Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
RÉSUMÉ
La méthode actuellement enseignée en thermodynamique industrielle pour prendre
en compte les irréversibilités dans un système est basée sur des hypothèses implicites qui
sont en contradiction avec le premier principe. Nous montrerons les incohérences de cette
méthode A dans le cas d’un échangeur thermique et les nombreuses erreurs
d’interprétation physique.
Nous proposerons une nouvelle approche (méthode B) de l’étude des systèmes
ouverts en se recentrant sur les fondamentaux de la thermodynamique. Cette méthode est
entièrement conforme aux nouveaux programmes de PT et peut être appliquée dans les
écoles d’ingénieurs, BTS, IUT…
• δ qf est fourni par une source extérieure. Pourquoi ne pas rajouter δ qf dans le
premier principe alors qu’on le rajoute dans le second principe ?
• Pourquoi δ qe garderait-il la même valeur pour la transformation irréversible et la
transformation réversible alors que δ qe dépend du chemin suivi ?
Dans l’épreuve de PT 2002 (voir référence [8]), question 4 : « Calculer la création
d’entropie massique due à l’irréversibilité de l’évolution dans le compresseur ». L’étudiant
δq
doit donc calculer δ sc = f .
T
T1 Dm, cp T2
O x x+dx L x
En pratique, la baisse de pression n’est pas négligeable par rapport aux autres pertes
de charge dans un circuit hydraulique mais le transfert thermique mis en jeu est
négligeable par rapport au flux de chaleur échangé entre le fluide froid et le fluide froid. On
a également une irréversibilité thermique (voir annexe 2 où il faudrait avoir un échangeur
de très grande longueur).
La méthode A donne δ qf = 0 et δ sc = 0 alors qu'on a une réversibilité mécanique
et une irréversibilité thermique !!!
La transformation fictive réversible est donc déjà utilisée avec la méthode A pour
calculer le travail de transvasement (voir paragraphe 3.5).
1.3.1. Définition de qf
On considère un système ouvert en régime permanent d’écoulement, à une entrée et une
sortie en contact avec une source de chaleur à la température TS : la transformation est
monotherme puisqu’on a une seule source de chaleur.
a) Le premier principe de la thermodynamique pour un système ouvert s’écrit (voir annexe
1 pour la démonstration) :
(u2 − u1 ) + ( ep 2 − ep1 + ec 2 − ec1 ) = w i + p1v1 − p2v 2 + qe
En notation infinitésimale, on a : du + dec + dep = δ w i − d( pv ) + δ qe
En posant h = u + pv , on obtient : dh + dec + dep = δ w i + δ qe
avec
δ w i = travail indiqué massique (travail massique reçu par le fluide de la part des parties
mobiles de la machine).
δ qe = transfert thermique massique algébriquement reçu (échangé avec l’extérieur) à
travers toute la frontière du système ouvert.
b) Le théorème de l’énergie cinétique s’écrit : dec = δ w ext + δ w int
TRAVAIL MASSIQUE DES FORCES EXTÉRIEURES :
• Le travail massique du fluide amont et aval (voir démonstration annexe 1 avec p1v1
– p2v2) est égal à – d(pv).
• Le travail indiqué massique (travail massique reçu par le fluide de la part des
parties mobiles de la machine) est égal à δ w i .
• Le travail des forces extérieures dérivant d’une énergie potentielle est à égal à
–dep.
TRAVAIL MASSIQUE DES FORCES INTÉRIEURES :
δ w int = travail massique des forces intérieures = travail massique des forces intérieures
de pression (pdv : voir les références [3] et [4] pour la démonstration de l’expression des
forces intérieures de pression) + travail massique des forces intérieures de viscosité
( δ w f ≤ 0 ).
{ }
On a donc : dec = {−d( pv ) + δ w i − dep } + δ w int = − pdv − vdp + δ w i − dep + pdv + δ w f
c) L’identité thermodynamique s’écrit : dh = Tds + vdp
dh + dec + dep = δ w i + δ qe (1)
On obtient finalement : dh = Tds + vdp (2)
de + de = −vdp + δ w + δ w (3)
c p i f
contributions : −
δ wf (T − T ) ≥ 0 irréversibilité
≥ 0 irréversibilité mécanique et δ qe S
T T TS
thermique à cause d’un transfert thermique entre deux corps à des températures
différentes.
