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22.06.2018
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
RÉSUMÉ
Cependant certaines poutres disposent d’étriers partiellement ancrés pour des raisons
constructives ou parce qu’elles ont été construites dans le passé de cette façon. De ce fait, les
calculs habituels de type rigide-plastique ne sont plus valables et un changement de
comportement à la rupture est possible.
Dans le cadre de ce projet de Master, une étude approfondie de cet effet est proposée. Une
attention particulière a été portée sur le phénomène de l’adhérence dans le cadre de la théorie
de l’élasto-plasticité à l’aide d’un logiciel de modélisation non-linéaire.
La plupart des approches conventionnelles sont fondées sur des lois complexes d’adhérence
dérivées d’essais d’arrachement dans des milieux non-fissurés. Néanmoins, il a été montré
récemment que la fissuration affecte de manière significative la performance de l’adhérence.
Cet effet peut donc être difficilement négligé, particulièrement pour des étriers ayant des
extrémités non-ancrées plongées dans une zone fortement fissurée (partie tendue de la
poutre).
Plusieurs modélisations ont été effectuées sur des poutres présentant des défauts d’ancrages
aux étriers, pour vérifier le fonctionnement de ces élèments. Outre la faible variation de la
charge de rupture, une profonde redistribution des contraintes a été observée. Un ancrage
faible tend à abaisser l’angle des bielles, à solliciter les étriers à l’écoulement de manière plus
locale et à augmenter le degré de fissuration du béton.
L’écartement des étriers (pour un même taux d’armature) a été identifié comme étant un
paramètre potentiel clé dans l’apparition d’un mécanisme de rupture propre à ce type de
poutre.
L’outil développé aura un grand intérêt pour de futures études sur le comportement
d’éléments de structures présentant des armatures dans des conditions sévères de fissuration.
MOTS-CLÉS :
structures à étriers partiellement ancrés – effort tranchant – étriers ouverts – modélisation non-
linéaire – adhérence – ancrage imparfait – béton fissuré – relation force-glissement – jConc –
champs de contraintes élastoplastiques
I
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
II
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
REMERCIEMENTS
Grâce à ce projet, j’ai pu développer un ressenti très particulier par rapports aux modèles non-
linéaires : les notions de fissuration et d’adhérence ont été pour moi des facteurs déclencheurs
de bien d’autres questions sur les structures en béton armé. À titre personnel, je ressors de ce
projet avec une meilleure compréhension du fonctionnement de ce type de structure.
Je tiens également à remercier Frédéric Monney pour m’avoir suivi et conseillé durant tout le
semestre, ainsi que Raffaele Cantone pour m’avoir aidé dans le cadre de mon implémentation.
J’adresse également des remerciements chaleureux aux personnes suivantes qui n’ont pas
hésité à m’aider dans des périodes d’implémentation particulièrement lourdes en problèmes :
• João Almeida (laboratoire EEDSL) pour ses explications sur la modélisation non-linéaire.
• Fabian Barras pour sa patience quant à mes questions sur la méthode des éléments-
finis.
• Vasios Nikolaos (Université de Harvard) et Wilkins Aquino (Faculté Duke) pour leurs
conseils sur l’implémentation détaillée de l’algorithme du Arc Length et de son
optimisation.
III
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
1 Introduction ....................................................................................................................................................... 1
2 Projet de Master : suite de la pré-étude ................................................................................................. 2
3 Annexes et documents supplémentaires ............................................................................................... 2
4 Objectifs et structure du document ......................................................................................................... 3
5 Champs de contraintes élasto-plastiques : Rappel ............................................................................ 4
5.1 Base théorique ........................................................................................................................................ 4
5.2 Hypothèse d’adhérence ....................................................................................................................... 5
5.3 Hypothèse d’ancrage hors-plan ....................................................................................................... 6
6 L’adhérence : phénomène physique ........................................................................................................ 7
6.1 Discussion : rupture modélisable ..................................................................................................... 8
6.2 Lois constitutives disponibles ............................................................................................................ 9
6.3 Effet de la fissuration .......................................................................................................................... 10
6.4 Effet de l’écoulement de l’armature .............................................................................................. 11
7 Physique de l’adhérence : choix de modélisation ............................................................................. 12
7.1 Loi constitutive adoptée .................................................................................................................... 13
7.2 Réduction de l’adhérence : effet de la fissuration ................................................................... 14
8 Modèle d’adhérence : choix d’implémentation ................................................................................. 19
8.1 Élément discret selon Ngo & Cordelis ......................................................................................... 19
8.2 Fonctionnement interne : nœud acier double et effet de la fissuration ......................... 20
9 Adhérence hors-plan (étriers en C) : modélisation 2D .................................................................... 21
10 Validation de l’implémentation ........................................................................................................... 24
10.1 Tirant élastique ...................................................................................................................................... 24
10.2 Essai d’arrachement élastique avec comportement adoucissant ...................................... 25
10.3 Essai d’arrachement plastique (effet de l’écoulement) .......................................................... 26
11 Poutre de Huber : spécimen « R1000m60 » ................................................................................... 27
11.1 Description du spécimen................................................................................................................... 27
11.2 Modèles proposés ............................................................................................................................... 28
11.3 Charges de rupture.............................................................................................................................. 29
11.4 Résultats................................................................................................................................................... 29
11.5 Autres raisons potentielles pour la rupture................................................................................ 33
12 Poutre expérimentale du laboratoire i-béton ................................................................................ 33
IV
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
V
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
1 INTRODUCTION
La force des structures en béton armé réside dans l’application d’un principe simple : allier la
résistance en traction des armatures en acier et celle du béton en compression pour former un
système efficace et ductile.
Déjà dès le début du 20ème siècle, Mörsch démontrait la nécessité de recourber les armatures
longitudinales en fin de poutre (voir Figure 1) pour « créer un lien fort entre l’acier et le béton,
autre qu’en comptant sur une simple adhésion/friction le long de la poutre »1. Ce type de
considération a montré dès les prémices du béton armé l’importance de l’ancrage des barres
d’armature.
Cet effet physique a été négligé de manière systématique par la littérature. Un des objectifs
principal de ce projet de Master est de proposer une modélisation qui est capable de coupler
le degré de fissuration avec la qualité de l’ancrage des étriers.
