoriennes se succèdent; la pierre d'Andautonia
néglige la curatelle des eaux; l'inscription fragmentaire de Forum Popili
semble avoir omis la légation de légion et la préfecture du trésor. Nous
ne pouvons pas nous fier à ces textes défectueux pour rétablir l'ordre des
postes. Il est possible que la gestion de Vaerarium soit déjà à cette époque
l'antichambre du consulat, comme elle l'est quelques années plus tard (3).
La chronologie de la carrière invite à placer au début le commandement
de la légion IVa ScytMca', un passage des Annales nous apprend qu'en 62,
le légat Vettonianus participe à l'invasion de l'Arménie sous les ordres
de Caesennius Paetus. Les deux curatelles s'inséreraient entre ces deux
postes (4). Mais il n'y a aucune certitude absolue. Le poste de curator
aquarum ne doit pas faire illusion; il ne s'agit pas de la haute fonction
consulaire illustrée par Frontin quelques années plus tard. La liste des
curateurs dressée par Frontin lui-même (5) ne mentionne pas ce sénateur,
qui fut un simple curateur adjoint de rang prétorien. Pour avoir pris
part à la défaite de Caesennius Paetus, Funisulanus Vettonianus est
tombé visiblement en disgrâce (6); son avancement reprend sous Vespasien
qui lui attribue la préfecture du trésor, puis le consulat. Une inscription
funéraire trouvée près de Préneste est datée par le consulat de Corellius
et Vettonianus; il semble que Q. Corellius Ruf us ait été consul en 78 (7).

(x) E. Birley, Britain under Nero: The Significance of Q. Veranius, dans Durham
University Journal, 1952, p. 88-92; ainsi que Senators in the Emperors' Service, dans
Proc. of the Brit. Acad., XXXIX, 1953, p. 202-204.
(2) E. Bitterling, BE, XII, col. 1599, legio; G. Alföldy, Fasti Eispanienses,
p. 126-127.
(3) Voir les carrières de L. Antistius Rusticus (n° 27), Q. Fulvius Gillo Bittius
Proculus (n° 29), Publicius Certus (n° 30), Cornutus Tertullus (n° 31) et Pline le Jeune
(n° 32).
(4) C'est aussi l'ordre adopté par E. Groag, PIB2, III, p. 224-226, n° 570.
(δ) Frontin, De aq., 100, 11.
(6) C'est aussi l'opinion de R. Syme, Tacitus, II, p. 789, avec note 5.
(7) E. Groag, PIR*, II, p. 305-306, n° 1294; A. Degrassi, Fasti consolari, p. 22.
86 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ( AERARIUM MILITARE »

Vettonianus a administré Vaerariwm peu avant d'obtenir le consulat.


La gestion du trésor est triennale, comme nous le montrons dans la notice
suivante: Vettonianus a donc rempli sa charge de 74 à 76 ou de 75 à 77.
La succession régulière des préfets du trésor de trois ans en trois ans, bien
qu'elle soit parfois rompue, rend la première période plus vraisemblable;
si Vettonianus et son collègue ont assumé leurs fonctions de 74 à 76,
leurs successeurs gèrent Vaerarium de 77 à 79; or, nous connaissons
précisément deux préfets dont l'entrée en charge se place au début de
l'année 80 (voir la notice suivante).
La carrière consulaire qui se déroule sous le règne de Domitien est
nettement militaire; Vettonianus gouverne successivement trois provinces
impériales: la Dalmatie, la Pannonie, la Mésie supérieure enfin.
Le séjour du sénateur en Pannonie est daté par deux diplômes
militaires, l'un du 3 septembre 84, l'autre du 5 septembre 85, trouvés à
Carnuntum i1). Vettonianus a gouverné auparavant la Dalmatie, dans
les années 80-83 par conséquent (2). Il quitte la Pannonie pour la Mésie
supérieure; il est le premier gouverneur de l'une des deux provinces issues
du partage de la Mésie; à ce titre, il participe à la première guerre daci-
que, probablement en 86 (3), et reçoit de Domitien les décorations
conformes à son rang consulaire (4).
Après ces actions d'éclat, sa cooptation dans le collège des sodàles
Augustales est naturelle.
Quelques années plus tard, le tirage au sort désigne l'illustre
sénateur pour le proconsulat d'Afrique; la date de 93-94, proposée par
E. Groag, dans la Prosopographia Imperii Bomani, est un peu tardive. La
liste dressée par B. E. Thomasson (5) prouve que l'intervalle entre
consulat suffect et proconsulat n'est pas encore d'une quinzaine d'années,
comme il le sera au IIe siècle; aussi Thomasson place-t-il le gouvernement
de Funisulanus Vettonianus à Carthage vers 90 (6). W. Eck qui a repris
récemment cette question pour l'époque flavienne situe le proconsulat
vers 91-92 (7). Cette date est possible aussi.

(*) W. Eeidinger, Pannonien, p. 52-54, n° 15, le date entre 83 et 86.


(2) A. Jagenteufel, Dalmatici, col. 45-48, n° 13: « ca. 80 bis 83 ».
(3) Α. Stein, Moesien, p. 35-38, considère que les salutations impériales XIII
et XIV, reçues par Domitien à la fin de l'année 86, célèbrent les victoires de L.
Funisulanus Vettonianus dans l'été 86; R. Syme, C. E. du livre de Stein, JMS, XXXV,
1945, p. 110-111, situe cette première campagne dacique quelques mois plus tôt.
(4) P. Steiner, Die dona militarla, dans Bonner Jahrbücher, 1905, p. 57.
(5) Β. Ε. Thomasson, Die Statthalter, I, p. 24.
(β) Id., ibid., II, p. 50-51.
(7) W. Eck, Senatoren, p. 89.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 87

Une dédicace à Jupiter offerte par le collège des calatores des épu-
lons mentionne encore le sénateur le 28 mai 98. Trente-six ans s'étaient
écoulés depuis la légation de légion, datée de 62. Même si le sénateur
avait obtenu la preture suo anno, cette cinquième inscription le montre
septuagénaire. Il a fini ses jours à Eome, puisqu'un monument funéraire
rappelle quatre fois son nom sur la via Latina.

L. Funisulanus Vettonianus est sans doute originaire de l'Emilie,


s'il n'est pas né à Forum Popili. La fistule de plomb retrouvée près de
Ficulea, dans le Latium, atteste qu'il possédait un domaine sur la via No-
mentana. Il descendait peut-être d'une vieille famille de la bourgeoisie
municipale italienne; un Funisulanus apparaît déjà dans les lettres de
Cicéron à Atticus i1). Ses débuts sous le règne de Néron sont cependant
ceux d'un homo novus. Pour avoir participé à la défaite de Caesennius
Paetus en Arménie, en 62, il connaît une longue éclipse. Sa nomination
à la tête de Vaerarium Saturni est peut-être le signe de son retour en
faveur sous le règne de Vespasien; ce prince lui accorde le consulat, en
78 sans doute, près de vingt ans après la preture. Sous Domitien, les
guerres sur le Danube lui valent une brillante carrière qui culmine avec
le proconsulat d'Afrique. Vettonianus est lié aux personnages en vue: sa
fille Funisulana Vettulla (a) est l'épouse du préfet d'Egypte de 81-82,
0. Tettius Africanus Cassianus Priscus (3). Les Tettii, famille de l'Ombrie (4),
sont alors aux premières places; L. Tettius Iulianus, consul suffect en 83,
succède à Funisulanus Vettonianus en Mésie supérieure et remporte contre
les Daces les victoires fameuses de 88 (5). La carrière de Vettonianus et
ses liens familiaux avec les Tettii montrent le rôle qu'a joué sous les Fla-
viens un groupe de sénateurs issus d'Italie centrale (6). Une famille
consulaire contemporaine de Trajan et d'Hadrien descend de notre sénateur;
T. Pomponius Mamilianus Eufus Antistianus Funisulanus Vettonianus,
consul suffect en 100, est peut-être un fils du préfet du trésor adopté
par un Pomponius (').

(x) Cicéron, ad Attic, Y, 4, 1 et X, 15, 1.


(2) CIL, III, 35 = ILS, 8759: inscription sur le colosse de Memnon datée du
12 février 82.
(3) A. Stein, BE, Y, 1934, col. 1107, n° 6, Tettius.
(*) Voir GIL, XI, 5382.
(5) E. Groag, BE, Y, 1934, col. 1107-1110, n° 10, Tettius.
(e) R. Syme, Tacitus, II, p. 596: An Italian group can be discerned at that time.
(7) R. Hanslik, BE, XXI, 1952, col. 2342, n° 57, Pomponius.
88 li'« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIITM MILITARE »

24 - [. --]0
et 25 - L. POMPUSIUS METTIUS [-JNTJS
praef. aer. Sat. ann. IIII 80-83

CIL, VI, 1495 = 32271 = Inser. Bai, XIII, 1, Borne


η» 27, p. 307

a. 79 [ ] Puden[te]
a. 80 [T. Caes(are) divi Vespasiani f. Aug(usto) [Vili]
[[Domitiano Caes(are) divi Vespasiani /.]] [co(n)s(ulibus)]
[ ]ne, L. Pompusio Mettio
1. 5 [ ]no praef (ectis) aer(ariì) 8at(urni) ann(os) IIlI
cur(atoribus)
[ ~\onio M. f. Prisco
[. VJeturio T. f. Fiacco
[. F]ulvio Cn. f. Maximo
a. 81 1. 10 [L. Flavio SiVjva
[L. ? Asinio Politone Verrucoso co(n)s(ulibus)
[---]co
[---] II

Les consuls éponymes de l'année 80 étaient Titus et Domitien (x);


le nom de ce dernier a été martelé. Les fastes donnent aux deux
responsables du trésor le titre officiel de praef (ecti) aer(arii) 8at{urni)', c'est
celui que porte aussi L. Funisulanus Vettonianus quelques années
auparavant sur l'inscription d'Andautonia qui fait connaître sa carrière (2).
Il convient d'expliquer la précision ann(os) (quattuor) qui figure à la fin
de la ligne 5.
Aucun auteur ancien n'indique expressément la durée des fonctions
des préfets du trésor de Saturne. Mais nous savons par Tacite qu'ils ont
succédé, en 56, aux deux questeurs du trésor créés par Claude (3); or,
ces derniers restaient en charge pendant trois ans: un passage de Dion
Cassius le précise (4) et un document épigraphique le confirme (5). La ré-

(x) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 23.


(8) CIL, III, 4013 = ILS, 1005 (voir la notice n° 23).
(3) Tacite, Ann., XIII, 28, 6-7; XIII, 29, 4-5.
(*) Dion Cassius, LX, 24.
(5) CIL, VI, 1403 = ILS, 966 (voir la notice n° 20).
LES NOTICES INDIVIDUELLES 89

forme de Néron confie Vaerariwm Saturni à des sénateurs de rang


prétorien qui portent le même titre que les sénateurs responsables de
Vaerariwm militare) or, Dion Cassius affirme que les préfets du trésor militaire
restaient en charge pendant trois ans {x). La probabilité d'une durée
identique est étayée par une remarque de Pline: ce dernier note comme un
signe de faveur exceptionnelle le fait que son collègue à Vaerariwm et lui-
même aient été désignés pour le consulat suffect avant la fin d'un bien-
nium (2); il laisse entendre que cette désignation aurait été naturelle au
terme de trois ans de service, ce triennium mentionné par l'inscription
du questeur du trésor T. Domitius Deeidius, quelques années plus tôt.
Ce faisceau d'éléments nous fait considérer, au cours de cette étude, que
les préfets du trésor de Saturne exerçaient leurs fonctions pendant trois
ans.
Il ne peut s'agir que d'une durée moyenne, reconnue officiellement;
nous ne pouvons pas imaginer une succession de préfets aussi régulière
que celle des magistrats. Du fait que les praefectì aerarti Saturni doivent
leur nomination à l'empereur, le prince peut exceptionnellement prolonger
ou écourter leur service à sa guise. Nous étudions plus loin le cas de deux
préfets, Q. Fulvius Gillo Bittius Proculus et Publicius Certus, qui ont
sans doute été relevés de leurs fonctions prématurément (3).
Nous rencontrons ici sur les fastes de Vaerariwm le seul exemple
connu de préfets qui aient assumé leur charge pendant quatre ans. Les
deux hommes étaient en exercice en 80; mais s'agit-il de leur première
ou de leur quatrième année de service? De l'année 79 subsiste
seulement le surnom d'un curateur, Pudens. Pour l'année 81, nous
retrouvons aux lignes 10 et 11 les noms des consuls ordinaires, L. Flavius Silva
et L. Asinius Pollio Verrucosus (4); à la ligne 12 apparaît la fin d'un
cognomen en -eus et, à la ligne 13, l'indication bis. Si les préfets de 80 ont
exercé leurs fonctions de 77 à 80, nous pouvons rencontrer ici les préfets
de l'année 81; comment expliquer alors leur deuxième année de service?
Il faudrait conclure que, pour eux, la durée est indiquée à l'occasion
de leur première année de charge, tandis qu'elle aurait été précisée à
la sortie pour leurs prédécesseurs. La présentation des fastes devait
pourtant répondre à certaines règles.

i1) Dion Cassius, LV, 25, 2.


(2) Pline, Pan., 91, 1.
(3) Voir les notices n° 29 et n° 30.
(4) A. Degrassi, op. cit., p. 24.
90 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

Une deuxième solution se présente; les préfets de 80 exercent leurs


fonctions de 80 à 83; l'année 81 est bien leur deuxième année dans ce
cas. Mais le cognomen en -eus ne convient à aucun des deux collègues de
80. Leurs noms occupent en outre une moindre longueur. Une différence
aussi notable dans la structure de l'inscription surprendrait. En fait, les
lignes 12 et 13 sont alignées sur celles qui, pour l'année précédente,
donnent les noms des curateurs; nous considérons comme A. Degrassi
qu'elles portaient les noms des curateurs (*); le signe bis se réfère alors à
l'itération de l'un d'eux.
Comment se présentait la pierre? Les deux collègues sont entrés en
fonction en 80 (2); leurs noms, gravés à l'occasion de leur première année
de service, ne sont pas répétés pour les années suivantes; on s'est
contenté d'ajouter la précision ann(os) IIII à leur sortie de charge. Nous ne
possédons pas d'autre fragment de fastes concernant les praefecti aerarti
Saturni, pour confirmer si cette mise en page était habituelle.
Ainsi la préfecture des deux collègues a duré de l'année 80 à l'année
83 comprise; le changement de règne dans le courant de l'année 81 peut
expliquer la prolongation de leurs activités.
La coutume des fastes du trésor s'est donc perpétuée; ceux de
l'époque d'Auguste et de Tibère indiquaient naturellement les deux praetores
aerarti à la suite des consuls ordinaires, puisqu'ils entraient en charge
le 1er janvier comme ces derniers. Les praefecti aerarti Saturni de 80
figurent-ils après les consuls ordinaires parce que ceux-ci donnent leur
nom à l'année ou parce qu'ils étaient eux-mêmes entrés en service au
mois de janvier? La deuxième solution nous paraît préférable; l'étude de
la carrière de Pline le Jeune (3) apporte des arguments supplémentaires
en sa faveur.
Du nom du premier préfet, subsiste seulement la syllabe -ne à
l'ablatif. Un gentilice qui se termine par -o, comme Caepio, est peu
vraisemblable; le fragment conservé est sans doute la fin d'un cognomen.

(x) Inscr. Ital., XIII, 1, n° 27, p. 308. Voir dans le même sens le commentaire
de Mommsen cité à la suite de CIL, VI, 32271.
(2) H. Dessau, PIB1, p. 82, n° 586, proposait: annos quattuor c.a. 76-80. Il est
vrai que la lecture de CIL, VI, 1495, à laquelle il se référait nécessairement, n'était
pas aussi précise pour l'année 81. Il est plus surprenant de retrouver les mêmes dates
durch 4 Jahre, etwa 76-80 dans la notice récente de Lamberts, BE, XXI, 2, 1952,
col. 2424, Pompusiits, qui renvoie encore à CIL, VI, 1495.
(3) Voir la notice n° 32.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 91

Le second est L. Pompusius Mettius [-]nus, inconnu par ailleurs. Ce


sénateur était de rang prétorien, en 80. Il est donc impossible de
l'identifier, comme on l'a souvent fait (x), à Mettius Pompusianus qui fut élevé
au consulat par Yespasien (2). A part ce personnage, nous ne connaissons
pas, parmi les sénateurs, de Pompusii (3). Ce gentilice se rencontre à
plusieurs reprises en Italie (4). Le préfet du trésor des années 80-83 est
sans doute un sénateur italien.
Le changement de règne au mois de septembre 81, explique peut-
être que cette paire de préfets ait administré Vaerarium plus longtemps
qu'il n'était d'usage.

26 - L. ANTISTIUS [.] f. Gai. EUSTICTTS

praef. aer. Sat. 87-89

I - D. M. Eobinson, TAPhA, LV, 1924, p. 6 = Antiocheia Pisidiae


AE, 1925, 126; cf. W. M. Ramsay, JRS, XIV,
1924, p. 180, E. Cagnat, CRAI, 1925, p. 227-
230 et D. M. Robinson, AJA, XXX, 1926, p. 79
= AE, 1926, p. 371.

a) L(ucio) Antistio [-] f(ilio) \ Gal{eria tribu) Rustico, co(n)s(uli), \


leg(ato) Imp(eratoris) Caes(aris) [[Domi\tiani]] Aug(usti) [[Germanici]] \ pro
pr(aetore) provindarum \ Capp(adociae) Galat(iae) Ponti Pisid(îae) \ Pa-
pJil(agoniae) Arm(eniae) min(oris) Lyca(oniae), praef (ecto) | aer(arii) Sa-
t(urni), proco(n)s(uli) provinc(iae) Hisp(aniae) \ [U]lt(erioris) Baetic(ae),
leg(ato) divi Vesp(asiani) et divi Titi \ et Imp(eratoris) Caesaris [[Bomi-
tiani]] Aug(usti) \ [[Germanici]] legionis) VIII Aug(ustae), cura\tori viarum
Aureliae et Corneliae, adlecto inter praetorios | a divo Vespasiano et divo
Tito, | donis militaribus donato ab i(i)sdem \ corona murali corona vallari \
corona aurea vexilUs III \ ìiastis puris III, trìb(uno) miliitum) leg(ionis)
II | Aug(ustae), (decem)vir(o) stlitibus iudicand(is), | patrono coloniae quod \
[ind]ustrie prospexit annon{am).

i1) Notices de la PIE1 et de la, RE, citées à la note 2, p. 90.


(2) Suétone, Vesp., 14; Domit., 10, 3; Aurelius Victor, Epit., 9, 14; Dion Cassius,
LXVII, 12, 3. A. Degrassi, Fasti consolari, p. 20, situe le consulat de Mettius
Pompusianus vers 70-75 et exclut son identification à L. Pompusius Mettius.
(3) Le préfet du trésor est le seul Pompusius cité par la BE, XXI, 2.
(4) Par exemple CIL, IX, 4107 et 4150 (Aequiculi); CIL, XI, 204 (Eavenne);
CIL, XIV, 256 (Ostie).
92 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

b) L(ucius) Antistius Busticus leg(atus) Imp(eratoris) Caesaris Do-

|
mitiani \ Aug{usti) Germ(anici) pro pr(aetore) dic(it): | cum IIvir(i) et
decurìon(es) \ splendidissim(ae) col(oniae) Ant(iochensis) \ scripserint mihi
propter Tiiemis asperitatem an\nonam frumenti ex\arsisse petierintque ut
\

|
plebs copiam emendi haberet; | b(onae) f(ortunae) omnes qui Ant(iochensis)
col(oniae) aut | coloni aut incolae sunt | profiteantur apud Ilviros col(oniae) |
Antiochensis intra tri\censimum diem quam \ hoc edictum meum propositum
fuerit quantum | quisque et quo loco fru\menti habeat et quan\tum in semen
aut in j cibaria annua familiae \ suae deducat et reMqui j omnis frumenti
copiam j emptoribus col(oniae) Antiochens{is) \ faciat. Vendendi autem j
tempus constituo in Jc{alendas) Aug(ustas) primas. Quod si quis non pa-

|
ruerit, sciai me quid\quid contra edictum me\um retentum fuerit in com-

|
missum vindicaturum: delatoribus prae\mi nomine octava portione consti-
tuta. Cum autem adfirmatur mihi ante \ hanc hibernae asperitatis per\seve-
rantiam octonis et \ novenis assibus modium fru\menti in colonia fuisse et
iniquissimum sit famem civium suorum praedam cui\quam esse excéder e
sing(ulos) \ denar(ios) sing(ulos) modios pretìum | frumenti veto.
Lucius Antistius Rusticus, légat propréteur de l'empereur César Domitien
Auguste Germanieus, déclare:
Attendu que les duovirs et les décurions de la très splendide colonie d'Antioche
m'ont écrit qu'à la suite d'un hiver rigoureux le prix du blé a connu une hausse
brutale et qu'ils m'ont demandé de faire en sorte que la plèbe ait la possibilité d'en
acheter;
A la fortune; que tous ceux qui sont citoyens ou étrangers domiciliés dans la
colonie d'Antioche fassent connaître aux duovirs de la colonie d'Antioche, dans un
délai de trente jours à partir de la publication de cet édit, la quantité de blé que chacun
possède et en quel lieu, et la quantité de ce blé qu'il se réserve pour la semence et la
nourriture de sa famille pour l'année, et qu'il mette tout le reste à la disposition des
acheteurs de la colonie d'Antioche. Je décide que la vente aura lieu jusqu'au premier
jour des prochaines calendes d'août. Et que ceux qui n'auront pas obéi sachent que
tout ce qu'ils auront accaparé en contrevenant à mon édit sera confisqué; les
dénonciateurs recevront en récompense une part de un huitième;
Et, comme on m'assure qu'avant cet hiver long et rude le prix du blé était dans
la colonie de huit ou neuf as le modius et qu'il serait profondément injuste que la
famine de ses concitoyens enrichît quiconque, j'interdis de vendre le blé à un prix
supérieur à un denier le modius.

c) L. Galpurni\o\ \ Bufo, proc(uratori) Aug(usti), | Tiberia platea.

2 - CIL, VI, 27881 a Borne

Dus Manibus \ Tyche \ vix{it) ann(is) XX \ Antisti(i) Bustic{i) \ et


Mummiae \ Nigrinae (serva). \ Fec(it) Celtiber | conservus | coniugi caris-
LES NOTICES INDIVIDUELLES 93

si(mae). | H(ic) s(ita) e(st) s(it) t(ibi) t{erra) l(evis). | D(ecessit) V I(dus)
Mar(tias) I(mperatore) B(omitiano) XIII co(n)s{ule). a. 87

3 - Martial, Epigr., IV, 75, 1-4

Ο felix animo, felix, Nigrina, marito,


Atque inter Latias gloria prima nurus:
Te patrios miseere iuvat cum coniuge census,
Gaudentem socio participique viro.
Heureuse par ton caractère, heureuse, Nigrina, par ton mari, tu jouis parmi
les épouses latines d'une gloire sans égale. Il te plaît de confondre avec la fortune
de ton mari, celle que t'a léguée ton père, et tu fais de ton compagnon un associé et
un héritier.
IX, 30, 1-6
Cappadocum saevis Antistius occidit oris
Eusticus. Ο tristi crimine terra nocensì
Bettulit ossa sinu cari Nigrina mariti
Et questa est longas non satis esse vias;
Cumque daret sanctam tumulis, quibus invidet, urnam,
Visa sibi est rapto bis viduata viro.
Antistius Rusticus est mort au cruel pays de Cappadoce. Ο terre souillée par
ce sombre forfait! Nigrina a rapporté sur son cœur les cendres de son cher mari, en
regrettant que la route ne fût pas plus longue; et, à l'instant où elle confiait l'urne
sacrée au tombeau qu'elle envie, il lui a semblé que le rapt de son époux la laissait
deux fois veuve.

4 - N. Alfieri, Athenaeum, XXVI, 1948, p. 126 Fasti Potentini


= ΑΈ, 1949, 23, 1. 15-16
L{ucius) Antistius Busticus, | 8eœ{tus) Iu[li]us Servianus
mars-avril? 90

Une grande inscription honorifique, trouvée en 1923 à Antioche de


Pisidie, célèbre le gouvernement de L. Antistius Eusticus dans la
province de Cappadoce-Galatie (x). Elle présente la carrière de ce sénateur

(!) Publiée par D. M. Eobinson, TAPhA, LV, 1924, p. 5-20, et W. M. Ramsay,


JRS, XIV, 1924, p. 172-205, n» 6; voir les commentaires de Gr. A. Harrer, AJA,
XXIX, 1925, p. 429-433, et la réponse de D. M. Robinson, JB8, XV, 1925, p. 253-
262, ainsi que l'étude de R. Gagnât citée à la note 1, page 94.
94 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET L7« AERARIUM MILITARE »

dont le nom seul était jusqu'alors connu: deux épigrammes du poète


Martial dédiées à sa bienfaitrice, Mummia Mgrina, mentionnent l'époux
de celle-ci, Antistius Eusticus; le couple apparaît aussi sur l'épitaphe
d'une esclave i1).
La pierre d'Antioche de Pisidie rappelle l'œuvre de L. Antistius
Eusticus. Ce document essentiel comprend trois colonnes d'importance
inégale. La première, écrite en belles lettres de hauteur décroissante
depuis le haut jusqu'au bas de l'inscription, présente dans l'ordre inverse
un cursus sénatorial; la première ligne manquant, le nom du sénateur
est incomplet; à la ligne 2, sont indiqués la tribu, Galeria, et le surnom,
Eusticus. Au centre, une deuxième colonne, nettement plus étroite, porte,
gravé en petits caractères, le texte d'un édit limitant le prix du grain,
édit publié par le gouverneur de la province, qui est nommé: L. Antistius
Eusticus. Enfin la troisième colonne, à droite, mentionne seulement: en
haut, le nom du procurateur impérial qui a assisté le gouverneur (la
découverte d'un fragment a permis de compléter son nom: L. Calpurnius
Eufus); en bas, la place d'Antioche de Pisidie où le monument a été
érigé: la Tiberia platea.
Il est impossible de supposer, comme avait cru pouvoir le faire le
premier éditeur du texte, David M. Eobinson, que l'auteur de l'édit,
L. Antistius Eusticus, gouverneur de la province, et le sénateur [. -]
Eusticus, gouverneur des provinces de Cappadoce, Galatie, Pont, Pisidie,
etc. dont le cursus est gravé sur la colonne de gauche, sont deux
personnages distincts (2). La pierre a visiblement été élevée non pour publier
l'édit, mais pour honorer son auteur; comme l'a d'ailleurs fait remarquer
G.-A. Harrer, c'est probablement après le succès de l'édit réglementant
les prix qu'un monument a été érigé en l'honneur du gouverneur (3).
Un fragment portant les lettres L. Antistio [ ]/., que W. M. Eamsay
a trouvé à Antioche de Pisidie sur la Tiberia platea, est peut-être le
complément de ce texte (4).
ïsious savons par la deuxième épigramme de Martial que L. Antistius
Eusticus est mort précisément dans sa province de Cappadoce. Le poème

(x) Les notices anciennes concernant ce personnage, PIB1, I, p. 87, n° 598, et


P. v. Kohden, BE, I, 2, 1894, col. 2558, n° 41, Antistius, sont périmées depuis la
découverte de l'inscription d'Antioche. Voir R. Cagnat, L. Antistius Busticus, légat de
Gappadoce, dans GBAI, 1925, p. 227-237, et E. Groag, PIB2, I, p. 145-146, n° 765.
(2) D. M. Robinson, TAPhA, LV, 1924, p. 16.
(3) G. A. Harrer, AJA, XXIX, 1925, p. 429.
(4) W. M. Ramsay, JBS, XIV, 1924, p. 184; texte p. 180.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 95

a été daté par les recherches erudites de L. Friedländer, de l'été 94 (x).


Mummia Mgrina a emporté à Eome les cendres de son époux et placé
l'urne cinéraire dans le tombeau. L'épigramme a été composée et
présentée à la veuve après la cérémonie funèbre. Un certain intervalle a
séparé celle-ci du décès en Cappadoce, puisque, comme le note le poète,
Mummia Mgrina s'est sentie deux fois veuve. La distance, les aléas de
la navigation dans l'antiquité, ainsi que la lenteur du voyage d'une dame
de l'aristocratie avec sa suite, permettent de penser que le délai a été
de quelques mois. Le décès de L. Antistius Eusticus est donc survenu
en Cappadoce à la fin de l'année 93 ou au début de 94.
La tribu Galeria (2) et les relations qu'il entretenait avec le poète
Martial (3) permettent de supposer que L. Antistius Eusticus était
originaire d'Espagne (4). Il est impossible de savoir s'il était apparenté à la
famille consulaire des Antistii Veteres dont les uns portent le prénom
Lucius, les autres le prénom Caius (5).
Le consulat est placé en tête du cursus, rédigé dans l'ordre inverse.
Eusticus a exercé normalement les postes préparatoires à la carrière
sénatoriale: après avoir été à Eome decemvir stlitibus iudicandis, il est
parti faire le service militaire. Il a ensuite brûlé les étapes grâce à Vad-
lectio inter praetorios qu'il doit à Vespasien et Titus. Nous devons dater
cette faveur de la censure conjointe de Vespasien et Titus, en 73-74,
qui s'est accompagnée d'une célèbre lectio senatus (6).
Il faut donc situer avant l'année 73 le service militaire, que Eusticus
a effectué en Bretagne comme trîbunus militum de la légion IIa Augusta^).
Or, les décorations militaires que lui ont décernées Vespasien et Titus,
sont gravées après la mention du tribunat laticlave. Les premiers
commentateurs du texte ont donc supposé que Eusticus s'est distingué en

(x) L. Friedländer, M. Yalerii Martialis epigrammaton libri, Leipzig, 1886, I,


p. 61.
(2) La tribu Galeria est répandue en Espagne; cf. J. W. Kubitschek, Imperium
Bomanum, p. 270-271.
(3) Natif de Bilbïlis en Tarraconaise: cf. Epigr., I, 49, 1-3; IV, 55, 8-11; etc.
(4) C'est aussi l'avis de E. Groag, loc. cit.
(5) Sur les consulaires Antistii Veteres du Ier siècle, cf. E. Groag, PIR*, I, p. 145-150,
et A. Degrassi, Fasti consolari, p. 150. La famille était déjà au sénat au dernier siècle
de la Eépublique: cf. T. E. S. Broughton, Magistrates, II, p. 530, et T. P. Wiseman,
New Men, p. 14.
(e) Suétone, Vesp., 9, 2; voir la liste des bénéficiaires de Vadlectio dans W. Eck,
Senatoren, p. 103-105.
(7) Stationnée en Bretagne après 43: cf. E. Ritterling, BE, XII, col. 1459, legio.
96 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Bretagne au cours de son service militaire (x); ils rappellent les campagnes
effectuées en Bretagne entre 71 et 79, années où Vespasien et Titus ont
pu accorder ensemble des décorations; les expéditions successives de
Petilius Cerialis, de Frontin, d'Agricola enfin sont bien connues grâce
au récit de Tacite (2). En fait, comme l'a remarqué fort justement
E. Cagnat, les décorations de Busticus ne correspondent pas au rang
modeste d'un tribun militaire (8): seuls, les légats de légion, de rang
prétorien, reçoivent trois coronae, trois vexiïla et trois hastae purae (4). Nous
considérons, par conséquent, que les décorations ne sont pas gravées à
leur place et que Eusticus les a obtenues comme légat de légion en
Germanie supérieure, le second des postes prétoriens qu'il a occupés. Le
déplacement de ces trois lignes est dû sans doute à une erreur du lapicide.
On peut imaginer aussi que le rédacteur du texte a confondu les deux
campagnes au cours desquelles L. Antistius Eusticus s'est illustré,
précisément sous le même règne.
En effet, l'admission au Sénat, avec le rang d'ancien préteur, d'un
provincial qui a seulement exercé les fonctions préparatoires à la carrière
sénatoriale est signe manifeste de la faveur impériale. Il est vrai qu'après
la guerre civile de 69 Vespasien a largement renouvelé le sénat. Mais
il a eu des motifs précis pour récompenser un homme qui, en tant
qu'officier de la deuxième légion Auguste, avait certainement contribué à rallier
la province de Bretagne (5). Eusticus doit donc son adlectio inter prae-
torios, en 73-74, au fait qu'il a choisi le parti de Vespasien, pendant son
service militaire de 69-70 (6).
Des quatre postes prétoriens occupés par Busticus, le premier, la
curatelle des voies aurélienne et cornélienne, se place donc après l'année

(x) C'est le cas de G-. A. Harrer, AJA, XXIX, 1925, p. 431; en revanche,
W. Ramsay, JB8, XIV, 1924, p. 182, rappelle, malj à propos, qu'un détachement
de la legio IIa Augusta a combattu aux côtés de Vitellius à Bedriacum.
(2) Tacite, Agr., 17-18.
(3) R. Cagnat, GEAI, 1925, p. 227-230 et p. 234.
(*) P. Steiner, Die dona militarla, dans Bonner Jahrbücher, 1905, p. 85-86.
(5) Tacite, Hist., Ill, 44, 3: Et Britanniam inditus erga Vespasianum favor, quod
illie secundae legioni a Claudio praepositus et bello clarus egerat, non sine motu adiunxit
ceterarum. (Quant à la Bretagne, la popularité dont bénéficiait Vespasien depuis que,
appelé par Claude à commander la deuxième légion, il s'était illustré à la guerre, le
fit prendre son parti, non sans quelque opposition des autres légions).
(6) Une liste des militaires élevés par adlectio au rang d'anciens édiles ou anciens
préteurs à l'occasion de la censure de Vespasien a été dressée par E. Ritterling, dans
les JOAI, X, 1907, p. 306; voir aussi W. Eck, Senatoren, p. 103-105.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 97

74. L. Antistius Busticus est le premier curateur connu pour ce réseau


de routes d'Etrurie (*): la via Aurélia, qui relie Eome à Gênes, en est
l'axe principal; la via Cornelia, qui quitte Rome au Pons Aelius, passe
par Caere et rejoint la via Aurélia avant Pyrgi, a cessé d'en faire partie
après le règne de Domitien jusqu'à l'époque d'Hadrien. Le texte de 1'
inscription ne précise pas si Rusticus fut le premier titulaire de cette
fonction nouvelle, ce qui serait un signe supplémentaire de la confiance
que lui accordaient les deux empereurs.
Le commandement de la huitième légion Auguste l'a conduit en
Germanie supérieure au moins de 79 à 81, puisqu'il a été légat de trois
empereurs, Vespasien, Titus et Domitien (2). Domitien, dont le nom est
martelé aux lignes 9 et 10 (à l'exception de la titulature impériale Imp.
Caesar Aug. qui est respectée) porte le surnom Germanicus, dont la
restitution s'impose à la ligne 10; il l'a reçu seulement en 84; mais Vespasien
et Titus sont nommés respectivement divus Vespasianus et divus Titus
à la ligne 8; il apparaît donc que la titulature des empereurs ne correspond
pas à l'époque de la légation de Rusticus en Germanie, mais à l'année où
la pierre a été élevée à Antioche de Pisidie en l'honneur du gouverneur.
C'est donc en tant que légat de la légion VIIIa Augusta, que Rusticus
a reçu les décorations mentionnées par erreur avec le tribunat militaire;
elles lui ont été données au plus tard dans la première moitié de l'année
79, mais plus probablement en 78, année de la grande campagne de
Vespasien et Titus sur le Rhin (3).
Le gouvernement de la province de Bétique date du début du règne
de Domitien. Le nouveau proconsul n'est pas parti pour l'Espagne avant
82; la dernière possibilité pour le séjour du sénateur à Cordoue est l'année
proconsulaire 85-86 (4), puisque — comme nous allons le montrer — il
administrait Vaerarium Saturni en janvier 87.
La préfecture de Vaerarium Saturni, occupée à Rome
vraisemblablement pendant trois ans, conduit le personnage au consulat, comme il

(*) Voir la liste des curateurs de ce réseau établie par H.-G-. Pflaum dans Eomanica
et Occidentalia, Etudes dédiées à la mémoire de Hiram Peri, Jérusalem, 1963, p. 268-269.
(a) Gr. Alföldy, Die Legionslegaten der röm. Bheinarmeen, dans Epigr. Studien,
III, 1967, p. 13-14, n° 23.
(8) En 78, à la suite de la défaite des Bructères et de la prise de Velleda,
Vespasien prit le titre d'Imp. XIX, et Titus à'Imp. XI; cf. R. Cagnat, ORAI, 1925, p. 234,
et G-. Alföldy, Die Hilfstruppen in der röm. Provinz Germania inferior, dans Epigr.
Studien, VI, 1968, p. 159.
(4) G. Alföldy, Fasti Eispanienses, p. 160-161, date ce proconsulat entre 82 et
87; le terminus nous paraît inexact.
98 ΐΛ AERAEIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARrUM MILITARE »

arrive fréquemment à cette époque. Le consulat suffect de L. Antistius


Eusticus date de mars 90, ainsi que l'ont montré les fastes de Potentia,
publiés en 1948. Nous devons donc situer la gestion du trésor au cours
des années précédentes. La première épigramme de Martial adressée à
Mummia Nigrina a été écrite, d'après les résultats des recherches de
L. Friedländer, dans l'été de 88 (*); le poète loue sa bienfaitrice de la
preuve d'amour qu'elle vient de donner à son mari, en confondant sa
fortune personnelle avec la sienne. Il est impossible de lier ce don au
mariage d' Antistius Eusticus et Mummia Mgrina: au mois de mars 87,
ils étaient déjà mariés, comme l'indique l'inscription funéraire de l'une
de leurs esclaves. En revanche, depuis que les fastes de Potentia ont donné
la date exacte du consulat de Eusticus, le motif qu'imaginait l'un des
premiers éditeurs du texte, paraît plus plausible: W. M. Eamsay
supposait que le don de Mummia Mgrina devait précéder de fort peu le
consulat de son mari (2); la riche bienfaitrice de Martial aurait voulu
aider L. Antistius Eusticus à assumer les frais de cette illustre
magistrature. Nous voudrions tenter d'étayer cette hypothèse séduisante après
l'avoir modifiée dans le sens que suggèrent, d'une part la date désormais
connue du consulat, d'autre part les renseignements tirés de l'étude
d'ensemble des préfets de Vaemrium. En 88, L. Antistius Eusticus n'est pas
encore désigné pour exercer le consulat suffect en mars 90. Il est donc
impossible d'imaginer que le don de Mummia Mgrina ait suivi sa
désignation, comme le pensait Eamsay. Dans l'été 88, Eusticus peut
cependant supposer que son accession au consulat suffect est proche, puisqu'il
est déjà préfet du trésor. Quelques années plus tard, en 97, lorsque Pline
attaque Publicius Certus au sénat, ses amis lui font remarquer que ce
personnage est déjà préfet du trésor et bientôt consul (3). Au début de
l'année 100, Pline le Jeune et son collègue Cornutus Tertullus sont
désignés pour le consulat suffect à la fin de la deuxième année de gestion
du trésor (4). Nous devons donc imaginer que, dès son entrée en fonction
à Vaerariwm, Busticus apparaissait, à Eome, comme un futur consul.
Aussitôt, Mummia Mgrina a voulu lui donner publiquement les moyens
d'assumer un jour cette haute magistrature. En tout cas, la date de l'é-

(x) L. Friedländer, édition de Martial citée, p. 56.


(2) W. M. Eamsay, JE8, XIV, 1924, p. 182.
(3) lam praefectum aerarii et brevi consulem (Pline, Lettres, IX, 13, 11).
(4) Nondum bienniwm compleveramus in officio laboriosissimo et maximo, cum
tu nobis . . . consulatum obtulisti (Pline, Pan., 91, 1).
LES NOTICES INDIVIDUELLES 99

pigramme de Martial, écrite dans l'été 88, nous incline à penser que
Busti eus était déjà en fonction à Vaerarium et nous voudrions dater
précisément sa préfecture des années 87 à 89. Nous verrons que ce triennium
est en parfait accord avec les dates connues pour les préfets suivants.
Eusticus gère les faisceaux consulaires pendant deux mois, en mars et
avril 90.
Peu de temps après le consulat, il devient legatus Augusti pro praetore
d'une vaste région d'Asie mineure comprenant les provinces de Cappa-
doce et Galatie, auxquelles sont jointes les contrées voisines: Pont, Pi-
sidie, Paphlagonie, Arménie mineure et Lycaonie. K. Cagnat considérait
le gouvernement de cette région comme un cinquième poste prétorien (*),
en se référant à la titulature de Ti. Iulius Celsus Polemeanus: leg(atus)
Aug. divorum Vespasiani et Titi provinciae Cappadociae et Galatiae, Ponti
Pisidiae Paphlagoniae Armeniae minoris, après la preture (a). Le fait que
ce personnage ait occupé son poste en 79-80, juste au moment où M.
Hirrius Fronto Neratius Pansa était gouverneur de la province (3), et
l'omission de la formule pr(o) pr(aetore) montrent qu'il était simplement
un légat du gouverneur, de rang prétorien par conséquent. A la fin du
règne de Domitien, le legatus Augusti pro praetore de la Cappadoce-Ga-
latie agrandie était bien un ancien consul (4).
Eusticus est mort en Cappadoce à la fin de 93 ou au début de 94.
L'édit réglementant le prix du grain a été pris au printemps de l'année
92 ou de l'année 93. L'hiver 91-92 ou l'hiver 92-93 a été très froid et les
blés d'hiver ont été perdus. Une grande partie de l'Asie mineure a
probablement été touchée. Les mesures prises par le gouverneur sont
énergiques: tous les habitants de la colonie d'Antioche, qu'ils soient coloni
ou simple résidents — incolae — doivent déclarer leur blé aux duovirs
dans un délai de trente jours. Une fois réservée la quantité de blé
nécessaire à la nourriture de leur famille et aux semences, le blé restant doit
être mis en vente. Les contrevenants verront leur provision confisquée.
Pour la vente, un prix maximum est fixé à un denier le modius de grain,
après une enquête qui a établi que le prix normal était l'année précédente,
dans la même province de 8 à 9 asses le modius de grain. Le gouverneur
fixe ainsi le prix maximum à peu près au double du prix normal: or, il

i1) E. Cagnat, GBAI, 1925, p. 230-233.


(2) ILS, 8971 (voir la notice n<> IX).
(3) IGB, III, 125 et 223.
(4) K. K. Sherk, The Legates of Galatia, p. 51-52.
100 L'a AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

n'était pas rare qu'une disette fît décupler le prix du blé. Pour apprécier la
décision de Busticus, nous pouvons noter que ce prix de disette est
comparable au prix « réduit » de trois sesterces le modius accordé par Néron
après l'incendie de Eome de 64 i1). Même si l'édit a été suggéré en partie
au gouverneur par les décurions de la colonie d'Antioche de Pisidie, il
montre la compréhension certaine des problèmes économiques et
financiers qu'avait Eusticus et l'action énergique qu'il a menée, après enquête
approfondie, pour résoudre par des mesures appropriées les problèmes
que posait la disette. Si la colonie d'Antioche, reconnaissante, a choisi
le gouverneur pour patron, c'est, comme l'indiquent les dernières lignes
(quod industrie prospexit annonam), parce que les mesures prises ont eu
un heureux effet; dans le cas contraire, le texte de l'édit n'aurait pas été
intégralement publié, pour justifier l'élévation de ce monument.
De la famille de L. Antistius Busticus, le seul personnage connu est
sa femme, Mummia Zigrina (2); cette grande dame, qui a protégé le poète
Martial, était fort riche pour que le don de sa fortune à son mari méritât
d'être glorifié. Ses liens de parenté avec le consulaire Mummius Niger
Valerius Vegetus qui, au début du IIe siècle sans doute, a acheté des
terres à P. Tullius Varrò pour construire un aqueduc (3), ne font pas de
doute; ce sénateur est originaire d'Ittiberis, en Bétique (4), et possède des
domaines en Etrurie. L. Antistius Busticus a donc épousé une
compatriote .

L. Antistius Busticus, originaire d'Espagne, est peut-être fils de


sénateur. En le choisissant, Domitien a confié la gestion de Vaerarium
Saturni pour les années 87 à 89 à un homme capable et énergique, connu
pour sa fidélité à la nouvelle dynastie. Cette nomination était, pour
Busticus, la promesse du consulat (Mummia Zigrina en tout cas le comprit
ainsi), donc une promotion flatteuse récompensant son soutien aux
Flaviens.

0) Tacite, Ann., XV, 39, 3.


(2) E. Groag, BE, XVI, 1933, col. 534, n° 28, Mummius.
(3) CIL, XI, 3003 a = ILS, 5771.
(4) R. Etienne, Les sénateurs espagnols sous Trajan et Hadrien, dans Les
empereurs romains d'Espagne, Colloque C.N.B.8., Madrid-Italica 1964, Paris, 1965, p. 69,
n° 26.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 101

27 - L. NEEATIUS L. f. Vol. PRISCUS

praef. aer. Sat. 93-95

1 - CIL, IX, 2454 = ILS, 1033 Saepinum, regio IV

L(ucio) Neratio L(ucii) f(ilio) \ Vol(tinia tribu) Prisco, | praef(ecto)


aer(arii) Sat(urni), co(n)s(uli), | leg(ato) pr(o) pr(aetore) in provincia) \
Pannonia, scribae quaestori \ et munere functi, | patrono.
\

2 - A. Maiuri, Noi. d. Scavi, 1925, p. 245 = AE, Saepinum


1927, 117

L(ucio) Neratio L(ucii) f(ilio) | Vol(tinia tribu) Prisco, \ praef(ecto)


aer(arii) Sat(urni), co(n)s(uli), | leg(ato) pr(o) pr(aetore) in provincia) |
Pannonia, \ ex testamento \ Hymeti lib(erti).

3 - CIL, IX, 2455 = ILS, 1034 Saepinum

L(ucius) Neratius L(ucii) f(ilius) [Vol(tinia tribu) Priscus,] | prae-


f(ectus) aer(arii) Sat{urni), co(n)s(ul), l[eg(atus) pr(o) pr(aetore) in
provincia)] | Pannonia.
L(ucius) Neratius L(ucii) f(ilius) Vol(tinia tribu) Pr[iscus f(ilius),
co(n)s(ul),~] Vllvir epul(onum), leg(atus) Aug(usti) pr(o) pr(aetore) P[(an-
|

nonia~] \ inferiore et Pannonia [superiore.]

4 - S. H. Α., vita Hadriani, 4, 8

Frequens sane opinio fuit Traiano id animi fuisse ut Neratium Pri-


scwm, non Hadrianum, successorem relinqueret, multis amicis in hoc con-
sentientibus, usque eo ut Prisco aliquando dixerit: « commendo Ubi pro-
vincias, si quid mihi fatale contigerit ».
Bien des gens crurent à juste titre que Trajan, avec le consentement d'un grand
nombre d'amis, avait l'intention de laisser pour successeur, non pas Hadrien, mais
Neratius Priscus, au point de dire un jour à Priscus: « Je te confie les provinces, au
cas où il m' arriverait quelque chose ».
102 ΐΛ AEE.ABJUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

5 - Big., XXXVII, 12, 5

Dwus Traianus filium, quern pater male contra pietatem adfidebat,


coegit emancipare . . . sed consilio Neratii Prisci. . .
Le divin Trajan voulut émanciper le fils que son père maltraitait contrairement
à son devoir paternel. . . mais, sur le conseil de Neratius Priscus. . .

6 - Dig., XL VIII, 8, 6

Is qui servum castrandum tradiderit, pro parte dimidia bonorum mul-


tatur ex senatus consulto quod Neratio Prisco et Annio Vero consulibus
factum est.
Celui qui aura donné un esclave à châtrer doit payer pour sa part une amende
de la moitié de ses "biens, en vertu du sénatus-consulte qui date du consulat de
Neratius Priscus et Annius Verus.

7 - Dig., XXXIII, 7, 12, 43

Denique Neratius libro quarto epistularum Marcello fratri suo res-


pondit. . .
Enfin Neratius, au livre quatre des lettres à son frère Marcellus, donna cette
réponse. . .

8 - S.H.A., vita Eadriani, 18, 1

Cum iudicaret, in consilio habuit non amicos suos aut comités solum
sed iuris consultos et praecipue Iuventium Celsum, Salvium Iulianum,
Neratium Priscum àliosque. . .
Quand il prononçait un jugement, il avait dans son conseil non seulement ses
amis ou ses compagnons, mais aussi des jurisconsultes, en particulier Juventius Celsus,
Salvius Iulianus, Neratius Priscus et d'autres . . .

9 - G. Barbieri, Studi Romani, I, 4, 1953, p. 366- Fasti Ostienses


369 = AE, 1954, 220

\_M{arcus)~\ Annius Verus \L{ucius) Neratius Priscus] \


[L(ucius)] Domitius Apollinaris 8e[s ] |
a. 97
LES NOTICES INDIVIDUELLES 103

Trois inscriptions de 8aepinum, dans le Samnium, font connaître


un praef(ectus) aer(arii) 8at{urni) qui appartient, à n'en pas douter, à
la célèbre famille des Neratii (*): sous la République, un ÏTeratius
occupait déjà une magistrature à Saepinum (2); la famille réapparaît sous les
Mayiens, avec le rang consulaire, et la lignée se perpétue; le membre le
plus illustre fut un contemporain de Trajan, le juriste L. Neratius Priscus,
dont le nom est fréquemment mentionné dans le Digeste (3).
Les scribae quaestorii ont élevé la première dédicace à leur patron;
un affranchi a offert la seconde par testament; la troisième pierre
concerne deux Neratii Prisci homonymes, le père et le fils sans doute. Le
préfet du trésor est le plus âgé: il a gouverné la Pannonie avant la
division de cette province, tandis que le plus jeune, qui appartint au
collège des septemviri epulonum, administra, après la division de la province
en 106 (4), d'abord la Pannonie inférieure comme légat prétorien, ensuite
la Pannonie supérieure comme consulaire. Le préfet du trésor fut donc
consul suffect avant 107 et son fils après cette date.
Pouvons-nous préciser l'année du consulat? Les Fastes consulaires
de Potentia dans le Picenum ont révélé un L. Neratius Priscus, consul
suffect en 87 avec 0. Cilnius Proculus (5). Mais le Digeste rapporte les
conclusions d'un sénatus- consulte contre la castration, daté par le
consulat de Neratius Priscus et Annius Verus (texte 6). Or, un fragment des

i1) Sur cette gens, cf. BE, XVI, 2, 1935, col. 2539 à 2553, Neratius, par divers
auteurs.
(2) A. Maiuri, Not. d. Scavi, 1926, p. 245, n° 2 = ΑΈ, 1927, 118.
(3) Dig., I, 2, 2, 53; XXXI, 67, 8; XXXIII, 7, 12, 43; XXXIV, 3, 8, 2; XXXV,
1, 112, 3; XXXVII, 12, 5; XXXIX, 6, 21; XXXXI, 2, 1, 21 et 4, 2, 6; XXXXVIII,
8, 6; L, 16, 85.
Sur L. Neratius Priscus, la notice de A. Berger, BE, XVI, 2, 1935, col. 2549-
2551, n° 15, Neratius, concerne surtout le juriste, chef de l'école proculienne; elle est
complétée par celle de W. Enslin, BE, XXIII, 1, 1957, col. 6, n° 19; pour références
générales, citons PIB1, II, p. 402, n° 46; P. Lambrechts, Sénat romain, I, p. 43, n° 99;
A. Grarzetti, Nerva, p. 145-146, n° 108; W. Kunkel, Herkunft, p. 144-145, n° 26;
J. Crook, Consilium Principia, p. 175, n° 235.
Voir désormais la monographie de R. Syme, The Jurist Neratius Priscus, dans
Hermes, 1957, p. 480-493.
(4) Nous adoptons la date proposée par J. Fitz, Legati Augusti pro praetore
Pannoniae inferioris, dans Ada Ant. Acad. Se. Hung., XI, 1963, p. 245.
(s) N. Alfieri, Athenaeum, XXVI, 1948, p. 116 = ΑΈ, 1949, n° 23; cf. A. De-
grassi, Fasti consolari, p. 26.
104 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET Ι,'« AERARIÜM MILITARE »

Fastes d'Ostie portant le nom d'Annius Verus pour l'année 97 a été trouvé
récemment (texte 9); la date est compatible avec les second et troisième
consulats connus de M. Annius Verus (x); en outre, d'après le témoignage
de Dion Cassius, un sénatus-consulte condamnant la castration fut
effectivement pris sous le règne de ÏTerva (2); l'existence d'un ISTeratius
Priscus, consul suffect en 97, paraît donc assurée (3).
Le préfet du trésor est-il le consul de 87 ou celui de 97? Les fastes
de la préfecture n'excluent aucune des deux possibilités. Dans le premier
cas, le triennium se placerait parfaitement de 84 à 86 après celui de
L. Pompusius Mettius [-]nus et [. —]o; dans le second cas, L. ïferatius
Priscus aurait précédé dans leur charge Bittius Proculus et Publicius
Certus, collègues en 97.
R. Syme a rassemblé un faisceau de probabilités pour que le juriste
fût le consul de 97 (4). Il étudie en particulier la place de IsTeratius Priscus
parmi les maîtres de l'école proculienne, telle qu'elle est donnée par le
Digeste, I, 2, 2, 47. En faveur de l'interprétation proposée par R. Syme,
il convient de noter qu'elle seule permet d'expliquer les trois consulaires
L. Neratii Prisci de cette époque. De plus, il nous paraît plus naturel
d'identifier le conseiller d'Hadrien au consul de 97 qu'à celui de 87.
Or, il est vraisemblable de penser que le préfet du trésor est le
jurisconsulte: dans le cas contraire, il ne resterait à Saepinum aucune trace
du plus illustre des Neratii. La gestion du trésor, par les procès en
restitution qu'elle implique, convient parfaitement à un expert en droit.
Le juriste L. IsTeratius Priscus aurait ainsi administré Vaerarium
Saturni quelque temps avant d'obtenir, en 97, le consulat suffect. Nous
connaissons par Pline le Jeune la paire de préfets de l'année 97, puisque
Publicius Certus fut attaqué au sénat et que, seul, son collègue Bittius
Proculus géra les faisceaux consulaires, probablement à la fin de
l'année 98 (6).

i1) En 121 et 126: cf. E. Groag, PIB2, I, p. 118-119, n° 695.


(2) Dion Cassius, LXVIII, 2, 4.
(3) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 208, cf. aggiunte; il signale les consuls de 87
et de 97, mais il omet le troisième homonyme, consul après 107.
(*) R. Syme, Hermes, 1957, p. 482-484. La plupart des auteurs cités à la page
103, note 3, identifiaient le juriste au consul de 87.
(5) Pline, Lettres, IX, 13 (voir la notice n° 29).
LES NOTICES INDIVIDUELLES 105

Ils avaient été nommés à ce poste par Domitien, précise Pline (x).
Leur triennium se placerait donc de 95 à 97, à moins d'imaginer qu'à la
suite du scandale de l'année 97 la paire de préfets nommée en 96 ait été
écartée par Nerva après deux ans de charge. Dans le premier cas, la
préfecture de Neratius Priscus daterait de 92-94, mais de 93-95 dans le
second. La deuxième hypothèse nous paraît la plus vraisemblable; la
phrase de Pline sur le sort de Publicius Certus est ambiguë et peut
laisser supposer que le préfet du trésor fut relevé de charge avant le temps
normal (2). Nous retiendrons donc pour Bittius Proculus et Publicius
Certus les deux années 96 et 97 et pour le juriste Neratius Priscus, qui fut
leur prédécesseur à Vaerarium, les années 93 à 95. L'intervalle qui sépare
la sortie de charge de Neratius Priscus et son consulat n'est pas excessif.
Il s'explique aisément: Priscus obtenait la magistrature suprême deux
ans après L. Neratius Marcellus, qui était son frère (texte 7); ce dernier
avait succédé à l'empereur comme consul suffect en janvier 95 (3).
Domitien ne souhaitait peut-être pas accorder aux deux frères des
consulats trop rapprochés. Les Neratii avaient la faveur de la dynastie fla-
vienne; une inscription de Saepinum atteste que Marcellus fut élevé au
patriciat par Vespasien (4).
Le même cursus sommaire se répète curieusement sur les trois
pierres de Saepinum: la préfecture du trésor, le consulat à sa place
chronologique et le gouvernement de Pannonie. Un futur légat consulaire en
Pannonie devrait avoir commandé une légion (5). Pouvons-nous formuler
l'hypothèse d'une adlectio inter praetoriosì II est surprenant qu'elle ne
soit indiquée nulle part. Une certaine incertitude demeure sur la
carrière du juriste. Un seul point paraît satisfaisant: l'avancement parallèle

(*) Lettres, IX, 13, 23: Beddat praemium sub optimo principe, quod a pessimo
accepit.
(2) Lettres, IX, 13, 23: Nam collega Gerii consulatum, successor em, Certus
accepit.
(8) E. Groag, BE, XVI, 2, 1935, col. 2542-2545, n° 9, Neratius; A. Degrassi,
Fasti consolari, p. 28.
(4) OIL, IX, 2456 = ILS, 1032: l'inscription anonyme est attribuée à L.
Neratius Marcellus grâce au cursus.
(δ) Mais ce n'est pas absolument nécessaire, comme le montre la carrière de
C. Julius Quadratus de Pergame, légat de Syrie vers 101-104: IGB, III, 151 = ΤΑΜ,
II, 2, 568.
106 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AEßARIUM MILITARE »

à celui de son frère Marcellus, consul suffect en 95, légat de Bretagne


vers 101-104 (χ); Priscus, consul suffect en 97, a gouverné la Pannonie
vers les années 103-105, après Q. Glitius Atilius Agricola qui avait géré
les faisceaux consulaires en 97, lui aussi (2).
ïferatius Priscus appartint en outre aux conseils privés de Trajan
et d'Hadrien (textes 5 et 8); l'Histoire Auguste voudrait que Trajan ait
pensé à lui comme à un successeur possible (texte 4): cette anecdote
n'est guère compatible avec le cursus de Saepinum; il est déjà assez
étonnant que le fameux juriste n'ait pas obtenu un second consulat comme
son frère Marcellus ou son collègue Annius Verus.
Plusieurs amis de Pline portent le surnom de Priscus (3); aucun ne
peut être identifié à îferatius Priscus de façon certaine. B. Syme (4) a
éclairé en particulier l'identité du Priscus auquel Pline, au cours de l'année
100, adresse une lettre de recommandation en faveur de Voconius Eo-
manus: ce personnage qui commandait depuis plusieurs années une
importante armée, était probablement Iavolenus Priscus, légat de Syrie
entre 90 et 101 (5).
La famille des Neratii est difficile à reconstituer; il existait sans doute
plusieurs branches (6). Nous établissons seulement le stemma des proches
parents de L. ÎTeratius Priscus: il s'inspire des suggestions de E. Syme (7);
deux nouvelles inscriptions dont il est question plus bas permettent de
le compléter.

(*) Un diplôme militaire date sa légation de Bretagne de l'année 103: OIL,


XVI, 48. W. Eck, Senatoren, p. 158, 160 et 161, place aussi ce gouvernement entre
101 et 104.
(2) W. Reidinger, Pannonien, p. 58, a identifié L. Neratius Priscus, préfet du
trésor et légat de Pannonie au consul de 87; sa datation ne peut pas nous convenir.
Sur Q. Glitius Atilius Agricola, consul sufïect en 97, qui reçut un second consulat
en janvier 103, cf. L. Petersen, PIB2, IV, 1952, p. 34-35, n° 181. W. Eck, op. cit.,
p. 160, 161 et 163, situe la légation en Pannonie entre 102 et 105.
(3) Pline, Lettres, 2, 13 (recommandation de Voconius Romanus); 6, 8
(recommandation de Saturninus); etc.
(4) R. Syme, People in Pliny, dans JB8, LVIII, 1968, p. 143.
(5) L. Petersen, PIB2, IV, 3, p. 108-109, n° 14.
(6) Voir la notice consacrée à L. Neratius Proculus, praefectus aerari militaris
(no XVI).
(7) R. Syme, Hermes, 1957, p. 491-492.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 107

[L. Neratius]

M. Hirrius Fronto Neratius Pansa L. Neratius Priscus


cos suff. vers 74 cos. suff. 87

L. Varius Ambibulus = (Neratia Pansina) L. Neratius Marcellus L. NERATIUS PEISCUS


proc. Aug. adlectus inter patricios cos suff. 97
a Vespasiano
cos suff. 95
ord. 129
L.Corellius Celer = Varia Pansina L. Neratius Priscus
Fisius Euflnus trib. pleb.
Vllvir epulonum
cos suff. vers 121-122
L. Corellius Pansa
cos ord. 122
filiation naturelle
filiation adoptive

L. Neratius Marcellus — nous l'avons noté — doit à Vespasien son


adlectio inter patricios ; l'honneur accordé au jeune homme s'adressait en
fait à son père. Celui-ci pourrait être M. Hirrius Fronto Neratius Pansa,
qui fut précisément élevé au patriciat au moment de la censure de
Vespasien (2); or, ce consulaire fut légat de Cappadoce-Galatie en 78-79 (x) et
eut probablement sous ses ordres le jeune Marcellus, tribun militaire de
la légion XIIa Fulminata (3). Le cadet, Priscus, a sans doute été adopté
par le consul de 87, parent très proche, qui, selon Syme, pourrait être
son oncle. Jusqu'à ces dernières années, tous les commentateurs pensaient
que Priscus avait été élevé au patriciat en même temps que son frère
Marcellus. Mais une inscription, récemment découverte à Larinum, montre

(x) E. Groag, BE, XVI, 2, 1935, col. 2545-2547, n° 10, Neratius; voir désormais
M. Torelli, The «cursus Jionorum» of M. Hirrius Fronto Neratius Pansa, dans JR8,
LVIII, 1968, p. 170-175.
(2) IGB, III, 125 et 223.
(3) CIL, IX, 2456 = ILS, 1032 (à Saepinum).
108 ΐΛ AEEARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

que son fils homonyme, septemvir epulonum, a été tribun de la plèbe (*).
Il est donc assuré désormais que le juriste Neratius Priscus, qui fut préfet
du trésor de Saturne et consul en 97, n'était pas patricien (2). Son fils
fut légat de Pannonie inférieure vers 119, semble-t-il, et consul peu
après (3).
Une autre parenté est attestée, celle des Neratii avec L. Corellius
Pansa, consul ordinaire en 122, depuis la découverte, à Noia, d'une
inscription mentionnant Varia Pansina, épouse de L. Oorellius Celer Fisius Rufinus,
patron de la colonie, et fille de L. Varius Ambibulus, procurator Augusti (4).
Le consul ordinaire de 122 est certainement le fils de L. Corellius Celer
et de Varia Pansina (5); il porte le cognomen de son illustre ancêtre ïïera-
tius Pansa. Il faut donc restituer sur le stemma le nom de sa grand'mère,

(*) D. Freda, Epigrafi inedite di Lavino, dans Contributi dell'Istituto di Filologia


classica; sezione di storia antica, I, Milan, 1963, p. 238, n° 2; ce texte n'est pas indiqué
dans AE, 1966, p. 21-24, où sont reproduites la plupart des inscriptions inédites
publiées par D. Freda; il figure dans AE, 1969-1970, 152.
(a) Grâce à la nouvelle inscription de Larinum, E. Syme a pu tirer cette
conclusion dans Bistorta, XIV, 1965, p. 350, note 43.
(8) Diverses dates ont été proposées pour sa légation de Pannonie inférieure
et par suite de son consulat; W. Eeidinger, op. cit., p. 70, proposait de placer le
consulat vers 115; en dernier lieu, E. Syme, Governors of Pannonia inferior, dans Ristorìa,
XIV, 1965, p. 350, complétant J. Fitz, Acta Ant. Acad. Se. Hung., XI, 1963,
p. 253, pense que L. Neratius Priscus fut légat de Pannonie inférieure en 119; aussi
L. Neratius Priscus figure-t-il comme légat de Pannonie inférieure en 119 sur les listes
des gouverneurs de provinces dressées par W. Eck, op. cit., p. 184 et 186.
(4) B. Malardo, Rendiconti dell'accademia di archeologia di Napoli, n.s., XXX,
1955, p. 200, corrigée par A. Degrassi, Atti del terzo congresso internazionale di
epigrafia greca e latina (1957), Eome, 1959, p. 95-96, note 2, et Scritti Vari di Antichità,
Rome, 1962, I, p. 682, note 2: \V~\aria Pansina L. Gorelli [O]eleris Fisi Rufini pa-
\

tron(i) col(oniae), L. Vari [Ajmbibuli proc(uratoris) Aug(usti) f(ilia); reprise dans


|

AE, 1969-1970, 106.


Voir le stemma des L. Varii Ambibuli, originaires de Campanie, dans H. -G.
Pflaum, Q. Planius Sardus L. Varius Ambibulus, légat de la legio IIIa Augusta, à la
lumière de découvertes récentes, dans BAGTH (1963-1964), 1966, p. 143-151.
(5) II n'est plus possible de l'identifier, comme le faisait E. G-roag, PIR2, II,
p. 305, n° 1293, au fils de Corellia Hispulla pour lequel Pline, Lettres, III, 3, cherche un
précepteur. Cette hypothèse retenue par E. Syme dans Hermes, 1957, p. 492, entraînait
son auteur à faire de Corellia Hispulla l'épouse de L. Neratius Marcellus. Il fallait
imaginer deux mariages de ce personnage, puisque l'inscription de Saepinum, CIL,
IX, 2456 = ILS, 1032, a été élevée d'après le testament de son épouse Vettulla.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 109

Neratia Pansina, fille de Neratius Pansa. Si nous acceptons la filiation


suggérée par E. Syme, Neratia Pansina est donc la sœur des consuls
L. ïferatius Marcellus et L. ïferatius Priscus. L'alliance des Neratii et des
Corellii est confirmée par l'existence d'un Neratius Corellius, dont le
nom figure précisément, en 101, à côté de celui de Neratius Marcellus
sur la table alimentaire des Ligures Baebiani ^). Les deux cousins,
L. Corellius Pansa, consul ordinaire en 122, et L. ÏTeratius Priscus, consul
suffect vers 121-122, appartiennent à la même génération.

En 93, Domitien a accordé la gestion du trésor à un juriste


renommé, issu d'une famille sénatoriale qui est restée en faveur pendant
plusieurs décennies (2). Ce personnage important a reçu un seul poste
prétorien, la préfecture financière, qui ne l'éloignait pas de Eome, et une
seule fonction consulaire. Une carrière aussi peu remplie s'explique sans
doute par la volonté des empereurs successifs, désireux de conserver
d'eux un conseiller écouté.

Nous n'avons pas rencontré d'autre exemple d'une dédicace à un


préfet du trésor offerte par les scribae quaestoril·, ils ont choisi comme
patron leur ancien chef de service. Les scribes, dont trois décuries sont
affectées à Vaerarium, sont connus par ailleurs (3); ils constituent un
ordo (4); les munere functi qui leur sont adjoints sur l'inscription de Sae-
pinum sont peut-être les anciens scribes sortis de charge (5).

X1) OIL, IX, 1455 = ILS, 6509, pag. II, 1. 14; cf. P. Veyne, La table des Ligures
Baebiani et l 'Institution alimentaire de Trajan, dans MEFE, 70, 1958, p. 213-214.
(a) Sur l'existence d'un «clan campanien » sous les Flaviens et les premiers
Antonine, voir AE, 1969-1970, 6, à propos de H. -G. Pflaum, Bull. Soc. jr. Numism.,
XVI, 1961, p. 72-73 et 86.
(8) Cf. Th. Mommsen, Droit public romain, I, p. 393-395; E. De Ruggiero,
Dizionario, I, p. 305-306; E. Kornemann, BE, 2 A, 1921, col. 850-852, scriba; M. Pflaum
a eu l'amabilité de me prêter une dissertation allemande inédite de K. Wachtel,
Prosopographische Untersuchungen zur Finanzverwaltung der römischen Kaiserzeit von
Augustus bis Diokletian, Berlin, 1965, dans laquelle les scribae quaestorii sont recensés
p. 6 à 14.
(4) Cl. Nicolet, L'ordre équestre à Vépoque républicaine (312-43 av. J.-G.), Paris,
1966, p. 167-169.
(?) CIL, VI, 1822 = ILS, 1893: Q. Papirius Maximus a été scriba quaestorius
sex primus munere functus.
110 ΐΛ AERAKIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

28 - Q. ASCCMIUS GABINITTS MODESTUS

praef. aerari Saturnli] entre 56 et 95

CIL, V, 2820 Patavium, regio X

[ ] o[ ~\s /[-] | Q(uintus) Asconiu[s] Gabinius Modestu[s], |

\
praetor, pro co(n)s(ule), | praef(eetus) aerari Saturn[i], \ dedit.

Les Asconii sont bien connus à Padoue. Q. Asconius Pedianus, le


célèbre écrivain du Ier siècle, était originaire de cette cité de
Transpadane (*); sous les Flaviens, Asconia G. f. Augurini (uxor), sacerdos divae
Domitillae, a élevé un monument à son frère C. Asconius C. f. Fab. Sardus,
IlIIvir iure dicundo (2); un sénateur polyonyme de l'époque de Trajan
porte vraisemblablement les noms de C. Asconius C. f. Fab. Sardus Se-
cundus etc. (3).
On connaît en outre, au premier siècle, deux consulaires Gabinii:
P. Gabinius Secundus, qui géra les faisceaux consulaires en 35 (4), et A.
Gabinius Secundus, qui fut consul suffect peu avant l'année 45 (5).
Le préfet du trésor pourrait être le fils (ou le petit-fils) de l'un de
ces consulaires, entré par adoption dans la gens Asconia de Padoue; son
père adoptif, qui portait le prénom Quintus, est un proche parent de
l'écrivain Q. Asconius Pedianus, s'il ne s'identifie pas à lui. Sa famille
adoptive était alliée à la noble gens Ummidia de Casinum, puisqu'Um-
midia Quadratilla, fille de 0. Ummidius Durmius Quadratus, qui avait
lui-même administré Vaerarium Saturni l'année de sa preture, porte aussi
les noms de Asconia Secunda, qui lui viennent de sa mère (6).
Par sa parenté, Q. Asconius Gabinius Modestus apparaît donc
comme un sénateur du Ier siècle; un autre élément nous invite à le dater de

i1) A. Stein, PIB2, I, p. 240, n° 1206.


(2) CIL, V, 2829 = ILS, 6692 (à Patavium); cf. E. Groag, PIB2, I, p. 241,
n° 1209 et A. Stein, PIB2, I, p. 241, n° 1208.
(3) CIL, Y, 2824 (à Patavium); cf. E. Groag, PIB2, I, p. 240-241, n° 1207.
(4) I. Stroux, PIB2, IV, 1, p. 2, n° 9; A. Degrassi, Fasti consolari, p. 10.
(6) I. Stroux, ibid., p. 1, n° 8; A. Degrassi, op. cit., p. 13.
(6) Sur Ummidia C. f. Quadratilla Asconia Secunda, cf. E. Syme, The Ummidii,
dans Historia, XVII, 1, 1968, p. 75-78; voir aussi, du même auteur, People in Pliny,
dans JBS, LVIII, 1968, p. 150.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 111

cette époque. Il a été chargé d'administrer le trésor sénatorial après la


preture et un proconsulat. Or, la province n'est pas précisée (*), comme
il arrive parfois au premier siècle de l'Empire (a); peut-être même le
gouvernement provincial a-t-il été cumulé avec la preture (3). Mais la
première explication nous paraît la plus simple.

Q. Asconius Gabinius Modes tus administra le trésor dans la


deuxième moitié du siècle; sa préfecture se place entre l'année 56, qui est
celle de la création de la fonction, et l'année 95, puisque les fastes sont,
complets de 96 à 100. Le prince, Néron lui-même ou l'un des empereurs
Flaviens, a nommé à la tête de Vaerarium un sénateur italien, descendant
d'une famille consulaire, dont la patrie adoptive était désormais le mu-
nicipe de Patavium, célèbre par l'austérité de ses mœurs (4).

29 - PUBLICIUS CEBTUS

praefectus aerarti 96-97

Pline, Lettres, IX, 13

IX, 13, 2: Oeeiso Domitiano statui mecum ac deliberavi esse magnam


pulchramque materiam insectandi nocentes, miseros vindicandi, se profe-
rendi. Porro inter multa scelera multorum nullum atrocius videbatur, quam
quod in senatu senator senatori, praetorius consulari, reo iudex manus
intulisset.
Après la mort de Donatien, je conclus de mes réflexions qu'il y avait une
abondante et belle matière à poursuivre les coupables, venger les victimes, attirer
l'attention sur soi. Or, au milieu des crimes innombrables dus à d'innombrables
coupables, rien ne me semblait plus sinistre que la violence exercée dans le sénat par un
sénateur sur un sénateur, par un prétorien sur un consulaire, par un juge sur un
accusé.

(x) La brève notice de E. Groag, PUS2, I, p. 240, n° 1204, qui ne suggère pas de
date, semble considérer que l'inscription comporte une lacune à cet endroit; en fait
le texte est complet; c'est ainsi que le comprenait d'ailleurs H. Dessau, PIR1, I,
p. 158, n° 992.
(2) OIL, X, 5056 = ILS, 977.
(3) Cf. Th. Mommsen, Droit public romain, II, p. 168, avec note 4.
(4) Pline, Lettres, I, 14, 6; Martial, Epigr., XI, 16, 7-8.
112 l'« aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

IX, 13, 11: « Lacessis hominem iam praefectum aerarti et brevi con-
sulem, praeterea qua gratia, quibus amicitiis fultuml »
Vous attaquez un homme qui est déjà préfet du trésor, qui sera bientôt consul,
et de plus soutenu par quelle faveur et quelles amitiés!

IX, 13, 13: Iam censendi tempus. Dicit Domitius Apollinaris, consul
designatus, dicit Fàbricius Veiento, Fabius Postuminus, Bittius Proculus,
collega Publici Certi de quo agebatur, uxoris autem meae, quam amiseram,
vitricus, post hos Ammius Flaccus. Omnes Certum nondum a me nomina-
tum ut nominatum defendunt crimenque quasi in medio relictum defensione
suscipiunt.
Vint le moment de donner son avis. On entend Domitius Apollinaris, consul
désigné, on entend Fàbricius Veiento, Fabius Postuminus, Bittius Proculus, collègue
de Publicius Certus qui était mis en cause et beau-père de ma femme — que je venais
de perdre — après eux Ammius Flaccus. Tous défendent Certus avant que j'aie
prononcé son nom, comme s'il l'avait été, et repoussent une accusation à peine commencée.

IX, 13, 16: Cornutus, datum se a consulibus tutorem Helvidi filiae


. . . optimarum feminarum perferre modestissimum adfectum, quas contentas
esse admonere senatum Publici Certi cruentae adulationis et petere, si poena
flagitii manifestissimi remittatur, nota certe quasi censoria inuratur.
Cornutus dit que les consuls l'ont donné comme tuteur à la fille d'Helvidius
Priscus . . . qu'il remplira son rôle en soutenant les vues très modérées de ces femmes
admirables qui se contentent de rappeler au sénat la sanglante adulation de
Publicius Certus et de demander, si on lui épargne le châtiment d'un crime éclatant, une
flétrissure équivalente à celle du censeur.

IX, 13, 17: Turn Satrius Ruf us medio ambiguoque sermone: «.Puto»
inquit « iniuriam factam Publicio Certo, si non absoluitur ».
Alors Satrius Eufus parle un langage conciliateur et à double sens: « J'estime,
dit-il, que ce serait faire injure à Publicius Certus que de ne pas l'absoudre ».

IX, 13, 22: Haec acta sunt absente Certo; fuit enim seu taie aliquid
suspicatus sive, ut excusabatur, infirmus. Et relationem quidem de eo Caesar
ad senatum non remisit; optinui tarnen quod intenderam.
Tout ceci fut fait en l'absence de Certus; ou bien il s'attendait à quelque chose
de semblable, ou bien, selon l'excuse donnée, il était malade. L'empereur, il est vrai,
ne chargea pas le sénat d'intenter une action; j'obtins cependant ce que j'avais visé.

IX, 13, 23: Nam collega Certi consulatum, successorem Certus accepit
planeque factum est quod dixeram in fine: « Beddat praemium sub optimo
principe, quod a pessimo accepit ».
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 113

En effet le collègue de Certus reçut le consulat et Certus un successeur; et il


se passa exactement ce par quoi j'avais terminé: « qu'il restitue sous le meilleur des
princes la faveur qu'il a reçue du pire ».

IX, 13, 24: Accedit fortuitum, sed non tamquam fortuitum, quod editis
libris Certus intra pauoissimos dies implicitus morbo decessit.
Il arriva par hasard, mais comme si cela n'avait pas été l'effet du hasard, que
quelques jours après la publication de mes écrits, Certus tomba malade et mourut.

En 108, Pline composa pour le jeune Ummidius Quadratus un


compte rendu de la séance du sénat au cours de laquelle il avait mis en
accusation le sénateur Publicius Certus, responsable de la condamnation du
consulaire Helvidius Priscus sous Domitien i1). L'incident est daté par
une intervention du consul désigné, Domitius Apollinaris: les fasti Ostien-
ses ont révélé que son consulat suffect se situe entre mai et août 97 (2).
La séance du sénat que relate Pline se place donc au printemps 97.
Publicius Certus est connu seulement par la lettre de Pline (3). Il
était ancien préteur, lorsqu'il attaqua au sénat le consulaire Helvidius
Priscus; il a donc géré la preture avant 93, année du procès intenté à
Helvidius (4). En fait, nous ne savons pas précisément ce qui était
reproché à Certus, ni quelle était l'intention de Pline, lorsqu'il évoqua
cette affaire au sénat sous Nerva. Lui-même, dans le prologue de la lettre
à Ummidius Quadratus, donne des motivations complexes; son dessein
se rattache en partie à la coutume ancienne qui voulait qu'un jeune
avocat commençât sa carrière par une accusation retentissante (5). Il reste
que Publicius Certus s'était assez compromis sous le règne de Domitien
pour être défendu énergiquement par des sénateurs qui devaient leur
carrière à l'empereur assassiné (6).
Lors de l'incident au sénat, Publicius Certus était praefectus aerarti,
avec Bittius Proculus pour collègue. Une remarque, que ses amis font

(x) A. N. Sherwin-White, The Letters of Pliny, p. 491-499: lettre IX, 13.


(2) G. Barbieri, Studi Romani, I, 1953, p. 367. avec pi. I = AE, 1954, 220; cf.
E. Syme, Tacitus, II, p. 641, et A. N. Sherwin-White, The Letters of Pliny, p. 734.
(3) PIB1, III, p. 106, n° 777; A. Garzetti, Nerva, p. 153, n° 130.
(*) Tacite, Agr., 45, 1-2.
(6) Tacite, Dialogue des Orateurs, 34; A. Garzetti, Nerva, p. 50, insiste sur cette
intention de Pline, en parlant d'une accusation affrontata del resto per vanitosa
ostentazione.
(e) En particulier, Fabricius Veiento, consul III sous Domitien; cf. E. Groag,
PIBZ, III, p. 113-114, n° 91.
114 ΐΛ AERARITJM SATURNI » ET L'« AERARIUM MILITARE »

à Pline pour l'inciter à la prudence, est intéressante: déjà préfet du trésor,


Publicius Certus allait être bientôt consul. Les contemporains
considéraient donc cette promotion comme naturelle et presque inévitable (x);
les carrières des préfets connus apportent la confirmation de cet
avancement pour la deuxième moitié du Ier siècle (2).
Certus était un personnage important: l'étendue de ses relations,
soulignée par les amis de Pline, apparaît, dans la lettre même, au nombre
des interventions de sénateurs en faveur de l'accusé. L'attitude de ISTerva,
qui ne demande pas au sénat de poursuivre l'affaire, peut s'expliquer
par le désir d'apaiser les esprits et d'éviter les proscriptions (3).
L'intervention de Pline a eu cependant pour conséquence
d'interrompre la carrière de Certus, à qui Nerva ne donna pas le consulat
attendu, alors que son collègue Bittius Proculus l'obtenait normalement;
nous verrons dans la notice suivante que ce consulat suffect date
probablement de novembre 98. Nous devons supposer que les deux sénateurs
administraient le trésor depuis 96 au moins, puisque Pline précise dans
sa péroraison que Certus tenait ce poste de Domitien. La formule «
collega Certi consulatum, successorem Certus aceepit » est ambiguë. Pline a
recherché le trait de style. Il nous semble inutile d'imaginer que Bittius
Proculus soit resté en fonction jusqu'à la fin de l'année 97 et que Certus
ait été remplacé pour quelques mois; nous verrons que Pline le jeune et
Cornutus Tertullus sont entrés en charge ensemble au début de l'année
98. C'est pour 98 que Bittius Proculus a reçu le consulat et Publicius
Certus un successeur. Les deux collègues ont quitté leur service au même
moment. Mais, à la fin de l'année 97, arrivaient-ils aux termes de leurs
fonctions (4), auquel cas leur triennium couvrirait les années 95 à 97?
Nous ne le pensons pas. La remarque « successorem Certus aceepit »
perdrait toute sa saveur; à notre avis, Pline a souligné le fait que la mission
de Certus à Vaerarium avait été écourtée par rapport à la durée habi-

i1) Nous rappelons le geste de Mummia Nigrina, à l'égard de son mari L. Anti-
stius Eusticus, préfet du trésor quelques années auparavant (notice n° 26).
(2) L. Antistius Eusticus (n° 26); L. Neratius Priscus (n° 27); Q. Fulvius Grillo
Bittius Proculus (n° 30); C. Iulius Cornutus Tertullus (n° 31); C. Plinius Caecilius
Secundus (n° 32).
(3) A. Garzetti, Nerva, p. 50.
(4) Comme le pensent E. Syme, Tacitus, II, p. 658, et, après lui, A. N. Sherwin-
White, The Letters of Pliny, p. 499.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 115

tuelle (*). Bittius Proculus aussi a reçu par contre-coup un successeur


— et la solidarité des deux collègues mérite d'être notée — mais pour
une promotion plus rapide. Avec Publieras Certus et Bittius Proculus,
nous connaissons donc le couple de préfets des années 96 et 97. Le fait
que Pline ne mentionne pas ici qu'il est lui-même un des successeurs
s'explique aisément: cette promotion personnelle pourrait faire douter
le lecteur de la lettre de ses généreuses intentions, lors de l'attaque du
printemps 97.
Certus est mort en 98, peu après la publication du discours de Pline
au sénat. Dans sa lettre de 108, Pline laisse planer un doute sur les
circonstances de ce décès: le bruit d'un suicide circula probablement dans
Borne.
L'origine de Publicius Certus n'est pas précisée. Il est peut-être
parent d'un consul suffect de l'année 120, Publicius Marcellus, qui porte
sur une inscription a'Aquileia le nom suivant: C. Quinctius G. fil. Vél.
Certus Publicius Marcellus (2). Le gentilice Quinctius apparaît aussi dans
la nomenclature d'une famille d'Aquilée, les Caesernii (3). Et l'on connaît
par Tacite un chevalier romain, Quinctius Certus tué en Corse en 69 (4).
Le gentilice Publicius et le cognomen Certus sont souvent associés au
nom de Quinctius qui paraît propre à Aquilée; le préfet du trésor est
peut-être originaire de cette cité (5).
Ce sénateur prétorien, dont la préfecture du trésor est la seule
fonction connue, est paradoxalement un des personnages importants de notre
étude. Les précisions que donne la lettre de Pline à son sujet apportent
une double certitude: à cette époque, les préfets du trésor sont désignés
ordinairement pour le consulat suffect à leur sortie de charge; les deux
collègues prennent leur poste ensemble et le quittent en même temps.

(x) Un passage de l'Histoire Auguste, vita PU, 5, 3, apporte un argument en


faveur de notre interprétation: faetus imperator nulli eorum quos Hadrianus provexerai
successore™, dédit (lors de son avènement, il ne donna de successeur à aucun de ceux
qu'Hadrien avait élevés). Les expressions successorem donare et inversement, sous
la plume de Pline, accepire, impliquent bien la notion de renvoi.
(2) AE, 1934, 231; cf. A. Degrassi, Fasti consolari, p. 35.
(3) Le chevalier T. Caesernius Statius Quinct(ius) Macedo: cf. A. Stein, PIB2,
II, p. 35, n° 181, et ses fils T. Caesernius Statius Quinctius Macedo Quinctianus et
T. Caesernius Statius Quintus Statianus Memmius Macrinus, consuls suffects sous
Antonin: cf. E. Groag, P1B%, II, p. 36-37, n° 182 et n° 183.
Voir A. Calderini, Aquileia Bomana. Bicerche di storia e di epigrafia, Milan, 1930,
app. Ili: contributi ali' onomasticon Aquileiense, en particulier p. 536, 538 et 539.
(4) Tacite, Hist, II, 16, 4.
(5) C'est l'avis de E. Syme, People in Pliny, dans JBS, LVIII, 1968, p. 150.
116 l'« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

30 - Q. FULVIUS GILLO BITTIUS PKOCULTJS

collega Publicii Certi 96-97

1 - Pline, Lettres, IX, 13

IX, 13, 13: Dicit Domitius Apollinaris, consul designatus, dicit Fabricius
Veiento, Fabius Postuminus, Bittius Proculus, collega Publici Certi de quo
agebatur, uxoris autem meae, quam amiseram, mtricus.
On entend Domitius Apollinaris, consul désigné, on entend Fabricius Veiento,
Fabius Postuminus, Bittius Proculus, collègue de Publicius Certus qui était mis en
cause et beau-père de ma femme, que je venais de perdre.

IX, 13, 23: Ν am collega Certi consulatum, successorem Certus accepit pla-
neque factum est quod dixeram in fine: «reddat praemium sub optimo
principe, quod a pessimo accepit ».
En effet le collègue de Certus reçut le consulat et Certus un successeur; et il se
passa exactement ce par quoi j'avais terminé: « qu'il restitue sous le meilleur des
princes la faveur qu'il a reçue du pire ».

2 - E. L. Hicks, GreeTc Inscriptions in the British Eplièse


Museum, Oxford, 1890, III, n° 500

Αυτοκράτορα Καίσαρα \ Θεοϋ Νέρονα vìòv, Νερούαν Τραϊανον Σεβαστον


\

Γερμα\νικον Αακικον, ή ψιλοσέβαστος Έφεσίων βουλή και δ νεοκόρος δήμος


καθιέρωσαν, επί άνϋνπάτου \ Βίττιου Πρόκλου, ψηφιααμένου Τ. Φλα[βίου]
\

'Αριστοβούλου Άσία[ρχου, του] | γραμματέως τοϋ [δήμου,] \υίοϋ Πυι&ίωνος'Αρ[ιστοβούλου ?]


| γυμνασιαρχούντω[ν τούτων τάς] \ γνμνασιαρχίας εν [λόγω? της Άρ\τέμι-?]
δορος το ς[ ]

3 - Η. Lechat et G. Eadet, BCH, XII, 1888, Cyzique


p. 63-66 = IQB, IV, 172

[Αυτοκράτωρ Καίσαρ j Θεοϋ Νέρουα υιός, \ Νερούας Τραϊανός, \ "Αριστος,


Σεβαστός, \ Γερμανικός, ] Δακικος, Π[αρϋΊκος, αρχιε]ρευς μέγ[ιστος, δημαρ\χικής
εξ]ουσίας το [κ', αυτοκράτωρ το] ια! , ύπατος [το ζ' | πατήρ πατρ]ίδος επί ανϋν[πά-
του | Βιττ]ίου Πρόκλου.
115-116
LES NOTICES INDIVIDUELLES 117

4 - B. W. Head, Catalogue of the Greek Coins in Hummus


the British Museum, Lydia, Londres, 1901, p. lxv Hyrcanorum
a - Αν. Καϊσ. Νερ. Τ[ρ]αϊαν[ος Σε. Γερ.] Λακι.
b - Άν&. But. Πρόκ[λφ Ύρκανώ[ν]

5 - CIL, VI, 2074 = ILS, 5035 Ada Arvalium

Adfuer(unt) in coll(egio) Q(uintus) Fulviu[s Gillo] Bittius Pro-


culus a. 101

6 - CIL, VI, 2075 = ILS, 5046 ibid.

Adfuerunt in collegio M(arcus) Valerius Trebicius De]\cianus Q(uin-


tus) Fulvius Gillo [Bittius Proculus] a. 105

7 - CIL, VI, 2076 ibid.


[Q(uintus) Fulvius GilVjo Bittius Proculus a. 117

8 - CIL, VI, 2078 = 32274 ibid.


[Q(uintus) Fuljüius Gillo Bittius Proculus a. 118

9 - CIL, VI, 2080 = 32375 = ILS, 5031 ibid.


1. 22 - per C(aium) Vitorium Hosidium Geta/m mag(istrum) in locum
Q(uinti) Bitti Proculi a. 120
1. 45-46 - ibique cum aditi essent fratres Arvales a Bittio Callistrato,
nomine Bitti Thalli calatoris Bitti Proculi . . .

Au printemps de l'année 97, Bittius Proculus était le collègue de


Publicius Oertus, praefectus aerarli, lorsque Pline mit en accusation ce
dernier devant le sénat pour le rôle qu'il avait joué dans le procès de
93 i1). Les actes des frères Arvales dans lesquels il apparaît à plusieurs
reprises permettent de compléter le nom de ce sénateur, Q. Fulvius Gillo
Bittius Proculus (2).

i1) Voir la notice de Publicius Certus (n° 29).


(2) Sur le personnage, cf. E. G-roag, BE, VII, 1910, col. 251-253, n° 70, Fulvius,
et PIB2, III, p. 213-214, n° 544; A. Garzetti, Nerva, p. 124, n° 58.
118 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

II s'agit certainement d'un fils du consul suffect de 76, M. Fulvius


Gillo (x), entré par adoption dans la famille d'un Q. Bittius inconnu.
Il est donc originaire de la Sabine comme son père naturel, qui a élevé
une dédicace aux Pénates de sa famille à Forum Ν ovum (2). Nous savons
par Pline que Proculus était le beau-père de sa deuxième femme, le mari
par conséquent de Pompeia Celerina (3); cette grande dame très fortunée
— elle possédait de nombreux domaines en Etrurie — est sans doute la
fille de L. Pompeius Vopiscus 0. Arruntius Catellius Celer, qui fut consul,
en 77 probablement (4).
ïfous possédons peu d'éléments sur la carrière de Bittius Proculus.
Son dernier poste prétorien est la préfecture du trésor; au printemps
de l'année 97, il est le collègue de Publicius Certus à la direction de Vaera-
rium; puisque leur sortie de charge montre qu'ils sont solidaires, les deux
hommes étaient entrés en service ensemble; ils devaient leur
nomination à Domitien. Ils pouvaient s'attendre à recevoir le consulat à l'issue
de leur triennium, comme le laissent entendre les sénateurs qui incitent
Pline à la prudence dans ses attaques contre Publicius Certus (5). ïferva
met fin aux fonctions des deux collègues avant terme; c'est la conclusion
qui nous paraît ressortir de la formule de Pline: « nam collega Certi con-
sulatum, successorem Certus aecepit ». Pline et Cornutus Tertullus, qui
prennent leur service au début de l'année 98 (nous verrons en étudiant
leurs carrières respectives que cette date est assurée), sont leurs
successeurs. Il est vraisemblable de penser que les deux préfets de 97 sont
restés en activité jusqu'à la fin de l'année; pour que leur remplacement
apparaisse comme une disgrâce pour Publicius Certus, il faut comprendre
que les deux collègues ont exercé leurs fonctions pendant deux années
seulement, en 96 et en 97.
Les' fastes d'Ostie ont donné les noms des consuls de l'année 98 à
l'exception de ceux du dernier nundinium (6); R. Syme a proposé
d'identifier la paire de consuls suffects des mois de novembre et décembre 98
à Bittius Proculus et Iulius Lupus sur la foi d'une inscription fausse qui
se termine par la date consulaire: votum susceptum | III non(as) De-

0) E. Groag, PIB2, 111, p. 213, n° 543.


(2) OIL, IX, 4776 = ILS, 3596: deis Penatibus familiaribus M. Fulvius M. f.
Gillo cos fecit.
(3) Sur Pompeia Celerina, voir Pline, Lettres, I, 4; I, 18, 3; III, 19, 8; VI, 10, 1.
(4) CIL, X, 8038; cf. E. Groag, PIBZ, I, p. 224, n° 1139 (à propos de son collègue,
M. Arruntius Aquila); A. Degrassi, Fasti consolari, p. 22, et W. Eck, Senatoren, p. 122,
note 49.
(5) Pline, Lettres, IX, 13, 11; voir la notice n° 29.
(6) A. Degrassi, op. cit., p. 29.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 119

cembr(es) | Vettio Proclo \ Iulio Lupo co(n)s(ulibus) (x). B. Syme considère


que cette inscription pourrait contenir des détails exacts (2).
Le consulat en 98 est en parfait accord avec la date du proconsulat
(3);*
d'Asie de Bittius Proculus une dédicace à Trajan, retrouvée à Cy-
zique, mentionne la XIe salutation impériale de l'empereur et situe par
conséquent ce gouvernement en 115-116 (4); la monnaie à'Hyrcanis n'est
pas aussi précise, puisqu'elle donne à Trajan le titre de Dacicus seul et
non celui de Parthicus, qui figure sur l'inscription de Cyzique.
Plusieurs postes se sont vraisemblablement intercalés entre le
consulat de 98 et le proconsulat de 115-116. Devenu consulaire, le sénateur
a été admis dans le collège des frères Arvales en 101; son nom apparaît
dans les acta Arvalium en 105, 117 et 118; il meurt avant le 7 février 120,
jour où P. Manlius Garbo fut appelé à lui succéder dans le même collège
sacerdotal.

La carrière de Bittius Proculus est connue de façon fragmentaire.


Italien, fils d'un consulaire, ce sénateur a atteint le brillant proconsulat
d'Asie. La préfecture de Vaerarium Saturni est sa dernière fonction
prétorienne. Bittius Proculus fut désigné pour le consulat suffect après sa
sortie de charge, comme il était probablement d'usage; nous
remarquerons que Pline présente sa propre promotion au consulat au cours de sa
gestion du trésor comme une exceptionnelle faveur.

31 - C. IULIUS P. f. Hor. [ ] CORNUTUS TERTULLTJS

praefectus aeravi Sa[tu]r[ni] 98-100

1 - CIL, XIV, 2925 = ILS, 1024 Tuseulum, regio I

C(aio) Iulio P(ublii) f(ilio) Hor(atia tribu) [ ] | Cornuto Tertul[lo,] \


co(n)s(uli), proconsuli provinci[ae Africae,] | proconsuli provinciae Nar-

(*) CIL, VI, 616 falsae. Le gentilice Vettius n'est pas étonnant; il se rencontre
dans plusieurs manuscrits des lettres de Pline; seul, le codex Mediceus porte le nom
exact Bittius; cf. A. M. Gruillemin, Lettres de Pline, Paris, 3e éd., 1967, III, p. 13.
(2) E. Syme, Tacitus, II, p. 642: The Consuls of 98; suivi par A. N. Sherwin-
White, The Letters of Pliny, p. 498-499.
(3) En fonction du proconsulat d'Asie en 115-116, A. Degrassi, Fasti consolari,
p. 30, situait le consulat de Bittius Proculus en 99 ou un peu avant; un intervalle de
seize ans entre consulat et proconsulat est fréquent à cette époque, comme le montre
la liste établie par B. E. Thomasson, Die Statthalter, I, p. 24.
(4) D. Magie, Eoman Buie, II, p. 1583, et W. Eck, Senatoren, p. 180, avec note 281.
120 L'a AERARIUM SATURNI » ET L'a AERARIUM MILITARE »

bo[nensis], legato pro praetore divi Traiani [Partitici] | provinciae Ponti et


Bith[yniae], | eiusdem legato pro pr[aetore] \ provinciae Aquitani[ae] c[e]n-
su[um] | accipiendorum, cu[ra]to[ri viae] \ Aemiliae, praefecto aerari Sa-
[tu]r[ni], | legato pro praetore provinc[iae] | Cretae et Cyrenarum, a[dl]e[cto] \
inter praetorios a divis Vespasiano] et Tito censorious, aedili Ce[riali,] \
quaestori urbano, | ex testamento, \ G(aius) Iulius Pla[n]cius Varus Cor-
nutus [ ]

2 - J. M. Eeynolds, Proc. Cambr. PMlol. 8oc, 189, Nicomediaì


1963, p. 1-2 =.&#<?, XX, 786, b; cf. Bull. Epigr.,
1965, 50
"Ετονς ηί \ Αϋτοκράτορο\ς Νέρονα Τραϊανού Κα\ίσαρος Άριστον, Σεβασ\τον,
Γερμανικού, Δακι\κοϋ, διακατέχοντος | την επαρχείαν Γα(ιον) \ "Ιουλίου Κορνούτου \
Τερτύλλου πρεσβευ\τοΰ του Σεβαστού και α\ντιστρατή\γου.
dèe. 113-déc. 114

3 - Pline le Jeune, Lettres, II, 11, Procès de Marius


Priscus
II, 11, 19: Cornutus Tertullus, consul designatus, vir egregius et pro ve-
ritate firmissimus, censuit septingenta milia, quae acceperat Marius, aerario
inferenda, Mario urbe Italiaque interdicendum, Marciano hoc amplius
Africa. In fine sententiae adiecit, quod ego et Tacitus iniuncta advocatione
diligenter et fortiter functi essemus, arbitrari senatum ita nos fecisse, ut
dignum mandatis partibus fuerit.
II, 11, 22: Sed cum fier et discessio, qui sellis consulum adstiterant in
Cornuti sententiam ire coeperunt.
Cornutus Tertullus, consul désigné, homme eminent et très attaché à la vérité,
opina pour que les sept cent mille sesterces reçus par Marius fussent versés au trésor,
pour que Marius fût interdit de séjour à Rome et en Italie et Marcianus dans ces
mêmes pays plus en Afrique. En terminant, il ajouta: « puisque Tacite et moi nous
sommes acquittés avec conscience et courage de la charge de soutenir l'accusation qui
nous avait été confiée, le Sénat juge que nous avons agi comme l'exigeait notre
mission ».
Mais, quand le moment fut venu de compter les voix, les sénateurs qui s'étaient
tenus près des sièges des consuls se rangèrent d'abord à l'avis de Tertullus.

Lettres, II, 12, 2 Procès de Marius Priscus (suite)


Firminus inductus in senatum respondit crimine noto . . . Cornutus
Tertullus censuit ordine movendum. . .
Firminus, amené au Sénat, a répondu à une accusation connue par avance . . .
Cornutus Tertullus proposa l'expulsion de l'ordre sénatorial.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 121

Lettres, IV, 17, 9

Quin etiam moriens filiae suae (ipsa solet praedicare): «multos quidem
amicos Ubi ut in longiore vita paravi, praecipuos tarnen Secundum et Cor-
nutum ».
A sa mort enfin, (Corellius Rufus) dit à sa fille (c'est elle-même qui le raconte
partout): « Je t'ai acquis bien des amis, comme il est naturel au cours d'une longue
vie, mais les meilleurs sont cependant Secundus et Cornutus ».

Lettres, VII, 31 Lettre à Cornutus Tertullus: recommandation

Claudius Pollio amari a te cupit . . .


Claudius Pollio désire ton amitié . . .

Lettres, V, 14, 1-6 Eloge de Cornutus Tertullus

1 - Secesseram in municipium, cum mihi nuntiatum est Cornutum


Tertullum accepisse Aemiliae viae curam. 2 - Exprimere non possum quanto
sim gaudio adfectus et ipsius et meo nomine; ipsius, quod, sit licet, sicut
est, ab omni ambitione longe remotus, débet tarnen ei iucundus honor esse
ultro datus, meo quod aliquanto magis me delectat mandatum mihi officium,
postquam par Cornuto datum video. 3 - Ν eque enim augeri dignitate quam
aequari bonis gratius. Cornuto autem quid melius, quid sanctius, quid in
omni genere laudis ad exemplar antiquitatis expressiusf Quod mihi cognitum
est non fama, qua alioqui optima et meritissima fruitur, sed longis magnisque
experimentis. 4 - Una diligimus, una dileximus omnes fere quos aetas
nostra in utroque sexu aemulandos tulit; quae societas amicitiarum artissima
nos familiaritate eoniunxit. 5 - Accessit vinculum necessitudinis publicae,
idem enim mihi, ut scis, collega quasi voto petitus in praefectura aerarli
fuit, fuit et in consulatu. Turn ergo qui vir et quantus esset altissime inspe-
xeram, cum sequerer ut magistrum, ut par entern ver er er, quod non tarn aetatis
maturitate quam vitae merebatur. 6 - His ex causis ut Uli sie mihi gratulor,
nee privatim magis quam publiée, quod tandem homines non ad pericula
ut prius, verum ad honores virtute perveniunt.
Je séjournais dans ma ville natale, quand on m'apprit que Cornutus Tertullus
avait reçu le soin de la voie Emilienne? Je ne puis exprimer la joie que j'éprouvais
et pour lui et pour moi; pour lui, car serait-il — et il l'est — parfaitement étranger
à toute ambition, il doit cependant être content d'un honneur qui lui a été
spontanément offert; pour moi, parce que l'office qui m'a été confié prend à mes yeux
d'autant plus de valeur que j'en vois un de même importance accordé à Cornutus. On
est moins heureux de s'élever en dignité que d'égaler les bons citoyens. Or, où trouver
122 ΐΛ AERARIUM SATURNI» ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE»

quoi que ce soit de meilleur que Cornutus? de plus parfait? de plus ressemblant à
un modèle antique de toutes les vertus? Je connais ses mérites non par sa réputation,
pourtant excellente et parfaitement justifiée, mais par une longue expérience acquise
dans des circonstances graves. Nous nous entendons pour aimer, pour avoir aimé
presque tous ceux de l'un ou l'autre sexe que notre époque nous a donnés en
exemples; ces amitiés communes ont tissé entre nous la plus étroite intimité. Il s'y est
ajouté le lien de notre carrière publique; car, vous le savez, il a été mon collègue,
comme s'il avait été choisi sur ma demande, dans la préfecture du trésor; il l'a été
aussi dans le consulat. A cette époque, j'avais pu apprécier de près l'homme et sa
grandeur d'âme; je l'écoutais comme un maître, le vénérais comme un père, ce qu'il
méritait, moins par la maturité de son âge que par celle que montrait sa façon de
vivre. Voilà pourquoi je me félicite, non seulement comme particulier, mais encore
comme citoyen, que des hommes puissent enfin devoir à leur mérite non plus des
périls, comme jadis, mais des honneurs.

Lettres, IX, 13, 15-16 Poursuite de Publicius Certus

15 - Dicunt contra Avidius Quietus, Cornutus Tertuïlus ... 16


-Cornutus, datum se a consulibus tutorem Helvidi filiae petentibus matre eius
et vitrico; nunc quoque non sustinere deserere offidi sui partis, in quo tarnen
et suo dolori modum imponere et optimarum feminarum perferre modes-
tissimum adfectum, quas contentas esse admonere senatum Publici Certi
cruentae adulationis et petere, si poena flagitii manifestissimi remittatur,
nota certe quasi censoria inuratur.
Avidius Quietus et Cornutus Tertullus parlent en sens contraire. . . Cornutus
dit que les consuls l'ont donné comme tuteur à la fille d'Helvidius sur la demande de
sa mère et de son beau-père; même maintenant il n'accepte pas d'abandonner le rôle
que lui impose son office; en le remplissant, il mettra cependant des bornes à son
ressentiment personnel et acceptera le point de vue très modéré de ces excellentes
femmes qui se contentent de rappeler au sénat la sanglante adulation de Publicius
Certus et de demander, si on lui épargne le châtiment d'un crime manifeste, qu'on
le marque d'une flétrissure comparable à celle du censeur.

4 - Pline le Jeune, Pan., 90, 3-6

3 - ... Concedite me non pro me magis munere isto quam pro collega
meo Cornuto Tertullo, diarissimo viro, fungi. 4 - ... Cum indulgentissimus
imperator in concordia nostra ea praestiterit ambobus quae si tantum in
alterum contulisset, a/mbos tarnen aequaliter obligassetf 5 - Utrumque
nostrum ille optimi cuiusque spoliator et carnifex stragibus amicorum et in
proximum iacto fulmine adflaverat. Isdem enim amicis gloriabamur, eosdem
amissos lugebamus . . . 6 - Habuerat hunc honorem periculis nostris divus
Nerva, ut nos . . . promovere vellet. . .
LES NOTICES INDIVIDUELLES 123
Permettez-moi de m'acquitter de ce devoir aussi bien pour mon collègue Cor-
nutus Tertullus, un clarissime, que pour moi. . . Quand l'extrême bonté de l'empereur,
vu notre accord complet, a donné à tous deux ce qui, s'il l'avait octroyé à un seul,
nous aurait cependant obligés également l'un et l'autre. Le spoliateur et le bourreau
des nommes de bien nous avait frappés tous deux en massacrant nos amis et en
lançant la foudre tout près de nous. Car nous nous glorifiions des mêmes amis; nous
pleurions les mêmes disparus . . . Le divin Nerva nous avait donné une
compensation des dangers encourus en décidant de nous promouvoir . . .

Pan., 91, 1; 5 et 6
1 - Nondum biennium compleveramus in officio laboriosissimo et ma-
ximo, cum tu nobis, optime principum, fortissime imperatorum, consulatum
obtulisti, ut ad summum honorem gloria celeritatis accederei,. 5 - . . .Inter
haec beneficia tua gratissimum est nobis quod nos rursus collegas esse vo-
luisti. 6 - Ita Caritas mutua, ita congruens tenor vitae, ita una eademque
ratio propositi postulabat, cuius ea vis ut morum similitudo concordiae
nostrae gloriam minuat . . .
Nous n'avions pas encore fini nos deux années dans un office très élevé et très
astreignant, lorsque toi, le meilleur des princes, le plus valeureux des empereurs,
tu nous a offert le consulat, pour qu'à l'bonneur suprême s'ajoutât la gloire d'une
promotion rapide. . . De tous tes bienfaits, le plus agréable est que tu aies voulu que
nous fussions une deuxième fois collègues. Ainsi l'exigeaient notre affection mutuelle,
le parallélisme de nos existences, la conformité de nos principes, qui est si forte que la
similitude de nos mœurs diminue le mérite de notre entente. . .

Pan., 92, 1-4


1 - Illud vero quam insigne quod nobis praefectis aerarlo consulatum
ante quam successorem dedistil Aucta est dignitas dignitate, nec continuatus
tantum, sed geminatus est honor, finemque potestatis alterius {altera} tam-
quam parum esset excipere, praevenit. 2 - Quid, quod eundem in annum
consulatum (tuumy et nostrum contulistif . . . 3 - Tu comitiis nostris prae-
sidere, tu nobis sanctissimum illud carmen praeire dignatus es, tuo iudicio
consules facti, tua voce renuntiati sumus, ut idem honoribus nostris suf-
fragator in curia, in campo declarator existeres. 4 - Nom, quod eos potis-
simum mensi attribuisti quem tuus natalis exornat . . .
Comme il est remarquable que tu nous aies donné le consulat, à nous préfets
du trésor, avant de nous donner un successeur! La dignité a été accrue d'une dignité
et l'honneur n'a pas été seulement ininterrompu, mais doublé; une deuxième charge
a devancé la fin de la première, comme s'il eût été insuffisant qu'elle lui succédât.
Que dirai-je de ce que tu as placé la même année ton consulat et le nôtre? . . . C'est toi
124 l'« aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

qui as daigné présider nos comices et nous dicter la très sainte formule du serment;
nous avons été faits consuls sur ton avis, proclamés par ta voix; de même, c'est toi
qui, lors de nos magistratures, a soutenu notre élection dans la curie, comme tu nous
a proclamés au Champ de Mars. Quel honneur pour nous que tu nous aies affectés
au mois qu'embellit ton anniversaire ...

5 - ILAfr., 591 Aunobaris, Afr. pr.

Post quae Marcellus procos collocutus cum consüio decretum ex tabella


recitavit: « cum acta inter IuUum Regillum et Aunobaritanos causa solum
aput me Cornuti decretum clarissimi viri prolatum sit nihil ex eo mutari
placet ».

Cornutus Tertullus fut un ami intime de Pline le Jeune; plusieurs


passages de la correspondance et du Panégyrique de Trajan en
témoignent. Ils apportent sur la vie publique et sur la personnalité du sénateur
des informations concrètes et précises, qui donnent à Tertullus une
présence que n'ont pas tous les préfets abordés dans cette étude. Les
remarques de Pline éclairent une carrière sénatoriale connue seulement par
l'inscription funéraire de Cornutus Tertullus, qu'a élevée à proximité de
Tusculum (x), son exécuteur testamentaire, C. Iulius Plancius Varus
Cornutus. Dans les fragments que nous reproduisons, Pline s'est plu à
souligner le parallélisme de sa carrière et de celle de son ami (2): ils ont
obtenu ensemble la préfecture du trésor, puis le consulat suffect, enfin leur
premier poste consulaire. Pourtant Cornutus Tertullus était de beaucoup
son aîné: Pline fait allusion à Vaetatis maturitas de Tertullus (3). Ce
dernier avait environ trente ans en 73-74: ancien édile, il a bénéficié d'une
adlectio inter praetorios à l'occasion de la censure de Vespasien et Titus;
il est donc né vers 43-44. Pline, qui avait environ dix-sept ans lors de
l'éruption du Vésuve de l'année 79 (4), est né vers 62. Les deux amis ont
approximativement dix-huit ans de différence (5).

(!) H. Dessau, ILS, 1024, a corrigé l'indication de lieu du OIL, XIV, 2925,
qui situe cette découverte à Préneste. Sur le personnage, notices de E. Grroag, BE,
X, 1918, col. 570-576, n° 196, Iulius; A. Garzetti, Nerva, p. 129, n° 70; L. Petersen,
PIB2, V, 3, p. 201-202, n° 273.
(a) Pline, Pan., 91, 6; Lettres, V, 14, 5.
(8) Lettres, V, 14, 5.
(*) Lettres, VI, 16, 4.
(5) R. Syme, Tacitus, I, p. 82, propose un écart supérieur à vingt ans (Cornutus
was a good twenty years his senior) qui nous paraît un peu excessif. A. N. Sherwin-
LES NOTICES INDIVIDUELLES 125

Sur la pierre de Tusculum, après l'indication du consulat, le cursus


est présenté dans l'ordre indirect, à l'exception du proconsulat de la
province de Narbonnaise, gravé à la ligne 3. Nous ne connaissons pas
l'exercice de postes préparatoires à la carrière sénatoriale. La désignation
pour la questure urbaine est fort honorable; elle permet au jeune homme
de rester à Eome. Deux ans plus tard, Tertullus devient aedilis Cerialis.
Il siège donc déjà au sénat, en qualité d'ancien édile, lorsque Vespasien
et Titus, à l'occasion de leur censure de 73-74, l'inscrivent par faveur
parmi les anciens préteurs. A trente ans, Cornutus Tertullus pouvait
espérer une carrière rapide.
En fait, au cours des vingt- quatre ans qui séparent la censure de
Vespasien de la nomination à la préfecture du trésor, Cornutus n'occupe
que deux postes prétoriens: sous le règne de Vespasien sans doute, il
est légat du proconsul de la province de Crète et Cyrénaïque; puis il
devient gouverneur d'une province sénatoriale plus importante, la Nar-
bonnaise (*); il faut en effet replacer parmi les postes prétoriens ce
proconsulat, appelé, comme par écho, en tête du cursus par le proconsulat
d'Afrique. Le règne de Domitien marque une pause dans cette carrière;
si l'on en croit son ami Pline, Cornutus Tertullus s'est tenu
volontairement à l'écart des honneurs (2). Nous ne le connaissons pas comme un
opposant actif, tel Herennius Senecio qui écrivit un ouvrage politique (3).
Mais, pour un sénateur, choisir la retraite était déjà un acte courageux,
sous Domitien: Dion Cassius rapporte qu'il fut reproché à Senecio de
n'avoir pas voulu dépasser la questure (3). Une attitude aussi ferme
n'étonne pas de la part de l'homme qui faisait l'admiration de Pline pour
sa fidélité à ses principes (4); son intégrité était suffisamment connue
pour qu'il fût désigné comme tuteur de la fille d'Helvidius Priscus, à la
demande de la mère et du beau-père de celle-ci (5). Pline affirme que la
colère du tyran les menaçait tous deux et qu'ils furent épargnés par sa
chute (6).

White, The Letters of Pliny, p. 345, envisage une quinzaine d'années; il présente un
résumé de la carrière de Cornutus Tertullus au cours du commentaire de la lettre V, 14,
p. 343-346.
(x) W. Eck, Senatoren, p. 125-126, avec note 67, situe ce proconsulat vers 78-79.
(2) Lettres, Y, 14, 2.
(8) Tacite, Agr., 2, 1, et Dion Cassius, LXIII, 13, 2: il s'agit de la biographie
d'Helvidius Priscus.
(*) Lettres, V, 14, 3.
(s) Lettres, IX, 13, 16.
(«) Pan., 90, 5.
126 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

En compensation des dangers courus sous le règne de son


prédécesseur, Nerva offre aux deux amis la préfecture de Vaerarium Saturni)
nous discutons dans la notice suivante, à propos de la carrière de Pline,
les problèmes posés par l'entrée en charge et la sortie des deux collègues
à Vaerarium. Nous résumons ici les grandes lignes de l'argumentation.
Pline attribue clairement à Nerva la volonté de les promouvoir tous
deux (x); c'est à ce prince qu'ils doivent, au cours de l'année 97, leur
désignation pour la préfecture du trésor en janvier 98. Nous verrons que
Pline venait de passer trois ans à la tête de l'autre préfecture financière,
inférieure en dignité. Pour Cornutus Tertullus, écarté des affaires depuis
dix ans, c'était la promesse d'un consulat suffect. Cette promotion ne
faisait pas de doute aux yeux des contemporains: Cornutus et Pline
succèdent à Publicius Certus et Q. Fulvius Gillo Bittius Proculus. Nous
avons déjà noté que l'opinion publique attendait l'élévation des deux
hommes au consulat après la préfecture: seules, les attaques de Pline ont
fait perdre à Publicius Certus la nomination espérée, alors que son
collègue Gillo obtenait normalement le consulat suffect.
Un passage du Panégyrique précise la durée des fonctions des deux
amis; Pline se flatte de leur désignation pour le consulat suffect avant
la fin de leur deuxième année à Vaerarium (2). Or, ils gèrent les faisceaux
consulaires en 100, année du troisième consulat de Trajan. La remarque
de Pline prouve que la désignation pour le consulat suffect intervenait
d'ordinaire au terme d'un triennium. L'année 100 est en effet la troisième
année de fonction des deux collègues. Ainsi, lors du procès de Marius
Priscus, Cornutus Tertullus opine au sénat en qualité de consul désigné
et pense aux intérêts du trésor dont il est responsable en tant que prae-
fectus aerarii. Les deux consuls entrent en charge le 1er septembre 100
pour deux mois. Pline donne une précision importante: les deux préfets
du trésor sont consuls, avant même la désignation par le prince de leurs
remplaçants; ils ont cumulé pendant deux mois les deux fonctions (3).
Nous pensons même qu'ils sont probablement restés en charge jusqu'à
la fin de l'année 100.
Le consulat de Cornutus Tertullus est aussi honorifique que celui de
Pline, puisque les deux amis inscrivent leur nom dans les fastes
consulaires après celui de Trajan, consul pour la troisième fois. Plus âgé que

i1) Pan., 90, 6.


(2) Pan., 91, 1.
(3) Pan., 92, 1.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 127

son collègue et ami, Tertullus inscrit certainement son nom avant le


sien (x); il approche alors de la soixantaine. Quatre fonctions consulaires
offrent une compensation au retard qu'a pris sa carrière sous Domitien.
Les deux hommes obtiennent leur premier poste consulaire au même
moment (2): pour Tertullus, c'est la curatelle d'une voie importante, la
via Aemilia, peut-être en relation avec la surveillance des alimenta, bien
que l'inscription ne le précise pas. Cette fonction est sans doute moins
recherchée que la curatelle des rives du Tibre, office romain que Pline
reçoit à la même époque. L'année 104 est à peu près assurée, nous le
verrons, pour la curatelle de Pline, et par conséquent pour celle de Cor-
nutus Tertullus.
Trajan choisit ce sénateur consulaire pour participer au recensement
des Très Galliae: Tertullus est chargé de l'Aquitaine, avec pour collègues
deux legati ad census aceipiendos responsables, l'un de la Lyonnaise,
l'autre de la Belgique (3). Son séjour en Gaule se place vers 110 (4), puisqu'il
se trouve en Bithynie en 114. Sur l'inscription mutilée de Tusculum,
la disparition du surnom de Trajan n'enlève pas un élément de datation:
la pierre a été gravée après la mort de Trajan; le divus Traianus y était
probablement dit Parthicus. Mais l'inscription grecque de Mcomédie,
publiée en 1963, est contemporaine de la légation; elle donne au prince
le surnom d'Optimus et mentionne la dix-huitième année de son règne;
Tertullus était donc legatus pro praetore Imp. Traiani Optimi en 114 (5);
il a vraisemblablement succédé en Bithynie à son ami Pline, avec le
même titre.
L'apogée de la carrière est un proconsulat; le nom de la province
est perdu. Faut-il restituer l'Asie ou l'Afrique1? La première solution a
prévalu pendant longtemps (6). Mais les fastes des proconsuls d'Asie sont

(x) Dans ses Fasti consolari, p. 30, A. Degrassi a inscrit le nom de Pline le premier.
(2) Pline, Lettres, V, 14.
(3) Le collègue de Tertullus pour la province de Lyonnaise est probablement
C. Iulius Proculus, consul suffect en 109, leg. Aug. p. p. ad census provinciae Lugdu-
nensis: CIL, X, 6658 = ILS, 1040.
(4) W. Eck, Senatoren, p. 171-172.
(5) Id. ibid., p. 13, note 58, fait la même constatation; à la p. 174, avec note
255, il suggère l'année 111 pour l'entrée en fonction de Cornutus Tertullus à Nico-
médie.
(e) H. Dessau, ILS, 1024, et, récemment encore, S. Jameson, öornutus Tertullus
and the Blandi Vari of "Berge, dans JBS, LV, 1965, p. 54: « Cornutus Tertullus will
have been the earliest (datable) consular from Pamphylia and also the only senator
from that province to achieve the proconsulate of Asia ».
128 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

désormais complets pour ces années: le proconsulat de Q. Servaeus In-


nocens, consul suffect en 101, est venu combler l'année attribuée à Cor-
nutus Tertullus i1). Il paraît fort probable que Cornutus ait été proconsul
d'Afrique (2). Dans ce cas, il est tentant de l'identifier à Cornutus, claris-
simus vîr, connu par une inscription africaine pour avoir promulgué un
décret auquel se réfère un proconsul d'Antonin le Pieux, Marcellus (3).
Les fonctions du clarissime Cornutus en Afrique ne sont pas précisées,
mais E. Groag pensait déjà qu'il s'agissait d'un proconsul (4): il estimait
en effet que, si Cornutus avait été simplement un légat de Marcellus,
le texte du proconsul aurait fait allusion à cette subordination. Le
proconsulat de Cornutus Tertullus en Afrique date vraisemblablement de 116-
117 (5): au début de l'année 116, le proconsul est A. Caecums Faustinus,
qui a été consul suffect en 99 (5); quant à L. Eoscius Aelianus Maecius
Celer, consul suffect en 100 après Cornutus Tertullus, placé par B. E.
Thomasson en 117-118, il pourrait être le successeur de l'ami de Pline (6).
Son épitaphe atteste qu'il a survécu à Trajan; il était, au début
du règne d'Hadrien, un des derniers survivants du cercle de Pline (7).
Il est désormais établi que Cornutus Tertullus appartient à une
famille de Perge en Pamphylie (8). Son arbre généalogique n'a pas été
reconstitué; celui que nous proposons laisse subsister une inconnue sur
l'ascendance de l'ami de Pline. B. Syme a remarqué le premier l'exis-

i1) AE, 1962, 184 = AE, 1967, 469; cf. R. Syme, People in Pliny, dans JB8,
LVIII, 1968, p. 146 et p. 151. Il faut donc remplacer Cornutus Tertullus par Q.
Servaeus Innocens dans les listes de proconsuls données par E. Syme, Tacitus, II, p. 665,
et D. Magie, Boman Buie, II, p. 1583. Voir W. Eck, op. cit., p. 184.
(2) R. Syme, Les proconsuls d'Afrique sous Hadrien, dans BEA, LXVTI, 1965,
p. 342-352, et Governors of Pannonia inferior, dans Historia, XIV, 1965, p. 355, note 58.
(3) ILAfr, 591. L. Poinssot, qui publia l'inscription dans OBAI, 1920, p. 140-
146, considérait Cornutus comme le légat du proconsul; B. E. Thomasson, Die
Statthalter, II, p. 140, n° 32, hésite: legati Marcelli procosì oder einer der Vorgänger der
Marcellus als Prokonsulf.
(*) E. Groag, PIB*, II, p. 374, n° 1508.
' (5) Voir dans le même sens W. Eck, op. cit., p. 182-183, avec note 288. R. Syme,
Les proconsuls d'Afrique sous Hadrien, dans BEA, LXVII, 1965, p. 350, proposait
l'année 117-118.
(5) OIL, VIII, 11798; cf. B. E. Thomasson, op. cit., II, p. 60. Voir dans le même
sens, W. Eck, op. cit., p. 180.
(6) CIL, XIV, 3612 = ILS, 1025; cf. B. E. Thomasson, op. cit., p. 61-62. Voir
dans le même sens, W. Eck, op. cit., p. 184.
..(*) R. Syme, Tacitus, II, p. 476.
(*) Voir R. Syme, Tacitus, p. 82, note 6, et S. Jameson, JBS,hV, 1965, p. 54-58.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 129

tence de Iulii Cornuti à Perge: ainsi, un C. Iulius Cornutus est connu


pour avoir élevé une dédicace bilingue à Néron (x), un C. Iulius Cornutus
Bryonianus comme αγωνουετης lors des jeux publics (2). E. Groag
préférait éviter, pour le père de Cornutus Tertullus, le rapprochement du
prénom Publius, attesté par la filiation, et du nom Iulius (3); il admettait
la possibilité que 0. Iulius Cornutus, contemporain de Néron, fût le père
de Cornutus Tertullus, mais seulement par adoption. Cette hypothèse
nous paraît satisfaisante et l'on peut imaginer en effet que la lacune,
à la fin de la première ligne de l'inscription de Tusculum, contenait le
premier gentilice de Cornutus Tertullus. Seule, la tribu Horatia reste
inexpliquée (4).

Stemma

C. Iulius Cornutus
de Perge
Dédicace à Néron

C. IULIUS P. f. Hor.[. . .] COKNUTUS TEKTULLUS M. Plancius Varus


praefectus aerati Saturni 98-100 de Perge
cos 100 procos Biihyniae
sous Vespasien

adoption testamentaire

Iulia Tertulla C. Plancius Varus Plancia M. f .Magna


identique à
L. Iulius Marinus Caecilius Simplex C. Iulius Plancius Varus
cos 101 ou 102 Cornutus

filiation naturelle
filiation adoptive

(x) IGE, III, 789.


(2) IGE, III, 798. Ce personnage non daté peut avoir un rapport avec le
chevalier Bryonianus Lollianus, connu dans la ville voisine de Side: IGE, III, 810; H. -G.
Pflaum, Carrières, II, n° 356, p. 947-948, date la carrière équestre de ce dernier de la
seconde moitié du IIIe siècle.
(3) E. Groag, EE, X, 1, 1918, col. 570-576, n° 196, Iulius.
(4) La tribu Horatia se rencontre en Italie et en Afrique: cf. J. W. Kubitschek,
Imperium Eomanum, p. 271.
130 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Une preuve manifeste des liens étroits de Tertullus avec Perge a


été donnée par S. Jameson, qui a publié une inscription élevée par la
boule et le démos de cette cité à C. Iulius Plancius Varus Cornutus,
patron et bienfaiteur (x): l'identité de ce personnage avec l'exécuteur
testamentaire de Tertullus qui a élevé la pierre de Tusculum ne fait pas de
doute. Grâce à de nouveaux documents, une famille provinciale émerge,
celle des Plancii, contemporains de l'ami de Pline; C. Plancius Varus et
Plancia M. f. Magna sont les enfants de M. Plancius Varus, qui fut
proconsul de Bithynie sous Vespasien (2). Les deux Plancii, père et fils, sont
honorés comme κτίσται de Perge (3). Plancia Magna a élevé une série de
statues à la famille impériale (4). S. Jameson propose d'identifier C.
Plancius Varus à l'exécuteur testamentaire de Cornutus Tertullus; l'ami de
Pline aurait adopté par testament le fils d'un notable de sa cité: C.
Plancius Varus aurait donc ajouté à sa nomenclature le gentilice de son père
adoptif, Iulius, et son cognomen Cornutus. L'hypothèse de S. Jameson
nous paraît très séduisante.
En effet, le seul enfant de Cornutus Tertullus que nous connaissions
est une fille, Iulia Tertulla, honorée à Tlos comme l'épouse de L. Iulius
Marinus Caecilius Simplex (5), qui fut consul suffect en 101 ou 102 (6).
Bien que certains commentateurs l'aient présentée comme la sœur de
Tertullus (7), nous la considérons comme sa fille (8). L'ami de Pline était
presque sexagénaire, lorsque Iulius Marinus fut élevé au consulat; ce
dernier pouvait être son gendre. De plus, le nom de Iulia Tertulla se
comprend mieux, à notre avis, pour la fille de Cornutus Tertullus que pour
sa sœur, qui serait une fille de C. Iulius Cornutus, contemporain de
Néron; dans ce cas, elle s'appellerait plutôt Iulia Cornuta; la branche
familiale est celle des lulii Cornuti) le fait que C. Plancius Varus soit devenu,
après son adoption testamentaire, C. Iulius Plancius Varus Cornutus
prouve que le cognomen à transmettre était bien celui de Cornutus.

i1) S. Jameson, JB8, LV, 1965, p. 54 = AE, 1965, 208.


(2) IGB, III, 4 et 37.
(3) S. Jameson, loc. cit. p. 56; cf. L. Petersen, PIB2, IV, 3, p. 249-250, n° 470.
(4) S. Jameson, ibid., p. 55.
(ε) IGB, III, 562 = ΤΑΜ, II, 594.
(6) L. Petersen, PIB2, IV, 3, p. 235, n° 408.
(7) Id., ibid., p. 325, n° 706.
(8) E. Groag, BE, X, 1, col. 575, et S. Jameson, loc. cit., p. 54, note 5, voient
aussi en elle la fille de Cornutus Tertullus.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 131

L'ami de Pline était le fils naturel d'un Publius dont le gentilice est
inconnu, mais qui avait peut-être pour surnom TertuUus; il a été adopté
par C. Iulius Cornutus, contemporain de Néron. Depuis qu'est apparu,
à Ρ erge, un C. Plancius Varus, contemporain d'Hadrien, qui s'identifie
à C. Iulius Plancius Varus Cornutus, le dédicant de Tusculum, il n'est
plus possible de restituer à Cornutus Tertullus le gentilice Plancius,
comme l'avait fait E. Syme pour expliquer le nom de l'exécuteur
testamentaire l1). Le premier gentilice de Cornutus Tertullus n'est toujours pas
connu.
Perge était une ville florissante au deuxième siècle (2). Les Plancii,
κτίσται de la cité, appartiennent à l'aristocratie locale; leurs ancêtres,
originaires du Latium, sont peut-être venus en Pamphylie comme ne-
gotiatores (3). Les Iulii Cornuti sont sans doute des pérégins entrés dans
la cité romaine (4).

C. Iulius Cornutus Tertullus, originaire de Perge en Pamphylie, est


un homo novus, allié par ses enfants à deux familles sénatoriales. Il n'a
exercé aucun commandement militaire. A l'époque de Trajan, un cursus
exclusivement civil n'étonne pas pour un Oriental (5). Nerva lui a accordé
la préfecture du trésor afin de rattraper, par un avancement rapide au
consulat, le retard pris par la carrière de cet opposant sous le règne de
Domitien.

32 - C. PLINIUS L. f. Ouf. CAECILIUS SECUNDUS

praef. aerari 8atu[r]ni 98-100


p[raef. a]er. Sat.

(!) E. Syme, Eistoria, IX, 1960, p. 363; Tacitus, I, p. 82; et JBS, LVIII, 1968,
p. 151, a proposé la restitution suivante sur la pierre de Tusculum: C. Iulio P. /. Hor.
[Piando Varo] Cornuto Tertul[ló].
(2) D. Magie, Roman Buie, I, p. 263, et II, p. 1135, note 10: Perge conserve des
ruines imposantes du IIe siècle et un théâtre de 12000 places.
(3) Ce gentilice, assez rare, se retrouve en Pamphylie, Pisidie et Pont; mais aussi
en Espagne, Afrique et Italie. Voir la liste des Plancii donnée dans la BE, XX, 2,
col. 2012, où il est affirmé que la famille est originaire du Latium.
(4) S. Jameson, JB8, LV, 1965, p. 54, note 4.
(5) C. S. Walton, Oriental Senators, dans JB8, XIX, 1928, p. 64-66, app.:
Oriental Senators in Military Commands.
132 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AEEARIUM MILITARE »

1 - CIL, V, 5262 = ILS, 2927 Comum, regio X

C(aius) PUnius L(ucii) f(ilius) Ouf(entina tribu) Caecilius [Secundus,


co(n)s(ul)], | augur, legat(us) pro pr(aetore) provinciae Pon[ti et Bithyniae] |
consulari potesta[t(e)] in earn provinciam e[x s(enatus) c(onsulto) missus
ab] | Imp(eratore) Caesar(e) Nerva Traiano Aug(usto) Germanico Dacico
p(atre) p{atriae)], \ curator alvei Ti[b]eris etriparum e[t cloacar(um) urb(is),]

|
praef(ectus) aerari(i) Satu[r]ni, praef(ectus) aerari(i) mil[it(aris), pr(aetor),
trib{unus) pl(ebis),] | quaestor Imp(eratoris), sevir equitum [Romanorum.,] |
trib(unus) milit(um) leg{ionis) [III] Gallica[e, Xvir stli]\tib(us) iuäicanä{is)^
therm[as ex sestertium . . .] adiectis in \ ornatum (sestertium trecentis milibus)
[ . . . et eo amp]lius in tutela[m] \ (sestertium ducentis milibus) testamento)
f(ieri) i(ussit) [item in alimenta] libertor(um) suorum homin(um) (centum) \
(sestertium decies octies centena et sexaginta sex milia cum sexcentis sexa-
ginta sex) rei [p(ublicae) legavit quorum inc]rement(a) | postea ad epulum \
[pl]eb(is) urban(ae) voluit pertin[ere item vivu]s dedit in aliment(a) | puero-
r(um) | et puellar(wm) pleb(is) urban(ae) (sestertium) [(quingenta milia)
item bybliothecam et] in tute\lam bybliothecae (sestertium centum milia).

2 - CIL, Y, 5263 Comum

C(aio) Plinio L(ucii) f(ilio) \ Ouf(entina tribu) Caecilio \ Secundo,


co(n)s(uli), | aug(uri), cur(atori) alvei Tiber(is) \ et rip[arum et cloac]a-
[r(um)] urb(is) | [ ]

3 - CIL, V, 5667 Fecchio

C(aio) Plini[o L(ucii) f(ilio] \ Ouf(entina tribu) Caec[ilio] | Secundo,


[c]o(n)s(uli), | augur(i), cur(atori) alv(ei) Tib(eris) | e[t ri]p(arum) et cloa-
c(arum) urb(is), | p[raef(ecto) a]er(arii) 8at(urni), praef(ecto) | aer(arii)
mil(itaris), [pr(aetori), tr(ibuno) pl(ebis),] q(uaestori) Imp(eratoris), | seviro
eq(uitum) B(omanorum), tr(ibuno) m[i]l(itum) | leg(ionis) III Gall(icae),
Xviro | stl(itibus) iud(icandis), fl(amini) divi T(iti) Aug(usti), \ Vercellen-
s[es].

4 - CIL, V, 5264 Comum

[ ]inio [ | ] Caeci[ | - - -]ido[- - -]


LES NOTICES INDIVIDUELLES 133

5 - CIL, XI, 5272 Hispellum

[ Imperatorjis, trib(unus) plebis, pr(aetor), | [ cur(ator) alvei]


Tiberìs ex s(enatus) c(onsulto), pro\ [ ] et Bithynia et legatus \ [testa-
me~]nto (fieri) iussit.

peut-être 6 - CIL, Ύ, 745 Comum


[Caeci]liae f(iliae) suae nomine. L(ucius) Cae\[cîliu]s C(aii) f(ilius)
Ouf(entina tribu) Secundus, praef(ectus) \ \jabr(um) del(atus)] a co(n)s(ule),
IlIIvir i(uri) d(icundo), pontif(ex) tem\[plum] aeternitati Bomae et
Augusti | c]um porticibus et ornamen\tis incoJiavit. \ [Caecï]lius Secundus
f(ilius) dedic(avit).

7 - Pline, Lettres, X, 3 a
(Pline a été désigné par le sénat comme avocat de la province de
Bétique contre Marius Priscus et demande à Trajan s'il doit accepter
cette responsabilité).
Ut primwm me, domine, indulgentia vestra promovit ad praefecturam
aerarti Saturni, omnibus advocationibus, renuntiavi, ut toto animo delegato
miM officio vacarem.
Maître, dès que votre indulgence m'a promu à la préfecture du trésor de
Saturne, j'ai renoncé à toutes mes activités d'avocat . . .afin de me consacrer de toutes
mes forces à la charge qui m'était confiée.

8 - Lettres, I, 10, 9-10 Activités de Pline


à Vaerarium
Saturni
9 - Nam distringor officio ut maximo sic molestissimo; sedeo pro
tribunali, subnoto libellos, confido tabulas, scribo plurimas, sed inlitteratissimas
litteras. 10 - Soleo non nunquam ... . de Ms occupationibus apud Euphraten
queri. Ille me consolatur, adfirmat etiam esse hanc philosopMae et quidem
pulcherrimam partem, agere negotium publicum, cognoscere, indicare,
promere et exercere iustitiam.
En effet une charge très importante sans doute, mais très astreignante prend
tout mon temps; je siège au tribunal, j'annote des requêtes, je tiens des livres de
comptes, j'écris des quantités de lettres qui n'ont rien à voir avec la littérature. Il
m'arrive de temps en temps de pouvoir me plaindre à Euphrates de ces occupations.
Il me console, m'affirme que c'est encore de la philosophie et même sa part la plus
belle que d'exercer une fonction publique, d'instruire des procès, de les juger, de faire
connaître la loi et de l'appliquer.
134 L'a AERARIIJM SATURNI » ET l'« AERARIUM MILITARE »

9 - Pline, Lettres, X, 8, 3 et 6 La demande de congé.


3 - Sed primum mea, deinde patris tui valetudine, postea curis delegati
a vobis officii retentus, nunc videor commodissime posse in rem praesentem
excurrere. Nam et menstruum meum Jcalendis Septembribus finitur, et se-
quens mensis complures dies feriatos habet.
6 - Debebo ergo, domine, indulgentiae tuae et pietatis meae celeritatem
et status ordinationem, si mihì ob utraque haec dederis commeatum trigenta
dierum.
Mais j'ai été empêché, d'abord par ma santé, puis par celle de ton père, ensuite
par les obligations de la charge que vous m'avez confiée; je n'ai pas eu avant
maintenant la possibilité de faire sans difficulté un bref séjour sur place. En effet, mon
mois de service se termine le 1er septembre et le mois suivant compte plusieurs jours
fériés.
Maître, je devrai donc à ta bienveillance l'exécution rapide de mon devoir et
la mise en ordre de mes affaires, si pour ces deux motifs tu me donnes un congé de
trente jours.

Lettres, X, 9 Eéponse de Trajan


Et multas (privatasi et omnes publicas causas ρ etendi commeatus red-
didisti-, mihi autem vel sola voluntas tua suffecisset. Ν eque enim dubito te,
ut primum potueris, ad tam districtum ofjìcium reversurum.
Tu m'as donné les raisons personnelles très nombreuses et tous les motifs
d'intérêt général que tu as de demander un congé; mais ton désir seul m'aurait suffi. Je
ne doute pas que tu reprennes, dès qu'il te sera possible, un service si astreignant.

10 - Voir les fragments de la lettre V, 14 et du Panégyrique


reproduits à propos de 0. Iulius Cornutus Tertullus (notice n° 31).

La carrière de Pline le Jeune est connue essentiellement par une


longue inscription élevée à Corne après la mort du sénateur, puisqu'elle
indique, à la suite du cursus, ses dispositions testamentaires. Plusieurs
passages de la correspondance et du Panégyrique de Trajan éclairent ce
texte. Depuis l'importante Etude sur Pline le Jeune donnée par Mommsen
au siècle dernier (x), les recherches sur Pline n'ont pas cessé (2). Nous

(*) Th. Mommsen, Zur Lebensgeschichte des jüngeren Plinius, dans Hermes, III,
1869, p. 31-169 = Gesammelte Schriften, IV, 1906, p. 366-468; nous renvoyons
toujours à la traduction de C. Morel, Etude sur Pline le Jeune, Bibl. de l'Ecole des Hautes
Etudes, fase. 15, 1873.
(2) Nous indiquons les travaux essentiels concernant la chronologie des lettres
de Pline et par conséquent les étapes de sa carrière. Les dates proposées par Mommsen
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 135

nous référons surtout aux ouvrages récents de E. Syme et de A. N. Sher-


win- White: par ses études prosopographiques, le premier a fait progresser
la connaissance du milieu dans lequel évolue Pline (x); le second a repris
les problèmes posés par la chronologie des lettres et commenté l'ensemble
de la correspondance (2). L'un et l'autre se sont intéressés à la vie et à
la carrière de Pline.
Plusieurs inscriptions révèlent le nom complet de Pline: il s'appelle
Caius Plinius Caecilius Secundus; il est le fils d'un Lucius et il est inscrit
dans la tribu Oufentina, qui est celle de Corne (3). Nous savons par ses
lettres que Pline fut adopté par son oncle maternel, Caius Plinius
Secundus (4). Sa mère appartenait donc à la famille des Plinii et son père
était un Caecilius; les parents de Pline étaient tous deux originaires de
Corne, en Transpadane. Mommsen reconnaissait le père de Pline en
Lucius Caecilius Cilo, fils de Lucius, qui fut magistrat municipal à Corne (5);
il s'agit sans doute d'un parent. En effet, les motifs qui incitent A. N.
Sherwin- White à suggérer plutôt le nom de Lucius Caecilius Secundus,
fils de Caius, quattuorvir iuri dicundo (6), nous paraissent convaincants.
Pline appartenait par son père, quel qu'il fût, à la bourgeoisie municipale
de Corne. L'oncle maternel qui l'adopta, le naturaliste Pline l'Ancien,

ont été critiquées surtout par W. Otto, Zur LebensgescMcMe des jüngeren Plinius,
dans Sitzungsber. der Bayer. Ahad. Wiss., Phil. -hist. Masse, Munich, 1919. Les
commentateurs postérieurs s'appuient les uns sur la chronologie de Mommsen, les autres
sur celle d'Otto. Sur cette polémique, voir la notice de Maur. Schuster, BE, XXI, 1,
1951, col. 439-456, n° 6, Plinius, et le réexamen de L. Vidman, Etude sur la
correspondance de Pline le Jeune avec Trajan, dans Bozpravy CesTcoslovenské AJcademie Vèd,
Prague, 1960, p. 13-28: problèmes chronologiques.
Nous utilisons l'édition des œuvres de Pline parue dans la collection des Belles-
Lettres. A. -M. Gruillemin a publié, en 1927-1928, les neuf livres de la correspondance
de Pline avec ses amis, en trois volumes; le texte est précédé d'une biographie de
Pline (voir les p. ν à xxvi de la 4e éd., 1961). En 1948, M. Durry a fait paraître, dans
un quatrième volume, le livre X des Lettres et le Panégyrique; les quelques pages
qui présentent les circonstances historiques dans lesquelles fut prononcé le
Panégyrique (p. 86 à 90 de la 3e éd., 1964) ne remplacent pas l'édition commentée de ce
discours par le même auteur, parue aux Belles-Lettres, en 1938.
(χ) R. Syme, Tacitus, et People in Pliny, dans JB8, LVIII, 1968, p. 135-151.
(2) A. N. Sherwin -White, The Letters of Pliny.
(3) J. W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 119.
(4) Lettres, I, 19, 1: avunculus meus; V, 8, 5: avunculus meus idemque per adop-
tionem pater.
(5) CIL, V, 5279; cf. Th. Mommsen, Etude, p. 31-32.
(6) Voir le texte 6 dans lequel, à la dernière ligne, [Caeci]lius Secundus f(ilius)
serait Pline; cf. A. N. Sherwin-White, op. cit., p. 70, qui suit W. Otto, op. cit., p. 16.
136 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

parcourut une belle carrière equestre (*). A la suite de cette adoption,


qui se fit sans doute par testament (2), le jeune homme qui s'appelait
précédemment Caius ou Lucius Caecilius Secundus prit les noms de Caius
Plinius Caecilius Secundus.
Pline avait environ dix-sept ans lors de l'éruption du Vésuve qui
coûta la vie à son oncle, le 24 août 79 (3). Par la suite, le jeune homme
fut le protégé de trois consulaires, Sex. Iulius Frontinus (4), L. Verginius
Eufus (5) et Q. Corellius Eufus (6).
Le poste de decemvir stlitibus iudicandis, par lequel il aborde la
carrière sénatoriale, convient particulièrement à un futur avocat. Le service
militaire accompli comme tribun de la légion IIIa Gallica, l'entraîne en
Syrie (7); plusieurs lettres font allusion à ce séjour: le jeune officier suivit
l'enseignement des philosophes (8); il ne fut pas initié au métier des armes,
mais reçut une tâche administrative: il fut chargé de vérifier les comptes
des troupes auxiliaires (9). C'est la première des attributions financières
qui caractérisent toute la carrière publique de Pline.
Lors de la questure, Pline eut l'honneur d'être choisi par Domitien
comme quaestor Augusti (10); il est l'un des deux questeurs qui ont pour
tâche de lire les communications du prince au sénat. Ce poste prouve
qu'il a été élu avec la recommandation de l'empereur. Le tribunat de la
plèbe suit normalement; Pline, toujours scrupuleux dans
l'accomplissement de ses fonctions, ne pratiqua pas ses activités d'avocat cette
année-là (u). Domitien, afïirme-t-il, lui accorda un avancement rapide à la
preture (12); mais cette remarque ne suffit pas pour dater précisément la

i1) n.-Gc. Pflaum, Carrières, I, p. 106-111, n° 45.


(2) Th. Mommsen, Etude, p. 34-42: de V adoption de Pline et de V adoption
testamentaire chez les Romains.
(3) Lettres, VI, 16, 4.
(4) Lettres, IV, 8, 3; V, 1, 5.
(6) Lettres, II, 1, 8-9.
(6) Lettres, V, 1, 5; IX, 13, 6.
(7) E. Bitterling, BE, XII, col. 1523, legio.
(8) Lettres, I, 10, 2.
(9) Lettres, VII, 31, 2: Ego iussus a legato consiliari rationes alarum et eohortium
excutere . . . (Ayant reçu du légat consulaire l'ordre de vérifier les comptes des ailes
et des cohortes . . . )
(10) M. Cébeillac, Les « quaestores principes et candidati » aux Ier et IIe siècles,
Milan, 1972, p. 92-95, n° XLVII.
(u) Lettres, I, 23, 2: Ipse cum tribunus essem . . . abstinui causis agendis.
(12) Lettres, VII, 16,2 (à propos de son ami Calestrius Tiro): Simul militavimus
simul quaestores Caesaris fuimus. Ille me in tribunatu Uberorum iure praecessit, ego
LES NOTICES INDIVIDUELLES 137

questure et le tribunat. Pour l'année de la preture, nous disposons d'une


précision: Pline rendit visite, alors qu'il était préteur, au philosophe Arté-
midore sur le chemin de l'exil; il s'honore de cet acte de courage, accompli
peu de temps après la condamnation à mort des sénateurs Herennius
Senecio et Helvidius Priscus ^). Or, ces procès datent de l'année 93 (2).
Aussi Mommsen le premier a-t-il placé en 93 l'expulsion des philosophes
et la preture de Pline (3). Par la suite, W. Otto a critiqué la chronologie
de Mommsen et proposé l'année 95, en affirmant que Pline s'était sans
doute abstenu de plaider comme avocat lorsqu'il était magistrat (4). Or,
il a participé en 93 au procès de Baebius Massa (5). Les commentateurs
successifs ont adopté tantôt une date, tantôt l'autre (6). L'année 93 nous
paraît à peu près assurée (7); cette date est la seule qui nous permette
d'insérer les deux préfectures financières triennales entre la preture et
le consulat. Il convient de remarquer que, si Pline s'est abstenu
volontairement de plaider lors du tribunat, il n'a pas pris l'initiative de le faire
l'année de la preture: le sénat l'a désigné d'office comme avocat de la
province de Bétique contre Baebius Massa (8).
Aussitôt après la preture, Pline devint l'un des trois préfets chargés
de Vaerarium militare', il ne donne malheureusement aucun détail sur
ses activités. Ce poste était en principe occupé pendant trois ans (9). Or,
dans une lettre qui ne peut dater que de l'année 97, Pline fait allusion
à son oisiveté, comme s'il n'avait pas de fonction publique (10). De plus,

ilium in praetura sum consecutus, cum mihi Caesar annum remisisset. (Ensemble nous
avons été questeurs de César, il m'a devancé pour le tribunat en vertu du droit des
trois enfants; mais je l'ai rejoint comme préteur, parce que César m'a dispensé d'une
année.)
i1) Lettres, III, 11, 2-3.
(2) Tacite, Agr., 44-45: ces procès ont eu lieu peu de temps après la mort
d'Agricola survenue en août 93.
(3) Th. Mommsen, Etude, p. 58-63.
(4) W. Otto, op. cit., p. 43-54, s'appuie surtout sur la lettre X, 3 a.
(6) Lettres, VII, 33, 4: Pline et Herennius Senecio ont été désignés par le sénat
comme avocats de la province de Bétique contre le gouverneur Baebius Massa.
(6) Voir le résumé de ces discussions dans l'étude récente de L. Vidman, p. 13-17,
qui se rallie à la date de 95.
(7) En faveur de l'année 93, voir l'étude de A. N. Sb.erwin-Wb.ite, op. cit., p. 763-
771: App. IV: The Date of Pliny's Praetorship, reprise d'un article paru dans JB8,
XLVII, 1957, p. 126-130; et celle de R. Syme, Tacitus, II, p. 656-657.
(8) Voir la note 5.
(9) Dion Cassius, LV, 25, 2.
(10) Lettres, I, 9, 6: Ο dulce otium honestumque ac paene omni negotio pulchrius
138 ΐΛ( AERARIITM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

il accomplit des voyages en Italie sans demander de congé à l'empereur i1).


La préfecture occupe probablement les années 94 à 96. C'était une
faveur de recevoir ce poste aussitôt après la preture (2) et, semble-t-il, sans
le moindre intervalle.
L'année 97 sépare la gestion des deux préfectures financières. Nous
avons vu à propos de la carrière de Cornutus Tertullus que Pline se flatte
d'avoir été en disgrâce dans les derniers mois du règne de Domitien. La
plupart des commentateurs en doutent. L'empereur est mort le 18
septembre 96, alors que Pline était apparemment préfet du trésor militaire.
Peut-être savait-il déjà qu'il ne recevrait pas de responsabilité pour
l'année suivante?
Les remarques de Pline sur ses tâches absorbantes et la leçon du
stoïcien Euphrates, qui l'invite à considérer que la Justice est une
occupation digne d'un philosophe, font certainement allusion à la préfecture
du trésor senatoriali8); cette lettre est postérieure au retour des
philosophes et se place probablement en 98. Nous connaissons les préfets en
fonction en 97, Publicius Certus et Bittius Proculus, à qui succèdent
Pline et Cornutus Tertullus. Les deux amis doivent leur nomination à
Nerva et Trajan conjointement; dans une lettre du livre X (4), envoyée
à Trajan, Pline, faisant allusion à Nerva, précise qu'il doit son poste aux
deux princes: delegati a vobis officii; dans une autre lettre (5), parlant
encore de cette préfecture, il emploie le pluriel indulgentia vestra, qui ne
peut être un pluriel de majesté, puisque, tout au long du livre X, Pline
utilise le pronom tuus à l'égard de Trajan. Nerva est mort le 25 janvier 98;
Trajan, adopté en octobre 97, a-t-il donné son avis lors de la nomination
ou bien a-t-il confirmé le choix des deux préfets lors de son accession au
pouvoir? La première hypothèse est sans doute la meilleure; Trajan a
désigné les préfets du trésor avec Nerva en qualité de co-régent (6).

(quel doux loisir, si honorable, et peut-être plus beau que toute activité!) Voir aussi
II, 2, 3.
(*) Lettres, I, 4 (voyage en Toscane); I, 8 (séjour à Corne).
(2) Pour Ti. Iulius Celsus Polemaeanus à la même époque, la préfecture du
trésor militaire est le quatrième poste prétorien (voir la notice n° IX des praefecti
aerarti militaris).
(3) Lettres, I, 10, 9-10; voir le texte 8 en tête de la notice.
(4) Lettres, X, 8, 3; voir le texte 9 en tête de la notice.
(5) Lettres, X, 3, 1; voir le texte 7 en tête de la notice.
(6) Sur la co-régence de Trajan, voir E. Kornemann, Doppelprinzipat, Leipzig,
1930, p. 69-71, et A. Garzetti, Nerva, p. 86-88.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 139

Le Panégyrique fournit un autre élément sur l'entrée en fonction


à Vaerarium-, lors de leur désignation au consulat suffect, Pline et Ter-
tullus n'avaient pas tout à fait achevé leur deuxième année de gestion:
« nondum biennium compleveramus in officio laboriosissimo et maximo cum
tu nobis, optime principum, . . .consulatwm obtulisti » i1). Oornutus Ter-
tullus et Pline le Jeune ont été consuls pendant deux mois, en septembre
et octobre de l'année 100 (2); Pline a prononcé sa gratiarum actio, le
Panégyrique de Trajan, le 1er septembre, jour de leur entrée en fonction.
Sous l'Empire, les consuls étaient désignés par l'empereur: c'est la com-
mendatio; le sénat procédait ensuite à une élection fictive des candidats
du prince: c'est la destinatio consulum; quelques jours après, avait lieu
la proclamation des nouveaux magistrats par les consuls en fonction
devant les comices: c'est la renuntiatio.
D'après le Panégyrique de Trajan, il apparaît qu'en 100, l'élection
au sénat et la renuntiatio au Champ de Mars ont eu lieu au mois de
janvier (3). Mommsen proposait pour l'élection fictive des consuls suffects
la date du 9 janvier, d'après le calendrier de Polemius Silvius, de 448,
qui porte ce jour-là: suffecti consules designantur, sive praetores (4). La
plupart des commentateurs ont adopté ce point de vue; ils considèrent
par conséquent que Pline et Cornutus Tertullus ont été désignés par le
sénat le 9 janvier 100 pour le consulat suffect en septembre; or, ils sont
entrés à Vaerarium sous le règne de Nerva; pour qu'ils n'aient pas encore
accompli deux années de service le 9 janvier 100, ils seraient entrés en
charge entre le 9 janvier et le 24 janvier 98.
En fait, la date du 9 janvier n'est absolument pas assurée pour
l'élection de l'année 100, puisqu'elle est donnée par un document du Ve
siècle. Dans son étude récente, A. ïf. Sherwin- White ne la conserve pas.
Il constate que l'élection des consuls suffects de l'année 100, présidée
par Trajan en qualité de consul ordinaire, a eu lieu en janvier, sans qu'on
puisse préciser le jour, et conclut que Pline et Oornutus Tertullus ont

(x) Pan., 91, 1; voir la traduction de ce passage en tête de la notice de Cornutus


Tertullus.
(2) Les consuls de l'année 100 sont bien connus désormais; voir, en dernier lieu,
A. N. Sherwin-White, op. cit., p. 78.
(3) Voir M. Durry, Pline le Jeune, Panégyrique de Trajan, Paris, 1938, app. VI,
p. 241-242, et app. VIII, p. 244.
(4) Th. Mommsen, Etude, p. 67-70, à propos de GIL, I, 335.
140 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

commencé leur service au mois de janvier 98, à une date postérieure à


celle de leur élection consulaire de janvier 100 i1).
Nous préférons reprendre une hypothèse formulée par B. Syme, en
insistant sur un point qu'il n'a pas explicité: l'expression: consulatwm
obtulisti — tu nous a donné le consulat — s'applique à notre avis à la
commendatio principis et non aux cérémonies formalistes de janvier 100
au sénat et au Champ de Mars. Il est donc possible d'admettre, à la suite
de E. Syme, que la liste des consuls suffects de l'année 100 a été établie
par Trajan à la fin de l'année 99 (2). A cette date, les deux préfets du trésor
n'avaient pas encore achevé leur deuxième année de charge, s'ils étaient
entrés en fonction le 1er janvier 98. Nous pensons, comme B. Syme, que
le triennium des préfets du trésor commence sans doute le 1er janvier,
puisque ces fonctionnaires ont succédé à des magistrats. Il nous paraît
important de rappeler que les noms des deux praefecti aerarli Saturni
connus par les fastes du forum sont inscrits après ceux des consuls
ordinaires sous lesquels ils sont entrés en charge. En l'absence d'élément
plus précis, nous admettrons que les préfets du trésor de Saturne
prennent leur service le 1er janvier.
La sortie de charge est mal connue: dans le Panégyrique, Pline se
flatte que Tertullus et lui-même aient obtenu le consulat pendant leur
préfecture: « illud vero quam insigne quod nobis praefectis aerano consu-
latum antequam suœessorem dedisti » (3). Cette remarque prouve qu'il n'y
a pas eu d'intervalle entre la préfecture et le consulat. La plupart des
commentateurs concluent que Pline et Tertullus ont achevé leur service
à la fin du mois d'août de l'année 100 (4). Mais la suite du texte semble
prouver que pour Tertullus et Pline les fonctions de préfet et de consul
ont été géminées: « aucta est dignitas dignitate, née oontinuatus tantum,
sed geminatus est honor, finemque potestatis alterius (altera} tamquam parum

(x) A. N. Sherwin- White, op. cit., p. 76-77.


(2) E. Syme, Tacitus, II, p. 658, avec note 2. Nous pouvons apporter un
argument en faveur de l'interprétation de E. Syme: l'Histoire Auguste, vita Gommodi,
20, 1, nous apprend que L. Fabius Cilo était consul désigné le 31 décembre 192, lors
de l'assassinat de Commode; en 193, année dont les consuls ordinaires sont connus
par ailleurs, Cilo a été consul sufîect. La liste des consuls suffects pour l'année 193
a donc été dressée par Commode à la fin de l'année 192.
(3) Pan., 92, 1; voir la traduction de ce passage en tête de la notice de Cornutus
Tertullus.
(4) C'était le point de vue de W. Otto, op. cit., p. 86-87, repris récemment par
L. Vidman, op. cit., p. 19, et par A. N. Sherwin-White, op. cit., p. 78.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 141

esset exeipere, praevenit ». Si, en septembre et octobre 100, les deux amis
ont cumulé le consulat suffect et la préfecture, comme nous le pensons,
ils ont sans doute achevé leur troisième année de fonction (x). Mommsen
datait de l'année 101 la lettre X, 8, dans laquelle Pline, préfet du trésor,
demande à Trajan un congé; il considérait par conséquent que Pline
était resté préfet de 98 à 101 (2). Une révision de la chronologie a montré
que cette lettre date de 98 ou 99 (3). Il n'y a donc aucune raison de retenir
l'hypothèse d'une quatrième année de fonction.
Ainsi, du 1er janvier 98 au 31 décembre 100, Ialine et Cornutus Ter-
tullus ont rempli leur triennium. Dans une lettre de l'année 98, Pline
fournit quelques renseignements sur l'activité des praefecti aerarli
Saturni (4); nous abordons ce sujet dans la troisième partie de notre étude.
Pline insiste sur le caractère astreignant de ses fonctions. Nous
apprenons en effet par une autre lettre que les préfets ne peuvent pas quitter
Borne sans un commeatus de l'empereur (5). Pline demande un congé
pour aller visiter sa propriété de Tifernum Tiberinum, au mois de
septembre; ce voyage se situe en 98 ou en 99 (6). Nous apprenons que les
deux préfets exercent leur charge par roulement mois par mois: «
Menstruum meum Jcalendis Septembribus finitur», précise Pline. Le fait que
le changement de chef de service ait lieu le 1er du mois apporte, nous
semble-t-il, un argument supplémentaire en faveur de l'entrée en fonction
le 1er janvier. Pline profite de son mois de repos pour se rendre dans ses
propriétés; il devait être astreint à résidence, puisqu'il demande à
l'empereur la permission de s'absenter. Le règlement voulait sans doute que
le préfet inactif restât à Borne pour pouvoir éventuellement assister son
collègue ou le remplacer. Pline précise que le mois de septembre pour

(*) C'était l'avis de Th. Mommsen, Etude, p. 64-65; c'est encore celui de R. Sy-
me, Tacitus, II, p. 659.
(2) Th. Mommsen, Etude, p. 12, et p. 26; ces dates, souvent reprises, apparaissent
encore dans la récente notice de W. Ensslin, BE, XXII, 2, 1954, col. 1259, praefectus
aerarli Saturivi.
(3) Après W. Otto, op. cit., p. 77, Α. Ν. Sherwin-White, op. cit., p. 571.
(4) Lettres, 1, 10, 9-10; voir le texte 8 en tête de la notice.
(5) Lettres, X, 8, 3-4 (demande de Pline), et X, 9 (réponse de Trajan); voir le
texte 9 en tête de la notice; cf. Lettres, III, 4, 2: «accepto ut praefectus aerarti
commeatus ».
(6) Lettres, III, 4, 2; R. Syme, Tacitus, II, p. 658, penche pour l'année 98; A. N.
Sherwin-White, op. cit., p. 213, et p. 571, pour l'année 99. Il nous semble permis
d'hésiter.
142 ΐΛ AERARITJM SATURNI » ET ΐΛ AERARITJM MILITARE ))

lequel il sollicite un congé, comprend de nombreux jours fériés (x), qui


réduisent considérablement la période pendant laquelle son collègue en
activité pourrait avoir besoin de son aide.
La première fonction consulaire de Pline est, d'après les inscriptions,
la curatelle des rives du Tibre. C'est de cet officium qu'il est question,
sans le nommer, dans la lettre où Pline se félicite de la nomination de
son ami Cornutus Tertullus à son premier poste consulaire (2): il s'agit
pour Tertullus de la curatelle de la voie Emilienne, cumulée peut-être
à la responsabilité des alimenta pour la région. La présence de Ti. Iulius
Ferox à la tête du service des rives du Tibre est attestée en 101 et en
103 (3). Pline fut sans doute son successeur, ce qui situe son entrée en
fonction vers 104 (4); elle a précédé de quelques mois la nomination de
Tertullus, puisque Pline, curateur du Tibre, est en congé, lorsqu'il
l'apprend (5). Pline est sans doute resté en fonction plusieurs années. Il fait
allusion à ce poste dans une lettre, sans mentionner ses activités de
curateur (6).
Par la suite, Pline est envoyé en Bithynie avec le titre de legatus
Augusti pro praetore consulari potestate (7). Pline a été choisi par Trajan
pour accomplir une mission extraordinaire dans une province sénatoriale
que l'empereur s'est fait attribuer provisoirement par le sénat. Mommsen
a expliqué la formule consulari potestate: Pline a droit à six faisceaux
comme les proconsuls de Bithynie auxquels il succède et non à cinq
comme les légats propréteurs des provinces impériales. Il est cependant
légat impérial et rend compte à l'empereur seul; les lettres qu'il envoie
à Trajan montrent qu'il est chargé de la juridiction civile et criminelle,
mais surtout du contrôle budgétaire des cités. Ces tâches sont en rapport
avec les compétences juridiques et financières dont Pline avait déjà fait

i1) Sur ces jours de fête, voir le commentaire de A. N. Sherwin -White, op. cit.,
p. 573-574.
(2) Lettres, V, 14; voir la traduction de ce passage en tête de la notice de
Cornutus Tertullus.
(3) J. Le Gall, Le Tibre, fleuve de Borne dans l'Antiquité, Paris, 1953, p. 140-
141, n° 10.
(4) La fourchette 103-111, indiquée par J. Le Gall, ibid., p. 141, n° 11, doit être
un peu resserrée.
(5) Lettres, V, 14, 9.
(6) Lettres, VII, 15, 1; peut-être aussi VII, 21.
(7) Sur cette mission, voir Th. Mommsen, Etude, p. 72-73, et surtout L. Vidman,
op. cit., p. 42-51.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 143

preuve. Le départ de Pline pour la Bithynie, où il est arrivé un 17


septembre, est placé traditionnellement en 111, d'après la chronologie
établie par Mommsen. Il semble préférable d'avancer cette date, en 109
ou en 110 i1). La présence en Bithynie de Cornutus Tertullus, qui fut
sans doute son successeur, est désormais attestée pour l'année 114 (2).
L'année 113 est un terminus ante quern pour le gouvernement de Pline.
Son décès, dans la province même ou à son retour, se place sans doute
avant 114 (3). L'inscription de Corne qui indique ses dispositions
testamentaires a été élevée du vivant de Trajan; il semble qu'il convienne de
compléter la titulature impériale par le surnom à'Optimus que le prince
a reçu dans l'été 114.
Pline a toujours été apprécié par Trajan; il faisait partie du conseil
impérial (4). Il a reçu deux sacerdoces; l'augurât à Eome, peu après le
consulat (5), et un flaminat à Corne; le titre de flamen divi Titi Augusti,
que lui donnent les habitants de Verceil sur une inscription élevée à
proximité de Corne (texte 3), se réfère probablement à une prêtrise locale.

Homo novus originaire de Corne, Pline a été le protégé de trois


empereurs; la disgrâce dont il s'honore à la fin du règne de Domitien n'a guère
affecté sa carrière. Avocat réputé, homme de lettres, il a parcouru un
cursus exclusivement civil, à l'exception du bref service militaire en Syrie
pendant lequel il fut occupé à des tâches administratives. Les deux
préfectures financières qui se sont succédé à un an d'intervalle sont les seuls
postes prétoriens; elles sont en accord avec les compétences juridiques
et financières reconnues à Pline tout au long de sa carrière, puisqu'elles
ont justifié aussi sa légation extraordinaire en Bithynie.

(!) C'est l'avis de E. Syme, Tacitus, II, p. 659, et de A. N. Sherwin-White, op.


cit., p. 80-81, adopté par W. Eck, Senatoren, p. 171.
(2) J. Eeynolds, Troc. Cambr. PMI. Soc, 1963, 189 = 8EG, XX, 786; cf. W. Eck,
Senatoren, p. 13, note 58.
(3) A moins d'admettre l'hypothèse de J. Carcopino, Rencontres de VMstoire et
de la littérature romaines, Paris, 1963, p. 171-231: les surprises du testament de Pline
le Jeune: Pline serait mort plus tard et aurait apporté des retouches au Panégyrique
après son retour en Italie. Il paraît plus satisfaisant de retenir la thèse de Mommsen,
comme l'a démontré M. Durry, 8ur Trajan Père, dans Les empereurs romains
d'Espagne, Colloque C.N.B.S., Madrid-Italica 1964, Paris, 1965, p. 48-50; voir la
discussion p. 51-54, avec les interventions de A. Piganiol et de H.-Gr. Pflaum.
(4) Lettres, IV, 22, 1; VI, 22, 2; VI, 31, 1; cf. J. Crook, Oonsilium Principis,
p. 179, n° 263.
(5) Lettres, IV, 8, et X, 13.
144 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET L?« AERARIUM MILITARE »

33 - L. CATILIUS Cn. f. Clau. SEVEEUS IULIANUS CLAUDIUS


BEGINUS

praef. aerarli Sat[urni] 108-110

1 - CIL, X, 8291 = ILS, 1041, cf. p. 1018 Antium (Anzio), regio I

[L(ucio)] Catilio Cn(aei) f(ilio) [Clau(dia tribu)] | [Sever]o Iuliano


Gl(audio) R[egi]no, | co(n)s{uli) II, proco(n)s(uli) provine(iae) Afr[ic]ae, |
leg(ato) Aug(usti) pr(o) p[r(aetore) provïjnciae Syriae et pro\vineiae Cap-
pad[odae] et Armeniae maior(is) \ et minor(is), Vllvir(o) epu[lon{um)
d]onis militaribus \ donato a divo Tra[iano] corona mur[ali] vallari navali

|
Ji[astis puris IIII vexiïl]is IIII, pr(aetori) urb(ano), \ praef(ecto) aerarii
Sat[urni, praef(ecto) aerar(ii) m]ilitar(is), leg(ato) | [leg(ionis) XXII pri]-
m(igeniae) p(iae) f(idelis), cu[r(atori) viae ~]iae, praef (ecto) | [frumenti]
dandi e[x s(enatus) c(onsulto), Vlvir(o) eq(uitum) Bom(anorum) turm]ae II,
| [trib(uno) pl(ebis)?, qua]est[ori pr(o) pr(aetore) provinciae] Asiae.

2 - ILAfr, 43 Thysdrus (El-Djem),


Afr. procos

L(ucio) Cat[i]lio C[n(aei) f(ilio) Cla]u(dia tribu) Sev\e]ro I[u]lia[no] |


Claudio [K]eg\i]no, co(n)[s(uli) II, pr]o[c]o(n)s{uli) provin[c(iae)] | Af[ri]cae,
[VIIv]ir(o) [epu]l(onum), [f]et[ia]l[i, l]eg(ato) Aug(usti) [pro | praet(ore)]
pro[v(inciae) Syriae, l]eg(ato) Aug(usti) pr[o] pr(aetore) Arm[eniae | m]aio-
ri[s e]t m[inoris] et Ca[p]padoci[ae, | p]raef[ecto] aer[a]r(ii) m[ilitar(is)],
leg(ato) leg(ionis) XX[II] primi[g(eniae) p(iae) f(idelis), | c]urato[ri ,
le]g(ato) pro pr(aetore) [p]rov[i]nc[iae] | Asiae, [Vlvir(o) e]q(uitum) B(oma-
norum), pr(aetori) u[rb(ano), q]uaes[t(ori) prov(ineiae) As]iae, d(ecreto)
d(ecurionwm) [p(eeunia) p(ublica)].

3 - ΤΑΜ, II, 668 Cadyanda


[Κά]τιλίον Σεονήρον και φίλον \ [κ]αί ξένον ηγεμόνων και επήτρόπων, άνδρα
σεμνον και \ μεγαλόφρονα και πάση άρε\τή λόγων και ή&ών διαφέρον\τα, τετειμένον
και υπό \ [Λ~\υκίων του κοινού και των \ \μ\λείατων πόλεων, προγό\νων και γονέων
ενδόξων \ και αρχιερέων και πολλά \ [κ]αί μεγάλα τω ε&νει και rfj πό\[λ]ει και τοις
καΰ* ενα παρεσ\[χ]ημένον Άπελλας "Ελ\[λη]νος Καδνανδευς και \ ["Ελλ]ην και
Άπελλας οι Ά \πελλα ]
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 145

4 - Inscr. Ital., XIII, 1, n° 5, tab. XXII, 1. 20, Fasti Ostienses


p. 200-201

[L(ucius)] Catilius Severus, C(aius) Erucianus Silo


a. 110

5 - CIL, XVI, n° 163 et n° 164 Dipl. mil.

C(aio) Bruciano Silone, L(ucio) Catilio Severo co(n)s(ulibus)


2 juillet 110

6 - CIL, VI, 2080 = 32375 Acta fratrum Arvalium

1. 8: L(ucio) Catilio Severo II, T(ito) Aurelio Fulvo, co(n)s(ulibus)


a. 120

7 - CIL, VI, 9100 = 27041 = ILS, 1850, 1. 8-9 Eome


. . . L(ucio) Catilio Severo II, | T(ito) Aurelio [F]ulvo co(n)s(ulibus)
a. 120

8 - CIL, VIII, 8239 = 20076 Cuicul, Numidia


1. 7-8: ...L(ucio) Catilio Severo II, Tito Aurelio F[ulvo] | [Arrio]
Antonino co(n)s(ulibus) ...

9 - L. Kobert, BEA, 1940, p. 319-321 = AE, 1941, Kurmé-Kerry


129
[ ] Δακικοϋ \ πρεαβευτγι και | άντιστρατηγω Λ(ονκίφ) Κατιλλιω Σεονήρω
Ίονλιανω
entre 102 et 116

10 - Pline, Lettres, I, 22; III, 12


Catilio Severo suo.

11 - SHA, vita Hadriani, 5, 10


Ipse AntiocMam regressus praepositoque Syriae Catilio Severo per II-
lyricum Romani venit.
Il revint à Antioche; puis il nomma Catilius Severus gouverneur de Syrie et
rentra à Rome par l'Illyricum.

10
146 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Id., ibid., 15, 7


Ummidium Quadratum et Catilium Severum et Turbonem graviter
insecutus est.
Il poursuivit durement Ummidius Quadratus, Catilius Severus et Turbo.

Id., ibid., 24, 6


Antonini adoptionem plurimi tune factam esse doluerunt, speciatim
Catilius Severus, praefectus urbi, qui sibi praeparabat Imperium.
L'adoption d'Antonin peina bien des gens à cette époque, en particulier
Catilius Severus, le préfet de la ville, qui préparait sa propre accession au pouvoir.

Id., ibid., 24, 7


Qua re prodita successore accepto dignitate privatus est.
La chose s'étant sue, un successeur lui fut donné et il fut privé de sa fonction.

12 - SEA, vita Pii, 2, 9

Fuit . . .consul cum Catilio Severo.

13 - SEA, vita Marci, 1, 4


Proavus maternus Catilius Severus bis consul et praefectus urbi.
Son arrière-grand-père maternel était Catilius Severus, deux fois consul et préfet
de la Ville.

Id., ibid., l, 9
Marcus Antoninus principio aevi sui nomen habuit Catilii Severi,
materni proavi.
Marcus Antoninus porta au début de sa vie le nom de Catilius Severus, son
arrière-grand-père maternel.

14 - Dion Cassius, LXIX, 21, 1

vHv ôè ούτος ό "Αννιος ό Μάρκος, δ Κατίλιος ττρότερον ονομαζόμενος . . .


Celui-ci était Marcus Annius, auparavant nommé Catilius ...

La carrière de L. Catilius Severus, consul suffect en 110, consul


ordinaire en 120, préfet de la Ville en 138, révèle un grand personnage;
il est difficile de mettre en doute sa parenté avec le futur Marc-Aurèle,
LES NOTICES INDIVIDUELLES 147

bien que les historiens ne soient pas parvenus à lui restituer, dans l'arbre
généalogique de cet empereur, la place de proavus maternus (x) que lui
donne l'Histoire Auguste: le témoignage de Dion Cassius confirme que
Marc-Aurèle enfant porta le gentilice Catilius. L'hypothèse la plus
vraisemblable est celle d'un mariage de Catilius Severus avec Domitia
Lucilia l'aînée (2); il s'agit probablement des secondes noces de la grand'mère
du futur empereur, après le décès de Calvisms Tullus; le stemma suivant (3)
montre que Catilius Severus pouvait faire figure de grand'père par
alliance du jeune protégé d'Hadrien.

Cn. Domitius Afer P. Calvisius Ruso


Titius Marcellus Iulius Frontinus = Dasumia
Curvius Lucanus
cos suff.

L. CATILIUS SEVEEUS
IULIANUS CLAUDIUS 2
REGINUS = Domitia Cn. f. Lucilia = P. Calvisius Tullus Euso
cos su ff. 110 cos ord. 109
ord. II 120

M.Annius Verus = Domitia P. f. Lucilia

M.Aimius Verus

Cn. Catilius Severus


/r. Arv. 183

Cn. Catilius Severus


fr.Arv. 218; procos Asiae

(x) E. Groag remarque, dans la notice de P. Calvisius Tullus Ruso, PIB2, II,
p. 86-87, n° 357, qu'il est « prorsus incredibile » de considérer L. Catilius Severus,
consul suffect en 110, comme le père du consul ordinaire de 109. Il évoque la
possibilité d'un mariage de Domitia Cn. f. Lucilia avec un fils de Catilius Severus.
(2) R. Syme, Tacitus, II, p. 793, envisage ce mariage, qui faisait de Catilius
Severus «a substitute grand-father » de Marc-Aurèle.
(3) H. -G. Pflaum, Le règlement successoral d'Hadrien, dans Historia Augusta
Colloquium Bonn 1963, Bonn, 1964, p. 108, considère cette parenté comme indéniable;
nous nous inspirons du stemma qu'il propose à la suite de cet article, table IV,
après la p. 122.
148 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

A la suite de la découverte, à El-Djem, d'une dédicace à son nom,


A. Merlin (*) a restitué à ce consulaire la pierre d'Anzio, attribuée
jusqu'alors à un certain C. Atilius [ ~\us Iulianus Cl{audius) R[ufi]nus.
Les deux inscriptions honorifiques présentent la carrière de l'ami de
Pline (2) jusqu'au proconsulat d'Afrique; elles sont rédigées dans l'ordre
indirect.
Les postes préparatoires à la carrière sénatoriale sont omis. L'année
de la questure, Catilius Severus accompagne à Ephèse le proconsul d'Asie.
Ce n'est pas un début remarquable. Le tribunat ou l'édilité ne figurent
pas sur les inscriptions; il est permis de restituer l'une de ces
magistratures sur la pierre d'Anzio, dont la dernière ligne a disparu en partie (3).
Plusieurs fonctions ont été oubliées sur la pierre d'El-Djem, en
particulier celle-ci. La lenteur de la carrière prétorienne nous paraît exclure
la possibilité de considérer Catilius Severus comme un patricien (4).
Le sévirat des chevaliers romains, qui semble bien avoir été exercé(5),
puisqu'il en subsiste des traces sur les deux pierres, est certainement
antérieur à la preture. Catilius Severus a reçu la preture urbaine qui
figure seulement sur la pierre d'El-Djem. Aucune inscription ne présente
intégralement la carrière prétorienne; le sénateur a occupé six postes
avant d'obtenir le consulat. L'ordre des quatre derniers ne fait pas de
doute: une curatelle de voie, le commandement d'une légion, les deux
préfectures financières. Avant la curatelle, la pierre d'Anzio mentionne
uniquement la praefectura frumenti danai, et la dédicace d'El-Djem la
légation en Asie proconsulaire. Les commentateurs considèrent le plus
souvent le poste de légat comme le premier (6). Il nous paraît préférable

(x) A. Merlin, L. Catilius Severus, dans BEA, 1913, p. 268-274; du même auteur,
Quelques remarques sur la carrière de L. Oatilius Severus, légat de Syrie, dans Mélanges
syriens offerts à B. Dussaud, Paris, 1939, p. 217-226. L'étude de E. Groag, BE, III,
2, 1899, col. 1788-1789, n° 4, Catilius, avec les suppléments I, col. 279 et VI, col. 22,
est remplacée par celle du même auteur de PIB2, II, p. 127, n° 558, qui donne de
la carrière un commentaire complet. Brèves notices de P. Lambrechts, Sénat
romain, I, p. 27-28, n° 34; A. Garzetti, Nerva, p. 174-175, n° 40; J. Crook, Consilium
Principis, p. 157, n° 83.
(2) Deux lettres lui sont adressées.
(3) Cette restitution est proposée par E. Groag.
(4) G. Alföldy, Die Legionslegaten der röm. BJieinarmeen, dans Epigr. Studien,
III, 1967, p. 21-22, n° 30, l'envisage pourtant.
(5) E. Groag, doute de la lecture [VIVIB E]Q.B. sur la pierre d'El-Djem.
(e) Ils suivent en cela E. Groag; en fait, l'ordre adopté par cet auteur s'explique
par une restitution différente de celle d'A. Merlin pour l'avant-dernière ligne de
LES NOTICES INDIVIDUELLES 149

de placer d'abord la charge des distributions de blé à la plèbe romaine:


il est vrai que les titulaires de cette fonction connus pour l'époque de
Trajan l'ont presque tous exercée aussitôt après la preture (x); en outre,
il est difficile de trouver une place à cette responsabilité annuelle (2) plus
avant dans le cursus.
En effet, une stèle, trouvée dans la province de Narzan-Lor et
publiée en 1940, honore L. Catilius Severus Iulianus comme légat du
proconsul d'Asie (3); des noms et titres de Trajan qui figuraient dans la partie
disparue, subsiste seulement le titre de Dacicus que l'empereur a reçu
à la fin de l'année 102. Cinq postes prétoriens s'insèrent entre cette date
et le mois de juillet 110 pendant lequel le sénateur gérait les faisceaux
consulaires. Nous pouvons proposer la chronologie suivante.
Après avoir été préteur en 99 ou 100, Catilius Severus préside en 101
aux distributions de blé à la plèbe; il séjourne en Asie, en qualité de légat
du proconsul, du 1er juillet 102 au 30 juin 103. Il reçoit pour quelques
mois, la surveillance d'un réseau routier avant de partir pour Mogon-
tiacum, où il commande la légion XXIIa Primigenia, peut-être en 104 (4).
Il rentre à Eome pour administrer Vaerarium militare pendant trois ans,
dans les années 105 à 107.
Au début de l'année 108, il prend la direction collégiale de Vaerarium
Saturni et reçoit, le 1er juillet 110, le consulat suffect; comme son ami
Pline avant lui, il semble avoir géré les faisceaux consulaires au cours
de sa troisième année d'exercice. Nous ne pouvons pas affirmer qu'il

l'inscription d'Anzio; [ ]ae II se réfère d'après lui à deux légations successives


en Asie: leg. pro pr. provinciae Asiae II. Mais, si l'on retient l'interprétation de
Merlin, la légation ne précède pas nécessairement la préfecture.
(x) Voir la liste établie par H.-Gr. Pflaum, dans Bonner Jahrbücher, CLXIII,
1963, p. 234-235.
(2) D. Van Berchêm, Les distributions de blé et d'argent à la plèbe romaine sous
V Empire, Genève, 1939, p. 68.
(3) Voir le commentaire de L. Eobert dans BEA, 1940, p. 319-321. W. Eck,
Senatoren, p.. 42, ne semble pas tenir compte de la titulature de Trajan, puisqu'il
situe la légation provinciale vers 100.
(4) G. Alföldy, Epigr. Studien, III, 1967, p. 21-22, n° 30, date cette légation de
105, mais il nous paraît difficile d'admettre sa chronologie:
legatus provinciae Asiae, vraisemblablement en 102;
praefectus frumenti dandi, vraisemblablement en 103;
curator viarum, vraisemblablement en 104;
legatus legionis, vraisemblablement vers 105;
Catilius Severus n'est pas revenu d'Asie avant l'été 103 et la responsabilité des
distributions de blé durait une année.
150 ΐΛ< AERARrUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

soit resté en fonction jusqu'à la fin de l'année 110; c'est possible. Nous
avons vu que les formules ambiguës de Pline peuvent laisser entendre
qu'il a conservé la charge du trésor pendant son consulat et peut-être
même après.
Pendant les dix années qui séparent la preture du consulat suffect,
Catilius Severus n'a guère eu le temps de goûter à Votium tant prisé des
sénateurs. Ces débuts lents et besogneux sont probablement ceux d'un
homo novus. A. Merlin notait que, jusqu'au premier consulat de 110,
la carrière de Catilius Severus fut « normale » et même « assez terne ».
Nous pouvons ajouter que, vingt ans plus tard, un autre novus homo,
M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus, a bénéficié d'un avancement
identique (x): trois postes sénatoriaux de courte durée; une légation de légion
en Germanie supérieure; les deux préfectures financières.
L'administration des deux caisses romaines était la promesse du consulat suffect:
l'honneur n'était pas négligeable pour des hommes nouveaux.
La bienveillance de Trajan lui est déjà assurée avant le consulat
de 110; aussi ne nous étonnons-nous pas de voir confier, à un consulaire
qui a donné la preuve de ses qualités d'administrateur, le gouvernement
de la province de Cappadoce, détachée de la Galatie. Catilius Severus
est vraisemblablement le premier légat de la nouvelle province (2); il
assume probablement cette fonction après l'annexion de la grande
Arménie dans l'été 114. La Cappadoce sert de base d'opérations au cours de
la guerre parthique; lui-même reçoit des décorations militaires
conformes à son rang consulaire.
Hadrien est gouverneur de la province de Syrie, lorsqu'il accède à
l'Empire, en 117: c'est Catilius Severus qui le remplace. Ce choix prouve
assez la confiance du prince; le légat est chargé d'appliquer la nouvelle
politique impériale; l'abandon de la politique de conquête impose une
réorganisation de la province. La légation de Syrie de 117 à 119 (3) élève
son titulaire au consulat ordinaire. Bis consul, Severus apparaît comme

(*) Avancement comparé des deux sénateurs entre la preture et le consulat:


L. Catilius praef.frum. leg.prov. curator leg.leg. praef.aer. praef.aer.
Severus domai Asiae viae mil. Sat.
M.Acilius leg.prov. leg.prov. procos leg.leg. praef.aer. praef.aer.
Priscus Siciliae Asiae Narbonens. mil. 8at.
Egrilius
Plarianus
(2) E. K. Sherk, The legates of Oalatia, p. 63-64; W. Eck, op. cit., p. 178.
(3) H. Seyrig, Syria, XXII, 1941, p. 174-175; W. Eck, op. cit., p. 184.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 151

l'un des sénateurs les plus en vue du règne; on sait qu'Hadrien concéda
avec parcimonie les deuxièmes consulats (x).
En 120, Catilius Severus a pour collègue T. Aurelius Fulvus Boionius
Arrius Antoninus, le futur empereur Antonin (texte 12). Sa carrière ne
culmine pas avec le proconsulat d'Afrique, assumé vers 125 (2).
L'Histoire Auguste nous apprend que Catilius Severus était préfet de la Ville
en 138. Après l'élimination des plus proches parents de l'empereur en
136 (3) et la disparition du successeur désigné, L. Ceionius Commodus,
ce grand personnage avait conçu l'espoir d'accéder à l'empire et fut
dépité de l'adoption de son ancien collègue au consulat. Hadrien, informé
de cette humeur, le suspendit aussitôt de ses fonctions. H. -G. Pflaum (4)
a montré que l'adoption de 138 visait à assurer la succession du futur
Marc-Aurèle; l'empereur écartait un concurrent possible; la forte
personnalité de Catilius Severus lui était bien connue; l'âge du préfet de la
Ville (il avait alors près de soixante dix ans) n'était pas une garantie
suffisante, puisqu'il avait certainement un fils.
Un Cn. Catilius Severus est en effet mentionné dans les actes des
frères Arvales pour l'année 183 (5); un sénateur homonyme,
probablement fils du précédent, figure dans ce collège en 213 et 218 (6). C'est à
l'un de ces descendants du préfet de la Ville qu'il convient d'identifier
le proconsul d'Asie Κατίλλως Σεβήρος, connu par une inscription de
Thyateira (7). La carrière exceptionnellement brillante de L. Oatilius
Severus sous le règne d'Hadrien suffit à expliquer que cet homo novus ait
fait souche d'une famille sénatoriale.
Le bis consul des années 110 et 120 reste un personnage assez
mystérieux; son origine n'est pas précisée. Les divers éléments de sa
nomenclature font penser à un provincial, mais le gentilice Catilius et la tribu

i1) Voir les exemples donnés par E. Syme, Tacitus, I, p. 246.


(2) B. E. Thomasson, Die Statthalter, II, p. 63-65 (l'auteur n'étudie pas la
carrière prétorienne); W. Eck, op. cit., p. 197.
(3) Dion Cassius, LXIX, 17, 1; cf. 2, 6.
(4) H.-Gr. Pflaum, Historia Augusta Colloquium, Bonn 1963, Bonn, 1964, p. 109.
(5) CIL, VI, 2099, cf. 32386; cf. E. Groag, PIB2, II, p. 126-127, no 556, et
Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 146, n° 683.
(·) CIL, VI, 2086 et 2104, cf. 33388; cf. E. Groag, PIE2, II, p. 127, n° 557, et
Gr. Barbieri, op. cit., p. 34-35, n° 125.
(7) CIG, 3509 = IGE, IV, 1281.
152 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

Claudia indiqueraient plutôt un Italien ^). Son mariage éventuel avec


Domitia Lucilia l'a allié aux grandes familles provinciales du moment (a).

L. Catilius Severus est sans doute un homo novus; il fut remarqué


par Trajan: la gestion des deux préfectures financières nous paraît être
le signe de cette faveur et la promesse d'un bel avenir. Ses relations avec
le futur empereur Hadrien datent déjà du règne de son prédécesseur;
Catilius Severus est probablement l'un de ceux qui se rallient le plus
volontiers à la nouvelle politique pacifiste, ce qui explique son envoi
en Syrie dès l'avènement. La communauté de vues avec Hadrien
explique la continuité de la faveur dont il a joui de la part d'un prince assez
versatile jusqu'à sa disgrâce en 138.

34 -[.--]

praef. a[er.~] Saturni fin du Ier ou début du IIe s.

1 - Ή. Lamboglia, Rivista Inganna e Intemelia, Albintimilium,


n.s., XIII, 3-4, juill.-déc. 1958, p. 159 = AE, regio IX
1961, 282; cf. Έ. Lamboglia, Revue d'Etudes
Ligures, XXVII, 1961, p. 65 = AE, 1964, 239

[ — -curatori viae \ njovae faciend(ae) u[squef\ \ Puteolos, praef (ecto)


a[er(arii)] \ Saturni, — vacai — c\p{n)s{uli)~\, sodi XX (vicesimae) liber-
[tat(is)], | [p~\atron[o].

2 - CIL, Y, 7812 Albintimilium

[ cu]rato\r \ ]m, curat(or) | [viae novae faciend(ae) usque?]


Puteolos, | Ipraef(ectus) aer(arii) Sat(urni), co(n)s(ul), curato]r aedium
\

[sacrarum et operum publico]rum \ [ ]

(x) Voir les remarques de R. Syme, Tacitus, II, p. 793. P. Lambrechts le


considère aussi comme un Italien.
(2) Domitia Lucilia est la fille de Cn. Domitius Afer, sénateur originaire de
Nîmes; son premier mari, P. Calvisius Tullus Eliso, descend par sa mère des Dasumii
de Cordoue; voir la note 1, p. 147.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 153

Au cours des fouilles des thermes de Vintimille, l'antique Albinti-


milium, ont été mis au jour, en 1958, les fragments d'une inscription
honorifique qui fait connaître un nouveau praef(ectus) a[er(arii)] Saturni;
le nom du sénateur est perdu. Le texte, fort mutilé, a été reconstitué par
N. Lamboglia i1). Dans un article paru en 1961, l'éditeur corrigeait sa
première lecture et indiquait de nouvelles restitutions (a). Un second
commentaire fut publié quelque temps après par A. Degrassi (3); il se
réfère uniquement à la première étude de N. Lamboglia qu'il se propose
d'améliorer. La publication récente de if. Lamboglia nous paraît la plus
complète. Par la comparaison des lettres avec celles d'autres inscriptions
ligures, la date du document doit être placée entre le milieu du Ier siècle
et le milieu du IIe.
Les socii vicesimae Ubertatis ont élevé, à Yintimille, une statue à
leur patron; le personnage ainsi honoré vivait donc dans cette cité et en
était probablement originaire. Après avoir administré à Eome Vaerarium
Saturni, le sénateur venait d'être promu au consulat. La restitution
c[o(w)s(wZi)], proposée par S". Lamboglia dans son deuxième article et par
A. Degrassi, pour la fin de la ligne 3, paraît très satisfaisante. La
disposition des lettres sur la pierre vise à mettre en évidence le mot cos après
un petit intervalle. Dans la première publication, N. Lamboglia, avait
restitué c. [t?]j le titre de clarissimus vir n'est certes pas impossible, mais
il se rencontre plutôt à la suite du nom qu'à la fin de l'inscription (4);
de plus, son usage n'était pas encore répandu à la fin du Ier siècle, ni au
début du IIe.

(x) N. Lamboglia, Lo scoprimento delVala occidentale delle terme di Albintimilium,


dans Rivista Inganna e Intemelia, η. s., XIII, 3-4, juill.-déc. 1958, p. 159; cf. AE, 1961,
282: [a]quae faciendu[m\ | [pjuteolos, praef. a[er] | Saturni c. [v.] socii XX liber[tatis]
|

[p]atron[o],
(*)■■ N. Lamboglia, Una nuova epigrafe di Albintimilium e la via Domitiana, dans
Revue d'Etudes Ligures, XXVII, 1961, p. 61-69; cf. AE, 1964, 239. A la ligne 1, il
restitue \n\ovae au lieu de [a\quae, faciend. it[-] au lieu de faciendu[~] et Puteolos avec
majuscule au lieu de [p}uteolos; à la ligne 3, c[os~] au lieu de c.[v.]. Il améliore le
développement: praef(ecto) au lieu de praef(ectus) indiqué par erreur; et le commentaire:
en Puteoli, il reconnaît la ville de Pouzzoles et dans les socii vicesimae Ubertatis, les
publicains chargés de lever la taxe sur les affranchissements.
(3) A. Degrassi, Un illustre personaggio di Albintimilium, dans Epigraphica,
sér. VIII, vol. XI, fase. 3, 1963, p. 150-153; cf. AE, 1966, 123. L'Année épigraphique
1966 ne rappelle pas l'article de N. Lamboglia présenté en 1964. A. Degrassi publie
le texte ainsi: [njovae faciendu[m] [P]uteolos, praef. a[er.] | Saturni, c[os], | socii XX
\

liber[tatis~] | [p]atron[o].
(4) E. De Euggiero, Dizionario, II, 1, 1900, col. 268.
154: ΐΛ AERAKIUM SATURNI » ET ΐΛ AERAR!™!: MILITARE »

L'inscription honorifique a été offerte par les publicains qui levaient


la taxe sur les affranchissements: cinq pour cent sur la valeur de chaque
esclave libéré par son propriétaire (*). Nous ne pensons pas que la dédicace
à l'empereur Claude offerte par les publiez XX Ubertatis émane des
(socii), mais des (servi) publici chargés de les contrôler (2). Il semble que,
vers l'époque de Trajan, la levée de la vicesima ait été confiée à des
conductores (3). La mention de la société vectigalienne ne permet donc pas
de dater le texte de Vintimille au-delà du règne de Trajan. Notre sénateur
a sans doute noué des relations avec les socii lors de sa gestion de
Yaerarium, ce qui prouverait que le produit de la vicesima Ubertatis
alimentait toujours la caisse sénatoriale (4).
Avant la préfecture du trésor, se place une fonction prétorienne
exceptionnelle, exercée à Pouzzoles. Le mot Puteolos, qui semble être
un accusatif de lieu, se lit sur une autre inscription de Vintimille que
les deux commentateurs ont rapprochée de la précédente. Il s'agit d'une
pierre retrouvée en 1842 dans le chœur de la cathédrale et publiée au
CIL, V, 7812; les caractères datent aussi ce document de la fin du Ier
siècle ou de la première moitié du IIe (5). La mission à Pouzzoles est une
curatelle. La seconde fonction qui apparaît sur cette inscription est celle
de curator aedium sacrarum et operum publicorum. Nous pouvons apporter
un argument supplémentaire en faveur de l'identité des deux sénateurs
de Vintimille: la curatelle des monuments publics est le premier poste
consulaire qu'obtiennent de nombreux préfets du trésor dans la première
moitié du IIe siècle (6).

i1) Sur la vicesima Ubertatis, cf. 0. Hirschfeld, Die Kaiserl. Verwaltungsbeamten


bis auf Diocletian, Berlin, 1905, p. 106-108.
(2) CIL, VI, 915 = ILS, 203: voir notre étude sur la constitution du fisc impérial
(qui sera publiée ultérieurement).
(3) S. J. De Laet, Portorium. Etude sur l Organisation douanière chez les Romains,
surtout à V époque du Haut-Empire, Bruges, 1949, p. 370. O. Hirschfeld, op. cit., p. 106,
indiquait le règne d'Hadrien.
(*) A. Degrassi, loc. cit., p. 152, se demande si c'était encore vrai du fait de
l'existence d'un fiscus Ubertatis et peculiorum, attesté depuis le règne de Claude (CIL, VI,
8450 a: tabula[rii f(isci) lib(ertatis)] et peculiorum.) En réalité, ce fiscus concerne
probablement la familia impériale; voir, en ce sens, A. H. M. Jones, The aerarium and
the fiscus, dans JB8, XL, 1950, p. 26.
(5) N. Lamboglia, II museo civico di Ventimiglia, dans Rivista Ingauna e Inte-
melia, IV, 1938, p. 168, n° 3.
(6) M. Cutius Priscus Messius Eusticus Aemilius Papus (n° 39);
L. Burbuleius Optatus Ligarianus (n° 40);
C. Iulius Severus (n° 41);
LES NOTICES INDIVIDUELLES 155

Quelle peut être cette curatelle en relation avec Pouzzoles qui,


d'après le texte récemment découvert, a précédé la préfecture du trésor?
Nous ne suivrons pas A. Degrassi, qui suppose que le préfet du trésor
a été chargé de quelque mission exceptionnelle à Pouzzoles au cours de
ses fonctions; nous n'en avons pas rencontré d'exemple. La suggestion
émise par Έ. Lamboglia nous paraît plus satisfaisante; il s'agirait d'une
curatelle de voie qui peut expliquer en effet l'accusatif Puteolos. Ή.
Lamboglia précise même son hypothèse; il met ce poste en rapport avec la
construction, vers 90-95, de la via Domitiana, destinée à prolonger et rendre
carrossable l'antique voie républicaine littorale de Sinuessa à Pouzzoles
par Cumes (x).
L'époque de cette curatelle est conforme à celle que donnent les
caractères de l'inscription, l'existence de la société de publicains chargée
de lever la vicesima UbertaUs et l'avancement d'un ancien préfet du trésor
de Saturne à la curatelle des monuments publics aussitôt après le
consulat. La suggestion de N. Lamboglia nous paraît donc très séduisante.
Comme nous ne pouvons pas préciser la date exacte et la durée de la
construction de la route, la préfecture du trésor du sénateur de
Vintimille se place soit dans les dernières années du règne de Domitien, avant
celles de Publicius Certus et Bittius Proculus, soit dans les premières
années du règne de Trajan, après celles de Pline le Jeune et Cornutus
Tertullus.
De la carrière de ce sénateur, nous connaissons donc seulement deux
fonctions prétoriennes (une curatelle exceptionnelle de voie et la
préfecture du trésor), le consulat et une fonction consulaire (la curatelle
des monuments publics). Grâce à ces éléments, nous pouvons proposer
une restitution hypothétique du texte de la pierre trouvée à la
cathédrale au siècle dernier. Mommsen avait lu à la première ligne de ce
fragment BEAI[ ] et un I au milieu de la seconde ligne; aussi A. Degrassi

L. Octavius Cornelius Salvius Iulianus (n° 46);


C. Popilius Carus Pedo (n° 47);
L. Dasumius Tullius Tuscus (n° 49);
M. Servilius Fabianus Maximus (n° 51).
Le sénateur anonyme de Vintimille serait donc le premier praefectus aera/rii Saturni
connu pour avoir bénéficié de cet avancement. Mais un ancien praefectus aerarti mi-
litaris a eu le même, sous le règne de Domitien déjà; il s'agit de Ti. Iulius Celsus Po-
lemaeanus (notice n° IX).
(x) Dion Cassius, LXVII, 14,1: Έν τούτω τφ χρόνω, ή οδός ή από Σινοέσσης ες
Πυτεόλονς άγουσα λί&οις εστορέσ&η. (A cette époque — vers 95 — la route qui va de
Sinuessa à Pouzzoles fut pavée.) Voir aussi Stace, Silv., IV, 3.
156 ΐΛ AERARIIIM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

a-t-il pensé à [p]ra[ef(ectus) aer(arii)] | [Saturrìji avant la mission à Pouz-


soles et la curatelle des monuments romains. L'ordre des fonctions ne
correspond pas à celui que révèle le nouveau document de Vintimille;
or, celui-ci est en accord avec ce que nous savons de l'avancement des
sénateurs à cette époque. A. Degrassi n'a pas tenu compte d'une
meilleure lecture du CIL, V, 7812, déjà donnée par 1ST. Lamboglia: il semble
bien que figure à la première ligne [cu]rato[r] et que la lettre de la
deuxième ligne soit un M au lieu d'un I (*). Les compléments que nous avons
indiqués pour ce second texte ne sont cependant pas assurés.
~N. Lamboglia voudrait expliquer l'entrée de ce personnage au sénat
et se demande s'il n'aurait pas participé à la reconstruction de la ville
de Vintimille détruite en 69 par l'armée d'Othon. Le motif nous paraît
bien hypothétique. Il est plus simple d'admettre que la famille de cet
inconnu a pris le parti de Vespasien et en a été récompensée. Comme
nous ne connaissons pas de sénateurs à Vintimille auparavant, il est
vraisemblable de considérer celui-ci comme un homo novus de l'époque
flavienne, sans préciser davantage.

La carrière fragmentaire que nous avons reconstituée est


exclusivement civile; mais c'est la caractéristique du noyau de fonctions autour
du consulat qui apparaît pour de nombreux préfets du trésor de Saturne
à la fin du Ier siècle et au début du IIe.

35 - P. TULLIUS VABEONIS fil. Stel. VAEBO

praef. aerari Saturn. 123-125

1 - CIL, XI, 3364 = ILS, 1047 Tarquinii, regio VII


P(ublio) Tullio I Varronis fil(io) \ Stel(latina tribu) Varroni, co(n)-
s(uli), | auguri, proco(n)s(uli) provinc(iae) | Africae, leg(ato) Aug(usti) pro
pr(aetore) Moesiae superior(is), curat(ori) |. alve(i) Tiberis et riparum et
\

cloacarum urbis, praef(ecto) \ aerari 8aturn(i), proco(n)s{uli) prov(inciae) \


Baeticae Ulterioris Hispa\niae, leg(ato) leg(ionis) XII fulminatae \ et VI
victriois p(iae) f(eUcis), \ praetori, aedil(i) Ceriali, | quaestori urb(ano),

(x) N. Lamboglia, Rivista Inganna e Intemelia, IV, 1938, p. 168, n° 3, proposait


le poste prétorien de [cu\rato\r aquarujm; mais l'introduction de la préfecture du
|

trésor à la ligne suivante oblige à supposer une lacune plus importante pour la partie
manquante de l'inscription.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 157

tribuno milit(um) leg(ionis) XVI Fl(aviae), Xviro stlitibus | iudicand(is),


|

praetori Etruriae, quin\quennali Tarquinis, | P(ublius) Tullius Callistio


posuit.

2 - Inscr. Ital., XIII, 1, n° 5, p. 204-205 Fasti Ostienses

K(alendis) Apr(ilibus) P(ublius) Tullius Varr[o], I[un]ius Paetus.


a. 127

3 - CIL, XI, 3366 Tarquinii

[ thjermas municipi^ ]s quas P. Tullius [ ] | pater eius,


|

co(n)s(ul), au[ s]estertio ter et tr[icies] testamento f\ieri iussi]t adiecta


|

|
pecunia ampliatoqu[e ope]re perfedt.
|

4 - Peut-être CIL, XI, 3003 a = ILS, 5771 + Près de Viterbe,


add. regio VII

Mummius Niger Valerius Vegetus eonsular(is) aquam suam Ve-


\

\
getianam, quae nascitur in f undo Antoniano maiore P(ublii) Tulli Var-
\

ronis cum eo loco, in quo is fons est emandpatus, duxi[f] per miUia pas-
\

\
suum VBCCCCL in vil\lam suam Calvisianam, quae est \ ad aquas Pas-
serianas suas, compara\tis et emandpatus sibi locis itineri\busque eius
aquae a possessoribus \ sui cuiusque fundi, per quae aqua \ s(upra) s(cripta)
ducta est, per latitudinem structu\ris pedes decem, fistulis per latitudi\nem
pedes sex, per fundos Antonian(um) \ maiorem et Antonianum minor(em)
P(ubli) Tulli Varronis et Baebianum et Philinianum Avilei Comtnoäi \ \
\

et Petronianum P(ubli) Tulli Varronis \ et Volsonianum Serenni Polybi


\

et Fundanianum Caetenni Proculi et Cuttolonianum Cornell Latini


\

et Serranum inferiorem Quintini Verecundi et Capitonianum Pìsibani \


|

Celsi et per crepidinem sinisterior(em) \ viae publicae Ferentienses et Scir-


pi\anum Pisibaniae Lepidae et per viam Cassiam in villam Calvisianam
\

suam, | item per vias limitesque publicos ex permissu s{enatus) c(onsulto).


\

La base d'une statue, élevée à P. Tullius Varrò (x) par son affranchi
Callistio, a été retrouvée en 1829 dans les thermes de Tarquinies (texte 1).
Elle présente le cursus sénatorial dans l'ordre inverse: le consulat et

(!) E. Groag, BE, VII, A2, 1948, col. 1326-1329, n° 57, TulUus; P. Lambrechts,
Sénat romain, I, p. 48, n° 12f> a.
158 ΐΛ AERARKJM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

l'augurât figurent en tête de l'inscription, comme il est pour ainsi dire


de règle; la preture d'Etrurie, fonction régionale, et la magistrature
locale de quinquennalis à Tarquinies sont mentionnées à la fin du texte.
Un fragment des fastes d'Ostie montre que P. Tullius Varrò est devenu
consul suffect le 1er avril 127 (texte 2).
Le personnage a pour cité d'origine Tarquinies; il y est inscrit dans
la tribu Stellatina (x) et il y a exercé la magistrature locale la plus élevée,
celle de (quattuorvir) quinquennalis) ce sénateur d'Etrurie a été appelé
à la présidence de la ligue étrusque (2).
Depuis les premières tentatives de Bormann dans le CIL et de Dessau
dans les ILS, la famille de P. Tullius Varrò a pu être reconstituée grâce
aux approches successives de B. Saria (3), H.-G. Pflaum (4) et E. Syme (5);
B. Liou, dans son étude récente des praetores Etruriae (6), a fait une
synthèse de ces recherches et apporté quelques compléments.
Un personnage nommé P. Tullius Varrò apparaît dans le fameux
testament (7) que rédigea en 108 le riche Dasumius; ce dernier lègue un
douzième de sa fortune au fils aîné de son ami très cher, P. Tullius Varrò,
à la condition que l'héritier prenne son nom. Le sénateur L. Dasumius
Tullius Tuscus (8), qui porte effectivement les deux gentilices, ne peut
s'identifier au bénéficiaire de cette adoption: il a été consul en août 152 (9).
La vraisemblance chronologique invite à considérer P. Dasumius Rus-

(x) W. Kubitschek, Imperium Eomanum, p. 89.


(2) Sur la fonction de praetor Etruriae, voir B. Liou, Praetores Etruriae XV
populorum, coll. Latomus, vol. 106, Bruxelles, 1969, p. 79-96.
(3) B. Saria, JOAI, XXVI, 1930, p. 64-71.
(*) H.-G. Pflaum, Carrières, II, p. 635-637.
(5) E. Syme, Tacitus, II, p. 792 et 795.
(6) B. Liou, op. cit., p. 17-23, n° 2.
(7) CIL, VI, 10229. [Tesf]amentu[m Dasumii]. | [Quod post vitae cursum conjfectum
praest[antissimum est, rem cum nomine filio relinquere, | quoniam mihi natura negavit,]
amicus rarissim[us P. Tullius Varrò quem genuit filium natu \ primum, si eum poter
nome]n meum laturum po[llicitus erit, .... .... mearum fortujnarum ex unda [hères
|

esto ...etc...] (Testament de Dasumius. Puisque, à la fin de l'existence, il est très


satisfaisant de laisser son nom et ses biens à un fils que la nature m'a refusé, que le
fils que mon très cher ami P. Tullius Varrò a engendré le premier — à la condition
que son père promette de lui faire porter mon nom — ... hérite du douzième de mes
biens.)
Le nom de P. Tullius Varrò, restitué dans ce passage, est attesté à la ligne 22.
(8) CIL, XI, 3365 = ILS, 1081; cf. E. Groag, PIW, III, p. 3-4, n° 16.
(9) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 43.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 159

ticus, consul ordinaire en 119 avec Hadrien (x), comme le fils aîné de
l'ami de Dasumius (il porte encore le prénom de son père naturel) et le
père de L. Dasumius Tullius Tuscus, consul suffect en 152. Le consul
de 127 ne peut être le père du consul de 119; il est probablement lui-même
un fils cadet de l'ami de Dasumius.
Une inscription mutilée trouvée dans les thermes de Tarquinies
(texte 3) fait connaître un consulaire P. Tullius qui, par une donation
testamentaire de 3. 300 000 sesterces, a fait commencer la construction
de cet édifice; son fils a poursuivi son œuvre, adiecta pecunia ampliatoque
opere. Il ne semble pas — nous y reviendrons — que le consul de 127
ait eu un fils; il ne peut pas s'identifier au premier évergète. Celui-ci est
probablement P. Tullius Varrò, l'ami de Dasumius. Le fils qui élève cette
pierre pour commémorer la générosité de son père et la sienne est donc
l'aîné, P. Dasumius Eusticus, consul ordinaire en 119, ou le cadet,
P. Tullius Varrò, consul suffect en 127. La seconde hypothèse est plus
vraisemblable: l'attachement de Varrò à sa ville natale où il exerça les
magistratures locales est évident; en revanche, P. Dasumius Rusticus, bien
qu'il soit son frère par le sang, appartient depuis son adoption par
L. Dasumius à la gens Dasumia de Cordoue (2) et aucun document ne
montre de sa part une activité quelconque en Etrurie. Si l'inscription des
thermes de Tarquinies a bien été élevée par le consul de 127 à son père,
il apparaît que P. Tullius Varrò, ami du consulaire Dasumius, a lui-
même été consul suffect, sans doute à l'époque de Trajan (3).
A qui attribuer la dédicace optimo patri qu'un certain P. Tullius
Varrò a élevée à Viterbe (4)? Le père a parcouru une carrière sénatoriale,
présentée dans l'ordre direct, depuis le décemvirat judiciaire jusqu'au

(*) B. Saria, JOAI, XXVI, 1930, p. 68 = AE, 1931, 72; cf. E. G-roag, TIE2,
III, p. 3, n° 15.
(2) Le gentilice Dasumius est répandu en Bétique; cf. OIL, II, 2273; 1089; 1096;
1801; 5391 etc. Sur le testament de Dasumius, le nom de Cordoue apparaît à la
ligne 31. Sur Dasumius le testateur, cf. E. G-roag, PIB2, III, p. 2-3, n° 13. Ce personnage
s'identifie vraisemblablement à L. Dasumius, proconsul d'Asie: cf. E. Groag, ibid.,
p. 3, n° 14, et add., p. xi, n° 14.
(3) E. Groag, PIB2, III, p. 2, n° 13, considère aussi l'ami de Dasumius comme
un consul suffectus a. ine. temporibus Traiani.
(4) GIL, XI, 3004 = ILS, 1002: [P(ublio) Tullio Varroni], | Xvir{o) stlitib(us)
[iudicand(is)], | tr(ibuno) mil(itwm) leg{ionis) Vili bis August(ae), \ q{uaestori) urbano,
pro q(uaestore) provinc(iae) Cretae et Gyrenarum, | aedili pl{ebis), pr(aetori), legato
divi I Vespasiani leg{ionis) XIII geminae, | proco(n)s(uli) provinc(iae) Macedoniae, |
P(ublius) Tullius Varrò, | optimo patri.
160 L'ff AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

proconsulat de Macédoine. La ligne qui porte le nom du dédicataire


manque; il s'agit sans doute d'un P. Tullius Varrò; il n'est pas possible
d'affirmer en toute certitude que le personnage soit un sénateur prétorien:
le consulat pourrait figurer dans la lacune. Il paraît difficile cependant
d'identifier un homme qui fut légat de légion sous Vespasien, puis
proconsul de Macédoine au plus tard sous Domitien, à un consul suffect de
Trajan. L'intervalle des générations invite à considérer le dédicant de
Viterbe comme le consul de Trajan, ami de Dasumius. Le proconsul de
Macédoine doit figurer alors dans le stemma (*) de la famille comme grand-
père paternel du consul de 127.

P. Tullius Varrò
procos prov. Macedoniae
(GIL, XI, 3004 = ILS, 1002)

L. Dasumius [Hadrianusfj P. Tullius Varrò


cos su ff., procos Asiae cos su ff., époque de Trajan
(OIG, 2876) (CIL, XI, 3366)

P. Dasumius Eusticus P. TULLIUS VARRONIS fil. Stel. VARRÒ


cos ord. 119 praefectu8 aerarli Saturni
(AE, 1936, 99) cos suff. 127
(OIL, XI, 3364)

L. Dasumius P. f. Stel. Tullius Tuscus


cos suff. 152
(CIL, XI, 3365)

M. Dasumius L. f. Stellatina Tullius Varrò


(CIL, VI, 1400)
— filiation naturelle
—- filiation adoptive

(x) Nous reprenons le stemma dressé par B. Liou, op. cit., p. 21, à la suite de
B. Saria, loc. cit., p. 71, et de H.-Gr. Pflaum, Carrières, II, p. 636.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 161

Fils de P. Dasumius Rusticus, le consul de 152 porte le gentilice de


son grand-père naturel, Tullius, et un surnom rappelant son origine
étrusque. Il n'est pas nécessaire d'imaginer, comme on le faisait
traditionnellement, que le surnom Tuscus lui venait de son grand-père adoptif,
L. Dasumius. En fait, ce dernier s'appelait peut-être L. Dasumius Hadria-
nus, comme le suggère E. Syme (x). Les habitants de Lugdunum, dont il
était le patron, ont fait dresser à Eome deux statues, l'une à L. Dasumius
Tullius Tuscus (2), l'autre à son fils M. Dasumius Tullius Varrò (3). H.-G.
Pflaum a remarqué fort justement que les noms de ce jeune homme sont
destinés à assurer le souvenir des Tullii Varrones, ce qui prouverait que
le consul de 127 n'a pas eu de descendance masculine.
La famille Tullia, originaire de Tarquinies (4), est fort riche; elle
construit à ses frais les thermes de la cité. Elle possède des domaines
fonciers à Viterbe: la dédicace au proconsul de Macédoine, retrouvée
dans la campagne, a été élevée dans quelque villa; on connaît par
ailleurs à Viterbe l'existence de terres vendues par un Tullius Varrò à Mum-
mius Niger Valerius Vegetus pour la construction d'un aqueduc destiné
à amener l'eau dans sa villa (texte 4): Vaqua Vegetiana, qui prend
naissance dans le fundus Antonianus maior de P. Tullius Varrò, traverse son
fundus Antonianus minor et son fundus Petronianus. Le consul de 127
est peut-être le vendeur. Il existe d'autres traces de la famille Tullia à
Viterbe (5).
Cette famille étrusque a certainement des relations dans l'entourage
impérial, puisque les Dasumii auxquels elle est apparentée sont
étroitement liés à Iulius Servianus, beau-frère d'Hadrien (6): c'est lui que le
testataire Dasumius charge du soin de ses funérailles (7); sa fille figure
parmi les premiers héritiers (8). Aussi ne nous étonnons-nous pas de la
brillante carrière sénatoriale que parcourt P. Tullius Varrò.

(x) R. Syme, Tacitus, II, p. 664, et p. 794, propose d'identifier L. Dasumius,


proconsul d'Asie sous Trajan, et le proconsul Hadrianus, connu par des monnaies de
Thyateira (British Museum Catalogue, Lydia, p. cxxii); cf. dans le même sens
E. Groag, PIR2, III, add. p. xi, n° 14, et W. Eck, Senatoren, p. 166.
(a) CIL, VI, 1526.
(3) CIL, VI, 1400.
(4) On trouve quelques affranchis des Tullii à Tarquinies: CIL, XI, 3500; 3501;
3434.
(5) CIL, XI, 3036 et 3037.
(e) Cf. R. Syme, Tacitus, II, p. 603.
(7) CIL, VI, 10229, 1. 6.
(8) Ibid., 1. 110.

il
162 ΐΛ( AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIITM MILITARE »

Après le décemvirat judiciaire, qui est le poste du vigintivirat le


plus répandu, le jeune homme accomplit le service militaire en Syrie
comme tribun laticlave de la légion XVIa Flavia i1). Appelé à gérer la
première magistrature, il reçoit la questure urbaine, moins prisée que la
questure du prince, mais fort honorable; elle permet au jeune sénateur
de rester à Borne. Aedilis Cerialis pour la deuxième magistrature, il est
un simple auxiliaire sans responsabilité: sous l'Empire, la cura annonae
revient à des fonctionnaires spécialisés.
La preture lui donne accès à quatre fonctions prétoriennes: il
commande successivement la légion XIIa fulminata, stationnée à Melitene
en Cappadoce (2), et la VIe légion victrix dont les surnoms pia fidelis, reçus
de Trajan, apparaissent sur l'inscription. Cantonnée en Basse-Germanie,
cette légion fut envoyée par Hadrien en Bretagne vers 121-122 (3); R. Syme
a pensé que Varrò avait pu la conduire pendant ce déplacement (4).
La suite de la carrière nous incite à considérer que Varrò commanda cette
légion à Vetera vers 119-120.
Ce commandement militaire est en effet suivi du proconsulat de
Bétique et de la préfecture du trésor de Saturne avant le consulat suffect
d'avril 127. Nous ne pouvons pas dater arbitrairement la gestion de la
caisse sénatoriale à une époque où sont connus plusieurs titulaires de ce
poste. La chronologie nouvelle des Egrilii d'Ostie donne deux préfets
du trésor contemporains: A. Egrilius Plarianus reçoit le consulat suffect
en octobre 128 (5); M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus, son frère cadet,
est praefectus aerarli Saturni l'année de la dixième puissance tribuni-
cienne d'Hadrien, entre le 10 décembre 125 et le 9 décembre 126 (6). La
solution la plus vraisemblable — nous le verrons, — est celle qui donne
M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus comme successeur à son frère, pour
les années 126 à 128. A. Egrilius Plarianus aurait alors géré le trésor de
123 à 125 avec pour collègue P. Tullius Varrò. Les sénateurs prétoriens
susceptibles de recevoir le consulat étaient peut-être nombreux. Fils de

H E. Bitterling, BE, XII, 2, 1925, col. 1765, legio. La légion était cantonnée
à Samosate en Commagène.
(2) Id., ibid., col. 1707.
(3) Id., ibid., col. 1605.
(4) E. Syme, Tacitus, I, p. 247, note 5.
(5) A. Degrassi, Inscr. Ital., XIII, 1, n° 5, p. 205.
(6) F. Zevi, Nuovi documenti epigrafici sugli Egrili Ostiensi, dans MEFBA,
82, 1970, p. 301, n° 7.
L3S NOTICES INDIVIDUELLES 163

consulaire, P. Tullius Varrò a été honoré le premier en avril 127; homo


novus, A. Egrilius Plarianus a dû attendre octobre 128.
Antérieur à la préfecture, le proconsulat de Bétique se place donc
en 120-121 ou 121-122 (x). Il est intéressant de noter que la gens Dasumia
à laquelle la gens Tullia était déjà liée par adoption est originaire de
cette province sénatoriale.
Vers les années 130, Varrò occupe le poste de curator alvei Tiberis
et riparum et cloacarum urbis, qui, au IIe siècle, s'obtient aussitôt après
le consulat (2). La cooptation par le collège des augures se situe
vraisemblablement vers la même époque, comme pour Pline le Jeune.
Varrò devient legatus Augusti pro praetor e Moesiae superioris; il
joint aux fonctions civiles de gouverneur le commandement des deux
légions qui y sont stationnées; à cette occasion, son neveu, L. Dasumius
Tullius Tuscus (3), vient accomplir le service militaire comme tribun la-
ticlave de la légion IIIIa Flavia, en garnison à ßingidunum (4); ce jeune
homme ayant été par la suite, lors de son élection à la questure, candidat
de l'empereur Antonin le Pieux, son service militaire — et par conséquent
le gouvernement de son oncle, P. Tullius Varrò, en Mésie (5) — sont datés
généralement aux alentours de 135.
La carrière de P. Tullius Varrò culmine avec le proconsulat
d'Afrique, poste qu'il occupe sans doute vers 142, une quinzaine d'années après
le consulat (6). E. Thomasson le situe au début du règne d' Antonin le
Pieux (7). Son neveu, ancien questeur, l'a encore accompagné en qualité
de légat.

