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Le bulletin du Réseau de développement

économique et d’employabilité de l’Ontario

La Nouvelle Scène
au cœur du théâtre
franco-ontarien

5passionnées
femmes

Économie sociale
en Ontario

Hawkesbury
Gratuit

une ville d’endurance


Été 2006 - N 8
o
À La Nouvelle Scène en 2006-2007,
une saison de choix... et de liberté !
Théâtre Musique
DU 11 AU 21 OCTOBRE 2006 28 SEPTEMBRE 2006
Iphigénie en trichromie Véronic DiCaire
DU 7 AU 18 NOVEMBRE 2006 29 SEPTEMBRE 2006
Silence en coulisse Brian St-Pierre
1 DÉCEMBRE 2006 (ADOS)
er
30 SEPTEMBRE 2006
Cette fille-là Marcel Aymar
12 DÉCEMBRE 2006 (ADOS) 5 OCTOBRE 2006
VÉRONIC DICAIRE
Libérés sur parole, Karkwa
La passion 6 OCTOBRE 2006
DU 20 AU 22 DÉCEMBRE 2006 (JEUNESSE) Senaya
OZ 7 OCTOBRE 2006
DU 18 AU 20 JANVIER 2007 (LABORATOIRE) Polémil Bazar
John 5 JANVIER 2007
DU 31 JANVIER AU 10 FÉVRIER 2007 Louis-Philippe Robillard
Vincent River et Tricia Foster
DU 14 AU 24 FÉVRIER 2007 6 JANVIER 2007 BRIAN ST-PIERRE
Apocalypse à Kamloops Blou
DU 20 AU 24 MARS 2007 11 JANVIER 2007
15 secondes Marco Calliari
DU 18 AU 27 AVRIL 2007 12 JANVIER 2007
Les Entrailles Torngat et le quintette
DU 20 AVRIL AU 4 MAI 2007
de jazz Martineau-Alain
Bienvenue à 13 JANVIER 2007
(une ville dont vous Iceberg et Guy Cardinal
êtes le touriste) KARKWA

1er MAI 2007 (ADOS)


Le Fantôme de Canterville
Informez-vous sur notre
4 ET 5 MAI 2007 (ADOS)
Assoiffés Liberté nouvelle carte Liberté, un
mode d’achat très souple qui
DU 17 AU 19 MAI 2007 (JEUNESSE) La Nouvelle
Scène
remplace l’abonnement, en
Légendes de crapauds composant dès aujourd’hui
(mensonges ou vérités) le (613) 241-2727, poste 1.

333, avenue King-Edward, Ottawa (Ontario) KIN 7M5 • www.nouvellescene.com

La Nouvelle T H É Â T R E D E L A

Scène
V I E I L L E 17

DIFFUSART
DIFFUSART
Mot
4 La Nouvelle Scène
8 Ste-Anne-de-Prescott
du
rédacteur en chef
où il fait bon vivre

10 Rachel Quesnel
Le développement

E
économique par les
lle m’a dit : « The French took city hall ». Le ton employé n’était non pas con- jeunes

12 Patricia Ricard
descendant mais bien méprisant. Et j’évite de vous mentionner les mots affreux
qu’elle a ajoutés. Tout s’est passé dans le parc faisant face à l’Hôtel de ville d’Ot-
tawa. Nous nous préparions, ma famille et moi, à entrer au Festival Franco pour aller La famille avant tout
voir le spectacle pour enfants « Jojo à la ferme » (à voir!). Cette femme de passage
qui ne semblait que parler l’anglais, exprimait agressivement le fait que le festival se

15 Antidote à l’exclusion sociale


tienne à « son » Hôtel de ville. Je vous pose la question suivante : cette dame aurait-
elle réagit de la même manière si une autre communauté avait organisé un spectacle

16 Hawkesbury
en face de l’Hôtel de ville. Ce cas est-il isolé?
Cette édition du Vox RDÉE parle justement de ces personnes qui travaillent
avec acharnement à l’épanouissement de notre francophonie et à fabriquer un avenir
meilleur pour nos enfants. Vox RDÉE a eu la chance de discuter avec cinq femmes qui
travaillent au développement économique communautaire à leur façon. Il s’agit de
deux agentes de projets du RDÉE Ontario, Rachel Quesnel et Patricia Ricard; d’une
praticienne en DÉC, Ethel Côté; d’une femme d’affaires siégeant au conseil d’admi-
nistration du RDÉE Canada, Pascale Harster; et enfin d’une gestionnaire du Conseil
de la coopération de l’Ontario, Dominique Guénette.
La photo de la couverture présente la salle de spectacle de La Nouvelle Scène.
Cet endroit est maintenant une institution destinée aux francophones. On y présente
des spectacles, mais c’est aussi un lieu de rassemblement desservant plusieurs orga-

20 Dominique
nismes en Ontario. Au Nord de l’Ontario, un autre projet artistique est sur le point de
voir le jour : le Centre des arts scolaire et communautaire au Nipissing Ouest. On peut
déjà en voir les dessins d’architectures. Guénette
L’article d’Alain Royer sur Hawkesbury est très différent des articles aux- L’économie sociale,
quels nous vous avons habitués jusqu’à maintenant dans nos pages. Il contient des une passion

22
photographies d’époque que peu d’entre-vous ont probablement vues auparavant.
Alain vous présente aussi un article sur le groupe Convex, une entreprise sociale de Ethel Côté
Prescott-Russell. Il est aussi question de Ste-Anne-de-Prescott dans ce bulletin. Kathy et le développement économique
Chaumont nous présente un article sur le développement économique de cette région, communautaire

25 L’avenir du beurre
ainsi que le succès d’une entreprise rurale à découvrir, la société Anne Vista Farms.
Nicole Sauvé, directrice générale du RDÉE Ontario, a visité le continent afri-
cain au cours de l’hiver dernier. Elle a été témoin d’un projet social qui l’a profon- de karité au Mali

26
dément marquée. Elle nous présente ici un article sur le beurre de karité fabriqué au
Mali. Pascale Harster
Cette édition de notre bulletin est publiée cette fois-ci en 32 pages, dont 16 Le développement économique au
pages en couleur. Notre devoir est de publier des articles qui peuvent servir d’outils bout des doigts
de connaissance ou qui présentent des projets et des personnes qui contribuent
positivement à la francophonie ontarienne. Vous aimeriez écrire un texte pour par-
ler d’un projet, d’un organisme? Communiquez avec nous à l’aide de cette adresse :
communications@rdee-ont.ca

28 Centre des arts scolaire


et communautaire
au Nipissing Ouest

30 Diversification agricole
Anne Vista Farms
www.RDEE-ONT.ca
été 2006 Vox RDÉE 3
Toute nouvelle encore à Ottawa

La Nouvelle Scène

La pièce Exit(s) de Luc Moquin, une création du Théâtre la Catapulte. Photo de Mathieu Girard.

D
Deux cents représentations par année
ans la nuit du samedi 29 avril 2006,
au 333 de l’avenue King-Edward à Avec chaque année deux cents représentations théâtrales
et des dizaines de spectacles en chanson, musique et danse, La
Ottawa, une équipe de jeunes tech- Nouvelle Scène – ou Centre de théâtre francophone d’Ottawa-
niciens, hommes et femmes, s’affaire Carleton – se présente telle une ruche artistique constamment
autour du directeur technique Marc bourdonnante où se croisent au quotidien producteurs, artistes,
Miron à démonter les décors et l’éclai- gestionnaires, communicateurs, techniciens, costumiers…
rage de l’excellente pièce La Baronne et Cette activité en art et culture n’a pas ralenti à LNS de-
puis sa fondation en 1999 par quatre compagnies de théâtre vi-
la Truie, présentée à La Nouvelle Scène sionnaires : le Théâtre du Trillium, le Théâtre de la Vieille 17, le
par le Théâtre du Trillium. Théâtre la Catapulte et la Cie Vox Théâtre. Preuve par quatre de
Plus tard en ce dimanche qui l’existence d’un besoin de « lieu de diffusion professionnel per-
dort encore, le Théâtre la Catapulte doit manent pour les francophones à Ottawa ».
monter les décors et préparer l’éclaira- À l’échelle locale et régionale, ce centre de théâtre est
aussi devenu un lieu idéal pour organiser un festival artistique,
ge de sa très spéciale pièce L’Hypocrite une conférence de presse, une soirée-bénéfice, un concert, un lan-
pour être en mesure d’enchaîner le soir cement, une fête privée… tout cela, redisons-le, en français et en
même avec les répétitions en salle. Le plein cœur d’Ottawa.
public est attendu le mercredi suivant. En ajoutant les pièces et les accueils en théâtre ainsi
que les productions que les compagnies font circuler au pays et à
l’étranger, et en considérant les prix et distinctions que remportent
Texte : Richard Lebel
4 Vox RDÉE été 2006
leurs directeurs artistiques, créateurs, celui du cinéma, fluctuent d’une an-
acteurs…, on comprend mieux le née à l’autre. Aucun constat ne peut
rôle majeur joué par LNS et les qua- servir à prédire ce qui s’en vient. Les
tre compagnies à Ottawa, mais aussi ventes d’abonnements sont à la bais-
dans l’ensemble de la francophonie se; les consommateurs, imprévisibles
canadienne. et volatils, décident de plus en plus à
la dernière minute. Du côté des com-
2006 : gérer la croissance munications et du marketing, c’est
l’abondance. Peu de secteurs cultu-
Pour gérer la demande sans rels y échappent. La musique et la L’Homme invisible/The Invisible Man,
cesse croissante de cette corporation chanson vont relativement bien (Fes- une création du Théâtre de la Vieille
sans but lucratif, la joute est comple- tival franco-ontarien et Festival inter- 17 en collaboration avec le Théâ-
xe, les besoins et les intervenants fort national de Jazz d’Ottawa, Festival tre français du Centre national des
nombreux. international de jazz de Montréal…), Arts.
Car il y a cinq conseils d’ad- mais il y a de plus en plus d’offres sur
ministration (en tout 40 personnes), le marché régional. Il faut être très à
quatre compagnies mères, une équipe l’écoute des besoins des consomma- Aujourd’hui, La Nouvelle Scène,
de direction à LNS et dans chaque teurs, surtout en théâtre et en musi- c’est…
compagnie, plusieurs comités, des que, et bien décoder leurs comporte-
donateurs, des commanditaires, des ments d’achat. La Nouvelle Scène est un
associations partenaires, des parte- Puisque le mot marketing se centre de théâtre francophone, un
naires médias, des codiffuseurs, des traduit si bien par « travailler avec un lieu unique de création et de rassem-
directeurs artistiques, des artistes marché », le conseil d’administration blement bâti (et surtout utilisé) par
professionnels, des agents d’informa- de LNS et ceux des quatre compa- quatre compagnies de théâtre qui
tion, une communauté traditionnelle gnies tiendront cet automne des ren- gèrent cet espace commun avec des
franco-ontarienne, plusieurs commu- contres pour mieux comprendre le représentants de la communauté fran-
nautés culturelles francophones, des marché dans lequel ils évoluent. Cet cophone traditionnelle et de la non
employés à temps plein et partiel, exercice, qui inclut une réflexion sur traditionnelle.
environ 100 bénévoles et 15 stagiai- l’ensemble de l’organisation, précède LNS est la salle de spectacle
res, des consultants, des fournis- les très importants états généraux du – Salle Caisses populaires de l’Onta-
seurs… On reprend son souffle, puis théâtre organisés à Ottawa en 2007 rio – la mieux équipée de la région
on ajoute les diverses clientèles des par Théâtre Action. L’année 2006- dans sa catégorie et parmi toutes les
spectacles, abonnés réguliers et spo- 2007, également période de planifica- salles de la francophonie canadienne
radiques, les artistes qui s’autopro- tion stratégique pour LNS, s’annonce (boîte noire, jusqu’à 200 places).
duisent, la billetterie, les clients qui très fertile. LNS, c’est aussi un public
louent des salles… Sans compter les de plus de 20 000 personnes en 2005,
bailleurs de fonds et les politiciens Un peu d’histoire... plus de 200 représentations (à l’inter-
de tous les paliers, des clientèles qui ne et l’externe) et 40 projets de créa-
attendent beaucoup de LNS et en qui En 1995, le Centre de théâtre fran- tion théâtrale par an, de nombreux
elles voient l’énorme contribution cophone d’Ottawa-Carleton reçoit stages de formation, 30 employés
et tout le potentiel. A-t-on oublié les ses lettres patentes de la province de permanents, plus de 250 artistes et
médias? l’Ontario et tient sa toute première as- professionnels de la scène et cent bé-
semblée générale annuelle. En 1996, névoles actifs.
Un marché inconstant, La Nouvelle Scène s’incorpore; un Toutes ces données incluent
une clientèle imprévisible an plus tard, elle obtient son statut évidemment celles des quatre compa-
d’organisme de bienfaisance. En gnies mères, qui produisent du théâ-
Le marché du théâtre s’ins- 1999, ouverture officielle du Centre tre (100 ans d’expérience ensemble!)
crit dans celui inconstant et difficile de théâtre francophone d’Ottawa- alors que LNS gère les lieux com-
à cerner des arts Carleton; Paulette Gagnon en sera la muns de création et de diffusion et
de la scène où les première directrice générale. En mai, offre des services tels la billetterie, le
consommateurs les tout premiers spectateurs s’as- soutien technique, la location de sal-
ont de plus en soient dans les gradins du Studio pour les, etc.
plus de choix de assister à une production du Théâtre LNS est située à quelques
qualité à bon prix. du Trillium, Les Champs de Boue de feux de signalisation de trois ponts
Partout au Canada Stefan Psenak. En 2002, Jean Mala- qui relient Ottawa à Gatineau, un
en 2005, les reve- voy succède à Paulette Gagnon, suivi bassin d’environ 200 000 francopho-
nus en théâtre ont d’Alain Boisvert en 2004 et de l’hum- nes équivalent à son marché sur la
chuté, en danse ble rédacteur de cet article, Richard rive ontarienne.
L’Inconception de Robert Mari-
aussi; mais ces Lebel, au printemps 2006.
nier, une création du Théâtre de la
secteurs, comme
Vieille 17.
été 2006 Vox RDÉE 5
Du théâtre… et encore plus! Les cinq directeurs artistiques Sylvie
Dufour, Esther Beauchemin, Robert Belle-
LNS offre aussi une programmation feuille, Joël Beddows et Pier Rodier ont con-
étonnante en musique, chanson, littérature, cocté une saison inspirante : six pièces de théâ-
poésie, danse, arts visuels et cinéma. En spec- tre grand public, trois pièces pour adolescents,
tacle ces dernières années : Damien Robitaille, deux spectacles jeunesse et un laboratoire
Deux Saisons, Swing, Ginette, Juan Carranza, de mise en scène! Plus une série de quatorze
Yves Lambert, Loco Locass, Muna Mingole, spectacles en chanson et musique suggérée par
Darryn Grandbois, Caroline Barrière, Anik Richard Lebel! Voilà ce qui s’appelle Une sai-
Bouvrette… À venir en 2006-2007 : Véro- son de choix. Avec, en prime, une toute nouvel-
nic DiCaire, Brian St-Pierre, Marcel Aymar, le façon de… faire ses choix, la carte Liberté!
La pièce Couteau... Sept façons Fini le stress de choisir longtemps à
Tricia Foster, Marco Calliari, Karkwa, Blou,
originales de tuer quelqu’un, l’avance les pièces et les dates pour compléter
Senaya…
une création du Théâtre du sa grille d’abonnement! Place désormais à la
Grâce à sa solide réputation et à des
Trillium. très souple carte Liberté.
installations professionnelles modernes, LNS
a accueilli depuis quelques années des événe- Jolie et pratique, cette carte de type
ments culturels d’envergure tels les IVes Jeux « privilèges » permet plusieurs combinaisons
de la Francophonie, le Festival Danse Canada, d’achat simples. Les prix sont très avantageux
le Festival Zones théâtrales, le Festival interna- et les détenteurs n’ont qu’à téléphoner à la
tional des écrivains, le Festival des nouveautés billetterie pour confirmer leurs places. Ce vi-
de l’ONF, le Festival afro-antillais francopho- rage stratégique par rapport aux abonnements
ne, le Festival de danse indépendante Square s’explique par la volonté des producteurs et
Zero, Contact ontarois ainsi que des rencontres artistes de jouer devant des publics de plus en
et colloques réunissant des décideurs et des plus nombreux.
intervenants de partout au pays. En passant, reviendra à l’affiche en
mars 2007 la très populaire pièce 15 secondes,
Un des plus beaux outils pédagogiques! présentée à l’été 2004 sous un chapiteau per-
manent à Rockland par le Théâtre du Trillium
Quand on compte par milliers les jeu- grâce au soutien financier du RDÉE Ontario
nes qui, chaque année, descendent des autobus (études de marché et de faisabilité). Les liens
jaunes devant La Nouvelle Scène pour assis- sont tricotés serrés en milieu franco-ontarien,
ter aux matinées scolaires offertes par une des c’est une partie de la recette pour réussir tout
compagnies résidentes... Quand on sait aussi bon projet.
La Belle et la Bête, une adapta- qu’environ 45 000 élèves ont profité en 2005 D’ailleurs, voici quelques-uns des
tion de la Cie Vox Théâtre. de leurs spectacles en tournée de Windsor à plus importants bailleurs de fonds de LNS sans
Thunder Bay et de Vancouver à Moncton, on qui l’activité artistique n’aurait pas la même
constate que LNS est un des plus beaux outils envergure : Patrimoine canadien, le Conseil
pédagogiques dont les francophones ont su se des arts de l’Ontario, la Fondation Trillium de
doter à Ottawa! l’Ontario, le Ministère des Affaires culturelles
de l’Ontario et la Ville d’Ottawa.
2006-2007 : une saison de choix!
Un potentiel énorme!
Photo : Alain Boisvert