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Les éléments pertinents seront rappelés brièvement dans ce rapport. Pour plus de détails, le
lecteur est renvoyé au document de base en question.
Dans le cadre de la précédente pré-étude, un script en langage Python avait été prototypé
pour évaluer les possibilités de la modélisation de l’adhérence. L’objectif fixé des premières
semaines du projet de Master a donc été de :
• Les annexes comportant les résultats détaillés pour les 4 modèles différents étudiés
dans ce rapport (nommés : HA, HB, LA, LB). Le lecteur y sera renvoyé ponctuellement
quand cela est nécessaire.
• Une documentation étendue des nouvelles fonctionnalités de jConc. Ce document
rassemble de manière exhaustive toutes les nouvelles commandes ainsi que des
exemples d’utilisation pour prendre en compte l’adhérence dans un modèle jConc.
• Un document explicatif par rapport à des détails « avancés » d’implémentation. Ce
document est dirigé spécifiquement pour un programmateur (et non pas un utilisateur)
souhaitant comprendre comment des liens rigides ont été implémenté, comment
rajouter des fonctionnalités au post-processeur, etc.
• Un document « tutoriel » pour les futurs utilisateurs du post-processeur « Paraview ».
De nombreux exemples sont donnés pour que tous les utilisateurs puissent exploiter
les résultats de jConc de manière optimale.
Les fichiers de modèles (HA, HB, LA, LB) ont été transférés durant le rendu final de ce rapport
au service académique et au laboratoire i-béton. Ils peuvent être demandés à l’adresse
suivante : damien.scantamburlo@gmail.com
La nouvelle version de jConc (en version 2.0 beta) a également été transférée de la même
manière. L’auteur suggère une utilisation de cette version avec l’environnement de
programmation NetBeans pour profiter d’une meilleure clarté (avertissements colorés, etc.).
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Suite à cette présentation, le lecteur apprendra la façon dont l’adhérence a été implémentée
dans le programme jConc, et les hypothèses simplificatrices effectuées pour tenir compte d’une
réduction de l’adhérence à cause de la fissuration. La modélisation de la zone hors-plan de
l’étrier (voir Figure 3) sera également expliquée en détails.
Après une brève présentation des tests de validation pour contrôler si l’implémentation a été
effectuée de manière correcte, les sujets suivants seront abordés :
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
𝜖 = ≤ .
. + ∙𝜖
Dans la théorie élasto-plastique, le béton n’offre aucune résistance en traction.
La méthode des éléments finis est simplement l’outil permettant de transformer des
déplacements d'un maillage quelconque à des déformations, de calculer des contraintes et de
les intégrer pour obtenir des forces nodales. D’une manière générale, ce problème fortement
non-linéaire est résolu avec l’algorithme de Newton/Raphson.
Le logiciel jConc est capable de considérer des éléments triangulaires pour modéliser le béton,
et des éléments barres pour les armatures. L’acier a, d’une manière générale, une loi
constitutive élasto-plastique, avec la possibilité de rajouter le phénomène de l’écrouissage.
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Sous réserve d’avoir des ancrages suffisants pour toutes les barres d’armatures, cette
hypothèse est plus que raisonnable et reflète bien la réalité.
L’hypothèse principale de cette méthode consiste à dire que le profil des contraintes a le même
profil quadratique que celui de l’adhérence le long de l’ancrage. La variation d’ancrage peut se
faire grâce à la formule suivante :
𝑖 𝜙
𝜙 é 𝑖 = 𝜙 é ∙ √ avec ℎ = ∙
ℎ 𝜏
𝜏 = ∙
Cette formule est basée sur le Tension Chord Model. On notera que pour un dimensionnement,
on pourra utiliser :
∙ , %
𝜏 = ≅
Bien que cette approche soit intuitive, il est important de noter qu’elle ne considère pas la
réelle mécanique du problème.
Le cas d’une barre glissant localement de manière trop grande et ne pouvant plus reprendre
d’effort n’est pas couvert. Un essai d’arrachement n’est pas modélisable avec une simple
réduction d’armature, cette dernière pouvant difficilement représenter les capacités de
redistribution de l’adhérence en elle-même à l’intérieur d’une structure.
Dans le cas d’une armature faible de confinement, il est possible également que les fissures
créent une rupture en splitting (fissure longitudinale le long des barres de flexion par exemple),
ce qui n’est malheureusement pas modélisé dans l’approche simplificatrice.
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Le phénomène est complexe de part le fait qu’il ne peut pas être représenté
dans le logiciel jConc qui est entièrement en 2D. De plus, ce dernier ne
considère pas l’adhérence (à part avec des simplifications comme expliqué
dans la section précédente).
é 𝑖 𝐻𝑅
𝜙 é
=𝜙 ∙ √ . +
Ce principe de réduction est présenté par analogie avec la contrainte atteignable, sur la
Figure 8. Avec létrier HR étant la longueur d’ancrage hors-plan (hors zone courbée) :
é 𝑖 𝐻𝑅
= − − ∙
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Il est très difficile par exemple de défendre un ancrage de base à 30 %, tout en sachant que ce
dernier va changer en fonction de la fissuration longitudinale. Dans le cas extrême avec des
fissures de flexion très ouvertes, il est possible d’imaginer un cas où la part hors-plan ancre très
peu (voire pas du tout) la barre d’armature.
Figure 9 (a) Mécanisme chimique Figure 10 (b) Mécanisme de friction Figure 11 (c) Mécanisme d'engrènement
On notera que parmi tous ces mécanismes, c’est le mécanisme d’engrènement mécanique qui
est susceptible d’être modélisé dans le logiciel jConc. Le mécanisme d’arrachement de barres
d’armatures dans des cylindres en béton a permis dans les dernières décennies de proposer
plusieurs modèles globaux de contrainte-déplacement (τ – ) prenant en compte tout le
processus de déformation et de développement d’adhérence.
Ce type de loi constitutive est particulièrement bien adapté à un logiciel élément-fini qui est
capable de calculer les déplacements relatifs le long d’une barre.