Fils de consulaire, le sénateur étrusque a connu un avancement


régulier fort honorable; la préfecture de Vaerarium Saturni, gérée vrai-

(x) G. Alföldy, Fasti Rispanienses, p. 167, place ce proconsulat en 123-124 ou


124-125, en datant arbitrairement la préfecture; W. Eck, op. cit., p. 193 et 195, suggère
l'une des années proconsulaires 122-123 ou 123-124.
(2) J. Le Gall, Le Tibre, fleuve de Borne dans V Antiquité, Paris, 1953, p. 141,
n° 14 et p. 147.
(3) CIL, XI, 3365 = IL8, 1081; voir la notice n° 49.
(*) E. Ritterling, BE, XII, col. 1543, legio.
(5) A. Stein, Moesien, p. 43, corrigé par E. Syme, BEA, LXI, 1959, p. 313.
W. Eck, op. cit., p. 204-205, avec note 376, indique l'année 130-131, sans tenir
compte de l'avancement du neveu, L. Dasumius Tullius Tuscus.
(6) R. Syme, Proconsuls d'Afrique sous Antonin le Pieux, dans BEA, LXI, 1959,
p. 313.
(7) B. E. Thomasson, Die Statthalter, II, p. 71-72.
164 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

semblablement de 123 à 125, est le quatrième et dernier poste prétorien,


après deux légations de légion et le gouvernement d'une province
sénatoriale; la carrière consulaire passe par une curatelle romaine, une
légation de province impériale et aboutit au proconsulat d'Afrique.
L'avancement de P. Tullius Varrò est particulièrement harmonieux. Vingt-
cinq ans après lui, son neveu, L. Dasumius Tullius Tuscus, a eu à son
tour la haute main sur la caisse sénatoriale.

36 - A. EGEILIUS PLAEIANUS PATEE

praef. aerano Saturn. 123-125

1 - H. Bloch, Not. d. Scavi, 1953, fase. 7-12, p. 261- Ostie, regio I


262, η» 27 = ΑΈ, 1955, 173

A{ulus) Egrilius \ Plarianus pater, | p(atronus) c(oloniae), | prae-


f(eetus) aerario Saturn(i).

2 - CIL, XIV, 399 Ostie

Plariae Q(uinti) f(iliae) Verae, flaminicae | divae Aug(ustae), mairi


A(uli) Egrili Plariani \ patris, p(atroni) c(oloniae), co(n)s(ulis).

3 - Inscr. Ital., XIII, 1, n° 5, p. 204-205 Fasti Ostienses

[A(ulus) JEgrilius Plarianus pate]r a. 126

4 - Inscr. Ital., XIII, 1, n° 5, p. 204-205 Fasti Ostienses

A(ulo) JEgrilio Planano, Q(uinto) [Planio Sardo Vario Ambibulo]


Ier oct. 128

L'historiographie de la gens Egrilia d'Ostie est abondante; les


inscriptions font connaître plusieurs générations d'homonymes que les
commentateurs ont souvent confondus i1). Dans une étude publiée en

i1) P. v. Kohden, BE, I, 1894, col. 259, n° 51, Acilius; PIB1, I, p. 8, n° 62, Ad-
lius, et II, p. 35, n° 36, Egrilius; L. Wickert, Zur Geschichte der gens Egrilia, dans
Sitzungsber. der Preuss. Akad. der Wiss., Berlin, 1928, p. 61-69; E. Groag, PIB2, III,
p. 77-78, n° 46; A. Stein, ibid., n° 47; E. Groag, ibid., n° 48 et n° 49.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 165

1953 (x), H. Bloch a établi l'arbre généalogique de cette famille en


rapprochant de textes déjà connus plusieurs fragments inédits. Le récent ouvrage
de E. Meiggs consacré à Ostie reprend les résultats de ces recherches (2).
De nouveaux documents, publiés par F. Zevi en 1970 (3), ont confirmé
les liens de parenté établis par H. Bloch; mais l'apparition d'une date
assurée modifie la chronologie acceptée, depuis 1953, pour les premiers
sénateurs de cette famille, A. Egrilius Plarianus pater et M. Acilius Pris-
cus Egrilius Plarianus, qui, pour avoir tous deux géré Vaerarium Saturni,
trouvent place dans notre étude.
A. Egrilius Plarianus pater est connu depuis longtemps par la base
de la statue qu'il éleva à Ostie à sa mère, Plaria Q. f. Vera, flaminica
divae Augustae (texte 2). L'interprétation de cet unique document était
délicate: H. Dessau (4), J. Carcopino (5) et A. Stein (6) ne ponctuaient
pas ce texte comme nous et comprenaient qu'un certain A. Egrilius
Plarianus était le père d'un illustre personnage, patronus coloniae et consul;
ils identifiaient ce dernier à M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus dont
plusieurs inscriptions du IIe siècle perpétuent le souvenir à Ostie (7).
La pierre présentée par H. Bloch en 1953 (texte 1) lève ce doute; cet
individu s'appelle bien A. Egrilius Plarianus pater et il a assumé
personnellement la fonction de patronus coloniae. lia, dédicace à Plaria Vera
fut donc élevée par son fils, A. Egrilius Plarianus pater, patronus coloniae,
consul (8).
Les mots pater ou maior se rencontrent à Ostie pour distinguer un
père de son fils homonyme, de même que la précision filius pour ce
dernier. H. Bloch a relevé dans les fasti Ostienses une série d'exemples
convaincants:
a. 17 ... Bufus maior (9)

(*) H. Bloch, Nuovi documenti della gens Egriliain Ostia, dans Not d. Scavi, VII,
ser. Vili, fase. 7-12, 1953, p. 254-266.
(2) R. Meiggs, Roman Ostia, Oxford, 1960, p. 502-507.
(8) F. Zevi, Nuovi documenti epigrafici sugli Egrili Ostiensi, dans MEFBA, 82,
1970, p. 279-320.
(4) H. Dessau, PIB1, II, p. 35, η» 36, et CIL, XIV, 399.
(5) J. Carcopino, Virgile et les origines d'Ostie, Paris, 1919, p. 73.
(e) A. Stein, PIE*, III, p. 76, n° 47.
(7) Voir la notice n° 37.
(8) Cette interprétation était déjà proposée par E. Groag, PIB2, III, p. 77, n° 48;
mais il identifiait le personnage à M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus.
(9) A. Degrassi, Inscr. liai., XIII, 1, p. 184.
166 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARTUM MILITARE »

a. 126 ... pater (*)


a. 145 P. Turranius Aemilianus fil. (2)

Ce mode de désignation n'est d'ailleurs pas propre à la cité d'Ostie (3).


Dans la famille des Egrilii, les longues séries d'homonymes rendaient
ce procédé aussi indispensable qu'il l'est de nos jours dans les pays anglo-
saxons. H. Bloch a retrouvé la lignée des A. Egrilii Bufi, qui, pendant
tout le premier siècle de l'Empire, appartiennent à l'élite municipale
d'Ostie. Ces personnages figurent sur le stemma des Egrilii dressé par le
même auteur (4); il reste toujours valable bien que s'imposent désormais
des dates différentes de celles que proposait l'étude de 1953.
H. Bloch suggère que M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus doit
être, comme A. Egrilius Plarianus pater, le fils de Piaria Vera. Cette
hypothèse est désormais confirmée par un fragment d'Ostie, publié par
F. Zevi, qui fait connaître Egrilia Plaria, fille de M. Acilius Priscus
Egrilius Plarianus (5). Le père des deux frères Egrilii, époux de Plaria Vera,
est vraisemblablement le descendant de la lignée des A. Egrilii Rufi(6).
Le fils aîné porte le prénom de la gens, Aulus, et un surnom formé sur le
gentilice de sa mère; il a reçu l'appellation pater pour le distinguer de
son fils homonyme qui fut — nous le verrons — préfet de Vaerarium
militare (7). Le fils cadet s'appelait peut-être Quintus comme son fils et
son petit-fils; adopté par M. Acilius Priscus, il devint M. Acilius Priscus
Egrilius Plarianus, mais indiqua toujours sa filiation par son père
naturel, A(uli) f(ilius). Nous étudions ce personnage et ses descendants
dans la notice suivante, puisqu'il fut lui aussi préfet du trésor.
La chronologie de la carrière des deux frères Egrilii découle
précisément de la dédicace qu'éleva Priscus Plarianus, praefectus aerari Saturni,
à un empereur l'année de sa dixième puissance tribunicienne (8). H. Bloch
déduisait de plusieurs éléments qu'il s'agissait de Trajan et datait par

(!) Ibid., p. 204.


(2) Ibid., p. 214.
(3) P. Petitmengin, Inscriptions de la région de Milev, dans MEFE, 79, 1967,
p. 185-186, donne des exemples multiples de l'emploi de pater et iunior dans le
monde romain.
(4) H. Bloch, loc. cit., p. 264.
(5) F. Zevi, loc. cit., p. 293, n° 4 = ΑΈ, 1969-1970, 87.
(6) A. Egrilius A. f. A. pron. Vot. Rufus est le quatrième duumvir homonyme
de sa lignée: H. Bloch, loc. cit., p. 255, n° 22 = AE, 1955, 168.
(7) CIL, XIV, 4445; voir la notice n° XVIII des praefecti aerarti militaris.
(8) H. Bloch, loc. cit., p. 259-260, n° 25 = AE, 1955, 171.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 167

Stemma des Egrilii


A. Egrilius Eufus
Ilvir c.p.q. 6 ap. J.-C.

A. Egrilius Eufus
pont. Volk. 30-36;
Ilvir c.p.q. 36

A. Egrilius Ruf us
Ilvir 34 (Q. Plarius)

A. Egrilius A. f . A. n. A. pron. Vot. Rufus % Piaria Q. f.Vera M. Acilius Priscus


Ilvir, ßamen Momae et Augusti = flaminica divae Ilvir, quinq.,
Augustae flamen Bomae et Augusti,
pont. Volk, avant 105

A. EGRILIUS PLARIANUS PATER M. ACILIUS A. f. Vot. PRISCUS EGRILIUS


(notice n° 36) PLARIANUS (notice n° 37)
praef. aerario Saturn. 123-125 praef. aerari militaris 123-125
cos oct. 128 praef. aerar. Saturni 126-128
patronus coloniae Ilvir c.p.q., pont. Volk,
Ilvir 126 patronus coloniae
I
Q. Egrilius Plarianus L. M.[-]
cos 143-144
A. EGRILIUS
praef.aerari
(notice
patronus
pont.cos
n°Volk.
PLARIANUS
coloniae
XVIII)
militaris procos Afr. 159

Q. Egrilius Plarianus
leg. procos Afr. 159
filiation naturelle
filiation adoptive

conséquent l'inscription de 106; mais F. Zevi vient de rapprocher, de


façon convaincante, de ce fragment une autre pierre qui porte le nom
d'Hadrien ^): Priscus Plarianus était donc préfet du trésor en 126.
Aussi paraît-il légitime d'identifier son frère, A. Egrilius Plarianus,
au consul homonyme qui apparaît dans les fastes d'Ostie pour le mois
d'octobre 128 (texte 4). La documentation dont il disposait avait conduit

F. Zevi, loc. cit., p. 301, n° 7.


168 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

naturellement H. Bloch à placer la carrière des frères Egrilii sous le règne


de Trajan et à confondre le consul de 128 et le fils homonyme de Plarianus
pater, A. Egrilius Plarianus, préfet du trésor militaire.
C'est donc à l'empereur Hadrien que le sénateur A. Egrilius
Plarianus pater doit le consulat sufïéct. Or, les fasti Ostienses mentionnent
pour l'année 126 un personnage dont le nom est perdu, mais qui est
désigné comme pater (texte 3). Il s'agit de l'un des deux préfets élus pour
remplacer Hadrien, duovir d'Ostie cette année-là, et son collègue. Nous
pensons devoir restituer, comme l'avait déjà fait A. Degrassi dans sa
publication des fastes, le nom d'Egrilius Plarianus pater.
La carrière sénatoriale est mal connue; Plarianus pater fut préfet
de Vaerarium Saturni (texte 1) et consul (texte 2). Il n'y a pas de raison
de penser que son avancement ait fait exception à la règle; la préfecture
du trésor est à cette époque l'une des voies d'accès au consulat suffect (x).
Nous devons tenir compte de deux éléments impératifs: P. Tullius Varrò
reçoit le consulat suffect en avril 127 après avoir administré le trésor (2).
En 126, M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus exerce la même fonction.
Nous considérons que, sauf exceptions, les deux préfets restaient en charge
pendant trois ans. Plarianus pater, consul suffect en octobre 128, est
donc nécessairement le collègue de P. Tullius Varrò ou celui de son frère
Priscus Plarianus. Car il nous paraît exclu de considérer ces derniers
comme un couple de préfets en exercice de 125 à 127; la gestion des faisceaux
consulaires par Varrò dès avril 127 surprendrait. Pline souligne assez
combien la nomination de son collègue et de lui-même le 1er septembre,
au cours de leur troisième année de fonction, était exceptionnelle (3).
De plus, le consulat aurait beaucoup tardé pour Plarianus pater entre
son triennium de 122 à 124 et le mois d'octobre 128. La solution la plus
vraisemblable est celle qui fait de Plarianus pater et de Varrò des
collègues, de 123 à 125. Elle permet au premier sénateur d'assumer le
remplacement de l'empereur au duumvirat d'Ostie en 126; cette
responsabilité serait incompatible avec l'administration du trésor: Pline,
lorsqu'il remplit la même fonction de préfet, fut obligé de demander un com-
meatus à l'empereur pour s'éloigner de la capitale (4). Il est naturel que

(*) Voir les carrières de P. Tullius Varrò (n° 35), L. Aurelius Gallus (n° 38), M.
Cutius Priscus Messius Kusticus Aemilius Papus (n° 39), L. Burbuleius Optatus Li-
garianus (n° 40).
(2) Voir la notice n° 35.
(3) Pline, Pan., 92, 1: illud vero quam insigne quod nobis praefectis aerario con-
sulatum antequam successorem dedisti.
(4) Pline, Lettres, X, 8.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 169

le sénateur d'Ostie, homo novus, ait obtenu le consulat un an après son


ancien collègue, Varrò, fils de consulaire. En 126, M. Acilius Priscus Egri-
lius Plarianus, le cadet, succéda à son frère aîné à la tête du trésor; au
moment de son entrée en fonction, il éleva une dédicace à l'empereur.
Nous verrons que Priscus Plarianus administrait Vaerarium militare
pendant que son frère gérait Vaerarium Saturni. L'âge jouant un rôle
important dans la hiérarchie romaine, il n'est pas étonnant qu'Hadrien ait
désigné les deux frères pour des fonctions similaires, mais d'inégale
dignité.
Les JEgrilii dirigent au même moment deux administrations
financières romaines; ils sont choisis peut-être pour leur compétence et la
tradition se maintient vingt ans plus tard par la nomination du fils
homonyme d'Egrilius pater à la tête de- Vaerarium militare. La fortune de
ces notables d'Ostie provient des affaires plus que du produit de leurs
terres, comme l'a montré E. Meiggs i1). Hadrien et Antonin s'attachent
une dynastie de grands commis, tous experts des questions financières.
La titulature inhabituelle de Plarianus pater, praef. aerario Saturn.,
s'explique par le fait qu'il est le premier notable de la ville à accéder à
cette fonction prétorienne. Homme d'affaires et patron d'Ostie, ce
personnage est, à Eome, un homo novus; mais ce nouveau sénateur n'est
pas un parvenu; il descend d'une longue lignée de duoviri d'Ostie. Il n'est
pas exclu que sa mère Piaria Vera soit apparentée aux Acilii Glabriones (2),
famille de la plus haute noblesse.
Parmi les fonctions susceptibles de conduire un homo novus au
consulat suffect, la préfecture de Vaerarium Saturni est sans doute celle qui
utilisait le mieux les compétences financières de A. Egrilius Plarianus
pater.

37 - M. ACILIUS A. f. Vot. PBISCUS EGBILIUS PLAKIANUS

[praef. aer]ar. Satur[ni] 126-128

1 - H. Bloch, Not. d. Scavi, vol. VII, série Vili, Ostie


fase. 7-12, 1953, p. 259-260, n° 25 = ΑΈ, 1955,

(*) K. Meiggs, op. cit., p. 506.


(a) CIL, XI, 6333 = ILS, 1073 (Pisaurum): Arriae L. f. Plariae j Ferae Priscil-
lae | flaminicae | M\ Acili Glabronis cos \ d. d. publiée; cf. E. Groag, PIBZ, I, p. 219-
\

220, n° 1120. En fait un doute subsiste sur l'époque à laquelle a vécu Arria Plaria
Vera Priscilla et la parenté date peut-être de la génération suivante.
170 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

171; cf. F. Zevi, MEFR, LXXXIII, 1970, p. 301,


n° 7

[Imp(eratori)] Ca[esari, divi] | [Tr]aiani [Parth(ici) f(ilio)] | [divi]


Nervae n[ep(oti), T]r[aiano Hadrianó] \ [Aug(usto)], pont(ifici) ma[x(imo),
tri]b(unicia) pot(estate) X, [co(n)s(uli) III7], \ [M(arcus) Acili]us A(uli)
f(ilìus), [Pr]iscus E[grilius] [Plarianu]s, [praef(ectus) aer]ar(i) Satur[ni],

|
a. 126

2 - CIL, XIV, 72 = ILS, 5451 Ostie

M(arcus) Acilius A(uli) f(ilius) Vot(uria tribu) Prisons Egrilius Pla-


rianus, praef(ectus) aerari militar(is), pontif(ex) Volcani et aedium sa-
\

\
crar(um), p(atronus) c(oloniae), clupeum argent(eum) cum imagine aurea
d(edit) d(edicavit), l(oco) d(ato) d(ecreto) d(ecurionum).

3 - H. Bloch, loc. cit., p. 258-259, η« 24 = AE, Ostie


1955, 170

[M(arco) A]cilio A{uli) f(ilio) Vot(uria tribu) Prisco [E]grilio Pla-

|
riano, [praef(ecto) aerari mi]litaris, p(atrono) c(oloniae), [pontificia Volka-
\

\
ni(f)] pio ac religiosissimi), [patrono^.) munificentissimo, \decur(ionum)
\

|
decr(eto),] publ{ice).

4 - CIL, XIV, 155 = VI, 31678 Ostie

[M(arco) Acilio A(uli) f(ilio) Vot(uria tribu) Prisco Egrilio Plaria-


no,~\ | IVviro viarum curandarum, \ trib(uno) mil(itum) leg(ionis) V Mace-
d(onicae), q(uaestori) urbano, | aedili pleb(is) Cerial(i), praet(ori), legato |
provinciar(um) Siciliae et Asiae, proco(n)s(uli) prov(inciae) Galliae Nar-
|

bonens(is), | legato legionis Vili Augustae, | L(ucius) Vettius Felix et


P(ublius) Novellius Atticus amici.
\

5 - CIL, XIV, 4442; cf. F. Zevi, loc. cit., p. 296, Ostie


no 5, p. 297

[M(arco) Acilio] A(uli) [/(ilio)] [A(uli) n(epoti)?] Vot(uria) [Pr]isco \


|

[Egrilio] Plariano [IV viro viarum c]ur andar (um), tri[b(uno)] [mil(itum)
\

leg(ionis) V Mac]ed{onicae), quaest(ori) urb(ano), [aedili pleb(is) Ceriali,


|

praet(ori)], legato | [provinciar(um) Sicilia]e et As[iae], \ [proco(n)s(uli)


LBS NOTICES INDIVIDUELLES 171

prov(inciae) Gallia]e Na[rbonens(is), legato legionis VIII Augustae \

|
6 - CIL, XIV, 4444 et 4145; cf. F. Zevi, loc. cit., Ostie
p. 298, n° 6, p. 299

[M(arcus) Acilius] A(uli) f(ilius) A(uli) \n(epos)~] [Vot(uria) Pris~\cus

\
E[grilius] [Plarianus, IlIIvir vi]ar[um curandarum, trib(unus) mil(itum)
|

leg(ionis) V Mac(edonicae), \ q(uaestor)~\ urb(anus), a[edilis pleb(is) Ceriàlis,


praet(or), | leg(atus) p]rovin[ciarum Siciliae et Asiae, \ proco(n)s(ul) pro-
v(inciae) Galliae N]arbon[ens(is), leg(atus) leg(ionis) Vili Aug(ustae),
\

praef{ectus) aera]rì militari[s, pont]if(ex) Vollc(ani), [hon(oratus) orna-


m(entis) quinquen]nalitatis d(ecurionum) [d(ecreto), \ ~]ni [ co-
Vjoniae [ f]eci[t [ — .-]
|

7 - Inscr. Bai., XIII, 1, n° 5, p. 196 et p. 226 Fasti Ostienses

a - In locum P(ublii) Ostiensis Macedonie defuncti, M(arcus)


Acilius | Priscus Egrilius Plarianus, p(atronus) c(oloniae), \ pontif(ex) Volìcani
et aedium sacrar(um) creatus est. a. 105
b - [M(arcus) Acilius Priscus Egriliujs Plarianus, p(atronus) c(o-
loniae), Ilvir c(ensoria) p(otestate) q(uinquennalis). a. 106

8 - H. Bloch, loc. cit., p. 260, η» 24 = AE, 1955, Ostie


172

[Imp(eratori) Caes(ari) divi Traiani \ Partitici f(ilio), divi Nervae


nep(oti), Traiano Hadriano Aug(usto), pon]tif(ici) max(imo), trib(unicia)
|

Ipot(estate) I]I, co(n)s(uli) II, [M(arcus) A]cilius Priscus \ [Egri]lius


|

Plarianus cum \ [Q(uinto) Egrijlio Plariano f(ilio). a. 118

9 - CIL, XIV, 4443 Ostie

[M(arcus) Acilius A(uli) f(ilius) Priscu]s Egrili[us Plarianus], \ [pon]-


tifex Volcani et aediu[m sacrarum] [cot]oniae Ostiensi, sua pecun\ia ■— ] |
\

[ ]ni conditoris ti[ — ]


172 L'a AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

10 - CIL, XIV, 2212 = ILS, 3244 Nemi

Deanae | Nemorensi \ sacrum | M(arcus) Acilius Priscus | Egrilius |


Plarianus.

11 - F. Zevi, Zoc. c^., p. 293, n° 4, p. 294 Ostie


= AE, 1969-1970, 87
Egr[iliae M (arci)] f(iUae) | Plariae, filiae M(arci) Adii Prisci Egrili

\
Plariani, | patroni colon(iae) [e]t iuvenu[m, | iuvenes decurion(um) \ de-

|
cur(ionum) äecr(eto)~] \ pub[l(ice) posuerujnt.

12 - CIL, XIV, 4446; cf. F. Zevi, loc. cit., p. 292, Ostie


n° 3.

[P]laria[e Q(uinti) f(iliae) | V]era[e, | flaminicae


[m(atri) M(arci) Acili Prisjci Egrili | [Plariani p(atroni) c(oloniae)].

13 - Oli, XIV, 156; cf. H. Bloch, loc. cit., p. 262 Ostie


[Egriliae M.f. Plariae filiae (?)] | M(arci) Adii Prisci Egril[i] \
Plariani. | L(ucius) Vettius Felix e[t] | P(ublius) Novellius Atticu\s] | amici.

14 - C/i, XIV, 4463; cf. F. Zevi, loc. cit., p. 308, Ostie

[M(arco) Acilio A(uli) f(ilio) Vot(uria tribu)(f) \ Pri[sco Egrilio Pla-


riano(f)], | co(n)s(ul), p[ trib(uno)] | mil(itum) [ ] prae[t(ori),
|

leg(ato) leg(ionis)] | Vili [Aug{ustae) ]

15 - F. Zevi, loc. cit., p. 306, n° 8 Ostie

[ ]co(n)s(ulì) | III, p(atri) p(atriae), | [ Pr]iscus | [ ]

peut-être 16 - CIL, XVI, 173 Banasa

[Imp(erator) Caes(ar), divi Traiajni Parthici f(ilius), divi Nervae \


[nepos, Traianus H]adrianus Aug(ustus), pont(ifex) max(imus), [trib(uni-
|

cia) potest(ate) co(n)]s(ul) III, p(ater) p(atriae), proco{n)s{ul) | [ ]


A(nte) d(iem) XV Jc(alendas) Sept(embres) L(ucio) Aurelio Gall[o,
M(arco) Acilif]o Prisco co(n)s(ulibus)
18 août, 129-132
LES NOTICES INDIVIDUELLES 173

Le membre le plus illustre de la gens Egrilia d'Ostie est


manifestement M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus; ce personnage est inscrit
dans la tribu Voturia, qui est l'une des deux tribus d'Ostie (*). Sa
filiation, A(uli) f(ilius), explique que les commentateurs lui aient attribué
pendant longtemps les documents relatifs à A. Egrilius Plarianus (2); ils
reconstituaient sa nomenclature sous la forme suivante: M. Acilius
Priscus A. f. Vot. A. Egrilius Plarianus; ils ne pouvaient préciser avec
certitude l'époque à laquelle ce sénateur avait vécu (3).
La publication de nouvelles inscriptions d'Ostie permit, en 1953,
à H. Bloch (4) de distinguer plusieurs générations et d'établir un stemma
des Egrilii. Deux fragments des fasti Ostienses donnaient des dates
assurées: le personnage est devenu, en 105, pontifex Volkani et aedium saera-
rum; en 106, duovir censoria potestate quinquennalis (texte 7). Priscus
Plarianus apparaissait comme un contemporain de Trajan; aussi tout
naturellement H. Bloch attribua- t-il à ce prince une dédicace élevée par
le sénateur lors de son administration du trésor de Saturne (texte 1):
le nom de l'empereur était perdu, mais la dixième puissance tribunicienne
datait le document de l'année 106. Publiant récemment plusieurs textes
inédits sur les Egrilii d'Ostie, F. Zevi (5) a rapproché de façon
convaincante de cette inscription mutilée un fragment qui complète le nom du
sénateur ainsi que celui de l'empereur: ce dernier, Nervae n[ep(oti)], ne
s'identifie pas à Trajan, mais à Hadrien, dont la dixième puissance
tribunicienne se place entre le 10 décembre 125 et le 9 décembre 126.
Grâce à ce nouveau point de repère, nous devons établir une
chronologie différente de celle que proposait H. Bloch; mais le stemma des
Egrilii qu'il a établi demeure valable: en effet les documents inédits

(x) W. Kubitschek, Imperium Jtomanum, p. 26-27.


(2) E. Groag, PIB2, III, p. 76-77, n° 48; A. Degrassi, Fasti consolari, p. 37;
G. Barbieri, Albo senatorio, p. 153, n° 726 a.
(3) P. v. Kohden, BE, 1, 1, 1893, col. 259, n° 51, Acilius, proposait l'époque
d'Hadrien; E. Groag, BE, V, 2, 1905, p. 2011, n° 4, Egrilius, celle de Septime- Sévère.
J. Carcopino, Virgile et les origines d'Ostie, Paris, 1919, p. 71, L. Wickert, Zur Geschite
der gens Egrilia, dans Sitzungsber. der. Preuss. Akad. der Wiss., Berlin, 1928, p. 61-69,
E. Groag, PIB2, III, p. 76-77, n° 48, et G. Barbieri, Albo senatorio p. 153, n° 726 a,
suggéraient l'époque d'Antonin. A. Degrassi, Fasti consolari, p. 37, l'identifiait au
consul de 128.
(4) H. Bloch, Nuovi documenti della gens Egrilia in Ostia, dans Not. d. Scavi,
vol. VII, série Vili, fase. 7-12, 1953, p. 254-266.
(6) F. Zevi, Nuovi documenti epigrafici sugli Egrili Ostiensi, dans MEFBA, 82,
1970, p. 279-320, en particulier p. 301-302.
174 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

publiés par F. Zevi confirment les hypothèses émises par H. Bloch. La


fille de M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus, inconnue jusqu'à présent,
Egrilia M. f. Plaria, porte un cognomen formé sur le gentilice de sa grand-
mère, Plaria Q. f. Vera (texte 11). Le rapprochement de deux fragments
permet de reconstituer une dédicace à Plaria Q. f. Vera, par son fils
M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus (texte 12), semblable à celle que lui
avait élevé son fils aîné, A. Egrilius Plarianus pater. Les liens de parenté
ne font plus de doute.
L. Vettius Felix et P. Novellius Attius ont dressé deux statues
jumelles, l'une de leur ami, Priscus Plarianus, dont la base porte le texte 5,
l'autre à une femme (dont la statue gisait à proximité); la base de cette
seconde statue porte une inscription mutilée: il ne reste que la deuxième
ligne M. Acili Prisci Egrili Plariani (texte 13); les commentateurs ont
pensé à la mère, l'épouse ou la sœur du sénateur; H. Bloch, qui ne
connaissait pas l'existence d'une fille de Priscus Plarianus, proposait de
restituer le nom de Plaria Q. f . Vera, sa mère. Le fait que le collège des iuvenes
ait honoré d'une statue la fille de son patron nous incite à attribuer aussi
à Egrilia M. f. Plaria la statue jumelle dédiée par les amis de son père.
En ce qui concerne la filiation de la jeune fille, nous n'éprouvons pas les
doutes de F. Zevi qui se demande s'il convient de la compléter par M . /.
ou A. f. (x). M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus n'a probablement jamais
porté le prénom de son père, Aulus. Au stemma des Egrilii dressé par
H. Bloch, nous avons ajouté Egrilia M. f. Plaria (voir la notice n° 36).
La nomenclature du sénateur provient d'une adoption, comme le
suggéraient déjà les premiers commentateurs. La découverte, en 1938,
de la base d'une statue de M. Acilius Priscus, duovir d'Ostie et flamen
Eomae et Augusti (2), permit à H. Bloch d'identifier le père adoptif. De
son mariage avec un A. Egrilius — il s'agit vraisemblablement d'A. Egrilius
A. f. A. n. A. pron. Vot. Eufus, duovir d'Ostie et flamen Romae et Augusti,
dont le nom est apparu récemment (3) — Plaria Q. f. Vera a eu deux fils:
l'aîné, A. Egrilius Plarianus pater, porte le prénom de son père; le second,
A(uli) f(ilùis), inscrit dans la tribu Voturia, a été adopté par M. Acilius
Priscus; il ne portait probablement pas le prénom Aulus, mais celui de
Quintus qu'il a transmis, nous le verrons, à son fils et qui lui venait de
son grand-père maternel. Ce dernier était un personnage important, qu'il

(x) F. Zevi, ibid., p. 293, n° 4 = AE, 1969-1970, 87.


(2) H. Bloeh, loc. cit., p. 256-258, n° 23 = AE, 1955, 169.
(3) H. Bloch, ibid., p. 255, n° 22 = AE, 1955, 168.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 175

convient de placer dans l'arbre généalogique de la famille, puisque son


gentilice a servi à former le cognomen porté par les deux branches des
Egrilii.
Les parents de Priscus Plarianus sont bien connus; descendant de
la gens Egrilia qui a fourni, depuis l'époque d'Auguste, des magistrats à
la colonie d'Ostie (x), il a été adopté par un notable de la cité. Par sa mère,
il se rattache peut-être, sans que l'on puisse préciser le lien, à l'illustre
famille sénatoriale des Acuii Glabriones (2).
En 118, M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus a associé son fils à la
dédicace d'une statue de l'empereur Hadrien (texte 8); la pierre est
mutilée et il ne reste que [. -]lius Plarianus: l'espace vacant permet
seulement d'inscrire l'initiale du prénom et le complément du gentilice
Egrilius. Le seul sénateur connu auquel puisse s'identifier ce jeune homme
est Q. Egrilius Plarianus L. M[ ], proconsul d'Afrique en 159 (3); ce
sénateur, qui fut consul en 143 ou en 144 (4), porte le prénom de son
arrière-grand-père, qui était sans doute celui de son père avant son
adoption. En Afrique, le proconsul avait pour légats son fils homonyme,
Q. Egrilius Plarianus (6), et un parent, Larcius Lepidus (6); ce dernier
s'identifie probablement à A. Larcius Lepidus Plarianus, qui figure parmi

C1) H. Bloch, ibid., p. 254-255.


(2) CIL, XI, 6333 = ILS, 1073 (Pisaurum): Arriae L. f. Plariae | Verae Pri-
scillae flaminicae | M\ Adii Glabrionis cos d. d. publiée; cf. E. Groag, PIB2, I,
\

p. 219-220, ir 1120. En fait, comme je l'ai déjà signalé, un doute subsiste sur l'époque
à laquelle a vécu Arria Piaria Vera Priscilla.
(3) Comme le montrent deux fragments à'Avitta Bibba, CIL, VIII, 800 et 1177,
réunis par A. Merlin, CRAI, 1942, p. 235 = ILTun, 672: dédicace à Antonin le Pieux
et Marc-Aurèle, précisément datée de 159, par [Q.(?)] Egrilio Planano L. M[ ]
procos et Q. Egrilio Planano leg. pr. [pr.]
Q. Egrilius Plarianus L. M[ ] est le proconsul d'Afrique auprès duquel
Fronton intervint en faveur d'un certain Iulius Aquilinus, célèbre par son éloquence et
sa culture: Fronton, Ad amicos, I, 4; cf. H.-G-. Pflaum, Les correspondants de V orateur
M. Cornelius Pronto de Cirta, dans Hommages à Jean Bayet, coll. Latomus, vol.
LXX, 1964, p. 544-560.
(4) CIL, VI, 30868: Q. Egrilius [Plarianus], L. Aemilius [Carus]; L. Aemilius
Carus était légat d'Arabie le 22 avril 143 (IGE, III, 1364 = AE, 1909, 236); cf.
A. Degrassi, Fasti consolari, p. 41, et R. Syme, Proconsuls d'Afrique sous Antonin
le Pieux, dans BEA, 1959, p. 317.
(B) CIL, VIII, 11026: Egrili\p] Plarian[p\ leg. pro pr., patrono, Gigthenses, publice.
Sur le père et le fils, cf. B. E. Thomasson, Die Statthalter, II, p. 75-76.
(6) CIL, VIII, 11027; cf. B. E. Thomasson, op. cit., II, p. 140, n° 29, et
L. Petersen, PIB2, V, 1, p. 16-17, n° 92.
176 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

les enfants clarissimes dans les acta Arvalium, à la date du 17 mai 145 (x);
ce jeune homme peut être un neveu du proconsul, fils de sa sœur Egrilia
M. f. Plaria.

Trois inscriptions présentent le cursus honorum dans l'ordre direct,


les deux premières jusqu'au commandement de la huitième légion (textes
4 et 5), la troisième jusqu'au poste prétorien suivant, la préfecture de
Vaerarium militare (texte 6).
Plarianus a abordé la carrière sénatoriale par le quattuorvirat qui
est, parmi les fonctions du vigintivirat, la troisième en dignité. Ce n'est
pas un début surprenant pour un homo novus. Le service militaire comme
tribun de la légion F« Macedonica l'a conduit à Troesmis sur le Danube,
dans la province de Mésie inférieure (2).
Elu à la première magistrature, il obtient l'une des affectations les
plus recherchées: la questure urbaine lui permet en effet de rester à Borne;
seule la désignation au poste de quaestor Augusti aurait été plus flatteuse.
Il est ensuite aedilis plebis Cerialis et préteur.
Sa carrière prétorienne ne compte pas moins de six postes. Le
raccourci, legatus provinciarum Siciliae et Asiae, se réfère naturellement à
deux légations successives: après avoir été l'adjoint d'un proconsul
prétorien en Sicile, le jeune sénateur a accompagné un consulaire en Asie.
Après ce double « stage », Plarianus devient à son tour gouverneur, de
rang prétorien, à Narbonne. Le proconsulat de ÏTarbonnaise n'est pas
un poste prometteur. Le sénateur a donc séjourné dans trois provinces
sénatoriales.
Il obtient ensuite le commandement de la légion VIIIa Augusta,
en garnison à Argentorate (3). C'est ce passage à l'armée qui lui vaut sans
doute d'être nommé, au retour, à la tête de Vaerarium militare', il reste
en principe trois ans en exercice.
Le sixième poste prétorien, la préfecture de Vaerarium Saturni, est
désormais daté de l'année 126 (texte 1). Le document, connu de E. Groag,
avait été attribué à L. Dasumius Tullius Tuscus par la ProsopograpMa
Imperii Romani (4); H. Bloch a montré qu'il concerne M. Acilius Priscus
Egrilius Plarianus dont apparaissent les dernières lettres du second
surnom [-]iscus et la première lettre du second gentilice E[grilius]; il s'agit

(*) CIL, VI, 32379 = ILS, 5038; cf. L. Petersen, ibid., p. 17, n° 93.
(a) E. Bitterling, BE, XII, col. 1576, legio.
(3) E. Ritterling, ibid., col. 1562; G. Alföldy, Die Legionslegaten der röm. Rhein-
armeen, dans Epigr. Studien, III, 1967, p. 27, n° 35.
(4) E. Groag, PIBZ, III, p. 3-4.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 177

d'une dédicace à un empereur l'année de sa dixième puissance tribuni-


cienne; H. Bloch identifiait le prince à Trajan, ce qui plaçait la préfecture
de Priscus Plarianus en 106 (*). F. Zevi vient de rapprocher de cette
pierre un autre fragment qui prouve que la dédicace était adressée à
Hadrien; le texte est bien daté, par la dixième puissance tribunicienne de
cet empereur, entre le 10 décembre 125 et le 9 décembre 126 (2).
Une inscription publiée par H. Bloch révélait que son frère aîné,
A. Egrilius Plarianus pater, avait exercé également la préfecture de
Vaerarium Saturni (3). La date de 126 pour la préfecture du frère cadet invite
à identifier l'aîné avec A. Egrilius Plarianus, consul suffect en octobre 128,
connu par les fastes d'Ostie (4); or, ce dernier venait lui aussi de gérer le
trésor sénatorial (voir la notice n° 36). ÏTous savons en outre que la
préfecture du trésor est le dernier poste prétorien de P. Tullius Varrò, consul
suffect en avril 127 (voir la notice n° 35).
La chronologie qui nous paraît la plus satisfaisante est celle qui
fait de P. Tullius Varrò et A. Egrilius Plarianus pater des collègues: ils
administrent le trésor de 123 à 125; au même moment, M. Acilius Priscus
Egrilius Plarianus gère Vaerarium militare-, cette charge est quelque peu
inférieure en dignité à celle qu'à reçue son frère aîné. Au début de l'année
126, Priscus Plarianus succède à son frère à la tête de Vaerarium Saturni:
à cette occasion, il élève une statue à l'empereur Hadrien. C'est l'année
où celui-ci a été élu duovir d'Ostie et où A. Egrilius Plarianus pater le
remplace dans cette fonction (5). En 128, au cours de la troisième année
d'exercice de Priscus Plarianus, son frère aîné obtient le consulat suffect;
c'est le premier consul de la famille. Le cadet pouvait espérer le même
honneur à brève échéance: à cette époque, la préfecture du trésor de
Saturne précède de peu le consulat.
D'ailleurs l'exercice du consulat suffect nous paraît assuré pour
Priscus Plarianus grâce à une inscription d'Ostie, déjà publiée au Corpus,
dont F. Zevi a donné une photographie (texte 14); le consulaire dont
subsiste seulement une partie du cognomen, Pri[scus], a commandé lui
aussi une légion VIII. La gravure des lettres rappelle celle des multiples
pierres qui portent le nom de Priscus Plarianus. Aussi nous paraît-il
raisonnable de restituer à la première ligne le prénom, le gentilice, la fi-

i1) H. Bloch, loc. cit., p. 260.


(2) P. Zevi, loc. cit., p. 301-302.
(8) H. Bloch, loc. cit., p. 261-262, n° 27 = ΑΈ, 1955, 173.
(*) Inscr. Ital., XIII, 1, n° 5, p. 205.
(5) Ibid., p. 204.

12
178 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

liation et la tribu de ce sénateur. Le cursus est présenté dans l'ordre


direct, comme sur les autres inscriptions d'Ostie qui relatent la carrière
de Priscus Plarianus. Le consulat est mis en valeur après le nom, comme
il est d'usage. Comment expliquer la lettre ρ qui suit l'indication du
consulat1? Il est peu vraisemblable d'imaginer à cette place le pontificat
de Vulcain à Ostie. Du fait que les sacerdoces du peuple romain figurent
souvent après la plus haute magistrature, nous pouvons penser au
pontificat; il ne s'agit que d'une hypothèse.
Le fragment publié par F. Zevi (texte 15) se rapporte probablement
à Priscus Plarianus: c'est une dédicace à un empereur, consul pour la
troisième fois, père de la patrie. Si le prince est Hadrien, le titre de poter
patriae donne précisément à la pierre le terminus post quem de 128. Du
nom du dédicataire reste seulement la fin du cognomen, [Pr\iscus. Il est
permis d'imaginer que le sénateur d'Ostie a voulu remercier Hadrien
du consulat, comme il l'avait fait quelques années plus tôt lors de sa
désignation pour la préfecture de Vaerarium Saturni.
Le nom de M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus apparaîtra peut-
être un jour sur un fragment de fastes consulaires pour l'année 129 ou
l'année 130. Nous voudrions suggérer une hypothèse. Du fait que
L. Aurelius Gallus (voir la notice n° 38) a pu être son collègue à Vaerarium
de 126 à 128, nous envisageons la possibilité d'identifier à M. Acilius
Priscus son collègue au consulat, -us Priscus: le couple de consuls suffects
est connu par un diplôme militaire de Banasa daté du 18 août de l'une
des années 129 à 132 (texte 16). Nous avions déjà l'exemple de Cornutus
Tertullus et Pline; si notre interprétation est exacte, nous connaissons
encore deux sénateurs qui, après avoir été collègues pour diriger le trésor
public, ont géré ensemble les faisceaux consulaires. Mais ils n'ont pas
cumulé préfecture et consulat; nous avons déjà noté que la situation
administrative de Cornutus Tertullus et Pline présente un caractère assez
exceptionnel.
Priscus Plarianus a été consul en 129 ou en 130. Son fils Q. Egrilius
Plarianus L. M[-] le fut treize ou quatorze ans après. Cet intervalle,
nettement inférieur à celui d'une génération, ne surprend pas; l'avancement
d'un fils de consulaire est plus rapide que celui d'un homo novus et
M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus avait sans doute une cinquantaine
d'années, à l'époque de son consulat. En effet, lors de son élection au
pontificat de Vulcain en 105, puis à la plus haute magistrature d'Ostie,
celle du duovir censoria potestate quinquennaUs, en 106, Priscus Plarianus
n'était plus adolescent: il devait être né vers 80 pour occuper dans sa
ville natale d'aussi hautes responsabilités. Nous ne voulons pas proposer
LES NOTICES INDIVIDUELLES 179

une date antérieure pour un jeune homme qui assuma le vigintivirat


vers 110 au plus tard (x); si le personnage avait été beaucoup plus âgé,
Trajan l'aurait probablement introduit au sénat par adlectio; la
concession du laticlave et le parcours complet des échelons normaux d'une
carrière sénatoriale prouvent que, entre 106 et 110, Priscus Plarianus
n'avait pas atteint la trentaine. Il nous paraît raisonnable de supposer que
l'admission dans l'ordre sénatorial a suivi de peu l'exercice du duovirat
quinquennal.
Comme son frère, Priscus Plarianus est devenu patron de la colonie;
le choix s'est porté sur des notables influents. Celui-ci multiplie dans sa
ville natale les statues de l'empereur Hadrien. Il offre un bouclier
d'argent incrusté d'or (texte 2). Elu pontifex VolTcani en 105, il occupe à vie
ce sacerdoce suprême et exerce à ce titre un contrôle sur les édifices
religieux de la cité (2): ses fonctions l'ont sans doute amené à veiller à la
restauration du temple de Vulcain, dont la dédicace, le 2 août 112, est
enregistrée par les fasti Ostienses (3). L'exercice de ce sacerdoce est une
tradition familiale; il est attesté pour son arrière-grand-père paternel,
A. Egrilius Eufus, de 30 à 36 ap. J.-C. (4), pour son père adoptif, M. Aci-
lius Priscus (5), dont il fut sans doute le successeur; son neveu, A. Egrilius
Plarianus, fut élu après sa disparition, qu'il faut situer désormais vers 140
au plus tard. En effet, A. Egrilius Plarianus fils est dit pontifex Voïkani
sur l'inscription élevée lors de sa préfecture du trésor militaire entre 140
et 150 (6). Priscus Plarianus a consacré aussi un autel à Diane de ïTemi,
divinité fameuse du Latium (texte 10); ce geste pieux n'a pas de rapport
avec sa fonction sacerdotale. L'attachement aux vieux cultes régionaux
n'étonne pas de la part d'un sénateur contemporain d'Hadrien (7); les
cultes antiques du Latium que ce prince mit à l'honneur connaissent à
cette époque un regain de vitalité (8). Priscus Plarianus mérite les épi-

(*) F. Zevi, loc. cit., p. 302, place la naissance du sénateur vers 70; nous ne
sommes pas d'accord avec le schéma de la carrière qu'il ébauche aux pages 303-304-305.
(2) Sur ce magistère, voir J. Carcopino, op. cit., p. 43-44.
(3) Inscr. Ital., XIII, 1, p. 200 et 231: aedes Volkani, vetustate corrupta, [restituta
orjnato opere, dedicata est.
(4) Ibid., p. 188 et p. 214.
(5) H. Bloch, loc. cit., p. 256-257, n° 23 = AE, 1955, 169.
(6) OIL, XIV, 4445; voir la notice n° XVIII des praefecti aerarii militaris.
(7) J. Beaujeu, La religion de la classe sénatoriale à V époque des Antonine, dans
Hommages à Jean Bayet, coll. Latomus, vol. LXX, 1964, p. 58.
(8) J. Beaujeu, La religion romaine à l'apogée de VEmpire. I, La politique
religieuse des Antonius, Paris, 1955, p. 111 et suiv.
180 ΐΛ AERARITJM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

thètes pius oc religiosissimus que lui ont décernées les décurions d'Ostie
(texte 3).
ÎTous ne retenons pas parmi les documents relatifs à ce sénateur
V album du collège des dendrophores d'Ostie (x); en tête d'une liste de
patrons, datée du règne de Septime-Sévère par la présence de plusieurs
personnages, figure un [-]cus Egrilius Plarianus, patronus perpetuus, qui
est certainement un descendant du contemporain de Trajan et Hadrien (2).

M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus occupait à Ostie une position


eminente, comme son frère A. Egrilius Plarianus pater. Issus d'une
famille de magistrats locaux, les deux hommes entrent au sénat sous le
règne de Trajan. Les affranchis des Egrilii sont nombreux à Ostie: la
famille était lancée dans les affaires et les mêmes compétences financières
ont probablement désigné les deux frères au choix d'Hadrien pour la
gestion des caisses romaines administrées par des sénateurs. L'empereur
a respecté l'ordre naturel; après un commandement militaire, Priscus
Plarianus était apte, en 123, à diriger la caisse de retraite de l'armée;
son frère aîné était appelé au même moment à la tête du trésor du sénat
pour trois ans; en 126, le cadet prenait, à la suite de son aîné, la direction
de cette administration, supérieure en dignité. Il reste que Priscus
Plarianus, homo novus, a parcouru laborieusement les échelons de la carrière
sénatoriale. Nous pouvons supposer qu'il en a été de même pour son frère
dont nous ne connaissons pas le cursus. Il faut noter que l'avancement
prétorien de Priscus Plarianus est rigoureusement parallèle à celui de
L. Catilius Severus sous le règne de Trajan. A vingt ans d'intervalle, les
deux hommes obtiennent le consulat suffect après six fonctions
prétoriennes dont les deux dernières sont précisément la préfecture de Vaera-
rium militare et la préfecture de Vaerarium Saturni.

38 - L. ATJKELIUS L. f. Quir. GALLUS

praef. aer. Sat. 126-128

1 - CIL, VI, 1356 = 31637 = ILS, 1109 Rome

L(ucio) Aurelio L(ucii) fil(io) \ Quir(ina tribu) Gallo, co{n)s(uli), |


praef(ecto) aer(arii) Sat(urni), praef(ecto) \ frum(enti) dandi, proco(n)s(uli)

(1) CIL, XIV, 281.


(2) A la suite de L. Wickert, loc. cit., p. 66, E. Groag, PIB2, III, p. 76-77, n° 48,
et H. Bloch, loc. cit., p. 264, considéraient que cette liste énumérait aussi les patrons
LES NOTICES INDIVIDUELLES 181

provinc{iae) Narbonensis, \ legato Aug(usti) leg(ionis) III | Gallic(ae),


curatori viae \ Clodiae Anniae Cassiae \ Ciminiae et novae Traianae, \
legato provinc(iae) Africae, \ pr(aetori)1 tr(ibuno) pl(ebis), quaest(ori) pro-
vinc(iae) Asiae, \ M(arcus) Aemilius Alcima amicus.

2 - CIL, XVI, 173 Banasa

[Imp(erator) öaes(ar), divi Traia]ni PartMci f(ilius), divi Nervae |


[nepos, Traianus H]adrianus Aug(ustus), pont(ifex) max(imus), [trib(u-

\
nicia) potest(ate) . . . co(n)]s(ul) III, p(ater) p(atriae), proco(n)s(ul) [ ]

|
A(nte) d(iem) XV Jc(alendas) Septembres) L(ucio) Aurelio Gall[o, M(arco
Acilif]o Prisco co(n)s(ulibus).
18 août, 129-132

La famille des Aurelii Galli a donné à Eome, au IIème siècle, quatre


consuls homonymes qu'il convient de distinguer les uns des autres i1).
Un consul ordinaire du nom de L. Aurelius Gallus est connu pour
l'année 198 (2).
Un L. Aurelius Gallus a été également consul ordinaire en 174 (3).
P. von Bohden et H. Dessau lui avaient attribué le cursus honorum, trouvé
à Eome, d'un L. Aurelius Gallus qui a été préfet de Vaerarium Saturni
et consul (4). Mais, dans le premier volume de la Prosopographia Imperii
Romani, publié en 1933, E. Groàg doutait de la possibilité d'identifier
à un consul ordinaire ce personnage dont l'inscription urbaine mentionne
seulement le consulat suffect; il proposait de voir en lui le père du consul
ordinaire de 174 (5).
La publication, en 1934, d'un fragment des fasti Ostienses montra
l'existence de L. Aurelius Gallus, consul suffect en 146 (6), date que la

disparus; Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 153-154, n° 726 a, écarte cette éventualité et
considère le patron des dendrophores comme un descendant de cette famille.
(x) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 157; voir l'étude de H.-G-. Pflaum, Deux
familles sénatoriales des IIe et IIIe siècles, dans Journal des Savants, janvier-juin 1962,
p. 108-114: les Aurelii Galli.
(2) Cos. ord. avec P. Martius Saturninus: OIL, XIV, 4562, 2.
(3) Cos. ord. avec Q. Volusius Flaccus: OIL, XI, 7556 = ILS, 6584.
(4) P.v. Rohden, BE, II, 2, 1896, col. 2510, n° 141, Aurelius, et H. Dessau, IL8,
1109, η. 1, à propos de OIL, VI, 1356 = 31637 = ILS, 1109.
(5) E. Groag, PIM2, I, p. 311, et 313, n° 1515.
(6) Inscr. IUI., XIII, I, n° 5, tab. XXVII, 1. 13: L. Aurelius Gall... {Not. d.
Scavi, 1934, p. 256, tab. 7, 1. 13 = AE, 1936, 98).
182 ΐΛ< AERAEIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

mise au jour par la suite d'un diplôme militaire de Pannonie supérieure (x)
vint confirmer et préciser: le personnage gérait les faisceaux consulaires
le 19 juillet de cette même année 146. Le consul suffect de 146 pouvait
être le père du consul ordinaire de 174. E. Groag lui attribua le cursus
romain (2).
Un diplôme militaire découvert au Maroc en 1948 (3), permit de
retrouver un nouvel homonyme: L. Aurelius Gallus était consul suffect
le 18 août de l'une des années comprises entre 129 et 132. Le titre de
poter patriae qu'Hadrien reçut en 128 donne un terminus post quern; celui
de proconsul prouve que l'empereur était absent de Eome; il est parti
en effet pour l'Orient en 128, son retour se place en 133. La date du
18 août 133 paraît exclue, puisque Q. Flavius Tertùllus et Q. Iunius
Rusticus, consuls suffects le 2 juillet 133, géraient probablement encore
les faisceaux consulaires au mois d'août (4).
Dans sa première étude des praefecti frumenti danai ex senatus
consulto, où devait figurer notre Aurelius Gallus, H.-G. Pflaum ne choisit
pas entre les deux consuls Aurelii Galli, celui des années 129-132 ou
celui de 146 (5). C'est le recensement des titulaires de la deuxième fonction
prétorienne exercée par notre personnage, la curatelle des voies Clo-
dienne, Annienne, Cassienne, Ciminienne et Trajane nouvelle, qui lui
a permis de trancher. La liste chronologique de tous les curateurs de ce
réseau des voies d'Etrurie montre que la titulature de cette fonction a
varié (6). Les noms des trois routes principales du réseau routier, les viae
Clodia, Cassia, Ciminia, constituent l'élément stable du titre. La via
Annia est souvent mentionnée. Mais la via nova Traiana est indiquée
dans le titre des trois curateurs seulement:

i1) CIL, XVI, 178 (L. Barkoczi, Magyar Muzeum, 1946, p. 56 et 99 = AE, 1947,
135).
(2) E. Groag, PIB2, II, 1936, add. et corr. p. xvn, n° 1515.
(3) CIL, XVI, 173 (E. Thouvenot, GEAI, 1948, p. 43 = AE, 1949, 73).
(4) Voir le commentaire de K. Thouvenot, CBAI, 1948, p. 44, qui datait le
diplôme entre 129 et 133. H. Nesselhauf, CIL, XVI, p. 320, indique les années 129 à
132, e amnrmant que les consuls suffects du mois d'août 133 sont connus; il pense
sans doute, sans les nommer, à Q. Flavius Tertùllus et Q. Iunius Eusticus, consuls
suffects le 2 juillet 133, connus par GIL, XVI, 76; sans être assurés qu'ils géraient
encore les faisceaux consulaires en août, nous pouvons le supposer.
(B) Cf. H. -G. Pflaum, Historia, II, 1953-54: L. Aurelius Gallus est le n° 24
de la liste présentée sur le dépliant après la p. 444.
(6) Cf. H.-G. Pflaum, Journal des Savants, 1962, p. 109-114.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 183

1. [-]nius Gallus... etc. (x), qui a occupé ce poste vers 108-110;


2. A. Platorius Nepos. . . etc. (2), qui l'a occupé vers 113;
3. L. Aurelius Gallus enfin.

H.-G. Pflaum propose donc, avec raison, de dater le passage de


L. Aurelius Gallus à cette curatelle des années 117-120 plutôt que de
134 (»).
Ce personnage, qui fut préfet de Vaerarium Saturni, est ainsi le consul
des années 129 à 132.
L'inscription de Borne a été élevée par son ami, Aemilius Alcima,
inconnu par ailleurs (4). Après l'indication de la filiation, L{ucii) fil(ius),
de la tribu, Quir(ina) (5), et du consulat, le cursus est présenté dans l'ordre
inverse. Il ne mentionne aucune des fonctions préparatoires à la carrière
sénatoriale; nous ignorons si Aurelius Gallus a obtenu l'un des postes
du vigintivirat; mais il a probablement accompli son service militaire
comme tribun laticlave, car on imagine mal qu'un homme qui y aurait
échappé ait pu commander par la suite la troisième légion Gallica.
Le premier poste connu est donc la questure; par cette magistrature
exercée en Asie auprès du proconsul, L. Aurelius Gallus a l'occasion de
se familiariser avec les obligations financières de la plus riche province
sénatoriale envers le trésor du Sénat; mais une questure provinciale est
un début modeste. Eevenu à Eome, il devient tribun de la plèbe, puis
préteur, sans distinction particulière, et obtient le consulat, après avoir
occupé six postes prétoriens nettement hiérarchisés.
Legatus provinc(iae) Africae, il a fait partie de l'état major du
proconsul d'Afrique (6). A son retour en Italie, il est chargé de la curatelle
du réseau de voies d'Etrurie, poste de début, comme l'indique la liste des

(1) CIL, III, 6813 = ILS, 1038: curator viar. Glodiae Cassias Anniae Ciminiae
Traianae novae; cf. H.-Gr. Pflaum, loc. cit., p. 110, n° 1.
(2) OIL, Y, 877 = ILS, 1052: curât, viarum Oassiae Glodiae Ciminiae Novae
Traianae; cf. H. -Gr. Pflaum, loc. cit., p. 110, n° 2.
(3) H.-G. Pflaum, loc. cit., p. 113.
(«) A. Stein, PIB2, I, p. 52, no 331.
(8) Largement répandue dans l'Empire, la tribu Quirina ne permet pas de
préciser l'origine du personnage: cf. W. Kubitschek, Imperium Eomanum, p. 271-272.
(6) B. E. Thomasson, Die Statthalter, II, p. 139, situe cette légation àia fin du
règne d'Hadrien, puisqu'il identifie L. Aurelius Gallus au consul de 146; la datation
c. 120 de W. Eck, Senatoren, p. 43, nous paraît un peu tardive, compte tenu de
l'ensemble de la carrière.
184 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

titulaires de cette fonction (*). Nous l'avons situé, à la suite de H.-G.


Pflaum, entre 117 et 120, par l'examen de son titre, celui de curator viae
Clodiae Anniae Cassiae Ciminiae et novae Traianae.
Il part ensuite pour la Syrie, où il commande la légion IIIa
Gallica, en garnison à Baphaneae (2). Le gouvernement de la Gaule narbon-
naise le retient encore en province vers 123-124 (3).
Il obtient enfin des fonctions prétoriennes à Bome même; en tant que
praefectus frumenti danai, il est chargé des distributions de blé à la plèbe
romaine, pendant une année, qui est sans doute l'année 125; il est rare de
rencontrer ce poste prétorien en cinquième position (4); l'avancement de
L. Aurelius Gallus n'est pas rapide. La gestion de la caisse sénatoriale, dont
il a la charge pendant trois ans, lui donne accès au consulat suffect, comme
il est de règle à cette époque. Le consulat se place entre 129 et 132; la
préfecture de Vaerarium Saturni se situe entre 126 et 131, puisque les deux
collègues du triennium 123-125, P. Tullius Varrò et Plarianus pater, sont
connus. L. Aurelius Gallus peut avoir administré Vaerarium de 126 à
128, mais aussi de 129 à 131. La première solution nous paraît préférable;
elle permet de restituer, sur le diplôme de Banasa, le nom du collègue
de L. Aurelius Gallus: celui-ci, un certain -us Priscus, pourrait être M.
Acilius Priscus Egrilius Plarianus. Les deux préfets du trésor des années
126-128 auraient géré ensemble les faisceaux consulaires, en 129 sans
doute, ou peut-être en 130.
Après une succession de postes régulière, cette carrière de sénateur
aboutit au consulat, ce qui n'est pas négligeable. Mais la lenteur de
l'avancement et les fonctions exercées en font une carrière modeste.
L. Aurelius Gallus n'a certes pas été consul suo anno; nous pouvons même
deviner qu'il approchait de la cinquantaine lors de son consulat, comme
M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus. La préfecture de Vaerarium Saturni
est le couronnement de la longue suite de postes prétoriens qui ont
conduit notre sénateur aux quatre coins de l'Empire et le consulat suffect
l'aboutissement normal d'une carrière bien menée, mais sans éclat.

(1) [ ]nius Grallus, premier poste après la preture, vers 108-110.


L. Burbuleius Optatus Ligarianus, idem, vers 120-125.
(2) E. Bitterling, BE, XII, col. 1523, legio.
(3) W. Eck, op. cit., p. 197, indique 124-125.
(4) Voir H.-G. Pflaum, Bonner Jahrbücher, CLXIII, 1963, p. 224-235: la liste des
praefecti frumenti danài ex s. c. montre un seul cas semblable, celui de Ti. Iulius Frugi,
dont cette préfecture est le 5e poste prétorien, sous le règne d'Antonin: CIL, VI,
31717.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 185

Un cursus modeste, des ascendants inconnus i1) (son ami M. Aemi-


lius Alcima n'est pas autrement attesté non plus) permettent de penser
que L. Aurelius Gallus est un homo novus. Il a donné naissance à une
famille sénatoriale de rang honorable, que l'on peut suivre jusqu'au début
du IIIe siècle. Le consul suffect de 146 devrait être son fils, malgré le
faible intervalle (quinze ans) qui sépare leurs consulats respectifs. L'âge
relativement élevé du père, lorsqu'il a géré les faisceaux consulaires, et
la rapidité de l'avancement dont bénéficiait un fils de consul suffisent
à l'expliquer. L'ascension de la famille, symbolisée par cette lignée de
quatre consuls homonymes, est due en tout cas à L. Aurelius Gallus,
qui fut préfet de Vaerarium Saturni, de 126 à 128 sans doute.

39 - L. BUBBULEIUS L. f. Quir. OPTATUS LIGABIANUS

praef. aerar. Saturn. 129-131

CIL, X, 6006 = ILS, 1066 Minturnae, regio I

L{ucio) Burbuleio L(ucii) f(ilio) Quir(ina tribu) \ Optato Ligariano,

\
co(n)s(uli), sodal(i) Aug(ustali), leg(ato) Imperat(oris) | Antonini Aug(usti)
PU pro pr(aetore) prov(inciae) | Syriae in quo honor(e) decessit, leg(ato) \
eiusdem et divi Hadriani pro pr(aetore) prov(inciae) \ Cappad(ociae),
curatori) oper(um) locor(um)q(ue) publ(icorum), praef (ecto) \ aerar(ii) Sa-
turn(i), proco(n)s(uli) Sicil(iae), togiste \ Syriae, legat(o) leg(ionis) XVI
Fl(aviae) firm(ae), cur(atori) reip(ublicae) \ Narbon(ensium) item Anconi-
tanor(um) item \ Tarridn(orwm), curat(ori) viar(um) Clodiae Cassiae \
Ciminae, pr(aetori), aed(ili) pl(ebis)j q(uaestori) Ponti et Bithyniiae), \
trib(uno) laticl(avio) leg(ionis) IX Hispan(ae), III vir(o) lcapit(ali), \
patrono) col(oniae), \ Rasinia Pietas, nutr{ix) filiar(um) eius, \ s(ua) p(ecunia)
p(osuit), l(oco) d(ato) d(ecreto) d(ecurionum).

La carrière du sénateur L. Burbuleius Optatus Ligarianus, révélée


par l'inscription funéraire que Easinia Pietas, la nourrice de ses filles,

(x) Un certain Aurelius Gallus, mentionné parmi les signatures d'un décret pris
en 69 par le proconsul de Sardaigne, L. Helvius Agrippa, pourrait être son grand-père;
mais il n'est pas autrement connu: CIL, X, 7852 = IL8, 5947.
186 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

lui a élevée à Minturnes, est célèbre par l'étude que lui a consacrée
Β. Borghesi ί1).
Le personnage n'est pas mentionné par ailleurs. Il est certain que
le jeune L. Burbuleius Optatus, disparu à l'âge de vingt-six ans, pour
qui sa mère a fait graver à Minturnes une courte épitaphe (2), a quelque
lien de parenté avec le nôtre. Ce jeune homme ne peut s'identifier au
sénateur; il pourrait être son fils. Cependant la présence à Minturnes
d'une deuxième inscription funéraire élevée à un L. Burbuleius Optatus
permet de supposer que notre sénateur était bien originaire de cette ville
du Latium. La colonie de Minturnes l'a d'ailleurs choisi comme patron,
honneur souvent réservé à un « enfant du pays » (3). Il reste que la tribu
Quir(ina), précisément mentionnée, n'est pas celle de Minturnes (4).
Le cursus de Burbuleius est rédigé dans l'ordre inverse, après
l'indication du consulat suffect et d'une prêtrise. Il comporte une date
précise: le titre de legatus Augusti pro praetore de l'empereur Antonin et du
divin Hadrien prouve que le sénateur gouvernait la Cappadoce en 138;
il jouissait alors de la dignité consulaire. La plus grande partie de la
carrière se déroule donc sous le règne d'Hadrien.
Le poste de triumvir capitalis est un médiocre commencement.
Burbuleius accomplit ensuite le service militaire comme tribun laticlave,
avant 120 sans doute; la légion IXa Hispana était cantonnée à cette
époque à JEburacum (5). Il n'exerce pas sa première magistrature à Rome
même, mais dans la province de Pont et Bithynie. Les questures
provinciales étaient destinées aux jeunes gens de milieu assez modeste. Burbu-

(x) B. Borghesi, Memoria sopra un'iscrizione L. Burbuleio Optato Ligariano


serbata nel Museo Beale di Napoli, alla Beala Accademia Ercolanese, Naples, 1838 —
Oeuvres, IV, p. 101-178; cf. Henze, BE, III, 1, 1897, col. 1060, n° 2, Burbuleius;
E. Groag, TIB2, I, p. 375, n° 174; P. Lambrechts, Sénat romain, I, p. 25, n° 28.
(2) OIL, X, 6025: D(is) M(anibus). L{ucio) Burbuleio \ Optato \ quivixsit | an(nos)
\

XXVI m(enses) VIII, | mater fil(io) b(ene) m(erenti) f(ecit). Il porte le même prénom,
Lucius, que notre sénateur et son père.
(3) L. Harmand, Le patronat, p. 310.
(4) W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 24; cf. P. Lambrechts, op. cit.,
p. 25, n° 28.
(5) On datait traditionnellement de 120 la disparition de la légion IXa Hispana
à la suite d'une révolte bretonne. En fait, si la légion n'apparaît plus à York après
120, il est certain qu'elle n'a pas disparu; voir E. Birley, The Fate of the Ninth Legion,
dans Soldier and Civilian in Boman Yorkshire, p. 71-80.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 187

leius s'est familiarisé sans doute avec les problèmes financiers qui
accablaient les villes de la province ^).
Après l'édilité et la preture, il n'occupe pas moins de cinq fonctions
prétoriennes, auxquelles s'ajoutent trois curatelles de cités. Le premier
poste après la preture est la curatelle des voies Clodienne, Cassienne et
Ciminienne. Il a eu la charge de ce réseau routier d'Btrurie sous le règne
d'Hadrien (2). Il est ensuite nommé successivement (item) curateur de
trois cités d'occident: IsTarbonne en Gaule Narbonnaise, Ancone et Ter-
racine en Italie. Il s'agit de responsabilités exclusivement financières.
Il part pour la Syrie où il commande, à Samosate en Commagène, la
légion XVIa Flavia firma (3). A la suite de ce commandement militaire,
il est nommé — toujours en Syrie — logista; si les deux fonctions étaient
concomitantes, l'inscription le signalerait d'une façon ou d'une autre;
il n'y a d'ailleurs aucun rapport entre le poste de légat de légion à
Samosate et le contrôle financier des villes de la province. La titulature
adoptée est la simple transcription latine du terme grec λογιστής. Cette
fonction, comparable à la curatelle des cités d'Italie, consiste à remettre
de l'ordre dans les finances municipales. Hadrien a voulu remédier au
déséquilibre dans la gestion des cités de Syrie: sous son règne, P. Pactu-
meius Clemens, sénateur originaire de Cirta en Afrique, a exercé la même
fonction que L. Burbuleius Optatus Ligarianus; son inscription le
mentionne par le biais d'une titulature latinisée, legatus ad rationes civitatium
Syriae putandas (4), qui détaille les attributions d'un λογιστής. Ρ. Pactu-
meius Clemens a reçu ce poste aussitôt après la preture; ont suivi le
gouvernement prétorien d'une province impériale et le consulat suffect en
138 (5). L'avancement de Burbuleius est comparable, mais plus lent: il
devient gouverneur d'une province sénatoriale, la Sicile, puis il rentre
à Eome et obtient le consulat suffect après la gestion de Vaerarium
Saturni. Ses compétences financières ont dû le désigner au choix d'Hadrien.

(x) On connaît, grâce à la correspondance de Pline avec l'empereur Trajan, les


difficultés financières des cités de Pont et Bithynie au début du IIe siècle; cf. Pline,
Lettres, X, 17 a; 39; 47, etc.
(2) H. -G. Pflaum, Journal des Savants, janvier-juin 1962, p. 111 et 113, situe
cette fonction entre 120 et 125.
(3) E. Ritterling, BE, XII, col. 1765-1766, legio.
(4) OIL, VIII, 7059 = ILS, 1067 = ILAlg, II, 645. Voir le commentaire de
H.-G. Pflaum pour ILAlg, II, 645.
(B) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 39.
188 ΐΛ AERARIUM SATURNI )) ET ΐΛ< AERARTUM MILITARE »

L'année du consulat suffect n'est pas connue; on peut cependant la


fixer approximativement avant 138, grâce à la suite du cursus (x).
Burbuleius a assuré trois fonctions importantes après le consulat.
La première est un des postes élevés de l'administration romaine: la
curatelle des monuments publics. Il a gouverné successivement deux
provinces impériales d'Orient: la Cappadoce, dont il commandait les deux
légions, puis la Syrie, où il avait la haute main sur trois légions, en
particulier la seizième Flavia firma, dont il avait été le légat quinze ans plus
tôt. Le titre de legatus Imperatoris Antonini Augusti Pii et divi Hadriani
pro praetore provinciae Cappadociae montre qu'il gouvernait la
Cappadoce en 138. Nous sommes assurés qu'il était alors dans sa première
année de gouvernement, puisque Flavius Arrianus occupait le poste en
137 (2). Si nous adoptons, pour la légation de Cappadoce, la durée
moyenne de trois ans, Burbuleius n'est pas arrivé en Syrie avant l'année 140 (3);
il fut légat de l'empereur Antonin comme l'indique son inscription
funéraire. Burbuleius est mort en Syrie après 140.
La précision de l'année 138 permet de placer approximativement
les postes immédiatement antérieurs au gouvernement de Cappadoce.
S'il n'y a pas eu d'interruption dans la carrière, ce qui semble bien être
le cas, la curatelle des monuments publics pourrait occuper les années
135-136 (4). Le consulat suffect daterait de 133 ou 134 et la préfecture de
Vaerarium Saturni couvrirait les années 129 à 131, plutôt que 132 à 134.

Le sénateur L. Burbuleius Optatus Ligarianus semble être un


spécialiste des questions financières: les responsabilités qui lui ont été
confiées en témoignent. Par ailleurs, la carrière militaire de Burbuleius est
bien remplie à tous les échelons. Les diverses responsabilités assumées

(*) A. Degrassi, ibid., p. 39.


(2) IGB, III, 111 = ILS, 8801, datée par la vingt-et-unième puissance tribuni -
cienne d'Hadrien; cf. D. Magie, Moman Buie, II, p. 1483, note 43, et p. 1593, et
W. Eck, Senatoren, p. 213.
(3) W. Huttl, Antoninus Pius, II, Prague, 1936, p. 157, indiquait l'année 144,
parce qu'il attribuait une longue durée à la légation de Cappadoce, en se fondant
sur le témoignage de l'Histoire Auguste: en effet, d'après la vita PU, V, 3, Antonin
aurait laissé les gouverneurs de province en fonction pendant sept ans ou même
pendant neuf ans. A. E. Birley, The Duration of Provincial Commands under Antoninus
Pius, dans Corolla Memoriae Erich Swoboda dedicata, 1966, p. 43-53, a montré qu'il
ne faut pas ajouter foi à ce passage. Il étudie de nombreux exemples de gouverneurs
de province dont les dates d'entrée et de sortie de service sont connues; il n'examine
pas de ce fait le cas de Burbuleius.
(4) A. E. Gordon, Curatores, p. 287, indique « c. A.D. 135-137».
LES NOTICES INDIVIDUELLES 189

en Orient suscitent notre curiosité: au cours du IIe siècle, les fonctions


importantes en Orient commencent à être attribuées à des sénateurs
orientaux i1). Burbuleius est un sénateur italien; pour expliquer cette
particularité de sa carrière, nous devons supposer qu'il connaissait
suffisamment le grec pour justifier son envoi, à des titres divers, dans les
provinces hellénophones de l'Empire. Homo novus, Burbuleius fut un
administrateur apprécié; mais ses débuts furent modestes et sa promotion
lente. L'appartenance du sénateur à un unique collège sacerdotal éclaire
encore l'impression que nous laisse cette carrière: il fut sodalis Augustalis,
mais ne fut pas admis dans le collège des Hadrianales lors de sa fondation.
Certes Burbuleius était alors en Cappadoce, mais nous relevons le même
oubli de sénateurs contemporains dont l'avancement montre avec le sien
un parallélisme frappant. Nous pensons à Aemilius Papus, qui fut sans
doute son collègue à la direction de Yaerarium Saturni, de 129 à 131.

40 - M. CUTIUS M. f. Gai. PKISCUS MESSIUS BUSTICUS


AEMILIUS PAPUS AEBIUS PBOCULUS IULIUS CELSUS

praefectus aerarti Saturni 132-134

1 - CIL, II, 1283 Salpensa, Baetica

M (arco) Cutio M (arci) f(ilio) Gal(eria tribu) Prisco Messio \ Rustico


Aemilio Papo Ar[r]io Proculo Iulio Gelso, co(n)s(ulì), sodal(i) Augustaï(i),
\

leg(ato) pr(o) pr(aetore) Imp(eratoris) Caes(aris) [T(iti)~\ Aelii Hadriani |


\
[Antonini] Aug(usti) Pii provinc(iae) Dle^hnat^ae), curator[i] \ operum
publicorum, praefecto j aerarii Saturni, leg(ato) leg(ionis) XX V(aleriae)
v(ictricis), \ curator(i) viae Aureliae, pr(aetori) peregrino, \ trib(uno) ple-
b(is), [q(uaestoriy\ pr(o) pr(aetore) provinc(iae) Africae, \ trib(uno) mil(itum)
leg(ionis) VII (sic) Aug(ustae), \ IIII vir(o) viarum curandarum, \ Caesia
Senil[l]a, amico \ optimo.

2 - CIL, II, 1371 Caïlenses, Baetica

Imp(eratori) Caesari divi \ Traiani Aug(usti), co(n)s(ulis) VI, f(ilio),


divi | Nervae, co(n)s(ulis) III, trib(uniciae) p(otestatis) II, nepoti, Traiano \

P. Lambreohts, Sénat romain, I, p. 195.


190 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Hadriano Aug(usto), pontefici) max(imo), tribunic(iae) potest(atis) XII,

|
p(atri) p(atriae), co(n)s(uli) III, | M(arcus) Messìus Rusticus Aemilius

\
Papus Ar\f]ius Proculus | Iulius Celsus, sodal(is) Augustal(is), IIII vir |
viarum eurandarum, tr(ibunus) mil(itum) leg(ionis) III Aug(ustae),

|
[q(uaestor)~] pr(o) pr(aetore) provinc(iae) Africae, trib(unus) pleb(is), pr(ae-

|
tor) peregrinus, curator viae Aureliae, \ leg(atus) Aug(ustì) leg{ionis) XX
V(aleriae) v(ictricis), optimo principi. a. 128
\
3 - E. Paribeni, Not. d. Scavi, 1933, p. 433 Bome,
et pi. IX = ΑΈ, 1934, 146 forum de César

Divae | Sabinae A[ug(ustae)] | Sabrathe[nses] \ ex Affrica],


Iussu Imp(eratoris) Caesaris Traiani | Hadriani Aug(usti) p(atri)
p(atrìae), locus adsignat(us) a Valerio TJrbico et \ Aemilio Papo, curatori-
\

bus) operum locor{umque) \ public{orum), ded(icatus) Idib(us) Bec(embribus), |


P(ublio) Gassio Secundo et Nonio Mudano co(n)s(ulibus).
13 décembre 138

4 - CIL, II, 1282 a et e Sàlpensa, Baetica


a - [Imp(eratori) Caes(ari), divi Hadriani f(ilio),] | divi Traiani
Partitici | nepoti, divi Nervae pronepoti, T(ito) Aelio Hadria\no Antonino
\

Aug(usto) Pio, pontifici maximo, tribuniciae potestatis X, Imp(eratori)


|

\
II, co(n)s(uli) IIII, p(atri) p(atriae), | M(arcus) Cutius [M(arci) f(ilius)
G]a[l(eria tribu)] Priscus Mess\ius Rusticus Aemilius Papus Arrius
|

Proculus Iulius Celsus, co(n)s(ul), leg(atus) eius pro pr(aetore) \ provinciae


|

Belmat(iae), | principi optimo | et sibi carissimo. a. 147


e - 1. 10-11 . . .Aemilio Papo clarissimo ac seve\rissimo viro avunculo
suo ...

Il est clair que M. Cutius Priscus Messius Busticus Aemilius Papus


Arrius Proculus Iulius Celsus est originaire de la province de Bétique,
et probablement de Salpensa: après avoir gouverné la Dalmatie, il a
élevé dans sa ville natale une statue à l'empereur Antonin; à la même
époque et dans la même cité, une amie l'a honoré lui-même d'une
inscription commémorant sa brillante carrière. La tribu Galeria est
d'ailleurs très répandue à Salpensa i1).

J. W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 270.


LBS NOTICES INDIVIDUELLES 191

Le nom principal de ce sénateur polyonyme était Aemilius Papus,


comme le prouvent d'une part l'inscription du forum de César, qui date
de sa curatelle des monuments publics, d'autre part les fragments d'un
édit municipal retrouvé à Salpensa. Le cognomen Papus a attiré
l'attention des chercheurs qui s'efforçaient d'identifier un ami d'Hadrien, So-
sius Papus, mentionné par l'Histoire Auguste (*); nous adopterons les
conclusions d'un article récent de H.-G. Pflaum sur ce sujet (2). Il est
peut-être erroné de considérer Sosius Papus comme une unique personne:
H. Dessau a admis le premier qu'il s'agissait de deux individus
distincts (3): Q. Sosius Senecio, bis consul en 107 (4), et un inconnu, Papus.
E. Groag pensa à notre sénateur, Aemilius Papus, originaire de Bétique
comme Hadrien (5).
Nous pouvons suivre le déroulement de sa carrière, grâce à trois
repères chronologiques: les dédicaces que le sénateur a élevées
successivement à Hadrien et à Antonin prouvent qu'il était de rang prétorien
en 128 et de rang consulaire en 147. Par ailleurs, Aemilius Papus était
chargé de l'entretien des monuments publics, lorsque, le 13 décembre
138, les habitants de Sabratha ont élevé, à Borne, une statue de
l'impératrice Sabine divinisée. Ce personnage est donc né à la fin du Ier siècle et
il paraît difficile d'identifier cet adolescent à l'ami qui soutint Hadrien
avant son avènement.
Les inscriptions font connaître en fait plusieurs membres de cette
famille sénatoriale de Bétique. L'épitaphe de M. Messius M. f. Gai. Rus-
ticus Aemilius Afer Outius Eomulus Priscianus Arrius Proculus, decemvir
sflitibus iudicandis, donne les noms de ses parents, Aemilius Papus et

(*) S. H. Α., vita Hadriani, 4, 2: usus Plotinae quoque favore, cuius studio etiam
legatus expeditionis Parthicae tempore destinatus est; qua quidem tempestate utebatur
Hadrianus amicitia 8osi Papi et Pletori Nepotis ex senatorio ordine, ex equestri autem
Attiani, tutoris quondam sui, et Liviani Turbonis. (Il jouissait également de la faveur
de Piotine grâce au dévouement de laquelle il fut choisi comme légat à l'époque de
la guerre contre les Parthes; au même moment, il jouissait de l'amitié de Sosius Papus
et de Pletorius Nepos, tous les deux membres de l'ordre sénatorial, et parmi les
chevaliers de celle d'Attianus, son ancien tuteur, de Livianus et de Turbo.)
(2) H.-Gr. Pflaum, Un ami inconnu d'Hadrien: M. Aemilius Papus, dans Klio,
Beiträge zur Alten Geschichte, XL VI, 1965, p. 331-337.
(3) PIB1, III, 1898, p. 255, n° 559.
(4) Inscr. Ital., XIII, 1, n° 5, p. 198-199.
(5) E. Groag, BE, III, A, 1927, col. 1187, n° 11, Sosius.
192 ΐΛ< AERARITJM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Cutia Prisca (x). Il est frappant de retrouver ces noms dans la


nomenclature du sénateur de Salpensa. E. Groag, dressant l'arbre généalogique
des Cutii, a donc considéré les deux polyonymes comme des frères, fils
de M. Aemilius Papus et de Cutia Prisca (2). H.-G. Pflaum enfin a
identifié au decemvir stlitibus iudicandis un troisième polyonyme connu par
une inscription d^Hispàlis, M. Messius M. f . Gai. Eusticus Aemilius Verus
Aelius Eomulus Priscianus Titus Proculus (3).
Nous présentons le stemma des Aemilii Papi tel que l'a établi H.-G.
Pflaum:

Prisca = [D. Cutius] Balbinus


{CIL, II, 1172-1173) (CIL, II, 1172-1173)

[M. Messius- f. [.] Gai. Kusticus] = Cutia Prisca D. Cutius Balbinus M. Cornelius
Aemilius Papus (CIL, XIV, 3516) Potitus L. Attius Iunianus
(CIL, XIV, 3516) Romulus
ami d'Hadrien (CIL, II, 1172-1173)
IlIIvir viar. curandar.

M. CUTIUS M. f. Gai. PRISCUS M. Messius M. f . Gai. Rusticus fili a = C.Iulius Pisibanus


MESSIUS RUSTICUS Aemilius Afer Cutius
AEMILIUS PAPUS ARRIUS Romulus Priscianus
PROCULUS IULIUS CELSUS Arrius Proculus
praefectus aerarii (CIL, XIV, 3516)
Saturni Xvir stlitibus iudicandis

C.Iulius Pisibanus Maximus


Aemilius Papus
(CIL, III, 3460)

Nous connaissons deux frères, Aemilius Papus et Aemilius Afer, nés


à la fin du premier siècle, dont le père, auquel il est permis d'attribuer
le nom de M. Messius [.] f. Gai. Eusticus Aemilius Papus, était l'ami
d'Hadrien mentionné par l'Histoire Auguste. Le premier élément de son
nom rappelle celui d'un consul de l'année 114, L. Messius Busticus, lui-

i1) CIL, XIV, 3516 (Castelmadama).


(2) E. Groag, BE, IV, 1901, col. 1905, n° 5, Cutius.
(3) CIL, II, 1175 (Hispalis); cf. H.-G. Pflaum, loc. cit., p. 334.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 193

même originaire de Bétique, qui fut curator alvei et riparum Tiberis et


cloacarum Urbis de 121 à 124 (*). Il ne paraît guère possible d'identifier
ce sénateur et l'ami d'Hadrien, dont le prénom était Marcus et qui
adoptait Aemilius Papus pour nom principal; ce sont, en tout cas, des parents
très proches, peut-être deux frères. Le second élément du nom rappelle
la lignée des Aemilii Papi de l'époque républicaine (2).
Par sa mère, Cutia Prisca, le praefectus aerarti Saturni est le neveu
d'un sénateur d'Hispalis, D. Cutius Bàlbinus M. Cornelius Potitus
L. Attius Iunianus Eomulus, qui a occupé le poste de IlIIvir viarum curan-
darum et dont les parents [D. Cutius] Bàlbinus et Prisca sont mentionnés (3).
L'ami d'Hadrien, M. Aemilius Papus, était sans doute de rang
sénatorial comme son épouse. Il semble que la lignée des Aemilii Papi
se soit éteinte avec les deux frères, puisqu'un neveu, C. Iul(ius) Pisi-
ban(us) Maxim(us) Aemilius Papus, porte à son tour ce nom (4).
L'empereur Hadrien n'a pas négligé l'avenir des fils de son ami;
si nous connaissons uniquement le vigintivirat pour celui qui fut
probablement le cadet, l'aîné, praefectus aerarti Saturni, a parcouru
régulièrement les degrés de la carrière sénatoriale.

La dédicace de Caesia Senilla donne l'ensemble du cursus dans l'ordre


indirect, après l'indication du consulat et d'un sacerdoce, celui de sodalis
Augustalis.
Le jeune Espagnol passa une année à Eome comme quattuorvir
viarum curandarum; ce poste n'est pas le meilleur du vigintivirat (5). Il a
ensuite séjourné longuement en Afrique: à l'occasion du service militaire,
dans les années 110 à 115, il réside à Théveste ou à Lambèse (6); élu
questeur, il accompagne le proconsul d'Afrique à Carthage. Eentré à Eome,
il devient, après le tribunat de la plèbe, préteur pérégrin, chargé de régler
les litiges entre les citoyens romains et les peregrins.

ί1) PIB1, II, p. 369, n° 374; A. Degrassi, Fasti consolari, p. 34; J. Le Gali, Le
Tibre, fleuve de Borne dans V Antiquité, Paris, 1953, p. 141, n° 13.
(2) Q. Aemilius Cn. f. L. n. Papus, cos 282 et 278, censeur 275.
L. Aemilius Q. f. Cn. n. Papus, cos 225, censeur 220.
cf. T. R. S. Broughton, Magistrates, II, p. 527-528.
(3) CIL, II, 1172 (Hispalis).
(4) CIL, III, 3460.
(5) H. Schäfer, BE, VIII, A, 1958, col. 2583, vigintiviri.
(β) L. Leschi, Libyca, I, 1953, p. 195-196.

13
194 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

II occupe ensuite trois postes prétoriens. Curateur de la voie Auré-


lienne, il veille à l'entretien de la route, qui, longeant la mer Tyrrhénienne,
traverse l'Etrurie. Il revient alors en Espagne. L'empereur lui ayant
confié le commandement de la vingtième légion Valeria victrix, Aemilius
Papus lui élève une statue. La dédicace date ainsi précisément le départ
du sénateur espagnol pour la Bretagne: c'est en 128 qu'il se rend à Deva (*);
ses fonctions de légat le retiennent sans doute deux ou trois ans.
La préfecture du trésor précède le consulat. Cette magistrature
se place avant 138, puisque la curatelle des monuments publics, qu'il
occupait le 13 décembre cette année-là, suit d'assez près le consulat,
à cette époque (2). La même incertitude demeure pour son collègue
curateur Valerius Urbicus, dont le consulat suffect aurait permis de
préciser le sien (3). Nous ne pensons pas que le consul suffect des années
129-132, [. -]us Priscus, collègue de L. Aurelius Gallus, connu par un
diplôme militaire retrouvé à Banasa, puisse s'identifier au sénateur de
Salpensa, comme l'envisage H. Nesselhauf (4). Il serait désigné, nous
semble-t-il, sous le nom d'Aemilius Papus, comme sur l'inscription
romaine qui date de sa curatelle des monuments publics. Nous avons
suggéré la restitution du nom de M. Acilius Priscus pour le collègue de
L. Aurelius Gallus, sur la pierre de Banasa (voir les notices n° 37 et n° 38).
La fourchette la plus large pour la gestion de Vaerarium par Aemilius
Papus couvre les années 131 à 137; nous avons reconstitué à cette époque
une succession de préfets de trois ans en trois ans. Aemilius Papus a sans
doute administré le trésor public de 132 à 134, avant de devenir consul
vers 135 et curateur des monuments publics en 136 ou 137: il l'était
encore le 13 décembre 138.
La charge des édifices de Eome lui a permis de prolonger son séjour
dans la capitale après le consulat. La légation de Dalmatie, qui fut son
second poste consulaire, était achevée, en 147; à la suite de W. Hüttl (5),
A. Jagenteufel propose pour ce gouvernement les années 141 à 147 (6);
il lui fait occuper ainsi toutes les années vacantes entre la fin de l'activité
de P. Coelius Balbinus, légat vers 138-140 (7), et l'année 147, en s'appuyant
sur un témoignage de l'Histoire Auguste: l'empereur Antonin aurait

i1) E. Bitterling, BE, XII, 192ö, col. 1773-1774, legio.


(2) A. E. Gordon, Curatores, p. 287.
(3) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 39.
(4) CIL, XVI, 173; voir le commentaire de H. Nesselhauf, p. 230.
(5) W. Huttl, Antoninus Pius, II, Prague, 1933, p. 83-84.
(6) Α. Jagenteufel, Dalmatici, col. 60.
(7) Id., ibid., col. 57-59.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 195

laissé les bons administrateurs dans la même province pendant de longues


années i1). En fait, A. E. Birley a montré récemment que ce passage est
anachronique (2). Peut-être un légat de Dalmatie viendra-t-il
s'intercaler, à la suite d'une découverte épigraphique, entre P. Coelius Balbinus
et Aemilius Papus. Nous ne pensons pas que l'ancien préfet du trésor
soit resté sept ans en Dalmatie.

Ce sénateur espagnol a parcouru une carrière harmonieuse où se


succèdent régulièrement les fonctions honorables; la bienveillance
d'Hadrien, puis celle de son successeur, ne lui ont pas fait défaut. Sans oublier
le fils de son ami, Hadrien ne l'a cependant pas élevé aux responsabilités
les plus éclatantes, souvent réservées aux Italiens. Ce sénateur
provincial, compatriote de l'empereur, a connu un avancement très classique
à son époque: le passage de la préfecture du trésor à la curatelle des
monuments publics en est un exemple; et le parallélisme avec le cursus de
Burbuleius, qui fut peut-être son collègue à Vaerarium, mérite d'être
remarqué. La carrière de cet Espagnol s'est limitée à l'Occident; ses
fonctions l'ont amené à séjourner en Afrique, en Italie, en Bretagne et en
Dalmatie; mais il a longuement résidé dans sa petite patrie, Sàlpensa.

41 - C. IULIUS IULI QUADBATI (f.) Fab. SEVEEUS

ϊπαρχος αίραρίου τον Κρόνου 135-137

1 - GIG, 4033 = IGB, III, 174 Ancyre, Galatie


= OGIS, 543 = ILS, 8826

Γ(άϊον) Ί(ονλιον) Σεουήρον, \ βασιλέων και \ τετραρχών | άπόγονον, \ μετά


πάΰας τας εν \ τώι ε&νει φιλοτιμία[ς] καταταγέντα εις του[ς] \ δεμάρχονς υπό
#£ο[ΰ] | "Αδριανού, πρεσβεύοα[ν]\τα εν Άσίαι εξ επιστολής κ[αί] \ κωδικίλλων §εοϋ
Άδρια[νοϋ], \ ηγεμόνα λεγεώνος δ' Σκ\υ\\ϋ·ικής, διοικήσαντα τα εν \ Συρία
πράγματα ήνίκα Πουβλί\κιος Μάρκελλος δια την κίνη\σιν την "Ιουδαϊκψ μεταβεβήκε[ι] \
από Συρίας, αν&νπατον ΛΑχα\ΐας, προς ε' ράβδους πεμφϋ·έν\τα εις Βειΰννίαν διορ-
■&ωτην και λογιστην υπό ϋ·εοϋ Άδρια\νοϋ, ϊπαργρν αίραρίου τοϋ \ Κρόνου, ϋπατον,
ποντίφικ[α], επιμελητήν έργων δημ[ο]\σίων των εν ΤΡώμηι, ήγεμόν\α πρεσβευτήν
\

(χ) S.H.A., vita Antonini Pii, 5, 3.


(2) Α. E. Birley, The Duration of Provincial Commands under Antoninus Pius,
dans Corolla Memoriae Erich Swoboda dedicata, 1966, p. 43-53.
196 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Αύτοκράτο\ρος Καίσαρος Τίτου ΑΙλίον \ 'Αδριανού ' Αντωνείνου Σε\βαστού Ευσεβούς


Γερμανί\ας της κάτω, Μ(αρκος) 'Ιούλιος Εύσχημων τον εαυτού \ εύεργέτην.

2 - CIG, 4034 = IGE, III, 175 Ancyre

Γ(άϊον) Ί(ούλιον) Σεουήρον κατα\ταγέντα εί[ς] τους δημαρχικούς υπό | \βέ]οϋ


' Αδριανού, πρεσβεύσαντα εν 'Ασία \ [εξ] επιστολής και κωδικίλλων | [ϋ·ε]ού
"Αδριανού, ηγεμόνα λεγιώνος τετάρτης Σκν&ικής και διοικήσαντα τα εν Συρία πράγματα,
|
ήνίκα Που\βλίκιος Μάρκελλος δια την κείνη\σιν τ[ή]ν Ίουδαϊκήν μεταβεβήκει,
απ[ο] Συρίας, άν&ύπατον 'Αχαίας, προς πέ[ν]\τε ράβδους πεμφ&έντα εις Βεΐ'&υΙνίαν
διορύ\οτην και λογιστήν υπό \ ϋ·εού 'Αδριανού, [επ]αρχον αίραρίου το[ύ] | Κρόνου,
ϋπατον, ποντίφικα, επιμε\λητήν έργων δεμοσίων των εν 'Ρώ\μγ), ηγεμόνα πρεσβευτών
Αύτοκρά\τορος Καίσαρος Τίτου Αιλίου Άδριαν[ού] Άντωνείνου Σεβαστού Ευσεβούς
Γερ\μανίας της κάτω, ανθυπάτου 'Ασίας, \ Τάνταλος Ταντάλου και Σώκος υίο[ς] \
αυτού, Σαουατρεΐς, τον εαυτού εύ\εργέτην και φίλον.

3 - Th. Homolle, CRAI, 1900, p. 704 Ancyre


= IGB, III, 173 = 0GI8, 544

[Γ(άϊον) Ίού]λ(ιον) Σεουήρον, \άπόγο\νον βασιλέως [Δ]ηϊτάρου και Άμυν-


\

\
του | τού Βριγάτου και Άμυντου τού Δυ\τ]ι(λά)ου τετραρχών \ και βασιλέως 'Ασίας
'Αττάλου, \ ανεψιον ύπατικών 'Ιουλίου \ τε Κουαδράτου και βασιλέως \ 'Αλεξάνδρου
και 'Ιουλίου Ά\κύλου και Κλ(αυδίου) Σεουήρου και συγγενή συγκλητικών |
|

πόστων, άδελφον Ίου\λίου Άμυντιανού, πρώτον \ 'Ελλήνων, άρχιερασάμενο[ν] και

\
ύπερβαλόντα επιδόσεσιν \ και ταϊς λοιπαϊς φιλοτιμίαις το[υς] \ πώποτε πεφιλο-
τ[ιμ]ημένους και \ τώι αύτώι &τει και σεβαστοφαντήσαντα κ(αι) μόνο[ν] \ και
πρώ[τον] τα άπ' αιώνος σεβαστοφα[ν]\τικά χρήματα εις 'έργον τη ι πολεί | χαρισά-
μενον και μή συνχρησάμε\νον εις το ΐλαιον τούτω τώι πόρ\ωι, ως \ οι] προ αυτού
πάντ[ες], και αρξαντα \ [και α^ωνο&ετήσαντ^] καΐ αγορανο\[μήσ]αντα, κάί τήν
γυναίκα καταστή\σαντα αρχιερείαν και αυτήν ύπερβ[α]\λούσαν επιδόσεσιν, άποδε-
ξάμεν[όν] | τε στρατεύματα τα παραχειμάσα[ν]\τα εν τγ\ πόλει και προπέμψαντα
[τα] | παροδεύοντα επί τον προς ϋά[ρ]\ϋ·ους πόλεμον, ζώντά τε δικα[ί]\ως και
Ισοτείμως, φυλή ηαρακα\λίνη εβ(δόμη) τον ϊδιον εύεργέτην, φυ\λαρχούντος Ούάριου
Λογίου, έ\τίμησεν.

4 - C. W. Μ. Cox, ΜΑΜΑ, V, 1937, ρ. 32-34, Près de Dorylée


η° 60, avec pi. 24 = ΑΈ, 1938, 144

["Ορο]ι μεταξύ Δορυλαέων [και Νι\κ]αιέων οι τε&έντες κατά κέ\λευσιν Αύτο-


κράτ(ορος) Καίσ(αρος) Τραιαν(ού) \ 'Αδριανού Σεβ(αστού) π(ατρος) π(ατρίδος) δια
Γ(αιου) Ίουλ(ίου) \ Σεουήρου πρεσβ(ευτού) αυτού αντιστράτηγου.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 197

5 - L. E. Dean, AJA, 1922, p. 451 = ΑΈ, 1923, 4 Corinthe


= A. West, Corinth, VIII, 2, n° 56
G(aium) Iulium Iuli Quadrati (filium) [F]ab(ia tribu) /Severum

\
pr(aetorem), leg(atum) | pro pr(aetore) prov(inciae) Asiae, leg(atum) leg(io-
nis) IIII ScytMcae, proco(n)s(ulem) prov(inciae) | AcJi(aiae), curionem,
|

patronum ob iustitiam et sanctitatem, | [L(ucius)~] Marius Piso, q(uaestor)


\

et praet(or), [hu]ic sponte sua cum L(uciis) Mariis Fioro /Stiacciano \ et


\

Pisoni Resiano libe\ris suis pro tribu Maneia


| d(ecreto) d(ecurionum).

\
6 - GIG, 4030 = IGB, III, 190 = OGIS, 545 Ancyre

Κλ(αυδίαν) Άκυλ(λ)ίαν \ αρχιερείαν, \ άπόγονον βα\σιλέων, -&υγα\τέρα της


μητρο\πόλεως, γνναι\κα 'Ιουλίου Σε\ουήρου τοϋ πρώ\χου των Έλλη\νίον, ύπερ(β)α\~
[λοϋααν επιδόσεΰι ]

7 - Dion Cassius, LXIX, 14, 4


Τον δε Σεουηρον ες Βν&υνίαν επεμψεν, οπλών μεν ουδέν, άρχοντος δε καΐ επι~
οτάτου και δίκαιου και φρονίμου και αξίωμα έχοντος δεομενην α πάντα εν εκείνω
ην. Kai 6 μεν διήγαγε και διωκηοε και τα ίδια και τα κοινά αυτών ούτως ώοϋ·* ήμας
και ες δεΰρο αεί αύτοϋ μνημονεύειν.
Il envoya Severus en Bithynie, (province) qui n'avait pas besoin d'une armée,
mais d'un gouverneur et d'un administrateur juste, prudent et digne d'estime: Severus
possédait toutes ces qualités. Il dirigea et administra aussi bien les affaires privées
que les affaires publiques d'une façon telle que nous, même ajourd'hui, nous nous
souvenons encore de lui.

8 - Aelius Aristide, Discours sacrés, IV, 12, p. 505, éd. Dindorf = II,
p. 428, éd. Keil.
rHv δε ήγεμών της 'Ασίας τότε ανήρ και μάλα των γνωρίμων Σεβήρος των
από της ανω&εν Φρυγίας.
Le gouverneur d'Asie était alors un homme que je connaissais bien, Severus,
originaire de la Haute Phrygie.

— ibid., IV, 71, p. 523, éd. Dindorf = II, p. 443, éd. Keil.
Ό Σεβήρος ό της 'Ασίας ήγεμών ήρξεν, οΐμαι, ενιαυτω πρότερον τοϋ ημετέρου
εταίρου · ή*ν δέ ανήρ υψηλός τους τρόπους, και δ τι γνοίη και προέλοιτο ουκ αν ύφεϊτο
ονδενί.
Severus dirigea l'Asie comme gouverneur, un an avant notre ami, je pense.
C'était un homme fier à sa façon, et il n'aurait fait de concession pour personne sur
ce qu'il avait décidé et approuvé.
198 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

— ibid., IV, 77, p. 524, éd. Dindorf = II, p. 444, éd. Keil.
Την τε γαρ δνναμιν τον ανδρός εφραζον Οση και δτι τών βασιλικών εϊη δικαστών
εις, και μάλιστα δη τον τόνον της γνώμης και την ρώμην, και ώς ονδ' αν ει τι γένοιτο,
μετα&εϊτο τών δεδογ μένων ονδέν.
Ils remarquaient le grand pouvoir de l'homme et le fait qu'il était un des juges
impériaux, et surtout la fermeté de son jugement et son énergie, et le fait qu'aucun
argument ne le faisait revenir sur ce qu'il avait décidé.

— ibid., IV, 78, p. 524-525, éd. Dindorf = II, p. 445, éd. Keil.
Μετά ταύτα Σεβήρος μεν εκ τών ανωϋ·εν χωρίων εις την "Εφεσον κατηει δικών
άγοραν άξων, και τα γράμματα άναγνονς εκέλενεν άπανταν εκεΐσε . . . ο Σεβήρος
άνωθεν, Άριστείδην, εφη, γιγνώσκω, και της δόξης αγαμαι, και σύμφημι πρωτεύειν
περί λόγονς, και ταντά μοι και παρά τών εν 'Ρώμη φίλων επέσταλται. αιτούμαι δ'
αντον, εφη, σννάρξαι μοι. τα δε δίκαια της ατέλειας αντώ και βεβαιώ και μένει.
février 153
Après cela, Severus revint des districts de l'intérieur à Ephèse pour tenir ses
assises. Après avoir lu mes lettres, il me demanda de comparaître ... Il dit tout de
suite: « je connais Aristide depuis longtemps, j'admire sa science et je reconnais qu'il
occupe le premier rang pour la rhétorique et tout ceci m'a été aussi écrit par mes
amis de Eome. Je lui demande de prendre part à l'administration, mais je lui
garantis aussi les droits de l'immunité qu'il conserve ».

— ibid., IV, 82, p. 526, éd. Dindorf = II, p. 446, éd. Keil.
Και ταύτα παρ' ανδρός οϋτω μεν άδωροδοκήτον , ώς πρότερον τα ρεϊ&ρα τών
ποταμών αν τίνα στήσαι ή 'κεΐνον πρίασ&αι, οντω δ' αϋ δεινού περί πράγματα και
πάντων ήκιστα αν εξαπατη&έντος.
Et cela de la part d'un homme si incorruptible que l'on aurait plutôt fait
rebrousser les eaux d'un fleuve que de l'acheter, d'un homme si expert dans les affaires
et qui ne s'était jamais laissé abuser.

— ibid., IV, 85, p. 527, éd. Dindorf = II, p. 446, éd. Keil.
"Ινα δ' εκπεράνω, γιγνόμευα εν τη Σμύρνη Διοννσίοις, και παρήν ό Σεβήρος
κατά την έορτήν.
Afin de conclure, nous étions à Smyrne, aux Dionysies, et Severus était présent
pour la fête.
(Suit le règlement définitif de la question de l'immunité)

Deux inscriptions grecques d'Ancyre (textes 1 et 2) présentent la


carrière du sénateur Γ(ά'ίος) 'Ιούλιος Σεονήρος, dont le prénom, Caius, ne
LES NOTICES INDIVIDUELLES 199

fait plus de doute (x), depuis la découverte à Corinthe d'une inscription


latine qui lui est dédiée (texte 5).
Une première inscription honorifique avait été élevée par la septième
phylè d'Ancyre avant son entrée au sénat. Elle présente ses ancêtres
princiers et énumère les consulaires qui lui étaient apparentés; elle fait
connaître ses honneurs municipaux et provinciaux gravés, semble-t-il,
dans l'ordre indirect (texte 3).
Trente ans plus tard, M. Iulius Euschemôn a érigé une pierre « à
son bienfaiteur » (τον εαυτόν εύεργέτην). Severus était déjà parvenu à
la dignité consulaire de légat de Germanie inférieure. Le texte indique
les fonctions sénatoriales dans l'ordre chronologique (texte 1).
Par la suite, deux habitants de Savatra, Tantalos et son fils Sokos,
ont dédié une nouvelle inscription à Ancyre, qui présente la carrière de
Severus jusqu'au proconsulat d'Asie, toujours dans l'ordre direct (texte 2).

C. Iulius Severus est un Galate de royale extraction; il descend des


anciens souverains attalides et des tétrarques de Galatie. Les détails de
cette généalogie, longuement discutés par E. Groag dans l'article qu'il
a consacré à ce sénateur dans la Beal-Encyclopädie (2), ne nous intéressent
pas directement. Il nous suint de constater la permanence de l'ancienne
aristocratie en Asie mineure à l'époque romaine. Les ancêtres de Severus
ont reçu d'Auguste, avec la citoyenneté, les noms de C. Iulius et
l'inscription dans la tribu Fabia. La lignée s'est perpétuée, puisqu'une grande
prêtresse Iulia Severa est fréquemment mentionnée sur des monnaies et
des inscriptions de l'époque de Néron (3). Malgré leur noblesse et la richesse
que révèle leur munificence, les Iulii Severi ne sont pas entrés au sénat
au Ier siècle. Sous le règne de Trajan, les cousins de Severus sont déjà
des consulaires, comme le précise la première inscription d'Ancyre

(x) Les premiers éditeurs de ces textes lisaient à la première ligne Τι. Σεονηρον
au lieu de Γ. 'l(ovXtov) Σεονηρον; aussi W. H. Waddington, Fastes des provinces
asiatiques de VEmpire romain depuis leur origine jusqu'au règne de Dioclétien, Paris,
1872, p. 217-219, n° 143, appelait-il ce proconsul Ti. [Iulius'] Severus. Déjà E. Groag,
EE, X, 1, 1918, col. 811-820, n° 484, Iulius, en particulier col. 812, avait proposé de
lire Γ. Ί(ονλων) Σεουήρον, par comparaison avec le nom de son fils homonyme, consul
ordinaire en 155.
(2) E. Groag, ibid., col. 811-820, n° 484, en particulier col. 813-814; cette étude
est antérieure à la publication des inscriptions de Corinthe et de Dorylée. Brève notice
de P. Lambrechts, Sénat romain, I, p. 36-37, n° 73. Le recensement de L. Petersen,
PIB2, IV, 3, p. 277-278, n° 573, est désormais le plus complet; l'arbre généalogique
de G. Iulius Severus figure à la p. 259.
(3) L. Petersen, ibid., p. 323-324, n° 701.
200 L'« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

(texte 3), élevée avant l'entrée du personnage au sénat: A. Iulius Qua-


dratus, le bienfaiteur de Pergame, fut consul éponyme en 105 (x); le «roi »
Iulius Alexander, descendant d'Hérode le Grand, fut consul sous Trajan(2);
Ti. Iulius Aquila Polemaeanus, consul en 110 (3), est le fils du consul de
92, Ti. Iulius Celsus Polemaeanus, originaire de Sardes, lui-même préfet
de Vaerarium militare', C. Claudius Severus enfin est le consul de 112,
issu de Phrygie (4). Le cercle familial de Severus s'étendait à de nombreux
sénateurs (συγγενής συγκλητικών πλείστων). Le cognomen de son frère
Iulius Amyntianus rappelle le souvenir de leur ancêtre, le tétrarque
Amyntas.
Severus était certainement très jeune, lorsqu'il reçut de ses
concitoyens les honneurs municipaux qui apparaissent sur la première
inscription d'Ancyre (texte 3); en tant qu'agoranome, il a assuré la
surveillance des marchés; comme agonothète, il présidait les jeux; il est enfin
devenu archonte dans la capitale galate.
Ses fonctions sacerdotales sont celles de flamine du culte impérial
à Ancyre (σεβαστοφαντής) et de grand prêtre de la province de Galatie
(άρχίερεύς). Lors de l'exercice de ces prêtrises, il a fait preuve d'une
grande générosité envers ses concitoyens: il fit des distributions d'huile
au peuple; il n'utilisa pas l'argent que lui donnait la cité pour son fla-
minat à acheter l'huile pour les jeux, mais à des constructions publiques,
et il prit à son compte la fourniture de cette huile. Son épouse, Claudia
Aquillia, elle-même descendante des anciens rois, a montré une
munificence comparable dans la fonction sacerdotale de grande prêtresse (άρχιε-
ρεια) qu'elle fut appelée à assumer (textes 3 et 6). C. Iulius Severus est
honoré de l'appellation πρώτος "Ελλήνων, qui précède toutes les
responsabilités locales; c'est l'unique qualité qui figure sur l'inscription de son
épouse, Claudia Aquillia (texte 6). On ne pense plus aujourd'hui qu'il
s'agisse d'une fonction religieuse (5); il faut supposer plutôt un titre de
dignité (6).

i1) L. Petersen, ibid., p. 257-260, n° 507.


(2) Id., ibid., p. 134, n° 136.
(3) Id., ibid., p. 144-145, n° 168.
(4) E. Groag, PIB*, II, p. 246-247, n° 1023.
(5) Id., BE, Χ, 1, col. 816, a présenté les diverses interprétations de ses
devanciers.
(6) W. Dittenberger, OGIS, 528, note 7 (à propos de Ti. Claudius Piso qui porte
aussi ce titre), le considérait déjà comme un terme purement honorifique.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 201

La première dédicace d'Ancyre se termine par le rappel de la


générosité que Severus manifesta en entretenant les troupes de Trajan, lors
de leur passage à Ancyre dans l'hiver 113-114, avant la campagne contre
les Parthes. Severus a dû se distinguer encore par son hospitalité et ses
largesses au retour de l'armée, à l'automne 117. Il se fit ainsi remarquer
par l'empereur Hadrien, qui le fit entrer par la suite au sénat parmi les
anciens tribuns: l'expression correcte est celle de καταταγέντα εις τους
δημαρχικονς, qui apparaît sur le texte 2, et non celle de καταταγέντα είς
τους δημάρχους, qui figure sur le texte 1. Le premier cursus sénatorial
d'Ancyre rappelle que le personnage a revêtu les honneurs dans sa patrie
avant de présenter la carrière sénatoriale proprement dite.

L'empereur Hadrien ne semble pas avoir usé fréquemment de Vad-


lectio; aussi l'entrée au sénat dé Severus est-elle flatteuse. L'inscription
latine de Corinthe, traduite d'ailleurs d'un texte grec, comme le montre
l'emploi de l'accusatif, est la seule qui indique la preture; les documents
d'Ancyre ne l'ont pas mentionnée. Nous ne pouvons plus douter
désormais, comme le faisait Groag i1), de l'exercice de cette magistrature après
Yadlectio inter tribunicios.
La carrière prétorienne du nouveau sénateur est bien remplie. Elle
commence par une légation auprès du proconsul d'Asie: leg. pr. pr. prov.
Asiae indique expressément le texte de Corinthe; mais la rédaction est
plus explicite à Ancyre; la qualité de πρεσβεύσας εν 'Ασία εξ επιστολής
και κωδικίλλων $εοϋ ' Αδριανού équivaut au titre latin de legatus in Asia
ex epistula et codicillis divi Hadriani. De façon générale, le texte de
Corinthe est fort bref et l'énoncé de la capitale galate beaucoup plus précis.
Hadrien a nommé l'un des légats du proconsul d'Asie, au lieu d'en laisser
le choix au consulaire, comme il en avait traditionnellement le privilège.
Il voulait sans doute confier à un homme compétent l'administration de
certains districts de la province où se posaient d'épineux problèmes
d'arbitrage entre les cités: un document trouvé près de Dorylée (texte 4)
témoigne de l'activité de Severus dans la province d'Asie; cette inscription
prouve que Severus a déterminé le tracé des frontières entre Dorylée,
cité d'Asie, et une ville, dont le nom a disparu en partie: l'éditeur du texte,
C. W. M. Cox, a restitué celui de Nicée, cité de Bithynie, voisine de
Dorylée. Le titre de πρεσβευτής αύτοϋ αντιστράτηγος, équivalent de celui de
legatus (Augusti) pro praetore, pouvait prêter à confusion: l'éditeur du

(x) E. Groag, RE, X, col. 817; mais il reste permis de supposer que Severus n'a
pas eu besoin d'exercer effectivement la preture à Eome.
202 l\< aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

texte, s'est demandé si Severus avait agi en qualité de legatus in Asia


ou de legatus Aug. pr. pr. ad corrigendum statum provinciae Ponti et Bithy-
niae et a opté pour la seconde solution (x); en fait, comme l'a remarqué
H.-G. Pflaum (2), dans cette délimitation du tracé des frontières, c'est
Dorylée, ville d'Asie proconsulaire, qui est nommée la première et qui,
par conséquent, était du ressort de Severus. La pierre retrouvée près de
Dorylée se réfère bien à la légation d'Asie de Severus. W. Eck vient de
suggérer récemment une solution qui supprimerait toute contestation:
il propose de restituer [Μι\δ]αίεων au lieu de [Νι\κ]αιεων (3); la cité de Mi-
daeum, très proche de Dorylée, se trouve dans la province d'Asie.
Severus, qui n'avait pourtant pas fait de service militaire, est nommé
légat de la légion IIIIa ScytMca, stationnée en Syrie; il prend sous ses
ordres son fils homonyme comme tribun militaire (4). Les deux Orientaux
servaient comme omciers auprès de troupes recrutées en pays de langue
grecque (5). Le cursus d'Ancyre (texte 2) est encore une fois le plus
explicite: il précise que, lors du départ du gouverneur de Syrie, Publicius
Marcellus, contre la révolte juive de 132, Severus se vit confier
provisoirement le gouvernement de la province de Syrie.
Le tirage au sort attribue au sénateur galate le proconsulat d'Achaïe,
en 133 sans doute (6); à l'occasion du gouvernement de cette province
sénatoriale, fut élevée l'inscription latine déjà mentionnée (texte 5).
Severus devint curion et patron de la tribu Maneia à Corinthe.
Hadrien envoie ensuite Severus dans la province de Pont et Bithynie
en qualité de διορ&ωτής και λογιστής; il y séjourne peut-être dans les
derniers mois de l'année 134; la durée d'une telle légation n'était pas
précisée. La correcture ajoutée à la curatelle équivaut au titre latin de le-

(!) C. W. M. Cox, MAMA, V, Manchester, 1937, p. 33-34, no 60; suivi par


D. Magie, Roman Buie, II, p. 1487-1488, notes 54 et 55.
(2) H.-G. Pflaum, Légats impériaux à V intérieur de provinces sénatoriales, dans
Hommages à Albert Grenier, coll. Latomus, LVIII, 1962, p. 1232-1242, en particulier
p. 1236-1237.
(3) W. Eck, Senatoren, p. 210-211, note 402.
(4) La carrière de C. Iulius C. f. Fab. Severus est connue par OIG, III, 4029 =
IGE, III, 172 = ILS, 8829; cf. E. Groag, BE, Χ, 1918, col. 820-822, η° 485, Iulius;
P. Lambrechts, op. cit., p. 82, n° 420; L. Petersen, PIB2, IV, 3, p. 278-279, n° 574.
(5) Voir C. S. Walton, Oriental Senators, p. 64-65.
(6) E. Groag, Achaia, col. 66-68, pensant que les fonctions de vice-légat en Syrie
ont pu se prolonger plusieurs années, proposait l'année 135. Cette date ne nous permet
pas de reconstituer la carrière jusqu'au consulat, qui se situe en 139 au plus tard.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 203

gatus Aug. pr. pr. ad corrigendum statum provinciae (x); guinquefascalis, Se-
verus a droit à cinq licteurs, ce qui témoigne du rang de gouverneur
prétorien dans une province impériale. Il est chargé de remettre de l'ordre
non seulement dans les finances, mais encore dans l'administration des
cités, tâches auxquelles s'étaient consacrés avant lui, sous le règne de
Trajan, deux anciens préfets du trésor de Saturne devenus gouverneurs
consulaires de la province, Pline le Jeune et Cornutus Tertullus. Il semble
que Severus ait mieux réussi que ses prédécesseurs, puisque Dion Cas-
sius, Bithynien lui-même, loue son activité restée célèbre parmi ses
compatriotes (texte 7). Le sénateur galate comprit peut-être mieux que des
Occidentaux les soucis de ses administrés.
Severus part ensuite pour Rome où la gestion de Vaerarium Saturni
va l'occuper pendant trois ans. Cette nomination laisse présager la
proximité du consulat sufîect, pour laquelle la présence de Severus dans la
capitale est souhaitée. Si les paires de préfets se sont succédé
normalement de trois ans en trois ans depuis le triennium 126-128, qui nous
paraît assuré pour M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus, Severus a dirigé
le trésor de 135 à 137. Il reçoit le consulat suffect au terme de sa charge,
en 138 sans doute, au plus tard en 139 (2). En effet, C. Iulius Quadratus
Bassus, qui fut, d'après le témoignage d'Aelius Aristide, proconsul d'Asie
après C. Iulius Severus, a géré les faisceaux consulaires dans le dernier
nundinium de l'année 139 (3). La curatelle des monuments publics le
retient à Eome dans les années 140-141 (4). Ce séjour permet au nouveau
consulaire d'être coopté dans le collège des pontifes.
Nous n'avons pas retenu une inscription qui relate le règlement
d'un conflit relatif à une fondation, auprès du sanctuaire d'Eleusis, par un

(x) Nous avons d'autres exemples de sénateurs qui ont assumé ces fonctions en
Orient à la même époque:
— C. Pactumeius Clemens, legatus divi Hadriani ad (OIL, VIII, 7059 =
rationes dvitatium Syriae putandas ILS, 1067 = ILAlg, II, 645)
— Ti. Claudius Atticus ήρχε . . . των κατά τήν Άσίαν (Philostrate, Tie
Η ero des ελευ&έρων πόλεων des sophistes, II, 1, 3. 8);
— τάς ελεν&έρας των πόλεων. . . διορ&οϋντο (ibid., Ι, 25, 6)
équivalent du titre latin: legatus Aug. pr. pr. missus
ad ordinandum statum liberarum dvitatium provinciae Asiae.
(2) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 40, indique « c. 139»; E. Syme, JBS, XLIII.
1953, p. 159, suggère plutôt l'année 138.
(3) CIL, XVI, 87; A. Degrassi, op. cit., p. 40; sur ce sénateur, C. A. Behr, Aelius
Aristides and the Sacred Tales, Amsterdam, 1968, p. 84-85, note 84, et p. 135.
(4) A. E. Gordon, Guratores, p. 287.
204 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET I,'« AERARIXJM MILITARE »

«préfet» appelé Severus (x). En effet, sous la formule απόφασις επάρχίον],


figure Σεβήρος (είπεν). Cherchant à identifier le « préfet », J. H. Oliver (2)
admet qu'il ne peut s'agir d'un préfet du trésor de Saturne es qualités;
la législation de fondations dans la ville libre d'Athènes n'était
certainement pas de son ressort. Il pense que les Athéniens ont pu choisir 0. Iulius
Severus comme arbitre à titre privé; ils l'auraient connu quelques années
plus tôt comme proconsul de la province voisine d'Achaie; ils auraient
eu vent de son activité en Bithynie et lui auraient demandé son arbitrage
à une époque où il était devenu praefectus aerarli. Cette hypothèse nous
paraît sujette à caution. Deux objections se présentent en effet. La
première est l'impossibilité matérielle d'un voyage de Severus à Athènes
pendant sa préfecture; il était astreint alors à résider à Borne; nous avons
vu que Pline le Jeune demanda un congé à Trajan pour quitter la ville
pendant un mois; encore se rendait-il seulement à Tifernum Tiberinum,
à la limite de l'Ombrie et de l'Etrurie. Nous pouvons imaginer que Severus
a été sollicité par les Athéniens avant son départ; dans ce cas, il n'aurait
probablement pas porté le titre de préfet qui n'était pas encore le sien.
Il est difficile de penser à une responsabilité assumée après la préfecture;
il semble que le sénateur soit resté à Borne pour gérer les faisceaux
consulaires, puis diriger le service des monuments publics. La deuxième
objection concerne le formulaire même; le principe d'une inscription est
que tout lecteur la comprenne sans ambiguïté; or, le titre d' έπαρχος ne
suggérait certainement pas aux Athéniens un préfet du trésor de Saturne,
personnage qui n'avait aucune mission officielle à remplir à Athènes. Il
faut probablement chercher dans une autre voie pour identifier l'individu
qui apparaît sur l'inscription d'Eleusis. Le cognomen Severus est
d'ailleurs très répandu au IIe siècle. En l'absence d'autre précision, nous
n'attribuons pas ce document à C. Iulius Severus d'Ancyre.
Après un long séjour à Borne, le sénateur galate reste encore éloigné
de l'Orient; sa carrière est désormais tributaire de l'avancement de ses
collègues. Antonin l'envoie comme légat en Germanie inférieure. Son
fils l'accompagne comme légat de la légion XXXa Ulpia victrix. Il est
peu probable que le gouvernement de Severus ait duré de 143 à 150,

i1) SEG, XII, 95, 1. 32-42.


(2) H. Oliver, The Ruling Power, dans TAPhSoc, XLIII, 1953, p. 966-969;
dans un article plus récent, Augustan, Flavian and Hadrianic praefecti iure dicundo
in Asia and Greece, dans AJPh, LXXXIV, 1963, p. 162-165, se demande si Υεπαρχος
d'Eleusis est un praefectus iure dicundo, mais reconnaît que l'identification du préfet
Severus et de C. Iulius Severus est loin d'être assurée.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 205

comme on le pensait traditionnellement i1), sur la foi du biographe d'An-


tonin; celui-ci affirme en effet dans l'Histoire Auguste que l'empereur
laissa les bons légats de sept à neuf ans dans la même province (2).
A. E. Birley (3) a montré l'aspect anachronique de ce passage et mis en
doute l'exceptionnelle durée des gouvernements provinciaux sous le règne
d'Antonin; il ne pense pas en particulier que 0. Iulius Severus soit resté
sept ans en Germanie.
Au terme d'un séjour de quelques années à Cologne, ressenti peut-
être comme un exil, Severus fut en droit de participer au tirage au sort
pour les deux provinces consulaires; le tirage, toujours bien préparé,
permit au sénateur, à qui échut le proconsulat d'Asie, de retrouver enfin
son Orient natal. Le gouvernement de Severus à Ephèse occupe sans doute
l'année proconsulaire 152-153. Il correspond en effet à la dixième année
de la maladie d'Aelius Aristide (4); le célèbre rhéteur de Smyrne a eu des
démêlés avec le gouverneur qui, ne lui reconnaissant pas l'immunité à
laquelle il avait droit, voulait le contraindre à assumer la fonction d'iré-
narque pour laquelle ses concitoyens à'Hadrianoutherai l'avaient
désigné (5); le quatrième Discours sacré dont nous reproduisons plusieurs
fragments porte principalement sur cette affaire. Un intervalle de quatorze
ans entre le consulat et le proconsulat paraît satisfaisant sous le règne
d'Antonin le Pieux (6). Severus eut sans doute la joie de vivre, en 155,
l'année du consulat éponyme de son fils (7).
Dion Cassius et Aelius Aristide révèlent quelques traits de sa
personnalité: ses capacités administratives et son incorruptibilité — on

(*) Ces dates ont été adoptées par la plupart des commentateurs à la suite de
E. Groag, RE, X, col. 818.
(2) SHA, Antoninus Pius, V, 3.
(3) A. R. Birley, The Duration of Provincial Commands under Antoninus Pius,
dans Corolla memoriae Erich Bwoboda dedicata, 1966, p. 46-49.
(4) W. H. Waddington, Chronologie de la vie du rhéteur Aristide, Mémoires de
V Académie des Inscriptions et Belles -Lettres, XXVI, 1867, p. 214-230, complété dans
Fastes des provinces asiatiques, p. 217-219, n° 143, proposait l'année 153-154. D.
Magie, Roman Rule, II, p. 1584, indique: 152-153? Dans son étude récente, C. A. Behr,
op. cit., p. 80-81, et p. 135, adopte l'année proconsulaire 152-153.
(5) Sur la question de l'immunité, voir A. Boulanger, Aelius Aristide et la
sophistique dans la province d'Asie au IIe siècle de notre ère, Paris, 1923, p. 138-143, et plus
récemment, C. A. Behr, op. cit., p. 80-86, et Gr. W. Bowersock, Greek Sophists in the
Roman Empire, Oxford, 1969, p. 36-40.
(e) B. E. Thomasson, Die Statthalter, 1,, p. 24-25, et C. A. Behr, op. cit., p. 132.
(7) Voir la note 4, p. 202, et A. Degrassi, Fasti consolari, p. 44.
206 l'« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

aurait plutôt fait rebrousser les eaux d'un fleuve que de l'acheter —
justifient la désignation de ce sénateur à la direction de Vaerarium Saturni.

La préfecture du trésor occupe une place très particulière dans la


carrière de cet homme nouveau. C'est le cinquième poste prétorien et le
premier qui ait été exercé en Occident: l'avancement de Severus s'était
fait jusque-là en pays grec par la volonté d'Hadrien et le tirage au sort
d'une province sénatoriale hellénophone, l'Achaie. L'administration du
trésor sénatorial fait suite à une bonne gestion financière dans la province
de Pont et Bithynie. Elle fait entrer C. Iulius Severus dans le cadre
général des hauts fonctionnaires de l'Empire. Un type de carrière
nettement individualisé sous le règne d'Antonin lui est désormais dévolu: la
curatelle des monuments publics, une légation consulaire en Occident,
un proconsulat enfin qui, pour l'Oriental Severus, est celui d'Asie, alors
que ce sera celui de l'Afrique pour l'Africain Salvius Iulianus quelques
années plus tard.

42 - ARRIANUS SEVERUS

praefeetus aerarti Hadrien

1 - (Aburnius) Valens, Dig., XLIX, 14, 42

Arrianus Severus praefeetus aerarii, cum eius, qui tacite rogatus fuerat
non capienti fideicommissum reddere, bona publicata erant, pronuntiavit
nihilo minus ius deferendi ex constitutione divi Traiani habere eum cui
fideicommissum erat relictum. Quia autem nonnulli ingrati adversus bene-
ficium divi Traiani post professionem quoque de tacito fideicommisso factam
cum possessoribus transigunt atque tribus edictis evocati non respondent,
placuit senatui tantum ab eo qui id feeisset exigi, quantum apud aerarium
ex ea causa quam detulerat remanere oporteret, si professionem suam im-
plesset; et si possessoris quoque fr aus apud praefectum convieta fuisset, ab
eo quoque quod convictus inferre debuisset exigi.
Arrianus Severus, préfet du trésor, comme on avait confisqué les biens d'un
homme qui avait été chargé en secret de remettre un fidéicommis à quelqu'un qui
ne pouvait recevoir l'héritage, déclara que celui pour qui ce fidéicommis avait été
laissé n'en avait pas moins, en vertu d'une constitution du divin Trajan, le droit de
le dénoncer. Mais du fait que quelques-uns, sans reconnaissance pour le bienfait du
divin Trajan, même après avoir fait la déclaration du fidéicommis secret, concluent
un arrangement avec les possesseurs et ne répondent pas à trois citations successives,
le sénat a décidé de faire payer à celui qui aurait agi ainsi la somme que le trésor
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 207

aurait dû gagner de la déclaration, si l'affaire eût été menée à sa fin; et que, si le


possesseur était lui aussi convaincu de fraude devant le préfet, il serait contraint
également à verser la somme qu'il aurait dû perdre, une fois convaincu.

peut-être 2 - CIL, XIV, 3587 = Inscr. Ital., Tibur, regio I


IV, 1, n° 100
a) Arrianus Aper Veturius | Severus, co(n)s(ul), XV(vir) sac(ris) fa-
c(iundis).
b) praet(ori) peregrino, t(ribuno plebisf)[ ] | trib(uno) mil(itum) le-
g(ionis) XV Apolli[naris]

peut-être 3 - CIL, VI, 31132 Eome

[Locus datus a ]o Arriano \ [curatore op(erum) publ(icorum) et


aed(ium) sa]crarum

Un passage du cinquième livre sur les fldéicommis du jurisconsulte


Aburnius Valens, cité par le Digeste, fait connaître un préfet du trésor
par deux de ses cognominai Arrianus Severus (x).
Le consul de 109, C. Aburnius Valens (2), a eu un fils, L. Fulvius
Aburnius Valens (3): la filiation, C. /., apparaît sur l'inscription romaine
qui donne la carrière sénatoriale de ce dernier (4). Il est difficile d'identifier
le juriste au consul de 109 (5): on sait, par le Digeste, que Valens fut, dans
l'école sabinienne, le successeur de Iavolenus Priscus (6); en outre, dans
le passage qui précisément nous intéresse ici, Valens qualifie Trajan de
divus. Le jurisconsulte Aburnius Valens est vraisemblablement L. Fulvius
Aburnius Valens et sa carrière s'est déroulée sous le règne d'Hadrien (7).
Cette précision donne un terminus ad quem pour dater le préfet du trésor.
Un doute pourrait demeurer à propos de celui-ci; il se réfère en effet à
une constitution du divin Trajan; mais le terme divus se trouvait-il dans
le texte d'Arrianus Severus ou a-t-il été ajouté par la suite par le juriste

(1) P. v. Kohden, BE, II, 1, 1895, col. 1229, n° 5, Arrianus, et E. Groag, PIB2,
I, p. 210, n° 1081.
(2) E. Groag, PIB2, II, add. et corr. p. ix, n° 21 b.
(3) A. Stein, PIB2, III, p. 209-210, n° 526.
(4) CIL, VI, 1421 = ILS, 1051.
(5) Comme le faisait E. Groag, op. cit., p. ix, n° 21 b.
(6) Dig., I, 2, 2, 53; sur Iavolenus Priscus, cf. W. Kunkel, Herkunft, p. 138-140.
(7) W. Kunkel, ibid., p. 151-153.
208 l'« aerarium saturni» et l'« aerarium militare»

Valens! Dans la deuxième hypothèse, Arrianus Severus pourrait être un


contemporain de Trajan ou d'Hadrien. En fait, deux autres passages du
Digeste attestent que des dispositions sur les fldéicommis ont été prises
par le sénat d'Hadrien; il semble bien qu'il s'agisse des mêmes i1). Aussi
est-il vraisemblable de considérer Arrianus Severus comme un préfet du
trésor d'Hadrien.
Peut-être faut-il identifier ce personnage à Arrianus Aper Veturius
Severus, consul, quindecemvir sacris faciundis, qui a élevé, à Tivoli, une
dédicace à un ami (2). Ce rapprochement n'est pas assuré.
Du fait que nous avons remarqué, pour le règne d'Hadrien, la
fréquence de l'avancement des anciens préfets du trésor à la curatelle des
monuments publics, nous relevons l'existence d'un sénateur -us Arrianus
chargé de ce dernier poste à une époque indéterminée (3). Mais là encore
il n'y a aucune certitude.
Nous ne pouvons pas envisager de reconstituer le cursus du préfet
du trésor Arrianus Severus; il est cependant possible que ce sénateur de
l'époque d'Hadrien ait été préfet du trésor, consul, puis curateur des
monuments publics.

Le passage du Digeste est plus important par les renseignements


qu'il fournit sur l'activité judiciaire des préfets du trésor que par le nom
qu'il permet d'ajouter aux fastes de la préfecture. Le préfet est appelé
à sanctionner les infractions à la législation sur les fidéicommis qui
touchent les intérêts de Y aerarium; il n'intervient certainement pas pour
régler les conflits privés entre l'héritier fiduciaire et le bénéficiaire du
fidéicommis, qui sont du ressort du praetor fideicommissarius (4).

i1) Dig., XLIX, 14, 15, 3 et 4.


(2) Cette identification est proposée par P. v. Kohden, BE, II, 1, 1895, col. 1229,
n° 3, Arrianus, et E. Groag, PIB2, 1, p. 210, n° 1080. Le plus récent éditeur de ce texte,
J. Mancini, Inscr. Ital., IV, 100, fait le même rapprochement, mais propose une autre
interprétation du document: la première colonne mentionnerait le dédicant et la
deuxième le dédicataire; nous nous rallions à cette suggestion qui explique le datif
praet(ori) peregrino; le complément praet(or) peregrino(rum) envisagé par les
précédents commentateurs, à la suite de B. Borghesi, est moins satisfaisant.
(3) E. Groag, PIB2, I, p. 210, n° 1079, et A. E. Gordon, Curatores, p. 300, ne
proposent ni date ni rapprochement.
(4) Sur la pratique des fldéicommis, voir les articles Fidecommisso du Novissimo
Digesto Italiano, 1961, p. 188-192, et de Γ Enciclopedia del diritto, 1968, p. 103-109,
ainsi que l'étude de G·. Impallomeni, Prospettive in terma di fidecommesso, dans
Conferenze romanistiche di Trieste, 1967, p. 274-295, en particulier p. 287-288.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 209

43 - Q. LICINIUS [QUABTIFUS?] MODESTINUS [SEX.Ï]


ATTIUS LABEO

praef. aeravi [Saturni] 138-140

1 - CIL, XIV, 2405; cf. H.-G. Pflaum, CRAI, Bovillae, regio I


1967, p. 197 = AE, 1967, 72

Q(uinto) Licinio [Quartino?] | Modestin[o Sex(to) Attio] \ Labeoni


XV\viro sacr(is) fac(iundis), | fetiali, consuli, [proco(n)s(uli) prov(inciae)
Achaiae], j praef(ecto) aerarì(i) [Saturni, curatori] \ viae Salariae, [praetori,
tribuno] | plebis, quaesto[ri provinciae Afri?]\eae, Xvir(o) stliti[bus iudican-
dis,] sodali Augustali, \ Albani [Longani] \ Bovillen[ses patr(ono)].

2 - CIL, III, 7270 Corinthe, Achaie

[ Qua?]rt[inumf] | Modestin[um] \ Attium Labeonem, [Xvir(um)]

\
stlitibus iudican[dis].

3 - Inscr.Ital., XIII, 1, n° 5, p. 204-205, Fasti Ostienses


tab. XXVII, 1. 10-11

[Sex{tus) Eru]cius Glarus II, Cn(aeus) Claudius Sev[erus] \ [ ]


Mart(iis) loco Clari Q(uintus) Licinius Modest[inus] a. 146

Les notices anciennes relatives à Q. Licinius [-] Modestinus Attras


Labeo, connu par une inscription honorifique de Bovillae et une pierre
de Corinthe, ne sont plus utiles depuis l'étude que H.-G. Pflaum a
consacrée à la carrière de ce sénateur (x). Un élément nouveau était déjà
apparu: des fragments des fastes d'Ostie ont révélé que Q. Licinius
Modestinus fut consul suffect à partir du mois de mars 146. Mais, surtout,
H.-G. Pflaum a expliqué la présence du document qui mentionne ce
sénateur à Corinthe: les inscriptions latines relatives à des sénateurs
retrouvées dans cette ville honorent toujours des magistrats romains de la

i1) PIB1, II, p. 280, n° 145; F. Miltner, BE, XIII, 1, 1926, col. 436, n° 116,
Licinius; P. Lambrechts, Sénat romain, I, p. 83, n° 431. Voir désormais H. -Gr. Pflaum,
Les prêtres du culte impérial sous le règne d'Antonin le Pieux, dans ÖBAI, avril-juin
1967, p. 195-197, et le résumé de L. Petersen, PIB2, V, 1, p. 49, n° 213.

14
210 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARITJM MILITARE »

province d'Achaie {l). Nous devons donc considérer Licinius Modestinus


comme un proconsul, un légat ou un questeur de cette province
sénatoriale; la seule restitution possible sur le cursus mutilé de Bovillae est
précisément, à la ligne 4, le proconsulat.
La carrière est présentée dans l'ordre indirect, à l'exception de
l'appartenance à l'une des confréries responsables du culte impérial; cette
sodalité est mise en évidence à la fin du texte. Nous savons par Tacite
que les sodales Augustales étaient en relation avec le saerar ium gentis
Juliae de Β ovules (2); des archives diverses de ce collège ont été
retrouvées dans cette cité (3). La dédicace à Licinius Modestinus fut
probablement élevée par les Albani Longani Bovillenses à l'occasion de la
cooptation de Modestinus.
La désignation du jeune homme au poste de decemvir stlitibus iudi-
candis le prédestine déjà à une carrière administrative (4). Sans effectuer
de service militaire, Licinius Modestinus accède à la questure: la province
sénatoriale qui lui est attribuée peut être aussi bien la Bétique que
l'Afrique. Il faut restituer la preture entre le tribunat de la plèbe et la
curatelle de la via Salaria. Trois fonctions prétoriennes conduisent le sénateur
au consulat: la curatelle de l'antique route du sel qui coupe d'ouest en
est la péninsule italienne, une préfecture financière à Eome, le
proconsulat d'Achaïe enfin.
H. -G. Pflaum invoque deux raisons pour voir dans ce texte la
préfecture de Vaerarium Saturni plutôt que celle de Yaerarium militare.
Après le restitution de curatori, à la ligne 5, il reste encore une lacune de

(x) La plupart des inscriptions latines de Corinthe se trouvent dans le


volume III du Corpus Inscriptionum Latinarum et dans les deux volumes publiés sous le
titre Corinth, t. VIII, l'un en 1931 par A. B. West, l'autre en 1966 par J. H. Kent.
(2) Tacite, Ann., II, 41: Fine anni sacrarium genti Iuliae efìigiesque divo
Augusto apud Bovillas dieantur. (A la fin de l'année (16), on dédie à Bovilles un
sanctuaire consacré à la famille Iulia et une statue au divin Auguste).
Ann., XV, 23: Ludicrum circense, ut Iuliae genti apud Bovillas, ita Claudiae
Domitiaeque apud Antium ederetur. En 63, à l'occasion de la naissance de la fille de
Néron et Poppée. (On décida que les jeux du cirque, institués à Bovilles en l'honneur
de la famille Julia, seraient donnés aussi à Antium pour les familles Claudia et Do-
mitia) .
(8) Fragments de fastes et actes de cooptation: CIL, XIV, 2388 à 2404
(Bovillae).
(4) Les viri militares ont plutôt commencé leur carrière par les postes de triumvir
monetalis ou quattuorvir viarum curandarum: cf. E. Birley, Senators in the Emperors'
Service, dans Troc, of the Brit. Acad., XXXIX, 1953, p. 202-203.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 211

sept lettres; le mot Saturni comporte effectivement sept signes, alors que
militaris en compte neuf. Ce premier argument est intéressant, puisque
la plupart des fonctions sont indiquées en toutes lettres sur l'inscription
de Bovillae; nous pouvons cependant lui objecter que l'abréviation praef.
aeravi militar, se rencontre parfois i1). Le second motif est plus discutable:
certes la carrière de L. Albinius Saturninus montre, quelques décennies
plus tard, l'avancement de la préfecture du trésor sénatorial au
proconsulat d'Achaïe (2); malheureusement nous connaissons aussi un ancien
préfet du trésor militaire qui a gouverné par la suite l'Achaie, juste avant
le consulat (3); et, plus proche de Licinius Modestinus dans le temps,
nous relevons le cas de C. Iulius Severus, qui fut proconsul d'Achaie avant
de gérer le trésor du sénat et non après (4).
Nous pouvons cependant avancer un troisième argument en faveur
de la préfecture de Vaerarium Saturni: c'est le caractère exclusivement
civil de la carrière de Licinius Modestinus; il n'est pas passé par le tri-
bunat militaire avant la questure; il n'a pas commandé de légion. Cet
homme était visiblement inapte au service armé; il a servi dans
l'administration à Borne, en Italie et dans les provinces sénatoriales. Ce type
d'avancement est fréquent pour les responsables de la caisse sénatoriale (5).
En revanche, à cette époque, la gestion du trésor militaire est confiée
le plus souvent à des hommes qui ont l'expérience de l'armée (6); seul fait
exception l'avancement de Salvius Iulianus sous Antonin: pour ce juriste
renommé, la carrière prétorienne se limite aux deux préfectures
financières, qui lui permettent de rester à Eome pour conseiller l'empereur (7).
Les fastes de la préfecture de Vaerarium Saturni nous aident à
préciser ses années d'exercice; nous avons reconstitué le collège des préfets
pour le triennium 141-143 (8). Les années 138 à 140 conviennent
parfaitement pour Licinius Modestinus: l'ancien préfet du trésor est parti pour

i1) Voir le tableau I des responsables de Vaerarium Saturni: la titulature.


(2) CIL, X, 4750; voir la notice n° 55.
(3) II s'agit de C. Sabucius Maior Caecilianus: CIL, VI, 1509; voir la notice
n° XXIV.
(4) IGB, III, 174 = ILS, 8826; voir la notice n° 41.
(5) Voir le tableau III, 2, a et son commentaire: la carrière prétorienne des prae-
fecti aerarii Saturni.
(6) Voir le tableau III, 2, a et son commentaire: la carrière prétorienne des prae·
fedi aerarii militaris.
(7) Voir la notice n° 46.
(8) L. Coelius Festus (n° 44) et P. Mummius Sisenna Rutilianus (n° 45).
212 ΐΛ( AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Corinthe en 142 ou 143. Gérer les faisceaux consulaires en mars 146, une
dizaine d'années après la preture, était un avancement normal pour un
sénateur qui venait de parcourir une modeste carrière civile. Le
parallélisme de son cursus et de celui de son successeur mérite d'être remarqué:
quatre postes civils conduisent L. Coelius Festus de la preture au
consulat; la préfecture de Vaerarium Saturni est suivie aussi d'un proconsulat.
L'appartenance de Licinius Modestinus à trois collèges sacerdotaux
retient notre attention: le sénateur est devenu successivement fétial,
quindecemvir sacris faciundis, sodalis Augustalis enfin, après 146. Cette
dernière cooptation situe le consulaire dans le milieu sénatorial. Il
n'évolue certainement pas dans les hautes sphères de la Cour; nous nous
attendrions dans ce cas à le trouver parmi les sodales Hadrianales qui,
sous le règne d'Antonin, constituent la confrérie « la plus huppée » (x).
Mais, dans la classe dirigeante, Licinius Modestinus pouvait se flatter
d'un rang honorable.
Les fastes consulaires d'Ostie révèlent le nom usuel du sénateur,
Q. Licinius Modestinus. Sur la pierre de Bovilles, la nomenclature n'est
pas complète. Dans la brève notice de la ProsopograpMa Imperii
Romani, L. Petersen suppose qu'il doit les noms d'Attius Labeo à une
adoption testamentaire; mais le poète Attius Labeo vivait au 1er siècle (2).
Il n'est pas possible de préciser les liens de parenté qui unissent le préfet
de Vaerarium à Sex. Attius Suburanus Aemilianus, qui fut consul pour
la deuxième fois en 104 (3). La fréquence du prénom Sextus chez les Attii
incite H.-G. Pflaum à restituer les lettres Sex. (4); ce prénom ne figure
cependant pas sur le texte de Corinthe. Sur la pierre de Bovilles, il est
nécessaire de faire figurer, après le gentilice Licinius, soit la filiation et la
tribu, soit un premier cognomen. H.-G. Pflaum propose la seconde
solution qui rend compte du E et de la haste bien visibles à la première ligne
de la pierre de Corinthe (4); le surnom qu'il suggère, celui de Quartinus,
est loin d'être assuré cependant.
Du fait que les trois témoignages dont nous disposons sur Q.
Licinius Modestinus s'expliquent par une fonction officielle, nous n'avons

i1) H.-G. Pflaum, loe. cit., p. 200-204.


(a) II est connu par la satire de Perse, I, 4; cf. A. Stein, PIB2, I, p. 273, n° 1358.
(3) Sex. Attius Suburanus, ancien préfet du prétoire de Trajan, fut admis au
sénat par adlectio; il devint consul suffect en 101 et consul ordinaire en 104; cf.
A. Stein, PIB2, I, p. 274, n° 1366, et R. Syme, Tacitus, I, p. 56, et II, p. 599, note 8,
qui le fait venir de Gaule narbonnaise.
(4) H.-G. Pflaum, loc. cit., p. 197.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 213

pas d'éléments pour déceler l'origine du sénateur. Du moins est-il


apparenté à un consulaire du début du siècle.

La préfecture de Vaerarium Saturni, gérée, semble-t-il, de 138 à 140,


s'insère harmonieusement dans une carrière exclusivement civile; les
prêtrises sont aussi nombreuses que les postes prétoriens. Sans appartenir
à l'entourage impérial, Q. Licinius Modestinus fut un administrateur en
faveur sous les règnes d'Hadrien et d'Antonin; il a été spécialement
affecté aux affaires du sénat.

44 - L. COELIUS FESTUS

praef. aerari Saturni 141-143

1 - CIL, XI, 1183 = ILS, 1079 Veleia, regio Vili

L(ucio) Coelio Festo,\co(n)s(uli),praetóri, proco{n)s(uli)\provinciae Ponti


et Biihyn(iae), | praef(ecto) aerari Saturni, leg(ato) [I]mp(eratoris) Antonini
\

Aug(usti) | Astu[rï]ae et Caïlaeciae, \ praef(ecto) fr\u]menti danài ex s(enatus)


c(onsîdto), | adlect[o i]nter tribunicios, | res publica Velleiât(ium) | patrono.

2 - Inser. Ital., XIII, 1, n° 5, p. 206-207, Fasti Ostienses


tab. XXVIII, 1. 19
[L(ucius)~] Coelius Festus, P(ublius) Orfidius Senecio a. 148
Un fragment des fastes d'Ostie a révélé l'existence d'un Coelius
Festus, consul suffect en 148. Ce nom doit être rapproché de celui du
sénateur L. Coelius Festus, à qui la cité de Veleia a dédié une inscription
honorifique; Borghesi avait daté ce cursus du règne de Caracalla par la
mention d'un Imp. Antoninus Aug. à la cinquième ligne (χ); par la suite,
cet empereur fut identifié à Antonin le Pieux (2). Il reste un écho de ces
controverses dans la notice que la Prosopographia Imperii JRomani a
consacrée à ce sénateur (3). Ces discussions sont hors de propos, depuis que

(x) B. Borghesi, Oeuvres, VIII, Paris, 1859, p. 325-329.


(2) W. Huttl, Antoninus Pius, Prague, II, 1933, p. 103, et D. Van Berchem,
Les distributions de blé et d'argent à la plèbe romaine sous VEmpire, Genève, 1939,
p. 97, note 3.
(3) E. Groag, PIB2, II, p. 297, n° 1243, qui ne connaissait pas encore la date
du consulat.
214 l'« aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

H.-G. Pflaum a démontré que la titulature abrégée Imp. Antoninus Aug.


se réfère toujours à Antonin le Pieux (x). La seule indication du
proconsulat de Pont et Bithynie suffit aujourd'hui pour donner à l'inscription
un terminus ante quern: l'année 165, date à laquelle L. Hedius Lollianus
Avitus a été le premier gouverneur impérial de cette ancienne province
sénatoriale, administrée jusqu'alors par des proconsuls de rang
prétorien (2). Il est donc naturel d'identifier le consul de 148, révélé par les
fastes d'Ostie, à notre sénateur.
La pierre de Veleia présente la carrière dans l'ordre inverse, après
avoir détaché les deux magistratures supérieures, consulat et preture.
L. Coelius Festus entre au sénat par adlectio avec le rang d'ancien
tribun, à la fin du règne d'Hadrien sans doute. On ne connaît ni son âge
ni ses antécédents. Peut-être était-il né dans l'ordre équestre.
Il exerce normalement la preture, puis quatre fonctions prétoriennes
avant le consulat. Praefectus frumenti danài ex senatus consulto, il est
responsable pendant une année des distributions gratuites de blé à la
plèbe romaine. Il part ensuite pour l'Espagne, où Antonin l'a nommé
iuridicus pour l'Asturie et la Galice; on ne connaît pas la durée de cette
légation (3). Rentré à Eome, il gère, pendant trois ans sans doute, la caisse
sénatoriale; consul suffect au printemps 148, L. Coelius Festus a été le
prédécesseur de Salvius Iulianus et C. Popilius Carus Pedo,
vraisemblablement collègues à la préfecture du trésor, dont les consulats respectifs
datent de 148 — il s'agit du consulat ordinaire — et de la fin de l'année
147 (4). Si la durée triennale de la préfecture a été respectée, L. Coelius
Festus a administré V aerarium de 141 à 143.
Il est parti au printemps de 145 ou de 146 pour prendre son poste
de proconsul de Pont et Bithynie le 1er juillet (5). Eevenu dans l'été de
146 ou de 147, il a géré les faisceaux consulaires au printemps de l'année
148 seulement.

(x) Voir désormais l'étude de H. -G·. Pflaum, Les titulatures abrégées « Imp.
Antoninus Aug. » et « Antoninus Imp. » s'appliquent en principe à Antonin le Pieux,
dans Mélanges offerts à Jérôme Carcopino, 1966, p. 717-736, en particulier p. 726.
(2) Lucien, Alexandros, 57; IGB, III, 84; cf. D. Magie, Roman Buie, II, p. 1533,
note 7.
(3) Gr. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 85, place son séjour en Espagne « etwa
143-145 »; cette date nous paraît trop rapprochée du consulat.
(4) Voir les notices n° 46 et n° 47.
(5) Les fastes proconsulaires de la province de Pont et Bithyniene sont pas
précisément établis, faute de dates, et ne nous permettent pas d'assigner à L. Coelius
Festus une année plutôt qu'une autre; cf. D. Magie, Roman Rule, II, p. 1591.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 215

Un avancement particulièrement lent (une douzaine d'années sépare


la preture du consulat suffect) ne surprend pas pour un homme entré
au sénat par adlectio et dont la carrière prétorienne fut exclusivement
civile. Les talents de L. Coelius Festus étaient visiblement ceux d'un
administrateur. Ce personnage occupe, sous le règne d'Antonin, une place
relativement modeste dans l'ordre sénatorial. Le patronat sur la cité de
Veleia ne se justifie par aucun des postes connus; il ne peut pas
s'expliquer non plus par la notoriété du sénateur. Aussi est-il vraisemblable
de considérer Veleia comme la patrie de L. Coelius Festus.

45 - P. MUMMIUS P. f. Gai. SISEMA EUTILIANUS

praef. aer. Saturni 141-143

1 - CIL, XIV, 3601 = ILS, 1101 = Inscr. Ital., Tibur, regio I


IV, 1, η» 115

P(ublio) Mummio P(ublii) f(ilîo) Gal(eria tribu) Si\sennae Rutiliano, |


co(n)s(uli), auguri, proco(n)s(uli) \ provinc(iae) Asiae, legato Aug(usti)

|
pr(o) pr(aetore) Moesiae superioris, \ praef(ecto) aliment(orum) per Aemi-
liam, | praef(ecto) aer(arii) Saturni, leg(ato) leg(ionis) VI \ victric(is), prae-
tori, tr(ibuno) pl(ebis), quaest(ori), | trib(uno) leg(ionis) V Maced(onicae),
Xviro stli\tib(us) iudic(andis), patrono munid\pii, cur(atori) fani H(ercu-
lis) v(ictoris), Salio, Her\eulanii Augustales', \ l(ocus) d(atus) s(enatus)
c{on$ulto).
A droite: Dedicata Jcal(endis) Iun(iis) Maximo \ et Orfito co(n)s(u-
Ubus).
A gauche: Curantibus P(ublio) Bagonio Saturnino et C{aio) Marcio
Marciano, q(uaestoribus) \ ordinis Augustalium Tiburtium.
1er juin 172

2 - CIL, XIV, 4244 = Inscr. Ital., IV, 1, n° 116 Tibur

[P(ublio)] Mummio P(ublii) f(ilio) [Gal(eria tribu) \ Sïjsennae Ru-


tili[ano | c]o(n)s(uli), auguri, proco(n)s(uli) p[rov(inciae) \ As]iae, legato
Aug(usti) pr(o) pr(aetore) [Moesiae \ sup~\erioris, praef(ecto) alimen[t(orum)
per | Aemilia]m, praef(ecto) aer(arii) Saturni, [leg(ato) leg(ionis) \ FI]
victric(is), praetori, tri[b(uno) pleb(is), \ quaest(ori),~] trib(uno) leg(ionis)
V Maced{onicae), X[viro \ stlit(ibus) i]udicandis, patron[o muni\cipii,
c]ur(atori) fani H(erculis) v(ictoris), [Salio, senat]us populusque T[iburs~\.
\
216 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET IÂ( AERARIUM MILITARE »

3 - CIL, Χ, 6587 Velitrae

Pr(idie) non(as) Iun(ias) [P(ublio) Mum\mw Sisenna [T(ito) Prifer-


ri]io Paeto co(n)s(ulibus)

4 - Inser. Ita!., XIII, 1, n° 5, p. 204-205, Fasti Ostienses


tab. XXVII, 1. 12

[P(ublius)] Mummius Sisenna, T(itus) Prifernius Paet[us] juin 146

5 - Lucien, Alexandre ou le faux prophète.

4. Αυτός μεν γαρ τω γαμβρω 'Ρουτιλιανώ ποτέ γράφων. . . (ρ. XI, éd. Caster)
Celui-ci cependant écrivant à Rutilianus son gendre. . .

30. 7Ων πρώτος και κορνφαιότατος εγένετο 'Ρουτιλιανός άνήρ τα μεν αλλά
καλός και αγα&ος και εν πολλαΐς τάξεσι 'Ρωμαϊκαϊς εξηταα μένος, τά δε περί τους
ϋ·εονς πάνυ νοαών και αλλόκοτα περί αυτών πεπιστευκώς. (ρ. XXXVII, éd. Caster)
A leur tête vint se placer, Rutilianus, homme estimable à tous égards, qui
s'était distingué dans plusieurs fonctions romaines, mais malade de superstition et
atteint d'étranges croyances sur les dieux.

31. Ό δε, ως αν τοϊς πλείστοις και δυνατωτάτοις φίλος ων . . . (ρ. χχχΐχ,


éd. Caster)
Celui-ci, lié d'amitié avec la plupart des puissants personnages de Rome . . .

33. Βούλομαι δε σοι και των ' Ροντιλιανω δο&εντων χρησμών ενίονς ειπείν, πνν-
αανομένω γαρ αντω υπέρ τον παιδος εκ προτέρας γυναικός, παιδείας ώραν έχοντος, . . .
είτα μετ ολίγας ημέρας του παιδος αποθανόντος ... (ρ. XXXIX, éd. Caster)
Je désire vous donner quelques uns des oracles qu'il rendit à Rutilianus. Celui-
ci l'interrogeant sur le fils qu'il avait eu d'un premier mariage, et qui était alors dans
la fleur de l'âge . . . puis quelques jours après l'enfant mourut . . .

34. Ό δε έβδομηκοντούτης άπέ&ανεν μελαγχολήσας. (p. XL, éd. Caster)


II est mort fou à soixante dix ans.

35. Έρομένω δε αντω ποτέ και περί γάμον ρητώς εφη · γημον 'Αλεξάνδρου
τε Σεληναίης τε ϋύγατρα . . .
Ό δ' ούδεν μελληύας 6 συνετότατος 'Ρουτιλιανός επεμπεν εΰϋ"υς επί την
κόρην και τους γάμους σννετέλει εξηκοντούτης ννμφιος και συνην, την πεν&εράν
Σελήνην εκατόμβαις δλαις ίλασκόμενος και των επουρανίων εις και αυτός οιόμενος
γεγονέναι. (p. XLI, éd. Caster)
LES NOTICES INDIVIDUELLES 217

Eutilianus lui ayant demandé un jour s'il devait se marier, il lui répondit
nettement: « prends la fille qu'ont eue Alexandre et la Lune » . . .Sans perdre un instant,
le sage Kutilianus fit demander la fille en mariage, et, époux sexagénaire, célébra
ses noces; il se rendit favorable sa belle-mère, la lune, par de nombreuses hécatombes,
et imagina qu'il était devenu lui-même un des dieux célestes.

48. "Εχων γαρ ου μικράν επίβααιν επί τα βασίλεια και την αύλην τον "Ρου-
τιλιανον εύδοκιμοϋντα, διαπεμπεται χρηομον του εν Γερμανία πολέμου ακμάζοντος.
(p. Lin, éd. Caster)
Comme il avait un accès facile auprès du palais et de la cour, par le crédit dont
jouissait Eutilianus, il publia un oracle dans le temps où la guerre était allumée en
Germanie.
57. Άλλ" δ τότε ηγούμενος Βιϋννίας και τοϋ Πόντου Αϋειτος επέοχε, . . .
δια γαρ την προς 'Ρουτιλιανον εϋνοιαν μη αν δνναϋϋαι, καΐ ει φανερώς λάβοι αδι-
κοϋντα, κολάοαι αυτόν. (p. LXiii, éd. Caster)
Mais le gouverneur de Pont et Bitiiynie d'alors, Avitus (L. Lollianus Avitus,
en 165) me retint . . . Son amitié pour Eutilianus le mettait dans l'impossibilité de
punir Alexandre, même s'il était manifestement convaincu d'imposture.

60. Άλλ' δ αγωνοϋ'ετης "Ρουτιλιανος αύτεφανώτους αυτούς απέπεμψεν αύτω


την προφητείαν φυλάττων μετά την εντεϋ'&εν άπαλλαγήν. (p. LXV, éd. Caster)
Après la mort d'Alexandre, Butilianus est appelé à arbitrer entre les éventuels
successeurs du prophète.
Mais l'agonothète Eutilianus les renvoya sans couronne et conserva (à
Alexandre) le droit de rendre des oracles même après sa mort.
Le consulaire Eutilianus est célèbre par les passages de Lucien qui
raillent la crédulité et la superstition dont il fit preuve sur ses vieux jours;
il devint le protecteur et le gendre du « faux prophète » Alexandre d'A-
bonotique; il était déjà sexagénaire, lorsqu'un oracle de son ami lui
recommanda d'épouser la fille que ce dernier affirmait avoir eue de la Lunei1).
Le cursus de Eutilianus est gravé sur deux bases de statues
retrouvées à Tivoli; elles portent son nom complet: P. Mummius Sisenna
Eutilianus, fils de Publius, inscrit dans la tribu Galeria. Elles témoignent de
la dévotion de ce sénateur, patron de Tibur. La première lui a été élevée,
le 1er juin 172, par le collège des Herculanii Augustales, qui, à Tibur,
célébrait à la fois le culte local d'Hercule et le culte impérial (2). Eutilia-

(x) Voir M. Caster, Etudes sur Alexandre ou le Faux prophète de Lucien, Paris,
1938, p. 52, et J. Beaujeu, La religion de la classe sénatoriale à Vépoque des Antonius,
dans Hommages à Jean Bayet, coll. Latomus, LXX, Bruxelles, 1964, p. 58 et 69.
(2) M. Jaczynowska, Cultores Herculis w Tibur, dans Przeglad Historyczny, LIX,
3, Varsovie, 1968, p. 428-437, a noté que «l'essor du collège des Eerculanei Augustales
appartient à l'époque des Antonine ».
218 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARroM MILITARE »

nus est alors curateur du temple le plus important de la ville; cet honneur
était fort recherché. Il est également salien à Tibur. Les fastes d'Ostie
ont révélé la date de son consulat, en juin 146, permettant ainsi de lui
attribuer l'inscription de Velitrae i1). Le consul suffect de 146, fils d'un
Publius, inscrit dans la tribu Galeria, est probablement le fils de P. Mum-
mius Gai. Sisenna, consul ordinaire en 133 (2). L'intervalle de treize
années entre le consulat ordinaire du père et le consulat suffect du fils
suggère que le père était déjà âgé lorsqu'il géra les faisceaux (3).
La tribu Galeria indique une origine espagnole (4), qui s'accorde avec
la résidence à Tibur (5).
Eutilianus a commencé sa carrière par le décemvirat judiciaire qui
n'est pas le meilleur poste du vigintivirat; mais, à cette époque, son père
n'avait pas encore été consul ordinaire. Il a accompli ensuite le service
militaire en Mésie inférieure, où sa légion, la cinquième Macedonica, était
stationnée à Troesmis, sur le Danube (6).
Après la questure, le tribunat et la preture, il occupe deux postes
prétoriens seulement. Commandant la légion VIa victrix, il séjourne à>

i1) Les notices de H. Dessau, PIB1, II, p. 388-389, n° 519, et E. Groag, BE, XVI,
1, 1933, col. 529-533, n° 23 (le consul de la pierre de Velitrae), et n° 25 (le consulaire
Eutilianus), sont antérieures à la découverte du fragment d'Ostie, et, par conséquent,
dépassées. Celles de P. Lambrechts, Sénat romain, I, p. 85, n° 443, (le consul de 146),
et p. 43, n° 97 (le consul de 133), rédigées après l'apparition de la date du consulat,
sont contradictoires; l'auteur ne sait à qui attribuer la pierre de Velitrae. A. Degrassi,
Fasti consolari, p. 41, rapproche à juste titre ce fragment des fasti Ostienses.
(a) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 38; sur ce sénateur, qui fut gouverneur de
Bretagne (CIL, XVI, 82) et proconsul d'Asie (IO, XII, 3, 325 = Syll.3, 852 A), voir les
notices de H. Dessau, PIB1, II, p. 388, n° 518, et E. Groag, BE, XVI, 1, 1933, col. 528-
529, n° 24, Mummius; P. Lambrechts, notices citées à la note 1, le considère comme
le frère aîné du consul de 146.
(3) C'est aussi l'avis de A. R. Birley, The Boman Governors of Britain, dans
Epigr. Studien, IV, 1967, p. 71: le père a pu obtenir le consulat ordinaire après une
longue carrière militaire.
(4) Cf. J. W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 270-271. Nous empruntons
cette suggestion à A. R. Birley, Epigr. Studien, IV, 1967, p. 71; elle nous paraît en
effet très vraisemblable. Si l'hypothèse est juste, il faudrait ajouter P. Mummius
Sisenna père dans la liste des sénateurs espagnols sous Trajan et Hadrien dressée par
R. Etienne, Les empereurs romains d'Espagne, Colloque C.N.B.S., Madrid-Italica 1964,
Paris, 1965, p. 73.
(5) R. Syme, Tacitus, II, p. 602, note 5, donne des exemples de sénateurs
espagnols qui résidaient à Tibur.
(6) E. Ritterling, BE, XII, col. 1576, legio.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 219

Eburacum, en Bretagne ί1). Puis il revient à Eome pour administrer


Vaerarium Saturni. Un petit problème chronologique se pose, si nous
considérons que, sauf exceptions, les préfets du trésor restent en charge
pendant trois ans. Eutilianus est consul suffect avec Prifernius Paetus
en juin 146. Or, il nous semble que C. Popilius Oarus Pedo, consul suffect
à la fin de 147, et Salvius Iulianus, consul ordinaire en 148, qui, en 150,
sont collègues à la tête du service des monuments publics (2), ont exercé
ensemble la préfecture du trésor, et sans doute de 144 à 146. Eutilianus
les a par conséquent précédés avec L. Coelius Festus pour collègue. Nous
voudrions dater leur administration commune du trésor des années 141
à 143. L. Coelius Festus est devenu par la suite proconsul de Bithynie.
Eutilianus, fils de consulaire, reçoit le premier le consulat suffect, en
juin 146. Son ancien collègue Festus, de rang inférieur, puisqu'il était
entré au sénat récemment par le bénéfice d'une adlectio, est peut-être en
Bithynie à cette date; il est admis à gérer les faisceaux consulaires un peu
plus tard, au printemps de l'année 148.
Peu après le consulat, Eutilianus reçoit la charge des fondations
alimentaires pour l'Emilie. Cette responsabilité financière ne pouvait pas
surprendre un ancien préfet du trésor. A la même époque, il devient
augure; ce sacerdoce figure aussitôt après le consulat sur la pierre de Tibur.
Il occupe la même place sur l'inscription de Corne qui fait connaître le
cursus de Pline le Jeune. Or, nous savons par sa correspondance que la
cooptation de Pline par le collège des augures est contemporaine de sa
première fonction consulaire (3). Vers 150, il est désigné par Antonin pour
gouverner la province de Mésie supérieure (4). Pour le proconsulat d'Asie,
nous disposons d'un terminus ante quem, l'année 172, qui est celle de
l'érection, à Tibur, de la statue, dont la base porte sa carrière; elle date sans
doute du décès du consulaire. Le proconsulat se place vers 160-161; un
intervalle d'une quinzaine d'années après le consulat paraît satisfaisant
à cette époque (5).

(!) E. Bitterling ibid., col. 1605.


(2) ÖIL, VI, 855.
(3) Voir la notice n° 32.
(4) A. Stein, Moesien, p. 44.
(5) D. Magie, Boman Buie, II, ρ . 1584, le place après 166, sans tenir compte de
la date désormais connue du consulat suffect; E. Syme, Les proconsuls d'Afrique sous
Antonin le Pieux, dans BEA, LXI, 1959, p. 319, suggère l'année proconsulaire 160-
161; cette date est reprise par C. A. Behr, Aelius Aristides and the Sacred Tales,
Amsterdam, 1968, p. 137, qui a remis à jour les fastes proconsulaires de la province d'Asie
de 138 à 180.
220 ΐΛ AEBARIUM SATURNI » ET ΐΛ AEEARIUM MILITARE »

ÏTous ne connaissons pas de postérité à Butilianus; Lucien signale


qu'il avait eu d'un premier mariage un fils qui mourut jeune.

Ce sénateur espagnol a parcouru une brillante carrière sous les règnes


d'Hadrien et d'Antonin, ce qui n'étonne pas pour le fils d'un consul
ordinaire d'Hadrien, qui fut lui-même proconsul d'Asie. Lucien note à
plusieurs reprises l'influence de P. Mummius Sienna Eutilianus qui avait
ses entrées à la cour. Il ne semble pas que ses relations avec le « faux
prophète » Alexandre et l'extravagant mariage qu'il contracta avec la fille
de la Lune aient diminué son crédit; il est vrai qu'il avait atteint
l'apogée de sa carrière à l'époque de cette affaire. La préfecture de Vaerarium
Saturni, qui annonce à brève échéance le consulat suiïect, suit un seul
poste prétorien, le commandement d'une légion.

46 - L. OOTAVIUS COBNELIUS P. f. SALVIUS IULIAïfUS


AEMILIANUS

praef. aerar. Saturni 144-146

1 - CIL, Vili, 24094 = ILS, 8973 Pupput, Afr. procos.

L{ucio) Octavio Cornelio P(ublii) f(ilio) Salvio Iuliano Aemiliano,

\
Xviro, quaestori Imp(eratoris) | Hadriani, cui divos Hadrianus soli | sa-
larium quaesturae duplicami \ propter insignem doctrinam, trib(uno) pl(e-
bis), | pr(aetori), praef(ecto) aerar(ii) Saturni item mil(itaris), co(n)s(uli), \
pontif(ici), sodali Hadrianali, sodali | Antoniniano, curatori aedium |
sacrarum, legato Imp(eratoris) Antonini Aug(usti) Pii Germaniae inferio-
|

ris, lega\to Imp(eratorum) Antonini Aug(usti) et Veri Aug(usti) Hispaniae


|

citerioris, proco(n)s(uli) \ provinciae Africae, patrono \ d(ecreto) d(ecurio-


num) p(ecunia) p(ublica).

2 - CIL, VI, 855 Borne

Locus adsignatus a Salvio Iuliano et Popilio Pedone cur(atoribus) |


|

aedium sacrarum locorumque publicorum, dedic(atus) XIII Jc(alendas)


\

Oct(obres), Gallicano et Teiere co(n)s(ulibus). 19 Sept. 150

3 - CIL, XIII, 8159 = ILS, 7776 Wesseling, Germania inf.

Q(uinto) Aelio \ Egrilio \ Euareto | philosopho, \ amico Salvi \ Iuliani,


Aelia Timoclia uooor \ cum fttis.
j
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 221

4 - CIL, XIII, 7791 Bigomagus, Germania inf.

[I(ovi) O(ptimo) M(aximo) et] Genio loci \ß\umini Rhe\[no], T(itus) \

\
Flavius [ ]lo b(ene)f(iciarius) Salvi [Iul]iani oo(n)s(ularis) \ [v(otum)]
|

\
s(olvit) l(ibens) m(erito).

5 - ILTun, 699 Thuburbo maius

Io[v]i O[pW]mo [M]axi[mo], Iun[o]ni R[e]ginae, Minervae A[ug(ustae)],


s[a]c[rum] \ [p]ro {salute Imp(eratoris) Caes(aris) M(arci) Au]r[eli Anto]ni-
n[i Au]g{usti) Armeniaci Medici PartMci Maxim[i, p]ontif(icis) m[a]x(imi),
tri[b(unicia)] pot(estate) XX\I\II, i[mp(eratoris) V, c]o[(n)s(ulis) III, p(a-
tris) p(atriae)~\ \ [et L(uci)] Aurel(i) Ve[ri Au]g(usti) A[r~]men[iaci Medici
Pa'jrtMci Maximi, trib(unicia) pot{estate) V[IIII], imp(eratoris) V, co(n)-
s(ulis) I[II, p(atris) p(atriae), d]ivi Antonini [Pii fi]l[ior]um, [dï\v[i~\ Hadria-
ni nepotum, divi Tr[aiani Par]th[Ì]ci [pr]onepotu[m], divi Nervae abnepotum,
libe[roru\mq{uë) et dom[us eorum], \ [Ca]p[i~]toli[wn ~\v[ ]tum i[ ]nt
[p~]ublico sumptu fisci c[ ~\lsit municipium [Aelium] \ Hadrianu[m
Aug(ustum) Thu]b(urbo) maius p(ecunia) p(ublica) p[erfecit, dedicanfje
L(ucio) Octavio Cornelio Salvio Iuliano Aemilia[no pro~\co{n)s(ule) [[ ]]
168-169
6 - Seymour De Eicci, Nouvelle revue historique
de droit français et étranger, XXX, 1906, p. 483;
cf. J. G. Winter, P. Mich., Ill, 1936, p. 153-154 =
AE, 1939, 311
C(aio) Bellido Calpurnio Torqua\to, P(ublio) Salvio Iuliano, co(n)-
s(ulibus), anno XII Imp\erator(is) Caesaris T(iti) Aeli Hadriani An\tonini
Aug(usti) PU, M(arco) Petronio Eo\norato, praef(ecto) Aeg(ypti), professiones
| liberorum aeceptae citra cau\sarwm cognitionem tabula V et \ post alia
pagina III XVIII lc(alendas) Octobr(es). 14 sept. 148

7 - CIL, XVI, 95 (A. Marzullo, Not.d.Scavi, Dipl. mil., Paestum


1931, p. 638), 1. 16-18
Pr(idie) Jc(alendas), Mart(ias) \ L(ucio) Salvio Iuliano, | C(aio) Bel-
licio Torquato, co(n)s(ulibus). 29 février 148

8 - SHA, vita Hadriani, 18, 1


In consilio habuit non amicos suos aut comités solum sed iuris consultos
et praecipue luventium Celsum, Salvium Iulianum, etc.
222 ΐΛ( AERARrUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

II eut dans son conseil non seulement ses amis ou les membres de son état-major,
mais aussi des juristes, en particulier Iuventius Celsus, Salvius Iulianus, etc.

9 - SKA, vita Oidi Iuliani, 1, 1, 2

Oidio IuUano qui post Pertinacem Imperium adeptus est, proavus fuit
Salvius Iulianus, bis consul, praefectus urbi et iuris consultus, quod magis
eum nobilem fecit. Avus paternus Insubris Mediolanensis, maternus ex
Adrumetina colonia.
Didius Iulianus qui prit le pouvoir après Pertinax était l'arrière-petit-fils de
Salvius Iulianus, deux fois consul, préfet de la ville et jurisconsulte, ce qui, plus que
tout le reste, l'avait rendu célèbre. Son grand-père paternel était un Insubrien de
Milan, son grand-père maternel venait de la colonie d'Hadrumète.

10 - Dig. I, 2, 2, 53 (enumeration des maîtres de l'école sabinienne).


lavoleno Prisco Aburnius Valens et Tuscianus, item Salvius Iulianus
A Iavolenus Priscus succédèrent Aburnius Valens et Tuscianus, puis Salvius
Iulianus.

11 - Eutrope, Brev., VIII, 9

Post eum, Salvius Iulianus rempublicam invasit, vir nobilis et iuris


peritissimus, nepos Salvii Iuliani, qui sub divo Hadriano perpetuum com-
posuit E'dictum.
Après lui, Salvius Iulianus prit le pouvoir: c'était un homme noble et un
jurisconsulte très habile, petit-fils de Salvius Iulianus qui, sous le divin Hadrien, composa
l'édit perpétuel.

A l'occasion de son proconsulat d'Afrique, L. Octavius Cornelius


Salvius Iulianus Aemilianus, flls d'un Publius, fut honoré d'une statue
par les habitants de Pupput qui l'avaient pris pour patron. La base de
la statue porte le cursus du célèbre juriste, chef de l'école sabinienne,
auquel Hadrien confia la rédaction de l'édit perpétuel.
La carrière de Salvius Iulianus a suscité l'intérêt depuis longtemps i1).

0) Brèves notices de H. Dessau, PIE1, III, p. 164, n° 102, et P. Lambrechts,


Sénat romain, I, p. 92, n° 475. Le long article de Pfaff, BE, I, A, 2, 1920, col. 2023-
2026, n° 14, Salvius, concerne surtout l'œuvre juridique de Salvius Iulianus. Nous
citerons les études plus récentes de A. Merlin, Le jurisconsulte Salvius Iulianus,
proconsul d'Afrique, dans CRAI, XLIII, 2e partie, 1941, p. 93-122; F. Serrao, II giu-
LES NOTICES INDIVIDUELLES 223

On ne doute plus aujourd'hui que le consul éponyme de 148, Publius


Salvius Iulianus, connu par un papyrus, soit le patron de Pupput: sur
le diplôme militaire de Paestum daté du 29 février 148, il est bien dit
Lucius. A. Merlin a montré que les noms multiples du sénateur, qui
portait à la naissance le prénom de son père, Publius, proviennent d'une
adoption (x). Il est probable que ses contemporains ont continué à
l'appeler Salvius Iulianus, puisque les auteurs anciens le connaissent sous ce
nom. Son fils homonyme, P. Salvius Iulianus, fut consul ordinaire en
175 (2).
Salvius Iulianus est un Africain, originaire d'Hadrumète, si nous
suivons l'Histoire Auguste qui fait du contemporain d'Hadrien un
ancêtre de l'empereur Didius Iulianus.
Il débute par le décemvir at judiciaire, immédiatement suivi de la
questure. Comme de nombreux juristes, il a été dispensé du service
militaire (3). Questeur de l'empereur Hadrien (4), il fut honoré, en raison
de sa remarquable science juridique, d'un salaire double de celui qui
correspondait normalement à sa fonction. Il n'est pas certain, comme l'a
noté A. Merlin (5), que Salvius Iulianus ait occupé les magistratures suo
anno] il a peut-être eu le temps de se faire remarquer du prince par son
enseignement.
Il revêt normalement le tribunat de la plèbe et la preture et n'occupe
que deux postes prétoriens, les deux préfectures financières, avant d'être
désigné comme consul éponyme pour l'année 148. Il s'agit d'un
avancement rapide; seul, Pline le Jeune est passé de la preture au consulat par
les mêmes postes (6). Les deux sénateurs contemporains qui ont géré
successivement les deux trésors eux aussi — il s'agit de L. Catilius Severus
Iulianus Claudius Eeginus et de M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus (7) —
ont occupé quatre autres postes prétoriens avant d'accéder aux pré-

rista Salvie Giuliano nell'iscrizione di Thuburbo Mains, dans Atti del terzo Congresso
internazionale di Epigrafia greca e latina, 1959, p. 395-413; J. Kunkel, Herkunft,
p. 155-166, n° 36; H. -Gr. Pflaum, Les 8odales Antoniniani de l'époque de Marc-Aurele,
Paris, 1966, p. 148-152, n° 2.
(*) A. Merlin, loc. cit., p. 101-102.
(2) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 49; PIB1, III, p. 166, n° 104; P. Lambrechts,
Sénat romain, I, p. 130, n° 771.
(3) Voir les exemples réunis par H. -Gr. Pflaum, op. cit., p. 150, n° 4.
(4) M. Cébeillac, Les « quaestores principis et candidati » aux Ier et IIe siècles,
Milan, 1972, p. 126-127, n» LIX.
(5) A. Merlin, loc. cit., p. 104-105.
(e) Voir la notice n° 32.
(7) Voir les notices n° 33 et n° 37.
224 ΐΛ( AERARITTM SATURNI » ET ΐΛ AERARITJM MILITARE »

fectures. Bien qu'exceptionnelle, la promotion de Salvius Iulianus ne


surprend pas. Nous savons par le biographe d'Hadrien dans l'Histoire
Auguste que le juriste était membre du conseil impérial; il l'est sans
doute resté sous le règne d'Antonin ζ1). Les commentateurs s'accordent
pour remarquer que les deux préfectures financières permettaient à
l'empereur d'élever l'un de ses conseillers au consulat sans se séparer de lui.
Mais le juriste a apprécié peut-être aussi la faculté qui lui était laissée de
poursuivre son enseignement romain dans la statio Sabiniana. Nous
verrons, en étudiant les activités des administrateurs des deux trésors, que
les compétences juridiques de Salvius Iulianus le désignaient pour occuper
ces postes, en particulier la préfecture de Vaerarium Saturni. Les études
concernant Salvius Iulianus ont pour la plupart laissé de côté le
problème chronologique. Sur l'inscription de Pupput, les postes sont gravés
dans l'ordre direct: Salvius Iulianus fut préteur, puis praef(ectus) aerar(ii)
Saturni item mil(itaris), consul enfin. Nous avons déjà rencontré trois
carrières de sénateurs qui ont administré successivement les deux trésors
avec le titre de préfet (nous négligeons l'exemple de C. Caetronius Miccio
qui a assumé, auprès de Vaerarium sénatorial, une responsabilité
exceptionnelle (2)); dans les trois cas, la gestion du trésor militaire a précédé
celle du trésor de Saturne. L'avancement de Salvius Iulianus fait-il
exception?
La rédaction même du texte de Pupput, praef(ectus) aerar(ii) Saturni
item mil(itaris), met en valeur la gestion de la caisse sénatoriale, plus
élevée en dignité. La préposition item introduit le poste le moins
important; en effet, elle ne comporte pas en elle-même l'idée de succession,
mais indique simplement une fonction de même nature que la
précédente (3); elle nous permet par conséquent de déterminer l'ordre
chronologique. Nous avons rencontré d'ailleurs le même emploi de la préposition
item sur une inscription à peu près contemporaine (4).
Une inscription romaine, datée du 19 septembre 150, montre que
Salvius Iulianus et Popilius Pedo étaient collègues cette année-là, à la

(x) J. Crook, Gonsilium Principia, p. 182, n° 292.


(2) Voir la notice n° 19.
(3) A. Ernout et A. Meillet, Dictionnaire étymologique de la langue latine, Paris,
1939, p. 499.
(*) Sur l'inscription romaine, CIL, VI, 1517 = ILS, 1080, qui porte le cursus
de M. Servilius Fabianus Maximus, on peut lire: leg. Augustorum pro praetore pro-
vinciarum Mysiae superioris item Mysiae inferioris. Le consulaire a gouverné la Mésie
inférieure avant la Mésie supérieure; voir la notice n° 51.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 225

tête du service des monuments publics de la ville. Nous connaissons même


le partage des responsabilités: Salvius Iulianus était curator aedium sa-
crarum, comme le précise la pierre de Pwpput, Popilius Pedo curator
oper(um) publicor(um), comme l'indique l'inscription de Tibur qui porte
sa carrière (x). A notre avis, avant d'exercer cette direction collégiale
avec la dignité consulaire, les deux hommes ont déjà assumé
conjointement l'administration de Vaerarium Saturni. Salvius Iulianus fut consul
éponyme en 148, Popilius Pedo consul suffect à la fin de l'année 147.
Ils ont été désignés ensemble pour le consulat après leur troisième année
de gestion du trésor; le conseiller du prince a été distingué pour donner
son nom à une année. Nous daterons donc leur préfecture commune de
144 à 146. Salvius Iulianus avait été chargé précédemment du trésor
militaire, de 141 à 143, si les deux préfectures se sont succédé sans
interruption, comme cela semble être le cas pour L. Catilius Severus et
pour M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus; ou de 140 à 142, si elles ont
été séparées par une année d'intervalle, comme cela paraît assuré pour
Pline le Jeune. La deuxième solution est peut-être la plus raisonnable,
puisque Salvius Iulianus, comme Pline quelques décennies auparavant,
n'a pas exercé d'autres fonctions prétoriennes que les deux préfectures
financières.
Salvius Iulianus est consul ordinaire en 148, curateur des aedes sa-
crae en 150. Cette responsabilité a pu l'occuper deux ou trois ans entre
149 et 151 (2).
En qualité de consulaire, il n'a plus d'avancement possible dans la
capitale: la curatelle des eaux ou celle des rives du Tibre sont de rang
comparable à la curatelle des édifices publics. Quant à la préfecture de
la ville, elle est le couronnement d'une carrière consulaire.
Trois gouvernements provinciaux vont éloigner Salvius Iulianus; c'est
d'abord, vers 152 (3), la légation de Germanie inférieure, à laquelle se
rapportent l'ex-voto d'un beneficiarius Salvi Iuliani consularis,
provenant de Remagen, et l'épitaphe du philosophe Q. Aelius Egrilius, trouvée
près de Bonn; au même moment, Popilius Pedo, dont l'avancement restait
parallèle au sien, gouvernait la Germanie supérieure. Le sénateur africain
est envoyé ensuite en Espagne; il est légat de Marc-Aurèle et Vérus à
Tarragone et gouverne par conséquent la province d'Espagne citérieure

(*) J. Mancini, Inscr. Ital., IV, 1, n° 127; voir la notice n° 47.


(2) A. E. Gordon, Curatarés, p. 289.
(3) E. Ritterling et A. Stein, Fasti des rôm. Deutschland, ρ· 68-69.

15
226 L'cc AERARIUM SATURNI » ET Ι,'« AERARIUM MILITARE »

après 161 (x); la seconde fonction consulaire de Popilius Pedo, exercée


en Gaule, date aussi de la cogérence. Tandis que son ancien collègue
obtient le proconsulat d'Asie, Salvius Iulianus termine sa brillante carrière
par le proconsulat d'Afrique. L'inscription de Thuburbo maius le date
précisément de l'année proconsulaire 168-169 (2). La pierre de Pupput
a été érigée à la même époque, puisque Verus n'y est pas appelé divus.
Le biographe de Didius Iulianus présente par erreur son aïeul Salvius
Iulianus comme consul bis et préfet de la ville; il a confondu deux
individus distincts, le consul de 148 et son fils homonyme, consul ordinaire
en 175. Il est vrai que la préfecture de la ville précédait souvent un
deuxième consulat (3).

La carrière de Salvius Iulianus est fort brillante pour un homo novus',


la concession du consulat éponyme a dû être ressentie par le sénateur
africain comme un grand honneur. Les sacerdoces sont flatteurs aussi.
Le texte de Pupput les a groupés après le consulat et avant la curatelle;
c'est donc entre 148 et 150 que Salvius Iulianus a été coopté parmi les
pontifes et les sodales Hadrianales; la troisième prêtrise, celle de sodalis
Antoninianus, est appelée par les autres, mais son octroi est évidemment
postérieur à l'année 161. L'avancement prétorien de Salvius Iulianus
est identique à celui de Pline le Jeune, quelque cinquante ans
auparavant: les deux préfectures financières ont suffi à élever le sénateur au
consulat; elles ont été confiées à un juriste eminent, membre du conseil
impérial, qu'Antonin conservait ainsi dans son entourage.

47 - C. POPILIUS C. f. Quir. CAEUS PEDO


praef. aerari Satur. 144-146

1 - CIL, XIV, 3610 = ILS, 1071 Tibur, regio I


= Inscr. Ital, IV, 1, n° 127

C(aio) Popilio C(aii) f(ilio) Quir(ina tribu) Caro | Pedoni, co(n)s(uli),


Vllviro epulon(um), | sodali HadrianaM, legato | Imp(eratoris) Caesaris

(*) Gr. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 32-33, propose « etwa 161-164 ».


(2) A. Merlin, loc. cit., p. 96-97; B. E. Thomasson, Die Statthalter, II, p. 82-84.
Nous ne retenons pas l'année 163-164, que suggère C. A. Behr, Aelius Aristides and
the Sacred Tales, Amsterdam, 1968, p. 137-138, avec note 30, à la suite d'une
restitution discutable de la fin du cursus de Thuburbo maius.
(3) G. Vitucci, Ricerche, p. 113-124.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 227

Antonini Aug(usti) \ PU pro pr(aetore) Germaniae super(ioris) et ex\ercitus


in ea tendentis, curatori \ oper(um) publicor(um), praef(ecto) aerari
Saturai), | curatori viar{um) Auréliae veteris et | novae, Corneliae et triumpha-
lis, | legato legionis X Fretensis \ a cuius cura se excusavit, praetori, \ tribuno
plebis, q(uaestori) divi Eadriani Augusti), \ in omnibus honoribus
candidato | Imper ator{is), trib(uno) laticlavio leg(ionis) III \ Cyreneicae, donato
donis mili\taribus a divo Madriano ob | Iudaicam expeditionem, Xviro \
stlitibus iudicandis, patrono municipi, curatori maximi exempli, \ senatus
\
p(opulus)q{ue) Tiburs \ optime de re publica merito.

2 - GIL, VI, 855 Borne

Locus adsignatus \ a Salvio Iuliano et Popilio Pedone, cur(atoribus) \


aedium sacrarum locorumque publicorum, \ dedic(atus) XIII h(alendas)
Oct(obres), Gallicano et Vetere co(n)s(ulibus). 19 sept. 150

peut-être 3 - CIL, XIII, 5090 Aventicum, Germania sup.


[ ] | Vllvïjro epulon(um), \ [leg(ato) A]ugust(i) pr(o) pr(aetore) \
[Gef\man{iae) superior(is), \ [resp]ublic(a) patrono.

4 — E. L. Hicks, Greek Inscriptions in Diana HJphesia


the British Museum, III, n° 482 =
W. Dittenberger, Syll. 3, II, p. 867, 1. 1
[Γ(άϊος) Πό\πίλλιος Καρος Πέδω[ν] \ ανθύπατος λέγει etc.

5 - J. Keil, Forschungen in Ephesos, Ephèse


III, 1923, p. 116, n° 28 = AE, 1924, 74

[Γ(άϊον) Ποπ\ίλλιον Καρον \ [Πέδ]ωνα, ϋπατον, \ \μν\ϋνπατον της Άσ[ίας], \


1[ερ]ούύναις ουοίν τε[τί] \μημένον ττ} τε των [ε] \πτα ανδρών καί τ'η περί \ ϋ'εον Άδρια-
νόν, πρεσβευτ[ήν] | fàov Άντωνίνου καί αντιύτρά\τηγον της άνω Γερμανίας καΐ
τον | εν afafj στρατοπέδου, πρεαβεντη'ν Άντωνίνου καί Ονήρον των Σεβα\στών
\

και αντιστράτηγον της κατά [Α]ονγδώνον [Κ]ελτικής και τιμητήν των èv αυτή
εύνών, επιμελητήν των \ εν *Ρώμτ] δημοσίων §ργων.

6 - Inscr. Ital., XIII, 1, η° 5, ρ. 206-207, Fasti Ostienses


tab. XXVIII, 1. 11
[ in lo~\cum Cassiani G{aius) Popilius Pedo a. 147
228 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

7 - Β. V. Head, Catalogue of the Greek Coins in Laodiceia


the British Museum, Phrygia, p. 312, n° 208 (Marc-Aurèle)

'Επί αν&υ( πάτου) Γ(αΐου) Ποπι(λλίου) Πεδωνος Λαοδικέων

8 - F. Imhoof-Blumer, Monnaies grecques, Laodiceia


Amsterdam, 1883, p. 408, n° 135 (Marc-Aurèle)

ΈπΙ ανΰυ(πάτου) Ποπι(λλίου) Πεδωνος

9 - F. Imhoof-Blumer, Griechische Münzen, Laodiceia


Munich, 1890, p. 743 (Verus)
[Έπΐ] ΙΊοπιλλίου ΙΙεδωνος άν&νπάτον.

La ville de Tdbur a élevé une statue à C. Popilius Carus Pedo, son


patron et curateur. Sur la base, le cursus du sénateur est rédigé dans
l'ordre inverse, après mention du consulat et des sacerdoces. Pedo avait
déjà exercé deux fonctions consulaires: la curatelle des monuments
publics et la légation de Germanie supérieure. La première est attestée par
une inscription romaine; la deuxième est commémorée par une pierre
mutilée, retrouvée à Aventicum, que l'on peut attribuer à Carus Pedo.
Deux autres responsabilités consulaires sont connues par des inscriptions
d'Ephèse: après avoir été chargé du recensement en Lyonnaise, le
sénateur fut proconsul d'Asie. Trois monnaies de Laodicée portent son nom.
Les fasti Ostienses ont révélé enfin la date du consulat suffect, obtenu
à la fin de l'année 147.
Inscrit dans la tribu Quirina et patron de Tibur, G. Popilius Carus
Pedo est probablement italien i1). Son fils fut d'ailleurs admis parmi les
patriciens (2); au IIe siècle, cet honneur est accordé surtout aux familles
italiennes (3).
Après le décemvirat judiciaire, Pedo accomplit le service militaire
à Bosra, où est cantonnée la troisième légion Cyrenaica (4); en fait, il

i1) PIB1, III, p. 85-86, n° 623; P. Lambrechts, Sénat romain, I, p. 89-90, n° 465;
R. Hanslik, BE, XXII, 1, 1953, col. 65-68, n° 37, Popillius.
(2) M. Popilius Pedo est salius Palatinus: OIL, VI, 1977; cf. PIB1, III, 86, n° 625;
P. Lambrechts, op. cit., p. 90, n° 465; G-. Barbieri, Albo senatorio, p. 174, n° 828;
R. Hanslik, BE, XXII, 1, 1953, col. 68, n° 38.
(3) P. Lambrechts, op. cit., p. 212.
(*) E. Bitterling, BE, XII, col. 1510-11, legio.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 229

participe à l'écrasement de la révolte juive, de 132 à 134, et reçoit de


l'empereur Hadrien des décorations qui ne sont pas énumérées.
Désormais il a l'honneur d'être recommandé par le prince pour
l'obtention des magistratures; il est chaque fois candidatus Imperatoris ^).
A ce titre, il devient normalement quaestor Augusti: chargé de transmettre
au sénat les messages du prince, il occupe le poste le plus recherché. Après
avoir été avantagé de même pour le tribunat et la preture, il est désigné
pour commander la légion Xa Fretensis: ce serait retourner en Palestine (2);
il se fait dispenser de cette obligation en invoquant probablement des
raisons de santé.
Il reçoit ensuite la cura d'un important réseau de routes qui comprend
les voies Auréliennes ancienne et nouvelle (qui relient Eome à Gênes),
la voie Cornélienne (qui, partant de Eome au pons Aelius, rejoint la
précédente), enfin la voie triomphale (qui quitte également Eome au pons
Aelius en direction du mons Marius) (3).
La préfecture du trésor est donc le troisième poste prétorien de
Popilius Pedo, qui, depuis le service militaire, n'a pas quitté Eome. Le
consulat sufPect date de septembre ou novembre 147; il est probable que ce
sénateur bien en cour administra Vaerarium de 144 à 146 avec, pour
collègue, Salvius Iulianus. Le grand juriste n'obtint pas le consulat suffect,
mais le consulat éponyme pour l'année 148 (4).
Une curatelle romaine suit le consulat; en 150, Pedo est curator
operum publicorum avec, à nouveau, pour collègue, Salvius Iulianus, curator
aedium sacrarum (5). Ces anciens préfets du trésor, devenus consulaires,
se partagent le soin des édifices publics romains.
Trois hautes fonctions consulaires vont cependant éloigner Popilius
Pedo de Eome: la légation de Germanie supérieure le conduit à Mogon-
tiacum vers 152; il cumule le gouvernement de la province et le haut
commandement sur les deux légats de légion (e). ïTous verrons que

(*·) M. Cébeillac, Les « quaestores principis et candidati » aux Ier et IIe siècles de
V'Empire, Milan, 1972, p. 127-128, n<> LX.
(2) E. Ritterling, BE, XII, col. 1673.
(3) Voir la liste de ces curateurs établie par H. -G. Pflaum, dans Romanica et
Occidentalia. Etudes dédiées à la mémoire de Hir am Peri, Jérusalem, 1963, p. 268-
269: C. Popilius Carus Pedo est le n° 6, daté «vers 144».
(*) CIL, XVI, 95, et AE, 1939, 311; voir la notice n° 46.
(5) A. E. Gordon, Guratores, p. 289.
(6) E. Ritterling et A. Stein, Fasti des rôm. Deutschland, p. 30, n° 27, le placent
vers 152.
230 L'cc AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

L. Dasumius Tullius Tuscus, consul suffect en 152, fut probablement


gouverneur de la Germanie inférieure à la fin du règne d'Antonin (x); consul
cinq ans avant lui, Popilius Pedo fut peut-être son prédécesseur. Au
même moment sans doute, son ancien collègue Salvius Iulianus exerçait
à Cologne la légation de la Germanie inférieure. Le parallélisme des
carrières respectives des deux consulaires renforce l'hypothèse de leur gestion
collégiale du trésor public.
La responsabilité du recensement de la Lyonnaise n'est pas
antérieure à l'année 161, puisque Pedo est légat de Marc-Aurèle et L. Verus.
Popilius Pedo est peut-être en Gaule en 161 (2). Il se rend en Asie peu
après, vers 163 (3). Des monnaies à l'effigie de Marc-Aurèle et de L. Verus
datent de son proconsulat. Un intervalle de quinze ou seize ans entre
le consulat suffect et le proconsulat est naturel à cette époque (4).
La ville de Tibur l'a choisi pour patron; il fut aussi son curateur.
Il ne semble pas qu'il faille comprendre cette cura comme celle du célèbre
temple d'Hercule (5); le texte le préciserait (6).
Popilius Pedo a appartenu à deux collèges sacerdotaux importants,
les épulons et les sodales Eadrianales. Il n'est pas étonnant que ce favori
d'Hadrien ait été associé à son culte posthume. La disparition du prince
n'a pas nui à la carrière de notre sénateur qu'Antonin et Marc-Aurèle
ont apprécié. Son fils, M. Popilius Pedo, fut même élevé au patriciat,
comme nous l'avons déjà noté. Popilius Pedo Apronianus (7), consul
ordinaire en 191 (8) et proconsul d'Asie en 205 (9), est probablement son
petit-fils: il était donc patricien.

(!) E. Ritterling et A. Stein, ibid., p. 31, n° 28.


(2) P. Wuilleumier, L'administration de la Lyonnaise sous le Haut-Empire, Paris,
1948, p. 37, n° 6, propose « vers 161 ».
(3) D. Magie, Roman Rule, II, p. 1584, ne le date pas; R. Syme, Proconsuls d'A.
frique sous Antonin le Pieux, dans-RJELà.; LXI, 1959, p. 319, suggère l'année
proconsulaire 162-163; c'est la date qu'adopte C. A. Behr, Aelius Aristides and the Sacred Tales,
Amsterdam, 1968, p. 137.
(4) B. E. Thomasson, Die Statthalter, I, p. 24-25; C. A. Behr, op. cit., p. 132.
(5) Le commentaire du CIL, XIV, 3610, interprète ainsi la ligne 19.
(6) M. Jaczynowska, Cultore» Herculis w Tibur, dans Przeglad historyczny,
Varsovie, LIX, 1968, p. 428-437, ne retient pas son nom parmi les curator es jani Herculis
victoris.
(7) PIR1, III, p. 21, n<> 159; P. Lambrechts, Sénat romain, I, p. 162, n° 1081,
et II, p. 35, n° 319; G·. Barbieri, Albo senatorio, p. 100, n° 431.
(8) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 944.
(9) D. Magie, op. cit., II, p. 1585.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 231

Le préfet du trésor paraît être le fondateur plébéien de cette famille


patricienne. On ne lui connaît pas d'ancêtres. Il a parcouru une carrière
brillante. Nous l'avons déjà vu, à deux reprises, collègue de Salvius Iulia-
nus. La préfecture de Vaerarium, de 144 à 146, est accordée à un
nouveau sénateur, très apprécié de la dynastie antonine; elle offre à Popilius
Pedo la possibilité d'obtenir le consulat suffect sans avoir à quitter Eome.

48 - Cn. IULIUS Cn. fil. VEEUS

praef. aeravi Saturni 147-149

1 - CIL, III, 8714 = ILS, 8974 Aequum, Dalmatia


et CIL, III, 2732 = ILS, 1057

Cn(aeo) Iulio Cn(aei) | fil(io) Vero, co(n)s(uli) \ desig(nato) II, au-


gur(i), | [ ] | leg(ato) A[ug(ustorum)] pr(o) pr(aetore) \ provinc(iae) Sy-
riae, | leg(ato) Aug(usti) pr(o) pr(aetore) \ provinc(iae) Brittaniae, \ leg(ato)
Aug(usti) pr(o) pr(aetore) pro\vinciae German(iae) \ inferioris, praef (ecto) |
aerarì Saturni, \ leg(ato) leg(ionis) XXX Ulpiae, \ praetor(i), tribuno \
plebis, quaestori \ Aug(usti), tribuno lati\clav[i]o leg(ionis) X freten\sis,
triumviro a(uro) a(rgento) a(ere) f(lando) f(eriundo), Aequenses \ munieipes.
\

2 - RIB, 1132 Corbridge

[Deo Marti] \ Ul[tori, vex(illatio) leg(ionis)] VI [vic(tricis) p(iae) f(i-


delis) sub] | Cn(aeo) Iul(io)[Vero, leg{ato) Aug{usti)], \ per L(ucium) [ ] |
trib(unum) [militum].

3 - CIL, III, 199 = ILS, 5864 Abila, Syria

Imp{erator) Caes(ar) M(arcus) Aurel(ius) Antoninus \ Aug(ustus)


Armeniacus et | Imp(erator) Caes(ar) L(ucius) Aurel(ius) Verus Aug(ustus)
Ar\meniacus viam fluminis | vi abruptam intercìso | monte restituerunt
per | Iul(ium) Verum, leg(atum) pr(o) pr(aetore) provine(iae) \ Syr(iae), et
amicum suum \ Inpendiis Abilenorum. a. 164

4 - BIB, 283 Brough-on-Noe

Imperatori) Caesari T(ito) [Ael(io) Hadriano] \ [Ari]tonino Au[g(usto)


Pio, p(atri) p(atriae)], \ coh{ors) I Aquita[norum] \ sub Iulio V[ero, leg(ato)]
Aug(usti) | pr(o) pr(aetore), insilante] | [C]apitani[o — ]sco prae(fecto).
232 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET E'« AERARIUM MILITARE »

5 - BIB, 1322 (= ILS, 9116) Newcastle

Imp(eratori) Antoni\no Aug(usto) Pio, p(atri) pat{riae), vexil(l)atio \

|
leg(ionis) II Aug(ustae) et leg(ionis) \ VI vic(tricis) et leg(ionis) XX V(a-

\
leriae v(ìctricis) con(t)r(i)\buti ex Ger(maniis) du\obus (sie), sub lulio Ve\ro
leg(ato) Aug(usti) pr(o) p(raetore).

6 - BIB, 2110 Birrens

Imp(eratori) Caes(ari) T(ito) A\el(io)] Hadr(iano) \ An[to]nino Au-


g(usto) [Pio, po]nt(ifici) \ max(imo), \tr]ib(unìcia) pot(estate) XXI, co(n)-
s(uli) IIII, I coh(ors) II [Tung~]r(orum) m[ï]l(liaria) eq(uitata) c(ivium)
L(atinorum), | sub Iu[lio Vero] leg(ato) Aug(usti) pr(o) pr(aetore). a. 158

7 - C. B. Welles, P. Dura (Final report), Y, 1, 1959,


p. 128, η» 25, 1. 14

[Έπί ύπ]άτ(ον Βρονντίον Πραίαεντι το δεύτερον κάί Ίονλίον Ονήρον το δεν-


τερον ετου[ς]. a. 180

8 - Η. -G. Pflanm, Libyen, III, 1955, p. 123-133 = Lambèse


AB, 1956, 123

Ti(berio) Cl(audio) Proculo Corneliano, praef(ecto) coh(ortis) II


\

Bra(carum), \ trib(uno) coh(ortis) mil(iariae) Ael(iae) | Dacor(um), prae-


f(ecto) al(ae) | Sulpieiae, procuratori) \ provinc(iae) Syriae ad rationes
\

putandas, | procuratori) metal(lorum) Pannonie(orum) \ et Dalmaticorum,


procuratori) | kalend(arii) Vegetiani in Hisp(ania) item ad dilectum
\

cum | lulio Vero per \ Italiam tironum \ II leg(ionis) Italicae, |


procuratori) regionis | Thevestinae, | procuratori) IIII p(ublicorum) A(fricae), \
Inventus, | Aug(usti) lib(ertus), tabul(arius) | [[leg(ionis) IIIJ] Aug(ustae).

Peut-être 9 - Dig., XL VIII, 16, 18

Imperatores Antoninus et Verus Augusti lulio Vero rescripserunt. etc.

Cn. Iulius Verus est originaire NAequum, en Dalmatie, où ses


concitoyens — Aequenses municipes — lui ont élevé une statue; deux frag-
LES NOTICES INDIVIDUELLES 233

ments de l'inscription honorifique qui l'accompagnait ont été


retrouvés i1).
Le sénateur est sans doute un fils, peut-être un neveu, de On. Mi-
nicius Faustinus Sex. Iulius Severus, général d'Hadrien, originaire d'J.e-
quum, qui fut consul suffect en 127 (2). La famille descendait de vétérans
italiens installés en Dalmati« (3).
Deux dates de la vie de Cn. Iulius Verus sont connues. En 158, déjà
consulaire, il gouvernait la Bretagne en qualité de ïegatus Augusti pro
praetore-, quatre inscriptions commémorent sa légation de Bretagne: l'une
d'elle est datée de l'année 158 par la vingt-et-unième puissance tribuni-
cienne d'Antonin. En outre, un papyrus de Dura indique Iulius Verus
et Bruttius Praesens comme consuls ordinaires pour l'année 180; or,
nous savons que C. Bruttius Praesens a eu Sex. Quintilius Condianus
pour collègue (4). Cn. Iulius Verus est donc mort à la fin de l'année 179
avant d'avoir géré les faisceaux consulaires; l'inscription à'Aequum qui
lui donne le titre de consul designatus bis a été érigée après sa disparition.
La date du premier consulat serait plus intéressante pour nous,
puiqu'elle permettrait de situer approximativement la préfecture du
trésor qui l'a immédiatement précédé. Le gouvernement de la Bretagne est
le second poste consulaire de Iulius Verus; l'année 158 fut sans doute la
dernière de sa charge, puisqu'un autre légat est attesté pour les années
159-160 (5). Verus est venu directement de Germanie inférieure en
Bretagne, vers 155-156 peut-être (e); en effet, son arrivée en Germanie se
situe probablement vers 153-154, puisqu'il succéda dans cette province

0) E. Groag, BE, X, 1, 1918, col. 850-852, n° 525, Iulius; P. Lambrechts, Sénat


romain, I, p. 83, n° 423; H. -G. Pflaum, Carrières, I, p. 400-402; L. Petersen, PIB2,
IV, 3, p. 287-288, n° 618; G. Alföldy, Senatoren in der röm. Provinz Dalmatia,
dans Epigr. Studien, Y, 1968, p. 120-122, n° 5.
(2) Sur ce sénateur qui, selon Dion Cassius, LXIX, 13, 2, était le meilleur général
d'Hadrien, voir L. Petersen, PIB2, IV, 3, p. 279-280, n° 576, et G. Alföldy, Epigr.
Studien, Y, 1968, p. 116-119, n° 3.
(3) G. Alföldy, ibid., p. 118, et J. J. Wilkes, Dalmatia, Harvard University Press,
1969, p. 321-323.
(4) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 50.
(5) Le légat -anus est connu par le diplôme militaire, GIL, XVI, 130; cf. A. K.
Birley, The Boman Governors of Britain, dans Epigr. Studien, IV, 1967, p. 73, n° 27.
(e) A. R. Birley, ibid., p. 72-73, n° 26, date le changement de poste de 154 ou
155.
234 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

à Salvius Iulianus: or, ce dernier, curator operum publicorum en 150, ne


pouvait pas se trouver sur le Bhin avant les années 151-152 (*).
Ces précisions montrent que l'année 154, suggérée par A. Degrassi,
est trop tardive pour le consulat suffect de Verus (2). Tous les consuls
de l'année 153 sont connus, comme la plupart de ceux de 152; pour
l'année 151, seuls les consuls ordinaires le sont (3). Aussi A. B. Birley adopte-
t-il l'année 151 (4); de son côté, G. Alfoldy penche pour 152 (5). Dans
l'un et l'autre cas, il est clair que Cn. Iulius Verus fut le successeur de
Salvius Iulianus à la préfecture du trésor, comme plus tard à la tête de
la province de Germanie inférieure. Le juriste donna son nom à l'année
148; son collègue fut consul en 147. Nous avons daté leur triennium de
144 à 146. Cn. Iulius Verus est sans doute entré à Vaerarium en janvier
147; sa sortie de charge se place à la fin de l'année 149. L. Dasumius Tul-
lius Tuscus, consul suffect en 152, fut par conséquent son collègue à la
direction du trésor (6). Ce rapprochement nous incite à placer le consulat
de Cn. Iulius Verus en 151; il y a quelque vraisemblance pour que ce
sénateur, qui avait commandé une légion avant la préfecture financière,
ait géré les faisceaux consulaires avant son collègue, pour qui la gestion
du trésor fut l'unique poste prétorien.
Nous reconstituons sur ces données la carrière du sénateur dalmate.
Elle débute par un poste prometteur, le triumvirat monétaire (7); le jeune

(x) E. Bitterling et E. Stein, Fasti des röm. Deutschland, p. 68-69, plaçaient le


gouvernement de Iulius Verus en Germanie vers 155, après celui de Salvius Iulianus.
(2) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 43, propose d'identifier à Cn. Iulius Verus
un consul suffect de l'année 154 dont les fasti Ostienses donnent seulement la fin du
cognomen: -rus.
(3) A. Degrassi, op. cit., p. 43.
(*) A. E. Birley, Epigr. Studien, IV, 1967, p. 72-73, n° 26.
(5) Dans une notice sommaire, G-. Alfoldy, Die Legionslegaten der röm. Rhein-
armeen, dans Epigr. Studien, III, 1967, p. 31-32, n° 39, indiquait l'année 152, en se
référant à la carrière de C. Iulius C. f. Fab. Severus, consul ordinaire en 155, qui succéda
vraisemblablement à Cn. Iulius Verus à la tête de la légion XXXa Ulpia victrix. Dans
l'étude plus détaillée qu'il a consacrée à nouveau à Cn. Iulius Verus. Dans Epigr.
Studien, V, 1968, p. 122, il accepte les arguments de A. E. Birley, mais note que
Cn. Iulius Verus pourrait être le collègue inconnu de M. Servilius Silanus, consul suffect
à la fin de l'année 152.
(6) Voir la notice n° 49.
(7) E. Birley, Britain under Nero: the Significance of Q. Veranius, dans Durham
university Journal, 1952, p. 88-92, a établi que cette fonction, ordinairement réservée
aux jeunes gens de famille patricienne, témoigne de la protection impériale pour le
LES NOTICES INDIVIDUELLES 235

homme appartient en effet à une famille sénatoriale. Il accomplit le


service militaire en Syrie Palestine comme tribun de la légion Xa Fretensis;
peut-être a-t-il servi en 134 sous les ordres de son père (à moins que ce
ne fût son oncle), Sex. Iulius Severus, qui fut chargé de la pacification
de la province (x).
Quelques années plus tard, il est élu questeur avec la commendatio
impériale et devient normalement questeur de l'empereur; ce poste envié
témoigne de la faveur dont il jouissait. Le prince est sans doute Antonin
le Pieux. Il devient ensuite tribun de la plèbe et préteur.
Les seules fonctions prétoriennes sont le commandement de la
légion XXXa Ulpia victrix, à Vetera, en Germanie inférieure (a), et la
préfecture du trésor; ses responsabilités militaires sont donc antérieures à
l'année 147 et peuvent se placer vers 145 (3), avant la préfecture du trésor,
exercée de 147 à 149, et le consulat suffect, en 151 peut-être.
Après le consulat, ce militaire obtient le gouvernement de trois
provinces impériales, sans avoir assumé une des fonctions consulaires de
l'administration romaine que les anciens préfets du trésor obtiennent
souvent à cette époque (4). Après avoir été légat en Germanie inférieure
dans les années 153-155, il séjourne en Bretagne jusqu'en 158; il y
réprime une rébellion des Brigantes (5). Cette victoire passée le fait rappeler
de sa retraite quelques années plus tard pour participer à la guerre par-
thique de L. Verus: à cette fin, il est nommé gouverneur de Syrie; Marc-
Aurèle a pu faire appel à lui après la défaite d'Attidius Oornelianus (6).
La légation de Cn. Iulius Verus est datée de l'année 164 par le surnom
(VArmeniacus que portent les deux empereurs.

plébéien qui l'obtient; voir aussi Senators in the Emperors' Service, dans Broc, of the
Brit. Äcad., XXXIX, 1953, p. 202-204.
ί1) Dion Cassius, LXIX, 13, 3-4.
(2) E. Bitterling, RE, XII, col. 1823, legio.
(3) Gr. Alföldy, Epigr. Studien, III, 1967, p. 31-32, n° 39, situe ce commandement
« etwa 147-149 », à tort à notre avis; il ne lui resterait plus que deux ans pour la
préfecture du trésor avant le consulat.
(4) P. Mummius Rutilianus Sisenna (n° 45): praef. àlimentorum per Aemiliam;
L. Octavius Cornelius Salvius Iulianus Aemilianus (n° 46): curator aedium
sacrarum;
C. Popilius Carus Pedo (n° 47): curator operum publicorum;
L. Dasumius Tullius Tuscus (n° 49): curator operum publicorum.
(5) E. Birley, Roman Britain and the Roman Army, Kendal, 1953, p. 32, à propos
du texte 5.
(e) E. Birley, ibid., p. 4.
236 l'« aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

Une inscription de Lambèse a révélé récemment qu'il fut chargé


de lever des recrues pour créer deux nouvelles légions; ces mesures se
placent en 166-167 i1).
Il faut supposer par conséquent qu'il manque encore une partie de
la pierre élevée à Aequum après sa disparition. Cn. Iulius Verus peut
avoir participé aux guerres sur le Danube et mérité ainsi, en 179, sa
désignation pour un second consulat, éponyme cette fois, en 180. De même,
l'augurât, qui figure à la fin du premier fragment, ne fut peut-être pas
l'unique sacerdoce de ce grand général des règnes d'Antonin et Marc-
Aurèle.

La préfecture de Vaerarium Saturni fut la seule fonction civile du


sénateur dalmate à l'exception du vigintivirat; elle l'a élevé au consulat
suffect après un unique poste prétorien, le commandement d'une légion.

49 - L. DASUMIUS P. f. Stell. TULLIUS TUSCUS

praefectus aer. Saturni 147-149

1 - CIL, XI, 3365 = ILS, 1081 Tarquinii, regio VII

L(ucio) Dasumio P(ublii) f(ilio) \ Stel(latina) tribu Tullio | Tusco,


co{n)s{uli), corniti August(i), | auguri, sodal{i) Hadria\nali, sodal(i) Anto-
ni\niano, curat(ori) operum | publieorum, \ legato pr(o) pr(aetore) provin-
ciar(wm) \ Germaniae superior(is) et Pannoniae superior(is), | praefecto
aer(arii) Saturni, \ praetori, tribun(o) pleb(is), | leg(ato) provinc(iae) Afri-
cae, | quaest(ori) Imp{eratoris) Antonini Aug(usti) Pii, | trib(uno) milit(um)
leg(ionis) IIII Flaviae, | triumviro a(ere) a(rgento) a(uro) filando) f(eriun-
do), j P(ublius) Tullius Callistio \ posuit.

2 - CIL, VI, 1526 Borne

[L(ucio) Dasumio TJullio Tusco, augur\i, ] Lugudunenses


|

patirono].

(x) Voir le commentaire de l'inscription donné par H.-Gr. Pflaum dans Idbyca,
III, 1955, p. 128.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 237

3 - CIL, III, 4117 = Hoffiller-Saria, Ant. In- Poetovio,


Schriften aus Jugoslavien, 1938, p. 206, n° 461 Pannonia sup.

NympMs Aug(ustis) sacr(um), res publica Poet(ovionensium),

|
mandante | L(uoio) Tullio Tusco, leg(ato) Aug(ustorum) pr(o) pr(aetore),

|
curante T(ito) Gem[i]nio Bufino, procuratore) Aug(ustorum).