Il y en aura pour tous les goûts en


2006-2007 à La Nouvelle Scène. Avec tout le présent et l’avenir que
renferment les carnets de commande des com-
pagnies et celui de LNS, on n’a pas fini ici de
voir s’agiter les équipes de montage et démon-
tage; pas fini non plus d’assister à cette circu-
lation continue d’artistes et de professionnels
qui, depuis l’ouverture du centre il y a huit
ans, y rencontrent leurs publics pour exprimer
leurs talents. L’origine du besoin d’une nou-
velle scène francophone à Ottawa ne réside-t-
elle pas en réalité dans le cœur de ces artistes
et autres grands mordus du théâtre et de la
scène?

Pour de plus amples renseignements :


www.nouvellescene.com.
Billetterie : (613) 241-2727, poste 1.
6 Vox RDÉE été 2006
Véhicule de la concertation RÉDACTEUR EN CHEF
en Ontario français Roch Archambault

ÉQUIPE DE RÉDACTION
Kathy Chaumont
Mariame Fotoma
Micheline J. Groulx
Richard Lebel
Guy Robichaud
Alain Royer
Nicole Sauvé

RÉVISION
Paul-André Cyr

IMPRESSION
Impressions (Embrun)

CONCEPTION GRAPHIQUE
Roch Archambault

Notre bulletin Été 2006 - N°8

Vox RDÉE © Réseau de développement


est disponible économique et d’employabilité
de l’Ontario 2006
sur notre
site Web Courriel
communications@rdee-ont.ca

www.RDEE-ONT.ca Internet
www.rdee-ont.ca

Page couverture
La Nouvelle Scène
Photo par Mathieu Girard

Vox RDÉE est publié par le Réseau de


développement économique et
d’employabilité de l’Ontario,
au tirage de 2 000 exemplaires.

La réalisation de ce présent bulletin est


rendue possible grâce à l’appui financier du
gouvernement du Canada.

Imprimé au Canada
ISSN 1718-7915
été 2006 Vox RDÉE 7
Ste-Anne-de-Prescott
un modèle de développement économique

où il fait bon y vivre

C
’est le village le plus à l’Est de Et celle-ci a trouvé bien des fa- nautaire portant sur l’avenir de la commu-
l’Ontario. Habité par 550 person- çons de s’organiser. En 2001, la commu- nauté. L’exercice de planification a permis
nes, on y retrouve plus de 60 en- nauté s’est mobilisée pour protester contre d’identifier les forces, les faiblesses, les
treprises. Il se démarque par son paysage, la fermeture prévue de la Caisse populaire menaces et les opportunités. Il a aussi per-
son atmosphère paisible, sa tranquillité, sa Ste-Anne. Très rapidement, un mouve- mis à la communauté de faire le point et
campagne. Vous y trouverez un bonjour, ment de citoyens et de citoyennes, nommé de se projeter dans l’avenir. « On a pris le
un sourire et beaucoup de charme. Atten- S.O.S. Ste-Anne, s’est formé. Ce groupe a temps de regarder plus loin » indique Da-
tion! Il ne faudrait surtout pas se tromper, tenu 12 réunions publiques, organisé deux vid Sherwood.
c’est aussi un village teinté de dynamisme pétitions, fait de l’éducation populaire et Les quatre axes prioritaires de
et d’avant-gardisme, faisant preuve de vi- publié une dizaine de bulletins d’informa- développement relevés lors des planifica-
sion, d’innovation et d’imagination. tion pour renseigner la population des faits tions étaient : le développement écono-
J’ai eu l’occasion de m’entretenir et des enjeux en cours. En dépit de toutes mique; la restauration de l’église patri-
avec certains de ses leaders régionaux pour ces démarches, la coalition n’a pas réussi moniale; un restaurant au village et plus
discuter des démarches, des embûches, à faire renverser la décision du conseil d’activités de loisirs. Depuis, tous ces
des succès et des défis qui se présentaient à d’administration de la caisse. Toutefois, projets et bien d’autres ont été réalisés. De
cette communauté. J’en ai retiré l’impres- « cet incident a uni la communauté, il exis- nouveaux équipements de jeu ont été ache-
sion d’un survol de ces accomplissements tait une énergie et nous devions la canali- tés, un écriteau a été installé dans le parc,
qui font de Ste-Anne-de-Prescott l’envie ser en énergies positives » affirme Louis un restaurant adjacent au dépanneur a été
de toute communauté rurale. J’ai été con- Brunet. Par la suite, un nouveau groupe ouvert, un comité de développement éco-
taminé par l’énergie et le leadership qui nommé Forum Ste-Anne s’est formé. nomique a été créé et une levée de fonds de
règnent très évidemment au sein de cette « Les gens ont pris leur pouvoir » dit Lucie 50 000 $ (en six mois) pour restaurer la
communauté. Brunet. Le Forum Ste-Anne a débuté ses décoration patrimoniale de l’église a été
activités avec une planification commu- effectuée.

Naissance
du Comité de développement économique
Réalisations
Étude préliminaire de faisabilité pour un biodigesteur de
fumiers qui produirait de l’électricité dite « verte » de sour-
Le Comité de développement économique s’est réuni la pre-
ce renouvelable.
mière fois en 2002. Les couples et les jeunes étaient invités à partici-
per, favorisant ainsi la participation active des femmes et des jeunes
Cueillette de fonds nécessaires à l’érection d’une tour per-
au processus. « On veut garder nos jeunes, cela fait partie de notre
mettant d’acheminer les communications Internet à haute
vision » indique Lucie Brunet. David Sherwood ajoute « il est néces-
vitesse « sans fil » vers Ste-Anne et les environs.
saire de donner la place à nos jeunes, de les impliquer et de le faire à
leur façon ». Soulignons que le comité est composé de plus de 50 % de
Organisation d’une rencontre annuelle de gens d’affaires et
jeunes de moins de 30 ans.
d’une rencontre annuelle des producteurs agricoles.
La formation du comité de développement économique, avec
l’appui du RDÉE Ontario et d’une dizaine de partenaires communau-
Création d’un site Web communautaire
taires, a permis d’obtenir du financement de l’Initiative de planification
< www.ste-anne.ca >
communautaire pour les groupes de langue minoritaire des régions ru-
rales agricoles, initiative issue d’un programme conjoint d’Agriculture
Organisation d’un pèlerinage à Sainte-Anne de concert
et Agroalimentaire Canada et de Patrimoine canadien. Et ceci afin d’en-
avec la communauté italienne qui partage la vénération de
treprendre la première phase du processus de développement commu-
cette sainte.
nément appelé projet VISION. « On a pas lâché et l’appui du RDÉE
nous a donné une crédibilité » affirme M. Sherwood. « Les projets que
Organisation et mise sur pied d’un camp de leadership
nous mettions de l’avant étaient innovateurs, nous étions prêts à tra-
pour les jeunes.
vailler pour obtenir nos résultats et nous étions conscients que c’était
un processus à long terme » ajoute Louis Lavigne.
Fabrication et distribution de 22 bacs à fleurs.
8 Vox RDÉE été 2006
Louis Lavigne :
« Les projets que nous
mettions de l’avant
étaient innovateurs, nous
étions prêts à travailler pour
obtenir nos résultats et nous
étions conscients que c’était un
processus à long terme. »

Phase I Phase II
La phase II, en 2003-04, visait la diversification de
La Phase I, en 2002-03, était une vaste
l’agriculture, moteur de l’économie locale. Grâce à un finan-
consultation sur les orientations. Le comité a
cement conjoint du RDÉE Ontario et du Programme d’assis-
réalisé un sondage, deux « grands rassemble-
tance technique au développement économique communautaire
ments » et a donné un mandat au Comité de dé-
(PATDEC), le comité a entrepris une étude de marché. L’étude a
veloppement économique.
identifié des opportunités de diversification de la production agri-
cole, de la transformation locale et de la vente des produits locaux
Priorités de la Phase I :
directement aux consommateurs. Déjà, une nouvelle entreprise
Selon un rapport de l’entreprise L’Art du déve-
d’ensachage de nourriture d’oiseaux a été crée et le comité a mis
loppement :
sur pied un cercle d’emprunt qui a permis à une autre entreprise
1. Diversifier l’agriculture, moteur de l’écono-
d’offrir de nouveaux produits au marché local. Plusieurs idées de
mie locale et introduire la transformation des
petites entreprises sont actuellement à l’étude.
matières premières pour créer des emplois et
Une visite d’étude en Abitibi a permis de s’inspirer de
une valeur ajoutée. « L’agriculture est une prio-
l’exemple d’entrepreneurs qui oeuvrent et qui réussissent à leur
rité pour nous et le sujet est à l’ordre du jour de
échelle. Enfin, le consultant Gaston Gadoury a présenté au comité
chacune de nos rencontres » mentionne Louis
une formation en développement économique communautaire
Lavigne.
adaptée à un milieu francophone et rural.
2. Promouvoir l’agrotourisme en misant sur les
ressources naturelles du milieu, l’église restau-
rée et les fêtes d’envergure existantes tout en
organisant des gîtes du passant, des visites de
ferme, la vente de produits à la ferme, etc.
Phase III
3. Établir « un village vert » en faisant une étu- Depuis 2004, le projet en est à la phase III et progres-
de de faisabilité pour la transformation des fu- se selon la vision que la communauté s’est donnée. « Le comité
miers par le compostage et la génération d’une continue d’assumer son rôle de veille, de canal d’information et
électricité verte, et en encourageant l’expéri- de rassemblements ou mariages d’intérêts. Nous devons être aux
mentation en agriculture biologique. aguets et en mesure d’identifier les opportunités » affirme Lucie
4. Faire la promotion de divers dossiers tels que Brunet. « On encourage et on brasse la nouvelle et notre boulot
l’Internet à haute vitesse, des activités pour la c’est d’être positif » ajoute David Sherwood.
jeunesse, le maintien des entreprises, etc.
Le Comité de développement économique Ste-Anne
aimerait remercier les nombreux partenaires et organismes qui
permettent le développement et la réalisation des activités sus-
mentionnées. Leur appui est indispensable à la mise sur pied de
ces projets communautaires.
Texte : Kathy Chaumont
été 2006 Vox RDÉE 9
rencontre