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
fissure radiale
fissure en «splitting»
friction à l’interface
Figure 12 Rupture en "splitting", tiré et modifié de Figure 13 Rupture en arrachement, tiré et modifié de
(Brantschen, et al., 2016) (Brantschen, et al., 2016)
Le mode de rupture présenté à la Figure 12 est très difficilement modélisable avec jConc : une
rupture en éclatement nécessiterait d’adopter un maillage très fin localement et une résistance
en traction (le phénomène n’est pas explicable sans cela). De plus, il est peu probable que cet
effet conique axisymétrique puisse être modélisé en 2D.
Il est pertinent de tenter de prendre en compte cet effet si l’objectif est de modéliser un essai
« pull-out » très faiblement armé, un détail constructif avec peu d’enrobage : cela n’est pas le
cas pour une structure globale, avec une problématique d’ancrage des étriers.
En réalité, la prise en compte de l’adhérence dans jConc a pour but de modéliser simplement
une rupture par arrachement d’une barre d’armature, comme exprimé dans la Figure 13. La
prise en compte de cet effet de glissement revient à pouvoir représenter les zones activables
(ou non) d’un étrier en fonction de la fissuration du béton. Si ce glissement relatif est modélisé,
le logiciel jConc arrivera donc à « capter » les redistributions de contrainte découlant
directement de cet effet.
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Ces deux lois permettent d’avoir un ordre de grandeur quant à la rigidité de l’adhérence et la
valeur de la contrainte maximale atteignable (en l’absence de fissuration). Cet ordre de
grandeur est important, surtout pour effectuer des études de sensibilité.
= . → . ∙ √
≅ −
L’adhérence d’un béton standard de type « C30/37 » aura donc ces propriétés :
′ ′
é ≅ 𝑃 / → 𝑃 /
≅ → 𝑃
Pour un « C60/75 », les valeurs attendues sont bien évidemment plus grandes :
′
é ≅ ′ 𝑃 / → 𝑃 /
≅ → 𝑃
Un bon béton aura tendance à avoir une rigidité sécante de la loi d’adhérence de l’ordre de
grandeur de 10’000 MPa/m et un béton standard de 1000 MPa/m. Cette « fourchette » est
intéressante dans le but de faire une analyse de sensibilité.
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Figure 16 Effet d'une fissure transversale, Figure 17 Effet d'une fissure Figure 18 Effet d'une fissure de
tiré et modifié de (Brantschen, et al., 2016) de flexion, tiré et modifié de retrait, tiré et modifié de (Brantschen,
(Brantschen, et al., 2016) et al., 2016)
La problématique de la fissuration sur l’adhérence est un élément qui est très souvent négligé
dans la littérature. Pourtant, comme démontré dans (Brantschen, et al., 2016) à l’aide de
nombreux essais, la présence d’une fissure le long d’une barre d’armature a une très forte
influence sur cet élément. Les figures ci-dessus énumèrent des cas réalistes rencontrés dans la
pratique.
Selon (Brantschen, et al., 2016), la réduction du pic d’adhérence peut se calculer grâce à la
formule suivante :
=f 𝜅
+ ∙
𝑅
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Figure 20 Présence d'une fissure remontante "dangereuse" pour l'ancrage d'un étrier
Cette réduction d’adhérence sera prise en compte dans la suite de ce projet pour modéliser les
fissures qui réduisent l’ancrage des étriers.
Dans jConc, la réduction est prise en compte en réduisant la contrainte par le facteur Ks :
𝜏 = 𝜏( 𝑖 , )∙𝐾 𝜖
Le lecteur est renvoyé au rapport de la pré-étude où il trouvera une liste non-exhaustive des
lois de réduction. Par exemple :
. 𝑖𝜖 ≤𝜖
𝐾 = 𝜖 − 𝜖 𝜖
∙√ 𝑖𝜖 >𝜖
𝜖 − 𝜖 𝜖
{
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
La philosophie de base des champs élasto-plastiques est de proposer une approche intuitive,
où les lois constitutives sont simples afin de représenter les plus grandes particularités des
structures en béton armé d’une façon convenable :
• Le béton n’a pas de résistance en traction. Le jeu des efforts « pur » se joue entre le
béton fissuré en compression et l’acier en traction.
• Le béton est moins efficace en compression si on y applique une traction transversale
• Dans la majorité des cas, la rupture n’est pas localisée (présence d’une armature
minimale). Les phénomènes adoucissants comme la résistance en traction ne
gouvernent pas la rupture. La théorie de la plasticité restreinte permet d’utiliser une loi
ductile, élasto-plastique pour le béton en compression.
Appliquer cette philosophie pour la prise en compte de l’adhérence dans le logiciel jConc, et
donc dans la théorie de l’élasto-plasticité, est un réel défi : contrairement à un béton en
compression, ce phénomène est peu ductile, et présente une forte dégradation après le
passage d’un pic.
Il faut également remarquer que des lois complexes avec adoucissement ne sont pas forcément
pertinentes dans tous les cas. La majorité des armatures sont situées dans un milieu fissuré,
ceci changeant drastiquement le fonctionnement de l’adhérence : la majorité des lois
d’arrachement ne considèrent pas cet effet.
Dans le cadre de cette étude, il est proposé d’utiliser des lois d’adhérence simples, bien définies
qui cependant prennent en compte leur dégradation par rapport aux sollicitations
environnantes (fissuration, effet de l’écoulement).
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
L’idée de base consiste à dire qu’il vaut mieux se focaliser sur une adhérence dans une structure
qui pourrait être potentiellement réduite de 50 % (voir plus), au lieu de considérer un
comportement adoucissant très finement tout en négligeant le premier effet.
Figure 23 Loi élasto-plastique avec énergie équivalente Figure 24 Loi élasto-plastique avec pente initiale
similaire
Le phénomène de l’adhérence nécessite une relation contrainte – déplacement relatif pour qu’il
puisse être pris en compte dans jConc. Il est possible de construire une loi élasto-plastique
équivalente, ayant la même énergie qu’une loi comportant la phase adoucissante2. Cette
simplification est visible sur la Figure 23.
Cette loi équivalente a néanmoins un désavantage assez important : bien qu’elle représente la
même énergie, elle montre dans la phase post-pic un comportement bien moins rigide que le
réel comportement attendu. Le problème est qu’en dehors de certaines zones d’ancrages
fissurées avec des mauvaises dispositions constructives, la majorité des barres dans une poutre
n’atteignent pas le pic d’adhérence. Diminuer la première pente « élastique » semble donc
biaiser le modèle pour une grande partie du système structurel.