4 - Inscr. Ital., XIII, 1, n° 5, p. 208-209, tab. Fasti Ostienses


XXIX, 1. 7

[ L(ucius) Claudius Modestus, L(ucius)] Dasumius Tus\cus]


août 152
L. Dasumius Ttillius Tuscus, consul suffect en 152 (*), est le neveu
de P. Tullius Varrò, consul suffect en 127; il est ainsi le descendant de
deux gentes consulaires, les Dasumii de Cordoue et les Tullii de Tarqui-
nies. Nous avons dressé le stemma de cette famille en étudiant la carrière
de P. Tullius Varrò, qui administra lui aussi le trésor sénatorial,
vraisemblablement de 123 à 125 (2).
Le consul de 152 est le fils de P. Dasumius Rusticus, consul
ordinaire en 119 (3) (il est dit « fils de Publius »). Il porte le prénom et le gen-
tilice de son grand-père par adoption, L. Dasumius (4), mais aussi le gen-
tilice de son grand-père par le sang, P. Tullius Varrò, consul suffect sous
Trajan (5). Le cognomen Tuscus témoigne de la fierté qu'éprouvent les
familles sénatoriales issues de l'Etrurie (e). Il a lui-même donné à son
fils, en plus du nomen Dasumius, le nom entier — Tullius Varrò — de
son grand-oncle et de son arrière-grand-père naturels, ce qui prouve que
le consul de 127 n'avait pas eu de descendance mâle. Cet enfant assurait
le souvenir de la gens consulaire Tullia, désormais éteinte.

(x) E. Groag, PIB2, III, p. 3-4, n° 16; P. Lambrechts, Sénat romain, I, p. 80,
n° 391; H. -G. Pflaum, Les sodales Antoniniani de l'époque de Marc-Aurèle, Paris,
1966, p. 19-21, n° 5.
(2) Voir la notice n° 35.
(3) AE, 1931, 72; cf. E. Groag, PIB2, III, p. 3, n° 15.
(4) CIL, VI, 10229 (testamentum Dasumii); cf. E. Groag, PIB2, III, p. 2-3, n° 13,
et n° 14, ainsi que add. p. 11, n° 14.
(5) GIL, XI, 3366 et OIL, VI, 10229, 1. 22; voir la notice n° 35.
(6) Sur ce snobisme étrusque, voir B. Liou, Praetores Etruriae XV populorum,
coll. Latomus, vol. 106, Bruxelles, 1969, p. 23, note 3.
238 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Le consul de 127 considérait son neveu et héritier comme son propre


enfant: Tullius Tuscus a accompagné son oncle dans ses gouvernements
de Mésie et d'Afrique; l'affranchi P. Tullius Callistio leur a élevé à Tar-
quinies deux statues voisines, à une époque d'ailleurs où l'oncle Tullius
Varrò était peut-être déjà mort. Ce personnage était encore en vie vers
142, date approximative de son proconsulat à Carthage; or, le cursus
de son neveu s'est poursuivi au moins jusqu'en 161, puisqu'il appartint
au collège des sodàles Antoniniani. P. Tullius Callistio a pu élever ces
statues jumelles après le décès de son patron et associer à son souvenir
L. Dasumius Tullius Tuscus, qui était alors le seul descendant mâle et
héritier des Tullii.
Sur la pierre de Tarquinii, le consulat, le comitat et les prêtrises
sont détachés en tête du cursus; les fonctions consulaires sont gravées
ensuite dans l'ordre chronologique; la carrière avant le consulat est
présentée en revanche dans l'ordre direct.
Nous trouvons par conséquent à la fin de l'inscription le poste du
vigintivirat par lequel le jeune homme a abordé la carrière sénatoriale;
il s'agit du plus prometteur d'entre eux, le triumvirat monétaire, indiqué
ici sous sa forme officielle, celle de triumvir a(ero) a(rgento) a(uro) filando)
f(eriundo). Ce poste est réservé aux patriciens ou aux fils de consulaires
promis à une brillante carrière i1). Le père du jeune clarissime, P.
Dasumius Eusticus, a été consul ordinaire en 119, avec l'empereur Hadrien
pour collègue (2).
Tullius Tuscus accomplit le service militaire à Singidunum, en Mésie
supérieure (3), comme tribun laticlave de la légion IIIIa Flavia, sans
doute au moment où son oncle Varrò était gouverneur de la province.
Le jeune Tullius Tuscus a été par la suite questeur candidat de
l'empereur Antonin; or, P. Tullius Varrò, consul suffect en 127, fut curateur
du Tibre vers 130. Le séjour de l'oncle et du neveu en Mésie se place donc
vers 135 (4).

(x) E. Birley, Britain under Nero: The Significance of Q. Veranius, dans Durham
University Journal, 1952, p. 88-92; ainsi que, Senators in the Emperors1 Service, dans
Troc, of the Brit. Acad., XXXIX, 1953, p. 202-204.
(2) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 35.
(3) E. Bitterling, BE, XII, col, 1543, legio.
(4) A. Stein, Moesien, p. 43, corrigé par E. Syme, BEA, LXI, 1959, p. 313.
W. Eck, Senatoren, p. 204-205, avec note 376, indique l'année 130-131 pour le
commandement de P. Tullius Varrò, sans tenir compte de l'avancement du neveu,
L. Dasumius Tullius Tuscus.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 239

Comme tous les quaestores Imperatorie (x), Tullius Tuscus a été élu
à la première magistrature avec la commendatio impériale; le terme ean-
diàatus est toujours sous-entendu dans ce cas. Les questeurs du prince
lisent au sénat les messages de l'empereur. Parmi les vingt questeurs de
l'année, ce sont eux qui occupent la position la plus enviée.
Le jeune Tullius Tuscus accompagne à nouveau son oncle, à
Carthage cette fois; lorsque Varrò est proconsul d'Afrique dans les années
142-143 (2), son neveu le suit en qualité de légat.
Rentré à Eome, il est normalement élu au tribunat, en 144 sans
doute, puis à la preture, en 146; la préfecture de Vaerarium Saturni, que
son oncle avait gérée quelque vingt-cinq ans plus tôt, est le seul poste
qu'il exerce avant le consulat suffect. Pour P. Tullius Varrò, c'était la
quatrième fonction prétorienne. Les fastes d'Ostie datent le consulat
de Tullius Tuscus du mois d'août 152. La chronologie des préfets du
trésor, sous le règne d'Antonin le Pieux, nous invite à retenir pour Tullius
Varrò le triennium 147-149; il a pour collègue Cn. Iulius Verus (3). C'était
un grand honneur que d'être désigné pour un poste aussi important
aussitôt après la preture; il n'est pas surprenant que le consulat suffect se
soit fait attendre pendant deux ans et demi. Son collègue Verus, qui avait
commandé au préalable une légion, a sans doute géré les faisceaux
consulaires quelques mois avant lui.
Tullius Tuscus a parcouru une belle carrière consulaire; la curatelle
des monuments publics est une fonction civile importante, exercée
probablement dès l'année 153 (4); elle lui permet de prolonger son séjour
à Eome pendant un an ou deux.
Les deux postes suivants sont militaires, bien que le sénateur n'ait
pas commandé de légion. Tullius Tuscus gouverne la Germanie supérieure
vers 160-161 (5); il a le haut commandement sur les deux légions
stationnées dans la province. Entre 162 et 166 (6), il part pour la Pannonie
supérieure, province consulaire dotée de trois légions: sa présence à Poetovio
est attestée par une dédicace aux Nymphes augustes, qui date du règne
conjoint de Marc-Aurèle et L. Verus.

(x) M. Cébeillac, Les « quaetores principle et candidati » aux Ier et IIe siècles, Milan,
1972, p. 138-139, n° LXII.
(2) B. E. Thomasson, Die Statthalter, II, p. 71-72.
(3) Voir la notice n° 48.
(*) A. E. Gordon, Guratores, p. 290, n° 28: «probably soon after A.D. 152».
(5) E. Bitterling et E. Stein, Fasti des röm. Deutschland, p. 31, n° 28.
(e) W. Eeidinger, Pannonien, p. 83-84, n° X.
240 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

La nomination de Tullius Tuscus à l'état-major de Marc-Aurèle a


lieu sans doute à l'occasion de la campagne contre les Marcomans. Elle
est postérieure en tout cas à la disparition de L. Verus en 169: le titre de
cornes August(i) a été ajouté en lettres plus petites sur le texte de Tar-
quinies; or, l'inscription proprement dite a été gravée du vivant de
L. Verus, comme le prouve l'absence de l'épithète Verianus pour le titre de
sodalis Antoninianus (x). La confrérie chargée du culte d'Antonin divinisé
porte encore son nom primitif, lors de l'érection de la statue de Tullius
Tuscus.
L'appartenance du sénateur à trois collèges sacerdotaux mérite d'être
soulignée; coopté, après le consulat sans doute (2), par le collège des
augures, Tullius Tuscus a été choisi aussi par la confrérie des sodales
Hadrianales-, il a été enfin désigné comme membre de fondation du
collège des Antoniniani en 161 (3). Ces honneurs témoignent de ses liens avec
la dynastie antonine.
A quel titre est-il devenu patron des Lyonnais? Ceux-ci ont
certainement choisi l'homme influent, proche de l'empereur.

Issu de deux familles consulaires originaires l'une de Bétique, l'autre


d'Etrurie, L. Dasumius Tullius Tuscus doit sa carrière enviable à ses
ancêtres. Selon la coutume qui veut, à cette époque encore, qu'un jeune
homme s'attache à un sénateur influent de sa famille ou d'une famille
amie (4), il a débuté dans la carrière sous la tutelle de son oncle Varrò.
Après de brillants débuts, la préfecture du trésor est l'unique poste
prétorien qui élève le sénateur au consulat suffect; pour son oncle, la même
préfecture avait été la quatrième fonction prétorienne. La carrière
consulaire est elle-même éclatante. De Trajan à Marc-Aurèle, la faveur
impériale n'a jamais fait défaut aux membres de cette famille.

50 - [. -]CITIS C. [f.] [-]


[p]raef. aer[ari Saturni] fin du Ier s. - lère moitié du IIe s.

L'une des préfectures financières apparaît, à Eome, sur une


inscription brisée en bas et sur les côtés (CIL, VI, 3847 = 31799):

(x) H. -G. Pflaum, op. cit., p. 20.


(2) Voir la carrière de Pline le Jeune (n° 32).
(3) H.-G-. Pflaum, op. cit., p. 21.
(*) Pline, Lettres, I, 14, 1 et II, 4, 3.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 241

010 .0
EAEF .AEB
S . PEOV
. PE

La dédicace s'adresse à un sénateur dont le nom occupait la première


ligne; en subsistent seulement la fin d'un gentilice en -cius et la lettre C,
qui donne soit la première lettre du cognomen, soit la filiation O.[/.]; la
seconde interprétation nous paraît la plus juste.
La préfecture du trésor figure à la ligne 2; nous pensons reconnaître,
à la ligne 3, le proconsulat d'une province prétorienne et, à la ligne 4, une
légation dans une province sénatoriale. La lacune de la partie gauche
peut être complétée aisément: les cinq lettres restituées à la ligne 3, [pro-
co]s, en donnent l'importance; elles correspondent, en ce qui concerne la
première ligne, a l'initiale du prénom et au début du gentilice. Avant la
préfecture figurait donc, à la ligne 2, le consulat suffect que l'inscription
voulait précisément honorer. L'élévation directe de la préfecture de
Vaerarium Saturni au consulat est générale au Ier siècle et dans la
première moitié du IIe; il n'en est pas de même pour la préfecture de
Vaerarium militare qui est, le plus souvent, l'avant-dernier poste prétorien i1).
Les restitutions que nous suggérons pour la partie gauche de
l'inscription nous paraissent assurées.
En revanche, l'étendue de la lacune droite est difficile à préciser;
elle est liée à l'importance de la nomenclature du sénateur. Si celui-ci
portait en plus de la filiation et de la tribu, un seul cognomen, les trois
postes prétoriens se suivent:
— légation dans une province sénatoriale
— proconsulat
— préfecture financière.

Le cursus de 0. Iulius Cornutus Tertullus (2), adlectus inter praetorios


en 73-74, légat propréteur dans la province de Crète et Cyrénaïque,
proconsul de Narbonnaise, préfet de Vaerarium Saturni, de 98 à 100, consul
suffect en 100, est rigoureusement parallèle à ce schéma. Si le sénateur

(x) Voir les commentaires respectifs des tableaux III, 2, a et b, des praefecti
aerarli Saturni et des praefecti aerarli militaris.
(2) Voir la notice n" 31.

16
242 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET LJ« AERARIUM MILITARE »

portait plusieurs cognomina, nous devons introduire un poste


supplémentaire à chacune des lignes 2 et 3:
— légation dans une province sénatoriale
( — autre légation proconsulaire, ou curatelle de voie, ou
commandement de légion)
— proconsulat
( — commandement de légion ou, s'il a déjà été exercé,
préfecture de Vaerarium militare ou autre)
— préfecture de Vaerarium Saturni

II s'agit encore d'un type d'avancement très répandu pour les prae-
fecti aerarti Saturni dans la première moitié du IIe siècle. Sur cette trame
commune, les promotions de M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus, L.
Aurelius Gallus et C. Iulius Severus offrent quelques variantes (*). En
fait, il nous paraît plus vraisemblable d'imaginer à la première ligne un
seul cognomen et par conséquent une seule fonction par ligne conservée.
Nous proposons pour le fragment romain les restitutions et les
développements suivants:

Tableau de l'avancement comparé des trois sénateurs entre la preture et le


consulat:

Légation Préfecture
Noms Autres postes Autres postes de
proconsulaire Proconsulat Vaerarium
Saturni

M.Acilius + — légation pro- + — légation de +


Priscus consulaire légion
Egrilius — préfecture de
Plarianus Vaerarium
(η» 37) militare
L.Aurelius + — curatelle de + — praefectura +
voie frumenti danài
(n° 38)
Gallus — légation de
légion
C.Iulius + — légation de + — correcture +
légion régionale
(n° 41)
Severus — vice
-gouvernement de la
province
LES NOTICES INDIVIDUELLES 243

[ ]cio C[(aii) f(ilio) ] | [co(n)s(uli), p~\raef(ecto) aer[ari(i)


Saturni], | [proco(n)~]s(uli) prov(indae) [ ] | [leg(ato) pr(o)] pr(aetore) [pro-
v(inciae) ]

Le sénateur a ainsi parcouru une carrière nettement caractérisée, à


la fin du Ier ou dans la première moitié du IIe siècle: après la preture
(ou une adlectio inter praetorios), une légation dans une province
sénatoriale, le proconsulat de la Narbonnaise, de la Bétique ou de toute autre
province prétorienne d'importance moyenne, la préfecture de Vaerarium
Saturni enfin, l'ont conduit au consulat suffect.

51 - M. SERVILIUS Q. f. Ho[r.] FABIANUS MAXIMUS

praef. aer. S. entre 153 et 158

1 - CIL, VI, 1517 = ILS, 1080 Borne

M(arco) Servilio Q(uinti) f(ilio) Ho[r(atia tribù)] \ Fabiano Maximo, \


leg(ato) Augustorum pro prae\tore provinciarum Mysiae | superioris item
Mysiae inferi\oris, curatori aedium sacra\rum, co(n)s(uli), fetiali, prae-
f(ecto) aer(arii) S{aturni), | leg(ato) leg(ionis) III Gal(licae), cur(atori)
viae Vàle\riae, leg(ato) pr(o) [pr(aetore)] provin(ciae) Asiae, prae[t(ori)~], \
aed(ili) cur{uli), ab actis senatus, q(uaestori) \ urb{ano), tr(ibuno) mil(itum)
leg(ionis) I Minerv(iae), \ IlIIviro viar(um) eurandar [urn), Licinii Fortis
et Honoratu[8~\ \ centurio(nes) leg(ionis) I[ ] | ami[co~\.

2 - CIL, V, 868 Aquileia, regio X


Naieo, | ser(vo) \ unctori, \ Fabianus \ Go(n)s(ularis).

3 - CIL, V, 869 Aquileia


Ph[o]ebiano, | ser(vo) \ medico, \ Fabianus \ co(n)s(ularis).

4 - CIL, Y, 870 Aquileia


Trophimo, \ Ub{erto), Fabianus | co(n)s(ularis).

5 - IG, XIV, 2343 = IGE, I, 482 Aquileia


Θ(εοις) κ(αταχ·&ονίοις) · Σεργίω | Έστιαίφ \ Σερουιλίου \ Φαβιανοϋ | ύπατικοϋ\
ψίλω κάί ίατρω, \ Ονιψανία \ Όοτιλία \ επονηϋεν.
244 l'« aerarium saturni » et l\< aerarium militare »

6 - CIL, XVI, 108 = ILS, 2006, 1. 19

Servilio Fabiano, Q(uinto) Iallio Basso, co(n)s(ulibus).


8 juillet 158

7 - CIL, III, 12385 Gromsin, Moesia inf.

I(ovi) O(ptimo) M(aximo) | pro salute Imp(eratoris) Caes(aris) M(ar-


ci) | Aureli Antonini Au[g(usti)] et \ Imp(eratoris) Caes(aris) L(ucii) Aureli
Veri Aug(usti), | M(arcus) Servilius Fabianus, leg(atus) Aug(usti) pr(o)
pr(aetore), templum vetus\tate corruptum a so{l]o per re[g(ionem)] Mon-

\
t(anensium) restituii.

8 - CIL, HI, 12514 Kasapkioi, Moesia inf.

Imp(erator) Caesar M(arcus) Aurelius \ Antoninus Aug(ustus), pon-


ti\fex maximus, trib(unicia) pot\[esf]at{e) XVI, co(n)s(ul) III, e[t \ Im-
p(erator)] Caesar Lu(cius) Aure\lius Verus Aug(ustus) tri\b(unicia) po-
testat(e) II, co(n)s(ul) II, \ divi fili Pii, divi Ha\drianì nepotes, di\vi Nervae
abnepo\tes, M(arcus) Servilius | Fabianus Maxi\mus, leg(atus) Aug{usti) \
pr(o) pr(aetore) \ m(ilia) p(assuum) XVIIII. a. 161

9 - V. Parvan, Riv. di Filol., n.s., II, 1924, p. 317 Durostorum,


— ΑΈ, 1925, 109 Moesia inf.

I(ovi) O(ptimo) M(aximo), vet(erani) leg(ionis) X[T] Cl(audiae) p(iae)


f(idelis), missi IIII co(n)s(ulatum), qui militare eoeper(unt) Comodo et
Pompeiano (a. 136) et L(ucio) Aelio II co(n)s(uìe) (a. 137) et Nìgro et Ca-
mari\n\o (a. 138), Imp(eratore) Anton[i]no II (a. 139), missi ab M(arco)
Aurelio Antonino et L(ucio) Aur(elio) Vero Augustis, sub Servi\li~\o
Fabiano, leg(ato) Aug(ust)or(um) pr{o) pr(aetore), et Cornelio Plotiano, leg(ato).

10 - J. Weiss, JOAI, XVI, 1913, Beiblalt, col. 209-210 Troesmis,


= ΑΈ, 1920, 54 Moesia inf.

Imperatoribus [Caes(aribus)] \ M(areo) Aurelio Antoni\no Aug(usto)


et] | L(ucio) Aurelio Vero [Aug(usto) Armeniaco] | sub M(arco) Servilio
[Fabiano, leg(ato) Aug{ustorum)~\ \ pr(o) pr(aetore), etc.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 245

11 - Rev. arch., II, 1915, p. 184, n° 137 ßexaginta Prista,


Moesia inf.

[ ] divi Trai(ani) pronep(oti), divi Ner(vae) abnepot(i), a LX Prist.


per coh(ortem) II Fl(aviam) Britt(onum), Servilio Fabiano, leg(ato) Au-
g(usti) pr(o) pr(aetore).

12 - CIL, III, 12373 Kutlovica, Moesia inf.

[Diane reggine et [Afpoljlini pr[o salute M (arci)] 8er[ ]

13 - G. Bordenache, Dacia, n.s., IV, 1960, Tomis, Moesia inf.


p. 267-272 - AE, 1962, 145

[ήγ]η0αμένον M. Σερον[λίου Φαβιανου].

14 - A. Radulescu, Studii si Cercetari Tomis, Moesia inf.


de Istorie VecJie, XIV, 1963, p. 81-83

M(arco) Servilio Q(uinti) | \j(ilio) Hor(atia tribu) | Fabiano Maximo


[ ] leg(ato) | Aug(usti) pr(o) pr(aetore) | Moes(iae) inferioris].

peut-être 15 - CIL, VI, 857 e Eome

Caélius (?) [---jillianus Ma[ximus f, cur(ator)] aed(ium) sacr(arum)


[et op(erum)~] pu[b(licorum)] a. 159

M. Servilius Fabianus Maximus est originaire d'Aquilée (r), comme


en témoignent les quatre cippes qu'il a élevés à ses esclaves ou ses
affranchis dans cette cité. Fils d'un Quintus et inscrit dans la tribu Horatia
comme lui, le consul ordinaire de 166, Q. Servilius Pudens, marié à
Ceionia Fabia, sœur de L. Verus, est certainement un frère du préfet
du trésor (2)«

(x) PIE1, III, p. 226, n° 415; P. Lambreclits, Sénat romain, I, p. 131, n° 777.
(2) Sur Q. Servilius Pudens, voir les études récentes de B. E. Thomasson, Die
Statthalter, II, p. 88-89, et de H. -G. Pflaum, Les sodales Antoniniani à V époque de
Marc- Awèie, Paris, 1966, p. 82-85.
246 ΐΛ AEEAKIUM SATURNI » ET ΐΛ ΑΕΚΑΒΓϋΜ MILITARE »

Le cursus de Fabianus Maximus figure dans l'ordre inverse sur une


inscription romaine; le consulat y est gravé à sa place.
Le jeune homme débute par le poste de quattuorvir viarum curan-
darum qui, au IIe siècle, laisse souvent présager une carrière militaire (*).
Il sert ensuite comme tribun en Germanie inférieure, où sa légion, la
Ie Minervia, était cantonnée à Bonn (2).
Après la questure urbaine, qui lui permet de rester à Eome, il est
désigné comme ab actis senatus et rédige, à ce titre, le compte rendu des
séances du sénat; il devient normalement édile curale (3). La preture
lui donne accès à quatre fonctions, avant le consulat suffect qu'un
diplôme militaire date précisément de juillet 158.
Fabianus Maximus accompagne d'abord un proconsul d'Asie à Ephèse
en qualité de légat. Il reçoit ensuite le soin de la via Valeria, route qui
conduit vers l'Adriatique. Par la suite, le commandement de la légion
III* Gallica l'éloigné en Syrie (4). Au retour, après deux postes
administratifs et une responsabilité militaire par conséquent, il reçoit la gestion
de Vaerarium Saturni. La préfecture financière a précédé de peu le
consulat suffect: nous ne pouvons pas préciser son triennium, qui se situe
entre 153 et 158.
Comme il arrive souvent à cette époque, l'ancien préfet du trésor
reçoit la curatelle des aedes sacrae après le consulat; la chronologie ne fait
aucun doute, puisque le consulat est gravé en son temps sur l'inscription
romaine. Or, une dédicace datée du mois de décembre 161 fait connaître
un couple de curateurs, Iallius Bassus et Commodus Orfitianus (5).
Fabianus Maximus les a précédés dans cette charge: A. E. Gordon le situe
vers 160 dans ses fastes de la curatelle (6). Nous nous demandons s'il ne
convient pas d'identifier à M. Servilius Fabianus Maximus un curateur (7),
dont le nom mutilé figure sur une inscription romaine datée de 159 (texte
15). Fabianus Maximus peut fort bien avoir assumé la responsabilité des
temples romains en 159 et 160. Iallius Bassus a occupé ce poste en 161 (3):
ce serait son successeur.

(x) E. Birley, Senators in the Emperors' Service, dans Proc. of the Brit. Acad.,
XXXIX, 1953, p. 203-203.
(a) E. Ritterling, BE, XII, col. 1422-1423, ìegio.
(3) La séquence des postes ab actis senatus - édile curale paraît usuelle; voir le
tableau III, 1, b, des praefecti aerarti Saturni et son commentaire.
(*) È. Ritterling, BE, XII, col. 1523-1524, legio.
(«) CIL, VI, 1119 b.
(6) A. E. Gordon, Curatores, p. 290-291, n° 30.
(7) Id., ibid., p. 290, n° 29.
(8) Id., ibid., p. 291, η» 31.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 247

La même année 161, la présence de Fabianus Maximus en Mésie


inférieure est attestée par une borne milliaire (texte 8). Le consulaire
gouverne la province entre 161 et 163 (*); c'est encore M. Iallius Bassus
qui lui succède (2). Pour les légats impériaux, nous constatons ainsi
l'existence d'un tableau d'avancement dont les règles sont respectées.
Pendant que M. Iallius Bassus administre la Mésie inférieure,
Fabianus Maximus gouverne la Mésie supérieure; un autre légat est connu
pour l'année 167 (3). Son séjour se place donc entre 163 et 166 (4).
Fabianus Maximus a été admis parmi les Féciaux.

Les débuts de M. Servilius Fabianus Maximus d'Aquilée sont


honorables, mais modestes. La préfecture de Vaerarium Saturni, qui lui
confère le consulat suffect, est le quatrième poste prétorien. Les grands
commandements du sénateur datent du co-règne de L. Verus, à qui il
était apparenté par son frère Q. Servilius Pudens. Celui-ci est sans doute
son cadet, puisqu'il a été honoré du consulat — pour le beau-frère de
l'empereur, ce fut un consulat ordinaire — en 166 seulement.

52 - L. VOLUSIUS L. f. MAECIANUS

praef. aer. Satur[n.] vers 164-166

1 - H. Bloch, Not. d. Scavi, 1953, fase. 7-12, p. 272- Ostie


273, η» 34 =ΑΈ, 1955, 179

L(ucio) V[olus]io L(ucii) f(ilio) \ Ma[e]cian[o], | co(n)s(uli) desig(nato),


praef(ecto) aer(arii) 8atur[n(i), pr(aefecto) Aeg(ypti),] \ pr(aefecto) ann(onae),
pontif(ici) m(inori), a libellas) et [cens(ibus) Imp(eratoris)] \ Antonini, a
studiis et procuratori) \bïblioth(ecarum)~\, \ pr(aefecto) veMcul(orum), a
libellas) Antoni[,ni Caes(aris), pr{aefecto)\ \ coho{rtis) I Aeliae class(icae),
pr(aefecto) fabr[um, p(atrono) c{oloniae)~\, L{ucius) V[olusi]us Mar[ ]

(x) A. Stein, Moesien, p. 76-77; J. Fitz, Die Laufbahn der Statthalter in der röm.
Provinz Moesia inferior, Weimar, 1966, p. 47.
(a) A. Stein, op. cit., p. 77-78; J. Fitz, op. cit., p. 48.
(3) II s'agit de M. Claudius Fronto; Α. Stein, 02?. cit., p. 46-48.
(*) Α. Stein, op. cit., p. 45-46.
248 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

2 - CIL, XIV, 5347 Ostie

L(ueio) Volusio L(ucii) f(ilìo) \ Maeciano, \ praefecto Aegypti, | prae-


f(ecto) annonae, pontif(ici) m(inori), \ a libellis et censibus Imp(eratoris) \
Antonini Aug(usti) Pii, a studis et \ procuratori) bibliothecarum, prae-
f(ecto) 1 vehiculorum, a libellis \ Antonini Aug(usti) Pii sub divo \ Hadriano, \
adiutori o(perum) p(ublicorum), praef(ecto) coh(ortis) I Aeliae \ classicae,
praef(ecto) fàbrum, \ patrono coloniae, \ decurionum \ decreto, publiée.

3 - CIL, XIV, 5348 Ostie

[L(ucio) Volusio L(ucii) f(ilio) \ Maecian\o, \ [iuris cons]ulto, \


[praefecto Aeg]ypti, | [praef(ecto) annonae, pontif(ici) m(inori), a libe]llis | [et
censibus Imp(eratoris) Antonini] Aug{usti) Pii, \ [a studis et procuratori)
bibliotJiec(arum), p~\raef(ecto) vehicul(orum), \ [a Ubellis Antonini Aug(usti)
Pii sub div]o Hadriano, \ [adiutori o(perum) p(ublicorum), praef(ecto) c]o-
hor(tis) I Ae[liae | classicae, praef(ecto) fabrum, patrono coloniaé].

4 - CIL, XIV, 250, cf. p. 482 = ILS, 6174 \ Ostie

M(anio) Acilio Glabrione, M(arco) Valerio Homulo (sic), co(n)s(uli-


bus), | ordo corporatorum lenuncularior(um) \ tabulariorum auxilaries(ium)
Ostiens(ium) — | patroni: \ M(arcus) Sedatius C(ai) fil(ius) Severianus, \
T(itus) Prifernius Sex(ti) f(ilius) Paetus Bosianus Geminus, \ M(arcus)
Sedatius M(arci) f(ilius) Severus Iulius Beginus, \ C(aius) Al(l)ius C(ai)
f(ilius) Fusdanus | — L(ucius) Volusius Maecianus, \ L(ucius) Iulius
Mémor, | M(arcus) Cipius Proclianus, | T(itus) Aurélius Aug(usti) li-
b(ertus) Strenion, \ L(ucius) Marius Germanus | — quinq(uennalis) per-
p(etuus): \ M(arcus) Cornelius Epagathus, etc.. . a. 152

5 - P. Oxy., III, 653, 1. 1-2 = L. Mitteis, Chrest., 90

Έ[ξ] νπομνημ(ατιϋμών) Λονκίου Ονολονϋίον Μα[ικι]ανοϋ [(έτους) κ


Άντ<ο]νίνον Καί[σαρό]ς το[ν Κυ]ρίον.

6 - Ρ. Gen., 35, 1. 3-4 et 16

. . . υπό Ονολοναίον Μαικιανον, τον λαμπροτ[άτον ήμεμόν]ος [^Έτους] δεν-


τέ[ρον Αυρηλίου Άντωνείνο]υ και Ούήρου των Κνρ[ίων] Σεβαότών, "Αϋνρ ι&'
15 ηον. 161
LES NOTICES INDIVIDUELLES 249

7 - Fronton, Epistulae ad Mar cum Caesar em, Uli, 2, 5

Haec cursim ad te seripsi, quia Maecianus urgebat etc.


Je t'ai écrit rapidement parce que Maecianus me pressait de le faire etc.

8 - 8ΞΑ, vita PU, 12, 1

Multa de iure sanxit ususque est iuris peritis V indio Vero, Salmo [Iu-
liano, Aburnio] Valente, Volusio Maeciano, Ulpio Marcello et Diavoleno
(sic).
Antonin établit un grand nombre d'articles de loi avec l'aide d'experts en droit,
Vindius Verus, Salvius Iulianus, Aburnius Valens, Volusius Maecianus, Ulpius
Marce llus et Iavolenus.

9 - SHA, vita Marci, 3, 6

Studuit iuri, audiens Lucium Volusium Maecianum.


Il étudia le droit en écoutant les leçons de L. Volusius Maecianus.

En rapprochant cinq fragments retrouvés à Ostie, H. Bloch a


reconstitué une inscription qui complète la carrière de L. Volusius
Maecianus (texte 1). Seul, le cursus équestre du grand juriste était connu
jusqu'alors; on savait qu'il était parvenu au poste eminent de préfet
d'Egypte i1). Il apparaît désormais que cet ancien chevalier a bénéficié
d'une adlectio inter praetorios; sa promotion ne figure pas
expressément sur la pierre d'Ostie, mais elle est sous-entendue, puisque la fonction
de praef(ectus) aer(ari) 8aturn(i), réservée aux sénateurs de rang
prétorien, est gravée après celle de pr(aefectus) Aeg(ypti).
Pour la succession des postes équestres, nous adoptons les
interprétations de H.-G. Pflaum (2).
La praefectura fabrum est une sorte de stage préparatoire à la
carrière équestre; Maecianus a été choisi comme adjoint par un magistrat.

(x) PIB1, III, p. 481-482, n° 657. Sa qualité de juriste est connue surtout par
Dig. XIV, 2, 9; XXXVII, 14, 17; XL, 5, 42.
(2) H. -G-. Pflaum, Carrières, I, p. 333-336, n° 141; voir aussi les notices récentes
de W. Kunkel, EerMnft, p. 174-176, n° 42, et de Th. Mayer-Maly, BE, IX, A, 1, 1961,
col. 904-905, Volusius.
250 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

II n'accomplit qu'une milice équestre, comme commandant d'une


cohorte en garnison en Bretagne (*), la la Aelia classica.
Après ce service militaire écourté, il devient adiutor d'un curator
operum publicorum; le consulaire a choisi Maecianus comme adjoint et
proposé son nom à la nomination impériale (2). Ce poste sexagénaire
permet au jeune chevalier d'attirer l'attention du futur empereur Antonin
le Pieux; en effet, après qu'Hadrien l'ait adopté et désigné comme
héritier présomptif, le nouveau César s'entoure d'un véritable cabinet (3);
il choisit Maecianus comme secrétaire aux requêtes, a Ubellis. Le jeune
chevalier exerce donc sa charge entre le 25 février 138, date de l'adoption,
et le 10 juillet 138, jour de l'accession au pouvoir d'Antonin. En tant
que collaborateur personnel du futur empereur, Maecianus exerce des
fonctions plus importantes que ne le laisse entrevoir le rang modeste de
procurateur sexagénaire.
Après son avènement, Antonin se conforme aux exigences du
tableau d'avancement; il ne peut pas maintenir son ancien secrétaire aux
requêtes, procurateur sexagénaire, dans une fonction qui, auprès de
l'empereur, appartient à l'échelon supérieur des ducénaires (4). Une promotion
normale élève Maecianus à un poste centenaire; la préfecture des
véhicules. Il reste ainsi à Eome dans l'entourage impérial et conserve par
conséquent son rôle de conseiller juridique. En effet, l'Histoire Auguste
cite Volusius Maecianus parmi les membres du conseil impérial d'Antonin
le Pieux (texte 8).
La faveur impériale se mesure à la rapidité de son avancement; le
premier poste ducénaire auquel il accède n'est pas habituellement une
fonction de début; il s'agit de la direction du secrétariat a studiis qu'il
cumule avec la procuratèle des bibliothèques (5). Sous le règne
d'Hadrien, L. Iulius Vestinus a également jumelé ces deux postes (6); il
s'agissait aussi d'un spécialiste dont l'empereur ne voulait pas se séparer.
Maecianus parvient au sommet de la carrière ducénaire avec la
fonction de a Ubellis et censibus, véritable « ministère de la justice ». C'est

(x) CIL, XVI, 93 (145-146).


(2) H. -G. Pflaum, Procurateurs, p. 197.
(3) Id., ibid., p. 61, avec note 2.
(4) Id., Carrières, I, p. 334.
(5) Id., Procurateurs, p. 234, avec note 8.
(e) Id., Carrières, I, p. 246, n° 105, en particulier p. 246. Le cas de Suétone est
particulier; H.-Gr. Pflaum, ibid., p. 223, n° 96, pense qu'il a exercé aussi ces deux
postes, mais ne les a pas cumulés.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 251

alors qu'il est honoré du pontificat mineur: ce sacerdoce semble réservé


par faveur aux habitants de Borne ou des environs (x).
Après les procuratèles, le juriste accède aux préfectures. Il obtient
la préfecture de l'annone; enfin, en 160 (2), la préfecture d'Egypte
couronne une brillante carrière équestre, qui couvre le règne d'Antonin. Un
papyrus daté de novembre 161 atteste sa présence en Egypte; il n'était
pas à Rome lors de l'avènement de son ancien élève, Marc-Aurèle (texte 6).
Les textes 2 et 3 ont été gravés après la préfecture d'Egypte; la
qualité de jurisconsultus n'apparaît que sur le second; c'est sans doute
un hasard. On ne peut pas en conclure que les deux empereurs Marc-
Aurèle et L. Verus lui ont accordé le ius respondendi, privilège de certains
juristes du premier siècle qui, seuls, donnaient leurs consultations ex
auctoritate principum (3). En effet, depuis la réorganisation du consiliwm
principis par Hadrien, le principe de l'autorisation de juristes individuels
a été abandonné (4). Les meilleurs juristes sont appelés au conseil impérial:
un passage du Digeste montre Maecianus dans ses fonctions de
jurisconsulte auprès des divi fratres-, il a participé à l'élaboration d'un rescrit
impérial (5). Le titre ancien de iurisconsultus, qui se perpétue, n'implique
plus l'idée d'une autorisation impériale.
L. Volusius Maecianus pouvait devenir préfet du prétoire. C'est une
autre promotion qui lui fut destinée. Les fonctions militaires de préfet
du prétoire ne convenaient sans doute pas à un homme qui avait été
dispensé de deux milices équestres. A son retour d'Egypte, Maecianus
est admis au sénat en qualité d'ancien préteur; Vadlectio n'est pas indiquée
sur le texte d'Ostie. L'emploi du titre λαμπρότατος sur le papyrus de
Genève est abusif; Maecianus ne possédait pas la dignité de clarissime en
Egypte. Alors que la titulature officielle est celle de διασημότατος — per-
fectissime — les papyrus à caractère privé emploient souvent de façon
erronée le qualificatif λαμπρότατος (6).

(x) Voir la liste des titulaires de ce sacerdoce dans H.-Gr. Pflaum, Carrières,
p. 499, note 23.
(2) A. Stein, Die PräfeMen von Ägypten in der rôm. Kaiserzeit, Berne, 1950,
p. 88-90.
(8) Sur cette pratique, cf. F. Schulz, History of Roman Legal Science, Oxford,
1946, 2* éd. 1963, p. 112-113.
(*) F. Schulz, ibid., p. 114; J. Crook, Oonsilium Principis, p. 59-65.
(5) Dig., XXXVII, 14, 17: Divi fratres in haec verba rescripserunt: (...)
Volusius Maecianus amicus noster; cf. J. Crook, op. cit., p. 190, n° 358.
(e) P. Lambrechts, Sénat romain, II, p. 109, avec note 1, indique plusieurs
exemples.
252 ΐΛ( AERARITJM SATURNI » ET ΐΛ( AERARIUM MILITARE »

Le nouveau sénateur reçoit des empereurs un unique poste


prétorien, la préfecture de Vaerarium Saturni, où il peut employer ses
compétences juridiques et son expérience administrative. Sa nomination est
surtout la promesse du consulat suffect. L'inscription d'Ostie présente
en effet Maecianus comme consul designatus; cette désignation date de
sa troisième année d'exercice ou de l'année suivante. L'exercice du
consulat n'étant pas attesté par ailleurs, il est possible que l'inscription soit
funéraire i1). La préfecture du trésor se place peu après l'année 162, vers
164-166.
L. Volusius Maecianus est patron de la colonie d'Ostie; certains ont
pensé que les décurions ont porté leur choix sur ce personnage en raison
de son activité de préfet de l'annone (2). Maecianus est patron de la
corporation des bateliers: le nom du chevalier est mentionné le premier,
après la liste des patrons sénateurs; peut-être est-ce à mettre en relation
avec sa nomination à la tête du service de l'annone. Cependant il ne nous
paraît pas exclu de reconnaître un autre motif à ces désignations: les
Volusii sont nombreux à Ostie (â); L. Volusius Maecianus est peut-être
natif de la colonie (4), ce qui serait en accord avec l'origine italienne que
révèle l'obtention du pontificat mineur.
La carrière équestre de L. Volusius Maecianus est exceptionnelle.
Les qualités du juriste lui ont permis de brûler les étapes, en particulier
celles de l'échelon ducénaire. Très apprécié d'Antonin, il est resté
longtemps dans chacune de ses fonctions, puisqu'il a occupé quatre postes
seulement en vingt-trois ans. Conseiller de l'empereur, il réside à Borne;
la préfecture d'Egypte, promotion nécessaire à son ascension, l'a éloigné
de l'Italie pour deux ou trois ans seulement. H. -G. Pflaum a noté que la
carrière brillante de Maecianus avait respecté les exigences du tableau
d'avancement des chevaliers (5). Cette remarque éclaire la nomination à
la préfecture du trésor après Vadlectio inter praetorios; Marc-Aurèle
accorde par ce biais une promotion à son ancien maître: il retient le
jurisconsulte à Eome dans l'entourage impérial, tout en lui confiant des
attributions qui utilisent ses compétences juridiques; la préfecture est le
palier nécessaire à l'élévation de cet ancien chevalier au consulat suffect.

(*) Comme le suggère A. Degrassi, Fasti consolari, p. 241.


(2) L. Harmand, Le patronat, p. 216, avec note 124.
(3) E. Meiggs, Boman Ostia, Oxford, 1960, p. 207, note 4.
(4) Id., ibid., p. 206, envisage aussi cette possibilité.
(5) H. -G. Pflaum, Carrières, I, p. 336.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 253

Quelques années plus tard, sous le règne de Commode, T. Aius Sanctus


a connu un avancement comparable (χ).

53 - C. ABBIUS C. f. Quir. ANTONINUS

prae[f.] aer[a]ri Saturn[i~] vers 167-169

1 - CIL, Y, 1874 = ILS, 1118 Concordia, regio X

[C{aio)] Arrio [C(ai) f(iUo) Q]uir{ina tribu) Anto\nino, prae[f(ecto)] \


aer[à]ri 8aturn[i], \ iurid[i]co per Italiani [re]\gionis Transpadanae pr[i]\mo,
fratri Amali, praetori | cui primo iurisdictio pupilla\ris a sanctissimis
Imp[eratoribus] mandata | est, aedil\ï\ curul(i), ab actis senatus, se\viro
equestrium turmar(um), tribuno \ laticlavio leg(ionis) IIII ScytMcae,
IIII\viro viarum curandar {um), qui pro\videntia maximorum Imperat{o-
rum) mis\sus urgentis annonae difficuli\tates iuvit et cosuluit securi\tati fun-
datis reip(ublicae) opibus, or do \ Concordiensium patrono opt(imo) ob in-
nocentiam et labori {sic).

2 —
- CIL,
\jJLJ-i, VIII,
y xxxj 7030 = ILS, 1119 Cirta, Numidia
_ ILAlg,
rrjjrt π II, «il
614
[ praetorï\ \ curatoribus et tutor ibus dandis \ primo constituto,
curatori Nola\norum, fratri Arvali, augur{i), sodali Mar\dano Antoniniano,
iuridico regionis \ Transpadaneae, curatori Ariminien\sium, curatori civi-
tatum per Aemili\am, aedili curuli, ab actis senatus, seviro equitum Boma-
norum, quaest{ori) | urbano, tribuno leg{ionis) IIII ScytMcae, \ quattuorviro
viarum curanda\rum, patrono IIII col{oniarum), \ C{aius) Iulius Libo
triercJius classis no\vae Lybiee, patrono, d{ecreto) d{ecurionum) \ [ ~\no
f{ecit).

3 - C. Daicovici, Inchinare lui N. Iorga Sarmizegetusa, Dacia


eu prilejul implinirii vârstei deani,
Oluj, 1931, p. 1 = AE, 1931, 122

(x) Voir la notice n° 58.


254 ΐΛ< AERABXUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

[C(aìo)] Arri[o C(ai) fil(io) | Antonino, leg(ato) \ [Aug(usti) pr(o)]


pr(aetore) \ \c]o{n)s{ulari) trium D[a]c(iarum), | [c]ol(onia) Ulp(ia) Tra-
ian(a) | [Au]g(usta) Dac(ica) Sarmiz(egetusa).

4 - C. Daicovici, loc. cit., p. 2 = AE, 1931, 123 ibid.

C(aio) Arrio \ Antonino fil(io) \ C(ai) Arri Anto\nini, leg(ati)


Augusti) | pr(o) pr(aetore), \ col(onia) Ulp(ia) Traia(na) | Aug(usta) Dac(ica)
8arm(izegetusa).

5 - C. Daicovici, loc cit., p. 2 = AE, 1931, 124 ibid.

C(aio) Arrio \ Quadrato fil(io) \ C(ai) Arri Antoni\ni, leg(ati) Aug(usti)


pr(o) pr(aetore), \ col(onia) Ulp{ia) Traia(na) \ Aug(usta) Dac(ica) Sarm(i-
zegetusa).

6 - CIL, III, 12574 = AE, 1912, 304 Also-Varosviz, Dacia

Dianae sacrum, pro salut(e) \ G(ai) Arri Anto\nini, leg(ati) Aug(u-


\

sti) | pr(o) pr(aetore), | M(arcus) Verius Su\perstes, (centurio) leg(ionis) \


V Mac(edonicae) p(iae) n(umini) g(ratus) v(otum) s(olvit).

7 - CIL, Vili, 2390 Thamugadi, Numidia

Calpu[r]\niae Quadra\tillae, coniu\gi C(ai) A\f]ri An[to]nìn[i,


chiarissimi) v(iri)~\, | d(ecreto) d(ecurionum) p(ecunia) [p(ubUcay].

8 - CIL, VI, 2100, 1. 11-12 Ada Arvalium

C(aius) Arrius Antoninus, M(arcus) Antó[nius luvenis]. a. 186

9 - CIG, 4168 = IGE, III, 100 Amasia, Cappadocia

[Αντοκράτορι Καίααρι Μ(άρκφ) Ανρηλίω Άντωνείνω Σεβαστώ Γερμανικά)


Σαρματικω, αρχιερεΐ μ\εγίατω, δημαρχινής εξ[ουσίας το λ., ύπάτω το γ' και
Αντοκράτορι Καίααρι Λ(ουκίω) Ανρηλίω Κομμόδω Σεβαύτώ Γερμαηκφ Σαρ]ματικω
δημαρχικής εξ[ονΰίας το-, ύπάτω και τω] δήμω της μετροπό^ως Άμααείας
] επί Άρρίον Άντων[είνον ].
LES NOTICES INDIVIDUELLES 255

10 - GIG, 4193 = IGB, III, 129 Tyana, Cappadocia


[ ανεϋΎ]\κεν, Γ(αΐου) Άρρίου Άντωνείν[ου πρεσβεύοντος],

11 - M. Bostovstsev, Izvestija russJc. Edschmiadzin,


archeolog. Komm., 1909 = ILS, 9117 Armenia maior

Imp(eratori) Caes(ari) M(arco) Aure(lio) Antoni(no) \ Aug(usto)


Germanico), vex(illationes) le(gionum) XV Ap(o)l(linaris) et | XII ful(minatae)
fec(erunt) sub C(aio) Arri(o) Antoninus (sie) preses (sie) p(rovinciae), \
|

Pop(ilius) Macri[n(us)] tr(i)b(unus) c(o)h(ortis) (miliariae) eq(uitatae) c(i-


vium) B(omanorum) et Tit(us) Aur(elius) Varus (centurio) leg(ionis) XV
Ap(o)l(linaris), \ prepositi v(e)x(i)l(lationum), cu\ram eg]erunt.

12 - CIL, XI, 5939 = ILS, 5678 Tifernum Tiberinum

[ ] sibi et fil(io) suo M>e\[p~]o[t~\i ex (sestertium sexaginta miUbus)


n(ummum) poni iussit \ et ob dedicatione(m) earum | dec(urionibus) (dena-
rios quinos), VIvir(is) (denarios ternos), pleb(eis) (denarios binos) \ dari
iussit; item reliquit \ ad balinei fabrica(m) rei p(ublicae) | Tif(ernatium)
Tib(erinorum) (sestertium) (centum quinquaginta milia) n(ummum), quae
ex sen\tentia Aemili Frontonis, \ ciprissimi) v(iri), postea deinde Arri \
Antonini, cl(arissimi) vir(i), rei p(ublicae) Tif(ernatium) Tib(erinorum) |
ab Cipellis Profuturo et Pimentino Jier(edibus) et ab Arruntia \ Ampiana
her(edes) Arrunti Grania\ni numerata sunt', her(edes) posuer(unt)', \ l(ocus)
d(atus) d(ecreto) d(ecurionum).

13 - W. H. Buckler et W. M. Calder, A Vakif (Asie mineure),


MAMA, VI, p. 46, n° 122 = AE, 1940, 192; cippe incomplet où
cf. L. Eobert, REG, LU, 1939, p. 502 = AE, l'on voit encore la tête
1940, 157 d'un gladiateur

ΕΙδομενενς \ απελύθη κελεύσ[α]ν\τος ανΰνπάτον Άρρί[ον] Άντωνείνου.


(Le gladiateur) a été renvoyé de l'arène avec la vie sauve sur l'ordre du proconsul
Arrius Antoninus.

14 - Fronton, Ad amicos, II, 6 (édition P. J. Van der Hout, p. 181;


cf. édition C. B. Haines, II, p. 174.)
Arrio Antonino Fronto salutem
256 ΐΛ AERARrUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Demonstratus est mihi a doctis et multum mihi familiaribus viris,


quorum apud me vóluntas ipsorum merito valet plurimum. Igitur, si me
amas, tantum Volumnio tribue honoris facultatisque amicitiae tuae am-
plectendae, ol γαρ φίλτατοι άνδρες conciliaverunt eum mihi.
Ceux qui me l'ont fait connaître sont des hommes avisés et de grands amis à
moi, dont les désirs personnels ont à juste titre le plus grand poids sur moi. Donc,
si vous m'aimez, accordez à Volumnius autant de respect et de facilités pour gagner
votre amitié, « car des amis très chers » me l'ont recommandé ...

Fronton, Ad amicos, II, 7 (édition P. J. Van der Hout, p. 182-186;


cf. édition C. E. Haines, II, p. 176-186)
Arrio Antonino Fronto salutem
Have mi, domine fili carissime. Sicut eos qui dicta factaque tua in ad-
ministranda provincia maximis laudibus ferunt, laetus ac libens audio, ita
si quis quid remurmurat aut deprecatur, multo scrupulosius ausculto, . . .
Salut à toi, mon très cher fils. De même que j'ai de la joie et du plaisir à écouter
ceux qui louent amplement tes écrits et tes actes dans l'administration de ta province,
de même j'examine avec grand soin les murmures et les plaintes éventuelles que tu
peux susciter, ...

Volumnius Serenus Concordiensis, si nihil in Us, quae apud me


commémorât, aut verae rei dempsit aut addidit, iure meritoque utetur me apud
te vel patrono vel precatore ...
Volumnius Serenus de Concordia, s'il n'a pas altéré la vérité en ce qu'il m'a
rapporté, a recours à bon droit à mes services auprès de toi, à titre de patron ou
d'intercesseur.
(Longue lettre dans laquelle Fronton demande à Arrius Antoninus
de vérifier que Volumnius Serenus était légalement décurion de Coneordia
avant son exil temporaire pour le rétablir dans ses droits à son retour.)

Ad amicos, II, 8 (édition P. J. Van der Hout, p. 187-188; cf. édition


C. B. Haines, II, p. 188-190)
Gratulor mihi plerisque hominibus . . . esse . . . esse me a te non secus
quam parentem observari. Eo fit ut ad me decurrant plurimi, qui tuam gra-
tiam cupiunt.
Je me félicite que de nombreuses personnes considèrent que je suis aussi proche
de toi qu'un parent. Aussi nombreux sont ceux qui, désirant ta faveur, s'adressent
à moi.
(Intervention de Fronton en faveur de Baburiano).
LES NOTICES INDIVIDUELLES 257

Ad amicos, II, 9 (édition P. J. Van der Hont, p. 188; cf. édition


C. E. Haines, II, p. 190)
(II ne reste qne l'adresse à Arrius Antoninus.)

cf. Fronton, Ad amicos, II, 11, (édition P. J. Van der Hont, p. 189, 1. 28-
29 cf. édition 0. E. Haines, I, p. 292-295)
Alii quoque plurimi sunt in senatu Cirtenses diarissimi viri.

lö - 8HA, vita Commodi, 7, 1

8 ed et Cleandro dignus tandem vitae finis inpositus. Ν am cum insidiis


illius Arrius Antoninus fictis criminibus in Aitali gratiam, quem in pro-
consulatu Asiae damnaverat, esset occisus, nee earn turn invidiam populo
saeviente Commodus ferre potuisset, plebi ad poenam donatus est.

Vint enfin le tour de Cléandre de perdre la vie. En effet, lorsque, grâce à ses
intrigues, Arrius Antoninus eut été mis à mort sur de fausses accusations en faveur
d'Attale, qu'il avait condamné lors de son proconsulat d'Asie, Commode ne put pas
supporter la haine du peuple en colère et le livra à la foule qui l'exécuta.

16 - 8HA, vita Pertinacis, 3, 7

Tune Pertinax màlivolentiae notam subit, quod dictus est insimulasse


apud Commodum adfecti imperi[i] Antistium Burrum et Arrium Anto-
ninum.
Alors Pertinax connut la jalousie; on dit qu'il alla trouver Commode pour
accuser Antistius Burrus et Arrius Antoninus de briguer l'empire.

17 - Tertullien, Ad Scapulam, 5, 1

Crudelitas vestra gloria est nostra. . . Arrius Antoninus in Asia cum


persequeretur instanter, omnes illius civitatis Christiani ante trïbunalia eius
se manu facta obtulerunt. Turn ille, paucis dud iussis, reliquis ait: *Ω
δειλοί, εΐ θέλετε αποΰνγιύκειν , κρημνούς ή βρόχους έχετε.
Votre cruauté fait notre gloire. Lorsqu'Arrius Antoninus menait de rudes
persécutions en Asie, tous les chrétiens de sa cité se présentèrent devant son tribunal
en groupe. Alors il en fit amener quelques-uns et dit aux autres: «Malheureux, si
vous voulez mourir, vous avez des précipices et des cordes ».

17
258 ΐΛ< AERARIIJM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Ami de Fronton, C. Arrius Antoninus est aussi son compatriote: ce


clarissime, inscrit dans la tribu Quirina (*), est patron des quatre colonies
de la confédération cirtéenne; une statue lui a été élevée à Cirta même;
il est, sans aucun doute possible, originaire de cette cité de Numidie.
De nombreux documents mentionnent ce sénateur, contemporain de
Marc-Aurèle et de Commode (2); treize inscriptions latines ou grecques
portent son nom; trois lettres de Fronton lui sont adressées; une
quatrième, où il est fait allusion aux clarissimes originaires de Cirta, le
concerne directement; le souvenir de sa condamnation à mort par Commode
a été transmis par deux passages de l'Histoire Auguste; nous connaissons
enfin, grâce à Tertullien, son attitude vis-à-vis des chrétiens à l'occasion
de son proconsulat d'Asie.
Ces documents ne permettent pas pour autant d'établir une
chronologie précise de sa carrière; la date de son consulat ne nous est pas
parvenue. Des deux inscriptions qui donnent son cursus, l'une est mal
rédigée, puisqu'il y manque un certain nombre de postes qui devraient
y figurer, l'autre est mutilée.
Le conseil municipal de Concordia, en Vénétie, a élevé la première
pour rendre grâce à Arrius Antoninus, qui a assuré l'approvisionnement
de la cité en blé en période de disette; c'est très probablement à la suite
de ces mesures que Vordo decurionum a choisi Antoninus comme patron;
le ravitaillement faisant partie des attributions des iuridici (3), il n'est
pas douteux qu'Arrius Antoninus ait agi en qualité de iuridicus per
Italiani regionis Transpadanae: les habitants de Concordia précisent qu'il
était alors providentia maximorum Imperat(orum) missus. Au moment où
l'inscription fut gravée, le sénateur exerçait, à Eome, les fonctions de
préfet du trésor. Le texte de Concordia présente donc un cursus indirect

i1) La tribu Quirina est celle de Cirta: cf. J. W. Kubitschek, Imperium Bomanum,
p. 141.
(2) P. v. Kohden, EE, II, 1, 1895, col. 1255-1256, n° 13, Arrius; E. Groag, PIM2,
I, p. 212-213, n° 1088; P. Lambrechts, Sénat romain, I, p. 115-116, n° 683.
(3) A rapprocher de CIL, XI, 377 (Ariminum): C. Cornelio . . . Felici Italo,
iurid. per Flamin, et Umbri[am], . . . patrono coloniae . . . iuridicatus eius ob eximiam
moderationem et in sterilitate annonae laboriosam èrga ipsos fidem et industriam, ut et
civibus anno[n.] superesset et vidnis civitatibus subveniretur; cf. C. Jullian, Les
transformations politiques de l'Italie sous les empereurs romains (43 av. J.-C.-330 ap. J.-C),
Paris, 1884, p. 123; R. Thomsen, Italie regions, p. 154; W. Simshauser, Iuridici und
Munizipalgerichtsbarlceit in Italien, Münchener Beiträge zur Papyrusforschung und
Antiken Rechtsgeschichte, n° 61, Munich, 1973, p. 251-252.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 259

jusqu'aux postes prétoriens; la questure a été oubliée; Antoninus est déjà


frère Arvale.
La base de statue retrouvée à Cirta concerne bien C. Arrius
Antoninus, bien que les premières lettres de l'inscription manquent (texte 2):
le poste de praetor tutelane, qu'il a été le premier à occuper, en fait foi.
Le texte est postérieur à celui de Concordici: l'appartenance du sénateur
au collège des sodales Marciani Antoniniani le situe après la mort de Marc-
Aurèle (*), donc après 180. Le cursus, inverse encore, ne mentionne
pourtant pas toutes les fonctions dans l'ordre chronologique: ainsi le poste
de iuridicus apparaît avant la preture. Par ailleurs, la questure urbaine
et trois curatelles de Tilles sont mentionnées, ainsi que deux nouvelles
prêtrises (il est augure et sodalis Marcianus Antoninianus).
Les gouvernements provinciaux, obtenus après le consulat, sont
connus au hasard de découvertes épigraphiques dans les provinces; nous
savons ainsi par trois inscriptions de Sarmizegetusa (textes 3,4,5) qu'An-
toninus a été legatus Augusti pro praetore consularis trium Daciarum', une
dédicace à Diane, élevée par un centurion pro salute eius, atteste encore
son passage en Dacie (texte 6). De même, son gouvernement en Cappa-
doce est assuré par deux inscriptions grecques (textes 9 et 10) et par une
dédicace à Marc-Aurèle, due à des détachements des deux légions
cantonnées dans cette province, la XV a Apollinaris et la XII a fulminata
(texte 11). Le proconsulat d'Asie enfin, connu par la biographie de
Commode dans l'Histoire Auguste, est confirmé par l'épitaphe d'un
gladiateur (texte 13).
Aucun document ne présente malheureusement l'ensemble de la
carrière et l'ordre même de succession de ces différents postes mérite d'être
discuté; la date traditionnellement avancée était de 184-185 pour le
proconsulat d'Asie, ce qui plaçait le consulat suffect vers 170 (2). La
contribution de F. Grosso est importante pour le renouvellement de la
datation: l'étude systématique de l'ascension et de la chute du favori de
Commode, Cléandre, lui permet de dater le procès et la condamnation à mort
de C. Arrius Antoninus à quelques mois près, de la fin de 189 ou du début
de 190; il précise alors l'époque probable du proconsulat d'Asie, 188-189,
et propose pour le consulat suffect la date approximative de 173 (3). Il

(*) H. -G. Pflaum, Les sodales Antoniniani de Vépoque de Marc-Aurèle, Paris,


1966, p. 87.
(2) Voir les notices citées de E. Groag et de P. Lambrechts; de même, A. De-
grassi, Fasti consolari, p. 48.
(3) F. Grosso, La lotta, p. 259-260.
260 ΐΛ AERARTUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARTUM MILITARE »

modifie en outre l'ordre des gouvernements consulaires traditionnellement


admis.
Nous allons réexaminer la carrière de C. Arrius Antoninus à l'aide
de ces nouveaux éléments.
C'est sous le règne d'Antonin que C. Arrius Antoninus, jeune
Africain originaire de Cirta, fit à Borne des débuts modestes comme quat-
tuorvir viarum curandarum (x). Le service militaire l'éloigna en Syrie où
sa légion, la IIIIa SeytMca, était cantonnée à Cyrrhus (2).
La questure lui permit de rester à Eome avec le poste honorable
de questeur urbain. Si nous suivons les Cirtéens, qui devraient bien
connaître sa carrière, nous placerons après la questure le sévirat des
chevaliers romains (sévir equitum Romanorum), qui est pourtant une fonction
de jeunesse; les décurions de Goncordia mentionnent aussi cette étape
avec l'autre appellation possible (sévir equestrium turmarum), mais ils ont
omis d'indiquer la questure.
Arrius Antoninus obtint ensuite un poste de confiance: en qualité
de ab actis senatus, il surveilla la rédaction des comptes rendus du sénat;
la plupart des titulaires de cette fonction honorifique obtiennent l'édilité
curule (3) et la carrière du jeune Cirtéen ne fait pas exception. Cette
mission de confiance au sénat nous semble être le premier signe de la faveur
impériale. D'autres vont suivre.
A l'occasion de la preture, le sénateur reçut de Marc-Aurèle et
L. Verus (a sanctissimis Imperatoribus) la juridiction des pupilles; ces
attributions nouvelles font de lui le premier praetor tutélaris. Le formulaire
des deux inscriptions permet d'apprécier à quel point ce choix impérial
a été considéré par les contemporains comme une marque d'honneur:
praetori cui primo iurisdictio pupillaris a sanctissimis Imperatoribus
mandata est sur l'une, et [praetori] curatoribus et tutoribus dandis primo cons-
tituto sur l'autre. Les deux empereurs ont fait encore à Arrius Antoninus
l'honneur de le désigner pour le poste nouvellement créé de iuridicus per
Itàliam regionis Transpadanae, dont il est dit expressément «premier
titulaire » (primus). Ici, ce sont les décurions de Concordia, directement
intéressés, qui sont les plus précis. Les Cirtéens, qui rédigent leur texte

(x) E. Birley, Senators in the Emperors' Service, dans Proc. of the Brit. Acad.,
1953, p. 202-203.
(2) E. Ritterling, BE, XII, col. 1560, legio.
(3) La séquence des postes ab actis senatus — édilité curule paraît usuelle; voir
le tableau III, 1, b, des praefecti aerarii Saturni et son commentaire.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 261

beaucoup plus tard et, surtout, ne sont pas concernés par ces attributions,
font graver simplement le titre de iuridicus regionis Transpadanae.
Seule l'inscription de Concordia permet de reconstituer les étapes
de la création des deux nouveaux postes. Arrius Antoninus a été chaque
fois le premier responsable; il n'y a pas d'ambiguïté à cet égard; or, par
la suite, le droit de regard du praetor tutelaris sur le régime des tutelles
n'a pas dépassé les limites de la zone entourant Borne dans un rayon
de cent milles (x); pour le reste de l'Italie, qui se trouvait en dehors de
sa juridiction, les affaires de tutelle étaient réglées par les iuridici. La
carrière de 0. Arrius Antoninus permet à B. Thomsen (2) de préciser la
genèse de ces créations successives de Marc-Aurèle: le premier préteur
tutélaire a probablement (« no doubt » pour B. Thomsen) exercé son
autorité sur l'ensemble de l'Italie. La preuve a été vite faite de
l'impossibilité pour un seul homme d'assumer cette lourde tâche. C'est alors
que la juridiction du praetor tutelaris aurait été limitée aux cent milles
autour de la capitale et qu'auraient été créés, pour le reste de l'Italie,
plusieurs iuridici. La juridiction des tutelles et des majorats restait en
effet au centre de leurs attributions, auxquelles se sont très vite ajoutées
des responsabilités diverses, en particulier la surveillance de
l'approvisionnement en blé des cités de leur ressort; les iuridici servent
finalement de lien entre les municipalités et le gouvernement central (3).
Il était bien naturel que le sénateur Arrius Antoninus, qui venait
d'acquérir pendant sa preture l'expérience de la juridiction des tutelles,
ait obtenu la responsabilité du district le plus étendu: la regio
Transpadana. Deux des lettres de Fronton datent de cette époque et font
allusion aux attributions de son ami (4). Dans l'une, il lui demande
d'intervenir en tant que iuridicus en faveur d'un décurion de Concordia, Vo-
lumnius Serenus, qui avait été condamné à l'exil et à qui, une fois sa
peine expiée, le sénat de la ville interdisait de reprendre son titre et de
jouir de ses anciens droits. C'est aussi dans le cadre de ses fonctions de
iuridicus qu'Arrius Antoninus a assuré le ravitaillement de la respublica

(x) Voir la distinction qu'établit Dion Cassius, LU, 22, entre cette circonscription
d'administration spéciale et le reste de l'Italie.
(2) R. Thomsen, op. cit., p. 161.
(3) C. Jullian, op. cit., p. 118-123; R. Thomsen, op. cit., p. 153-155, et p. 161-
162. Dans son district, «le iuridicus de rang prétorien faisait figure de véritable
gouverneur », note A. Chastagnol, La préfecture urbaine, p. vu.
(4) Sur les diverses attributions des iuridici, voir désormais W. Simshauser,
op. cit., p. 242-254.
262 L'a AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

Concordiensium en période de disette et a été choisi comme patronus


par le conseil municipal.
B. Thomsen a cru pouvoir dater l'origine de la création des
juridictions italiennes avec une relative précision, en utilisant la dédicace
africaine des Càlamenses à leur patron Q. Servilius Pudens (x); celui-ci
fut successivement préteur, praefectus frumenti danài, ìuridieus Aemiliae
et Flaminiae, puis proconsul de Crète et Cyrénaïque, province sénatoriale
de rang prétorien; E. Thomsen, le prenant pour Q. Servilius Pudens,
consul ordinaire en 166 (2), en conclut que sa juridiction pour l'Emilie
et la Maminie ne peut pas être postérieure à l'année 164; il adopte par
conséquent l'année 164 comme terminus ante quern pour la création par
Marc-Aurèle des iuridici italiens; la réforme daterait de l'une des
premières années du règne (3). En fait, comme l'a démontré de façon fort
convaincante B. E. Thomasson (4), le patron des Calamenses, iuridicus
Aemiliae et Flaminiae, n'est pas Q. Servilius Pudens, consul ordinaire
en 166, beau-frère de L. Verus (5), mais son fils homonyme qui a dû
accompagner son père en Afrique, lorsque celui-ci y fut proconsul vers 180(6).
Nous pouvons apporter, s'il en était besoin, une confirmation à
l'argumentation de Β. Ε. Thomasson: la province de Crète et Cyrénaïque ne
figure pas parmi les provinces sénatoriales dont un proconsul ait accédé
immédiatement au consulat (7); comment le gouverneur d'une province
aussi secondaire aurait-il obtenu le consulat éponyme? Par conséquent,
l'année 164 n'est pas le terminus ante quern de la création des iuridici;

H OIL, VIII, 5354 = ILS, 1084 (Calama): Q. Servilio Q. f. Hor. Pudenti, trib.
mil. leg. IIII Scythicae, quaest. provinciae Siciliae, trib. pi., praetori, praef. frumenti
danài, iuridico Aemiliae [et Fla]minicae, [pro]cos Cretae et Cyrenarum, [ Kalo}-
men[ses patr]on[o],
(2) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 47.
(3) E. Thomsen, op. cit., p. 162.
(4) B. E. Thomasson, Die Statthalter, II, p. 88-89; H.-Gr. Pflaum, Les sodales
Antoniniani p. 84, partage le point de vue de B. E. Thomasson.
(5) II est le mari de Ceionia Plautia, sœur de L. Verus: CIL, Vili, 14852 =
ILS, 330.
(6) Le père et le fils sont mentionnés sur l'inscription africaine de Bisica, OIL,
Vili, 12291 = ILS, 1085: Q. Servilio Pudenti Q. Servili Pudentis procos. filio patrono
municipii d. d. p. p.
(7) La liste des proconsuls accédant immédiatement au consulat, dressée par
H.-Gr. Pflaum dans les Bonner Jahrbücher, CLXIII, 1963, p. 226, ne comprend
aucun proconsul de Crète et Cyrénaïque.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 263

Arrius Antoninus, premier titulaire du poste, peut avoir assumé cette


responsabilité un peu plus tard. L'éventail d'années possibles reste assez
serré cependant. En effet, le texte de Concordici a été gravé au moment
où Arrius Antoninus venait d'entrer en fonction à Vaerarium', car on ne
peut guère imaginer que Vordo decurionum ait attendu plusieurs mois pour
rendre hommage à l'action bienfaisante du iuridicus envers cette cité
de sa circonscription. La mention des sanctissimi Imperatores permet de
penser que L. Verus vivait encore. L'inscription de Concordia atteste donc
qu'il n'y a pas eu d'intervalle entre la juridiction de la Transpadane et
la préfecture du trésor et que l'entrée en fonction d' Arrius Antoninus à
Vaerarium ne peut pas être postérieure à l'année 169.
L'indication officielle des deux empereurs sur les inscriptions ne doit
pas nous tromper: C. Arrius Antoninus est le favori de l'un d'eux; et il
s'agit de Marc-Aurèle. îsTous ne pouvons pas manquer d'être frappés par
la faveur impériale qui caractérise la carrière de ce sénateur cirtéen, à
partir de l'accession au pouvoir du disciple de M. Cornelius Fronto.
L'illustre Africain a sans doute permis à son jeune compatriote d'obtenir
l'amitié impériale en l'introduisant à la cour.
La cooptation par le collège des frères Arvales a lieu après la preture;
la mention de ce sacerdoce dans l'inscription de Concordia ne permet
pas d'en douter. Voisine-t-elle par hasard avec la curatelle de la ville
de Noie en Campanie sur le texte de Cirtat Peut-être ces deux honneurs
sont-ils contemporains. Il paraît satisfaisant de situer après la preture
l'énumération des cités d'Italie dont ce sénateur a eu la cura financière.
Les fonctions prétoriennes d'Arrius Antoninus révèlent un spécialiste des
problèmes posés par le droit et les finances publiques; sa nomination à
la tête de Vaerarium est l'aboutissement logique de cette partie de sa
carrière. Dans la rédaction du cursus, les décurions de Cirta ont dispersé
les curatelles des villes: il est probable qu'il ne les a pas obtenues en une
fois. Ariminum, au débouché de la voie Emilienne sur l'Adriatique, est
d'ailleurs l'une (sans doute la plus importante) des civitates d'Emilie dont
Antoninus a contrôlé la gestion financière. Il faut peut-être placer sa
désignation à ces responsabilités avant la juridiction, car le cadre
géographique indiqué est celui de la région VIII (Emilie), qui date de la
division administrative de l'Italie par Auguste et qui a disparu avec la
création des juridicats. De l'inscription trouvée à Tifernum Tiberinum,
on peut imaginer qu'Arrius Antoninus a exercé aussi la curatelle de cette
cité ombrienne.
Ces curatelles de ville ne nous arrêteront pas plus longtemps, car
elles peuvent être contemporaines des postes prétoriens et ne s'insèrent
264 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ( AERARIUM MILITARE »

pas nécessairement entre chacun d'eux. Dans l'état actuel de nos


connaissances sur cette carrière, nous pouvons conclure que la préfecture de
Vaerarium Saturni est la seconde fonction prétorienne. L'année 169 est
la date la plus tardive que nous puissions proposer pour l'entrée en
fonction d'Arrius Antoninus à Vaerarium, puisque L. Verus vivait encore.
F. Grosso nous paraît avoir situé de façon satisfaisante le proconsulat
d'Asie en 187-188 ou 188-189, d'après la date qu'il attribue à la mort de
Cléandre; il n'est pas nécessaire de placer pour autant le consulat suffect
en 173. A la fin du IIe siècle, un intervalle de dix-sept ans semble plus
indiqué entre le consulat et le proconsulat d'Asie (x), surtout pour un
sénateur qui — nous allons le voir dans un instant — a peut-être été
tenu à. l'écart au début du règne de Commode. Nous préférons donc
conserver, pour le consulat suffect, la date traditionnelle de 170, à la rigueur
171, et conclure que Marc-Aurèle n'a pas manqué de donner le consulat
suffect à son favori à la suite de la préfecture du trésor, comme il était
presque de règle. Nous placerions volontiers sa gestion de Vaerarium
Saturni vers 167-169; la juridiction pour la Transpadane l'aurait
immédiatement précédée vers 165-166 (2), mais on n'en connaît pas la durée.
La succession des deux postes consulaires de legatus Augusti pro
praetore est controversée, puisqu'ils ne figurent pas ensemble sur un
cursus. L'importance des deux provinces de Cappadoce et Dacie d'après
la garnison légionnaire est la même: dans chacune, le gouverneur assume
le commandement de deux légions. Certes la Dacie, tête de pont au-delà
du Danube, riche en mines d'or, est considérée traditionnellement comme
plus importante (3). Mais, à l'époque où se placerait son gouvernement
de la Cappadoce, Arrius Antoninus n'aurait pas pu considérer sa
nomination comme anormale pour un ancien légat propréteur en Dacie,
du fait de la récente révolte d'Avidius Cassius. L'argumentation de

(x) B. E. Thomasson, op. cit., I, p. 25; C. A. Behr, Aelius Aristïdes and the Sacred
Tales, Amsterdam, 1968, p. 132 et p. 142-144.
(2) W. Eck, Zur VerwaltungsgescMcMe Italiens unter Mark Aurei. Ein iuridicus
per Flaminiam et Transpadanum, dans Zeitschrift für Papyrologie und Epigraphik,
8, 1971, p. 76-77, a présenté la même argumentation que moi pour rejeter le terminus
de 164 indiqué par E. Thomsen; il date le juridicat de C. Arrius Antoninus vers 166-
167. J'ai eu connaissance de son article après la soutenance de ma thèse.
Sur ce sujet, voir aussi M. Corbier, Les circonscriptions judiciaires de V Italie, de
Marc-Aurèle à Aurélien, dans MEFRA, 85, 1973, 2, p. 618-619.
(3) E. Groag, notice citée; A. Stein, Die Beichsbeamten von Dazien, Budapest,
1944, p. 47, présente la carrière d'Arrius Antoninus comme exceptionnelle.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 265

F. Grosso est très convaincante à cet égard i1). La légation de Cappadoce


est attestée par l'inscription d'Edschmiadzin (2), sur laquelle Marc-Aurèle
porte le titre de Germanicus et non celui de Sarmatieus, qu'il a reçu à
la fin de 175. Or, nous savons par Dion Cassius que c'est le légat de
Cappadoce, P. Martius Verus, qui a annoncé à Marc-Aurèle la révolte d'Avi-
dius Cassius (3). L'usurpateur a tenu tête en Asie de mars à juin 175 (4).
La nouvelle a pu être envoyée à Eome au printemps de 175 et, pendant
l'été, C. Arrius Antoninus aurait succédé à P. Martius Verus. Au
moment où la Syrie était perdue, la Cappadoce, forte des deux légions
cantonnées à Melitene et Satala, prenait une grande importance; le choix
de Marc-Aurèle se serait tout naturellement porté sur un homme de
confiance dont la compétence ne pouvait être mise en doute. Arrius Antoninus
est resté en Cappadoce pendant plusieurs années, car la deuxième
inscription relative à sa légation, trouvée à Amasie, se réfère clairement à la
co-régence de Marc-Aurèle et de Commode: elle est donc postérieure à
l'année 176 et peut aussi bien dater de 177 ou 178.
La légation en Dacie est bien antérieure. En effet, les inscriptions
qui en ont conservé le souvenir interdisent de la dater de la co-régence
de Marc-Aurèle et Commode: les fastes de la province de Dacie
permettraient de glisser un nom entre celui de Pertinax (légat en 177-178) et
celui de Vettius Sabinianus (légat en 180). Mais Antoninus est
expressément dit légat d'un seul Auguste, à la fois sur la dédicace que lui a élevée
le centurion M. Yerius Superstes et sur celle de la colonie de Sarmizegetusa.
La liste des gouverneurs de Dacie paraît complète jusqu'en 185; or, la
présence d'Antoninus à Eome est assurée pour l'année 186 par sa
participation à une réunion des frères Arvales. Il est difficile de placer en
187-188 un gouvernement de la Dacie, suivi en 188-189 du proconsulat
d'Asie. La seule possibilité envisagée par F. Grosso est donc celle-ci, que
A. Stein pour sa part n'excluait pas (5): placer, dans les fastes de Dacie
le nom d'Arrius Antoninus après celui de Sex. Cornelius Clemens, légat
de 170 à 172 (6). Il semble qu'à cette époque le gouvernement de la Dacie

(x) F. Grosso, op. cit., p. 542-543.


(a) La garnison de Caenopolis, près d'Etchmiadzin, a été établie par le légat
Statius Priscus; cf. Dion Cassius, LXXI, 3. Elle apparaît ici composée de vexillationes
de la légion XII* fulminata (de Melitene) et de la légion XVa Apollinaris (de Satala).
(3) Dion Cassius, LXXI, 23, 3.
(4) D. Magie, Boman Mule, II, p. 1536, note 15.
(5) A. Stein, op. cit., p. 48.
(«) Id., ibid., p. 48 et p. 100.
266 ΐΛ AERARITJM SATURNI » ET L'a AERARIUM MILITARE »

s'obtenait quelques années après le consulat, puisque Pertinax, légat en


177, a été consul en 174 ou 175. Nous n'avons pas besoin de suivre Grosso
qui, après avoir proposé l'année 173 pour le consulat suffect, est obligé
de reculer en 174-175 le séjour d'Antoninus en Dacie. Le sénateur aurait
alors quitté précipitamment la Dacie dans l'été 175 pour se rendre en
Cappadoce. Les années 170 ou 171 nous paraissant tout à fait acceptables
pour l'exercice du consulat, C. Arrius Antoninus peut avoir directement
succédé à Cornelius Clemens et séjourné en Dacie vers 173-174.
L'essentiel est de noter que, sous le règne de Marc-Aurèle, notre sénateur demeure
un personnage de premier plan, dont les compétences sont très appréciées
par l'empereur, qui fait appel à lui dans un moment critique. Cette
remarque confirme notre hypothèse de l'estime que Marc-Aurèle portait
à C. Arrius Antoninus.
Commode semble tenir le sénateur à l'écart; ce dernier vit
probablement à Eome, puisque sa présence dans une réunion du collège des
frères Arvales est attestée pour l'année 186. L'amitié de Marc-Aurèle
suffit à expliquer cette relative disgrâce. Commode lui a pourtant accordé
le proconsulat d'Asie, couronnement d'une magnifique carrière. Le procès
et la condamnation d'Arrius Antoninus font suite à une accusation à'ad-
fectatio imperii, ourdie par le favori de Commode, Cléandre. Le biographe
de Commode, seule source d'information sur cet épisode, ajoute que
Cléandre voulait se venger de la condamnation à mort prononcée par
Antoninus, pendant son proconsulat d'Asie, à l'égard d'un certain Attale,
qui vient d'être identifié récemment à P. Claudius Attalus, fils du
sophiste Polemon (x). Bien qu'il résidât à Smyrne, Polemon était originaire
de Laodicée de Phrygie (2). Son fils Attale pouvait être un protégé de
Cléandre, natif lui-même de Phrygie (3). F. Grosso analyse très finement
la succession rapide des événements dans cette période (4): on ne peut
pas imaginer un délai supérieur à quelques mois entre le proconsulat
d'Asie et le procès d'Antoninus. Or, l'étude précise des carrières
respectives de Cléandre et de Pertinax, qui ont contribué ensemble à la chute
du sénateur cirtéen (5), invite à placer le procès dans l'hiver 189-190,

i1) T. D. Barnes, Ristoria, XVII, 1969, p. 323-384; sur P. Claudius Attalus.


cf. A. Stein, PIB2, II, p. 172-173, n° 197.
(2) L. Wickert, PIB2, I, p. 167, n° 862.
(3) A. Stein, PIB2, I, p. 300-301, n° 1481.
(4) F. Grosso, op. cit., p. 539-541.
(5) Id., ibid., p. 254 et p. 259.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 267

quelques mois avant la chute de Cléandre lui-même. En mai 186,


Antoninus se trouve à Eome. Le départ des gouverneurs de province étant
fixé depuis Claude au mois d'avril, le sénateur n'est donc pas proconsul
d'Asie pour 186-187 (ni pour 185-186, car il n'aurait pas été de retour).
Il reste donc le choix, pour l'année proconsulaire, entre 187-188 ou 188-
189; F. Grosso, pour sa part, préfère la seconde solution, qui fait rentrer
Antoninus à Eome en juillet 189, quelques mois avant le procès. Mais
il est permis d'hésiter. La découverte à Vakif de la dédicace d'un
gladiateur renvoyé de l'arène avec la vie sauve confirme l'exercice du
proconsulat. La diatribe de Tertullien fait connaître l'attitude de notre sénateur
vis-à-vis du christianisme: aux chrétiens qui se pressaient devant son
tribunal, le proconsul aurait dit en grec: « malheureux, si vous désirez
mourir, vous avez des précipices et des cordes ». La crudelitas que lui
attribue Tertullien nous assure en tout cas qu'Antoninus avait, à l'égard
du christianisme, un mépris comparable à celui que professait quelques
années auparavant son compatriote et ami, Fronton i1).

Nous retrouvons chez Arrius Antoninus l'Africain que F. Grosso ne


semble pas avoir remarqué. L'Histoire Auguste fait périr C. Arrius
Antoninus et L. Antistius Burrus, beau-frère de Commode, sous l'accusation
de complot. F. Grosso fait précéder la condamnation de Burrus de
quelques mois. Il reste que les deux noms sont rapprochés par la vie de Per-
tinax. Or, L. Antistius Burrus est originaire de Thibilis, à proximité de
Cirta (2). Il paraît vraisemblable de supposer que C. Arrius Antoninus
appartient, à Borne, à un clan de sénateurs africains, bien en cour sous
le règne de Marc-Aurèle. Le même prince, élève de Fronton de Cirta,
l'empereur qui marie sa fille à un Thibilitain, lui accorde tout au long
de son règne une amitié et des faveurs ininterrompues. La carrière du
sénateur africain est extrêmement brillante; les postes nouvellement créés
sont pour lui; les cités ne s'y trompent pas qui, telles Cirta ou Concordia,
le choisissent pour patron. Les fonctions prétoriennes qu'il est appelé à
exercer sont celles d'un spécialiste des questions judiciaires et financières.
Après le consulat, cet homme compétent gouverne deux provinces
impériales importantes; sa nomination en Cappadoce après la révolte
d'Avidius Cassius atteste que l'empereur lui confie les missions les plus

(x) Fronton, Fragmenta M. Frontonis orationis in Christianos, dans Minicius


Felix, IX, 6-7.
(2) Sur L. Antistius Burrus, époux de Vibia Aurelia Sabina, cf. E. G-roag, PIB2,
I, p. 143-144, n° 757.
268 ΐΛ AERAKIUM SATORNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

délicates. Il est coopté par plusieurs collèges sacerdotaux: déjà frère Ar-
vale, il devient augure et sodalis Antoninianus Marcianus, cette dernière
confrérie étant particulièrement fermée. Il était naturel que l'ami de
l'empereur défunt participât à la célébration de son culte officiel. Le
proconsulat d'Asie couronne la magnifique carrière de ce Cirtéen qui ne
semble pas avoir d'« ancêtres ».
La préfecture de Vaerarium, Saturni a donc été donnée par Marc-
Aurèle à un spécialiste, mais en même temps à un ami. S'il est justifié
d'insister, comme l'a fait F. Grosso, sur les compétences de notre
sénateur qui devait être « l'un des hommes les plus capables du temps », il ne
faut pas oublier les liens tissés par ce sénateur africain avec ses
compatriotes et l'empereur lui-même. L'existence d'un tel clan explique que,
pour ajouter foi à l'accusation d'adfectatio imperii, lancée par Cleandre
et Pertinax, Commode n'ait pas eu besoin de preuves; le motif personnel
que l'Histoire Auguste prête à l'affranchi reste mince. Dans ce contexte,
la gestion de la préfecture de Vaerarium sous Marc-Aurèle apparaît comme
un poste très honorifique: nous ne pouvons pas douter qu'elle ait conduit
son titulaire au consulat.

54 - C. VETTIUS C. f. Volt. SABINIANUS IULIUS HOSPES

praef. aerari Saturni vers 170-172

1 - ILAfr, 281 Thuburbo maius, Afr. procos

C(aio) Vettio C(aii) fil(io) Volt(inia tribu) Sabi\niano Iulio Hospiti,


co(n)s(uli), sodali | Titio, leg(ato) Aug(usti) pr(o) pr(aetore) provinciar(um)
III Dacia\rum et Delmatiae, curatori aedium sacrar(um) \ item r(ei) p(u-
blicae) Puteolanorum, praeposito vexiïlatio\nibus ex Illyrico missis ab
Imperatore) divo M(arco) An[to~\\nino ad tutelam urbis, donis donato a[b] |
eodem Imp(eratore) ob expeditionem Germ(anicam) et Sarm(aticam) | corona
murali vallari itemq(ue) aurea hastis \ puris duab(us) vexillis totidem,
legnato) Aug(usti) pr(o) pr(aetore) | Pannoniae inferioris, praef(ecto) aerari
Satur\ni, leg(ato) leg(ionis) XIIII gem(inae) cum iurisdicatu Panno\niae
superioris, leg(ato) Aug(usti) rationibus pu\tandis trium Galliarum, leg(ato)
leg(ionis) III Ita\liae Concordis, iuridico per tractus \ Etruriae AemiUae
Liguriae, leg(ato) Aug(usti) ad ordinandos status insularum | Cycladum,
legato provinciae Asiae, | praetori, trib{uno) pleb(is), quaestori, trans\lato
in amplissimum ordinem ab Imp(eratore) | divo T(ito) Antonino, trib(uno)
LES NOTICES INDIVIDUELLES 269

mü(itum) leg(ionis) I Italiae {sic), | praef(ecto) eóhortis II Commagenorum, \


col(onia) Aurelia [[Com/modaJ] Thuburbo \ \m\aius, patrono, d(ecreto) d(ecu-
rionum) p(ecunia) p(ublica).

2 - CIL, VIII, 823 = 12346, cf. p. 2421 Henchir Bou-Cha,


peut-être Turca, Afr. procos

C(aio) Vettio Grato Attico \ ßabiniano, c(larissimo) p(uero), fil(io)


C(ai) V etti | [Orati $a~]biniani, c(larissimi) v{iri), tribuni | militum l[e-
g(ionis)] VII Claudiae, \ quaestor[is handida]ti, nepotis \ [C(ai) Ve]tti
8ab[ini]a[ni luli Hospïjtis, \ c(larissimae) m(emoriae) v(iri), proco(n)-
[s(ulis), municipium Au~\\rélium C[om,modianum patron\o, d(ecreto)
d(ecurionum), p(ecunia) p(ublica).

3 - CIL, III, 4426 = 11089, cf. p. 228 Carnuntum,


= ILS, 3655 Pannonia sup.

[8i]l[v]ano Aug(usto) \ Genio \ loci pro \ salute \ C(aii) Vettii | Sa[b]i-


nian\ï], \ leg(ati) Aug(usti) pr(o) p[r(aetore)}, \ NympMcus, | lib(ertus) eius, \
[a~\ediculam \ ex voto rest(ituit).
|

4 - CIL, III, 1619 = 7854 Micia, Dacia

[ ] coh(ors) II Fl(avia) Co\m{magenorum)] \ cui pr(a)eest \ C(aius)


Vettius | Sabinianus praef(ectus).

5 - Dion Cassius, LXXIII, 3, 3

Ό αυτός Σαβινιανος και Δακών των προοόρ<ον μνρίονς και διϋχιλίους εκ της
οικείας εκπεοόντας και μελετάς τοϊς άλλοις βοηϋήαειν υπηγαγετο, γήν τινά αύτοΐς
εν τγι Δακία τχ\ ημετέρα δοι&ήαεο"&αι υποσχόμενος.
Le même Salbinianus, quand douze mille Daces voisins, qui avaient été chassés
de leur pays, étaient sur le point de secourir les autres, les en détourna, en leur
promettant qu'on leur donnerait de la terre dans la Dacie qui nous appartient.

6 - IG, XII, 7, 262 = IGE, IV, 1016 Minoa, Insula Amorgus

[ Μό\υϋικοΰ ΈφεοΊος ο και Άμόργιος, υιός Σεπτικίας Άττικίλλης \ [καί ?


Γαΐου Ο]υεττίου Σαβεινιανοϋ, εφ' ου παρόντος κα'&ιερώ&η.
270 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

Peut-être 7 - IG, XIV, 751 = IGE, I, 441 NeapoUs

[ ]viavtoi, | [πρεαβευτήι αντιύτρατήγωι? εν Π]αννονίαι | [ ]ταμιεύσαν-


χι | [ ]ιεν αίρείβ^έντι | [ ε\υϋαντι | [ αρξ]αν[τ]α? ιππέων.

La vie de C. Vettius Sabinianus Iulius Hospes, fils d'un Caius, inscrit


dans la tribu Voltinia, a fait l'objet d'une étude détaillée d'A. Merlin,
lors de la publication du grand cursus mixte de Thuburbo maius (x). Ce
document, qui donne le nom complet du sénateur ainsi que la carrière
jusqu'au gouvernement de la Dacie, a permis de rapprocher un texte
littéraire et plusieurs inscriptions dont on ne savait s'ils se rapportaient
au même personnage; il apparaît désormais que C. Vettius Sabinianus,
préfet de la cohorte IIa Commagenorum (texte 4), C. Vettius Sabinianus,
légat en Pannonie supérieure (texte 3), Sabinianus, pacificateur des
Daces, connu par Dion Cassius (texte 5), et C. Vettius Sabinianus, proconsul
d'Afrique (texte 2), ne forment qu'une seule personne.
La cité de Thuburbo maius, récemment promue au statut de colonie,
a élevé une statue à son patron. La famille des Vettii Sabiniani est
étroitement liée à la Proconsulaire (2): une dédicace, érigée en vertu d'un décret
des décurions aux frais du municipe, a été retrouvée à Henchir-Bou-Cha
à quinze kilomètres au nord de Henchir Kasbat, l'ancienne Thuburbo
maius; le municipium Aurelium Commodianum de nom inconnu
s'identifie peut-être à l'ancienne Turca (3); cette pierre présente la généalogie
de la famille, bien connue en Afrique. Pourtant la tribu Voltinia, dans
laquelle est inscrit notre sénateur, ne se trouve qu'en Italie et en
Gaule (4). A la suite de A. Merlin, P. Lambrechts et G. Barbieri ont admis
que la famille devait être originaire d'Italie et posséder des domaines en
Afrique (5). Le dernier auteur n'a pas remarqué l'existence à Thuburbo

(*) Voir A. Merlin, C. Vettius Sabinianus proconsul d'Afrique, dans CEAI, 1919,
p. 355-372, et A. Betz, BE, Vili, A, 2, 1958, col. 1861, Vettius, n° 43. Brèves notices
dans PIB1, III, p. 413-414, n° 339; P. Lambrechts, Sénat romain, I, p. 133-134, n° 788;
Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 121, n° 524.
(2) H.-Gr. Pflaum, Deux familles sénatoriales des IIe et IIIe siècles, dans Journal
des Savants, janv.-juin 1962, p. 115-122: les Vettii Sabiniani, étudie surtout la
carrière du consul de 242 et mentionne le nôtre pour mémoire.
(3) L'identité n'est pas assurée cependant: cf. P. Eomanelli, Storia delle
province romane delV Africa, Rome, 1959, p. 389.
(4) W. J. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 272.
(5) Le gentilice Vettius est répandu en Italie; W. Schulze, Lot. Eigennamen,
p. 101, lui attribuait une origine étrusque. P. Lambrechts est revenu sur sa première
LES NOTICES INDIVIDUELLES 271

maius, au début du IIe siècle, d'un procurateur, M. Vettius Latro,


dont la carrière, connue depuis 1939 i1), a été étudiée par H.-G. Pflaum (2).
Ce chevalier, inscrit dans la tribu Quirina, qui est parfaitement attestée
en Afrique (3), est lui-même le fils d'un Caius Vettius. Par conséquent,
il existe bien une famille de Caii Ύ etili à Thuhurbo et le patronat du préfet
du trésor, né dans l'ordre équestre, comme en témoigne son cursus, sur
la cité de Thuburbo s'explique sans doute par son origine locale (4) et non
par l'exercice du proconsulat d'Afrique, qui est postérieur à la dédicace
de la statue. Il n'est pas exclu pour autant que les Vettii de Thuburbo
descendent d'un immigrant italien, ce qui expliquerait la tribu Voltinia.
Sabinianus a commencé sa carrière par deux des militiae équestres;
A. Merlin, qui ne pouvait pas connaître le chevalier M. Vettius Latro de
Thuburbo, avait déjà remarqué que l'admission rapide à Vamplissimus ordo
se comprendrait mal pour un homme, qui, dans sa famille, serait le
premier membre de l'ordre équestre (5). Le préfet du trésor est donc le fils
d'un chevalier. Le cursus de Thuburbo, rédigé dans l'ordre inverse,
indique en dernier les postes militaires; ils ont conduit le jeune homme
sur le Danube et ont en partie déterminé sa vocation à combattre sur le
front danubien; il est vrai que c'était à cette époque le plus menacé. La
cohorte IIa Commagenorum, dont il fut préfet, était cantonnée à Micia,
en Dacie (6); c'est dans cette localité que fut découverte la dédicace à
une divinité élevée par la coh(ors) IIa Fl(avia Co[m(magenorum)], cui
pr(a}eest C. Vettius Sabinianus praef(ectus). La légion Ia Italica, dont
il fut tribun angusticlave, était en garnison à Novae, sur le Danube, dans
la province de Mésie inférieure (7). Sabinianus reçoit le laticlave de
l'empereur Antonin le Pieux (8); pour avoir été admis dans l'ordre sénatorial,

opinion: dans Sénat romain, II, p. 90, il admet que les Vettii Grati Sabiniani sont
une famille africaine.
C1) CBAI, 1939, 138-150 = AE, 1939, 81 = ILTun, 720-721, à Thuburbo maius:
dédicace à M. Vettius C. f. Quir. Latro, flamen divi Augusti.
(2) H.-G. Pflaum, Carrières, I, p. 240-243, n° 104.
(3) W. J. Kubitschek, op. cit., p. 271-272.
(4) Tous les sénateurs, dont le patronat en Afrique ne peut être expliqué par
une fonction officielle et dont l'origine a pu être précisée, sont des Africains: voir
L. Harmand, Patronat, p. 233-236.
(5) A. Merlin, loc. cit., p. 358, note 3.
(6) Cichorius, BE, IV, 1900, col. 274, cohors.
(7) E. Ritterling, BE, XII, col. 1410, legio.
(8) Voir les listes des chevaliers élevés à la dignité sénatoriale après deux milices
équestres dressées par H.-G. Pflaum dans ses Procurateurs, p. 211, note 7, I-II.
272 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

il possédait donc le cens de un million de sesterces et sa famille devait


jouir d'une certame considération.
Les premières magistratures se succèdent normalement: questure,
tribunat de la plèbe, preture. Homo novus, Sabinianus ne va pas occuper
moins de huit charges prétoriennes avant le consulat. Ces fonctions, énu-
mérées sur la pierre de Thuburbo, sont d'un grand intérêt.
La première est modeste: Sabinianus accompagne le proconsul d'Asie
comme légat. Sa désignation par l'empereur comme leg(atus) Aug(usti)
ad ordinandos status insular um Cyeladum le maintient en Orient. Les
Cyclades forment à l'occasion un diocèse de l'administration provinciale
de l'Asie (x); Sabinianus est mandaté par l'empereur pour rétablir l'ordre
dans ces îles, en particulier contrôler les abus qui pouvaient se glisser
dans les finances municipales.
Les responsabilités qu'il reçoit par la suite en Italie exigent des
compétences juridiques: la création des juridictions italiennes se place,
à notre avis, vers 165-166 (2); la pierre de Thuburbo donne le premier
exemple connu de l'existence d'un tractus d'Etrurie-Emilie-Ligurie (3).
Le commandement de la IIIa Italica date de 169 ou même un peu
plus tôt: la légion fut créée par Marc-Aurèle à l'occasion de la guerre
contre les Germains. Les surnoms (^Itàlica et de Goncordia se rencontrent
rarement ensemble; Concordia ou Concors voulait faire allusion aux
sentiments qui unissaient Marc-Aurèle et Vérus. La légion en tout cas
appartenait à l'armée des Alpes; elle était cantonnée en Bhétie (4).
Sabinianus reçoit alors une mission exceptionnelle comme celle qu'il
avait exercé dans les Cyclades; mais ses attributions financières y sont
plus précises: en qualité de leg(atus) Aug(usti) rationibus putandis Gallia-
rum, il est chargé de vérifier les comptes de Varca Galliarum qu'un iudex
et un adlectus administraient à Lyon au nom du Conseil fédéral des Trois
Gaules (5).

(x) H.-Gr. Pflaum, Une inscription bilingue de Cos et la perception de la vicesima


hereditatium, dans Zeitschrift für Papyrologie und EpigrapMh, 1971, p. 64-65.
(2) Voir la carrière de C. Arrius Antoninus (notice n° 53) et M. Corbier, Les
circonscriptions judiciaires de l'Italie, de Marc-Aurèle à Aurélien, dans MEFMA,
85, 1973, 2, p. 618-619.
(3) R. Thomsen, Italie regions, p. 175-176, et M. Corbier MEFBA, 85, 1973, 2,
p. 638-639. Tous les iuridici d'Emilie et Ligurie ont obtenu leurs commandements de
légion et leurs gouvernements de province après ce poste, comme l'atteste la liste
dressée par H. -G. Pflaum dans Romanica et Occidentalia, 1963, p. 265-266.
(4) E. Bitterling, --.RE,. XII, col. 1300 et 1532, legio.
(6) P. Wuilleumier, L'administration de la Lyonnaise sous le Haut-Empire, Paris,
1948, p. 41-42.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 273

L'expérience militaire de Sabinianus va le faire appeler sur le


Danube; c'est l'époque où Marc-Aurèle, en guerre contre les Marcomans,
a installé son quartier général à Carnuntum (*). Sabinianus commande
la quatorzième légion gemina, cantonnée dans cette ville; il reçoit en
même temps la juridiction sur la province de Pannonie supérieure. Le
iuridicus, légat de l'empereur, est subordonné au légat gouverneur de
la province (c'est le cas en Espagne ou en Bretagne); il ne porte donc pas,
en principe, le titre de leg(atus) Aug(usti) pr(o) pr(aetore), qui lui est donné,
à Carnuntum, sur une aedicula en l'honneur de Silvain, qui a été restaurée
pour le salut de C. Vettius Sabinianus par l'un de ses affranchis (texte 3).
L'explication de A. Merlin, qui voyait dans ce titre erroné une
simplification ou une flatterie due aux activités importantes de Sabinianus au
quartier général, n'est plus acceptée. Les listes récentes des légats de
Pannonie supérieure font figurer Sabinianus parmi les gouverneurs (2);
l'ancien commandant de la XIVe légion est donc revenu en Pannonie
supérieure après le consulat. La dédicace de Carnuntum date de cette
époque et non de celle du juridicat cumulé au commandement de la légion.
La préfecture de Vaerarium Saturni va interrompre son séjour sur
le Danube; ce départ est un peu surprenant, bien que le poste soit lui-
même bien adapté aux compétences financières et juridiques reconnues
à Sabinianus. Faut-il mettre cette nomination en relation avec la décision
de Marc-Aurèle de confier l'état-civil aux préfets du trésor (s)?
Sabinianus est rappelé ensuite sur le Danube; il a toujours la dignité prétorienne.
Il est cette fois légat propréteur en Pannonie inférieure, ce qui l'attache
encore aux pas de Marc-Aurèle qui, en 173, a transféré son quartier
général à Sirmium (4). Cette légation, datée de 174-175 (5), permet de placer

Hadrien avait. déjà envoyé en Syrie P. Pactumeius Clemens comme legatus ad


rationes civitatium Syriae putandas (CIL, VIII, 7059; 7060); voir aussi le cursus
équestre de M. Claudius Restitutus, froc. Aug. . . . ad putandas rationes Syriae civitatium
(OIL, VIII, 7039), étudié par H.-Gr. Pflaum, Carrières, I, p. 379-385, n° 158, et celui
de Ti. Claudius Proculus Cornelianus, proc. provinciae Syriae ad rationes putandas
(Libyca, III, 1955, p. 123-133 = AE, 1956, 123), étudié dans Carrières, I, p. 397-404,
n° 164 bis.
(x) A. R. Birley, Marcus Aurelius, Londres, 1966, p. 228.
(2) W. Reidinger, Pannonien, p, 89-92, n° XIV.
(3) SUA, vita Marci, 9, 7: apud praefectos aerarti Saturni unumquemque civium
natos Uberos profiteri intra tricesimum diem nomine imposito.
(4) A. R. Birley, op. cit., p. 248-249.
(5) J. Fitz, Legati Augusti pro praetore Pannoniae inferioris, dans Ada Ant.
Acad. Scient. Rungar., XI, 1963, p. 274-275, n° XIX, date sa légation de 174-175/176.

18
274 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

la préfecture du trésor vers 170-172. En effet, après la victoire, — en


175 par conséquent — Sabinianus obtient des récompenses, qui honorent
sa participation à l'ensemble des guerres germaniques et sarmates,
menées de 169 à 175. Les trois couronnes, les deux hastes et les deux vexilla
sont des décorations fréquentes pour un ancien préteur, qui en principe
recevait trois couronnes, trois hastes et trois vexilla (*). La dernière
responsabilité militaire de Sabinianus avant le consulat est liée au
gouvernement de Pannonie. Il a commandé des vexillationes, envoyées d'Illy-
ricum pour défendre la ville de Eome, lors de la révolte d'Avidius Cas-
sius. Cette mission extraordinaire a duré quelques mois, du printemps
à l'été 175 (2).
Le consulat suffect a probablement suivi; la légation de Pannonie
inférieure y conduit souvent à cette époque; il peut dater de l'année
176 (3). Sabinianus reçoit six postes consulaires, au cours des quinze
années suivantes.
La curatelle des opera publica succède presque toujours au consulat (4);
Sabinianus était chargé des temples; la cura de la ville de Pouzzoles est
peut-être le second poste consulaire; à moins que les deux fonctions ne
soient simultanées (5), dans les années 176-177. Ainsi Sabinianus a donc
séjourné quelques temps à Eome à la fin du règne de Marc-Aurèle.
Il gouverne ensuite la Dalmatie en 178-179 (6). Il était sans doute
légat de Dacie, lorsque se sont discutées, en 180 (7), les clauses du traité
de paix avec les peuples barbares: Dion Cassius indique qu'il a établi
douze mille Daces libres dans la province romaine. Il a quitté la Dacie
avant 184, puisqu'un autre légat est connu en 184-185 (8).
C'est donc vers 184-185 que se place le retour de Sabinianus en Pan-

(x) P. Steiner, Die dona militarla, dans Bonner Jahrbücher, CXIV-CXV, 1906,
p. 86.
(2) D. Magie, Boman Buie, II, p. 1536, note 15, date la révolte d'Avidius
Cassius de mars à juin 175.
(3) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 49, suggère: c. 175; A. Merlin, op. cit., p. 370,
indique l'année 176.
(4) A. E. Gordon, Curatores, p. 292, n° 35: « shortly after 176 or 177 ».
(5) C'est une question que pose B. E. Thomasson, qui place ces fonctions dans
l'ordre inverse, Die Statthalter, II, p. 95, avec note 377.
(e) A. Jagenteufel, Dalmatia, col. 74-75, n° 23.
(7) F. Grosso, La lotta, p. 457-467, en particulier p. 464.
(8) L. Vespronius Candidus, légat de Dacie en 184-185: A. Stein, Die legalen
von Dazien, Budapest, 1944, p. 48-50.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 275

nonie supérieure, en qualité de leg(atus) Aug(usti) pr(o) pr(aetore) (x). La


statue de TJiuburbo maius a été élevée avant cette dernière légation; le
municipe devait peut-être sa transformation en colonie aux bons offices
de Sabinianus ? Le second surnom de la colonia Aurelia Commoda a été
martelé après la mort de Commode.
Le couronnement de la carrière du sénateur Africain est précisément
le proconsulat d'Afrique, connu par l'inscription d'Henchir Bou-Cha, qui
est peut-être le site de l'ancienne Turca. Ce document est mutilé en
plusieurs endroits; mais il ne semble pas que le second surnom du municipium
Aurelium Commodianum ait été martelé (2). Il n'est donc pas nécessaire
de dater l'érection de la pierre du vivant de Commode. B. E. Thomasson
considère implicitement ce texte comme contemporain de Septime-Sévère
ou même postérieur, puisqu'il situe le proconsulat d'Afrique de Sabinia-
nus à la fin du règne de Commode ou au début de celui de
Septime-Sévère (3). Les deux règnes nous paraissent possibles.
La seule prêtrise de Sabinianus est celle de sodalis Titius', il
appartint ainsi à l'ancien collège sacerdotal chargé du culte du roi légendaire
de Eome, Titus Tatius.

C. Vettius Sabinianus Iulius Hospes est issu d'une famille équestre


de Thuburbo maius; admis dans l'ordre sénatorial par Antonin, cet
homme nouveau a parcouru une carrière bien remplie au service de la dynastie
antonine; sous Marc-Aurèle, il n'a pas occupé moins de neuf postes
prétoriens; six fonctions consulaires se succèdent presque sans interruption
dans les dernières années de Marc-Aurèle et tout au long du règne de
Commode. Cet ancien chevalier est resté un militaire qui a participé à
toutes les campagnes danubiennes. Il est aussi un spécialiste des
problèmes financiers et juridiques; deux juridictions, deux légations financières
extraordinaires, la préfecture du trésor sénatorial en témoignent. Il est
intéressant de noter la juxtaposition de deux types de carrière: sous le
règne d'Antonin, nous avons remarqué la succession presque régulière de
la préfecture du trésor et de la curatelle des monuments publics avant
et après le consulat. Sabinianus a bien reçu la curatelle comme premier

(!) W. Reidinger, op. cit., p. 89-92, n° XIV; A. Betz, RE, VIII A, 2, 1958, col.
1867.
(2) F. Grosso, op. cit., p. 599, suppose que le second surnom du municipe Gom-
modianum a été martelé à la suite de la damnatio memoriae de l'empereur, ce qui
l'oblige à dater le document de 192 au plus tard et à placer le proconsulat du claris-
sime défunt en 191-192.
(3) B. E. Thomasson, op. cit., II, p. 93-95.
276 ΐΛ AERARKTM SATURNI » ET LJ« AERARIUM MILITARE »

poste consulaire; mais la guerre sur le Danube a introduit dans son cursus
la légation de Pannonie inférieure entre la préfecture et le consulat.

Ce nouveau sénateur, considéré par Marc-Aurèle comme un fidèle


dans les temps difficiles, a fait souche d'une famille patricienne dont on
connaît plusieurs consuls ordinaires au IIIe siècle. La dédicace du muni-
cîpium Aurelium Commodianum fait connaître ses descendants directs;
si nous nous en tenons au texte tel qu'il est gravé, 0. Vettius Gratus
Sabinianus apparaît comme le petit-fils (nepos) du proconsul d'Afrique; son
fils, C. Vettius Gratus Atticus Sabinianus, c(larissimus) p(uer), dèdica-
taire de l'inscription, serait donc l'arrière-petit-fils du proconsul d'Afrique
défunt. A la suite de G. Wilmanns, qui, dans le commentaire de CIL,
VIII, 823, a considéré le génitif pronepotis comme un lapsus, les auteurs
de notices prosopographiques ont lu pronepoti-, le texte ainsi corrigé est
plus harmonieux: il honore un enfant C. Vettius Gratus Atticus
Sabinianus, fils de C. Vettius Gratus Sabinianus, petit-fils de 0. Vettius
Sabinianus Iulius Hospes, l'ancien préfet du trésor qui devint proconsul
d'Afrique. Β. Ε. Thomasson, qui adopte cette correction, note que l'on ne
s'expliquerait pas l'omission d'une génération (x). Pourtant, il nous
paraît hasardeux de corriger un texte aussi clair, alors que l'écart des
générations justifie parfaitement le libellé de la dédicace. On sait que C.
Vettius Gratus Sabinianus fut consul ordinaire en 221 (2); son cursus montre
qu'il était patricien (3). Ses deux fils, C. Vettius Gratus Atticus
Sabinianus (4) et Vettius Gratus (5) furent à leur tour consuls éponymes, le
premier en 242 (·), le second en 250 (7). L'intervalle entre les consulats du
père et des deux fils est normal. En revanche, les quarante-cinq années
qui séparent le consulat suffect du préfet du trésor, vers 176, du consulat
éponyme d'un patricien, en 221, sont surprenantes, si le second est le

i1) B. E. Thomasson, ibid., p. 93, note 371.


(2) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 62.
(3) PIE1, III, p. 412-413, n° 330 et n° 331; P. Lambrechts, Sénat romain, II, p. 40,
n° 389; G. Barbieri, Albo senatorio, p. 121, n° 523: il l'identifie à Vettius, n° 877, et
-4us Sabinianus, n° 453; E. Sattmann, BE, VIII, A, 2, 1958, col. 1858-1859, n° 31.
(4) PIB1, III, p. 411, η» 322, et p. 412, n° 329; P. Xambrechts, op. cit., II, p. 75,
n° 1105; G. Barbieri, op. cit., p. 314-315, n° 1751; E. Sattmann, loc. cit., col. 1859,
n° 32.
ψ) PIB1, III, p. 412, n° 329; P. Lambrechts, op. cit., p. 73, n° 1076; G. Barbieri,
op. cit., p. 314, ne 1750; E. Sattmann, loc. cit., col. 1859, n° 33.
(6) A. Degrassi, op. cit., p. 67.
(7) Id., ibid., ρ. 69.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 277

fils du prenier. Nous savons en outre que le préfet du trésor a géré les
faisceaux consulaires assez tard, après une carrière prétorienne chargée.
Il ne semble donc pas absolument nécessaire de corriger le texte, qui
fait du consul ordinaire de 221 le petit-fils du préfet du trésor. Les listes
de sénateurs données par G. Barbieri montrent plusieurs homonymes que
l'auteur identifie les uns aux autres. N'est-il pas possible de considérer
que le fils du préfet du trésor est [Vetfjius Sabinianus, salins Palatinus
en 199 (x), qui par conséquent aurait été élevé au patriciat par Septime-
Sévère?
A l'aide des notices de G. Barbieri, nous suggérons le tableau
généalogique suivant:

C. VETTIUS G. f. Volt. SABINIANUS IULIUS HOSPES


praef aeravi Saturni
cos suff. c. 176

[Vett]ius SaMnianus
salius Palatinus en 199

C. Vettius Gratus Sabinianus


patricien
cos. ord. 221

C. Vettius Gratus Attious Sabinianus Vettius Gratus


cos ord. 242 cos ord. 250

Sans doute ce stemma n'est-il pas assuré; mais il nous paraît justifié
de formuler une hypothèse qui évite de corriger un texte bien gravé et
rend compte de l'écart normal des générations. Comment expliquer alors
que, sur la pierre d'Henchir Bou-Cha, soit rappelée seulement la mémoire
du grand-père du consul de 221 et non celle de son père? C. Vettius
Sabinianus Iulius Hospes, l'ancien préfet du trésor devenu proconsul
d'Afrique, était le fondateur de cette gens sénatoriale; c'est le seul motif que
nous puissions suggérer.

(x) Voir G. Barbieri, op. cit., p. 106, n° 453. E. Sattmann, loc. cit., col. 1858-1859,
n° 31, ne lui consacre pas une notice distincte et l'identifie au consul ordinaire de 221.
278 l'« aerarium saturni » et l\< aerarhjm militare »

55 - L. ALBINIUS Α. f. Quir. SATUBNINUS

praef. aer. Sat. entre 170 et 179

1 - CIL, X, 4750 Suessa Aurunca, regio I

L(ucio) Albinio A(uli) f(ilio) Quir(ìna tribù) Saturnino, \ co(n)s(uli),


proco(n)s(uli) prov(inciae) Asiae, \ leg(ato) Aug(usti) pr(o) pr(aetore) Ponti
et Bith(yniae) prov(inciae), proco(n)s(uli) prov(ineiae) Achaiae, praef(ecto)
\
aer(arii) Sat(urni), \ leg(ato) Aug(usti) Asturicae et Callaec(iae), | pr(aetori)
urb(ano), aed(ili) pl(ebis), sod(ali) Antoninian(o), \ q(uaestori) urb(ano),
p(atrono) c(oloniae), curatori col(oniae), \ decr(eto) dec{urionum).

Le seul document qui mentionne L. Albinius Saturninus est


l'inscription honorifique q[ue lui ont dédiée les décurions de la colonie campa-
nienne de Suessa Aurunca, dont il était à la fois le patron et le curateur.
Son gentilice, Albinius, permet de penser qu'il était italien (x); par
ailleurs, la tribu Quirina est largement répandue dans toute l'Italie (2).
Le cursus est présenté dans l'ordre inverse; le consulat est mis en
valeur après le nom, la filiation et la tribu. En revanche, l'entrée dans
le collège des sodàles Antoniniani est indiquée en son temps — après la
questure dans ce cas.
Jusqu'à l'étude récente de H.-G. Pflaum (3), aucun commentateur
n'avait pu préciser l'époque de cette carrière sénatoriale.
E. Groag, étudiant les fonctionnaires impériaux de l'Achaïe sous le
Haut-Empire, proposait de situer le cursus, à la fin du IIe siècle ou au
début du IIIe (4). En effet, le titre de leg(atus) Aug(usti) pr(o) pr(aetore)
de la province de Pont et Bithynie donne un terminus post quern: l'année
165 pour laquelle nous connaissons le premier gouverneur impérial,
L. Hedius Lollianus Avitus (5). Mises à part les missions exceptionnelles de
Pline le Jeune (notice n° 32) et de Cornutus Tertullus (notice n° 31), légats

(x) Cf. W. Schulze, Lot. Eigennanen, p. 118. Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 454,
classe le personnage parmi les sénateurs d'origine italienne, d'époque indéterminée.
(2) J. W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 271-272.
(3) H.-Gr. Pflaum, Les sodales Antoniniani de Vépoque de Marc-Aurèle, Paris,
1966, p. 71-74.
(*) E. Groag, Achaia, col. 78; pas de date dans PIB2, I, p. 81, n° 477.
(5) Lucien, Alexandros, 57; IGB, III, 84; cf. D. Magie, Boman Buie, II, p. 1533,
note 7.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 279

impériaux de rang consulaire, au début du siècle, la province fut


administrée jusque vers 165 par des proconsuls de rang prétorien. Le fait que
Saturninus ait exercé l'édilité donne en outre un terminus ad quem: le
règne de Sévère- Alexandre au cours duquel l'échelon édilité-tribunat
semble disparaître ^).
Une fourchette assez large, depuis l'année 169 jusqu'à 235, est adoptée
par G. Barbieri (2), qui se réfère à l'étude de E. Groag. A. Degrassi situe
de même le consulat de Saturninus entre 169 et l'époque de Sévère-
Alexandre (3). D. Magie en fait un proconsul d'Asie d'époque
indéterminée (4).
C'est l'étude prosopographique des sodales Antoniniani qui a permis
à H.-G. Pflaum d'apporter un élément de datation précis.
La carrière commence par la questure urbaine qui permet au jeune
sénateur de rester un an à Eome; il n'est fait mention d'aucun poste
préparatoire; pour une raison inconnue, Saturninus n'a probablement pas
fait de service militaire, puisque la suite du cursus ne présente pas de
commandement.
L'admission dans le collège sacerdotal chargé du culte posthume de
l'empereur Antonin suit l'exercice de la questure; or, le titre même de
sodalis Antoninianus est porté seulement par les membres de la confrérie
qui ont été nommés ou cooptés entre 161, année de la disparition d'
Antonin le Pieux, et 169, année du décès de Lucius Verus (5). Bien ne permet
de savoir si Saturninus faisait partie des membres de fondation du
collège en 161 ou a été coopté par la suite. Mais il n'a pas pu exercer la
questure avant 159.
Le jeune sénateur obtient normalement l'édilité plébéienne et la
preture urbaine. Trois postes prétoriens le conduisent au consulat suffect.
Le premier l'éloigné pour la première fois dans une province:
l'Espagne citérieure. La fonction de leg(atus) Aug(usti) Asturicae et Callaec(iae)
est celle de iuridicus, subordonné au gouverneur consulaire de la Tarra-
connaise (6).
S'il n'y a pas eu de négligence dans la rédaction du texte, Saturninus,

(x) Th. Mommsen, Droit public romain, II, p. 218; Gr. Barbieri, Albo senatorio,
p. 3-4.
(a) G. Barbieri, ibid., p. 338, n° 1962.
(3) Α. Degrassi, Fasti consolari, p. 110.
(4) D. Magie, op. cit., II, p. 1586.
(5) H.-G. Pflaum, op. cit., p. 87.
(e) G·. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 87: «unter Marcus».
280 I,'« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIÜM MILITARE »

légat d'un seul Auguste, a occupé ce poste après la mort de Lucius /Verus
et avant l'accession de Commode à l'Augustat, soit entre 169 et 176.
La préfecture de Vaerarium Saturni l'occupe probablement pendant
trois ans à Eome; Saturninus assume cette charge au plus tôt en 170-172,
sous le règne de Marc-Aurèle en tout cas.
Le sénateur part ensuite pour l'Achaïe pendant une année
proconsulaire et obtient le consulat suffect, au retour entre 175 et 185.
Peu après, Saturninus se rend en Asie mineure comme gouverneur
de la province impériale de Pont et Bithynie. La liste chronologique des
legati Augusti pro praetore Ponti et BitJiyniae montre que, sauf exception,
ce poste est occupé peu d'années après le consulat (i). En revanche une
quinzaine d'années au moins s'était écoulée depuis le consulat, lorsque
le tirage au sort lui a confié le proconsulat de la province d'Asie (2); le
séjour de Saturninus à Ephèse se place donc dans la dernière décennie
du siècle.

Ce sénateur italien dont la famille est inconnue a parcouru une


brillante carrière dont le proconsulat d'Asie fut le couronnement. Admis
dès sa jeunesse dans le collège des sodales Antoniniani, Saturninus
devait être bien vu de la famille impériale. La plus grande partie de sa car^
rière se situe sous Marc-Aurèle; le proconsulat d'Asie date peut-être du
règne de Commode. Saturninus a occupé seulement des fonctions civiles
qui révèlent toutes des aptitudes juridiques et financières. La curatelle
d'une cité convenait parfaitement, en fin de carrière, à un ancien préfet
du trésor sénatorial.

56 - L. CESTIUS GALLUS CEEEINIUS IUSTUS LU[T]ATIUS


NATALIS
praef. aerar. Saturn. Marc-Aurèle - Commode

1 - CIL, X, 3722 Volturnum, regio I


L(ucio) Cestio Gallo Cerri\nio Iusto Lu[t]atio Natali, \ IlIIviro via-
r(um) curand(arum), trib(uno) | laticlavio leg(ionis) VIII Aug(ustae),\ quaes-

(x) H.-Gr. Pflaum, op. cit., p. 68, avec liste des titulaires p. 66-67.
(2) Voir les études des intervalles assurés entre consulat et proconsulat dues
à B. E. Tliomasson, Die Statthalter, I, p. 25, et à C. A. Behr, Aelius Aristides and the
Sacred Tales, Amsterdam, 1968, p. 132.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 281

tori urbano, ab actis [séjnatus, aedil(i) eurul(i), praetori, leg(ato) Aug-

|
g(ustorum duorum) leg(ionis) \ XX V(aleriae) v(ictricis), proco(n)s(uli) pro-
vin\ciae Narbonensis, praef(ecto) aerar(ii) Saturn(i), co(n)s{uli)

|
[designato)], | patrono cólo\n%\ae, d(ecreto) d(ecurionum).

\
2 - F. Bulic', Bull, di Archeologia e Storia Dalmata, Salonae,
XXXVII, 1914, p. 42, 4597 A; cf. G. Alföldy, JEpigr. Dalmatia
Studien, V, 1968, p. 137, n° 246

viro viar(um)~] \ c[ur(andarum), trib(uno) mil(itum) leg(ionis)


Vili Aug(ustae), q(uaestori) urb(ano), ab aetis] \ se[natus, aed(ili) cur(uli),
pr(aetori), leg(ato) Aug(ustorum) leg(ionis) XX] \ Yal{eriae) [victr(icis),
procon\\suli [provinc(iae) Narbonensis, eur(atori) r(ei)~\ | p(ublicae) Su-
p[eraequanor(um), r(es) p(ubliea) Salonitan(orum)] \ patirono praestantis-
simo(f), d(ecreto) d(ecurionum)].
La patere et le vase qui ornent la pierre de Vulturne attestent que
la colonie campanienne a honoré son patron, L. Oestius Gallus, après
sa mort. Le sénateur venait d'être désigné pour le consulat. En effet,
nous ne pouvons pas adopter la restitution proposée par Zangemeister
pour la fin de la ligne 10: co(n)s(uli) II X1): Nous préférons celle de co(n)-
s(uli) d(esignato). Comme le note É. Groag (2), il est difficile d'imaginer
un deuxième consulat, alors que le personnage n'a occupé aucun poste
consulaire. Sur une inscription érigée à Lambèse à la même époque, Ti.
Claudius Gordianus apparaît comme co(n)s(ul) desig(natus) après la
préfecture de Vaerarium Saturni (3).
Le rapprochement d'une inscription mutilée trouvée dans
l'amphithéâtre de Salone avec celle de Vulturne est dû à E. Groag. G. Alföldy
s'est efforcé d'expliquer le patronat de Cestius Gallus en Dalmatie (4).
Il note que L. Cestius Gallus n'est pas d'origine dalmate et qu'il ne peut
pas avoir été gouverneur de la province: l'unique légat prétorien de la
Dalmatie fut Q. Pomponius Eufus, sous Domitien (5); tous les autres sont

(x) Voir le commentaire de CIL, X, 3722; la même restitution figure dans PIB1,
p. 341, η» 574.
(2) E. G-roag, BE, III, 2, 1899, col. 2007, n° 10, Cestius, et PI&, II, 1936, p. 153-
154, n° 692; brève notice dans P. Lambrechts, Sénat romain, I, p. 137, n° 807.
(3) L. Leschi, Libyca, I, 1953, p. 198 = ΑΈ, 1954, 138; voir la notice n° 59.
(4) G-. Alföldy, Senatoren in der römischen Provinz Dalmatia, dans Epigr. Studien,
V, 1968, p. 136-137.
(6) A. Jagenteufel, Dalmatia, col. 48-51.
282 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARroM MILITARE »

des consulaires; or, Gallus est mort avant le consulat i1). G. Alföldy
propose de reconnaître en L. Cestius Gallus un propriétaire foncier en
Dalmatie; il relève que le municipe de Sidrona a eu un Q. Cestius Q. f. Proculus
pour duovir (2) et suggère d'identifier cet individu à Cestius Proculus,
proconsul de Crète et Cyrénaïque, connu pour le procès que lui ont intenté
ses administrés, en 56 ap. J.-C. (3). La famille des Cestii aurait eu des liens
avec la province de Dalmatie, depuis le début du principat.
Sous la dynastie antonine, notre sénateur est un proche parent de
L. Cestius L. f. Pompt. Gallus Varenianus Lutatius Natalis Aemilianus,
qui fut patron de Gaulus, île proche de Malte (4); or, la tribu de ce dernier,
Pomptina, n'est pas attestée hors de l'Italie (5). Gallus Aemilianus, dont
la statue a été érigée par un ami, est peut-être originaire de Gaulus (e).
Le préfet du trésor, qui lui est apparenté, est sans doute Italien lui aussi.
Le patronat sur Vulturne ne permet pas de préciser son origine (7). Les
décurions de la colonie campanienne ont élevé normalement une statue
à leur patron défunt; ils ne disent pas qu'il ait été leur concitoyen.
L. Cestius Gallus possédait peut-être une villa à Vulturne.
La famille italienne des Cestii Galli possédait vraisemblablement des
domaines en Dalmatie. Plusieurs branches ont pu se développer, portant
soit le prénom Caius, soit le prénom Lucius (8). Les Caiì Cestii Galli ont
donné deux consuls homonymes du Ier siècle (9). Les patrons de Vulturne
et de Gaulus, qui sont des Ludi Cestii Galli, appartiennent peut-être à
un autre rameau de la famille; il n'est pas nécessaire à notre avis de
reconnaître en eux des descendants des consuls du Ier siècle (10).

i1) Cf. A. Degrassi, Fasti consolari, p. 117: «morto quale console designato».
(2) CIL, III, 2846.
(') Tacite, Ann., XIII, 30; cf. E. Groag, PIW, II, 1936, p. 154, n<> 694.
(4) CIL, X, 7506.
(5) Cf. J. W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 271.
(6) C'est l'avis de L. Harmand, Le patronat, p. 280.
(7) Gr. Alföldy, loe. cit., p. 137, suggère Vulturne comme patria.
(8) On connaît en effet, dans le sénat d'Auguste, deux frères, Caius Cestius
et Lucius Cestius, fils d'un Lucius; cf. E. Groag, PIB2, II, p. 151-152, n° 686 et
n° 687.
(9) C. Cestius Gallus, cos ord. en 35, et son homonyme, cos suf. en 42; cf.
E. Groag, PIB2, II, p. 152-153, n° 690 et n° 691.
(10) G. Alföldy, loc. cit., p. 136, présente le sénateur (« ohne Zweifel ») comme un
descendant du consul ordinaire de 35 ou du consul ordinaire de 42.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 283

Après avoir débuté comme quattuorvir viarum curandarum, L. Ces-


tius Gallus fait son service militaire en Germanie supérieure où sa légion,
la huitième Auguste, était stationnée à Argentorate (x).
Sa désignation pour la questure urbaine est honorifique, ainsi que
le poste de ab actis senatus. Il obtient normalement l'édilité curale (2)
et la preture. Il assume trois fonctions prétoriennes avant d'être désigné
pour le consulat suffect.
Le commandement d'une légion en Bretagne lui revient aussitôt
après la preture; ce n'est pas surprenant pour un homme qui a commencé
par le poste de quattuorvir (3). La légion XXa Valeria victrix était affectée
à la surveillance du mur d'Antonin (4). Gallus est légat de deux Augustes
qui peuvent être soit Marc-Aurèle et L. Verus, soit Marc-Aurèle et
Commode. Dans le premier cas, son séjour en Bretagne se place entre 161
et 169, dans le second entre 176 et 180; on n'en connaît pas la durée
exacte. Il a passé une année à Narbonne en qualité de proconsul. La
préfecture du trésor le retient trois ans à Borne; elle date nécessairement
du règne de Marc-Aurèle ou de celui de Commode. Au cours de sa
troisième année de fonction ou peu après, Gallus est désigné pour le consulat
suffect.

Le cursus de L. Cestius Gallus reste modeste, du fait de la disparition


prématurée du sénateur. Il montre que, sous Marc-Aurèle et Commode,
la préfecture du trésor de Saturne ouvrait encore la voie au consulat.

57 - M. PETRONIUS STJBA MAMEBTINUS

pr(a}ef. aer. 8at. vers 179-181

1 - CIL, VI, 1488 = 31666 Borne

M(arco)] Petronio Mamertino [ ] | XVv(iro)] sacr(is) fac(iundis),


pr(c£)ej{ecto) aer(arii) 8at(urni), c[ adljecto inter quaestorios ab
|

[Imp. ]

(1) E. Ritterling, BE, XII, col. 1652-1653, legio.


(2) La séquence des postes ab actis senatus — édile curale paraît en effet
réglementaire; voir le tableau III, 1, b, des praefecti aerarli Saturni et son commentaire.
(8) E. Birley, Senators in the Emperors' Service, dans Proc. of the Brit. Acad. in
Eome, XXXIX, 1953, p. 202-203.
(*) G. Webster, The Roman Imperial Army, Londres, 1969, p. 95.
284 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERÄRITJM MILITARE»

2 - CIL, VI, 21756 Eome

D(is) M(anibus), \ Macariae Heliodoro Heliodo\rae filis piissimis fe-


cerunt \ M(arcus) Petronius Chresimus et HJtete \ parentes ex indulgentia
domini | et patroni Surae Mamertini | qui locum dedit et donami \ et sibi
et libertis libertabus poste\risque eorum. Hoc monumentum heredes non se-
quetur. | In fronte ped(es) odo in agro ped(es) odo.

3 - CIL, VI, 23991 Eome

I)(is) M(anibus), \ libertis Petroniormn \ Mamertini et Septimiani \


posterisque eorum.

4 - CIL, XIV, 4089, 20 = XV, 2159 Ostie

■Ex fig(linis) Sem[- — ] Petronioru(m) Mamer(tinì) et 8epti{miani).

5 - CIL, XV, 7511 Fistula aquaria

[Petro]nior(um) Surae Mamer (tini) et Surae Septim(iani)

6 - CIL, III, 5567, 1. 9.

Mamertino et Bufo co(n)s(ulibus) a. 182

ainsi que CIL, III, 6223; VI, 31826; XIII, 6637 et 6711, datées de l'année
182 par les noms de ces deux consuls.

7 - SUA, vita Commodi, 7, 5

His occisis interemit Servilium et JDulium Silanos cum suis, mox An-
tium Lupum et Petronios Mamertinum et Suram filiumque Mamertini
Antoninum ex sorore sua genitum.
Après avoir mis ces hommes à mort, il fit tuer les deux Silani, Servilius et Du-
lius, avec leurs parents, puis Antius Lupus et les deux Petronii, Mamertinus et Sura,
et aussi, Antoninus, le fils de Mamertinus, dont la mère était sa propre sœur.

Une conduite d'eau romaine permet de compléter le nom du gendre


de Marc-Aurèle, M. Petronius Sura Mamertinus. Un passage de la vie
de Commode fait connaître sa fin tragique; à la fin de l'année 190 ou au
début de 191, ce personnage fut exécuté, sur l'ordre du prince, avec son
LES NOTICES INDIVIDUELLES 285

fils Antoninus — neveu de l'empereur — et son frère cadet, M. Petronius


Sura Septimianus. Ce n'est pas sa carrière, mal connue, mais sa parenté
avec la famille impériale et son arbre généalogique qui ont intéressé les
historiens i1). H.-G. Pflaum a montré que son épouse était Comincia, la
cinquième fille de Marc-Aurèle (2).
Les deux frères Marci Petronn Surae ont vraisemblablement pour
père M. Petronius Mamertinus, consul suffect en 150, dont le nom figure
sur un diplôme militaire (3). L'aîné, M. Petronius Sura Mamertinus, fut
consul ordinaire en 182; le cadet, M. Petronius Sura Septimianus, consul
ordinaire en 190 (4). Le cursus romain qui fait connaître un Petronius
Mamertinus, adlectus inter quaestorios, et, par la suite, praefectus aerarii
Saturni, doit-il être attribué au gendre de Marc-Aurèle ou au consul
suffect de 150? La première solution paraissait évidente tant que n'était
pas apparu le consul de 150 (5); malgré la découverte de ce dernier, elle
a été maintenue par la plupart des auteurs (6). La deuxième solution a
été suggérée, en 1936, par P. Lambrechts (7); A. E. Birley la retient dans
deux études récentes (8). Nous pouvons apporter un argument en faveur
de l'attribution traditionnelle: les fastes de la préfecture du trésor sont
complets de 141 à 149; or, sous le règne d'Antonin, nous n'avons pas
d'exemple d'ancien préfet qui ait attendu dix ans le consulat suffect. Il
nous paraît donc exclu d'identifier le praefectus aerarii Saturni au consul
de 150; c'est son fils aîné, le gendre de Marc-Aurèle, qui a administré le
trésor.
Un autre problème se pose: le consul de 150 doit-il être identifié
au préfet du prétoire homonyme, M. Petronius Mamertinus, qui occupa
sa charge dans les années 139 à 143 (9)^. C'est l'interprétation habituel-

i1) PIE1, III, p. 30, n° 229; P. Lambrechts, Sénat romain, I, p. 161, n° 1075;
W. Hoffmann, BE, XIX, 1, 1937, col. 1224-1225, n° 71, Petronius; J. Crook, Consi-
Uum Principis, p. 177, n° 256.
(a) H.-G. Pflaum, Les gendres de Marc-Aurèle, dans Journal des Savants, janv.-
mars 1961, p. 36-37.
(3) CIL, XVI, 99.
(4) W. Hoffmann, Joe. cit., col. 1225, n° 72.
(5) PIB1, III, p. 30, n° 229.
(6) W. Hoffmann, loc. cit., col. 1224-1225, n° 71; H.-G. Pflaum, loc. cit., p. 36-37.
(7) P. Lambrechts, Une famille du IIe siècle: les Petronii Mamertini, dans
L'Antiquité classique, V, 1936, p. 187-190.
(*■) A. R. Birley, The « coups d'Etat» of the Year 193, dans Bonner Jahrbücher,
CLXIX, 1969, p. 247-248; repris dans Septimius Severus, the African Emperor, Londres,
1971, p. 299.300, n° 20.
(9) CIL, VI, 31147 a = ILS, 2182; CIL, VI, 31151 a.
286 ΐΛ AERARITJM SATURNI » ET L'(< AERARIUM MILITARE »

le ί1). P. Lambrechts a naturellement rejeté cette possibilité en attribuant


au consul de 150 le cursus du préfet du trésor; A. B. Birley adopte le
même point de vue. Il ne nous paraît pas impossible de distinguer le
consul de 150 du préfet du prétoire; le consul pourrait être un fils du
préfet (2). Cependant, faute d'argument péremptoire en faveur de l'une
ou l'autre solution, nous continuerons à identifier les deux individus.
Sur le stemma que nous retenons, M. Petronius Sura Mamertinus
est d'origine équestre, ce qui a pu justifier Yadleetio inter quaestorios.

M. Petronius Sura
proc. aquarum

M. Petronius (M. Petronius) M. Petronius M. f. Quir.


Mamertinus Antoninus Honoratus
praef. Aeg. 137 praef. Aeg. 147-148
Imp. Caes. praef. praetorio 139-143
M. Aurelius sans doute identique à
Antoninus Aug M. Petronius Mamertinus
= Annia Galeria cos swff. 150
Faustina II = (Septimia)

Imp. Caes. Comincia = M. PETRONIUS SURA M. Petronius Sura


M. Aurelius MAMERTINUS Septimianus
Commodus Aug. [adïjectus inter quaestorios salius Palatinus
pr(a)>ef.aer.8at. cos.ord. 190
cos.ord. 182 t 191
t 191

(M. Petronius) Antoninus


t 191

Le grand-père, M.Petronius Sura, a été proc. aquarum sous Hadrien(3).


Il apparaît sur une inscription romaine avec ses deux fils, Mamertinus

i1) W. Hoffmann, loc. cit., 1937, col. 1217-1219, n° 44, Petronius; A. Passerini,
Le coorti pretorie, Rome, 1939, p. 300; H. -Gr. Pflaum, loc. cit., p. 36-37.
(2) P. Lambrechts, suivi par A. R. Birley, fait du consul de 150 un neveu du
préfet du prétoire.
(3) OIL, XV, 7309 a = ILS, 8684; cf. W. Hoffmann, loc. cit., 1937, col. 1224,
n° 70, Petronius.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 287

et Antoninus i1). Le second n'est pas connu par ailleurs (2); il convient
de noter que le fils du préfet du trésor porte aussi le cognomen Antoninus
(texte 7). Le premier s'identifie certainement à M. Petronius Mamertinus
qui, après avoir été préfet d'Egypte à la fin du règne d'Hadrien (3), fut
préfet du prétoire d'Antonin; il obtint sans doute le consulat en 150,
comme il était normal pour un ancien préfet du prétoire à cette époque (4).
Le second cognomen de son fils cadet prouve qu'il avait épousé une
Septimia.
Le préfet d'Egypte des années 147-148 (s), M. Petronius Honoratus,
fils d'un Marcus, inscrit dans la tribu Quirina, pourrait être un frère cadet
de Mamertinus et Antoninus, sinon un cousin. L'existence de ce
personnage donne des arguments contradictoires sur l'origine des Petronii.
Selon H.-G. Pflaum (6), la carrière de ce chevalier et le fait qu'il ait exercé
le pontificat mineur révèlent « un Bomain d'Italie, sinon de Eome ».
A. E. Birley (7) a tenté récemment de démontrer l'origine africaine de la
famille; il constate que la tribu Quirina et le cognomen Honoratus sont
très répandus en Afrique; il rattache Septimia à la famille de Lepds
magna. Nous noterons d'abord que la proche parenté des Petronii Surae
et de M. Petronius Honoratus n'est pas assurée. Si nous nous en tenons
à la famille du préfet du trésor, nous avons au moins une certitude: elle
possédait des ateliers à Eome (8) et à Ostie (9). Bien qu'un argument a
silentio soit toujours discutable en histoire ancienne, nous pouvons nous
étonner de ne trouver en Afrique aucune trace de trois consuls, dont
l'un était le gendre de l'empereur, si vraiment ils étaient Africains. En
revanche, des inscriptions nombreuses transmettent leur souvenir à Eome
et à Ostie. Aussi préférons-nous retenir l'hypothèse d'une origine italienne.
Puisque son père fut consul, M. Petronius Sura Mamertinus n'est pas
véritablement un homo novus', mais il est, semble-t-il, le premier membre

i1) CIL, VI, 977.


(2) W. Hoffmann, loc. cit., col. 1212, n° 26.
(3) A. Stein, Die Präfehten von Aegypten in der röm. Kaiserzeit, Berne, 1950,
p. 68-72.
(4) A. Passerini, op. cit., p. 300; W. Ensslin, BE, XXXIV, 1954, col. 2424-2425,
praefectus praetorio.
(6) A. Stein, op. cit., p. 78-80.
(6) H.-G. Pflaum, Carrières, I, p. 283-286, n° 117.
(7) A. E. Birley, Bonner Jahrbücher, CLXIX, 1969, p. 247-248.
(8) CIL, XV, 523: opus Salar ese.
(9) Voir E. Meiggs, Boman Ostia, Oxford, 1960, p. 260.
288 L'«AERARIUM SATURNI) ET ΐΛ< AERARITJM MILITARE»

de sa famille à avoir parcouru un cursus sénatorial. Hérodien affirme


que Marc- Aurèle choisissait ses gendres pour leurs mérites plus que pour
leur noblesse (*); l'étude prosopographique menée par H.-GL Pflaum a
confirmé que les gendres de Marc- Aurèle ne descendent pas de familles
aristocratiques (2). Mamertinus est certainement devenu patricien en
entrant dans la famille impériale. En fait, cet honneur est attesté pour son
frère cadet seulement: dès 179, Septimianus était coopté par le collège
des salii Palatini, signe de son élévation au patriciat (3). Il ne peut pas
y avoir eu d'exception pour Mamertinus, puisque tous les gendres de
Marc- Aurèle ont bénéficié de Vadleciio inter pairiçios (4). Septimianus a
été associé à la fortune de son frère; en 190, il était consul éponyme avec
l'empereur Commode (5).
La chute de la famille fut brutale, puisque, au début de l'année 191,
Commode n'hésita pas à faire assassiner avec les deux frères Petronii,
son propre neveu Petronius Antoninus, qui était alors son plus proche
héritier (6).
Comincia survécut à son premier mari; son nom a été retrouvé à
Ostie sur des conduites d'eau, avec la mention Aug. η. soror (7). En effet,
après son adoption fictive par Marc- Aurèle (8), Septime-Sévère considéra
comme ses sœurs les filles de cet empereur qui vivaient encore. Cornificia
se remaria probablement avec le chevalier L. Didius Marinus dont le
nom est gravé à la suite du sien sur l'une des conduites d'Ostie (9). Le
destin de cette princesse fut aussi tragique que celui de son premier mari
et de son fils, puisqu'elle reçut de Caracalla l'ordre de se tuer pour avoir
pleuré la mort de Géta (10).

Il reste à examiner la carrière de M. Petronius Sura Mamertinus.


Il fut consul éponyme en 182 avec Q. Tineius Eufus pour collègue (n);
leurs noms servent à dater plusieurs épitaphes. Deux monuments funé-

i1) Herodien, I, 2.
(2) H.-G-. Pflaum,' Journal des Savants^ janv.-mars 1961, p. 39.
(8) CIL, I, 1979.
(4) H.-G-. Pflaum, Journal des Savants, janv.-mars 1961, p. 39.
·(*) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 52.
(6) F. G-rosso, La lotta, p. 359.
C) G. Barbieri, Not. d. Scavi, 1953, p. 155, n° 6 = ÄE, 1954, 171.
(8) 8 Ή A, vita Severi, IO, 6.
(9) Identification proposée par G-. Barbieri.
(10) Dion Cassius, LXXVII, 16, 6; Hérodien, IV, 6, 3.
(u) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 50.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 289

raires élevés par des affranchis, une tuile retrouvée à Ostie, une conduite
d'eau romaine indiquent seulement son nom, associé parfois à celui de
son frère. Une inscription romaine, mutilée aux deux extrémités,
transmet quelques éléments de son cursus.
Mamertinus doit son adlectio inter quaestorios à Marc-Aurèle. Deux
interprétations sont possibles. Le jeune homme pouvait appartenir déjà
à l'ordre sénatorial; dans ce cas, l'empereur a voulu lui faire gagner du
temps, en le dispensant de la questure. Il nous paraît plus simple
d'admettre que Mamertinus était encore chevalier et que Marc-Aurèle l'a fait
entrer au sénat parmi les quaestorii; il est né dans l'ordre équestre avant
le consulat de son père: il avait plus de trente-trois ans en 182. La
naissance de Comincia est mentionnée par Fronton à la fin du règne d'Anto-
nin le Pieux (x). Mamertinus est devenu patricien en entrant dans la
famille impériale; le mariage est antérieur à l'année 179, qui voit la
cooptation de son frère dans le collège des salii Palatini. H.-G. Pflaum le date
du retour d'Orient de l'empereur, en 176.
Mamertinus a été dispensé de l'échelon édilité-tribunat; il a dû
exercer la preture, en 177 peut-être. Nous connaissons seulement une fonction
prétorienne, la préfecture du trésor de Saturne et un sacerdoce, celui de
quindecemvir sacris faciundis. A la fin de la ligne 2, la lettre e invite à
restituer une curatelle romaine ou italienne, sans doute une curatelle de
voie, assurée, en 178, peut-être, avant la gestion du trésor. Il n'est pas
nécessaire d'imaginer une autre fonction prétorienne. Le gendre de
l'empereur n'a pas quitté la cour impériale. Le consulat figurait sans doute à
la première ligne, avant les sacerdoces. La préfecture de Vaerarium
Saturni est bien le dernier poste prétorien, comme il était de règle à cette
époque (2). Mamertinus pourrait avoir administré le trésor de 179 à
181, avant de donner son nom à l'année 182.
Il apparaît ainsi que Marc-Aurèle ne considérait pas cette
responsabilité financière comme indigne de son gendre; le mari de Comincia,
sans quitter la cour, prenait rang parmi les futurs consuls. Pour le beau-
frère de Commode, le consulat fut éponyme, alors que la plupart des
préfets du trésor obtiennent le consulat suffect.

(*) D'après Fronton, ad Antoninum Imp., I, 3 (p. 88, éd. P. J. Van Der Hout).
Sur Comincia, cf. A. Stein, PIE2, II, p. 374, n° 1505.
(2) Voir les carrières de T. Aius Sanctus (n° 58) et de Ti. Claudius Grordianus
(n° 59).

19
290 ΐΛ AERARTUM SATURNI » ET L?« AERARIUM MILITARE »

58 - T. AIUS SANCTUS

praef. aerari vers 182-184

1 - L. Moretti, Rivista di filologia classica, Rome


n.s., XXXVIII, 1960, p. 68 = AE, 1961, 280

T(ito) Aio Sancto, co(n)s(uli), \ procuratori) alimentorum, prae-

|
f(ecto) aerari, praef(ecto) \ Aegypti, a rationibus, \ procuratori) ration(is)
privatae, \ ab epistulis Graecis, \ M(arcus) Aurelius Cleander, \ a cubicul(o)
et a pugione \ Imp(eratoris) Commodi Aug(usti) et | Asclepiodotus a ragioni-
bus) | et a memoria (vacat) \ (vacai) heredes (vacai) pro [v]o[ï]untate | [ ]

\
2 - 8ΞΑ, vita Commodi, 1, 5-6

Mortuo igitur fratre Commodum Marcus et suis praeeeptis et magnorum


atque optimorum virorum erudire conatus est. Habuit litteratorem Graecum
Onesicratem, Latinum Capellam Antistium) orator ei Ateius Sanctus fuit.

A la mort de son frère, Marc-Aurèle entreprit de faire l'éducation de Commode


par ses propres leçons et celles des plus grands et des meilleurs professeurs. En
littérature grecque, il eut pour maître Onesicrates, en littérature latine, Antistius Capella;
son professeur de rhétorique fut Ateius Sanctus.

3 - P. Oxy., III, 635

C ]φ Σάνκτφ επάρχφ ΑΙγνπτον


[ επεδώκαμεν Πακτουμηί]ω Μάγνω τω ήγεμονεύΰαντι βιβ^διον...

4 - Ρ. Oxy., Vili, 1117

1. 2 - εναγκος, ήγεμών κύριε, επιδημή\ϋας εν rfj ημετέρα] πάλει...


1. 4 - περί ων 6 κράτιΰτος Μάγνος εκέλεναεν ττ? πόλει είαενεχ&ηναι . . .
1. 17 — το κελενα&εν ύπο ϋοϋ του κνρίον . . .

Une inscription funéraire romaine, publiée en 1960 par L. Moretti,


fait connaître un praef(ectus) aerarii appelé T. Aius Sanctus, qu'il convient
d'identifier au maître de Commode mentionné, dans l'Histoire Auguste,
sous le nom d'Ateius Sanctus. La pierre porte un cursus mixte qui a
attiré l'attention de H.-G. Pflaum; nous trouvons dans ses Carrières procu-
LES NOTICES INDIVIDUELLES 291

ratoriennes équestres une étude approfondie de ce texte (x), déjà commenté


par le premier éditeur (2). F. Grosso s'est intéressé également au
personnage et a cru bon de revenir sur certaines hypothèses de son
prédécesseur (3). Nous réexaminons cette carrière à l'aide des interprétations déjà
présentées.
Sanctus a parcouru une belle carrière équestre, qui culmine par la
préfecture d'Egypte; pour avoir occupé ensuite le poste de praef(ectus)
aerarli, réservé aux sénateurs de rang prétorien, il a bénéficié de la part
de l'empereur d'une adlectio inter praetorios, qui n'est pas mentionnée sur
l'inscription. Par la suite, il est devenu consul. Sur la pierre romaine, le
cursus est présenté dans l'ordre inverse, à l'exception du consulat, inscrit
en tête, comme il est presque de règle.
La présence des mots procurator) alimentorum, gravés entre la
préfecture du trésor et le consulat, doit être expliquée: à une place où l'on
attendrait soit une deuxième fonction prétorienne, soit une première
responsabilité consulaire, figure apparemment une modeste procuratelle
équestre, de rang sexagénaire, celle d'adjoint auprès du préfet des
alimenta (4). L'éditeur du texte a simplement constaté l'anomalie. Les
commentateurs suivants admettent tous deux que les héritiers de Sanctus,
le puissant Cléandre et l'affranchi Asclepiodotus, auraient refusé la pierre,
si l'erreur était imputable au lapicide seul.
H.-G. Pflaum note que deux explications sont possibles. Les
héritiers de Sanctus ont rédigé un modèle. Après avoir eu l'intention d'énu-
mérer les postes de leur ami dans l'ordre chronologique, ils ont changé
d'avis sans modifier le début du texte. L'auteur ne s'arrête pas à cette
première justification. Il retient la deuxième: les rédacteurs du modèle
ont commis un lapsus calami que le lapicide a reproduit fidèlement; aussi
H.-G. Pflaum propose-t-il de lire, au début de l'inscription, le titre le
plus élevé, celui de praef(ectus) alimentorum. Il s'agit en effet d'une
responsabilité réservée aux consulaires.
F. Grosso adopte, semble-t-il, la première éventualité suggérée par
H.-G. Pflaum; il refuse de corriger le texte gravé, parce que, selon lui, la
procuratelle sexagénaire permet de composer un cursus équestre plus
harmonieux. Après un poste sexagénaire (celui de proc. alimentorum), Sanctus

(x) H.-G-. Pflaum, Carrières, III, mantissa addendorum, p. 1002-1007, n° 178 bis.
(z) L. Moretti, Iscrizioni inedite romane, dans Biv. di filologia classica, n.s.,
XXXVIII, 1960, p. 67-74.
(3) F. Grosso, La lotta, p. 222-224.
(4) O. Hirschfeld, Die kaiserlichen Verwaltungsbeamten von Augustus bis
Diokletian, Berlin, 1905, p. 222.
292 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET L'a AERARIUM MILITARE »

serait passé par les étapes centenaire (en tant que froc, rationis privatae)
et ducénaire (en qualité de ab epistulis Graecis et de a rationibus), avant
de parvenir à une préfecture (x). En fait, cette reconstruction est une vue
de l'esprit. Elle appelle à notre avis trois objections. Si des procurateurs
adjoints aux consulaires responsables des fondations alimentaires sont
effectivement connus, les titulaires de ce poste sexagénaire ne sont pas
appelés proc. alimentorum, mais proc. ad alimenta (2). Quant aux procurateurs
régionaux des fondations alimentaires, dont le salaire annuel est de
soixante mille sesterces aussi, ils portent le titre de proc. alimentorum, toujours
accompagné de la précision de leur ressort (3). De plus, la carrière telle que la
reconstitue F. Grosso, n'est plus fidèle à l'inscription romaine sur laquelle,
mise à part l'anomalie initiale, l'ordre descendant ne mérite pas d'être
remis en question. En effet, la direction de la ratio privata ne confère pas
des appointements centenaires comme l'indique F. Grosso; ce poste
important appartenait au moins à l'échelon supérieur des ducénaires, sinon
déjà à la catégorie tricénaire (4).
Nous devons donc revenir à l'interprétation suggérée par H. -G.
Pflaum et comprendre que Sanctus a terminé sa carrière comme prae-
fectus alimentorum.
Il n'a pas eu de traitement inférieur à deux cent mille sesterces;
il a débuté par la fonction ducénaire de ab epistulis Graecis. Lettré, hellé-
nophone, il s'est fait remarquer par Marc-Aurèle, qui l'a chargé d'enseigner
la rhétorique à son fils Commode, héritier présomptif depuis la disparition
de L. Verus. Le jeune César fut l'élève de Sanctus entre 169 et 175. H.-G.
Pflaum pense qu'à cette époque, Sanctus ne dirigeait plus le bureau de
la correspondance grecque, poste qui l'obligeait à suivre l'empereur dans
ses déplacements. Il enseigna sans doute la rhétorique au jeune prince
tout en gérant la fortune personnelle de l'empereur.
L'inscription funéraire de T. Aius Sanctus confirme la création de
la ratio privata bien avant le règne de Septime-Sévère dont on la datait
traditionnellement (5), sur la foi d'un passage de l'Histoire Auguste (6).

(x) F. Grosso, op. cit., p. 681-682.


(2) Voir la liste des proc. ad alimenta sexagénaires dans H.-G-. Pflaum, Carrières,
III, p. 1033.
(3) H. -G. Pflaum, ibid., p. 1315, 1*™ Col.
(4) On sait que, plus tard, sous le règne de Septime-Sévère, le proc. rationis
privatae touche un salaire de trois cent mille sesterces, comme le précise l'inscription
funéraire de Sex. Varius Marcellus (CIL, X, 6569 = ILS, 478).
(5) 0. Hirschfeld, op. cit., p. 20, note 3.
(6) 8ΗΛ, vita Severi, 12, 4: tuncque primwm privatarum rerum procuratio constüuta
est.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 293

Elle est la deuxième mention chronologique de ce poste déjà attesté,


pour le règne d'Antonin le Pieux, par une inscription africaine (x).
Sanctus est un spécialiste des problèmes financiers, puisque, après
avoir administré la fortune personnelle du prince distincte du patrimo-
nium, il est nommé à la tête du fisc impérial avec le titre de proc. a ratio-
nibus. La gestion de ce poste tricénaire le met en droit d'accéder aux
préfectures.
La préfecture d'Egypte, qui lui est attribuée, est assez bien datée;
un papyrus (texte 3) fait connaître une pétition adressée au préfet [-]o>
Σάνκτω pendant la co-régence de Marc-Aurèle et Commode; le texte fait
allusion à une requête adressée à un précédent «gouverneur»: [Πακτου
μηί]ω Μάγνω τω ήγεμονενΰαντι (2); or, la présence en Egypte du préfet
T. Pactumeius Magnus est encore attestée le 28 mars 178 (3). Aussi T. Aius
Sanctus, son successeur, est-il entré en charge à Alexandrie après le
28 mars 178, mais avant la disparition de Marc-Aurèle, en mars 180.
Il a probablement exercé la préfecture dans les années 179-180.
Avant la découverte du cursus romain de T. Aius Sanctus, une
certaine incertitude régnait sur l'identité du préfet d'Egypte. O. W. Eein-
muth (4) avait déjà pensé à Ateius (!) Sanctus, le maître de Commode.
Mais A. Stein (5) avait restitué le nom de Minicius Sanctus: on connaît
en effet un Minicius Sanctus, procurateur impérial de la province d'A-
chaïe en 132 (6); le préfet d'Egypte de 179-180 aurait pu être un parent
du procurateur d'Hadrien.
L'avènement de son disciple, Commode, vaut à Sanctus d'être admis
parmi les clarissimes. A cette époque, Vadlectio inter praetorios n'est plus
mentionnée dans le texte des inscriptions. Nous constatons la même
omission sur la pierre d'Ostie où fut gravée quelques années auparavant
le cursus mixte de L. Volusius Maecianus, maître de Marc-Aurèle (7). Le

(*) CIL, VIII, 8810: la véracité de ce texte mutilé qui porte procurator ra-
tionis] privatae ne peut plus être mise en doute; cf. H. Nesselhauf, Patrimonium und
res privata des römischen Kaisers, dans Historia Augusta Colloquium, Bonn, 1963,
Bonn, 1964, p. 76-77, note 9.
(2) Voir le commentaire de P. Oxy., III, 635.
(3) BOU, 525.
(4) O. W. Eeinmuth, BE, XXII, 2, 1954, col. 2373, prüf. Aeg.
(6) A. Stein, Die PräfeMen von Ägypten in römischer Zeit, Berne, 1950, p. 98-99.
(e) Bruzzi, Annali del Instituto, 1870, p. 173, n° 4 = ILS, 8718; cf. H. -G·. Pflaum,
Carrières, III, mantissa addendorum, p. 1001-1002, n° 139 bis.
(7) H. Bloch, Not. d. Scavi, 1953, fase. 7-12, p. 272-273, n° 34 = AE, 1955, 179;
voir la notice n° 52.
294 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIÜM MILITARE »

parallélisme des carrières mérite d'être remarqué. Après leur accession


au pouvoir, Marc-Aurèle et Commode ont voulu tous deux récompenser
le chevalier lettré, à qui ils devaient une partie de leur formation; mais
ni l'un ni l'autre n'ont jugé leur ancien maître apte aux fonctions de
préfet du prétoire, qui étaient encore réservées à des militaires. La seule
ascension sociale possible était alors l'anoblissement: un ancien préfet
d'Egypte promu clarissime ne pouvait pas prétendre à une dignité plus
élevée que celle d'ancien préteur i1). Nous rencontrerons parmi les préfets
du trésor militaire l'avancement similaire de Sex. Varius Marcellus (2);
mais l'anoblissement de ce personnage, neveu par alliance de Septime-
Sévère, a une autre signification: la préfecture du prétoire est une
promotion qu'il pouvait être dangereux d'accorder à un proche parent de
l'empereur.
Sanctus reçoit un poste prétorien susceptible de l'élever au consulat
suffect; la préfecture du trésor de Saturne était parfaitement adaptée à
ses compétences. Les commentateurs du cursus hésitent entre les deux
préfectures financières. En fait, il ne peut plus y avoir de doute sur la
nature de Vaerarium qu'il a administré; il ressort de notre étude que le terme
a'aerarium, sans autre précision, désigne toujours le trésor sénatorial (3),
unique caisse de l'Etat sous la ^République; dans l'œuvre de Pline le
Jeune (4) ou dans les textes juridiques (5), les préfets du trésor de Saturne
sont appelés souvent praefecti aerarti. Lorsqu'il s'agit de la caisse de
retraite des vétérans, la titulature des préfets comporte toujours le quali-
fìcatis militare (6). Nous pouvons ajouter que l'administration du trésor
militaire paraît inférieure en dignité à celle du trésor de Saturne; sous le
règne de Commode, elle élève rarement ses titulaires au consulat (7).
Sanctus est un successeur de M. Petronius Sura Mamertinus; nous
placerons son triennium vers 182-184. Il a accédé au consulat peu après, peut-
être en 185, année pour laquelle le nom d'aucun consul suffect n'est connu
de façon assurée (8).

i1) Un ancien préfet du prétoire devient consulaire; cf. A. Stein, Der röm.
Bitterstand, Munich, 1927, p. 246.
(2) Voir la notice n° XXXI.
(3) Voir le tableau I des responsables de Vaerarium Saturni: la titulature.
(4) Pline, Lettres, III, 4, 2; IV, 12, 3; IX, 13, 11; Pan., 92, 1.
(5) Dig., XLIX,14: plusieurs exemples, en particulier XLIX, 14, 42.
(6) Voir le tableau I des praefecti aerarti militarisi la titulature.
(7) Voir le tableau III, 2, b, des praefecti aerarti militaris et son commentaire.
(8) Cf. A. Degrassi, Fasti consolari, p. 51. F. Grosso, op. cit., p. 679, indique
le nom de M. Valerius Maximianus comme sûr.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 295

Devenu consulaire, Sanctus dirige à Borne le service des fondations


alimentaires; sous le règne de Commode, la praefectura alimentorum
s'obtient peu après le consulat (*). Les héritiers et exécuteurs testamentaires
de Sanctus sont ses amis Cléandre et Asclepiodotus. Sur l'inscription
funéraire romaine, Oleandre porte le titre officiel de a pugione Imp.
Commodi Aug., qui faisait de l'affranchi de l'empereur un préfet du prétoire;
il a reçu cette fonction avant le mois de décembre 186, puisqu'une
inscription d'Athènes la lui attribue à cette date (2). F. Grosso situe sa
nomination au printemps 185, après la disparition de l'ancien favori Perennis (3).
Sanctus est donc mort après 185-186, mais avant le milieu de l'année
189, époque de la chute du nouveau favori.
T. Aius Sanctus est un Italien, sans doute originaire de la Campanie.
Son gentilice relativement rare se rencontre en effet dans la péninsule (4),
mais plus précisément en Campanie, où les inscriptions de Pouzzoles ont
révélé cinq individus porteurs de ce nom (5). Il s'écrit souvent Ahius ou
Haius (6).

Lettré hellénophone, ce qui ne saurait surprendre pour un Campa-


nien, T. Aius Sanctus est un spécialiste des problèmes financiers; en tant
que procurateur équestre, il administre successivement la fortune
personnelle du prince, la ratio privata et le fiseus impérial. Devenu clarissime,
l'ancien maître de Commode est appelé à la tête de Vaerarium Saturni.
Nous devons noter le paradoxe que représente la gestion de la modeste
caisse du sénat par un homme qui a dirigé quelques années auparavant
les finances impériales; il ne peut s'expliquer que par l'inégale dignité des
ordres équestre et sénatorial. Commode a confié à Sanctus un poste
sénatorial adapté à ses compétences, qui lui permettrait d'accéder au consulat
suffect. La nomination d'un expert financier à la direction de Vaerarium
Saturni nous paraît justifier l'affirmation que cette caisse conservait une
relative importance. T. Aius Sanctus a eu ainsi la responsabilité des trois
grands secteurs des finances romaines: la fortune privée de l'empereur

(x) Voir la liste des titulaires de ce poste dressée par H.-Gr. Pflaum, Carrières,
III, p. 1004, note 1.
(2) J. H. Oliver, AJPh., LXXI, 1950, p. 178 = AE, 1952, 6.
(3) F. Grosso, op. cit., p. 230.
(4) 9 noms au CIL, V; 3 au IX; 9 au X; 2 au XI et 1 au XIV, d'après le
recensement de H.-Gr. Pflaum.
(β) CIL, X, 540 (Salerne); 1087 (Nuceria Alfaterna); 1155 (Abellinum); 1786;
1910; 2034; 2493 (Pouzzoles).
(6) Cf. W. Schulze, Lot. Eigennamen, p. 116.
296 l'« AERAR]!!]*! SATURNI » ET ΐΛ< AERARIÜM MILITARE »

et les finances publiques, où se maintenait la distinction entre fiseus


impérial et aerarium sénatorial.

59 - Ti. CLAUDIUS Ti. fil. Quir. GOBDIANUS

praef. aer. Sat. vers 191-193

1 - L. Leschi, Libyca, I, 1953, p. 198 Lambèse


= ΑΈ, 1954, 138

Ti(berio) Claudio Ti(berii) fil(io) | Quir(ina tribu) Gordiano, \ Tyanae


ex Cappad(ocia), | q(uaestori) provinciae Cypri, | leg(ato) prov(inciae) eius-
dem, proco(n)s(uli) \ prov(inciae) Macedoniae, leg(ato) leg(ionis) XI Clau-
d(iae), leg(ato) [[leg(ionis) \ III]] Aug(ustae), praef(ecto) aer(arii) Sat(urni), \
co(n)s(uli) desig(nato), sacerdoti \ fetiali. \ P(ublius) Iulius Theodorus,

\
(centurio) [[leg(ionis) III]] Aug(ustae), | praesidi optimo.

2 - CIL, VIII, 2495 Burgus Commodianus speculatorius


(au sud d'El-Kantara)

Imp(eratore) Caes(are) [M(arco)] Au\relio] \ [[Commodo]] Antoni\no


Pio Felice Aug(usto) [G]erm{anico) | Sarm(atico) Britannico, p(atre) p(a-
triae), \ trib(unicia) po[t]e(state) XIII, co(n)s(ule) V, | burgum [[Commo-
di\anum]] s[p]eculato\rium inter duas vi\as ad salutem comme\antium nova
iute\[l]a constitui iussit [Ti(berius) \ Claudi]us [G]ordia[nus], \ v(ir) c(la-
rissimus), leg(atus) Aug(usti) pr(o) pr(aetore), | [cur]am agente [ | ]
a. 188

3 - CIL, VIII, 2499 Calceus Eerculis


(El-Kantara)

Silvano | Aug{usto) sac(rum), \ Cl(audius) Gordi\anus, leg(atus) | Au-


g(usti) pr(o) pr(aetore), | restituii:

4 - CIL, VIII, 4230 Verecunda

Ti(berio) Claudio \ Gordiano, \ leg(ato) Aug(usti) | pr(o) pr(aetore),


c(larissimo) v(iro), patrono, d(ecreto) d(ecurionuni), p(ecunia) p(ublica).
|

|
LES NOTICES INDIVIDUELLES 297

5 - CIL, VIII, 8326 Cuicul

Iuliae T(iti) fil(iae) | Chilonidi, c(larissimae) f(eminae), coniugi |

|
Ti(berii) Cl(audii) Gordia\ni, leg(ati) Aug(usti) pr(o) pr(aetore),

\
orarissimi) v(iri), pa\troni col(oniae), d(ecreto) d(ecurionum), p(ecunia) p(ublica).

\
6 - CIL, VIII, 2365 Thamugadi

[ ]e [ ] Co(mmodo) [ ] Gor(dianus) [ ] | Th(amug )


|

|
Tiberius Claudius Gordianus est connu depuis longtemps grâce à
plusieurs inscriptions d'Afrique i1). La plus importante, découverte au sud
d'El-Kantara, commémore la construction d'un burgus Commodianus spe-
culatorius inter duas vias (2): le nom de Commode a été martelé; la
treizième puissance tribunicienne et le cinquième consulat de l'empereur
datent précisément ce texte entre le 10 décembre 187 et le 9 décembre 188:
Claudius Gordianus, vir clarissimus, legatus Augusti pro praetore, était
alors légat de la IIIe légion Auguste. Les pierres de Caleeus Herculis,
Verecunda et Cuicul lui donnent le même titre de légat propréteur. Une
nouvelle inscription, découverte à Lambèse, a apporté des précisions sur
le sénateur; elle est gravée sur la base d'une statue, qui a été offerte par
un centurion de la IIIe légion Auguste à Ti. Claudius Gordianus, praeses
optimus: le texte a été publié par L. Leschi (3).
Ti. Claudius Gordianus, fils d'un Ti. Claudius, est originaire de Tyane,
ville de Cappadoce. Il est permis de penser que ses ancêtres ont reçu la
citoyenneté romaine de l'empereur Claude ou peut-être de Néron (4). Le
cursus est rédigé dans l'ordre direct depuis la questure jusqu'à la
désignation pour le consulat; l'unique sacerdoce est mentionné à la fin du
texte. Le dédicant, le centurion P. Iulius Theodoras, qui épousa, après
sa libération, une Cirtéenne (5), semble avoir tenu à présenter les étapes
de la carrière dans l'ordre chronologique.

i1) E. Groag, BE, III, 2, 1899, col. 2724, n° 167, Claudius, et PIB2, II, p. 205,
n° 880.
(2) Sur l'emplacement de ce burgus, cf. J. Baradez, Fossatum Africae, Paris,
1949, p. 239-242.
(3) L. Leschi, Inscriptions latines de Lambèse et de Ζ ama (Diana veteranorum).
La carrière de Ti. Claudius Gordianus, légat de la IIIe légion Augusta, dans Libyca,
1, 1953, p. 197-200.
(*) C. S. Walton, Oriental Senators, p. 42.
(5) Veratia Frontonilla: CIL, VIII, 7080.
298 I,'« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARTUM MILITARE »

Le sénateur, originaire d'Orient, a exercé sa première magistrature


dans la province de Chypre, où il est devenu par la suite, légat du
proconsul; c'est un début modeste. Or, les fonctions qui suivent sont réservées
à d'anciens préteurs. Le tribunat et la preture ne figurent pas sur
l'inscription. L'éditeur du texte, L. Leschi, a supposé que Gordianus s'était
distingué à Chypre et avait bénéficié d'une adlectio inter praetorios.
L'avancement du sénateur aurait été extrêmement rapide; peut-être le
tribunat et la preture ont-ils été oubliés par le lapicide. Cela paraît
étonnant sur une inscription aussi soignée: le champ épigraphique est encadré
par « une belle moulure »; l'écriture est « particulièrement ornée ».
Les quatre postes prétoriens sont énumérés dans l'ordre suivant:
le proconsulat de la province de Macédoine, le commandement de la légion
XIa Claudia, puis de la IIIa Augusta, enfin la préfecture de Vaerarium
Saturni. Le texte indique aussitôt après que Gordianus est consul desi-
gnatus.
Nous ne pouvons plus adopter le point de vue de L. Leschi qui proposait
de modifier l'ordre de ces fonctions: il remontait la préfecture du trésor
« plus haut dans le temps », soit après le proconsulat de Macédoine, soit
après le commandement de la XIa Claudia. Il estimait en effet que le
titre d'Optimus praeses, reconnu par le centurion à son supérieur,
impliquait le commandement de la IIIe légion Auguste. Il en concluait
que Gordianus avait été désigné pour le consulat, alors qu'il était légat
à Lambèse. Il est vrai qu'un tel honneur n'aurait rien eu d'exceptionnel;
le légat aurait même pu exercer le consulat suffect sans quitter la Nu-
midie i1). Les exemples de légats de la légion d'Afrique promus au
consulat ne suffisent pourtant pas à étayer la thèse de L. Leschi. D'ailleurs,
en poussant l'antithèse à l'extrême, nous ferons remarquer que Gordianus
aurait pu aussi bien gérer les faisceaux consulaires après avoir gouverné
la province de Macédoine (2). L'étude des préfets de Vaerarium Saturni
prouve que, tout au long du IIe siècle et sous le règne de Commode
encore (3), les titulaires de cette préfecture financière sont promis au
consulat suffect.

(x) Voir l'étude de B. E. Thomasson, Die Statthalter, I, p. 90, avec la note 226,
qui énumère les sénateurs concernés.
(2) La liste des proconsuls accédant immédiatement au consulat dressée par
H.-Gr. Pflaum dans les Bonner Jahrbücher, CLXIII, 1963, p. 226-227, donne la
première place à la province de Macédoine avec cinq exemples.
(3) Voir les carrières de M. Petronius Sura Mamertinus (n° 57) et de T. Aius
Sanctus (n° 58).
LES NOTICES INDIVIDUELLES 299

Ainsi l'ordre dans lequel le centurion a fait graver ces postes, sur
la pierre de Lambèse, n'est pas en contradiction avec ce que nous
pouvons connaître du rang de chacun d'eux, à l'époque de Commode i1).
Il nous paraît donc inutile de le modifier. De plus, la rédaction même
du texte traduit une intention du dédicant. La mention du consulat à
la fin d'une inscription est relativement rare; il apparaît nettement ici
comme le couronnement de la carrière du sénateur. Il n'est pas usuel non
plus de voir figurer la ville d'origine: cette indication, qui occupe toute la
troisième ligne, — Tyanae ex Cappad(ocia) — est particulièrement
importante. Le centurion P. Iulius Theodoras, qui l'a volontairement mise en
valeur, est lui-même un Oriental, si l'on en croit son surnom; peut-être
était-il originaire de Cappadoce lui aussi? Aux liens personnels qui
unissent ce militaire à son praeses se serait ajoutée la fierté du compatriote,
pour motiver l'élévation d'une statue, lors de la désignation de Ti.
Claudius Gordianus au consulat. Ainsi il ne nous paraît pas possible de
supposer que la rédaction mûrement réfléchie de ce cursus n'ait pas respecté
les étapes mêmes de la carrière de Ti. Claudius Gordianus.
Dans l'étude qu'il a consacrée à l'époque de Commode, F. Grosso
a refusé aussi, par scrupule méthodologique, de mettre en doute la
chronologie qui apparaît sur l'inscription (2). Mais, considérant toujours que
Gordianus était encore légat de la IIIe Auguste lorsqu'elle fut gravée,
il suppose que le sénateur a cumulé le commandement de la légion
d'Afrique et la préfecture de Vaerarium, en restant à Lambèse. Après avoir
effectué un service fictif à la tête du trésor, le légat aurait géré les
faisceaux consulaires en Afrique même (3). Ces affirmations que rien ne
confirme nous paraissent des plus invraisemblables.
Reste la signification de l'expression praeses optimus. H.-G. Pflaum
a montré que le terme de praeses est, à cette époque, un simple titre
honorifique (4); il ne s'agit pas d'une appellation officielle, mais d'une mar-

(x) Un préfet de Vaerarium Saturni est promis d'avance au consulat; un légat


de la IIIe légion a de grandes chances de l'obtenir; pour un proconsul de Macédoine,
la promotion est possible, mais n'est pas systématique.
(2) F. Grosso, La lotta, p. 607-609.
(3) Id., ibid., p. 609: ad un tempo prefetto dell'erario di Saturno, legato di legione
a Lambesi e consule designato con la prospettiva di esercitare il consolato Buffetto nella
stessa Numidia.
(4) H.-G-. Pflaum, Procurateurs, p. 115-117, et A propos de la date de création de
la province de Numidie, dans Libyca, V, 1957, p. 62-63.
300 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET L'a AERARIITM MILITARE »

que de respect vis-à-vis d'un supérieur (x). Apprenant la désignation de


Ti. Claudius Gordianus au consulat, le centurion P. Iulius Theodoras
lui élève une statue et emploie, dans la rédaction de l'inscription, le seul
terme qu'offre le vocabulaire latin à son époque, pour évoquer le type
de relations qui le lie à son ancien chef. Cette simple remarque suffit,
nous semble-t-il, pour accepter à la lettre le texte de la dédicace: l'ancien
commandant de la légion d'Afrique, exerce encore, à Borne, la charge
de préfet de Vaerarium Saturni ou vient de l'achever, lorsqu'il est désigné
pour le consulat suffect.
Gordianus n'a pas été envoyé en Afrique avant 187, puisque la
présence du légat [T. Caunius Pris]cus est attestée en 186 (2). Pour l'année
188, le commandement du sénateur de Cappadoce ne fait pas de doute.
Le proconsulat de la province de Macédoine, puis le commandement de
la légion XIa Claudia, cantonnée à Durostorum, en Mésie inférieure (3),
datent donc des premières années du règne de Commode. Le
commandement de la légion d'Afrique est le premier poste qu'obtienne ce sénateur
oriental dans la pars occidentales de l'Empire. Il est difficile d'évaluer la
durée de son séjour à Lambèse. Un autre légat est connu pour l'année
191: Q. Clodius Bufinus (4). Gordianus a donc quitté l'Afrique au plus
tard en 190. Son nom ne figure sur aucune liste consulaire; mais les
consuls suffects des années 194 et 195 ne sont pas connus (5). Gordianus a
pris son poste à Vaerarium Saturni vers 190-191; il est possible qu'il ait
assuré son service dans les années 191 à 193.
Né à Tyane, en Cappadoce, il a épousé une Orientale, Iulia Chilonis,
à qui les décurions de Guicul ont élevé une statue (texte 5). Nous ne lui
connaissons pas d'autre parenté. Leur commune origine a dû faire du
centurion Theodorus une sorte de client du légat. Deux cités de Numidie,
Verecunda et Cuicul, ont choisi le commandant de la légion pour patron(6).

(*) Comparer les dédicaces élevées à M. Valerius Maximianus, qui fut légat de
la IIIe Auguste dans les années 183-185: à Diana veteranorum, par deux clients du
légat qui lui donnent le titre de innocens praeses (CIL, VIII, 4600); à Lambèse, par
le strator du légat qui appelle son commandant praeses rarissimus (OIL, VIII, 2749).
(a) CIL, VIII, 2697; cf. B. E. Thomasson, Die Statthalter, II, p. 192-193.
(3) E. Eitterling, BE, XII, col. 1695-1696, legio.
(4) CIL, VIII, 4211; cf. B. E. Thomasson, op. cit., II, p. 195.
(5) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 54.
(6) L. Harmand, Le patronat, p. 191-193, a réuni de nombreux exemples de
commandants de la IIIe Auguste qui, au IIe siècle, ont exercé le patronat sur des cités
de Numidie.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 301

La plus grande partie de la carrière de Ti. Claudius Gordianus se


déroule en Orient, comme il est normal pour un sénateur de langue grecque.
Le commandement de la légion d'Afrique montre que les préjugés à
l'égard des Orientaux diminuaient. Il termine sa carrière prétorienne à
Eome, où la gestion de la caisse sénatoriale le conduit au consulat. Les
fonctions qu'il avait occupées précédemment ne préparaient pas
particulièrement Gordianus à cette responsabilité financière.

60 - Q. MAMILIUS CAPITOLINUS

praef. aer. Sat. vers 200

1 - CIL, II, 2634 = ILS, 2299 = M. Macias, Asturica Augusta


Epigrafia romana de la ciudad de Astorga,
Orense, 1903, n° 5

I(ovi) O{ptimo) M(aœimo), | Soli inviato, Libero | patri, Genio praeto-


r(ii), | Q{uintus) Mamil(ius) Capitolinus, \ iurid(icus) per Flaminiam \ et
Umbriam et Picenum, \ leg(atus) Aug(usti) per Asturiam et | Gallaeciam,
dux leg(ionis) VII g(eminae) p(iae) fé\l{icis)~\, \ praef(ectus) aer(arii)
Saturni), pro salute | sua et suorum.

2 - A. Garcia y Bellido, Arch. Esp. Arq., 39, San Pedro de


1966, p. 28, n° 4, avec fig. 4, et Leon y la Legio la Vina, Asturie
VII Gemina, dans XIX Centenario de la
Cración de la Legion VII Gemina, Programa General,
Léon, 1968, avec fig. 14; cf. G. Alfoldy, Fasti
Hispanienses, p. 90
[ Q(uinti) Mami\li Capi~\toMn[i, \le]g(ati) Severi Aug(usti),
[t]rib(unicia) pot(estate) V, co(n)s(ulis) II, pr\o\\co{n)s{ulis), statuam quam \
ei al(a) II Fl(avia) H(ispanorum) c(ivium) B(omanorum) numin[i] | eius
devotissima a[e]\re coniato statu\endam decreve\rat invicti Augiusti), sua
\

pecunia fi[eri] \ iusserun[t],


a. 197

Q. Mamilius Capitolinus était un chef militaire, lorsqu'il fit graver


à Asturica une inscription votive à Iupiter Optimus Maximus, à Sol in-
victus, Liber pater et au Génie du praetorium. Ce sénateur commandait
302 ΐΛ AERABIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

alors la légion VII« gemina pia felix et s'apprêtait à partir pour Eome,
où il venait d'être désigné pour administrer Vaerarium Saturni (*): ainsi
s'explique l'indication de la préfecture à la fin de son cursus inverse. La
dédicace est nécessairement postérieure à 197, année où la légion a reçu
le surnom de pia, en récompense de sa fidélité à Septime-Sévère et de la
soumission des partisans espagnols de Clodius Albinus (2).
Quatre postes prétoriens suivent, dans l'ordre chronologique, le nom
du sénateur; mais il n'est pas fait mention de la preture. Capitolinus a
probablement été admis au sénat avec le rang d'ancien préteur; il n'a
pas indiqué Vadlectio inter praetorios. Il était peut-être d'origine équestre.
La première responsabilité prétorienne fut la juridiction de la Fla-
minie, l'Ombrie et le Picenum (3).
La fonction suivante a été datée avec précision par l'étude récente
de G. Alföldy; nous résumons l'argumentation de l'auteur (4). Le poste
que Capitolinus est allé occuper en Espagne, avec le titre de leg. Aug.
per Asturiam et Gallaeciam est précisément la juridiction; or, depuis Ca-
racalla, il n'y a plus de iuridici Asturiae et Gallaeciae (5). Une datation
plus précise de son activité en Espagne peut être tirée du titre de dux
legionis-, Capitolinus n'était pas déjà légat de la légion VIIa gemina,
comme le fut par exemple Q. Hedius Lollianus Plautius Avitus (6); il a
pris le commandement de la légion dans des circonstances extraordinaires.
On donnait le titre de dux dans la carrière sénatoriale à des officiers qui
commandaient une armée lors d'une campagne (7). G. Alföldy suppose
que Capitolinus, alors qu'il était iuridicus, a reçu, en 197, le
commandement de la légion VIIa gemina contre les Albiniens; peut-être parce que
le précédent légat, à l'inverse de ses troupes, avait pris le parti d'Albinus
et du gouverneur L. îfovius Bufus qui le soutenait (8). Il ne nous paraît

i1) PIB1, II, p. 326, n° 94; M. Fluss, BE, XIV, 1, 1928, col. 957, n° 6, Mamilius;
Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 358, n° 2054, le date du IIIe siècle.
(2) E. Bitterling, ΒΈ, XII, col. 1314, legio.
(s) Voir M. Corbier, Les circonscriptions judiciaires de l'Italie, de Marc-Aurèle à
Aurélien, dans MEFBA, 85, 1973, 2, p. 648-649.
(4) Gr. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 90-92.
(5) Voir le tableau des iuridici dressé par Gr. Alföldy, ibid., p. 237-240.
(β) CIL, VI, 32412 = ILS, 1155: leg. leg. VII gemin. piae felicis, iuridic. Astu-
ricae (sic) et Gallaeciae. La mention des deux postes permet de conclure que le
juridicat et le commandement de la légion étaient ordinairement distincts.
(7) 0. Seeck, ΒΈ, V, 1905, col. 1869, dux.
(8) Sur ces événements, cf. Gr. Alföldy, Septimius Severus und der Senat, dans
Bonner Jahrbücher, CLXVIII, 1968, p. 120 et 125.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 303

pas nécessaire d'imaginer que ces deux fonctions ont été contemporaines^);
le texte mentionnerait d'une façon ou d'une autre le cumul, par exemple
par la formule et in eodem tempore. Il est plus simple de supposer que le
iuridicus d'Asturie et Galice a été promu en 197 au commandement
extraordinaire de la légion. La date reste inchangée.
G. Alföldy (2) croit pouvoir restituer le cognomen de Capitolinus sur
une inscription de San Pedro de la Vina, récemment publiée; il s'agit de
la base d'une statue élevée à Septime-Sévère, en 197 précisément, par les
subordonnés d'un leg(atus) Severi Aug(usti) qui pourrait être Capitolinus.
Le sénateur était donc en 197 légat de la légion VIIa gemina, après
avoir exercé le juridicat pour la circonscription d'Asturie et Galice. Peu
après, Capitolinus a été appelé à Borne pour occuper le poste de préfet
du trésor; il pouvait espérer dans un proche avenir une désignation au
consulat suffect. Cette promotion visait à récompenser un fidèle partisan
de Septime-Sévère. Nous pouvons situer approximativement sa préfecture
vers 200.
Nous manquons d'éléments pour préciser l'origine du sénateur.
G. Alföldy (3) a suggéré la province d'Afrique; il rapproche en effet le nom
du préfet du trésor de celui d'un tribun de cohorte, Q. Mamilius Hono-
ratus (4), qui porte le même gentilice associé au même prénom; or, le
cognomen Honoratus est particulièrement répandu en Afrique (5).
L'origine africaine ne surprendrait pas pour un homme qui a pris
vigoureusement le parti de Septime-Sévère; elle n'est cependant pas assurée.
G. Alfòldy relève lui-même que les Mamilii sont nombreux aussi en Italie
et en Espagne.

61 -[.--]
[praeif. aer. 8at[-] deuxième moitié du Ier s.-IIe s.

CIL, XIV, 3619 a et b = Inscr. Ital., IV, 1, Tïbur, regio IV


p. 75, n° 144 a et b

(*) Ce doute m'a été suggéré par M. Pflaum.


(2) G. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 90-91.
(3) Id., Bonner Jahrbücher, 168, 1968, p. 146.
(4) CIL, XIII, 6562.
(5) I. Kajanto, The Latin cognomina, Helsinki, 1965, p. 279, constate que, sur
666 Honorait connus, 495 sont Africains.
304 T.'« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

fragment a fragment b
Ι AED
[prae]F.AEE.SAT [adlect. inter prajETORIOS
I LEG FBÜ

H. Dessau, le premier éditeur de ces textes, retrouvés à Tivoli, a


estimé, d'après la gravure des lettres, qu'il convenait de les rapprocher
l'un de l'autre. J. Mancini a repris la même présentation dans le volume
des Inscriptiones Italiae consacré aux inscriptions de Tibur.
Nous ne pouvons pas préciser la place qu'occupaient les deux
fragments, s'ils ont réellement appartenu à la même pierre, puisque leurs
textes respectifs ne se complètent pas. Mais il nous paraît clair que les
fonctions indiquées sur le document b ont été exercées avant celles que
mentionne le document a: Vadlectio inter praetorios, qu'il convient de
restituer à la ligne 2 b, a précédé la préfecture de Vaerarium Saturni, qui
figure à la ligne 2 a. Le fragment b précède donc le fragment a, sans qu'il
soit possible de préciser comment.
Nous devons donc examiner en premier le texte δ. A la première
ligne, se restitue l'édilité; le sénateur inconnu a commencé sa carrière
comme questeur et édile avant d'être dispensé de la preture par Vadlectio.
Les fastes de la préfecture du trésor même donnent un exemple de cet
avancement: après avoir géré les deux premières magistratures, C. Iulius
Cornutus Tertullus fut directement inscrit par Vespasien parmi les
praetor ii (*).
Le cursus était donc présenté dans l'ordre direct sur la pierre de
Tibur. La praefectura frumenti dandi, qui semble bien figurer à la ligne 3 b
est vraisemblablement antérieure à la préfecture du trésor sénatorial (2).
La lettre i qui apparaît à la ligne la est peut-être la marque du génitif
pour la formule [praef.] fru[menti dand]i; mais elle peut marquer aussi
le datif en i de quelque poste de curator. Nous ne savons pas en effet
combien de fonctions prétoriennes ont été attribuées au sénateur.
Si le consulat a succédé à la préfecture du trésor, comme il est
presque de règle au Ier et au IIe siècle, la légation qui figure à la dernière ligne
est certainement de rang consulaire; il s'agit du gouvernement d'une
province impériale. Les beaux caractères signalés par les éditeurs et le

(x) Voir la notice n° 31.


(2) II faut ajouter ce sénateur anonyme à la liste des responsables sénatoriaux
des distributions de blé dressée par H.-Gr. Pflaum dans les Bonner Jahrbücher,
CLXIII, 1963, p. 234-235.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 305

fait que Vadlectio inter praetorios soit inscrite en toutes lettres nous
incitent en effet à placer cette carrière au Ier siècle (après la création de la
préfecture du trésor en 56) ou au IIe.
Le rapprochement des deux fragments nous permet donc de
reconstituer en partie le cursus d'un sénateur du Haut-Empire; après avoir
assumé les deux premières magistratures, le personnage a été inscrit par
décision impériale parmi les anciens préteurs. Sa carrière prétorienne
comporte au moins deux fonctions civiles, remplies à Eome même, la
présidence des distributions de blé à la plèbe et la gestion du trésor
sénatorial. Peut-être une curatelle de voie s'y ajoutait-elle. Après le
consulat suffect, le sénateur a reçu le gouvernement d'une province
impériale qui n'est pas nécessairement son premier poste consulaire. Cet
avancement est conforme à ce que nous connaissons de la carrière sénatoriale
au Ier et au IIe siècle i1). L'avancement de L. Catilius Severus, sous
Trajan, a été comparable (2). Nous ne pouvons identifier ce personnage
à aucun des préfets de Vaerarium connus.

62 -[.--]

praef. aer. S[at.] 2e moitié du IIe s.

CIL, VI, 1545 = 31677 Eome

[ co(n)s(ulem), V]II vir {um) epul(onum), cur[ator(em) | Pu-


t]eolanor(um) excu\s{atum), \ cu]rator(em) Neapolitan(orum), \ [c]uratorem
alvei Tiberis | [et] cloacarum urbis, leg(atum) pr(o) p[r(aetore) \ projvinciae
Balmat(iae) [excusaî]t(um), praef(ectum) aer(arii) S[at(urni), \ leg(atum)
\

le]g(ionis) X gem(inae) [ ]

Le fragment de l'inscription romaine qui fait connaître cö préfet de


Vaerarium Saturni porte seulement la carrière consulaire du personnage
et une partie de sa carrière prétorienne; le cursus est présenté dans
l'ordre inverse. La titulature de curator alvei Tiberis et cloacarum urbis prouve
que le document n'est pas antérieur au IIe siècle, puisque le premier
curateur connu pour avoir été chargé à la fois des rives du Tibre et des

(!) Voir le tableau III, 2, a, des praef ecti aerarti Saturni.


(2) Voir la notice n° 33.

20
306 l'« AERARIUM SATURNI » ET L'« AERARTUM MILITARE »

égouts de Eome, est Ti. Iulius Ferox, en 101-103 i1). Le nom du sénateur
est perdu; mais il nous paraît naturel de restituer, au début de la première
ligne, le consulat suffect, mis en valeur, comme il est d'usage, avec la
fonction sacerdotale de septemvir epulonum. La lacune de la partie gauche
est variable; son étendue est donnée par l'alignement de la pierre sur
l'initiale du mot [cos] à la ligne 1 et sur celle du mot [pro]vinciae à la ligne 6;
elle est plus importante à l'avant-dernière ligne, puisque nous devons
restituer à la dernière [leg. lé]g. La lacune de la partie droite est plus
réduite encore, puisque les lignes 3 et 4 sont intactes (2). Un seul
complément demeure sujet à caution: celui du début de la ligne 7 où la lettre t,
suivie d'un point, marque la fin d'un mot ou plutôt de son abréviation;
les éditeurs du Corpus proposaient de lire [pori]t(ificem) et les
commentateurs modernes adoptent parfois cette restitution (3). Il ne nous semble
pas possible de la maintenir: le pontificat, si jamais le sénateur l'avait
obtenu, figurerait à côté de la prêtrise, en tête de l'inscription. Aussi
paraît-il raisonnable d'émettre une autre hypothèse qui découle de l'examen
de la carrière.
Nous ne connaissons pas les débuts de ce sénateur; il est déjà de
rang prétorien, lorsqu'il commande à Vindobona, en Pannonie supérieure,
la légion Xa Gemina (4). Il rentre ensuite à Eome, où il gère, pendant
trois ans sans doute, Vaerarium Saturni; il obtient le consulat suffect à
sa sortie de charge. Il peut alors prétendre à une grande curatelle
romaine ou à une légation provinciale. Nous ne tenons pas compte des
curatelles de cités, qui n'appartiennent pas au cursus proprement dit et
peuvent être contemporaines d'un autre poste.
La carrière prétorienne est rédigée dans l'ordre inverse; s'il en est
ainsi de la carrière consulaire, la légation de Dalmatie est la seconde ou
la première responsabilité consulaire, selon que nous restituons ou non
une autre fonction dans la lacune; de même, la curatelle du Tibre serait
la troisième ou tout au moins la seconde charge consulaire du sénateur.
C'est peu vraisemblable; l'étude des curateurs du Tibre montre que cette
curatelle est toujours occupée peu après le consulat, avant les légations

i1) J. Le Grall, Le Tibre, fleuve de Borne dans V Antiquité, Paris, 1953, p. 140,
n° 10, et p. 147.
(2) C'est ce qu'affirme le commentaire de l'inscription OIL, VI, 1545, paru au
CIL, VI, 31677.
(3) Ainsi A. Jagenteufel, Dalmatia, col. 116, n° 43.
(4) J. Fitz, Legati legionum Pannoniae superioris, dans Ada Ant. Acad. Soient.
Eungar., IX, 1961, p. 174, avec notes 106 et 107.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 307

provinciales éventuelles i1). Le gouvernement de la Dalmatie s'obtient,


en général, aussitôt après le consulat ou après une première fonction
consulaire, qui est souvent une grande curatelle romaine (2).
L'avancement d'un sénateur se fait suivant des règles assez souples, mais
cependant définies. Aussi les constatations précédentes nous imposent-elles
l'une ou l'autre des interprétations suivantes:

1) L'ancien préfet du trésor sénatorial, devenu consulaire, est


désigné pour aller gouverner la Dalmatie. Des raisons de santé l'obligent
à refuser le poste et nous restituons à l'avant-dernière ligne [exeusa]-
t(um) (3); les six lettres correspondent exactement aux signes manquant
de la dernière ligne, [leg. le]g. Le sénateur s'est également excusé d'une
curatelle de cité. Nous ne nous arrêtons pas au fait que l'adjectif était
certainement abrégé en excus(atum) à la ligne 3; le lapicide, tenu par
l'espace dont il disposait, a coupé différemment aussi les noms des cités,
l'une en Puteolanor(um), l'autre en Neapolitan(orum) (4). Le sénateur
anonyme n'est donc pas parti pour la Dalmatie: cette légation aurait
été, comme il arrive fréquemment, le premier poste consulaire. Le
premier qu'il ait effectivement exercé est bien la curatelle des rives du Tibre.
Dans les années qui ont suivi le consulat, le personnage a eu quelque
maladie, qui l'a obligé à refuser deux des responsabilités qui lui étaient
offertes.
2) Nous pouvons imaginer aussi que les fonctions consulaires ont
été gravées dans l'ordre où elles ont été exercées: la légation de Dalmatie
aurait ainsi succédé à la curatelle des rives du Tibre. Dans ce cas, nous
pourrions restituer un troisième poste qui serait celui d'une province de
rang consulaire, dont l'abréviation se termine par un t (5).
[Bri]t(annia) est exclue. A. B. Birley a mis à jour et publié les fastes
des gouverneurs de Bretagne (6); si nous dressons, à partir de son étude,

i1) Voir J. Le Gall, op. cit., p. 140-144, et p. 147.


(2) A. Jagenteufel, op. cit., col. 124-125.
(3) Cette restitution m'a été suggérée par M. Pflaum.
(4) Nous nous en tenons à la note du CIL, VI, 31677, qui suppose que les lignes 3
et 4 sont intactes; si elles ne le sont pas, rien n'empêche de lire excu[sat(um)] à la fin
de la ligne 3 et Neapolitaner (um)] à la fin de la ligne 4.
(5) J. Fitz, loc. cit., p. 174, note 107, propose de lire à l'emplacement de la lacune
[ ]< la légation d'Espagne extérieure, mais il adopte un ordre invraisemblable:
consulat suffect, légation espagnole, légation de Dalmatie, curatelle du Tibre.
(6) A. R. Birley, The Boman Governors of Britain, dans Epigr. Studien, IV, 1967,
p. 63-102.
308 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

un tableau récapitulatif de la carrière consulaire des légats, lorsqu'elle


est connue, nous constatons qu'aucun d'entre eux n'a gouverné la
Dalmatie.
En revanche, [Hisp. cï]t. est possible. Si nous examinons les tableaux
que dresse G. Alföldy, à la suite de ses fastes des gouverneurs de
l'Espagne citérieure (*), nous constatons qu'il existe au moins un sénateur,
L. Domitius Gallicanus Papinianus, pour avoir occupé les deux légations,
dans la première moitié du IIIe siècle; ce personnage nous intéresse à
double titre, puisqu'il administrait Yaerarium Saturni avant le consulat:
G. Alföldy place la légation espagnole avant la légation de Dalmatie (2);
mais nous avons montré dans la notice (n° 67) qui étudie la carrière de
L. Domitius Gallicanus Papinianus que le sénateur a avancé
normalement du gouvernement de la Dalmatie à celui de l'Espagne citérieure.
L'ancien préfet du trésor aurait assumé, après le consulat, la
curatelle du Tibre et une curatelle de cité, suivies de deux légations
consulaires. Cette interprétation oblige à postuler un changement dans la
structure du texte; après une carrière consulaire rédigée dans l'ordre
chronologique, figureraient deux postes prétoriens dans l'ordre direct.
C'est peu vraisemblable, bien qu'une anomalie similaire puisse être
constatée sur la pierre de Tarquinies qui porte le cursus de L. Dasumius Tul-
lius Tuscus (3).
Aussi, sans écarter absolument la seconde, retiendrons-nous la
première explication qui nous paraît plus plausible.
Les curatelles financières se multiplient dans la deuxième moitié du
IIe siècle. C'est de cette époque que nous voudrions dater la carrière (4).
La première moitié du IIIe siècle nous paraît exclue, puisque, alors, la
préfecture du trésor sénatorial ne conduit plus directement au consulat (5).
Pouvons-nous déduire de la présentation de ce cursus à l'accusatif
qu'il était traduit du grec? Ce n'est pas suffisant pour préciser l'origine
du sénateur.

(*) Gr. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 201-203 (la carrière consulaire avant la
légation d'Espagne citérieure), et p. 216-217 (la carrière consulaire après la légation
d'Espagne citérieure).
(2) a. Alföldy, ibid., p. 217.
(3) CIL, XI, 3365 = ILS, 1081.
(4) J. Fitz la place au IIe ou au IIIe siècle; A. Jagenteufel la situe au IIe siècle
ou dans la première moitié du IIIe siècle.
(5) Voir les carrières de P. Plotius Eomanus (n° 65), Q. Aradius Eufinus Optatus
Aelianus (n° 66), L. Domitius Grallicanue Papinianus (n° 67), M. Antonius Memfmius]
(n° 69), ainsi que le tableau III, 2, b, des praefecti aerarti Saturni.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 309

63 - A. EGNATIUS A. f. Pal. PBOCULUS


praef. aer. Sat. fin du IIe s.

CIL, VI, 1406 = ILS, 1167 Eome

A(ulo) JEgnatio A(uli) f(ilio) Pal(atina tribu) Proculo, co(n)s(uli), \


praef(ecto) aer(arii) Sat(urni), praef(ecto) f(rumenti) d(andi), leg(ato) le-
g(ionis) | VIII Aug(ustae) p(iae) f(idelis), leg(ato) Aug(usti) prov(inciae)
Afr(icae) dioeces(eos) | Numid(iae), eur(atori) r(ei) p(ublicae) Concord(ien-
sium), cur(atori) r(ei) p(ublicae) Alb(ensium) Fuc(ensium), | cur(atori) r(ei)
p(ublicae) Bovian(ensìum), coniugi carissimo, \ et JEgnatis Secundillae, Pro-
cliano, | IlIIvir(o) mar(um) cur(andarum), et Leoni filis, \ Laberia C(aii)
f(ilia) Galla, chiarissima) f(emina), fecit.

L'inscription romaine qui fait connaître A. Egnatius Proculus


semble être funéraire i1): la formule coniugi carissimo invite à le penser. S'il
en est ainsi, nous devons considérer comme défunts les trois enfants,
Egnatia Secundilla et ses deux frères, Egnatius Proclianus et Egnatius
Leo, dont l'aîné avait déjà assumé le vigintivirat. Laberia Galla a voulu
perpétuer par un monument le souvenir de son époux et de leurs
enfants (2). Le titre de clarissima femina donne un terminus', la carrière
sénatoriale d'Egnatius Proculus n'est pas antérieure au règne de Marc-
Aurèle (3).
Le cursus est d'ailleurs incomplet: le personnage est probablement
entré au sénat à la suite d'une adlectio inter praetorios, qui ne figure pas
sur l'inscription (4). Nous ne connaissons que les quatre fonctions
prétoriennes qui ont conduit Egnatius Proculus au consulat suffect; elles sont
énumérées dans l'ordre indirect; les trois curatelles de cités, mentionnées
à la fin du texte, sont vraisemblablement indépendantes de la carrière
proprement dite.

H E. Groag, PIB2, III, p. 72, n° 30 (sepulcralisf), et G. Barbieri, Albo senatorio,


p. 347, n° 2010 (forse sépulcrale), évoquent cette possibilité. De fait, la pierre que j'ai
pu voir à Eome invite à le penser.
(2) Dans l'hypothèse (peu vraisemblable) d'un monument honorifique,
commémorant le consulat d'Egnatius Proculus, il serait plus normal, les trois enfants étant
vivants, de trouver leurs noms parmi les dedicante, associés à celui de leur mère.
(3) Gr. Barbieri, op. cit., p. 2: l'indication cf. ou c.v. est rare avant le règne de
Marc-Aurèle.
(4) Nous avons constaté la même omission sur l'inscription d'Astorga qui porte
la carrière prétorienne de Q. Mamilius Capitolinus; voir la notice n° 60.
310 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE ))

Le premier poste est celui de leg(atus) Aug(usti) prov(inciae) Afr(icae)


dioeces(eos) Numidiae. Cette titulature, dont il n'existe pas d'autre
exemple, a suscité de multiples commentaires. Le terme Numidia n'apporte pas
une précision géographique suffisante pour trancher le débat, puisqu'il
s'applique aussi bien à la ÎTumidie d'Hippone qu'à celle de Lambèse. Les
uns ont identifié le personnage au seul légat impérial connu dans la
province, le commandant de la IIIe légion, à Lambèse (x), avec quelques
nuances; ainsi E. Birley considérait, en 1950, A. Egnatius Proculus
comme un légat de la Numidie de Lambèse vers 238-240, aussitôt après la
disparition de la légion (2). Les autres ont conclu de la formule leg(atus)
prov(inciae) Afr(icae) qu'il s'agissait tout simplement d'un légat du
proconsul d'Afrique (3); ils ont reconnu le diocèse d'Hippone sous
l'expression dioeeesis Numidiae; mais ils devaient expliquer la mention de
l'empereur, leg(atus) Aug(usti), par une erreur du lapicide, puisque le
proconsul choisissait lui-même ses légats. A. Chastagnol a suggéré, en 1958,
une interprétation qui rendait compte des divers éléments du titre: ce
légat impérial est le commandant de la IIIe légion; il faut donc admettre
« que le chef de la légion était effectivement considéré comme un légat
de la province d'Afrique et que la Numidie constituait, aux yeux des
Eomains, une dioeeesis en tout point comparable aux « diocèses » de
Carthage et d'Hippone » (4).
Dans une étude récente, H.-G. Pflaum s'est attaché à expliquer
l'existence de légats impériaux dans les provinces sénatoriales (5). Il
n'est donc plus nécessaire d'identifier A. Egnatius Proculus, leg(atus)
Aug(usti), au commandant de la légion d'Afrique dont la désignation
incombait à l'empereur. Or, mise à part la nomination impériale
indiquée sur la pierre romaine, le titre d'A. Egnatius Proculus rappelle

(x) C'est le cas de Kornemann, BE, V, 1905, col. 722, et de E. Bitterling, BE,
XII, 1925, col. 1502.
(2) E. Birley, The Governors of Numidia A.D. 193-268, dans JB8, XL, 1950,
p. 64-65.
(3) Cl. Pallu De Lessert, Fastes des provinces africaines sous la domination
romaine, Paris, 1896, p. 401; S. Gsell, Atlas archéologique de l'Algérie, Alger, 1911,
feuil e 9, p. 6; E. Albertini, Bull, de V Académie d'Hippone, 1930-1935, p. 30; E. Groag,
PIB2, III, p. 72, n° 30; G. Barbieri, Albo senatorio, p. 347, n° 2010, et plus
récemment B. E. Thomasson, Die Statthalter, II, p. 232.
(4) A. Chastagnol, Les légats du proconsul d'Afrique au Bas-Empire, dans Li-
byca, VI, 1958, p. 9.
(5) H.-G. Pflaum, Légats impériaux à l'intérieur de provinces sénatoriales, dans
Hommages à Albert Grenier, coll. Latomus, LVIII, 1962, p. 1232-1242.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 311

celui du légat d'Hippone, legat(us) promnc{iae) Africae dioeceseos Hippo-


niensis, dont la première mention assurée se rencontre sous le règne de
Commode ou au début de celui de Septime-Sévère (x); si ce légat du
proconsul d'Afrique est bien L. Publilius Probatus (l'identité paraît
vraisemblable (2)), il porte sur une inscription de Bénévent le titre de legatus
provinc(iae) [Afrï]cae per Numidiam [Hippon?]ensium (3). Nous retenons
par conséquent la suggestion de H.-G. Pflaum, pour qui A. Egnatius
Proculus a été « envoyé par le prince en mission extraordinaire en Afrique
proconsulaire, et plus précisément en Numidia Eipponensis, où il a pris,
à Hippone, la place du légat du proconsul » (4).
A. Egnatius Proculus a commandé une légion, la huitième Auguste,
en garnison à Argentorate (5). Les surnoms de pia fidelis, gravés sur la
pierre romaine, ont été décernés par Commode à la légion vers 185 (e);
ils donnent donc un terminus post quem pour les préfectures qui ont suivi.
La praefectura frumenti dandi apporte aussi un élément de
datation (7). Les titulaires de cette charge disparaissent sous les règnes de
Septime-Sévère, Caracalla et Elagabal. Ces princes retirèrent au sénat
les distributions de blé à la plèbe romaine et confièrent le service de la
frumentatio à un fonctionnaire impérial de rang prétorien, le praefectus
Miniciae, lui-même adjoint du curator aquarum et Miniciae de rang
consulaire. Sous le règne de Sévère-Alexandre qui lui est favorable, le sénat
retrouve son ancienne prérogative; des praefecti frumenti dandi
réapparaissent après 222. C'est du moins l'interprétation traditionnellement
donnée à ces variations de l'administration frumentaire. Egnatius Pro-

(x) CIL, IX, 1592 = ILS, 1126: le personnage a bénéficié en effet d'une adlectio
inter quaestorios a divo Commodo.
(2) AE, 1933, 155 = 1937, 54; l'identité des deux personnages a été suggérée
par J. Carcopino, BAC, 1934-1935, p. 151-155, et admise par G. Barbieri, op. cit.,
p. 103, η« 439, et B. E. Thomasson, op. cit., II, p. 141.
(3) CIL, IX, 1592 = ILS, 1126; A. Chastagnol, Libyca, VI, 1958, p. 8, note 4,
remarque que la restitution Numidiam [Hippori]ensium « demeure sujette à caution ».
(4) H.-G. Pflaum, Hommages à Albert Grenier, coll. Latomus, LVIII, 1962, p. 1241.
(5) G. Alföldy, Die Legionslegaten der röm. Rheinarmeen, dans Epigr. Studien, III,
1967, p. 57-58, n° 74, place ce commandement entre 222 et 234, en se référant à la date
récemment proposée par H.-G. Pflaum pour le poste suivant (voir la note 6).
(e) E. Eitterling, BE, XII, col. 1660, legio; il situe le commandement d'A.
Egnatius Proculus sous le règne de Septime-Sévère (col. 1661).
(7) Par la méthode prosopographique, H.-G. Pflaum, Les praefecti Miniciae,
dans Bonner Jahrbücher, CLXIII, 1963, p. 232-237, a apporté des précisions sur la
réforme de la frumentatio déjà constatée par D. Van Berchem, Les distributions de
blé et d'argent à la plèbe romaine sous VEmpire, Genève, 1939, p. 97.
312 ΐΛ( AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

culus aurait ainsi exercé cette magistrature pendant une année, soit à
la fin du règne de Commode (x), soit au début du règne de Sévère-
Alexandre (2). Les règnes de Septime-Sévère, Caracalla et Elagabal paraissent
exclus.
Le sénateur est désigné ensuite par l'empereur pour gérer la caisse
sénatoriale; ce quatrième poste prétorien l'élève au consulat suffect.
L'avancement dont a bénéficié A. Egnatius Proculus nous semble plus
naturel pour un sénateur du IIe siècle que pour un sénateur du IIIe. En
effet, si la préfecture de Vaerarium élève régulièrement ses titulaires au
consulat suffect sous le règne de Commode, il n'en est plus de même sous
Sévère-Alexandre, comme en témoigne la carrière récemment découverte
de Q. Aradius Bufinus Optatus Aelianus (3).
Divers éléments de l'inscription romaine semblent plaider aussi en
faveur de la datation haute: l'indication de la tribu pour un consulaire;
l'exercice du vigintivirat pour l'un des fils du sénateur. Nous placerons
la préfecture du trésor à la fin du IIe siècle, dans les dernières années du
règne de Commode ou les premières du règne de Septime-Sévère (4).
Les curatelles de cités sont naturellement destinées à un personnage
dont les compétences financières ne font pas de doute; son origine
italienne, attestée par le gentilice Egnatius (5) et la tribu Palatina (β),
explique sa désignation comme curateur de Concordia, Alba Fucens et Bo-
vianum.

(x) C'est la date qu'a adoptée H. -G. Pflaum dans sa première liste des
responsables sénatoriaux des distributions de blé, dans Historia, II, 1953-1954, dépliant
après la p. 444.
(2) C'est la date indiquée par H.-G-. Pflaum dans la mise à jour de cette liste,
dans les Bonner Jahrbücher, CLXIII, 1963, p. 236.
(3) Voir la notice n° 66 et le tableau III, 2, b, des praefecti aerarti Saturni.
(4) A. Chastagnol, Libyca, VI, 1958, p. 9, note 9, date l'inscription entre Marc-
Aurèle et Septime-Sévère; J. Marcillet-Jaubert, Contributions aux Fastes de Numidie,
dans Bull. Arch, alg., Il, 1966-1967, p. 173, note 3, pense aux dernières années du
règne de Commode pour la légation en Afrique, mais ne justifie pas ce choix.
(5) Ce gentilice se rencontre sous sa forme étrusque ecnate, ecnatna et sous sa
forme latine Egnatius un peu partout en Etrurie et en Ombrie: CIL, XI, 1924 (Pé-
rouse); 5470-71-72 (Assise); 3083, 7505 (Falères), etc.; CIE, 200 (Sienne); 352 (Cas-
telnuovo); 1950 (Chiusi); 4918, 5130, 5201 (Bolsena); OIE, 5511 = TLE, 144 (Tar-
quinies); cf. W. Schulze, Lot. Eigennamen, p. 188, avec note 1, et B. Liou, Praetores
Etruriae XV populorum, coll. Latomus, 1969, p. 76.
(6) Cf. J. W. Kubitschek, Imperium Eomanum, p. 7; l'origine italienne est
indiquée aussi par P. Lambrechts, Sénat romain, II, p. 67, n° 946, et G. Barbieri,
op. cit., p. 347, n° 2010.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 313

Son épouse, Laberia C. f. Galla (x), appartient aussi à une famille


italienne; elle pourrait être, à notre avis, la fille du consulaire C. Laberius
Quartinus, qui, en 173, érigea une statue en l'honneur de l'impératrice
Faustine à Ferentinum (2).
Nous ne connaissons pas de gens sénatoriale Egnatia au IIe siècle,
bien que le gentilice Egnatius soit répandu en Italie; le préfet est peut-
être d'origine équestre. Bien ne permet de préciser sa parenté avec
Q. Egnatius Proculus, qui fut consul suffect au début du IIIe siècle (3). Un
sénateur polyonyme contemporain de Sévère-Alexandre, C. Luxilius Sa-
binus Egnatius Proculus, porte aussi ce nom (4). Il est possible que Leo,
préfet de la ville en 220 (5), appartienne à la même famille, puisque l'un
des fils d'Egnatius Proculus portait le cognomen Leo, qui est peu répandu.
Il reste à évoquer une éventualité que nous ne pouvons pas écarter:
la pierre romaine n'est pas nécessairement funéraire. Dans ce cas, elle
commémorerait simplement le consulat du sénateur dont la carrière peut
s'être poursuivie. Or, une inscription grecque, retrouvée à Sparte, fait
connaître un certain Egnatius Proc(u)lus, qualifié de δ λαμπρότατος
νπατικός et de επανοοΰωτής (6); ce document date d'après Groag de
l'époque des Sévères (7). Le personnage a donc exercé, en Achaie, les
fonctions d'un corrector, légat consulaire chargé d'inspecter les finances des
cités. E. Groag l'identifiait plutôt à Q. Egnatius Proculus qu'à A.
Egnatius Proculus, du fait que l'inscription romaine qui fait connaître ce
dernier semble funéraire; mais il n'excluait pas non plus la seconde
possibilité (8). Plusieurs précédents attestent que la remise en ordre des
finances provinciales peut s'insérer dans la carrière d'un préfet du trésor (9),
mais, ces charges avaient été remplies jusqu'alors, avant la préfecture.

(x) L. Petersen, PIBZ, V, l,.p. 4, n° 14, ne suggère aucune filiation; elle indique
le règne de Sévère-Alexandre d'après la dernière liste des praefecti frumenti danài
établie par H.-G-. Pflaum dans les Bonner Jahrbücher, LXIII, 1963, p. 236.
(2) CIL, X, 5824 = ILS, 381; cf. L. Petersen, ibid., p. 4, n° 13.
(3) CIL, IX, 6414 b = ILS, 1166 (Asculum dans le Picenum); cf. E. G-roag,
PIBZ, III, p. 71, η» 29, et G. Barbieri, op. cit., p. 61, n° 205.
(4) CIL, XI, 6338 = ILS, 1187; cf. L. Petersen, PIE2, V, 1, p. 116, n° 452.
(5) Dion Cassius, LXXIX, 14, 2; cf. G. Barbieri, op. cit., p. 79, n° 324, et G. Vi-
tucci, Ricerche, p. 120.
(6) CIG, 1341 = IO, V, 1, 541, 1. 17-21: υπό τε της λαμπρότατης βον\λής και τον
Ιερωτάτου δήμου και τφ λαμπρ[ο]τάτω ύπατικω Έγνατίω Πρόκλω επανορ&ω[τ^] εδοξεν.
|

C) E. Groag, Achaia, col. 132, η° 549.


(8) Id., ΡΙΒΖ, III, p. 71-72, n° 29, n° 30, et n° 31.
(9) L. Burbuleius Optatus Ligarianus, logista Syriae (n° 40); C. Iulius Severus,
314 ΐΛ AERARIITM SATURNI » ET L5« AERARIUM MILITARE »

Aussi considèrerons-nous que la carrière d'A. Egnatius Proculus s'est


probablement arrêtée au consulat suffect, au début du règne de Septime-
Sévère, par suite du décès du sénateur. Au cas où la découverte d'un
document nouveau viendrait infirmer l'hypothèse que l'inscription romaine
est funéraire, il serait permis d'identifier le corrector d'Achaïe à l'ancien
préfet du trésor sénatorial.

Originaire de l'Italie centrale, A. Egnatius Proculus est entré sans


doute au sénat par adlectio inter praetorios; il a parcouru une carrière
prétorienne équilibrée: deux postes au service de l'empereur dans les
provinces occidentales, deux autres, à Borne même, au service du sénat.
Il a géré le trésor sénatorial à la fin du IIe siècle, dans les dernières années
du règne de Commode ou au début du règne de Sep time-Sé vére; comme
il était d'usage à cette époque, la préfecture financière l'a élevé au
consulat suffect.

64 - M. SALONIUS LONGINIUS MAECELLUS

p<ra>e</>. aer. Sat. 2e moitié du IIe s.-Ière moitié du IIIe s.

CIL, IX, 2592 Terventum, regio IV

M(arco) Salonio | Longinio Mar\cello, chiarissimo) v(iro),


\

st(ori) | cand(idato), leg(ato) pro [praet(ore) prov(inciae)~\ Afr(icae), tri-


|

b(uno) ple(bis), \ leg(ato) pro pr(a}et(ore) prov(inciae) Moestae (sic),


\

pr(aetori), p(ra}e(f}(ecto) aer(arii) Sat(urni), Terventina\tes, patrono pi(is-


|

siy\mo, d(ecreto) d(ecurionum).

M. Salonius Longinius Marcellus est connu par une unique inscription


de Terventum, dans le Samnium (x), dont les lettres sont maladroitement
gravées et le texte souvent fautif. Honoré comme patron par le conseil
municipal, le sénateur est peut-être originaire de cette cité italienne: aucun
des postes qu'il a occupés ne peut en effet expliquer ce patronat.
Le titre de c(larissimus) v(ir) prouve que le document n'est pas an-

missus in Bithyniam ad corrigendum statum provinciae (n° 41); C. Vettius Sabinianus


Iulius Hospes, leg. Aug. ad ordinandos status insularum Cycladum et leg. Aug. rationibus
putandis trium Galliarum (n° 54).
(x) PIB1, III, p. 161-162, n° 79; G. Barbieri, Albo senatorio, p. 368-369, n° 2096.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 315

térieur au IIe siècle et qu'il se place sans doute après le règne de Marc-
Aurèle i1). Le cursus est rédigé dans l'ordre direct, semble-t-il, de la
questure à la fonction prétorienne de préfet du trésor de Saturne. Il n'est pas
fait mention du consulat.
Le premier poste connu est celui de quaest(or) cand(idatus). Momm-
sen pensait que cette simple formule, sans la précision du nom de
l'empereur au génitif, ne se rencontrait pas avant la fin du IIe siècle (2). On
en connaît désormais quelques exemples depuis l'époque d'Hadrien; mais
il est vrai que l'expression devient usuelle à partir du règne d'Antonin
le Pieux: l'habitude se perd à ce moment d'indiquer le nom du prince
qui a fait bénéficier le sénateur de sa commendati*) (3).
Après la questure, Marcellus accompagne un proconsul en Afrique,
en qualité de légat (4). Le tribunat de la plèbe invite à ne pas dépasser
le règne d'Alexandre-Sévère, après lequel cette magistrature se
raréfie (5). Le poste suivant est surprenant; la gravure Moestae provient d'une
erreur du lapicide. Faut-il vraiment penser au gouvernement consulaire
de la Mésie, alors que le consulat ne figure pas sur l'inscription? Le titre
lui-même n'est pas favorable à cette interprétation; comme l'a déjà
remarqué A. Stein (6), il manque la précision leg(atus) Aug(usti) et on ne
sait laquelle des deux Mésies Marcellus aurait dirigée. Pourtant Stein
retenait ce sénateur comme un Statthalter, ungewiss, von welcher des
beiden Moesiae du IIe ou du début du IIIe siècle. Entre le tribunat
de la plèbe et la preture, ne serait-il pas possible de penser à une seconde
légation auprès d'un proconsul, plus conforme à la titulature du
personnage % Nous pourrions alors comprendre Asiae au lieu de Moestae.
La préfecture de Vaerarium Saturni est elle-même gravée sous la
forme p(ra}e(f.} aer. Sat. Il semble qu'elle soit l'unique poste prétorien
de ce sénateur.