On définit δ qf le transfert thermique massique dû aux frottements comme l’opposé
du travail des forces intérieures de viscosité : δ qf = −δ w f . L’interprétation physique
de δ w f est évidente (travail des forces intérieures de viscosité) alors que
δ qf
l’interprétation physique de δ qf et de est beaucoup moins évidente comme on
T
va le voir…
L’équation (6) devient alors :
δ q (T − T ) + δ qf = δ qe + δ qf
ds = {δ se } + {δ sc } = e + δ qe S
TS T TS T T T
On définit le travail de transvasement massique par :
δ w t = – (travail massique du fluide amont et aval + travail massique des forces intérieures
de pression) = − ( −d ( pv ) + pdv ) = pdv + vdp − pdv = vdp .
Interprétation physique dans le cas d’un compresseur avec dec = dep = 0. Le théorème de
l’énergie cinétique s’écrit : dec + dep = −vdp + δ w i + δ w f , d’où δ w i = δ w t − δ w f , soit
δ w i ≥ δ w t . Le travail de transvasement correspond donc au travail minimum à fournir au
compresseur pour vaincre le travail des forces de pression amont et aval, ainsi que le
travail des forces intérieures de pression.
On verra au paragraphe 3.5 une interprétation physique plus simple du travail de
transvasement
donc : δ sc = δ qe
(TS − T ) !!! Ce résultat est complètement masqué avec la méthode A.
T TS
Soit un système ouvert en régime permanent d’écoulement, à une entrée et une sortie.
Le bilan d’entropie pour tous les systèmes ouverts se fait donc avec la relation :
δq δ q + δ qf
ds = rev = e qui n’est pas conforme au programme PT 2004 (cf référence
T T
[9]) puisqu’on utilise systématiquement une transformation réversible ! On perd
également l’entropie échangée et l’entropie créée.
La technique utilisant une transformation réversible était utilisée systématiquement pour
les systèmes fermés avant la réforme de 1995 !
Pour répondre aux questions des problèmes de concours concernant qf, il suffit
donc :
• de calculer qef avec la méthode B
• et d'écrire à la fin des calculs que qf = qef .
On a vu que interprétation était incorrecte avec la méthode A alors qu’elle devient correcte
avec la méthode B !
p
3.5.2. Présentation du compresseur réel T isobare p2
adiabatique
2
Dans un compresseur réel, il faut tenir compte des forces
de viscosité (frottements fluides internes). On a donc une 2is isobare p1
irréversibilité mécanique.
1
a) On considère une compression adiabatique réversible
(donc isentropique) de la même pression initiale p1 à la
s
même pression finale p2. L’état final est noté 2is.
On a une augmentation de la température lors de la
compression, donc T2is > T1. On se déplace sur une verticale dans le diagramme (T, s).
∆h = w i + qe
Transformation réelle : (qe = 0 et se = 0 car adiabatique)
∆s = se + sc
dh + dec + dep = δ w if + δ qef
dh = Tds + vdp
Transformation FICTIVE, réversible : δ qef
ds = T
2
w tf = vdp
∫1
∆h = w if + qef
donc δ qef
ds = >0
T
Bilan : On a le même ∆h et ∆s pour la transformation réelle et la transformation FICTIVE
réversible puisqu’on a des variations de fonctions d’état avec le même état initial (T1, p1) et
le même état final (T2, p2).
∆h = w i = w if + qef = w tf + qef
∆h = w i > 0 , d'où 2
qef = ∫1 T ds
∆h = h2 − h1 peut être calculé avec le modèle du gaz parfait ou avec des tables,
diagrammes thermodynamiques.
L’indice f peut être remplacé par k pour rappeler que l’on travaille sur une transformation
polytropique.
a) Calcul du travail de transvasement polytropique :
La transformation polytropique est caractérisée par :
1
−
pv k = cte = p1v1k = p2v 2k , donc v = Ap k avec A une constante.