Une autre simplification possible est présentée sur la Figure 24 : bien que la conservation de
l’énergie ne soit pas assurée, l’adhérence élasto-plastique reflète assez fidèlement la première
partie élastique très rigide. C’est cette loi qui sera adoptée dans ce projet de Master. La hauteur
du plateau plastique τEP sera en réalité dynamique et pourra varier en fonction de la fissuration
environnante.
2 Ici : loi du fib Model Code 2010, communément accepté pour un essai d’arrachement standard.
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
𝜏 = 𝜏𝐸𝑃 ( , , 𝑖 )
Figure 26 Loi élasto-plastique à pente initiale mobile Figure 27 Loi élasto-plastique à pente initiale fixe
Comme expliqué dans la documentation, les deux approches ont été implémentées.
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Dans le premier modèle (à pente initiale mobile), la contrainte d’adhérence maximale est
recalculée de manière dynamique en fonction de la fissuration :
= 𝑖 ( 𝑖 ) ∙
Le déplacement plastique p étant fixe (en l’absence d’effet « adoucissant »), le modèle
recalculera la pente élastique effective :
é 𝑖
=
Avec cette loi redéfinie, le programme d’élément fini est capable de calculer la contrainte
d’adhérence résultant d’un certain déplacement relatif .
Dans le deuxième modèle, c’est la pente initiale qui est fixe. Le déplacement relatif
« plastique » sera donc recalculé pour chaque nouveau degré de fissuration :
𝑖
=
é,
L’expérience de l’auteur a montré que les deux modèles ont tendance à amener exactement
aux mêmes charges de rupture. Ceci est compréhensible par le fait que c’est plus la réduction
de fb qui guide la rupture, que le changement de pente élastique.
Figure 28 Ajout de l'effet du décalage du pic dans la loi élasto-plastique simplifiée à pente mobile
On notera que la prise en compte de l’effet « adoucissant » (décalage du pic) n’est possible
que dans le premier modèle. Si cet effet est activé, la loi peut être représentée comme sur la
Figure 28.
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Dans ce cas, le premier modèle verra juste le calcul de la pente élastique effective légèrement
modifié :
é 𝑖
=
+ ∆
Le deuxième modèle (plus stable numériquement) n’est pas compatible avec la prise en compte
de ce décalage du pic, la pente initiale ne pouvant pas changer.
Pour la suite du projet de Master, les modélisations ont été effectuées avec une loi élasto-
plastique à pente initiale fixe, sans prise en compte de la réduction de rigidité (effet
« adoucissant »). Ce modèle est nommé le modèle « simplifié » dans jConc, et le deuxième le
modèle « standard ».
7.2.1 CALCUL DU FACTEUR K(FISSURE)
Comme expliqué précédemment, la loi élasto-plastique nécessite de savoir en interne
l’ouverture de la fissure wfiss pour pouvoir calculer la réduction de l’adhérence grâce à la
formule :
= 𝑖 ( 𝑖 ) ∙
Le logiciel travaillant dans le domaine des éléments-fini continus, le programme ne dispose
pas à proprement dit de modélisation discrète de la fissure. Néanmoins, une approximation de
l’ouverture de la fissure le long de la barre d’armature peut se faire sur la base des
déformations:
𝑖 = 𝜖⊥ ∙ 𝑖 ∙ 𝜃
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Physiquement, il n’est pas probable que la réduction ait lieu dans la zone supérieure de l’étrier,
étant donné que l’angle des fissures n’est plus du tout parallèle à la barre d’armature.
Il faut noter que cette effet « favorable » de l’inclinaison des fissures de flexion est une
conséquence directe de la combinaison des fissures «de tirant » naissant en partie inférieure
de la poutre, et de l’effet de l’effort tranchant qui redirige les fissures lentement en direction
des bielles.
Dans le cadre de ce projet, une formule estimative prenant en compte les fissures inclinées a
été proposée (voir Figure 30):
°
∙ − si ° ≤ ≤ °
= { °− ° °− °
𝜃
si > °
si < °
7.2.2 PROBLÉMATIQUE DE L’ESTIMATION DE LA DIRECTION DE LA FISSURE
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Le modèle jConc risque donc de ne malheureusement pas capter la bonne inclinaison des
fissures à la base des étriers, rendant la réduction de l’adhérence presque nulle.
Bien que cette modélisation soit discutée en détail dans la suite de ce rapport, il est possible
de s’intéresser à un exemple concret : la poutre R1000m60 avec des étriers partiellement ancrés
(Huber, et al., 2016).
Bien que cela paraisse être une limite conséquente à la modélisation, il est
proposé d’accepter cette limitation pratique. En réalité et comme il le sera
montré dans la suite du rapport, c’est plutôt l’ancrage hors-plan de l’étrier qui
risque d’être fortement réduit par la fissuration (voir Figure 34). Une attention
particulière sera faite sur la modélisation de cette zone, pour que le modèle
puisse capter correctement la réduction de l’ancrage sur ces barres spécifiques.
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Figure 35 Modèle rigide (sans adhérence) : nœuds Figure 36 Modèle avec adhérence :
confondus entre acier-béton dédoublement des nœuds et rajout de ressorts
d'adhérence
Cette procédure est présentée dans la Figure 36 où il est possible d’observer que les nœuds
de l’élément béton ne sont plus confondus avec les nœuds acier appartenant à la barre (comme
à la Figure 35). Cette logique fait naître deux types de ressort :
Les ressorts sont dotés d’une loi (τ - ) prenant en compte ou non la fissuration selon les
hypothèses décrites à la section 7.
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Chaque ressort lie un nœud acier et un nœud béton (total de quatre degrés de liberté
différents). Chaque ressort introduit donc quatre nouvelles valeurs numériques dans le vecteur
force et la matrice tangente calculés par la méthode des éléments-finis.
La force axiale (ressort tangentiel) générée par un déplacement relatif dans l’axe de la barre
peut être calculée de la sorte :
𝑖 =𝜏 ∙ 𝑃𝑖
𝑃𝑖 = ∙ 𝜙
.
avec m étant le nombre de barres sur l’épaisseur de la structure. Le lecteur est renvoyé à la
section 4.2.1 du rapport de la pré-étude pour plus de détails sur l’implémentation de cet
élément. Ce dernier nécessite différentes matrices de rotation et une attention particulière sur
son assemblage dans le système global.