(x) G. Barbieri, op. cit., p. 1: le titre c.v. apparaît au IIe siècle; mais il est rare
avant l'époque de Marc-Aurèle.
(2) Th. Mommsen, Droit public romain, Y, p. 211.
(3) Gr. Barbieri, op. cit., p. 3-4; M. Cébeillac, Les « quaestores principia et emidi-
dati » aux Ier et Ilème siècles de VEmpire, Milan, 1972, p. 217.
(4) B. E. Thomasson, Die Statthalter, II, p. 142, n° 50, le place entre Trajan et
Alexandre- Sévère à la suite de A. Stein; A. Chastagnol le situe à la fin du IIe siècle
ou au début du IIIe, dans sa liste des légats du proconsul d'Afrique après 198, dans
Libyca, VI, 1958, p. 16-17.
(5) Gr. Barbieri, op. cit., p. 5.
(e) A. Stein, Moesien, p. 111.
316 ΐΛ AERARITJM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

II est difficile de tirer des conclusions d'un texte aussi fautif; sans
doute date-t-il de la deuxième moitié du IIe siècle ou de la première moitié
du IIIe. Il convient de remarquer, si notre interprétation est juste, que
ce personnage a parcouru une carrière limitée au service du sénat.

65 - P. PLOTIUS BOMANUS
praef. aer. Sat. vers 216-218

1 - CIL, VI, 332 = ILS, 1135 Borne

[Her]cul[i] \ Victori, | P(ublius) Plotius Eomanus, co(n)s(ul), sod(alis)


Aug(ustalis) Cl(audialis), | leg(atus) Aug(usti) pr(o) pr(aetore) prov(indae)
Arab{iae) item Gal(atiae), | praef(ectus) aer(arii) Sat(urni), leg(atus) Au-
g(usti) cens(ibus) acc(ipiendis) Hisp(aniae) eit(erioris), iur(idicus) per

|
Aem{iliam) Lig(uriam), cur(ator) viae Labic(anae), cur(ator) Verc(ellen-
sium), | pr(aetor) urb(anus), trib(unus) pl(ebis), q(uaestor) Jcand(idatus),
sévir eq(uitum) R(omanorum) tur(mae) II, | trib(unus) mil(itum) leg(ionum)
1 Min(erviae) et II Adiut(ricis), IIIIv(ir) v(iarum) cur(andarum), \ aedem
cum omni cultu consecravit.

2 - H. Swoboda, J. Keil, Fr. Knoll, Denkmäler Vasada, Lycaonia


aus LyJcaonien, Pamphylien und Isaurien, I, Brunn,
Prague, Leipzig, Vienne, 1935, p. 25, n° 38
= AE, 1937, 251
Ύπερ της τοΰ Κυρίο[υ Αύτοκράτορος Μ(άρκου) Αυρηλίου Κομμόδου] | Άντω-
νείνου Σεβ\αατοϋ Εΰαεβοΰς Σαρματικοϋ Γερμανικού] \ μεγίστου τύχης κα[1 αίδίας
διαμονής ή φιλοΰέβ(αΰτος) Οϋαύαδέων] \ πόλις κατεοκεύαο[εν εκ θεμελίων?
ηγεμονεύοντος τοϋ λαμπρο]τάτου Πλωτίου "Ρωμ[ανοϋ, πολιτευομέυου ? ] | Καα-
αιανοϋ Νεωνο[ς ] | Έκεράμωσεν δε Γ[ ]

Le sénateur P. Plotius Bomanus, qui a consacré à Borne un temple


à Hercules Victor, divinité honorée à Tibur (*), descend probablement du
chevalier Q. Plotius Bomanus, equo publico exornatus a divo Hadriano,
connu par deux inscriptions d'Ostie (2); la famille du chevalier d'Hadrien,

(x) M. Jaczynowska, Les cultores Herculis à Tibur, dans Przeglad History czny,
L1X, 3, Varsovie, 1968, p. 436-437.
(2) CIL, XIV, 400 et 401.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 317

inscrit dans la tribu Quirina, n'était peut-être pas originaire d'Ostie


même (*); mais elle était italienne. P. Plotius Eomanus était très fortuné:
la dédicace d'un temple avec toute sa parure en témoigne.
Le cursus romain du sénateur est complet jusqu'au consulat suffect;
les postes sont gravés dans l'ordre inverse. Une inscription de Vasada,
en Lycaonie, lui donne le titre de gouverneur, sous le règne d'un
empereur Αντωνείνος qui peut être Commode (180-192), Oaracalla (198-217)
ou Elagabal (218-222); le nord de la Lycaonie, avec Vasada, était
rattaché à la province de Galatie depuis Antonin (2). La légation de Ga-
latie se place donc entre 180 et 222 (3). Aucun élément ne paraissait
décisif; la plupart des commentateurs ont penché pour le règne de
Commode (4). Il est vrai que la dédicace d'un temple à l'Hercule de Tibur
pouvait faire penser à l'époque de ce prince qui se présenta comme un nouvel
Hercule (5).
Pourtant une particularité de la carrière n'est pas en accord avec
cette datation; nous avons remarqué que les préfets du trésor de Saturne
connus pour avoir exercé leur activité sous ce règne ont obtenu
directement le consulat suffect (6). Or, parmi les sept responsabilités prétoriennes
de Eomanus, la préfecture occupe la cinquième place; le gouvernement
de deux provinces impériales prétoriennes s'intercale entre la gestion du
trésor et te consulat suffect. G. Alföldy a établi pour sa part une liste de
sénateurs qui ont assumé de même deux légations successives dans des
provinces impériales confiées à d'anciens préteurs (7); il a constaté que
des carrières de ce type se rencontrent à partir du règne de Septime-

(x) Les habitants d'Ostie sont inscrits dans les tribus Palatina et Voturia; cf.
W. J. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 26.
(2) K. K. Sherk, The Legates of Galatia, p. 62.
(3) Id., ibid., p. 74-75.
(4) PIB1, III, p. 54, n° 391. W. Altmann, Die röm. Grabaltäre der Kaiserzeit,
Berlin, 1905, p. 174, flg. 140, a publié une photographie de l'inscription, et, p. 183-184,
la situe à l'époque de Commode. Lamberts, BE, XXI, 1, 1951, col. 595-596, n° 11,
Plotius, D. Magie, Boman Buie, II, p. 1597 (avec une erreur sur le nom), et F. Grosso,
La lotta, p. 569 conservent la date traditionnelle. Mais G·. Barbieri, Albo senatorio,
p. 363-364, n° 2077, et add. p. 648, qui a réexaminé les caractères d'après la
photographie, pense qu'elle est postérieure; A. Degrassi, Fasti consolari, p. 333, ne prend pas
position, puisqu'il date le consulat suflect de la fin du IIe siècle ou du début du IIIe.
(δ) 8ΗΑ, vita Commodi, 8, 5: appellatur etiam Bomanus Hercules.
(6) M. Petronius Sura Mamertinus (n° 57); T. Aius Sanctus (n° 58); Ti. Claudius
Grordianus (n° 59).
(7) G. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 99.
318 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

Sévère; les seuls exemples connus pour une époque antérieure — il y en


a deux — s'expliquent par des campagnes militaires (*). G. Alföldy en a
déduit que le cursus de Eomanus peut difficilement appartenir au règne
de Commode; et notre observation préliminaire nous incite à adopter la
même conclusion. P. Plotius Eomanus a gouverné la Galatie sous Cara-
calla ou Elagabal.
La chronologie que suggère G. Alföldy nous paraît très
vraisemblable (2); elle repose sur deux dates qui sont presque assurées: P. Plotius
Eomanus a participé aux opérations de recensement en Espagne cité-
rieure vers 215, à la suite de la réforme administrative de Caracalla qui
a partagé la province en deux; il a gouverné l'Arabie vers 221-222,
puisqu'une lacune s'offre à cette époque dans les fastes de la province,
complets pour la décennie précédente.
Nous examinons rapidement les étapes de la carrière pour préciser
leur datation. P. Plotius Eomanus a commencé par le poste de quattuorvir
viarum curandarum, qui laissait présager pour lui une carrière militaire (3);
de fait, il a exercé à deux reprises le tribunat, d'abord à Aquincum, en
Pannonie inférieure, où était cantonnée la deuxième légion Adiutrix (4),
ensuite à Bonn, en Germanie inférieure, où était stationnée la Ia Mi-
nervia (5). Ce service militaire date du règne de Septime-Sévère (6).
Eomanus a reçu aussi la fonction honorifique de sévir equitum Romanorum,
qui lui permit de conduire un escadron de jeunes chevaliers lors du lusus
Troiae. Il fut élu questeur avec la commendatio impériale, puis devint
normalement tribun de la plèbe et préteur urbain.
Ses premières responsabilités après la preture le retiennent en Italie;
il est curateur de Vercellae, en Transpadane; puis il obtient le soin de la
via Labicana seule, peu avant l'année 210, époque où la surveillance de
cette route fut confiée au curateur chargé de la via Latina, qui la prolonge

i1) G. Alföldy, ibid., p. 100.


(2) Id., ibid., p. 102.
(3) E. Birley, Senators in the Emperors' Service, dans Proc. of the Brit. Acad.,
XXXIX, 1953, p. 202-203.
(4) E. Eitterling, ME, XII, col. 1443-1445, legio.
(5) E. Eitterling et E. Stein, Fasti des röm. Deutschland, p. 146.
(β) Gr. Alföldy, op. cit., p. 102, suppose que Eomanus a dû cette double
désignation à C. Valerius Pudens, qui fut leg. Aug. pr. pr. Pannoniae inf. vers 192-194, puis
leg. Aug. pr. pr. Germaniae inf. vers 197-200; cf. G-. Alföldy, Septimius Severus
und der Senat, dans Bonner Jahrbücher, CLXVIII, 1968, p. 153. Sans être assurée, la
suggestion est intéressante.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 319

vers le sud (*). Le juridicat se situe donc vers 211-212 (2). Eomanus est
envoyé en Espagne comme censitor; vers 214-215, il a aidé au recensement
de la « vieille » Hispania citerior. En effet, à la suite du partage décidé
par Caracalla, la région d'Asturie et Galice est devenue une province
autonome et a reçu le nom de provincia Hispania nova citerior Antoni-
niana, tandis que le reste de la province conservait le nom de Hispania
citerior (3). Cette réforme est traditionnellement datée de l'année 214,
d'après deux dédicaces élevées par C. Iulius Cerealis, qui fut le premier
leg(atus) Aug(usti) pr(o) pr(aetore) pr(ovinciae) H(ispaniae) n(ovae) c(ite-
rioris) Anton[i]nianae, après la division de la province (4). P. Plotius
Eomanus revient ensuite à Eome où il administre Vaerarium Saturni dans
les années 216 à 218 peut-être. Il gouverne la Galatie sous Elagabal, vers
219-220. En effet, les fastes de la province d'Arabie, très complets à cette
époque, offrent une lacune pour situer vers 221-222 le séjour à Petra de
l'ancien préfet du trésor (5). Eomanus fut consul suffect soit en son
absence, en Arabie même, soit lors de son retour à Eome, vers 223.

Ce sénateur italien a été admis dans le collège des sodales Augustales


Claudiales. Sa carrière prétorienne a été très fournie: une quinzaine
d'années sépare la preture du consulat. Sous Caracalla et Elagabal, la gestion
de Vaerarium Saturni n'élève plus au consulat suffect; la préfecture
financière reste cependant la plus importante des fonctions administratives
réservées aux anciens préteurs, avant le gouvernement de provinces
impériales.

66 - Q. AEADIUS EUFINUS OPTATUS AELIANUS

praef. [aer. 8atu]rni début du règne de Sévère-Alexandre

1 - A. E. Birley, Epigr. Studien, TV, Bulla Regia,


1967, p. 83 Afr.procos

(x) Voir l'étude de ce réseau routier par H. -G. Pflaum dans Corolla memoriae
Erich Swoboda dedicata, 1966, p. 185-186; G. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 102,
indique à tort « um 210 ».
(2) Voir M. Corbier, Les circonscriptions judiciaires de VItalie, de Marc-Aurèle
à Aurélien, dans MEFBA, 85, 1973, 2, p. 627, et p. 667-668.
(8) E. Albertini, Les divisions administratives de V Espagne romaine, Paris, 1923,
p. 77, et G. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 208-209.
(4) CIL, II, 2661 = ILS, 1157, et CIL, II, 5680; -cf. G. Alföldy, ibid., p. 49.
(5) H. -G. Pflaum, Les gouverneurs de la province d'Arabie de 193 à 305, dans
Syria, XXXIV, 1957, p. 137-144, situait la légation de P. Plotius Eomanus entre
180 et 220; voir la liste remise à jour par G. Alföldy, op. cit., p. 101.
320 ΐΛ< AERARIÜM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Q(uinto) Aradio Bufino | Optato Aeliano, co(n)s(uli), \ sodal[ï] Augustali,


agenti \ vice p\f\oco(n)s(ulis) prov(inciae) Afrih(ae), | leg(ato) Au[g(usti)]
pr(o) pr(aetore) provinciarum | [Syriae] Coelae item Phoe\[nic(es) ite~]m Ga-
latiae, praef(ecto) [aer(arii) Satujrni, praef(ecto) aera\[ri mil(itaris), l]e-

\
g{ato) leg(ionis) VII [ ]

2 - CIL, VI, 1984 = ILS, 5025 Fasti collegii sodalium


Augustalium Claudialium
Q(uintus) Aradius Bufinus cooptatus Imp(eratore) Antonino II et
Sacerdote II co(n)s(ulibus), p(ost) B(omam) c(onditam) ann(o) DCCGCLXXII.
a. 219

3 - B. P. Wright, JBS, LI, 1961, p. 191, (Beculver), Begulbium


n° 1, pi. XXII, n«4 = AB, 1962, 258; Britannia.
cf. JBS, IN, 1965, p. 220, n° 1

Aedem p[rinci]piorum | cu[m b]asilica \ su[b Q(uinto) A]r[ad]io


Bufino | co(n)s(ulari) | [ fo]rtunatus | [ lit.

Peut-être 4 - CIL, Vili, 14688 et 14689 Près de Thuburnica


= ILS, 3937 et 3938

Soli, Q(uintus) Aradius Bufinus | co(n)s(ul) votum.


|

Lunae, Q(uintus) Aradius Bufinus co(n)s(ul) votum.


\

Le document qui fait connaître ce sénateur, chargé des deux


préfectures financières, n'a pas été publié et nous reproduisons la lecture
que A. B. Birley a donnée de l'inscription i1): Q. Aradius Bufinus Optatus
Aelianus a été honoré à Bulla Begia, alors qu'il exerçait la fonction de
agens vice proconsulis provinciae Africae. La pierre, qui présente un cursus
indirect, est mutilée dans le bas; nous connaissons la carrière à partir
des fonctions prétoriennes seulement.

L'apparition d'une gens sénatoriale Aradia se situe précisément au


début du IIIe siècle: un Q. Aradius Bufinus est coopté parmi les sodales

A. K. Birley, The Eoman Governors of Britain, dans Epigr. Studien, IV, p. 83.
LES NOTICES INDIVIXHJELLES 321

Augustales Claudiales en 219 i1); un Aradius Paternus est légat de Cap-


padoce en 231 (2). Nul doute que le préfet des deux trésors, qui est dit
lui-même sodalis Augustalis sur la pierre de Bulla Regia, s'identifie au
premier de ces personnages. Le consul suffeet Q. Aradius Rufinus, dédi-
cataire d'une double inscription africaine offerte au Soleil et à la Lune,
trouvée près de Thuburnica, est soit le nôtre, soit l'un de ses
descendants (3): en effet, les Aradii sont connus au IVe siècle; ils appartenaient
alors à l'aristocratie sénatoriale la plus en vue (4). Nous savons ainsi, par
une lettre de Libanius à Aradius Euflnus, comte d'Orient en 363-364,
qu'un ancêtre de ce sénateur avait gouverné la Syrie (5); s'agit-il
justement du légat de Syrie honoré à Bulla Regiaì C'est possible.
La gens Aradia s'est perpétuée pendant deux siècles. Quel que soit
le consul de cette famille qui ait élevé la double dédicace de Thuburnica,
l'existence de ces inscriptions atteste l'origine africaine des Aradii (β).
Mais nous pouvons être plus précis et affirmer qu'ils étaient originaires
de Bulla Regia, où un certain nombre d'inscriptions inédites
mentionnent des membres de cette famille (7).
Le cursus de Bulla Regia et les fastes du collège des sodales Augustales
Claudiales nous permettent de conclure que Q. Aradius Rufinus Optatus
Aelianus fut chargé du vicariat de la province d'Afrique après 219.
Or, une inscription trouvée à Reculver, dans le comté de Kent, fait
connaître, pour le IIIe siècle, un gouverneur de la province de Bretagne

(x) Sur Q. Aradius Rufinus, sodalis Augustalis Claudialis, voir les notices de
P. v. Rohden, RE, II, 1, 1895, col. 371, n° 3, Aradius; E. Groag, P1R*, I, p. 198,
n° 1016; P. Lambrechts, Sénat romain, II, p. 15, n° 36; G. Barbieri, Albo senatorio,
p. 19, η» 47.
(2) R. P. Harper, Roman Senators in Gappadocia, dans Anatolian Studies, XIV,
1964, p. 164-166; cf. AE, 1964, 5: .. . .per Aradium Paternum leg(atum) Aug(usti)
praes(idem) prov(inciae).
(3) E. G-roag, loe. cit., p. 198, n° 1Ö17, envisage cette identité; P. Lambrechts et
G-. Barbieri consacrent une notice unique au sodalis Augustalis et au consul; A. Chas-
tagnol, Fastes, p. 59-62, n° 22, propose d'attribuer ces dédicaces au préfet de la Ville
de 312: (Q.?) Aradius Rufinus; A. R. Birley et R. P. Harper identifient les deux
personnages.
(4) A. Chastagnol, notice citée; voir aussi le stemma des Aradii, établi par le
même auteur p. 295, appendice V.
(6) E. Groag, PIJS2, II, add. et corr. p. xiv, n° 1013 a.
..(·.) C'est la conclusion à laquelle s'arrêtent E. Groag, P. Lambrechts, G.
Barbieri et A. Chastagnol.
(7) La famille est encore honorée à Bulla Regia au IVe siècle: GIL, VIII, 14470.

21
322 L'a AERABIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Eufinus. Le premier éditeur de ce texte rapprochait ce nom de


celui de A. Triarius Rufinus, qui fut consul ordinaire en 210 (x). Dans sa
publication de l'inscription de Cappadoce, sur laquelle figure le légat de
231, Aradius Paternus, R. P. Harper suggère plutôt le nom de Q. Aradius
Rufinus, qui s'inscrit exactement dans la lacune de la pierre de Recul-
ver (2); il s'appuie sur le fait que les légats de Bretagne supérieure sont, à
cette époque, d'anciens consuls suffects et non d'anciens consuls
ordinaires. Dans ses fastes des gouverneurs de Bretagne, A. R. Birley (3)
reprend l'hypothèse de R. P. Harper et propose, pour la légation
éventuelle de Q. Aradius Rufìnus, le règne de Gordien III (238-244). En effet,
le consulaire serait venu en Bretagne après l'érection de la pierre de Bulla
Regia; or, le vicariat de la province d'Afrique ne peut s'expliquer que
par l'absence du titulaire officiel; A. R. Birley suggère l'année 238 pour
laquelle, après la mort de Gordien Ier, la vacance du poste est assurée.
Cette date reste cependant sujette à caution et A. R. Birley reconnaît
lui-même qu'elle est « extrêmement hypothétique ».
Nous reconstituons ainsi la carrière de Q. Aradius Rufinus: ce
personnage entre dans l'ordre sénatorial au début du IIIe siècle, comme
Aradius Paternus, qui est vraisemblablement son frère cadet (4). Leurs
deux cognomina, Rufinus et Paternus, sont associés sur une inscription
romaine mutilée (5). Le commandement d'une légion, premier poste que
nous lui connaissions, se situe sans doute dans le début de la carrière
prétorienne. Les deux préfectures financières le retiennent à Rome pendant
six ans: elles figurent dans l'ordre habituel; l'administration de Vaerarium
militare précède toujours la gestion de Vaerarium Saturni. C'est pendant
ce long séjour à Rome qu'il fut admis par cooptation dans le collège des
sodales Augustales Claudiales, en 219; nous situons donc les deux
préfectures vers 220. L'ancien préfet du trésor est envoyé successivement en
Galatie et en Syrie-Phénicie comme légat prétorien; cet avancement
rappelle celui de P. Plotius Romanus, qui, à la même époque, aussitôt après

0) R. P. Wright, JB8, LI, 1961, p. 191-192, n° 1 = ΛΕ, 1962, 258.


(2) E. P. Harper, loc. cit., p. 166; cf. R. P. Wright, JES, LV, 1965, p. 220, n° 1.
(8) A. R. Birley, loc. cit., p. 83.
(4) C'est aussi la conclusion que tire R. P. Harper de l'étude du légat de
Cappadoce Aradius Paternus; mais une lecture inexacte de la pierre de Bulla Regia lui
fait penser qu'Aradius Ruflnus avait lui aussi gouverné la Cappadoce quelques
années auparavant.
(6) CIL, VI, 31948.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 323

avoir administré la caisse sénatoriale, part pour la Galatie, puis l'Arabie.


Dans les deux cas, le consulat suffect suit les deux gouvernements
prétoriens. Eufinus gouverne alors la Syrie creuse, province militaire réservée
aux consulaires; peut-être n'a-t-il pas quitté la Syrie pour gérer les
faisceaux consulaires. S'il en est ainsi, la double dédicace de Thuburnica, où il
semble naturel de comprendre co(n)sul et non co(n)s(ularis), serait le fait
de l'un de ses descendants. Buflnus rentre alors en Afrique et se trouvait
vraisemblablement sur ses domaines, donc disponible, lorsque le vicariat
du proconsul d'Afrique lui échut, peut-être en 238, mais aussi bien avant
cette date. La carrière de Eufinus n'était pas arrivée à son terme, si
l'identification avec le gouverneur de Bretagne supérieure doit être maintenue;
cette légation pourrait se placer sous le règne de Gordien III; mais la
période n'est pas assurée. Il est possible que l'ancien gouverneur de la
Bretagne supérieure ait obtenu un deuxième consulat, éponyme cette
fois. Aussi nous demandons-nous si le consul ordinaire [-jus Rufinus, qui
apparaît sur une dédicace mithriaque récemment découverte (x) n'est pas
précisément Q. Aradius Eufinus, au lieu de A. Triarius Eufinus à qui
l'éditeur a pensé. Nous ne pouvons avoir aucune certitude à cet égard,
puisque le cognomen Eufinus était largement répandu (2).
Nous avions envisagé la possibilité d'un mariage entre le préfet des
deux trésors et lunia Aìacia Modesta Q(uinU) Aradi Rufini (uxor) (3),
qui est en toute vraisemblance la fille du consulaire A. Aiacius Modestus(4).
En fait, nous avons pu voir à Bulla Regia une base de statue qui
porte la nomenclature complète de l'épouse de notre sénateur: Calpurnia
(.) fil(ia) Ceia Aemilîana, cibarissima) f (emina), coniux Q(uinti) Aradi
[R]ufini Optati Aeliani co(n)s(ularis).

Les Aradii de Bulla Regia, entrés au sénat sous les Sévères, ont fait
souche d'une dynastie de clarissimes qui, au IVe siècle, parvint aux postes
les plus recherchés. La permanence du cognomen Eufinus montre que ces

(x) A. Ferma, Epigraphica, XXIX, 1967, p. 78 = AE, 1968, 22 (près de Torre-


nova): [ \ Deo 8{oli)] Invicto d(onum) d(edit) dedicavit Q{uintus) | [ , ]o
Bufino co(n)s{ulibus).
(2) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 265, relève 28 familles portant ce cognomen.
(3) Son nom est gravé sur un cachet de bronze: OIL, XV, 8088.
(4) Voir, dans le même sens, E. Groag, PIB2, I, p. 80, n° 471 (lunia Aiacia
Modesta), et Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 14, n° 22 (Q. Aiacius Modestus Crescen-
tianus).
324 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET LJ« AERARIUM MILITARE »

personnages se rattachaient au préfet des deux trésors des règnes d'Ela-


gabal et de Sévère-Alexandre. De la carrière de Paternus, que la
chronologie invite à considérer comme son frère, seule la légation de Cappadoce,
en 231, a laissé des traces. L'avancement de Q. Aradius Eufinus est mieux
connu: les deux préfectures s'inscrivent respectivement à la deuxième et
à la troisième place, parmi cinq postes prétoriens. C'est peut-être Sévère-
Alexandre, empereur favorable au sénat, qui, reprenant ainsi une
tradition antonine, a chargé l'ancien préfet du trésor militaire de
l'administration de la caisse sénatoriale; dans ce cas, nous situerons la gestion de
Vaerarium militare sous Elagabal, puisque la présence du sénateur à
Borne est attestée pour l'année 219 par les fastes des sodales Augustales
Claudiales.

67 - L. DOMITIUS GALLICANUS PAPINIANUS

praef. aer. Saturni sous Sévère-Alexandre

1 - ILAfr, 322 Vina, Afr. procos


a) L(ucio) Domitio Gallicano \ Papiniano, orarissimo) v(iro), prae-
t(ori), | praef (ecto) aer(arii) Saturni, | \iuf\id\ — -]
b) Un[iversus ord]o | splen\did{issimi) municipal Vi\nensiu[m curatore
VK—l

2 - CIL, II, 4115; cf. p. 711 Tarraco, Hisp.cit.

L(ucio) Domitio | Gallicano \ Papiniano, orarissimo) v(iro), | leg(ato)


Aug(usti) pr(o) pr(aetore) \ provinciae Germa\niae inferioris, \ leg(ato)
Aug(usti) pr(o) pr(aetore) p(rovinciae) E(ispaniae) c(iterioris), | leg(ato)
Aug(usti) pr(o) pr(aetore) Dalma\tiae, co(n)s(ulari) devotissimo et innocen\-
tissimo, | Aurel(ius) Iulianus, \ patrono incom\p arabili.

3 - CIL, III, 10054 = 0. Patsch, Die LiJca Senia, Dalmatia


in röm. Zeit, Schrift, der Baïkankommission,
Ant. Abt. 1, Vienne, 1900, 100
Balnetim vet[ustate con\\lapsum p[ecunia sua] \ restituait a fundam(en-
tis)f] | L(ucius) Do[mitius~ f(ilius)] \ Gal[Ucanus Papinia]n[us, leg(atus)
Aug(usti) pr(o) pr(aetore)].
LES NOTICES INDIVIDUELLES 325

4 - Peut-être CIL, XIII, 8665 Burginatium, Germania inf.


d[ ] M[ ] | eum . . . e \ [matro]n[is] Vaeav[ | [cur]an[te~\ Do-
m[itio ] | [v(ìro)~\ c(larissimo), leg(ato) [A]ug(usti) pr(o) [pr(aetore)] \

5 - Peut-être CIL, XIII, 8150 Hersel, Germania inf.


[ Gef\maniae infer(ioris) | item Hispaniae citer'(ioris), | "L(ucius)
Fl(avius) Dubitatus strat(or) eiusy \ M(arcus) Alpinius Firmanus, \ P(u-
blius) Aelius Marinus, \ P(ublius) Julius Memorinus, \ (centuriones) le-
g(ionis) I Miner (viae), | praesidi sanctissimo.

6 - SEA, vita Maximini, 20, 6


Profeeto igitur ad bellum Maximo contra Maximinum Balbinus Bomae
bellis intestinis et domesticis seditionibus urguebatur occisis praecipue duobus
praetorianis . . . et per populum auctorïbus Gallicano et Maecenate
a. 238
Après le départ en guerre de Maximus contre Maximin, Balbinus était en butte
à des guerres civiles et des révoltes domestiques, à Borne, particulièrement après que
deux prétoriens aient été tués par le peuple sur l'instigation de Gallicanus et Maecenas.

7 - S H A, Vita Gordiani, 22, 7 et 8


7 -Post hoc veterani ad Guriam venerunt, ut discerent quid actum esset.
8 - Ex quibus duo ingressi Capitolium, cum illic senatus ageretur,
ante ipsam aram a Gallicano ex consulibus et Maecenate ex ducibus inte-
rempti sunt.
Après cela, des vétérans vinrent à la Curie pour apprendre ce qui s'était passé.
Deux d'entre eux qui montaient au Capitole, où le Sénat était réuni, furent tués
devant l'autel même par Grallicanus, un consulaire, et Maecenas, un ancien général.

8 - Hérodien, VII, 11, 3.

Της ôè ανγκλήτον ανήρ από νπαχείας μεν νεωοτί, Γαλλικανος δνομα,


Καρχηδόνιος δε xò γένος, και έτερος ύτρατηγικος το αξίωμα, Μαικήνας καλούμενος,
ουδέν τι προσδοκώντας τους ατρατιώτας, έχοντας δε τας χείρας ύποκα&ειμένας
ταϊς εφεατρίύι, παίοναι πληγαϊς κατακαρδίοις, ξίφεύινοίς επεφέροντο ύποκολπίοις.
a. 138
Un sénateur qui venait d'être consul depuis peu, du nom de Grallicanus,
originaire de Carthage, et un autre sénateur, qui avait le rang d'ancien préteur, appelé
326 L'«AERARIUM SATURNI » ET L'a AERARIUM MILITARE»

Maecenas, frappent d'un coup au cœur, avec des poignards qu'il portaient cachés,
les soldats qui ne s'y attendaient pas, et qui avaient les mains couvertes par leurs
vêtements.

Nous connaissons seulement une partie de la carrière de L. Domi-


tius Gallicanus Papinianus (x). La pierre de Vina, en Afrique
proconsulaire, est mutilée; le texte mentionne la preture, la préfecture de Vaera-
rium Saturni et un deuxième poste prétorien, qui est peut-être un juri-
dicat italien. L'inscription de Tarragone énumère seulement les fonctions
consulaires, dans l'ordre inverse, à notre avis. Gallicanus a gouverné
successivement trois provinces impériales: la Dalmatie, l'Espagne cité-
rieure et la Germanie inférieure. Ces légations expliquent la dédicace de
Tarragone et le texte de Senia, en Dalmatie. De même, E. Bitterling a
attribué à Gallicanus deux fragments trouvés en Germanie inférieure (2).
En revanche, l'inscription honorifique élevée par le municipe de
Vina ne se justifie par aucun poste africain; sa présence rend
vraisemblable l'origine africaine du sénateur. Les superlatifs dont Aurelius Iulia-
nus qualifie son patron révèlent une époque tardive.
Le rapprochement de ce personnage avec un certain Gallicanus,
connu par les textes anciens, paraît fort probable (3). En 238, ce sénateur
carthaginois, qui venait d'être consul, tua deux prétoriens entrés dans
la Curie et poussa la foule contre les soldats. Vina est proche de Carthage,
ce qui justifie la formule d'Hérodien, Καρχηδόνιος δε το γένος.
En 238, Gallicanus venait d'être consul depuis peu: άπο νπατείας
î>£co<m'(4). La gestion de la caisse sénatoriale se place donc sous le règne
de Sévère-Alexandre; la préfecture du trésor, premier poste prétorien,
a peut-être été suivie d'un juridicat italien (5).
Les gouvernements consulaires successifs de la Dalmatie (e), l'Es-

(3) E. Groag, BE, IV, 2, 1903, col. 1427, n° 60, Domitius, et PIB2, III, p. 48,
n° 148; P. Lambrechts, Sénat romain, II, p. 50, n° 581 (Gallicanus); G. Barbieri, Albo
senatorio, p. 206-207, n° 1016.
(2) E. Eitterling et E. Stein, Fasti des röm. Deutschland, p. 83.
(3) Aurelius Victor, Oaes., 26, 5, mentionne un Domitius en 238, qui s'identifie
peut-être aussi à notre sénateur; cf. A. Stein, PIB2, III, p. 28, n° 123.
(4) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 66.
(5) Le complément [iurjid., pour le fragment ID paraît plus vraisemblable que
celui de [tr]ib. [pleb.], proposé par Groag; il permet de considérer que le cursus de Vina
était rédigé dans l'ordre direct.
(e) A. Jagenteufel, Dalmatia, col. 94-96, le date des années 239 et suivantes;
il considère comme nous que le cursus de Tarragone est rédigé. dans l'ordre inverse.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 327

pagne citérieure (x) et la Germanie inférieure (2), datent des règnes de


Gordien III et de Philippe. L'ordre que nous adoptons est conforme à
l'importance respective de la garnison dans chacune de ces provinces.

Nous devons noter qu'à l'époque de Sévère-Alexandre, la préfecture


de Vaerarium Saturni semble se placer au début de la carrière prétorienne.

68 -[.--]
[. — ]urni premier tiers du IIIe s.

Je remercie M. J. Marcillet-Jaubert de m'avoir communiqué une


inscription inédite, qui ajoute un numéro aux fastes de la préfecture du
trésor de Saturne.
La pierre, conservée au musée de Lambèse, est de provenance
inconnue; c'est une plaque calcaire, large de 50 cm, haute de 44 cm et
épaisse de 14 cm, bordée en haut et en bas d'une moulure; l'inscription
est mutilée à droite et à gauche; le champ épigraphique haut de 33,5 cm
porte trois lignes dont les lettres ont une même hauteur, 5 cm.

[ ] VBNI . LEG. ÀV{ ]


[ ]NANAE F H MB [ ]

Sans préjuger des commentaires que l'inventeur de ce texte pourra


formuler ultérieurement, nous présentons quelques remarques sur la
carrière du personnage.
La seule restitution possible au début de la ligne 2 est bien celle du
mot [8at]urni; ainsi le sénateur anonyme a été préfet du trésor.
La présence de la pierre dans la région de Lambèse permet
d'interpréter la légation impériale de la ligne 2 comme le commandement de la

(*) Gr. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 61-62, le date vers 241-244; mais il adopte
un ordre différent pour le texte de Tarragone: d'abord la légation de Germanie, puis
la légation d'Espagne, celle de Dalmatie enfin; voir les tableaux p. 203 et p. 217.
En fait, l'étude prosopographique des gouverneurs de Dalmatie montre que cette
dernière légation est plutôt le premier poste consulaire (A. Jagenteufel, op. cit.,
col. 123-125), en tout cas l'un des premiers (ibid., col. 125-126).
(2) E. Bitterling, op. cit., p. 83.
328 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET L'a AERARITJM MILITARE»

IIIe légion. Au début de la troisième ligne, figuraient donc les surnoms


de cette légion; la finale -anae est sûre; l'estampage montre que la
première lettre dont subsiste seulement une haste nettement marquée peut
être le groupe NI ligaturé. La restitution du surnom [Antonï]niana fait
de ce sénateur un gouverneur de la province de Numidie à l'époque de
Caracalla ou d'Elagabal.
Le premier poste peut-il être, comme le suggère J. Marcillet-Jaubert,
celui de iuridicus Ba[etiae], qui n'est pas attesté par ailleurs? Il est
impossible de se prononcer.
Nous rencontrons donc à Lambèse un sénateur du premier tiers du
IIIe siècle, qui a rempli trois fonctions prétoriennes: une juridiction
provinciale, la préfecture du trésor, le gouvernement de la province de Nu-
midie enfin. Ce dernier poste le fit vraisemblablement accéder au consulat.
Ce personnage est peut-être entré au sénat par adleotio inter praetorios.
Sa carrière mérite en tout cas d'être rapprochée de celle de Sex. Varius
Marcellus qui, sous le règne de Caracalla, devint aussi légat à Lambèse
après une préfecture financière, celle de Vaerarium militare (notice
n° XXXI).

69 - M. ANTONIUS MEM[MIUS HIEEO î]


έπαρχος αίραρίον τον Κρόνου avant 244-245

1 - W. M. Bamsay, BCH, VII, 1883, p. 26, n° 17 Tavium, Galatia


= IGB, III, 238; cf. E. K. Sherk, The Legates of
Galatia, p. 104-105

Μ(αρκον) Άντ(ώηον) Μέμ[μιον Ιέρωνα?]


τον λαμπ[ρότατον νπατικον],
3 χειλίαρχον [Aey ],
κουαίατορα [επαρχείας Λνκί]
ας Παμφυλ[ίας, πράξεις övv]
6 κλητου εΙλη[φότα, αΐδίλην]
κουρούλην, πρίμο1 βευτην Ασίας?],
ατρατηγον δήμ[ον 'Ρωμαίων, ε]
9 παρχον αΙραρί[ου τον Κρόνου, επαν]
ορ&ωτήν Γαλά[τών Τρόκμων?]
{προςίτατεύύαντία καί επιμεληβάμε ?]
12 νον αυτών και [ποιηο'άμενον εν]
τόπω Καίσ[αρος διαγνώαεις, τον]
[ε]νε[ργέτην.]
LES NOTICES INDIVIDUELLES 329

2 - CIL, III, 6942 Milliaria Cappadociae

Imp(erator) Caes\ar Marcu[s | I]ul(ius) PMlippus | [p{ùis)] f elico in-


victus | [A]ug(ustus) et Marcus \ [Iul(ius) PJhilippus nobilissi\\m\us Caesar
via[s | et] pontes vetu[sta\t]e corilapsas r[e]\stituem (sic) per A[nt]\on(iu)m
Memmium Hi[eronem\.

3 - CIL, III, 6946 ibid.

[Imp(erator)] \ Cae[s]\ar Marcu[s Iul(ius)] \ PMlippus pius f[elix |


ïjnvictus Aug(ustus) [et \ M]arcus Iul(ius) PMlipp[us \ no]bilissimus
Caesar vï]as et pontes vet[us\t]ate conlapsas res[ti\tuerunt~] per Antoni]u[m
|

Mem]\mium Hieronem, [v(irum) c(larissimum), l]eg(atum) Augg(ustorum)

\
pr(o) [ pr(aetore).

ainsi que les fragments CIL, III, 6914; 6915; 6941; 6947; 6955;
12165; 12180; 12181; 12184; 12192; 12199, 12206; 12212.

L'inscription honorifique que W. Eamsay découvrit à Tavium, à la


fin du siècle dernier, est fort mutilée. Du nom du sénateur, gravé à la
première ligne, subsiste seulement M. Ant. Mem[-]; à la suite du premier
éditeur, les commentateurs ont envisagé l'identité de ce personnage et
du légat de l'empereur Philippe, Antonius Memmius Hiero, connu par
plusieurs milliaires de Cappadoce (x).
La restitution des dix premières lignes n'offre pas de difficultés; elle
ne laisse subsister que des lacunes mineures. En revanche, les
compléments divers, proposés pour les quatre dernières lignes, sont plus
hypothétiques. Aussi avons-nous présenté l'inscription ligne par ligne pour
faciliter la compréhension.
Le consulat figurait vraisemblablement à la ligne 2; le titre τον
λαμπ[ρότατον] appelle en effet la restitution du mot νπατικόν (2).

(i) PIB1, p. 101, n° 678 et n° 679; P. v. Rohden, BE, I, 2, 1894, col. 2633, n° 75
et n° 76, Antonius; E. Groag, PIB2, I, p. 164, n° 850 et n° 851; P. Lambrechts, Sénat
romain, II, p. 63, n° 856; G. Barbieri, Albo senatorio, p. 250-251, n° 1439 et add. p. 624;
ces notices se trouvent les unes sous le nom de M. Ant(onius) Mem[mius~\, les autres
sous celui de Antonius Memmius Hiero. Il faut mettre à part l'étude de R. K. Sherk,
The legates of Galatia, p. 104-105, qui s'accompagne de nouvelles restitutions.
(a) Pour la transcription grecque des titres et dignités romains, nous suivons
toujours les indications données par D. Magie, De Bomanorum iuris pubMci sacrique
vocabulis soïlemtj,ibus in Graecum sermonem conversis, Leipzig, 1905.
330 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET L'« AERARIUM MILITARE »

Le cursus se présente ensuite dans l'ordre chronologique. Le viginti-


virat n'y apparaît pas. M. Antonius Memmius a sans doute servi, en
qualité de tribun militaire (χειλίαρχος), dans une légion cantonnée en
Orient, peut-être même en Asie mineure, où s'est déroulée la majeure
partie de sa carrière; cette particularité atteste que le sénateur était hel-
lénophone. A partir du moment où les légions d'Orient ont été recrutées
sur place, des sénateurs orientaux ont été désignés pour les commander (x).
Les lignes 4 et 5 indiquent la questure, remplie auprès du proconsul
de Lycie-Pamphylie; l'administration sénatoriale de la province donne le
terminus post quem de 165, époque probable du changement de statut de
cette ancienne province impériale (2).
Le poste suivant est celui de ab actis senatus, en grec [πράξεις ctvv]-
κλήτον είλη[φότα], normalement suivi de l'édilité curule (3). Il est
intéressant de voir un sénateur de langue grecque chargé du compte rendu
des séances du sénat. Le titre de πρ[εσβευτήν], qui figure avant la preture,
est celui de légat dans une province proconsulaire: les caractéristiques de
la carrière et l'étendue de la lacune justifient, nous semble-t-il, la
restitution 'Ασίας, que Β. Κ. Sherk a proposée avec un point d'interrogation.
Après la preture (στρατηγός δήμου 'Ρωμαίων), figure une préfecture
financière: le trésor concerné est, à notre avis, Vaerarium Saturni; en
effet, nous connaissons deux cas où la rédaction des acta senatus
et l'édilité curule ont précédé la gestion de la caisse sénatoriale (4),

(x) Voir, étude de C. S. Walton, Oriental Senators, p. 38.


(2) D'après Dion Cassius, LXIX, 14, 4, ce serait vers 134 que l'empereur
(Hadrien) aurait échangé avec le sénat la province de Pamphylie contre celle de Bithynie.
En fait, le premier légat impérial que nous trouvions à la tête de la Bithynie est L.
Lollianus Avitus (IGB, III, 84), gouverneur vers 165-166. D. Magie, Roman Buie,
II, p. 1533, note 7, admettait que le changement de statut de la province de Lycie-
Pamphilie était postérieur à l'année 178 sur la foi d'un diplôme militaire (OIL, XVI,
128) qui mentionne à cette date un Licinius Priscus leg.; il reconnaissait en Licinius
Priscus le légat gouverneur d'une province impériale. En réalité, E. Groag, Zum
Militärkommando in den senatorischen Provinzen, dans 8 erta Jloffilleriana, Zagreb,
1940, p. 217-218) avait déjà démontré que Licinius Priscus est un légat du proconsul,
commandant la cohorte Ia Flavia Numidarum, et non un legatus Augusti pro praetore.
Il paraît raisonnable de dater l'échange indiqué par Dion Cassius, non pas du règne
d'Hadrien, mais de celui de Marc-Aurèle, et de le situer plus précisément vers 165.
(3) Sur cette séquence qui paraît être réglementaire, voir le tableau III, 1, a, des
praefecti aerarti Saturni et son commentaire.
(4) M. Servilius Fabianus Maximus (n° 51) et L. Cestius Gallus Cerrinius Iustus
Lutatius Natalis (n° 56), qui ont administré Vaerarium Saturni l'un entre 153 et 158,
l'autre sous Marc-Aurèle.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 331

Les responsables du trésor s'occupaient encore des archives du


sénat^).
Le second poste prétorien est une correcture en Galatie: la
restitution [επαν]ορϋ^τήν}1 indiquée par H. Dessau et reprise par les
commentateurs ultérieurs, paraît plus satisfaisante que celle de [δι]ορ§ωτήν,
envisagée par W. M. Eamsay. En style assez redondant, si le complément
[προσ]τατεύσαντ[α καί επιμελησαμε ?]νον αυτών est exact (2), la titulature
est l'équivalent grec de celle de legatus missus ad corrigendum statum
Galatiae. Les attributions d'Antonius Memmius ne s'étendaient peut-
être pas à tous les Galates, mais seulement aux Trocmi (3).
Les trois dernières lignes posent plus de problèmes. La fonction
imaginée par Ramsay n'apparaît pas clairement: [ήγησάμενον ώς] | τόπω
Καίσαρος Σεβαστού]. L'auteur ne s'appuie pas sur des précédents. La
lecture de R. Cagnat est succincte: και [ ]|τόπω Kal[ ]. Pour proposer
une titulature, R. K. Sherk a tenu compte des réalités de l'époque; la
formule [εν] τόπω Καίσ[αρος] est la traduction littérale de l'expression latine
vice Caesaris. Or, la première moitié du IIIe siècle voit l'apparition de cette
nouvelle fonction impériale: des sénateurs sont envoyés à titre
exceptionnel dans certaines régions pour juger les procès en appel à la place de
l'empereur (4). Ils peuvent recevoir des titres variés (5). Le texte grec fait
donc allusion à une mission de judex, délégué ad cognoscendas vice
Caesaris cognitiones. Les compléments envisagés par Sherk s'inspirent de
formules empruntées à Dion Cassius: καί [ποιησάμενον εν]τόπω Καίσ[αρος
διαγνώσεις] (6); sans être assurés, ils ne sont pas invraisemblables. Antonius
Memmius a exercé ces fonctions judiciaires en Galatie conjointement avec
la correcture. Elles datent la pierre des premières décennies du IIIe siècle,
puisque la mention de l'édilité invite à ne pas dépasser le règne de Sévère-
Alexandre pour les débuts de la carrière (7). Aussi l'identité du préfet de
Vaerarium Saturni et du légat de Philippe en Cappadoce nous semble-t-

(*) Sur les rapports de Vaerarium et des archives, voir la notice de L. Coiedius
Candidus, quaestor aerarli (ne 21), et le chapitre II de la troisième partie.
(2) R. K. Sherk propose la restitution du second verbe avec un point
d'interrogation.
(3) La lacune de la ligne 10 est importante en effet; R. K. Sherk a repris le
complément de W. M. Ramsay.
(4) Ces délégations exceptionnelles devinrent peu à peu régulières; cf. A. Chas-
tagnol, La préfecture urbaine, p. 130-136.
(5) Voir la liste dressée par GL Alfoldy, Fasti Hispanienses, p. 107.
(6) Dion Cassius, LU, 3, 3: την διάγνωσιν αύτου ποιησώμεϋ·α; LU, 1, 2: εποιήσατο
την διάγνωσιν μετά τον Άγρίππου.
C) Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 5.
332 ΐΛ AERABIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERAKJUM MILITARE »

elle fort probable (x). C'est encore en Asie mineure que ce sénateur
oriental a exercé des fonctions consulaires: les légats de Cappadoce, à la tête
de deux légions, sont d'anciens consuls (2). Il est d'ailleurs tentant de
restituer le nom de la légion XII a Apollinaris ou de la XV a fulminata,
à la troisième ligne de la pierre galate. Les milliaires nombreux qui
portent le nom d' Antonius Memmius Hiero datent son gouvernement de la
Cappadoce vers 245-246, sous l'empereur Philippe (3). Les postes
prétoriens ont été exercés quelques années plus tôt.

M. Antonius Memmius Hiero administra Vaerarium Saturni avant


245, peut-être sous le règne de Sévère-Alexandre. Issu d'Asie mineure,
le sénateur a parcouru la plus grande partie de sa carrière dans son pays
d'origine. La rédaction des acta senatus, la préfecture du trésor et la
fonction double remplie en Galatie montrent un spécialiste des problèmes
juridiques et financiers. Après le consulat, cet administrateur a obtenu
au moins le gouvernement d'une province impériale importante: la
légation de Cappadoce n'est pas nécessairement l'unique poste consulaire
auquel il ait accédé. La préfecture du trésor est en tout cas le premier
poste prétorien.

70 - [L.f] ANT[-] [-]


praef. aerano entre 240 et 250

CIL, VIII, 11810 Mactar, Afr. procos


[L(ucio)î Ant 1 ] praef (ecto) aerario, praes[idi prov(inciae)
[ 1 ] adlecto inter có]nsulares ab Im[[p(eratore) - — | ]] [iuridico]
;

Flaminiaei ou Tusciae%\ et Umbriae, praef (ecto) Min[iciae, — -[


co]m(itif) Aug(ustì), aedili plebi(s), adl[ecto inter quaestorios 1 ordo
populusq(ue) M]act(aritanus) ob insignem in pat[riam 1 civesque sin-
gulofjs amorem et L(ucio) Ant[— -| ], Xvir(o) sflitib(us) iudic(andis),

(x) Nous ne considérons pas que le légat de Cappadoce ait été prénommé Lucius
d'après la borne milliaire OIL, III, 12192, où se lit, semble-t-il, [vetusf]AT PET
LA\MEMMITJM; aucun commentateur n'a d'ailleurs indiqué ce prénom éventuel.
La gravure du nom du légat est souvent fautive sur ces milliaires, en particulier sur
CIL, III, 6955.
(2) Trois anciens praefecti aerarti Saturni avaient déjà gouverné cette province
après le consulat: L. Catilius Severus Iulianus Claudius Keginus (n° 33); L. Burbu-
leius Optatus Ligarianus (n° 39); C. Arrius Antoninus (n° 53).
(8) D. Magie, Eoman Buie, II, p. 1594, le situe de 245 à 246.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 333

eq(uiti) r(omano), iuve[ni — · -| — - ob m]erita patris atq(ue) in ci[ves suos


obsequentiam ]

Les décurions et le peuple de Mactar ont honoré deux de leurs


concitoyens, un consulaire, dont le nom a disparu, et son fils L. Ant[-],
decemvir stlitibus iudicandis. Les trois premières lettres du gentilice sont
assurées (x); le père portait peut-être le prénom Lucius, lui aussi.
Divers éléments du texte, en particulier la praefectura Miniciae,
datent la carrière du IIIe siècle. A la troisième ligne, la titulature de
l'empereur qui a fait bénéficier le sénateur mactaritain de Vadleotio inter
consulares est martelée: il semble qu'il s'agisse de Trébonien Galle (251-
253) (2).
Les lacunes sont nombreuses; les fonctions paraissent gravées dans
l'ordre indirect. Le jeune homme est entré au sénat par une adlectio inter
quaestorios, puis il a été édile. A la cinquième ligne, la restitution du titre
de [co~]m(es) Aug(usti) est loin d'être certaine (3). La preture figurait
probablement dans la partie cassée avant la praefectura Miniciae.
Cette préfecture n'est pas la première fonction prétorienne; il semble
que la lacune soit assez importante pour justifier la restitution d'un autre
poste après la preture. Le préfet est un ancien préteur, nommé par
l'empereur pour diriger le service de la frumentatio, sous les ordres d'un
consulaire, le curator aquarum et Miniciae. Ant[-] a nécessairement assumé sa
tâche sous le règne de Philippe (244-249); en effet, ce prince est revenu
à l'organisation des distributions par l'empereur, telle qu'elle avait été
créée à la fin du IIe siècle par Commode ou Septime-Sévère.
Sévère-Alexandre et Gordien III, empereurs favorables au sénat, avaient
reconstitué le service tel qu'il existait sous les Antonins: sous leurs règnes, sont
réapparus les praefecti frumenti dandi, choisis par le sénat parmi les
anciens préteurs (4).
Du second poste prétorien restant, seule subsiste l'indication de la
circonscription: et Umbriae. Il ne peut s'agir que d'une juridiction italien-

(!) E. Groag, PIB2, I, 1933, p. 135, n° 724; G. Barbieri, Albo senatorio, p. 338-
339, n° 1966 et add., p. 645.
(2) G. Barbieri, à la suite de G. Wilmanns, OIL, VIII, 11810, note 3.
(8) Elle a été suggérée par E. Groag et reprise par G. Barbieri.
(4) Voir H. -G. Pflaum, Bonner Jahrbücher, CLXIII, 1963, p. 232-237: Ant[ ]
figure dans la liste des responsables sénatoriaux des distributions de blé à la plèbe
romaine, p. 237, n° 59, sous le règne de Philippe; H.-G. Pflaum fait de la praefectura
Miniciae le second poste prétorien.
334 ΐΛ< AERAEIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

ne. Selon la date à laquelle il est entré à charge, Ant - a rendu la justice
soit dans la circonscription de Flaminie-Ombrie, soit dans celle de Tuscie-
Ombrie (x). La carte administrative de l'Italie a changé dans la décennie
240-250.
Il est possible que Vadlectio inter consulares ait immédiatement suivi,
si la titulature impériale martelée occupait toute l'étendue de la lacune.
Si l'empereur est bien Trébonien Galle, elle se situe vers 252-253. Ant[-]
est devenu ensuite gouverneur de province avec le titre de praeses.

La place de la préfecture du trésor sur la dédicace des Mactaritains


tend à faire penser à une responsabilité consulaire. Etait-ce le cas au
milieu du IIIe siècle1? Nous manquons de documents pour l'affirmer. ÏT'est-il
pas plus vraisemblable de supposer que ce poste prétorien avait été oublié?
Les carrières contemporaines de L. Domitius Gallicanus Papinianus
(notice n° 67) et de M. Antonius Mem[mius] (notice n° 69) montrent l'exercice
de la préfecture financière aussitôt après la preture. Nous considérons
par conséquent la préfecture du trésor comme une fonction prétorienne,
sans pouvoir la placer dans le cursus (a). Elle se situerait dans les années
240 à 250. La titulature praef. aerarlo est inhabituelle; une inscription
d'Ostie donne pourtant à un préfet d'Hadrien le titre de praef. aerarlo
Saturn. (3); dans le Panégyrique de Trajan, Pline emploie l'expression
praefecti aerario à propos de Cornutus Tertullus et lui-même, collègues
à la direction de la caisse sénatoriale (4). Il ne peut donc pas y avoir de
doute sur le trésor que le sénateur de Mactar a géré.

71 - IULIUS EUBULIDAS

praef ectus aerarli s(acri) Saturni avant 344

1 - CIL, XI, 4181 = ILS, 1233 Interamna Nahars,


Umbria

(*) Voir M. Corbier, Les circonscriptions judiciaires de VItalie, de Marc-Aurèle


à Aurélien, dans MEFBA, 85, 1973, 2, p. 630-633, et p. 680-682.
(2) E. G-roag pensait aussi que cette fonction n'était pas gravée à sa place.
(3) AE, 1955, 173; voir la notice n° 36: A. Egrilius Plarianus pater.
(4) Pline, Pan., 92,1: «.illud vero quam insigne quod nobis praef ectis aerario con-
sulatum ante quam successorem dedistil».
LES NOTICES INDIVIDUELLES 335

Iulio Eubulidae, c(larissimo) v(iro), corr(eetori) Tusciae, | Xviro,

\
praefecto aerarii s(acri) Saturni, \ ob inlustria ipsius merita et amorem
iux\ta cives ordo Inte\ramnatium patrono.

2 - Cod. Theod., VIII, 10, 2

Imp(erator) Constantius A(ugustus) Eubolidae, v(iro) c(larissimo),


vicario Africae . . . Dat(a) III hal(endas) Iul(ias), Leontio et Sallustio co(n)-
s{ulibus). 29 juin 344

L'inscription d'Interamna Ν aliar s, en Ombrie, qui honore le claris-


sime Iulius Eubulidas (l), peut être approximativement datée par la
correcture italienne. Le sénateur a gouverné la province de Tuscie-Om-
brie (2). Le titre de corr(ector) Tusciae est le seul exemple connu; cette
ellipse s'explique aisément: la dédicace était élevée dans une cité
ombrienne et il n'y avait pas d'ambiguïté pour le lecteur. L'appellation officielle
est celle de corrector Tusciae et Umbriae. Le premier titulaire de ce poste
se rencontre vers 306 (3); mais les correctures régionales ont peut-être
été créées en 290-291 déjà (4). Le dernier corrector connu a rempli son
office en 366 (5). La province de Tuscie-Ombrie est administrée par un
consularis après 370 (6). Le gouvernement de Iulius Eubulidas se situe
donc entre la fin du IIIe siècle et l'année 370. Ce clarissime s'identifie
vraisemblablement au vicaire d'Afrique, Eubulidas, auquel l'empereur
Constance II adressa une constitution le 29 juin 344.
Le texte àllnteramna est antérieur à l'année 344, puisqu'il ne
mentionne pas le vicariat. Nous ne doutons pas que le cursus soit rédigé dans
l'ordre inverse; la dédicace est certainement contemporaine du
gouvernement de la province. Le fait que la gestion du trésor sénatorial
apparaisse comme un poste de début est conforme à ce que révèlent les

(x) A. H. M. Jones, J. E. Martindale, J. Morris, The Prosopography of the Later


Eoman Empire, I, A.D. 260-395, Cambridge, 1971, p. 287.
(2) A. Chastagnol, L'administration du diocèse italien au Bas-Empire, dans Misto-
ria, XII, 1963, p. 359-360: liste des correcteurs de Tuscie-Ombrie. Iulius Eubulidas
est le n° 4 daté «un peu avant 344».
(3) CIL, X, 5061 = ILS, 1217.
(4) A. Chastagnol, La préfecture urbaine, p. 23-24.
(B) Cod. Theod., IX, 1, 8; Ammien, XXVIII, 1, 6.
(e) Cod. Theod., XII, 1, 72, et CIL, XI, 6958 = ILS, 1252.
336 ΐΛ AERABIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE»

carrières contemporaines d'Attius Caecilius Maximilianus (notice n° 72) et


de Flavius Atilius Theodotus (notice n° 73) sur le rang de cette préfecture.
Avant la préfecture du trésor, Eubulidas fut sans doute questeur et
préteur; mais les magistratures de jeunesse ne figurent généralement plus
sur les inscriptions de l'époque (x). La première fonction indiquée est donc
celle de praefeetus aerarti s(acri) Saturni, qui date des dernières années
du règne de Constantin. Nous avons adopté le développement proposé
par Hirschfeld (2). Celui de s(ancti), envisagé par De Ruggiero (3), est peu
vraisemblable: il existait en effet sous la République un aerarium sanctum
ou sanctius aerarium (4), d'ailleurs mal connu; il n'en est plus question
sous l'Empire (5).
Le décemvirat, gravé entre la préfecture et la correcture, est peut-
être un sacerdoce romain; Bormann pensait à un (deeem)vir (urbis Ro-
mae) (e); en fait, c'est un collège de duodecemviri qui était chargé du culte
de Borna aeterna au temple de la Ville et des cérémonies qui
commémoraient sa naissance, le 21 avril de chaque année (7). Ce sacerdoce était
réservé d'ordinaire à l'aristocratie*
La correcture régionale est un véritable gouvernement de province;
elle a été suivie du vicariat d'Afrique, plus élevé en dignité. Nous ne
pouvons pas assurer qu'il n'y a pas eu de postes intermédiaires, mais la
promotion directe d'un gouvernement provincial à un vicariat de diocèse
est un avancement normal à cette époque (8).
La formule élogieuse gravée sur la pierre d'Interamna est conforme
à la mode du temps: les mérites du clarissime sont qualifiés àHrilustria',
cet adjectif, qui se rencontre fréquemment dans les inscriptions de la
première moitié du siècle, doit être compris comme un laudatif au sens

(x) A. Chastagnol, La carrière du proconsul d'Afrique M. Aurelius Gonsius Quar-


tus, dans Libyca, VII, 1959, p. 200.
(?) 0. Hirschfeld, Die kaiserlichen Verwaltungsbeamten bis auf Diokletian, Berlin,
1905, p. 17, note 3.
(3) De Kûggiero, Dizionario, I, p. 300, col. 2 b.
(*) Tite-Live, XXVII, 10, 11; Cicéron, ad AU., VII, 21, 2; César, Bell, civ., I, 14, 1.
(6) La dernière mention d'un aerarium sanctius se trouve dans Quintilien, X, 3, 3.
(6) Commentaire du OIL, XI, 4181.
(7) H.-G·. Pflaum, Une inscription de Madaure, dans Bec. de Constantine, LXIX,
1955-56, p. 123: liste des titulaires de ce sacerdoce.
(8) A. Chastagnol, Libyca, VII, 1959, p. 200.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 337

large (*), car la hiérarchie des diarissimi, spectabiles et illustres n'est pas
entrée en usage avant le règne de Valentinien Ier (2).
Le conseil municipal d'Interamna Nahars, en Ombrie, offre une
dédicace au corrector de la province, qu'il a choisi pour patronj
l'expression ob ... amorem iuxta cives montre qu'Eubulidas est un compatriote.
Il a été chargé d'administrer sa région natale; il est important de relever
que l'empereur a désigné un gouverneur pris dans l'aristocratie locale.

Ainsi, à la fin du règne de Constantin, la préfecture de Vaerarium


s(acrum) Saturni pouvait être une fonction de jeunesse pour un clarissime
italien.

72 - ATTIUS CAECILIUS MAXIMILIANUS

[p]raef. aerarti Saturni vers 350

L. Gatti, Rendiconti Accad. Lincei, sér. 8, XXIV, Borne


fase. 7-12, juill.-déc. 1969, p. 322 = A. Έ., 1969-
1970, 21.

Panchar[i] \ Attio Caecilio Maximiliano, Guarissimo) v(iro), | quaes-


t(ori), praetori candidato, \ [p~\raef(ecto) aerarti Saturni ac \ [p]ariter vicem
tuenti cons(ularis) | [a]quar(um), corr(ectori) Lucaniae et Britt(ii), \ [p]rae-
f(ecto) annonae TJrbis Eomae \ [cjuius diligentia ac provisione \ \a\dventu
ad Urb(em) Romam d(omini) n(ostri) | [Constanti Maximi Victoris | [ac\
Triumf(atoris) semper [A]ug(usti) \ [arijnona populo et for[tis~]simo \ \mi-
li?]ti adfatim submini[strata e]st.

Une inscription romaine récemment publiée fait connaître un


nouveau préfet de Vaerarium Saturni du IVe siècle (3); jusqu'ici nous
n'avions que deux exemples de la survivance de cette fonction au
Bas-Empire (4). Le texte suscite l'intérêt à d'autres titres; il ajoute un nom aux

i1) A. Chastagnol, ibid., p. 201.


(2) A. Piganiol, L'Empire chrétien (325-395), Paris, 1947, p. 346.
(3) L. Gatti, Un nuovo senatore del Basso Impero: Attius (?) Caedlius Maximi·
Uanus, dans Rendiconti Accad. Lincei, sér. 8, XXIV, fase. 7-12, juill.-déo. 1969, p. 321-
327, avec photogr. p. 321.
(4) Iulius Eubulidas (n° 72) et Flavius Atilius Theodotus (n° 74).

22
338 ΐΛ< AERARIITM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

fastes de la préfecture de l'annone (*), mais surtout il mentionne un


préteur candidat à une époque où aucun document n'attestait la persistance
de la pratique de la commendatio pour cette magistrature (2).
Le sénateur, Attius Caecilius Maximilianus, est inconnu par
ailleurs (3); il figure à la première ligne de la dédicace sous son signum Pan-
charius, au génitif (4). La désignation d'un clarissime par son sobriquet
ne surprend pas au IVe siècle; une telle appellation, banale pour les
petites gens aux deux premiers siècles de l'Empire, est entrée dans les
mœurs pour l'aristocratie au cours du IIIe siècle (5).
La dédicace romaine loue le sénateur du zèle et de la prévoyance
dont il a fait preuve au cours de la préfecture de l'annone: il a distribué
des vivres à suffisance au peuple et à l'armée, à l'occasion du voyage à
Borne de l'empereur Constance II (6), au printemps de l'année 357 (7).
Le populus s'identifie évidemment à la plèbe frumentaire; la restitution
des quatre lettres [milï]ti à la dernière ligne paraît une hypothèse
satisfaisante, bien que le singulier collectif miles pour désigner l'armée soit

(*) A. Chastagnol, La préfecture urbaine, p. 465-466: liste des préfets de l'annone.


(2) Les derniers préteurs candidats connus étaient: T. FI. Postumius Titianus,
consul en 301, préfet de la Ville, p. Je., q. k. (CIL, VI, 1418 = ILS, 2941; cf. A.
Chastagnol, Fastes, p. 41) et C. Caelius Censorinus, cornes d. n. Çonstantini Maximi Aug.,
praetor candidatus {OIL, Χ, 3732 — ILS, 1216). Sur ce sujet, voir Th. Mommsen, Droit
public romain, V, p. 213, avec note 1; Gr. Wesenberg, BE, XXII, 2, 1954, col. 1603,
praetor; A. Chastagnol, Observations sur le consulat swffect et la preture au Bas-Empire,
dans Bévue historique, CCXIX, 1958, p. 244.
(8) Sa nomenclature nous paraît complète, bien que le début de la ligne 2 soit
mutilé; le gentilice Attius, qui est amplement attesté, doit être retenu; cf. W. Schulze,
Lot. Eigennamen, p. 423, et les indices du CIL, VI, pars VI, fase. 1, où figurent 148
Attii; sept Attii sont mentionnés dans le recensement de A. H. M. Jones, J. R. Mar-
tindale, J. Morris, The Prosopography of the Later Boman Empire, I, Cambridge, 1971,
p. 123-124. Si une lettre figure au début de la ligne 2, comme la photographie permet
de le penser, elle pourrait être l'initiale du prénom.
(*) Comme il est presque de règle en tête d'une dédicace; cf. I. Kajanto, Super-
nomina. A Study in Latin Epigraphy, Helsinki, 1966, p. 65. Le signum Pancharius,
d'origine grecque (παγχάρης = très joyeux) est attesté: CIL, VIII, 26238; cf. I.
Kajanto, ibid., p. 86.
(5) Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 2-3.
(β) La titulature de Constance, Maximus Victor ac Triumfator semper Augustus,
se rencontre sur d'autres inscriptions: CIL, XI, 6632 = ILS, 5827; 6625; IX, 5942,
etc.; cf. L. Gratti, loc. cit., p. 324, note 9.
(7) Ammien Marcellin, XVI, 10, 4-20.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 339

un hapax épigraphique (l). Ce passage fait certainement allusion aux


distributions exceptionnelles qui ont entretenu la liesse populaire, lors du
séjour du fils de Constantin dans la Ville éternelle (2).
La préfecture de l'annone est une fonction sénatoriale, depuis les
réformes de Constantin précisément (3). Le sénateur est resté en charge
plusieurs années. Son nom s'insère dans les fastes entre celui de L. Aure-
lius Avianius Symmachus Phosphorius, qui occupa le poste avant 350,
et celui de Flavius Esychius, qui exerça ses fonctions entre 361 et 363 (4).
La carrière sénatoriale de Caecilius Maximilianus, qui s'est déroulée
dans le deuxième quart du IVe siècle, est présentée dans l'ordre direct.
Pour avoir commencé par l'ancienne magistrature qu'est la questure,
à l'âge de 18 ans, le jeune homme est vraisemblablement fils de sénateur.
Mais, seule, la preture l'a fait entrer effectivement au sénat (5); la
recommandation de l'empereur atteste la faveur impériale: ce personnage est
désormais le dernier des praetor es candidati connus.
La préfecture de Vaerarium Saturni est le premier poste que le jeune
sénateur ait occupé dans l'administration impériale; il n'avait pas encore
trente ans (e), à la différence des titulaires de cette fonction du Haut-
Empire. Certes la titulature n'a pas changé, mais la dignité du personnage
est nettement moindre. D'autres documents attestent la permanence du
trésor sénatorial au IVe siècle (7); mais celui-ci est le seul qui nous indique
le rang des responsables de la caisse romaine.
Au cours de ses fonctions à Vaerarium, Caecilius Maximilianus a été
chargé du service des eaux, pendant la vacance du poste; le titulaire porte
le nom de consularis aquarum, qui a définitivement supplanté celui de
curator aquarum en 328 (8). Ce cumul ne nous étonne pas, puisque les

i1) Il se rencontre en revanche dans les textes littéraires: voir le Thesaurus


Linguae Latinae, VIII, col. 945, 1. 58 à 74.
(2) S. Mazzarino, Trattato di Storia Eomana, II, Kome, 1956, p. 461.
(3) Sans doute depuis l'année 326: cf. A. Chastagnol, La préfecture urbaine,
p. 297-299.
(4) Id., ibid., p. 465-466.
(6) A. Chastagnol, Bévue historique, CCXIX, 1958, p. 237-238.
(e) L'âge normal pour l'exercice de la preture doit être entre 20 et 25 ans: cf.
A. Chastagnol, ibid., p. 238.
(7) CIL, XI, 4181 = ILS, 1233; ILAlg, I, 1286; SEA, vita Aureliani, 20, 8;
Symmaque, Bel., 20, 2.
(8) A. Chastagnol, La préfecture urbaine, p. 47.
340 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET E'« AERARIUM MILITARE »

consular es aquarum sont de très jeunes gens, à peine sortis de la


preture (*); ils n'ont pas besoin d'avoir exercé effectivement le consulat suffect,
depuis que cette magistrature a perdu de sa dignité. Les membres de
l'aristocratie, dont fait certainement partie notre sénateur, en sont
généralement dispensés (2). Les fastes donnent le nom d'un Maximilianus,
consularis aquarum, à qui Constantin, en 330, a adressé une lettre sur les
aqueducs (3); il ne peut s'identifier au nôtre qui a occupé ce poste vingt
ans plus tard.
La correcture régionale est une fonction plus élevée, qui explique
par la suite l'accession à la préfecture de l'annone. Maximilianus est
corrector du district de Lucanie et Bruttium (4). Ce gouvernement régional
n'éloigne pas le sénateur de l'Italie.
La carrière culmine avec la préfecture de l'annone que la dédicace
romaine vise précisément à commémorer.
La préfecture de Vaerarium Saturni se place donc dans les années
350; Attius Caecilius Maximilianus a été en fonction avant Atilius Theo-
dotus, qui reste le dernier responsable connu de la caisse sénatoriale.
Maximilianus est le fils d'un clarissime d'Occident, qui a bénéficié de la
faveur des fils de Constantin; il siège au sénat romain sous le règne de
Constance II. L'ascension régulière de ce personnage est rythmée par
la gestion des magistratures traditionnelles, à l'exception du consulat
suffect dont il a dû être dispensé, et une série de postes de haut
fonctionnaire à Eome et en Italie. Dans ce cursus traditionnel, la préfecture du
trésor occupe la place la plus modeste. Ce rang confirme ce que d'autres
témoignages permettaient de déceler: certes, la caisse sénatoriale
subsiste à Eome au milieu du IVe siècle. Par respect pour l'ancienneté de
l'institution, le nom de ses responsables n'a pas changé. Mais elle n'a
plus aucune importance pour les finances de l'Empire et joue
vraisemblablement le rôle de simple « caisse municipale » pour la ville de Eome (5).
Il reste que ce poste de début semble conféré à des membres de la haute
aristocratie, promis à de belles carrières sénatoriales de l'administration
civile.

(x) A. Chastagnol, ibid., p. 48.


(2) Id., Bévue historique, CCXIX, 1958, p. 236-237.
(3) God. Theod., XV, 2, 1. A. Chastagnol, La préfecture urbaine, p. 262, note 4,
l'identifie à Avianus Maximilianus, préfet des vigiles vers 330.
(*) A. Chastagnol, L'administration du diocèse italien au Bas-Empire, dans
Eistoria, XII, 1963, p. 368: liste des correctores Lucaniae et Bruttii.
(6) A. Chastagnol, La préfecture urbaine, p. 75.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 341

73 - FLAVIUS ATILIUS THEODOTTJS

praefeetus aerari populi B(omani) vers 360

1 - ILAlg, I, 1286 Thubursicu Numidarum

[ ] amoris [ ] | [ob i]nstitutionem fori novi, | [Fï]avio Atilio


Theodoto, v(iro) orarissimo), \ praefeeto aerari populi M(omani), \ legato
provineiae Numidiae, | ordo et populus Thubursicen\sium, inposito signo
addens | operi decus auctori commodi \ liber alitate Furi Regini fl(aminis)
p(er)p(etui) \ hoc carissimo retentat \ adfectu.

2 - ILAlg, I, 1229 Thubursicu Numidarum

Honori et Virtu[ti Aug(ustorum) sacrum.] | Pro b(ayeatitudine tempo-


\f]u\m], | signum co\Î\o[s]si alte\rius, quon\\dam conlabsum, restitutum, im-
posi\tis circumcirca de ruinis erutis or\namentis, proconsulatu Clodi \ Mer-
mog\e\niani, amplissimi et orarissimi) v(iri), \ Flavius Atilius Theodotus,
v(ir) o(larissimus), | legatus eius, \t~\ute\lae~] fori no\vi conserva\f\i c[ura~]v[if].

3 - ILAlg, I, 1247 = ILS, 9357 Thubursicu Numidarum

Pro b(a}eatitudi[ne] | temporum, sig[n]\um Traiani de r[u]\inis abla-


tum pro I consulatu Clodi \ Hermogeniani, \ amplissimi et orarissimi) v(iri), \
Atilius Theodotus, | v(ir) c(larissimus), legatus ei[us~], \ in forum novu\m
transferre cu\ravit.

4 - ILAlg, I, 1274 Thubursicu Numidarum

B(a}eatissimis temporibus, Fl(avio) V\aV\\erio Constantino (sic) Mac\-


ximo sui cum veneratione \ de ruinis signo titulisq(ue) \ translatis, procon-
sula\tu Clodi Hermogeniani, orarissimi) v(iri), \ Flavius Atilius
Theodotus, | v(ir) c(lari8simus), legatus eius, oongruam stationem fori novi a se
con\diti provider e cura/oit.

5 - ILAlg, I, 1276 Thubursicu Numidarum

Felicissimo s(a)eculo \ d(omini) n(ostri) Iuliani, victo\ris ac trium-


phatoris | Augusti, \ proconsulatu Hermo\geniani, orarissimi) v(iri), AU-
342 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARITJM MILITARE »

lius | Theodotus, v(ir) c(larissimus), Ugatus \ eius, forum novum \ quod


instituit perfecìt \ ac dedicami, addit(is) \ columnis et statuts, | exornavit.

6 - ILAlg, I, 1285 = ILS, 9353 Thubursieu Numidarum

Hortaris in vitam, | miscens adversa secun\dis\


Clodius Eermogena | proconsulatu salu\bri |
TJieodoti cura lega\ti dedicat arcem. \
Eos ego lanuarius | versus formare cu\ravi.

7 - CIL, Vili, 25521 Bulla Regia

[Beatissijmis temporibus \ [d(omini) n(ostri) Fl(avi) Claudi IuVjiani


pii felicis victoris oc | [triumphato]ris semper Aug(usti), Clodio Hermo-\
[geniano Olybf]io, amplissimo et c(larìssimo) v(iro), proconsule [p(rovin-

|
ciae) A(fricae), Atilius T]heodotus, v(ir) c(larissimus), legatus Numidiae, \
tabularium vetus\tate ] | cum omni cult[u et omnibus ornamentis
pubblice perfecit.

Les sept inscriptions africaines qui mentionnent le clarissime


Flavius Atilius Theodotus datent toutes de l'époque où ce personnage était
l'un des légats du proconsul d'Afrique Clodius Hermogenianus (*). Une
série de documents atteste qu'Hermogenianus était en fonction en 361,
avant la mort de Constance, et qu'il l'est demeuré en 361-362, au début
du règne de Julien (2). Les textes 4, 5 et 7 confirment les mêmes dates
pour son légat Theodotus.
Six des inscriptions concernant Theodotus ont été retrouvées à Kha-
missa, l'antique Thubursieu Numidarum. Elles commémorent les grands
travaux exécutés au Forum novum, sous le contrôle du légat. La ville
a élevé à Theodotus une statue dont la base porte le cursus (texte 1); le
clarissime n'avait alors exercé que deux postes; il est clair que le second
est la légation de Numidie, contemporaine de l'érection de la pierre. Le
titre de legatus provinciae Numidiae est impropre, comme l'avait remarqué

(x) A. H. M. Jones, J. E. Martindale, J. Morris, The Prosopography of the Later


Eoman Empire, I, A.D. 260-395, Cambridge, 1971, p. 905-906, n° 3.
(2) A. Chastagnol, Fastes, p. 180-182, dans la notice consacrée à Q. Clodius
Hermogenianus Olybrius.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 343

St. Gsell (*), puisque la région où Theodotus exerçait les fonctions de


légat, la Numidia Hipponiensis, fait partie de la province di' Africa. Le
légat du proconsul, chargé du diocèse d'Hippone, s'est d'abord appelé
legatus provinciae Africae regionis Hipponiensis (2) pour éviter toute
confusion avec le legatus Augusti pro praetore provinciae Numidiae, qui était
le gouverneur de la province de Numidie. A partir du moment où celui-
ci, après 268, porte le titre de praeses, il n'y a plus d'erreur possible et
l'ancien légat de la Numidie proconsulaire à Hippone est nommé legatus
Numidiae (3). L'expression legatus provinciae Numidiae reste surprenante;
il en existe pourtant un autre exemple au IVe siècle (4). Le terme de
provincia est sans doute employé dans un sens emphatique pour le diocèse
d'Hippone (5).
Il semble que les légats du proconsul d'Afrique soient recrutés au
IVe siècle parmi les clarissimes africains (6). Il en est peut-être ainsi de
Flavius Atilius Theodotus.
Auparavant le jeune homme a occupé à Borne, vers 360, le poste de
praefectus aerari populi B(omani). C'est la mention la plus récente que
nous ayons de cette fonction, avec une titulature que nous n'avons jamais
rencontrée pour les siècles précédents. La questure et la preture, que
le jeune clarissime avait certainement exercées, sont rarement
indiquées sur les inscriptions de cette époque (7).
Vers 360, la caisse sénatoriale existe donc à Eome, sous le nom de
aerarium populi Bornant, à moins que Theodotus, au moment de
présenter son mince cursus aux décurions de Thubursicu, n'ait voulu
employer un terme plus explicite: quelques années plus tôt, Attius Oaecilius

(x) Dans son commentaire de l'inscription ILAlg, I, 1286.


(2) CIL, X, 5178.
(3) H.-G-. Pflaum, Une inscription de Madaure, dans Bec. de Constantine, LXIX,
1955-56, p. 64; A. Chastagnol, Les légats du proconsul d'Afrique au Bas-Empire, dans
Libyca, VI, 1958, p. 16-19: liste des légats du proconsul après 198.
(4) L. Aradius Valerius Proculus, signo Populonius, legatus pro praetore
provinciae Numidiae: CIL, VI, 1690 = IL8, 1240; CIL, VI, 1691; 1694; CIL, VIII, 24521;
voir la notice de A. Chastagnol, Fastes, p. 98, et la liste des légats dans Libyca, VI,
1958, p. 16-17.
(5) Sur ce sujet, voir la mise au point de A. Berthier, Du mot Numidia accolé
aux noms antiques de Constantine, dans Antiquités Africaines, III, 1969, p. 55-67,
en particulier p. 62.
(6) A. Chastagnol, Libyca, VI, 1958, p. 12.
(7) Id., La carrière du proconsul d'Afrique M. Aurelius Consius Quartus,
dans Libyca, VII, 1959, p. 200.
344 l'« AERARIUM SATURNI » ET L'« AERARIUM MILITARE »

Maximilianus (notice n° 72) portait encore le titre de praef(ectus) aerarli


Saturni. Sous le règne de Constance II, la caisse du sénat est administrée
par des jeunes gens de vingt à trente ans qui viennent de gérer la preture,
magistrature de jeunesse; comme le remarque A. Chastagnol, elle est
« devenue en fait une caisse municipale de second ordre » i1). Un
changement de nom sanctionne cette évolution; les auteurs postérieurs ne
l'appellent plus que arca et le terme aerarium s'applique désormais à l'ancien
fiscus (2). Ainsi Symmaque, en 384, fait allusion à Varca quaestoria (3),
que gèrent probablement les questeurs, élus par le sénat (4); l'Histoire
Auguste attribue à Aurélien la formule arca publica, à propos de la caisse
dont la responsabilité incombe au sénat (5).

74 - AELIUS XIPHIDIUS

praefectus aerarti

8 H A, vita AureUani, 12, 1


Litterae de consulatu: « Valerianus Augustus Aelio XipMdio prae-
fecto aerarli ».
Lettre au sujet du consulat: « De Valerien Auguste à Aelius Xiphidius, préfet
du trésor ».

cf. 8HA, vita AureUani, 11, 8

« Consulatum cum eodem TJlpio Crinito in annum sequentem a die un-


decimo kal(endarum) Iuniarum in locum Gàllieni et Valeriani sperare te
convenu sumptu publico ».

(x) A. Chastagnol, La 'préfecture urbaine, p. 75.


(») Id., ibid., p. 211.
(3) Symmaque, Bel., 20, 2.
(4) A. Chastagnol, La préfecture urbaine, p. 75.
(5) SHA, vita AureUani, 20, 8 (dans une lettre fictive d'Aurélien au sénat):
« 8i quid est sumptuum, datis ad praefectum aerarii litteris decerni iussi; est praetera
vestrae auctoritatis arca publica, quam magie refertam reperio esse quam cupio. (« Quel
qu'en soit le prix, j'ai ordonné par lettre au préfet du trésor de le payer; vous avez
en outre sous votre autorité la caisse de l'Etat que je trouve plus remplie que je ne le
désire ».) Ce passage est loin d'être clair puisqu'il oppose le praefectus aerarii, à qui
l'empereur donne un ordre de paiement, à Varca publica, caisse sénatoriale.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 345

« II convient que tu attendes le consulat, avec le même Ulpius Crinitus, pour


l'année prochaine, à partir du onzième jour avant les kalendes de juin, pour succéder
à Gallien et Valerien; tes dépenses seront assumées par l'Etat ».

Aelius Xiphidius, praefectus aerarii, n'est pas connu autrement que


par une lettre fictive de l'empereur Valerien, insérée dans la Vie d'Au-
rélien (*). En raison de la pauvreté d'Aurélien, l'empereur demande au
préfet du trésor de subvenir aux dépenses des jeux organisés par son
protégé, à l'occasion de son consulat. Lorsque Valerien avait promis le
consulat à Aurélien, il lui avait déjà assuré que les frais seraient assumés
par l'Etat. Selon l'Histoire Auguste, ce consulat suffect daterait d'une
année où Valerien et Gallien furent consuls, c'est-à-dire de 254, 255 ou
257 (2). En fait, le premier consulat d'Aurélien est celui de l'année 271 (3).
Ce passage est donc une pure invention des auteurs de l'Histoire Auguste.
Il est possible que le nom du préfet du trésor Aelius Xiphidius ait été
forgé pour la circonstance.
Pouvons-nous au moins tirer de cette anecdote quelques
renseignements sur l'administration de la caisse sénatoriale à l'époque où fut
rédigée la vie d'Aurélien, probablement à la fin du IVe siècle (4)?
L'existence d'un praefectus aerarii n'est plus attestée depuis le règne de
Constance II: le dernier en date est Flavius Atilius Theodotus, qui exerça ses
fonctions en 360 au plus tard (5). En revanche, la caisse elle-même
subsiste sous le nom d'arca quaestoria en 384 encore (e), comme en témoigne
la Relatio, par laquelle Symmaque demande à l'empereur que le fisc
rembourse cette caisse de la somme qu'elle a dépensée pour l'achat d'un char
d'apparat destiné au préfet (7). Dans un autre passage, le biographe
d'Aurélien attribue justement à cet empereur l'expression arca publica, à
propos de la caisse qui était sous l'autorité du sénat (8). La formule de
Symmaque semble indiquer qu'avant 384 — et après 360 — la gestion

i1) E. Glroag, PIB2, I, p. 48, n° 280; P. Lambrechts, Sénat romain, II, p. 62,
n° 833; G. Barbieri, Albo senatorio, p. 246, n° 1413.
(2) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 70.
(3) A. Stein, PIE2, III, p. 41-42, n° 135.
(4) A. Chastagnol, Le problème de V Histoire Auguste: état de la question, dans
Historia Augusta Colloquium, Bonn, 1963, Bonn, 1964, p. 66-67.
(5) ILAlg, I, 1286; voir la notice n° 74.
(6) Sur la préfecture urbaine de Symmaque et la date des Belationes, cf. A.
Chastagnol, Fastes, p. 222-226.
(7) Symmaque, Bel, 20, 2.
(8) 8ΞΑ, vita Aureliani, 20, 8: texte cité p. 344, note 5.
346 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

de Varca sénatoriale a été confiée aux questeurs (*) et non plus à des
praefecti.
Ainsi s'expliquent peut-être les trois allusions à la praefectura aerarli
qui apparaissent dans la vie d'Aurélien:
1) Le préfet de la Ville acquitte, sur l'ordre de l'empereur
Valerien, la solde des hauts officiers de l'armée qui séjournent provisoirement
à Eome; le paiement est effectué, sous sa responsabilité, par les praefecti
aerarli (2).
2) L'empereur Valerien ordonne par lettre au praefectus aerarti,
Aelius Xiphidius, d'assumer les dépenses des jeux et du banquet public
offerts par Aurélien à l'occasion de son consulat suffect (3).
3) L'empereur Aurélien décide la consultation des livres
sibyllins; il ordonne par lettre au praefectus aerarli de prendre en charge toutes
les cérémonies que les livres sacrés exigeront, quel qu'en soit le prix (4).
Il est invraisemblable d'imaginer que toutes ces dépenses
extraordinaires, en particulier la première (5), aient pu être à la charge de la
caisse sénatoriale, pas plus au IIIe siècle qu'à la fin du IVe. Nous devons
donc constater une volonté délibérée des auteurs de l'Histoire Auguste
de faire apparaître un praefectus aerarti tout au long de la vie
d'Aurélien, chaque fois qu'un problème financier se posait. Pouvons-nous
suggérer, en pensant au contexte probable de la rédaction de cet ouvrage,
que cette insistance révèle le mécontentement du parti sénatorial à la
suite de la réorganisation de la modeste caisse contrôlée par le sénat!
Le praefectus aerarli a vraisemblablement disparu à l'occasion de cette
réforme.

Ainsi le nom d'Aelius Xiphidius peut être une invention des auteurs
de l'Histoire Auguste pour justifier l'introduction du titre de praefectus
aerarli, supprimé depuis peu. Ce personnage imaginaire mérite de figurer
dans les fastes de la préfecture en témoignage de l'état d'esprit du milieu
sénatorial romain à la fin du IVe siècle.

(x) C'est l'avis de A. Chastagnol, La préfecture urbaine, p. 75.


(a) 8HA, vita Aureliani, 9, 2-7, en particulier: relìqua per praefectos aerarli prae-
bebuntur.
(3) Ibid., 12.
(4) Ibid., 20, 4.
(5) Dans le même sens, voir L. Homo, Les privilèges administratifs du sénat romain
sous VEmpire et leur disparition graduelle au cours du III' siècle, dans Bévue historique,
CXXXVII, 1921, p. 28-30, et A. Chastagnol, La préfecture urbaine, p. 210.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 347

L'ADMINISTEATION DU TBÉSOB MILITAIBE

Après avoir fixé, en 5 ap. J.-C, le temps de service des prétoriens


à seize ans et celui des légionnaires à vingt ans (x), Auguste fonda, l'année
suivante, une caisse de retraite pour les vétérans, Vaerarium militare (2).
Nous savons par Dion Cassius qu'Auguste confia l'administration
de ce trésor à trois anciens préteurs, qui restaient en fonction pendant
trois ans; ils étaient désignés par tirage au sort et ils disposaient de deux
licteurs chacun ainsi que d'un personnel particulier (3). Ce système a duré
plusieurs années, comme le précise Dion Cassius; mais, à son époque, les
trois anciens préteurs étaient nommés par l'empereur et n'étaient plus
accompagnés de licteurs (4).
Le titre des sénateurs responsables de Vaerarium militare est connu
seulement par les inscriptions. ÎTous étudierons l'évolution de cette
administration dans la troisième partie, à la lumière des conclusions de
l'étude prosopographique des praefecti aerarti militaris.

(x) Dion Cassius, LV, 23.


(2) Bes Gestae, 3, 35-39; Suétone, Aug., 49; Dion Cassius, LV, 25, 1.
(8) Dion Cassius, LV, 25, 2.
(*) Dion Cassius, LV, 25, 3.
348 ΐΛ< AERAKIUM SATURNI » ET ΐΛ( AEEARIUM MILITARE »

I - M. ABTOBIUS GEMINUS

praef. aerar, mil. 10 ap. J.-C.

1 - CIL, VI, 90 = ILS, 3782 Eome

M(arcus) Artorius Geminus, \ leg(atus) Caesar(is) Aug(usti), prae-


f(ectus) aerar(ii) mil(itaris), \ Concordiae.

2 - GIL, X, 841 = IL8, 5638 a Pompei

M(arcus) Artorius M(arci) l(ibertus) Primus arcMteetus.

|
3 - CIL, X, 807 ibid.

M(arcus) Artorius M(arci) l(ibertus) Prim\us~\.

Plusieurs dédicaces à la déesse Concordia ont été mises au jour sur


le forum romain. Six d'entre elles ont été gravées pro salute Tiberii Cae-
saris Augusti pontificie maximi (*) et s'expliquent sans doute par une
circonstance commune: en effet, elles se terminent toutes par l'indication
d'une offrande de métal, or ou argent, dont le poids est précisé. On datait
traditionnellement ces documents de l'année 16, en rappelant qu'au
lendemain de la conjuration de Libo, le sénat avait décidé des dons à
Concordia (2); dans un article récent, Th. Pekary propose le milieu de
l'année 31, quelques mois avant la chute de Séjan (3). On connaît les rapports
de Tibère avec Vaedes Concordiae; c'est ce prince qui, en 10 ap. J.-C. (4),
a dédié le nouveau temple, dont le podium seul est visible aujourd'hui
sur le forum romain, au pied du Capitole (5).
L'inscription de M. Artorius Geminus n'appartient pas au groupe
que nous venons de rappeler (6): elle n'a pas été gravée pour le salut de

i1) CIL, VI, 91 = ILS, 153 (pro incolumitate Ti. Caesaris divi Aug. f. Augusti
pontifie, max.); VI, 92 = 30690; VI, 93; VI, 94; VI, 3675 = 30856 = ILS, 3783;
VI, 904.
(2) Tacite, Ann., II, 32, 3.
(3) Th. Pekary, Tiberius und der Tempel der Concordia in Born, dans Rom. Mitt.,
73-74, 1966-1967, p. 105-133.
(4) Suétone, Tib., 20, 3; Dion Cassinis, LVI, 25, 1; Inscr. Ital., XIII, 2, n° 17,
p. 115 (le 16 janvier).
(5) S. Β. Platner et Th. Ashby, A Topographical Dictionary of Ancient Borne,
Eome, 1929, p. 138-140; E. Nash, Pictorial Dictionary of Ancient Borne, Tubingen,
1968, I, p. 292-294.
(e) Th. Pekary, loc. cit., n'y fait d'ailleurs aucune allusion.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 349

Tibère et ne mentionne aucun don. Il est vrai que le titre de Caesar


Augustus porté par l'empereur sur l'inscription s'applique à Tibère aussi bien
qu'à Auguste et qu'il n'y a pas d'argument décisif pour dater la dédicace
à Concordia sous un règne plutôt que sous l'autre; cependant, comme
elle honore la déesse seule, il nous paraît raisonnable de la mettre plutôt
en relation avec la cérémonie de l'année 10.
Lorsqu'il a fait élever cette pierre, M. Artorius Geminus était préfet
de Vaerarium militare i1). Il est le premier administrateur connu pour la
caisse de retraite des vétérans, qu'Auguste venait de créer en 6 ap.
J.-C. (2). De sa carrière antérieure, seule la fonction de legatus Caesaris
Augusti est mentionnée. Nous ne pouvons pas préciser la nature de cette
légation; le nom de Caesar Augustus se référerait ici à Auguste. Le
personnage était un ancien préteur, bien que les magistratures ne figurent pas
sur l'inscription. On sait par Dion Cassius que les responsables de
Vaerarium 'militare étaient des sénateurs de rang prétorien, désignés par tirage
au sort pour trois ans (3). L'architecte qui a dirigé les travaux du grand
théâtre de Pompéi est probablement l'un de ses affranchis.
Le médecin d'Auguste, M. Artorius Asclepiades de Smyrne, disparu
peu après la bataille d'Actium (4), est le grand-père du préfet du trésor
militaire plutôt que son père, comme l'a noté E. Groag (5). Le père est
sans doute Artorius Geminus dont Mommsen a restitué le nom sur une
inscription mutilée; cette pierre était apposée sur un monument
funéraire qui est peut-être celui d'Asclepiades (e). Artorius Geminus est connu
en effet par deux inscriptions du même monument pour être l'arrière-
grand-père de M. Septicius Sura (7) et Q. Marcius Barea Sura (8); Momm-

(!) P. v. Rohden, BE, II, 2, 1896, col. 1461, n° 5, Artorius; E. Groag, PIB2,
I, p. 237, n° 1186; S. J. De Laet, Bom. Senaat, p. 29, n° 53.
(2) Dion Cassius, LV, 25; Suétone, Aug., 49, 4; Bes Qestae, 3, 35-39.
(3) Dion Cassius, LV, 25, 1.
(4) P. v. Rohden, BE, II, 2, 1896, col. 461, n° 4; A. Stein, PIB2, I, p. 236-237,
n° 1183; G. W. Bowersock, Augustus and the Greek World, Oxford, 1965, p. 123»
(5) E. Groag, PIB2, I, p. 237, n° 1186, suivi par S. J. De Laet, op. cit., p. 29,
n° 53 (M. Artorius Geminus, préfet du trésor militaire). En revanche, T. P. Wiseman,
New Men, p. 215, n° 45, reconnaît en M. Artorius Geminus, préfet du trésor militaire,
un fils possible du médecin d'Octave et le retient par conséquent comme un homo novus.
(β) CIL, VI, 31767; aussi E. Groag, PIB2, I, p. 237, n° 1185, suivi par S. J.
De Laet, op. cit., p. 28-29, n° 52, distingue-t-il un sénateur Artorius Geminus, qui
serait le fils d'Asclepiades et le père du préfet du trésor militaire.
(7) CIL, VI, 31765: M. 8epticius Q. f. G. n. C. et Gemini [Artori pronepos] Sura.
(8) CIL, VI, 31766 = ILS, 953: Q. Marcius Q. f. C. n. C. et Gemini Artori pronepos
Barea Sura; cf. Miltner, BE, XIV, 2, 1930, col. 1549-1550, n° 38. ..
.
350 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

sen supposait que le fils du médecin d'Auguste, Artorius Geminus,


avait été le premier sénateur de sa famille, pour expliquer que les deux
petits-fils de sa fille Artoria aient conservé son nom dans leur filiation.
L'hypothèse est séduisante; elle ne peut pas être vérifiée tant que nous
ne connaissons rien de la carrière éventuelle d'Artorius Geminus.
Un stemma de la famille pourrait se présenter ainsi:

M. Artorius Asclepiades
medicu8 Augusti

Artorius G-eminus

M. ARTOEIUS GEMINUS (Artoria)


praef. aerar, mil.
(10 ap. J.-C.)

Q. Marcius Q. f. C. n. C. M. Septicius Q. f. C. n. C.
et Gemini et Gemini
Artori pronepos [Artori pronepos]
Β area Sura Sura

Nous ne tentons pas de reconstituer l'arbre généalogique des arrière-


petits-fils d'Artorius Geminus. E. Groag pensait qu 'Artoria avait eu deux
maris successifs, C. Septicius et C. Marcius; cela ne nous paraît pas
certain. Comment expliquer dans ce cas la filiation identique de leurs
descendants respectifs! Peut-être convient-il d'envisager un seul mariage
d'Artoria — avec un C. Marcius — , un seul fils — peut-être Q. Marcius
Barea Soranus, consul suffect en 34 (x) — qui aurait eu lui-même deux
fils, dont l'un aurait été adopté — par M. Septicius. C'est tout ce que
nous pouvons suggérer pour rendre compte de la généalogie indiquée.
Mais il n'y a aucune certitude.
M. Artorius Geminus, préfet de Vaerarium militare à la fin du règne
d'Auguste, est un sénateur de rang prétorien, peut-être fils de sénateur
lui-même; sa famille était originaire de Smyrne.

Il nous reste à formuler une hypothèse sur la signification de la


dédicace à Concordia. Aucun texte ancien ne précise l'emplacement de

(x) II est en effet le fils d'un C. Marcius comme le prouve sa filiation: voir en
particulier CIL, VIII, 19492 = ILAlg, II, 1, 1550; sur ce personnage, cf. Miltner,
BE, XIV, 2, 1930, col. 1549, n° 37, et A. Degrassi, Fasti consolari, p. 10.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 351

Vaerarium militare, créé par Auguste en 6 ap. J.-C. Les fonds de la caisse
de retraite étaient certainement conservés dans le podium d'un temple,
comme il était d'usage. Pourquoi pas au temple de la Concorde, qui
s'élevait à quelques pas du temple de Saturne, abri traditionnel du trésor de
l'Etat? Nous examinons cette éventualité dans la troisième partie de
notre travail; la suggestion est hypothétique; elle expliquerait la dédicace
offerte par un préfet du trésor militaire à Concordici et justifierait par
ailleurs les offrandes métalliques, qui sont mentionnées sur les six
inscriptions étudiées par Th. Pekary.

II - C. STEETINIUS M. f. MAXIMUS

praef. ae[r]ari mil[-~] avant 23

1 - CIL, Y, 7557 Hasta, regio IX

C(aio) Stertinio M(arci) f(ilio) Maximo, | Xvir(o) sflitibus iudican-


(dis), | [q(uaestori)], tr(ibuno) pleb(is), pr(aetori), praef(ecto) ae{f]ari mil[(i-
taris) ]

2 - IGR, IV, 1724 = 8EG, 1, 389 Samos


a - Ό δήμος | Γά'ίον Στερτίνιον Μάξιμον ϋπατον \ ενϋεβείας χάριν τής
|

προς το &εΐον "Ηρψ.


b - Ό δήμος | Γάϊον Άαίνιον Πωλλίωνα νπατον | ευσέβειας χάριν τής
|

προς το Θείον \ "Ηρψ.


e - | Ό δήμος | Τιβερί<οι καίϋαρι Σεβα\οτώι αύτοκράτορι.

3 - Inscr. Ital., XIII, 1, η° 24, ρ. 298 Fasti Arvalium

[C(aius) Asinius P]ollio [C(aius) Antistius V]etus [suf(fectus)


\

C(aius) Stertinius M]axim(us) a. 23

4 - Sénèque le Ehéteur, Controverses, II, 1, 36


(Syriacus) contra Maximum Stertinium, a quo premebatur, cum comes
eius fuisset, dixit; per annos duodecim in officio (tuo} fui; die quid in domo
tua peccaverim.
A Stertinius Maximus, qui le chargeait, lui qui avait fait partie de eon état-
major, Syriacus répondit: «j'ai été pendant douze ans à ton service; dis quelle faute
j'aurais commise dans ta maison ».
352 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

5 - J. Keil, Forschungen in Ephesos, IV, 1, 1932, Ephèse


p. 96 = AJE, 1935, 169

C(aius) Stertinius C(ai) Stertini Maximi consularis \ l(ibertus) Orpex,


quondam scriba librarius, Me situs est et | Stertinia C{ai) l(iberta) Quieta, \
C(aius) Stertinius C(ai) f(ilius) Marinus v(ixit) a(nnis) Vili, \ C{aius)
Stertinius C(ai) f(ilius) Asiaticus v(ixit) a(nnis) III, \ Stertinia C(ai) f(ilia)
Prisca v{ixit) a(nnis) Vili.

Les habitants de Samos ont élevé trois statues dans le temple d'Héra,
l'une de l'empereur Tibère, les deux autres des consuls 0. Asinius Pollio
et C. Stertinius Maximus (textes 2). Pollio était consul ordinaire en 23 (χ),
avec C. Antistius Vêtus pour collègue (2); cette annéé-là, une ambassade
de Samos vint au sénat, pour obtenir la confirmation de l'antique droit
d'asylie reconnu au temple d'Héra (3). En qualité de consul suffect,
0. Stertinius Maximus appuya sans doute la requête des Samiens (4); aussi
devons-nous restituer son nom sur les fastes des frères Arvales, à la suite
de ceux des consuls éponymes de l'année 23 (texte 3). A la même époque,
C. Stertinius Maximus accorda aussi sa protection aux habitants de Cos,
qui menaient une démarche identique au profit du fameux sanctuaire
d'Asclépios (5); il reste un souvenir des bons offices du consul envers les
ambassadeurs de Cos dans le nom de C. Stertinius Xenophon, médecin
de Tibère, Caligula et Claude, originaire de cette île grecque, qui reçut
probablement la citoyenneté romaine à cette occasion (6).
Asti est sans doute la patria de C. Stertinius Maximus; l'inscription
honorifique élevée au sénateur dans cette cité fait connaître sa filiation
— son père portait le prénom Marcus — et son cursus, dans l'ordre
chronologique jusqu'aux fonctions prétoriennes.

(x) E. G-roag, PIB2, I, p. 253-254, n° 1242; A. Degrassi, Fasti consolari, p. 9.


(2) E. Groag, PIB2, I, p. 148-149, n° 772; A. Degrassi, ibid.
(3) Tacite, Ann., IV, 14: is quoque annus legationes Graecarum civitatium habuit,
Samiis Iunonis, Cois Aesculapii delubro vetustum asyli ius ut firmaretur petentibus.
(4) En 22 déjà, le sénat avait remis aux consuls le soin d'examiner les titres des
lieux d'asile: cf. Tacite, Ann., Ill, 63: quorum copia fessi patres, et quia studiis certabatur,
consulibus permisere ut, perspecto iure et si qua iniquitas involveretur, rem integrarti
rursum ad senatum referrent.
(5) Voir la note 3.
(6) H. -a. Pflaum, Carrières,!, p. 41-44, n° 16.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 353

Sous Auguste, le jeune homme a abordé la carrière sénatoriale par le


décemvirat judiciaire; il ne semble pas avoir accompli de service
militaire i1). Il a exercé normalement la questure, le tribunat de la plèbe
et la preture, puisque la première magistrature se restitue aisément sur
la pierre d'Asti. La préfecture de Vaerarium militare est le premier poste
prétorien; il semble qu'un second ait figuré dans la partie manquante
de l'inscription. Il s'agit peut-être d'une légation provinciale.
L'époque à laquelle a vécu le sénateur justifie l'identification avec
un homonyme (2), qui apparaît dans les Controverses de Sénèque le père
(texte 4). En 30 ap. J.-C, le rhéteur Vallius Syriacus, qui appartenait
au cercle des amis d'Asinius Gallus, fut condamné à mort à la suite d'un
procès (3); Stertinius Maximus fut appelé à déposer au tribunal contre
Syriacus, qui avait été son subordonné. Par la réponse du rhéteur, nous
apprenons qu'il avait appartenu pendant douze ans à Vofßcium du
sénateur et qu'il avait été cornes eius. Il a sans doute fait partie de son état-
major au cours d'une légation provinciale; peut-être s'agit-il du poste
prétorien qui manque sur la pierre d'Asti. Cependant il n'est guère
vraisemblable d'imaginer que Stertinius Maximus soit resté douze ans dans
la même province, même si Tibère a laissé les gouverneurs en place
pendant assez longtemps (4). Vallius Syriacus est resté sans doute au service
de Stertinius Maximus à plusieurs stades de sa carrière. Peut-être
Syriacus appartenait-il à Vordo scribarum) il aurait alors assisté le sénateur,
en qualité de scriba librarius, pendant sa gestion triennale de Vaerarium
militare, avant de l'accompagner dans quelque province prétorienne.
L'affranchi C. Stertinius Orpex d'Ephèse a été lui-même scribe du préfet
(texte 5); sa disparition est postérieure à l'année 23, puisque le sénateur
est dit consularis sur le monument funéraire de son affranchi: les
descendants d'Orpex ont voulu donner à son protecteur son titre le plus élevé.

(*) On trouve d'autres exemples de carrières qui comportent le seulement vigin-


tivirat et non le tribunat militaire, sous Auguste: cf. Th. Mommsen, Droit public
romain, II, p. 204, avec note 1, et T. P. Wiseman, New Men, p. 153, avec note 1.
(8) Déjà envisagée par H. Dessau, PIB1, III, p. 273, n° 660 et n° 661, qui
n'avait pas la précision du consulat suffect pour dater le cursus de C. Stertinius Maximus;
voir le développement de E. Groag, BE, III, A, 2, 1929, col. 2454-2456, n° 13,
Stertinius·, brèves notices de S. J. De Laet, Bom. Senaat, p. 83, n° 361, et de T. P. Wiseman,
New Men, p. 263, n° 415 (qui reconnaît en lui un homo novus possible).
(3) Dion Cassius, LVIII, 3, 2-7.
(4) Tacite, Ann., I, 80; Dion Cassius, LVIII, 24.
23
354 Ι/« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

III - L. CAESIUS [-]

praefect[us aerari milifjaris entre 21 et 30

CIL, V, 8845 Verona, regio IX

Ti(berìo) Caesari, [divi Aug(usti) f(ilio), Augusto, pontefici) max{imo),


tri]bunic(ia) po[test(ate) , co(n)s(uli) II]II, Imp(eratori) Vili, | L(u-
cius) Caesius [ ], praefect[us aerari milii]aris, d(e) p(ecunia) s(ua)
d{edit).

Trois fragments retrouvés près de Vérone, en 1872, appartiennent


à la base d'une statue de Tibère, élevée par le sénateur L. Caesius [-].
Lors de la dédicace de la statue, le prince avait obtenu huit
salutations impériales; or, la huitième et dernière date de l'année 21. De
l'indication du consulat subsistent seulement deux hastes: il ne peut s'agir
que du quatrième consulat, [II]II, exercé également en 21. La pierre a
été gravée, en tout cas, avant l'année 31, qui est celle du cinquième
consulat de Tibère.
Le dédicant, L. Caesius [-], a administré Vaerarium militare, avec le
titre de préfet, entre 21 et 30 (x). Il était certainement originaire de
Vérone et a fait élever une statue dans sa villa. Une lettre de Pline à Trajan
rappelle cette habitude des familles italiennes du premier siècle (2). ÎTous
devons supposer que le sénateur avait à cette époque le rang d'ancien
préteur, qui était celui des administrateurs de la caisse de retraite des
vétérans (3).
Le consul suffect de 52, L. Caesius Martialis (4), est probablement
son fils. Il ne peut pas être identifié au préfet de Tibère (5); nous n'avons
pas d'exemple d'un responsable de Vaerarium militare qui ait attendu
trente ans le consulat.

i1) E. Groag, BE, III, 1, 1897, col. 1312, n° 7, Caesius, et A. Stein, PIB2, II,
p. 38, n° 188; S. J. De Laet, Bom. 8enaat, p. 109, n° 545.
(2) Pline, Lettres, X, 8.
(3) Dion Cassius, LV, 25, 1, précise que les praefecti aerarti militaris sont
recrutés parmi les anciens préteurs. '
(*) E. Groag, PIB2, III, p. 40, n° 200; S. J. De Laet, op. cit., p. 150, n° 961.
(5) A. Stein, PIB2, II, p. 38, n° 188, n'exclut pas leur identité.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 355

IV - P. CATIENUS P. f. Ser. SABIÎTOS

praef. aerar, milit. sous Tibère

1 - M. Della Corte, Not. d. Scavi, CCCXXV, 1928, AbelUum, regio I


série VI, vol. IV, p. 381, n° 4

P(ublio) Catieno P(ublii) f(ilio) \ Ser(gia tribu) Sabino, \ q(uaestori),


tr(ibuno) pl(ebis), pr(aetori), proco(n)s(uli), \ praef(ecto) aerar(ii) milit(a·
ris), | legato Caesaris Aug(usti), \ d(ecreto) d(eeurionum), \ patrono.

2 - GIL, XIV, 4704 Tibur, regio I

G(aius) Antistius C(aii) f(ilius) C(aii) n(epos) Vêtus, | C(aius)


Valerius L(ucii) f(ilius) Flacc(us) Tanur, \ P(ublius) Vergilius M(ard) f(ilius)
Pontian(us), | P(ublius) Catienus P(ublii) f(ilius) Sabinus, \ Ti(berius)
Vergilius Ti(ti) f(ilius) Ruf us, \ curatores riparum et alvei | Tiberis ex
s(enatus) c(onsulto) terminaver(unt), \ r(ecto) r(igore) l(ongum) p(edes).

3 - CIL, XIV, 192; cf. A. Stein, Hermes, LXV, Ostie


1935, p. 235, note 2

[ ]nus | [ ] Rufus, | curatores ripar[um\ \ [et alvei] Tiberis [ ].

P. Catienus Sabinus, inscrit dans la tribu Sergia, est originaire du


Samnium, sinon a'Abellinum même, dont il fut le patron; les habitants
de cette cité appartiennent en effet à la tribu Galeria (x); pour cette raison,
l'éditeur du cursus, M. Della Corte, pensait que la patria du sénateur
était plutôt la ville voisine a1 Abella, où se rencontre la tribu Sergia (2).
Une branche des Catieni était venue s'installer à Abellinum, puisque la
présence d'un autre membre de cette famille est attestée dans la cité (3).
A. Stein a identifié le préfet du trésor militaire au curateur
homonyme, P. Catienus Sabinus, fils de Publius, connu par une série de
bornes retrouvées sur les rives du Tibre (4). Il estime que la curatelle, fonction

(x) J. W. Kubitschek, Imperium Romanum, p. 9.


(2) CIL, X, 1210; M. Della Corte, Not. d. Scavi, CCCXXV, 1928, p. 381, donne
à Abélla la tribu Sergia; mais J. W. Kubitschek, op. cit., p. 8, indique la tribu G-aleria.
(3) CIL, X, 1159: P. Catienus Q. f.
(4) A. Stein, Béllum Aquileiense, dans Hermes, LXV, 1935, p. 234-235; à la
page 235, note 2, l'auteur propose de lire sur le cippe mutilé d'Ostie (CIL, XIV, 192)
NUS au lieu des lettres MCC retenues par les éditeurs.
356 L'a ABRASION SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

prétorienne, a été exercée après les postes énumérés sur la pierre d'J.-
beïlinum. Dans la notice que la ProsopograpMa Imperii Bomani a
consacrée à ce sénateur, E. Groag hésite entre l'interprétation de Stein et une
seconde hypothèse (x): la curatelle du Tibre pourrait être une
responsabilité exceptionnelle, oubliée de ce fait par les dédicants de l'inscription
honorifique.
L'étude des curateurs du Tibre de J. Le Gall apporte quelques
éclaircissements; elle permet en particulier de dater cette carrière du début
de l'empire, époque où la curatelle du Tibre était collégiale (2); le collège,
présidé par un consulaire, comprenait quatre assesseurs. La borne la
mieux conservée porte les cinq noms; le premier est celui du président
de la commission, un consulaire, par conséquent C. Antistius Vêtus; or,
nous savons que ce sénateur a été consul en 23 (3). Le bornage est
postérieur à l'année 23; il est de toute façon antérieur à l'avènement de Claude,
qui fit remplacer la formule ex senatus consulto terminaverunt par la
mention de son auctoritas (4). Ainsi P. Catienus Sabinus fut chargé de la
surveillance des rives du Tibre en 24 ou peu après. Assesseur d'un consulaire,
il avait probablement le rang prétorien, qui est celui des adjoints du
curator aquarum, président de la commission; la curatelle des eaux figure
parmi les postes prétoriens sur une inscription de Forum Popili, qui porte
le cursus de L. Funisulanus Vettonianus (5). En vérité, il ne subsiste aucun
texte qui témoigne du rang des curateurs du Tibre, simples assesseurs;
nous ne disposons pour aucun d'eux d'une pierre, sur laquelle ce poste
serait gravé à sa place dans le cursus (6). Du fait que la collégialité a
disparu au milieu du Ier siècle, nous manquons de témoignages sur la
commission du Tibre. Il reste que, contrairement à la remarque de E. Groag,
la curatelle n'avait rien d'exceptionnel. Peut-être n'était-ce pas une
responsabilité assez considérée pour figurer parmi les postes du sénateur;
nous suggérons cette éventualité en nous appuyant à nouveau sur
l'exemple de L. Funisulanus Vettonianus, adjoint prétorien du consulaire
curateur des eaux; nous avons indiqué plus haut l'inscription de Forum Po-

0) E. Groag, PIB2, II, p. 126, n° 551; brèves notices de S. J. De Laet, Bom.


Senaat, p. 37-38, n° 98, et de T. P. Wiseman, New Men, p. 223, n° 110, où il figure
comme un homo novus possible.
(2) J. Le Gali, Le Tibre, fleuve de Borne dans l'Antiquité, Paris, 1953, p. 135-148.
(s) E. Groag, PIB2, I, p. 148, n° 772; A. Degrassi, Fasti consolari, p. 9.
(4) J. Le Gall, op. cit., p. 138, n° 4: l'auteur considère P. Catienus Sabinus
comme un inconnu; il ne cite pas le cursus a'Abeïlinum, ni le fragment CIL, XIV, 192.
(5) CIL, XI, 571; cf. AE, 1946, 205; voir la notice n° 23.
(«) J. Le Gall, op. cit., p. 137-138.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 357
pili, qui mentionne la cura aquarum parmi les premiers postes prétoriens;
sur la pierre d'Andautonia qui porte aussi le cursus de L. Funisulanus
Vettonianus, la curatelle des eaux a été omise i1). Nous pouvons imaginer
par conséquent que P. Catienus Sabinus avait déjà assumé la curatelle
des rives du Tibre, lors de la rédaction de l'inscription honorifique d'Abel-
linum. Nous envisageons cependant aussi l'autre possibilité, à savoir
l'exercice de la curatelle après la rédaction du cursus. La curatelle donne
en effet un terminus a quo: l'année 24.
P. Catienus Sabinus commence sa carrière par la questure,
normalement suivie, pour un plébéien, du tribunat de la plèbe. Il est possible
qu'il ait été envoyé dans une province sénatoriale l'année de la preture
avec la fonction de pr(aetor) pro co(n)s(ule), dont il existe d'autres
exemples (2). Il nous paraît plus simple de considérer que, cinq ans après la
preture, Sabinus est devenu proconsul d'une province dont le nom n'est
pas précisé, comme il arrive souvent à cette époque. Une inscription
contemporaine, rédigée dans l'ordre indirect, mentionne sans équivoque
l'exercice du proconsulat après la preture (3).
La préfecture de Vaerarium militare occupe Sabinus à Eome
pendant trois ans. Il part ensuite dans une province impériale comme légat
de l'empereur Caesar Augustus; il est probablement gouverneur; le nom
de Caesar Augustus désigne aussi bien Auguste que Tibère.
Ou bien la curatelle des eaux a été omise sur l'inscription; dans ce
cas, la légation lui est postérieure et se place après l'année 24 et c'est
Tibère qui est désigné sous le nom de Caesar Augustus. P. Catienus
Sabinus a été préfet du trésor dans la deuxième moitié du règne.
Ou bien la curatelle des eaux a été exercée après la légation; dix ans
ne se sont pas écoulés entre les deux postes. C'est encore à Tibère que doit
être identifié l'empereur Caesar Augustus; la préfecture du trésor
militaire, qui a précédé la légation, date des premières années du règne.
La première solution nous paraît plus raisonnable. L'adjoint du
consulaire curateur du Tibre occupait certainement un poste aussi modeste
que l'adjoint au consulaire curateur des eaux. Cette fonction subalterne

(!) CIL, III, 4013 = ILS, 1005.


(2) Th. Mommsen, Droit public romain, II, p. 168, avec note 4; c'est l'avis de
A. Stein, Hermes, LXV, 1935, p. 234.
(3) II s'agit du curêus de Sex. Palpellius Hister, qui fut consul suffect en 43,
(CIL, V, 35 = ILS, 946): Sex Palpellio P.f. Tél. Bistro leg. Ti. Claudi Oaesaris Aug.,
procos, pr., tr. pi., Xvir stl. iudie., tr. mil. leg. XIIII geminae, corniti Ti. Caesaris
Aug. dato ab divo Aug., C. Precius Felix Neapolitanus memor benefici.
358 ΐΛ< AERAEIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

se comprend mal après deux gouvernements provinciaux. La curatelle


des eaux peut trouver place dans l'intervalle de cinq ans qui sépare la
preture du proconsulat.
T. [Ca]tienu8 Sabinus, légat du proconsul de Chypre en 43 (*), est
sans doute le fils du préfet de Vaerarium militare', la restitution de la
première syllabe de son nom, que proposait A. Stein (2), est confirmée
par l'inscription funéraire romaine de Maria Modia, épouse de T. Vivius
Catienus Sabinus, élevée à son fils P. Catienus Festus, fils de Titus, inscrit
dans la tribu Sergia (3). Nous devons reconstituer le stemma suivant:
P.CATIENUS P. f. Ser. SABINUS
(curator aquarum après 23)
praef. aerar, milit.

T. [Ca]tienuB Sabinus
leg. procos Oypri 43
identique à
T. Vibius Catienus Sabinus = Maria N. f. Modia

P. Catienus T. f . Ser. Festus

P. Catienus Sabinus a administré Vaerarium militare à l'époque de


Tibère. Si la curatelle des eaux fut, comme nous le pensons, le premier
poste prétorien, exercé en 24 ou peu après, la préfecture fut le troisième;
elle date de la deuxième moitié du règne.

V - P. VITELLIUS

... « claustra aerarti, cui praefectus erat et milita- 31 ap. J.-C.


rem pecuniam ...»

1 - Tacite, Ann., VI, 3 ( = V, 8), 1 et 3 31 ap. J.-C: procès


des complices de Séjan
1 - JRelatum inde de P. Vitellio et Pomponio Secundo: illum indices
arguebant claustra aerarli, cui praefectus erat, et militarem pecuniam rebus
novis obtulisse.

(!) BGH, LI, 153 = SEG, VI, 834; cf. E. Groag, PIE*, II, p. 126, n° 552.
(2) A. Stein, Hermes, LXV, 1935, p. 235.
(3) GIL, VI, 14580: Maria N.f. Modia T. Vibi Gatieni Sabini (uxor) filio P.
Catieno T. f. Sergia Festo pupillo.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 359

3 - Mox crebis prolationibus spem ac metum iuxta gravatus Vitellius


pelilo per speciem studiorum scalpro levem ictum venis intulit vitamque
aegritudine animi finivit.
1 - On délibéra ensuite sur P. Vitellius et Pomponius Secundus: des
dénonciateurs accusaient le premier d'avoir offert à la révolution les clés du trésor
(militaire) auquel il était préposé et l'argent de l'armée.
3 - Bientôt des ajournements répétés épuisèrent Vitellius d'espoirs et de craintes
successives: il demanda un grattoir sous prétexte de travailler, se fit aux veines une
entaille légère et mit fin à ses jours par découragement.

2 - Suétone, Vitellius, 2, 2-6 et 3, 3

2-2. Ceterum P. Vitellius domo Nuceria, sive Me stirpis antiquae


sive pudendis parentibus atque avis, eques certe R(omanus) et rerum Augusti
procurator, quattuor filios amplissimae dignitatis cognomines ac tantum
praenominibus distinctos reUquit Aul(um) Q(uintum) P(ublium) L(ucium).
3. Aulus in consulatu obiit, quern cum Bomitio Neronis Caesaris pâtre
inierat, praela(u}tus alioqui famosusque cenarum magnificentia. 4. Quintus
caruit ordine, cum auctore Tiberio secerni minus idoneos senatores remove-
rique placuisset. 5. P(ublius), Germanici comes, Cn(aeum) Pisonem inimi-
cum et interfectorem eius accusavit condemnavitque, ac post praeturae
honorem inter ßeiani conscios arreptus et in custodiam fratri datus scalpro
librario venas sibi incidit, nee tarn mortis paenitentia quam suorum obtesta-
tione obligari curarique se passus in eadem custodia morbo periit. 6. L(ucius)
ex consulatu Syriae praepositus, Artabanum Parthorum regem summis arti-
bus non modo ad conloquium suum, sed etiam ad veneranda legionum signa
pellexit. 7. Mox cum Claudio principe duos insuper ordinarios consulatus
censuramque gessit. Curam quoque imperi sustinuit absente eo expeditione
Britannica. . .

3-3. A(ulus) Vitellius L(ucii) filius imper ator natus est ...

2 - 2. Ce qui est sûr, c'est que P. Vitellius, originaire de Nuceria, qu'il fût d'une
famille ancienne ou qu'il eût à rougir de ses parents et de ses ancêtres, était du moins
chevalier romain et procurateur de la fortune d'Auguste et qu'il laissa quatre fils
du rang le plus élevé, dont seuls les prénoms différaient: Aulus, Quintus, Publius
et Lucius.
2-3. Aulus mourut pendant son consulat, qu'il avait commencé avec Domitius,
père de l'empereur Néron; il était par ailleurs fastueux, et connu pour la splendeur
de sa table.
360 ΐΛ AERAKIUM SATURNI » ET L?« AERARTUM MILITARE »

2-4. Quintus fut privé de la dignité sénatoriale, du fait que, sur l'initiative de
Tibère, on décida de dresser une liste séparée des sénateurs qui ne remplissaient pas
complètement les conditions (de cens) et de les exclure.
2-5. Publius, compagnon de Germanicus, accusa Cn. Pison d'avoir été l'ennemi
et le meurtrier de ce dernier et le fit condamner; puis, alors qu'il était ancien préteur,
il fut arrêté parmi les complices de Séjan et, remis à la garde de son frère, se fit
donner un grattoir de copiste et s'ouvrit les veines; mais, touché moins par la crainte
de la mort que par les supplications des siens, il se laissa panser et soigner et mourut
de maladie dans la même retraite.
2-6. Lucius, gouverneur de Syrie après son consulat, fut assez habile pour
entraîner Artaban, le roi des Parthes, non seulement à venir conférer avec lui, mais
encore à saluer les enseignes des légions. Par la suite, il exerça par deux fois le consulat
ordinaire avec l'empereur Claude, ainsi que la censure. La charge de l'empire lui
échut même, en absence, de ce dernier lors de l'expédition de Bretagne . . .
3-3. L'empereur Aulus Vitellius, fils de Lucius, naquit ...

3 - Tacite, Ann., I, 70, 1-2 et 6 15 ap. J.-C:


Campagne de Germanie

1 - At Germanicus legionum, quas navibus vexerai, secundam et quar-


tam decimam itinere terrestri P. Vitellio ducendas tradii, quo levior classis
vadoso mari innaret vel reciproco siderei. 2. Vitellius primum iter sicca Inumo
aut modice adlabente aestu quietum habuit', mox impulsu aquilonis, simul
sidère aequinoctii, quo maxime tumescit Oceanus, rapi agique agmen ( . . . ).
6. Tandem Vitellius, in editoria enisus, eodem agmen subdixit (...)
1 - De son côté, Germanicus, qui avait transporté ses légions par mer, débarqua
la seconde et la quatorzième et chargea Publius Vitellius de les ramener par terre;
il espérait qu'une fois allégée, sa flotte pourrait naviguer sur les bas-fonds ou s'échouer
lors des reflux. 2. Vitellius connut d'abord une marche tranquille sur la terre ferme
ou à peine mouillée par le flux; puis le souffle de l'aquilon conjugué à l'équinoxe gonfle
démesurément l'océan qui balaie la colonne en marche (...) 6. Enfin Vitellius parvint
à atteindre des points élevés et rassembla ses hommes autour de lui.

4 - Tacite, Ann., II, 6, 1 16 ap. J.-C: préparatifs d'une


nouvelle campagne en Germanie

Igitur hue intendit, missis ad census Galliarum P. Vitellio et C. Antio.


(cf. II, 5, 3: fessas Gallias ministrandis equis)
Voici donc où tendait son effort, après qu'il eût envoyé P. Vitellius et C. Antius
recenser les Gaules. (Les G-aules étaient lasses de fournir des chevaux.)
LES NOTICES INDIVIDUELLES 361

5 - Tacite, Ann., II, 74, 3 19 ap. J.-C: en Syrie,


après la mort de Germanicus
Isque infamem vevieficiis ea in provincia et Plancinae percaram no-
mine Martinam in TJrbem misit, postulantibus Vitellio ac V cranio ceterisque
qui crimina et accusationem tamquam adversus receptos iam reos instrue-
bant.
Il y avait dans la province une femme fameuse par ses empoisonnements et
très liée à Plancine: elle répondait au nom de Martine; il (le gouverneur de Syrie)
l'envoya à Rome sur les instances de Vitellius, de Veranius et des autres, qui
préparaient des actes d'accusation et un réquisitoire, comme si une instruction était
déjà ouverte.

6 - Tacite, Ann., Ill, 10, 1-2 20 ap. J.-C: ouverture du


procès de Pison devant le Sénat.
1. Postera die Fulcinius Trio Pisonem apud consules postulavit.
2. Contra Vitellius ac Veranius ceterique Germanicum comitati tendebant,
nullas esse partis Trioni-, neque se accusatores, sed rerum indices et testis
mandata Germanici perlaturos.
Le lendemain, Fulcinius Trio cita Pison devant les consuls. De leur côté,
Vitellius, Veranius et tous les compagnons de Germanicus soutenaient que Trio n'avait
rien à voir dans cette affaire, qu'eux-mêmes ne venaient pas comme accusateurs,
mais comme informateurs sur le fond et qu'ils apporteraient en témoignage les
confidences que Germanicus leur avait faites.

7 - Tacite, Ann., Ill, 13, 3 20 ap. J.-C: procès de Pison


Postquem Servaeus et Veranius et Vitellius consimili studio et multa
eloquentia Vitellius obiecere odio Germanici et rerum novarum studio
Pisonem vulgus militum per Ucentiam et sòciorum iniurias eo usque conrupisse
ut parens legionum a deterrimis appellaretur; contra in optimum quemque,
maxime, in comités et amicos Germanici saevisse; postremo ipsum devotio-
nibus et veneno per émisse', sacra Mnc et immolationes nefandas ipsius atque
Plancinae, petitam armis rem publicam, utque reus agi posset, ade victum.
Après lui, Servaeus, Veranius et Vitellius avec un zèle égal, Vitellius avec
beaucoup d'éloquence, vinrent soutenir que, par haine de Germanicus et pour fomenter
une révolution, Pison, en encourageant l'indiscipline dans la troupe et les vexations
à l'égard des alliés, avait corrompu l'armée au point d'être appelé « père des légions »
par les pires éléments; qu'il avait au contraire poursuivi les meilleurs, principalement
les compagnons et les amis de Germanicus; qu'il avait enfin tué Germanicus par des
sortilèges et par le poison; qu'ensuite Plancine et lui-même avaient célébré des
sacrifices impies, qu'il avait levé les armes contre l'Etat et que pour le traîner en justice
il avait fallu remporter sur lui une victoire militaire.
362 ΐΛ AERAKIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

8 - Tacite, Ann., Ili, 17, 5 20 ap. J.-C: après la mort de


Pison et l'acquittement de Plancine

VitelUi et Veranii voce defletum Caesarem, ab Imperatore et Augusta


defensam Plancìnam.
Vitellius et Veranius avaient pleuré Germanicus; l'empereur et Augusta avaient
défendu Plancine.

9 - Tacite, Ann., Ill, 19, 1-2 20 ap. J.-C: récompense

Paucis post diebus Caesar auctor senatui fuit VitelUo atque Veranio
et Servaeo sacerdotìa tribuendi, Fulcinio suffragium ad honores pollicitus
monuit ne facundiam violentia praecipitaret. Is finis fuit ulciseenda
Germanici morte.
Quelques jours plus tard, Tibère proposa au sénat d'accorder des sacerdoces,
à Vitellius, Veranius et Servaeus; à Pulcinius, il promit son suffrage pour l'accès
aux honneurs en l'avertissant de ne pas gâter son éloquence par excès de violence.
Telle fut la dernière mesure prise pour venger la mort de Germanicus.

10 - W. H. Waddington, E. Babelon, Th. Eeinach, Nummi


Recueil général des monnaies grecques d?Asie mi- Nicomedienses
neure, I, p. 516, n° 12 et n° 13 (Germanicus)
ΈπΙ Ποβλίον Ούιτελλίον αν&υπατου Νικομηδέων

peut-être 11 - Ovide, Pontiques, 4, 7, 21

Vitellius qui Aegison oppidum régis Thraciae a barbaris occupatum


Danuvio devectus recuperava.
Lorsque Aegison, ville forte du roi de Thrace, fut occupée par les barbares,
Vitellius descendit le Danube et la reprit.

Nous pouvons reconstituer la vie de P. Vitellius grâce aux


témoignages complémentaires de Tacite et de Suétone (*). La carrière du

(x) Voir les notices qui le concernent dans PIB1, III, p. 452-453, n° 502; S. J.
De Laet, Rom. Senaat, p. 95, n° 425; M. Schuster, BE, IX, A, 1, 1961, col. 385-391,
n° 5, Vitellius; T. P. Wiseman, New Men, p. 276, n° 503.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 363

sénateur s'est achevée avec la direction de Vaerarium militare, en 31


ap. J.-C.
Au début de la biographie de l'empereur Vitellius, Suétone présente
sa généalogie; P. Vitellius s'insère dans ce stemma.

P. Vitellius
domo Nuceria
eques Bomanus,
proc. rerum Augusti

A. Vitellius Q. Vitellius P. VITELLIUS L. Vitellius


cos suff. 32 déchu de la préfet du cos III
t en 32 dignité trésor militaire (34, 43 et 47)
sénatoriale en 31
en 17 t en 31 ou
peu après

A. Vitellius L. Vitellius
(l'empereur) cos suff. 48
cos ord. 48

Le préfet du trésor, homonyme de son père, est le troisième fils d'un


chevalier romain, originaire de Nuceria en Campanie (x). P. Vitellius père
fut procurator rerum Augusti, vers 10 ap. J.-O. (2). Ses quatre fils,
distingués seulement par leurs prénoms (Aulus, Quintus, Publius et Lucius),
siégèrent tous au sénat.
Seuls, l'aîné et le plus jeune accédèrent au consulat: Tibère accorda
le consulat suffect à Aulus en 32 (il mourut en accomplissant cet honneur)
et le consulat ordinaire à Lucius pour l'année 34 (3); celui-ci, après une
éclipse possible sous Caligula, était, sous le règne de Claude, le dernier
des frères Vitellii à siéger encore au Sénat. Il reçut alors de l'empereur
des honneurs remarquables: trois fois consul éponyme (4), il vit ses deux
fils gérer la même année les faisceaux consulaires: en 48, le cadet Lucius

ί1) Ce paragraphe est rédigé d'après Suétone, Vitellius, 2. Seules feront l'objet
de notes les précisions qui ne figurent pas dans le texte de Suétone.
(2) H.-G-. Pflaum, Carrières, III, p. 1018.
(3) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 10.
(4) Id., ibid., p. 239: en 34, en 43, et en 47.
364 ΐΛ AERARIUM SATURNI )) ET L'a AERARIUM MILITARE »

prit comme consul suffect la succession de son frère aîné, Aulus — le


futur empereur — consul éponyme cette année-là (x).
Quintus et Publius, second et troisième fils du chevalier campanien,
élevés à la dignité sénatoriale, ne parvinrent pas au consulat. Quintus
perdit son siège de sénateur sous le règne de Tibère, car il ne pouvait
plus justifier du cens sénatorial; les précisions données par Tacite à ce
sujet éclairent la formule plus vague de Suétone, minus idoneos senator es
(texte 2, parag. 4): Q. Vitellius a été rayé pour indigence et non pour
indignité, même si Tacite admet que, dans la liste des sénateurs exclus
pour pauvreté, certains devaient leur ruine à une vie peu exemplaire (2).
Nous sources ne mentionnent pas le rang du sénateur lors de sa radiation:
le paragraphe de Tacite permet de la dater de 17 ap. J.-C. par les noms
des consuls.
La vie de Publius est mieux connue: les passages de Tacite sur ce
sénateur confirment et complètent les éléments de sa carrière que
Suétone a retenus pour son introduction à la biographie de l'empereur
Vitellius. Les deux auteurs semblent disposer de la même documentation sur
le personnage, puisqu'ils rappellent les mêmes faits: la présence de
P. Vitellius à l'état-major de Germanicus, le rôle qu'il a joué dans le
procès de Pison, sa triste fin à la suite du complot de Séjan.
M Suétone, ni Tacite ne font allusion à une éventuelle campagne de
P. Vitellius avant la fameuse expédition de Germanie. Dans un passage
des Pontiques, Ovide mentionne pourtant un Vitellius qui aurait
accompli une action d'éclat en Thrace en reprenant la ville d'Aegisos, après
avoir descendu le Danube; cet officier aurait appartenu à l'armée de
Mésie. Ce Vitellius est-il Publius ou l'un de ses frères? L'hésitation est
permise.

(*) A. Degrassi, ibid., p. 14.


(2) Tacite, Ann., II, 48, 3: ceterum ut honestam, innocentium paupertatem levavit,
ita prodigos et ob flagitia egentis, Vibidium Varronem, Marium Nepotem, Appium
Appianwm, Cornelium Sullam, Q. Vitellium movit senatu aut sponte cedere passus est.
(D'ailleurs, s'il soulagea l'honorable pauvreté d'hommes intègres, il exclut du sénat
ou leur permit de s'en retirer d'eux-mêmes des hommes appauvris par leur
prodigalité et leurs vices: Vibidius Varrò, Marius Nepos, Appius Appianus, Cornelius Sulla,
Q. Vitellius).
C'est pourquoi nous avons traduit l'expression de Suétone, Vitellius, 2, 4: minus
idoneos senatores par « les sénateurs qui ne remplissaient pas complètement les
conditions (de cens) », alors que H. Ailloud, éd. Budé, Paris, 1964, III, p. 32, l'a rendue
par « les membres indignes ».
LES NOTICES INDIVIDUELLES 365

A quelle époque situer sa preture? Le résumé de Suétone est ambigu


(texte 2, parag. 5): l'expression post praeturae honorem pourrait laisser
croire que P. Vitellius venait d'être préteur, lorsqu'il fut accusé en 31,
d'avoir participé à la conjuration de Séjan. En fait, Suétone voulait
certainement noter que P. Vitellius avait atteint seulement la dignité
d'ancien préteur, alors que deux de ses frères avaient été consulaires. Le
proconsulat de P. Vitellius en Bithynie est attesté par deux monnaies de
Mcomédie qui portent la tête de Germanicus; ces pièces ont été frappées
lors du passage de Germanicus dans la province, en 18 (*). P. Vitellius
fut gouverneur pendant l'une des années proconsulaires 17-18 ou 18-19;
il avait été par conséquent préteur en 12 ou en 13.
Il appartint dès l'année 14 à l'état-major de Germanicus: Suétone
mentionne la qualité de cornes Germanici; Tacite le cite également parmi
les comités Germanici. P. Vitellius a accompagné le prince en Germanie
de 14 à 16, puis en Orient de 17 à 19. Lors de la retraite tristement célèbre
de 15 ap. J.-C, Germanicus lui donna la tâche délicate de ramener par
terre deux légions, la seconde et la quatorzième. Vitellius avait
certainement alors la qualité de légat de légion. Le récit dramatique de Tacite le
présente comme un officier de valeur: une page recherchée oppose le
désarroi des soldats au milieu des éléments déchaînés à la forte personnalité
de leur chef. L'année suivante, en 16, Vitellius s'acquitte d'une autre
mission délicate, qui fait appel cette fois à ses qualités d'administrateur:
en tant que missus ad census Gaïliarum, il est légat impérial, chargé du
recensement dans les Trois Gaules; le census ordonné par Germanicus
répondait à des besoins militaires: dans le paragraphe précédent, Tacite
montre le refus des Gaulois de fournir des chevaux à l'armée.
A la suite de D. Magie (a), nous daterions volontiers le proconsulat
de Bithynie des années 17-18. P. Vitellius fut chargé sans doute de
préparer le voyage de Germanicus en Orient. Au même moment, un autre
compagnon du prince, Q. Veranius, organisait la Cappadoce en province (3).
P. Vitellius peut avoir accompagné Germanicus dans son voyage, au cours
du dernier semestre de l'année 18; du moins l'a-t-il rejoint à Antioche, où

(x) Sur les émissions monétaires qui ont commémoré le voyage princier en Asie
mineure, cf. D. Magie, Boman Buie, II, p. 1357, note 18.
(2) Id., ibid., I, p. 499, et II, p. 1591.
(3) Id., ibid., I, p. 499: sur la carrière de ce sénateur, cf. A. E. Gordon,
Quintus Veranius consul A.D. 49, University of California Publications in Classical
Archaeology, 1952.
366 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

il se trouvait, en octobre 19, lors du décès du prince. Il apparaît alors


comme le chef de file des compagnons de Germanicus qui accusent
d'assassinat le gouverneur de Syrie, Pison. A Eome, il prononce devant le
sénat un réquisitoire éloquent, donnant ainsi une nouvelle preuve de
son courage, puisque — si l'on en croit Tacite — Tibère et Livie
manifestaient une certaine sympathie à l'accusé. Les qualités de ce discours
étaient connues de Pline l'Ancien (x); sans doute a-t-il été publié: le texte
peut avoir inspiré Tacite pour la présentation du procès de Pison, dont
le style est très oratoire (2). P. Vitellius obtint la condamnation de Pison,
mais non celle de son épouse Plancine. Tibère mit alors un terme au zèle
embarrassant des trop fidèles compagnons de Germanicus en les
récompensant: Vitellius reçut un sacerdoce; nous ne savons pas lequel.
P. Vitellius paya sa fidélité à la mémoire de Germanicus onze ans
plus tard; il fut accusé d'avoir participé au complot de Séjan. En 31,
avec le rang de sénateur prétorien, il avait à Eome la responsabilité d'un
aerarium. Deux trésors portent ce nom: Vaerarium populi Romani,
administré à cette époque par deux des préteurs de l'année tirés au sort, et
Vaerarium militare, géré par trois sénateurs, anciens préteurs. P. Vitellius
était donc préposé au trésor militaire. La formule de Tacite « claustra
aerarti, cui praefectus erat et militarem pecuniam » ne pouvait pas tromper
le lecteur romain: l'adjectif militaris qualifie les termes aerarium et
pecunia. Imaginer que P. Vitellius fût responsable à la fois du trésor de
Saturne et du trésor militaire ne serait compatible ni avec la langue de
Tacite, ni avec le rang prétorien du personnage. Des sénateurs ont géré
par la suite les deux trésors successivement, mais jamais en même temps.
Praefectus aerarli militaris, en 31, P. Vitellius pouvait occuper ce poste
depuis un an ou deux déjà.
La fin du sénateur fut tragique: accusé de complicité envers le parti
de Séjan, il préféra s'ouvrir les veines, puis céda aux supplications des
siens et renonça à mourir de sa main. Cette tentative de suicide était
pour les contemporains une preuve supplémentaire de courage: Tacite
se plaît à remarquer que Vitellius accepta de vivre — pour peu de temps —
non par peur de la mort, mais par affection pour ses proches. Ces derniers
n'ont pas souffert de la disgrâce de P. Vitellius, puisque l'année suivante,
en 32, Tibère accordait le consulat suffect à son frère aîné et deux ans
plus tard, en 34, le consulat éponyme au cadet. C'est l'un ou l'autre de

(!) Pline, Hist, nat., XI, 187.


(2) D. Magie, op. cit., II, p. 1358, note 22; R. Syme, Tacitus, I, p. 277, avec note 7.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 367

ces frères qui hébergea l'ancien préfet du trésor militaire, mis en résidence
surveillée. Il semble bien que Tibère ait assouvi une rancune personnelle
à son égard: la carrière du sénateur a été brisée par le zèle pour Ger-
manicus, manifesté en 20. Préteur en 12 ou en 13, P. Vitellius n'était
toujours pas consul en 31. Il a certainement reçu la préfecture de Vaera-
rium militare par tirage au sort.

VI - C. CAETEONIUS C. f. Cam. MICCIO

p\raef. aerar.] mil[Ì]t[aris] 39-41

Voir la notice n° 19: il a exercé la fonction de [prae]fectus reliquorum


exigendorum popul[i] Romani dans les années 42-43.

VII -[.--]

[praefectus ae]rari militaris vers 54-56

ILQN, 419 Nemausus, Gallîa Narbonensis

[ a divo CTjaudio, | [praef(ecto) frumenti dand%\ ex s(enatus)


consulto) quod factum [est ex auctorit]ate divi Claudi, \ [praefeeto ae]rari
|

militaris.

Sur la pierre découverte à Nîmes, au début du siècle, les lettres


restantes sont disposées ainsi:
AUDIO
EX . S . C . QUOD . FACTUM
ATE. DIVI. CLAUDI
EAEI.MILITAEIS

Ce texte constitue le coin inférieur droit d'une inscription qui


commémorait la préfecture du trésor militaire; la fonction est mise en
évidence au milieu du champ épigraphique, légèrement en retrait par
rapport à la ligne précédente. Eien ne permet de penser que cette plaque
368 ΐΛ AEEARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

de marbre blanc ait été funéraire (*). S'il s'agit d'une inscription
honorifique dédiée au préfet, le texte était rédigé au datif; mais le nominatif
n'est pas exclu, car le préfet peut avoir érigé la pierre lui-même.
Nous manquons d'éléments pour évaluer la hauteur du document
originel; aussi l'importance de la lacune au début du texte nous échappe-
t-elle. En revanche, il est possible de retrouver l'étendue de la pierre en
largeur. Les compléments proposés par les premiers éditeurs pour les
lignes 3 et 4 sont indiscutables: les trente signes de la ligne 3 (est.ex.aucto-
ritate. divi. Claudi) excèdent normalement les vingt-six de la ligne 4 (prae-
fecto. aeravi. militar is) — ving-sept si le texte était au nominatif.
La première et la deuxième ligne étaient plus longues. A la ligne 2
figurait certainement le titre complet de praef. frumenti dandi ex s.c;
avec les points intercalaires, la ligne comprenait trente neuf signes. Sous
le règne de Claude, les responsables des distributions de blé à la plèbe
romaine sont des sénateurs qui ont exercé la preture depuis peu: la
préfecture est pour eux le premier poste prétorien ou le deuxième (2). Il n'y
a pas de raison pour que cette carrière fasse exception.
Comment compléter la première ligne! Elle se terminait, à n'en pas
douter, par la formule a divo Claudio. Notre remarque préliminaire sur
le rang de la praefectura frumenti dandi ne doit pas être oubliée; si le
cursus était postérieur de quelques années, nous restituerions aussitôt
l'expression adlecto inter praetorios a divo Claudio, dont les trente-neuf
signes (points intercalaires compris) comblent exactement la lacune.
L'avancement de Q. Aurelius Pactumeius Er onto (notice n° VIII) nous y
invite. En fait, Vadlectio inter praetorios n'est pas assurée pour l'époque
de Claude (3); nous ne pouvons pas absolument écarter le complément

(r) L'éditeur du texte, F. Mazauric, Xes musées archéologiques de Nîmes.


Recherches et acquisitions. Années 1906-1907, Nîmes, 1908, p. 21, n° 17, considère l'inscription
comme honorifique. Le texte a été copié sans commentaire par E. Espérandieu dans
les Inscriptions latines de la Gaule narbonnaise.
(2) Voir la liste dressée par H. -G. Pflaum, dans Bonner Jahrbücher, CLXIII,
1963, p. 234.
(3) Nous pouvons retenir l'hypothèse du fait que la pratique de Vadlectio est
attestée pour la censure de Claude, en 47-48; mais les exemples connus concernent
tous des adlecti inter tribunicios:
—■ M. Calvius M. f. Pap. Priscus, adlectus in ordine senatorio a Ti. Claudio Caes.
Aug. Germanico cens, inter tribunicios: CIL, X, 6520; cf. E. Groag, PIB2, II, p. 87-88,
n° 362.
— [.——] α Ti. Cla[u]dio Caesare Augus[t]o Germanico censor[e a\dlecto in se-
natum et inter tribuni[cio]s relato ab eodem: CIL, V, 3117 = ILS, 968.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 369

donis militaribus donato a divo Claudio que suggéraient les premiers


éditeurs: il comporte le même nombre de signes i1).
Le sénateur anonyme avait en tout cas le rang d'ancien préteur,
lorsqu'il a reçu la charge des distributions de blé à la plèbe romaine, en
vertu d'un sénatus- consulte pris ex auctoritate Claudi (2). La préfecture
date des dernières années du règne de Claude (3); en revanche, l'inscription
nîmoise, et la préfecture du trésor qu'elle commémore sont postérieures
à la disparition de Claude, suivie de la cérémonie d'apothéose, en
octobre 54. Le sénateur administrait la caisse de retraite des vétérans au
début du règne de Néron, peut-être dans les années 54 à 56.
Nous aimerions expliquer la provenance de l'inscription. Le patronat
sur le municipe, justifié par une fonction accomplie antérieurement en
Narbonnaise, est exclu; il serait indiqué à la fin du texte. Les deux
dernières responsabilités connues sont des postes romains, sans rapport avec
la province. Nous devons donc penser à un sénateur nîmois. Claude a
favorisé les propriétaires fonciers de la Narbonnaise (4), avant le fameux
discours de 48, dont le texte nous a été transmis par Tacite (5) et la table
de Lyon (e). On connaît en particulier l'élévation et la disgrâce
retentissante de Valerius Asiaticus, originaire de Vienne (7).

Le cas de M. Iu[lius] Ro[mu]lus, adlectus [tribunus p]lebis a divo Claudio: Not. d.


Scavi, 1924, p. 346, n° 1 = AE, 1925, 8δ, est particulier: cf. H.-G-. Pflaum, Historia,
1954, p. 447, et L. Petersen, PIR*, IV, 3, p. 264-265, n° 523.
Sur la pratique de Vadlectio sous le règne de Claude, voir A. Chastagnol, Les
modes d'accès au sénat romain au début de V Empire: remarques à propos de la table
claudienne de Lyon, dans Bull, de la Soc. Nat. des Antiquaires de France, 1971 (séance
du 27 octobre 1971), p. 304-305.
(*) F. Mazauric suggérait cette restitution sur deux lignes; E. Espérandieu, qui
a revu la pierre, la plaçait sur une seule ligne.
(2) On sait que l'empereur Claude était jaloux de son auctoritas; ainsi, sur le
bornage des rives du Tibre, il a remplacé la formule ex senatus consulto terminaverunt
(CIL, XIV, 4704) par l'expression ex auctoritate Ti. Claudi Caesaris Augusti
Germanici (CIL, VI, 31545); cf. J. Le Gali, Le Tibre -fleuve de Morne dans V Antiquité, Paris,
1953, p. 138.
(3) II est possible que ce poste ait disparu de la fin du règne de Claude à l'époque
de Nerva; cf. D. Van Berchem, Les distributions de blé et a"1 argent à la plèbe romaine
sous V Empire, Genève, 1939, p. 72, note 3, et H. -G. Pflaum, Historia, II, 1954, p. 449.
(4) A. Bergener, Die führende Senatorenschicht im frühen Prinzipat (14-68 η.
Chr.), Bonn, 1965, p. 26.
(6) Tacite, Ann., XI, 23.
(e) CIL, XIII, 1668 = ILS, 212.
(7) Tacite, Ann., XI, 1, 2, (genitus Viennae); CIL, XIII, 1668 = ILS, 212,
col. II, 1. 15-17.

24
370 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

Le préfet du trésor militaire anonyme est sans doute un sénateur


nîmois. Le seul poste assuré avant la gestion de la caisse de retraite des
vétérans est une autre fonction administrative romaine, la praefectura
frumenti danai.

Vili - Q. AUBELIUS PACTUMEIUS P. f. Quir. FBONTO

praef. aerarii militaris vers 76-78

1 — CIL, VIII, 7058 = ILS, 1001 Cirta, Numidia


= ILAlg, II, 1, 644

[Q(uinto) Aur(elio) Pactumeio P(ublii) f(ilio) Quir(ina tribu) Frontoni,


in senatu inter praetorios adlecto | ab I]mp(eratore) [Cae~]$(are) V\espasi\a~\no
Aug(usto) et Tito | Imp(eratore) Aug(usti) f(Mo), sacerdoti fe\tiali, prae-
f(eeto) aerarii | militaris, co(n)s(uli) ex Afric[a | p]rimo, Pactumeia [ ] |
patr[i o]pt[i]mo.

2 - ILAlg., II, 1, 643 Cirta, Numidia

[Q(uinto) AureTjio | \Pactu\meio P(ublii) f(ilio) | [Quir(ina tribu)


Fro]ntoni in\\ter praetjorios | [in senatu al]l[é]cto ab \ [Imp(eratore) Caes(are)]
Vespasia\[no et Tito Imperatore) Aug(usti) f(ilio) ]

3 - CIL, VI, 2059 = 32363 = ILS, 5049 Aeta Arvalium

Loca adsignata in amphitheatro, L(ucio) Aelio Plautio Lamia, Q(uinto)


|

Pactumeio Fr(o)ntone co(n)s(ulibus). (a# 30)

Des inscriptions jumelles de Cirta font connaître deux frères


Q. Aurelius Pactumeius Clemens, fils de Publius, inscrit dans la tribu Qui-
rina (x), et Q. Aurelius Pactumeius Fronto, fils de Publius (texte 2), qui
sont entrés au sénat par adlectio inter praetorios, à l'occasion de la censure
de Vespasien et de son fils Titus, en 73-74 (2). Sur la pierre de Fronto, le

i1) CIL, VIII, 7057 = ILÄlg, II, 1, 642.


(2) Voir la liste des adlecti établie par W. Eck, Senatoren, p. 103-104.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 371

nom de la tribu est perdu; nous devons restituer la Quirina attestée pour
son frère, qui est effectivement la tribu de Cirta (!).
Ces homines novi cirtéens sont nés sans doute dans l'ordre équestre (2).
Leur double gentilice s'explique par une adoption. Le nomen Pactumeius
est répandu en Campanie (3). E. Syme a suggéré de faire les Pactumeii
de Cirta descendre d'un immigrant italien, peut-être d'un compagnon
de Sittius, qui était lui-même issu de Nuceria en Campanie (4). Fils d'un
P. Pactumeius, les deux frères ont été adoptés par un Q. Aurelius; il s'agit
d'une adoption testamentaire, puisqu'ils continuent à indiquer leur
filiation par leur père naturel (5).
Les actes des frères Arvales montrent que Q. Pactumeius Fronto fut
consul suffect en 80 (texte 3). Le consul ex Africa primo, honoré par sa
fille Pactumeia [-] (texte 1), est-il Fronto ou Clemens'? Il paraît
raisonnable de restituer, comme l'ont fait les premiers éditeurs, le nom de Fronto,
dont le consulat est attesté par ailleurs (6). Si le nom de Clemens
apparaissait un jour dans les fastes consulaires, il serait permis d'hésiter (7).
Après son entrée au sénat en 74, Fronto a été coopté par le collège
des féciaux. Une unique fonction prétorienne, la préfecture de Vaerarium
militare, l'a conduit au consulat suffect en 80; Fronto a dirigé la caisse
de retraite des vétérans entre 75 et 79, et vraisemblablement dans les
années 76 à 78. Le nouveau sénateur africain a-t-il obtenu ce poste à
la suite d'un tirage au sort, comme c'était le cas sous Auguste et ses
premiers successeurs, ou bien a-t-il été désigné par Vespasien (*)ì Nous pen-

(x) J. W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 142.


(2) A. Stein, Der röm. Bitterstand, Munich, 1929, p. 219 et 266.
(3) A Capoue (GIL, X, 3778; 3785; 4171; 4254; 4270; 4294); à Naples (OIL,
Χ, 8059); à Äbellinum (GIL, Χ, 1166); à Teanum Sidicinum (GIL, X, 4796).
(*) E. Syme, Tacfarinas, the Musulamii and Thubursicum, dans Studies in
honor of A. G. Johnson, 1951, p. 129.
(5) Th. Mommsen, Etude sur Pline le Jeune, trad. C. Morel, Bibl. de ΓΕ.Ρ.Η.Ε.,
XV, 1873, p. 34-42: de V adoption de Pline et de l'adoption testamentaire chez les
Bomains.
(6) Sur Fronto, voir PIB1, III, p. 5, n° 26; R. Hanslik, BE, XVIII, 2, 1942,
col. 2155, n° 4, Pactumeius; A. Garzetti, Nerva, p. 171, n° 28; commentaires de H.-Gr.
Pflaum, à la suite de ILAlg, II, 1, p. 70-71.
(7) Seul, A. Degrassi, Fasti consolari, p. 132, considère que Clemens est le préfet
de Vaerarium militare et le premier consul africain; son consulat serait indéterminé.
(8) Dion Cassius, LV, 25, précise que les administrateurs de Yaerarium militare,
d'abord désignés par tirage au sort, ont été nommés par la suite par l'empereur; c'est
le type de nomination qu'il connaissait de son temps.
372 l'«aerarium saturni» et lVaerarium militare»

chons pour la deuxième solution. On connaît en effet l'œuvre militaire


des Flaviens en Afrique, qui s'accompagne de la fondation de colonies
de vétérans i1). Il n'apparaît pas que les responsables du trésor militaire
aient eu un rôle à jouer dans les assignations de terres. Mais un prince
soucieux de l'installation des vétérans a certainement contrôlé de près
la gestion de Vaemrium militare.

Q. Aurelius Pactumeius Fronto, homo novus, originaire de Girta, a


été favorisé par la dynastie flavienne; son avancement a été
extrêmement rapide: six années seulement séparent Vadlectio inter praetorios du
consulat. Nous ne connaissons pas d'autres descendants au premier consul
africain que sa fille Pactumeia [-]. P. Pactumeius Clemens, consul en 138,
est sans doute le petit-fils de son frère Clemens, dont il porte le cognomen^).

IX - TI. IULIUS Ti. f. Cor. CELSTJS POLEMAEANUS

praef. aerari müitaris vers 85-87

1 - J. Keil, Forschungen in Ephesos, V, 1, 1953, Ephèse


p. 62, η« 2

Τι(βέριον) Ίούλιον Τι(βερίου) υίον Κορνήλιο. \ Κελσον Πολεμαιανόν, \ νπατον,


αν&ύπατον Άβιας, \ χειλίαρχον λεγιώνος γ" \ Κυρηναικής και αγορανόμον καταλε-
γέντα υπό Θεού Ουεσπασιανού, \ στρατηγον δήμου "Ρωμαίων, πρεσβευτών §εού
Ουεσπασιανού καί ΰεού \ Τίτου επαρχείων Καππαδοκίας Γαλατίας Πόντου ΠιοΊΟίας
Παφλαγονίας \ 'Αρμενίας, πρεοβευτήν $εοϋ Τίτου και Αύτοκράτορος Σεβαΰτοϋ
λεγιώνος δ' | Σκυ&ικής, άνθνπατον Πόντου και Βειϋννίας, Υπάρχον αίραρίου
στρατιωτικού, | πρεοβευτην Αύτοκράτορος Καίσαρος Σεβαστού επαρχείας Κιλικίας, γενό-
μενον δε καί \ επί έργων δημοσίων των εν 'Ρώμγι, Τι(βεριος) ' Ιούλιος 'Ακύλας Πολε-
μαιανος ύπατος τον εαυτού πατβρα απαρτισάντων \ των κληρονόμων 'Ακύλα.

2 - Β. Heberdey, JOAI, VII, 1904, Beiblatt, Ephèse


col. 56 = AE, 1904, 99 = ILS, 8971 = J. Keil, loc.
cit., p. 63, n° 3

(x) Ainsi Madaure; voir M. Le G-lay, Les Flaviens et l'Afrique, dans MEFB, 80,
1968, p. 201-246; l'auteur étudie l'action militaire et l'œuvre de colonisation qui
s'exerce en particulier par la création de colonies.
(2) CIL, VIII, 7059 = ILS, 1067 et CIL, XVI, 84.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 373

Ti(berio) Iulio Ti(beri) f(ilio) Gèlso \ Polemaeano, co(n)s(uli), \ pro-


co(n)s(uli) Asiae, Ti(berius) Iulius \ Aquila, co(n)s(ul), f(eeit). | Ti(berio)
Iulio Ti(beri) f(ilio) Cor(nelia tribu) Celso Polemaeano, co(n)s(uli), pro-
co(n)s(uli) Asiae, trib(uno) legionis III \ Cyrenaicae, adleeto inter aedi-
licios ab divo Vespasiano, pr(aetori) p(opuU) R(omani), leg(ato) Aug(usto-
rum) | divorum Vespasiani et Titi provinciae Cappadociae et Galatiae
Ponti | Pisidiae Paphlagoniae Armeniae minoris, leg(ato) divi Titi leg(io-
nis) IIII Scythicae, proco(n)s(uli) \ Ponti et Bithyniae, praef(ecto) aerari
militaris, leg(ato) Aug(usti) pro pr(aetore) provinciae Ciliciae, XVviro
s(acris) f(aciundis), cur(atori) \ aedium sacrarum et operum locorumque
publicorum populi Romani, Tiiberius) Iulius Aquila Polemaeanus, \ co(n)-
s(ul), | patrem suum. Consummaverunt heredes Aquilae.

3 - J. Keil, loc. cit., p. 61-62, n° 1 Ephèse


Τι(βέριον) 3Ιούλ[ιον Κέλσον Πολεμαιανον,] j νπατον, άνΰνπατον Άβιας, \
Τι(βέριος) Ιούλιος 'Ακύλας, ύπατος, ο νιος, | κατεΰκεύααεν τήν βφλιο&ήκην \
[το έργον απα\ρτ\ϊ\οάν\τ]ων των 'Ακύλα \ κληρ\ονόμων επιμε]λη$έντος \ Τι(βερίου)
Κλ(αυδίου) Άριατίωνος, y' άοιάρχον.

4 - J. Keil, loc. cit., p. 75, n° 13 Ephèse

[Τιβ[ερίω] Ίονλίω Κέλοω] Πολεμαιανω, ύπάτω, \ [αν&νπατω της Ααι\ας,


Τιβ(εριος) 'Ιούλιος 'Ακύλας | [ΠoL·μ]aιavòς, ύπατος, ό νΙός, τήν ΚελοΊ\[αν]ήν
βιβλιο&ήκην κατ\ε\ο*κεύαόεν εκ των \ [Ιδίων ]

5 - J. Keil, loc. cit., p. 66, n° 4 Ephèse

Τι( βέρων )Ίούλι[ον] \ Κέλοον \ ΠoL·μaιavòv, \ [ΰ]πατον, αν&ύ\πατον 'Ασίας, \


'Ιουλία Κνϊντι\λία Ίααύρικα \ τον ϊδων | πατερά.

6 - J. Keil, loc. cit., p. 67, n° 5 Ephèse

Τι(βέριον) Ίούλιον \ Κέλοον \ Πολεμαιανον, \ ύπατον, αν&[ν]\πατο[ν] 'Ασίας,


Ίουλ[ί]α Κνϊντι\λία [*Γ\σαύρικα \ το[ν\ ϊδιον \ [πα~}τέρα.

7 - J. Keil, loc. cit., p. 68, n° 6 Ephèse

Τι(βέριον) Ίούλιον \ Κέλσον Πολε\μαιανόν , νπατον, \ αν&ύπατον 'Ασίας, \


Τι(βέριος) Κλ[α\ύδιος Ίονλ[ι\α]νός, [χ]ειλίαρχος | [πλ]ατύσημος λεγ[ε]\ώνος δ'
374 ΐΛ< AEKAEIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Σκυ&ικής, \ δήμαρχος 'Ρωμαί\ϋίν, τα/ί/ας 'Αχαίας, \ πρεσβευτής Άχαί\ας, στρα-


τηγος *Ρύ)\μαίων, τον εαυτού | πάππον.

8 - J. Keil, loc. cit., p. 73, n° 12 Eplièse

[ ] | Σκρε[ιβωνιανόν], εγγο[νον Τι(βερίου) Ιουλίου] \ Κέλσ[ου ΙΤολεμαια]\νοϋ,


ε[πίτροπον ϋ·εοϋ] \ Τραια[νοϋ επαρχίας Κι]\λικί[ας ]|[· ·]ν[ ]

9 - IG, XIV, 1966 = IGE, I, 338 Kome

Πρείμα ττ\ Ιδία γυναι\κί Λέοντας Τιβερίου | 'Ιουλίου Κελαου Πολε\μαιανοϋ


δούλος κοϋμίως και άμεμ\πτως ο'υνζηο'άο'γ] \ αύτω ετη δέκα το \ μνημεΐον τοϋτο
|

εκ των \ ιδίων επούηϋε · | τοϋτο το μνημεΐον έ'χεί | εϊσοδον και εξοδον.

10 - J. Keil, loc. cit., p. 71, n° 8 Ephèse

Σοφία Ι Κέλοου

11 - J. Keil, loc. cit., p. 71, n° 9 Ephèse

'Αρετή \ Κέλαον

12 - J. Keil, loc. cit., p. 72, n° 11 Ephèse


3
Επιστήμη \ Κέλσο[ν]
'

13 - IGB, IV, 1509 = Savais, VII, 45 Sardes

\Τι(βέριον) Ίούλιον Τι(βερίου) υΐον Κορνηλία \ Κέλσον Πολεμαιανον πρεσ—


\

βευτήν Α]ύτ[οκρατόρων ·&ε\ον Ου}εσπασια[νοϋ και Τίτου Σεβ]αστοϋ


|

Καππαδοκίας Γαλα\τία]ς Πόντου [Πιόιδίας Λνκα\ο]νίας Παφλαγ[ονίας Άρμενί\α~]ς μικρας,


πρεα[βευτήν Αύτο\κ]ράτορος Τίτ[ου Καίσαρος Σέ]\βαστοΰ λεγιώ[νος τετ]άρ[της] ]
Σκυθικής, τον [εαυτώ]ν \εΰε~\\ργέτην και [σωτήρα], ε[πιμε\λη&ε]ντος Κοίν[του 1
Φ]ίρμου του αρχ[ιερεως των] \ Σεβαστών [ ]

14 - Β. V. Head, Catalogue of the Greek coins in the Cilbiani sup.


British Museum, Lydia, Londres, 1901, p. xlvi (Trajan)
'Επί Κελσου άν&υ( πάτου).
LES NOTICES INDIVIDUELLES 375

15 - Inscr. Ital., XIII, 1, n° 5, p. 193 Fasti Ostìenses

K(alendis) Mai(is), L(ucius) Stertinius Avitus, Ti(berius) I[ulius Po-


lemaean(us)].

16 - N. Alfieri, Athenaeum, XXVI, 1948, p. 117 Fasti Potentini


et 130 = AE, 1949, 23

Ti(berius) [Iulius Polemaeanus], L(ucius) Stertinius Avi[t]us

17 - CIL, XVI, 37
Imp(erator) Caesar divi Vespasiani f(ilius) Domitianus \ Augustus
Germanicus, pontifex maximus, tribunic(ia) potestat(e) XI, Imperator
XXI, | censor perpetuus, consul XVI, p(ater) p(atriae) etc. . .
[A(nte)] d(iem) XVIII Jc(alendas) Iulias | [Ti(berio) Iulio'] Celso Po-
Z<e>m<a>e[a]wo, | \L(ucio) 8tertin\io Avito, co(n)s(ulibus).
14 juin 92
La bibliothèque d'Ephèse (x), élevée par le sénateur Ti. Iulius Aquila
Polemaeanus à la mémoire de son père Ti. Iulius Celsus Polemaeanus,
abrite aussi le sarcophage de ce dernier (2). Plusieurs inscriptions en
l'honneur du sénateur ont été découvertes dans les ruines (3). Installée à Ephèse,
la famille était probablement originaire de Sardes, où a été retrouvée une
dédicace en l'honneur de Celsus Polemaeanus (texte 13). E. Groag (4)
avait remarqué l'existence à Sardes, à l'époque républicaine, d'un Πολε-
μαϊος (5), qui pourrait être un de leurs ancêtres. Il est en tout cas assuré
que la famille a reçu la citoyenneté romaine de l'empereur Tibère; peut-
être faut-il mettre cette concession en rapport avec le tremblement de
terre qui détruisit Sardes en 17 (e).

(x) W. Wilberg, Das Gebäude, dans Forschungen in Ephesos, Y, 1, 1953, p. 1-42.


(2) M. Theuer, Ber Sarcophag des Celsus, dans Forschungen in Ephesos, V, 1,
1953, p. 43-46.
(8) J. Keil, Die Inschriften, dans Forschungen in Ephesos, V, 1, 1953, p. 61-80;
cf. J. et L. Kobert, Bull, épigr., 1953, 176.
(4) E. Groag, BE, X, 1, 1918, col. 544-550, n° 183, Iulius; voir aussi A. Grarzetti,
Nerva, p. 128-129, n° 69; L. Petersen, PIE2, IV, 3, p. 197-198, n° 260; J. Keil, loc.
cit., p. 64-65.
(5) B. V. Head, Catalogue of the Greek Coins in the British Museum, Lydia,
Londres, 1901, p. 242.
(6) Tacite, Ann., II, 47, 4: Asperrima in Sardianos lues plurimum in eosdem
376 ΐΛ< AERARrUM SATURNI » ET ΐΛ AERARnJM MILITARE »

Deux bases de statues voisines (textes 1 et 2) portent le cursus de


Ti. Iulius Celsus Polemaeanus, l'une en langue grecque, l'autre en
traduction latine. Le jeune homme fut tribun angusticlave de la légion
IIIa Cyrenaica, stationnée à Nicopolis près d'Alexandrie (*), avant d'être
admis au sénat par adlectio inter aedilidos. Il doit cette promotion à
l'empereur Vespasien; bien qu'il ne soit fait aucune allusion à la censure que
ce dernier exerça avec son fils Titus, Celsus Polemaeanus est
probablement entré au sénat à la faveur de la lectio senatus de 73-74 (3). Sans doute
le jeune chevalier avait-il été tribun légionnaire à Nicopolis en 69, sous
les ordres du préfet d'Egypte Ti. Iulius Alexander (3). Vers le milieu du
règne de Vespasien, en 75 ou en 76, le nouveau sénateur devint préteur.
Dans les années 78-79, il fut legatus Augustorum divorum Vespasiani
et Titi provinciae Cappadociae et Galatiae Ponti Pisidiae Paphlagoniae Ar-
meniae minoris (4). Le gouverneur de la province impériale de Grande
Galatie était alors M. Hirrius Fronto Neratius Pansa (5); Celsus
Polemaeanus exerçait donc les fonctions de légat prétorien de ce gouverneur
consulaire (6). Entre 81 et 82, le sénateur de Sardes fut legatus divi Titi
legionis IIII ScytMcae', il fut, semble-t-il, le premier Oriental à commander
une légion (7); mais Titus lui confia une unité de la garnison de Syrie
dont les soldats étaient recrutés dans le pays même (8). Le proconsulat
de la province de Pont et Bithynie, exercé vers 84, n'éloigna pas le
sénateur de son Orient natal. La préfecture de Vaerarium militare fut le
premier poste exercé en Occident; son triennium couvre vraisemblablement
les années 85 à 87. Cette fonction préparait le sénateur à gérer un jour
les faisceaux consulaires. Pourtant, il dut retourner en Asie mineure en
89 avec, cette fois-ci, la responsabilité d'une province impériale, la Ci-
licie; il sortit de charge en 91 probablement (9) et obtint le consulat suffect

misericordiae traxit: nom centies sestertiwm pollicitus Caesar, et quantum aerario aut fisco
pendebant in quinquennium remisit (Le fléau, en frappant plus cruellement les
habitants de Sardes, attira sur eux une pitié plus grande: César leur promit dix millions
de sesterces et leur fit remise de ce qu'ils payaient au trésor ou au fisc pour cinq ans).
(1) E. Ritterling, BE, XII, 1924, col. 1509-1510, legio.
(2) Voir la liste établie par W. Eck, Senatoren, p. 103-104, et p. 105.
(3) L. Petersen, PIE*, IV, 3, p. 135-137, n° 139.
(4) E. K. Sherk, The legates of Galatia, p. 43-46.
(5) IGB, III, 125; cf. R. K. Sherk, op. cit., p. 42-43.
(e) D. Magie, Boman Buie, II, p. 1436-1437.
(7) C. S. Walton, Oriental senators, p. 64.
(8) Tacite, Ann., XIII, 35, en particulier XIII, 35, 4: levée de troupes en G-a-
latie et en Cappadoce pour les légions de Syrie.
(9) W. Eck, Senatoren, p. 140, avec note 118, situe aussi la légation de Cilicie
entre 89 et 91.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 377

le 1er mai 92, avec L. Stertinius Avitus pour collègue; leurs noms
se lisent sur les fastes d'Ostie et de Potentia, ainsi que sur un diplôme
militaire (textes 15-16-17). Le nouveau consulaire fut coopté peu après
parmi les quindecemviri sacris faciundis. Son séjour à Rome se prolongea
pendant deux ou trois ans avec la curatelle des aedes sacrae et des opera
publica (x). Il rentra sans doute à Ephèse à la fin du règne de Domitien
et il exerça sur place, sans quitter sa patrie, le proconsulat d'Asie. Celui-
ci se place vers 106 (a); un intervalle de quatorze ans entre le consulat et
le proconsulat est naturel sous le règne de Trajan (3).
Nous connaissons une nombreuse parenté à Ti. Iulius Celsus Pole-
maeanus, qui fut l'un des premiers sénateurs orientaux. Le stemma de sa
famille se reconstitue assez aisément grâce aux inscriptions qui
mentionnent son fils Ti. Iulius Aquila Polemaeanus, qui fut lui-même consul en
110 (4), sa fille Iulia Quintilia Isaurica (5) et ses petits-fils, Ti. Claudius
Iulianus (6) — qui ne s'identifie probablement pas au consul de 159 (7) —
et Scribonianus procurator Augusti (texte 8).

Stemma (8)
Ti. Claudius Alexander Tl. IULIUS CELSUS POLEMAEANUS
praef. aerari militaris
cos 92
= (Quintilia)

Ti. Claudius Iulianus = Iulia Quintilia Ti. Iulius Aquila filia


Isaurica Polemaeanus = (Scribonius?)

Ti. Claudius Iulianus Scribonianus

Ti. Claudius Iulianus


cos 159

i1) A. E. Gordon, Curatores, p. 285, n° 9.


(2) D. Magie, op. cit., II, p. 1583, suggère l'année proconsulaire 106-107; W. Eck,
op. cit., p. 164, l'année 105-106.
(3) B. E. Thomasson, Die Statthalter, I, p. 24.
(*) L. Petersen, PIB2, IV, 3, p. 144-145, n° 168.
(6) Id., ibid., p. 323, n° 697.
(6) E. Grroag, PIB2, II, p. 209-210, n° 902, identifie le petit-fils de Celsus
Polemaeanus au consul de 159.
(7) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 44.
(8) L. Petersen, PIB2, IV, 3, p. 197; cf. G. W. Bowersock, GreeTc Sophists in the
Boman Empire, Oxford, 1969, p. 78.
378 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Le nom de leur fille invite à penser que son épouse appartenait à


la famille des Quintilii, qui se rencontre à Alexandria Troas i1). La
fillette reçut peut-être le surnom d'Isaurica à la suite de la légation de son
père en Cappadoce-Galatie. Ti. Claudius Iulianus, qui éleva une statue
à son grand-père Celsus (texte 7), est sans doute le fils de Iulia Quintilia
Isaurica (2). Son cursus sénatorial montre qu'il servit dans la légion
IIIIa Scyïhica qu'avait commandée autrefois son grand-père. Iulia
Quintilia avait épousé un fils de Ti. Claudius Alexander, γραμματεύς τον δήμου
à Ephèse (3).
Ti. Iulius Celsus Polemaeanus était mort, lorsque fut élevée, entre
113 et 117, l'inscription par laquelle C. Iulius Severus d'Ancyre s'honore
d'être le parent de quatre consulaires (4); c'est son fils Iulius Aquila qui
est cité; lui-même l'aurait été, s'il avait été en vie. Il est naturel que cette
riche famille d'Ephèse ait été alliée aux plus brillants personnages de
l'Asie.

Citoyen de Sardes et d'Ephèse, Ti. Iulius Celsus Polemaeanus


appartenait par la fortune à l'aristocratie d'Orient; né dans l'ordre équestre
sans doute, il fit le service militaire comme chevalier; il fut le premier
membre de sa famille à entrer au sénat par adlectio, sous le règne de Ves-
pasien. Sa carrière s'est déroulée entièrement en Orient, à l'exclusion de
deux postes administratifs romains: la préfecture du trésor militaire et
la curatelle des monuments publics. La gestion de Vaerarium militare,
quatrième poste prétorien, ne conduisit pas aussitôt le nouveau sénateur
au consulat suflect. Bien que le sénateur ait commandé une légion, qui
fut pour cet Oriental une légion de Syrie, l'ensemble de la carrière fut
consacré à l'administration civile: après le consulat, Celsus Polemaeanus
ne fut pas appelé à gouverner une province possédant des légions.

X - C. PLINIUS L. f. Ouf. CAECILIUS SECUNDUS

praef. aerari mil[if] 94-96

(x) J. Keil, Forschungen in Ephesos, Y, 1, 1953, p. 65.


(2) II est en effet le neveu de Ti. Iulius Aquila Polemaeanus, auquel il offrit une
dédicace: cf. J. Jeil, ibid., p. 68, n° 7.
(3) J. Keil, ibid., p. 67, d'après Forschungen in Ephesos, II, p. 147, n° 28.
(4) IGM, III, 173: [dvje^jiov ύπατικών ' Ιουλίου τε Κοδράτον και βασιλέως | 'Αλεξάνδρου
\

και 'Ιουλίου Ά\κύλου και Κ[λ.] Σεουήρου; voir la notice concernant C. Iulius Severus (n° 41).
LES NOTICES INDIVIDUELLES 379

Voir la notice n° 32: Pline le Jeune a administré Vaerarium Saturni


de 98 à 100.

XI - GALEO TETTIENUS SEVEBUS M. EPPÜLEIUS


PKOCULUS L. f. Claud. TI. CAEPIO HISPO

praef. aeravi militar. 97-99

1 - CIL, XI, 14 = ILS, 1027 Eavenne, regio XI

[ ] M(arco) Eppuleio | Proculo L(ucii) f(ilio) \ Claud(ia tribu)

|
Ti(berio) Caepioni | Hisponi, co(n)s(uli), pontefici), | proco(n)s(uli) pro-
vinc(iae) Asiae | et Hispaniae Baeticae, praef (ecto) aerari militar(is) [ ]
\

2 - CIL, V, 5813 Milan, regio XI

[ Se]vero \, pr(aetori), trib(uno) pleb(is), quaestori urb(ano), |


[p]raef(ecto) aerari militar (is), \ proeo(n)s(uli) provinc(iae) Asiae \ et pro-
vinciae Hispaniae \ Baeticae, Xviro stlit(ibus) iud(icandis), | trib(uno) mi-
lit(um) leg(ionis) VII Claud(iae) \ piae fidelis, | Patavini.

3 - CIL, VI, 9357 Eome

Ois manibus, \ Onesimi Caepionis \ Hisponis disp(ensatoris), \ Ti(be-


rius) Caepio Hieronymus \ et sïbi et suis.

4 - CIL, XI, 5065 Mevania, apud Leoninos, regio VI

D(iis) M(anibus), \ 8ex(to) Caesio | 8ex(ti) l(iberto) Chresimo, \ Gl[y]ptus


Caepionis \ Hisponis disp(ensator), \ amico Carissimo.

5 - CIL, XI, 1940 Pérouse, regio VII

Anniae \ Marsi fil(iae) \ Quartillae \ Gal(eonis) Tettieni Severi, \ Ap-


p(ius) Annius Priscus patronae. |. (Loco) d(ato) d(ecreto) d(ecurionum).
|

6 - J. Keil, JOAI, XXV, 1929, Ephèse


Beiblatt, col. 16 = SEG, IV, 532 = AE,
1930, 77; cf. Bull. Epigr., 1953, 177
380 L'a AERARIUM SATURNI » ET L7« AERARIUM MILITARE ))

[Αυτοκράτορα Καίσαρα \ êsov Τραϊανού ΠαρΰΊ\κ]οϋ vló[v, #]ε[οί> Νερουα] \


υίωνόν, Τραϊανον Ά[δ]ριαν[ον] \ Σεβαστ[ό]ν, αρχιερη μέγι[ο\τ]ον, δημαρχικής
εξουοίας, \ ϋπατον το δεύτερον, \ ή φιλούέβαςτος Έφεο'ίων βουλή | και δ νεωκόρος
δήμος καϋ·ιέ\ρωααν επί ανθυπάτου Γα[λ]έων[ος] | Τεττεηνοϋ Σεουήρου Τι(βερίου)
Και[πίωνος] | "Ιαπωνος. a. 118

7 - Α. Ippel, Athen. Mitteil., XXXVII, 1912, Pergame


p. 301, n° 26 = IGE, IV, 1688; cf. Β. Syme,
JB8, LVIII, 1968, p. 144

[Ή βου]λή και ο δήμος | [των πρώ]των και δις νεωκόρων | [ΙΊεργα]μηνών


ετίμηοε \ [ΤίτονΤ] εττιηνον Γαλεωνος \ Σεργία [· ] Σερήνον Αούκιον \ [~]ούϊον
Αικιννιανον Μαρκον | Έπουλαίιον Πρόκλον Τιβέριον | Καιπίωνα "Ιάπωνα, ύον
τοΰ | ευεργέτου της πόλεως Τεττιην[οϋ] \ Σεουήρου του ανθυπάτου, | τήν τιμήν
ανα\θεντος\ \ Τιβερίου Κλαυδίου Μη[νο — ] | αοίαρχου και ότρατηγοϋ \ το δεύτερον.

8 - Pline, Lettres, IV, 9, 16:

G ensuit (...) Caepio Hispo, salva dignitate indices dandos.


(Lors du procès de Iulius Bassus) Caepio Hispo . . . demanda la conservation
de la dignité (sénatoriale) et le renvoi du procès devant une commission judiciaire.

IV, 9, 20:
Valerius Paulinus adsensus Caepioni hoc amplius censuit.
Valerius Paulinus reprit l'avis de Caepio en y faisant une addition.

9 - Ulpien, Dig., XL, 5, 26, 7

. . .quod factum est temporibus divi Traiani Rubrio Gallo et Gaelio


Hispone consulibus . . .
. . .qui a été fait à l'époque du divin Trajan, sous le consulat de Rubrius Glallus
et de Caelius Hispo . . .

Il n'est pas toujours facile d'individualiser un sénateur polyonyme;


dans la variété des noms qui contribuent à le désigner, les contemporains
n'ont pas toujours fait le même choix; aussi les commentateurs ont-ils eu
quelque peine à rassembler toutes les informations sur celui qu'ils avaient
pris au premier abord pour plusieurs personnages distincts. Les auteurs
s'accordent pour identifier désormais M. Eppuleius Proculus L. f. Claud.
Ti. Caepio Hispo, connu par une inscription de Bavenne (texte 1) comme
LES NOTICES INDIVIDUELLES 381

préfet de Yaerarium militare et proconsul d'Asie, au proconsul de


l'année 118, Galeo Tettienus Severus Ti. Caepio Hispo, connu à Ephèse
(texte 6). Le nom complet était donc celui de Galeo Tettienus Severus
M. Eppuleius Proculus Ti. Caepio Hispo, fils de Lucius, inscrit dans la
tribu Claudia (*). Son épouse, Annia Quartilla, le désigne uniquement
par le premier élément du nom, Gai. Tettienus Severus (texte 5); c'est
ainsi que le nommèrent également les habitants de Patavium, qui ont
fait graver à Milan un cursus identique à celui de Bavenne, où se lit, à
la fin du nom manquant, [8e]vero (texte 2). A Pergame (texte 7), l'ancien
proconsul de la province était connu aussi sous le nom de Tettienus
Severus (2). Pourtant l'appellation la plus courante devait être celle de
Caepio Hispo, employée par Pline et par Ulpien; elle figure aussi sur les
épitaphes élevées par deux de ses intendants (textes 3 et 4).
Le fait que deux dénominations différentes aient pu être employées
usuellement s'explique: la polyonymie dans ce cas résulte certainement
d'une adoption; le fils d'un L. Eppuleius Proculus Ti. Caepio Hispo, adopté
par testament par un Tettienus, continue à indiquer sa filiation naturelle,
L. f. (3). Le fils du préfet de Vaerarium militare porte à son tour, sur
l'inscription de Pergame, un nom qui s'est encore compliqué (texte 7): [T]et-
tienus Serenus L. [-]vius Licinianus M. Ep(p)uleius Proculus Ti. Caepio
Hispo, fils de Galeo (4). L'élément nouveau inséré dans sa nomenclature
provient peut-être de la famille de sa mère, qui ne serait donc pas Annia
Quartilla (5), la fille de App. Annius Mar sus (6). Mais les mariages
successifs sont fréquents dans le milieu sénatorial. Il y a plus intéressant:
le premier cognomen de Tettienus est Serenus et non celui de son père,

(x) L'identité des deux personnages a été proposée par A. Premerstein, 8it-
zungsber. Bayer. Akad. Wiss., Ph.-Mst. kl., 1934, p. 76-77; d'abord niée par E. Grroag,
BE, V, A, 1, 1934, col. 1103-1104, et défendue par P. Lambrechts, Sénat romain,
I, p. 31, n° 48, et A. Garzetti, Nerva, p. 158-159, n° 144, elle a été finalement admise
par E. Grroag, PIB2, III, p. 82, n° 83. Il n'existe pas d'étude récente sur ce personnage
et sa famille: voir les remarques de E. Syme, Tacitus, II, p. 667, et People in Pliny,
dans JB8, L VIII, 1968, p. 144 et p. 146, et la notice de Gr. Alföldy, Fasti Hispanienses,
p. 162-163.
(2) E. Syme, JB8, LVIII, 1968, p. 144, et D. Magie, Boman Buie, II, p. 1583,
sont seuls à indiquer ce texte à propos du proconsul de 118.
(3) Th. Mommsen, Etude sur Pline le Jeune, trad. C. Morel, Bibl. de 1Έ.Ρ.Η.Ε.,
XV, 1873, p. 34-42: de l'adoption de Pline et de Vadoption testamentaire chez les
Bomains.
(4) E. Groag, BE, V, A, 1, 1934, col. 1103, n° 5.
(5) Id., PIB2, I, p. 133-134, no 719.
(e) Id., PIB2, I, p. 114, no 670.
382 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Severus; en outre, Tettienus fils est inscrit dans la tribu Sergia (*), et
non dans la tribu Claudia qui était celle de son père (2). Ces particularités
proviennent de la génération précédente; elles nous incitent à identifier
le père adoptif du préfet de Vaerarium à T. Tettienus Serenus, qui fut
consul suffect vers 80-81 (3), plutôt qu'à Galeo Tettienus Petronianus,
consul suffect en 76 (4). Les Tettieni sont originaires de l'Ombrie, et plus
précisément d'Assise (Asisium), où se trouvent des affranchis de cette
famille (5). Or, la tribu Sergia est précisément celle à."1 Asisium (6). Les
consulaires Tettieni de l'époque flavienne sont peut-être deux frères. Nous
voudrions reconstituer ainsi le stemma de cette famille:
[Tettienus]

[L. Eppuleius Proculus T. Tettienus Serenus Galeo Tettienus


Ti. Caepio Hispo] suff. c. 80-81 Petronianus
suff. 76

App. Annius Marsus


M. Aquilius Caepia Procula GALE Ο TETTIENUS SEVERUS
Eegulus M. EPPULEIUS PEOCULUS
L. f. Claud. TI. CAEPIO HISPO - Annia Marsi fil.
praef. aerari militar. Quartilla
suf. 101 ou 102
procos Asiae 118

[T.?] [TJettienus Galeonis [fil.]


Sergia Serenus L. [-]vius Licinianus
M. Ep(p)uleius Proculus Ti. Caepio Hispo
filiation naturelle
filiation adoptive

i1) La transcription de la tribu Sergia, IGB, IV, 1688, est fautive; E. Groag,
BE, V, A, 1, 1934, col. 1104, et R. Syme, JBS, LVIII, 1968, p. 144, considèrent
aussi qu'il convient de lire Σέργιο, et non Έρμα.
(2) La tribu Claudia est répandue dans toute l'Italie, mais elle n'est la tribu
ni de Ravenne ni de Milan: cf. J.-W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 270.
(3) OIL, VI, 163; cf. E. Groag, BE, V, A, 1, 1934, col. 1101-1103, n° 4, et A. De-
grassi, Fasti consolari, p. 23.
(4) CIL, XVI, 21; cf. E. Groag, BE, V, A, 1, 1934, col. 1103-1106, n° 6; A. De-
grassi, op. cit., p. 22.
(5) Gai. Tettienus Pardalas et Tettiena Galene: CIL, XI, 5372 = ILS, 3398
(Asisium).
(e) J. W. Kubitschek, op. cit., p. 69.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 383

Nous restituons à Tettienus Serenus, fils de Galeo Tettienus Severus,


le prénom de son grand-père par adoption, Titus. Il nous paraît
vraisemblable de reconnaître en Caepia Procula (x), épouse du sénateur M. Aqui-
lius Eegulus, contemporain de Pline (2), une sœur du préfet du trésor
militaire.
Le préfet de Vaerarium est Ombrien par adoption: la dédicace de son
épouse a d'ailleurs été élevée à Pérouse. En revanche, sa famille naturelle
est vraisemblablement originaire de Transpadane, où se rencontre le
cognomen Hispo qui est rare dans le reste de l'Italie (3); l'inscription
honorifique érigée à Milan par les Patavini confirme cette hypothèse.
Le cursus que les habitants de Pavie ont fait graver à Milan est plus
complet que celui de Eavenne. Mais il est rare de trouver une inscription
où les postes soient indiqués dans un tel désordre. Peut-être s'agit-il d'une
pierre de rebut: dans ce cas, les erreurs incomberaient au lapicide. En
fait, le texte est connu seulement par une copie et nous ne sommes pas
certains qu'il ne manque pas une ligne entre la mention de la questure
urbaine et celle de la préfecture de Vaerarium. Les fautes du copiste ont
pu aggraver celles du lapicide.
Le début de la carrière se reconstitue aisément: après le décem virât
judiciaire, le jeune homme a effectué le service militaire en Mésie
inférieure, où sa légion, la septième Claudia, était stationnée à Viminadum (4).
Il resta à Borne l'année de la questure; c'était le signe d'une certaine
faveur. Il assuma ensuite les fonctions de tribun de la plèbe, puis de préteur.
Nous connaissons seulement deux postes prétoriens; mais l'ordre dans
lequel ils ont été exercés n'apparaît pas sur l'inscription de Milan; le
texte de Bavenne, qui les mentionne aussi, n'est pas plus explicite. Les
deux rédactions proviennent d'un même modèle qui a joint les
proconsulats comme il arrive parfois (5). Tettienus Severus a gouverné la Bétique
cinq ans au moins après la preture et la province d'Asie plus de dix ans
après le consulat. Nous pensons que le sénateur est allé en Espagne avant

i1) OIL, XV, 7421: Caepia Procula M. Beguini) uxor; cf. E. Groag, PIR\ III,
p. 29, n° 153.
(2) E. Groag, PIB*, I, p. 196, n° 1005-1006.
(3) On trouve un Hisponum l(ibertus) sur le territoire de Mediolanum: GIL,
V, 5496. Sur les cognomina Hispo et Hispula, cf. E. Syme, Personal Names in Annals
I-YI, dans JB8, XXXIX, 1949, p. 14.
(*) E. Eitterling, BE, XII, col. 1620, legio.
(s) Voir, par exemple, ILS, 8970: Ulpius Traianus, procos Asiae et Hispaniae
B[a]eticae.
384 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

d'administrer, à Borne, Vaerarium militare. G. Alföldy, qui a établi les


fastes des proconsuls de Bétique, a défendu le point de vue inverse (x); il
considère que la pierre de Eavenne présente le cursus dans un ordre
régulier descendant; mais que dire alors de ces trois postes sur l'inscription de
Milan où l'ordre est fautif, quel que soit le sens dans lequel on les lit?
La conclusion de G. Alföldy nous paraît en contradiction avec ses propres
tableaux (2); il ignore l'unique précédent d'un sénateur qui a occupé ces
deux postes, mais justement dans l'ordre inverse: il s'agit de 0. Caetronius
Miccio qui fut chargé de Vaerarium militare après le proconsulat de Béti-
que (3). Les cas d'anciens proconsuls de Bétique appelés à administrer
Vaerarium Saturni sont moins probants (4), puisque les deux
préfectures financières ne sont pas de même rang à cette époque. Il reste
que nous avons retrouvé quatre exemples du même avancement: le
proconsulat de Bétique suivi de l'administration de l'une ou l'autre caisse
romaine confiée à des sénateurs. Il est vrai que le proconsulat de Bétique
conduit parfois directement au consulat (5); mais cette promotion n'est
pas systématique (6). La préfecture du trésor militaire peut élever aussi ses
titulaires au consulat à cette époque; il en fut ainsi pour Q. Aurelius
Pactumeius Fronto (notice n° VIII).
Nous ne tenons pas pour assuré que Tettienus Severus ait rempli
seulement deux fonctions prétoriennes; l'inscription de Eavenne, connue
par une copie du XVIe siècle, n'est peut-être pas complète. La carrière
de certains préfets du trésor militaire contemporains nous encouragerait

(x) G. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 163.


(2) Id., ibid., p. 273: carrière des gouverneurs de Bétique entre le prooonsulat
et le consulat.
(3) CIL, II, 2423; cf. AE, 1966, 186; voir la notice n° 19.
(4) L. Antistius Eusticus (n° 26) et P. Tullius Varrò (n° 35) ont administré tous
deux le trésor sénatorial après avoir gouverné la Bétique.
(6) Nous en avons quatre exemples pour les deux premiers siècles: M. Ulpius
Traianus, consul en 70; Cassius Agrippa, consul en 130; C. Oppius Sabinus, consul
vers 130; C. Iavolenus Calvinus, consul sous Antonin le Pieux. La liste dressée par
G. Alföldy, op. cit., p. 273, inclut aussi Q. Baebius Macer, consul suffect en 103; en
fait, le cursus de ce sénateur n'est pas connu: cf. E. Groag, PIB2, I, p. 347, n° 20.
(6) La Bétique occupe un rang moyen parmi les provinces sénatoriales
prétoriennes, comme le laisse entrevoir la liste des proconsuls accédant immédiatement
au consulat dressée par H. -G. Pflaum, Bonner Jahrbücher, CLXII, 1963, p. 226.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 385

à restituer plusieurs postes après la preture ί1). Au cas où Severus


n'aurait pas occupé d'autre fonction, il aurait bénéficié d'un avancement
exceptionnellement rapide, comme le fut celui de Q. Aurelius Pactumeius
Front ο vingt ans plus tôt.
Nous n'avons aucune certitude quant à la date du consulat suffect.
Un intervalle de seize ans le sépare du proconsulat d'Asie à cette époque (2).
Or, l'ancien préfet du trésor militaire était à Ephèse en 118; son
gouvernement date de l'une des années proconsulaires 117-118 ou 118-119 (3).
Il a par conséquent géré les faisceaux consulaires en 101 ou en 102 (4).
D'après Ulpien (texte 9), qui lui donne par erreur le nom de Caelius Hispo
au lieu de Caepio Hispo, il eut pour collègue un certain Rubrius Gallus,
inconnu par ailleurs. Il n'est donc pas raisonnable, comme l'a déjà noté
R. Syme (5), d'identifier le sénateur polyonyme au consul [-]us Procu[-]
que les fastes des frères Arvales indiquent en 101 (6); du nom de son
collègue subsistent seulement les deux lettres [-]*c[-], qui ne peuvent pas
s'appliquer à Rubrius Gallus. Nous ajouterons qu'aucun document ne
désigne le préfet du trésor militaire sous les noms d'Eppuleius Proculus,
qui se trouvent effectivement dans sa nomenclature; le sénateur
polyonyme figurait vraisemblablement dans les fastes consulaires de 101 ou
de 102 sous le nom de Tettienus Severus ou plutôt sous celui de Caepio
Hispo.

Nous pouvons considérer ce préfet de Vaerarium militare comme un


successeur de Pline le Jeune et dater précisément son activité des années
97 à 99. Le sénateur italien a parcouru une belle carrière, qui n'étonne
pas de la part du fils adoptif d'un consulaire. Il n'a guère quitté Rome
et, le service militaire mis à part, n'a été envoyé que dans des
provinces sénatoriales. Mais son cursus est peut-être incomplètement
connu.

i1) Voir l'avancement de Ti. Iulius Celsus Polemaeanus (n° IX); d'un anonyme
(n° XIII); de L. Catilius Severus (n° XIV).
(2) B. E. Thomasson, Die Statthalter, I, p. 24-25.
(3) D. Magie, Roman Rule, II, p. 1583,1e date de 117-118; E. Syme, Tacitus,
II, p. 665, hésite entre 117-118 et 118-119; W. Eck, Senatoren, p. 185, note 300,
et p. 186, avec note 309, penche pour 118-119.
(4) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 30, indique: c. 101.
(6) E. Syme, JBS, LVIII, 1968, p. 146.
(6) Inscr. Ital., XIII, 1, n° 2, p. 152.
386 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERAKIUM MILITARE »

ΧΠ _[. --JEBIUS

[prajef. aera[rii militarisf] Ier s.

CIL, VI, 1563 Eome


[- — ~\erio I[ 1 Il]lyricì i[ 1 i]ussi sunt le[gato? 1
pra]ef(ecto) aera[rii militarist ]

Nous ne pouvons pas proposer de restitution pour le fragment


romain qui fait connaître un [pra]ef(eetus) aera[rii] dont le cognomen se
termine par [-jerius.
La mention de l'Illyricum et la rédaction détaillée du texte nous
invitent à penser au Ier siècle: après leur séparation sous Auguste, les
provinces de Dalmatie et de Pannonie, issues de l'ancien Illyricum, ont
continué à porter, pendant quelques décennies, leur nom primitif i1)·
0. Ummidius Durmius Quadratus est leg. divi Claudi in Illy fico (2); on
parie de Vexercitus Illyrici (3), désigné sur les diplômes militaires par la
formule qui sunt in Illyrico (4).
L'usage des mots Dalmatie (5) et Pannonie (6) se généralise seulement
à partir des Flaviens. Comme le premier préfet du trésor de Saturne
connu par l'épigraphie date du règne de Vespasien (7), nous pensons plutôt
ici à la préfecture du trésor militaire, dont les documents font connaître
les responsables depuis le début du siècle.

i1) Voir A. Jagenteufel, Dalmatici, col. 1-2; E. De Kuggiero, Dizionario, IV, 1,


p. 23, Illyricum-Dalmatia, à propos de la Dalmatie; H. Nesselhauf, CIL, XVI, p. 4,
note 3, à propos de la Pannonie.
(2) OIL, X, 5182 = ILS, 972; cf. A. Jagenteufel, op. cit., col. 31-32.
(3) CIL, II, 4114; III, 7267 = ILS, 963.
(4) OIL, XVI, 2 et 4.
(5) L. Funisulanus Vettonianus, leg. pro. pr. provine. Délmatiae: OIL, III, 4013 =
ILS, 1005; cf. A. Jagenteufel, op. cit., col. 45. Nous devons signaler cependant
l'existence sous Marc-Aurèle d'un sénateur praepositus vexillationibus ex Illyrico missis au
moment de la guerre contre les Marcomans; il s'agit de C. Vettius Sabinianus Iulius
Hospes: ILAfr, 281; dans la même inscription, le personnage est bien appelé leg.
Aug. pr. pr. Délmatiae.
(6) H. Nesselhauf, OIL, XVI, p. 4, note 3.
(7) II s'agit précisément de L. Funisulanus Vettonianus (n° 23).
LES NOTICES INDIVIDUELLES 387

XIII -[.--]
praetor aerari militaris 102-104

CIL, XIII, 175 = 5089 = ILS, 1020 Aventicum,


Germania superior

[ ] legato Imper(atoris) Cae[s(aris)] Nervae Aug(usti) Germ(anici)


\

leg(ionis) XVI Flaviae firmae et legato Imp(eratoris) Nervae Traiani


|

Caesaris Aug(usti) Germanici) Bacici \ leg(ionis) VI f[e~\r[raf]ae, sodali


Flaviali, praetori | aerari militaris, legato Imp(eratoris) Nervae \ Traiani
Caesaris Aug(usti) Germanici Dacici \ provinciae Lugdunensis, consuli,
legato \ Imp(eratoris) Nervae Traiani Caesaris Aug{usti) Germanici) \
Bacici ad census accipiendos, | colonia Pia Flavia Constans Emerita \
[Helv\etio[r]um foederata | patrono.

L'inscription a été reconstituée à partir de deux fragments. Seule


la partie droite subsiste aujourd'hui; la moitié gauche est connue par
une copie du XVIe siècle. Le texte paraît cependant satisfaisant.
Le patronat de ce sénateur inconnu sur la colonie d'Avenches
s'explique par les responsabilités de censitor qu'il a assumées en Germanie
supérieure (*). La titulature de Trajan, qui porte déjà le surnom de Ba-
cicus, mais pas encore le titre d'Optimus, donne à l'érection de la pierre
un terminus ante quern: le mois d'août 114 (2). C'est sans doute en 107
que le personnage a été chargé d'opérer le recensement de la Germanie (3).
Les débuts de la carrière manquent; le premier poste connu, celui
de légat de légion, est certainement de rang prétorien. En 97 et 98, sous
le règne de l'empereur Nerva, qui est déjà appelé Germanicus, le futur
préfet du trésor commande la légion XVIa Flavia firma, à 8amosate en
Commagène (4). Son séjour en Orient, s'est prolongé, toujours en Syrie,

(*) L. Harmand,JDe patronat, p. 209, avec note 12, lie aussi le patronat d'Avenches
aux opérations de recensement de la province; mais il cite par inadvertance la
Belgique au lieu de la Germanie supérieure.
(2) D'après F. A. Lepper, Trajan's Parthian War, Oxford, 1948, p. 35-39, le
surnom Optimus apparaît dans la titulature à l'automne 113, au moment du départ
pour la guerre parthique.
(3) E. Eitterling et A. Stein, Fasti des röm. Deutschland, p. 27-28, n° 22, notent
qu'il y a eu deux recensements, l'un commencé en 107, l'autre en 113; ils retiennent la
première date et considèrent que la dédicace de la colonie d'Avenches à son patron
peut avoir été élevée vers 110.
(4) E. Eitterling, BE, XII, col. 1765, legio.
388 L?« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

par le commandement de la légion VIa ferrata, stationnée à Laodicée (*);


nous ne pouvons pas affirmer que cette légation a duré jusqu'à la fin
de l'année 102, sous prétexte que Trajan porte le surnom de Badens.
Il n'est pas exclu que le lapicide d'Avenches ait gravé ce titre par
inadvertance, parce qu'il figurait à deux reprises dans le texte de l'inscription.
En 101, le sénateur pouvait être revenu de Syrie.
Il rentre à E orne pour administrer Vaerarium militare; au même
moment, il devient membre de la confrérie des sodales Flaviales. Le titre
de praetor aerari militaris ne se rencontre nulle part ailleurs; nous ne
doutons pas qu'il s'agisse effectivement de la préfecture. Il paraît
difficile d'écarter cette lecture, puisque le mot praetor se trouve précisément
sur le fragment conservé, lu par Mommsen. L'explication la plus simple
serait la succession de la preture et de la préfecture et l'omission de prae-
fecto après praetorl·, mais le double commandement de légion surprendrait
pour un sénateur de rang tribunicien et, plus encore, la cooptation dans
le collège des sodales Flaviales. Pour justifier cette anomalie, nous
pouvons penser que le lapicide a oublié de graver la preture à sa place et a
cru bon de l'introduire par ce biais: le souvenir du titre voisin de praetor
aerarli Saturni, qui exista pendant quelques temps au début du règne
de Yespasien (2), rendait cette appellation plausible. Ce sénateur a
précédé L. Catilius Severus à la tête de Vaerarium militare) il a sans doute
exercé ses fonctions dans les années 102 à 104.
Le préfet anonyme est parti pour la Gaule comme gouverneur de
la province de Lyonnaise: cette légation, remplie dans les années 105-
106 (3), l'a conduit au consulat suffect, en 106 probablement. Nous ne
savons pas s'il est rentré à Rome pour gérer les faisceaux consulaires ou
s'il s'est rendu directement de Lyon en Germanie supérieure pour présider
aux opérations de recensement, au cours de l'année 107 (4).
Nous ne connaissons pas ses deux collègues; mais il est intéressant
de noter que son successeur, L. Catilius Severus, a obtenu le consulat
suffect après avoir administré Vaerarium Saturni. Il apparaît donc que la
préfecture du trésor sénatorial et le gouvernement d'une province im-

(x) E. Ritterling, ibid., col. 1590.


(2) Tacite, Hist., IV, 9 (en 69): praetores aerarti (nam turn a praeioribus tracta-
batur aerarium).
(8) P. Wuilleumier, L'administration de la Lyonnaise sous le Haut- Empire, Paris,
1948, p. 15, n° 7, situe le gouvernement de cet anonyme entre 102 et 106.
(4) Voir la note 3, à la page précédente.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 389

portante telle que la Lyonnaise sont de même rang à cette époque, toutes
deux conduisant au consulat; la gestion de la caisse du sénat, qui permet
à ses titulaires de rester à Eome, est cependant plus honorifique qu'une
légation: elle est attribuée souvent à des personnages que l'empereur
souhaite garder à la cour. Tout fragmentaire qu'il soit, le cursus d'A-
venches est celui d'un militaire, qui, après la preture, a commandé deux
légions avant d'administrer la caisse de retraite des vétérans. Ses
déplacements ultérieurs l'ont conduit exclusivement dans des provinces
impériales. Cette carrière mérite d'être rapprochée de celle d'un sénateur
anonyme, connu par une inscription grecque mutilée de Tlos (x); après
la preture, ce personnage a commandé les mêmes légions que le patron
d'Aventicum, puis il a dirigé Vaerarium militare; le gouvernement d'une
province impériale, la Lycie-Pamphylie, l'a élevé au consulat. Il n'est
pas possible d'identifier les deux hommes, malgré leurs débuts communs,
puisque, après la préfecture, l'un a été envoyé en Gaule, l'autre en Asie
mineure; mais leur avancement est identique. Dans les deux cas, ce sont
des viri militares qui sont chargés de la caisse de retraite de l'armée.

XIV - L. CATILIUS Cn. f. Clau. SEVEEUS IULIANUS


CLAUDIUS EEGINUS

praef. aerarti militar. 105-107


[p~\raef[ectus] aer\a\r. m[ilitar.~\
Voir la notice n° 33: L. Catilius Severus a administré Vaerarium
Saturni de 108 à 110.

XV - M. ACILIUS A. f. Vot. PEISCUS EGEILIUS PLAEIANUS

praef. aerari militar. 123-125


praef. aera[ri militaries
[praef. aerari mijUtaris

Voir la notice n° 37: ce sénateur a géré Vaerarium Saturni de 126


à 128.

(x) IGE, III, 558 = ΤΑΜ, II, 569: le rapprochement a déjà été indiqué par
E. Grroag, dans E. Ritterling et A. Stein, Fasti, cités, p. 28. Voir la notice n° XXII.
390 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

XVI - L. OCTAVIUS COBNELIUS SALVIUS IULIAOTS

praef. aerar. Saturni item mil. 140-142 ou 141-143

Voir la notice n° 46: Salvius Iulianus a administré Vaerarium Saturni


de 144 à 146, avant de devenir consul ordinaire en 148. Les deux
préfectures financières sont ses seuls postes prétoriens.

XVII - L. NEBATIUS C. f. Vol. PEOCULUS

praef. aerari militaris entre 140 et 146

1 - CIL, IX, 2457 = ILS, 1076 Saepinum, regio IV

L(ucio) Neratio C(aii) f(ilio) \ Vol(tina tribu) Proculo, \ Xvir(o) stlitibus


iudican(dis), \ trib(uno) militum legion(is) \ VII gemìn(ae) felic(is) et le-
g(ionis) | VIII Aug(ustae), quaest(ori), aedil(i) | pleb(is) Cerial(is), prae-
t(ori), leg(ato) \ leg(ionis) XVI Flaviae fldel(is) | item misso ab Imp(eratore) |
Antonino Aug(usto) Pio ad d[e]ducen\[d~]as vea^Pßationes in Syriam ob

\
\p\ellum \Paf\t~hieum, praef(ecto) aerari(i) \ militaris, \ co(n)s(uli), | muni-
cipes Saepinat(es).

2 - CIL, IX, 2485 Saepinum

Primigenius Nerati \ Proculi vilic(us) \ et fili n(umero) VIIII item


L(ucius) Fisius | Sulla | Primigeniae conservae \ eidem mairi \ item lanuario
filio et fratri b(ene) m(erentibus) p(osuerunt).
|

Ce préfet du trésor militaire est issu de la célèbre gens Neratia de


Saepinum (x); il est inscrit comme ses concitoyens dans la tribu Volti-
nia (2). Bien qu'il porte lui-même le prénom Lucius, qui est celui des
consulaires L. Neratius Marcellus et L. ÎTeratius Priscus, il est le fils d'un

i1) Sur cette gens, cf. BE, XVI, 2, 1935, col. 2539-2553, Neratius, par divers
auteurs; sur L. Neratius Proculus, voir PIE1, II, p. 403, n° 49; E. Groag, BE, XVI, 2,
1935, col. 2551, n° 16; P. Lambrechts, Sénat romain, I, p. 85, n° 445.
(2) J. W. KuMtschek, Imperium Bomanum, p. 59.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 391

Caius. Proculus est plébéien (il a été aedilis plebis Cerialis); il ne descend
pas par conséquent de Marcellus, qui était patricien (x). Mais nous savons
désormais que le juriste ÎTeratius Priscus et son fils étaient plébéiens eux
aussi (2). Neratius Proculus n'appartient pas nécessairement à une branche
annexe de la famille (3). Son cognomen a attiré l'attention de E. Syme (4).
La statio Proculiana, dans laquelle enseigna le juriste Neratius Priscus,
était issue du maître Antistius Labeo, contemporain d'Auguste, qui avait
épousé précisément une Neratia (5); l'école tirait son nom du second
successeur de Labeo, le juriste Proculus, qui n'est toujours pas identifié (6).
E. Syme s'est demandé s'il ne s'agissait pas d'un ïferatius. L'hypothèse
est séduisante, mais encore trop fragile pour que nous reconnaissions
dans le juriste Proculus un ancêtre du préfet du trésor militaire.
Ses concitoyens ont élevé une statue à L. Neratius Proculus pour
commémorer son consulat; le titre de co(n)s(ul) est nettement mis en
évidence, à l'avant-dernière ligne d'un cursus présenté dans l'ordre direct.
Une date approximative est donnée par la seconde responsabilité confiée
au sénateur après la preture: l'empereur Antonin l'a chargé de conduire
des détachements en Syrie, en prévision d'une guerre contre les Parthes.
Cette concentration de troupes est datée traditionnellement des premières
années du règne, en 139 ou peu après (7).
Le jeune Proculus a commencé sa carrière par le décemvirat
judiciaire sous le règne d'Hadrien. Il a servi à deux reprises dans l'armée
comme tribun légionnaire, d'abord à Legio (Léon), en Asturie, où était
stationnée la VIIa gemina (8), ensuite, à Argentorate (Strasbourg), en
Germanie supérieure, où la VIIIa Augusta tenait garnison (9). Il a assumé

(x) CIL, IX, 2456 = ILS, 1032: l'inscription anonyme est attribuée à L. Nera-
tius Marcellus; cf. E. Groag, BE, XVI, 1935, col. 2542-2545, n° 9.
(a) Voir la notice n° 27.
(3) Comme le précise G-. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 128, qui indique encore
tous les consulaires Neratii de l'époque de Vespasien comme des patriciens.
(*) E. Syme, The Jurist Neratius Priscus, dans Hermes, 1957, p. 484, avec note 5.

(5) Dig., XXXIV, 2, 32, 6; cf. A. Stein, PIB2, I, p. 114, n° 760.


(6) W. Kunkel, Herkunft, p. 123-124, a suggéré sans certitude le nom de Cn.
Acerronius Proculus, consul en 37.
(7) En particulier d'après des émissions monétaires; cf. K. F. Stroheker, Die
Aussenpolitih des Antoninus Pius nach der Historia Augusta, dans Historia Augusta
Colloquium, Bonn, 1964-1965, Bonn, 1966, p. 250-253, avec note 43.
(8) Gr. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 127-128, situe son tribunat vers 125.
(9) E. Bitterling, BE, XII, col. 1652-1653, legio.
392 ΐΛ< AEBAKJUM SATURNI » ET ΐΛ ÄERARIUM MILITARE »

normalement les fonctions de questeur, édile et préteur. Ces débuts ne


témoignent d'aucune faveur particulière.
Le premier poste prétorien est le commandement d'une légion, la
XVIa Flavia, cantonnée à Samosate, en Commagène i1). Il était déjà en
Syrie, lorsqu'il a été chargé de conduire des détachements contre les
Parthes, en 139 ou peu après. La pierre de Saepinum distingue cette
deuxième légation de la première par la préposition item; la fonction
était donc indépendante de la précédente (2). La démonstration de force
impressionna Vologèse III qui renonça provisoirement à ses visées sur
l'Arménie.
Au retour, Proculus est nommé par l'empereur à la tête de Vaera-
rium militare', la préfecture le conduit directement au consulat. Mais à
quelle date? Pour les années 145, 146 et 147, les fastes consulaires sont
presque complets. En revanche, aucun consul n'est connu de façon assurée
pour 144; l'année 148 offre encore des possibilités (3). Nous avons donc
deux solutions pour la préfecture; Neratius Proculus peut avoir été un
des collègues de Salvius Iulianus à la tête de Vaerarium militare-, préfet
de 140 à 142 ou de 141 à 143, il a géré les faisceaux consulaires en 144.
Il a bénéficié dans ce cas d'un avancement particulièrement rapide,
justifié par ses antécédents militaires. Neratius Proculus peut aussi avoir
succédé à Salvius Iulianus; il aurait alors administré le trésor militaire
de 143 à 145 ou de 144 à 146 et obtenu le consulat suffect en 148; son
ascension aurait été plus lente.
Ce préfet des années 140-146 est un militaire; il doit sa promotion
aux services qu'il a rendus, au moins autant qu'au nom de Neratius.
Nous ne lui connaissons pas d'enfants; en revanche, les descendants de
sa sœur, Neratia Procilla (4), mariée à un notable d' Aeclanum (5), ont
atteint par la suite la dignité sénatoriale (6). Nous percevons un aspect
de la politique matrimoniale des hautes classes: Aeclanum est située à

(!) E. Bitterling, ibid., col. 1765-1766.


(2) Mais de même nature que celle-ci; cf. A. Ernout et A. Meillet, Dictionnaire
étymologique de la langue latine, Paris, 1939, p. 499.
(3) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 41-42.
(*) CIL, IX, 1132.
(5) C. Betitius Pietas, qui a été magistrat municipal à Aeclanum, et préfet de
cohorte; cf. A. Stein, PIE2, I, p. 365, n° 117.
(6) C. Betitius Pius, vir clarissimus, patron de Canusium en 223, et Betitius
Pius Maximillianus, consulaire du IIIe siècle; cf. E. Groag, PIB2, I, p. 365, n° 118
et n° 119, et Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 198, n° 968 et p. 261, n° 1489.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 393

cinquante kilomètres du berceau des Neratii; la promotion des élites


locales se fait souvent par l'intermédiaire d'alliances avec la noblesse (*).

XVIII - A. EGRILIUS PLARIANUS

praef. aeravi milit[aris] entre 140 et 150

1 - CIL, XIV, 4445 Ostie

A(ulus) Egrilius Plaria[n]us, | praef (ectus) aerari milit[aris], \ p(atronus)


c(oloniae), pontif(ex) VolJc[ani f(aciendum) c(uravit)f].

2 - CIL, XIV, 467 Ostie

L(ucio) Arrio Hermeti, vaseulario, A(ulus) Egrilius Plarîanus.