Rachel Quesnel
Le développement économique par les jeunes

Elle vient d’avoir 30 ans. Elle écoute les jeu- Vox RDÉE : Avec quelles commu- à prendre en main le projet une fois
nes comme si elle venait tout juste de passer nautés travailles-tu ? la campagne terminée. La deuxième
par les mêmes obstacles qu’ils doivent fran- phase du projet d’Hearst valorise les
chir quotidiennement. Elle parle aussi comme Rachel : Je travaille avec les commu- 50 ans et plus qui s’impliquent et qui
un adulte qui a réussi à trouver sa niche dans nautés de Gogama, Foleyet, Timmins, contribuent positivement à leur com-
le monde économique. Avoir 30 ans dans son Iroquois Falls, Matheson, Kirkland munauté. Un projet très intéressant!
cas est un avantage professionnel. Lake, et ce, jusqu’à Virginiatown. Je
partage aussi des projets avec d’autres Vox RDÉE : Dans l’édition précé-
Rachel Quesnel est née à Sudbury. Elle a agents de projets dans les régions de dente du Vox RDÉE, nous avons
reçu un diplôme en commerce du Collège Bo- Kapuskasing et de Hearst. mentionné qu’un réseau de femmes
réal de Sudbury et un diplôme en infographie était sur le point de voir le jour à
d’élaboration de sites Web du Toronto School Vox RDÉE : À maintes reprises, je Timmins. Qu’en est-il de ce réseau
of Business. Sur le plan professionnel, après me souviens d’avoir entendu parler dont tu appuies l’initiative?
quelques emplois à Toronto et à Ottawa, Ra- dans les médias du projet Fierté du
chel est webmestre chez Trillys Communica- Nord. Qu’est-ce que ce projet ? Rachel : Le Réseau des femmes fran-
tions à Sudbury et découvre le domaine du cophones de Timmins est parrainé
développement économique avec le Regrou- Rachel : Fierté du Nord était une par The Venture Centre/Le Centre
pement des gens d’affaires francophones de initiative de la Commission de for- de développement. Sa mission est
Sudbury. À l’été 2002, elle quitte Sudbury mation du Nord-Est en collaboration de promouvoir le leadership chez les
pour s’établir à Timmins. Après quelques avec le projet Action pour la jeunesse filles et les femmes francophones de
mois de travail au projet Voir ma région au de Timmins/Timmins Youth Need la région qui s’intéressent au déve-
ROPFO, elle obtient un poste au RDÉE On- Action et le RDÉE Ontario. Ce pro- loppement professionnel et personnel.
tario en mars 2003 en tant qu’agente de pro- jet comprenait une campagne publi- Le Réseau regroupe toutes les fem-
jets du secteur de la jeunesse. Récemment, citaire de 52 semaines qui célébrait mes de tous les milieux sociaux de
Rachel a fait l’objet d’une nomination pour le les réussites des jeunes de chez nous. la région. Il organise de nombreuses
prix Ontera. Le lancement officiel a eu lieu le 18 activités au cours de l’année, parmi
mai 2004 au Centre Shania Twain. Ce lesquelles; vins et fromages, soupers-

Timmins projet avait pour but de démontrer les


opportunités qui s’offrent à nos jeunes
dans nos régions. Les jeunes qui ont
conférences, ateliers et finalement, la
conférence annuelle Conférence entre
ELLES : M’épanouir à la grandeur de
Population : 43 190 habitants, dont 16 500 choisi de compléter leurs études dans mon être. Le groupe s’est rencontré à
de langue maternelle francophone (Statisti- notre région ou même à l’extérieur et quelques reprises au cours de l’été afin
ques Canada 2001). qui occupent maintenant un emploi de préparer un horaire d’ateliers et de
permanent à Timmins ont fait l’ob- soupers-conférences, en plus de déni-
Médias francophones : deux journaux jet d’une reconnaissance publique. À cher des conférencières dynamiques
hebdomadaires, Les Nouvelles de Timmins chaque semaine, pendant 52 semaines, pouvant animer les différentes ses-
et le tout nouveau journal Le Soleil de Tim- un profil sur les jeunes reconnus était sions. Nous préparons actuellement la
mins; la radio de Radio-Canada et CHYK- publié dans tous les journaux locaux seconde Conférence entre ELLES qui
FM; la télévision de Radio-Canada. en plus d’être diffusé à la radio. Ce aura lieu le 27 janvier 2007.
projet touchait deux sujets d’impor-
Éducation : quatre conseils scolaires of- tance pour la région, soit l’exode des Vox RDÉE : Le RDÉE Ontario a
frant l’éducation en français et en anglais, jeunes et la population vieillissante et appuyé plusieurs projets en Ontario
deux collèges et un programme universi- décroissante. dans les dernières années. Peux-tu
taire francophone. me nommer quelques projets pour
Vox RDÉE : Où en est maintenant ta région ?
ce projet ?
Rachel : Je travaille toujours au projet
Rachel : Le projet a aussi été lancé Camp Entreprise Jeunesse qui a été un
dans les communautés de Hearst, Co- énorme succès lors de sa troisième an-
chrane, Chapleau, et Kirkland Lake. née. Cette année, une sixième SADC
Hearst a été la seule communauté s’est ajoutée au projet, la Corporation

10 Vox RDÉE été 2006


rencontre

de développement économique de Greens- l’an 2000, lors de la première planification, Centre de développement, Tourisme Tim-
tone. Nous disposons maintenant d’un total les francophones n’étaient qu’une catégo- mins et Destination Ontario.
de 36 places pour le camp des « ados » (13 rie parmi d’autres au sein de la planifica- Je travaille présentement avec
à 16 ans) et de 36 places pour le camp des tion. En avril 2005, grâce au RDÉE Ontario The Venture Centre/Le Centre de dévelop-
jeunes (9 à 12 ans). et à The Venture Centre/Le Centre de dé- pement pour planifier une journée « entre-
Je travaille aussi au projet Ac- veloppement, les francophones se sont en- preneuriat » destinée aux jeunes de niveau
tion pour la jeunesse de Timmins/Timmins fin réunis afin de réaliser une planification secondaire et collégial. Cette journée fera
Youth Need Action visant le développe- francophone. la promotion de la valeur ajoutée que re-
Nous avons identifié six excel- présentent les jeunes francophones sur le
lentes recommandations et avons formé marché du travail, en plus de valoriser le
un comité veillant à ce que la première concept d’entrepreneuriat et de création
recommandation, soit la « mise en œuvre d’entreprises chez les jeunes. Le tout se dé-
d’un plan d’action sur l’intégration de la di- roulera durant la semaine de la petite entre-
mension francophone dans le traitement de prise au mois d’octobre prochain.
la gamme d’activités offerte par la Ville de Il ne faut pas non plus oublier
Timmins », porte fruit. Jusqu’à maintenant, l’appui que j’ai accordé au Camp Jeunes
nous avons reçu l’appui de la Corporation Ambassadeurs Coopératifs du CCO et au
de développement économique de Timmins Défi Plan D’Affaires de la SADC North
et de la Chambre de Commerce de Tim- Claybelt. Toujours cette année, j’appuie
mins. Dès cette première recommandation l’Association française des municipalités
mise de l’avant, nous formerons un regrou- de l’Ontario dans la préparation de leur
pement de gens d’affaires francophones en prochain congrès qui aura lieu à Hearst en
appui au monde des affaires, plus spécifi- septembre 2006.
quement des petites et moyennes entrepri-
ses, et tirer parti de la francophonie comme Vox RDÉE : Comment vois-tu l’avenir
atout économique. de Timmins?
Un autre projet important est ce-
lui du tourisme francophone. Nous tentons Rachel : La perspective immédiate est
d’élaborer un plan d’action qui misera sur prometteuse avec le secteur de la vente au
l’attraction de touristes francophones, le détail qui vient de redémarrer chez nous et
ment du centre de ressource pour jeunes, renforcement des capacités d’accueil et la construction de nouvelles résidences qui
le Timmins Youth Web Jeunesse. Ce projet l’établissement de partenariats afin d’ac- complémenteront l’augmentation d’activité
est en développement depuis déjà 5 ans et dans le secteur minier. La situation actuelle
malheureusement le cadre de réalisation de l’industrie forestière sera compensée par
du projet connaît des essoufflements. Nous « Timmins demeure un les gains économiques obtenus grâce aux
avons eu de la difficulté à recruter une per- joueur régional travaillant investissements miniers. Timmins demeu-
sonne qualifiée pouvant coordonner le pro- avec les communautés re un joueur régional travaillant avec les
jet. Une personne est demeurée en poste
pour quelques mois et par la suite nous
environnantes, afin communautés environnantes, afin d’aug-
menter la qualité des services procurés à la
n’avons pu la remplacer. C’est un problème d’augmenter la qualité région. Timmins doit aussi profiter de l’in-
majeur que de trouver des gens compétents des services procurés frastructure des technologies de communi-
qui soient bilingues chez nous. C’est pour-
à la région. » cation informatiques afin de promouvoir
quoi le groupe a décidé de répartir l’argent le développement des secteurs d’affaires
restant vers d’autres organismes ayant des non-traditionnels tout en augmentant les
mandats touchant la jeunesse et qui feront infrastructures de transport qui peuvent
des activités pour les jeunes dans la com- soutenir l’industrie secondaire et la fabrica-
munauté. tion. Timmins est en processus de diversifi-
De plus, j’appui la mise à jour de cueillir et de commercialiser les concerts, cation économique, ce qui devrait faciliter
la planification stratégique Bâtissons notre pièces de théâtre, expositions et autres la prospérité de la communauté!
avenir 2005-2008, une planification com- événements en français. Ce projet se fait
munautaire pour la Ville de Timmins. En en partenariat avec The Venture Centre/Le
été 2006 Vox RDÉE 11
Ricard
rencontre

Patricia

La famille avant tout

Vox RDÉE : Tu es née à quel endroit? Vox RDÉE : Où as-tu demeuré? cupée de nous pour quelques années, soit de
Patricia : Je suis née le 15 juin 1965, dans le Patricia : De ma naissance à l’âge de 5 ans, 1970 à 1973. Par la suite, je suis déménagée
Nord de l’Ontario, à Kapuskasing. Je n’y ai j’ai demeuré à Hearst, soit jusqu’en 1970. à Evain pour y demeurer jusqu’en 1983 et
jamais habité et j’ai plutôt grandi à Hearst Suite à la séparation de mes parents, j’ai finalement revenir à Hearst pour deux ans.
jusqu’à l’âge de 5 ans. Par la suite, nous suivi ma mère accompagnée de sa sœur à J’ai alors travaillé pour l’équipe d’asphal-
sommes déménagés en Abitibi-Témisca- Rouyn-Noranda. À l’époque j’avais aussi tage de Grant Construction, une compagnie
mingue, plus précisément à Evain tout près un petit frère de quelques mois. de New Liskeard. Lorsque le contrat s’est
de Rouyn-Noranda. Étant très jeune, je me rappelle terminé, rien ne me retenait à Hearst. Sépa-
que ma mère Geneviève, qui n’était alors rée de mon copain, je rêvais de partir vers
Vox RDÉE : Parle-moi de ton expérience âgée que de 22 ou 23 ans, devait trouver Niagara mais je suis tout simplement retour-
à l’école. du travail pour subvenir à nos besoins. À née vivre à Evain. J’y suis demeurée pour 5
Patricia : Pendant les premières années ce moment, débute une longue période où ans.
de l’école primaire, j’ai fréquenté l’école nous nous sommes fait « garder » mon frère Qui prend mari, prend pays! Me
St-Thérèse à Hearst. Je me rappelle très bien et moi, un peu de gauche à droite, jusqu’à voilà de retour avec mon copain, et ses pa-
de mon enseignante du jardin d’enfance; ce que la sœur de mon grand-père nous ac- rents qui habitent à Dubreuilville nous en-
Mme Tanguay. J’ai aussi fréquenté l’école cueille sous son toit. couragent à y déménager puisque la scierie
Le maillon de Ste-Germaine Boulé et l’éco- Une autre aventure débute à ce y était en plein recrutement. Mon copain a
le St-Bernard d’Évain. Au secondaire je me moment-là dans la belle et petite commu- donc tenté sa chance. Nous déménagions
suis retrouvée au Québec, où j’ai fréquenté nauté agricole d’environ 1110 habitants de donc entre Noël et le Jour de l’An. C’est
plusieurs écoles; quatre! Ste-Germaine Boulé. Tante Anna s’est oc- une période qui a été très difficile pour moi,
12 Vox RDÉE été 2006
rencontre
puisque dans ma tête, je quittais un coin de pays confortable pour peu moins pire, c’est la période où j’ai un peu plus de temps pour
m’aventurer vers l’inconnu dans une petite communauté d’environ moi. Mais attention! Dès que le hockey recommence, et bien je pas-
1000 habitants, en plein hiver, avec trois enfants. Qu’est-ce que je serai probablement plus de temps à l’aréna qu’à la maison. Je garde
pensais? Inutile de dire que je croyais bien perdre ma langue fran- aussi un peu de temps pour écouter la télévision ou encore lire un
çaise et je n’étais vraiment pas confortable avec l’anglais... vrai- bon livre… quand je ne m’endors pas en lisant!
ment pas confortable. À Dubreuilville, j’ai quand même trouvé du temps pour
En 2004, en route vers Sault-Sainte-Marie. Vous m’auriez faire du bénévolat. Je me suis très impliquée avec le club de pa-
dit qu’un jour que je déménagerais dans une ville anglophone, je tinage artistique, puisque les trois filles ont fait du patin dès l’âge
vous aurais probablement ri à la figure! Inconcevable. Malgré tout, de 4 ans. Impliquée aussi avec le conseil de parents, pour siéger
j’adore Sault-Sainte-Marie pour diverses raisons, l’une d’elles à l’administration scolaire en temps que conseillère et un demi-
étant l’énorme défi à relever pour la cause francophone dans cette mandat à la présidence. J’ai dû quitter puisque j’ai choisi de démé-
région. nagé à Sault-Sainte-Marie.