Le programme jConc effectue le dédoublement des nœuds de manière automatique, ainsi que
l’insertion des ressorts là où ils sont nécessaires.
20
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Figure 38 Problématique
de l'adhérence hors-
plan
Une première possibilité serait de déplier la zone courbée hors-plan comme sur la Figure 39.
Cette possibilité est élégante car elle consiste à adopter une approche rapide qui permet de
modéliser les glissements de l’étrier à sa base. La déformation longitudinale (effet « tirant »)
est également bien captée par la modèle, qui réduit correctement l’adhérence en fonction de
l’ouverture de la fissure.
Le désavantage principal est que ce rajout supplémentaire de béton crée une « bordure »
inférieure très peu armée, avec peu de renforcement longitudinal. En réalité, la partie recourbée
de l’étrier est au même niveau que l’armature longitudinale : ici, ce n’est plus le cas.
Figure 39 1ère possibilité : rajout d'une zone inférieure pour "déplier" l'étrier
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Ces liens types sont présentés à la page suivante sur la Figure 42. L’annexe d’implémentation
décrit de manière plus précise chaque « lien type » et de quel façon ces derniers ont été rentré
dans le programme jConc. Le but de cette annexe est de permettre au lecteur d’étudier
exactement le même cas si nécessaire.
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Figure 42 Illustration des liens types sur une poutre bi-appuyée, avec des étriers en C (seulement sur partie basse)
La majorité des liens ont été introduits grâce à des « bras rigides ». L’auteur a implémenté dans
le logiciel jConc la méthode de la pénalité et la méthode de Lagrange (qui est exacte au sens
analytique du terme) pour permettre l’utilisation de cette nouvelle fonctionnalité.
Le lien type 1 a nécessité plus que des bras rigides : il s’agit en réalité d’une contrainte non-
linéaire faisant intervenir 4 degrès de liberté (pour forcer la continuité des déplacements relatifs
entre deux points). Ce type de lien est utilisable par tous, sans connaissance particulière du
fonctionnement interne de jConc.
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
10 VALIDATION DE L’IMPLÉMENTATION
La validation de l’implémentation a été effectuée sur plusieurs cas :
Le lecteur est renvoyé au rapport de la pré-étude qui explique en détail les expériences
simulées, leurs hypothèses principales ainsi que les réponses analytiques attendues.
L’implémentation durant la pré-étude dans le langage Python a fait office de prototypage.
L’expérience acquise a permis d’implémenter dans jConc seulement les concepts clés. Le code
jConc s’est avéré drastiquement plus rapide, stable et efficace sur les modèles de validation.
Figure 44 Distribution des contraintes dans l'acier Figure 45 Distribution des glissements relatifs (trait :
(trait : solution analytique / points : solution jConc) solution analytique / points : solution jConc)
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Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Comme le présente la Figure 47, l’essai d’arrachement recalculé avec jConc donne une loi de
comportement venant s’insérer dans la distribution statistique expérimentale. Le solver de l’Arc
Length arrive capter le comportement post-pic avec succès : l’implémentation est validée.
Les mêmes essais ont été résolus avec des lois plus complexes, comme celle d’Eligehausen.
Les résultats n’apportent pas grand chose de plus que ceux présentés précédemment.
25
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
La Figure 49 montre que le modèle jConc capte parfaitement par rapport au modèle analytique
la réponse dans la zone entre x = 0 et x = xlim (zone où la barre atteint l’écoulement). Le maillage
très raffiné dans cette zone permet de suivre l‘évolution abrupte des glissements relatifs. Il est
intéressant de noter que le dernier point du maillage ne souffre pas d’une localisation : c’est
au contraire la solution analytique qui est légèrement en dessus.
Figure 49 Réponse du modèle (trait continu : solution analytique / points = modèle jConc)
26
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Comme le présente la Figure 50, la poutre dispose d’une armature de flexion importante mais
de très peu de renforcement à l’effort tranchant. Effectivement, les étriers d’un diamètre de
12mm (écartement de 40cm) permettent à la poutre d’atteindre un taux d’armature à l’effort
tranchant faible valant 0.11 %. Ceci est exactement la valeur minimale stipulée dans le fib Model
Code 2010 :
√
, 𝑖 = . ∙ = . %
Le béton atteint une résistance moyenne en compression de 60.9 MPa, ceci permettant de
calculer la résistance élastoplastique pour la modélisation :
= ∙ = . 𝑃
=( ) = . ≤ .
.
Un essai brésilien (fendage d’un cylindre) a permis de calculer la résistance moyenne en traction
du béton :
∙𝑃
é 𝑖𝑖 = . 𝑃 ≡
∙ ∙
avec « d » étant le diamètre du spécimen (300mm) et « l » la longueur (150mm).
27
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
En admettant que la résistance en traction du béton est égale à fct , le Tension Chord Model
permet de calculer en première approche une résistance de pic de l’adhérence :
, = ∙ ≅ 𝑃
La distance entre les fissures (pour le calcul de la réduction de l’adhérence) a été fixée à :
. ∙ =
𝑖 = min { =
écartement é =
La limite d’écoulement des étriers est atteinte à 552 MPa. La déformation ultime est atteinte à
3.4 %, pour une contrainte de 654 MPa. La modélisation néglige l’écrouissage de la barre
d’armature (loi élastoplastique).
La lettre « H » (comme Huber) permet au lecteur de naviguer plus facilement dans les résultats.
11.2.1 PRISE EN COMPTE DE L’EFFET HORS-PLAN
Le modèle HA considèrent un ancrage partiel à la
base de l’étrier de 57 %. Le calcul de ce
pourcentage s’est fait comme décrit dans la
section 5.3, avec :
ℎ = . ℎ =
4Correspond à la fourchette définie par le fib Model Code 2010 en fonction de la qualité de l’adhérence (cas confiné
/peu confiné)
28
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
11.4 RÉSULTATS
Le lecteur est renvoyé aux annexes HA et HB, où il trouvera les résultats détaillés pour les deux
modèles principaux correspondants.