\

Sous lé règne d'Hadrien, les deux frères Egrilii d'Ostie, A. Egrilius


Plarianus pater et M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus, ont exercé des
préfectures financières; Plarianus pater a géré Vaerarium Saturni,
vraisemblablement de 122 à 125 (notice n° 35); Priscus Plarianus
administrait Vaerarium militare au même moment; il a succédé à son frère à la
tête de la caisse sénatoriale en 126 (notice n° 36).
Il n'est pas possible de confondre A. Egrilius Plarianus, praef. aerari
milit[aris], connu par une inscription d'Ostie, avec A. Egrilius Plarianus
pater, praef. aerario Saturn., dont le nom vise précisément à éviter toute
assimilation à son fils homonyme. Le préfet du trésor militaire est le fils
de Plarianus pater et le neveu de Priscus Plarianus (voir le stemma des
Egrilii, notice n° 35). Nous l'appellerons Plarianus le Jeune pour éviter
toute confusion (2).
Nous ne savons pas si le personnage a été consul; le consulat de son
cousin germain Q. Egrilius Plarianus L. M[-] est attesté (3): il se place en
143 ou en 144 (4), soit treize ou quatorze ans après celui de son père,

(*) Sur cette politique matrimoniale, voir les remarques de P. Veyne, La table des
Ligures Baebiani et l'Institution alimentaire de Trajan, dans MEFB, 69, 1957, p. 214.
(2) II n'existe pas de notice sur ce personnage dans la PIB2, où il est confondu
avec M, Acilius Priscus Egrilius Plarianus; cf. E. Groag, PIBZ, III, p. 76-77, n° 48.
(3) CIL, VI, 30868: Q. Egrilius [Plarianus'], L. Aemilius [Carus].
(*) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 41, et E. Syme, Proconsuls d'Afrique sous
Antonin le Pieux, dans BEA, 1959, p. 317.
394 E'« AEßARJUM SATURNI » ET li'« AEKAKTUM MILITARE »

M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus, qui fut, à notre avis, le collègue de


L. Aurelius Gallus au consulat, en 129 sans doute ou peut-être en 130 i1).
Plarianus le Jeune est le fils de Plarianus pater, qui, d'après les fasti
Ostienses, fut consul suffect en 128 (2). A l'époque d'Antonin, la préfecture
du trésor militaire est généralement l'avant-dernier (2), parfois le dernier
poste prétorien (3). Si la carrière de Plarianus le Jeune a été parallèle à
celle de son cousin Quintus, sa préfecture se place entre 140 et 150.
Les décurions d'Ostie ont choisi ce membre de la branche aînée des
Egrilii comme patron de la colonie; son père et son oncle assumaient
aussi cette fonction particulièrement honorifique. Plarianus le Jeune a
été élu en outre au magistère le plus illustre: le pontificat de Vulcain.
Puisque ce sacerdoce était viager, il a sans doute succédé à son oncle
Priscus Plarianus; le décès de celui-ci se situe donc après 129, date
probable de son consulat, et avant l'époque, entre 140 et 150, où son neveu
fut appelé à la direction de Yaerarium militare.
Nous avons déjà noté que la famille était lancée dans les affaires à
Ostie, où apparaissent de nombreux affranchis des Egrilii (4). La
dédicace à un ami, L. Arrius Hermes, vascularius, témoigne de ce lien avec
le monde des corporations. Les mariages se concluaient dans un milieu
assez restreint: le nom d'Arria L. f. Piaria Vera Priscilla (5), épouse d'un
consul M'.Acilius Glabrio, qui est probablement le consul de 152 (6),
témoigne de la parenté des Egrilii Plariani et des Arrii. Le fait que cette
personne a probablement vécu sous Antonin nous a incité à identifier
l'ami de L. Arrius Hermes à Plarianus le Jeune plutôt qu'à Plarianus
pater (7).
Faut-il reconnaître le préfet du trésor militaire d'Antonin dans
le [. -] Plarianus, qui apparaît à la quatrième ligne de l'album du
collège des dendrophores d'Ostie (8)? Il nous paraît peu probable que figure

(x) Nous avons complété par le nom de M. Acilius Priscus un diplôme militaire
de Banasa, CIL, XVI, 173; voir la notice n° 37.
(2) A. Degrassi, Inscr. Ital., XIII, 1, n° 17, p. 205. Voir la notice n° XVII:
L. Octavius Cornelius Salvius Iulianus.
(3) Voir les notices n° XVII et n° XIX: L. Neratius Proculus et Sex. Pedius
Hirrutus Lucilius Pollio.
(4) K. Meiggs, Roman Ostia, Oxford, 1960, p. 506.
(5) CIL, XI, 6333 = ILS, 1073; cf. E. G-roag, PIE2, I, p. 219-220, n° 1120.
(6) E. Grroag, PIB2, I, p. 11-13, n° 73, avec stemma des Acilii Glabriones, p. 72.
(7) E. Stein, PIB2, III, p. 76, n° 47, se demandait s'il convenait d'attribuer le
dédicataire de cette inscription à A. Egrilius Plarianus ou à M. Acilius Priscus
Egrilius Plarianus, considéré alors comme son fils.
(8) CIL, XIV, 281.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 395

sur cette liste, gravée vers l'an 200, les noms des patrons défunts et plus
vraisemblable d'y trouver des contemporains de Septime-Sévère (x).

A. Egrilius Plarianus est donc le troisième membre de la gens JEgrilia


d'Ostie, qui, en l'espace de vingt ans, ait exercé, à Eome, une préfecture
financière. Cette continuité témoigne de la richesse des notables d'Ostie,
que leurs compétences ont désignés au choix d'Hadrien, puis d'Antonin.
Il est regrettable que nous ne connaissions pas plus pour Plarianus le
Jeune que pour Plarianus pater l'ensemble de la carrière. L'avancement
d'un fils de consulaire était plus rapide que celui d'un homo novus. La
gestion des préfectures financières apparaît en tout cas comme une
tradition familiale.

XIX - SEX. PEDIUS Sex. f. Arn. HIRRUTUS LUCILIUS


POLLIO

praef. aer. mi[li]tar. entre 150 et 160

1 - CIL, VI, 1486 = XIV, 3995 Marco Simone

Sex(to) Pedio 8ex(ti) f(ilio) \ Arn(ensi tribu) Hirruto | Lucilio Pol-


lioni, | co(n)s(uli), praef(ecto) aer(arii) mi[U]tar(is), | leg(ato) Aug(usti)
iuridic[o As]tur(iae) et \ Gallaec(iae), proc[o(n)s(uli) provinc(iae)~] | Ma-
cedoniae [ ]

2 - CIL, VI, 1485 = XIV, 3994 Marco Simone

Sex(to) Pedio 8ex(ti) f(ilio) Arn(ensi tribu) \ Hirruto, praet(ori).


\

8ex(tus) Pedius Eirrutus | Lueilius Pollio \ fil(ius), praet(or).

3 - Inscr. Ital., XIII, 1, n° 5, p. 213 et p. 241 Fasti Ostienses

[8ex(tus) ?] Pedius Hirrutus, L(ucius) Iu[ ]

Les cippes de marbre retrouvés près de Marco Simone, sur la via


Nomentana, font connaître deux Sex. Pedii Hirruti, inscrits dans la tribu

n° 726
(*) a.Nous suivons sur ce point l'avis de G. Barbieri, Albo senatorio, p. 153-154,
396 L'a AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE ))

Arnensis (x). Le père est mort en exerçant la preture ou peu de temps


après; lorsqu'il a géré à son tour la preture, le fils a fait graver une
inscription pour rappeler le souvenir des deux préteurs Hirruti. La famille
est vraisemblablement issue de Teate Marrucinorum, comme le pensait
E. Groag (2). En effet, une dédicace privée, découverte à Interpromium,
dans la région IV, honore leur ancêtre Sex. Pedius Lusianus Hirrutus,
lui-même fils d'un Sextus, ancien primipüe, chargé par Tibère
d'administrer la Bhétie (3). Hirrutus l'ancien fut magistrat municipal dans sa
cité d'origine, dont le nom n'est pas précisé; or, Interpromium, où le
militaire possédait certainement une villa, se trouve sur le territoire des
Marrucini ou sur celui des Paeligni (4). Ces derniers appartiennent à la
tribu Sergia (5); en revanche, Teate, la cité des Marrucins, est inscrite
dans la tribu Arnensis (6), que conservent les descendants du
contemporain de Tibère. La dédicace ^Interpromium, qui mentionne la tribu
An(iensis), est probablement fautive: l'aïeul des Hirruti avait sans doute
la tribu Arnensis: il a été quinquennalis à Teate Marrueinorum, où il a
fait construire un amphithéâtre à ses frais.
La pierre de Marco Simone, qui porte le cursus de Sex. Pedius
Hirrutus Lucilius Pollio, est mutilée dans le bas; une meilleure lecture du
texte montre que le proconsulat de la province de Macédoine figurait
aux deux dernières lignes conservées (7). De la carrière de Lucilius Pollio,
nous connaissons simplement trois postes prétoriens avant le consulat
suffect: le proconsulat de Macédoine, le juridicat en Asturie et Galice,
la préfecture de Vaerarium militare enfin.
Si le consul Pedius Hirrutus dont le nom apparaît sur un fragment
des fastes d'Ostie portait le prénom Sextus (ce qui est probable), il
s'identifie à Lucilius Pollio, qui seul parvint au consulat. A. Degrassi, l'é-

(x) PIE1, III, p. 20, η» 153 et n° 154; E. Groag, BE, XIX, 1, 1937, col. 42-43,
n° 5 (le père) et n° 6 (le fils), Pedius; G. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 86-87.
(a) E. Groag, BE, XIX, 1, 1937, col. 42-43.
(3) CIL, IX, 3044 = 5330 = ILS, 2689: [8]ex. Pedio Sex. /. An. Lusiano Hir-
j

ruto, prim. pii. leg. XXI, pra[ef.] | Baetis Vindolieis valli[s] [PJoeninae et levis arma-
|

tur., | IIIIv. i. d., praef. | Germanic[i] | Caesaris quinquennalici | [i]uris ex s. c, quin-


quen. iterum. \ Hic amphitheatrum d. s. p. fecit. M. Dullius M. f. Gallus.
|

(4) Aussi les auteurs du Corpus, cherchant à identifier la patrie de ce personnage,


hésitaient-ils entre Teate chez les Marrucins et Sulmo ou Oorfinium chez les Péligniens.
(5) J. W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 52-53.
(6) Id., ibid., p. 51.
(7) G. Alföldy, op. cit., p. 86 (fac-similé de l'inscription) et p. 87, note 93.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 397

diteur des fasti Ostienses, date ce texte de l'époque d'Antonin d'après


la forme des lettres i1). Nous résumons l'argumentation que L. Peter sen
a consacrée à son collègue L. Iu[-] (2). Cette paire de consuls était en
charge dans le dernier nundinium d'une année au cours de laquelle un
congiaire fut distribué au peuple. Ces distributions ont été fréquentes
sous le règne d'Antonin; mais, seules, les années 144, 158 et 161 sont
susceptibles d'accueillir un nouveau collège consulaire. La première date
est peu probable: le juridicat espagnol se place avant la préfecture
triennale, donc quatre ou cinq ans avant le consulat. Or, les iuridici d'Asturie
et Galice des années 138 à 140 sont connus (3). Les dates les plus
vraisemblables pour le consulat sufïect de Sex. Pedius Hirrutus le jeune sont
par conséquent celles de 158 ou de 161. Le sénateur a administré la caisse
de retraite des vétérans sous le règne d'Antonin le Pieux; il a pris son
poste entre 155 et 157.
Il appartenait à une ancienne famille italienne, entrée au sénat
depuis une génération au moins. Il paraît difficile de considérer le
contemporain de Tibère comme le grand-père du préfet de Vaerarium militare)
les éditeurs du Corpus, qui admettaient cette parenté (4), ne disposaient
pas d'éléments pour dater les deux inscriptions de Marco Simone. S'il
s'agit bien d'un ascendant direct, nous devons penser au moins à
l'arrière-grand-père de Lucilius Pollio. Le juriste Pedius, qui exerça son
activité sous le règne d'Hadrien, semble-t-il (5), appartenait sans doute à

(x) A. Degrassi, Inscr. Ital., XIII, 1, n° 17, p. 241; le même auteur, Fasti
consolari, p. 132, propose « metà del sec. II ».
(2) L. Petersen, PIB2, IV, 3, p. 117-118, n° 64.
(3) Gr. Alföldy, op. cit., p. 87, exclut l'année 144, en e'appuyant sur une liste de
iuridici espagnols, selon laquelle tous les titulaires de cette fonction pour les années
138 à 145 seraient connus:
Q. Fuficius Cornutus 138-? 14H
L. Novius Crispinus 141-? 143?
L. Coelius Festus 143- ? 145?
En fait, nous pensons que L. Coelius Festus fut praefectus aerarti Saturni vers les
années 141 à 143 (voir la notice n° 43); or, le juridicat avait précédé la gestion du trésor.
En Espagne, L. Coelius Festus (consul sufïect en 148) a vraisemblablement succédé
vers 139-140 à Q. Fuficius Cornutus (consul sufïect en 147). Il reste que les iuridici
des années 138 à 140 sont connus; il s'agit de Q. Fuficius Cornutus et de L. Coelius
Festus; L. Novius Crispinus (consul sufïect en 150) serait plutôt leur successeur.
(4) Voir le commentaire de OIL, IX, 5330.
(5) Le juriste Pedius a écrit un commentaire sur l'édit du préteur dont le Digeste
a transmis quelques passages. On ne peut malheureusement pas préciser si ce texte
fut écrit avant ou après la codification de l'Edit sous Hadrien; cf. F. Schulz, History
of Roman Legal Science, Oxford, 2e éd., 1963, p. 190-191.
398 l'« aerarium saturni » et ιΛ aerarium militare »

la famille de Teate Marrucinorum, puisqu'il porte le prénom Sextus i1).


Comment savoir s'il s'identifie à Hirrutus le père ou à son fils, ou s'il
s'agit d'un simple parent! (2). Cependant les époques respectives
auxquelles ils ont vécu nous invitent à exclure l'identité du juriste et du préfet
du trésor. La carrière prétorienne de Lucilius Pollio, telle que la révèle
le cursus de Marco Simone, montre un spécialiste des questions
administratives. Peut-être, par tradition familiale, le sénateur avait-il reçu une
formation juridique. Dans ce cas, il ne serait pas nécessaire de restituer
après la preture un commandement militaire (3). Les frères Pedii,
mentionnés sur une fistule de plomb qui date sans doute du IIIe siècle (4),
peuvent descendre de cette gens italique.

Eesponsable de Vaerarium militare dans les années 155 à 160, Sex.


Pedius Hirrutus Lucilius Pollio est le fils d'un sénateur de Teate
Marrucinorum. Le juriste Sex. Pedius appartenait à la même famille. La
carrière connue de Lucillius Pollio n'est pas celle d'un militaire et témoigne
plutôt de compétences administratives.

XX - M. FLAVIUS T. f. Quir. POSTUMUS

praef. aerari milit. Antonin le Pieux


1 - CIL, VIII, 7044 = ILS, 1163 Cirta, Numidia
= ILAlg., II, 630

M(arco) Flavio T(iti) fil(io) \ Quir(ina tribu) Postumo, \ praef(ecto)


aerari milit(aris), ordinato in Gal\lia at quinque fasces, leg(ato) le-
\

g(ionis) VI ferratae, prae\tori, adlecto inter tri\bunicios ab \ Imp(eratore)

(x) Le prénom Sextus est donné par Paul, Big., IV, 8, 32, 20.
(2) H. Dessau, PIB1, III, p. 20, n° 153, proposait d'identifier Hirrutus le père
au juriste; A. Berger, BE, XIX, 1, 1937, col. 41-42, n° 3, Sex. Pedius, pensait au fils,
Lucilius Pollio, mais il ne connaissait pas la date du consulat; W. Kunkel, Herkunft,
p. 168-169, n° 38, ne doute pas que le juriste ait appartenu à la famille des Sex. Pedii
de Teate; mais il n'assigne aucune date aux carrières respectives du père et du fils;
il suggère pourtant le nom du fils, Lucilius Pollio, sans certitude. A notre avis, si le
juriste est vraiment un contemporain d'Hadrien, il appartiendrait plutôt à la
génération du père qu'à celle du fils.
(3) Le juriste Salvius Iulianus, préfet de Vaerarium militare (n° XVII), a
parcouru une carrière prétorienne exclusivement civile, sous le règne d'Antonin le Pieux.
(4) CIL, XI, 3741 = XV, 7780: [ ] et Pediorum [- - -]ini e. c. p. φ.; cf.
Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 652, n° 2258 a.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 399

Antonino Aug(usto), cu\ratori coloniae Arde\atinorum, quaest(ori),


patirono) (quattuor) col^niarum), M(arcus) Paccius Bufinus, Q(uintus)

\
Aemilius Pontianus, P(ublius) No\nius Silvanus, A(ulus) Publidus Pon-
ti\anus, C(aius) Iulius Gargïlianus patr(ono) op\timo [ ]

2 - CIL, X, 4061 = 6008 Minturnae, regio I

M(arco) Flavio Postu[mo~\, c{larissimo) v(iro), patr(ono) col(oniae),


\

|
or do et popu[lus] Minturnens[iumj.

Un article récent de H. -G. Pflaum a montré que la titulature abrégée


Imp. Antoninus Aug. s'applique en principe à Antonin le Pieux (x). Nous
pouvons désormais dater le cursus de M. Flavius Postumus, adlectus
inter trihunicios ab Imp(eratore) Antonino Aug(usto), du règne d'Antonin (2).
Inscrit dans la tribu Quirina (3), ce sénateur est originaire de Cirta,
où quatre de ses clients lui ont élevé une statue; il est d'ailleurs patron
des quatre colonies cirtéennes. Son père s'appelait T. Flavius; son grand-
père a sans doute reçu la citoyenneté romaine de la dynastie flavienne (4).
Sur la pierre de Cirta, les postes sont gravés dans l'ordre inverse,
depuis la préfecture de Vaerarium militare jusqu'à la questure. Nous ne
savons pas si Postumus a exercé des fonctions préparatoires à la carrière
sénatoriale. Après la première magistrature, il a été chargé d'une
curatelle de cité en Italie: la surveillance des comptes d'Ardée ne l'éloignait
guère de Eome. Antonin le Pieux lui fait sauter alors l'échelon édilité-
tribunat par le bénéfice d'une adlectio inter tribunieios. Le cursus ne
permet pas de deviner le motif de cette faveur impériale; pouvons-nous
imaginer que l'illustre compatriote de Postumus, l'orateur M. Cornélius
Fronto (5), l'ait recommandé à la bienveillance d' Antonini Après la pré-

(x) H. -G. Pflaum, Les titulatures abrégées a Imp. Antoninus Aug. » et «Antoninus
Imp. » s'appliquent en principe à Antonin le Pieux, dans Mélanges Carcopino, 1966,
p. 729.
(2) Th. Mommsen, Gesammelte Schriften, Vili, 1913, p. 227-229, hésitait entre
Marc-Aurèle et Caracalla, tout en remarquant que rien ne s'oppose à ce que l'on date
ce cursus de l'époque d'Antonin le Pieux; à la suite de Mommsen, les commentateurs
de cette carrière ont suggéré les noms de Marc-Aurèle ou de Caracalla: cf. H. Dessau,
ILS, 1163; Goldfinger, BE, VI, 2, 1909, col. 2608-2609, n° 151, Flavius; E. Groag,
PIRZ, III, p. 164, n° 341; G. Barbieri, Albo senatorio, p. 157, n° 742, et p. 610; H.-G.
Pflaum, ILAlg, II, 1, 630.
(3) La tribu de Cirta: cf. J. W. Kubitschek, Imperium Eomanum, p. 141-142.
(4) Les empereurs flaviens étaient également inscrits dans la tribu Quirina.
(5) A. Stein, PIE2, II, p. 322-324, n° 1364.
400 ΐΛ AERARIUM SATURNI )) ET ΐΛ AERARIUM MILITARE ))

ture, le jeune sénateur africain occupe trois postes. Le commandement


d'une légion, la VIa ferrata, le conduit en Syrie Palestine, et plus
précisément à Caparcotna, en Galilée I1). Il vient ensuite en Gaule comme légat
de l'empereur: la tournure imprécise ordinatus in Gaïlia at (pour ad)
quinque fasces indiquerait une mission exceptionnelle dans l'ensemble de
la Gaule chevelue (2); les cinq faisceaux sont accordés à tous les légats
de provinces impériales. Il est intéressant de rapprocher cette fonction
de celle qu'exerça G. Vettius Sabinianus Iulius Hospes sous le règne de
Marc-Aurèle (notice n° 54); le titre de leg. Aug. rationibus putandis trium
Galliarum, que porta ce sénateur (3), est cependant plus explicite que
celui de Postumus; nous ne pouvons pas conclure que Postumus ait été
chargé lui aussi du contrôle financier des Trois Gaules.

La gestion de Vaerarium militare est le troisième poste prétorien;


il permet à son titulaire de séjourner trois ans à Eome. Nous ne savons
pas si M. Flavius Postumus obtint par la suite le consulat, mais il pouvait
y prétendre (4). La carrière que nous connaissons est modeste; M. Flavius
Postumus est probablement un homo novus. Le sénateur africain fut
cependant un homme assez important pour exercer son patronat sur deux
cités, Cirta dont il était originaire, mais aussi Minturnes en Italie. Peut-
être ce nouveau sénateur Cirtéen a-t-il bénéficié de la protection de son
compatriote M. Cornelius Fronto, consul en 143.

XXI - [M. FLA?]VIUS M. f. [-] [-]TUS SABINUS

[praef. a]erari mil. sous Antonin?

CIL, XI, 5645 Matïlica, regio VI

[M(arco) Flaf]vio M(arci) f(ilio) [-(tribu)\ ]to Sabino, [co(n)s(uli), |


praef(ecto) a]erari mil(itaris), le[g(ato) leg(ionis) ] praetori, tri\b(uno)
|

pleb(is), quae]stori Aug(usti), trib(uno) [mil(itum) leg(ionis) ] p(iae)


!

f(idelis), Xviro stliti[b(us) iud(icandis)], n(atione) I(talus).


|

(!) E. Bitterling, BE, XII, col. 1591, legio (depuis l'année 123).
(2) C'était le point de vue de Th. Mommsen, op. cit., p. 227-229, repris par
P. Wuilleumier, L'administration de la Lyonnaise sous le Haut-Empire, Paris, 1948, p. 20.
(3) ILAfr, 281.
(4) Voir les carrières contemporaines de L. Neratius Proculus (n° XVII), Sex.
Pedius Hirrutus Lucilius Pollio (n° XIX) et [M. Fla?]vius [-]tus Sabinus (n° XXI).
LES NOTICES INDIVIDUELLES 401

L'expression quaestor Augusti situe l'exercice de la questure entre


le règne de Vespasien et celui d'Antonin le Pieux i1).
La carrière commence par le décemvirat judiciaire. Après avoir
accompli le service militaire comme tribun laticlave de l'une des nombreuses
légions qui portent, au IIe siècle, les surnoms de pia fidelis, le jeune homme
est élu questeur avec la recommandation de l'empereur; en tant que
quaestor Augusti, il transmet au sénat les messages impériaux. Le tri-
bunat de la plèbe et la preture se succèdent normalement.
Nous pensons que les trois lettres cos correspondaient, à la deuxième
ligne, aux trois lettres de la tribu, qu'il convient de restituer à la
première. Ainsi le sénateur est parvenu à la dignité de consul suffect après
deux postes prétoriens seulement: le commandement d'une légion dont
le nom est perdu et la préfecture du trésor militaire.
La faveur impériale est attestée à toutes les étapes du cursus', le
personnage appartenait peut-être déjà à une famille clarissime. Il est
difficile de le rapprocher des Flavii Sabini, parents de Vespasien, qui
portaient le prénom Titus (2). D'après sa filiation, le préfet du trésor
militaire s'appelait sans doute Marcus; peut-être avait-il pour gentilice
Flavius, mais ce n'est pas sûr. Des M. Flavii de rang sénatorial sont
connus au IIe siècle (3). A la dernière ligne, l'inscription précise, semble-
t-il, son origine italienne; il était sans doute de Matilica, en Ombrie.
L'avancement dont il a bénéficié invite à situer sa carrière sous le
règne même d'Antonin le Pieux, pour lequel nous avons d'autres exemples
de promotion au consulat aussitôt après la préfecture du trésor militaire,
au terme de carrières prétoriennes rapides (4).

(x) Le titre de quaestor Augusti est apparu sous Vespasien; on ne le rencontre


plus à partir du règne de Marc-Aurèle, où il est remplacé par celui de quaestor candi-
datus; sur l'évolution de la titulature, voir M. Cébeillac, Les « quaestores principis et
candidati » aux Ier et IIe siècles de VEmpire, Milan, 1972, p. 163-165. Il faudrait ajouter
[M. Fla?]vius M. f. [-]tus Sabinus à la liste des questeurs impériaux sous le règne
d'Antonin le Pieux établie par le même auteur, p. 158.
(2) E. Groag, PIB2, III, p. 166-170, n° 352 et n° 355.
(3) Voir M. Flavius Postumus (notice n° XX). Un M. Flavius Arrius Oscius
Honoratus descendait, à la fin du IIe siècle, d'une lignée de Marci Flavii et du sénateur
C. Arrius Honoratus, consul suffect en 170: cf. E. G-roag, PIB2, III, p. 139, n° 220,
et stemma dans PIB2, I, p. 214.
(4) Voir les avancements respectifs de L. Neratius Proculus (notice n° XVII)
et de Sex. Pedius Hirrutus Lucilius Pollio (notice n° XIX).

26
402 l'« aerarium saturni » et ιΛ aerarium militare »

XXII -[.--]

ς αίραρίον] στρατιωτικού avant 165

ΤΑΜ, Π, 569 = IGE, III, 558 Tlos, Lyeia

[ ταμί]\α[ν], δήμαρ[χ]ο[ν], στ[ρατηγον, επιμε]\λητήν οδών, ηγεμόνα


λ[εγεώνος] έκκαιδεκάτης Φλανίας Φίρ[μης και] έκτης Σιδηράς, επα[ρχ]ο[ν
|

|
αίραρίον] στρατιωτικού, πρεσβευτή[ν και άντι]\στράτηγον Αντοκράτορος Αυκ[ί]α\_ς] \
|

καΐ Πα[μ]φυ[λ]ίας, ά[γ]ν[ον] δικαιοδότ[ην], | Τλωέ<χ>ν η βουλή και η γερουσία \


και ο δ\γ\]μο\_ς].

L'appellation coutumière de αγνός δικαιοδότης à la fin du texte


indique que la cité de Tlos a élevé cette inscription Honorifique au
gouverneur de la province ^). La titulature officielle, mentionnée à la ligne
précédente, est celle de πρεσβευτής και αντιστράτηγος Αύτοκράτορος Αυκίας
και Παμφυλίας, qui correspond au titre latin de legatus Augusti pro prae-
tore Lyciae et PampJiyliae. Elle date la carrière avant l'année 165, époque
probable du changement de statut de cette ancienne province impériale,
remise par Marc-Aurèle au sénat en échange de l'ancienne province
sénatoriale de Pont et Bithynie (2).
La pierre est mutilée; le nom du sénateur et ses premiers postes
éventuels sont perdus. Après avoir assumé normalement les fonctions de
questeur (ταμίας,), tribun de la plèbe (δήμαρχος) et préteur (στρατηγός),
il a reçu de nombreuses charges de rang prétorien. Le réseau routier
italien dont il a eu la surveillance n'est pas précisé; il a quitté la péninsule
pour la Syrie, où il a commandé successivement la légion XV Ia Flavia
firma, cantonnée à Samosate en Commagène (3), et la légion VIa ferrata,
stationnée à Laodicée jusqu'en 123, puis à Caparcotna, en Galilée, après
cette date (4). Il est alors rentré à Borne pour administrer Vaerarium

(x) Cette formule se rencontre fréquemment en Lycie; cf. IGB, III, 522; 551;
557; 558; 562; 631; 681.
(2) Sur la date de cet échange, voir la note 2, p. 330.
(3) E. Bitterling, BE, XII, col. 1765.
(4) Id., ibid., col. 1590 et 1591.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 403

militare pendant trois ans, avant de retourner en Orient comme


gouverneur prétorien d'une province impériale, la Lycie-Pamphylie.
La seizième légion, créée par Vespasien comme l'indique le nom de
Flavia, semble avoir reçu des Flaviens le surnom de firma (x). Nous
devons donc placer ce préfet de Yaerarium militare entre la fin du premier
siècle et l'année 165.
Il a parcouru un type de carrière bien individualisé au IIe siècle.
Un sénateur anonyme a connu, sous le règne de Trajan, un avancement
identique de la preture au consulat: après avoir commandé
successivement deux légions (les mêmes d'ailleurs), il a administré la caisse de
retraite des vétérans, puis gouverné une province impériale réservée aux
anciens préteurs (2). Ces deux hommes sont des viri militares.
Le commandement de deux légions non seulement stationnées, mais
aussi recrutées en Orient, et la légation de Lycie-Pamphylie révèlent
que le sénateur était hellénophone, et peut-être originaire d'Asie mineure.

XXIII - TI.IULIUS Ti. f. Cor. FRUGI

[pra]ef. aer. mil. vers 175-177

1 - CIL, VI, 31717 Eome

[Ti(berio) Iul(io) T]i(berii) f(ilio) Cor(nelia tribu) Frugi, | [eo(n)s(uli)y


fra]tri Arv(ali), pro\[mag(istro)f, pra~]ef(ecto) aer(arii) mil(itaris), [prae-
\

f(ecto) firumenti)] d(andi), leg(ato) leg(ionis) VII | [gem(inae)f, leg(ato)~\


pr(o) pr(aetore) provin\[ciar(um) B]aeticae, Ponti | [et Bithy]niae, Asiae, |
[praet(ori), trib(uno) ple]b(is), quae\[st(ori) prov(inciae) Pont]i et [Bithyniae~].

2 - CIL, VI, 2095 = 32385 Acta Arvalium

[Isdem co(n)s(ulibus) IIII (XIIII) Ic(alendas) Iun(ias)] [in luco deae


|

D~\iae, Ti(berius) Iulius Frugi promag(ister) [ad aram im]mola[vit po]rc[as


etc. . . 29 mai

0) E. Bitterling, ibid., col. 1767.


(2) CIL, XIII, 175 = 5089 =.IL8,. 1020 (Aventicum); voir la notice n° XIII.
404 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

3 - G. Mancini, Bull, comunale, LV, 1927, p. 278 Acta Arvalium


= AE, 1930, 61

Ti(berius) Iulius Frugi | [promagister hoc die ìmmolavif] Iovi Opt(imo)


Max(imo) bovem etc. a. 176

4 - CIL, XVI, 188

[ ] Frugi, co(n)s(ulibus) a. 178!

Sous le règne de Marc-Aurèle, Ti. Iulius Frugi appartenait au


college des frères Arvales; en 176, il en était promagister. Son consulat suf-
fect se place probablement en 178; en effet, sur le diplôme militaire, trouvé
en Thrace, qui indique son nom, les témoins sont les mêmes que ceux qui
figurent sur un autre diplôme, précisément daté de l'année 178 (x).
La carrière, connue par une pierre romaine mutilée, s'est déroulée
dans les dernières années du règne d'Antonin et surtout sous Marc-Aurèle.
La quatrième ligne donne l'ampleur de la lacune gauche, grâce à l'unique
restitution possible, celle de [praef. f.]d. Pour les trois premières lignes,
les sept ou huit signes perdus se reconstituent aisément: d'abord le
prénom et le nom abrégés, Ti. lui., puis le début de la filiation [T]i. Les
postes sont gravés dans l'ordre indirect: à la ligne 2, figuraient par
conséquent le consulat et les sacerdoces. Au début de la ligne 3, nous
complétons le titre de pro\[mag(istro)] (2) et celui de [pra]ef. aer. mil.
En revanche, un doute subsiste à la ligne 5: la septième légion dont
Frugi fut légat est-elle la VIIa gemina d'Espagne ou la VIIa Claudia
de Mésie supérieure (3)? Nous pensons comme G. Alföldy, qui fait figurer
Frugi parmi les légats de l'armée d'Espagne (4), que la première hypothèse
est la plus vraisemblable: selon G. Alföldy, Marc-Aurèle n'a
probablement pas confié une légion danubienne à un sénateur qui n'était visible-

H Le 23 mars 178: CIL, XVI, 128 (Kadikoï); voir le commentaire de H. Nes-


selhauf à la suite de CIL, XVI, 188, et les quelques lignes consacrées par le même
auteur à Ti. Iulius Frugi dans Gnomon, XXVI, 1954, p. 267. A. Degrassi, Fasti
consolari, p. 126, situait le consulat au milieu du IIe siècle.
(2) C'est la restitution que proposent les éditeurs du Corpus, bien qu'il n'existe
pas d'exemple d'inscriptions honorifiques où cette dignité soit mentionnée.
(s) E. Groag, BE, X, 1, 1918, col. 608-609, n» 253, Iulius, et L. Petersen, PIE2,
IV, 3, p. 218, n° 330, envisagent les deux possibilités.
(4) Gr. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 121-122.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 405

ment pas un vir militarisa l'argument n'est pas négligeable. Nous


ajouterons que le sénateur n'a pas quitté l'Espagne, où il venait d'exercer une
responsabilité en Bétique.
La fin du texte est moins bien conservée; l'indication de la preture
et celle du tribunat de la plèbe ne font pas de doute à l'avant-dernière
ligne. A la dernière, les éditeurs du Corpus proposaient de lire [Illviro
mo]net[ali]. Cette restitution est peu vraisemblable: la liste des praefecti
frumenti danài montre qu'un seul d'entre eux, sous Trajan, a commencé
sa carrière par le meilleur poste du vigintivirat (*); et l'étude des
praefecti aerarti militaris révèle seulement des decemviri et des quattuorviri (2).
Sur le conseil de E. Birley, H.-G. Pflaum a déjà mis en doute l'hypothèse
du triumvirat monétaire (3); les recherches de E. Birley (4) ont établi
en effet que ce poste, toujours confié aux jeunes patriciens, ne leur était
pas expressément réservé; des plébéiens, protégés de l'empereur, le
recevaient quelquefois; ils étaient promis, sauf disgrâce ultérieure, à une
ascension particulièrement rapide. Le cursus de Frugi ne justifie donc pas
la restitution de cette charge. A la suite d'une révision de la pierre par
E. Marichal, H.-G. Pflaum a suggéré un nouveau complément pour la
dernière ligne: avant les lettres ET, une haste serait visible; et le premier
poste connu de Frugi pourrait être celui de questeur pour la province
de Pont et Bithynie: quae[stori prov. Pont~]i et [Bithyniae] (5).
Ce début convient parfaitement à un jeune sénateur originaire d'Asie
mineure; la famille est probablement issue de Cyzique (e), où un Τι.
'Ιούλιος Φρούγεις a élevé une inscription funéraire à un de ses affranchis (7).

(x) II s'agit de L. Caesennius Sospes, CIL, III, 6818 = ILS, 1017 add. Encore
cette particularité s'explique-t-elle: selon H.-Gr. Pflaum, La chronologie de la carrière
de L. Caesennius Sospes, dans Historia, II, 1954, p. 431-446, Sospes, protégé de Do-
mitien, a subi une éclipse sous les règnes de Nerva et Trajan.
(2) Voir la liste III, 1, a, des praefecti aerarti militaris.
(3) H. -G. Pflaum, Historia, II, 1954, p. 441-442, repris par L. Petersen, PIR*,
IV, 3, p. 218, n° 330.
(4) E. Birley, Britain under Nero: the Significance of Q. Veranius, dans Durham
University Journal, 1952, p. 88-92; ainsi que Senators in the Emperors' Service, dans
Proc. of the Brit. Acad., XXXIX, 1953, p. 202-204.
(*) H.-G. Pflaum, Historia, II, 1954, p. 442, suivi par L. Petersen, PIE2, IV,
3, p. 218, n° 330.
(e) D'après E. Groag, BE, X, 1, 1918, col. 608, n° 253, suivi par L. Petersen,
ibid.
(7) IGB, IV, 170.
406 ΐΛ< AERARTUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Le préfet du trésor militaire descend d'un sénateur homonyme, qui


a gouverné la province de Lycie-Pamphylie sous le règne de Trajan (*);
l'écart des générations invite à reconnaître en ce personnage le grand-
père de notre sénateur. La famille est entrée au sénat sous Domitien ou
Trajan; ses membres ont exercé une grande partie de leur carrière dans
les provinces hellénophones. C'est le cas du préfet du trésor militaire
dont nous examinons rapidement l'avancement.
La première magistrature, exercée à Mcomédie, n'éloigne pas trop
le jeune Frugi de son pays natal, Cyzique. Le tribunat de la plèbe et la
preture l'obligent à séjourner à Eome. Il revient ensuite en Orient,
d'abord comme légat du proconsul d'Asie, puis comme légat du proconsul
de Pont et Bithynie, si nous suivons l'ordre du texte: mais la chronologie
des légations n'est pas assurée; Frugi peut avoir assisté le proconsul
d'Ephèse après celui de Mcomédie (2). L'administration sénatoriale de
la province de Pont et Bithynie donne à la questure et à la légation, un
terminus ante quern: l'année 165, pour laquelle nous connaissons le premier
légat impérial, L. ïïedius Lollianus Avitus (3).
Après ces débuts en pays grecs, le jeune sénateur part pour l'Espagne:
le poste de légat auprès du proconsul de Bétique est assuré, celui de
commandant de la septième légion gemina, cantonnée à Legio (Leon) est
probable. Les dates limites fournies d'une part par les responsabilités
en Bithynie, exercées avant 165, d'autre part par le consulat sufïect,
assumé vers 178, invitent à placer le séjour espagnol entre 165 et 170 (4).
La carrière prétorienne culmine avec deux postes romains: en 172
ou en 173, Frugi préside aux distributions de blé à la plèbe romaine
pendant une année. La préfecture de Vaerarium militare précède le consulat
suffect, qui date probablement de 178. Le triennium de Frugi n'est pas

H Vers 114: IGE, III, 739 = ΤΑΜ, II, 905; cf. P. Lambrechts, Sénat romain,
I, p. 64, n° 278, et surtout L. Petersen, PIB2, IV, 3, p. 217, n° 329.
(2) La notice de G·. Alföldy, op. cit., p. 121-122, n'est pas claire sur la succession
des postes; dans ses tableaux, p. 254 et p. 277, il place la legation de Bétique avant
les deux légations en Orient, ce qui nous paraît peu vraisemblable.
(3) IGB, III, 84; Lucien, Alexandros, 57. Sur le changement de statut de la
province de Pont et Bithynie, voir la note 2, p. 330.
La brève notice consacrée à Ti. Iulius Frugi par P. Lambrechts, Sénat romain,
I, p. 99, n° 527, est doublement erronée; l'auteur semble croire que le sénateur a
gouverné la province de Bithynie comme leg. Aug. pr. pr. et ajoute: « Son gouvernement
de Pont-Bithynie comme province impériale tombe avant 165 ». Il place par
conséquent cette carrière sous le règne d'Antonin le Pieux.
(4) G. Alföldy, op. cit., p. 179 et p. 121-122, situe la légation de Bétique vers 160
et le commandement de la légion entre 166 et 170.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 407

assuré, du fait que nous ne connaissons pas ses prédécesseurs immédiats;


nous pouvons suggérer avec quelque vraisemblance les années 175-177.
Ces dates approximatives sont compatibles avec le témoignage des actes
des frères Arvales: en 176, Frugi assumait à Eome les responsabilités
religieuses qui relevaient de sa dignité de promagister dans cette confrérie.
Nous ne savons pas si l'ancien préfet du trésor militaire a revêtu des
fonctions consulaires.

Issu d'une famille sénatoriale de Cyzique, en Asie mineure, Ti. Iulius


Frugi a eu une carrière prétorienne fournie; six postes, remplis sous le
règne de Marc-Aurèle, l'ont élevé au consulat suffect. Ils sont groupés
deux par deux: le sénateur, de langue grecque, s'est d'abord formé en
Orient; il a séjourné ensuite en Espagne et terminé son avancement
d'ancien préteur par deux charges romaines. Bien qu'il comporte encore une
légation de légion, le cursus se caractérise par des responsabilités
administratives.

XXIV - C. SABUCIUS C. f. Quir. MAIOR CAECILIANUS

praef. aeravi mil. vers 178-180

1 - CIL, VI, 1509 = ILS, 1123 Rome

C(aio) Sabucio C(ai) f(ilio) Quir(ina tribu) Maiori | Caeciliano, co(n)-


s(uli), | sodali August(ali) Claudial(i), proco(n)s(uli) prov(inciae) \ AcJia(iae),
leg(ato) Aug(usti) pr(o) pr(aetore) prov(inciae) Belgicae, praef(ecto) aera-
|

ri mil(itaris), leg(ato) iurid(ico) prov(indae) Britanniae, iurid(ico) per


\

Flamin(iam) et Vmbriam, curat(ori) viae Salar(iae) et alimentorum,


|

praet(ori) candid(ato), tr(ibuno) pleb(is) [ ]

2 - CIL, VI, 1510 = ILS, 1123 a Eome

C{aio) Sabucio Maior(i) Caecilian(o), \ cons(ularis) m(emoriae)


\

v(iro), | C(aius) Sabucius | Maio[r] Plotinus | Faustinus, c{larissimus)


i(uvenis), nepos.

3 - CIL, VI, 2100 b, 1. 11 Acta Arvalium

C(aius) Sab[ ] a. 186


408 ΐΛ AERARIUM SATURNI» ET ΐΛ AERARIUM MILITARE»

Deux inscriptions romaines honorent le sénateur 0. Sabucius Maior


Caecilianus. La première présente son cursus dans l'ordre inverse,
jusqu'au consulat. La seconde, élevée par son petit-fils après sa disparition,
rappelle simplement la mémoire du consulaire. La plupart des
commentateurs i1) ont admis l'identité de Caecilianus et du consul C. Sab[ — ],
dont le nom figure dans les actes des frères Arvales pour l'année 186,
semble-t-il (2). Seul, E. Thomsen (3) a refusé le rapprochement et reconnu
dans le consulaire Caecilianus un descendant du consul de 186; cette
réserve appelle une discussion. Caecilianus a exercé la fonction de iuridicus
per Flaminiam et TJmbriam; considérant que la circonscription de Fla-
minie-Ombrie est apparue vers 205, sous le règne de Septime- Sévère,
B. Thomsen place le cursus de C. Sabucius Maior Caecilianus dans la
première moitié du IIIe siècle. En fait, nous avons déjà eu l'occasion de
noter qu'une datation plus assurée de quelques inscriptions relatives à
des iuridici italiens permet de nuancer les conclusions de B. Thomsen.
Ainsi il convient de modifier légèrement la date qu'il a avancée pour la
création par Marc-Aurèle des iuridici (notice n° 53). De même, quelques
particularités de la carrière de Q. Mamilius Capitolinus invitent à placer
le juridicat de ce sénateur à la fin du règne de Commode ou au début
de celui de Septime-Sévère; or, il a eu la charge d'un district composé
de la Flaminie, l'Ombrie et le Picenum (notice n° 60). B. Thomsen
considère qu'il s'agit de la même circonscription, créée vers 205, mentionnée
parfois sous la forme de Flaminia- Umbria, parfois sous celle de Flaminia-
Umbria-Picenum. La date du cursus de Q. Mamilius Capitolinus montre
que ce district appartenait déjà au premier système juridictionnel (4). Il
n'est donc pas justifié de mettre en doute l'identité de C. Sabucius Maior
Caecilianus, iuridicus per Flaminiam et Umbriam, et celle de C. Sab[-],
qui fut consul en 186 vraisemblablement.
Les seuls documents sur ce sénateur ont été retrouvés à Borne; il
s'agit sans doute d'un Italien: sa tribu, Quirina, est très répandue dans

i1) H. Dessau, PIB1, III, p. 156, n° 34; A. Nagl, BE, I, A, 2, 1920, col. 1609-
1610, n° 1, Sabucius; P. Lambrechts, Sénat romain, I, 1936, p. 163, n° 1088.
Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 177, n° 844, qui admet aussi leur identité,
ne mentionne pas le point de vue de K. Thomsen dont il cite seulement l'ouvrage
dans ses addenda, p. 613.
(2) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 52.
(3) Κ. Thomsen, Italie regions, p. 171-174.
(4) Voir M. Corbier, Les circonscriptions judiciaires de l'Italie, de Marc-Aurèle à
Aurélien, dans MEFBA, 85, 1973, 2, p. 619-621.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 409

la péninsule i1). Le gentilice Sabucius atteste l'origine étrusque de la


famille (2). Son père, C. Sabucius, n'est pas connu; aucune gens
sénatoriale ne porte ce nom au IIe siècle. C. Sabucius Maior Caecilianus est
probablement un homo novus, qui a fait souche d'une famille clarissime:
son petit-fils C. Sabucius Maior Plotinus Faustinus est un c(larissimus)
i(uvenis) (3).
Le bas de la pierre romaine manque, avec les éventuels postes
préparatoires et la questure; une adlectio inter quaestorios n'est pas
impossible. Après le tribunat de la plèbe, Caecilianus est élu préteur avec la
commendatio de Marc-Aurèle. Il assume ensuite six fonctions prétoriennes
avant d'obtenir le consulat suffect, en 186.
D'abord chargé de la surveillance de la via Salaria, l'antique route
du sel, et des alimenta dans la même région, il reste en Italie pour exercer
le juridicat dans la circonscription de Flaminie-Ombrie-Picenum. Il
remplit une mission similaire en Bretagne avec le titre de legatus iuridicus.
Ces trois postes ont donné à Caecilianus une expérience des questions
financières et juridiques, qui justifie sa désignation pour la préfecture de
Vaerarium militare.
Les gouvernements provinciaux qui suivent datent du règne de
Commode: le proconsulat d'Achaïe précède immédiatement le consulat;
il se place peut-être en 184-185 (4); la légation impériale en Belgique,
un peu plus longue, se situe vers 181-183 (5). Caecilianus administrait
donc la caisse de retraite des vétérans vers les années 178-180, pendant
la co-régence de Marc-Aurèle et de Commode. Le sénateur a été coopté
par le collège des sodales Augustales Claudiales.
Nous ne retenons pas l'identité de Caecilianus et du sénateur Sa[-]
[-]anus, qui d'après une épitaphe de Tlos, a été proconsul de Lycie-Pam-
phylie, à la fin du IIe siècle ou au début du IIIe (6). Ce gouvernement
prétorien figurerait sur l'inscription romaine; un deuxième procon-

(*) J. W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 271.


(2) W. Schulze, Lot. Eigennamen, p. 222.
(3) II n'est pas connu par ailleurs; cf. G-. Barbieri, Albo senatorio, p. 242, n° 1353.
(4) E. Groag, Achaia, col. 74, n° 303, et F. Grosso, La lotta, p. 526.
(6) E. Ritterling et E. Stein, Fasti des röm. Deutschland, p. 96, et W. Meyers,
L'administration de la province romaine de Belgique, Bruges, 1964, p. 68, indiquent
l'année 183; Γ. Grosso, op. cit., p. 432, les années 180-183.
(β) ΤΑΜ, II, 620; le rapprochement suggéré par Bendorf dans les Tituli Asiae
Minoris a été écarté par E. Groag, Achaia, col. 74, n° 303; il est rappelé par G.
Barbieri, op. cit., p. 177, n° 843.
410 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

sulat serait d'ailleurs peu vraisemblable; nous n'en connaissons pas


d'exemple.

La gestion de Vaerarium militare, dans les années 178-180, n'a pas


élevé Caecilianus au consulat suffect; deux gouvernements provinciaux
s'intercalent. Le changement de règne, en 180, a-t-il affecté l'avancement
personnel de Caecilianus! Ou, peut-être, la préfecture du trésor militaire
n'apparaissait-elle pas, à l'époque de Commode, comme un poste
susceptible de conduire un homme nouveau au consulat? Aucun commandement
militaire ne figure dans cette carrière prétorienne bien remplie; Caecilianus
a été apprécié pour ses qualités d'administrateur.

XXV - L. FABIUS M. f. Gai. CILO SEPTIMINUS CATINITTS


ACILIANUS LEPIDUS FULCINIANUS
praef. aer. militar. vers 187-189
praef. aer. militaris

1 - CIL, VI, 1408 = ILS, 1141 Rome


L{ucio) Fabio M(arci) f(ilio) Gal(eria tribu) Ciloni Septi\m,ino Ca-
tinio Aciliano Le\pido Fulciniano, co{n)s{uli), corniti Imp(eratoris) L(ucii)
\

Septimi Severi Pii Pertinacis Aug(usti) Arab(ici) Adiab(enici) p(atris)


\

p(atriae), | sodal(i) Hadrianal(i), cur(ioni) min(ori), leg(ato) Aug(usti)


|
pr(o) pr(aetore) provinc(iarum) Pann(oniae) et Moe\siae sup(erioris), Bithy-
n(iae) et Ponti, duci ve\xill(ationum) per Italiani exercitus Imp(eratoris)

\
Severi Pii Pertinacis Aug(usti) et M(arci) Aureli Antonini Aug(usti),
|

praepo\sito vexillation(ibus) Perinthi per\gentib(us), leg(ato) Aug(usti) pr(o)


pr(aetore) provinc(iae) Ga\lat(iae), praef(ecto) aer(arii) militar(is), proco(n)-
s(uli) prov(inciae) Narbon(ensis), leg(ato) Aug(usti) leg(ionis) XVI F(la-
\

viae) f(irmae), pr(aetori) urb(ano), leg(ato) pr(o) pr(aetore) prov(inciae)


\

Narb(onensis), trib(uno) pleb(is), quaest(ori) \ prov(inciae) Cret(ae) Cyr(e-


narum), trib(uno) mil(itum) leg(ionis) XI Cl(audiae), \ Xvir(o) stlit(ibus)
iudic(andis), cur(atori) r(ei) p(ublicae) Nico\medensium, Interamna\tium
Nartium, item Gravi\scanorum, Ti(berius) Cl(audius) Ambrelianus (centu-
rio) leg(ionis) V Macedonicae ob merita.
|

2 - CIL, VI, 1409 = ILS, 1142 Eome


L(ucio) Fabio M(arci) f(ilio) Gal(eria tribu) Ciloni | Septimino, co(n)-
s(uli), praef(ecto) urb(i), leg(ato) Aug(ustorum) pro pr(aetore) Pannon(iae)
\

\
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 411

super(ioris), dud vexill(ationum), leg(ato) pro | pr(aetore) provinciar(um)


Moesiae super(ioris), Ponti et Bithyniae, | corniti Aug(usti), leg(ato) Au-

\
g(ustorum duorum) pro \ pr(aetore) prov(inciae) Galatiae, praef(ecto) \
aer(arii) militaris, pro\co(n)s(uli) itemque leg(ato) prov(inciae) Narbonen-
s(is), | leg(ato) leg(ionis) XVI Fl(aviae) f(irmae) Samosate, \ sodal(i) Ha-
drianal(i), pr(aetori) urb(ano), trib(uno) pleb(is), q(uaestori) prov(inciae)
\

\
Cretae, trib(uno) leg(ionis) XI Cl(audiae), Xvir(o) silitib(us) iudicandis,

\
Mediolanenses patrono.
\

3 - CIL, VI, 312 = ILS, 3403 = Buecheler, Carni. Borne


epigr., 868
Te precor Alcide sacris, inmete peractis
\

rite tuis laetus dona, ferens meritis


\

Haec Ubi nostra potest tennis perferre camena


|

nam grates dignas tu potes efficere


|

|
Sume libens simulacra, [tuis quae munera Cilo

|
aris -urbanus dedicat ipse sacris.
|

4 - W. H. Buckler, W. M. Calder et C. M. W. Corx, AntiocMa Pisidiae


JRS, XIV, 1924, p. 185 = AE, 1926, 79

Aciliano Lepido \ Fulciniano, co(n)s(uli), colmiti Imp(eratoris) Cae-


'

s(aris) L(uci) Septimi Severi Pertinacis Aug(usti) in expeditione


\

orientali, | praeposito vexillatio\nib[us] Illyricianis Perinthi \ tendentibus, sodali


Hadri\anali, curioni minori, legnato) Aug(usti) pr(o) pr(aetore) provin-
\

(ciae) Bith[y]\niae et Ponti, leg(ato) Aug(usti) legion(is) \ XVI F(laviae)


f(irmae), praetori urbano, leg(ato) pr(o) pr(aetore) prov(inciae) Narbonen-
\

s(is), \ [tri]bun(o) plebis, quaest(ori) prov(inciae) Cre\tae et Cyrenar(um),


curatori) Nico\m[e]d(ensium), cur(atori) Inter amnatïum [Naf\\tiu[m],
curatori) Graviscanor(um), tr[ib{uno)~\ mil(itum) laticlavio) leg(ionis) XI
\

Cl(audiae) p(iae) f(idelis), Xv[ir(o)~] stlit(ibus) mdic(andis).


\

5 - IG, XIV, 1078 = IGE, I, 138 = L. Moretti, Eome


Inscriptiones Graecae Urbis Romae, Rome, 1968,
fase. 1, p. 60-61, n° 68

Α(ουκιον) Φάβιον | Κείλωνα, \ τον λαμπροτατον επαρχον ' Ρώμης, \ ϋπατον το


β',\ή μητρόπολις της Γαλατίας "Ανκυρα, \ τον εαυτής προατάτην.
\

\
412 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

6 - CIL, VI, 1410 Eome

L(ucio) Fabio M (arci) fil(io) \ Galer(ia tribu) Septimino \ Ciloni, prae-


f(ecto) urb(i), \ c(larissimo) v(iro), co(n)s(uli) (bis), \ M(arcus) Vìbius Ma-
ternus \ Ilurensis a militiis \ candidatus eius.

7 - Jordanidis, Athen. Mitteil., XXIII, In agro EpJiesino


1898, p. 166 = IGB, IV, 1674

Λούκιον Φάβιον Χείλωνα \ τον λαμπρότατον | κάί δις νπατον | επαρχον


\

'Ρώμης.

8 - CIL, III, 4120 Ager Poetovionensis,


Pannonia sup.

Polluci, pro salute | L(ucii) F(abii) Ciloni[s], \ orarissimi) v(iri), et


|

fili nepotesq(ue) (sic) eiu[s], \ Menander | liber(tus).


I

9 - CIL, XIV, 251 Ostie

Imperatore Caesare Augusto P(ublio) Helvio Pertinace (bis) co(n)s(ule),

\
ordo corporatorwm lenuncularior(um) tabularior(um) auxiliar(iorum) Ostien·
sium. a. 182
col. 1, 1. 3 (parmi les patrons du collège):
L(ucius) Fabius Cilo Septiminus

10 - CIL, III, 4617 = 11323 Milliarium, Pannonia sup.

1. 9: Olone leg(ato) Aug(ustorum)

11 - CIL, III, 4622 ibid.

1. 16-17: curante Fabio C\-\ \ lega(to) Aug(ustorum) pr(o) pr(aetore)

12 - CIL, III, 4638 ibid.

1. 10-11: curante F ab(io) Cilone, | leg(ato) Aug(ustorum) pr(o) [pr(ae-


tore)] a· 201
LES NOTICES INDIVIDUELLES 413

13 - CIL, III, 4640 ibid.

1. 3: Cilo

14 - CIL, III, 4642 ibid.

1. 9: curante Fabio Olone, leg(ato) Aug(ustorum) a. 198

15 - CIL, III, 15199 tftid.

1. 8-9: cur[ante] f\Faô(io) OiZojwe, leg(ato) Au[g(ustorum) pr(o) pr(ae-


|

tore)]

16 - CIL, XV, 7447 Fistula plumbea

[F]abius Chilo

17 - CIL, XV, 7448 id.

L(ucius) Fabius Cilo

18 - Cod. Just., II, 50, 1

Imp(eratores) Severus et Antoninus A(ugusti) Chiloni: si Valerianus


centurio cohortis duodecimae Alpinorum etc. 1er nov. 197

19 - SE A, vita Commodi, 20, 1; cf. 17, 4


20, 1: M cum iussu Pertinacis Livius Larensis, procurator patrimonii,
Fabio Ciloni consuli designato dedisset, per noctem Commodi cadaver se-
pultus est.
Et comme, sur l'ordre de Pertinax, Livius Larensis, procurateur du patrimoine,
l'avait donné à Fabius Cilo, consul désigné, le corps de Commode fut inhumé pendant
la nuit.

17, 4: Corpus eius ut unco traheretur atque in Tiberim mitteretur,


senatus et populus postulavit, sed postea iussu Pertinacis in monumentum
Hadriani translatum est.
Le sénat et le peuple demandèrent que le corps fût traîné avec un crochet et
jeté dans le Tibre; plus tard, cependant, sur l'ordre de Pertinax, il fut porté à
l'intérieur du Mausolée d'Hadrien.
414 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARrUM MILITARE »

20 - Pseudo Aurelius-Victor, Epitome de Gaes., 20, 6

In amicos inimicosque pariter vehemens, quippe qui LMeranum Gi-


lonem Anullinum Bassum ceterosque alios ditaret.
Mû par une égale passion à l'égard de ses amis et de ses ennemis, le fait est qu'il
enrichit Lateranus, Cilo, Anullinus, Bassus et plusieurs autres.

21 - 8 HA, vita Carao., 3, 2


Eos quos uccidere parabat adfabiliter est adlocutus innitensque Pa-
piniano et Giloni ad Palatium rediit.
Il parla aimablement à ceux qu'il projetait de faire mettre à mort et rentra au
Palais en donnant le bras à Papinien et à Cilo.

22 - SHA, vita Garac, 4, 5-6

In summum discrimem etiam Gilo Herum praefectus et consul venit


ob hoc quod concordiamo inter fratres suaserat. Et cum idem Gilo sublata
veste senatoria nudis pedibus ab urbanicianis raptus esset, Antoninus se-
ditionem compressa.
Cilo aussi, deux fois préfet et consul, courut le plus grand danger, surtout parce
qu'il avait prêché la concorde entre les deux frères. Et, comme le même Cilo avait été
pris par les soldats des cohortes urbaines, qui lui déchiraient sa toge et lui arrachaient
ses chaussures, Antoninus arrêta ces violences.

23 - Dion Cassius, LXXVII (éd. Boissevain) 4, 2-5 et 5,1.

4,2-5 - Τον δε δη Κίλωνα τον τροφέα τον ενεργέτην, τον επί τον πατρός αντον
πεπολιαρχηκότα, δν και πατέρα πολλάκις εκεκλήκει, ήβονλήύ\] μεν αποΰτερήύαι τον
ζην ' και οι ατρατιωται οι πεμφ&εντες &π αντον τα μέν αργνρώματα και τα Ιμάτια
τά τε χρήματα και τα αλλά πάντα τα εκείνον διήρπασαν } αντον δε άνήγαγον δια
της Ιεράς όδον ώς και ες το παλάτιον κομιονντες, βλαντας τε νποδεδεμένον (εν
βαλαν είω γαρ ών ετνχε) και χιτωνίσκον ενδεδνμένον, ώς και εκεί πον καταχρηϋό-
μενοί' και την τε εο"&ήτα αντον περιερρηξαν και το πρόοωπον ηκίοαντο, ώστε και
τον δήμον και τονς στρατιώτας τονς άστικονς νποϋΌρνβήσαι, και δια τοντο και τον
Άντωνϊνον και αίδεΰ&έντα αντονς και φοβη&έντα άπαντήϋαί αφισι, και τγ\ χλαμύδι
(την γαρ ϋτρατιωτικην εο&ήτα είχε) περιβαλόντα αντον ειπείν «μήτε τον πατέρα
υβρίζετε μήτε τον τροφέα παίετε »' δ δε δη χιλίαρχος ό κελενο"&είς αντον φονενααι
και οι ϋτρατιώται οι ΰνμπεμψ&έντες αντω άνηρέ'&ησαν, λόγω μεν ώς επιβονλεύ-
ααντες αντω, το δ' άλη'&ες δτι μη κατέΰφαξαν αντόν.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 415

5,1 - "Οτι τον Κίλωνα τοαοϋτον δή-θ-εν ήγάπα δ Άντωνϊνος ώατε εϊπεϊν δτι
«οι τούτω επιβεβονλενκότες εμοί επιβεβονλεύκαοΊν ».
Il voulut aussi mettre à mort Cilo, son père nourricier, son bienfaiteur, le préfet
de la ville de son père, celui qu'il appelait souvent « père ». Les soldats envoyés chez
lui pillèrent sa vaisselle d'argent, sa garde-robe, sa caisse et tous ses biens. Ils le
conduisirent le long de la voie sacrée pour le mener au palais; Cilo portait des sandales
(car il était aux bains à leur arrivée) et une tunique courte. Les soldats mirent en
pièces son vêtement et le frappèrent au visage, si bien que le peuple et les soldats
des cohortes urbaines commencèrent à manifester leur mécontentement. Alors Cara-
calla, par scrupule et par peur, s'avança à leur rencontre; il donna à Cilo un manteau
militaire (il était habillé en soldat) et s'écria: « ne maltraitez pas mon père; ne frappez
pas l'homme qui m'a nourri ». Quant au tribun qui avait reçu l'ordre de le tuer et aux
soldats qui l'accompagnaient, ils furent mis à mort, sous prétexte qu'ils avaient
comploté contre Cilo, en réalité parce qu'ils ne l'avaient pas exécuté.
Le fait est que, à l'en croire, Caracalla aimait Cilo au point de s'écrier: « ceux
qui ont conspiré contre lui ont conspiré contre moi ».

24 - Dion Cassius, LXXVIII, 11, 2


Kai παρά δόξαν νπο τον Κιλωνος έξαιτηααμένον αυτόν ϋ<οϋ·είς.
janvier 205
Contre toute attente, (Macrin) fut sauvé par l'intervention de Cilo.

25 - Ulpien, Big., I, 12, 1; I, 15, 5


I, 12, 1: epistula divi Severi ad Fabium Cilonem praefectum urbi missa
declaratur.
La lettre du divin Sévère envoyée à Fabius Cilo déclare.

I, 15, 5: Imperatores Severus et Antoninus Iunio Bufino, praefeeto


vigilum, ita rescripserunt: « . . .eos qui dolo fecisse incendium convincentur,
ad Fabium Cilonem, praefectum urbi amicum nostrum remittes. »
Les empereurs Septime-Sévère et Caracalla ont adressé le rescrit suivant à
Iunius Eufinus, préfet des vigiles: «... remets ceux qui auront été convaincus d'avoir
provoqué un incendie au préfet de la ville, Fabius Cilo, notre ami ».

Nous ne manquons pas de documents sur le préfet de la ville de


Septime-Sévère, L. Fabius Cilo Septiminus Catinius Acilianus Lepidus
Fulcinianus (x). Des textes nombreux complètent les renseignements four-

i1) E. Groag, BE, VI, 2, 1909, col. 1763-1768, n° 65, Fabius, et PIE*, III, p. 97-.
100, n° 27; P. Lambrechts, Sénat romain, 1, p. 168-169, n° 1129; II, p. 25, n° 166;
Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 52-53, n° 213, et add. p. 593; J. Crook, Gonsilium Prin-
416 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARITJM MILITARE »

nis par les inscriptions honorifiques. La carrière du sénateur se


reconstitue grâce à trois dédicaces importantes: l'une, découverte à Antioche
de Pisidie, a été élevée en 193-194, lors de la campagne contre Pescen-
nius Niger; la préfecture du trésor militaire a été oubliée (texte 4). La
première inscription romaine a été érigée par un centurion de la Va
Macedonica pendant la légation consulaire de Pannonie (texte 1). La
deuxième inscription romaine a été dédiée par les Milanais à leur patron
pour commémorer sa nomination à la préfecture urbaine (texte 2).
L'Histoire Auguste (texte 19) nous apprend que Fabius Oilo était
consul désigné, le 31 décembre 192, au moment de l'assassinat de
Commode; c'est lui qui le fit inhumer, alors que le peuple et le sénat voulaient
infliger au corps de l'empereur défunt le traitement réservé à celui des
condamnés. En 193, année dont les consuls ordinaires sont connus par
ailleurs, L. Fabius Cilo a été par conséquent consul suffect (*): sa carrière
prétorienne s'est déroulée sous le règne de Commode.
Le jeune homme a fait ses débuts sous Marc-Aurèle, avec le décem-
virat judiciaire. Il a rempli ses obligations militaires à Durostorum, en
Mésie inférieure, comme tribun légionnaire de la légion XIa Claudia (2).
L'année de la questure, il accompagne le proconsul de la province
sénatoriale de Crète et Oyrénaïque. Il assume normalement le tribunat
de la plèbe, puis il se rend à Narbonne comme légat du proconsul de la
province.
La preture urbaine est le premier signe d'une certaine faveur
impériale; elle date probablement des premières années du règne de Commode.
A l'occasion de cette magistrature, Cilo « urbanus » dédie au grand autel
d'Hercule une inscription versifiée (texte 3).
Quatre fonctions prétoriennes l'élèvent au consulat: le
commandement de la légion XVIa Flavia firma l'éloigné à Samosate, sur l'Euphra-
te (3). Cilo retourne comme proconsul à ISTarbonne, où il avait déjà
séjourné en qualité de légat. Il se rend ensuite à Borne pour diriger Vaera-
rium militare pendant trois ans. Le gouvernement de la Galatie a précédé
le consulat suffect; à la fin du IIe siècle, cette légation élève généralement

cipis, p. 163, n° 141; F. Grosso, La lotta, p. 427, sur sa carrière prétorienne; Gr. Alföldy,
Septimius Severus und der Senat, dans Bonner Jahrbücher, 1968, p. 141-142; Α. Ε.
Birley, Septimius Severus the African Emperor, Oxford, 1971, p. 296.
i1) A. Degrassi, Fasti consolari, p. 53.
(2) E. Eitterling, BE, XII, col. 1698, legio.
(3) Id., ibid., col. 1765.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 417

ses titulaires au consulat i1). Cilo reste en Asie mineure au moins une
année, probablement deux, entre 190 et 192 (2). Aussi devons-nous situer
la gestion du trésor militaire vers 187-189.
Au printemps 193, le consulaire conduit des détachements de l'armée
d'Illyricum en Thrace en prévision de la lutte contre Pescennius Niger;
Fabius Cilo a reçu ses ordres de Septime-Sévère, qui contrôle les légions
danubiennes. L'inscription d'Antioche de Pisidie, très approximative sur
la carrière prétorienne, aide à dater les déplacements de Cilo au cours
des années 193 et 194. Ce sénateur a été nommé légat impérial de la
province de Pont et Bithynie (3); mais il a séjourné peu de temps à Nicomédie,
puisqu'il accompagne l'empereur, en qualité de cornes, pendant
l'expédition orientale de 194: en effet, la pierre d'Antioche ne donne pas à Septime-
Sévère les surnoms a* Arabiens et d'Adiabenicus, qu'il a reçus en 195; or,
elle a été élevée à Cilo pendant son comitat. Nous ne pouvons tirer aucune
conclusion de la titulature que porte Septime-Sévère sur l'inscription
romaine (texte 1), puisque celle-ci est bien postérieure aux événements.
Par la suite, L. Fabius Cilo gouverne successivement la Mésie et la
Pannonie supérieures; sa présence en Pannonie en novembre 197 est
attestée par une lettre que lui adressent Septime-Sévère et Caracalla
(texte 18), à propos d'une cohorte stationnée dans la province (4). En 196,
Septime-Sévère est passé par Eome avant d'aller combattre Clodius Al-
binus en Occident (5); Fabius Cilo conduit les détachements qui
l'accompagnent, avec le titre de dux, qui s'applique normalement à ce type de
commandement exceptionnel (6). Sur la dédicace des Milanais à leur
patron (texte 2), l'expédition figure entre le gouvernement de la Mésie
et celui de la Pannonie. La légation de Mésie date donc des années 195-
196 (7); Cilo était sans doute à Viminacium, lorsque Caracalla reçut le
titre de Caesar dans ce camp (8).

i1) R. K. Sherk, The Legates of Galatia, p. 106.


(2) Id., ibid., p. 77-79, date sa légation de 192.
(3) D. Magie, Roman Buie, II, p. 1537, note 19, et p. 1592.
(4) La lettre est datée des kalendes de novembre, l'année du consulat de Late-
ranus et de Rufinus; cf. A. Degrassi, Fasti consolari, p. 55: il s'agit de T. Sextius La-
teranus et de Cuspius Rufinus, consuls ordinaires en 197.
(6) J. Hasebroek, Untersuchungen zur Geschichte des Kaisers Severus, Heidelberg,
1921, p. 93-94.
(6) 0. Seeck, BE, V, 1905, col. 1869, dux.
(7) A. Stein, Moesien, p. 51-53.
(8) J. Hasebroek, op. cit., p. 87.
27
418 ΐΛ< AERARIUM SATURNI )) ET ΐΛ AERARTUM MILITARE »

Cilo se rend en Pannonie supérieure en 197; il y était en tout cas


en novembre; sa présence est encore attestée en 201 par une borne mil-
liaire (texte 12). Le gouvernement de cette province nantie de trois légions
avait conduit Septime-Sévère au pouvoir; l'empereur a maintenu sur
place un homme de confiance pendant plusieurs années, de 197 à 201
au moins i1). Cilo se trouvait peut-être encore à Carnuntum, lors du
passage de Septime-Sévère, dans l'été 202; il peut avoir été nommé préfet
de la ville à ce moment (2).
En 202 ou au début de 203, il rentre à Eome pour administrer la
capitale; au cours de sa préfecture, il gère à nouveau les faisceaux
consulaires, en 204, mais comme consul éponyme cette fois. Septime-Sévère
a choisi un homme sûr pour réorganiser cette administration. Ulpien
(texte 25) se réfère à une lettre adressée à Fabius Cilo, par laquelle
l'empereur rappelait les principaux pouvoirs reconnus au préfet par ses
prédécesseurs et par lui-même (3).
L'époque de l'entrée en charge ne fait pas de doute; elle se situe
entre la légation de Pannonie, dont le dernier témoignage date de 201,
et le deuxième consulat en 204. La fin de l'année 202 ou le début de
l'année 203 paraissent probables. La lettre, dont l'existence est rappelée par
Ulpien, mentionne pourtant un seul Auguste, Septime-Sévère;
l'omission du nom de Caracalla est un oubli (4). Cilo, déjà préfet de la ville en
203, a pu rester en fonction assez longtemps sous le règne de Septime-
Sévère (s).
Divers signes attestent l'importance du sénateur. Avant de
gouverner la Mésie, ce consulaire a été chargé de la curatelle financière de trois

(x) W. Eeidinger, Pannonien, p. 96-100.


(2) J. Fitz, Der Besuch des Septimius Severus in Pannonien im Jahre 202 u.Z.,
dans Ada Ant. Acad. Scient. Hung., II, 1959, p. 237.
(3) P.-E. Vigneaux, Essai sur V histoire de la praefectura urbis à Eome, Paris,
1896, p. 72, note 3, présentait Vepistula ad Fabium Oilonem comme la « charte
constitutive de la préfecture »; sur ce texte, voir Gr. Vitucci, Ricerche, p. 76-81, et A. Chas-
tagnol, La préfecture urbaine, p. vin, p. 54 et p. 86.
(4) Voir la discussion de Gr. Vitucci, op. cit., p. 79-80.
(5) Gr. Vitucci, ibid., p. 107, admet qu'il est peut-être resté en place jusqu'à la
désignation de C. Iulius Asper par Caracalla en 211; mais la datation proposée p. 119,
« prima del 204-211 », nous paraît un peu étroite; le second consulat n'est pas un
terminus post quern, comme le montrent les carrières contemporaines de P. Helvius
Pertinax, C. Domitius Dexter ou C. Iulius Asper. L'empereur accordait fréquemment
un deuxième consulat au préfet de la ville en charge.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 419

cités: Meomédie, Interamna Nahars graviscae en outre, il a été choisi comme


patron par les Milanais, les habitants d'Ancyre et une corporation d'Ostie.
Nous avons d'autres témoignages sur la faveur dont jouissait Cilo.
Il a reçu la dignité de cornes de l'empereur pendant l'expédition orientale
de 194; sans doute l'a-t-il conservée. Il est possible qu'à ce titre il ait
accompagné la famille impériale en Afrique, au printemps de l'année 203.
C'est l'étude de la carrière de Sex. Varius Marcellus qui nous conduit à
formuler cette hypothèse; elle sera examinée dans la notice XXXI.
Septime-Sévère a accordé aussi à Cilo la qualité d'amicus; il l'a gratifié de
donations nombreuses (texte 20).
D'ailleurs la richesse du sénateur est bien attestée: la domus de Cilo,
située sur l'Aventin, figure sur un fragment de la Forma Urbis JRomae (*);
une fistule de plomb (texte 16) a été retrouvée à son emplacement. Cilo
possédait vraisemblablement une autre demeure sur la via OsUensis, où
a été découvert un autre tuyau de plomb à son nom (texte 17).
Les auteurs anciens donnent à Cilo d'autres titres auliques, celui de
τροφενς, équivalent de nutritor, et même celui de poter de Caracalla
(texte 23). Pourtant le jeune prince n'accorda pas sa faveur au préfet
de la ville de son père. Si les passages de l'Histoire Auguste (textes 21
et 22) sont assez ambigus, le témoignage parallèle de Dion Cassius les
éclaire (texte 23). Caracalla ne pardonna pas à Fabius Cilo ses conseils
de modération; le compagnon de Septime-Sévère s'efforçait de maintenir
la concorde entre les deux frères. Après l'élimination de Géta, il semble
que l'empereur ait prévu de faire assassiner Cilo, en même temps que
l'ancien préfet du prétoire Papinien. Cilo fut sauvé par l'intervention
du peuple et de soldats des cohortes urbaines, restés fidèles à leur ancien
commandant en chef; l'empereur, craignant une sédition, fit mine de
protéger à son tour le consulaire des dangers qui le menaçaient (2). L'ami
de Septime-Sévère put achever ses jours dans la considération. Nous lui
connaissons deux sacerdoces, celui de curio minor et celui de sodalis Ha-
drianalis, qui lui échut après la preture (texte 2).
L. Fabius Cilo Septiminus Catinius Acilianus Lepidus Fulcinianus
était originaire d'Espagne: sa tribu, Galeria, est fréquemment représentée

(*) Gr. Carettoni, A. M. Colini, L. Cozza et G. Gatti, La pianta marmorea di Borna


antica, Forma Urbis Bomae, Rome, 1961, p. 157, tav. LIX; sur cette maison, cf. S. B.
Platner et Th. Ashby, A TopographicalDictionary of Ancient Borne, Rome, 1929, p. 176.
(2) Sur cet épisode, voir Gr. Vitucci, op. cit., p. 109-110, et M. Durry, Les cohortes
prétoriennes, Paris, 2e éd., 1968, p. 167.
420 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

dans la péninsule ibérique^); mais, surtout, deux inscriptions espagnoles


font connaître une Catinia M. /. Acïliana (2) et une Acilia M.'f. Sept{i-
mina) (3), qui lui sont visiblement apparentées. La filiation du
personnage, Marci filius, nous invite à voir en lui un descendant, le petit-fils
sans doute, de M. Fabius Iulianus Heracleo Optatianus, frater Arvalis
entre 119 et 155 (4). Il appartenait donc à une famille sénatoriale, dont le
berceau était peut-être la ville d'Iluro, en Bétique (5); en effet, son jeune
protégé, M. Vibius Maternus, précise qu'il vient siluro (texte 6); or,
il s'agit vraisemblablement d'un compatriote.
Une dédicace de Poetovio (texte 8) fait apparaître au moins un fils
et un petit-fils de Cilo, peut-être même plusieurs, puisque la rédaction
du texte est erronée (6). Mais nous ne pouvons les identifier à aucun
sénateurs connus ultérieurement.

La carrière prétorienne, parcourue sous le règne de Commode, était


déjà fort honorable; la cooptation de L. Fabius Cilo parmi les sodales
Hadrianales aussitôt après la preture prouve une certaine faveur. Mais
l'avènement de Septime-Sévère marque un tournant dans la vie du
sénateur espagnol, déjà consul. Compagnon des premiers jours, L. Fabius
Cilo n'eut pas à se plaindre de l'ingratitude du nouvel empereur; il fut
élevé, nous l'avons vu, aux plus hautes dignités. Nous devons supposer
que le consul de 193 avait révélé auparavant ses talents militaires, pour
se voir confier le haut commandement d'un corps de vexillationes envoyé
contre Pescennius Niger; les inscriptions indiquent que Cilo avait rempli
ses obligations militaires et commandé une légion. Le rôle de cornes joué
par le consulaire espagnol auprès de Septime-Sévère dès l'année 193
prouve que Commode avait voulu placer un vir militaris à la tête de la
caisse de retraite des vétérans.

(*) J. W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 270-271.


(2) OIL, II, 111 (Ebora: Lusitawia); cf. E. Groag, PIB2, II, p. 129, n<> 561.
(3) CIL, II, 2018.
(4) OIL, VI, 2079 = 32379; 2086 = 32378; cf. E. Etienne, Les sénateurs
espagnols sous Trajan et Hadrien, dans Les empereurs romains d'Espagne, Colloque C.N.B.S.,
Madrid, 1964, Paris, I960, p. 68, n° 22.
(6) II s'agit d'une hypothèse due à H. U. Instinsky, Die Herkunft des L. Fabius
Cilo, dans Philologus, XCVI, 1944, p. 293-294, et reprise par la plupart des
commentateurs postérieurs.
(6) La dédicace à Pollux est offerte «pro salute L. F. Cilonis e. v. et fili nepotesq. ».
Faut-il comprendre filii nepotisque ou filiorum nepotumquei
LES NOTICES INDIVIDUELLES 421

XXVI - C. POMPONIUS [0. f.] Vot. BASSUS TEEENTIANUS

[praefectus aerari] milita[r.] vers 190-192

1 - CIL, VI, 31696 Borne

[C(aio) Pomponio C(aii) f(ilio) Vo]t(uria tribu) Bass\_o Ter enfiano,,] |


[co(n)s(uli)f, praefecto aerarii] milita[r(is), leg(ato) Aug(usti) pr(o) pr(ae-
tore) | Pannoniae infer(ioris), pro]co(n)s(uli) Lyci[ae PampJiyl(iae) |
]riorem, [praet(ori), trib(uno) pleb(is), \ curatori eivitat(is) Aq]uina-
t(ium), qu[aest{ori) prov(inciae) cuiusdam ] co(n)s(ul), po\ntif(ex)

|
η

2 - IGR, III, 582 = 1515 = ΤΑΜ, II, 175 Sidyma, Lycia

. . . ΈπεΙ ôià τους [εν\χυχεύτάτους κα,ίρονς τον ·&ειοτάτον Αντοκράτορος


Καίσαρος [[ ]] Σεβαστού Ευσεβούς Ευτυχούς, καί δια την του κρατίατου \
\

άν&υπάτον Γαΐου Πομπωνίου Βάσαου Τερεντιανοϋ περί τας πόλεις αϋξησιν, και ή
ημετέρα \ πόλις ειρηφίϋατο σύστημα γερουτικον κατά τον νόμον . . ., Πομπώ(νιος)
Βάσσος άνϋν(πατος) Σιδυμέων | αρχουσι βουλή δήμω χαίρειν . . .

3 - CIL, XVI, 132 Adony, Pannonia inf.

[equitibus et peditìbus, qui militaverunt in alis quae appellan-


tur , et cohortibus , — —] Thra[cum et p(rimo)~] Alpin(orum)
.

pedit(ata) e\t — -]n(orum) et p(rima) Hemesen(orum), et [sunt in Pannonia


inf]erior(e) sub Pomponi[o ] etc.

Nous reproduisons ce document romain, qui fait connaître un préfet


de Vaerarium militare, pour faciliter la compréhension des restitutions:
T. BASS
. MILITA
3 COS. LYCI
EIOEEM.
VINAT. QV
6 COS. PO

Le fragment, qui mesure 1,75 m de hauteur sur 0,85 m de largeur,


a été retrouvé près de la porte Latine à l'extérieur de la ville; les lettres
de la première ligne sont plus hautes que les suivantes. Le premier édi-
422 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIITM MILITARE »

teur de ce texte, E. Lanciarli, considérait qu'il provenait d'une inscription


de grande dimension appliquée sur un monument funéraire (x); le lieu de
découverte rend cette hypothèse fort vraisemblable.
Grâce à l'indication du proconsulat de Lycie et Pamphylie à la
ligne 3, ce sénateur a été identifié à C. Pomponius Bassus Terentianus (2),
qui gouverna la province sous le règne d'un Σεβαστός Ευσεβής Ευτυχής
(Aug. Pius Felix) dont le nom a été martelé: il s'agit certainement de
Commode (texte 2); le proconsulat n'est donc pas antérieur à l'année 185
au cours de laquelle Commode reçut le surnom de Felix (3).
Un diplôme militaire, retrouvé en Hongrie (texte 3), fait connaître,
pour la Pannonie inférieure (4), un légat Pomponi[us], qui devrait se placer
dans les fastes de la province, sous le règne de Commode (5); H. Nessel-

(x) R. Lanciani, Bull. Comunale, XII, s. II, 1884, p. 10, n° 713; le texte a été
inséré par Hülsen dans le tome VI du CIL, paru en 1902.
(2) E. G-roag, PIB2, I, p. 357-358, n° 75, Bass[us] n'exclut cependant pas la
restitution Bass[ianus]; Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 142, n° 663, « Bass[us], ο Bass[ia-
nus] », répète le court résumé de E. Groag et p. 174, n° 824, C. Pomponius Bassus
Terentianus, considère l'identité des deux sénateurs comme probable; P. Lambrechts,
Sénat romain, I et II, ne consacre pas de notice au sénateur C. Pomponius Bassus
Terentianus, qui est mentionné pourtant dans PIE1, III, p. 76, n° 531 (cf. p. 75, n° 528);
E. Hanslik, BE, XXI, 2, 1952, col. 2338, n° 40, Pomponius, accorde six lignes au
proconsul de Lycie-Pamphylie du règne de Commode, sans proposer de
rapprochement avec un autre sénateur.
(3) IBT, 28: [Imp(eratori) Caes(ari) M(arco) Aureli]o Com[modo] | [Antonino
Aug(usto)] Pio Felici 8ar(matico) G[erm(anico) [Britannico, po]nt(ifici) max{imo),
\

trib(unicia) [pot(estate) X], [Imperatori) VII, co(n)s(uli) T\V, desig(nato) V, [p(atri)


\

p(atriae)].
Le cinquième consulat de Commode se place en 186.
(4) Le nom de [Pannonia inf]erior(e) est restitué sur le diplôme militaire, qui a
été retrouvé sur le territoire de cette province; voir le commentaire de H. Nesselhauf,
CIL, XVI, p. 118.
(5) Ce diplôme concède la citoyenneté et le ius connubii à un groupe
d'auxiliaires. Une lacune subsiste dans la date du document: A(nte) d(iem) III idus Au-
g(ustas) [ ] Aemilio Severo Cantabrino, co(n)s{ulibus). H. Nesselhauf, CIL, XVI,
p. 117 et 118, datait ce diplôme entre 168 et les années autour de 190, mais à un
moment où régnait un seul empereur; puis, le même auteur, dans un article intitulé Das
Bürgerrecht der Soldatenkinder , dans Historia, VIII, 1959, p. 439, note 10, a pensé aux
règnes de Commode ou Septime-Sévère. J. Fitz, Die Militärdiplome aus Pannonia
inferior in der zweiten Hälfte des 2 Jahrhunderts, dans Acta Ant. Acad. 8c. Hung.,
VII, 1959, p. 438, avec nos 95-97, a précisé sa date d'émission par la présence de la
cohorte p(rima) Hemesen(orum) qui, arrivée à Intercisa, en Pannonie inférieure, en 176,
reçut avant la fin du siècle le titre de cohors milliaria Antoniana Hemesenorum civium
LES NOTICES INDIVIDUELLES 423

hauf, éditeur des diplômes militaires, présente l'identification avec


C. Pomponius Bassus Terentianus comme probable ^).
Dans l'étude qu'il a consacrée au règne de Commode, F. Grosso
attribue — à juste titre — les trois inscriptions au même sénateur (2);
réexaminant les hypothèses de ses prédécesseurs, il s'efforce de
reconstituer le texte mutilé de l'inscription romaine. La restitution d'ensemble
que nous suggérons diffère sensiblement de celle que propose F. Grosso.
Nous savons par Lanciani que les lettres de la première ligne ont
22 centimètres de hauteur, tandis que les suivantes en ont 17. La
nomenclature du sénateur figurait donc en entier à la ligne 1; elle permet
d'évaluer avec une certaine précision l'importance des lacunes de part
et d'autre du fragment central. La filiation était indiquée avant la tribu:
C. Pomponius était peut-être le fils d'un Caius. La nomenclature du préfet
du trésor, [0. P0MP0NI0 C. F. V0]T. BASS[0 TEBENTIANO], se
déroulait sur 5 mètres, puisque le fragment de 0,85 m qui porte cinq
signes correspond à un sixième de l'inscription. Il nous paraît naturel de
restituer ce nom au datif; F. Grosso présente sans raison le texte au
nominatif.
Le cursus est rédigé dans l'ordre inverse; la préfecture de Vaerarium
militare apparaît à la deuxième ligne, la questure (à la rigueur le quat-
tuorvirat viarum curandarum) à l'avant-dernier. Sur le fragment restant,
six signes de la première ligne correspondent à peu près à sept signes de
la seconde. Aux dix-sept signes manquants de la première ligne,
répondaient sans doute dix-neuf ou vingt signes à la seconde. Pour combler
la lacune gauche de la ligne 2, nous devons penser au consulat, car la
préfecture de Vaerarium militare, même écrite en toutes lettres, ne suffit
pas à remplir l'espace vacant. Nous restituons donc vingt signes: COS.
PBAEFECTO. AERABI (3).
La grande lacune des lignes 2 et 3 se réfère sans doute à la légation
de Pannonie: le texte dont la longueur nous paraît la plus satisfaisante

Romanorum, qu'elle ne porte pas sur le diplôme d'Adony; J. Fitz conclut que ce
diplôme, délivré par un seul empereur, a été concédé sous le règne de Commode.
i1) H. Nesselhauf, CIL, XVI, p. 118; le légat Pomponius est cité dans PIB1,
III, p. 74, n° 518, et G-. Barbieri, op. cit., p. 395, n° 2259.
(2) F. Grosso, La lotta, p. 476-482, et p. 686.
(3) II n'est pas exclu de songer à la formule consul designatus. F. G-rosso, op.
cit., p. 481, suggère la mention de sacerdoces à côté du consulat.
424 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

est celui de LEG. AUG. PB. PB. | PANNONIAE. INFEB. (*). Le


proconsulat de Lycie et Pamphylie se restitue normalement au milieu de
la ligne 3.
Auparavant, Terentianus avait exercé une fonction dans une
province impériale inconnue, dont le nom, à l'accusatif, est accompagné de
la précision [cite- ou supe- ou infe-]riorem. Le nom de la province était
sans doute introduit par la préposition per. F. Grosso pense à la fonction
de iuriäicus per Hispaniam citeriorem (a); nous devons écarter cette
suggestion: en effet, entre les règnes d'Antonin et de Caracalla, la
compétence du iuridicus prétorien, subordonné au légat consulaire de Tarra-
gone, est limitée à l'Asturie et la Galice (3). Le juridicat est attesté aussi
pour la province de Bretagne et pour les deux Pannonies. Pomponius
Bassus peut avoir exercé la fonction de [IÜBID. | PEB PANNONIAM
INFE ou 8UPE]BI0BEM. Nous retiendrons plutôt la Pannonie
inférieure, où il vint par la suite comme légat, en songeant à la carrière de
Maximus qui, avant de gouverner la Pannonie inférieure comme légat
prétorien, fut chargé de la juridiction sur les deux Pannonies (4). Mais
il n'y a aucune certitude, puisque la titulature que nous envisageons
est inconnue par ailleurs. Le juridicat correspond à un avancement que
nous rencontrons à la même époque (5); mais il peut s'agir aussi d'une
autre légation impériale.
Laissons pour l'instant la fin de la ligne 4. Au début de la ligne 5,

(x) F. Grosso, ibid., propose: leg. Aug. pr. pr. prov. \ Pannoniae inf. L'indication
du mot provincia allonge à notre avis le texte inutilement; elle ne figure pas non plus
pour le proconsulat de Lycie-Pamphylie.
(2) F. Grosso, op. cit., p. 686.
(3) G. Alfòldy, Fasti Hispanienses, p. 238-239.
(4) [-] Maximus, dont le cursus est connu par ILS, 1062 (meilleure lecture, CIL,
III, 10336), fut successivement légat de la légion I« adiutrix, stationnée à Brigetio,
en Pannonie supérieure, iuridicus pr. pr. utriusque Pannoniae, c'est-à-dire chargé de
la juridiction des deux provinces en 137 sous L. Aelius Caesar, légat de Pannonie
inférieure; si ce sénateur doit être identifié à Claudius Maximus, comme le pensent
J. Fitz, Legati Augusti pro praetore Pannoniae inferioris, dans Acta Ant. Acad. Se.
Hung., XI, 1963, p. 258, et R. Syme, Governors of Pannonia Inferior, dans Historia,
XIV, 1965, p. 352-354, il est revenu dans les provinces danubiennes après le
consulat (cos suff. 143 ou 144) pour gouverner cette fois la Pannonie supérieure; il était
en fonction en août 150 {CIL, XVI, 99) et en novembre 154 (CIL, XVI, 104).
(5) Voir la carrière de C. Sabucius Maior Caecilianus (n° XXIV).
LES NOTICES INDIVIDUELLES 425

nous restituons [CURATOR CIVIT AT. AQ~]VINAT., dont il existe

\
un exemple quelques années plus tard i1).
Avant la curatelle, Bassus fut certainement questeur (2). Nous
devons donc combler la lacune droite de la ligne 5 par la preture et le tri-
bunat de la plèbe.
Les lignes 5 et 6 ont intrigué les commentateurs. Bassus n'a pas
porté le titre de [pro]cos Pon[ti et Bithyniae], comme le supposait Lan-
ciani: depuis 165 au moins, la province est gouvernée par des légats
impériaux (3). Dans la notice Bassus de la ProsopograpMa Imperii Romani,
E. Groag propose sans conviction qu[aestor pro praetoref pro~\co{n)s{ulis?)
Po[nti et Bithyniaef] (4). La questure dans ce cas serait antérieure à
l'année 165. Le cognomen Felix, que porte Commode sur la pierre de Sidyma,
date le proconsulat de Lycie-Pamphylie entre 185 et 192; l'avancement du
sénateur aurait été incroyablement lent (5). En outre, cette titulature
serait tout à fait inhabituelle (e).

i1) CIL, XIV, 3586 = ILS, 1158: P. Aelius Coeranus fut curât, civit. Antiatium
et Aquinatium à la fin du IIe ou au début du IIIe siècle; cf. A. Stein, PIB2, I, p. 26,
n° 162.
Cette restitution nous paraît fort probable, puisque Aquinum dans le Latium
eut besoin d'un contrôleur financier à cette époque. Mais il peut s'agir aussi d'[Z7r]-
vinum en Ombrie.
(2) II arrive, fort rarement, que soit gravé en toutes lettres le poste de quattuorvir
viarum curandarum; il existe précisément un exemple où ce poste est immédiatement
suivi d'une curatelle de cité avant la questure (CIL, X, 1254 = ILS, 1179). Les trente
signes dépasseraient l'étendue de la lacune; en outre, il est naturel pour une restitution
de choisir ce qui est la règle plutôt que l'exception.
(3) L. Hedius Lollianus Avitus est le premier gouverneur impérial connu pour
cette ancienne province sénatoriale: IGB, III, 84, et Lucien, Alexandros, 57.
(*) E. Groag, PIB2, II, p. 357-358, n° 75. G. Barbieri, op. cit., p. 142, n° 663,
indique ce titre sans commentaire, avec les mêmes points d'interrogation.
(5) F. Grosso, op. cit., p. 479, pense apporter un argument supplémentaire en
indiquant que la province de Lycie-Pamphylie est devenue impériale en 178; il a
développé ce point aux pages 148-151. En fait, nous avons déjà eu l'occasion
d'indiquer (voir la note 2, p. 325) que le légat Licinius Priscus, connu en Lycie-Pamphylie
pour l'année 178 (CIL, XVI, 128), est un légat du proconsul et non le gouverneur
de la province (cf. E. Groag, Zum Militärkommando in den senatorischen Provinzen,
dans Serta Hoffilleriana, Zagreb, 1940, p. 217-218).
(e) Le seul exemple intéressant serait celui de L. Minicius Natalis, quaestor can·
didatus divi Hadriani et eodem tempore legato prov. Afric. dioceseos Carthaginien. pro-
consulis patris sui: CIL, XIV, 3599 = ILS, 1061.
426 ι/« aerakhjm saturni » et ΐΛ aerarium militare »

Aussi préférons-nous terminer la ligne 6 par un complément de la


questure, qui pourrait être le titre de quaestor candidatus, mais plus
vraisemblablement, d'après la carrière et la longueur de la lacune, celui de
quaest{or) prov(inciae) cuiusdam.
La proposition de F. Grosso pour la dernière ligne ne nous satisfait
pas: [ item] co(n)s(ul) po[suit ] ou po[ntem ] (x). Quel
événement accompli pendant la gestion des faisceaux consulaires pourrait
commémorer cette gigantesque inscription funéraire? La solution doit
être plus simple. Peut-être le nom du dédicant figurait-il au nominatif;
le personnage a fait graver ses titres d'ancien consul et de pontife: des
inscriptions contemporaines prouvent que ces deux éléments suffisaient
à indiquer le rang d'un sénateur (2). Le lien qui l'unissait au défunt
pouvait être indiqué à la suite.
Voici donc, avec quelques lacunes, le texte que nous proposons de
lire:
Nombre de Nombre de
signes signes
restitués restitués
(17) C.POMPONIO. Cf. VO T. BASS O.TERENTIANO (12)
(20) COS.PRAEFECTO.AERARI .MILITA R. LEG. AUG. PR. PR. (16)
(19) PANNONIAE. INFER. PEO COS.LYCI AE.PAMPHYL.
RIOREM. PRAET.TRIB.PLEB. (16)
(19) CURATOR CIVIT.AQ VINAT.QV AEST.PROV.
COS. PO NTIF.

Les étapes de la carrière de ce sénateur sont donc connues. Il est


mort, semble-t-il, après le consulat.
Jeune questeur, il a peut-être accompagné le proconsul d'une
province sénatoriale; puis il a été chargé du contrôle financier d'une cité
italienne, probablement Aquinum dans le Latium (3). Nous ne sommes
pas renseignés sur le tribunat de la plèbe et la preture.
Pomponius Bassus assume ensuite quatre postes prétoriens, avant
d'être élevé au consulat suiïect. Après une légation provinciale, il gou-

H F. Grosso, op. cit., p. 480-481.


(2) Ainsi CIL, X, 4635 = ILS, 1115 (Cales) = [Vitras]ia T. f. Faustina Pol-]
|

lionis cos, pon[tif., f., Matri] magnae sua pecu[nia fecit.] et OIL, VI, 1423 = ILS,
\

1169 (Rome): Furiae L. /. Gaeciliae ma\tri piissimae | Furius | Octavianus, | cos, pontif.,
|

fil.
(3) Urvinum, en Campanie est possible aussi.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 427

verne la province sénatoriale de Lycie-Pamphylie: l'édit par lequel le


proconsul accorde à la ville de Sidyma la création d'une gerousia est
postérieur à l'année 185, puisque Commode porte le titre de Ευτυχής-, or, le
personnage gouverne la Pannonie inférieure sous le même règne. Nous
pouvons situer le proconsulat de Lycie en 186-187 (x) et la légation de
Pannonie aux alentours de 189 (2). Eentré à Borne pour administrer
Vaerarium militare, Pomponius Bassus fut le successeur de Fabius Cilo,
consul en 193, préfet du trésor militaire vers 187-189. Hous ne
connaissons pas assez de titulaires de ce poste sous Commode pour préciser avec
certitude leur triennium. Celui de Pomponius Bassus pourrait se placer
vers 190-192. Le consulat suffect, s'il a vraiment été exercé, pourrait
dater de 193. Cette constatation permet-elle d'identifier au préfet de
Vaerarium militare le sénateur Bassus que le pseudo-Aurelius Victor cite
parmi les amis de Septime-Sévère qui reçurent des donations (3). Il nous
semble préférable de voir dans ce sénateur Bassus le préfet de la ville
de juin 193 (4); Anullinus et Cilo, bénéficiaires de semblables générosités
de la part de l'empereur africain, sont précisément devenus praefecti
urbis (5). Il est impossible de savoir si le sénateur Bassus auquel le médecin
de Pergame, Galien, dédia son livre en 192 est le nôtre (6).
La tribu Voturia se rencontre seulement en Italie (7); Pomponius
Bassus appartient peut-être à une ancienne famille sénatoriale: deux

(x) D. Magie, Roman Eule, II, p. 1600.


(2) J. Fitz, Die Militärdiplome aus Ρ annonia inferior in der zweiten Hälfte des
2 Jahrhunderts, dans Ada Ant. Acad. 8c. Hung., VII, 1959, p. 437-438, propose la date
189; le même auteur, Legati Aug. pr. pr. Pannoniae inferioris, dans Acta Ant. Acad.
8c. Hung., XI, 1963, p. 280, n° XXIV, avec note 309, écarte l'identification de ce légat
et de Pomponius Bassus à la suite d'une méprise; il pense que la Lycie-Pamphylie
est encore une province impériale et s'étonne qu'un sénateur ait pu gouverner
successivement deux provinces impériales prétoriennes.
(3) Ps. Aurelius Victor, Epitome de Goes., 20, 6: In amicos inimicosque pariter
vehemens, quippe qui Lateranum Cilonem Anullinum Bassum ceterosque alios ditaret
( . . .11 faisait preuve envers ses amis de la même passion qu'envers ses ennemis; il
enrichit Lateranus, Cilo, Anullinus, Bassus et plusieurs autres . . . ) F. Grosso, op. cit.,
p. 482, avec note 2, admet leur identité.
(4) A la suite de E. G-roag, PIB2, I, p. 358, n° 76, et de Gr. Barbieri, op. cit., p. 26,
n° 88, qui pensent que l'ami de Septime-Sévère était le sénateur Bassus, nommé préfet
de la ville en juin 193 (8HA,vita Severi, 8, 8; cf. G-. Vitucci, Bicerche, p. 119, n° 32).
(6) G-. Vitucci, op. cit., p. 119, n° 34 et n° 35.
(6) Gralien, Περί των Ιδίων βιβλίων, XIX, 8: κράτιστε Βάσσε; la notice de Α. Stein,
PIB2, I, p. 358, n° 86, sur ce personnage ne propose aucun rapprochement.
(7) J. W. Kubitsehek, Imperium Bomanum, p. 272.
428 ΐΛ< AERARITJM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

Pomponii Bassi, père et fils sans doute, furent consuls en 94 (*) et 118 (2)
respectivement. Il est vrai qu'ils portent les prénoms Titus et Lucius.
La lignée a conservé son rang au IIIe siècle, comme le montre le stemma
suivant:
C. POMPONIUS BASSUS TERENTIANUS Annia = Ti. Claudius Severus
[praefectus aerari] milita[r.] Faustina Prooulus
cos. c. 193 cos. 200

Pomponius Bassus Annia Faustina


cos orä. 211 qui devint
t 219 ou 220 Annia Faustina Augusta
(Pomponius) Bassus

Pomponius Bassus Pomponia Ummidia = Flavius


cos ord. 259? Antiochianus
cos II 271 cos II 270

Pomponius Bassus, légat de Mésie, consul ordinaire en 211, est


vraisemblablement son fils (3). Annia Faustina, épouse de ce dernier, était
doublement unie à la dynastie antonine par les liens du sang (4); ce brillant

i1) T. Pomponius Bassus: PIB1, III, p. 75, n° 530; R. Hanslik, BE, XXXI,
2, 1952, col. 2336-2337, n° 39; A. Degrassi, Fasti consolari, p. 28.
(2) L. Pomponius Bassus: PIB1, III, p. 75, n° 529; P. Lambrechts, Sénat romain,
I, p. 45, n° 109; A. Degrassi, op. cit., p. 35.
(3) PIB1, III, p. 74, no 525; A. Stein, PIB2, I, p. 128-129, n° 710, et Moesien,
p. 55; P. Lambrechts, op. cit., II, p. 35, n° 314; Gr. Barbieri, op. cit., p. 99-100, n° 421;
Wolf, BE, XXI, 2, 1952, col. 2335-2336, η" 36.
(*) Α. Stein, PIB2, I, p. 128-129, n° 710; voir le stemma, p. 130:
Annius Verus

M. Annius Verus = Imp. M. Aurelius Annia Comincia = Ummidius


Antoninus Faustina Quadratus
Cn. Claudius Filia Ummidia Comincia Faustina
Severus
cos II 173
Ti. Claudius Severus Proculus Annia Faustina
cos. 200
Annia Faustina (Augusta)
LES NOTICES INDIVIDUELLES 429

mariage fut la cause de sa perte (*); en 219 ou 220, Elagabal fit exécuter
Pomponius Bassus pour épouser l'arrière-petite-fille de Marc-Aurèle, qui
reçut, pour peu de temps il est vrai, le nom de Annia Faustina Augusta.
Dion Cassius mentionne son fils, Bassus, légat de légion en Mésie
pendant le gouvernement de son père, entre 212 et 217 (2).
Pomponius Bassus, consul éponyme vers 259 et bis consul en 271,
est probablement le fils du précédent (3).
Pomponia Ummidia, épouse d'un bis consul de 270 (4), est plutôt
sa sœur que sa tante (5); elle porte le nom de son trisaïeul Ummidius
Quadratus, marié à Annia Comincia Faustina, sœur cadette de Marc-
Aurèle (6).
Le préfet de Vaerarium militare de Commode appartient donc à
une importante lignée sénatoriale, celle des Pomponii Bassi. Par son
deuxième cognomen, Terentianus, il semble apparenté à Terentius Gen-
tianus, qui fut consul éponyme en 211 avec son fils (7). Les deux consuls
étaient probablement cousins. Or, Terentius Gentianus descend des L.
Medii Büß, LolUani, illustre gens patricienne.

La carrière prétorienne de C. Pomponius Bassus Terentianus s'est


déroulée sous le règne de Commode; il est mort peu de temps après avoir
reçu, en 193 peut-être, le consulat suffect. Son avancement sous le règne
de Commode, s'est fait en quatre étapes: une légation impériale, un
proconsulat en Asie mineure, le gouvernement d'une province impériale de
rang prétorien, enfin l'administration de la caisse de retraite des vétérans.
Issu d'une famille sénatoriale italienne, ce personnage était bien vu de
la dynastie antonine, puisque son fils a épousé une descendante de Marc-
Aurèle. Les Pomponii Bassi conservent un rang éclatant au IIIe siècle.

(!) Dion Cassius, LXXIX, 5, 1 et 5, 4.


(2) Dion Cassius, LXXVIII, 21, 2; cf. PIB1, III, p. 75, n° 526; A. Stein, op. cit.,
p. 55, avec n. 1; G. Barbieri, op. cit., p. 100, n° 422.
(3) PIB1, III, p. 75, n° 527; G. Barbieri, op. cit., p. 304-305, n° 1698; A. Degrassi,
Fasti consolari, p. 70 et p. 72.
(*) Flavius Antiochianus: cf. E. Groag, PIB2, III, p. 134. n° 203; P. Lambrechts,
op. cit., II, p. 68, n° 956; Gr. Barbieri, op. cit., p. 276, n° 1570.
(5) Voir la notice d'Annia Faustina dans PIB2, 1, p. 128-129, n° 710.
(e) Sur Ummidius Quadratus, voir désormais R. Syme, The Ummidii, dans
Historia, XVII, 1968, p. 98-99, VII.
(7) E. Groag, BE, V, A, 1934, col. 655, n° 47, et G. Barbieri, op. cit., p. 115,
n° 498.
430 ΐΛ( AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

XXVII - [. -]US L. f. [-]BUS

[pr]aef. ae[rarii mil.~\ Ile g.

CIL. VI, 1561 Roma

[ ]o L(uciì) f(üio) [ ]ro, [ in p~]rov(inda) C[

|
qua\estor[i pr(o) pr(aetore) prov(inciae) Maced~]onia[e, tr(ibuno) pile-

\
bis), pr(aetori), proco(n)s(uli) prov(inciae) C]ypri, [leg(ato) leg(ionìs) (?) |
|

pr~\aef(ecto) ae[rarii mil(itaris), praef(ecto) frum(enti)] dand[i, leg(ato)


|

Aug(usti) pr(o) pr(aetore) (f) pró]v(inciae) [ ]


|

Ces restitutions restent sujettes à caution; le fragment d'inscription


se présentait ainsi:
O. L. F.
KO
3 EOV. C
ESTOB
ONIA
6 YPEI
AEF. AE

Les deux premières lignes portaient vraisemblablement les noms du


personnage, dont subsistent seulement la fin du gentilice, la filiation et
la fin d'un cognomen.
A la ligne 4, la questure seule semble possible; le cursus figurait
donc dans l'ordre chronologique. Comment expliquer alors l'indication
d'une province dont le nom commence par C à la ligne 3? Les éditeurs
du Corpus proposaient de restituer un tribunat de légion dans une
province dont le nom commence par C, ce qui est possible (*). Faut-il penser
à la Oappadoce?
L'année de la questure, le jeune sénateur a accompagné le proconsul
de Macédoine. Le tribunat de la plèbe et la preture figuraient dans les

(x) H.-Gr. Pflaum, Une inscription de Castellum Arsacalitanum,, dans Recueil des
Notices et Mémoires de la Société archéologique historique et géographique du
département de Constantine, LXIX, 1955-1956, p. 151-166, donne des exemples d'inscriptions
où est mentionné, à côté du corps de troupe, le nom de la province de garnison.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 431

parties manquantes. La première fonction prétorienne, exercée à Chypre,


est le proconsulat ou la légation du proconsul; dans la lacune suivante,
se trouvait peut-être un commandement légionnaire i1); la préfecture
de Vaerarium — lequel? — est suivie de la charge des distributions de
blé à Eome. La lettre V qui subsiste à la dernière ligne nous suggère un
deuxième gouvernement provincial, sans doute celui d'une province
impériale.
Il semble que le personnage ait rempli cinq postes prétoriens, parmi
lesquels la préfecture du trésor occupe le troisième rang. Sa place par
rapport à la praefectura frumenti dandi ne nous est d'aucun secours: dans
toutes les carrières de préfets du trésor de Saturne ou du trésor militaire,
où elle figure, la responsabilité des distributions de blé à la plèbe romaine
précède la préfecture financière (2), au lieu de la suivre comme ici.
D'après la gravure des lettres, les éditeurs du Corpus datent ce
fragment du IIe siècle, peut-être même du règne de Commode. Pendant tout
le IIe siècle et à l'époque de Commode encore, la gestion de Vaerarium
Saturni conduit généralement au consulat (3). En revanche, bien qu'il
soit inhabituel de voir la charge des distributions de blé s'insérer entre
la préfecture et la légation, l'avancement d'un ancien préfet du trésor
militaire à une légation de province impériale prétorienne est normal au
IIe siècle et sous le règne de Commode en particulier (4). Aussi restituons-
nous la préfecture de Vaerarium militare sur l'inscription romaine.

XXVIII -[.--]
praef. aer. m[ïl ] IIe s.

H. -G. Kolbe vient de suggérer le rapprochement de deux fragments,


trouvés à Préneste, qui, selon lui, appartiennent à la même inscription.

(x) H. -G. Pflaum, Bonner Jahrbücher, CLXIII, 1963, p. 235 (liste des
responsables sénatoriaux des distributions de blé), a probablement omis cette lacune,
puisqu'il fait figurer la praefectura frumenti dandi comme le 3e poste prétorien, alors qu'elle
nous semble être le 4e.
(2) Praefecti aerarii Saturni: L. Catilius Severus (n° 33); L. Aurelius Grallus
(n° 38); L. Coelius Festus (n° 44); A. Egnatius Proculus (n° 63).
Praefecti aerarii militaris: l'anonyme contemporain de Claude (n° VII);
L. Catilius Severus (n° XIV); Ti. Iulius Frugi (n° XXIII).
(3) Voir le tableau III, 2, b, des praefecti aerarti Saturni.
(4) Voir le tableau III, 2, b, des praefecti aerarii militaris.
432 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET l/<< AERARIUM MILITARE »

Ces textes n'ont pas été insérés au CIL, XIV i1).

Le fragment a comporte trois lignes, sur lesquelles on peut lire:


[ pf]ovinc[iae ]
[ Mac]edonia[e ]
[ ]ar. proco[s ]
Rien ne permet de préciser sa position.

En revanche, la place du fragment ô, qui comprend cinq lignes, est


connue; il s'agit du coin gauche de l'inscription. La bordure de la pierre
est nettement visible à gauche; un grand espace blanc est conservé sous
le début de la cinquième ligne.
. . lia [ ]
eiusde[m ]
3 prov. B[ ]
victr. et[ ]
praef.aer.m[il ]

En étudiant cette carrière, H.-G. Kolbe a suggéré, sous forme de


tableau, l'avancement suivant:
[vigintivir]
[irïbunus legionis]
[quaestor pr\ovinc[iae ]
[tribunus plebis / aedilis]
[praetor]
[leg. prov. Mae]edonia[e]
[curator viae SaÎ]ar(iae) etc.
ou [leg. prov. Cretae Gyren\ar(um)
ou encore [praetor tutel]ar(ius)
proco[s. prov. ]
eiusde[m ]

i1) Eph. Epigr., IX, 772 (frag, a) et 774 (frag, b); cf. G. Gatti, Not. d. Scavi,
1903, 580, et A. Sbardella, Not. d. Scavi, 1904, 394. Voir H.-G. Kolbe, Der Cursus ho-
norum eines unbekannten Senators aus Praeneste, dans Chiron, 1972, 2, p. 405-428
avec pi. 20.
LES NOTIGES INDIVIDUELLES 433

[leg. Aug. iuridieus] prov. Britanniae]


ou [leg. Aug.] prov. Belgicae]
ou [procos] prov. Bithyniae et Ponti]
[leg. leg. VI ou XIV geminae Martiae
ou [XX Valeriae ou XXX Ulpiae] victr(icis)
[leg. leg.---]
praef. aer. m[il]
<?
[consuU]

Voici la restitution que je proposerai à titre provisoire:


QVAEST. PBO VI NC . ASIAE ?
TE . PL . PB . LEG . PBOV . MACEDONIA^ . SI
3. C1LIAB . OBETAE . ET . CYBENAÄ . PROCO&.
El USDÏÏM . PBOVINC . LEG . AUG . IVBIDICO
PRO V . ΰΒΙΤΑΝΝΙΑΕ . LEG . LEG .
6 VI G TR. È T
PRAEF. AER. MIL

Cette solution réunit trois conditions:


— toutes les lettres, qui sont encore lisibles sur la pierre, parfois
sous la forme d'une simple haste, sont utilisées;
— l'avancement du personnage est conforme à ce que nous savons
de la carrière sénatoriale au IIe siècle;
— la mise en page paraît satisfaisante, chaque ligne comportant 31
ou 32 signes.

Après avoir été questeur dans une province sénatoriale, le sénateur


a exercé normalement le tribunat de la plèbe et la preture. A la première
ligne, la restitution du mot Asiae comblerait exactement la lacune.
La carrière prétorienne est très chargée, puisque le sénateur n'a pas
occupé moins de sept postes. Il existe des exemples d'avancements
analogues, parmi les préfets du trésor militaire du IIe siècle i1). Ainsi, à cette

(*) Voir les tableaux III, 2, a, et III, 2, i>, des praefecti aerarti militaris et leur
commentaire.

28
434 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

époque, il n'est pas exceptionnel d'assumer plusieurs légations


proconsulaires (l). La promotion d'une légation à un proconsulat de province est
usuelle (2). Un juridicat provincial se situe le plus souvent avant un
commandement légionnaire (3); c'est aussi sa place dans ce cursus. La
légation de légion est le sixième poste prétorien et précède, comme toujours,
la préfecture du trésor militaire (4). Il nous paraît difficile d'imaginer que
la préposition et introduise un deuxième commandement. Les sénateurs
qui ont eu successivement la charge de deux légions ont bénéficié d'un
avancement prétorien plus rapide que celui du préfet de Préneste (5).
La préposition et pouvait introduire le nom d'une aile de cavalerie dont
le légat de la légion aurait eu le commandement (6); c'est une simple
suggestion. La préfecture de Vaerarium militare est sans doute le septième
poste prétorien (plutôt que le huitième). Au terme d'une carrière
prétorienne aussi fournie, ce poste peut avoir élevé son titulaire au consulat
suffect; il nous paraît inutile de restituer à la fin de la dernière ligne le
gouvernement d'une province impériale prétorienne ou la préfecture de
Vaerarium Saturni, postes qui s'intercalent parfois entre la gestion du
trésor militaire et le consulat (7). Le dédicant de l'inscription honorifique
figurait sans doute à la fin de la ligne; peut-être s'agit-il de la ville de
Préneste. La pierre a été érigée sans doute pour commémorer le consulat
suffeet du sénateur; le mot cos figurait probablement après la
nomenclature, qui est perdue.
Ce cursus sénatorial date du IIe siècle; le personnage honoré était
peut-être originaire de Préneste.

XXIX -[.--]

praef. aerari militaries] 2e moitié du IIe siècle

(*) Ti. Iulius Frugi (n° XXIII) en a exercé trois lui aussi.
(2) Voir la carrière de M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus (n° XV).
(3) C'est du moins au Ier et au IIe siècle l'avancement usuel des iuridid
espagnols; cf. Gr. Alföldy, Fasti Hispantenses, p. 247-248.
(4) Voir le tableau III, 2, a, des praefecti aerarti mìlitaris.
(5) Voir les carrières respectives de l'anonyme n° XIII et de l'anonyme n° XXII.
(6) Nous avons l'exemple d'un légat, leg. II Italicae et alae Antoninianae: OIL,
IX, 2213 = ILS, 1164.
(7) Voir le tableau III, 2, b, des praefecti aerarti militaris.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 435

CIL, XI, 4647 Tuder, regio VI


[ ] legato provinc(iae) Narbon(ensis), \ legato legion(is) V Mace-
don(icae), \ proco(n)s(uli)provinciae Siciliae, \ praef(ecto) aerari miMtari[s], \
co(n)s(uli), | decuriones et pleb[s] | optimo et amantissim[o] \ sui patrono.

La dédicace que les décurions et la plèbe de Tuder, en Ombrie,


ont élevée à leur patron est mutilée: les premières lignes manquent. Le
nom du sénateur n'est pas connu; seuls subsistent, présentés dans l'ordre
chronologique, quatre postes prétoriens et le consulat.
La première fonction connue, celle de légat du proconsul de Nar-
bonnaise, a vraisemblablement été exercée aussitôt après la preture i1).
Le sénateur a commandé ensuite la legio Va Macedonica', d'abord
stationnée à Troesmis, en Mésie inférieure (2), cette légion a été transférée,
vers 167, à Potaissa, en Dacie (3); elle a reçu de Commode les surnoms de
pia constane (4), qui ne figurent pas sur l'inscription. Eevenu des régions
danubiennes, le personnage a obtenu le proconsulat de Sicile à la suite
du tirage au sort. Enfin la préfecture de Vaerarium militare, qui l'a
occupé à Eome pendant trois ans, l'a conduit au consulat sufîect.
Les habitants de Tuder ont honoré leur patron d'une statue lors de
son élévation au consulat, couronnement d'une carrière bien remplie;
cette magistrature est mise en valeur au milieu de la ligne 5. Aucun des
quatre postes prétoriens ne justifie le patronat sur la colonie ombrienne;
le sénateur anonyme était sans doute originaire de l'Ombrie, peut-être
même de Tuder.
L'avancement du personnage rappelle celui de Ti. Iulius Frugi, qui
administra Vaerarium militare à la fin du règne de Marc-Aurèle et fut
consul suffect en 178 (5). Frugi a rempli trois légations proconsulaires,
l'anonyme une; les deux hommes ont commandé ensuite une légion; à
la magistrature annuelle de praefectus frumenti dandi (6), assumée par

(!) Cette légation est tantôt le premier poste prétorien pour Q. Caecilius Mar-
cellus (CIL, XIV, 2498 = ILS, 1045) et P. Cornelius Anullinus (CIL, II, 5506 =
ILS, 1139), tantôt de rang tribunicien pour P. Baebius Italicus (ΤΑΜ, II, 563 =
IGB, III, 551 = ILS, 8818) et L. Fabius Cilo (CIL, VI, 1408 = ILS, 1141).
(2) E. Eitterling, BE, XII, col. 1576-1577, legio.
(8) Id., ibid., col. 1579.
(4) SHA, vita Commodi, 13, 5; l'inscription CIL, III, 905, en donne un témoignage
épigraphique.
(5) CIL, VI, 31717; voir la notice n° XXIII.
(6) Sur l'annalité de la praefectura frumenti dandi, cf. D. Van Berchem, Les
distributions de blé et d'argent à la plèbe romaine sous l'Empire, Genève, 1939, p. 68.
436 l'« aerarium saturni » et l'« aerârium militare »

Frugi, correspond le proconsulat de l'anonyme; tous deux reçoivent enfin


la préfecture financière, qui les destine au consulat suffect.
La carrière prétorienne du patron de Tuder est rigoureusement
parallèle aussi à celle de P. Cornelius Anullinus, qui fut consul suffect en
174 ou 175 (x); entre la preture et le consulat, sous Marc-Aurèle, ce
sénateur fut successivement légat du proconsul de Narbonnaise, légat de
légion, proconsul d'une province sénatoriale (la Bétique), enfin legatus
Augusti pro praetore d'une province impériale (inconnue).
La formule optimo et amantissimo sui patrono ne nous permet pas
de situer la carrière de Tuder avant le milieu du IIe siècle. Il semble en
outre que le commandement de la cinquième légion Macedonica ne soit
pas postérieur au règne de Commode, puisque les surnoms de pia constans
ne figurent pas sur l'inscription (2).

La préfecture de V aerârium militare s'inscrit dans un type de cursus


bien individualisé; elle a alors le même rang qu'une légation de province
impériale offrant le consulat, comme le montre l'avancement de P.
Cornelius Anullinus. Aussi daterons-nous cette carrière de la deuxième moitié
du IIe siècle.

XXX - [.]. (SQLLIUS) [-]

prae\j. aerari] milit. fin du IIe s.

CIL, IX, 5155 Truentum, regio Y

[ | cur(atori) vi]a[r(um) Clodiae Anniae] \ Cassiae Ciminia[e, le-


g(ato) leg(ionis) VII] gem(inae) felicis, prae[f(ecto) aerari] milit(aris),
\

[co(n)s(uli)], "| 'M(arcus) Sollius At[ticus] | fratri piis[simo].

De l'épitaphe que M. Sollius Atticus a fait graver pour son frère


subsiste seulement la partie inférieure. Le nom du défunt est perdu; nous
devons restituer le gentilice Sollius (8). Le sénateur était certainement
originaire de Truentum, dans le Picenum, où il a été enterré; il porte un

(!) CIL, II, 2073 = 5506 = ILS, 1139; cf. E. Groag, PIEZ, II, p. 308-309,
n° 1322, et G. Alföldy, Fasti Hispaniensés, p. 122-123.
(2) Nous ne devons cependant pas exclure la possibilité d'un oubli de ses surnoms.
(8) PIE1, III, p. 252, n° 547; F. Miltner, BE, III, A, 1, 1927, col. 933, n° 3,
LES NOTICES INDIVIDUELLES 437

gentilice celtique ί1), qui témoigne d'un ancien peuplement celte dans la
région.
De sa carrière, présentée dans l'ordre direct, nous connaissons
seulement trois postes prétoriens et le consulat suffect. La curatelle des voies
Clodienne, Annienne, Cassienne et Ciminienne fut probablement la
première ou la deuxième fonction exercée après la preture, comme le montre
la liste des curateurs de ce réseau d'Etrurie établie par H.-G. Pflaum .(».).
La titolature de Sollius est intéressante: elle mentionne uniquement les
quatre viae Clodia, Annia, Cassia et Ciminia et omet en revanche la
via nova Traiana ou les viae très Traianae, qui, à certaines époques, ont
été sous le même contrôle. Cette particularité date la curatelle du
deuxième siècle, et peut-être même de la fin du siècle (3).
Sollius est parti ensuite pour l'Espagne, où il a commandé, à Legio
(Leon), la VIIa gemina félix, avant l'année 197, au cours de laquelle la
légion a reçu le surnom de pia qu'elle ne porte pas sur l'inscription (4).
Il est revenu à Eome pour administrer Vaerarium militare, pendant
trois ans sans doute, et a obtenu le consulat.

La préfecture du trésor militaire est probablement le troisième poste


prétorien de ce sénateur italien du IIe siècle; après une curatelle de voie
et un commandement de légion, elle a élevé le personnage au consulat
suffect.

XXXI - SEX. VARIUS MARCELLUS

praef. aerari militaris entre 207 et 210

1 - CIL, X, 6569 =1X8, 478 = Velitrae, regio I


IO, XIV, 911 = IGE, I, 402
.

Sex(to) Vario Marcello, \ procuratori) aquar(um) (centenario),


procuratori) prov(indae) Brit(anniae) (ducenario), procuratori) rationis pri-

(*) Le gentilice Sollius est très répandu en Narbonnaise; on trouve quatorze


Solii et trois 8oillii dans les indices du CIL, XII; un Solius dans les I.L.G.N.; cf.
Keune, RE, III, A, 1, 1927, col. 933.
(2) H.-G-. Pflaum, Journal des savants, 1962, p. 111-113.
(»)'Id., ibid., ρ; 112, η» 11.
(4) Gr. Aliòldy, Fasti Sispanienses, p. 123-124.
438 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ( AERARIUM MILITARE »

vat(ae) (trecenario) vice praef(ectorum) pr(aetorio) et urbi funesto, \


orarissimo) v(iro), praef(eeto) aeravi militaris, leg(ato) leg(ionìs) III Aug(ustae) |
praesidi provinc(iae) Numidiae, lulia Soaemias Bassiana, orarissima)

|
f(emina), cum fili(i)s \ "marito et patri amantissimo.

Σέξτω Ούαρίω Μαρκέλλψ, \ επιτροπεύΰαντι υδάτων, επιτροπεύααντι επαρχείου

\
Βριττανείας, επιτροπεύοαντι λόγων πρειβάτης, πιατευ\αέντι τα μέρη των έπαρχων
τοϋ πραιτωρίου καί "Ρώμης, \ λαμπρότατα» άνδρί, επάρχω εραρίου στρατιωτικού,

|
ήγεμόνι λεγειώνος γ' Αύγούστης αρξαντι επαρχείου \ Νουμιδίας, 'Ιουλία Σοαιμιας
ΒασοΊανή αύν τοϊς τέκνοις τω \ προΰφιλεάτάτω άνδρί και γλυκυτάτω πατρί.

2 - Oli, XV, 7326 = ILS, 8687 Eome

Imp(eratorum) Sever(i) et Antonin(i) et G[[eta(e)J\ Caes(aris); succur(a)


Thrasia(e) Prischi), co(n)s(ularis), c(larissimi) v(iri), et Vari Marcell(i),
procurator is) Augg(ustorum duorum); off(icinator) Terentius Cassander
(fecit).

3 - Dion Cassius, LXXVIII, (éd. Boissevain) 30, 2

Ή Maïoa ή της 'Ιουλίας της Αυγούοτης αδελφή δύο τε θυγατέρας, Σοαιμίδα


καί Μαμαίαν, έξ 'Ιουλίου Άουίτου ανδρός υπατευκότος, καί δύο εγγονούς αρβενας,
εκ μεν της Σολαιμίδος Ούαρίου τε Μαρκέλλου, ανδρός δμοε&νοΰς (εξ Άπαμείας γαρ
ης εκείνος ήν) καί εν τε επιτροπαϊς εξετααϋέντος και ες το συνέδρων εγγραφέντος
και μετά τοϋτο τελευτήόαντος, Άουϊτον, . . . έχουσα.
Maesa, sœur de lulia Augusta, eut deux filles, Soaemias et Mamaea, du
consulaire Iulius Avitus, et deux petits-fils, l'un de Soaemias et de Varius Marcellus, son
compatriote — il était né à Apamée — , admis parmi les procurateurs, entré au sénat
et mort à cette époque, père d'Avitus (Elagabal).

4 - Dion Cassius, LXXVIII, (éd. Boissevain) 34, 1.

Ό γαρ Μάρκελλος ετε&νήκει. a. 218

Sex. Varius Marcellus est le neveu par alliance de Septime-Sévère;


originaire d'Apamée en Syrie, ce jeune homme est probablement venu
à Eome dans l'entourage de l'impératrice Iulia Domna, dont il a épousé
LES NOTICES INDIVIDUELLES 439

la nièce, Iulia Soaemias Bassiana. Toute sa carrière s'explique par ce


mariage i1).
L'inscription bilingue de Velletri, qui présente le cursus, est l'épi-
taphe du mari de Iulia Soaemias. Leur fils n'était pas encore empereur:
ainsi le seul titre que porte la princesse est celui de elarissima f emina.
Marcellus est mort avant l'année 218, qui vit l'avènement de son fils
Elagabal; Dion Cassius en fait aussi la remarque (texte 4).
Comme le rappelle l'historien grec, Sex. Varius Marcellus a
parcouru les degrés de la carrière équestre avant d'entrer au sénat. Sur les
procuratelles dont il a été chargé, nous résumerons les conclusions de
H.-G. Pflaum (2); mais nous réexaminerons la datation du cursus, puisque
la découverte d'un nouveau procurator rationis privatae de Septime- Sévère
a apporté un élément nouveau depuis son étude (3).
Le nom de Sex. Varius Marcellus est apposé sur une fistule de plomb,
retrouvée à Eome; le personnage figure en sa qualité de procurator)
Augg(ustorum duorum). La nature du support invite à considérer ce texte
comme un témoignage de l'activité du chevalier au service des eaux:
le cursus de Velletri commence par le poste centenaire de proc. aquarum.
Le neveu de l'empereur n'avait vraisemblablement pas assumé de
fonctions subalternes avant cette procuratelle. En revanche, nous ne pouvons
pas affirmer qu'il n'avait pas accompli le service militaire: les milices
équestres sont parfois omises sur l'inscription.
La fistule romaine place le jeune procurateur sous les ordres d'un
grand personnage, Thrasea Priscus, que les éditeurs du Corpus
identifient à L. Valerius Messala Thrasea Priscus, qui fut consul ordinaire en
196 (4). Le développement erroné de cos en co(n)s(ulis), au génitif, amena
Pallu de Lessert à dater ce texte de l'année 196 (5). En réalité, Thrasea
Priscus est mentionné en qualité de curator aquarum, donc de co(n)s(u-
laris). Il n'est pas davantage précisé que le procurateur Sex. Varius
Marcellus fût proc. aquarum: mais la nature de l'objet en fait foi. La mention

(x) PIB1, III, p. 386, n° 192; P. Lambrechts, Sénat romain, II, p. 39, n° 383;
Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 119, n° 517, et p. 604; Klass, BE, VIII, A, 1, 1955, col.
407-410.
(2) H. -a. Pflaum, Carrières, II, p. 638-642, n° 237.
(3) Inscription publiée par J. M. Reynolds, Pap. of the Brit. School at Borne,
XXX, 1962, p. 31 = A. E., 1969-1970, 193.
(4) Voir le commentaire du CIL, XV, 7326; A. Degrassi, Fasti consolari, p. 55.
(6) Cl. Pallu De Lessert, Fastes des provinces africaines sous la domination
romaine, Paris, 1896, I, p. 419, suivi par la plupart des commentateurs.
440 I/« AERABIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE ))

de deux Augustes et le fait que Géta porte déjà le titre de César (son
nom a été martelé) datent le document de l'année 198 (x).
L'avancement du jeune homme est particulièrement rapide; il
devient procurator Britanniae ducenarius, après un seul poste centenaire.
La nomination de ce Syrien dans une province de langue latine marque
la fin de l'exclusive qui s'était maintenue à l'égard des Orientaux (2).
Elle est nécessairement postérieure à la division de la Bretagne en deux
provinces, puisque cette mesure a suivi la défaite de Clodius Albinus,
en 197. La titulature du fonctionnaire équestre montre que sa compétence
s'étendait à toute la Bretagne, donc aux deux circonscriptions. H.-G.
Pflaum remarque que le partage de la province ne semble pas avoir eu
de conséquences sur l'organisation financière (3).
La faveur impériale élève ensuite le mari de Iulia Soaemias à un
poste tricénaire, celui de procurator rationis privatae. Cette fonction était
importante; la fortune personnelle de l'empereur s'était encore accrue
à la suite de confiscations nombreuses (4).
Marcellus fut désigné pour assurer l'intérim des préfets du prétoire
et de la ville, en l'absence de ces grands personnages sans doute. Le
commandement des cohortes urbaines par un chevalier, fût-il de haut rang,
était le signe de « temps nouveaux », suivant la remarque de G. Yitucci (5).
Il était moins surprenant de voir un chevalier tricénaire servir de
suppléant aux préfets du prétoire. Nous voudrions essayer de dater cet
intérim. Nous ne devons pas négliger le témoignage de Valbum des jeux
séculaires de mai- juin 204; lors de cette fête solennelle, Marcellus
appartenait encore à l'ordre équestre, puisque Iulia Soaemias figure en tête
des femmes de chevaliers, tandis que l'impératrice Iulia Domma précède
les matrones clarissimes (e).
La question préliminaire à toute tentative de datation est la
suivante: l'intérim des préfets de la ville et du prétoire est-il contemporain

(!) La même datation est retenue par B. E. Thomasson, Die Statthalter, II,
p. 207.
(2) H.-G. Pflaum, Procurateurs, p. 264-265, avec note 10.
(3) Id., ibid., p. 84, avec note 2.
(4) 0. Hirschfeld, Die kaiserl. Verwaltungsbeamten von Augustus bis auf
Diocletian, Berlin, 1905, p. 20, avec note 3, et p. 45.
(8) K. Vitucci, Bicerche, p. 108. A la fin du règne de Caracalla, Flavius Mater -
nianus, probablement membre de l'ordre équestre, a rempli le même interim: cf.
A. Stein, PIB2, III, p. 159, n° 317, et G. Barbieri, Albo senatorio, p. 58, n° 237, et p. 594.
(6) Not. d. Scavi, 1931, p. 340 add. et p. 341, 1. 26 = ΑΈ, 1932, 70: Iulia Suem[iae
Vari Marcelli]; cf. J. Gagé, BechercJies sur les jeux séculaires, Paris, 1934, p. 62.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 441

de la gestion de la ratio privata ou les deux responsabilités se sont-elles


succédé? iious penchons pour la première possibilité, du fait de la
présence de l'adjectif functus, qui semble bien qualifier le mot procurator.
Nous ne pouvons cependant pas écarter absolument l'autre éventualité
pour l'instant.
Nous examinerons d'abord la solution qui a notre préférence: Mar-
cellus a cumulé la procuratelle de la ratio privata et le vicariat. Dans la
notice qu'il a consacrée au personnage, H.-G. Pflaum n'a d'ailleurs pas
envisagé d'autre solution (x). Il date donc la suppléance et, par conséquent,
la procuratelle tricénaire des dernières années de Septime-Sévère; en effet,
comment justifier l'absence du préfet de la ville et des préfets du prétoire
sinon par un voyage au cours duquel ces personnages auraient accom^
pagné l'empereur? En 208, Septime-Sévère part pour la Bretagne et
emmène dans cette expédition « ses deux fils et certainement aussi ses
préfets » (2); il confie le vicariat à Marcelms, seul membre de la famille
impériale présent à Borné. Telle est la chronologie indiquée par H.-G.
Pflaum. Mais, depuis la découverte d'un nouveau procurator rationis
privatae, qui, de toute évidence, a exercé sa charge à l'époque de
l'expédition britannique, il n'est plus possible de maintenir cette interprétation.
En effet, une inscription romaine fait connaître le cursus du chevalier
Q. Cerellius Apollinaris, qui a administré la fortune privée avant de
devenir préfet des vigiles (3); il a obtenu cette préfecture entre le 4 avril 211
et le 11 avril 212 (4); c'est donc lui qui gérait la fortune du prince dans
les années qui correspondent à la campagne de Bretagne (6). Le neveu
de l'empereur dirigeait sans doute le bureau palatin de la ratio privata
avant 208, ce qui est conforme à l'avancement rapide que nous lui
connaissons.

(*) H.-Gr. Pflaum, Carrières, II, p. 640-641; nous constatons, que, dans sa
biographie de Septime-Sévère publiée après la rédaction de cette notice, A. R. Birley,
Septimius Severus the African Emperor, Londres, 1971, p. 304-306, n° 38, joint lui
aussi l'intérim des préfets à la procuratelle de la ratio privata.
(2) On sait seulement, par Dion Cassius, LXXVII, 14, 5, que le préfet du prér
toire Papinien participa à l'expédition.
(3) Voir la note 3, p. 439.
(*) A. Stein, BE, III, col. 1969, Cerellius.
(6) Dans le même sens, H. Nesselhauf, Patrimonium und res privata des
römischen Kaisers, dans Historia Augusta Colloquium^ Bonn, 1963, Bonn, 1964, p. 89,
note 22. M. Christol, Q. Cerellius Apollinaris préfet des vigiles de Caracalla, dans\-
Mélanges d'histoire ancienne offerts à William Seston, Paris, 1974, p, 119-126, suggère
aussi les années 209-210 pour la gestion de la ratio privata.
,
442 li'« AERAKIUM SATURNI » ET l'(( AERARIUM MILITARE »

Si nous lions la procuratelle au vicariat des préfet de la ville et du


prétoire, nous devons donc remonter dans le temps pour trouver une
justification à cet intérim avant l'année 208.
Nous pouvons penser au mois de janvier 205, époque où fut éliminé
le puissant préfet du prétoire Plautien (x); il n'est pas impossible
d'imaginer que le neveu de l'empereur ait été désigné pendant la vacance du
pouvoir, avant la nomination de Marcius Laetus et Aemilius Papinianus
à la préfecture du prétoire (2). Mais comment expliquer alors la
suppléance du préfet de la ville? En janvier 205, le préfet, L. Fabius Cilo, était
présent à Borne, comme en témoigne un passage de Dion Cassius: après
le meurtre de Plautien, l'intervention de Cilo sauva Macrin, qui était
menacé lui aussi (3).
La seule possibilité reste le voyage de la famille impériale en Afrique,
au printemps de l'année 203 (4). La présence à Lambèse de la familia ra-
tionis castrensis, qui accompagne l'empereur dans ses déplacements, est
attestée (5); une dédicace à Jupiter Dolichenus fut élevée à Lepcis Magna,
le 11 avril 203, pro. . . reditu impp(eratorum trium) in urbem suam (6).
Après la condamnation à mort du préfet Aemilius Saturninus, en 200,
Plautien était resté seul à la tête des cohortes prétoriennes (7). Le texte
latin, vice praefectorum praetorio et urbi functo, ne signifie pas
nécessairement que Marcellus ait remplacé deux préfets du prétoire; le pluriel prae-

(!) Sur C. Fulvius Plautianus, originaire de Lepcis Magna, préfet du prétoire


de 197 à janvier 205, beau-père de Caracalla, cf. PIRZ, III, p. 218-221; voir l'étude
complète de la carrière par F. Grosso, Ricerche su Plautiano e gli avvenimenti del suo
tempo, dans Rendiconti Lincei, XXIII, 1968, p. 7-59. H. Nesselhauf, loc. cit., p. 89,
note 22, suggère cette date pour l'intérim de Sex. Varius Marcellus, sans commentaire.
(2) L'inscription romaine CIL, VI, 228 = ILS, 2187, prouve que les nouveaux
préfets du prétoire étaient déjà en fonction le 28 mai 205.
(3) Dion Cassius, LXXVIII, 11, 2; voir la notice n° XXV.
(4) Sur ce voyage, voir J. Hasebroek, Untersuchungen zur Geschichte des Kaisers
Septimius Severus, Heidelberg, 1921, p. 132-135; Fluss, RE, II, A, 2, 1923, col. 1975-
1976; Gr.-J. Murphy, The Reign of the Emperor L. Septimius Severus from the Evidence
of the Inscriptions, Philadelphie, 1945, p. 33; l'attitude hypercritique de P.
Romanelli, Storia delle province romane dell'Africa, Rome, 1959, p. 413-417, qui met en
doute l'existence du voyage de 203, ne se justifie pas; voir la monographie récente
de A. R. Birley, Septimius Severus the African Emperor, Londres, 1971, p. 218-219.
(s) CIL, VIII, 2702 = 18250.
(6) J. Guey, Revue Africaine, 1950, p. 50-67 = AE, 1951, 228 = IRT, 292;
F. Grosso, loc. cit., p. 42, estime que cette inscription a été élevée avant l'arrivée de
la famille impériale.
(7) F. Grosso, ibid., p. 25 et p. 34.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 443

fecti peut s'appliquer au praefectus urbi et à un unique praefectus praeto-


rio. Or, il ne fait pas de doute que Plautien ait accompagné Septime-
Sévère et ses fils, au printemps de l'année 203 (x); ce grand personnage,
beau-père de Caracalla depuis le printemps 202, venait de gérer les
faisceaux consulaires comme consul éponyme, au début de l'année 203. Il
est honoré à Lepcis comme parent des empereurs; mais il les a
certainement accompagnés en qualité de cornes (2). Une dédicace à sa fille Plau-
tille, élevée à Eome après son mariage avec Caracalla, mais avant
l'année 205, donne en effet au préfet du prétoire le titre de necessarius Augus-
torum et cornes per omnes expeditiones eorum (3). Les devoirs du comitat
ont imposé à Plautien d'accompagner le prince dans ses déplacements.
Il faut expliquer aussi l'absence du préfet de la ville. Lorsqu'il fut
honoré du consulat éponyme en 204, L. Fabius Cilo était déjà préfet
(voir la notice n° XXIV). Selon toute vraisemblance, sa désignation date
du séjour de Septime-Sévère en Pannonie supérieure en 202. Devons-
nous supposer que le nouveau préfet de la ville n'était pas encore entré
en fonction au printemps de 203, lors du départ de l'empereur et de son
préfet du prétoire pour l'Afrique! C'est possible, mais peu probable.
Il est plus simple de penser que le préfet de la ville, comme le préfet du
prétoire, fit partie de la suite impériale au cours de ce bref voyage. Aucune
inscription africaine ne mentionne le nom de Cilo. Il est vrai que Plautien
était honoré à double titre à Lepcis, comme enfant du pays et comme
parent des empereurs. La qualité de cornes est attestée par ailleurs pour
L. Fabius Cilo. Nous supposons donc qu'en 203 ce personnage a pu
accompagner l'empereur à ce titre; les inscriptions qui le concernent sont
toutes antérieures au voyage africain et ne peuvent pas par conséquent
nous éclairer. Le comitat du sénateur apparaît sous trois formes
différentes: sur la dédicace d'Antioche de Pisidie, élevée à Cilo en 193-194,
à l'occasion de la campagne contre Pescennius Niger, le consulaire est
qualifié de comes Imp. Caes. L. Septimi Severi Pertinacis Aug. in expedi-
tione orientali (4); sur la première inscription romaine, érigée en 197-198
pendant la légation de Pannonie, le premier titre que porte Cilo après

(x) F. Grosso, ibid., p. 38-43.


(2) Voir M. Corbier, Plautien, « cornes » de Septime-Sévère, dans Mélanges offerts
à P. Boyancé, Eome, 1974, p. 213-218.
(3) Cette dédicace à l'impératrice Plautille {OIL, VI, 1074 = ILS, 456) est
antérieure à l'année 205 pendant laquelle Caracalla fut cos bis.
(«) ÄE, 1926, 79; voir la notice n° XXV.
444 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

le consulat suffect, placé normalement en tête, est celui de cornes Imp.


L. Septimi Severi Pii Pertinacie Aug. Arab. Adiab. p.p. (*); les
commentateurs s'accordent pour y voir une allusion à l'expédition orientale de
193-194 et soulignent que ce texte donne par erreur à Septime- Sévère
les surnoms &> Arabiens et a'Adiabenicus qu'il n'avait pas encore reçus
en 194, mais qu'il portait à l'époque où la pierre fut gravée; peut-être
vaudrait-il mieux conclure qu'en 197-198, ce grand personnage
conservait la qualité de cornes Imperatorie, acquise depuis la campagne orientale
de 194. A l'époque de la légation de Pannonie, il porte encore le titre de
cornes, sans référence aux circonstances au cours desquelles il l'obtint.
Le troisième document relatif à la carrière de L. Fabius Cilo est moins
probant; cette inscription romaine, dédiée par les Milanais à leur patron
à l'occasion de son élévation à la préfecture urbaine, date de la fin de
l'année 202 ou du début de l'année 203 (2); à la place où la chronologie
permet de restituer l'expédition de 193-194 en Orient, se trouve la simple
mention, cornes Augg(ustorum); Caracalla n'était pas associé à l'empire
à l'époque où fut menée la campagne contre Pescennius Niger. Il s'agit
encore de la projection dans le passé d'une titulature contemporaine;
l'inscription indique le comitat sans la mention expresse de l'expédition
correspondante; tout au plus place-t-elle cette dignité à l'époque où elle
fut obtenue. Si notre hypothèse est exacte, le préfet de la ville avait
encore droit en 202-203 au titre de cornes Augustorum; il a pu le porter
pendant le bref voyage africain du printemps 203.
Cherchant à identifier les préfets du prétoire et de la ville que Sex.
Varius Marcellus a été amené à suppléer dans la première décennie du
IIIe siècle, nous nous sommes arrêtés sur les noms de Fulvius Plautianus
et Fabius Oilo.
L'exemple de ces grands personnages semble confirmer les
conclusions que tire H.-G. Pflaum de la liste des comités du Haut-Empire. A la
fin du IIe siècle, la qualité de cornes aurait progressivement cessé de
s'appliquer à une fonction déterminée, exercée à l'occasion d'une campagne
précise pour devenir un véritable titre aulique (3). Les carrières de Plau-

i1) CIL, VI, 1408 = ILS, 1141.


(η OIL, VI, 1409 -= ILS, 1142: L. Fabius Cilo, praef. urb., n'est pas encore
cos bis, ni même consul désigné; or, son deuxième consulat, éponyme cette fois, date
de l'année 204.
(3) Communication à l'Ecole Pratique des Hautes E tudes> le 4 novembre 1970;
voir la liste des comités dans les Bayerische VorgescMcMsblätter, XXVIII,' 1, 1962,
p. 90-91.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 445

tien et de Cilo ne marquent pas encore le terme de l'évolution; la dignité


de cornes, sans doute accordée de façon définitive, ne prenait
probablement effet qu'à l'occasion d'expéditions précises menées par les
souverains dans l'empire.
L'année 203 nous paraît donc possible pour l'intérim de Sex. Varius
Marcellus i1). Elle ne nous semble pas trop précoce; l'avancement rapide
du neveu de l'empereur est souligné sur son inscription funéraire par
l'indication du salaire de chaque poste: C(entenarius), CC(ducenarius)
CCO(trecenarius); à cette époque, l'usage commençait à se répandre de
mentionner le salaire après la fonction (2). Après avoir été proc. aquarum
dans les années 197-198^ puis proc. provinciae Britanniae vers 200-201,
Sex. Varius Marcellus était peut-être, en 203, proc, rationis privatae: sa
carrière procuratorienne n'aurait pas connu d'interruptions notables. La
gestion de la ratio privata a sans doute duré plusieurs années: de 203 à
205 peut-être. En mai-juin 204, lors des jeux séculaires, Iulia Söaemias,
nièce de l'empereur, occupe la première place surla liste des femmes de
chevaliers.
L'entrée au sénat parmi les clarissimes est donc postérieure aux jeux
séculaires. Devenu sénateur, Marcellus est chargé d'administrer Vaera-
rium miliare; la place de cette préfecture dans le cursus sénatorial
indique que le nouveau clarissime avait été admis inter praetorios. Vadlectio
est marquée uniquement par le titre de c(larissimus) v(ir). Après ses trois
années de service, Marcellus est parti pour l'Afrique, où il cumula le
commandement de la IIIe légion et le gouvernement de la Numidie,
comme il était de règle à cette époque.
Les fastes de la province de Numidie ne sont pas suffisamment
complets pour nous permettre d'assigner une place précise au séjour de Sex.
Varius Marcellus à Lambèse. La présence du légat Ti. Claudius Suba-
tianus Proculus est attestée du 1er août 208 au 4 avril 210, date à laquelle
il était consul désigné ■(*). Le fragment d'inscription relatif aux jeux
séculaires exclut désormais la datation basse que proposait Pallu de Les-
sert (4): entre 201 et 2Ö8. En mai-juin 204, le neveu de Septime-Sévère

i1) Nous constatons que, dans sa monographie de Septime-Sévère, A. R. Birley,


op. cit., p. 304-306, place aussi cet intérim en 203; il le joint à la procuratelle de la
ratio privata et l'explique aussi par le voyage africain; mais il ne justifie pas l'éloigne-
ment des préfets de la ville et du prétoire.
(2) Voir la dédicace de G. Annius Flavianus: H.-Gr. Pflaum, Carrières, I, p. 545,
rt° 202, texte 2.
(3) B. E. Thomasson, Die Statthalter, II, p. 203-204.
(«) A. Cl. Pallu De Lessert, op. cit., I, p. 41.
446 L'« AERARHJM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

appartenait encore à l'ordre équestre. Il nous paraît invraisemblable


d'imaginer, entre juillet 204 et juillet 208, Vadlectio inter praetorios, les
trois années au service du trésor militaire et le gouvernement de la Nu-
midie i1). Julia Soaemias ne signale pas que son mari soit décédé au cours
de ses fonctions: on s'attendrait dans ce cas à trouver la formule in quo
honore decessit. En outre, Subatianus Proculus était peut-être à Lambèse
bien avant le 1er août 208.
Nous situerons donc le séjour de Marcellus en Numidie après celui
de Proculus, au plus tôt en 210; peut-être a-t-il été envoyé en Afrique
par son cousin Caracalla (2).
Entré au sénat vers l'année 206, après avoir administré pendant
quelques années la ratio privata, Marcellus a été nommé à la tête de Vae-
rarium militare en 207 ou en 208; il n'existe donc aucune relation entre
sa désignation à ce poste et l'augmentation des praemia militiae par
Caracalla (3). Peut-être est-il possible d'établir un certain lien avec
l'expédition de Bretagne. Nous manquons de renseignements sur Vaerarium
militare pour le préciser. Septime-Sévère prévoyait sans doute des
libérations de soldats à l'issue de la campagne. Les compétences financières
de Marcellus, ancien procurateur équestre, chargé quelques années plus
tôt, d'administrer la fortune privée de l'empereur, suffisent en tout cas
à expliquer sa première fonction sénatoriale.
Même dans la carrière prétorienne des clarissimes, la préfecture du
trésor militaire n'était pas un poste particulièrement recherché à cette
époque. Aussi reprendrons-nous à H.-G. Pflaum ses réflexions sur le
pseudo-avancement que constitue l'entrée au sénat parmi les praetorii
pour un chevalier de haut rang (4). Marcellus, qui avait assuré
conjointement l'intérim du préfet du prétoire et du préfet de la ville pendant quel-

(x) Nous remarquons que A. E. Birley, op. cit., p. 304-306, propose l'année 204
pour Vadlectio inter praetorios et l'année 207 et peut-être le début de 208 pour le
gouvernement de Numidie. Marcellus serait mort à Lambèse.
(a) B. E. Thomasson, op. cit., II, p. 205-207, le situe au début du règne de
Caracalla ; il n'étudie pas la carrière prétorienne. E. Birley, The Governors of Numidia
A.D. 193-268, dans JB8, XL, 1950, p. 63, n° 7, suggère les années 212 à 214; l'auteur
propose de l'identifier au praeses legionis anonyme, mal disposé envers les chrétiens
dont parle Tertullien, Ad Scapulam, 4. Le proconsulat de P. Iulius Scapula date en
effet des années 212-213: cf. B. E. Thomasson, op. cit., II, p. 112-113.
(3) Dion Cassius, LXXVII, 24, 1. Ce rapprochement était dû à A. v. Domas-
zewski, Rhein. Museum für Philologie, LVIII, 1903, p. 222-223,
(4) H.-Gr. Pflaum, Carrières, II, p. 641-642, et aussi Le marbre de Thorigny, Paris,
1948, p. 61 (à propos de Timésithée).
LES NOTICES INDIVIDUELLES 447

ques mois, au printemps de 203, pouvait briguer la préfecture du prétoire


après sa procuratelle tricénaire. Septime- Sévère a accordé à son neveu
un anoblissement sans conséquence, pour éviter de lui donner un réel
pouvoir. Le témoignage le plus net de cette disgrâce relative est le fait
que Marcellus n'obtint même pas le consulat suffect à sa sortie de charge.
L'éloignement à Lambèse était un exil déguisé; aussi paraît-il
vraisemblable de l'attribuer à Caracalla. A l'époque où il se débarrassait de son frère
Geta, le nouvel empereur neutralisait son parent le plus proche. Mais
ce point reste hypothétique.
La chronologie que nous venons de suggérer repose sur l'idée,
généralement admise, que le vicariat des préfets de la ville et du prétoire est
contemporain de la procuratelle tricénaire de la ratio privata', la
concomitance des deux postes nous paraît très vraisemblable. Nous voulons
examiner cependant l'éventualité d'une dissociation. Il existe en effet,
au IIIe siècle, des sénateurs qui ont assumé un vicariat distinct de toute
autre fonction; mais les premiers exemples que nous relevons sont
postérieurs de quelques décennies à la carrière de Sex. Varius Marcellus (x);
de plus, leur titulature ne comporte pas l'adjectif functus qui, sur la
pierre de Velletri, qualifie à notre avis le mot procurator. Une autre objection
se présente, si nous retenons la dissociation à titre d'hypothèse:
Marcellus a administré la fortune du prince avant Q. Cerellius Apollinaris;
nous pouvons admettre qu'il l'a précédé à la tête de la ratio privata; en
208, Marcellus arrivé au terme de ses fonctions, aurait été remplacé par
Apollinaris; lui-même aurait alors assuré l'intérim des préfets. En fait,
pour les années 208 à 211, l'éloignement des deux préfets du prétoire et
du préfet de la ville est loin d'être assuré; on sait seulement que Papinien
a accompagné Septime-Sévère en Bretagne (2); mais son collègue pouvait
le suppléer à Borne. En outre, la participation du préfet de la ville à une
expédition militaire se comprend mal, surtout pendant trois ans. Si nous
admettons cependant l'éloignement des trois préfets, qui nous paraît peu
probable, le vicariat de Marcellus daterait des années 208-211; en 211,
Caracalla aurait fait entrer son cousin au sénat. La gestion de Vaerarium
militare occuperait les années 212 à 214 et il faudrait situer le gouverne-

(x) II s'agit de Q. Aradius Kufinus Optatus Aelianus, agens vice procos prov.
Ajrih. (voir la notice n° 66), et de T. Clodius Pupienus Pulcher Maximue, vice oper.
pubi. (CIL, XIV, 3593 = ILS, 1185; cf. A. Stein, PIB\ II, p. 279, n° 1180).
(2) Dion Cassius, LXXVI, 14, 5.
448 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ ÀERARIUM MILITARE »

ment de la ïTumidie vers 215-216 (ψ. L'avancement de Marcellus aurait


été particulièrement lent depuis le premier poste équestre de 198.
Si la découverte de nouvelles inscriptions (2) permet un jour d'établir
avec précision les fastes de Numidie, pour les règnes de Septime-Sévère
et de Caracalla, il sera possible de dater le séjour de Marcellus à Lam-
bèse; la chronologie de la carrière sera améliorée.

Dans l'état actuel des connaissances, nous constatons qu'un faisceau


d'arguments milite en faveur de la conjonction de l'intérim des préfets
de la ville et du prétoire et de la procuratelle de la ratio privata. La seule
explication possible au vicariat est alors le voyage africain de 203. La
préfecture de Vaerarium militare, premier poste prétorien de cet ancien
chevalier, date dans ce cas des dernières années du règne de Septime-
Sévère, vers 207-209 ou 208-210. Après un cursus équestre caractérisé
par un avancement rapide, le neveu de Septime-Sévère a subi une
discrète mise à l'écart par le biais de l'anoblissement; de tous les
responsables du trésor militaire que nous avons retrouvés, Sex. Varius Marcellus
est le seul qui ait parcouru les échelons d'une carrière proeuratorienne
équestre.

XXXII -. L, ANNIUS L. f, Quir. ITALICUS HONOBATUS


praef. aer. milit. entre 211 et 217
praefectus aerarii militaris
[p]raef. aera[riï] miUiaris

1 - CIL, III, 1071 Apulum, Bacia

I(ovi) O(ptimo) M(aximo), | lunoni Regina[é], \ Minervae, L(ucius)


\

Annius Italiens \ Honoratus, leg(atus) | Aug(usti) leg(ionis) XIII ge\m{i-


nae) \ A~]ntoninian[ae, | p]raef(ectus) aera\riï\ militaris, sodalis \ Ha-
\

d[rianalis, cum] | Gav[i]dia Tor[quata~] | sua et [Anniis Italico] \ et


Minorato et | Italica funs'].

(*) Nous retrouvons pour la légation de Numidie la datation proposée par Klass,
BE, VIII, A, 1, 1955, col. 407-410; H. -G. Pflaum, Carrières, II, p. 642, suggérait pour
sa part les années cirèa 214-215.
(a) Ainsi un nouveau légat, Pontius, est apparu depuis peu pour le règne de
Septime-Sévère; cf. J. Marcillet-Jaubert, Contribution aux fastes de Numidie, dans
Bull, d'arch. alg., II, 1966-1967, p. 165-169, n° VI.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 449

2 - GIL,. TU, 1072 ibid.

Victoriae | Antonini \ Aug(usti), | L(ucius) Annius Italiens | Hono-


ratus, leg(atus) | Aug(usti) XIII g(eminae) \ Antoninianae, \ praefectus
aerarii \ militaris, sodalis | Hadrîanalis, cum \ Gavidia Τ or quota \ sua et
Anniis Italico \ et Ho[norato et \ Italica filiis].

3 - CIL, III, 6154 — ILS, 1174 Tomi, Moesia inf.


L(ucio) Annio L(ucii) f{ilio) Quir(ina tribu) Italico | Monorato, co(n)-
s(uli), sodal[i] \ Hadrianali, leg(ato) Aug(usti) pr(o) pr(aetore) | prov(inciae)
Moes(iae) inf(erioris), cur(atori) oper(um) \ pub(licorum), cur(atori) Nea~
p(olitanorum) et Atell(anorum), praef(ecto) | aer(arii) milit(aris), leg(ato)
leg(ionis) XIII gem(inae), iuridic(o) per Fl(aminiam) et Vmbriam, \
\

cur(atori) mae Lavic(anae) et Lat(inae) veteris, \ praetori qui ius dixit in-
te[r] cw(is) et civis et pereg(rinos), trib(uno) | pl(ebis), q(uaestori) prov(in-
|

ciae) Achaiae, sévir turmar(um) equ(estrium), IlIIvir(o) viar(um) | curan-


|

darum, | Fl(avius) Severianus dec(urio) alae I Atectorum Severianae /


candidatus eius.

4 - CIL, III, 6224 = 7591 = ILS,. 2295 Durostorum, Moesia inf.

Oiis militaribus, | Genio, Virtuti, a\quilae sanc(tae) signis\que leg(ionis)


I Ital(icae) Seve\rianae, M(arcus) Aurelius Iustus domo Eor\rei Margensis
m(unicipii) \ Moesiae superio\ris ex (trecenario) p(rimus) p(ilus) d(onum)
d(edit).
I)edic(atum) (ante diem) XII lcal(endas) \ oct(obres), Iuliano \ II et
Crispino co(n)s(ulibus) II (f), \ [pe]r Annium Italicum leg(atum)
|

Augusti) pr{o) pr(aetore). 20 sept. 224

5 - CIL, XV, 7387 Fistula plumbea


[ ] Anni I[t]alici Honorati, c(larissimi) v(iri), [ ]

Le 20 septembre 224, le consulaire Annius Italicus gouvernait la


Mésie inférieure, avec le titre de leg(atus) Aug(usti) pr(o) pr(aetore) i1),

i1) A. Stein, Moesien, p. 94; sur ce sénateur, notices de P. v. Kohden, BE, I, 2,


1894, col. 2269, n° 52; E. Groag, PIB2, I, p. 112-113, n° 659; P. Lambrechts, Sénat
romain, II, p. 14-15, n° 23; Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 16, n° 30.

29
450 , L'« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

comme en témoigne la dédicace aux divinités militaires, à l'aigle et aux


enseignes de la légion Ia Italica Severiana, offerte par le primipile M.
Aurelius Iustus (texte 4); ainsi la carrière sénatoriale, qui est présentée
dans l'ordre indirect sur une inscription honorifique de Tomi, érigée
pendant la légation de Mésie, s'est déroulée avant 224 (texte 3).
C'est cette pierre qui donne la nomenclature complète du personnage:
L. Annius Italicus Honoratus, fils d'un L. Annius, inscrit dans la tribu
Quirina. Le texte est postérieur aux dédicaces jumelles que le sénateur,
alors légat de la XIIIe légion, a érigées à Apulum, en Dacie, au moment
de quitter la province pour venir à Eome et administrer Vaerarium militare
(textes 1 et 2). Sur une fistule de plomb à son nom, conservée à Vienne,
(texte 5), Annius Italicus Honoratus porte le titre de c(larissimus) v(ir),
dont l'emploi était usuel au IIIe siècle.
Ce ciprissime est probablement le fils, en tout cas un descendant
proche, de Annius Honoratus, praefectus alae, qui est connu par une
inscription grecque (x). Issu du milieu équestre, il a donné naissance à une
famille sénatoriale; les dédicaces (VApulum associent son épouse, Gavidia
Torquata, et ses trois enfants, Annius Italicus, Annius Honoratus et
Italica. Il paraît naturel d'identifier au fils aîné le clarissime L. Annius
Italicus [-]atus, fils de Lucius, inscrit lui-même dans la tribu Quirina,
dont une inscription romaine fait connaître le cursus jusqu'au consulat
suffect: ce consulaire portait un second cognomen; celui d'Honoratus est
peu vraisemblable, puisqu'il avait été donné à son frère cadet; peut-être
faut-il restituer le cognomen Torquatus, qui aurait rappelé celui de sa
mère (2). La parenté du clarissime Ann[ius Pujblicius Honoratus avec
cette famille sénatoriale ne fait pas de doute (3); mais il n'est pas possible
de la préciser pour l'instant.
Sur le stemma des Annii, nous faisons figurer aussi L. Annius
Italicus Eutilianus, c(larissimus) p(uer), dont l'épitaphe a été retrouvée à
Iguviwm; nous considérons qu'il s'agit d'un petit-fils du préfet du trésor
et non de son fils (4); en effet, la filiation gravée sur la pierre, Italici filius,

(!) IGB, III, 1280; cf. E. Groag, PIE2, I, p. 112, n° 656; A. Stein, Der röm.
Mitterstand, Munich, 1927, p. 343; Gr. Barbieri, op. cit., p. 538.
(2) CIL, VI, 31685; cf. E. Groag, PIB2, I, p. 112, n° 657 et n° 658, et G. Barbieri,
op. cit., p. 193, n° 934 et n° 936.
(3) CIL, XV, 7572; cf. E. Groag, PIB2, I, p. 116, n° 683; G. Barbieri, op. cit.,
p. 387, n° 2217, et p. 507.
(4) CIL, XI, 5808; cf. E. Groag, PIB2, I, p. 113, n° 660.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 451

Stemma.
Annius Honoratus
praefeetus àlae

L. ANNIUS L. f . Quir. ITALICUS = Gavidia Torquata


HONOEATUS
o. v.
praef. aer. milit.
sodalis Hadrianalis
cos

L. Annius L. f. Quir. Italious Annius Honoratus Italica


[Torqu?]atus
c. v.
XVvir sacris fadundis
cos

L. Annius Italicus Rutilianus


c. p.

visait certainement à éviter les confusions; elle fait plutôt penser au


second clarissime de la famille.
La pierre d'Iguvium suffit-elle à établir l'origine ombrienne de la
famille i1)1? L'enfant a certainement été inhumé dans un domaine des
Annii. Nous maintiendrons provisoirement l'hypothèse de l'ascendance
ombrienne, bien qu'elle ne soit pas suffisamment étayée: la cité à?Igu-
vium n'est pas inscrite dans la tribu Quirina (2), qui est celle des
consulaires Annii Italici.
Annius Italicus commence sa carrière comme quattuorvir viarum
curandamm, poste qui n'est pas habituel pour les praefecti aerarli militaris
connus (3). Il n'est pas passé par l'armée; la fonction de sévir turmarum
equestrium est purement honorifique. Jeune questeur, il accompagne à

(x) C'est l'avis de P. Lambrechts, op. cit., p. 15, n° 23, combattu par E. G-roag,
Achaia, col. 124, n° 522.
(2) J. W. Kubitschek, Imperium Bomanum, p. 72.
(3) La plupart des préfets de Vaerarium militare dont le vigintivirat est connu
ont commencé par le décemvirat judiciaire; il est vrai que les decemviri constituent
la moitié de ce personnel; voir le tableau III, 1, a, des praefecti aerarti militaris.
452 l'kAERARIUM SATURNI» ET L'îcAERARITJM MILITARE»

Corinthe le proconsul d'Achaie i1). Au retour, il assume normalement les


fonctions de tribun de la plèbe et de préteur: préteur pérégrin, il juge
les contestations qui opposent les peregrins entre eux, mais aussi les pé-
régrins et les citoyens romains; l'expression « qui ius dixit inter civis et
civis » est une « coquille », due au lapicide (2).
Le sénateur occupe ensuite plusieurs fonctions prétoriennes avant
d'obtenir le consulat suffect. Il est d'abord chargé de surveiller la via
Labicana et la via Latina vêtus, qui prolonge la première jusqu'à Capoue (s).
Il reste encore en Italie avec la juridiction du district de Flaminie-
Ombrie (4). Il part pour la Dacie où l'appelle le commandement d'une légion, la
XIIIa gemina Antoniniana. Nous sommes assurés de la présence de sa
famille à Apulum, puisque sa femme et ses enfants sont associés aux
dédicaces jumelles qu'il offre à la triade capitoline et à la Victoire impériale
avant de quitter la province. La titulature de l'empereur, Antoninus Aug.,
qui apparaît sur la deuxième pierre, désigne à cette époque Caracalla ou
Elagabal. La chronologie de la carrière prouve que le prince était
Caracalla; en effet, nous devons placer entre la légation légionnaire en Dacie
et le gouvernement consulaire de la Mésie inférieure, attesté en 224, la
curatelle des monuments publics et les trois années de gestion de Vaera-
rium militare, sans compter le contrôle des comptes de deux cités
italiennes. Annius Italicus a donc élevé les dédicaces jumelles d'Apulum entre
211 et 217 (5); il venait d'être désigné pour administrer, à Eome, le trésor
militaire. Cette promotion s'accompagne d'un honneur supplémentaire:

(x) E. Gxoag, Achaia, col. 124, n° 522, place son séjour en Achaïe au début
du règne de Septime-Sévère.
(2) Le texte de l'inscription pourrait faire croire qu'il a été à la fois préteur
urbain et pérégrin; mais nous ne connaissons pas d'exemple d'un tel cumul. En revanche,
la formule qui inter civis et peregrinos ius dicet est bien employée à propos du préteur
pérégrin: cf. CIL, X, 4842 = ILS, 5743, 1. 65. Sur lés activités de ce préteur, cf.
D. Daube, The Peregrine praetor, dans JB8, XLI, 1951, p. 66-70.
(3) Sur les cinq titulaires de ce poste connus pour le début du IIIe siècle, l'un
a administré par la suite Y aerarium Saturni (il s'agit de P. Plotius Romanus: n° 65),
deux autres Y aerarium militare (il s'agit de L. Annius Italicus Honoratus et du
sénateur anonyme n° XXXIII); voir la liste des curatores viarum Labicanae et Latinae
veteris dressée par H.-Gr. Pflaum dans Corolla Memoriae Erich Swoboda dedicata,
1966, p. 185.
(4) Voir M. Corbier, Les circonscriptions judiciaires de l'Italie, de Marc-Aurèle
à Aurélien, dans MEFBA, 85, 1973, 2, p. 665-666.
(5) A. Stein, Die Beichsbeamten von Dazien, Budapest, 1944, p. 97, situe aussi
le commandement légionnaire en Dacie sous Caracalla.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 453

l'admission dans le collège religieux des sodàles Eadrianàles, qui paraît


dater de la même époque.
Faut-il intégrer le contrôle financier de Naples et Atella dans le cursus
prétorien? Par référence à des carrières contemporaines (x), nous situerons
plutôt ces curatelles financières après le consulat. Annius Italicus peut
les avoir cumulées avec d'autres fonctions. De même, nous considérerons
toujours la responsabilité des monuments publics comme un poste
consulaire, en rappelant l'avancement caractéristique de l'époque antonine:
préfecture du trésor, consulat, curatelle. JSTous trouverions ici une
survivance de ce type de carrière. La curatelle s'intercale par conséquent entre
le consulat suffect et le gouvernement de la Mésie, daté de l'année 224 (2).
Annius Italicus a géré les faisceaux consulaires vers 219, sous le règne
d'Elagabal (3); il a administré le trésor militaire sous Caracalla.

D'origine équestre, L. Annius Italicus Honoratus est un homo novus,


bien vu par la dynastie sévérienne; la préfecture de Vaerarium militare,
qu'il a considérée lui-même comme une belle promotion, apparaît comme
le pivot de sa carrière; ce poste l'a élevé au consulat. La caisse de retraite
des vétérans a une certaine importance sous le règne de Caracalla, puisque
sa gestion confère le consulat; il convient sans doute de mettre ce fait
en relation avec l'augmentation des praemia militiae (4). Italicus a fait
souche d'une famille sénatoriale dont nous connaissons trois générations.
Il est intéressant de noter que son fils aîné, Italicus Torquatus, a
commencé par le poste de decemvir stlitibus iudicandis (que le père n'avait pas
exercé), comme si l'empereur lui destinait un avenir comparable à celui
de son père; nous avons remarqué que de nombreux administrateurs du
trésor militaire ont abordé la carrière sénatoriale par le décemvirat
judiciaire. Le jeune clarissime fut sévir des cavaliers romains comme l'avait
été son père avant lui. Mais l'avancement d'Italicus Torquatus a été
facilité par la position de son père à la cour; fils d'un consulaire, le jeune
homme a été élu questeur, puis préteur avec la recommandation du prince,
vraisemblablement de Sévère-Alexandre, puisque l'échelon édilité-tribu-
nat n'apparaît plus dans son cursus.

i1) Voir les tableaux III, 3, des praefecti aerarti Saturni et des praefecti aerarti
militaris.
(2) A. E. Gordon, Curatores, p. 297, n° 48, place toujours la curatelle après le
consulat et la date « c.a. A.D. 222, before 224 ».
(?) A. Degrassi, Fasti consolarti p. 62, le place «prima del 224».
(4) Dion Cassius, LXXVII, 24, 1.
454 ΐΛ< AERARrUM SATURNI » ET L'« AERARIUM MILITARE »

XXXIII -[.--]

επ[αρχος χρη]μάτων στρατιω[τικών~\ entre 216 et 220

1 - Κ. Buresch, Aus Lydien. Epigraphisch- Kassaba, Lydia


Geographische Reisefrüchte, Leipzig, 1898,
p. 4, η« 2 = ILS, 8842 = IGB, IV, 1741

[ ] | xàv λ[αμπρότατον ύπά\\τικον, [διορυωτήν Άσί]\ας διο[ικήσεως Περ-


γα\\μηνής, επ[αρχον χρη]\μάτων στρατιω[τικών], | δικαιοδότην Σπα[νίας] \
διοικήσεως Ταρακω[νη]\σίας, δικαιοδότην Άπο\λίας Καλαβρ[ί]ας Λνκα\ονίας,
επιμελητών | οδών Λαβ ικανής και \ Λατείνης, λογιΰτην \ Τρωαδέων, ατρατη\γον, δήμαρχον,
ταμί\αν Λυκίας Παμφυλίας, | κυαίατορα, βιόκουρον, | Λούκια Πομπωνία Μελιτίνη,
κρατίοτη | νπατικη, τον γλυκν\τατον άνδρα.

2 - J. Keil et Α. Von Premerstein, Denkschriften Thyateira, Lydia


der Äkad. der Wiss. in Wien, Phil. hist. Klasse,
LIV, 2, 1911, p. 26, n° 50 = AE, 1911, 136 =
IGE, IV, 1212
[ λογιότήν | Τρ<ύαδ]έ[ων, επιμελητήν οδών Λαβ ικανής και Λατείνης, \
δικ]αιοδότ[ην 'Απουλίας Καλαβρίας Λουκανίας, δικαιο\δό]την Σπα[νίας διοικήσεως
Ταρακωνηϋίας, επαρχον ατρα\τϊ\ωτικών χρημάτων, ϋπατον, διορΰ·ωτήν και |
λογ]ιύτήν ε[ν 'Ασία διοικήσεως Περγαμηνής ]

Le cursus de ce sénateur anonyme, connu par deux inscriptions


grecques d'Asie mineure, offre un terminus a quo avec l'indication de la
questure en Lycie-Pamphylie (x): cette ancienne province impériale fut
sans doute confiée au sénat par Marc-Aurèle, vers 165, en échange de la
province de Pont et Bithynie (2).

f1) Sur cet anonyme, cf. Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 125-126, η" 551, qui
date le cursus de la première moitié du IIIe siècle.
(2) Sur le changement de statut de la province de Lycie-Pamphylie, voir la
note 2, p. 330.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 455

Le tribunat de la plèbe donne un terminus ante quern approximatif:


le règne d'Alexandre-Sévère {*). La mention du vigintivirat (le poste de
viocurus est celui de quattuorvir viarum curandarum) invite aussi à ne pas
dépasser le milieu du IIIe siècle (2).
Selon G. Alföldy (3), la titulature inhabituelle du juridicat espagnol,
celle de iuridicus Hispaniae dioeceseos Tarraconensis, date cette fonction
du règne de Caracalla; elle désigne une responsabilité limitée à la «
vieil e » Hispania citerior, peu après la séparation de l'Asturie et Galice,
traditionnellement placée en 214 (4). Cette datation nous semble en accord
avec les autres éléments du cursus.
Après le poste de quattuorvir viarum, curandarum, le jeune homme
est élu questeur sans passer par l'armée; le tribunat légionnaire n'est
plus nécessaire pour ceux qui ne veulent pas faire de carrière militaire (5).
La pierre de Kassaba montre que le jeune clarissime a assumé la questure
à deux reprises, d'abord à Borne, puis en Lycie-Pamphylie auprès du
proconsul (e). Après le tribunat de la plèbe et la preture, il remplit cinq
fonctions prétoriennes avant d'obtenir le consulat. Il contrôle d'abord
les comptes de la ville ^Alexandria Troas (7). Après cette curatelle
financière, il revient en Italie pour surveiller les viae Labicana et Latina-,
l'administration de ces deux voies était unifiée depuis le règne de Septime-
Sévère, semble-t-il (8). Une première juridiction l'entraîne dans le sud de
l'Italie: la circonscription d'Apulie-Calabre-Lucanie existait donc encore
à la fin du règne de Septime-Sévère ou tout au début de celui de

(*) Th. Mommsen, Droit public romain, II. p. 218-219; Gr. Barbieri, Albo senatorio,
p. 5.
(2) Th. Mommsen, op. cit., IV, p. 301; Gr. Barbieri, op. cit., p. 6.
(8) Gr. Alföldy, Fasti Eispanienses, p. 105-106 et p. 244-245.
(4) Id., ibid., p. 243-244; voir aussi la carrière de P. Plotius Komanus
(n° 65).
(5) Th. Mommsen, op. cit., II, p. 204-205, note 3.
(6) Les cas de double questure sont examinés par Th. Mommsen, op. cit., III,
p. 297, avec note 2. C'est à tort que G·. Alföldy, op. cit., p. 104, fait suivre de « sic »
la répétition de la questure sur l'inscription de Kassaba.
(7) Sur les curateurs de cités en Asie mineure, cf. A. H. M. Jones, The Greek
City from Alexander to Justinian, Oxford, 1940, p. 136-138, et D. Magie, Boman Buie,
I, p. 597-598, et II, p. 1454-1456, note 13.
(8) H.-G-. Pflaum, Corolla Memoriae Erich ßwoboda dedicata, 1966, p. 185-186.
L'anonyme a occupé ce poste après P. Plotius Eomanus, cur. viae Labic, et L. Annius
Italicus Honoratus, cur. viae Lavic. et Lot. veter.
456 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Caracalla (x). Le juridicat en Espagne citérieure place le séjour du sénateur


à Tarragone peu après 214. Entre 216 et 220, une fonction romaine
couronne enfin une longue carrière prétorienne: c'est la gestion de Vaerarium
militare pendant trois ans, qui lui donne accès au consulat suffeet.
Eevenu en Asie avec le rang consulaire, le sénateur anonyme exerce
une activité qui concerne l'ensemble des cités appartenant à une même
circonscription de la province d'Asie, le diocèse de Pergame. Quelle
fonction consulaire faut-il restituer? L'éditeur de l'inscription de Kassaba,
K. Buresch, a complété la deuxième ligne par le mot ηγεμόνα; Η. Dessau
et E. Oagnat l'ont conservé. A la dernière ligne de l'inscription de Thya-
teira, subsistent encore les lettres -ιστήν, qui justifient la restitution du
terme λογιστήν; mais l'expression [ τον λαμπρότατον νπατικον καϊ λογ]ισ-
τήν, qui est traditionnellement retenue, ne nous paraît pas satisfaisante
à cette place. De plus, il convient à notre avis d'harmoniser la titulature
des deux textes. Des carrières sénatoriales contemporaines peuvent nous
aider. Nous constatons que le titre de λογιστής (équivalent du terme latin
curator) est associé quelquefois à celui de έπανορϋωτής (équivalent du
terme latin corrector) (2). La responsabilité de corrector peut être rendue
en grec aussi bien par le mot διορϋχοτής que par επανορϋνοτής (3). Nous
adoptons le premier qui est plus court; sur la pierre de Kassaba,
l'importance des lacunes nous invite a restituer ainsi les trois premières lignes:
τον λ[απρότατον νπα]\τικον, [διορϋνοτήν Ασί]\ας διο\ικήαεως Περγα]μηνης sur le
modèle d'une inscription contemporaine (4). Pour le texte de Thya*

(x) Sur ce district, cf. R. Thomson, Italie regions, p. 171, et M. Corbier, Les
circonscriptions judiciaires de VItalie, de Marc-Aurèle à Aurélien, dans MEFBA, 85, 1973,
2, p. 624-626.
(2) En particulier pour un consulaire de l'époque sévérienne, Ti. Claudius Cal-
lipianus Italicus, πρεσβευτής καί αντιστράτηγος των Σεβαστών, λογιστής καί επανορ&ωτής
των ελεν&έρων πόλεων: IG, IIP, 4215; cf. E. Grroag, PIB2, II, p. 187, n° 821, et Achaia,
col. 133; Gr. Barbieri, op. cit., p. 344, n° 1996. Voir aussi à Sidè: τον κράτιστον
λογιστ[ήν] και επανορ§ωτήν: Bull. Epigr., 1952, 156.
(8) Voir, en particulier, D. Magie, De Bomanorum iuris publici sacrique vocàbulis
sollemnibus in Graecum sermonem conversis, Halle, 1904, p. 28. L'association des
deux termes διορθωτής και λογιστής existe; C. Iulius Severus a occupé ces fonctions
en Bithynie, sous le règne d'Hadrien, avec le rang prétorien: IGB, III, 174 et 175;
voir la notice n° 41.
(4) L. Egnatius Victor Lollianus, ο λαμπρότατος ύπατικός, επανοραωτής 'Αχαίας,
sous Sévère- Alexandre: IG, VII, 2510; cf. E. Groag, PIB2, III, p. 73-74, n<> 36, et
Achaia, col. 135-136; G. Barbieri, op. cit., p. 207-208, n° 1023. Noter aussi la titulature
d'Egnatius Proculus, corrector consulaire en Achaie sous Septime-Sévère, δ
λαμπρότατος ύπατικός, Έγνατίος Πρόκλος επανορϋ·ω[τής]: IG, Υ, 1, 541; cf. Ε. Grroag, PIB2,
III, p. 71-72, n° 21, et Achaia, col. 131-132; Gr. Barbieri, op. cit., p. 51, n° 205.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 457

teira, nous pensons plutôt au titre de [ [οιορϋωτήν και \ λογ]ιύτψ è[v'Acriq


διοικήσεως Περγαμηνής], dont il existe aussi des exemples i1). Les activités
de legatus Augusti missus ad rationes putandas et corrigendum statum
provinciae du consulaire anonyme dans la province d'Asie ont été limitées
aux cités du diocèse de Pergame. Celui-ci avait englobé pendant
longtemps la Lydie et par conséquent la ville de Thyateira; cette dernière fut
élevée à son tour au rang de capitale de conventus en 215, à l'occasion de
la grande tournée de Caracalla en Asie mineure (2). Les attributions du
corrector anonyme ne dépassent pas les limites du diocèse de Pergame;
elles ne s'étendent pas par conséquent aux cités lydiennes de Kassaba
et de Thyateira: dans ces deux villes, le corrector anonyme n'a pas été
honoré dans l'exercice de ses fonctions.
La dédicace de Kassaba a été élevée par son épouse, Iulia Pomponia
Melitinè qui porte justement un cognomen grec; les textes grecs, trouvés
tous deux en Lydie, dans la province d'Asie, s'expliquent sans doute par
l'origine lydienne du clarissime (3).

(*) M. Claudius Demetrius, consulaire, πρεσβ. Σεβ. και αντιστράτηγος και έπανορ-
ϋωτής των ελευ&έρων πόλεων en Achaie, sous Septime-Sévère: InscJir. ν. Olympia,
941; E. Groag, PIE2, III, p. 192, n° 845 et 846, et Achaia, col. n<> 80-81; G. Barbieri,
op. cit., p. 40, n° 150.
Ti. Claudius Callipianus Italicus, consulaire, πρεσβευτής και αντιστράτηγος των
Σεβαστών, λογιστής και επανορ&ωτής των έλευ&έρων πόλεων, en Achaie, entre 198 et 211;
voir la note 2, p. 456.
M. Domitius Valerianus, sénateur prétorien, πρεσβ. Σεβ. και επανορϋ·ωτής των
τής Παμφυλίας πόλεων, en Pamphylie, sous Sé vére- Alexandre: ΑΈ, 1957, 44, avec
commentaire.
Le titre de ανορθωτής ou επανορ&ωτής peut figurer aussi avec la mention d'une
région, sans allusion aux cités; voir la titulature de C. Iulius Severus en Bithynie sous
Hadrien, προς ε' ράβδους πεμφϋ·εις εις Βειϋννίαν διορθωτής και λογιστής υπό &εοϋ ' Αδριανού
(notice η° 41) et celle de Μ. Antonius Memmius en Galatie sous Sévère-Alexandre,
[δι OU επαν]ορ&ωτής Γαλ[ατών Τρόκμων] (notice n° 69).
(2) IGB, IV, 1247 = 0GI8, 517; cf. V. Chapot, La province romaine
proconsulaire d'Asie depuis ses origines jusqu'à la fin du Haut-Empire, Paris, 1904, p. 356, et
D. Magie, Roman Buie, I, p. 684, et II, p. 1062, note 42, et p. 1551-1552, note 41.
(3) Les éditeurs de l'inscription de Thyateira, J. Keil et A. Von Premerstein,
Denksch. Alcad. Wiss., PMI. hist. Klasse. LIV, 1911, 2, p. 26, pensaient que le sénateur
anonyme avait été curateur de la cité; ils retenaient donc pour le cursus le terminus
ante quern de 215, date à laquelle la ville avait cessé d'appartenir au diocèse de
Pergame. Ils admettaient en même temps l'origine lydienne du clarissime. G. Barbieri,
op. cit., p. 125-126, a déjà noté que l'inscription s'explique soit par les fonctions
officielles du personnage, soit par son origine locale, et retenu la seconde proposition.
458 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

Comme il arrivait souvent, ce sénateur oriental, a commencé sa


carrière en Asie mineure, d'abord en Lycie-Pamphylie, puis en Troade;
il a servi ensuite en Occident: un an ou deux en Espagne, mais assez
longtemps en Italie. L'époux de Pomponia Melitinè est revenu en Asie
avec le haut rang consulaire et a probablement achevé ses jours en Lydie,
son pays natal. Ses compatriotes n'avaient pas voyagé aussi loin et la
« coquille » du graveur de Kassaha, qui a remplacé la Lucanie par la Ly-
caonie, est significative. Le cursus, exclusivement civil, alterne les
responsabilités financières et juridiques; la préfecture de Vaerarium militare
exigeait vraisemblablement cette double compétence.

Nous devons remarquer le parallélisme de cette carrière et de celle


de P. Plotius Eomanus qui, à la même époque, administra la caisse
sénatoriale (n° 65); les deux cursus sont visiblement contemporains; les deux
hommes se sont peut-être trouvés ensemble en Espagne citérieure sous
le règne de Caracalla. Dans les deux cas, nous trouvons, après la preture,
une curatelle de voie (il s'agit d'ailleurs du même réseau), un juridicat
en Italie, une légation en Espagne citérieure (la charge du recensement
pour Bomanus, le juridicat pour le sénateur anonyme), une préfecture
financière enfin; la seule différence digne de remarque pour notre propos
est que la préfecture de Vaerarium militare a élevé le sénateur anonyme
au consulat, alors que P. Plotius Eomanus a gouverné deux provinces
impériales de rang prétorien après la gestion de Vaerarium, Saturni. Le
rythme différent de l'avancement témoigne de l'inégale importance des
deux caisses; nous constatons sous le règne de Caracalla un renversement
de tendance: la gestion du trésor militaire est plus importante que celle
de la caisse sénatoriale.

XXXIV - Q. ARADIUS RUFINUS OPTATUS AELIANUS

praef. aera\ri mil.] sous Elagabal


Voir la notice n° 66: après avoir administré la caisse de retraite des
vétérans sous le règne d'Elagabal, ce sénateur africain a été nommé, par
Sévère-Alexandre peut-être, à la tête de la caisse sénatoriale.

XXXV - P. IULIITS IUNIANUS MABTIALIANUS signo


LEONTIUS
praefectus aerari militaris sous Elagabal
praef. aerari militaris
LES NOTICES INDIVIDUELLES 459

1 - CIL, VIII, 7049 = ILS, 1177 Cirta, Numidia


= ILAlg, II, 633
P(ublio) Iulio luniano Martialiano, Guarissimo) v(iro), | co(n)s(uli),
quaest(ori) provindae Asiae, trib(uno) | plebei, praetori, curatori civitatis
Ca\lenorum, curatori viarum Clodiae, Cassiae et Ciminiae, praefecto aerari

\
mili\taris, proconsuli provindae Macedoniae, \ legato ((leg(ionis) III}}
Aug(ustae) Severianae [[AlexandrianaeJ], | praesidi et patrono, respublica
Cirtensium de\creto ordinis dédit dedicavitque.

2 - CIL, VIII, 2392 = ILS, 1178 Thamugadi, Numidia

P(ublio) Iulio Martialiano, chiarissimo) v(iro), co(n)s(uli), leg(ato)


Aug(usti) pr(o) pr(aetore) provinc\iae~] \ Numidiae, proco(n)s(uli)
provindae Macedoniae, praef(ecto) aerari mi\litaris, curatori viae Clodiae, prae-
toriae (sic), tribuno plebei, quaestori provindae Asiae, patrono coloniae
|

et muni\cipi, respublica coloniae Thamugadensium de\creto decurionum.

3 - CIL, VIII, 2742 Lambaesis, Numidia

P(ublio) Iul(io) Iunia\no Martialia\no, leg(ato) Aug(usti) pr(o) \


pretore), c(larissimo) v(iro), co(n)s(uli), prae\sidi iustissimo \ et benignissi\mo,
C(aius) Calventius \ lanuarius (centurio) leg(ionis) III Aug(ustae) \ [[Ale-
xandrianae]].

4 - St. Gsell et F. Graillot, MEFB, XIII, Mascula, Numidia


1893, p. 470 et note 2 = ILS, 6022

[ ] salv[e ?]. In Ms praedis privatis \ [P(ubli) Iuli Iujniani


Mariialiani, c(larissimi) v(iri), \ [ ] vectigalia locantur \ [ ]vi Ti-
ronilliani dus Leontior(um).

5 - J. Carcopino, BAC, 1920, p. xx Lambaesis, Numidia


= AE, 1920, 30

I{ovi) O(ptimo) M(aœimo), \ P(ubUus) Iulius Iu\nianus Mar\tialianus,


leg(atus) | Aug(ûsti) leg(ionis) III Aug(ustae) \ [[A[le]oc(andrianae)~\\, co(n)-
s(ul) des(ignatus), cum \ P(ublio) Iul(io) luniano \ Tironilliano fil{io), |
c(larissimo) p(uero), votum dédit.
460 l\< aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

6 - ILAlg, II, 3604 = J. Marcillet-Jaubert, Castellum Tiddi-


Antiquités africaines, III, 1969, p. 146 tanorum, Numidia

[Pro] salute domini n(ostri) \ [i]nvicti Imperatorie) Caesaris | M(arci)


Aureli [[AlexandriJ] pii | \j~\elicis Aug(usti)
suivent 4 lignes martelées, restituées sur le modèle de CIL, VIII, 19981 :
[[et Iuliae Mamaeae Aug(ustae) matris Aug(usti) nostri et castrorum
et senatus et patriae et domus eor(um) divinaej]
Nundinae agentur in \ [cjastello Tidditan[or(um)] \ [p~\r{idie) Jcal(endas)
et pr(idie) idus su[i cu]\[i]usque mensis ex auct(oritate) \ [P(ubli) I]uli
luniani Martia\[l]iani, leg(ati) Aug(usti) pr(o) pr(aetore), chiarissimi)
v(iri), | [c]o(n)s(ularis) amplissimi, prae\sidis et patroni \ nostri, \ d(ecreto)
d(ecurionum).

7 - CIL, VIII, 2428 Tbamugadi, Numidia

[ ]e [ [ ~\ar \ [ ]is | [ ] Iuni\anus Martialianus | Leontius


dominus \ dignissimae.

8 - Inscription inédite communiquée Thamugadi, Numidia


par M. Le Glay

[P(ublio) Iulio Iunia]no Tironilli\ano, c(larissimo) p(uero), P(ubli)


Iuli luniani Mar\tialiani co(n)s(ularis) | filio, patro\no coloniae et
municipi, | resp(ublica) col(oniae) Tha\mug(adensium) d(ecreto) d(ecunonum) \
p(ecunia) p(ublica).

Les inscriptions nombreuses, qui rappellent le souvenir de P. Iulius


Iunianus Martialianus, proviennent toutes de îsTumidie (x); les motifs ne
manquent pas pour justifier leur érection. Originaire de Timgad, qui
mentionne sa qualité de municeps, le clarissime cumula, sous le règne de
Sévère- Alexandre, le commandement de la IIIe légion à Lambèse et le

(x) M. Marcel Le Glay a bien voulu me communiquer le texte d'une inscription


inédite, dont il avait mentionné la découverte dans les Atti del terzo congresso
epigrafico di Eoma, 1959, p. 236; sur P. Iulius Iunianus Martialianus, notices de Eiba,
BE, X, 1, 1918, col. 656, n° 302; P. Lambrechts, Sénat romain, II, p. 51, n° 596; G.
Barbieri, Albo senatorio, p. 215, n° 1069, et p. 619, agg.; L. Petersen,*PIJB2, 1 V, 3, p. 225-
226, n° 369.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 461

gouvernement de la province de ÏTumidie, comme il était d'usage à cette


époque; au cours de cette légation, il créa un nouveau marché à Tiddis.
Nous connaissons son patronat sur Cirta, Tiddis et naturellement Timgad,
sa ville natale. Il possédait des domaines à proximité de Mascula. Les
textes 4 et 7 permettent d'ajouter à sa nomenclature le signum Leontius,
que porte aussi son fils Tironillianus. Les Leontii étaient de grands
propriétaires dans la regioni1).
Deux inscriptions honorifiques présentent son cursus: celle de Cirta,
rédigée dans l'ordre chronologique, est plus complète que celle de Timgad,
où les postes sont gravés dans l'ordre indirect. Les surnoms de la IIIe
légion, Severiana Alexandriana, prouvent que le sénateur a gouverné la
province de Numidie sous le règne de Sévére- Alexandre (2). E. Birley a
proposé une date plus précise, les années 227-230 (3).
Le jeune Africain commence la carrière sénatoriale par la première
magistrature, qui le conduit à Ephèse, aux côtés du proconsul d'Asie.
Après être devenu normalement tribun de la plèbe et préteur, il est chargé
de vérifier les comptes de Calés en Campanie; cette cité avait alors une
gestion financière malsaine, puisque Sex. Calpurnius Dexter, le futur
consul ordinaire de 225, fut chargé aussi de son contrôle financier (4).
Cette coïncidence apporte, nous semble-t-il, un argument en faveur de
la datation proposée par E. Birley.
Le premier poste prétorien est la surveillance du réseau routier de
l'Etrurie, comprenant les voies Clodienne, Cassienne et Ciminienne,
vraisemblablement vers 218 (5). Vers 220, l'empereur Elagabal désigne le jeune
Africain pour administrer, à Borne, Vaerarium militare. Aux alentours de
224, par tirage au sort, le sénateur prétorien reçoit le proconsulat de
Macédoine pour une année. Vers 227, il est envoyé par l'empereur à Lam-
bèse, où il cumule le commandement de la IIIe légion Auguste comme
legatus Augusti legionis tertiae Augustae Alexandrianae et le gouvernement
de la province comme legatus Augusti pro praetore; sur les inscriptions,

(1) St. Gsell et F. Graillot, MEFB, 13, 1893, p. 470.


(2) Cl. Pallu De Lessert, Fastes des provinces africaines sous la domination
romaine, Paris, 1896, I, p. 430. et B. E. Thomasson, Die Statthalter, II, p. 211-212.
(8) E. Birley, The Governors of Numidia Α.Ό. 193-268, dans JB8, XL, 1950, p. 64,
n° 12.
.(*.) OIL, VI, 1368 = XIV, 3993 = ILS, 1175.
(5) Voir la liste des titulaires de cette voie établie par H.-Gr. Pflaum, Journal
des savants, janv. -juin 1962, p. 110-113.
462 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

les dedicante lui donnent le titre de praeses ^). Il gère vraisemblablement


les faisceaux consulaires in absentia, puisqu'après avoir élevé une statue
à Jupiter Optimus Maximus, à Lambèse, à l'occasion de sa désignation
au consulat, il est honoré encore comme légat et consulaires amplissi-
mus (2) par C. Calventius Ianuarius, centurion de la IIIe légion.
Nous ne connaissons pas la carrière éventuelle de son fils, P. Iulius
Iunianus Tironillianus, clarissimus puer (8), associé au père sur la
dédicace à Jupiter, qui porte lui aussi le signum Leontius.

Originaire de Timgad, le sénateur a parcouru une carrière honorable,


mais sans relief; le gouvernement prétorien de sa province natale, orné
du consulat suffect, en fut le couronnement. Il se retira vraisemblablement
sur ses terres après cette légation. La préfecture de Vaerarium militare
occupe un rang modeste dans le cursus.

XXXVI - Q. BANIUS TEEENTIUS HONOBATIANUS FESTUS

praef. aer. mil. 1er tiers du IIIe siècle

CIL, XI, 6164 Suasa Senonum, regio VI

Q(uinto) Ranio Terenti\o\ \ Honoratian\o] Festo, | c(larissimae)


memoriae) v(iro), quaest(ori) prov(inciae) \ Siciliae, aed(ili) cur(uli), prae[t(o-
ri)] | tutel(ari), praef (ecto) aer(arii) mil(itaris), leg(ato) Lychiae Pamphy-
\

l(iae), leg(ato) leg(ionis) | II adiut(ricis), proco(n)s(uli) Lyc(iae) Panf(iliae)', |


secundum verba testamenti) eius ordo sexviral(is), | [c]oll(egium) fabr(um),
\

coll(egium) centon(ariorum) [ ]

Le proconsulat de Lycie et Pamphylie donne au cursus de Q. Eanius


Terentius Honoratianus Festus un terminus post quern: l'année 165,
époque probable du changement de statut de cette ancienne province impé-

(x) Sur le titre de praeses, cf. H. -G. Pflaum, Procurateurs, p. 116, avec note 10.
(2) Sur le titre de consularis amplissimus, cf. H. -G. Pflaum, Titulature et rang
social sous le Haut-Empire, dans Becherehes sur les structures sociales dans V Antiquité
classique, Colloque C.N.B.8., Caen, 1969, Paris, 1970, p. 165-166.
(3) G. Barbieri, op. cit., p. 330, n° 1871; L. Petersen, op. cit., p. 226, n° 370.
LBS NOTICES INDIVIDUELLES 463

riale, administrée par le sénat depuis le règne de Marc-Aurèle (l).


L'exercice de l'édilité invite par ailleurs à ne pas dépasser le règne de Sévère-
Alexandre (2). Cette carrière se serait donc déroulée à la fin du IIe siècle
ou dans le premier tiers du IIIe (3).
Le sénateur ne semble pas avoir rempli de fonctions avant la
première magistrature; il s'est acquitté de la questure aux côtés du proconsul
de Sicile. Après l'édilité curule, il reçoit avec la preture la juridiction
des pupilles. Quatre postes prétoriens se succèdent: la préfecture de Vaera-
rium militare prolonge le séjour à Eome de l'ancien praetor tutelane
pendant trois ans; puis Honoratianus accompagne le proconsul de Lycie
comme légat; il se rend par la suite à Aquincum, en Pannonie inférieure,
où l'appelle le commandement de la légion IIa adiutrix (4); il revient
alors en Lycie, mais comme proconsul cette fois.
La pierre de Suasa Senonum, en Ombrie, a été érigée selon ses
dernières volontés; il est donc mort avant d'accéder au consulat suffect,
auquel il pouvait prétendre après quatre postes prétoriens.
L'étude des carrières contemporaines permet-elle de préciser l'époque
où Honoratianus eut la charge du trésor militaire? Une première remarque
s'impose: sous le règne de Commode, C. Pomponius Bassus Terentianus
(notice n° XXV) fut proconsul de Lycie avant d'administrer Vaerarium
militare. Les seuls cursus datés, dans lesquels la préfecture du trésor
militaire occupe une place aussi modeste, sont ceux de Q. Aradius Eufinus
(notice n° XXXIV) et de P. Iulius Martialianus (notice n° XXXV), qui
ont tous deux géré la caisse de retraite des vétérans sous le règne d'Ela-
gabal. Aussi, dans nos fastes, placerons-nous Q. Eanius Terentianus
Honoratianus Festus dans le premier tiers du IIIe siècle plutôt qu'à la fin
du IIe.
Ses liens de parenté avec L. Eanius Optatus Novatus signo Acontius
sont indéniables, mais difficiles à préciser (5). Ce sénateur était déjà de

(x) Sur le changement de statut de la province de Lycie -Pamphy lie, voir la


note 2, p. 330.
(2) Th. Mommsen, Droit public romain, II, p. 218-219; G. Barbieri, Albo
senatorio, p. 5.
(3) H. Dessau, PIB1, III, p. 125, n° 18, et Nagl, BE, I, A, 1, 1914, col. 229, n° 2,
Banius, ne la datent pas; P. Lambrechts, Sénat romain, II, p. 36, n° 327, la situe sous
Septime-Sévère et Caracalla; Gr. Barbieri, Albo senatorio, p. 366, 367, n° 2089, entre
Septime- Sévère et Carin.
(4) E. Ritterling, BE, XII, col. 1445, legio.
(5) CIL, VI, 1507, et XII, 3170; cf. Nagl, BE, I, A, 1, 1914, col. 228-229, n° 1;
Banius, et Gr. Barbieri, op. cit., p. 366, n° 2088.
464 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARrUM MILITARE »

rang prétorien avant le règne de Caracalla, à preuve les fonctions de


iuridicus Asturiae et Callaeciae, qu'il assuma à la fin du IIe siècle ou au
début du IIIe (*); leur avancement fut comparable, si ce n'est qu'Optatus
atteint le consulat (2). L'intervalle d'une génération entre les deux
hommes est possible; mais il paraît hasardeux de déduire de la nomenclature
compliquée des deux clarissimes du IIIe siècle que Quintus est le fils
adoptif de Lucius. D'autres personnages de cette famille sont connus:
une inscription à^Ammaedara honore Iulia Flavia Herennia Caecilia Ho-
noratiana Optata, elarissima puella, fille de Flavius Pollio Flavianus (3);
la jeune fille doit être identifiée à Flavia Optata, clarissima f emina, qui
apparaît sur une inscription de Carthage en l'honneur de sa mère Eania
Flavia Iuliana Optata (4).

Stemma

L. RANIUS OPTATUS NOVATÜS

Flavius Pollio Flavianus = Bania Flavia Iuliana Optata

Iulia Flavia Herennia Caecilia Honoratiana Optata

La mère descend visiblement de L. Eanius Optatus, mais pas


nécessairement de Q. Eanius Terentius Honoratianus Festus; la fille tire
sans doute le cognomen Honoratiana de sa parenté avec Q. Caecilius
Honoratianus, vir egregius, connu par une inscription de Dougga (5). Du
moins pouvons-nous déduire de la transmission de ces noms que les Ranii
étaient originaires d'Afrique et des quelques années qui séparent sans
doute le cursus de Lucius de celui de Quintus que le préfet du trésor
militaire appartenait à une famille sénatoriale.
L'administration de Vaerarium militare figure aussitôt après la
preture; elle date d'une époque où la caisse de retraite des vétérans avait
perdu de son importance.

(*) Gr. Alföldy, Fasti Hispanienses, p. 95-96.


(2) Xvir stl. iud., quaestor provinciae Sidliae, trib. pleb., praetor, legatus pro -
vineiae Asiae, curator viae Salariae, leg. Aug. et iuridicus Asturiae et Callaeciae, procos
provinciae Narbonensis, cos.
(8) CIL, VIII, 11536; cf. E. Groag, PIB2, III, p. 189, n° 424.
(*) CIL, VIII, 12545.
(5) ILAfr, 541.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 465

XXXVII - Q. ANNIUS M. f. Pa[p.] ANNIANUS POSTUMIANUS

praefectus aeravi militar. deuxième quart du IIIe siècle

1 - CIL, VI, 1338 Eome

Q(uinto) Annio M(arci) fil(io) Pa[p(iria tribu)] | Anniano Postumiano,


quaestori urb(ano), praetori, \ proco(n)s(uli) provinciae Siciliae, \ praefecto
aerari(i) militar(is).

Peut-être 2 - Cod. Just., VII, 55, 2


Imp(erator) Gordianus A(ugustus) Anniano. mars 242

Une seule inscription, trouvée à Eome dans les thermes d'Agrippa,


mentionne Q. Annius Annianus Postumianus, fils d'un Marcus.
L'omission de l'échelon édilité-tribunat, pour un personnage qui n'est
probablement pas patricien, prouve que le cursus n'est pas antérieur au
règne de Sévère- Alexandre i1). L'indication de la tribu, dont la mention
se raréfie de plus en plus au cours du IIIe siècle, invite à ne pas dépasser
le règne d'Aurélien (2). Le sénateur a rempli des fonctions civiles
uniquement, d'ailleurs limitées à la ville de Borne et à la Sicile. Toutes ces
caractéristiques sont celles d'un cursus tardif, qui doit trouver place au
milieu du IIIe siècle (3). Peut-être convient-il d'identifier le personnage
à Annianus, qui reçut, en 242, un rescrit de l'empereur Gordien (4). Mais
il n'y a aucune certitude (5).
Nous voudrions rapprocher son nom de celui de Annius Postumus,
connu par une inscription d'Ostie et une autre de Saldae, en Maurétanie
césarienne, pour avoir rempli plusieurs procuratelles sous les règnes de

(*) Th. Mommsen, Droit public romain, II, p. 218-219; G-. Barbieri, Albo senatorio,
Ρ- 5.
(2) Gr. Barbieri, op. cit., p. 2.
(8) G·. Barbieri, ibid., p. 324, n° 1803, indique la période qui sépare le règne de
Sévère-Alexandre de celui d'Aurélien; E. Groag, PIB2, I, p. 107, n° 631, ne date pas
le cursus.
(4) Cod. Just, VII, 55, 2; P. ν. Kohden, BE, I, 2, 1894, col. 2258, n° 4 (Annianus)
et col. 2263, n° 24 (Q. Annius Annianus Postumianus), suggère leur identité.
(5) Le cognomen Annianus est répandu à cette époque; cf. CIL, XIII, 6763 =
ILS, 1188 (un sénateur -us Annianus, sous les Gordiens) et CIL, IX, 2452 = ILS,
1131 (C. Neratius Fufldius Annianus, au milieu du IIIe siècle).
30
466 ΐΛ( AERARIUM SATURNI » ET L'« AERARTUM MILITARE »

Trajan et Hadrien (1); la dédicace, que lui a élevée l'un de ses amis à
Saldae, invite à considérer ce chevalier comme un Africain (2). Il est
permis de voir dans le sénateur du IIIe siècle un descendant du procurateur
de Trajan. Aussi, à la restitution du nom de la tribu proposée par les
auteurs du Corpus, Pa[l(atina)], préférons-nous quant à nous, celle de
Pa[p(iria)]. La tribu Papiria est répandue en Afrique, en particulier en
Maurétanie césarienne (3). La tribu Palatina, réservée aux Romains
d'origine, se rencontre d'ailleurs assez peu (4). Il nous paraît fort probable
de reconnaître en Annius Postumianus un sénateur originaire d'Afrique,
ce qui n'étonne pas au milieu du IIIe siècle.
L'inscription romaine a été élevée au cours de la gestion de Vaerarium
militare. L'avancement de Postumianus est passé par la questure urbaine,
désignation flatteuse, la preture, enfin le gouvernement prétorien d'une
province sénatoriale, la Sicile.
Le cursus ne comporte aucune fonction militaire; il date d'une époque
où les carrières civiles et militaires sont dissociées. Annianus
Postumianus peut avoir géré Vaerarium militare à la fin du règne de Sévère-
Alexandre ou sous les Gordiens, peut-être un peu plus tard, s'il ne s'identifie
pas au bénéficiaire du rescrit de l'empereur Gordien III.

i1) CIL, XIV, 5352, et CIL, VIII, 20684; cf. A. Stein, PIB2, I, p. 116, n° 681,
et H. -G. Pflaum, Carrières, I, p. 316-319, n° 132.
(2) H. -G. Pflaum, ibid., ρ. 319.
(3) J.-W. Kubitschek, Imperium Romanum, p. 137-138.
(4) Id., ibid., p. 7.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 467

PBAEFECTUS INCEBTUS

112 -[.--]
[pra]ef. aer[- — ] Ier siècle

D'une table de marbre bien gravée, trouvée à Borne, subsiste


seulement le fragment suivant (CIL, VI, 31800):
0. 8TLI
ΜΑΝΟ
E F . ΑΈΒ

La pierre est brisée en haut et sur les côtés, mais probablement pas
en bas; elle a été publiée sans commentaire par Huelsen. Nous proposons
la restitution et le développement suivants:

[ deeemvir]o stli[tibus iudicandis | seviro equitum Eo\-


mano[rum | pra]ef(ecto) aer[ ]

Le cursus sénatorial est gravé dans l'ordre direct. Le nom du


personnage a disparu. La carrière commençait par le décemvirat judiciaire
et le service militaire sans doute. Le sévirat est la seule explication
possible pour les quatre lettres ΜΑΝΟ; il se place aussi bien avant la
questure, comme en témoigne la carrière de Pline le Jeune (notice n° 32),
qu'après, comme le montre celle de C. Arrius Antoninus (notice n° 53).
Les magistratures ont disparu. Mais l'économie de l'inscription permet
de déduire que la préfecture du trésor était vraisemblablement le premier
ou le second poste prétorien.
Nous ne pouvons pas préciser pour autant si le sénateur a géré Vaera-
rium militare ou Vaerarium Saturni. Piine le Jeune, qui fut successivement
titulaire des deux préfectures financières, a assumé lui-même, à ses débuts,
les deux charges qui apparaissent sur le fragment romain: sur la pierre
de Corne (CIL, V, 5262 = ILS, 2927), le sévirat des cavaliers romains
est indiqué aussi en toutes lettres.
Nous conclurons simplement des litter ae bonae, signalées par Huelsen,
et de l'absence d'abréviation pour les fonctions de jeunesse que le préfet
anonyme a vraisemblablement exercé ses fonctions au Ier siècle.
468 ΐΛ( AERARIUM SATURNI » ET LJ« AERARIUM MILITARE »

SÉNATEURS À EXCLUEE DES FASTES

113 - M. IALLIUS M. f. Volt. BASSUS FABIUS VALEEIAïfUS

CIL, XII, 2718 et 2719; cf. A. Bruhl, Ager Helvorum,


Gallia, XVIII, 1960, p. 375-376 = AE, Gallia Narbonensis
1961, 171

M(arco) [I]a[U]io M(arei) f(ilio) Volt(inia tribu) Basso [F]abio Vale-


riano, co(n)s(uli), praé[t(ori), leg(ato) leg(ionis) , lé]g(ato) Aug(usti)
p[r(o)] p[r(aetorej] \ provinc(iae) Pannoniae inférions, curatori op[é]r(um)
[p]u[bl(icorum), leg(ato) Augg(ustorum) pr(o) pr(aetore)] provinciae \ Mysiae
inferiores), corniti Augustorum Par[tJi]i[c]a[e e]x[ped(itionis), leg(ato) Au-
gg{ustorum) pr(o) pr(aetore) provinciae] Pannoniae superioris.

Le sénateur M. Iallius Bassus Fabius Valerianus n'a certainement


pas sa place dans les fastes des responsables du trésor militaire ou du
trésor sénatorial. Aussi ne faisons-nous pas figurer l'abondante
documentation qu'il est possible de rassembler sur lui (l): gouverneur de Pan-
nonie inférieure en 156 (3), le personnage était curateur des eaux en 161 (2).
Une seule inscription présente son cursus; ce document est connu
par une copie qu'en fit l'érudit nîmois du XVIIIe siècle, Séguier: un
fragment a été retrouvé récemment près de La Blachère. La pierre, fort
mutilée à l'époque de sa découverte, a été en outre mal lue. Mommsen en
proposa une restitution pour le Corpus.
Après les noms du sénateur et l'indication du consulat, figuraient
les postes prétoriens et consulaires occupés par le personnage. Les quatre
lettres prae de la première ligne pouvaient offrir des restitutions aussi
différentes que celle de prae[tor\, prae[fectus], prae[positus] et prae[ses].
Les deux premières sont les plus vraisemblables à cette place, pour
l'époque où la pierre fut gravée. Mommsen pensait à l'une des préfectures
du trésor. La carrière de Iallius Bassus se serait déroulée ainsi:
— préfecture du trésor
— légation de Pannonie inférieure

(!) Voir L. Petersen, PIE2, IV, 3, p. 105-106, n° 4.


(2) AE, 1904, 95; cf. R. Egger, Anzeiger der Österr. Akad. der Wiss., LXXXVIII,
1951, p. 207-209 = AE, 1952, 9.
(3) CIL, VI, 1119 Tb.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 469

— consulat
— curatelle des monuments publics
— légation de Mésie inférieure
— légation de Pannonie supérieure enfin.

La préfecture serait le premier poste prétorien, vraisemblablement


consécutif à une adlectio inter praetorios.
Dans la deuxième moitié du IIe siècle, nous avons effectivement
l'exemple de deux chevaliers de haut rang, entrés au sénat par adlectio,
qui ont administré le trésor sénatorial: mais L. Volusius Maecianus
(notice n° 52) et T. Aius Sanctus (notice n° 58) sont des hommes de lettres,
qui n'ont pas été appelés par la suite à gouverner des provinces militaires.
L'avancement de M. Iallius Bassus est tout autre; il s'agit d'un
vir militaris: comme la plupart des légats de Pannonie inférieure qui ont
été chargés, après le consulat, de la province voisine de Pannonie
supérieure, il a certainement commandé une légion aussitôt après la preture,
et peut-être même une unité cantonnée en Pannonie supérieure (*). La
carrière du sénateur est présentée à partir de la preture, qu'il convient
de restituer, à la première ligne, avant une légation légionnaire (2). Ainsi
reconstituée l'ascension de M. Iallius Bassus est conforme au schéma
d'avancement rapide des viri militares. La restitution de l'une ou l'autre
préfecture du trésor ne se justifie pas à cette place.

114 - C. IULIUS AVITUS ALEXIANTJS

1 - B. Egger, JOAI, XIX-XX, 1919, Beiblatt, Salonae, Dalmatici


col. 293-322 = AE, 1921, 64; cf. H.-G. Pflaum,
Bayerische VorgeschicMsblätter, XXVII, 1, 1962,
p. 95 = AE, 1963, 42
C.IULIO [Avito Ale]
XIANO [praef. coh. Ulp]
3 PETRAE O[r. trib. leg ]
PRAEF. EQ. [al proc]
AB. ANNO\nam Augg. Ostiis]

(*) Sur ce type d'avancement, voir J. Fitz, Legati legionum Pannoniae superioris,
dans Ada Ant. Acad. Se. Hung., IX, 1961, p. 193-205, en particulier p. 201: l'auteur
restitue une légation de légion avant le gouvernement de la Pannonie inférieure.
(2) W. Keidinger, Pannonien, p. 84-86, n° XI, restituait aussi prae[t.].
470 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

6 C.V.PRAE[t. sodali Titiali]


LEG. LEG III[i fi. leg. pro pr. pro]
VINCIAE [Baetiae cos. co]
9 MITI. IMP[p. Severi et Auto]
NINI IN B[ritannia praef.]
ALIMENT\prum corniti Imp.]
12 ANTONIN[i in Mesopotamia (?)]
PRAEF ALI[ment. II leg. pro pr.~\
PROVIN[ciae Balmatiae]
15 PROGON\suli prov. Asiae (?)]
PRAE8IDI [clementissimo]
M.AVREL[ius ]
18 TRIB. COH.[VIII voluntarior (f)
ANTOlninianae]

2 - A. Badnoti, Germania, XXXIX, 1961, p. 384- Augusta Vindelicum


385 = AE, 1962, 229, cf. 241, et H.-G. Pflaum, Raetia
Bayerische VorgescMchtsblätter, XXVII, 1, 1962,
p. 85 = AE, 1963, 42

Beo p[atrio~\ \ soli Ela[gabalo] | C(aius) Iul(ius) Av[itus] | Alexi\anus\


soda[lis] | Titi[alis~\, leg(atus) Au[g(ustorum) pro pr(aetore)] \ prov(inciae)
[Raetiae].

Originaire d'Emèse, 0. Iulius Avitus Alexianus est apparenté à la


famille de Iulia Domna, épouse de l'empereur Septime-Sévère (x).
Le premier éditeur du cursus de Salone, E. Egger, restitua à la
ligne 6 la préfecture du trésor militaire, sur le modèle de la carrière de Sex.
Varius Marcellus (2). Nous avons vu que ce neveu par alliance de
l'impératrice Iulia Domna, procurator trecenarius, avait été admis au sénat
avec le rang d'ancien préteur: il administra la caisse de retraite des
vétérans avant de partir pour Lambèse comme commandant de la IIIe légion
Auguste et praeses de Numidie; or, Vadlectio inter praetorios de ce
personnage est marquée seulement par le titre de v(ir) c(larissimus) (voir
la notice n° XXXI). 0. Iulius Avitus Alexianus a commencé lui aussi

(x) L. Petersen, PIB2, IV, 3, p. 150, n° 192.


(2) Cette restitution a été reprise par A. Radnoti, G. Iulius Avitus Alexianus,
dans Germania, XXXIX, 1961, p. 383-412, qui réexamine la carrière à propos d'une
dédicace retrouvée à Augsbourg.
LES NOTICES INDIVIDUELLES 471

par une carrière équestre; mais il était simple procurateur sexagénaire


du service de l'annone à Ostie, lorsque la faveur impériale le fit admettre
au sénat.
Eeprenant une suggestion de E. Groag, H.-G. Pflaum (x) a démontré
que la restitution proposée par B. Egger n'est pas admissible et a
reconstitué la ligne 6 ainsi: Guarissimo) v(iro), prae[t(ori), sodali Titiali], par
référence à l'inscription d'Augsbourg, qui atteste l'appartenance du
sénateur au collège des sociales Titiales.
L'argumentation de M. Pflaum comporte trois points:
1°) la préfecture de Vaerarium militare précède souvent
immédiatement le consulat;
2°) ce poste ne pouvait pas être accordé à Alexianus, qui sortait
d'une procuratelle sexagénaire, alors que son compatriote Sex. Varius
Marcellus d'Apamée avait été procurator trecenarius avant de l'obtenir;
3°) il faut absolument insérer, antérieurement à la légation de
Ehétie, l'appartenance au collège des sodales Titiales.
Le premier argument ne peut pas être retenu, puisque l'étude des
praefecti aerarti militaris prouve suffisamment que cette fonction ne
concédait plus le consulat suffect à la fin du IIe siècle, ni au début du IIIe,
exception faite du règne de Oaracalla (a).
Mais les deux autres nous paraissent péremptoires: 0. Iulius Avitus
Alexianus, simple procurateur sexagénaire, a vraisemblablement été
inscrit sur Valbum sénatorial inter tribunicios, comme de nombreux
chevaliers sous l'Empire (3); il a donc exercé normalement la preture, qu'il
convient de restituer à la ligne 6. Puisque la dédicace d'Augsbourg,
contemporaine du gouvernement de la Bhétie, mentionne l'appartenance au
collège des sodales Titiales, l'inscription de Salone, largement postérieure
et plus développée, ne peut pas l'avoir passée sous silence; ce sacerdoce
figurait sur la pierre après l'entrée du personnage au sénat, la cooptation
ayant probablement suivi l'élection à la preture.
Le nouveau sénateur a obtenu le consulat suffect après deux
fonctions militaires: un commandement de légion et une légation
prétorienne, comme il est fréquent au début du IIIe siècle.

(x) H.-G. Pflaum, Un nouveau gouverneur de la province de Bhétie, proche parent


de V impératrice Iulia Domna, à propos d'une inscription récemment découverte à Augs-
bourg, dans Bayerische Vorgeschichtsblätter, XXVII, 1, 1962, p. 82-99, en particulier
p. 89.
(2) Voir le tableau III, 2, b, des praefecti aerarii militaris et son commentaire.
(3) Voir la liste dressée par H.-Gr. Pflaum, loc. cit., p. 86-87.
DEUXIÈME PAETIE

ETUDE SOCIALE
ι

LES RESPONSABLES

DE VAERARIUM SATURNI

Liste p. 476-481
Commentaire p. 482-483
476 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

I - LISTE DES RESPONSABLES

Date Nom

45 av. J.-C. 1 - M. CUSINIUS M. f. Vel.

22 av. J.-C. 2-CN. PULLIUS POLLIO


peu après 23 av. J.-C. 3 -P. PAQUIUS SCAEVA
fin du règne d'Auguste 4 -M'. VIBIUS BALBINUS
13 ap. J.-C. 5-[C. CAE]LIUS KUFUS

14 6-[. -]LIUS A[TT]IC(US)


7 -P. CORNELIUS LEN[TULUS] SCIPIO
ι rç
8-[. -] VALENS

16 9-[. -]US PROC(ULUS?)