Vox RDÉE : Parle-moi un peu Vox RDÉE : Ton meilleur


de ta famille. livre?
Patricia : Ceux qui me con- Patricia : Pour décrocher,
naissent savent que mes trois j’aime bien les romans et les
filles sont ma fierté. Marie-Ève, faits vécus. Ceux qui me re-
18 ans, se dirige à l’université viennent à l’esprit : Jamais
d’Ottawa en criminologie; Ra- sans ma fille et Les filles de
phaëlle, 16 ans et Émilie, 15 Caleb.
ans, sont toutes deux à l’école
secondaire Notre Dame des Vox RDÉE : Ton meilleur
Grands Lacs, ici même à Sault- film?
Sainte-Marie. Je dois avouer Patricia : Je pense que le film
que je suis chanceuse d’avoir sur lequel je reviens toujours
des enfants remarquables et res- est Pretty Women avec Julia
pectueux. Les quatre dernières Robert et Richard Gere. Sur-
années non pas été très faciles, tout la partie où Vivian (Julia)
mais nous avons survécu et les doit acheter des vêtements
filles auraient certainement pu appropriés et que la vendeuse
aboutir autrement. Nous étions d’un magasin refuse de la ser-
déjà proches, maintenant nous vir à cause de son apparence,
sommes très proches. Je crois car elle croit que Vivian ne
vraiment que dans la vie tout peut se les offrir et celle-ci
arrive pour une raison, quelle revient au magasin les bras
quelle soit. pleins de paquets lui deman-
dant si elle la reconnaissait
Vox RDÉE : Tes passions dans avec cette phrase…« Remem-
la vie? ber me ». Levant les bras et
Patricia : Après réflexion, je disant en même temps « Big
réalise que je n’ai pas vraiment mistake, big mistake. » J’en ris
de passion. Tout mon temps a encore! Un autre de mes films
été consacré à mes filles. Main- favoris est le grand classique
tenant que les filles sont plus Grease avec Olivia Newton-
autonomes, il y a plein de peti- John et John Travolta.
tes choses simples que j’aimerais
faire comme apprendre à déguster le vin, faire de bonnes bouffes, Vox RDÉE : Tu travailles depuis combien de temps au RDÉE
visiter des endroits chauds ou le sable me brûlerait les pieds, ap- Ontario?
prendre à jouer au squash, prendre des cours de danse et surtout, me Patricia : J’ai la chance de travailler au RDÉE Ontario depuis le
motiver à la mise en forme grâce aux exercices Pilates. Comme il 30 septembre 2002. Je tiens à remercier Guy Robichaud, qui à ce
est difficile de se motiver, j’aimerais bien que les filles se joignent moment là travaillait en tant qu’agent en développement rural et
à moi. C’est encore une façon et une autre raison pour faire des faisait un suivi sur ses communautés. C’est de cette façon que j’ai
activités ensemble. Fait à mentionner, au cours de la dernière an- su qu’il y avait une ouverture au RDÉE Ontario en économie du
née, j’ai commencé à me familiariser avec le langage de la course savoir. Guy avait soufflé un mot au directeur régional de l’époque.
automobile. UN GROS MERCI GUY!

Vox RDÉE : Que fais-tu de tes temps libres ? Vox RDÉE : Parle-moi de tes projets actuels.
Patricia : Quels temps libres? Avec trois adolescentes, je cours après Patricia : Techno Nord-Ouest qui vient tout juste de se terminer.
le temps libre. La plupart du temps, je fais du taxi. L’été, c’est un Cette initiative avait comme but principal le développement du ré-
été 2006 Vox RDÉE 13
rencontre
seautage entre des jeunes de cette région en leur donnant aussi de la jour prochainement. L’étude de faisabilité est réalisée et le groupe
formation en leadership communautaire. Les jeunes ont maintenant est maintenant en voie d’incorporation. Les jeunes sont déjà à orga-
les outils nécessaires pour développer des projets qui leur tiennent niser des activités de levée de fonds.
à cœur. Le projet a eu lieu dans la région de Thunder Bay, incluant Le Centre scolaire communautaire à Dubreuilville est un
les communautés de Longlac, Marathon, Nipigon, Greenstone et autre projet qui exige du travail. Une école secondaire publique sera
Dubreuilville. J’aimerais bien maintenant reproduire ce projet dans construite et ouvrira ses portes en septembre 2008. Les leaders de
la région de Sault-Sainte-Marie, ce qui inclurait Wawa, Chapleau, la communauté ont vite compris que c’était leur chance d’avoir un
Elliot Lake, Blind River et Thessalon. De plus, les jeunes qui ont centre scolaire communautaire. Des rencontres ont eu lieu, des par-
participé au premier Techno Nord-Ouest pourraient animer des ses- tenariats se concrétisent et une étude de viabilité est en cours.
sions pour communiquer concrètement ce qu’ils ont appris. À ex- Un autre projet avec les jeunes est celui du Camp de lea-
plorer dans les prochains mois. dership « Quand je m’embarque – Dubreuilville. » Les jeunes de
Il y a aussi une initiative de planification stratégique Dubreuilville ont pour la première fois reçu les gens de la FESFO
commune avec le Centre francophone et l’ACFO de Sault-Sainte- dans leur communauté pour vivre toute une aventure en leadership.
Marie. Ce long processus est toujours en cours. En ma qualité Ils ont passé une fin de semaine dans les locaux de l’école primaire.
d’agente du RDÉE Ontario et en collaboration avec ces deux grou- Cette activité les a motivés à s’impliquer au sein de leur commu-
pes francophones piliers, le Centre francophone et l’ACFO régio- nauté.
nale supérieure Nord, nous avons joint nos forces vers une nouvelle Et finalement, une étude est en cours de réalisation pour
aventure en effectuant au départ ce processus de planification stra- la mise sur pied d’un organisme francophone à Wawa. Ce projet
tégique commun. est une initiative de la part d’individus qui aimeraient vivre leur
Animés par Yves Doyon du groupe GDM, les groupes francophonie à Wawa. La SADC Supérieur Est ainsi que le RDÉE
travaillent actuellement chacun de leur coté à revisiter leur raison Ontario ont développé et administré un sondage afin de déterminer
d’être, leur vision et leur mandat. Ils sont amenés à bien réfléchir l’intérêt pour cela dans la communauté. Le sondage est maintenant
sur leur rôle de « leader » francophone dans cette communauté où compilé et une prochaine rencontre aura lieu vers la fin août.
existent plusieurs défis. Par la suite, ils devront élaborer de nou-
veaux objectifs ou valider ceux qui sont déjà en vigueur et possi- Vox RDÉE : Qu’est-ce qui te motive dans la vie?
blement identifier de nouveaux projets. Cette étape terminée, les Patricia : Dans mon cas, ce qui me motive, c’est de m’assurer du
groupes seront réunis à une même table et s’assureront de bien bien-être de ma famille. S’il fallait que je ne sois plus capable de
comprendre la mission, la vision et le mandat de chacun. Une fois subvenir à leurs besoins… Un jour à la fois!
bien intégrés, les deux organismes auront comme prochain défi de Je crois que l’on fait sa chance dans la vie et vivre dans
rassembler, de concerter et de motiver la communauté francopho- une petite communauté comme Dubreuilville, cela à été ma chance.
ne de Sault-Sainte-Marie à participer et à cerner ses besoins, afin Dubreuilville m’a ouvert ses portes et j’ai su tirer parti des occa-
d’améliorer sa qualité de vie et possiblement d’identifier des projets sions offertes pour avancer et cheminer positivement à acquérir cer-
que les groupes pourront entreprendre en partenariat au cours des taines habiletés et compétences pour effectuer le travail que je fais
prochaines années. Ces deux groupes ont compris que c’est seule- maintenant.
ment en travaillant ensemble qu’ils réussiront peut-être à relever le J’adore mon travail et c’est grâce à trois femmes que j’ad-
défi immense qui les attend. mire beaucoup, que je travaille dans ce milieu. Chacune y a apporté
Un projet très important est celui de la Coop Chez la gang! quelque chose. Premièrement, Lee Malleau, qui à ce moment-là
Un projet par les jeunes, pour les jeunes. Une initiative qui verra le était agente à demi-temps en développement économique et qui
m’a embauchée comme assistante. C’est
vraiment là que j’ai appris les rudiments
du développement économique com-
munautaire tout en apprenant à parler et
écrire en anglais. Deuxièmement, lors-
que le bureau a fermé ses portes, Thé-
rèse Proulx, mairesse de Dubreuilville,
qui a travaillé très fort à réactiver un
bureau de développement économique
et m’a convaincue et a insisté pour que
je pose ma candidature pour l’emploi.
Et troisièmement, Monique Ouellet,
toujours greffière à Dubreuilville, qui
m’a montré à voir grand, à avoir « la
vision » et à devenir plus forte. À vous
trois, merci!

Émilie, Marie-Ève, Patricia et


Raphaëlle à la graduation de
Marie-Ève.
14 Vox RDÉE été 2006
Antidote à l’exclusion sociale
Au service des personnes les plus démunies,
un exemple d’une entreprise sociale à Prescott-Russell

O
Texte : Alain Royer

rganisme sans but lucratif chapeautant plusieurs entre- long terme, l’épanouissement de ces personnes ne semblait pas
prises, le groupe Convex favorise la création d’emplois possible, surtout celles qui avaient une déficience légère. S’as-
durables et variés pour tout le monde, particulièrement, sumer ou s’actualiser, c’est le propre de l’homme et de la femme
pour les personnes présentant des limitations intellectuelles. selon Maslow, et le travail dans notre société est très valorisé. Le
Valorisation, apprentissage, autonomie, financement et contri- travail devenait donc la solution pour valoriser et développer ces
bution sociale, les avantages et les opportunités ne se comptent personnes. Ces usagers devenaient subitement des travailleurs
plus avec cette approche communautaire intégrée à la culture contribuant au bienêtre de la société. Voilà un revirement de si-
entrepreneuriale. tuation qui exigera plus tard un changement de perception pour
Une idée, deux ou trois personnes convaincues, c’est les intervenants, les parents et les usagers eux-mêmes.
tout ce qui est nécessaire pour s’engager dans les affaires. Bien La première étape était de constituer juridique-
sûr, il faut des études de marché, un plan d’affaires, du finance- ment un nouvel organisme (groupe Convex Prescott-Russell
ment, etc.; toutefois, lorsqu’il y a un engagement ferme entre [www.groupeconvexpr.ca]) qui servirait un peu comme d’un
deux ou trois personnes avec une idée, le reste des étapes débou- incubateur d’entreprises en offrant des services comme la re-
lent automatiquement. Le modèle du groupe Convex Prescott- cherche de financement et de partenariats industriels, la com-
Russell est accessible à toute personne motivée à se lancer en af- mercialisation, le recrutement, la rédaction du plan d’affaires, la
faires ou à tout organisme se cherchant de nouvelles sources de logistique ou l’expertise comptable, des services qui sont diffici-
financement. L’idée, c’est l’action endogène, le remède le plus les à assumer pour une entreprise en cours de lancement. L’idée
sûr contre l’exclusion, la pauvreté ou même l’analphabétisme. de gestion centralisée par l’organisme sans but lucratif (groupe
Convex) est venue par l’expérience et l’incubation d’autres en-
treprises. Depuis, plusieurs autres entreprises se sont ajouté au
groupe Convex qui chapeaute maintenant neuf entreprises (An-
tiques Hawkesbury, Emballage Casselman, Emballage Hawkes-
bury, Express Net, Gold & Spices, Librairie du Coin, Menuise-
rie Casselman, Les Glaneurs et l’Imprimerie ICP).
Ces neufs entreprises appartiennent au groupe Con-
vex qui les administre et les supervise. Chaque entreprise est
enregistrée et est autonome, et a un gérant pour en assumer la
gestion. Ces gérants sont responsables auprès de la directrice
générale (Mme Caroline Arcand, du groupe Convex). Du point
de vue de la comptabilité, ces entreprises sont des divisions du
groupe Convex.
Finalement, le groupe Convex, c’est un conseil d’admi-
nistration (six personnes) et deux personnes pour en assumer l’ex-
ploitation, une directrice générale et une adjointe (Mme Chantal
Lessard). L’administration des neuf entreprises est entièrement
assumée par le groupe Convex. Avec un logiciel comptable et
les services de paie de la caisse populaire, le groupe Convex s’en
tire admirablement bien. Les entreprises sont profitables et elles
répondent à la mission première de l’organisme, soit l’embauche
de personnes ayant un handicap mental. Bien entendu, il y avait
de la résistance aux changements, et de la sensibilisation auprès
L’aide extérieure est parfois nécessaire, mais elle ne favorise pas de tout le monde devait se faire (changer les perceptions et les
nécessairement l’autonomie, l’indépendance ou l’émancipation. mentalités). De plus, il fallait démontrer sa bonne foi auprès de
Trop souvent, les organismes se maintiennent dans la dépendan- la communauté des affaires, c’est-à-dire assumer une saine con-
ce d’un ou de plusieurs bailleurs de fonds et, avec le temps, ils currence, parce que, il faut bien l’avouer, il y a des avantages fi-
ne voient plus d’autres moyens de s’en sortir. Développer une nanciers spécifiques à cette structure. Avec son parcours original
culture entrepreneuriale est peut-être ce moyen que nous cher- et innovateur, le groupe Convex se taille une place enviable dans
chons depuis longtemps. la communauté où tout devient possible pour ceux et celles qui
Tout a commencé par un organisme (les Services aux cherchent à assumer un rôle de travailleur valorisant.
enfants et adultes de Prescott-Russell [SEAPR]) et un groupe
de personnes cherchant un meilleur moyen pour valoriser et
améliorer le sort des personnes ayant un handicap mental. Ces
clients ou usagers étaient pris en charge par des centres de jour
et leur sort ou leur compétence ne semblaient pas s’améliorer. À
été 2006 Vox RDÉE 15
Hawkesbury
une ville d’endurance