2
− k1 +1
2 2 −
1
p Ak − k1 +1 − +1
1
w tk = ∫ vdp = ∫ Ap dp = − A 1
k
= p2 − p1 . On peut rentrer A dans la
k
1 1 − +1 k − 1
k
1
k
parenthèse, on obtient alors : w tk = ( p2v 2 − p1v1 ) .
k −1
kr
Finalement, on a : w tk = (T2 − T1 ) .
k −1
b) Calcul de wi : w i = ∆h = c p (T2 − T1 )
c) On en déduit : qef = w i − w tk
Remarque : le calcul de qf = qef peut se faire également en utilisant la relation Tds = cdT
(voir problème de la banque PT 1998 Première partie cf référence [7]).
2
On en déduit immédiatement : qf = qef = ∫ Tds = c (T2 − T1 ) (2ème méthode de calcul de qf)
1
Cette relation ne figure évidemment pas au programme PT mais peut être abordée dans
un problème de concours.
∆h = w i = w tf + qef
s
aire A1 aire A2
1’
1
aire A3 aire A4
w is = aire hachurée A3
On peut donc conclure que : w i réel > w is :
w i réel = aire A3 + A4
T1 Dm, cp T2
O x x+dx L x
T2 dh
L'entropie échangée massique vaut se = ∫
T1 T '
T2 dh T2 dh T2 1 1
L'entropie créée massique vaut : sc = ∆s − se = ∫ −∫ = ∫ dh −
T1 T T1 T ' T1
T T '
Comme T' > T et dh > 0 , on a donc sc > 0.
Remarque : On obtient le même résultat avec un refroidissement du fluide dans la
conduite 1→2 avec T' < T et dh < 0 .
L'application de la méthode B donne donc des résultats tout à fait cohérents alors
que la méthode A aboutissait à qf = 0.
Remarque : Si on a une irréversibilité thermique et une irréversibilité mécanique, on a
T2 1 1 2 −vdp
alors sc = ∆s − se = ∫ dh − + ∫ .
T1 T T ' 1 T
Interprétation physique :
L'entropie créée est égale à la somme de deux termes :
T2 1 1
• Le premier terme est positif ∫ dh − . Il traduit l'irréversibilité thermique
T1
T T '
(diffusion de chaleur).
CONCLUSION
Nous avons vu dans cet article que l’utilisation en PT de la relation
δq δq
ds = e + f peut entraîner de nombreuses erreurs d’interprétation et pose de
T T
nombreux problèmes pédagogiques :
δ qf
• On ne peut pas identifier l’entropie créée à .
T
δq δq
• L’entropie créée d’origine thermique est masquée dans la relation ds = e + f .
T T
• Les présentations proposées aux étudiants pour introduire cette relation suscitent
beaucoup de questions : pourquoi δ qf n’est pas rajouté dans le premier principe
puisqu’il vient d’une source fictive extérieure et pourquoi δ qe est le même dans la
transformation fictive de la méthode A ?
δq δq
• Pourquoi utiliser ds = e + f pour étudier les systèmes ouverts en PT et
T T
ds = δ se + δ sc pour étudier les systèmes fermés (machines dithermes par exemple)
étudiés en PTSI ?
L’étude des bilans énergétiques est très souvent complétée par des bilans
exergétiques (voir référence [5]) qui sont hors programme en PT.
Une analyse plus détaillée de l’entropie se fait dans certaines spécialités en écoles
d’ingénieurs. La création interne d’entropie est la conséquence de toutes les dissipations
liées aux gradients de pression, de concentration, de potentiel chimique, de température,
de vitesses… Il faut alors comparer les échelles de temps de ces phénomènes à celles de
l’écoulement. Il y a transformation locale d’énergie « noble » en énergie interne. Les
spécialistes essayent de calculer cette source d’entropie en traitant finement les
phénomènes dissipatifs avec des logiciels de mécanique des fluides utilisant des
maillages très fins et des équations microscopiques.
BIBLIOGRAPHIE
[1] OUZIAUX, Cours de thermodynamique.
[2] DESCAMPS Didier, ENSAM Lille http://didierdescamps.free.fr/thermo.pdf
[3] OUZIAUX Roger, « Mécanique des fluides appliquées », Dunod, 2004.