18 10 -C. UMMIDIUS DURMIUS QUADRATUS

19 11 -Q. LUCANIUS LATINUS

12 - Q. ARQUINIUS
20 j
( 13 -L. PONTIUS NI[GRINUS]
Auguste ou Tibère J14-L. CALPURNIUS PISO
(avant 27 ap. J.-C.) j 15 - M. SALL(U)VIUS
27 16-[. -]ENUS PAETUS
28 17-AVILLIUS PASTOR
36 18 -P. PLAUTIUS PULCHER

42-43 19 -C. CAETRONIUS MICCIO

44-46 20 -T. DOMITIUS DECIDIUS


\
47-49 21 -L. COIEDIUS CANDIDUS

56 22 - OBULTRONIUS SABINUS
ETUDE SOCIALE 477

DE VAERARIUM SATURNI

Titulature Texte

1 - aerario praef. - CIL, XIV, 2604 = ILS, 965

2 — pr. ad [aerariwm] - CIL, XI, 7553 = ILS, 916


3 - praetor aerarti - CIL, IX, 2845 = 5244 = ILS, 915
4 - praet. aerari - CIL, IX, 5645 = ILS, 937
5 - pr. - CIL, VI, 1496 = 32270 = Inscr. Bal, XIII,
1, p. 305, 1. 4
6 - pr. - ibid., ρ, 305, 1. 10
7 — pr. aerari - CIL, V, 4329 = ILS, 940
8 - pr. - CI£, VI, 1496 = 32270 = Inscr. Ital, XIII,
1, p. 305, 1. 16
9 - pr. - ibid., p. 305, 1. 22
10 - [pr.] - ibid., p. 305, 1. 2
pr. aer. - CIL, X, 5182 = IXS, 972
11- pr. - CIL, VI, 1496 == 32270 = Inscr. Ital., XIII,
1, p. 306, 1. 9
12 - [pr.] - ibid., p. 306, 1. 15
13 - [pr.] - ibid., p. 306, 1. 16
14 - pr. aer. - CIL, VI, 1265 = ILS, 5937
15 - pr. aer. - ibid.
16 - pr. aer. - ibid., p. 307, 1. 5
17 - pr. aer. - ibid., p. 307, 1. 11
18 - pr. «d aerar. - CIL, XIV, 3607 = ILS, 964 = Inscr. Ital.,
IV, 1, 124

19 - [prae]/ecfws reliquorum exigendorum - CIL, II, 2423; cf. AE, 1966, 186
popul[i] Romani

20 - giti primit[s quaes]tor per triennium CIL, VI, 1403 = ILS, 966
citra [sorte]m praeesset aerario Saturni
21 - quaest. aer. Satur. OIX, XI, 6163 = ILS, 967
a[e]r. Sat. q.
22 - aerarti quaestor TAC, Ann., XIII, 28, 6
478 ΐΛ aerarium saturni » et ι/« aerarium militare »

I - LISTE DES RESPONSABLES

Date Nom

74-76 23 -L. FUNISULANUS VETTONIANUS


24 -[.--JO
80-83
25 -L. POMPUSIUS METTIUS [-JNUS
87-89 26 - L. ANTISTIUS RUSTICUS
93-95 27 -L. NERATIUS PRISCUS

entre 56 et 95 28 - Q. ASCONIUS GABINIUS MODESTUS


29 -L. PUBLICIUS CERTUS
96-97
30 -Q. FULVIUS GILLO BITTIUS PROCULUS
31 -C. IULIUS CORNUTUS TERTULLUS
98-100 32 -C. PLINIUS CAECILIUS SECUNDUS

108-110 33 -L. CATILIUS SEVERUS IULIANUS CLAUDIUS


REGINUS
fin du Ier-début du IIe s. 34-[. --]
35 - P. TULLIUS VARRÒ
123-125
!36-A. EGRILIUS PLARIANUS PATER
' 37 - M. ACILIUS PRISCUS EGRILIUS
126-128 PLARIANUS
38 -L. AURELIUS GALLUS
129-131 39 -L. BURBULEIUS OPTATUS LIGARIANUS
132-134 40 -M. CUTIUS PRISCUS MESSIUS RUSTICUS
AEMILIUS PAPUS ARRIUS PROCULUS
IULIUS CELSUS
135-137 41 -C. IULIUS SEVERUS

Hadrien 42-ARRIANUS SEVERUS


138-140 43 -Q. LICINIUS [QUARTINUSJ MODESTINUS
[SEXJ] ATTIUS LABE Ο
44 -L. COELIUS FESTUS
141-143
45 -P. MUMMIUS SISENNA RUTILIANUS

46 - L. OCTAVIUS CORNELIUS SALVIUS


144-146 IULIANUS AEMILIANUS
47 -C. POPILIUS CARUS PEDO
ETUDE SOCIALE 479

DE VAERARIUM SATURNI

Titulature Texte

23 - praef. aerati Saturni - CIL, III, 4013 - ILS, 1005


24 - praef. aer. Sat. ann. IIII - Inscr. Ital., XIII, 1, p. 307, 1. 4
25 - ibid. - ibid., 1. 4-5
26 - praef. aer. Sat. - AE, 1925, 126
27 - praef. aer. Sat. - OIL, IX, 2454 = ILS, 1033
ibid. - AE, 1927, 117
ibid. - CIL, IX, 2455 = ILS, 1034
28 - praef. aerari Saturn[i] - CIX, V, 2820
29 - praefectus aerarti - PLINE, Lettres, IX, 13, 11
30 - collega Publid Certi - PLINE, Lettres, IX, 13, 3
31 - praefectus aerari Sa[tu]r[ni] - CIL, XIV, 2925 = ILS, 1024
32 - praef. aerari Satu[r\ni - CIL, Y, 5262 = ILS, 2927
p[raef. a]er.Sat. - CIL, Y, 5667
33 - praef. aerarti Sat[urni] - CIL, X, 8291 = ILS, 1041

34 - praef. a[er.] Saturni , 1961, 282; cf. 1964, 239


35 - praef. aerari Saturn. - CIL, XI, 3364 = ILS, 1047
36 - praef. aerario Saturn. - AE, 1955, 173
37 — [praef. aerjar. Satur[ni] - AE, 1955, 171; cf. MEFB, LXXXIII, 1970,
p. 301
38 - praef. aer. Sat. - CIL, VI, 1356 = 31637 = ILS, 1109
39 - praef. aerar. Saturn. - CIL, X, 6006 = ILS, 1066
40 - praefectus aerarti Saturni - CIL, II, 1283

41 — έπαρχος αίραρίου τοΰ Κρόνου - IGB, III, 174 = ILS, 8826


[ίτϊ\αρχος αίραρίου το[υ] Κρόνου - IGB, III, 175
42 - praefectus aerarti - Dig., XL1X, 14,42
43 - praef. aerari [Saturni] - CIL, XIV, 2405; cf. CBAI, 1967, p. 197 -
AE, 1967, 72
44 - praef. aerari Saturni - CIL, XI, 1183 = ILS, 1079
45 - praef. aer. Saturni - CIL, XIV, 3601 = ILS, 1101 = Inscr. Ital.,
IV, 1, 115
praef. aer. Saturni - CIL, XIV, 4244 = Inscr. Ital., IV, 1, 116
46 - praef. aerar. Saturni - CIL, VIII, 24094 = ILS, 8973

47 — praef. aerari Satur. , XIV, 3610 = ILS, 1071 . Ital.,


IV, 1, 127
480 ΐΛ< AERARIUM SATTIENI » ET Χ'« AERARIUM MILITARE »

I - LISTE DES RESPONSABLES

Date Nom

48 -CN. IULIUS VEEUS


147-149
49 -L. DASUMIUS TULLIUS TUSCUS
fin du 1er. 1ère moitié du IIe s. 50-[. -]CIUS C[-]
entre 153 et 158 51 -M. SERVILIUS FABIANUS MAXIMUS
vers 164-166 52 -L. VOLUSIUS MAECIANUS
vers 167-169 53 -C. ARRIUS ANTONINUS
vers 170-172 54 -C. VETTIUS SABINIANUS IULIUS HOSPES
entre 170 et 179 55 -L. ALBINIUS SATURNINUS
Marc-Aurèle - Commode 56 -L. CESTIUS GA.LLUS CERRINIUS IUSTUS
LU[T]ATIUS NATALIS
vers 179-181 57 -M. PETRONIUS SURA MAMERTINUS
vers 182-184 58 -T. AIUS SANCTUS
vers 191-193 59 -TI. CLAUDIUS GORDIANUS
vers 200 60 -Q. MAMILIUS CAPITOLINUS
2e moitié du Ier-Ile s. "61-[. --]
2e moitié du IIe s. 62-[. --]
fin du IIe siècle 63 -A. EGNATIUS PROCULUS
2e moitié du Ile. 1ère moitié du 64 -M. SALONIUS LONGINIUS MARCELLUS
III* s.
vers 216-218 65 -P. PLOTIUS ROMANUS
début du règne de Sévère- 66 - Q. ARADIUS RUFINUS OPTATUS AELIANUS
Alexandre
sous Sévère-Alexandre 67 -L. DOMITIUS GALLICANUS PAPINIANUS
premier tiers du IIIe s. 68-[. --]
avant 244-245 69 -M. ANTONIUS MEM[MIUS HIERO?]
entre 240 et 250 70-.[L.t] ANT[-] [-]
avant 344 71 - IULIUS EUBULIDAS
vers 350 72-ATTIUS CAECILIUS MAXIMILIANUS
vers 360 73 -FLAVIUS ATILIUS THEODOTUS
74-* AELIUS XIFIDIUS
ÉTUDE SOCIALE 481

DE VAERARIUM SATURNI

Titulature Texte

48 - praef. aeravi Saturni CIL, III, 8714 = ILS, 8974


ibid. CIL, III, 2732 = ILS, 1057
49 - praefectus aer. Saturni CIL, XI, 3365 = ILS, 1081
50 - [p]raef. aer[ari Saturni] CIL, VI, 3847 = 31799
51 - praef. aer. S. CIL, VI, 1517 = I£#, 1080
52 - praef. aer. 8atur[n.'] -Au, 1955, 179
53 - prae\f\. aer[a]ri 8aturn[i] CIL, Y, 1874 = ILS, 1118
54 - praef. aerari Saturni IJLi/r, 281
55 - praef. aer. Sat. CIL, X, 4750
56 - praef. aerar. Saturn. Oli, X, 3722
57 - pr(a)ef. aer. Sat. CIL, VI, 31666
58 - praef. aerari 1961, 280
59 - praef. aer. Sat. 1954, 138
60 - praef. aer. Sat. CIL, II, 2634 = IL£, 2299
61 - [prae]f. aer. 8at[-] Oli, XIV, 3619 = Iwscr. Ital, IV, 1, 144
62 - praef. aer. S[af] OIJD, VI, 1545 = 31677
63 - praef. aer. Sat. CIL, VI, 1406 = ILS, 1167
64 - p(raye(fy. aer. Sat. Oli, IX, 2592

65 - praef. aer. Sat. CIL, VI, 332 = lifif, 1135


66 - praef. [aer. Satujrni JEp^r. Studien, IV, 1967, p. 83

67 - praef. aer. Saturni 322


68 - [ ]umi inédit
69 - [ε]παρχος αίραρί[ον ] IGB, III, 238
70 - praef. aerario CIL, VIII, 11810
71 - praefectus aerarii s (acri) Saturni Oii, XI, 4181 = 1233
72 - [p~\raef. aerarii Saturni Rendiconti Lincei, XXIV, 1969, p. 322
73 - praefectus aerari populi B(omani) ILAlg., I, 1286
74 - praefectus aerarii 8HA, vita Aureliani, 12,1

31
482 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARKTM MILITARE »

Ce tableau recense les administrateurs du trésor sénatorial qui ont


fait l'objet d'une notice individuelle dans la première partie. Il tient lieu
de fasti pour les responsables de cette caisse, de l'époque d'Auguste au
règne de Constance II.
Aussi les individus sont-ils présentés dans l'ordre chronologique.
Avant leur nom, lorsqu'il est connu, figure le numéro de la notice qui
leur a été consacrée; cette précision permettra de distinguer les
anonymes. Les dates que nous suggérons ont été déterminées par l'examen
de la carrière; il convient par conséquent de se reporter à l'étude
individuelle pour trouver leur justification.
Pour chaque personnage, nous précisons, d'une part le titre qui
était le sien au moment de la gestion de Vaerarium, d'autre part le
document qui atteste cette qualité. Nous constatons que, si les responsables
du trésor sont toujours des sénateurs, leur rang a varié selon les
époques. L'évolution de la titulature en témoigne. Nous réservons pour
la troisième partie, consacrée à l'étude administrative, l'examen des
réformes du service financier; en confrontant les variations de la
titulature aux informations tirées des auteurs anciens, nous dessinerons
quelques traits de la politique des empereurs successifs à l'égard de la
caisse publique. Pour l'instant, il nous importe de justifier la qualité
sous laquelle figureront, dans les tableaux suivants, les quatre . groupes
que fait apparaître l'étude prosopographique.
Le n° 1, M. Cusinius, praefectus en 45 av. J.-C, n'a pas absolument
sa place dans les fastes du trésor sénatorial sous l'Empire; mais, comme
il y figurait traditionnellement, sous une date inexacte, nous ne pouvions
pas l'écarter de notre recensement; en outre, sa présence est nécessaire
pour expliquer les réformes administratives de l'époque augustéenne.
Les fastes de Yaerarium sénatorial sous l'Empire commencent par
dix-sept noms de sénateurs qui ont rempli leur fonction en qualité de
préteur; leur unique année d'activité est celle de la preture. Ils portent
le plus souvent le titre de praetores aerarli, sous lequel nous les ferons
apparaître. Ils ont reçu les numéros 2 à 18.
Nous adjoignons à la liste un sénateur qui a eu, dans les années 42-43,
la qualité de praefectus reliquorum exigendorum populi Bomani.
Cependant il ne doit pas être mis sur le même plan que les autres, puisqu'il n'a
vraisemblablement pas assumé la direction du trésor sénatorial; il porte
le numéro 19.
Nous avons retrouvé trois des questeurs qui, sous les règnes de Claude
et de Néron, ont administré la caisse du sénat pendant trois ans, avec
le titre de questeurs. D'après le formulaire de deux inscriptions, nous
ÉTUDE SOCIALE 483

les désignerons sous le nom. de quaestores aerarii Saturni-, ils figurent sous
les numéros 20, 21 et 22.
Enfin, depuis le règne de Vespasien jusqu'à celui de Constance II,
nous rencontrons cinquante et un sénateurs de rang prétorien, qui sont
appelés le plus souvent praefecti aerarii Saturni. Nous les réunirons sous
ce nom avec les numéros 23 à 73. Pour eux aussi, sont indiquées les trois
années de fonction, lorsque nous pouvons les préciser.
Aelius Xifidius, qui est peut-être un personnage imaginaire, est
mentionné pour mémoire, avec le numéro 74.
π

L'ORIGINE DES RESPONSABLES

DE UAERARIUM SATURNI

Tableau p. 486-491
Commentaire p. 492-496
486 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

II - L'ORIGINE DES RESPONSABLES

Date Nom

PRAEFEGTU8

45 av. J.-C. 1 - M. CUSINIUS M. f. Vel.

PRAETORE8
22 av. J.-C. 2-CN. PULLIUS POLLIO
peu après 23 av. J.-C. 3 -P. PAQUIUS SCAEVA
fin du règne d'Auguste 4 -M'. VIBIUS BALBINUS
13 ap. J.-C. 5-[C. CAE]LIUS RUFUS
14 6-[. -]LIUS A[TT]IC(US)
1%
Xö ( 7 -P. CORNELIUS LEN[TULUS] SCIPIO
( 8-[. -] VALENS
16 9-[.-]US PROC(ULUS?)
18 10 -C. UMMIDIUS DURMIUS QUADRATUS
19 11 -Q. LÜCANIUS LATINUS
(12- Q. ARQUINIUS
90
( 13 -L. PONTIUS NI[GRINUS]
Auguste ou Tibère (14-L. CALPURNIUS PISO
(avant 27 ap. J.-C.) (15 -M. SALL(U)VIUS
27 16-[.-]ENUS PAETUS
28 17-AVILLIUS PASTOR
36 18 -P. PLAUTIUS PULCHER

PRÄEFECTU8 RELIQUORUM

42-43 19 -C. CAETRONIUS MICCIO

QUÄE8TORE8

44-46 20 -T. DOMITIUS DECIDIUS


47-49 21 -L. COIEDIUS CANDIDUS
56 22 - OBULTRONIUS SABINUS
ÉTUDE SOCIALE 487

DE V AERARIUM SATURNI

Origine Famille

DE L'ANNÉE 45

1 - Italien (Tusculum) - Homo novus

AERARTI
2 - Italien (Forum Clodn) - Homo novus
3 - Italien (Histonium) - Homo novus
4 - Italien (Trea) - Homo novus (ancien chevalier)
5 - Italien (Tusculum) - Fils de consul
6 -
7 - Italien (Borne) - Nobilis homo
8 -
9 -
10 - Italien (Casinum) Homo novus
11 - Italien Famille sénatoriale
12 - Italien Homo novus
13 - Italien (Toscane ou Ombrie)
14 - Italien (Rome) Nobilis homo
15 - Italien Famille sénatoriale?
16 -
17 - Italien Homo novus
18 - Italien (Trebula Suffenas) Nobilis homo, adlectus inter patricios (a. 47)

EXIGENDORUM POPOLI ROMANI

19 - Italien (Suasa Senonumi) - Homo novus d'origine équestre

AERARII SATURNI

20 - Gaulois de Narbonnaise (Vienne?) Homo novus


21 - Italien (Ombrie) Homo novus
22 - Italien (Casinum)
488 ΐΛ( AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

II - L'ORIGINE DES RESPONSABLES

Date Nom

PBAEFECTI

74-76 23 -L. FUNISULANUS VETTONIANUS


24- [.--]O
80-83
25 -L. POMPUSIUS METTIUS [-]NUS
87-89 26 -L. ANTISTIUS RUSTICUS
93-95 27 -L. NERATIUS PRISCUS
entre 56 et 95 28 -Q. ASCONIUS GABINIUS MODESTUS
29 -L. PUBLICIUS CERTUS
96-97
30 Q. FULVIUS GILLO BITIUS PROCULUS
31 C. IULIUS CORNUTUS TERTULLUS
98-100
32 C. PLINIUS CAECILIUS SECUNDUS
108-110 33 L. CATILIUS SEVERUS IULIANUS CLAUDIUS
REGINUS
fin du Ier-début du IIe s. 34 -[.--]
35 -P. TULLIUS VARRÒ
123-125
36 -A. EGRILIUS PLARIANUS PATER
(37 -M. ACILIUS PRISCUS EGRILIUS
126-128 J PLARIANUS
Ì38-L. AURELIUS GALLUS
129-131 39 -L. BURBULEIUS OPTATUS LIGARIANUS
132-134 40 -M. CUTIUS PRISCUS MESSIUS RUSTICUS
AEMILIUS PAPUS ARRIUS PROCULUS
IULIUS CELSUS
135-137 41 -C. IULIUS SEVERUS
Hadrien 42-ARRIANUS SEVERUS
138-140 43 -Q. LICINIUS [QUARTINUS] MODESTINUS
[SEX.?] ATTIUS LABEO
(44-L. COELIUS FESTUS
141-143
(45 -P. MUMMIUS SISENNA RUTILIANUS
Ì46-L. OCTAVIUS CORNELIUS SALVIUS
144-146 IULIANUS AEMILIANUS
47 -C. POPILIUS CARUS PEDO
J48-CN. IULIUS VE RUS
147-149
49 -L. DASUMIUS TULLIUS TUSCUS
ÉTUDE SOCIALE 489

DE VAERARIUM SATURNI

Origine Famille

AEBABII 8ATUBNI

23 - Italien (Emilie) - Homo novus


24 - -
25 - Italien -
26 - Espagnol (Bétique?) - Famille sénatoriale?
27 - Italien (Baepinum) - Famille sénatoriale (fils de consul)
28 - Italien (Patavium) - Famille sénatoriale
29 - Italien (Aquileia) -
30 - Italien (Forum novurn) - Fils de consul
31 - Oriental (Perge, Pamphylie) — Homo novus
32 - Italien (Corne) - Homo novus
33 - Italien! - Homo novus

34 - Italien (Albintimilium) —
35 - Italien (Tarquinii) - Fils de consul
36 - Italien (Ostie) - Homo novus
37 - Italien (Ostie) - Homo novus

38 - - Homo novus
39 - Italien (Minturnes) - Homo novus
40 - Espagnol (Salpensa) - Famille sénatoriale (fils d'un ami d'Hadrien)

41 - Oriental (Ancyra, Galatie) - Homo novus (noble famille locale)


42 - -
43 - - Famille sénatoriale?

44 - Italien (Veleia) - adlectus inter tribunicios


45 - Espagnol - Fils de consul
46 - Africain (Pupput ou Hadrumète) - Homo novus

47 - Italien - Homo novus


48 - Dalmate (Aequum) — Fils (ou neveu) de consul
49 - Italien (Tarquinii) - Fils de consul
490 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

II - L'ORIGINE DES RESPONSABLES

Date Nom

fin du 1er. 1ère moitié du IIe s. δ0-[. -JCIUS CH


entre 153 et 158 51 -M. SEEVILIUS FABIANUS MAXIMUS
vers 164-166 52 -L. VOLUSIUS MAECIANUS
vers 167-169 53 -C. AEEIUS ANTONINUS
vers 170-172 54 -C. VETTIUS SABINIANUS IULIUS HOSPES

entre 170 et 179 55 -L. ALBINIUS SATURNINUS


Marc-Aurèle - Commode 56 -L. CESTIUS GALLUS CEERINIUS IUSTUS
LU[T]ATIUS NATALIS
vers 179-181 57 -M. PETRONIUS SUEA MAMEETINUS

vers 182-184 58 -T. AIUS SANCTUS


vers 191-193 59 -TI. CLAUDIUS GORDIANUS
vers 200 60- Q. MAMILIUS CAPITOLINUS
2e moitié du Ier-IIe s. 61-[. --]
2e moitié du IIe s. 62-[. --]
fin du IIe siècle 63 -A. EGNATIUS PROCULUS
2e moitié du Ile. 1ère moitié du 64 -M. SALONIUS LONGINIUS MARCELLUS
III* s.
vers 216-218 65 -P. PLOTIUS EOMANUS
début du règne de Sévère- 66 - Q. AEADIUS RUFINUS OPTATUS AELIANUS
Alexandre
sous Sévère-Alexandre 67 -L. DOMITIUS GALLICANUS PAPINIANUS
premier tiers du IIIe s. 68-[. --]
avant 244-245 69 -M. ANTONIUS MEM[MIUS HIERO!]
entre 240 et 250 70 -[L.?] ANT[-] H
avant 344 71 -IULIUS EUBULIDAS
vers 350 72-ATTIUS CAECILIUS MAXIMILIANUS
vers 360 73 -FLAVIUS ATILIUS THEODOTUS
74 - * AELIUS XIFIDIUS
ÉTUDE SOCIALE 491

DE UAERARIUM SATURNI

Origine Famille

50 -
51 - Italien (Aquileia) - Apparenté à la famille impériale
52 - Italien (Ostie?) - Ancien chevalier: adlectus inter praetorios
53 - Africain (Oirta) - Homo novus
54 - Africain (Thuburbo mains) - Homo novus (ancien chevalier, adlectus in
amplissimum ordinem)
55 - Italien
56 - Italien - Famille sénatoriale

57 - Italien (Eome ou Ostie) - Fils d'un préfet du prétoire élevé au consulat;


gendre de Marc-Aurèle; élevé aupatriciat.
58 - Italien (Campanie) - Ancien chevalier, adlectus inter praetorios
59 - Oriental (Tyane, Cappadoce)
60 - Africain? - Adlectus inter praetoriosì
61 -
62 -
63 - Italien - Adlectus inter praetoriosì
64 - Italien?

65 - Italien (Ostie?) Famille équestre


66 - Africain (Bulla Begia) Homo novus

67 - Africain (Vina)
68 -
69 - Oriental
70 - Africain (Mactar)
71 - Italien (Interamna Nahars)
72 - Italien (Rome?) Famille sénatoriale
73 -
74 -
492 ΐΛ< AERABIUM SATURNI » ET l'« AERARIUM MILITARE »

II serait précieux de connaître l'origine géographique de tous les


sénateurs qui ont eu la charge du trésor et le milieu familial dont ils sont
issus. Ce tableau présente les résultats auxquels nous parvenons, avec
un point d'interrogation pour ceux qui restent hypothétiques.
En ce qui concerne le lieu d'origine, nous respectons les cadres
géographiques assez larges qui sont traditionnellement admis; ainsi nous
distinguons les Italiens des provinciaux et, parmi ceux-ci, nous
reconnaissons des Africains, des Espagnols, des Gaulois de Narbonnaise, des
Orientaux, etc. Si nous pouvons préciser la région d'où est issu le sénateur
ou même sa patria, nous l'indiquons entre parenthèses.
Pour ce qui est de l'origine familiale des responsables du trésor,
nous souhaitions la présentation la plus fidèle à la réalité sociale. Nous
avons cherché à distinguer d'abord les personnages issus d'une famille
sénatoriale et les hommes nouveaux. Mais, à l'intérieur de ces deux
catégories, nous nous efforçons à plus de précision. Pour les membres de
famille sénatoriale, nous indiquons les fils de consul et pour le premier
siècle de l'Empire, les nobiles, descendants de familles de magistrats de
l'époque républicaine. Nous reconnaissons comme homines novi, les
individus qui n'ont pas d'ancêtres sénateurs et non pas seulement ceux
d'entre eux qui ont atteint le consulat. Parmi les hommes nouveaux,
nous faisons une distinction entre ceux qui sont entrés au sénat par la
gestion des magistratures et ceux qui y ont été introduits à la faveur
d'une adlectio.
Par commodité, nous réservons dans ce tableau le titre d'homo novus
aux individus entrés au sénat par la gestion des magistratures. A partir
du règne de Caligula, les jeunes gens qui ne sont pas de naissance
sénatoriale (nous n'en conclurons pas pour autant qu'ils étaient tous
de famille équestre) doivent être admis in amplissimum ordinem par
concession du laticlave, avant de pouvoir briguer la première
magistrature.
L' adlectio est un nouveau mode d'accession au sénat; il est apparu
plus tardivement au premier siècle de l'Empire; nous n'en connaissons
pas d'exemple avant le règne de Claude. Aussi n'avons-nous pas
attribué à ces nouveaux sénateurs l'appellation de novi homines qui leur
conviendrait pourtant.
Il existe aussi le cas de jeunes chevaliers qui ont assumé une ou
plusieurs milices équestres, avant de recevoir le laticlave; ils sont entrés
au sénat après la gestion de la questure. Nous leur accordons la qualité
àJhomines novi, en précisant entre parenthèses les conditions particulières
de leur promotion.
ÉTUDE SOCIALE 493

Le premier individu qui apparaît dans cette étude, M. Cusinius,


chargé de Vaerarium pendant une partie de l'année 45, est l'un des
homines novi de l'Italie centrale que César introduisit dans le sénat
romain.

Nous sommes dans l'ensemble moins bien renseignés sur les praetores
aerarti que sur les praefeeti aerarti Saturni, du fait de la nature de notre
documentation: neuf de ces préteurs — la moitié — sont de simples noms
connus par les fastes des scribes du trésor, retrouvés sur le forum romain.
Pour ceux dont l'origine géographique et sociale peut être précisée, les
résultats sont cependant assez révélateurs. Sous Auguste et Tibère, tous
les préteurs du trésor sont des Italiens; les trois premiers sont des hommes
nouveaux, originaires d'Italie centrale; par la suite, si nous rencontrons
des noms nouveaux comme celui de C. Ummidius Quadratus, nous
relevons aussi des fils de sénateurs, en particulier trois nobiles, descendants
de familles de magistrats de l'époque républicaine. En fait, les préteurs
du trésor reflètent la composition du sénat romain au début du principat;
aux anciens membres de la nobilitas, s'ajoutent les homines novi issus
des familles de propriétaires fonciers de régions d'Italie centrale plus
reculées, comme le Samnium, qui jusqu'alors avaient donné peu de
sénateurs.
Nous ne connaissons aucun administrateur du trésor pour l'époque
de Caligula. En revanche, trois noms ont été retrouvés pour le règne
de Claude, en particulier celui de deux quaestor es aerarti Saturni-, au
noyau de sénateurs venus de l'Italie centrale (C. Caetronius Miccio et
L. Coiedius Candidus sont Ombriens), s'est ajouté un Gaulois de Nar-
bonnaise, T. Domitius Decidius, homme nouveau sans doute, mais issu
de la meilleure société provinciale: Agricola a épousé sa fille. Obultronius
Sabinus, questeur du trésor sous Néron, est lui-même originaire d'Italie
centrale, plus précisément du Latium.

Les premiers praefeeti aerarti Saturni connus apparaissent sous les


Flaviens, à une époque où la composition du sénat était déjà plus
diversifiée, à la suite de la lectio senatus faite par Vespasien et Titus, lors de
leur censure de 73-74. Or, les préfets du trésor sont nommés par le prince.
L'origine de ces sénateurs, lorsqu'elle peut être déterminée, ne reflète
donc plus seulement l'aspect composite du sénat; elle révèle la façon
dont les empereurs successifs surent choisir les membres de leur personnel
administratif et aussi le rang qu'occupa, selon les époques, la préfecture
du trésor dans la carrière sénatoriale.
494 ΐΛ( AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE ))

Lieu d'origine des praefecti aerarii Saturni

Nombre Nombre dont


l'origine est Italiens Africains Espagnols Orientaux Dalmates
total connue

52 42 27 7 3 4 1

Origine sociale des praefecti aerarii Saturni

Nombre total Nombre dont le Ascendance Hommes nouveaux


milieu est connu sénatoriale

52 32 12 20

II apparaît que les préfets du trésor sont recrutés essentiellement


parmi les Italiens (au nombre de 27). Les provinciaux (au nombre de 15)
forment à peu près le tiers de l'effectif; parmi eux, la moitié sont des
Africains.
Deux préfets du trésor sur trois sont les premiers sénateurs de leur
famille; le troisième est d'ascendance sénatoriale.
Ces conclusions globales ne sont pas suffisamment précises; il
convient d'examiner l'évolution règne par règne.
Sous Vespasien, L. Funisulanus Vettonianus, le premier préfet du
trésor connu, est un Italien, probablement homo novus. Les préfets
nommés par Domitien dont le milieu social est connu sont tous de famille
sénatoriale; à l'exclusion d'un Espagnol, L. Antistius Busticus, ils sont
tous Italiens. Q. Asconius Gabinius Modestus, qui exerça ses fonctions
sous les Flaviens sans doute, appartient à une famille sénatoriale de
Padoue.
Sous Trajan, les trois praefecti aerarii Saturni connus sont des
hommes nouveaux: Pline est issu de la bourgeoisie municipale de Corne, en
Transpadane; C. Iulius Cornutus Tertullus appartient au même milieu,
mais il vient de Perge en Pamphylie. Le premier sénateur oriental de
cette série apparaît donc à l'époque de Trajan, en accord avec les études
générales sur le milieu sénatorial, qui montrent l'importance de ce règne
ÉTUDE SOCIALE 495

pour l'accession des hellénophones au sénat romain. L. Catilius Severus


dont l'origine reste mystérieuse est en tout cas un homo novus.
Sur les sept préfets, contemporains d'Hadrien, dont l'origine est
connue, cinq sont des hommes nouveaux; la plupart des préfets du trésor
d'Hadrien sont des Italiens, en particulier les deux Egrilii d'Ostie; les
deux provinciaux, originaires l'un de Bétique, l'autre de Galatie,
appartiennent à de grandes familles, même si le second est le premier
personnage de sa noble famille galate à entrer au sénat. Il semble donc
qu'Hadrien ait choisi les administrateurs de Vaerarium Saturni parmi les
nouveaux sénateurs italiens ou l'aristocratie provinciale.
Sous le règne d'Antonin en revanche, trois préfets sont des fils de
consul, un quatrième est apparenté à la famille impériale, sans que nous
puissions assurer qu'il est fils de sénateur; 0. Coelius Festus, entré au
sénat par adlectio inter tribunicios, et les deux collègues du triennium
144-146 sont des hommes nouveaux. Le recrutement géographique se
diversifie: quatre Italiens (mais l'un d'entre eux, L. Dasumius Tullius
Tuscus, est apparenté à la famille espagnole des Dasumii), un Espagnol,
un Africain et un Dalmate.
Sous Marc-Aurèle, apparaissent des préfets issus de familles
équestres, qui ont commencé leur propre carrière comme chevaliers et sont
entrés au sénat soit par l'attribution du laticlave et la gestion de la
questure, comme C. Vettius Sabinianus Iulius Hospes, soit par adlectio, comme
L. Yolusius Maecianus. Les Africains sont presque aussi nombreux que
les Italiens (au nombre de 3). Un des gendres de Marc-Aurèle administra
Vaerarium vers 179-181.
Commode accorde la préfecture du trésor à T. Aius Sanctus qui,
après une belle carrière équestre, vient d'être admis au sénat par
adlectio inter praetorios, et à un sénateur grec de Cappadoce, Ti. Claudius
Gordianus.
A la fin du IIe siècle et dans le premier tiers du IIIe, les Africains
deviennent de plus en plus nombreux. On relève deux personnages, Q.
Mamilius Capitolinus et A. Egnatius Proculus, qui sont
vraisemblablement entrés au sénat par adlectio inter praetorios ; nous ne connaissons
pas pour ces deux hommes une brillante carrière équestre antérieure,
comme c'était le cas pour L. Volusius Maecianus et T. Aius Sanctus.
lu' adlectio inter praetorios a donc un autre sens pour eux; elle a été
accordée à des hommes jeunes dont l'empereur voulait utiliser les capacités,
et non à de vieux serviteurs qu'il cherchait à récompenser par une
promotion flatteuse. Les préfets du trésor du IIIe siècle dont le milieu social
est identifié sont tous des hommes nouveaux.
496 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Deux des sénateurs du IVe siècle sont des Italiens; la carrière d'At-
tius Caecilius Maximilianus invite à voir en lui le fils d'un sénateur romain.

Pour les quatre siècles, la plupart des préfets du trésor sont des
Italiens; mais l'apparition successive des provinciaux ne se fait pas au
hasard. Les premiers sont des Espagnols (L. Antistius Eusticus) et des
Orientaux (0. Iulius Cornutus Tertullus); nous ne rencontrons plus
d'Espagnols après le milieu du IIe siècle; en revanche, à partir de cette époque,
les Africains deviennent de plus en plus nombreux. Les Orientaux sont
peu nombreux (quatre); mais on les trouve depuis le règne de Trajan
jusqu'au IIIe siècle.
En ce qui concerne l'origine sociale, quelques traits sont
caractéristiques. Sous Trajan et Hadrien, les préfets du trésor sont le plus
souvent des hommes nouveaux. En revanche, on peut déceler sous Antonin
une tendance à accorder ce poste à des personnes de grande famille. A
partir de Marc-Aurèle, ce sont d'anciens chevaliers entrés au sénat.
Ill

LA CARRIÈRE DES RESPONSABLES

DE UAERARIUM SATURNI JUSQU'EN 56

A - Jusqu'à l'administration du trésor:


tableau p. 498-499; commentaire p. 500-501

Β - Après l'administration du trésor:


tableau p. 502-503; commentaire p. 504

32
498 ΐΛ< AERABIUM SATURNI » ET L'« AERAEIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE DES RESPONSABLES


A - JUSQU'À L'ADMINISTRATION

Date Nom Gestion du trésor

PBAEFECTU8
45 av. J.-C. 1 - M. CUSINIUS M. f . Vel. - aerario praefectus
PBAET0BE8
22 av. J.-C. 2-CN. PULLIUS POLLIO - pr. ad [aerarium]
peu après 23 av. J.-C. 3 -P. PAQUIUS SCAEVA - praetor aerarti

fin du règne 4 -M'. VIBIUS BALBINUS - praet. aerari


d'Auguste
13 ap. J.-C. 5-[C. CAE]LIUS RUFUS - pr.
14 6-[.-]LIUS A[TT]IC(US) - pr.
7 -P.
SCIPIO
CORNELIUS LEN[TULUS] — pr. aerari


15
8-[. -] VALENS - pr.
16 9-[. ~]US PROC(ULUS?) - pr.
18 10 -C. UMMIDIUS DURMIUS - pr. aer.
QUADRATUS
19 11 -Q. LUCANIUS LATINUS - [pr.]
.

20 J
- pr.
ipr-1aer.
ipr.]
Auguste ou Tibère
(avant 27 ap. J.-C.) |15-M.
/13-L.
114-L.
12--P.
16-[.
17-AVILLIUS
18 Q. -]ENUS
PONTIUS
CALPURNIUS
PLAUTIUS
ARQUINIUS
SALL(U)VIUS
PAETUS
PASTOR
NI[GRINUS]
PULCHER
PISO - pr. aer.
27 - pr. aer.
28 - pr. aer.
36 - pr. ad aerar.

PBAEFECTU8 BELIQUOBUM
42-43 19 -C. CAETRONIUS MICCIO - [prae]fectus reliquorum exigen-
dorum populi Bomani

QUAE8T0BE8
44-46 20 -T. DOMITIUS DECIDIUS - electo a Ti. Claudio Caesar e
Augusto Germanico qui
mus quaestor per triennium
citra sortent praesset aerario
Saturni
47-49 21 -L. COIEDIUS CANDIDUS - quaest. Ti. Claud. Caes. Germ.
quaest. aer. Satur.
56 22 - OBULTRONIUS SABINUS - quaestor aerarli
ÉTUDE SOCIALE 499

DE VAERARIUM SATURNI JUSQU'EN 56


DU TRÉSOR

Carrière antérieure

DE L'ANNÉE 45
1 -
AEBABII
2 - - [<7·] - Xvir stlit. iud ex s. c. - trib. pi.
3 - - quaestor — decemvir stlitibus iudi- — tribunus plebis
candis ex s.c. quattu- aedilis curulis
orvir capitalis ex s.c. iudex quaestionis
4 - tr. mil., pr. - a- - - aed. pi.
fabr., pr. eq.
5 - - - ? -
6 - - - Ì -
7 - - - ? -

8 - _ — ? —
9 - - - ? -
10 - Xvir stlit. - q. divi Augusti — - aed. cur.
iud. et Ti. Caesaris
Aug.
11 - - - ? -
12 - — - Ì -
13 - — - ? -
14 - — — ? -
15 - _ - ? -
16 - — - ? -
17 - — - ? -
18 - Illvir - comes Drusi
- q. Ti. Gaesaris Aug. - tr. pi.
a.a.a.f.f. V consults (31)
EXIOENDOBUM POPOLI ROMANI
19 - - - - tr. pi.
pr.
leg. Aug. Hisp. cit.
leg. leg. II August.
procos. provine. Baeticae
praef. aerar, militaris
ΛΕΒΑΕΙΙ S ATU EN I
20 - Illvir _ _ __
capitalis

21 - tr. mil. leg. — Illvir capital.


VIII Aug.
22 - - — —
500 L'ccAERAKIUM SATURNI» ET L'a AERAR!!™: MILITARE»

Nous étudions séparément la carrière des responsables du trésor


avant la réforme de 56; en effet, après la création des praefecti aerarli
Saturni, la gestion du trésor a occupé une place très différente dans le
cursus sénatorial.
En ce qui concerne M. Cusinius de Tusculum, nous savons seulement
qu'il a été chargé de Vaerarium pendant quelques mois de l'année 45
av. J.-C, après avoir été édile plébéien en 47 ou en 46.
ÎTous connaissons la carrière de cinq préteurs du trésor seulement.
Les deux premiers, Cn. Pullius Pollio et P. Paquius Scaeva, sont entrés
au sénat par l'élection à la questure; ils ont été désignés ensuite par
l'assemblée pour le poste de decemvir stlitibus iudicandis, qui a été suivi pour
Scaeva de celui de quattuorvir capitalis. Ainsi ces deux carrières ont
commencé à une époque antérieure aux réformes augustéennes, qui ont fait
du nouveau vigintivirat une étape préparatoire à la carrière sénatoriale.
De même, alors que Pollio obtint normalement le tribunat de la plèbe,
Scaeva exerça successivement le tribunat et l'édilité curule avant la
preture. L'avancement de M'.Vibius Balbinus est particulier aussi: il s'agit
d'un chevalier qui a fait un stage prolongé dans l'armée, avant d'être
élu questeur. En revanche, avec les débuts de 0. Ummidius Durmîus
Quadratus, nous trouvons la première carrière de sénateur ordonnée selon
les principes de la réforme augustéenne: le jeune homme a commencé
par le décemvirat judiciaire, avant d'être questeur de l'empereur, puis
édile curule et préteur; il n'a pas fait de service militaire avant la
questure. P. Plautius Pulcher, le dernier des praetores aerarti connus, a un
avancement plus conforme encore aux décisions d'Auguste: après le poste du
vigintivirat, qui, pour ce fils de consulaire, est celui de triumvir monetalis,
le comitat auprès de Drusus tient lieu de service militaire. Pulcher fut
questeur du prince lui aussi, avant d'exercer normalement le tribunat
de la plèbe; il n'était pas encore patricien à cette époque. Ces débuts
différents s'expliquent par l'application progressive de mesures nouvelles:
les modalités d'entrée au sénat et le schéma initial de la carrière
sénatoriale se précisent peu à peu.
Pour l'unique praefectus reliquorum exigendorum populi JRomani, nous
connaissons seulement le tribunat de la plèbe avant la preture; il s'agit
sans doute d'un ancien chevalier, qui a bénéficié de la possibilité, accordée
aux membres du deuxième ordre, de se présenter au tribunat. Il a
participé à la commission créée par Claude pour faire rentrer les sommes
dues au trésor en qualité de sénateur prétorien; la préfecture est le
cinquième poste prétorien après un juridicat espagnol, le commandement
d'une légion, le proconsulat de Bétique et la gestion du trésor militaire.
ÉTUDE SOCIALE 501

Cet avancement a l'intérêt de préfigurer celui que connaîtront les futurs


responsables du trésor de Saturne, une fois recrutés parmi les anciens
préteurs, comme les membres de cette commission. Ce premier praefectus
annonce donc les praefeeti aerarli Saturni de l'époque suivante.
Pourtant, c'est à de jeunes questeurs que Claude confie la gestion
de la caisse sénatoriale en 44. Sur les trois questeurs du trésor connus,
deux ont été triumviri capitales, avant la questure; l'un d'eux a fait en
outre le service militaire comme tribun. Le fait d'avoir commencé par le
poste inférieur du vigintivirat prouverait à lui seul que les questeurs du
trésor ne sont pas recrutés dans l'aristocratie; nous avons vu en effet
qu'ils étaient choisis parmi les hommes nouveaux.
502 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ( AEKABIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE DES RESPONSABLES


Β - APRÈS L'ADMINISTRATION

Date Nom Administration du trésor

PBAEFECTU8
45 av. J.-C. 1-M. CÜSINIUS M. f. Vel. - aerarlo praefectus
PBAET0BE8
22 av. J.-C. 2-CN. PULLIUS POLLIO - pr. ad aerarium

peu après 23 av. J.-C. 3 -P. PAQUIUS SCAEVA - praetor aerarti

fin du règne 4 -M'. VIBIUS BALBINUS - praet. aerari


d'Auguste
13 ap. J.-C. 5-[C. CAE]LIUS RUFIJS - Pr-
14 6-[.-]LIUS A[TT]IC(US) - pr.
7 -P. CORNELIUS LEN[TULUS] - pr. aerari
SCIPIO
15
8-[. -] VALENS - pr.
16 9-[.-]US PROC(ULUS?) - pr.
18 10 -C. UMMIDIUS DURMIUS - pr. aer.
QUADRATUS

19 11 -Q. LUCANIUS LATINUS - pr.


12 -Q. ARQUINIUS - pr.
20 13 -L. PONTIUS NI[GrRINUS] - pr.
Auguste ou Tibère 14 -L. CALPURNIUS PISO - pr. aer.
(avant 27 ap. J.-C.) 15 -M. SALL(U)VIUS - pr. aer.
27 16 -[. -]ENUS PAETUS - pr. aer.
28 17-AVILLIUS PASTOR - pr. aer.
36 18 -P. PLAUTIUS PULCHER - pr. ad aerar.

PBÄEFECTUS BELIQUOBUM
42-43 19 -C. CAETRONIUS MICCIO - praefectus reliquorum exigen·
dorum populi Bomani
QUAEST0BE8
44-46 20 -T. DOMITIUS DECIDIUS - qui primus quaestor per trien-
nium citra sortem praesset
aerarlo Saturni
47-49 21 -L. COIEDIUS CANDIDUS -~ quaest. aer. Satur.
56 22 - OBULTRONIUS SABINUS - aerarli quaestor
ÉTUDE SOCIALE 503

DE VAERARIUM SATURNI JUSQU'EN 56


DU TRÉSOR

Avancement ultérieur

DE L'ANNÉE 45
1 - pr. - -
AEBARII
2 - procos. provinciae Narb. - -
comes Goes. Augusti in Gallia cornata
Athenas in biennium missus
3 - pro consule provindam Oyprum optinuit - -
viar. cur.
procos iterum missus ad componendum
statum in reliquum provinciae Oypri
4 - leg. divi Aug. et Ti. Gaesaris Aug. - -
procos. provine. Narbonensis
5-1 - cos (17) -
6 - ? _ _
7 - legatus Ti. Gaesaris Aug. leg. VIIII - cos - procos Asiae
Hispan.
ΟQ _ «*
9 - ?
10 - curat. tabular, publicar. - COS - leg. divi Claudi
praef. frum. dandi ex 8. c. in Illyrico
procos provine. Gypri leg. divi Claudi
leg: Ti. Gaesaris Aug. prov. Lusit. et Neronis
Caesaris Aug.
in Syria
11 - ? - -
12 - ? _ —
13 - ? — _
14 - ? — _
15 - ? _ _
16 - ? _
17 - ! _ _
18 - curator viarum sternendar. -_ _
procos provinciae Siciliae
EXIGENDOBUM POPOLI BO MANI
19 - ? - -

AEBABII 8ΑΤΌΒΝΙ
20 - praetor - -

21 - cur. tab. p. _
22 - {praetor)1 — _
vraisemblablement procos Baeticae
504 ΐΛ AERARIUM SATURITI » ET l'(( AERARIUM MILITARE »

De la promotion ultérieure de M. Cusinius, nous connaissons


seulement la preture.
Pour les six préteurs du trésor dont nous avons reconstitué la
carrière prétorienne et éventuellement consulaire, nous notons un
avancement caractéristique: tous sauf un ont gouverné ensuite une province
sénatoriale; nous rencontrons deux fois la ÏTarbonnaise, deux fois Chypre,
une fois la Sicile. Ce ne sont pas des postes très prometteurs. Après deux
ou trois fonctions prétoriennes, On. Pullius Pollio, P. Paquius Scaeva,
M'. Vibius Balbinus et P. Plautius Pulcher n'avaient pas obtenu le
consulat suffect. Seuls, P. Cornelius Lentulus Scipio et C. TJmmidius Durmius
Quadratus ont assumé des responsabilités consulaires: le premier a reçu
le proconsulat d'Asie, le second deux légations impériales.
C'est la carrière d'Ummidius Quadratus qui va retenir un instant
notre attention: après la preture du trésor, le sénateur a reçu le soin
des archives publiques, puis celui des distributions de blé à la plèbe, qui
étaient alors à la charge de Vaerarium, enfin le gouvernement d'une
province sénatoriale dont les impôts alimentaient en principe le trésor
sénatorial; il y a eu, pendant quelques années^ une certaine unité de ton
dans la carrière d'Ummidius Quadratus, au service du sénat, jusqu'à ce
que l'empereur utilise à son tour cet homme compétent dans des
provinces impériales.
Nous ne savons rien de l'avancement de C. Caetronius Miccio après
sa participation à la commission financière de 42; il pouvait obtenir le
consulat suffect.
Nous connaissons fort peu de la carrière ultérieure des quaestores
aerarli Saturni. L'un a été préteur; l'autre est sans doute devenu
proconsul de Bétique, après la preture: il faut par conséquent restituer cette
magistrature avant le proconsulat. L. Coiedius Candidus a obtenu la
curatelle des archives publiques, poste qui était probablement dévolu aux
anciens responsables du trésor quel que fût leur rang, puisqu'Ummidius
Quadratus l'avait obtenu après la preture du trésor, trente ans plus tôt;
sur ce sujet, nous renvoyons le lecteur àia notice n° 21^ concernant L.
Coiedius Candidus.
.
Ill

LA CARRIÈRE

DES PRAEFECTI AERARII SATURNI

1°) La carrière jusqu'à la preture:

α) avant la questure: tableau p. 506-509


commentaire p. 510-512
6) de la questure à la preture: tableau p. 514-519
commentaire p. 518-521

2°) La carrière prétorienne:

a) avant la préfecture du trésor: tableau p. 522-527


b) de la préfecture au consulat: tableau p. 528-531
commentaire commun p. 532-538

3°) La carrière consulaire: tableau p. 540-545


commentaire p. 546-552
506 '« AERARITJM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE

1) LA CARRIÈRE
a) AVANT

Date Nom

74-76 23 - L. FUNISULANUS VETTONIANUS


24-[. --]O
80-83
25 -L. POMPUSIUS METTIUS [-]NUS
87-89 26 -L. ANTISTIUS RUSTICUS
93-95 27 -L. NERATIUS PRISCUS
entre 56 et 95 28 - Q. ASCONIUS GABINIUS MODESTUS
29 -L. PUBLICIUS CERTUS
96-97
30 - Q. FULVIUS GILLO BITTIUS PROCULUS
31 -C. IULIUS CORNUTUS TERTULLUS
98-100
32 -C. PLINIUS CAECILIUS SECUNDUS
108-110 33 - L. CATILIUS SEVE RUS IULIANUS CLAUDIUS
REGINUS
fin du Ier-début du IIe β. 34-[. --]
35 -P. TULLIUS VARRÒ ·,. '<■·,
123-125 36 -A. EGRILIUS PLARIANUS PATER
37 - M. ACILIUS PRISCUS EGRILIUS PLARIANUS
126-128 38-L. AURELIUS GALLUS
129-131 39 -L. BURBULEIUS OPTATUS LIGARIANUS
132-134 40 - M. CUTIUS PRISCUS MESSIUS RUSTICUS
AEMILIUS PAPUS ARRIUS PROCULUS
IULIUS CELSUS
135-137 41 - C. IULIUS SEVERUS
Hadrien 42-ARRIANUS SEVERUS
138-140 43 -Q. LICINIUS [QUARTINUS?] MODESTINUS
[SEX.?] ATTIUS LABEO
44 -L. COELIUS FESTUS
141-143
45 -P. MUMMIUS SISENNA RUTILIANUS
46 -L. OCTAVIUS CORNELIUS SALVIUS
144-146 IULIANUS AEMILIANUS
47 -C. POPILIUS CARUS PEDO
ÉTUDE SOCIALE 507

» DES PRAEFECTI AERARII SATURNI


\ JUSQU'À LA PRETURE
LA QUESTURE

Vigintivirat Service militaire Sévir at

23 - IIIv[ir capii.] — trib. mil. leg. VI victr.

25 - —
26 — Xvir stlitibus iudicand. - trib. mil. leg. II Aug.
27 - -
28 - -
29 - -
30 - -
31 - -
32 - Xvir stl. iud. - trib. milit. leg. Ill Gall. - sevir eq. B.
33 - -

34 -
35 - Xvir stlitibus iudicand. - tribunus milit. leg. XVI Fl.
36 - -
37 - IlIIvir viarum curandarum — trib. mil. leg. V Maced.
38 - -
39 - Illvir capit. - trib. latici, leg. IX Hispan.
40 - IlIIvir viarum curandarum — tr. mil. leg. Ill Aug.

41 -
42 -

43 - Xvir stliti[-] -

44 -
45 — Xvir stlitib. iudic. - trib. leg. V Maced.
46 - Xvir -

47 - Xvir stlitib. iudicandis — trib. laticlavius leg. Ill Gyreneicae


508 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET l'« AERARIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE
1) LA CARRIÈRE
a) AVANT

Date Nom

48 -CN. IULIUS VE RUS


147-149
49 -L. DASUMIUS TULLIUS TUSCUS
fin du 1er. 1ère moitié du IIe s. 50-[. -]CIUS C[-]
entre 153 et 158 51 -M. SERVILIUS FABIANUS MAXIMUS
vers 164-166 52 -L. VOLUSIUS MAECIANUS
vers 167-169 53 -C. ARRIUS ANTONINUS

vers 170-172 54 -C. VETTIUS SABINIANUS IULIUS HOSPES

entre 170 et 179 55 -L. ALBINIUS SATURNINUS


Marc-Aurèle - Commode 56 -L. CESTIUS GALLUS CERRINIUS IUSTUS
LU[T]ATIUS NATALIS
vers 179-181 57 -M. PETRONIUS SURA MAMERTINUS
vers 182-184 58 -T. AIUS SANCTUS
vers 191-193 59 -TI. CLAUDIUS GORDIANUS
vers 200 60 -Q. MAMILIUS CAPITOLINUS
2e moitié du 1<*-ΙΙ> s. 61 -[.--]
2e moitié du IIe s. 62-[. --]
fin du IIe s. 63 -A. EGNATIUS PROCULUS
2e moitié du Ile. 1ère moitié 64 -M. SALONIUS LONGINIUS MARCELLUS
du IIIe s.
vers 216-218 65 -P. PLOTIUS ROMANUS
début du règne de Sévère- 66 - Q. ARADIUS RUFINUS OPTATUS AELIANUS
Alexandre
sous Sévère-Alexandre 67 -L. DOMITIUS GALLICANUS PAPINIANUS
premier tiers du IIIe s. 68-[.--]
avant 244-245 69 -M. ANTONIUS MEM[MIUS HIERO?]
entre 240 et 250 70 -[L.?] ANT[-] [-]
avant 344 71 -IULIUS EUBULIDAS
vers 350 72-ATTIUS CAECILIUS MAXIMILIANUS
vers 360 73 -FLAVIUS ATILIUS THEODOTUS
74 - * AELIUS XIFIDIUS
ÉTUDE SOCIALE 509

DES PRAEFECTI AERARII SATURNI


JUSQU'À LA PRETURE
LA QUESTURE

Viginti virât Service militaire Sévirat

48 — triumvir a.a.a.f.f. - tribunus laticlavius leg. X Fretensis


49 — triumvir a.a.a.f.f. - trib. milit. leg. II II Flaviae
50 - -
51 — IlIIvir viarum cur andar. - tr. mil. leg. I Minerv.
52 - _
53 — IlIIvir viarum cur andar. - tribunus laticlavius leg. Uli
Scythicae
54 - - praef. cohortis II öommagenorum
trib. mil. leg. I Italiae
55 - -.
56 - IlIIvir viar. curand. - trib. laticlavius leg. VIII Aug.

57 - —
58 - -
59 - -
60 - -
61 - -
62 - -
63 - -
64 - -

65 - IIIIv. v. cur. — trib. mil. leg. I Min. et II Adiut. - sévir eq. Β


66 - -

67 - _
68 - -
69 - - χειλίαρχος [λεγ-]
70 - -
71 - -
72 - -
73 - —

74 -
510 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET l'« AERARIUM MILITARE »

A l'époque où apparaissent les premiers préfets du trésor, sous les


Flaviens, la carrière des sénateurs se conforme aux dispositions prises
par Auguste. Avant de briguer la questure à 25 ans, le jeune homme doit
assumer, vers l'âge de 18 ans, une magistrature mineure, le vigintivirat,
puis, vers l'âge de 20 ans, exercer le service militaire comme tribun la-
ticlave dans une légion.
On sait désormais que les quatre postes du vigintivirat ne sont pas
décernés arbitrairement; il existe entre eux une hiérarchie. Les tresviri
monetales, dits aussi tresviri aere argento auro flando feriundo, sont les
patriciens ou les futurs candidats du prince; ce poste présage à ses
titulaires un brillant avenir. Les decemviri stlitibus iudicandis occupent la
deuxième place, les quattuorviri viarum curandarum la troisième. Les
tresviri capitales ont le poste le moins recherché. Même s'il est vrai que
les règles de la statistique nous donnent plus de chances de rencontrer
des decemviri que des tresviri, la hiérarchie des fonctions reste réelle.
Sur les seize préfets du trésor de Saturne dont le vigintivirat nous
est connu, deux seulement ont reçu le triumvirat monétaire: ce sont
On. Iulius Verus et son collègue L. Basumius Tullius Tuscus, sous le
règne d'Antonin. Ces deux personnages ont été par la suite questeurs
de l'empereur et ont parcouru, nous le verrons, des carrières rapides et
brillantes: la préfecture du trésor est pour l'un le second, pour l'autre
l'unique poste prétorien; tous deux ont occupé par la suite des fonctions
consulaires élevées.
Ces remarques confirment la restitution que nous avons proposée
pour le premier préfet connu, L. Funisulanus Vettonianus. Cet homme,
qui devint simplement questeur de la province de Sicile et parcourut
ensuite une modeste carrière prétorienne, a débuté sans aucun doute
comme triumvir capitalis, bien que nous connaissions un seul autre préfet
qui ait ainsi commencé sa carrière. Il s'agit de L. Burbuleius Optatus
Ligarianus: ce sénateur exerça lui aussi la questure dans une modeste
province sénatoriale, celle de Pont et Bithynie; l'avancement ultérieur de
Burbuleius donne encore l'exemple d'une carrière régulière, mais sans
éclat, malgré la place dans l'historiographie latine qu'a confiée à ce
sénateur l'étude de B. Borghesi. Si deux préfets seulement ont occupé ce
poste médiocre à leurs débuts, nous voudrions rappeler que deux quaes-
tores aerarii Saturni de Claude avaient ainsi commencé leur carrière, ce
qui confirme encore la restitution de ce triumvirat pour L. Funisulanus
Vettonianus. Nous ne devons d'ailleurs pas attacher une importance
exagérée à ce poste de début, puisque le sénateur a fait ses débuts sous
Néron, mais s'est attiré par la suite la faveur de Vespasien et de ses fils.
ÉTUDE SOCIALE 511

Ce sont les fonctions intermédiaires du vigintivirat qui ouvrent le plus


souvent la carrière des futurs préfets du trésor: sept d'entre eux (L. An-
tistius Eusticus, Pline le Jeune, P. Tullius Varrò, Q. Licinius Modestinus,
P. Mummius Sisenna Eutilianus, Salvius Iulianus, C. Pópilius Carus Pedo)
ont été decemviri stlitibus iudicandis ; six autres (M. Acilius Priscus Egri-
lius Plarianus, M. Cutius Priscus . ..Aemilius Papus, M. Servilius Fa-
bianus Maximus, C. Arrius Antoninus, L. Cestius Gallus, P. Plotius Eo-
manus) quattuorviri viarum curandarum. Ces postes ne permettaient pas
de présager leur élévation ultérieure, qui pouvait dépendre de la faveur
des princes successifs. La première mention d'un préfet qui ait commencé
par le quattuorvirat se rencontre sous le règne d'Hadrien: est-ce un
hasard dû aux lacunes de notre documentation? E. Birley a noté qu'au
deuxième siècle, de nombreux viri militares ont débuté par le
quattuorvirat. Il est vrai que les préfets du IIe siècle qui ont abordé de cette façon
la carrière sénatoriale ont tous fait le service militaire et qu'ils ont
ensuite commandé une légion comme légat prétorien, à l'exception de C.
Arrius Antoninus; mais ce dernier a gouverné par la suite deux provinces
impériales consulaires. Le seul des sénateurs qui n'ait pas fait le service
militaire, alors que nous connaissons son vigintivirat, a précisément reçu
le décemvirat judiciaire: il s'agit du juriste L. Octavius Cornelius Salvius
Iulianus; mais il a lui-même gouverné des provinces impériales après le
consulat. Il reste que, pour les préfets qui ont parcouru une carrière
exclusivement civile, à l'exception du service militaire éventuel — il s'agit
de C. Iulius Cornutus Tertullus, Pline le Jeune, l'anonyme n° 34 de Vin-
timille, L. Albinius Saturninus, M. Petronius Sura Mamertinus et Ant. —
nous avons un seul exemple de vigintivirat: celui de Pline le Jeune, qui
a justement commencé sa carrière par le décemvirat judiciaire.
Nous disposons de faibles indices; ils permettent cependant de
déceler des tendances: les préfets du trésor ont été recrutés le plus souvent
parmi des sénateurs de rang moyen, qui avaient abordé la carrière
sénatoriale par le décemvirat ou le quattuorvirat; les premiers étaient ainsi
orientés plutôt vers une carrière civile, alors que les seconds s'engageaient
plutôt vers une carrière militaire. Il semble aussi que le décemvirat
caractérise la fin du Ier siècle et la première moitié du IIe, alors que le
quattuorvirat se rencontre seul, à partir du milieu du IIe siècle. Pouvons-
nous en déduire que ce poste était confié jusqu'au milieu du IIe siècle
à des civils, en particulier des juristes, comme L. Neratius Priscus ou
Salvius Iulianus, ou des spécialistes des affaires financières comme Pline
le Jeune, et à partir de la deuxième moitié du IIe siècle à des « militaires »?
Nos conclusions doivent être plus nuancées, puisque cette étude des
512 l'« aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

fonctions préparatoires à la caisse sénatoriale laisse nécessairement de


côté tous les préfets du trésor sénatorial de la deuxième moitié du IIe
siècle qui sont d'anciens chevaliers entrés au sénat par adlectio inter prae-
torios (L, Volusius Maecianus, T. Aius Sanctus, et sans doute Q. Mamilius
Capitolinus et A. Egnatius Proeulus), sans oublier G. Vettius Sabinianus
Iulius Hosp.es, qui a reçu le laticlave après deux milices équestres.
33
514 ΐΛ AERAKIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

IH - LA CARRIÈRE
1) LA CARRIÈRE
b) APEÈS

74-76 23 -L. FUNISULANUS - quaestor provinciae Sicildae


VETTONIANUS
24-[. --]O
80-83 25 -L. POMPUSIUS METTIUS
HNUS
87-89 26 -L. ANTISTIUS EUSTICUS

93-95 27 -L. NEEATIUS PEISCUS


entre 56 et 95 28 -Q. ASCONIUS G-ABINIUS
MODESTUS
29 -L. PUBLICIUS CEETUS
96-97 30 - Q. FULVIUS CULLO BITTIUS
PEOCULUS
31 -C. IULIUS COENUTUS - quaestor urbanus
98-100 TEETULLUS
32 - C. PLINIUS CAECILIUS - quaestor Imp.
SECUNDUS
108-110 33 -L. CATILIUS SEVEEUS - quaestor provinciae Asiae
IULIANUS CLAUDIUS
EEGINUS
fin du ler-début du IIe 34-[.--J
35 -P. TULLIUS VAEEO - quaestor urb.
123-125 36 -A. EGEILIUS PLAEIANUS
PATEE
37 -M. ACILIUS PEISCUS - quaest. urb.
126-128 EGEILIUS PLAEIANUS
38 -L. AUEELIUS GALLUS - quaest. provine. Asiae
129-131 39 -L. BUEBULEIUS OPTATUS - q. Ponti et Bithyn.
LIGAEIANUS
132-134 40 -M. CUTIUS PEISCUS - q. pr. pr. provine. Africae
MESSIUS EUSTICUS
AEMILIUS PAPUS AEEIUS
PEOCULUS IULIUS CELSUS
ÉTUDE SOCIALE 515

DES PRAEFECTI AERARII SATURNI


JUSQU'À LA PRETURE
LA QUESTURE

Fonction
questorienne Edilité-triTtmnat Fonction
tribunicienne Preture

23 - - trib. pleb. - praet.

24 -
25 -

26 - adlectus inter praetorios a


divo Vespasiano et divo Tito
27 -
28 - praetor

29 - (praetor)
30 -

31 - aedilis (Jerealis - adlectus inter praetorios a divis


Vespasiano et Tito censoribus
32 - trib. pi. - pr.

33 - - pr.urb.

34 -
35 - - aedilis Oerealis - praetor
36 -

37 - - aedilis pleb. Cerealis - praet.

38 - - tr. pi. - pr.


39 - - aed. pi. - pr.

40 - - trib. pleb. - pr. peregrinus


516 l\< aerarium saturni » et l'« aerarium militare »
LA CARRIÈRE
1) LA CARRIÈRE
b) APRÈS

135-137 41 - C. IULIUS SEVERUS

Hadrien 42-ARRIANUS SEVERUS


138-140 43 -Q. LICINIUS [QUARTINUSf] - quaestor provinciae Africae
MODESTINUS [SEX.?]
ATTIUS LABEO
44 -L. COELIUS FESTÜS
141-143
45 -P. MUMMIUS SISENNA - quaest.
RUTILIANUS
46 -L. OCTAVIUS CORNELIUS - quaestor
SALVIUS IULIANUS
144-146 AEMILIANUS
47 - C. POPILIUS CARUS PEDO q. candidatus
q. divi Hadriani Aug.
48 -CN. IULIUS VERUS quaestor Aug.
147-149
49 ~L. DASUMIUS TULLIUS quaest. Imp. Antonini
TUSCUS Aug. Pii
fin dU 1er. 1ère moitié 50-[. -]CIUS C[-]
II« s.
entre 153 et 158 51 -M. SERVILIUS FABIANUS - q. urb.
MAXIMUS
vers 164-166 52 -L. VOLUSIUS MAECIANUS
vers 167-169 53 -C. ARRIUS ANTONINUS - quaest. urbanus

vers 170-172 54 -C. VETTIUS SABINIANUS translatus in amplissimum


IULIUS HOSPES ordinem ab Imp. divo T.
Antonino; quaestor
entre 170 et 179 55 -L. ALBINIUS SATURNINUS q. urb.
Marc-Aurèle - Commode 56 -L. CESTIUS GALLUS quaestor urbanus
CERRINIUS IUSTUS
LU[T]ATIUS NATALIS
vers 179-181 57 -M. PETRONIUS SURA adlectus inter quaestorios ab
MAMERTINUS Imp. M. Aurelio Antonino
Aug.
ÉTUDE SOCIALE 517
DES PRAEFECTI AERARII SATURNI
JUSQU'À LA PRETURE
LA QUESTUKE

Fonction
questorienne Edilité-tribunat Fonction
tribunicienne Preture

41 - - {adlectus inter tribu- - pr.


nicios a divo Ha-
driano)
42
43 - tribunus plebis - [praetor]

44 - - adlectus inter tribu- - praetor


nicios
45 - - tr. pi. - praetor

46 - - trib. pi. - pr.

47 - tribunus plebis (can- - praetor (candidatus)


didatus)
48 - tribunus plebis - praetor
49 - leg. provine. tribun, pleb. - praetor
Africae
50

51 - ab actis se- - praet.


natus
52 - - (adlectus inter praetorios)
53 - sévir equitum - aedilis curulis - praetor tutelane (primus)
Bomanorum
ab actis se-
natus
54 - - trib. pleb. - praetor

55 - aed. pi. - pr. urb.


56 - ab actis se- aedil. curul. - praetor
natus

57 -
518 ΐΛ AERABIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE ))

III - LA CARRIÈRE
1) LA CARRIÈRE
b) APEÈS

Date Nom Questure

vers 182-184 58 -T. AIUS SANCTUS


vers 191-193 59 -TI. CLAUDIUS GORDIANUS - q. provinciae Gypri

vers 200 60 - Q. MAMILIUS CAPITOLINUS


2e moitié du ler-IIe s. 61-[.--]
2e moitié du IIe s. 62-[. --]
fin du IIe s. 63 -A. EGNATIUS PROCULUS
2e moitié du Ile. 1ère 64 -M. SALONIUS LONGINIUS - quaest. cand.
moitié du IIIe s. MARCELLUS

vers 216-218 65 -P. PLOTIUS ROMANUS - q. hand.


début du règne de 66 -Q. ARADIUS RUFINUS
Sévère- Alexandre OPTATUS AELIANUS
sous Sévère-Alexandre 67 -L. DOMITIUS GALLICANUS
PAPINIANUS
premier tiers du IIIe s. 68-[. --]
avant 244-245 69 -M. ANTONIUS MEMfMIUS quaestor Lyciae et
HIEROf] Pamphyliae
entre 240 et 250 70-[L.ÎJ ANTH [-] adlectus inter quaestorios
avant 344 71-IULIUS EUBULIDAS
vers 350 72-ATTIUS CAECILIUS
MAXIMILIANUS
vers 360 73 -FLAVIUS ATILIUS
THEODOTUS
74-* AELIUS XIFIDIUS

Nous connaissons la questure de vingt-quatre préfets du trésor; pour


trois d'entre eux nous savons seulement qu'ils ont été questeurs,
probablement à Eome; pour les autres, nous avons quelques précisions.
Six d'entre eux ont bénéficié de la commendatio impériale; il s'agit
de Pline le Jeune, C. Popilius Carus Pedo, Cn. Iulius Verus, L. Dasumius
ÉTUDE SOCIALE 519

DES PRAEFECTI AERARII SATURNI


JUSQU'À LA PRETURE
LA QUESTUEE

Fonction
questorienne E dilité-tribunat Fonction
tribuni cienne Preture

58 - (adlectus inter praetorios)


59 - leg. prov. (adlectus inter praetorios'ì)
Gypri
60 - (adlectus inter praetorios ?)
61 - - aed. adlectus inter praetorios
62 -
63 - (adlectus inter praetoriosi)
64 — leg. pro. - trib. pie. leg. pro. praet. pr.
praet. prov. prov. Moestae
Afr.
65 - - trib. pi. pr. urb.
66 -

67 - — praet.

68 -
69 - ab actis se- aedilis curulis — praetor
natus
70 - aedilis plebi — [praet.]
71 -
72 - — praetor candidatus

73 -

74 -

Tullius Tuscus, M. Salonius Longinius Marcellus et P. Plotius Eomanus.


Parmi ceux-ci, quatre précisent qu'ils ont été questeurs de l'empereur,
par conséquent les porte-parole du prince au sénat; ce sont Pline, Po-
pilius Pedo, Cn. Iulius Verus, L. Dasumius Tullius Tuscus. Pour les deux
autres, M. Salonius Longinius Marcellus et P. Plotius Bomanus, nous sa-
520 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

vons seulement qu'ils ont été candidati; mais cela s'explique par
l'évolution de la titulature. Parmi les questeurs candidats, nous trouvons
naturellement les deux anciens tresviri monetales, Cn. Iulius Verus et L.
Dasumius Tullius Tuscus; deux autres, Pline le Jeune et C. Popilius Carus
Pedo, sont d'anciens decemviri stlitibus iudicandis; P. Plotius Romanus,
questeur candidat de Septime-Sévère, a commencé par le poste de quat-
tuorvir viarum curandarum. Nous avons donc une proportion relativement
modeste de questeurs du prince, un sur quatre environ.
Sept d'entre eux ont été questeurs urbains, fonction honorable, qui
se place en dignité après le poste de quaestor Augusti; il s'agit de 0. Iulius
Cornutus Tertullus, P. Tullius Varrò, M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus,
M. Servilius Fabianus Maximus, C. Arrius Antoninus, L. Albinius Satur-
ninus et L. Cestius Gallus.
Huit autres ont accompagné dans les provinces sénatoriales un
proconsul; pour quatre d'entre eux, L. Catilius Severus, L. Aurelius Gallus,
M. Cutius Priscus . . .Aemilius Papus et Q. Licinius Modestinus, les
proconsuls d'Asie et d'Afrique; pour les quatre autres, L. Funisulanus Vet-
tonianus, L. Burbuleius Optatus Ligarianus, Ti. Claudius Gordianus et M.
Antonius Mem[mius], des proconsuls prétoriens, dans les provinces de
Sicile, Pont et Bithynie, Chypre et Lycie-Pamphylie.
Nous devons remarquer qu'aucun questeur candidat ne figure parmi
les préfets d'Hadrien; en revanche, tous les préfets d'Antonin ont exercé
leur questure à Eome, trois d'entre eux comme questeurs du prince et
l'un comme questeur urbain.
La plupart des anciens questeurs exercent normalement le tribunat
ou l'édilité avant la preture, sauf au IVe siècle où cet échelon a disparu.
La plupart sont de simples préteurs; trois d'entre eux sont préteurs
urbains; l'un est préteur pérégrin. Un seul de nos préfets a été candidat
de l'empereur pour toutes ses magistratures: il s'agit de C. Popilius Carus
Pedo, sous Antonin précisément. Au milieu du IVe siècle, Attius Caecilius
Maximilianus a été préteur candidat, alors qu'il n'avait pas eu la com-
mendatio impériale pour la questure.
En général, la carrière à ce stade comporte seulement les trois degrés
de magistratures en usage depuis l'époque augustéenne (deux seulement
au IVe siècle). Nous rencontrons cependant quelques exemples de postes
questoriens au IIe siècle et dans la première moitié du IIIe: trois
sénateurs de rang questorien, L. Dasumius Tullius Tuscus, Ti. Claudius
Gordianus, M. Salonius Longinius Marcellus, ont appartenu comme légat à
l'état-major d'un proconsul; l'un d'eux, M. Salonius Longinius Marcellus,
a peut-être eu une deuxième légation après le tribunat. Quatre autres
ÉTUDE SOCIALE 521

ont assumé les fonctions de ab actis senatus, qui leur donnaient la


responsabilité de rédiger le compte rendu des séances du sénat: ce poste
rappelle à certains égards la curatelle des archives qui, sous les Julio-Clau-
diens, incomba à deux reprises à d'anciens responsables du trésor; les
quatre ab actis senatus, M. Servilius Fabianus Maximus, 0. Arrius
Antoninus, L. Cestius Gallus et M. Antonius Memmius Hiero, ont obtenu l'é-
dilité curule; cet avancement paraît réglementaire. Il faut remarquer
dans le même sens que tous les questeurs urbains de ce tableau sont
devenus édiles. Sous le règne d'Antonin, où se place le début de leur
carrière, M. Servilius Fabianus Maximus, C. Arrius Antoninus et peut-être
L. Cestius Gallus ont connu le même avancement:
questeur urbain,
ab actis senatus
édile curule,
préteur.
Cette concordance invite peut-être à opter pour la datation haute de
la carrière de L. Cestius Gallus.

L'observation des cursus depuis la questure jusqu'à la preture vient


confirmer une remarque que le commentaire du précédent tableau
imposait: il semble que les responsables du trésor aient été choisis par An-
tonin parmi des sénateurs de rang plus élevé que par Hadrien avant lui.
Sous Marc-Aurèle, les préfets du trésor sont souvent d'anciens questeurs
urbains et même préteurs urbain ou tutélaire, c'est-à-dire des sénateurs
qui ont abordé la carrière sénatoriale de façon fort honorable. En
revanche, à la fin du IIe siècle, les préfets du trésor sont recrutés parmi les
anciens chevaliers admis au sénat. Nous manquons de précisions pour
les règnes de Septime-Sévère et de ses fils. Au milieu du IVe siècle, les
débuts d'Attius Caecilius Maximilianus, questeur, préteur candidat, sont
ceux d'un membre de l'aristocratie sénatoriale romaine.
522 Ι/« AERARKFM SATURNI » ET I/« AERARIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE
2) LA CARRIÈRE
a) AVANTLA PRÉFECTURE

Nom Preture Fonctions prétoriennes

23 -L. FUNISULANUS - praet. - leg. leg. Uli curator viae


VETTONIANUS ScytMc. Aemiliae
24-[. ~-]O

25 -L. POMPÜSIUS
METTIUS [-]NUS
26 -L. ANTISTIUS adlectus inter curator viarum leg. leg. VIII Aug.
RUSTICUS praetorios a divo Aureliae et Gor-
Vespasiano et neliae
divo Tito
27 - L. NERATIUS PRISCUS

28 -Q. ASCONIUS
GABINIUS MODESTUS praetor — pro cos.
29 - L. PUBLICIUS CERTUS (praetor)

30 -Q. FULVIUS GILLO


BITTIUS PROCULUS
31 -C. IULIUS CORNUTUS - adlectus inter - legatus pr. prae- procos. provinciae
TERTULLUS praetorios a divis tore provinciae Narbonensis
Vespasiano et Cretae et
Tito censorious Gyrenarum
32 - C. PLINIUS CAECILIUS - pr. - praef. aer. mil.
SECUNDUS
33 - L. CATILIUS SEVERUS - pr.urb. - praef. frumenti leg. pro pr.
IULIANUS CLAUDIUS dandi ex s. c. provinciae Asiae
REGINUS
34 -[.--] - curator [ ]m curat. [viae novae
faciendae usque'ì]
Puteolos
35 -P. TULLIUS VARRÒ - praetor leg. leg. XII et VI victricis p. f.
fulminatae

36 -A. EGRILIUS
PLARIANUS PATER
37 -M. ACILIUS PRISCUS - praet. legatus procos prov. Galliae
EGRILIUS PLARIANUS provinciar. Narbonens.
Siciliae et Asiae
38 - L. AURELIUS GALLUS - pr. legatus provine. curator viae Glodiae
Africae Anniae Gassiae Gì-
miniae et novae
Traianae
ÉTUDE SOCIALE 523

DES PRAEFECTI AERARII SATURNI


PRÉTORIENNE
DU TRÉSOR

dans l'ordre chronologique Préfecture du trésor

23 - curator aquarum 4e poste


74-76
42 - — _ ?
80-83
25 - _ _ ?
80-83
26 - procos. provine. - - 4e p.
Hisp. 87-89
OU. Baetic.

27 - _ _ ?
.
.
.

93-95
2e p.
28 - - - entre 56 et 95
29 - — - %
96-97
30 - - _ ?
96-97
31 - _ _ 3e p.
98-100

-■ _ 2e p.
32
98-100
33 - cur. viae [-~]iae - leg. leg. XXII - praef ectus aerar. 6e p.
primig. p. f. militar. 108-110
34 - _ %
fin du Ier-début du IIe s.

35 - procos prov. _ _ 4e p.
Baeticae 123-125
Ulterioris
Hispaniae
36 - - - %
123-125
37 - legatus legionis _ — praef. aerari 6e p.
VIII Augustae militar. 126-128
38 — legatus Aug. procos provine. Nar- — praef. frum. dandi 6e p.
leg. Ill Gallic. bonensis 126-128
524 ΐΛ AEKARIUM SATURNI » ET ΐΛ AEßAEXUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE
2) LA CARRIÈRE
a) AVANTLA PRÉFECTURE

Nom Preture Fonctions prétoriennes

39 -L. BURBULEIUS - pr. - curat. viar. - cur. reip. Narbon.


OPTATUS Glodiae item Anconitanor.
LIGARIANUS Cassiae Ciminae item Tarricin.
40 -M. CUTIUS PRISCUS - pr. peregrinità - curator viae - leg. Aug. leg. XX
MESSIUS RUSTICUS Aureliae V. v.
AEMILIUS PAPUS
ARRIUS PROCULUS
IULIUS CELSUS
41 -C. IULIUS SEVERUS - pr. - leg. pro pr. prov. — leg. leg. IIII
Asiae Scythicae

42-ARRIANUS SEVERUS
43 -Q. LICINIUS - [praetor] - [curator] viae
[QUARTINUS!] Salariae
MODESTINUS
ATTIUS LABEO[SEX.?]
44 ~L. COELIUS FESTUS - praetor - praef. frumenti - leg. Aug. Asturiae
dandi ex s.c. et Oallaeciae
45 -P. MUMMIUS SISENNA - praetor - leg. leg. VI -
RUTILIANUS Victric.
46 -L. OCTAVIUS - pr. - praef. aerar, mil. —
CORNELIUS SALVIUS
IULIANUS
AEMILIANUS
47 -C. POPILIUS CARUS - praetor {candida- — legatus legionis — curator viar.
PEDO tus) X fretensis Aureliae veteris et
novae, Corneliae et
triumphalis
48-CN. IULIUS VERUS - praetor - leg. leg. XXX -
'

Ulpiae
49 - L. DASUMIUS TULLIUS - praetor - -
TUSCUS
50 -[. -JCTUS C[-] - - [leg. pr. ]pr. — [proco]s. prov.[—]
[prov. 1]
51 -M. SERVILIUS - praet. - leg. pr. provin. - cur. viae Valeriae
FABIANUS MAXIMUS Asiae
52 -L. VOLUSIUS - (adlectus inter _
MAECIANUS praetorios)
53 -C. ARRIUS - praetor tutelaris - iuridicus per -
ANTONINUS (primus) Italiam regionis
Transpadanae
primus
54 -C. VETTIUS - praetor — legatus - iuridicus per tractus
SABINIANUS IULIUS provinciae Asiae Etruriae Aemiliae
HOSPES leg. Aug. ordinan- Liguriae
dos status insu-
larum Cycladum
ÉTUDE SOCIALE 525

DES PRAEFECTI AERARII SATURNI


PRÉTORIENNE
DU TRÉSOR

dans l'ordre chronologique Préfecture du trésor

39 - légat, leg. XVI - logista Syriae - procos Sicil. 5e p.


FI. firm. 129-131
40 - _ S- p.
132-134

41 - (vice legatus - procos. prov. Ach. - (missus in Bithyni- 5e p.


Syriae) am ad corrigendum 135-137
statum provinciae)
42 - — _ ?
Hadrien
43 - — v _ 2« p.
138-140

44 - 3« p.
141-143
45 - - _ 2e p.
141-143
46 - _ 2e p.
144-146

47 - 3e p.
144-146

48 - 2e p.
147-149
49 - _ _ 1er p.
147-149
50 - _ _ 3e p.
fin dU 1er. 1ère moitié
du IIe s.
51 - leg. leg. Ill Gal. _ _ 4e p.
entre 153 et 158
52 - _ 1er p.
vers 164-166
53 - curator _ _ 2e p.
Ariminensium vers 167-169
curator civitatum
per Aemiliam
45 - leg. leg. Ill - leg. Aug. rationibus - leg. leg. XIIII Gem. 7e p.
Italica Ooncors putandis trium Gal- cum iurisdicatu vers 170-172
liarum Pannoniae supe-
rioris
526 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE
2) LA CARRIÈRE
a) AVANTLA PRÉFECTURE

Nom Preture Fonctions prétoriennes

55 ~L. ALBINIUS pr. urb. leg. Aug. Asturi-


SATURNINUS cae et Callaee.
56 -L. CESTIUS GALLUS praetor leg. Augg. leg. procos provxnciae
CERRINIUS IUSTUS XX V.v. Narbonensis
LU[T]ATIUS NATALIS
57 -M. PETRONIUS SURA c[urator viae vel
MAMERTINUS aquarum]
58 -T. AIUS SANCTUS (adlectus inter
praetorios)
59 -TI. CLAUDIUS (adlectus inter procos prov. Ma- - leg. leg. XI Claud.
GORDIANUS praetorios) cedoniae
60 -Q. MAMILIUS (adlectus inter iurid. per Flami- - leg. Aug. per Astu-
CAPITOLINUS praetoriosì) niam et Ombri- riam et Gaîlaeciam
am et Picenum
adlectus inter - praef. frumenti
praetorios dandi
62-[. --] - leg. leg. X gem.

63 -A. EGNATIUS - (adlectus inter cur. r.p. Concord, leg. Aug. prov. Afr.
PROCULUS praetorio8%) cur. r.p. A ib.Fuc. dioeces. Humid.
cur. r.p. Bovian.
64 -M. SALONIUS - pr.
LONGINIUS
MARCELLUS
65 - P. PLOTIUS ROMANUS - pr. urb. cur. Vere, cur. viae Labic.

66 - Q. ARADIUS RUFINUS leg. leg. VII[-] praef. aera[ri mil]


OPTATUS AELIANUS

67 -L. DOMITIUS - praet.


GALLICANUS
PAPINIANUS
68-[. --] - iuridicus [-]

69 ~M. ANTONIUS - praetor


MEM[MIUS HIERO?]
70 -[L.<?] ANT[~] [-] - praet. - praef. Miniciae [iuridicus Flami·
nias] et JJmbriae
71-IULIUS EUBULIDAS

72-ATTIUS CAECILIUS praetor eandida-


MAXIMILIANÜS tus
73 -FLAVIUS ATILIUS
THEODOTUS
74-* AELIUS XIFIDIUS
ÉTUDE
DES PRAEFECTI AERARII SATURNI
PRÉTORIENNE
DU TRÉSOK
l dans l'ordre chronologique
55 - _
56 - - _
57 -
58 - - -
59 - leg. leg. Ill Äug. - -
60 - dux leg. VII - -
g. p. fei
61 - _ —
62 -
63 - leg. leg. VIII - praef. f. d. -
Äug. p. f.
64 - _ _
65 - tur. per Äem. - leg. Äug. cens. ace. -
Lig. Hisp. dt.
66 - _ -

67 - _
68 - _ _
69 - - -
70 - - -
71 - - -
72 - — _
73 - _
74 - - -
528 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »
III - LA CARRIÈRE
2) LA CARRIÈRE
6) DE LA PRÉFECTURE
Nom Préfecture du trésor
23 -L. FUNISULANUS VETTONIANUS 74-76
24-[. --]O 80-83
25 -L. POMPUSIUS METTIUS [-]NUS 80-83
26 -L. ANTISTIUS RUSTICUS 87-89
27 -L. NERATIUS PRISCUS 93-95
28 -Q. ASCONIUS GABINIUS MODESTUS entre 56 et 95
29 -L. PUBLICIUS CERTUS 96-97
30 - Q. FULVIUS G1LLO BITTIUS PROCULUS 96-97
31 -C. IULIUS CORNUTUS TERTULLUS 98-100
32 -C. PLINIUS CAECILIUS SECUNDUS 98-100
33 - L. CATILIUS SEVERUS IULIANUS CLAUDIUS 108-110
REGINUS
34-[. --] fin du Ier-début du IIe s.
35 -P. TULLIUS VARRÒ 123-125
36 -A. EGRILIUS PLARIANUS PATER 123-125
37 - M. ACILIUS PRISCUS EGRILIUS PLARIANUS 126-128
38 -L. AURELIUS GALLUS 126-128
39 -L. BURBULEIUS OPTATUS LIGARIANUS 129-131
40 -M. CUTIUS PRISCUS MESSIUS RUSTICUS 132-134
AEMILIUS PAPUS ARRIUS PROCULUS
IULIUS CELSUS
41 -C. IULIUS SEVERUS 135-137
42-ARRIANUS SEVERUS Hadrien
43 -Q. LICINIUS [QUARTINUS?] MODESTINUS 138-140
[SEX.?] ATTIUS LABEO
44 -L. COELIUS FESTUS 141-143
45 -P. MUMMIUS SISENNA RUTILIANUS 141-143
46 -L. OCTAVIUS CORNELIUS SALVIUS 144-146
IULIANUS AEMILIANUS
47 -C. POPILIUS CARUS PEDO 144-146
48 -CN. IULIUS VERUS 147-149
49 -L. DASUMIUS TULLIUS TUSCUS 147-149
50-[. -]CIUS C[-] fin du 1er. 1ère moitié du IIe
51 -M. SERVILIUS FABIANUS MAXIMUS entre 153 et 158
ÉTUDE SOCIALE 529

DES PRAEFECTI AERARII SATURNI


PRÉTORIENNE
DU TKÉSOR AU CONSULAT

Fonctions prétoriennes Consulat

23 - - sufi. 78?
24 -
25 -
26 - suff. mars 90
27 - suff. 97
28 -
29 -
30 - suff. nov. 98
31 - suff. sept. 100
32 - suff. sept. 100
33 - suff. 110
ord. 120
34 - suff.
35 - suff. 127
36 - suff. 128
37 - suff. août 129?
38 - suff. août 129?
39 - suff. vers 133-134
40 - suff. avant 138

41 - suff. 138?
42 - suff:?
43 - [procos prov. suff. 146
Aehaiaé]
44 - procos provinciae - suff. 148
Ponti et Bithyn.
45 - - suff. juin 146
46 - - ord. 148

47 - - suff. fin 147


48 - - suff. vers 151-152
II des. 180
49 - - suff. août 152
50 - - suff Λ
51 - - suff. juill. 158

34
530 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIÜM MILITARE »
III - LA CARRIÈRE
2) LA CARRIÈRE
b) DE LA PEÉFECTURE

Nom Préfecture du trésor

52 -L. VOLUSIUS MAECIANUS - vers 164-166


53 -C. ARRIUS ANTONINUS - vers 167-169
54 -C. VETTIUS SABINIANUS IULIUS HOSPES - vers 170-172

55 -L. ALBINIUS SATURNINUS - entre 170 et 179


56 -L. CESTIUS GALLUS CERRINIUS IUSTUS - Marc-Aurèle - Commode
LU[T]ATIUS NATALIS
57 -M. PETRONIUS SURA MAMERTINUS - vers 179-181
58 -T. AIUS SANCTUS - vers 182-184
59 -TI. CLAUDIUS GORDIANUS - vers 191-193
60 -Q. MAMILIUS CAPITOLINUS - vers 200
61-[. --] - 2e moitié du ler-IIe s.
62-[. --] - 2e moitié du IIe s.
63 -A. EGNATIUS PROCULUS - fin du IIe s.
64 -M. SALONIUS LONGINIUS MARCELLUS - 2e moitié du IIe-lère moitié
du IIIe s.
65 -P. PLOTIUS ROMANUS - vers 216-218
66 -Q. ARADIUS RUFINUS OPTATUS - début du règne de Sévère-
AELIANUS Alexandre
67 -L. DOMITIUS GALLICANUS PAPINIANUS - sous Sévère-Alexandre
68-[. --] - premier tiers du IIIe s.

69 -M. ANTONIUS MEM[MIUS HIERO!] - avant 244-245

70-[L.Î] ANT[-] H - entre 240 et 250

PBAEFECTI
Nom Préfecture du trésor Fonctions

71 -IULIUS EUBULIDAS - avant 344 - corr. Tusciae et Umbriae


72-ATTIUS CAECILIUS - vers 350 - ae pariter vicem tuens
MAXIMILIANUS consularis aguarum
73 -FLAVIUS ATILIUS - vers 360 — legatus provinciae Nu-
THEODOTUS midiae 361-362
74-* AELIUS XIFIDIUS -
ÉTUDE SOCIALE 531
DES PRAEFECTI AERARII SATURNI
PRÉTORIENNE
DU TRÉSOR AU CONSULAT

Fonctions prétoriennes Consulat

52 - - cos. desig. vers 165


53 - _ - suff. vers 170-171
54 - leg. Aug. pr. pr. — praepositus vexillatio- - suff. 176?
Pannoniae inf. nibue missis ad tutelam
urbis
55 - procosprov.Achaiae - - suff. entre 175 et 185
56 - - - d(esignatus)

57 - — - ord. 182
58 - - - suff. vers 183-185
59 - - - design(atus), vers 194-195
60 - - -
61 - - - suff.
62 - - -
63 - - - suff.
64 - - - ?

65 - leg. pr. pr. prov. Gai. - leg. pr. pr. prov. Arab. - suff. vers 223
66 - leg. Aug. pr. pr. - leg. Aug. pr. pr. Syriae - suff. vers 225
Galatiae Phoenices
67 - iuridicusi - - suff. av. 238
68 - leg. Aug. leg. Ill - -
Aug. Antoninianae
69 - legatus missus ad - - suff.
corrigendum statum
Galatiae
70 - — - adlectus inter consulares

DU IV" SIEGLE
postérieures Consulat ordinaire

71 - vicarius Africae 344 _


72 - corr. Lucaniae et - praef. annonae urbis -
Britt. Bomae
73 - - -

74 - - -
532 ΐΛ AERARIITM SATURNI » ET ΐΛ( AERARIUM MILITARE »

LA CAEEIÈEE PBÉTOEIEKtfE
DES PRAEFECTI AERARII SATURNI

(commentaire des tableaux 2, a et 2,b)

(L'étude du cursus sénatorial exige que les fonctions soient présentées dans
l'ordre chronologique. Nous aurions souhaité faire apparaître aussi, par la mise en
page, un ordre logique, lorsqu'il a existé. La carrière ordonnée, que nous
reconstituons pour la première moitié du IIe siècle, pourrait être matérialisée par des
colonnes regroupant les fonctions de même nature. Mais ce cadre n'est pas valable pour
les époques précédente et suivante; il risquerait d'imposer une vue erronée de
l'avancement prétorien, en suggérant une progression systématique qui n'a pas
toujours été la règle. Aussi nous a-t-il paru plus prudent d'adopter, pour la carrière
prétorienne, une présentation strictement chronologique, la première colonne regroupant
tous les premiers postes, la deuxième tous les deuxièmes et ainsi de suite.)

Les seuls exemples de carrières prétoriennes que nous possédions,


sous les Flaviens, ceux de L. Funisulanus Vettonianus et de L. Antistius
Eusticus, montrent que la préfecture était alors le quatrième et dernier
poste prétorien. La chronologie du cursus de L. Funisulanus Vettonianus
n'est pas certaine, puisqu'elle a été reconstituée à partir de deux
inscriptions aussi fautives et lacunaires l'une que l'autre. Nous pouvons
constater qu'il a assuré, comme L. Antistius Eusticus, une curatelle de voie,
un commandement de légion et une fonction civile; cet avant-dernier
poste fut pour Vettonianus celui d'adjoint au curateur consulaire des
eaux, pour Eusticus le proconsulat de Bétique.

Les trois carrières prétoriennes du règne de Trajan montrent


respectivement un troisième, un second et un sixième poste prétorien pour
Cornutus Tertullus, Pline le Jeune et L. Catilius Severus. En fait, nous
devons examiner à part les deux premières, qui datent des débuts du
règne. Cornutus Tertullus et son collègue Pline le Jeune ont un
avancement prétorien exclusivement civil; il s'explique en partie par la situation
respective de ces sénateurs sous le règne de Domitien. Cornutus Tertullus,
du fait de son opposition au « tyran », a eu une promotion très retardée:
entré au sénat parmi les anciens préteurs en 73-74, lors de la censure de
Vespasien et Titus, il n'avait occupé vingt ans plus tard que deux
fonctions modestes; Nerva et Trajan ont voulu le promouvoir au consulat
le plus rapidement possible. Pline, beaucoup plus jeune, n'a guère à se
plaindre de Domitien qui l'a favorisé à plusieurs reprises: c'est son atti-
ETUDE SOCIALE 533

tude courageuse dans les dernières années du règne, en particulier son


geste à l'égard du philosophe Artémidore sur le chemin de l'exil, qui lui
a valu, d'après lui, un avancement rapide sous Nerva et Trajan; en fait,
il semble que la disgrâce, dont s'honore Pline pour la fin du règne de Do-
mitien, ait été très relative; le sénateur administrait le trésor militaire
en septembre 96, au moment de l'assassinat de l'empereur; peut-être
savait-il seulement qu'il n'obtiendrait pas de poste officiel pour l'année 97?
Une chose est certaine, c'est que Pline est déjà bien en cour auprès de
ÏTerva, lorsque, au printemps de l'année 97, il attaque au sénat Publicius
Certus et, à travers la personne de ce sénateur, tous ceux qui se sont
compromis sous le règne de Domitien. La carrière de L. Catilius Severus,
qui ne s'est pas ressentie des mêmes vicissitudes, offre sans doute un
meilleur exemple pour l'étude d'un avancement normal. Après la preture
urbaine, le personnage n'a pas occupé moins de six postes, le dernier
étant la préfecture, avant de recevoir le consulat suffect: deux fonctions
civiles à Eome et en Italie, séparées par une légation auprès d'un
proconsul, un commandement de légion, la préfecture du trésor militaire
enfin l'ont conduit à la direction du trésor sénatorial.

Le même avancement lent caractérise les futurs préfets du trésor


sous Hadrien. Seules, font exception les carrières de P. Tullius Varrò et
de M. Cutius Priscus . . .Aemilius Papus; le premier est le fils d'un
consulaire, le second le fils d'un ami d'Hadrien; pourtant, bien qu'ils
appartiennent à des familles sénatoriales, les deux hommes occupent
respectivement trois et deux fonctions prétoriennes avant la préfecture du trésor,
qui leur donne enfin accès au consulat. Les quatre autres préfets, hommes
nouveaux, connaissent une progression comparable à celle de L. Catilius
Severus:

Fonctions
Leg.procos. Fonctions Leg.leg. civiles de rang Préfecture
provinciae civiles supérieur du trésor
L. Catilius Severus + ++ + + +
M. Acilius Priscus
Egrilius Plarianus ++ + + + +
L. Aurelius Grallus + + + ++ +
L. Burbuleius Optatus
Ligarianus + + ++ +
C. Iulius Severus + + ++ +
534 ΐΛ AERARTUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

A vingt ans d'intervalle, la carrière de M. Acilius Priscus Egrilius


Plarianus est parallèle à celle de L. Catilius Severus, à une légère différence
près: M. Acilius Priscus a assumé deux légations proconsulaires et le
gouvernement d'une province sénatoriale, alors que, pour L. Catilius Severus,
une seule légation se place entre la praefectura frumenti dandi, fonction
annuelle romaine, et une curatelle de voie italienne, qui n'a
vraisemblablement pas excédé non plus une année. Au IIe siècle, sous les règnes de
Trajan et d'Hadrien, les préfets du trésor qui ne sont pas issus de
l'aristocratie sénatoriale ont, en général, des carrières prétoriennes bien
remplies au service de l'Etat; l'avancement lent de ces personnages suffirait
à montrer qu'ils sont des hommes nouveaux.

Sous le règne d'Antonin le Pieux, en revanche, la préfecture du


trésor, qui confère toujours — sauf exception — le consulat suffect, est,
pour Q. Licinius Modestinus, P. Mummius Sisenna Eutilianus, Salvius
Iulianus et Cn. Iulius Verus, le second poste prétorien, pour L. Coelius
Festus et 0. Popilius Oarus Pedo, le troisième, et même l'unique poste
prétorien pour L. Dasumius Tullius Tuscus, descendant de deux grandes
gentes sénatoriales. Seule fait exception, à la fin du règne, la carrière de
M. Servilius Fabianus Maximus, dans laquelle la préfecture figure au
quatrième rang. L'ascension des futurs préfets du trésor est donc, dans
l'ensemble, plus rapide qu'auparavant; nous avons déjà remarqué dans le
commentaire des précédents tableaux qu'elle était plus brillante à
d'autres égards. A l'intérieur de la carrière sénatoriale, la gestion du trésor
s'inscrit donc dans une filière plus recherchée, ouverte aux membres des
meilleures familles. Quels sont les postes qui subsistent? Sur les sept
exemples que nous pouvons examiner, quatre sénateurs ont commandé
une légion, il s'agit de P. Mummius Sisenna Rutilianus, 0. Popilius Carus
Pedo, Cn. Iulius Verus, M. Servilius Fabianus Maximus; un autre, Salvius
Iulianus, a reçu à la place de ce commandement la préfecture du trésor
militaire, qui a par conséquent, à cette époque, un rang comparable à
celui d'une légation légionnaire. A ce noyau permanent, commandement
de légion (ou gestion du trésor militaire) précédant la préfecture du trésor
sénatorial, qui figure seul pour P. Mummius Sisenna Eutilianus, fils d'un
consul, et pour le grand juriste Salvius Iulianus, chef de l'école sabinienne,
peut s'ajouter par exemple une curatelle de voie. Seul, L. Coelius Festus
n'a pas obtenu le consulat après la préfecture: il a gouverné la province
de Pont et Bithynie; il est vrai qu'il n'a pas exercé de commandement
militaire; quatre fonctions civiles ont sans doute paru nécessaire pour
élever au consulat suffect un ancien chevalier, entré au sénat par adlectio
ÉTUDE SOCIALE 535

inter tribunicios. Nous devons ainsi noter que le commandement d'une


légion a plus de valeur à lui seul que deux postes civils.
Le premier préfet que nous rencontrions sous Marc-Aurèle est
L. Volusius Maecianus, un juriste, ancien chevalier déjà parvenu au rang
de préfet d'Egypte, pour qui l'administration du trésor est la première
fonction sénatoriale. La carrière prétorienne de C. Arrius Antoninus, qui
s'est déroulée sous le même règne, révèle aussi des compétences juridiques;
l'avancement rapide s'explique aisément par la valeur du sénateur:
l'empereur a récompensé l'homme qu'il avait estimé capable d'être le premier
préteur tutélaire, puis le premier iuridicus de Transpadane. En revanche,
C. Vettius Sabinianus Iulius Hospes montre, sous ce règne, un avancement
comparable à celui qui était en usage sous Trajan et Hadrien: une
légation provinciale auprès d'un proconsul, deux fonctions civiles qui
exigent des compétences administratives, deux légations de légion séparées
par une fonction financière précèdent la préfecture du trésor; il s'agit
visiblement d'un sénateur compétent dont les capacités ont été
pleinement utilisées; il n'y eut probablement pas de vacance dans sa carrière;
il est vrai que les missions dans les Cyclades et les Trois Gaules
n'exigeaient sans doute pas un très long séjour; il faut rappeler aussi que ce
personnage est un ancien chevalier, qui a bénéficié d'une adlectio in am-
plissimum ordinem après deux milices équestres; la lenteur de son
ascension s'explique peut-être par le rang plus modeste qu'il occupait dans la
hiérarchie sénatoriale. La carrière suivante, celle de L. Albinius Saturni-
nus, montre un sénateur qui a rempli uniquement des postes civils; c'est
un homme qui a acquis une grande expérience de l'administration; mais,
comme pour L. Coelius Festus quelques années auparavant, le juridicat
en Asturie et Galice et la préfecture du trésor n'ont pas suffi pour élever
Saturninus au consulat suffect: un proconsulat s'intercale entre la
préfecture et le consulat. Ainsi, sous le règne de Marc-Aurèle, la préfecture
du trésor semble réservée à des spécialistes des problèmes juridiques et
financiers, qui n'avaient pas toujours montré de capacités militaires; elle
ne s'insère pas nécessairement dans un cursus prétorien varié et
harmonieux comme ceux qui apparaissent au début du IIe siècle, sous Trajan
et Hadrien.

Nous manquons de renseignements pour le règne de Commode; ce


prince a accordé lui aussi la gestion du trésor à un ancien chevalier, T.
Aius Sanctus, habitué à diriger les grandes administrations financières,
puisqu'il avait été successivement procurator rationis privatae, a rationibus,
préfet d'Egypte enfin. Seule la dignité de l'ordre sénatorial explique que
536 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

la prefecture du trésor de Saturne puisse couronner une telle carrière


financière.
Dans la deuxième moitié du IIe siècle, la nomination d'un individu
à la tête de Vaerarium /Saturni est encore un moyen de le faire accéder
au consulat suffect. Ainsi s'explique la gestion de cette fonction par Ti.
Claudius Gordianus et Q. Mamilius Capitolinus, qui sont probablement
d'anciens chevaliers entrés au sénat par adlectio inter praetorios-, ce sont
des hommes fidèles que l'empereur veut promouvoir: Gordianus a
commandé deux légions sous Commode, Capitolinus a pris en Espagne, en
197, le parti de Septime-Sévère. L'avancement de A. Egnatius Proculus
est comparable au leur: entré au sénat par le bénéfice d'une adlectio inter
praetorios sans doute, cet homme a été chargé, comme -eux., du trésor
sénatorial après trois postes prétoriens (parmi lesquels figure aussi le
commandement d'une légion) et a reçu le consulat suffect aussitôt après;
cette promotion justifie la date que nous avons retenue pour la préfecture,
dans les dernières années du règne de Commode ou les premières du règne
de Septime-Sévère; notre datation tient compte aussi de l'exercice de la
praefectura frumenti danài qu'il est impossible de situer sous le règne de
Septime-Sévère.

Au début du IIIe siècle, en revanche, la préfecture du trésor ne


confère plus systématiquement le consulat; sa place a nettement diminué
dans la hiérarchie des fonctions sénatoriales sous les Sévères, comme en
témoignent les carrières, relativement bien datées, de P. Plotius Eomanus
et de Q. Aradius Eufinus Optatus Aelianus. Pour ces deux sénateurs, dont
le cursus prétorien, commencé sous le règne de Caracalla, culmine dans
les premières années de celui de Sévère- Alexandre, la préfecture est
respectivement à la troisième et à la quatrième place avant le gouvernement
de deux provinces impériales.
A partir de Sévère- Alexandre, les informations concernant les
administrateurs du trésor sénatorial se raréfient. Nous constatons
cependant que la préfecture est, pour L. Domitius Gallicanus Papinianus et
M. Antonius Memmius, le premier poste après la preture. Son rang a
certainement décliné depuis que P, Plotius Eomanus et Q. Aradius Eufinus
l'ont exercée. Aussi hésitons-nous à lui reconnaître la dignité consulaire,
qui semble être la sienne sur le cursus mutilé de Ant[-]. Nous supposons,
par référence aux carrières contemporaines, qu'il s'agit toujours d'une
fonction prétorienne, sans préciser sa place pour autant. Comme, au
même moment, la part de l'avancement prétorien tend à diminuer au
ÉTUDE SOCIALE 537

profit des postes consulaires, le rang de la préfecture paraît doublement


diminué.

Après les réformes de Constantin, nous ne pouvons pas distinguer


une carrière prétorienne comparable à celle du Haut-Empire, puisque le
consulat sufîect est devenu une magistrature inférieure, souvent négligée,
mais qui, lorsqu'elle était exercée, se plaçait aussitôt après la preture.
C'est donc par rapport au consulat ordinaire, qui est devenu en fait le
véritable couronnement de la carrière sénatoriale, que nous devons situer
les postes occupés. La préfecture du trésor apparaît ainsi comme une
fonction de jeunesse, exercée immédiatement après la preture. Aucun
des trois préfets du trésor que nous avons retrouvés pour le IVe siècle,
n'est connu pour avoir atteint le consulat ordinaire.

Nous voudrions résumer en conclusion comment se fit, selon les


époques, l'avancement de la préfecture du trésor au consulat. Au Ier
et au IIe siècles, l'administration du trésor conduit généralement ses
titulaires au consulat suffect, à quelques exceptions près, qui peuvent
d'ailleurs s'expliquer. Le fait que certains préfets du trésor soient présentés
sur les inscriptions comme cos desig. atteste que leur désignation pour le
consulat avait lieu au cours de cette charge même ou à la fin de celle-ci.
Nous développerons ce point dans la troisième partie. Il n'en est plus de
même dans la première moitié du IIIe siècle, où les responsables du trésor
ont un rang inférieur; le parallélisme des carrières de P. Plotius Romanus
et de Q. Aradius Bufinus Optatus Aelianus montre un type d'avancement
nettement individualisé sous le règne de Sévère- Alexandre: le
gouvernement successif de deux provinces impériales avant le consulat. A la fin
du règne de Sévère- Alexandre et dans les vingt années suivantes, la
préfecture du trésor a sa place aussitôt après la preture; elle est donc assez
détachée du consulat suffect. Nous avons déjà constaté qu'aucun des
préfets du IVe siècle n'avait, semble-t-il, exercé le consulat ordinaire, qui
aurait présenté une promotion importante pour eux.
Au Ier et au IIe siècles, le consulat ordinaire n'avait pas la même
signification: il était donné à des sénateurs que l'empereur voulait honorer
mieux que par un simple consulat suffect; aussi récompense- t-il parfois
les membres des grandes familles là où d'autres auraient obtenu
simplement le consulat suffect; ou bien succède- t-il à un premier consulat
suffect à une dizaine d'années d'intervalle. Les seuls sénateurs qui reçurent
le consulat éponyme après la préfecture du trésor sont Salvius Iulianus,
sous Antonin, et M. Petronius Sura Mamertinus, sous Commode: le pre-
538 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

mier était un eminent jurisconsulte, le second le beau-frère de l'empereur.


Nos fastes montrent seulement deux consuls bis-, il s'agit de L. Catilius
Severus et de Cn. Iulius Verus: les deux hommes ne doivent pas cet
honneur à la préfecture du trésor, mais aux mérites de leur carrière
ultérieure; à l'époque où ils administraient Vaerarium sénatorial, rien ne
laissait présager leur ascension future. De ce simple recensement des consuls
éponymes et des consul bis, il ressort que les responsables du trésor, même
aux époques où la préfecture était l'antichambre du consulat, ne se
recrutaient généralement pas parmi les membres de la plus haute
aristocratie. Nous avons déjà constaté, en examinant leur origine, qu'un seul
patricien figure sur la liste des préfets: il s'agit de M. Petronius Sura Ma-
mertinus, qui a reçu cette dignité en épousant une fille de Marc-Aurèle.
Nous tenons à noter dès maintenant que, plus la préfecture est
proche du consulat, plus il est aisé de la dater par référence à celui-ci; la
précision est meilleure aussi pour les époques dont les fastes consulaires
sont reconstitués de façon assez satisfaisante. Nous examinons les
problèmes que pose la datation dans la troisième partie.
540 ΐΛ AERARIÜM SATURNI » ET l'« AERARITJM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE
3) LA CARRIÈRE

23 -L. FUNISULANUS VETTONIANUS suff. 78

24-[. --]O
25 -L. POMPUSIUS METTIUS [-]NUS
26 -L. ANTISTIUS RUSTICUS suff. mars 90

27 -L. NERATIUS PRISCUS suff. 97


28 -Q. ASCONIUS GABINIUS MODESTÜS
29 -L. PUBLICIUS CERTUS
30 - Q. FULVIUS GrILLO BITTIUS PROCULUS suff. nov. 98?
31 -C. IULIUS CORNUTUS TERTULLUS suff. sept. 100

32 -C. PLINIUS CAECILIUS SECUNDUS - suff. sept. 100

33 - L. CATILIUS SEVERUS IULIANUS CLAUDIUS - suff. 110


REGINUS ora. 120

34-[. --]

35 -P. TULLIUS YARRO - suff. 127

36 -A. EGRILIUS PLARIANUS PATER - suff. 128


37 - M. ACILIUS PRISCUS EGRILIUS PLARIANUS - suff. août 129?
38 -L. AURELIÜS GALLUS - suff. août 129?
39 -L. BURBULEIUS OPTATUS LIGARIANUS - suff. vers 133-134

40 -M. CUTIUS PRISCUS MESSIUS RUSTICUS - suff. avant 138


AEMILIUS PAPUS ARRIUS PROCULUS
IULIUS CELSUS
41 -C. IULIUS SEVERUS - suff. 138?
ÉTUDE SOCIALE 541

DES PRAEFECTI AERARII SATURNI


CONSULAIRE

Fonctions civiles à Rome Fonctions diverses Proconsulats —


et en Italie dans les provinces Préfecture urbaine

23 - - leg. pro pr. provine. Dalmatiae


item provine. Pannoniae
item Moesiae superioris
24 - - -
25 - ;- -
26 - - leg. Aug. pro pr. provinciarum -
Capp.,Galat.,Ponti,Pisid.,
Paphl.,Arm.min.,Lyca.
27 - - leg. pro. pr. in prov. Pannonia -
28 - - -

.
29 - - -
30 - ? - - procos Asiae 115-116
31 - curator viae Aemiliae - legatus pro pr. provinciae - proconsul provinciae
Aquitaniae censuum Africae
accipiendorum
legatus pro praetore
provinciae Ponti et Bithyniae
32 - curator alvei Tiberis et ri· — legatus pro pr. provinciae -
parum et cloacarum urbis Ponti et Bithyniae
33 - - legatus Aug. pr. pr. provinciae — procos provine. Africae
Cappadociae et Armeniae praefectus Orbi
maioris et minoris
leg. Aug. pr. pr. provinciae
Syriae
34 - curator aedium sacrar, et - —
operum publicorum
35 - curât, alve: Tiberis et ri- - leg. Aug. pro pr. Moesiae - procos provine. Africae
parum et cloacarum urbis superior.
36 - - -
37 - - -
38 - - -
39 - cur. oper. locorq. pubi. ■— leg. pro pr. prov. Gappad. -
leg. pro pr. prov. Syriae
40 — curator operum - leg. pr. pr. provine. Delmat. _
publicorum (138)

41 - curator operum — leg. pro pr. provinciae - procos Asiae


publicorum Germaniae inferioris
542 ΐΛ( AERARIUM SATURNI )) ET L'a AERARIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE
3) LA CARRIÈRE

42-ARRIANUS SEVERÜS - sufi A

43 -Q. LICINIUS [QUARTINUS?] MODESTINUS - suff. 146


[SEX.?] ATTIUS LABEO
44 -L. COELIUS FESTUS - suff. 148
45 -P. MUMMIUS SISENNA RUTILIANUS - suff. juin 146

46 -L. OCTAVIUS CORNELIUS SALVIUS - ord. 148


IULIANUS AEMILIANUS
47 - C. POPILIUS CARUS PEDO - suff. fin 147

48 -CN. IULIUS VERUS - suff. 151?


II des. 180

49 -L. DASUMIUS TULLIUS TUSCUS - suff. août 152

50-[. -]CIUS C[-] - suff Λ


51 -M. SERVILIUS FABIANUS MAXIMUS - suff. juill. 158

52 -L. VOLUSIUS MAECIANUS cos desig. vers 165


53 -C. ARRIUS ANTONINUS suff. vers 170-171

54 -C. VETTIUS SABINIANUS IULIUS HOSPES - suff. 176?

55 -L. ALBINIUS SATURNINUS - suff. entre 175 et 185


56 -L. CESTIUS GALLUS CERRINIUS IUSTUS - d(esignatus)
LU[T]ATIUS NATALIS
ÉTUDE SOCIALE 543

DES PRAEFECTI AERARII SATURNI


CONSULAIRE

Fonctions civiles à Rome Fonctions diverses Proconsulats -


et en Italie dans les provinces Préfecture urbaine

42 - curator op. pubi, et aed.


sacrarumì
43 -

44 -
45 - praef. aliment, per legatus Aug. pr. pr. Moesiae — procos provine. Asiae
AemiUam superiori»
46 - curator aedium sacrarum leg. Aug. Germaniae inferioris — procos provinciae
(150) leg. Augg. Hispaniae eiterioris Africae a. 168-169
47 - curator oper. publicor. legatus Aug. pro pr. Germa- — procos Asiae
(150) niae super.
legatus ad census accipien-
dos (provinciae Lugdunensis)
48 - leg. Aug. pr. pr provinciae
German, inferioris
leg. Aug. pr. pr. provine.
Brittaniae
leg. Augg. pr.pr. provine.
Syriae
leg. ad dilectum legionum
49 - curât, operum publicorum legatus pr. pr. provinciar.
Germaniae superior,
et Pannoniae superior.
50 -
51 - curator aedium sacrarum leg. Augustorum pro praetore
provinciarum Moesiae
inferioris
et Moesiae superioris
52
53 leg. pro. pr. provinciae Daciae
leg. pro. pr. provinciae Oap-
padoeiae
54 - curator aedium sacrarum leg. Aug. pr. pr. provinciae — procos Africae
curator rei p. Puteolano- Delmatiae
rum leg. Aug. pr. pr. provinciar.
Ill Daciarum
leg. Aug. pr. pr. Pannoniae
sup.
55 - leg. Aug. pr. pr. Ponti et Bifh. - procos prov. Asiae
56 -
544 ΐΛ AERARITTM SATURNI .» ET L\c AERARIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE
3) LA CARRIÈRE

Nom Consulat

57 -M. PETKONIUS SÜEA MAMEETINUS - ord. 182


58 -T. AIUS SANCTUS - suff. vers 183-185
59 -Tl. CLAUDIUS GORDIANUS - design(atus) vere 194-195
60 -Q. MAMILIUS CAPITOLINUS
61-[.--] - suff.
62-[. --]■

63 -A. EGNATIUS PEOCULUS


64 -M. SALONIUS LONGINIUS MARCELLUS
65 -P. PLOTIUS ROMANUS suff. vers 223
66 - Q. AEADIUS EUFINUS OPTATUS suff. vers 225
AELIANUS

67 -L. DOMITIUS GALLICANUS PAPINIANUS - suff. av. 238

69 -M. ANTONIUS MEM[MIUS HIERO?] suff.


70-[L.f] ANT[-] [-] adlectus inter consulares
cos ord.

PRAEFEOTI
71-IULIUS EUBULIDAS
72-ATTIUS CAECILIUS
MAXIMILIANUS
73 -FLAVIUS ATILIUS
THEODOTUS
74-* AELIUS XIFIDIUS
ÉTUDE SOCIALE 545

DES PRAEFECTI AERARII SATURNI


CONSULAIRE

Fonctions civiles à Rome Fonctions diverses Proconsulats —


et en Italie dans les provinces Préfecture urbaine

57 -
58 - [praefj. alimentorum - -
59 - - ".. -

,
,
60 - - -
61 - -
62 - leg. pr. pr. provinciae - -
Dalmat. [excusait.
curator alvei Tiberis et
cloacarum vrbis
curator Puteolanor. excus.
curator Neapolitan.
63 - - -
64 - - -
65 - - -
'

66 - - leg. Aug. pr. pr. Byriae Goelae -


{agens vice procos prov .Afrik.)
leg. Aug. pr. pr. Britanniae
sup Λ
67 - - leg. Aug. pr. pr. Dalmatiae -
leg. Aug. pr. pr. p. H. c.
leg. Aug. pr. pr. provinciae
Oermaniae inferioris
68 - - -
69 - - leg. Aug. pr. pr. ( Cappadodae) -
70 - - praeses [-] —

DU IVe SIÈCLE
71 - - -
72 - - -

73 - — -

74 - — —

35
546 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

LA CABBIÈKE CONSULAIRE
DES PRAEFECTI AERARTI SATURNI

(La carrière consulaire, moins diversifiée que la carrière prétorienne, se prête


à une présentation ordonnée. Il semble bien en effet que la progression se fasse de
responsabilités civiles à Eome ou en Italie à des fonctions civiles ou militaires en
province; les deux grands proconsulats, Asie et Afrique, trouvent toujours place en
fin de cursus, suivis parfois de la préfecture urbaine, qui est le couronnement d'une
carrière sénatoriale.)

Pour un certain nombre de sénateurs -neuf- nous ne connaissons


pas de postes au-delà de la préfecture du trésor. Nous savons quelquefois
que leur carrière s'est arrêtée avec cette fonction: c'est le cas pour
L. Publicius Certus qui est mort peu après sa sortie de charge. La nature
de notre documentation explique parfois que la gestion du trésor soit
le seul poste connu: L. Pompusius Mettius [-]nus et son collègue [. —]o
sont mentionnés sur les fastes des scribae aerarti-, Arrianus Severus
apparaît en qualité de préfet dans le Digeste; le nom d'Aelius Xifidius, prae-
fectus aerarti, a été forgé par le biographe d'Aurélien. Lorsque
l'inscription qui fait connaître le personnage date précisément de la préfecture
du trésor — il en est ainsi pour Q. Asconius Gabinius Modestus et
Q. Mamilius Capitolinus — il n'est pas impossible que son nom apparaisse
un jour sur un fragment de fastes consulaires.
Pour la plupart de ceux qui ont obtenu le consulat, cette
magistrature, loin d'être le couronnement de la carrière, est la porte ouverte
vers des fonctions de plus haut rang. Dans sept cas seulement, nous ne
connaissons pas de carrière ultérieure pour ces anciens consuls: leur cursus
est présenté par un document unique qui, le plus souvent, date
précisément du consulat ou même de l'époque de leur désignation pour le
consulat suffect. Ainsi les inscriptions honorifiques offertes à L. Aurelius
Gallus et à L. Coelius Festus commémorent visiblement l'élévation de
ces sénateurs au consulat suffect. Les dédicaces à L. Volusius Maecianus,
L. Oestius Gallus et Ti. Claudius Gordianus sont plus probantes encore:
elles présentent chacun de ces individus comme consul designatus. Les
fragments de la carrière de M. Petronius Sura Mamertinus datent
certainement de son consulat éponyme de 182. L'inscription qui fait
connaître, jusqu'au consulat, la carrière de A. Egnatius Proculus est sans
doute une pierre funéraire.
ÉTUDE SOCIALE 547

Nous pouvons donc considérer que la préfecture du trésor de


Saturne, puisqu'elle confère à ses titulaires le consulat, est la promesse
d'obtenir, avec le rang consulaire, les fonctions attachées à cette dignité.
La carrière consulaire des anciens préfets du trésor est généralement bien
remplie. Ces sénateurs occupent en moyenne trois postes après le consulat
sufïect.

L. Funisulanus Vettonianus, L. Antistius Eusticus et L. Neratius


Priscus, qui ont géré Vaerariutn Saturni sous les Flaviens, ont reçu tous
les trois la charge d'au moins une province impériale consulaire; L.
Funisulanus Vettonianus en a même gouverné successivement trois.
Sous le règne de Trajan, Q. Fulvius Gillo Bittius Proculus devint
proconsul d'Asie; nous ne connaissons pas les étapes de son avancement
après le consulat. Cornutus Tertullus fut curateur de voie, censitor en
Aquitaine, légat dans la province de Pont et Bithynie provisoirement
confiée à l'empereur — c'était en fait, nous l'avons vu, une fonction
juridique et financière — , proconsul d'Asie enfin; il a obtenu uniquement
des responsabilités civiles. Il en est de même de son collègue Pline le
Jeune qui, après une grande curatelle romaine, partit comme légat
impérial pour remettre de l'ordre dans les finances et l'administration de
l'ancienne province sénatoriale de Pont et Bithynie. La carrière
prétorienne des deux hommes avait été exclusivement civile.
Le cursus consulaire de L. Catilius Severus, commencé sous Trajan,
connaît ses développements les plus brillants sous le règne d'Hadrien:
le gouvernement de deux provinces impériales d'Orient est suivi du
proconsulat d'Afrique; la préfecture de la ville couronne l'ensemble.
Sous les règnes d'Hadrien et d'Antonin, nous constatons que la
carrière consulaire des préfets du trésor s'ordonne selon un schéma régulier
dont les éléments complets seraient:
— une fonction civile à Borne ou en Italie: il s'agit le plus souvent
d'une grande curatelle romaine;
— une légation dans une province impériale;
— le proconsulat d'Asie ou d'Afrique enfin.

Ces trois éléments se rencontrent seuls pour P. Tullius Varrò, C. Iulius


Severus, P. Mummius Sisenna Rutilianus.
Très vite, deux légations impériales s'intercalent entre la grande
curatelle et le proconsulat. La carrière tend à s'étoffer à la fin du règne
d'Antonin, comme si les consulaires étaient plus souvent employés. Nous
548 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

pouvons tenter d'expliquer cette particularité par une rotation plus


rapide des hauts fonctionnaires; ainsi le passage de l'Histoire Auguste,
selon lequel Antonin aurait maintenu les bons légats pendant sept ans
et parfois pendant neuf ans dans leur province, paraît une fois de plus
invraisemblable.
Il y a quelques nuances à apporter à ce schéma d'ensemble. Un
certain nombre de sénateurs sont morts sans doute après avoir assumé
leur curatelle urbaine et leurs deux légations provinciales, sans avoir eu
le temps de participer au tirage au sort des provinces d'Asie ou d'Afrique;
il en est ainsi pour L. Dasumius Tullius Tuscus et M. Servilius Fabianus
Maximus.
Puisque tous ces personnages ont obtenu le consulat suffect au sortir
de l'administration de Vaerarium Saturni, la curatelle urbaine — dans
le cas de P. Mummius Sisenna Kutilianus, la préfecture des alimenta pour
l'Emilie — a prolongé d'autant leur séjour dans la capitale. Nous pouvons
remarquer qu'au milieu de la carrière, autour de leur quarantième année,
ces sénateurs ont séjourné dans la capitale pendant cinq ou six ans, avant
de partir pour la première fois (comme Salvius Iulianus), mais le plus
souvent de repartir en province. Une seule exception remarquable, celle
de Cn. Iulius Verus qui, sous Antonin, fut visiblement un militaire
puisque, au sortir du consulat, il obtint aussitôt et successivement trois
légations provinciales et la mission de lever des légions; il n'est pas
indifférent de noter qu'à l'exception de L. Catilius Severus ce personnage fut
le seul préfet du trésor qui obtint un deuxième consulat.
L'intérêt qu'avaient les sénateurs à prolonger ainsi leur séjour à
Eome ou en Italie était la possibilité non négligeable de se montrer à
la cour et de se faire désigner par la suite pour des gouvernements
provinciaux. Très vite une fonction consulaire s'est imposée: la curatelle
des monuments publics. Une partie des édifices de Borne était sans doute
à la charge de Vaerarium Saturni et les préfets étaient certainement
entrés en rapport avec ce service public, avant d'en obtenir la direction
après le consulat. Au deuxième siècle, il était dirigé par deux responsables;
de la liste des titulaires de ce poste dressée par A. E. Gordon, il ressort
que les deux collègues se partagent la tâche: l'un s'occupe des édifices
et des places publiques, opera locique publica, l'autre des temples, aedes
sacrae, de la ville de Eome. Du fait qu'il n'a pas étudié la carrière de ces
personnages, A. E. Gordon n'a pas pu relever le rapprochement qui
s'impose avec la préfecture de Vaerarium Saturni. Les administrateurs du
trésor sont aussi au nombre de deux: or, la gestion collégiale des édifices
publics leur est souvent destinée, sous les règnes d'Hadrien et d'Antonin.
ÉTUDE SOCIALE 549

Nous ne pouvons pas dresser la liste complète des préfets du trésor, pas
plus que celle des curateurs des édifices publics. Deux exemples sont
pourtant significatifs:
1°) Salvius Iulianus et Popilius Carus Pedo, collègues à
l'administration du trésor de 144 à 146, se partagent en 150 la curatelle des édifices
publics; l'un s'occupe des monuments civils, l'autre des temples.
2°) On. Iulius Verus et L. Dasumius Tullius Tuscus leur succèdent
à la tête de Vaerarium Saturni-, Tullius Tuscus obtient à sa sortie de charge
la curatelle des monuments publics; Verus, comme nous l'avons déjà
remarqué, est un grand personnage, un militaire de valeur, envoyé
aussitôt en Germanie inférieure comme gouverneur; la curatelle des aedes
sacrae ne s'imposait pas pour lui.
De ces cas différents, nous devons conclure que l'avancement des
anciens préfets du trésor à la tête de l'administration des édifices publics
s'est présenté, mais qu'il n'était pas automatique; aussi ne pourrions-
nous pas envisager d'adjoindre à la liste des préfets du trésor ceux des
curateurs dont la carrière prétorienne n'est pas connue. La préfecture
du trésor de Saturne, comme la plupart des fonctions sénatoriales sans
doute, pouvait figurer dans des carrières assez diverses, même si ses
titulaires connaissent souvent une ascension caractéristique; la promotion
des sénateurs reste soumise au bon vouloir du prince et l'on ne peut
imaginer l'existence d'un strict tableau d'avancement. Il reste que de
nombreux responsables du trésor ont dû garder le même collègue, lorsque,
après le consulat, ils ont poursuivi leurs activités à la tête du service des
opera publica et des aedes sacrae. Nous voudrions en tirer une première
conclusion concernant la chronologie: les deux préfets du trésor, L. Bur-
buleius Optatus Ligarianus et M. Outius Priscus Messius Rusticus, qui
furent ensuite curator es operum locorumque publicorum, n'ont
certainement pas administré ensemble Vaerarium] ils se seraient dans ce cas
trouvés comme collègues à la tête du service des édifices publics et auraient
donc reçu, l'un la surveillance des monuments et des places publiques,
l'autre celle des temples. Le fait qu'ils aient assumé tous deux la même
part d'activité, celle des opera locique publica, nous invite à les maintenir
dans nos fastes comme deux préfets du trésor successifs.
Le recensement de A. E. Gordon montre que la durée de la
curatelle des édifices publics n'était pas uniforme; les exemples extrêmes vont
de une à six et peut-être même huit années. Mais l'auteur remarque, au
terme de son étude, que les deux curateurs restèrent en fonction pendant
deux ou trois ans pendant toute la durée d'une période qui va de 131 à
550 ΐΛ AERAKIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARITJM MILITARE »

167. Puisque nous avons mis en évidence une certaine relation de cette
fonction avec la préfecture du trésor, nous voudrions expliquer cette
succession régulière de curateurs tous les deux ou trois ans par la sortie
de charge des deux préfets du trésor tous les trois ans. Si la régularité
n'est pas parfaite, cela tient, à notre avis, à la date variable du consulat.
Nous avons peu d'exemples de collègues à la préfecture du trésor qui
aient exercé ensemble le consulat suffect: c'est le cas de Pline le Jeune
et de Cornutus Tertullus, en septembre et octobre 100;nous supposons
que ce fut aussi celui de L. Aurelius Gallus et de M. Acilius Priscus, au
mois d'août de l'année 129. Pline et Cornutus Tertullus ont géré les
faisceaux consulaires au cours de leur troisième année de fonction à Vaera-
rium, ce qui était, de l'avis de Pline lui-même, une promotion
exceptionnelle. L. Aurelius Gallus et M. Acilius Priscus ont été consuls suffeets après
leur sortie de charge, ce qui devait être à cette époque l'avancement le
plus fréquent. Mais il existe des variantes. C. Popilius Carus Pedo et Sal-
vius Iulianus, collègues à Vaerarium, achèvent leur triennium en 146;
le premier reçoit le consulat suffect à la fin de 147, le second devient consul
éponyme pour l'année 148; curateurs des édifices publics en septembre
150, les deux hommes ne peuvent pas avoir pris leurs fonctions à la tête
de ce service avant 149. Leurs successeurs au trésor, Cn. Iulius Verus et
L. Dasumius Tullius Tuscus, sortis de charge en 150, ont reçu le consulat
suffect respectivement le premier en 151 sans doute, le second en 152;
sans attendre que son collègue Tuscus, devenu consulaire, fût chargé
de l'administration des édifices publics, Verus était déjà parti pour la
Germanie inférieure. Nous pouvons expliquer de même l'avancement de
P. Mummius Sisenna Eutilianus et de L. Coelius Festus, qui fut
probablement son collègue à Vaerarium de 141 à 143; Sisenna, fils d'un
consulaire, obtint le consulat suffect en juin 146 et, peu après, la préfecture
des alimenta pour l'Emilie; Festus, ancien chevalier, attendit l'année 148
pour recevoir le consulat; l'avancement inégal des deux anciens collègues
explique qu'ils n'aient pu administrer ensemble les monuments publics.
Bien plus, même sans connaître de carrière consulaire à L. Coelius Festus,
nous pouvons penser qu'il n'obtint pas la cura operum publioorum, puisque
en 149, au moment où il était enfin apte à l'exercer, ses successeurs à
l'administration du trésor, Salvius Iulianus et Popilius Pedo, plus rapides
que lui, allaient occuper ces deux postes.
De ce faisceau de remarques, nous devons conclure que de nombreux
préfets du trésor ont obtenu la curatelle des monuments publics après
le consulat; que la liste de ces curateurs ne peut pas correspondre
strictement, de trois ans en trois ans, à celle des responsables du trésor, puisque
ÉTUDE SOCIALE 551

l'élévation au consulat suffect ne se produisait pas nécessairement au


même moment pour les deux anciens collègues; ainsi s'explique que,
sous les règnes d'Hadrien et d'Antonin, où ce type d'avancement est
répandu, la durée des fonctions des curateurs des édifices publics ait été
de deux ou trois ans, en relation avec le triennium des préfets du trésor:
les retards pris pour la gestion des faisceaux consulaires, mais aussi une
certaine souplesse de l'administration sénatoriale, expliquent que les
curateurs n'aient pas été recrutés seulement parmi les anciens préfets.

Pour la répartition des provinces impériales, un tableau


d'avancement devait assurément exister. Cornutus Tertullus succède à son ancien
collègue et ami, Pline le Jeune, à la tête de la province de Pont et Bithy-
nie, dont l'empereur a provisoirement retiré l'administration au sénat.
Ce sont encore les paires de préfets que nous avons reconstituées qui
donnent les exemples les plus nets. Salvius Iulianus et C. Popilius Carus
Pedo obtiennent au même moment une légation impériale: l'un part
pour la Germanie inférieure, l'autre pour la Germanie supérieure; ils sont
ensuite envoyés dans des provinces occidentales, l'un en Espagne, l'autre
en Gaule, avant de participer, à quelques années de distance, au tirage
au sort des provinces sénatoriales consulaires; Popilius Pedo, qui est un
Italien, part pour l'Asie; mais Salvius Iulianus, d'Hadrumète ou de Pup-
put, reçoit la province d'Afrique. Il est à noter de façon générale que ce
tirage au sort est assez bien préparé pour donner aux postulants leur
province d'origine; il en avait été de même, quelques années auparavant,
pour 0. Iulius Severus, sénateur galate, qui reçut le proconsulat d'Asie.
A partir du règne de Marc-Aurèle, le même schéma d'avancement,
qui est particulièrement net sous Hadrien et Antonin, se perpétue en se
modifiant insensiblement: C. Vettius Sabinianus Iulius Hospes occupe trois
légations impériales entre la curatelle des aedes sacrae et le proconsulat
d'Afrique; une curatelle de cité s'intercale dans le cursus sénatorial. La
part de l'administration militaire a donc augmenté pour les sénateurs
qui ont déjà fait la preuve de leurs capacités à la tête d'une légion. De
même les curatelles de cités, qui n'appartiennent pas au cursus
proprement dit, se multiplient. Il apparaît que les carrières consulaires prennent
alors deux orientations: pour les uns, les provinces militaires (C. Arrius
Antoninus a reçu après le consulat deux provinces, la Dacie et la Cappa-
doce); pour les autres, les postes civils (L. Albinius Saturninus gouverna
une province impériale inermis, Pont et Bithynie, puis la province d'Asie).
Sous Commode, de même, l'inscription funéraire de T.Aius Sanctus, dont
le précédent cursus équestre était exclusivement civil et caractérisé sur-
552 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

tout par les responsabilités financières, montre un seul poste consulaire


(la préfecture des alimenta), qui témoigne d'une grande continuité dans
les activités du personnage. Nous constatons par conséquent, à partir
du règne de Marc-Aurèle, une certaine tendance à dissocier les carrières
civiles et militaires; la préfecture de Vaerarium Saturni a sa place dans
les deux types d'avancement.
Sous Alexandre-Sévère et dans le deuxième tiers du IIIe siècle, les
anciens préfets n'occupent plus de fonctions consulaires romaines, mais
seulement, semble- t-il, des légations dans des provinces impériales; ils
n'atteignent plus les grands proconsulats, ce qui témoigne du rang plus
modeste qu'occupent ces sénateurs dans la hiérarchie sénatoriale.

Nous avons déjà noté qu'au terme de leur carrière prétorienne, aucun
des préfets du IVe siècle connus ne semble avoir obtenu le consulat
ordinaire, qui est alors le couronnement d'un cursus sénatorial. Nous
savons que la préfecture est un poste de jeunesse; mais nous ne pouvons
pas assurer qu'elle présageait seulement un avancement assez terne,
puisque les inscriptions qui nous font connaître ces sénateurs datent
précisément de leurs débuts.
IV

PATRONATS

ET CURATELLES DE CITÉS

Tableau p. 554-559
Commentaire p. 558-560
554 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITAIRE »

IV - PATRONATS

45 av. J.-C. 1-M. CUSINIUS M. f. Vel.


22 av. J.-C. 2-CN. PULLIUS POLLIO
peu après 23 av. J.-C. 3 -P. PAQUIUS SCAEVA
fin du règne d'Auguste 4 -M'. VIBIUS BALBINUS
13 ap. J.-C. 5-[C. CAE]LIUS EUFUS
14 6-[. -]LIUS A[TT]IC(US)
7 -P. CORNELIUS LEN[TULUS] SCIPIO
15
8 -[.-] VALENS
16 9-[. -]US PROC(ULUS)
18 10 -C. UMMIDIUS DURMIUS QUADRATUS
19 11-Q. LUCANIUS LATINUS
12 - Q. ARQUINIUS
20
13 -L. PONTIUS NI[GRINUS]
Auguste ou Tibère 14 -L. CALPURNIUS PISO
(avant 27 ap. J.-C.) 15 -M. SALL(U)VIUS
27 16-[. -]ENUS PAETUS
28 17-AVILLIUS PASTOR
36 18 -P. PLAUTIUS PULCHER
42-43 19 -C. CAETRONIUS MICCIO

44-46 20 -T. DOMITIUS DECIDIUS


47-49 21 -L. COIEDIUS CANDIDUS
56 22 - OBULTRONIUS SABINUS
vers 74-76 23 -L. FUNISULANUS VETTONIANUS
24-[. --]O
80-83
25 -L. POMPUSIUS METTIUS [-]NUS
87-89 26 -L. ANTISTIUS RUSTICUS
93-95 27 -L. NERATIUS PRISCUS
entre 56 et 95 28 -Q. ASCONIUS GABINIUS MODESTUS
29 -L. PUBLICIUS CERTUS
96-97
30 -Q. FULVIUS GILLO BITTIUS PROCULUS
31 -C. IULIUS CORNUTUS TERTULLUS
98-100
32 -C. PLINIUS CAECILIUS SECUNDUS
ÉTUDE SOCIALE 555

ET CURATELLES DE CITÉS

Patronat sur les collectivités


ou les cités suivantes Curatelle des cités suivantes

1 -
2 - Forum Clodii
3 -
4 —
5 -
6 -
7 -

9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19 (cives Romani qui negotianttir Bracata
Augusta)
20 -
21 -
22 -
23 - Andautonia
24 -
25 -
26 Antiocheia Pisidiae
27 Saepinum
28 -
29 -
30 -
31 -
32 - Còme (!)
556 L'cc AERARTUM SATURNI » ET l'« AEEABIUM MILITARE »

IV - PATRONATS

108-110 33 -L. CATILIUS SEVERUS IULIANUS CLAUDIUS


REGINUS
fin du Ier-début du IIe s. 34-[. --]
35 -P. TULLIUS VARRÒ
123-125 36 -A. EGRILIUS PLARIANUS PATER
37 - M. ACILIUS PRISCUS EGRILIUS PLARIANUS
126-128 38 -L. AURELIUS GALLUS
129-131 39 -L. BURBULEIUS OPTATUS LIGARIANUS
132-134 40 -M. CUTIUS PRISCUS MESSIUS RUSTICUS
AEMILIUS PAPUS ARRIUS PROCULUS
IULIUS CELSUS
41- C. IULIUS SEVERUS
135-137
Hadrien 42-ARRIANUS SEVERUS
138-140 43 -Q. LICINIUS [QUARTINUS?] MODESTINUS
[SEX.?] ATTIUS LABEO
44-L. COELIUS FESTUS
141-143 |45-P. MUMMIUS SISENNA RUTILIANUS
46-L. OCTAVIUS CORNELIUS SALVIUS
144-146 IULIANUS AEMILIANUS
47 -C. POPILIUS CARUS PEDO
'48 -CN. IULIUS VERÜS
147-149 [49-L. DASUMIUS IULLIUS TUSCUS
fin du Ier-lère moitié du IIe s. 50-[. -1CIUS C[-]
entre 153 et 158 51 -M. SERVILIUS FABIANUS MAXIMUS
vers 164-166 52 -L. VOLUSIUS MAECIANUS
vers 167-169 53 -C. ARRIUS ANTONINUS

vers 170-172 54 -C. VETTIUS SABINIANUS IULIUS HOSPES


entre 170 et 179 55 -L. ALBINIUS SATURNINUS
Marc-Aurèle - Commode 56 -L. CESTIUS GALLUS CERRINIUS IUSTUS
LU[T]ATIUS NATALIS
vers 179-181 57 -M. PETRONIUS SURA MAMERTINUS
vers 182-184 58 -T. AIUS SANCTUS
vers 191-193 59 -TI. CLAUDIUS GORDIANUS
vers 200 60 - Q. MAMILIUS CAPITOLINUS
ETUDE SOCIALE 557

ET CURATELLES DE CITÉS

Patronat sur les collectivités


ou les cités suivantes Curatelle des cités suivantes

33 -

34 -
35 -
36 - Ostia
37 - Ostia
38 -
39 - Minturnae - Narbo Martins ; Ancona; Terracina
40 -

41 -
42 -
43 - Bovillae

44 - Veleia
45 - Tibur
46 - Pupput

47 - Tibur; Aventicum
48 -
49 - Lugdnnum
50 -
51 -
52 - Ostia
53 - Concordia; Cirta - Ariminum; civitates per Aemiliam Nolae;
Tiferum Tiberinum
54 - Thuburbo maius; Turca - Puteoli
55 — Buessa Aurunca - Buessa Aurunca
56 - Yulturnum; et Salonae (Dalmatia) - Superaequum (Dalmatia)

57 -
58 -
59 - Verecunda; Cuicul
60 -
558 ΐΛ AERARIUM SATURNI» ET ΐΛ AERARIUM MILITARE»

IV - PATRONATS

Date Nom

2e moitié du Ier-IIe s. 61-[. -■]


2e moitié du IIe s. 62-[. --]
fin du IIe s. 63 - A. EGNATIUS PROCULUS
2e moitié du IIe-ière moitié du 64 -M. SALONIUS LONGINIUS MAECELLÜS

vers 216-218 65 .-P. PLOTIUS ROMANUS


début du règne de Sévère-Alexandre 66 - Q. ARADIUS RUFINUS OPTATUS AELIANUS
sous Sévère- Alexandre 67-.L. DOMITIUS GALLICANUS PAPINIANUS
premier tiers du IIIe s. β8-[. --]
avant 244-245 69 -M. ANTONIUS MEM[MIUS HIERO?]
entre 240 et 250 70-CL.t] ANT[-] [-]
avant 344 71-IULIUS EUBULIDAS
vers 350 72-ATTIUS CAECILIUS MAXIMILLIANUS
vers 360 73 -FLAVIUS ATILIUS THEODOTUS
74 - * AELIUS XIFIDIUS

Nous indiquons sur ce tableau d'une part les patronats, d'autre part
les curatelles de cités; ces dernières sont mentionnées aussi sur les
tableaux qui présentent l'avancement prétorien ou consulaire; mais elles
n'ont pas véritablement leur place dans le cursus proprement dit.
D'ailleurs nous n'avons pas retenu ces curatelles pour évaluer le nombre de
postes occupés par les sénateurs qui nous intéressent. L'exercice d'un
patronat révèle l'influence du sénateur, choisi par une cité ou un groupe
social comme protecteur officiel. Les curatelles sont surtout des
responsabilités financières: la compétence des individus aptes à administrer le
trésor sénatorial les désignait sans doute pour le contrôle des comptes
des cités.
Cn. Pullius Pollio fut patron de Forum Clodn, cité dont il était
probablement originaire, dans les premières années du règne d'Auguste.
Après son nom, nous ne rencontrons plus de patrons de cité jusqu'à
l'époque des Flaviens. En effet, le cas de C. Caetronius Miccio est un peu
SOCIALE 559

ET CURATELLES DE CITÉS

Patronat sur les collectivités


ou les cités suivantes Curatelle des cités suivantes

61 -
63 - -
62 - - Goncordia; Alba Fucens; Bovianum
64 — Terventuwii -

65 - — Vercellae
1 66 - -
67 - -
68 - -
69 - -
70 - -
71 — Intel amna Nahars -
72 -
73- -
74 - —

différent; à l'occasion du juridicat de ce sénateur en Espagne citérieure,


des relations de clientèle se sont établies entre les négociants romains de
Bracava Augusta et lui; on ne peut cependant pas parler précisément de
patronat. Sous les Flaviens, L. ïferatius Priscus est patron lui aussi de sa
ville de naissance, Saepinum;, mais les patronats de L. Funisulanus Vetto-
nianus sur Andautonia en Pannonie supérieure et de L. Antistius Rusticus
sur Antioche de Pisidie s'expliquent par leurs fonctions de gouverneur
de la province.
Au IIe siècle, les patronats se multiplient; ce fait n'est pas propre
aux préfets du trésor de Saturne; il est lié à l'extension du phénomène
social du patronat sous les Antonins, établie par les recherches de
L. Harmand; il reste que la multiplicité de ces liens témoigne de la position
occupée par ces sénateurs dans la classe sénatoriale; il est intéressant de
noter que, pour la même période, les sénateurs qui ont exercé la préfecture
du trésor militaire ne peuvent se flatter d'un nombre aussi élevé de pa-
560 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARITJM MILITARE »

tronats (voir le tableau IV des praefectì aerarli militaris). Pendant tout


le IIe siècle, la moitié des sénateurs qui ont géré Vaerarium Saturni
s'honorent d'au moins un, parfois deux patronats sur des cités. Il s'agit le plus
souvent de la ville dont ils sont eux-mêmes originaires. Pline le Jeune
fut peut-être patron de Corne; les deux frères JEgrilii furent patrons
d'Ostie, L.Burbuleius Optatus Ligarianus de Minturnes, L. Coelius Pestus de
Veleia, C. Arrius Antoninus de Cirta, C. Vettius Sabinianus Iulius Hospes
de Thuburbo maius. Le patronat s'explique parfois par une fonction
exercée par le personnage; il en est ainsi pour C Arrius Antoninus, qui
devint patron de Concordia en Vénétie, après avoir assumé le juridicat
sur la Transpadane.
En revanche, dans la première moitié du IIIe siècle, nous n'avons
plus de témoignage sur d'éventuels patronats; est-ce dû à un déclin
général de ce type de relations entre les personnages influents et les cités?
Ce n'est pas impossible. Il faut envisager aussi le phénomène bien connu
du raccourcissement des cursus. Mais nous pouvons y voir une
preuve supplémentaire du déclin de la préfecture du trésor sénatorial à
cette époque et de la moindre dignité des sénateurs appelés à occuper
ce poste.
Au IVe siècle, à un moment où la préfecture du trésor est une fonction
de début qui figure dans les cursus sénatoriaux classiques, réservés le
plus souvent à l'aristocratie d'Occident, Iulius Eubulidas est patron de
la cité ombrienne à'Interamna Nahars, où il est né.

Sur ce tableau, les premières curatelles de cités apparaissent sous


le règne d'Hadrien; en fait, la création de ces curatelles remonte à la fin
du Ier siècle. Nous constatons qu'elles se multiplient pour les praefecti
aerarti Saturni sous le règne de Marc-Aurèle, en relation avec les
compétences financières très nettes des responsables du trésor choisis par cet
empereur. Nous rencontrons un cas où le curateur d'une cité — Suessa
Aurunca — a été choisi comme patron par celle-ci.
SACERDOCES DES RESPONSABLES

V AERARIUM SATURM

Tableau p. 562-565
Commentaire p. 565-568

36
562 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

V - SACERDOCES

Date Nom Sacerdoces

45 av. J.-C. 1 - M. CUSINIUS M.F.VEL.


22 av. J.-C. 2-CN. PULLIUS POLLIO - fetialis
peu après 23 3-P. PAQUIUS SCAEVA — fetialis
av. J.-C.
fin du règne 4-M'. VIBIUS BALBINUS -
d'Auguste
13 ap. J.-C. 6-[C. CAE]LIUS EUFUS -
14 6-[. -]LIUS A[TT]IC(US) -
f 7 - P. CORNELIUS LEN[TULUS] - ponttf.
15 SCIPIO fetialis
l 8-[. -] VALENS -
16 9-[. -]US PROC(ULUS?) -
18 10 -C. UMMIDIUS DURMIUS - XVvir s. f.
QUADRATUS
19 11-Q. LUCANIUS LATINUS -
12 - Q. ARQIJINIUS -
90 -
13 -L. PONTIUS NI[GRINUS]
Auguste ou (14-L. CALPURNIUS PISO — ?
Tibère (avant
27 ap. J.-C.) (15-M. SALL(U)VIUS —

27 16-[. -]ENUS PAETUS -


28 17-AVILLIUS PASTOR -
36 18 -P. PLAUTIUS PULCHER - augur
42-43 19 -C. CAETRONIUS MICCIO -
44-46 20 -T. DOMITIUS DECIDIUS _
47-49 21 -L. COIEDIUS CANDIDUS -
56 22 - OBULTRONIUS SABINUS _
74-76 23 -L. FUNISULANUS - Vllvir epulonum; sodalis
VETTONIANUS Augustalis
24-[. --]O _
80-83 -
25 -L. POMPUSIUS METTIUS
[-]NUS
87-89 26 -L. ANTISTIUS RUSTICUS -
93-95 27 -L. NERATIUS PRISCUS -
ÉTUDE SOCIALE 563

V - SACERDOCES

Date Nom Sacerdoces

entre 56 et 95 28 -Q. ASCONIUS GABINIUS


MODESTUS
[29 -L. PUBLICIUS CERTUS -
96-97 30 - Q. FULVIUS GILLO BITTIUS _
PROCULUS
31 -C. IULIUS CORNUTUS _
98-100 TERTÜLLUS
32 -C. PLINIUS CAECILIUS - augur
SECUNDUS fl(amen) divi Τ (iti) Aug (usti)
(à Ver ceil)
108-110 33 -L. CATILIUS SEVERUS - Vllvir epu[lon(um)]
IULIANUS CLAUDIUS [f\et{ia\l[is\
REGINUS
fin du Ier-début 34 -[.--] _
du IIe s.
Î35-P. TULLIUS VARRÒ - augur
123-125 J36-A. EGRILIUS PLARIANUS _
l PATER
Γ37-Μ. ACILIUS PRISCUS - pontif. Volcani (à Ostie)
126-128 EGRILIUS PLARIANUS
1

|38^L. AURELIUS GALLUS —


129-131 39 -L. BURBULEIUS OPTATUS - sodalis Augustalis
LIGARIANUS
132-134 40 -M. CUTIUS PRISCUS - sodai. Augustal.
MESSIUS RUSTICUS
AEMILIUS PAPUS ARRIUS
PROCULUS IULIUS CELSUS
135-137 41 -C. IULIUS SEVERUS - σεβαστοφαντής (à Ancyre)
άρχιερεύς de Galatie
curio à Corinthe
Hadrien 42-ARRIANUS SEVERUS - XVvir saeris jadundisi
138-140 43 -Q. LICINIUS [QUARTINUS?] - XVvir sacr. fac.
MODESTINUS [SEX.?] fetialis
ATTIUS LABEO sodalis Augustali8
Î44-L. COELIUS FESTUS -
114ri-14o
A1 1AQ
146 -P. MUMMIUS SISENNA - augur (à Rome)
l RUTILIANUS Salius et cur. fani H(erculis)
V(ictoris) (à Tibur)
564 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET L'a AERARIUM MILITARE »

V - SACERDOCES

Date Nom Sacerdoces

Î46-L. OCTAVIUS CORNELIUS - pontif.


I SALVIUS IULIANUS sodalis Hadrianalis
144-146 1 AEMILIANUS sodalis Antoninianus
(47 -C. POPILIUS CARUS PEDO - Vllvir epulon.
sodalis Hadrianalis
Î48-CN. IULIUS VERUS - augur
147-149 149-L. DASUMIUS TULLIUS - augur
I TUSCUS sodai. Hadrianalis
sodai. Antoninianus
Verianus
fin du 1er. 1ère 50-[. -]CIUS C[-] -
moitié du IIe s.
entre 153 et 158 51 - M. SERVILIUS FABIANUS - fetialis
MAXIMUS
vers 164-166 52 -L. VOLUSIUS MAECIANUS - pontif. m.
vers 167-169 53 -C. ARRIUS ANTONINUS - frater Arvalis
augur
- sodalis Marcianus
ninianus
vers 170-172 54-C. VETTIUS SABINIANUS - sodalis Titius
IULIUS HOSPES
entre 170 et 179 55 -L. ALBINIUS SATURNINUS — sodalis Antoninianus
Marc-Aurèle 56 -L. CESTIUS GALLUS
-Commode CERRINIUS IUSTUS
LUTATIUS NATALIS
vers 179-181 57 -M. PETRONIUS SURA - \XYv,~\ sacr. foc.
MAMERTINUS
vers 182-184 58 - T. AIUS SANCTUS -
vers 191-193 59 -TI. CLAUDIUS GORDIANUS —

vers 200 60 - Q. MAMILIUS CAPITOLINUS -


2e moitié du 61-[.—] -
Ier-IIé S.
2e moitié du 62-[.--] -

fin du IIe s. 63 -A. EGNATIUS PROCULUS _


2e moitié du 64 -M. SALONIUS LONGINIUS
He. 1ère MARCELLUS
moitié du
IIIe s.
ÉTUDE SOCIALE 565

V - SACERDOCES

Date Nom Sacerdoces

vers 216-218 65 -P. PLOTIUS ROMANUS - sodalis Augustalis Claudialis


début du règne 66 -Q. ARADIUS RUFINUS — sodalis Augustalis Claudialis
de Sévère- OPTATUS AELIANUS
Alexandre
sous Sévère- 67 -L. DOMITIUS GALLICANUS _
Alexandre PAPINIANUS
premier tiers 68-[. --] -
du Ille s.
avant 244-245 69 -M. ANTONIUS MEM[MIUS
HIERO?]
entre 240 et 250 70 -[L.?] ANT[-i [-] -
avant 344 71-ÏULIUS EUBULIDAS - Xvir
vers 350 72-ATTIÜS CAECILIUS
MAXIMILIANUS
vers 360 73 -FLAVIUS ATILIUS '—

THEODOTUS .
74-* AELIUS XIFIDIUS — . '■

Pour un sénateur, l'exercice d'un sacerdoce est un honneur


supplémentaire. Aussi nous a-t-il paru nécessaire de réunir les prêtrises sur un
même tableau; il permet de préciser certaines des conclusions que nous
avons tirées précédemment sur le rang qu'occupaient, dans la hiérarchie
sénatoriale, les hommes qui ont été appelés à administrer Vaerarium.

Sous Auguste et les Julio-Olaudiens, les seuls responsables du trésor


pour lesquels nous connaissions des prêtrises sont des favoris du prince ou
des membres de la haute aristocratie. Ainsi Cn. Pullius Pollio et P. Paquius
Scaeva sont bien des hommes nouveaux, mais ils doivent leur entrée au
sénat à la protection du princeps: le collège des féciaux, auquel ils
appartiennent tous deux, fut probablement rempli de partisans d'Auguste.
Pour l'identité de L. Calpurnius Piso, nous avons le choix entre trois
homonymes dont le premier, consul en 15 av. J.-C, fut pontife, et dont
le second, consul en 1 av. J.-C, fut augure; il aurait été surprenant qu'un
membre de la noble famille des Càlpurnii' Pisones n'exerçât aucun sacer-
566 l'«aerarium saturni» et ιΛ aerarium militare»

doce. Issu lui-même de la nobilitas, P. Cornelius Lentulus Scipio fut


pontife et fécial. 0. Ummidius Durmius Quadratus, homme nouveau de Ca-
sinum, est l'un des grands noms du sénat sous Tibère; il devint quinde-
cemvir sacris faciundis. P. Plautius Pulcher, fils d'un consulaire honoré
des ornements triomphaux, qui devint lui-même patricien, était augure.
Nous constatons que, sous Auguste et les Julio-Claudiens, les seuls
personnages dont nous connaissions les prêtrises appartiennent aux
couches élevées de la classe sénatoriale. Cette remarque est en accord avec
certains résultats de l'étude que M. W. Hoffmann-Lewis a consacrée aux
« Official Priests of Borne under the Julio-Claudians », avec le sous-titre
révélateur « a study of the Nobility ». Nous limitons nos propres
conclusions aux administrateurs de Vaerarium. Aucun de ces responsables n'est
patricien de naissance; seul, P. Plautius Pulcher l'est devenu par la suite;
aussi ne relevons-nous parmi eux aucun salius Palatinus. Certains d'entre
eux appartiennent à la nobilitas; les sacerdoces leur sont réservés en
priorité. Quelques hommes nouveaux, bien vus du prince régnant, en
reçoivent aussi. En revanche, nous ne rencontrons pas de prêtrises pour
les hommes novi sans éclat. Il convient de nuancer ces dires, en rappelant
que la plupart des préteurs du trésor sont de simples noms conservés sur
les fastes des scribes du trésor. Mais, pour les questeurs du trésor de Claude
et de Néron en particulier, ces remarques confirment le rang modeste,
dans le milieu sénatorial, d'hommes nouveaux dont nous avons noté par
ailleurs les débuts médiocres.

A partir du règne de Vespasien, nous étudions des praefecti aerarti


Saturni. L. Funisulanus Vettonianus, le premier dont nous ayons retrouvé
l'existence, exerça un sacerdoce romain, celui de septemvir epulonum, et
appartint à une confrérie chargée du culte impérial, celle des sodales
Augustales; c'était pourtant un homme nouveau. En effet, dans les
dernières décennies du Ier siècle et au cours du IIe siècle, la plupart des
préfets du trésor, qu'ils aient ou non des ancêtres sénateurs, ont assumé
au cours de leur vie au moins une prêtrise, locale ou romaine. Cette
particularité est nette sous les Antonins, depuis le règne de Trajan jusqu'à
celui de Marc-Aurèle compris; à partir de Commode et au IIIe siècle,
les prêtrises se raréfient pour les sénateurs qui ont eu la charge du
trésor.
Pour les préfets de Trajan, Hadrien et Antonin, nous relevons de
nombreux sacerdoces locaux, en particulier pour les homines novi venus
d'Italie ou des provinces: ainsi Pline le Jeune, issu de Transpadane, fut
flamine du culte du Titus à Verceil; M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus
ÉTUDE SOCIALE 567

reçut le pontificat de Vulcain dans sa ville natale, Ostie; C. Iulius Severus,


sénateur galate, est flamine du culte impérial à Ancyre et grand-prêtre
de Galatie; il devint par ailleurs curion à Corinthe. L'exercice de ces
prêtrises locales montre combien les hommes nouveaux restent intégrés, à
cette époque, à leur milieu d'origine. P. Mummius Sisenna Eutilianus est
salien et curateur du temple d'Hercule à Tivoli; il est le fils d'un consul;
mais sa résidence à Tibur et, par suite, son attachement aux cultes de
la cité s'expliquent par son ascendance espagnole.
Les sénateurs reçoivent le plus souvent des sacerdoces romains; ils
appartiennent aux collèges des pontifes, des augures, des quindecemviri
sacris faciundis, des septemviri epulonum, ou à des sodalités; nous
relevons des féciaux et des frères Arvales. Le recrutement se faisait par
cooptation, sans doute sur l'avis de l'empereur. La notoriété des prêtrises
devait être variable; des études particulières, comparables à celles qui
ont commencé pour les règnes d'Auguste et de ses premiers successeurs,
n'ont pas encore établi, pour la période antonine, leur dignité respective,
ni le moment de la cooptation; nous avons remarqué que l'augurât
s'obtient peu après le consulat. Aucun salius Palatinus n'apparaît dans cette
liste, puisque les préfets du trésor n'étaient généralement pas recrutés
parmi les patriciens; un seul figure dans les fastes de la préfecture,
M. Petronius Sura Mamertinus, gendre de Marc-Aurèle; il a été quindecemvir
sacris faciundis.
Nous avons un témoignage plus précieux, l'appartenance à une
confrérie chargée d'assurer le culte d'un empereur divinisé; il était toujours plus
flatteur d'être admis parmi les sodales du dernier divus, et surtout d'être
l'un des membres de fondation du nouveau collège.
Nous constatons que, jusqu'au règnfe d'Hadrien, les anciens praefecti
aerarli Saturni appartiennent parfois au collège des sodales Augustales ;
cette cooptation prouve qu'ils occupaient une position sociale honorable
à l'intérieur de la classe sénatoriale; mais aucun d'eux, même parmi ceux
qui commencèrent leur carrière sous Domitien, ne fut admis parmi les
sodales Flaviales Titiales. Or, dans la même période, depuis le règne de
Vespasien jusqu'à celui d'Hadrien, nous devons remarquer que nos
sénateurs ont reçu peu de responsabilités sacerdotales, en dehors des
prêtrises locales. Une seule exception, celle de L. Catilius Severus, qui a
assumé deux sacerdoces romains; il s'agit précisément de l'ancien préfet
du trésor de Trajan, qui est devenu, sous Hadrien, un personnage
considérable: il fut en particulier consul bis et préfet de la ville. Ces divers
éléments concordent: les préfets du trésor de Saturne ne sont pas recrutés
à cette époque dans la plus haute aristocratie.
568 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

La différence est sensible sous le règne d' Antonin le Pieux: les


anciens préfets exercent jusqu'à trois prêtrises officielles. Trois d'entre eux,
Salvius Iulianus, C. Popilius Carus Pedo et L. Dasumius Tullius Tuscus,
font partie des sodales Hadrianales sous le règne d'Antonin, ce qui est
très honorifique; mieux encore, deux d'entre eux, Salvius Iulianus et
Tullius Tuscus ont été choisis, en 161, comme membres de fondation du
collège des sodales Antoniniani. Nous constatons une fois de plus, mais
par un autre biais, que les préfets du trésor d'Antonin sont issus des
couches les plus élevées de l'aristocratie.
Sous Marc- Aurèle, nous observons une certaine évolution: un homme
nouveau comme C. Arrius Antoninus, dont les qualités ont été pleinement
utilisées, est récompensé par les plus brillants sacerdoces; déjà frère Ar-
vale et augure, il devient, en 180, à la mort de l'empereur, sodalis Mar-
cianus Antoninianus. L. Albinius Saturninus est admis parmi les sodales
Antoniniani. La préfecture du trésor s'adresse toujours à des sénateurs
en vue. Mais l'origine des préfets tend à se diversifier: C. Vettius Sabi-
nianus Iulius Hospes, ancien chevalier, entré au sénat après la gestion
de la questure, à la suite d'une adlectio in amplissimum ordinem, a eu
une carrière assez besogneuse; il appartient seulement à l'ancien collège
chargé du culte du roi légendaire de E orne, Titus Tatius. Quant à
L. Volusius Maecianus, il a reçu un pontificat mineur réservé aux
chevaliers, avant d'entrer au sénat par adlectio inter praetorios.

A partir du règne de Commode et pendant la première moitié du


IIIe siècle, nous ne relevons plus que l'appartenance de P. Plotius Eomanus
et de Q. Aradius Bufinus à la confrérie des sodées Augustales Claudiales:
la participation au culte de ces* lointains divi n'était peut-être pas
particulièrement honorifique. Nous constatons que le rang des sénateurs,
recrutés pour gérer Vaerarium Saturni, est nettement inférieur à la fin
du IIe siècle et dans la première moitié du IIIe siècle à celui que ce simple
tableau fait apparaître pour l'époque antonine.

Nous manquons de renseignements pour les préfets du IVe siècle;


les inscriptions qui les font connaître datent de leur jeunesse. Iulius Eubu-
lidas a appartenu sans doute au collège des duodecemviri (et non des
decemviri, comme l'indique son cursus), chargé de rendre le culte de Borna
aeterna au temple de la Ville.
I

LES RESPONSABLES

DE VAERARIVM MILITARE

Liste p. 570-573
Commentaire p. 572-574
570 L'a AERARIUM SATURNI » ET I,'« AERARIUM MILITARE »

I - LISTE DES RESPONSABLES

Date Nom

10 ap. J.-C. I M. ARTORIUS GEMINUS


peu avant 23 II C. STERTINIUS MAXIMUS
entre 21 et 30 III L. CAESIUS [-]
Tibère IV P. CATIENUS SABINUS
31 V P. VITELLIUS

39-41 VI C. CAETRONIUS MICCIO


vers 54-56 VII [.--]
vers 76-78 VIII Q, AURELIUS PACTUMEIUS FRONTO
85-87 IX TI. IULIUS CELSUS POLEMAEANUS
94-96 X C. PLINIUS CAECILIUS SECUNDUS
97-99 XI GALEO TETTIENUS SEVERUS
M. EPPULEIUS PROCULUS TI. CAEPIO
HISPO
Ier s. XII [. --JERIUS
102-104 XIII [.--]
105-107 XIV L. CATILIUS SEVERUS IULIANUS
CLAUDIUS REGINUS
123-125 XV M. ACILIUS PRISCUS EGRILIUS
PLARIANUS

140-142 ou 141-143 XVI L. OCTAVIUS CORNELIUS SALVIUS


IULIANUS
entre 140 et 145 XVII L. NERATIUS PROCULUS
entre 140 et 150 XVIII A. EGRILIUS PLARIANUS
entre ISO et 160 XIX SEX. PEDIUS HIRRUTUS LUCILIUS
Ρ OLLI 0
Antonin le Pieux XX M. FLAVIUS POSTUMUS
Antonin le Pieux? XXI [M. FLA?]VIUS [-]TUS SABINUS
avant 165 XXII [.--]
vers 175-177 XXIII TI. IULIUS FRUGI
vers 178-180 XXIV C. SABUCIUS MAIOR CAECILIANUS
vers 187-189 XXV L. FABIUS CILO SEPTIMINUS CATINIUS
ACILIANUS LEPIDUS FULCINIANUS
ETUDE SOCIALE 571

DE VAERARIUM MILITARE

Titulature Texte

I praef. aerar, mil. CIL, VI, 90 = ILS, 3782


II praef. ae[r]a,ri mil[~] OIL, Y, 7557
III praef ect[us aerarti milif\aris CIL, Y, 8845
IV praef. aerar, milit. Not. d. Scavi, 1928, p. 381, n° 4
V ... « claustra aerarti, cui praefectus TAC, Ann., VI, 3, 1
erat et militarem pecuniam ...»
VI p[raef. aerar.] mil[i]t[aris] CIL, II, 2423; cf. AE, 1966, 186
VII [praefectus aé]rari milüaris ILGN, 419
Vili praef. aerarti militaris ILAlg, II, 644
IX praef. aerari militaris AE, 1904, 99 = ILS, 8971
X praef. aerari mil[it.] CIL, Y, 5262 = ILS, 2927
XI praef. aerari militar. CIL, XI, 14 = ILS, 1027
[p]raef. aerari militar. CIL, Y, 5813

XII [pràjef. aera[rii militarisì] CIL, VI, 1563


XIII praetor aerari militaris CIL, XIII, 5089 = ILS, 1020
XIV praef. aerarti militar. CIL, X, 8291 = ILS, 1041
[p~\raef[ectus] aer[a]r. m[ilitar.] ILAfr, 43
XV praef. aerari militar. CIL, XIV, 72 = ILS, 5451
praef. aera[ri militari]s Oli, XIV, 4444
[praef. aerari mijlitaris AE, 1955, 170
XVI praef. aerar. Saturni item mil. OU/, VIII, 24094 = ILS, 8973

XVII praef. aerari militaris CIL, IX, 2457 = Uv£, 1076


XVIII praef. aerari milit[aris] CIL, XIV, 4445
XIX praef. aer. mi[li]tar. OU,, VI, 1486 = XIV, 3995

XX praef. aerari milit. ILAlg, II, 630


XXI [praef. a]erari mil. OU}, XI, 5645
XXII επα[ρχος αίραρίον] ατρατιωτικον ΤΑΜ, II, 569
XXIII [pra\ef. aer. mil. OZI, VI, 31717
XXIV praef. aerari mil. OU/, VI, 1509 = ILS, 1123
XXV praef. aer. militar. Oli, VI, 1408 = ILS, 1141
praef. aer. militaris 0I£, VI, 1409 - U/tf, 1142
572 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ( AERARHJM MILITARE »

I - LISTE DES RESPONSABLES

Date Nom

vers 190-192 XXVI C. POMPONIUS BASSUS TEKENTIANUS


II* s. XXVII [. -]US [-]RUS
II« s. XXVIII [. --]
2e moitié du IIe s. XXIX [. --]
fin du IIe s. XXX [.] (SOLLIUS) H
entre 207 et 210 XXXI SEX. VAEIUS MAKCELLUS
entre 211 et 217 XXXII L. ANNIUS ITALICUS HONORATUS

entre 216 et 220 XXXIII [. --]


Elagafoal XXXIV Q. ARADIUS RUFINUS OPTATUS
AELIANUS
XXXV P. IULIÜS IUNIANUS MARTIALIANUS

1er tiers du IIIe s. XXXVI Q. RANIUS TERENTIUS


HONORATIANUS
2e quart du IIIe s. XXXVII Q. ANNIUS ANNIANUS POSTUMIANUS

En 6 ap. J.-C, Auguste créa une caisse spéciale destinée à distribuer


les praemia militiae aux vétérans, à leur libération. Le premier des
responsables de ce trésor que nous ayons rencontré a probablement exercé
ses fonctions en 10. Les titulaires de ce poste apparaissent, sans lacunes
notables dans la documentation épigraphique, jusqu'aux Sévères; les
derniers préfets du trésor militaire dont les années de service sont
précisément datées, Q. Aradius Eufinus et P. Iulius Iunianus Martialianus,
se placent sous Elagabal; mais la préfecture de Q. Annius Annianus
Postumianus se situe peut-être au milieu du IIIe siècle.
Les administrateurs de la caisse de retraite des vétérans forment
un collège de trois sénateurs prétoriens, qui restent en fonction pendant
trois ans. Ils portent pendant les deux siècles et demi où nous connaissons
leur existence le titre officiel de praefecti aerarii militaris: c'est celui de
L. Caesius sous Tibère et encore celui de L. Annius Italicus Honoratus sous
Caracalla. En grec, la titulature n'est jamais abrégée; elle peut être Γ
exacte traduction de la formule latine, έπαρχος αίραρίου ατρατνωτικαν ou
ETUDE SOCIALE 573

DE VAERARIUM MILITARE

Titulature Texte

XXVI [praefectus aerari] milita\r.] CIL, VI, 31696


XXVII [pr]aef. ae[rari mil.'] CIL, VI, 1561
XXVIII praef. aer. m[il-] Chiron, 1972, p. 407
XXIX praef. aeravi militaries] CIL, XI, 4647
XXX prae[f. aerarï] milit. CIL, IX, 5155
XXXI praef. aerari militaris CIL, Χ, 6569 = ILS, 478
L XXXII [p]raef. aera[rii] militaris CIL, III, 1071
I praefectus aerarii militaris CIL, III, 1072
1 praef. aer. milit. CIL, III, 6154 = ILS, 1174
Ì XXXIII εη[αρχος χρη]μάτων στρατιω[τικών] AE, 1911, 136
XXXIV praef. aera[ri mil.] Epigr. Studien, 4, 1967, p. 83

XXXV praefectus aerari militaris ILAlg, II, 633


praef. aerari militaris CIL, VIII, 2392 = ILS, 1178
XXXVI praef. aer. mil. CIL, XI, 6164

XXXVII praefectus aerari militar. CIL, VI, 1338

une expression hellénique, έπαρχος στρατιωτικών χρημάτων. En latin, la


titulature est généralement abrégée; praef. indique comme toujours le
mot praefectus; aerarium est écrit le plus souvent avec le i long du génitif
aerari ou aer., moins souvent aerar. L'adjectif militaris s'abrège lui-même
en militar., milit. ou mil. La combinaison de ces différentes possibilités
offre aux graveurs d'inscriptions des raccourcis multiples, selon les
nécessités de leur mise en page. Mais la titulature reste en fait inchangée.
Un seul préfet est connu par un texte littéraire; il s'agit de P. Vitel-
lius, qui apparaît dans les Annales de Tacite comme l'un des conjurés
de l'année 31, décidé à livrer à ses complices « claustra aerarii cui
praefectus erat et militarem pecuniam »; l'adjectif militaris, selon une tournure
habituelle à la langue de Tacite, qualifie à la fois les mots aerarium et
pecunia. Il pourrait y avoir une hésitation de la part du lecteur moderne
du fait que, dans certains cas, un même individu administra
successivement les deux trésors dont la gestion appartenait à des sénateurs; mais
il n'y eut jamais de gestion conjointe de la caisse du sénat et de la caisse
574 ΐΛ AERARTUM SATURNI » ET Lr« AERARIUM MILITARE »

de retraite de l'armée; de plus, en 31, P. Vitellius était un sénateur de


rang prétorien; or, à cette époque, Vaerarium Saturni était dirigé par deux
préteurs de l'année et non par d'anciens préteurs. Il n'y a donc aucun
doute: P. Vitellius était préposé au trésor militaire seul.
Lorsqu'un personnage a administré successivement les deux trésors,
les inscriptions juxtaposent en général les deux titulatures de praefectus
aerarti militaris et praefectus aerarli Saturni; c'est ainsi que peut être
établie, selon l'ordre du cursus, la place que ces deux fonctions ont occupée
l'une par rapport à l'autre. Dans tous les cas, la gestion de la caisse
militaire précède celle du trésor sénatorial; il en fut déjà ainsi pour C. Cae-
tronius Miccio qui occupa, à V aerariwm Saturni, des responsabilités
originales en 42; il en est encore de même pour Pline le Jeune et L. Catilius
Severus sous Trajan, pour M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus sous
Hadrien et pour Q. Aradius Eufinus sous Elagabal et Sévère- Alexandre. Par
conséquent, il n'est plus permis d'hésiter pour l'interprétation du cursus
de Salvius Iulianus; l'inscription africaine qui le porte indique qu'il fut
praef. aerar. Saturni item mil: la succession est marquée par la préposition
item comme il est d'usage, alors que la préposition et indique le plus
souvent la concomitance; le poste le plus important, obtenu par conséquent
en second, a été gravé le premier et en entier, tandis que le poste le moins
important figurait en second et en abrégé.
DES PRAEFECTI
L'ORIGINE
AERARII
II MILITARIS
f

Tableau p. 576-579
Commentaire p. 578-581
576 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ( AERARIUM MILITARE »

II - L'ORIGINE

Date Nom

10 ap. J.-C. I M. ARTORIUS GEMINUS

peu avant 23 II C. STERTINIUS MAXIMUS

i
entre 21 et 30 III L. CAESIUS [-]
Tibère IV P. CATIENUS SABINUS
31 V P. VITELLIUS
39-41 VI C. CAETRONIUS MICCIO
vers 54-56 VII [.--]
vers 76-78 VIII Q. AUBELIUS PACTUMEIUS FRONTO
85-87 IX Tl. IULIÜS CELSUS POLEMAEANUS
94-96 X C. PLINIUS CAECILIUS SECUNDUS
97-99 XI GALEO TETTIENUS SEVERUS
M. EPPULEIUS PROCULUS TI. CAEPIO
HISPO
Ier s. XII .[..--]EBIUS
102-104 XIII [."■--]
105-107 XIV L. CATILIUS SEVERUS IULIANUS
CLAUDIUS REGINUS
123-125 XV M. ACILIUS PRISCUS EGRILIUS
PLARIANUS
140-142 ou 141-143 XVI L. OCTAVIUS CORNELIUS SALVIUS
IULIANUS
entre 140 et 145 XVII L. NERATIUS PROCULUS
entre 140 et 150 XVIII A. EGRILIUS PLARIANUS
entre 150 et 160 XIX SEX. PEDIUS HIRRUTUS LUCILIUS
POLLIO
Antonin le Pieux XX M. FLAVIUS POSTUMUS
Antonin le Pieux? XXI [M. FLA?]VIUS [-]TUS SABINUS
avant 165 XXII [.--]
vers 175-177 XXIII TI. IULIUS FRUGI
vers 178-180 XXIV C. SABUCIUS MAIOR CAECILIANUS
vers 187-189 XXV L. FABIUS CILO SEPTIMINUS CATINIUS
ACILIANUS LEPIDUS FULCINIANUS
vers 190-192 XXVI C. POMPON1US BASSUS TERENTIANUS
II« s. XXVII [. -]US [-]RUS
ÉTUDE SOCIALE 577

DES PRAEFECTI AERARII MILITARIS

Origine Famille

Oriental (Smyrne)? Petit-fils du médecin d'Auguste; famille


sénatoriale?
II Italien (Asti)
m Italien (Vérone)
IV Italien (Abella)
V Italien (Nuceria) Homo novus, fils de chevalier
VI Italien (Suasa Senonumi) Ancien chevalier
VII G-aulois de Narbonnaise (Nemausus)
VIII Africain (Girta) Adlectus inter praetorios (74)
IX Oriental (Sardes et Ephèse) Ancien chevalier, adlectus inter aedilicios (74)
X Italien (Corne) Homo novus
XI Italien (Assise) Fils adoptif d'un consul

XII
XIII - ■.
-


.

XIV Italien? Homo novusi

XV Italien (Ostie) Homo novus

XVI Africain (Hadrumète ou Pupput) Homo novus

XVII Italien (Saepinum) Famille sénatoriale


XVIII Italien (Ostie) Famille sénatoriale, fils de consul
XIX Italien (Teate Marrucinorum) Famille sénatoriale

XX Africain ( Girta ) Homo novus


XXI Italien (Matilica) Famille sénatoriale?
XXII Oriental
XXIII Oriental Famille sénatoriale
XXIV Italien (Etrurie?) Homo novus
XXV Espagnol (Iluro?) Famille sénatoriale

XXVI Italien
XXVII _

37
578 ΐΛ AERAïtnJM SATURNI » ET L'c< AERARrUM MILITARE »

II - L'ORIGINE

Date Nom

II« s. XXVIII r η
2e moitié du IIe s. XXIX
fin du IIe s. XXX [.] (SOLLIUS) H
entre 207 et 210 XXXI SEX. VARIUS MARCELLUS
entre 211 et 217 XXXII L. ANNIUS ITALICUS HONORATUS
entre 216 et 220 XXXIII r ι
Elagabal XXXIV Q. ARADIUS RUFINUS OPTATUS
AELIANUS
XXXV P. IULIUS IUNIANUS MARTIALIANUS
1er tiers du IIIe s. XXXVI Q. RANIUS TERENTIUS
HONORATIANUS
2e quart du IIIe s. XXXVII Q. ANNIUS ANNIANUS POSTUMIANUS

Nous reprenons le vocabulaire et la présentation que nous avons


retenus précédemment pour les responsables de Vaerarium Saturni.

Le premier préfet du trésor militaire connu a exercé ses fonctions


à la fin du règne d'Auguste; bien qu'il s'agisse sans doute du petit-fils
du médecin d'Auguste, M. Artorius Asclepiades de Smyrne, il paraît
difficile de le considérer encore comme un Oriental. Le mausolée de la
famille se trouve à Eome. Il est possible que son père soit entré au sénat
avant lui. Il s'agit de toute façon d'un sénateur de rang modeste.
Sous les Julio-Claudiens, les préfets sont tous d'origine équestre;
ils viennent tous d'Italie, à l'exception du Mmois anonyme entré au
sénat à l'époque de Claude; nous nous demandons même si ce personnage
n'a pas bénéficié d'une adlectio inter praetorios à l'occasion de la censure
de 47; cette hypothèse reste sujette à caution, mais il convient de la
formuler, puisque, sous les Flaviens, certains préfets du trésor sont
précisément des adlecti.
En effet, Q. Aurelius Paetumeius Fronto et Ti. Iulius Celsus Pole-
maeanus sont des provinciaux, issus de l'ordre équestre, qui doivent leur
entrée au sénat, parmi les anciens préteurs ou les anciens édiles, à la
censure de Vespasien et Titus en 73-74, qui a donné lieu à une importante
ÉTUDE SOCIALE 579

DES PRAEFECTI AERARII MILITARIS

Origine Famille

XXVIII Italien (Préneste?)


XXIX Italien (Todi?) -
XXX Italien -
XXXI Oriental (Apamée, Syrie) - Ancien chevalier: adlectus inter praetorios
XXXII Italien (Iguvium) - Homo novus, famille équestre
XXXIII Oriental (Lydie) -
XXXIV Africain (Bulla Begia) - Homo novus

XXXV Africain (Timgad) _


XXXVI Africain - Famille sénatoriale?

XXXVII Africain - Homo novus, famille équestre

lectio senatus. Pline le Jeune, qui administra le trésor militaire dans les
dernières années du règne de Domitien, est simplement un homo novus
de la Cisalpine.
Galeo Tettienus Severus M. Eppuleius Proculus Ti. Caepio Hispo,
d'Assise, est le fils d'un consul, mais par adoption seulement; c'est donc
sous le règne de Nerva que nous rencontrons un premier préfet du trésor
d'un certain rang. Encore les ascendants naturels du jeune homme
appartenaient-ils à une famille équestre de Cisalpine. L. Catilius Severus
reste un personnage énigmatique; nous avons vu que ce sénateur,
probablement originaire de l'Italie, s'était fait lui-même; il n'est pas issu de
quelque grande famille.
L'unique préfet connu sous Hadrien est M. Acilius Priscus Egrilius
Plarianus, un homo novus d'Ostie.
Sous Antonin, en revanche, il arrive que les préfets soient des
Italiens de famille sénatoriale. Mais les Egrilii d'Ostie et les Neratii de Sae-
pinum sont entrés au sénat à la génération précédente. Ils ont en outre
déjà figuré parmi les responsables des deux caisses administrées par des
sénateurs; ainsi A. Egrilius Plarianus pater, le père du préfet du trésor
militaire homonyme, a géré Vaerarium Saturni sous Hadrien; M. Acilius
Priscus Egrilius Plarianus, son oncle, a reçu successivement les deux
580 IÂ< AERARrUM SATURNI » ET L'« AERARIUM MILITARE »

préfectures financières; aussi ne nous étonnons-nous pas de rencontrer


A. Egrilius Plarianus à la tête de Vaerarium militare sous Antonin. L.
Neratius Proculus appartient certes à la gens Neratia de Saepinum, mais
sans doute à une branche cadette de la famille dont un premier rameau
était déjà élevé au patriciat: peut-être est-ce un petit-neveu de L. Nera-
tius Priscus, resté plébéien, qui, deux générations auparavant, dirigeait
Vaerarium Saturni. ìsTous rencontrons ici une particularité de
l'administration romaine qui confiait souvent un poste identique aux membres
d'une même famille; ces cursus parallèles, à quelques décennies
d'intervalle, sont l'héritage d'une forme de pensée des anciens temps: les Romains
de la République n'imaginaient-ils pas qu'au long des siècles les éléments
mâles d'une même gens portaient en eux des qualités morales distinctives?
Nous ne connaissons pas à Sex. Pedius Hirrutus Lucilius Pollio le moindre
ancêtre qui ait administré l'un ou l'autre trésor; il reste que ce
personnage, venu de la capitale reculée des Marrucins, appartenait aussi à la
deuxième génération de sénateurs de sa famille; son père n'avait pas
dépassé la preture. Parmi les préfets d'Antonin, les seuls hommes
nouveaux sont des Africains: il s'agit de Salvius Iulianus et de M. Flavius
Postumus, ce dernier compatriote de Fronton.
Sous Marc-Aurèle et Commode, l'origine géographique des sénateurs
tend à se différencier: deux « Grecs » d'Asie mineure, un Espagnol et deux
Italiens, dont l'un au moins est un homme nouveau.
Sous les Sévères, Sex. Varius Marcellus est un Syrien, ancien
chevalier, dont la préfecture du trésor est le premier poste sénatorial. Un autre
Oriental apparaît, l'anonyme n° XXXIII, originaire de Lydie. Mais la
plupart des préfets sont des Africains, tous hommes nouveaux, à
l'exception peut-être de l'un d'entre eux, Q. Ranius Terentius Honoratianus,
parent d'un sénateur dont on ne peut préciser s'il appartient à la
génération précédente (ce serait son père adoptif?) ou à la sienne (ce serait
son frère?).
De cet examen, se dégagent au moins deux conclusions très nettes:
1°) A aucun moment de leur histoire, les praefecti aerarii militaris
ne sont issus de la haute aristocratie; aucun patricien ne figure parmi
eux; les quelques préfets qui sont membres de la classe sénatoriale depuis
leur naissance appartiennent seulement à la deuxième génération de
sénateurs de leur famille; les autres sont, pour la plupart, des hommes
nouveaux, nés dans l'ordre équestre; certains ont même commencé leur
carrière comme chevaliers avant d'entrer au sénat. Il est important de
noter que des adlecti figurent parmi les préfets du trésor militaire peut-
ÉTUDE SOCIALE 581

être dès le règne de Claude, en tout cas à partir des Flaviens; il n'en était
pas de même pour les responsables du trésor sénatorial, qui sont alors
des homines novi entrés au sénat par la gestion des magistratures. Le
recrutement des administrateurs de Yaerarium militare se faisait donc
au premier siècle dans les couches inférieures de la classe sénatoriale.
Comme pour les préfets du trésor de Saturne, nous constatons, sous le
règne d'Antonin, une tendance à utiliser des fils de sénateurs; ils
n'appartiennent pas cependant à la haute aristocratie.
2°) A chaque époque, ces hommes nouveaux ou ces sénateurs de
souche récente viennent des régions dont les notables sont alors appelés
au sénat. Ce sont des Italiens sous les Julio -Olaudiens; un premier «
Gaulois » de Narbonnaise sous Claude (nous ne connaissons malheureusement
pas son gentilice pour préciser son origine); sous les Flaviens, le premier
Africain qui ait obtenu le consulat, Q. Aurelius Pactumeius Fronto de
Cirta, et l'un des premiers Orientaux, Ti. Iulius Celsus Polemaeanus d'E-
phèse et de Sardes, avec encore un Italien de la lointaine Cisalpine, Pline
le Jeune; sous Hadrien, les Egrilii d'Ostie; sous Antonin, attaché aux
traditions, deux parents des préfets du trésor de la génération précédente
auxquels sont adjoints deux Africains; sous Marc-Aurèle et Commode,
l'origine des préfets du trésor reflète la composition bigarrée du sénat;
en revanche, les Africains et les Orientaux se partagent l'entrée à la
préfecture (et avant elle au sénat), sous la dynastie issue de l'Africain Septi-
me-Sévère et de la Syrienne Julia Domna. ÏTous devons constater, à toutes
les époques, la présence de sénateurs italiens dont l'origine sociale n'est
pas définie; mais les conclusions de l'étude de leurs collègues prouvent
que la plupart de ces individus, dont les parents ne sont pas connus, sont
des hommes nouveaux. Il faut noter qu'à Routes les époques aussi, des
familles italiennes continuent à entrer au sénat et à figurer dans les fastes
de la préfecture du trésor militaire: l'élévation d'hommes nouveaux
concerne autant les propriétaires des régions reculées de l'Italie que les
provinciaux.
HI

LA CARRIÈRE

DES PRAEFECTI AERAMI MILITARIS

1°) La carrière jusqu'à la preture:

a) avant la questure: tableau p. 584-587


commentaire p. 586-589
b) de la questure à la preture: tableau p. 590-593
commentaire p. 594-595

2°) La carrière prétorienne:

a) de la preture à la préfecture du trésor militaire: tableau p. 596-599


b) de la préfecture du trésor militaire au consulat: tableau p. 600-603

commentaire commun p. 604-609

3°) La carrière consulaire: tableau p. 610-613


commentaire p. 614-617
584 I,'« AERARIUM SATURNI » ET L'a AERARRJM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE DES PRAEFECTI

1) LA CARRIÈRE
a) AVANT

Date Nom

10 ap. J.-C. I M. AETOEIUS GEMINUS


peu avant 23 II C. STERTINIUS MAXIMUS
entre 21 et 30 III L. CAESIUS [-]
Tibère IV P. CATIENUS SABINUS
31 V P. VITELLIUS
39-41 VI C. CAETRONIUS MICCIO
vers 54-56 VII [·--]
vers 76-78 VIII Q. AURELIUS PACTUMEIUS FRONTO
85-87 IX TI. IULIUS CELSUS POLEMAEANUS
94-96 X C. PLINIUS CAECILIUS SECUNDUS

97-99 XI GALEO TETTIENUS SEVE RUS


M. EPPULEIUS PROCULUS TI. CAEPIO
HISPO
Ier s. XII [. --JERIUS
102-104 XIII
105-107 XIV L. CATILIUS SEVE RUS IULIANUS
CLAUDIUS REGINUS
123-125 XV M. ACILIUS PRISCUS EGRILIUS
PLARIANUS
140-142 ou 141-143 XVI L. OCTAVIUS CORNELIUS SALVIUS
IULIANUS
entre 140 et 145 XVII L. NERATIUS PROCULUS

entre 140 et 150 XVIII A. EGRILIUS PLARIANUS


entre 150 et 160 XIX SEX. PEDIUS HIRRUTUS LUCILIUS
Ρ OLLI 0
Antonin le Pieux XX M. FLAVIUS POSTUMUS
Antonin le Pieux? XXI [M. FLAf)VIUS [-JTUS SABINUS
avant 165 XXII [·--]
vers 175-177 XXIII TI. IULIUS FRUGI
vers 178-180 XXIV C. SABUCIUS MAIOR CAECILIANUS
SOCIALE 585

AERARII MILITARIS

JUSQU'À LA PRETURE
LA QUESTUKE

Vigintivirat Sévirat Service militaire

I
II Xvir stUtibus iudican. - -
Ili - -
|
IV - -
V - -
VI - -
VII - -
Vili - -
IX - - - trib. legionis III Oyrenaicae
.

X Xvir stlitib. iudicand. - sevir equitum - trib. milit. leg. Ill Gallicae
Bomanorum
XI Xvir stlit. iud. — - trib. milit. leg. VII Glaud. piae
fidelis

XII _ _
XIII - -
XIV - -

XV IlIIvir viarum - trib. mil. leg. V Maced.


curandarum
XVI Xvir - -

XVII Xvir stUtibus iudican. _ ~ trib. militum legion. VII gemin.


et leg. Vili Aug.
XVIII - —
XIX - -

XX _
XXI Xvir stlitib. [-] - - trib. [mil. leg. -] p. f.
XXII - -
XXIII - _
XXIV _ _
586 ΐΛ( AERARITJM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE DES PRAEFECTI


1) LA CARRIÈRE
a) AVANT

Date Nom

vers 187-189 XXV L. FABIUS CILO SEPTIMINUS CATINIUS


ACILIANUS LEPIDUS FULCINIANUS
vers 190-192 XXVI C. POMPONIUS BASSUS TERENTIANUS
IIe s. XXVII [. -]US [-]RUS
IP s. XXVIII [. --]
2e moitié du IIe s. XXIX [. - -]
fin du IIe s. XXX [.] (SOLLIUS) [-]
entre 207 et 210 XXXI SEX. VARIUS MARCELLUS
entre 211 et 217 XXXII L. ANNIUS ITALICUS HONORATUS

entre 216 et 220 XXXIII [. --]


Elagabal XXXIV Q. ARADIUS RUFINUS OPTATUS
AELIANUS
XXXV P. IULIUS IUNIANUS MARTIALIANUS
1er tiers du IIIe s. XXXVI Q. RANIUS TERENTIUS
HONORATIANUS
2e quart du IIIe s. XXXVII Q. ANNIUS ANNIANUS POSTUMIANUS

Après le commentaire du précédent tableau, qui rappelle qu'un


certain nombre de préfets du trésor militaire sont issus de l'ordre équestre
et ont parfois commencé leur carrière comme chevaliers, nous nous
étonnons moins de constater que nous connaissons des postes préparatoires
à la carrière sénatoriale — vigintivirat et service militaire — pour dix
d'entre eux seulement sur trente sept. Pour les fils de sénateurs eux-
mêmes, tels A. Egrilius Plarianus ou Sex. Pedius Hirrutus, nous ne
pouvons pas toujours préciser quels ont été ces postes de début que les
inscriptions omettent souvent.
Il reste qu'aucun des dix sénateurs dont le vigintivirat est indiqué
n'a assumé la fonction de triumvir monetalis, réservée aux patriciens et
aux jeunes gens de grande famille promis à de brillantes carrières. Certes,
il est naturel de rencontrer en moins grand nombre les tresviri, que
les decemviri ou les quattuorviri. Mais l'absence de sénateurs ayant géré
ÉTUDE SOCIALE 587

AERARII MILITARIS
JUSQU'À LA PRETURE
LA QUESTURE

Vigintivirat Sévirat Service militaire

XXV Xvir suit, indie. - - trib. mil. leg. XI Cl.

XXVI _ _
XXVII ! - - [trib. mil. leg. inp\rov.C\appadociaf\
XXVIII - - -
XXIX — -
XXX _ -
XXXI _ -
XXXII IlIIvir.viar. - sévir turmar.equ. -
curandarum
XXXIII (viocurus) - -
XXXIV - - -

XXXV - _
XXXVI - - -
\!
XXXVII - - -

le triumvirat monétaire concorde avec le tableau précédent: à toutes les


époques, les préfets du trésor militaire sont issus, à l'intérieur de la classe
sénatoriale, des couches de nouveaux promus, avec une exception pour le
règne d'Antonin qui a nommé à ce poste trois fils de sénateurs.
Inversement, aucun de ces personnages n'a occupé le poste du
vigintivirat le moins recherché, celui de triumvir capitalis; encore une fois,
le faible pourcentage de ces titulaires parmi leurs collègues vigintiviri
peut fournir un élément d'explication. Mais les futurs préfets du trésor
militaire n'étaient pas voués à une carrière particulièrement brève ou
médiocre, puisque la plupart d'entre eux ont obtenu le consulat suffect,
comme nous le verrons.
Nous devons donc nous pencher sur la proportion rencontrée de
sept decemviri stlitibus iudicandis pour trois quattuorviri viarum
curandarum; du fait qu'il y avait chaque année dix places d'un côté et seule-
588 l'« aerabium saturni » et l'« aerarium militare »

ment quatre de l'autre, les futurs préfets du trésor militaire avaient plus
de chance d'obtenir le second poste en dignité du vigintivirat que le
troisième; le rapport que nous trouvons est proportionnel aux places
disponibles. Le décemvirat judiciaire promettait à ses titulaires un avenir
très satisfaisant dans l'administration, comme le prouve déjà le grand
nombre de préfets de Vaerarium Saturni qui l'ont exercé; nous
constatons précisément que les sept préfets de Vaerarium militare, dont nous
savons qu'ils ont débuté par le décemvirat judiciaire, sont tous devenus
consuls: le consulat est attesté pour C. Stertinius Maximus, Pline le Jeune,
Caepio Hispo, Salvius Iulianus, ÎTeratius Proculus et Fabius Cilo; il est
infiniment probable pour [M.Fla^vius [-]tus Sabinus. Le quattuorvirat
ouvre souvent la carrière des futurs militaires, comme l'a constaté
E. Birley; cela ne semble pas être le cas des trois préfets du trésor concernés:
M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus a commandé par la suite une légion
parmi six postes prétoriens; nous ne lui connaissons pas de carrière
consulaire. L. Annius Italicus Honoratus a partagé ses activités par moitié
entre l'administration civile et militaire (sénateur prétorien, il a
commandé une légion; devenu consulaire, il a été appelé à gouverner la Mésie
inférieure). Mais le sénateur lydien anonyme n° XXXIII, qui fut l'un
de ses successeurs à la tête de Vaerarium militare, a parcouru une carrière
exclusivement civile, après avoir été viocurus, c'est-à-dire quattuorvir
viarum cur andar um.
Ti. Iulius Celsus Polemaeanus a fait le service militaire comme tribun
angusticlave, puisqu'il n'avait pas encore été admis dans l'ordre
sénatorial; il était naturel de confier une légion orientale à un officier
originaire d'Ephèse et de Sardes. Pour l'instant, il est le premier en date des
sénateurs de langue grecque qui commandèrent une légion.
La plupart des sénateurs dont nous connaissons le vigintivirat ont
rempli ensuite leurs obligations militaires comme tribunus militum. Il
y a cependant des exceptions: Salvius Iulianus a été certainement
dispensé du service armé comme de nombreux juristes; L. Annius Italicus
Honoratus a assumé seulement le sévirat des cavaliers romains, ce qui
ne peut pas être considéré comme un véritable service militaire, mais
lui a laissé par la suite la possibilité de commander une légion. En
revanche, le préfet lydien anonyme n° XXXIII a été seulement viocurus; aussi
son cursus ultérieur est-il resté exclusivement civil. Mais nous sommes
alors au IIIe siècle, à une époque où les carrières civiles et militaires
tendent à se dissocier.
A l'exception du chevalier Ti. Iulius Celsus Polemaeanus, tribun
angusticlave de la légion d'Alexandrie, tous les préfets dont nous con-
ÉTUDE SOCIALE 589

naissons le tribunat militaire sont des Occidentaux; Pline est parti pour
la Syrie, Caepio Hispo, Priscus Plarianus et Fabius Cilo pour la Mésie,
Neratius Proculus pour l'Espagne et la Germanie supérieure, [. -]us
[-]rus pour la Cappadoce, semble-t-il; de la variété de ces destinations,
nous ne pouvons rien conclure pour identifier la légion pia fidelis dont
[M. Fla?]vius [-]tus Sabinus fut tribun. Du fait que les deux provinces
de Mésie possédaient à elles seules cinq légions au IIe siècle, leur
apparition fréquente dans les cursus sénatoriaux se justifie suffisamment.
590 l'« aerarium saturni » et l'« aerarxum militare »

III - LA CARRIÈRE DES PRAEFECTI


1) LA CARRIÈRE
6) APRÈS

10 ap. J.-C. I M. ARTORIUS GEMINUS


peu avant 23 II C. STERTINIUS
MAXIMUS
entre 21 et 30 III L. CAESIUS [-]
Tibère IV P. CATIENUS SABINUS - q.
31 V P. VITELLIUS
39-41 VI C. CAETRONIUS
MICCIO
vers 54-56 VII [.--]

vers 76-78 VIII Q. AURELIUS


PACTUMEIUS FRONTO
85-87 IX TI. IULIUS CELSUS
POLEMAEANUS
94-96 X C. PLINIUS CAECILIUS quaestor Imp.
SECUNDUS
97-99 XI GALEO TETTIENUS quaestor urb.
SEVERUS M.
EPPULEIUS PROCULUS
TI. CAEPIO HISPO
Ier s. XII [.--]ERIUS
102-104 XIII [. --]
105-107 XIV L. CATILIUS SEVERUS - quaest. prov. Asiae
IULIANUS CLAUDIUS
REGINUS

123-125 XV M. ACILIUS PRISCUS - q. urbanus


EGRILIUS PLARIANUS
140-142 ou 141-143 XVI L. OCTAVIUS - quaestor. Imp.
CORNELIUS SALVIUS
IULIANUS
entre 140 et 145 XVII L. NERATIUS - quaest.
PROCULUS
ÉTUDE SOCIALE 591

AERARII MILITARIS
JUSQU'À LA PRETURE
LA QUESTURE

questorienne
Fonction Edilité-Tribunat Fonction
tribunicienne Preture

I
-
!

II - tr. pleb. - pr.

1 III _ _ _
IV - tr. pi. - - pr.
f
V - pr.
VI — tr. pi. - leg. leg Λ - pr.
f

VII - _ - [adlectus inter praeto -


riosì]
VIII - - — adlectus inter praetorios
(74)
IX - adlectus inter aedilicios - - pr. p. E.
(74)
X — - trib. pi. - - pr.

XI - trib. pleb. - - pr.

XII
XIII - - —
XIV sévir - - - pr. urb.
equitwni
Boma-
norum
XV - aedilis pleb. Cerial. - - praet.

XVI - trib. pi. - - pr.

XVII - - aedil. pleb. Cerial. - — praet.


592 « AERAKTUlï SATURNI » ET ΐΛ( AERARIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE DES PRAEFECTI


1) LA CARRIÈRE
6) APRÈS

Date Nom Questure

entre 140 et 150 XVIII A. EGRILIUS


PLARIANUS
entre 150 et 160 XIX SEX. PEDIUS
HIRRUTUS LUCILIUS
Ρ OLLI 0
Antonin le Pieux XX M. FLAVIUS POSTUMUS - quaest.

Antonin le Pieux? XXI [M. FLAf|VIUS [-]TUS - [quae]stor Aug.


SABINUS
avant 165 XXII [.--] - (quaestor)
vers 175-177 XXIII TI. IULIUS FRU(H - quaestor [prov. Pont]i et
[Bithyniae]
vers 178-180 XXIV C. SABUCIUS MAIOR - %
CAECILIANUS
vers 187-189 XXV L. FABIUS CILO - quaest. prov. Cret. Cyr.
SEPTIMINUS CATINIUS
ACILIANUS LEPIDUS
FULCINIANUS
vers 190-192 XXVI C. POMPONIUS BASSUS
TERENTIANUS
XXVII [. -]US [-]RUS - [qua]estor [provineiae Ma-
ced\onia[e\
IIe s. XXVIII [. --] — [quaest. pr]ovinc. [Asiae'î]
2e moitié du IIe s. XXIX [.--]
fin du IIe s. XXX [.] (SOLLIUS) [-]
entre 207 et 210 XXXI SEX. VARIUS
MARCELLUS
entre 211 et 217 XXXII L. ANNIUS ITALICUS - q. prov. Achaiae
HONORATUS

entre 216 et 220 XXXIII [. --] - (q. Lydae PampJiyliae)


Elagabal XXXIV Q. ARADIUS RUFINUS
OPTATUS AELIANUS
XXXV P. IULIUS IUNIANUS - quaest. provineiae Asiae
MARTIALIANUS
1er tiers du IIIe s. XXXVI Q. RANIUS TERENTIUS - quaest. prov. Siciliae
HONORATIANUS
2e quart du IIIe s. XXXVII Q. ANNIUS ANNIANUS - quaestor urb.
POSTUMIANUS
ÉTUDE SOCIALE 593

AERARII MILITARIS
JUSQU'À LA PRETURE
LA QUESTURE

Fonction
questorienne Edilité-Tribunat Fonction
tribunicienne Preture

XVIII

XIX - praet.

XX adlectus inter tribunicios - praetor


ab Imp. Antonino Aug.
XXI tri[b. pleb.] - praetor
XXII (trib. pleb.) - (praetor)
XXIII - [trib. ple]b. - [praetor]
XXIV - tr. pleb. - praet. candid.

XXV trib. pleb. - leg. pr. pr. prov. - pr. urb.


Narb.

XXVI curât. - [trib. pleb.] - [praet.]


civitat.
Aquinat.
XXVII - [trib. pleb Λ - [prA]
XXVIII - - [tr. pi]
XXIX -
XXX
XXXI - (adlectus inter
praetorios)
XXXII - - trib. pi. praetor qui ius dixit
inte[r] civ. et civis et
pereg.
XXXIII - (trib. pleb.) (pr.)
XXXIV

XXXV - trib. plebei praetor

XXXVI - aed. cur. prae[t.] tutel.

XXXVII praetor

38
594 ΐΛ AERARIUM SATURIMI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Nous avons retrouvé trente-sept préfets. Nous connaissons la


questure de vingt-deux d'entre eux. Sur ces vingt-deux questeurs, trois
seulement ont été questeurs du prince: ce sont deux hommes nouveaux,
Pline le Jeune, questeur de Domitien, et Salvius Iulianus, questeur
d'Hadrien (tous deux sont dits quaestor Imp.) et le sénateur du IIe siècle, [T.
Ma]vius [-]tus Sabinus (qui est dit quaestor Aug.). C'est une proportion
infime: un préfet sur sept, élu à la questure avec la recommandation de
l'empereur, a obtenu le privilège de lire au sénat les messages de celui-ci.
Trois préfets ont débuté comme questeurs urbains, ce qui est encore
fort honorable: c'est le cas de Galeo Tettienus Severus M. Eppuleius
Proculus Ti. Caepio Hispo, qui est le fils adoptif d'un consul, de M. Aci-
lius Priscus Egrilius Plarianus, un homo novus d'Ostie, de Q. Annius An-
nianus Postumianus au IIIe siècle.
La plupart des questeurs ont accompagné le proconsul d'une
province sénatoriale; nous connaissons pour huit d'entre eux le nom de la
province; nous l'avons restitué pour l'un d'eux (l'anonyme n° XXVIII
de Préneste) avec quelque vraisemblance. Seuls, L. Catilius Severus et
l'anonyme de Préneste ont été questeurs à Ephèse dans la province
consulaire d'Asie; les autres sénateurs ont été questeurs dans une province
prétorienne: en Macedonie, Pont et Bithynie, Lycie-Pamphylie ou Achaïe,
provinces assez importantes dont les proconsuls pouvaient atteindre
rapidement le consulat; mais aussi en Sicile et même en Crète et Cyrénaïque.
Ces débuts quelconques ne font pas promettre de brillantes carrières
sénatoriales; ils confirment que les sénateurs concernés n'appartiennent
pas aux grandes familles de l'aristocratie.

La plupart des questeurs ont assumé à l'échelon suivant tantôt le


tribunat de la plèbe tantôt l'édilité; M. Flavius Postumus a été dispensé
de cette magistrature par Antonin le Pieux grâce à une adlectio inter tri-
hunieios. Nous ne connaissons pas le tribunat de L. Catilius Severus: il
s'agit vraisemblablement d'une lacune des deux inscriptions, fort
incomplètes et de surcroît mutilées, qui donnent son cursus', rien ne permet
d'imaginer en effet que ce personnage ait été patricien; sa carrière est
plutôt celle d'un homo novus que l'amitié d'Hadrien a élevé aux plus
hautes responsabilités. La préfecture de Q. Annius Annianus
Postumianus date sans doute du milieu du IIIe siècle, époque où l'échelon édilité-
tribunat avait disparu.
Un des préfets est un ancien chevalier qui a pu se présenter au
tribunat de la plèbe sous Tibère, en bénéficiant d'une décision qui remon-
ÉTUDE SOCIALE 595

tait à Auguste: il s'agit de C. Oaetronius Miccio. Sous les Flaviens, Ti.


Iulius Celsus Polemaeanus est entré au sénat par adlectio inter tribunicios.

Tous ces sénateurs ont obtenu la preture; il arrive aussi, comme


pour P. Vitellius et Sex. Pedius Hirrutus Lucilius Pollio, que nous
connaissions leur carrière à partir de la preture seulement. Nous remarquons
que sur les dix -neuf préteurs connus, un seul a été élu avec la
recommandation de l'empereur; il s'agit de C. Sabucius Maior Oaecilianus, qui fut
vraisemblablement candidat de Marc-Aurèle. Nous relevons deux
préteurs urbains; ce sont L. Catilius Severus et L. Fabius Cilo; L. Annius
Annianus Italicus Honoratus a été préteur pérégrin et Q. Eanius Teren-
tius Honoratianus préteur tutélaire. Dans l'ensemble, les futurs préfets
du trésor sont à Borne de simples préteurs. Deux des préfets, Q. Aurelius
Pactumeius Fronto sous Vespasien et Sex. Varius Marcellus sous Septime-
Sévère, doivent leur entrée au sénat à une adlectio inter praetorios; il en
a peut-être été de même pour l'anonyme n° VII de Mmes, sous Claude:
mais c'est loin d'être assuré. Nous constatons en tout cas, à l'inverse de
ce que nous avons vu pour les responsables de Vaerarium Saturni, que
des adlecti figurent parmi les administrateurs du trésor militaire dès le
premier siècle.
Ce faisceau de remarques sur le commencement de la carrière, en
particulier sur les premières magistratures, confirme que les préfets du
trésor militaire sont des sénateurs de seconde zone. Cela ne signifie pas
pour autant qu'ils soient condamnés à limiter leurs ambitions. Nous
verrons que l'avancement prétorien de L. Catilius Severus et L. Fabius Cilo
est en accord avec leurs débuts honorables, mais discrets; l'ascension
extraordinaire des deux hommes après leur premier consulat jusqu'à la
préfecture urbaine et le deuxième consulat s'explique par l'intérêt que
ces hommes de valeur ont suscité chez de nouveaux princes, Hadrien
pour l'un, Septime-Sévère pour l'autre.
596 li'« AERARIUM SATURNI » ET L'« AERARIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE DES PRAEFECTI


2) LA CARRIÈRE
a) AVANT LA PRÉFECTURE

Nom Preture Fonctions prétoriennes

I M. ARTORIUS GEMINUS - - leg. Caesar. Aug.

II C. STERTINIUS - pr. _
MAXIMUS
III L. CAESIUS [-] - -

IV P. CATIENUS SABINUS - pr. - (curator riparum et alvei


Tiberis )
V P. VITELLIUS - pr. - leg. leg.

VI C. CAETRONIUS — pr. — leg. Aug. Hisp. citerioris


MICCIO
VII Γ 1 - [adlectus inter - ou [donis militaribus donatus Ì
praetoriosi] a divo] Claudio
Vili Q. AURELIUS - adlectus inter _
PACTUMEIUS FRONTO praetorios (74)
IX TI. IULIUS CELSUS - pr. p. R. - leg. Augustorum provinciae
POLEMAEANUS Cappadociae et Galatiae
Ponti Pisidiae Paphlagoniae
Armeniae minoris
X C. PLINIUS CAECILIUS — pr.
SECUNDUS
XI GALEO TETTIENUS - pr. - procos. provine. Hispaniae
SEVERUS M. Baeticae
EPPULEIÜS PROCUSUL
TI. CAEPIO HISPO
XII [. --JERIUS - — [leg. Aug. pr. prA Iljlyrici
XIII [·--] - ? — leg. leg. XVI Flaviae firmae
XIV L. CATILIUS SEVERUS - pr. urb. — praef. frumenti dandi ex. s. c.
IULIANUS CLAUDIUS
REGINUS
XV M. ACILIUS PRISCUS - praet. - legatus provinciar. Siciliae
EGRILIUS PLARIANUS et Asiae
XVI L. OCTAVIUS - pr.
CORNELIUS SALVIUS
IULIANUS
XVII L. NERATIUS - praet. - leg. leg. XVI Flaviae fidel.
PROCULUS

XVIII A. EGRILIUS
PLARIANUS
ÉTUDE SOCIALE 597

AERARII MILITARIS
PRÉTORIENNE
DU TRÉSOR MILITAIRE

dans l'ordre chronologique Prefecture du trésor

I - 2e poste
10 ap. J.-C.
II - _ 1er p.
peu avant 23
III _ _ ?
entre 21 et 30
IV - - procos. — 3e p.
Tibère
V missus ad census - procos. Bithyniae - comes 4e p.
Galliarum Germanici 31
VI leg. leg. II - procos. provine. _ 4e p.
Äugustae Baeticae 39-41
VII [praef. frum. - _ 3e p.
danài] ex s. e. vers 54-56
Vili — 1er p.
vers 76-78
IX leg. leg. HU — procos. Ponti et _ 4e p.
Scythicae Bithyniae 85-87

Χ _ _ 1er p.
94-96
XI ~ - - 2e p.
97-99

XII ?
Ier s.
XIII leg. leg. VI _ — 3^ p.?
ferratae 102-104
XIV leg. pro pr. - curator [-] - leg. leg. XXII 5e p.
provinciae Asiae primig. 105-107
XV procos prov. Gfal- - legatus legionis _ 5e p.
liae Narbonens. VIII Äugustae 123-125
XVI - Ier p.
140-142 ou 141-143
XVII missus ad dedu· _ 3e p.
cendas vexillatio- entre 140 et 145
nes in Syriam ob
bellum Parthicum
XVIII _ i
entre 140 et 150
598 ΐΛ AEBARITJM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE DES PRAEFECTI


2) LA CARRIÈRE
a) AVANTLA PRÉFECTURE

Nom Preture Fonctions prétoriennes

XIX SEX. PEDIUS - praet. — ?


HIRRUTUS LUCILIUS
Ρ OLLI 0
XX M. FLAVIUS POSTUMUS - praetor - leg. leg. VI ferratae
XXI [M. FLA?]VIUS [-]TUS - praetor - le[g. leg.]
SABINUS
XXII [.--] — (praetor) - (curator viarum)
XXIII TI. IULIUS FRUGI - [praetor] - leg. procos. Asiae Ponti et
Bithyniae Baeticae
XXIV C. SABUCIUS MAIOR - praet. candid. - curat. viae Salar, et
CAECILIANUS alimentorum
XXV L. FABIUS CILO - pr. urb. - leg. Aug. leg. XVI F. f.
SEPTIMINUS CATINIUS
ACILIANUS LEPIDUS
FULCINIANUS
XXVI C. POMPONIUS BASSUS - [praet.] - [iurid. per Pannoniam infe- 1]
TERENTIANUS riorem
XXVII [. -]US HRUS - [prA] - [procos O]ypri

XXVIII [. --] - ivr-1 - [leg. prov. Mac]edonia[e


8ici]lia[e Cretae et Oyren]ar.
XXIX [.--] - - legatus prov. Narbon.

XXX [.] (SOLLIUS) [-] _ - [cur. vi]a[r. Clodiae Anniae]


Cassiae Ciminiae
XXXI SEX. VARIUS — (adlectus inter _
MARCELLUS praetorios)
XXXII L. ANNIÜS ITALICUS - praetor gui ius dixit - cur. viae Lavic. et Lat. veteris
HONORATUS inte[r] civ. et civis et
pereg.
XXXIII [. --] - (curator - (curator viarum Labicanae et
Troadensmm) Latinae)
XXXIV Q. ARADIUS RUFINUS - H - leg. leg. VII [-]
OPTATUS AELIANUS
XXXV P. IULIUS IUNIANUS - praetor - curator civitatis Calenorum
MARTIALIANUS
XXXVI Q. RANIUS TERENTIUS - prae[t.] tutel.
HONORATIANUS
XXXVII Q. ANNIUS ANNIANUS - praetor — procos provinciae Siciliae
POSTUMIANUS
ÉTUDE SOCIALE 599

AERA RII MILITARIS


PRÉTORIENNE
DU TRÉSOR MILITAIRE

dans l'ordre chronologique Préfecture du trésor

XIX procos. provine. - leg. Aug. iuridicus 3e p.


Macedonìae Astur. et Gallaec. entre 150 et 160
XX - ordinatus in Gallia _ 3e p.
at quinque fasces Antonin le Pieux
XXI (leg. leg. XVI - (leg. leg. VI ferratae) - 2e p.
Flaviae firmae) Antonin le Pieux ?
XXII leg. leg. VII — praef. f. d. _ 4e p.
[gem.%] avant 165
XXIII iurid. per Flamin. - leg. iurid. prov. _ 6e p.
et Umbriam Britanniae vers 175-177
XXIV procos prov. — 4e p.
Narbon. vers 178-180
XXV [pro]cos Lyci[ae - [leg. Aug. pr. pr. _ 3e p.
Pamphyliae] Pannoniae inf.] vers 187-189

XXVI [leg. leg.-] 4e p.


vers 190-192
XXVII - - - 3e p.
XXVIII proco[s] eiusd[em - [leg. Aug. iuridicus - [leg. leg.-] 7e p.
provine] prov. Br]itanniae — victr. et [-] Ile 8.
XXIX legatus legion. V — procos provinciae 4e p.
Macedon. Siciliae 2e moitié du IIe s.
XXX [leg. leg. VII] — 3e p.?
gem. felicis fin du IIe s.
XXXI - _ 1er p.
entre 207 et 210
XXXII iuridic. per Fl. - leg. leg. XIII gem. 4e p.
et Umbriam entre 211 et 217
XXXIII (iuridicus Apuliae - (iuridicus 5e p.
Galabriae, Hispaniae dioeeesis entre 216 et 220
Lucaniae) Tarraconensis )
XXXIV - _ 2e p.?
Elagabal
XXXV curator viarum _ _ 3e p.
Glodiae Cassiae Elagabal
et Giminiae
XXXVI - _ Ier p.
1er tiers du IIIe s.
XXXVII - - — 2e p.
2e quart du IIIe s.
600 L'a AERAR!!!]*! SATURNI » ET L'« AERARIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE DES PRAEFECTI

2) LA CARRIÈRE
b) DE LA PRÉFECTUEE

Nom Préfecture du trésor Fonctions prétoriennes

I M. AETORIUS GEMINUS 10 ap. J.-C. -


II C. STEETINIUS peu avant 23 - ?
MAXIMUS
III L. CAESIUS [-] entre 21 et 30 _
IV P. CATIENUS SABINUS Tibère - legatus Caesaris Aug.
V P. VITELLIUS 31 -
VI C. CAETEONIUS 39-41 - [prae]fectus réliquorum exi-
MICCIO gendorum popul[i] Romani
VII [.--] vers 54-56 -
VIII Q. AUEELIUS vers 76-78 -
PACTUMEIUS FEONTO
IX TI. IULIUS CELSÜS 85-87 - leg. Aug. provindae [Cilidae]
POLEMAEANUS
X C. PLINIUS CAECILIUS 94-96 - praef. aeravi Saturni
SECUNDUS
XI GALE Ο TETTIENUS 97-99 - ? .x

.


