Sunteți pe pagina 1din 175

Instruction préparatoire

Table des matières


Bibliographie
Généralités (1 - 5)
Chapitre 1 - Préliminaires (6 - 69)
Section 1 - Éléments d'histoire utiles à la compréhension de l'institution (6 - 22)
Art. 1 - Tradition du juge d'instruction (6 - 9)
Art. 2 - Modernité de la notion (10 - 22)
Section 2 - Évolution des caractères généraux de l'instruction préparatoire (23 - 56)
Art. 1 - L'instruction préparatoire est en général facultative (24)
Art. 2 - L'instruction préparatoire est écrite (25 - 28)
Art. 3 - L'instruction préparatoire est secrète (29 - 41)
Art. 4 - instruction préparatoire et collegialité (42 - 56)
Section 3 - Le juge d'instruction est maître de la conduite de l'information (57 - 69)
Art. 1 - Liberté quant au choix des actes et des moyens (58 - 62)
Art. 2 - Liberté d'intervention dans le temps (63 - 66)
Art. 3 - Contrôle juridictionnel mais absence d'injonction (67 - 69)
Chapitre 2 - Saisine du juge d'instruction (70 - 179)
Section 1 - Différents modes de saisine (71 - 78)
Art. 1 - Saisine de droit commun (71 - 72)
Art. 2 - Ancien article 72 du code de procédure pénale (73)
Art. 3 - Article 74 du code de procédure pénale (74 - 77)
Art. 4 - Article 74-1 du code de procédure pénale (78)
Section 2 - Plaintes et avis préalables au réquisitoire introductif (79 - 83)
Art. 1 - Plaintes préalables (79 - 82)
Art. 2 - Avis préalable (83)
Section 3 - Réquisitoire introductif (84 - 102)
Art. 1 - Conditions de forme du réquisitoire (85 - 96)
§ 1 - Personne (86 - 87)
§ 2 - Faits (88)
§ 3 - Écrit daté et signé (89 - 91)
§ 4 - Pièces jointes (92 - 94)
§ 5 - Autres réquisitions (95 - 96)
Art. 2 - Conditions de fond du réquisitoire (97 - 100)
Art. 3 - Ouverture de l'information dans une juridiction sans pôle de l'instruction (101 - 102)
Section 4 - Constitution de partie civile (103 - 143)
Art. 1 - Spécificité de la saisine (114 - 125)
Art. 2 - Recevabilité de la demande (126 - 138)
Art. 3 - Abus du droit de se constituer partie civile (139 - 143)
Section 5 - Refus d'informer (144 - 149)
Section 6 - Saisine in rem (150 - 171)
Art. 1 - Obligation d'instruire (151 - 152)
Art. 2 - Objet de l'information (153 - 171)
§ 1 - Faits visés au réquisitoire (153 - 160)
§ 2 - Coauteurs et complices (161)
§ 3 - Circonstances du fait (162 - 167)
§ 4 - Faits non visés au réquisitoire (168 - 171)
Section 7 - Irrévocabilité de la saisine (172)
Section 8 - Qualification (173 - 179)
Art. 1 - Principe de la liberté de qualification (173 - 174)
Art. 2 - Le principe de la liberté de qualification dépend du respect d'autres principes de procédure (175 - 177)
Art. 3 - Exceptions au principe (178 - 179)
Chapitre 3 - Actes que le juge d'instruction peut déléguer (180 - 340)
Section 1 - Commissions rogatoires (181 - 200)
Art. 1 - Conditions de fond et de forme des commissions rogatoires (181 - 193)
Art. 2 - Garde à vue sur commission rogatoire (194 - 200)
Section 2 - Expertise (201 - 231)
Art. 1 - Règles traditionnelles (202 - 205)
Art. 2 - Nomination des experts (206 - 216)
Art. 3 - Exécution de la mission (217 - 225)
Art. 4 - Notification des conclusions (226 - 231)
Section 3 - Écoutes téléphoniques et sonorisation (232 - 285)
Art. 1 - Légalité des écoutes téléphoniques (233 - 257)
§ 1 - Cadre légal des écoutes téléphoniques judiciaires (234 - 254)
§ 2 - « Surveillance téléphonique » et récepteurs de messagerie (255 - 257)
Art. 2 - Recevabilité des demandes contestant la régularité d'écoutes téléphoniques (258 - 263)
Art. 3 - Écoutes ordonnées par le juge des libertés et de la détention (264 - 266)
Art. 4 - Écoutes illégales (267 - 270)
Art. 5 - Révélation de faits distincts (271 - 273)
Art. 6 - Différents procédés de « sonorisation » (274 - 285)
§ 1 - Voix (274)
§ 2 - Domicile, véhicule (275 - 278)
§ 3 - Écoutes de parloir (279 - 284)
§ 4 - Géolocalisation (285)
Section 4 - Audition de témoin (286 - 305)
Section 5 - Transport, perquisition, saisies (306 - 340)
Art. 1 - Principes (306 - 320)
Art. 2 - Préservation du secret professionnel (321 - 328)
Art. 3 - Préservation du secret défense (329 - 332)
Art. 4 - Saisies pénales spéciales (333 - 340)
Chapitre 4 - Pouvoirs propres du juge d'instruction (341 - 571)
Section 1 - Mise en examen (343 - 354)
Section 2 - Interrogatoire de première comparution (355 - 393)
Art. 1 - Procès-verbal (360 - 366)
Art. 2 - Formalités (367 - 391)
§ 1 - Identité, faits, qualification (367 - 370)
§ 2 - Assistance d'un avocat (371 - 380)
§ 3 - Notification de la décision du juge sur la mise en examen (381 - 384)
§ 4 - Avis des droits des parties (385)
§ 5 - Délai d'achèvement de la procédure (386)
§ 6 - Déclaration d'adresse (387 - 388)
§ 7 - Enregistrement audiovisuel (389 - 391)
Art. 3 - Article 117 du code de procédure pénale : interrogatoire immédiat (392 - 393)
Section 3 - Témoin assisté (394 - 412)
Art. 1 - Différents témoins assistés avant la loi du 15 juin 2000 (394 - 396)
Art. 2 - Témoin assisté depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000 (397 - 402)
§ 1 - Statut défini par la loi (399)
§ 2 - Statut choisi par la personne (400 - 401)
§ 3 - Statut octroyé par le juge (402)
Art. 3 - Droits du témoin assisté (403 - 407)
Art. 4 - Passage du statut de témoin assisté à celui de personne mise en examen (408 - 412)
Section 4 - Interrogatoires, auditions, confrontations (413 - 462)
Art. 1 - Grands principes (414 - 424)
§ 1 - Définition de l'interrogatoire (414 - 416)
§ 2 - Monopole de l'interrogatoire de la personne mise en examen et de l'audition de la partie civile (417)
§ 3 - Nécessité d'un interrogatoire au fond (418)
§ 4 - Procès-verbal (419 - 421)
§ 5 - Requalification en cours d'information (422 - 424)
Art. 2 - Formalités préalables aux interrogatoires de la personne mise en examen, aux auditions de la partie civile et aux confrontations (425 -
451)
§ 1 - Convocation du conseil (425 - 431)
§ 2 - Mise à disposition de la procédure (432 - 437)
§ 3 - Copie de la procédure (438 - 446)
§ 4 - Renonciation (447 - 449)
§ 5 - Nullités (450 - 451)
Art. 3 - Déroulement de l'interrogatoire et de l'audition de la partie civile (452 - 462)
§ 1 - Interrogatoire (452 - 457)
§ 2 - Audition de la partie civile (458 - 459)
§ 3 - Confrontation (460 - 462)
Section 5 - Autres pouvoirs (463 - 487)
Art. 1 - Mineur victime (463 - 466)
Art. 2 - Utilisation des fichiers nationaux automatisés (467 - 487)
§ 1 - Prélèvements (467 - 470)
§ 2 - Fichiers (471 - 481)
§ 3 - Dispositifs techniques centralisés (482 - 487)
Section 6 - Mesures coercitives (488)
Section 7 - Restitutions (489 - 504)
Art. 1 - Principes (490 - 493)
Art. 2 - Demandeurs à la restitution (494 - 496)
Art. 3 - Contentieux de la restitution (497 - 504)
Section 8 - Ordonnances (505 - 561)
Art. 1 - Principes (505 - 509)
§ 1 - Les ordonnances sont des décisions du juge (505 - 507)
§ 2 - Ordonnances juridictionnelles et ordonnances administratives (508 - 509)
Art. 2 - Avis et notifications (510 - 533)
§ 1 - Ministère public (511 - 513)
§ 2 - Personne mise en examen (514 - 519)
§ 3 - Partie civile (520 - 526)
§ 4 - Avocats (527 - 533)
Art. 3 - Appel des ordonnances (534 - 561)
§ 1 - Ordonnances susceptibles d'appel (535 - 555)
§ 2 - Délais d'appel (556 - 560)
§ 3 - Poursuite de l'information (561)
Section 9 - Supplément d'information (562 - 571)
Art. 1 - Principes (562 - 568)
Art. 2 - Mise en oeuvre (569 - 570)
Art. 3 - Clôture du supplément d'information (571)
Chapitre 5 - Droits des parties (572 - 635)
Section 1 - Droits du ministère public (574 - 582)
Art. 1 - Droit de réquisition (575 - 577)
§ 1 - Spontanément (576)
§ 2 - Sur communication du dossier (577)
Art. 2 - Droit d'information et d'appel (578 - 580)
Art. 3 - Droit d'assister à certains actes (581 - 582)
Section 2 - Droits des parties privées (583 - 635)
Art. 1 - Participation à l'instruction (585 - 634)
§ 1 - Droit à la mise en examen (585 - 595)
§ 2 - Droit de contester la mise en examen (596 - 598)
§ 3 - Droit au respect de la présomption d'innocence (599 - 607)
§ 4 - Droit d'être assisté d'un avocat (608 - 610)
§ 5 - Droit de demander des investigations (611 - 624)
§ 6 - Droit d'être informé de l'avancement de l'instruction (625)
§ 7 - Droit de demander à ce qu'il soit mis un terme à l'information (626 - 628)
§ 8 - Droit de demander une cosaisine (629 - 631)
§ 9 - Droit de faire sanctionner l'inaction du juge (632 - 633)
§ 10 - Droits de la personne humaine (634)
Art. 2 - Droit de contester l'instruction (635)
Chapitre 6 - Nullités (636 - 719)
Section 1 - Définitions et principes (637 - 642)
Section 2 - Renonciation aux nullités (643 - 646)
Art. 1 - Renonciation anticipée (643 - 645)
§ 1 - Interrogatoires (644)
§ 2 - Expertises (645)
Art. 2 - Renonciation aux nullités commises (646)
Section 3 - Demandeurs à la nullité (647 - 664)
Art. 1 - Juge d'instruction (648 - 650)
Art. 2 - Procureur de la République (651)
Art. 3 - Parties (652 - 664)
Section 4 - Moment où la requête doit être présentée (665 - 673)
Section 5 - Attributions de la chambre de l'instruction (674 - 686)
Art. 1 - Président de la chambre de l'instruction (674 - 679)
Art. 2 - Procédure devant la chambre de l'instruction (680 - 686)
Section 6 - Nullités présentées postérieurement à l'ordonnance de règlement (687 - 699)
Art. 1 - Devant la chambre de l'instruction (687 - 689)
Art. 2 - Devant les juridictions correctionnelles ou de police (690 - 698)
Art. 3 - Devant la cour d'assises (699)
Section 7 - Annulation (700 - 719)
Art. 1 - Actes ou pièces annulables (701 - 704)
Art. 2 - Étendue de l'annulation (705 - 708)
Art. 3 - Sort des actes annulés (709 - 713)
Art. 4 - Poursuite de la procédure (714 - 719)
Chapitre 7 - Dessaisissement du juge d'instruction (720 - 753)
Section 1 - Dessaisissements dus aux rapprochements entre les affaires (721 - 728)
Section 2 - Dessaisissements liés à la qualité de la personne ou à la nature de l'infraction (729 - 736)
Section 3 - Dessaisissement d'autorité (737 - 753)
Art. 1 - Dessaisissement par le président du tribunal (737)
Art. 2 - Règlement de juges (738 - 740)
Art. 3 - Dessaisissement par la chambre de l'instruction (741 - 743)
Art. 4 - Dessaisissement par le premier président de la cour d'appel (744 - 748)
Art. 5 - Dessaisissement par la chambre criminelle (749 - 753)
§ 1 - Suspicion légitime (749 - 750)
§ 2 - Sûreté publique (751)
§ 3 - Bonne administration de la justice (752)
§ 4 - Impossibilité de composer la juridiction ou cours de la justice interrompu (753)
Chapitre 8 - Clôture de l'information (754 - 887)
Section 1 - Notion d'information terminée (754 - 763)
Section 2 - Procédure antérieure à l'entrée en vigueur de la loi du 5 mars 2007 (764 - 780)
Art. 1 - Avis à partie (764 - 777)
Art. 2 - Ordonnance de soit-communiqué (778 - 780)
Section 3 - Procédure issue de la loi du 5 mars 2007 (781 - 792)
Art. 1 - Nouveaux principes (781 - 782)
Art. 2 - Avis à parties et l'OSC : première phase (783 - 789)
Art. 3 - Avis à parties et l'OSC : seconde phase (790 - 792)
Section 4 - Réquisitoire définitif (793 - 798)
Section 5 - Ordonnance de clôture (799 - 866)
Art. 1 - Examen des charges (799 - 800)
Art. 2 - Contenu de l'ordonnance de règlement (801 - 810)
Art. 3 - Différents types d'ordonnances de règlement (811 - 852)
§ 1 - Ordonnances de non-lieu (811 - 818)
§ 2 - Ordonnance d'irresponsabilité pénale (819 - 825)
§ 3 - Ordonnances de renvoi (826 - 852)
Art. 4 - Notification et voies de recours (853 - 866)
§ 1 - Notifications (853 - 859)
§ 2 - Appel (860 - 866)
Section 6 - Autorité de l'ordonnance de clôture (867 - 887)
Art. 1 - Dessaisissement du juge d'instruction (867 - 868)
Art. 2 - Saisine de la juridiction de jugement (869 - 875)
Art. 3 - Survenance de charges nouvelles (876 - 887)
§ 1 - Principes (876 - 878)
§ 2 - Notion de charges nouvelles (879 - 882)
§ 3 - Personnes pouvant procéder à la réouverture (883 - 885)
§ 4 - Compétence pour instruire (886 - 887)
Index alphabétique
Mise à jour

Instruction préparatoire

Christian GUÉRY
Magistrat
Avocat général près la cour d'appel de Fort-de-France

juin 2013 (dernière mise à jour : janvier 2015)

Table des matières

Généralités, 1 - 5

Chapitre 1 - Préliminaires, 6 - 69
Section 1 - Éléments d'histoire utiles à la compréhension de l'institution, 6 - 22
Art. 1 - Tradition du juge d'instruction, 6 - 9
Art. 2 - Modernité de la notion, 10 - 22
Section 2 - Évolution des caractères généraux de l'instruction préparatoire, 23 - 56
Art. 1 - L'instruction préparatoire est en général facultative, 24
Art. 2 - L'instruction préparatoire est écrite, 25 - 28
Art. 3 - L'instruction préparatoire est secrète, 29 - 41
Art. 4 - instruction préparatoire et collegialite, 42 - 56
Section 3 - Le juge d'instruction est maître de la conduite de l'information, 57 - 69
Art. 1 - Liberté quant au choix des actes et des moyens, 58 - 62
Art. 2 - Liberté d'intervention dans le temps, 63 - 66
Art. 3 - Contrôle juridictionnel mais absence d'injonction, 67 - 69

Chapitre 2 - Saisine du juge d'instruction, 70 - 179


Section 1 - Différents modes de saisine, 71 - 78
Art. 1 - Saisine de droit commun, 71 - 72
Art. 2 - Ancien article 72 du code de procédure pénale, 73
Art. 3 - Article 74 du code de procédure pénale, 74 - 77
Art. 4 - Article 74-1 du code de procédure pénale, 78
Section 2 - Plaintes et avis préalables au réquisitoire introductif, 79 - 83
Art. 1 - Plaintes préalables, 79 - 82
Art. 2 - Avis préalable, 83
Section 3 - Réquisitoire introductif, 84 - 102
Art. 1 - Conditions de forme du réquisitoire, 85 - 96
§ 1 - Personne, 86 - 87
§ 2 - Faits, 88
§ 3 - Écrit daté et signé, 89 - 91
§ 4 - Pièces jointes, 92 - 94
§ 5 - Autres réquisitions, 95 - 96
Art. 2 - Conditions de fond du réquisitoire, 97 - 100
Art. 3 - Ouverture de l'information dans une juridiction sans pôle de l'instruction, 101 - 102
Section 4 - Constitution de partie civile, 103 - 143
Art. 1 - Spécificité de la saisine, 114 - 125
Art. 2 - Recevabilité de la demande, 126 - 138
Art. 3 - Abus du droit de se constituer partie civile, 139 - 143
Section 5 - Refus d'informer, 144 - 149
Section 6 - Saisine in rem, 150 - 171
Art. 1 - Obligation d'instruire, 151 - 152
Art. 2 - Objet de l'information, 153 - 171
§ 1 - Faits visés au réquisitoire, 153 - 160
§ 2 - Coauteurs et complices, 161
§ 3 - Circonstances du fait, 162 - 167
§ 4 - Faits non visés au réquisitoire, 168 - 171
Section 7 - Irrévocabilité de la saisine, 172
Section 8 - Qualification, 173 - 179
Art. 1 - Principe de la liberté de qualification, 173 - 174
Art. 2 - Le principe de la liberté de qualification dépend du respect d'autres principes de procédure, 175 - 177
Art. 3 - Exceptions au principe, 178 - 179

Chapitre 3 - Actes que le juge d'instruction peut déléguer, 180 - 340


Section 1 - Commissions rogatoires, 181 - 200
Art. 1 - Conditions de fond et de forme des commissions rogatoires, 181 - 193
Art. 2 - Garde à vue sur commission rogatoire, 194 - 200
Section 2 - Expertise, 201 - 231
Art. 1 - Règles traditionnelles, 202 - 205
Art. 2 - Nomination des experts, 206 - 216
Art. 3 - Exécution de la mission, 217 - 225
Art. 4 - Notification des conclusions, 226 - 231
Section 3 - Écoutes téléphoniques et sonorisation, 232 - 285
Art. 1 - Légalité des écoutes téléphoniques, 233 - 257
§ 1 - Cadre légal des écoutes téléphoniques judiciaires, 234 - 254
§ 2 - « Surveillance téléphonique » et récepteurs de messagerie, 255 - 257
Art. 2 - Recevabilité des demandes contestant la régularité d'écoutes téléphoniques, 258 - 263
Art. 3 - Écoutes ordonnées par le juge des libertés et de la détention, 264 - 266
Art. 4 - Écoutes illégales, 267 - 270
Art. 5 - Révélation de faits distincts, 271 - 273
Art. 6 - Différents procédés de « sonorisation », 274 - 285
§ 1 - Voix, 274
§ 2 - Domicile, véhicule, 275 - 278
§ 3 - Écoutes de parloir, 279 - 284
§ 4 - Géolocalisation, 285
Section 4 - Audition de témoin, 286 - 305
Section 5 - Transport, perquisition, saisies, 306 - 340
Art. 1 - Principes, 306 - 320
Art. 2 - Préservation du secret professionnel, 321 - 328
Art. 3 - Préservation du secret défense, 329 - 332
Art. 4 - Saisies pénales spéciales, 333 - 340

Chapitre 4 - Pouvoirs propres du juge d'instruction, 341 - 571


Section 1 - Mise en examen, 343 - 354
Section 2 - Interrogatoire de première comparution, 355 - 393
Art. 1 - Procès-verbal, 360 - 366
Art. 2 - Formalités, 367 - 391
§ 1 - Identité, faits, qualification, 367 - 370
§ 2 - Assistance d'un avocat, 371 - 380
§ 3 - Notification de la décision du juge sur la mise en examen, 381 - 384
§ 4 - Avis des droits des parties, 385
§ 5 - Délai d'achèvement de la procédure, 386
§ 6 - Déclaration d'adresse, 387 - 388
§ 7 - Enregistrement audiovisuel, 389 - 391
Art. 3 - Article 117 du code de procédure pénale : interrogatoire immédiat, 392 - 393
Section 3 - Témoin assisté, 394 - 412
Art. 1 - Différents témoins assistés avant la loi du 15 juin 2000, 394 - 396
Art. 2 - Témoin assisté depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, 397 - 402
§ 1 - Statut défini par la loi, 399
§ 2 - Statut choisi par la personne, 400 - 401
§ 3 - Statut octroyé par le juge, 402
Art. 3 - Droits du témoin assisté, 403 - 407
Art. 4 - Passage du statut de témoin assisté à celui de personne mise en examen, 408 - 412
Section 4 - Interrogatoires, auditions, confrontations, 413 - 462
Art. 1 - Grands principes, 414 - 424
§ 1 - Définition de l'interrogatoire, 414 - 416
§ 2 - Monopole de l'interrogatoire de la personne mise en examen et de l'audition de la partie civile, 417
§ 3 - Nécessité d'un interrogatoire au fond, 418
§ 4 - Procès-verbal, 419 - 421
§ 5 - Requalification en cours d'information, 422 - 424
Art. 2 - Formalités préalables aux interrogatoires de la personne mise en examen, aux auditions de la partie civile et
aux confrontations, 425 - 451
§ 1 - Convocation du conseil, 425 - 431
§ 2 - Mise à disposition de la procédure, 432 - 437
§ 3 - Copie de la procédure, 438 - 446
§ 4 - Renonciation, 447 - 449
§ 5 - Nullités, 450 - 451
Art. 3 - Déroulement de l'interrogatoire et de l'audition de la partie civile, 452 - 462
§ 1 - Interrogatoire, 452 - 457
§ 2 - Audition de la partie civile, 458 - 459
§ 3 - Confrontation, 460 - 462
Section 5 - Autres pouvoirs, 463 - 487
Art. 1 - Mineur victime, 463 - 466
Art. 2 - Utilisation des fichiers nationaux automatisés, 467 - 487
§ 1 - Prélèvements, 467 - 470
§ 2 - Fichiers, 471 - 481
§ 3 - Dispositifs techniques centralisés, 482 - 487
Section 6 - Mesures coercitives, 488
Section 7 - Restitutions, 489 - 504
Art. 1 - Principes, 490 - 493
Art. 2 - Demandeurs à la restitution, 494 - 496
Art. 3 - Contentieux de la restitution, 497 - 504
Section 8 - Ordonnances, 505 - 561
Art. 1 - Principes, 505 - 509
§ 1 - Les ordonnances sont des décisions du juge, 505 - 507
§ 2 - Ordonnances juridictionnelles et ordonnances administratives, 508 - 509
Art. 2 - Avis et notifications, 510 - 533
§ 1 - Ministère public, 511 - 513
§ 2 - Personne mise en examen, 514 - 519
§ 3 - Partie civile, 520 - 526
§ 4 - Avocats, 527 - 533
Art. 3 - Appel des ordonnances, 534 - 561
§ 1 - Ordonnances susceptibles d'appel, 535 - 555
§ 2 - Délais d'appel, 556 - 560
§ 3 - Poursuite de l'information, 561
Section 9 - Supplément d'information, 562 - 571
Art. 1 - Principes, 562 - 568
Art. 2 - Mise en oeuvre, 569 - 570
Art. 3 - Clôture du supplément d'information, 571

Chapitre 5 - Droits des parties, 572 - 635


Section 1 - Droits du ministère public, 574 - 582
Art. 1 - Droit de réquisition, 575 - 577
§ 1 - Spontanément, 576
§ 2 - Sur communication du dossier, 577
Art. 2 - Droit d'information et d'appel, 578 - 580
Art. 3 - Droit d'assister à certains actes, 581 - 582
Section 2 - Droits des parties privées, 583 - 635
Art. 1 - Participation à l'instruction, 585 - 634
§ 1 - Droit à la mise en examen, 585 - 595
§ 2 - Droit de contester la mise en examen, 596 - 598
§ 3 - Droit au respect de la présomption d'innocence, 599 - 607
§ 4 - Droit d'être assisté d'un avocat, 608 - 610
§ 5 - Droit de demander des investigations, 611 - 624
§ 6 - Droit d'être informé de l'avancement de l'instruction, 625
§ 7 - Droit de demander à ce qu'il soit mis un terme à l'information, 626 - 628
§ 8 - Droit de demander une cosaisine, 629 - 631
§ 9 - Droit de faire sanctionner l'inaction du juge, 632 - 633
§ 10 - Droits de la personne humaine, 634
Art. 2 - Droit de contester l'instruction, 635

Chapitre 6 - Nullités, 636 - 719


Section 1 - Définitions et principes, 637 - 642
Section 2 - Renonciation aux nullités, 643 - 646
Art. 1 - Renonciation anticipée, 643 - 645
§ 1 - Interrogatoires, 644
§ 2 - Expertises, 645
Art. 2 - Renonciation aux nullités commises, 646
Section 3 - Demandeurs à la nullité, 647 - 664
Art. 1 - Juge d'instruction, 648 - 650
Art. 2 - Procureur de la République, 651
Art. 3 - Parties, 652 - 664
Section 4 - Moment où la requête doit être présentée, 665 - 673
Section 5 - Attributions de la chambre de l'instruction, 674 - 686
Art. 1 - Président de la chambre de l'instruction, 674 - 679
Art. 2 - Procédure devant la chambre de l'instruction, 680 - 686
Section 6 - Nullités présentées postérieurement à l'ordonnance de règlement, 687 - 699
Art. 1 - Devant la chambre de l'instruction, 687 - 689
Art. 2 - Devant les juridictions correctionnelles ou de police, 690 - 698
Art. 3 - Devant la cour d'assises, 699
Section 7 - Annulation, 700 - 719
Art. 1 - Actes ou pièces annulables, 701 - 704
Art. 2 - Étendue de l'annulation, 705 - 708
Art. 3 - Sort des actes annulés, 709 - 713
Art. 4 - Poursuite de la procédure, 714 - 719

Chapitre 7 - Dessaisissement du juge d'instruction, 720 - 753


Section 1 - Dessaisissements dus aux rapprochements entre les affaires, 721 - 728
Section 2 - Dessaisissements liés à la qualité de la personne ou à la nature de l'infraction, 729 - 736
Section 3 - Dessaisissement d'autorité, 737 - 753
Art. 1 - Dessaisissement par le président du tribunal, 737
Art. 2 - Règlement de juges, 738 - 740
Art. 3 - Dessaisissement par la chambre de l'instruction, 741 - 743
Art. 4 - Dessaisissement par le premier président de la cour d'appel, 744 - 748
Art. 5 - Dessaisissement par la chambre criminelle, 749 - 753
§ 1 - Suspicion légitime, 749 - 750
§ 2 - Sûreté publique, 751
§ 3 - Bonne administration de la justice, 752
§ 4 - Impossibilité de composer la juridiction ou cours de la justice interrompu, 753

Chapitre 8 - Clôture de l'information, 754 - 887


Section 1 - Notion d'information terminée, 754 - 763
Section 2 - Procédure antérieure à l'entrée en vigueur de la loi du 5 mars 2007, 764 - 780
Art. 1 - Avis à partie, 764 - 777
Art. 2 - Ordonnance de soit-communiqué, 778 - 780
Section 3 - Procédure issue de la loi du 5 mars 2007, 781 - 792
Art. 1 - Nouveaux principes, 781 - 782
Art. 2 - Avis à parties et l'OSC : première phase, 783 - 789
Art. 3 - Avis à parties et l'OSC : seconde phase, 790 - 792
Section 4 - Réquisitoire définitif, 793 - 798
Section 5 - Ordonnance de clôture, 799 - 866
Art. 1 - Examen des charges, 799 - 800
Art. 2 - Contenu de l'ordonnance de règlement, 801 - 810
Art. 3 - Différents types d'ordonnances de règlement, 811 - 852
§ 1 - Ordonnances de non-lieu, 811 - 818
§ 2 - Ordonnance d'irresponsabilité pénale, 819 - 825
§ 3 - Ordonnances de renvoi, 826 - 852
Art. 4 - Notification et voies de recours, 853 - 866
§ 1 - Notifications, 853 - 859
§ 2 - Appel, 860 - 866
Section 6 - Autorité de l'ordonnance de clôture, 867 - 887
Art. 1 - Dessaisissement du juge d'instruction, 867 - 868
Art. 2 - Saisine de la juridiction de jugement, 869 - 875
Art. 3 - Survenance de charges nouvelles, 876 - 887
§ 1 - Principes, 876 - 878
§ 2 - Notion de charges nouvelles, 879 - 882
§ 3 - Personnes pouvant procéder à la réouverture, 883 - 885
§ 4 - Compétence pour instruire, 886 - 887

Bibliographie
BOULOC, L'acte d'instruction, 1965, LGDJ. - BOUZAT et PINATEL, Traité de droit pénal et de criminologie, 2 e éd., 1970, Dalloz,
n os 1252 s. - CHAMBON et GUÉRY, Droit et pratique de l'instruction préparatoire 2007-2008, 6 e éd., Dalloz Action. - CONCHON,
L'évolution des nullités de l'instruction préparatoire, 2002, L'Harmattan. - GARRAUD, Traité d'instruction criminelle, t. 3, 1907-
1929, Sirey, n os 761 s. - GUÉRY, Détention provisoire, 2001, Dalloz ; (dir.), Traité pratique du juge d'instruction, 2000, Éditions
Sofiac. - HÉLIE, Traité de l'instruction criminelle, t. 4, 1866, Plon. - JEANDIDIER, Les juridictions d'instruction du second degré,
1982, Cujas. - LE GRAVEREND, Traité de la législation criminelle en France, 3 e éd., par DUVERGIER, 1930, Thorel. -
LE POITTEVIN, Code d'instruction criminelle, 1911-1915, Sirey. - LEVASSEUR et BOULOC, Procédure pénale, 17 e éd., 2000,
Précis Dalloz. - MARQUISET, Manuel pratique de l'instruction, 1950, Sirey. - MERLE et VITU, Procédure pénale, 4 e éd., 1989,
Cujas. - PARRA et MONTREUIL, Traité de procédure pénale policière, 1975, Éditions Quillet. - PONCET, L'instruction
contradictoire dans le système de la procédure genevoise et en droit français, 1967, Genève, Georg et Cie. - PRADEL,
L'instruction préparatoire, 1990, Cujas ; (dir.), Les dispositions procédurales de la loi du 15 juin 2000 sur la présomption
d'innocence. Deux années d'application, 2003, Cujas. - SAINT-PIERRE, Le guide de la défense pénale, 5 e éd., 2007, Dalloz.

ACCOMANDO et GUÉRY, La sonorisation. Un mode légal de preuve ?, D. 2002. Chron. 2001 . - ALLAIN, Présentation des
principales dispositions de l'ordonnance n o 2012-1218 du 2 novembre 2012 portant réforme pénale en matière maritime, AJ
pénal 2012. 589 . - AMBROISE-CASTEROT, Le procès pénal, entre mythe et réalité, LPA 12 juill. 2007 ; Des contradictions
dans le contradictoire en matière d'expertise pénale, Mélanges Burgelin, 2008, Dalloz, p. 19 s. - ANGEVIN, Mort d'un dogme. À
propos de l'instauration par la loi du 15 juin 2000 d'un second degré de juridiction en matière criminelle, JCP 2000. I. 260. -
ANZANI, L'article 6-1 du code de procédure pénale et le faux commis à l'occasion d'une poursuite judiciaire, Dr. pénal 2006.
Chron. 5. - ARRIGHI, Les pouvoirs du président de la chambre d'accusation après la loi du 30 décembre 1996, RSC 1998. 687
. - AUVRET, Le droit au respect de la présomption d'innocence, JCP 1994. I. 3802 ; Les sanctions du non-respect de la
présomption d'innocence par les journalistes, Gaz. Pal. 1995. 2. Doctr. 1053 ; Le journaliste, le juge et l'innocent, RSC 1996.
625 . - BAILLET, Le juge d'instruction. Une institution en sursis, Gaz. Pal. 13-14 janv. 2006, p. 2 s. - C. BARON, Le droit au
silence, une révolution… silencieuse, D. 2000, chron. 3. - BELLOIR, La responsabilité du fait du fonctionnement défectueux du
service de la justice : mode d'emploi, AJ pénal 2011. 341 . - BLONDET, Les renseignements anonymes dans les enquêtes
sociales et les enquêtes de personnalité, JCP 1969. I. 2218. - BOLLE, Les lenteurs de la procédure pénale, RSC 1982. 291. -
BONFILS, Il faut sauver la jurisprudence Laurent-Atthalin, D. 2010. Point de vue 1153 ; Faut-il changer notre procédure
pénale ?, D. 2010. Étude 158. - BONIS-GARÇON, La détention provisoire pour manquement au contrôle judiciaire, JCP 2002.
I. 159. - BOSSAN, La protection du secret des sources des journalistes en procédure pénale, Dr. pénal 2010. Étude 14. -
BOUCHARD, L'expertise mentale en France entre « pollution de la justice » et devoir d'objectivité, Dr. pénal 2006. Chron. 3. -
BOULOC, Les abus en matière de procédure pénale, RSC 1991. 221 ; Le témoin, le témoin assisté, le mis en examen, Rev.
pénit. 2003. 649. - BUISSON, Le référé détention par le procureur de la République, issu de la loi n o 2002-1138, Procédures
nov. 2002. 7 s. ; L'officier de police judiciaire rogatoirement commis conserve ses autres pouvoirs délégués pour des faits
étrangers à l'information en cours, Procédures 2003. 180 s. ; Équilibre de la procédure pénale, Procédures avr. 2007. Étude
4., mai 2007. Comm. 118. - CACHEUX, Le secret de l'instruction et la radiodiffusion, Gaz. Pal. 1968. 1. Doctr. 110. - CAMOUS,
Les saisies en procédure pénale : un régime juridique éparpillé, Dr. pénal 2010. Étude 5 ; Les saisies en procédure pénale :
un régime juridique modernisé. Commentaire des dispositions pénales de droit interne de la loi n o 2010-768 du 9 juillet 2010
visant à faciliter la saisie et la confiscation en matière pénale, Dr. pénal 2011. Étude 1. - CAPASHEN, Quelques histoires à
propos de la juste distance pour juger, D. 2004. Point de vue 2939. - CARDET, Le contrôle judiciaire socioéducatif. 1970-1993,
chronique d'une expérience qui dure…, RSC 1994. 503 . - CARLI, Service national de douane judiciaire. Officier de police
judiciaire douanière ? officier de douane judiciaire ?, D. 2003. Chron. 2701 . - CARON et MÉNOTTI, La loyauté des preuves
en matière pénale, D. 2007. Chron. 1817 . - CLÉMENT et VICENTINI, Les écoutes téléphoniques, l'instruction préparatoire,
la détention provisoire et le contrôle judiciaire, RSC 1997. 597 . - COCHE, Le comité de réflexion sur la justice pénale ou les
droits perdus du justiciable, D. 2009. 2765. - COHEN, De la présomption d'innocence au secret de l'instruction. La double
impasse, Gaz. Pal. 1995. 2. Doctr. 951. - COMMARET, Les métamorphoses de la preuve, Rev. pénit. 2003. 735 ; À propos de la
loi n o 95-884 de la loi du 3 août 1995 ou réflexions sur l'honneur du magistrat, D. 1996. Chron. 197 . - CONTE, L'action
pénale en lévitation, D. 2010. Étude 774. - COSTE, L'instruction : à la recherche des fondamentaux, AJ pénal 2010. Dossier
422. - CUTAJAR, Réforme de la procédure pénale : l'action citoyenne, nouvel outil de lutte contre la corruption transnationale ?,
D. 2010. 1295 ; L'agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués, D. 2011. Point de vue 826. -
DANET, Le recours à la visioconférence en matière de détention provisoire, la fin annoncée d'une jurisprudence complaisante
au souci de gestion ?, RSC 2011. 419 . - DALLEST, L'ouverture d'une information judiciaire, une nécessité résiduelle,
AJ pénal 2004. 346 . - DAVENAS, Le secret médical et la preuve judiciaire, D. 2009. 2642. - DE GOUTTES, L'impartialité du
juge. Connaître, traiter et juger : quelle compatibilité ?, RSC 2002. 63 . - DERIEUX, Secret de l'instruction et droit à
juge. Connaître, traiter et juger : quelle compatibilité ?, RSC 2002. 63 . - DERIEUX, Secret de l'instruction et droit à
l'information, LPA 1997, n o 70, p. 6 ; Secret des sources des journalistes. À propos de la loi du 4 janvier 2010, Aperçu rapide,
JCP 2010. Aperçu rapide 40. - DETRAZ, La prétendue présomption d'innocence, Dr. pénal 2004. Chron. 3 ; Le nouveau
dispositif de recevabilité de la plainte avec constitution de partie civile, JCP 2008. I. 111 - DOBKINE, La création d'une nouvelle
force de police judiciaire. La douane judiciaire, D. 2001. Chron. 1475 . - DORSNER-DOLIVET, Les dispositions de la loi du
15 juin 2000 renforçant les garanties judiciaires en matière de détention provisoire, Dr. pénal 2000. Chron. 4. - DORW LING-
CARTER, Faut-il supprimer le juge d'instruction ?, JCP 1990. I. 3458. - EL HAGE, La loi du 30 décembre 1996 et son rapport
relativement aux droits de la personne placée en détention provisoire, Gaz. Pal. 1999. 1. Doctr. 331. - FOSSIER et HUIHAL, Le
régime des poursuites pénales engagées contre un majeur protégé, JCP 2007. I. 146. - FRANCILLON, Liberté d'expression.
Protection des sources des journalistes, RSC 2012. 603 . - FRISON-ROCHE, L'impartialité du juge, D. 1999. Chron. 53 .-
GARREC, La juridiction d'instruction est-elle indispensable ?, JCP 1986. I. 3266. - GHICA-LEMARCHAND, La commission rogatoire
internationale en droit pénal, RSC 2003. 33 . - A. GIUDICELLI, Le témoin assisté et la personne mise en examen. Vers un
nouvel équilibre ?, RSC 2001. 43 ; Le secret de l'instruction appliqué par le juge de l'instruction, AJ pénal 2004. 141 .-
C. GIUDICELLI, Le juge d'instruction évoluera ou disparaîtra, AJ pénal 2009. 68 . - GOULESQUE, La communication des
pièces des dossiers répressifs, RSC 1969. 215. - GOYET, Remarques sur l'impartialité du juge, D. 2001. Chron. 328 .-
GUÉRIN, Les droits de la défense et de la partie civile dans la phase préparatoire du procès pénal selon le rapport du comité
de réflexion sur la justice pénale, Dr. pénal 2009. Dossier 6. - C. GUÉRY, Aux confins du droit et de la procédure pénale. La
relative liberté de qualification du juge d'instruction, D. 1996. Chron. 335 ; Les paliers de la vraisemblance pendant
l'instruction préparatoire, JCP 1998. I. 140 ; De la difficile conjugaison entre la vidéo et l'écrit judiciaire, Gaz. Pal. 1999. 2.
Doctr. 925 ; Du témoin assisté à la partie virtuelle, Dr. pénal 1997. Chron. 24 ; Le nouveau juge des libertés et de la
détention. Premiers problèmes pratiques, Gaz. Pal. 8-9 sept. 2000, p. 1496 s. ; La mise en examen par le juge d'instruction
après l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, JCP 2001. I. 359 ; Un toilettage progressif et personnalisé. Les nullités de
l'instruction après l'entrée en vigueur de la loi du 4 mars 2002, Dr. pénal 2002. Chron. 38 ; Le juge d'instruction et le voleur de
pommes. Pour une réforme de la constitution de partie civile, D. 2003. Chron. 1575 ; Instruction préparatoire. Deux ans
après…, in PRADEL (dir.), Les dispositions procédurales de la loi du 15 juin 2000 sur la présomption d'innocence. Deux années
d'application, 2003, Cujas ; Le juge des libertés et de la détention. Un juge qui cherche à mériter son nom…, D. 2004.
Chron. 583 ; Le tribunal correctionnel et les nullités de l'instruction, Dr. pénal 2004. Chron. 6 ; Une détention provisoire
exceptionnelle… mais souhaitable, AJ pénal 2004. 238 ; Mandats et suspects, AJ pénal 2004. 356 ; De la nécessité
accrue, pour le témoin assisté, de l'être bien, AJ pénal 2005. 111 ; L'avenir du suspect, AJ pénal 2005. 232 ;
J'instruisais, tu instruisais… Nous instruisons, AJ pénal 2006. 340 ; L'erreur matérielle du juge des libertés et de la
détention, JCP 2006. I. 104 ; Détention provisoire et culpabilité, D. 2006. Chron. 1556 ; La loi du 5 mars 2007 et
l'instruction préparatoire, AJ pénal 2007. 105 ; Les pouvoirs de la chambre de l'instruction et la liberté du magistrat
instructeur, D. 2007. Chron. 603 ; Une instruction sans fin, AJ pénal 2007. 271 ; La fin de l'instruction, AJ pénal 2007.
319 ; De l'art de naviguer à vue : la saisine du juge d'instruction et le trafic de stupéfiants, Dr. pénal 2008. Étude 6 ; La vie
nouvelle (et difficile) de Jésus Padoté, juge d'instruction, AJ pénal 2008. 226 ; De la vérité absolue à la clarification
préalable : pour une nouvelle définition des missions du magistrat instructeur, AJ pénal 2010. 425 ; La mort suspecte n'est
plus ce qu'elle était !, JCP 2008. I. 187 ; Dernière braderie avant liquidation définitive. Loi du 12 mai 2009 : deux possibilités
nouvelles de renonciation par les parties à certains délais de procédure, AJ pénal 2009. 303 ; Du cap à la péninsule, Les
pouvoirs de requalification du juge pénal, Dr. pénal 2012. Étude 7-8. - C. GUÉRY et FABBRI, La vérité dans le procès pénal ou
l'air du catalogue, RSC 2009. 343 . - C. GUÉRY et A. GUÉRY, Administrateurs ad hoc. Us et abus, Gaz. Pal. 1998. 2.
Doctr. 1073 ; De la difficulté pour le juge pénal d'appeler un chat, un chat (requalification « stricte » ou « élargie »). Devoirs et
pouvoirs du tribunal correctionnel, Dr. pénal 2005. Chron. 6 et 7. - C. GUÉRY et GUICHARD, La « reprise » de l'information par
la partie civile, JCP 2007. I. 202. - C. GUÉRY et KOTULSKI, Une analyse de l'activité du juge d'instruction, Cah. just. n o 3/2010. -
C. GUÉRY et LAVIELLE, Copié, collé, jugé ?, Dr. pénal 2010. Étude 24. - C. GUÉRY et ROLLAND, Les houles inutiles. Propos sur
le nouveau statut du témoin assisté, Gaz. Pal. 4-5 oct. 2000, p. 2 s. - HENNION-JACQUET, Les nullités de l'enquête et de
l'instruction, un exemple du déclin de la légalité procédurale, Rev. pénit. 2003. 7 ; Garde à vue : entre désillusion et espoir,
D. 2007. Chron. 1248 . - JANVILLE, Tel peut-il être aisément pris qui croyait prendre ? Les dispositifs de sanction et de
réparation de l'abus de constitution de partie civile après la loi du 15 juin 2000, Gaz. Pal. 2002. Doctr. 1291. - JEANDIDIER,
Requiem pour la chambre d'accusation (de l'instruction), JCP 2000. I. 270. - LABREGÈRE, Les fonctions du magistrat de liaison
et ses rapports avec les autres, in DE KERCHOVE et W EYEMBERGH (dir.), Vers un espace judiciaire pénal européen, Institut
d'Études européennes, 2000, Éditions Université de Bruxelles. - KARSENTY, Réflexion sur la mise en oeuvre des pôles de
l'instruction au regard de droits fondamentaux, JCP 2008. I. 121. - KOERING-JOULIN, L'impartialité du juge, Justices 1998,
n o 10, p. 1. - LAPLATTE, Une leçon de pratique des parquets dans un roman de Flaubert, RD pén. crim. 1967. 300. - DE
LAROSIÈRE DE CHAMPFEU, L'instruction préparatoire à l'épreuve des lois des 4 janvier et 24 août 1993. Égalité et
responsabilité, Gaz. Pal. 1996. 2. Doctr. 965. - LAVIELLE, Une réforme pénale impérieuse : la traduction des actes de
procédure pénale aux parties civiles, mis en examen ou prévenus étrangers, AJ pénal 2009. 443 . - LAVIELLE et LEBUR, Le
juge des libertés et de la détention. Béni oui-oui ou terminator, Gaz. Pal. 2001. Doctr. 3. - LAVIELLE et LEMONNIER, Polichinelle
et son secret : pour en finir avec l'article 11 du Code de procédure pénale, AJ pénal 2009. 153 . - LAVIELLE et MANTEAUX,
L'article 18, alinéa 5, du code de procédure pénale. Ingéniosité ou incongruité ?, AJ pénal 2005. 67 . - LAVRIC, La visio
conférence, le procès de demain ?, AJ pénal 2008. 464 . - LAZERGES, Le rapport Léger : analyses des propositions, Propos
introductifs, AJ pénal 2009. 385 . - LEBLOIS-HAPPE, Continuité et discontinuité dans les nouvelles réformes de la procédure
pénale, JCP 2007. I. 180 ; Quelle collégialité pour l'instruction en 2010 ?, D. 2008. Chron. 2101 et AJ pénal 2008. 363 .-
LEBORGNE, Le rapport Léger, le poids de l'habitude et la peur de la nouveauté, AJ pénal 2009. 400 . - LE CALVEZ, Les
dangers du « X » en procédure pénale. Opinion contre le témoin anonyme, D. 2002. Chron. 3024 . - LECLERC, La loi du
15 juin 2000 renforçant la présomption d'innocence et le droit des victimes, Gaz. Pal. 29-30 sept. 2000, p. 2s. ; Le temps de la
réflexion est indispensable, AJ pénal 2010. 167 . - LE GUNEHEC, La loi du 24 août 1993. Un rééquilibrage de la procédure
pénale, JCP 1993. I. 3720 ; Aperçu rapide de la loi du 30 décembre 1996 relative à la détention provisoire et aux perquisitions
de nuit en matière de terrorisme, JCP 1997. Actu. ; Loi n o 2000-516 du 15 juin 2000 renforçant la protection de la présomption
d'innocence et les droits des victimes, JCP 2000. Actu. 1223, 1299, 1351 et 1407. - LEMOULAND, La réforme de la procédure
d'instruction en matière pénale, ALD 1987. 47. - LETOUZEY, La spécialisation des juridictions et des procédures dans les
affaires de mineurs Dr. pénal 2012. Étude 20. - LETURMY, De l'enquête de police à la phase exécutoire du procès. Quelques
remarques générales sur l'expertise pénale, AJ pénal 2006. 58 . - LEVASSEUR, Les nullités de l'instruction préparatoire,
Mélanges Patin, 1965, Cujas, p. 469 s. - LUC, Le juge d'instruction, ce chêne qu'on abat, ALD 1985. 119 ; Le juge d'instruction,
ce chêne qui cache la forêt, Gaz. Pal. 1987. 2. Doctr. 796 ; Le projet Sapin de réforme de la procédure pénale ou « de l'inculpé
à l'encausé », Gaz. Pal. 1992. 1. Doctr. 160. - MAGENDIE, La responsabilité des magistrats, D. 2003. Chron. 1177. - MAISTRE
DU CHAMBON, La régularité des « provocations policières ». L'évolution de la jurisprudence, JCP 1989. I. 3422. - MALABAT,
L'avant-projet du futur code de procédure pénale : refonte, simplification ou confusion des phases de la procédure pénale ?,
AJ pénal 2010. 162 . - MATHIAS, La marginalisation du juge d'instruction. Vers un renouveau du modèle inquisitoire ?, LPA
18 août 2005 ; Action pénale privée. Cent ans de sollicitude, Procédures mai 2007. 6 s. - MAURO, La suppression du juge
d'instruction : éléments de droit comparé, AJ pénal 2010. Dossier 433. - MAYAUD, Le parquet entre le juge et l'avocat, D. 2010.
Étude 773. - MAYER, L'information du public par la presse sur les affaires en cours d'instruction, D. 1995, chron. 80 .-
MAZURIER, La notion de justice impartiale, JCP 2000. I. 252. - MEINDL, Les implications constitutionnelles de la suppression du
juge d'instruction, RSC 2010. 395 . - MENURET, Compatibilité du régime spécial de la puissance publique de l'article L. 781-1
du Code de l'organisation judiciaire avec l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'Homme et redéfinition de la
notion de faute, JCP 2001. I. 1626. - MERLE, La liberté et la détention au cours de l'instruction dans la loi du 17 juillet 1970,
RSC 1971. 567. - MICHAUD, L'instruction au tribunal de grande instance de Paris, RSC 1971. 1003 ; Le juge d'instruction et
l'expert, RSC 1975. 791 ; Le juge d'instruction et la victime de l'infraction, RSC 1976. 805 ; Le juge d'instruction et le procureur
de la République, RSC 1977. 903 ; La carrière du juge d'instruction, RSC 1978. 711. - NUTTENS, Présomption d'innocence. Le
Parlement fait la loi, Gaz. Pal. 21-27 juin 2000, p. 2 s. - PARRA, La saisie incidente. Les problèmes qu'elle pose et les solutions
envisagées, Rev. police nationale févr.-mars 1968. 63 s. - PÉRIER-DAVILLE, Les juges d'instruction de nouveau sur la sellette,
Gaz. Pal. 1987. 2. Doctr. 692. - PETTITI, Droits de la défense. Secret de l'instruction et communicabilité du dossier pénal,
Gaz. Pal. 1989. 2. Doctr. 364. - PORCHY, L'administrateur ad hoc en matière pénale, D. 2004. Chron. 2732. - PORTERON, Nullité
des perquisitions au cours de l'instruction. Nullité des écoutes téléphoniques. Nullité de la mise en examen, AJ pénal 2005.
145 . - PRADEL, L'incidence du secret médical sur le cours de la justice pénale, JCP 1969. I. 2234 ; La mise en état des
affaires pénales. Propos sceptiques sur le rapport de la Commission Justice pénale et droits de l'homme, D. 1990. Chron. 301
; Centenaire de la loi du 8 décembre 1897 sur la défense avant jugement pénal. Essai d'un bilan, D. 1997. Chron. 375 ;
Encore une tornade sur notre procédure pénale avec la loi du 15 juin 2000, D. 2000, n o 26, Point de vue, p. 5 ; Le mandat
d'arrêt européen. Un premier pas vers une révolution copernicienne dans le droit pénal français de l'extradition, JCP 2004.
I. 1392 (1 re partie) et 2004. I. 1462 (2 e partie) ; Haro sur le juge d'instruction !, D. 2006. Chron. 244 ; Tous les péchés du
juge d'instruction méritent-ils sa mort, D. 2009. Point de vue 438 ; La disparition du juge d'instruction dans l'avant-projet du
futur code de procédure pénale, D. 2010. Point de vue 1293. - PRADEL et LÉGER, Pour un procès pénal dans un délai
raisonnable. Suggestions pour un règlement plus rapide de l'instruction préparatoire, D. 1982. Chron. 105. - RENAUT,
Innovation pour les droits de la défense ou retour partiel au code Napoléon, Gaz. Pal. 1999. 2. Doctr. 1341 et Dr. pénal 1999.
Chron. 4. - RENUCCI, L'expertise pénale et la Convention européenne des Droits de l'homme, JCP 2000. I. 227 ; Précisions
quant à l'impartialité subjective, sous Crim. 14 janv. 2003, RSC 2003. 884 ; Précisions quant à l'impartialité subjective, sous
Crim. 14 janv. 2003, RSC 2003. 884 . - ROBERT, Une importante réforme de procédure pénale inachevée. À propos de la loi
du 9 juillet 2010, JCP 2010. Étude 2013. - ROUSSEL, L'annulation des procès-verbaux d'interrogatoire pour défaut de mention
des questions, AJ pénal 2005. 19 . - ROUSSELET, Réflexions sur l'instruction préparatoire, Mélanges Donnedieu de Vabres,
1960, Cujas, p. 213 s. - RYBEIRE, La communication du dossier d'instruction aux parties privées, JCP 2006. I. 152. - SAINT-
PIERRE, Le véritable enjeu des contrôles juridictionnels de la légalité des procédures pénales. La « sûreté » des justiciables,
AJ pénal 2005. 177 ; La nature juridique des droits de la défense dans le procès pénal, D. 2007 , chron. 260 ; Réforme
de l'instruction judiciaire : 2010, l'année de la crise aigue, AJ pénal 2010, dossier p. 429. - SAURON, Les vertus de l'inquisitoire
ou l'État au service des droits, Pouvoirs 1990. 53. - SIZAIRE, Quel modèle pour l'instruction, AJ pénal 2009. 388 . - SOULEZ-
LARIVIÈRE, Les nécessités de l'accusatoire. Rapport sur la mise en état des affaires pénales, Pouvoirs 1990. 65. - STÉFANI,
L'acte d'instruction, in Problèmes contemporains de procédure pénale, Mélanges Hugueney, 1964, Sirey, p. 135 s. - STRAEHLI,
Les impératifs d'un système d'instruction préparatoire en matière criminelle et pour les affaires complexes : les différentes
réponses actuelles, Dr. pénal 2009. Dossier 4. - TELLIER, En finir avec la primauté du criminel sur le civil !, RSC 2009. 797 .-
TURCEY, La crise de l'instruction, Gaz. Pal. 19-21 mars 1989, p. 20 s. - TW AITES, Eurojust. Autre brique dans l'édifice de la
coopération judiciaire en matière pénale ou solide mortier, RSC 2003. 45 . - VIECHNIEW SKI, La confiscation des biens
illicites, peine ou mesure de prévention, LPA 31 oct. 2002. - VLAMYNCK, La théorie de l'apparence. Enquêtes préliminaire, de
flagrance et enquêtes spécifiques de mort suspecte et de disparition inquiétante, AJ pénal 2005. 322 ; Première approche
policière et pratique du projet de code de procédure pénale, AJ pénal 2010. 174 ; Le traitement procédural des faits
nouveaux, incidents ou distincts, AJ pénal 2012. 215 . - VOUIN, Le malheureux article 105, D. 1974. Chron. 1.

Généralités
1 . Définition du mot « instruction ». - L'instruction, c'est tout d'abord l'ordre, la directive donnée par un supérieur à un
subordonné et, comme tel, le mot s'utilise habituellement au pluriel : on donne des instructions. C'est alors une forme
d'information communiquée en tant que commande. Mais c'est aussi l'acte d'instruire quelqu'un, enseigner, éduquer, même si
l'on a abandonné le ministère de l'Instruction publique au profit de celui de l'Éducation nationale. Et c'est à la fois l'ensemble
des connaissances acquises par le travail ou l'étude. C'est alors une forme d'information communiquée comme une explication.

2 . C'est en ce sens qu'il faut entrevoir le mot « instruction » appliqué au droit : l'instruction en matière civile ou en matière
pénale, c'est une mise en état des affaires, c'est-à-dire la clarification préalable nécessaire au jugement. Curieusement, on
parle d'instruire un dossier comme si on éduquait ou on renseignait une collection d'écrits, de procès-verbaux, des procès-
verbaux qui racontent une histoire. D'ailleurs, le synonyme de l'instruction, c'est l'information. Dire que le juge informe, c'est
en fait dire qu'il recueille des informations. Ainsi, le juge d'instruction instruit un dossier qui instruira ceux qui le jugeront.

3 . Phase de la procédure pénale dirigée par un juge spécialisé. - L'instruction préparatoire, également appelée information, est
une phase de la procédure pénale dirigée par un juge spécialisé (V. Juge d'instruction) qui a pour objet de rechercher
l'existence d'une infraction, de déterminer quels en sont les auteurs, de préciser les circonstances dans lesquelles elle a été
commise et, lorsque cet ensemble d'éléments constitue à l'égard des auteurs des charges suffisantes, d'aboutir au renvoi de
ceux-ci devant la juridiction de jugement compétente. Elle peut être aussi définie comme la phase du procès au cours de
laquelle l'action publique étant mise en mouvement, des organes judiciaires spécialisés, notamment le juge d'instruction et, le
cas échéant, au second degré, la chambre de l'instruction (appelée « chambre d'accusation » jusqu'à l'entrée en vigueur de la
loi n o 2000-516 du 15 juin 2000, « présomption d'innocence » [JO 16 juin, rect. 8 juill., Code de procédure pénale Dalloz]. - V.
Cham bre de l'instruction) recueillent les éléments nécessaires au jugement et décident de la suite à donner à la poursuite
(PRADEL, L'instruction préparatoire, 1990, Cujas, p. 8).

4 . L'instruction est l'oeuvre du juge, en général du premier degré. - Elle se distingue par là de l'enquête, oeuvre de police
judiciaire (V. Enquête de flagrance et Enquête prélim inaire). Elle a été confiée par le code d'instruction criminelle de 1808
(inspiré de l'Ord. de 1670) au juge d'instruction (V. Juge d'instruction).

5. Information menée par le juge d'instruction. - La présente rubrique s'en tient à l'information menée par le juge d'instruction,
le rôle de la chambre de l'instruction étant examiné par ailleurs (V. Cham bre de l'instruction). Certains des actes du juge
d'instruction font également l'objet de rubriques distinctes (V. Appel, Com m ission rogatoire, Détention prov isoire,
Expertise, Juge des libertés et de la détention, Nullités de procédure, Mandats, Perquisition - saisie - v isite dom iciliaire,
Restitution et Tém oin assisté).

Chapitre 1 - Préliminaires
Section 1 - Éléments d'histoire utiles à la compréhension de l'institution
Art. 1 - Tradition du juge d'instruction
6. Procédure inquisitoire. - La procédure inquisitoire peut être définie comme une procédure dans laquelle le juge peut se saisir
lui-même à la différence de la procédure accusatoire dans laquelle ce sont les parties qui mènent le procès pénal devant un
juge impartial. Elle est traditionnellement écrite, secrète, non contradictoire et est divisée en plusieurs phases. Dans la
première, l'instruction proprement dite, le juge joue un rôle actif dans la recherche des preuves. C'est en effet un principe
traditionnel de notre droit judiciaire que les fonctions d'instruction sont à la fois distinctes de celles de poursuite, exercées en
principe par le ministère public (V. Action publique et Ministère public), et de jugement. Toutefois, ce principe connaît un
certain nombre d'exceptions dont la plus flagrante est sans doute la possibilité donnée au juge des enfants d'instruire l'affaire
et de la juger en tout cas dès lors qu'il s'agit de l'audience du juge des enfants. En effet, le Conseil constitutionnel, dans ses
décisions des 8 juillet et 4 août 2011, ne permet plus que le juge des enfants, « qui a été chargé d'accomplir les diligences
utiles pour parvenir à la manifestation de la vérité et qui a renvoyé le mineur devant le tribunal pour enfants », préside cette
juridiction, qu'il s'agisse du tribunal correctionnel pour mineurs ou du tribunal pour enfants (V. Enfance délinquante) Mais on
peut noter aussi que le magistrat instructeur jugeait lui-même de la condamnation du témoin récalcitrant jusqu'à l'entrée en
vigueur de la loi du 15 juin 2000 (C. pr. pén., art. 109) et qu'il peut désormais condamner la partie civile à une amende dans
les conditions fixées par l'article 177-2 du code de procédure pénale. L'article 49, alinéa 2, du même code interdit au juge
d'instruction, à peine de nullité, de participer au jugement d'affaires dont il a connu en sa qualité de juge d'instruction (Crim.
27 juill. 1907, DP 1911. 1. 165), ce qui ne peut qu'être renforcé par l'exigence d'un procès équitable posée par l'article 6,
paragraphe 1 er, de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales (V. Droits
de l'homme [Convention européenne]). De la même façon, le juge des libertés et de la détention, institué par la loi du 15 juin
2000, ne peut participer au jugement des affaires dont il a connu (C. pr. pén., art. 137-1).

7 . Ancien droit. - Si la procédure inquisitoire n'est pas absente du procès romain (procédure extra ordinem du Bas-Empire
destinée aux esclaves ou aux citoyens de basse extraction), l'instruction préparatoire française trouve ses origines
historiques dans la seconde moitié du XIIIe siècle à un moment où le pouvoir royal s'affermit et où apparaissent, sous l'égide
de la justice de l'Inquisition, des techniques de recherche de preuve en rapport avec les faits reprochés à l'intéressé et non
plus basées sur sa pureté (ordalies). Suivant l'exemple du droit canonique, la procédure laïque va introduire puis développer
ce type de procédure dans les ordonnances de Blois en 1498, puis de Villers-Cotterets en 1539. L'ordonnance de 1670 va
préciser le rôle du lieutenant criminel, ancêtre du magistrat instructeur, qui possède des pouvoirs exorbitants dans une
instruction totalement secrète et non contradictoire.

8 . Révolution et période napoléonienne. - Après une période révolutionnaire marquée par l'apparition d'une procédure plus
accusatoire, à l'exemple du procès anglais, avec une instruction pénale menée par un juge de paix au premier degré et un
directeur du jury au second, on note le retour dès 1801 à un pouvoir fort, et l'amoindrissement corrélatif des pouvoirs du jury,
son directeur devenant l'organe essentiel avec la disparition du juge de paix. Le code d'instruction criminelle attribue le titre
de juge d'instruction à un magistrat enquêteur agissant sous le contrôle de la chambre du conseil et du ministère public.
L'instruction est toujours secrète, non contradictoire et écrite.

9 . Du code d'instruction criminelle au code de procédure pénale. - Depuis l'entrée en vigueur du code d'instruction criminelle et
jusqu'à l'entrée en vigueur du nouveau code de procédure pénale, les principales réformes ont été les suivantes :
… suppression de la chambre du conseil en 1856 avec acquisition par le juge d'instruction des fonctions juridictionnelles ;
… apparition de la défense après un débat conflictuel en 1897 ; … désormais, l'inculpé peut être assisté d'un avocat quand il
est entendu par le juge d'instruction ; … l'avocat peut également assister la partie civile à partir de 1921, etc. Le code de
procédure pénale entré en vigueur le 2 mars 1959 réaffirme les principes traditionnels avec toujours le maintien de la dualité
des fonctions d'enquête et de juridiction. L'instruction préparatoire doit au code de procédure pénale, avec une
réglementation plus précise des pouvoirs du juge d'instruction et des droits des parties, un caractère contradictoire plus
accentué. Elle lui doit aussi un accroissement sensible du rôle de la chambre d'accusation [de l'instruction], devant laquelle le
débat peut être contradictoire (sur l'esprit général de ces réformes, V. BESSON, La police judiciaire et le code de procédure
pénale, D. 1958. Chron. 129 ; De quelques aspects essentiels de la nouvelle procédure pénale, D. 1959. Chron. 161. - Adde :
Juge d'instruction).
Art. 2 - Modernité de la notion
10. Accroissement continuel du caractère contradictoire. - L'instruction préparatoire a connu une évolution historique tournée
vers un accroissement continuel du caractère contradictoire de ses méthodes, ce qui fait de l'instruction préparatoire française
un mode de mise en état des affaires pénales très particulier, l'institution du magistrat instructeur tendant plutôt à disparaître
en Europe. C'est ainsi que le juge d'instruction a disparu en Allemagne en 1974 et plus récemment en Italie, lors de la mise en
place, en 1989, d'une procédure de type mixte à tendance accusatoire. Par ailleurs, dans les pays de common law, le juge
d'instruction est totalement inconnu, la phase préparatoire du procès pénal étant le plus souvent à la disposition de la police
sous la surveillance plus ou moins présente d'un ersatz de ministère public (le crown prosecution service anglais, par ex.).

11. Débats sur la pérennité de la notion. - La France n'a pas été exempte des débats qui ont parcouru l'Europe pour savoir si le
juge d'instruction devait survivre à la modernité. Dès 1945, le professeur DONNEDIEU de VABRES proposait de confier au
procureur de la République la recherche des preuves en attribuant au « juge de l'instruction » les fonctions juridictionnelles,
mais son projet ne voyait jamais le jour. Quarante-cinq ans plus tard, la commission dite « Delmas-Marty » a aussi proposé la
suppression du magistrat instructeur à l'issue d'un travail de fond considérable destiné à remettre à plat les principes de
procédure. Le rapport Delmas-Marty n'a pas été suivi d'effet sur ce point. Il semble que l'une des difficultés majeures,
d'ailleurs clairement perçue par les membres de la commission, résidait dans la difficulté de supprimer le magistrat instructeur
en ce qu'il représentait la garantie d'une instruction des affaires, indépendante du pouvoir politique. Or, le statut du ministère
public, appelé à remplacer le juge d'instruction sous le contrôle d'un juge des libertés, offrait, de ce point de vue, moins de
garanties. La commission parlementaire qui s'est réunie après le « cataclysme judiciaire » de l'affaire d'Outreau n'a pas touché
au principe. Toutefois, en début d'année 2009, le président de la République a annoncé son intention de supprimer la fonction
et une commission a déposé en septembre de la même année un rapport, dit « rapport Léger ». À la suite, un avant-projet de
réforme du code de procédure pénale a été rendu public, mais on a peu à peu renoncé à l'évoquer plus avant et le juge
d'instruction a une fois de plus survécu à cette rude secousse. Il semble demeurer un symbole d'indépendance de
fonctionnement de la justice pénale, même si ce fonctionnement a fait l'objet de nombreuses critiques.

12. Juge d'instruction : « Janus » de la magistrature. - Le problème central est posé par le double aspect des pouvoirs que
possède le magistrat instructeur. Le juge d'instruction est un enquêteur puisqu'il dirige la police judiciaire, fait des
investigations de nature à aboutir à la découverte de la vérité, réalise lui-même des auditions de témoins, des
interrogatoires… De ce point de vue, il est normal qu'il s'implique personnellement dans l'enquête, qu'il en soit au coeur. Mais
le juge d'instruction est aussi un juge et la qualité première de celui-ci est d'être impartial et désintéressé. Or, la prise de
décisions juridictionnelles telles que le placement en détention provisoire, la délivrance de mandats ou encore le renvoi d'un
intéressé devant une juridiction de jugement nécessite une distanciation importante. Juger, c'est mettre à distance. La
distanciation peut-elle suivre d'aussi près l'implication ? Avec la meilleure volonté du monde, peut-on oublier son travail
d'enquête pour assumer sa mission de juger ? Et cette dernière, par les possibilités coercitives qu'elle comprend, ne peut-elle
servir l'enquête d'une façon contraire aux principes éthiques ? Telles sont les questions que pose ce double visage du juge
d'instruction, le Janus de la magistrature (GOULESQUE et MICHAUD, Le Janus de la magistrature. Chronique du parquet et de
l'instruction, RSC 1974. 666).

13. Garantie d'indépendance. - Mais, en l'état, sa garantie d'indépendance est une garantie importante du traitement égal de
tous devant la loi pénale. Aussi les réformes de ces dernières années n'ont-elles fait que tenter de réduire certains de ses
pouvoirs, jugés excessifs. C'est principalement à la détention provisoire que le législateur s'est attaqué. Deux lois ont tenté
de créer une collégialité du placement en détention. La première (L. n o 85-1303 du 30 déc. 1985 [D. 1986. 32]), applicable le
1 er mars 1988, créait des chambres d'instruction. Mais, à l'exception de son article 41, relatif au tableau de roulement des
juges d'instruction, elle a été abrogée par la loi n o 87-1062 du 30 décembre 1987 (D. 1988. 59), c'est-à-dire avant son entrée
en vigueur. Cette loi du 30 décembre 1985, qui créait des chambres de mise en détention, a aussi, avant sa mise en
application, prévue pour le 1 er septembre 1989 (L. n o 89-18 du 13 janv. 1989 [D. 1989. 86]), été abrogée par la loi n o 89-461
du 6 juillet 1989 (D. 1989. 224) modifiant le régime de la détention provisoire.

14. Lois du 4 janvier 1993 et du 24 août 1993. - La loi n o 93-2 du 4 janvier 1993 (D. 1993. 134) a mis en place, pour quelques
mois seulement, un autre régime, qui ne devait être d'ailleurs que transitoire : les décisions de placement en détention et de
prolongation de la détention étaient du ressort du président du tribunal de grande instance ou de son délégué. C'est
effectivement en pratique le plus souvent un juge délégué par le président qui, entre le 1 er mars 1993 et le 1 er septembre de
la même année, fut amené à prendre ces décisions. Il est difficile de dire si le système, mal accueilli par les magistrats en
général, eût été viable tant il fut tôt supprimé par la loi n o 93-1013 du 24 août 1993 (D. 1993. 467). Certaines incohérences
avaient néanmoins pu être mises à jour. Ainsi, le juge d'instruction qui avait perdu les pouvoirs de placement ou de
prolongation de la détention conservait celui de répondre aux demandes de mise en liberté et de maintenir en détention. De
même, on avait du mal à justifier l'intervention du juge d'instruction pour signer le mandat de dépôt après la décision du juge
délégué… Loin de précipiter la mise en place de la réforme qui, selon la loi du 4 janvier 1993, devait entrer en vigueur en 1994
(un régime de collégialité de placement en détention avec échevinage non professionnel), la loi du 24 août 1993 a restauré
l'ancien régime et fait recouvrer au magistrat instructeur les pouvoirs qu'il avait momentanément perdus.

15. 1993 : davantage de contradictoire. - Les lois de 1993 ont apporté à l'instruction un caractère plus contradictoire. La loi du
4 janvier 1993, commentée par une circulaire ministérielle du 27 janvier 1993 (D. 1993. 222), a supprimé la notion
d'inculpation et donné un fondement législatif à la présomption d'innocence. Dans tous les textes, le mot « inculpé » est
remplacé par « personne mise en examen », et le mot « conseil » par « avocat ». Elle a accru les droits des parties qui
peuvent désormais solliciter du juge un certain nombre d'actes, le magistrat instructeur devant répondre à ces demandes
dans un délai d'un mois (V. infra, n os 611 s. - Sur la notion nouvelle de « droit-action », V. SAINT-PIERRE, Le guide de la
défense pénale, 7 e éd., 2013-2014, Guides Dalloz, p. 20, n os 005 s.). D'autres droits nouveaux ont été créés, tel le droit de
demander la clôture de l'information (C. pr. pén., art. 175-1), mais la plus importante innovation réside dans le régime
nouveau des nullités qui renforce le rôle joué par la chambre d'accusation [de l'instruction] et son président puisque les
nullités de procédure doivent être présentées par les parties avant la clôture de l'information, l'ordonnance de renvoi devant
le tribunal de police ou correctionnel ayant pour effet de purger les vices de la procédure. La loi du 24 août 1993, commentée
par une circulaire ministérielle du 24 août 1993 (D. 1993. 474), a modifié et complété la précédente, en renforçant notamment
le nécessaire formalisme des demandes des parties (V. LE GUNEHEC, La loi du 24 août 1993. Un rééquilibrage de la procédure
pénale, JCP 1993. I. 3720. - DE LAROSIÈRE DE CHAMPFEU, L'instruction préparatoire à l'épreuve des lois des 4 janvier et
24 août 1993. Égalité et responsabilité, Gaz. Pal. 1996. 2. Doctr. 965). La loi du 4 janvier 1993 a également supprimé ce qu'il
était convenu d'appeler les privilèges de juridiction (V. Com pétence) prévus par les articles 679 à 688 du code de procédure
pénale concernant les poursuites contre les magistrats et certains fonctionnaires ou élus. Le régime actuel français peut donc
être considéré comme un régime mixte fondé sur une toile de fond inquisitoriale mais qui développe de plus en plus le principe
du contradictoire, encore accru par les innovations de la loi n o 2007-291 du 5 mars 2007 et par celle du 14 avril 2011.
Toutefois, l'interrogatoire est encore marqué par de profondes tendances inquisitoriales ; l'avocat ne peut avoir la parole que
pour poser les questions que le juge autorise et depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, pour présenter quelques
observations (C. pr. pén., art. 120). Enfin, le système français refuse encore à la partie mise en examen le droit à l'accès à la
procédure. Ce droit ne peut être exercé que par l'intermédiaire du conseil. Toutefois, l'avocat peut être autorisé sous
certaines conditions à remettre copie au client, avec l'autorisation du juge (C. pr. pén., art. 114 et 114-1).

16. Loi du 30 décembre 1996. - La loi n o 96-1235 du 30 décembre 1996 (D. 1997. 97) avait pour objet premier de créer les
conditions d'une baisse de la détention provisoire. Néanmoins, ses dispositions ne devaient pas modifier profondément les
conditions de placement en détention ni même les conditions de prolongation de celle-ci. Les principales modifications
concernent la définition de l'ordre public (C. pr. pén., art. 144, al. 3, et 179), l'obligation pour le juge d'instruction de motiver
son ordonnance de placement en détention provisoire sur le caractère insuffisant des obligations de contrôle judiciaire
(C. pr. pén., art. 145), la modification du régime de prolongation en matière correctionnelle (C. pr. pén., art. 145-1) et en
matière criminelle (C. pr. pén., art. 145-2), la modification du référé-liberté (C. pr. pén., art. 187-1. - V. Détention prov isoire),
l'augmentation des pouvoirs de contrôle de la chambre d'accusation (C. pr. pén., art. 220 et 221-2), la possibilité pour les
avocats de transmettre une reproduction des copies de pièces obtenues à leur client avec l'obligation pour l'avocat de donner
connaissance au juge de la liste des pièces et droit pour ce dernier de s'opposer à la remise.

17. Loi du 15 juin 2000. - Le législateur est à nouveau intervenu par une réforme assez profonde avec la loi n o 2000-516 du
15 juin 2000 (JO 16 juin, rect. 8 juill., Code de procédure pénale Dalloz) touchant à l'instruction préparatoire mais aussi aux
audiences de jugement, à l'exécution des peines, etc. Elle a même, presque incidemment, mis en place une réforme très
importante en créant un second degré de juridiction en matière criminelle, alors que le projet était discuté depuis de longues
années. La chambre d'accusation n'est plus le second degré de juridiction obligatoire en matière criminelle et c'est le juge
d'instruction qui renvoie directement devant la cour d'assises, la cour d'assises des mineurs ou le tribunal pour enfants pour
les mineurs de 16 ans. En conséquence, elle en perd son nom de chambre d'accusation (anciennement chambre des mises en
accusation) et devient la chambre de l'instruction. Comme le disait M. BADINTER lors des débats parlementaires (séance du
30 mars au Sénat), le nom idéal n'est pas encore trouvé : on sait en effet que cette juridiction possède des pouvoirs qui
dépassent largement le cadre de l'instruction : extradition, contentieux de l'exécution des peines, etc. La loi du 15 juin 2000,
dans la continuité de celles de 1985, 1987 et du 4 janvier 1993, précitées, ôte au juge d'instruction une partie de ses
pouvoirs relatifs à la détention. La réforme est plus complète que celle du 4 janvier 1993, puisque seul le juge des libertés et de
la détention, nouvellement créé, peut placer en détention, prolonger la détention et rejeter une demande de mise en liberté.
Le juge d'instruction constitue toutefois un filtre important puisque le ministère public continue à le saisir de ses réquisitions
de placement, de prolongation ou de refus de mise en liberté. Si le juge d'instruction n'entend pas placer ou prolonger la
détention, il ne saisit pas le juge des libertés et de la détention (V. toutefois l'art. 137-4, innovation de la loi du 9 mars 2004).
S'il entend mettre en liberté la personne, il possède toujours le pouvoir de le faire, sur demande ou d'office. Ce n'est que dans
le cas contraire que le juge des libertés et de la détention est saisi (V. Détention prov isoire et Juge des libertés et de la
détention).

18. Présomption d'innocence. - La loi du 15 juin 2000 renforce encore la présomption d'innocence dont elle a adopté le nom en
consacrant le principe dans un article préliminaire du code de procédure pénale, elle accroît les droits des parties, modifie les
règles de mise en examen en exigeant que celle-ci succède forcément à la première comparution et aux explications fournies
par la personne, elle étend le statut du témoin assisté et consacre le principe d'un juge des libertés et de la détention chargé
du placement en détention, de sa prolongation et du rejet des demandes de mise en liberté (V. Détention prov isoire et
Juge des libertés et de la détention)… L'esprit de la loi consiste à éviter, au moins retarder au maximum, la mise en examen
dont on s'est aperçu qu'elle présentait les mêmes connotations sociales négatives que l'ancienne inculpation. La loi n o 2000-
1354 du 30 décembre 2000 (JO 31 déc., Code de procédure pénale Dalloz) a fini de compléter le dispositif en réparant
certaines erreurs ou omissions de la loi du 15 juin 2000.

1 9 . Lois des 4 mars et 9 septembre 2002. - Les lois n o 2002-307 du 4 mars 2002 (D. 2002. 1021) et n o 2002-1138 du
9 septembre 2002 (JO 10 sept., D. 2002. 2584) ont encore modifié le code de procédure pénale dans sa partie relative à
l'instruction préparatoire. Le régime des nullités est modifié par l'introduction d'un mécanisme permettant d'obliger les parties
à agir dans les six mois après chaque interrogatoire pour soulever toute nullité portant sur cet interrogatoire ou les actes
antérieurs (V. infra, n os 665 s.). La loi du 9 septembre 2002 a modifié les conditions de placement et de prolongation de la
détention provisoire (V. Détention prov isoire). Dorénavant, la détention provisoire est possible en matière correctionnelle
quels que soient la nature de l'infraction et les antécédents dès lors que la peine encourue est égale ou supérieure à trois
ans. La liberté doit désormais être motivée. La procédure de référé-détention, introduite par l'article 148-1-1 du code de
procédure pénale, prévoit que lorsqu'une décision de remise en liberté est prise par le juge d'instruction ou par le juge des
libertés et de la détention, malgré des réquisitions contraires du procureur de la République, celui-ci dispose d'un délai de
quatre heures pour introduire un référé-détention qui suspend l'exécution de la décision. La loi du 9 septembre 2002 prend
également des dispositions nouvelles et plus sévères qui concernent les possibilités de placement en détention des mineurs
et le contrôle judiciaire sous la forme d'un placement en centre éducatif fermé.

20. Loi « Perben II » du 9 mars 2004. - La loi n o 2004-204 du 9 mars 2004 (D. 2004. 737. - DE LAMY, La loi n o 2004-204 du
9 mars 2004 portant adaptation de la justice aux évolutions de la criminalité, D. 2004. Chron. 1910 . - MOLINS, De la
nécessité de lutter plus activement contre les nouvelles formes de criminalité, AJ pénal 2004. 177 . -GIUDICELLI, La garde à
vue après la loi n o 2004-204 du 9 mars 2004, AJ pénal 2004. 261 . - MARIE, La montée en puissance de l'enquête, AJ pénal
2004. 283 . - DALLEST, L'ouverture d'une information judiciaire, une nécessité résiduelle, AJ pénal 2004. 346 ) apporte
encore de profonds changements. Elle transpose les dispositions internationales sur le mandat d'arrêt européen,
immédiatement applicables, et abroge la loi du 10 mars 1927 sur l'extradition. En ce qui concerne l'instruction préparatoire,
elle met surtout en place des règles de compétence et de procédure dérogatoires du droit commun en ce qui concerne ce qui
est appelé la « criminalité organisée ». Ainsi, une liste d'infractions, prévue à l'article 706-73 du code de procédure pénale,
permet la mise en place d'une garde à vue de quatre jours, de perquisition de nuit, d'infiltration, de sonorisation dont la loi du
9 mars 2004, très discutée sur ces points, donne le détail. Elle met en place des juridictions interrégionales spécialisées ayant
une compétence concurrente avec celles de droit commun. La loi du 9 mars 2004 supprime l'ordonnance de prise de corps en
matière criminelle et copie le régime de détention criminelle sur l'exemple correctionnel en organisant la survie du mandat de
dépôt et en introduisant la possibilité pour la cour d'assises d'en délivrer un lorsque la personne comparaît libre (V. infra, n o
844). Elle modifie assez profondément les règles sur les mandats, en introduisant en outre un nouveau mandat : le mandat
de recherches (V. Mandats).

21. Loi du 5 mars 2007 sur l'équilibre de la procédure pénale. - Après l'affaire d'Outreau, plusieurs commissions ont travaillé sur
une nouvelle réforme de la procédure. La commission présidée par le procureur général VIOUT a rendu un rapport dans lequel
apparaissait principalement l'idée de créer une audience obligatoire devant la chambre de l'instruction dès lors qu'il y aurait
une détention provisoire depuis six mois. La commission parlementaire fit d'autres propositions, et le garde des Sceaux
présenta finalement un projet, voté en urgence, qui devint la loi n o 2007-291 du 5 mars 2007 relative à l'équilibre de la
procédure pénale (JO 6 mars). Cette loi crée de nouveaux pôles de l'instruction, destinés à permettre une instruction à
plusieurs. Elle reprend l'idée d'une audience de contrôle, qui perd toutefois son caractère obligatoire et peut être demandée
au président de la chambre de l'instruction dès la fin du troisième mois de détention. La chambre de l'instruction acquiert, lors
de cette audience à tendance générale, des pouvoirs exorbitants du droit commun, et notamment celui de donner des
injonctions au juge d'instruction. La loi du 5 mars 2007 instaure un principe contradictoire lors de la rédaction d'une expertise
et modifie considérablement les règles de clôture de l'information, pour permettre aux parties de discuter la teneur du
réquisitoire définitif avant que le juge ne tranche sur le renvoi de la personne (sur le rapport Léger, V. supra, n o 11).

22. Modernité de l'information judiciaire en 2013. - Le législateur national est de plus en plus soumis à la pression qui nous
vient de la Cour européenne des droits de l'homme. Les arrêts Mathéron (CEDH 29 mars 2006, req. n o 57752/00, Mathéron c/
France, RSC 2006. 663, obs. Massias ; JCP 2005. 10091, note Di Raimondo), Medvedyev (CEDH, gr. ch., 29 mars 2010, req.
n o 3394/03 , Medvedyev c/ France, AJDA 2010. 648 ; D. 2010. 1386, note Renucci ; D. 2010. 952 , entretien
Spinosi ; D. 2010. Point de vue 970, note Rebut ; D. 2010. Point de vue 1390, note Hennion-Jacquet ; RSC 2010. 685, obs.
Marguénaud ), Salduz (CEDH, gr. ch., 27 nov. 2008, req. n o 36391/02, Salduz c/ Turquie, JCP 2009. I. 104, chron. Sudre),
Danayan (CEDH 13 oct. 2009, req. n o 7377/03 , Danayan c/ Turquie, D. 2009. 2897, note Renucci ; AJ pénal 2010. 27,
étude Saas ; RSC 2010. 231, obs. Roets ), Taxquet (CEDH 13 janv. 2009, req. n o 926/05, Taxquet c/ Belgique, D. 2009.
1058, note Renucci ; Just. et cass. 2011. 241, étude Mathon ; RFDA 2009. 677, étude Berthier et Caire ; RSC 2009. 657,
obs. Marguénaud , conf. en grande chambre le 16 nov. 2010, mais avec une motivation construite différemment), Brusco
(CEDH 14 oct. 2010, req. n o 1466/07 , Brusco c/ France, D. 2010. 2950, note Renucci ; D. 2010. 2425 , édito Rome ;
D. 2010. 2696 , entretien Mayaud ; D. 2010. 2783, chron. Pradel ; D. 2010. Point de vue 2850, par Guérin ; RSC 2011.
211, obs. Roets ) et Moulin (CEDH 23 nov. 2010, req. n o 37104/06 , Moulin c/ France) ont très récemment bouleversé le
regard porté sur des sujets aussi fondamentaux que le statut du parquet, la garde à vue, la motivation des arrêts des cours
d'assises. Le législateur a montré un retard certain à réagir et les imbroglios récents relatifs à la garde à vue (V.
Com m ission rogatoire) en sont l'illustration la plus flagrante. Par ailleurs, il faut parler de la révolution que constitue la
nouvelle question prioritaire de constitutionnalité (QPC). Cette nouveauté capitale a déjà invalidé en tout ou partie ou
apporté des modifications pratiques, par le biais des réserves d'interprétation, aux règles de garde à vue (loi antérieure à
celle du 14 avr. 2011 et loi du 14 avr. 2011), aux délais de présentation dans le cadre de l'article 803-3 du code de procédure
pénale, à celles relatives à l'exécution du mandat d'amener, à l'audition libre, aux avocats désignés en matière de terrorisme,
au droit d'appel des parties, à la notification du réquisitoire définitif aux parties, à celle des réquisitions et de l'avis du juge
d'instruction sur demande de mise en liberté, au fichier national automatisé des empreintes génétiques (FNAEG), à la
procédure relative au secret défense, à la rédaction du procès-verbal de présentation devant le procureur de la République ou
le juge des libertés et de la détention (JLD), à la réserve du contentieux de la détention provisoire, au remboursement des
frais exposés pour sa défense par la partie civile, pour ne citer que ceux relatifs à l'instruction préparatoire, auxquels il faut
ajouter les décisions relatives au code des douanes ou à la composition du tribunal pour enfants. C'est dire s'il est désormais
insuffisant de suivre la production pourtant pléthorique du Parlement pour savoir comment instruire…

Section 2 - Évolution des caractères généraux de l'instruction préparatoire


23. Cette évolution historique a, bien entendu, eu des conséquences sur les caractères généraux traditionnellement attachés
à l'instruction préparatoire, tendant le plus souvent à amoindrir leur côté absolu. On peut toujours dire, néanmoins, que
l'instruction possède quatre caractères principaux : elle est, sauf exception, facultative ; elle est secrète ; elle est écrite, mais
sans doute de moins en moins ; le juge en est son maître d'oeuvre.

Art. 1 - L'instruction préparatoire est en général facultative


24. L'instruction préparatoire est tantôt obligatoire, tantôt facultative. - Dans ce dernier cas, l'opportunité d'y recourir est laissée
à l'appréciation du ministère public, sous réserve toutefois du droit, pour la victime d'une infraction, de saisir le juge
d'instruction d'une plainte avec constitution de partie civile qui l'oblige à informer (V. infra, n os 103 s. - V. Action publique).
L'instruction préalable est obligatoire en matière de crime. Elle est, en principe, facultative en matière de délit et de
contravention (C. pr. pén., art. 79). En matière de délit, elle est notamment obligatoire pour toute poursuite dirigée contre un
mineur pénal (Ord. n o 45-174 du 2 févr. 1945 [D. 1945. 41], art. 5) ; elle l'est également en matière de spéculation illicite (V.
Valeurs m obilières et instrum ents financiers). Lorsqu'elle est obligatoire, le recours à l'instruction présente un caractère
substantiel qui a pour conséquence la nullité de tout acte de poursuite accompli postérieurement au moment où s'est révélée
la nécessité de ce recours.

Art. 2 - L'instruction préparatoire est écrite


25. Procédure écrite. - À la différence de l'instruction à l'audience, l'instruction préalable est une procédure écrite (C. pr. pén.,
art. 81) ; le juge d'instruction est assisté d'un greffier. La présence de celui-ci est obligatoire à tous les actes d'information ;
elle doit être constatée dans l'acte et celui-ci doit porter la signature du greffier (Crim. 11 avr. 1959, Bull. crim. n o 213). De
même, la procédure devant la chambre de l'instruction est encore gouvernée par les écrits. Les débats ne suscitaient
d'ailleurs, jusqu'à la loi du 5 mars 2007, que des observations sommaires (C. pr. pén., art. 199), alors que les parties avaient
pu, précédemment, déposer des mémoires (C. pr. pén., art. 198). Le caractère écrit de l'instruction n'a jamais été modifié,
même si l'introduction des moyens audiovisuels permet d'enregistrer les mineurs victimes d'infraction (C. pr. pén., art. 706-52)
ou si la visioconférence est désormais consacrée par le code de procédure pénale (C. pr. pén., art. 706-71). L'article 4 de
l'ordonnance du 2 février 1945 dispose aussi que « les interrogatoires des mineurs placés en garde à vue visés à l'article 64
du code de procédure pénale font l'objet d'un enregistrement audiovisuel ». Un procès-verbal de toutes ces opérations n'en
demeure pas moins indispensable. La loi du 5 mars 2007 prévoit aussi, depuis le 1 er juin 2008, l'enregistrement des
interrogatoires en matière criminelle, que ce soit en garde à vue (C. pr. pén., art. 64-1) ou devant le juge d'instruction (C. pr.
pén., art. 116-1).

26. Copie de tous les actes et de toutes les pièces. - Il doit être établi une copie de tous les actes d'information ainsi que de
toutes les pièces de la procédure (C. pr. pén., art. 81, al. 2) ; chaque copie est certifiée conforme par le greffier ou l'officier de
police judiciaire commis. Toutes les pièces du dossier sont cotées et inventoriées par le greffier au fur et à mesure de leur
rédaction ou de leur réception par le juge d'instruction. Il en est alors établi autant d'exemplaires qu'il est nécessaire à
l'administration de la justice. Le greffier certifie la conformité du dossier reproduit avec le dossier original. Si le
dessaisissement momentané a pour cause l'exercice d'une voie de recours, l'établissement des copies doit être effectué
immédiatement, pour qu'en aucun cas ne soit retardée la mise en état de l'affaire prévue à l'article 194. En cas d'omission de
cette formalité obligatoire, la chambre d'accusation [de l'instruction], saisie d'un appel relatif à la détention, peut ordonner un
supplément d'information pour régulariser la procédure (Paris, 28 janv. 1988, D. 1988. Somm. 359, obs. Pradel) qui n'est pas
nulle pour autant (Crim. 30 nov. 1981, Bull. crim. n o 315). L'absence de classement des pièces d'un dossier d'information par
ordre chronologique et l'absence de cotation constituent des violations de l'article 81, alinéa 2, du code de procédure pénale.
Cependant, ce non-respect, certes regrettable, ne constitue pas une formalité substantielle et une atteinte caractérisée aux
droits de la défense. Ceux-ci sont en effet, en matière d'accès au dossier, garantis par les dispositions de l'article 114,
alinéa 3, dudit code (Limoges, 27 févr. 1997, BICC 1 er juill. 1997, n o 866). Le double-papier tend de plus à disparaître dans les
juridictions pour être remplacé par un double numérique. C'est désormais un CD-Rom que l'on remet dans ces juridictions à
l'avocat qui vient consulter le dossier et qui dispose d'un poste informatique pour le faire. De même, les copies des dossiers
sont très généralement remises sur support informatique.

27. Défaut de cotation. - Selon une jurisprudence constante mais qui n'est en général pas publiée, le défaut de cotation du
dossier ou d'une pièce n'entraîne pas la nullité de la procédure. La chambre criminelle utilise la formule selon laquelle il en est
ainsi dès lors que ce défaut de cotation n'a pu porter atteinte aux droits de la défense. Nous n'avons pas trouvé d'exemple où
le défaut de cotation aurait entraîné nullité. En revanche, on a pu voir un juge d'instruction poursuivi disciplinairement pour ne
pas s'être assuré de la cotation du double de la procédure alors qu'une partie du dossier original avait été perdue.

2 8 . Disparition de pièces. - Les articles 648 à 651 du code de procédure pénale prévoient le cas de disparition des pièces
originales d'un dossier qu'il n'a pas été possible de rétablir. Tel n'est pas le cas d'une commission rogatoire dont l'original ne
figure pas au dossier mais dont l'existence a pu être rétablie par d'autres commissions rogatoires se référant à la précédente,
ce qui justifie le rejet de la demande d'annulation de la procédure (Crim. 10 mars 1993, n o 91-80.936 , Bull. crim. n o 106).

Art. 3 - L'instruction préparatoire est secrète


2 9 . Dire que la procédure est secrète a une double signification. - Le premier aspect constitue une exigence interne à la
procédure. Il participe de l'idée affirmée que l'instruction ne doit pas être contradictoire et permettre aux parties d'avoir accès
aux pièces de la procédure. La loi du 8 décembre 1897, dont les dispositions ont été à cet égard étendues à la partie civile
par la loi du 22 mars 1921 (DP 1921. 4. 6), a levé, au profit des parties assistées d'un conseil, le secret de l'information et ce
principe est en recul constant. L'autre aspect concerne la publicité de la procédure par rapport aux tiers. Discuté depuis de
nombreuses années, le principe demeure inscrit dans le code de procédure pénale dans son article 11. Nous étudierons dans
le présent article 3 le secret de l'instruction sous son aspect externe puisque l'accès des parties à la procédure sera détaillé
dans les règles posées pour l'interrogatoire (V. infra, n os 432 s.).

3 0 . Évolution. - Absolu dans l'ancien droit, le principe du secret de l'information, qui avait été aboli par la loi des 16 au
29 septembre 1791, a été considéré comme rétabli par le code d'instruction criminelle. La doctrine et de nombreux arrêts,
s'inspirant du système général du code et s'appuyant sur quelques rapprochements de textes, étaient d'accord (HÉLIE, Traité
de l'instruction criminelle, t. 4, 1866, Plon, n o 1826. - GARRAUD, Traité d'instruction criminelle, t. 3, 1907-1929, Sirey, n o 768. -
Crim. 20 sept. 1847, DP 1848. 1. 20. - Crim. 5 juill. 1855, DP 1855. 1. 432. - Crim. 6 janv. 1893, DP 1893. 1. 102). Aux termes
de l'article 11 du code de procédure pénale : « Sauf dans les cas où la loi en dispose autrement et sans préjudice des droits
de la défense, la procédure au cours de l'enquête et de l'instruction est secrète. Toute personne qui concourt à cette
procédure est tenue au secret professionnel dans les conditions et sous les peines des articles 226-13 et 226-14 du code
pénal ». La loi du 9 mars 2004 a introduit un article 11-1, ainsi rédigé : « Sur autorisation du procureur de la République ou du
juge d'instruction selon les cas, peuvent être communiqués à des autorités ou organismes habilités à cette fin par arrêté du
ministre de la Justice des éléments de procédure judiciaire en cours permettant de réaliser des recherches ou enquêtes
scientifiques ou techniques destinées notamment à prévenir la commission d'accidents ou de faciliter l'indemnisation des
victimes ou la prise en charge de la réparation de leur préjudice. Les agents de ces autorités ou organismes sont alors tenus
au secret professionnel en ce qui concerne ces infractions, dans les conditions et sous les peines des articles 226-13 et 226-
14 du code pénal ». L'article A1 du code de procédure pénale, modifié par le décret n o 2012-597 du 27 avril 2012 et par un
arrêté du 24 janvier 2013, donne la liste des autorités ou organismes que le procureur de la République ou le juge
d'instruction selon le cas peut, conformément aux dispositions de l'article 11-1, autoriser à se faire délivrer une copie des
pièces d'une procédure judiciaire en cours. La loi du 15 juin 2000 a ouvert au ministère public la possibilité de rendre publics
certains éléments tirés de la procédure (V. infra, n o 33).

31. Personnes concourant à la procédure. - La première difficulté concerne la liste des personnes qui concourent à la procédure.
S'il n'y a pas de difficulté à y inclure les magistrats, auditeurs de justice, greffiers, officiers de police judiciaire, experts,
interprètes, les avocats semblent quant à eux tenus au respect des règles de leur profession (en vertu des règles de droit
commun sur le secret professionnel et de l'art. 160 du décret n o 91-1197 du 27 nov. 1991 [D. 1991. 490]), ce qui porte en fait
les mêmes conséquences. En revanche, n'y sont pas astreints les personnes mises en examen, les témoins et victimes, la
partie civile (Crim. 9 oct. 1978, Bull. crim. n o 263 ; D. 1979. 185, note Chambon ; Gaz. Pal. 1979. 1. 245 ; RSC 1979. 560, obs.
Levasseur), la personne civilement responsable et les journalistes. La partie civile peut même produire des extraits du dossier
pénal devant une juridiction civile (Civ. 2 e, 21 janv. 1981, Bull. civ. II, n o 13). Le juge d'instruction peut violer le secret de
l'instruction lorsqu'il s'agit pour lui de se défendre en justice (Crim. 11 juin 2002, n o 01-85.237 . - Et Crim. 11 févr. 2003,
n o 01-86.685 , D. 2004. Somm. 317, obs. de Lamy ). À l'article 11, qui est général, s'ajoutent les dispositions de
l'article 98 qui sanctionnent le délit de divulgation de documents saisis (V. Perquisition - saisie - v isite dom iciliaire). S'y
ajoute aussi le délit institué par la loi du 9 mars 2004, modifié par celle n o 2005-1549 du 12 décembre 2005 et prévu par
l'article 434-7-2 du code pénal (V. infra, n o 40).

32. Avocat. - S'il ne concourt pas à la procédure au sens de l'article 11 du code de procédure pénale, il résulte de l'article 160
du décret du 27 novembre 1991 que l'avocat ne doit commettre aucune divulgation contrevenant au secret professionnel et
doit notamment respecter le secret de l'instruction en matière pénale (V. Secret professionnel). Caractérise le délit de
violation du secret professionnel la cour d'appel qui constate que l'avocat de la personne mise en examen a sciemment révélé
à une personne étrangère à la procédure le contenu d'un acte couvert par le secret de l'instruction (Crim. 18 sept. 2001,
n o 00-86.518 , Bull. crim. n o 179 ; JCP 2001. IV. 2170 ; D. 2001. IR 3171 ). Toutefois, l'avocat mis en examen pour son
activité personnelle, fût-elle en relation avec des faits reprochés à son client, ne saurait, pour arguer de nullité ses auditions
et interrogatoires devant le juge d'instruction, invoquer son obligation au secret professionnel et prétendre qu'il devait en
être délié par le bâtonnier de l'Ordre ou par son client (Crim. 26 juin 1995, JCP 1995. IV. 2380). Il résulte de l'article 160 du
décret du 27 novembre 1991 que l'avocat ne peut communiquer à quiconque, sauf à son client pour les besoins de sa
défense, des renseignements concernant des procédures pénales (Crim. 18 déc. 2001, n o 01-84.170 , Bull. crim. n o 273 ;
JCP 2002. IV. 1394). Il en est de même lorsque la cour d'appel constate que l'avocat a révélé à un tiers, fût-ce avec l'accord de
son client, le contenu de leur entretien avant la première comparution devant le juge d'instruction (Crim. 27 oct. 2004, n o 04-
81.513 , Bull. crim. n o 259). C'est désormais l'article 5 du décret n o 2005-790 du 12 juillet 2005 (JO 16 juill., D. 2005. 1991)
qui dispose que « l'avocat respecte le secret de l'enquête et de l'instruction en matière pénale, en s'abstenant de
communiquer, sauf à son client pour les besoins de la défense, des renseignements extraits du dossier, ou de publier des
documents, pièces ou lettres intéressant une enquête ou une information en cours. Il ne peut transmettre de copies de
pièces ou actes du dossier de la procédure à son client ou à des tiers que dans les conditions prévues à l'article 114 du code
de procédure pénale ». Un certain nombre de tempéraments sont apportés à ces principes.

33. Secret non opposable au ministère public. - Traditionnellement, le secret n'est pas opposable au ministère public qui, dans
l'exercice des missions que la loi lui attribue, notamment en matière disciplinaire, a qualité pour apprécier l'opportunité de
communiquer au juge une procédure judiciaire de nature à l'éclairer (Civ. 1 re, 10 juin 1992, n o 91-17.028 , D. 1994.
Somm. 140 ), qui peut puiser dans une procédure les éléments indispensables à l'accomplissement des missions que la loi
lui confie : jonction des pièces d'une autre procédure à condition qu'elle ait un caractère contradictoire et que les autres
parties puissent en débattre (Crim. 11 mars 1964, D. 1964. Somm. 87 ; Gaz. Pal. 1964. 1. 57. - Crim. 26 mai 1976, Bull. crim.
n o 186 ; D. 1976. IR 231. - Crim. 30 nov. 1976, Bull. crim. n o 345 ; D. 1977. IR 65), même s'il s'agit d'une information en cours
(Crim. 16 mars et 2 oct. 1981, Bull. crim. n os 91 et 256), poursuites à partir de faits établis au cours d'une autre procédure
suivie contre un tiers (Crim. 11 janv. 1967, Bull. crim. n o 22), communication de pièces d'une information en cours à une
juridiction civile ou commerciale (Com. 15 nov. 1961, JCP 1962. II. 12636, note Gavalda. - Civ. 2 e, 24 oct. 1968, Bull. civ. Il,
n o 251. - Civ. 2 e, 21 janv. 1981, Gaz. Pal. 1981. 1. 354). La loi du 15 juin 2000 a consacré ce principe en ajoutant un alinéa à
l'article 11 ainsi rédigé : « Toutefois, afin d'éviter la propagation d'informations parcellaires ou inexactes ou pour mettre fin à
un trouble à l'ordre public, le procureur de la République peut, d'office et à la demande de la juridiction d'instruction ou des
parties, rendre publics des éléments objectifs, tirés de la procédure, ne comportant aucune appréciation sur le bien-fondé des
charges retenues contre les personnes mises en cause ». La difficulté est sans doute à la fois de déterminer ce qui constitue
un « élément objectif » et de ne rien laisser paraître du « bien-fondé des charges » alors que la simple annonce d'une mise en
examen, d'une incarcération, sont autant d'éléments qui peuvent les laisser supposer.

34. Transmission de copies de pièces aux assurances. - La transmission de copies de pièces aux assurances en matière par
exemple d'accidents de circulation n'est réglée que par une circulaire (Circ. du 5 mai 1977 sur la « simplification et accélération
de la communication des procès-verbaux d'accidents de la circulation ». - Sur les modalités de délivrance des expéditions de
pièces d'une enquête terminée par une décision de classement sans suite ou d'une information clôturée par une ordonnance
de non-lieu, V. C. pr. pén., art. R. 155 et 156). Cette délivrance ne peut jamais porter sur une pièce déclarée nulle et retirée
du dossier en application de l'article 174 du code de procédure pénale. Les juridictions d'instruction et de jugement peuvent
communiquer au Conseil de la concurrence, sur sa demande, les procès-verbaux ou rapports d'enquête ayant un lien direct
avec des faits dont le Conseil est saisi, ce qui suspend le cours de la prescription. Le Conseil, consulté par les juridictions sur
les pratiques anticoncurrentielles, peut donner un avis (C. com., art. L. 463-5, anc. Ord. abrogée et codifiée n o 86-1243 du
1 er déc. 1986, art. 26 [D. 1987. 3]). En imposant aux gardes-chasses nationaux de transmettre aux présidents des
fédérations départementales de chasseurs une copie des procès-verbaux d'infractions dressés par leurs soins, le directeur de
l'Office national de la chasse méconnaît les dispositions de l'article 11 du code de procédure pénale aux termes duquel « sauf
dans les cas où la loi en dispose autrement […] la procédure au cours de l'enquête et de l'instruction est secrète » (CE 8 mars
1999, req. n o 187652 , Assoc. pour la protection des animaux sauvages, D. 1999. IR 108 ).

35. Exception au profit de la commission d'indemnisation des victimes. - L'article 706-6 du code de procédure pénale dispose
que « la commission [d'indemnisation des victimes] ou son président peut procéder ou faire procéder à toutes auditions et
investigations utiles, sans que puisse leur être opposé le secret professionnel. Ils peuvent se faire communiquer copie des
procès-verbaux constatant l'infraction ou de toutes les pièces de la procédure pénale, même en cours ». Toutefois, « les
renseignements ainsi recueillis ne peuvent être utilisés à d'autres fins que l'instruction de la demande d'indemnité et leur
divulgation est interdite ».

36. Enquêtes ou informations en cours. - L'article 11 ne concerne que les enquêtes ou les informations en cours. L'interdiction
commence avec l'ouverture de l'enquête ou de l'information et cesse en même temps qu'elle, notamment devant les
juridictions de jugement dont les débats sont publics (V. Instruction à l'audience). Les dispositions des articles 11 et 197 du
code de procédure pénale sont sans application après la clôture de l'instruction. Aussi, la partie civile est-elle en droit de
communiquer à un tiers, pour les besoins de sa défense dans une procédure civile, les copies des pièces de la procédure
pénale (Civ. 2 e, 7 janv. 2010, n o 08-14.378 , Bull. civ. II, n o 3 ; Dr. pénal 2010. Comm. 29).

37. Liberté de l'information et secret de l'instruction. - La liberté de l'information est un principe contradictoire avec le secret de
l'instruction et l'articulation des deux semble susciter des difficultés insolubles. La limite à la liberté d'expression est justifiée
par les impératifs de protection des droits d'autrui, au nombre desquels figure la présomption d'innocence, par la préservation
d'informations confidentielles, ainsi que par la garantie de l'autorité et de l'impartialité du pouvoir judiciaire (Crim. 19 juin
2001, D. 2001. 2538, note Beignier et de Lamy ). Après avoir posé pour directive générale que l'article 11 doit être appliqué
avec discernement, l'article C. 24 considère, en s'appuyant sur les articles 38, 3 bis et 39-1 de la loi modifiée du 29 juillet
1881, que la règle du secret doit être assouplie lorsque l'intérêt même de l'instruction le commande (diffusion de
renseignements permettant d'identifier un fugitif, de retrouver un objet volé, portraits-robots, appel à d'éventuels témoins
invités à se révéler, etc. - V. Presse [Procédure]). Il admet généralement que le procureur de la République fournisse à la
presse un communiqué écrit. Mais il rappelle qu'il existe des procédés de divulgation à proscrire en tout état de cause,
notamment la pratique de la conférence de presse au cours de l'information. Une autre circulaire du 22 avril 1985 invite les
parquets à recourir plus souvent aux communiqués « afin de mettre un terme à la propagation des rumeurs ou de
contrevérités ». Nous avons dit que la loi du 15 juin 2000 avait fait entrer dans le code de procédure pénale ce qui ne
transparaissait alors que dans des circulaires (V. supra, n o 33). L'article 11 devait être complété par les dispositions de
l'article 2 de la loi du 2 juillet 1931 (DP 1931. 4. 289) qui interdisait de publier, avant décision judiciaire, toute information
relative à des constitutions de partie civile faites en application de l'article 85 du code de procédure pénale (constitution
initiale mettant en mouvement l'action publique). Cette disposition était applicable même si les faits avaient déjà reçu une
certaine publicité par d'autres voies (Crim. 15 nov. 1960, Bull. crim. n o 519). Mais un arrêt du 16 janvier 2001 (D. 2001.
Somm. 1067 ) a estimé que la loi de 1931 était contraire à l'article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des
droits de l'homme et des libertés fondamentales. La loi du 9 mars 2004 en a tiré les conséquences en abrogeant purement et
simplement la loi du 2 juillet 1931. Par ailleurs, dans un arrêt Mor contre France (CEDH 15 déc. 2011, req. n o 28198/09 ,
D. 2012. 100, obs. Lavric ; JCP 2012, p. 26, obs. Pastre-Belda), la Cour européenne des droits de l'homme juge contraire à
l'article 10 la condamnation pour violation du secret professionnel d'une avocate qui s'était exprimée dans la presse à propos
d'un rapport d'expertise couvert par le secret de l'instruction. La Cour estime que les informations révélées par l'avocate
portaient sur une question d'intérêt général liée à la santé publique et que ces informations avaient déjà été largement
diffusées par des organes de presse (V. aussi FRANÇOIS, La liberté d'expression de l'avocat confrontée à son obligation de
respect du secret professionnel, D. 2012. 667 ).

38. Audience publique devant la chambre de l'instruction et le juge des libertés et de la détention. - La personne mise en examen
ou son conseil peuvent demander, dès l'ouverture des débats devant la chambre de l'instruction, que ceux-ci se déroulent en
audience publique (V. Cham bre de l'instruction). Cette disposition, qui n'était valable que pour les débats relatifs à la
détention provisoire, a été étendue à toutes les affaires par la loi du 15 juin 2000 (C. pr. pén., art. 199). La publicité est
devenue le principe par l'effet de la loi du 5 mars 2007, dont les dispositions sur ce point sont entrées en vigueur
immédiatement. La publicité est également la règle lorsque la chambre de l'instruction se réunit pour une audience de contrôle
(C. pr. pén., art. 221-3). De même, les débats contradictoires devant le juge des libertés et de la détention, qui pouvaient être
publics si la personne majeure en faisait la demande, sont désormais, depuis le 1 er juillet 2007, publics sauf si le JLD s'oppose
à la demande des parties ou du ministère public (V. Détention prov isoire).

39. Sanction de la violation du secret. - La violation du secret de l'instruction n'est pas sanctionnée par une nullité (Crim. 24 avr.
1984, D. 1986. 125, note Cosson). Elle ne peut entraîner l'annulation de la procédure, dès lors qu'elle est extérieure à celle-
ci ; elle ouvre seulement droit, pour celui qui s'en prétend victime, au recours prévu par l'article 9-1 du code civil (Crim. 30 avr.
1996, n o 96-80.829 , Bull. crim. n o 183 ; Gaz. Pal. 1996. 2. Chron. dr. crim. 137). Toutefois, une violation du secret de
l'instruction, si elle est non pas postérieure, mais concomitante à l'accomplissement d'un acte de procédure, est de nature à
en altérer la validité, lorsqu'il en est résulté une atteinte aux droits des parties. Justifie sa décision la chambre d'accusation
[de l'instruction] qui, après avoir constaté qu'un journaliste accompagnait les policiers lors de la perquisition et des saisies
qu'ils avaient filmées, relève que la violation du secret de l'instruction ainsi commise était invoquée, par la personne mise en
examen, à seule fin d'étayer ses propres déclarations et qu'elle ne pouvait dès lors conduire à l'annulation de la procédure
(Crim. 25 janv. 1996, n o 95-85.560 , Bull. crim. n o 51 ; D. 1996. Somm. 258, obs. Pradel ). Si la présence d'un stagiaire
non assermenté (en l'espèce stagiaire ENA) lors de l'interrogatoire de première comparution constitue une violation du secret
de l'instruction, cette violation n'entraîne pas la nullité de l'acte, le mis en examen ou son conseil n'ayant formulé aucune
opposition à cette présence et s'en étant rapportés, devant la chambre d'accusation [de l'instruction], sur la demande
d'annulation présentée par le procureur de la République pour ce motif. L'irrégularité, résultant de la présence d'un tiers, n'a
pas porté atteinte aux intérêts du demandeur (Crim. 27 avr. 2000, JCP 2000. IV. 1941). La violation du secret de l'instruction,
réalisée par publication de photographies prises par des enquêteurs, constitue un recel résultant du délit commis par un
auteur non identifié (Crim. 13 mai 1991, n o 90-83.520 , Bull. crim. n o 200 ; RSC 1992. 312, obs. Delmas-Saint-Hilaire .-
V. BESSON, Le secret de la procédure pénale et ses incidences, D. 1959. Chron. 191. - GRANIER, L'article 11 du code de
procédure pénale [Quelques réflexions sur le secret de l'information], JCP 1958. I. 1453. - LARGUIER, Le secret de l'instruction
et l'article 11 du code de procédure pénale, RSC 1959. 313. - VITU, Le principe de publicité dans la procédure pénale, Ann. Fac.
Toulouse 1968. 293. - ROMNICIANU, Le secret de l'instruction, thèse, Paris 2, 1973. - NAUT, Le juge d'instruction et son secret,
D. 1977. Chron. 161. - DUPUY, Un irritant problème, le secret de l'instruction, Gaz. Pal. 1978. 2. Doctr. 379. - CHEVALIER,
Quand le silence est d'or, ou les mésaventures d'un juge trop bavard [À propos de l'arrêt de la cour d'appel de Rennes du
7 mai 1979], JCP 1980. I. 2984 ; Justice pénale, police et presse, Journées d'études du 16 mai 1987, ss. la présidence de
ERRERQ, Travaux de l'Institut de sciences criminelles de Poitiers, vol. 7, 1988. - AUVRET, Le journaliste, le juge et l'innocent,
RSC 1996. 625 . - DERIEUX, Secret de l'instruction et droit à l'information, LPA 1997, n o 70, p. 6. - LE CALVEZ, L'inculpation
et la présomption d'innocence, Gaz. Pal. 31 oct. 1987, p. 2 s. - FARTHOUAT, La présomption d'innocence, Justices, n o 10, 1998,
p. 55 s. - MINET, En finir avec la présomption d'innocence, Libres propos, Gaz. Pal. 2-3 déc. 1994, p. 2 s. - CONTE, Pour en finir
avec une présentation caricaturale de la présomption d'innocence, Gaz. Pal. 2-3 juin 1995, p. 2 s. - MOREAU et NIORE,
Plaidoyer pour la libre communication par l'avocat des éléments d'un dossier pénal d'instruction en cours devant une
juridiction étatique ou arbitrale, Gaz. Pal. 3-5 août 2003, p. 2 s.).

40. Révélations d'informations connues du fait des fonctions. Délit prévu par l'article 434-7-2 du code pénal. - La loi du 9 mars
2004 a prévu un nouveau délit, inséré dans le code pénal sous le numéro 434-7-2, qui disposait : « Sans préjudice des droits
de la défense, le fait, pour toute personne qui, du fait de ses fonctions, a connaissance en application des dispositions du
code de procédure pénale, d'informations issues d'une enquête ou d'une instruction en cours concernant un crime ou un délit,
de révéler, directement ou indirectement ces informations à des personnes susceptibles d'être impliquées, comme auteurs,
coauteurs, complices ou receleurs, dans la commission de ces infractions, lorsque cette révélation est de nature à entraver le
déroulement des investigations ou la manifestation de la vérité, est puni de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 €
d'amende ». Dès l'élaboration du projet, les avocats avaient attiré l'attention du législateur sur les risques que ferait encourir
aux barreaux une application qui ne prendrait pas en compte le caractère intentionnel ou non de la révélation. Après la mise
en examen et en détention d'un avocat à Toulouse, le législateur est intervenu à nouveau et a modifié le texte par la loi
n o 2005-1549 du 12 décembre 2005 (art. 36, I [JO 13 déc.]). La nouvelle mouture incrimine ceux qui révèlent « sciemment ces
informations ».