16 Vox RDÉE été 2006


«
La Grande Rivière des Algoume-
quins » a donné naissance à une
ville dynamique, Hawkesbury. Du
commerce de la fourrure à l’industrie du
bois, Hawkesbury s’est développée à bras
de fer et, parmi ses gens, plusieurs se dé-
vouent et se donnent afin d’améliorer le
sort de leurs concitoyens et concitoyen-
nes. C’est le cas du Centre d’appren-
tissage et de perfectionnement (CAP),
autrefois nommé le Centre d’alphabétisa-
tion de Prescott, qui offre de la formation
de base aux adultes sur le territoire de
Prescott-Russell.
Dans le temps, cette ré-
gion peuplée de « draveurs » et de
« cageux » trimaient dur. En surmontant
nombre d’embuches, d’inondations, de
feux, d’épidémies de choléra ou de grip-
pe espagnole et de fermetures d’usine, la
municipalité n’a vraiment pas été para-
lysée, « jamée » comme on dit, malgré
toutes ces épreuves et elle a continué à
évoluer au fil des ans et a conservé son
aspect français.
Étant un territoire fertile pour
l’industrie forestière, une scierie s’y ins-
talla en 1811 entre les deux iles du chenal.
Cette scierie deviendra la plus importante
industrie du bois dans le Bas-Outaouais.
Par la suite, en 1815, le domaine McGill aux scieries de Hawkesbury. Le déclin Un autre établissement, une fi-
deviendra le deuxième établissement de l’industrie commença par la vente des liale de la CIP, situé aussi à Hawkesbury,
dans le futur village. Le développement installations Hamilton à M. Blackburn, fonctionna sous le nom de « Industrial
de ces deux établissements formera la Thistle, Egan et Robinson. Ces quatre en- Cellulose Research LTD ». Cet établisse-
base sur laquelle s’élèvera le village, puis trepreneurs formeront la « Hawkesbury ment constituait le centre de recherche de
la ville de Hawkesbury. C’est le 27 no- Lumber Company » qui s’éteindra avec la compagnie pour le Canada. Cette usine
vembre 1858 que Hawkesbury deviendra la crise économique de 1929. avec les moulins Hamilton a marqué les
un village. De 1931 à 1961, les différents débuts de Hawkesbury en tant que ville
Les premiers colons étaient des propriétaires ne pourront donner aux industrielle en lui donnant l’essor écono-
Loyalistes, qui, au cours de la guerre scieries l’expansion qu’elles avaient du mique nécessaire pour en faire une ville
d’Indépendance des 13 colonies améri- temps des Hamilton et de la « Hawkes- renommée de la rive sud de l’Outaouais.
caines, avaient rejoint l’armée anglaise. bury Lumber Co. ». En décembre 1982, CIP fermait ses por-
Par la suite, il y a eu des émigrants britan- Le déclin continua avec la diffi- tes après 84 ans d’activités.
niques, écossais et irlandais. L’émigration culté de s’approvisionner en bois, le pin
britannique allait persister jusqu’à la fin blanc, le pin rouge et l’épinette se fai- Photo de la page 14 : chenal dans
du XIXe siècle, mais, de façon décrois- sant de plus en plus rares. Il y a eu les la première moitié du 20e siècle à
sante et inégale, surtout entre les années incendies, celui de la cour à bois en 1925 Hawkesbury.
1840 et 1881, par la suite, les Canadiens- et celui du moulin en 1928. En 1925, la
Français s’installèrent dans la région. compagnie Canadian International Paper Photo du haut, page 15 : incendie
Les Canadiens-Français étaient reconnus (CIP) fait l’acquisition de cette usine de des moulins à scie au chenal en
comme de bons travailleurs dans l’indus- même que toute la propriété de la com- 1928.
trie du bois. pagnie Riordon. C’est la Canadian Inter-
Dès les années 1840, les installa- national Paper Co. (CIP), la compagnie Photo du bas, page 15 : défilé de
tions Hamilton prennent une certaine ex- Riordon et quelques autres qui, les pre- la Fête du Canada dans la
pansion. Dans ces années, 30 millions de mières, ont utilisé le transport du bois sur première moitié du XXe siècle
pieds de bois étaient produits par année l’eau.

Texte : Alain Royer Photos : Bibliothèque de Hawkesbury


été 2006 Vox RDÉE 17
XIXe siècle : les moulins Hamilton

1850 : employés des moulins Hamilton. Les moulins Hamilton ont été construits
en 1805 et vendus à la compagnie Hawkesbury Lumber Mills en 1888.

18 Vox RDÉE été 2006


Aujourd’hui, les difficultés con- Dans la région de Prescott-
tinuent à Hawkesbury, En 2005, c’est la Russell, 9 680 personnes de 20 ans et plus
grève à la compagnie IKO. L’un des points n’ont pas terminé leur secondaire, soit en-
en litige des 85 employés de la compagnie, viron 18 % de cette population. Dans la
c’est l’usage du français dans le processus province de l’Ontario, ce pourcentage se
de griefs. De 75 % à 80 % des travailleurs situe légèrement plus bas, soit à 17 % (re-
de la compagnie sont francophones. La censement 2001, Statistique Canada). Pour
compagnie Iko fabrique des produits pour en connaitre plus sur la population de fran-
les toitures. Toujours en 2005, il y a un cophones, consulter http://www.ofa.gov.
échec dans les négociations à l’ancienne on.ca/francais/stats/profjeunes-educ.html
aciérie Ivaco de Hawkesbury qui appar- (il n’y a pas de différence notable entre les
tient maintenant à Heico, une autre grève. niveaux de scolarité des jeunes francopho-
Finalement, c’est la fermeture de l’usine de nes et ceux des jeunes dans la population
St-Lawrence Textiles, fabriquant de vête- générale, sauf à Hawkesbury).
ments pour bébés, où la production doit se Le mandat du CAP [www.lecap.
terminer définitivement le 23 juin 2006. on.ca] est dicté en grande partie par son
Malgré tout et pour une ville mar- principal bailleur de fonds : le ministère de
quée par sa population canadienne françai- la Formation et des Collèges et Universités
se, Hawkesbury continue à nous étonner. (MFCU), particulièrement par l’entremise
Le centre d’appels de Startec prévoit recru- de la Direction de la préparation au milieu
ter 200 autres personnes pour son centre de travail, mais c’est grâce à son large Diane Dugas, du CAP et Alain Royer,
de services à la clientèle téléphoniques en éventail de projets spéciaux que le CAP a du RDÉE Ontario
français. D’autres perspectives d’emploi développé une expertise dans de nombreux
sont à prévoir aux nouveaux entrepôts des autres domaines :
Pharmacies Jean Coutu et aux Biscuits • production de matériel didactique tion est élaboré, de sorte que les gens sont
Leclerc ltée qui sont en train de se donner • projet novateur de recrutement, de dirigés vers le programme de formation le
plus d’espace. dépistage et d’évaluation des travailleurs plus approprié. Il y a un suivi et le CAFA
Des entreprises ferment et d’autres en entreprises s’assure de la progression de l’apprenant.
naissent et, afin de s’adapter à ses nom- • développement de projets Le CAP a toujours travaillé sur
breux changements, le CAP est présent au communautaires des nouvelles stratégies pour mieux des-
sein de la ville industrielle de Hawkesbury • création d’un centre d’aiguillage servir une clientèle peu alphabétisée, qui
pour orienter et former ses gens aux nou- • mise sur pied d’un café Internet connait peu ses services et qui se retrouve
velles réalités économiques. Le CAP veut (C@fé Clique trop souvent au mauvais endroit, au mau-
permettre aux travailleurs majoritairement [www.lecap.on.ca/Web_CafeClique3/in- vais moment. Le CAP vise donc le parte-
francophones d’accéder et de s’adapter au dex.htm]). nariat et la mise en commun des forces de
marché de l’emploi qui devient de plus en chacun pour maintenir et perfectionner son
plus exigeant sur le plan des compétences. Le Secrétariat national à l’alpha- centre d’aiguillage unique et adapté aux
Les niveaux de scolarité atteints bétisation (SNA) est toujours un organisme particularités locales.
dans Hawkesbury demeurent toujours bas d’appui important qui permet la réalisation Le CAP, constitué juridiquement
comparativement à Ottawa. De plus, une de nombreux projets intégrant les nouvel- en organisme (« incorporé ») en 1988, fê-
économie axée sur les industries de la fa- les technologies. tera son 20e anniversaire sous peu, comme
brication manufacturière dans les domai- Le Centre d’aiguillage et de for- Hawkesbury avec son 150e. Les défis, il y
nes des textiles, du fer, des pâtes et papiers mation des adultes (CAFA [www.cafa-rcat. en a, mais, si on regarde le passé de cette
et de la construction est en déclin. on.ca]) est le projet majeur du CAP. Créé municipalité, on voit qu’elle remonte tou-
Les défis de la formation à Haw- depuis dix ans, le CAFA a le mandat de jours le courant contraire et sait composer
kesbury et dans la région de Prescott- faciliter le retour en formation des adultes avec l’adversité. Avec l’aide d’organisme
Russell sont : l’orientation adéquate des des comtés unis de Prescott-Russell dans comme le CAP, l’avenir de Hawkesbury
jeunes, les aptitudes personnelles et inter- l’Est ontarien. Il a pour rôle principal de est assuré. Par contre, pour entrevoir l’ave-
personnelles face au travail et les compé- coordonner et de planifier la mise sur pied nir, il faut d’abord reconnaitre le passé et la
tences essentielles que sont la lecture de de programmes de formation conjoints et contribution de générations d’anglophones
textes, la compréhension de documents, d’être le seul guichet unique bilingue mul- et de francophones qui ont bâti cette gran-
le calcul, la rédaction, la communication tisectoriel traitant d’aiguillage, de forma- de ville. C’est en s’inspirant de son histoire
verbale, le travail d’équipe, la formation tion et d’employabilité en Ontario. que Hawkesbury pourra fêter en grand son
continue, la capacité de raisonnement et Ce service d’évaluation et 150e et le CAP son 20e anniversaire.
les connaissances informatiques. La mise d’aiguillage offert aux adultes souhaitant
à niveau est donc un problème majeur (on poursuivre leurs études est offert gratuite-
pourrait nommer cela une alphabétisation ment. Le CAFA évalue objectivement les
moderne), et elle constitue trop souvent un compétences de base (par exemple, le fran-
frein à l’embauche, un défi important dans çais et l’arithmétique) et, après avoir ciblé
la région. les besoins en formation, un plan de forma-
été 2006 Vox RDÉE 19
rencontre

L’économie sociale,
une passion
Texte et photo : Roch Archambault
Dominique Guénette est née il y a 28 ans à l’hôpital Mont-