SEVEEUS M.
EPPÜLEIUS PEOCULUS
TI. CAEPIO HISPO
XII [.--]EEIUS Ier s.
XIII [.--] 102-104 leg. Aug. provinciae
Lugdunensis
XIV L. CATILIUS SEVERUS 105-107 praef. aerarti Sat[urni]
IULIANUS CLAUDIUS
EEGINUS
XV M. ACILIUS PEISCUS 123-125 praef. aerar. Saturni (a. 126)
EGEILIUS PLAEIANUS
XVI L. OCTAVIUS 140-142 ou 141-143 praef. aerar. Saturni
COENELIUS SALVIUS
IULIANUS
XVII L. NEEATIUS entre 140 et 145
PEOCULUS
XVIII A. EGEILIUS entre 140 et 150
PLAEIANUS
ÉTUDE SOCIALE 601

AERARII MILITARIS
PRÉTORIENNE
DU TKÉSOR MILITAIEE AU CONSULAT

dans l'ordre chronologique Consulat

I
II - sufi. 23

III
IV
V
VI

VII
VIII - suff. 80 (cos. ex Africa primus)

IX - suff. 92

X - suff. 100

XI - suff. 101?

VII
XIII - suff. vers 106

XIV - suff. 110


ord. 120

XV -suff., août 129?

XVI - ord. 148

XVII - suff.

XVIII
602 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET L7« AERARIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE DES PRAEFECTI


2) LA CARRIÈRE
b) DE LA PEÉFECTURE

Noni Préfecture du trésor Fonctions prétoriennes

XIX SEX. PEDIUS - entre 150 et 160


HIRRUTUS LUCILIUS
POLLIO
XX M. FLAYIUS POSTUMUS - Antonin le Pieux
XXI [M. FLAf|VIUS [-]TUS - Antonin le Pieux f
SABINUS
XXII [.--] - avant 165 leg. Aug. pr. pr. Lyciae
Pamphyliae
XXIII TI. IULIUS FRUGI - vers 175-177
XXIV C. SABUCIUS MAIOR - vers 178-180 leg. Aug. pr. pr. prov.
CAECILIANUS Belgicae
XXV L. FABIUS CILO - vers 187-189 leg. Aug. pr. pr. provine.
SEPTIMINUS CATINIUS Galat.
ACILIANUS LEPIDUS
FULCINIANUS
XXVI C. POMPONIUS BASSUS - vers 190-192
TERENTIANUS
XXVII [. -]US HRUS - IIe s. - [praef. frum.] dand[.~]

XXVIII [·--] - IIe s.


XXIX Γ ] - 2e moitié du IIe s
XXX [.] (SOLLIUS) [-] - fin du IIe s.
XXXI SEX. VARIUS - entre 207 et 210 leg. leg. Ill Aug. praeses
MARCELLUS provincNumidiae
XXXII L. ANNIUS ITALICUS - entre 211 et 217
HONORATUS
XXXIII [. --] - entre 216 et 220
XXXIV Q. ARADIUS RUFINUS - Elagabal praef. [aer. 8atu]rni
OPTATUS AELIANUS
XXXV P. IULIUS IUNIANUS - Elagabal proconsul provinciae
MARTIALIANUS Macedoniae

XXXVI Q. RANIUS TERENTIUS 1er tiers du IIIe s. - leg. LycMae Pamphyl.


HONORATIANUS
XXXVII Q. ANNIUS ANNIANUS 2e quart du IIIe s.
POSTUMIANUS
ÉTUDE SOCIALE 603

AERARII MILITARIS
PRÉTORIENNE
DU TEÉSOK MILITAIKE AU CONSULAT

dans l'ordre chronologique Consulat

XIX - - suff. 158 ou 161

XX _
XXI - - suff. <?

XXII - -

XXIII - _ - suff. 178!


XXIV procos. prov. Acha. - - suff. 186

XXV _ - suff. 193


ord. 204

XXVI - - suff.

XXVII [leg. Aug. pr. pr. _


pro]v. [-]
XXVIII - - - suff. ?
XXIX - - - suff.
XXX - - suff.
XXXI - - -

XXXII - - - suff. vers 219-220

XXXIII - _ - suff.
XXXIV leg. Aug. pr. pr. - leg. Aug. pr. pr. Syriae - suff.
Galatiae Phoenices
XXXV legatus legionis III — - suff. vers 227-230
Aug. Severianae
A lexandrianae
praeses Numidiae
XXXVI leg. leg. II Adiut. — procos. Lye. Panf. -

XXXVII - —
604 E'« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

LA CAEEIÈEE PEÉTOEIENNE

DES PRAEFECTI AERARII MILITARI^


(commentaire des tableaux III, 2, a et III, 2, b.)

(Nous avons retenu, pour les préfets du trésor militaire, la même présentation
strictement chronologique que pour les préfets du trésor de Saturne.
La carrière prétorienne n'est pas suffisamment ordonnée pour que nous
reconstituions par des colonnes un avancement logique.)

La préfecture du trésor militaire apparaît à une époque où l'éventail


des postes offerts aux sénateurs n'est pas encore très large. Pour M. Arto-
rius Geminus, à la fin du règne d'Auguste, elle est le second poste
prétorien; nous ne savons pas si elle l'a conduit au consulat. C. Stertinius Ma-
ximus fut consul en 23, mais l'inscription d'Asti qui fait connaître son
cursus dans l'ordre direct est brisée et nous ne pouvons pas assurer qu'une
autre fonction ne s'est pas intercalée entre la préfecture et le consulat.
Depuis la fin du règne de Tibère jusqu'à celui de Néron, la préfecture
a été placée le plus souvent au milieu de la carrière prétorienne; nous ne
savons pas si ses anciens titulaires, P. Catienus Sabinus, C. Caetronius
Miccio et l'anonyme nîmois n° VII ont obtenu le consulat; P. Vitellius
est mort peu après l'année 31, au cours de laquelle il administrait le trésor
militaire.
Sous les Flaviens, Q. Aurelius Pactumeius Fronto de Cirta connaît
une promotion exceptionnelle; entré au sénat parmi les anciens préteurs,
en 74, à la suite de la lectio senatus de Vespasien et Titus, il devient consul
suffect en 80, après avoir géré cet unique poste. La faveur du prince
explique son avancement rapide. En effet, à la même époque, pour Ti.
Iulius Celsus Polemaeanus, qui avait été simplement inscrit inter aedili-
cios, la préfecture est le quatrième poste prétorien et elle n'élève pas
directement son titulaire au consulat: le gouvernement de la province de
Cilicie s'intercale. Pline le Jeune est un homme nouveau; mais il est
entré au sénat par la classique carrière des honneurs; il reçoit la
préfecture du trésor militaire comme premier poste prétorien et le consulat
suffect au cours de la préfecture du trésor de Saturne; il souligne
lui-même la rapidité d'une ascension qui récompensait, selon ses dires,
l'attitude courageuse dont il avait fait preuve à la fin du règne de
Domitien. Dans les premières années du règne de Trajan, la
préfecture du trésor militaire s'inscrit dans d'autres cursus rapides: Galeo
ÉTUDE SOCIALE 605

Tettienus Severus M. Eppuleius Proculus Ti. Caepio Hispo, fils adoptif


d'un consul, reçoit le consulat suffect au terme de deux postes prétoriens
seulement: le proconsulat de Bétique et la préfecture du trésor militaire.
Au milieu du règne de Trajan, vers les années 105, nous connaissons
deux sénateurs qui se sont certainement succédé à la tête de Yaerarium
militare, l'anonyme n° XIII et L. Catilius Severus. Les carrières respectives
des deux préfets sont significatives. L'anonyme est visiblement un
militaire: la préfecture apparaît après deux légations de légion; le sénateur
a effectué toute sa carrière prétorienne au service de l'empereur, puisqu'il
a gouverné encore la province de Lyonnaise avant le consulat. Pour son
successeur, L. Catilius Severus, la préfecture est le cinquième poste
prétorien après la charge romaine des distributions de blé, une légation dans
une province proconsulaire, une curatelle de voie et un commandement
de légion, et avant la gestion du trésor sénatorial; jusqu'au consulat, la
carrière est nettement administrative, alors que celle de son prédécesseur
était militaire. La responsabilité de la caisse de retraite des vétérans
incombait à trois collègues; elle était probablement destinée d'une part
à des hommes dont les compétences financières ne faisaient pas de doute,
d'autre part à de bons connaisseurs de l'armée; un même sénateur ne
réunissait pas nécessairement cette double expérience, mais la pratique
de la collégialité permettait précisément de s'assurer éventuellement le
service de spécialistes complémentaires. Ainsi s'éclaircit à notre avis ce
qui peut paraître incohérent dans les cursus prétoriens du IIe siècle dans
lesquels la préfecture du trésor militaire trouve place.
Sous le règne d'Hadrien, l'avancement de M. Acilius Priscus Egri-
lius Plarianus est rigoureusement parallèle à celui qu'avait connu, vingt
ans plus tôt, L. Catilius Severus; le sénateur d'Ostie a fait l'expérience
de l'armée pour avoir commandé une légion; il est probable que des
« militaires de carrière » — s'il est permis d'employer cette expression —
l'assistaient.
Avec Salvius Iulianus et Neratius Proculus, nous rencontrons peut-
être deux collègues, responsables de Vaerarium militare sous Antonin;
L. Isieratius Proculus est un militaire; Salvius Iulianus a parcouru jusqu'au
consulat une carrière exclusivement civile: il n'a même pas fait de service
militaire avant la questure, comme nous l'avons déjà noté.
Sex. Pedius Hirrutus Lucilius Pollio, qui administra Vaerarium
militare sous le règne d'Antonin, fut peut-être un civil lui aussi; nous ne
pouvons pas assurer que nous connaissons la totalité des postes qu'il
a assumés entre la preture et le consulat. Après avoir gouverné une
province sénatoriale, la Macédoine, il a exercé le juridicat en Asturie et
606 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET l'« AERARIUM MILITARE »

Galice. Sans doute avait-il pour collègue un sénateur qui, tel M. Flavius
Postumus, avait commandé une légion. [M. Fla?]vius [-]tus Sabinus a
connu un avancement comparable à celui de M. Flavius Postumus:
légation de légion, préfecture du trésor militaire, qui nous incite à dater
son cursus du règne d'Antonin.
Le sénateur oriental anonyme n° XXII a commandé aussi deux
légions avant la préfecture et gouverné une province impériale après; sa
carrière est identique à celle de l'anonyme n° XIII.
En revanche, Ti. Iulius Frugi a connu, sous le règne de Marc-Aurèle,
un avancement qui rappelle celui de L. Catilius Severus, sous Trajan, ou
de M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus, sous Hadrien: la préfecture est
pour lui le sixième poste prétorien, après des responsabilités diverses au
service du sénat et un commandement de légion. C. Sabucius Maior Caeci-
lianus, qui fut sans doute son successeur à Vaerarium militare, était
spécialisé lui-même dans les questions juridiques avant la préfecture qui
est son quatrième poste prétorien; ce sénateur n'avait pas commandé de
légion, aussi dut-il occuper encore deux postes prétoriens entre la
préfecture et le consulat.
Sous Commode, L. Fabius Cilo a bien commandé une légion, mais la
préfecture était seulement le troisième poste prétorien; il lui fallut
remplir une quatrième fonction, au service de l'empereur, pour obtenir le
consulat sufïect. C. Pomponius Bassus Terentianus a eu le haut
commandement sur une légion lors de sa légation en Pannonie inférieure; la
préfecture est le quatrième poste prétorien; elle l'a conduit au consulat.
L'observation des carrières des préfets invite donc à restituer une
légation de légion pour le poste inconnu de [ . -]us [-]rus avant son entrée
à Vaerarium; la préfecture est seulement le troisième poste prétorien;
comme pour C. Sabucius Maior Caecilianus et L. Fabius Oilo; d'autres
postes s'intercalent entre la préfecture et le consulat sufïect; c'est de
façon surprenante, la praefectura frumenti danai, suivie d'une légation
provinciale.
Sous le règne de Septime-Sévère, Sex. Varius Marcellus est un ancien
chevalier, entré au sénat par adlectio inter praetorios; la préfecture du
trésor militaire est son premier poste sénatorial; elle s'explique par
l'expérience des affaires financières acquise précédemment par la gestion de
la ratio privata; elle n'a pas élevé son titulaire au consulat sufïect:
Marcellus est devenu gouverneur de Numidie.
A la fin du règne de Caracalla, nous retrouvons à nouveau des préfets
du trésor militaire qui obtiennent le consulat aussitôt après leur sortie
de charge, au terme d'une carrière prétorienne assez fournie: quatre postes
ÉTUDE SOCIALE 607

au total pour L. Annius Italicus Honoratus, qui a commandé pourtant


une légion. Quatre fonctions plus une curatelle de cité, pour le sénateur
anonyme n° XXXIII dont le cursus prétorien est exclusivement civil:
il n'avait pas fait non plus de service militaire. Mais nous sommes à une
époque où les carrières civiles et militaires se séparent: le poste de tribun
n'était plus nécessaire pour ceux qui n'avaient pas l'intention de devenir
officiers par la suite.
Q. Aradius Eufinus Optatus Aelianus et P. Iulius Iunianus Martia-
lianus ont été certainement collègues sous Elagabal; la préfecture est
pour l'un le deuxième poste prétorien, pour l'autre le troisième; elle
occupe une place assez médiocre, puisque plusieurs fonctions s'intercalent
entre elle et le consulat; ce sont la gestion de Vaerarium Saturni et deux
légations impériales pour Q. Aradius Eufinus, un proconsulat et le
gouvernement de la province de Numidie pour Martialianus. Le rang de la
préfecture a diminué depuis le règne de Septime-Sévère, puisque Marcellus
avait été envoyé directement à Lambèse après sa sortie de charge, alors
que Martialianus a gouverné auparavant une province sénatoriale.
Pour Q. Eanius Terentius Honoratianus, la gestion de Vaerarium
militare est le premier poste prétorien, suivi de trois autres. Il a sans doute
exercé son activité sous le règne de Sévère-Alexandre, à une époque où
le rang de la préfecture avait encore baissé.
La carrière de Q. Annius Annianus Postumianus est plus tardive
encore, puisqu'elle ne comporte pas de responsabilités militaires.

Sur trente-sept préfets du trésor militaire, nous avons dix exemples


assurés de promotion directe de la préfecture au consulat, et un onzième
possible (celui de l'anonyme de Préneste n° XXVIII), ainsi que seize
exemples de carrières prétoriennes poursuivies après la préfecture. Nous
pouvons conclure que cette fonction impériale ne conférait pas
systématiquement le consulat suffect; elle paraît en particulier inférieure en
dignité à la préfecture du trésor de Saturne qui, jusqu'à la fin du IIe
siècle, élève généralement ses titulaires au consulat suffect. Il est vrai
qu'à six reprises la gestion de Vaerarium Saturni succède sur ces tableaux
à l'administration de Vaerarium militare. C'est le plus souvent une
légation dans une province impériale de rang prétorien qui s'intercale entre
la préfecture du trésor militaire et le consulat; au IIe siècle, la direction
du trésor sénatorial et le gouvernement d'une province impériale
prétorienne ont par conséquent la même importance.
Au Ier siècle, la gestion du trésor militaire semble promettre un
avancement plus rapide qu'au IIe siècle; les carrières de Q. Aurelius
608 L'a AERARLO!! SATURNI » ET L?« AERARIUM MILITARE »

Pactumeius Fronto et de Galeo Tettienus Severus M. Eppuleius Proculus


Ti. Caepio Hispo en témoignent: ces deux sénateurs ont géré le consulat
suffect aussitôt après la préfecture sans avoir commandé de légion. En
revanche, au IIe siècle, la promotion directe au consulat suffect semble
assortie d'une condition: avoir montré auparavant des capacités
militaires; c'est le cas de L. Neratius Proculus, Ti. Iulius Frugi, C. Pomponius
Bassus Terentianus et (Sollius). Au début du IIIe siècle, L. Annius Ita-
licus Honoratus a encore commandé une légion; mais l'anonyme
n° XXXIII a été élevé au consulat après la préfecture, au terme d'un
carrière exclusivement civile, ce qui confirme la datation que nous avons
adoptée pour lui, au début du IIIe siècle, à une époque où carrières civile
et militaire se disjoignent.

Il semble donc qu'au IIe siècle, les préfets du trésor militaire se


recrutent dans deux milieux sénatoriaux différents: soit parmi les
militaires, soit parmi les administrateurs, les premiers ayant un avancement
plus rapide que les seconds. Au début du IIIe siècle, nous ne rencontrons
plus de réels militaires, tout au plus des sénateurs qui, tel L. Annius
Italicus Honoratus, ont commandé une légion entre des postes
administratifs. Le recrutement que nous qualifions un peu arbitrairement de
« civil » interfère avec celui des administrateurs de Vaerarium Saturni;
ainsi s'explique qu'à toutes les époques, les deux carrières sénatoriales
aient pu converger au point que d'anciens responsables du trésor
militaire fussent appelé à la tête de Vaerarium Saturni. Mais toujours la caisse
de retraite des vétérans fut considérée comme inférieure à la caisse
sénatoriale.
Quelle que soit leur spécialité, plutôt administrative ou plutôt
militaire, les responsables de Vaerarium militar e ne sont jamais issus de
l'aristocratie sénatoriale la plus en vue: nous l'avons constaté déjà en
étudiant leur origine géographique; leur avancement ultérieur le confirme.
Au terme de la carrière prétorienne, un seul est honoré du consulat
ordinaire au lieu du simple consulat suffect; c'est le juriste Salvius Iulianus
sous Antonin. Deux des anciens préfets du trésor militaire ont reçu un
second consulat; il s'agit de L. Catilius Severus, à qui l'amitié d'Hadrien
offrit un avancement que ses débuts de carrière, sous Trajan, ne
permettaient pas d'envisager, et de L. Fabius Cilo dont le rang s'est élevé à la
suite d'un changement de règne: consul suffect en 193, Cilo s'est acquis
l'amitié de Septime-Sévère dont il a favorisé l'accession au pouvoir. Dans
les deux cas, nous pouvons conclure qu'à l'époque de la préfecture du
trésor, rien ne laissait prévoir la faveur dont jouiraient les deux sénateurs
sous le règne suivant.
ÉTUDE SOCIALE 609

Pouvons-nous distinguer des périodes plus resserrées pour


l'évolution de la préfecture du trésor militaire1? Sous les Julio-Claudiens, elle
se place a un stade déjà avancé du cursus au fur et à mesure que celui-ci
tend à s'étoffer. Sous les Maviens, elle occupe un rang honorable, assez
proche du consulat. Sous Trajan et Hadrien, elle est l'avant-dernier poste
d'une longue carrière prétorienne; sous ces règnes, en effet, celle-ci tend
à s'allonger, en particulier pour les homines novi) or, la plupart des
préfets du trésor militaire d'alors sont les premiers sénateurs de leur lignée —
nous l'avons vu. Sous Antonin, ses titulaires ont un avancement
prétorien plus rapide — c'est très net — certains obtiennent même directement
le consulat; sous ce règne, la préfecture de Yaerarium militare a donc
occupé un rang plus élevé que sous Hadrien et sous Marc-Aurèle; nous
avons fait la même constatation pour la préfecture de Y aerarium, Saturni.
Dans la deuxième moitié du IIe siècle, la préfecture tend à avancer dans
le cursus: on rencontre même deux fonctions prétoriennes après elle;
nous avons remarqué que Marc-Aurèle a fait appel à des spécialistes des
questions administratives. Sous Septime-Sévère, l'exemple de Sex. Varius
Marcellus montre que les titulaires de cette préfecture ont un rang moyen
dans l'ordre sénatorial; cet avancement est pour le neveu par alliance de
l'empereur une disgrâce déguisée. En revanche, sous Caraealla, la
préfecture est un poste important; sans doute convient-il de mettre ce fait
en relation avec l'augmentation des praemia militiae. Elle a repris
quelque dignité pour peu de temps. Le rang de cette fonction baisse nettement
sous Sévère-Alexandre, peu avant l'époque où cesse tout témoignage
sur elle.

39
610 ΐΛ< AERAKITJM SATURNI » ET ΐΛ< AERARKTM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE DES PRAEFECTI


3) LA CARRIÈRE

I M. AKTOKIUS GEMINUS
II C. STEETINIUS MAXIMUS - suff. 23
III L. CAESIÜS ■[-]
IV P. CATIENUS SABINUS
V P. VITELLIUS
VI C. CAETRONIUS MICCIO
VII [. --]
Vili Q. AURELIUS PACTUMEIUS FRONTO - suff. 80
IX TI. IULIUS CELSÜS POLEMAEANUS — BUI I . Ό Ld

X C. PLINIUS CAECILIUS SECUNDUS - suff. 100

XI GALEO TETTIENUS SEVERUS - suff. 10H


M. EPPULEIUS PROCULUS TI. CAEPIO
HISPO
XII [.--JERIUS
XIII [. --] ~ suff. vers 106
XIV L. CATILIUS SEVERUS IULIANUS - suff. 110
CLAUDIUS REGINUS ord. 120

XV M. ACILIUS PRISCUS EG-RILIUS - suff., août 129?


PLARIANUS
XVI L. OCTAVIUS CORNELIUS SALVIUS - ord. 148
IULIANUS
XVII L. NERATIUS PROCULUS - suff.
XVIII A. EGRILIUS PLARIANUS
XIX SEX. PEDIUS HIRRUTUS LUCILIUS - suff. 158 ou 161
Ρ OLLI Ο
XX M. FLAVIUS POSTUMUS
XXI [M. FLA?]VIUS [-]TUS SABINUS - suff.
XXII [.--]
ÉTUDE SOCIALE 611

AERARII MILITARIS
CONSULAIRE

Fonctions civiles Fonctions diverses Proconsulats -


(Rome et Italie) dans les provinces Préfecture urbaine

I -
II -
III -
IV -
V -
VI -
VII -
VIII -
IX cur. aedium sacrarum - procos Asiae
et operum locorumque
publicorum populi
Romani
X curator alvei Tiberis légat, pro pr. provindae Ponti
et Bithyniae
XI _ - procos provine. Asiae
(118)

XII
XIII - leg. Aug. ad census aceipiendos
XIV - leg. Aug. pr. pr. prov. - procos provine. Africae
Cappadociae et Armeniae praefectus Urbi
maioris et minoris
leg. Aug. pr. pr. prov. Syriae
XV -

XVI curator aedium leg. Imp. Germaniae inferioris — procos provinciae


sacrarum leg. Imp. p. Hispaniae
citerioris
XVII |
XVIII
XIX ?

XX _
XXI -
XXII __
612 Ι/« AERARTÜM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

III - LA CARRIÈRE DES PRAEFECTI


3) LA CARRIÈRE

Nom Consulat

XXIII TI. IULIUS FEUGI - suff. 178?


XXIV C. SABUCIUS MAIOE CAECILIANUS - suff. 186
XXV L. FABIUS CILO SEPTIMINUS CATINIUS - suff. 193
ACILIANUS LEPIDUS FULCINIANUS ora. 204

XXVI c . POMPONIUS BASSUS TEEENTIANUS


XXVII [. -]US [-]EUS
XXVIII [. --] - suff Λ
XXIX [· "I - suff. 2e moitié du IIe s.
XXX [. ] (SOLLIUS) [-] - suff. fin du IIe s.
XXXI SEX. VAEIUS MAECELLUS - t avant 218
XXXII L . ANNIUS ITALICUS HONOEATUS - suff. vers 219-220

XXXIII [· τ - suff.

XXXIV Q. AEADIUS EUFINUS OPTATUS


AELIANUS

XXXV P. IULIUS IUNIANUS MAETIALIANÜS - suff. vers 227-230


XXXVI Q. EANIUS TEEENTIUS
HONOEATIANUS
XXXVII Q. ANNIUS ANNIANUS POSTUMIANUS
ÉTUDE SOCIALE 613

AERARII MILITARIS
CONSULAIRE

Fonctions civiles Fonctions diverses Proconsulats-


(Eome et Italie) dans les provinces Préfecture urbaine

XXIII -
XXIV ? - -
XXV - praepositus vexillaUonibus - praef. Urbi
Illyricianis
cornes Aug. in expeditione
orientali
leg. Aug. pr. pr. provine.
Bithyniae et Ponti
leg. Aug. pr. pr. Moesiae sup.
dux vexill. per Italiam
leg. Augg. pro pr. Pannon.
super.
XXVI - - -
XXVII - - _
XXVIII - - -
XXIX - - -
XXX - _
XXXI - - _

XXXII cur. Neap, et Atéll. - leg. Aug. pr. pr. prov. _


'
.

cur. oper. pub. Moes. inf.


XXXIII - — (corrector Asiae dioecesis _
Pergamensis)
XXXIV - - leg. Aug. pr. pr. Syriae Coelae -
agens vice procos prov. Afrih.
leg. Aug. pr. pr. Britanniae
(8Up.)f
XXXV - - —

.
.
'

XXXVI - - -

XXXVII- - -
614 L'a AERARIUM SATURNI » ET L'« AERARIUM MILITARE »

LA CAEEIÈEE CONSULAIEE
DES PBAEFEGTI AERABII MILITABIS

(Nous avons retenu, pour les préfets du trésor militaire, la même présentation
ordonnée que pour les préfets du trésor de Saturne.)

Sur les trente- sept préfets du trésor militaire connus, vingt et un


ont été consuls de façon assurée; pour C. Pomponius Bassus Terentianus
et l'anonyme n° XXVIII de Préneste, dont les cursus respectifs figurent
sur des pierres très mutilées, le consulat doit être, à notre avis, restitué.
Parmi ces vingt-trois consulaires, certains sont probablement morts
aussitôt après avoir géré la plus haute magistrature: il en fut ainsi pour
C. Pomponius Bassus Terentianus dont la carrière a été retrouvée à
l'extérieur de la ville de Eome, sur un monument qui est vraisemblablement
funéraire. Dans un cas semblable, nous ne pouvons pas savoir si le défunt
était un homme encore jeune — dont la disparition était par
conséquent très prématurée — ou s'il avait géré les faisceaux consulaires à
un âge déjà avancé.
Il reste que la plupart des consulaires ont dû vivre un certain nombre
d'années; ils pouvaient continuer à servir dans l'administration
impériale; nous ne devons pas oublier que, bien souvent, la statue dont la
base porte leur nom et leur carrière a été érigée précisément pour
commémorer leur élévation au consulat; il faudrait qu'un autre document
nous apprît ce que le sénateur est devenu par la suite. Nous sommes
donc enclins dans ce cas à incriminer les carences de notre information.
En effet, nous connaissons une carrière consulaire pour dix seulement de
ces vingt- trois anciens consuls. Ces lacunes mêmes attestent que la
préfecture du trésor militaire était dévolue à des sénateurs de rang
relativement modeste; ces personnages ont assumé au cours de leur vie des
fonctions de moindre envergure, exercé moins fréquemment leur patronat
sur des cités ou peut-être sur des cités moins riches que les préfets du
trésor de Saturne par exemple: ainsi s'explique en partie la rareté des
inscriptions honorifiques qui leur ont été dédiées et par conséquent la
pauvreté de la documentation dont nous disposons à leur sujet. Certes,
nous ne voulons pas minimiser la part du hasard dans les découvertes
épigraphiques. Il faut cependant que nous essayions de justifier une
inégalité aussi flagrante que celle que nous pouvons constater aux mêmes
époques pour les responsables de Vaerarium militare et ceux de Vaerarium
ÉTUDE SOCIALE 615

Saturni; pour ces derniers, nous connaissons généralement quelques


responsabilités consulaires. Il suffit d'ailleurs de se reporter aux
commentaires des tableaux précédents pour constater que les débuts des préfets
du trésor militaire montrent des sénateurs de rang plus modeste que les
préfets du trésor de Saturne. Aussi n'est-il pas indifférent de noter que,
sur les dix administrateurs de Vaerarium militare pour lesquels nous
avons retrouvé une carrière consulaire, quatre sont précisément ceux qui
ont géré aussi Vaerarium Saturni: il s'agit de Pline le Jeune, Catilius Se-
verus, Salvius Iulianus et Aradius Euflnus. Notre documentation
lacunaire fait ainsi apparaître que, parmi les responsables du trésor militaire,
ceux qui furent appelés à diriger le trésor de Saturne à leur sortie de
charge étaient favorisés par l'empereur.
Six des sénateurs dont nous connaissons la carrière consulaire n'ont
pas suivi cette filière après la préfecture du trésor militaire; ce sont Ti.
Iulius Celsus Polemaeanus, Galeo Tettienus Severus M. Eppuleius Pro-
culus Ti. Caepio Hispo, l'anonyme n° XIII de l'époque de Trajan, L.
Fabius Cilo, L. Annius Italicus Honoratus et l'anonyme n° XXXIII de
l'époque sévérienne. Si nous examinons d'après le tableau précédent
comment ils sont passés de la préfecture au consulat, nous constatons que
trois d'entre eux — Caepio Hispo, Annius Italicus et l'anonyme
contemporain des Sévères — ont obtenu le consulat suffect aussitôt après la
préfecture, tandis que les trois autres — Celsus Polemaeanus, l'anonyme de
Trajan et Fabius Cilo, — ont reçu auparavant une légation dans une
province impériale prétorienne.
Nous retrouvons les trois avancements prétoriens les plus flatteurs;
il apparaît ainsi que les promotions consulaires ne sont pas réservées aux
bénéficiaires de l'un d'entre eux. Mais il est essentiel d'examiner la si
tuation selon les époques.

Nous constatons que, sous les Julio-Claudiens, nous ne savons


généralement pas si le préfet est devenu consul. Une seule exception, celle
d'un consul suffect de l'année 23, C. Stertinius Maximus, dont une
inscription mutilée donne le cursus incomplet jusqu'à la préfecture précisément;
mais son consulat est connu par ailleurs.
Sous les Flaviens, Ti. Iulius Celsus Polemaeanus, originaire d'Ephèse
et de Sardes, a obtenu la curatelle des monuments publics et plus tard
le proconsulat d'Asie; il apparaît une fois de plus que l'attribution des
deux grands proconsulats n'était pas absolument abandonnée au hasard
du tirage au sort, puisque ce personnage, qui fut l'un des premiers
consulaires issus d'Asie mineure, reçut précisément sa province d'origine.
616 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET L'a AERARIUM MILITARE »

Sous le règne de Trajan, Pline le Jeune obtient aussi une grande


curatelle romaine et par la suite une légation impériale exceptionnelle
dans une ancienne province sénatoriale, celle de Pont et Bithynie. Galeo
Tettienus Severus M. Eppuleius Proculus Ti. Caepio Hispo, préfet du trésor
militaire de Trajan, tire au sort vingt ans plus tard le proconsulat d'Asie;
il ne semble pas que d'autres fonctions consulaires aient été oubliées sur
les inscriptions qui le concernent. Le préfet anonyme n° XIII des années
102-104 est devenu censitor après le consulat.
L. Catilius Severus parcourt une brillante carrière sous le règne
d'Hadrien; une certaine ascension sociale du personnage se discernait déjà
à la fin du règne de Trajan: la désignation pour la préfecture de Vaerarium
Saturni en est un élément; nous avons déjà noté cependant que la
promotion exceptionnelle que connut Catilius Severus sous Hadrien était
imprévisible, lorsqu'il administrait Vaerarium militare dans les années 105
à 107. Par conséquent, s'il apparaît soudain dans notre tableau un
personnage qui a été gouverneur de Syrie, consul bis, proconsul d'Afrique et
préfet de la ville, ce n'est pas un avancement propre aux anciens préfets
du trésor militaire, mais bien au contraire une exception.
Le seul préfet dont nous connaissions la carrière consulaire sous
Antonin est Salvius Iulianus, qui a précisément assumé les deux
préfectures financières; les promotions consulaires de cet ancien consul sont
conformes à un certain type d'avancement sénatorial que nous avons
étudié à propos de la préfecture du trésor de Saturne:
— grande curatelle romaine
— deux légations impériales
— proconsulat.

Il convient de remarquer que Salvius Iulianus a tiré au sort la province


d'Afrique dont il était originaire.
Nous n'avons aucun élément pour étudier l'éventuelle carrière
consulaire des préfets de Marc-Aurèle.
L. Fabius Cilo, qui fut l'un des derniers praefecti aerarii mïlitaris de
Commode, a parcouru lui aussi, sous le règne suivant, une exceptionnelle
carrière consulaire: il a commandé des armées et gouverné trois provinces
impériales avant de devenir préfet de la ville et, au cours de cette
préfecture, consul bis. Cet avancement rappelle à certains égards celui de
L. Catilius Severus sous Hadrien: Cilo doit son rang, sous le règne de Sep-
time-Sévère, à l'amitié du prince, dont il prit le parti en 193, année où
il était consul suffect. Dans les dernières années du règne de Commode,
rien ne laissait pressentir un second consulat et la préfecture de la ville
pour ce sénateur, dont la carrière prétorienne avait été normale (une
ÉTUDE SOCIALE 617

légation de légion, le proconsulat de Narbonnaise, la préfecture du trésor


militaire, la légation de Galatie).
Mise à part l'ascension extraordinaire de L. Fabius Cilo, qui n'a pas
de liens avec la préfecture du trésor militaire, nous n'avons retrouvé
aucun avancement consulaire pour les anciens préfets de Marc-Aurèle,
Commode et Septime-Sévère; il est essentiel de noter que les deux préfets
de Caracalla, L. Annius Italicus Honoratus et l'anonyme n° XXXIII,
ont obtenu le consulat aussitôt après la préfecture; le premier a exercé
une grande curatelle romaine et une légation dans une province impériale;
le second a assuré une correcture régionale dans la province d'Asie. Q.
Aradius Bufinus, préfet du trésor militaire sous Elagabal, a connu une
promotion plus flatteuse, s'il a vraiment gouverné la Bretagne supérieure,
ce qui n'est pas sûr; mais n'oublions pas qu'il s'agit précisément de
l'un des sénateurs qui avaient administré aussi Vaerarium Saturni.

Nous conclurons que, dans l'ensemble, les responsables de Vaerarium


militare n'ont pas eu, à notre connaissance, de carrière consulaire
éclatante. Les mirsus exceptionnels de L. Catilius Severus, sous Hadrien, et
de L. Fabius Cilo, sous Septime-Sévère, s'expliquent par un changement
de règne: la faveur du nouvel empereur a modifié le rang que ces deux
personnages occupaient dans la classe sénatoriale.
Pour les autres sénateurs, il semble qu'à toutes les époques, les
carrières les plus brillantes s'adressent à ceux des préfets du trésor militaire
qui ont administré aussi la caisse sénatoriale. Ce type d'avancement est
donc un signe de la faveur impériale.
Une certaine évolution se dessine dans le temps: sous les règnes de
Trajan, d'Hadrien et d'Antonin, le proconsulat d'Asie ou d'Afrique échut
à plusieurs reprises à d'anciens responsables du trésor militaire. Nous ne
rencontrons plus de telles ascensions par la suite. Lorsque réapparaissent
dans notre tableau des exemples de carrière consulaire, pour les anciens
préfets de Caracalla, les avancements sont plus modestes. La préfecture
du trésor militaire s'insère donc dans des cursus plus brillants sous les
premiers Antonins que dans la deuxième moitié du IIe siècle et au IIIe
siècle. L'étude de la carrière prétorienne nous a conduit à une conclusion
similaire qui se précise ici: à partir du règne de Marc-Aurèle, la préfecture
avance dans le cursus sénatorial; le terme de cette évolution se situe sous
Sévère-Alexandre, lorsque la gestion du trésor militaire figure aussitôt
après la preture. A l'époque de Caracalla, un regain d'importance de la
caisse de retraite confère pour peu de temps un rang meilleur à ses
administrateurs; les titulaires du poste sont promis à nouveau au consulat
suff'eet.
IV

LES PRAEFECTI AERARII MILITARIS:

PATRONATS ET CURATELLES DE CITÉS

Tableau p. 620-623
Commentaire p. 622-624
620 l'« aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

IV - PATRONATS

10 ap. J.-C. I M. ARTORIUS GEMINUS


peu avant 23 II C. STERTINIUS MAXIMUS
entre 21 et 30 III L. CAESIUS H
Tibère IV P. CATIENUS SABINUS
31 V P. VITELLIUS
39-41 VI C. CAETRONIUS MICCIO

vers 54-56 VII r ι


vers 76-78 VIII Q. AURELIUS PACTUMEIUS PRONTO
85-87 IX TI. IULIUS CELSUS POLEMAEANUS
94-96 X C. PLINIUS CAECILIUS SECUNDUS
97-99 XI GALEO TETTIENUS SEVERUS
M. EPPULEIUS PROCULUS TI. CAEPIO
HISPO
Ier s. XII [. --]ERIUS
102-104 XIII Γ . - —1
105-107 XIV L. CATILIUS SEVERUS IULIANUS
CLAUDIUS REGINUS
123-125 XV M. ACILIUS PRISCUS EGRILIUS
PLARIANUS
140-142 ou 141-143 XVI L. OCTAVIUS CORNELIUS SALVIUS
IULIANUS
entre 140 et 145 XVII L. NERATIUS PROCULUS
entre 140 et 150 XVIII A. EGRILIUS PLARIANUS
entre 150 et 160 XIX SEX. PEDIUS HIRRUTUS LUCILIUS
POLLIO
Antonin le Pieux XX M. FLAVIUS POSTUMUS
Antonin le Pieux? XXI [M. FLAf)VIUS [-]TUS SABINUS
avant 165 XXII [■--]
vers 175-177 XXIII TI. IULIUS FRUGI
vers 178-180 XXIV C. SABUCIUS MAIOR CAECILIANUS
vers 187-189 XXV L. FABIUS CILO SEPTIMINUS CATINIUS
ACILIANUS LEPIDUS FULCINIANUS
vers 190-192 XXVI C. POMPONIUS BASSUS TERENTIANUS
Ile R. XXVII [. -]US H RUS
ÉTUDE SOCIALE 621

ET CURATELLES DE CITÉS

Patronat sur les cités ou


les collectivités suivantes Curatelle des cités suivantes

I -
II -
III -
IV Abellinum
V
VI cives Romani qui negotiantur
Bracara Augusta
VII -

VIII
IX
X Còrnee (!)
XI ■■

■■

XII
XIII Aventicwm
XIV -

XV Ostia

XVI Pupput

XVII _

XVIII Ostia
XIX -

XX Cirta; Minturnae Ardea


XXI -

XXII
XXIII -
XXIV -
XXV Mediolanum; Ancyra; collegii Nicomedia; Interamna Nahars ; Graviscae
Ostiensium
XXVI ~ Aquinum
XXVII
622 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET Σ'« AERARIUM MILITARE »

IV - PATRONATS

Date Nom

li« g. XXVIII [. --]


2e moitié du IIe s. XXIX [. --]
fin du IIe s. XXX [.] (SOLLIUS) [-]
entre 207 et 210 XXXI SEX. VARIUS MARCELLUS
entre 211 et 217 XXXII L. ANNIUS ITALICUS HONORATUS
entre 216 et 220 XXXIII [. --]
Elagabal XXXIV Q. ARADIUS RUFINUS OPTATUS
AELIANUS
Elagabal XXXV P. IULIUS IÜNIANUS MARTIALIANUS
1er tiers du IIIe s. XXXVI Q. RANIUS TERENTIUS
HONORATIANÜS
2e quart du IIIe s. XXXVII Q. ANNIUS ANNIANUS POSTUMIANUS

Nous connaissons seulement deux patrons de cités parmi les douze


préfets du Ier siècle; nous pourrions ajouter que C. Caetronius Miceio a
bénéficié d'une dédicace des négociants romains de Bracara Augusta: les
relations de l'ancien iuridicus d'Espagne citérieure avec ce groupe de
citoyens romains ont entraîné des liens proches de ceux de la clientèle;
mais il n'est pas question d'un patronat à proprement parler.
Au IIe siècle, les patronats se multiplient parmi les anciens préfets
du trésor, alors que la dignité des sénateurs parmi lesquels les
administrateurs de la caisse de retraite sont recrutés ne paraît pas plus élevée,
sauf peut-être sous le règne d'Antonin. Il faut chercher une explication
non pas vers la préfecture du trésor, mais vers le phénomène social du
patronat: les recherches de L. Harmand ont montré l'épanouissement que
connaît le patronat sur les cités sous les Antonins.
Le choix de la cité se justifie parfois par les fonctions du
personnage: ainsi le patron anonyme d'Avenches (Aventicum) avait été en
relation avec cette cité lors des opérations du recensement auxquelles il
avait été chargé de présider pour la province de Germanie supérieure.
ETUDE SOCIALE 623

ET CURATELLES DE CITÉS

Patronat sur les cités ou


les collectivités suivantes Curatelle des cités suivantes

XXVIII
XXIX Tuder
XXX -
XXXI -
XXXII - Neapolis; Atella
XXXIII Alexandria Troas
XXXIV

XXXV G irta; Thamugadi Tiddis - Gales


XXXVI -

XXXVII -

Mais la qualité de patron est souvent accordée aux sénateurs par


leur cité d'origine: il en est ainsi pour les deux Egrilii — l'oncle et le
neveu — à Ostie, pour Salvius Iulianus à Pupput et pour M. Flavius
Postumus à Cirta, et peut-être pour Pline le Jeune à Corne. Ces quelques
remarques sont en accord avec les conclusions que tire L. Harmand
de son étude sur le patronat sur les collectivités publiques sous
l'Empire.
Le patronat de L. Fabius Cilo sur trois cités s'explique assez par
l'importance du personnage, préfet de la ville de Septime-Sévère.
Au début du IIIe siècle, P. Iulius Iunianus Martialianus, sénateur
africain, est patron de Cirta Timgad, et Tiddis.
Dans l'ensemble, les patronats se font rares pour les préfets de la fin
du IIe siècle et du IIIe siècle; nous avons déjà noté qu'ils appartenaient
le plus souvent à des couches moins élevées de l'aristocratie sénatoriale.
Ce tableau apporte donc, avec un éclairage différent, un témoignage sur
un certain déclin de la fonction de préfet du trésor militaire, accordée
à des sénateurs de moindre renom.
624 ΐΛ( AERABIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE»

La première curatelle de cité apparaît sous Antonin le Pieux;


L. Fabius Cilo a reçu cette responsabilité à trois reprises sous le règne de
Septime-Sévère. Ces curatelles se multiplient nettement à la fin du IIe siècle
et au début du IIIe. Nous ne pouvons pas considérer qu'elles
appartiennent au cursus sénatorial proprement dit. Les compétences financières
des anciens préfets du trésor militaire expliquent leur désignation; nous
devons constater cependant que les préfets du trésor de Saturne ont
exercé ces curatelles financières plus fréquemment que les préfets du
trésor militaire.
SACERDOCES

DES PRAEFECTl AERARII MILITARIS

Tableau p. 626-627
Commentaire p. 628

40
626 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

V - SACERDOCES DES PRAEFECTI AERARII MILITARIS

Date Nom Sacerdoces

10 ap. J.-C. I M. AETOEIÜS GEMINUS


peu avant 23 II C. STEETINIUS
MAXIMUS
entre 21 et 30 III L. CAESIUS [-] _
Tibère IV P. CATIENUS SABINUS -
31 V P. VITELLITJS - Vitellio etc. . . sacerdotia
tribuendi
39-41 VI C. CAETEONIUS _
MICCIO
vers 54-56 VII [. --] -
vers 76-78 VIII Q. AÜEELIÜS - fetialis
PACTUMEIUS FEONTO
85-87 IX TI. IULIUS- CELSUS — quindecemvir sacris faciundis
POLEMAEANUS
94-96 X C. PLINIUS CAECILIUS - augur
SECUNDUS flamen divi Titi Augusti
(à Verceil)
97-99 XI GALEO TETTIENUS - pont.
SEVEEUS M.
EPPULEIÜS PEOCULUS
TI. CAEPIO HISPO
Ier s. XII [.--JEEIUS -
102-104 XIII [.--] - sodalis Flavialis
(après la preture)
105-107 XIV L. CATILIUS SEVEEUS — fetialis
IULIANUS CLAUDIUS septemvir epulonum
EEGINUS
123-125 XV M. ACILIUS PEISCUS - pontifex Volkani
EGEILIUS PLAEIANUS (à Ostie)
140-142 XVI L. OCTAVIUS - pontif.
ou 141-143 COENELIUS SALVIUS sodalis Hadrianalis
IULIANUS sodalis Antoninianus
entre 140 et 145 XVII L. NEEATIUS —
PEOCULUS
entre 140 et 150 XVIII A. EGEILIUS - pontif. Volkani
PLAEIANUS (à Ostie)
ÉTUDE SOCIALE 627

V - SACERDOCES DES PRAEFECTl AERARII MILITARIS

Date Nom Sacerdoces

entre 150 et 160 XIX SEX. PEDIUS


HIRRUTUS LUCILIUS
POLLIO
Antonin le XX M. FLAVIUS POSTUMUS -
Pieux
Antonin le XXI [M. FLA?]VIUS [-]TUS -
Pieux! SABINUS
avant 165 XXII [. --] -
vers 175-177 XXIII TI. IULIUS FRUGI - frater Arvalis
promagister fratrum Arvalium
vers 178-180 XXIV C. SABUCIUS MAIOR - sodali s August. Glaudial.
CAECILIANUS
vers 187-189 XXV L. FABIUS CILO - sodalis Hadrianalis
SEPTIMINUS CATINIUS curio minor (à Corinthe)
ACILIANUS LEPIDUS
FULCINIANUS
vers 190-192 XXVI C. POMPONIUS BASSUS _
TERENTIANUS
IP s. XXVII [, -]US [-]RUS -

IIe s. XXVIII [. --] -


·

2e moitié du XXIX [. --] —


IP s.
fin du IIe s. XXX [.] (SOLLIUS) H -
entre 207 et 210 XXXI SEX. VARIUS -
MARCELLUS
entre 211 et 217 XXXII L. ANNIUS ITALICUS - sodalis Hadrianalis
HONORATUS
entre 216 et 220 XXXIII [. --] -
Elagabal XXXIV Q. ARADIUS RUFINUS — sodalis Augustalis Claudiaiis
OPTATUS AELIANUS
Elagabal XXXV P. IULIUS IUNIANUS _
MARTIALIANUS
1er tiers du XXXVI Q. RANIUS TERENTIUS _
IIP s. HONORATIANUS
2e quart du XXXVII Q. ANNIUS ANNIANUS _
IIP s. POSTUMIANUS
628 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

L'exemple de P. Vitellius, sénateur contemporain de Tibère, offre un


témoignage sur un trait des mœurs romaines: l'exercice d'une prêtrise
était considéré par les sénateurs comme un honneur supplémentaire;
obligé de récompenser Vitellius et ses amis de leur fidélité au souvenir
de Germanicus, Tibère leur accorda à chacun un sacerdoce. Les grands
collèges sacerdotaux se recrutaient d'ordinaire par cooptation: le geste
de Tibère prouve que l'empereur avait un certain droit de présentation.
Dans l'ensemble, nous rencontrons moins de prêtrises chez les
sénateurs qui ont été appelés à gérer V aerarium militare que chez les
responsables de V aerarium Saturni. Nous pouvons remarquer aussi que les seuls
préfets du trésor militaire qui aient assumé deux ou trois responsabilités
religieuses à Eome sont précisément L. Catilius Severus et Salvius Iulianus,
qui furent aussi préfets du trésor de Saturne.
Sous les Julio-Claudiens, le seul exemple de prêtrise qu'offrent les
fastes des préfets est celui de P. Vitellius.
Sous les Flaviens et les Antonins, des sacerdoces se rencontrent
régulièrement, bien qu'en nombre réduit. Un des préfets de Trajan,
l'anonyme n° XIII, est sodalis Flavialis, ce qui est assez honorifique. Les deux
Egrilii d'Ostie, l'oncle (M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus) et le neveu
(A. Egrilius Plarianus), ont reçu successivement le magistère suprême de
leur cité d'origine, le pontificat de Vulcain, à titre viager.
Les prêtrises se raréfient à la fin du IIe siècle et dans la première
moitié du IIIe, en relation avec le fait que le recrutement des préfets du
trésor militaire s'effectue dans un milieu sénatorial plus modeste.
Notons que L. Annius Italicus Honoratus et Q. Aradius Eufinus ont
appartenu tous deux à des confréries chargées de rendre le culte d'un empereur
divinisé; il est vrai que ce sont des divi assez lointains: Honoratus est sodalis
Hadrianalis, Eufinus est sodalis Augustalis Claudialis. Ces individus sont
pourtant les seuls préfets du IIIe siècle pour lesquels nous rencontrions
une fonction religieuse; or, ils ont dirigé la caisse de retraite l'un sous
Caracalla, l'autre sous Elagabal, à une époque où, semble-t-il, elle avait
retrouvé provisoirement une certaine importance.
TEOISIÈME PAETIB

ÉTUDE ADMINISTRATIVE
CHAPITEE PEEMIEE

L'ÉVOLUTION ADMINISTRATIVE

DE VAERARIUM SATURNI

ET DE VAERARIUM MILITARE

Nous confrontons les témoignages des auteurs anciens et les


conclusions de l'étude prosopographique des responsables de Vaerarium
Saturni et de Vaerarium militare pour retracer l'évolution de la gestion de
ces deux caisses publiques.
ïfous examinons dans ce chapitre les réformes successives qui ont
affecté le mode de désignation et la qualité des chefs de service. Elles
ont eu pour corollaire — pour le trésor public en tout cas — une variation
de la durée des fonctions. Ce dernier point établi, nous voulons d'une
part calculer le nombre approximatif des titulaires qui ont pu exister et
apprécier en conséquence la valeur de notre documentation, d'autre part
juger de la relative précision des dates que nous avons proposées pour
les administrateurs connus.

A - VAEBARIUM SATURNI

Aedes Saturni.

Sous la Eëpublique, le trésor de l'Etat, appelé aerarium populi


Romani, était placé sous la garde de Saturne et conservé dans le temple de
ce dieu, aedes Saturni i1). Saturne, divinité agraire, devait ce rôle à sa

(x) Voir en particulier Lucain, Pharsale, III, 154; Appien, Guerres civiles, I, 31;
Solin, I, 12; Macrobe, Saturnales, I, 8. Cf. S. M. Platner et Th. Ashby, A Topographical
Dictionary of Ancient Borne, Oxford, 1929, p. 463-465, en particulier p. 464, et F. Coa-
relli, Guida archeologica di Borna, Rome, 1974, p. 72-73.
632 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

qualité de protecteur de la richesse i1). L'édifice, inauguré en 497 av.


J.-O. (2), fut construit au pied de la colline du Capitole, à l'angle sud-
ouest du forum romain, mais non sur la place même: comme le précise
Varron, le temple de Saturne s'élevait « ad Forum » (3). Le podium et la
colonnade frontale sont encore en place aujourd'hui (4): les restes actuels
du podium datent de la restauration du monument par L. Munatius
Plancus, en 42 av. J.-C. (5); l'inscription gravée sur l'architrave prouve
que le temple fut reconstruit à nouveau, à la suite d'un incendie, au début
du IVe siècle ap. J.-C. sans doute (6). Une partie de l'édifice est visible
sur un fragment de la Forma Urbis Bomae, commandée par Septime-
Sévère (7). La façade du temple apparaît aussi sur l'un des reliefs des
rostres, trouvés sur le forum romain au siècle dernier et
traditionnellement appelés Plutei ou Anaglypha Traiani (8).
Les représentations anciennes ne permettent pas de déceler le local
où étaient conservés les fonds publics et des documents divers; il est
raisonnable de penser à l'intérieur du podium: G. Lugli (9) a signalé
l'existence, à l'est du podium, d'un avant-corps dans lequel on entrait par
une porte, dont il reste le seuil: cette salle pourrait être le trésor
proprement dit (10). Le même auteur note la découverte d'une série de petites
pièces en arrière du temple de Saturne; nous les identifierions volontiers
au siège des services administratifs de Vaerarium Saturni (n).

(*) Voir M. Le Grlay, Saturne africain. Histoire, Paris, 1966, p. 463 à 466, et p. 467,
note 6.
(2) Tite-Live, XXII, 1, 29; cf. E. Gjerstad, The Temple of Saturn in Borne.
Its Date of Dedication and the Early History of the Sanctuary, dans Hommages à
Ä. Grenier, coll. Latomus, LVIII, 2, 1962, p. 757-762.
(8) Macrobe, Saturnalia, I, 8, d'après Varron, De sacris aedibus, VI.
(*) E. Nash, Pictorial Dictionary of Ancient Borne, Londres, 2e éd., 1968, II,
p. 294-298.
(5) Suétone, Aug., 29; CIL, VI, 1316 = ILS, 41; CIL, X, 6087 = ILS, 886.
(e) CIL, VI, 937 = 31209 = ILS, 3326.
(7) G. Carettoni, A. M. Colini, L. Cozza, Gr. Catti, La pianta marmorea di Borna
antica, Forma Urbis Bomae, Eome, 1960, p. 75, tav. XXI.
(8) E. Nash, op. cit., II, p. 176-177, et S. M. Platner et Th. Ashby, op. cit.,
p. 453-454.
(9) Gr. Lugli, Monumenti minori del Foro romano, Rome, 1947, p. 29-38.
(10) Voir la reconstitution suggérée par F. Coarelli, op. cit., p. 72.
(u) Gr. Lugli, Borna antica. Il centro monumentale, Rome, 1946, p. 149-151.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 633

Quaestor es urbani.

La gestion du trésor public incombait sous la Eépublique à deux


questeurs de l'année appelés quaestores urbani i1). Ces deux jeunes gens
étaient en même temps responsables des archives. Ils exerçaient leurs
fonctions sous l'autorité des consuls; mais un passage de Polybe prouve
que la garde des clés de Yaerarium revenait au questeur urbain (2). Le
texte de la Table d'Héraclée, document qui date de l'époque syllanienne,
porte l'expression « per qiuaestorem) urb(anum) queive aerarlo praeerit » (3).
Le régime républicain est resté fidèle à cette institution ancienne: le trésor
public était confié à deux jeunes gens, sans expérience particulière, qui
changeaient chaque année, comme il convenait à des magistrats. Les
questeurs urbains n'intéressent pas directement notre étude.

Les réformes.

La première réforme de l'administration financière est celle de César


en 45 av. J.-C; elle a eu un caractère provisoire. La rupture définitive
avec le système traditionnel se place en fait en 28 av. J.-C; elle est l'œuvre
du futur Auguste. Par la suite, la qualité des responsables de Vaerarium
changea à plusieurs reprises, avant de se stabiliser, en 56 ap. J.-C, sous
le règne de Néron.
Les témoignages multiples dès auteurs anciens permettent d'établir
là chronologie de ces réformes successives. Ils ont été réunis par Mommsen
qui les a souvent rapprochés du texte des inscriptions connues en son
temps (4). Les découvertes épigraphiques qui se sont multipliées depuis

(x) Voir Th. Mommsen, Droit public romain, IV, p. 234-263, en particulier p. 244-
245.
(2) Polybe, XXIII, 14, 5-6.
(8) CIL, P, 593 = ILS, 6085 = Riccobono, FIBÄ*, I, n° 13, 1. 46-47.
(4) Th. Mommsen, Droit public romain, IV, 1894, p. 259-261; voir aussi Th.
Mommsen et J. Marquardt, De V organisation financière chez les Romains, t. X du
Manuel des Antiquités romaines, Paris, 1888, p. 384-386. Les articles aerarium de
J. W. Kubitschek, BE, I, 1893, col. 670-671, et de E. De Ruggiero, Dizionario, I, 1895,
p. 302-305, ne sont pas plus complets sur ce point. L'étude récente de M. Fortina,
I Praefecti aerarii Saturni, dans Rivista di Studi classici, IX, 1961, p.. 217-225, est une
compilation de ces travaux anciens, auxquels l'auteur ajoute des erreurs person-
634 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

un siècle offrent un nouvel éclairage pour interpréter les sources littéraires.


Nous ne prétendons pas tirer toujours des conclusions éloignées de celles
de Mommsen; il reste qu'aujourd'hui nos analyses doivent différer des
siennes sur certains points. C'est particulièrement net en ce qui concerne
les mesures prises par César pendant sa dictature.

Les praefecti de l'année 45 av. J.-C.

En 45, pendant que César était en Espagne, le trésor public ne fut


pas géré par deux questeurs, comme le voulait l'usage. Les témoignages
de Suétone et de Dion Cassius se complètent sur ce sujet.

DION CASSIUS, XLIII, 48, 1 et 3

1 — . . .επί της διοικήσεως δύο των πολιανομουντών, επειδή ταμίας ουδείς


προεκεχειροτόνητο, εγένοντο . . . οί πολιανόμοι πάντα τα εν τω αϋτει πράγματα
μετά του Λεπίδου ίππαρχοϋντος εϋχον.
3. — το δ' οϋν κατά την διοίκηϋιν ... ούκέτι τοις ταμίαις αεί επετράπη, αλλά
το τελευταϊον τοϊς εατρατηγηκόοΊ προαετάχΰτ). Τους τε οϋν θησαυρούς τους
δημοσίους δύο τότε των πολιανο μουντών διώκηααν.
1 - ...Deux des préfets s'occupèrent des affaires financières, puisqu' aucun
questeur n'avait été élu . . . Les préfets s'occupèrent de toutes les affaires de la cité,
associés à Lèpide qui était maître de la cavalerie.
3 - L'administration des finances ne fut plus systématiquement confiée aux
questeurs, mais fut finalement attribuée à d'anciens préteurs. Cette année-là, le trésor
public fut géré par deux des préfets.

Cf. DION CASSIUS, XLIII, 28, 2

... την πάλιν τω τε Λεπίδω και πολιανόμοις τιοΊν οκτώ, ώς τ id ι δοκεϊ, ή εξ,
ως μάλλον πεπίατευται, επιτρέψας.
. . . après avoir confié la cité à Lèpide et à des préfets, huit, comme le pensent
certains, ou six, comme on le croit plutôt.

nelles. F. Millar, en tête de son article The Aerarium and Us Officiais, dans JB8, LIV,
1964, p. 33-34, rappelle brièvement les réformes, avec une inexactitude pour l'année
45 av. J.-C.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 635

SUÉTONE, Caes., 76, 3

. . .ita ut "medio tempore comitia nulla habuerit praeter tribunorum


et aedilium plebis praefectosque pro praetoribus constituera, qui absente se
res urbanas administrarent.
... de telle sorte que, dans l'intervalle, il ne fit pas d'autres élections que celles
des tribuns et des édiles plébéiens et créa, pour tenir lieu de préteurs, des préfets,
qui furent chargés d'administrer Rome en son absence.

D'après Dion Cassius, en 46, les comices qui devaient élire les
magistrats pour l'année 45 ne furent pas tous réunis; seuls furent
désignés les tribuns et les édiles plébéiens. Avant de rejoindre son armée
en Espagne, dans le deuxième semestre de l'année 46, César confia le soin
des affaires publiques au maître de la cavalerie, Lèpide, auxquels furent
adjoints des personnages que Dion Cassius appelle πολιανόμοι et Suétone
praefecti. D'après le biographe, ces préfets remplaçaient les préteurs qui
n'avaient pas été élus; l'historien grec est plus précis: nous savons par
lui que deux de ces individus reçurent la charge du trésor en l'absence
de questeurs.
L'interprétation qu'a donnée Mommsen du passage de Dion Cassius
n'est pas claire (x): César, dit-il, n'a pas réalisé les réformes qu'il avait
pu projeter au sujet de Vaerarium; il s'appuie sur la formule de la Table
d'Héraclée a per q(uaestorem) urb(anwm) queiv e aerario praeerity>; puisque
ce document était identifié alors à la lex Iulia municipalis, il était en effet
diffìcile de ne pas souligner la contradiction entre les deux sources. Tout
récemment encore, F. Millar a mis en doute les informations données
par Dion Cassius, en reprenant l'argument de Mommsen; il y ajoute une
erreur en traduisant πολιανόμος par édile: in 45 B.C., according to Dio,
Julius Caesar appointed two aediles (2). En fait, la Table d'Héraclée
est antérieure de quelques décennies à la dictature de César; elle ne peut
pas infirmer les lignes de Dion Cassius. Quant au terme πολιανόμος, usité
par l'historien grec, il est l'équivalent du latin praefectus employé dans
le même sens par Suétone.
Nous avons reconnu en M. Cusinius M. f. Vel., aedilis plebis, aerario
praefectus, praetor, dont l'inscription funéraire a été retrouvée depuis fort
longtemps à Tusculum, un des deux praefecti responsables du trésor en

i1) Th. Mommsen, Droit public romain, IV, p. 259, avec note 2.
(2) F. Millar, JBS, LIV, 1964, p. 33.
636 L'«AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARHJM MILITARE»

45; il est devenu préteur en 44 (voir la notice n° 1). La traduction du


terme πολιανόμος par édile aurait pu se justifier par une interprétation
personnelle de la titulature de M. Cusinius; ce n'est pas le cas, puisque
F. Millar ne situe pas en 45 la préfecture du sénateur (*).
La pierre de Tusculum confirme une mesure de César que seul Dion
Gassius faisait connaître; il n'est donc pas possible de douter de son
application. Mais s'agissait-il véritablement d'une «réforme»? Avant son
départ pour l'Espagne, dans le deuxième semestre de l'année 46, César
a confié les postes clés à des hommes de confiance; pour ce faire, il a
volontairement négligé de procéder à l'élection de la plupart des magistrats.
Grâce à ces circonstances, l'administration du trésor a été enlevée aux
questeurs, qui en avaient traditionnellement la charge, et confiée à deux
sénateurs nommés par le dictateur et responsables devant lui seul; ils
reçurent par conséquent le nom de praefecti: ce titre s'appliquait, à cette
époque, aux responsables des fonctions publiques qui n'étaient pas des
magistratures, un préfet agissant par délégation d'un magistrati2). Le
seul qui ait été identifié, M. Cusinius, était préteur en 44; le choix de César
s'est porté sur un homme nouveau, qui lui était tout dévoué. Nous avons
montré que M. Cusinius a été préposé à Vaerarium après l'édilité (voir
la notice n° 1).
Dion Cassius note qu'à la suite de ce précédent, la gestion du trésor
n'est plus systématiquement revenue aux questeurs, comme par le passé,
et fut finalement dévolue à d'anciens préteurs. A notre avis, ce passage
résume simplement l'évolution postérieure, qui eut pour terme la réforme
de Néron, confiant Vaerarium à des préfets de rang prétorien; du temps
de Dion Cassius, le trésor public romain était toujours administré de la
même façon. L'historien grec a perçu que la rupture avec le système
traditionnel, qui fut l'œuvre d'Octavien, le futur Auguste, en 28 av. J.-C,
avait été préparée par la mesure provisoire, appliquée, en 45, par César;
le fils adoptif du dictateur s'est inspiré de l'œuvre de son père. Il n'y a
pas lieu, selon nous, de conclure de la remarque de Dion Cassius que César,
avant son assassinat, avait remis le trésor à des praetorii, comme l'a
écrit J. Carcopino (3). Le texte ne précise pas si, après le retour d'Espagne
du dictateur, en 45, la charge de Vaerarium fut rendue aux questeurs

(x) F. Millar, ibid., p. 34, note 14; il l'identifie, comme Th. Mommsen, op. cit.,
IV, p. 259, note 3, à un préfet augustéen des années 28 à 23 av. J.-C.
(2) Th. Mommsen, op. cit., II, p. 342, note 1.
(3) J. Carcopino, Jules Gésar, 5e éd., Paris, 1968, p. 489.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 637

urbains pour l'année 44: mais c'est possible, puisque les comices centu-
riates furent réunis pour élire les magistrats (x).

Nous pouvons assurer en tout cas le retour à l'ancien usage entre


l'assassinat de César et l'année 28 av. J.-C: Suétone précise que, cette
année-là, la cura aerarti fut enlevée aux questeurs urbains pour être
confiée à deux anciens préteurs (voir le texte plus bas). De plus, nous
connaissons l'un de ces quaestores urbani du troisième quart du Ier siècle av.
J.-C, pour lequel la responsabilité du trésor public ne fait pas de doute:
en effet, ce personnage, M. Acilius M. f . Caninus, a été honoré d'une statue
par les negotiator es ex area Saturni (2).

Les praefecti aerarti des années 28 à 23 av. J.-C.

En 28 av. J.-C. , le futur Auguste confia au sénat le soin de choisir


chaque année les deux administrateurs du trésor parmi les anciens
préteurs. Nous disposons du seul témoignage des sources littéraires sur cette
décision. Ainsi Tacite, présentant dans les Annales la réforme due à
Néron, en 56 ap. J.-C, rappelle les changements survenus dans la direction
de ce service financier depuis l'époque d'Auguste. Des passages de
Suétone et de Dion Cassius confirment et éclairent les renseignements donnés
par ce texte.

TACITE, Ann., XIII, 29.


1 - Varie habita ae saepe mutata eius rei forma. 2 - N'A M A UOU8TUS
SENATUI PEBMISIT DELIGEBE PBAEFECTOS; deinde ambitu
suffragiorum suspecto, sorte ducebantur ex numero praetorum qui praes-
sent. 3 - Ν eque id diumansit, quia sors deerrabat ad parum idoneos. 4 - Tune
Claudius quaestores rurswm imposuit Usque, ne metu offensionum segnius
consulerent, extra ordinem honores promisit; sed deer at robur aetatis eum
primum magistratum capessentibus. 5 - Igitur Nero praetura perfunetos
et experientia probatos delegit.
Cette administration eut des aspects variés et connut souvent des changements.
AUGUSTE PERMIT AU SENAT D'ELIRE DES PREFETS; ensuite, par crainte
des intrigues, on les choisit par tirage au sort parmi les préteurs de l'année. Mais ce

(x) J. Carcopino, ibid., p. 484-485.


{*) CIL, XIV, 153 - ILS, 892; cf. E. Groag, ΡΙΉ*, I, p. 7-8, n° 54.
638 l\< aerarktm saturni » et l'« aerarium militare »

système ne se maintint pas longtemps, parce que le sort s'égarait sur des incapables.
Alors Claude rétablit la gestion par des questeurs; de peur que la crainte de se faire
mal voir ne réduisît leur activité, il leur assura un tour de faveur pour l'admission
aux magistratures; mais la maturité de l'âge manquait à ceux qui exerçaient cette
première magistrature. Aussi Néron choisit-il d'anciens préteurs qui avaient acquis
de l'expérience.

DION CASSIUS, LUI, 2, 1


. . /Επειδή χρημάτων τω δημούίω εδέησεν, εδανείϋατό τίνα και Μωκεν αντω ·
προς τε την διοίκηΰίν αψων δυο κατ3 έτος εκ των εΰτρατηγηκότων αίρεϊαυαι εκέλευαε.
Quand le trésor public manqua d'argent, il lui fit des prêts et des dons; et, pour
l'administration de ces fonds, il décida que deux personnes seraient choisies chaque
année parmi les anciens préteurs.

SUÉTONE, Aug., 36.


Auctor et aliarum rerum fuit, in quis: . . . ut cura aerari a quaestoribus
urbanis ad praetorios praetoresve transiret.
Entre autres mesures dont il fut encore l'auteur, il décida que la gestion du trésor
passerait des questeurs urbains à d'anciens préteurs ou à des préteurs en exercice.

Aucun document épigraphique ne fait connaître l'un de ces préfets.


Ils portaient probablement le titre de praefecti aerarli et non celui de
praefecti aerarli Saturni, que leur donnent les auteurs modernes, à la suite
de Mommsen ^). Le trésor de l'Etat conservé dans le temple de Saturne
n'était pas encore appelé aerarium Saturni; cette précision apparaît pour
la première fois sous le règne de Claude: T. Domitius Decidius (notice
n° 20) est dit alors « qui primus quaestor . . .praeesset aerano Saturni)).
Du fait que les préfets du trésor de l'époque augustéenne étaient
choisis chaque année par le sénat parmi les anciens préteurs, leur titu-
lature comportait vraisemblablement l'indication de ce mode de
désignation par la formule ex s{enatus) c{onsulto), qui est attestée pour les
praefecti frumenti danài (2). Les deux préfets du trésor, sénateurs de rang

(*) Th. Mommsen, op. cit., IV, p. 259; l'expression se retrouve dans les notices
aerarium du Dizionario epigrafico, I, col. 302, et de la BE, 1, col. 670; elle réapparaît
dans la notice praefectus rédigée par W. Ensslin, BE, XXII, 2, 1954, col. 1259, et
dans l'article déjà cité de M. Fortina, p. 218.
(2) Voir les listes des praefecti frumenti dandi ex s. c. dressées par H. -Gr. Pflaum
dans Historia, II, 1954, dépliant après la p. 444, et dans Bonner Jahrbücher, CLXIII,
1963, p. 234-235. Sur le titre des praefecti frumenti dandi, cf. D. Van Berchem, Les
distributions de blé et d'argent à la plèbe romaine sous VEmpire, Genève, 1939, p. 69.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 639

prétorien choisis par le sénat, restaient en charge une année comme les
responsables des distributions gratuites de blé à la plèbe urbaine (x).
Comme eux, ils faisaient figure de magistrats; nous pouvons les considérer
aussi comme des fonctionnaires sénatoriaux. Il y eut sans doute dix
titulaires de la fonction entre 28 et 23 av. J.-C; nous n'en connaissons
aucun.

Les praetores aerarti des années 23 av. J.-C. à 44 ap. J.-C.

En 23 av. J.-C, l'élection par le sénat, qui, d'après Tacite, faisait


une trop large place à la brigue, fut abandonnée. Auguste décida que le
trésor public serait administré désormais par deux préteurs de l'année,
choisis par tirage au sort. Ce système fut en usage jusqu'en 44 ap. J.-C.

TACITE, Ann., XIII, 29, 2 (voir l'ensemble du texte cité plus haut).
Deinde ambitu suffragiorum suspecto, sorte ducebantur ex numero prae-
torum qui praessent.
Ensuite par crainte des intrigues, on les tira au sort parmi les préteurs en
exercice.

SUÉTONE, Aug., 36 (voir plus haut).

DION CASSIUS, LUI, 32, 2.


Ό Ανγονϋτος ... ατρατηγους δέκα . . . απέδειξε' . . . Βμελλον δε αυτών . . .
δύο δε επί rfj διοικήσει δσα ετη γενήσεσ&αι.
Auguste fixa à dix le nombre des préteurs . . . deux d'entre eux devaient
s'occuper de l'administration financière chaque année.

Le sénat perdait ainsi une des prérogatives qui lui avait été accordée:
le choix des administrateurs du trésor. Ceux-ci n'étaient plus des
fonctionnaires sénatoriaux, mais des préteurs en exercice; à ce titre ils ont
retrouvé une responsabilité religieuse que seuls des magistrats pouvaient
assumer: l'organisation des munera de décembre en l'honneur de Saturne.
Nous abordons ce sujet dans le deuxième chapitre, qui traite des attri-

(r) Sur Tannalité de la praefectura frumenti danài, ci. D. Van Berchem, ibid.,
p. 68.
640 ΐΛ AERARITJM SATURNI » ET L'A AERARIUM MILITARE »

butions dévolues aux chefs du service public rattaché au temple de


Saturne.
Nous disposons d'autres témoignages littéraires sur les préteurs du
trésor: nous les rencontrons en activité dans le texte d'un sénatus-con-
sulte de l'an 11, cité par Frontin, et dans un passage des Annales de
Tacite.

FRONTED, Be aq., 100, 3 et 4.


3. Quique ita delegati essent, iis praetor es aerarii mercedem cibaria
quanta praefecti frumento dando dare deferr eque soient annua darent et
adtribuerent ... 4. JJtique tabulas, Chartas ceteraque quae eius curationis
causa opus essent iis curatoribus, Q. Aelius Paulus Fabius consules ambo
altreve, si iis videbitur, adhibitis praetoribus qui aerario praesint, ea prae-
benda locent.
A ceux qui auront été déclarés ainsi, que les préteurs du trésor donnent et
attribuent comme traitement une indemnité pour l'année égale à celle que donnent
et délivrent habituellement les préposés à la distribution du blé . . . Que la fourniture
des tablettes, des feuillets et de tout ce qui est nécessaire à des curateurs pour
l'exercice de leur curatelle soit mise en adjudication par Q. Aelius et Paulus Fabius, les
deux consuls, ou l'un des deux comme il leur plaira, par l'intermédiaire des préteurs
qui ont la charge du trésor.

TACITE, Ann., I, 75.


3. Pius Aurelius senator, questus mole publicae viae ductuque aquarum
labefactas aedis suas, auxilium patrum invocabat. 4. Besistentibus aerarii
praetoribus subvenu Caesar pretiumque aedium Aurelio tribuit.
Le sénateur Pius Aurelius se plaignit que la construction d'une Toie publique
et d'un aqueduc ait ébranlé sa maison; il invoquait le secours du sénat. Devant
le refus des préteurs du trésor, Tibère lui vint en aide et lui accorda le prix de sa
maison.

Les documents épigraphiques font connaître dix-sept de ces


préteurs du trésor, désignés par tirage au sort (du n° 2 au n° 18; voir le
tableau I qui présente la liste des responsables de Vaerarium Saturni avec
leur titulature). Magistrats en exercice, ces personnages ont administré
le trésor pendant une année; ils étaient entrés en charge le 1er janvier i1).

(x) Sur l'entrée en charge des préteurs le 1«· janvier, cf. Th. Mommsen, op. cit.,
II, p. 274-275, avec note 5, p. 275.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 641

Les premiers titulaires identifiés sont Cn. Pullius Pollio (n° 2) et


P. Paquius Scaeva (n° 3): la chronologie interne de leurs cursus respectifs
prouve qu'ils ont géré le trésor public dans les premières années qui ont
suivi la réforme augustéenne. Pollio porte le titre de pr(aetor) ad [aera-
rium], plus précis que celui de Scaeva, praetor aerarli. Il semble que
l'usage ait entériné la seconde appellation, qui est attestée pour d'autres
préfets du trésor connus: M'. Vibius Balbinus (n° 4), P. Cornelius Lentulus
Scipio (n° 7), C. Ummidius Durmius Quadratus (n° 10), L. Calpurnius
Piso (n° 14), M. Salluvius (n° 15), -enus Paetus (n° 16), Avillius Pastor
(n° 17). On la trouve aussi sous la plume d'historiens anciens qui
écrivaient plusieurs décennies après la disparition de la fonction. Elle était
donc employée couramment par les contemporains. Nous ne pouvons
pas pour autant considérer le titre de praetor ad aerarium comme un
archaïsme et en tirer un argument supplémentaire en faveur de la
datation haute du cursus de Pollio, puisque le dernier titulaire connu, P. Plau-
tius Pulcher (n° 18), qui a administré le trésor sénatorial à l'époque de
Tibère, est dit lui-même pr(aetor) ad aerar (ium).
L'année de gestion du trésor public, coïncidant avec celle de la
preture, est connue avec précision pour la plupart d'entre eux. En effet,
les fastes des curateurs des trois décuries de scribes attachés au trésor,
trouvés sur le forum romain, ont révélé le nom de dix praetores aerarli,
à la suite de celui des consuls éponymes (ces fastes sont reproduits aux
pages 32 à 34).

Dans notre recensement des responsables du trésor, nous avons fait


place à 0. Caetronius Miccio (n° 19), qui exerça les fonctions de praefectus
reliquor um exigendorum populi Romani y en 42 et 43 sans doute. La
création, en 42, d'une commission qui déchargeait les préteurs du trésor d'une
partie de leurs activités est attestée: des tr esviri, anciens préteurs,
reçurent de l'empereur Claude le soin de recouvrer les créances de l'Etat.

DION CASSIUS, LX, 10, 4


Τρεις άνδρας των εατρατηγηκότων πράκτορας των τω δημούίω οφειλομένων
κατεύτηΰε, και ραβδούχους και τήν αλλην νπηρεοίαν αντοΐς δονς.
Il établit une commission de trois anciens préteurs pour recouvrer les créances
du trésor public, leur accordant des licteurs et un service propre.

Sans doute les arriérés étaient-ils devenus considérables. Mais ils


n'ont pas suffi à motiver les mesures prises par Claude. Le prince ména-

41
642 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET L\< AERARIUM MILITARE »

geait en fait un régime transitoire avant de réformer profondément


l'administration du trésor; le régime nouveau entra en application en 44.
L'intérêt porté par Claude aux finances publiques s'est manifesté aussi
par une surveillance étroite des praetores aerarii, sur laquelle nous
disposons d'un double témoignage de Dion Cassius.

DION CASSIUS, LX, 4, 4

Πολλάκις δε και τοις νπάτοις τοϊς τε ϋτρατηγοΐς καΐ μάλιύτα τοις την διοίκησιν
εχονοι αννεζητάζετο.
Il se joignait souvent aux consuls et aux préteurs, surtout à ceux qui
supervisaient les finances.

DION CASSIUS, LX, 10, 3


Έπεί τε τίνες των στρατηγών των την αιο'ικηόιν εγκεχειριΰ μένων αΐτίαν ίίλαβον,
ονκ επεξήλ&ε μεν αψιοί, πιπράοκονϋι δε τίνα και μιύΰοναιν επιφοιτηοας πάν&* òcra
ενόμιζε μή καλώς γίγνεο"&αι διώρϋ'ωύε.
Lorsque certains des préteurs chargés de l'administration financière furent mis
en accusation, il n'intenta pas de poursuite contre eux, mais il se rendit à l'endroit
où ils concluaient une vente ou établissaient un bail et corrigea tout ce qui ne lui
semblait pas juste.

Il y a tout lieu de croire que la commission triumvirale ne s'est pas


substituée aux préteurs du trésor. En effet, nous connaissons les
administrateurs de Vaerarium de l'année 97 (ce sont deux praefecti aerarii
Saturni de rang prétorien) et nous savons par ailleurs que, cette année-là,
cinq sénateurs ont été chargés d'étudier le moyen de diminuer les dépenses
publiques (*). En 42, des experts (la qualité ne fait pas de doute pour C.
Caetronius Miccio, qui venait de diriger le trésor militaire pendant trois
ans) ont été chargés de mettre à jour les créances, en prévision d'une
réorganisation du service; nous estimons par conséquent que leur mission,
commencée en 42, a pris fin en 44 avec la réforme claudienne.
Ainsi, bien que nous ne connaissions aucun d'eux, les praetores aerarii
ont certainement coexisté avec les trois praefecti prétoriens pendant les
années 42 et 43. Nous sommes donc assurés que, pendant soixante-six
ans, de 23 av. J.-C. à 43 ap. J.-C, deux préteurs se sont succédé ohaque
année à la direction de la caisse sénatoriale. Des fastes complets devraient

Pline, Lettres, II, 1, 9; Pan., 62, 2.


ÉTUDE ADMINISTRATIVE 643

comporter cent trente deux noms; nous en avons retrouvé dix-sept; la


proportion est de un sur huit.

Les quaestores aerarti Saturni des années 44 à 56.

En 44, Claude rendit aux questeurs la gestion du trésor; mais ce


retour apparent à la tradition, qui n'étonne pas de la part de cet
empereur, s'inscrit dans une perspective novatrice. Claude, le premier,
reconnaissait les exigences d'une administration stable à la tête du trésor;
plusieurs mesures, étudiées au paragraphe précédent (la surveillance
directe des praetores aerarii, la création de la commission triumvirale de 42),
prouvent le souci qu'avait le prince de ce service. Le contrôle impérial
est établi sur les nouveaux responsables du trésor: les quaestores aerarli
ne s'identifient pas aux anciens quaestores urbani. Ils sont choisis par
l'empereur parmi les questeurs de l'année. Tacite explique cette décision par
la nécessité de déléguer ces fonctions à des hommes capables. Mais si
le sort s'égarait sur des incapables, le sénat aurait pu choisir lui-même
les directeurs de la caisse dont il avait la responsabilité. Claude ne
l'envisage pas, pour éviter les intrigues peut-être, mais sans doute pour placer
à la tête de la caisse sénatoriale des hommes qui lui sont dévoués. Ces
jeunes gens sont magistrats pendant leur première année d'exercice
seulement et de façon toute théorique; pour les deux années suivantes, nous
devons les considérer comme des fonctionnaires impériaux. Une certaine
ambiguïté devait volontairement persister. Les deux quaestores aerarii
ont le temps de se former, puisqu'ils restent en fonction pendant trois
ans. Pour que les responsables du trésor, qui sont à nouveau de jeunes
sénateurs en début de carrière, n'aient pas à redouter, pour leur
avancement ultérieur, les conséquences d'une éventuelle fermeté dans la défense
des intérêts publics, le prince leur assure un tour de faveur pour la
gestion des magistratures. D'après Dion Cassius, un système de prime était
également prévu; il ne surprend qu'à demi, puisque nous savons par
ailleurs que, sous le règne d'Hadrien, le juriste Salvius Iulianus toucha
un double salaire l'année de la questure « ob insignam doctrinam » i1).

(!) CIL, VIII, 24094 = ILS, 8973: cui divos Eadrianus soli solarium quaesturae
duplicava propter insignam doctrinam.
644 . ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET L'a AERARKTM MILITARE »

TACITE, Ann., XIII, 29, 3-4


Neque id diu mansit, quia sors deerrabat ad parum idoneos. Tunc
Claudius quaestores rursum imposuit Usque, ne metu offensionum segnius
consulerent, extra ordinem honores promisit.
Mais ce système ne se maintint pas longtemps, parce que le sort s'égarait sur
des incapables. Alors Claude revint aux questeurs; de peur que la crainte de se faire
mal voir ne réduisît leur activité, il leur assura un tour de faveur pour l'admission
aux magistratures.

SUÉTONE, Claud., 24, 4


Collegio quaestorum . . . cura/m aerarii Saturni reddidit, quam medio
tempore praetores aut, uti nunc, praetura functi sustinuerant.
Il rendit au collège des questeurs la gestion du trésor de Saturne, qui avait été
confiée pendant un certain temps à des préteurs, ou, comme de nos jours, à d'anciens
préteurs.

DION CASSITTS, LX, 24, 1-3

Και τους στρατηγούς τους επί της διοικήσεως καταλύσας ταμίαις αντην κατά το
άρχαϊον επετρεψεν, ονχ ώστε και ετησίους σφας, δπερ επί τε εκείνων πρότερον και
επί των στρατηγών μετά ταϋτα εγίγνετο, αρχειν, αλλ3 οί δύο οι αυτοί τρία δλα
ετη αυτήν διώκουν, και οι μεν στρατηγίας εύϋνς ελάμβανον, οι δε καΐ μισ&ον εφερον
όπως ποτέ και εδοξαν αρξαι.
Il retira la charge des finances aux préteurs et la rendit aux questeurs comme
par le passé; ce n'étaient pas des magistrats annuels comme ils l'avaient été jadis
et comme l'avaient été par la suite les préteurs, mais les deux mêmes hommes restaient
en charge pendant trois ans. Certains recevaient la preture aussitôt après, d'autres
touchaient un salaire en rapport avec la façon dont leur administration avait été
appréciée.

Deux inscriptions latines et un passage de Tacite font connaître


trois questeurs du trésor (du n° 20 au n° 22). Les témoignages épigraphiques
sont valables pour l'époque de Claude; ils confirment les termes de la
réforme tels que les ont rapportés les auteurs anciens.
T. Domitius Decidius (notice n° 20) fut, en 44, l'un des deux premiers
titulaires du poste. L'inscription honorifique qui lui fut dédiée à Borne
par la suite signale cette particularité: « qui primus quaestor per triennium
citra sortem praeesset aerario Saturni ». Elle précise aussi les trois années
d'exercice: c'est l'unique attestation épigraphique du triennium, qui al-
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 645

lait persister désormais pour la gestion du trésor. Le titre usuel fut sans
doute celui de quaes(tor) aer(arii) Satur(ni), que portait L. Coiedius
Candidus (notice n° 21), son successeur probable. Le nouveau mode de
désignation est indiqué dans les deux cas. L'expression « citra sortem », usitée
pour T. Domitius Decidius, met l'accent sur le changement survenu par
rapport à la formule précédente: les préteurs du trésor des années 23 av.
J.-O. à 44 ap. J.-C. étaient tirés au sort. Pour Decidius, la nomination
impériale est sous-entendue. En revanche, elle figure en toutes lettres
sur le cursus de L. Coiedius Candidus: eund(em) cum Jia[he]r(et) inter suos
q(uaestores) eod(em) ann[o e]t a[e]r(arii) Sat(urni) q(uaestorem) esse ius(sit).
Claude a fait élire le jeune Candidus à la première magistrature avec sa
commendatio et l'a pris comme questeur du prince, lors de son entrée en
charge, le 5 décembre i1). Puis il l'a nommé à la direction du trésor
sénatorial: les questeurs du trésor, qui n'avaient ïien de commun avec les
quaestores urbani de l'époque républicaine, prenaient peut-être leur
service le 1er janvier, comme les préteurs du trésor auxquels ils avaient
succédé en 44. Nous préciserons cette hypothèse en étudiant le problème
de l'entrée en fonction à propos des praefecti aerarli Saturni. Notons dès
à présent qu'il n'y a pas de difficulté à dissocier le début de la première
magistrature, le 5 décembre, et la prise en charge de la responsabilité
dévolue à chacun d'eux, qui pouvait être, pour les deux questeurs du
trésor, le 1er janvier: le service des questeurs provinciaux ne
commençait-il pas seulement en été, vraisemblablement le 1er juillet (a)?
La carrière de T. Domitius Decidius (il fut promu directement de
la questure du trésor à la preture) atteste que la promesse d'avancement
exceptionnel fut tenue par Claude. Nous n'avons pas de traces épigra-
phiques des primes éventuelles accordées aux questeurs du trésor.
Nous constatons que l'expression aerarium Saturni, employée pour
désigner la caisse de l'Etat traditionnellement conservée dans le temple
de Saturne, apparaît dans la titulature de ses administrateurs sous le
règne de Claude. En effet, sur les documents contemporains d'Auguste et
de Tibère relatifs à des préteurs du trésor, le mot aerarium figure sans
autre précision. Le trésor public était officiellement désigné, sous la Bé-

i1) Sur l'entrée en fonction des questeurs, le 5 décembre, cf. Th. Mommsen, op.
cit., II, p. 275, et IV, p. 229.
(2) Sur l'entrée en fonction, le 1er juillet sans doute, des questeurs provinciaux,
qui avaient revêtu la questure le 5 décembre, cf. Th. Mommsen, op. cit., III, p. 296-
297.
646 ΐΛ« AERAEIUM SATURNI » ET ΐΛ AERAEJUM MILITARE »

publique, sous la forme aerarium populi Romani, qui n'a pas


complètement disparu sous l'Empire; ainsi les créances que 0. Caetronius
Miccio (notice n° 19) est chargé de faire rentrer dans les années 42 et 43 sont
appelées reliqua populi Romani', l'inscription relative aux Jeux séculaires
de 204, sous le règne de Septime-Sévère, précise que les dépenses ont été
couvertes ex aerario populi Romani (x); la titulature d'un préfet du trésor
du IVe siècle (notice n° 73) indique encore vers 360 Vaerarium populi
Romani; une inscription sur un sarcophage indique le montant de
l'amende à payer à V[aera~]rium populi [R~]omani en cas d'aliénation du
monument funéraire (2); les textes juridiques du IIe et du IIIe siècles opposent
les fonds du populus à ceux du fiscus (3).
Par ailleurs, les textes littéraires et juridiques attestent la
permanence du simple vocable aerarium pour désigner l'administration
financière rattachée au temple de Saturne (4); ce terme simple lui est
réservé, alors que la caisse de retraite des vétérans est toujours dite, en
latin, « aerarium militare » et, en grec, « stratiotique ». Ainsi Tacite pré-
sente-t-il Obultronius Sabinus (n° 22) comme le dernier aerarii quaestor
du règne de Néron. Toute confusion entre les deux caisses appelées
traditionnellement aerarium était donc exclue.
Nous conclurons de ce faisceau de remarques que l'expression
aerarium Saturni n'est pas apparue avec la création de Vaerarium militare
par Auguste, en 6 ap. J.-C, comme le suggérait Mommsen (5). Elle date
du règne de Claude et a même pris alors un caractère officiel, puisque,
à partir de 44 en tout cas, elle n'est omise qu'exceptionnellement de la
titulature des responsables du trésor (voir le tableau I).
Les modernes emploient souvent la formule aerarium Saturni, en
l'appliquant par inadvertance à des époques bien antérieures au

(!) CIL, VI, 32326, 1. 29.


(2) A. Ferma, Epigraphica, XXI, 1959, p. 101 = ÄE, 1962, 156.
(3) Voir, à titre d'exemple, Callistrate, Dig., XL VIII, 20, 1: de ture fisci et
populi, et Paul, Big., XXXIX, 4, 9, 3: debitores fisci itemque reipublicae.
(4) II en est ainsi chez Tacite et Suétone, comme l'attestent les textes cités tout
au long de ce chapitre; chez Pline le Jeune (Lettres, V, 14, 5; IX, 13, 11; Pan., 92, 1);
chez les juristes cités dans le Digeste (plusieurs exemples dans le chapitre XLIX, 14);
chez les auteurs de l'Histoire Auguste (vita Gordiani, 4, 8; vita Aureliani, 9, 7; 12, 1;
20, 4).
(6) Th. Mommsen, op. cit., V, p. 307; il y avait d'ailleurs une contradiction entre
cette affirmation et la restitution du titre de praefecti aerarti Saturni pour les préfets
augustéens des années 28 à 23 av. J.-C, indiquée dans le même ouvrage, IV, p. 259.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 647

règne de Claude, qui en offre à notre connaissance les premiers


témoignages i1).
L'apparition de l'expression aerarium Saturni sous le règne de Claude
doit, à notre avis, être mise en relation avec le développement du fiscus (2).
L'intérêt porté par l'empereur aux administrations financières s'est
manifesté par une réorganisation des services administratifs attachés à
Vaedes Saturni. La précision nouvelle accolée au terme aerarium rappelait
sans doute la localisation du trésor, mais surtout, selon nous, le nom de
la divinité qui en assurait la garde. Claude, passionné d'étruscologie, n'a
pas oublié le lien qui unissait traditionnellement l'administration du
temple de Saturne à la célébration des munera de décembre en l'honneur de
Saturne (3); nous examinerons cet aspect en étudiant, dans le chapitre II,
les activités des administrateurs de V aerarium.
Sous l'apparence d'un retour au passé, suggérée par la remise du
service à des questeurs, la réforme de 44 marque la volonté d'introduire
un contrôle impérial sur la caisse sénatoriale. Elle trouve place parmi
une série de mesures d'autorité attestées sous le même règne, ainsi la
disparition des praefecti frumenti danai ex s(enatus) c(onsulto) (4) et
l'apparition de la formule ex auctoritate principis sur le bornage des rives du
Tibre (5). Les aménagements administratifs du service de Vaerarium se
sont sans doute accompagnés d'une redéfinition de son champ d'activité;
il semble en particulier que la frumentatio ait été enlevée au trésor public
pour être confiée au fisc (6). Pour justifier les atteintes portées aux pré-

(x) Le texte de Solin, I, 12: « aedem etiam, quae Saturni aerarium fertur, comités
eins (il s'agit d'Evandre) condiderunt in honorem Saturni » ne va pas à rencontre de
notre hypothèse; l'expression est employée de façon anachronique par un auteur
tardif. L'essai d'étymologie de Servius, commentant les vers de l'Enéide, VIII, 38,
pourrait même nous servir de preuve: « Hune deum (il s'agit de Saturne) et leges
recidere et legibus praesse docet antìquitas; nam ideo et acceptae a populo leges in aerario
claudebantur, quoniam Saturno dicatum erat, ut hodie aerarium Saturni dicitur ».
Lorsque Suétone, Claud., 24, 4, mentionne la cura aerarti Saturni à propos des questeurs
de Claude, il ne commet pas d'anachronisme.
(2) Depuis la rédaction de cet ouvrage, j'ai consacré une étude à la constitution
du fisc impérial: je pense avoir démontré que la création du fiscus date
vraisemblablement des années 42 à 43. Ce travail sera publié ultérieurement.
(3) Sur les racines étrusques du culte de Saturne, voir M. Le Glay, Saturne
africain. Histoire, Paris, 1966, p. 459-466.
(4) Voir les listes citées à la note 2, p. 638: la série prend fin sous le règne de
Claude pour reprendre sous celui de Nerva.
(5) OIL, VI, 31645; cf. J. Le Gali, Le Tibre fleuve de Borne dans l'antiquité, Paris,
1953, p. 138 et p. 157.
(e) D. Van Berchem, op. cit., p. 73.
648 l'«aerarium saturni » et e'« aerarium militare»

rogatives laissées au sénat par ses prédécesseurs en matière financière,


Claude semble avoir mis l'accent sur les activités des administrateurs
du temple de Saturne autres que le maniement des fonds publics; il a
peut-être affecté de considérer Yaerarium non comme une caisse
sénatoriale (ce qu'en effet aucun texte « constitutionnel » ne reconnaissait), mais
comme un trésor public confié à la garde du dieu Saturne.
Nous connaissons, en 44, le premier des quaestor es aerarli Saturni
et, en 56, le dernier. Il y eut dix titulaires du poste. En effet, une
succession régulière des questeurs de trois ans en trois ans donnerait les
années de gestion suivantes: 44 à 46 (pour T. Domitius Decidius et son
collègue), 47 à 49 (pour L. Ooiedius Oandidus et son collègue), 50 à 52,
53 à 55. Dans ce cas, les questeurs du trésor de l'année 56, en particulier
Obultronius Sabinus, auraient exercé leurs fonctions pendant quelques
mois seulement. Mais il est possible que le changement de règne, en 54,
ait entraîné un renouvellement du personnel administratif dont la
nomination incombait à l'empereur; cette pratique est attestée par la
suite (*). Nous avons retrouvé trois questeurs du trésor sur les dix jeunes
gens qui ont assumé cette responsabilité: un peu moins de un sur trois.

Les praefecti aerarti Saturni.

La réforme décidée par Néron en 56 est indiquée par deux textes


de Tacite. Suétone y fait une brève allusion. C'est à elle que se réfère,
selon nous, un aparté de Dion Cassius concernant la gestion du trésor
pendant la dictature de César.

TACITE, 'Arm., XIII, 28, 6-7


6. Et Helvidius Priscus tribunus plebei adversus Obultronium Sabinum
aerarii quaestorem contentiones proprias exercuit, tamquam ius Jiastae
adversus inopes inclementer augeret, 7, Dein princeps curam tabularum pu-
bïicarum a quaestoribus ad praefectos transtulit.
Helvidius Priscus, tribun de la plèbe, satisfit ses ressentiments personnels envers
Obultronius Sabinus, questeur du trésor, sous prétexte que celui-ci usait sans pitié
et dans des proportions croissantes de son droit de saisie à l'égard des pauvres gens.
Ensuite le prince transféra le soin des archives publiques des questeurs à des préfets.

(*) L'Histoire Auguste, vita Pii, V, 3, relève en faveur d'Antonin le Pieux le


fait qu'il ait conservé les hommes mis en place par son prédécesseur.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 649

TACITE, Ann., XIII, 29, 4-5

Sed deerat robur aetatis eum primum magistratum capessentibus. Igitur


Nero praetura perfunctos et experientia probatos delegit.
Mais la maturité de l'âge manquait à ceux qui exerçaient cette magistrature qui
était pour eux la première. Aussi Néron choisit-il d'anciens préteurs qui avaient acquis
de l'expérience.

SUÉTONE, Claud., 24, 4

. . . aut, uti nunc, praetura functi


. . ., comme de nos jours, d'anciens préteurs.

DION CASSIUS, XLIII, 48, 3

. . . ουκέτι τοις ταμίαις αεί επετράπη, αλλά το τελευταϊον τοις εοτρατηγηκόϋί


προσετάχαη.
. . . l'administration des finances ne fut plus systématiquement confiée aux
questeurs, mais fut finalement attribuée à d'anciens préteurs.

Aux dires de Tacite lui-même, l'objet de la réforme était de placer


à la tête de Vaerarium des hommes d'expérience: le prince choisissait
désormais les responsables du trésor parmi les sénateurs de rang
prétorien; par conséquent, les titulaires du poste auraient plus de trente ans.
Us furent appelés praefecti, comme pendant le bref intermède des années
28 à 23 av. J.-C. Mais ce titre a pris un sens nouveau sous l'Empire; il
s'applique désormais à des fonctionnaires qui, désignés par l'empereur,
sont responsables devant lui seul (x).
Le système institué par Néron s'est perpétué; c'est celui que
connaissait Suétone à l'époque d'Hadrien (« nunc »). Une remarque incidente
de Tacite permet de constater une interruption: en 69, Vaerarium était
administré à nouveau par deux préteurs de l'année, et non par d'anciens
préteurs.

(x) Sur le sens que prend, sous l'Empire, la dénomination praefectus, cf. Th.
Mommsen, op. cit., V, p. 30δ, avec note 4.
650 L'« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

TACITE, Ann., IV, 9


Turn a praetorlbus tractabatur aerarium.
Le trésor était alors géré par des préteurs.

Ce retour à la gestion de praetor es aerarli eut un caractère provisoire.


Nos fastes comportent malheureusement une lacune de vingt ans entre
le nom d'Obultronius Sabinus (notice n° 22), l'un des deux derniers
questeurs du trésor, en 56, et celui de L. Funisulanus Vettonianus (notice
n° 23), préfet du trésor de Saturne.
Les derniers préfets nommés par Néron ont été sans doute évincés
en 68. Il n'y a pas de raison de penser que la commission de consulaires,
réunie en 62 pour faire rentrer les revenus publics (x), ait perturbé
l'administration normale. A quelle date Vespasien a-t-il rétabli le système
néronien? Peut-être a-t-il attendu les conclusions de la commission de
l'économie, qui étudia en 70 les moyens de mettre fin à la pénurie du
trésor public (2). Cette suggestion est en accord avec la chronologie des
préfets de Vespasien que nous avons établie: avant L. Funisulanus
Vettonianus, qui administra le trésor de 74 à 76, la première paire de préfets
nommés par le nouvel empereur aurait exercé ses fonctions de 71 à 73;
nous reviendrons plus loin sur ces problèmes de datation.
Le premier préfet connu, L. Funisulanus Vettonianus (notice n° 23),
est appelé praef. aerari Saturni. Le titre non abrégé était celui de prae-
fectus aerarti Saturni, qui est gravé en toutes lettres sur une dédicace
espagnole à M. Cutius Priscus Messius Eusticus Aemilius Papus (n° 39),
contemporain d'Hadrien. Sur les inscriptions grecques, la titulature n'est
jamais abrégée; elle est la traduction fidèle de l'expression latine: έπαρχος
αίραρίου τον Κρόνου (notice n° 41). Sous la plume des écrivains, le titre de
praefectus aerarli Saturni apparaît rarement (3). Celui de praef ectus aerarli
est plus fréquent: nous le trouvons chez Pline (4), les juristes du Digeste(5),

H Tacite, Ann., XV, 18, 4.


(2) Tacite, Hist., IV, 40; cf. IV, 9.
(3) Pline, Lettres, X, 3 a: praefecturam aerarti Saturni; S H A, vita Marci, 9, 7:
apud praefectos aerarli Saturni. On voit que la précision Saturni est appelée par la
titulature officielle.
(4) Pline, Lettres, III, 4, 2: ut praefectus aerarti; V, 14, 5: in praefectura aerarti;
IX, 13, 11: praefectum aerarti; Pan., 92, 1: praef ectis aerano (le mot praefectus est
employé ici dans le sens participial).
(5) Voir les multiples exemples donnés par le chapitre XLIX, 14.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 651

les auteurs de l'Histoire Auguste (x); il en est de même chez les auteurs
de langue grecque: Plutarque mentionne νεπαρχος τον ταμιείον (2). Le
contexte prouve chaque fois qu'il s'agit bien d'un administrateur de la
caisse sénatoriale. Aussi, bien que la précision du temple de Saturne ne
figure pas sur les inscriptions latines qui portent les cursus respectifs de
T. Aius Sanctus (notice n° 58) et de Ant- (notice n° 70), le doute n'est-il
pas permis sur l'activité des deux hommes.
U aerarium est généralement indiqué au génitif. Les quelques
exemples de l'emploi du datif s'expliquent par la valeur d'abord participiale
du mot praefectus; nous l'avons vu dans ce sens pour le sénateur césarien,
M. Cusinius (n° 1), aerano praefectus. On connaît cet usage pour le préfet
de la ville appelé tantôt praefectus Urbi, tantôt praefectus TJrbis, et pour
les préfets du prétoire nommés le plus souvent praefecti praetorii, mais
parfois praefecti praetorio. La pierre d'Ostie qui fait connaître la qualité
de praef. aerarlo Saturn, pour A. Egrilius Plarianus pater (notice n° 36)
s'explique peut-être par le fait que ce personnage fut le premier sénateur
d'Ostie à occuper le poste. Le titre de praef. aerarlo sans la précision du
temple de Saturne gravé sur une inscription africaine du IIIe siècle
(notice n° 70) est moins usuel encore. Sans doute s'agit-il de la transcription
du langage courant et non du titre officiel (3). L'abréviation la plus
répandue est celle de praef. aer. Sat., que nous trouvons sur des pierres du
Ier, du IIe et du IIIe siècle. D'ailleurs, pour Pline même (notice n° 32),
les formes raccourcies de la titulature varient d'une dédicace à l'autre.
Elles ne s'expliquent pas autrement que par la commodité de la mise
en page et ne permettent en aucun cas de dater une inscription.
La permanence du titre des administrateurs du trésor est attestée
jusqu'au IVe siècle. Sous le règne de Constance II, Attius Caecilius Maxi-
milianus (notice n° 72) est encore dit praef. aerarli Saturni. On observe
cependant des changements significatifs: sous le règne de Constantin, le
trésor conservé dans le temple de Saturne était vraisemblablement nommé
aerarium sacrum, puisque Iulius Eubulidas (n° 71) porte à cette époque
le titre de praefectus aerarli s(acri) Saturni. Vers 360, nous trouvons, pour
Flavius Atilius Theodotus (n° 73), une titulature inusitée, celle de prae-

(*) 8 H A, vita Gordiani, 4, 8: apud praefectum aerarti; vita Aureliani, 9, 7: per


praefectos aerarli; 12, 1: Aelio Xifidio praefecto aerarti; 20, 4, 8: ad praefectum aerarti.
(2) Plutarque, Qu. rom., 43.
(3) Piine, Pan., 92, 1: nobis praefeetis aerario emploie lui aussi le mot praefectus
comme un participe passé et non un substantif. Voir de même Dig., XLIX, 14, 13, 1:
a praefeetis aerario.
652 L'a AERARTI!:]!!! SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

.
fectus aerarli populì B{omani); elle rappelle l'ancienne appellation
républicaine qui n'a pas totalement disparu sous l'Empire, comme le montre
l'inscription relative aux Jeux séculaires de 204 (x); peut-être le rédacteur
de l'inscription africaine a-t-il voulu expliciter, pour le passant qui lirait
le texte, la signification d'une fonction qui avait beaucoup perdu de son
importance depuis que la caisse sénatoriale était devenue une simple
caisse municipale pour la ville de Eome. Le déclin de la fonction — nous
l'avons vu dans la deuxième partie — apparaît au rang amoindri
qu'occupe la préfecture dans la carrière sénatoriale, mais la qualité des préfets
est théoriquement restée celle qu'a décidée l'empereur Claude, en 56 (2).

Depuis cette date, les responsables de Vaerarium sénatorial forment


un collège de sénateurs de rang prétorien, nommés par l'empereur et
responsables devant lui, comme l'indique leur titre de praefecti. Tacite
ne précise pas qu'ils sont au nombre de deux; mais cela va de soi,
puisqu'ils succèdent aux deux questeurs du trésor. Des textes de Pline le
Jeune confirment ces différents éléments. Le Panégyrique de Trajan met
en scène le collègue de Pline lors de son service à Vaerarium, son ami
Cornutus Tertullus (n° 31). Une lettre fait allusion à la1 paire de préfets
qui était en place au printemps de l'année 97: Pline cite à plusieurs
reprises Bittius Proculus (n° 30) et son collègue Publicius Certus (n° 29).
Le terme collega apparaît à plusieurs reprises sous sa plume à propos des
administrateurs du trésor (3). En ce qui concerne la nomination par le
prince, Pline dit expressément qu'il doit la sienne à Nerva et à Trajan:
delegati a vobis officii (4). Ce dernier a certainement participé à la
désignation des préfets du trésor en qualité de co-régent (voir la notice n° 32).

Tacite ne précise pas la durée du service. Il était probablement de


trois ans, comme celui des quaestores aerarii Saturni, dont les préfets
prenaient la succession — nous avons vu que le triennium est doublement
attesté pour eux — et celui des praefecti aerarii militaris, auxquels leur
titulature tendait à les assimiler; pour ces derniers la durée triennale des
fonctions est assurée par un texte de Dion Cassius (5), valable à la fois pour

(1) CIL, VI, 32326, 1. 29: ex aerario populî Eomani.


(2) A cette réserve près qu'ils pouvaient avoir assumé, aussitôt après la preture,
le consulat suffect; mais cette magistrature n'élevait plus ses titulaires en dignité.
(3) Pline, Lettres, Y, 14, 5: collega-, IX, 13, 13: collega Publici Certi-, Pan., 90, 3:
pro collega.
(4) Pline, Lettres, X, 8, 3.
(δ) Dion Cassius, LV, 25, 2.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 653

l'époque d'Auguste et pour le début du IIIe siècle. Aucun document ne


mentionne en toutes lettres le triennium pour les préfets du trésor de
Saturne, mais la carrière de Pline, telle que nous la comprenons, est
suffisamment explicite à cet égard. Pline remercie Trajan de l'avoir
désigné avec son collègue Cornutus Tertullus pour le consulat suffect
avant la fin de leur deuxième année de gestion du trésor.

PLINE, Pan., 91, 1: Nondunn biennium compleveramus in officio


laboriosissimo et maximo cum, tu nobis, optime principum, . . . consulatum
obtulisti.
Nous n'avions pas encore fini deux années dans un office important et très
astreignant, lorsque toi> le meilleur des princes, tu nous as désignés pour le consulat.

La coutume était sans doute d'attendre la troisième et dernière


année de fonction; la nomination au terme d'un biennium apparaît
comme une exceptionnelle faveur.
Nous avons cependant l'exemple d'une paire de préfets qui est restée
en activité pendant quatre ans, de 80 à 83 (voir la notice n° 25); le
changement de règne, en septembre 81, peut expliquer la prolongation de leur
service. Les préfets du trésor sont des fonctionnaires impériaux; le prince
peut aussi bien les proroger que mettre fin à leurs responsabilités avant
le terme normal. C'est ainsi que, selon nous, Publicius Certus (notice
n° 29) et Bittius Proculus (notice n° 30), collègues en 96 et 97, qui devaient
leur nomination à Domitien, ont vu leur mission à Vaerarium écourtée
par Nerva. La sanction visait Publicius Certus, que Pline avait
publiquement attaqué au sénat au printemps de l'année 97, pour le rôle de
délateur qui avait été le sien dans les procès de 93; Bittius Proculus a été
promu au consulat en 98. L'incident témoigne de la solidarité des deux
collègues, qui entraient en service pour une durée normale de trois années,
mais pouvaient être (à titre tout à fait exceptionnel sans doute) remerciés
plus tôt, ou prorogés pour un an, parla volonté de l'empereur. Nous
sommes assurés ainsi que les deux préfets prenaient leur poste ensemble et
se retiraient en même temps.

Pour le jour d'entrée en fonction des praefecti aerarii Saturni, nous


avons repris une hypothèse avancée par B. Syme dans une note(x): la
date du 1er janvier. Nous pensons pouvoir l'étayer en établissant qu'elle

(l) E. Syme, Tacitus, II, p. 658, note 2.


654 l'« aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

est valable aussi pour les différents administrateurs qui se sont succédé
à la direction du trésor public depuis l'année 28 av. J.-C. R. Syme
suggérait le 1er janvier pour l'entrée en charge de Pline à Γ aerarium, en
précisant que les préfets du trésor de Saturne ont pris la suite de magistrats.
L'argument n'est pas convaincant, si nous nous référons aux quaestor es
urbani, responsables du trésor sous la République; ils entraient
probablement en charge le 5 décembre, comme tous les questeurs. Mais il le
devient si nous nous plaçons après l'année 28 av. J.-C. qui fut, pour la
gestion de Vaerarium, celle de la rupture définitive avec le système
traditionnel. On connaît par ailleurs l'importance de cette année pour
l'établissement du principat.
En effet, les premiers praefecti annuels, désignés ex s(enatus)
consulto), entre 28 et 23 av. J.-C, faisaient figure de magistrats, comme les
praefecti frumenti danai apparus à la même époque. Sans doute prenaient-
ils déjà leur service le 1er janvier, puisqu'ils furent remplacés en 23 par
des préteurs. De 23 av. J.-C. à 44 ap. J.-C, les responsables du trésor
furent toujours des préteurs en exercice: on sait que ces magistrats
prenaient leur poste le 1er janvier. La présentation des fastes des scribes
du trésor, trouvés sur le forum romain, à proximité du temple de
Saturne, atteste l'importance du 1er janvier pour le renouvellement du
personnel de Vaerarium: à la suite des noms des consuls éponymes,
entrés en charge ce jour-là, figurent les deux préteurs du trésor, puis les
trois curateurs, connus par ailleurs sous le nom de sexprimi, qui
dirigeaient les trois décuries de scribes pendant toute l'année (voir le
commentaire des fastes du forum aux pages 34 et 35). La mise en page du
fragment des fastes sur lequel apparaissent deux praefecti aerarti Saturni
de l'époque flavienne (voir la notice n° 25) n'infirme pas ce point. Nous
trouvons un argument en faveur de notre hypothèse dans les termes de
la demande de congé que Pline le Jeune, alors préfet du trésor sénatorial,
formule auprès de Trajan. Nous apprenons par cette lettre que les deux
préfets assurent leur service par roulement mois par mois. « Menstruum
meum kalendis Septembribus finitur », précise Pline (*). Le changement
a lieu justement le 1er jour du mois. Il n'y a pas lieu d'imaginer une date
différente pour le mois de janvier.
Mais il reste un hiatus de plus de vingt ans à justifier: entre 44 et
56 ap. J.-C, le trésor fut géré à nouveau par des questeurs. Dans son

Pline, Lettres, X, 8, 3.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 655

commentaire des lettres de Pline, A. N. Sherwin- White a évoqué cette


particularité pour écarter la date du 1er janvier, que E. Syme suggérait
sur la foi de la vraisemblance; les préfets du trésor, note-t-il, ont succédé,
en 56, à des questeurs, qui entraient en fonction le 5 décembre (x). Nous
ajouterons qu'ils ont pris, en 71 sans doute, la suite des préteurs du trésor.
L'existence des quaestor es aerarli Saturni n'est pas un argument suffisant
pour rejeter la date du 1er janvier. Sous l'Empire comme sous la Eépu-
blique, les questeurs entraient sans doute en fonction le 5 décembre,
puisque cette date, liée aux munera du mois de Saturne, avait des
implications religieuses. Mais, comme nous l'avons déjà remarqué, rien ne
s'oppose à ce que ces jeunes magistrats, entrés en charge le 5 décembre,
aient pris leur service à Vaerarium le 1er janvier suivant pour trois ans.
Nous expliquons ainsi que L. Coiedius Candidus (notice n° 21) ait pu
être questeur du prince avant d'être placé par Claude à la direction du
trésor public.
Aussi admettrons-nous la permanence de la date du 1er janvier pour
la prise de fonction des administrateurs du trésor public sous l'Empire,
depuis l'année 28 av. J.-C, quels que fussent leur qualité et leur mode
de désignation: praefecti augustéens choisis ex s(enatus) c(onsulto), prae-
tores aerarti tirés au sort, quaestores aerarti Saturni et praefecti aerarli
Saturni, nommés par le prince.
Nous ne rappelons pas les raisons qui faisaient traditionnellement
dater l'entrée en fonction de Pline le Jeune à Vaerarium dans le courant
du mois de janvier 98; nous les avons longuement exposées et critiquées
dans la notice (n° 32) consacrée à ce sénateur. La date du 1er janvier est,
selon nous, parfaitement compatible avec la formule du Panégyrique:
« nondum biennium compleveramus in officio laboriosissimo et maximo
cum tu nobis, optime principum, . . .consulatum obtulisti » (2). L'expression
off er e consulatum s'applique, à notre avis, à la désignation des consuls
de l'année par l'empereur, avant les cérémonies qui concédaient encore
un rôle mineur au sénat d'une part, au peuple réuni au Champ de Mars
d'autre part. Nous savons par les paragraphes 69 à 75 et 77 du
Panégyrique que, pour les consuls suffects de l'année 100, la destinatio consulum
au sénat et la renuntiatio devant les comices ont eu lieu en janvier (3).

(x) A. N. Sherwin- White, The Letters of Pliny, p. 76, note 1: « the quaestores whom
the prefects replaced entered office on 5 Dec. ».
(2) Pline, Pan., 91, 1.
(8) Dans le même sens, voir M. Durry, Pline le Jeune. Panégyrique de Trajan,
Paris, 1938, p. 241-242: app. VI et A. N. Sherwin-White, op. cit., p. 77.
656 L'« AERARTI!]*! SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

Mais, selon nous, la liste des consuls a été dressée par l'empereur à la fin
de l'année précédente: c'est à cette désignation que Pline fait allusion;
elle a eu lieu, dans le deuxième semestre de l'année 99, en décembre sans
doute, à une époque où Pline, entré en service à Vaerarium le 1er janvier
98, n'avait pas encore (« nondum ») achevé deux années d'activité.
L'existence de cette liste nous paraît assurée (x); les commentateurs récents
du cursus de Pline n'ont pas utilisé un document qui établit la pratique
de la désignation des consuls suffects par l'empereur à la fin de l'année
précédant leur exercice (2): nous savons en effet par l'Histoire Auguste
que, le 31 décembre 192, jour de l'assassinat de Commode, L. Fabius
Cilo était consul désigné; or, Cilo a été consul sufEect en 193, année pour
laquelle les noms des consuls ordinaires sont connus (voir la notice
n" XXV).
Le consulat, assumé pendant deux mois, en septembre et octobre
de l'année 100, n'a pas mis un terme aux activités de Pline et de son
collègue Cornutus Tertullus à Vaerarium. « Tu nous a nommés consuls
alors que nous étions préfets du trésor, avant de nous donner un
successeur », précise Pline (3). Il laisse entendre ensuite que la préfecture et le
consulat ont été cumulés: « geminatus est honor » (4). Après avoir «
géminé » les deux dignités en septembre et en octobre, les deux amis ont
sans doute achevé leur troisième année d'exercice à la tête du trésor
public.

L'avancement de Pline et de Cornutus Tertullus est en accord avec


le triennium présumé, qui devait être la durée officielle des fonctions des
préfets du trésor. C'est celle que nous retiendrons pour tenter d'évaluer
le nombre des titulaires du poste. Le dernier préfet connu, Iulius Eubu-
lidas (n° 73) se place vers l'année 360; le premier attesté est L. Funisu-
lanus Vettonianus (n° 23), qui a probablement assuré son service de 74
à 76; mais le trésor a été administré par des préfets sous le règne de Néron,
depuis la réforme de 56 jusqu'à l'assassinat de l'empereur sans doute.

(x) E. Syme, Tacitus, II, p. 658, l'imagine sur la foi de la vraisemblance;


M. Durry, dans son édition commentée du Panégyrique, semble percevoir cette
éventualité, puisqu'il indique à la p. 142: « tout est organisé d'avance ».
(2) Th. Mommsen, op. cit., H, p. 255, note 4, a déjà relevé l'existence de ce
témoignage et précisé qu'il va à rencontre de sa théorie, selon laquelle tous les consuls
suffects étaient nommés le 9 janvier.
(».) Pline, Pan., 92, 1.
(*) Pan., 92, 2.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 657

Nous ne pouvons donner qu'une estimation numérique; à supposer que


la préfecture du trésor ait toujours été assurée — ce qui n'est pas
absolument certain pour les périodes troublées du IIIe siècle — nous devrions
réunir environ deux cents noms pour trois siècles. Nous avons retrouvé
cinquante et un personnages, soit une proportion de un sur quatre.
Mais cette évaluation globale n'est pas suffisante. A partir du milieu
du IIIe siècle, nous ne connaissons plus un seul préfet jusqu'aux
dernières années du règne de Constantin; nous considérons en effet que le
nom d'Aelius Xifidius (n° 74) a été vraisemblablement forgé par le
biographe d'Aurélien. Nous devons par conséquent examiner la proportion
des préfets retrouvés sur des périodes plus courtes.
Sous les Flaviens, nous identifions six responsables du trésor (du
n° 23 au n° 28) et même huit, en comptant Publicius Certus (n° 29) et
Bittius Proculus (n° 30), qui doivent leur nomination à Domitien, sur
dix-huit préfets environ pour les années 71 à 96, soit moins de la moitié.
Sous les Antonins, la proportion est légèrement améliorée; de 96 à
192, nous réunissons trente et un préfets assurés (du n° 29 au n° 59) sur
les quelque soixante quatre individus qui ont existé; il convient sans
doute d'y ajouter les deux anonymes (n° 61 et n° 62) dont la datation
est moins précise; ce qui donne plus de la moitié des titulaires.
L'importance de cet échantillon nous invite à établir une « statistique » règne
par règne. Les quatre préfets du trésor qui ont couvert le règne de Nerva
sont bien identifiés: Publicius Certus (n° 29) et Bittius Proculus (n° 30)
ont été nommés par Domitien; ils étaient en activité en 96 et 97; Cor-
iiutus Tertullus (n° 31) et Pline le Jeune (n° 32) désignés conjointement
par Nerva et Trajan, ont pris leurs fonctions le 1er janvier 98. Ils furent
donc en exercice sous le règne de Trajan aussi; sur les quatorze préfets
qui se sont succédé de 98 à 117, nous avons retrouvé trois noms: Pline
et Cornutus Tertullus, collègues de 98 à 100, ainsi que L. Catilius Se-
verus (n° 33), pour les années 108 à 110; le sénateur anonyme de Vinti-
mille (n° 34) a peut-être administré Vaerarium à l'époque de Trajan.
Neuf préfets d'Hadrien sont connus (du n° 35 au n° 43) sur les seize qui
ont exercé leurs activités entre 117 et 138, soit plus de la moitié. Sur les
dix-huit préfets d'Antonin, de 138 à 161, nous avons retrouvé huit noms
(du n° 43 au n° 49, ainsi que le n° 51), soit près de la moitié. Sous Marc-
Aurèle et Commode, nous alignons au moins neuf préfets (du n° 51 au
n° 59) pour trente deux ans de règne; entre 161 et 192, il y eut vingt ou
vingt deux titulaires; nous n'en connaissons pas tout à fait la moitié.
Sous les Sévères, la proportion baisse, puisque nous réunissons huit
individus (du n° 60 au n° 67), et peut-être dix (avec le n° 68 et le n° 69),
42
658 l'« AERARrUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

pour plus de quarante années de règne, pendant lesquelles se sont succédé


vingt-huit préfets environ; nous en avons retrouvé à peu près un tiers.
Les noms se raréfient à partir du règne d'Alexandre-Sévère déjà.
Le dernier préfet du trésor connu pour le IIIe siècle, Ant- (n° 70), a exercé
ses fonctions entre 240 et 250. Aelius Xifidius est sans doute sorti de
l'imagination du biographe d'Aurélien; aussi porte- t-il le n° 74, qui est
le dernier.
Au Bas-Empire, trois préfets sont identifiés, depuis la fin du règne
de Constantin jusqu'à l'année 360 (du n° 71 au n° 73).
Il est clair que la documentation la plus complète sur les préfets du
trésor de Saturne date de l'époque antonine. Elle s'individualise
nettement par la forte proportion de titulaires du poste que nous avons
retrouvés, même si les statistiques, fort approximatives, doivent être
utilisées avec prudence; cette constatation prouve qu'une étude par
dynastie n'est pas artificielle pour ces fonctionnaires. Du fait que les découvertes
épigraphiques sont dues au hasard, nous considérons que l'échantillon
est suffisamment représentatif pour la fin du Ier siècle et la plus grande
partie du IIe siècle. De plus, pour les règnes de ÏTerva, d'Hadrien et d'An-
tonin, une datation assez précise valorise la relative abondance de la
documentation.

Nous avons tenté d'établir les fastes des préfets du trésor en


précisant les années d'activité de chacun d'eux. C'est possible lorsque des
lettres de Pline ou son Panégyrique viennent compléter le témoignage
des inscriptions: parmi les dates les plus sûres, nous relevons celles de
Pline et Cornutus Tertullus (de 98 à 100), mais aussi celles de Publicius
Certus et Bittius Proculus (de 96 à 97). Les fastes des scribes du trésor
nous ont permis d'indiquer avec certitude les quatre années d'exercice
de L. Pompusius Mettius -nus et de son collègue -o (de 80 à 83). Une
seule inscription date avec exactitude la gestion d'un préfet du trésor:
la base de la statue élevée par M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus, en
qualité de [praef. aer\ar. Satur[nï], à l'empereur Hadrien, en 126; l'année
est donnée par la puissance tribunicienne de l'empereur; d'autres
éléments confirment l'impression première, selon laquelle la dédicace devrait
être rattachée à la prise de fonction du nouveau préfet.
Pour les préfets du Ier et du IIe siècles, la datation est dans une
certaine mesure facilitée par la place qu'occupe, à cette époque, la gestion
du trésor dans un cursus sénatorial. La préfecture précède généralement
le consulat; les amis de Pline l'affirment: en s'attaquant au préfet du
trésor, Publicius Certus, l'écrivain s'aliène un homme puissant, « bientôt
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 659

consul » (voir la notice n° 29); l'étude prosopographique confirme cet


avancement. Or, l'année du consulat est bien souvent connue par les
fastes dont on a retrouvé des fragments ou par les diplômes militaires.
Le triennium peut être alors précisé. Il est arrivé quelquefois qu'un préfet
du trésor en exercice gérât les faisceaux consulaires; cette pratique est
attestée sous le règne de Trajan, pour Pline et son collègue, en 100,
d'après le témoignage de l'intéressé lui-même, mais aussi pour L. Catilius
Severus, en 110, d'après la chronologie interne de la carrière. Il semble
que le consulat ait été plus souvent exercé l'année qui suivait la sortie
de charge (ce fut le cas pour Bittius Proculus; il n'y a aucun doute à
cet égard: les fastes consulaires confirment les assertions de Pline), à
la rigueur deux ou trois ans plus tard (en particulier sous le règne d'An-
tonin où le cursus prétorien est moins fourni). Certes aucun élément de
l'inscription ne permet d'évaluer l'intervalle qui sépare la fin du
triennium de la gestion des faisceaux consulaires; mais il découle souvent de
la succession des paires de préfets. Lorsque les trois années de service
d'un sénateur sont bien établies, elles entraînent ipso facto la datation
des activités de ceux qui l'ont immédiatement précédé 'ou suivi. Sans
doute — nous en avons vu des exemples — l'empereur peut-il écarter
un couple de collègues au terme de leur deuxième année par exemple,
ou inversement les proroger dans leurs fonctions pour une quatrième
année. Pour Publicius Certus, en 97, le mandat écourté était une sanction
manifeste. Les entorses à la règle des trois ans ont dû avoir un caractère
exceptionnel. Elles peuvent s'expliquer aussi par un changement de
règne. Il semble qu'en septembre 81, L. Pompusius Mettius -nus et son
collègue, préfets de Titus depuis 80, aient été reconduits par Domitien
pour trois ans, jusqu'à la fin de l'année 83. Inversement l'avènement d'un
nouveau prince peut avoir entraîné le remplacement d'une partie du
personnel impérial. Cette pratique est bien attestée; le biographe d'Antonin
dans l'Histoire Auguste souligne comme un mérite personnel le fait que
l'empereur ait conservé les fonctionnaires d'Hadrien: factus imperator
nulli eorum quos Hadrianus provexerat successorem dédit (*). C'est
pourquoi nous avons retenu un triennium débordant sur les deux règnes;
la succession des préfets de trois ans en trois ans sous Hadrien d'une
part, sous Antonin d'autre part, lui a assigné la période 138-140. En
effet, pour ces deux règnes, nous avons pu reconstituer plusieurs paires
de préfets à l'aide des années consulaires et de la date pivot de 126: cette

SB A, vita Pii, V, 3.
660 ΐΛ( AERARIUM SATURNI» ET L'« AERARIUM MILITARE»

année-là, M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus d'Ostie a honoré l'empereur


Hadrien d'une statue, pour commémorer son entrée en fonction à la
direction de Vaerarium Saturni; la même année, son frère aîné, qui venait
lui aussi d'administrer le trésor public romain, était sorti de charge,
puisqu'il remplaçait dans la colonie d'Ostie l'empereur Hadrien élu duovir
pour 126. Nous avons reconstitué ainsi plusieurs paires de préfets. Sous
Hadrien, P. Tullius Varrò (n° 35) et A. Egrilius Plarianus pater (n° 36),
qui ont été consuls suffects l'un en avril 127, l'autre en octobre 128, ont
administré Vaerarium de 123 à 125. M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus
(n° 37), préfet en 126, a géré le trésor jusqu'en 128, avec pour collègue
L. Aurelius Gallus (n° 38): à notre avis, les deux hommes ont géré
ensemble les faisceaux consulaires pendant les mois de juillet et août d'une
année qui fut vraisemblablement 129, peut-être 130; sur le diplôme
militaire de Banasa qui porte le nom de L. Aurelius Gallus, nous identifions
son collègue au consulat, -us Priscus, à M. Acilius Priscus.
Sous le règne d'Antonin, le triennium 144-146 paraît fort probable
pour C. Popilius Carus Pedo (n° 47), consul suffect en 147, et Salvius
Iulianus (n° 46), consul ordinaire en 148. Il en découle les années 141 à
143 pour P. Mummius Sisenna Eutilianus (n° 45), consul suffect en juin
146, et L. Coelius Festus (n° 44), qui fut proconsul en Bithynie entre la
préfecture du trésor et la gestion des faisceaux consulaires au printemps
148. De même, les années 147 à 149 s'imposent pour L. Dasumius Tullius
Tuscus (n° 49), qui fut consul suffect en août 152, et Cn. Iulius Verus
(n° 48), qui reçut la plus haute magistrature en 151 peut-être. Nous avons
justifié les dates proposées dans la notice consacrée à chaque sénateur.
Telles que nous les avons reconstituées, les périodes de gestion des
préfets du trésor se succèdent sans interruption, de trois ans en trois ans,
depuis l'administration de Pline et Cornutus Tertullus, de 98 à 100,
jusqu'à celle de M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus et L. Aurelius Gallus,
de 126 à 128, et, depuis cette dernière jusqu'à celle de Salvius Iulianus
et C. Popilius Carus Pedo, de 144 à 146. Cette parfaite coïncidence plaide
en faveur des principes de datation que nous avons retenus. La régularité
n'a pas lieu de surprendre dans cette période. Nous savons que Pline et
Cornutus Tertullus ont commencé leur service sous Nerva et l'ont
continué sous Trajan; le maintien par Antonin, en 138, des fonctionnaires
nommés par Hadrien est attesté par l'Histoire Auguste; en 117, Hadrien
a sans doute conservé lui aussi une partie du personnel mis en place par
Trajan.
Nous n'avons pas non plus de hiatus pour l'époque flavienne. Deux
périodes nous paraissent assurées: les quatre années 80 à 83 pour les
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 661

préfets connus par les fastes du forum, les deux années 96 et 97 pour
Publicius Certus et Bittius Proculus. Depuis l'année 71, qui a
certainement vu le retour à la gestion des praefecti aerarli Saturni, jusqu'à 80,
puis, depuis l'année 84 jusqu'à 96, des périodes régulières de trois ans
trouvent place. Ainsi L. Funisulanus Vettonianus (n° 23), dont le
consulat date probablement de 78, doit avoir géré le trésor public de 74 à
76; de même, le juriste L. Neratius Priscus (n° 27), consul suffect en 97,
a rempli son service dans le triennium 93 à 95.
La situation se complique après 150. Les années consulaires sont
plus rarement attestées; en outre, la gestion du trésor de Saturne ne
conduit plus systématiquement au consulat: il arrive qu'un autre poste
prétorien vienne s'intercaler entre la préfecture et la magistrature
suprême. Or, aucune date assurée ne permet de préciser le début ou la fin
d'un triennium, comme celle de 126 pour les frères Egrilii. Cependant,
pour les règnes de Marc-Aurèle et de Commode, nous pouvons établir
une succession de préfets, grâce aux indications chronologiques que
comportent leurs cursus respectifs. Nous avons proposé de trois ans en trois
ans un rythme qui tenait compte des quelques années attestées, par
exemple le consulat ordinaire de M. Petronius Mamertinus (n° 57) en 182.
La suite des triennia retenus ne coïncide plus avec celle qui nous paraît
avoir existé sous Antonin: la dernière paire de préfets assurée fut en
activité de 147 à 149. Pour le premier préfet de Marc-Aurèle relativement
bien daté, L. Volusius Maecianus (n° 52), nous indiquons « vers 164-166 ».
Nos fastes comportent une lacune trop importante. S'il n'y a pas
nécessairement lieu de penser que Marc-Aurèle, en 161, ait renouvelé le
personnel administratif d'Antonin, l'avènement de Commode en 180 amena
peut-être des changements. Le décès d'un préfet en exercice pouvait
entraîner aussi le remplacement de son collègue avant le terme normal
de sa charge.
Aussi les dates que nous suggérons pour les préfets des années 150
à 193 ont-elles seulement la vraisemblance en leur faveur; elles sont loin
d'être assurées, ce qui explique la forme prise par notre tableau:
entre 153 et 158 51 - M. Servilius Fabianus Maximus
vers 164-166 52 - L. Volusius Maecianus
vers 167-169 53 - C. Arrius Antoninus
vers 170-172 54 - C. Vettius Sabinianus Iulius Hospes
entre 170 et 179 55 - L. Albinius Saturninus
Marc-Aurèle - Commode 56 - L. Cestius Gallus
vers 179-181 57 - M. Petronius Sura Mamertinus
662 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

vers 182-184 58 - T. Aius Sanctus


vers 191-193 59 - Ti. Claudius Gordianus
Pour les préfets postérieurs à 193, nous ne disposons plus de date
consulaire; la gestion du trésor occupe d'ailleurs une place de plus en plus
médiocre dans la carrière prétorienne. Eares sont les indications
chronologiques qui permettent de lui assigner une période assez resserrée:
pour Q. Mamilius Capitolinus (n° 60), la participation aux événements
de l'année 197 en Espagne avant la gestion du trésor situe cette dernière
vers 200; pour P. Plotius Bomanus (n° 65), le recensement de l'Espagne
citérieure, à la suite de la réforme administrative de Caracalla qui, en
214, a fait de PAsturie et Galice une province autonome, précède
immédiatement la préfecture — ce qui permet d'octroyer approximativement
à celle-ci le triennium 216-218.
Pour les préfets du IVe siècle, les dates sont relativement précises:
pour Iulius Eubulidas (n° 71), ce sont sans doute les dernières années
du règne de Constantin; pour Attius Caecilius Maximilianus (n° 72), les
alentours de 350; pour Flavius Atilius Theodotus (n° 73) les années
proches de 360. Les lacunes sont telles qu'il est impensable de préciser leur
triennium) comment assurer d'ailleurs que la préfecture du trésor couvrait
encore trois ans à une époque où ses attributions ne dépassaient plus le
cadre romain1?

Nous avons en tout cas une certitude: tant que le trésor


traditionnellement conservé dans le temple de Saturne, sur le forum romain, a
existé, il a été confié à des sénateurs ou à des magistrats en exercice. La
rupture avec l'administration de l'époque républicaine date de l'année 28
av. J.-C. Par la suite la qualité des responsables du trésor a été modifiée
à plusieurs reprises: l'évolution s'est faite dans le sens d'un contrôle de
plus en plus étroit de l'empereur sur Vaerarium, dont la gestion dépendait
en principe du sénat.
Lorsque, en 28 av. J.-C, le futur Auguste a rompu avec la gestion
séculaire de deux magistrats en exercice, les quaestores urbani, il a voulu
montrer que la responsabilité du trésor public appartenait au sénat: ce
sont les sénateurs qui, pendant cinq ans, ont choisi parmi eux les prae-
fecti de rang prétorien chargés d'administrer la caisse; ces deux hommes,
désignés pour l'année, entraient en charge le 1er janvier. Ils faisaient
figure de magistrats, mais pouvaient apparaître aussi comme des
fonctionnaires sénatoriaux.
De 23 av. J.-C. à 44 ap. J.-C, le recours à deux préteurs de l'année
choisis par tirage au sort a réduit l'influence du sénat sur le trésor public.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 663

C'était certainement le but visé. Mais, en confiant le soin de Vaerarîum


à deux magistrats en exercice, Auguste n'introduisait pas de contrôle
impérial sur la caisse sénatoriale; le règne de Claude a marqué un
tournant, puisque l'empereur s'est mis à surveiller en personne l'activité des
praetores aerarti. Peut-être un élément religieux explique-t-il le retour
à la gestion par des magistrats en 23; nous évoquerons dans le deuxième
chapitre l'obligation faite aux administrateurs du temple de Saturne et
de son trésor de donner les munera de décembre en l'honneur du dieu.
La décision prise par Claude, en 44, répondait à plusieurs objectifs:
la remise de la caisse sénatoriale à des questeurs fut sans doute inspirée
du goût bien connu de ce prince pour l'archaïsme. Mais les modalités
de la réforme montrent qu'il ne s'agissait pas d'un retour au passé. Pour
la première fois, la désignation des responsables du trésor revenait à
l'empereur; celui-ci choisissait ses administrateurs parmi les plus jeunes
magistrats, les questeurs; ces futurs sénateurs attendaient de la faveur
du prince leur avancement ultérieur: leur soumission paraissait assurée.
De plus, leur manque d'expérience pouvait justifier à tout moment
l'ingérence de l'empereur. La durée triennale de leur fonction prouve que
Claude reconnaissait l'intérêt d'une certaine stabilité du personnel pour
assurer une bonne gestion. Les impératifs religieux n'étaient pas négligés,
puisque, en 47, la charge des munera de décembre en l'honneur de
Saturne, fut transférée des préteurs aux questeurs (voir le chapitre II).
Mais trois ans séparent cette mesure religieuse de la réforme du service;
il apparaît que les motifs politiques et administratifs ont été déterminants.
Des visées très semblables expliquent le changement apporté par
Néron, en 56; le triennium fut maintenu par un souci de bonne
administration; le contrôle du prince persista, puisque Néron se réservait la
nomination des titulaires du poste; il fut même renforcé, puisque les
administrateurs n'avaient plus l'indépendance toute relative qui pouvait être
celle des questeurs du trésor, magistrats pendant leur première année
de charge: les deux praefecti aerarli Saturni, directeurs de la caisse
sénatoriale, étaient des fonctionnaires impériaux, nommés et congédiés par
l'empereur seul, responsables devant lui. Désormais le prince choisissait
les administrateurs du trésor parmi les anciens préteurs, des sénateurs
d'âge mûr, qui avaient eu l'occasion de faire leurs preuves. Son choix
obéissait apparemment à un double critère: sans doute relevait-il le nom
des sénateurs dont la fidélité lui était assurée; mais l'expérience acquise
entrait aussi en jeu. C'est sur ce motif qu'insiste Tacite, en présentant
la réforme néronienne: Nero praetura perfunctos et experientia probatos
delegit. Ainsi, à partir du règne de Néron tout au moins, on ne dédaignait
664 ΐΛ< ΑΕΕ,ΑΕ,ΙϋΜ SATURNI » ET E'« AERARIUM MILITARE »

pas d'apprécier les aptitudes d'un sénateur pour lui confier la direction
de la caisse sénatoriale. ÏTous étudions dans le chapitre II les
compétences éventuelles qui ont pu justifier le recrutement des responsables
du trésor. A partir de 56, la gestion administrative fut coupée des
responsabilités religieuses, puisque les praefecti néroniens, fonctionnaires
impériaux, ne pouvaient pas organiser les munera; tout au plus étaient-ils
chargés de les subventionner.

Β - Jj1 AERARIUM MILITARE

A la différence de la caisse sénatoriale, le trésor militaire, créé par


Auguste en 6 ap. J.-C, a été administré par des sénateurs de rang
prétorien pendant toute la durée de son existence: le témoignage de Dion
Cassius est confirmé sur ce point par les fastes que nous avons reconstitués.

DION CASSIUS, LV, 25, 1-3.

1. — 'Επί τε Αίμιλίον Λεπίδον καί επί Αονκίου Άρρουντ ίου υπάτων, . . .,


εαήνεγκεν 2 — δ Αύγουστος χρήματα και νπερ εαυτού καί νπερ τον Τιβερίον ες το
ταμιείον, δ και στρατιωτικον επωνόμααε, και τριβι των εότρατηγηκότων τοις
λαχονύιν επί τρία %τη διοικεϊν προαεταξε, ραβδονχοις τ' âvà δυο και τ-fj αλλγ]
υπηρεσία τχ\ προσηκούσγ] χρωμένοις. 3 - Και τοντο καί επί πλείω ετη κατά διαδοχήν
εγένετο · νΰν γαρ και αιροννται προς τοϋ αεί αντοκράτορος καί χωρίς ραβδούχων
περιίαοΊν.
Sous le consulat d'Aemilius Lepidus et Lucius Arruntius, . . . Auguste, en son
nom et en celui de Tibère, donna de l'argent au trésor qu'il appela stratiotique, et
prescrivit à trois anciens préteurs choisis par tirage au sort de l'administrer pendant
trois ans; ils avaient deux licteurs chacun et tout le service qui leur était nécessaire.
Ce système fut celui qui exista pendant plusieurs années pour leurs successeurs; mais,
à présent, ils sont nommés par l'empereur et ils vont sans licteurs.

Il ressort de ce texte que les administrateurs du trésor militaire


formaient un collège de trois sénateurs, de rang prétorien, qui restaient en
fonction pendant trois ans; un personnel leur avait été attribué. Dion
Cassius note que la pratique du tirage au sort se perpétua pendant un
certain temps, puis fut remplacée par la nomination impériale: c'est ce
deuxième mode de désignation qui existait en son temps, au début du
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 665

IIIe siècle. Les documents épigraphiques sont muets sur ce sujet. Tout
au plus pouvons-nous deviner que, sous le règne de Tibère encore, les
préfets étaient désignés par le sort, puisque P. Vitellius a dirigé le trésor
militaire en dépit de sa disgrâce (voir la notice n° V). Les préfets d'Auguste
et de Tibère, choisis par le sort et précédés de licteurs, faisaient figure
de magistrats, sans l'être vraiment. A partir du moment où ils furent
nommés par le prince et privés de licteurs, ils devinrent des
fonctionnaires impériaux. Ce changement date d'une époque où le pouvoir
impérial a renforcé son autorité, en exerçant en particulier un contrôle
accru sur les administrations financières. Nous le rapprochons de
l'évolution similaire qui se fit jour sous le règne de Claude dans la
gestion du trésor public, par l'instauration des quaestores aerarli Saturni,
nommés par l'empereur pour trois ans. D'autres mesures prises par
Claude vont dans le même sens: ainsi la main mise par l'empereur
sur les distributions gratuites de blé à la plèbe urbaine avec pour
corollaire la disparition des praefecti frumenti danai, magistrats sénatoriaux
qui en étaient préalablement chargés (x); ou encore la mention de Vaucto-
rîtas du prince sur le bornage des rives du Tibre décidé traditionnellement
ex s(enatus) c(onsulto) (2). Nous considérons par conséquent que les
premiers préfets du trésor militaire nommés par un empereur l'ont été par
Claude.

Dion Cassius indique qu'ils formaient un collège de trois personnes


restant en fonction pendant trois ans. Du fait que les renseignements
fournis par Dion Cassius sur les différentes formes qu'a prises
l'administration de Vaerarium Saturni sont largement confirmés par des sources
diverses, nous ajoutons foi au témoignage de son Histoire romaine en
ce qui concerne la gestion du trésor militaire. Nous considérons donc que
les responsables de cette administration financière étaient au nombre de
trois (nous n'avons pas eu la chance de reconstituer un collège complet)
et qu'ils restaient en charge pendant trois ans.

Les responsables de la caisse de retraite des vétérans rendaient des


comptes a l'empereur seul (3), ce qu'exprime leur titre de praefecti aerarli
militaris, attesté pendant toute la durée de leur existence (voir le ta-

C1) Voir la note 2, p. 638.


(2) Voir la note 5, p. 647.
(8) Th. Mommsen, op. ait, V, p. 305.
666 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERAßrUM MILITARE »

bleau I: liste des responsables de Vaerarium militare, avec leur titolature).


Ils dirigent une caisse publique qui, dès sa création, fut soumise au
contrôle impérial. Si le nom traditionnel de aerarium lui fut donné, les
principes de son administration furent, dès l'origine, très différents de ceux
auxquels obéissait Vaerarium sénatorial. Au même moment le trésor
public conservé dans le temple de Saturne était dirigé par des magistrats
en exercice choisis par tirage au sort, les praetores aerarti. Pendant cinq
ans, de 28 à 23 av. J.-C, il avait été confié à des fonctionnaires
sénatoriaux, désignés ex s(enatus) c(onsulto), qui, grâce à la collégialité et à
l'annalité, faisaient figure de magistrats. Pour le nouveau service financier
créé en 6 ap. J.-C, Auguste a conservé la collégialité (mais il y avait
trois collègues au lieu de deux) et les insignes des magistrats. Il ne voulut
pas accorder leur nomination au sénat et n'osa sans doute pas se l'arroger
à lui-même; aussi les fit-il désigner par le sort, comme les préteurs du
trésor. Mais la différence était sensible, puisque les praefecti, sénateurs
de rang prétorien, n'étaient pas des magistrats en exercice, mais des
représentants de l'empereur. Toute ambiguïté a disparu, lorsque, sous le
règne de Claude sans doute, ils sont devenus officiellement des
fonctionnaires impériaux, nommés par le prince. Il n'y a donc rien de particulier
à tirer sur ce point, de la mise en série des préfets. Nous avons noté, en
commentant le tableau I qui recense les praefecti aerarti mïlitaris, qu'elle
est souvent abrégée sur les inscriptions. En grec, elle est tantôt la
traduction de la formule latine έπαρχος αίραρίου ατρατιωτικον, tantôt une
expression purement hellénique έπαρχος στρατιωτικών χρημάτων.

A notre connaissance, aucun texte ancien ne précise le local où


étaient conservés les fonds qui appartenaient au trésor militaire. Il est
raisonnable de penser à un temple, d'autant que le terme ^aerarium
reprenait celui qui avait jusque-là qualifié exclusivement le trésor public,
confié, à Eome, à la garde de Saturne. Nous disposons d'un indice: le
premier nom de nos fastes est celui de M. Artorius Geminus (notice n°l);
c'est probablement en 10 ap. J.-C, lors de l'inauguration par Tibère du
temple de la Concorde, voisin du temple de Saturne, au pied du Capitole,
que M. Artorius Geminus a offert une dédicace à la déesse Concordia en
qualité de préfet du trésor militaire. Cette coïncidence nous incite à
suggérer que Vaerarium militare fut abrité dans le temple de la Concorde.
Des ruines du temple même, dont subsiste seulement le podium
élevé, nous ne pouvons pas tirer le moindre argument en faveur de notre
hypothèse. En revanche, une représentation antique sur plaque de marbre,
identifiée récemment au temple de la Concorde par M. Guarducci, révèle
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 667

que l'édifice, de forme originale, puisqu'il comporte deux ailes de part


et d'autre de l'escalier central, disposait d'amples sous-sols accessibles (x).
Ce sont ces pièces que nous identifierons au trésor militaire proprement dit.
Si cette hypothèse est fondée, il n'est pas exclu de penser que les
offrandes métalliques à la déesse Concordia, attestées pour l'année 16,
lors de la conjuration de Libo (2), et pour l'année 31, à l'occasion du procès
de Séjan (3), aient grossi la caisse de retraite des vétérans; celle-ci
apparaissait en effet, à l'époque de Tibère, comme l'un des garants de la
sécurité de l'Etat, parce qu'elle assurait la fidélité des soldats: ce fut
l'argument sous-jacent qui motiva le refus de Tibère d'abroger la centesima
rerwm venalium (4), l'un des deux impôts qui — nous le verrons —
alimentaient Vaerarium militare.
Aucun témoignage littéraire ne fait allusion à la disparition de ce
service financier; il existait encore au début du IIIe siècle, à l'époque où
écrivait Dion Cassius; les inscriptions font connaître deux préfets d'Ela-
gabal, Q. Aradius Eufinus Optatus Aelianus (notice n° XXXIV) et P.
Iulius Iunianus Martialianus (notice n° XXXV); mais il est certain que
Q. Annius Annianus Postumianus (notice n° XXXVII) a été en charge
plus tard: peut-être dans le deuxième quart du IIIe siècle, s'il s'identifie
au sénateur Annianus mentionné par le Code Justinien pour l'année 242.
Nous sommes assurés que le poste a existé pendant plus de trois siècles,
et même pendant près de trois siècles et demi. Plus de trois cents
titulaires ont rempli cette fonction, peut-être trois cent trente ou trois cent
cinquante. Nous avons retrouvé trente sept préfets du trésor militaire,
soit environ un sur dix, au mieux un sur neuf.
Si nous comparons cette proportion à celle qu'offrent les préfets du
trésor de Saturne pendant les trois siècles de leur existence — un sur
quatre — nous constatons une nette différence. Mais les périodes ne
coïncident pas. Si nous examinons la documentation qu'offrent les deux pré-

(x) Sur Vaedes Concordiae, voir S. B. Platner et Th. Ashby, A Topographical


Dictionary of Ancient Borne, Oxford, 1929, p. 138-140; M. Guarducci, II tempio della
dea Concordia in un bassorilievo dei musei Vaticani, dans Bendiconti Pont. Accad.,
XXXIV, 1961-1962, p. 93-110; E. Nash, Pictorial Dictionary of Ancient Borne,
Tubingen, 2e éd. 1968, I, p. 292-294; F. Coarelli, Guida Archeologica di Borna, Rome,
1974, p. 75-76.
(») Tacite, Ann., II, 32, 3.
(3) Ce sont les donations étudiées par Th. Pekary, Tiberius und der Tempel der
Concordia in Born, dans Böm. Mitt., 73-74, 1966-1967, p. 105-133.
(4) Tacite, Ann., I, 78, 2: centesimam rerum venalium, . . .deprecante populo,
edixit Tiberius militare aerarium eo subsidio niti.
668 l'«aerarium saturni » et l'« aerarium militare»

fectures financières pour l'époque antonine, où elles existaient toutes


deux, nous réunissons pour les années 96 à 192, d'une part trente et un
préfets du trésor de Saturne sur les soixante quatre titulaires du poste
— soit près de la moitié —, d'autre part dix-neuf préfets du trésor
militaire (du n° X au n° XXVIII) et peut-être vingt (avec le n° XXIX) sur
les quatre-vingt-seize responsables de la fonction - — soit environ un sur
cinq. Nous ne pouvons pas incriminer des conditions différentes pour la
transmission de la documentation. Puisque nous avons rappelé que le
hasard préside aux découvertes épigraphiques, nous devons conclure que,
sous les Antonins, les sénateurs appelés à diriger V aerarium Saturni au
cours de leur vie ont été cités plus souvent par les auteurs anciens que
ceux qui furent chargés de V aerarium militare, et qu'ils bénéficièrent
surtout d'inscriptions honorifiques plus nombreuses. Cette simple
constatation révèle que les premiers occupaient, dans la classe sénatoriale,
une position nettement supérieure à celle des seconds. Or, les conclusions
de l'étude prosopographique relatives à l'origine des préfets, au rang de
la préfecture et à la valeur d'avancement de ce poste, à la dignité des
sénateurs appelés à l'occuper, ont abouti au même résultat/Il convient
peut-être de l'expliquer en partie par l'inégale importance des deux
services, avec pour corollaire une activité amoindrie pour les administrateurs
de l'un d'entre eux. Cette étude fait l'objet du second chapitre.

Les lacunes de la documentation concernant les préfets du trésor


militaire se répercutent sur la datation de leurs années d'exercice. Nous
n'avons reconstitué aucun collège. Les fastes sont si incomplets qu'il est
impossible de proposer une suite de triennia bien marqués, comme nous
l'avons fait, sous certains règnes, pour les préfets du trésor de Saturne.
Un élément supplémentaire d'imprécision tient à la place qu'occupe la
gestion de V aerarium militare dans la carrière prétorienne: elle ne conduit
pas systématiquement au consulat suffect. Nous avons tenté, lorsque
c'était possible, de faire coïncider les dates en accord avec la chronologie
interne du cursus avec une succession régulière des préfets de trois ans
en trois ans. Mais les objections déjà rencontrées justifient aisément les
exceptions; l'empereur pouvait mettre fin aux activités des trois
fonctionnaires avant le terme officiel de leur service, et ceci pour des raisons
diverses: faute de l'un des collègues, décès de l'un d'eux, changement de
règne.

Il y a peut-être un renseignement indirect à glaner dans la


correspondance de Pline: dans une lettre que plusieurs éléments invitent à
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 669

dater de l'époque où il administrait Vaerarium Saturni, Pline mentionne


ses collègues: « collegas » i1). Or, à la direction de la caisse sénatoriale, il
n'en avait qu'un, dont nous connaissons le nom: il s'agit de Cornutus
Tertullus. Aussi Mommsen a-t-il déduit de ce pluriel inexpliqué que les
deux praefecti aerarti Saturni et les trois praefecti aerarii militaris
formaient un même collège (2); ce n'est pas impossible. De même que les
deux préfets du trésor de Saturne étaient solidaires, entrant et sortant
de charge en même temps, de même les trois préfets du trésor militaire
devaient l'être aussi, bien que nous n'ayons aucun témoignage direct de
cet usage. En revanche, aucune solidarité ne semble avoir existé entre
les cinq hommes, puisque le triennium des responsables de Vaerarium
Saturni ne coïncide pas toujours avec celui des quelques administrateurs
de Vaerarium militare connus. La collégialité, si elle fut réelle, ne devait
jouer que pour les cérémonies publiques. Nous pouvons préciser que le
collège des cinq préfets, s'il exista vraiment, est apparu avec la réforme
du trésor sénatorial de 56. Néron a aligné la qualité des deux directeurs
du trésor de Saturne sur celle des trois sénateurs chargés du trésor
militaire qui, selon nous, étaient devenus des fonctionnaires impériaux depuis
le règne de Claude.

A partir de l'année 56, les deux administrations financières, portant


le nom traditionnel de aerarium, confiées à des sénateurs, sont gérées
par d'anciens préteurs, nommés par le prince pour trois ans: comme les
trois praefecti aerarii militaris, responsables d'une caisse publique
contrôlée par l'empereur, les deux praefecti aerarii Saturni, pourtant chargés
du seul trésor public resté nominalement sous l'autorité du sénat, sont
des fonctionnaires impériaux.

(!) Pline, Lettres, III, 4, 3.


(2) Th. Mommsen, Etude sur Pline le Jeune, trad. C. Morel, Bibl. de ΓΕ.Ρ.Η.Ε.,
XII, 1873, p. 65; repris dans le Droit public romain, V, p. 307, note 1.
CHAPITRE II

ACTIVITÉS ET COMPÉTENCES DES ADMINISTRATEURS

DE UAERARIUM SATURNI

ET DE VAERARIUM MILITARE

Nous voudrions esquisser les grandes lignes de l'activité des


sénateurs, qui, sous l'Empire, furent appelés à gérer l'un ou l'autre des deux
services publics connus sous le nom de aerarium. Nous aimerions
comprendre les motifs éventuels qui ont pu présider au recrutement de ces
individus et déterminer dans quelle mesure les carrières retrouvées
révèlent une certaine spécialisation.

A - VAERARIUM SATURNI

Les critères du choix ne peuvent pas être étrangers à la qualité des


administrateurs (praefecti augustéens, praetores aerarti, quaestores aerarli
Saturni, praefecti aerarti Saturni enfin), ni à leur mode de désignation
(élection au sénat, tirage au sort, nomination impériale), ni à la durée
de leurs fonctions (un an ou trois). Ces réformes se sont en fait
accompagnées d'une définition progressive du champ d'activités dépendant des
responsables du temple de Saturne et de son trésor.
Les principales tâches confiées à ces sénateurs apparaissent au hasard
d'allusions multiples, dispersées dans la littérature de langue latine ou
grecque et dans les textes juridiques (x). Nous citerons en exergue les
propos par lesquels Pline le Jeune, alors préfet du trésor de Saturne,

(x) Certains aspects ont été étudiés par Th. Mommsen, Droit public romain,
IV, p. 244-262, et V, p. 309-322, et par F. Millar, The Aerarium and its Officials under
the Empire, dans JBS, LIV, 1964, p. 33-39.
672 l'« aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

évoque l'étendue de ses activités: « sedeo pro tribunali, subnoto Ubellos,


confido tabulas, scribo plurimas sed inlitteratissimas litteras ». Ils sont
complétés dans la même lettre par la relation des encouragements que le
philosophe Euphrates a prodigués à son ami; il lui assure que c'est encore
de la philosophie et même sa plus belle part que de « agere negotium pu-
blicum, cognoscere, iudicare, promere et exercere iustitiam » (x). Ces allusions
diverses méritent d'être explicitées; elles ne doivent pourtant pas nous
servir de point de départ: ce sont précisément les attributions énumérées
qui invitent à dater la lettre des années que Pline a passées à la direction
de V aerarium Saturni et non l'inverse (2). Par ailleurs, sous le règne de
Trajan, les préfets du trésor de Saturne n'avaient pas exactement les
responsabilités qui avaient été celles des administrateurs du temple de
Saturne au début du principat.

La question des tnunera.

Parmi les obligations imposées aux magistrats chargés du temple


de Saturne et de V aerarium, figurait traditionnellement le soin
d'organiser les munera donnés chaque année, au mois de décembre, en l'honneur
du dieu.
Les auteurs anciens ne sont pas très loquaces à ce sujet; ce sont les
modernes qui ont reconstitué l'enchaînement des responsabilités. Mom-
msen avait déjà noté que les combats officiels de gladiateurs, qui se
déroulaient chaque année en deux séries, commençaient le 2 décembre, peu
avant l'entrée en fonction des questeurs, le 5 du même mois (3). A. Piga-
niol a établi que la charge des munera de décembre n'était pas une
attribution des questeurs comme tels, mais qu'elle résultait de
l'administration du temple de Saturne et de son trésor (4), qui, sous la Eépublique,
était confiée aux questeurs urbains. M. Le Glay a précisé par la suite les
liens qui unissent ces jeux sanglants au culte de Saturne (5). Le mois de

(!) Pline, Lettres, I, 10, 9-10.


(2) Sur la datation de cette lettre, voir, en dernier lieu, A. N. Sherwin-White,
The Letters of Pliny, p. 109-110.
(3) Th. Mommsen, op. cit., II, p. 275, avec note 5.
(4) A. Piganiol, Recherches sur les jeux romains; notes d'archéologie et d'histoire
religieuse, Strasbourg, 1923, p. 130-133.
(5) M. Le G-lay, Saturne africain. Histoire, Paris, 1966, p. 462-464.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 673

décembre est effectivement consacré à ce dieu; c'est en particulier


l'époque des Saturnales, qui sont des fêtes paysannes. La conjonction de
réjouissances cruelles et de festivités agrestes témoigne du double
caractère de la divinité, « à la fois chtonien et agraire ». Il apparaît ainsi
que, sous la République, l'attribution du soin de donner les munera de
décembre aux questeurs chargés de Vaerarium était liée à la garde du
temple de Saturne et non à la gestion des deniers publics.
Il semble que les administrateurs du temple aient conservé la
responsabilité des munera au début du principat. Plusieurs témoignages
convergent en ce sens. En 22 av. J.-C, d'après Dion Cassius, Auguste
aurait interdit aux préteurs de donner plus de deux munera chaque
année (*); du fait que les combats de décembre étaient répartis en deux
séries, l'allusion se rapporte certainement aux jeux officiels organisés en
l'honneur de Saturne; or, l'année précédente, en 23, le service de Y aera-
Hum, attaché au temple de cette divinité, avait été confié à deux
préteurs choisis par tirage au sort. Les munera furent moins importants
sous le règne de Tibère (2); l'usage en fut rétabli par Caligula: ils furent
offerts alors par deux préteurs tirés au sort (3), que nous sommes enclins
à identifier aux praetores aerarli de l'année.
La réforme claudienne de 44, qui rendit la responsabilité du temple
de Saturne et de Yaerarium à deux questeurs, a eu des répercussions
sur l'organisation des munera. Le même passage de Suétone fait connaître
les deux mesures: collegio quaestorum pro sir atura viarum gladiatorum
munus iniunxit detractaque Ostiensi et Gallica provincia curam aerarii
Saturni reddidit (4). Le texte est ambigu; il ne précise pas comment les
tâches ont été réparties dans le collège des questeurs. Le témoignage de
Tacite n'est pas plus clair: P. Dolabélla censuit spectaculum gladiatorum
per omnis annos celebrandum pecunia eorum qui quaesturam adipisce-
rentur (5). Connaissant la situation antérieure, nous ne pouvons pas
manquer d'envisager l'identité des magistrats chargés d'organiser le munus
gladiatorum aux questeurs du trésor; mais eU.e n'est pas assurée; les autres
questeurs participaient peut-être au munus de leurs deniers (6). D'après

i1) Dion Cassius, LIV, 2.


(2) Suétone, Tib., 34, 1.
(3) Dion Cassius, LIX, 14, 2-3.
(4) Suétone, Claud., 24, 4.
(6) Tacite, Ann., XI, 22, 3.
(.·) Tacite, Ann., XI, 22, 9, conclut en effet que la proposition de Dolabélla
mettait la questure à prix.

43
674 ΐΛ AERARTUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Tacite, la décision concernant les jeux de décembre daterait de l'année 47;


la deuxième paire de quaestor es aerarli Saturni venait de prendre son
service.
Les questeurs ont conservé la charge des munera jusqu'au IVe
siècle i1). Si une relative incertitude demeure pour les années 47 à 56, il
n'y a plus lieu de faire état de l'organisation des jeux de décembre parmi
les attributions des responsables du trésor de Saturne à la suite de la
réforme de Néron, qui confiait Vaerarium à des praefecti, sénateurs de rang
prétorien (2). A partir du moment où les chefs du service n'ont plus été
des magistrats, mais des fonctionnaires impériaux, ils ont perdu toute
part dans l'organisation des jeux publics, si ce n'est pour les financer
éventuellement.

Le soin des archives publiques.

Sous la Eépublique, le temple de Saturne n'abritait pas seulement


le trésor de l'Etat; il servait traditionnellement de dépôt pour les
enseignes militaires (3) et les archives, en particulier le texte des lois (4).
L'accroissement du volume des documents avait nécessité la construction,
au flanc de la colline du Capitole, d'un important bâtiment, le Tabula-
rium, qui servait d'annexé au temple de Saturne (5). Si les textes de lois

(*) Voir M. Le Grlay, op. cit., p. 461, avec note 3.


(2) M. Le Grlay, op. cit., p. 462, s'est attaché à montrer que, malgré la réforme
de 56, tout lien n'avait pas été brisé entre l'organisation des munera et le bloc
administratif de Vaerarium Saturni, puisque, sous l'Empire, les questeurs urbains ont gardé
un certain rapport avec le service des archives attaché au temple de Saturne. Nous
aurons l'occasion nous aussi de rappeler cette activité des questeurs urbains.
(3) Tite-Live, III, 69 et VII, 23; cf. Th. Mommsen, op. cit., IV, p. 245.
(4) Les commentaires de Servius aux vers de Virgile sont intéressants, bien que
truffés d'anachronismes: à propos des populi tabularia (Géorgiques, II, 502), nous
trouvons « ubi actus publiei continentur. Significai autem templum Saturni, in quo et
aerarium fuerat et reponebantur acta, quae, susceptis liberis, faciebant parentes »; à
propos de Saturne (Enéide, VIII, 322), « hune deum et leges recipere et legibus praeesse
docet antiquitas: nani ideo et acceptae a populo leges in aerario claudebantur, quoniam
aerarium Saturno dicatum er at, ut hodie aerarium Saturni dicitur ».
De nombreux témoignages en ce sens sont réunis par Th. Mommsen, op. cit.,
IV, p. 245-249, et plus récemment par L. Wenger, Die Quellen des römischen Eechts,
Vienne, 1953, p. 379-381.
(5) Sur cet édifice, cf. S. B. Platner et Th. Ashby, Λ Topographical Dictionary
of Ancient Borne, Oxford, 1929, p. 506-508; E. Nash, Pictorial Dictionary of Ancient
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 675

étaient souvent gravés dans le bronze i1), les pièces conservées étaient
pour la plupart de simples tablettes de bois, les tabulae (2), dont l'état
matériel laissait à désirer; de plus, elles avaient été entreposées parfois
sans enregistrement préalable. On redoutait toujours des falsifications.
Ainsi Cicéron se plaint, dans le traité De legibus, du peu de soin mis à
la conservation des lois et reproche aux magistrats qui en ont la
responsabilité de se décharger sur leurs appariteurs (3). En effet, les questeurs
urbains qui dirigeaient le service (4) ne disposaient pas d'une autorité
réelle sur les scribae quaestorii (δ); les documents étaient sous la sauvegarde
des scribes qui en fournissaient éventuellement des copies. Cicéron
s'inquiète du pouvoir dévolu à ce personnel et note à propos d'un scribe de
Verres: « eorum homdnum fidei tabulae publicae . . . committuntur » (6). Nous
connaissons par Plutarque l'activité exceptionnelle dont fit preuve Caton
lors de sa questure urbaine: le jeune magistrat, réputé pour son intégrité,
contraignit deux scribes malhonnêtes à démissionner (7).
Les praefecti aerarti Saturni créés par Néron, en 56, ont reçu aussi
le soin des archives publiques; ce fut même une de leurs attributions
essentielles. Dans le chapitre des Annales, qui présente les réformes
successives de l'administration de Vaerarium, Tacite résume la mesure de
56 en ces termes: « dein princeps euram tabularum publicarum a quaesto-
ribus ad praefectos transtulit » (8). L'allusion aux tabulae publicae devait
évoquer, pour le lecteur romain, le temple de Saturne dont il n'est pas
fait mention. Les préfets apparus en 56 ont assumé par conséquent la
direction du complexe administratif qui avait pour sièges le temple de

Borne, Londres, 2e éd. 1968, II, p. 402-408 et F. Coarelli, Guida archeologica di Borna,
Eome, 1974, p. 46-48. Sur sa destination, cf. Ch. Daremberg et E. Saglio,
Dictionnaire des Antiquités, V, p. 14-19, et Sachers, BE, IV, A, 2, 1932, col. 1962-1966, ta-
bularium.
i1) Voir par exemple Suétone, Gaes., 28: lege iam aes incisa et in aerarium condita.
(2) Sur les tabulae publicae, cf. Kornemann, BE, IV, A, 2, 1932, col. 1957-1962.
(3) Cicéron, De leg., Ill, 20, 46: Legum custodiam nullam habemus; itaque eae
leges sunt, quas adparitores nostri volunt: a librariis petimus, publicis litteris consigna-
tam memoriam publicam nullam habemus.
(4) Sur les rapports du quaestor urbanus et des archives, cf. Th. Mommsen, op.
cit., IV, p. 245-249, et G. Wesener, BE, XXIV, 1963, col. 811-815.
(δ) Sur les scribae quaestorii, cf. Th. Mommsen, op. cit., I, p. 395-396, et
Kornemann, BE, II, A, 1, 1921, col. 850-852 (scribae quaestorii).
(β) Cicéron, Verr., III, 79, 183.
(7) Plutarque, Gaio min., 18, 5.
(8) Tacite, Ann., XIII, 28, 5.
676 ΐΛ AERARIUM S ATTIENI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

Saturne et son annexe le Tabularium; comme les questeurs urbains sous


la Bépublique, ils gèrent conjointement le trésor et les archives; parmi
celles-ci figurent naturellement les pièces comptables, mais aussi des
documents publics qui n'ont rien à voir avec les questions financières. Nous
reviendrons sur leur enumeration.
La situation est. moins simple pour les années qui séparent la
réforme de Vaerarium décidée par le futur Auguste, en 28 av. J.-C, et celle
de Néron, en 56 ap. J.-C. Pendant quatre-vingt-quatre ans, la charge des
archives fut, à notre avis, absolument distincte de l'administration du
trésor. Sans doute les praefecti augustéens, entre 28 et 23 av. J.-C, les
praetores aerarii, depuis l'année 23 av. J.-C. jusqu'à l'année 44 ap. J.-C,
et les quaestor es aerarii Saturni, de 44 à 56, ont-ils conservé la garde des
tablettes financières: les registres de comptes, les listes de débiteurs et
de créanciers du trésor. Mais les autres documents publics, en particulier
les textes législatifs, leur ont échappé. Nous rappelons les grandes lignes
de cette évolution, telle que nous l'avons précisée en étudiant la carrière
de L. Coiedius Candidus (notice n° 21).
Dion Cassius nous a transmis les termes d'une décision prise par
Auguste en 11 av. J.-C. (*): le prince enlevait aux tribuns et aux édiles
toute part dans la conservation des sénatus-consultes; celle-ci serait
confiée uniquement aux questeurs urbains. Il apparaît donc que ces dfer-
niers n'ont pas perdu la garde des archives, lorsque la gestion du trésor
leur a été retirée en 28 av. J.-C Bien plus, à partir de l'année 11 av. J.-C,
ils ont assuré seuls ce service, alors que d'autres magistrats, les tribuns
et les édiles y étaient associés sous la Eépublique (2).
Une réforme plus importante de l'administration des archives a été
décidée par Tibère en 16 ap. J.-C Nous la connaissons encore par Dion
Cassius (3): le sénat fut chargé de désigner en son sein une commission
de trois membres, qui rechercherait les pièces égarées et ferait reproduire
celles qui étaient altérées; un offrdum d'appariteurs l'aiderait dans sa
tâche. Cette dernière précision milite, à notre avis, en faveur de la
création d'un service public, auquel était attribuée la remise en ordre des

i1) Dion Cassius, LIV, 36, 1.


(2) En souvenir de l'époque où ils conservaient les archives de la plèbe au temple
de Cérès; cf. Th. Mommsen, op. cit., III, p. 359 (à propos des tribuns); IV, p. 168-169
(à propos des édiles), et IV, p. 245-246 (à propos des questeurs); ainsi que L. Wenger,
op. cit., p. 380.
(3) Dion Cassius, LVII, 16, 2.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 677

archives de l'Etat. Nous tirons argument d'une inscription romaine érigée,


en 46 ap. J.-C, par trois personnages qui se nomment curatores tabula-
riorum publicorum (x). Nous avons retrouvé deux autres sénateurs qui
ont exercé la curatelle des archives l'un en 20, l'autre en 50: il s'agit de
C. Ummidius Durmius Quadratus (notice n° 10) et de L. Coiedius Candi-
dus (notice n° 21). Nous ne pensons pas, comme semble le comprendre
Mommsen (2), qu'une commission exceptionnelle se soit justifiée pendant
plus de trente ans, tandis que la conservation des archives publiques
aurait été laissée aux magistrats chargés du trésor. Pour nous, les prae-
tores aerarti et les quaestores aerarti Saturni ont gardé seulement le soin
des documents qui présentaient un caractère financier, les autres (nous
pensons en particulier aux textes législatifs) revenant aux curateurs des
tabulae publicae. Les derniers témoignages épigraphiques, qui font
apparaître la curatelle des archives comme une fonction individualisée,
datent — nous l'avons vu — du règne de Claude. Les deux services
attachés au temple de Saturne — nous pourrions les appeller par souci de
clarté « aerarium » et « tabularium » — ont été réunis à nouveau, sous la
direction collégiale de deux fonctionnaires, les praefecti aerarti Saturni,
à partir de l'année 56. La réforme de Néron n'a donc pas affecté seulement
la qualité et l'âge des administrateurs de Y aerarium; elle a élargi aussi
leur champ d'activités par rapport au domaine qui était celui des
quaestores aerarti Saturni. Nous ne sommes pas surpris du souci manifesté par
Néron pour les archives; nous voulons apporter un témoignage en ce sens:
ce prince imposa un nouveau mode de scellement des pièces pour éviter
les fraudes; désormais le fil sur lequel étaient apposés les cachets des
témoins, dut traverser les tables de bois au lieu d'en faire le tour (3).
La formule bien frappée de Tacite résumant la réforme de 56 (« dein
princeps curam tabularum publicarum a quaestoribus ad praefectos trans-
tulit ») pèche par sa concision excessive. Elle doit être replacée dans son
contexte; l'auteur a rappelé quelques lignes plus haut que les quaestores
aerarti inscrivaient les amendes infligées par des magistrats in tabulas
publicas (4). Les pièces dont il est question sont liées à l'activité financière
des directeurs du trésor; il est bien vrai qu'en 56, leur garde est passée des
questeurs, qui avaient précédemment la charge du trésor, aux préfets,

H CIL, VI, 916 = 31201.


(a) Th. Mommsen, op. cit., IV, p. 260.
(3) Suétone, Nero, 17.
(*) Tacite, Ann., XIII, 28.
678 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

qui ont pris leur suite. Mais il se trouve que l'expression cura tabularum
publicarum a eu, dans les années 16 à 56, un autre sens; elle se réfère alors
à un service public, attaché au temple de Saturne et au Tabularium,
mais distinct de celui du trésor. Il est vrai que, en 56, la préfecture de
Vaerarium Saturni a absorbé cette administration. Tacite a peut-être
cherché à rendre compte de cette concentration. S'il en est ainsi (mais
comment le savoir?), le goût de l'expression ramassée lui a fait commettre
un léger anachronisme; les questeurs du trésor des années 44 à 56 ne
cumulaient pas la gestion de Vaerarium et la cura tabularum publicarum;
tout au plus un même sénateur — nous avons l'exemple de L. Ooiedius
Candidus (notice n° 21) — a-t-il obtenu les deux responsabilités l'une
à la suite de l'autre: au moment où il dirigeait le service que nous
appellerons pour simplifier « tabularium », Candidus n'était plus un quaestor,
mais un sénateur de rang questorien, un quaestorius. Il y a une autre
explication possible: Tacite a-t-il pensé que les praefecti aerarti Saturni,
qu'il connaissait en son temps, dirigeaient l'ensemble des activités
administratives attachées au temple de Saturne, comme le faisaient, sous
la Eépublique, les questeurs urbains? Nous pouvons imaginer par
conséquent que Tacite ait joué sur le mot quaestor; mais il est plus simple de
penser qu'il a profité de l'imprécision du mot tabula, qui peut désigner
sans doute le support d'un document quelconque, mais s'applique
souvent, en un sens plus restreint, aux pièces de nature financière: c'est le
sens de l'expression tabulae publicae au début du paragraphe de Tacite.
Ainsi, parmi les indications que donne Pline sur ses activités de préfet
du trésor, figure celle-ci: « confido tabulas »; si nous l'interprétons comme
la tenue de registres divers, l'énumération de Pline ne comporterait
aucune allusion à la gestion de F« aerarium » proprement dit, ce qui nous
paraît excessif; aussi avons-nous traduit cette expression par «je tiens
des livres de comptes » (voir la notice n° 32).
Ces tabulae de caractère financier figurent sur l'un des bas-reliefs
qui servirent, sous l'Empire, à l'ornement des rostres, et furent retrouvées,
sur le forum, à l'emplacement de celles-ci; on les appelle
traditionnellement Plutei ou anaglypha Traiani. Des appariteurs apportent d'énormes
codices, réunissant plusieurs tablettes, pour y mettre le feu en présence
de l'empereur; ces pièces semblent avoir été tirées du Tabularium, dont
une arcade est visible à l'arrière-plan (x). Ces livres portaient sans doute

i1) E. Nash, Pictorial Dictionary of Ancient Borne, Londres, 2e éd., 1968, II,
p. 176-177.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 679

les noms des débiteurs du trésor et le montant de leur dette; la scène


illustre probablement la remise des arriérés d'impôts, décidée par
Hadrien en 118 (*).
La pratique de l'autodafé était la seule garantie des pauvres gens
insolvables: un certain Paetus se rendit célèbre sous le règne de Néron
en poursuivant d'anciens débiteurs du trésor; il s'enrichissait en achetant
les biens vendus aux enchères après confiscation. Tacite ne précise pas
la position officielle de ce personnage, qui n'était pas un sénateur: « Paetus
quidam » (2). Sans doute appartenait-il au personnel de Vaerarium; il
recherchait les pièces tombées dans l'oubli; l'empereur fit brûler les tablettes
contestées. La conservation des archives financières laissait toujours à
désirer, comme sous la Eépublique: on sait que Caton avait fait
l'admiration de tous, lors de sa questure, pour avoir établi le recensement des
créances et des dettes de Vaerarium et manifesté un zèle égal à exiger
les premières et rembourser les secondes (3).
Les contrats des loeationes étaient conservés au temple de Saturne (4);
ils prenaient deux formes: dans le cas d'une mise à ferme des biens ou
des revenus publics, le bail apportait des fonds au trésor; dans le cas d'une
adjudication de services publics, le bénéficiaire avait sur le trésor une
créance. Les responsables de Vaerarium tenaient à jour la liste du
personnel qu'ils étaient chargés de rétribuer: un certain nombre d'employés
des administrations romaines étaient ainsi « inscrits au trésor » (delati
ad aerarium) par leur chef de service pour recevoir leur salaire (5). Les
listes de recensement et les matrices cadastrales envoyées des provinces
étaient sans doute déposées au Tabularium (6).

(*) L'inscription CIL, VI, 967 = ILS, 309 précise que la somme remise
équivalait à neuf cent millions de sesterces; Dion Cassius, LXIX, 8, 1, note que la mesure
touchait les dettes du fisc et celles de Vaerarium (τφ τε βασιλικφ και τφ δημοσίω τφ των
'Ρωμαίων)-, l'Histoire Auguste, vita Eadriani, 7, 6, mentionne seulement le fisc. Voir
W. Seston, Les « Anaglypha Traiani » du Forum romain et la politique d'Hadrien en
118, dans MEFB, XLIV, 1927, p. 154-183.
(2) Tacite, Ann., XIII, 23.
(3) Plutarque, Oato min., 17.
(4) Plutarque, Questions romaines, 42 (Moralia, 275A) « Δια τι τφ τοϋ Κρόνου
ναφ χρώνται ταμιείω των δημοσίων χρημάτων, άμα δε και φυλακτηρίω των συμβολαίων ».
(5) Voir, en particulier, Frontin, De aq., CI et CXVIII, à propos du personnel
du service des eaux. Sur la formule déferre ad aerarium, cf. De Euggiero, Dizionario,
I, p. 307-308.
(6) Une inscription trouvée en Sardaigne, OIL, X, 7852 = ILS, 5947, fait
connaître le conflit qui opposa deux cités sous le règne de Néron; à propos d'une con·
680 ΐΛ ΑΕΕ,ΑΚΓϋΜ SATURNI » ET ΐΛ< AERARTUM MILITARE ))

D'autres registres qui, au IIe siècle, étaient tenus par les préfets du
trésor de Saturne, n'avaient plus qu'un rapport lointain avec le trésor
public. Ainsi, à l'époque de Plutarque, qui s'interroge sur cet usage (*),
les envoyés des cités provinciales devaient se faire inscrire auprès des
préfets du trésor (προς τους έπαρχους τοϋ ταμείου); pourtant ces
ambassades, qui s'étaient multipliées sous l'Empire, ne recevaient plus de
subsides de Vaerarium. Plutarque explique que cette pratique se perpétuait
depuis le temps où les responsables du trésor subvenaient aux frais de la
mission, prenaient soin des membres qui tombaient malades à Eome et
pourvoyaient à leurs funérailles en cas de décès. Ces attributions sont
bien connues par un passage du Pro Fiacco, dans lequel Cicéron met en
scène trois ambassadeurs de la province d'Asie, qui ont falsifié leurs
dépenses pour tromper le trésor public (2). Au IIe siècle, l'enregistrement
auprès des préfets, qui est toujours attesté, n'est plus qu'une formalité
administrative; il s'agit, par mesure de simple police, de mettre à jour
la liste des délégations présentes à Borne.
Aussi n'est-il pas surprenant de voir que la tenue des registres de
l'état-civil ait été confiée aux praefeeti aerarii Saturni; nous en sommes
assurés à partir du règne de Marc-Aurèle. Nous disposons d'un témoignage
de l'Histoire Auguste, selon lequel ce prince, le premier («primus», dit
le texte), imposa l'enregistrement des naissances dans les trente jours
auprès des préfets du trésor: apud praefectos aerarii Saturni unumquemque
civium natos liberos profiteri intra tricensimum diem, nomine imposito (8).
Il confirme une allégation de Servius, dans son commentaire de
l'expression populi tabularla figurant dans les Géorgiques: « ubi actus publici
continentur; significat autem templum Saturni, in quo et aerarium fuerat
et reponebantur acta, quae susceptis liberis faciebant parentes » (4). En fait,
les modernes ont montré que l'état- civil ne date pas de Marc-Aurèle (5):

testation territoriale, il est fait référence à deux plans distincts, l'un resté dans la
province, l'autre envoyé à Rome au Tabularium principes.
(x) Plutarque, Questions romaines, 43 (Moralia, 275 C).
(a) Cicéron, Pro Fiacco, 18, 43.
(3) SE A, vita Marci, 9, 7.
(4) Servius, ad Georg., II, 502.
(6) Voir, en particulier, F. Schulz, Roman Registers of Births and Birth Certificates,
dans JR8, XXXII, 1942, p. 78-91, et JR8, XXXIII, 1943, p. 55-64.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 681

d'après l'Histoire Auguste, l'empereur aurait stipulé que, dans les


provinces, les enfants seraient déclarés au tabularium publicum du
gouverneur: per provincias tàbulariorum publicorum usum instituit, apud quos
idem de originibus fier et quod Eomae apud praefectos aerarii (x). Or, cette
pratique est attestée pour des époques antérieures. Ainsi, dans un
discours prononcé vers 158, Apulée fait allusion à l'âge de sa femme
Pudentilla; il sait qu'elle a soixante ans, puisqu'il a vu chez lui une copie
de l'acte de naissance (sous forme de tablette naturellement) dont
l'original était conservé à Carthage au tabularium du proconsul d'Afrique:
Pater eius natam sibi filiam more ceterorum professus est. Tabulae eius
partim tabularlo publico, partim domo adservantur (2); il apparaît que
l'enregistrement de Pudentilla a eu lieu sous le règne de Trajan. On peut
réunir de même tout un dossier concernant les déclarations de naissance
au tabularium du préfet d'Egypte, grâce aux papyrus qui s'y réfèrent (3).
L'état-civil n'est donc pas une innovation de Marc-Aurèle; la constitutio
Marci rendait la déclaration obligatoire pour tous les enfants de citoyens
romains, légitimes ou non, et en précisait les modalités. Puisque, dans
les provinces, les naissances étaient de longue date enregistrées au
tabularium du gouverneur, nous ne pouvons pas douter qu'à Rome, elles
aient été portées sur des tablettes conservées au Tabularium, annexe
du temple de Saturne; ce sont les préfets qui, à la fin du Ier siècle sans
doute, assuraient déjà la tenue de l'état-civil. Nous ne pouvons pas tirer
de conclusions pour l'époque antérieure, puisque, avant 56, les directeurs
du trésor n'avaient pas la cura tabularum publicarum. La pratique n'a
pas changé au IIIe et au IVe siècles. L'Histoire Auguste rapporte
l'enregistrement d'un enfant auprès du préfet du trésor de service; le nouveau-
né était l'empereur Gordien: iam illud satis constat quod filium Gordianum
nomine Antonino signo inlustravit, cum apud praefectum aerarii more
Romano professus filium publicis actis eius nomen insérer et (4). Cette
procédure, attestée par un auteur de la fin du IVe siècle, fut sans doute en
vigueur au Bas-Empire, tant qu'il exista des préfets du trésor (5): le
dernier connu, Flavius Atilius Theodotus (n° 73), exerça ses fonctions vers

(x) SEA, vita Marci, 9, 8.


(2) Apulée, Apologia, 89.
(3) Voir les références données par F. Schulz, JE8, XXXII, 1942, p. 78-80.
(4) 8HA, vita Gordiani, 4, 8.
(5) A. Chastagnol, La préfecture urbaine, p. 76, et p. 291-292.
G82 ΐΛ< AERARHJM SATURISI » ET LJ« AERARIUM MILITARE »

360, sous le règne de Constance II. Par la suite, lorsque les praefecti aerarti
Saturni eurent disparu, l'état-civil fut du ressort du préfet de la ville i1).
Parmi les archives sans rapport avec les finances publiques, commises
à la garde des préfets du trésor de Saturne, figuraient, sous l'Empire,
les sénatus-consultes et toutes les pièces découlant de l'activité du sénat;
nous pensons en particulier aux procès-verbaux des séances, connus sous
le nom de acta senatus (2).
Nous devons noter en conclusion que les praefecti aerarti Saturni
étaient responsables d'une partie des archives publiques seulement, celles
qui pouvaient être librement consultées par le sénat; elles étaient
toujours conservées, comme le voulait la tradition, au temple de Saturne
et au Tabularium. Mais les dépôts les plus importants étaient répartis
entre les grands offices palatins: ce sont les archives impériales rattachées
aux différents scrinia (3): on sait qu'en 70, le jeune Domitien,
représentant son père, ne permit pas aux sénateurs de les consulter, alors qu'ils
en avaient formulé la demande (4). Quant aux papiers personnels du
prince, ils portaient le nom significatif de secreta (5).

Les activités financières.

Il n'est pas aisé de déterminer les revenus et les charges respectives


des différents services financiers qui existaient à Eome sous l'Empire.
Les documents ne manquent pas, mais leur interprétation est délicate;
les mêmes textes ont servi d'arguments pour étayer des théories
contradictoires. Les avis des modernes sont divergents, depuis le débat
historique de Mommsen (6) et de son élève Hirschfeld (7), sur les modalités de

(*) D'après Olympiodore, Fragm. 25, cité par A. Chastagnol, op. cit., p. 292.
(2) Sur les acta senatus, cf. De Kuggiero, Dizionario, I, 1895, p. 45-48, et Ku-
bitschek, BE, I, 1, 1893, col. 287-290.
(3) Ainsi, Pline, Lettres, X, 65, 3, fait allusion aux pièces conservées ain scriniis
tuis »; voir aussi la lettre, X, 66.
(4) Tacite, Hist., IV, 40, 9.
(5) Ainsi Suétone, Galig., 49 (in secretis eins); 8ΞΑ, vita AureUani, 36, 4 (quem
pro notario secretorum habuerat).
(e) Voir Th. Mommsen, op. cit., V, p. 284-322; la thèse de Mommsen était double;
il affirmait d'une part que le fiscus Caesaris existait déjà à l'époque d'Auguste, d'autre
part que ce fiscus était la propriété privée du prince.
(7) 0. HirschfeJd, Die kaiserlichen Verwaltungsbeamten bis auf Diokletian, Berlin,
1905, p. 1-17, distinguait nettement le fisc du patrimoine du prince et considérait
que le fiscus, en tant que trésor impérial, n'était pas apparu avant le règne de Claude.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 683

l'apparition, a co"té du traditionnel aerarium populi Romani, d'une


administration financière impériale que les auteurs de la fin du Ier siècle
et du IIe siècle appellent fiscus. Les recherches les plus récentes font
remonter la création de ce service aux règnes de Tibère et de Claude, dont
on connaît par ailleurs l'importance pour la formation de l'appareil
d'Etat i1). La confusion a été entretenue par l'imprécision du vocabulaire:
le terme fiscus a été employé de longue date et dans des sens différents
par les auteurs latins (2). L'appréciation de l'importance respective du
trésor de Saturne et du fisc a varié depuis un siècle avec les théories
successives concernant le régime du principat (3). L'abandon de la thèse
de la dyarchie, défendue par Mommsen, a eu pour conséquence de réduire
l'influence du sénat en tant qu'assemblée et ainsi de minimiser à la fois
son contrôle sur la caisse réputée « sénatoriale » et le rôle de celle-ci.
Seul un bilan de l'activité de Vaerarium, sous la forme d'un
recensement des recettes et des dépenses, donnerait une idée assez précise de
l'importance de ce trésor public et des attributions de ses
administrateurs. Il supposerait des recherches très approfondies; la tentative de
Mommsen en ce sens reste utile par l'abondance de la documentation
rassemblée (4); mais l'interprétation des textes doit être souvent révisée
à la lumière des travaux récents (5). L'étude prosopographique nous
permet d'apporter une précision quant à la destination de la vicesima
libertatis; cette taxe sur les affranchissements existait déjà sous la Eépublique
et alimentait alors Vaerarium populi Romani. A quelle caisse le produit
était-il versé sous le Haut-Empire (6)? Nous disposons d'un argument

(x) C. H. V. Sutherland, Aerarium and Fiscus during the Early Empire, dans
AJPh, LXVI, 1945, p. 151-170 et M. Grant, From Imperium to Auctoritas. A Historical
Study of Aes Coinage in the Boman Empire, 49 B.C. -A.D. 14, Cambridge, 1946, p. xiv
et p. 97, ont insisté sur le rôle de Tibère; mais la plupart des auteurs mettent la
réforme au crédit de l'emperexir Claude.
(2) Voir A. Garzetti, Aerarium e Fiscus sotto Augusto: storia di una questione
in parte di nomi, dans Athenaeum, XL VI, 1953, p. 298-327; et P. A. Brunt, The fiscus
and its Development, dans JB8, LVI, 1966, p. 76-77.
(3) Voir en ce sens F. De Martino, Storia della constituzione romana, IV, Naples,
1965, p. 798-832: Vordinamento finanziario.
(*) Th. Mommsen, op. cit., V, p. 284-322.
(6) Voir surtout Γ. Millar, The Fiscus in the First Two Centuries, dans JB8»
LIII, 1963, p. 29-42, et P.A. Brunt, The Fiscus and its Development, dans JB8, LVI,
1966 p. 75-94.
(e) 0. Hirschfeld, op. cit., p. 108-109, a affirmé que les revenus delà vicesima
libertatis alimentaient, sous l'Empire, le fiscus libertatis et peculiorum. S. J. De Laet,
684 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

pour avancer le nom de Vaerarium Saturni, pour la fin du Ier siècle et le


début du IIe siècle en tout cas: à cette époque, un préfet du trésor de
Saturne a été honoré d'une statue à Vintimille, sa patrie, à sa sortie de
charge; la dédicace émane du collège des sodi vicesimae libertatis qui
avait choisi ce sénateur pour patron; cette désignation nous invite à
penser que le produit de la taxe sur les affranchissements bénéficiait
toujours à la caisse sénatoriale: les membres de la société vectigalienne
ont noué des relations avec le préfet pendant les trois années qu'il a
passées à la tête de Vaerarium Saturni (voir la notice n° 34).
A propos des recettes respectives des différentes caisses publiques,
Mommsen a insisté sur l'amenuisement progressif des ressources de
Vaerarium. Ce constat mérite d'être retenu. Les mesures sont loin d'être
connues dans le détail, mais l'évolution ne fait pas de doute ^). Les études
récentes aboutissent à la même conclusion: sous le Haut-Empire déjà,
le trésor public a perdu une partie de ses ressources (2); à titre d'exemple,
nous pouvons rappeler les variations de la destination des bona caduca:
en vertu des lois d'Auguste sur la famille, un héritage revenait à l'Etat,
lorsque le bénéficiaire était célibataire ou n'avait pas d'enfant; à l'époque
d'Auguste, les biens dits « caducs » revenaient à Vaerarium', en vertu
d'une constitution de Caracalla, ils furent attribués au fisc (8). Avec la
disparition des provinces sénatoriales, Vaerarium a perdu, au IIIe siècle,
sa principale source de revenu, le tribut, qui en provenait (4). Au terme

Portorium. Etude sur l'organisation douanière chez les Romains surtout à Vépoque du
Haut-Empire, Bruges, 1949, p. 253-254, note 3, l'a suggéré aussi. On sait que la
première mention de cette caisse apparaît sur une dédicace à l'empereur Claude: CIL,
VI, 8540 a. A. H. M. Jones, The Aerarium and theFiscus, dans JRS, XL, 1950, p. 26
(repris dans Studies in Roman Government and Law, Oxford, 1960, p. 109), a indiqué
une toute autre origine pour ce fonds; il rassemblerait les produits personnels que
l'empereur tirait de sa familia: les sommes par lesquelles les esclaves impériaux
rachetaient leur liberté, le pécule de ceux qui décédaient en servitude, les héritages
éventuels des affranchis impériaux sans enfants. Cette interprétation nous paraît
très vraisemblable.
(x) C'est aussi la conclusion de F. De Martino, op. cit., p. 816-817.
(a) Elles sont énumérées dans les articles déjà cités de F. Millar, JR8, LUI,
1963, p. 34-39, et de P. A. Brunt, JR8, LVI, 1966, p. 79-85.
(3) Voir les dossiers réunis par F. Millar, p. 34-36, et P. A. Brunt, p. 79-80.
(4) Voir l'article de L. Homo* Les privilèges administratifs du sénat romain sous
VEmpire et leur disparition graduelle au cours du IIIe siècle, dans Revue historique,
CXXXVII, mai-août 1921, p. 161-203, et CXXXVIII, sept.-oct. 1921, p. 1-52.
L'étude du « privilège » financier occupe les pages 25 à 35 du deuxième fascicule.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 685

de l'évolution, le trésor de Saturne, privé de ses recettes d'ordre général,


ne fut plus alimenté que par les taxes locales; il est, au Bas-Empire, une
simple caisse municipale de la ville de Borne i1).
Les travaux récents évitent cependant d'étudier l'appauvrissement
indéniable de Vaerarium dans le cadre de «la disparition des privilèges
administratifs du sénat romain », comme le faisaient les émules de
Mommsen. Ils notent que, aux deux premiers siècles de l'Empire déjà,
les fonds de toute nature sont sous le contrôle du prince (a). Sans doute
les uns alimentent-ils Vaerarium, d'autres le fiscus; mais il nous paraît
hasardeux de reconnaître dans les premiers des revenus « sénatoriaux »
et dans les seconds des revenus « impériaux ». Les juristes du IIIe siècle
maintiennent une distinction entre biens du fiscus et du populus (3), ce
qui est différent; encore cette séparation est-elle très théorique à leur
époque.
Notre propos n'est pas d'indiquer les grandes lignes du budget de
Vaerarium sous l'Empire; il est beaucoup plus restreint. Nous voulons
simplement délimiter la part dévolue aux administrateurs du trésor de
Saturne dans le domaine des finances publiques. ^Responsables de la bonne
gestion du trésor, ils contrôlent les dépenses et les recettes. Les auteurs
anciens donnent quelques exemples concrets de cette activité. Ainsi,
sous le règne de Tibère, le sénateur Pius Aurelius demanda une indemnité
à ses pairs, pour compenser les dommages causés à sa maison par des
travaux de voierie; les praetores aerarii ne se laissèrent pas convaincre;
l'empereur, présent à la séance du sénat, accorda le prix de sa maison
au demandeur sur sa propre cassette (4); le geste était une libéralité du
prince. A l'avènement de Vespasien, Vaerarium était administré à
nouveau par deux préteurs; ces magistrats vinrent présenter au sénat un
rapport qui dénonçait l'indigence du trésor public et concluait sur la
nécessité d'imposer des restrictions budgétaires; le consul répondit que
l'empereur réglerait la question à son arrivée; seul, Helvidius Priscus,
dont on connaît l'esprit « républicain », admonesta les sénateurs pour les
amener à définir eux-mêmes une politique financière; il ne fut pas suivi (5).

(*) L. Homo, ibid., p. 27, et A. Chastagnol, La préfecture urbaine, p. 75.


(*) P. A. Brunt, JE8, LVI, 1966, p. 91-92, conclut son article en ce sens.
(3) Voir par exemple Callistrate, Dig., XL VIII, 20, 1: de iure fisci et populi et
Paul, Dig., XXXIX, 4, 9, 3: debitores fisci itemque rei publicae.
(4) Tacite, Ann., I, 75.
(5) Tacite, Hist, IV, 9.
686 ΐΛ AERARItTM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

La conséquence fut, en 70, la réunion d'une commission chargée de


modérer les dépenses publiques; la décision fut prise par le jeune Domitien,
représentant son père; ses membres furent désignés par tirage au sort
parmi les sénateurs; c'est la même commission qui, à notre avis, a reçu
le soin de remettre en ordre les archives publiques (*). Ses attributions
préfiguraient celles qui allaient revenir uxm^praefecti aerarli Saturni, dès
leur réapparition, en 71 sans doute. Pline le Jeune rapporte un incident
qui met en scène cette fois les préfets du trésor de Saturne: sous le règne
de Trajan, un scriba quaestorius était décédé en province avant d'avoir
touché le traitement qui lui était dû; la somme resta aux mains du
questeur provincial auquel le scribe était attaché; à son retour à Rome, le
jeune questeur consulta l'empereur sur la destination de cet argent; le
prince renvoya l'affaire devant le sénat. Les héritiers du scribe
réclamaient son salaire, alors que les préfets revendiquaient la restitution de
celui-ci à Vaerarium. L'affaire fut jugée au sénat, qui conclut en faveur
du trésor. Deux sénateurs avaient été commis pour plaider l'un la cause
des héritiers, l'autre celle de l'Etat; le sénat trancha après leurs
plaidoiries (2).
Des commissions extraordinaires supervisent de loin en loin l'activité
du trésor public; ce sont elles qui proposent les mesures de redressement.
Elles sont composées de sénateurs et réunies, le plus souvent, à
l'instigation de l'empereur. Les princes connus pour leur politique autoritaire
en choisissent eux-mêmes les membres, au lieu d'abandonner leur
désignation au hasard du tirage au sort. Voici les exemples les mieux connus:
en 6 ap. J.-C, Auguste chargea trois consulaires de réduire les dépenses
publiques; ils furent choisis par le sort (3). En 42, Claude nomma lui-
même trois sénateurs de rang prétorien et leur confia le soin de faire
rentrer les créances du trésor (4). En 62, Néron désigna trois consulaires, qui
devaient contrôler la rentrée des veetigalia publica; il rappela à cette
occasion qu'il comblait chaque année le déficit de la caisse publique sur

(x) Tacite, Hist., IV, 40: turn sorte ducti . . . quique aera legum vetustate delapsa
noseerent figerentque et fastos adulatione temporum foedatos exonerarent modumque
publicis impensis facerent (Alors on tira au sort . . . les noms de ceux qui seraient
chargés de rechercher et de remettre en place les tables de lois en bronze tombées
par suite de l'usure, de débarrasser les fastes dus aux assauts du temps et de réduire
les dépenses publiques).
(2) Pline, Lettres, IV, 12, 2-4.
(3) Dion Cassius, LV, 25, 6.
(*) Dion Cassius, LX, 10, 4;· voir la notice n° 19.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 687

ses propres deniers (!). Sur l'initiative de Domitien, représentant son père
à Eome, une commission fut réunie en 70: elle mit à jour les archives
et les comptes publics; ses membres furent choisis par tirage au sort (2).
L'attitude de Nerva fut plus conciliante encore: en 97, c'est le sénat qui
désigna lui-même cinq de ses membres « minuendis publiois sumptibus » (3);
peut-être est-ce le rapport de ces quinqueviri qui incita l'empereur à
supprimer des sacrifices, des courses de chevaux et des spectacles (4).
Tous ces exemples prouvent que les administrateurs de Vaerarium
n'ont aucun pouvoir de décision en matière financière (δ). Ils se contentent
de tenir la comptabilité publique et viennent rendre des comptes au sénat.
Ils sont très avares des deniers de l'Etat et la pénurie des ressources les
pousse encore à l'économie. Simples gestionnaires, ils ne sont pas chargés
d'établir le budget; ils ne publient pas non plus un bilan comparable
aux rationes imperii que Auguste, Tibère et Caligula rendirent publics
dans les premières décennies du principat (6).
Mais ils montrent aussi que la consultation du sénat est très formelle;
le contrôle de l'assemblée sur Vaerarium est devenu très théorique. Les
princes respectueux du sénat, tels que Nerva ou Trajan, ne manquent
pas de renvoyer devant lui les affaires qui concernent le trésor public.
Ce sont des marques de pure courtoisie. Le dernier témoignage date du
règne de Marc-Aurèle: l'empereur demanda qu'un sénatus-consulte lui
permît de retirer des fonds de Yaerarium en prévision de la guerre contre
les Marcomans; la rare élégance du geste lui a valu d'être rapporté (7).
La déférence à l'égard du sénat ne signifie pas que le prince renonce à
contrôler la caisse « sénatoriale ». Ainsi un passage du Panégyrique
atteste formellement l'autorité exercée par l'empereur sur le trésor public:
at fortasse non eadem severitate fiscum qua aerarium cohibes; immo tanto
maiore quanto plus Ubi Heere de tuo quam de publico credis (8); «mais»,
suggère Pline, « il pourrait se faire que tu ne réfrènes pas le fisc avec la

i1) Tacite, Ann., XV, 18, 3.


(2) Tacite, Hist, IV, 40; cf. IV, 9.
(3) Pline, Lettres, II, 1, 9; Pan., 62, 2.
(4) Ces mesures sont connues par Dion Cassius, LV, 28.
(5) Dans le même sens, voir F. Millar, JBS, LIV, 1964, p. 39-40.
(6) Sur ces comptes, voir l'étude de C. H. V. Sutherland, AJPh, LXVI, 1945,
156-157, et p. 162.
(7) Dion Cassius, LXXI, 33.
(8) Pline, Pan., 36, 3.
688 l'« aerarium saturni » et l'« αεβαεπιμ militare »

même sévérité que le trésor; c'est tout le contraire: tu es d'autant plus


sévère avec lui que tu estimes avoir plus de droits sur ton bien que sur
celui de l'Etat ».
L'amenuisement du contrôle sénatorial sur Vaerarium est le
corollaire de l'effacement politique de l'assemblée. Dans les premières
décennies du principat, le sénat a perdu rapidement tout pouvoir de décision
en matière de finances publiques en général. S'il est encore consulté par
Auguste et ses premiers successeurs, c'est toujours dans une intention
précise; les auteurs anciens n'ont pas manqué de le souligner. Ainsi, après
avoir institué la vicesima hereditatium, Auguste demanda aux sénateurs
de confirmer le maintien de cet impôt; en réalité, comme le précise Dion
Cassius, il voulait que le sénat prît sa part de l'impopularité que lui avait
value la création du vingtième sur les héritages i1). Tibère consulta les
sénateurs « de veetigalibus et monopoliis »; aux dires de Suétone, il leur
donnait ainsi l'illusion de la liberté (2). Dans les premières années de son
règne, Néron projeta d'abolir les portoria; il demanda l'avis du sénat
qui émit des objections (3); la générosité était le lot du prince et, une fois
de plus, l'impopularité allait revenir au sénat. Au début du principat,
lorsque les provinciaux envoient à Rome des délégations pour demander
des diminutions d'impôts, c'est généralement le prince qui pousse le sénat
à accorder cette faveur (4). Il apparaît que, dans le domaine des finances
publiques, l'initiative est restée à l'empereur seul; les événements de 69-
70 en témoignent: Helvidius Priscus allait à contre- courant en incitant
les sénateurs à définir leur propre politique financière sans attendre l'avis
du prince (5). Lorsque, en 118, le sénat vote des remerciements à Hadrien

(!) Dion Cassius, LV, 28.


(2) Suétone, Tibère, 30, 1-2.
(3) Tacite, Ann., XIII, 50.
(4) Tacite, Ann., II, 47: à la suite du tremblement de terre qui dévasta la ville
de Sardes, Tibère accorda un don de dix millions de sesterces à cette cité et lui fit
remise de ses impôts pour cinq ans (quantum aerarlo aut fiseo pendebant in
quinquennium remisit); Ann., IV, 13: sur l'initiative de Tibère (auetore eo), un sénatus-consulte
accorda une remise d'impôt pour trois ans à des cités d'Asie et d'Achaie dévastées
par un séisme; Ann., XII, 58: à la demande du jeune Néron, beau-fils de l'empereur
Claude, le sénat accorda des secours et des exemptions de tribut; Ann., XII, 67-68:
les Byzantins sollicitaient auprès du sénat un dégrèvement d'impôts; l'empereur
Claude les appuya et ils obtinrent gain de cause.
(s) Tacite, Bist., IV, 9.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 689

pour avoir fait remise au peuple de neuf cent mille sesterces, il reconnaît
son propre effacement i1).
Sous l'Empire, le terme d'aerarium s'applique toujours au service
financier qui a pour siège le temple de Saturne. Alimenté par les revenus
du peuple romain, il est le trésor public officiel. Les biens du «populus »,
les confiscations opérées « publiée)) lui sont destinés. La précision de
« caisse sénatoriale » que nous donnons quelquefois dans les notices pour
éviter toute confusion avec le trésor militaire n'est pas impropre; elle
rappelle que le sénat assumait en principe le contrôle de Vaerarium; mais
tous les témoignages prouvent que, dans ce domaine aussi, l'empereur
exerçait son autorité eminente. Nous pouvons penser que, sous les princes
respectueux du sénat, les ordres de paiement émanaient de l'assemblée,
mais que les décisions financières importantes, quoique publiées sous la
forme de sénatus-consultes, avaient été prises sur l'initiative de l'empereur
(auctore principe). Déjà, pour le règne d'Auguste, Dion Cassius insiste
sur la difficulté d'opérer une distinction entre les fonds publies et
impériaux quant à leur gestion et leur destination (2). Il faut donner tout
son sens à la réforme décidée par Néron en 56: les praefecU aerarti Saturni
sont des fonctionnaires impériaux; ils administrent une caisse dont le
sénat contrôle la gestion de façon toute formelle, sous l'autorité de
l'empereur.

L'activité judiciaire,

Dans les conflits qui opposent le trésor public et les particuliers,


le sénat sert normalement d'arbitre, puisque c'est lui qui donne les ordres
de paiement. Ainsi, à propos du salaire du scriba quaestorius décédé en
province, le questeur a consulté d'abord l'empereur Trajan qui a renvoyé
l'affaire devant le sénat; c'est l'assemblée qui a rendu un jugement: les
praefecti aerarli Saturni n'ont pas présenté eux-mêmes leur point de vue;

(*) Dion Cassius, LXIX, 8, 12; 8ΞΑ, vita Hadriani, 7, 6; la somme est donnée
par l'inscription CIL, VI, 967 = ILS, 309.
(2) Dion Cassius, LUI, 16, 1: λόγω μεν γαρ τα δημόσια από των εκείνου απεκέκριτο,
έργω δε και ταΰτα προς τήν γνώμην αντοϋ άνηλίσκετο : Théoriquement, à dire vrai, les
fonds publics avaient été séparés des siens, mais en fait il les dépensait à sa guise;
de même, Dion Cassius, LUI, 22, 3: Ου γαρ δύναμαι διακρΐναι τους &ησαυρούς αυτών:
Car je suis incapable de distinguer leurs caisses respectives (à propos des dépenses
faites par Vaerarium et par Auguste lui-même pour la réparation des routes.)

44
690 Ι/« AERARIUM SATURNI » ET L\< AERARIUM MILITARE »

un sénateur leur a été commis en qualité à^advocatus (*), comme il était


d'usage dans les procès jugés au sénat.
Mais, lorsqu'il s'agissait de recouvrer les dettes, les responsables
du trésor exerçaient leur propre juridiction; nous avons plusieurs
témoignages à ce sujet. Ainsi les administrateurs du trésor opèrent
directement la saisie des biens des débiteurs insolvables (2). Suétone
rapporte un scandale qui toucha l'empereur Claude avant son avènement:
le prince n'avait pas pu payer à Vaerarium les droits d'entrée dans un
collège sacerdotal; ses biens furent mis en vente « sub edicto praefecto-
rum » (3); le terme de préfets est anachronique, puisque le trésor était
administré par des préteurs à l'époque de cet incident.
Sous le règne de Domitien, certaines causes étaient directement
jugées à Vaerarium (4). Nous savons par Pline que les délateurs
emplissaient alors le trésor public (5). Toutes ces affaires étaient probablement
liées à la législation concernant les héritages. En l'absence de testament
ou d'héritier, les biens étaient dits « vacants » et revenaient au peuple.
En vertu des lois d'Auguste sur la famille, certains biens étaient dits
« caducs » et, comme tels, alimentaient aussi Vaerarium, lorsque le
bénéficiaire du testament était célibataire ou n'avait pas d'enfants. A la fin
du Ier siècle et au IIe siècle, les préfets du trésor exercent la juridiction
civile pour les contestations qui, à propos de ces héritages, opposent les
particuliers et Vaerarium: le trésor de Saturne est en effet directement
concerné. Ainsi, un chapitre du Digeste met en scène à plusieurs reprises
les praefecti aerarii à propos de la législation des fidéicommis (6). On sait
que, dès le règne d'Auguste, les caelibes et les orbi ont tenté de tourner
les lois caducaires par la pratique des fidéicommis, c'est-à-dire de legs
qui avaient été laissés pour eux par le testateur à la bonne foi de
l'héritier légal (7). Les empereurs ont tenté de réglementer cet usage dans

(!) Pline, Lettres, IV, 12, 4.


(2) Tacite, Ann., XIII, 28, 5.
(3) Suétone, Claud., 9, 6.
(4) Suétone, Dom,., 9: reos qui ante quinquennium proximum apud aerarium pe-
pendissent universos discrimine Uberavit.
(6) Pline, Pan., 36: quam iuvat cernere aerarium silens et quietum et quale ante
delator es eratl
(β) Dig., XLIX, 14.
(7) Sur les fldéicommis, voir R. Trifone, Novissimo Digesto italiano, VII, Turin,
1961, art. fidecommesso, p. 188-192, et G. Impallomeni, Prospettive in terma di fide-
commesso, dans Conferenze romanistiche di Trieste, Milan, 1967, p. 274-285.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 691

l'intérêt de Vaerarium. Ainsi Trajan reconnut au bénéficiaire le droit de


toucher la moitié de son legs, à condition d'avoir déclaré au trésor
l'existence du fidéicommis, l'autre moitié revenant à Vaerarium (x). Un sénatus-
consulte de l'époque d'Hadrien donna aux préfets du trésor de Saturne
le droit d'opérer la saisie des biens de ceux qui auraient tenté de tromper
le trésor public en dissimulant le fidéicommis, au cas où ils n'auraient
pas répondu à trois rappels à l'ordre du préfet (2). Le chapitre du Digeste
porte en fait le titre « de iure fisci » et le terme de aerarium est quelquefois
remplacé par celui de fiscus. Les rédacteurs ont peut-être commis ces
anachronismes en se référant à la situation qu'ils connaissaient au IIIe
siècle: un edit de Caracalla a effectivement attribué au fisc les bona caduca
qui revenaient auparavant à Vaerarium (3). Mais il semble qu'au début
du IIIe siècle les contestations aient été jugées encore par les préfets du
trésor. Ce chapitre du Digeste prouve que, à la fin du Ier siècle et au IIe
siècle, les praefecti aerarli Saturni exerçaient la juridiction civile dans un
domaine restreint, celui des biens qui, pour des raisons diverses, revenaient
au trésor; mais il permet de supposer qu'ils n'ont peut-être pas perdu
cette capacité au IIIe siècle, lorsque ces revenus ont été détournés de leur
destination première pour alimenter le fisc. Il nous paraît moins
vraisemblable d'imaginer qu'ils aient pu exercer la justice pénale (4).
Le développement d'une juridiction indépendante est conforme à
l'évolution qui se fait jour sous l'Empire: les détenteurs d'une fonction
obtiennent le pouvoir de juger dans la partie qui est la leur (5). Peut-
être certaines attributions judiciaires des responsables du trésor datent-
elles de l'époque où Vaerarium était administré par des préteurs.

Kous constatons qu'à partir du règne de Néron, trois rubriques


essentielles constituent le champ d'activité des responsables du trésor: ils
enregistrent les archives publiques conservées au temple de Saturne et
au Tabularium, en particulier celles qui sont liées à l'activité du sénat;

i1) Dig., XLIX, 14, 13.


(2) Dig., XLIX, 14, 15, 4: tribus edietis a praefecto aerario; XLIX, 14, 42: tribus
edictis evocati (voir la notice n° 42).
(3) Sur l'évolution de la destination des bona caduca sous l'Empire, cf. F. Millar,
JB8, LUI, 1963, p. 34-36, et P. A. Brunt, JB8, LVI, 1966, p. 79-80.
(4) Comme le suppose F. Millar, JB8, LIV, 1964, p. 37, sur la foi d'un passage
peu sûr des Sententiae et epistulae d'Hadrien (Corpus Glossariorum Latinarum, éd.
Groetz, III, p. 31) dans lequel il est question d'un homme condamné « in lautumias »
par les préfets du trésor.
(6) Sur la juridiction des curateurs des eaux, cf. Frontin, De aq, 129.
692 l'«AERARIUM SATURNI» ET ΐΛ ABBARIUM MILITARE»

ils tiennent la comptabilité du trésor qui perçoit les révenus du peuple


romain et qui, tout en faisant figure de «caisse sénatoriale », est placé
sous le contrôle et l'autorité du prince; ils exercent la juridiction sur les
débiteurs du trésor. Pline insiste sur l'aspect judiciaire de la fonction,
ses premiers mots sont « je siège au tribunal »; son ami Euphrates le
félicite « d'instruire des procès, de les juger, de faire connaître la loi et de
l'appliquer». Pline fait allusion aussi à la tenue des livres de comptes,
aux requêtes qu'il doit annoter, à la correspondance qu'il doit échanger.
Il laisse entendre qu'il est fort occupé: la préfecture du trésor est pour
lui un officium laboriosissimum et maximum C1). Pour s'éloigner de Eome
pendant la durée de ses fonctions, il doit demander un congé, eommea-
tus (2); en qualité de fonctionnaire impérial, il formule sa requête auprès
de l'empereur. Il ressort de cette lettre que les deux praefecti aerarti
Saturni exercent leur fonction par roulement et, semble-t-il, mois par mois.
Pline demande la permission de s'absenter pendant la période où son
collègue est de service; bien qu'il n'ait pas à assumer la direction pendant
ce mois-là, il devait normalement rester à Eome pour seconder l'autre
préfet en cas de besoin. Trajan, dans sa réponse, admet le caractère
astreignant de cette fonction: tam districtum officium (3). Les praefecti augus-
téens, puis les préteurs et les questeurs du trésor des années 23 av. J.-G. à
56 ap. J.-C. ont certainement rempli leur charge mois par mois eux aussi.

Les responsables du trésor disposent d'un service assez important.


Pendant tout l'Empire, cette administration eut son siège au temple de
Saturne et utilisa comme annexe le Tabularium. On connaît les trois
décuries de scribae qui assurent le travail de secrétariat (4); parmi les
employés subalternes, figurent des viatores, des praecones et des tabu-
larii (5). lì1 officium des praefecti aerarii Saturni n'a pas encore fait l'objet
d'une étude complète (6). Celle-ci prendrait tout son intérêt à l'intérieur
d'une enquête plus générale sur les employés des services publics.

i1) Pline, Lettres, I, 10,9.


(2) Pline, Lettres, X, 8.
(3) Pline, Lettres, X, 9.
(4) Th. Mommsen, Droit public romain, I, p. 393-402 et Kornemann, BE, II,
A, 1, 1921, col. 850-852.
(6) De Euggiero, Dizionario, p. 306-307.
(6) Une partie du personnel a été recensée par K. Wachtel, Prosopographische
Untersuchungen zur Finanzverwaltung der römischen Kaiserzeit von Augustus bis Dio-
Tdetian, Berlin, 1965 (dissertation inédite qui m'a été obligeamment communiquée
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 693

Le recrutement
Nous aimerions déterminer dans quelle mesure le recrutement des
responsables de Vaerarium s'explique par leurs aptitudes. Quelques
carrières révèlent en effet une relative spécialisation.
Des deux praefeeti de rang prétorien qui ont assuré leur service
annuellement, entre 28 et 23 av. J.-C, nous ne pouvons pas dire grand'
chose. Ils étaient choisis par le sénat; aux dires de Tacite, leur élection
suscitait des intrigues; il est vrai que la même critique était formulée à
l'égard de toutes les désignations laissées à la discrétion du sénat i1).
Aucun nom, aucun cursus ne viennent nous aider à préciser les motifs
qui ont pu présider à leur désignation.
De l'année 23 av. J.-C. à l'année 56 ap. J.-C, la gestion du trésor
public trouvait place en début de carrière; nous devons nous demander
dans ce cas si l'administration de Vaerarium a orienté l'avancement
ultérieur des sénateurs, et en quel sens. Le recrutement des praetor es aerarli
s'est fait par tirage au sort, mais la nomination des quaestores aerarii
Saturni par Claude et par Néron a obéi sans doute à certains impératifs.
A partir de la réforme de 56, la direction de Vaerarium Saturni
occupe une place assez avancée dans le cursus sénatorial; au Ier et au IIe
siècles, elle précède le consulat. Sans manquer de prêter attention aux
promotions ultérieures, il convient d'examiner si certains postes exercés
en début de carrière n'ont pas justifié, dans une certaine mesure, la
nomination à la préfecture.