41. Violation du secret des sources. - L'article 2 de la loi de 1881, modifié par la loi du 4 janvier 2010, prévoit désormais que le
secret des sources des journalistes est protégé dans l'exercice de leur mission d'information du public. Il ne peut être porté
atteinte directement ou indirectement au secret des sources que si un impératif prépondérant d'intérêt public le justifie et si
les mesures envisagées sont strictement nécessaires et proportionnées au but légitime poursuivi. Cette atteinte ne peut en
aucun cas consister en une obligation pour le journaliste de révéler ses sources. Est considéré comme une atteinte indirecte
au secret des sources le fait de chercher à découvrir les sources d'un journaliste au moyen d'investigations portant sur toute
personne qui, en raison de ses relations habituelles avec un journaliste, peut détenir des renseignements permettant
d'identifier ces sources. Au cours d'une procédure pénale, il est tenu compte, pour apprécier la nécessité de l'atteinte, de la
gravité du crime ou du délit, de l'importance de l'information recherchée pour la répression ou la prévention de cette infraction
et du fait que les mesures d'investigation envisagées sont indispensables à la manifestation de la vérité. Dès lors que
l'atteinte portée au secret des sources des journalistes n'était pas justifiée par l'existence d'un impératif prépondérant
d'intérêt public et que la mesure n'était pas strictement nécessaire et proportionnée au but légitime poursuivi, les réquisitions
visant à des investigations sur les lignes téléphoniques des journalistes en cause et celles des pièces dont elles étaient le
support nécessaire sont annulées (Crim. 6 déc. 2011, n o 11-83.970 , Bull. crim. n o 248 ; JCP 2012, p. 102 ; D. 2012. 17, obs.
Lavric ; D. 2012. 765, obs. Dreyer ; RSC 2012. 191, note Danet ). La loi du 4 janvier 2010 s'étant finalement révélée
assez peu efficace dans la protection des atteintes injustifiées au secret des sources des journalistes, un nouveau projet,
transmis au Conseil d'État pour avis en mai 2013, prévoit qu'il ne pourrait être porté atteinte à ce secret que sur autorisation
du JLD (Dalloz actualité 21 mai 2013, obs. Fleuriot).

Art. 4 - instruction préparatoire et collegialité


42. Pôles de l'instruction. - La loi du 5 mars 2007 avait prévu qu'au plus tard le 1 er mars 2008 seraient mis en place des pôles
de l'instruction dans certaines juridictions. L'article 52-1 du code de procédure pénale dispose que « dans certains tribunaux
de grande instance, les juges d'instruction sont regroupés au sein d'un pôle de l'instruction. Les juges d'instruction
composant un pôle de l'instruction sont seuls compétents pour connaître des informations en matière de crime. Ils demeurent
compétents en cas de requalification des faits en cours d'information ou lors du règlement de celle-ci. Ils sont également seuls
compétents pour connaître des informations donnant lieu à une cosaisine conformément aux articles 83-1 et 83-2. La liste des
tribunaux dans lesquels existe un pôle de l'instruction et la compétence territoriale des juges d'instruction qui le composent
sont déterminées par décret. Cette compétence peut recouvrir le ressort de plusieurs tribunaux de grande instance. Un ou
plusieurs juges d'instruction peuvent être chargés, en tenant compte s'il y a lieu des spécialisations prévues par les
articles 704, 706-2, 706-17, 706-75-1 et 706-19, d'organiser l'activité des juges d'instruction au sein du pôle, dans des
conditions fixées par décret ».

43. Seules les juridictions comportant un pôle de l'instruction peuvent instruire les affaires criminelles ainsi que les affaires
pour lesquelles plusieurs juges d'instruction sont désignés.

44. Fonctionnement de la juridiction avec pôle : ouverture de l'information. - Il n'existe pas d'obligation d'ouvrir une information
devant plusieurs juges d'instruction en matière criminelle. En revanche, cette information ne peut plus être ouverte devant
une juridiction sans pôle. Par ailleurs, l'ouverture de l'information dans les juridictions avec pôle s'accompagne de la
possibilité, pour les parties et le procureur de la République, de solliciter une cosaisine dans toutes les affaires. En effet,
l'article 83-1 du code de procédure pénale dispose que « lorsque la gravité ou la complexité de l'affaire le justifie, l'information
peut faire l'objet d'une cosaisine selon les modalités prévues par le présent article. Le président du tribunal de grande
instance dans lequel il existe un pôle de l'instruction ou, en cas d'empêchement, le magistrat qui le remplace, désigne, dès
l'ouverture de l'information, d'office ou si le procureur de la République le requiert dans son réquisitoire introductif, un ou
plusieurs juges d'instruction pour être adjoints au juge d'instruction chargé de l'information ». Bien que la décision rendue par
le président de la juridiction ne soit pas susceptible de voie de recours, la partie ou le procureur peut saisir le président de la
chambre de l'instruction (V. infra, n o 52). La cosaisine sollicitée par les parties le sera le plus souvent pendant le cours de
l'information (V. infra, n os 50 s.).

45. Fonctionnement de la juridiction sans pôle : ouverture de l'information. - L'article 80 du code de procédure pénale prévoit la
procédure adéquate lorsque le procureur de la République requiert une cosaisine et en matière criminelle : « En matière
criminelle, ainsi que lorsqu'il requiert une cosaisine, le procureur de la République près le tribunal de grande instance au sein
duquel il n'y a pas de pôle de l'instruction est compétent pour requérir l'ouverture d'une information devant les magistrats du
pôle territorialement compétents pour les infractions relevant de sa compétence en application de l'article 43, y compris en
faisant déférer devant eux les personnes concernées. Toutefois, le réquisitoire introductif peut également être pris par le
procureur de la République près le tribunal de grande instance au sein duquel se trouve le pôle, qui est à cette fin
territorialement compétent sur l'ensemble du ressort de compétence de ce pôle, y compris pour diriger et contrôler les
enquêtes de police judiciaire ».

46. Si le magistrat instructeur, saisi d'une qualification correctionnelle, estime que les faits sont en réalité de nature criminelle,
que doit-il faire ? Il peut prendre l'interrogatoire de première comparution à condition qu'il notifie à l'intéressé la qualification
choisie par le parquet en début d'entretien et changer d'avis seulement à l'issue de l'interrogatoire. Mais il peut aussi choisir
de se dessaisir avant d'avoir accompli tout acte, y compris s'il est saisi sous une qualification correctionnelle par le ministère
public. C'est ce qu'une chambre de l'instruction a confirmé : le juge d'instruction d'une juridiction dépourvue de pôle, saisi
d'une qualification délictuelle, mais qui estime que les faits ne relèvent pas de sa compétence, doit, avant tout interrogatoire,
rendre une ordonnance d'incompétence ab initio (Angers, ch. instr., 13 oct. 2010, AJ pénal 2011. 70, obs. Belfanti ).

4 7 . Il s'agit donc d'une véritable compétence concurrente qui nécessitera des accords précis entre procureurs de la
République, sous l'autorité du parquet général. Il est en effet capital de savoir qui traitera dans les premiers instants une
affaire de nature criminelle. S'agissant des affaires de cosaisine, la détermination d'une procédure a priori apparaît plus
délicate.

4 8 . Le procureur de la République du lieu du pôle qui a conduit une affaire ne dépendant pas naturellement de sa
compétence territoriale peut changer d'avis au moment du défèrement. L'article 80 dispose, en effet, que « si le procureur de
la République près le tribunal de grande instance dans lequel il y a un pôle de l'instruction constate qu'une personne est
déférée devant lui en vue de l'ouverture d'une information en application du deuxième alinéa du II et qu'il estime qu'aucune
information relevant de la compétence du pôle ne doit être ouverte, il peut, avant de transmettre le dossier de la procédure
au procureur de la République territorialement compétent, requérir le placement sous contrôle judiciaire ou en détention
provisoire de la personne selon les modalités prévues par le troisième alinéa de l'article 394 et l'article 396. Si la personne est
placée en détention provisoire, elle doit comparaître devant le procureur de la République près le tribunal de grande instance
au sein duquel il n'y a pas de pôle de l'instruction au plus tard le troisième jour ouvrable suivant. À défaut, elle est mise
d'office en liberté ».

49. Fonctionnement de la juridiction sans pôle pendant le cours de l'information. - Le procureur de la juridiction sans pôle n'est
pas compétent pour suivre une information ouverte près la juridiction du pôle. C'est le procureur de la République près le
tribunal de grande instance de la juridiction du pôle qui « est seul compétent pour suivre le déroulement des informations
visées aux alinéas précédents jusqu'à leur règlement ». C'est lui qui assurera par exemple le suivi des mesures coercitives
(détention provisoire, contrôle judiciaire, avis de mandat d'arrêt) ou pourra ou non décider de l'opportunité d'étendre la
saisine du juge. En revanche, la juridiction de jugement sera celle qui était « naturellement » compétente. Les articles D. 31-1
et D. 31-2, relatifs au dessaisissement du juge de la juridiction sans pôle, ont été ajoutés par un décret n o 2008-54 du
16 janvier 2008.

5 0 . Cosaisine dans le cours de l'instruction. - L'article 80 du code de procédure pénale dispose qu'à tout moment de la
procédure, le président du tribunal de grande instance peut désigner un ou plusieurs juges d'instruction cosaisis, soit à la
demande du juge chargé de l'information, soit, si ce juge donne son accord, d'office ou sur réquisition du ministère public ou
sur requête des parties déposée conformément aux dispositions de l'avant-dernier alinéa de l'article 81. Les parties ne
peuvent pas renouveler leur demande avant six mois. Dans un délai d'un mois à compter de la réception de la demande, le
président désigne un ou plusieurs juges d'instruction pour être adjoints au juge chargé de l'information.

51. Selon l'article 83-1, « pour l'application du présent alinéa, lorsque l'information a été ouverte dans un tribunal où il n'y a
pas de pôle de l'instruction, le président du tribunal de grande instance où se trouve le pôle territorialement compétent
désigne le juge d'instruction chargé de l'information ainsi que le ou les juges d'instruction cosaisis, après que le juge
d'instruction initialement saisi s'est dessaisi au profit du pôle ; ce dessaisissement prend effet à la date de désignation des
juges du pôle » (C. pr. pén., art. 83-1, al. 2. - V. C. GUÉRY, J'instruisais, tu instruisais… Nous instruisons, AJ pénal 2006. 340
).

52. Rôle de la chambre de l'instruction en matière de cosaisine. - Si le président du tribunal de grande instance saisi par une
partie n'a pas donné suite à la demande qui lui a été présentée et qui tendait à une cosaisine, ou si le juge d'instruction n'a
pas donné son accord, le demandeur peut encore saisir la chambre de l'instruction : « lorsqu'elle n'est pas ordonnée selon les
modalités prévues par l'alinéa qui précède, en l'absence d'accord du juge chargé de l'information ou, à défaut, de désignation
par le président du tribunal de grande instance dans le délai d'un mois, la cosaisine peut être ordonnée par le président de la
chambre de l'instruction agissant d'office, à la demande du président du tribunal, sur réquisition du ministère public ou sur
requête des parties. Le président statue dans un délai d'un mois à compter de la réception de la demande, qui est déposée
conformément aux dispositions de l'avant-dernier alinéa de l'article 81 si elle émane d'une partie ». La chambre peut alors
décider, s'il n'y a pas lieu à cosaisine, de renvoyer le dossier au magistrat instructeur saisi. Elle peut aussi procéder au-
dessaisissement du juge d'instruction et à la désignation, aux fins de poursuite de la procédure, de plusieurs juges
d'instruction. Les décisions du président du tribunal de grande instance, du président de la chambre de l'instruction et de
cette dernière sont des mesures d'administration judiciaire non susceptibles de recours. Lorsque la demande de cosaisine
concerne une juridiction dotée d'un pôle de l'instruction, c'est le président de la chambre de l'instruction qui est compétent.
C'est la chambre elle-même lorsque la demande concerne une juridiction sans pôle. Dans cette dernière hypothèse, toute
décision accueillant une telle demande entraînera le dessaisissement du ou des juges saisis.

53. Répartition des tâches entre les magistrats instructeurs jusqu'au 1 er mars 2008. - L'article 83 précisait que le juge chargé de
l'information avait une compétence exclusive en matière de détention et de règlement de la procédure. La chambre criminelle
a précisé qu'encourt la cassation l'arrêt de la chambre d'accusation qui omet de constater d'office la nullité de l'ordonnance de
placement en détention provisoire rendue par deux juges d'instruction désignés dans une même information (Crim. 7 juin
2000, n o 00-81.618 , Bull. crim. n o 218 ; D. 2001. Somm. 516, obs. Pradel ). Lorsqu'une personne est déférée et que son
placement en détention provisoire est envisagé, le juge adjoint ne peut donc signer l'ordonnance de saisine du juge des
libertés et de la détention. Toutefois, selon le dernier alinéa de l'article 84 du code de procédure pénale, le juge qui a été
adjoint au juge chargé de l'information peut, en cas d'absence ou d'empêchement de ce dernier, le remplacer ou le substituer
dans l'accomplissement des actes pour lesquels celui-ci a seul compétence ; c'est donc à bon droit qu'une chambre
d'accusation a déclaré valables les ordonnances de placement en détention provisoire prises par le juge d'instruction adjoint,
après avoir relevé que le juge chargé de l'information était retenu par la présentation d'autres personnes (Crim. 24 mars
1998, n o 98-80.008 , Bull. crim. n o 109. - Crim. 29 nov. 2000, n o 00-86.087 , Bull. crim. n o 357. - Crim. 27 févr. 2007,
n o 06-89.080 , Gaz. Pal. 25-26 avr. 2007, p. 13). N'a pas à être annulée l'ordonnance de placement sous contrôle judiciaire
signée par les deux juges d'instruction chargés de l'affaire (Crim. 18 oct. 2000, n o 00-85.092 , Bull. crim. n o 304. - V. aussi
C. GUÉRY, article préc., AJ pénal 2006. 340 ). Cette jurisprudence n'est pas totalement obsolète, mais le texte a été modifié
légèrement par la loi du 5 mars 2007.

54. Répartition des tâches entre magistrats instructeurs depuis le 1 er mars 2008. - Un nouvel article 83-2, dispose qu'« en cas
de cosaisine, le juge d'instruction chargé de l'information coordonne le déroulement de celle-ci. Il a seul qualité pour saisir le
juge des libertés et de la détention, pour ordonner une mise en liberté d'office et pour rendre l'avis de fin d'information prévu
par l'article 175 et l'ordonnance de règlement. Toutefois, cet avis et cette ordonnance peuvent être cosignés par le ou les
juges d'instruction cosaisis ». On note donc que le seul ajout concerne la qualité exclusive du juge chargé de l'information
pour rendre les avis à partie, qui n'existait pas dans le texte précédent. Autre nouveauté, la possibilité pour le juge adjoint de
signer cet avis et l'ordonnance de règlement. A contrario, on peut soutenir que la jurisprudence de la chambre criminelle sur
l'impossibilité de cosignature d'une ordonnance relative à la détention est confortée (sur une appréciation critique de cette
jurisprudence, V. C. GUÉRY, article préc., AJ pénal 2006. 340 ). Aucune disposition légale n'impose, en cas de cosaisine de
juges d'instruction, que l'interrogatoire de première comparution soit effectué par le juge chargé de l'information (Crim.
19 août 2009, n o 09-83.942 , Bull. crim. n o 144 ; Dr. pénal 2009, n o 131, note Maron et Haas ; AJ pénal 2009. 454, obs.
Lasserre-Capdeville ).

55. Mais le législateur a voulu aller plus loin en accordant des effets à la non-cosignature de l'ordonnance de règlement. En
effet, lorsque l'information a fait l'objet d'une cosaisine, les parties peuvent également, en l'absence de cosignature par les
juges d'instruction cosaisis conformément à l'article 83-2, interjeter appel de ces ordonnances. Si les juges d'instruction saisis
ne cosignent pas l'ordonnance de renvoi, celle-ci devient donc susceptible d'appel.

56. Répartition des tâches entre magistrats instructeurs à compter du 1 er janvier 2014. - Le premier chapitre de la loi du 5 mars
2007 prévoyait des nouveautés, considérables, qui devaient entrer en application dès le 1 er janvier 2010. Mais cette entrée
en vigueur a successivement été reportée au 1 er janvier 2012 puis au 1 er janvier 2014. Le nouvel article 83 du code de
procédure pénale est alors ainsi rédigé : « Le président du tribunal ou, en cas d'empêchement, le magistrat qui le remplace,
désigne, pour chaque information, une formation collégiale de trois juges d'instruction, dont un magistrat du premier grade
exerçant les fonctions de juge coordonnateur. Il peut établir, à cette fin, un tableau de roulement. Ce collège de l'instruction
exerce les prérogatives confiées au juge d'instruction par le présent code. Les ordonnances de mise en examen, d'octroi du
statut de témoin assisté à une personne mise en examen, de placement sous contrôle judiciaire, de saisine du juge des
libertés et de la détention et de mise en liberté d'office, ainsi que les avis de fin d'information, les ordonnances de règlement
et de non-lieu doivent être pris de manière collégiale. Les autres actes relevant de la compétence du juge d'instruction
peuvent être délégués à l'un des juges d'instruction composant le collège ». C'est donc seulement à partir de 2014, peut-être,
que l'on pourra parler d'une instruction collégiale systématique. Ce système supposerait que les plaintes avec constitution de
partie civile soient autrement envisagées : la plupart d'entre elles ne sauraient supposer que trois magistrats s'y consacrent.
Le nouveau système ne semble avoir qu'une qualité : celle de faire d'un système de collégialité un système fonctionnant à la
majorité et qui ne repose plus sur la suprématie mal définie d'un « juge chargé de l'information ».

Lire la mise à jour


Section 3 - Le juge d'instruction est maître de la conduite de l'information
5 7 . Magistrats professionnels et spécialisés. - L'instruction préparatoire est menée par des magistrats professionnels et
spécialisés (V. Juge d'instruction). Comme tout juge du siège, le magistrat instructeur est indépendant. Il ne peut recevoir
aucune instruction sur la conduite de ses affaires en dehors des principes édictés par le code de procédure pénale,
notamment quant aux pouvoirs de la chambre de l'instruction. Depuis la loi du 5 mars 2007, cette dernière peut donner des
injonctions au juge d'instruction, en dehors du cadre du supplément d'information, dès lors qu'elle prend une décision lors de
l'audience de contrôle (C. pr. pén., art. 221-3).

Art. 1 - Liberté quant au choix des actes et des moyens


58. Le juge d'instruction est maître de la conduite de l'information. - Le principe est affirmé par l'article 81 du code de procédure
pénale, aux termes duquel le juge d'instruction procède, conformément à la loi, à tous les actes de l'information qu'il juge
utiles à la manifestation de la vérité (sur le principe, V. CHAMBON, notes ss. Paris, 23 mai 1960 et 11 déc. 1961, JCP 1962.
II. 12692 bis, et Paris, 27 juin 1967, JCP 1968. II. 15337. - Crim. 23 nov. 1965, Bull. crim. n o 246). La loi abandonne à sa
conscience l'appréciation de l'utilité ou de l'opportunité des actes auxquels il procède ou fait procéder, sauf l'obligation,
lorsqu'il refuse d'ordonner une mesure requise ou sollicitée de lui, de rendre une ordonnance motivée. Cette obligation se
trouve considérablement élargie depuis l'entrée en vigueur des lois de 1993, du 15 juin 2000 et du 5 mars 2007 (V. infra, n os
585 s.).

5 9 . Devoir de loyauté. - Ce principe trouve d'autres limites dans le devoir de loyauté qui doit conduire le juge à prohiber
certains moyens incompatibles avec le respect des droits de la défense (V. Preuv e) : pièges policiers (Crim. 12 juin 1952,
S. 1954. 1. 69), enregistrements à l'insu des intéressés (V. infra, n os 267 s.), hypnose (Crim. 12 déc. 2000, BICC 530,
n o 226. - V. Av eu). « Dégagé de toute préoccupation autre que celle de parvenir à la manifestation de la vérité, soigneux de
ne pas compromettre ni la vindicte publique ni le sort des prévenus, il relèvera avec une sollicitude égale les armes de
l'accusation et les instruments de la défense ; en un mot, faisant ses premiers devoirs de l'impartialité et de l'amour de la
justice, il instruira toujours scrupuleusement à charge et à décharge » (DUVERGER, Manuel des juges d'instruction, 3 e éd.,
1862, I, p. 425). L'exigence d'instruire à charge et à décharge, si elle est communément admise, n'était inscrite dans aucun
texte. C'est chose faite depuis la loi du 15 juin 2000 qui a ajouté une phrase à l'alinéa 1 er de l'article 81 : « Il instruit à charge
et à décharge ». Ceci consiste, pour le juge d'instruction, à vérifier soigneusement les allégations formulées par les personnes
poursuivies, à ne rien prendre pour évidence et à toujours cultiver le doute. Dans les dossiers où la personne reconnaît les
faits, le principe réside aussi dans la réalisation, pour la juridiction de jugement, d'un dossier de personnalité consistant. La loi
du 5 mars 2007 a ajouté une exigence nouvelle en contraignant le magistrat instructeur à faire figurer dans son ordonnance
de renvoi les éléments à charge et à décharge pesant sur chacune des personnes faisant l'objet d'un renvoi devant une
juridiction de jugement (C. pr. pén., art. 184).

60. Décision souveraine. - Le juge d'instruction décide souverainement des moyens qu'il doit employer pour procéder aux actes
d'instruction utiles à la répression de l'infraction visée aux poursuites. L'officier de police judiciaire ne peut de sa propre
initiative mettre fin à sa réquisition alors que sa mission n'est pas achevée. En effet, sous réserve de l'appréciation qui peut
être portée dans chaque cas par la juridiction de l'ordre judiciaire compétente, éventuellement saisie à la requête du ministère
public, il n'appartient pas à l'officier de police judiciaire de se substituer au magistrat instructeur ou de déférer à des
instructions émanant d'autres autorités pour mettre fin à la mission dont il a été investi par ce magistrat (Bastia, 7 oct. 1992,
BICC 360, n o 158).

61. Pièces extraites d'une autre procédure. - Rien n'interdit au juge d'annexer à son dossier soit des pièces extraites d'une
autre procédure en cours (Crim. 15 mai 1990, JCP 1990. II. 21541, note Jeandidier. - Crim. 17 juill. 1990, n o 90-82.614 ,
Bull. crim. n o 286), soit des documents (rapport d'expertise) communiqués par un juge belge instruisant contre des coauteurs
de l'inculpé (Crim. 23 juill. 1985, Bull. crim. n o 275 ; D. 1986. 61, note Chambon), soit un document administratif produit par
une partie, fût-il confidentiel, sans méconnaître l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme relatif au
respect de la vie privée, du domicile et de la correspondance (Crim. 18 janv. 1990, Gaz. Pal. 1990. 2. Somm. 374 ; JCP 1990.
IV. 144). Ces pièces valent à titre de simples renseignements et ne portent pas atteinte aux droits de la défense dès lors
qu'elles sont soumises à la discussion des parties, notamment devant la chambre d'accusation [de l'instruction] (Crim. 4 mars
1986, D. 1986. IR 195). La jurisprudence de la chambre criminelle a subi une évolution notable dans l'exigence de contrôle de
la régularité de l'établissement des pièces provenant de procédures distinctes et jointes (V. infra, n o 660). S'il est libre
d'annexer certaines pièces à son dossier, le juge ne saurait refuser, à défaut de texte l'y autorisant, l'annexion d'un
enregistrement sur bande magnétique, réalisé à l'initiative d'une partie, même à l'insu des intéressés. Ces bandes et leur
transcription, rendue nécessaire pour leur consultation, constituent seulement des indices (C. pr. pén., art. 427), dont le juge
doit apprécier la valeur probante après discussion contradictoire (Crim. 11 févr. 1992, n o 91-86.067 , Bull. crim. n o 66 ;
Gaz. Pal. 1992. 2. Somm. 366. - Crim. 15 juin 1993, n o 92-82.509 , Bull. crim. n o 210). Il en est ainsi du procès-verbal
d'écoute par un policier dissimulé (Crim. 22 avr. 1992, Gaz. Pal. 1992. 2. Somm. 476), du film obtenu par caméra de
surveillance d'un caissier (Crim. 23 juill. 1992, n o 92-82.721 , Bull. crim. n o 274 ; D. 1993. Somm. 206, obs. Pradel . - Crim.
6 avr. 1994, n o 93-82.717 , D. 1994. IR 155 ; Gaz. Pal. 1994. 2. 489, note Doucet), de l'enregistrement d'une
conversation téléphonique pour identification de la voix du correspondant anonyme (Crim. 25 janv. 1994, Gaz. Pal. 1994. 1.
Somm. 163). A même été admise la jonction d'un enregistrement d'une conversation entre une femme, partie civile, et son
mari qu'elle accuse d'un crime malgré la déloyauté du procédé, pouvant même constituer un délit (Crim. 6 avr. 1993, n o 93-
80.184 , JCP 1993. II. 22144, note Rassat).

62. Excès de pouvoir. - Le juge d'instruction commet un excès de pouvoir en usant de l'article L. 263-3-1 du code du travail
pour imposer à un employeur un plan de réalisation de mesures destinées à rétablir les conditions normales d'hygiène et de
sécurité du travail (Crim. 24 févr. 1981, D. 1981. 469, note Malaval). Commet un excès de pouvoir le juge d'instruction qui
motive une ordonnance juridictionnelle en indiquant, à propos du trouble à l'ordre public invoqué par le ministère public, « que
si ce trouble était exceptionnel et constant au départ de l'information notamment en raison de l'inaction du parquet et du
nombre des personnes lésées… ». Ces motifs constituent en effet une critique non déguisée de l'inaction du procureur de la
République et il y a lieu de les annuler par cancellation (Rouen, 23 avr. 1997, BICC 457, n o 1057). Cette décision est
particulièrement discutable. On ne voit pas en effet en quoi le juge d'instruction commettrait un excès de pouvoir en critiquant
l'action du ministère public. C'est en effet fréquemment le cas dès lors que le magistrat ne suit pas les réquisitions du parquet
et motive une ordonnance en sens contraire…

Art. 2 - Liberté d'intervention dans le temps


63. Opportunité de l'ordre des opérations. - Le juge procède aux diverses opérations de son information dans l'ordre qu'il estime
opportun ; seule la délivrance du mandat de dépôt, qui ne lui appartient plus, est subordonnée à un interrogatoire préalable
(V. Détention prov isoire). Il apprécie également le moment de procéder aux mises en examen, sous réserve de ne pas
porter atteinte aux droits de la défense, du respect de l'article 105 du code de procédure pénale, et de la réunion d'indices
graves ou concordants (depuis la loi du 15 juin 2000. - V. infra, n os 343 s. et 587 s.). Mais il a le droit et le devoir (Crim. 5 mai
1953, D. 1953. Somm. 70. - Crim. 17 oct. 1962, Bull. crim. n o 276) de s'assurer, avant de mettre en examen, de l'existence
d'un minimum de charges et, pour s'éclairer, d'ordonner même une expertise (Crim. 4 avr. 1962, JCP 1962. II. 12692, note
Doll. - Paris, 7 févr. 1967, JCP 1967. II. 15154, note Chambon).

64. Libre appréciation de la fin de l'information. - Il apprécie, enfin, le moment où son information lui apparaît complète et où le
dossier peut être communiqué aux fins de règlement (Crim. 1 er déc. 1960, D. 1961. 385, note M.R.M.P. - Crim. 17 mai 1966,
Bull. crim. n o 150. - Crim. 3 févr. 1967, D. 1967. 341), sans même être tenu d'inculper les personnes désignées dans la plainte
avant de pouvoir communiquer sa procédure aux fins de règlement (Crim. 27 déc. 1963, JCP 1964. II. 13543, note Chambon).
La chambre criminelle a même affirmé que l'article 81, alinéa 6, ne déroge pas à la règle fondamentale selon laquelle les
juridictions d'instruction ont le droit et l'obligation de clore leur information lorsqu'elles estiment que celle-ci est complète. Il
est néanmoins tenu désormais de répondre à la demande de la partie qui, un an ou dix-huit mois après sa première
comparution, ou après le délai mentionné par le juge lors de la première comparution, lui demande de clore son information
(C. pr. pén., art. 175-1).

65. Contrôle de la durée : « délai raisonnable ». - Lorsqu'un délai de quatre mois s'est écoulé depuis la date du dernier acte
d'instruction nécessaire à la manifestation de la vérité, le président de la chambre de l'instruction peut, dans l'intérêt d'une
bonne administration de la justice, soit évoquer et procéder dans les conditions prévues par les articles 201, 202, 204 et 205
du code de procédure pénale, soit renvoyer le dossier au juge ou à tel autre, afin de poursuivre l'information (C. pr. pén.,
art. 221-1). La loi du 15 juin 2000 a créé un article 175-2 qui dispose qu'« en toute matière, la durée de l'instruction ne peut
excéder un délai raisonnable au regard de la gravité des faits reprochés à la personne mise en examen, de la complexité des
investigations nécessaires à la manifestation de la vérité et de l'exercice des droits de la défense. Si, à l'issue d'un délai de
deux ans à compter de l'ouverture de l'information, celle-ci n'est pas terminée, le juge d'instruction rend une ordonnance
motivée par référence aux critères prévus à l'alinéa précédent, expliquant les raisons de la durée de la procédure, comportant
les indications qui justifient la poursuite de l'information et précisant les perspectives de règlement. Cette ordonnance est
communiquée au président de la chambre de l'instruction qui peut, par requête, saisir cette juridiction conformément aux
dispositions de l'article 221-1 ». L'ordonnance prévue à l'article 175-2 relève de l'administration judiciaire et plus
particulièrement de la surveillance des cabinets d'instruction par le président de la chambre de l'instruction, elle ne peut donc
faire l'objet d'un quelconque recours et son omission ne peut affecter la validité de la procédure (Paris, ch. instr., 20 déc.
2002, D. 2003. Chron. 2511 , par Morvan. - Crim. 15 janv. 2008, n o 07-87.460 , Bull. crim. n o 7 ; D. 2008. 418, note Lavric
; AJ pénal 2008. 145, note Lavric ; Dr. pénal 2009. Chron. 1, obs. Guérin. - V. aussi infra, n o 628).

66. Devoir de célérité. - D'une façon générale, un devoir légitime de célérité doit conduire le juge dans ses investigations et de
nombreux textes du code de procédure pénale forment un carcan procédural dont il ne peut s'affranchir. Néanmoins, il n'est
pas rare de trouver des délais relativement peu précis, tel celui de « bref délai » qui règle notamment la notification d'un
certain nombre d'actes de procédure. Par ailleurs, sont applicables les articles 5, paragraphes 3 et 5, de la Convention
européenne des droits de l'homme qui imposent que la détention provisoire, notamment, ne dépasse pas un délai
raisonnable et que le tribunal saisi d'une demande de mise en liberté « statue à bref délai ». La France a été condamnée à
plusieurs reprises par la Cour européenne sur ce point (V. Détention prov isoire). La Cour européenne retient sa
compétence pour exercer son contrôle sur la durée, non seulement de l'instruction à l'audience, mais aussi de l'instruction
préparatoire (CEDH 27 août 1992, Tomasi c/ France, D. 1993. Somm. 383, obs. Renucci ). Une durée excessive n'entraîne
pas la nullité de la procédure, mais ouvre une voie en indemnité devant la juridiction compétente (Crim. 7 mars et 24 oct.
1989, Bull. crim. n os 109 et 378). Toutefois, depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, le réexamen d'une décision
pénale définitive peut être demandé, au bénéfice de toute personne reconnue coupable d'une infraction, lorsqu'il résulte d'un
arrêt rendu par la Cour européenne des droits de l'homme que la condamnation a été prononcée en violation des dispositions
de la Convention de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales ou de ses protocoles additionnels, dès
lors que, par sa nature et sa gravité, la violation constatée entraîne pour le condamné des conséquences dommageables
auxquelles la « satisfaction équitable » allouée sur le fondement de l'article 41 de la convention ne pourrait mettre un terme
(C. pr. pén., art. 626-1. - V. Réexam en d'une décision pénale [Suite au prononcé d'un arrêt de la CEDH]). Par ailleurs,
l'inaction du juge peut être porteuse d'effets juridiques et par exemple, interrompre la prescription (V. Prescription pénale) :
tel est le cas à l'égard de la partie civile qui a été mise dans l'impossibilité d'agir par l'inaction du juge pendant l'instruction
(Crim. 12 juill. 1972, Bull. crim. n o 240). Mais la partie civile peut désormais solliciter du juge des actes d'information et la
prescription de l'action publique ne saurait être suspendue à son profit si elle n'use pas de cette faculté. La chambre
criminelle, dans un arrêt du 6 février 2007, estime même que la partie civile aurait dû user du moyen qui lui est offert par
l'article 221-2 du code de procédure pénale de saisir directement la chambre de l'instruction lorsqu'il s'est écoulé quatre mois
depuis le dernier acte d'instruction, dans une hypothèse où le dossier était resté au règlement pendant plus de trois ans, ce
qui entraînait la prescription de l'action publique (Crim. 6 févr. 2007, n o 06-88.713 ).
Art. 3 - Contrôle juridictionnel mais absence d'injonction
67. Pouvoirs de la chambre de l'instruction. - Si la chambre de l'instruction a le pouvoir d'infirmer et d'annuler les actes du juge
d'instruction, elle ne saurait lui adresser des injonctions. Il lui appartient seulement, le cas échéant, de substituer sa propre
décision à celle qu'elle réforme (pour la délivrance des mandats, V. Crim. 22 déc. 1959, D. 1960. 1, concl. Besson. - Adde :
Cham bre de l'instruction). Elle peut lui confier un supplément d'information (C. pr. pén., art. 206), et depuis la loi du 9 mars
2004, évoquer seulement partiellement une affaire (C. pr. pén., art. 207). Le juge d'instruction saisi d'un supplément
d'information n'exerce pas, alors, de pouvoirs propres sur injonctions, mais seulement de pouvoirs qui lui sont délégués et qui
excluent l'acte de juridiction (Crim. 23 mai 1912, DP 1913. 1. 238. - V. infra, n os 562 s.), pour se limiter à des actes
d'information. Une chambre d'accusation [de l'instruction] qui infirme une ordonnance du juge d'instruction refusant de faire
droit à des réquisitions du ministère public aux fins de mise en examen d'une personne déterminée et qui, n'usant pas de la
faculté d'évocation, renvoie le dossier à un autre juge d'instruction, ne peut, sans excès de pouvoir, lui donner d'injonction
quant à la conduite de l'information (Crim. 25 juin 1996, n o 96-81.239 , Bull. crim. n o 272). De même, une chambre
d'accusation [de l'instruction], qui infirme une ordonnance du juge d'instruction rejetant une demande d'acte complémentaire
et qui, faute d'avoir évoqué à l'un de ses membres ou à un juge d'instruction délégué à cette fin le supplément d'information
qu'elle a ordonné, renvoie le dossier au juge initialement saisi, ne peut, sans excès de pouvoir, lui donner d'injonction quant à
la conduite de l'information (Crim. 17 nov. 1998, n o 98-81.717 , D. 1999. IR 39 ; JCP 1999. IV. 1716. - Sur les relations
entre magistrats instructeurs et chambres de l'instruction, V. Cham bre de l'instruction. - Et notre chronique, Les pouvoirs de
la chambre de l'instruction et la liberté du juge d'instruction, D. 2007. Chron. 603 ).

68. Exception à l'absence de pouvoir d'injonction de la chambre de l'instruction : audience de contrôle. - Parmi les possibilités qui lui
sont ouvertes dans le cadre du nouvel article 221-3 du code de procédure pénale, issu de la loi du 5 mars 2007, la chambre
de l'instruction dispose désormais de celle de donner des injonctions au magistrat instructeur (V. Cham bre de l'instruction).

6 9 . Contrôle des cabinets d'instruction. - La compétence du président de la chambre de l'instruction pour contrôler le bon
fonctionnement des cabinets d'instruction n'interdit pas au premier président de la cour d'appel d'exercer les pouvoirs qui lui
sont conférés par l'article 44 de l'ordonnance n o 58-1270 du 22 décembre 1958 et le principe d'indépendance du juge
d'instruction ne s'oppose pas à ce qu'une sanction puisse être prononcée en cas de manquement d'un magistrat à ses
obligations. Le secret de l'instruction ne fait pas non plus obstacle à ce que des magistrats qui ne sont ni chargés de
l'instruction ni liés à celle-ci puissent connaître du comportement d'un juge d'instruction à l'occasion des procédures
d'information qu'il diligente. La liberté d'appréciation dont dispose le magistrat instructeur, dans le cadre de l'organisation du
service, d'attribuer ou de retirer une commission rogatoire, ne le soustrait pas à l'obligation de respecter les devoirs de son
état. En conséquence, en infligeant à l'intéressé un avertissement pour avoir retiré des commissions rogatoires à un
commissaire de police par ressentiment personnel à l'égard de ce dernier, le premier président de la cour d'appel n'a pas
entaché sa décision d'erreur de droit (CE 28 juill. 2000, req. n o 208208 , Brault, D. 2000. IR 286 ).

Chapitre 2 - Saisine du juge d'instruction


70. Complexité pratique. - La saisine du magistrat instructeur est l'un des sujets de technique procédurale les plus compliqués
en pratique. Il n'est pas rare en effet que le juge se demande de quels faits exactement il est saisi, et cela tant en raison des
imprécisions que peut comporter le réquisitoire introductif que des aléas de l'interprétation de la saisine in rem. Mais la saisine
est aussi au coeur de la détermination de la politique pénale : en saisissant le juge d'instruction, le ministère public se
dessaisit d'une affaire au profit d'un juge indépendant. L'articulation entre l'absence d'autosaisine et les pouvoirs
« autonomes » que le juge peut exercer en présence de faits nouveaux n'apparaissant pas toujours clairement (V. infra, n os
168 s.).

Section 1 - Différents modes de saisine


Art. 1 - Saisine de droit commun
71. Réquisitoire du procureur. - Le juge d'instruction ne peut pas se saisir lui-même (Crim. 7 nov. 1989, Bull. crim. n o 393). Le
juge d'instruction ne peut informer qu'après avoir été saisi par un réquisitoire du procureur de la République ou par une
plainte avec constitution de partie civile dans les conditions prévues aux articles 80 et 86 (C. pr. pén., art. 51 et 80, al. 1 er. -
Crim. 20 juin 1988, Bull. crim. n o 278).

72. La saisine est irrévocable. - Le procureur de la République ne peut revenir sur une décision de poursuite qu'il a prise, quelle
que soit sa nature. Il résulte des articles 388, 393 et suivants du code de procédure pénale que, lorsque le procureur de la
République saisit le tribunal correctionnel en traduisant sur-le-champ le prévenu devant cette juridiction selon la procédure de
comparution immédiate, il ne peut ensuite requérir d'office l'ouverture d'une information sur ces mêmes faits. Le tribunal saisi
par la comparution immédiate du prévenu apprécie souverainement si l'affaire est en état d'être jugée ou s'il y a lieu, comme
le lui permet l'article 397-2 du code de procédure pénale, soit d'ordonner un supplément d'information, soit de renvoyer le
dossier au procureur de la République lorsqu'il estime que la complexité de l'affaire nécessite des investigations
complémentaires approfondies (Crim. 20 févr. 2007, n o 06-89.229 , Procédures 2007. Comm. 202, note Buisson).

Art. 2 - Ancien article 72 du code de procédure pénale


73. Juge d'instruction présent sur les lieux. - L'article 72 du code de procédure pénale, abrogé par la loi du 4 janvier 1993, a
été rétabli dans le même état par celle du 24 août de la même année mais a été en grande partie à nouveau abrogé par la loi
du 15 juin 2000. En cas de crime ou délit flagrant, lorsque le juge d'instruction était présent sur les lieux, le procureur de la
République ainsi que les officiers de police judiciaire étaient de plein droit dessaisis à son profit. Le juge d'instruction
accomplissait alors tous actes de police judiciaire prévus au chapitre 1 er du titre II du livre Ier et pouvait aussi prescrire à tous
officiers de police judiciaire de poursuivre les opérations. Ces opérations terminées, le juge d'instruction transmettait les
pièces de l'enquête au procureur de la République à toutes fins utiles. Cet article était d'un intérêt pratique très relatif et
donnait au juge d'instruction des pouvoirs similaires à celui d'un officier de police judiciaire. Désormais, seul le dernier alinéa
de cet article subsiste, qui dispose que « lorsque le procureur de la République et le juge d'instruction sont simultanément sur
les lieux, le procureur de la République peut requérir l'ouverture d'une information régulière dont est saisi le juge d'instruction
présent, par dérogation, le cas échéant, aux dispositions de l'article 83 ».

Art. 3 - Article 74 du code de procédure pénale


74. La procédure en recherche des causes de la mort ne met pas en mouvement l'action publique. - Dans cette hypothèse, la
procédure mise en mouvement est très particulière (C. pr. pén., art. 74. - V. Action publique et Mort suspecte). En effet, les
réquisitions n'ont pas pour effet de mettre en oeuvre l'action publique et ne tendent pas, en l'état, à la poursuite d'une
infraction à la loi pénale, mais seulement à rechercher si une atteinte a pu y être portée (Crim. 26 juill. 1966, Bull. crim.
n o 215). Il s'ensuivait traditionnellement que la procédure d'instruction, ouverte et poursuivie jusqu'à sa clôture sur l'unique
fondement de l'article 74, excluait toute constitution de partie civile (Crim. 26 juill. 1966, préc.). Il en est différemment depuis
la loi du 9 septembre 2002 qui a créé un article 80-4 du code de procédure pénale qui dispose que « les membres de la famille
ou les proches de la personne décédée peuvent se constituer partie civile à titre incident ». La France a d'ailleurs été
condamnée, par la Cour européenne des droits de l'homme, postérieurement à la modification législative, la famille d'une
victime n'ayant pu accéder d'office à l'information ouverte par les autorités pour rechercher la cause de la mort de son
concubin, l'enquête nationale n'ayant donc pas été « effective » au sens de la Convention (CEDH 27 juill. 2004, req.
n o 5767/00, Slimani c/ France, Jur. CEDH 2004-IX).

7 5 . Alors que cette procédure se terminait par un « classement » administratif du ministère public, on peut désormais se
demander si ce n'est pas une ordonnance de classement qui doit être rendue, en tout cas une ordonnance qui soit notifiée à
la partie civile lorsqu'elle existe. La jurisprudence devra dire si cette ordonnance fait grief aux intérêts civils de la partie. Les
dispositions de l'article 83 ne sont pas applicables (Crim. 11 mai 1989, Bull. crim. n o 193). Cette procédure est en train de
perdre peu à peu le caractère spécifique qu'elle pouvait avoir. (V. C. GUÉRY, La mort suspecte n'est plus ce qu'elle était !, JCP
2008. I. 187).

76. Pouvoirs du juge d'instruction. - Avant la loi du 9 septembre 2002, seule la jurisprudence avait pu cerner les pouvoirs dont
dispose le juge d'instruction en la matière. C'est ainsi qu'il était admis qu'il puisse délivrer une commission rogatoire à des
officiers de police judiciaire afin de leur faire exécuter tous les actes nécessaires à cette information (Crim. 24 févr. 1987, Bull.
crim. n o 93. - V. Com m ission rogatoire). L'officier de police judiciaire chargé de l'exécution de la commission rogatoire peut,
dans le respect de l'article 105, placer un suspect en garde à vue et le juge autoriser la prolongation de cette mesure. Le juge
ne peut procéder à son inculpation qu'après avoir communiqué la procédure au ministère public aux fins de nouvelles
réquisitions (Crim. 24 févr. 1987, préc.). On pouvait cependant penser que, le simple témoin ne pouvant plus être mis en
garde à vue sur commission rogatoire, la rétention de la personne contre laquelle n'existe aucun indice faisant présumer
qu'elle a commis ou tenté de commettre une infraction, ne pouvait durer que le temps strictement nécessaire à son audition
(C. pr. pén., art. 153). Mais la loi du 9 septembre 2002 a délimité plus précisément les pouvoirs du magistrat instructeur : il
« procède conformément aux dispositions du chapitre premier du titre III du livre premier ». Les interceptions téléphoniques
sont effectuées sous son autorité et conformément aux articles 100 à 100-7, mais limitées à deux mois renouvelables
(C. pr. pén., art. 80-4).

77. Procédure en recherche des causes de blessures graves. - La loi du 9 mars 2004 a ajouté un alinéa à l'article 74 du code de
procédure pénale en estimant possible que cette procédure soit mise en oeuvre en cas de blessures graves.

Art. 4 - Article 74-1 du code de procédure pénale


78. Recherche des causes d'une disparition. - L'alinéa 1 er de l'article 74-1 prévoit que lorsque la disparition d'un mineur ou d'un
majeur protégé vient d'intervenir ou d'être constatée, les officiers de police judiciaire, assistés le cas échéant des agents de
police judiciaire, peuvent, sur instructions du procureur de la République et aux fins de découvrir la personne disparue,
procéder aux actes prévus par les articles 56 à 62 du code de procédure pénale ; il précise qu'à l'issue d'un délai de huit jours
à compter des instructions de ce magistrat, ces investigations peuvent se poursuivre dans les formes de l'enquête
préliminaire. L'alinéa 2 de l'article 74-1 dispose que le procureur de la République peut également requérir l'ouverture d'une
information pour recherche des causes de la disparition, et son dernier alinéa précise enfin que les dispositions de cet article
sont également applicables en cas de disparition d'un majeur présentant un caractère inquiétant ou suspect eu égard aux
circonstances, à l'âge de l'intéressé ou à son état de santé. La constitution de partie civile à titre incident est possible dans
les mêmes conditions que la recherche des causes de la mort. L'article 80-4 aligne les pouvoirs des enquêteurs dans le cadre
d'une procédure de recherche des causes d'une disparition sur ceux nouvellement énumérés de la procédure de recherche
des causes de la mort.

Section 2 - Plaintes et avis préalables au réquisitoire introductif


Art. 1 - Plaintes préalables
7 9 . Dans certains cas, le ministère public ne peut ouvrir d'information sans plainte préalable. - Il en est ainsi en matière
d'infractions fiscales (V. Action publique et Plainte et dénonciation). Sous peine d'irrecevabilité, les plaintes tendant à
l'application de sanctions pénales en matière d'impôts directs, de taxe sur la valeur ajoutée et autres taxes sur le chiffre
d'affaires, de droits d'enregistrement, de taxe de publicité foncière et de droits de timbre sont déposées par l'Administration
sur avis conforme de la Commission des infractions fiscales. La plainte de l'administration fiscale doit viser expressément les
faits constitutifs de la fraude (Crim. 18 juill. 1967, Bull. crim. n o 222). Lorsqu'une information est ouverte par l'autorité judiciaire
sur la plainte de l'administration des impôts en matière de droits, taxes, redevances et impositions de toute nature
mentionnés au code général des impôts, cette administration peut se constituer partie civile (LPF, art. L. 232). Le juge peut
inculper tout coauteur ou complice des faits déférés, même lorsque la poursuite initiale est soumise à une plainte préalable de
l'Administration, après avis de la commission des infractions fiscales (Crim. 31 janv. 1983, Bull. crim. n o 40), même lorsque la
poursuite concerne un délit de diffamation : la partie civile ne peut restreindre l'étendue de la saisine (Douai, 6 déc. 1983, JCP
1984. II. 20300, note Chambon). Il en est de même dans le domaine des changes. La poursuite des infractions à la législation
et à la réglementation des relations financières avec l'étranger ne peut être exercée que sur la plainte du ministre du Budget
ou de l'un de ses représentants habilités à cet effet (C. douanes, art. 458).

80. Dans certains cas, l'existence d'une plainte préalable d'un particulier est une condition nécessaire à la poursuite. - Il en est ainsi
notamment en matière : d'injure et de diffamation (L. du 29 juill. 1881, art. 47 s. - V. Presse [Procédure]) ; de chasse sur le
terrain d'autrui (C. envir., art. L. 428-33, réd. L. n o 2005-157 du 23 févr. 2005, art. 174. - V. Chasse) ; d'atteinte à la vie
privée (C. pén., art. 226-1 et 226-2) ; de délits commis par un Français à l'étranger en l'absence de dénonciation officielle
(C. pén., art. 113-8).

8 1 . L'article 36, alinéa 3, du décret-loi du 18 avril 1939 (DP 1939. 4. 338), qui exige la plainte préalable des ministres
compétents pour que l'action publique soit régulièrement exercée, est expressément applicable à l'infraction aux dispositions
de l'article 2, alinéa 3, dudit décret, qui font obligation à quiconque exerce le commerce des armes de guerre d'y être autorisé
par l'État et qui forment avec le texte sanctionnateur de l'article 24 un tout indissociable (Crim. 5 déc. 1996, n o 95-85.008 ,
Bull. crim. n o 450 ; Gaz. Pal. 1997. 1. 19). D'une part, si, en application de l'article 13 du décret-loi du 18 avril 1939, les
contestations en douanes, portant sur la prohibition d'importation ou d'exportation de matériel de guerre, doivent être
déférées devant un comité siégeant auprès du ministre de la Défense, cette saisine ne constitue pas un préalable aux
poursuites judiciaires. D'autre part, l'acte de saisine du juge d'instruction ne concernant que le délit douanier d'exportation ou
d'importation sans déclaration de marchandises prohibées, prévu à l'article 13 précité et réprimé par l'article 414 du code des
douanes, et non le commerce illicite d'armes prévu aux articles 2 et 24 du décret-loi du 18 avril 1939, les poursuites ne sont
pas subordonnées à la plainte préalable des ministres compétents exigée par l'article 36, alinéa 3, de ce même décret (Crim.
24 oct. 2001, BICC 548, n o 13). Lorsque des poursuites sont exercées à la fois pour commerce illicite d'armes et pour le délit
douanier d'importation en contrebande de marchandises prohibées, l'annulation de la poursuite du premier de ces chefs
comme ayant été exercée sans l'autorisation des ministres compétents prévue par l'article 36 du décret-loi du 18 avril 1939
n'affecte pas la validité de l'enquête ayant précédé l'ensemble des poursuites, l'engagement de celle exercée pour commerce
illicite d'armes étant seul soumis à l'autorisation précitée (Crim. 12 mai 2004, n o 03-82.340 , Bull. crim. n o 118 ; Gaz. Pal.
27 janv. 2005, p. 6).

82. Pouvoir du juge après le dépôt de plainte. - Après le dépôt de la plainte préalable, le juge a le pouvoir d'inculper toute
personne, auteur, coauteur ou complice, des faits dont il se trouve régulièrement saisi par le réquisitoire introductif (Crim.
6 nov. 1978, Bull. crim. n o 301. - V. Action publique).

Art. 2 - Avis préalable


8 3 . Avis préalable nécessaire aux poursuites. - Dans d'autres cas, un avis préalable est nécessaire au déclenchement des
poursuites : il en est ainsi notamment en matière militaire ; la dénonciation ou l'avis préalable du ministre chargé de la
défense ou de l'autorité militaire habilitée par lui est nécessaire dans les conditions prévues par l'article 698-1 du code de
procédure pénale (Crim. 22 juin 1988, Bull. crim. n o 288. - V. Action publique et Justice m ilitaire). L'article 698-1 du code de
procédure pénale, modifié par la loi n o 2011-1862 du 13 décembre 2011, qui subordonne les poursuites exercées contre les
militaires pour les infractions visées à l'article 697-2 du même code soit à la dénonciation, soit à l'avis préalable des autorités
militaires, ne régit que la mise en mouvement de l'action publique par le procureur de la République. Cette formalité ne
s'impose pas au juge d'instruction qui, s'il est habilité conformément à l'article 697 du code de procédure pénale, a le pouvoir
de mettre en examen, dans les conditions de droit commun, un militaire ayant pris part aux faits dont il est saisi. Dès lors,
justifie sa décision la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, après avoir constaté que, lors de la mise en mouvement de
l'action publique par le réquisitoire introductif, il n'existait aucun indice laissant présumer qu'un militaire avait participé aux
faits déférés au juge d'instruction, énonce que ce magistrat n'avait pas à demander l'avis du ministre chargé de la défense ou
de l'autorité militaire habilitée par lui avant de procéder à la mise en examen du militaire (Crim. 16 juill. 1997, n o 96-83.705 ,
Bull. crim. n o 275). Le juge d'instruction, habilité en matière militaire conformément à l'article 697 du même code, a le pouvoir
de mettre en examen toute personne ayant pris part aux faits dont il est saisi (Crim. 9 juill. 2003, JCP 2003. IV. 2672. - Crim.
3 sept. 2003, JCP 2003. IV. 2795). Le code de justice militaire a été modifié par la loi du 13 décembre 2011. Les infractions
relevant de la compétence des juridictions de droit commun spécialisées en matière militaire sont poursuivies, instruites et
jugées selon les règles du code de procédure pénale, sous réserve des dispositions particulières des articles 698-1 à 698-9
du même code et, lorsqu'elles sont commises hors du territoire de la République, des dispositions particulières du présent
code (CJM, art. L. 2. - V. Com pétence). N'encourt pas la censure l'arrêt qui décide que l'action publique avait été mise en
mouvement par la plainte avec constitution de partie civile, dès lors que, d'une part, en vertu des dispositions des articles
L. 121-1 et L. 121-7 du code de justice militaire, le tribunal aux armées de Paris, devenu juridiction spécialisée de Paris depuis
l'entrée en vigueur de la loi du 13 décembre 2011, a compétence, sans aucune restriction, pour connaître des infractions
commises hors du territoire de la République par des militaires des forces armées françaises ou à leur encontre ; que, d'autre
part, aucune fin de non-recevoir ne peut être opposée à la mise en mouvement de l'action publique par la partie lésée, autre
que celles prévues par les articles 85 et suivants du code de procédure pénale, seuls textes auxquels renvoient les
dispositions de l'article 698-2 du code précité, et qu'enfin il a été satisfait, comme en l'espèce, aux exigences prévues par
l'article 698-1 dudit code (Crim. 10 mai 2012, n o 12-81.197 , AJ pénal 2012. 550, obs. Lasserre Capdeville ; RSC 2012.
353, obs. Delage ; RSC 2012. 2145, avis av. gén. Gauthier ; D. 2012. 2150, note Baillet et Poissonnier ).

Section 3 - Réquisitoire introductif


84. Le réquisitoire introductif est l'acte par lequel le procureur de la République requiert le juge d'instruction d'informer sur un
ou plusieurs faits susceptibles de constituer des infractions à la loi pénale ou exceptionnellement en vue de rechercher les
causes d'un décès ou d'une disparition demeurées inconnues (V. supra, n os 74 s.). Le réquisitoire supplétif est celui par
lequel le procureur de la République requiert, au cours de l'information et après avoir reçu communication du dossier,
l'extension de cette information à des faits non visés au réquisitoire introductif (C. pr. pén., art. 80, al. 3). Il produit à l'égard
des faits les mêmes conséquences que le réquisitoire introductif. Ce réquisitoire est dénommé dans la pratique « réquisitoire
supplétif faits nouveaux » afin de le différencier du réquisitoire pris sur la base de l'article 82 du code de procédure pénale,
dénommé « supplétif nouvelles mesures d'instruction », par lequel le ministère public sollicite du juge certains actes. La
rédaction de l'article 80, alinéa 3, du code de procédure pénale aurait pu laisser penser que le supplétif « faits nouveaux » ne
pouvait être pris par le parquet que lorsque la procédure émanait du juge d'instruction. Telle n'a pas été la solution retenue
par la chambre criminelle qui a admis qu'un supplétif pouvait valablement être pris dans un dossier si les faits nouveaux
émanent d'une autre enquête, préliminaire ou de flagrance (Crim. 31 mars 1987, Bull. crim. n o 149).

Art. 1 - Conditions de forme du réquisitoire


85. Réquisitoire et pièces jointes. - On entend sous le titre « forme du réquisitoire » aussi bien la forme du réquisitoire lui-même
que celle des pièces qui lui sont jointes. Le réquisitoire introductif n'est soumis à aucun formalisme particulier.

§ 1 - Personne
86. Personne dénommée ou personne non dénommée. - Le procureur de la République prend un réquisitoire contre personne
dénommée ou personne non dénommée (C. pr. pén., art. 80) sans que la loi ne précise les critères de son choix (dans un
art. 80-1, la loi du 4 janv. 1993, abrogée sur ce point par celle du 24 août de la même année, précisait que le procureur de la
République prenait un réquisitoire contre personne dénommée quand il existait des indices graves et concordants contre une
personne). Le procureur de la République peut aussi, en cas de plainte avec constitution de partie civile, ouvrir une
information contre personne dénommée ou non dénommée (C. pr. pén., art. 86, al. 2).

8 7 . Personne nommée dans le réquisitoire introductif. - Avant l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, lorsque le juge
d'instruction estimait ne pas devoir mettre en examen une personne nommément visée par le réquisitoire du procureur de la
République, il pouvait néanmoins l'entendre comme témoin après lui avoir donné connaissance de ce réquisitoire. Cette
personne bénéficiait des droits reconnus aux personnes mises en examen (C. pr. pén., art. 105, al. 3). C'est désormais à
l'issue de la première comparution que le juge d'instruction décide si la personne est mise en examen ou devient seulement
témoin assisté (V. infra, n os 381 s.). Toute personne nommément visée par un réquisitoire introductif et qui n'est pas mise en
examen ne peut être entendue que comme témoin assisté (A. GIUDICELLI, Le témoin assisté et la personne mise en examen.
Vers un nouvel équilibre ?, RSC 2001. 43 ). Le juge d'instruction, s'il veut rendre une ordonnance de non-lieu, n'est pas
tenu de procéder à l'inculpation de la personne visée dans l'acte de poursuite, s'il lui apparaît, au vu des éléments de
l'information, et sans qu'il soit besoin de recevoir ses déclarations, que la culpabilité de cette personne se trouve d'ores et
déjà exclue (Crim. 27 nov. 1963, Bull. crim. n o 338) ; il doit néanmoins lui notifier les actes prévus aux articles 183 et 197 du
code de procédure pénale (Crim. 24 mai 1971, Bull. crim. n o 171). Le réquisitoire introductif ne peut être annulé au motif qu'il
n'aurait pas nommément visé une personne mise en cause par l'enquête, dès lors que, quelles que soient les indications
portées sur cet acte, les personnes à l'encontre desquelles il existe des indices graves et concordants d'avoir participé aux
faits dont le juge d'instruction est saisi ne peuvent être entendues comme témoins conformément à l'article 105 du code de
procédure pénale (Crim. 27 févr. 2001, n o 00-86.747 , Bull. crim. n o 50).

§ 2 - Faits
88. Le réquisitoire introductif précise les faits déférés au juge d'instruction (C. pr. pén., art. 80). - Il suffit que le signataire vise les
pièces jointes, ce qui équivaut à leur analyse (Crim. 11 juill. 1972, Bull. crim. n o 235. - Crim. 6 nov. 1978, Bull. crim. n o 301. -
Crim. 6 août 1991, Gaz. Pal. 1992. 1. Somm. 43). En matière d'infractions à la loi sur la presse, le réquisitoire introductif doit
articuler et qualifier les provocations, outrages, diffamations et injures avec indication des textes dont l'application est
demandée, à peine de nullité du réquisitoire (L. du 29 juill. 1881, art. 50. - Crim. 14 mai 1991, n o 91-80.239 , Bull. crim.
n o 204. - Crim. 15 déc. 1992, n o 91-86.920 , Bull. crim. n o 419). Cet article n'exige pas que l'écrit incriminé soit reproduit
littéralement dans le réquisitoire. Il suffit que cet écrit y soit désigné avec précision (Crim. 17 mars 1981, Bull. crim. n o 97). Le
réquisitoire introductif délivré contre la personne d'un mineur de 13 ans, qui ne vise que les textes d'incrimination et de
répression des infractions résultant du code pénal sans mentionner ceux de l'ordonnance du 2 février 1945 qui auront
vocation à s'appliquer, ne préjudicie pas à l'application de ces derniers et n'encourt aucune nullité, alors qu'il remplit par
ailleurs valablement sa fonction de détermination de la saisine en fait du juge d'instruction (Toulouse, 16 mars 2000, BICC
528, n o 147).

§ 3 - Écrit daté et signé


8 9 . Nullité. - Le réquisitoire introductif est toujours un acte écrit qui doit être daté et signé à peine de nullité tant du
réquisitoire lui-même que des actes subséquents (Crim. 23 avr. 1971, Bull. crim. n o 115. - Crim. 4 déc. 1952, Bull. crim. n o 390).
Lorsque la date figure sur un procès-verbal dressé le même jour par le juge d'instruction, l'omission ne porte aucune atteinte
aux droits de la défense (Nîmes, 26 janv. 1994, inédit). Par ailleurs, pour répondre à une exception de nullité dont ils sont
saisis, les juges peuvent, sans excéder leurs pouvoirs, vérifier la régularité de la procédure et rectifier, en se référant aux
pièces du dossier, une erreur purement matérielle dont un acte est affecté ; n'encourent aucune censure les juges qui, pour
écarter l'exception dont ils sont saisis, retiennent que si le réquisitoire introductif porte la date du 6 et non du 16 du mois, il
s'agit là d'une erreur matérielle que les éléments de la procédure permettent de corriger avec certitude, et que le visa d'un
rapport annexé à la procédure, en date du 10, lève toute ambiguïté sur l'objet et l'étendue de la saisine du juge d'instruction
(Crim. 13 mars 1995, n o 93-84.299 , Bull. crim. n o 100). Aucune disposition de la loi n'interdit, pour les réquisitoires
introductifs, l'usage de formules imprimées. La signature du procureur de la République confère l'authenticité à toutes les
énonciations manuscrites ou imprimées du réquisitoire (Crim. 12 févr. 1927, Bull. crim. n o 54). La date apposée par un
magistrat du ministère public sur un acte de procédure et authentifiée par sa signature fait foi jusqu'à l'inscription de faux
(Crim. 11 avr. 1995, n o 93-81.253 , Bull. crim. n o 154).
90. Signature. - La signature d'un réquisitoire, rédigée de la main du magistrat compétent du parquet, qu'elle soit lisible ou
non, est un signe personnel qui a pour effet d'identifier l'auteur de ces réquisitions (Crim. 11 juill. 1973, Bull. crim. n o 326. -
Crim. 3 juill. 1990, n o 90-82.418 , Bull. crim. n o 275). Est nul le réquisitoire introductif qui n'est revêtu d'aucune signature
manuscrite du magistrat qui l'aurait rédigé et qui porte l'empreinte d'un timbre humide faisant mention du nom d'un substitut
du procureur de la République, cette seule mention, dépourvue en l'espèce de tout caractère authentique, étant insuffisante
pour établir que le magistrat ainsi désigné est le rédacteur du réquisitoire (Crim. 17 févr. 1987, Bull. crim. n o 77).

91. Disparition du réquisitoire. - La disparition du réquisitoire introductif ne constitue pas une cause de nullité, dès lors que les
mentions portées sur d'autres actes établissent son existence et en reproduisent la teneur (Crim. 15 nov. 1993, n o 93-
83.322 , Bull. crim. n o 338 ; D. 1994. Somm. 188, obs. Pradel ; Gaz. Pal. 1994. 1. Somm. 29). De la même façon, la
disparition d'un réquisitoire supplétif ne saurait constituer une cause de nullité, dès lors que les mentions du procès-verbal de
première comparution établissent son existence et en reproduisent la teneur (Crim. 3 oct. 1977, Bull. crim. n o 282 ; D. 1977.
IR 419 ; Gaz. Pal. 1978. 1. 36 ; RSC 1978. 878, obs. Robert).

§ 4 - Pièces jointes
9 2 . Simples renseignements. - Le procureur de la République peut requérir l'ouverture de l'information au vu de simples
renseignements à lui transmis dès lors que les articles 40 et 41 lui permettent de recevoir des plaintes (Crim. 27 juin 1994,
Gaz. Pal. 1994. 2. Somm. 684. - Crim. 4 janv. 1995, n os 93-85.135 , 93-85.141 , 93-85.143 et 94-84.899 , Bull. crim.
n o 1. - Crim. 22 févr. 1995, JCP 1995. IV. 1356). De plus, les indications données par une personne désirant garder l'anonymat
peuvent servir de base à une enquête préliminaire (Crim. 14 mars 1994, Gaz. Pal. 1994. 1. 338), et ce, y compris après
l'introduction de la nouvelle procédure permettant l'audition d'un témoin sous anonymat (V. infra, n o 288). Les copies de
pièces d'une procédure d'information, régulièrement communiquées à titre de renseignements au procureur de la République
et ayant donné lieu de la part de ce magistrat à l'ouverture d'une information distincte, ne constituent pas les éléments d'une
enquête préliminaire et ne sont pas soumises aux conditions de forme régissant les actes de celle-ci. Dès lors, encourt la
cassation l'arrêt de la cour d'appel qui prononce l'annulation de la procédure dès son origine aux motifs que de telles pièces,
jointes au réquisitoire introductif, ne pouvaient, faute d'être signées ou certifiées conformes, servir de fondement aux
poursuites (Crim. 28 janv. 1992, n os 90-84.940 et 90-84.941 , Bull. crim. n o 34). N'encourt aucune nullité le réquisitoire
introductif du procureur de la République établi sur message reçu par télex émanant d'un service de police de son ressort, dès
lors que les constatations dont le message fait état ont été confirmées par l'envoi au parquet des procès-verbaux de police et
des constatations médicales, avant toute inculpation (Crim. 1 er sept. 1987, Bull. crim. n o 308).

93. Nullité d'un acte d'enquête. - L'annulation d'un acte de l'enquête préliminaire n'entraîne pas celle du réquisitoire introductif
dès lors qu'il se fonde sur d'autres pièces de procédure (Crim. 4 oct. 1994, n o 94-83.490 , Bull. crim. n o 313). Il s'agit de
l'application commune de la théorie dite du « support nécessaire ». Le réquisitoire introductif demeure valable, lorsque
certains documents annexés ou visés sont par la suite reconnus irréguliers et annulés, si le procureur de la République a pu
formuler ses réquisitions, abstraction faite de ces documents (Crim. 25 mai 1927, Bull. crim. n o 131). De même, l'annulation,
par la chambre de l'instruction, de l'ordonnance de soit-communiqué n'est pas de nature à entraîner la nullité du réquisitoire
supplétif du même jour et des pièces subséquentes, dès lors que, d'une part, une telle ordonnance n'est pas le support
nécessaire à la délivrance d'un réquisitoire supplétif, la communication de pièces au ministère public par les juges
d'instruction, aux fins de l'informer des faits dont ils ont connaissance, n'étant soumise à aucun formalisme particulier, et que,
d'autre part, il résulte des mentions de ce réquisitoire que le ministère public a procédé à une analyse des pièces
communiquées avant de saisir les juges d'instruction de nouveaux faits (Crim. 27 juin 2001, n o 01-81.865 , Bull. crim.
n o 163 ; D. 2001. IR 2947 ).

9 4 . Visa. - Le simple visa, dans le réquisitoire introductif, des pièces qui y sont jointes, équivaut à une analyse desdites
pièces, analyse qui est laissée à l'appréciation souveraine de la chambre d'accusation [de l'instruction] (Crim. 29 sept. 1992,
n o 92-83.464 , Bull. crim. n o 288).

§ 5 - Autres réquisitions
9 5 . Réquisitions complémentaires. - Le réquisitoire introductif, tout comme le réquisitoire supplétif, peut contenir des
réquisitions complémentaires tendant à l'accomplissement d'un acte déterminé (par ex., expertise, délivrance de mandats
d'arrêt, saisine du JLD, etc.). Si le juge ne suit pas les réquisitions du ministère public, il doit rendre une ordonnance motivée
dans les cinq jours (C. pr. pén., art. 82. - DE MONREDON et MAMAN, Dans quel délai le juge d'instruction doit-il rendre
l'ordonnance refusant de faire droit aux réquisitions à fin de placement en détention provisoire contenues dans le réquisitoire
introductif ?, JCP 1989. I. 3375). Le juge d'instruction est obligé de déférer à une réquisition de communiquer le dossier en
application de l'article 82 du code de procédure pénale : une ordonnance de refus est frappée de nullité (Crim. 5 févr. 1970,
Bull. crim. n o 53). Le réquisitoire contre personne non nommée ne peut pas contenir d'avis sur la délivrance de mandats (Crim.
7 avr. 1987, Bull. crim. n o 159).

9 6 . Refus d'informer. - Le juge d'instruction ne peut rendre une ordonnance de refus d'informer que s'il est saisi d'un
réquisitoire pris après constitution de partie civile (Crim. 18 janv. 1983, Bull. crim. n o 22 ; D. 1984. 4). Saisi d'un réquisitoire
aux fins de refus d'informer, le juge doit rendre une ordonnance ; tout acte d'instruction, même une audition de la partie civile,
serait nul (Crim. 20 juin 1988, Bull. crim. n o 278 ; D. 1989. 62, note crit. Mayer ; D. 1989. Somm. 175, obs. approbative Pradel ;
Gaz. Pal. 1988. 2. Somm. 438. - V. infra, n os 144 s.). Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 5 mars 2007 sur ce point, le
1 er juillet de la même année, le procureur de la République peut aussi prendre des réquisitions de non-lieu dès la
communication de la plainte avec constitution de partie civile (V. infra, n o 115).

Art. 2 - Conditions de fond du réquisitoire


9 7 . Validité du réquisitoire introductif. - Seules les conditions de forme semblent nécessaires à la validité du réquisitoire
introductif. En effet, la chambre criminelle estime qu'un réquisitoire introductif n'encourt aucune nullité dès lors que la Cour de
cassation est en mesure de s'assurer qu'il satisfait en la forme aux conditions essentielles de son existence légale. Le procureur
de la République tient des articles 40, 41 et 80 du code de procédure pénale le droit de requérir l'ouverture d'une information
au vu de tous renseignements dont il est destinataire, et le réquisitoire introductif ne peut être annulé que s'il ne satisfait pas
en la forme aux conditions essentielles de son existence légale (Crim. 5 juin 2002, D. 2003. Somm. 35, obs. Pradel ;
Procédures nov. 2002. Comm. 214, note Buisson). Dès lors, encourt la cassation l'arrêt rendu par une chambre d'accusation
[de l'instruction] qui, saisie de l'appel d'une ordonnance d'un juge d'instruction refusant de faire droit aux réquisitions de non-
lieu, prononce l'annulation de celles-ci, alors que, bien que prises en violation des dispositions impératives et préalables de
l'article 175 du code de procédure pénale, ces réquisitions n'en étaient pas moins régulières en la forme et que le magistrat
instructeur y avait répondu, à bon droit, par une ordonnance de passer outre (Crim. 13 nov. 1996, n o 96-83.748 , Bull. crim.
n o 404. - Sur ces points, V. LESCLOUS et MARSAT, Le ministère public est indépendant des juridictions qui ne peuvent annuler
ses actes, dès lors qu'ils sont réguliers en la forme, Dr. pénal 1997. Chron. 19. - BUISSON, Le réquisitoire introductif n'est
soumis qu'au contrôle de la légalité formelle, Procédures nov. 2002. 214 s.). La chambre d'accusation [de l'instruction] analyse
souverainement les pièces qui servent de fondement au ministère public : est irrecevable le moyen qui critique l'opportunité
d'ouvrir une information (Crim. 27 juin 1991, n o 91-82.706 , Bull. crim. n o 285 ; D. 1991. 587, note Mayer ; Gaz. Pal.
1991. 2. 545) ou d'ouvrir une information distincte alors que des faits nouveaux lui sont communiqués par le juge d'instruction
(Crim. 23 mars 1999, Gaz. Pal. 9-10 juill. 1999, p. 14). Il en est ainsi lorsque figure dans les pièces annexées une relation de
versements de commissions en vue de l'obtention de marchés publics (même arrêt). Il suffit que les pièces jointes ne
contiennent aucune équivoque, ce que le juge d'instruction vérifie sous le contrôle de la chambre d'accusation [de
l'instruction] (Crim. 2 juin 1992, n o 91-85.097 , Bull. crim. n o 216 ; Gaz. Pal. 1992. 2. Somm. 478. - Crim. 29 sept. 1992,
n o 92-83.464 , Bull. crim. n o 288 ; D. 1993. Somm. 207, obs. Pradel . - Crim. 6 avr. 1993, n o 92-82.707 , Bull. crim.
n o 146).

98. Dessaisissement. - L'ordonnance du président du tribunal de grande instance statuant sur le dessaisissement du juge
d'instruction au profit d'un autre juge d'instruction du même siège, dans les conditions prévues par les premier et deuxième
alinéas de l'article 84 du code de procédure pénale, est une mesure d'administration judiciaire qui n'est pas susceptible de
recours (Crim. 10 juill. 2002, n os 02-83.539 et 02-84.191 , Bull. crim. n o 150 ; JCP 2002. IV. 2613). La requête présentée
par le procureur de la République en application de l'article 84, alinéa 1 er, du code de procédure pénale ne peut être annulée
dès lors qu'elle satisfait en la forme aux conditions essentielles de son existence légale (même arrêt).

99. Faits individualisés dans le temps et dans l'espace. - S'il est certain que les conditions de forme attachées aux pièces jointes
ont toujours été considérées comme très larges, et s'il est nécessaire de considérer que l'opportunité d'ouvrir une information
appartient sans conteste au ministère public, encore faut-il que les faits dont il saisit le juge soient suffisamment
déterminables. En effet, le juge d'instruction ne peut instruire que sur des indices laissant présumer une infraction
déterminée, déjà commise ou en cours d'exécution. S'il a le pouvoir de chercher à déterminer les circonstances exactes dans
lesquelles une infraction a été commise, en revanche, il ne saurait instruire sur un fait non individualisé dans l'espace et le
temps. Méconnaît ce principe le réquisitoire introductif visant un procès-verbal faisant état d'un renseignement anonyme
concernant le recel, par un individu, bien connu des services de police, d'objets provenant de vols commis sur Toulouse
courant 1996, et ouvrant l'information contre X… pour vols par effraction commis courant 1996 à Toulouse (Toulouse, 3 avr.
1997, inédit). Ainsi, est nul le réquisitoire introductif, signé au vu d'un rapport signalant l'interpellation aux Pays-Bas d'un
ressortissant français, porteur de stupéfiants destinés à l'importation en France. En effet, le document visé ne permettait pas
de présumer une infraction déjà commise ou en train de se commettre en France : la compétence du juge n'est déterminée ni
dans le temps, ni dans l'espace (Douai, 16 févr. 1993, Gaz. Pal. 1993. 2. 462).

100. Trafic de stupéfiants. - Il en est de même lorsque le réquisitoire introductif se borne à se référer à un rapport de police
relatant une dénonciation anonyme d'un individu soupçonné de se livrer à un trafic de stupéfiants, le juge d'instruction n'est
alors saisi d'aucun fait spécifié dans l'espace ou dans le temps (Lyon, 30 mars 1990, JCP 1990. II. 21566, note Coste). Dans
une affaire similaire où les faits de l'espèce semblaient rendre la saisine du juge encore plus indéterminée, la chambre
d'accusation de Bastia a rendu une décision dans le même sens (Bastia, 25 mai 1994, JCP 1995. II. 22393, note C. Guéry),
mais la chambre criminelle a cassé l'arrêt (Crim. 22 févr. 1995, JCP 1995. IV. 1356) au motif habituel que le réquisitoire est
régulier dès qu'il satisfait en la forme aux conditions de son existence. Pour écarter le moyen de nullité de ce que les officiers
de police judiciaire auraient accompli des actes en dehors de la saisine du juge d'instruction portant à l'origine sur un trafic
indéterminé de stupéfiants, la chambre d'accusation [de l'instruction] retient à bon droit que, les surveillances et écoutes
téléphoniques prescrites sur commission rogatoire ayant laissé supposer que ce trafic était le fait d'une bande organisée
constituée en vue d'exporter de la cocaïne d'Amérique du Sud vers l'Europe, le juge d'instruction a immédiatement transmis
ces informations au procureur de la République qui a délivré un réquisitoire supplétif du chef d'organisation d'un groupement
ayant pour objet l'importation de stupéfiants. Un second réquisitoire supplétif, du même chef, a été pris ensuite, après que les
surveillances eurent fait apparaître l'imminence d'une importation de cocaïne (Crim. 14 juin 2000, JCP 2001. IV. 782).

Art. 3 - Ouverture de l'information dans une juridiction sans pôle de l'instruction


101. Affaire criminelle et cosaisine. - L'article 80 du code de procédure pénale prévoit un dispositif particulier étudié supra, n o
45 (sur la qualification criminelle en cours d'information, V. infra, n os 422 s.).

102. Le procureur de la République du lieu du pôle peut renvoyer l'affaire devant la juridiction sans pôle. - « Si le procureur de la
République près le tribunal de grande instance dans lequel il y a un pôle de l'instruction constate qu'une personne est déférée
devant lui en vue de l'ouverture d'une information en application du deuxième alinéa du II et qu'il estime qu'aucune
information relevant de la compétence du pôle ne doit être ouverte, il peut, avant de transmettre le dossier de la procédure
au procureur de la République territorialement compétent, requérir le placement sous contrôle judiciaire ou en détention
provisoire de la personne selon les modalités prévues par le troisième alinéa de l'article 394 et l'article 396. Si la personne est
placée en détention provisoire, elle doit comparaître devant le procureur de la République près le tribunal de grande instance
au sein duquel il n'y a pas de pôle de l'instruction au plus tard le troisième jour ouvrable suivant. À défaut, elle est mise
d'office en liberté » (C. pr. pén., art. 80-2). Cet alinéa correspond à l'hypothèse selon laquelle le procureur de la République de
la juridiction sans pôle aurait fait déférer une personne devant le procureur de la République de la juridiction du pôle. Dans ce
cas, le procureur de la juridiction du pôle, qui n'aurait pas le même avis quant au caractère criminel de l'affaire (ou quant à la
nécessité d'une cosaisine ?) pourrait transmettre en retour le dossier à son collègue après avoir requis une mesure coercitive
de son juge des libertés et de la détention.

Section 4 - Constitution de partie civile


103. Saisine sur constitution de partie civile. - Il ne sera question ici que des problèmes spécifiques à la saisine sur constitution
de partie civile (pour les autres domaines, V. Partie civ ile). La plainte avec constitution de partie civile produit, si elle est
recevable, les mêmes effets qu'un réquisitoire du procureur de la République à l'égard de tous les faits dénoncés (Crim. 8 déc.
1906, Bull. crim. n o 443 ; DP 1907. 1. 207). Toute personne qui se prétend lésée par un crime ou un délit peut, en portant
plainte, se constituer partie civile devant le juge d'instruction compétent. Après accomplissement des formalités prévues par
les articles 88 et 89 du code de procédure pénale, le juge d'instruction ordonne communication de la plainte au procureur de
la République pour que ce magistrat prenne ses réquisitions (C. pr. pén., art. 85 et 86, al. 1 er). L'action publique est
valablement mise en mouvement par le réquisitoire introductif du procureur de la République alors même que la constitution
de partie civile aurait été déclarée irrecevable. Il n'en serait autrement que si cette mise en mouvement de l'action publique
était subordonnée au dépôt d'une plainte préalable (Crim. 8 nov. 1983, Bull. crim. n o 290). Depuis l'arrêt du 6 août 2008, le
fait que la plainte avec constitution de partie civile ait été déposée ou non contre personne dénommée a retrouvé un intérêt
procédural primordial (V. infra, n o 401).

1 0 4 . Absence de conditions de forme. - Dès lors que les termes d'une lettre adressée au juge d'instruction manifestent et
concrétisent sans équivoque l'intention de se constituer partie civile, la chambre de l'instruction ne peut déclarer irrecevable,
faute de qualité, l'appel de la partie civile contre une ordonnance de non-lieu. Encourt la censure l'arrêt qui déclare irrecevable
l'appel d'une ordonnance de non-lieu, au motif que l'appelant ne s'était pas expressément constitué partie civile, alors qu'il
résulte de ses énonciations qu'au cours de l'information ouverte par le procureur de la République, l'avocat du plaignant avait
adressé une lettre au juge d'instruction dans laquelle il indiquait que son client entendait se constituer partie civile et que lui-
même l'assisterait pour les suites du dossier (Crim. 19 sept. 2006, n o 06-80.674 , Bull. crim. n o 227 ; Procédures 2006.
Comm. 277, note Buisson). Sur la nécessité d'une action préalable de la partie civile, V. infra, n o 134.

105. Information de la victime. - Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, « dès le début de l'information, le juge
d'instruction doit avertir la victime d'une infraction de l'ouverture d'une procédure, de son droit de se constituer partie civile et
des modalités d'exercice de ce droit. Si la victime est mineure, l'avis est donné à ses représentants légaux ».

106. Information de la partie civile sur le déroulement de l'instruction. - La loi du 15 juin 2000 avait prévu dans un article 175-3
l'obligation pour le juge d'instruction d'avertir la partie civile tous les six mois de l'avancement de l'instruction. La loi du 9 mars
2004 a modifié le texte en limitant désormais son champ d'application aux crimes et aux délits contre les personnes. Par
ailleurs, le législateur a modifié l'emplacement de cette disposition, désormais prévue à l'article 90-1 du code de procédure
pénale. Lorsqu'une association regroupant plusieurs victimes s'est constituée partie civile en application des dispositions de
l'article 2-15, l'avis est donné à cette seule association, à charge pour elle d'en informer les victimes regroupées en son sein,
sauf si ces victimes se sont également constituées parties civiles à titre individuel. Le texte a été modifié par la loi du 5 mars
2007 relative à la prévention de la délinquance. Il est désormais ainsi rédigé : « En matière criminelle, lorsqu'il s'agit d'un délit
contre les personnes prévu par le livre II du code pénal ou lorsqu'il s'agit d'un délit contre les biens prévu par le livre III du
code pénal et accompagné d'atteintes à la personne, le juge d'instruction avise tous les six mois la partie civile de l'état
d'avancement de l'information. Cet avis peut être donné par lettre simple adressée à la partie civile et à son avocat, ou à
l'occasion de l'audition de la partie civile. Lorsqu'une association regroupant plusieurs victimes s'est constituée partie civile en
application des dispositions de l'article 2-15, l'avis est donné à cette seule association, à charge pour elle d'en informer les
victimes regroupées en son sein, sauf si ces victimes se sont également constituées parties civiles à titre individuel. Si la
partie civile le demande, l'information relative à l'évolution de la procédure prévue par le présent article intervient tous les
quatre mois, et la partie civile est convoquée et entendue à cette fin par le juge d'instruction ».

107. Aide juridictionnelle et consignation. - Lorsqu'une partie a obtenu l'aide juridictionnelle, elle est dispensée de verser une
consignation à la suite du dépôt de sa plainte avec constitution de partie civile (Crim. 4 févr. 1998, Gaz. Pal. 17-18 juill. 1998,
p. 20). En l'état d'une plainte avec constitution de partie civile portée entre les mains du juge d'instruction, pour injures et
diffamations contre personne non dénommée, le juge d'instruction ayant, dans un premier temps, fixé par ordonnance le
montant de la consignation à verser par la partie civile, et, dans un deuxième temps, rendu une ordonnance de non-
recevabilité, au motif que la partie civile n'a pas consigné, justifie sa décision au regard des articles 88 et 593 du code de
procédure pénale, la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, pour confirmer cette décision, énonce notamment qu'une
demande d'aide juridictionnelle n'a pas pour effet de suspendre le délai imparti pour consigner, et que le plaignant n'a pas
interjeté appel de l'ordonnance fixant la consignation mise à sa charge, pour permettre à la cour d'appel d'en apprécier le
bien-fondé (Crim. 29 sept. 1998, n o 96-85.432 , D. 1998. IR 262 ). On sait d'ailleurs qu'en pareille hypothèse, le
plaignant peut parfaitement renouveler sa plainte, si la prescription n'a pas été acquise entre-temps. Viole le droit d'accès du
requérant à un tribunal au sens de l'article 6, paragraphe 1 er, de la Convention européenne des droits de l'homme
l'irrecevabilité d'une plainte avec constitution de partie civile pour non-versement de la consignation fixée à 80 000 F (env.
12 200 €), l'auteur de cette plainte, dont le doyen des juges d'instruction savait qu'il était sans ressources financières et sans
réponse du bureau d'aide juridictionnelle, ayant été, par la fixation d'une somme aussi élevée, privé en pratique de son
recours devant le juge d'instruction. Viole le même droit une autre ordonnance identique, à la seule différence que le bureau
d'aide juridictionnelle a expressément refusé d'accorder l'aide juridictionnelle (CEDH 28 oct. 1998, BICC 485, n o 2). Lorsque
l'aide juridictionnelle, même partielle, lui a été accordée, la partie civile est dispensée de toute consignation, en application de
l'article 88 du code de procédure pénale (Crim. 30 nov. 1999, BICC 509, n o 207).

108. Dispense de consignation. - Les directeurs des organismes de sécurité sociale, ainsi que les directeurs des organismes
admis à encaisser des cotisations ou à servir des prestations au titre des régimes obligatoires de base sont dispensés de
consignation. Lorsqu'une fraude est constatée pour un montant supérieur à un seuil fixé par décret, ces organismes portent
plainte en se constituant partie civile mais sont, « en ce cas, dispensés de la consignation prévue à l'article 88 du code de
procédure pénale » (CSS, art. L. 114-9).

1 0 9 . Date de consignation prise en compte. - Lorsqu'elle est effectuée sous la forme non d'un dépôt au greffe, mais d'un
virement, la consignation est réputée faite à la date à laquelle le compte du régisseur d'avance est crédité de la somme fixée
par le juge d'instruction. Ne justifie pas légalement sa décision la chambre de l'instruction qui déclare irrecevable une
constitution de partie civile faute de versement de la consignation avant l'expiration, le 16 octobre 2005, du délai dans lequel
elle devait être faite, sans rechercher, comme l'y invitait le mémoire de la partie civile, si la date du 18 octobre 2005 figurant
dans le document établi par le greffier était celle à laquelle celui-ci avait constaté le paiement ou celle à laquelle le virement
avait été porté au crédit du compte de la régie d'avances et de recettes du tribunal (Crim. 12 déc. 2006, n o 06-82.034 , Bull.
crim. n o 309).

110. Frais de justice criminelle. - Depuis 1993, la consignation ne garantissait plus le remboursement des frais du procès, mais
seulement le paiement de l'amende civile pouvant être mise à la charge de la partie civile ayant déposé une plainte injustifiée
(C. pr. pén., art. 88-1. - V. infra, n o 139). Mais la loi du 5 mars 2007 a réintroduit un mécanisme assez proche de l'ancien dans
un article 88-2 qui prévoit que « le juge d'instruction peut, en cours de procédure, ordonner à la partie civile qui demande la
réalisation d'une expertise de verser préalablement un complément de la consignation prévue par l'article 88 afin de garantir
le paiement des frais susceptibles d'être mis à sa charge en application du second alinéa de l'article 800-1. Cette décision est
prise par ordonnance motivée susceptible d'appel devant la chambre de l'instruction. Elle peut également être prise par la
chambre de l'instruction saisie après que le juge d'instruction a refusé d'ordonner l'expertise demandée. Le complément de
consignation est restitué s'il n'est pas fait application du second alinéa de l'article 800-1 ». La rédaction de l'article 800-1
répond à cette nouveauté en disposant que « lorsqu'il est fait application des articles 177-2 ou 212-2 à l'encontre de la partie
civile dont la constitution a été jugée abusive ou dilatoire, les frais de justice correspondant aux expertises ordonnées à la
demande de cette dernière peuvent, selon les modalités prévues par ces articles, être mis à la charge de celle-ci par le juge
d'instruction ou la chambre de l'instruction. Le présent alinéa n'est pas applicable lorsque la partie civile a obtenu l'aide
juridictionnelle ».

111. La plainte avec constitution de partie civile ne suppose pas forcément l'assistance d'un conseil. - L'absence, pour la partie
civile, de la possibilité de consulter le dossier ne semble pas contraire à la Convention européenne des Droits de l'Homme. En
effet, la Cour européenne des droits de l'homme a estimé qu'« eu égard à l'ensemble des circonstances [procédure
prud'homale continuée par une plainte du requérant avec constitution de partie civile pour faux, usage de faux, altération
d'écriture et destruction de preuve, contre des personnes intervenues dans la procédure prud'homale] et compte tenu des
intérêts en jeu, l'impossibilité pour le requérant partie civile non représentée de consulter le dossier d'instruction dont l'accès
est réservé aux avocats, n'a pas porté une atteinte excessive à son droit à un procès équitable » (CEDH 14 juin 2005, req.
n o 39553/02, X… c/ France, BICC 623, n o 1381).

112. Le criminel ne tient plus toujours le civil en l'état. - Autre innovation importante de la loi du 5 mars 2007, le criminel ne
tient plus toujours le civil en l'état. En dehors des actions portant directement sur la réparation du dommage, l'article 4 du
code de procédure pénale dispose désormais que « la mise en mouvement de l'action publique n'impose pas la suspension du
jugement des autres actions exercées devant la juridiction civile, de quelque nature qu'elles soient, même si la décision à
intervenir au pénal est susceptible d'exercer, directement ou indirectement, une influence sur la solution du procès civil ». Le
renvoi n'est donc plus qu'une faculté pour la juridiction de jugement : le sursis à statuer n'est pas impossible, mais demeure
facultatif. Si l'alinéa 3 de l'article 4 du code de procédure pénale, dans sa rédaction issue de la loi n o 2007-291 du 5 mars
2007, n'impose pas la suspension du jugement des actions autres que l'action civile, il ne prive pas la cour d'appel de la
possibilité de prononcer un sursis à statuer dans l'exercice de son pouvoir discrétionnaire (Soc. 17 sept. 2008, n o07-43.211,
AJ pénal 2008. 510, obs. Porteron ). L'application de ces dispositions peut ouvrir la possibilité future du recours en révision
prévu par l'article 595 du code de procédure civile (V. Circ. JUS-D-07-30-041C du 22 juin 2007 [n o 3.1]). Seules les décisions
définitives des juridictions pénales statuant au fond sur l'action publique ont au civil autorité à l'égard de tous. Dès lors, viole
ce principe l'arrêt qui retient que la décision de la chambre de l'instruction qui tranche un incident de procédure est revêtue de
l'autorité de la chose jugée (Cass., ch. mixte, 10 oct. 2008, n o 04-16.174 , D. 2008. AJ 2604 ; AJ pénal 2009. 37, obs.
Dourneau-Josette ; Dr. pénal 2008. Comm. 160, obs. Maron et Haas).

113. Utilisation de la plainte avec constitution de partie civile. - De plus en plus, la plainte avec constitution de partie civile tend à
être utilisée, non plus comme palliatif du classement sans suite du ministère public, mais comme un mode de poursuite comme
un autre, permettant à un plaignant d'identifier plus facilement le magistrat en charge de la plainte. L'utilisation du juge
d'instruction dans des affaires de peu d'importance nous semble contraire à l'idée que l'on peut se faire de la fonction (sur ce
point, V. C. GUÉRY, Le juge d'instruction et le voleur de pommes. Pour une réforme de la constitution de partie civile, D. 2003.
Chron. 1575 ). La réforme de la loi du 5 mars 2007 apporte un début de solution, qui pouvait apparaître insuffisant mais qui
semble avoir eu de réels effets (V. infra, n o 134).

Art. 1 - Spécificité de la saisine


114. Obligation d'instruire. - Le juge d'instruction régulièrement saisi est tenu d'instruire sur tous les faits dénoncés par la
plainte (Crim. 8 déc. 1906, Bull. crim. n o 443. - Crim. 29 janv. 1985, Bull. crim. n o 45), comme s'il était saisi par un réquisitoire
introductif du procureur de la République (Crim. 21 févr. 1968, Bull. crim. n o 56), et quelles que soient les réquisitions de celui-
ci (Crim. 11 févr. 1992, n o 91-86.066 , Bull. crim. n o 63). Il faut en conclure que faute, par le ministère public, d'avoir pris des
réquisitions de refus d'informer ou d'irrecevabilité sur certains des faits dénoncés par la plainte, le magistrat instructeur est
saisi non seulement des faits qualifiés par le parquet mais de tous ceux dénoncés par la plainte et qui n'auraient reçu aucune
qualification. La juridiction d'instruction, saisie d'une plainte avec constitution de partie civile, suivie du versement de la
consignation prévue à l'article 88 du code de procédure pénale, doit, en l'absence de réquisitions de non-informer, instruire
sur les faits dénoncés dans cette plainte, alors même qu'ils ne sont pas visés dans le réquisitoire introductif du ministère
public, dans la mesure où cette constitution de partie civile n'a pas été déclarée irrecevable (Crim. 8 déc. 1992, n o 92-83.854
, Bull. crim. n o 409). Le juge d'instruction à l'obligation d'informer sur tous les faits résultant de la plainte, sous toutes les
qualifications possibles, cette obligation n'étant pas, en son principe, contraire à l'immunité de juridiction des États étrangers
et de leurs représentants (Crim. 19 mars 2013, n o 12-81.676 , Dalloz actualité 9 avr. 2013, obs. Léna). Le principe de
l'obligation d'instruire semble toutefois écorné par la possibilité ouverte au procureur de la République, saisi d'une plainte
avec constitution de partie civile, de prendre des réquisitions de non-lieu (V. infra, n o 115).

1 1 5 . Réquisitions de non-lieu. - L'article 86, quatrième alinéa, du code de procédure pénale prévoit désormais que « le
procureur de la République peut également prendre des réquisitions de non-lieu dans le cas où il est établi de façon
manifeste, le cas échéant au vu des investigations qui ont pu être réalisées à la suite du dépôt de la plainte ou en application
du troisième alinéa, que les faits dénoncés par la partie civile n'ont pas été commis ». Il convient donc de faire une différence
entre le non-lieu à suivre qui est rendu après une information et le non-lieu à informer ou à instruire, prévu par l'article 86,
alinéa 4, du code de procédure pénale. Le juge d'instruction peut, sans avoir lui même entrepris d'investigations, fonder une
ordonnance de non-lieu à instruire sur le résultat d'une enquête qui, diligentée sur des faits identiques après dépôt d'une
plainte simple, a permis de révéler l'inanité de la dénonciation entreprise et le caractère manifestement abusif de ladite
plainte (Crim. 3 mars 2009, n o 08-84.521 , Bull. crim. n o 49 ; Procédures 2009, n o 285, note Buisson ; RSC 2009. 855, obs.
Finielz ). Dans ce cas l'arrêt de la chambre de l'instruction doit contenir les éléments sur le fait que de façon manifeste, les
faits n'ont pas été commis (Crim. 6 oct. 2009, n o 09-80.720 , Bull. crim. n o 164 ; D. 2009. AJ 2554 ; AJ pénal 2009. 505,
obs. Ascensi ).

116. Plainte additionnelle. - Avant la loi n o 99-515 du 23 juin 1999 (D. 1999. 311), les juridictions d'instruction devaient statuer
non seulement sur tous les chefs d'inculpation dénoncés dans la plainte avec constitution de partie civile mais également sur
ceux dénoncés dans une plainte additionnelle de cette partie, même en l'absence de réquisitoire supplétif du procureur de la
République (Crim. 30 mars 1993, n o 92-84.078 , Bull. crim. n o 133). Cette décision semblait démontrer le caractère
totalement secondaire que revêt, dans cette matière, le réquisitoire du procureur de la République qui ne doit pas être
entendu comme un véritable réquisitoire « introductif », mais seulement comme des réquisitions de bien vouloir instruire. Elle
a été confirmée par une seconde décision, consacrant le même principe (Crim. 4 juin 1996, JCP 1996. IV. 2263 ; Gaz. Pal.
1996. 2. Chron. dr. crim. 184). En revanche, une constitution de partie civile par voie de simple intervention n'étendait pas la
saisine du juge à des faits non visés par le réquisitoire introductif (Paris, 17 mai 1989, D. 1990. 74, note Mayer .-
LESCLOUS et MARSAT, Le ministère public est indépendant des juridictions qui ne peuvent annuler ses actes, dès lors qu'ils
sont réguliers en la forme, Dr. pénal 1997. Chron. 19). Mais l'alinéa 3 de l'article 80 du code de procédure pénale, issu de la loi
du 23 juin 1999, non modifié depuis est désormais ainsi rédigé : « Le procureur de la République peut alors soit requérir du
juge d'instruction, par réquisitoire supplétif, qu'il informe sur ces nouveaux faits […] soit saisir la juridiction de jugement, soit
ordonner une enquête, soit décider d'un classement sans suite ou de procéder à l'une des mesures prévues aux articles 41-1
à 41-3, soit transmettre les plaintes ou les procès-verbaux au procureur de la République territorialement compétent. Si le
procureur de la République requiert l'ouverture d'une information distincte, celle-ci peut être confiée au même juge
d'instruction, désigné dans les conditions prévues au premier alinéa de l'article 83 ». La chambre criminelle est donc revenue
sur la jurisprudence du 30 mars 1993 : selon l'article 80 du code de procédure pénale, dans sa rédaction issue de la loi du
23 juin 1999, applicable immédiatement, une constitution de partie civile additionnelle dénonçant des faits nouveaux, ne saisit
le juge d'instruction que si le procureur de la République requiert qu'il soit instruit sur ces faits (Crim. 26 sept. 2000, n o 00-
82.017 , Bull. crim. n o 277 ; D. 2000. IR 288 ).

117. Mauvaise qualification de la partie civile. - Il n'importe que la partie civile ait mal qualifié l'infraction pouvant être constituée
par les faits sur lesquels porte la plainte ; il appartient à la juridiction d'instruction d'examiner ces faits sous toutes les
qualifications possibles (Crim. 23 janv. 1990, n o 89-83.236 , Bull. crim. n o 43).

118. Communication de la plainte au procureur. - Une fois les formalités de l'article 88 du code de procédure pénale accomplies,
sauf règles particulières, le juge d'instruction ordonne communication de la plainte au procureur de la République, pour que ce
magistrat prenne ses réquisitions (C. pr. pén., art. 86, al. 1 er). Le réquisitoire peut être pris contre personne dénommée ou
non dénommée (C. pr. pén., art. 86, al. 2).

1 1 9 . Plainte pas suffisamment motivée ou justifiée. - Lorsque la plainte n'est pas suffisamment motivée ou justifiée, le
procureur de la République peut, avant de prendre ses réquisitions et s'il n'y a pas été procédé d'office par le juge
d'instruction, demander à ce magistrat d'entendre la partie civile et, le cas échéant, d'inviter cette dernière à produire toute
pièce utile à l'appui de sa plainte (C. pr. pén., art. 86, al. 3). Dès lors que le procureur de la République, auquel la procédure a
été communiquée en vertu de l'article 86 précité, a pris des réquisitions, seul le magistrat instructeur chargé, conformément
aux dispositions de l'article 83 susvisé, de l'information ouverte dès le dépôt de la plainte suivie du versement de la
consignation, a qualité pour se prononcer sur lesdites réquisitions, quel qu'en soit le sens (Crim. 7 mars 1988, Bull. crim.
n o 114). Cet arrêt justifie la pratique des doyens des juges d'instruction : ils ont qualité pour dire qu'une plainte n'est pas
recevable pour non-paiement de consignation et, désormais, pour non dépôt d'une plainte préalable (C. pr. pén., art. 85, issu
de la loi du 5 mars 2007. - V. infra, n o 134), mais dès lors que la consignation est versée, seul le juge d'instruction désigné
par le président de la juridiction peut rendre une décision d'irrecevabilité.

120. Personne nommément visée par une plainte assortie d'une constitution de partie civile. - Avant l'entrée en vigueur de la loi
du 15 juin 2000, toute personne nommément visée par une plainte assortie d'une constitution de partie civile avait droit, sur
sa demande, lorsqu'elle était entendue comme témoin, au bénéfice des droits reconnus aux personnes mises en examen par
les articles 114, 115 et 120 du code de procédure pénale. Le juge d'instruction l'en avertissait lors de sa première audition
après lui avoir donné connaissance de la plainte. Désormais, l'article 113-2 du code de procédure pénale dispose que « toute
personne nommément visée par une plainte ou mise en cause par la victime peut être entendue comme témoin assisté.
Lorsqu'elle comparaît devant le juge d'instruction, elle est obligatoirement entendue en cette qualité si elle en fait la
demande ». Un alinéa a été ajouté par la loi du 9 mars 2004 à l'article 113-2 qui prévoit que si la personne est nommément
visée par une plainte avec constitution de partie civile, elle est avisée de ce droit lorsqu'elle comparaît devant le juge
d'instruction. La chambre criminelle a toutefois ajouté au texte dans un arrêt du 6 août 2008 et les dispositions de l'article
113-2 trouvent désormais à s'appliquer également devant les services d'enquête (V. infra, n o 401).

121. Changement du mode de poursuite. - Selon les articles 388, 85 et 89 du code de procédure pénale, aucune plainte avec
constitution de partie civile déposée devant le juge d'instruction ne fait obstacle à la saisine directe par voie de citation directe
dès lors que l'auteur de la plainte n'a pas versé la consignation fixée par le juge d'instruction. Encourt la cassation l'arrêt qui
énonce que la partie civile qui a fait le choix de la voie de l'instruction préparatoire ne peut abandonner celle-ci pour user de
celle de la citation directe à l'encontre de la même personne pour les mêmes faits, alors que l'auteur de la plainte n'a pas
versé la consignation fixée par le juge d'instruction (Crim. 11 janv. 2000, BICC 511, n o 394). « Le défaut de versement, par la
partie civile poursuivante, de la consignation imposée par l'article 392-1 du code de procédure pénale n'est pas une cause
d'irrecevabilité de la citation directe délivrée à sa requête lorsque le tribunal a omis d'en fixer le montant et le délai de
versement » (Crim. 29 avr. 2003, n o 02-85.315 , Bull. crim. n o 90 ; JCP 2003. IV. 2173).

122. Constitution de partie civile et juridiction de jugement. - La recevabilité d'une constitution de partie civile devant le juge
d'instruction ne s'impose pas à la juridiction de jugement (Crim. 17 févr. 2004, n o 03-85.119 , Bull. crim. n o 41 ; RSC 2004.
670, obs. A. Giudicelli ).

123. Défaut de déclaration d'adresse. - Faute d'avoir satisfait à l'obligation qui lui incombe, aux termes de l'article 89, alinéa 1 er,
du code de procédure pénale, de déclarer une adresse au juge d'instruction, la partie civile ne peut, en application du dernier
alinéa du même texte, opposer le défaut de notification des actes qui auraient dû lui être notifiés aux termes de la loi. L'avis
que doit donner le juge d'instruction selon l'article 89, alinéa 3, dudit code ne concerne que l'obligation de lui signaler son
changement dans l'adresse déclarée (Crim. 8 févr. 2000, n o 99-83.805 , Bull. crim. n o 59 ; JCP 2000. IV. 1098). Les
formalités de déclaration d'adresse ont été élargies par la loi du 9 mars 2004 et ont désormais une incidence sur la
qualification du jugement si le prévenu ne comparaît pas. V. Citations et significations.

124. Indemnités de déplacement. - En matière criminelle, lorsqu'il s'agit d'un délit contre les personnes prévu par le livre II du
code pénal ou lorsqu'il s'agit d'un délit contre les biens prévu par le livre III du même code et accompagné d'atteintes à la
personne, le juge d'instruction peut décider que la partie civile est assimilée au témoin en ce qui concerne le paiement des
indemnités (C. pr. pén., art. 91-1). Dans les autres cas, la victime partie civile continue à supporter le prix de ses
déplacements, ce qui n'est pas le cas si elle est demeurée simple témoin.

1 2 5 . Administrateur « ad hoc » d'un mineur. - Si, en application de l'article 706-50 du code de procédure pénale, un
a dministra te ur ad hoc peut être désigné pour assurer la protection des intérêts d'un mineur, victime de faits commis
volontairement, et exercer, s'il y a lieu, au nom de celui-ci les droits reconnus à la partie civile, cette désignation ne peut
intervenir qu'en faveur d'un mineur vivant (Crim. 15 juin 2000, n o 99-87.322 , Bull. crim. n o 230. - V. Enfance). Depuis
l'entrée en vigueur de la loi n o 2010-121 du 8 février 2010, il a été ajouté un nouvel alinéa à l'article 706-50 aux termes
duquel, « lorsque les faits sont qualifiés d'incestueux au sens des articles 222-31-1 ou 227-27-2 du code pénal, la désignation
de l'administrateur ad hoc est obligatoire, sauf décision spécialement motivée du procureur de la République ou du juge
d'instruction ». Toutefois, dans une décision du 16 septembre 2011 (n o 2011-163 QPC, Dr. pénal 2011. Comm. 130, note
Véron), le Conseil constitutionnel a déclaré l'article 222-31-1 du code pénal contraire à la Constitution au motif que le
législateur ne pouvait, sans méconnaître le principe de légalité des délits et des peines, s'abstenir de désigner précisément
les personnes qui doivent être regardées, au sens de cette qualification, comme membres de la famille. L'article 706-50
renvoyant à l'article 222-31-1, qui est abrogé, il convient de considérer que ses dispositions sont également
inconstitutionnelles (en ce sens : dépêche de la chancellerie CRIM-AP n o 10-780-D2 en date du 20 sept. 2011).

Art. 2 - Recevabilité de la demande


126. Recevabilité de droit commun de l'action civile. - L'article 85 du code de procédure pénale n'apporte aucune dérogation aux
règles générales concernant les conditions de recevabilité de l'action civile et notamment aux règles concernant la qualité
pour agir et les caractères du préjudice invoqué (V. Action civ ile). On ne saurait donc déduire du texte de cette disposition
qu'il suffit au plaignant pour jouir du droit de mettre en mouvement l'action publique, c'est-à-dire du droit de poursuite,
d'alléguer qu'il a été lésé. Si la certitude du préjudice subi par lui n'a pas à être établie devant le juge d'instruction, encore
faut-il, pour que la constitution de partie civile soit recevable, que les circonstances sur lesquelles elle s'appuie permettent au
juge d'admettre comme possible l'existence du préjudice allégué et la relation de causalité directe de celui-ci avec les faits
dénoncés (Crim. 9 févr. 1961, D. 1961. 306. - Crim. 6 oct. 1964, Bull. crim. n o 256. - Crim. 17 oct. 1967, Bull. crim. n o 251. -
Crim. 16 févr. 1999, n o 98-80.537 , Bull. crim. n o 17 ; Dr. pénal 1999. Comm. 84, note Robert. - Crim. 11 déc. 2002, JCP
2003. IV. 1255). Encourt dès lors la cassation l'arrêt d'une chambre d'accusation [de l'instruction] qui, pour confirmer une
ordonnance d'irrecevabilité d'une plainte avec constitution de partie civile déposée par une grand-mère qui dénonçait des
actes incestueux commis sur sa petite-fille, se borne à énoncer qu'elle ne dispose pas de l'autorité parentale et ne peut
justifier d'un dommage personnel directement causé par l'infraction (Crim. 16 juin 1998, Gaz. Pal. 8 nov. 1998 ; JCP 1998.
IV. 3219). Il en est de même de l'arrêt qui, pour confirmer l'ordonnance du juge d'instruction ayant déclaré irrecevable la
constitution de partie civile d'une banque qui avait accordé un prêt à une société et invoquait la perte d'une chance, en tant
que créancière, de limiter son risque financier du fait de la non-révélation de faits délictueux et de la délivrance ou de la
confirmation d'informations mensongères par les commissaires aux comptes, énonce que le préjudice de la banque, consistant
dans le non-paiement de sa créance, n'est pas direct au regard des délits dénoncés par la plainte, qui ont été commis
postérieurement à l'octroi du prêt (Crim. 6 sept. 2000, BICC 523, n o 1186). Encourt la cassation, l'arrêt de la chambre de
l'instruction qui, pour confirmer l'ordonnance des juges d'instruction ayant déclaré irrecevable la constitution de partie civile,
des chefs d'abus de biens sociaux et complicité, d'un actionnaire d'une société ayant absorbé une autre société et ses filiales
victimes des agissements dénoncés, énonce que la fusion-absorption étant intervenue postérieurement à la date des faits, il
est difficile de considérer comme possible le préjudice subi par la société absorbante, lequel ne pourrait en toute hypothèse
qu'être indirect, alors qu'en cas de fusion de sociétés, l'actionnaire de la société absorbante est recevable à se constituer
partie civile, sur le fondement de l'article L. 225-252 du code de commerce, pour demander réparation du dommage résultant
d'actes délictueux qui auraient été commis au préjudice de la société absorbée et de ses filiales par leurs dirigeants sociaux
(Crim. 2 avr. 2003, JCP 2003. IV. 2119).

127. Lien de causalité directe entre le préjudice et l'infraction. - S'il est vrai que la constitution de partie civile peut avoir pour
seul objet de corroborer l'action publique, encore faut-il, pour qu'elle soit recevable, que les circonstances sur lesquelles elle
s'appuie permettent à la juridiction d'admettre comme possibles, non seulement l'existence du préjudice allégué, mais aussi la
relation directe de celui-ci avec l'infraction (Crim. 19 févr. 2002, n o 00-86.244 , Bull. crim. n o 34 ; JCP 2002. IV. 1744). Si la
victime d'une infraction dispose d'un droit à réparation du dommage subi qui, étant né dans son patrimoine, se transmet, à
son décès, à ses héritiers, ceux-ci ne peuvent exercer ce droit que devant la juridiction civile lorsque l'action publique n'a été
mise en mouvement ni par la victime elle-même, ni par le ministère public (Crim. 27 avr. 2004, n o 03-87.065 , Bull. crim.
n o 96 ; JCP 2004. IV. 2262). La constitution de partie civile de la soeur d'une victime de viol ou agression sexuelle est
recevable (Crim. 27 mai 2009, n o 09-80.023 , Bull. crim. n o 107 ; AJ pénal 2009. 363, obs. Duparc ). Toute personne
morale étrangère qui se prétend victime d'une infraction est habilitée à se constituer partie civile, devant une juridiction
française, dans les conditions prévues par l'article 2 du code de procédure pénale, même si elle n'a pas d'établissement en
France et n'a pas fait de déclaration préalable à la préfecture (Crim. 8 déc. 2009, n o 09-81.607 , Bull. crim. n o 205 ; JCP
2010, p. 417, note Forgues ; AJ pénal 2010. 442, obs. Ascensi ; RSC 2010. 182, note Giudicelli ).

128. Le plaignant doit justifier de son droit. - Le juge d'instruction est donc fondé à demander au plaignant de justifier de son
droit (Crim. 12 juin 1954, Bull. crim. n o 208), et à refuser d'informer lorsque celui-ci prétend subordonner sa démonstration à
l'ouverture de l'information (Crim. 9 févr. 1961, D. 1961. 306). Mais il est indifférent que ce préjudice soit ou non réparable, le
juge d'instruction n'ayant ni le droit ni le pouvoir de se prononcer sur le fondement du droit à réparation (Crim. 16 mars 1964,
JCP 1964. II. 13744, note A. P.). Le juge d'instruction, régulièrement saisi d'une plainte avec constitution de partie civile, a le
devoir de vérifier la réalité des faits dénoncés et de déterminer leur qualification pénale éventuelle (Crim. 26 sept. 2001,
n o 01-84.565 , Bull. crim. n o 193 ; JCP 2001. IV. 2273).

129. Jurisprudence administrative. - Selon le Conseil d'État, les prérogatives dont dispose la victime au sein du procès pénal ne
lui sont reconnues que pour concourir à la recherche et à la manifestation de la vérité. Elles ne constituent donc pas
l'expression d'un droit propre. En conséquence, les héritiers de la victime d'un assassinat ne sont pas en mesure d'obtenir la
condamnation de l'État à les indemniser pour le préjudice moral qui résulterait, pour eux, de l'absence d'un procès pénal. À cet
égard, il demeure indifférent que la cause de l'impossibilité du procès réside dans le suicide du mis en examen durant sa
détention provisoire (CE, ass., 19 juill. 2011, req. n o 335625 , JCP 2011. 1248, note Beaussonie ; D. 2011. 2043 ).

1 3 0 . Complicité, coauteur. - L'auteur d'une infraction n'est pas recevable à se constituer partie civile à l'encontre des
personnes qui l'auraient incité à commettre celle-ci en alléguant le préjudice que lui auraient causé sa déclaration de
culpabilité et sa condamnation (Crim. 28 oct. 1997, D. 1998. 268, note Mayer et Chassaing ).

1 3 1 . Crime ou délit commis à l'occasion d'une poursuite judiciaire. - L'exception préjudicielle à l'action publique prévue par
l'article 6-1 du code de procédure pénale est applicable lorsqu'un crime ou un délit prétendument commis à l'occasion d'une
poursuite judiciaire impliquerait la violation d'une disposition du code de procédure pénale. Tel est le cas lorsque, comme en
l'espèce, est dénoncée la violation du secret de l'instruction qu'auraient commise des fonctionnaires de police en permettant
que des actes accomplis sur commission rogatoire d'un juge d'instruction soient filmés pour la réalisation d'un reportage de
télévision. Les dispositions de l'article 6-1 du code de procédure pénale constituant un obstacle à la mise en mouvement de
l'action publique, le moyen tiré de leur inobservation peut être soulevé à tout stade de la procédure (Crim. 2 sept. 2003, JCP
2003. IV. 280).