11.4.1 SOLLICITATION DES ÉTRIERS
Figure 53 Allure des contraintes dans le modèle HA Figure 54 Allure des contraintes dans le modèle HB
Bien que les charges de rupture entre le modèle HA (rigide) et le modèle HB (avec adhérence)
soient très proches, le comportement est drastiquement différent. En effet, le modèle qui
considère l’adhérence présente un cheminement des efforts qui sollicite beaucoup moins les
étriers.
On remarque que la zone d’écoulement des étriers dans le modèle HB est bien plus petite que
le modèle HA. Ceci est une conséquence directe de l’ancrage hors-plan imparfait qui ne permet
pas aux bielles de venir s’appuyer complétement à la base de l’étrier. De part cette effet
empêchant le fonctionnement « en treillis », la poutre fonctionne beaucoup plus en appui
direct.
29
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Figure 55 Comparaison des déformations le long des étriers (%) / en traitillé : modèle HB / en trait continu : modèle
HA
Dans les deux cas, les étriers ont atteint la plastification mais il ne semble pas y avoir à priori
de problèmes de ductilité. Effectivement, la déformation est nettement plus petite que celle de
rupture de l’acier (3.4 %).
Ceci est particulièrement visible sur l’étrier 4 (voir Figure 55) où la modélisation rigide permet
d’atteindre un pic de déformation à 1.1 %, alors que la modélisation avec adhérence sollicite
l’étrier de manière beaucoup moins violente. Il est important de noter que l’adhérence à la
base de cet étrier a atteint sa valeur maximale (avec kfissure = 0.37). Il parait donc très difficile
d’introduire plus de force grâce à l’ancrage hors-plan (fortement fissuré).
11.4.2 SOLLICITATION DU BÉTON
Figure 56 Valeur des η pour le modèle HA Figure 57 Valeur des η pour le modèle HB
Les figures ci-dessus présentent les valeurs de η pour les deux modèles. Le modèle HA montre
une valeur de réduction due à la fissuration transversale plus élevée dans les premiers éléments
de maillage proche de l’appui.
Cette effet est moins visible dans le modèle HB où la réduction est globalement beaucoup plus
faible vers l’appui : ceci est une conséquence directe de l’ancrage imparfait des étriers.
Effectivement, ces derniers offrent beaucoup moins de résistance en zone basse de la poutre.
De ce fait, ils obligent le modèle à dévier les bielles plus en hauteur : il en découle des valeurs
de réduction due à la déformation transversale plus faible.
30
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
• L’adhérence maximale à la base des étriers est atteinte pour 3 étriers sur 5
• L’écoulement est atteint à plusieurs endroits pour les étriers. Ces derniers ont
néanmoins encore une grande réserve de résistance.
• Le béton fissure « trop » proche de l’appui. Une légère augmentation de la charge fait
diverger complétement le modèle à cet endroit, ceci traduisant un état de
déformation/fissuration critique dans cette zone. La rupture du modèle HA (rigide) n’est
pas du tout engendrée par ce phénomène.
L’écartement des étriers dans cette poutre est conséquent : 400 mm. A titre d’exemple, la
distance maximale autorisée selon la SIA 262 (article 5.2.2.2) est de 300 mm. Il est possible que
cet écartement trop grand ait été un élément déclencheur de cette réduction importante de
résistance proche de la plaque d’introduction de la force.
En résumé, le modèle avec adhérence atteint une rupture prématurée par une combinaison
d’effets : un des plus importants est une fissuration excessive du béton proche de la zone
d’introduction de la force. Ce phénomène est engendré par les redistributions dues à l’ancrage
partiel des étriers, combiné avec un espacement important des étriers ne confinant pas assez
le béton.
31
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Il est possible d’un point de vue général d’approcher la position de la fissure critique menant
à la rupture en observant les déformations maximales dans les étriers. Les déformations étant
constante sur un élément barre, il n’est néanmoins pas possible de précisément localiser la
fissure.
Si l’adhérence est prise en compte, le modèle dispose d’une information supplémentaire pour
localiser la fissure critique : le profil des glissements relatifs le long de l’étrier. Si les glissements
relatifs sont nuls, cela veut dire que cette position correspond à la position maximale des
déformations dans la barre. En d’autres termes, le modèle dispose d’un profil linéaire
permettant de localiser à l’intérieur même d’une barre la position de la fissure critique.
Figure 59 Déformation maximale des étriers et Figure 60 Glissement relatif des étriers et position
position de la fissure critique expérimentale (modèle de la fissure critique expérimentale (modèle HB)
HA)
Le modèle HA rigide a de la peine à capter la position de la fissure. En observant la Figure 59
il est possible de constater que les déformations maximales dans les étriers coïncident très peu
de manière globale avec la fissure constatée de manière expérimentale.
Le modèle avec adhérence (HB) montre une toute autre tendance : la fissure critique est
beaucoup mieux approchée, particulièrement après les 2 premiers étriers. Le modèle tend donc
à montrer qu’il perçoit de manière plus correcte la façon dont les redistributions ont lieu dans
la poutre. Ceci découle directement du degré d’ancrage des étriers, variable en fonction de la
fissuration longitudinale.
32
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Il faut néanmoins noter qu’une fois l’adhérence prise en compte, le modèle a tendance à se
rendre compte du degré de fissuration très important dans cette zone critique qui tend à limiter
les efforts passants dans le béton.
Comme le présente la Figure 62, la poutre dispose d’une armature de flexion très
importante :
33
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Les étriers sont espacés de 10 cm et sont composés de diamètres 6 mm. Le taux d’armature
est -comme pour le spécimen R1000m60 précédemment étudié- très faible :
𝐴
= = . %
∙
Pour rappel, le taux minimal selon le fib Model Code (pour un béton avec une résistance
entre 30-40 MPa) :
√
, 𝑖 = . ∙ = . − . %
Le béton n’étant pas été encore testé, sa résistance moyenne probable sera prise à 40 MPa.
La modélisation utilisera donc :
= ∙ = . 𝑃
=( ) =≤ .