O
fort. À cette époque, sa famille demeurait à Orléans. Sa mère est
n dit d’elle quelle est une « relève » pour le originaire de la région de Field et son père, de Kapuskasing en On-
domaine de l’économie sociale en Ontario. tario. Durant sa jeunesse, Dominique a habité à Halifax pour quel-
Depuis trois ans, des dizaines d’organismes ques années, pour finalement revenir dans la région de la Capitale
nationale.
franco-ontariens ont eu la joie de travailler avec cette
Dominique s’est intéressée à la sociologie très jeune et
femme qui impressionne par sa passion du dévelop- elle s’est dirigée dans ce domaine à l’Université d’Ottawa où elle
pement économique communautaire. a terminé un baccalauréat en sociologie et un autre en intervention
sociale. Par la suite, elle s’est trouvée un emploi au Centre local
de développement des Collines-de-l’Outaouais (CLD) à Masham.
Après avoir travaillé deux ans à cet endroit, elle a senti le goût de
revenir en Ontario : « Je voulais revenir à mes sources et faire du
développement dans ma communauté, les franco-ontariens. »
Dominique a joint l’équipe du Conseil de la coopération de
l’Ontario (CCO) en 2004. Son travail consiste à aider au développe-
ment de coopératives chez les francophones en Ontario : « Je suis
gestionnaire du Fonds d’initiatives de développement coopératif
(IDC). Dans toutes les provinces au Canada on retrouve ce fonds. À
l’époque, on donnait l’argent directement aux coopératives. Main-
tenant, l’argent sert à faire du travail de terrain pour aider les gens à
démarrer des coopératives… Nous sommes les seuls avec On-Coop
à faire ce genre de travail. Le fonds est donc divisé entre On-Coop,
du côté anglophone, et le CCO pour le côté francophone. »
Elle parle avec passion de son travail : « J’aime mon em-
ploi, je le connais. J’aime partager mon expérience et de m’assurer
que le processus se réalise bien. Je veux demeurer dans ce domaine,
car j’en suis passionnée. À 18 ans, je me suis dit que ma vie serait
centrée vers le développement économique communautaire. Je me
vois grandir avec le mouvement en Ontario. Les coopératives sont
une méthode de réalisation de l’économie sociale. C’est bien facile
sur papier, mais tellement différent dans la réalité. C’est cette tran-
sition qui m’intéresse, du papier vers la réalité, et de la société vers
un projet coopératif. »
Sa vie personnelle est très remplie. Dominique a un garçon
de 7 ans du nom d’Alexis. Quand elle parle de lui, ses yeux s’illu-
minent. Côté loisirs, l’été est une saison fantastique pour elle, car
elle aime le jardinage. De plus, elle préfère le livre à la télé. Durant
ses vacances, elle a réussi à lire sept livres! Les livres politiques et
les biographies sont les sujets de lecture qui attirent le plus son at-
tention. Dominique adore le cinéma, plus particulièrement les films
« À 18 ans, je me suis dit que ma vie serait qui présentent une réalité différente, tels que la science-fiction ou le
centrée vers le développement économique cinéma d’horreur.
Dominique Guénette est un nom et un visage à retenir en
communautaire. Je me vois grandir avec le Ontario français. Elle est déterminée à faire avancer les projets à
mouvement en Ontario. » caractère social de la province. Le domaine coopératif est bien rem-
pli sur le plan de l’innovation et c’est pourquoi elle s’y plaira long-
temps.
20 Vox RDÉE été 2006
Vox RDÉE : Il me semble qu’on te voit partout der-
nièrement. Parle-moi un peu de ton travail.
Ethel : C’est sans doute une impression que plusieurs
ont, car je m’implique un peu partout depuis quel-
ques années pour mettre en valeur un développement
qui favorise la prise en charge socio-économique des
communautés. Depuis 25 ans je m’active en dévelop-
pement économique communautaire et maintenant,
plus que jamais, je crois que la société envisage tout
le potentiel de ce développement. Je m’investis à fond
car je crois fondamentalement qu’il est temps de met-
tre sur la carte franco-ontarienne, l’économie sociale
et le développement économique communautaire.
Étant d’abord une praticienne en dévelop-
pement économique communautaire et en économie
sociale et solidaire, je travaille davantage auprès de
communautés francophones d’ici et d’ailleurs qui
s’initient à ce processus global de développement.
La communauté anglophone canadienne
se réfère au même concept. Le Québec, l’Europe et
les autres continents quant à eux utilisent davantage
les concepts et les termes « économie sociale et so-
lidaire » pour définir leur pratique. Le terme « prati-
cienne » signifie aussi que je travaille et que je gagne
ma vie en intervenant auprès de regroupements collec-
tifs, petits et grands, dans de nombreux secteurs d’ac-
tivités tels que la santé, la culture, le développement
rural, l’éducation, l’employabilité, la revitalisation et
cela engageant diverses personnes, jeunes, femmes,
aîné.es, immigrant.es, etc.
Lorsque ces regroupements de personnes et
d’intérêt ont une idée, un rêve collectif et un désir pro-
fond de faire les choses autrement, je les accompagne
dans la réalisation de leur idéal et cela en facilitant des
processus de planification, en réalisant des projets de

Ethel Côté
recherche-action, des études ou encore en offrant de la
formation sur mesure et de l’assistance technique. Ce
qui exige des praticiennes et des praticiens en DÉC
et en économie sociale une flexibilité et adaptabilité
dans les pratiques et une volonté de se maintenir à
jour concernant les tendances de l’heure en dévelop-
pement des collectivités.
Je fais ce travail depuis très longtemps et cela
me passionne car je chemine aux côtés de gens po-
sitifs, constructifs qui s’investissent pour changer le
et le développement économique communautaire monde. J’ai sans doute l’un des meilleurs « jobs » au
monde! Pendant plusieurs années, je me suis concen-
trée davantage en développement coopératif et avec le
temps je me suis initiée aux autres formes de dévelop-
pement économique communautaire et d’économie
sociale et solidaire.
Jadis en Ontario français, bien avant la créa-
tion du RDÉE, le CCO faisait la promotion du dé-
veloppement coopératif. En plus, quelques organisa-
tions se penchaient davantage vers le développement
de l’entrepreneuriat privé. Croyant déjà en l’impor-
tance du réseautage nous avions essayé de créer un
premier réseau appelé « Synergie économique com-
munautaire ». Nous n’étions pas prêts et cette premiè-
re tentative a échoué.

22 Vox RDÉE été 2006


rencontre
Mais avant même que l’Ontario créer, avec le soutien du RDÉE Ontario monétaire international et l’organisation
présente suffisamment d’histoires à succès et du Réseau canadien de développement mondiale du commerce… ces grands qui
en DÉC, je me suis ressourcée au sein du économique communautaire, l’organisme affectent l’économie de tous les pays et de
mouvement coopératif francophone et an- provincial Économie solidaire de l’Onta- nos communautés.
glophone ontarien, québécois et canadien rio. J’espère sincèrement que les quel-
en général. Inspirée de ces réseaux, de ces Pourquoi cela va-t-il fonctionner ques 20 heures de bénévolat que je consacre
leaders, de ces histoires socio-économiques maintenant? Et bien, depuis 1994 le CCO à cette cause de façon hebdomadaire vont
impressionnantes. s’active en développement coopératif, de- me permettre de constater, d’ici 6 ou 7 ans,
À l’époque en ma qualité de direc- puis cinq ans le RDÉE s’est créé et des que nous avons atteint un certain niveau de
trice de cet organisme provincial, j’ai eu le centaines d’initiatives et processus socio- positionnement et de revendication.
privilège de participer à des rencontres, des économiques se vivent dans toutes les ré- Finalement pour que tout cela
conférences et des formations qui m’ont gions de l’Ontario. En plus, le CESOC prenne tout son sens, je dois prêcher par
permis de me rendre compte à quel point (Conseil économique et social d’Ottawa l’exemple et continuer de m’impliquer
le mouvement coopératif et les initiatives Carleton), le CIFODE (Centre d’intégra- localement, car ce développement se vit
en développement économique des col- tion, de formation et de développement d’abord dans nos quartiers, nos villages,
lectivités généraient plusieurs dynamiques économique), le CALDECH (Centre nos municipalités, nos collectivités, et oui
porteuses d’un développement structurant d’Avancement et de Leadership en Déve- même dans nos familles et dans nos orga-
de centaines et même de milliers de com- loppement Économique Communautaire nisations. À cet égard, je suis présidente
munautés; par la revitalisation de quartiers, de la Huronie), et plusieurs autres orga- de la Fondation du Campus d’Alfred de
l’enrichissement collectif et le développe- nisations entreprennent la trajectoire de l’Université de Guelph et de la FESFO et
ment de collectivités autrement marginali- l’économie sociale et solidaire pour passer prochainement je retourne m’impliquer au
sées et plus encore. à l’action collective et au développement réseau de DÉC à Ottawa, tout en demeurant
Par la suite je me suis enga- socio-économique de leur milieu. impliquée sur la scène ontarienne, par ma
gée davantage dans les réseaux émer- C’est le moment attendu en On- contribution à Économie solidaire de l’On-
geant en DÉC entre autre au sein du Ré- tario français; il y a de l’effervescence, un tario, au niveau canadien au RCDEC, et à
seau canadien de DÉC et simultanément, momentum. Le RDÉE renforce ses capa- l’international au RIPESS.
à titre de praticienne accréditée au sein cités et le CCO a reçu de nouvelles res-
du Programme d’assistance technique sources et continue de croître. Nous avons Vox RDÉE : Économie solidaire de l’On-
en DÉC (PATDEC). maintenant une masse critique d’intérêts et tario est un nouveau réseau. Pourquoi
En tant que professionnelle et d’expériences sur laquelle nous pouvons créer un autre réseau?
bénévole en développement économique bâtir ce mouvement. C’est de là qu’est ve- Ethel : Le CCO, par sa constitution, peut
communautaire, je fais aussi partie des ré- nue la prétention de croire en la création de regrouper des coopératives. Le RDÉE, par
seaux coopératifs, comme par exemple je notre propre réseau soit Économie solidaire sa constitution, peut regrouper ses mem-
suis membre du Réseau des développeurs de l’Ontario. bres (UCFO, AFMO, CCO, et les unités
de coopératives. Je siège depuis deux ans Notre réseau en Ontario est d’un entrepreneuriales des collèges).
au conseil d’administration du Réseau niveau d’expérience comparable aux autres Que faisons-nous pour mobiliser
canadien de développement économique jeunes réseaux qui se créent en Amérique toutes les autres personnes, municipalités,
communautaire tout en participant acti- latine, en Afrique et dans certains pays chercheur.es, institutions et organisations
vement aux comités de développement d’Europe, d’Asie et même d’Océanie. Pe- qui s’intéressent, s’initient et entreprennent
international et politique. Je représente tits ou grands, ces réseaux expriment, dans des initiatives socio-économiques?
aussi l’Amérique du Nord au sein du con- leur pays respectif, une voix, que nous es- En s’associant avec le RDÉE et
seil d’administration du Réseau Intercon- pérons deviendront commune au sein du ses membres, le CCO et le RCDEC, Écono-
tinental de Promotion d’économie sociale RIPESS éventuellement. Le local et même mie solidaire de l’Ontario donne aux fran-
et solidaire (RIPESS). Notons que Gérald le provincial s’inspirent de l’expérience in- cophones de l’Ontario une tribune pour se
Larose, du Groupe d’économie solidaire au ternationale et vice-et versa. rassembler. Nous ne disposions pas d’un tel
Québec (GESQ) est l’autre représentant de Les prochaines étapes… En tant réseau englobant, qui nous permettra sans
notre continent au sein de cette structure in- que réseau qui mobilise des centaines d’or- doute, un jour, de tisser des liens stratégi-
ternationale. ganisations intéressées et ou engagées en ques chez nous et éventuellement au-delà
Tout un mouvement de solidarité développement économique communau- de notre milieu. Sans le RDÉE, le CCO et
à l’échelle de la planète… Sur tous les con- taire et en économie sociale, nous devrons le RCDEC, ce réseau-là ne tiendrait pas de-
tinents, l’économie sociale et solidaire s’or- travailler étroitement avec nos partenaires bout. Mais grâce à ces appuis incontesta-
ganise, les acteurs et les actrices se mobili- et l’État pour mettre en place une politique bles, nous pouvons promouvoir l’Économi-
sent et un mouvement international prend ontarienne qui reconnaîtra ces formes de se Sociale et Solidaire et le Développement
lentement forme. Inspirée par la force créa- développement et verra à mettre en place Économie Communautaire et ainsi espérer
trice des réseaux, tant au niveau local, pro- des mécanismes permanents : program- nous faire entendre pour le bénéfice de nos
vincial, national qu’international, j’ai vite me de financement, mesures favorables, communautés, pour assurer le financement
fait de constater qu’en Ontario français, il etc. Il faut le faire à la fois au niveau on- stable aux organisations qui soutiennent ce
fallait se mobiliser afin que ce domaine de tarien, canadien et planétaire si l’on veut développement, aux entreprises sociales et
l’économie prenne toute sa place. Il fallait influencer éventuellement les grands de aux initiatives de développement local et
se doter d’une voix forte. De là l’idée de ce monde : la Banque mondiale, le Fonds de renforcement des capacités.
été 2006 Vox RDÉE 23
rencontre
Nos revendications futures de- Vox RDÉE : Économie sociale et déve- de faisabilité, des recherches et des plans
vront regrouper tout le monde, incluant les loppement économique communautaire, d’affaires. Après tous ces millions de dol-
chercheurs du domaine social, surtout si c’est la même chose? lars et toute cette énergie investis dans les
nous souhaitons que nos requêtes aux di- Ethel : Non. Il y a une confusion. Le milieu étapes préliminaires de développement des
vers paliers de gouvernement bénéficient anglophone a toujours parlé de DÉC soit initiatives, nous constatons tristement qu’il
à l’ensemble du mouvement : le RDÉE, le d’un processus communautaire dirigé par et y a eu peu de création d’entreprises socia-
CCO, l’UCFO, CALDECH, le CESOC, le pour ses membres, combinant le dévelop- les viables. Et bien, la Roue du dévelop-
CIFODE, les coopératives etc. soient en- pement social et économique et favorisant pement se veut un projet de renforcement
tendues. le bien-être économique, social, écologique des capacités différent, qui a fait ses preu-
et culturel des collectivités. Pour plusieurs ves pendant plus d’une vingtaine d’années
Vox RDÉE : Est-ce que l’économie so- cela constitue une solution de rechange aux et qui vient tout juste d’être actualisé. Ce
ciale est une mode? approches conventionnelles de dévelop- projet sera utile tant au niveau du RDÉE,
Ethel : Non, ce n’est pas une mode. Cer- pement économique favorisant la prise en qu’auprès des promoteurs d’entreprises so-
tains prétendent même que c’est une éco- charge socio-économique sur un territoire ciales, afin que tout le monde comprenne
nomie alternative. À mon avis ce n’est ni par et pour une communauté d’intérêt. davantage l’envergure de la tâche à accom-
une mode ni une économie alternative, car Quand j’ai commencé ce travail il plir avant, pendant et après la création des
elle est sans doute la première économie y a 25 ans, je ne connaissais pas les défini- entreprises sociales et tout en ayant validé
qui a existé au sein des communautés. Une tions. D’ailleurs je définissais le travail du s’ils ont les caractéristiques entrepreneuria-
économie de proximité; une économie lo- CCO comme un développement coopératif les essentielles pour réussir.
cale qui mobilise une variété de partenai- intégré à un développement économique Je crois sincèrement qu’avec
res. Une économie près des gens, qui les communautaire, donc un développement des outils en français comme celui-là, le
engagent et changent leur vie. Une écono- adapté à notre milieu et à notre façon de RDÉE, le CCO seront mieux outillés pour
mie qui enrichit les collectivités. définir notre territoire. Parfois cela se passe accompagner les promoteurs et ainsi assu-
au niveau d’un quartier, d’un village, d’une rer un plus grand taux de réussite en créa-
Vox RDÉE : En fait, c’est la vieille écono- municipalité tantôt sous forme coopérative tion d’entreprises sociales en Ontario.
mie qui refait surface. ou d’autres formes. Toutefois, très sou- Permettez-moi de remercier le
Éthel : Grâce à UNITERRA j’ai eu le vent, afin de mobiliser une masse critique Centre for Community entreprise (CCE),
privilège d’aller en Afrique lors de la 1ère de francophones sur un territoire donné, particulièrement Mike Lewis, qui a accepté
rencontre africaine d’économie sociale nous pensions très souvent au développe- notre invitation à réaliser ce projet en fran-
et solidaire qui se déroulait à Bamako au ment d’une région, comme par exemple çais en Ontario et en anglais en Colombie-
Mali. Forte de constater le dynamisme des Prescott-Russell, la grande région du Nia- Britannique. Je remercie aussi sincèrement
acteurs, l’envergure de leurs pratiques et gara, le grand Sudbury, le Nipissing, la Nicole Sauvé, la directrice générale du
de leurs actions solidaires, je ne pouvais grande région de Durham, etc.. RDÉE Ontario, qui a su tirer profit de cette
m’empêcher de reconnaître leur expertise L’économie sociale est un secteur opportunité qui bénéficie à son équipe et à
en économie sociale et solidaire! Toute économique constitué d’entreprises socia- l’ensemble de la communauté.
l’économie marchande s’est inspirée histo- les qui s’inspirent de valeurs démocratiques Suite à l’atelier pilote offert dans
riquement de l’économie de proximité, où et qui ont comme but premier l’amélio- l’Est de l’Ontario, les gens ont confirmé
chaque village, chaque quartier développait ration des conditions sociales, économi- la pertinence de l’outil et cela nous a per-
une économie solidaire ayant un impact sur ques et environnementales des personnes mis d’ajuster le tir, de revoir le processus
des dizaines, des centaines, voir des mil- et des communautés. Ces entreprises sont et l’animation des ateliers. Il y a quelques
liers de personnes. gérées comme des entreprises ordinaires mois, nous avons vécu une expérience ex-
La globalisation a un impact non tout en produisant des biens et des servi- traordinaire au Centre-Sud-Ouest qui fut
pas seulement au niveau international mais ces à l’économie de marché. L’économie un succès. La Roue du développement per-
au niveau local. Je ne suis pas économiste, solidaire n’est pas un terme très utilisé au met entre autre d’accompagner les promo-
je ne peux raconter l’évolution et les ten- Canada. L’économie solidaire, sans se met- teurs d’initiatives dans la réalisation de leur
dances des courants économiques, mais tre au-dessus de tout cela, intègre toutes propre diagnostic avant même de réaliser
nous pouvons tous constater que le néolibé- ces formes et pratiques en développement leur plan d’affaires. Ils se rendent compte
ralisme n’est pas la solution au développe- que cela soit sous forme coopérative, as- de la complexité du processus, de la rigueur
ment des communautés. Oui, bien sûr, des sociative ou autre… tels que les finances requise et des capacités essentielles qu’ils
milliers de gens s’enrichissent et plusieurs solidaires (fonds de micro-crédit, etc.), le doivent avoir avant même de passer à l’ac-
investissent dans leur milieu. Beaucoup de commerce équitable, etc. En Amérique la- tion.
gens ont cru et croient à cette économie tine, comme en Europe et en Amérique du L’évaluation globale des parti-
marchande dure et pure, mais à quel prix! Nord, nous débattons de ces définitions et cipantes et des participants à ces ateliers
Aujourd’hui, nous n’avons pas le choix de les choses se précisent. est très élevée jusqu’à maintenant, soit 4.7
nous rendre compte que se sont toujours les sur 5. Durant les prochains mois, dans tou-
mêmes qui s’enrichissent pendant que le Vox RDÉE : La Roue du développement tes les régions de l’Ontario, il y aura sans
nombre de personnes pauvres augmentent c’est quoi? doute plus d’une vingtaine d’ateliers qui
particulièrement au Sud et que les commu- Ethel : Depuis quelques années, nous savons seront offerts par le personnel diversifié et
nautés s’appauvrissent, et cela, même au tous que plusieurs organisations ou groupes compétent du RDÉE et du CCO soutenu
Canada. ont reçu de l’argent pour réaliser des études par l’équipe du CCE.
24 Vox RDÉE été 2006
L’avenir du beurre de karité au Mali
Les obstacles au commerce équitable