132. Il résulte de la combinaison des articles 6-1 et 86 du code de procédure pénale que, lorsqu'un crime ou un délit est
dénoncé comme ayant été commis à l'occasion d'une poursuite judiciaire et impliquerait la violation d'une disposition de
procédure pénale, l'absence de décision définitive de la juridiction répressive constatant le caractère illégal de la poursuite ou
de l'acte accompli met obstacle à l'exercice de l'action publique pour la répression dudit crime ou délit (Crim. 28 janv. 1997,
BICC 1 er juin 1997, n o 654). En l'état d'une plainte avec constitution de partie civile pour viol, dénonçant un toucher rectal
effectué par l'expert commis par le juge d'instruction, est justifié, au regard de l'article 6-1 du code de procédure pénale,
l'arrêt de la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, pour confirmer l'ordonnance de refus d'informer du juge d'instruction,
relève qu'une précédente décision définitive avait constaté le caractère légal de l'expertise, et qu'ainsi les faits reprochés n'en
étaient que l'exécution régulière (Crim. 28 janv. 1997, n o 96-81.388 , Bull. crim. n o 37). Il en est de même pour celui qui se
prétend lésé par une pièce publique ou authentique arguée de faux et qui ne s'est pas inscrit en faux contre cette pièce. Il
conserve le droit d'engager une procédure de faux principal selon les conditions de droit commun de l'article 85 du code de
procédure pénale (Crim. 6 mai 1997, n o 96-83.581 , Bull. crim. n o 169). Mais les décisions sont parfois contradictoires
(V. ANZANI, L'article 6-1 du code de procédure pénale et le faux commis à l'occasion d'une poursuite judiciaire, Dr. pénal 2006.
Chron. 5). Ne justifie pas sa décision, au regard de l'article 6-1 du code de procédure pénale, l'arrêt qui déclare qu'il y a lieu
d'informer des chefs d'arrestation arbitraire, abus d'autorité, menace ou intimidation envers un avocat, à la suite d'une plainte
d'une partie civile dénonçant les conditions dans lesquelles elle a été placée en garde à vue, alors que le caractère illégal de
cette mesure a été définitivement écarté par une décision devenue définitive de la chambre de l'instruction saisie d'une
requête en annulation de cette mesure (Crim. 27 sept. 2005, n o 05-84.032 , Bull. crim. n o 235. - Crim. 7 déc. 2005, n o 05-
81.483 , Bull. crim. n o 325 ; D. 2005. IR 252 ; D. 2006. Pan. 617, obs. Pradel ). Justifie sa décision la chambre
d'accusation [de l'instruction] qui, pour confirmer, sur le fondement de l'article 6-1 du code de procédure pénale, une
ordonnance du juge d'instruction portant refus d'informer sur une plainte avec constitution de partie civile dénonçant les
conditions illégales dans lesquelles aurait été conduite une poursuite pénale, constate que cette violation n'a pas été
constatée par décision définitive de la juridiction répressive, et met ainsi obstacle à l'exercice de l'action publique (Crim.
21 avr. 1998, n o 97-82.897 , Bull. crim. n o 139).

133. « Una via electa ». - La fin de non-recevoir tirée de l'article 5 du code de procédure pénale (maxime una via electa) ne
protégeant que les intérêts privés, sa violation ne peut être relevée par la juridiction d'instruction qu'à la demande de la
partie concernée. Ne constitue pas une telle demande la lettre adressée au juge d'instruction par une personne mise en
cause dans la plainte avec constitution de partie civile, cette personne n'ayant pas la qualité de partie à l'information (Crim.
10 oct. 2000, D. 2000. IR 283 ; BICC 526, n o 1360). Est recevable la constitution de partie civile intervenante de celui qui a
confié des fonds à une personne mise en examen pour abus de confiance portant sur les sommes en cause, dans une
information qui a été ouverte sur réquisition du ministère public avant que la juridiction civile ait statué sur la demande en
remboursement engagée par le remettant (Crim. 22 nov. 2005, n o 04-86.758 , Bull. crim. n o 300).

134. Exigence d'un classement du parquet ou d'une plainte préalable notifiée trois mois avant. - Depuis longtemps, la pratique
avait noté que les plaintes avec constitutions de partie civile ne présentaient plus le même caractère que par le passé. D'un
palliatif de l'opportunité des poursuites, ces plaintes étaient devenues un véritable mode de saisine d'une juridiction de
jugement sans qu'aucun service d'enquête n'ait été préalablement saisi. Le législateur a fait un premier pas dans la bonne
direction, en imposant, dans la loi du 5 mars 2007 l'exigence de principe d'une plainte préalable. C'est seulement si le
requérant a déposé une plainte qui a été classée par le ministère public qu'il peut déposer une plainte avec constitution de
partie civile. Il peut également le faire si « un délai de trois mois s'est écoulé depuis qu'elle a déposé plainte devant ce
magistrat, contre récépissé ou par lettre recommandée avec demande d'avis de réception, ou depuis qu'elle a adressé, selon
les mêmes modalités, copie à ce magistrat de sa plainte déposée devant un service de police judiciaire ». Il convient de noter
que le délai ne court pas à compter du dépôt de la plainte devant un service de police ou de gendarmerie, mais de l'envoi
d'une plainte au procureur de la République ou de l'envoi de la copie de la plainte déposée devant un service d'enquête. Ces
conditions de recevabilité ne sont pas requises pour les crimes et pour certains délits : ceux prévus par la loi du 29 juillet 1881
sur la liberté de la presse ou par les articles L. 86, L. 87, L. 91 à L. 100, L. 102 à L. 104, L. 106 à L. 108 et L. 113 du code
électoral. La loi du 13 décembre 2011 a ajouté un alinéa à l'article 85 selon lequel, « lorsque la plainte avec constitution de
partie civile est formée par une personne morale à but lucratif, elle n'est recevable qu'à condition que la personne morale
justifie de ses ressources en joignant son bilan et son compte de résultat ».

135. Irrecevabilité de la constitution de partie civile et poursuite de l'instruction. - Quand, au cours de l'information, la constitution
de partie civile vient à être déclarée irrecevable, la poursuite n'en est pas moins valablement exercée en raison des
réquisitions prises par le ministère public (Crim. 21 juin 1973, Bull. crim. n o 290). Si l'on sait que la constitution de partie civile
en matière de contravention, par exemple, est irrecevable, le juge d'instruction n'en est pas moins valablement saisi si le
ministère public décide de prendre un réquisitoire introductif et non des réquisitions d'irrecevabilité. Le juge peut alors
déclarer la partie civile irrecevable mais doit poursuivre l'information et le plaignant peut alors se constituer à titre incident
(cette affirmation n'est valable que pour les cas où la constitution de partie civile à titre incident n'est pas proscrite). Il n'en
serait autrement que si la mise en mouvement de l'action publique était subordonnée au dépôt d'une plainte préalable
(C. pr. pén., art. 6, al. 3. - Crim. 8 nov. 1983, Bull. crim. n o 290). Si le doyen des juges d'instruction communique une plainte
avec constitution de partie civile au ministère public, et qu'elle est irrecevable suivant les nouvelles dispositions de l'article 85
issues de la loi du 5 mars 2007 (V. supra, n o 134), le procureur peut néanmoins ouvrir une information. La partie civile devra
toutefois être déclarée irrecevable à titre principal, mais pourra se reconstituer ensuite à titre incident, comme cela est le cas
dans l'hypothèse d'un dépôt de plainte pour une contravention, par exemple.

1 3 6 . Cas d'irrecevabilité. - Est notamment irrecevable la constitution de partie civile pour une contravention (C. pr. pén.,
art. 85), pour des crimes ou délits commis contre les intérêts fondamentaux de la nation (C. pr. pén., art. 702), du chef
d'association de malfaiteurs (Crim. 8 févr. 1979, Bull. crim. n o 58), pour un délit commis à l'étranger contre un particulier (Crim.
13 juin 1974, Bull. crim. n o 219). En matière militaire, la loi n o 99-929 du 10 novembre 1999 (Code de procédure pénale Dalloz)
a modifié l'article 698-2 du code de procédure pénale : à compter de son entrée en vigueur (le 1 er janv. 2002), l'action
publique « peut être mise en mouvement par la partie lésée dans les conditions déterminées aux articles 85 et suivants » (V.
Justice m ilitaire). La constitution de partie civile est également irrecevable en vue d'une réouverture sur charges nouvelles
(Crim. 24 mars 1981, Bull. crim. n o 106. - V. Action publique). Dans ce dernier cas, la constitution de partie civile par voie
d'intervention incidente est néanmoins possible, tout comme cela est le cas dans une information pour recherches des causes
de la mort.

137. Loi du 29 juillet 1881 sur la presse. - (V. Presse [Procédure]). En matière d'infraction à la loi du 29 juillet 1881 sur la
presse, la constitution de partie civile qui a valablement mis l'action publique en mouvement fixe irrévocablement la nature et
l'étendue de la poursuite (Crim. 22 déc. 1987, Bull. crim. n o 483. - Crim. 16 févr. 1988, Bull. crim. n o 78). Le juge d'instruction
peut requalifier la plainte en infraction de droit commun à condition de n'introduire dans la poursuite aucun fait nouveau (Crim.
25 sept. 1991, n o 90-83.140 , Bull. crim. n o 319). Il s'ensuit qu'aucune autre personne ne peut être admise à intervenir
comme partie civile dans la procédure déjà engagée sur la plainte d'une autre (Crim. 22 mai 1990, n o 87-813.87, Bull. crim.
n o 211).

138. Consignation. - Il résulte des articles 85 et 86 du code de procédure pénale que, devant le juge d'instruction, le plaignant
n'acquiert cette qualité que par la manifestation expresse de volonté suivie de la consignation si elle est ordonnée. Tel n'est
pas le cas d'une personne qui, après avoir porté plainte avec constitution de partie civile, n'a pas versé la consignation fixée
par le juge d'instruction et ne s'est pas constituée partie civile incidente dans l'information ouverte sur les seules réquisitions
du ministère public (Crim. 7 mars 2000, n o 99-84.350 , Bull. crim. n o 104).

Art. 3 - Abus du droit de se constituer partie civile


139. Amende civile. - La consignation fixée en application de l'article 88 garantit le paiement de l'amende civile susceptible
d'être prononcée en application de l'article 177-2. La somme consignée est restituée lorsque cette amende n'a pas été
prononcée par le juge d'instruction ou, en cas d'appel du parquet ou de la partie civile, par la chambre de l'instruction
(C. pr. pén., art. 88-1). L'article 177-2 du code de procédure pénale est ainsi rédigé : « Lorsqu'il rend une ordonnance de non-
lieu à l'issue d'une information ouverte sur constitution de partie civile, le juge d'instruction peut, sur réquisitions du procureur
de la République et par décision motivée, s'il considère que la constitution de partie civile a été abusive ou dilatoire, prononcer
contre la partie civile une amende civile dont le montant ne peut excéder 15 000 €. Cette décision ne peut intervenir qu'à
l'issue d'un délai de vingt jours à compter de la communication à la partie civile et à son avocat, par lettre recommandée ou
par télécopie avec récépissé, des réquisitions du procureur de la République, afin de permettre à l'intéressé d'adresser des
observations écrites au juge d'instruction. Cette décision peut être frappée d'appel par la partie civile dans les mêmes
conditions que l'ordonnance de non-lieu. Si le juge d'instruction ne suit pas les réquisitions du procureur de la République, ce
dernier peut interjeter appel dans les mêmes conditions ». Le juge d'instruction n'est pas tenu de motiver spécialement le
montant de l'amende civile prononcée en application de l'article 177-2 du code de procédure pénale issu de la loi du 15 juin
2000 (Crim. 27 févr. 2002, n o 01-85.573 , Bull. crim. n o 47). Lorsque la chambre de l'instruction est régulièrement saisie de
l'appel d'une ordonnance prononçant un non-lieu et condamnant la partie civile à une amende civile, elle doit annuler cette
ordonnance en ce qu'elle a omis de notifier à la partie civile et son conseil les réquisitions du parquet, en violation de
l'article 177-2 du code de procédure pénale, puis conformément à l'article 206, alinéa 3, du code de procédure pénale, elle
peut évoquer et procéder dans les conditions des articles 201, 202, et 204 du code de procédure pénale (Crim. 8 oct. 2002,
n o 02-80.952 , Bull. crim. n o 180). La chambre de l'instruction a la possibilité d'inviter le ministère public, s'il ne l'a pas fait
d'office, à prendre des réquisitions sur la question du prononcé d'une amende civile (Crim. 1 er mars 2011, n o 10-84.979 ,
Bull. crim. n o 41 ; AJ pénal 2011. 423 ).

140. Généralisation du principe : citation directe de la partie civile, appel. - Ce principe a été généralisé puisque depuis l'entrée en
vigueur de la loi du 15 juin 2000, lorsque le tribunal correctionnel, saisi par une citation directe de la partie civile, prononce
une relaxe, il peut, par ce même jugement, sur réquisitions du procureur de la République, condamner la partie civile au
paiement d'une amende civile dont le montant ne saurait excéder 15 000 € s'il estime que la citation directe était abusive ou
dilatoire. Les réquisitions du procureur de la République doivent intervenir avant la clôture des débats, après les plaidoiries de
la défense, et la partie civile ou son avocat doivent avoir été mis en mesure d'y répliquer. Les mêmes dispositions sont
applicables devant la cour d'appel, lorsque le tribunal correctionnel a, en premier ressort, relaxé la personne poursuivie et
statué sur des réquisitions du procureur de la République tendant à la condamnation de la partie civile (C. pr. pén., art. 392-
1. - V. JANVILLE, Tel peut-il être aisément pris qui croyait prendre ? Les dispositifs de sanction et de réparation de l'abus de
constitution de partie civile après la loi du 15 juin 2000, Gaz. Pal. 2002. Doctr. 1291).

141. Chambre de l'instruction. - La loi du 9 mars 2004 a ouvert un dispositif identique à la chambre de l'instruction. La Cour de
cassation avait en effet décidé que l'amende civile ne pouvait être prononcée par la chambre de l'instruction sur le fondement
de l'article 177-2 du code de procédure pénale que si celle-ci avait été requise et/ou prononcée en première instance (Crim.
16 oct. 2002, n o 02-81.808 , Bull. crim. n o 188 ; Procédures 2003. Comm. 23, note Buisson ; JCP 2003. IV. 3026 ; Gaz. Pal.
3-5 août 2003, p. 17, note Monnet). L'article 212-2 du code de procédure pénale dispose désormais que « lorsqu'elle déclare
qu'il n'y a lieu à suivre à l'issue d'une information ouverte sur constitution de partie civile, la chambre de l'instruction peut, sur
réquisitions du procureur général et par décision motivée, si elle considère que la constitution de partie civile a été abusive ou
dilatoire, prononcer contre la partie civile une amende civile dont le montant ne peut excéder 15 000 €. Cette décision ne peut
intervenir qu'à l'issue d'un délai de vingt jours à compter de la communication à la partie civile et à son avocat, par lettre
recommandée ou par télécopie avec récépissé, des réquisitions du procureur général, afin de permettre à l'intéressé
d'adresser des observations écrites à la chambre de l'instruction. Lorsque la partie civile est une personne morale, l'amende
civile peut être prononcée contre son représentant légal, si la mauvaise foi de ce dernier est établie ». L'article 177-2 du code
de procédure pénale est applicable immédiatement aux procédures en cours. Il n'exige pas que la condamnation soit
précédée d'un débat contradictoire (Crim. 9 nov. 2004, n o 04-81.068 , Bull. crim. n o 271 ; JCP 2004. IV. 353). Mais la
décision ne peut toutefois intervenir qu'à l'issue d'un délai de vingt jours à compter de la communication à la partie civile et à
son avocat, par lettre recommandée ou par télécopie avec récépissé, des réquisitions du procureur général afin de permettre
à l'intéressé d'adresser des, observations écrites à la chambre de l'instruction (Crim. 9 janv. 2007, n o 06-84.064 , Bull. crim.
n o 1 ; D. 2007. AJ 579 ).

142. Le prononcé de l'amende civile n'est qu'une faculté. - En cas de non-lieu, le prononcé, contre la partie civile poursuivante,
de l'amende civile prévue à l'article 177-2 du code de procédure pénale relève, pour le juge, s'il considère que la plainte a été
abusive ou dilatoire, d'une simple faculté. Il en résulte que la décision de la juridiction d'instruction de ne pas prononcer cette
amende échappe au contrôle de la Cour de cassation (Crim. 26 févr. 2002, n o 01-82.579 , Bull. crim. n o 44, sol. impl.).

143. Action en dommages-intérêts. - La personne mise en examen ou visée dans la plainte peut user de la voie ouverte par
l'article 91 du code de procédure pénale qui dispose que « quand, après une information ouverte sur constitution de partie
civile, une décision de non-lieu a été rendue, la personne mise en examen et toutes personnes visées dans la plainte, et sans
préjudice d'une poursuite pour dénonciation calomnieuse, peuvent, si elles n'usent de la voie civile, demander des dommages-
intérêts au plaignant dans les formes indiquées ci-après. L'action en dommages-intérêts doit être introduite dans les trois
mois du jour où l'ordonnance de non-lieu est devenue définitive. Elle est portée par voie de citation devant le tribunal
correctionnel où l'affaire a été instruite. Ce tribunal est immédiatement saisi du dossier de l'information terminée par une
ordonnance de non-lieu, en vue de sa communication aux parties. Les débats ont lieu en chambre du conseil : les parties, ou
leurs conseils, et le ministère public sont entendus. Le jugement est rendu en audience publique. En cas de condamnation, le
tribunal peut ordonner la publication intégrale ou par extraits de son jugement dans un ou plusieurs journaux qu'il désigne,
aux frais du condamné. Il fixe le coût maximum de chaque insertion. L'opposition et l'appel sont recevables dans les délais de
droit commun en matière correctionnelle. L'appel est porté devant la chambre des appels correctionnels statuant dans les
mêmes formes que le tribunal. L'arrêt de la cour d'appel peut être déféré à la Cour de cassation comme en matière pénale.
Lorsqu'une décision définitive rendue en application de l'article 177-2 a déclaré que la constitution de partie civile était
abusive ou dilatoire, cette décision s'impose au tribunal correctionnel saisi dans les conditions prévues aux alinéas
précédents ».

Section 5 - Refus d'informer


144. Réquisitions de non-informer. - Le procureur de la République ne peut saisir le juge d'instruction de réquisitions de non-
informer que si, pour des causes affectant l'action publique elle-même, les faits ne peuvent légalement comporter une
poursuite ou si, à supposer les faits démontrés, ils ne peuvent admettre aucune qualification pénale. Dans le cas où le juge
d'instruction passe outre, il doit statuer par ordonnance motivée (C. pr. pén., art. 86, al. 4. - Crim. 20 juin 1988, Bull. crim.
n o 278). Le juge d'instruction ne peut rendre une ordonnance de refus d'informer qu'après communication au procureur de la
République (C. pr. pén., art. 86, al. 1 er). Une ordonnance de non-informer ne peut intervenir selon l'article 86 du code de
procédure pénale qu'à la suite d'une plainte avec constitution de partie civile mettant l'action publique en mouvement, le juge
d'instruction n'étant pas autorisé, sous couvert d'un refus d'informer, à statuer sur la validité d'un réquisitoire supplétif du
procureur de la République (Crim. 31 mars 1987, Bull. crim. n o 149). Ne met pas la Cour de cassation en mesure de s'assurer
de la légalité de sa décision la chambre d'accusation [de l'instruction] qui confirme l'ordonnance de refus « partiel » d'informer,
rendue sur réquisitions conformes prises plusieurs mois auparavant, sans préciser si les faits motivant cette décision avaient
été vérifiés par l'information suivie des autres chefs dénoncés par la partie civile ou s'ils en étaient résulté, et sans rechercher
si, malgré l'absence d'une ordonnance de passer outre aux réquisitions de refus d'informer, ils ne pouvaient, après annulation
et évocation, justifier une décision de non-lieu partiel (Crim. 2 oct. 1996, n o 95-85.715 , Bull. crim. n o 341. - Sur la distinction
entre non-lieu à suivre et non-lieu à informer, V. supra, n o 115).

145. Motifs non valables. - Ne peuvent motiver une ordonnance de refus d'informer, notamment : un simple examen abstrait
des inculpations visées dans la plainte (Crim. 29 janv. 1985, Bull. crim. n o 45. - Crim. 3 févr. 1970, Bull. crim. n o 46), pour se
prononcer sans instruction préalable sur le caractère délictuel ou contraventionnel des faits (Crim. 18 mai 1971, Bull. crim.
n o 160. - Crim. 30 janv. 2001, n o 00-80.656 , Bull. crim. n o 25 ; JCP 2001. IV. 903), une telle décision, même qualifiée
d'ordonnance d'irrecevabilité, équivaut à un refus d'informer en dehors des cas limitativement prévus par l'article 86 du même
code (Crim. 11 mai 1999, BICC 499, n o 995. - Crim. 5 oct. 1999, BICC 506, n o 20), des constatations de pur fait qu'il appartient
à l'information de faire apparaître (Crim. 28 avr. 1986, Bull. crim. n o 140) ; de même, doit être cassé l'arrêt de la chambre
d'accusation [de l'instruction] qui, par le simple examen abstractivement fait de l'inculpation visée dans la plainte, confirme
une ordonnance du juge d'instruction (Crim. 21 févr. 1968, Bull. crim. n o 56 ; D. 1968. 691, note Pradel ; Gaz. Pal. 1968. 1.
311, note Doucet. - Crim. 7 févr. 1978, Bull. crim. n o 45. - Crim. 1 er sept 2009, n o 08-88.426, Bull. crim. n o 146 ; AJ pénal
2009. 506, obs. Ascensi ). Encourt la cassation l'arrêt d'une chambre de l'instruction qui confirme l'ordonnance de refus
d'informer rendue par le juge d'instruction sur la plainte déposée, des chefs d'arrestation, séquestration illégale, détention
arbitraire, abstention volontaire de mettre fin à une détention arbitraire, par des ressortissants français détenus sur la base
de Guantanamo en décidant, par le seul examen abstrait de la plainte, sans rechercher, par une information préalable, si
l'arrestation et les conditions de détention des plaignants, qu'elle devait analyser au regard, notamment, de la troisième
convention de Genève du 12 août 1949 et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques du 19 décembre 1966,
n'entraient pas dans les prévisions de l'article 224-1 du code pénal et, comme telles, en raison de la nationalité française
desdits plaignants, ne relevaient pas de la compétence des lois et juridictions françaises, en application des articles 113-7 du
code pénal et 689 du code de procédure pénale (Crim. 4 janv. 2005, n o 03-84.652 , Bull. crim. n o 1). La chambre criminelle a
encore cassé un arrêt de chambre de l'instruction et déclaré recevables les constitutions de partie civile des victimes de
l'attentat de Karachi et de leurs ayants droit des chefs de corruption d'agent public français, abus de biens sociaux et recel
aggravé. En particulier, les Hauts magistrats ont reproché à la chambre de l'instruction d'avoir procédé à un examen abstrait
des plaintes, sans rechercher, par une information préalable, si les faits dénoncés n'entraient pas dans les prévisions des
articles 433-1 et 432-11 du code pénal sanctionnant les délits de corruption (passive et active) et de trafic d'influence (passif
et actif) (Crim. 4 avr. 2012, n o 11-81.124 , D. 2012. 1010 ; D. 2012. 2118, obs. Pradel ; Rev. sociétés 2012. 445, note
Matsopoulou ; RSC 2012. 553, note Matsopoulou . - V. aussi sur le sujet : Crim. 19 mars 2013, n o 12-81.676 , Dalloz
actualité 9 avr. 2013, obs. Léna). Doit être prohibée l'invocation de l'impossibilité de poursuivre en raison de l'inapplicabilité de
la loi pénale aux faits dénoncés, sans instruction préalable (Crim. 18 nov. 1964, Bull. crim. n o 303), des résultats d'une
enquête disciplinaire étrangère à la procédure et qui n'a pas le même objet (Crim. 23 juill. 1974, Bull. crim. n o 261), de
l'acquisition de la prescription sans recherche d'une qualification criminelle (Crim. 9 nov. 1954, Bull. crim. n o 320) ou d'une
affirmation de fait en contradiction avec les allégations de la plainte (Crim. 5 mars 1990, n o 89-80.536 , Bull. crim. n o 103).
Le juge ne peut fonder un refus d'informer sur des procès-verbaux d'enquête préliminaire donnant une relation des faits dont
la partie civile conteste expressément qu'elle soit conforme à la vérité (Limoges, 28 mars 1995, BICC 409, n o 546) ou en se
fondant sur les résultats d'une enquête préliminaire, pour, en l'absence de tout acte d'information propre à l'affaire en cours,
refuser d'instruire (Crim. 20 juin 2006, n o 05-86.611 , Bull. crim. n o 185). Le juge d'instruction ne peut fonder sa décision de
non-informer sur une appréciation des faits résultant d'une pièce étrangère à la procédure dont il est saisi (Crim. 17 oct. 1995,
n o 94-83.262 , Bull. crim. n o 308). Encourt la cassation l'arrêt qui confirme l'ordonnance d'un juge d'instruction portant refus
d'informer sur une plainte avec constitution de partie civile déposée pour faux en écriture publique ou authentique et usage et
complicité de ces infractions, au motif que l'action publique serait éteinte par l'effet de la chose jugée résultant d'une
ordonnance de non-lieu antérieure fondée sur une insuffisance de charges, alors que, d'une part, la première procédure,
suivie contre personne non dénommée, n'ayant comporté aucune inculpation, l'autorité de la chose jugée ne pouvait être
retenue à l'égard de quiconque, et que, d'autre part, les faits ayant motivé la seconde poursuite étaient différents, dans leurs
éléments tant légaux que matériels, des faits se rapportant à la précédente information, ouverte du chef d'escroquerie au
jugement (Crim. 23 mai 1995, n o 93-85.376 , Bull. crim. n o 190).

1 4 6 . Décisions équivalentes à des refus d'informer. - Constitue également un refus d'informer la décision d'une chambre
d'accusation [de l'instruction] qui, étant saisie de l'appel d'une ordonnance de non-lieu rendue par un juge d'instruction dans
une information ouverte sur plainte avec constitution de partie civile, confirme ladite ordonnance alors que le magistrat
instructeur n'avait procédé à aucun acte d'instruction propre à l'affaire en cause et avait clôturé son information après avoir
seulement annexé à sa procédure des pièces provenant d'une autre information dont l'objet était différent (Crim. 18 juill.
1 9 9 1 , n o 90-86.639 , Bull. crim. n o 300). Constitue un refus d'informer la décision d'une chambre d'accusation [de
l'instruction] qui, étant saisie de l'appel d'une ordonnance d'irrecevabilité de la plainte avec constitution de partie civile du
juge d'instruction ayant omis de statuer sur une des infractions visées dans la plainte, confirme ladite ordonnance en
procédant par le seul examen abstrait de faits omis par le magistrat instructeur (Crim. 16 nov. 1999, n o 98-84.800 , Bull.
crim. n o 259 ; D. 2000. IR 6 ).

147. Motifs valables. - Sont en revanche justifiées les ordonnances de refus d'informer concernant notamment des faits ne
constituant à aucun titre une infraction pénale (Crim. 12 juin 1979, Bull. crim. n o 205), un délit commis à l'étranger contre un
particulier, la poursuite ne pouvant être intentée qu'à la requête du ministère public, conformément à l'article 691 du code de
procédure pénale (Crim. 13 juin 1974, Bull. crim. n o 219. - Depuis l'entrée en vigueur du nouveau code pénal, le même
mécanisme est prévu par l'art. 113-8 c. pr. pén.) ; une plainte ne répondant pas aux exigences de l'article 50 de la loi du
29 juillet 1881 (Crim. 24 févr. 1987, Bull. crim. n o 95. - Crim. 26 juill. 1988, Bull. crim. n o 309), une plainte émanant de la même
partie civile visant la même personne et les mêmes faits qu'une plainte précédente ayant fait l'objet d'une ordonnance de
refus (Crim. 4 mars 1986, Bull. crim. n o 86) ou d'un arrêt de refus d'informer devenu définitif (Crim. 15 févr. 1988, Bull. crim.
n o 71), un crime ou un délit commis par un membre du gouvernement dans l'exercice de ses fonctions (Crim. 28 mai 1986, Bull.
crim. n o 180), un crime ou un délit commis par un député ou un sénateur, la poursuite ne pouvant être intentée pendant les
sessions qu'avec l'autorisation de l'Assemblée dont il fait partie, sauf le cas de flagrant délit (Crim. 17 juin 1986, Bull. crim.
n o 208). Il en est de même pour un membre de l'Assemblée des Communautés européennes (Crim. 26 juin 1986, Bull. crim.
n o 227). C'est à bon droit que la chambre d'accusation [de l'instruction] déclare n'y avoir lieu à informer sur une plainte dont
les termes mêmes révèlent que les faits dénoncés sont couverts par la prescription, et au surplus, l'amnistie (Crim. 9 nov.
1972, Bull. crim. n o 334) ou par l'autorité de la chose jugée par une ordonnance de non-lieu à suivre, en l'absence de charges
nouvelles et de réquisitoire du parquet (Crim. 6 févr. 1979, Bull. crim. n o 53). Confirme à bon droit l'ordonnance du juge
d'instruction portant refus d'informer, la chambre d'accusation [de l'instruction] qui énonce que la partie civile s'est bornée à
poser un certain nombre de questions au magistrat instructeur et à laisser planer l'interrogation sur l'existence d'infractions,
ces termes interrogatifs ne pouvant constituer une plainte susceptible de mettre en mouvement l'action publique (Crim.
8 janv. 1997, Gaz. Pal. 4-5 juin 1997, p. 13).

148. Le juge n'est pas tenu par les réquisitions. - Les réquisitions de refus d'informer ne lient pas le juge qui peut décider
d'instruire : une personne déférée au parquet pour outrage se constitue partie civile contre le magistrat du parquet, qui avait
ouvert une information en imposant à l'intéressée de passer une nuit supplémentaire au dépôt de la préfecture de police.
L'arrêt confirmatif de la décision du juge relève que les faits dénoncés ne s'analysent pas en une critique de l'action publique,
alors qu'il y a lieu de rechercher si les articles 114 et 119 de l'ancien code pénal pouvaient recevoir application (Crim. 14 juin
1994, n o 94-81.389 , Bull. crim. n o 234 ; Gaz. Pal. 1994. 2. Somm. 685).

149. Refus d'informer et impartialité. - Dès lors que, après infirmation d'une ordonnance de refus d'informer par une chambre
d'accusation [de l'instruction] statuant sur renvoi après cassation, il a été fait retour du dossier de la procédure au juge
d'instruction initialement saisi, la circonstance que ce magistrat ait à instruire sur les faits dénoncés par la partie civile, après
avoir opposé à celle-ci un refus d'informer injustifié, constitue, au sens de l'article 6 de la Convention européenne des droits
de l'homme, un élément objectif de nature à faire naître, dans l'esprit de la partie civile, un doute sur son impartialité. Il existe dès
lors des motifs suffisants, au sens tant de l'article 662 du code de procédure pénale que des dispositions conventionnelles,
pour attribuer à un autre juge d'instruction la connaissance de cette information (Crim. 4 mars 1998, D. 1998. IR 125 ).

Section 6 - Saisine in rem


150. Juge saisi d'un ou de plusieurs faits. - On dit que le juge est saisi in rem, c'est-à-dire qu'il est saisi d'un ou de plusieurs
faits. Il a, à partir de ce fait, le pouvoir et le devoir d'en rassembler les preuves, de déterminer les circonstances qui l'ont
entouré, d'en rechercher les auteurs et leurs complices pour les déférer aux tribunaux chargés de les juger.

Art. 1 - Obligation d'instruire


151. Devoir d'instruire. - Les juridictions d'instruction ont le devoir d'instruire (Crim. 7 déc. 1976, Bull. crim. n o 350 ; D. 1977.
IR 26. - Crim. 24 mars 1977, Bull. crim. n o 112. - Crim. 26 juin 1979, Bull. crim. n o 226). Elles doivent en conséquence statuer
par une ordonnance de règlement sur tous les faits dont elles ont été saisies (Crim. 24 mars 1977, préc.). Cette obligation ne
cesse, suivant l'article 86, alinéa 4, du code de procédure pénale, que si, pour des causes affectant l'action publique elle-
même, les faits ne peuvent comporter une poursuite ou si, à les supposer démontrés, ils ne peuvent admettre aucune
qualification pénale (Crim. 18 janv. 1983, Bull. crim. n o 22 ; D. 1984. 4. - Mais pour ce que nous avons dit sur la pérénnité du
principe après la loi du 5 mars 2007, V. supra, n o 115). Cette obligation d'instruire peut avoir un retentissement sur la liberté
de qualification du magistrat instructeur en début d'information (V. infra, n o 176). L'obligation d'informer concerne aussi la
vérification de la compétence du magistrat instructeur : la chambre d'accusation [de l'instruction] ne peut, sans méconnaître
l'obligation d'informer imposée aux juridictions d'instruction par les articles 85 et 86 du code de procédure pénale, déclarer
territorialement incompétent un juge d'instruction saisi d'une plainte avec constitution de partie civile, faisant état de ce que
l'une des personnes soupçonnées d'avoir participé aux infractions dénoncées réside dans son ressort, tant que ce magistrat
n'a pas effectué les investigations de nature à lui permettre de vérifier sa compétence (Crim. 26 févr. 1997, n o 95-86.088 ,
Bull. crim. n o 77).
152. Vérité du fait diffamatoire. - Dans un cas particulier, l'instruction doit être limitée dans son champ d'investigation : d'après
les articles 35 et 55 de la loi du 29 juillet 1881, la vérité du fait diffamatoire ne constitue un fait justificatif de la diffamation
que dans la mesure où la preuve en est administrée par le prévenu en conformité des dispositions qu'ils édictent. Cette
preuve ne pouvant résulter que du débat contradictoire auquel il est procédé devant les juges du fond, il n'appartient pas aux
juridictions d'instruction de la rechercher, ni de la recevoir, à peine d'excès de pouvoir (Crim. 26 mai 1992, n o 91-84.187 ,
Bull. crim. n o 212).

Art. 2 - Objet de l'information


§ 1 - Faits visés au réquisitoire
153. Faits expressément indiqués. - Le juge d'instruction n'a l'obligation d'instruire que sur les faits expressément indiqués
dans l'acte qui le saisit (Crim. 10 mai 1973, Bull. crim. n o 217). On peut décliner ce principe en trois propositions. Le magistrat
instructeur est saisi : des faits contenus dans les pièces jointes au réquisitoire introductif ; des faits qui lui sont dévolus par le
ministère public, (en pratique, la qualification permet au juge de savoir quels sont les faits qui lui sont déférés le ministère
public a, à cet égard, une exigence de précision dans la saisine) ; des faits antérieurs au réquisitoire introductif. Ces trois
propositions sont cumulatives.

1 5 4 . Faits contenus dans les pièces jointes. - Le juge d'instruction est saisi des faits contenus dans les pièces jointes au
réquisitoire introductif. Cette proposition comporte une conséquence essentiellement négative : le juge ne saurait être saisi
de faits qui ne figurent pas, sous quelque forme que ce soit, dans la procédure. La conséquence positive est que le ministère
public ne peut qualifier que des faits qui figurent dans les pièces jointes, et le juge ne sera saisi que de ceux-là. On a vu que
la forme des pièces jointes au réquisitoire introductif était très largement admise (V. supra, n os 92 s.).

155. Notion d'opération globale. - Dans certains cas, la chambre criminelle a admis que des faits n'apparaissant pas encore
clairement dans les pièces initiales faisaient partie de la saisine du juge dès lors qu'ils s'inscrivaient dans l'opération initiale
objet de la saisine. En matière de trafic, particulièrement de stupéfiants, il n'est pas nécessaire que tous les actes de vente
soient déterminés dans les pièces jointes (Crim. 11 juill. 1972, n o 72-90.719 , Bull. crim. n o 235). Il existe d'autres exemples
en matière économique et financière : dans une information suivie pour abus de biens sociaux, après dénonciation de
l'irrégularité d'une opération passée au nom d'une société avec un tiers, le juge d'instruction se trouve saisi de l'ensemble des
conséquences financières de ladite opération. Il est, dès lors, en droit d'instruire sur tous les faits objet de cette opération,
alors même que le réquisitoire ne viserait qu'une partie d'entre eux (Crim. 1 er déc. 1998, n o 98-83.566 , Bull. crim. n o 323).
Une information ouverte du chef d'abus de biens sociaux sur dénonciation d'un commissaire aux comptes donne au juge
d'instruction compétence pour instruire sur l'ensemble des faits délictueux tenant à l'opération visée (Crim. 17 nov. 1986,
n o 85-93.444 , Bull. crim. n o 342). De même, dans une information suivie pour favoritisme après dénonciation de
l'irrégularité d'un marché, le juge d'instruction se trouve saisi de l'ensemble des actes irréguliers, notamment des avenants,
antérieurs à sa saisine, et se rattachant par un lien d'indivisibilité à ce marché. Il est, dès lors, en droit d'instruire sur tous ces
actes alors même que le réquisitoire introductif ne viserait qu'une partie d'entre eux (Crim. 20 sept. 2000, n o 00-84.328 ,
Bull. crim. n o 275). Dans une procédure suivie pour diffusion d'informations fausses ou trompeuses contre les dirigeants d'une
société dont les titres sont négociés sur un marché réglementé, délit prévu et réprimé par l'article L. 465-1 du code monétaire
et financier, le juge d'instruction se trouve saisi de l'ensemble des informations diffusées par la société, notamment celles
portant sur les situations semestrielles de celle-ci (Crim. 30 janv. 2002, n o 01-86.910 , Bull. crim. n o 15 ; BICC n o 321).

156. Faits déférés par le parquet. - Le juge d'instruction est saisi des faits qui lui sont déférés par le parquet. Le principe de
l'opportunité des poursuites permet au ministère public de choisir les faits sur lesquels il entend voir instruire. Ce n'est pas
parce que des faits multiples font partie de la même procédure qu'il est contraint de tous les offrir à la saisine du juge. Le
magistrat instructeur ne sera donc saisi que des faits retenus par le parquet. Ainsi, même si un vol ou un recel de bijoux
apparaît dans les plaintes initiales, si le parquet s'est contenté d'ouvrir l'information du chef de port et détention d'armes
prohibées, la poursuite ne s'étend pas au vol ou au recel (Colmar, 10 août 1989, Gaz. Pal. 1991. 1. 60, note Volff). La cour
détermine dans ce cas d'espèce, les faits dont est saisi le juge : « L'étendue de sa saisine est déterminée, tout d'abord, par
les énonciations expresses du réquisitoire introductif ou supplétif, et, à défaut, par le rapprochement entre les mentions de
cet acte et le contenu des pièces qui y sont jointes et auxquelles il est fait référence ». Saisi d'une information ouverte par le
ministère public contre X des chefs de viols et agressions sexuelles sur mineure de 15 ans par personne ayant autorité ainsi
que de corruption de mineure, le juge d'instruction ne peut mettre en examen du chef d'abstention volontaire d'empêcher un
crime ou un délit contre l'intégrité corporelle (Crim. 10 mai 2001, Dr. pénal 2002. Chron. 7).

157. Obligation de précision. - Le ministère public est donc investi d'une obligation de précision : en spécifiant les faits et la
qualification, le ministère public met le juge en position de savoir exactement de quoi il est saisi ; le cas échéant, c'est en
rapprochant les qualifications mentionnées des faits figurant dans les pièces jointes au réquisitoire introductif que le juge peut,
plus difficilement, circonscrire sa saisine. Dans le cadre d'une plainte avec constitution de partie civile, la solution est différente
puisque le juge a l'obligation d'informer sur tous les faits dénoncés par la partie civile, même s'ils ne sont pas visés par le
réquisitoire, dès lors que la constitution de partie civile n'a pas été déclarée irrecevable (Crim. 8 déc. 1992, n o 92-83.854 ,
Bull. crim. n o 409 ; Gaz. Pal. 1993. 1. Somm. 234. - V. supra, n o 114).

1 5 8 . Principe : saisine de faits antérieurs au réquisitoire introductif... - Le juge d'instruction est saisi de faits antérieurs au
réquisitoire introductif. C'est une évidence qui fut rappelée expressément par la jurisprudence (Crim. 15 mai 1979, Bull. crim.
n o 173. - Crim. 9 avr. 1986, Bull. crim. n o 122). Le juge n'est pas compétent à l'égard des faits commis après la date du
réquisitoire introductif ; il lui appartient de communiquer son dossier aux fins de réquisitions supplétives (Crim. 12 févr. 1969,
Bull. crim. n o 69 ; RSC 1969. 888, obs. Robert. - Crim. 3 janv. 1970, Bull. crim. n o 6. - Crim. 15 mai 1979, Bull. crim. n o 173. -
Crim. 29 oct. 1985, Bull. crim. n o 332. - Crim. 9 avr. 1986, préc.). La chambre d'accusation [de l'instruction] n'a pas le pouvoir
de renvoyer sous une inculpation nouvelle, sans ordonner des poursuites en application de l'article 202 du code de procédure
pénale (Crim. 4 janv. 1977, Bull. crim. n o 5 ; D. 1977. IR 86).

159. … qui ne connaît pas d'exception de droit. - Certains arrêts sont fréquemment interprétés dans un sens différent : ainsi en
est-il de cette décision de la chambre criminelle le 11 juillet 1972 (Bull. crim. n o 235), qui admet que le réquisitoire introductif
établi contre X pour infractions à la législation sur les stupéfiants, et qui se réfère à des pièces jointes signalant l'existence
d'un trafic international, saisit le juge d'instruction de l'ensemble de ces faits et met ainsi en mouvement l'action publique
contre tous ceux qui, à quelque titre que ce soit, ont participé à ce trafic. Si cet arrêt admet que la saisine du juge puisse
s'étendre à des faits qui ne sont pas expressément contenus dans les pièces jointes au réquisitoire introductif, pour s'étendre
à l'ensemble du réseau, c'est évidemment pour ce qui concerne les faits qui lui sont antérieurs. Aucune dérogation à ce principe
n'est possible, même si le juge est saisi d'infractions continues. Plusieurs décisions l'ont rappelé dans le cas d'entretien de
concubine au domicile conjugal (Crim. 12 févr. 1969, Bull. crim. n o 69), d'usure (Crim. 3 janv. 1970, Bull. crim. n o 6) ou
d'exercice illégal de la médecine (Crim. 23 nov. 1967, Bull. crim. n o 303).

160. Il existe pourtant des exceptions de fait. - Ainsi, en matière de trafic de stupéfiants, si le juge d'instruction est saisi d'un
trafic passé, il instruit le plus souvent sur la répétition des faits, sur des infractions à venir non encore commises. Certes, il est
possible de « couvrir » les périodes écoulées depuis le réquisitoire introductif et, s'il s'agit de les « couvrir », c'est bien
a posteriori. Le cas du voyage, au cours duquel on sait que du produit stupéfiant sera à nouveau introduit sur le territoire
national, est forcément un voyage à venir dont le juge n'est pas saisi. Se ferait-il délivrer un supplétif juste avant son
accomplissement parce qu'il l'a appris lors de l'écoute de conversations interceptées, qu'il aura seulement un supplétif pour
les faits commis avant sa délivrance, donc avant ce voyage annoncé. Et c'est bien de la délivrance d'un supplétif a posteriori
dont on se contente dans toutes ces affaires. La Cour de cassation a toutefois validé la saisie, dans le cadre de la commission
rogatoire, de produits stupéfiants dont on savait qu'ils provenaient d'un voyage postérieur au réquisitoire introductif (Crim. 31 mai
2007, n o 07-81.318 , inédit). On peut noter la référence faite par la Haute juridiction à un trafic « qui se poursuit », élément
que l'on pouvait déjà relever dans une jurisprudence du 4 août 1998 (n o 98-82.622, Bull. crim. n o 222. - Pour des
développements sur ce sujet, V. C. GUÉRY, De l'art de naviguer à vue : la saisine du juge d'instruction et le trafic de
stupéfiants, Dr. pénal 2008. Étude 6).

§ 2 - Coauteurs et complices
161. Indices graves ou concordants. - Le juge « ne peut mettre en examen que les personnes à l'encontre desquelles il existe
des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu'elles aient pu participer, comme auteur ou comme complice, à la
commission des infractions dont il est saisi » (C. pr. pén., art 80-1). Il ne saurait être fait échec à ce principe lorsque, en
application des articles L. 228 et suivants du livre des procédures fiscales, l'exercice de la poursuite initiale est subordonné à
une plainte préalable de l'Administration après avis de la Commission des infractions fiscales (Crim. 31 janv. 1983, Bull. crim.
n o 40. - Crim. 30 oct. 1989, Bull. crim. n o 386).

§ 3 - Circonstances du fait
1 6 2 . En dehors des faits eux-mêmes, le juge est saisi des circonstances du fait. - Il s'agit le plus souvent des circonstances
aggravantes. La solution a été répétée à de nombreuses reprises (Crim. 7 août 1950, Bull. crim. n o 235. - Crim. 27 juill. 1970,
Bull. crim. n o 249. - Crim. 18 févr. 1975, Bull. crim. n o 56. - Crim. 18 janv. 1983, Bull. crim. n o 22 ; D. 1984. 4). Les circonstances
dans lesquelles les faits ont été commis ne constituent pas en elles-mêmes des faits nouveaux (Crim. 27 juill. 1970 et Crim.
18 janv. 1983, préc.). La chambre criminelle affirme que « s'il est interdit aux juges de statuer sur des faits autres que ceux
qui leur sont déférés, il leur appartient de retenir tous ceux qui, bien que non expressément visés dans le titre de la
poursuite, ne constituent que des circonstances du fait principal, se rattachant à lui et propres à le caractériser » (Crim.
10 mars 1977, Bull. crim. n o 92 ; D. 1977. IR 371. - Crim. 6 août 1977, D. 1977. IR 496. - V. not. C. GUÉRY, Aux confins du droit
et de la procédure pénale. La relative liberté de qualification du juge d'instruction, D. 1996. Chron. 335 ; Du cap à la
péninsule, Les pouvoirs de requalification du juge pénal, Dr. pénal 2012. Étude 7-8. - C. GUÉRY et A. GUÉRY, De la difficulté
pour le juge pénal d'appeler un chat, un chat [requalification « stricte » ou « élargie »]. Devoirs et pouvoirs du tribunal
correctionnel, Dr. pénal 2005. Chron. 6 et 7).

1 6 3 . Circonstances aggravantes connues ou inconnues. - Le juge d'instruction est saisi de plein droit de toutes les
circonstances aggravantes connues ou inconnues au moment de l'ouverture de l'information. Ainsi, le juge d'instruction qui
modifie la prévention d'homicide volontaire en tentative d'assassinat n'est pas tenu de communiquer la procédure au parquet
pour pouvoir retenir les circonstances aggravantes de préméditation ou de guet-apens (Crim. 27 juill. 1970, Bull. crim. n o 249).
Il en va de même dans le cas où le réquisitoire vise le délit de remise en circulation de fausses pièces de monnaie après les
avoir reçues comme bonnes, et que le juge requalifie au criminel sans réquisitoire supplétif, dès lors que la saisine des faits
dénoncés reste indépendante des textes visés (Crim. 16 nov. 1987, D. 1987. IR 260).

1 6 4 . Aggravation postérieure au fait générateur. - Le juge d'instruction est également saisi d'une aggravation des
conséquences qui ont suivi le fait générateur. On doit en effet admettre que le magistrat est saisi de l'aggravation du
préjudice postérieure à sa saisine. Dans une décision, la chambre criminelle a considéré que lorsqu'au cours d'une procédure
suivie contre une personne prévenue d'une contravention de blessures involontaires ayant entraîné une incapacité totale de
travail inférieure à trois mois, les débats révèlent que cette incapacité a été supérieure à cette durée, les juges ont le devoir
de requalifier les faits sous leur plus haute acception pénale dès lors que le prévenu a pu s'expliquer sur la faute qui lui était
reprochée ainsi que sur ses conséquences telles qu'elles résultaient des débats (Crim. 15 mars 1994, n o 93-81.110 , Bull.
crim. n o 97 ; D. 1994. IR 123 ). La Cour distingue les conséquences de la faute de la faute elle-même : « Attendu que,
contrairement à ce qui est allégué, la juridiction du second degré n'a introduit aucun fait nouveau distinct de celui sur lequel
reposait la poursuite ; que si la prévention a reçu une modification, celle-ci n'en a pas altéré la substance ».

165. Découverte de victimes nouvelles. - Une décision du 10 janvier 1974 (Crim. 10 janv. 1974, Bull. crim. n o 18) est parfois
présentée d'une façon qui peut alimenter la confusion : une incrimination d'escroquerie pourrait viser des victimes
nouvellement révélées au cours de l'information à partir du moment où il s'agirait de la même machination frauduleuse. En fait,
le juge d'instruction avait été saisi d'une escroquerie unique avec une victime unique. Seul se posait le problème du montant
du préjudice ; dès le départ, l'intégralité des faits avait été soumise à la saisine du juge d'instruction, le juge ayant en
revanche limité le préjudice dans son ordonnance de renvoi, mais cette décision ne liait pas la juridiction de jugement. On ne
saurait donc déduire de cet arrêt que de nouvelles victimes découvertes en cours d'instruction, même si le modus operandi
était le même, seraient visées par le réquisitoire initial qui les ignorait.

166. Distinction identification / découverte. - Le problème des victimes inconnues doit être résolu de la façon suivante : ou nous
sommes en présence d'un fait générateur qui a entraîné un certain nombre de dommages dont certains sont encore inconnus
et tout comme pour le montant du préjudice, le juge est alors saisi pour ces victimes nouvellement découvertes, ou nous
sommes en présence d'un fait distinct, même répété, et alors les victimes de ce fait n'entrent pas dans la saisine du juge
puisqu'il n'était pas saisi du fait générateur. De même, en matière d'incendie volontaire, le juge peut rechercher si les faits, de
par leurs conséquences, constituent en même temps un homicide volontaire (Crim. 20 mars 1972, Bull. crim. n o 111 ; JCP
1972. II. 17247, note Chambon). En l'espèce, le juge, saisi d'incendie involontaire, avait dans les procès-verbaux joints au
réquisitoire introductif, la preuve que quatre personnes étaient décédées à la suite de cet incendie. Les faits d'incendie
étaient ici en relation directe avec la mort des individus ; il s'agissait donc de circonstances du fait principal.

167. Faits connexes. - Les faits connexes ne sont pas des circonstances du fait principal. La jurisprudence a seulement admis
que le réquisitoire originaire est interruptif de prescription même si la poursuite intervient à l'occasion de faits spécifiés (Crim.
6 déc. 1938, Gaz. Pal. 1939. 195. - Crim. 25 nov. 1969, Bull. crim. n o 314).

§ 4 - Faits non visés au réquisitoire


168. Le juge ne peut pas instruire. - Le juge ne saurait instruire sur des faits étrangers à l'acte de saisine (Crim. 23 janv. 1979,
Bull. crim. n o 29). Lorsque des faits, non visés au réquisitoire, sont portés à la connaissance du juge d'instruction, celui-ci doit
immédiatement communiquer au procureur de la République les plaintes ou les procès-verbaux qui les constatent (C. pr. pén.,
art. 80, al. 3). Si l'article 80 interdit au juge d'instruction d'informer sur des faits dont il n'a pas été saisi en vertu d'un
réquisitoire du procureur de la République, ce texte ne met pas obstacle à ce « qu'un inculpé soit entendu, dans les formes de
la loi, sur des faits nouveaux apparaissant dans la procédure et dont il n'est ni établi ni soutenu qu'ils aient été l'objet de
mesures d'instruction ; il importe seulement que ces faits ne donnent pas lieu à inculpation [mise en examen] ou à poursuite
en l'état contre quiconque et que le procès-verbal qui les constate soit adressé immédiatement au procureur de la République
pour lui permettre d'apprécier la suite à leur donner » (Crim. 25 juin 1984, Bull. crim. n o 240). Il est admis que le magistrat
instructeur puisse entendre la personne mise en examen sur des faits nouveaux apparaissant dans la procédure, dès lors
que ces faits « ne donnent pas lieu à inculpation et que le procès-verbal qui les constate est adressé aussitôt au procureur de
la République pour lui permettre d'apprécier la suite à leur donner » (Crim. 10 mai 1994, D. 1994. IR 198 ). Il est encore
possible de prescrire des vérifications en relation avec la recherche de la preuve des faits poursuivis, fussent-elles
éventuellement de nature à aboutir à caractériser des délits nouveaux (Crim. 4 mai 1994, Gaz. Pal. 1994. 2. Somm. 552). Le
magistrat instructeur a aussi la possibilité de vérifier si, indépendamment de la preuve des éléments constitutifs des délits, les
actes critiqués ne tendaient pas à la connaissance des circonstances et à la recherche des liens entre les différentes
infractions (Crim. 12 févr. 1985, Bull. crim. n o 69 ; JCP 1986. II. 20587, note Jeandidier). Il en est ainsi lorsque le juge, saisi
des chefs de recel et détention d'armes, recherche si les inculpés agissaient pour le compte d'un réseau (même arrêt). En
revanche, si le juge est saisi de dégradation de monument public, il ne peut faire procéder à une perquisition pour rechercher
des documents de nature à établir l'appartenance à une ligue dissoute (Paris, 12 févr. 1975, Gaz. Pal. 1975. 1. Somm. 211).

169. Prohibition de l'accomplissement d'actes coercitifs. - L'arrêt du 6 février 1996 (n o 95-85.710, Bull. crim. n o 62 ; Dr. pénal
1996. Comm. 21 ; D. 1996. IR 62 ; D. 1996. 198, note Pradel ; JCP 1996. II. 22634, note Chambon) marque un pas
décisif dans la détermination des actes que le magistrat instructeur peut accomplir en dehors des faits dont il est saisi.
Lorsque le magistrat acquiert la connaissance de faits nouveaux, si l'article 80 ne lui interdit pas, avant toute communication
au procureur de la République, d'en consigner la substance dans un procès-verbal et, le cas échéant, d'effectuer d'urgence des
vérifications sommaires pour en apprécier la vraisemblance, il ne peut, sans excéder ses pouvoirs, procéder à des actes qui,
présentant un caractère coercitif, exigent la mise en mouvement préalable de l'action publique. Tel est le cas lorsque le
magistrat instructeur, qui n'a été saisi que par réquisitoire du 30 mars de faits d'abus de biens sociaux et de faux et usage,
au préjudice d'une société, a délivré, le 8 mars, une commission rogatoire en exécution de laquelle les enquêteurs ont, le
13 mars, entendu le dirigeant d'une société, qui a été placé en garde à vue, et ont perquisitionné à son domicile ainsi que
dans les locaux de la société où des documents ont été saisis, alors qu'ainsi le juge d'instruction avait procédé, concernant
des faits dont il n'était pas saisi, à des actes d'instruction entraînant des investigations approfondies et présentant un
caractère coercitif (Crim. 30 mai 1996, n o 95-85.954 , Bull. crim. n o 226 ; D. 1996. IR 167 ). La décision a été reprise
ensuite : le juge d'instruction qui acquiert la connaissance de faits nouveaux peut, avant toute communication au procureur
de la République, en consigner la substance dans un procès-verbal et, le cas échéant, effectuer d'urgence des vérifications
sommaires, à l'exception d'actes coercitifs, pour en apprécier la vraisemblance (Crim. 30 juin 1999, n o 99-81.426 , Bull. crim.
n o 176).

1 7 0 . Officier de police judiciaire : découverte de faits nouveaux. - L'officier de police judiciaire (OPJ), agissant sur commission
rogatoire, qui découvre au cours d'une perquisition des faits étrangers à l'information, est tenu d'informer le juge mandant,
mais peut aussi avertir le procureur compétent (Crim. 9 févr. 1993, n o 92-85.415 , Bull. crim. n o 66. - Crim. 17 mai 1994,
n o 93-82.252 , Bull. crim. n o 186). Aucune obligation légale ne pèse sur les officiers de police judiciaire, agissant en
exécution d'une commission rogatoire, d'aviser le juge d'instruction de la découverte d'infractions non comprises dans leur
saisine, s'ils sollicitent immédiatement les instructions du procureur de la République, comme le prescrit l'article 40 du code de
procédure pénale (Crim. 30 oct. 2012, n o 11-87.244 , D. 2012. 2805 ). Les officiers de police judiciaire qui, à l'occasion de
l'exécution d'une commission rogatoire, acquièrent la connaissance de faits nouveaux, peuvent, avant toute communication au
juge d'instruction des procès-verbaux qui les constatent, effectuer d'urgence des vérifications sommaires pour en apprécier la
vraisemblance (Crim. 11 mai 2000, n o 99-85.100 , Bull. crim. n o 186 ; D. 2000. IR 225 ). Encourt la cassation l'arrêt de la
chambre d'accusation [de l'instruction] qui n'annule que partiellement des actes concernant des faits dont le juge d'instruction
n'était pas saisi et qui avaient été accomplis sous le couvert de l'exécution de la commission rogatoire délivrée par ce
magistrat (Crim. 13 déc. 2000, BICC 530, n o 243). Lorsque des officiers de police judiciaire découvrent au cours de l'exécution
d'une commission rogatoire des faits délictueux étrangers à la saisine du juge d'instruction, il ne leur est pas interdit de
procéder à des investigations sur ces faits en mettant en oeuvre les pouvoirs qu'ils tiennent des règles prévues par les
articles 53 à 78 du code de procédure pénale pour l'enquête préliminaire ou de flagrance (Cass., ass. plén., 22 nov. 2002,
n o 92-82.460 , Bull. ass. plén. n o 2. - Crim. 26 mars 2003, n o 03-80.084 , Bull. crim. n o 80 ; JCP 2003. IV. 2121 ;
Procédures 2003. Comm. 180, note Buisson ; D. 2003. IR 1605 ). Sont ainsi valides les réquisitions adressées à des
opérateurs de téléphonie par des officiers de police judiciaire effectuant sur commission rogatoire la surveillance d'une cabine
téléphonique, afin d'obtenir la liste des appels, antérieurs à ces réquisitions, concernant un numéro espagnol appelé depuis
cette cabine, de manière à déterminer si les propos échangés lors de cet appel se rapportaient ou non à des faits dont le
magistrat instructeur était saisi (Crim. 1 er févr. 2011, n o 10-83.523 , Bull. crim. n o 15). « Les officiers de police judiciaire qui,
à l'occasion de l'exécution d'une commission rogatoire, acquièrent la connaissance de faits nouveaux, peuvent, avant toute
communication au juge d'instruction des procès-verbaux qui les constatent, effectuer d'urgence, en vertu des pouvoirs
propres qu'ils tiennent de la loi, les vérifications sommaires qui s'imposent pour en apprécier la vraisemblance, pourvu que,
comme en l'espèce, elles ne présentent pas un caractère coercitif exigeant la mise en mouvement préalable de l'action
publique » (Crim. 27 mars 2012, n o 11-88.321 , D. 2012. 1189 ; AJ pénal 2012. 488, obs. Ascensi).

171. Instruction en dehors de la saisine : jurisprudence. - Encourt la censure l'arrêt d'une chambre d'accusation [de l'instruction]
qui, dans une information ouverte pour blessures involontaires et infraction aux règles relatives à la sécurité des travailleurs,
déclare régulière la commission rogatoire du juge d'instruction prescrivant notamment des investigations ayant pour effet de
caractériser le délit de marchandage (Crim. 24 nov. 1998, n o 98-83.247 , Bull. crim. n o 315 ; Procédures 1999. Comm. 106,
obs. Buisson ; Dr. pénal 1999. Comm. 50, obs. Maron). De même, encourt la cassation l'arrêt d'une chambre d'accusation [de
l'instruction] qui déclare justifiés par l'exécution d'une commission rogatoire du juge d'instruction, l'interpellation et le
placement en garde à vue de personnes par des officiers de police judiciaire à l'occasion de la constatation de faits nouveaux,
non visés au réquisitoire introductif (Crim. 1 er avr. 1998, BICC 487, n o 959). Un arrêt du 28 septembre 2005 (n o 05-84.495,
Bull. crim. n o 246) montre les limites de la recherche des « circonstances de commission de l'infraction », par ailleurs autorisée
par la chambre criminelle (Crim. 12 févr. 1985, Bull. crim. n o 69 ; JCP 1986. II. 20587, note Jeandidier). Saisi d'une tentative
d'extorsion de fonds dans le cadre d'un débit de boissons particulier, « Le Santa Clara », le juge ne peut prescrire aux
enquêteurs de « faire le point sur l'ensemble du patrimoine des frères Y… et de leurs “acolytes”, de répertorier l'ensemble des
débits de boissons, bars et autres restaurants au sein desquels ils seraient associés ou qu'ils dirigeraient, directement ou
indirectement, de déterminer les conditions dans lesquelles les établissements ont été financés, par qui ils sont gérés et la
nature de leurs revenus […] d'effectuer une enquête approfondie sur le sex-shop “Le Malicia” ainsi que l'établissement
exploité sous l'enseigne “Ital'Café Expresso”, d'adresser toutes réquisitions utiles dans le but de déterminer l'origine réelle du
patrimoine de l'ensemble des personnes impliquées dans cette affaire ». Il faut ainsi distinguer les investigations portant sur
le contexte des faits objets de la saisine, contexte pouvant se révéler constitutif d'infractions distinctes des recherches
portant principalement sur la découverte d'autres infractions que celles dont le juge est saisi.

Section 7 - Irrévocabilité de la saisine


172. Impossibilité de restreindre l'étendue de la saisine. - Les réquisitions du procureur de la République tendant à restreindre
l'étendue de la saisine du juge d'instruction en cours d'information sont inopérantes (Crim. 24 mars 1977, Bull. crim. n o 112).
Le juge d'instruction est tenu de statuer par ordonnance de règlement sur tous les faits dont il a été régulièrement saisi
(même arrêt).

Section 8 - Qualification
Art. 1 - Principe de la liberté de qualification
173. Saisine des faits et non de la qualification. - Le juge d'instruction est saisi des faits qui lui sont dénoncés par le réquisitoire
introductif, indépendamment de la qualification qui leur est donnée (Crim. 27 mars 1990, n o 88-83.669 , Bull. crim. n o 135).
Le juge d'instruction peut qualifier librement les faits dont il est saisi soit par la plainte avec constitution de partie civile, soit par
un réquisitoire introductif du procureur de la République et sur lesquels il a l'obligation d'informer. Pendant le cours de
l'information, les inculpations sont purement indicatives et peuvent être modifiées (Crim. 13 mars 1984, Bull. crim. n o 107. -
Crim. 11 févr. 1992, n o 91-86.066 , Bull. crim. n o 63). Il n'importe qu'il ait pu provisoirement donner à un même fait deux
qualifications différentes, dès lors que l'information permettra d'établir celle qui devra être retenue (Crim. 11 févr. 1992, préc.).
De même, il n'importe que la partie civile ait mal qualifié l'infraction pouvant être constituée par les faits sur lesquels porte la
plainte ; il appartient à la juridiction d'instruction d'examiner ces faits sous toutes les qualifications possibles (Crim. 23 janv.
1990, n o 89-83.236 , Bull. crim. n o 43). Ceci est vrai quelles que soient les réquisitions du procureur de la République (Crim.
11 févr. 1992, préc.). Le juge d'instruction n'est pas tenu de communiquer la procédure au procureur de la République avant
de donner aux faits dont il est saisi une nouvelle qualification et de notifier une inculpation de ce chef (Crim. 18 févr. 1975,
Bull. crim. n o 56).

174. Plus haute acception pénale. - Le fait objet de la poursuite doit être envisagé sous la plus haute acception pénale dont il
est susceptible (Crim. 13 mars 1984, Bull. crim. n o 107). En l'espèce, un magistrat instructeur avait inculpé en retenant une
circonstance aggravante non visée au réquisitoire introductif. Le ministère public ayant fait appel, la chambre criminelle affirme
que le juge « peut et même doit envisager les faits sous leur plus haute acception pénale ». Il faut simplement comprendre
qu'aucun fait ne peut être omis (ici la circonstance aggravante). Cela ne signifie nullement qu'une qualification plus exacte
devrait être délaissée au profit d'une qualification plus vague mais plus élevée. Le juge d'instruction, qui peut et doit
envisager les faits sous la plus haute acception pénale dont ils sont susceptibles, est, par ailleurs, lié par les faits retenus au
réquisitoire introductif. Il doit, s'il entend requalifier, reprendre tous les éléments de fait de sa saisine et ne peut donc écarter
une circonstance aggravante dès lors qu'elle a été visée par le ministère public pour chaque mis en cause, sauf si cette
circonstance lui semble imaginaire. Il s'ensuit que l'ordonnance refusant de prendre en compte le décès d'une victime dans la
mise en examen de deux mis en cause, alors que cette circonstance avait été visée par le ministère public pour tous les mis
en cause, doit être infirmée (Rouen, 30 avr. 1998, BICC 485, n o 71. - V. supra, n o 162).

Art. 2 - Le principe de la liberté de qualification dépend du respect d'autres principes de procédure


175. Refus implicite d'informer. - Lorsqu'un réquisitoire introductif vise un vol aggravé, le juge qui croit devoir inculper de vol
simple doit rendre une ordonnance motivée, susceptible d'appel par le ministère public (Crim. 18 janv. 1983, Bull. crim. n o 22 ;
D. 1984. 4). En effet, sous l'apparence d'une requalification, c'est à un refus d'informer déguisé que le juge se livre alors
puisque certains faits ne feront pas l'objet d'investigations. Ce que l'on reproche ici au magistrat instructeur tient à son refus
d'informer avant d'avoir disqualifié les faits. C'est donc une règle de procédure, celle de l'obligation pour le juge d'informer, qui
est en cause.

176. Requalification. - Le juge d'instruction demeure libre de requalifier les faits en ne retenant pas la circonstance aggravante
visée par le réquisitoire introductif s'il considère qu'elle n'est pas avérée. Mais il ne peut a priori ni omettre d'instruire sur un
fait, ni omettre d'instruire sur une circonstance du fait, en l'espèce, sur une circonstance aggravante (Crim. 18 janv. 1983, Bull.
crim. n o 22 ; D. 1984. 4). En pratique, cette solution a pour effet de lier le magistrat instructeur dès que la qualification qu'il
entend retenir est plus basse et laisse de côté une circonstance du fait dénoncé. Si ce principe ne lui interdit pas de requalifier
par exemple l'escroquerie en abus de confiance alors que la nouvelle qualification retenue est moins sévèrement réprimée
c'est parce que tous les éléments de fait dont il est saisi lui permettent de modifier la qualification sans écarter de sa saisine
les éléments d'un fait ; en revanche, il lui est interdit de ne pas retenir une circonstance aggravante dès qu'elle est visée par
le ministère public. Toutefois, si cette circonstance apparaît imaginaire, il peut ne pas la retenir. Si le ministère public prend
des réquisitions expresses, le juge rendra une ordonnance non conforme, ce qui permettra ainsi l'élévation du débat devant
la chambre de l'instruction. Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, il suffit d'indiquer à la personne qu'elle est
poursuivie sous la qualification retenue par le ministère public. Après avoir reçu les explications de la personne et, le cas
échéant, les observations de son avocat (C. pr. pén., art. 116. - V. infra, n o 381), il est alors possible de modifier la
prévention sans encourir le reproche d'un refus d'information déguisé. Il n'en est autrement que si, dès l'origine et par
opportunité, il laisse de côté un fait ou une circonstance du fait.

177. Requalification « à la hausse ». - Il ne semble pas possible au magistrat instructeur, au moment de son ordonnance de
renvoi, de requalifier à la hausse, c'est-à-dire de retenir une qualification plus sévère que celle sur laquelle le mis en examen
s'est expliqué. Ce n'est pas le principe même de la qualification qui est ici discuté, mais la possibilité d'utiliser ce pouvoir à un
moment où l'intéressé est privé des moyens de présenter sa défense (sur tous les problèmes de qualification, V. C. GUÉRY, Aux
confins du droit et de la procédure pénale. La relative liberté de qualification du juge d'instruction, D. 1996. Chron. 335 .-
Sur notre analyse de Crim. 29 mai 2001 [n o 01-80.718, Bull. crim. n o 136], V. C. GUÉRY, Du cap à la péninsule, Les pouvoirs de
requalification du juge pénal, Dr. pénal 2012. Étude 7-8. - V. infra, n o 829).

Art. 3 - Exceptions au principe


178. Fraudes. - Toute poursuite exercée en vertu du code de la consommation, livre III, chapitres II à IV, sur les fraudes doit
être continuée et terminée en vertu du même texte (C. consom., art. 216-4 [anc. L. 1905, art. 8]). Le juge d'instruction peut
poursuivre les mêmes faits sous une qualification nouvelle à la condition que celle-ci vise la même loi (Crim. 12 juin 1974, Bull.
crim. n o 217).

179. Loi sur la presse. - En matière d'infractions à la loi sur la presse, la qualification du fait incriminé est irrévocablement fixée
par la plainte et le réquisitoire introductif. Le juge d'instruction ne peut que s'aligner sur l'acte l'ayant saisi et ne peut
prononcer aucun changement de qualification (Crim. 22 juin 1982, Bull. crim. n o 169. - Crim. 16 févr. 1988, Bull. crim. n o 78. -
Crim. 9 avr. 1991, n o 90-84.124 , Bull. crim. n o 170). Le réquisitoire introductif et la plainte avec constitution de partie civile
avec laquelle il se combine, lorsqu'elle répond aux exigences de l'article 50 de la loi du 29 juillet 1881, fixent irrévocablement
les points sur lesquels le prévenu aura à se défendre, tant devant le juge d'instruction qu'éventuellement devant la juridiction
de jugement, et délimitent définitivement la poursuite (Crim. 24 nov. 1992, n o 90-87.777 , Bull. crim. n o 386). Il peut
néanmoins requalifier en infraction de droit commun, la plainte avec constitution de partie civile ne fixant irrévocablement la
nature et l'étendue de la poursuite qu'en ce qui concerne les seules infractions à la loi sur la presse (Crim. 25 sept. 1991,
n o 90-83.140 , Bull. crim. n o 319). La plainte portée du chef de diffamation oblige le juge d'instruction à informer sur
l'ensemble des faits dont il est saisi et à rechercher si ces faits, même dépouillés des circonstances propres à leur donner un
caractère délictuel, n'étaient pas de nature à justifier, en application de l'article 178 du code de procédure pénale, le renvoi de
leurs auteurs devant le tribunal de police compétent (Crim. 14 janv. 1992, n o 91-80.185 , Bull. crim. n o 14). Selon les
dispositions de l'article 50 de la loi du 29 juillet 1881, les mêmes faits ne sauraient recevoir une double qualification sans créer
une incertitude dans l'esprit du prévenu. Le plaignant ne peut échapper à cette obligation impérative en engageant par un
artifice deux poursuites concomitantes relatives aux mêmes imputations qualifiées différemment et visant des textes de loi
différents. De telles plaintes avec constitution de partie civile sont, en raison de leur concomitance, entachées de nullité et
n'ont pu interrompre la prescription (Crim. 7 avr. 1992, n o 87-81.208 , Bull. crim. n o 149).

Chapitre 3 - Actes que le juge d'instruction peut déléguer


180. Actes effectués par le juge ou ceux délégués. - Il est nécessaire de distinguer les actes effectués par le juge d'instruction
lui-même de ceux qu'il peut déléguer. Un certain nombre de ces actes, qui peuvent être délégués ou non, font l'objet de
développements distincts dans d'autres fascicules ; il en est ainsi des commissions rogatoires, des expertises, de la détention
provisoire et du contrôle judiciaire, des mandats, des perquisitions, transports et visites domiciliaires.
Section 1 - Commissions rogatoires
Art. 1 - Conditions de fond et de forme des commissions rogatoires
181. La forme et les conditions d'exécution des commissions rogatoires sont étudiées à ce mot (V. Com m ission rogatoire).
Le juge d'instruction procède personnellement ou commet rogatoirement pour un acte tout juge de son tribunal, tout juge
d'instance du ressort de ce tribunal, tout officier de police judiciaire compétent du ressort, ou tout juge d'instruction
(C. pr. pén., art. 151, al. 1 er).

182. Infractions visées. - La commission rogatoire ne peut être générale quant aux infractions visées. En ce sens, le juge ne
peut faire instruire sur des faits dont il n'est pas saisi. En revanche, rien n'interdit que la commission rogatoire soit générale
quant aux actes sollicités, à condition qu'elle ne constitue pas une délégation générale de pouvoirs (Crim. 21 mars 1957,
D. 1957. 482). Ne constitue pas une délégation générale de pouvoirs la commission rogatoire qui se réfère aux procès-
verbaux de l'enquête et détermine ainsi clairement le cadre de la saisine du service délégataire. N'encourt pas l'annulation la
commission rogatoire qui prescrit l'audition des auteurs, coauteurs ou complices d'une infraction, sous réserve des
dispositions de l'article 105 du code de procédure pénale, dès lors que le juge d'instruction a la faculté de ne mettre en
examen une personne déterminée qu'après s'être éclairé sur la participation de celle-ci aux agissements incriminés dans des
conditions pouvant engager sa responsabilité pénale (Crim. 8 juin 1999, n os 99-81.291 et 99-81.807 , Bull. crim. n o 124).

183. Restrictions à la délégation. - Certaines restrictions sont apportées au pouvoir de délégation du juge : les officiers de
police judiciaire ne peuvent procéder ni à une mise en examen, ni à un interrogatoire, ni à une confrontation du mis en
examen. Ils ne peuvent procéder aux auditions de la partie civile et du témoin assisté qu'à la demande de ceux-ci (C. pr. pén.,
art. 152, al. 2. - Sur l'audition du témoin assisté visé nommément dans une plainte avec constitution de partie civile, V. infra,
n o 401).

184. Douanes judiciaires. - Depuis la loi du 23 juin 1999, le service des douanes peut recevoir des commissions rogatoires dès
lors que le service comporte un douanier spécialement habilité pour cela (C. pr. pén., art. 28-1). La loi du 9 mars 2004 a
modifié l'article 28-1 du code de procédure pénale et en a étendu les compétences. Le service des douanes judiciaires est
dirigé par un magistrat en détachement (V. DOBKINE, La création d'une nouvelle force de police judiciaire. La douane
judiciaire, D. 2001. Chron. 1475 . - CARLI, Service national de douane judiciaire. Officier de police judiciaire douanière ?
Officier de douane judiciaire ?, D. 2003. Chron. 2701 . - V. aussi Com m ission rogatoire).

1 8 5 . Organisation de la police judiciaire. - Un décret n o 2003-390 du 24 avril 2003 relatif à l'organisation des services
territoriaux de la police nationale (JO 26 avr.) a créé neuf directions interrégionales et trois directions régionales de police
judiciaire (Paris, Versailles, Ajaccio). L'article R. 15-19 du code de procédure pénale a été modifié par le décret n o 2003-795 du
25 août 2003 (JO 27 août). Les décrets n o 2006-518 du 6 mai 2006, portant création d'un office central de lutte contre le crime
organisé (JO 7 mai), et n o 2006-519 du 6 mai 2006, portant création d'un office pour la répression des violences aux
personnes (JO 7 mai), ont encore réorganisé les services centraux de la police judiciaire.

1 8 6 . Commission rogatoire en dehors du ressort du juge. - En vertu de l'article 154 du code de procédure pénale, dans sa
rédaction antérieure à celle résultant de la loi du 14 avril 2011, lorsqu'un officier de police judiciaire chargé de l'exécution
d'une commission rogatoire en dehors du ressort du juge d'instruction mandant était amené à garder à sa disposition une
personne, il devait, avant l'expiration d'un délai de vingt-quatre heures, la présenter au juge d'instruction du lieu d'exécution
de la mesure, lequel pouvait prolonger la garde à vue d'un nouveau délai de vingt-quatre heures au maximum. À titre
exceptionnel, ce magistrat pouvait accorder cette autorisation par décision écrite et motivée sans présentation préalable de la
personne. Prive sa décision de base légale la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, pour refuser d'annuler des actes de
la procédure en raison de l'irrégularité de la garde à vue d'une personne, retient, d'une part, que les policiers parisiens ont
procédé à son arrestation en application de l'article 78-2 du code de procédure pénale, procédure de contrôle et vérification
d'identité, car elle correspondait au signalement de l'auteur présumé d'un vol, d'autre part, que l'officier de police judiciaire à
Cambrai, délégataire d'une commission rogatoire visant l'article 18, alinéa 4, du code de procédure pénale (procédure
d'urgence), a prescrit à ses collègues de la placer en garde à vue dès qu'il a été avisé de son arrestation, et en a avisé le
magistrat mandant, et, enfin, que c'est à bon droit que la prolongation de la garde à vue mentionne que la personne était à la
disposition de l'officier de police judiciaire depuis son placement en garde à vue, et que celui-ci s'est déplacé à Paris pour
notifier cette prolongation, alors que la personne était gardée à vue à Paris et que la prolongation de la mesure a été
accordée par le juge d'instruction de Cambrai (Crim. 6 oct. 1998, n o 98-80.767 , D. 1999. IR 6 ). Justifie sa décision, au
regard des dispositions de l'article 154, alinéa 2, du code de procédure pénale la chambre d'accusation [de l'instruction] qui,
pour rejeter l'exception de nullité de la prolongation de la garde à vue, retient que l'autorisation écrite du juge d'instruction,
énonçant que la personne n'a pu lui être présentée en raison de la nécessité d'accomplir des investigations durant le temps
de la garde à vue, suffit à rendre la procédure régulière (Crim. 12 déc. 2000, BICC 530, n o 242). Depuis l'entrée en vigueur du
nouvel article 154 du code de procédure pénale, issu de la loi du 14 avril 2011, celui-ci se contente d'énoncer que « les
dispositions des articles 62-2 à 64-1 relatives à la garde à vue sont applicables lors de l'exécution des commissions
rogatoires. Les attributions conférées au procureur de la République par ces articles sont alors exercées par le juge
d'instruction. Lors de la délivrance de l'information prévue à l'article 63-1, il est précisé que la garde à vue intervient dans le
cadre d'une commission rogatoire ». Or, l'article 63-9, auquel il est renvoyé par l'article 154, dispose que « le procureur de la
République compétent pour être avisé des placements en garde à vue, en contrôler le déroulement, en ordonner la
prolongation et décider de l'issue de la mesure est celui sous la direction duquel l'enquête est menée. Toutefois, le procureur
de la République du lieu où est exécutée la garde à vue est également compétent pour la contrôler et en ordonner la
prolongation ». Si ce principe est transposé dans sa totalité à l'instruction préparatoire, il faudrait désormais estimer que le
juge d'instruction du lieu d'exécution de la garde à vue a « aussi » compétence pour ordonner la prolongation. Il serait
étonnant que la chambre criminelle n'ait pas un jour prochain à se pencher sur cette difficulté.
1 8 7 . Date de la commission rogatoire. - Une chambre de l'instruction a pu, à bon droit, rejeter le moyen de nullité pris de
l'absence de date sur une commission rogatoire dès lors qu'il est établi par d'autres actes de la procédure que le réquisitoire
introductif a précédé la commission rogatoire et que tous les actes d'exécution de celle-ci sont postérieurs à cette dernière
(Crim. 18 avr. 2000, n o 00-80.402 , Bull. crim. n o 148).

188. Extension de compétence. - L'urgence justifiant l'extension de la compétence territoriale des officiers de police judiciaire
en application de l'article 18, alinéa 4, du code de procédure pénale, relevait de la seule appréciation du juge d'instruction
(Crim. 27 févr. 2001, n o 00-86.747 , Bull. crim. n o 50). Il n'est plus nécessaire de motiver l'extension de compétence par
application de l'article 18, alinéa 4, en raison de l'urgence. L'officier de police judiciaire qui, en exécution d'une commission
rogatoire ne visant pas l'extension de compétence territoriale, procède à l'interception, à l'enregistrement et à la transcription
de communications émises sur une ligne téléphonique attribuée à un abonné qui demeure hors de son ressort territorial, ne
méconnaît pas les règles de la compétence territoriale, dès lors que tous les actes d'exécution de la commission rogatoire ont
été dressés au siège de son service, dans lequel une dérivation permettant l'écoute des conversations a été installée (Crim.
20 juin 1996, n os 93-82.187 et 95-81.975 , Bull. crim. n o 270).

189. Officier de police judiciaire : faits étrangers à l'information en cours. - L'officier de police judiciaire rogatoirement commis
conserve ses autres pouvoirs délégués pour des faits étrangers à l'information en cours (V. Crim. 26 mars 2003, n o 03-80.084
, Bull. crim. n o 80 ; JCP 2003. IV. 2121 ; Procédures 2003. Comm. 180, note Buisson ; D. 2003. IR 1605 ). Les enquêteurs
qui découvrent des faits étrangers à la saisine du juge d'instruction doivent l'en prévenir (C. pr. pén., art. R. 2 et D. 34) sans
que le défaut d'information puisse entraîner nullité de la procédure. Ils doivent, en vertu de leur pouvoir propre agir, selon les
cas, dans le cadre de la flagrance ou de l'enquête préliminaire (et, dans ce cas, avec l'accord de la personne sauf application
des dispositions nouvelles permettant dans certains cas d'obtenir du JLD la possibilité de s'en passer). Les OPJ doivent alors
dresser une procédure incidente, transmise au procureur de la République, et, le cas échéant pour information en copie, au
juge d'instruction mandant. Lorsque des officiers de police judiciaire découvrent, au cours de l'exécution d'une commission
rogatoire, des faits délictueux étrangers à la saisine du juge d'instruction, il ne leur est pas interdit de procéder à des
investigations sur ces faits en mettant en oeuvre les pouvoirs qu'ils tiennent des règles prévues par les articles 53 à 78 du
code de procédure pénale pour l'enquête préliminaire ou de flagrance (Cass., ass. plén., 22 nov. 2002, préc. supra, n o 170).
Les officiers de police judiciaire qui, à l'occasion de l'exécution d'une commission rogatoire, acquièrent la connaissance de faits
nouveaux, peuvent, avant toute communication au juge d'instruction des procès-verbaux qui les constatent, effectuer
d'urgence, en vertu des pouvoirs propres qu'ils tiennent de la loi, les vérifications sommaires qui s'imposent pour en apprécier
la vraisemblance, pourvu qu'elles ne présentent pas un caractère coercitif exigeant la mise en mouvement préalable de
l'action publique (Crim. 27 mars 2012, n o 11-88.321 , D. 2012. 1189 ).

1 9 0 . Assistance par des personnes qualifiées. - Les agents de police judiciaire du service d'enquête sur les fraudes aux
technologies de l'information dans le cadre d'opérations de perquisition et de saisie n'ont pas à prêter le serment de
l'article 60, alinéa 2, du code de procédure pénale, dès lors qu'ils interviennent pour seconder dans l'exercice de leurs
fonctions les officiers de police judiciaire, conformément aux dispositions de l'article 20 dudit code (Crim. 27 juin 2001, n o 01-
81.865 , Bull. crim. n o 163 ; D. 2001. IR 2947 ). De même, les agents de la DNERF ne sont pas des « personnes
qualifiées » qui doivent prêter serment dès lors qu'ils interviennent dans un domaine où la loi leur confie des pouvoirs de police
judiciaire (Crim. 6 mai 2002, n o 02-81.130 . - Contra : Crim. 3 déc. 1988, Bull. crim. n o 333). Doit en conséquence être cassé
l'arrêt qui, pour annuler une commission rogatoire, relève que la participation d'inspecteurs des Douanes à son exécution,
alors que l'administration des Douanes était partie à la procédure, est contraire à l'article 6, paragraphe 1 er, de la Convention
européenne des droits de l'homme (Crim. 4 avr. 2001, n o 01-80.835 , Bull. crim. n o 95). Le serment est en revanche
nécessaire pour les fonctionnaires des impôts (Crim. 3 oct. 1996, n o 95-83.879 , Bull. crim. n o 345 ; JCP 1997. IV. 431. -
Crim. 21 juin 2006, n o 06-82.774 , Bull. crim. n o 193 ; Procédures 2006. Comm. 216, note Buisson ; Gaz. Pal. 2-3 mars 2007,
p. 16). Dans ce cas, son défaut constitue une nullité pour laquelle il n'est pas utile de rapporter l'existence d'un grief (Crim.
21 juin 2006, préc.).

191. Actes sur le territoire d'un État étranger. - La loi du 9 mars 2004 a ajouté un alinéa au sein de l'article 18 qui permet
« avec l'accord des autorités compétentes de l'État concerné » aux officiers de police judiciaire, « sur commission rogatoire
expresse du juge d'instruction ou sur réquisitions du procureur de la République, de procéder à des auditions sur le territoire
d'un État étranger ». Cette possibilité n'était ouverte qu'aux enquêteurs, mais pas au juge d'instruction (sur ces points,
V. LAVIELLE et MANTEAUX, L'article 18, alinéa 5, du code de procédure pénale. Ingéniosité ou incongruité ?, AJ pénal 2005. 67
). La loi du 13 décembre 2011 a toutefois prévu un dispositif similaire pour les magistrats. C'est l'article 93-1 nouveau du
code de procédure pénale qui ouvre la même possibilité au magistrat instructeur.

192. Délégation de la mise en examen sur commission rogatoire. - La loi du 15 juin 2000 avait créé une nouvelle difficulté dans
cette matière puisque la mise en examen ne peut intervenir qu'après que la personne a présenté ses observations. On
pouvait douter qu'un magistrat puisse déléguer le pouvoir d'appréciation de choisir, après avoir entendu la personne et son
avocat, entre le statut de personne mise en examen et celui de témoin assisté. L'article 154-1 du code de procédure pénale,
issu de la loi du 9 mars 2004, dispose que « le juge d'instruction qui envisage de mettre en examen une personne qui n'a pas
déjà été entendue comme témoin assisté peut requérir par commission rogatoire, selon les modalités prévues par
l'article 151, tout juge d'instruction de procéder à la mise en examen de cette personne conformément aux dispositions de
l'article 116. Le juge d'instruction chargé d'exécuter la commission rogatoire procède alors à la mise en examen de la
personne conformément aux dispositions de l'article 116, sauf s'il estime, au vu de ses observations ou celles de son avocat,
qu'il n'existe pas contre elle d'indices graves ou concordants rendant vraisemblable sa culpabilité, auquel cas ce magistrat
l'informe qu'elle bénéficie des droits du témoin assisté ».

193. Réquisitions portant sur des documents. - L'article 60-1 du code de procédure pénale, créé par la loi du 9 mars 2004,
dispose que l'officier de police judiciaire peut requérir de toute personne, de tout établissement ou organisme privé ou public
ou de toute administration publique qui sont susceptibles de détenir des documents intéressant l'enquête, y compris ceux
issus d'un système informatique ou d'un traitement de données nominatives, de lui remettre ces documents, sans que puisse
lui être opposé, sans motif légitime, l'obligation au secret professionnel. Lorsque les réquisitions concernent les personnes
mentionnées aux articles 56-1 à 56-3, la remise des documents ne peut intervenir qu'avec leur accord (C. pr. pén., art. 60-1).
Il en est de même dans le cadre de l'enquête préliminaire (C. pr. pén., art. 77-1-1).

Art. 2 - Garde à vue sur commission rogatoire


194. Renvoi. - La garde à vue sur commission rogatoire fait l'objet de longs développements dans le fascicule « Commission
rogatoire, 2013 ». On ne trouvera ici que quelques principes spécifiques (V. Com m ission rogatoire).

195. Garde à vue : information du juge d'instruction. - Selon l'article 154 du code de procédure pénale, le juge d'instruction doit
être informé dans les meilleurs délais, par l'officier de police judiciaire agissant en exécution d'une commission rogatoire, de
tout placement en garde à vue. Méconnaît ce principe la chambre d'accusation [de l'instruction] qui rejette la requête en
annulation prise de la violation des dispositions précitées, alors que le juge d'instruction n'a été avisé qu'à 19h 30 d'une
mesure de garde à vue prise à 14h30, et alors que tout retard, non justifié par une circonstance insurmontable, porte
nécessairement atteinte aux intérêts de la personne gardée à vue (Crim. 29 févr. 2000, BICC 514, n o 92. - V. aussi Garde à
vue et Com m ission rogatoire. - C. GUÉRY, L'avenir du suspect, AJ pénal 2005. 232 . - HENNION-JACQUET, Garde à vue :
entre désillusion et espoir, D. 2007. Chron. 1248 ).

1 9 6 . La personne en garde à vue sur commission rogatoire ne prête pas serment. - La chambre criminelle avait estimé qu'il
résultait des dispositions combinées des articles 105, 113-1, 153 et 154 du code de procédure pénale, qui ne sont pas
contraires à l'article 6 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme, qu'une personne placée en garde
à vue sur commission rogatoire du juge d'instruction est entendue comme témoin après avoir prêté le serment prévu par la
loi, dès lors qu'il n'existe pas à son encontre des indices graves et concordants d'avoir participé aux faits dont le juge
d'instruction est saisi ou qu'elle n'est pas nommément visée par un réquisitoire introductif (Crim. 14 mai 2002, n o 02-80.721
, Bull. crim. n o 111). Le législateur de 2004 a choisi une solution inverse puisque l'article 153 dispose désormais que
« l'obligation de prêter serment et de déposer n'est pas applicable aux personnes gardées à vue en application des
dispositions de l'article 154. Le fait que les personnes gardées à vue aient été entendues après avoir prêté serment ne
constitue toutefois pas une cause de nullité de la procédure ».

197. Enregistrement audiovisuel des gardes à vue criminelles. - La loi du 5 mars 2007 a prévu l'obligation de filmer certains
interrogatoires de garde à vue (C. pr. pén., art. 64-1). Ce texte est entré en vigueur le 1 er juin 2008. Il s'agit des
interrogatoires des personnes placées en garde à vue pour crime lorsqu'ils sont réalisés dans les locaux d'un service ou d'une
unité de police ou de gendarmerie exerçant une mission de police judiciaire. L'enregistrement ne peut être consulté qu'en cas
de contestation du contenu du procès-verbal d'interrogatoire, sur décision du juge d'instruction ou de la juridiction de
jugement, à la demande du ministère public ou d'une des parties. Les huit derniers alinéas de l'article 114 ne sont pas
applicables. Lorsqu'une partie demande la consultation de l'enregistrement, cette demande est formée et le juge d'instruction
statue conformément aux alinéas 1 er et 2 de l'article 82-1. Trois exceptions à ce principe étaient prévues par le texte (V.
n o198). La première concerne le cas dans lequel le nombre de personnes gardées à vue devant être simultanément
interrogées, au cours de la même procédure ou de procédures distinctes, fait obstacle à l'enregistrement de tous les
interrogatoires. Dans cette hypothèse, l'officier de police judiciaire doit en référer sans délai au procureur de la République qui
désigne, par décision écrite versée au dossier, la ou les personnes dont les interrogatoires ne seront pas enregistrés. Le
second cas prévu est celui où une difficulté d'ordre technique met obstacle à l'enregistrement. Il en est alors fait mention dans
le procès-verbal d'interrogatoire, qui précise la nature de cette impossibilité. Le procureur de la République en est
immédiatement avisé. Enfin, lorsque la personne est gardée à vue pour un crime mentionné à l'article 706-73 du code pénal
(criminalité organisée) ou prévu par les titres Ier et II du livre IV du code pénal (atteintes aux intérêts de la Nation,
terrorisme), sauf si le procureur de la République ordonne l'enregistrement. Une précision ajoutée par la même loi à
l'article 154 donne compétence au juge d'instruction et non au procureur de la République dès lors qu'il s'agit d'une garde à
vue sur commission rogatoire.

198. L'obligation d'enregistrement des interrogatoires de garde à vue, prévue à l'article 64-1 du code de procédure pénale,
n'est applicable qu'en matière criminelle (Crim. 2 déc. 2009, n o 09-85.103 , Bull. crim. n o 201 ; D. 2010. 211 obs. Girault ;
AJ pénal 2010. 200, obs. Duparc ). Dans ses décisions du 6 avril 2012 (n o 2012-228/229 QPC, JCP 2012, p. 482 ; Dalloz
actualité 17 avr. 2012, obs. Léna ; D. 2012. Actu. 1010 ; D. 2012. 1377, note Courtin ), le Conseil constitutionnel a
censuré les septièmes alinéas des articles 64-1 et 116-1 du code de procédure pénale qui dispensaient d'enregistrement
audiovisuel les auditions ou interrogatoires des personnes mises en cause pour des crimes en matière de criminalité organisée
ou d'atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation. Le Conseil constitutionnel a jugé que la différence de traitement instituée
entre les personnes suspectées d'avoir commis l'un des crimes visés par les dispositions contestées et celles qui sont
entendues ou interrogées alors qu'elles sont suspectées d'avoir commis d'autres crimes entraîne une discrimination
injustifiée. Il a en conséquence jugé que les septièmes alinéas des articles 64-1 et 116-1 du code de procédure pénale
méconnaissent le principe d'égalité et sont contraires à la Constitution. Après la décision du Conseil constitutionnel du 6 avril
2012, la chambre criminelle a eu à trancher le cas où des enregistrements en matière de criminalité organisée n'avaient pas
été réalisés, conformément aux possibilités ouvertes, à l'époque, par le code de procédure pénale. Elle a jugé que « si le
prévenu, qui n'a pas été entendu au cours d'une mesure de garde à vue, n'a pas bénéficié d'un enregistrement audiovisuel
de ses interrogatoires par le juge d'instruction, il n'en est résulté aucune atteinte à ses droits conventionnellement protégés,
qu'il s'agisse de ses droits de la défense ou de celui à un procès équitable, dès lors que l'intéressé a été mis en mesure d'être
assisté par un avocat, qu'il a eu la possibilité de vérifier la transcription sur les procès-verbaux, authentifiés par un greffier,
des questions posées et des réponses données, de demander toute rectification et de contester, à tous les stades de la
procédure, le sens et la portée de ses propos transcrits ». D'où il suit que le moyen dirigé contre l'arrêt qui a rejeté le moyen
d'annulation pris de l'irrégularité des interrogatoires et confrontations, auxquels a été soumis le prévenu, en raison de
l'absence d'enregistrement audiovisuel de ces actes, ne peut qu'être écarté (Crim. 10 mai 2012, n o 11-87.328 , Bull. crim.
n o 116 ; D. 2012. 1485 ).

199. La partie civile peut être placée en garde à vue. - Ne constituent pas une cause de nullité le placement en garde à vue et
l'audition par les policiers sur commission rogatoire d'une personne, dès lors qu'il existe à son encontre des indices faisant
présumer qu'elle a commis l'infraction, objet de l'information, ou qu'elle y a participé, quand bien même se serait-elle
constituée partie civile dans cette procédure (Crim. 28 avr. 2004, n o 01-84.554 , JCP 2004. IV. 2268 ; D. 2004. 1644 ;
Gaz. Pal. 8-9 déc. 2004, p. 26, note Monnet).

200. Procès-verbal de renseignements relatant des déclarations non signées. - Les propos recueillis dans un procès-verbal de
renseignements qui auraient été tenus par une personne gardée à vue n'ayant pas voulu les signer doivent être annulés. La
chambre criminelle estime que « la rédaction de ce procès-verbal litigieux constitue un procédé déloyal » (Crim. 3 avr. 2007,
n o 07-80.807 . - V. CARON et MÉNOTTI, La loyauté des preuves en matière pénale, D. 2007. Chron. 1817 ).

Section 2 - Expertise
201. Seules quelques spécificités sont notées ici, particulièrement la jurisprudence la plus récente ainsi que les nouveautés
issues de la loi du 5 mars 2007 (pour une analyse complète, V. Expertise).

Art. 1 - Règles traditionnelles


202. Définition. - L'expertise est l'acte par lequel le juge d'instruction a recours à une ou plusieurs personnes possédant des
connaissances spéciales dans un domaine particulier. Elle ne peut avoir pour objet que l'examen de questions d'ordre
technique (C. pr. pén., art. 158). Le juge d'instruction peut ordonner une expertise soit à la demande du ministère public, soit
d'office, soit à la demande des parties (C. pr. pén., art. 156, al. 1 er. - V. Expertise).

2 0 3 . Critère de l'interprétation des résultats. - La détermination du taux d'alcoolémie d'un prélèvement sanguin sans
interprétation des résultats n'est pas regardée par la chambre criminelle comme une expertise (Crim. 6 oct. 1986, Bull. crim.
n o 270). Au-delà de la solution même du cas d'espèce qui tend à simplifier considérablement le régime juridique de ces
examens fréquents, c'est la motivation qui doit retenir l'intérêt. Il semble en effet que ce qui différencie l'expertise de l'examen
qui peut s'ordonner sous la forme de simples réquisitions réside dans l'interprétation nécessaire des résultats. La
jurisprudence de la chambre criminelle peut se lire sous cet angle.

204. Opérations qualifiées « expertise ». - C'est ainsi que la chambre criminelle de la Cour de cassation a qualifié d'expertises
au sens des articles 156 et suivants du code de procédure pénale un examen en écriture (Crim. 20 déc. 1972, Bull. crim.
n o 295), un examen médical portant sur l'état de santé de l'inculpé (Crim. 5 oct. 1976, Bull. crim. n o 277), un examen mental
(Crim. 9 janv. 1975, Bull. crim. n o 10), un examen médicopsychologique (Crim. 3 oct. 1979, Bull. crim. n o 270), un examen de
projectiles afin de déterminer le calibre et rechercher l'arme utilisée (Crim. 18 avr. 1972, Bull. crim. n o 129), la reconstitution
d'un texte incomplet comme accessoire à une mission de traduction (Crim. 19 oct. 1984, Bull. crim. n o 310). Constitue une
mission d'ordre technique celle donnée à un professeur de droit maritime chargé d'analyser les différents contrats et
conventions liant les parties et de décrire les fonctions des divers intervenants, aux fins de permettre au juge d'apprécier la
nature et l'étendue des responsabilités encourues à l'occasion du naufrage d'un navire (Crim. 9 juill. 2003, JCP 2003.
IV. 2672).

205. Opérations non qualifiées « expertise ». - En revanche, n'ont pas été qualifiés d'expertises la prise de photographies du
corps de la victime (Crim. 5 mai 1959, Bull. crim. n o 242), la simple pesée d'un projectile (Crim. 20 janv. 1972, Bull. crim. n o 30),
l'enquête de personnalité (Crim. 27 nov. 1963, Bull. crim. n o 336. - Crim. 27 mai 1981, Bull. crim. n o 175. - Crim. 17 janv. 1990,
n o 89-83.876 , Bull. crim. n o 31), un certificat médical produit par la victime à la demande du juge d'instruction (Crim. 9 juill.
1980, Bull. crim. n o 220), le fait de prescrire à un médecin de vérifier si l'état de santé de l'inculpé lui permet de comparaître à
un interrogatoire (Crim. 26 nov. 1969, Bull. crim. n o 316), la simple traduction de documents (Crim. 20 août 1986, Bull. crim.
n o 244), le concours matériel apporté par un OPJ dans la reconstitution par l'expert des scellés (Crim. 24 nov. 1987, Bull. crim.
n o 426), la détermination de la provenance d'un document (Crim. 7 juin 1988, Bull. crim. n o 258).

Art. 2 - Nomination des experts


206. Détermination de la mission de l'expert. - C'est au juge d'instruction chargé du dossier qu'il revient de rédiger la mission
de l'expert et de procéder à sa désignation (Crim. 2 sept. 1986, Bull. crim. n o 251. - Crim. 6 sept. 1988, Bull. crim. n o 317).
L'ordonnance de commission d'expert est un acte interruptif de prescription (Crim. 22 juill. 1954, Bull. crim. n o 272). En
revanche, les opérations de l'expert (Crim. 16 mars 1964, Bull. crim. n o 97), le dépôt du rapport d'expertise et les lettres
adressées par un expert à la juridiction qui l'a commis (Crim. 29 mai 1991, n o 90-81.381 , Bull. crim. n o 228) ne constituent
pas des actes d'instruction interruptifs de prescription. L'omission de la signature d'une ordonnance désignant un expert
entraîne la nullité d'une expertise (Crim. 22 oct. 1986, Gaz. Pal. 1987. 1. Somm. 198). Aucune disposition de la loi n'interdit
d'entendre un expert en qualité de témoin avant le dépôt ou au moment du dépôt de son rapport (Crim. 10 avr. 1975, Bull.
crim. n o 90).

207. Inscription des experts sur une liste. - Depuis l'entrée en vigueur de la loi n o 2004-130 du 11 février 2004 (JO 12 févr.,
D. 2004. 542), l'expert doit solliciter sa réinscription pour une durée de cinq ans après examen par une commission mixte
regroupant magistrats et experts, commission chargée d'évaluer l'expérience acquise en matière procédurale et technique.
Les réinscriptions ultérieures sont faites selon les mêmes modalités et pour la même durée. Un expert honoraire n'étant
nullement délié du serment qu'il a prêté lors de son inscription initiale sur la liste des experts en exercice, n'a pas à le
renouveler chaque fois qu'il est commis (Crim. 20 sept. 2006, n o 06-84.741 , Bull. crim. n o 232). Un expert ne figurant pas
sur les listes prévues à l'article 157 du code de procédure pénale ne peut être choisi à titre exceptionnel que par une décision
motivée, faute de quoi sa désignation est entachée de nullité (Crim. 8 juill. 2004, n o 04-18.0145, Bull. crim. n o 180 ; JCP 2004.
IV. 2849 ; Procédures oct. 2004, n o 215, note Buisson ; Dr. pénal nov. 2004, n o 165, note Maron. - Crim. 13 nov. 2008, n o 08-
81.446 , Bull. crim. n o 231 ; AJ pénal 2009. 137, obs. Girault . - Crim. 14 déc. 2010, n o 10-82.862 , Bull. crim. n o 202 ;
JCP 2011, n o143).

208. Expert faisant partie d'une association se constituant partie civile. - Le décret n o 2007-699 du 3 mai 2007 (modifiant le code
de procédure pénale [troisième partie Décrets], relatif au renforcement de l'équilibre de la procédure pénale et à la prévention
de la délinquance [JO 5 mai]) a ajouté un article D. 38 au code de procédure pénale, selon lequel « lorsque l'expert désigné
par le juge d'instruction appartient à une association visée aux articles 2-1 à 2-21 et que l'information porte sur des faits pour
lesquels cette association peut se constituer partie civile, il est tenu de déclarer cette appartenance au juge d'instruction dès
réception de l'ordonnance de désignation. Si le juge maintient la désignation de l'expert, la déclaration d'appartenance est
mentionnée dans le rapport d'expertise ». La désignation d'un expert dépendant de l'une des parties ne permet pas de
garantir les conditions du procès équitable. Une chambre de l'instruction apprécie souverainement l'étendue de la nullité
qu'elle prononce à la suite de l'intervention d'un expert ne présentant pas les garanties d'impartialité (Crim. 25 sept. 2012,
n o 12-82.770 , Dr. pénal 2012. Comm. 153 ; dans cette affaire alors qu'un groupe audiovisuel avait déposé une plainte
avec constitution de partie civile, le magistrat instructeur avait désigné comme expert un technicien travaillant dans ce
groupe).

209. Principe de l'expert unique. Exception. - Depuis 1985, le principe n'est plus celui de la dualité des experts nommés, mais de
l'unité. Il existe toutefois un texte rendant obligatoire la désignation de deux experts, l'un pouvant être désigné par la partie.
Méconnaît l'article 171 du code de procédure pénale, la chambre de l'instruction qui refuse d'annuler un rapport d'expertise
déposé, en violation des dispositions de l'article L. 215-12 du code de la consommation, par un expert unique, alors que la
désignation de deux experts est, en matière de fraude et falsification, une règle substantielle, destinée à garantir le caractère
contradictoire de l'expertise (Crim. 19 juin 2007, n o 07-82.454 , JCP 2007. IV. 2639).

210. Une décision ouverte au contradictoire. - La loi n o 2007-291 du 5 mars 2007 instille des éléments de contradictoire dans la
décision de nomination des experts. Un nouvel article 161-1 dispose désormais que « copie de la décision ordonnant une
expertise est adressée sans délai au procureur de la République et aux avocats des parties, qui disposent d'un délai de dix
jours pour demander au juge d'instruction, selon les modalités prévues par l'avant-dernier alinéa de l'article 81, de modifier ou
de compléter les questions posées à l'expert ou d'adjoindre à l'expert ou aux experts déjà désignés, un expert de leur choix
figurant sur une des listes mentionnées à l'article 157 ». Le même texte offre également la possibilité aux parties, selon les
mêmes modalités, de demander au juge d'instruction d'adjoindre à l'expert ou aux experts déjà désignés, un expert de leur
choix figurant sur une des listes mentionnées à l'article 157. En pratique, le magistrat instructeur n'adresse la mission à
l'expert qu'après l'expiration du délai de dix jours. La rédaction du texte ne semble pas permettre au juge saisi de la demande
de l'adjonction d'un expert précis, de préférer en adjoindre un autre. Une telle décision doit être assimilée à un refus. S'il tient
compte des observations qui lui sont soumises, le juge devra donc faire une nouvelle mission les intégrant. Si le juge
d'instruction ne fait pas droit à la demande, il doit rendre, dans un délai de dix jours à compter de la réception de celle-ci, une
ordonnance motivée, qui est susceptible d'appel devant le président de la chambre de l'instruction statuant par décision
motivée non susceptible de recours. Dans une décision du 23 nov. 2012 (n o 2012-284 QPC, D. 2012. 2739 ), le Conseil
constitutionnel a censuré, au premier alinéa de l'article 161-1 du code de procédure pénale, les mots « avocats des », dans la
phrase prévoyant la notification de la décision de la juridiction d'instruction ordonnant une expertise « au procureur de la
République et aux avocats des parties ». Le Conseil a relevé que la différence de traitement instituée par l'article 161-1 entre
les parties selon qu'elles sont représentées ou non par un avocat ne trouve pas de justification dans la protection du respect
de la vie privée, la sauvegarde de l'ordre public ou l'objectif de recherche des auteurs d'infraction, auxquels concourt le secret
de l'instruction. Dès lors qu'est reconnue aux parties la liberté de choisir d'être assistées d'un avocat ou de se défendre
seules, le respect des principes du contradictoire et des droits de la défense impose que la copie de la décision ordonnant
l'expertise soit portée à la connaissance de toutes les parties. Ces dernières, assistées ou non d'un conseil, bénéficient ainsi
du droit ouvert par cette disposition. La mise en oeuvre est immédiate.

211. Exceptions au principe. - Le législateur a prévu certaines exceptions lorsque les opérations d'expertise et le dépôt des
conclusions par l'expert doivent intervenir en urgence et ne peuvent être différés pendant le délai de dix jours, ou lorsque la
communication prévue à l'alinéa 1 er risque d'entraver l'accomplissement des investigations. La circulaire JUS D-07-30-041C du
22 juin 2007 (n o 2.3.1.2) mentionne l'exemple d'une garde à vue ou d'une détention provisoire en cours. L'état de détention
provisoire ne semble pas justifier systématiquement l'invocation de l'urgence. La chambre criminelle a sanctionné une chambre
de l'instruction qui avait seulement indiqué, pour justifier l'urgence et ne pas appliquer l'article 161-1, qu'il existait une
multiplicité d'investigations qui nécessitait de disposer dans les meilleurs délais des conclusions des experts, préalablement
aux mesures de transport, de reconstitution et de confrontations envisagées. La Haute juridiction affirme que ces motifs sont
insuffisants à établir, pour chacune des ordonnances critiquées, qu'existait, au moment où elle a été rendue, l'impossibilité de
différer, pendant un délai de dix jours, les opérations d'expertise et le dépôt des conclusions des experts (Crim. 13 oct. 2009,
n o 09-83.669 , Bull. crim. n o 167 ; D. 2009. AJ 2554 ; AJ pénal 2009. 503, note Girault ). De même, ne justifie pas sa
décision la chambre de l'instruction qui écarte l'exception de nullité pour n'avoir pas adressé aux avocats des parties la copie
des ordonnances aux fins d'expertise et contre-expertise psychologique du mis en examen, sans suffisamment établir, pour
chacune des ordonnances critiquées, qu'existait, au moment où elle a été rendue, l'impossibilité de différer, pendant le délai
de dix jours, les opérations d'expertise et le dépôt des conclusions des experts (Crim. 22 nov. 2011, n o 11-84.314 , JCP
2012, n o48).

2 1 2 . Ce texte n'est pas non plus applicable aux catégories d'expertises dont les conclusions n'ont pas d'incidence sur la
détermination de la culpabilité de la personne mise en examen et dont la liste est fixée par décret. Ce décret, particulièrement
attendu, n'a fixé comme exception au principe que celle de l'expertise médicale dont l'objet est d'apprécier l'importance du
dommage subi par la victime (Décr. n o 2007-699 du 3 mai 2007, modifiant le code de procédure pénale [troisième partie :
Décrets], relatif au renforcement de l'équilibre de la procédure pénale et à la prévention de la délinquance). La liste est
particulièrement mince. Ainsi, un examen psychologique de victime, confié à un psychologue, non-médecin, n'en fait pas partie.

213. La mission doit être précise. - Justifie sa décision d'annulation d'une expertise, pour violation des articles 156 et 161 du
code de procédure pénale, la chambre de l'instruction qui constate que, par l'imprécision de la mission confiée à l'expert et
l'absence de définition de l'analyse psychocriminologique ordonnée, le juge d'instruction a irrégulièrement délégué des
pouvoirs qui relèvent de sa compétence exclusive en laissant, sans être en mesure d'exercer son contrôle, l'expert participer
aux actes de l'enquête menée sur commission rogatoire et identifier, sans même l'avoir examinée, une personne comme la
seule suspecte ayant un profil psychologique compatible avec un passage à l'acte meurtrier (Crim. 29 janv. 2003, D. 2003.
Somm. 1730, obs. Pradel ; JCP 2003. IV. 1527). N'excède pas les limites fixées par la loi la mission d'expertise qui, après
avoir précisé les questions techniques sur lesquelles devaient porter les vérifications des experts, indique que leur avis doit
permettre au juge d'instruction de mieux apprécier les responsabilités encourues (Crim. 13 avr. 2005, n o 05-80.668 , Bull.
crim. n o 132 ; JCP 2005. IV. 2275).

214. Crimes contre un mineur : expertise médicale. - Les personnes poursuivies pour le meurtre ou l'assassinat d'un mineur
accompagné d'un viol, de tortures ou d'actes de barbarie ou pour l'une des infractions visées aux articles 222-23 à 222-32 et
227-22 à 227-27 du code pénal doivent être soumises, avant tout jugement sur le fond, à une expertise médicale (V. MAYAUD,
Les qualifications relatives aux atteintes sexuelles, AJ pénal 2004. 9 . - Et KENSEY, Éléments statistiques sur les infractions
sexuelles, AJ pénal 2004. 49 ). L'expert est interrogé sur l'opportunité d'une injonction de soins dans le cadre d'un suivi
sociojudiciaire (C. pr. pén., art. 706-47-1, issu de la loi n o 98-468 du 17 juin 1998 [JO 18 juin, Code de procédure pénale
Dalloz] ; cet article portait le numéro 706-47 jusqu'à la loi du 9 mars 2004). Les mineurs victimes de l'une des infractions
mentionnées à l'article 706-47 peuvent faire l'objet d'une expertise médicopsychologique destinée à apprécier la nature et
l'importance du préjudice subi et à établir si celui-ci rend nécessaires des traitements ou des soins appropriés (C. pr. pén.,
art. 706-48, issu de la loi du 17 juin 1998). La méconnaissance de cette règle d'ordre public constitue une nullité substantielle
(Colmar, 18 avr. 2001, BICC 551, n o 216).

215. Avis technique. - Aucun texte n'interdit au juge d'instruction de demander un avis technique à un expert, précédemment
commis par lui, sur le mérite d'une expertise privée produite par une partie dès lors que cet avis, qui n'a pas la nature
d'expertise, est versé au dossier et peut être consulté et discuté librement par les parties (Crim. 19 janv. 2000, n o 99-86.090
, Bull. crim. n o 33).

216. Troubles psychiques ayant aboli le discernement. - Lorsque les conclusions de l'expertise sont de nature à conduire le juge
d'instruction à déclarer qu'il n'y a lieu à suivre en application des dispositions de l'alinéa 1 er de l'article 122-1 du code pénal,
leur notification à la partie civile doit être effectuée dans les conditions prévues par l'alinéa 1 er de l'article 167. La partie civile
dispose alors d'un délai de quinze jours pour présenter des observations ou formuler une demande de contre-expertise ou de
complément d'expertise. La contre-expertise demandée par la partie civile est de droit. Elle doit être accomplie par au moins
deux experts (L. n o 95-125 du 8 févr. 1995 [ D. 1995. 177]). L'ordonnance de non-lieu doit, depuis la loi du 9 mars 2004,
préciser s'il existait des charges suffisantes contre la personne (C. pr. pén., art. 177. - V. égal. MAYAUD, Les malades mentaux
entre non-imputabilité et imputation, AJ pénal 2004. 303 . - RENNEVILLE, Les deux figures du crime en déraison, AJ pénal
2004. 309 . - ZAGURY, Irresponsabilité pénale du malade mental. Le rôle de l'expert, AJ pénal 2004. 311 . - BRAHMY,
Psychiatrie et prison. Constats et recommandations, AJ pénal 2004. 315 . - BOULAY, L'irresponsabilité pénale de malades
mentaux. La position de l'APEV, AJ pénal 2004. 318 ). Une procédure particulière a été mise en oeuvre par la loi du
25 février 2008 (V. infra, n os 798 et 819).

Art. 3 - Exécution de la mission


217. Expert psychiatre. - Aucun principe de procédure pénale n'interdit à l'expert psychiatre d'examiner les faits et d'envisager
la culpabilité de l'inculpé ou d'apprécier son accessibilité à une sanction pénale dès lors que la mission concerne la recherche
d'anomalies mentales susceptibles d'annihiler ou d'atténuer la responsabilité pénale (Crim. 9 avr. 1991, n o 91-80.614 , Bull.
crim. n o 169 ; D. 1991. IR 151 . - V. MAYAUD, article préc. [ AJ pénal 2004. 303 ;]. - RENNEVILLE, article préc. [AJ pénal
2004. 309 ]. - ZAGURY, article préc. [ AJ pénal 2004. 311 ]. - BRAHMY, article préc. [ AJ pénal 2004. 315 ]. - BOULAY,
article préc. [AJ pénal 2004. 318 ]). L'article 164 du code de procédure pénale qui autorise le médecin expert à poser des
questions à l'inculpé hors la présence du conseil n'est pas incompatible avec l'article 6, paragraphe 3, de la Convention
européenne des droits de l'homme, qui concerne seulement la défense devant la juridiction de jugement (Crim. 4 janv. 1990,
n o 89-85.795 , Bull. crim. n o 4). La loi du 15 juin 2000 a étendu les dispositions de cet article au témoin assisté et à la partie
civile.