= ∙ 3√ ≅ ′ [ / ]
= ′
La résistance en traction est estimée avec la théorie présentée dans (Muttoni, et al., 2016):
= . ∙ = . ∙ = . 𝑃
Le Tension Chord Model permet d’estimer une contrainte de pic pour l’adhérence :
𝜏 = ∙ = 𝑃
34
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
La distance entre les fissures (pour le calcul de la réduction de l’adhérence) a été fixée à :
. ∙ =
𝑖 = min { =
écartement é =
Les armatures sont toutes modélisées avec une loi élastoplastique (pente initiale E = 205'000
MPa) avec une limite d’écoulement à :
La lettre « L » (comme Laboratoire) permet au lecteur de naviguer plus facilement dans les
résultats.
12.2.1 PRISE EN COMPTE DE L’EFFET HORS-PLAN
Le modèle LA considère un ancrage complet à la
base de l’étrier (logique appliquée : voir section
5.3). Effectivement la longueur d’ancrage de
l’étrier vaut :
𝜙 ∙
= − . ∙ = .
∙𝜏
ℎ − = > = .
Figure 64 Prise en compte de l'effet hors-plan
5Correspond à la fourchette définie par le fib Model Code 2010 en fonction de la qualité de l’adhérence (confinée
/pas confinée)
35
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
En d’autres termes, le faible diamètre d’étrier combiné à une largeur importante de poutre rend
l’ancrage théoriquement parfait à la base des étriers en l’absence de fissuration.
12.4 RÉSULTATS
Le lecteur est renvoyé aux annexes LA et LB, où il trouvera les résultats détaillés pour chaque
modèle. Les résultats y sont présentés d’une manière plus optimale et agréable.
12.4.1 SOLLICITATION DES ÉTRIERS
Les figures ci-dessus montrent que le cheminement des efforts à la rupture est bien différent
entre le modèle rigide et le modèle avec adhérence.
36
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Le modèle LA montre un écoulement généralisé dans tous les étriers : la base des étriers est
elle aussi sollicitée à 100 % de la résistance des étriers. Ce phénomène n’est pas du tout visible
sur le modèle LB, où seule une petite zone de certains étriers atteint l’écoulement.
Comme le spécimen R1000m60, le modèle subit des redistributions importantes qui ont
tendance à soulager les étriers.
Figure 68 Comparaison des contraintes le long des étriers (en traitillé : modèle LB / en trait solide : modèle LA)
La Figure 68 montre à quel point les contraintes le long des étriers sont différentes entre les
deux modèles : le modèle avec adhérence n’atteint pas du tout un écoulement généralisé de
tous les étriers. La déformation maximale des étriers est la suivante :
( −𝜎 ) ∙ ∙𝜙
𝑖
= ∙𝜙 ∙ ∙𝜏 ℎé
Le modèle rigide (probablement défavorable) montre donc que la barre est sujette à un
problème de ductilité. En réalité, le modèle avec adhérence tend à montrer que la ductilité de
la barre n’est pas un problème. La barre de type B500B n’est pas sujette à cette problématique.
37
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
Les figures ci-dessus mettent en lumière un phénomène intéressant : la réduction η est d’une
manière globale plus faible pour le modèle avec adhérence que le modèle rigide.
Contrairement à la poutre R1000m60 précédemment traitée, il n’apparait pas de zone
particulière dans le modèle avec adhérence où le béton subit une grosse réduction de
résistance due à la déformation transversale.
Figure 72 Zoom sur la zone d'introduction de force : vue des η pour les deux modèles
38
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
La partie supérieure de la Figure 73 montre la contrainte relative d’adhérence. Elle est définie
de cette façon :
𝜏
contrainte l. é n =
𝑖 ∙ é = . 𝑖 𝑖 ∙
Une valeur unitaire montre que l’adhérence a atteint localement sa valeur maximale possible.
En observant la figure, il est possible de remarquer que l’adhérence de l’ancrage hors-plan est
sollicitée à son maximum et qu’il est à priori impossible d’ancrer plus d’efforts à la base d’une
majorité des étriers.
Les étriers « souhaitant » plastifier à la base6 ont une contrainte à cet endroit entre 36 et 48 %
de leur limite d’écoulement (en fonction de leur position). L’hypothèse d’ancrage total parait
soudainement bien trop favorable.
• sur la base des déformations maximales dans les étriers pour le modèle rigide LA
• sur la base du profil des glissements relatifs le long des étriers pour le modèle avec
adhérence (LB).
6 Ce sont les étriers dont la contrainte d’adhérence a atteint le maximum dans la partie hors-plan.
39
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
La Figure 74 montre le résultat de cette analyse. La forme de la fissure ne peut pas être dessinée
sur toute la longueur de la poutre. Effectivement, les étriers d’extrémités (proche des zones
d’appuis/d’introduction de force) donnent peu d’informations pertinentes car ces derniers sont
très peu sollicités.
40
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
13 CONCLUSIONS
Plusieurs modélisations ont été effectuées sur des poutres présentant des défauts d’ancrages
aux étriers, pour vérifier le fonctionnement de ces élèments. Outre la faible variation de la
charge de rupture, une profonde redistribution des contraintes a été observée. Un ancrage
faible tend à abaisser l’angle des bielles, à solliciter les étriers à l’écoulement de manière plus
locale et à augmenter le degré de fissuration du béton.
L’écartement des étriers (pour un même taux d’armature) a été identifié comme étant un
paramètre potentiel clé dans l’apparition d’un mécanisme de rupture propre à ce type de
poutre. Bien que la faible charge de rupture (par rapport aux modélisations EPSF) de la poutre
R1000m60 reste inexpliquée, la prise en compte de l’adhérence a montré que le modèle est
dorénavant capable de ressentir la forte fissuration engendrée par la modification du
cheminement des efforts.
La bonne approximation de la fissure critique tend également à montrer que la prise en compte
de l’adhérence permet au modèle EPSF de mieux capter les réelles redistributions de
contraintes ayant lieu dans la poutre.
En réalité, il est fort probable que la rupture soudaine de la poutre R1000m60 ne soit
malheureusement pas modélisable précisément avec jConc, de par certains détails constructifs
(espacement des barres longitudinales trop faibles) et le potentiel manque d’engrènement.
Pour rappel, le programme jConc ne considère pas ce phénomène et n’effectue pas de crack-
check comme certaines autres méthodes (voir logiciel vecTor2 de l’université de Toronto
implémentant la Modified Compressed Field Theory par exemple).