Texte :
Nicole Sauvé et Mariame Fotama
Photos : Mariame Fotama

L
es groupements des femmes de beurre de qualité est essentiellement le
Dioila et de Kadiolo sont deux asso- manque d’équipements pour le séchage des
ciations de femmes productrices de amandes. En effet, la qualité des amandes
beurre de karité au Mali, en Afrique, au sud issues de noix ramassées selon ces techni-
du Sahara. C’est une activité pécuniaire qui ques améliorées agit fortement sur la valeur
représente une source de revenus précieuse du beurre et si ces amandes ne sont pas sé-
pour ces femmes et leur famille. Ces as- chées correctement, la qualité du beurre en
sociations sont appuyées par un projet du est affectée. L’obtention d’un séchoir so-
Ministère de la Promotion de la Femme au laire permettrait d’obtenir des amandes de
Mali. qualité supérieure.
Le projet a développé des modu- En plus de ce problème de taille,
les de formation sur des techniques amélio- ces femmes sont confrontées aux questions
rées d’extraction de beurre de karité, pour de mise en marché afin de vendre leur pro-
permettre à ces associations d’obtenir une duit dans le commerce international. Parmi
meilleure qualité de beurre et de se débar- ces problèmes, mentionnons l’ensachage, L’équipe de femmes manipulant les
rasser des pratiques traditionnelles. Ces le marketing, la formation à l’exportation équipements de l’unité de transforma-
anciennes pratiques dégradaient la valeur et le fonds de commercialisation, entre tion du karité de Dioila construite par le
commerciale du beurre malien sur les mar- autres. projet et équipée par l’ONUDI.
chés extérieurs. Le gouvernement du Mali à travers
En tenant compte de ces méthodes le Projet Karité a appuyé ces femmes, non Dioila avec l’appui de l’ONUDI. Cette
améliorées, des formations ont été offertes seulement pour renforcer leurs capacités de unité pilote se compose d’une chaîne de
à ces associations par le Projet Karité. Le produire avec qualité, mais aussi pour leur production d’échelle moyenne permettant
beurre ainsi produit est de qualité supérieu- permettre d’obtenir certains équipements; d’aider les regroupements de Dioila.
re et est de plus en plus recherché dans le tels que des charrettes pour le transport Malheureusement, là encore, le
milieu urbain où il est utilisé pour divers des noix, des moulins pour le broyage des problème de mise en marché subsiste tou-
usages tels que la cuisine, les cosmétiques, amandes et aussi du petit matériel, grâce à jours ainsi que la question de l’ensachage
et les produits pharmaceutiques, entre un fonds de roulement disposant d’un cer- des produits. Les initiatives offertes par le
autres. tain montant. gouvernement pour aider ces populations
Prenant en considération l’effort Ces femmes doivent toutefois rurales sont essentielles, car elles ont un
fourni par ces associations de femmes pour rembourser une partie des frais du moulin besoin urgent d’être renforcées par le dé-
obtenir un beurre de qualité, il est très im- pour permettre à d’autres groupes de béné- veloppement d’une expertise de mise en
portant d’explorer d’autres marchés, no- ficier du même équipement. marché, qui leur permettra d’être concur-
tamment au niveau international, pour ob- La population du Mali est compo- rentielles sur le marché international.
tenir une meilleure rémunération de leurs sée à 80% de ruraux dont 51% représentent Des volontaires canadiens qui
efforts, car ce produit est la principale des femmes qui dans la plupart des zones pourraient aider ces femmes, contribue-
source de revenus de ces femmes et pour (5 régions administratives sur 8 et un dis- raient ainsi de manière décisive à améliorer
les milliers de personnes qu’elles entretien- trict) pratiquent l’exploitation du karité. la situation économique d’un grand nom-
nent. La situation exposée est aussi va- bre d’entres-elles subvenant aux besoins
Cependant, certains problèmes lable pour 33 autres regroupements touchés de milliers d’autres.
majeurs font obstacle à cet objectif cru- par le projet qui espère venir en aide à 100 Pour plus d’information sur le
cial qui permet une meilleure lutte contre regroupements de femmes productrices du beurre de karité, nous vous prions d’adres-
la pauvreté des femmes en milieu rural. karité d’ici 2009. Une unité pilote de trans- ser vos questions à l’adresse de courriel
Le premier obstacle à la production d’un formation du karité a été mise en place à suivante : mariameh@yahoo.ca

été 2006 Vox RDÉE 25


Pascale Harster
rencontre

Le développement économique
au bout des doigts

P
ascale Harster est née en France, à Mulhouse dans le
Sud de l’Alsace. Elle est diplômée en kinésithérapie (phy-
siothérapie) de l’Université de Strasbourg. Pascale et son
époux André ont trois enfants : Yannick, Julie et Nicolas. Les
sports, dont le ski de fond, le golf et la natation occupent ses
moments de loisir. Cependant, elle avoue préférer la lecture par-
dessus tout. Lorsque le temps le lui permet, elle adore se perdre
dans un bon livre : « Cette passion est quasiment un défaut,
car j’en oublie parfois le monde qui m’entoure ». Malgré un ho-
raire chargé, Pascale s’est arrêtée récemment pour parler de
son entreprise et surtout de ses pensées au sujet du réseau des
RDÉE.
Fondée en 1976, par André et Pascale Harster, la com-
pagnie Harster Greenhouse Inc. avait pour vocation le négoce
des plantes tropicales fleuries entre l’Ontario et le Québec. De-
puis, la compagnie n’a cessé de grandir. En 1989, suite à un
changement de nature économique, Harster Greenhouses Inc.
fait l’acquisition des droits exclusifs, pour l’Amérique du Nord,
des St. Paulia (violette africaine), et abandonne peu à peu le
négoce. Depuis 1992, l’entreprise ne produit que des violettes
africaines, c’est-à-dire plus de 10 millions de plantes annuelle-
ment.
À la monoculture correspond un type d’engrais et de
traitement, une constance de température et d’éclairage toute
l’année et un équipement et une technologie unique pour toutes
les serres. Malgré tout, la violette est une plante souvent achetée
sur l’impulsion du moment, ce qui fait d’elle un « best seller. »
La spécialisation a permis aux serres Harster Greenhou-
ses Inc. de monter des emplacements à la fine pointe de la tech-
nologie. André et Pascale ont su développer leur propre ligne de
produits, incluant des minis violettes, tout en étant responsables
de chaque étape de la croissance de ces plantes.

Texte : Micheline J. Groulx

26 Vox RDÉE été 2006


rencontre
Que faites vous chez Harster Greenhou-
ses Inc. ?
Au fil des années, mon rôle a évo-
lué dans l’entreprise. Au début je mettais
souvent la main à la pâte dans les serres
quand on ne pouvait pas se permettre
d’embaucher du personnel. Aujourd’hui le
travail à moi et André consiste à diriger,
prendre des décisions et superviser le bon
déroulement des opérations dans les ser-
res. C’est moi qui détermine les quantités
de plantes à produire au laboratoire pour
assurer une production continue à l’année
longue. Je fais des recherches pour essayer
de trouver de nouvelles techniques pour
maximiser la production et diminuer les
dépenses. Je travaille aussi sur notre plan
de marketing, et je supervise toute la comp-
tabilité. Ce qui est important c’est d’être à
l’écoute de ce qui se passe dans l’industrie
pour pouvoir s’adapter rapidement à un
marché qui est en perpétuel changement.
On ne peut plus faire tourner une entre-
prise comme les générations qui nous ont
précédées, car il faut maintenant se remet-
tre en question tout le temps, être flexible
et se réinventer de façon régulière.