218. Nature du secret médical. - Il ne saurait être opéré une distinction sur la nature du secret médical lorsque les documents,
auxquels seul l'expert médecin désigné par le juge d'instruction pouvait légitimement accéder dans le cadre de sa mission,
sont conservés par l'établissement pénitentiaire, les médecins relevant de cette administration ne pouvant opposer le secret
médical à l'expert désigné sur les documents médicaux. Cet accès n'ayant donné lieu à aucun incident, il était dès lors inutile
pour le magistrat instructeur d'ordonner la saisie des documents (Rennes, 15 mai 1997, D. 1998. 178, note Penneau ).

219. Expert déjà commis. - Aucune disposition n'interdit au juge d'instruction de désigner un expert ayant déjà été commis
pour une mission similaire par une autre juridiction (Crim. 20 mars 2001, n o 98-87.544 , Bull. crim. n o 71).

220. Interprète. - Ne justifie pas sa décision la chambre de l'instruction qui, pour refuser à une personne mise en examen le
droit à un interprète au cours d'expertises psychologique et psychiatrique, alors qu'elle avait bénéficié de cette assistance
durant la garde à vue et lors des interrogatoires menés par le juge d'instruction, énonce, d'une part, que les articles 102 et
121 du code de procédure pénale relatifs à l'intervention d'un interprète au cours de l'information ne visent pas l'expertise et,
d'autre part, que, le rapport d'expertise étant une pièce de procédure soumise au débat contradictoire, les droits de la
défense sont sauvegardés (Crim. 21 mars 2007, n o 06-89.554 , D. 2007. AJ 1271, obs. Darsonville ).

2 2 1 . Exécution irrégulière de l'expertise. - Si elle peut affecter la force probante des conclusions de l'expert, l'exécution
irrégulière de l'expertise par un seul des deux experts désignés par le juge d'instruction n'entraîne pas la nullité du rapport
déposé. Justifie ainsi sa décision la chambre d'accusation [de l'instruction] qui énonce que l'exécution d'une mission par un
seul des deux experts désignés par le juge n'est pas de nature à porter atteinte aux droits de la défense dès lors qu'aucun
grief ne peut être invoqué par les requérants (Crim. 1 er févr. 2000, n o 99-87.081 , Bull. crim. n o 49). La loi n o 2003-239 du
18 mars 2003, sur la sécurité intérieure (JO 19 mars, rect. 5 juin ; D. 2003. 868), a modifié légèrement la lettre de l'article 166
du code de procédure pénale qui dispose désormais que « les experts signent leur rapport et mentionnent les noms et
qualités des personnes qui les ont assistés, sous leur contrôle et leur responsabilité, pour la réalisation des opérations
jugées par eux nécessaires à l'exécution de la mission qui leur a été confiée ».

2 2 2 . Ouverture des scellés, confection de scellés nouveaux. - La loi du 9 mars 2004 a expressément prévu que les experts
pouvaient procéder à l'ouverture ou à la réouverture des scellés, et confectionner de nouveaux scellés après avoir, le cas
échéant, procédé au reconditionnement des objets qu'ils étaient chargés d'examiner ; dans ce cas, ils en font mention dans
leur rapport, après avoir, s'il y a lieu, dressé inventaire des scellés ; les dispositions de l'alinéa 4 de l'article 97 ne sont pas
applicables (C. pr. pén., art. 163, al. 3. - V. égal. Scellés [Bris de]).

2 2 3 . Audition par les experts. - Selon l'article 164 du code de procédure pénale, les experts peuvent recevoir, à titre de
renseignement et pour le seul accomplissement de leur mission, les déclarations de toute personne autre que la personne
mise en examen, le témoin assisté ou la partie civile (C. pr. pén., art. 164, al. 1 er). En ce qui concerne ces trois dernières
personnes, depuis l'entrée en vigueur des dispositions nouvelles de la loi du 9 mars 2004, le juge d'instruction peut autoriser
les experts à recevoir, avec l'accord des intéressés, les déclarations de la personne mise en examen, du témoin assisté ou de
la partie civile nécessaires à l'exécution de leur mission. Ces déclarations peuvent être également recueillies à l'occasion d'un
interrogatoire ou d'une déposition devant le juge d'instruction en présence de l'expert. Il n'est plus nécessaire que le juge
d'instruction fasse renoncer la personne à se prévaloir de cette faculté. Il suffit que l'expert note dans son rapport que la
personne a accepté d'être entendue. Traditionnellement, le non-respect des dispositions de l'article 164 n'entraînait pas de
nullité s'il n'en était pas résulté une violation des droits de la défense (Crim. 27 févr. 1978, Bull. crim. n o 73 ; JCP 1979.
II. 19113, note Chambon). Mais la Cour de cassation a modifié sa jurisprudence : « Excède les limites de sa mission l'expert
qui entend la partie civile alors que le juge d'instruction, dans l'ordonnance le commettant, a précisé qu'il ne pouvait procéder
à des auditions sans y avoir été préalablement autorisé. Cette irrégularité, consistant en la méconnaissance d'une règle
touchant à l'organisation judiciaire à laquelle les dispositions de l'article 802 du code de procédure pénale sont étrangères,
entraîne la nullité de l'expertise et des actes qui l'ont pour support nécessaire » (Crim. 17 janv. 2006, n o 05-86.326 , Bull.
crim. n o 19 ; JCP 2006. IV. 77 ; AJ pénal 2006. 175, note Girault ; Gaz. Pal. 6-8 août 2006, p. 5).

224. Modifications introduites par la loi du 5 mars 2007 : rapport d'étape. - Un nouvel article 161-2 du code de procédure pénale
prévoit que « si le délai prévu à l'article 161 excède un an, le juge d'instruction peut demander que soit auparavant déposé
un rapport d'étape, qui est notifié aux parties selon les modalités prévues à l'article 167. Les parties peuvent alors adresser
en même temps à l'expert et au juge leurs observations en vue du rapport définitif » (C. pr. pén., art. 161-2). Mais la prévision
d'un tel délai ab initio apparaît exceptionnelle.

2 2 5 . Modifications introduites par la loi du 5 mars 2007 : rapport provisoire. - L'article 167-2 du code de procédure pénale,
introduit par la loi du 5 mars 2007, dispose que « le juge d'instruction peut demander à l'expert de déposer un rapport
provisoire avant son rapport définitif. Le ministère public et les parties disposent alors d'un délai fixé par le juge d'instruction,
qui ne saurait être inférieur à quinze jours ou, s'il s'agit d'une expertise comptable ou financière, à un mois, pour adresser en
même temps à l'expert et au juge les observations écrites qu'appelle de leur part ce rapport provisoire. Au vu de ces
observations, l'expert dépose son rapport définitif. Si aucune observation n'est faite, le rapport provisoire est considéré
comme le rapport définitif ». Les parties peuvent également en faire la demande, mais elles doivent le faire au moment où leur
est notifiée la décision d'expertise, « selon les modalités prévues par l'avant-dernier alinéa de l'article 81 lorsqu'elle est
informée de la décision ordonnant l'expertise en application de l'article 161-1 ». La notification d'un rapport provisoire est
alors de droit. Les mêmes dispositions sont applicables au ministère public. Ces dispositions apparaissent de nature à
atténuer la fréquence des demandes de complément d'expertise, si ce n'est de contre-expertise.

Art. 4 - Notification des conclusions


226. Délai minimum pour pouvoir solliciter une contre-expertise ou un complément d'expertise. - Jusqu'à la loi du 9 mars 2004, le
juge fixait librement le délai qu'il ouvrait à la personne pour qu'elle puisse solliciter une contre-expertise, un complément
d'expertise, ou présenter des observations par écrit. Il n'en est plus de même depuis l'entrée en vigueur de cette loi
(disposition d'application immédiate) puisque le délai fixé par le juge d'instruction, qui tient compte de la complexité de
l'expertise, ne saurait être inférieur à quinze jours ou, s'il s'agit d'une expertise comptable ou financière, à un mois. Passé ce
délai, il ne peut plus être formulé de demande de contre-expertise, de complément d'expertise ou de nouvelle expertise
portant sur le même objet, y compris sur le fondement de l'article 82-1, sous réserve de la survenance d'un élément nouveau.

2 2 7 . Demande de complément d'expertise devant la chambre de l'instruction. - En application de l'article 201 du code de
procédure pénale, les parties sont recevables à demander à la chambre de l'instruction, saisie du règlement de la procédure,
un complément d'expertise ou une contre-expertise sans que puisse leur être opposée l'expiration du délai prévu par
l'article 167, alinéa 3, du code précité (Crim. 2 oct. 2001, n os 00-85.724 et 00-85.725 , Bull. crim. n o 194 ; JCP 2001.
IV. 2272).

228. Communication directe entre experts et enquêteurs. - La loi du 9 mars 2004 a ajouté un alinéa à l'article 166 ainsi rédigé :
« Avec l'accord du juge d'instruction, les experts peuvent, directement et par tout moyen, communiquer les conclusions de leur
rapport aux officiers de police judiciaire chargés de l'exécution de la commission rogatoire ».

229. Notification des expertises au témoin assisté. - Le juge d'instruction peut notifier au témoin assisté, selon les modalités
prévues par l'article 167, les conclusions des expertises qui le concernent en lui fixant un délai pour présenter une demande
de complément d'expertise ou de contre-expertise. Toutefois, le texte précise que le magistrat n'est pas tenu de rendre une
ordonnance motivée s'il estime que la demande n'est pas justifiée, sauf si le témoin assisté demande à être mis en examen en
application de l'article 113-6 (C. pr. pén., art. 167, dern. al.).

2 3 0 . Notification du rapport à adresse électronique. - La loi du 5 mars 2007 a permis une notification des conclusions de
l'expertise à l'adresse électronique de l'avocat (C. pr. pén., art. 167, in fine) : « Si les avocats des parties ont fait connaître au
juge d'instruction qu'ils disposent d'une adresse électronique, l'intégralité du rapport peut leur être adressée par cette voie,
selon les modalités prévues par l'article 803-1 ». Ce dernier article prévoit que la notification peut avoir lieu par un envoi
adressé par un moyen de télécommunication à l'adresse électronique de l'avocat et dont il est conservé une trace écrite.

2 3 1 . Visioconférence. - L'article 706-71 du code de procédure pénale, modifié par la loi du 14 avril 2011, dispose que
« lorsqu'une personne est détenue, la notification d'une expertise par une juridiction doit se faire par l'utilisation d'un moyen
de télécommunication audiovisuelle, sauf décision contraire motivée ou s'il doit être procédé concomitamment à un autre
acte ». Cette disposition pourrait n'avoir aucune conséquence pratique puisque la plupart des expertises sont notifiées par
courriers recommandés ou à l'occasion d'un interrogatoire ayant une portée plus large que la seule notification.

Section 3 - Écoutes téléphoniques et sonorisation


2 3 2 . L'importance accrue des difficultés rencontrées en cette matière et le rôle moteur joué par la Cour européenne des
droits de l'homme mérite qu'on lui accorde des développements qui s'articuleront autour du principe de la légalité des
écoutes, de la détermination des écoutes illégales, mais aussi sur les difficultés pratiques de l'utilisation d'écoutes ordonnées
dans un autre dossier que celui dans lequel elles ont été utilisées (V. Écoutes téléphoniques judiciaires).

Art. 1 - Légalité des écoutes téléphoniques


233. Effets de l'arrêt Kruslin et Huvig. - La France fut à plusieurs reprises l'objet de condamnations par la Cour européenne des
droits de l'homme dans cette matière. Ce fut le cas dans les affaires dites « Kruslin et Huvig » (CEDH 24 avr. 1990, D. 1990.
353, note Pradel ; Gaz. Pal. 1990. 1. 249, note Zdrojew ski, C. et L. Pettiti) dans lesquelles il était reproché au droit
français, écrit ou non écrit, de ne pas indiquer avec assez de clarté l'étendue et les modalités d'exercice du pouvoir
d'appréciation des autorités dans ce domaine. À la suite de ces arrêts, on a pu constater une certaine modification de la
jurisprudence de la chambre criminelle (Crim. 15 mai 1990, JCP 1990. II. 21541, note Jeandidier), mais il a fallu attendre la loi
n o 91-646 du 10 juillet 1991, pour que la France soit dotée d'un système législatif complet. Nous ne l'étudierons ici que sous
l'angle judiciaire - la loi réglemente aussi les écoutes administratives (PRADEL, Un exemple de restauration de la légalité
criminelle. Le régime des interceptions de correspondances émises par la voie des télécommunications, D. 1992. Chron. 49
. - KAYSER, La loi n o 91-646 du 10 juillet 1991 et les écoutes téléphoniques, JCP 1992. I. 3559).

§ 1 - Cadre légal des écoutes téléphoniques judiciaires


A. - Principes
2 3 4 . Nécessités de l'instruction. - Le juge d'instruction peut prescrire, lorsque les nécessités de l'instruction l'exigent,
l'interception, l'enregistrement et la transcription des correspondances émises par voie de télécommunications, soit en
matière criminelle, soit en matière correctionnelle si la peine encourue est égale ou supérieure à deux ans d'emprisonnement.
Ces opérations sont effectuées sous son autorité et son contrôle (C. pr. pén., art. 100). Si la limite légale était relativement
simple à mettre en oeuvre, et excluait par exemple toute écoute téléphonique dans le cadre d'une information ouverte pour
recherche des causes de la mort (avant les modifications apportées par la loi du 9 sept. 2002, V. supra, n o 76), la formule
« lorsque les nécessités de l'instruction l'exigent » avait agité une partie de la doctrine lors de l'entrée en vigueur de la loi
(V. not. PRADEL, article préc., D. 1992. Chron. 49 ). Pourtant, la jurisprudence n'a, semble-t-il, jamais contrôlé l'opportunité
ouverte au magistrat instructeur eu égard à la spécificité de l'affaire. Au contraire, la chambre criminelle a rejeté un pourvoi qui
dénonçait l'absence de motivation spéciale : pour rejeter la demande d'annulation d'actes de la procédure fondée sur
l'irrégularité de commissions rogatoires prescrivant des écoutes téléphoniques faute pour le juge d'instruction d'avoir indiqué
les raisons nécessitant cette mesure, la chambre d'accusation [de l'instruction] énonce que le juge d'instruction peut procéder
à tous les actes d'information qu'il juge utiles sans avoir à motiver spécialement sa décision. En cet état, la chambre
accusation a fait l'exacte application des articles 81, 100 et suivants du code de procédure pénale (Crim. 13 oct. 1999,
Gaz. Pal. 2000. 1135).

2 3 5 . Écrit. - La décision d'interception est écrite et ne présente aucun caractère juridictionnel. Elle n'est susceptible, en
conséquence, d'aucun recours. Elle doit comporter tous les éléments d'identification de la liaison à intercepter, la mention de
l'infraction qui motive le recours à l'interception, ainsi que la durée de celle-ci (C. pr. pén., art. 100-1).

236. Durée. - Cette décision est prise pour une durée maximum de quatre mois. Elle ne peut être renouvelée que dans les
mêmes conditions de forme et de durée (C. pr. pén., art. 100-2), c'est-à-dire le plus souvent sous la forme d'une commission
rogatoire, voire d'une réquisition. La loi ne prévoit aucun délai maximal, mais ne porte ses exigences que sur la périodicité des
renouvellements. Une cour d'appel décide à tort que la commission rogatoire ne comporte pas de limite dans le temps lorsque
le juge a imparti un délai prédéterminé, puis a mis fin par anticipation aux écoutes, qui avaient cessé d'être utiles (Crim.
16 déc. 1991, n o 91-85.906 , Bull. crim. n o 478).
237. À l'insu des personnes intéressées. - L'écoute peut être effectuée à l'insu des personnes intéressées, qui ne sont pas
seulement celles sur qui pèsent des indices de culpabilité : il ne peut être reproché au juge de n'avoir pas spécifié les numéros
de ligne dès lors que l'information ouverte contre X ne le permettait pas et alors que seuls les bars susceptibles de recevoir
des paris clandestins ont été surveillés (Crim. 9 déc. 1991, n o 90-84.994 , Bull. crim. n o 465 ; D. 1992. IR 77 ).

238. Réquisitions. - Le juge ou l'officier de police judiciaire commis par lui peut requérir tout agent qualifié d'un service ou d'un
organisme placé sous l'autorité ou la tutelle du ministre chargé des télécommunications ou tout agent qualifié d'un exploitant
de réseau ou fournisseur de services de télécommunications autorisé, en vue de procéder à l'installation d'un dispositif
d'interception (C. pr. pén., art. 100-3). Il doit dresser procès-verbal de chacune des opérations d'interception et
d'enregistrement, en mentionnant la date et l'heure auxquelles l'opération a commencé et celles auxquelles elle s'est
terminée. Ni l'article 100-3 du code de procédure pénale, ni aucune autre disposition de ce code n'exigent que l'agent qualifié
requis par l'officier de police judiciaire pour procéder à des interceptions de communications téléphoniques ne prête serment.
Les dispositions de l'article 60 de ce code qui ont pour seul objet de régir les réquisitions adressées par l'officier de police
judiciaire, au cours de l'enquête de flagrance, à une personne qualifiée pour qu'elle procède à des examens techniques ou
scientifiques sont étrangères aux interceptions de communications ordonnées par le juge d'instruction (Crim. 23 mai 2006,
n o 06-81.705 , Bull. crim. n o 141 ; Procédures 2006. Comm. 189, note Buisson ; Gaz. Pal. 29-30 déc. 2006, p. 39, note
Monnet).

239. Les enregistrements sont placés sous scellés fermés (C. pr. pén., art. 100-4). - Ce sont donc toutes les interceptions qui
sont conservées, même si les retranscriptions ne doivent, quant à elles, concerner que les faits objets de la saisine du juge.

240. Transcription versée au dossier. - Ce ne sont en effet que les correspondances utiles à la manifestation de la vérité qui
peuvent être transcrites. Il en est dressé procès-verbal et la transcription est versée au dossier. Les correspondances en
langue étrangère sont transcrites en français avec l'assistance d'un interprète requis à cette fin (C. pr. pén., art. 100-5).
L'article 100-5 est au coeur du dispositif : il n'est en effet pas prévu que soient retranscrites des conversations ayant trait à
des faits dont le juge n'est pas saisi. Pourtant, cette limite crée d'autres difficultés que la pratique a dû résoudre (V. infra, n os
271 s.).

241. Destruction des enregistrements. - Les enregistrements sont détruits à la diligence du procureur de la République ou du
procureur général à l'expiration du délai de prescription de l'action publique, ce dont il est dressé procès-verbal (C. pr. pén.,
art. 100-6). L'article 100-6 n'est pas applicable aux procès-verbaux de transcription des écoutes, lesquels constituent des
pièces de procédure (Crim. 21 févr. 2007, n o 06-88.735 , Procédures 2007. Comm. 169, note Buisson).

242. Absence d'obligation de verser au dossier une commission rogatoire en cours d'exécution. - Il n'y a pas d'anomalie à ce que
des procès-verbaux constatant des écoutes téléphoniques n'aient été joints à la procédure que plusieurs mois après la date
de la commission rogatoire ordonnée par le juge. Il n'en résulte aucune irrégularité, dès lors que la loi n'exige pas que
pendant l'exécution d'une commission rogatoire, une copie de cette pièce figure au dossier, que la date d'arrivée des procès-
verbaux au cabinet des juges d'instruction n'est pas connue et que les droits de la défense n'ont pas été lésés, la personne
mise en examen ayant été en mesure de contester la régularité des actes et aucun interrogatoire n'ayant fait mention des
résultats, d'ailleurs négatifs, de cette mesure (Crim. 16 mai 2001, n os 97-80.888 et 99-83.467 , Bull. crim. n o 124 ; JCP
2001. IV. 1592).

2 4 3 . Lignes téléphoniques à l'étranger. - Le juge d'instruction peut, en application des articles 100 et suivants du code de
procédure pénale, ordonner l'interception, l'enregistrement et la transcription des correspondances émises par la voie des
télécommunications, à destination de lignes téléphoniques localisées à l'étranger, dès lors que les interceptions, réalisées à
partir de centres internationaux de transit situés en France, portent sur les appels émis depuis le territoire français (Crim.
14 juin 2000, n o 00-81.386 , Bull. crim. n o 224). Dès lors que les réquisitions régulièrement adressées par le magistrat
instructeur aux opérateurs de téléphonie français en vue d'intercepter toutes les conversations, sans distinction, menées sur
des téléphones portables transitant par leurs réseaux ne nécessitaient aucune assistance technique d'un autre État membre
de l'Union européenne, ni que fût respectée la procédure de notification, la demande de nullité des interceptions de
communications émises à partir de téléphones mobiles étrangers ou situés à l'étranger est rejetée (Crim. 7 juin 2011, n o 11-
81.702 , Bull. crim. n o 121 ; JCP 2011, n o 818).

244. Teneur d'une conversation non encore transcrite rapportée dans un procès-verbal. - Fait exacte application des articles 100-
5, 114 et 171 du code de procédure pénale la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, pour refuser d'annuler un procès-
verbal d'interrogatoire portant sur le contenu d'une écoute téléphonique dont la transcription n'avait pas encore été effectuée
mais dont la teneur était rapportée par un procès-verbal versé au dossier, relève que l'acte a eu lieu en présence de l'avocat
qui a consulté le dossier et n'a émis aucune réserve, que les questions n'ont pas dépassé ce qui était rapporté au procès-
verbal et qu'il n'y a pas eu atteinte aux droits de la défense (Crim. 23 mars 1999, n o 98-86.263 , Bull. crim. n o 51 ; D. 1999.
Somm. 324, obs. Pradel ).

245. Faute lourde. - La violation des règles régissant les écoutes téléphoniques peut constituer une faute lourde au sens de
l'article L. 781-1 du code de l'organisation judiciaire. Attendu qu'en détournant de leur finalité les mesures d'interception de
correspondances téléphoniques autorisées par la loi dans des conditions d'autant plus restrictives qu'elles atteignent un
avocat, le juge d'instruction a gravement bafoué les principes applicables en la matière, portant aux droits de la défense une
atteinte que l'annulation des mesures illégalement pratiquées, à la faveur de l'exercice par Me X des voies de recours dont il
disposait, n'a pas eu pour effet de supprimer ni de réparer. Attendu que l'ensemble des faits ainsi exposés révèle une
déficience du service public de la justice, le rendant inapte à remplir la mission dont il est investi, ce qui constitue une faute
lourde au sens des dispositions de l'article L. 781-1 du code de l'organisation judiciaire (devenu art. L. 141-1) (TGI Paris,
11 juill. 2001, Gaz. Pal. 9-11 sept. 2001, p. 34).
2 4 6 . Obtention d'informations ou de documents auprès des exploitants. - La juridiction compétente pour ordonner des
interceptions peut recueillir auprès de personnes physiques ou morales exploitant des réseaux de télécommunications ou
fournisseurs de services de télécommunications des informations ou des documents qui lui sont nécessaires pour la
réalisation et l'exploitation des interceptions autorisées par la loi (L. n o 91-646 du 10 juill. 1991, art. 22).

2 4 7 . Écoute contradictoire et confrontation. - L'écoute contradictoire du contenu des écoutes téléphoniques n'implique pas
nécessairement une confrontation entre l'auteur de la conversation enregistrée et la personne en examen, qui peut faire
entendre les témoins de son choix (Crim. 3 juin 1992, n o 91-84.562 , Bull. crim. n o 219).

248. Recoupement des données. - L'exploitation et le recoupement entre elles, par un traitement informatique, des données
obtenues au moyen de réquisitions adressées aux opérateurs des télécommunications, relatives à l'identité des titulaires de
postes téléphoniques, portables ou non, et au relevé des appels émis à partir de ceux-ci ou reçus par eux, constituent une
mesure d'enquête entrant dans la mission normale des officiers de police judiciaire travaillant sur commission rogatoire et non
une expertise au sens de l'article 156 du code de procédure pénale (Nancy, 8 juill. 1998, BICC 491, n o 485).

B. - Exceptions
249. Cabinet d'avocat. - Aucune interception ne peut avoir lieu sur une ligne dépendant du cabinet d'un avocat ou de son
domicile sans que le bâtonnier en soit informé par le juge d'instruction (C. pr. pén., art. 100-7). La loi du 12 décembre 2005 a
ajouté un alinéa à l'article 100-5 selon lequel « à peine de nullité, ne peuvent être transcrites les correspondances avec un
avocat relevant de l'exercice des droits de la défense ». Traditionnellement, la prohibition de l'écoute de l'avocat comme
moyen d'investigation sur son client ne s'opposait pas à la mise sous écoute de la ligne d'un proche de la personne en
examen et à l'enregistrement d'une communication avec cet avocat (Crim. 10 mai 1994, n o 93-81.522 , Bull. crim. n o 180).
Le principe de la libre communication d'une personne mise en examen avec son avocat, interdisant notamment l'utilisation
d'une correspondance échangée entre eux, ne faisait pas obstacle cependant aux nécessités de l'information et aux
exigences de la manifestation de la vérité d'où le juge d'instruction tient le pouvoir, dans certains cas, de faire intercepter et
transcrire des communications téléphoniques. Tel était le cas lorsque l'interception avait eu lieu non point sur la ligne de l'avocat
mais sur celle d'un tiers et il importait peu que la conversation ait porté sur la situation judiciaire de la personne mise en
examen (Limoges, 16 janv. 1997, BICC 15 juin 1997, n o 792). Il était alors jugé que ne saurait être reproché à une chambre
d'accusation [de l'instruction] de refuser d'annuler les procès-verbaux de retranscription de conversations téléphoniques
interceptées entre un avocat et la personne ayant servi occasionnellement d'interprète à son client, dès lors que, après avoir
relevé que les écoutes ont été réalisées régulièrement, sans artifice ni stratagème, elle énonce que la liberté de
communication entre l'avocat et son client, qui entraîne l'interdiction d'intercepter les correspondances ou les communications
téléphoniques qu'ils échangent, ne fait pas obstacle à ce que le juge d'instruction, après avoir placé sous écoute téléphonique
le domicile d'un proche d'une personne mise en examen, intercepte les communications de ce dernier avec l'avocat du mis en
examen, et estime souverainement que les communications interceptées étaient étrangères à la fonction d'interprète de la
personne concernée (Crim. 30 sept. 1998, n o 98-81.951 , Bull. crim. n o 243). Mais dans un arrêt du 18 janvier 2006 (n o 05-
86.447 , Bull. crim. n o 22 ; AJ pénal 2006. 126, note Girault ; Gaz. Pal. 21-23 mai 2006, p. 17 ; Gaz. Pal. 6-8 août 2006,
p. 7, note Monnet ; Procédures 2006. Comm. 85, note Buisson ; RSC 2006. 413, obs. Buisson ), la chambre criminelle
applique le principe selon lequel la conversation entre un avocat et l'un de ses clients ne peut être transcrite et versée au
dossier de la procédure que s'il apparaît que son contenu est de nature à faire présumer la participation de cet avocat à une
infraction, au cas où la conversation se tenait entre l'avocat et un proche du mis en examen. En conséquence, peu importe
désormais que la ligne écoutée soit ou non celle de la personne mise en examen : une conversation avec son conseil ne peut
être retranscrite que si elle est de nature à faire présumer la participation de cet avocat à une infraction pénale.

2 5 0 . Droits de la défense. - Le pouvoir de prescrire, lorsque les nécessités de l'information l'exigent, l'interception,
l'enregistrement et la transcription de communications téléphoniques, que le juge tient de l'article 100 du code de procédure
p é n a le , trouve sa limite dans le respect des droits de la défense, qui commande, notamment, la confidentialité des
correspondances téléphoniques de l'avocat désigné par la personne mise en examen.

251. Indices de participation de l'avocat à une infraction. - Il ne peut être dérogé à ce principe qu'à titre exceptionnel, s'il existe
contre l'avocat des indices de participation à une infraction (Crim. 15 janv. 1997, n o 96-83.753 , Bull. crim. n o 14 ; Dr. pénal
1997. Comm. 55 ; Gaz. Pal. 4-5 juin 1997, p. 11. - Crim. 8 nov. 2000, BICC 528, n o 119). Le principe de la confidentialité des
conversations échangées entre une personne mise en examen et son avocat ne saurait s'opposer à la transcription de
certaines d'entre elles, dès lors qu'il est établi, comme en l'espèce, que leur contenu est de nature à faire présumer la
participation de cet avocat à des faits constitutifs d'une infraction, fussent-ils étrangers à la saisine du juge d'instruction (Crim.
14 nov. 2001, n o 01-85.965 , Bull. crim. n o 238 ; JCP 2002. IV. 1136. - Crim. 1 er oct. 2003, D. 2004. Somm. 671, obs. Pradel
; AJ pénal 2003. 64, obs. Luciani et Mien . - V. aussi supra, n o 249).

252. Parlementaire. - Aucune interception ne peut avoir lieu sur la ligne d'un député ou d'un sénateur sans que le président
de l'Assemblée à laquelle il appartient n'en soit informé par le juge d'instruction (C. pr. pén., art. 100-7). Mais il ne résulte
d'aucun texte légal ou conventionnel, ni d'aucun principe constitutionnel que cette disposition soit applicable aux
représentants du Parlement européen (Crim. 16 mars 2005, n o 05-80.092 , Bull. crim. n o 97 ; D. 2005. IR 1052 ; JCP
2005. IV. 198 ; JCP 2005. II. 10167, note Girard).

253. Magistrats. - La loi du 9 mars 2004 a ajouté un alinéa à l'article 100-7 du code de procédure pénale selon lequel aucune
interception ne peut avoir lieu sur une ligne dépendant du cabinet d'un magistrat ou de son domicile sans que le premier
président ou le procureur général où il réside en soit informé.

254. Journalistes. - La loi du 4 janvier 2010 a également ajouté un alinéa à l'article 100-7 du code de procédure pénale, aux
termes duquel, « à peine de nullité, ne peuvent être transcrites les correspondances avec un journaliste permettant
d'identifier une source en violation de l'article 2 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse ».

§ 2 - « Surveillance téléphonique » et récepteurs de messagerie


2 5 5 . « Interception » / « surveillance ». - Il convient de distinguer l'« interception » de la terminologie parfois utilisée de
« surveillance téléphonique » ou « surveillance technique » qui évoque un tout autre cas de figure : la poursuite n'est pas
viciée par l'utilisation, pendant une enquête préliminaire, d'un appareil ayant pour but et pour résultat « non d'intercepter des
communications téléphoniques, mais de déterminer l'origine des appels et d'en identifier l'auteur ». La poursuite eût été viciée
si on ne s'était pas contenté de déterminer l'origine des appels et si on les avait écoutés et enregistrés (Crim. 4 janv. 1974,
Bull. crim. n o 2). Ne constitue pas une interception de correspondance émise par la voie des télécommunications, au sens des
articles 8 de la Convention européenne des droits de l'homme ou 100 du code de procédure pénale, le simple compte rendu
de propos entendus par des policiers, au cours d'une conversation téléphonique qui s'est déroulée en leur présence, sans
artifice ni stratagème. L'utilisation, lors de l'enquête, d'un procédé technique ayant pour seul objet l'identification de l'auteur
d'appels téléphoniques n'est pas irrégulière (Crim. 2 avr. 1997, n os 97-80.269 et 97-80.270 , Bull. crim. n o 131 ; D. 1997.
IR 163 ; Gaz. Pal. 13 août 1997, p. 16). L'identification de numéros de téléphone auprès d'un opérateur n'est pas une
mesure de constatation ou d'examen technique ou scientifique au sens des articles 60 et 77-1 du code de procédure pénale
(Crim. 18 juin 2002, JCP 2002. IV. 2413).

256. Enquête et surveillance. - La surveillance technique est, sans conteste, possible au stade de l'enquête préliminaire et de
flagrance. Mise en place par un juge d'instruction, elle n'est pas assujettie aux conditions de forme et de fond prévues par les
articles 100 et suivants du code de procédure pénale. Cette jurisprudence a été reprise par deux arrêts du 17 juillet 1984
(Bull. crim. n o 259). L'intérêt en était double : affirmer la légalité de l'emploi d'un procédé technique qui a pour but non
d'intercepter des conversations mais d'identifier l'auteur d'appels injurieux et, a contrario, en dénier la licéité lorsque la pose
de l'appareil aurait eu pour but et pour résultat d'intercepter les communications téléphoniques (V. toutefois, depuis l'entrée
en vigueur de la loi du 9 mars 2004, les nouvelles possibilités ouvertes au ministère public dans certains cas, infra, n os
264 s.).

2 5 7 . Messages. - La lecture des messages enregistrés sur un « tam-tam » (pager) n'est pas une interception de
correspondances. Dès lors que des fonctionnaires de police n'ont installé aucun branchement ni aucune dérivation pour
intercepter les messages reçus par un appareil dit « tam-tam », il n'était pas nécessaire, pour lire et retranscrire les messages
contenus dans cet appareil, d'obtenir une décision écrite du magistrat instructeur (Aix-en-Provence, 12 déc. 1996, Dr. pénal
1998. Comm. 23 ; JCP 1997. II. 22975, note Molina). Le fait d'installer une « doublette » sur des lignes attribuées à des
appareils « Tatoo » à l'insu de la personne émettant le message et du destinataire ne peut être assimilé au procédé
technique dit « indicateur d'appel malveillant », utilisé généralement à la demande et avec le consentement de la victime, pour
identifier le numéro de l'auteur des appels ; dès lors, les OPJ ne pouvaient procéder à l'interception des messages émis à
destination d'appareils « Tatoo » détenus par la personne sans que le juge d'instruction leur ait décerné une commission
rogatoire remplissant les conditions des articles 100 et suivants du code de procédure pénale (Bordeaux, 12 nov. 1997,
inédit). Pourtant, la Cour de cassation semble l'admettre : ne constituent pas une interception de correspondance émise par
la voie des télécommunications au sens de l'article 100 du code de procédure pénale, les simples lecture et transcription par
les policiers, des messages parvenus sur la bande d'un récepteur de messagerie unilatérale (Crim. 14 avr. 1999, n o 98-
87.224 , Bull. crim. n o 82). Ne constitue pas, au sens des articles 100 et suivants du code de procédure pénale, une
interception de communications émises par la voie télématique le fait, pour un enquêteur, de se connecter à un tel réseau au
moyen d'un terminal mis à la disposition du public par l'opérateur, sans modification préalable de l'installation, aux fins de lire
les annonces offertes par tel ou tel service. Ne constitue pas un stratagème destiné à dissimuler sa qualité le fait, pour un
officier de police judiciaire, d'utiliser un pseudonyme pour se connecter à un service de messagerie (Crim. 25 oct. 2000, BICC
527, n o 48). La loi du 14 mars 2011, dite « LOPPSI 2 », a prévu la possibilité pour les officiers et agents de police judiciaire,
agissant sur commission rogatoire de mettre en place un dispositif technique ayant pour objet, sans le consentement des
intéressés, d'accéder, en tous lieux, à des données informatiques, de les enregistrer, les conserver et les transmettre, telles
qu'elles s'affichent sur un écran pour l'utilisateur d'un système de traitement automatisé de données ou telles qu'il les y
introduit par saisie de caractères. Ces opérations sont effectuées sous l'autorité et le contrôle du juge d'instruction. Cette
possibilité n'est ouverte que dans le cadre des infractions de criminalité organisée prévues par l'article 706-73. Le juge
d'instruction doit rendre une ordonnance motivant le recours à ces opérations, la localisation exacte ou la description détaillée
des systèmes de traitement automatisé de données ainsi que la durée des opérations. Comme pour les écoutes
téléphoniques, ces décisions sont prises pour une durée maximale de quatre mois avec toutefois une seule prolongation
supplémentaire de la même durée, dans les mêmes conditions de forme. Ces opérations ne peuvent avoir pour but un autre
objet que la recherche et la constatation des infractions visées dans les décisions du juge d'instruction (C. pr. pén., art. 706-
102 s.).

Art. 2 - Recevabilité des demandes contestant la régularité d'écoutes téléphoniques


258. Personne écoutée sur une autre ligne que la sienne. - La France fut condamnée par la Cour européenne des droits de
l'homme, à propos de la recevabilité de la contestation d'une écoute téléphonique réalisée sur une autre ligne que celle de la
personne concernée dans l'affaire Lambert (CEDH 24 août 1998, Lambert c/ France, D. 1999. Somm. 271, obs. Renucci ). Si
la Cour estime que « les dispositions de la loi n o 91-646 du 10 juillet 1991 régissant les écoutes téléphoniques répondent aux
exigences de l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des garanties fondamentales
et à celles des arrêts Huvig et Kruslin », elle constate pourtant que le « raisonnement de la Cour de cassation pourrait
conduire à des décisions privant de la protection de la loi un nombre très important de personnes, à savoir toutes celles qui
conversent sur une autre ligne téléphonique que la leur. Cela reviendrait d'ailleurs en pratique, à vider le mécanisme
protecteur d'une large partie de sa substance. Tel fut le cas pour le requérant qui n'a pas joui, en l'espèce, de la protection
effective de la loi nationale, laquelle n'opère pas de distinction selon le titulaire de la ligne placée sur écoutes. Dès lors,
l'intéressé n'a pas bénéficié d'un “contrôle efficace” tel que voulu par la prééminence du droit et apte à limiter à ce qui était
“nécessaire dans une société démocratique” l'ingérence litigieuse. Partant, il y a lieu à violation de l'article 8 de la Convention
européenne des droits de l'homme ». Il s'agissait en fait d'une affaire dans laquelle la chambre d'accusation [de l'instruction],
confortée par la Cour de cassation, avait décidé qu'une personne n'était pas autorisée à contester la régularité d'une écoute
téléphonique dès lors que ce n'était pas sa ligne qui avait été écoutée. C'est ce principe qui est remis en cause par la Cour. La
jurisprudence de la chambre criminelle a subi une évolution depuis.

259. Recevabilité de la demande. - C'est à tort qu'une chambre de l'instruction énonce qu'une personne mise en examen n'est
pas recevable à contester la régularité d'écoutes téléphoniques réalisées sur des lignes dont elle n'était ni la titulaire, ni
l'utilisatrice, toute personne mise en examen dont les conversations téléphoniques ont été enregistrées et retranscrites ayant
qualité, au sens de l'article 171 du code de procédure pénale, pour contester la régularité de ces mesures (Crim. 15 janv.
2003, D. 2003. IR 604 ; Dr. pénal 2003. Comm. 121, note Buisson). Il s'agit d'un revirement de jurisprudence puisque la
chambre criminelle estimait jusqu'alors que la personne mise en examen n'était pas recevable à se prévaloir de l'irrégularité
d'une perquisition et des enregistrements de conversations effectués au domicile d'un tiers (Crim. 15 févr. 2000, n o 99-
86.623 , Bull. crim. n o 68). On y verra les effets de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme évoquée
plus haut (CEDH 24 août 1998, Lambert c/ France, D. 1999. Somm. 271, obs. Renucci . - V. supra, n o 258).

260. Contestation d'écoutes téléphoniques provenant d'une autre procédure : ancien principe. - Traditionnellement, la chambre
criminelle estimait que le plaignant ne pouvait contester la régularité d'écoutes téléphoniques ordonnées dans une autre
procédure et qui avaient été versées : « Le juge d'instruction n'avait fait qu'user des prérogatives que lui confère l'article 81
du code de procédure pénale, et il n'appartenait pas à la chambre d'accusation d'apprécier la régularité de décisions prises
dans une procédure autre que celle dont elle était saisie » (Crim. 6 oct. 1999, n o 99-85.045 , Bull. crim. n o 210).

261. Contestation d'écoutes téléphoniques provenant d'une autre procédure : conséquences des arrêts de la Cour européenne des
droits de l'homme. - Dans l'arrêt Mathéron c/ France du 29 mars 2005, la Cour européenne des droits de l'homme conclue à
une violation de l'article 8 de la Convention (req. n o 57752/00, préc. supra, n o 22). La Cour indiquait qu'elle devait
« rechercher si M. Mathéron a disposé d'un contrôle efficace pour contester les écoutes téléphoniques dont il a fait l'objet ».
Elle tranchait par la négative en estimant que « force est de constater que le raisonnement de la Cour de cassation pourrait
conduire à des décisions privant de la protection de la loi un certain nombre de personnes, à savoir toutes celles qui se
verraient opposer le résultat d'écoutes téléphoniques réalisées dans des procédures étrangères à la leur, ce qui reviendrait,
en pratique, à vider le mécanisme protecteur d'une large partie de sa substance. Dès lors, la Cour estime que l'intéressé n'a
pas bénéficié d'un contrôle efficace tel que voulu par la prééminence du droit et apte à limiter à ce qui était nécessaire dans
une société démocratique l'ingérence litigieuse ».

2 6 2 . Incidences de l'arrêt Mathéron c/ France. - La chambre criminelle a, par la suite, modifié sa jurisprudence, et il est
désormais possible de contester la régularité d'écoutes téléphoniques ordonnées dans une procédure étrangère : « La
chambre de l'instruction, qui est saisie par une personne mise en examen d'une requête en annulation visant l'interception de
ses conversations téléphoniques, opérée dans une procédure distincte dans laquelle elle n'a pas été partie et dont la
transcription a été versée dans la procédure soumise à cette juridiction, est tenue de contrôler la régularité, au regard des
dispositions de droit interne comme de l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme, des actes accomplis
non seulement dans la procédure dont elle est saisie mais également dans la procédure distincte » (Crim. 7 déc. 2005, n o 05-
85.876 , Bull. crim. n o 327 ; D. 2005. IR 253 ; RSC 2006. 343, obs. Commaret ).

263. Afin de permettre la réalisation de ce contrôle, le magistrat instructeur doit verser au dossier de la procédure les pièces
utiles : copie du réquisitoire introductif permettant la vérification de la nature des faits poursuivis, copie de la commission
rogatoire ordonnant lesdites écoutes et éventuelle prorogation.

Art. 3 - Écoutes ordonnées par le juge des libertés et de la détention


264. Criminalité organisée. - La loi du 9 mars 2004 prévoit que « si les nécessités de l'enquête de flagrance ou de l'enquête
préliminaire relative à l'une des infractions entrant dans le champ d'application de l'article 706-73 l'exigent, le juge des libertés
et de la détention du tribunal de grande instance peut, à la requête du procureur de la République, autoriser l'interception,
l'enregistrement et la transcription de correspondances émises par la voie des télécommunications selon les modalités
prévues par les articles 100, deuxième alinéa, 100-1 et 100-3 à 100-7, pour une durée maximum de quinze jours (V. infra, n o
265), renouvelable une fois dans les mêmes conditions de forme et de durée. Ces opérations sont faites sous le contrôle du
juge des libertés et de la détention ». Pour l'application des dispositions des articles 100-3 à 100-5, les attributions confiées
au juge d'instruction ou à l'officier de police judiciaire commis par lui sont exercées par le procureur de la République ou
l'officier de police judiciaire requis par ce magistrat. Le juge des libertés et de la détention qui a autorisé l'interception est
informé dans les meilleurs délais par le procureur de la République des actes accomplis en application de l'alinéa précédent
(C. pr. pén., art. 706-96).

265. Loi du 14 mars 2011. - La loi du 14 mars 2011 a augmenté la durée de l'interception décidée par le juge des libertés et
de la détention en la faisant passer de quinze jours à un mois, avec un renouvellement toujours possible une fois (C. pr. pén.,
art. 706-95). Dès lors que les écoutes téléphoniques constituent une ingérence nécessaire, dans une société démocratique,
pour lutter notamment contre la criminalité organisée, que ces mesures sont autorisées par un juge qui doit être tenu informé
de leur exécution et qu'elles répondent à des exigences précises, énoncées par les articles 100 à 100-5 du code de procédure
pénale, dont la personne concernée peut faire sanctionner le défaut de respect par une requête en nullité, elles ne sont pas
contraires aux articles 6, 8 et 13 de la Convention européenne des droits de l'homme et le juge des libertés et de la détention
n'a pas à motiver sa décision (Crim. 27 sept. 2011, n o 11-81.458 , Bull. crim. n o 186 ; D. 2011. 2544 ; D. 2012. 263, note
P o ta s kin ). Le code de procédure pénale ne prévoit pas l'obligation de motivation des décisions d'autorisation des
interceptions de correspondances téléphoniques rendues par le juge des libertés et de la détention, mesures autorisées par
un juge qui doit être tenu informé de leur exécution et répondant à des exigences précises, dont la personne concernée peut
faire sanctionner le défaut de respect par une requête en nullité (même arrêt).

266. Personne en fuite. - Une autre innovation de la loi du 9 mars 2004 donne également des pouvoirs au juge des libertés et
de la détention dans un autre cas : si les nécessités de l'enquête pour rechercher la personne en fuite l'exigent, le juge des
libertés et de la détention du tribunal de grande instance peut, à la requête du procureur de la République, autoriser
l'interception, l'enregistrement et la transcription de correspondances émises par la voie des télécommunications selon les
modalités prévues par les articles 100, 100-1 et 100-3 à 100-7, pour une durée maximale de deux mois renouvelable dans les
mêmes conditions de forme et de durée, dans la limite de six mois en matière correctionnelle. Ces opérations sont faites sous
l'autorité et le contrôle du juge des libertés et de la détention. Pour l'application des dispositions des articles 100-3 à 100-5,
les attributions confiées au juge d'instruction ou à l'officier de police judiciaire commis par lui sont exercées par le procureur de
la République ou l'officier de police judiciaire requis par ce magistrat. Le juge des libertés et de la détention est informé dans
les meilleurs délais des actes accomplis en application de l'alinéa précédent (C. pr. pén., art. 74-2). Fait l'exacte application de
l'article 74-2 du code de procédure pénale la chambre de l'instruction qui, pour rejeter les demandes d'annulation
d'interceptions téléphoniques autorisées sur le fondement de ce texte, énonce que toutes ces interceptions ont été
régulièrement autorisées par le juge des libertés et de la détention, que toutes les autorisations accordées font référence à
des rapports, annexés aux requêtes, justifiant la nécessité de chaque surveillance, que les surveillances ont toutes concerné
des personnes susceptibles d'être en contact avec la personne recherchée et que la révélation incidente d'infractions
n'interdisait nullement la poursuite de la recherche du fugitif (Crim. 21 sept. 2011, n o 11-84.979 , Dr. pénal 2011. Comm.
160, par Maron et Haas).

Art. 4 - Écoutes illégales


267. Officier de police judiciaire : pas d'écoutes en enquête préliminaire. - Un officier de police judiciaire ne peut en aucun cas
procéder à des écoutes de sa propre initiative au cours d'une enquête préliminaire (Cass., ass. plén., 24 nov. 1989,
D. 1990. 34 ; JCP 1990. II. 21418, concl. Robert ; Gaz. Pal. 1990. 1. 92, note. - V. cep. supra, n o 264). Cette précision, déjà
connue avant la loi de 1991, trouve une consécration légale avec l'article 100 du code de procédure pénale. La difficulté tient
plutôt dans le fait de définir ce qui constitue une interception téléphonique et ce qui n'en est pas une. En effet, il a été décidé
que ne constitue pas une interception de communication téléphonique le comportement de l'agent des douanes qui, au cours
d'une perquisition à domicile, décroche le récepteur qu'il passe immédiatement à l'abonné et peut entendre les propos
échangés sans mise en oeuvre d'un procédé technique de captation de ligne (Crim. 4 sept. 1991, n o 90-86.786 , Bull. crim.
n o 312. - Dans le même sens, V. Crim. 3 avr. 1991, Dr. pénal 1991. Comm. 18). Ce sont à la fois le caractère inopiné de
l'interception et l'absence de tout enregistrement qui sont déterminants. Plus curieuse peut apparaître, au premier regard,
une décision qui considère qu'il n'y a pas d'interception téléphonique dans le fait, pour un particulier, d'enregistrer une
conversation téléphonique (Crim. 28 avr. 1987, Bull. crim. n o 173). Et ce, d'autant que la chambre d'accusation [de
l'instruction] de Paris a pris une position contraire dans une affaire qui fit couler beaucoup d'encre (Paris, 8 févr. 1995,
D. 1995. 221, note Pradel ). Cette décision affirme que « les enregistrements par des fonctionnaires de police, agissant en
enquête préliminaire, de conversations par apposition d'un dispositif relié au combiné de l'appareil, même réalisés avec
l'accord de l'un des correspondants, constituent une écoute illicite et sont donc, ainsi que leur transcription, entachés de
nullité ». Cette motivation s'inscrit d'ailleurs dans la suite de l'arrêt précité de l'Assemblée plénière du 24 novembre 1989 qui
posait un second principe : il y a écoutes téléphoniques dans le fait d'accéder à des conversations privées, non seulement en
usant d'une dérivation mais encore en employant tout procédé comme le rapprochement d'un magnétophone de l'écouteur. Le
pourvoi contre l'arrêt de la chambre d'accusation [de l'instruction] de Paris du 8 février 1995 a été rejeté par un arrêt de la
chambre criminelle du 27 février 1996 (D. 1996. 346, note C. Guéry ; JCP 1996. II. 22629, note Rassat).

268. Personne privée. - Pourtant, une explication permet de concilier les deux positions : le système mis en oeuvre par une
personne privée est un système de défense comme un autre, certes critiquable, mais qui ne peut faire l'objet d'une annulation,
ne constituant pas un acte d'instruction, mais pouvant valoir comme simple renseignement ouvert à débat contradictoire. La
mise en place, par les services de police, d'un système similaire est en revanche un acte d'enquête ou un acte d'instruction qui doit
être effectué en conformité avec la législation. Il n'y a donc rien d'illogique à considérer que le même acte soit différemment
qualifié selon qu'il est mis en oeuvre ou non par les forces de police. Et la jurisprudence de la Cour européenne des droits de
l'homme ne fait que confirmer cette analyse : la Cour décide que le commissaire de police, appartenant à l'« autorité
publique », prêta un concours décisif à la réalisation du projet et « agissait dans le cadre de ses fonctions dans la police. Dès
lors, la puissance publique se trouvait impliquée à un point tel que la responsabilité de l'État sur le terrain de la Convention
était engagée » (CEDH 23 nov. 1993, Gaz. Pal. 1994. 2. 474, note Huet). Ne méconnaît pas les dispositions de l'article 6 de la
Convention européenne des droits de l'homme, la cour d'appel qui, après en avoir contradictoirement débattu, admet comme
mode de preuve, la production de l'enregistrement d'une conversation téléphonique privée, dès lors qu'elle est justifiée par la
nécessité de rapporter la preuve des faits dont l'auteur de l'enregistrement est victime et par les besoins de sa défense
(Crim. 31 janv. 2007, n o 06-82.683, Bull. crim. n o 100 ; AJ pénal 2007. 144, note E. A . ; Gaz. Pal. 11-12 mai 2007, p. 13,
note A. C.).

269. Loyauté. Provocation. - (V. Preuv e) Par ailleurs, l'enregistrement ne saurait pallier les difficultés de l'audition sur procès-
verbal : le porteur d'une commission rogatoire exerce les pouvoirs du juge d'instruction et se trouve soumis aux mêmes
principes de loyauté, notamment le respect des règles édictées par l'article 101 du code de procédure pénale : est nul
l'enregistrement d'une conversation avec les enquêteurs, alors que le témoin, placé en garde à vue, se refusait à signer un
procès-verbal d'audition (Caen, 28 févr. 1990, D. 1990. Somm. 378, obs. Pradel ). Il faut, dans tous les cas, affirmer qu'un
enquêteur ou un magistrat instructeur ne peuvent utiliser un stratagème. Il en est ainsi notamment lorsqu'un comparse est
invité à téléphoner à un suspect pour lui annoncer une livraison de drogue (Crim. 13 juin 1989, Bull. crim. n o 254 ; D. 1989.
IR 219). La solution est ancienne et d'une façon générale, on dira que toute validité est déniée à une écoute s'accompagnant
de guet-apens, de provocation, de stratagème ou d'artifice (V. not. Crim. 9 oct. 1980, Bull. crim. n o 255). La même solution a
été reprise par la chambre d'accusation [de l'instruction] de Paris dans l'arrêt du 8 février 1995 (D. 1995. 221, note Pradel
) : « En opérant ainsi, les fonctionnaires de police ont prêté de manière active leur assistance à une provocation organisée
par le plaignant qui était destinée, non pas à constater un délit sur le point de se commettre, mais à inciter un délinquant en
puissance, inactif depuis deux mois, à commettre des faits pénalement répréhensibles et à organiser une ''souricière''… ». La
chambre criminelle a confirmé cette décision en rappelant que, dès lors qu'il résulte des énonciations des juges que
l'interpellation d'une personne, suspectée de trafic d'influence, a procédé d'une machination de nature à déterminer ses
agissements délictueux et que, par ce stratagème, qui a vicié la recherche et l'établissement de la vérité, il a été porté
atteinte au principe de la loyauté des preuves, la chambre d'accusation [de l'instruction] est fondée à prononcer la nullité de
la procédure subséquente (Crim. 27 févr. 1996, préc. supra, n o 260). Ceci renvoie à une distinction bien connue mais aussi
difficile à mettre en oeuvre : la provocation au délit d'un côté, la provocation à la preuve de l'autre (MAISTRE DU CHAMBON, La
régularité des provocations policières. L'évolution de la jurisprudence, JCP 1989. I. 3422). La loi du 9 mars 2004 réglemente
précisément le domaine des infiltrations dans le cadre de la criminalité organisée (C. pr. pén., art. 706-81 à 706-87).

270. Loyauté. Personnes privées. - En revanche, selon la chambre criminelle « aucune disposition légale ne permet aux juges
répressifs d'écarter des moyens de preuve remis par un particulier aux services d'enquête, au seul motif qu'ils auraient été
obtenus de façon illicite ou déloyale et il leur appartient seulement, en application de l'article 427 du code de procédure
pénale d'en apprécier la valeur probante après les avoir soumis à la discussion contradictoire » (Crim. 28 avr. 1987, n o 86-
96.621 , Bull. crim. n o 173. - Crim. 27 janv. 2010, n o 09-83.395 , Bull. crim. n o 16 ; AJ pénal 2010. 280, note Lasserre
Ca pde ville ; Rev. sociétés 2010. 241, note Bouloc. - V. aussi not. Crim. 6 avr. 1993, n o 93-80.184 , JCP 1993.
II. 22144, note Rassat. - Crim. 13 oct. 2004, n o 03-81.763 , D. 2005. 1521, obs. Segonds ; AJ pénal 2004. 451, obs.
Enderlin ; RSC 2005. 66, obs. Fortis. - Crim. 16 juin 2011, n o 10-85.079 , D. 2011. 1768, note Beaussonie ). Dans
une affaire célèbre, alors que le majordome avait clandestinement procédé à des enregistrements, la chambre criminelle
rappelle que ces pièces ne sont pas en elles-mêmes des actes ou des pièces de l'information, au sens de l'article 170 du code
de procédure pénale, et, comme tels, susceptibles d'être annulés, mais des moyens de preuve qui peuvent être discutés
contradictoirement, et la transcription de ces enregistrements, qui a pour seul objet d'en matérialiser le contenu, ne peut
davantage donner lieu à annulation (Crim. 31 janv. 2012, n o 11-85.464 , Bull. crim. n o 27 ; D. 2012. 440, obs. Léna ).

Art. 5 - Révélation de faits distincts


271. Éléments tirés d'une autre procédure. - Dans l'arrêt Krüslin (Crim. 23 juill. 1985, Bull. crim. n o 275), la Cour de cassation va
affirmer qu'aucune disposition légale n'interdit d'annexer à une procédure pénale des éléments tirés d'une autre procédure
dont la production peut être de nature à éclairer le juge et à contribuer à la manifestation de la vérité à condition que cette
jonction ait un caractère contradictoire et que les documents communiqués puissent être soumis à la discussion des parties.
Le principe visait un cas bien particulier : une espèce où les deux informations étaient précédemment ouvertes. La solution
pouvait-elle être identique dans le cas où les conversations devaient servir à l'ouverture d'une information ? Comment cela
pouvait-il apparaître en procédure ?

2 7 2 . Procès-verbal de renseignements judiciaires. - L'arrêt Cade (Crim. 14 janv. 1992, n o 91-85.864 , Bull. crim. n o 13) a
apporté des éléments déterminants. Considérant que des conversations qui n'intéressaient pas l'affaire initiale ne pouvaient
être transcrites dans le cadre de l'information, les enquêteurs établissaient un procès-verbal de renseignements judiciaires
que le juge d'instruction transmettait au parquet. Ce dernier diligentait une enquête et, à l'issue, ouvrait une information qui
échoyait à un autre juge d'instruction. Celui-ci, considérant que les conditions d'ouverture étaient entachées de nullité,
saisissait la chambre d'accusation [de l'instruction] qui confirmait la régularité de la saisine du juge. La chambre criminelle
valide la procédure employée par le premier magistrat instructeur par ces motifs : la personne inculpée au cours de la seconde
information ouverte ne peut invoquer une atteinte aux droits de la défense qui résulterait de l'absence de transcription de
l'enregistrement des conversations, « dès lors qu'elle a la faculté de demander cette transcription à la juridiction d'instruction
saisie de la nouvelle poursuite ». Celle-ci interviendra donc sur commission rogatoire délivrée par le second juge saisi, qui
donnera mission aux premiers enquêteurs de retranscrire, dans le cadre de cette nouvelle information, les éléments entendus
lors de la première et qui avaient fait l'objet du procès-verbal de renseignements judiciaires. La Cour ajoute que les
enquêteurs peuvent, et même doivent, prévenir le juge d'instruction de l'existence d'une autre incrimination pénale. Un autre
arrêt de la chambre criminelle, postérieur de quelques jours seulement à l'arrêt Cade (Crim. 28 janv. 1992, n os 90-84.940
e t 90-84.941 , Bull. crim. n o 34), apporte d'autres précisions en semblant considérer implicitement que des conversations
aient pu être retranscrites dans le cadre de l'information originelle alors même qu'elles n'avaient pas de rapport avec elle.
Ainsi, il ne semble pas que la retranscription en elle-même doive entraîner la nullité de la procédure. La chambre criminelle a
par ailleurs rejeté un pourvoi soulignant, entre autres, l'irrégularité de la retranscription de conversations pouvant mettre en
cause un avocat pour un délit nouveau ; la chambre de l'instruction avait estimé « qu'à cet égard, s'agissant de vérifications
sommaires destinées à apprécier la vraisemblance du renseignement obtenu et à asseoir la conviction du juge d'instruction
d'un fait nouveau susceptible d'une qualification pénale, les officiers de police judiciaire, régulièrement commis par le magistrat
instructeur, sont fondés à retranscrire, comme il est de jurisprudence constante, les informations se rapportant à l'interception
de ces communications, afin de permettre au juge, saisi de faits complexes et initiaux d'importation et de trafic de produits
stupéfiants, de se convaincre de la réalité de l'entrave à l'exercice de la justice et d'apprécier l'opportunité d'une
communication de la procédure au parquet » (Crim. 27 mars 2012, n o 11-88.321 , Bull. crim. n o 82 ; D. 2012. 1189 ; AJ
pénal 2012. 488, obs. Ascensi ).

273. Droits de la défense. - Au cours d'une information ouverte au vu de copies d'écoutes téléphoniques intervenues dans une
procédure distincte, la défense peut exiger la production des originaux pour exercer son contrôle (Versailles, 9 avr. 1993,
Gaz. Pal. 1994. 1. Somm. 87). La chambre d'accusation [de l'instruction] de Bastia a posé le même principe (Bastia, 24 mai
1994, JCP 1995. II. 22393, note C. Guéry). Mais le problème subsistait de savoir si le défaut de versement devait entraîner
l'annulation de la procédure. La cour d'appel de Nîmes avait, dans une hypothèse similaire, annulé totalement une procédure
au motif qu'elle n'était pas en mesure de vérifier si la commission rogatoire à l'origine des écoutes téléphoniques n'avait pas
été détournée de son objet et utilisée à d'autres fins que celles prévues et autorisées. Mais sa décision fut censurée par la
chambre criminelle (Crim. 25 nov. 1991, n o 91-81.387 , Bull. crim. n o 433 ; Gaz. Pal. 1992. 1. 384), non sur ce point, mais
parce qu'« une cour d'appel ne peut, sans l'examiner, présumer l'illégalité d'un acte de procédure dont il lui incombe
d'ordonner la communication, fût-il compris dans une procédure définitivement close ». La chambre criminelle n'impose
nullement, à cette occasion, la présence de la copie de la commission rogatoire au départ de l'information. Au contraire, si elle
admet que la chambre d'accusation [de l'instruction] a l'obligation de vérifier son existence, c'est qu'elle ne conteste pas
l'intérêt de son versement au dossier mais ne semble pas y voir matière à nullité substantielle. La nullité de l'acte
d'interception ne s'étend pas à la procédure ultérieure dont aucune pièce ne se réfère au document annulé (Crim. 15 avr.
1991, JCP 1992. II. 21795, note Jeandidier. - CLÉMENT et VICENTINI, Les écoutes téléphoniques, l'instruction préparatoire, la
détention provisoire et le contrôle judiciaire, RSC 1997. 597 ). La chambre criminelle a aussi indiqué que la chambre
d'accusation [de l'instruction] n'avait pas à statuer sur la régularité de la commission rogatoire ayant prescrit les écoutes
initiales, cette pièce étant étrangère au dossier qui lui est soumis et cette décision d'interception n'étant pas, d'ailleurs,
susceptible de recours (Crim. 6 oct. 1999, n o 99-85.045 , Bull. crim. n o 210). Mais, la très importante évolution de la
chambre criminelle sur l'intérêt à agir, faisant suite à la jurisprudence de la cour europénne des droits de l'homme, met à
néant cette solution (V. infra, n os 658 s.). En sollicitant la communication des écoutes litigieuses, et en ordonnant le bris des
scellés et la transcription de leur enregistrement, le juge d'instruction n'a fait qu'user des prérogatives que lui confère
l'article 81 du code de procédure pénale, et n'a pas méconnu les dispositions de l'article 97, alinéa 4, du même code, aucune
personne n'ayant été mise en examen à ce stade de la procédure (Crim. 16 mai 2000, n o 00-80.905 , Bull. crim. n o 190 ;
D. 2000. IR 205 ).

Art. 6 - Différents procédés de « sonorisation »


§ 1 - Voix
274. Enregistrement clandestin. - L'enregistrement effectué de manière clandestine, par un policier agissant dans l'exercice de
ses fonctions, des propos qui lui sont tenus, fût-ce spontanément, par une personne suspecte, élude les règles de procédure
et compromet les droits de la défense. La validité d'un tel procédé ne peut être admise (Crim. 16 déc. 1997, D. 1998. 354,
note Pradel ). Il en va toutefois différemment si c'est le policier lui-même qui est victime : l'enregistrement clandestin, par un
policier, des propos qui lui sont tenus ne constitue pas un acte de procédure susceptible d'annulation, mais seulement un
moyen de preuve soumis à la libre discussion des parties, lorsqu'il est effectué par lui, non dans l'exercice de ses fonctions, en
vue, par exemple, de constater des agissements délictueux sur délégation judiciaire, mais pour se constituer la preuve de
faits dont il est lui-même victime (Crim. 19 janv. 1999, n o 98-83.787 , Bull. crim. n o 9 ; D. 1999. IR 84 ; JCP 1999.
II. 10156, note Rebut). Si les dispositions de l'article 226-1 du code pénal ne paraissent pas applicables, en dehors de toute
atteinte à l'intimité de la vie privée, à l'enregistrement à son insu de la voix d'une personne mise en examen, au cours d'une
audition, par un policier agissant sur commission rogatoire du magistrat instructeur, aux fins d'expertise comparative avec la
voix perceptible sur un dictaphone saisi au cours de l'enquête, il y a lieu cependant de juger que cet enregistrement a été
effectué de manière déloyale et de nature à compromettre les droits de la défense (Paris, 15 sept. 1998, BICC 492, n o 558).

§ 2 - Domicile, véhicule
275. Sonorisation sous le contrôle du juge avant la loi du 9 mars 2004. - Aux termes des articles 56, 94 et 152 du code de
procédure pénale, les perquisitions ordonnées par le juge d'instruction ne peuvent avoir d'autres fins que la recherche
d'objets utiles à la manifestation de la vérité. Dès lors, est irrégulière la commission rogatoire par laquelle le magistrat
instructeur prescrit à l'officier de police judiciaire l'enregistrement de conversations dans un domicile privé, de telles opérations
n'étant autorisées ni par l'article 81 du code de procédure pénale, ni par les articles 100 et suivants dudit code (Crim. 15 févr.
2000, n o 99-86.623 , Bull. crim. n o 68). C'est en tout cas en ces termes que le chapeau de l'arrêt est rédigé. Une lecture
plus attentive permet pourtant de comprendre que ce n'est pas le principe de la « sonorisation » lui-même qui est mis en
cause, mais le fait que la perquisition ait eu pour but de l'installer. Aucune référence aux articles 81 et 101 du code de
procédure pénale n'est formulée (sur cet arrêt, V. ACCOMANDO et C. GUÉRY, La sonorisation. Un mode légal de preuve ?,
D. 2002. Chron. 2001 ). La Cour de cassation a d'ailleurs admis le principe même dans un autre arrêt : par application des
articles 81, 151 et 152 du code de procédure pénale, le juge d'instruction peut prescrire par commission rogatoire, en vue de
la constatation des infractions, la captation, la transmission et l'enregistrement de conversations privées, autres que des
communications téléphoniques, pourvu que ces mesures aient lieu sous son contrôle et dans des conditions ne portant pas
atteinte aux droits de la défense (Crim. 23 nov. 1999, n o 99-82.658 , Bull. crim. n o 269 ; D. 2000. IR 38 ). Mais la Cour
européenne des droits de l'homme a condamné la France dans un arrêt du 31 mai 2005 en estimant que dans le domaine de
la pose de micros, le droit français, soit les articles 81, 100 à 100-7 insérés par la loi du 10 juillet 1991, 151 et 152 du code de
procédure pénale, n'indique pas avec assez de clarté l'étendue et les modalités d'exercice du pouvoir d'appréciation des
autorités (CEDH 31 mai 2005, req. n o 59842/00 , X… c/ France, BICC 623, n o 1383 ; D. 2005. 2575, note Hennion-Jacquet
) : « Le requérant, qui se plaignait de la sonorisation de l'appartement d'un tiers où il devait se rendre et de
l'enregistrement des propos qu'il y avait tenus, n'a pas joui du degré minimal de protection voulu par la prééminence du droit
dans une société démocratique et il y a eu violation de l'article 8 de la Convention ». Dans un autre arrêt relatif aux écoutes
de parloir, la France fut encore condamnée par la Cour europénne (CEDH 20 déc. 2005, req. n o 71611/01 , W isse c/ France,
AJ pénal 2006. 128, note Céré . - V. supra, n o 271, et infra, n o 279). Depuis la loi du 9 mars 2004, la sonorisation n'est
plus possible que dans le seul domaine de la criminalité organisée (V. infra, n o 276).

276. Sonorisation en cas de criminalité organisée. - La loi du 9 mars 2004 prévoit une réglementation de la sonorisation, limitée
aux cas de criminalité organisée. L'article 706-81 du code de procédure pénale dispose que le juge d'instruction peut, après
avis du procureur de la République, autoriser par ordonnance motivée les officiers et agents de police judiciaire commis sur
commission rogatoire à mettre en place un dispositif technique ayant pour objet, sans le consentement des intéressés, la
captation, la fixation, la transmission et l'enregistrement de paroles prononcées par une ou plusieurs personnes à titre privé
ou confidentiel, dans des lieux ou véhicules privés ou publics, ou de l'image d'une ou plusieurs personnes se trouvant dans un
lieu privé. Ces opérations sont effectuées sous l'autorité et le contrôle du juge d'instruction (C. pr. pén., art. 706-97). Les
articles 706-97-1 à 706-97-7 fixent les conditions pratiques et les limites de ces opérations sur le modèle des dispositions des
articles 100-1 à 100-7 sur les écoutes téléphoniques. Ces opérations ne peuvent avoir d'autres fins que la mise en place du
dispositif technique (C. pr. pén., art. 706-98). S'il s'agit d'un lieu d'habitation et que l'opération doit intervenir hors des heures
prévues à l'article 59, cette autorisation est délivrée par le juge des libertés et de la détention saisi à cette fin par le juge
d'instruction. Les domiciles, cabinets et véhicules des avocats, magistrats, notaires, huissiers, parlementaires, médecins et
entreprises de presse, selon les distinctions des articles 56-1, 56-2 et 56-3, et 100-7 ne peuvent être concernés par la mise
en place de ces dispositifs techniques. Justifie sa décision, au regard de l'article 8 de la Convention européenne des droits de
l'homme, la chambre de l'instruction qui, après avoir contrôlé que l'interception des conversations échangées au parloir de la
maison d'arrêt entre une personne mise en examen et ses visiteurs a répondu aux conditions et formes prévues par les
articles 706-96 à 706-102 du code de procédure pénale, relève que les opérations, ordonnées par un juge d'instruction, pour
une durée limitée, ont été placées en permanence sous son autorité et son contrôle et qu'elles étaient nécessaires à la
recherche de la manifestation de la vérité, relativement à des infractions portant gravement atteinte à l'ordre public, les
personnes concernées ayant été, en outre, en mesure d'en contrôler efficacement l'exécution (Crim. 1 er mars 2006, n o 05-
87.251 , Bull. crim. n o 59 ; D. 2006. 1504, note Pradel ; AJ pénal 2006. 222, note Céré ; AJ pénal 2006. 304, note
Remilleux ).

2 7 7 . Conditions légales et pratiques. - La mise en place d'une sonorisation suppose que, cumulativement, soient prise une
ordonnance motivée et délivrée une commission rogatoire spéciale, conformément aux dispositions de l'article 706-96 du code
de procédure pénale (Crim. 13 févr. 2008, n o 07-87.458 , Bull. crim. n o 40 ; D. 2008. AJ 787 ; RSC 2008. 364, obs.
Finie lz ; AJ pénal 2008. 193, obs. Lavric ; RSC 2008. 661, obs. Buisson. - Sur la décision motivée, V. aussi Crim.
27 févr. 2008, n o 07-88.275 , Bull. crim. n o 53 ; D. 2008. AJ 991 ; AJ pénal 2008. 284, obs. Leblois-Happe ; RSC 2008.
659, obs. Buisson ). La prolongation de cette autorisation doit intervenir avant l'expiration de la mesure précédente même
si le système mis en place est resté, désactivé, dans les lieux concernés (Crim. 13 nov. 2008, n o 08-85.456 , Bull. crim.
n o 230 ; Dr. pénal 2009, n o 43, note Maron et Haas). Le point de départ des mesures de sonorisation doit être fixé au jour de
leur mise en place effective (même arrêt). L'article D. 15-1-5 du code de procédure pénale limite les services qui peuvent
opérer ces installations : la direction centrale de la police judiciaire et ses directions interrégionales et régionales, la direction
centrale du renseignement intérieur, les offices centraux de police judiciaire, l'unité de recherche, assistance, intervention et
dissuasion, les groupes d'intervention de la police nationale, la sous-direction de la police judiciaire de la gendarmerie
nationale, les sections de recherches de la gendarmerie nationale, le groupement de sécurité et d'intervention de la
gendarmerie nationale. L'article 706-96 du code de procédure pénale ne soumet le recueil de l'avis du ministère public à aucun
formalisme particulier et aucune disposition légale ne fait obstacle, lorsque des opérations de fixation d'images et de
sonorisation sont simultanément ordonnées, à la délivrance d'une commission rogatoire spéciale commune, désignant les
mêmes officiers de police judiciaire pour exécuter ces mesures (Crim. 23 janv. 2013, n o 12-85.059 , D. 2013. 308 ;
D. 2013. 1045, obs. Potaszkin ; AJ pénal 2013. 227, obs Pronier ; Dr. pénal 2013. Comm. 49, par Maron et Haas).

278. Exclusion de certains lieux. - La captation, la fixation, l'enregistrement ou la transmission par les policiers de l'image d'une
personne se trouvant dans un lieu privé, ne peuvent être opérés au cours d'une enquête préliminaire (Crim. 21 mars 2007,
n o 06-89.444 , D. 2007. AJ 1204, obs. Darsonville ; AJ pénal 2007. 286, note Royer ; Procédures 2007. Comm. 201,
note Buisson. - V. aussi CARON et MÉNOTTI, Les conditions de la légalité de la photographie par les policiers de personnes ou
de véhicules dans un lieu privé, D. 2007. Chron. 1817 ). Il est donc désormais clairement affirmé que des photographies
prises en enquête préliminaire d'individus se trouvant dans une propriété privée sont interdites. Une telle autorisation ne
peut être accordée que par le juge d'instruction, dans le cadre d'une information concernant une infraction entrant dans le
champ d'application de l'article 706-73 du code de procédure pénale : les parties communes d'une copropriété constituent un
lieu privé, les opérations de captation et de fixation d'images ne peuvent se dérouler hors du cadre de l'article 706-96 (Crim.
27 mai 2009, n o 09-82.115 , Bull. crim. n o 108 ; D. 2009. 1697, obs. Girault ; D. 2009. 2238, obs. Pradel ; Procédures
2009, n o 284, note Buisson ; Dr. pénal 2009, n o 114, par Maron et Haas, 2010. Chron. 1, obs. Guérin ; AJ pénal 2009. 367,
obs. Ascensi ; RSC 2009. 595, obs. Mayaud ; RSC 2009. 866, obs. Finielz ; AJDI 2010. 228, obs. Roujou de Boubée
). Le parking souterrain d'un immeuble d'habitation constitue un lieu privé et non un lieu d'habitation, au sens de
l'article 706-96 du code de procédure pénale (Crim. 22 nov. 2011, n o 11-84.308 , Bull. crim. n o 234 ; D. 2011. Somm. 2937
; D. 2011. 2937 ; Dr. pénal 2012. Comm. 12, note Maron et Haas ; JCP 2012, p. 49, note Bonnet). Les domiciles,
cabinets et véhicules, selon les distinctions des articles 56-1, 56-2, 56-3 et 100-7, ne peuvent être concernés par la mise en
place de ces dispositifs techniques. Cette exception concerne donc les avocats, médecins, notaires, entreprises de presse,
parlementaires. Des constatations visuelles ne sont ni des mesures de sonorisation, ni des mesures de captation d'images et
n'entrent pas dans le cadre fixé par l'article 706-96 du code de procédure pénale. Les enquêteurs étaient bien habilités, en
enquête préliminaire, à procéder dans le parking souterrain, à des constatations visuelles, leur introduction dans ce lieu clos
et privé, partie commune de l'immeuble, ayant été autorisée par le syndic de copropriété. Mais c'est à tort qu'une chambre de
l'instruction a estimé que l'utilisation d'un endoscope n'a pas constitué une opération de captation d'une image (Crim. 23 janv.
2013, préc.) La chambre de l'instruction a néanmoins justifié sa décision de rejet du moyen de nullité, dès lors que les
demandeurs, ne revendiquant aucun droit sur le box et le véhicule en cause, ne pouvaient se prévaloir d'une prétendue
atteinte au droit au respect du domicile ou de la vie privée d'un tiers, dont ils ne démontrent pas en quoi elle aurait porté
atteinte à leurs intérêts (même arrêt).

§ 3 - Écoutes de parloir
279. Avant la loi du 9 mars 2004. - La chambre d'accusation [de l'instruction] de Limoges a jugé que « l'enregistrement puis la
retranscription partielle des conversations tenues par une personne mise en examen au parloir d'une maison d'arrêt
constituent un acte utile à l'information criminelle suivie à son encontre. Ce mode de preuve ne doit pas être considéré comme
déloyal ou susceptible de porter atteinte aux droits de la défense, dès lors qu'il a été mené conformément aux restrictions et
aux règles procédurales protectrices des droits fondamentaux, posées expressément par la commission rogatoire du
magistrat instructeur, et qu'il peut être discuté tout au long de la procédure. En outre, cette interception ne constitue ni une
atteinte à l'intimité de la vie privée, en raison de la teneur des articles D. 403 et suivants du code de procédure pénale, ni une
violation de l'article 8, paragraphe 1 er, de la Convention européenne des droits de l'homme puisqu'elle s'inscrit dans le cadre
des prérogatives permises par l'article 8-2 de ladite Convention, en l'espèce l'article 81, alinéa 1 er, du code de procédure
pénale » (Limoges, 5 août 1998, BICC 492, n o 557). Cette décision a été confortée par un arrêt de la chambre criminelle (Crim.
12 déc. 2000, BICC 530, n o 226) qui énonce que le juge d'instruction peut prescrire, par commission rogatoire, l'écoute et
l'enregistrement des conversations tenues par la personne mise en examen au parloir de la maison d'arrêt pourvu que ces
mesures aient lieu sous son contrôle et dans des conditions ne portant pas atteinte aux droits de la défense. L'interception
des conversations ainsi tenues, qui sont soumises de droit à la surveillance du personnel pénitentiaire, ne constitue pas, au
sens de l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme une ingérence dans l'exercice du droit au respect de la
vie privée, du domicile et de la correspondance.

2 8 0 . Depuis la loi du 9 mars 2004 : position du problème. - On pouvait contester le principe d'une interprétation a contrario
consistant à dire que si le législateur avait fixé des règles relatives à la sonorisation dans le cadre de la criminalité organisée,
c'est que la sonorisation en dehors de ce cadre n'était plus possible. On pouvait aussi estimer que les parloirs constituaient
par nature un lieu exclusif de conversations privées (C. pr. pén., art. D. 406. - V. CHAMBON et C. GUÉRY, Dalloz Action Droit et
pratique de l'instruction préparatoire, 2013-2014, 8 e éd., V. n os 288, 307, 345, 599, 715). Mais la jurisprudence de la Cour
européenne des droits de l'homme a rapidement tiré un trait sur cette interprétation.

281. Arrêt Wisse c/ France : fin des écoutes de parloir hors le cadre de la criminalité organisée. - La France fut condamnée par la
Cour européenne des droits de l'homme dans un important arrêt W isse c/ France (CEDH 20 déc. 2005, req. n o 71611/01 ,
W isse c/ France, AJ pénal 2006. 128, note Céré ). Une fois de plus, la Cour estime que « la loi sur laquelle il se fonde doit
être ''prévisible''quant au sens et à la nature des mesures applicables ». Elle expose que la loi doit fixer la liste des personnes
susceptibles de faire l'objet d'une telle mesure, et que la nature des infractions pouvant y donner lieu doit être définie ; que le
juge doit être astreint à fixer une limite à la durée de l'exécution de la mesure ; que doivent également être précisées les
conditions d'établissement des procès-verbaux de synthèse consignant les conversations ''écoutées''les précautions à
prendre pour communiquer intacts et complets les enregistrements réalisés, aux fins de contrôle éventuel par le juge et par la
défense, ainsi que les circonstances dans lesquelles peut ou doit s'opérer l'effacement ou la destruction desdites bandes,
notamment après non-lieu ou relaxe. La Cour considère en conséquence que « le droit français n'indique pas avec assez de
clarté la possibilité d'ingérence par les autorités dans la vie privée des détenus, ainsi que l'étendue et les modalités d'exercice
de leur pouvoir d'appréciation dans ce domaine ». La loi du 9 mars 2004 répondant à ces exigences dans le seul cadre de la
criminalité organisée, il semblait bien que les écoutes de parloir de droit commun ne soient plus désormais possibles.

282. Écoutes de parloir : jurisprudence actuelle de la chambre criminelle. - La chambre criminelle a statué ensuite dans le sens
de l'impossibilité de procéder à des écoutes de parloir dans le cadre d'une procédure de droit commun : « Attendu qu'en
prononçant ainsi, dès lors que les opérations de sonorisation précitées doivent nécessairement répondre aux conditions de
fond et de forme énoncées à l'article 706-96 du code précité, la chambre de l'instruction a justifié sa décision » (Crim. 9 juill.
2008, n o 08-82.091 , Bull. crim. n o 170 ; JCP 2008. IV. 2526 ; AJ pénal 2008. 424, note Lasserre Capdeville ).

283. Décret du 3 mai 2007 (n o 2007-699). - Il prévoit que les communications enregistrées par le personnel de surveillance de
la maison d'arrêt sur le fondement de l'article 727-1 du code de procédure pénale, issu lui-même de l'une des lois du 5 mars
2007 (n o 2007-297), doivent être communiquées au magistrat instructeur.

284. Code de procédure pénale, article 706-1-3. - Issu de la loi n o 2007-1598 du 13 novembre 2007 relative à la lutte contre la
corruption, il prévoit également la possibilité de l'installation d'un dispositif pour les infractions prévues par les articles 432-11,
433-1, 433-2, 434-9, 434-9-1, 435-1 à 435-4 et 435-7 à 435-10 du code pénal. L'article 313-2 dernier alinéa a été retiré de la
liste depuis la loi du 17 mai 2011 pour la raison qu'il a rejoint celle de l'article 706-73, déjà concerné par le dispositif.

§ 4 - Géolocalisation
2 8 5 . La géolocalisation, système permettant de suivre et de relever les déplacements d'un véhicule, est de plus en plus
fréquente et il n'existe pas de dispositions particulières dans le code de procédure pénale. Selon la jurisprudence
européenne, la surveillance par géolocalisation au cours d'une enquête portant sur des infractions très graves ne méconnaît
pas le droit au respect de la vie privée garantie par l'article 8 de la Convention (CEDH 2 sept. 2010, req. n o 35623/05 ,
Uzun c/ Allemagne. - MATSOPOULOU, La surveillance par géolocalisation à l'épreuve de la Convention européenne des droits
de l'homme, D. 2011. 724 . - GRABARCZYK, JCP 2010, p. 905. - SUDRE, JCP 2011, p. 94). Mais la loi doit, en la matière, user
de termes assez clairs pour indiquer à tous de manière suffisante en quelles circonstances et sous quelles conditions elle
habilite la puissance publique à recourir à de telles mesures, ce qui pose la question de la conformité de la législation
française qui n'a prévu aucune disposition particulière sur ce sujet, la géolocalisation n'étant ni une écoute téléphonique ni
une sonorisation. Dans un arrêt du 22 novembre 2011, la chambre criminelle a écarté le moyen de nullité pris du défaut de
fondement légal de ce dispositif technique, et confirmé l'analyse de la chambre de l'instruction qui avait retenu que, d'une
part, cette mesure a pour fondement l'article 81 du code de procédure pénale et que, d'autre part, en l'espèce, cette
surveillance a été effectuée sous le contrôle d'un juge constituant une garantie suffisante contre l'arbitraire, qu'elle était
proportionnée au but poursuivi, s'agissant d'un important trafic de stupéfiants en bande organisée portant gravement
atteinte à l'ordre et à la santé publics, et nécessaire au sens de l'article 8, § 2, de la Convention européenne des droits de
l'homme (Crim. 22 nov. 2011, n o 11-84.308 , Bull. crim. n o 234 ; D. 2011. Somm. 2937 ; D. 2011. 2937 ; Dr. pénal
2012. Comm. 12, note Maron et Haas ; JCP 2012, p. 49, note Bonnet). Il n'est pas certain toutefois que cette motivation
puisse être avalysée par la Cour de Strasbourg, au regard du défaut de texte suffisamment clair (sur une motivation similaire
ayant donné lieu à condamnation de la France en matière d'écoutes téléphoniques, V. supra, n o 233).

Lire la mise à jour


Section 4 - Audition de témoin
286. Nous ne donnons ici que quelques éléments de jurisprudence spécifique à l'instruction préparatoire ainsi que quelques
modifications législatives récentes (V. Tém oin).

2 8 7 . Anonymat : principes anciens. - Jusqu'aux dispositions introduites dans le code de procédure pénale concernant le
témoignage sous X, le juge d'instruction pouvait recueillir le témoignage d'une personne qui désirait garder l'anonymat par
crainte de représailles, mais s'il l'interrogeait et lui présentait des photographies, le procès-verbal, atteint de nullité, devait
être retiré du dossier (Crim. 26 juin 1984, D. 1984. IR 466, obs. J.M.R. ; Gaz. Pal. 1985. 1. Somm. 94). Si l'anonymat préjudicie
aux droits de la défense, le procès-verbal est frappé de nullité pour inobservation des formes légales des articles 106 et 107
du code de procédure pénale (Crim. 22 mars 1988, Bull. crim. n o 141. - E. PETTITI, Témoins anonymes, RSC 1990. 149 ). Ne
sont pas anonymes les renseignements recueillis soit auprès d'un service administratif ou d'un organisme déterminé, dès lors
que l'indication de l'origine suffit à donner à la défense les moyens de les discuter (Crim. 30 mai 1991, Dr. pénal 1991.
Comm. 216), soit par les constatations des policiers qui, sous le couvert de l'anonymat, ont relevé l'activité des hôtesses d'un
bar, le tout consigné dans un procès-verbal précisant les noms et qualités des rédacteurs (MARON, ROBERT et VÉRON, obs. ss.
Crim. 17 oct. 1991, JCP 1992. I. 3551).

2 8 8 . Anonymat : dispositions nouvelles. - La loi n o 95-73 du 21 janvier 1995 a autorisé les personnes entendues comme
témoins, sur autorisation du procureur de la République, à déclarer comme domicile l'adresse du commissariat ou de la brigade
de gendarmerie. Ces dispositions ont été remplacées par la loi n o 2001-1062 du 15 novembre 2001 (D. 2001. 3400), modifiée
par la loi n o 2002-307 du 4 mars 2002 (D. 2002. 1021). L'article 706-57 du code de procédure pénale est ainsi rédigé : « Les
personnes à l'encontre desquelles il n'existe aucune raison plausible de soupçonner qu'elles ont commis ou tenté de
commettre une infraction et qui sont susceptibles d'apporter des éléments de preuve intéressant la procédure peuvent, sur
autorisation du procureur de la République ou du juge d'instruction, déclarer comme domicile l'adresse du commissariat ou de
la brigade de gendarmerie. L'adresse de ces personnes est alors inscrite sur un registre coté et paraphé qui est ouvert à cet
effet ». La loi du 12 mai 2009 (n o 2009-526) a précisé que « si la personne a été convoquée en raison de sa profession,
l'adresse déclarée peut être son adresse professionnelle ». Toutefois, c'est bien l'adresse personnelle de ces personnes qui
est inscrite sur un registre coté et paraphé, qui est ouvert à cet effet (C. pr. pén, art. 706-57 in fine). Mais la loi du
15 novembre 2001 a été beaucoup plus loin en prévoyant, dans un article 706-58, la possibilité de témoignage sous « X »
dans certains cas et selon une procédure relativement complexe. L'affaire dans laquelle l'audition de témoin est effectuée
porte sur un crime ou sur un délit puni de trois ans (plancher abaissé de cinq à trois ans par la loi n o 2002-1138 du 9 sept.
2002 [JO 10 sept.]). Il est également nécessaire que cette audition puisse « mettre gravement en danger la vie ou l'intégrité
physique de cette personne » ou de l'un de ses proches. C'est le juge des libertés et de la détention qui donne son
autorisation par décision motivée, qu'il soit saisi par le ministère public ou le juge d'instruction. Les déclarations de la
personne peuvent alors être recueillies sans que son identité apparaisse dans le dossier de la procédure. Sa décision n'est
pas susceptible de recours. Mais la personne mise en examen peut, dans les dix jours à compter de la date à laquelle il lui a
été donné connaissance du contenu d'une audition réalisée dans les conditions de l'article 706-58, contester devant le
président de la chambre de l'instruction le recours à cette procédure (C. pr. pén., art. 706-60. - Sur une appréciation critique
de cette procédure, V. LE CALVEZ, Les dangers du « X » en procédure pénale. Opinion contre le témoin anonyme, D. 2002.
Chron. 3024 . - CHAMBON et C. GUÉRY, op. cit. [supra, n o 280], n o 71.26). Un procès-verbal dressé par un policier, qui
rapporte des informations obtenues auprès d'une personne désirant conserver l'anonymat, constitue, non un procès-verbal
d'audition de témoin, mais un procès-verbal de renseignements destiné à guider d'éventuelles investigations de la police
judiciaire sans pouvoir être retenu lui-même comme un moyen de preuve. Il s'ensuit qu'il n'y a pas lieu d'appliquer, pour
l'établissement d'un tel procès-verbal, les dispositions du livre IV du code de procédure pénale relatives à la protection des
témoins (Crim. 9 juill. 2003, n o 03-82.119 , Bull. crim. n o 138 ; D. 2003. IR 2285 ; JCP 2003. IV. 2667 ; AJ pénal 2003. 73
; Gaz. Pal. 17-18 nov. 2004, p. 7, note Fiori-Khayat). En prévoyant qu'un décret en Conseil d'État préciserait en tant que de
besoin les conditions d'application des dispositions du titre XXI du livre IV du code de procédure pénale relatives à la
protection des témoins, l'article 706-63 de ce code n'a pas subordonné à la parution d'un tel décret l'entrée en vigueur de ces
dispositions, par ailleurs suffisamment claires et précises pour être appliquées immédiatement (même arrêt). Le mis en
examen ne peut utiliser l'article 173 du code de procédure pénale pour voir annuler la décision du juge des libertés et de la
détention qui accepte l'audition d'un témoin sans adresse dévoilée (Crim. 15 févr. 2006, n o 05-87.002 , Bull. crim. n o 44 ;
D. 2006. IR 949 ; Procédures mai 2006. Comm. 23, note Buisson). Seul l'article 706-60 du code de procédure pénale peut
être utilisé pour contester cette décision.

289. Confrontation entre témoins déjà entendus. - L'article 102, dont les dispositions ne sont pas prescrites à peine de nullité,
n'interdit pas la confrontation entre témoins déjà entendus : aucune violation des droits de la défense ne résulte de ce que
l'un des témoins est le supérieur hiérarchique de l'autre (Crim. 18 juin 1985, Bull. crim. n o 232). Les formalités relatives à
l'audition séparée des témoins ne sont pas prescrites à peine de nullité : leur omission est sanctionnée seulement s'il en
résulte une atteinte aux droits de la défense (Crim. 14 mars 1974, Bull. crim. n o 114 ; D. 1974. 604, note Robert ; RSC 1974.
892). La loi du 9 mars 2004 a modifié l'article 102 en prévoyant expressément que les témoins sont entendus, soit
séparément et hors la présence des parties, soit lors de confrontations réalisées entre eux ou avec l'une ou l'autre des
parties.

2 9 0 . Égalité des armes. - Le principe de l'égalité des armes tel qu'il résulte de l'exigence d'une procédure équitable et
contradictoire impose que les parties au procès pénal disposent des mêmes droits. Il doit en être ainsi, spécialement, du droit
pour l'avocat d'une partie d'assister à l'audition d'un expert effectuée sur réquisitions du procureur de la République en
présence de celui-ci. Méconnaît en conséquence l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme la chambre de
l'instruction qui rejette la requête en nullité de la procédure tirée de la présence du procureur de la République à l'audition
d'un expert par le juge d'instruction et de l'absence de convocation des avocats des mis en examen et de la partie civile (Crim.
11 mai 2010, n o 10-80.953 , Bull. crim. n o 78 ; D. 2010. 1660, obs. Degorce ; D. 2010. 1944 ).

2 9 1 . Procédure de divorce. - Le code de procédure civile (art. 205) interdit l'audition des descendants à l'occasion de la
procédure du divorce des parents. Cette prohibition, inspirée par un souci de décence et de protection des intérêts moraux de
la famille, n'est que l'expression, reprise de textes législatifs antérieurs, d'une règle fondamentale, qui ne saurait être tournée
par le recours à une poursuite pénale. Les procès-verbaux d'audition par le juge d'instruction, saisi du chef de faux
témoignage au cours de l'enquête civile, sont frappés de nullité et doivent être retirés du dossier (Crim. 5 févr. 1980, Bull.
crim. n o 47 ; D. 1980. IR 338 ; Gaz. Pal. 1980. 1. 286, note Malaval. - Crim. 4 janv. 1985, Bull. crim. n o 11 ; JCP 1985. II. 20521,
note Lindon et Bénabent) et cela même si le litige porte sur une cause étrangère au divorce, notamment un délit d'usage
d'attestations mensongères (Crim. 4 févr. 1991, n o 89-86.575 , Bull. crim. n o 57 ; JCP 1992. II. 21915, note Chambon ;
Gaz. Pal. 1991. 1. Somm. 287. - Sur les droits de l'enfant, de nature à remettre en cause la jurisprudence précitée, V. C. civ.,
art. 388-2, créé par L. n o 93-22 du 8 janv. 1993 [D. 1993. 179], art. 56. - MASSIP, Les modifications apportées au droit de la
famille par la loi du 8 janvier 1993, Gaz. Pal. 1993. 2. Doctr. 1163. - KROSS, L'audition de l'enfant et la loi du 8 janvier 1993,
Gaz. Pal. 1994. 2. Doctr. 678. - V. égal. Enfance).

2 9 2 . Défaut de prestation de serment. - Le défaut de prestation de serment à l'instruction, qu'aucun texte ne sanctionne,
n'entraîne pas la nullité de la procédure dès lors qu'aucune atteinte aux droits de la défense n'est établie (Crim. 31 mars
1981, Bull. crim. n o 110. - Crim. 22 mars 1983, Bull. crim. n o 87), alors que le juge, après constatation de son oubli, a fait
prêter serment en constatant que le témoin avait affirmé réitérer sa déclaration (Crim. 2 oct. 1990, Bull. crim. n o 327).

2 9 3 . Serment en garde à vue. - L'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000 avait pu susciter des interrogations sur la
nécessité, pour la personne placée en garde à vue, de prêter serment puisque le simple témoin ne pouvait plus l'être. La
chambre criminelle décidait pourtant que la personne devait alors prêter serment : « Attendu que, contrairement à ce qui est
soutenu au moyen, il résulte des dispositions combinées des articles 105, 113-1, 153 et 154 du code de procédure pénale, qui
ne sont pas contraires à l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme, qu'une personne placée en garde à
vue sur commission rogatoire du juge d'instruction est entendue par l'officier de police judiciaire après avoir prêté le serment
prévu par la loi, dès lors qu'il n'existe pas à son encontre des indices graves et concordants d'avoir participé aux faits dont le
juge d'instruction est saisi ou qu'elle n'est pas nommément visée par un réquisitoire introductif » (Crim. 14 janv. 2003,
D. 2003. IR 944 ). Mais la loi du 9 mars 2004 a choisi le principe inverse en incluant dans l'article 153 du code de procédure
pénale un alinéa ainsi rédigé : « L'obligation de prêter serment et de déposer n'est pas applicable aux personnes gardées à
vue en application des dispositions de l'article 154 ». Le fait que les personnes gardées à vue aient été entendues après
avoir prêté serment ne constitue toutefois pas une cause de nullité de la procédure.

294. Refus de déposer. - Le témoin qui refuse de déposer alors qu'il comparaît volontairement et prête serment se place dans
le même état que celui qui répond à une citation régulière. Avant l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, il s'exposait à la
condamnation prévue par l'article 109 du code de procédure pénale s'il refusait de déposer (Crim. 4 nov. 1971, Bull. crim.
n o 301). Cet article ne fut pas considéré comme contraire à l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme, dès
lors que l'ordonnance était susceptible d'appel : ne violent pas l'article 6, paragraphe 1 er, de la Convention européenne des
droits de l'homme et des libertés fondamentales les condamnations d'une personne en raison de son refus de prêter serment
et de déposer devant le juge d'instruction qui l'avait citée à comparaître comme témoin en application de l'article 109 du code
de procédure pénale (CEDH 20 oct. 1997, Servers c/ France, BICC 464, n o 1). Mais méconnaît les articles 6-1 et 6-3 de cette
Convention le juge qui a condamné le témoin qui refusait de signer le procès-verbal constatant ce refus ; en effet,
l'ordonnance avait été rendue sans débat contradictoire, sans que le témoin ait eu connaissance des réquisitions du ministère
public alors qu'il n'était pas justifié de circonstances spéciales faisant obstacle à la publicité des débats (Crim. 28 janv. 1992,
n o 91-83.732 , Bull. crim. n o 31 ; D. 1992. Somm. 323, obs. Pradel ; D. 1992. IR 179 ). Depuis la loi du 15 juin 2000, le
juge d'instruction ne peut plus sanctionner lui-même le témoin récalcitrant. En revanche, l'article 434-15-1 du code pénal punit
« le fait de ne pas comparaître, sans excuse ni justification, devant le juge d'instruction par une personne qui a été citée par
lui pour y être entendue comme témoin ». Ce délit est puni de 3 750 € d'amende.

2 9 5 . Communication téléphonique d'un officier de police judiciaire avec un témoin. - Le compte rendu d'une communication
téléphonique d'un officier de police judiciaire avec un témoin, qu'une commission rogatoire lui donnait mission d'entendre,
présente le caractère d'un rapport et ne saurait être assimilé à un procès-verbal irrégulièrement dressé (Crim. 28 avr. 1987,
Bull. crim. n o 173). Un procès-verbal d'audition, non signé par le témoin, est non avenu (Crim. 12 déc. 1973, Bull. crim. n o 462 ;
D. 1974. IR 15), mais le procès-verbal non avenu n'est pas atteint de nullité, et il n'y a donc pas lieu de le retirer du dossier
lorsqu'il contient d'autres éléments d'information (ROBERT, RSC 1977. 604).

296. Présence du ministère public. - La présence du ministère public n'est pas prescrite par l'article 102 du code de procédure
pénale, mais n'étant sanctionnée par aucun texte, elle ne peut être considérée comme portant atteinte aux droits de la
défense, dès lors que ce magistrat n'est pas intervenu et n'a pas fait poser de questions (Crim. 19 juin 1990, D. 1991. 15,
note Coste ).

297. Indices graves et concordants. - L'impossibilité d'entendre en qualité de témoin une personne à l'encontre de laquelle il
existe des indices graves et concordants d'avoir participé aux faits dont le juge d'instruction est saisi ne fait pas obstacle à ce
que la garde à vue de celle-ci soit prolongée dès lors que cette mesure répond aux nécessités de l'enquête et que la
prolongation est ordonnée après présentation de la personne au juge d'instruction (Crim. 14 juin 2000, n o 00-81.386 , Bull.
crim. n o 224).

2 9 8 . Témoignage comme fondement d'une condamnation. - L'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme
n'autorise les juridictions à fonder une condamnation sur les dépositions d'un témoin à charge que l'accusé ou son conseil
n'ont pu interroger à aucun stade de la procédure que dans les limites suivantes : premièrement, lorsque le défaut de
confrontation est dû à l'impossibilité de localiser le témoin, il doit être établi que les autorités compétentes ont activement
recherché celui-ci aux fins de permettre cette confrontation ; deuxièmement, le témoignage litigieux ne peut en tout état de
cause constituer le seul élément sur lequel repose la condamnation. Violent en conséquence les articles 6, § 1, et 6, § 3, d, les
juridictions répressives qui, statuant sur opposition du requérant, l'ont condamné sur le fondement exclusif de déclarations de
témoins qu'il n'a pu, à aucun stade de la procédure, ni interroger ni faire interroger (CEDH, 3 e sect., 13 nov. 2003, req.
n o 71846/01 , Rachdad c/ France, BICC 599, n o 4 ; AJ pénal 2004. 76, obs. Leblois-Happe ; D. 2004. Somm. 988, obs.
Renucci ). L'article préliminaire du code de procédure pénale a été complété par la loi n o 2011-932 du 14 avril 2011 : « En
matière criminelle et correctionnelle, aucune condamnation ne peut être prononcée contre une personne sur le seul
fondement de déclarations qu'elle a faites sans avoir pu s'entretenir avec un avocat et être assisté par lui ».

299. Mineur victime : législation antérieure à la loi du 5 mars 2007. - La loi n o 98-468 du 17 juin 1998 a introduit dans le code de
procédure pénale un article 706-52 posant pour la première fois la possibilité d'enregistrement audiovisuel au cours de
l'enquête et de l'information d'un mineur victime de l'une des infractions prévues à l'article 706-47 du code de procédure
pénale. Cet enregistrement était fait, avec son consentement ou, s'il n'était pas en état de le donner, celui de son
représentant légal. L'enregistrement prévu pouvait être exclusivement sonore si le mineur ou son représentant légal en
faisait la demande. Lorsque le procureur de la République ou le juge d'instruction décidait de ne pas procéder à cet
enregistrement, cette décision devait être motivée. La loi du 5 mars 2007 a modifié les termes de l'article 706-52.

300. Mineur victime : modifications de la loi du 5 mars 2007. - Le consentement du mineur ou, s'il n'était pas en état de le
donner, de son représentant légal n'est plus nécessaire. L'enregistrement peut être sonore sur décision d'un magistrat
seulement et non plus à la demande du mineur ou de son représentant légal. Enfin, le procureur ou le juge d'instruction n'ont
plus la possibilité de décider de ne pas y procéder. Le procureur de la République, le juge d'instruction ou l'officier de police
judiciaire chargé de l'enquête ou agissant sur commission rogatoire peut requérir toute personne qualifiée pour procéder à
cet enregistrement.

3 0 1 . Les dispositions de l'article 60 sont applicables à cette personne qui est tenue au secret professionnel dans les
conditions de l'article 11. Il est par ailleurs établi une copie de l'enregistrement aux fins d'en faciliter la consultation ultérieure
au cours de la procédure. Cette copie est versée au dossier. L'enregistrement original est placé sous scellés fermés. Sur
décision du juge d'instruction, l'enregistrement peut être visionné ou écouté au cours de la procédure. La copie de ce dernier
peut toutefois être visionnée ou écoutée par les parties, les avocats ou les experts, en présence du juge d'instruction ou d'un
greffier dans des conditions qui garantissent la confidentialité de cette consultation. Les huit derniers alinéas de l'article 114
du code de procédure pénale ne sont pas applicables à l'enregistrement. Bien que la transcription écrite de la cassette ne soit
pas prévue, on ne voit pas comment on pourrait se passer de celle-ci ou au moins d'un compte rendu de ce qui a été dit. Il est
en effet difficile, dans une procédure qui demeure écrite, de communiquer un dossier dont l'une des pièces est représentée
par une audition non retranscrite et ceci, même si le texte prévoit des modalités de consultation pour l'avocat (C. GUÉRY, De la
difficile conjugaison entre la vidéo et l'écrit judiciaire, Gaz. Pal. 1999. 2. Doctr. 925). Le défaut d'enregistrement audiovisuel
des interrogatoires d'un mineur placé en garde à vue, non justifié par un obstacle insurmontable, porte nécessairement
atteinte aux intérêts de ce mineur. L'impossibilité, avancée par les fonctionnaires de police, de réaliser l'enregistrement
audiovisuel de ce mineur en raison d'un « problème informatique », ne suffit pas, en l'absence de toute autre précision, à
caractériser la cause insurmontable qui justifierait l'omission de procéder à un tel enregistrement (Crim. 3 avr. 2007, n o 06-
87.264 , Gaz. Pal. 29 août-1 er sept. 2007, p. 8, note Gagnoud ; JCP 2007. II. 10132, note Maréchal ; Dr. pénal 2007.
Comm. 109, note Maron ; D. 2007. 2141, note Pradel ; AJ pénal 2007. 287, note Royer ). La solution a encore été
reprise dans un arrêt postérieur : le défaut d'enregistrement audiovisuel des interrogatoires d'un mineur placé en garde à
vue, qui n'est justifié par aucun obstacle insurmontable, porte nécessairement atteinte aux intérêts de la personne concernée
(Crim. 12 juin 2007, n o 07-80.194 , D. 2007. AJ 1960 ; JCP 2007. IV. 2524).

3 0 2 . Audition du mineur victime et présence d'un psychologue. - La Cour de cassation a décidé que la présence d'un
psychothérapeute non psychologue est possible parce que l'accompagnateur est une « personne seulement admise à
assister à l'audition d'un mineur [qui] n'intervient nullement dans le déroulement de cet acte de procédure (Crim. 3 oct. 2001,
n o 01-84.910 , Bull. crim. n o 199). Mais la présence de tels spécialistes s'est aussi développée en dehors même de
l'article 706-53 du code de procédure pénale, qui prévoit la possibilité, pour le mineur, d'être accompagné. Certains
psychologues sont en effet présents pour rassurer l'enfant, mais aussi « expertiser » sa parole. Cette double attribution
devrait susciter quelques contestations.

303. Témoignage des agents de services de renseignements. - La loi du 14 mars 2011 a prévu des règles particulières en ce qui
concerne les auditions comme témoins des agents des services de renseignement mentionnés à l'article 6 nonies de
l'ordonnance n o 58-1100 du 17 novembre 1958. L'identité réelle du témoin ne doit en effet jamais apparaître au cours de la
procédure judiciaire. Il s'ensuit que les questions posées ne doivent avoir ni pour objet ni pour effet de révéler, directement
ou indirectement, la véritable identité de cet agent. Les auditions sont reçues dans des conditions permettant la garantie de
son anonymat. S'agissant des confrontations, elles sont réalisées par le moyen de la visioconférence (C. pr. pén, art. 656-1).

304. Protection des sources des journalistes. - La loi du 4 janvier 2010 a ajouté un alinéa à l'article 326 du code pénal qui
dispose que « l'obligation de déposer s'applique sous réserve des dispositions des articles 226-13 et 226-14 du code pénal et
de la faculté, pour tout journaliste entendu comme témoin sur des informations recueillies dans l'exercice de son activité, de
ne pas en révéler l'origine ». L'article 437 du même code est quant à lui désormais ainsi rédigé : « Toute personne citée pour
être entendue comme témoin est tenue de comparaître, de prêter serment et de déposer sous réserve des dispositions des
articles 226-13 et 226-14 du code pénal. Tout journaliste entendu comme témoin sur des informations recueillies dans
l'exercice de son activité est libre de ne pas en révéler l'origine ». Ces dispositions ne portent que sur l'origine des
informations et non sur les informations elles-mêmes (sur un récent projet de loi confiant au JLD le soin d'autoriser une
atteinte au secret des sources des journalistes, V. infra, n o 41).

305. Président de la République. - Le président de la République n'est pas soumis à l'obligation de comparaître en qualité de
témoin, dès lors que cette obligation est assortie d'une mesure de contrainte par l'article 109 du code de procédure pénale et
qu'elle est pénalement sanctionnée. Il s'ensuit qu'est irrecevable la demande d'une partie civile tendant à l'audition du
président de la République en qualité de témoin (Cass., ass. plén., 10 oct. 2001, n o 01-84.922 , Bull. ass. plén. n o 11 ; D.
2001. 3365, note Favoreu ; D. 2002. 237, note Debbash ; D. 2002. 674, note Pradel ; RFDA 2001. 1169, note
Jouanjan et Washsmann ; LPA 2001, n o 203 ; RSC 2002. 128, obs. Giudicelli ; Dr. pénal 2001. Comm. 144, obs. Maron,
2002. Chron. 1, note Delaloy ; BICC n o 545, concl. de Goutte, rapp. Roman ; RTD civ. 2002. 169, note Molfessis ). Depuis,
cette immunité a été garantie par la Constitution. La chambre de l'instruction de Paris a étendu l'immunité pénale du chef de
l'État à son directeur de cabinet (Paris, ch. instr., 7 nov. 2011, D. 2011. 2946, note Beaud ) en ayant recours à l'article 67,
alinéa 2, de la Constitution aux termes duquel le président de la République « ne peut, durant son mandat et devant aucune
juridiction ou autorité administrative française, être requis de témoigner non plus que faire l'objet d'une action, d'un acte
d'information, d'instruction ou de poursuite ». En revanche, le président de la République est recevable à se constituer partie
civile (Cass., ass. plén., 15 juin 2012, D. 2012. 1916, note Beaud ; JCP 2012, p. 933, note Ambroise-Casterot).

Section 5 - Transport, perquisition, saisies


Art. 1 - Principes
306. Délégation. - La perquisition est en général un acte que le magistrat instructeur peut déléguer ; il n'en va autrement que
dans les cas où le secret professionnel doit être préservé (C. pr. pén., art. 56-1 à 56-3. - V. Perquisition - saisie - v isite
dom iciliaire). Les formalités prévues par les dispositions du code de procédure pénale en matière de perquisition et de saisie
ne sont pas exclues du champ d'application de l'article 802 du même code. Dès lors, leur inobservation ne saurait entraîner de
nullité de procédure lorsque aucune atteinte n'a été portée aux intérêts de la personne concernée (Crim. 17 sept. 1996,
n o 96-82.105 , Bull. crim. n o 316 ; D. 1997. 144, obs. Pradel ; RSC 1997. 149, obs. Dintilhac . - Crim. 28 févr. 1995,
n o 94-81.553 . - Crim. 15 juin 2000, n o 00-81.334 , Bull. crim. n o 229. - Pour des précisions sur la notion de perquisition,
V. Crim. 6 et 22 mai 2002, RSC 2002. 906, obs. Buisson ; JCP 2003. I. 103, n o 32, obs. Maron). La validité des opérations
de placement sous scellés n'est pas affectée par une simple erreur de comptage ; l'altération de scellés est sans incidence sur
la validité du procès-verbal de placement sous scellés (Crim. 20 sept. 2011, n o 11-84.554 , D. 2012. 171, obs. Roth ).

307. Transports du juge. - Il n'est pas inutile de rappeler ici quelques éléments essentiels concernant les transports du juge.
Une importante difficulté réside en effet dans le fait que la reconstitution n'est pas codifiée et que les magistrats instructeurs
utilisent des techniques très différentes les unes des autres. La chambre criminelle a donc été amenée à rappeler certains
principes concernant l'interrogatoire sur les lieux de la reconstitution, méthode de plus en plus fréquente. Le principe est,
comme pour tout interrogatoire, de respecter les dispositions de l'article 114 du code de procédure pénale, les procès-
verbaux restant soumis aux formes imposées par le code de procédure pénale (Crim. 14 sept. 1985, Bull. crim. n o 285. - Crim.
26 sept. 1985, D. 1986. IR 120, obs. Pradel). Mais il est admis que si le magistrat instructeur est amené à interpeller sur place
la personne mise en examen, la partie civile ou les témoins, il ne saurait résulter aucune irrégularité de la constatation des
réponses faites dans le procès-verbal, dès lors que le transport est immédiatement suivi, soit sur place, soit dans le cabinet
du juge, d'un interrogatoire ou de confrontation dans les formes prévues par les articles 106 et suivants du code de
procédure pénale, le tout formant un acte unique (Crim. 5 juill. 1977, Bull. crim. n o 253 ; D. 1977. IR 396). Le procès-verbal de
transport n'étant en effet signé que du juge et du greffier (ces signatures sont substantielles : Crim. 16 déc. 1980, Bull. crim.
n o 350. - Il a pourtant été jugé que l'omission de celle du greffier ne portait pas atteinte aux droits de la défense : Crim.
26 sept. 1986, Bull. crim. n o 259), ne saurait contenir de déclarations des personnes ayant participé à la reconstitution, sauf,
selon la chambre criminelle, si des interrogatoires dans les règles ont été réalisés sans discontinuer (sur les différentes
formes de reconstitution, V. CHAMBON et C. GUÉRY, op. cit. [supra, n o 280], chap. 172).

3 0 8 . Actes qui ne sont pas des interrogatoires. - En revanche, ne sont pas des interrogatoires : les simples vérifications
matérielles sur l'emplacement des témoins ; les mentions explicatives de clichés photographiques illustrant la reconstitution
d'un crime, en s'appuyant sur des déclarations antérieures des parties (Crim. 28 juin 1988, Bull. crim. n o 293). Le procès-
verbal qui relate le refus des inculpés de participer à une reconstitution et qui contient uniquement des analyses ou
commentaires de clichés photographiques où figurent les faits et gestes des inculpés et tels qu'ils ont été reconstitués en leur
absence ne constitue pas des auditions de témoins, de sorte qu'il n'y a pas lieu de faire application des articles 101, 106 et
107 du code de procédure pénale, alors qu'il n'est pas allégué que ces mentions s'écartent des dépositions enregistrées au
cours de l'enquête de flagrance (Crim. 10 juill. 1991, n o 91-82.696 , Bull. crim. n o 298 ; Gaz. Pal. 1992. 1. Somm. 31. - Et
d'une façon générale, pour le procès-verbal qui s'appuie sur les déclarations antérieures des témoins, inculpés ou parties
civiles, V. Crim. 28 juin 1988, préc.).

309. Transport en dehors du ressort. - La décision du juge d'instruction de se transporter en dehors du ressort du tribunal,
portée à la connaissance des magistrats du ministère public des deux juridictions concernées, lui donne compétence non
seulement pour procéder aux actes d'instruction qui y sont spécifiés, mais aussi pour prendre toutes mesures qui en sont la
suite nécessaire. Il est donc vainement soutenu qu'un juge d'instruction qui s'est transporté au domicile d'une personne aux
fins de mise en examen et y a procédé à l'interrogatoire de première comparution, ne serait pas compétent pour prononcer
son placement sous contrôle judiciaire au prétendu motif qu'il ne pourrait prendre de décision juridictionnelle en dehors du
siège de sa juridiction (Crim. 14 oct. 1998, n o 98-83.377 , Bull. crim. n o 261 ; D. 1998. IR 255 ). La loi du 12 décembre
2005 a ajouté un nouvel alinéa à l'article 76 du code de procédure pénale permettant de saisir le JLD du tribunal du siège de
l'enquête même si la perquisition a lieu dans un autre ressort. Dans ce cas, le JLD peut se déplacer sur les lieux de la
perquisition, sur toute l'étendue du territoire national. Le ministère public peut également saisir le JLD du lieu de la
perquisition, par l'intermédiaire du parquet local. Les mêmes dispositions ont été prises pour les perquisitions en matière de
criminalité organisée (C. pr. pén., art. 76 et 706-92).