Entre 16 et 56 ap. J.-C, la cura tabularum publicarum a constitué


un service distinct de Vaerarium. Sur les cinq curateurs des archives
retrouvés, figurent deux sénateurs qui venaient de gérer le trésor public:
praetor aerarii en 18, C Ummidius Durmius Quadratus (notice n° 10)
était curator tabularum publicarum en 19; quaestor aerarii Saturni de 47
à 49 sans doute, L. Coiedius Candidus (notice n° 21) exerça la curatelle
des archives en 50. Il est impossible d'établir un parallélisme trop étroit
entre la charge de V & aerarium y> et celle du « tabularium »: deux sénateurs

par M. Pflaum); voir, du même auteur, Sklaven und Freigelassene in der staatlichen
Finanzverwaltung des röm. Kaiserreiches, dans Acta Ant. Acad. 8c. Hung., XV, 1967,
p. 341-346. Α. Η. Μ. Jones, The Boman Civil Service (Clerical and Sub-Clerical
Grades), dans JES, XXXIX, 1949, p. 38-55) repris dans Studies in Boman Government
and Law; Oxford, 196Qi p. 153*176), a étudié le rang social des appariteurs.
(x) Voir par exemple Tacite, Hist., IV, 8, 1-2.
694 ΐΛ AERARrUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

dirigeaient le trésor, mais trois les archives. Les premiers curateurs, en


16, ont été élus par le sénat; mais le mode de désignation a certainement
varié comme pour les administrateurs de la caisse sénatoriale et ceux du
trésor militaire. Nous ne doutons pas que l'empereur Claude, très jaloux
de son autorité, ait nommé lui-même L. Ooiedius Candidus à la tête des
archives, après l'avoir choisi pour être questeur du trésor. Le choix de
C. Ummidius Quadratus par le sénat, en 19, et celui de L. Coiedius Candidus
par l'empereur, en 50, sont motivés par la compétence des intéressés: les
deux hommes, familiarisés avec la tenue des tablettes financières,
paraissent aptes à veiller sur les archives publiques; ils ont exercé les deux
attributions dans les mêmes locaux, le temple de Saturne et son annexe,
le Tabularium.
Le hasard d'un premier poste pouvait déterminer en partie la
carrière d'un sénateur. C. Ummidius Durmius Quadratus fut préposé aux
affaires du sénat pendant plusieurs années: après la gestion du trésor
que le tirage au sort lui imposa l'année de la preture, en 18, il reçut la
curatelle des archives, puis la charge des distributions de blé à la plèbe
romaine (qui incombait en ce temps-là à Vaerarium), enfin le
gouvernement d'une province sénatoriale. Plus tard, il fut appelé dans des
provinces impériales, mais, pendant six ou sept ans, il demeura sous
l'autorité du sénat. De 47 à 50, L. Coiedius Candidus est resté au service de
Claude, qui l'a affecté successivement aux deux services rattachés au
temple de Saturne; il assurait le contrôle du prince dans deux domaines
qui dépendaient théoriquement du sénat. Claude l'a choisi pour sa
fidélité; l'empereur a retenu le nom d'un jeune homme qui avait reçu des
décorations à l'occasion du service militaire.
Sous le Haut-Empire, plusieurs praefecti aerarli Saturni se sont déjà
trouvés en rapport avec le service des archives attaché au temple de
Saturne, avant d'en obtenir la direction générale. Ce sont d'une part
les anciens questeurs urbains, d'autre part les anciens sénateurs chargés
du poste de ab actis senatus. En effet, la participation des questeurs
urbains à la rédaction des sénatus-consultes est attestée pour l'époque
d'Hadrien (x). Quant au secrétaire du sénat connu sous le nom de ab
actis senatus, il rédigeait le compte rendu des séances (2). Voici la liste
des préfets concernés:

(x) CIL, VIII, 270; cf. Th. Mommsen, Droit public romain, IV, p. 262.
(2) Kubitschek, BE, I, 1, 1893, col. 290, et De Kuggiero, Dizionario, I, 185, p. 47.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 695

quaestor urbanus ab aetis senatus

1 - C. Iulius Cornutus Tertullus (n° 31)


2 -P. Tullius Varrò (n° 35)
3 - M. Aoilius Priscus Egrilius Plarianus
(η» 37)
4 - M. Servilius Fabianus Maximus (n° 51)
5 - C. Arrius Antoninus (n° 53)
6 - L. Albinius Saturninus (n° 55)
7-L. Cestius Gallus (n° 56)
8 - M. Antonius Memmius Hiero (n° 69)

II apparaît que sept préfets avaient eu un premier contact avec le


service des archives, attaché au temple de Saturne, à l'occasion de leur
première magistrature. Trois d'entre eux étaient particulièrement
familiarisés avec le soin des documents sénatoriaux, puisque, après avoir
participé à la rédaction des sénatus-consultes l'année de la questure,
ils avaient encore tenu à jour les procès-verbaux des séances, pendant
une année sans doute. Ainsi les empereurs ont tenu compte parfois de
l'expérience acquise au service des archives pour choisir les préfets du
trésor de Saturne. C'est Marc-Aurèle qui a prêté l'attention la plus vive
à ces « stages » préparatoires: trois préfets nommés par lui avaient
bénéficié d'une double formation grâce à la questure urbaine et au secrétariat
du sénat; nous avons un autre témoignage de l'intérêt que porta ce prince
aux documents publics: la constitutio Marci, qui réglementait l'état-
civil (i).
Nous relevons aussi que plusieurs carrières sénatoriales du Ier, du
IIe et du IIIe siècles comportent la gestion de Vaerarium Saturni et une
légation impériale « ad census accipiendos ». Ainsi 0. Iulius Cornutus
Tertullus (notice n° 31) et C. Popilius Carus Pedo (notice n° 47), anciens
préfets du trésor, ont supervisé le recensement d'une province après le
consulat: le premier fut envoyé par Trajan en Aquitaine, le second en
Lyonnaise par Hadrien; sous le règne de Caracalla, P. Plotius Bomanus (notice
n° 65) a été promu à la direction du trésor public romain, après avoir

8ΗΑ, vita Marci, 9, 7.


696 ΐΛ< AERARHJM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

veillé au recensement de la province d'Espagne citérieure, en qualité de


légat de rang prétorien. Les listes de recensement et les matrices
cadastrales envoyées des provinces étaient probablement déposées au Tabu-
larium romain.

Quelques carrières montrent une réelle spécialité financière. Six


sénateurs ont été attachés à Vaerarium militare avant de s'occuper de
Vaerarium Saturni. L'empereur Claude, le premier, a désigné un ancien
préfet du trésor militaire, C. Caetronius Miccio (notice n° 22), pour
participer à la commission chargée de faire rentrer les créances du peuple
romain. Entre les règnes respectifs de Nerva et de Sévère-Alexandre,
les deux préfectures financières se sont succédé pour Pline le Jeune
(notice n° 32), L. Catilius Severus (notice n° 33), M. Àcilius Priscus Egrilius
Plarianus (notice n° 37), Salvius Iulianus (notice n° 46) et Q. Aradius
Bufinus (notice n° 66).
L'ensemble de la carrière de Pline (notice n° 32) prouve que ses
aptitudes financières étaient appréciées: lors de son service militaire en Syrie,
il tint déjà la comptabilité de sa légion; ses fonctions publiques entre la
preture et le consulat se limitent aux deux préfectures; enfin la légation
de la province de Pont et Bithynie, qui lui échut quelque dix ans après
le consulat, consistait essentiellement en une remise en ordre des finances
des cités.
C. Iulius Cornutus Tertullus (notice n° 31), collègue de Pline à la
direction du trésor sénatorial, succéda à son ami à Mcomédie avec les
mêmes responsabilités.
Il paraît vraisemblable de reconnaître aux deux frères Egrilii
(notices n° 36 et n° 37) une compétence financière: ces hommes nouveaux,
choisis par Hadrien pour diriger Vaerarium Saturni, étaient issus des
milieux d'affaires d'Ostie. Le cadet administra le trésor militaire avant
le trésor de Saturne.
T. Aius Sanctus (notice n° 58), promu à la tête du trésor public par
Commode, est un spécialiste de l'administration financière: cet ancien
chevalier avait dirigé successivement la ratio privata et le fiscus.
Nous devons noter que quelques préfets avaient été chargés, au cours
de leur carrière antérieure, de remettre de l'ordre dans les finances des
cités provinciales; c'est le cas de L. Burbuleius Optatus Ligarianus
(notice n° 40), qui fut logista Syriae, sous Hadrien, et de C. Vettius Sabinia-
nus Iulius Hospes (notice n° 54), qui fut leg. Aug. rationibus putandis
trium Galliarum, sous Marc-Aurèle.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 697

Nous sommes frappés aussi par le fait que les curatelles de cités
trouvent précisément place dans l'avancement des sénateurs qui nous
donnent l'impression d'être des spécialistes des questions financières (voir le
tableau IV).

Nous avons souligné les attributions judiciaires qui pèsent sur les
préfets du trésor. Elles ne suffisent pas à expliquer la présence de juristes
réputés à la tête de Vaerarium Saturni', des hommes tels que Neratius
Priscus (notice n° 27), sous Domitien, Salvius Iulianus (notice n° 46), sous
Antonin, et Volusius Maecianus (notice n° 52), sous Marc- Aurèle,
siégeaient au conseil impérial; aussi leur offrait-on, dans la mesure du
possible, des postes romains. Il reste que des fonctions proprement
juridiques apparaissent dans la carrière prétorienne de quelques préfets du trésor
de Saturne; nous pensons à L. Coelius Festus (notice n° 44), L. Albinius
Saturninus (notice n° 55) et Q. Mamilius Capitolinus (notice n° 60), qui
ont exercé le juridicat en Asturie et Galice ou en Espagne citérieure; à
C. Vettius Sabinianus Iulius Hospes (notice n° 54), qui a assumé cette
responsabilité en Pannonie supérieure; à partir du règne de Marc- Aurèle,
qui a vu la création du poste, d'anciens iuridiei italiens, 0. Arrius
Antoninus (notice n° 53), C. Vettius Sabinianus Iulius Hospes (notice n° 54),
Q. Mamilius Capitolinus (notice n° 60), P. Plotius Bomanus (notice n° 65),
l'anonyme n° 68 et Ant- (notice n° 70) ont obtenu la préfecture.

Au terme de notre enquête, il apparaît qu'aux deux premiers siècles


de l'Empire, un certain nombre de responsables du temple de Saturne
et de son trésor ont pu faire, en leur temps, figure de spécialistes. Les
juristes mis à part, ces individus ont reçu la formation générale qui était
alors celle d'un honnête homme (x). Mais, au cours de leur carrière,
certains ont manifesté des dispositions pour l'administration, les questions
fiscales et financières ou les problèmes juridiques; ce sont bien souvent
des hommes « experientia probati », pour reprendre le mot de Tacite (2),
qui ont été appelés à diriger les services attachés au temple de Saturne;
et leurs promotions ultérieures révèlent l'intérêt porté par le prince aux
aptitudes dont ils avaient témoigné.

(*) Sur l'éducation des classes privilégiées, cf. H. I. Marrou, Histoire de V


éducation dans V antiquité, 6e éd., 1965, p. 417-420.
(3) Tacite, Ann., XIII, 29, 5 (à propos de la réforme de Néron).
698 ΐΛ AERABIUM SATURNI )) ET ΐΛ AERARIUM MILITARE ))

Si nous recherchons les noms que nous venons de relever sur le


tableau II, qui indique l'origine sociale des responsables du trésor, nous
constatons que tous les individus dont l'avancement prouve une certaine
spécialisation sont des hommes nouveaux. La coïncidence est
significative: les nouveaux sénateurs ont dû faire la preuve de leurs capacités.
La gestion de Vaerarium Saturni trouve donc place bien souvent dans la
carrière d'hommes nouveaux, promus par le prince en raison des services
qu'ils pouvaient rendre. Quelques règnes montrent le souci particulier
de faire appel à des spécialistes: ce sont, pour nous, ceux de Claude, de
Trajan, d'Hadrien et de Marc-Aurèle. Mais aucun souverain n'y fut
totalement indifférent. Ces hommes nouveaux sont des Italiens pour la
plupart; le pourcentage d'Italiens paraît plus élevé qu'au sénat romain
à la même époque, en particulier pour les règnes de Trajan, d'Hadrien
et de Marc-Aurèle i1). Il n'est pas exclu que cette filière administrative
ait été réservée en priorité à des individus issus de l'élite municipale
italienne. Les quelques novi homines venus des provinces, qui semblent
avoir été appréciés pour leurs aptitudes juridiques et financières, sont
des Orientaux et des Africains.

A partir de la fin du IIe siècle et au IIIe siècle, l'intérêt porté à la


compétence des sénateurs chargés d'administrer Vaerarium Saturni est
moins net. Deux éléments se conjuguent pour rendre l'observation plus
difficile. D'une part, nous constatons une tendance à dissocier les
carrières civiles et militaires; or, la préfecture du trésor trouve place dans les
deux types d'avancement. D'autre part, le rang de la préfecture baisse
nettement à partir des Sévères, en relation avec l'amenuisement des
ressources de Vaerarium.
Le déclin de la préfecture est parvenu à son terme au IVe siècle;
à partir du moment où le trésor de Saturne est devenu une simple caisse

(x) Nous nous référons à l'étude de M. Hammond, Composition of the Senate


A.D. 68-235, dans JRS, XL VII, 1957, p. 74-81; le tableau de la p. 77 précise
seulement l'origine géographique. Nous établissons par conséquent une comparaison avec
tous les préfets dont nous avons précisé l'origine géographique, sans tenir compte
de leur milieu social.
Sous le règne de Trajan, le sénat romain comprend 65% d'Italiens; nous
relevons 3 Italiens sur 4 préfets. Sous le règne d'Hadrien, le sénat compte 56% d'Italiens;
nous trouvons 4 Italiens sur 6 préfets. Sous le règne de Marc-Aurèle, les Italiens
constituent 54% du sénat; nous notons 5 Italiens sur 7 préfets.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 699

municipale de la ville de Borne, ses responsables sont de tout jeunes


sénateurs sans expérience particulière, qui s'acquittent, en début de
carrière, d'une fonction officielle aux attributions réduites; leurs aptitudes
n'entrent pas en jeu dans leur désignation. Entre 360, époque où le
dernier préfet du trésor connu fut en activité (notice n° 73), et 384, année
pour laquelle est attestée l'appellation de arca quaestorìa à propos de la
caisse sénatoriale (*), le trésor de Saturne a été confié probablement à
de jeunes questeurs (a); on sait combien la questure était dévaluée sous le
Bas-Empire; il apparaît donc que la charge du trésor sénatorial était
vidée de toutes responsabilités et ne nécessitait pas la moindre expérience.

Β - VAERARIUM MILITARE

Depuis sa création par Auguste, en 6 ap. J.-C, jusqu'à sa disparition,


dans la deuxième moitié du IIIe siècle, Vaerarium militare fut administré
par trois sénateurs de rang prétorien, qui exerçaient leur charge pendant
trois ans. Ces praefecti, d'abord choisis par tirage au sort, furent par la
suite nommés par le prince; nous avons attribué à l'empereur Claude la
réforme qui faisait des préfets du trésor militaire des fonctionnaires
impériaux (3).
La documentation relative à Vaerarium militare est rare. Nous
sommes assez bien renseignés sur sa fondation et les motifs qui l'expliquent;
nous connaissons aussi ses ressources, du moins pour les premières
décennies de son existence (4). L'activité des praefecti aerarti militaris
découlait de la destination de leur service.
Auguste a créé une caisse publique, distincte de Vaerarium populi
Eomani, dans le but affirmé de payer l'indemnité de retraite des soldats
arrivés au terme de leur service. ïTous nous référons à son autobiographie
conservée sur l'inscription d'Ancyre:

(*) Symmaque, Bel., 20, 2.


(2) A. Chastagnol, La préfecture urbaine, p. 75.
(3) Voir le chapitre I, B, où est cité le texte de Dion Cassius, LV, 25, sur lequel
s'appuie ce paragraphe.
(4) Depuis la rédaction de cet ouvrage, j'ai consacré une étude au budget de
Yaerarium militare. Elle comporte 200 pages dactylographiées et ne peut pas être
introduite dans ce livre. Elle fera l'objet d'une publication ultérieure. Il ne m'a pas
paru nécessaire de modifier sensiblement les quelques paragraphes écrits en 1972.
Ils donnent un aperçu des problèmes.
700 l'« aerarium saturni » et ΐΛ< aerarhtm militare »

Res Gestae divi Augusti, 17.


Et M. Lep[i]do et L. Ar[r]unt[i]o co(n)s(uUbus) ì[n\ aerarium militare,
quod ex constilo m\eo~\ co[nstìtut]um est, ex q[uo] praemia darentur militibus,
qui vicena [aut plu]ra sti[pendi]a emeruissent, HS milliens et septìng[e]n-
ti\ens ex pa]i[nm]owio \m\eo detuli.
L'année du consulat de M. Lepidus et L. Arruntius, je fis don sur mon
patrimoine de 170 millions de sesterces au trésor militaire, qui fut fondé sur ma proposition
pour payer la prime de retraite des militaires, qui auraient rempli vingt années de
service ou davantage.

En annonçant la fondation du trésor militaire, Suétone, Aug., 49,


semble attribuer à cette caisse l'entretien des troupes actives (*):
...ad tuendos (milites) prosequendosque, aerarium militare cum vecti-
galibus novis constitua.
... pour subvenir à l'entretien des militaires et à l'installation des vétérans,
Auguste constitua un trésor militaire avec les revenus des nouveaux impôts.

Il est possible que les sommes entreposées pour le trésor militaire,


au temple de la Concorde peut-être, aient été utilisées par certains
princes à d'autres fins que l'installation des vétérans, ce qui expliquerait
la remarque de Suétone. Dans un autre passage, le biographe semble
lier le règlement de la solde et le paiement des retraites: Néron, écrit-il,
aurait été obligé de différer stipendia quoque militum et commoda vete-
ranorum (2). Le terme de commoda est assez vague; il recouvre tous les
avantages accordés aux soldats à leur libération; il peut s'employer en
particulier pour toutes les primes quelle que soit leur nature: argent
ou terres (3). En règle générale, l'armée fut certainement à la charge du
fisc, dès la constitution de celui-ci; aussi, tout au long de notre étude,
avons-nous considéré le trésor militaire comme la caisse de retraite des
vétérans. Son rôle se limitait probablement à la fourniture des primes
en argent, accordées au terme du service à la suite de Vhonesta missio:

(*) En revanche, le passage de Dion Cassius, LV, 24, 9, dans lequel Auguste
demande au sénat de prévoir des revenus réguliers pour assurer Jaux soldats την τροφήν
και τα γέρα ne peut guère être utilisé dans le même sens: la proposition date de
l'année 5 et la création du trésor militaire, l'année suivante, n'a pas nécessairement
répondu à ces objectifs.
(2) Suétone, Nero, 32, 1.
(3) Cf. Suétone, Aug., 39, 3: definitis pro gradw cuiusque et temporibus militiae
et commodis missionum et CIL, VIII, 12241 (en 86 ap. J.-C): commodis acceptis.
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 701

ce sont les praemia militiae. Il ne nous semble pas que les préfets du trésor
militaire aient eu dans leurs attributions l'assignation des terres aux
vétérans i1). Nous devons rappeler qu'Auguste, dans son testament, a
nettement distingué les deux modes de récompense (2); de plus, nous
n'avons connaissance d'aucun document attestant l'achat de terres par
Vaerarium militare en vue d'une déduction coloniale.
Après avoir fixé le temps de service des prétoriens à seize ans et celui
des légionnaires à vingt ans, Auguste décida que la prime de retraite,
les praemia militiae , serait de vingt mille sesterces pour les premiers et
de seize mille pour les seconds (3). Nous savons que, par mesure
disciplinaire, Caligula réduisit la prime de retraite pour les primipiles d'une
légion qu'il visitait (4). La seule augmentation attestée date du règne de
Caracalla: les prétoriens recevraient une somme indéterminée et les
légionnaires vingt-mille sesterces; nous connaissons cette mesure par Dion
Cassius (5). La plupart des auteurs pensent que les praemia militiae n'ont
pas changé pendant deux siècles (e), jusqu'à la décision de Caracalla.
Le trésor militaire bénéficia d'un capital initial de cent soixante dix
millions de sesterces, offert par Auguste sur son patrimoine; nous le
savons par son testament. Puis il reçut à titre exceptionnel les biens d'A-
grippa Postumus, confisqués au jeune prince lors de son exil à Planasia (7).
Auguste avait promis une allocation annuelle pour le nouveau trésor (8).
En fait Vaerarium militare devait être alimenté de façon régulière par le
produit de deux impôts: les revenus de la centesima rerum venalium,
taxe de un pour cent sur les ventes aux enchères, furent dévolus à la nou-

(x) G-. Forni, II reclutamento delle legioni da Augusto a Diocleziano, Rome, 1953,
p. 41, semble penser le contraire.
(2) Res Gestae divi Augusti, 16.
.

(3) Dion Cassius, LV, 23, 1.


(4) Suétone, Galig. , 44.
(5) Dion Cassius, LXXVII, 24, Ι: ά&λά της στρατείας est la transcription grecque
de l'expression praemia militiae; il s'agit bien d'une augmentation de la prime de
retraite et non de la solde, comme l'indiquent par erreur certains commentateurs et
traducteurs.
(e) Voir A. Passerini, Le coorti pretorie, Rome, 1939, p. 123-124; Gr. Forni, op.
cit., p. 37; G-, R. Watson, Discharge and Resettlement in the Roman Army. The « praemia
militiae », dans Neue Beiträge zur Geschichte der Alten Welt. Römische Reich, II, 1962,
Berlin, 1965, p. 151. En fait, il nous paraît possible de suggérer une augmentation
des praemia militiae sous Domitien.
C) Dion Cassius, LV, 32, 2.
(8) Dion Cassius, LV, 25, 4.
702 l'« aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

velie caisse (*). Un nouvel impôt fut créé à cette occasion, une taxe de
cinq pour cent, qui touchait les successions et les legs des citoyens
romains (2): la vicesima hereditatium, appelée aussi vicesima populi
Romani (3). Le trésor militaire, destiné à installer des citoyens romains au
terme de leur service dans les légions ou les cohortes prétoriennes, est
donc une caisse spéciale détachée de V aerarium: des revenus du populus
sont détournés du trésor de l'Etat à son profit.
Nous n'avons pas de raisons de supposer quelque changement dans
les ressources de Y aerarium militare: les impôts qui lui furent attribués
lors de sa fondation étaient toujours prélevés au début du IIIe siècle.
La centesima est encore mentionnée par Ulpien (4). On sait que les
modalités de prélèvement de la vicesima liereditatium ont été précisées par
Nerva et Trajan (5). Si un doute peut persister quant à la destination
du centième sur les ventes au IIIe siècle, il n'en est pas de même pour
le vingtième: parmi les raisons invoquées par Dion Oassius pour expliquer
la constitution antonine de 212, qui accordait la citoyenneté romaine
à tous les hommes libres de l'Empire, figure l'accroissement des revenus
de la vicesima hereditatium (6); ce sont sans doute les résultats de cette
mesure qui expliquent l'augmentation des praemia militiae, attestée
quelques mois plus tard (7). Le lien qui unit ces diverses dispositions nous
paraît confirmé par le rang soudain plus élevé des responsables de Y
aerarium militare à la fin du règne de Caracalla; la préfecture élève
systématiquement ses titulaires au consulat suffect après une période de déclin
relatif (voir le tableau III, 2, b, des praefecti aerarli militaris et son
commentaire).
Nous ne disposons d'aucun témoignage précis concernant l'activité
des administrateurs du trésor militaire. Pline le Jeune, qui géra
successivement les deux préfectures financières, a multiplié les allusions au
trésor de Saturne; il ne mentionne jamais la caisse de retraite des vété-

(L) Nous le savons seulement par un passage de Tacite, Ann., I, 38: à


l'avènement de Tibère, le peuple réclamait l'abolition de cette taxe; l'empereur justifia son
maintien en soulignant qu'elle alimentait Yaerarium militare.
(2) Dion Cassius, LV, 25, 5.
(») CIL, III, 2922.
(*) Dig., L, 16, 17, 1.
(5) Pline, Pan., 37-40: il considère cet impôt comme un tributum tolerabile et
précise qu'il a été institué pro utilitate communi.
(«) Dion Cassius, LXXVII, 9, 5-6.
H Dion Cassius, LXXVII, 24, 1 (Exe. Val., 394).
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 703

rans. Il n'y a pas lieu de nous étonner de ce silence: les premières lettres
de Pline sont postérieures au triennium qu'il a passé à la tête de Vaerarium
militare, de 94 à 96 probablement; en revanche, une partie de la
correspondance est contemporaine de la direction de Vaerarium Saturni, qui
occupe les années 98 à 100. De plus, lorsque Pline prononça le
Panégyrique de Trajan, le 1er septembre 100, il administrait encore la caisse
sénatoriale; aussi est-il naturel que la préfecture du trésor de Saturne soit
évoquée à plusieurs reprises dans son discours.
Ainsi, à l'exception des éléments dont nous disposons quant à la
destination du trésor militaire, nous ignorons tout des attributions de
leurs administrateurs. La carrière des trente-sept titulaires du poste que
nous avons retrouvés apporte-t-elle quelques éclaircissements sur leurs
activités1?

Six praefecti aerarti militaris ont été choisis à leur sortie de charge
pour gérer le trésor sénatorial; nous devons nuancer légèrement cette
affirmation à propos de C. Caetronius Miccio, le premier d'entre eux, qui
a fait seulement partie de la commission sénatoriale désignée, en 42,
pour faire rentrer les créances du peuple romain. Il apparaît que les
compétences reconnues à ces six sénateurs, C. Caetronius Miccio (n° VI) Pline
le Jeune (n° X), L. Catilius Severus (n° XIV), M. Acilius Priscus Egrilius
Plarianus (n° XV), Salvius Iulianus (n° XVI) et Q. Aradius Rufinus
(n° XXXIV) étaient d'ordre financier, ce qui ne saurait surprendre. Res-
ponsables de la comptabilité de la caisse, ils tiennent à jour les registres
de recettes (ce sont surtout les revenus des deux impôts dont le produit
a été affecté à Vaerarium militare) et ceux des dépenses (ce sont les praemia
dues aux anciens militaires qui ont bénéficié de Vhonesta missio). En
relation avec ces activités financières, nous devons rappeler qu'entre le
règne d'Antonin et celui d'Elagabal, six sénateurs, qui ont reçu la
préfecture du trésor militaire, ont été appelés à contrôler les finances de
certaines cités (voir le tableau IV des praefecti aerarti militaris et son
commentaire). Sous le règne de Septime-Sévère, la nomination de Sex.
Varius Marcellus (n° XXXI), à la tête du trésor militaire aussitôt après
l'entrée au sénat de cet ancien chevalier par adlectio inter praetorios
s'explique par l'expérience des questions financières: Marcellus avait
administré précédemment la ratio privata en qualité de procurateur équestre.
Le seul juriste connu qui trouve place dans la liste des préfets est
Salvius Iulianus (n° XVII); il nous semble peu vraisemblable de
reconnaître en Sex. Pedius ïïirrutus Lucilius Pollio (n° XIX) le jurisconsulte
Sex. Pedius, réputé sous le règne d'Hadrien. Les deux préfectures finan-
704 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET L'« AERARIUM MILITARE »

cières ont permis à Salvius Iulianus de rester à Borne, tout en bénéficiant


de l'avancement auquel cet homme nouveau pouvait prétendre dans la
hiérarchie sénatoriale; ainsi, entre la preture et le consulat, il a conservé
son rôle de conseiller auprès de l'empereur et continué à dispenser son
enseignement dans la statio ßabiniana. Il n'y a pas lieu de penser qu'une
compétence particulière ait justifié sa nomination par Antonin à la
direction collégiale de Vaerarium militare. Ή"ous avons remarqué que la
préfecture du trésor militaire est précédée quelquefois d'un juridicat:
en Espagne, pour Sex. Pedius Hirrutus Lucilius Pollio (n° XIX); en
Italie, pour C. Sabucius Maior Oaecilianus (n° XXIV), pour L. Annius
Italicus Honoratus (n° XXXII) et pour l'anonyme n° XXXIII. Une
relative familiarité avec les questions juridiques n'était certainement pas
dédaignée pour des administrateurs; mais cette qualité ne semble pas
avoir joué un rôle déterminant dans le choix des préfets du trésor
militaire. De fait, aucun texte ancien ne permet de supposer que ces praefecti
ont eu sur les débiteurs de leur caisse les pouvoirs juridictionnels qui
furent reconnus aux responsables du trésor de Saturne. La vicesima here-
ditatium et la centesima rerum venalium étaient levées sous le contrôle
de procurateurs, par l'intermédiaire de fermiers d'abord, plus tard en
régie directe; ce sont Certainement ces procurateurs et non les préfets
qui sé chargeaient de faire rentrer le produit des deux impôts.

Une particularité mérite d'être notée: nous avons constaté que


certains préfets, tels Pline le Jeune (n° X), Salvius Iulianus (n° XVI), Sex.
Pedius Hirrutus peut-être (n° XIX), C. Sabucius Maior Caeçilianus
(n° XXIV), l'anonyme n° XXXIII, ont eu des carrières prétoriennes
civiles, tandis que d'autres, tels l'anonyme n° XIII, L. Neratius Procu-
lus (n° XVII), M. Flavius Postumus (n° XX), l'anonyme n° XXII, sont
visiblement des militaires. Il n'y a pas lieu de distinguer une évolution
dans le temps. Nous nous demandons si l'empereur ne choisissait pas
volontairement des collègues dont les compétences étaient
complémentaires: d'une part de bons administrateurs capables d'assurer une gestion
équilibrée du budget de Vaerarium militare, d'autre part d'anciens officiers
familiarisés avec le mécanisme de la libération des soldats.

Les trois préfets assumaient probablement leur service à tour de


rôle; ils disposaient sans doute d'un personnel de scribes, comme nous
l'avons noté dans la notice concernant C. Stertinius Maximus (n° II).
Les sous-sols du temple de la Concorde abritaient peut-être les réserves
ÉTUDE ADMINISTRATIVE 705

de Vaerarium militare. Les services administratifs ne devaient pas en


être trop éloignés.
Les attributions des trois responsables de la caisse de retraite des
vétérans sont nettement plus restreintes que celles des deux directeurs
des services attachés au temple de Saturne. Aussi ne sommes- nous pas
surpris que la gestion de Vaerarium militare ait toujours précédé celle de
Vaerarium Saturni, lorsque les deux préfectures ont trouvé place dans
un même cursus. Les sénateurs chargés de l'une et l'autre caisse sont
précisément ceux qui ne s'étaient pas fait remarquer par leurs capacités
militaires. Les compétences administratives et financières exigées pour
certains préfets du trésor militaire ont justifié leur avancement à la tête
de la caisse sénatoriale.
CONCLUSION
La direction des deux administrations qui, sous l'Empire,
répondaient au nom traditionnel de aerarium : — trésor — a toujours été confiée
à des sénateurs, comme il convenait à des services financiers qui géraient
les revenus du peuple romain. Ces deux caisses publiques se distinguent
nettement du fiscus, du patrimonium, et de la ratio privata, apparus
postérieurement, par la nature de leurs ressources et la qualité des hommes
chargés de leur gestion.
L'unique trésor public existant à Eome au début du principat portait
le nom officiel de aerarium populi Romani, comme sous la Bépublique;
il était confié a la garde de Saturne, divinité agraire protectrice de la
richesse. La première administration financière distincte créée sous
l'Empire, en 6 ap. J.-C, fut simplement détachée de la caisse de l'Etat; ce
nouveau trésor, alimenté par des revenus publics soustraits à l'ancien
ou créés pour la circonstance, fut appelé normalement aerarium; la
précision militare dessinait les limites du champ d'activités du service,
destiné à assurer la retraite des vétérans.
Le trésor de l'Etat conservé au temple de Saturne ne fut pas désigné
dès lors par l'expression aerarium Saturni pour éviter toute confusion
avec le trésor dit militaire. L'appellation nouvelle est apparue seulement
sous le règne de Claude; elle doit être mise en relation avec l'organisation
du fiscus: le prince a défini les domaines respectifs des deux grands
services financiers et souligné qu'il laissait l'ancienne caisse du peuple romain
sous la garde de Saturne. La précision se réfère en effet au dieu et non
au temple: la mention de lieu de conservation n'a pas été accolée au nom
de Vaerarium populi Romani. Elle ne l'avait pas été non plus à celui de
V aerarium militare: aussi sommes-nous réduits à l'hypothèse quant au
siège de ce trésor particulier; nous avons suggéré le temple de la Concorde,
qui s'élevait à proximité du temple de Saturne sur le forum romain, sur
la foi de la dédicace à la déesse Concordia offerte par un préfet du trésor
militaire en 10 ap. J.-C.
710 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Pour l'administration financière, l'évolution, commencée en 28 av.


J.-C, année capitale pour l'instauration du nouveau régime, est parvenue
à son terme sous le règne de ÏTéron. Sous la Bépublique, le temple de
Saturne était le siège d'un centre administratif dirigé par des magistrats
annuels, les quaestores urbani, sous la responsabilité du sénat. Le poids
du passé a limité les possibilités de renouvellement; les changements
sont intervenus par l'intermédiaire des réformes successives. En revanche,
une plus grande liberté a présidé à l'organisation de Vaerarium militare,
qui fut créé de toutes pièces par Auguste.
La réforme des services attachés à Vaedes Saturni, en 28 av. J.-C,
fut essentielle, puisqu'elle consacra la rupture avec le système
républicain. Les quaestores urbani conservaient provisoirement une des
attributions qui avait été la leur, le soin des archives publiques: nous l'appelons
par commodité « tabularium »; mais ils perdaient définitivement la
gestion de Vaerarium populi Romani. Pour les nouveaux administrateurs
du trésor, les précédents républicains ont imposé un collège de deux
membres et l'annalité de la fonction; ce n'étaient plus deux magistrats, mais
deux sénateurs de rang prétorien choisis par le sénat; ils entraient en
charge le 1er janvier pour un an; pendant cinq ans, de 28 av. J.-C. à 23 av.
J.-C, les praefecti aerarti, responsables du trésor de l'Etat, nommés par
le sénat, furent des fonctionnaires sénatoriaux. Mais, dès l'année 23 av.
J.-C, Auguste retirait à l'assemblée la désignation des deux responsables
financiers. Le recours à des magistrats en exercice, les préteurs, s'explique
sans doute par des motifs religieux: le soin de donner les jeux de décembre
en l'honneur de Saturne incombait traditionnellement aux
administrateurs de Vaedes Saturni. Cependant le désir d'évincer le sénat n'est pas
absent. Mais, en introduisant la pratique du tirage au sort pour les deux
praetores aerarti, l'empereur ne s'arrogeait pas leur nomination. Le même
mode de désignation, neutre en apparence, a été adopté pour les
responsables de Vaerarium militare. Aucune tradition ne s'imposait pour une
caisse créée de toutes pièces en 6 ap. J.-C: il n'y eut besoin d'aucun statut
intermédiaire pour soustraire sa gestion aux anciens magistrats
républicains; la durée triennale de la charge et le choix de sénateurs d'âge mûr
attestent l'importance accordée au bon fonctionnement du service; le
même souci explique que le collège ait été composé de trois hommes;
les commissions de sénateurs réunies par les empereurs du Ier siècle pour
mener à bien une tâche déterminée, comprenaient le plus souvent des
tresviri, parfois des quinqueviri, recrutés parmi les anciens préteurs ou
les anciens consuls. Auguste portait un vif intérêt à un service financier
qui se consacrait à l'installation des vétérans; aussi, dès l'origine, les
CONCLUSION 711

praefecti aerarli militaris rendent-ils compte de leur gestion au prince;


le titre de préfet montre d'ailleurs qu'ils agissent au nom d'une autorité
supérieure; mais ils gardaient un statut original du fait que leur
nomination n'était pas à la discrétion de l'empereur: la pratique du tirage au
sort et la présence de licteurs leur donnaient l'illusion d'être des
magistrats.
Jusqu'au règne de Claude, le personnel sénatorial chargé des
administrations financières ne fut pas choisi par l'empereur; pour les deux
praetores aerarti comme pour les trois praefecti aerarti militaris, le tirage
au sort, institué par Auguste avec le souci de ménager un régime
transitoire, se perpétua. La même réserve s'est manifestée lors de la création
de la curatelle des archives, en 16 ap. J.-C. A quarante-deux ans
d'intervalle, Tibère imitait l'initiative prise par son père adoptif à l'aube du
principati une nouvelle administration, attachée au temple de Saturne,
prenait corps; un domaine supplémentaire fut soustrait à l'autorité des
magistrats; par souci d'efficacité, le service du « tabularium » fut confié
à trois sénateurs de rang prétorien; le prince, respectueux des formes
républicaines, confia la nomination des trois curateurs au sénat. Jusqu'au
règne de Claude, ces personnages, nommés par l'assemblée, pour une
année sans doute, furent des fonctionnaires sénatoriaux. L'importance
secondaire du « tabularium .·» "par rapport à Vuaerarium» explique
certainement le décalage constaté dans la transformation respective des
deux services attachés au temple de Saturne.
Ainsi les praetores aerarti et les praefecti aerarti militaris connus avant
le règne de Claude ont été recrutés en principe au hasard du tirage au
sort, les uns parmi les préteurs de l'année, les autres parmi les sénateurs
de rang prétorien. Leurs compétences éventuelles ne pouvaient guère
être prises en considération. Lorsque l'origine de ces personnages est
établie, nous constatons que nos tableaux reflètent la composition du
sénat romain au début du principat. Nous avons identifié seulement des
Italiens et noté que certaines régions reculées d'Italie comme le Sam-
mum, qui, sous la République, n'avaient pas donné de sénateurs, sont
représentées^ En effet, bien que nous relevions trois descendants de
familles nobles parmi les préteurs du trésor, les hommes nouveaux sont
plus nombreux sur nos listes que les fils de sénateurs. En un demi-siècle,
les modalités de l'entrée in amplissimum ordinem, de l'accès au sénat
et de l'avancement initial se sont clairement dessinées jusqu'à la preture.
La carrière prétorienne est moins bien connue; elle n'est pas aussi
diversifiée qu'au IIe siècle, ni, semble-t-il, aussi hiérarchisée. Les préteurs du
trésor dont nous connaissons les promotions ultérieures ont obtenu gé-
712 L'«AERARrUM SATURNI »ET i/« AERARIUM MILITARE»

néralement un proconsulat; mais tous les anciens préteurs sortis de charge


depuis cinq ans ne participaient-ils pas au tirage au sort des provinces
sénatoriales? Il paraît excessif d'imaginer un lien entre la gestion de
Vaerarium l'année de la preture et le gouvernement d'une province dont
les impôts alimentaient la même caisse. Le seul cursus nettement
spécialisé est celui de C. Ummidius Durmius Quadratus: l'administration
du trésor l'année de la preture par le hasard du tirage au sort a orienté
son avancement pendant plusieurs années; Quadratus est resté au service
du sénat; il a obtenu en particulier de l'assemblée la curatelle du service
des archives attaché au temple de Saturne; il fut dans ce poste un
fonctionnaire sénatorial.
Pour les règnes d'Auguste, de Tibère et de Caligula, époque où
l'avancement n'est pas précisément hiérarchisé entre la preture et le
consulat, la place de la préfecture du trésor militaire a varié; cependant
cette fonction occupe un rang modeste dans le curêus prétorien.

L'évolution est parvenue à son terme sous les règnes de Claude et


de Néron: les praefecti aerarii militaris et les curatores tabularum publi*
car um deviennent des fonctionnaires impériaux. Pour les responsables du
temple de Saturne et de son trésor, la situation est rendue plus complexe
par les obligations qu'impose la tradition, mais aussi par la constitution
du fisc impérial. En 42 et 43, une commission sénatoriale met à jour les
créances du trésor. Au terme de ses travaux, en 44, le trésor public est
enlevé aux préteurs et confié à un personnel nouveau: le retour à la
gestion par des questeurs, appelés quaestores aerarii Saturni, s'explique sans
doute par le respect des coutumes religieuses. Mais l'ensemble de la
réforme obéit à des impératifs administratifs et politiques: l'empereur
s'arroge le choix des deux quaestores aerarii Saturni parmi les questeurs de
l'année; il prolonge la durée de leurs fonctions à trois ans, l'alignant ainsi
sur le triennium des préfets du trésor militaire; mais il ne modifie pas
l'étendue de leurs activités, puisque le service des archives constitue
toujours une administration distincte. Après avoir pris leur charge de
questeur le 5 décembre, les quaestores aerarii Saturni de Claude et Néron
entrent en service au temple de Saturne le 1er janvier suivant; ce sont des
magistrats pendant leur première année d'exercice et des fonctionnaires
pendant les deux années suivantes.
Parmi les quatre sénateurs connus pour avoir été attachés au service
de l'un ou l'autre aerarium sous le règne de Claude, nous ne rencontrons
aucun membre de l'aristocratie: sans doute les patriciens sont-ils déjà
moins nombreux au sénat romain; mais il est vrai que les nominations
CONCLUSION 713

ont été soustraites au hasard du tirage au sort et que les réformes de


Claude visent à placer à la tête des services financiers des hommes dévoués;
le choix de l'empereur se porte sur des personnages de second plan,
hommes nouveaux pour la plupart, venus d'Italie ou de Gaulé Narbonnaise;
l'un d'eux n'a peut-être pas accédé au sénat par la traditionnelle gestion
des magistratures: il n'est pas exclu qu'il ait bénéficié d'une adlectio à
la faveur de la censure de 47-48. Aucun des individus appelés par Claude
à la direction des services financiers ne figure parmi les consuls connus;
il est vrai que les fastes consulaires sont très incomplets pour ce règne;
à cette réserve près, tous les éléments concordent pour témoigner du rang
modeste qu'ils occupaient dans la classe sénatoriale. Le prince ne prête
pas seulement attention à la fidélité supposée d'un sénateur; il ne manque
pas d'utiliser les compétences acquises par l'expérience. Ainsi un ancien
préfet du trésor militaire de Caligula, familiarisé avec la comptabilité
publique, est désigné pour participer à la commission triumvirale qui
mit à jour les créances du trésor en 42 et 43, avant *μιβ celui-ci ne fût
confié à un personnel nouveau. De même, L. Coiedius Candidus est passé
de la gestion triennale du trésor de Saturne à la curatelle des archives;
il a dirigé successivement les deux services rattachés au temple de
Saturne, «aerarium » d'une part, «tabularium » d'autre part; il a dû sa
nomination à l'empereur pour les deux postes.

En 56, Néron accorde aux responsables du trésor de Saturne leur


statut définitif. L'empereur met un terme à la gestion du trésor public
par des magistrats en exercice, retirant de ce fait toute responsabilité
religieuse aux administrateurs du temple de Saturne. Il opère la fusion
des deux services administratifs que nous avons appelés « aerarium » et
« tabularium ». Les deux praefecti aerarti Saturni, choisis par le prince
parmi les sénateurs de rang prétorien, sont des fonctionnaires impériaux,
qui remplacent les questeurs du trésor et les curateurs des archives; ils
restent en charge pendant trois ans. Leur condition est semblable à celle
des praefecti aerarti militaris. A partir de 56, ces cinq sénateurs
constituent peut-être un même collège dans les cérémonies officielles.
Les événements de l'année 68 ont interrompu la succession des
praefecti aerarti Saturni, qui a repris, dès 71 sans doute, après qu'une
commission sénatoriale ait remis de l'ordre à la fois dans les comptes du trésor
et dans les archives publiques au cours de l'année 70. Mais les terme de
la réforme de 56 n'ont pas été remis en question. L'administration des
finances publiques a mis près d'un siècle à prendre sa forme définitive:
les approches successives s'expliquent par le souci d'introduire les nou-
714 Ι,'« AERARRTM SATURNI» ET ϊΛ AERARIUM MILITARE»

veautés sans bouleverser trop ouvertement des traditions; elles


témoignent du pragmatisme des Eomains.
Une légère différence persiste encore entre les responsables du trésor
militaire et ceux du trésor de Saturne après 56. Les premiers, s'adressent
uniquement au prince. Les seconds, bien qu'ils soient des fonctionnaires
impériaux, sollicitent encore l'avis du sénat et se soumettent à son
arbitrage. Le sénat exerce en effet un contrôle théorique sur la gestion du
trésor de l'Etat conservé au temple de Saturne; sans doute les avis qu'il
émet quant à la destination des fonds sont-ils le plus souvent inspirés par
l'empereur; mais les princes respectueux de l'assemblée exercent leur
auctoriias avec discrétion.
A partir du règne de Néron, les responsables des deux
administrations financières sont des sénateurs de rang prétorien. Lorsque les, deux
préfectures trouvent place dans un même cursus, la gestion du trésor
militaire précède toujours celle du trésor de Saturne; les tâches partagées
entre les trois che^ de la caisse de retraite sont plus réduites que celles
qu'assument les deux directeurs du complexe administratif attaché au
temple de Saturne. Les activités proprement financières sont loin de
couvrir tout le domaine réservé aux praefeeti aerarti Saturni: ces sénateurs
ne s'occupent pas seulement de comptabilité publique; ils exercent la
juridiction sur les débiteurs du trésor; ils veulent en outre sur les archives
conservées au temple de Saturne et au Tabularium.
Les préfectures financières comportent un attrait particulier: ces
charges permettent à un sénateur de servir l'empereur pendant [trois ans
sans quitter Borne. Depuis le règne de Vespasien jusqu'aux Sévères,
leurs titulaires sont assurés d'obtenir le consulat à plus ou moins longue
échéance. L'importance inégale des deux postes apparaît à l'intervalle
différent qui sépare leur gestion au consulat. Ainsi, entre les règnes de
Vespasien et de Commode, l'administration de Vaerarium militare pouvait
conduire directement au consulat suffect; mais, assez souvent, une
fonction s'est intercalée entre la préfecture et la magistrature: il s'agit tantôt
du gouvernement d'une province impériale, tantôt de la gestion du trésor
de Saturne. En effet, pendant la même période, la direction de Vaerarium
Saturni, coniare presque toujours le consulat suffect: dans la carrière
sénatoriale, elle occupe le même rang qu'une légation dans une province
impériale prétorienne. Ces principes reconnus, il convient de souligner
que l'intervalle qui sépare une préfecture financière du consulat n'est
pas systématique: il dépend de la qualité du sénateur et de sa position
à la cour. Il en èst de même pour l'écart entre la preture et la préfecture.
Kous avons relevé des avancements particulièrement rapides; ils
CONCLUSION 715

s'expliquent par la faveur dont jouissaient leurs bénéficiaires. Entré au


sénat en 74 parmi les anciens préteurs, à la suite de la lectio senatus de
Vespasien et Titus, Q. Aurelius Pactumeius Fronto est devenu consul en
80, après avoir occupé un seul poste, la préfecture du trésor militaire;
sous le règne d'Antonin, L. Dasumius Tullius Tuscus, descendant de deux
familles consulaires, a géré seulement le trésor de Saturne entre la preture
et le consulat. Pour deux homines novi dont la présence et les conseils
étaient appréciés à la cour, Pline le Jeune sous Nerva et Trajan, Salvius
Iulianus sous Antonin, les deux préfectures constituent à elles seules
l'avancement prétorien. Le gendre de Marc-Aurèle, M. Petronius Sura
Mamertinus, a parcouru lui aussi une carrière prétorienne très brève;
une curatelle italienne et la direction de Vaerarium Saturni lui ont offert,
sans quitter la cour, une voie d'accès honorable vers le consulat.
Les promotions exceptionnelles des favoris du prince mises à part,
plusieurs postes s'intercalent d'ordinaire entre la preture et les
préfectures financières. Sous les Flaviens, l'avancement prétorien comporte en
moyenne quatre ou cinq postes: la gestion de Vaerarium Saturni occupe
le dernier, celle de Vaerarium militare l'avant-dernier.
Sous les règnes de Trajan et d'Hadrien, deux hommes nouveaux,
L. Catilius Severus et M. Acilius Priscus Egrilius Plarianus, ont connu
à vingt ans d'intervalle une promotion parallèle. Les deux préfectures
financières, exercées dans l'ordre habituel, constituent l'aboutissement du
cursus prétorien; elles donnent accès au consulat suffect. Quatre
responsabilités de nature diverse ont trouvé place entre la preture et
l'administration de Vaerarium militare: légations proconsulaires en province,
fonctions civiles italiennes et romaines, commandement d'une légion enfin.
La multiplicité des postes ne prouve pas nécessairement que l'avancement
ait été très lent: pour L. Catilius Severus, dix années séparent la preture
du consulat suffect; ce n'est pas excessif pour un homo novus; pour Pline,
qui fut pourtant favorisé, l'écart est de sept ans. Mais il est moins agréable
et moins honorifique d'assumer plusieurs responsabilités mineures pour
obtenir la charge qu'un individu mieux placé dans le milieu sénatorial
reçoit aussitôt après la preture.
Sous les règnes de Trajan et d'Hadrien, les deux préfectures
financières sont généralement attribuées à des hommes nouveaux; dans les
éléments du choix de ces empereurs, la compétence des sénateurs entre
visiblement en jeu. Les aptitudes juridiques sont appréciées pour la
gestion du trésor sénatorial. Les spécialistes des questions financières
exercent parfois les deux préfectures successivement; les responsables de
Vaerarium militare nommés à ce poste pour leurs capacités administratives
716 l'« aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

peuvent poursuivre leur activité à la tête de V aerarium Saturni. Mais le


collège des trois préfets du trésor militaire comprend toujours un «
militaire », familiarisé avec la procédure de Vhonesta missio et le règlement
des praemia militiae aux vétérans: c'est un sénateur qui, après la
preture, a assumé directement le commandement d'une légion, deux parfois;
ces viri militares de petite extraction peuvent passer directement de la
gestion de la caisse de retraite au consulat. Dès cette époque, les
responsabilités civiles confèrent généralement un avancement moins rapide que
les légations légionnaires.
Le règne d'Antonin montre une tendance au raccourcissement du
cursus prétorien. L'expérience acquise par un sénateur est moins prise
en considération. Les administrateurs du trésor de Saturne et du trésor
militaire sont d'ailleurs des descendants de familles sénatoriales qui
bénéficient de promotions rapides. Le rang de ces personnages ne dépend pas
des services rendus, mais de la position de leur famille à la cour.
Sous Marc-Aurèle et Commode, des avancements prétoriens
comparables à ceux des premières décennies du siècle réapparaissent. Les postes
se multiplient: des juridicats italiens, des curatelles de cités trouvent
place entre la preture et le consulat. Les choix de Marc-Aurèle paraissent
motivés bien souvent par les compétences: ainsi la séquence des postes
quaestor urbanus- ab actis senatus, qui prépare à la conservation des
archives, se rencontre à trois reprises pour des sénateurs placés à la tête
de V aerarium Saturni par ce prince. Quelques carrières sont nettement
spécialisées; l'attention portée aux capacités des administrateurs justifie
la nomination à la tête de V aerarium Saturni d'anciens chevaliers, admis
au sénat en qualité de praetorii, après avoir assumé des services
importants dans la hiérarchie équestre. Il semble que, sous ces règnes, certains
sénateurs s'orientent vers les responsabilités « civiles »; ils obtiennent le
consulat moins vite que les « militaires ». De ce fait, le rang des préfectures
tend à baisser légèrement: deux responsables du trésor de Saturne
n'obtiennent pas le consulat à leur sortie de charge; les directeurs du trésor
militaire doivent pour la plupart assumer un autre poste prétorien: il
en a même fallu deux pour l'un d'entre eux, avant la gestion des faisceaux
consulaires.
L'origine sociale et les débuts des titulaires de l'une ou l'autre
préfecture confirment les grandes lignes que nous avons dégagées quant au
rang de ces deux fonctions prétoriennes sous les Flaviens et les Antonius.
Elles ne sont pas confiées aux membres de la haute aristocratie; nous
relevons un seul patricien, M. Petronius Sura Mamertinus, qui fut préfet
du trésor de Saturne; il s'agit d'un gendre de Marc-Aurèle, qui fut retenu
CONCLUSION 717

ainsi à la cour. Dans l'ensemble, la dignité des sénateurs nommés à la


tête de Vaerarium Saturni est plus relevée: les clarissimes de naissance
constituent le tiers des titulaires retrouvés; ils sont particulièrement
nombreux sous les Flaviens et sous Antonin. Trajan et Hadrien puis
Marc-Aurèle et Commode ont fait appel à des hommes nouveaux: au début
du siècle, ces hommes étaient entrés au sénat par la gestion de la
première magistrature; dans la deuxième moitié du siècle apparaissent les
premiers adlecti. Eares sont les préfets du trésor militaire nés dans l'ordre
sénatorial; nous en rencontrons quelques-uns sous le règne d'Antonin,
encore appartiennent-ils bien souvent à la deuxième génération de
sénateurs de leur famille. La plupart d'entre eux sont des hommes nouveaux;
certains ont même commencé une carrière de chevaliers et des adlecti
trouvent place parmi eux dès le règne de Vespasien.
Les deux administrations financières sont dirigées le plus souvent
par des Italiens, entrés au sénat plus ou moins récemment; il semble qu'il
y ait eu une politique délibérée en ce sens, puisque, en pourcentage, les
Italiens sont plus nombreux parmi les directeurs des deux caisses qu'au
sénat romain à la même époque. En revanche, l'émergence des
provinciaux par vagues successives n'a rien d'original: les Espagnols et les
Orientaux apparaissent sous les Flaviens; la proportion des Africains ne
cesse de croître au cours du IIe siècle.
Conformément à leur origine sociale, les débuts des sénateurs sont
modestes. Le règne d'Antonin fait exception: deux praefecti aerarli
Saturni issus de familles consulaires ont commencé par le triumvirat
monétaire, poste qui présageait un brillant avenir, et ont bénéficié de la com-
mendatio impériale pour l'élection à la questure. Deux praefecti aerarti
militaris d'Antonin furent aussi des candidati. Tous les préfets du trésor
militaire et la plupart des préfets du trésor de Saturne connus pour avoir
assumé le vigintivirat ont obtenu soit le décemvirat judiciaire, soit le
quattuorvirat viarum curandarumy les lois de la statistique ne suffisent
pas à justifier la coïncidence; ces postes sont considérés respectivement
comme le deuxième et le troisième par la dignité qu'ils confèrent à leurs
jeunes titulaires; or, il est bien vrai que les préfectures financières sont
confiées à des hommes qui, s'ils n'appartiennent pas à la haute
aristocratie, occupent dans la classe sénatoriale un rang honorable.
Ces personnages sont récompensés le plus souvent par un consulat
suffect qui est assurément moins flatteur qu'un consulat éponyme, mais
qui ne leur ouvre pas moins accès aux charges consulaires. La valeur
d'avancement des deux préfectures se mesure à l'obtention de fonctions
de plus haut rang. Sans doute certains sénateurs sont-ils morts avant de
718 l'(( aerarium saturni » et l'« aerarium militare »

bénéficier de toutes les possibilités de promotion qui leur étaient offertes;


nous examinons l'avancement maximum auquel leur position dans la
classe sénatoriale et à la cour leur permettait de prétendre.
La gestion de V aerarium militare ne prend pas place parmi les
carrières les plus brillantes. Elle figure par hasard dans le cursus prétorien
de deux sénateurs qui, par la suite, furent deux fois consuls et préfets
de la ville: mais, lorsque L. Catilius Severus et L. Fabius Cilo
administraient la caisse de retraite des vétérans, le premier sous Trajan, le second
sous Commode, ils occupaient un rang modeste dans la classe sénatoriale;
rien ne laissait présager la fortune qu'ils devaient respectivement à
Hadrien et à Septime- Sévère. Sous les Flaviens et les Antonins, il n'est pas
fréquent que nous connaissions une carrière consulaire aux anciens
préfets du trésor militaire; en revanche, ceux d'entre eux qui ont administré
aussi le trésor de Saturne ont obtenu de belles promotions après le
consulat. En effet, à la fin du Ier siècle et pendant tout le IIe siècle, la prae-
fectufa aerarti Saturni est toujours la promesse de services ultérieurs.
Les seconds consulats et la préfecture de la ville ne sont pourtant pas
destinés aux sénateurs qui ont géré le trésor public: si nous mettons à
part le cas de L. Catilius Severus dont nous avons souligné le caractère
exceptionnel, le seul consul bis de nos fastes est Cn. Iulius Verus, un
ancien préfet d'Antonin, militaire issu d'une famille sénatoriale en vue.
Mais les anciens préfets du trésor de Saturne peuvent espérer après le
consulat de grandes curatelles romaines ou italiennes, des légations
impériales et le proconsulat d'Asie ou d'Afrique. La carrière consulaire obéit
en effet à un tel schéma, de l'époque de Trajan à celle d'Antonin. Sous
ces règnes, la promotion la plus caractéristique est celle qui conduit les
anciens préfets du trésor sénatorial à la curatelle des temples et des
monuments publies de la ville de Eome. Ensuite les sénateurs prennent rang
sur le tableau d'avancement des gouverneurs de provinces impériales.
Sous Marc-Aurèle et Commode, ce type de carrière se perpétue avec une
multiplication des postes occupés.
A la fin du IIe siècle et dans la première moitié du IIIe siècle, les
préfectures financières sont exercées le plus souvent par des Jiomines
novi. Ces nouveaux sénateurs sont issus du milieu équestre; certains
sont d'anciens chevaliers entrés au sénat par adlectio: la pratique la plus
répandue est l'admission parmi les anciens préteurs. L'Italie fournit
toujours son contingent de nouvelles familles sénatoriales; mais les
provinciaux deviennent plus nombreux: parmi eux les Africains occupent
la première place, suivis par les Orientaux. Sans doute le sénat romain
s 'est-il renouvelé sous les Sévères; mais le fait que la préfecture de Y aera-
CONCLUSION 719

Hum Saturni soit confiée à de récents adlecti prouve cependant que la


fonction a perdu l'importance qui était la sienne sous les Antonins. La
carrière des titulaires du poste confirme cette impression: si la préfecture
confère encore le consulat suifect sous Septime-Sévère, il n'en est plus
de même sous Caracalla; cette moindre dignité tient au déclin du trésor
sénatorial qui a perdu une partie de ses ressources sous ce règne. En
revanche, l'administration de Vaerarium militare retrouve au même moment
un regain de dignité, en relation avec l'importance accordée pendant
quelques années à la caisse de retraite des vétérans: sa principale
ressource, le produit de l'impôt pesant sur les successions des citoyens romains,
s'est peut-être accrue à la suite de la Constitution antonine de 212; nous
sommes assurés en tout cas de l'augmentation des primes de retraite sous
ce règne.
A partir de Sévère- Alexandre, la préfecture de Vaerarium militare
retrouve un rang très modeste, comme celle de Vaerarium Saturni. Il est
possible que ce prince ait voulu plaire au sénat en reconstituant, pour
Q. Aradius Eufinus, la succession des deux postes telle qu'elle existait
sous les Antonins: mais ils occupent désormais le milieu de la carrière
prétorienne. Le déclin est encore plus net dans le deuxième jquart du
siècle, lorsque les préfectures financières trouvent place aussitôt après
la preture.
Nous n'avons aucune trace des préfets du trésor militaire dans la
deuxième moitié du IIIe siècle; ils ont disparu en même temps que
l'administration financière dont ils avaient la charge. En revanche, la
survivance des préfets du trésor de Saturne est assurée, bien que leur nom ne
nous ait pas été transmis: celui d'Aelius Xifidius a été forgé, à la fin du
IVe siècle, par le biographe d'Aurélien.
Au IVe siècle, nous connaissons trois praefecti aerarli Saturni, depuis
les dernières années du règne de Constantin jusqu'à celui de Constance II.
Eéduit à des ressources locales, le trésor conservé dans le temple de
Saturne est devenu « une caisse municipale de second ordre ». La place de
la préfecture dans la carrière sénatoriale est en accord avec ce rôle
modeste. L'administration du trésor est une fonction de jeunesse pour les
membres de l'aristocratie romaine; elle est exercée aussitôt après l'entrée
au sénat qui, à cette époque, a lieu après la preture. La fonction disparaît
entre 360, époque où Flavius Attilius Theodotus l'a remplie, et 384,
année pour laquelle la gestion par les] questeurs est assurée. Un changement
de nom a consacré l'évolution de cette administration: les auteurs de la
fin du siècle l'appellent arca et réservent le terme Vaerarium à l'ancien
fisc impérial.
720 ΐΛ AERARIXJM SATURNI » ET ΐΛ< AERARKTM MILITARE »

En éclairant les témoignages des auteurs anciens par les documents


épigraphiques, nous avons retracé la succession des réformes qui, dans
les premières décennies du principat, ont mis en place de nouvelles
structures financières et harmonisé progressivement la qualité des
administrateurs respectifs de Vaerarium Saturni et de Vaerarium militare. Mais
l'étude prosopographique dépasse ces conclusions; elle essaie de cerner
la réalité sociale. La mise en série des informations recueillies sur chacun
des sénateurs qui fut préposé à l'un de ces services permet de dessiner
l'évolution des deux responsabilités financières: leur inégale dignité et
les étapes de leur déclin, ainsi que les variations du rang reconnu à leurs
titulaires dans la hiérarchie sénatoriale; elle révèle les motifs qui président
au recrutement de ce personnel administratif sénatorial et met en évidence
une politique délibérée des empereurs successifs.
ABRÉVIATIONS UTILISÉES
POUR LES REVUES, DICTIONNAIRES ET PUBLICATIONS

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Cette liste indique seulement les ouvrages et les articles en rapport direct avec
le sujet, en particulier ceux qui sont cités dans les notes sous une forme abrégée;
elle est centrée sur les travaux qui concernent l'administration romaine et les classes
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INDEX

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références sont — à quelques exceptions près (divinités, noms des scribes, etc.) —· celles
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I. - INDEX DES SOUECES COMMENTÉES

Α. - Incriptions 1951, 228: 442, η. 6


AE 1954, 138: 296
220: 102
1902, 189: p. 25, η. 7 1955, 170: 170
1904, 99: 372 171: 169-170
1907, 194: 45 172: 171
1911, 136: 454 173: 164
1912, 304: 254 179: 247
1913, 224: 83 1956, 123: 232
1920, 30: 459 1961, 171: 468
54: 244 280: 290
1921, 20: 84, η. 4 282: 152
64: 469
Ι

1962, 145: 245


1923, 4: 197 229: 470
1924, 74: 227 258: 320
1925, 109: 244 1963, 42: 470
126: 91 1964, 239: 152
1926, 19: 91 1966, 123: 153, η. 3
79: 411 186: 64
1927, 117: 101 1967, 72: 209
1930, 61: 404 1968, 22: 323
77: 379 1969-70,6: 109, η. 2
1931, 122: 253 87: 172
123: 254 106: 108, η. 4
124: 254 152: 108, η. 1
1933, 151: 59 AJA
1934, 146: 190
1922, 451: p. 197
231: 115, η. 2
1935, 5: 68, η. 4 G. Alföldy , Fasti Hispanù"MS es,
169: 352 ρ. 90: p. 301
1936, 95: 83 Antiquité africaines
1937, 251: 316 III, 1969, p. 146: ρ. 460
1938, 144: 196 Arch. Esp. Aro.
,

1939, 311: 221 39, 1966, p. 28, η° 4: Ρ . 301


1940, 157: 255 Athenaeum
192: 255 XXVI , 1948, ρ. 116: Ρ· 103, η. 5
1941, 129: 145 117: 375
1946, 205: 82 126: 93
1949, 23: 103, η. 5: 375 130: 375
736 ΐΛ AEEARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE ))

Athen. Mitteil. OIL, III


XXIII, 1898, p. 166: p. 412 199: p. 231 *
XXXVII, 1912, p. 301, n° 26: p. 380 1071: 448
Bayerische Vorgeschichtsblätter 1072: 449
XXVII, 1, 1962, p. 85: p. 470 1619: 269
95: 469 2732: 231
4013: 81
BAG
1920, p. xx: p. 459 4117: 237
4120: 412
Bull, comunale 4426: 269
LV, 1927, p. 278: p. 404 4617: 412
BGH 4622: 412
VII, 1883, p. 26, η" 17: p. 328 4638: 412
XII, 1888, p. 63-66 : p. 116 4640: 413
Bull, di Archeologia e Storia Dalmata 4642: 413
XXXVII, 1914, p. 49, 4597 A: p. 281 5567: 284
Κ. Buresch, Aus Lydien. Epigraphisch- 6154: 449
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8714: 231
Carm. epigr. 10054: 324
868: p. 411 10336: 424, n. 4
Chiron 11089: 269
1972, 2, p. 405-428: p. 432 11323: 412
OIE 12373: 245
3854-3864: p. 54, n. 4 12385: 244
12514: 244
CIG 12574: 254
1342: p. 313, n. 6 15199: 413
3186: 40
3509: 151, n. 7 OIL, V
4030: 197 35: 357, n. 3
4033: 195 745: 133
4034: 196 833: 29, n. 2
4168: 254 868: 243
4193: 255 869: 243
870: 243
π 1874: 253
,

172: p. 45 2820: 110


1283: 189 3339: 29, n. 2
2073: 436 4329: 39
2423: 64 5262: 132
2634: 301 5263: 132
4115: 324 5264: 132
5506: 436 5279: 135, n. 5
INDEX 737

5667: 132 2078: 117


5813: 379 2080: 117, 145
7557: 351 2095: 403
7812: 152 2100: 254
8845: 345 2100b: 407
37836: 39 2340: 81, η. 8
3132: *207
OIL, VI 3847: 240
90: p. 348 8450a: 154, η. 4
312: 411 9100: 145
332: 316 9338: 54, η. 6
616: 119, η. 1 9357: 379
855: 220, 227 10051: 36
857c: 245 10229: 158, η. 7
915: 154, η. 2 14580: 358, η. 3
916: 74, η. 2; 21756: 284
677, η. 1 23991: 284
967: 679, η. 1; 689, η. 1 27041: 145
1265: 55 27881a: 92
1338: 465 30868: 175, η. 4
1356: 180 31201: 174, η. 2; 677, η. 1
1403: 67 31637: 180
1406: 309 31666: 283
1408: 410 31677: 305
1409: 410 31678: 170
1410: 412 31696: 421
1483: 27 31717: 403
1484: 27 31799: 240
1485: 395 31800: 467
1486: 395 32270: 32, 33, 36, 38, 43,
1488: 283 52
1495: 88 32271: 88
1496: 32, 33 , 36, 38, 43, 44, 51, 32272: 33
52 32274: 117
1509: 407 32363: 370
1510: 407 32375: 117, 145
1517: 243 32385: 403
1526: 161, η. 2; 236 32412: 302
1545: 305 36841: 36
1563: 386 37045: 52, η. 2
1820: 35, η. 4 37144: 34, 57
1822: 109, η. 5 37174: 64, η. 2
1874: 73, η. 2
1984: 320 CIL, VIII
2059: 370 823: p. 269
2074: 117 2365: 297
2075: 117 2390: 254
2076: 117 2392: 459

47
738 ΐΛ AERARTUM SATURNI » ET L'A AERARIUM MILITARE »

2428: 460 OIL, Χ


2495: 296 527: ρ. 77, η. 4
2499: 296 807: 348
2702: 442, η. 5 841: 348
2742: 459 3722: 280
4230: 296
262, η. 1 * 4635: 426
5354: 4750: 278
7030: 73, η. 2; 253 5056: 111, η. 2
7044: 398 5180: 45
7049: 459 5181: 45
7058: 370 5182: 44; 74, η. 1
8326: 297 5183: 47, η. 2
8810: 293, η. 1 6006: 185
11026: 175, η. 5 6025: 186, η. 2
11810: 332 6082: 29, η. 2
12241: 700, η. 3 6569: 437
12291: 262, η. 6 6639: 36
12346: 269 6658: 127, η. 3
14688: 320 6687: 216
14689: 320 7192: 79, η. 2
18250: 442, η. 5 7266: 79, η. 3
20076: 145 7852: 679, η. 6
24094: 220 8038: 118, η. 2
25521: 342 8291: 144
OIL, IX
751: ρ. 28, η. 2 OIL, XI
1455: 109, η. 1 14: p. 379
1592: 311, η. 1, η. 3 377: 258
2454: 101 571: 82
2455: 101 1183: 213
2456: 107, η. 3; 108, η. 5 1356: 36
2457: 390 1940: 379
2458: 105, η. 4 1989: 54, η. 4
2485: 390 3003a: 157
2592: 314 3004: 159, η. 4
2845: 26 3364: 156
2846: 26 3365: 236
3044: 396, η. 3 3366: 157
4061: 399 3741: 398, η. 4
4776: 118, η. 2 3884: 31, η. 2
5155: 436 4181: 334-335
5244: 26 4647: 435
5330: 396, η. 3 5065: 379
5645: 30 5272: 133
6008: 399 5645: 400
5817: 21, η. 6 5939: 255
6078, 128: 27 6163: 70
INDEX 739

6164: 462 4276: 83


6333: 169, η. 2; 175, η. 2 4442: 170
7553: 23 4443: 171
4444: 171
CIL, XII 4445: 393
175: Ρ· 387 4446: 172
68, η. 4. 4463: 172
2327:
2718: 468 4704: 355
2719: 468 5347: 248
5089: 387 5348: 248

CIL, XV
GIL, XIII
1245: 51, η. 8
1807: Ρ· 64, η. 2
5090: 227 2159: 284
7791: 221 7326: 438
8150: 325 7387: 449
8159: 220 7447: 413
8665: 325. 7448: 413
7460: 83
CIL, XIV 7511: 284
7780: 398, η. 4
72: p. 170
153: 23, η. 4; 55, η. 1 CIL, XVI
155: 170
156: 172 30: Ρ· 82
192: 355 31: 82
250: 248 48: 106, η. 1
251: 412 95: 221
399: 164 108: 244
467: - 393 132: 421
2212: 172 163: 145
2405: 209 164: 145
2604: 19 173: 172, 281
2925: 119. 188: 404
3587: 207
3599: 425, η. 6 CBAI
3601: 215 1900, Ρ· 704 : ρ. 196
3607: 59 1925, Ρ· 227-230: ρ. 91
3608: 63, η. 3 1967, Ρ· 1977 : ρ. 209
3610: 226
3612: 128, η. 6 Dacia, n.s., IV, 1960, p. 267-272: p. 245
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3995: 395 1931, p. 1: p. 253
4016: 83
Epigrafia romana de la Ciudad de Astorga,
4089, 20: 284
4145: 171 Orense, 1903, n° 5: p. 301
4244: 215 Epigrafia, XXIX, 1967, p. 78: p. 323
740 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET LJ« AERARIUM MILITARE »

Epigr. Studien 401: 56, n. 8.


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V, 1, 1953, 61-62, n° 1: 373 100: 250
62, n° 2: 372
63, n° 3: 125: 99, n. 3; 107, η. 2
372 129: 255
66, n° 4: 373 151: 105 η 5
67, n° 5: 373 173: 196
68, n° 6: 373 174: 195
374 196
175:
71, n° 8: 374 190: 197
71, n° 9: 374 99 , η . 3; 107, η. 2
223:
72, n° 11: 372 238: 328
73, n° 12: 374 558: 389 » η . 1; 402
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IG ILAlg.
V, 1, 541: p. 313, n. 6 1229: p. 341
I,
XII, 7, 262: 269 1247: 341
XIV, 751: 270 1274: 341
911: 437 1276: 341
1078: 411 1285: 342
1966: 374 1286: 341
2344: 243
II, 614: 253
IGE 630: 398
I, 138: p. 411 633: 459
338: 374 643: 370
INDEX 741

644: 370 36
3604: 460 52
306 : 33
ILÄfr 34
43: p. 144 307 : 34
281: 268 57
322: 324 85
QQ
472: 84, η. 4 308 : 90
591: 124; 128, η. 3 n. 1
309 : 36
ILGN
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1968, fase. 1, p. 60-61, n° 68: p. 411
Inscriptions inédites de:
— Lambèse : p. 327 ILS
— Timgad : 460
37: p. 56, n. 8
Inscr. Ital. 190: 45
ι, ι, p.124 : p. 59 203: 154, n. 2
309: 679, n. 1; 689, n. 1
IV, 1, n° 100 : 207
n° 478: 437
115 : 215
n° 892: 23, n. 4; 55, n. 1
116 : 215 915: 26
n°127 : 226
n° 916: 23
144 a et b: p. 303, 304 937: 30
XIII, 1, n° 5, p. 184-185. p. 36 940: 39
193 375 946: 357, n. 3
196 171 964: 59
200-201: 145 965: 19
204-205: 157 966: 67
164 967: 70
164 972: 11, n. 2; 42; 74, n. 1
209
;

978: 31, n. 2
216 986: 63, n. 3
206-207 227 1001: 370
213 1002: 159, n. 4
208-209 237 1005: 81
213 395 1020: 387
226 171 1024: 119; 124, n. 1; 127, n. 6
241 395 1025: 128, n. 6
1, n° 24, 297 36 1027: 379
39 1032: 105, n. 4 ; 107, n. 3;
298 351 108, n. 5
XIII, 1, n° 26, 303 36 1033: 101
n° 27, 305 : 38 1034: 101
43 1040: 127, n. 3
44 1041: 146
51 1047: 156
32 1057: 231
742 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET L?« AERARIUM MILITARE »

1061: 425, n. 6 5031: 117


1062: 424, n. 4 5035: 117
1066: 185 5046: 117
1071: 226 5049: 370
1073: 169, n. 2; 175, n. 2 5283: 36
1076: 390 5451: 170
1079: 213 5628: 47, n. 2
1080: 243 5638a: 348
1081: 236 5678: 255
1084: 262, n. 1 5771: 157
1085: 262, n. 6 5864: 231
1101: 215 5937: 55
1109: 180 5947: 679, n. 6
1115: 426 6022: 459
1118: 253; 73, n. 2 6174: 248
1119: 253; 73, n. 2 6509: 109, n. 1
1123: 407 6767: 79, n. 2
1123a: 407 7728: 36
1126: 311, n. 1 et n. 3 7776: 220
1135: 316 8687: 438
1139: 436 8826: 195
1141: 410 8842: 454
1142: 410 8971: 372; 99, n. 2
1155: 302 8973: 220
1163: 398 8974: 231
1167: 309 9007: 25, n. 7
1174: 449 9049: 64, n. 2
1177: 459 9116: 232
1178: 459 9117: 255
1233: 334-335 9337: 36
1330: 64, n. 2 9349: 39
1671: 77, n. 4 9353: 342
1850: 145 9357: 341
1891: 35, n. 4
1893: 109, n. 5 ILTun.
1997: 82 672: p. 175, n. 2
2006: 244 699: 221
2295: 449
2299: 301 ΙΕ Τ
2689: 396, n. 3
28: p. 422
2927: 132
3403: 64 292: 442, η.
3553: 29, n. 2 JOAI
3655: 269
3782: 348 VII, 1904, Beiblatt, col. 56 :
3937: 320 p. 372
3938: 320 XVI, 1913, Beiblatt, col. 209-210:
5025: 320 p. 244
INDEX 743

XIX-XX, 1919, Beiblatt, col. 293-322: OGIS


p. 469 445: p. 56, n. 8
XXV, 1929, Beiblatt, col. 16 : 543: 195
p. 379 544: 196
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II, 1924, p. 317: p. 244
1905, p. 124 : p. 25, n. 7 XXXVIII, 1960, 68: 290
1925, 245 : 101
382, n° 4 355 Rivista Ingauna e Intemelia, n.s.,
1928,
127 59 XIII, 3-4, 1958, p. 159: p. 152;
1932, 153, n. 1
1933, 433 190
1934, 214-217 83 RIB
1940, 17-18 82 283: p. 231
1953, 258-259 170 1132: 231
259-260 169, 171 1322: 232
261-262 : 164 2110: 232
272-273 : 247 Sardis, VII, 45: p. 374
Nuovo bullettino di archeologia cristiana, R. K. Sherk, The Legates of Galatia,
1913, p. 240: p. 83 p. 104-105: p. 328
744 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

SEG 48,3: 20, n. 3;


I, 389: p. 351 23, n. 1;
IV, 532: 379 634, 649
IX, 96: 51, n. 3 LII, 1,2: 331, n. 6
XX, 786b: 920 3,3: 331, n. 6
Studi Romani, 1,4, 1953, p. 366-369: p. 102 LIII, 2,1: 17, n. 5;
19, n. 2;
H. Swoboda, J. Keil, Fr. Fnoll, 24, n. 2;
Denkmäler aus Lykaonien, Pamphylien und 29, n. 4;
Isaurien, I, Brunn, Prague, Leipzig, 55, n. 2;
Vienne, 1935, p. 25, n° 38: p. 316 65, n. 2;
8yU.*, II, p. 867: p. 227 638
14, 2 24, n. 4;
ΤΑΜ 29, n. 5
II, 175: p. 421 16, 1 689, n. 2
568: 105, η. 5 22, 3 689, n. 2
569: 389, η. 1; 402 32, 2 24, n. 2;
668: 144 29, n. 4;
TAPha 55, n. 2 et
LV, 1924, p. 6: p. 91 3; 639
LIV, 2 : 673, η. 1
A. West, Corinth, VIII, 2, n° 56: p. 197 4, 1 : 24
19 : 24
20 : 24
Β - Auteurs 21 : 24
36, 1 : 75, η. 1;
676
AELIUS ARISTIDE, Discours sacrés,
IV, 12: p. 197 LV, 23 : 347, η. 1;
701
71: 197
77: 198 25, 1 347, η. 2;
78: 198 354, η. 3;
85: 198 664
88: 198 25, 2 : 66, η. 1;
89, η. 1;
PSEUDO-AURELIUS VICTOR, Epitome 137, η. 9;
de Caes., 20, 6: p. 414 347, η. 3;
APULÉE, Apologia, 89: p. 681, n. 2 664
25, 3 : 347, η. 4;
CICÉRON, De legibus, III, 20, 46: p. 675, 664
n. 3 25, 4 701, η. 8
Phil, III, 26: p. 19 25, 5 702, η. 2
Pro Fiacco, 18, 43: p. 680, η. 2 25, 6 686, η. 3
Terr., II, III, 79, 183: p. 675, n. 6 28 687, η. 4;
DION CASSIUS (édition Boissevain) 688, η. 1
XLIII, 28,2: p. 20, n. 4; 32, 2 . 701, η. 7
634 LVI, 27, 1 65, η. 2
48,1: 17, n. 4; LVII, 16, 2 75, η. 2
634 17, 1 37
INDEX 745

Ind. du Livre LVII: 37 II, 7: 256


LIX, 14, 2-3: 673, n. 3 II, 9: 256, 257
LX, 4, 4 : 642 II, 11: 257
10, 3 : 642 — Epistulae ad Marcum Caesarem,
10, 4 : 64, n. 1; Uli, 2, 5: p. 249
641;
686, n. 4 HÉRODIEN, VII, 11, 3: p. 325
15, 4 71, n. 7 LUCIEN, Alexandre ou le faux prophète,
24 18, n. 1;
66, n. 3; 4: p. 216
30: 216
68, n. 8;
69, n. 9; 31: 216
33: 216
70, n. 1;
88, n. 4 34: 216
24, 1-3 76, n. 2; 35: 216
644 48: 217
LXIII, 13, 2 125, n. 3 57: 217
55, n. 1 60: 217
LXVII, 14, 1
16, 2 75, n. 2 MARTIAL, Epigr.
17, 1 37 IV, 74, 1-4: p. 93
LXIX, 8, 1 679, n. 1 IX, 30, 1-6: 93
8, 12 689, n. 1 XI, 16, 7-8: 111, n. 4
14, 4 197,
330, n. 2 OVIDE, Pontiques,
21, 1 146 4, 7, 21: p. 361
LXXI, 33 687, n. 7 PHILON, In Flaccum,,
LXXIII, 3, 3 269 19, 158: p. 58, n. 4, 5 et 10
LXXVII, 4, 2-5 414-415
5, 1 414-415 PLINE, Lettres,
9, 5-6 702, n. 7 I, 4 : p. 138, n. 1
24, 1 701, n. 5; : 138, n. 1
702, n. 7 : 137, n. 10
LXXXVIII, 11, 2 415 10, 9-10 : 133;
30, 2 438 138, n. 3;
34, 1 438 141, n. 4;
672; 692
EUTROPE, Brev., VIII, 9: p. 222 19, 1 135, n. 4
FLAVIUS JOSEPHE, Ant.Jud., XX, 6,2: 22 145
p. 47 23, 2 136, n. 11
— Bellum Judaicum, II, 12, 5-6: p. 47 II, 1, 9 687, n. 3
11, 19 120
FRONTIN, De Aq., 11, 22 120
100, 3-4: p. 640 12, 2 120
100, 11 : 85, n. 5 III, 3 108, n. 5
101 : 679, n. 5 4, 2 141, n. 5 et
118 : 679, n. 5 12 145
FRONTON, Ad amicos, IV, 9, 16 380
II, 6 : p. 255 9, 20 380
746 I,'« AERARIUM SATURNI» ET I,'« AERARIUM MILITARE»

12, 2-4 : 686, η. 2; 92, 1 140, η. 3;


690, η. 1 334, η. 4
17, 9 121 92, 1-4 123
V, 8, 5 135, η. 4
14, 1-6 121 PLUTARQÜE, Gaio minor,
17 : p. 679, η. 3
VI, 8 106
18, 5: 675, η. 7
VII, 16, 2 136, η. 12
21 142, η. 6 — Questions romaines,
31 121 42 : p. 679, η. 4
31, 2 : 136, η. 9 43 : 680, η. 1
IX, 13 111; 116 QUINTILIEN, 6, 3, 67: p. 42, η. 3
13, 11 98, η. 3;
112; RES OE8TÄE,
118, η. 5 3, 35-39: p. 347, η. 2
13, 13 112; 116 16 701, η. 2
13, 15-16 122 17 790
13, 16 112
13, 17 112 SÉNÈQUE LE RHÉTEUR, Controverses,
13, 22 112 II, 1, 36: p. 351
13, 23 105, η. 1 et 2; SERVIUS, Commentaire de Virgile:
112, 116
13, 24 113 Géorgiques,
II, 502: p. 674 n. 4; 680, n. 4
χ, 3, 1 138, η. 5
8 : 692 Enéide,
8, 3 : 134 VIII, 322: p. 674, n. 4
8, 3a 133 8HA
8, 3-4 141, η. 5
8, 6 134 Vita Hadriani,
9 134 4, 2: p. 191, η. 1
141, η. 5; 4, 8: ] 01
692, η. 3 5, 10: 145, η. 11
13, 24 113 7, 6: 679, η. 1 Ρ 689, η. 1
66, 3 77, η. 4 15, 7: 146
18, 1: 102; p. 211
Pan., 24, 6: 146
36 690, η. 5
687, η. 8 24, 7: 147
36, 3
37-40 702, η. 5 Vita Antonini Ρ it,
62, 2 687, η. 3 2, 9 146
90, 3-6 122 5, 3 115, η. ΐ;
91, 6 89, η. 2; 195, η. 1
98, η. 4; 12, 1 249
123; Vita Marci,
126, η. 2 et 3; 1, 4 146
139, η. 1; 1, 9 146
653 3, 6 249
91, 5 123 9, 7 273; Ρ· 680, η. 3
91, 6 : 123; 9, 7-9 77, η. 2
124, η. 2 9, 8 681, η. 1
INDEX 747

Vita Gommodi, 38, 2 31


1, 5-6 : 290 39, 3 700, η. 3
7, 1 : 257 49 347, η. 2; 700
7, 5 : 284 Tib.,
17, 4 : 413 30, 1-2 p. 688, η. 2
20, 1 : 140, η. 2; p. 413 34, 1 673
Vita PeHinacis, Galig.,
3, 7 : 257 44 701
Vita Didi Iuliani, 49 682, η. 5
ι, ι , 2 222 Glaud.,
9, 6 690, η. 3
Vita Severi, 13, 4 71, η. 6
12, 4 292 18, η. 1 et 2;
24, 4
Vita G arac, 19, η. 2;
3, 2 414 68, η. 8;
4, 5-6 : 414 70, η. 1;
Vita Maximini, 644, 649
20, 6 325 Nero,
17 : 673, 677
Vita Gordiani, 26, 2 : 31, η. 2
4, 8 : 681, n. 4 32, 1 : 700, η. 2
22, 7 et 8 : 325 : 62, η. 2
35, 8
Vita Aureliani, Galba,
9, 2-7 : 346, n. 2 1,2 : 29, η. 6
11, 8 : 344
12, 1 : 344 Vitellius,
20, 4 : 345, n. 8 2, 2-6 : ρ. 359
20, 8 : 344, n. 5 3, 3 : 359
36, 4 : 682, n. 5
9, 2 : 95, η. 6
STRABON, Géographie, Dom.,
IV, 1, 1 : p. 25 9 : 690, η. 4
IV, 2, 1 : 25
SYMMAQUE, Bel,
SUÉTONE, Gaes., 20, 2 : p. 344, η. 3;
41, 1 p. 28 345, η. 7;
76, 3 17, η. 4; 699, η. 1
20, η. 2;
635 TACITE, Dialogues des Orateurs,
34 p. 113, η. 5
Aug.,
26 p. 29, η. 5 Agricola,
36 19, η. 1; 6, 1 67
17, η. 5 et 6 Ann.,
23, η. 3; I, 38 p. 702, η. 1
24, η. 2; 70, 1-2 360
29, η. 4; 70, 6 360
55, η. 2 et 3 75 640; 685, η. 4
638, 639 80 45, η. 7
748 ΐΛ AEEARIUM SATURNI » ET ΐΛ< AERARIUM MILITARE »

Π, 6, 1 360 29 24, η. 2; 637


34 60, η. 5 29, 2 17, η. 5;
41 210, η. 2 19, η. 1;
41, 2 36 29, η. 4;
47 688, η. 4 55, η. 2 et 3
47, 4 375, η. 6 639
48, 3 364, η. 2 29, 2-3 17, η. 6;
74, 3 361 69, η. 1;
III, 10, 1-2 361 644
13, 3 361 29, 2-4 76, η. 2
17, 5 362 29, 3-4 18, η. 1;
19, 1-2 362 66, η. 3;
29, 1 28, η. 6 68, η. 8;
32 29, η. 6 70, η. 1
35 29, η. 6 29, 4 69, η. 3;
58 29, η. 6 79, η. 1
63 352, η. 4 29, 4-5 18, η. 2;
74, 2 40 649
IV, 9 650 29, 5 697, η. 2
13 688, η. 4 45, 2 42, η. 10
14 352, η. 3 XIII, 50 688, η. 3
23, 3 41, η. 3 XIV, 26, 4 47
VI, 3, 1 358 XV, 7, 1-2 83
3, 3 358 18, 3 687, η. 1
4, 1 51, η. 6 23 210, η. 2
8, 2, 2 40
XI, 2, 3 40 Hist.,
4, 7 40 Ι, 37, 6 ρ. 78
22, 3 673, η. 5 89, 2 71, η. 6
22, 9 673 III, 44, 3 96, η. 5
24, 9 66, η. 9 73, 4 28, η. 3
25, 3 63, η. 2 IV, 9 18, η. 3;
XII, 45, 6 45 388, η. 2;
48, 1 46 685, η. 5;
54, 5 46 687, η. 2;
58 688, η. 4 688, η. 5
67-68 688, η. 4 40, 9 77, η. 4
XIII, 8, 2 46
9, 3 46 TERTULLIEN, Ad Scapulam,
23 679, η. 2 5, 1 : p. 257
25, 2 31, η. 2
28, 5 675, η. 8;
690, η. 2
C. - Textes juridiques
28, 6-7 18, η. 2;
19, η. 2;
78, 648 Cod. Just.,
28, 7 76, η. 4 H, 50, 1 : Ρ· 413
28-29 66, η. 2 VII, 55, 2 465
INDEX 749

Cod. Theod., P. Oxy.,


VIII, 10, 2 : p. 335 III, 635: p. 290
653: 248
Dig., VIII, 1117: 290
I, 2, 2, 53 : p. 222
12, 1 : 415
15, 5 : 415
XXXIII, 7, 12, 43 : 102 E. - Monnaies
XXXVII, 12, 5 : 102
XXXIX, 4, 9 685, η. 3 Catalogue of the Greek Coins in the British
XLVIII, 8, 6 : 102 Museum, Galatia Cappadoeia, Syria,
16, 18 : 232 p. 160, n° 173: p. 45
20, 1 : 685, η. 3
XLIX, 14 : 690, η. 6 — Lydia,
14, 42 : 206 p. XLVi : 374
18, 5, 1 : 64, η. 2 p. LXV : 117
— Phrygia,
p. 312, n° 208: 228
D. - Papyrus F. Imlioof -Blumer, Griechische Münzen,
Munich, 1890, p. 743: p. 228
L. Mitteis, Chrest., 90: p. 248 — · Monnaies grecques, Amsterdam, 1883,
P. Dura (Final Report), p. 408, n. 135: p. 228
V, 1959, p. 128, n° 25: p. 232 W. H. Waddington, E. Babelon, Th.
P. Gen., 35: p. 248 Reinach, Recueil général des monnaies
P. Mich., grecques d'Asie Mineure, I, p. 516,
III, p. 153-154: p. 221 n° 12 et n° 13: p. 362
II. - INDEX DES NOMS DE PEBSONNES

Etude sociale: p. 480, 490, 508,


518, 526, 530, 544, 546, 558, 565
Aburnius Valens, jurisconsulte: p. 206- Etude administrative: p. 657,
207, 222 658, 718
C. Aburnius Valens, cos 109: p. 207
Cn. Acerronius Proculus: p. 44, 45 Aemilius Alcima: p. 181-183
M. Acilius M. f . Caninus: p. 23; 55, n. 1; Aemilius Papinianus: p. 414, 419, 442
637 Aemilii Papi: p. 192 (stemma), 193
Acilia M'. f. Septimina: p. 420 L. Aemilius Q. f. Cn. n. Papus: p. 193, n. 2
Acilii Glabriones: p. 169, 175 Q. Aemilius Cn. f. L. n. Papus: p. 193, n. 2
Aemilius Saturninus, préfet du prétoire:
M'. Acilius Glabrio, cos 152: p. 394
p. 442
Agricola: p. 67-69, 96
M. ACILIUS Al Vot. PEISCUS Agrippa Postumus: p. 701
EGrKILIUS PLAKIANUS,
praefectus aerarii Saturni: n° 37, T. AIIJS SANCTUS,
p. 169-180; praefectus aerarii (Saturni):
praefectus aerarii militaris : n° n° 58, p. 290-296; p. 253; 289, n. 2;
XV, p. 389; 298, n. 3; 317, n. 6; 469
avancement comparé à celui de Etude sociale: p. 480, 490, 508,
L. Catilius Saverus: p. 150; p. 162, 512, 518, 526, 530, 535, 544, 551, 556,
165 166, 167, 168, 184, 203, 223, 225, 564
242, 393, 394; p. 434, n. 2 Etude administrative: p. 651,
Etude sociale: p. 478, 488, 506, 662, 696
511, 514, 520 522, 528, 533, 534, 540,
Albanus, scribe: p. 32
550, 556, 560, 563, 566, 570, 574, 576, Alb anus, autre scribe: p. 33
579, 581, 584, 588, 589, 590, 594, 596,
600, 605, 606, 610, 620, 623, 626, 628
Etude administrative: p. 658, L. ALBINIUS A. f . Quir. SATUKNINUS,
660, 695, 696, 703, 714 praefectus aerarii Saturni: n° 95,
Aelius Aristide: p. 205 p. 278-280; p. 211
P. Aelius Coeranus: p. 425, n. 1 Etude sociale: p. 480, 490, 508,
Q. Aelius Egrilius Evaretus, philosophe:
511, 516, 520, 526, 530, 535, 542,
p. 220, 225 551, 556, 564, 568
L. Aelius Lama, édile plébéien de 45 av. Etude administrative: p. 661,
J.-C: p. 21 695, 697
L. Aelius Lamia, cos 3 ap. J.-C: p. 62
Alexandre, le «faux prophète»: p. 220
AELIUS XIPHIDIÜS, Amyntas, tétrarque: p. 200
Annia Comincia Faustina: p. 428, η. 4
praefectus aerarii Saturni: n° 74, Annia Faustina, épouse de Ti. Claudius
p. 344-346 Severus Proculus: p. 428 avec n. 4
INDEX 751
Annia Faustina, épouse de Pomponius [L. ?] ANTH H,
Bassus: voir Annia Faustina Augusta
Annia Faustina Augusta: p. 428 avec n. 4 praefectus aerarii Saturni: n° 70,
Annia Quartilla, épouse de Tettienus p. 322-334
Severus: p. 381-382 Etude sociale: p. 480, 490, 508,
Annii, famille impériale: p. 428, n. 4 511, 518, 526, 530, 536, 544, 558,565
Etude administrative: p. 651,
(stemma)
Annii, famille sénatoriale du IIe siècle: 658, 697
p. 451 (stemma) L. Ant., fils du préfet du trésor: p. 333
L. Antistius Burrus, beau-frère de
Commode: p. 257, 267
Q. ANNIUS M. f. Pa[p.] ANNIANUS Antistius Labeo: p. 391
POSTUMIANITS,

praefectus aerarii militaris: L. ANTISTIUS [.] f. Gai RUSTICTJS,


n» XXXVII, p. 465-466 praefectus aerarii Saturni: n° 26,
Etude sociale: p. 572, 578, 584, p. 91-100; p. 114, n. 1 et n. 2; p. 384,
592, 594, 598, 602, 607, 612, 622, 627 n. 3
Etude administrative: p. 667 Etude sociale: p. 478, 488 506,
C. Annius Flavianus: p. 445, n. 2 511, 514, 522, 528, 532, 540, 547, 554,
Annius Honoratus, praefectus alae: p. 448- 559, 562
451 Antistii Veteres: p. 95
Annius Honoratus, fils de L. Annius
C. Antistius Vêtue, cos 23: p. 352, 356
Italicus Honoratus: p. 450-451
Annius Italicus: voir L. Annius Italicus Antonin le Pieux: consul en 120: p. 151;
nouveau César: p. 250; la titulature
[Torqu ?]atus
Imp. Antoninus Aug.: p. 213-214 et
399; datation par sa titulature: p. 186
L. ANNIUS L. f. Quir. ITALICUS et 188; conserve les fonctionnaires
HONORATUS, d'Hadrien: p. 659; concède le lati-
clave: p. 271; candidat de: p. 238;
praefectus aerarii militaris : nommé par: p. 219, 391, 704; et
n° XXXII, p. 448-453 les légats de province: p. 194-195,
Etude sociale: p. 572, 578, 584, 205, 548; rang des sodales Hadriana-
588, 592, 595, 598, 602, 607, 608, les: p. 212; et Salvius Iulianus:
612, 615, 617, 622, 627, 628 p. 226; statue à: p. 190-191
Etude administrative: p. 704
L. Annius Italicus Rutilianus: p. 450-451 M. ANTONIUS MEM[MIUS HIERO?],
L. Annius L. f. Quir. Italicus [Torqu ?]atus:
praefectus aerarii Saturni: n° 69,
p. 450-451
App. Annius Marsus: p. 381-382 p. 328-332; p. 308, n. 5; 334; 457,
n. 1
Annius Postumus, procurateur: p. 465
Ann[ius Pujblicius Honoratus: p. 450 Etude sociale: p. 480, 490, 508,
M. Annius Verus, grand-père de Mare- 518, 520, 521, 526, 530, 544, 558, 565
Aurèle (cos 97): p. 106 Etude administrative: p. 695
M. Annius Verus, père de Marc-Aurèle: Anullius, préfet de la ville: p. 414, 427
p. 147; 428, n. 4 [. -] M. f. Antullus, scribe: p. 34
M. Annius Verus: voir Marc-Aurèle C. Appius Iunius Silanus: p. 34, 57-58
752 ΐΛ AERARIITM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Apulée: p. 681 Etude sociale: p. 480, 490, 508,


M. Aquilius Kegulus: p. 382-383 511, 516, 520, 521, 524, 530, 535, 542,
Aradia (gens): p. 320 551, 556, 560, 564, 568
Aradii du IV0 s.: p. 321 Etude administrative: p. 661,
Aradius Paternus: p. 321-322 695, 697
Aradius Rufìnus, comte d'Orient en 363- L. Arrius Hermes: p. 393-394
364: p. 321 C. Arrius Honoratus: p. 401, n. 3
L. Arruntius Camillus Scribonianus: p. 71
Q. ARADIUS RUFINUS OPTATUS Artémidore, philolosophe : p. 137, 533
Artoria: p. 350
AELIANUS, Artorii: p. 350 (stemma)
praefectus aerarli Saturni: n° 66, M. Artorius Asclepiades: p. 349-350,
p. 319-324 578
praefectus aerarti militaris: n°
XXXIV, p. 458, 312; 447, n. 1; 463 M. ARTORIUS GEMINUS,
Etude sociale: p. 480, 490, 508, praefectus aerarli milìtaris : n° 1 ,
518, 526, 530, 536, 537, 544, 558, 565, p. 348-351
568, 572, 574, 578, 584, 592, 598, 602, Etude sociale: p. 570, 576, 584,
607, 612, 615, 617, 622, 627, 628 590, 596, 600, 604, 610, 620, 626
Etude administrative: p. 667, Etude administrative: p. 666
696, 703, 718 M. Artorius M. 1. Primus: p. 348
L. Aradius Valerius Proculus signo Popu- Asclepiodotus: p. 295
lonius: p. 343, n. 4 Asconia (gens de Padoue): p. 110
Asconia C. f., Augurini (uxor): p. 110
Q. ARQUINIUS, Asconia Secunda: p. 110
Asconii; p. 22
praetor aerarti: n° 12, p. 52-53;
p. 33, 35 Q. ASCONIUS GABINIUS MODESTUS,
Etude sociale: p. 476, 486, 498, praefectus aerarti Saturni: n° 28,
502, 554, 562 p. 110-111
Arria L. f. Piaria Vera Priscilla: p. 394 Etude sociale: p. 478, 488, 506,
Arrianus Aper Veturius Severus: p. 207- 514, 522, 528, 540, 546, 554, 563
208 Q. Asconius Pedanius: p. 110
C. Asconius Sardus: p. 22
ARRIANUS SEVERUS, C. Asconius C. f. Fab. Sardus: p. 110
C. Asconius C. f. Fab. Sardus Secundus:
praefectus aerarti Saturni: n° 42, p. 110
p. 206-208 Asinius Grallus: p. 353
Etude sociale: p. 478, 488, 506, C. Asinius Pollio, cos ord. 23: p. 352
516, 524, 528, 542, 546, 556, 563. L. Asinius Pollio Verrucosus, cos ord. 81:
p. 88, 89
C. ARRIUS C. f. Quir. ANTONINUS, Ateius Sanctus: voir T. Aius Sanctus
Atilius Theodotus: voir Flavius Atilius
praefectus aerarti Saturni: n° 53, Theodotus
p. 253-268; p. 73, n. 2; 272, n. 2; Attale: voir P. Claudius Attalus
332, n. 2; 467. Attidius Cornelianus: p. 235
INDEX 753

ATTIÜS CAECILIÜS MAXIMJLIANUS, Q. AUKELIUS PACTUMEIUS P. f. Quir.


FRONTO,
praefectus aerarti Saturni: n° 12,
p. 337-340 praefectus aerarti militaris: n°
VIII, p. 370-378; p. 368, 384-385.
Etude sociale: p. 480, 490, 508, Etude sociale: p. 570, 576, 578,
518, 521, 526, 530, 544, 558, 565 581, 584, 590, 595, 596, 600, 604, 607,
Etude administrative: p. 651, 610, 620, 626
662 Etude administrative: p. 713
Attius Labeo, poète: p. 212 T. Aurelius Fulvus Boionius Arrius
Sex. Attius Suburanus Aemilianus: p. 212 Antoninus: voir Antonin
Auguste: titulature Caesar Augustus:
Avianus Maximilian us: p. 340
p. 357; faveur d'Auguste: p. 30; Avidius Cassius: p. 264
réforme de la carrière sénatoriale: Avillia {gens): p. 58
p. 31, 500, 510; réforme de Vaerarium Aviïlii du IIe s.: p. 58
en 2S av. J.-C: p. 17, 55, 637-639; Avillius (gentilice): p. 52
réforme de Vaerarium en 23 av. J.-C:
A. Avillius Flaccus: p. 58
p. 17, 24, 29, 639-643; création de
Vaerarium militare: p. 347, 572, 699,
708; et la commission sénatoriale de AVILLIUS PASTOE,
l'an 6: p. 686; consulte le Sénat:
p. 688; et l'accès des chevaliers au praetor aerarti: n°17, p. 57-59;
tribunat de la plèbe: p. 594-595; p. 34-35
et les praemia militiae: p. 701; et Etude sociale: p. 476, 486, 498,
les rationes imperii: p. 687; et le 502, 554, 562
collège des féciaux: p. 565 Etude administrative: p. 641
Aurélien: p. 345-346 A. Avillius Urinatius Quadratus: p. 58
Aurelii Galli: p. 181 Avitus: voir Elagabal
L. Aurelius Avianius Symmachus Phos-
phorius: p. 339
M. Aurelius Cotta, cos ord. 20: p. 33, 52

L. AUKELIUS L. f. Quir. GALLUS,


praefectus aerarti Saturni, cos Baburianus: p. 256
suff. 129-130: η" 38, p. 180-185; P. Baebius Italicus: p. 435, n. 1
p. 172, 194, 242, 394; p. 431, n. 2. Q. Baebius Macer: p. 384, n. 5
Etude sociale: p. 478, 488, 506, Baebius Massa: p. 137
514, 520, 522, 528, 533, 540, 546, 550, Balbin: p. 325
556, 563 Bassus, scribe: p. 33
Etude administrative: p. 660 Bassus, sénateur: p. 427
L. Aurelius Grallus, cos su f. 146: p. 181 Bassus, préfet de la ville: p. 414, 427
L. Aurelius Gallus, cos ord. 174: p. 181 C. Betitius Pietas: p. 392, n. 5
L. Aurelius Gallus, cos ord. 198: p. 181 C. Betitius Pius: p. 392, n. 6
Aurelius Iulianus: p. 324, 326 Betitius Pius Maximillianus : p. 392, n. 6
M. Aurelius Iustus, primipile: p. 449-450 Bittius Proculus: voir Q. Fulvius Grillo
Q. Aurelius Pactumeius Clemens: p. 370- Bittius Proculus
371. C. Bruttius Praesens, cos ord. 180: p. 233
754 I,'« AERAEIUM SATURNI » ET L'a AERARIUM MILITARE »

L. BURBULEIUS L. f. Quir. OPTATUS T. Caesernius Statius Quintus Statianus


LIGARIANUS, Memmius Macrinus: p. 115, n. 3
Caesia Senilla: p. 189, 193
praefectus aerarti Saturni: n° 39,
p. 185-189; p. 154, n. 6; 184, n. 1;
313, n. 9; 332, n. 2. L. CAESIUS [—],
Etude sociale: p. 478, 488, 506,
510, 514, 520, 524, 528, 533, 540, 549, praejectus aerarti militarle : n°
556, 560, 563 III, p. 354
Etude administrative: p. 696 Etude sociale: p. 570, 572, 576,
584, 590, 596, 600, 610, 620, 626
L. Caesius Martialis, cos suff. 52: p. 354
C. Caetronius: p. 65
C

C. Caecilius (Rufus): voir C. Caelius C. CAETRONIUS C. f. Cam. MICCIO,


C. f. Rufus praefectus réliquorum exigendo-
L. Caecilius Cilo: p. 135 rum populi Bomani: n° 19, p. 64-67
A. Caecilius Faustus: p. 128 praefectus aerarti mïlitaris: n°
Q. Caecilius Honoratianus: p. 464 VI, p. 367
Q. Caecilius Marcellus: p. 435, n. 1 Etude sociale: p. 476, 486, 498,
L. Caecilius C. f. Secundus, père de Pline 502, 504, 554, 558, 562, 570, 574, 576,
le Jeune: γ. 135
584, 590, 595, 596, 600, 604, 610, 620,
L. Caecilius Secundus: voir Pline le Jeune 622, 626
A. Caecina Alienus: p. 80 Etude administrative: p. 641,
C. Caelius Censorinus: p. 338, n. 2 642, 696, 703
Oaelii Bufi: p. 37-38
Caelius Hispo: voir Galeo Tettienus Seve- Calestrius Trio: p. 136, n. 12
rus M. Eppuleius Proculus Ti. Caepio Caligula: et les praemia militiae: p. 701;
Hispo et les rationes imperii: p. 687
C. Caelius Rufus, tribun de la plèbe en 51: C. Calpetanus Rantius Sedatus: p. 74,
p. 37 n. 2
Calpurnia Ceia Aemiliana, épouse de
Q. Aradius Ruflnus Optatus Aelianus:
C. CAELIUS C. f. RUFUS, p. 323
praetor aerarti: n° 5, p. 36-38; Calpurnia Quadratilla, épouse de C. Ar-
p. 32 rius Antoninus: p. 254
Etude sociale: p. 476, 486, 498, Ludi Calpurnii Pisones: p. 56
502, 554, 562 C. Calpurnius Aviola, cos 24: p. 39, 41
Caepia Procula: p. 382-383 Sex. Calpurnius Dexter, cos. ord. 225:
Caepio Hispo: voir Galeo Tettienus Seve- p. 461
rus M. Eppuleius Proculus Ti. L. Calpurnius Piso pontifex, cos ord. 15
Caepio Hispo av. J.-C: p. 56, n. 2
Caius Caesar: p. 58 L. Calpurnius Piso augur, cos ord, 1 av.
Lucius Caesar: p. 58 J.-C: p. 56, n. 3
Caesennius Paetus: p. 85 L. Calpurnius Piso, cos en 21 ou 22 ap.
Caesernii d'Aquilée: p. 115 J.-C: p. 56, n. 5
T. Caesernius Statius Quinctus Macedo L. Calpurnius Piso, cos ord. 27 ap. J.-C:
Quinctianus: p. 115, n. 3 p. 56, n. 4
INDEX 755

L. CALPÜRNIUS PISO, praefectus aerarii militaris: n°


XIV, p. 389; p. 223, 225; 332, n. 2;
praetor aerarii: n° 14, p. 55-56; 385, n. 1; 388; 431, n. 2
p. 36, 43 Etude sociale: p. 478, 488, 506,
Etude sociale: p. 476, 486, 498, 514, 520, 522, 528, 532-533, 538, 540,
502, 554, 562, 565 547, 548, 556, 563, 567, 570, 574, 576,
Etude administrative: p. 641 578, 584, 590, 594, 595, 596, 600, 605,
L. Calpurnius Rufus, procurateur: p. 93 606, 608, 610, 615, 616, 617, 620, 626,
C. Calventius Ianuarius, centurion: x>. 459, 628
462 Etude administrative: p. 657,
P. Calvisius Tullus Euso: p. 147; 152, n. 2 659, 696, 703, 715, 718
M. Calvius M. f. Pap. Priscus: p. 368, n. 3 Catinia M. f. Aciliana: p. 420
Caii Caninii Bebili: p. 38 Caton l'Ancien: p. 675, 679
C. Caninius Eebilus, cos 45 av. J.-C: T. Caunius Priscus: p. 300
p. 38 Ceionia Fabia, sœur de L. Verus: p. 245
C. Caninius C. f. Eebilus, cos 37 ap. J.-C: L. Ceionius Commodus: p. 151
p. 38 Celer, scribe: p. 32
Caracalla: titre de Caesar: p. 417; titu- Celer, autre scribe: p. 33
lature Antoninus Aug.: p. 452; Q. Cerellius Apollinaris: p. 441, 447
gendre de Plautien: p. 443; et L. Fabius César et la réforme de Vaerarium en 45
Cilo: p. 414 et 419; et la nomination av. J.-C: p. 17, 21-23, 635-637
de Sex. Varius Marcellus: p. 446-447; Caii Cestii Galli: p. 282
et Comincia: p. 288; et les Ludi Cestii Galli: p. 282
distributions de blé: p. 311; et
l'augmentation des praemia militiae: p. 701 L. CESTIUS CALLUS CEEEINIUS
Cassius Agrippa, cos 130: p. 384, n. 5 IUSTUS LU[T]ATIUS NATALIS,
0 atieni: p. 358 (stemma) praefectus aerarii Saturni: n° 56,
P. Catienus Ti. f. Ser. Festus: p. 358 p. 280-283; p. 330, n. 4
Etude sociale: p. 480, 490, 508,
P. CATIENUS P. f. Ser. SABINUS, 511, 516, 520, 521, 526, 530, 542, 556,
564
praefectus aerarii militaris: n° IV, Etude administrative: p. 661,
p. 355-358 695
Etude sociale: p. 570, 576, 584, L. Cestius L. f. Pompt. Gallus Varenianus
590, 596, 600, 604, 610, 620, 626 Lutatius Natalis Aemilianus: p. 282
T. [Cajtienus Sabinus: voir T. Vibius Q. Cestius Q. f. Proculus: p. 282
Catienus Sabinus C Cilnius Proculus, cos su ff. 87: p. 103
Cn. Catilius Severus, frère Arvale 183:
p. 147, 151 [. -]CIUS C. [f.] [-],
Cn. Catilius Severus, frère Arvale 218, praefectus aerarii Saturni: n° 50,
fils du précédent: p. 147, 151 p. 240-243
Etude sociale: p. 480, 490, 508,
L. CATILIUS Cn. f. Clau. SEVE EUS 516, 524, 528, 542, 556, 564
IULIANUS CLAUDIUS EEGINUS, Claude: mise en vente de ses biens
avant son avènement: p. 690; marié
praefectus aerarii Saturni: n° 33, à Plautia Urgulanilla: p. 60-61; et
p. 144-152, avec stemma p. 147 la commission de 42: p. 65-67, 500,
756 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

641-642, 686; surveille les praetores C. Claudius Severus, cos 112: p. 200
aerarli: p. 642; et la réforme de Cn. Claudius Severus, cos bis 173: p. 428,
Vaerarium en 44: p. 18, 55, 70, 501, n. 4
643-648, 708, 712-713; et les quaes- Ti. Claudius Severus Proculus, cos 200:
tores aerarii Saturni: p. 68, 76, 79, p. 428 avec n. 4
698; et le service des archives: Ti. Claudius Subatianus Proculus: p. 445
p. 74-75; et la nomination des prae- Cléandre: p. 257, 259, 264, 266, 268, 295
fecti aerarii militarle: p. 665; et la Clodius Albinus: p. 302, 417
mention de son auctoritas: p. 356, Clodius Hermogenianus: p. 341-342
369, 647, 665; et la citoyenneté Q. Clodius Euflnus: p. 300
romaine: p. 81, 297; et la pratique T. Clodius Pupienus Pulcher Maximus:
de Yadlectio inter tribunicios ou inter p. 447
praetorios: p. 368; et Vadlectio inter C. Cluvius C. f., scribe: p. 33
patricios: p. 63-64; et les praefecti P. Coelius Balbinus: p. 194
frumenti danài: p. 647, 665
Claudia, fille de Claude: p. 61 L. COELIUS FESTUS,
Claudia Aquillia, épouse de C. Tulius
Severus: p. 197, 200 praefectus aerarli Saturni: n° 44
Claudii: p. 63 p. 213-215; p. 211, n. 8; 212, 397,
Ti. Claudius Alexander: p. 377 n. 3; 431, n. 2
P. Claudius Attalus: p. 257, 266 Etude sociale: p. 478, 488, 506,
Ti. Claudius Atticus Herodes: p. 203, n. 1 516, 524, 528, 534, 535, 542, 546, 550,
Ti. Claudius Callipianus Italicus: p. 456; 556, 560, 563
457, n. 1 Etude administrative: p. 660,
M. Claudius Demetrius: p. 457, n. 1 697
M. Claudius Fronto: p. 247, n. 3 Coiedius (gentilice): p. 71, n. 2

Tl. CLAUDIUS Ti. fil. Quir. GOR- L. COIEDIUS L. f. Ani. CANDIDUS,


DIANUS, praetor aerarii: n° 21, p. 70-78;
praefectus aerarii Saturni: n° 59, p. 49, p. 361, n. 1
p. 296-301; p. 281; 289, n. 2; 317, Etude sociale: p. 476, 486, 498,
n. 6 502, 504, 554, 562
Etude sociale: p. 480, 490, 508, Etude administrative: p. 645,
518, 520, 526, 530, 536, 544, 546, 648, 655, 676, 677, 678, 693, 694, 712
556, 564 Commode: titulature: p. 422, 425; nom
Etude administrative: p. 662 martelé: p. 297; son éducation:
Ti. Claudius Iulianus, époux de Iulia p. 290; ses rapports avec son maître
Quintilia Isaurica: p. 377 T. Aius Sanctus: p. 292-294; avec
Ti. Claudius Iulianus, père du consul de C. Arrius Antoninus: p. 257-258,
159: p. 377 266; avec Cléandre: p. 259; avec les
Ti. Claudius Iulianus, cos 159: p. 377 Petronii: p. 286, 288-289; et les
Ti. Claudius Meliphthongus Obultro- légions Va Macedonica: p. 435; et
nianus: p. 81 VIIIa Aug.: p. 311; et la frumentatio:
Ti. Claudius Piso: p. 200, η. 6 p. 333; nommés par: p. 140, n. 2;
Ti. Claudius Proculus Cornelianus: p. 772, 420, 696; assassinat: p. 416, 656
η. 5 Constantin: et la réforme de la carrière
M. Claudius Kestitutus: p. 272, n. 5 sénatoriale: p. 339, 537
INDEX 757
Constance II: voyage à Kome: p. 338 M. CUTIUS M. f. Gai. PRISCUS MES-
Commodus Orfitianus: p. 246 SIUS RUSTICUS AEMILIUS PA-
Corbulon: p. 47, 50 PUS ARRIUS PROCULUS IULIUS
Corellia Hispulla: p. 108, n. 5 CELSUS,
Corellii: p. 109 praefectus aerarli Saturni: n° 40,
L. Corellius Celer Fisius Rufinus: p. 107- p. 189-195; p. 154, n. 6
108 Etude sociale: p. 478, 488, 506,
L. Corellius Pansa, cos ord 122: p. 107-109 511, 514, 520, 524, 528, 533, 540, 549,
Q. Corellius Rufus, cos 78: p. 83, 85, 12], 556, 563
136
Cornelii Scipiones: p. 43 (stemma)
P. Cornelius Anullinus, cos suff. 174 ou
175: p. 435, n. 1; 436 D
Sex. Cornelius Clemens: p. 265
M. Cornelius Fronto, cos 143: p. 258, 263, Dasumia: p. 147
399, 400 Dasumii de Cordoue: p. 152, n. 2; 159,
160 {stemma), 237
L. Dasumius [Hadrianusf]: p. 160-161,
P. COKNELIÜS LENTULUS SCIPIO, 237
P. Dasumius Rusticus: p. 159-160, 237
praetor aerarli: n° 7, p. 39-43
Etude sociale: p. 476, 486, 498, L. DASUMIUS P. f. Stell. TULLIUS
502, 504, 554, 562, 566 TUSCUS,
Etude administrative: p. 641
praefectus aerarvi Saturni: n° 49,
L. Cornelius Marcellus: p. 78-80 p. 236-240; p. 155, 158-160, 230, 235,
P. Cornelius Scipio Asiaticus: p. 42-43 308
Comincia, fille de Marc-Aurèle: p. 285, Etude sociale: p. 480, 488, 508,
286, 288
510, 516, 518, 519, 520, 524, 528, 534,
Cornutus Tertullus: voir C. Iulius P. f. 542, 547, 549, 550, 556, 564, 568
Hor. [...] Cornutus Tertullus Etude administrative: p. 660,
— eus, fin d'un cognomen', p. 88-90 714
Cusinia M. f.: p. 19, 22 M. Dasumius L. f. Stellatina Tullius
M. Cusinius [-] f., père du préfet: p. 19 Varrò: p. 160
T. Decidius Domitianus: p. 67-68
M. CUSINIUS M. f. Vel., Didia: p. 26-27
Didia Decuma: p. 28
aerarlo praefectus en 45 av. J.-C: Oldii de Larinum: p. 28
n° 1, p. 19-23 Didius Iulianus: p. 222-223.
Etude sociale: p. 476, 482, 486, L. Didius Marinus: p. 288.
493, 498, 500, 502, 504, 554, 562 Didius Scaeva: p. 28
Etude administrative: p. 635- Dirutia: p. 26-27
635, 651 Domitia Decidiana, épouse d'Agricola':
[CJusinius [-] f. Vel. Rufus: p. 22 p. 67, 69
Cutia Prisca: p. 192-193 Domitia Lucilia l'aînée: p. 147, 152
[D. Cutius] Balbinus: p. 192 Domitia Lucilia la jeune: p. 147
I). Cutius Balbinus M. Cornelius Potitus Domitien: et la commission sénatoriale
L. Attius Iunianus Romulus: p. 192- de 70: p. 687; interdit aux sénateurs
193 de consulter les archives impériales:
758 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AEBABITJM MILITARE »

p. 682; titulature: p. 97; cos. ord. 80: 512, 518, 526, 530, 536, 544, 546, 558,
p. 88; les dona militarla: p. 86; et 564
l'augmentation des praemia militiae: Q. Egnatius Proculus, cos suff. début
p. 701, n. 6; nommés par: p. 105, 109, IIIe siècle: p. 313
114, 118, 136; et Pline: p. 532-533 Egnatius Proc(u)lus, corrector d'Achaïe:
Domitius (gentilice): p. 68 p. 313
Cn. Domitius Afer Titius Marcellus Cur- L. Egnatius Victor Lollianus: p. 456, n. 4
vius Lucanus: p. 147; 152, n. 2 Egrilia M. f. Piaria: p. 172, 174
Cn. Domitius Ahenobarbus: p. 68 Egrilii: p. 167 (stemma), 560
L. Domitius Apollinaris: p. 102, 112, 113,
116 A. EGRILIUS PLARIANUS,
praefectus aerarli militaris: n°
T. DOMITIUS T. f. Vol. DECIDIUS,
XVIII, p. 393-395; p. 162, 167
quaestor aerarli Saturni: n° 20, Etude sociale: p. 570, 576, 579,
p. 67-69; p. 70, n. 2: p. 73-74, 79, 89 580, 581, 584, 586, 592, 596, 600, 610,
Etude sociale: p. 476, 486, 498, 620, 626, 628
502, 554, 562
Etude administrative: p. 638, A. EGRILIUS PLARIANUS PATER,
644-645, 648
praefectus aerarli Saturni: n° 36,
C. Domitius Dexter: p. 418, n. 5
p. 164-169; p. 174, 177; 334, n. 3;
393
L. DOMITIUS GALLICANUS PAPI- Etude sociale: p. 478, 488, 506,
NIANUS, 514, 522, 528, 540, 556, 563
praefectus aerarli Saturni: n° 67, Etude administrative: p. 651,
p. 324-327; p. 304, 308 660
Etude sociale: p. 480, 490, 508, Q. Egrilius Plarianus L. M[-], procos
518, 526, 530, 536, 544, 558, 565 Africae: p. 167, 175, 393
Q. Egrilius Plarianus, légat du procos
M. Domitius Valerianus: p. 457, n. 1
Africae: p. 167, 175
Drusus, fils de Germanicus: p. 59, 63
Drusus, fils de Claude: p. 60 A. Egrilius Plarianus, trois générations
homonymes de duoviri à Ostie:
Dulius Silanus: p. 284 voir p. 167
M. Durmius: p. 48
A. Egrilius A. f . A. n. A. pron. Vot. Rufus,
Ilvir d'Ostie: p. 167, 174
Elagabal: avènement: p. 439; son nom
E Avitus: p. 438; la titulature
Antoninus Aug.: p. 452; et la frumentatio:
Egnatia Secundilla: p. 309 p. 311; nommé par: p. 461
Egnatius (gentilice): p. 312 -enus ou -ienus (gentilices qui se
Egnatius Leo: p. 309 terminent par): p. 57
Egnatius Proclianus: p. 309
[. -]ENUS PAETUS,
A. EGNATIUS A. f. Pal. PROCULUS,
praetor aerarii: n° 16, p. 57;
praefectus aerarti Saturni: n° 63, p. 34-35
p. 309-314; p. 431, n. 2; 458, n. 4 Etude sociale: p. 476, 486, 498,
Etude sociale: p. 480, 490, 508, 502, 554, 562
INDEX 759
Etude administrative: p. 641 FLAVIUS ATILIUS THEODOTUS,
L. Eppuleius Proculus Ti. Caepio Hispo: praefectus aerarti Saturni: n° 73,
p. 382 p. 341-344; p. 336; 337, n. 4;
340, 345
[. - -] ERIUS, Etude sociale: p. 480, 490, 508,
518, 526, 530, 544, 558, 565
praefectus aerarti militaris: n° Etude administrative: p. 651,
XII, p. 386 662, 681, 719
Etude sociale: p. 570, 576, 584, C. (Flavius) Consus: p. 26-27
590, 596, 600, 610, 620, 626 Flavius Esychius: p. 339
Euphrates, philosophe: p. 133, 138, 692 Flavius Pollio Flavianus: p. 464
T. Flavius Postumius Titianus: p. 338,
n. 2

M. FLAVIUS T. f. Quir. POSTUMUS,


L. FABIUS M. f. Gal. CILO SEPTIMI- praefectus aerarti militaris: n°
NUS CATINIUS ACILIANUS LE- XX, p. 398-400; p. 401, n. 3
PIDUS FULCINIANUS, Etude sociale: p. 570, 576, 580,
584, 592, 594, 598, 602, 606, 610,
praefectus aerarti militaris: 620, 627
η" XXV, p. 410-420; p. 140, η. 2; Etude administrative: p. 704
435, η. 1; 442-444 L. Flavius Silva, cos ord. 81: p. 88, 89
Etude sociale: p. 570, 576, 584, Q. Flavius Tertullus, cos 133: p. 182
588, 589, 592, 595, 598, 602, 606, 608,
612, 615, 616, 617, 620, 623, 624, 627 [M. FLAfJVIUS M. f. [-] [-]TUS SA-
Etude administrative: p. 656, BINUS,
717
praefectus aerarti militaris: n°
M. Fabius Iulianus Heracleo Optatianus:
p. 420 XXI, p. 400-401
Fabius Postuminus: p. 112, 116 Etude sociale: p. 570, 576, 584,
Fabricius Veiento: p. 112, 116 588, 589, 592, 594, 598, 602, 606,
Faustine: p. 313 610, 620, 627
C. Figulius C. f., scribe: p. 33 Frontin: p. 85, 96
[. -] P. f. Fronto, scribe: p. 34
P. [F]illi[us], scribe: p. 33
[. -] T. f. Firmus, scribe: p. 34 Fronton: voir M. Cornelius Fronto
Fictoria C. f., mère de M. Cusinius Q. Fuficius Cornutus: p. 397, n. 3
M. f. Vel.: p. 19 L. Fulcinius Trio: p. 49
Flavia: p. 26-27 Fulvia Plautilla: p. 443
Flavia (une autre): p. 26-27 L. Fulvius Aburnius Valens: p. 207
Flavia Optata: voir Iulia Flavia Herennia M. Fulvius Plautianus, préfet du prétoire:
Caecilia Honoratia Optata p. 442-444
Marci Flavii du IIe siècle: p. 401
Flavii Sabini: p. 401 Q. FULVIUS GILLO BITTIUS
Flavius Antiochianus, cos II 270: p. 428- PROCULUS,
429 praefectus aerarti Saturni: n° 30,
M. Flavius Arrius Oscius Honoratus: p. 116-119; p. 89, 104, 105, 112; 114,
p. 401, n. 3 n. 2; 115, 118, 126, 138, 155
760 Ι/« AERARHJM SATURNI » ET I/« AERARIUM MILITARE »

Etude sociale: p. 478, 488, 506, H


514, 522, 528, 540, 547, 554, 563
Etude administrative: p. 652, Hadrien: gouverneur de Syrie: p. 150;
653, 657-658, 661 et la remise d'impôts de 118: p. 679;
Funisulana Vettulla: p. 87 cos 119: p. 159, 238; pater patriae:
Funisulanus, contemporain de Cicéron: p. 183; Xe puissance tribunicienne :
p. 87 p. 162, 173; Hvir d'Ostie: p. 168;
et Vadlectio: p. 201; et le deuxième
L. FUNISULANUS L. f. Ani. VETTO- consulat: p. 151; et le consilium
NIANUS, principis: p. 251; et l'édit perpétuel:
praefectus aerarli Saturni: n° 23, p. 222; et les cités de Syrie: p. 187;
p. 81-87; p. 356; 386, n. 5 choisit Antonin comme César: p. 250;
Etude sociale: p. 478, 488, 506, conseiller de: p. 104-106; ami de:
p. 191-193; nommés par: p. 169, 187,
510, 514, 520, 522, 528, 532, 540,
547, 554, 559, 562, 566 206; et L. Catilius Severus: p. 152,
Etude administrative: p. 650, 594-595, 616; et le choix des préfets:
656, 661 p. 696-698
Furius Reginas: p. 341 L. Hedius Lollianus Avitus: p. 78, 214,
C. Furius Sabinius Aquila Timesitlieus: 406; 425, n. 3
p. 64, n. 2 Q. Hedius Lollianus Plautius Avitus:
p. 302
Helvidius Priscus: p. 78, 112, 113, 122;
125, n. 3; 237, 685, 688
G P. Helvius Pertinax: p. 418, n. 5
Herennius Senecio: p. 125, 137
A. Gabinius Secundus: p. 110 H érode le Grand: p. 200
P. Gabinius Secundus: p. 110. M. Hirrius Fronto Neratius Pansa: p. 99,
Galba: légat d'Espagne citérieure: p. 80; 107, 376
assassinés sur l'ordre de: p. 79

GALE Ο TETTIENUS SEVE EUS


M. EPPULEIUS PEOCULUS L. f.
Claud. TI. CAEPIO HISPO, M. Iallius M. f. Volt. Bassus Fabius Vale-
praefectus aerarli militaris: n° rianus: p. 246, 247, 568
XI,. p. 379-385 C. Iavolenus Calvinus: p. 384, n. 5
Etude sociale: p. 570, 576, 578, Iavolenus Priscus, jurisconsulte: p. 106,
584 588, 589, 590, 594, 596, 600, 207, 222
605, 607, 610, 615, 616, 620, 626 -ienus (gentilices qui se terminent par):
Galien, médecin de Pergame: p. 427 p. 57
Gallien, empereur: p. 345 Italica: p. 448-451
Gallus, scribe: p. 32 L. Iu[~]: p. 397
Gavidia Torquata, épouse de L. Annius Iulia Chilonis, épouse de Ti. Claudius
Italicus Honoratus: p. 448-451 Gordianus: p. 300
Germanicus: p. 364-365. Iulia Domna, impératrice: p. 438-440, 470
Géta: mort de: p. 288 Iulia Flavia Herennia Caecilia Honoratia
Q. Glitius Atilius Agricola: p. 106 Optata: p. 464
Gordien III: et la fnimentatio: p. 333 Iulia Maesa: p. 438
INDEX 761

Iulia Mamaea: p. 438 Etude sociale: p. 480, 490, 508,


Iulia Quintilia Isaurica: p. 377 518, 526, 530, 544, 558, 560, 565, 568
Iulia Severa: p. 199 Etude administrative: p. 656,
Iulia Soaemias Bassiana, épouse de Sex. 662
Varius Marcellus: p. 438-445 M. Iulius Euschemôn: p. 199
Iulia Tertulla: p. 129-130 Ti. Iulius Ferox: p. 306
Ti. Iulius Alexander, préfet d'Egypte Sex. Iulius Frontinus: p. 136
sous Vespasien: p. 376
Iulius Alexander, cos sous Trajan: p. 200 TI. IULIUS Ti. f. Cor. FEUGI,
Iulius Amyntianus: p. 200 praefectus aerarii militaris: n°
Ti. Iulius Aquila Polemaeanus, cos 110:
XXIII, p. 403-407; p. 184, n. 4;
p. 200, 377
431, n. 2; 434, n. 1; 435
C. Iulius Asper: p. 418, n. 5 Etude sociale: p. 570, 576, 584,
C. lulius Avitus Alexianus: p. 469-471
592, 598, 602, 606, 608, 612, 620, 627
Iulii Polemaeani: p. 377 (stemma)
P. IULIUS IUNIANUS M ARTI ALI -
TI. IULIUS Ti. f. Cor. CELSUS
ANUS signo LEONTIUS,
POLEMAEANUS,
praefectus aerarti militaris: n°
praefectus aerarii militar is: n° XXXV, p. 458-462; p. 463
IX, p. 372-378; p. 99; 138, n. 2; Etude sociale: p. 572, 578, 584,
155, 200; 385, n. 7 592, 598, 602, 607, 612, 622, 623, 627
Etude sociale: p. 570, 576, 578, Etude administrative: p. 667
581, 584, 588, 589, 590, 595, 596, 600, P. Iulius lunianus Tironillianus : p. 459,
604, 610, 615, 620, 626 462
C. Iulius Cerealis: p. 319 Iulius Lupus: p. 118-119
Iulii Cornuti de Perge: p. 129 (stemma), L. Iulius Marin us Caecilius Simplex:
130-131 p. 129-130
C. Iulius Cornutus Bryonianus: p. 129 C. Iulius Montanus: p. 31
C. Iulius Cornutus, contemporain de C. Iulius Pisibanus Maximus Aemilius
Néron: p. 129, 131 Papus: p. 192-193
C. Iulius Plancius Varus Cornutus: p. 124,
C. IULIUS P. f. Hor. COENUTUS 129-130
TEETULLUS, C. Iulius Proculus: p. 127, n. 3
praefectus aerarti Saturni: n° 31, A. Iulius Quadratus: p. 200
p. 119-131; p. 98; 114, n. 2; 118, 134, C. Iulius Quadratus: p. 105, n. 5
C. Iulius Quadratus Bassus: p. 203
139, 142-143, 155, 203, 241, 278,
304, 334 M. Iulius Romulus: p. 368, n. 3
P. Iulius Scapula: p. 446, n. 2
Etude sociale: p. 478, 488, 506,
Iulius Servianus, beau-frère d'Hadrien:
511, 514, 520, 522, 528, 532, 540, 547,
550, 551, 554, 563 p. 161
Etude administrative: p. 652,
C. IULIUS IULI QUADEATI (f.) Fab.
656-658, 660, 669, 695-696
SEVEEUS,
praefectus aerarii Saturni: n° 41,
U LIUS EUBULIDAS, p. 195-206; p. 154, n. 6; 211;
praefectus aerarii s (acri) Saturni: 234, n. 5; 242; 313, n. 9; 378,
n° 71, p. 334-337 456-457
762 I,'« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Etude sociale: p. 478, 488, 506, Etude sociale: p. 478, 488, 506,
516, 524, 528, 533, 540, 547, 551, 556, 511, 516, 520, 524, 528, 534, 542, 556,
563, 567 563
C. Iulius C. f. Fab. Severus, fils du préfet
du trésor: p. 202, n. 4 [. -]LIUS A[TT]IC[US],
Sex. Iulius Severus: p. 235
P. Iulius Theodoras: p. 296-300 praetor aerarvi: n° 6, p. 38-39;
p. 33, 35
C. IULIUS Cn. fil. VE RUS, Etude sociale: p. 476, 486, 498,
502, 554, 562
praefectus aerarti Saturni: n° 48, [. -]lius Rufus: voir C. Caelius C. f. Rufus.
p. 231-236; p. 239 Li vie, impératrice: amie de: p. 60; et les
Etude sociale: p. 480, 488, 508, compagnons de Germanicus: p. 366
510, 516, 518, 519, 520, 524, 528, 534, Lucanii: p. 52
538, 542, 548, 549, 550, 556, 564 M. Lucanius M. f. Hor.: p. 52
Etude administrative: p. 660, L. Lucanius Latiaris: p. 51
718
Iunia Aiacia Modesta, Q. Aradi Rufini
(uxor): p. 323 Q. LUCANIUS LATINUS,
Q. Iunius Blaesus: p. 41 praetor aerarti: n° 11, p. 51-52,
Q. Iunius Rusticus, cos 133; p. 182 p. 33, 35
M. Iunius Silanus Torquatus: p. 51 Etude sociale: p. 476, 486, 498,
Iuventius Celsus: p. 221 502, 554, 562
Q. Lucanius Proculus: p. 51
Q. Lucanius Quadratus: p. 35
Lucullus: p. 56
[. -] Q. f. Lupus, scribe: p. 34
C. Luxilius Sabinus Egnatius Proculus:
Labeo, scribe: p. 32 p. 313
Laberia C. f. Galla, épouse de A. Egnatius
Proculus: p. 309, 313
C. Laberius Quartinus: p. 313
Laelia, fille de D. Laelius Balbus: p. 61 M
D. Laelius Balbus, cos 6: p. 62
A. Larcius Lepidus Plarianus: p. 175 Q. MAMILIUS CAPITOLINUS,
Latinius Latiaris: voir L. Lucanius Latia-
ris praefectus aerarti Saturni: n° 60,
Lentuli: p. 42 p. 301-303; p. 408
Leo, préfet de la ville en 220: p. 313 Etude sociale: p. 480, 490, 508,
Lèpide: p. 635 512, 518, 526, 530, 536, 544, 546,
Libo (conjuration de): p. 667 556, 564
M. Licinius Crassus Frugi: p. 57 Etude administrative; p. 662,
Licinius Priscus: p. 330, n. 2 697
Q. Mamilius Honoratus: p. 303
P. Manlius Garbo: p. 119
Q. LICINIUS [QUARTINUS?] MODES- Marc-Aurèle: la succession d'Hadrien:
TINUS [Sex.?] ATTIUS LABEO, p. 151; son nom: p. 145; Germanicus:
praefectus aerarti Saturni: n° 43, p. 265; et son maître, L. Volusius
p. 209-213 Maecianus: p. 293-294; et Commode:
INDEX 763

p. 258, 265, 290; et T. Aius Sanctus: Mummius Niger Valerius Vegetus: p. 100
p. 292; choix de ses gendres: p. 288; P. Mummius Sisenna, cos ord. 133: p. 218
et Vadlectio inter quaestorios de Petro -
nius Mamertinus: p. 289; parenté
avec les Petronii: p. 286; généalogie: P. MUMMIUS P. f. Gai. SISENNA
p. 147; 428, n. 4; clan africain: RtJÏILIANUS,
p. 267; à Carnuntum: p. 273; à
Sirmiwm: p. 273; et la légion IIIa praefectus aerarli Saturni: n° 45,
Italica: p. 272; et Γ état-civil: p. 77, p. 215-220; p. 211, n. 8; 235, n. 4
680; et la création du praetor Etude sociale: p. 478, 488, 506,
tutelarne: p. 251, 260; et la 511, 516, 524, 528, 534, 542, 547,
création des iuridici: p. 262; et le 548, 550, 556, 563, 567
changement de statut de la Lycie-Pam- Etude administrative: p. 660
phylie: p. 454; et le sénat: p. 687; L. Munatius Plancus: p. 632
nommés par: p. 235, 240, 268,
404; faveur de: p. 263; les sodales
Äntoniniani Marciani: p. 259
Marcellus, procos Africae: p. 128 N
C. Marcius: p. 350
Q. Marcius Barea Soranus: p. 350
Q. Marcius Barea Sura: p 349-350 M. Natronius Rusticus, scribe: p. 35, n. 4
Marcius Laetus, préfet du prétoire: Neratia Pansina: p. 107, 109.
p. 442 Neratia Procilla: p. 392
C. Marcius Marcianus: p. 215 Neratii de Saepinum: p. 103-105, 107
Maria Modia: p. 358 (stemma)
Marius Priscus: p. 133 Neratius, magistrat municipal à 8aepinum :
Martial: p. 95, 98 p. 103
P. Martius Saturninus: p. 181, n. 2 L. Neratius: p. 102
P. Martius Verus: p. 265 Neratius Corellius: p. 109
Maximilianus, consularis aquarum: voir L. Neratius Marcellus: p. 102, 105-108,
Atianus Maximilianus. 390
[-] Maximus: p. 424 Neratius Pansa: p. 108
Messaline: p. 40-41 L. Neratius Priscus, cos su ff. 87: p. 104,
L. Messius Eusticus: p. 192-193 107
M. Messius M. f. Gai. Rusticus Aernilius
Afer Cutius Romulus Priscianus L. NERATIUS L. f. Vol. PRISCUS,
Arrius Proculus: p. 191-192
[M. Messius . f. Gai. Rusticus] Aemilius praefectus aerarti Saturni, cos
Papus, ami d'Hadrien: p. 192-193 suff. 97: η» 27, p. 101-109; p. 114,
Mettius Pompusianus: p. 91 n. 2; 390
Mettius Rufus: p. 68, n. 6 Etude sociale: p. 478, 488, 506,
Cn. Minicius Faustinus Sex. Iulius Se- 511, 514, 522, 528, 540, 547, 554,
verus: p. 233 559, 562, 580
Minicius Sanctus: p. 293 Etude administrative: p. 661,
Mithridate: p. 46, 50 697
Mummia Nigrina, épouse de L. Antistius L. Neratius Priscus, cos suff. vers 121-122:
Rusticus: p. 92-100; 114, n. 1 p. 107-109
764 L7« AERARIUM SATURNI » ET I/(< AERARIUM MILITARE »

L. NERATIÜS C. f. Vol. PROCULUS, Etude sociale: p. 476, 486, 498,


502, 554, 562
praefectus aerarii militaris: n° Etude administrative: p. 646,
XVII, p. 390-393; p. 401, n. 4 648, 650
Etude sociale: p. 570, 576, 580,
584, 588, 589, 590, 596, 600, 608, L. OCTAVIUS CORNELIUS P. f. SAL-
608, 610, 620, 623, 626 VIUS IULIANUS AEMILIANUS,
Etude administrative: p. 704
Néron: et la réforme de Vaerarium en 56: praefectus aerarii Saturni: n° 46,
p. 18, 76, 648-649, 708, 712-713; p. 220-226;
et la citoyenneté romaine: p. 297; praefectus aerarii militaris: n°
et la taxation du prix du blé: p. 100; XVI, p. 390; p. 102; 154, n. 5; 206
nommés par: p. 79, 81, 111; et la 211, 214, 219, 229, 230, 234; 235,
commission sénatoriale de 62: p. 686; n. 4; 392
consulte le sénat: p. 680; et les Etude sociale: p. 478, 488, 506,
archives: p. 677 511, 516, 524, 528, 534, 537, 542, 549,
Nerva: et les préfets du trésor de 96-97: 550, 551, 556, 564, 568, 570, 574, 576,
p. 105; nommés par: p. 126 131, 580, 584, 588, 590, 596, 600, 605, 608,
138, 532; et la commission 610, 615, 616, 620, 623, 626, 628
sénatoriale de 97: p. 687; et la vicesima Etude administrative: p. 643,
hereditatium: p. 702 660, 696, 697, 703, 704, 714
Niger, scribe: p. 32 Q. Octavius Sagitta: p. 25
[. -] Cn. f. Niger, scribe: p. 34 T. Oliine: p. 42-43
[. -]nius Gallus: p. 183; 184, n. 1 Othon: discours aux soldats: p. 79;
P. Nonius Silvanus: p. 399 légat de Lusitanie: p. 80; destruction
L. Norbanus Β alb us: p. 51 de Vintimille: p. 156
P. Novellius Atticus: p. 170, 172, 174
L. Novius Crispinus: p. 397, n. 3
L. Novius Rufus: p. 302

M. Paccius Rufinus: p. 399


Pactumeia [—]: p. 372
Ο C. Pactumeius Clemens: p. 203, n. 1
P. Pactumeius Clemens: p. 187; 272,
n. 5; 372
T. Pactumeius Magnus: p. 293
praefeclus aerarli Saturni: n° 24, Paetus (cognomen): p. 57, n. 3
p. 88-91; p. 104 Paetus (un autre): p. 679
Etude sociale: p. 478, 488, 506, Sex. Palpellius Hister, cos su ff. 43:
514, 522, 528, 540, 544, 562 p. 357, n. 3
Obultronia Prisca: p. 81 Papinien, préfet du prétoire: voir Aemi-
Obultronius (gentilice): p. 81 lius Papinianus.
M. Obultronius Cultellus: p. 81 Q. Papirius Maximus, scribe: p. 109, n. 5
(Paquia) Sinnia: p. 26-27
Paquii d'Histonium: p. 27 (stemma)
OBULTRONIUS SABINUS,
(Paquius) Barbus: p. 26-27
quaestor aerarii Saturni: n° 22, (Paquius) Consus: p. 26-27
p. 78-81 P. (Paquius) Scaeva: p. 26-27
INDEX 765
P. PAQUIUS SCAEVA, M. Petronius Sura Septimianus: p. 284-
praetor aerarli: n° 3, p. 26-30; 286
C. Petronius Umbrinus: p. 53
p. 24, 25
Etude sociale: p. 476, 486, 498, Philon: p. 58
500, 502, 505, 554, 563, 565. Picentinus, scribe: p. 33
(Paquius) Scapula: p. 26-27 Pison: p. 364, 366
Sex. Pedius juriste: p. 397, 703 Pius Aurelius: p. 685
Sex. Pedius Lusianus Hirrutus: p. 396 Plancia M. f. Magna: p. 129-130
Sex. Pedius Sex. f. Arn. Hirrutus Lucilius Pianeti de Ρ erge: p. 130-131
PolKs M. Plancius Varus: p. 129
'praejecius aerar ii militaris: n° C. Plancius Varus, identique à C. Iulius
XIX, p. 395-398; p. 407, n. 4 Plancius Varus Cornutus: p. 129-130
Plaria Q. f. Vera: p. 164-165, 167, 172, 174
Etude sociale: p. 570, 576, 580,
Plarianus pater: voir A. Egrilius Plarianus
584, 586, 592, 595, 598, 602, 605, 610,
620, 527 pater
Etude administrative: p. 703, Plarianus le Jeune: voir A. Egrilius
704 Plarianus
Perennis: p. 295 Q. Plarius Sardus L. Varius Ambibulus:
Pertinax, favori de Commode: p. 266-268 p. 108, n. 4
A. Platorius Nepos: p. 183
Pescennius Niger: p. 416-417, 420, 444
Petilius Cerialis: p. 96 Plautia Urgulanilla, épouse de Claude:
Petronius (gentilice): p. 54 p. 60-61
M. Petronius Antoninus: p. 284-286 Plautien: voir M. Fulvius Plautianus
M. Petronius Chresimus: p. 284 Plautii: p. 59-60, 61 (stemma), 63
C. Petronius Etruscus: p. 54, n. 3 A. Plautius, préteur en 51 av. J.-C:
M. Petronius M. f. Quir. Honoratus: p. 60-61
p.. 221, 286 A. Plautius, préteur en 2 av. J.-C:
C. Petronius C. f. Scap. Iustus: p. 54, p. 61
η. 3 A. Plautius, fils de P. Plautius Pulcher:
M. Petronius Lurco: p. 74 p. 61-62
M. Petronius Mamertinus, préfet du A. Plautius, cos 29: p. 61
prétoire, identique à M. Petronius Q. Plautius, cos 36: p. 61
Mamertinus, cos suff. 150: p. 285-287 Plautius Lateranus, cos desig. 54: p. 61
L. Petronius L. f. Noborsinianatus: p. 54, P. Plautius M. f. Ani. Pulcher: voir P.
n. 4 Plautius Pulcher Triumphalis fllius
C. Petronius Pontius Nigrinus: p. 53
M. Petronius Sura: p. 286
P. PLAUTIUS PULCHER
TRIUMPHALIS fîlius,
M. PETRONIUS SURA MAMERTINUS,
praefectus aerarli Saturni: n° 57, praetor ad aerarium: n° 18,
p. 283-289; p. 294; 298, n. 3; p. 59-64; p. 24, n. 6
317, n. 6 Etude sociale: p. 476, 486, 498,
Etude sociale: p. 480, 490, 508, 500, 502, 504, 554, 562, 566
511, 516, 526, 530, 537, 538, 544, Etude administrative: p. 641
546, 556, 564, 567 M. Plautius Silvanus: p. 60-61
Etude administrative: p. 661, M. Plautius Silvanus Triumphalis: p. 60-
714 61
766 I/« AERARITiM SATURNI » ET Ι/« AERARIITM MILITARE »

Ti. Plautius Silvanus Aelianus: \). 62 Pomponius Bassus, cos ord. 211: p. 428-
A. Plautius Urgulanius: p. 60-61 429
Piimi de Còme: p. 135 (Pomponius) Bassus, fils du consul de
211: p. 428-429
C. PLINIUS L. f. Ouf. CAECILTÜS Pomponius Bassus, cos ord. 259, cos bis
SECUNDUS, 271: p. 428-429
praefectus aerarii Saturni: n° 32,
p. 131-143 C. POMPONIUS [C. f.] Vot. BASSUS
praefectus aerarii militaris: n° X TERENTIANUS,
p. 378-379; p. 7, 98, 114, 115, 117, praefectus aerarii militaris: n°
119, 121, 124, 155, 203, 204, 219, XXVI, p. 421-429; p. 463
225, 278, 334, 385, 467 Etude sociale: p. 572, 576, 584,
Etude sociale: p. 478, 488, 506, 592, 598, 602, 608, 612, 614, 620, 627
511, 514, 518, 519, 520, 522, 528, L. Pomponius Flaccus: p. 36-37
532-533, 540, 547, 550, 551, 554, 560, T. Pomponius Mamilianus Ruf us Antis-
563, 566, 570, 574, 576, 578, 481, tianus Funisulanus Vettonianus:
584, 588, 589, 590, 594, 596, 600, 604, p. 87.
610, 615, 620, 623, 626, Q. Pomponius Ruf us: p. 281
Etude administrative: p. 651, Pomponius Secundus: p. 350-359
652, 654-659, 692, 696, 703-704, 715 Pompusius (gentilice): p. 91
C. Plinius Secundus (Pline l'Ancien):
p. 135
L. POMPUSIUS METTIUS [-]NUS,
P. PLOTIUS ROMANUS, praefectus aerarii Saturni: n° 25,
praefecUis aerarti Saturni: n° 65, p. 88-91; p. 104
Etude sociale: p. 478, 488, 506,
p. 316-319; p. 308, n. 5; 322-323;
p. 452, n. 3; p. 458 514, 522, 528, 540, 546, 554, 562
Etude administrative: p. 659
Etude sociale: p. 480, 490, 508,
Pontii: p. 53
511, 518, 519, 520, 526, 530, 536, Pontius (gentilice): p. 54
537, 544, 558, 565, 568
Etude administrative: p. 662, Pontius, légat de Numidie: p. 448, n. 2
L. Pontius Aquila: p. 54
696, 697
Q. Plotius Romanus, equo publico exorna- L. Pontius Flaecus: voir L. Pomponius
tus a divo Hadriano: p. 316 Flaccus
Pontius Labeo: p. 54
Polemius Silvius (calendrier de): p. 139
Polemon, le sophiste: p. 266
Pompeia Celerina, belle-mère de Pline: L. PONTIUS NI[G-RINUSf|,
p. 118 praetor aerarii: n° 13, p. 53-54;
T. Pompeius T. f. Trom. Albinus domo p. 35, 52
Vienna: p. 68 avec n. 4. Etude sociale: p. 476, 486, 498,
Cn. Pompeius Strabo: p. 52 502, 554, 562
L. Pompeius Vopiscus C. Arruntius Ca- [. -] P. f. Pollio: p. 34
tellius Celer: p. 118
L. Pompo nia Melitine, épouse de P.
Plotius Romanus: p. 454, 457 C. POPILIUS C. f. Quir. CARUS PEDO,
Pomponia Ummidia: p. 428-429 praefectus aerarii Saturni: n° 47,
Pomponii Bassi: p. 428 (stemma) p. 226-231; p. 155, 214, 219, 224, 226
INDEX 767

Etude sociale: p. 478, 488, 506, R


511, 516, 518, 519, 520, 524, 528, 534,
542, 549, 550, 551, 556, 564, 568 P. Ragonius Saturninus: p. 215
Etude administrative: p. 660, Rania Flavia Iuliana Optata: p. 464
695 Banii Optatiix p. 464 (stemma).
M. Popilius Pedo, patricien: p. 230 L. Ranius Optatus Novatus signo Acon-
Popilius Pedo Apronianus: p. 230 tius: p. 463
Poppaea Sabina, épouse de P. Cornelius L. Ranius Optatus Novatus: p. 464
Lentulus Scipio: p. 40-43.
C. Poppaeus Sabinus: p. 42-43 Q. RANIUS TERENTIUS HONORA-
Prifernius Paetus, cos 146: p. 219 TIANUS FESTUS,
Prisca: p. 192 praefectus aerarti mìlitarisi n°
Proculus, juriste: p. 391 XXXVI, p. 462-464
Publicius (gentilice): p. 115 Etude sociale: p. 572, 578, 580,
584, 592, 595, 598, 602, 607, 612,
PUBLICIUS CERTUS, 622, 627
Rasinia Pietas: p. 185
praefectus aerari Saturni: n° 29, L. Roscius Aelianus Maecius Celer: p. 128
p. 111-115; p. 89, 98, 104-105, 115, Rubrius Gallus: p. 385
117-118, 126, 138, 155 Rufus, scribe: p. 33
Etude sociale: p. 478, 488, 506, Ruf us, autre scribe: p. 33
514, 522, 528, 540, 546, 554, 563.
Etude administrative: p. 652,
653, 657-658, 661
Publicius Marcellus: p. 202 S
A. Publicius Pontianus: p. 399
L. Publicius Probatus: p. 311 Sa[-] [~]anus: p. 409
Pudentilla: p. 681 C. Sab-, cos suff. 86: voir C. Sabucius
Maior Caecilianus.
C. Sabucius père: p. 409
CN. PULLIUS POLLIO,
«praetor ad aerarium: n° 2, p. 23- C. SABUCIUS C. f. Quir. MAIOR
26; p. 28, 30 CAECILIANUS,
Etude sociale: p. 476, 486, 498, praefectus aerarti niilitaris: n°
500, 502, 504, 554, 558, 562, 565 XXIV, p. 407-410; p. 211, n. 3;
424, n. 4
Etude sociale: p. 570, 576, 584,
592, 595, 598, 602, 606, 612, 620, 627
Etude administrative: p. 704
C. Sabucius Maior Plotinus Faustinus:
p. 409
Quinctius (gentilice): p. 115 Salluvia (gens): p. 57
C. Quinctius C. f. Vel. Certus Publicius
Marcellus: p. 115
Quintilii di' Alexandria Troas: p. 378 M. SALL(U)VIUS,
Sex. Quintilius Condianus, cos ord. 180: praetor aerarti: n° 16, p. 56-57;
p. 233 Ρ- 55
768 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARIUM MILITARE »

Etude sociale: p. 476, 486, 498, Severus, «préfet» à Athènes: p. 203-206


502, 554, 562 C. Silius Largus: p. 32, 36, 37
Etude administrative: p. 641 P. Silius Nerva, cos ord. 28: p. 34, 57-58
C. Sallvius C. f. Naso: p. 56 Sinnia: p. 26-27
Sokos, de Savatra. p. 199
M. SALONIUS LONGINIUS MAKCEL-
LÜS, [.] (SOLLIUS) [-],
praefectus aerarti Saturni: n° 64, praefectus aerarvi militaris: n°
p. 314-319 XXX, p. 436-437
Etude sociale: p. 480, 490, 508, Etude sociale: p. 572, 578, 584,
518, 519, 520, 526, 530, 544, 558, 564 592, 598, 602, 612, 622, 627
P. Salvius Iulianus, cos ora. 175: p. 223 M. Sollius Atticus: p. 436
Satrius Eufus: p. 112 Q. Sosius Senecio: p. 191
Scribonianus, 'procurator: p. 377 Statius Priscus: p. 265, n. 2
Séjan: p. 348, 364-366, 667 L. Stertinius Avitus, cos 92: p. 375, 377
M. Septicius Sura: p. 349-350
Septime-Sévère: gouverneur de Pannonie C. STEETINIUS M. f. MAXIMUS,
sup.: p. 418; partisans de: p. 302-
303; amis de: p. 427; et les filles de praefectus aerarli militaris: n° II,
Marc-Aurèle: p. 288; et .son neveu p. 351-353
Sex. Varius Marcellus: p. 294, 447; Etude sociale: p. 570, 576, 584,
et L. Fabius Cilo: p. 419-420, 595, 588, 590, 596, 600, 604, 610, 615,
616; et la frumentatio: p. 311, 333; 620, 626
et l'expédition orientale de 193-194: Etude administrative: p. 704
p. 442-444; et le voyage de 203 en C. Stertinius Orpex: p. 353
Afrique: p. 442-444; lettres de: C. Stertinius Xenophon: p. 352
p. 415, 417; élève au patriciat; Subatianus Proculus: p. 446
p. 277; et la Forma Urbis Bomae:
p. 632
Q. Servaeus Innocens, cos 101: p. 128

M. SEEVILIUS Q. f. Hor. F ABI ANUS Tacfarinas: p. 41


MAXIMUS, Tantalos, de Savatra: p. 199
praefectus aerarti Saturni: n° 51, Tettieni: p. 382 (stemma)
p. 243-247; p. 155; 224, n. 2; [T.] [T]ettienus aaleonis [fil.] Sergia Sere-
330, n. 4 nus L. [-]vius Licinianus M. Ep(p)u-
Etude sociale: p. 480, 490, 508.. leius Proculus Ti. Caepio Hispo:
511, 516, 520, 521, 524, 528, 534, p. 382
542, 547, 556, 564 T. Tettienus Serenus, cos suff. vers 81-82:
Etude administrative: p. 661, 695 p. 382
M. Servilius Silanus: p. 234, n. 5 Tettienus Severus: voir G-aleo Tettienus
Q. Servilius Pudens: p. 245, 247, 262 Severus M. Eppuleius Proculus Ti.
Q. Servilius Pudens, fils: p. 262 Caepio Hispo
Sévère- Alexandre: et le sénat: p. 311, Tettii: p. 87
324; et la frumentatio: p. 333; et la C. Tettius Africanus Cassianus Priscus:
disparition de l'échelon édilité-tri- p. 87
bunat: p. 279 M. Te-: p. 68, n. 6
INDEX 769

Terentianus Gentianus, cos ord 211: p. 429 U


Q. Tineius Rufus, cos ord. 182: p. 288
Tibère: la titulature Caesar Augustus: M. Ulpius Traianus, père de l'empereur:
p. 357; et le temple de la Concorde: p. 80; 384, η. 5
p. 348; dédicaces pour son salut: Ummidia Comincia Faustina: p. 428, η. 4
p. 348; et la citoyenneté romaine: Ummidia Quadratilla, fille de C. Ummi-
p. 375; et le services des archives: dius Durmius Quadratus: p. 47,
p. 75, 676, 711; et les légats de 110
province: p. 49; et les compagnons TJ iximidii Quadrati de Casinum: p. 48, 110
de Germanicus: p. 366-367;
nommés par, p. 41, 62, 396; et l'octroi C. UMMIDIUS C. f. Ter. DURMIUS
de sacerdoces: p. 366-367, 628; et QUADRATUS,
les rationes imperii: p. 687; praetor aerarti: n° 10, p. 44-50;
consulte le sénat: p. 688; libéralité: p. 685 p. 35, 43, 74, n. 1; 76, n. 6; 110,
Titus: cos 74: p. 62; cos 80: p. 88; et la 113, 146, 386; 428, n. 4
censure de 73-74: p. 95-96, 124-125, Etude sociale: p. 476, 486, 498
376, 532, 578; et les dona militarla; 500, 502, 504, 554, 562, 565
p. 96 Etude administrative: p. 641,
Trajan: la titulature: p. 199, 127, 143, 677, 693-694, 711
149, 173 177, 387; co-régence de Urgulania: p. 60-61
Trajan: p. 138; et la légion VIa [. -]us Arrianus: p. 207-208
victrix: p. 162; nommés par: p. 106,
138, 142, 150-152, 532; et le sénat: [. -]US PROC(ULUS),
p. 687-689; et la vicesima heredita-
tium: p. 702; et les fidéicommis: praetor aerarti : n° 9, p. 44;
p. 691 p. 33, 35
A. Triarius Kufinus, cos ord. 210: p. 322 Etude sociale: p. 476, 486, 498,
Trébonien Galle: p. 333-334 502, 554, 562
Q. Trebonius, scribe: p. 33
Tullii Varrones de Tarquinii: p. 160 [. -JUS L. f. [-]RUS,
(stemma), 161, 237 praefeetus aerarti militaris: n°
P. Tullius Callistio: p. 157, 238 XXVII, p. 430-431
P. Tullius Varrò, proconsul de Macédoine: Etude sociale: p. 572, 576, 584,
p. 158-161 589, 592, 598, 602, 612, 620, 627
P. Tullius Varrò, cos su ff. sous Trajan:
p. 160, 237

P. TULLIUS VARRONIS fil. Stel.


VARRÒ, [. -] VALENS,
praefeetus aerarti Saturni: n° 35, praetor aerarti: n° 8, p. 43;
p. 156-164; p. 100, 168, 177, 184, p. 33, 35, 41
237; 384, n. 4 Etude sociale: p. 476, 486, 498,
Etude sociale: p. 478, 488, 506, 502, 554, 562
511, 514, 520, 522, 528, 533, 540, Valerien: p. 345-346
547, 556, 563 Valerius Asiaticus: p. 369
Etude administrative: p. 660, L. Valerius Messala Thrasea Priscus, cos
695 ord. 196: p. 439

49
770 L7« AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARHJM MILITARE »

M. Valerius Messalla, cos 30: p. 33, 52 Etude administrative: p. 661,


C. Valerius Pudens: p. 318, n. 6 696-697
Vallius Syriacus: p. 353 Vettulla, épouse de L. Neratius Marcellus:
Varia Pansina: p. 107-108 p. 108, n. 5
Ludi Varii Ambibuli: p. 108, n. 4 Vibia, épouse de P. Plautius Pulclier:
L. Varius Ambibulus, procurateur: p. 107- p. 59, 61
108 Vibia Aurelia Sabina: p. 267, n. 2
C. Vibius Marsus: p. 61
SEX. VARIUS MARCELLUS,
M'. VIBIUS M. f. Vel. BALBINUS,
praefectus aerarii militaris: n°
praetor aerarii: n° 4, p. 30-32
XXXI, p. 437-448; p. 294, 328, 419,
470-471 Etude sociale: p. 476, 486, 498,
Etude sociale: p. 572, 578, 580, 500, 502, 504, 554, 562
Etude administrative: p. 641
584, 592, 595, 598, 602, 606, 612,
622, 627 T. Vibius Catien us Sabinus: p. 358
Etude administrative: p. 703 M. Vibius Maternus: p. 420
Q. Veranius: p. 365 T. Vinius: p. 80
Veratia Frontonilla: p. 297, n. 5 Vitella : p. 363 (stemma)
L. Verginius Ruf us: p. 136 A. Vitellius, cos suff. 32: p. 363
M. Verius Superstes, centurion: p. 265 A. Vitellius (l'empereur), cos ord. 48:
L. Verus, co-règne: p. 239, 247 p. 363
Vespasien: la censure de 73-74: p. 95-96, L. Vitellius, cos III (34, 43 et 47); p. 363
107, 124-125, 376, 532, 578; et le L. Vitellius, cos suff. 48: p. 363
rétablissement des praefecti aerarii P. Vitellius, eques Bomanus: p. 363
Saturni: p. 650; et les Flavii Sabini:
p. 401; nommés par: p. 85, 91, 371; P. VITELLIUS,
ami de: p. 62 praefectus aerarii militaris: n° V,
L. Vespronius Candidus: p. 274, n. 8 p. 358-367
Caii Vettii de Thuburbo maius: p. 271, Etude sociale: p. 570, 573, 574,
277 (stemma) 576, 584, 590, 595, 596, 600, 604,
L. Vettius Felix: p. 170, 172, 174 610, 620, 626, 628
Vettius Gratus: p. 276-277 Etude administrative: p. 655
C. Vettius Gratus Atticus Sabinianus: Q. Vitellius: p. 363-364
p. 276-277 Voconius Romanus: p. 106
C. Vettius Gratus Sabinianus, patricien: Volusenna (gentilice): voir Volusenus
p. 276-277 Volumnius Serenus: p. 256, 261
M. Vettius Latro: p. 271 Volusenus (gentilice): p. 57, n. 2
Vettius Sabinianus, salius Palatinus: Volusii d'Ostie: p. 252
p. 276-277 Q. Volusius Flaccus: p. 181 n. 3

C. VETTIUS C. f. Volt. SABINIANUS L. VOLUSIUS L. f. MAECIANUS,


IULIUS HOSPES, praefectus aerarii Saturni: n° 52,
praefectus aerarii Saturni: n° 54, p. 247-253; p. 293, 469
p. 268-277; p. 314; 386, n. 5; 400 Etude sociale: p. 480, 490, 508,
Etude sociale: p. 480, 490, 508, 512, 516, 524, 530, 535, 542, 546,
512, 516, 524, 530, 535, 542, 551, 556, 564, 568, 661
556, 564, 568 Etude administrative: p. 697
III. - INDEX DES NOMS DE LIEUX

Les lieux de découverte des inscriptions n'apparaissent dans l'index que s'ils
appellent une remarque ou un commentaire dans la notice correspondante.

A Β

Eanasa: p. 172, 181, 194


Abella: p. 355, 577
Bosra, Arabie: p. 228
Abellinum: p. 355, 621
Aeclanum: p. 392 Bovianum: p. 312, 559
Bovillae: p. 209-212, 557
Aegisos, Thrace: p. 364
Aequiculi: p. 91, n. 4 Bracara Augusta, Esp. cit.: p. 64, 66, 555,
Aequum, Dalmatie: p. 232, 489 559, 621, 622
Brixia: p. 39, 41
Alba Fucens: p. 312, 553
Albintimilium: p. 152-156, 489, 684 Bulla Regia: p. 321, 491, 579
Alexandria Troas: p. 378, 623
Alexandrie: p. 293
Ancona: p. 187, 557 C
Ancyre: p. 199, 201, 489, 621
Andautonia: p. 84, 555, 559 Gadyanda: p. 144
Antioche: p. 92-94, 99-100, 555 Caere: p. 54, n. 1
Antium: p. 144 Cales: p. 598, 623
Apamee, Syrie: p. 438, 579 Callenses, Bétique: p. 189
Apulum: p. 452 Caparcotna, Galilée: p. 40, 402
Aquileia: p. 115, 245, 247, 489, 491 Capena: p. 54, n. 1
Aquincum, Pannonie inf.: p. 463 Carnuntum: p. 86, 273, 418
Aquinum: p. 425, n. 1; 426, n. 2; 621 Carthage: p. 86, 193, 326, 681
Ardea: p. 399, 621 Casinum: p. 35, 44, 45, 47, 80, 81, 387
Argentorate, Germanie sup.: p. 65, 176, Cirta: p. 187, 258, 371-372, 399, 491, 557,
283, 311, 391 560, 577, 621, 623
Arida: p. 56 Clusium: p. 54, n. 1
Ariminum: p. 557 Cologne: p. 205, 230
Aritium Vêtus: p. 49 Come: p. 132, 134, 135, 489, 555, 560,
Asculum: p. 52; 54, n. 3 577, 621, 623
Asisium: p. 382, 577 Concordia: 256-257, 312, 557, 559, 560
Asti: p. 352, 577 Cordoue: p. 97
Atella: p. 453, 613, 623 Corinthe: p. 199, 201, 209, 212, 452
Athènes: p. 23, 204 COS: p. 352
Atria: p. 65, n. 3 Cuicul: p. 300, 557
Aunobaris, Afr. procos: p. 124 Cumes: p. 155
Auximum: p. 21 Cyrrhus, Syrie: p. 260
Aventicum: p. 557, 621, 622 Ctzique: p. 116, 119, 405-407
772 ΐΛ ABEARIUM SATURNI » ET l'« AERARIUM MILITARE »

D Κ
Demetria, Thessalie: p. 37 Kassaba, Lydie: p. 457
Dever, Bretagne: p. 194
Dorylée, Asie: p. 201-202
Durostorum, Mésie inf.: p. 416
L
E
Lambèse: p. 193, 300, 310, 377, 445,
JEburacum, Bretagne: p. 186, 219 461, 607
Emèse, Syrie: p. 470 Laodicée, Phrygie: p. 266
Ephèse, Asie: p. 116, 205, 246, 280, 375, Laodicée, Syrie: p. 388, 402
377, 378, 461, 577, 594, 615 Larinum: p. 28; 58, n. 8; 107
Espagne citérieure: partage de la Legio (Léon), Asturie: p. 391, 406, 437
province en 214: p. 319 Lepcis Magna: p. 287, 442
Lugdunum: p. 272, 557
F
Ficulea: p. 87 M
Falerti: p. 54, n. 1
Florentia: 54, n. 1 Mactar: p. 333, 491
Forum Clodii: p. 23, 487, 555, 558 Mascula: p. 481
Forum Iulii, Narbonnaise: p. 68-69 Matilica: p. 400-401, 577
Forum Novum: p. 118, 489 Melitene, Cappadoce: p. 162, 265
Forum Popili: p. 84 M erida: p. 68
Micia, Dacie: p. 271
Midaeum, Asie: p. 202
Milan: p. 222, 621
Gaulus: p. 282 Minturnae: p. 185-186, 557, 560, 621
Graviscae: p. 419, 621 Mogontiacwm: p. 149, 229
Municipium Aurelium Gommodianum
(peut-être Turca): p. 270
H
Hadrumète: p. 222-223, 489, 551, 577
Hippone: p. 310-311, 343 (diocèse) N
Histonium: p. 26-30, 487
Hyrcanis: p. 117, 119 Naples: p. 453, 613, 623
Narbonne: p. 176, 283, 416, 557
I Nemi: p. 172
Nicée, Bithynie: p. 201
Iguvium: p. 451, 579 Nicomédie: p. 406, 419, 621, 696
Illiberis: p. 190 Nicopolis, Egypte: p. 376
Illyricum (nom de la province): p. 386 Nîmes: p. 152, n. 2; 369, 577, 595
Iluro, Bétique: p. 420, 577 Noia: p. 108
Interamna Nahars: p. 54, n. 2; 335, 337, Novae, Mésie inf.: p. 271
419, 491, 559, 560, 621 Nuceria: p. 363, 371, 577
Interpromium: p. 396 Numidia (dioecesis): p. 310-331
INDEX 773
ο Τ
Ostie: p. 91, η. 4; 164, 169-172, 287, 317, Tarquinii: p. 156-157, 489
491, 557, 560, 577, 579, 605, 621, Tarragone: p. 225, 456
623, 626, 696, 728 Teate Marrxicinorum: p. 396, 577
Terracine: p. 187, 557
Terventum: p. 314, 559
Paestum: p. 223 Theveste: p. 193
Patavium: p. 22, 110, 111, 483 Thibilis: p. 267
Perge, Pamphylie: p. 128, .131, 489, 494 Thuburbo mains: p. 221, 271, 275, 491,
PÉROUSE: p. 54, n. 4; 61, 383 557, 560
Pergame: p. 200 Thubursicu Nwmidarum: p. 341-342
Petra: p. 319 Thyateira, Lydie: p. 457
Planasia: p. 701 Thysdrus (El Djem): p. 144
Poetovio: p. 239 Tibur: p. 59, 215, 226, 316, 557, 567
Potaissa, Dacie: p. 435 Tiddis: p. 461
Potentia: p. 98, 103 Tifernum Tiberinum: p. 141, 204, 555, 621
Potjzzoles: p. 154-155, 557 Timgad: p. 460, 579, 623
Preneste: p. 434, 579 Tom: voir Tuder
Pupput: p. 220, 222-223, 489, 551, 557, Trea: p. 30, 32, 487
577, 621, 623 Trebula Suffenas: p. 59-60, 487
Troesmis, Mésie inf.: p. 176, 218, 435
E Truentum: p. 436
Tuder: p. 54, n. 2; 579, 623
Baphaneae, Syrie: p. 184 Turca: p. 557
Ravenne: p. 91, n. 4 Tusculum: p. 19, 21-22, 38, 119, 124, 487,
500
S Tyane, Cappadoce: p. 297, 299, 491
Saepinum: p. 103, 105, 390, 489, 555, 559,
577, 579, 580
Salonae: p. 557 U
Salpensa, Bétique: p. 189, 190, 194, 489 TJrvinum: p. 425, n. 1; 426, n. 3
Samos: p. 352
Samosate, Commagène: p. 187, 387, 392,
402, 416 V
Sardes: p. 200, 373, 378, 577, 615 Vasada, Lycaonie: p. 317
Salala: p. 265 Veleia: p. 213, 489, 557, 560
Sentinum: p. 71, n. 2 Vercellae: p. 318, 559, 626
Side: p. 129, n. 2 Verecunda: p. 300, 557
Sidrona, Dalmatie: p. 282 VÉRONE: p. 354, 577
Sidyma: p. 427 Teiera: p. 162, 235
Singidunum, Mésie sup.: p. 163, 238 via Domitiana: p. 155
Sirmium: p. 273 Vienne: p. 68, 369
Sinuessa: p. 155 Viminacium: p. 383, 417
Smtrne: p. 205, 578 Vina, Africa procos: p. 326, 491
Suasa Senonum: p. 65-66, 70-71, 487, 577 Vintimixle: voir Albintimilium
Suessa Aurunca: p. 278, 557, 560 voies romaines: voir curatores viae ou
Sutrium: p. 54, n. 1 et n. 9 viarum
Superaequum: p. 557 VtjlturnE: p. 281-282, 557
IV. - INDEX DES DIVINITÉS, DES CULTES ET DES SACEEDOCES

aedes Cereria: p. 77, n. 3 Héra: p. 352


aedes Concordiae: p. 348, 666-667, 700, Herculanii Augustales (de Tibur): p. 217
704, 709 Hercule: p. 411, 416
aedes Saturni: p. 9, 17, 55, 74, 631-632, Hercule de Tibur: p. 217, 317
675-676, 694, 709-711 Hercules Victor: p. 315
archiereia (Galatie): p. 200 Jeux séculaires de 204: p. 646
archiereus (Galatie): p. 200, 563, 567 Juno Regina: p. 221, 448
Arvales: p. 119, 147, 259, 263, 268, 404, Jupiter: p. 87
420, 564, 567, 627
Jupiter Dolichenus: p. 442
Arvales (promagister): p. 404, 407, 627 Jupiter Optimus Maximus: p. 221, 244,
Asclépios: p. 352 301, 448, 459, 462
augur: p. 59, 156, 158, 163, 219, 268, Liber pater: p. 301
562-567, 626
Lune: p. 217, 320
Concordia, déesse: p. 348, 667, 708
lusus Troiae: p. 318
curator fani Herculis (à Tibur): p. 215,
Mars Ultor: p. 231
218, 563, 567
Minerva: p. 448
curio (à Corinthe): p. 202, 563, 567
Minerva Augusta: p. 221
curio minor: p. 419, 627
Nymphes Augustes: p. 237, 239
decemvir (pour duodecemvir): p. 565, 568
Pollux: p. 412, 420
duodecemvir: p. 568
pontifex: p. 42, 203, 220, 226, 426, 562,
Deus patrius Sol Elagabal: p. 470 564-565, 567 626
Diana Nemorensis: p. 172 pontifex minor: p. 247, 251
Diane: p. 254, 259 pontifex Volkani (à Ostie): p. 179, 394,
DU militares: p. 449 563, 567, 628
fanum Herculis (à Tibur): p. 215, 218 quindecemvir sacris faciundis: p. 49,
fetialis: p. 23, 30, 42, 209, 212, 247, 371, 207-208, 209, 212, 289, 377, 562-564,
562-564, 567, 626; collège des féciaux 566-567, 626
sous Auguste: p. 565 Roma aeterna: p. 568
Hamen divi Titi : p. 563, 566, 626 sacrarium, gentis Juliae (à Bovillae):
f,amen Bomae et Augusti (à Ostie): p. 174 p. 210
flamine du culte impérial (à Ancyre): salien (à Tibur): p. 215, 218
p. 200, 563, 567 salins Palatinus: p. 228, n. 2; 289, 563,
genius loci: p. 269 566-567
genius loci flumen Rhenus: p. 221 Saturnales: p, 673
génie du praetorium: p. 301 Saturne: p. 631-632, 708
INDEX 775
σεβαστοφαντής : voir flamine du culte sodalis Augustalis Hadrianalis: p. 189,
impérial 209, 212, 220, 226, 230, 240, 419-420,
septemvir epulonum: p. 84, 103, 108, 230, 453, 564, 568, 626-628
305-306, 562-564, 567, 626, 666 sodalis Flavialis: p. 388, 626, 628
Silvain: p. 269, 273, 296 sodalis Mareianus Antoninianus: p. 259,
sodalis Antoninianus: p. 220, 226, 278- 268, 564-568
sodalis Titialis ou Titius: p. 275, 471, 564,
280, 564, 568, 626
567-568
sodalis Antoninianus Verianus: p. 240, Sol: p. 320
564 Sol et Luna: p. 321.
sodalis Augustalis: p. 84, 86, 189, 193, Sol invictus: p. 301, 323
209-212, 562-563, 566-567 temple: voir aedes
sodalis Augustalis Claudialis: p. 219, 319, templum Urbis: 568
322, 409, 565, 568, 627-628 Virtus: p. 449
V. - INDEX DES FONCTIONS

ab actis senatus: p. 246, 260, 283, 330, Etude sociale: p. 298, 529, 5.31,
517, 519, 521, 694-695; suivi de 537, 540, 542, 544, 546, 550, 601,
réduite curule: p. 246, 260, 283, 330 603, 610, 612
adiutor d'un curator operum publicorum: Conclusion: p. 716
p. 250 consularis aquarum: p. 339, 530
agens vice proconsulis provinciae Africae: corrector:
p. 320, 545, 613 en Italie:
agonothète: p. 200 Lucanie - Bruttium: p. 340, 531,
agoranome: p. 200 Tuscie-Ombrie: p. 335, 530
άγορανόμοι οι εκ του πλήθους: ρ. 20 en province:
a pugione Imp. Commodi Aug.: p. 295 Achaïe: p. 313;
archonte: p. 200 Asie (diocèse de Pergame): \ì. 456,
censitor: voir legatus ad census acdpiendos 613
comes: p. 25, 63, 240, 333, 365. 417, 419, Galatie: p. 331;
443-444, 449, 500, 503, 597, 613 Pont et Bithynie: p. 202, 206
consul suffect: p. 49, 85, 103, 119, 126, corrector et curator: p. 456
127, 139, 146, 149, 155, 158, 162, 168, curator aedium sacrarum ou operum, loco-
183, 184, 187, 194, 203, 212, 214, 218,
219, 225, 229, 239, 243, 246, 274, 278- rumque publicorum: p. 154, 188,
280, 283, 291, 294, 304, 313, 319, 329, 193-194, 203, 207-208, 220, 225, 229,
234, 239, 246, 274, 377, 452, 469
371, 376, 385, 388, 392, 394, 397, 401,
409, 416, 417, 427, 434, 435, 453, 471 Etude sociale: p. 541, 543,
Etude sociale: p. 489, 503, 529, 612-613, 615
Avancement privilégié des
531, 540, 542, 544, 546, 548, 550, 576, anciens préfets du trésor: p. 276, 548-550
579, 588, 601, 603-610, 612, 614, 615
Conclusion: p. 716 curator alvei Tiberis: p. 127, 142, 156, 163,
consulat suffect au IVe siècle: p. 340 193, 238, 305-307, 356, 541, 545, 596,
consuls des années 151-154: p. 234 611, 613
consuls suffects (désignation): p. 139-140, curator aquarum: p. 85, 439, 468, 523, 532
655-656 curator aquarum et Miniciae, consulaire:
consul bis: p. 150-151, 222, 226, 323, 418 p. 311
Etude sociale: p. 529, 531, 538, curator civitatis ou civitatum:
542, 548, 567, 616 Alba Fucens: p. 312, 526, 559
Conclusion: p. 717 Alexandria Troas: p. 455, 598,
consul désigné: p. 252, 281, 416; 423, n. 3 623
Etude sociale: p. 529, 531, 537, Ancona: p. 187, 524, 557
542, 544,- 546 Aquinum: p. 425, 593, 621
consul ex Africa primus: p. 371, 601 Ardea: p. 399, 621
consul in absentia: p. 323, 462 Ariminum: p. 263, 525, 557
consul ordinaire: p. 146, 150, 205, 212, Atella: p. 449, 452, 453, 613, 623
214, 218, 229, 233, 288 Bovianum: p. 312, 526, 559
INDEX 777
Gales: p. 461, 598, 623 duovir quinquennalis: p. 24
Ooneordia: p. 312, 526, 559 dux: 302, 417, 527, 613
Graviscae: p. 410-411, 418-419, édile: curale: p. 29, 48, 246, 260, 283, 330,
621 499, 500, 515, 517, 519, 593; cerialis:
Inter amna Nahars: p. 410-411, p. 125, 156, 162, 176, 391, 515, 591;
418-419, 621 plébéien: p. 19-20, 187, 279, 333, 392,
Naples: p. 305, 307, 449, 452-453, 499: et le soin des archives: p. 74
544, 613, 623
Narbonne: p. 187, 424, 557 έπανορθωτής: ρ. 456
Nicomédie: p. 410-411, 418-419, index ad cognoscendas vice Gaesaris cogni-
621 tiones: p. 331
Nolae: p. 263, 557 index quaestionis: p. 29, 499
Pouzzoles: p. 274, 305-307, 543, iuridicus :
545, 557 - en Italie:
Suessa Aurunca: p. 278, 557 indéterminé: p. 526, 531
Super aequum: p. 281, 557 Apulie-Calabre-Lucanie: p. 455,
Terracine: p. 187, 524, 557 599
Tifernum Tiberinum: p. 263, 557 Emilie-Flaminie: p. 262
Vercellae: p. 318, 526, 559 Emilie -Ligurie: p. 319
per Aemiliam: p. 263, 525, 557 Etrurie-Emilie-Ligurie: p. 272
curator tabularum publicarum ou tabula- 524;
riorum publicorum: p. 48, 70, 74, Flaminie - Ombrie - Picenum:
503-504, 521, 677; nommé par le p. 302, 408-409, 526
sénat: p. 693; nommé par l'empereur: Flaminie- Ombrie: p. 334, 408,
p. 693, 711 452, 599
curator viarum sternendarum: p. 59, 63, Tuscie-Ombrie: p. 334
503 Transpadane: p. 260-261, 524
- en province:
curator viae ou viarum:
place dans la carrière sénatoriale: Asturie et Galice: p. 213-214,
p. 532 278-279, 302, 396, 464, 524, 535, 596,
voie indéterminée: p. 29, 148- 599, 605, 697
149, 402, 523, 526, 598 Bretagne: p. 409, 433-434, 599
Aemilia: p. 127, 142, 522, 541 Espagne citérieure: p. 65-66,
Aurelia etc.: p. 96, 183-184, 196, 455-456, 499, 599, 622, 697
Pannonie inférieure: p. 424, 598-
229, 522, 524
Glodia etc.: p. 182, 187, 437, 461, 599
Pannonie supérieure: p. 273,
522, 524, 598, 599
Domitiana: p. 155, 522 525, 697
Labicana etc.: p. 318, 452, 455, légation exceptionnelle: à Athènes: p. 23;
526, 598 en Gaule: p. 400;
Salaria: p. 209-210, 409, 524, 598 légation indéterminée: p. 349, 396
Valeria: p. 246, 524 legatus ad census accipiendos:
decemvir stlitibus iudicandis: p. 24, 28, 31, généralités: p. 77, 527, 695-696
48, 95, 136, 157, 159, 162, 192, 210, Espagne: p. 319, 616
215, 218, 220, 223, 228, 333, 353, 383, Gaule: p. 127, 230, 365, 541,
391, 401, 416, 453, 499, 500, 507, 510, 547, 597
511, 520, 585-588 Germanie sup.: p. 387-388, 623
778 ΐΛ< AERARIUM SATURNI » ET L'<( AERARIUM MILITARE »
legatus Aug. ad corrigendum statum provin- Mésie sup.: p. 84, 86, 219, 247,
ciae ou ad ordinandos status civita- 417, 541, 543, 613
tum: p. 202-203, 272, 457, 524, 525, Numidie: p. 461, 530-531, 602-
531 603, 604-607
legatus ad deducendas vexUlationes: p. 392, Pannonie: p. 86, 105, 541
597 Pannonie inf.: p. 103, 108, 273-
legatus Aug. ad rationes putandas ou 274; 318, n. 6; 412, 427, 468, 531,599
rationibus putandis: Pannonie sup.: p. 103, 239, 275,
Asie (diocèse de Pergame): p. 467 417, 469, 541, 543, 613
Trois Gaulest p. 272, 400, 525 Pont et Bithynie: p. 147, 177,
Syrie: p. 187 214, 278, 280, 417, 541, 543, 547, 551,
legatus Augusti provinciae Africae dioe- 611, 613, 616, 696
ceseos Numidiae: p. 310-311 Syrie: p. 50, 106, 150, 188, 202,
legatus provinciae Africae per Numidiam 541, 543, 611, 616
Hipponensium: p. 311 Syrie-Coelé: p. 323, 545, 613
legatus provinciae Numidiae: p. 343 Syrie-Phénicie: p. 321-322, 531,
legatus Aug. pro praetore; 603
durée de la légation: p. 548 legatus legionis:
tableau d'avancement: p. 551
Arabie: p. 318-319, 531 place dans la carrière sénatoriale:
Belgique: p. 409, 602 p. 533;
Bretagne: p. 206, 233, 235, 321, légion indéterminée: p. 320 et
543, 545, 613, 617 322, 365, 433-434, 596, 598, 599
Cappadoce: p. 150, 186-188, IIa adiutrix: p. 463, 603
264-265, 332, 365, 551, 596, 611 IIa Augusta: p. 65, 499-500, 597
Cappadoce-Galatie: p. 93, 99, III* Augusta: p. 109, 298, 445,
107, 376, 541, 543, 545 460-461, 527, 531, 602-603
Cilicie: p. 376, 600 IIIa Italica: p. 272, 525
Dacie: p. 264, 452, 543, 551 IIIa Gallica: p. 184, 246, 523,
Dalmatie: p. 71, 86, 194, 274, 525
305-307, 326, 541, 540 IV* Scythica: p. 85, 202, 376,
Galatie: p. 317, 322, 416, 531, 522, 524, 597
602-603, 617 Va Macedonica: p. 435, 599
Germanie inf.: p. 199, 204, 220, VIa ferrata: p. 388, 400, 401,
225, 230, 318, n. 6, 326, 541, 543, 545, 597-599
551, 611 VI« victrix: p. 80, 156, 162, 215,
Germanie sup.: p. 229, 239, 543, 218, 522, 524
551 VIIa gemina: p. 302, 404, 406,
Hispania citeriori p. 308, 326, 437, 527, 599
543, 545, 611 FUI« Augusta: p. 97, 176, 311,
Illyricum: p. 50, 596 522, 523, 527, 597
Lusitanie: p. 49, 503 IXa Hispana: p. 41, 503
Lycie-Pamphylie: p. 389, 402, Xa fretensis: p. 229, 524
406 Xa gemina: p. 305-306, 526
Lyonnaise: p. 388, 600 XIa Claudia: p. 238, 526
Mésie: p. 428-429, 519 XIIa fulminata: p. 156, 160, 162,
Mésie inf.: p. 247, 452, 469, 522
588, 613 XIIIa gemina: p. 452, 525, 599
INDEX 779
XIVa gemina: p. 273, 525 Minturnes: p. 186, 400, 557, 621
XVI" Flavia firma: p. 187, 387, Ostie: p. 169, 252, 394, 557, 621,
392, 402, 416, 525, 596, 598, 599 623
XXa Valeria victrix: p. 194, Pupput: p. 222, 557, 621, 623
283, 524, 526 Saepinum: p. 401, 555
XXIIa primigenia: p. 148-149, Salonae: p. 281-282, 557
523, 597 Suessa Aurunca: p. 278, 557
XXXa Ulpia victrix: p. 204, Terventum: p. 314, 559
235, 524 Thuburbo mains: p. 270-271, 557
legatus proconsulis: Tibur: p. 217, 228, 239, 557
place dans la carrière sénatoriale: Tiddis: p. 461, 623
p. 533 Timgad: p. 461, 623
province indéterminée: p. 241, Tuder: p. 435, 623
524 Turca: p. 269, 557
Afrique: p. 183, 193, 239, 315, Veleia: p. 215, 557
342, 519, 422, 596-598 Verecunda: p. 300, 557
Asie: p. 56, 149, 176, 201, 246, Vulturnum: p. 282, 557
patron de collèges à Ostie: p. 412, 419, 621
315, 330, 406, 522, 524 patron de la tribu Mancia à Corinthe:
Bétique: p. 406, 598
p. 202
Chypre: p. 298, 358, 431, 519 patron des citoyens romains de Bracara
Crète et Cynénaïque: p. 125,
Augusta: p. 66, 555, 621
433-434, 522, 598
Lycie-Pamphylie: p. 463, 602 πολιανόμοι: ρ. 17, 20, 635
Macedonie: p. 433-434, 598 praeco, employé de Yaerariuni: p. 692.
Narbonnaise: p. 416, 435-436, praefectus alae: p. 32
593, 598 praefectus Aegypti: p. 58, 247, 249, 251
Pont et Bithynie: p. 406, 598 286-287, 293, 376, 535
praefectus aerario pour praefectus aerarii
Sicile: p. 79, 176, 433-434, 522,
596, 598 Saturni: p. 169, 334, 651
praefectus aerarii (ou aerario praefectus)
logista (en Syrie): p. 187, 525, 596 de 45 av. J.-C: voir la notice n° 1
λογιστής: ρ. 456 Etude sociale: p. 477, 482, 498,
patron de cités: 502
Abellinum: p. 355, 621 Etude administrative: p. 634-
Ancyre: p. 419, 621 637, 651
Andautonia: p. 84, 555 praefectus aerarii des années 28 à 23 av.
Antioche de Pisidie: p. 100, 555 J.-C: p. 637-639, 662, 692
Aventicum: p. 387, 577, 622 praefectus aerarii militaris (voir aussi la
Bovillae: p. 209, 557 table des matières): titulature: p. 570-
Girta: p. 399-400, 401, 557, 574, 666; désignés par le sort: p. 664-
621, 623 665; nommés par l'empereur: p. 664-
Come: p. 555, 560, 621, 623 665; durée triennale des fonctions:
Concordia: p. 258, 557 p. 664-665; complémentarité des
Cuicul: p. 300, 557 trois collègues: p. 605, 664-665, 704;
Forum Clodii: p. 24, 555 collégialité possible avec les praefecti
Interamna Nahars: p. 337, 559 aerarii Saturni: p. 669; leurs
Lyon: p. 240, 557 activités: p. 702-705; certains deviennent
Milan: p. 419, 621 praefecti aerarii Saturni: p. 499, 522-
780 ΐΛ( AERARIUM SATURNI » ET L'« AERARIUM MILITARE ))

524, 574, 600-603, 703, 705, 713, 718; praefeetus vehiculorum: p. 247, 250
regain de dignité sous Caracalla: praefeetus urbi: p. 62, 146, 151, 222, 226,
p. 609, 617, 702; place de la 418, 541, 567, 611, 613, 616, 623
préfecture dans la carrière prétorienne: praefeetus Vigilum: p. 441
p. 534, 604-609; avancement de la praeposltus vexillationlbus : p. 274, 417,
préfecture au consulat: p. 607-608; 531, 613
leur carrière consulaire: p. 610-617 praetor aerarli ou praetor ad aerarium
praefeetus aerarli Saturni (voir aussi la (voir aussi la table des matières);
table des matières): titulature: p. 479, titulature: praetor ad aerarium: p. 477
481, 483, 650-651; la réforme de 56: 498, 502, 641; praetor aerarti: p. 477,
p. 648-649, 663-664; nommés par 482, 498, 500, 502, 641; la réforme
l'empereur: p. 652; entrée en fon- de 23 av. J.-C: p. 639-643, 662-663;
tion le 1er janvier: p. 653-654; leur entree en charge le 1er janvier:
service par roulement: p. 141, 654, p. 640-641; leur service par
692; durée triennale des fonctions: roulement: p. 692; leurs activités: p. 640;
p. 86, 88-89, 141, 652-653; préfets réapparition de 69 à 71 : p. 18, 649-650
pendant 4 ans: p. 69, 88; solidarité praetor aerarli milltaris: p. 387-388, 571
des deux collègues: p. 118, 652-653; praetor Etruriae: p. 157-158
collégialité possible avec les praefecti préteur: p. 19, 48, 65, 69, 76, 79, 87, 111,
aerarti militarle : p. 669; soin des 136-137, 149, 156, 176, 183, 187, 210,
archives: p. 76, 675-676; activité 215, 218, 220, 223, 239, 272, 285, 289,
financière: p. 682-689; activité 330, 333, 353, 365, 376, 383, 388, 392,
judiciaire: p. 689-691; place de la 396, 399-400, 402, 405-406, 425, 430,
préfecture dans la carrière prétorienne: 433, 446, 455, 461, 466, 471, 489
p. 532-536; avancement de la Etude sociale: p. 499, 503, 504,
préfecture au consulat : p. 532-534, 536-538, 515, 517, 519, 520, 522, 524, 526,
546-552, 653, 656-659; exercice 591, 593, 595, 596, 598
conjoint de la préfecture et du consulat: préteur candidat: p. 229, 339, 409, 453
p. 656-659; schéma de la carrière Etude sociale: p. 517, 519, 520,
consulaire sous Hadrien et Antonin: 524, 526, 571, 593, 595, 596, 598
p. 547 préteur peregrin: p. 193, 452
praefeetus allmentorum: p. 215, 219, 291, Etude sociale: p. 520, 524, 593,
295, 545, 550 595, 598
praefeetus annonae: p. 68, 247, 251, 338, préteur tutélaire: p. 259-261 (primMs),
340, 531 462-463
praef. coJwrtls: p. 250, 271, 509 Etude sociale: p. 517, 521, 535,
praefeetus equitum: p. 31, 499 593, 595, 598
praefeetus fabrum: p. 31-32, 81, 249, 499
préteur urbain: p. 148, 279, 318
praefeetus frumenti dandl ex s.c.: p. 49, Etude sociale: p. 515, 517, 519-
149, 184, 213-214, 304, 311, 333, 368, 522, 524, 526, 591, 593, 595
404, 406, 431, 435, 503-504, 522-527, proconsul:
536, 597, 599, 602, 606, 638 province indéterminée: p. 111,
praefeetus Miniciae: p. 311, 333, 526 242-243, 357, 522, 524
praefeetus praetorio: p. 251, 485-487 Achaïe: p. 202, 206, 209-211, 280,
praefeetus reliquorum exigendorum, populi 409, 525, 529, 531, 603
Romani: p. 64, 477, 482, 498, 500, Afrique: p. 84, 86, 125, 127-128,
502, 600 151, 156, 163, 175, 238-239, 275,
INDEX 781

277, 342, 541, 543, 547, 551, 611, Etude administrative: p. 643-
616-617 648, 663
Asie: p. 42, 119, 127, 147, 151, Titre: p. 73, 645; nommés par
199, 203, 206, 215, 219, 220, 226, l'empereur: p. 70, 73, 643; entrée en
230, 278-280, 377, 373, 385, 503, 504, charge le 1er janvier: p. 645; leur
541, 543, 847, 551, 611, 715, 616-617 service par roulement: p. 692; la
Bétique: p. 65, 80, 97, 156, 162- durée triennale des fonctions: p. 73,
163, 383-384, 436, 499, 500, 504, 523, 644-645
532, 596-597 quaestor destinatus: p. 31, n. 2
Chypre: p. 29, 49, 358, 431, 503, questeur: p. 23, 28, 31-32, 215, 218, 223,
504, 598 272, 315, 339, 353, 357, 392, 399,
Crète et Cyrenaïque: p. 51, 262, 402, 425, 433
282, 433-454, 599 Etude sociale: p. 499, 514, 516,
Lycie-Pamphylie: p. 409, 422, 518, 590, 592, 594
427, 463, 599, 603 questeur bis: p. 455
Macédoine: p. 160, 298, 396, questeur candidat: p. 163, 235, 238, 315,
461, 526, 599, 602, 605 318
Narbonnaise: p. 24, 32, 125, 184, Etude sociale: p. 518, 520
283, 416, 503, 504, 522-523, 526, 597, questeur du prince: p. 48, 62, 70, 72,
677 136, 220, 223, 229, 235, 401
Pont et Bithynie: p. 129, 213- Etude sociale: p. 499-500, 510,
214, 219, 365, 376, 529, 597 514, 519-520, 590, 592, 594
Sicile: p. 46, 63, 187, 435, 503, questeur provincial:
504, 525, 598, 599 Achaïe: p. 452, 592, 594
procurator: Afrique: p. 210, 514, 516, 520
ab epistulis Graeeis: p. 292 Asie: p. 148, 183, 481, 514, 520
a libellis: p. 250; 590, 592, 594
a libellis et censibus: p. 247, 250 Chypre: p. 298, 518
alimentorum: p. 291 Crète et Cyrenaïque: p. 416, 592,
annonae Ostiae: p. 471 594
aquarum; p. 286, 445 Lycie-Pamphylie: p. 330, 454-
a rationibus: p. 293, 535 455, 518, 520, 592, 594
a studiisi p. 247, 250 Macédoine: p. 430, 592, 594
biblioihecarum: p. 247, 250 Pont et Bithynie: p. 186, 405,
Britanniae: p. 440, 445 514, 520, 592, 594
rationis privatae: p. 292-293, Sicile: p. 79, 85, 483, 514, 592,
440, 445, 535 594
quattuorvir capitalis: p. 28, 500 questeur urbain: p. 9, 48, 55, 74, 125,
156, 162, 176, 246, 260, 278-279, 283,
quattuorvir viarum curandarum: p. 176, 383, 416, 466
192-193, 246, 260, 283, 318, 451, 455 Etude sociale: p. 514, 516, 520-
Etude sociale: p. 507, 509-511, 521, 590, 592, 594, 637
520, 585, 587-588 Etude administrative: p. 694-
quaestor aerarti Saturni (voir aussi la 695, 708-709
table des matières): — ■ et V aerarium: p. 633, 662; et
Voir les notices n° 20 à n° 22 les archives: p. 633, 675; séquence
Etude sociale: p. 477, 482, 498, des postes, quaestor urbanus-ab actis
502 senatus: p. 715; séquence des postes

50
782 ΐΛ AERARIUM SATURNI » ET ΐΛ AERARITJM MILITARE »

quaestor urbanus-ab actis senatus -édile IVa ScytUca: p. 202, 260, 509
curale: p. 521 Va Macedonica: p. 215, 218, 507,
sevir equitum Bomanorum: p. 148, 260, 585
318, 451, 453, 507, 509, 543, 585, VIa victrix: p. 85, 507
587-588, 591 VIIa Claudia: p. 383, 585
VIIa gemina: p. 391, 585
tabularius: employé de Vaerarium: p. 692
Vili« Augusta: p. 71, 283, 391,
tribun de la plèbe: p. 24, 62, 64, 65, 108, 499, 509, 585
136, 183, 193, 215, 218, 220, 223, 272, IXa Rispana: p. 186, 507
315, 318, 353, 357, 383, 401-402, 405- Xa fretensis: p. 235, 509
406, 409, 416, 425, 430, 433, 452, 455, XI« Claudia: p. 416, 587
461, 499, 500, 515, 517, 519, 591, 593 XIIa fulminata: p. 107
tribun candidat: p. 229, 517; et le soin XVIa Flavia: p. 157, 162, 507
des archives: p. 74 tribun angusticlave: p. 72, 588
tribun militaire: triumvir capitalis: p. 28, 68, 70, 72, 84,
légion inconnue: p. 31-32, 330, 186, 499, 501, 507, 510
401, 499, 509 triumvir monetalis: p. 62, 234, 238, 499,
I« Italica: p. 271, 509 500, 520, 586
Ia Minervia: p. 246, 318, 509 triumviri monetales (deviennent souvent
IIa adiutrix: p. 318, 509 quaestores Augusti): p. 85, 510
IIa Augusta: p. 95, 507 viator, employé de Vaerarium: p. 692
IIIa Cyrenaica: p. 228, 376. 507, vicaire d'Afrique: p. 322, 335, 531
585 vice legatus Syriae: p. 202, 525
IIIa Gallica: p. 136, 507, 585 viocurus: voir quattuorvir viarum curan-
IVa Flavia: p. 163, 238, 509 darum
VI. - INDEX DES NOMS COMMUNS

acta senatus: p. 682 clarissima f emina: p. 309, 439, 464


adlectio (mode d'accès au sénat): p. 11, 580 clarissima puella: p. 464
adlectio in amplissimum ordinem: voir clarissimus iuvenis: p. 409
laticlave (concession du) clarissimus puer: p. 450-451, 459, 462
adlectio inter aedilicios: p. 376, 577, 591, clarissimus vir: p. 153, 314-315, 445, 450,
593, 604 471
adlectio inter consulares: p. 333-334, 531, comices: p. 635, 637
544 commeatus: voir congé,
adlectio inter patricios: p. 59, 63, 105, 107, commissions sénatoriales du Ier siècle:
228, 277, 288, 487, 491 généralités: p. 709; de l'an 6: p. 686;
adlectio inter praetorios: p. 96, 124-125,
de l'an 42: p. 66, 500, 641-642, 686,
243, 249, 351, 291, 293, 309, 328, 368, 712; de l'an 62: p. 650, 684; de l'an 70:
372, 445-446, 469, 491, 512, 524-526, p. 650, 686, 713
577-579, 591, 593, 596, 598, 606
adlectio inter quaestorios: p. 285, 289, 302, commoda veteranorum: p. 700.
conductores: p. 154
333, 409, 516, 518
adlectio inter tribunicios: p. 201, 213-214» congé: p. 137, 141, 168, 204, 692
constitution antonine de 212: p. 702
399, 471, 489, 517, 534-535, 594-595 cura tabularum publicarum: p. 76-78,
aerarium populi Romani: voir aerar ium
674-682, 693, 710
Saturni
aerarium Saturni (appellation nouvelle curatores (scribae aerarti): p. 32, 33, 34
pour V aerarium populi Romani): cursus civil: p. 143, 154, 211, 458, 466,
p. 638, 645-647, 708 532, 605, 607, 704; séparation des
aerarium (le terme s'applique au IVe s. carrières civiles et militaires: p. 607-
au fiscus): p. 344 608
aerarium sacrum Saturni: p. 651 delatus ad aerarium: p. 679
amicus (titre): p. 419 διασημότατος: ρ. 251
anaglypha Traiani: p. 632, 678 dispense du service militaire: p. 223
arca (pour aerarium): p. 344-345, 699, dona militarla: p. 70-71, 95, 274, 596
718 échelon édilité-tribunat (omission de Γ):
area Oalliarum (à Lyon): p. 272 p. 465, 594
archives: voir cura tabularum publicarum édit perpétuel: p. 222
et curator tabularum publicarum egr egius vir: p. 464
area Saturni: p. 55 état-civil: p. 77, 273, 680
bona caduca: p. 684 exactor tributorum: p. 64, n. 2
carrière sénatoriale: réforme d'Auguste: fidéicommis: p. 208, 690-691
p. 28-30, 500, 510
censure de 47: p. 63, 578 fiscus: p. 295, 646-647, 683, 685, 696, 709
censure de 73-74: voir Titus et Vespasien. fiscus libertatis et peculiorum: p. 154, n. 4;
centesima rerum venalium: p. 667,701-702 683, n. 6
704 frumentatio (réformes): p. 333
784 ΐΛ( AERARrUM SATURNI » ET ΐΛ( AERARIUM MILITARE »

homo novus: p. 22, 32, 53-54, 59, 69, 72, remises d'impôts: p. 679, 688-689
131, 143, 150, 152, 156, 169, 176, 185, salaire double: p. 273
189, 226, 272, 372, 400, 409-410, 453 scribe: p. 35, n. 4; 103, 109, 353, 675, 686,
Etude sociale: p. 487, 489, 491, 689, 692
492, 495, 501, 566, 577, 579, 581, 594, secreta: p. 682
609 scrinia: p. 77, n. 4; 682
Etude administrative: p. 698 scriniarii: p. 77, n. 4
Conclusion: p. 718 sodi vicesimae libertatis: p. 152, 154, 684
honesta missio: p. 700, 703, 714 spectabilis: p. 337
illustris: p. 337 splendidus: p. 69
intérim des préfets du prétoire et de la statio Proculiana: p. 391
ville: p. 440-441 statio Sabiniana: p. 224, 704
intervalle entre le consulat du père et statut provincial (changement du): p. 214,
celui du fils: p. 218, 276 330, 402, 462-463
intervalle entre le consulat et le tabulae publicae: p. 74-76, 78, 675, 678-679
proconsulat d'Asie ou d'Afrique: p. 86, 205, tabularium, édifice public: p. 74, 674, 676,
264, 280, 377, 385 678, 681, 694, 714
item, (marque la succession des postes): tribu:
p. 224, 392, 574, disparition de sa mention: p. 465
jurisconsulte: p. 251 Aniensis: p. 60, 70, 81, 84, 396
λαμπρότατος: ρ. 251 Arnensis: p. 395-396
laticlave (concession du): p. 271, 491-492, Camilla: p. 60, 64, 66, 71
512, 516, 568 Claudia: p. 152, 382
locationes (contrats): p. 679 Fabia: p. 110, 199
maior (pour distinguer les homonymes): Oaleria: p. 91, 94, 95, 189-190,
p. 165-166 215, 217, 218, 355, 419
méthode prosopographique: p. 7 Horatia: p. 52, 119, 129, 243, 245
munera de décembre en l'honneur de Oufentina: p. 135
Saturne: p. 639, 647, 663, 672-674, 710 Palatina: p. 312, 466
negotiatores ex area Saturni: p. 23, 637 Papiria: p. 466
nobilis homo: p. 56, 487, 492, 493 Pomptina: p. 282
nobïlitas: p. 63, 565-566 Quirina: p. 180, 183, 185-186,
pater (pour distinguer les homonymes): 228, 258, 271, 276, 278, 287, 317, 370-
p. 165-166 371, 399, 408, 450-451
pater (titre): p. 419 Sergia: p. 355, 382, 396
patricienrp. 62, 491, 500, 580, 586, 594, 715 Stellatina: p. 84, 156, 158, 236
patrimonium: p. 708 Τ eretina: p. 44, 47
plutei: voir anaglypha Tromentina: p. 68
praemia militiae: p. 446, 453, 572, 609, Velina: p. 19, 21, 30, 115
702-703, 715 Voltinia: p. 68, 101, 270-271, 390
praeses (titre): p. 299-300, 462 Voturia: p. 169, 173, 427
primus (pour le premier titulaire d'une tribu Mancia à Corinthe: p. 202
fonction): p. 73, 260 tribut: p. 684
πρώτος 'Ελλήνων: ρ. 200 τροφεύς (titre): p. 419
publicains: p. 155 vicesima hereditatium: p. 688, 702, 704
ratio privata: p. 606, 696, 703, 709 vicesima libertatis: p. 152-155, 683-684
rationes imperii: p. 687 vicesima populi Bomani: voir vicesima
reliqua (tributorum): p. 64 hereditatium
TABLE DES MATIÈRES

INTBODUCTION p. 7-13

Première partie - LES NOTICES INDIVIDUELLES

L'administration du trésor public » 17-18


1 - M. Cusinius M. f. Vel » 19-23
2 - On. Pullius Pollio » 23-26
3 - P. Paquius Scaeva » 26-30
4 - M'. Vibius M. f. Vel. Balbinus » 30-31

Les fastes du forum » 32-35


5 - C. Caelius 0. f. Eufus » 36-38
6 - [. -]lius A[tt]ic(us) » 38-39
7 - P. Cornelius Lentulus Scipio » 39-43
8 - [. -] Valens » 43
9 - [. -]us Proc(ulus) » 44
10 - C. Ummidius C. f. Ter. Durmius Quadratus . . » 44-50
11 - Q. Lucanius Latinus » 51-52
12 - Q. Arquinius » 52-53
13 - L. Pontius M[grinus?] » 53-54
14 - L. Calpurnius Piso » 55-56
15 - M. Sall(u)vius » 56-57
16 - [. -]enus Paetus » 57
17 - Aviliras Pastor » 57-59
18 - P. Plautius Pulcher Triumplialis fllius » 59-64
19 - C. Caetronius C. f. Cam. Miccio » 64-67
20 - T. Domitius T. f. Vol. Decidius » 67-69
21 - L. Coiedius L. f. Ani. Candidus » 70-78
22 - Obultronius Sabinus » 78-81
786 TABLE DES MATIÈRES

23 - L. Funisulanus L. f. Ani. Vettonianus .... p. 81-87


24 - [. ]o » 88
25 - L. Pompusius Mettius [-]nus » 88-91
26 - L. Antistius [.] f. Gai. Busticus » 91-100
27 - L. Neratius L. f. Vol. Priscus » 101-109
28 - Q. Asconius Gabinius Modestus » 110-111
29 - Publieras Certus » 111-115
30 - Q. Fulvius Gillo Bittius Proculus » 116-119
31 - C. Iulius P. f. Hor. [ ] Cornutus Tertullus . » 119-131
32 - 0. Plinius L. f. Ouf. Caecilius Secundus .... » 131-143
33 - L. Catilius Cn. f. Clau. Severus Iulianus Claudius
Beginus » 144-152
34 -[.--] » 152-156
35 - P. Tullius Varronis fil. Stel. Varrò » 156-164
36 - A. Egrilius Plarianus pater » 164-169
37 - M. Acilius A. f. Vot. Priscus Egrilius Plarianus . » 169-180
38 - L. Aurelius L. f. Quir. Gallus » 180-185
39 - L. Burbuleius L. f. Quir. Optatus Ligarianus . . » 185-189
40 - M. Cutius M. f. Gai. Priscus Messius Busticus
Aemilius Papus Arrius Proculus Iulius Celsus . . » 189-195
41 - 0. Iulius Iuli Quadrati (f.) Fab. Severus ... » 195-206
42 - Arrianus Severus » 206-208
43 - Q. Licinius [Quartinusf] Modestinus [SexJ] Attius
Labeo » 209-213

44 - L. Coelius Festus » 213-215
45 - P. Mummius P. f. Gai. Sisenna Butilianus ... » 215-220
46 - L. Octavius Cornelius P. f. Salvius Iulianus Aemi-
lianus » 220-226
47 - C. Popilius C. f. Quir. Carus Pedo » 226-231
48 - Cn. Iulius Cn. fil. Verus » 231-236
49 - L. Dasumius P. f. Stell. Tullius Tuscus .... » 236-240
50 - [. -]cius C. [f.] [-] . » 240-243
51 - M. Servilius Q. f. Ho[r.] Fabianus Maximus . . » 243-247
52 - L. Volusius L. f. Maecianus » 247-253
53 - C. Arrius C. f. Quir. Antoninus » 253-268
54 - C. Vettius C. f. Volt. Sabinianus Iulius Hospes. » 268-277
55 - L. Albinius A. f. Quir. Saturninus » 278-280
56 - L. Cestius Gallus Cerrinius Iustus Lu[t]atius Natalis » 280-283
57 - M. Petronius Sura Mamertinus » 283-289
58 - T. Aius Sanctus » 290-296
TABLE DES MATIERES 787

59 - Ti. Claudius Ti. fil. Quir. Gordianus p. 296-301


60 - Q. Mamilius Capitolinus » 301-303
61 _[._-] » 303-305
62 - [. ] » 305-308
63 - A. Egnatius A. f. Pal. Proculus » 309-314
64 - M. Salonius Longinius Marcellus . . » 314-316
65 - P. Plotius Bomanus » 316-319
66 - Q. Aradius Euflnus Optatus Aelianus » 319-324
67 - L. Domitius Gallicanus Papinianus1 » 324-327
68 - [. ] » 327-328
69 - M. Antonius Mem[mius Hiero?] » 328-331
70 - [L.?] Ant[-] [-] » 332-334
71 - Iulius Eubulidas » 334-337
72 - Attius Caecilius Maximilianus » 337-340
73 - Flavius Atilius Theodotus » 341-344
74 - *Aelius Xiphidius » 344-346

L'administration du trésor militaire » 347

I - M. Artorius Geminus » 348-351


II - C. Stertinius M. f. Maximus » 351-353
III - L. Caesius [-] » 354
IV - P. Catienus P. f. Ser. Sabinus .... » 355-358
V - P. Vitellius )) 358-367
VI - 0. Caetronius 0. f. Cam. Miccio » 367
VII -[.--] » 367-370
Vili - Q. Aurelius Pactumeius P. f. Quir. Fronto . » 370-372
IX - Ti. Iulius Ti. f. Cor. Celsus Polemaeanus . » 372-378
X - C. Plinius L. f. Ouf. Caecilius Secundus . . » 378-379
XI - Galeo Tettienus Severus M. Eppuleius
Proculus L. f. Claud. Ti. Caepio Hispo ... » 379-385
XII - [. - -]erius . » 386
XIII -[.--] » 387-389
XIV - L. Catilius On. f. Claud. Severus Iulianus
Claudius Reginus » 389
XV - M. Acilius A. f. Vot. Priscus Egrilius Pla-
rianus » 389
XVI - L. Octavius Cornelius Salvius Iulianus . . » 390
XVII - L. Neratius C. f. Voi. Proculus » 390-393
XVIII - A. Egrilius Plarianus » 393-395
788 TABLE DES MATIÈRES

XIX - Sex. Pedius Sex. f. Arn. Hirrutus Lucilius


Pollio p. 395-398
XX - M. Flavius T. f. Quir. Postumus .... » 398-400
XXI - [M. Fla?]vius [-]tus Sabinus » 400-401
XXII -[.--] » 402-403
XXIII - Ti. Iulius Ti. f. Cor. Frugi » 403-407
XXIV - C. Sabucius C. f. Quir. Maior Caecilianus . » 407-410
XXV - L. Fabius M. f. Gal. Cilo Septiminus Catinius
Acilianus Lepidus Fulcinianus » 410-420
XXVI - C. Pomponius [C. f.] Vot. Bassus Terentia-
nus » 421-429
XXVII - [. -]us L. f. [-]rus . . . » 430-431
XXVIII -[.--] » 431-434
XXIX -[.--] » 434-436
XXX-[.] (Sollius) [-] » 436-437
XXXI - Sex. Varius Marcellus » 437-448
XXXII - L. Annius L. f. Quir. Italicus Honoratus . » 448-453
XXXIII -[.--] »■■ 454-458
XXXIV - Q. Aradius Rufinus Optatus Aelianus . . » 458
XXXV - P. Iulius Iunianus Martialianus signo Leon-
tius » 458-462
XXXVI - Q. Banius Terentius Honoratianus Festus » 462-464
XXXVII - Q. Annius M. f. Pa[p.] Annianus Postu-
mianus » 465-466

Praefectus incertus:
112 -[·--] » 468-469

Sénateurs à exclure des fastes:


113 - M. Iallius M. f. Volt. Bassus Fabius Valerianus » 468
114 - 0. Iulius Avitus Alexianus » 469-471

Deuxième Partie - ÉTUDE SOCIALE

I. - Les responsables de Vaerarium Saturni:


liste . . . . p. 476-481
commentaire » 482-483
TABLE DES MATIÈRES 789

II. - L'origine des responsables de Vaerarium Saturni:


tableau p. 486-491
commentaire ... » 492-496

III. - La carrière des responsables de Vaerarium Saturni


jusqu'en 56:
A. Jusqu'à l'administration du trésor:
tableau » 498-499
commentaire ... » 500-501
B. Après l'administration du trésor:
tableau » 502-503
commentaire ... » 504

III. - La carrière des praefecti aerarii Saturni:

1 - La carrière jusqu'à la preture:


a) avant la questure:
tableau » 506-509
commentaire ... » 510-512
b) de la questure à la preture:
tableau » 514-519
commentaire ... » 518-521
2 - La carrière prétorienne:
a) avant la préfecture du trésor:
tableau » 522-527
b) de la préfecture au consulat
tableau » 528-531
commentaire commun ..... » 532-538
3 - La carrière consulaire:
tableau » 540-545
commentaire ... » 546-552

IV. Patronats et curatelles de cités:


tableau » 554-559
commentaire ... » 558-560
790 TABLE DES MATIÈRES

V. - Sacerdoces des responsables de Vaerarium Saturni:


tableau p. 562-565
commentaire ... » 565-568

I. - Les responsables de Vaerarium militare:


liste » 570-573
·* commentaire ... » 572-574

II. - L'origine des praefecti aerarii militaris:


tableau . » 576-579
commentaire ... » 578-581

III. - La carrière des praefecti aerarii militaris:


1 - La carrière jusqu'à la preture:
a) avant la questure:
tableau » 584-587
commentaire ... » 586-589
b) de la questure à la preture:
tableau » 590-593
commentaire ... » 594-595
2 - La carrière prétorienne:
a) de la preture à la préfecture du trésor militaire
tableau » 596-599
b) de la préfecture du trésor militaire au consulat
tableau » 600-603
commentaire commun » 604-609
3 - La carrière consulaire:
tableau » 610-613
commentaire ... » 614-617

IV. - Les praefecti aerarii militaris:

patronats et curatelles de cités:


tableau » 620-623
commentaire ... » 622-624
TABLE DBS MATIERES 791

V. - Sacerdoces des praefecti aerarli milìtaris:


tableau . . . p. 626-627
commentaire » 628

Troisième partie - ÉTUDE ADMINISTRATIVE

Chapitre I:

L'évolution administrative de Vaerarium Saturni et


de Vaerarium militare

A. ISaerarium Saturni
Aedes Saturni » 631-632
Quaestores urbani » 633
Les réformes » 633
Les praefecti de l'année 45 av. J.-O » 634-636
Les praefecti aerarti des années 28 à 23 av. J.-C. . » 637-638
Les praetor es aerarti des années 23 av. J.-O. à 44
ap. J.-C » 639-647
Les praefecti aerarii Saturni » 648-664

Β. U'aerarium militare » 664-670

Chapitre II:

Activités et compétences des administrateurs de Vaerarium


Saturni et de Vaerarium militare

A. Uaerarium Saturni » 671-672


La question des munera » 672-674
Le soin des archives publiques » 674-682
Les activités financières » 682-689
L'activité judiciaire » 689-692
Le recrutement » 693-699

B. Jj1 aerarium militare » 699-705


792 TABLE DES MATIÈRES

CONCLUSION p. 707-720

Abréviations utilisées pour les revues, dictionnaires et


publications » 721-724
Bibliographie » 725-732

INDEX

I. - Index des sources commentées

A. - Inscriptions » 735-744
B. - Auteurs » 744-748
C. - Textes juridiques » 718-749
D. - Papyrus » 749
E. - Monnaies » 749

II. - Index des noms de personnes » 750-770


III. - Index des noms de lieux » 771-773
IV. - Index des divinités, des cultes et des sacerdoces . . » 774-775
V. - Index des fonctions » 776-782
VI. - Index des noms communs » 783-784

Table des matières » 785-792

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