Quel territoire géographique est


desservi par votre entreprise ? Pascale Harster :
Nous desservons toute l’Amé- « Le RDÉE Ontario a à son actif
rique du Nord avec notre production de
violettes africaines. Nous vendons des de nombreux projets qui ont
boutures racinées et du produit préfini à abouti à une plus grande vitalité
d’autres horticulteurs et nous expédions de la communauté francophone
les violettes en fleurs à des grossistes ou
à des supermarchés. Nous faisons la plu-
et est devenu un chef de file en
part de nos livraisons avec nos propres matière d’économie sociale.
camions. Au Canada nous desservons Toutes ces réalisations étaient
plutôt l’Est du pays car il est difficile de
encore impensables il y a
livrer efficacement jusqu’en Colombie-
Britannique. Aux États-Unis, nos camions seulement cinq ans. »
vont partout, de Boston à Los Angeles en
passant par Miami, l’état du Texas et la ré-
gion du « Mid-West » américain.
enfants ont commencé à fréquenter l’école pays a des sites merveilleux. Ici au Canada,
Diriez-vous que le RDÉE Ontario vous et j’ai eu envie à ce moment-là de m’impli- grâce à une réunion du RDÉE Canada qui
a permis de mieux connaître la franco- quer dans des organisations francophones. se tenait à Whitehorse, j’ai découvert le
phonie d’ailleurs en Ontario et même à Grâce à cette implication, j’ai découvert Yukon en juin dernier et je garde un mer-
travers le Canada ? que le monde de la francophonie était bien veilleux souvenir de ces paysages grandio-
J’ai vraiment découvert ce que cela plus vaste, dynamique et intéressant que ses et envoûtants.
voulait dire d’être francophone quand je je ne l’imaginais. Le Canada attirant bien Je veux souligner le travail in-
suis arrivée au Canada anglophone. Quand sûr beaucoup d’immigrants, la richesse et croyable et le professionnalisme de toute
on a grandi en France, la francophonie va la diversité de la population francophone l’équipe du RDÉE Ontario. C’est ce dyna-
de soi, mais en même temps on ne sait pas est incroyable. En participant aux activi- misme et cette volonté de faire prospérer
vraiment ce que cela représente pour des tés organisées par le RDÉE Ontario, on a cette francophonie en laquelle ils croient
francophones vivant en situation minoritai- vraiment l’occasion de découvrir sa propre qui permet toutes ces merveilleuses réa-
re. On ne prend pas conscience des combats culture. lisations. Les résultats ne se sont pas fait
qu’ils doivent mener pour préserver leur J’aime voyager et j’ai beaucoup attendre et toute l’équipe du RDÉE Ontario
culture. Cela je l’ai découvert quand mes voyagé tout au long de ma vie. Chaque a raison d’en être fière.
été 2006 Vox RDÉE 27
éducation

Centre des arts scolaire


et communautaire (CASC)
au Nipissing Ouest

L’idée d’un Centre des arts est évi-


demment née d’un manque d’infrastructure
« Un jour, on l’aura notre Centre des dédié aux activités culturelles dont souffre le
arts », déclare Edgar Gagné, prési- Nipissing Ouest. « Il y a du talent en masse et
dent des Anciens de Franco-Cité, une richesse culturelle incroyable au Nipis-
l’association d’anciens Patriotes de sing Ouest. C’est dommage que nous n’ayons
cette école secondaire française du pas les infrastructures ni les programmes en
place pour vivre pleinement cette culture et
Nipissing Ouest à Sturgeon Falls.
développer davantage ces talents, notam-
Alors que le projet du Centre des arts ment chez les jeunes talentueux qui quittent
scolaire et communautaire (CASC) inaperçus dans certains cas, et d’autres qui
n’est qu’en phase d’étude de faisabi- découvrent leur talent un peu tard dans la
lité, sa mise sur pied semble très réa- vie et qui aurait pu en faire une carrière. La
lisable, grâce à l’engagement, au dis- racine du mot culture veut aussi dire ‘prépa-
cours convainquant, aux statistiques rer pour la croissance’ et nous devons chez-
intéressantes, aux preuves à l’appui nous faire croître les jeunes personnes. Si
et au travail inlassable des Anciens nous ne le faisons pas, nous aurons failli dans
de Franco-Cité et de son partenaire notre responsabilité envers ces jeunes et ul-
timement nous aurons failli à notre commu-
principal, le Conseil scolaire catho-
nauté » ajoute-il.
lique Franco-Nord qui affiche fière- La région bénéficie depuis des dé-
ment sa devise « Excellence, foi et cennies d’une variété de productions cultu-
culture ». relles importantes dont certaines d’entre elles
comptent plus d’une centaine de bénévoles
Par Guy Robichaud et nécessitent un nombre impressionnant
d’heures de montage, et qui attirent des spec-
tateurs d’ailleurs. Par contre, tous doivent se
satisfaire des installations temporaires exis-
tantes pas toujours commodes. « Les centres
communautaires et salles paroissiales, bien
que importants pour la production d’œuvres
théâtrales et musicales occasionnelles, n’ont
rien d’une infrastructure culturelle dédiée à
28 Vox RDÉE été 2006
éducation
Edgar Gagné :
« Le CASC du Nipissing
Ouest ... se verra donner
la constante et bonne promotion, prestation et partenariats, les collaborations communautaires,
vie par des élèves, des
formation dans les divers domaines du théâtre, ainsi que sur le fait que le centre sera rattaché
parents, des professeurs,
de la musique, de la danse, du folklore et de la à l’école secondaire. « Si l’on veut exploiter
des membres de la com-
technologie audio-visuelle », de dire Monsieur tout son potentiel, il est important que le volet
munauté, des anciens et
Gagné. scolaire et le volet communautaire fonctionnent
des anciennes de Franco-
Pour piquer la curiosité de ses membres harmonieusement. Les activités de chacune de
Cité regorgeant de talents
et stimuler davantage l’intérêt de bailleurs de ces composantes du CASC doivent compléter
multiples, d’enthousiasme
fonds et d’investisseurs potentiels envers l’éta- celles de l’autre, en tirer profit et les enrichir
sans borne et de créativité
blissement d’un Centre des arts, les Anciens de », d’expliquer Monsieur Gagné. Selon ce der-
impressionnante »
Franco-Cité se sont tournés vers Jean Larocque, nier, ce partenariat est stratégique tant sur plan
un architecte bien établi et ancien Patriote qui culturel qu’économique. « L’objectif du parte-
a gracieusement prêté ses services avec enthou- nariat avec le conseil scolaire est de créer une
siasme. Les dessins conceptuels qu’a produits institution agissant comme moteur ou cataly-
Monsieur Larocque démontrent un centre d’une seur de l’épanouissement de la culture franco-
valeur d’environ 4 millions de dollars pouvant ontarienne dans notre région. C’est d’arrimer
accueillir 500 personnes qui, selon Monsieur les diverses composantes des programmations
Gagné, est d’une infrastructure digne des atten- scolaires et communautaires afin d’offrir des
tes et besoins de la population francophone qui programmes de formation ou des activités, for-
veut miser sur son patrimoine pour vivifier sa melles ou pas, qui permettent d’acquérir des
qualité de vie culturelle et artistique et participer compétences artistiques dans un contexte ama-
à la revitalisation de l’économie. À cette fin, le teurs ou professionnel. »
Centre poursuivra un mandat de développement Les promoteurs du projet reconnaissent
d’œuvres théâtrales, musicales, folkloriques aussi le potentiel économique d’un tel centre. «
et littéraires francophones. « Le CASC du Ni- On attire déjà des gens de l’extérieur avec nos
pissing Ouest se veut un lieu privilégié pour le productions. Imaginez si on avait un centre des
développement et l’épanouissement global de la arts pour mieux les accueillir et offrir un meilleur
communauté francophone et francophile du Ni- spectacle. Bref, les retombées économique po-
pissing Ouest. Il se verra donner vie par des élè- tentielles sont intéressantes », de conclure Mon-
ves, des parents, des professeurs, des membres sieur Gagné. Les Anciens de Franco-Cité comp-
de la communauté, des anciens et des anciennes tent lancer la construction du centre en 2007.
de Franco-Cité regorgeant de talents multiples, Le RDÉE Ontario appuie les Anciens
d’enthousiasme sans borne et de créativité im- de Franco-Cité dans le développement du Cen-
pressionnante », de déclarer Monsieur Gagné. tre des arts à travers toutes ses phases.
Une programmation solide et la viabi-
lité du centre reposeront principalement sur les
valeur ajoutée et innovation

Diversification
découla des grandes cultures et
des travaux à forfaits jusqu’en
2003. Carol et Rodney sont fi-
nalement devenus propriétaires
à part entière de l’entreprise
dont ils ont nommé Anne Vista

agricole
Farms.
La diversification est
l’un des termes les plus utilisé
L’étude de marché portant sur la diversification de la pro- et mis en pratique par le couple
duction agricole a permis la création de nouvelles entre- Fraser. Le processus de consul-
prises, l’expansion d’entreprises existantes et la diversi- tation, les rencontres locales de
fication de l’économie locale de Ste-Anne de Prescott et concertation et de planification
des environs. entre les producteurs agrico-
les dans le cadre de l’étude
de diversification agricole ont
germé chez Anne Vista Farms.
Ils ont tenté la production et la locaux de diversifier leur cultu-
commercialisation du tourne- re et d’augmenter leur revenu.
sol qui en ait une des première La vente des 2500 sacs
pour la région. La plantation du produits et empochés dans les
tournesol permet aux Fraser de derniers six mois est faite dans
récolter le tournesol nécessaire les meuneries, les commerces
pour un mixte de nourriture au détail, les animaleries et
d’oiseaux qu’ils récoltent, en- autres entreprise dans l’est on-
sachent et vendent déjà locale- tarien et l’ouest québécois.
ment. 2005 a été une année
L’innovation de cette d’expansion. L’entreprise a pu
entreprise ne s’est pas arrêté! avoir la capacité de produire et
Afin de répondre à la demande d’ensacher 1000 sacs semaines.
du marché ils poursuivent leur Ils sont maintenant à explorer
projet de diversification avec le la possibilité de vendre leurs
lancement d’une entreprise de produits dans l’est canadien.
production et d’ensachage de Cette entreprise ontarienne a
nourriture d’oiseaux qui con- l’avantage de pouvoir diminuer
tient maintenant strictement le les coûts de transport puisque
tournesol. 80 % des entreprises de pro-
Le tout a débuté il y duction d’ensachage de grai-
a trois ans, comme un passe- nes de tournesol se retrouvent
temps et pour offrir des emplois dans l’ouest canadien.
à temps plein aux employés de La propreté et la qua-
la ferme, qui par les années pré- lité du grain ainsi que l’embal-
cédentes se voyaient être obli- lage distingue cette entreprise.
gés de trouver de l’emplois à La photo imprimée sur les sacs
l’extérieur pour rentabiliser les est la plantation de tournesol
mois d’hiver. L’employeur, de de Anne Vista Farms. Le grain
son côté, est assuré d’une main- attire les oiseaux parce qu’il
d’œuvre formée, qualifiée et est petit et d’une qualité supé-
stable tout au long de l’année. rieure. L’entreprise offre neuf
La plantation d’un emplois, il est donc un des plus
semis de 4 acres pour la pre- gros employeurs pour la ré-
mière année suivi de 40 acres gion. Pour l’instant, vingt pour
À l’arrière : Mark Hall, Kyle Fraser, David Fraser; cent des activités commerciales
la deuxième année et afin de ré-

P
À l’avant : Carol Fraser, Rodney Fraser, Andy Forget. de cette entreprise sont dédié à
pondre au marché, Anne Vista
Farms a signé des contrats avec la production et à l’ensachage
rospérité, emploi, al- de Prescott, a bien saisi ces de nourriture pour oiseaux.
liance, diversification, concepts. Monsieur et Madame quatre producteurs de la région
pour récolter le 260 acres de Pour plus d’information :
production, commer- Rodney Fraser, avec les parents annevista@glen-net.ca
cialisation, Anne Vista Farms, de Rodney, ont exploités une tournesol requit pour l’ensacha-
une entreprise familiale de 3e ferme laitières jusqu’en 2000. ge. Ceci s’avère une excellente Texte et photos :
génération située à Ste-Anne Par la suite, leur gagne-pain occasion pour les producteurs Kathy Chaumont
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La SDE représente les intérêts du secteur écono-


mique de la communauté francophone en favori-
sant l’épanouissement du milieu des affaires, en
valorisant l’entrepreneuriat chez les francopho-
nes et en assurant la diffusion de l’information à
caractère économique auprès de la communauté.

La SDE fournit des services en matière économique :


• aux entrepreneurs et futurs entrepreneurs
• aux nouveaux arrivants

Les rôles de la SDE sont :

Services aux entreprises


• Conseiller et aider les francophones de la
province dans le développement d’entreprises
ble ou de projets d’entreprise
u ra
e nt d
p pem Développement économique communautaire

e d u d é ve l o • Orienter et stimuler la prise en charge


Pa r t e n a i r du développement économique de la
communauté francophone

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