310. Transport en dehors du territoire national. - L'article 93-1 du code de procédure pénale, issu de la loi du 13 décembre 2011
(n o 2011-1862) dispose désormais que « si les nécessités de l'instruction l'exigent, le juge d'instruction peut, dans le cadre
d'une commission rogatoire adressée à un État étranger et avec l'accord des autorités compétentes de l'État concerné, se
transporter avec son greffier sur le territoire de cet État aux fins de procéder à des auditions. Il en donne préalablement avis
au procureur de la République de son tribunal ».

3 1 1 . Reconstitution en enquête de flagrance. - La Cour de cassation a admis que les enquêteurs peuvent réaliser une
reconstitution pendant l'enquête de flagrance (Crim. 26 févr. 2003, D. 2003. Somm. 1727, obs. Pradel ; Dr. pénal 2003.
Comm. 92, note Maron et Haas).

3 1 2 . Déplacement dans les locaux de police. - Le juge qui se déplace dans les locaux de police sans procéder à un acte
d'instruction, pour y exercer son pouvoir de contrôle des officiers de police judiciaire, n'effectue pas un transport sur les lieux
(Crim. 28 mai 1990, n o 89-83.915 , Bull. crim. n o 216). Cette précision figure désormais au texte puisque la loi du 9 mars
2004 a ajouté un alinéa à l'article 152 du code de procédure pénale ainsi libellé : « Le juge d'instruction peut se transporter,
sans être assisté de son greffier ni devoir en dresser procès-verbal, pour diriger et contrôler l'exécution de la commission
rogatoire, dès lors qu'il ne procède pas lui-même à des actes d'instruction. À l'occasion de ce transport, il peut ordonner la
prolongation des gardes à vue prononcées dans le cadre de la commission rogatoire. Dans tous les cas, mention de ce
transport est faite sur les pièces d'exécution de la commission rogatoire ».

313. Avis aux avocats ?. - Un arrêt important de la chambre criminelle a ajouté à la lettre de l'article 92 du code de procédure
pénale qui prévoit le transport sur les lieux : le conseil de la personne mise en examen doit recevoir avis du transport, dès que le
juge entend y procéder en compagnie de son client (Crim. 15 févr. 1990, n o 89-86.566 , Bull. crim. n o 78 ; D. 1990.
Somm. 379, obs. Pradel ; Gaz. Pal. 1990. 2. Somm. 509). Il convient de faire ici la différence entre la convocation prévue
par l'article 114 du code de procédure pénale et l'avis. La première reste indispensable si le juge entend procéder à
l'interrogatoire de la personne mise en examen, le second est indispensable même si ce n'est pas le cas. La chambre
criminelle a fait ici une référence remarquée à l'« égalité des armes », l'avis étant prévu par l'article 92 au profit du seul
ministère public. Néanmoins, un transport réalisé avec la personne mise en examen par des officiers de police judiciaire, pour
effectuer une perquisition par exemple, n'est pas soumis aux mêmes règles. En revanche, la reconstitution d'un itinéraire, à
laquelle il a été procédé sur commission rogatoire donnée à cette fin et exécutée par un officier de police judiciaire, est nulle
comme revêtant nécessairement le caractère d'un interrogatoire (Crim. 4 oct. 1968, Bull. crim. n o 245 ; D. 1968. 689, note
Baurès).

314. Perquisition effectuée par le juge d'instruction au domicile. - Est régulière la perquisition effectuée par le juge d'instruction
au domicile et en présence de la personne mise en examen, en l'absence de l'avocat qui n'a pas été avisé de ce transport,
dès lors que cet acte a été accompli dans le respect des formalités prévues aux articles 95, 57 et 59 du code de procédure
pénale et que la personne mise en examen n'a été soumise à aucun interrogatoire, confrontation ou reconstitution qui eût
impliqué l'information de son avocat, préalablement au transport décidé par le magistrat (Crim. 20 févr. 2002, n o 01-88.335
, Bull. crim. n o 41 ; JCP 2002. IV. 1650 ; Dr. pénal 2003. Comm. 27, note Maron et Haas). L'article 6, § 3, de la Convention EDH
n'exige pas que la personne ayant reçu notification officielle du fait qu'elle est suspectée d'avoir commis une infraction soit
assistée d'un avocat lorsqu'elle est présente à des actes (en l'espèce, une perquisition), au cours desquels elle n'est ni privée
de sa liberté, ni entendue sur les faits qui lui sont reprochés (Crim. 3 avr. 2013, n o 12-88.428 , Dalloz actualité 26 avr.
2013, obs. Léna). Il y a nullité lorsque la méconnaissance d'une formalité substantielle prévue par une disposition du code de
procédure pénale a porté atteinte aux droits de la partie qu'elle concerne. Il résulte de la combinaison des articles 57 et 95 du
code de procédure pénale que lorsqu'il procède à une perquisition au domicile de la personne mise en examen, le juge
d'instruction ou son délégataire doit agir en présence de celle-ci et, en cas d'impossibilité, l'inviter à désigner un représentant
de son choix. L'inobservation des formalités prévues par les dispositions du code de procédure pénale en matière de
perquisition et de saisie doit entraîner la nullité de la procédure, lorsqu'il en est résulté une atteinte aux intérêts de la partie
concernée. Encourt la censure l'arrêt qui, après avoir constaté l'irrégularité de la perquisition effectuée au domicile de la
personne mise en examen, a énoncé qu'il n'en résultait aucun grief alors que cette perquisition a déterminé la mise en
examen supplétive de l'intéressé (Crim. 3 avr. 2007, n o 07-80.807 , D. 2007. AJ 1422 ).

315. Perquisition dans les locaux d'une société. - À l'exception des perquisitions qui ont lieu dans le bureau du dirigeant social,
et auxquelles ce dernier, sauf application des articles 57, alinéa 2, 95 ou 96 du code de procédure pénale, doit
nécessairement assister, les perquisitions et saisies dans les locaux d'une société peuvent être pratiquées en la seule
présence d'une personne se comportant comme le représentant qualifié de cette société. Les juges ont pouvoir souverain de
décider que tel est le cas (Crim. 13 oct. 1998, D. 2000. 808, note Peltier . - Crim. 18 juin 2003, BICC 585, n o 1241 ;
Dr. pénal 2003. Comm. 116, note Maron. - Crim. 25 nov. 2003, AJ pénal 2004. 76, note J. L.-H .).

316. Réquisitions visant des documents. - L'article 99-3 du code de procédure pénale, issu de la loi du 9 mars 2004 et modifié
par celle n o 2007-297 du 5 mars 2007, sur la prévention de la délinquance, prévoit que le juge d'instruction ou l'officier de
police judiciaire qu'il a commis peut par tout moyen requérir de toute personne ou administration de lui remettre des
documents y compris issus d'un système informatique, sans que puisse lui être opposé le secret professionnel. Lorsque les
réquisitions concernent des personnes mentionnées aux articles 56-1 et 56-3, la remise des documents ne peut intervenir
qu'avec leur accord.

3 1 7 . Copie du disque dur d'un ordinateur. - Justifie sa décision la chambre de l'instruction qui, pour rejeter le moyen
d'annulation pris de l'irrégularité d'une perquisition à laquelle a procédé le juge d'instruction, en présence du bâtonnier, dans
un cabinet d'avocat, relève que des indices de participation à des faits délictueux existaient à l'encontre de cet avocat au jour
de cet acte et que la copie du disque dur du système informatique, effectuée par l'expert, assistant le magistrat, n'avait
d'autre but que de perturber le moins possible le fonctionnement du cabinet collectif, ladite copie ayant été placée sous
scellés et rien n'ayant été transcrit qui ne concernait la procédure (Crim. 14 nov. 2001, n o 01-85.965 , Bull. crim. n o 238).
Par ailleurs, lorsque des disquettes informatiques ou documents remis à un officier de police judiciaire ne sont que le support
d'informations demandées par celui-ci et conservées par l'auteur de la remise, il n'est pas nécessaire de procéder à leur saisie
en application de l'article 97 du code de procédure pénale (Crim. 30 oct. 2001, n o 01-84.779 , Bull. crim. n o 223 ; JCP 2001.
IV. 2323).

318. Local professionnel d'un mandataire judiciaire. - Le local professionnel d'un mandataire judiciaire n'est pas un local protégé
(Crim. 18 juin 2003, BICC 585, n o 1241 ; Procédures 2003. Comm. 222, note Buisson ; Dr. pénal 2003. Comm. 116, note
Maron).

3 1 9 . Absence de motivation de la saisie. - Justifie sa décision la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, pour rejeter la
demande d'annulation de la saisie, par le juge d'instruction, de correspondances adressées à une personne mise en examen,
retient qu'une telle mesure prise dans l'intérêt de la manifestation de la vérité n'a pas à être spécialement motivée (Crim.
7 juin 2000, D. 2000. IR 225 . - Sur les saisies, V. VICHNIEVSKY, La confiscation des biens illicites. Peine ou mesure de
prévention, LPA 31 oct. 2002).

3 2 0 . Ouverture de scellés fermés. - Le juge ne doit procéder à l'ouverture de scellés fermés avant envoi aux experts que
lorsque l'inventaire de ces scellés n'a pas déjà été réalisé. Avant de faire parvenir les scellés aux experts, le juge d'instruction
n'a pas à procéder à leur inventaire si celui-ci a déjà eu lieu précédemment (Crim. 14 mai 2002, n o 02-80.721 , Bull. crim.
n o 111. - Crim. 7 juill. 2005, n o 05-82.639 , inédit).

Art. 2 - Préservation du secret professionnel


321. Secret professionnel de l'avocat. - (V. Secret professionnel et Défense pénale. - V. égal. PY, Secret professionnel. Le
syndrome des assignats, AJ pénal 2004. 133 ). Le secret professionnel de l'avocat, tel qu'il résulte de l'article 66-5 de la loi
n o 71-1130 du 31 décembre 1971 modifiée par la loi n o 97-308 du 7 avril 1997, ne peut être entendu comme ayant un
caractère absolu, ce qui rendrait inopérantes les dispositions prises dans le cadre de la loi du 15 juin 2000 renforçant la
protection de la présomption d'innocence et les droits des victimes, sur le fondement desquelles est examinée la présente
procédure. Cependant, les atteintes au secret professionnel de l'avocat, lequel constitue une norme européenne, ne
sauraient être entendues de façon restrictive, ce qui n'autorise la saisie des consultations et correspondances échangées
entre un avocat et son client que si celles-ci révèlent de façon intrinsèque la commission, par l'avocat, d'une infraction en
qualité d'auteur principal ou de complice. En l'espèce, les trois pièces saisies ne révèlent pas en elles-mêmes une telle
participation délictuelle. Il n'y a pas lieu dès lors de faire droit à la demande de saisie desdits documents (TGI Paris, ord. prés.,
7 juill. 2000, Gaz. Pal. 2000. Somm. 1739). Si les pièces échangées entre l'avocat et ses clients sont couvertes par le secret
professionnel aux termes de l'article 66-5 de la loi du 31 décembre 1971, il n'en demeure pas moins que le juge d'instruction
tient des articles 96 et 97 du code de procédure pénale le pouvoir de saisir de telles pièces lorsqu'elles sont de nature à établir
la preuve de la participation de l'avocat à une infraction (Crim. 27 juin 2001, n o 01-81.865 , Bull. crim. n o 163 ; D. 2001.
IR 2947 . - Crim. 14 janv. 2003, Procédures 2003. Comm. 152, note Buisson. - Crim. 18 juin 2003, BICC 585, n o 1241 ;
Procédures 2002. Comm. 222, note Buisson ; Dr. pénal 2003. Comm. 116, note Maron). La loi du 12 décembre 2005 a modifié
les conditions formelles de perquisition chez un avocat. Elles ne peuvent désormais être effectuées que « par un magistrat et
en présence du bâtonnier ou de son délégué, à la suite d'une décision écrite et motivée prise par ce magistrat, qui indique la
nature de l'infraction ou des infractions sur lesquelles portent les investigations, les raisons justifiant la perquisition et l'objet
de celle-ci. Le contenu de cette décision est porté dès le début de la perquisition à la connaissance du bâtonnier ou de son
délégué par le magistrat. Celui-ci et le bâtonnier ou son délégué ont seuls le droit de consulter ou de prendre connaissance
des documents se trouvant sur les lieux préalablement à leur éventuelle saisie. Aucune saisie ne peut concerner des
documents relatifs à d'autres infractions que celles mentionnées dans la décision précitée. Les dispositions du présent alinéa
sont édictées à peine de nullité. Les autres dispositions (possibilité pour le bâtonnier de s'opposer à la saisie, pouvoirs du
JLD…) n'ont pas été modifiées (V. Perquisition - Saisie - Visite dom iciliaire).

322. Aucun principe ni aucune disposition légale ne fait obstacle, pour statuer, en application de l'article 56-1 du code de
procédure pénale, sur l'opposition du bâtonnier de l'Ordre à la saisie d'un document dans le cabinet ou le domicile d'un
avocat, à la compétence du juge des libertés et de la détention appartenant à la même juridiction que le juge d'instruction en
charge de l'information qui a procédé à la perquisition litigieuse, quand bien même celle-ci aurait été effectuée dans un autre
ressort (Crim. 22 juin 2005, n o 05-82.759 , Bull. crim. n o 190 ; JCP 2005. IV. 2828 ; Procédures 2005. Comm. 237, note
Buisson ; Dr. pénal 2005. Comm. 166, note Maron ; Gaz. Pal. 13-14 janv. 2006, p. 13, note Monnet). Le secret professionnel
doit également être préservé, y compris si la perquisition n'a pas lieu au domicile ou au cabinet de l'avocat : le pouvoir,
reconnu à l'officier de police judiciaire par les articles 56 et 76 du code de procédure pénale ou au juge d'instruction par
l'article 96 dudit code, de saisir les objets et documents utiles à la manifestation de la vérité trouve sa limite dans le principe
de la libre défense, qui commande de respecter la confidentialité des correspondances échangées entre un avocat et son
client, et qui sont liées à l'exercice des droits de la défense. Dès lors, encourt la cassation l'arrêt de la chambre de l'instruction
qui refuse d'annuler la saisie, effectuée au cours d'une perquisition au domicile de la personne mise en examen, d'un courrier
reçu de son avocat ayant trait à l'exécution d'une condamnation pénale, en l'espèce, un suivi sociojudiciaire, prononcée dans
une instance distincte (Crim. 13 déc. 2006, n o 06-87.169 , Bull. crim. n o 313).

323. Secret professionnel du ministre du Culte. - L'obligation imposée aux ministres du culte de garder le secret des faits dont
ils ont connaissance dans l'exercice de leur ministère ne met pas obstacle à ce que le juge d'instruction procède à la saisie de
tous documents, pièces ou objets utiles à la manifestation de la vérité. Ne donne pas de base légale à sa décision l'arrêt de la
chambre de l'instruction qui, dans une information relative à des viols imputés à un membre d'une congrégation religieuse,
annule la perquisition effectuée, conformément aux dispositions des articles 97, 56 et suivants du code de procédure pénale,
dans le bureau d'un vice-official chargé d'une enquête se rapportant à ces mêmes faits, au motif essentiel que « la recherche
d'une possible preuve, dans le dossier de la procédure canonique, pour être utilisée dans la procédure pénale laïque, plus
protectrice des droits de la personne mise en cause, peut être analysée comme un procédé déloyal, aboutissant à faire échec
aux règles de celle-ci, et aux droits de la défense ». De tels motifs ne permettent pas de caractériser l'existence d'un artifice
ou stratagème ayant vicié la recherche et l'établissement de la vérité (Crim. 17 déc. 2002, D. 2004. 302, note Bouvier-
Le Berre ; JCP 2003. IV. 1254 ; JCP 2003. II. 10036, note Rassat ; Gaz. Pal. 23-24 mai 2003, p. 12, concl. Commaret, note
Damien et Échappé ; Gaz. Pal. 10-11 sept. 2003, p. 28).

324. Criminalité organisée. - La loi du 9 mars 2004 renforce la spécificité des perquisitions réalisées dans certains domaines.
Un régime dérogatoire du droit commun existait déjà en ce qui concerne le terrorisme, les stupéfiants, le proxénétisme.
Désormais, c'est la « criminalité organisée » au sens de l'article 706-73 du code de procédure pénale qui est concernée. Si les
nécessités de l'enquête de flagrance l'exigent, le juge des libertés et de la détention du tribunal de grande instance, à la
requête du procureur de la République, ou le juge d'instruction, peut autoriser que les perquisitions, visites domiciliaires et
saisies de pièces à conviction soient opérées en dehors des heures prévues par l'article 59 lorsque ces opérations ne
concernent pas des locaux d'habitation (C. pr. pén., art. 706-90 et 706-91). En cas d'urgence, le juge d'instruction peut
également autoriser les officiers de police judiciaire à procéder à ces opérations dans les locaux d'habitation lorsqu'il s'agit
d'un crime ou d'un délit flagrant ou lorsqu'il existe un risque immédiat de disparition des preuves ou des indices matériels ; de
même lorsqu'il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu'une ou plusieurs personnes se trouvant dans les
locaux où la perquisition doit avoir lieu sont en train de commettre des crimes ou des délits entrant dans le champ
d'application de l'article 706-73. À peine de nullité, les autorisations prévues par les articles 706-89 à 706-91 sont données
pour des perquisitions déterminées et font l'objet d'une ordonnance écrite, précisant la qualification de l'infraction dont la
preuve est recherchée ainsi que l'adresse des lieux dans lesquels les visites, perquisitions et saisies peuvent être faites ;
cette ordonnance, qui n'est pas susceptible d'appel, est motivée par référence aux éléments de fait et de droit justifiant que
ces opérations sont nécessaires. Les opérations sont faites sous le contrôle du magistrat qui les a autorisées, et qui peut se
déplacer sur les lieux pour veiller au respect des dispositions légales. Dans le cas prévu par les 1, 2 et 3 de l'article 706-91,
l'ordonnance comporte également l'énoncé des considérations de droit et de fait qui constituent le fondement de cette
décision par référence aux seules conditions prévues par ces alinéas (C. pr. pén., art. 706-92). Ces opérations prévues ne
peuvent, à peine de nullité, avoir un autre objet que la recherche et la constatation des infractions visées dans la décision du
juge des libertés et de la détention ou du juge d'instruction. Le fait que ces opérations révèlent des infractions autres que
celles visées dans la décision du juge des libertés et de la détention ou du juge d'instruction ne constitue pas une cause de
nullité des procédures incidentes (C. pr. pén., art. 706-94. - V. Perquisition - saisie - v isite dom iciliaire).

325. Secret professionnel des médecins. - L'article 56-3 du code de procédure pénale dispose que « les perquisitions dans le
cabinet d'un médecin sont effectuées par un magistrat et en présence de la personne responsable de l'ordre ou de
l'organisation professionnelle à laquelle appartient l'intéressé ou de son représentant ». Le secret imposé au médecin ne met
pas obstacle à la saisie par le juge d'instruction, en présence d'un représentant de l'Ordre, d'un dossier médical relatif à
l'admission dans un hôpital d'une personne poursuivie, afin de vérifier si son état justifiait son hospitalisation ou était simulé
(Crim. 24 avr. 1969, Bull. crim. n o 145 ; D. 1969. 637, rapp. Chappar ; JCP 1970. II. 16306, note Savatier. - V. aussi Crim.
21 mai 1979, Bull. crim. n o 178).

326. Perquisition et remise volontaire. - Les règles de la perquisition n'ont pas à être observées lorsqu'un officier de police
judiciaire se transporte dans un service hospitalier, dont il a auparavant prévenu les responsables, et se borne à constater la
remise entre ses mains de dossiers médicaux qu'il place aussitôt sous scellés, en présence des membres de la direction, du
corps médical et de l'ordre des médecins, et sans qu'il résulte du procès-verbal qu'il ait été procédé à des investigations ou
pénétré dans un lieu constituant un cabinet médical (Limoges, 29 nov. 1994, BICC, n o 519. - Crim. 20 sept. 1995, n o 95-
81.140 , Bull. crim. n o 276). Lorsque les officiers de police judiciaire se sont présentés au siège de la société où la remise
des documents consultés et la prise de photocopies ont été librement consenties par le directeur d'exploitation, les règles de
la perquisition n'ont pas à être respectées (Crim. 10 mars 2004, Dr. pénal 2004. Comm. 97, note Maron).

327. Presse. - L'article 56-2 du code de procédure pénale disposait, jusqu'à sa modification par la loi du 4 janvier 2010 que
« les perquisitions dans les locaux d'une entreprise de presse ou de communication audiovisuelle ne peuvent être effectuées
que par un magistrat qui veille à ce que les investigations conduites ne portent pas atteinte au libre exercice de la profession
de journaliste et ne constituent pas un obstacle ou n'entraînent pas un retard injustifiés à la diffusion de l'information ». La loi
du 4 janvier 2010 a modifié les règles de perquisition en les copiant largement sur celles qui concernent les avocats. L'article
56-2 du code de procédure pénale s'applique dès lors que la perquisition a lieu « dans les locaux d'une entreprise de presse,
d'une entreprise de communication audiovisuelle, d'une entreprise de communication au public en ligne, d'une agence de
presse, dans les véhicules professionnels de ces entreprises ou agences ou au domicile d'un journaliste lorsque les
investigations sont liées à son activité professionnelle ». Ces perquisitions :…1 o ne peuvent être effectuées que par un
magistrat ;…2 o sur décision écrite et motivée indiquant la nature de l'infraction ou des infractions sur lesquelles portent les
investigations, ainsi que les raisons justifiant la perquisition et l'objet de celle-ci ;…3 o le contenu de cette décision est porté
dès le début de la perquisition à la connaissance de la personne présente en application de l'article 57, c'est-à-dire la
personne au domicile duquel la perquisition a lieu ;…4 o seuls le magistrat et cette personne ont le droit de prendre
connaissance des documents ou des objets découverts lors de la perquisition préalablement à leur éventuelle saisie ;…5 o le
magistrat qui effectue la perquisition veille à ce que les investigations conduites respectent le libre exercice de la profession
de journaliste, ne portent pas atteinte au secret des sources en violation de l'article 2 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté
de la presse et ne constituent pas un obstacle ou n'entraînent pas un retard injustifié à la diffusion de l'information ;…6 o la
personne peut s'opposer à la saisie d'un document ou de tout objet si elle estime que cette saisie serait irrégulière au regard
des conditions précédemment exposées. Le document ou l'objet doit alors être placé sous scellés fermés. Ces opérations font
l'objet d'un procès-verbal mentionnant les objections de la personne, qui n'est pas joint au dossier de la procédure. Si
d'autres documents ou objets ont été saisis au cours de la perquisition sans soulever de contestation, ce procès-verbal est
distinct de celui prévu par l'article 57. Ce procès-verbal ainsi que le document ou l'objet placé sous scellés fermés sont
transmis sans délai au juge des libertés et de la détention, avec l'original ou une copie du dossier de la procédure. Aucune
saisie ne peut concerner des documents ou des objets relatifs à d'autres infractions que celles mentionnées dans la décision
ordonnant la perquisition. Dans les cinq jours de la réception des pièces, le juge des libertés et de la détention statue sur la
contestation par ordonnance motivée non susceptible de recours. À cette fin, il entend le magistrat qui a procédé à la
perquisition et, le cas échéant, le procureur de la République, ainsi que la personne en présence de qui la perquisition a été
effectuée. Il peut ouvrir le scellé en présence de ces personnes. Si le journaliste au domicile duquel la perquisition a été
réalisée n'était pas présent lorsque celle-ci a été effectuée, notamment s'il a été fait application du deuxième alinéa de l'article
57, il peut se présenter devant le juge des libertés et de la détention pour être entendu par ce magistrat et assister, si elle a
lieu, à l'ouverture du scellé. S'il estime qu'il n'y a pas lieu à saisir le document ou l'objet, le juge des libertés et de la détention
ordonne sa restitution immédiate, ainsi que la destruction du procès-verbal des opérations et, le cas échéant, la cancellation
de toute référence à ce document, à son contenu ou à cet objet qui figurerait dans le dossier de la procédure. Dans le cas
contraire, il ordonne le versement du scellé et du procès-verbal au dossier de la procédure. Cette décision n'exclut pas la
possibilité ultérieure pour les parties de demander la nullité de la saisie devant, selon les cas, la juridiction de jugement ou la
chambre de l'instruction. Les dispositions édictées par l'article 56-2 le sont à peine de nullité.

3 2 8 . Jurisprudence sur les perquisitions en entreprise de presse (antérieure à la loi du 4 janv. 2010). - Les mesures
préparatoires, telle la pose de scellés, ne peuvent être assimilées à la perquisition elle-même (Crim. 29 nov. 1995, n o 95-
83.951 , Bull. crim. n o 363 ; D. 1996. Somm. 257 ; JCP 1996. IV. 441). Une perquisition effectuée dans une entreprise de
presse alors qu'il s'agit du seul moyen susceptible d'aider à la recherche des auteurs et complices d'une infraction d'atteinte à
l'intimité de la vie privée est nécessaire et proportionnée au but poursuivi et n'est pas contraire aux dispositions de l'article 10
de la Convention européenne des droits de l'homme (Crim. 5 déc. 2000, n o 00-85.695 , Bull. crim. n o 362 ; RSC 2001. 604,
obs. Francillon ; JCP 2001. II.10615, obs. Conte). Si l'article 10 de la Convention européenne des droits de l'homme
reconnaît, en son paragraphe 1 er, à toute personne le droit à la liberté d'expression, ce texte prévoit, en son paragraphe 2,
que l'exercice de cette liberté comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités,
conditions, restrictions ou sanctions, prévues par la loi, qui constituent, dans une société démocratique, des mesures
nécessaires notamment à la nécessité de se prémunir contre des agissements de nature à entraver la manifestation de la
vérité, à la préservation d'informations confidentielles et à la protection des droits d'autrui, au nombre desquels figure la
présomption d'innocence. Justifie sa décision, au regard du texte précité, la chambre de l'instruction qui, dans une information
suivie des chefs de violation du secret de l'instruction et recel à la suite de la publication dans deux organes de presse
d'articles reproduisant in extenso des procès-verbaux d'une instruction relative à des faits de dopage dans le milieu du
cyclisme professionnel, refuse d'annuler des perquisitions réalisées aux sièges des journaux et au domicile personnel de
journalistes, la saisie des relevés des communications passées par les journalistes dans les jours précédant la parution des
articles en cause, la transcription de la conversation d'un journaliste avec un policier dont la ligne était écoutée, par des motifs
qui établissent que ces ingérences de l'autorité publique étaient nécessaires et proportionnées au but légitime visé (Crim.
30 oct. 2006, n o 06-85.693 , Bull. crim. n o 258 ; JCP 2006. IV. 3304 ; RSC 2007. 106, obs. Francillon ).

Art. 3 - Préservation du secret défense


3 2 9 . Loi du 29 juillet 2009 (n o 2009-928). - Cette loi a ajouté un article 56-4 au code de procédure pénale. Lorsqu'une
perquisition est envisagée dans un lieu précisément identifié, abritant des éléments couverts par le secret de la défense
nationale, la perquisition ne peut être réalisée que par un magistrat en présence du président de la Commission consultative
du secret de la défense nationale ou par l'un de ses représentants. La liste de ces lieux est établie de façon précise et
limitative par arrêté du Premier ministre et le magistrat doit vérifier si le lieu dans lequel il souhaite effectuer une perquisition
figure sur cette liste. La perquisition ne peut être effectuée qu'en vertu d'une décision écrite du magistrat qui indique au
président de la Commission consultative du secret de la défense nationale les informations utiles à l'accomplissement de sa
mission. Le président de la Commission ou son représentant se transporte sur les lieux sans délai. Au commencement de la
perquisition, le magistrat porte à la connaissance du président de la Commission ou de son représentant, ainsi qu'à celle du
chef d'établissement ou de son délégué, ou du responsable du lieu, la nature de l'infraction ou des infractions sur lesquelles
portent les investigations, les raisons justifiant la perquisition, son objet et les lieux visés par cette perquisition. Seul le
président de la Commission consultative du secret de la défense nationale, son représentant et, s'il y a lieu, les personnes qui
l'assistent peuvent prendre connaissance d'éléments classifiés découverts sur les lieux. Le magistrat ne peut saisir, parmi les
éléments classifiés, que ceux relatifs aux infractions sur lesquelles portent les investigations. Si les nécessités de l'enquête
justifient que les éléments classifiés soient saisis en original, des copies sont laissées à leur détenteur. Chaque élément
classifié saisi est, après inventaire par le président de la Commission consultative, placé sous scellés. Les scellés sont remis
au président de la Commission consultative du secret de la défense nationale qui en devient gardien. Les opérations relatives
aux éléments classifiés saisis ainsi que l'inventaire de ces éléments font l'objet d'un procès-verbal qui n'est pas joint au
dossier de la procédure et qui est conservé par le président de la Commission consultative. Dans une troisième partie,
l'article 56-4 prévoyait l'hypothèse de la perquisition envisagée dans un lieu classifié au titre du secret de la défense nationale
dans les conditions définies à l'article 413-9-1 du code pénal qui devait se dérouler dans des conditions similaires au premier
cas exposé ci-dessus. La perquisition devait alors être précédée d'une décision de déclassification temporaire du lieu aux fins
de perquisition et ne pouvait être entreprise que dans les limites de la déclassification ainsi décidée. Ces dispositions ont été
déclarées contraires à la Constitution par le Conseil constitutionnel saisi d'une question prioritaire de constitutionnalité
(V. infra, n o 330).

3 3 0 . Décision du Conseil constitutionnel du 10 novembre 2011. - Le Conseil constitutionnel a déclaré les dispositions
législatives relatives aux lieux classifiés et au régime de perquisition dans ces lieux contraires à la Constitution (n o 2011-192
QPC, Dr. pénal 2011. Comm. 158, obs. Maron et Haas ; D. 2011. 2721, note Rome ; JCP 2012, n o 176, note Lepage).
L'ensemble des autres dispositions relatives aux informations classifiées au titre du secret de la défense nationale ont été
jugées conformes à la Constitution. Selon le Conseil, en créant ce dispositif de classification de lieux, le législateur a opéré,
entre les exigences constitutionnelles précitées, une conciliation déséquilibrée, contraire à la Constitution. En conséquence, le
Conseil a censuré les dispositions du paragraphe III de l'article 56-4 du code de procédure pénale, celles des articles 413-9-1,
413-10-1 et 413-11-1 du code pénal, celles du troisième alinéa de l'article L. 2312-1, du quatrième alinéa de l'article L. 2312-4,
celles de l'article L. 2312-7-1 du code de la défense, ainsi que, par voie de conséquence, les mots « et d'accéder à tout lieu
classifié » figurant au deuxième alinéa de l'article L. 2312-5 du même code. Le Conseil constitutionnel a reporté la date de
cette déclaration d'inconstitutionnalité au 1 er décembre 2011. Le décret n o 2011-1691 du 30 novembre 2011 (JO 1 er déc.),
portant abrogation de dispositions du code de la défense, tire également les conséquences de la décision du Conseil en
abrogeant les dispositions réglementaires relatives aux lieux classifiés (V. aussi infra, n o 332).

331. Perquisition « dans tout lieu ». - Lorsqu'à l'occasion d'une perquisition dans tout lieu, on découvre des éléments couverts
par le secret de la défense nationale, le magistrat présent sur le lieu ou immédiatement avisé par l'officier de police judiciaire
doit en informer le président de la Commission consultative du secret de la défense nationale. Les éléments classifiés sont
placés sous scellés, sans en prendre connaissance, par le magistrat ou l'officier de police judiciaire qui les a découverts, puis
sont remis ou transmis, par tout moyen en conformité avec la réglementation applicable aux secrets de la défense nationale,
au président de la Commission afin qu'il en assure la garde. Les opérations relatives aux éléments classifiés font l'objet d'un
procès-verbal qui n'est pas joint au dossier de la procédure. La déclassification et la communication des éléments ainsi placés
sous scellés relèvent de la procédure prévue par les articles L. 2312-4 et suivants du code de la défense.

332. Décrets et arrêtés du 30 novembre 2011. - Deux décrets (n os 2011-1691 et 2011-1692) et deux arrêtés (JO 1 er déc. 2011)
modifient l'arrêté du 21 juin 2010 fixant en application de l'article R. 2311-9-1 du code de la défense la liste des lieux abritant
des éléments couverts par le secret de la défense nationale, et visent à prendre en compte la décision du Conseil après avoir
modifié la liste des lieux abritant des éléments couverts par le secret de la défense nationale. Les « lieux classifiés » ont donc
été supprimés mais resteront des « lieux abritants » soumis au régime de l'article 56-4, I, du code de procédure pénale (à ce
sujet, V. Circ. CRIM 2010-13/G1 du 25 juin 2010 relative au secret de la défense nationale).

Art. 4 - Saisies pénales spéciales


333. Loi n o 2010-768 du 9 juillet 2010. - Visant à faciliter la saisie et la confiscation en matière pénale elle a mis en place un
dispositif de saisie sous main de justice de biens corporels ou incorporels pouvant faire l'objet de confiscation. Cette procédure
étend donc le champ de la saisie pénale. Parallèlement les possibilités de confiscation ont largement été étendues puisque
l'article 131-21 du code pénal dispose, depuis sa modification par la loi n o 2007-297 du 5 mars 2007, que « la peine
complémentaire de confiscation est encourue de plein droit pour les délits punis d'une peine d'emprisonnement supérieure à
un an ». La confiscation porte désormais sur tous les biens meubles ou immeubles ayant servi à commettre l'infraction ou qui
étaient destinés à la commettre et dont le condamné est propriétaire ou dont il a la libre disposition. Elle porte également sur
tous les biens qui sont l'objet ou le produit direct ou indirect de l'infraction, à l'exception des biens susceptibles de restitution
à la victime. Lorsqu'il s'agit d'un crime ou d'un délit puni d'au moins cinq ans d'emprisonnement et ayant procuré un profit
direct ou indirect, la confiscation porte également sur les biens meubles ou immeubles sous certaines conditions, modifiées
par la loi n o 2012-409 du 27 mars 2012.

334. Décision de saisie. - La saisie est ordonnée par le procureur de la République sur autorisation du juge des libertés et de
la détention dans le cadre de l'enquête préliminaire ou de flagrance. Elle est ordonnée par le juge d'instruction lorsqu'il a été
saisi (C. pr. pén., art. 706-42). L'ordonnance doit être notifiée au ministère public, au propriétaire du bien saisi et aux tiers
connus ayant des droits sur le bien qui peuvent la contester devant la chambre de l'instruction dans le délai de dix jours
suivant la notification. L'appel contre ces ordonnances n'est pas suspensif. Les procédures civiles d'exécution en cours portant
sur le bien saisi sont suspendues. Si la saisie pénale est prépondérante, elle ne modifie pas l'ordre des créanciers (C. pr. pén.,
art. 706-145 et 706-146).

335. Saisie immobilière. - La saisie pénale immobilière porte sur la totalité de l'immeuble. Elle doit être publiée au bureau des
hypothèques du lieu de situation du bien et ne devient opposable qu'à compter de la date de cette publication. Les formalités
ne doivent pas être réalisées par le juge d'instruction mais par l'Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et
confisqués (AGRASC). Le magistrat instructeur doit seulement remplir un formulaire particulier et l'adresser à l'Agence.

3 3 6 . Saisie de biens incorporels. - Les articles 706-153 et suivants du code de procédure pénale prévoient la procédure
applicable à tous les biens et droits incorporels qui sont susceptibles de confiscation. Le ministère public, le propriétaire du
bien ainsi que les tiers ayant des droits sur ces mêmes biens peuvent déférer l'ordonnance de saisie devant la chambre de
l'instruction dans le délai de dix jours à compter de sa notification. Ce texte concerne notamment la saisie des comptes
bancaires. La loi du 14 mars 2011, dite « LOPPSI 2 », a modifié l'article 706-154 du code de procédure pénale, et prévoit
désormais, dans son alinéa premier, la possibilité pour le procureur de la République ou le magistrat instructeur d'autoriser
par tout moyen un OPJ à procéder à la saisie d'une somme d'argent versée sur un compte ouvert auprès d'un établissement
habilité par la loi à tenir des comptes de dépôt. Le juge des libertés et de la détention, saisi par le procureur de la République
ou le juge d'instruction lorsqu'une information est ouverte, se prononce par ordonnance motivée sur le maintien ou la
mainlevée de la saisie dans un délai de dix jours à compter de sa réalisation. Les OPJ doivent enjoindre à l'établissement de
crédit de transférer les sommes saisies à l'AGRASC. La loi organise également la saisie de créances de sommes d'argent, de
créances résultant d'un contrat d'assurance vie, de valeurs mobilières… La saisie pénale de sommes inscrites au crédit de
comptes bancaires des époux poursuivis du chef de faux et usage de faux, travail dissimulé et blanchiment de fraude fiscale
constitue une saisie de patrimoine nécessitant l'avis préalable du ministère public (Crim. 11 juill. 2012, n o 12-82.050 , JCP
2012, p. 989 ; Dr. pénal 2012. Comm. 138).

3 3 7 . Saisie sans dépossession. - L'article 706-158 du code de procédure pénale dispose qu'au « cours de l'enquête de
flagrance ou de l'enquête préliminaire, le juge des libertés et de la détention, saisie par requête du procureur de la
République, peut autoriser par ordonnance motivée la saisie, aux frais avancés du Trésor, des biens dont la confiscation est
prévue par l'article 131-21 du code pénal sans en dessaisir le propriétaire ou le détenteur. Le juge d'instruction peut, au cours
de l'information, ordonner cette saisie dans les mêmes conditions ».

338. Saisie du patrimoine. - Aux termes des cinquième et sixième alinéas de l'article 131-21 du code pénal, la confiscation de
tout ou partie du patrimoine est possible dans les cas où l'origine des biens ne peut être établie et où l'enquête porte sur une
infraction punie d'au moins cinq ans d'emprisonnement et lorsque la loi prévoit la confiscation de tout ou partie des biens du
condamné. Il importe donc de vérifier systématiquement pour chaque infraction si la confiscation peut être ordonnée sans
autre condition, ou si elle peut être ordonnée uniquement dans les cas où l'origine des biens ne peut être établie. Cette
nuance est susceptible d'être déterminante pour la régularité de la saisie.

339. Remise aux domaines pour affectation à des services de police, de gendarmerie ou des douanes. - La loi du 14 mars 2011 a
ajouté un alinéa à l'article 99-2 du code de procédure pénale, selon lequel, « lorsque le maintien de la saisie serait de nature
à diminuer la valeur du bien, le juge d'instruction peut également ordonner, sous réserve des droits des tiers, de remettre au
service des domaines, en vue de leur affectation à titre gratuit par l'autorité administrative et après que leur valeur a été
expertisée, à des services de police, des unités de gendarmerie ou des services de l'administration des douanes qui
effectuent des missions de police judiciaire, des biens meubles placés sous main de justice appartenant aux personnes
poursuivies, dont la conservation n'est plus nécessaire à la manifestation de la vérité et dont la confiscation est prévue par la
loi. En cas de non-lieu, de relaxe ou d'acquittement, ou lorsque la peine de confiscation n'est pas prononcée, le propriétaire
qui en fait la demande obtient la restitution du bien, assortie s'il y a lieu d'une indemnité compensant la perte de valeur qui a
pu résulter de l'usage du bien ». L'article 99 de la loi du 14 mars 2011 prévoit que le directeur départemental de la sécurité
publique ou le commandement de groupement de gendarmerie peut demander au procureur de la République de saisir le juge
des libertés et de la détention ou, si une information judiciaire a été ouverte, le juge d'instruction, aux fins que ce dernier
autorise que ceux de ses biens qui ne sont plus nécessaires à la manifestation de la vérité et dont la conservation
entraînerait une charge financière pour l'État soit remis, sous réserve des droits des tiers, à l'Agence de gestion et de
recouvrement des avoirs saisis et confisqués en vue de leur aliénation. Mais le juge d'instruction ne peut ordonner qu'un bien
meuble placé sous main de justice soit remis au service des domaines qu'à la condition que ce bien appartienne à une
personne poursuivie (Crim. 22 janv. 2013, n o 12-81.046 , Dalloz actualité 26 févr. 2013, obs. W inckelmuller).

340. Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués. - La loi du 9 juillet 2010 crée également une nouvelle
agence dite de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués. Son activité a débuté officiellement le 15 janvier
2011. Cette agence est un établissement public administratif placé sous la tutelle conjointe du ministre de la Justice et du
ministre du Budget. Sa mission principale consiste à assurer la conservation de la chose ou sa valorisation. L'AGRASC voit ses
missions précisées par les articles 706-160 et suivants du code de procédure pénale. Ses missions impératives consistent
principalement dans la gestion centralisée de toutes les sommes saisies lors de procédures pénales, qu'il s'agisse de
numéraire ou de sommes inscrites au crédit d'un compte, ou encore de créances… L'Agence peut également vendre avant
jugement les biens dont l'aliénation a été décidée, détruire ou aliéner des biens dont elle était chargée d'assurer la gestion,
publier au bureau des hypothèques les décisions opérant des saisies pénales immobilières. L'AGRASC peut aussi, sur mandat
de justice, gérer tous les biens, quelle que soit leur nature, saisis, confisqués ou faisant l'objet d'une mesure conservatoire au
cours d'une procédure pénale, qui lui sont confiés, car ils nécessitent pour leur conservation ou leur valorisation des actes
d'administration. La loi du 13 décembre 2011 a complété le dispositif en permettant au procureur de la République de déposer
des sommes en espèces saisies sur un compte ouvert auprès d'un établissement bancaire par l'AGRASC, et non plus
seulement auprès de la Caisse des dépôts et consignations ou à la Banque de France (modifications des art. 56 et 97 c. pr.
pén.).

Chapitre 4 - Pouvoirs propres du juge d'instruction


341. Actes obligatoires. - Longtemps, le seul acte obligatoire prévu par le code de procédure pénale découlait de l'article 81,
alinéa 6 : l'enquête de personnalité est obligatoire en matière criminelle. Toutefois, ce principe ne déroge pas, selon la
jurisprudence de la chambre criminelle, à celui selon lequel les juridictions d'instruction ont le droit et l'obligation de clore leur
information lorsqu'elles estiment que celle-ci est complète (Crim. 5 avr. 1960, Bull. crim. n o 210. - Crim. 1 er déc. 1960, D. 1961.
385, note M.R.M.P. - Crim. 23 nov. 1965, Bull. crim. n o 246. - Crim. 17 mai 1966, Bull. crim. n o 150. - Crim. 4 avr. 2007, n o 07-
80.246 , inédit, Dr. pénal 2007. Comm. 110, dans une espèce où le juge d'instruction avait tout de même effectué lui-même
diverses auditions de témoins de moralité et donc réalisé lui-même cette enquête). Par ailleurs, le juge peut commettre,
suivant le cas, le service pénitentiaire d'insertion et de probation (SPIP), le service compétent de la protection judiciaire de la
jeunesse (PJJ) ou toute association habilitée. À moins qu'elles n'aient été prescrites par le ministère public, ces diligences
doivent l'être par le juge d'instruction chaque fois qu'il envisage de placer en détention provisoire un majeur âgé de moins de
21 ans au moment des faits, lorsque la peine encourue n'excède pas cinq ans d'emprisonnement (C. pr. pén., art. 81, al. 7) ou
un mineur (Ord. n o 45-174 du 2 févr. 1945, art. 12). Une nouvelle obligation a vu le jour avec l'entrée en vigueur de la loi
n o 98-468 du 17 juin 1998 : les personnes poursuivies pour l'une des infractions spécifiées à l'article 706-47 du code de
procédure pénale doivent être soumises, avant le jugement sur le fond, à une expertise médicale. L'expert est interrogé sur
l'opportunité d'une injonction de soins dans le cadre d'un suivi sociojudiciaire (C. pr. pén., art. 706-47. - V. Détention
prov isoire et Peine [Exécution]). L'une des lois n o 2007-308 du 5 mars 2007, portant réforme de la protection juridique des
majeurs (JO 7 mars), a ajouté divers articles au code de procédure pénale et notamment l'article 706-115 qui prévoit que « la
personne poursuivie [dès lors qu'il s'agit d'un majeur protégé] doit être soumise avant tout jugement au fond à une expertise
médicale afin d'évaluer sa responsabilité pénale au moment des faits ».

342. Pouvoirs propres et pouvoirs délégables. - Certains des pouvoirs analysés ci-dessous sont réellement des pouvoirs qui
ressortissent à la seule compétence du magistrat instructeur. Il en est ainsi notamment de la mise en examen et des
interrogatoires de la personne mise en examen. D'autres peuvent exceptionnellement être réalisés sur commission rogatoire :
c'est le cas de l'audition de la partie civile ou du témoin assisté.

Section 1 - Mise en examen


343. Principe. Terminologie. - Le principe de la mise en examen et le terme sont nés de la loi du 4 janvier 1993. La différence
fondamentale avec le régime antérieur est que l'inculpation ne pouvait être accomplie que par la première comparution qui
était le moment solennel à la fois de la notification des faits et de la qualification retenue, mais aussi le point de départ des
droits des parties. Le régime nouveau multipliait les modes de mise en examen. Mais la loi du 15 juin 2000 est revenue en
arrière en décidant que la première comparution devait précéder, sauf exception, la mise en examen. En même temps, elle
conditionne la mise en examen à la réunion de certains indices. Sous l'égide de la loi antérieure, le juge d'instruction avait « le
pouvoir de mettre en examen toute personne à l'encontre de laquelle il existe des indices laissant présumer qu'elle a
participé, comme auteur ou complice, aux faits dont il est saisi » (C. pr. pén., art. 80-1, al. 1 er). Le même article, dans sa
rédaction issue de la loi du 15 juin 2000 dispose qu'« à peine de nullité, le juge d'instruction ne peut mettre en examen que
les personnes à l'encontre desquelles il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu'elles aient pu
participer, comme auteur ou comme complice, à la commission des infractions dont il est saisi. Il ne peut procéder à cette mise
en examen qu'après avoir préalablement entendu les observations de la personne ou l'avoir mise en mesure de les faire, en
étant assistée par son avocat, soit dans les conditions prévues par l'article 116 relatif à l'interrogatoire de première
comparution, soit en tant que témoin assisté conformément aux dispositions des articles 113-1 à 113-8. Le juge d'instruction
ne peut procéder à la mise en examen de la personne que s'il estime ne pas pouvoir recourir à la procédure de témoin
assisté » (C. GUÉRY, La mise en examen par le juge d'instruction après l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, JCP 2001.
I. 359. - GIUDICELLI, Le témoin assisté et la personne mise en examen. Vers un nouvel équilibre ?, RSC 2001. 43 .-
BOULOC, Le témoin, le témoin assisté, le mis en examen, Rev. pénit. 2003. 649). La circonstance qu'aucun élément nouveau
n'ait été recueilli entre la date de l'audition en qualité de témoin et celle de la mise en examen ne saurait impliquer l'absence,
à l'encontre de la personne concernée, d'indices graves ou concordants, dès lors qu'il résulte de l'article 80-1 du code de
procédure pénale qu'une personne à l'encontre de laquelle il existe de tels indices peut être entendue comme témoin, sa mise
en examen étant laissée à la seule appréciation du juge d'instruction (Crim. 14 mai 2002, n o 02-80.721 , Bull. crim. n o 111).
Est régulière la mise en examen d'un témoin assisté, décidée à tout moment de la procédure par le juge d'instruction, dès lors
que la loi n'impose pas d'autre condition que l'existence, à l'encontre de la personne concernée, d'indices graves ou
concordants de participation à la commission de l'infraction dont est saisi le magistrat, et ne formule aucune exigence sur le
moment auquel apparaissent de tels indices (Crim. 29 mars 2006, n o 06-80.273 , Bull. crim. n o 375 ; Gaz. Pal. 25-26 oct.
2006, p. 8. - Crim. 13 sept. 2011, n o 11-82.051 , JCP 2011, p. 1159. - V. aussi infra, n o 408).

3 4 4 . Absence d'indices graves ou concordants. - Lorsqu'elle a constaté l'absence d'indices graves ou concordants rendant
vraisemblable que la personne mise en cause ait pu participer, comme auteur ou complice, à la commission de l'infraction dont
le juge d'instruction est saisi, la chambre de l'instruction est tenue d'en prononcer l'annulation (Crim. 1 er oct. 2003, JCP 2003.
Actu. 531 ; JCP 2003. IV. 2892 ; D. 2004. 1845, note Sanchez ). Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 5 mars 2007 (sur ce
point, le 1 er juillet de la même année), il est possible sous certaines conditions, pour une personne mise en examen, de
solliciter l'attribution du statut de témoin assisté (V. infra, n o 353).

345. Retarder le plus possible la mise en examen. - L'intention du législateur est de retarder le plus possible la mise en examen,
qui demeure toujours, malgré l'abandon du terme d'« inculpé », une flétrissure sociale. On notera les termes utilisés qui vont
tous dans le sens d'une limitation : le juge « ne peut procéder » à la mise en examen qu'après avoir recueilli les observations
de la personne ; il « ne peut » procéder à la mise en examen que s'il estime ne pas pouvoir recourir à la procédure de témoin
assisté. Et surtout, la mise en examen est désormais assujettie à la réunion d'indices graves ou concordants. La terminologie
n'a pas été choisie par hasard par le législateur. Les travaux parlementaires montrent les incertitudes qui ont prévalu avant le
choix de ces termes (on a longtemps pensé qu'on parlerait d'indices « précis, graves ou concordants »). Il a parfaitement été
perçu, par ailleurs, que l'article 105 du code de procédure pénale évoquait quant à lui des indices graves et concordants. Le
législateur a donc pensé que les indices graves ou concordants constitueraient le plancher de la mise en examen ou le début
de la faculté, pour le juge d'instruction, de mettre en examen alors que la réunion d'indices graves et concordants obligerait le
juge à mettre en examen. La formule peut séduire, mais n'est exacte qu'à moitié. La réunion d'indices graves et concordants
ne contraint pas le juge à mettre en examen, mais ne lui permet plus d'entendre la personne comme témoin, ce qui est plus
qu'une nuance (V. C. GUÉRY, Les paliers de la vraisemblance pendant l'instruction préparatoire, JCP 1998. I. 140. - CHAMBON
et C. GUÉRY, op. cit. [supra, n o 280], n os 91.21 s.).

3 4 6 . Libre appréciation du moment de la notification d'une mise en examen. - Sous réserve de ces dispositions, le juge
d'instruction demeure maître d'apprécier l'opportunité du moment de la notification d'une mise en examen après avoir, le cas
échéant, procédé à toutes investigations utiles (Crim. 14 févr. 1984, Bull. crim. n o 58. - Crim. 12 juin 1990, n o 90-81.775 ,
Bull. crim. n o 241). Il est du devoir du juge d'instruction de n'inculper une personne qu'après s'être éclairé sur le point de
savoir si elle a pris part à l'acte incriminé dans des conditions de nature à engager sa responsabilité pénale (Crim. 4 janv.
1987, Bull. crim. n o 5). Cette jurisprudence ancienne a été réaffirmée (Crim. 13 oct. 1998, D. 2000. 808, note Peltier ).
Justifie sa décision la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, pour écarter un grief tiré de la violation de l'article 105 du
code de procédure pénale, retient que le juge d'instruction était fondé à faire vérifier, par l'audition d'une personne, la
vraisemblance des indices la concernant, sa mise en cause ne résultant que d'écoutes téléphoniques et de surveillance. En
effet, le magistrat instructeur a la faculté de ne mettre en examen une personne déterminée qu'après s'être éclairé,
notamment en faisant procéder à son audition en qualité de témoin, sur sa participation aux agissements incriminés dans des
conditions pouvant engager sa responsabilité (Crim. 23 mars 1999, n o 98-86.263 , Bull. crim. n o 51). Les dispositions de
l'article 105 du code de procédure pénale sont prescrites dans l'intérêt exclusif des personnes concernées (Crim. 15 févr.
2011, n os 07-83.640 et 09-87.947 , Bull. crim. n o 23 ; D. 2011. 2231, obs. Pradel ).

347. Notion de personne « mise en cause ». - Tant que le juge d'instruction n'a pas décidé de l'attribution du statut de mise en
examen ou de témoin assisté, la personne qui comparaît devant lui n'est ni l'un ni l'autre. Les logiciels informatiques nomment
cette personne « personne mise en cause », terminologie que nous adopterons. La personne déférée devant le juge
d'instruction est donc une « personne mise en cause » qui peut bénéficier d'un certain nombre de droits, dont celui d'être
assistée d'un avocat - c'est pourquoi nous l'avions appelée « personne assistée » (V. C. GUÉRY et ROLLAND, Les houles
inutiles. Propos sur le nouveau statut du témoin assisté, Gaz. Pal. 4-5 oct. 2000, p. 2 s.). Comme le témoin assisté, elle peut
ou non demander à bénéficier de l'assistance d'un avocat. À la différence du témoin assisté, elle a été informée que le juge
envisageait sa mise en examen. Ce n'est qu'avec l'annonce de sa mise en examen ou de l'octroi du statut de témoin assisté
que la personne change de statut.

348. Personne nommément visée par le réquisitoire. - Avant l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, un sort particulier
était fait à la personne nommément visée par le réquisitoire du procureur de la République. Lorsque le juge d'instruction
estimait ne pas devoir mettre en examen une personne nommément visée par le réquisitoire du procureur de la République, il
pouvait l'entendre comme témoin après lui avoir donné connaissance de ce réquisitoire. Cette personne bénéficiait des droits
reconnus aux personnes mises en examen. Il s'agissait d'un cas particulier de témoin assisté, dit « de l'article 105 ». La
situation est désormais intégrée au statut unique du témoin assisté (V. infra, n os 397 s.). Toute personne mise en cause par
une plainte avec constitution de partie civile et contre laquelle le ministère public a requis nommément l'ouverture d'une
information doit être considérée comme mise en examen au sens de l'article 116 du code de procédure pénale et s'avère
nécessairement partie à l'instance, quand bien même elle n'aurait pas été mise en examen par le juge d'instruction (Crim.
2 juill. 1998, n o 97-83.666 , Bull. crim. n o 214 ; JCP 1999. II. 10085, note Jeandidier).

349. La mise en examen peut-elle être déléguée ?. - La possibilité, pour la personne mise en cause, de s'expliquer avant que le
juge ne décide de son éventuelle mise en examen posait un certain nombre de difficultés concernant la faculté ouverte au
juge d'instruction de faire procéder à l'interrogatoire de première comparution par un autre juge territorialement mieux placé.
On pouvait en effet se demander s'il était possible de déléguer un pouvoir d'appréciation. Il demeurait possible de solliciter
seulement l'audition comme témoin assisté, la mise en examen pouvant se faire par lettre recommandée en fin d'information,
voire sur délégation postérieure puisque la personne s'est alors déjà expliquée comme témoin assisté. La loi du 9 mars 2004
a expressément prévu la possibilité de délégation, selon des modalités étudiées ci-dessous (V. infra, n o 384).

3 5 0 . Mandat. - La personne ayant fait l'objet d'un mandat n'est plus mise en examen par le fait de sa délivrance depuis
l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000. La délivrance d'un mandat d'arrêt par le juge d'instruction ne confère pas, à celui
qui en est l'objet, la qualité de personne mise en examen (Crim. 14 mai 2002, n o 02-80.721 , Bull. crim. n o 111). La loi du
9 mars 2004 apporte quelques précisions sur le sort qui doit être réservé à une personne qui comparaît sur mandat.
L'article 122 du code de procédure pénale dispose que « le juge d'instruction est tenu d'entendre comme témoins assistés les
personnes contre lesquelles il a été décerné un mandat de comparution, d'amener ou d'arrêt sauf à les mettre en examen
conformément aux dispositions de l'article 116. Ces personnes ne peuvent être mises en garde à vue pour les faits ayant
donné lieu à la délivrance du mandat ». Le juge peut donc choisir entre deux options : entendre la personne comme personne
mise en cause (sur cette notion, V. supra, n o 347) et décider, après avoir recueilli ses observations, si elle est mise en
examen ou témoin assisté, ou entendre la personne ab initio comme témoin assisté. La loi du 9 mars 2004 ne fait donc que
préciser expressément l'une des conséquences de la nouvelle mise en examen, instaurée par la loi du 15 juin 2000 : on peut
délivrer un mandat contre une personne qui ne sera pas, finalement, mise en examen (V. Mandats).

351. Nullité des actes accomplis : délais. - Sous peine d'irrecevabilité, la personne mise en examen doit faire état des moyens
pris de la nullité des actes accomplis avant son interrogatoire de première comparution ou de cet interrogatoire lui-même dans
un délai de six mois à compter de la notification de sa mise en examen, sauf dans le cas où elle n'aurait pu les connaître. Il en
est de même pour la partie civile à compter de sa première audition (C. pr. pén., art. 173-1 nouv.). Ce mécanisme a été
instauré par la loi du 15 juin 2000 puis modifié par celle du 9 septembre 2002 et ses dispositions ont été étendues au témoin
assisté par la loi du 9 mars 2004. Le délai de forclusion institué par l'article 173-1 du code de procédure pénale entré en
vigueur le 1 er janvier 2001, qui impose à la personne poursuivie, à peine d'irrecevabilité, de présenter dans les six mois
suivant la notification de sa mise en examen toute demande d'annulation de son interrogatoire de première comparution ou
d'actes antérieurs, ne commence à courir qu'à compter de la date d'entrée en vigueur dudit article, lorsque la mise en examen
a été notifiée avant cette date (Crim. 19 sept. 2001, n o 01-85.188 , Bull. crim. n o 184). Une mise en examen supplétive,
intervenue après jonction d'une procédure distincte, n'a pas d'effet sur l'écoulement du délai de six mois prévu par
l'article 173-1 du code de procédure pénale (Crim. 4 avr. 2002, n o 02-80.156 , Bull. crim. n o 79 ; D. 2002. IR 1808 ; JCP
2002. IV. 1893. - Crim. 10 juill. 2002, D. 2003. Somm. 33, obs. Pradel ; JCP 2002. IV. 2614).

352. Passage du statut de témoin assisté à celui de mis en examen. - La mise en examen d'un témoin assisté, décidée à tout
moment de la procédure par le juge d'instruction, est régulière, dès lors que la loi n'impose pas d'autre condition que
l'existence, à l'encontre de la personne concernée, d'indices graves ou concordants de participation à la commission de
l'infraction dont est saisi le magistrat et ne formule aucune exigence sur le moment auquel apparaissent de tels indices (Crim.
29 mars 2006, n o 06-80.273 , Bull. crim. n o 375 ; Gaz. Pal. 25-26 oct. 2006, p. 8. - Crim. 13 sept. 2011, n o 11-82.051 , JCP
2011, p. 1159).

353. Passage du statut de mis en examen à celui de témoin assisté. - La loi du 5 mars 2007 a, dans un nouvel article 80-1-1
instauré la possibilité pour la personne mise en examen de solliciter l'attribution du statut de témoin assisté. Si elle estime
que les conditions prévues par les premier et troisième alinéas de l'article 80-1 ne sont plus remplies, elle peut présenter une
demande dès lors que six mois se sont écoulés depuis sa mise en examen, ou dans « les dix jours qui suivent la notification
d'une expertise ou un interrogatoire au cours duquel la personne est entendue sur les résultats d'une commission rogatoire
ou sur les déclarations de la partie civile, d'un témoin, d'un témoin assisté ou d'une autre personne mise en examen ». Le
juge d'instruction statue sur cette demande après avoir sollicité les réquisitions du ministère public. Si le juge d'instruction fait
droit à la demande, il informe la personne qu'elle bénéficie du statut de témoin assisté. Si la personne est détenue, le juge
ordonne sa mise en liberté d'office. Si le juge d'instruction estime que la personne doit rester mise en examen, il statue par
ordonnance motivée faisant état des indices graves ou concordants justifiant sa décision. Cette « démise en examen »
(V. C. GUÉRY, La loi du 5 mars 2007 et l'instruction préparatoire, AJ pénal 2007. 105 ) semble le premier pas vers une mise
en examen de nature juridictionnelle. Le juge d'instruction n'a pas encore à motiver la mise en examen, mais il se doit de
justifier son maintien.

354. Impossibilité pour une partie civile de solliciter une mise en examen. - Alors que le ministère public peut solliciter la mise en
examen de toute personne, il n'en est pas de même pour la partie civile. En effet, l'article 82-2 du code de procédure pénale
n'autorise les parties privées qu'à solliciter un acte utile à la manifestation de la vérité. Or, la mise en examen n'est pas un
acte utile à la manifestatoin de la vérité mais seulement l'attribution d'un statut particulier (Crim. 15 févr. 2011, n o 10-87.468
; Dr. pénal 2011. Comm. 56, par Maron et Haas ; JCP 2011, p. 421 ; D. 2011. 680 ). Par ailleurs, la chambre de
l'instruction ne peut prononcer d'office l'annulation d'une mise en examen sans avoir permis aux parties d'en débattre (Crim.
26 juin 2012, n o 12-80.319 , JCP 2012, p. 932 ; AJ pénal 2012. 604, obs. Lasserre Capdeville ).

Section 2 - Interrogatoire de première comparution


355. Prérogative exclusive du juge. - Il ne peut être procédé à l'interrogatoire de première comparution que par le magistrat
instructeur ou par un magistrat commis rogatoirement, à l'exclusion d'un officier de police judiciaire. Les mêmes règles de
forme doivent être respectées devant le magistrat commis qui doit se conformer aux dispositions de l'article 116 (Crim. 5 avr.
1960, Bull. crim. n o 210, à l'époque de l'art. 114). L'ancien article 116-1 du code de procédure pénale disposait que « lorsque
la personne mise en examen en fait la demande écrite, il doit être procédé à la première comparution. Le juge d'instruction
accomplit cet acte dans les quinze jours de la réception de la demande ». Cet article a été abrogé par la loi du 15 juin 2000.
Le moment auquel se tient l'interrogatoire de première comparution est toujours une prérogative du juge d'instruction.

356. Lieux. - La loi n'exige pas qu'il soit procédé à ces actes sur les lieux mêmes de l'infraction. Il peut y être procédé dans
des lieux voisins, comme par exemple un hôpital (Crim. 7 janv. 1932, Bull. crim. n o 1) ou dans un commissariat de police (Crim.
30 juin 1932, Bull. crim. n o 161).

357. Témoin assisté. - L'article 116 du code de procédure pénale prend le soin, dans sa mouture issue de la loi du 15 juin
2000, de préciser que « lorsqu'il envisage de mettre en examen une personne qui n'a pas déjà été entendue comme témoin
assisté, le juge d'instruction procède à sa première comparution selon les modalités prévues par le présent article »
(C. pr. pén., art. 116, al. 1 er). Lorsque la personne a déjà été entendue comme témoin assisté, les règles régissant
l'interrogatoire de première comparution sont prévues à partir de l'alinéa 7 de l'article 116. En effet, celles qui régissent le
début de l'audition du témoin assisté sont similaires. La principale différence tient dans la possibilité de mettre en examen le
témoin assisté sans lui avoir auparavant demandé de formuler des observations et sans avoir donné la parole à son conseil.
La mise en examen du témoin assisté est d'ailleurs possible par lettre recommandée (C. pr. pén., art. 113-8. - V. infra, n o
409).

358. Délais de présentation prévus par la loi du 9 mars 2004. - Il n'existait, avant l'entrée en vigueur de la loi du 9 mars 2004,
aucun délai particulier entre la fin de la garde à vue et le moment de la présentation effective devant le juge d'instruction. Ce
vide juridique avait pu entraîner des abus. Désormais, « toute personne ayant fait l'objet d'un défèrement à l'issue de sa
garde à vue à la demande du procureur de la République comparaît le jour même devant ce magistrat ou, en cas d'ouverture
d'une information, devant le juge d'instruction saisi de la procédure. Il en est de même si la personne est déférée devant le
juge d'instruction à l'issue d'une garde à vue au cours d'une commission rogatoire, ou si la personne est conduite devant un
magistrat en exécution d'un mandat d'amener ou d'arrêt » (C. pr. pén., art. 803-2). Toutefois, en cas de nécessité, la
personne peut comparaître le jour suivant et peut être retenue à cette fin dans des locaux de la juridiction spécialement
aménagés, à la condition que cette comparution intervienne au plus tard dans un délai de vingt heures à compter de l'heure à
laquelle la garde à vue a été levée, à défaut de quoi, l'intéressé est immédiatement remis en liberté (C. pr. pén., art. 803-3).
Ces dispositions ne sont pas applicables lorsque la garde à vue a duré plus de soixante-douze heures (C. pr. pén., art. 803-3,
al. 4). Un registre spécial est tenu sur lequel sont portées les heures d'arrivée et de conduite devant le magistrat. La
personne peut s'alimenter, faire prévenir un membre de sa famille et s'entretenir avec son avocat (C. pr. pén., art. 803-3).

359. Décisions du Conseil constitutionnel. - Le Conseil constitutionnel a déclaré conforme à la Constitution les articles 803-3
(Cons. const. 17 déc. 2010, n o 2010-80 QPC, avec une réserve d'interprétation reprise par la loi du 14 avr. 2011) puis 803-2
(Cons. const. 6 mai 2011, n o 2011-125 QPC ) du code de procédure pénale. La loi du 14 avril 2011 a modifié le seul article
803-3. Désormais, le magistrat devant lequel l'intéressé est appelé à comparaître est informé sans délai de l'arrivée de la
personne déférée dans les locaux de la juridiction. Par ailleurs, « lorsque la garde à vue a été prolongée mais que cette
prolongation n'a pas été ordonnée par le juge des libertés et de la détention ou par un juge d'instruction, la personne
retenue doit être effectivement présentée à la juridiction saisie ou, à défaut, au juge des libertés et de la détention avant
l'expiration du délai de vingt heures ». Les dispositions nouvelles ne sont pas applicables lorsque la personne comparaît à la
suite d'une garde à vue qui n'a pas été prolongée, ou à la suite d'une garde à vue prolongée par le juge des libertés ou de la
détention ou par le juge d'instruction ou le juge des enfants. La mainlevée de la garde à vue, susceptible de faire courir le
délai légal de vingt heures entre la levée de garde à vue et la comparution devant un magistrat, ne devient effective qu'au
moment de la notification de la fin de cette mesure, et non au moment où le procureur de la République a donné les
instructions sur l'heure de cette levée (Crim. 26 oct. 2004, n o 04-84.550 , Bull. crim. n o 255 ; AJ pénal 2005. 31, obs. Coste
).

Art. 1 - Procès-verbal
360. Forme. - Le procès-verbal de première comparution est établi dans les formes prévues aux articles 106 et 107 du code
de procédure pénale (C. pr. pén., art. 121), et en double exemplaire (art. 81, al. 2). Le procès-verbal ne peut comporter aucun
interligne. Les ratures et les renvois sont approuvés par le juge d'instruction, le greffier, la personne mise en examen et s'il y
a lieu, par l'interprète. À défaut d'approbation, ces ratures et ces renvois sont non avenus (C. pr. pén., art. 107). Sans être en
elle-même une cause de nullité (Crim. 25 avr. 1913, DP 1914. 5. 14), cette situation pourrait le devenir si le défaut
d'approbation de la rature ou du renvoi laissait un doute sur l'accomplissement d'une formalité substantielle (même arrêt. -
Crim. 26 avr. 1935, Gaz. Pal. 1936. 1. 168. - V. Procès- v erbal).

3 6 1 . Signature. - Chaque page du procès-verbal est signée du juge, du greffier, de la personne mise en examen et de
l'interprète s'il y a lieu (C. pr. pén., art. 106. - V. égal. infra, n os 419 s.). Les surcharges sont assimilées aux ratures et renvois
(Crim. 12 nov. 1964, Bull. crim. n o 295). Si la personne mise en examen ne sait pas lire, lecture lui en est faite par le greffier ;
si elle ne veut ou ne peut signer, mention en est portée sur le procès-verbal (C. pr. pén., art. 106). À défaut de signature du
juge, du greffier, de la personne mise en examen et, s'il y a lieu, de l'interprète, le procès-verbal est non avenu (C. pr. pén.,
art. 107, al. 2. - Crim. 6 juin 1974, Bull. crim. n o 206. - Crim. 11 déc. 1974, Bull. crim. n o 367 ; D. 1975. IR 19). Les mentions du
procès-verbal, même imprimées, authentifiées par les signatures, font foi jusqu'à inscription de faux (Crim. 10 août 1906,
DP 1909. 1. 23. - Crim. 23 juin 1921, Bull. crim. n o 264. - Crim. 21 déc. 1944, D. 1945. 253. - Crim. 18 avr. 1972, Bull. crim.
n o 130). Il importe peu que les mentions soient imprimées (Crim. 5 juin 1975, Bull. crim. n o 146), dactylographiées ou
manuscrites. Ne constituent pas des pièces de la procédure les procès-verbaux de première comparution non encore signés
dans l'attente du débat contradictoire prévu en matière de détention provisoire. En effet, les mentions relatives au débat
contradictoire prescrit par l'article 145, alinéa 4, du code de procédure pénale font partie intégrante du procès-verbal de
première comparution qui ne peut dès lors être signé qu'au moment de sa clôture. Il s'ensuit qu'un avocat ne peut faire valoir
qu'il n'a pu obtenir communication des procès-verbaux de première comparution, non encore signés, de deux coexaminés,
avant le débat contradictoire, pour demander l'annulation du procès-verbal de première comparution de son client (Rennes,
25 janv. 1996, BICC 433, n o 735).

3 6 2 . Cosaisine. - Aucune disposition légale n'impose, en cas de cosaisine de juges d'instruction, que l'interrogatoire de
première comparution soit effectué par le juge chargé de l'information (Crim. 19 août 2009, n o 09-83.942 , Bull. crim.
n o 144 ; Dr. pénal 2009, n o 131, note Maron et Haas ; AJ pénal 2009. 454, obs. Lasserre Capdeville ).

363. Assistance du greffier. - L'assistance du greffier est obligatoire à l'interrogatoire de première comparution. La mention sur
les procès-verbaux de l'empêchement du greffier attaché au cabinet d'instruction et de son remplacement par une personne
étrangère au service implique à la fois l'empêchement de tous les agents énumérés aux articles R. 812-11 et R. 812-12 du
code de l'organisation judiciaire et la nécessité de recourir, pour dresser les procès-verbaux, à l'assistance d'un citoyen
majeur ayant prêté le serment prévu par la loi (Crim. 15 déc. 1981, Bull. crim. n o 331). Les articles 106 et 121 du code de
procédure pénale n'exigent pas que le nom du greffier soit mentionné sur le procès-verbal. Il suffit, pour désigner le greffier,
que sa signature figure au bas de chacune des pages de l'acte (Crim. 2 mai 1968, Bull. crim. n o 136). Le juge qui saisit des
photographies remises par l'inculpé [la personne mise en examen] à l'appui d'un mémoire déposé devant la chambre
d'accusation [de l'instruction] commet un acte nul en raison de l'absence de son greffier, mais l'irrégularité ne porte pas
atteinte aux intérêts de l'inculpé qui a été interrogé postérieurement à l'acte critiqué, alors que ses conseils avaient eu
connaissance de la procédure sans élever de protestation (Crim. 26 sept. 1986, Bull. crim. n o 259).

364. Interprète. - Le juge d'instruction peut faire appel à un interprète majeur, à l'exclusion de son greffier et des témoins.
L'interprète, s'il n'est pas assermenté, prête serment d'apporter son concours à la justice en son honneur et en sa conscience
(C. pr. pén., art. 102, al. 2). Lorsqu'un procès-verbal d'interrogatoire d'un inculpé énonce que l'interprète a prêté le serment
requis par la loi, cette mention est dépourvue d'équivoque et établit qu'il a été satisfait aux prescriptions de l'article 102 du
code de procédure pénale (Crim. 20 nov. 1984, Bull. crim. n o 360 ; JCP 1986. II. 20546, note Chambon). Le juge d'instruction
ne méconnaît pas l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme en choisissant comme interprète une amie de
la victime, dès lors qu'il ne s'agit pas d'un témoin (Crim. 15 janv. 1992, n o 91-83.553 , Bull. crim. n o 15 ; D. 1992. IR 141
. - À propos d'Agen, 10 nov. 2003, V. GARÇON, Le droit à l'assistance d'un interprète impartial au cours de la garde à vue,
AJ pénal 2004. 152 ).

365. Autres personnes pouvant être présentes dans le cabinet du magistrat. - Justifie sa décision la chambre d'accusation [de
l'instruction] qui rejette la demande d'annulation de l'interrogatoire de première comparution auquel assistaient les officiers
de police judiciaire enquêteurs. En effet, la présence à cet acte d'instruction des officiers de police judiciaire ayant procédé à
l'audition en garde à vue de la personne mise en examen, qui n'est pas interdite par le code de procédure pénale, ne
constitue pas une violation du secret de l'instruction dès lors que les fonctionnaires de police ayant concouru à l'enquête sont
tenus au secret professionnel en vertu de l'article 11, alinéa 2, du code de procédure pénale. Par ailleurs, le demandeur qui a
accepté de s'expliquer en présence de son avocat ne saurait invoquer, en la circonstance, une violation des droits de la
défense (Crim. 17 oct. 2000, BICC 527, n o 42). Si la présence d'un stagiaire non assermenté (en l'espèce, stagiaire ENA) lors
de l'interrogatoire de première comparution constitue une violation du secret de l'instruction, cette violation n'entraîne pas la
nullité de l'acte, le mis en examen ou son conseil n'ayant formulé aucune opposition à cette présence et s'en étant rapportés,
devant la chambre d'accusation [de l'instruction], sur la demande d'annulation présentée par le procureur de la République
pour ce motif. L'irrégularité, résultant de la présence d'un tiers, n'a pas porté atteinte aux intérêts du demandeur (Crim.
27 avr. 2000, JCP 2000. IV. 1941).

366. Personne mise en examen mal-entendante. - Si la personne mise en examen est mal-entendante, le juge d'instruction
nomme d'office, pour l'assister lors de l'information, un interprète en langue des signes ou toute personne qualifiée maîtrisant
un langage ou une méthode permettant de communiquer avec les personnes mal-entendantes. Si la personne mise en
examen sait lire et écrire, le juge d'instruction peut également communiquer avec elle par écrit (C. pr. pén., art. 121, al. 3).

Art. 2 - Formalités
§ 1 - Identité, faits, qualification
367. Identité. - Lors de la première comparution de la personne qu'il envisage de mettre en examen, le juge d'instruction
constate l'identité de la personne et lui fait connaître expressément chacun des faits dont il est saisi et pour lesquels elle est
mise en examen, ainsi que la qualification juridique de ces faits. Le juge d'instruction peut poser toutes les questions utiles
sur l'identité de l'intéressé (Crim. 28 juill. 1899, S. 1902. 1. 60). La circonstance que la personne refuse d'indiquer son identité
et la langue qu'elle comprend ne peut faire obstacle à sa mise en examen (Crim. 30 mars 2004, n o 04-81.147 , Bull. crim.
n o 79 ; JCP 2004. IV. 2058 ; AJ pénal 2004. 248, note Leblois-Happe ; Dr. pénal 2004. Comm. 28, note Maron).
368. Connaissance des faits et de leur qualification. - Mention des faits et de leur qualification juridique est portée au procès-
verbal (C. pr. pén., art. 116, al. 2). Les faits notifiés sont ceux visés au réquisitoire à raison desquels l'information est suivie
contre l'intéressé (Crim. 8 déc. 1899, DP 1903. 1. 457, note Le Poittevin). Il n'est pas nécessaire de lui communiquer les pièces
du dossier (Crim. 2 mai 1903, DP 1905. 1. 23), ni de porter à sa connaissance les qualifications attribuées aux faits par les
réquisitions du parquet (Crim. 31 mars 1944, Bull. crim. n o 91). Saisi in rem, le juge d'instruction ne peut notifier que les faits
visés dans les réquisitions du parquet ou figurant dans la plainte avec constitution de partie civile ou les pièces annexées au
réquisitoire ou à la plainte (Crim. 23 janv. 1979, Bull. crim. n o 29. - V. supra, n os 150 s.).

369. Faits connus. - L'information est limitée aux seuls faits connus, sans qu'il soit préjugé de leur véracité à vérifier au cours
de l'information, ou de l'incrimination définitive (Crim. 3 janv. 1985, Bull. crim. n o 5). Une jurisprudence traditionnelle admettait
que le juge pouvait se contenter de mentionner au procès-verbal de première comparution qu'il avait fait connaître au
contrevenant « les faits qui lui étaient imputés », l'article 114 (désormais art. 116) n'imposant pas la consignation par écrit
des circonstances qui motivent l'inculpation (Crim. 18 avr. 1972, Bull. crim. n o 130. - Crim. 5 juin 1975, Bull. crim. n o 146 ;
D. 1975. IR 160 ; JCP 1976. II. 18243, note Chambon). Ainsi, le juge n'était pas tenu de mentionner le montant d'un
détournement en matière d'abus de confiance (Crim. 17 nov. 1986, Bull. crim. n o 342). Cette exigence est désormais prévue
au texte (C. pr. pén., art. 116). L'intention du législateur semble avoir été de souhaiter plus de précision, ce qui conduit la
plupart des magistrats instructeurs à préciser chacun des faits imputés, comme le souligne le texte. Toutefois, la chambre
criminelle a estimé que « la mention, portée sur un procès-verbal de première comparution, que le juge d'instruction a fait
connaître à la personne mise en examen chacun des faits dont il est saisi en vertu d'un réquisitoire introductif, ainsi que leur
qualification juridique, satisfait aux prescriptions de l'article 116 du code de procédure pénale qui n'exigent pas que soient
explicités par écrit les faits et circonstances qui motivent la mise en examen » (Crim. 8 oct. 1998, BICC 486, n o 107 ; Gaz. Pal.
19-20 mars 1999 ; JCP 1999. IV. 1349).

3 7 0 . Mises en examen supplétives. - Traditionnellement, le juge d'instruction qui a fait connaître, lors de la première
comparution, les faits imputés à la personne, n'a pas l'obligation de se conformer aux prescriptions de l'ancien article 114
(désormais art. 116) pour notifier une nouvelle inculpation de tentative de meurtre après celle de violence avec arme (Crim.
24 juin 1980, Bull. crim. n o 204). De façon plus générale encore, il ne résulte d'aucun texte que le magistrat instructeur doive
renouveler, à l'occasion de chaque mise en examen supplétive, les formalités d'avertissement prévues par l'article 116,
alinéa 3, du code de procédure pénale pour l'interrogatoire de première comparution (Crim. 26 juin 1995, n o 95-82.333 ,
Bull. crim. n o 235 ; JCP 1995. IV. 2380). La jurisprudence avait ainsi pu rappeler que l'absence de notification préalable d'une
inculpation supplétive n'entraîne pas la nullité de l'interrogatoire portant sur les faits qui auraient dû en être l'objet, lorsque la
personne entendue a pu, en sa qualité d'inculpé [mis en examen], bénéficier au cours de cet interrogatoire de l'assistance
d'un avocat dans les conditions prévues par l'article 118 du code de procédure pénale, applicable en la cause (Crim. 16 déc.
1997, BICC 468, n o 313). La question est plus sensible depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000. Désormais, il
existe un principe suivant lequel la mise en examen doit être précédée de la possibilité, pour la personne, de s'expliquer dans
un interrogatoire ou de faire des déclarations spontanées. La jurisprudence précitée pourrait bien se trouver obsolète. En
pratique, qu'il s'agisse d'une qualification nouvelle plus haute ou d'une mise en examen supplétive, le magistrat instructeur
informe la personne mise en examen de la qualification nouvelle et de l'existence de faits nouveaux. Il procède alors à son
interrogatoire sur ces faits, puis offre au conseil la possibilité de présenter des observations sur la mise en examen
envisagée. Mentions de ces formalités sont portées au procès-verbal. Le magistrat instructeur annonce ensuite si la personne
est mise en examen sous la nouvelle qualification ou non, ou si elle est mise en examen ou témoin assisté pour les faits
nouvellement notifiés. La chambre criminelle a refusé de transmettre au Conseil constitutionnel une question prioritaire de
constitutionnalité ainsi rédigée : « Les dispositions des articles 80-1, 80-2, 113-1 à 113-8, 114, 116 du code de procédure
pénale sont-elles contraires aux articles 7, 9 et 16 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen ainsi qu'à l'article 34
de la Constitution, en ce qu'elles ne prévoient pas, en cas de mise en examen supplétive, l'avertissement du droit de se
taire ? ». Elle a estimé que la question ne présentait pas de caractère sérieux « dès lors que ce droit a déjà été notifié à
l'intéressé lors de sa mise en examen initiale et que la présence de l'avocat est expressément prévue lors de l'interrogatoire
au cours duquel il sera procédé par le juge d'instruction à la mise en examen supplétive » (Crim. 26 sept. 2012, n o 12-80.750
, D. 2012. 2607 ).

§ 2 - Assistance d'un avocat


371. Droit à être assisté d'un avocat. - (V. Défense pénale). Avant l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, le régime
distinguait selon que l'avocat avait été ou non dûment convoqué. En effet, l'intéressé pouvait avoir été mis en examen au
préalable par le biais d'une lettre recommandée ou par un officier de police judiciaire. Dans le cas où l'avocat avait été dûment
convoqué, le juge d'instruction pouvait procéder à son interrogatoire. Dans les autres cas, le juge d'instruction avisait la
personne mise en examen de son droit de choisir un avocat ou de demander qu'il lui en soit désigné un d'office. Nombre de
ces principes subsistent après l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, mais l'économie du texte est tout de même
sensiblement différente.

3 7 2 . Article 80-2 du code de procédure pénale. - Le texte distingue désormais selon qu'il a ou non été fait application des
dispositions de l'article 80-2 du code de procédure pénale. Celui-ci dispose que « le juge d'instruction peut informer une
personne par lettre recommandée qu'elle est convoquée, dans un délai qui ne peut être inférieur à dix jours ni supérieur à
deux mois (le délai était d'un mois avant la modification apportée par la loi du 9 sept. 2002), pour qu'il soit procédé à sa
première comparution dans les conditions prévues par l'article 116. Cette lettre indique la date et l'heure de la convocation.
Elle donne connaissance à la personne de chacun des faits dont ce magistrat est saisi et pour lesquels la mise en examen est
envisagée, tout en précisant leur qualification juridique. Elle fait connaître à la personne qu'elle a le droit de choisir un avocat
ou de demander qu'il lui en soit désigné un d'office, ce choix ou cette demande devant être adressé au greffe du juge
d'instruction. Elle précise que la mise en examen ne pourra intervenir qu'à l'issue de la première comparution de la personne
devant le juge d'instruction. Le juge d'instruction peut également faire notifier cette convocation par un officier de police
judiciaire. Cette notification comprend les mentions prévues à l'alinéa précédent ; elle est constatée par un procès-verbal
signé par la personne qui en reçoit copie. L'avocat choisi ou désigné est convoqué dans les conditions prévues par
l'article 114 ; il a accès au dossier de la procédure dans les conditions prévues par cet article ». On retrouve donc des règles
proches de celles applicables avant l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, mais alors qu'auparavant il s'agissait de
règles de mise en examen, il ne s'agit plus désormais que de règles de convocation pour un interrogatoire de première
comparution d'une personne dont la mise en examen est envisagée.

3 7 3 . Effets des formalités de l'article 80-2. - Le respect des formalités de l'article 80-2 est une faculté ouverte au juge
d'instruction : lorsque la personne est déférée, lorsqu'elle est présentée à l'issue de sa garde à vue sur commission rogatoire
ou sur mandat d'amener ou d'arrêt, il est certain que les formalités prévues par le texte ne seront pas respectées. De la
même façon, ce texte n'empêche pas le juge d'instruction de convoquer une personne en suivant d'autres règles. La
convocation par lettre ne mentionnant aucune des prescriptions définies par l'article 80-2 demeure valable, tout comme une
convocation pour un délai plus bref que dix jours ou plus long que deux mois. Le seul effet juridique du respect de l'article 80-
2 est de permettre au juge d'instruction de procéder d'emblée à un interrogatoire au fond : aucune disposition de l'article 116
du code de procédure pénale ne subordonne la validité de l'interrogatoire de première comparution à l'envoi préalable d'une
convocation respectant les dispositions de l'article 80-2 du même code, le recours à une telle convocation ne constituant,
selon les dispositions de ce dernier texte, qu'une possibilité laissée à la libre appréciation du juge d'instruction (Versailles,
9 mai 2001, BICC, n o 1022).

374. Procédure si l'article 80-2 a été respecté et si l'avocat est présent. - Dans l'hypothèse où l'article 80-2 a été respecté, c'est-
à-dire où le juge a convoqué l'intéressé dans un délai non inférieur à dix jours mais non supérieur à deux mois, que la lettre
portait les indications sur les faits, la qualification juridique, le fait que la mise en examen ne pourrait intervenir qu'à l'issue de
la première comparution, il convient encore de prendre garde à la présence du conseil qui doit avoir été convoqué dans les
délais de l'article 114. L'exigence est désormais supérieure à ce qu'elle était sous l'égide des textes antérieurs à l'an 2000. En
effet, il ne suffit pas que le conseil ait été dûment convoqué, il faut également qu'il soit présent. Si toutes ces conditions sont
réunies, le magistrat instructeur peut alors procéder à un interrogatoire sur le fond.

375. Procédure applicable « dans les autres cas ». - Dans les autres cas, le juge d'instruction avise la personne de son droit de
choisir un avocat ou de demander qu'il lui en soit désigné un d'office. L'avocat choisi ou, dans le cas d'une demande de
commission d'office, le bâtonnier de l'ordre des avocats en est informé par tout moyen et sans délai. Si l'avocat choisi ne peut
être contacté ou ne peut se déplacer, la personne est avisée de son droit de demander qu'il lui en soit désigné un d'office
pour l'assister au cours de la première comparution. L'avocat peut consulter sur-le-champ le dossier et communiquer librement
avec la personne. Le juge d'instruction avertit ensuite la personne qu'elle a le choix soit de se taire, soit de faire des
déclarations, soit d'être interrogée. Mention de cet avertissement est faite au procès-verbal. L'accord pour être interrogé ne
peut être donné qu'en présence d'un avocat. L'avocat de la personne peut également présenter ses observations au juge
d'instruction. C'est cette procédure qui est le plus souvent utilisée puisqu'elle concerne tous les déferrements sur
présentation du parquet ou après une garde à vue sur commission rogatoire.

376. Refus d'être interrogé. - Dans le cas où l'intéressé refuse d'être interrogé, le juge ne peut pas poser de questions à
l'inculpé [la personne mise en examen], ni discuter ses dires, ni mettre en doute sa parole ; il doit se borner à recueillir ses
déclarations (Crim. 28 févr. 1974, Bull. crim. n o 88). Les mentions du procès-verbal constatant qu'il a été procédé
conformément à ce texte font foi jusqu'à l'inscription de faux dès lors qu'il ne résulte pas du procès-verbal lui-même que le
juge a procédé par voie de questions et de réponses de nature à engager la responsabilité pénale de l'inculpé (Crim. 15 mars
1973, Bull. crim. n o 134 ; D. 1973. 338, note P. F. ; JCP 1975. II. 18044, note Mayer-Jack ; Gaz. Pal. 1973. 2. 487 ; RSC 1974.
121, obs. Robert). Viole les droits de la défense le juge d'instruction qui, après avoir reçu les premières déclarations de
l'inculpé, lui révèle, sans constater l'urgence (V. C. pr. pén., art. 117), des charges de nature à mettre en doute ses
déclarations (Crim. 15 mars 1973, préc.).

3 7 7 . Déclarations volontaires. - Toutefois, lorsque la personne exprime le désir de faire des déclarations volontaires, il est
possible de lui demander de préciser l'expression de sa pensée, sous condition de ne pas provoquer une réponse de nature à
engager la responsabilité pénale du déclarant (Crim. 15 mars 1973, préc.).

378. Refus d'être assisté. - Si la personne ne choisit pas un conseil et si elle ne demande pas la désignation d'un avocat
d'office, elle peut réserver sa décision. Dans cette hypothèse, l'avertissement n'a pas à être renouvelé lors d'interrogatoires
ultérieurs (Crim. 14 mars 1974, Bull. crim. n o 114 ; D. 1974. 604, note Robert ; RSC 1974. 892). L'inculpé [la personne mise en
examen] qui, informé du droit à assistance d'un avocat, répond « je réfléchirai », renonce provisoirement à exercer un choix : il
peut être régulièrement interrogé et confronté, tant qu'il n'aura pas fait connaître le nom d'un conseil (Crim. 20 juin 1912,
DP 1913. 1. 369. - Crim. 14 mars 1974, préc.). En revanche, il y a nullité si l'inculpé [la personne mise en examen], ayant
demandé qu'un avocat lui soit désigné d'office et cette désignation n'ayant pas eu lieu par suite d'un oubli, est néanmoins
interrogé (Crim. 29 janv. 1914, Bull. crim. n o 59).

379. Désignation de l'avocat à tout moment. - Le mis en examen peut désigner un conseil ou en demander la désignation à
tout moment de l'information. Il peut en changer aussi librement ; il est libre de refuser l'assistance d'un conseil ; il est libre
d'en choisir plusieurs, et, dans cette hypothèse, le juge fera préciser celui auquel seront adressées convocations et
notifications ; à défaut de ce choix, celles-ci seront adressées au conseil le premier choisi (C. pr. pén., art. 115). L'avocat ne
représente pas l'inculpé [la personne mise en examen] du seul fait de son état : il ne lui suffit donc pas de se présenter
comme tel s'il a été choisi par l'inculpé, qui doit confirmer son choix au juge (C. pr. pén., art. 115. - Crim. 27 nov. 1931,
Gaz. Pal. 1932. 1. 53). L'article 115 a été modifié successivement par les lois des 15 juin 2000 et 9 mars 2004, notamment
quant à la désignation réalisée par le détenu (V. infra, n os 427).
3 8 0 . Personnes protégées. - À défaut de choix d'un avocat par le mineur ou ses représentants légaux, le procureur de la
République, le juge des enfants ou le juge d'instruction fait désigner par le bâtonnier un avocat d'office (Ord. n o 45-174 du
2 févr. 1945, art. 4-1, réd. L. n o 93-2 du 4 janv. 1993 [Code de procédure pénale Dalloz]). Lors de la première comparution,
lorsque le mineur ou ses représentants légaux n'ont pas fait le choix d'un avocat ni demandé qu'il en soit désigné un d'office,
le juge des enfants ou le juge d'instruction saisi fait désigner sur-le-champ par le bâtonnier un avocat d'office (Ord. 1945,
art. 10 mod.). En cas de comparution à délai rapproché, la désignation d'office est demandée par le juge des enfants (Ord.
1945, art. 8-2, réd. L. n o 2002-1138 du 9 sept. 2002). Il n'y a pas lieu d'annuler l'interrogatoire de première comparution du
majeur protégé, dès lors qu'après audition de son père et curateur pour l'aviser des poursuites, les convocations ont été
adressées à l'intéressé et à son père, le retard de transmission de l'avis au juge des tutelles n'ayant pas porté atteinte aux
intérêts du mis en examen (Crim. 28 sept. 2010, n o 10-83.283 , Bull. crim. n o 144).

§ 3 - Notification de la décision du juge sur la mise en examen


381. Mise en examen ou statut de témoin assisté. - Après avoir accompli les formalités ci-dessus énoncées, le juge peut décider
de mettre la personne en examen ou de lui octroyer le statut de témoin assisté. Aucune autre solution n'est possible. La
décision intervient donc après que l'intéressé, s'il n'a préféré se taire, a été mis en position de fournir ses explications, soit
par déclarations spontanées, soit en répondant à un interrogatoire. Par ailleurs, il est prévu que l'avocat de la défense puisse
présenter quelques observations sur l'opportunité de la mise en examen. Le texte est ainsi rédigé : « Après avoir, le cas
échéant, recueilli les déclarations de la personne ou procédé à son interrogatoire et entendu les observations de son avocat,
le juge d'instruction lui notifie : - soit qu'elle n'est pas mise en examen ; le juge d'instruction informe alors la personne qu'elle
bénéficie des droits du témoin assisté ; - soit qu'elle est mise en examen ; le juge d'instruction porte alors à la connaissance
de la personne les faits ou la qualification juridique des faits qui lui sont reprochés, si ces faits ou ces qualifications diffèrent
de ceux qui lui ont déjà été notifiés ». Depuis le 1 er juillet 2007, la personne mise en examen peut, six mois après son
interrogatoire de première comparution, ou dans les dix jours suivant un interrogatoire sur le fond de l'affaire, solliciter du
juge d'instruction l'attribution du statut de témoin assisté (C. pr. pén., art. 80-1-1. - V. supra, n o 353). La chambre criminelle a
jugé qu'« il appartenait à l'avocat, qui s'était entretenu avec son client, de faire connaître au juge d'instruction qu'il souhaitait
présenter des observations à la suite de cet entretien et avant notification de la mise en examen ». L'avocat doit donc
préciser, avant que le juge d'instruction détermine si la personne sera mise en examen ou témoin assisté, qu'il entend
présenter des observations (Crim. 2 juin 2010, n o 10-80.452 , Bull. crim. n o 97 ; AJ pénal 2011. 85, obs. de Combles de
Nayves ).

382. Motivation de la non-mise en examen. - La chambre criminelle a rappelé le principe selon lequel « dans son réquisitoire
introductif et à toute époque de l'information, le procureur de la République peut requérir du magistrat instructeur tous actes
lui paraissant utiles à la manifestation de la vérité et toutes mesures de sûreté nécessaires ; que le juge d'instruction qui ne
croit pas devoir procéder aux actes requis doit rendre une ordonnance motivée dont le ministère public est recevable à faire
appel dans tous les cas » (Crim. 2 sept. 2005, n o 05-83.117 , Bull. crim. n o 213 ; Dr. pénal 2005. Comm. 165, note Maron).
Appliqué aux réquisitions tendant à la saisine du JLD lors de la présentation d'une personne, ce principe entraîne l'obligation,
pour le juge ayant attribué le statut de témoin assisté à la personne, de rendre une ordonnance dont le ministère public
pourra faire appel. Dans le cas contraire, la saisine directe de la chambre de l'instruction est possible (Crim. 9 nov. 2005,
n o 05-85.338 , Bull. crim. n o 289).

383. La comparution précède la mise en examen. - C'est là la réelle innovation de l'interrogatoire de première comparution.
Alors qu'avant 1993, l'inculpation se confondait totalement dans la première comparution, et qu'après les lois des 4 janvier et
24 août 1993, la mise en examen pouvait précéder la première comparution de la personne, on assiste à un renversement
total de la perspective : c'est la comparution qui précède la mise en examen. Concrètement, le magistrat instructeur informe la
personne de sa décision et ne modifie la prévention que dans les cas où ses explications auront permis d'affiner la
qualification ou de laisser de côté un chef de poursuites. On peut même imaginer que le juge d'instruction aggrave la
prévention retenue en début d'audition en retenant une circonstance aggravante. Dans l'hypothèse où le juge considère que
la personne ne doit pas être mise en examen, il l'informe alors qu'elle bénéficie, pour la suite de la procédure, des droits du
témoin assisté. Une personne peut donc cumuler les statuts de personne mise en examen et de témoin assisté. Une
personne déférée pour trois cambriolages et qui établit pendant son audition avoir été à l'étranger, ou en prison, pendant
que l'un des trois se commettait, peut se voir octroyer le statut de témoin assisté pour celui-ci tandis que sa mise en examen
peut être confortée pour les deux autres. Il ne semble pas que le texte permette une autre solution. L'intéressé sera entendu
comme personne mise en examen et bénéficiera des droits de cette personne, lors des interrogatoires postérieurs.

384. Interrogatoire de première comparution sur commission rogatoire. - L'appréciation portée par le juge après les déclarations
de la personne mise en cause semblait mettre un obstacle sérieux à la possibilité, depuis la loi du 15 juin 2000, de délégation
sur commission rogatoire. La pratique avait imaginé des palliatifs souvent peu convaincants. Certains choisissaient
d'interrompre l'interrogatoire en son milieu, de faxer le procès-verbal au juge mandant qui prenait la décision, d'autres
préféraient ne déléguer que l'audition d'un témoin assisté. L'article 154-1, issu de la loi du 9 mars 2004, dispose que « le juge
d'instruction qui envisage de mettre en examen une personne qui n'a pas déjà été entendue comme témoin assisté peut
requérir par commission rogatoire, selon les modalités prévues par l'article 151, tout juge d'instruction de procéder à la mise
en examen de cette personne conformément aux dispositions de l'article 116. Le juge d'instruction chargé d'exécuter la
commission rogatoire procède alors à la mise en examen de la personne conformément aux dispositions de l'article 116, sauf
s'il estime, au vu de ses observations ou celles de son avocat, qu'il n'existe pas contre elle d'indices graves ou concordants
rendant vraisemblable sa culpabilité, auquel cas ce magistrat l'informe qu'elle bénéficie des droits du témoin assisté ».
Lorsque la personne a déjà été entendue comme témoin assisté, le juge d'instruction peut requérir par commission rogatoire
tout juge d'instruction de procéder à la mise en examen de cette personne (C. pr. pén., art. 154-1). Dans la première
hypothèse, le juge mandataire ne conserve que le pouvoir d'apprécier s'il existe des indices graves ou concordants contre la
personne. Il ne pourrait choisir en pure opportunité de conférer le statut de témoin assisté dès lors qu'il aurait constaté que
ces indices étaient réunis. Dans la seconde hypothèse, c'est-à-dire lorsqu'un magistrat a déjà entendu la personne comme
témoin assisté, le mandataire n'a plus aucun pouvoir : c'est le juge d'instruction mandant qui détermine, avant même la
première comparution, que le témoin assisté sera mis en examen. Certains juges d'instruction contestent l'obligation qui leur
serait faite de mettre une personne en examen dans le cadre d'un supplément d'information. Il semble pourtant que dans
cette matière, le magistrat instructeur n'agit que sur délégation et perd ses pouvoirs d'appréciation. Néanmoins, il est vrai que
dans certaines situations, l'obligation peut se révéler inadaptée. Ainsi, si le juge d'instruction est convaincu par les
observations de l'avocat ou, mieux encore, si une loi nouvelle (on peut penser, par ex., à une loi d'amnistie) rend le fait
incriminé non poursuivable. Le magistrat peut alors placer la personne sous témoin assisté et retourner la mission à la
juridiction qui l'a mandaté. Cette dernière appréciera la possibilité de mise en examen, qui pourra se faire par simple lettre
recommandée, ou pourra missionner pour cela à nouveau tel juge qu'elle désignera.

§ 4 - Avis des droits des parties


385. Droits de formuler des demandes d'actes. - Le juge informe ensuite la personne de ses droits de formuler des demandes
d'actes ou des requêtes en annulation sur le fondement des articles 81, 82-1, 82-2, 156 et 173 durant le déroulement de
l'information et au plus tard avant l'expiration du délai d'un mois ou de trois mois prévu par l'alinéa 3 de l'article 175, sous
réserve des dispositions de l'article 173-1 (C. pr. pén., art. 116). La loi du 5 mars 2007 a considérablement modifié les règles
régissant la fin de la procédure d'information (V. infra, n os 754 s.).

§ 5 - Délai d'achèvement de la procédure


386. Connaissance du délai prévisible. - « S'il estime que le délai prévisible d'achèvement de l'information est inférieur à un an
en matière correctionnelle ou à dix-huit mois en matière criminelle, le juge d'instruction donne connaissance de ce délai
prévisible à la personne et l'avise qu'à l'expiration dudit délai, elle pourra demander la clôture de la procédure en application
des dispositions de l'article 175-1. Dans le cas contraire, il indique à la personne qu'elle pourra demander, en application de ce
même article, la clôture de la procédure à l'expiration d'un délai d'un an en matière correctionnelle ou de dix-huit mois en
matière criminelle » (C. pr. pén., art. 116, al. 8). Cette disposition est venue s'ajouter à un article 116 désormais fort long. Il
s'agit d'une disposition formelle mais qui engage le juge d'instruction puisqu'à l'expiration du délai ainsi défini, la personne
peut faire une demande tendant à obtenir le règlement de la procédure (C. pr. pén., art. 175-1).

§ 6 - Déclaration d'adresse
3 8 7 . Interrogatoire de première comparution. - À l'issue de la première comparution, la personne doit déclarer au juge
d'instruction son adresse permanente. Elle peut toutefois lui substituer l'adresse d'un tiers chargé de recevoir les actes qui lui
sont destinés si elle produit l'accord de ce dernier. L'adresse déclarée doit être située, si l'information se déroule en
métropole, dans un département métropolitain ou, si l'information se déroule dans un département d'outre-mer, dans ce
département. La personne est avisée qu'elle doit signaler au juge d'instruction jusqu'au règlement de l'information, par
nouvelle déclaration ou par lettre recommandée avec demande d'avis de réception, tout changement de l'adresse déclarée.
Elle est également avisée que toute notification ou signification faite à la dernière adresse déclarée sera réputée faite à sa
personne. Mention de cet avis, ainsi que de la déclaration d'adresse, est portée au procès-verbal. Ces avis sont donnés par le
juge des libertés et de la détention lorsque celui-ci décide de ne pas placer la personne en détention (C. pr. pén., art. 116,
al. 9). Dans le cas où elle déclare comme adresse personnelle celle d'un tiers, la personne mise en examen n'est tenue de
produire l'accord de ce dernier que si elle charge expressément ce tiers de recevoir les actes qui lui sont destinés (Crim.
26 juin 2007, n o 07-82.410 , JCP 2007. IV. 2640).

388. Après l'ordonnance de renvoi. - La loi du 9 mars 2004 a créé un article 179-1 qui prend la suite logique de l'article 116 du
code de procédure pénale. Toute ordonnance renvoyant la personne mise en examen devant le tribunal de police ou le
tribunal correctionnel informe celle-ci qu'elle doit signaler auprès du procureur de la République, jusqu'au jugement définitif de
l'affaire, tout changement de l'adresse déclarée lors de sa mise en examen, par lettre recommandée avec demande d'avis de
réception. L'ordonnance l'informe également que toute citation, notification ou signification faite à la dernière adresse
déclarée sera réputée faite à sa personne (V. Citations et significations).

§ 7 - Enregistrement audiovisuel
3 8 9 . Interrogatoire de première comparution en matière criminelle : enregistrement audiovisuel. - La loi du 5 mars 2007 a
instauré un nouvel article 116-1 du code de procédure pénale, prescrivant l'enregistrement vidéo des interrogatoires en
matière criminelle, dont l'entrée en vigueur fut reportée au premier jour du quinzième mois suivant la promulgation de la loi,
soit le 1 er juin 2008. Le législateur avait toutefois ouvert la possibilité pour le juge, jusqu'à cette date, de procéder à un tel
enregistrement. L'article 116-1 dispose que, « en matière criminelle, les interrogatoires des personnes mises en examen
réalisés dans le cabinet du juge d'instruction, y compris l'interrogatoire de première comparution et les confrontations, font
l'objet d'un enregistrement audiovisuel. L'enregistrement ne peut être consulté, au cours de l'instruction ou devant la
juridiction de jugement, qu'en cas de contestation sur la portée des déclarations recueillies, sur décision du juge d'instruction
ou de la juridiction de jugement, à la demande du ministère public ou d'une des parties. Les huit derniers alinéas de
l'article 114 ne sont pas applicables. Lorsqu'une partie demande la consultation de l'enregistrement, cette demande est
formée et le juge d'instruction statue conformément aux deux premiers alinéas de l'article 82-1 ». Le défaut d'enregistrement
audiovisuel de l'interrogatoire de première comparution porte nécessairement atteinte aux intérets de la personne concernée
même si celle-ci n'est pas interrogée (Crim. 3 mars 2010, n o 09-87.924 , Bull. crim. n o 47 ; D. 2010. 1688, note Belfanti ;
D. 2010. 1024, obs. Girault ; AJ pénal 2010. 294, obs. Ascensi ). Toutefois, encourt la cassation l'arrêt de la chambre de
l'instruction qui annule, avec les actes subséquents, un procès-verbal d'interrogatoire de première comparution en matière
criminelle, au motif du défaut de l'enregistrement audiovisuel prévu par l'article 116-1 du code de procédure pénale, alors que
la commande de l'appareil, destiné à cet enregistrement, avait été actionnée, par erreur, à deux reprises au lieu d'une seule,
sans que le défaut de fonctionnement de l'appareil soit apparu durant l'interrogatoire, de sorte que cette difficulté technique
n'a pu être mentionnée au procès-verbal d'interrogatoire (Crim. 4 nov. 2010, n o 10-85.279 , Bull. crim. n o 176).
390. Exceptions au principe. - Le texte prévoit des exceptions au principe d'un enregistrement obligatoire et systématique.
Lorsque le nombre de personnes mises en examen devant être simultanément interrogées, au cours de la même procédure
ou de procédures distinctes, fait obstacle à l'enregistrement de tous les interrogatoires, le juge d'instruction décide quels
interrogatoires ne seront pas enregistrés. Par ailleurs, lorsque l'enregistrement ne peut être effectué en raison d'une
impossibilité technique, il en est fait mention dans le procès-verbal d'interrogatoire, qui précise la nature de cette
impossibilité.

391. Enfin, lorsqu'il s'agit d'un crime mentionné à l'article 706-73 du code de procédure pénale ou prévu par les titres Ier et II
du livre IV du code pénal (atteintes aux intérêts fondamentaux de la nation, terrorisme), il était prévu que le juge apprécie
librement s'il procède ou non à l'enregistrement. Mais le Conseil constitutionnel a, le 6 avril 2012 (n os 2012-228 et 2012-229
QPC) censuré les septièmes alinéas des articles 64-1 et 116-1 du code de procédure pénale qui dispensaient
d'enregistrement audiovisuel obligatoire les auditions ou interrogatoires des personnes mises en cause pour des crimes en
matière de criminalité organisée ou d'atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation (V. supra, n o 198).

Art. 3 - Article 117 du code de procédure pénale : interrogatoire immédiat


392. Trois cas d'urgence. - L'interrogatoire immédiat est possible dans trois cas limitativement énumérés (Crim. 15 mars 1973,
Bull. crim. n o 134) par l'article 117 du code de procédure pénale et qui sont : l'état d'un témoin en danger de mort, l'existence
d'indices sur le point de disparaître, la commission d'un crime ou d'un délit flagrant. Le magistrat instructeur peut alors
procéder immédiatement à des interrogatoires ou à des confrontations sans respecter les formalités prévues par l'article 116
du code de procédure pénale. Le juge d'instruction est cependant tenu de porter à la connaissance de la personne mise en
cause les faits qui lui sont imputés (Crim. 20 avr. 1972, Bull. crim. n o 136).

3 9 3 . Procès-verbaux : mention des causes d'urgence. - Les procès-verbaux doivent faire mention des causes d'urgence
(C. pr. pén., art. 117, al. 2). Le juge d'instruction n'est pas tenu de mentionner que le transport a eu lieu en cas de crime ou
délit flagrant ; il suffit que cela résulte des constatations de fait (Crim. 30 juin 1932, Bull. crim. n o 161. - V. Enquête de
flagrance).

Section 3 - Témoin assisté


Art. 1 - Différents témoins assistés avant la loi du 15 juin 2000
3 9 4 . Personne nommément visée dans une plainte avec constitution de partie civile. - Le statut du témoin assisté a été
profondément modifié par la loi du 15 juin 2000. Avant son entrée en vigueur, le code de procédure pénale consacrait un
statut de témoin spécifique à deux catégories de personnes, sans d'ailleurs que la terminologie de « témoin assisté » ne soit
jamais utilisée, sinon par la doctrine ou les circulaires. Historiquement, la notion apparaît avec la loi n o 87-1062 du
30 décembre 1987. Il s'agit d'éviter qu'une personne nommément visée dans une plainte avec constitution de partie civile ne
soit contrainte de demander à être mise en examen simplement pour prendre connaissance des charges pesant contre elle
afin de se défendre. Selon cette loi, toute personne nommément désignée dans une plainte avec constitution de partie civile
peut, sur sa demande lorsqu'elle est entendue comme témoin, bénéficier des droits reconnus aux personnes mises en
examen par les articles 114, 115 (désignation d'un avocat) et 120 (poser des questions). L'article 105, alinéa 3, du code de
procédure pénale ajoute une autre catégorie de témoin assisté au statut traditionnel issu de l'article 104 : « Lorsque le juge
d'instruction estime ne pas devoir mettre en examen une personne nommément visée par le réquisitoire introductif, il peut
l'entendre comme témoin après lui avoir donné connaissance de ce réquisitoire. Ce témoin assisté bénéficie de tous les droits
reconnus à la personne en examen. Avis lui est donné lors de sa première audition au cours de laquelle il est fait application
de l'article 116 et il lui est donné l'avis prévu par l'article 105, alinéas 2 et 4 ». L'article 105, alinéa 3, met fin à la jurisprudence
qui considérait que la personne nommément visée au réquisitoire introductif était un « inculpé virtuel » qui ne pouvait être
entendu qu'en cette qualité par le magistrat instructeur (sur le statut du témoin assisté avant l'entrée en vigueur de la loi du
15 juin 2000, V. C. GUÉRY, Du témoin assisté à la partie virtuelle, Dr. pénal 1997. Chron. 24).

395. Droits du témoin assisté. - L'article 104 énonçait limitativement les droits du témoin assisté, ce en quoi il se distinguait de
l'article 105, alinéa 3, qui attribuait au témoin assisté, sous ce régime, l'intégralité des droits de la personne mise en examen.
Ainsi, le « témoin assisté » de l'article 104 ne peut, à la différence du « témoin assisté » de l'article 105, alinéa 3, ni exiger des
actes d'instruction, ni user de voies de recours contre les ordonnances du juge, comme pourrait le faire un inculpé (Crim.
30 oct. 1990, n o 90-83.414 , Bull. crim. n o 362 ; D. 1991. Somm. 213, obs. Pradel ), et son conseil n'a pas qualité pour
présenter des observations devant la chambre d'accusation [de l'instruction] à la suite de l'appel d'une ordonnance de non-
lieu (Crim. 25 janv. 1993, n o 92-80.455 , Bull. crim. n o 38 ; Gaz. Pal. 1993. 2. Somm. 564, obs. Doucet).

396. Avant 2000 : une audition par les officiers de police judiciaire conditionnée à l'accord de la personne. - Sous l'égide des textes
antérieurs à la loi du 15 juin 2000, les officiers de police judiciaire ne pouvaient procéder à l'audition de la personne
bénéficiant de l'article 104 qu'à la demande de celle-ci (C. pr. pén., art. 152). Une procédure doit être annulée pour violation
de l'article 104 lorsque le juge a entendu comme témoin, sans l'informer de son droit à inculpation, une personne dont la
responsabilité était mise en cause par la plainte avec constitution de partie civile : en l'espèce, l'atteinte aux droits de la
défense résultait de ce que le tribunal s'était fondé sur la première audition en qualité de témoin (Bordeaux, 29 avr. 1980,
D. 1981. 232, note Pradel).

Art. 2 - Témoin assisté depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000


397. Différer la mise en examen. - L'esprit de la loi du 15 juin 2000 est de différer au maximum le moment où la personne est
mise en examen, voire de l'éviter, tout en permettant au juge de procéder à l'audition de la personne et en garantissant à
celle-ci un certain nombre de droits. Elle supprime l'article 104 et l'article 105, alinéa 3, du code de procédure pénale, unifie le
régime du « témoin assisté », terme qui apparaît pour la première fois dans le texte. Une sous-section lui est toute entière
consacrée. On distinguera trois façons d'acquérir le statut de témoin assisté : un statut défini par la loi, un statut choisi par la
personne, un statut octroyé par le juge. La loi du 9 mars 2004 a accru les pouvoirs du témoin assisté mais a aussi aggravé sa
situation en le soumettant aux principes posés par l'article 173-1 du code de procédure pénale.

398. Serment. - Depuis la loi du 15 juin 2000, le témoin assisté ne prête plus serment (C. pr. pén., art. 113-7).

§ 1 - Statut défini par la loi


3 9 9 . Personne visée par un réquisitoire introductif. - L'article 113-1 expose que « toute personne nommément visée par un
réquisitoire introductif et qui n'est pas mise en examen ne peut être entendue que comme témoin assisté ». Il s'agit là d'une
définition similaire à celle donnée par l'ancien article 105, alinéa 3, du code de procédure pénale. Elle dépend donc d'un
élément objectif : la mention du nom de la personne sur le réquisitoire introductif, mais aussi du choix du juge d'instruction de
ne pas mettre la personne en examen. Toutefois, une différence peut être notée avec le régime antérieur. L'ancien article 152
du code de procédure pénale prohibait en effet totalement l'audition d'une telle personne sur commission rogatoire. Tel n'est
plus le cas aujourd'hui. Cette personne peut être entendue par les officiers de police judiciaire si elle en fait la demande. La
personne devient également témoin assisté lorsque sa mise en examen a été annulée par la chambre de l'instruction qui a
considéré qu'il n'existait pas d'éléments graves ou concordants à son encontre (C. pr. pén., art. 174-1). Enfin, l'article 182 du
code de procédure pénale a été complété par un alinéa ainsi rédigé : « Les personnes ayant fait l'objet d'une ordonnance de
renvoi partiel ou de transmission partielle des pièces et qui ne demeurent pas mises en examen pour d'autres faits sont
entendues comme témoin assisté. Il en est de même en cas de disjonction d'une procédure d'instruction ».