[4] KIRILLIN, SYTCHEV, SHEINDLIN « Thermodynamique technique, technique
soviétique », éditions Mir Moscou, 1976.
[5] GICQUEL Renaud, « Systèmes énergétiques, tome 1 et 2 », Ecole des Mines de
Paris Les Presses, 2001.
[6] OLIVIER Stéphane et GIE Hubert, « Thermodynamique 1ère et 2ème année »,
éditions Tec et Doc collection de sciences physiques, 1996.
[7] Problème de concours - Banque PT 1998 – Epreuve IIA.
[8] Problème de concours - Banque PT 2002 – Epreuve IIA.
[9] Programme des Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles, PT – programme
2004 : B.O. hors série n°6 du 16 septembre 2004 – Annexe 6 page 1734.
Jean-Noël BEURY
Professeur en Sup PCSI-SI
Lycée Gustave Eiffel
33000 BORDEAUX
On considère un fluide qui s’écoule de l’état 1 (p1, v1, T1) à l’état 2 (p2, v2, T2). La
démonstration suivante est très générale et suppose que l’on est en régime
permanent d’écoulement. On note en minuscules les grandeurs massiques.
C C’
partie commune P2, v2, T2
(PC)
D D’
A A’ Système fermé
P1, v1, T1 à t + dt
B B’
δwi est appelé le travail indiqué massique. Pour un compresseur : δwi > 0 et pour une
turbine : δwi < 0.
δqe est le transfert thermique massique reçu de l’extérieur à travers toute la frontière
du système ouvert.
T1 Dm, cp T2
O x x+dx L x
T = T1 + (T1 '− T1 )
λ ' 1 − e − kx (
(eq.11) ;
)
λ '− λe − kL
dt (
T1T1 ' λ '− λe − kL ) T T '(λ ' e
1 1 − λe )
−L/ λ ' −L/ λ
On obtient une expression symétrique en λ ↔ λ ' . Si on suppose que λ ' > λ on vérifie que
tous les termes de cette expression sont positifs et donc que l’entropie créée est bien
strictement positive. Elle est nulle si et seulement si T1 = T1 ' .
On remarque que l’entropie créée n’est que du second ordre en T1 '− T1 , ce qui signifie
que pour les petites différences de températures l’échange devient réversible. On
peut aussi donner les formes asymptotiques :
δ SC gL (T1 '− T1 )
2
• Si kL << 1 alors ≈
dt T1T1 '
g λ (T1 '− T1 )
2
δ SC
• Si kL >> 1 alors ≈
dt T1T1 '
Si l’échange n’est pas isobare il faut rajouter les termes de pression :
δ SC T T ' p p '
= Dm c p ln 2 + Dm ' c p 'ln 2 + r ln 1 + r ln 1
dt T1 T1 ' p2 p2 '
Les deux termes rajoutés sont positifs car p1 − p2 > 0 et p1 '− p2 ' > 0 (ce sont les pertes de
charge dues à la viscosité des fluides).
arrive à Tp k
= cte .
k est appelé le coefficient polytropique de la transformation.
b) Calcul de k et de c
Pour calculer k, on connaît très souvent dans les problèmes l’état initial (T1, p1) et l’état
final (T2, p2). La température et la pression s'obtiennent très facilement avec des capteurs
de température et de pression. On utilise très souvent en thermodynamique industrielle le
jeu de variables (T, p).
1− k
Il suffit d’écrire la relation Tp k
= cte pour l’état 1 et pour l’état 2.
1− k
1− k 1− k
T p k T 1 − k p2
Tp
1 1
k
= T2 p2 k
; d’où 1 = 2 d’où ln 1 = ln
T2 p1 T2 k p1
T p T p p
d’où k ln 1 = (1 − k ) ln 2 et k ln 1 + ln 2 = ln 2
T2 p1 T2 p1 p1
p
ln 2
Finalement, on obtient : k = p1 .
T1 p2
ln + ln
T2 p1
kcv − c p
Connaissant k, cp et cv, on peut en déduire c = .
k −1