En résumé, le modèle avec adhérence de la poutre R1000m60 atteint une rupture prématurée
par une combinaison d’effets : un des plus importants est une fissuration excessive du béton
proche de la zone d’introduction de la force. Ce phénomène est engendré par les
redistributions dues à l’ancrage partiel des étriers, combiné avec un espacement important des
étriers ne confinant pas assez le béton.
La modélisation sur la poutre de i-béton tend à montrer qu’un écartement faible des étriers
réduit l’effet négatif des étriers partiellement ancrés sur le béton, malgré une grosse perte
d’ancrage à leur base de part la forte fissuration longitudinale.
41
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
L’outil développé pourrait avoir un grand intérêt pour des futures recherches qui se
concentreraient sur une étude plus approfondie des charges de rupture. Pour cela, il serait
certainement nécessaire de faire varier le système statique, l’élancement, le taux d’armature et
le rapport entre la largeur de la poutre et la longueur d’ancrage des étriers pour les différents
spécimens.
Une réflexion est encore nécessaire au niveau théorique pour définir une loi d’adhérence
réaliste. En effet, la rigidité et le plateau d’adhérence (fb0) initiaux sont également des
paramètres clés ayant une certaine influence sur la charge de rupture. Le rapport technique
présente d’ailleurs une réflexion sur ce sujet au chapitre 6 (et 6.1).
42
Structures avec étriers non-ancrés D. Scantamburlo
14 BIBLIOGRAPHIE
Brantschen Fabio et Muttoni Aurelio Influence of bond an anchorage conditions of the shear
reinforcement on the punching strength of RC slabs [Livre]. - Lausanne : EPFL, 2016.
Hiroshi Shima, Lie-Liung Chou et Hajime Okamura Bond characteristics in post-yield range
of deformed bars [Livre]. - 1987.
Huber Patrick, Huber Tobias et Kollegger Johann Investigation of the shear behavior of RC
beams on the basis of measured [Livre]. - [s.l.] : Engineering Structures 113 (p.41-58), 2016.
Muttoni Aurelio et Ruiz Fernández Assessment of Existing Structures based on Elastic-Plastic
Stress Fields [Livre]. - [s.l.] : Office fédéral des routes, 2016.
Muttoni Aurelio, Fernández Ruiz Miguel et P.G. Gambarova Analytical modeling of the pre–
and post–yield behavior of bond in reinforced concrete [Livre]. - 2006.
Shima Hiroshi, Lie-Liung Chou et Hajime Okamura Bond-slip-strain relationship of
deformed bars embedded in massive concrete [Livre]. - 1987.
Wolenski [et al.] Experimental and finite element analysis of bond-slip in reinforced concrete
[Livre]. - [s.l.] : IBRACON, 2015.
La page suivante présente un poster contenant les grandes lignes de ce projet de Master. Il
peut être utilisé pour résumer ce document (« Rapport technique ») de manière synthétique.
Le poster étant entièrement au format vectoriel, il est possible de l’agrandir sans perte au
format A0 si nécessaire par exemple.
43
ENAC / PROJET DE MASTER ANNÉE 2018
SECTION DE GÉNIE CIVIL
Efficacité de structures en béton armé
avec étriers insuffisamment
SSIE ancrés
Auteur: Damien Scantamburlo /
E cadre e t : Prof. Aurelio Mutto i 1 / Frédéric Monney 1
Cette annexe décrit les résultats détaillés pour chaque modèle présenté dans le rapport
technique.
ANNEXE : HA1
CONTENU :
PROJET :
VUE DU MODÈLE
Vrupture = 543 kN
Ancrage à la base réduit (f yeff = 57 % f ytot)
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
0.25 0.15 0.2 0.3
ANNEXE : HA2
CONTENU :
PROJET :
1.0
0.8
0.6
0.4
0.2
0.0
1.0 0.0 0.7
552 MPa
552 MPa 552 MPa
304 MPa 252 MPa
314 MPa 314 MPa 314 MPa 314 MPa 314 MPa 249 MPa
0.44 %
0.69 %
0.28 % 0.24 %
0.65 %
0.61 %
1.1 %
0.27 % 0.68 %
0.15 % 0.25 %
CONTENU :
PROJET :
VUE DU MODÈLE
Vrupture = 522 kN
CONTENU :
PROJET :
ηε
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
0.3 0.4
0.25
0.0 0.25 0.70 1.0
σ2
η2·f c
1.0
0.8
0.6
0.4
0.2
0.0
1.0 0.6
ANNEXE : HB3
CONTENU :
PROJET :
548 MPa
552 MPa
552 MPa
370 MPa
200 MPa 192 MPa 180 MPa 172 MPa 102 MPa 40 MPa
0.26%
0.53%
0.63%
0.52% 0.22%
0.26%
0.18 % 0.23%
CONTENU :
PROJET :
0.47 mm
0.31 mm 0.22 mm
0.31 mm
0.24 mm
0.26 mm
0.38 MPa 1.23 MPa 2.76 MPa 4.41 MPa 6.08 MPa 7.8 MPa
3.1 MPa
2.38 MPa
3.49 MPa 3.24 MPa 3.07 MPa 2.95 MPa 1.89 MPa 0.73 MPa
ANNEXE : HB5
CONTENU :
PROJET :
1.0
1.0
CONTENU :
PROJET :
VUE DU MODÈLE
Vrupture = 242.4 kN
0.2
0.4
0.6
0.8
CONTENU :
PROJET :
1.0
0.8
0.6
0.4
0.2
1.0 0.85 0.45 0.60
0.0
185 MPa
max : 1.46 %
fissure critique la plus probable
(basée sur les déformations maximales dans les étriers)
ANNEXE : LB1
CONTENU :
PROJET :
VUE DU MODÈLE
Vrupture = 234.3 kN
CONTENU :
PROJET :
1.0 ηε
1.0 0.8 0.6 0.9
0
0.2
0.4
0.6
0.8
1.0
0.35 0.35 0.55
1.0
1.0
0.8
0.6
0.4
0.2
CONTENU :
PROJET :
max : 0.30 %
ANNEXE : LB4
CONTENU :
PROJET :
2.2 MPa 1.9 MPa 1.8 MPa 1.7 MPa 0.41 MPa
ANNEXE : LB5
CONTENU :
PROJET :
1.0
1.0
τancrage
adhérence relative =
kfissure kécoulement f b0