§ 2 - Statut choisi par la personne


400. Personne visée par une plainte ou mise en cause par la victime. - L'article 113-2 dispose que « toute personne nommément
visée par une plainte ou mise en cause par la victime peut être entendue comme témoin assisté. Lorsqu'elle comparaît devant
le juge d'instruction, elle est obligatoirement entendue en cette qualité si elle en fait la demande » (C. pr. pén., art. 113-2,
al. 1 er). L'article 113-2 pose deux conditions au choix du statut par la personne : … elle doit être visée par une plainte
(n'importe laquelle et pas seulement une plainte avec constitution de partie civile) ou mise en cause par la victime (dans une
plainte ou simplement dans une audition) ; … elle doit être entendue par le juge d'instruction. À partir de cet instant
seulement, la personne est « obligatoirement » entendue comme témoin assisté si elle en fait la demande. A contrario, on
pouvait penser que ce n'est pas le cas lorsque la personne est entendue sur commission rogatoire. L'article 152 prévoit que
les officiers de police judiciaire ne peuvent entendre les témoins assistés qu'à leur demande (statut identique à celui de la
partie civile). Mais faut-il encore qu'il s'agisse de « témoin assisté ». Or, le témoin assisté est celui qui est entendu comme tel
ou qui bénéficie de ce statut de par la loi. Ainsi, celui qui est expressément visé dans un réquisitoire introductif ne peut être
entendu par les officiers de police judiciaire que sur sa demande. Mais celui visé par une plainte ne bénéficie du statut de
témoin assisté obligatoirement que devant le juge d'instruction. Cette solution semblait ressortir tant de la lecture de
l'article 113-2 que de l'étude des travaux préparatoires (sur ces points, V. C. GUÉRY et ROLLAND, article préc.). Elle semblait
fixée par la jurisprudence : « Attendu qu'il résulte de ces textes que toute personne nommément visée par une plainte et qui
n'a pas acquis la qualité de témoin assisté peut être entendue par un officier de police judiciaire agissant sur commission
rogatoire du juge d'instruction » (Crim. 23 mars 2004, n o 03-87.854 , Bull. crim. n o 76 ; D. 2004. IR 1213 ; JCP 2004.
IV. 2003 ; RSC 2004. 672, obs. A. Guidicelli ). Un alinéa a été ajouté par le législateur de 2004 à l'article 113-2 qui prévoit
que si la personne est nommément visée par une plainte avec constitution de partie civile, elle est avisée de ce droit
lorsqu'elle comparaît devant le juge d'instruction. Cette précaution ne concerne toutefois que celle qui est nommément visée
par une plainte avec constitution de partie civile et non celle qui est seulement mise en cause par la victime. Pourtant, la
chambre criminelle a pris, dans un arrêt du 6 août 2008 (V. infra, n o 401), une autre position.

401. Arrêt du 6 août 2008. - Au visa des articles 113-2 et 152 du code de procédure pénale, la chambre criminelle expose qu'il
résulte de ces textes que « si toute personne, qui est nommément visée par une plainte avec constitution de partie civile et
qui n'a pas acquis la qualité de témoin assisté, peut être entendue par un officier de police judiciaire agissant sur commission
rogatoire, c'est à la condition qu'elle y ait consenti après avoir été avisée de son droit d'être entendue comme témoin assisté
par le juge d'instruction » (Crim. 6 août 2008, n o 08-82.924 , Bull. crim. n o 171 ; D. 2008. 2836, note C. Guéry ; JCP
2008. IV, p. 2638 ; AJ pénal 2008. 471, obs. Ascensi ). Nous avons estimé que la chambre criminelle ajoutait ici au texte
puisque celui-ci ne concerne que la personne « qui comparaît devant le juge d'instruction » (V. Tém oin assisté. - V. égal. .
note sous Crim. 6 août 2008, n o 08-82.924 , D. 2008. 2836 ). Les officiers de police judiciaire doivent donc, comme par le
passé, notifier leurs droits aux personnes nommément visées dans une plainte avec constitution de partie civile, ce qui interdit
quasiment tout placement en garde à vue dans ce type d'affaire. Lorsque la personne est mise en cause par la partie civile
postérieurement à la plainte, la jurisprudence du 6 août 2008 ne s'applique pas (Crim. 26 mai 2009, n o 09-81.075 , AJ pénal
2009. 96, note Detraz ; D. 2009. AJ 1763, obs. Allain ).

§ 3 - Statut octroyé par le juge


402. Personne mise en cause par un témoin. Indices. - « Toute personne mise en cause par un témoin ou contre laquelle il
existe des indices rendant vraisemblable qu'elle ait pu participer, comme auteur ou complice, à la commission des infractions
dont le juge d'instruction est saisi peut être entendue comme témoin assisté » (C. pr. pén., art. 113-2, al. 2). Dans cette
hypothèse, le juge d'instruction est libre de conférer ou non le statut de témoin assisté à la personne mise en cause par un
témoin ou contre laquelle il existe des « indices rendant vraisemblable qu'elle ait pu participer, comme auteur ou complice, à la
commission des infractions dont le juge d'instruction est saisi ». Nous avons vu que ce statut pouvait aussi être octroyé par le
juge en cas de mise en cause par une victime si le témoin comparaît devant un officier de police judiciaire.

Art. 3 - Droits du témoin assisté


403. Avocat. - Le témoin assisté bénéficie du droit d'être assisté par un avocat qui est avisé préalablement des auditions et a
accès au dossier de la procédure, conformément aux dispositions des articles 114 et 114-1. Il peut également demander au
juge d'instruction, selon les modalités prévues par l'article 82-1, à être confronté avec la ou les personnes qui le mettent en
cause. Cet avocat est choisi par le témoin assisté ou désigné d'office par le bâtonnier si l'intéressé en fait la demande. Lors de
sa première audition comme témoin assisté, la personne est informée de ses droits par le juge d'instruction (C. pr. pén.,
art. 113-3). Les observations que le témoin assisté doit pouvoir présenter, préalablement à sa mise en examen envisagée par
le juge d'instruction, peuvent être recueillies en l'absence d'un avocat, lorsque la personne entendue ne souhaite pas être
assistée ; en effet, la renonciation à l'assistance d'un avocat est alors possible, les dispositions de l'article 116, alinéa 4, du
code de procédure pénale n'étant pas applicables à la personne qui a déjà été entendue comme témoin assisté (Crim. 11 mai
2004, n o 04-81.039 , Bull. crim. n o 114 ; D. 2004. IR 1865 ; AJ pénal 2004. 289, note Leblois-Happe ; JCP 2004.
IV. 2392).

404. Requêtes en nullité. Demande d'expertise. Questions. - La loi du 9 mars 2004 a étendu les droits du témoin assisté. Le
témoin assisté peut présenter des requêtes en nullité sur le fondement de l'article 173 (C. pr. pén., art. 113-3). Il peut aussi
former une demande d'expertise ou de contre-expertise. L'absence de cette possibilité était un handicap sérieux à l'utilisation
de l'article 113-8 du code de procédure pénale et à l'envoi d'une lettre recommandée portant à la fois avis à partie et mise en
examen. Comment estimer une affaire terminée alors que les expertises n'ont pas été notifiées ? Le texte de l'article 167 du
code de procédure pénale prévoit désormais que le juge d'instruction peut également notifier au témoin assisté les
conclusions des expertises qui le concernent en lui fixant un délai pour présenter une demande de complément d'expertise ou
de contre-expertise. Le juge n'est toutefois pas tenu de rendre une ordonnance motivée s'il estime que la demande n'est pas
justifiée, sauf si le témoin assisté demande à être mis en examen en application de l'article 113-6. L'avocat du témoin assisté
peut également poser des questions ou faire des observations sur la base de l'article 120 du code de procédure pénale. Les
témoins assistés ne peuvent se prévaloir des dispositions de l'article 161-1 du code de procédure pénale, réservées aux
parties à la procédure et leur permettant de solliciter du juge d'instruction une modification du champ de l'expertise, ou du ou
des experts désignés (Crim. 14 déc. 2011, n o 11-85.753 , Bull. crim. n o 257 ; JCP 2012, p. 175).

405. Délais de forclusion. - Le droit nouveau de présenter une requête en nullité s'accompagne de contraintes nouvelles. Le
témoin assisté est désormais concerné par les délais de forclusion prévus par l'article 173-1, six mois après chacune de ses
auditions (V. infra, n os 665 s.). Il doit donc présenter une requête dès lors qu'il pense qu'une nullité a été commise. Cela
suppose aussi qu'il estime sa mise en examen possible. On peut en effet penser que s'il est mis en examen par la suite, il ne
sera plus susceptible de soulever les nullités qu'il n'aura pas soulevées comme témoin assisté. Dans le cas contraire, on
verrait mal l'intérêt du texte. Mais il y a là un risque certain pour le témoin assisté trop confiant qui laisserait passer tout
moyen d'agir en nullité (V. C. GUÉRY, De la nécessité accrue, pour le témoin assisté, de l'être bien, AJ pénal 2005. 111 ). La
chambre criminelle de la Cour de cassation a, en effet, confirmé cette interprétation, jugeant que la mise en examen ultérieure
d'un témoin assisté n'ouvrait pas de nouveau délai de six mois pour solliciter des nullités de procédure (Crim. 6 mars 2013,
n o 12-87.922 , Dalloz actualité 8 avr. 2013, obs. Priou-Alibert).

406. Notification. Observations. Qualité. - Il existe d'autres articles dans le code de procédure pénale qui donnent d'autres
droits aux témoins assistés. C'est ainsi que l'avis de fin d'information doit leur être notifié (C. pr. pén., art. 175). L'article 113-8
du code de procédure pénale a pendant longtemps laissé subsister un délai de « vingt jours », alors pourtant que le dernier
alinéa de l'article 175 plaçait le témoin assisté sous le même régime que les parties. La loi du 17 mai 2011 (n o 2011-525) a
finalement mis l'article 113-8 en accord avec les autres dispositions du code de procédure pénale en fixant le délai à un mois
si une personne est détenue et trois mois dans les autres cas (V. infra, n os 781 s.). Les ordonnances de règlement doivent
aussi être notifiées au témoin assisté (C. pr. pén., art. 183). Enfin, l'article 197-1 dispose qu'en cas d'appel d'une ordonnance
de non-lieu, le témoin assisté peut, par l'intermédiaire de son avocat, faire valoir ses observations devant la chambre de
l'instruction. La date de l'audience est notifiée à l'intéressé et à son avocat conformément aux dispositions de l'article 197. Le
témoin assisté est alors admis à faire valoir ses observations sans que le fait qu'il soit entendu en dernier puisse faire grief à
la partie civile (Crim. 14 nov. 2002, Gaz. Pal. 1 er-2 août 2003, p. 25, note Monnet). Mais cette faculté n'est ouverte que pour
les seuls appels d'une ordonnance de non-lieu (Crim. 21 févr. 2007, n o 06-80.375 , Dr. pénal 2007. Comm. 78, note Maron).
Les observations que l'avocat du témoin assisté est admis à faire valoir devant la chambre de l'instruction en application de
l'article 197-1 du code de procédure pénale peuvent être formulées tant oralement que par écrit. Par écrit, elles doivent être
présentées dans les conditions prévues par l'article 198 de ce code (Crim. 25 juin 2002, D. 2002. IR 2582 ; JCP 2002.
IV. 2497). Seule est prescrite à peine de nullité l'audition en dernier de la personne mise en examen ou de son conseil (Crim.
14 nov. 2002, n o 02-80.710 , Bull. crim. n o 205 ; JCP 2003. IV. 1095 ; Gaz. Pal. 1 er-2 août 2003, p. 25).

407. Pourvoi en cassation. - Bien qu'il ne soit pas partie à la procédure, le témoin assisté qui n'a pas été mis en mesure de
faire valoir les droits que lui reconnaît l'article 197-1 du code de procédure pénale est recevable à se pourvoir en cassation
contre l'arrêt de la chambre de l'instruction saisie de l'appel de l'ordonnance de non-lieu. Dans une affaire, le témoin assisté
n'avait pas été avisé de la date de l'audience de la chambre de l'instruction, à la suite de laquelle cette dernière, saisie de
l'appel de l'ordonnance de non-lieu, avait, en l'absence de l'avocat du témoin assisté, qui n'avait pas déposé de mémoire,
ordonné un supplément d'information aux fins, notamment, de mettre celui-ci en examen (Crim. 16 juin 2011, n o 10-85.579,
JCP 2011, p. 893 ; JCP 2011, p. 1176, obs. Maron ; Dr. pénal 2011. Comm. 112, obs. Maron et Haas). L'absence de notification
à un témoin assisté de la date à laquelle la chambre de l'instruction examinera l'appel interjeté par une personne mise en
examen de l'ordonnance du juge d'instruction la renvoyant devant la cour d'assises n'est pas irrégulière, dès lors que
l'article 197-1 du code de procédure pénale n'impose cette formalité, à l'égard du témoin assisté, que lorsque la chambre de
l'instruction statue sur l'appel d'une ordonnance du non-lieu (Crim. 21 févr. 2007, n o 06-80.375 , Bull. crim. n o 54 ; Dr. pénal
2007. Comm. 78, note Maron). Le témoin assisté, à qui la loi ne reconnaît ni la qualité de partie, ni la qualité de saisir le juge
d'instruction d'une demande tendant à constater la prescription, est irrecevable à se pourvoir contre un arrêt de la chambre
de l'instruction infirmant, sur l'appel de la partie civile, l'ordonnance ayant, d'office, constaté la prescription (Crim. 28 mars
2006, n o 05-86.661 , Bull. crim. n o 87 ; D. 2006. IR 1189 ). D'une façon générale, il ne peut se pourvoir en cassation
(Crim. 13 nov. 2001, n o 01-85.506 , Bull. crim. n o 232 ; D. 2002. IR 372 ). Mais le témoin assisté peut se pourvoir en
cassation sur l'arrêt statuant sur une demande d'annulation ; le droit reconnu au témoin assisté, par l'article 173, alinéa 3, du
code de procédure pénale, dans sa rédaction issue de la loi du 9 mars 2004, de saisir la chambre de l'instruction d'une
requête aux fins d'annulation d'actes de la procédure implique que, bien que n'étant pas partie à la procédure, celui-ci soit
recevable à se pourvoir contre l'arrêt statuant sur une demande d'annulation (Crim. 21 juin 2005, n o 05-81.491 , Bull. crim.
n o 181 ; JCP 2005. IV. 2822 ; D. 2005. IR 2104 ; Procédures 2005. Comm. 238, note Buisson). Par ailleurs, le témoin
assisté n'étant pas partie à la procédure ne tire d'aucune disposition légale la faculté de déposer un mémoire (Crim. 17 oct.
2006, Dr. pénal 2007. Comm. 11, obs. Maron. - Crim. 19 déc. 2006, n o 05-81.138 , Bull. crim. n o 316. - Crim. 12 déc. 2007,
n o 06-87.702 , Bull. crim. n o 308 ; Dr. pénal 2008. Comm. 39, obs. Maron. - Crim. 2 sept. 2008, n o 07-87.882 , Bull. crim.
n o 172. - Crim. 1 er sept. 2010, n o 09-87.624 , AJ pénal 2011. 34, obs. Lasserre Capdeville ; Dr. pénal 2010. Comm. 111,
obs. Maron et Haas).

Art. 4 - Passage du statut de témoin assisté à celui de personne mise en examen


408. Indices graves ou concordants. - Lorsque le juge d'instruction estime nécessaire de mettre en examen un témoin assisté,
c'est qu'il a recueilli contre lui des indices graves ou concordants. L'article 113-8 du code de procédure pénale dispose que
« s'il apparaît au cours de la procédure que des indices graves ou concordants justifient la mise en examen du témoin assisté,
le juge d'instruction ne peut procéder à cette mise en examen en faisant application des dispositions du septième alinéa de
l'article 116 qu'après avoir informé la personne de son intention, le cas échéant par lettre recommandée, et l'avoir mise en
mesure de faire connaître ses observations ». Toutefois, il peut continuer à entendre la personne comme témoin assisté
même s'il a réuni des indices graves et concordants contrairement aux dispositions de l'article 105 du code de procédure pénale.
Le témoin assisté n'est en effet pas concerné par les dispositions de cet article. Le législateur a souhaité, par cette précision,
éviter que le magistrat instructeur passe trop rapidement du statut de témoin à celui de personne mise en examen pour
éviter une invalidation de procédure sur la base de l'article 105. Est régulière la mise en examen d'un témoin assisté, décidée
à tout moment de la procédure par le juge d'instruction, dès lors que la loi n'impose pas d'autre condition que l'existence, à
l'encontre de la personne concernée, d'indices graves ou concordants de participation à la commission de l'infraction dont est
saisi le magistrat, et ne formule aucune exigence sur le moment auquel apparaissent de tels indices (Crim. 29 mars 2006,
n o 06-80.273 , Bull. crim. n o 375 ; Gaz. Pal. 25-26 oct. 2006, p. 8. - Crim. 13 sept. 2011, n o 11-82.051 , JCP 2011,
p. 1159 ; D. 2011. 2403 ).

409. Une mise en examen par lettre recommandée. - La rédaction de l'article 113-8 par la loi du 15 juin 2000 ne permettait la
mise en examen par lettre recommandée qu'en fin de procédure, en même temps que les avis à partie. Depuis la loi du 9 mars
2004, l'article 113-8 dispose que la lettre recommandée « peut être adressée en même temps que l'avis de fin d'information
prévu par l'article 175 » ; ce n'est donc plus qu'une possibilité et le juge peut user de la mise en examen par lettre
recommandée dès lors que la personne a déjà été entendue comme témoin assisté. Le témoin assisté qui bénéficie d'un
statut légal de témoin assisté, parce qu'il est nommément visé au réquisitoire introductif, n'est donc pas concerné par ces
dispositions. La personne est également informée que si elle demande à être à nouveau entendue par le juge d'instruction,
celui-ci est tenu de procéder à son interrogatoire. Le délai d'un mois pour le faire, prévu par la loi du 15 juin 2000 a été
supprimé par celle du 9 mars 2004.

410. Le témoin assisté peut faire l'objet de mandats. - Le juge d'instruction est tenu d'entendre comme témoins assistés les
personnes contre lesquelles il a été décerné un mandat de comparution, d'amener ou d'arrêt sauf à les mettre en examen
conformément aux dispositions de l'article 116. On sait que le mandat de comparution, d'amener ou d'arrêt peut être délivré
contre une personne contre laquelle il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu'elle ait pu participer
comme auteur ou complice, à la commission d'une infraction (C. pr. pén., art. 122). Ces personnes ne peuvent être mises en
garde à vue pour les faits ayant donné lieu à la délivrance du mandat, car l'article 122 du code de procédure pénale prévoit
que le mandat de recherche ne peut être délivré contre la personne qui fait l'objet d'un réquisitoire nominatif ou le témoin
assisté, c'est-à-dire la personne déjà entendue comme témoin assisté.

411. Demande de mise en examen. - À tout moment de la procédure, le témoin assisté peut, à l'occasion de son audition ou
par lettre recommandée avec demande d'avis de réception, demander au juge d'instruction à être mis en examen ; la
personne est alors considérée comme mise en examen et elle bénéficie de l'ensemble des droits de la défense dès sa
demande ou l'envoi de la lettre recommandée avec avis de réception (C. pr. pén., art. 113-6). Ce nouveau droit d' automise en
examen (C. GUÉRY et ROLLAND, article préc.), peut susciter certaines interrogations. La mise en examen est en effet
désormais conditionnée à la réunion d'indices graves ou concordants. Or, on laisse la possibilité à un témoin assisté de
s'autodésigner personne mise en examen sans que le contrôle de l'existence de ces indices ne soit possible.

412. Demande d'attribution du statut de témoin assisté par une personne mise en examen. - Depuis l'entrée en vigueur de la loi
du 5 mars 2007 (sur ce point, le 1 er juillet de la même année), la personne mise en examen peut, sous certaines conditions,
solliciter l'attribution du statut de témoin assisté (C. pr. pén., art. 80-1-1. - V. supra, n o 353).

Section 4 - Interrogatoires, auditions, confrontations


4 1 3 . De la dénomination d'« interrogatoire » dépend un certain nombre de règles de procédure que doit respecter le
magistrat instructeur. Il convient donc de commencer par tenter de définir quels sont les « entretiens » entre le magistrat
instructeur et le mis en examen qui constituent des interrogatoires, ceux qui n'en sont pas, et de fixer les grands principes qui
les régissent.

Art. 1 - Grands principes


§ 1 - Définition de l'interrogatoire
414. L'interrogatoire se définit par le rôle actif du juge. - On disait autrefois que l'interrogatoire était autoritaire et se distinguait
pour cela des déclarations faites spontanément ; la chambre criminelle a depuis posé une définition plus précise :
l'interrogatoire est le mode d'instruction par voie de questions posées à un inculpé, par un magistrat désigné à cet effet (Crim.
2 mars 1972, Bull. crim. n o 82).

4 1 5 . Exemples jurisprudentiels d'« interrogatoires ». - Ont été considérés par la jurisprudence comme des interrogatoires :
l'interrogatoire de notification d'inculpations nouvelles tenant soit à des faits nouveaux (Crim. 2 févr. 1928, Bull. crim. n o 45),
soit à un changement de qualification de l'infraction objet de la poursuite (Crim. 24 juin 1980, Bull. crim. n o 204) ;
l'interrogatoire à la suite d'un dessaisissement de procédure, dans la mesure où le juge dessaisi avait procédé à
l'interrogatoire de première comparution (Crim. 9 mai 1968, Bull. crim. n o 149) ; l'interrogatoire de notification des conclusions
des experts (C. pr. pén., art. 167) ; les déclarations de l'inculpé qui portent sur l'authenticité de documents qui vont faire
l'objet d'une saisie, dès lors que les réponses de l'inculpé aux questions posées par le juge d'instruction sont de nature à
engager éventuellement sa responsabilité pénale (Crim. 21 févr. 1967, Bull. crim. n o 72) ; la participation active de l'inculpé à
une reconstitution d'itinéraire (Crim. 4 oct. 1968, Bull. crim. n o 245) ; l'interrogatoire de curriculum vitae (Crim. 12 juin 1947,
Bull. crim. n o 150) ; le débat contradictoire lors du renouvellement exceptionnel de la détention provisoire au-delà d'un an en
matière correctionnelle (Crim. 1 er oct. 1985, Bull. crim. n o 288) ou criminelle (Crim. 5 avr. 1990, n o 90-80.407 , Bull. crim.
n o 147). De même, une personne inculpée d'un crime ou d'un délit ne peut être entendue, dans une même procédure, sur
d'autres faits, connexes ou non de ceux qui ont donné lieu à son inculpation, sans que soient observées les prescriptions de
l'article 114 du code de procédure pénale. L'audition d'une telle personne en qualité de témoin doit être annulée (Crim. 19 juin
1990, n o 90-81.535 , Bull. crim. n o 252).

4 1 6 . Situations qui ne sont pas des « interrogatoires ». - En revanche, ne constituent pas des interrogatoires nécessitant
l'application des dispositions de l'article 114 du code de procédure pénale, la simple confrontation dans laquelle le juge
d'instruction s'est borné à présenter les inculpés aux témoins sans consigner de déclaration relative à la culpabilité des
inculpés au fond (Crim. 3 mars 1921, DP 1921. 1. 181. - Crim. 22 févr. 1977, Bull. crim. n o 72), une restitution d'objets saisis,
dès lors que le procès-verbal ne mentionne aucune question (Crim. 23 mai 1970, Bull. crim. n o 166), l'interrogatoire de l'inculpé
en exécution d'un mandat d'amener décerné contre lui (Crim. 26 sept. 1986, Bull. crim. n o 261), la réflexion spontanée de
l'inculpé, mentionnée au procès-verbal d'une reconstitution (Crim. 2 sept. 1986, Bull. crim. n o 251 ; D. 1987. Somm. 82, obs.
Pradel ; JCP 1987. II. 20766, note Chambon), la visite du juge d'instruction à la maison d'arrêt, d'où un inculpé refusait d'être
extrait, pour le persuader de se laisser conduire au palais de justice (Crim. 16 janv. 1991, Gaz. Pal. 1991. 1. Somm. 289), la
présentation de l'inculpé aux témoins derrière une vitre sans tain en vue d'une reconnaissance éventuelle (Crim. 24 oct. 1991,
n o 91-84.584 , Bull. crim. n o 375), la parade d'identification de l'inculpé en l'absence de son conseil, durant laquelle il est
présenté aux témoins qui entendent sa voix (Crim. 30 mars 1993, n o 93-80.141 , Bull. crim. n o 134).

§ 2 - Monopole de l'interrogatoire de la personne mise en examen et de l'audition de la partie civile


417. Magistrat du siège. - Seul un magistrat du siège peut procéder à l'interrogatoire ou à la confrontation des personnes
mises en examen. Les officiers de police judiciaire ne peuvent procéder à de tels actes (C. pr. pén., art. 152, al. 2. - Même s'il
s'agit de confidences spontanées : Crim. 5 mars 2013, n o 12-87.087 , Dalloz actualité 20 mars 2013, obs. Fucini)). Il en était
de même pour les personnes visées à l'article 105, alinéa 2, du code de procédure pénale, c'est-à-dire pour les personnes
nommément désignées sur le réquisitoire introductif (C. pr. pén., art. 152, al. 2), mais cette disposition a été abrogée par la loi
du 15 juin 2000. Le témoin assisté peut être entendu par un officier de police judiciaire sur sa demande. Seuls les médecins et
les psychologues experts chargés d'examiner la personne mise en examen peuvent lui poser les questions nécessaires à
l'accomplissement de leur mission, hors la présence du juge et des avocats (C. pr. pén., art. 164, al. 4). Si les autres experts
estiment qu'il y a lieu de le faire, il est procédé à cet interrogatoire en leur présence par le juge d'instruction en observant
dans tous les cas les formes et conditions prévues par les articles 114 et 119 (C. pr. pén., art. 164, al. 2. - V. Expertise). Mais
le juge peut déléguer cette faculté à l'expert et la loi du 9 mars 2004 a, sur ce sujet, considérablement facilité les choses
(V. supra, n os 223 et 645. - Adde : Expertise).

§ 3 - Nécessité d'un interrogatoire au fond


418. Formalité substantielle. - L'interrogatoire est une formalité substantielle qui doit avoir lieu au moins une fois au cours de
l'information (Crim. 12 oct. 1972, Bull. crim. n o 286). Un inculpé [mis en examen] peut être renvoyé devant la juridiction de
jugement sans avoir été préalablement entendu dès lors qu'il a été régulièrement appelé par un mandat de justice décerné et
notifié conformément aux prescriptions du code de procédure pénale, en sorte que l'autorité judiciaire à laquelle il s'est lui-
même soustrait n'a pas porté atteinte aux droits de la défense (Crim. 25 juill. 1979, Bull. crim. n o 252). L'interrogatoire de
première comparution peut suffire quand l'inculpé s'est expliqué complètement sur le fond (Crim. 6 nov. 1979, Bull. crim.
n o 306 ; D. 1980. IR 311). Cette affirmation est valable aussi bien pour envisager une décision de non-lieu (Crim. 14 mars
1913, DP 1914. 1. 44) que de renvoi (Crim. 11 juill. 1902, S. 1903. 1. 545). Le prévenu en fuite n'est pas fondé à se faire grief
de ce qu'il a été renvoyé sans interrogatoire (Crim. 4 août 1921, DP 1923. 1. 233).

§ 4 - Procès-verbal
419. Conditions de forme. - Le procès-verbal d'interrogatoire doit répondre à un certain nombre de conditions de forme dont la
plupart ont été étudiées ci-dessus à l'occasion de l'analyse du procès-verbal de première comparution (V. supra, n os 360 s.).
Le juge d'instruction qui envoie un questionnaire à un détenu ou reçoit une déclaration d'un inculpé par télécopie ou par
téléphone méconnaît les prescriptions des articles 121, 106 et 107 du code de procédure pénale (Crim. 4 janv. 1994, n o 93-
84.683 , Bull. crim. n o 2). L'article 106 du code de procédure pénale, rendu applicable aux procès-verbaux d'interrogatoire
et de confrontation par l'article 121 du même code, n'exige pas que le nom du greffier soit mentionné sur les procès-verbaux.
Il suffit, pour désigner le greffier, que sa signature figure au bas de chacune des pages de l'acte (Crim. 2 mai 1968, Bull. crim.
n o 136). Un procès-verbal d'interrogatoire ou de confrontation non signé par le juge est non avenu (Crim. 13 nov. 1968, Bull.
crim. n o 294 ; D. 1969. Somm. 31. - Crim. 6 juin 1974, Bull. crim. n o 206 ; D. 1974. IR 182. - Crim. 11 déc. 1974, Bull. crim.
n o 367 ; D. 1975. IR 19. - Crim. 22 févr. 1977, Bull. crim. n o 72 ; D. 1977. IR 195). Un procès-verbal de synthèse non signé est
réputé inexistant : les procès-verbaux d'interrogatoire et de confrontation, qui s'y réfèrent, sont entachés de nullité (Crim.
21 nov. 1988, D. 1988. IR 302). Si la signature figure sur la page 1, mais manque sur la seconde, cette négligence n'entraîne
pas la nullité du procès-verbal, dès lors que le prévenu, assisté de son avocat présent à la comparution, n'a pu établir que
l'omission avait porté atteinte à ses intérêts comme le précise l'article 802 du code de procédure pénale (Crim. 24 avr. 1984,
D. 1986. 125, note Cosson. - Crim. 27 juin 1989, Bull. crim. n o 277. - Dans le même sens, à propos du défaut de signature de
la première page du procès-verbal de débat contradictoire de prolongation de la détention provisoire, V. Crim. 22 juin 2004,
n o 04-82.105 , AJ pénal 2004. 372, note J. C .). Aucune nullité ne résulte de l'apposition des signatures, en bas et à
gauche d'une feuille, en raison du manque de place (Nîmes, 26 nov. 1986, JCP 1987. II. 20803, note Pansier).

420. Le mis en examen qui refuse de signer en invoquant l'absence de son conseil n'altère pas la régularité du procès-verbal
d'interrogatoire (Crim. 5 mars 1985, Bull. crim. n o 102). Un procès-verbal de transport, dès lors qu'il ne comporte pas la
signature de l'inculpé, n'authentifie pas les propos qu'il a tenus, même s'ils sont transcrits après audition d'un enregistrement.
Un interrogatoire ultérieur, au cours duquel l'inculpé confirme les déclarations enregistrées, ne constitue pas une renonciation
à se prévaloir du vice affectant le procès-verbal de transport : les pièces inexistantes, c'est-à-dire le procès-verbal de
transport et l'interrogatoire qui s'y réfère, doivent être retirées du dossier (Crim. 28 févr. 1974, Bull. crim. n o 88 ; RSC 1975.
162, obs. Robert). Fait foi jusqu'à inscription de faux la mention, dans le procès-verbal de débat contradictoire, de la
convocation adressée à la personne mise en examen, même en l'absence de tout récépissé postal justifiant de l'envoi de la
lettre recommandée (Crim. 1 er févr. 1995, D. 1995. IR 84 ).

421. Mention obligatoire des questions sur le procès-verbal. - Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, les questions
doivent toutes apparaître sur les procès-verbaux des juges d'instruction (cette disposition a valeur générale et s'applique
devant les juridictions pénales comme devant les enquêteurs). L'article 429 dispose en effet que « tout procès-verbal
d'interrogatoire ou d'audition doit comporter les questions auxquelles il est répondu ». Les procès-verbaux ne doivent donc
plus comporter de « S. I. » (« sur interrogation » ou « sur interpellation »). Il est possible que certains magistrats n'en
indiquent pas pour autant les questions posées, mais présentent les déclarations comme étant spontanées, ce qui,
finalement, est pire. Le respect des dispositions de l'article 429 du code de procédure pénale n'est pas prescrit à peine de
nullité (Crim. 21 sept. 2005, n o 04-85.149 , inédit, Procédures 2005. Comm. 291, note Buisson ; AJ pénal 2006. 127, note
Rousse l ). Justifie sa décision la chambre de l'instruction qui, pour écarter les moyens d'annulation de l'ordonnance de
placement en détention, pris d'une violation par le juge des libertés et de la détention du droit au silence que la personne
mise en examen avait choisi d'exercer devant le juge d'instruction et d'une inobservation de l'obligation de mentionner les
questions auxquelles il a été répondu, énonce que, d'une part, aucune disposition ne fixe la forme selon laquelle les
observations du mis en examen sont recueillies lors du débat contradictoire et que, d'autre part, les prescriptions de
l'article 429 du code de procédure pénale ne sont applicables qu'aux procès-verbaux d'interrogatoire ou d'audition (Crim.
30 janv. 2007, n o 06-88.284 , Bull. crim. n o 22 ; Gaz. Pal. 30-31 mars 2007, p. 22, note M. B. ; AJ pénal 2007. 144 ). N'est
pas nul le procès-verbal d'interrogatoire qui relate une déclaration en aparté de l'inculpé, recueillie par le juge en accord avec
le conseil : en contrôlant la dictée sans protestation et en relisant le contenu du procès-verbal sans observations, puis en
apposant sa signature, l'inculpé atteste la conformité avec sa déclaration (Colmar, 13 mars 1986, D. 1987. IR 55). Quand un
juge d'instruction dresse un acte, dénommé « procès-verbal », dans lequel il estime utile de préciser les charges retenues
contre les inculpés et d'analyser les déclarations recueillies, et procède à un interrogatoire après avoir lu la synthèse ainsi
rédigée, cet écrit étant inexistant, le procès-verbal d'interrogatoire qui s'y réfère est entaché de nullité (Crim. 21 nov. 1988,
Bull. crim. n o 394 ; Gaz. Pal. 1989. 1. Somm. 77). Il en irait différemment si la synthèse formait simplement la première
question de l'interrogatoire.

§ 5 - Requalification en cours d'information


422. Criminalisation en cours d'information. - La loi du 9 mars 2004 a introduit dans le code de procédure pénale un nouvel
article 118 laissé vacant quelques années auparavant. Il est ainsi rédigé : « S'il apparaît au cours de l'information que les faits
reprochés à la personne mise en examen sous une qualification correctionnelle constituent en réalité un crime, le juge
d'instruction notifie à la personne, après l'avoir informée de son intention et avoir recueilli ses éventuelles observations et
celles de son avocat, qu'une qualification criminelle est substituée à la qualification initialement retenue. À défaut de cette
notification, il ne peut être fait application des dispositions de l'article 181 ». Le législateur a également entendu préciser ce
qu'il advenait du mandat de dépôt délivré : « Si la personne était placée en détention provisoire, le mandat de dépôt
initialement délivré demeure valable et est considéré comme un mandat de dépôt criminel. La détention provisoire se trouve
alors soumise aux règles applicables en matière criminelle, les délais prévus pour la prolongation de la mesure étant calculés
à compter de la délivrance du mandat ». L'une et l'autre de ces dispositions ne bouleversent nullement l'état du droit : il
n'apparaît en effet pas possible de renvoyer une personne sous une qualification plus sévère que celle qui lui a été notifiée
(V. infra, n o 829). Par ailleurs, on sait que le mandat de dépôt épouse les nouvelles qualifications retenues (V. CHAMBON et
C. GUÉRY, op. cit. [supra, n o 280], n os 147.11 s.).

4 2 3 . Criminalisation dans une juridiction sans pôle. - À partir de l'entrée en vigueur de la loi du 5 mars 2007 en ce qu'elle
concerne la création de certaines juridictions dotées d'un pôle de l'instruction exclusivement compétent pour instruire les
affaires criminelles, la criminalisation dans une juridiction sans pôle pose un problème d'un ordre nouveau. En effet, la simple
criminalisation entraîne le dessaisissement de la juridiction. C'est pourquoi l'article 118 du code de procédure pénale prévoit
désormais que « si l'information a été ouverte au sein d'une juridiction dépourvue de pôle de l'instruction, le juge d'instruction,
aussitôt après avoir procédé aux formalités prévues par le présent article, se dessaisit au profit d'un juge du pôle de
l'instruction compétent, désigné par le président du tribunal de grande instance dans lequel se trouve ce pôle ». Les
conditions de ce dessaisissement sont prévues par l'article D. 31-2 qui dispose que, « lorsque le juge d'instruction se dessaisit
en application du dernier alinéa de l'article 118, il en informe immédiatement le président du tribunal de grande instance dans
lequel se trouve le pôle de l'instruction, qui désigne le ou les juges du pôle qui seront chargés de poursuivre l'information. Ce
dessaisissement ne prend effet qu'à compter de la désignation de ces juges. Les procureurs de la République des deux
tribunaux de grande instance sont également informés de ce dessaisissement ». Le contentieux de la détention demeure de
la compétence de la juridiction sans pôle tant que l'ordonnance de désignation n'est pas rendue par le président de la
juridiction polaire. Le juge d'instruction d'une juridiction dépourvue de pôle saisi d'une qualification délictuelle mais qui estime
que les faits ne relèvent pas de sa compétence doit, avant tout interrogatoire, rendre une ordonnance d'incompétence ab
initio (Angers, ch. instr., 13 oct. 2010, AJ pénal 2011. 70, obs. Belfanti ).

424. Supplétif pour faits criminels intervenant en cours d'information. - Lorsque la personne a été mise en examen sur la base
d'une qualification délictuelle, il arrive parfois que l'on découvre d'autres faits, de nature criminelle, que l'on peut lui reprocher.
Il ne s'agit pas alors de requalification mais de la notification de faits nouveaux. Comme le juge de la juridiction sans pôle ne
peut instruire des faits criminels, la pratique a imaginé plusieurs solutions : … soit le ministère public prend un réquisitoire
supplétif pour crime et sollicite en même temps que le juge se desaississe au profit de la juridiction polaire ; … soit le ministère
public ouvre directement une autre information devant la juridiction d'instruction du pôle.

Art. 2 - Formalités préalables aux interrogatoires de la personne mise en examen, aux auditions de la partie civile et aux
confrontations
§ 1 - Convocation du conseil
4 2 5 . Modalités de la convocation. - Les parties ne peuvent être entendues ou confrontées, à moins qu'elles n'y renoncent
expressément, qu'en présence de leurs avocats ou eux dûment appelés (Crim. 19 juill. 1989, Bull. crim. n o 293. - Crim. 4 janv.
1994, préc. supra, n o 419). Au plus tard cinq jours ouvrables avant l'interrogatoire ou l'audition, l'avocat est convoqué par
lettre recommandée avec demande d'avis de réception, télécopie avec récépissé ou verbalement avec émargement au dossier
de la procédure (C. pr. pén., art. 114, al. 1 er et 2). Le samedi n'est pas un jour ouvrable (C. pr. pén., art. 801. - Crim. 15 mars
1988, Bull. crim. n o 128. - Crim. 24 juin 1991, n o 91-82.487 , Bull. crim. n o 272). La chambre criminelle a eu l'occasion de
donner un exemple de la computation de ces délais : transposée avec le délai de cinq jours, il faut désormais comprendre que
ces formalités doivent être accomplies au plus tard le lundi pour un interrogatoire ou une audition prévus le mardi suivant, dès
lors qu'il n'y a pas de jour férié entre les deux (par analogie, V. Crim. 2 sept. 1986, Bull. crim. n o 251. - Crim. 19 janv. 1988,
Bull. crim. n o 25. - Crim. 7 juin 1988, Bull. crim. n o 258). L'article 114 du code de procédure pénale se borne à requérir la
convocation du conseil chaque fois que l'inculpé est susceptible d'être entendu, sans qu'il soit besoin d'en préciser l'objet
(Crim. 1 er oct. 1985, Bull. crim. n o 288. - Crim. 6 août 1991, Gaz. Pal. 1992. 1. Somm. 43, obs. Doucet). S'il est dans l'esprit de
la loi que le conseil soit convoqué en temps utile pour pouvoir assister à l'interrogatoire et prendre connaissance du dossier
avant l'interrogatoire, il a été jugé qu'il était satisfait aux prescriptions légales dès lors que la convocation a été expédiée
l'avant-veille de l'interrogatoire (aujourd'hui, il faudrait dire cinq jours ouvrables avant), fût-ce un samedi et sans
considération de distance (Crim. 2 mai 1903, Bull. crim. n o 169. - Crim. 22 avr. 1921, S. 1923. 1. 236. - Crim. 14 nov. 1946, Bull.
crim. n o 201. - Crim. 22 août 1960, JCP 1960. II. 11792, rapp. Rolland).

426. Durée de l'interrogatoire. - Un interrogatoire peut être poursuivi, si besoin est, le lendemain ou pendant plusieurs jours. Si
les formalités légales de convocation du conseil et de mise à disposition du dossier de la procédure ont été accomplies
régulièrement, elles n'ont pas à être renouvelées, alors même que le conseil ne se serait pas présenté le même jour (Crim.
8 juin 1912, Bull. crim. n o 307). Ce principe a été réaffirmé : la convocation adressée dans les délais de la loi au conseil d'un
inculpé avant l'un de ses interrogatoires prévu pour un jour et une date déterminés, valide, au regard des dispositions de
l'article 118 (désormais art. 114) du code de procédure pénale, tous les interrogatoires subséquents de cet inculpé et les
actes de procédure auxquels il a été soumis, s'ils en ont été la suite ininterrompue (Crim. 10 oct. 1988, Bull. crim. n o 332).

4 2 7 . Pluralité d'avocats. - S'ils désignent plusieurs conseils, ils doivent faire connaître celui d'entre eux auquel seront
adressées les convocations et notifications ; à défaut de ce choix, celles-ci seront adressées au conseil le premier choisi
(C. pr. pén., art. 115. - Crim. 18 juin 1985, Bull. crim. n o 233. - Crim. 20 janv. 1986, Bull. crim. n o 26. - Crim. 15 mars 1988, Bull.
crim. n o 128. - Crim. 8 déc. 1999, n o 99-86.135 , Bull. crim. n o 294 ; JCP 2000. IV. 384). Ces dispositions restent applicables
tant que le premier conseil n'a pas été expressément déchargé de sa mission (Crim. 3 déc. 1991, n o 91-83.505 , Bull. crim.
n o 454). La loi du 9 mars 2004 a modifié l'article 115 du code de procédure pénale en contraignant la partie à faire une
déclaration au greffier d'instruction lorsqu'elle veut désigner un avocat dès lors qu'il ne s'agit pas de la première désignation
ou de celle qui peut intervenir au cours d'un interrogatoire ou d'une audition. Lorsque la partie ne réside pas dans le ressort
de la juridiction compétente, la déclaration au greffier peut être faite par lettre recommandée avec demande d'avis de
réception. Lorsque la personne mise en examen est détenue, le choix peut également faire l'objet d'une déclaration auprès
du chef de l'établissement pénitentiaire, ou d'un courrier adressé au magistrat instructeur. L'avocat doit alors accomplir les
formalités de déclaration au greffe en remettant une copie complète ou partielle du courrier qui lui a été adressé, et qui est
annexée par le greffier à la déclaration. La personne mise en examen doit confirmer son choix dans les quinze jours selon
l'une des modalités prévues aux deuxième et troisième alinéas. Pendant ce délai, la désignation est tenue pour effective
(C. pr. pén., art. 115). Il résulte de l'article 115, alinéa 2, du code de procédure pénale que, tant que la personne mise en
examen n'a pas confirmé elle-même au juge d'instruction le choix d'un nouvel avocat, seuls doivent être avisés de la date de
l'audience les avocats précédemment désignés (Crim. 4 déc. 2001, BICC 51, n o 182). Ne satisfait pas aux exigences de l'article
115 du code de procédure pénale, la personne mise en examen qui, après avoir fait le choix d'un avocat unique, en désigne
quatre autres en précisant que les convocations et notifications devront être adressées à chacun d'eux. En conséquence, fait
une exacte application du texte précité la chambre de l'instruction qui écarte le moyen de nullité pris de ce que les
notifications d'actes ont été adressées au seul avocat premier choisi (Crim. 15 janv. 2008, n o 07-87.460 , Bull. crim. n o 7 ;
D. 2008. AJ 418, note Lavric ; AJ pénal 2008. 145, note Lavric ; Dr. pénal 2009. Chron. 1, p. 20, obs. Guérin ).

428. Succession d'avocats commis d'office ou désignés. - La désignation d'un avocat par l'intéressé rend caduque la désignation
de l'avocat commis d'office (Crim. 23 mai 1991, n o 91-81.591 , Bull. crim. n o 217). Il n'est donc pas normal de voir des
avocats d'office subsister dans une procédure après que la personne a choisi un défenseur. En revanche, lorsque la personne
mise en examen choisit un avocat, puis obtient ensuite la commission d'office d'un défenseur, le premier n'est pas déchargé
de plein droit, d'où la régularité de sa convocation à raison de la pluralité de conseils (Crim. 3 déc. 1991, n o 91-83.505 ,
Bull. crim. n o 454). La personne mise en examen peut renoncer à l'assistance d'un avocat pour revenir à celui qui avait été
initialement choisi, mais sous condition d'aviser la juridiction d'instruction ; à défaut de cet avis, le deuxième conseil est
considéré comme le seul avocat en cause (Crim. 5 janv. 1994, n o 93-84.679 , Bull. crim. n o 8 ; D. 1994. IR 50 ). Et si
l'avocat nouvellement désigné qui fait une déclaration d'appel n'est pas tenu de produire un pouvoir spécial, il ne peut en
revanche exercer ce recours lorsqu'une information est en cours que si la partie concernée a préalablement fait le choix de cet
avocat et en a informé la juridiction d'instruction selon les formes prévues par la loi (Crim. 27 nov. 2012, n o 11-85.130 ,
Dalloz actualité 25 janv. 2013, obs. Léna).

429. Absence de l'avocat. - La convocation du conseil de l'inculpé ou de la partie civile par lettre recommandée à une ancienne
adresse devenue périmée entraîne la nullité de l'interrogatoire de l'inculpé ou de l'audition de la partie civile fait en l'absence
dudit conseil (Crim. 16 mai 1974, Bull. crim. n o 181 ; D. 1974. 727, note Brunois ; JCP 1975. II. 18190, note Mayer-Jack. - Paris,
28 nov. 1979, Gaz. Pal. 1980. 2. Somm. 390). Depuis le jour où l'inculpé a fait connaître au juge qu'il récusait son avocat,
aucune convocation ou notification ne lui sera adressée (Crim. 2 sept. 1986, Bull. crim. n o 251). Le départ de l'avocat de
l'inculpé au cours d'un interrogatoire ne met pas fin à l'acte d'instruction commencé par le juge d'instruction (Crim. 14 nov.
1994, n o 94-80.981 , Bull. crim. n o 362). La décision prise collectivement par un barreau de suspendre toute participation
aux commissions d'office est une circonstance insurmontable, excluant la nullité d'un procès-verbal (Crim. 9 mai 1994, n o 94-
80.802 , Bull. crim. n o 174, en matière de garde à vue). Si un avocat choisi se trouve lui-même inculpé dans la procédure
suivie contre son client, l'obligation pour ce dernier de renoncer à l'assistance de son conseil ne constitue pas une atteinte
aux droits de la défense, à moins qu'il ne soit démontré que cette inculpation avait été prononcée dans le dessein de faire
échec à ces droits (Crim. 6 janv. 1989, Bull. crim. n o 3 ; D. 1989. IR 74).

430. Preuve intrinsèque. - La mention portée au procès-verbal indiquant que l'avocat a été convoqué par lettre recommandée
dans le délai légal et que le dossier de la procédure a été mis à sa disposition deux jours ouvrables avant l'acte [désormais à
tout moment ou au moins quatre jours ouvrables avant] suffit à elle seule à constater l'accomplissement des formalités
prévues par l'article 118, alinéas 2 et 3, du code de procédure pénale (désormais art. 114. - Crim. 26 mai 1981, Bull. crim.
n o 171). Cette mention fait foi jusqu'à inscription de faux, même en l'absence de récépissé postal (Crim. 5 janv. 1956, Bull.
crim. n o 16. - Crim. 9 janv. 1962, Bull. crim. n o 18). Un procès-verbal n'est pas atteint de nullité pour violation de l'article 118
(désormais art. 114), lorsque le juge, saisi d'une contestation sur la régularité de la convocation du conseil, s'abstient de
procéder à l'interrogatoire, qu'il ajourne (Crim. 11 août 1980, Bull. crim. n o 234). Il en est de même si le juge donne la parole
aux inculpés pour leur permettre de formuler des observations sans aborder le fond (Crim. 22 févr. 1977, Bull. crim. n o 72 ;
D. 1977. IR 195 ; Gaz. Pal. 1977. 1. Somm. 198).

431. Prescription de l'action publique. - La convocation adressée par un juge d'instruction en vue de procéder à des auditions,
interrogatoires ou confrontations, est un acte d'instruction qui interrompt la prescription (Crim. 5 sept. 2006, n o 06-80.402 ,
Bull. crim. n o 205 ; JCP 2006. IV. 2949).

§ 2 - Mise à disposition de la procédure


432. Quatre jours avant chaque interrogatoire. - La procédure est mise à la disposition des avocats des parties quatre jours
ouvrables au plus tard avant chaque interrogatoire de la personne mise en examen ou chaque audition de la partie civile.
Après la première comparution de la personne mise en examen ou la première audition de la partie civile, la procédure est
également mise à tout moment à la disposition des avocats durant les jours ouvrables, sous réserve des exigences du bon
fonctionnement du cabinet d'instruction. Ce texte doit être compris à l'aune de la législation antérieure. En effet, avant la loi
du 4 janvier 1993, le dossier devait être communiqué à l'avocat à sa demande au plus tard deux jours avant l'interrogatoire.
On en tirait un principe important : le dossier devait être communiqué complet et aucune pièce ne pouvait y entrer à compter
de ce moment (Crim. 9 févr. 1982, Bull. crim. n o 47). En tout cas, il n'était pas possible d'interroger sur une pièce entrée après
ce délai sans la communiquer auparavant à l'inculpé et à son conseil (Crim. 5 juin 1975, Bull. crim. n o 146 ; D. 1975. IR 160 ;
JCP 1976. II. 18243, note Chambon. - Crim. 20 févr. 1990, n o 89-86.666 , Bull. crim. n o 86 ; Gaz. Pal. 1990. 2. 388, note
Doucet). Ainsi devait être annulé le procès-verbal de confrontation, alors que le juge, après interrogatoire de plusieurs
inculpés, qui restaient dans le cabinet après audition, fit introduire un dernier inculpé, que les précédents avaient mis en
cause, et que son conseil s'était déclaré sans connaissance suffisante du dossier pour assurer la défense (T. corr. Lisieux,
30 juin 1987, Gaz. Pal. 1987. 2. Somm. 364, obs. Doucet). Il était aussi possible de considérer que l'interrogatoire ne porterait
pas sur le contenu des pièces non communiquées (Crim. 21 oct. 1975, Bull. crim. n o 221 ; D. 1975. IR 236. - Sur la mise à
disposition de la procédure, V. RYBEIRE, La communication du dossier d'instruction aux parties privées, JCP 2006. I. 152).

4 3 3 . Délai de quatre jours et possibilité de consulter le dossier à tout moment. - Or le texte issu de la loi n o 96-1235 du
30 décembre 1996 pouvait conduire à considérer que l'avocat ayant la possibilité de consulter le dossier à tout moment, il n'y
aurait plus de délai maximal pour y entrer librement de nouvelles pièces. Cette conclusion aurait sans doute été contraire à
l'intention du législateur. Aussi, avec la plus grande partie de la pratique, il faut conclure que le délai énoncé en premier lieu
par le texte, c'est-à-dire le délai de quatre jours ouvrables, doit être considéré comme celui qui contraint le magistrat instructeur
à communiquer une pièce nouvelle s'il entend interroger dessus. Aucune jurisprudence n'a, à notre connaissance, été publiée sur
ce point.

434. Absence de communication aux parties privées. - Il résulte des dispositions des articles 114 et 197 du code de procédure
pénale que la communication du dossier de l'information ne peut être effectuée qu'au profit d'un avocat. Cette règle n'est pas
contraire aux dispositions de l'article 6, § 3, de la Convention européenne des droits de l'homme qui n'impose pas la remise
du dossier de l'information à une personne poursuivie avant la saisine de la juridiction de jugement (Crim. 16 déc. 2009,
n o 09-86.298 , inédit). Néanmoins, l'article 114 du code de procédure pénale permet, avec l'autorisation du juge
d'instruction selon une procédure un peu lourde, la transmission de certaines pièces du dossier à son client (V. infra, n os
440 s.).
435. Mention au procès-verbal. - L'accomplissement de la formalité de communication de la procédure doit donner lieu à une
mention, substantielle, au procès-verbal (Crim. 27 juill. 1906, DP 1907. 1. 334. - Crim. 21 déc. 1944, Bull. crim. n o 202. - Crim.
22 juill. 1954, Bull. crim. n o 270. - Crim. 27 févr. 1963, Bull. crim. n o 96). L'absence de mention équivaut au non-
accomplissement, mais à l'inverse, la mention portée au procès-verbal fait foi jusqu'à inscription de faux (Crim. 9 janv. 1962,
Bull. crim. n o 18. - Crim. 21 juin 1962, Bull. crim. n o 230. - Crim. 27 févr. 1963, préc.). Lorsque l'interrogatoire est réalisé sur
commission rogatoire, l'avocat doit pouvoir consulter l'intégralité du dossier au cabinet du juge délégué quand il en fait la
demande (Crim. 9 févr. 1982, D. 1982. 544, note Pradel ; RSC 1983. 280, obs. Robert).

436. Pièces communiquées. - L'obligation faite au juge d'instruction de mettre la procédure à la disposition de l'avocat de la
personne mise en examen quatre jours ouvrables avant chaque interrogatoire n'impose que la communication des seules
pièces qui figurent au dossier à cette date. N'a pas à être versé à la procédure un document joint à une commission rogatoire
avant le retour de celle-ci (Crim. 30 mai 1996, n o 95-85.954 , Bull. crim. n o 226). Il n'est exigé par aucun texte que figure au
dossier, pendant la durée de son exécution, une copie du mandement d'une commission rogatoire en cours d'exécution (Crim.
12 mars 1991, n o 90-87.733 , Bull. crim. n o 122). Une commission rogatoire doit être versée au dossier lorsque les procès-
verbaux établis pour son exécution ont été reçus par le juge d'instruction, et aucune prescription légale n'exige d'en tenir,
avant cette réception, une copie à la disposition des parties. Eu égard aux nécessités propres à la recherche de la vérité au
cours de l'instruction préparatoire, il ne saurait résulter de cette situation une atteinte aux règles édictées par l'article 6 de la
Convention européenne des droits de l'homme (Crim. 3 févr. 1999, Gaz. Pal. 14-18 mai 1999, p. 21). Fait exacte application
des articles 100-5, 114 et 117 du code de procédure pénale la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, pour refuser
d'annuler un procès-verbal d'interrogatoire portant sur le contenu d'une écoute téléphonique dont la transcription n'avait pas
encore été effectuée mais dont la teneur était rapportée par un procès-verbal versé au dossier, relève que l'acte a eu lieu en
présence de l'avocat qui a consulté le dossier et n'a émis aucune réserve, que les questions n'ont pas dépassé ce qui était
rapporté au procès-verbal et qu'il n'y a pas eu atteinte aux droits de la défense (Crim. 23 mars 1999, n o 98-86.263 ,
D. 1999. Somm. 324, obs. Pradel ; BICC 495, n o 745 ; JCP 1999. IV. 2800). Ne justifie pas sa décision au regard de ce texte
la chambre de l'instruction qui annule l'interrogatoire de première comparution de deux personnes mises en examen, après
avoir relevé que certains documents saisis ne figuraient pas dans le dossier de la procédure tenu à la disposition de leurs
avocats en application de l'article 114, alinéa 2, du code de procédure pénale, alors que l'une des personnes mises en
examen n'avait fait aucune déclaration sur le fond et que l'autre était assistée de son avocat qui, bien qu'ayant pu prendre
connaissance de l'existence et de la nature des documents concernés, décrits dans les procès-verbaux d'inventaire figurant
au dossier, n'avait élevé aucune protestation au cours de l'interrogatoire de sa cliente et n'avait, au demeurant, ni établi, ni
même allégué, à l'appui de sa demande d'annulation, une quelconque atteinte aux intérêts de celle-ci (Crim. 30 oct. 2001,
BICC 548, n o 33).

437. Scellés. - La communication des scellés n'est obligatoire que si elle est sollicitée.

§ 3 - Copie de la procédure
438. Avant la loi du 30 décembre 1996. - Avant l'entrée en vigueur de la loi du 30 décembre 1996, les avocats des parties
pouvaient se faire délivrer, à leurs frais, copie de tout ou partie des pièces et actes du dossier pour leur usage exclusif et
sans pouvoir en établir de reproduction (C. pr. pén., art. 114). Seul le conseil de la personne mise en examen ou de la partie
civile pouvait obtenir communication de la procédure. La personne mise en examen n'y avait pas droit, même s'il était avocat.
Ces dispositions avaient été considérées non contraires à celles de l'article 6, paragraphe 3, b, de la Convention européenne
de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, mais aussi à celles de l'article 160 du décret du
27 novembre 1991 organisant la profession d'avocat. Le conseil, autorisé à se faire délivrer des copies du dossier
d'instruction, peut procéder à leur examen avec son client pour les besoins de sa défense, mais ne saurait lui remettre ces
copies qui ne lui sont délivrées que pour son « usage exclusif » et doivent demeurer couvertes par le secret de l'instruction
(Cass., ass. plén., 30 juin 1995, JCP 1995. II. 22479, note Chambon ; Dr. pénal 1995. Comm. 15 ; D. 1995. 417, note Pradel
; D. 1995. Somm. 319, obs. Pradel ). Cet arrêt confirmait une plus ancienne jurisprudence (Crim. 9 févr. 1978, Bull. crim.
n o 52. - Crim. 11 juill. 1994, n o 94-82.188 , Bull. crim. n o 274 ; D. 1995. Somm. 140, obs. Pradel ) et des solutions
identiques avaient été données par les juridictions du fond (pour la position opposée, V. toutefois Toulouse, 27 juin 1994,
Gaz. Pal. 21-23 août 1994, p. 29).

439. Par ailleurs, la première chambre civile de la Cour de cassation avait considéré qu'il résultait de l'article 11 du code de
procédure pénale et de l'article 89 du décret n o 72-468 du 9 juin 1972 (JO 11 juin), fixant les règles professionnelles de
l'avocat, que, si celui-ci, autorisé par l'article 118, alinéa 4, du code de procédure pénale (désormais art. 114) à se faire
délivrer des copies de pièces du dossier d'instruction, pouvait en communiquer la teneur à son client pour les besoins de la
défense, il ne pouvait en revanche lui remettre ces copies qui ne lui étaient délivrées que pour « son usage exclusif », ces
pièces devant rester secrètes tant que dure l'instruction (Civ. 1 re, 2 févr. 1994, D. 1994. IR 55 ). Il ne pouvait pas non plus
produire une copie devant une juridiction civile (Civ. 1 re, 20 oct. 1993, D. 1995. Somm. 166, obs. Brunois ), sauf autorisation
de prendre copie par le procureur général. En revanche, le conseil pouvait prendre des notes, mais il ne pouvait les
communiquer à d'autres personnes qu'à son client, l'instruction étant secrète, et suivant les nécessités d'une défense qu'il
apprécie selon sa conscience (Aix-en-Provence, 23 mai 1961, D. 1961. 484).

4 4 0 . Loi du 30 décembre 1996 : copie de tout ou partie des pièces et actes du dossier. - La loi du 30 décembre 1996 a
profondément modifié le régime du droit à copie de la procédure d'instruction. Le principe, solennel, est posé dans trois
alinéas de l'article 114 du code de procédure pénale : « Après la première comparution ou la première audition, les avocats
des parties peuvent se faire délivrer, à leurs frais, copie de tout ou partie des pièces et actes du dossier. Les avocats peuvent
transmettre une reproduction des copies ainsi obtenues à leur client. Celui-ci atteste au préalable, par écrit, avoir pris
connaissance des dispositions de l'alinéa suivant et de l'article 114-1. Seules les copies des rapports d'expertise peuvent être
communiquées par les parties ou leurs avocats à des tiers pour les besoins de la défense » (C. pr. pén., art. 114, al. 4 à 6).
Mais la suite est plus restrictive et conditionne en fait ce droit à l'autorisation du magistrat instructeur, selon une procédure
assez compliquée : « L'avocat doit donner connaissance au juge d'instruction par déclaration à son greffier ou par lettre ayant
ce seul objet et adressée en recommandé avec accusé de réception, de la liste des pièces ou actes dont il souhaite remettre
une reproduction à son client. Le juge d'instruction dispose d'un délai de cinq jours ouvrables à compter de la réception de la
demande pour s'opposer à la remise de tout ou partie de ces reproductions par une ordonnance spécialement motivée au
regard des risques de pression sur les victimes, les personnes mises en examen, leurs avocats, les témoins, les enquêteurs,
les experts ou toute autre personne concourant à la procédure. Cette décision est notifiée par tout moyen et sans délai à
l'avocat. À défaut de réponse du juge d'instruction notifiée dans le délai imparti, l'avocat peut communiquer à son client la
reproduction des pièces ou actes dont il avait fourni la liste. Il peut, dans les deux jours de sa notification, déférer la décision
du juge d'instruction au président de la chambre d'accusation [de l'instruction], qui statue dans un délai de cinq jours
ouvrables par une décision écrite et motivée, non susceptible de recours. À défaut de réponse notifiée dans le délai, l'avocat
peut communiquer à son client la reproduction des pièces ou actes mentionnés sur la liste. Les modalités selon lesquelles ces
documents peuvent être remis par son avocat à une personne détenue et les conditions dans lesquelles cette personne peut
détenir ces documents sont déterminées par décret en Conseil d'État » (C. pr. pén., art. 114, al. 7 à 10). La possibilité de se
faire délivrer une copie des pièces du dossier d'une information en cours n'est ouverte à l'avocat de la personne concernée
qu'après sa première comparution en qualité de personne mise en examen ou sa première audition comme partie civile (Crim.
25 oct. 2011, n o 11-81.677 , JCP 2011, p. 1384).

441. Exception. - Ce système connaît néanmoins une exception : « Par dérogation aux dispositions des huitième et neuvième
alinéas, l'avocat d'une partie civile dont la recevabilité fait l'objet d'une contestation ne peut transmettre à son client une
reproduction des pièces ou actes de la procédure sans l'autorisation préalable du juge d'instruction, qui peut lui être notifiée
par tout moyen. En cas de refus du juge d'instruction ou à défaut de réponse de ce dernier dans les cinq jours ouvrables,
l'avocat peut saisir le président de la chambre de l'instruction, qui statue dans un délai de cinq jours ouvrables, par une
décision écrite et motivée non susceptible de recours. En l'absence d'autorisation préalable du président de la chambre de
l'instruction, l'avocat ne peut transmettre la reproduction de pièces ou actes de la procédure à son client » (C. pr. pén.,
art. 114, al. 11).

4 4 2 . Règles spécifiques concernant le détenu. - Le décret en Conseil d'État dont fait état l'alinéa 10 du texte est le décret
n o 97-180 du 28 février 1997 (D. 1997. 163). Il prévoit un régime précis dont on retiendra l'essentiel : l'article R. 15-42 prévoit
que les reproductions de copies de pièces ou actes de procédure d'instruction que l'avocat d'une personne détenue lui
transmet conformément aux dispositions de l'article 114 sont adressées au greffe de l'établissement pénitentiaire soit par
envoi recommandé, soit par remise directe au greffe contre récépissé. C'est le greffe qui, dans les trois jours ouvrables de la
réception, les remet au détenu et qui lui notifie les obligations qui en découlent (C. pr. pén., art. 114, al. 6, et 114-1). Le juge
d'instruction peut subordonner l'autorisation de remise à la condition que ces documents soient conservés au greffe de
l'établissement pénitentiaire après leur consultation par le détenu (C. pr. pén., art. R. 15-44). Le détenu peut également faire
une demande pour que le greffe conserve les pièces en ses lieu et place. Ces pièces sont protégées par le secret de
l'instruction. Elles ne peuvent pas être versées au dossier individuel du détenu.

4 4 3 . Obligations pénalement sanctionnées. - Le non-respect des exigences posées par la rédaction de l'article 114 est
constitutif d'une infraction pénale. Sous réserve des dispositions de l'alinéa 6 de l'article 114, le fait, pour une partie à qui une
reproduction des pièces ou actes d'une procédure d'instruction a été remise en application de cet article, de la diffuser auprès
d'un tiers est puni de 3 750 € d'amende (C. pr. pén., art. 114-1).

444. Enregistrement de l'audition d'un mineur victime. - Il est effectué une copie de l'enregistrement de l'audition d'un mineur
victime de l'une des infractions mentionnées à l'article 706-47 (V. Enfance). Cette copie est versée au dossier.
L'enregistrement original est placé sous scellés fermés. Sur décision du juge d'instruction, l'enregistrement peut être visionné
ou écouté au cours de la procédure. La copie de ce dernier peut toutefois être visionnée ou écoutée par les parties, les
avocats ou les experts, en présence du juge d'instruction ou d'un greffier. Les huit derniers alinéas de l'article 114 du code de
procédure pénale ne sont pas applicables à l'enregistrement. La copie de ce dernier peut toutefois être visionnée par les
avocats des parties au palais de justice dans les conditions qui garantissent la confidentialité de cette consultation
(C. pr. pén., art. 706-52, issu de la loi n o 98-468 du 17 juin 1998).

445. La loi du 5 mars 2007 introduit la possibilité de copies numérisées. - Le législateur a en effet ajouté une phrase à l'alinéa 4
de l'article 114 selon laquelle la copie de pièces « peut être adressée à l'avocat sous forme numérisée, le cas échéant par un
moyen de télécommunication selon les modalités prévues à l'article 803-1 ». Le décret du 15 novembre prévoit que « la copie
des actes du dossier d'instruction prévue par l'article 81 peut être réalisée sous forme numérisée, qui est conservée dans des
conditions garantissant qu'elle n'est accessible qu'aux personnes autorisées à la consulter. « À chaque transmission ou
remise d'une copie numérisée, le greffier délivre une attestation indiquant qu'elle est conforme à l'original » (Décr. n o 2007-
1620 du 15 nov. 2007, JO 17 nov.).

446. Les copies de pièces doivent être délivrées dans le délai d'un mois qui suit la demande. - Autre innovation de la loi du 5 mars
2007, la délivrance des copies est désormais assortie d'un délai, d'un mois, qui semble bien difficile à respecter parfois, au vu
de l'encombrement des services de reprographie des tribunaux. Par ailleurs, le texte ne prévoit pas les conséquences d'un
défaut de délivrance dans le délai d'un mois. La circulaire du 22 juin 2007 affirme que le report de l'interrogatoire demandé
par l'avocat « ne s'imposera nullement au juge ». Rien n'est moins sûr, et il convient de ne pas procéder à un interrogatoire
au début duquel un conseil aurait fait consigner un tel défaut.

§ 4 - Renonciation
4 4 7 . Renonciation à l'assistance. - Les parties peuvent renoncer au bénéfice des dispositions prévues par l'alinéa 1 er de
l'article 114 du code de procédure pénale ; leur renonciation doit être expresse (C. pr. pén., art. 114, al. 1 er. - Crim. 9 avr.
1986, Bull. crim. n o 121). Il s'agit alors d'une renonciation a priori. La personne mise en examen peut renoncer à l'assistance
de son conseil hors la présence de celui-ci (Crim. 5 janv. 1901, DP 1901. 1. 113) dès lors que la renonciation est expresse et
préalable à l'acte d'instruction (Crim. 9 avr. 1986, préc.).

448. Impossibilité de convoquer l'avocat dans les délais. - Quelle doit être l'attitude du juge d'instruction lorsque c'est la partie
elle-même qui le place dans la situation de ne pas pouvoir convoquer son conseil dans le délai légal ? Par exemple, le fait de
désigner un avocat deux jours ouvrables avant l'interrogatoire prévu ou le fait de changer d'avocat met-il le magistrat
instructeur dans l'obligation de faire renoncer la partie à se prévaloir de toute nullité pouvant découler du non-respect de
l'article 114 du code de procédure pénale, s'il entend réaliser l'interrogatoire ? Certes, la partie peut faire connaître à tout
moment le nom de son conseil ; cette décision n'est jamais irrévocable et elle peut tout aussi bien renoncer à se faire assister
à tout moment d'un avocat. Des raisons pratiques conduisaient déjà à considérer que la renonciation ne s'imposait pas dans
ce type d'hypothèse. En effet, la solution inverse permettrait des manoeuvres dilatoires, et surtout dans le cas où
l'interrogatoire a des conséquences juridiques précises. Ainsi, lorsque c'est un débat contradictoire de prolongation qui est
envisagé, le seul fait, pour le détenu, de changer d'avocat peu de temps auparavant, voire le jour même, puis de ne pas
accepter de renoncer à se prévaloir des nullités de procédure, aurait pour résultat d'entraîner sa libération immédiate, faute
pour le juge d'avoir pu respecter le délai. On comprendra qu'il ne saurait alors être question d'imposer au juge d'instruction ou
au juge des libertés et de la détention de faire renoncer la partie quand c'est elle qui, en choisissant ou en changeant
d'avocat à un moment où le respect des formalités de l'article 114 n'était plus possible, a volontairement ou non entraîné
cette situation. Rien n'empêche la partie de ne pas parler si elle considère qu'elle ne peut le faire sans son conseil, mais le
débat contradictoire ou tout interrogatoire peut se tenir sans renonciation préalable. C'est ce que la chambre criminelle,
finalement saisie du problème, a décidé : il n'y a pas lieu d'annuler le débat contradictoire et l'ordonnance de prolongation de
détention subséquente, dès lors que l'avocat désigné en premier a été régulièrement avisé en vue du débat contradictoire
auquel il s'est présenté, et que c'est seulement ce jour-là que le détenu a fait connaître qu'il désignait un autre avocat au lieu
et place du précédent (Crim. 5 mars 2002, n o 01-88.715 , inédit). Dans une hypothèse où le mis en examen souhaitait
changer d'avocat le jour même de sa comparution, la chambre criminelle a répété le principe : la régularité de l'avis prévu par
l'article 114 du code de procédure pénale doit s'apprécier à la date à laquelle il est délivré. Aucune disposition légale n'impose
au juge de réitérer cet acte en cas de désignation d'un nouvel avocat pour recevoir les convocations et les notifications (Crim.
26 févr. 2008, n o 07-88.451 , Bull. crim. n o 49 ; AJ pénal 2008. 241, note Lavric). Si l'avocat nouvellement désigné qui fait
une déclaration d'appel n'est pas tenu de produire un pouvoir spécial, il ne peut en revanche exercer ce recours lorsqu'une
information est en cours que si la partie concernée a préalablement fait le choix de cet avocat et en a informé la juridiction
d'instruction selon les formes prévues par la loi (Crim. 27 nov. 2012, n o 11-85.130 , Dalloz actualité 25 janv. 2013, obs.
Léna).

449. La partie envers laquelle une formalité substantielle a été méconnue peut renoncer à s'en prévaloir et régulariser ainsi
la procédure. Cette renonciation doit être expresse. Elle ne peut être donnée qu'en présence de l'avocat ou ce dernier
dûment appelé (C. pr. pén., art. 172. - Crim. 9 avr. 1986, Bull. crim. n o 121). Il s'agit alors d'une renonciation a posteriori.

§ 5 - Nullités
450. Atteinte aux intérêts de la partie. - En cas de violation des formes prescrites par la loi à peine de nullité ou d'inobservation
des formalités substantielles, toute juridiction, y compris la Cour de cassation, qui est saisie d'une demande d'annulation ou
qui relève d'office une telle irrégularité, ne peut prononcer la nullité que lorsque celle-ci a eu pour effet de porter atteinte aux
intérêts de la partie qu'elle concerne (C. pr. pén., art. 802. - V. Nullités de procédure). Dès lors que le conseil était présent
et n'a élevé aucune protestation, il n'est pas établi que la nullité ait eu pour effet de porter atteinte aux intérêts de l'inculpé
et, en application de l'article 802 dudit code, il n'y a pas lieu de la prononcer (Crim. 2 sept. 1986, Bull. crim. n o 251. - Crim.
9 mars 1988, Bull. crim. n o 119. - Crim. 11 janv. 1994, n o 93-84.837 , Bull. crim. n o 15). Fait de même une exacte application
de l'article 802 du code de procédure pénale l'arrêt qui écarte la demande d'annulation de la procédure, nonobstant les
irrégularités commises lors de la convocation des deux conseils choisis par l'inculpé, dès lors qu'un de ceux-ci ayant assisté à
l'interrogatoire et aucune réserve n'ayant été formulée, il n'est pas établi que lesdites irrégularités aient eu pour effet de
porter atteinte aux intérêts de l'inculpé (Crim. 16 janv. 1991, n o 90-82.427 , Bull. crim. n o 27).

451. Supplément d'information. - Les formalités préalables aux interrogatoires de la personne mise en examen, aux auditions
de la partie civile et aux confrontations diligentées par le juge d'instruction sont également applicables aux suppléments
d'information ordonnés par la chambre de l'instruction (C. pr. pén., art. 205), par le président de la cour d'assises (C. pr. pén.,
art. 283) et par le tribunal correctionnel (C. pr. pén., art. 397-2 et 463).

Art. 3 - Déroulement de l'interrogatoire et de l'audition de la partie civile


§ 1 - Interrogatoire
452. L'interrogatoire est secret. - Il se déroule entre le juge, assisté du greffier, et la personne mise en examen assistée, le
cas échéant. La mention sur les procès-verbaux de l'empêchement du greffier attaché au cabinet d'instruction et de son
remplacement par une personne étrangère au service implique à la fois l'empêchement de tous les agents énumérés aux
articles R. 812-11 et R. 812-12 du code de l'organisation judiciaire et la nécessité de recourir, pour dresser les procès-
verbaux, à l'assistance d'un citoyen majeur ayant prêté le serment prévu par la loi (Crim. 15 déc. 1981, Bull. crim. n o 331).

453. D'autres personnes peuvent, le cas échéant, être admises à y assister. - Il en est ainsi des auditeurs de justice ayant prêté
serment. Peut également y participer un interprète (C. pr. pén., art. 102) qui doit être majeur et ne peut être ni le greffier, ni
un témoin. L'interprète, s'il n'est pas assermenté, prête serment d'apporter son concours à la justice en son honneur et en sa
conscience (C. pr. pén., art. 102, al. 2). Un avocat peut obtenir la désignation d'un interprète, avec l'autorisation de
l'accompagner au lieu de la détention et prise en charge des frais par l'État, dès lors qu'il s'agit d'une mesure destinée à
assurer les droits de la défense, donc la validité de la procédure (Dijon, 2 juin 1993, Gaz. Pal. 1993. 2. Somm. 484). Les
gardes de l'escorte du détenu peuvent également être présents, selon que le juge d'instruction souhaite leur présence ou
non.

4 5 4 . Droit à interprète. - La demande adressée au juge d'instruction par la personne poursuivie, d'un interprète pour
s'entretenir avec son avocat, est toujours recevable. Son refus doit donner lieu à une ordonnance motivée susceptible d'appel
(Crim. 6 déc. 1994, n o 94-84.235 , Bull. crim. n o 394). Cette demande entre dans la catégorie des mesures qui peuvent, en
application de l'article 82-1 du code de procédure pénale, être sollicitées par la personne mise en examen au cours de
l'information. Ainsi, excède ses pouvoirs le président de la chambre de l'instruction disant n'y avoir lieu de saisir ladite chambre
d'une telle requête sur laquelle le juge d'instruction n'avait pas statué dans le délai d'un mois (Crim. 25 mai 2005, n o 05-
81.628 , Bull. crim. n o 157. - Et, sur le caractère général du principe dès lors qu'il s'agit d'un avocat d'office, V. Crim. 29 juin
2005, n o 04-86.110 , Bull. crim. n o 199 ; Dr. pénal 2005. Comm. 155).

455. L'interrogatoire en matière criminelle fait l'objet d'un enregistrement vidéo. - La loi du 5 mars 2007 a prévu qu'en matière
criminelle, « les interrogatoires des personnes mises en examen réalisés dans le cabinet du juge d'instruction, y compris
l'interrogatoire de première comparution et les confrontations, font l'objet d'un enregistrement audiovisuel. Cette question a
été traitée précédemment (V. supra, n o 197).

456. Acte d'autorité. - L'interrogatoire est un acte d'autorité et le juge dirige l'interrogatoire comme il l'entend sous réserve de
ne pas user de procédés déloyaux et notamment de contrainte physique ou morale (Cass., ch. réun., 31 janv. 1888,
S. 1889. 1. 241). Il est interdit, à peine de nullité, d'entendre l'inculpé sous serment (Crim. 6 janv. 1923, DP 1924. 1. 175). Le
juge ayant la maîtrise de la conduite de l'interrogatoire peut interrompre celui-ci quand il le juge. Le conseil de la personne
mise en examen, du témoin assisté ou le procureur peuvent demander que des questions soient posées. Le juge possédait,
jusqu'à l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, le pouvoir discrétionnaire d'accepter ou non ces questions. Toutefois, s'il
les refusait, ces questions devaient être transcrites ou jointes au procès-verbal (C. pr. pén., art. 120). La rédaction de la loi du
15 juin 2000 est sensiblement différente puisque désormais « le juge d'instruction dirige les interrogatoires, confrontations et
auditions. Le procureur de la République et les avocats des parties peuvent poser des questions ou présenter de brèves
observations. Le juge d'instruction détermine, s'il y a lieu, l'ordre des interventions et peut y mettre un terme lorsqu'il s'estime
suffisamment informé. Il peut s'opposer aux questions de nature à nuire au bon déroulement de l'information ou à la dignité
de la personne. Mention de ce refus est portée au procès-verbal ». Il semble donc que le juge ne puisse plus refuser que les
seules questions « de nature à nuire au bon déroulement de l'information ou à la dignité de la personne ». Le juge
d'instruction demeure toutefois libre de mettre fin à l'interrogatoire. La convocation du conseil étant seule obligatoire, s'il ne
se présente pas à l'interrogatoire, il suffit de le constater, dès lors que les formalités légales ont été accomplies et que la
preuve en est établie (Crim. 30 déc. 1908, Bull. crim. n o 543. - V. aussi supra, n o 430).

457. Majeur protégé. - Une des nombreuses lois datées du 5 mars 2007, celle relative à la protection des majeurs protégés,
dispose dans un nouvel article 706-116 du code de procédure pénale que « la personne poursuivie doit être assistée par un
avocat. À défaut de choix d'un avocat par la personne poursuivie [le majeur protégé] ou son curateur ou son tuteur, le
procureur de la République ou le juge d'instruction fait désigner par le bâtonnier un avocat, l'intéressé étant informé que les
frais seront à sa charge sauf s'il remplit les conditions d'accès à l'aide juridictionnelle ». La personne est ici le majeur faisant
l'objet d'une protection (V. FOSSIER et HUIHAL, Le régime des poursuites pénales engagées contre un majeur protégé, JCP
2007. I. 146).

§ 2 - Audition de la partie civile


458. Droits d'une partie. - L'audition de la partie civile est le mode d'instruction, par un magistrat désigné à cet effet, par voie
de questions posées, d'interpellations faites, d'objections soulevées, d'argumentations opposées à une personne qui, se
prétendant victime d'une infraction, a porté plainte dans les conditions définies à l'article 85 du code de procédure pénale ou
qui a fait la déclaration prévue à l'article 87 du même code. La partie civile ne peut plus être entendue comme témoin à partir
du moment où elle s'est constituée ; devenue partie, elle bénéficie d'un autre statut. Les conditions de convocation du conseil
de la partie civile sont les mêmes que celles de l'avocat de la personne mise en examen. De même, ses droits pendant
l'audition sont identiques. Rien n'interdit à une partie civile d'être placée en garde à vue à partir du moment où ce n'est pas
en tant que partie civile qu'elle fait l'objet de l'interrogatoire, mais en tant que suspect (Crim. 28 avr. 2004, n o 01-84.554 ,
Bull. crim. n o 103 ; D. 2004. IR 1644 ; JCP 2004. IV. 2268 ; Procédures 2004. Comm. 190, note Buisson). Logiquement, la
partie civile peut aussi être mise en examen dans le dossier où elle était constituée. Depuis l'entrée en vigueur de la loi du
15 juin 2000, toute victime doit, dès l'ouverture de l'information, être informée de son droit de se constituer partie civile
(C. pr. pén., art. 80-3).

4 5 9 . Transcription. - La transcription des déclarations émises lors de son audition par une partie civile au moyen de
l'ordinateur portable du juge d'instruction dans un procès-verbal, relu et signé par la partie civile, le juge et le greffier, satisfait
aux formalités des articles 102, 106 et 107 du code de procédure pénale, peu important que ces déclarations n'aient pas été
initialement exposées au juge par voie orale, dès lors que le greffier, scripteur et signataire du procès-verbal, est le garant de
l'authenticité de cette transcription (Limoges, 11 mai 1999, BICC 504, n o 1381).

§ 3 - Confrontation
460. Mise en présence d'au moins deux personnes. - La confrontation est le mode d'instruction mettant en présence au moins
deux personnes qui ont soit la même qualité de personne mise en examen, de partie civile ou de témoin, voire de témoin
assisté, soit l'une quelconque de ces qualités. La confrontation de seuls témoins obéit aux règles de l'audition des témoins et
la présence de la personne mise en examen n'est pas nécessaire (Crim. 25 juin 1958, Bull. crim. n o 498). L'article 102 du code
de procédure pénale, modifié par la loi du 9 mars 2004, dispose désormais clairement que les témoins peuvent être entendus
séparément ou confrontés entre eux ou avec les parties. Certaines confrontations ne nécessitent pas que le juge respecte les
obligations de l'article 114 du code de procédure pénale. Il en est ainsi lorsque la personne est présentée aux témoins
derrière une glace sans tain, en vue d'une reconnaissance (Crim. 24 oct. 1991, n o 91-84.574, Bull. crim. n o 375 ; D. 1992.
Somm. 323, obs. Pradel ) ou d'une « parade d'identification avec six figurants » qui doivent prononcer des propos
semblables en présence des témoins, l'audition de la voix par les témoins n'ayant entraîné ni confrontation ni interrogatoire
(Crim. 10 mars 1993, n o 92-83.663 , Bull. crim. n o 110 ; D. 1994. Somm. 187, obs. Pradel ), ou encore lorsque le juge
d'instruction donne seulement la parole aux inculpés pour leur permettre de formuler des observations sur la déposition des
témoins entendus en leur présence, sans aborder l'examen de la culpabilité au fond ; il peut, dès lors, procéder à cet acte
d'instruction sans mettre la procédure à la disposition des conseils dans les conditions prévues par l'article 118 du code de
procédure pénale (Crim. 21 oct. 1975, Bull. crim. n o 221 ; D. 1975. IR 236 ; Gaz. Pal. 1976. 1. Somm. 47 ; RSC 1976. 443, obs.
Robert). De même, la procédure prévue à l'article 118 du code de procédure pénale (désormais art. 114) ne saurait
s'appliquer dans le cas où le juge d'instruction se borne à restituer à l'inculpé qui en donne décharge des lettres missives
ayant fait l'objet d'une saisie, dès lors qu'aucun des actes auxquels a donné lieu cette restitution n'a revêtu le caractère d'un
interrogatoire (Crim. 23 mai 1970, Bull. crim. n o 166 ; D. 1970. 613). Il paraît néanmoins prudent de prévoir que la
manifestation de la vérité peut rendre nécessaire d'interroger le mis en examen : les questions ne seront posées
régulièrement que si le juge a, au préalable, accompli les formalités légales prévues à l'article 114. L'audition d'un témoin, non
suivie de confrontation avec la personne en examen lors de l'instruction, n'est pas de nature à entraîner la nullité de la
procédure dès lors que l'intéressé conserve la faculté de citer ou de faire citer le témoin à l'audience (Crim. 26 janv. 1994,
n o 93-81.342 , Bull. crim. n o 35 ; D. 1994. IR 67 ).

4 6 1 . Confrontation séparée. - À la suite de certaines contestations sur la manière d'instruire dans le dossier d'Outreau, le
législateur a prévu, dans la loi du 5 mars 2007, la possibilité, pour la personne mise en examen ou le témoin assisté « mis en
cause par plusieurs personnes », de demander conformément à l'alinéa 1 er de l'article 82-1 ou au deuxième alinéa de
l'article 113-3, à être confrontés séparément avec chacune d'entre elles. Le juge d'instruction statue sur ces demandes
conformément au deuxième alinéa de l'article 82-1 « Le refus d'une demande de confrontation individuelle ne peut être motivé
par la seule raison qu'une confrontation collective est organisée » (C. pr. pén., art. 120-1).

462. Vidéoconférence. - L'article 706-71 du code de procédure pénale, issu de la loi du 15 juin 2000, et dont les dispositions
ont été étendues par les lois du 9 septembre 2002 et 9 mars 2004, 26 janvier 2005, 5 mars 2007, 24 novembre 2009, puis
celles du 14 mars 2011 et du 14 avril 2011, prévoit la possibilité que les auditions, interrogatoires et confrontations se
déroulent en même temps en divers points du territoire grâce à des moyens audiovisuels. Ces moyens doivent garantir la
confidentialité des transmissions. Il est dressé, dans chacun des lieux, un procès-verbal des opérations qui y ont été
effectuées. En cas de nécessité, résultant de l'impossibilité pour un interprète de se déplacer, l'assistance de l'interprète au
cours d'une audition, d'un interrogatoire ou d'une confrontation peut également se faire par l'intermédiaire de moyens de
télécommunications. La loi du 9 mars 2004, et les lois postérieures, précitées, ont élargi le champ d'application de ces moyens
audiovisuels à la procédure de jugement, à certains cas concernant la détention provisoire et a précisé que l'avocat pouvait
se trouver soit auprès de la juridiction compétente, soit auprès de l'intéressé (V. aussi Décr. n o 2007-1620 du 15 nov. 2007
modifiant le code de procédure pénale et relatif à l'utilisation des nouvelles technologies, et not. les art. D. 47-12-1 s. c. pr.
pén., JO 17 nov.).

Section 5 - Autres pouvoirs


Art. 1 - Mineur victime
463. Administrateur « ad hoc ». - (V. Enfance). L'article 706-50 du code de procédure pénale dispose que « le procureur de la
République ou le juge d'instruction, saisi de faits commis volontairement à l'encontre d'un mineur, désigne un administrateur
ad hoc lorsque la protection des intérêts de celui-ci n'est pas complètement assurée par ses représentants légaux ou par l'un
d'entre eux. L'administrateur ad hoc assure la protection des intérêts du mineur et exerce, s'il y a lieu, au nom de celui-ci les
droits reconnus à la partie civile. En cas de constitution de partie civile, le juge fait désigner un avocat d'office pour le mineur
s'il n'en a pas déjà été choisi un ». Le magistrat instructeur n'est donc plus limité par les termes de l'ancien article 87-1 qui ne
prévoyait la désignation d'un administrateur ad hoc que dans les cas où l'un des titulaires de l'autorité parentale était
poursuivi. Par ailleurs, l'article 706-50 oblige le magistrat instructeur à désigner un administrateur dès lors qu'il constate que
les intérêts du mineur ne sont pas « complètement assurés » par ses représentants légaux (V. Décr. n o 99-818 du 16 sept.
1999, relatif aux modalités de désignation et d'indemnisation des administrateurs ad hoc [JO 19 sept., rect. 8 janv. 2000]. -
C. pr. pén., art. R. 53 à R. 53-8, R. 216 et R. 216-1 nouv. - C. GUÉRY et A. GUÉRY, Administrateurs ad hoc. Us et abus, Gaz. Pal.
1998. 2. Doctr. 1073). Lorsqu'une femme se constitue partie civile au nom de sa fille mineure du chef de viol et que cette
mineure a dénoncé le mari de sa mère, elle peut demander au juge d'instruction de lui faire désigner un autre avocat que celui
déjà choisi par sa mère, au motif que l'inculpé remis en liberté avait rejoint le domicile conjugal. La chambre d'accusation [de
l'instruction] infirme l'ordonnance du juge qui laissait le choix de l'avocat au titulaire de l'autorité parentale et désigne un
tuteur ad hoc, motif pris de ce que la mère ne disposait plus de l'indépendance nécessaire à la défense des intérêts de la
victime (Poitiers, 18 déc. 1990, JCP 1992. II. 21826, note Neirinck). La Cour de cassation a pris toutefois le contre-pied de
cette jurisprudence, tout à fait contestable, en décidant que « la désignation d'un administrateur ad hoc en application de
l'article 706-50 du code de procédure pénale, pour assurer la protection des intérêts d'un mineur, et exercer, s'il y a lieu, au
nom de celui-ci les droits reconnus à la partie civile fait obstacle à ce que le représentant légal du mineur puisse également
intervenir au nom de celui-ci en qualité de partie civile dans la procédure » (Crim. 12 sept. 2000, BICC 525, n o 1331). Lorsque
les faits sont qualifiés d'incestueux au sens des articles 222-31-1 ou 227-27-2 du code pénal, la désignation de
l'a dministra te ur ad hoc est obligatoire, sauf décision spécialement motivée du procureur de la République ou du juge
d'instruction. L'administrateur ad hoc assure la protection des intérêts du mineur et exerce, s'il y a lieu, au nom de celui-ci les
droits reconnus à la partie civile. En cas de constitution de partie civile, le juge fait désigner un avocat d'office pour le mineur
s'il n'en a pas déjà été choisi un. Mais l'article 222-31-1 du code pénal a été déclaré contraire à la Constitution par la décision
du 16 septembre 2011 (n o 2011-163 QPC). La désignation d'un administrateur ad hoc demeure possible néanmoins dès lors
qu'une des infractions a été commise sur le mineur par un ascendant.
464. Le mineur peut être entendu seul. - Rien n'oblige le magistrat instructeur à entendre le mineur - pour le compte de qui
une constitution de partie civile est intervenue - en présence de son père et de sa mère, et le mineur, s'il est entendu seul, a
le droit le plus absolu d'être assisté d'un conseil (Paris, 11 juill. 1974, Gaz. Pal. 1974. 2. 908, note Barbier). Cette règle est
toujours valable même si, depuis la loi n o 98-468 du 17 juin 1998, le mineur peut être accompagné lors de son audition
devant les services de police ou le juge.

465. Le mineur, quel que soit son statut, doit être assisté par un avocat. - Innovation importante de la loi du 5 mars 2007, le
mineur victime de l'une des infractions visées à l'article 706-47 du code de procédure pénale doit être entendu en présence
d'un avocat même s'il n'est pas partie civile (C. pr. pén., art. 706-51-1).

466. Information du juge des enfants. - Le procureur de la République ou le juge d'instruction informe sans délai le juge des
enfants de l'existence d'une procédure concernant un mineur victime de l'une des infractions mentionnées à l'article 706-47 et
lui en communique toutes pièces utiles, dès lors qu'une procédure d'assistance éducative a été ouverte à l'égard du mineur
victime de cette infraction (C. pr. pén., art. 706-49, issu de la loi n o 98-468 du 17 juin 1998). Le décret du 3 mai 2007 a inséré
dans le code de procédure pénale un article D. 47-10 qui précise que le juge d'instruction informe le juge des enfants saisi de
la procédure d'assistance éducative, tout au long de la procédure pénale, des décisions pouvant avoir des incidences sur les
relations entre parents et enfants.

Art. 2 - Utilisation des fichiers nationaux automatisés


§ 1 - Prélèvements
467. (V. Signalem ent et identification). L'article 55-1 du code de procédure pénale, légèrement modifié par la loi du 9 mars
2004, prévoit que « l'officier de police judiciaire peut procéder, ou faire procéder sous son contrôle, sur toute personne
susceptible de fournir des renseignements sur les faits en cause ou sur toute personne à l'encontre de laquelle il existe une
ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu'elle a commis ou tenté de commettre l'infraction, aux opérations de
prélèvements externes nécessaires à la réalisation d'examens techniques et scientifiques de comparaison avec les traces et
indices prélevés pour les nécessités de l'enquête. Il procède, ou fait procéder sous son contrôle, aux opérations de relevés
signalétiques et notamment de prise d'empreintes digitales, palmaires ou de photographies nécessaires à l'alimentation et à
la consultation des fichiers de police selon les règles propres à chacun de ces fichiers. Le refus, par une personne à l'encontre
de laquelle il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu'elle a commis ou tenté de commettre une infraction,
de se soumettre aux opérations de prélèvement, mentionnées aux premier et deuxième alinéas ordonnées par l'officier de
police judiciaire est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 € d'amende ».

468. Prélèvements biologiques. - L'officier de police judiciaire peut procéder ou faire procéder sous son contrôle, à l'égard des
personnes mentionnées aux alinéas 1 er, 2 ou 3 de l'article 706-54, à un prélèvement biologique destiné à permettre l'analyse
d'identification de leur empreinte génétique. Préalablement à cette opération, il peut vérifier ou faire vérifier par un agent de
police judiciaire placé sous son contrôle que l'empreinte génétique de la personne concernée n'est pas déjà enregistrée, au
vu de son seul état civil, dans le fichier national automatisé des empreintes génétiques. Pour qu'il soit procédé à cette
analyse, l'officier de police judiciaire peut requérir toute personne habilitée dans les conditions fixées par l'article 16-12 du
code civil, sans qu'il soit toutefois nécessaire que cette personne soit inscrite sur une liste d'experts judiciaires ; dans ce cas,
la personne prête alors par écrit le serment prévu à l'alinéa 2 de l'article 60 du présent code. La loi prévoit des sanctions pour
le refus de prélèvement (V. Crim. 22 juin 2004, n o 03-87.943 , AJ pénal 2004. 329, note J. C . : l'inscription au fichier
national des empreintes génétiques et le délit de refus de prélèvement qui en découle, s'impose aussi aux personnes
condamnées avant sa création). L'article 706-54 du code de procédure pénale a été modifié pour permettre aux officiers de
police judiciaire, agissant d'office ou à la demande du procureur de la République ou du juge d'instruction, de faire procéder à
un rapprochement de l'empreinte de toute personne à l'encontre de laquelle il existe une ou plusieurs raisons plausibles de
soupçonner qu'elle a commis l'une des infractions mentionnées à l'article 706-55.

469. Matériel biologique « détaché du corps » de l'intéressé. - L'article 706-56 du code de procédure pénale a été complété par
la loi du 9 mars 2004 qui prévoit que lorsqu'il n'est pas possible de procéder à des prélèvements biologiques, l'identification
de l'empreinte génétique peut être réalisée à partir de matériel biologique qui se serait matériellement détaché du corps de
l'intéressé.

4 7 0 . Prélèvement réalisé sans l'accord de l'intéressé. - Le prélèvement peut être réalisé sans l'accord de l'intéressé sur
réquisition du procureur de la République s'il s'agit d'une personne condamnée pour crime ou délit puni de dix ans
d'emprisonnement (V. Crim. 22 juin 2004, préc.). L'article 121 de la loi LOPSI 2 du 14 mars 2011 prévoit un cas où la personne
peut être contrainte d'être soumise à une prise de sang : il s'agit du cas où elle est mise en cause pour avoir commis sur une
personne dépositaire de l'autorité publique ou chargée d'une mission de service public, dans l'exercice de ses fonctions, des
actes susceptibles d'entraîner sa contamination par une maladie virale grave. Dans ce cas, le professionnel de santé doit
« s'efforcer d'obtenir le consentement de l'intéressé ». Mais « à la demande de la victime ou lorsque son intérêt le justifie,
cette opération peut être effectuée sans le consentement de l'intéressé sur instructions écrites du procureur de la République
ou du juge d'instruction qui sont versées au dossier de la procédure. Le résultat du dépistage est porté, dans les meilleurs
délais et par l'intermédiaire d'un médecin, à la connaissance de la victime. Le fait de refuser de se soumettre au dépistage
prévu au présent article est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende ».

§ 2 - Fichiers
471. (V. Signalem ent et identification). Il est créé un fichier national automatisé destiné à centraliser les traces génétiques
ainsi que les empreintes des personnes condamnées pour l'une des infractions visées à l'article 706-47 en vue de faciliter
l'identification et la recherche des auteurs d'infractions sexuelles. Les empreintes génétiques des personnes à l'encontre
desquelles il existe des indices graves et concordants de nature à motiver leur mise en examen pour l'une des infractions
visées à l'article 706-47 peuvent faire l'objet, à la demande du juge d'instruction ou du procureur de la République, d'un
rapprochement avec les données incluses au fichier (C. pr. pén., art. 706-54).

472. FAED. - Le décret n o 87-249 du 8 avril 1987 (JO 9 avr.) a créé un fichier automatisé des empreintes digitales : le FAED. Le
traitement des empreintes est autorisé en vue de faciliter la recherche et l'identification, par les services de la police nationale
et de la gendarmerie, des auteurs de crimes et de délits et de faciliter la poursuite, l'instruction et le jugement des affaires
dont l'autorité judiciaire est saisie. Toutes les traces relevées dans le cadre d'une enquête de flagrance, préliminaire ou sur
commission rogatoire, peuvent être relevées lorsqu'elles concernent des personnes contre lesquelles des indices graves et
concordants de nature à motiver leur mise en examen auront été réunis ou des personnes mises en cause dans une
procédure pénale dont l'identification certaine s'avère nécessaire. La conventionnalité du FAED est par ailleurs sujette à
caution, au regard d'un arrêt rendu par la Cour européenne des droits de l'homme en 2013, où elle juge que le régime de
conservation des données personnelles au FAED de personnes soupçonnées d'avoir commis des infractions mais non
condamnées n'avait pas, tel qu'il avait été en l'espèce appliqué au requérant, traduit un juste équilibre entre les intérêts
publics et privés en jeu (CEDH 18 avr. 2013, req. n o 19522/09 , M. K. c/ France, Dalloz actualité 14 mai 2013, obs. Léna).

473. FNAEG. - Le fichier national automatisé des empreintes génétiques a été créé par la loi n o 98-468 du 17 juin 1998 : le
FNAEG. Cette loi a par la suite été complétée par celles des 15 novembre 2001, 18 mars 2003 et 9 mars 2004. Le fichier est
destiné à centraliser les empreintes génétiques issues des traces biologiques ainsi que les empreintes génétiques des
personnes condamnées pour l'une des infractions mentionnées à l'article 706-55, en vue de faciliter l'identification et la
recherche des auteurs de ces infractions. Les empreintes génétiques des personnes à l'encontre desquelles il existe des
indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu'elles aient commis l'une des infractions mentionnées à l'article 706-55
sont également conservées dans ce fichier sur décision d'un officier de police judiciaire agissant soit d'office, soit à la demande
du procureur de la République ou du juge d'instruction ; il est fait mention de cette décision au dossier de la procédure. Ces
empreintes sont effacées sur instruction du procureur de la République agissant soit d'office, soit à la demande de l'intéressé,
lorsque leur conservation n'apparaît plus nécessaire compte tenu de la finalité du fichier. Lorsqu'il est saisi par l'intéressé, le
procureur de la République informe celui-ci de la suite qui a été réservée à sa demande ; s'il n'a pas ordonné l'effacement,
cette personne peut saisir à cette fin le juge des libertés et de la détention, dont la décision peut être contestée devant le
président de la chambre de l'instruction. Les officiers de police judiciaire peuvent également, d'office ou à la demande du
procureur de la République ou du juge d'instruction, faire procéder à un rapprochement de l'empreinte de toute personne à
l'encontre de laquelle il existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner qu'elle a commis un crime ou un délit, avec
les données incluses au fichier, sans toutefois que cette empreinte puisse y être conservée. Le fichier prévu par le présent
article contient également les empreintes génétiques issues des traces biologiques recueillies à l'occasion des procédures de
recherche des causes de la mort ou de recherche des causes d'une disparition prévues par les articles 74, 74-1 et 80-4, ainsi
que les empreintes génétiques correspondant ou susceptibles de correspondre aux personnes décédées ou recherchées
(C. pr. pén., art. 706-54). Les analyses et prélèvements biologiques effectués sur les individus en vue de la saisie de leur
empreinte génétique dans le FNAEG font l'objet d'un marché passé chaque année par l'administration centrale du ministère de
la Justice. Sont conservées dans les mêmes conditions les empreintes génétiques des personnes poursuivies pour l'une des
infractions mentionnées à l'article 706-55 ayant fait l'objet d'une décision d'irresponsabilité pénale en application des articles
706-120, 706-125, 706-129, 706-133 ou 706-134 (ajout de la loi n o 2011-267 du 10 mars 2010).

474. Expertise génétique systématique. - Sur le fondement de l'article 16-11 du code civil (mod. par L. n o 2011-267 du 14 mars
2011) qui dispose que l'identification d'une personne par ses empreintes génétiques ne peut être recherchée que dans le
cadre de mesures d'enquête ou d'instruction diligentées lors d'une procédure judiciaire, une chambre d'accusation [de
l'instruction] (il en est de même évidemment pour le juge) peut ordonner une expertise génétique systématique de tous les
hommes âgés de 15 à 35 ans habitant un village, mais « avec leur consentement », et préciser que ces renseignements
génétiques obtenus ne seront pas utilisés à d'autres fins que celles d'identification du meurtrier (Rennes, 14 août 1997,
D. 1998. Somm. 160, obs. Gaumont-Prat ). L'article 16-11 du code civil permet l'identification d'une personne par ses
empreintes génétiques dans le cadre de mesures d'enquête ou d'instruction diligentées lors d'une procédure judiciaire ou à
des fins médicales ou de recherche scientifique ou aux fins d'établir lorsqu'elle est inconnue l'identité de personnes décédées.
Y sont ajoutées des possibilités de recherche en cas de militaires décédés à l'occasion d'une opération conduite par les forces
armées mais aussi en cas de victimes de catastrophes naturelles.

475. Constitutionnalité des dispositions relatives au FNAEG. - Le Conseil constitutionnel a été saisi par la Cour de cassation
d'une question prioritaire de constitutionnalité portant sur la conformité aux droits et libertés que la Constitution garantit de
l'article 706-55 du code de procédure pénale et des articles 706-54 et 706-56 du même code dans leur rédaction antérieure à
la loi n o 2010-242 du 10 mars 2010. Il a formulé deux réserves d'interprétation fondées sur l'article 9 de la Déclaration de
1789 qui, en matière de procédure pénale, proscrit « toute rigueur qui ne serait pas nécessaire ». La première de ces
réserves concerne les infractions permettant un prélèvement d'empreintes génétiques aux fins de rapprochement avec les
données du fichier (C. pr. pén., art. 706-54, al. 3). Le Conseil a spécifié que la loi devait s'interpréter comme limitant ce
prélèvement à l'égard des personnes soupçonnées d'avoir commis les crimes ou délits énumérés à l'article 706-55 du code de
procédure pénale. Du fait du principe de proportionnalité, la commission d'une simple contravention ou d'un délit non visé par
cet article ne peut donc, par exemple, conduire à un tel prélèvement aux fins de rapprochement. Le Conseil constitutionnel a
par ailleurs jugé que la durée de conservation des fiches, qui doit être fixée par décret, doit aussi être proportionnée à la
nature ou à la gravité des infractions concernées, tout en adaptant ces modalités aux spécificités de la délinquance des
mineurs. Des durées excessives seraient sanctionnées par le juge du décret (Cons. const. 16 sept. 2010, n o 2010-25 QPC ,
AJ pénal 2010. 545, obs. Danet ).

476. Infractions sexuelles. - La loi du 9 mars 2004 a créé un fichier judiciaire national automatisé des auteurs d'infractions
sexuelles. Ce fichier, dénommé FIJAIS, prévu dans un nouvel article 706-53-1 du code de procédure pénale, constitue une
application automatisée d'informations nominatives tenue par les services du casier judiciaire sous l'autorité du ministre de la
Justice et le contrôle d'un magistrat. Afin de prévenir le renouvellement des infractions mentionnées à l'article 706-47 et de
faciliter l'identification de leurs auteurs, ce traitement reçoit, conserve et communique aux personnes habilitées les
informations prévues à l'article 706-53-2 selon les modalités précisées dans un nouveau chapitre du code de procédure
pénale. Le procureur de la République ou le juge d'instruction sont chargés de faire procéder sans délai à l'enregistrement
des informations (C. pr. pén., art. 706-53-3). Le décret n o 2005-627 du 30 mai 2005 (JO 31 mai) précise la nature des
données enregistrées et les modalités d'inscription des personnes, l'interrogation par les professionnels ainsi que toutes les
procédures de rectification et d'effacement des informations figurant au fichier.

4 7 7 . Ce fichier est entré en vigueur le 30 juin 2005. L'article 706-47 a été modifié par la loi du 12 décembre 2005 et ne
concerne plus seulement les mineurs. Un alinéa plus général lui a en effet été ajouté : « Ces dispositions sont également
applicables aux procédures concernant les crimes de meurtre ou assassinat commis avec tortures ou actes de barbarie, les
crimes de tortures ou d'actes de barbarie et les meurtres ou assassinats commis en état de récidive légale ». L'inscription au
FIJAIS constitue une mesure préventive hors du champ d'application du principe de non-rétroactivité de la loi pénale (CEDH
17 déc. 2009, B. c/ France, Gardel c/ France et M. B. c/ France, RSC 2010. 239, obs. Roets ). Fin février 2012, il y avait
58 100 personnes inscrites au FIJAIS.

4 7 8 . Loi du 10 août 2011. - La loi du 10 août 2011 a modifié les règles d'inscription au FIJAIS. S'agissant des majeurs
notamment, la règle de l'inscription obligatoire, qui concernait jusqu'à présent les infractions prévues à l'article 706-47 pour
tout délit pour lequel la peine encourue est supérieure à cinq ans d'emprisonnement, est modifiée dans le sens où sont
désormais concernées les peines encourues égales ou supérieures à cinq ans d'emprisonnement. Ces dispositions sont
entrées en vigueur le 12 février 2012 et ne peuvent s'appliquer qu'aux faits commis après son entrée en vigueur. Les
décisions concernant les mineurs de moins de 13 ans ne sont pas inscrites dans le fichier. Les décisions concernant des
mineurs de 13 à 18 ans, lorsqu'elles sont relatives à des délits prévus au même article 706-47, ne sont pas inscrites dans le
fichier, sauf si cette inscription est ordonnée par décision expresse de la juridiction ou, dans les cas prévus aux 3 o et 4 o de cet
article, du procureur de la République. Le décret n o 2011-1729 du 2 décembre 2011 (JO 4 déc.) a également modifié les
modalités de fonctionnement du fichier judiciaire national automatisé des auteurs d'infractions sexuelles afin de mettre en
application les dispositions de l'article 12 de la loi n o 2010-242 du 10 mars 2010 (V. C. pr. pén., art. R. 53-8-5 à R. 53-8-32).

4 7 9 . Fichiers d'antécédents. - La loi du 14 mars 2011 (dite « LOPPSI 2 ») a introduit une section consacrée aux fichiers
d'antécédents (C. pr. pén., art. 230-6 s.) : « Afin de faciliter la constatation des infractions à la loi pénale, le rassemblement
des preuves de ces infractions et la recherche de leurs auteurs, les services de la police nationale et de la gendarmerie
nationale peuvent mettre en oeuvre des traitements automatisés de données à caractère personnel recueillies : … 1 o Au
cours des enquêtes préliminaires ou de flagrance ou des investigations exécutées sur commission rogatoire et concernant
tout crime ou délit ainsi que les contraventions de la cinquième classe sanctionnant : a) Un trouble à la sécurité ou à la
tranquillité publiques ; b) Une atteinte aux personnes, aux biens ou à l'autorité de l'État ; …2 o Au cours des procédures de
recherche des causes de la mort mentionnées à l'article 74 ou de recherche des causes d'une disparition mentionnées à
l'article 74-1. Ces traitements ont également pour objet l'exploitation des informations recueillies à des fins de recherches
statistiques » (C. pr. pén., art. 230-6). « Ces traitements peuvent contenir des informations sur les personnes, sans limitation
d'âge, à l'encontre desquelles il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu'elles aient pu participer,
comme auteurs ou complices, à la commission des infractions mentionnées au 1 o du même article 230-6. Ils peuvent
également contenir des informations sur les victimes de ces infractions. Ces dernières peuvent toutefois s'opposer à ce que
les données à caractère personnel les concernant soient conservées dans le fichier dès lors que l'auteur des faits a été
définitivement condamné. Ils peuvent en outre contenir des informations sur les personnes faisant l'objet d'une enquête ou
d'une instruction pour recherche des causes de la mort mentionnée à l'article 74 ou d'une enquête ou d'une instruction pour
recherche des causes d'une disparition mentionnée à l'article 74-1. Les données personnelles concernant ces dernières sont
effacées dès lors que l'enquête a permis de retrouver la personne disparue ou d'écarter toute suspicion de crime ou délit »
(art. 230-7). « Le traitement des données à caractère personnel est opéré sous le contrôle du procureur de la République
territorialement compétent qui demande qu'elles soient effacées, complétées ou rectifiées (…) » (art. 230-8).

4 8 0 . Personnes ayant accès à ces fichiers. - « Les personnels spécialement habilités des services de la police et de la
gendarmerie nationales désignés à cet effet ainsi que les personnels spécialement habilités de l'État investis par la loi
d'attributions de police judiciaire, notamment les agents des douanes, peuvent accéder aux informations, y compris
nominatives, figurant dans les traitements de données personnelles prévus par la présente section et détenus par chacun de
ces services » (C. pr. pén, art. 230-10). L'accès aux informations est également ouvert : « … 1 o Aux magistrats du parquet ; …
2 o Aux magistrats instructeurs, pour les recherches relatives aux infractions dont ils sont saisis ». Un décret en Conseil d'État,
pris après avis de la Commission nationale de l'informatique et des libertés, doit fixer les modalités d'application de ces
dispositions.

4 8 1 . Fichiers d'analyse sérielle. - La loi LOPPSI 2 a introduit dans le code de procédure pénale une section intitulée « Des
fichiers d'analyse sérielle ». Afin de rassembler les preuves et d'identifier les auteurs, grâce à l'établissement de liens entre
les individus, les événements ou les infractions, des crimes et délits présentant un caractère sériel, les services et unités de la
police et de la gendarmerie nationales chargés d'une mission de police judiciaire peuvent mettre en oeuvre, sous le contrôle
des autorités judiciaires, des traitements automatisés de données à caractère personnel collectées au cours : « … 1 o Des
enquêtes préliminaires ou de flagrance ou des investigations exécutées sur commission rogatoire et concernant toute
infraction punie d'au moins cinq ans d'emprisonnement ; … 2 o Des procédures de recherche des causes de la mort prévues par
l'article 74 ou de recherche des causes d'une disparition prévues par l'article 74-1 » (C. pr. pén, art. 230-12). Les articles
suivants prévoient les conditions relatives aux personnes (C. pr. pén., art. 230-13), à l'effacement des données personnelles
(C. pr. pén., art. 230-15), à leurs destinataires (C. pr. pén., art. 230-16).
§ 3 - Dispositifs techniques centralisés
4 8 2 . STIJ. - Le système de transmission d'interception judiciaire (STIJ) a été mis en place par un décret n o 2007-1145 du
30 juillet 2007 (JO 31 juill.). Il permet de mettre à la disposition des magistrats, officiers de police judiciaire et agents de la
douane judiciaire les contenus des minimessages (SMS) et les données techniques de trafic des communications de
téléphonie mobile interceptées en application des articles 74-2, 80-4, 100 à 100-7 et 706-75 du code de procédure pénale.
Cette création met à la disposition des enquêteurs la lecture des SMS, jusqu'alors considérée comme impossible par les
opérateurs de téléphonie mobile.

4 8 3 . Fonctionnement du STIJ. - Avant d'adresser leurs réquisitions d'interception aux opérateurs de téléphonie, les
enquêteurs ou les magistrats accèdent au STIJ par le réseau intranet et obtiennent un numéro d'identifiant. Ce numéro est
alors communiqué à l'opérateur avec la réquisition et permet de recevoir le contenu des SMS demandés sur les boîtes aux
lettres électroniques des requérants (V. Note Chancellerie n o SG/2007/00089091 du 10 août 2007).

484. Mise au clair de données chiffrées. - Le juge d'instruction peut charger le Centre technique d'assistance (CTA) de décrypter
des supports quelconques (CD-Rom, disques durs…) contenant des données ayant fait l'objet d'opérations de transformation
empêchant d'accéder aux informations en clair ou de les comprendre (V. C. pr. pén., art. 230-1 à 230-5). Il doit pour cela
établir une réquisition au CTA qui est transmise par l'intermédiaire de l'Office central contre la criminalité liée aux technologies
de l'information et de la communication (OCLCTIC). Il fixe le délai d'exécution des opérations qui peut être prorogé. L'OCLCTIC
auquel sont transmis les résultats les communique au juge qui établit un procès-verbal de réception versé en procédure. V.
Cy bercrim inalité.

485. Répertoire des données à caractère personnel collectées dans les procédures judiciaires. - La loi du 10 mars 2010 a créé dans
le code de procédure pénale un nouveau titre, numéroté XX bis et intitulé « Du répertoire des données à caractère personnel
collectées dans le cadre des procédures judiciaires ». L'article 706-56-2 dispose que « le répertoire des données à caractère
personnel collectées dans le cadre des procédures judiciaires, tenu par le service du casier judiciaire sous l'autorité du
ministre de la Justice et placé sous le contrôle d'un magistrat, est destiné à faciliter et à fiabiliser la connaissance de la
personnalité et l'évaluation de la dangerosité des personnes poursuivies ou condamnées pour l'une des infractions pour
lesquelles le suivi socio-judiciaire est encouru, et à prévenir le renouvellement de ces infractions ». Ce répertoire centralise les
expertises, évaluations et examens psychiatriques, médico-psychologiques, psychologiques et pluridisciplinaires des
personnes mentionnées au premier alinéa qui ont été réalisés au cours de l'enquête, au cours de l'instruction ou
postérieurement. « En cas de décision de classement sans suite, hormis les cas où cette décision est fondée sur le premier
alinéa de l'article 122-1 du code pénal, ou de décision définitive de non-lieu, de relaxe ou d'acquittement, les données
concernant la personne poursuivie sont immédiatement effacées ». Ces informations sont directement accessibles, par
l'intermédiaire d'un système sécurisé de télécommunications, aux seules autorités judiciaires. Les modalités et conditions de
fonctionnement de ce répertoire doivent être déterminées par décret en Conseil d'État.

486. Logiciels de rapprochement judiciaire. - La loi LOPPSI 2 du 14 mars 2011 a introduit dans le titre IV du livre Ier du code de
procédure pénale un chapitre III intitulé « Des logiciels de rapprochement judiciaire ». L'article 230-20 nouveau du code de
procédure pénale dispose : « Afin de faciliter le rassemblement des preuves des infractions et l'identification de leurs auteurs,
les services de la police nationale et de la gendarmerie nationale chargés d'une mission de police judiciaire peuvent mettre en
oeuvre, sous le contrôle de l'autorité judiciaire, des logiciels destinés à faciliter l'exploitation et le rapprochement
d'informations sur les modes opératoires réunies par ces services au cours : … 1 o Des enquêtes préliminaires, des enquêtes
de flagrance ou des investigations exécutées sur commission rogatoire ; … 2 o Des procédures de recherche des causes de la
mort ou d'une disparition prévues par les articles 74 et 74-1 ». Un certain nombre de dispositions régissent le sort des
données à caractère personnel éventuellement révélées par l'exploitation des enquêtes et investigations. Elles sont effacées
à la clôture de l'enquête et, en tout état de cause, à l'expiration d'un délai de trois ans. Parmi les personnes désignés par
l'article 230-25 comme pouvant utiliser ces logiciels figurent des agents des services de police judiciaire individuellement
désignés et spécialement habilités, les magistrats du parquet et les magistrats instructeurs. Un décret en Conseil d'État doit
les autoriser (C. pr. pén., art. 230-27).

4 8 7 . Bureau d'ordre national automatisé des procédures judiciaires. - Le bureau d'ordre national automatisé des procédures
judiciaires constitue une application automatisée placée sous le contrôle d'un magistrat, contenant les informations
nominatives relatives aux plaintes et dénonciations reçues par les procureurs de la République ou les juges d'instruction et
aux suites qui leur ont été réservées. Ces informations sont directement accessibles, pour les nécessités liées au seul
traitement des infractions ou des procédures dont ils sont saisis, par les procureurs de la République, les juges d'instruction,
les juges des enfants et les juges de l'application des peines de l'ensemble des juridictions ainsi que leur greffier ou les
personnes habilitées qui assistent ces magistrats (C. pr. pén., art. 48-1).

Section 6 - Mesures coercitives


488. Le juge dispose d'importants pouvoirs de coercition. La loi du 15 juin 2000 l'a toutefois privé du plus important d'entre
eux, celui de placer en détention, de prolonger la détention ou de refuser une mise en liberté (pour une étude complète, V.
Détention prov isoire, Mandats, Mandat d'arrêt européen et Juge des libertés et de la détention).

Section 7 - Restitutions
489. Plan. - Après avoir entrevu les principes, nous donnerons un aperçu rapide des demandeurs puis du contentieux de la
restitution (V. Restitution).

Art. 1 - Principes
4 9 0 . Compétence du juge d'instruction. - Les objets placés sous main de justice peuvent être restitués au cours de
l'information (C. pr. pén., art. 99, al. 1 er). Pendant l'information, c'est le juge d'instruction qui est compétent pour décider de la
restitution (C. pr. pén., art. 99, al. 1 er). Le juge d'instruction peut, en dehors de toute demande, décider d'office de restituer
ou de faire restituer les objets placés sous main de justice. Il le fait, après avis du procureur de la République, par ordonnance
motivée. Cette ordonnance est susceptible d'être déférée à la chambre de l'instruction sur simple requête (C. pr. pén., art. 99,
al. 2 et 5). Le juge d'instruction peut également, en dehors de toute demande, et avec l'accord du procureur de la République,
décider d'office de restituer ou de faire restituer à la victime de l'infraction les objets placés sous main de justice dont la
propriété n'est pas contestée. Aucune forme n'est prescrite par la loi, dans ce cas (C. pr. pén., art. 99, al. 3). Lorsqu'il statue
sur une demande de restitution en application de l'article 99 du code de procédure pénale, le juge d'instruction n'a pas à se
prononcer, à cette occasion, sur le bien-fondé de la poursuite en cours (Crim. 13 janv. 1986, Bull. crim. n o 20). Lorsqu'une
information est en cours, le juge compétent, aux termes de l'article 99 du code de procédure pénale, pour décider de la
restitution des objets placés sous main de justice est celui qui est en charge de l'information et non celui qui a procédé à la
saisie sur commission rogatoire délivrée par le juge mandant (Crim. 1 er févr. 2005, n os 04-84.785 , 04-84.787 et 04-
84.786 , Bull. crim. n o 35 ; D. 2005. IR 858 ; JCP 2005. IV. 1638).

4 9 1 . Ordonnance de non-lieu. - Lorsqu'il rend une ordonnance de non-lieu, le juge d'instruction statue par la même
ordonnance sur la restitution des objets placés sous main de justice (C. pr. pén., art. 177, al. 3). Après clôture de
l'information, même par un non-lieu, le juge d'instruction n'a plus compétence pour décider de la restitution. C'est la juridiction
saisie qui est compétente pour statuer en matière de restitution (C. pr. pén., art. 212, 373, al. 1 er et 2, 420-1, 420-2, 478 à
482, 484 et 543). Lorsque aucune juridiction n'a été saisie, par exemple en cas de non-lieu, ou lorsque la juridiction saisie a
épuisé sa compétence sans avoir statué sur la restitution des objets placés sous main de justice, le procureur de la
République est compétent pour décider, d'office ou sur requête, de la restitution de ces objets lorsque la propriété n'en est
pas sérieusement contestée, dans les six mois de la décision par laquelle la dernière juridiction a épuisé sa compétence
(C. pr. pén., art. 41-4).

4 9 2 . Acte interruptif de prescription. - Toute ordonnance rendue par le juge d'instruction constitue un acte interruptif de
prescription au sens de l'article 7 du code de procédure pénale. Justifie sa décision la chambre de l'instruction qui constate
que la prescription de l'action publique a été valablement interrompue par l'ordonnance de restitution d'objets saisis rendue
par le juge d'instruction (Crim. 10 févr. 2004, n o 03-87.283 , Bull. crim. n o 36 ; Dr. pénal 2004. Comm. 72, note Maron ; JCP
2004. IV. 1780).

493. Remise aux domaines pour affectation à des services de police, de gendarmerie ou les douanes. - La loi du 14 mars 2011, dite
« LOPPSI 2 », a ajouté un alinéa à l'article 99-2 du code de procédure pénale, selon lequel, « lorsque le maintien de la saisie
serait de nature à diminuer la valeur du bien, le juge d'instruction peut également ordonner, sous réserve des droits des tiers,
de remettre au service des domaines, en vue de leur affectation à titre gratuit par l'autorité administrative et après que leur
valeur a été expertisée, à des services de police, des unités de gendarmerie ou des services de l'administration des douanes
qui effectuent des missions de police judiciaire, des biens meubles placés sous main de justice appartenant aux personnes
poursuivies, dont la conservation n'est plus nécessaire à la manifestation de la vérité et dont la confiscation est prévue par la
loi. En cas de non-lieu, de relaxe ou d'acquittement, ou lorsque la peine de confiscation n'est pas prononcée, le propriétaire
qui en fait la demande obtient la restitution du bien, assortie s'il y a lieu d'une indemnité compensant la perte de valeur qui a
pu résulter de l'usage du bien ». Le directeur départemental de la sécurité publique ou le commandement de groupement de
gendarmerie peut demander au procureur de la République de saisir le juge des libertés et de la détention ou, si une
information judiciaire a été ouverte, le juge d'instruction, aux fins que ce dernier autorise que ceux de ses biens qui ne sont
plus nécessaires à la manifestation de la vérité et dont la conservation entraînerait une charge financière pour l'État soit
remis, sous réserve des droits des tiers, à l'Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués en vue de
leur aliénation.

Art. 2 - Demandeurs à la restitution


494. Réponse par ordonnance motivée. - Le procureur de la République, la personne mise en examen, la partie civile ou toute
autre personne qui prétend avoir droit sur les objets placés sous main de justice peut présenter une requête aux fins de
restitution. Le juge d'instruction doit statuer sur cette demande par ordonnance motivée (C. pr. pén., art. 99, al. 2). Cette
ordonnance est susceptible d'être déférée à la chambre de l'instruction sur simple requête (C. pr. pén., art. 99, al. 5). La
personne qui demande la restitution d'un objet est tenue de produire, à l'appui de sa prétention, la preuve d'un droit qui ne
soit pas sérieusement contesté (Crim. 23 oct. 1984, Bull. crim. n o 315). L'ordonnance du juge d'instruction accordant la
restitution d'office, sur réquisitions du procureur de la République ou sur demande, est notifiée au ministère public et à toute
autre partie intéressée (C. pr. pén., art. 99, al. 5). L'ordonnance refusant la restitution n'est notifiée qu'au seul requérant
(C. pr. pén., art. 99, al. 5).

495. Recours. - Le procureur de la République et le procureur général ont le droit d'interjeter appel devant la chambre de
l'instruction de toute ordonnance du juge d'instruction, y compris des ordonnances accordant ou refusant la restitution. Cet
appel doit être interjeté dans les cinq jours qui suivent la notification de la décision (C. pr. pén., art. 185, al. 1 er et 2 ; appel
dans les dix jours pour le procureur général). Le seul fait qu'une personne ait intérêt à s'opposer à la restitution par le juge
d'instruction d'un objet placé sous main de justice la rend recevable à déférer à la chambre d'accusation [de l'instruction]
l'ordonnance de restitution conformément à l'article 99, alinéa 5, du code de procédure pénale (Crim. 29 janv. 1991, n o 90-
81.563 , Bull. crim. n o 51). Le tiers saisi, à qui l'ordonnance de restitution est susceptible de faire grief, est une partie
intéressée, au sens de l'article 99, alinéa 5, du code de procédure pénale, et a, dès lors, qualité pour déférer à la chambre
d'accusation [de l'instruction] la décision du juge d'instruction ayant prononcé sur une demande de restitution portant sur des
fonds dont il est détenteur (Crim. 8 juill. 1997, n o 96-84.306 , Bull. crim. n o 268).

4 9 6 . Requête formée dans les dix jours. - La requête doit être formée dans les dix jours qui suivent la notification de
l'ordonnance du juge d'instruction. Ce délai est suspensif (C. pr. pén., art. 99, al. 5, et 186, al. 4). La requête prévue à
l'article 99 du code de procédure pénale peut prendre la forme d'un acte d'appel inscrit au registre tenu au greffe de la
juridiction concernée (Crim. 19 févr. 1985, Bull. crim. n o 79). Le tiers peut, au même titre que les parties, être entendu par la
chambre de l'instruction en ses observations, mais il ne peut prétendre à la mise à sa disposition de la procédure (C. pr. pén.,
art. 99, al. 6). Les dispositions de l'article 99 du code de procédure pénale, instituant, en faveur de tout tiers qui prétend avoir
droit sur un objet placé sous main de justice, une procédure lui permettant d'en réclamer la restitution, ne l'autorisent pas à
faire juger, à cette occasion, la régularité des actes de l'information, fût-ce de ceux en vertu desquels le placement sous main
de justice a été opéré (Crim. 13 janv. 1998, n o 96-86.619 , Bull. crim. n o 15). Seule la notification faite conformément à
l'article 183 du code de procédure pénale fait courir le délai d'appel d'une ordonnance rendue par le juge d'instruction (Crim.
4 avr. 2002, JCP 2002. IV. 2008).

Art. 3 - Contentieux de la restitution


497. Examen souverain par le juge. - Il appartient au juge d'instruction, saisi d'une requête aux fins de restitution, d'examiner
les éléments fournis par l'information et d'apprécier souverainement, au vu de ces éléments et compte tenu de l'état de la
procédure, s'il y a lieu ou non de faire droit à la demande (Crim. 11 déc. 1973, Bull. crim. n o 459. - Crim. 3 juill. 1987, Bull. crim.
n o 283). Il n'y a pas lieu à restitution lorsque celle-ci est de nature à faire obstacle à la manifestation de la vérité (C. pr. pén.,
art. 99, al. 4). Le juge d'instruction apprécie souverainement si le maintien de la saisie est utile à la manifestation de la vérité
(Crim. 23 mars 1977, Bull. crim. n o 109. - Crim. 30 avr. 1996, Gaz. Pal. 23-27 août 1996, p. 23). Les objets saisis ne peuvent
être conservés sous main de justice que pour les nécessités de l'information à l'occasion de laquelle leur saisie a été
ordonnée. L'intérêt qu'ils peuvent présenter dans une autre procédure ne peut être pris en considération pour en refuser la
restitution (Crim. 22 févr. 1968, Bull. crim. n o 60). Il n'y a pas lieu à restitution lorsque celle-ci est de nature à faire obstacle à
l a sauvegarde des droits des parties (C. pr. pén., art. 99, al. 4). La requête en restitution, présentée par une personne
étrangère aux poursuites, peut être rejetée pour protéger les droits éventuels des tiers, alors même que l'inculpé consent à
la restitution (Crim. 6 févr. 1979, Bull. crim. n o 55). Il n'y a pas lieu à restitution lorsque celle-ci présente un danger pour les
personnes ou les biens (C. pr. pén., art. 99, al. 4). La restitution peut être refusée lorsque la confiscation de l'objet est prévue
par la loi (C. pr. pén., art. 99, al. 4). Tel est le cas en matière de trafic de stupéfiants en vertu tant de l'article L. 3421-2 (anc.
art. L. 629) du code de la santé publique alors applicable, que de l'article 222-49 du code pénal (Crim. 8 févr. 1996, Dr. pénal
1996. Comm. 12).

498. Limites au refus de restitution. - Le refus de restitution est restreint aux cas prévus par l'article 99 du code de procédure
pénale. Encourt la cassation l'arrêt d'une chambre d'accusation [de l'instruction] qui, pour rejeter, sur le fondement de
l'article 97 du code de procédure pénale, la requête d'un avocat resté étranger à la procédure et sollicitant la restitution de
notes de travail et de correspondance avec ses clients, saisies à son cabinet par le juge d'instruction, se borne à énoncer que
ces documents, afférents à des montages juridiques et financiers intéressant l'information en cours, ne concernent pas la
défense des personnes mises en examen, dont ledit avocat n'a pas été chargé, et ne sauraient revêtir un caractère de
confidentialité. Le juge d'instruction doit en effet justifier le refus de restitution d'un objet placé sous main de justice par l'un
des motifs prévus à l'article 99 du code de procédure pénale, notamment l'obstacle à la manifestation de la vérité ou la
sauvegarde des droits des tiers (Crim. 6 févr. 1997, n o 96-83.462 , Bull. crim. n o 55 ; Gaz. Pal. 16-18 mars 1997, p. 4, note
Damien). Ne justifie pas sa décision au regard de ce texte la chambre d'accusation [de l'instruction] qui refuse la restitution
d'un véhicule automobile et d'une caravane à un requérant, tiers intervenant, en faisant état des soupçons existant à son
encontre ainsi que de la nécessité de garantir sa représentation en justice et les droits des victimes des infractions et en
énonçant que le requérant ne justifie pas que la caravane est son domicile principal (Crim. 5 oct. 1999, BICC 506, n o 45. -
V. aussi Crim. 10 sept. 2002, n o 01-87.573 , Bull. crim. n o 159 ; D. 2002. IR 2849 ; JCP 2002. IV. 2888).

4 9 9 . Contestation sérieuse sur la propriété. - Le juge d'instruction ne peut ordonner de restitution lorsqu'il existe une
contestation sérieuse sur la propriété de la chose : encourt la cassation l'arrêt de la chambre de l'instruction qui confirme
l'ordonnance de restitution du juge d'instruction portant sur des objets mobiliers dont la propriété était revendiquée par la
personne mise en examen entre les mains de laquelle la saisie a été effectuée (Crim. 27 sept. 2005, n o 05-80.106 , Bull.
crim. n o 239 ; Procédures 2005. Comm. 288, note Buisson ; RSC 2006. 104, obs. A. Guidicelli ).

500. Compétence de la chambre de l'instruction. - La chambre de l'instruction demeure compétente pour examiner le recours
contre une ordonnance refusant une restitution, même formé postérieurement à l'ordonnance de règlement, dès lors qu'il a
été formé dans le délai prévu par l'alinéa 4 de l'article 186 du code de procédure pénale (Crim. 30 avr. 2002, n o 01-84.750 ,
Bull. crim. n o 93).

5 0 1 . Juge d'instruction territorialement incompétent. - Lorsque le juge d'instruction s'est dessaisi de la procédure en se
déclarant territorialement incompétent et en renvoyant le ministère public à mieux se pourvoir, la chambre d'accusation [de
l'instruction] qui statue sur l'appel d'une ordonnance de refus de restitution rendue au cours de l'information, doit en
apprécier le bien-fondé au regard de l'article 99 du code de procédure pénale, en considérant les circonstances de l'espèce
antérieures à l'ordonnance d'incompétence (Crim. 13 janv. 1998, Gaz. Pal. 24-26 mai 1998, p. 27 ; JCP 1998. IV. 2032).

502. Non-lieu n'entraînant pas de restitution. - La restitution ne saurait être accordée par le juge d'instruction à l'inculpé, seul
bénéficiaire d'une décision de non-lieu, lorsque la poursuite peut être reprise contre d'autres participants à l'infraction (Crim.
5 mai 1980, Bull. crim. n o 131). À la suite d'une ordonnance de non-lieu, fondée sur la démence, le juge d'instruction peut
refuser une restitution en matière douanière : en effet, la confiscation douanière affecte la chose elle-même et demeure
encourue dès que le fait matériel est perpétré. Au surplus, la poursuite peut être reprise contre d'autres participants à
l'infraction et les objets saisis sont susceptibles de confiscation à la diligence de l'Administration, soit par décision d'une
juridiction pénale, soit par celle d'une juridiction civile (Crim. 5 mai 1980, préc.).
503. Prélèvements pour analyse. - Les prélèvements effectués aux fins d'analyses (échantillons de sang et de moelle épinière)
dans le cadre d'une procédure judiciaire, que ce soit sur une personne vivante ou décédée, ne sont pas des objets
susceptibles de restitution au sens de l'article 99 du code de procédure pénale (Crim. 3 avr. 2002, n o 01-81.592 , Bull. crim.
n o 75 ; D. 2002. IR 1809 ; JCP 2002. IV. 1898 ; RSC 2002. 842, obs. Commaret ).

5 0 4 . Corps humain. - Les prélèvements effectués sur le corps humain à des fins de recherches médicolégales pour les
nécessités d'une enquête ou d'une information, qui ne peuvent faire l'objet d'un droit patrimonial aux termes de l'article 16-1
du code civil, ne constituent pas des objets susceptibles de restitution, au sens de l'article 41-4 du code de procédure pénale
(Crim. 3 févr. 2010, n o 09-83.468 , Bull. crim. n o 18 ; AJ pénal 2010. 250, obs. Royer ).

Section 8 - Ordonnances
Art. 1 - Principes
§ 1 - Les ordonnances sont des décisions du juge
505. Matérialisation des décisions. - Les ordonnances sont les actes qui matérialisent les décisions du juge d'instruction au
sujet des mesures tendant à la recherche des preuves et les décisions par lesquelles il statue sur une question contentieuse
(compétence, recevabilité de l'action publique ou de la partie civile, restitution, etc.) ou par lesquelles il juge de la suite à
donner à son information lorsqu'il estime que celle-ci est parvenue à son terme. Ne constitue pas une ordonnance un soit-
transmis notifié par le surveillant-chef à un détenu pour lui faire connaître un refus de désignation d'expert (Crim. 2 avr. 1992,
Gaz. Pal. 1992. 2. Somm. 384). L'ordonnance elle-même, qui doit être datée, est rendue par le juge et signée de lui seul (sur
une ordonnance non datée, ne portant pas atteinte aux droits de la défense, V. Crim. 6 juin 1988, Bull. crim. n o 249).

506. Signature. Rature. - En l'absence de la signature du juge, une ordonnance est réputée inexistante, mais le surplus de la
procédure ne se trouve pas vicié (Crim. 6 et 22 oct. 1986, Bull. crim. n os 270 et 301). Aucun texte n'impose, à peine de nullité,
que les ordonnances de toute nature, rendues par le juge d'instruction, soient revêtues de la signature du greffier (Crim.
12 juill. 1972, Bull. crim. n o 239). Le défaut d'approbation d'une rature ou d'une surcharge dans une ordonnance n'entraîne
aucune nullité, à moins qu'il ne rende incertain l'accomplissement d'une formalité substantielle (Crim. 18 oct. 1990, JCP 1991.
IV. 29).

507. Décision positive ou de refus. - Les ordonnances peuvent matérialiser une décision positive ou un refus d'une mesure
requise par le ministère public ou sollicitée par une partie. La jurisprudence considère que si le juge d'instruction a omis de se
prononcer sur une demande dont il avait été régulièrement saisi avant que l'information ne fût close, l'ordonnance de
règlement contient à cet égard une décision implicite de refus. Elle présente alors le caractère de décision complexe, de
laquelle la partie qui aurait pu appeler du refus est recevable à interjeter appel (Crim. 18 juin 1959, Bull. crim. n o 321. - Crim.
12 oct. 1961, D. 1962. 367. - Crim. 10 févr. 1965, Bull. crim. n o 93 ; D. 1965. Somm. 63. - Crim. 2 mai 1967, Bull. crim. n o 143).
Toutefois, l'ouverture aux parties de la possibilité de faire une demande d'acte suivie d'un appel ou d'une saisine directe de la
chambre de l'instruction lorsque le juge d'instruction ne répond pas met un frein à la possibilité de considérer une ordonnance
de règlement comme « complexe » (V. infra, n o 835).

§ 2 - Ordonnances juridictionnelles et ordonnances administratives


508. Distinction. - On distingue les ordonnances de caractère administratif et les ordonnances juridictionnelles. Cette dernière
expression, héritée de la jurisprudence qui s'était instaurée sous le régime de la loi du 8 décembre 1897, a été consacrée par
l'article 183, alinéa 1 er, du code de procédure pénale. La distinction traduit le double rôle du juge d'instruction : recherche de
la vérité d'une part, rôle juridictionnel d'autre part (V. Juge d'instruction). L'intérêt de cette distinction réside dans
l'obligation de donner avis aux conseils des parties privées de toutes les ordonnances juridictionnelles. Le code de procédure
pénale n'a donné aucun critère de l'ordonnance juridictionnelle. Une seule chose est certaine : le droit d'appel qui, pour les
parties privées, est limitatif, ne peut fournir de critère suffisant. La jurisprudence s'en tient à indiquer que doivent être
portées à la connaissance du conseil les ordonnances constituant des actes de juridiction (Crim. 5 janv. 1901, DP 1901. 1.
113, rapp. Boyer. - Crim. 16 févr. 1901, DP 1901. 1. 288. - Crim. 4 janv. 1934, DP 1934. 1. 121, note Leloir. - Crim. 12 juin
1954, D. 1954. 753, note F. G. - Crim. 12 nov. 1959, D. 1960. 59, note Golléty ; JCP 1960. II. 11405, note Chambon). On peut
schématiquement considérer comme juridictionnelles toutes les ordonnances par lesquelles le juge statue soit d'office, soit à
la requête d'une partie sur une prétention explicitement ou implicitement émise devant lui. Les ordonnances juridictionnelles,
dont avis doit être donné au conseil des personnes concernées, sont étudiées ultérieurement (V. infra, n os 514 s.).

5 0 9 . Actes d'administration. - Sont de purs actes d'administration les ordonnances par lesquelles le juge décide de la
recherche des preuves : ordonnances prescrivant un transport, une perquisition (Crim. 31 mars 1944, Bull. crim. n o 91. - Crim.
1 er mars 1951, Bull. crim. n o 66), ordonnances portant jonction ou disjonction de procédures pendantes devant le même juge
ou entre deux juges du même tribunal (Crim. 18 janv. 1956, Bull. crim. n o 70. - Crim. 16 nov. 1967, Bull. crim. n o 292). Ces
ordonnances de jonction ou de disjonction ne sont prévues par aucun texte. Une jonction de procédures n'influe pas sur la
validité des actes antérieurs, en particulier sur l'audition comme témoin d'une personne, inculpée dans une seconde
information relative à des faits distincts : une jonction ultérieure ne provoque aucune nullité rétroactive (Crim. 8 déc. 1970,
Bull. crim. n o 329 ; D. 1971. Somm. 54. - Crim. 11 juill. 1978, Bull. crim. n o 229 ; D. 1979. IR 72). Au contraire, une nullité,
constatée dans une procédure, réfléchit sur la procédure jointe ultérieurement, malgré l'indépendance des actions civiles et
fiscales : cette nullité entraîne l'annulation de tout ce qui suit l'acte vicié (Crim. 11 déc. 1969, Bull. crim. n o 343). L'ordonnance
de disjonction, qui a un caractère administratif, ne saurait porter atteinte aux droits de la défense : l'indivisibilité des
poursuites, en cas de pluralité de délinquants, ne s'applique qu'à ceux qui sont en état d'être jugés (Crim. 29 juin 1976, Bull.
crim. n o 235).

Art. 2 - Avis et notifications


510. Distinction. - Il est indispensable de distinguer l'avis de la notification : les avis sont adressés par le greffier, qui doit en
mentionner l'envoi au bas de l'ordonnance ; ils se bornent à indiquer l'objet sans en reproduire le texte. En revanche,
lorsqu'elle est nécessaire, la notification a pour objet de porter la décision in extenso à la connaissance officielle de la partie à
laquelle elle est faite et elle a pour effet de faire courir le délai d'appel. La tardiveté de la signification est sans influence sur la
validité de la décision elle-même (Crim. 19 juill. 1961, Bull. crim. n o 341. - Crim. 4 août 1962, Bull. crim. n o 256) et n'a d'autre
effet, même en matière de prolongation de la détention, que de reculer le point de départ du délai d'appel (Crim. 19 juill. 1961
et 4 août 1962, préc.).

§ 1 - Ministère public
511. Transport sur les lieux. - Le juge d'instruction avise préalablement le procureur de la République par tout moyen de tout
transport sur les lieux (C. pr. pén., art. 92), celui-ci ayant la faculté de l'accompagner (Crim. 14 mars 1988, Bull. crim. n o 124) ;
en cas de transport hors de sa circonscription judiciaire, le juge d'instruction avise également le procureur de la République du
tribunal dans le ressort duquel il se transporte (C. pr. pén., art. 93 et 93-1). L'article 93 du code de procédure pénale a été
rendu applicable au juge des libertés et de la détention par la loi du 30 décembre 2000. L'officier de police judiciaire avise le
procureur de la République territorialement compétent de l'exécution des actes prescrits sur commission rogatoire en dehors
de son ressort (C. pr. pén., art. 18, al. 4). Lorsque le procureur de la République a fait connaître au juge d'instruction son
intention d'assister à des interrogatoires, le juge doit l'aviser de la tenue de ceux-ci au plus tard l'avant-veille des
interrogatoires et confrontations de la personne mise en examen, ainsi que des auditions de la partie civile et du témoin
assisté (C. pr. pén., art. 119).

5 1 2 . Ordonnances. - Le juge d'instruction avise le procureur de la République des ordonnances non conformes à ses
réquisitions (C. pr. pén., art. 82 et 183, al. 5), et des ordonnances de restitution des objets placés sous main de justice
rendues dans le cadre de l'alinéa 5 de l'article 99 du code de procédure pénale. Dans tous les cas, mention est portée au
dossier, par le greffier, de la nature et de la date de la diligence faite en application du présent article ainsi que des formes
utilisées (C. pr. pén., art. 183, al. 6).

513. Ordonnance conforme : point de départ du délai. - S'il est vrai que selon les dispositions combinées des articles 183, avant-
dernier alinéa, et 185, alinéa 2, du code de procédure pénale, le délai d'appel du procureur de la République ne court qu'à
compter de la notification de la décision au ministère public, une telle notification n'est prévue par la loi, et ne constitue le
point de départ dudit délai que lorsque l'ordonnance rendue par le juge d'instruction n'est pas conforme aux réquisitions. Dès
lors, fait l'exacte application des articles 183 et 185 du code de procédure pénale la chambre de l'instruction qui déclare
irrecevable l'appel formé, par le procureur de la République, après l'expiration du délai de cinq jours suivant la date à laquelle
a été rendue l'ordonnance de non-lieu conforme à ses réquisitions (Crim. 4 mars 2004, n o 03-83.756 , Bull. crim. n o 58 ;
D. 2004. IR 1065 ; AJ pénal 2004. 208, note Leblois-Happe ; Dr. pénal 2004. Comm. 76, note Maron ; JCP 2004.
IV. 1772 ; Gaz. Pal. 17-19 oct. 2004, p. 2, note Monnet).

§ 2 - Personne mise en examen


514. Décisions susceptibles d'un recours. - Doivent être notifiées à la personne mise en examen les décisions susceptibles de
faire l'objet de voies de recours par celle-ci conformément aux articles 99, 186 et 186-1 du code de procédure pénale
(C. pr. pén., art. 183, al. 2) et par toutes autres dispositions législatives particulières ainsi que celles qui ont été déclarées
susceptibles d'appel par la chambre criminelle, à savoir les ordonnances de dessaisissement au profit d'un juge d'instruction
d'un autre tribunal (Crim. 11 mai 1981, Bull. crim. n o 150), prescrivant en matière d'urbanisme l'interruption des travaux (Crim.
10 janv. 1980, Bull. crim. n o 18), rejetant la demande excipant de l'immunité des agents diplomatiques (Crim. 5 mars 1985,
Bull. crim. n o 101) et des parlementaires (Crim. 26 juin 1986, Bull. crim. n o 277), disant n'y avoir lieu à amnistie (Crim. 9 févr.
1977, Bull. crim. n o 53). Elles sont notifiées dans les plus brefs délais, soit verbalement, avec émargement au dossier de la
procédure, soit par lettre recommandée. La preuve de la nature, de la date et des formes utilisées pour cette formalité résulte de
la mention portée au dossier par le greffier, et les récépissés postaux, éventuellement annexés à l'ordonnance, ne peuvent y
suppléer (Crim. 30 nov. 1999, BICC 509, n o 241).

515. Mesures provisoires. Compétence. - Doivent être notifiées également les ordonnances concernant les mesures provisoires
prévues à l'article 10 de l'ordonnance du 2 février 1945 (Ord., art. 24), les mandats de comparution, d'amener, de recherche
ou d'arrêt (C. pr. pén., art. 123), les ordonnances par lesquelles un juge d'instruction statue sur son dessaisissement en
matière de terrorisme ou de criminalité organisée et celle par laquelle le juge d'instruction spécialisé statue sur sa compétence
en matière de terrorisme, de santé publique, de pollution maritime, de crimes contre l'humanité ou de crimes et délits de
guerre, ou d'accidents collectifs ; de plus, préalablement à ces ordonnances, le juge d'instruction doit aviser la personne et
l'inviter à présenter ses observations, soit sur les réquisitions du parquet visant au-dessaisissement, soit sur la requête des
parties ou l'intention du juge de statuer d'office aux fins de constater l'incompétence de la juridiction parisienne (C. pr. pén.,
art. 628 s., 706-18, 706-19, 706-22, 706-77, 706-107 s. et 706-176 s.).

516. Expertise. Règlement. - Les conclusions des expertises doivent être notifiées ainsi que les examens techniques ordonnés
par le ministère public (C. pr. pén., art. 167, al. 1 er), y compris à la personne contre laquelle le ministère public a requis,
nommément, l'ouverture d'une information, encore qu'elle n'ait pas été entendue par le magistrat instructeur dans les
conditions prévues par l'article 114 du code de procédure pénale (Crim. 24 mai 1971, Bull. crim. n o 171, jurisprudence dont la
pérénnité est incertaine puisque la notification n'est même pas obligatoire pour le témoin assisté). Depuis l'entrée en vigueur
de la loi du 15 juin 2000, les avocats des parties peuvent demander à ce que leur soit notifié l'entier rapport et non seulement
les conclusions. Et depuis l'entrée en vigueur de la loi du 9 mars 2004, les conclusions des expertises peuvent aussi être
notifiées au témoin assisté qui peut faire une demande de contre-expertise. Toutefois, le juge d'instruction n'est pas obligé
d'y répondre (V. supra, n o 404. - Adde : Expertise).
517. Copies des décisions de désignation d'expert sont aussi transmises aux parties et à leurs conseils (C. pr. pén., art. 161-
1). Sont également notifiés les avis de fin d'information (C. pr. pén., art. 175), les ordonnances de règlement (art. 183, al. 1 er),
y compris l'ordonnance de non-lieu lorsque la personne visée nommément dans le réquisitoire introductif n'a pas reçu
notification de l'inculpation (Crim. 24 mai 1971, Bull. crim. n o 171). Elles sont notifiées dans les délais les plus brefs, soit
verbalement, avec émargement au dossier de la procédure, soit par lettre recommandée (C. pr. pén., art. 183, al. 1 er).

518. Notification du réquisitoire définitif. - Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 5 mars 2007, le réquisitoire définitif doit être
notifié « immédiatement » aux avocats des parties (C. pr. pén., art. 175). Par décision du 9 septembre 2011 (n o 2011-160
Q P C , AJ pénal 2012. 46, obs. Perrier ), le Conseil constitutionnel a déclaré l'article 175 du code de procédure pénale
contraire à la Constitution en ce qu'il prévoit que les réquisitions du procureur sont adressées aux avocats des parties mais
non aux parties dépourvues de l'assistance d'un avocat. Il rappelle que, si le législateur peut prévoir des règles de procédure
différentes selon les faits, les situations et les personnes auxquelles elles s'appliquent, c'est à la condition que ces différences
ne procèdent pas de distinctions injustifiées et que soient assurées aux justiciables des garanties égales, notamment quant
au principe du contradictoire et au respect des droits de la défense. Le respect des principes du contradictoire et des droits de
la défense interdit que le juge d'instruction puisse statuer sur le règlement de l'instruction sans que les demandes formées
par le ministère public à l'issue de celle-ci aient été portées à la connaissance de toutes les parties. Le Conseil constitutionnel
en conclut donc que, dans la seconde phrase du deuxième alinéa de l'article 175 du code de procédure pénale, les mots
« avocats des » ont pour effet de réserver la notification des réquisitions définitives du ministère public aux avocats assistant
les parties et que, par suite, ces dispositions sont contraires à la Constitution. Depuis cette date, les magistrats ont adoptés
différentes formules : soit ils notifient le réquisitoire à tous les avocats et aux parties assistées d'un conseil ; soit ils se
limitent à notifier le réquisitoire à la partie dépourvue d'avocat. Cette notification vaut également pour la partie civile
dépourvue de conseil.

5 1 9 . Notification et délai d'appel. - Seule la notification faite conformément aux dispositions de l'article 183 du code de
procédure pénale fait courir le délai d'appel d'une ordonnance rendue par le juge d'instruction, la connaissance de
l'ordonnance par toute autre voie étant inopérante (Crim. 8 févr. 1994, n o 93-84.479 , Bull. crim. n o 56. - Crim. 24 nov.
1999, BICC 509, n o 242). Si la personne mise en examen est mineure, la notification doit également être faite à son
représentant légal, qui dispose des mêmes voies de recours (Ord. n o 45-174 du 2 févr. 1945, art. 24. - Pour les modalités
particulières de notification en matière de détention provisoire et de mandats, V. Détention prov isoire, Mandats et Juge des
libertés et de la détention). Les notifications sont faites à l'adresse que la personne a déclarée (C. pr. pén., art. 116). Elles
sont réputées faites à sa personne. V. Citations et significations.

§ 3 - Partie civile
520. 1 o Ordonnances de renvoi et de mise en accusation (C. pr. pén., art. 183, al. 1 er). - Elles sont notifiées dans les délais les
plus brefs, soit verbalement, avec émargement au dossier de la procédure, soit par lettre recommandée. Depuis l'entrée en
vigueur de la loi du 9 mars 2004, la partie civile peut faire appel de l'ordonnance de renvoi lorsqu'elle estime que les faits
constituaient un crime (V. infra, n os 830 et 831), et la loi du 5 mars 2007 a ajouté le cas où une ordonnance de règlement
n'est pas signée par tous les juges saisis (V. infra, n o 832).

521. 2 o Décisions susceptibles d'un recours. - Font l'objet d'une notification les décisions susceptibles de faire l'objet de voies
de recours de la part de la partie civile conformément aux articles 99, 186 et 186-1 (C. pr. pén., art. 183, al. 2), ainsi que celles
qui ont été déclarées susceptibles d'appel par la chambre criminelle, à savoir l'ordonnance de renvoi à caractère complexe
(Crim. 12 oct. 1961, Bull. crim. n o 400. - Crim. 2 mai 1967, Bull. crim. n o 143. - Crim. 14 déc. 1982, Bull. crim. n o 288. - Crim.
23 déc. 1969, Bull. crim. n o 362), l'ordonnance de dessaisissement (Crim. 9 mai 1968, Bull. crim. n o 149), l'ordonnance de non-
lieu qui ne concerne que certains inculpés (Crim. 24 mars 1960, Bull. crim. n o 170). Elles sont notifiées selon les mêmes
modalités.

522. Copie de l'acte. - Dans tous les cas, une copie de l'acte est remise et mention est portée au dossier par le greffier de la
nature et de la date de la diligence, ainsi que des formes utilisées (C. pr. pén., art. 183, al. 2 et 6. - Crim. 4 janv. 1991, n o 90-
84.179 , Bull. crim. n o 6. - Crim. 8 juill. 1992, n o 91-81.557 , Bull. crim. n o 271). La notification par lettre recommandée
prévue par l'article 183 du code de procédure pénale est réalisée par l'expédition de ladite lettre (Crim. 12 janv. 1988, Bull.
crim. n o 12. - Crim. 19 oct. 1988, Bull. crim. n o 358). Dans tous les cas, mention est portée au dossier de la nature et de la
date de la diligence ainsi que des formes utilisées (C. pr. pén., art. 183, al. 6, et 148, al. 2).

5 2 3 . 3 o Dessaisissement. - L'ordonnance par laquelle un juge d'instruction autre que celui de Paris statue sur son
dessaisissement et celle par laquelle le juge d'instruction de Paris statue sur sa compétence dans le cadre de la loi n o 86-
1020 du 9 septembre 1986 (D. 1986. 468) relative à la lutte contre le terrorisme sont susceptibles de recours ; de plus,
préalablement à ces ordonnances, le juge d'instruction doit aviser la partie civile et l'inviter à présenter ses observations, soit
sur les réquisitions du parquet visant au-dessaisissement, soit sur la requête des autres parties ou l'intention du juge de
statuer d'office aux fins de constater l'incompétence de la juridiction parisienne (C. pr. pén., art. 706-18, 706-19 et 706-22).

524. L'ordonnance par laquelle un juge d'instruction statue sur son dessaisissement dans le cadre de l'article 706-77 du code
de procédure pénale est également susceptible de recours. Il s'agit d'un dessaisissement au profit de la juridiction spécialisée
interrégionale en matière de criminalité organisée. L'ordonnance peut être déférée dans les cinq jours de sa notification soit à
la chambre de l'instruction si la juridiction spécialisée au profit de laquelle le dessaisissement a été ordonné ou refusé se
trouve dans le ressort de la cour d'appel dans lequel se situe la juridiction initialement saisie, soit, dans le cas contraire, à la
chambre criminelle de la Cour de cassation (C. pr. pén., art. 706-78).

525. Fin d'information. - L'avis de fin d'information prévu par l'article 175 du code de procédure pénale doit être notifié à la
partie civile.
526. Adresse déclarée. - Les notifications sont faites à l'adresse déclarée (C. pr. pén., art. 89). La mention, dans la plainte avec
constitution de partie civile, que cette dernière élit domicile au cabinet de son avocat, lequel a contresigné la plainte, vaut
déclaration d'adresse au sens de l'article 89 du code de procédure pénale (Crim. 11 oct. 1988, Bull. crim. n o 344). Lorsque la
notification à la partie civile n'est pas régulièrement faite à l'adresse déclarée, ni à son avocat, le délai d'appel n'a pas
commencé à courir et l'arrêt de la chambre d'accusation [de l'instruction] ayant considéré l'appel irrecevable doit être cassé
(Crim. 23 mai 1996, Gaz. Pal. 1996. 2. Chron. dr. crim. 162). Selon l'alinéa 6 de l'article 183 du code de procédure pénale,
mention est portée au dossier, par le greffier, de la nature et de la diligence ainsi que des formes utilisées. Méconnaît le sens
et la portée de ce texte l'arrêt qui, pour déclarer irrecevable l'appel de la partie civile, se borne à énoncer que la notification
de la décision « a été réalisée par l'expédition des lettres recommandées auxquelles étaient jointes les copies de
l'ordonnance et que cette date est indiquée sous les mentions relatives à l'exécution de cette diligence portée sur
l'ordonnance elle-même par le greffier », alors qu'en l'absence de signature du greffier, le délai d'appel n'avait pas commencé
à courir (Crim. 18 juin 1996, n o 95-85.980 , Bull. crim. n o 258 ; JCP 1996. IV. 2342 ; Gaz. Pal. 1996. 2. Chron. dr. crim. 185).
Les récépissés postaux annexés à l'ordonnance ne peuvent suppléer à ces formalités et faire preuve de la notification
lorsqu'elle a été effectuée par lettre recommandée (Crim. 22 oct. 1996, n o 95-84.498 , Bull. crim. n o 368). V. Citations et
significations.

§ 4 - Avocats
527. Ordonnance de règlement. Décisions susceptibles de recours. - Doivent être notifiées au conseil de la personne mise en
examen les ordonnances de règlement ainsi que les décisions susceptibles de faire l'objet de voies de recours de la part de la
personne mise en examen, simultanément et selon les mêmes modalités que celle-ci (C. pr. pén., art. 183, al. 4). Les décisions
relatives à la détention provisoire n'ont toutefois pas à être notifiées à l'avocat de la partie civile. Doivent être notifiées au
conseil de la partie civile les ordonnances de renvoi et de mise en accusation, ainsi que les décisions susceptibles de faire
l'objet de voies de recours de la part de la partie civile, simultanément et selon les mêmes modalités qu'à la partie civile
(C. pr. pén., art. 183, al. 4).

528. Mention au dossier. - Dans tous les cas, qu'il s'agisse du conseil de la personne mise en examen ou de la partie civile,
mention est portée au dossier par le greffier de la nature et de la date de la diligence faite ainsi que des formes utilisées
(C. pr. pén., art. 183, dern. al.). L'avis de fin d'information doit être notifié aux avocats des parties, soit verbalement, avec
émargement au dossier de la procédure, soit par lettre recommandée (C. pr. pén., art. 175, al. 1 er).

529. Notification par télécopie. - Il est inséré, après l'article 803 du code de procédure pénale, un article 803-1 ainsi rédigé :
« Dans les cas où, en vertu des dispositions du présent code, il est prévu de procéder aux notifications à un avocat par lettre
recommandée ou par lettre recommandée avec demande d'avis de réception, la notification peut aussi être faite sous la forme
d'une télécopie avec récépissé » (L. n o 99-515 du 23 juin 1999 [D. 1999. 311]).

5 3 0 . Notification à adresse électronique. - La loi du 5 mars 2007 a ajouté un alinéa à l'article 803-1 qui précise que la
notification peut aussi être faite « par un envoi adressé par un moyen de télécommunication à l'adresse électronique de
l'avocat et dont il est conservé une trace écrite ». Le décret du 15 novembre 2007 instaure de nouvelles possibilités attachées
à la signature d'un protocole entre les barreaux et les tribunaux de grande instance ; voir les articles D. 590 et D. 591 du code
de procédure pénale (Décr. n o 2007-1620 du 15 nov. 2007 modifiant le code de procédure pénale et relatif à l'utilisation des
nouvelles technologies, JO 17 nov.).

531. Sanction de l'omission de notification. - L'omission de notifier régulièrement au conseil de l'inculpé ou de la partie civile une
ordonnance susceptible de voies de recours n'affecte pas la validité de l'ordonnance elle-même, et a pour seule conséquence
d'empêcher le délai d'appel de courir (Crim. 21 août 1986, Bull. crim. n o 250. - Crim. 21 déc. 1982, Bull. crim. n o 299. - Crim.
7 mars 1989, Bull. crim. n o 110. - Crim. 6 juin 1989, Bull. crim. n o 241. - Crim. 12 févr. 1992, n o 91-84.192 , Bull. crim. n o 70).
Si les parties désignent plusieurs avocats, ils doivent faire connaître celui d'entre eux auquel seront adressées les
convocations et notifications ; à défaut de ce choix, celles-ci seront adressées à l'avocat premier choisi (C. pr. pén., art. 115. -
Crim. 2 mars 1994, n o 93-85.670 , Bull. crim. n o 82). Ces dispositions restent applicables tant que le premier conseil n'a pas
été expressément déchargé de sa mission. Il s'ensuit qu'aucune irrégularité ne résulte de ce que l'ordonnance de renvoi a été
notifiée au conseil choisi par l'inculpé, mais non à l'avocat qui, après ce choix, a été commis d'office pour assurer sa défense
(Crim. 3 déc. 1991, n o 91-83.505 , Bull. crim. n o 454). Est inopérant le moyen qui invoque une irrégularité de la notification
d'une ordonnance de non-lieu à l'un des avocats d'une partie civile, dès lors que celle-ci n'a pas fait connaître au juge
d'instruction le nom des avocats choisis par elle, comme le prévoit l'article 115 du code de procédure pénale. C'est à la partie
elle-même qu'incombe cette démarche, un avocat ne pouvant se désigner lui-même (Crim. 8 févr. 2000, BICC 514, n o 603).
L'article 115 a toutefois été modifié par la loi du 15 juin 2000 et celle du 9 mars 2004 : « Sauf lorsqu'il s'agit de la première
désignation d'un avocat par une partie ou lorsque la désignation intervient au cours d'un interrogatoire ou d'une audition, le
choix effectué par les parties […] doit faire l'objet d'une déclaration au greffier du juge d'instruction ». Lorsque la personne est
détenue, le choix peut également se faire par déclaration auprès du chef de l'établissement pénitentiaire ou par courrier
désignant un avocat. C'est alors celui-ci qui doit accomplir les formalités de déclaration au greffe.

532. Nouvelle adresse de l'avocat. - N'est pas régulière et ne fait pas courir le délai d'appel la notification d'une ordonnance à
l'ancienne adresse de l'avocat au cabinet duquel la partie civile a fait élection de domicile alors que le juge d'instruction avait
été informé de la nouvelle adresse de ce cabinet. La nouvelle adresse du cabinet de l'avocat chez lequel la partie a fait
élection de domicile ne constitue pas un changement de l'adresse déclarée soumise aux conditions de forme de l'article 89,
alinéa 3, du code de procédure pénale (Crim. 10 oct. 2000, BICC 527, n o 43).

5 3 3 . Restitution. - Sur les avis à donner au tiers en matière de restitution d'objet saisi, V. supra, n os 494 s. - Adde :
Restitution. - Sur les avis à donner dans le cadre du contrôle judiciaire, de la détention provisoire, ou de l'assignation à
résidence avec surveillance électronique, V. Détention prov isoire.

Art. 3 - Appel des ordonnances


534. Pour des éléments complets, V. Appel et Cham bre de l'instruction. Nous tenterons ici seulement de rappeler la liste
des ordonnances susceptibles d'appel, les principes fondamentaux guidant les délais et le principe de continuation de
l'instruction.

§ 1 - Ordonnances susceptibles d'appel


A. - Ministère public
535. Droit d'appel contre toute ordonnance. - Le procureur de la République a le droit d'interjeter appel devant la chambre de
l'instruction de toute ordonnance du juge d'instruction ou du juge des libertés et de la détention (C. pr. pén., art. 185,
al. 1 er. - Crim. 19 sept. 1990, n o 90-84.140 , Bull. crim. n o 319), même de celles conformes à ses réquisitions (Crim. 15 nov.
1956, Bull. crim. n o 753). Il en résulte qu'une chambre d'accusation [de l'instruction] ne saurait rejeter l'appel, par le procureur
général, d'une ordonnance de placement sous contrôle judiciaire, au motif que cette décision n'avait pas été précédée de
réquisitions de mise en détention émanant du procureur de la République (Crim. 14 oct. 1997, D. 1998. IR 2 ; JCP 1998.
IV. 1099 ; Gaz. Pal. 22-24 févr. 1998, p. 24). Tel n'est pas le cas pour les parties privées qui ne peuvent faire appel que des
ordonnances prévues par les articles 186, alinéas 1 er et 3, et 186-1 du code de procédure pénale. Avant d'ordonner la
communication d'une plainte avec constitution de partie civile au procureur de la République en application de l'article 186 du
code de procédure pénale, le juge d'instruction, par lettre, a informé la plaignante de ce que « les faits dénoncés n'étaient
pas de nature pénale » et lui a conseillé « de s'adresser à un avocat à même de décider de la suite à donner à son dossier ».
Pour déclarer l'appel irrecevable, la chambre d'accusation [de l'instruction] retient que le recours porte sur une
correspondance du juge d'instruction qui ne peut valoir ordonnance juridictionnelle. En cet état, les juges ont justifié leur
décision sans encourir les griefs allégués ; en effet, une lettre adressée à une partie par le juge d'instruction n'entre pas dans
les prévisions des articles 186 et 186-1 du code de procédure pénale (Crim. 4 août 1998, Gaz. Pal. 16-17 déc. 1998).

536. Décision du Conseil constitutionnel du 13 juillet 2011. - Sur cette décision, V. infra, n o 538.

537. Absence de filtre du président de la chambre de l'instruction. - Lorsque le procureur de la République a requis du magistrat
instructeur, sur le fondement de l'article 82 du code de procédure pénale, l'expertise psychiatrique d'une personne mise en
examen, son appel de l'ordonnance qui refuse d'y faire droit n'entre pas dans les prévisions de l'article 186-1 dudit code, mais
relève des seules dispositions de l'article 185 de ce code. Dès lors, encourt la cassation la chambre d'accusation [de
l'instruction] qui, pour se déclarer non saisie de l'appel du procureur de la République contre une ordonnance de refus
d'expertise psychiatrique rendue par le juge d'instruction, retient que l'affaire a été directement audiencée devant la chambre
d'accusation [de l'instruction], sans avoir été transmise préalablement au président de cette juridiction (Crim. 28 avr. 1998,
n o 98-80.366 , Bull. crim. n o 142 ; D. 1998. IR 179 ).

B. - Personne mise en examen


538. Un droit exceptionnel. - Les articles 186, alinéas 1 er et 3, et 186-1 du code de procédure pénale, dont les dispositions
sont limitatives, ont attribué à la personne mise en examen un droit exceptionnel en lui permettant d'interjeter appel des
ordonnances visées par ces textes (Crim. 28 nov. 1984, Bull. crim. n o 373. - Crim. 11 oct. 1988, Bull. crim. n o 343. - Crim.
19 sept. 1989, Bull. crim. n o 322. - Crim. 9 mai 1990, n o 90-80.928 , Bull. crim. n o 176. - Crim. 21 août 1990, n o 90-83.745
, Bull. crim. n o 304. - Crim. 14 nov. 1990, n o 90-85.596 , Bull. crim. n o 380). En vertu des articles 186 et 186-1 du code de
procédure pénale, le droit d'appel appartient à la personne mise en examen contre les ordonnances prévues par les articles :
articles 80-1-1 (ordonnance de refus de passage du statut de personne mise en examen à témoin assisté), 81, alinéa 9
(ordonnance de refus de prescrire un examen médical, psychologique ou d'ordonner toutes mesures utiles), 82-1 (ordonnance
de refus de prescrire une audition, un interrogatoire, un transport, une confrontation ou qu'il soit ordonné la production d'une
pièce), 82-3 (ordonnance contestant le bien-fondé d'une demande tendant à constater la prescription de l'action publique
remettant en cause la jurisprudence selon laquelle l'ordonnance suivant laquelle un juge d'instruction rejette une exception
de prescription ne figure pas parmi celles dont la personne mise en examen peut relever appel [Crim. 19 janv. 1999, n o 98-
82.420 , Bull. crim. n o 8]), 87 (ordonnances relatives à la recevabilité de la constitution de partie civile), 137-3 (ordonnance
de placement en détention provisoire), 139 (ordonnance de placement sous contrôle judiciaire), 140 (ordonnances relatives
au maintien et à la mainlevée du contrôle judiciaire), 142-6 (placement sous assignation à résidence avec surveillance
électronique), 142-7 (prolongation de l'assignation à résidence avec surveillance électronique), 145 (ordonnance
d'incarcération provisoire lorsqu'elle est décidée d'office par le JLD), 145-1 (ordonnance de prolongation de détention en
matière correctionnelle), 145-2 (ordonnance de prolongation en matière criminelle), 148 (ordonnances de rejet de mise en
liberté simples ou assorties du contrôle judiciaire), 156, alinéa 2 (ordonnance de refus d'expertise), 161 (ordonnance de refus
de question supplémentaire ou d'adjonction d'un autre expert), 167, alinéa 4 (ordonnance de refus de complément
d'expertise, de contre-expertise ou de désignation de plusieurs experts dans ce cadre), 179, alinéa 3 (ordonnance de
maintien en détention provisoire, sous contrôle judiciaire ou sous assignation à résidence avec surveillance électronique lors
du règlement). La personne mise en examen peut aussi interjeter appel de l'ordonnance par laquelle le juge a, d'office ou sur
déclaration, statué sur sa compétence (C. pr. pén., art. 186, al. 1 er et 3, et 186-1). Le Conseil constitutionnel, s'il n'a pas
déclaré l'article 186 du code de procédure pénale contraire à la Constitution, a émis une réserve d'interprétation en ce sens
que les dispositions de l'article 186 du code de procédure pénale ne sauraient, sans apporter une restriction injustifiée aux
droits de la défense, être interprétées comme excluant le droit de la personne mise en examen de former appel d'une ordonnance
du juge d'instruction ou du juge des libertés et de la détention faisant grief à ses droits et dont il ne pourrait utilement remettre en
cause les dispositions ni dans les formes prévues par les articles 186 à 186-3 du code de procédure pénale, ni dans la suite
de la procédure, notamment devant la juridiction de jugement ; que sous cette réserve, l'article 186 du code de procédure
pénale ne méconnaît pas les articles 6 et 16 de la Déclaration de 1789 (Cons. const. 13 juill. 2011, n o 2011-153 QPC , JO
14 juill. ; AJ pénal 2012. 44, obs. Ascensi ). La question prioritaire de constitutionnalité portait sur la conformité de l'article
146 qui ne prévoit pas de droit d'appel de la personne mise en examen (correctionnalisation des faits). Mais la décision du
Conseil va bien au-delà du seul article 146 en prévoyant un droit d'appel pour la personne mise en examen dès lors que la
décision du juge d'instruction ou du juge des libertés et de la détention ferait grief à ses droits.

539. Ordonnance de mise en accusation. - Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, et la suppression du second
degré d'instruction obligatoire en matière criminelle, la personne mise en examen peut également faire appel de l'ordonnance
de mise en accusation, prévue par l'article 181 du code de procédure pénale. « En cas d'appel contre une ordonnance prévue
par l'article 181, la chambre de l'instruction statue dans les quatre mois de l'ordonnance, faute de quoi, si la personne est
détenue, elle est mise d'office en liberté » (C. pr. pén., art. 186-2). Saisie, sur le seul appel de la personne mise en examen
d'une ordonnance portant renvoi devant la cour d'assises, la chambre de l'instruction est investie, en application de
l'article 202, alinéa 2, du code de procédure pénale, du pouvoir de modifier et de compléter, même en les aggravant, les
qualifications retenues par le juge d'instruction. Dès lors, n'encourt pas la censure l'arrêt de renvoi devant la cour d'assises
pour des chefs d'inculpation délaissés par le juge d'instruction ayant rendu une ordonnance de non-lieu partiel (Crim. 6 août
2003, JCP 2003. IV. 2661 ; D. 2004. Somm. 668, obs. Pradel ).

540. Ordonnance de renvoi. - L'article 186-3, issu de la loi du 9 mars 2004, dispose que la personne mise en examen et la
partie civile peuvent interjeter appel des ordonnances prévues par l'alinéa 1 er de l'article 179 dans le seul cas où elles
estiment que les faits renvoyés devant le tribunal correctionnel constituent un crime qui aurait dû faire l'objet d'une
ordonnance de mise en accusation devant la cour d'assises. Il en est de même, depuis la loi du 5 mars 2007, lorsqu'une
ordonnance de renvoi n'est pas signée par tous les magistrats instructeurs désignés.

541. Ordonnance d'irresponsabilité pénale pour trouble mental. - L'article 706-128 du code de procédure pénale dispose que les
articles 706-122 à 706-127 sont applicables devant la chambre de l'instruction en cas d'appel d'une ordonnance
d'irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental ou en cas d'appel d'une ordonnance de renvoi lorsque cet appel est
formé par une personne mise en examen qui invoque l'application du premier alinéa de l'article 122-1 du code pénal (sur cette
procédure, V. infra, n os 798 et 819 s.). L'appel par la personne mise en examen d'une ordonnance de renvoi devant le
tribunal correctionnel trouve ici une autre application.

542. Filtre par le président de la chambre de l'instruction. - En cas d'appel d'une des ordonnances prévues par l'article 186-1,
alinéa 1 er, du code de procédure pénale, l'alinéa 3 du même texte autorise le président de la chambre de l'instruction à
décider, en fait comme en droit, s'il y a lieu de saisir la chambre de l'instruction. Dès lors, n'excède pas ses pouvoirs le
président de la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, constatant qu'une demande d'actes d'instruction a été formée par
lettre adressée au juge d'instruction et non au greffier comme l'exige l'article 81, alinéa 10, du code de procédure pénale,
décide qu'il n'y a pas lieu de saisir la chambre d'accusation [de l'instruction] de l'appel de l'ordonnance par laquelle le juge
d'instruction a rejeté ladite demande. En application de l'article 186-1, alinéa 3, précité, le pourvoi formé contre l'ordonnance
du président de la chambre d'accusation [de l'instruction] est irrecevable (Crim. 11 janv. 2000, BICC 511, n o 393). Les lois des
9 septembre 2002 et 9 mars 2004 ont complété ainsi l'article 186 : « Il en est de même lorsque l'appel a été formé après
l'expiration du délai prévu au quatrième alinéa ou lorsque l'appel est devenu sans objet. Le président de la chambre de
l'instruction est également compétent pour constater le désistement de l'appel formé par l'appelant » (C. pr. pén., art. 186,
dern. al.). La loi du 5 mars 2007 a exclu des pouvoirs de filtre du président l'appel sur ordonnance refusant une contre-
expertise sauf si cet appel a été formé hors délai ou si l'appelant s'est désisté de son appel (C. pr. pén., art. 186-1). Dès lors
que la demande adressée au juge d'instruction ne contenait « aucune indication d'une expertise antérieure que le demandeur
aurait voulu voir compléter », le président de la chambre de l'instruction n'a pas excédé ses pouvoirs en usant du filtre de
l'article 186-1 (Crim. 10 nov. 2009, n o 09-84.822 , inédit, D. 2009. 2810, obs. Girault ).

5 4 3 . Ordonnances susceptibles d'appel selon la jurisprudence. - Ont également été déclarées susceptibles d'appel par la
personne mise en examen les ordonnances : statuant sur une requête tendant à la suppression d'un ou plusieurs
versements d'un cautionnement, ou à la limitation du montant d'un cautionnement, celles-ci s'analysant comme une demande
de mainlevée partielle du contrôle judiciaire (Crim. 23 oct. 1984, Bull. crim. n o 313. - Crim. 24 juin 1986, Bull. crim. n o 221) ; de
dessaisissement d'un juge d'instruction au profit d'un juge d'instruction d'un autre tribunal, cette ordonnance statuant en fait
sur la compétence (Crim. 11 mai 1981, Bull. crim. n o 150. - Crim. 8 févr. 1994, n o 93-84.479 , Bull. crim. n o 56) ; de renvoi qui
présente le caractère d'une décision complexe en ce qu'elle rejette implicitement une demande d'expertise (Crim. 12 oct.
1961, Bull. crim. n o 400), ou un déclinatoire de compétence (Crim. 26 juin 1968, Bull. crim. n o 207. - Crim. 27 oct. 1986, Bull.
crim. n o 307), ou en ce qu'elle admet implicitement une constitution de partie civile dont la recevabilité avait été expressément
contestée (Crim. 14 déc. 1982, Bull. crim. n o 288) ; rejetant la demande excipant de l'immunité des agents diplomatiques ou
de l'immunité parlementaire, cette ordonnance, à la supposer erronée, pouvant être de nature à entraîner une violation des
dispositions de la Convention de Vienne (Crim. 5 mars 1985, Bull. crim. n o 101) ou de la Constitution (Crim. 26 juin 1986, Bull.
crim. n o 227) ; disant n'y avoir lieu à amnistie (Crim. 9 févr. 1977, Bull. crim. n o 53). Le mandat de dépôt, faisant corps avec
l'ordonnance de placement en détention provisoire qui en est le support, est susceptible d'appel comme l'ordonnance elle-
même (Crim. 1 er mars 1994, n o 93-85.745 , Bull. crim. n o 81).

5 4 4 . Textes particuliers (matière économique). - Des textes particuliers ont prévu la possibilité, pour la personne mise en
examen, d'interjeter appel de certaines ordonnances, notamment celles : prescrivant ou maintenant, en vertu de l'article 480-
2 du code de l'urbanisme, l'interruption des travaux, et ayant fait grief à l'inculpé (Crim. 10 janv. 1980, Bull. crim. n o 18) ;
maintenant la cessation d'une publicité de nature à induire en erreur (L. n o 73-1193 du 27 déc. 1973 [D. 1974. 30], art. 44, II,
al. 4) ; maintenant la suspension provisoire de la vente de produits ou de prestations de services ne présentant pas la
sécurité à laquelle on peut légitimement s'attendre ou portant atteinte à la santé des personnes (L. n o 83-660 du 21 juill.
1983 [D. 1983. 389], art. 11) ; prescrivant ou maintenant la fermeture d'établissements prévue en matière d'infractions à la
législation sur les stupéfiants (CSP, art. L. 3421-3, et C. pr. pén., art. 706-33) et de proxénétisme (C. pr. pén., art. 706-36).

545. Ordonnances non susceptibles d'appel (jurisprudence). - En revanche, ne sont pas susceptibles d'appel par la personne
mise en examen les ordonnances : d'incarcération provisoire (C. pr. pén., art. 145, al. 7. - Crim. 19 janv. 1987, Bull. crim.
n o 24. - À l'exception, depuis le 1 er juill. 2007 de celle ordonnée d'office par le JLD, V. Détention prov isoire et Juge des
libertés et de la détention) ; rejetant la demande de l'inculpé tendant à faire décider que le texte pénal visé dans la
poursuite est entaché d'illégalité (Crim. 6 juill. 1961, Bull. crim. n o 328) ; de soit-communiqué (Crim. 12 oct. 1961, Bull. crim.
n o 400) ; de non-lieu (Crim. 15 juill. 1965, Bull. crim. n o 176) ; une ordonnance prise en application de l'article 88 du code de
procédure pénale (dépôt de plainte et consignation ; Crim. 3 avr. 1990, n o 89-83.975 , Bull. crim. n o 143) ; de renvoi devant
le tribunal de police (Crim. 27 oct. 1992, n o 92-81.041 , Bull. crim. n o 342) ou correctionnel (Crim. 25 juin 1979, Bull. crim.
n o 222. - V. cep. C. pr. pén., art. 186-3). L'appel, formé par la personne mise en examen, d'une ordonnance de refus d'acte,
pour laquelle elle n'était pas demandeur, est irrecevable, dès lors que cet acte n'a pas pu porter grief à ses intérêts. Le fait
que l'ordonnance dont appel a été porté à sa connaissance, ne pouvait lui conférer un droit que les articles 186 et 186-1 du
code de procédure pénale ne lui accordent pas (Rouen, 15 oct. 1997, BICC 473, n o 663). Étant, selon l'article 181, alinéa 7, du
code de procédure pénale, une conséquence légale de la mise en accusation, et n'ayant pas pour support une ordonnance du
juge d'instruction statuant sur la détention, la prise de corps ordonnée par ce magistrat n'est pas susceptible d'appel (Crim.
21 août 2002, n o 02-83.969 , Bull. crim. n o 154 ; D. 2003. Somm. 34, obs. Pradel . - V. toutefois les conséquences
possibles de la décison rendue le 13 juill. 2011 par le Conseil constitutionnel, supra, n o 538).

546. Appel de la personne faisant l'objet d'un mandat d'arrêt. - Revenant sur une jurisprudence bien établie, y compris après
l'arrêt de condamnation Poitrimol de la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH 23 nov. 1993, Série A, n o 277-A,
Dr. pénal 1994. Comm. 97), la Cour de cassation ne pose plus de condition à l'exercice du droit d'appel pour celui qui fait
l'objet d'un mandat d'arrêt : méconnaît le sens et la portée de l'article 502 du code de procédure pénale l'arrêt qui, pour
déclarer irrecevable l'appel formé par un avocat au nom d'un prévenu, contre lequel le tribunal correctionnel avait décerné un
mandat d'arrêt, énonce que ce dernier, qui ne s'est pas soumis à un mandat de justice, n'est pas en droit de se faire
représenter pour exercer la voie de recours (Crim. 24 nov. 1999, BICC 508, n o 143). Il en est de même en ce qui concerne le
pourvoi en cassation : « En l'absence de dispositions expresses de la loi dérogeant, en cas de délivrance d'un mandat de
justice, à l'application des conditions de forme prévues par l'article 576 du code de procédure pénale, le pourvoi est
recevable » (Crim. 30 juin 1999, RSC 1999. 839, obs. Commaret . - V. CEDH 27 avr. 2004, req. n o 39001/97, Maat c/ France,
AJ pénal 2004. 246, note Leblois-Happe ).

547. Irrecevabilité de l'appel pour renvoi devant le tribunal pour enfants pour crime. - L'article 186 du code de procédure pénale,
applicable en vertu de l'article 24 de l'ordonnance du 2 février 1945, aux ordonnances du juge d'instruction des mineurs, ne
prévoit pas de droit d'appel contre les ordonnances de règlement rendues par ce magistrat, à l'exception de celles portant
mise en accusation devant la cour d'assises des mineurs. Est, dès lors, irrecevable l'appel interjeté par un mineur devant la
chambre de l'instruction, à l'encontre d'une ordonnance le renvoyant devant le tribunal pour enfants pour crime (Crim. 4 juin
2003, Procédures août-sept. 2003. Comm. 200, note Buisson). On peut s'interroger sur les raisons qui ont fait excepter les
mineurs de la possibilité d'appel ouverte au criminel : oubli ou logique juridique (sur ce point, V. BUISSON, note préc.).

C. - Partie civile
548. Ordonnances limitativement énumérées. - La partie civile ne peut interjeter appel que des ordonnances limitativement
énumérées par les articles 186, alinéas 2 et 3, et 186-1 du code de procédure pénale (Crim. 15 févr. 1983, Bull. crim. n o 54).
La partie civile peut interjeter appel : des ordonnances de non-informer, de non-lieu et des ordonnances faisant grief à ses
intérêts civils (C. pr. pén., art. 186, al. 2) ; de l'ordonnance par laquelle le juge a, d'office ou sur déclinatoire, statué sur sa
compétence (C. pr. pén., art. 186, al. 3) ; des ordonnances prévues par l'alinéa 2 de l'article 156 (rejet d'une demande de
complément d'expertise ou de contre-expertise, ou d'une demande de désignation de plusieurs experts dans ce cadre)
[C. pr. pén., art. 186-1] ; des ordonnances de refus de prescrire un examen médical, psychologique ou d'ordonner toutes
mesures utiles (C. pr. pén., art. 81, al. 9) ; de l'ordonnance de refus de prescrire une audition, un interrogatoire, un transport,
une confrontation ou qu'il soit ordonné la production d'une pièce (C. pr. pén., art. 82-1) ; de l'ordonnance contestant le bien-
fondé d'une demande tendant à contester la prescription de l'action publique (C. pr. pén., art. 82-3) ; Toutefois, son appel ne
peut, en aucun cas, porter sur une ordonnance ou sur la disposition d'une ordonnance relative à la détention ou au contrôle
judiciaire de la personne mise en examen, même si elle fait grief à ses intérêts civils (C. pr. pén., art. 186, al. 2). Il peut porter
sur l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel dans les deux cas précisés à l'article 186-3 du code de procédure
pénale (V. supra, n o 520, et infra, n os 830 s).

549. Ordonnances susceptibles d'appel selon la jurisprudence. - Ont également été déclarées susceptibles d'appel par la partie
civile : l'ordonnance de renvoi qui présente le caractère d'une décision complexe, en ce qu'elle rejette implicitement une
demande d'expertise (Crim. 12 oct. 1961, Bull. crim. n o 400), ou de complément ou de contre-expertise (Crim. 2 mai 1967, Bull.
crim. n o 143. - Mais sur les ordonnances complexes, V. infra, n o 835), ou en ce qu'elle rejette un déclinatoire de compétence
(Crim. 26 juin 1968, Bull. crim. n o 207), ou en ce qu'elle admet implicitement une constitution de partie civile dont la
recevabilité avait été expressément contestée (Crim. 14 déc. 1982, Bull. crim. n o 288) ; l'ordonnance prescrivant, par
application de l'article 88 du code de procédure pénale, le versement, par la partie civile, d'une consignation destinée à
garantir le paiement de l'amende civile susceptible d'être prononcée et qui doit être proportionnée à ses ressources (Crim.
19 juill. 1994, n o 94-80.236 , Bull. crim. n o 283) ; l'ordonnance de dessaisissement d'un juge d'instruction au profit d'un juge
d'instruction d'un autre tribunal, laquelle doit être considérée comme une ordonnance statuant sur la compétence (Crim. 9 mai
1968, Bull. crim. n o 149) ; l'ordonnance de non-lieu sans qu'il y ait à distinguer en présence de plusieurs inculpés si le non-lieu
les concerne tous ou seulement quelques-uns d'entre eux (Crim. 24 mars 1960, Bull. crim. n o 170) ; l'ordonnance par laquelle
le juge d'instruction a renvoyé certains inculpés devant le tribunal correctionnel mais a omis de statuer sur diverses infractions
dénoncées par la partie civile (Crim. 23 déc. 1969, Bull. crim. n o 262) ; l'ordonnance de renvoi dans laquelle le juge
d'instruction a omis de statuer sur un chef d'inculpation visé par les réquisitions du ministère public (Crim. 23 nov. 1993, n o 92-
85.652 , Bull. crim. n o 349).

550. Faits nouveaux. - L'article 186 du code de procédure pénale ne limite pas le droit d'appel de la partie civile contre une
ordonnance de non-lieu aux dispositions de cette ordonnance portant sur les faits qu'elle a elle-même dénoncés. Lorsque, au
cours d'une information ouverte sur plainte avec constitution de partie civile, le juge d'instruction est saisi de faits nouveaux
par réquisitions supplétives du ministère public, la partie civile est recevable à interjeter appel des dispositions de
l'ordonnance de non-lieu portant sur ces faits, bien qu'elle n'ait pas déposé une plainte additionnelle étendant sa constitution.
Il suffit que les dispositions de cette ordonnance fassent grief à ses intérêts civils (Crim. 22 févr. 2000, BICC 513, n o 519).

5 5 1 . Requalification des faits. - La partie civile ne peut pas faire appel de l'ordonnance de renvoi devant le tribunal
correctionnel ayant requalifié ou disqualifié les faits, car elle ne porte pas de préjudice direct à ses intérêts au sens de
l'article 186, alinéa 2 (Crim. 15 févr. 1983, Bull. crim. n o 54. - Crim. 1 er déc. 1964, Bull. crim. n o 318. - Crim. 9 avr. 1991, n o 90-
84.124 , Bull. crim. n o 170).

552. Contestation de la correctionnalisation judiciaire. - Mais la partie civile peut désormais faire appel de l'ordonnance de renvoi
dans les cas où elle estime que les faits renvoyés devant le tribunal correctionnel constituent un crime (C. pr. pén., art. 186-3,
issu de la loi du 9 mars 2004). L'article 469 du code de procédure pénale prévoit que « lorsqu'il est saisi par le renvoi ordonné
par le juge d'instruction ou la chambre de l'instruction, le tribunal correctionnel ne peut pas faire application, d'office ou à la
demande des parties, des dispositions du premier alinéa, si la victime était constituée partie civile et assistée d'un avocat
lorsque ce renvoi a été ordonné. Toutefois, le tribunal correctionnel, saisi de poursuites exercées pour un délit non
intentionnel, conserve la possibilité de renvoyer le ministère public à mieux se pourvoir s'il résulte des débats que les faits
sont de nature à entraîner une peine criminelle parce qu'ils ont été commis de façon intentionnelle » (V. infra, n o 696).

553. Filtre par le président de la chambre de l'instruction. - Excède ses pouvoirs le président de la chambre d'accusation qui rend
une ordonnance de non-admission de l'appel interjeté par la partie civile d'une ordonnance de renvoi devant le tribunal
correctionnel faisant grief à ses intérêts civils, dès lors que le juge d'instruction a omis de statuer sur une infraction dénoncée
dans la plainte (Crim. 17 nov. 1999, n o 99-83.596 , Bull. crim. n o 264. - Crim. 6 déc. 2005, n o 05-85.811 , Bull. crim.
n o 316 ; D. 2006. IR 253 ). Saisi de l'appel d'une ordonnance du juge d'instruction ayant désigné un administrateur ad hoc
pour exercer, au nom d'un enfant mineur, les droits reconnus à la partie civile, le président de la chambre de l'instruction
excède ses pouvoirs en décidant de ne pas soumettre l'appel à la chambre de l'instruction aux motifs que ladite ordonnance
n'entre pas dans les prévisions de l'article 186 du code de procédure pénale, alors que l'appel est prévu par l'article R. 53-7
du même code (Crim. 16 mars 2005, n o 04-83.300 , Bull. crim. n o 93 ; D. 2005. IR 1250 ; Procédures 2005. Comm. 166,
note Buisson). Une ordonnance de renvoi, statuant également sur la compétence internationale des juridictions françaises,
entre dans les prévisions de l'article 186, alinéa 3, du code de procédure pénale. En conséquence, doit être annulée la
décision du président de la chambre de l'instruction déclarant non-admis l'appel d'une telle ordonnance (Crim. 16 févr. 2005,
n o 04-86.948 , Bull. crim. n o 66 ; JCP 2005. IV. 1785 ; Procédures 2005. Comm. 165, note Buisson).

D. - Témoin assisté
554. Pas d'appel possible. - Le témoin assisté ne possède toujours aucune possibilité d'appel, bien que la loi du 9 mars 2004
ait considérablement étendu ses pouvoirs.

E. - Avocats
555. Antériorité de la désignation. - Il résulte des dispositions combinées des articles 115 et 502 du code de procédure pénale
que, si l'avocat qui fait une déclaration d'appel n'est pas tenu de produire un pouvoir spécial, il ne peut exercer ce recours au
stade de l'information qu'à la condition que la partie concernée ait préalablement fait choix de cet avocat et en ait informé la
juridiction d'instruction (Crim. 9 janv. 2007, n o 06-84.738 , Bull. crim. n o 3 ; D. 2007. AJ 579 ).

§ 2 - Délais d'appel
556. Appel des parties. - L'appel des parties doit être formé dans les dix jours qui suivent la notification ou la signification de la
décision (C. pr. pén., art. 186, al. 4. - Crim. 4 janv. 1991, n o 90-84.179 , Bull. crim. n o 6). Aucune disposition légale n'impose
que les conditions de forme et de délai de l'appel soient portées à la connaissance de la personne concernée. La notification
de l'ordonnance de refus d'informer qui ne contient pas ces indications est régulière et a fait courir le délai d'appel (Crim.
25 nov. 1997, JCP 1998. IV. 1394).

557. Computation. - Les délais de l'appel sont d'ordre public (Crim. 28 févr. 1968, Bull. crim. n o 68). Aux termes de l'article 801
du code de procédure pénale, le délai d'appel expire le dernier jour à vingt-quatre heures. Le délai qui expirerait normalement
un samedi, ou un dimanche, ou un jour férié ou chômé est prorogé jusqu'au premier jour ouvrable suivant. Pour la
computation du délai, le jour de l'ordonnance ou de la notification doit être écarté (C. pr. pén., art. 801. - Crim. 22 mai 1978,
Bull. crim. n o 160. - Crim. 30 janv. 1973, Bull. crim. n o 46. - Crim. 18 mars 1991, n o 90-83.752 , Bull. crim. n o 131). Est
dépourvue de motifs propres à justifier sa décision la chambre de l'instruction qui déclare irrecevable l'appel interjeté par des
parties civiles plus de dix jours après le lendemain de la date d'envoi des lettres recommandées de notification de la décision,
sans préciser si la date de remise des lettres recommandées aux appelants, elle-même postérieure à l'expiration de ce délai,
était celle de la première présentation des plis recommandés (Crim. 7 juin 2006, n o 05-86.203 , inédit, Dr. pénal 2006.
Comm. 130, obs. Maron). Doit être déclaré irrecevable comme tardif l'appel formé plus de dix jours après l'envoi de l'avis par
télécopie. Il en est ainsi, notamment, de la notification d'une ordonnance de non-lieu à l'avocat de la partie civile prévue par
les articles 183 et 186 du code de procédure pénale (Crim. 28 sept. 2004, n o 03-87.437 , Bull. crim. n o 225 ; JCP 2004.
IV. 3255).
558. Dérogation aux règles d'ordre public. - Il ne peut être dérogé aux prescriptions légales relatives aux délais d'appel qu'à la
condition qu'il soit établi que l'appelant a été dans l'impossibilité absolue de s'y conformer par suite d'un événement de force
majeure ou d'un obstacle invincible et indépendant de sa volonté. La seule constatation de grèves sporadiques et de la
difficulté pour l'avocat de prendre contact avec son client ne caractérise pas la force majeure (Crim. 24 mars 1998, n o 97-
83.961 , Bull. crim. n o 107 ; Gaz. Pal. 2-4 août 1998, p. 17). Un appel tardif est recevable si l'appelant apporte la preuve
d'une impossibilité absolue, survenue au cours du délai d'appel, de se présenter au greffe avant l'heure réglementaire de
fermeture ou de constituer un mandataire, à raison d'un obstacle invincible assimilable à la force majeure (Crim. 22 nov. 1978,
Bull. crim. n o 326. - Crim. 15 juin 1973, Bull. crim. n o 267).

559. Appel du procureur de la République et du procureur général. - L'appel du procureur de la République doit être interjeté
dans les cinq jours qui suivent la notification de la décision (C. pr. pén., art. 185, al. 2). Le procureur général devait signifier
son appel aux parties dans les dix jours qui suivent l'ordonnance du juge d'instruction ou du juge des libertés et de la
détention, mais l'article 185 du code de procédure pénale a été modifié par la loi du 17 mai 2011 : désormais, le procureur
général doit faire appel par déclaration au greffe du tribunal et non plus signifier son appel aux parties. La loi du 24 novembre
2009 avait déjà supprimé l'exigence d'une signification aux parties de l'appel formé par le procureur général d'un jugement en
matière correctionnelle. Le ministère public dispose d'un délai de cinq jours supplémentaires après l'appel, par une partie
privée, de l'ordonnance de mise en accusation. Si l'article 185, alinéa 2, du code de procédure pénale dispose que le délai
d'appel de cinq jours du ministère public ne court qu'à compter de la notification qui lui est faite de la décision, le juge
d'instruction, selon l'article 183, alinéa 5, du même code, n'est tenu de donner avis au procureur de la République que des
seules ordonnances non conformes aux réquisitions qu'il a reçues. Par conséquent, en cas d'appel du procureur d'une
ordonnance de non-lieu conforme aux réquisitions, le délai d'appel commence à courir du jour où la décision a été rendue
(V. Crim. 4 mars 2004, n o 03-83.756 , AJ pénal 2004. 208, note Leblois-Happe ).

5 6 0 . Douanes. - L'appel ouvert à l'administration des douanes doit être formé dans le délai imparti au procureur de la
République par l'article 185, alinéa 2, du code de procédure pénale (Crim. 4 juill. 1973, Bull. crim. n o 316. - Crim. 6 nov. 1973,
Bull. crim. n o 401). Cette administration ne saurait avoir à cet égard plus de droits que le ministère public qui la représente
devant les juridictions d'instruction (Crim. 19 févr. 1990, n o 89-82.926 , Bull. crim. n o 81).

§ 3 - Poursuite de l'information
561. Poursuite de l'instruction jusqu'à règlement. - Lorsqu'il est interjeté appel d'une ordonnance autre qu'une ordonnance de
règlement, le juge d'instruction poursuit son information, y compris, le cas échéant, jusqu'au règlement de celle-ci, sauf
décision contraire du président de la chambre de l'instruction (C. pr. pén., art. 187, al. 1 er. - Crim. 17 nov. 1998, n o 97-85.908
, Bull. crim. n o 303 ; D. 1999. IR 39 ; JCP 1999. IV. 1716). L'article 187 du code de procédure pénale, loin de mettre
obstacle au règlement de la procédure, prescrit au juge d'instruction de poursuivre son information. Il suit de là que,
nonobstant l'appel interjeté par l'inculpé d'une ordonnance autre qu'une ordonnance de règlement, c'est à bon droit qu'en
vertu de l'article 181 du code de procédure pénale, le juge d'instruction communique le dossier de la procédure au procureur
de la République aussitôt que l'information lui paraît terminée, puis rend une ordonnance de transmission de ce dossier au
procureur général près la cour d'appel (Crim. 17 mai 1966, Bull. crim. n o 150 ; réaffirmé par Crim. 6 févr. 1996, n o 95-85.710
, Bull. crim. n o 62). Il en est de même en cas de pourvoi contre l'arrêt de la chambre d'accusation [de l'instruction] statuant sur
cet appel (Crim. 3 févr. 1967, Bull. crim. n o 51). Si, selon l'article 187 du code de procédure pénale, lorsqu'il est interjeté appel
notamment d'une ordonnance de rejet de demande de contre-expertise, le juge d'instruction peut poursuivre son information
y compris jusqu'au règlement, le renvoi de l'affaire devant le tribunal correctionnel n'a pas pour effet de priver la partie
appelante du droit de faire examiner son recours par la chambre de l'instruction (Crim. 7 juin 2006, n o 05-86.527, Bull. crim.
n o 160).

Section 9 - Supplément d'information


Art. 1 - Principes
562. Chambre de l'instruction. - La chambre de l'instruction peut dans tous les cas, à la demande du procureur général, d'une
des parties ou d'office ordonner tout acte d'information complémentaire qu'elle juge utile (C. pr. pén., art. 201, al. 1 er. - V.
Cham bre de l'instruction). Elle apprécie souverainement la nécessité d'un complément d'information (Crim. 27 févr. 1978,
Bull. crim. n o 73. - Crim. 10 déc. 1985, Bull. crim. n o 393). En appréciant souverainement que l'information est complète et qu'il
n'y a pas lieu à supplément d'information, la chambre d'accusation [de l'instruction] ne méconnaît pas les dispositions de
l'article 6, paragraphe 3, de la Convention européenne des droits de l'homme et des libertés fondamentales dont l'objet est
d'assurer les droits de la défense non devant les juridictions d'instruction, mais devant les juridictions de jugement (Crim.
10 mars 1992, n os 91-86.944 et 92-80.389 , Bull. crim. n o 105).

563. Un terme générique. - Le supplément d'information est un terme générique. C'est en fait une procédure qui se présente
dans un certain nombre de cas différents.

5 6 4 . 1 o Requalification. Omission du juge. Nouveaux faits ou personnes en cause. - Le supplément d'information s'impose
lorsque, à l'égard d'individus renvoyés devant elle dans le cadre d'une procédure criminelle, la chambre de l'instruction
reprend les poursuites concernant des chefs d'infractions ou de circonstances aggravantes omis par le juge d'instruction
(C. pr. pén., art. 202. - Crim. 23 févr. 1971, Bull. crim. n o 60) ; il en est de même en cas de disqualification faisant apparaître
des éléments différents de ceux primitivement retenus (Crim. 18 janv. 1983, Bull. crim. n o 20). Lorsque la chambre
d'accusation [de l'instruction] ordonne, en application de l'article 202 du code de procédure pénale, qu'il soit informé contre un
inculpé renvoyé devant elle, du chef d'un délit résultant du dossier de la procédure qui n'a pas été visé dans l'ordonnance du
juge d'instruction, et prescrit de procéder à l'inculpation ainsi retenue, cette décision s'impose au magistrat délégué comme à
la chambre d'accusation [de l'instruction] elle-même qui ne saurait renvoyer l'inculpé devant la juridiction de jugement sous la
prévention envisagée, sans notification préalable de ladite inculpation (Crim. 18 juin 1991, n o 91-82.028 , Bull. crim.
n o 263). Elle procède de la même façon lorsqu'elle ordonne la mise en examen de personnes non renvoyées devant elle
(C. pr. pén., art. 204).

565. … 2 o Annulation ou infirmation d'une décision du juge d'instruction. - Après annulation ou infirmation d'une décision du juge
d'instruction, ou lorsqu'elle est saisie en application des articles 81, alinéa 9, 82-1, alinéa 3, 156, alinéa 2, ou 167, alinéa 4,
sauf en matière de détention provisoire, la chambre de l'instruction peut soit évoquer, soit renvoyer le dossier de la procédure
au juge d'instruction ou à tel autre afin de poursuivre l'information (C. pr. pén., art. 206, al. 3, et 207, al. 2. - Crim. 26 juill.
1955, Bull. crim. n o 366. - Crim. 10 févr. 1965, Bull. crim. n o 43). Si elle prescrit un supplément d'information, il se déduit
nécessairement de l'article 207, alinéa 2, du code de procédure pénale, qu'elle agit en vertu de son pouvoir d'évocation (Crim.
5 oct. 1982, Bull. crim. n o 205). Lorsque, après avoir infirmé une ordonnance du juge d'instruction, la chambre d'accusation [de
l'instruction] n'évoque pas et prescrit que le dossier soit retourné au magistrat instructeur, c'est à celui-ci qu'il appartient de
régler la procédure et non à la chambre d'accusation [de l'instruction] qui se trouve dessaisie (Crim. 28 juin 1972, Bull. crim.
n o 223). La loi du 9 mars 2004 a ajouté la possibilité pour la chambre de l'instruction d'évoquer partiellement une affaire
(C. pr. pén., art. 207). Dans ce dernier cas de figure, elle ne peut que procéder elle-même à l'acte ou aux actes ordonnés, puis
renvoyer le dossier au juge d'instruction pour poursuite de l'information.

5 6 6 . … 3 o Évocation implicite en cas de supplément d'information. - Lorsque, dans une matière autre que la détention, la
chambre de l'instruction infirme une ordonnance du juge d'instruction ou lorsqu'elle est saisie directement d'une demande
d'actes à laquelle le juge n'a pas répondu, ordonne un supplément d'information et désigne un juge pour y procéder, elle
évoque nécessairement l'affaire dans sa totalité et demeure seule compétente pour rendre les décisions de caractère
juridictionnel imposées par le déroulement de l'instruction (Crim. 6 janv. 2004, JCP 2004. IV. 1373. - Sur les problèmes
d'évocation partielle ou implicite, V. C. GUÉRY, Les pouvoirs de la chambre de l'instruction et la liberté du magistrat instructeur,
D. 2007. Chron. 603 ).

567. … 4 o Vérifications. - La chambre de l'instruction peut aussi prescrire des vérifications lorsqu'elle est saisie de l'appel d'une
ordonnance en matière de détention provisoire ou de contrôle judiciaire (C. pr. pén., art. 140, al. 3, 148, al. 6, et 194). Elle
peut par exemple ordonner l'examen médical d'un détenu afin de savoir si son état de santé est compatible avec la détention
(Crim. 18 oct. 1973, Bull. crim. n o 369).

5 6 8 . … 5 o Audience de contrôle. - Lors de l'audience de contrôle, la chambre de l'instruction peut, sans aucune condition
préalable, ordonner un supplément d'information, total ou partiel. Selon les dispositions de l'article 221-3 du code de
procédure pénale : la chambre de l'instruction peut : « 3 o Évoquer et procéder dans les conditions prévues par les
articles 201, 202, 204 et 205 ; 4 o Procéder à une évocation partielle du dossier en ne procédant qu'à certains actes avant de
renvoyer le dossier au juge d'instruction ».

Art. 2 - Mise en oeuvre


569. Membres de la chambre de l'instruction ou juge délégué. - Il est procédé aux suppléments d'information conformément aux
dispositions relatives à l'instruction préalable soit par un des membres de la chambre de l'instruction, soit par un juge
d'instruction qu'elle délègue à cette fin (C. pr. pén., art. 205, al. 1 er). La chambre de l'instruction ne peut désigner un juge
d'instruction que dans le ressort de sa propre juridiction ; cette règle est d'ordre public (Crim. 23 juin 1980, Bull. crim. n o 200).
Les règles relatives à la désignation du juge d'instruction prévues par les articles 83 et suivants du code de procédure pénale
ne s'appliquent pas au juge d'instruction délégué par la chambre d'accusation [de l'instruction] pour procéder, sous son
contrôle, à un supplément d'information (Crim. 26 mai 1983, Bull. crim. n o 155). Il peut être le même que celui qui a déjà
instruit la procédure ou un autre (C. pr. pén., art. 206, al. 3, et 207, al. 2. - Crim. 11 avr. 1964, Bull. crim. n o 110).

5 7 0 . Règles de l'instruction. - Le magistrat délégué devra observer les règles de l'instruction pour tous actes (C. pr. pén.,
art. 205). Il possède tous les pouvoirs d'un juge d'instruction et peut faire tous les actes d'information proprement dits mais
non prendre des décisions de caractère juridictionnel qui sont exclusivement réservées à la chambre de l'instruction
(C. pr. pén., art. 208 et 209. - Crim. 27 juill. 1907, Bull. crim. n o 348. - Crim. 5 oct. 1982, Bull. crim. n o 205). Il ne peut pas,
notamment, refuser de notifier un nouveau chef d'inculpation prescrit par la chambre d'accusation [de l'instruction] (Crim.
10 févr. 1987, Bull. crim. n o 66). C'est également la chambre de l'instruction qui conserve le contrôle de la détention
provisoire : le juge ne peut statuer sur une demande de mise en liberté, une telle décision constituant un acte de juridiction
(Crim. 27 juill. 1907, Bull. crim. n o 307). Si la chambre criminelle estime que l'arrêt par lequel la chambre de l'instruction, après
avoir annulé l'ordonnance de mise en accusation, sans évocation, ordonne la poursuite de l'information et renvoie le dossier
de la procédure au juge d'instruction, a pour effet de restituer au JLD sa compétence pour prolonger la détention provisoire
de la personne mise en examen, c'est seulement parce que, dans le cas d'espèce, la chambre de l'instruction n'avait pas
évoqué (Crim. 16 févr. 2010, n o 09-88.030 , Bull. crim. n o 26 ; AJ pénal 2010. 247, obs. Ascensi ).

Art. 3 - Clôture du supplément d'information


571. Retour du dossier à la chambre de l'instruction. - Le supplément d'information terminé, le magistrat qui l'a effectué fait
retour du dossier à la chambre de l'instruction par une simple transmission. Celle-ci ordonne le dépôt de la procédure au
greffe (C. pr. pén., art. 208, al. 1 er). C'est à la chambre d'accusation [de l'instruction] qu'il appartiendra d'apprécier si la
procédure est complète (Crim. 20 oct. 1960, Bull. crim. n o 465) en usant de son pouvoir souverain d'appréciation (Crim. 9 mars
1971, Bull. crim. n o 78). Il n'y a pas une violation des droits des parties dans le fait, par le magistrat chargé du supplément
d'information, d'entendre un témoin après la date de la décision de dépôt, celle-ci ne mettant pas fin à la procédure. Cette
audition est déposée au greffe et mise à la disposition des parties (Crim. 17 oct. 1967, Bull. crim. n o 249). Il appartient à la
chambre de l'instruction, saisie de la procédure ainsi complétée par le supplément d'information, de statuer dans les formes
du droit commun des articles 197, 198 et 199 du code de procédure pénale (C. pr. pén., art. 209, al. 2). Elle est libre
d'apprécier à nouveau, une fois la procédure devenue complète, tous les éléments du dossier et, le cas échéant, de réviser
son premier arrêt en ce qui concerne l'existence des charges (Crim. 19 juin 1990, n o 90-80.888 , Bull. crim. n o 250).

Chapitre 5 - Droits des parties


5 7 2 . Si le juge d'instruction reste le maître de l'information, le caractère partiellement contradictoire de la procédure se
caractérise par un certain nombre de droits accordés aux parties. Les droits reconnus à la partie publique sont pour la plupart
traditionnels et anciens. En revanche, les droits accordés aux parties privées sont en constante progression. La loi du
4 janvier 1993 les avait accrus considérablement avant que celle n o 93-1013 du 24 août de la même année (D. 1993. 467) ne
vienne, sinon y mettre un frein, du moins les inscrire dans un formalisme rigoureux. La loi du 15 juin 2000 les a encore accrus
(V. SAINT-PIERRE, La nature juridique des droits de la défense dans le procès pénal, D. 2007. Chron. 260 ).

5 7 3 . Nouvelles dispositions de la loi du 5 mars 2007. - Le législateur a encore considérablement augmenté les droits des
parties privées dans la loi du 5 mars 2007 : possibilité de demander une confrontation « séparée » (C. pr. pén., art. 120-1),
demande que l'information soit instruite à plusieurs (C. pr. pén., art. 83-1), demande de consultation d'un enregistrement
audiovisuel réalisé en garde à vue (C. pr. pén., art. 64-1) ou par le juge d'instruction (C. pr. pén., art. 116-1), demande de
passage du statut de mis en examen à celui de témoin assisté (C. pr. pén., art. 80-1-1), nouvelles questions à poser à
l'expert (C. pr. pén., art. 161-1), demande de dépôt de rapport d'expertise provisoire (C. pr. pén., art. 167-2), dépôt
d'observations dans le cadre de l'article 175 nouveau, etc.

Section 1 - Droits du ministère public


5 7 4 . Les droits du ministère public partie poursuivante se ramènent essentiellement à trois : droit de réquisition, droit
d'appel, droit d'assister à certains actes de l'information.

Art. 1 - Droit de réquisition


5 7 5 . À tout moment de l'instruction. - Ce droit s'exerce non seulement au moment de l'ouverture de l'information même
lorsque l'action publique est mise en mouvement par la partie civile et au moment de la clôture, mais également tout au cours
de l'information.

§ 1 - Spontanément
576. Aux termes de l'article 82, alinéa 2, le procureur de la République peut à tout moment se faire communiquer la procédure
à charge de la rendre dans les vingt-quatre heures et requérir toute mesure qui lui paraît utile. Si le juge d'instruction ne croit
pas devoir procéder aux actes requis, il doit rendre une ordonnance motivée. En matière de détention provisoire, le juge
d'instruction et le juge des libertés et de la détention doivent également répondre par ordonnance motivée aux réquisitions
du ministère public (C. pr. pén., art. 137-4, al. 1 er, réd. L. n o 2002-1138 du 9 sept. 2002). L'article 173 lui donne d'autre part le
droit de requérir communication de la procédure aux fins de transmission à la chambre de l'instruction lorsqu'il découvre une
cause de nullité (V. infra, n o 651). Il résulte de l'article 82, alinéas 4 et 5, du code de procédure pénale, que, s'il ne suit pas
les réquisitions du ministère public tendant à l'accomplissement d'un acte paraissant utile à la manifestation de la vérité et à
la mise en oeuvre d'une mesure de sûreté, le juge d'instruction doit rendre une ordonnance motivée dans le délai de cinq
jours, à l'expiration duquel, à défaut d'ordonnance, le procureur de la République peut, dans les dix jours, saisir directement la
chambre de l'instruction (Crim. 3 avr. 2002, n o 02-80.822 , Bull. crim. n o 72 ; JCP 2002. IV. 2006. - Sur la nécessité de rendre
une ordonnance en cas de réquisition de placement en détention et d'attribution par le juge du statut de témoin assisté,
V. supra, n o 382).

§ 2 - Sur communication du dossier


5 7 7 . Cette communication est rendue obligatoire dans certains cas. - Il en est ainsi notamment : en cas de plainte avec
constitution de partie civile (C. pr. pén., art. 86) ; au cas où les pièces de la procédure contiennent la révélation de faits non
visés au réquisitoire (C. pr. pén., art. 80, al. 3) ; en vue de la délivrance d'un mandat d'arrêt (C. pr. pén., art. 131. - V.
Mandats) ; en cas de placement en détention ou de prolongation de la détention (C. pr. pén., art. 137-1) ou de demande de
mise en liberté (C. pr. pén., art. 148, al. 2. - V. Détention prov isoire) ; en cas de placement sous contrôle judiciaire ou de
demande de mainlevée (C. pr. pén., art. 140) ou d'assignation à résidence avec surveillance électronique (C. pr. pén.,
art. 142-6 et 145) ; en cas de demande de restitution (C. pr. pén., art. 99) ; lorsqu'une demande de passage du statut de
personne mise en examen à celle de témoin assisté est présentée (C. pr. pén., art. 80-1-1), lorsque le juge s'aperçoit qu'un
acte est susceptible d'être entaché d'une cause de nullité (C. pr. pén., art. 173) ; lorsque l'information lui paraît terminée, en
vue de son règlement (C. pr. pén., art. 175). En dehors de ces hypothèses, le juge d'instruction peut communiquer au
ministère public toute demande des parties sur laquelle il désire obtenir ses réquisitions. Avis de toute ordonnance non
conforme à ses réquisitions doit être donné au procureur de la République par le greffier le jour même où elle est rendue
(C. pr. pén., art. 183, al. 2).

Art. 2 - Droit d'information et d'appel


578. Notification. - Un certain nombre d'actes doivent être notifiés au procureur de la République (V. supra, n os 511 s.) et avis
doit lui être donné des ordonnances non conformes à ses réquisitions (V. supra, n o 512).

579. Droit général d'interjeter appel. - L'article 185 donne au procureur de la République le droit d'interjeter appel, dans les
vingt-quatre heures, de toute ordonnance du juge d'instruction, et au procureur général dans les dix jours (C. pr. pén.,
art. 185, al. 3). À l'inverse du droit reconnu aux parties privées, qui ne peut être exercé que dans les cas limitativement
prévus par l'article 186, le droit du ministère public est général et absolu. Il s'exerce sans restriction, que l'ordonnance ait ou
non le caractère juridictionnel (Crim. 25 mars 1954, D. 1954. 345, note P. A. - Crim. 8 juill. 1958, Bull. crim. n o 526), qu'elle ait
été rendue conformément ou non aux réquisitions (Crim. 15 nov. 1956, Bull. crim. n o 753. - V. Appel). Cette possibilité a été
rappelée de manière spectaculaire : la loi du 4 janvier 1993 avait en effet omis de préciser expressément que le ministère
public pouvait faire appel de l'ordonnance de refus de mise en détention ou de refus de prolongation de détention prise par le
président de la juridiction ou le juge délégué par lui. Les juridictions du fond s'étaient montrées très divisées sur ce point. La
chambre criminelle a réaffirmé le principe du caractère général du droit d'appel du parquet par un arrêt du 6 juillet 1993
(n o 93-81.996, Bull. crim. n o 241).

580. Saisine directe du JLD. - La saisine directe du juge des libertés et de la détention est parfois possible. Depuis la loi du
9 mars 2004, dans certains cas, le ministère public peut même saisir directement le JLD dans le cas où le magistrat instructeur
a pris la décision de ne pas le faire (C. pr. pén., art. 137-4, al. 2. - V. C. GUÉRY, Une détention provisoire exceptionnelle… mais
souhaitable…, AJ pénal 2004. 238 . - V. Détention prov isoire et Juge des libertés et de la détention).

Art. 3 - Droit d'assister à certains actes


581. Interrogatoires, confrontations, transports, visites et perquisitions. - Chaque fois que le procureur de la République a fait
connaître au juge d'instruction son intention d'assister à un interrogatoire, le greffier du juge d'instruction doit l'avertir par
simple note, au plus tard l'avant-veille de l'interrogatoire (C. pr. pén., art. 119, al. 2). L'amende de 1,5 € à laquelle cette
obligation était attachée a été très heureusement supprimée par la loi du 9 mars 2004. Non seulement le procureur de la
République a le droit d'assister aux interrogatoires, aux confrontations de la personne mise en examen et aux auditions de la
partie civile et de poser des questions ou de présenter des observations avec l'autorisation du juge d'instruction (C. pr. pén.,
art. 120), mais le juge est tenu de lui donner avis des transports, visites et perquisitions auxquels il décide de procéder et
auxquels le procureur peut toujours l'accompagner (C. pr. pén., art. 92, 93 et 93-1. - V. supra, n os 511 s. - Adde : Perquisition -
saisie - visite domiciliaire). Aucun texte ne l'obligeait à en informer à l'avance les parties privées et leur conseil (Crim. 31 janv.
1952, D. 1952. 215), mais un arrêt du 15 février 1990 a renversé cette jurisprudence (n o 89-86.566, Bull. crim. n o 78 ; D. 1990.
Somm. 379, obs. Pradel ; Gaz. Pal. 1990. 2. Somm. 509). Désormais, les parties privées ont le même droit que le ministère
public quand il est fait usage de l'article 92 (et, par analogie, art. 93) du code de procédure pénale, à condition que le
transport ait lieu en compagnie de la partie (V. supra, n o 313). Depuis la loi du 9 mars 2004, le procureur de la République
peut aussi assister aux auditions du témoin assisté (C. pr. pén., art. 119).

5 8 2 . La chambre criminelle a également admis que le procureur de la République puisse assister à l'audition d'un témoin
(Crim. 11 mai 2010, n o 10-80.953 , Bull. crim. n o 78 ; D. 2010. 1660, obs. Degorce ; D. 2010. 1944 ). Dans le cas
d'espèce, il s'agissait de l'audition d'un expert, entendu comme témoin par le magistrat instructeur. Mais cet arrêt annonce
aussi le droit pour l'avocat d'être alors convoqué pour pouvoir y assister. Méconnaît en conséquence l'article 6 de la
Convention EDH la chambre de l'instruction qui rejette la requête en nullité de la procédure tirée de la présence du procureur
de la République à l'audition d'un expert par le juge d'instruction et de l'absence de convocation des avocats des mis en
examen et de la partie civile (même arrêt). Cet arrêt semble faire un pas de plus vers l'instauration dans notre procédure
pénale d'une véritable égalité des armes.

Section 2 - Droits des parties privées


583. Directement ou par assistance d'un avocat. - (V. Défense pénale). Un certain nombre des droits des parties pendant
l'information sont directement conditionnés par leur assistance par un avocat. Il en est ainsi notamment de l'accès à la
procédure et de la possibilité d'en avoir copie qui sont des droits que seul peut exercer le conseil (V. supra, n os 432 s.).
Néanmoins, un certain nombre de garanties sont assurées directement au profit de la partie elle-même. Il en est ainsi de la
possibilité de faire appel d'un certain nombre de décisions (V. Appel et V. supra, n os 538 s.). Les lois de 1993 ont
considérablement amélioré la condition des parties sur deux points : dans le cadre de la participation à l'instruction, elles
peuvent désormais solliciter du juge un certain nombre d'actes et le magistrat instructeur est obligé de répondre à ces
demandes ; dans le cadre de la contestation de l'instruction, elles peuvent désormais saisir la chambre de l'instruction pour
voir trancher sur d'éventuelles nullités de procédure. La loi du 15 juin 2000 a encore accru ces garanties.

584. Partie civile. - (Pour le droit de mise en mouvement de l'action publique offert à la partie civile, V. Action civ ile et Partie
civ ile). Il convient de rappeler seulement ici qu'en contrepartie des pouvoirs qui lui sont conférés, la partie civile peut encourir
une responsabilité particulière pour abus de la voie pénale dont la mise en oeuvre est réglementée par l'article 91 du code de
procédure pénale. Par ailleurs, le magistrat instructeur peut désormais condamner la partie civile abusive à une amende civile
(V. supra, n os 139 s.).

Art. 1 - Participation à l'instruction


§ 1 - Droit à la mise en examen
A. - Absence de droit subjectif
585. Libre appréciation du juge. - C'est toujours le magistrat instructeur qui apprécie le moment auquel une personne doit être
mise en examen (Crim. 5 mai 1953, D. 1953. Somm. 70 ; Gaz. Pal. 1953. 1. 214). Nul ne peut l'y contraindre et nul ne peut
revendiquer le droit d'être mis en examen, fût-ce pour exercer les droits procéduraux attachés à la qualité de partie (Crim.
27 déc. 1963, JCP 1964. II. 13543, note Chambon). Les lois de 1993 n'avaient pas changé le principe : si l'article 116-1
permettait à un individu de demander au juge d'être entendu en première comparution, c'était à la condition d'avoir
auparavant été mis en examen. Toutefois, il est un cas où la personne va pouvoir choisir entre le statut de personne mise en
examen et celui de témoin (dit « assisté ») ; c'est l'hypothèse où la personne a déjà été entendue comme témoin assisté et
fait savoir au juge d'instruction qu'elle souhaite être mise en examen. Dans ce cas, la lettre de la personne vaut mise en
examen (V. supra, n o 411).

B. - Droit d'être entendu avant d'être mis en examen


586. Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, l'article 116 pose le principe selon lequel la première comparution
précède la mise en examen (V. supra, n os 383 s.). Toutefois, la mise en examen peut avoir lieu par lettre recommandée
lorsque la personne a déjà été entendue comme témoin assisté (V. supra, n o 409).

C. - Prohibition des mises en examen tardives : l'article 105 du code de procédure pénale
587. Indices graves et concordants. - Les personnes à l'encontre desquelles il existe des indices graves et concordants d'avoir
participé aux faits dont le juge d'instruction est saisi ne peuvent être entendues comme témoins. L'article 105 du code de
procédure pénale ne prohibe l'audition comme témoin d'une personne soupçonnée d'avoir participé à une action criminelle que
s'il existe contre cette personne des indices graves et concordants de culpabilité (Crim. 2 mai 1968, Bull. crim. n o 136. - Crim.
23 févr. 1977, Bull. crim. n o 74 ; D. 1977. IR 185. - Crim. 27 avr. 1977, Bull. crim. n o 142. - Crim. 11 juill. 1978, Bull. crim.
n o 229 ; D. 1979. IR 72. - T. corr. Pontoise, 22 oct. 1982, Gaz. Pal. 1983. 2. Somm. 391). Si le juge estime ne pas devoir mettre
en examen une personne visée par le réquisitoire, il peut l'entendre comme témoin assisté (C. pr. pén., art. 113-1). Depuis la
nouvelle rédaction de ces textes, l'audition de cette personne, témoin assisté, est même possible sur commission rogatoire, à
condition que la personne en fasse la demande (C. pr. pén., art. 152, al. 2. - V. supra, n o 417).

588. Nullité si atteinte aux droits de la défense. - L'article 105, alinéa 1 er, du code de procédure pénale a connu en 1993 un
certain nombre de modifications. Supprimé purement et simplement par la loi du 4 janvier 1993 (il fut substitué par une
disposition similaire ayant une autre ampleur, l'anc. art. 80-3 c. pr. pén., abrogé par L. du 24 août 1993), il fut restauré
quelques mois plus tard, mais dans une écriture différente. Si le principe était édicté de la même façon, il était exigé que
l'audition de témoin ait été effectuée ou poursuivie dans le dessein de faire échec aux droits de la défense. Cette spécificité a
disparu et l'article 105 est assujetti au droit commun de l'article 802 ; la nullité sera prononcée uniquement si la violation de la
loi a porté atteinte aux droits de la défense. L'ancien texte avait permis à la chambre criminelle de sauver un certain nombre de
procédures dans lesquelles la réunion d'indices graves et concordants ne faisait aucun doute, en se basant sur la
constatation que l'intention de porter atteinte aux droits de la défense n'était pas établie. Nous ne reprendrons donc pas ici la
jurisprudence dont la ratio legis semblait se concentrer sur ce point. En revanche, une abondante jurisprudence a précisé la
notion d'indices graves et concordants.

589. Faire procéder à une audition d'un témoin pour un premier éclaircissement. - Le magistrat instructeur a la faculté de ne
mettre en examen une personne déterminée qu'après s'être éclairé, notamment en faisant procéder à son audition en qualité
de témoin, sur sa participation aux agissements incriminés dans des conditions pouvant engager sa responsabilité pénale. Ne
méconnaît pas les dispositions de l'article 105 du code de procédure pénale, en sa rédaction issue de la loi du 24 août 1993,
la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, pour rejeter l'exception de nullité prise d'une mise en examen tardive, énonce
que l'intéressé, lors de son audition, en qualité de témoin, par les enquêteurs agissant sur commission rogatoire, a nié toute
participation aux faits poursuivis, a bénéficié de l'assistance d'un avocat au cours de sa garde à vue et qu'il n'a été porté
aucune atteinte à ses droits (Crim. 13 mars 1997, n os 94-83.209 et 95-85.766 , Bull. crim. n o 105). Les enquêteurs,
agissant sur commission rogatoire, peuvent, en présence d'un suspect, qui nie puis accepte de parler, laisser l'intéressé
s'expliquer, afin de vérifier s'il existe des charges de nature à engager une responsabilité pénale. Mais une nouvelle audition,
après vérification positive des aveux, méconnaît la prohibition de l'article 105 ; sa nullité ne s'étend pas à l'audition antérieure
régulière (Crim. 16 juin 1981, Bull. crim. n o 207 ; D. 1983. IR 76, obs. Roujou de Boubée ; JCP 1982. II. 19838, note Chambon ;
RSC 1983. 97).

590. Contrôle « in concreto » de la Cour de cassation. - En pratique, la Cour de cassation exerce un contrôle, en fait, sur le
dossier de la procédure, qu'elle doit examiner (Crim. 13 juill. 1971, Bull. crim. n o 230) pour rechercher si les circonstances de
l'espèce autorisent l'enquêteur à considérer qu'il n'existait pas, en l'état, d'indices suffisamment graves et concordants de
culpabilité (Crim. 28 févr. 1974, Bull. crim. n o 88 ; D. 1974. IR 105 ; JCP 1974. II. 17774, note Chambon. - Crim. 15 oct. 1974,
Bull. crim. n o 292 ; D. 1974. IR 236). L'enquêteur ne méconnaît pas les prescriptions de l'article 105 en relatant que le témoin
a avoué un meurtre mais a refusé la transcription de sa déclaration par écrit ; en effet, cette mention ne fait pas preuve d'un
aveu, mais rapporte seulement des constatations des policiers (Crim. 11 juill. 1988, D. 1988. Somm. 359, obs. Pradel).
Lorsqu'un suspect reconnaît qu'il avait accepté de faire éliminer physiquement un adversaire, l'officier de police judiciaire, qui
pose encore deux questions ne faisant que résumer les déclarations antérieures et n'apportant aucun élément nouveau, ne
méconnaît pas les prescriptions de l'article 105 du code de procédure pénale (Crim. 1 er sept. 1987, Bull. crim. n o 308). Une
dénonciation ne fait apparaître des indices graves et concordants qu'après l'exécution d'actes de vérification (Crim. 1 er févr.
1988, Bull. crim. n o 47). Est régulièrement entendu comme témoin celui qui, non encore identifié comme l'auteur d'un viol
commis sur sa fille, s'est constitué partie civile au nom de la mineure (Crim. 22 avr. 1992, n os 91-85.467 et 92-80.881 ,
Bull. crim. n o 172 ; Gaz. Pal. 1992. 2. Somm. 384).

591. Cadre d'application de l'article 105. - L'article 105 suppose qu'une information soit ouverte ; il est étranger aux auditions
effectuées au cours d'une enquête préliminaire (Crim. 17 juin 1964, Bull. crim. n o 204. - Crim. 27 juill. 1964, D. 1964.
Somm. 99 ; Gaz. Pal. 1964. 2. 356 ; RSC 1965. 149, obs. Robert). Une décision a admis que l'article 105 ne concernait que les
seules auditions provoquées, mais n'interdisait pas au juge d'instruction de consigner les déclarations qui lui auraient été
faites spontanément et qu'il s'était borné à recueillir sans les avoir sollicitées (Crim. 5 juill. 1962, Bull. crim. n o 242). Des
indices graves, s'ils résultent d'un seul témoignage, alors que plusieurs individus se trouvaient sur les lieux d'un meurtre,
n'interdisaient pas l'audition de la personne soupçonnée par le commissaire enquêteur saisi d'une commission rogatoire au
cours d'une information suivie contre X. Toutefois, lorsque les renseignements sur le rôle de chacun des auteurs possibles
sont réunis, le juge d'instruction méconnaît les dispositions de l'article 105 du code de procédure pénale en autorisant la
prolongation de la garde à vue, ce qui permet un nouvel interrogatoire par les officiers de police (Crim. 13 juill. 1971, Bull. crim.
n o 230. - Crim. 13 févr. 1975, Bull. crim. n o 53 ; D. 1975. IR 84 ; Gaz. Pal. 1975. 1. 344). L'impossibilité d'entendre en qualité de
témoin une personne à l'encontre de laquelle il existe des indices graves et concordants d'avoir participé aux faits dont le juge
d'instruction est saisi ne fait pas obstacle à ce que la garde à vue de celle-ci soit prolongée dès lors que cette mesure répond
aux nécessités de l'enquête et que la prolongation est ordonnée après présentation de la personne au juge d'instruction
(Crim. 14 juin 2000, n o 00-81.386 , Bull. crim. n o 224).
(Crim. 14 juin 2000, n 00-81.386 , Bull. crim. n 224).

592. Article 105 et aveu. - S'il n'existe pas à notre connaissance d'arrêt estimant qu'il y a des indices graves et concordants en
l'absence d'aveu, l'aveu ne suffit pas à établir l'existence d'indices graves et concordants (V. Av eu). Il n'existe pas d'indices
concordants lorsqu'un individu avoue un crime dans des conditions qui ne concordent pas avec les constatations des experts,
alors qu'il existe d'autres personnes soupçonnées (Crim. 24 avr. 1975, Bull. crim. n o 107 ; Gaz. Pal. 1975. 2. 504). En outre, au
cours de l'exécution d'une commission rogatoire, l'audition de l'auteur d'un aveu, lorsqu'elle a pour unique objet l'identification
de coauteurs, ne méconnaît pas les droits de la défense (Crim. 3 oct. 1973, Bull. crim. n o 343 ; D. 1973. Somm. 139. - Crim.
4 janv. 1977, Bull. crim. n o 5 ; D. 1977. IR 86 ; JCP 1977. II. 18727, note Mayer-Jack ; Gaz. Pal. 1977. 2. 380. - Crim. 24 févr.
1987, Bull. crim. n o 93). Il en est de même si la personne soupçonnée nie, alors que des tiers ont participé aux faits (Crim.
23 nov. 1977, Bull. crim. n o 368 ; D. 1978. IR 67. - Crim. 17 mars 1987, D. 1987. Somm. 409, obs. Pradel). L'intéressé ne
saurait se faire grief de l'inculpation tardive d'un coïnculpé et des déclarations faites au préalable par celui-ci (Toulouse,
18 déc. 1962, D. 1963. 156, note Merle. - Crim. 26 mai 1976, Bull. crim. n o 186 ; D. 1976. IR 231. - Sur le problème des
« inculpations » tardives en général, V. VOUIN, note ss. Crim. 22 juill. 1954, JCP 1954. II. 8351. - Crim. 17 juin 1964, JCP 1965.
II. 14028, note P. C. - PAGEAUD, Inculpation tardive et contrôle de la Cour de cassation, Mélanges Patin, 1965, Cujas,
p. 437 s. - SPITÉRI, Le problème des inculpations tardives, JCP 1966. I. 2014).

5 9 3 . Certitude du juge. - Lorsqu'un juge d'instruction indique, par écrit, dans une procédure, que les éléments à charge
préexistants à l'encontre de personnes soupçonnées, complétés par des investigations menées sur commission rogatoire, lui
paraissent suffisants pour impliquer celles-ci « en toute certitude », il ne peut plus, sans violer l'article 105 du code de
procédure pénale, entendre ces dernières ultérieurement en qualité de témoins, après les avoir fait placer en garde à vue
(Crim. 20 juin 2001, n o 01-82.607 , Bull. crim. n o 156 ; JCP 2001. IV. 2172).

594. Reconstitution d'interrogatoire annulé. - Tout procédé tendant à reconstituer un procès-verbal dont le retrait du dossier a
été ordonné méconnaît le principe de l'article 105 : tel est le cas de l'audition d'un inspecteur ayant assisté à l'interrogatoire,
frappée de nullité (Crim. 30 juin 1981, Bull. crim. n o 224 ; Gaz. Pal. 1982. 1. 166). Cette nullité sanctionne tous artifices de
nature à reconstituer la substance des actes nuls.

595. Témoin assisté. - Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, l'article 105 n'est pas applicable au témoin assisté.
Il ne saurait donc être fait grief au magistrat instructeur d'avoir continué à entendre un témoin assisté sous ce régime, alors
même qu'il disposait contre lui d'indices graves et concordants. Le législateur a estimé qu'une appréciation inverse aurait
conduit les magistrats instructeurs à délaisser le statut de témoin assisté par crainte de voir leur audition annulée (V. supra,
n os 345 s.).

§ 2 - Droit de contester la mise en examen


596. Requête en nullité. - Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, le mis en examen dispose d'un délai de six mois
pour présenter une requête en nullité fondée sur l'absence supposée d'indices graves ou concordants justifiant sa mise en
examen. Si la chambre de l'instruction fait droit à la requête, le mis en examen devient témoin assisté. Si une mesure
coercitive avait été prise à son encontre, il y est mis fin de plein droit.

5 9 7 . Droit de solliciter le passage du statut de mis en examen à celui de témoin assisté. - La loi du 5 mars 2007 permet
également à la personne mise en examen, sous certaines conditions (V. supra, n o 353), de saisir le juge d'instruction d'une
demande de rétrogradation du statut de mis en examen en celui de témoin assisté (C. pr. pén., art. 80-1-1). Dans le cas où le
magistrat instructeur ne fait pas droit à cette demande ou n'y répond pas dans le délai d'un mois qui lui est imparti, le mis en
examen peut saisir la chambre de l'instruction. Les dispositions de cet article ne sont pas applicables après l'envoi de l'avis
prévu au premier alinéa de l'article 175 : après l'envoi de l'avis de fin d'information, le mis en examen ne dispose plus que des
droits énumérés limitativement par l'article 175 du code de procédure pénale, il ne peut donc solliciter de se voir attribuer le
statut de témoin assisté (Crim. 9 juin 2009, n o 09-82.269 , Bull. crim. n o 116 ; D. 2009. 1831 ; AJ pénal 2009. 415, obs.
Ascensi ; Procédures 2009. 368, note Buisson).

598. Absence de droit, pour la partie civile, de solliciter du juge la mise en examen. - Il paraissait impossible pour une partie de
solliciter la mise en examen d'une personne. C'était en tout cas l'avis de la pratique même si la chambre criminelle n'avait pas
été saisie de la difficulté (en ce sens, V. Nancy, 15 oct. 2001, BICC 552, n o 286). Cet acte n'est en effet pas « utile à la
manifestation de la vérité », mais constitue l'attribution d'un statut régi par la loi et qui dépend de l'appréciation du juge. La
Cour de cassation a finalement confirmé ce principe : la partie civile ne peut demander la mise en examen d'une personne
(Crim. 15 févr. 2011, n o 10-87.468 , Bull. crim. n o 22 ; Dr. pénal 2011. Comm. 56, par Maron et Haas ; JCP 2011, p. 421 ;
D. 2011. 680 ; D. 2011. 2231, note Pradel ; AJ pénal 2011. 200 ).

§ 3 - Droit au respect de la présomption d'innocence


599. Principe. - (V. Présom ption d'innocence). La loi du 4 janvier 1993 (mod. par L. du 24 août 1993) a créé, au profit de la
personne mise en examen, une présomption d'innocence (art. 47 à 56), déjà inscrite dans la Convention européenne des
droits de l'homme (art. 6, § 2). La loi du 15 juin 2000 a modifié légèrement le dispositif. L'article préliminaire du code de
procédure pénale dispose désormais que « toute personne suspectée ou poursuivie est présumée innocente tant que sa
culpabilité n'a pas été établie. Les atteintes à sa présomption d'innocence sont prévenues, réparées et réprimées dans les
conditions prévues par la loi » (pour une synthèse récente des questions posées par la présomption d'innocence, V.
Présom ption d'innocence. - DETRAZ, La prétendue présomption d'innocence, Dr. pénal 2004. Chron. 3. - V. aussi CHAMBON
et C. GUÉRY, op. cit. [supra, n o 280], n os 141.34 s.). Cette présomption ouvre plusieurs recours.

A. - Action en rectification d'insertion


6 0 0 . Personne présentée publiquement comme coupable (C. civ., art. 9-1). - (V. Présom ption d'innocence). Lorsqu'une
personne est, avant toute condamnation, présentée publiquement comme coupable de faits faisant l'objet d'une enquête ou
d'une instruction judiciaire, le juge peut, même en référé, sans préjudice de la réparation du dommage subi, prescrire toutes
mesures, telles que l'insertion d'une rectification ou la diffusion d'un communiqué aux fins de faire cesser l'atteinte à la
présomption d'innocence, et ce aux frais de la personne, physique ou morale, responsable de cette atteinte (C. civ., art. 9-1).
Toute personne placée en garde à vue, mise en examen ou faisant l'objet d'une citation à comparaître en justice, d'un
réquisitoire du procureur de la République ou d'une plainte avec constitution de partie civile bénéficie de cette action en
rectification (C. civ., art. 9-1). Ainsi, quand la demanderesse est présentée comme « récidiviste » ayant été la « partenaire »
d'un « repris de justice qui a remis ça », et faisant partie d'une « bande qui aurait commis trente-quatre hold-up », que le
journaliste précise que « le malfaiteur […] se faisait ouvrir la voie par des comparses […] une brune au joli minois » l'amie du
malfaiteur : « L. L., ou encore L. s'est changée en Bonnie en quelques coups », il est alors évident, la demanderesse n'ayant
pas été condamnée, une information étant en cours, qu'elle a été présentée comme coupable. En agissant ainsi alors que
l'article 9-1 du code civil ne fait qu'exprimer un principe fondamental de notre droit suivant lequel chacun a droit au respect de
la présomption d'innocence, le journal La Dépêche a enfreint la loi (Toulouse, juge des référés, 1 er avr. 1993, inédit). Lorsque
ont été ordonnées en référé des mesures limitant par quelque moyen que ce soit la diffusion de l'information, le premier
président de la cour d'appel statuant en référé peut, en cas d'appel, arrêter l'exécution provisoire de la décision si celle-ci
risque d'entraîner des conséquences manifestement excessives (L. du 29 juill. 1881, art. 64).

601. L'article 9-1 du code civil confère un droit au respect de la présomption d'innocence uniquement à la personne vivante :
est irrecevable la demande de réparation d'un préjudice contre un journaliste par un ayant cause d'un pilote de ligne décédé,
présenté comme responsable d'un accident alors que l'article incriminé envisage une responsabilité civile sans allusion à une
faute pénale (Paris, 21 sept. 1993, D. 1993. IR 224 ). La publication d'actes de procédure (délit prévu par la L. du 29 juill.
1881, art. 38) porte aussi atteinte à la présomption d'innocence dès lors qu'elle permet au lecteur de se forger une opinion
(Paris, 20 juill. 1994, Gaz. Pal. 30 août 1994), à moins que l'acte n'ait déjà fait l'objet d'une lecture publique (Paris, 24 mai
1994, BICC nov. 1994, n o 1119).

B. - Protection de l'image
602. Menottes ou entraves. Détention provisoire. - La loi du 15 juin 2000 a ajouté un article 35 ter à la loi du 29 juillet 1881 :
« Lorsqu'elle est réalisée sans l'accord de l'intéressé, la diffusion, par quelque moyen que ce soit et quel qu'en soit le support,
de l'image d'une personne identifiée ou identifiable mise en cause à l'occasion d'une procédure pénale mais n'ayant pas fait
l'objet d'un jugement de condamnation et faisant apparaître, soit que cette personne porte des menottes ou entraves, soit
qu'elle est placée en détention provisoire, est punie de 15 000 € d'amende. Est puni de la même peine le fait : soit de réaliser,
de publier ou de commenter un sondage d'opinion, ou toute autre consultation, portant sur la culpabilité d'une personne mise
en cause à l'occasion d'une procédure pénale ou sur la peine susceptible d'être prononcée à son encontre ; soit de publier
des indications permettant d'avoir accès à des sondages ou consultations visés à l'alinéa précédent ». Par ailleurs,
l'article 803 qui dispose que « nul ne peut être soumis au port de menottes ou d'entraves que s'il est considéré soit comme
dangereux pour autrui ou pour lui-même, soit comme susceptible de prendre la fuite » a été complété par un alinéa ainsi
rédigé : « Dans ces deux hypothèses, toutes mesures utiles doivent être prises, dans les conditions compatibles avec les
exigences de sécurité, pour éviter qu'une personne menottée ou entravée soit photographiée ou fasse l'objet d'un
enregistrement audiovisuel ».

C. - Publication de l'ordonnance ou de l'arrêt de non-lieu


603. Code de procédure pénale, articles 177-1 et 212-1. - Sur demande de la personne concernée, le juge d'instruction (ou la
chambre de l'instruction) peut ordonner soit la publication intégrale ou partielle de la décision, soit l'insertion d'un communiqué
informant le public des motifs ou du dispositif dans un ou plusieurs journaux écrits périodiques ou services de communication
audiovisuelle qu'il désigne. Il détermine, le cas échéant, les extraits de la décision qui doivent être publiés ou fixe les termes
du communiqué (C. pr. pén., art. 177-1 et 212-1). La loi du 15 juin 2000 a ajouté la possibilité pour le juge d'ordonner d'office
ou à la demande du ministère public cette publication, avec l'accord de la personne. Cette même loi a ajouté à l'article 177-1
un alinéa ainsi rédigé : « Si le juge ne fait pas droit à la demande de la personne concernée, il doit rendre une ordonnance
motivée, qui est susceptible d'appel devant la chambre de l'instruction ». La chambre de l'instruction ne peut pas être saisie
d'une demande fondée sur l'article 212-1 du code de procédure pénale après qu'elle a rendu la décision de non-lieu (Crim.
6 mars 2007, n o 06-83.103 , D. 2007. AJ 1016, obs. Girault ).

D. - Action en insertion forcée


6 0 4 . Décision de non-lieu. - Toute personne, nommée ou désignée dans un journal ou écrit périodique, à l'occasion de
l'exercice de poursuites pénales, peut également exercer l'action en insertion forcée dans le délai de trois mois à compter du
jour où la décision de non-lieu, la mettant expressément hors de cause, est devenue définitive (L. du 29 juill. 1881, art. 13,
créé par L. du 4 janv. 1993, art. 50).

605. Prescription de trois mois. - Les actions fondées sur une atteinte au respect de la présomption d'innocence commise par
un des moyens visés à l'article 23 de la loi du 29 juillet 1881 se prescrivent par trois mois révolus à compter du jour de l'acte
de publicité, mais, en cas d'imputation portant sur un fait susceptible de revêtir une qualification pénale, ce délai est rouvert
ou court à nouveau à compter du jour où est devenue définitive la décision pénale intervenue sur ces faits et ne mettant pas
l'intéressé en cause (L. du 29 juill. 1881, art. 65-1 et 65-2, créés par L. du 4 janv. 1993, art. 53), étant précisé que l'article 65-
1 concerne la prescription des actions relatives à la présomption d'innocence et que l'article 65-2 s'applique aux infractions
prévues par la loi sur la presse (TGI Paris, 26 janv. 1994, BICC avr. 1994, n o 451). Il en est de même en cas de diffusion, dans
le cadre d'une activité de communication audiovisuelle, des imputations susceptibles de porter atteinte à l'honneur ou à la
réputation d'une personne physique ou morale (L. du 29 juill. 1982, art. 6, créé par L. du 4 janv. 1993, art. 54). Les délits
commis en cette matière contre des personnes en raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation,
une race ou une religion déterminée sont prescrits par un an (L. du 29 juill. 1881, art. 65-3, issu de la L. du 9 mars 2004).

E. - Suppression par la loi du 9 mars 2004 de l'interdiction de publier toute information sur une instruction
ouverte sur plainte avec constitution de partie civile
606. Abrogation de la loi du 2 juillet 1931. - La loi du 2 juillet 1931 avait fait interdiction à quiconque, sous peine de l'amende
prévue à l'article 39 de la loi de 1881, de publier, avant toute décision judiciaire, toute information relative à des constitutions
de partie civile mettant l'action publique en mouvement (sur le caractère absolu de cette interdiction qui s'adresse à toute
personne, partie civile, inculpé ou tiers, V. Crim. 7 mai 1937, Gaz. Pal. 1937. 1. 295 ; RSC 1937. 689, obs. Hugueney).
Toutefois, dans un arrêt du 16 janvier 2001 (D. 2002. Somm. 1067, obs. Renucci ; D. 2002. Somm. 2346, obs. de Lamy ),
la Cour de cassation a estimé que cet article était contraire à l'article 10 de la Convention européenne de sauvegarde des
droits de l'homme et des libertés fondamentales à la suite de la condamnation de la France par la Cour européenne des droits
de l'homme (CEDH 3 oct. 2000, req. n o 34000/96 , D. 2001. Somm. 515, obs. Pradel ).

6 0 7 . La loi du 9 mars 2004, tirant les conséquences des décisions précitées, a abrogé purement et simplement les
dispositions de la loi du 2 juillet 1931.

§ 4 - Droit d'être assisté d'un avocat


608. Les parties privées ont le droit d'être assistées d'un ou plusieurs avocats et de nombreuses dispositions protectrices
prévues par le code de procédure pénale visent le conseil (délai de convocation avant interrogatoire ; communication de la
procédure ; copies des pièces…). Ce droit et les modalités de son exercice sont étudiés supra, n os 425 s. La partie civile ne
dispose pas, comme la personne mise en examen, de la possibilité de voir désigné un avocat d'office ; néanmoins, elle
dispose de celle que lui soit reconnue l'aide juridictionnelle. La personne mise en examen, même détenue, même au secret,
possède un libre droit de communication avec son avocat. Si les correspondances échangées entre l'avocat et ses clients sont
couvertes par le secret et échappent à la saisie opérée par le juge d'instruction en application de l'article 96 du code de
procédure pénale, il en va autrement lorsqu'il s'agit d'écrits ayant donné lieu à la mise en examen dudit conseil, l'implication
de ce dernier dans l'affaire en cause rendant inopérante son argumentation relative à la confidentialité et à l'atteinte portée
au secret professionnel (Crim. 5 oct. 1999, BICC 506, n o 35). Il résulte des articles 97 et 99 du code de procédure pénale et
de l'article 8 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme que le juge d'instruction peut s'opposer à la
restitution de documents saisis dans le cabinet d'un avocat et couverts par le secret professionnel, dès lors que leur maintien
sous main de justice en vue d'apprécier l'existence d'infractions pénales est nécessaire à la manifestation de la vérité et qu'il
ne porte pas atteinte aux droits de la défense (Crim. 30 juin 1999, n o 97-86.318 , Bull. crim. n o 172). Les articles D. 67 à
D. 69 qui donnaient quelques précisions sur l'exercice des droits de la défense ont été abrogés par le décret n o 2010-1635 du
23 décembre 2010.

609. Principe de libre communication. - Les articles 116 et 145-4 du code de procédure pénale, et l'article 6, paragraphe 3, de
la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme posent en principe la libre communication entre la personne
poursuivie et son avocat. En vertu de ce principe, la demande de la personne mise en examen, tendant à la désignation d'un
interprète chargé de l'assister dans ses entretiens avec son avocat, et à la prise en charge par l'État des frais en résultant, si
elle bénéficie de l'aide juridictionnelle, ne peut être déclarée irrecevable. Il appartient au juge d'instruction, régulièrement saisi
d'une requête à cette fin, s'il n'y fait pas droit, de la rejeter par ordonnance motivée, susceptible d'appel dans les conditions
prévues par l'article 186-1 du code de procédure pénale (Crim. 6 déc. 1994, n o 94-84.235 , Bull. crim. n o 394). Cet arrêt ne
doit pas être interprété comme une extension de la liste déterminée par l'article 82-1 du code de procédure pénale (qui n'est
d'ailleurs plus exhaustive depuis les modifications apportées par la loi du 15 juin 2000), mais tout simplement comme la
reconnaissance en droit français de l'applicabilité de l'article 6, paragraphe 3, de la Convention européenne de sauvegarde
des droits de l'homme et des libertés fondamentales. La possibilité de converser avec son avocat quelques minutes avant les
interrogatoires dans les locaux du palais de justice ne satisfait pas aux exigences légales (Dijon, 2 juin 1993, BICC 385,
n o 403).

610. Droit de poser des questions. - Pendant les interrogatoires de la personne mise en examen ou les auditions de la partie
civile ou du témoin assisté, le conseil de la personne peut poser des questions et, depuis l'entrée en vigueur de la loi du
15 juin 2000, présenter de brèves observations (C. pr. pén., art. 120, al. 1 er). Le juge d'instruction détermine, s'il y a lieu,
l'ordre des interventions et peut y mettre un terme lorsqu'il s'estime suffisamment informé. Il peut s'opposer aux questions de
nature à nuire au bon déroulement de l'information ou à la dignité de la personne. Mention de ce refus est portée au procès-
verbal. Les conclusions déposées par le procureur de la République ou les avocats des parties afin de demander acte d'un
désaccord avec le juge d'instruction sur le contenu du procès-verbal sont, par le juge d'instruction, versées au dossier
(C. pr. pén., art. 120, al. 2).

§ 5 - Droit de demander des investigations


611. Demande écrite et motivée. - Les parties peuvent, au cours de l'information, saisir le juge d'instruction d'une demande
écrite et motivée tendant à ce qu'il soit procédé à leur audition ou à leur interrogatoire, à l'audition d'un témoin, à une
confrontation ou à un transport sur les lieux, ou à ce qu'il soit ordonné la production, par l'une d'entre elles, d'une pièce utile à
l'information ou à ce qu'il soit procédé à tous autres actes qui leur paraissent nécessaires à la manifestation de la vérité. La loi du
15 juin 2000 a ajouté au texte la possibilité de demander à ce qu'il soit procédé « à tous autres actes qui leur paraissent
nécessaires à la manifestation de la vérité », ce qui élargit considérablement le champ des demandes possibles. À peine de
« nullité » (il faut comprendre à peine d'irrecevabilité de la demande), cette demande doit être formée conformément aux
dispositions de l'alinéa 10 de l'article 81 ; elle doit porter sur des actes déterminés et, lorsqu'elle concerne une audition,
préciser l'identité de la personne dont l'audition est souhaitée (C. pr. pén., art. 82-1, al. 2). Le mis en examen ne dispose plus,
après l'envoi de l'avis de fin d'information, que des droits limitativement énumérés par l'article 175 du code de procédure
pénale (sur une demande de « démise en examen », irrecevable : Crim. 9 juin 2009, n o 09-82.269 , AJ pénal 2009. 415,
obs. Ascensi ; Procédures 2009. 368, note Buisson. - V. supra, n o 597. - Sur la demande d'interrogatoire après une
absence de convocation pendant quatre mois après la dernière comparution, V. infra, n o 622).

612. Formalités. - La demande doit faire l'objet d'une déclaration au greffier du juge d'instruction saisi du dossier. Elle est
constatée et datée par le greffier qui la signe ainsi que le demandeur ou son avocat. Si le demandeur ne peut signer, il en est
fait mention par le greffier. Lorsque le demandeur ou son avocat ne réside pas dans le ressort de la juridiction compétente, la
déclaration au greffier peut être faite au moyen d'une lettre recommandée avec demande d'avis de réception. Lorsque la
personne mise en examen est détenue, la demande peut également être faite au moyen d'une déclaration auprès du chef de
l'établissement pénitentiaire. Cette déclaration est constatée et datée par le chef de l'établissement pénitentiaire qui la signe,
ainsi que le demandeur. Si celui-ci ne peut signer, il en est fait mention par le chef de l'établissement. Ce document est
adressé sans délai, en original ou copie et par tout moyen, au greffier du juge d'instruction (C. pr. pén., art. 81, al. 10). S'il
n'entend pas faire droit à la demande, le juge doit rendre une ordonnance motivée dans le délai d'un mois à compter de la
réception. La personne mise en examen qui n'a pas usé de cette faculté ne saurait être admise à contester le rejet implicite
de sa demande d'actes en interjetant appel de l'ordonnance la renvoyant devant le tribunal correctionnel (Crim. 30 nov. 1999,
n o 99-80.679 , Bull. crim. n o 279 ; JCP 2000. IV. 383). En cas d'inobservation de ce délai, la partie peut saisir directement le
président de la chambre de l'instruction, qui statue et procède conformément aux troisième à cinquième alinéas de
l'article 186-1 (C. pr. pén., art. 82-1). La faculté de saisir la juridiction d'instruction d'une demande d'acte en application de
l'article 82-1 du code de procédure pénale, par déclaration au greffier au moyen d'une lettre recommandée avec demande
d'avis de réception, n'appartient, selon l'article 81, alinéa 10, dudit code, qu'à celui, de la partie civile ou de son avocat, qui
réside hors du ressort de la juridiction. Il ne peut être suppléé à la déclaration au greffier par une lettre recommandée
adressée au président de la chambre d'accusation [de l'instruction]. Justifie sa décision la chambre d'accusation [de
l'instruction], statuant comme juridiction d'instruction, qui déclare irrecevable une demande d'actes formée pour le compte de
la partie civile domiciliée hors du ressort, par son avocat inscrit au barreau de la juridiction, au moyen d'une lettre
recommandée avec demande d'avis de réception adressée au président de ladite cour (Crim. 30 avr. 1996, n os 94-85.485
et 95-83.121 , Bull. crim. n o 179). Il ne peut non plus y être suppléé par l'envoi d'une lettre Chronopost (Crim. 10 juin 1997,
n o 95-84.770 , Bull. crim. n o 230). Le décret du 15 novembre 2007 instaure de nouvelles possibilités attachées à la
signature d'un protocole entre les barreaux et les tribunaux de grande instance ; à terme de nombreuses demandes d'actes,
requêtes en nullité, etc., seront possibles par la voie électronique, seule la détention étant exclue (V. les art. D. 590 et D. 591
c. pr. pén. - Décr. n o 2007-1620 du 15 nov. 2007 modifiant le code de procédure pénale et relatif à l'utilisation des nouvelles
technologies, JO 17 nov. - Sur la possibilité d'user de l'art. 82-1, al. 1 er, et non de l'art. 82-1, al. 3, après la délivrance des avis
de fin d'information, V. infra, n o 622).

6 1 3 . Chambre de l'instruction. - Lorsque la chambre de l'instruction n'est pas saisie du règlement de la procédure, les
demandes d'actes ne peuvent lui être adressées directement, hormis le cas où le juge d'instruction n'y aurait pas répondu
dans le délai prévu. Le demandeur doit se conformer aux prescriptions de l'article 82-1 du code de procédure pénale (Crim.
19 sept. 2001, n o 01-85.188 , Bull. crim. n o 184).

614. Confrontation non obligatoire. - Si la partie demeure libre de demander une confrontation dans le cadre de l'article 82-1,
celle-ci n'est pas obligatoire ; cette solution, selon la jurisprudence nationale, n'est pas contraire au principe du procès
impartial tel qu'il découle de l'article 6, paragraphe 3, de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et
des libertés fondamentales : le défaut de confrontation entre un témoin et la personne mise en examen n'a pas d'autre
conséquence au regard du droit international et des articles 427 et suivants du code de procédure pénale que d'ouvrir la
faculté au prévenu ou à l'accusé qui comparaît devant la juridiction de jugement, de citer lui-même ou de faire citer ledit
témoin, pour permettre qu'il soit contradictoirement discuté de cet élément de preuve (Crim. 26 janv. 1994, Gaz. Pal. 1994. 1.
Somm. 164 ; D. 1994. IR 67 ). Les décisions des juridictions d'instruction portant sur une demande de confrontation ne
relèvent que d'une appréciation des faits qui échappe au contrôle de la Cour de cassation (Crim. 13 nov. 1996, D. 1997. IR 13
).

615. Demande de confrontation séparée. - Avatar procédural de l'affaire d'Outreau au cours de laquelle on prit conscience qu'il
pouvait exister différents types de confrontation selon qu'on y procédait de manière globale ou individualisée, le législateur a
fort à propos permis aux parties de solliciter du juge d'instruction une « confrontation séparée » (V. supra, n o 461).

6 1 6 . Pas de suspension de l'action publique. - Il n'existe plus de suspension de l'action publique en cas d'inaction du juge
depuis l'entrée en vigueur de la loi du 4 janvier 1993. Méconnaît le sens et la portée des articles 6 et 8 du code de procédure
pénale, et de l'article 49 de la loi du 24 août 1993, la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, pour infirmer l'ordonnance de
non-lieu d'un juge d'instruction et constater l'extinction de l'action publique par l'effet de la prescription, retient qu'aucun acte
d'instruction ou de poursuite ayant pour objet de constater des délits, d'en découvrir ou d'en convaincre les auteurs n'est
intervenu entre le 24 janvier 1991, date de l'audition du plaignant, et le 20 janvier 1995, alors que la partie civile ne disposait
d'aucun moyen de droit pour obliger le juge d'instruction à accomplir un acte interruptif de prescription jusqu'à la date
d'entrée en vigueur de la loi du 4 janvier 1993 et que cette prescription a nécessairement été suspendue à son profit entre le
24 janvier 1993 et le 1 er mars 1993, puis interrompue par la notification par le juge d'instruction, le 24 novembre 1993, de
l'avis prévu par l'article 49 de la loi du 24 août 1993, lequel constitue un acte d'instruction et de poursuite au sens des
articles 7 et 8 du code de procédure pénale (Crim. 9 juin 1998, D. 1998. IR 202 ).

617. Enquête sociale, examen médical ou psychologique. - Les parties peuvent faire une demande écrite et motivée tendant à
ce qu'il soit procédé à l'un des examens ou mesures utiles prévus par l'article 81 du code de procédure pénale (enquête
sociale, examen médical ou psychologique). Les conditions de forme tant de la demande que de la réponse du magistrat
instructeur sont les mêmes que celles spécifiées ci-dessus pour les demandes d'actes prévues par l'article 82-1 du code de
procédure pénale.
6 1 8 . Impossibilité de solliciter la mise en examen d'une personne. - Si l'article 82-1 du code de procédure pénale, dans sa
rédaction issue de la loi du 15 juin 2000, donne la possibilité aux parties de demander au juge d'instruction qu'il soit procédé
à tous actes leur paraissant nécessaires à la manifestation de la vérité, néanmoins, une partie civile ne peut, sur le
fondement de ce texte, solliciter la mise en examen d'une personne (Crim. 15 févr. 2011, n o 10-87.468 , Bull. crim. n o 22 ;
Dr. pénal 2011. Comm. 56, par Maron et Haas ; JCP 2011, p. 421 ; D. 2011. 680 ; D. 2011. 2231, note Pradel ; AJ pénal
2011. 200 . - V. supra, n o 598).

619. Cautionnement. - Les demandes formées par les parties civiles auprès du juge d'instruction, tendant à l'augmentation du
montant du cautionnement imposé au mis en examen et à l'obligation pour celui-ci de constituer une hypothèque aux fins de
garantir sa représentation en justice et les droits des victimes, n'entrent pas dans les prévisions de l'article 82-1 du code de
procédure pénale (Bourges, 27 mars 2001, BICC 544, n o 1073).

620. Présence de l'avocat de la partie lors de la réalisation des actes demandés. - Lorsque la personne mise en examen saisit le
juge d'instruction, en application des dispositions de l'article 82-1, d'une demande tendant à ce que ce magistrat procède à un
transport sur les lieux, à l'audition d'un témoin, d'une partie civile ou d'une autre personne mise en examen, elle peut
demander que cet acte soit effectué en présence de son avocat. La partie civile dispose de ce même droit s'agissant d'un
transport sur les lieux, de l'audition d'un témoin ou d'une autre partie civile ou de l'interrogatoire de la personne mise en
examen. Le juge d'instruction statue sur ces demandes conformément aux dispositions de l'alinéa 2 de l'article 82-1. S'il fait
droit à la demande, le juge d'instruction convoque l'avocat au plus tard dans les deux jours ouvrables avant la date du
transport, de l'audition ou de l'interrogatoire, au cours desquels celui-ci peut intervenir dans les conditions prévues à
l'article 120 (C. pr. pén., art. 82-2). Ces dispositions sont nouvelles et ont été prévues par la loi du 15 juin 2000, le texte étant
rédigé ainsi : « Lorsque le mis en examen saisit le juge d'instruction d'une demande tendant à ce que ce magistrat procède à
un transport, à l'audition d'un témoin […] elle peut demander à ce que cet acte soit effectué en présence de son avocat », on
doit considérer que l'avocat ne peut assister à un acte lorsqu'il est réalisé sur délégation. La demande formée par l'avocat de
la partie civile ne répondant pas aux exigences légales, et la personne mise en examen n'ayant renoncé à se prévaloir de la
méconnaissance de cette formalité substantielle, laquelle faisait en l'espèce grief à ses intérêts, doit être cassé l'arrêt de la
chambre de l'instruction qui, en la déclarant recevable, a méconnu le sens et la portée des textes susvisés et des principes ci-
dessus énoncés (Crim. 11 mai 2004, n o 04-81.039 , Bull. crim. n o 114 ; Procédures oct. 2004. Comm. 214, note Buisson). En
l'absence de demande de la partie civile en ce sens, en application des articles 82-1 et 82-2 du code de procédure pénale, le
juge ne peut procéder à l'interrogatoire d'une personne mise en examen en présence de l'avocat de la partie civile. C'est la
solution implicite qui semble résulter d'une décision du 6 novembre 2012 (n o 12-83.766, Dr. pénal 2012. Comm. 168, par
Maron et Haas). Mais la chambre criminelle casse la décision de la chambre de l'instruction qui avait estimé que la nullité était
encourue sans que la preuve d'un grief ne soit exigée alors que l'interrogatoire avait été réalisé en présence de l'avocat de la
personne mise en examen qui n'avait pas émis d'opposition.

621. Prescription de l'action publique. - Lorsque le juge d'instruction conteste le bien-fondé d'une demande des parties tendant
à constater la prescription de l'action publique, il doit rendre une ordonnance motivée dans le délai d'un mois à compter de la
réception de la demande (C. pr. pén., art. 82-3). Le défaut, par le juge d'instruction, de répondre dans le délai d'un mois à une
demande tendant à ce que soit constatée la prescription de l'action publique, ouvre uniquement au demandeur la possibilité
de saisir directement le président de la chambre de l'instruction sur le fondement de l'article 81, alinéa 11, du code de
procédure pénale (Crim. 26 nov. 2003, AJ pénal 2004. 72, obs. Girault ; JCP 2004. IV. 1091). La loi du 9 mars 2004 a ajouté
que les formalités des deux derniers alinéas de l'article 81 devaient être respectées, c'est-à-dire la nécessité de faire une
déclaration au greffier d'instruction et celle de saisir la chambre de l'instruction en cas d'absence de réponse après un mois.
La Cour de cassation avait déjà statué en ce sens : « La demande tendant à ce que soit constatée la prescription de l'action
publique doit être faite, selon les cas, par déclaration au greffier du juge d'instruction, par lettre recommandée avec demande
d'avis de réception ou par déclaration auprès du chef d'établissement pénitentiaire, conformément à l'article 81, alinéa 10, du
code de procédure pénale. Faute par le juge d'instruction d'avoir statué dans le délai d'un mois sur une telle demande, la
partie peut saisir directement le président de la chambre de l'instruction en application de l'alinéa 11 de l'article précité »
(Crim. 4 déc. 2001, n o 01-86.500 , Bull. crim. n o 251).

622. Demande à être entendu. - À l'expiration d'un délai de quatre mois depuis sa dernière comparution, la personne mise en
examen qui en fait la demande écrite doit être entendue par le juge d'instruction. Celui-ci procède à son interrogatoire dans
les trente jours de la réception de la demande, qui doit être formée conformément aux dispositions de l'alinéa 10 de
l'article 81 (C. pr. pén., art. 82-1, al. 3). Dans un arrêt du 2 octobre 2012 (n o 00146/2012, AJ pénal 2012. 648, note Guéry ),
la chambre de l'instruction de Fort-de-France a estimé que « dès lors que le juge d'instruction en notifiant l'avis de fin
d'information a manifesté qu'il n'entendait plus faire d'autre acte d'instruction que ceux nécessaires à la clôture de
l'information, la demande d'audition ne peut plus se situer dans le cadre du troisième alinéa de l'article 82-1. Elle doit être
faite conformément au premier alinéa, c'est-à-dire être motivée ».

623. Demande d'expertise ou de modification de la mission. - L'article 156 du code de procédure pénale prévoit qu'une expertise
peut être demandée au juge d'instruction soit par le ministère public, soit par les parties. La demande d'une partie doit être
formée conformément aux dispositions des neuvième et dixième alinéas de l'article 81 (C. pr. pén., art. 156, al. 2). Lorsque le
juge d'instruction estime ne pas devoir faire droit à cette demande d'expertise, il doit rendre une ordonnance motivée au plus
tard dans un délai d'un mois à compter de la réception de la demande. Faute par le juge d'instruction d'avoir statué dans ce
délai, la partie peut saisir directement le président de la chambre de l'instruction (C. pr. pén., art. 81, al. 11). Depuis l'entrée
en vigueur de la loi du 5 mars 2007 (sur ce point, le 1 er juill. 2007), la partie dispose aussi du droit de poser de nouvelles
questions ou de demander la désignation d'autres experts (V. supra, n o 210, et adde : Expertise). Elle peut encore solliciter le
dépôt d'un rapport provisoire (V. supra, n o 225).

624. Contre-expertise ou complément d'expertise. - L'article 167 du code de procédure pénale prévoit qu'une contre-expertise
ou un complément d'expertise peut également être demandé par les parties. Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 9 mars
2004, le témoin assisté peut également le demander. Le juge d'instruction n'a toutefois pas l'obligation d'y répondre.

§ 6 - Droit d'être informé de l'avancement de l'instruction


625. Information régulière de la partie civile. - Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, le juge d'instruction devait
informer tous les six mois la partie civile de l'avancement de l'instruction (C. pr. pén., art. 175-3). La loi du 9 mars 2004 a
supprimé cet article mais maintient cette obligation (désormais consignée dans l'art. 90-1 nouv.) en matière criminelle et pour
les délits commis contre les personnes ou les biens accompagnés de violences sur les personnes. La loi du 5 mars 2007 en a
modifié les termes, notamment en permettant à la partie civile qui le demande d'obtenir ces informations tous les quatre mois
(V. supra, n o 106).

§ 7 - Droit de demander à ce qu'il soit mis un terme à l'information


626. Expiration du délai indiqué. Aucun acte accompli. - La personne mise en examen, le témoin assisté ou la partie civile peut, à
l'expiration du délai qui lui a été indiqué en application de l'alinéa 8 de l'article 116 ou du deuxième alinéa de l'article 89-1 à
compter, respectivement, de la date de la mise en examen, de la première audition ou de la constitution de partie civile,
demander au juge d'instruction, selon les modalités prévues au dixième alinéa de l'article 81, de prononcer le renvoi devant la
juridiction de jugement ou de transmettre la procédure au procureur général, ou de déclarer qu'il n'y a pas lieu à suivre, y
compris en procédant, le cas échéant, à une disjonction. Cette demande peut également être formée lorsque aucun acte
d'instruction n'a été accompli pendant un délai de quatre mois (C. pr. pén., art. 175-1, al. 1 er, réd. L. du 15 juin 2000). Est
irrecevable la demande de saisine directe de la chambre d'accusation en application de l'article 175-1, alinéa 3, du code de
procédure pénale, déposée après qu'a été rendue, par le juge d'instruction, l'ordonnance prévue par l'alinéa 2 dudit texte
(Crim. 13 juin 1995, n o 94-85.210 , Bull. crim. n o 216). La demande de constatation de prescription de l'action publique
prévue par l'article 82-3 du code de procédure pénale n'est pas une demande de déclaration qu'il n'y a pas lieu à poursuivre
entrant dans le cadre des dispositions de l'article 175-1 ; elle peut être valablement faite par l'une des parties entre l'envoi de
l'avis de fin d'information et l'expiration du délai de vingt jours [désormais un ou trois mois] (Crim. 18 sept. 2001, n o 01-
85.129 , Bull. crim. n o 180 ; D. 2001. IR 3398 ).

627. Réponse du juge. - Dans le délai d'un mois à compter de la réception de cette demande, le juge d'instruction y fait droit
ou déclare, par ordonnance motivée, qu'il y a lieu à poursuivre l'information. Dans le premier cas, il procède aux investigations
sollicitées. Dans le second cas, ou à défaut pour le juge d'avoir statué dans le délai d'un mois, la personne mise en examen, le
témoin assisté ou la partie civile, peut saisir le président de la chambre de l'instruction en application de l'article 207-1. Cette
saisine doit intervenir dans les cinq jours qui suivent la notification de la décision du juge ou l'expiration du délai d'un mois
(C. pr. pén., art. 175-1, al. 2 et 3). Lorsque le juge d'instruction a déclaré qu'il poursuivait son instruction, une nouvelle
demande peut être formée à l'expiration d'un délai de six mois (C. pr. pén., art. 175-1, al. 4). Les dispositions du présent
article ne sont pas applicables après l'envoi de l'avis prévu à l'alinéa 1 er de l'article 175. Le président de la chambre de
l'instruction, saisi en application des dispositions de l'alinéa 2 de l'article 175-1, décide, dans les huit jours de la transmission
du dossier, par une ordonnance qui n'est pas susceptible de recours, s'il y a lieu ou non de saisir la chambre de l'instruction.
Dans l'affirmative, il transmet le dossier au procureur général qui procède ainsi qu'il est dit aux articles 194 et suivants. Après
qu'elle a été saisie, la chambre de l'instruction peut, soit prononcer le renvoi devant la juridiction de jugement ou la mise en
accusation devant la cour d'assises, soit déclarer qu'il n'y a pas lieu à suivre, soit évoquer et procéder dans les conditions
prévues aux articles 201, 202 et 204, soit renvoyer le dossier de la procédure au même juge d'instruction ou à tel autre, afin
de poursuivre l'information. Dans la négative, il ordonne, par décision motivée, que le dossier de l'information soit renvoyé au
juge d'instruction (C. pr. pén., art. 207-1).

6 2 8 . Instruction pendant plus de deux ans. - Par ailleurs, le juge doit désormais, en dehors même de toute demande des
parties, expliquer au président de la chambre de l'instruction les raisons pour lesquelles une affaire dure depuis plus de deux
années : « En toute matière, la durée de l'instruction ne peut excéder un délai raisonnable au regard de la gravité des faits
reprochés à la personne mise en examen, de la complexité des investigations nécessaires à la manifestation de la vérité et de
l'exercice des droits de la défense. Si, à l'issue d'un délai de deux ans à compter de l'ouverture de l'information, celle-ci n'est
pas terminée, le juge d'instruction rend une ordonnance motivée par référence aux critères prévus à l'alinéa précédent,
expliquant les raisons de la durée de la procédure, comportant les indications qui justifient la poursuite de l'information et
précisant les perspectives de règlement. Cette ordonnance est communiquée au président de la chambre de l'instruction qui
peut, par requête, saisir cette juridiction conformément aux dispositions de l'article 221-1. L'ordonnance prévue à l'alinéa
précédent doit être renouvelée tous les six mois » (C. pr. pén., art. 175-2, réd. L. du 15 juin 2000). L'obligation pour le juge
d'instruction de rendre cette ordonnance n'est pas prescrite à peine de nullité. Une telle ordonnance ne revêt aucun caractère
juridictionnel, le juge d'instruction n'ayant d'autre obligation que de la communiquer au président de la chambre de
l'instruction (Crim. 17 janv. 2006, n o 05-82.197 , Bull. crim. n o 20 ; D. 2006. IR 533 ; D. 2007. 973, obs. Pradel ; AJ
pénal 2006. 177, obs. Saas . - V. aussi supra, n o 65).

§ 8 - Droit de demander une cosaisine


629. Droit nouveau. - La loi du 5 mars 2007 autorise le procureur de la République et les parties à solliciter du président de la
juridiction, voire de la chambre de l'instruction ou de son président, dans des conditions déjà étudiées (V. supra, n os 45 s.), la
désignation d'un ou plusieurs autres magistrats instructeurs.

630. Dans les juridictions avec pôle. - La partie peut demander au président de la juridiction d'adjoindre un ou plusieurs autres
magistrats instructeurs au juge chargé de l'information. En cas de désaccord du juge ou si le président ne donne pas suite à
la demande, une requête peut être aussi présentée devant le président de la chambre de l'instruction (V. supra, n o 52).

631. Dans les juridictions sans pôle. - Dans ce type de juridiction, la demande de cosaisine, si elle est acceptée, entraîne le
dessaisissement du juge (V. infra, n o 736).

§ 9 - Droit de faire sanctionner l'inaction du juge


632. Droits pour la partie privée : saisine de la chambre de l'instruction. - La loi du 30 décembre 1996 a créé de nouveaux droits
pour la partie privée. Ils peuvent amener la chambre de l'instruction, constatant l'inaction du juge, à dessaisir celui-ci. La
nouveauté est particulièrement notable. L'article 221-2 du code de procédure pénale dispose en effet que « lorsqu'un délai de
quatre mois s'est écoulé depuis la date du dernier acte d'instruction, les parties peuvent saisir la chambre de l'instruction
dans les conditions prévues par le troisième alinéa de l'article 173. Ce délai est ramené à deux mois au profit de la personne
mise en examen lorsque celle-ci est placée en détention provisoire. Dans les huit jours de la réception du dossier par le greffe
de la chambre de l'instruction, le président peut, par ordonnance motivée non susceptible de recours, décider qu'il n'y a pas
lieu de saisir la chambre de l'instruction. La chambre de l'instruction, lorsqu'elle est saisie, peut, soit évoquer et procéder dans
les conditions prévues par les articles 201, 202, 204 et 205, soit renvoyer le dossier au juge d'instruction ou à tel autre afin
de poursuivre l'information. Si, dans les deux mois suivant le renvoi du dossier au juge d'instruction initialement saisi, aucun
acte d'instruction n'a été accompli, la chambre de l'instruction peut être à nouveau saisie selon la procédure prévue aux
premier et deuxième alinéas du présent article. Ce délai est ramené à un mois au profit de la personne mise en examen
lorsque celle-ci est placée en détention provisoire. La chambre de l'instruction doit alors soit évoquer comme il est dit au
troisième alinéa du présent article, soit renvoyer le dossier à un autre juge d'instruction afin de poursuivre l'information ».

633. Difficultés d'application. - La rédaction de l'article 221-2 du code de procédure pénale pouvait laisser penser qu'un certain
nombre de questions seraient posées. Quant à la définition des actes d'instruction, doit-on s'aligner sur la jurisprudence prise
sur la base des articles 7 et 8 du code de procédure pénale, évoquant les « actes d'enquête et d'instruction » de nature à
interrompre la prescription de l'action publique ? Mais surtout la preuve de l'accomplissement de cet acte pose difficulté : l'acte
accompli par l'officier de police judiciaire sur délégation interrompt le délai mais ne figure pas à la procédure… L'acte accompli
sur commission rogatoire internationale n'y figurera souvent que bien plus tard… Les écoutes téléphoniques ne figurent pas
au dossier sous peine de rendre cette investigation sans effet… On peut s'interroger aussi sur les effets du filtre présidentiel.
Le président de la chambre de l'instruction peut en effet, par ordonnance motivée non susceptible de recours, décider qu'il n'y
a pas lieu de saisir la chambre. Dans cette hypothèse, doit-on considérer que le premier aller-retour est accompli et que le
nouveau délai se met à courir ? Ou doit-on s'attacher à la terminologie qui fait partir le point de départ du second délai du
« renvoi du dossier au juge d'instruction », terminologie employée spécifiquement quand la chambre est saisie ? En d'autres
termes, le « renvoi » du dossier par le président et non par la chambre a-t-il le même poids que le renvoi par cette dernière ?
On peut être tenté de répondre par la négative. Dans le cas contraire, une simple décision d'irrecevabilité aurait pour effet de
faire partir le second délai, ce qui ne paraît pas correspondre aux intentions du législateur. Mais ces questions, qui pouvaient
être posées lors de l'entrée en vigueur de ce texte nouveau, n'ont en fait trouvé aucune résonance dans la jurisprudence,
totalement inexistante. Il semble que les avocats ne se servent que très exceptionnellement de l'article 221-2.

§ 10 - Droits de la personne humaine


634. Port de menottes ou d'entraves. - Nul ne peut être soumis au port de menottes ou d'entraves que s'il est considéré soit
comme dangereux pour autrui ou pour lui-même, soit comme susceptible de prendre la fuite (C. pr. pén., art. 803). La loi du
15 juin 2000 a ajouté un alinéa à l'article 803 : « Dans ces deux hypothèses, toutes mesures utiles doivent être prises, dans
les conditions compatibles avec les exigences de sécurité, pour éviter qu'une personne menottée ou entravée soit
photographiée ou fasse l'objet d'un enregistrement audiovisuel ». Les dispositions réglementaires de l'article D. 173 ne
constituent que des mesures d'ordre et de police : le port d'entraves, au cours d'un interrogatoire, n'est pas une cause de
nullité dès lors que la liberté de la défense n'a pas été compromise (Crim. 16 mai 1972, Bull. crim. n o 169 ; D. 1972.
Somm. 179). Fait une application inexacte des dispositions de l'article 803 du code de procédure pénale, de nature à engager
la responsabilité de l'État, l'administration qui accorde à un détenu une permission de sortir sous escorte et justifie le port de
menottes qui lui a été imposé au regard de sa situation pénale et de sa condition physique supposée, sans examiner le
comportement pénal dudit détenu, sa dangerosité et les craintes d'évasion que sa sortie pouvait, dans son propre contexte,
susciter (TA Nantes, 19 oct. 2011, AJ pénal 2012. 49, obs. Céré ).

Art. 2 - Droit de contester l'instruction


635. Notification. - Un certain nombre d'actes doivent être notifiés aux personnes mises en examen, parties civiles ou témoins
assistés. Ces actes, ainsi que les formalités de leurs notifications, sont étudiés supra, n os 514 s. Le droit de contester
l'instruction peut s'exercer de deux manières. La première consiste à faire appel des ordonnances juridictionnelles ; ce droit
d'appel est étudié avec les ordonnances (V. supra, n os 535 s.). La seconde réside dans le droit de faire, pendant l'information
et jusqu'à un ou trois mois après l'avis donné suivant l'article 175 du code de procédure pénale, des requêtes en nullité. Ces
requêtes font l'objet d'une étude dans la section suivante réservée aux nullités de l'information (V. infra, n os 636 s.).

Chapitre 6 - Nullités
636. La théorie des nullités de l'information constitue un volet d'un ensemble inclus dans l'étude sur les nullités de procédure
(V. Nullités de procédure). Il convient de s'y reporter pour une vision historique et pour l'analyse des grands traits du
système de nullité contemporain. Il importe cependant d'en indiquer ici les grandes lignes et de signaler les moyens de mise
en oeuvre des nullités au cours de l'information. Les lois de 1993 ont en effet considérablement bouleversé la matière en
permettant aux parties de soulever pendant l'information des nullités de procédure, mais aussi en tirant conséquence de leur
inertie (V. supra, n o 15. - V. CONCHON, L'évolution des nullités de l'instruction préparatoire, 2002, L'Harmattan. - ROUSSEL, Le
régime des nullités de la procédure pénale après les lois du 4 janvier 1993 et du 24 août 1993, Gaz. Pal. 19-20 janv. 1996,
p. 7 s. - BROUILLAUD, Les nullités de procédure. Des procédures pénales et civiles comparées, D. 1996. Chron. 98 ). Cette
réforme a été ensuite complétée par les lois du 15 juin 2000, 4 mars 2002 et enfin par la loi du 9 mars 2004 (GUERRIN, Les
changements opérés par la loi relative à la présomption d'innocence sur les nullités de procédure dans la phase préalable au
jugement pénal, RSC 2000. 753 . - C. GUÉRY, Le tribunal correctionnel et les nullités de l'instruction, Dr. pénal 2004.
Chron. 6). Dans sa décision n o 2004-492 DC du 2 mars 2004 (JO 10 mars), le Conseil constitutionnel a déclaré contraire à la
Constitution le nouvel article 706-104 du code de procédure pénale. Dans cet article, le législateur avait à l'avance exonéré de
toute nullité les actes dérogatoires au droit commun pouvant être ordonnés dans le cadre des dispositions exceptionnelles
concernant la criminalité organisée et qui, finalement, auraient concerné une affaire n'entrant pas dans les hypothèses de
l'article 706-73 : « Pour décider de mettre en oeuvre l'une de ces procédures, l'autorité judiciaire doit disposer d'une ou
plusieurs raisons plausibles de soupçonner que les faits constituent l'une des infractions énumérées par l'article 706-73 ».
Mais, dès lors que ces raisons existent au moment de l'intervention, la disqualification postérieure n'emporte pas nullité
(BONNAL, Les nullités au cours de la phase de jugement, AJ pénal 2005. 188 . - COLOMB, Nullité de la détention provisoire,
AJ pénal 2005. 185 . - GIRAULT, Les nullités de la garde à vue, AJ pénal 2005. 140 . - PORTERON, Nullité des perquisitions
au cours de l'instruction, AJ pénal 2005. 143 ; Nullité des écoutes téléphoniques, AJ pénal 2005. 145 ; Nullités de la
mise en examen, AJ pénal 2005. 147 . - SAINT-PIERRE, Le véritable enjeu des contrôles juridictionnels de la légalité des
procédures pénales. La « sûreté » des justiciables, AJ pénal 2005. 177 ).

Section 1 - Définitions et principes


637. Actes de l'information et de l'enquête. - Il ne s'agit ici ni des nullités pouvant affecter la poursuite elle-même dans son
principe (V. Crim. 17 mars 1960, Bull. crim. n o 156. - Crim. 4 mai 1961, Bull. crim. n o 237. - Crim. 4 juin 1964, JCP 1964.
II. 13806, rapp. Comte. - Crim. 1 er déc. 1966, D. 1967. 23, rapp. Costa, espèces dans lesquelles il était excipé de la nullité des
poursuites), ni des nullités procédant de la violation de règles se rattachant à l'organisation judiciaire ou à la compétence, qui
sont radicales et d'ordre public, mais de nullités pour violation des règles concernant les actes de l'information ou la conduite
de celle-ci. Ces nullités sont, dans l'ensemble, des nullités d'ordre privé, à moins qu'ait été méconnu un principe essentiel du
droit public, tel que l'interdiction de faire prêter serment à l'inculpé (Crim. 6 janv. 1923, DP 1924. 1. 175). Le code de
procédure pénale a consacré la distinction que la jurisprudence avait établie sous le régime de la loi de 1897 entre les nullités
formelles édictées par la loi à propos d'un acte déterminé, dont le prononcé ne peut être évité que si la partie intéressée y
renonce expressément, et les nullités substantielles, encourues seulement lorsqu'il est démontré que l'omission d'une
formalité a entraîné un préjudice effectif à la défense d'une partie privée. Constituent des nullités d'ordre public celles qui
touchent notamment à la compétence, à l'organisation et la composition des juridictions ainsi qu'à la bonne administration de
la justice. Les autres nullités sanctionnent la violation de règles établies dans le seul intérêt des parties. Les nullités peuvent
affecter les actes de l'enquête (Crim. 30 juin 1987, Bull. crim. n o 276) ou de l'instruction préparatoire (V. HENNION-JACQUET,
Les nullités de l'enquête et de l'instruction, un exemple du déclin de la légalité procédurale, Rev. pénit. 2003. 7).

638. Nullité textuelle. - Sont sanctionnées par une nullité textuelle les violations de formes prescrites par la loi à peine de
nullité. Le code de procédure pénale prévoit les cas suivants : contrôles et vérifications d'identité (C. pr. pén., art. 78-3), mise
en examen sans indices graves ou concordants (C. pr. pén., art. 80-2), écoutes téléphoniques de la ligne d'un avocat, d'un
parlementaire ou d'un magistrat (C. pr. pén., art. 100-7), infractions en matière militaire (C. pr. pén., art. 698-1), interdictions
de siéger (C. pr. pén., art. 49, al. 2), perquisition et saisie (C. pr. pén., art. 56, 56-1, 57, 59, 95 et 96). D'autres textes
évoquent le respect de certaines règles « à peine de nullité », mais il faut comprendre « à peine d'irrecevabilité de la
demande » (tel l'art. 82-1, par ex.).

639. D'autres textes prévoient des cas de nullité ; il en est ainsi notamment : en matière d'extradition (C. pr. pén., art. 696-
36, ayant remplacé l'art. 23 de la loi du 10 mars 1927), en matière fiscale (LPF, art. L. 47. - Crim. 4 janv. 1988, Bull. crim. n o 3),
en matière de presse (L. du 29 juill. 1981, art. 50. - Crim. 26 juill. 1988, Bull. crim. n o 309).

640. Formalité substantielle. - Il y a nullité lorsque la méconnaissance d'une formalité substantielle prévue par une disposition
du présent code ou toute autre disposition de procédure pénale a porté atteinte aux intérêts de la partie qu'elle concerne
(C. pr. pén., art. 171). En cas de violation des formes prescrites par la loi à peine de nullité, ou d'inobservation des formalités
substantielles, toute juridiction, y compris la Cour de cassation, qui est saisie d'une demande d'annulation ou qui relève
d'office une telle irrégularité, ne peut prononcer la nullité que lorsque celle-ci a eu pour effet de porter atteinte aux intérêts de
la partie qu'elle concerne (C. pr. pén., art. 802). On a pu considérer que l'article 802 était abusivement utilisé par la Cour de
cassation (V. COUVRAT, Les méandres de la procédure pénale [Commentaire de la loi n o 75-701 du 6 août 1975], D. 1976.
Chron. 43. - MAURICE-HERSANT, Réflexions sur l'article 802 du code de procédure pénale [L. n o 75-701 du 6 août 1975,
art. 19], D. 1976. Chron. 117 et D. 1979. Chron. 259). La chambre criminelle exerce son contrôle en se reportant aux pièces
de procédure, sans examen du fond, pour rechercher si la nullité relevée porte atteinte aux intérêts de la partie qu'elle
concerne (sur les nullités n'ayant pas eu pour effet de porter atteinte aux droits de la partie concernée, après irrégularité
commise par un expert qui a posé à l'inculpé des questions auxquelles il n'a pas été répondu, V. Crim. 10 nov. 1977, D. 1978.
621, note Jeandidier ; Gaz. Pal. 1978. 1. 176. - … Ou dont se déduisent des arguments favorables au demandeur en
cassation, V. Crim. 27 févr. 1978, Bull. crim. n o 73. - … Ou lorsque la Cour ne constate pas par écrit la renonciation acquise à la
présence du conseil à l'audition dans les conditions prévues par l'art. 164, al. 2, V. Crim. 14 juin 1978, Bull. crim. n o 199 ;
D. 1978. IR 440. - Sur la distinction qui peut être tentée entre « les nullités d'ordre public avec présomption irréfragable de
grief », les nullités d'intérêt privé pour lesquelles la preuve du grief est nécessaire, les nullités « substantielles avec grief » et
les « nullités substantielles avec présomption simple de grief », V. GUERRIN, Les changements opérés par la loi relative à la
présomption d'innocence sur les nullités de procédure dans la phase préalable au jugement pénal, RSC 2000. 753 ). Depuis
peu, la chambre criminelle retient, dans certains cas, que « le demandeur était sans qualité pour se prévaloir de la
méconnaissance d'un droit qui appartient en propre à une autre personne » et que « la méconnaissance des formalités
substantielles auxquelles est subordonnée la garde à vue ne peut être invoquée à l'appui d'une demande d'annulation d'acte
ou de pièce de procédure que par la partie qu'elle concerne » (Crim. 14 févr. 2012, n o 11-84.694 , D. 2012. 779, note
Matsopoulou ; D. 2012. 775, concl. Boccon-Gibod ; AJ pénal 2012. 159, note C. Guéry ; RSC 2012. 394, note Boccon-
Gibod . - Crim. 7 mars 2012, n o 11-88.118 . - Crim. 13 mars 2012, n o 11-88.737 , D. 2012. 948 . - Crim. 3 mai 2012,
n o 11-85.702 . - Crim. 10 mai 2012, n o 11-87.328 . - Crim. 12 sept. 2012, n os 07-87.404 et 11-87.281 . - V. aussi infra,
n o 658).
6 4 1 . Compétence de la chambre de l'instruction. - Le magistrat instructeur n'est pas juge de la régularité des actes de la
procédure dont il est saisi (Crim. 4 nov. 1986, Bull. crim. n o 320). Une exception était prévue à ce principe en matière
d'extradition (anc. L. du 10 mars 1927, art. 23) mais, depuis la loi du 9 mars 2004, c'est la chambre de l'instruction qui est
compétente. C'est donc systématiquement la juridiction du second degré qui est compétente pour constater les nullités. Le
juge d'instruction ne peut décider lui-même ni de la validité de ses propres actes, ni de celle du réquisitoire (sur l'irrecevabilité
de l'appel, par l'inculpé, de l'ordonnance par laquelle il s'y est explicitement ou implicitement refusé, V. Crim. 15 juill. 1965, Bull.
crim. n o 176. - Crim. 3 nov. 1965, D. 1966. 86). Le juge d'instruction ne peut ni annuler un acte, ni le refaire (Crim. 8 déc. 1899,
S. 1901. 1. 153, note Roux). La chambre de l'instruction ne peut prononcer d'office l'annulation d'une mise en examen sans
avoir permis aux parties d'en débattre. Le juge d'instruction fait connaître expressément à la personne, en précisant leur
qualification juridique, chacun des faits dont il est saisi et pour lesquels la mise en examen est envisagée et mention de ces
faits et de leur qualification doit être portée au procès-verbal (Crim. 26 juin 2012, n o 12-80.319 , JCP 2012, p. 932 ; AJ
pénal 2012. 604, obs. Lasserre Capdeville ).

642. Saisir de tous les moyens de nullité. - Lorsque la chambre de l'instruction est saisie sur le fondement de l'article 173, tous
moyens pris de nullité de la procédure qui lui est transmise doivent, sans préjudice du droit qui lui appartient de les relever
d'office, lui être proposés. À défaut, les parties ne sont plus recevables à en faire état, sauf le cas où elles n'auraient pu les
connaître (C. pr. pén., art. 174, al. 1 er). La chambre de l'instruction décide si l'annulation doit être limitée à tout ou partie des
actes ou pièces de la procédure viciée ou s'étendre à tout ou partie de la procédure ultérieure et procède comme il est dit à
l'alinéa 3 de l'article 206 (C. pr. pén., art. 174, al. 2). Des personnes mises en examen sont irrecevables à contester la
régularité de l'ouverture d'un scellé, pratiquée à l'occasion d'une expertise que la chambre d'accusation [de l'instruction] a
annulée par un précédent arrêt, rendu au terme d'une procédure contradictoire à leur égard (Crim. 3 mars 1998, BICC 476,
n o 806).

Section 2 - Renonciation aux nullités


Art. 1 - Renonciation anticipée
643. Les cas de renonciation anticipée sont limitativement prévus par la loi.

§ 1 - Interrogatoires
644. Renonciation à l'avocat. - Les parties peuvent renoncer à la présence de leurs conseils ou à leur convocation régulière ;
leur renonciation doit être expresse (C. pr. pén., art. 114, al. 1 er). Cette renonciation doit être préalable à l'acte d'instruction
et peut être consentie par la partie concernée hors la présence de son conseil (Crim. 5 janv. 1901, DP 1901. 1. 113. - Crim.
9 avr. 1986, Bull. crim. n o 121. - V. supra, n o 447).

§ 2 - Expertises
645. Abrogation. - L'ancienne version de l'article 164 du code de procédure pénale consacrait un autre cas de renonciation
a priori. En matière d'expertise, la personne mise en examen pouvait renoncer au bénéfice de l'interrogatoire par le juge
d'instruction et fournir ainsi directement à l'expert, en présence de son conseil, les déclarations nécessaires à l'exécution de
sa mission. Cette renonciation devait être faite par déclaration expresse devant le juge d'instruction et consignée par procès-
verbal (C. pr. pén., art. 164, al. 3). Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, ces dispositions étaient également
applicables à la partie civile et au témoin assisté. La loi du 9 mars 2004 a simplifié le régime prévu par l'article 164 et la
renonciation de la personne n'est plus prévue par le texte (V. supra, n o 223, et adde : Expertise).

Art. 2 - Renonciation aux nullités commises


6 4 6 . Renonciation expresse. - La partie envers laquelle une formalité substantielle a été méconnue peut renoncer à s'en
prévaloir et régulariser ainsi la procédure. Cette renonciation doit être expresse. Elle ne peut être donnée qu'en présence du
conseil ou ce dernier dûment appelé (C. pr. pén., art. 172. - Crim. 9 avr. 1986, Bull. crim. n o 121). La jurisprudence n'a
toutefois jamais admis que la renonciation soit possible en présence d'une nullité d'ordre public. Il a ainsi été jugé que la
nullité du réquisitoire introductif a pour conséquence nécessaire et inéluctable celle de toute la procédure, le juge d'instruction
ne pouvant informer sans réquisitions (Crim. 27 juin 1957, Bull. crim. n o 529. - Crim. 26 juill. 1957, Bull. crim. n o 597. - Crim.
15 févr. 1960, Bull. crim. n o 84).

Section 3 - Demandeurs à la nullité


647. Avant les lois de 1993, l'inculpé et la partie civile ne pouvaient pas déférer à la chambre d'accusation les actes du juge
d'instruction, mais seulement ses ordonnances juridictionnelles. Désormais, en toute matière, la chambre de l'instruction peut,
au cours de l'information, être saisie aux fins d'annulation d'un acte ou d'une pièce de la procédure par le juge d'instruction,
par le procureur de la République ou par les parties (C. pr. pén., art. 170). La loi du 9 mars 2004 a ajouté le témoin assisté à
la liste des personnes pouvant présenter une requête en nullité et cela alors même qu'il n'est pas partie à la procédure.

Art. 1 - Juge d'instruction


648. S'il apparaît au juge d'instruction qu'un acte ou une pièce de la procédure est frappé de nullité, il saisit la chambre de
l'instruction aux fins d'annulation (C. pr. pén., art. 173, al. 1 er). Aucune disposition légale ne prévoit les formes de cette
saisine.

649. Avis du procureur, information des parties. - Le juge qui désire utiliser cette procédure doit prendre l'avis du procureur de
la République et informer les parties (C. pr. pén., art. 173, al. 1 er). Bien que le texte ne le précise pas, le témoin assisté doit
également être avisé puisqu'il peut, et même doit, présenter à ce moment-là toute requête en nullité. Le juge, qui a rendu
une ordonnance nulle de maintien en détention, ne peut lui en substituer une autre sans empiéter sur les pouvoirs de la
chambre de l'instruction. Il peut seulement saisir cette chambre (Crim. 4 nov. 1986, JCP 1987. IV. 18 ; Gaz. Pal. 1987. 1.
Somm. 197. - Crim. 24 mars 1992, n o 92-80.100 , Bull. crim. n o 125 ; D. 1992. Somm. 322, obs. Pradel ; Gaz. Pal. 1992. 2.
Somm. 384). Toutefois, si la requête du juge relève une nullité, est recevable le mémoire d'une partie qui la conteste (Crim.
14 nov. 1991, n o 91-83.980 , Bull. crim. n o 411). La requête du juge d'instruction, tendant à faire juger qu'un acte n'est pas
nul, est recevable (même arrêt).

650. Extradition. - (V. Extradition). En matière d'extradition, la juridiction compétente était, en cas de poursuites en cours, la
juridiction d'instruction - juge d'instruction et, en appel, chambre de l'instruction (Crim. 12 juill. 1982, Bull. crim. n o 192) - ou de
jugement dont relevait l'extradé après sa remise (anc. L. du 10 mars 1927, art. 23, al. 2), et, en cas de condamnation
définitive, la chambre de l'instruction du lieu de la remise. La loi du 9 mars 2004 a abrogé les dispositions de la loi du 10 mars
1927 et attribué à la juridiction de jugement dont la personne extradée relève après sa remise ou, si elle ne relève d'aucune
juridiction de jugement, à la chambre de l'instruction la compétence pour statuer sur une nullité soulevée par la personne
extradée (C. pr. pén., art. 696-36). La chambre de l'instruction compétente est, lorsque l'extradition a été accordée pour
l'exécution d'un mandat d'arrêt délivré dans une information en cours, celle dans le ressort de laquelle a eu lieu la remise. La
requête doit être motivée et faire l'objet d'une déclaration au greffe dans le délai de dix jours de l'avis donné par le procureur
de la République.

Art. 2 - Procureur de la République


651. Si le procureur de la République estime qu'une nullité a été commise, il requiert du juge d'instruction communication de la
procédure en vue de sa transmission à la chambre de l'instruction, présente requête aux fins d'annulation à cette chambre et
en informe les parties (C. pr. pén., art. 173, al. 2). Si cette procédure est conçue pour déférer à la chambre de l'instruction des
actes d'instruction que le procureur ou le juge d'instruction estiment entachés de nullité, est néanmoins recevable la requête
présentée à cette fin et dont l'auteur émet l'avis qu'aucune nullité ne doit être prononcée (Crim. 14 nov. 1991, préc.).

Art. 3 - Parties
652. Saisine de la chambre de l'instruction par requête motivée. - (V. Cham bre de l'instruction). Si l'une des parties estime
qu'une nullité a été commise, elle saisit la chambre de l'instruction par requête motivée, dont elle adresse copie au juge
d'instruction qui transmet le dossier de la procédure au président de la chambre de l'instruction. Il s'agit là d'une des plus
grandes innovations des lois de 1993. L'article 173 du code de procédure pénale exige que la requête présentée par l'une
des parties et tendant à l'annulation d'un acte ou d'une pièce de la procédure soit motivée. Il en résulte qu'en l'absence de
motivation, la requête doit être déclarée irrecevable (Crim. 1 er févr. 1994, n o 93-84.210 , Bull. crim. n o 45). Ce défaut de
motivation ne peut être suppléé par le dépôt au greffe de la chambre d'accusation [de l'instruction] d'un mémoire précisant les
nullités qui vicieraient les actes de la procédure visés dans la requête (même arrêt).

653. Déclaration au greffe. - La requête doit, à peine d'irrecevabilité, faire l'objet d'une déclaration au greffe de la chambre de
l'instruction. Elle est constatée et datée par le greffier qui la signe ainsi que le demandeur ou son avocat. Si le demandeur ne
peut signer, il en est fait mention par le greffier. Lorsque le demandeur ou son avocat ne réside pas dans le ressort de la
juridiction compétente, la déclaration au greffe peut être faite au moyen d'une lettre recommandée avec demande d'avis de
réception. Lorsque la personne mise en examen est détenue, la requête peut également être faite au moyen d'une
déclaration auprès du chef de l'établissement pénitentiaire. Cette déclaration est constatée et datée par le chef de
l'établissement pénitentiaire qui la signe, ainsi que le demandeur. Si celui-ci ne peut signer, il en est fait mention par le chef de
l'établissement. Ce document est adressé sans délai, en original ou en copie et par tout moyen, au greffe de la chambre de
l'instruction (C. pr. pén., art. 173, al. 3). « Satisfait aux exigences de l'article 173 du code de procédure pénale la requête en
annulation formée par l'avocat d'une personne morale mise en examen, sans que soit mentionné l'organe qui représente
cette personne morale » (Crim. 6 nov. 2002, Gaz. Pal. 3-5 août 2003, p. 18, note Monnet).

6 5 4 . Actes pouvant faire l'objet d'un appel. - Les dispositions des alinéas 1 er à 3 ne sont pas applicables aux actes de
procédure qui peuvent faire l'objet d'un appel de la part des parties (Crim. 7 déc. 1993, n o 93-84.188 , Bull. crim. n o 372), et
notamment des décisions rendues en matière de détention provisoire ou de contrôle judiciaire (C. pr. pén., art. 173, al. 4. -
Crim. 30 juin 1987, Bull. crim. n o 276 ; Gaz. Pal. 1988. 1. Somm. 180), comme l'ordonnance rendue par le président de la
chambre d'accusation [de l'instruction] pour désigner un juge chargé d'instruire en matière d'infractions économiques (Crim.
17 nov. 1987, Bull. crim. n o 410 ; Gaz. Pal. 1988. 1. Somm. 180), ou la constatation de l'irrecevabilité d'une constitution de
partie civile qui nécessite une ordonnance motivée (Crim. 28 juin 1988, Bull. crim. n o 282). Au contraire est recevable la
requête visant l'ordonnance, non susceptible d'appel, prescrivant la vente aux enchères d'un véhicule (Crim. 7 déc. 1993,
préc.). N'encourt pas la censure l'arrêt qui déclare irrecevable la requête en annulation d'une ordonnance de renvoi devant le
tribunal correctionnel, dès lors que la nullité d'une ordonnance de cette nature ne peut être invoquée devant la chambre
d'accusation [de l'instruction] qu'à l'occasion d'un appel interjeté dans les conditions limitativement énumérées par la loi (Crim.
26 janv. 2000, n o 99-85.098 , Bull. crim. n o 45). Doit être déclarée irrecevable la requête en annulation d'actes d'information
présentée devant la chambre d'accusation [de l'instruction] et fondée sur l'irrecevabilité alléguée de la constitution de partie
civile, dès lors que cette exception n'entre pas dans les prévisions des articles 171 et 173 du code de procédure pénale et
doit être soumise au juge d'instruction qui statue par ordonnance susceptible d'appel (Crim. 12 janv. 2000, n o 99-86.999 ,
Bull. crim. n o 18 ; JCP 2000. IV. 500).

655. Procédure spécifique prévue par l'article 706-60 du code de procédure pénale. - La procédure instituée par l'article 173 du
code de procédure pénale ne peut être utilisée pour contester l'ordonnance du juge des libertés et de la détention autorisant
le recueil des déclarations d'un témoin sans révélation de son identité. Seul le recours prévu par l'article 706-60 du code
précité peut être exercé par la personne mise en examen à l'encontre de cette décision (Crim. 15 févr. 2006, n o 05-87.002 ,
Bull. crim. n o 44 ; D. 2006. IR 949 ; Procédures mai 2006. Comm. 23, note Buisson ; Gaz. Pal. 28-29 mars 2007, p. 10, note
Monnet).

656. Nullité de la mise en examen. - Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, l'article 80-1 du code de procédure
pénale dispose qu'« à peine de nullité, le juge d'instruction ne peut mettre en examen que les personnes à l'encontre
desquelles il existe des indices graves ou concordants rendant vraisemblable qu'elles aient pu participer, comme auteur ou
comme complice, à la commission des infractions dont il est saisi » (C. pr. pén., art. 80-1).

657. Règle de l'unique objet. - La chambre de l'instruction ne peut être saisie directement, en application de l'article 173 du
code de procédure pénale, que pour statuer sur des moyens pris de la nullité de la procédure : les demandes tenant à faire
constater, en l'absence de nullité, l'extinction de l'action publique, notamment par la prescription, n'entrent pas dans les
prévisions de ce texte et doivent être déclarées irrecevables (Crim. 7 févr. 1995, n o 93-85.026 , Bull. crim. n o 50. - Crim.
27 févr. 2001, n o 00-86.747 , Bull. crim. n o 50). Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, la partie peut toutefois
faire statuer sur la prescription de l'action publique (C. pr. pén., art. 82-3). L'identité de motifs entre une requête en
annulation de pièces de la procédure et une demande de contre-expertise précédemment rejetée par une ordonnance,
susceptible d'appel, du juge d'instruction, n'entre pas dans les prévisions de l'article 173, dernier alinéa, du code de
procédure pénale, dans sa rédaction issue de la loi du 24 août 1993, dont les dispositions sont limitatives (Crim. 12 déc. 1994,
n o 94-84.589 , Bull. crim. n o 402). Il en est de même s'agissant d'une requête ayant pour objet de faire apprécier la
recevabilité de la constitution de partie civile qui n'entre pas dans les prévisions du texte et doit être déclarée irrecevable
(Crim. 30 oct. 2001, n o 01-84.779 , Bull. crim. n o 223). C'est à bon droit qu'une chambre de l'instruction déclare irrecevable
une demande de constatation de la prescription présentée à l'occasion d'une requête en annulation d'actes de la procédure.
Une telle demande est étrangère à l'objet de la requête et doit être soumise au juge d'instruction en application de
l'article 82-3 du code de procédure pénale (Crim. 26 juin 2007, n o 07-81.895, JCP 2007. IV. 2634).

658. Intérêt à agir. Acte concernant une autre personne. - Un inculpé n'est pas recevable à se prévaloir d'une irrégularité qui
aurait pu affecter un acte concernant un coïnculpé (Crim. 17 oct. 1989, Bull. crim. n o 365). En tout cas, telle était la
jurisprudence habituelle de la chambre criminelle avant les mutations profondes de ces dernières années, entraînées par la
jurisprudence de la Cour européenne des droits de l'homme. C'est ainsi que la Cour de cassation décide, le 6 septembre 2006
que le requérant à la nullité peut invoquer l'irrégularité d'un acte de la procédure concernant un tiers si cet acte, illégalement
accompli, a porté atteinte à ses intérêts (Crim. 6 sept. 2006, n o 06-84.869 , Bull. crim. n o 208 ; Gaz. Pal. 28-29 mars 2007,
p. 7, note Monnet. - V. aussi Crim. 31 mai 2007, n o 07-80.928 , JCP 2007. IV. 2403 ; D. 2007., AJ 2033 ). De même, le
demandeur en nullité est recevable à proposer des moyens tirés de l'irrégularité d'actes accomplis dans une information à
laquelle il n'est pas partie et qui ont été versés à la procédure lorsqu'il invoque une atteinte à l'un de ses droits commise dans
la procédure distincte ou que les pièces versées sont susceptibles d'avoir été illégalement recueillies (Crim. 16 févr. 2011,
n o 10-82.865 , Bull. crim. n o 29 JCP 2011, p. 421). Mais cette extension a connu un coup d'arrêt avec la décision rendue par
la chambre criminelle à propos de la garde à vue le 14 février 2012, confirmée par la suite (Crim. 14 févr. 2012, Crim. 7 mars
2012, Crim. 13 mars 2012, Crim. 3 mai 2012, Crim. 10 mai 2012 et Crim. 12 sept. 2012, préc. supra, n o 640, et adde :
Com m ission rogatoire).

6 5 9 . Intérêt à agir. Pièces d'une autre procédure. - De même, traditionnellement, l'inculpé qui n'allègue aucune atteinte
personnelle par lui subie dans les droits reconnus par l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme ne
saurait invoquer ni la disposition de la commission rogatoire prescrivant les écoutes téléphoniques pratiquées à l'égard de
tiers, ni se prévaloir du texte susvisé pour contester la validité de la mesure d'instruction (Crim. 10 mars 1993, n o 91-80.936
, Bull. crim. n o 106). Mais la jurisprudence de la chambre criminelle a considérablement évolué sur ce point après l'arrêt de la
de la Cour européenne des droits de l'homme du 24 août 1998 (Lambert c/ France), puis après celui du 29 mars 2005
(Mathéron c/ France) : « C'est à tort qu'une chambre de l'instruction énonce qu'une personne mise en examen n'est pas
recevable à contester la régularité d'écoutes téléphoniques réalisées sur des lignes dont elle n'était ni la titulaire, ni
l'utilisatrice, toute personne mise en examen dont les conversations téléphoniques ont été enregistrées et retranscrites ayant
qualité au sens de l'article 171 du code de procédure pénale pour contester la régularité de ces mesures » (Crim. 15 janv.
2003, BICC 576, n o 478 ; D. 2003. IR 604 ).

660. Le contrôle de la chambre de l'instruction peut désormais aussi porter sur des dossiers ou des pièces jointes : encourt la
censure l'arrêt de la chambre de l'instruction qui refuse d'examiner la régularité d'une enquête, effectuée en application des
dispositions de l'ordonnance du 1 er décembre 1986 et révélant des infractions de droit commun, seules poursuivies, au motif
que cette enquête ne figurerait au dossier qu'à titre de simple renseignement et ne constituerait ni une enquête économique,
ni une enquête préliminaire. Il appartenait à la chambre de l'instruction de répondre au mémoire qui excipait d'un
détournement de procédure ayant consisté à ne recourir aux dispositions de l'ordonnance du 1 er décembre 1986 qu'à seule
fin de mettre à jour des délits de droit commun en s'affranchissant des règles de procédure relatives aux enquêtes
préliminaires. De même, elle ne pouvait se dispenser d'examiner si, comme il était allégué, des actes avaient été accomplis par
des fonctionnaires incompétents territorialement (Crim. 31 janv. 2006, n o 05-80.640 , Bull. crim. n o 30 ; Dr. pénal 2006.
Comm. 93 et 115, note Maron ; JCP 2006. I. 159, obs. Maron, Robert et Véron ; Gaz. Pal. 6-8 août 2006, p. 9, note Monnet).
Le 7 décembre 2005 (n o 05-85.876 , Bull. crim. n o 327 ; D. 2005. IR 253 ; RSC 2006. 343, obs. Commaret ), la
chambre criminelle juge que le contrôle pouvait porter sur la régularité d'écoutes téléphoniques réalisées dans le cadre d'une
information étrangère à celle dont était saisie la chambre d'instruction. Elle a ensuite implicitement indiqué que la personne
mise en examen est recevable à proposer à la chambre de l'instruction des moyens de nullité pris de l'irrégularité d'actes
accomplis dans une information à laquelle elle n'a pas été partie et qui sont versés dans la procédure soumise à la juridiction,
lorsque cette personne invoque une atteinte à l'un de ses droits qui aurait été commise dans la procédure distincte ou que les
éléments versés dans l'information dans laquelle elle est mise en examen sont susceptibles d'avoir été illégalement recueillis
(Crim. 8 juin 2006, n o 06-81.796 , Bull. crim. n o 166 ; JCP 2006. IV. 2464 ; Gaz. Pal. 2-3 févr. 2007, p. 11, note Monnet).
Enfin, la chambre criminelle estime qu'un mis en examen peut soulever la nullité de l'audition de la partie civile par l'expert
(Crim. 17 janv. 2006, n o 05-86.326 , Bull. crim. n o 19 ; AJ pénal 2006. 175, note Girault ; Gaz. Pal. 6-8 août 2006, p. 27,
note Monnet). L'évolution de la jurisprudence sur l'intérêt à agir est donc considérable.

6 6 1 . La chambre d'accusation [de l'instruction] n'a pas à répondre aux articulations d'un mémoire invoquant des nullités
d'acte de l'information que la partie civile, en application de l'article 175, alinéa 2, du code de procédure pénale, n'était plus
recevable à proposer (Crim. 26 janv. 2000, n o 99-85.725 , Bull. crim. n o 41). « L'intérêt à agir de l'auteur d'une requête en
annulation doit permettre un contrôle efficace des actes d'administration de la preuve » (BUISSON, obs. ss. Crim. 15 janv.
2003, Dr. pénal 2003. Comm. 121 ; D. 2003. IR 604 ).

662. Incompétence. - Lorsqu'un juge d'instruction s'est déclaré incompétent, par ordonnance devenue définitive, et qu'aucune
autre juridiction n'a été saisie, la chambre d'accusation [de l'instruction] n'a pas qualité pour examiner la régularité de la
procédure dont le cours est suspendu (Crim. 13 janv. 1998, BICC 471, n o 482 ; Gaz. Pal. 24-26 mai 1998, p. 27).

663. Fin de l'instruction : information des parties. - Aussitôt que l'information lui paraît terminée, le juge d'instruction en avise
les parties et leurs avocats, soit verbalement avec émargement au dossier, soit par lettre recommandée. Lorsque la personne
est détenue, cet avis peut également être notifié par les soins du chef de l'établissement pénitentiaire, qui adresse sans délai
au juge d'instruction l'original ou la copie du récépissé signé par l'intéressé (C. pr. pén., art. 175, al. 1 er). Depuis l'entrée en
vigueur de la loi du 5 mars 2007, le délai imparti aux parties pour présenter alors des requêtes en nullité est de trois mois s'il
n'y a pas de détenu dans la procédure, d'un mois dans le cas contraire (V. infra, n os 723 s.).

6 6 4 . Témoin assisté. - La loi du 9 mars 2004 a ajouté le témoin assisté à la liste des personnes pouvant présenter une
requête en nullité et cela alors même qu'il n'est pas partie à la procédure. En contrepartie, il est aussi concerné par le délai de
forclusion prévu par l'article 173-1 (V. infra, n os 665 s.).

Section 4 - Moment où la requête doit être présentée


665. Délai de forclusion. - L'article 173-1, issu de la loi du 15 juin 2000, dispose que « sous peine d'irrecevabilité, la personne
mise en examen doit faire état de moyens pris de la nullité des actes accomplis avant son interrogatoire de première
comparution ou de cet interrogatoire lui-même dans un délai de six mois à compter de la notification de sa mise en examen,
sauf le cas où elle n'aurait pu les connaître. Il en est de même pour la partie civile à compter de sa première audition » (sur le
témoin assisté, V. supra, n o 664, et infra, n o 673).

6 6 6 . Application de l'article 173-1 dans le temps. - Le délai de forclusion institué par l'article 173-1 du code de procédure
pénale, entré en vigueur le 1 er janvier 2001, qui impose à la personne poursuivie, à peine d'irrecevabilité, de présenter dans
les six mois suivant la notification de sa mise en examen toute demande d'annulation de son interrogatoire de première
comparution ou d'actes antérieurs, ne commence à courir qu'à compter de la date d'entrée en vigueur dudit article, lorsque la
mise en examen a été notifiée avant cette date (Crim. 20 juin 2001, n o 01-82.438 , Bull. crim. n o 152. - Crim. 19 sept. 2001,
n o 01-85.188 , Bull. crim. n o 184. - Crim. 12 déc. 2001, n o 01-86.880 , Bull. crim. n o 267. - V. aussi COMMARET, Demande
d'annulation d'actes antérieurs à la première comparution. Point de départ du délai de forclusion, RSC 2002. 844 ).

667. Constitutionnalité de l'article 173-1. - Dans un arrêt du 20 juillet 2011 (n o 11-83.194, Bull. crim. n o 163 ; D. 2011. 2118
), la chambre criminelle refuse de renvoyer au Conseil constitutionnel la question prioritaire de constitutionnalité mettant en
cause l'article 173-1 du code de procédure pénale, pris en la première phrase de son premier alinéa, qui rend irrecevable tout
moyen tiré de la nullité d'un acte d'enquête ou d'instruction antérieur à l'interrogatoire de première comparution s'il n'est
présenté par le mis en examen dans les six mois suivant cet interrogatoire, en ce qu'il porterait atteinte aux droits et libertés
garantis par la Constitution, particulièrement le droit à un recours juridictionnel effectif, le respect des droits de la défense, le
droit à un procès équitable et le principe de l'égalité des armes. Selon la Haute juridiction, la question ne présente pas, à
l'évidence, un caractère sérieux en ce que le délai imparti à la personne mise en examen, par la disposition législative
contestée, qui est destiné à éviter une remise en cause tardive de l'information de nature à fragiliser la procédure, est justifié
par l'objectif à valeur constitutionnelle de bonne administration de la justice, la chambre de l'instruction ayant le pouvoir de
relever d'office tout moyen de nullité à l'occasion de l'examen de la régularité des procédures qui lui sont soumises. Par
ailleurs, la personne mise en examen a toujours la faculté de discuter la valeur probante des pièces de la procédure devant la
juridiction de jugement.

668. Modification de jurisprudence et article 173-1. - La chambre criminelle a confirmé l'application de l'article 173-1 du code de
procédure pénale dans le domaine de la garde à vue alors que des modifications jurisprudentielles imprévues étaient
intervenues postérieurement à l'expiration du délai (Crim. 27 avr. 2001, n o 11-80.076, Bull. crim. n o 75 ; D. 2011. 1352, obs.
Bombled . - Crim. 27 sept. 2011, n o 11-81.458 , Bull. crim. n o 186 ; AJ pénal 2012. 43, obs. Girault ). Il en est de même
des conséquences de l'ordonnance de renvoi : lorsque la juridiction correctionnelle est saisie par l'ordonnance de renvoi du
juge d'instruction, les parties sont irrecevables à soulever des exceptions tirées de la procédure antérieure, notamment des
procès-verbaux d'audition de garde à vue (Crim. 6 déc. 2011, n o 11-80.326 , Bull. crim. n o 247 ; JCP 2012, p. 102).

669. Mise en examen supplétive. - Une mise en examen supplétive, intervenue après jonction d'une procédure distincte, n'a
pas d'effet sur l'écoulement du délai de six mois prévu par l'article 173-1 du code de procédure pénale (Crim. 4 avr. 2002,
n o 02-80.156 , Bull. crim. n o 79 ; D. 2002. IR 1808 ; JCP 2002. IV. 1893).

6 7 0 . Modalités. - Le délai de forclusion institué par l'article 173-1 du code de procédure pénale s'applique selon ce texte,
indistinctement aux moyens de nullité présentés, par requête ou par mémoire, par toute personne mise en examen (Crim.
4 avr. 2002, n o 02-80.047 , Bull. crim. n o 80 ; JCP 2002. IV. 2007). Il ne commence à courir qu'à compter de la date de
l'interrogatoire de première comparution (Crim. 29 oct. 2003, JCP 2004. IV. 1045 ; D. 2004. IR 109 ). Lorsqu'un délai est
exprimé en mois, ce délai expire le jour du dernier mois qui porte le même quantième que le jour de l'acte, de l'événement, de
la décision, ou de la notification qui fait courir le délai, lequel ne peut être prorogé qu'en application des dispositions de
l'article 801 du code de procédure pénale ; seule la date de réception de la requête à la cour d'appel doit être retenue (Crim.
11 mai 2010, n o 10-81.055 , Procédures 2010. Comm. 326, obs. Chavent-Leclère). Lorsqu'un rapport d'expertise est
déposé avant un interrogatoire et que la partie a laissé passer le délai de six mois prévu à l'article 173-1 du code de
procédure pénale, elle ne peut plus agir en nullité de cette expertise même si celle-ci a été notifiée postérieurement à
l'interrogatoire et moins de six mois avant la requête en nullité (Crim. 23 août 2005, n o 03-87.719 , Bull. crim. n o 209 ; JCP
2005. IV. 3137). Sont irrecevables, comme tardives, les requêtes en annulation d'ordonnances de transmission de pièces et
des pré-rapport et rapport subséquents présentés plus de six mois après les interrogatoires des mis en examen qui avaient
pour unique objet l'enregistrement de leurs voix sur la régularité de laquelle les avocats de ces mis en examen émettaient les
plus expresses réserves, dès lors que l'intérêt à agir des demandeurs était né avant que leur soient notifiées les conclusions
du pré-rapport et du rapport (Crim. 25 oct. 2011, n o 11-84.485 , Bull. crim. n o 215, Dalloz actualité, 30 nov. 2011, obs.
Gayet, AJ pénal 2012. 106, note Léna ).

671. Effets. - L'expiration du délai de forclusion institué par l'article 175 du code de procédure pénale fait obstacle à ce que
les parties invoquent, devant la chambre de l'instruction saisie de l'appel d'une ordonnance de règlement rendue en
application des articles 177, 178, 179 et, depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, 181 du code de procédure
pénale, les nullités de la procédure antérieure à l'avis de fin d'information lorsque celle-ci leur a été régulièrement notifiée.
L'article 173-1 du code de procédure pénale ne confère pas aux parties le droit de demander, après l'expiration du délai de
forclusion prévu par l'article 175 du même code, l'annulation d'actes de la procédure effectués antérieurement à la notification
de l'avis de fin d'information (Crim. 10 juill. 2002, n o 02-83.179 , Bull. crim. n o 152). Mais la forclusion de l'article 175 du code
de procédure pénale ne fait pas obstacle à ce que la chambre de l'instruction relève tout moyen de nullité à l'occasion de
l'examen de la régularité de la procédure auquel elle se livre en application de l'article 206 du code de procédure pénale (Crim.
6 mai 2003, JCP 2003. IV. 2226 ; D. 2003. IR 1667 ).

6 7 2 . Lorsque les parties sont forcloses à solliciter l'annulation d'actes, elles ne peuvent demander à la chambre de
l'instruction d'annuler d'office les actes contestés (Crim. 9 oct. 2002, n o 02-81.441 , Bull. crim. n o 183 ; Procédures 2003.
Comm. 24, note Buisson. - Crim. 27 avr. 2011, n o 11-80.076 , Bull. crim. n o 75 ; AJ pénal 2011. 473, note Ascensi ;
D. 2011. 1352, obs. Bombled ).

673. Témoin assisté. - Le témoin assisté est désormais assujetti aux exigences posées par l'article 173-1. Dès lors qu'une
personne a été entendue comme témoin assisté, elle dispose de six mois pour contester les actes d'enquête et d'instruction
antérieurs à cette audition ou concernant ladite audition. On peut supposer que par la suite, si la personne est mise en
examen, elle n'aura plus la possibilité de faire annuler des actes dont elle n'aurait pas soulevé la nullité lorsqu'elle était
témoin assisté, dès lors que six mois se sont écoulés. Le témoin assisté se doit donc de prendre des précautions s'il ne veut
pas laisser passer la possibilité d'annulation d'une pièce importante, par exemple, sa garde à vue… (V. C. GUÉRY, De la
nécessité pour le témoin assisté de l'être bien, AJ pénal 2005. 111 ).

Section 5 - Attributions de la chambre de l'instruction


Art. 1 - Président de la chambre de l'instruction
674. Filtre. - (V. Cham bre de l'instruction). Dans les huit jours de la réception du dossier par le greffe de la chambre de
l'instruction, le président peut, par ordonnance non susceptible de recours, constater que la requête est irrecevable en
application de l'article 173, troisième ou quatrième alinéa, des articles 174, alinéa 1 er, ou 175, alinéa 2 ; il peut également
constater l'irrecevabilité de la requête si celle-ci n'est pas motivée. Il en est donc ainsi lorsque les conditions de forme du
dépôt ne sont pas respectées ou lorsque le délai prévu par l'article 175 est dépassé. S'il constate l'irrecevabilité de la
requête, le président de la chambre de l'instruction ordonne que le dossier de l'information soit renvoyé au juge d'instruction ;
dans les autres cas, il le transmet au procureur général qui procède ainsi qu'il est dit aux articles 94 et suivants (C. pr. pén.,
art. 173, al. 5). Selon les dispositions des articles 173, alinéa 5, 174, alinéa 1 er, et 775 du code de procédure pénale, le
président de la chambre d'accusation [de l'instruction], saisi d'une requête en annulation d'actes ou de pièces de la procédure
avant l'expiration du délai de vingt jours [désormais un ou trois mois] à compter de l'envoi de l'avis de fin d'information, peut
en constater l'irrecevabilité, lorsque la chambre d'accusation [de l'instruction] a rejeté une précédente requête par un arrêt
contradictoire à l'égard du demandeur, sans que celui-ci n'ait alors proposé les moyens de nullité présentés dans sa requête
ultérieure et qu'il pouvait connaître (Crim. 1 er oct. 1998, Gaz. Pal. 19-20 mars 1999 ; JCP 1999. IV. 1160).

6 7 5 . Dans une espèce tranchée par la chambre criminelle le 8 novembre 2011 (n o 11-84.544, Bull. crim. n o 228 ;
D. 2011. 2871 , AJ pénal 2012. 235, obs. Perrier , RSC 2012. 195, obs. Danet), un prévenu, mis en examen du chef
d'infractions à la législation sur les stupéfiants, avait déposé une requête aux fins d'annulation du placement sous scellés des
enregistrements de communications téléphoniques interceptées, au motif qu'à l'occasion d'opérations d'expertise portant sur
ces pièces, l'expert avait relevé que la date de création informatique des cédéroms d'interception était postérieure, pour deux
d'entre eux, à celle de leur placement sous scellés. Entre-temps, le prévenu avait été renvoyé devant le tribunal correctionnel,
par ordonnance frappée d'appel. La cour d'appel avait infirmé, évoqué et renvoyé l'affaire à une date ultérieure. Pour déclarer
irrecevable la requête en nullité, le président de la chambre de l'instruction a énoncé qu'elle portait sur des pièces de
procédure frappées d'appel, au sens de l'article 173, alinéa 4, du code de procédure pénale, dès lors que ces mêmes
cédéroms faisaient l'objet d'une ordonnance distincte du juge d'instruction refusant un complément d'expertise, soumise,
parallèlement, à l'examen de la chambre de l'instruction. En en se prononçant ainsi, alors que la personne mise en examen
était recevable à solliciter l'annulation du placement sous scellés des enregistrements en cause, cette requête ne pouvant se
confondre avec la demande présentée, parallèlement, aux fins de complément d'expertise, le président de la chambre de
l'instruction a excédé ses pouvoirs.

676. Saisine par les parties. - Le rôle de filtre du président de la chambre de l'instruction est limité aux cas de saisine par les
parties. L'article 173 du code de procédure pénale, qui n'est pas contraire à l'article 6 de la Convention européenne de
sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, ne subordonne pas la saisine de la chambre de l'instruction
par le juge d'instruction ou le procureur de la République aux fins d'annulation d'un acte ou d'une pièce de la procédure à la
décision préalable du président de cette juridiction. Dès lors, encourt la cassation la chambre d'accusation [de l'instruction]
qui, pour se déclarer irrégulièrement saisie de la requête aux fins d'annulation présentée par le procureur de la République et
renvoyer le ministère public à saisir son président, retient que l'article 173 du code de procédure pénale n'est pas compatible
avec le principe du procès équitable découlant de l'article 6 de la Convention européenne de sauvegarde des droits de
l'homme et des libertés fondamentales (Crim. 9 nov. 1999, BICC 509, n o 240).

677. Limites aux pouvoirs du président. - Excède ses pouvoirs le président de la chambre de l'instruction qui, se fondant sur
l'article 173, dernier alinéa, du code de procédure pénale, rend une ordonnance déclarant irrecevable, au motif que le
demandeur n'en a pas adressé copie au juge d'instruction, la requête en annulation de pièces de la procédure déposée par la
personne mise en examen ; la chambre d'accusation [de l'instruction] se trouve ainsi saisie de cette requête, et la cassation
de la décision attaquée a lieu sans renvoi (Crim. 24 janv. 1994, n os 93-84.406 et 93-84.407 , Bull. crim. n o 33). De
même, excède ses pouvoirs celui qui, se fondant sur l'article 173, dernier alinéa, du code de procédure pénale, rend une
ordonnance déclarant irrecevable, au motif qu'elle invoque les mêmes griefs qu'une demande de contre-expertise rejetée par
ordonnance du juge d'instruction, la requête en annulation de pièces de la procédure déposée par la personne mise en
examen (Crim. 12 déc. 1994, n o 94-84.589 , Bull. crim. n o 402) ou qui se prononce sur le bien-fondé des moyens de nullité
qui y sont proposés (Crim. 13 déc. 1994, n o 94-84.556 , Bull. crim. n o 403). Il en est de même lorsque le président dit qu'il
n'y a pas lieu de saisir la chambre d'accusation [de l'instruction] d'une requête en annulation d'une perquisition effectuée en
exécution d'une commission rogatoire délivrée par les autorités judiciaires autrichiennes au prétendu motif que la chambre
d'accusation [de l'instruction] n'est pas compétente pour statuer sur les nullités d'actes d'instruction ordonnés par des
autorités étrangères, alors que l'incompétence de la juridiction n'entre pas dans l'énumération des cas prévus par l'article 173
du code de procédure pénale (Crim. 17 déc. 1996, n o 96-80.440 , Bull. crim. n o 468 ; D. 1997. IR 65 ). L'article 173,
alinéa 3, du code de procédure pénale impose seulement que la requête aux fins d'annulation de pièces de la procédure ait
fait l'objet d'une déclaration au greffe de la chambre d'accusation [de l'instruction], déclaration constatée, datée et signée par
le greffier et le requérant ou son avocat. Excède ses pouvoirs le président de la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, se
fondant sur l'article 173, dernier alinéa, du code de procédure pénale, déclare irrecevable une requête en annulation au motif
que l'avocat du requérant a bien signé le procès-verbal de dépôt de la requête, mais n'a pas apposé sa signature sur la
requête elle-même (Crim. 17 févr. 1998, BICC 474, n o 703), ou qui prononce l'irrecevabilité de la requête par une appréciation
relative à la pertinence des motifs qu'elle expose (Crim. 4 avr. 2006, n o 06-80.732 , Bull. crim. n o 101 ; D. 2006. IR 1332
; AJ pénal 2006. 315, note Saas ; JCP 2006. IV. 152). Il en est de même lorsque le président de la chambre a pris en
compte le jour d'arrivée de la requête au greffe de la chambre de l'instruction et non à la cour d'appel, les délais
d'acheminement interne à la juridiction ne pouvant faire grief à la personne mise en examen (Crim. 4 avr. 2007, n o 07-80.599
, D. 2007. AJ 1273 ).

678. Recours possible en cas d'excès de pouvoir. - Selon l'article 173, dernier alinéa, du code de procédure pénale, l'ordonnance
d'irrecevabilité du président de la chambre d'accusation [de l'instruction], prévue par ce texte, n'est pas susceptible de
recours. Il n'en est autrement que lorsque son examen fait apparaître un risque d'excès de pouvoir. Tel n'est pas le cas de
l'ordonnance prononçant l'irrecevabilité de la requête en nullité d'actes de la procédure en application de l'article 175,
alinéa 2, de ce code (Crim. 6 mai 1998, n o 96-80.440, Bull. crim. n o 153), ni de l'ordonnance rendue au-delà du délai de huit
jours (Crim. 17 déc. 2002, BICC 572, n o 200, et 573, n o 256).

679. Dans les cas où le président ne rend pas l'ordonnance d'irrecevabilité, il est procédé suivant la procédure devant la
chambre de l'instruction.

Art. 2 - Procédure devant la chambre de l'instruction


680. Irrecevabilité relevée par la chambre de l'instruction. - Si le président ne relève pas l'irrecevabilité, la chambre d'accusation
[de l'instruction] reste compétente pour le faire (Crim. 1 er févr. 1994, n o 93-84.210 , Bull. crim. n o 45). Il en est ainsi
notamment lorsque la requête en nullité n'est pas motivée, ce défaut de motivation ne pouvant être suppléé par le dépôt au
greffe de la chambre d'accusation [de l'instruction] d'un mémoire précisant les nullités qui vicieraient les actes de la procédure
visés dans la requête (même arrêt).

6 8 1 . Tous moyens de nullité doivent être transmis. - Lorsque la chambre de l'instruction est saisie sur le fondement de
l'article 173, tous moyens pris de nullité de la procédure qui lui est transmise doivent, sans préjudice du droit qui lui appartient
de les relever d'office, lui être proposés. À défaut, les parties ne sont plus recevables à en faire état, sauf le cas où elles
n'auraient pu les connaître (C. pr. pén., art. 174, al. 1 er). Méconnaît cette disposition la chambre d'accusation [de l'instruction]
qui, saisie par le juge d'instruction aux fins d'annulation d'un rapport d'expertise, déclare irrecevable le mémoire tendant à
l'invalidation d'autres actes de l'information, régulièrement déposé devant elle, conformément à l'article 198, par deux des
personnes mises en examen dans la même procédure (Crim. 21 juin 1995, Dr. pénal 1995. Comm. 16 et chron. 3). De même,
lorsque la chambre d'accusation [de l'instruction] est saisie par le juge d'instruction et que les parties n'ont pas été avisées
de la date de l'audience où est examinée la régularité de la procédure d'information, elles restent recevables par la suite à
soulever d'éventuelles nullités. Le délai de forclusion prévu par l'article 175 du code de procédure pénale ne peut, en ce cas,
leur être opposé (Crim. 30 nov. 1995, n o 95-84.807 , Bull. crim. n o 365). Les dispositions de l'article 174, alinéa 1 er,
s'appliquent à toutes les parties à la procédure avisées de la date d'audience où est examinée la régularité de celle-ci (Crim.
30 mai 1996, D. 1996. IR 167 ). Des personnes mises en examen sont irrecevables à contester la régularité de l'ouverture
d'un scellé, pratiquée à l'occasion d'une expertise que la chambre d'accusation [de l'instruction] a annulée par un précédent
arrêt, rendu au terme d'une procédure contradictoire à leur égard (Crim. 3 mars 1998, n o 95-84.807, Bull. crim. n o 79 ;
Gaz. Pal. 2-4 août 1998, p. 18). Ne saurait être déclaré irrecevable au sens de l'article 174, alinéa 1 er, du code de procédure
pénale, un moyen de nullité qui invoque un acte de procédure accompli, ou une pièce versée au dossier, postérieurement à un
arrêt de la chambre d'accusation [de l'instruction] ayant statué sur une précédente requête présentée en application de
l'article 173 (Crim. 17 sept. 1996, n o 96-82.232 , Bull. crim. n o 317).

6 8 2 . Pièces non tenues à disposition des parties. - Les dispositions de l'article 174 du code de procédure pénale selon
lesquelles les parties ne sont plus recevables à faire état des moyens de nullité qu'elles n'auraient pas proposés lors d'une
précédente audience de la chambre de l'instruction saisie sur le fondement de l'article 173 du même code, ne peuvent recevoir
application lorsque ces moyens portent sur des actes qui, avant ladite audience, n'avaient pas été tenus à la disposition des
parties dans les conditions prévues par le code de procédure pénale (sol. impl.) [Crim. 14 mai 2002, n o 02-80.721 , Bull.
crim. n o 111]. Si, à l'occasion d'une voie de recours par la chambre de l'instruction, l'entier dossier de l'information à la date de
sa transmission au procureur général doit, en application de l'article 197 du code de procédure pénale, être mis à la
disposition de l'avocat du mis en examen, le respect des droits de la défense impose également de lui communiquer les
nouvelles pièces de l'information parvenues à la connaissance de la juridiction du second degré avant l'examen de l'appel
(Crim. 19 sept. 2006, n o 06-85.657 , inédit, Procédures 2007. Comm. 46, note Buisson). Il résulte de la combinaison des
dispositions des articles 206, 174, alinéa 1 er, et 197 du code de procédure pénale que, saisie d'une requête en nullité, la
chambre de l'instruction examine la régularité des actes de la procédure qui se trouvent dans le dossier déposé au greffe et
tenu à la disposition des avocats des personnes mises en examen et des parties civiles dans les conditions prévues par
l'article 197. Dans cette affaire, le demandeur soutenait que la chambre de l'instruction ne devait examiner la régularité de la
procédure que jusqu'à la cote D. 229, correspondant à la dernière pièce du dossier d'instruction à la date à laquelle avait été
formée la requête en nullité, mais l'arrêt retient, notamment, que le dossier mis à la disposition de son avocat conformément à
l'article 197 du code de procédure pénale comportait les cotes D. 230 à D. 253 (Crim. 27 mai 2009, n o 09-82.115 , Bull. crim.
n o 108 ; RSC 2009. 595, obs. Mayaud ; RSC 2009. 866, obs. Filniez ; RSC 2009. 899, obs. Buisson ; D. 2009. AJ
1697, note Girault ; D. 2009. Pan. 2241, note Pradel ; AJ pénal 2009. 367, obs. Ascensi ; Procédures 2009, n o 284,
note Buisson ; Procédures 2010. Chron. 1, obs. Guérin ; Dr. pénal 2009, n o 114, note Maron et Haas).

683. Règle de l'unique objet. - Lorsqu'elle est appelée à statuer sur une requête déposée par une partie en application de
l'article 173 du code de procédure pénale, la chambre d'accusation [de l'instruction] ne peut, sans excès de pouvoir, statuer
sur une question étrangère au contentieux de l'annulation dont elle est saisie. Encourt la cassation, sur le pourvoi de la partie
civile, l'arrêt de la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, sans prononcer sur la requête d'une personne mise en examen
tendant à l'annulation d'actes de l'instruction, relève d'office que l'action publique est éteinte par la prescription (Crim. 27 févr.
2001, n o 00-80.108 , Bull. crim. n o 49).

6 8 4 . L'article 174 prime les dispositions de l'article 173-1. - Si la chambre de l'instruction a été amenée à statuer sur une
requête en nullité, la partie qui a été régulièrement appelée à cette audience perd le bénéfice des dispositions de
l'article 173-1 du code de procédure pénale, selon lesquelles elle dispose de six mois après chaque interrogatoire ou audition
pour présenter une requête en nullité (V. C. GUÉRY, Un toilettage progressif et personnalisé. Les nullités de l'instruction après
l'entrée en vigueur de la loi du 4 mars 2002, Dr. pénal 2002. Chron. 38).

685. Appel d'une ordonnance de règlement. - Devant la chambre de l'instruction saisie du règlement de la procédure, les parties
sont irrecevables à invoquer, sur le fondement de l'article 206 du code de procédure pénale, des moyens de nullité qui
auraient dû être proposés à cette juridiction en application de l'article 174 du même code, à la suite d'une requête en nullité
présentée au cours de l'information (Crim. 11 juin 2002, n os 01-80.267 et 02-82.093 , Bull. crim. n o 130). L'expiration du
délai de forclusion institué par l'article 175 du code de procédure pénale fait obstacle à ce que les parties invoquent, devant la
chambre de l'instruction saisie de l'appel d'une ordonnance de règlement rendue en application des articles 177, 178, 179 et,
depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, 181 du code de procédure pénale, les nullités de la procédure antérieure
à l'avis de fin d'information lorsque celui-ci a été régulièrement notifié. Les dispositions de l'article 206, alinéa 1 er, du code de
procédure pénale ne sauraient priver d'effets celles de l'article 175 du même code, dès lors que, si elles autorisent les parties
à présenter à la chambre de l'instruction des moyens pris de la nullité des actes de la procédure soumise à cette juridiction,
c'est à la condition que ces moyens ne se heurtent pas à une cause d'irrecevabilité prévue par la loi (Crim. 10 juill. 2002,
D. 2003. Somm. 33, obs. Pradel ; JCP 2002. IV. 2614).

6 8 6 . Commission rogatoire internationale. - Si la chambre de l'instruction est compétente, dans certaines conditions, pour
contrôler la régularité des actes d'instruction effectués sur le territoire français en exécution d'une commission rogatoire
internationale, elle ne saurait, sans excéder ses pouvoirs, porter une appréciation sur les modalités de délivrance et de
transmission d'une telle délégation par les autorités de l'État requérant (Crim. 4 nov. 1997, BICC 466, n o 176). Ne sauraient
être annulés un transport sur les lieux et des vérifications matérielles, effectués à l'étranger, par les autorités judiciaires de
l'État requis, en exécution d'une commission rogatoire internationale, dès lors que la Cour de cassation est en mesure de
s'assurer que les actes dont la nullité est demandée n'ont pas été accomplis en violation des droits de la défense ni d'aucun
principe général du droit (Crim. 4 nov. 1997, BICC 466, n o 177). Selon les dispositions de l'article 3 de la Convention
européenne d'entraide judiciaire du 20 avril 1959, les commissions rogatoires sont exécutées dans les formes prévues par la
législation de l'État requis, ce qui implique que la régularité de leur exécution soit contrôlée par les juridictions de cet État.
Toutefois, si l'article 173 du code de procédure pénale ne fait pas obstacle à ce que la chambre d'accusation [de l'instruction]
soit saisie, selon les modalités prévues par ce texte, d'une requête en annulation de pièces d'exécution en France, c'est à la
condition que ces actes dont la régularité est contestée puissent être mis à la disposition de la juridiction compétente pour en
assurer le contrôle (Crim. 24 juin 1997, JCP 1997. IV. 2158 ; Gaz. Pal. 29-30 oct. 1997, p. 36). Selon l'article 5, paragraphe 4,
de la Convention européenne de sauvegarde des droits de l'homme et des libertés fondamentales, toute personne privée de
sa liberté a le droit de demander à un tribunal qu'il soit statué sur la légalité de sa détention. Il en résulte que la personne
placée sous écrou extraditionnel à l'étranger pour l'exécution d'un mandat d'arrêt délivré par un juge d'instruction français
doit être admise à présenter une requête en nullité sur le fondement de l'article 173 du code de procédure pénale, aux fins de
faire contrôler par la chambre d'accusation [de l'instruction] la légalité de ce mandat au regard de la loi française. Encourt, dès
lors, la censure la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, pour déclarer irrecevable une telle requête en nullité énonce
qu'en vertu de l'article 80-1, alinéa 2, du code de procédure pénale, la personne à l'encontre de laquelle a été délivré un
mandat d'arrêt ne bénéficie des droits reconnus aux personnes mises en examen qu'à compter de sa première comparution
(Crim. 7 nov. 2000, BICC 528, n o 118). Les dispositions de l'article 173 du code de procédure pénale ne font pas obstacle à ce
que la chambre de l'instruction soit saisie, selon les modalités qu'il prévoit, d'une requête en annulation de pièces d'exécution
en France d'une commission rogatoire internationale (Crim. 16 févr. 2010, n o 09-88.273 , Bull. crim. n o 29 ; D. 2010. Actu.
769 ; AJ pénal 2010. 290, obs. Ascensi ).

Section 6 - Nullités présentées postérieurement à l'ordonnance de règlement


Art. 1 - Devant la chambre de l'instruction
687. Fin du deuxième degré obligatoire en matière criminelle. - Jusqu'à l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, la chambre
d'accusation [de l'instruction] examinait la régularité des procédures qui lui étaient soumises en vertu de l'article 181 du code
de procédure pénale ou sur appel d'une ordonnance de règlement (C. pr. pén., art. 206, al. 1 er). Depuis cette date, il n'existe
plus de deuxième degré obligatoire en matière criminelle et le juge d'instruction renvoie la personne directement devant la
cour d'assises. En revanche, l'ordonnance de mise en accusation du juge d'instruction peut faire l'objet d'un appel devant la
chambre de l'instruction.

688. En matière criminelle : appel. - La chambre de l'instruction saisie d'un appel se doit d'examiner la régularité de l'ensemble
de la procédure qui lui est soumise et d'en tirer les conséquences nécessaires. Lorsque le dossier comporte une personne
détenue, la chambre de l'instruction doit statuer dans un délai de quatre mois de l'appel (C. pr. pén., art. 186-2).

689. En matière correctionnelle ou de police. - Dès lors que la chambre d'accusation [de l'instruction] est saisie de l'appel du
ministère public contre une ordonnance de règlement, il lui appartient d'examiner la régularité de l'ensemble de la procédure
qui lui est soumise et d'en tirer les conséquences nécessaires (Crim. 23 mai 1978, Bull. crim. n o 162). Il en est de même sur
appel d'une ordonnance de non-lieu par une partie civile (Crim. 23 avr. 1971, Bull. crim. n o 115). Lorsqu'elle statue sur le
règlement d'une procédure, la chambre de l'instruction est tenue d'examiner les moyens pris de nullité de l'information qui lui
sont proposés par les parties. Elle doit, en raison de la nature même de l'ordonnance entreprise (ordonnance complexe de
renvoi devant le tribunal correctionnel et de rejet de demandes d'irrecevabilité des constitutions de partie civile), statuer sur
le règlement de la procédure, les parties n'étant plus admises, ensuite, en application des articles 174, alinéa 2, et 595 du
code de procédure pénale, à invoquer les moyens de nullité de l'information (Cass., ass. plén., 24 mai 1996, D. 1996. 345,
note Pradel ; JCP 1986. II. 22667, note Chambon).

Art. 2 - Devant les juridictions correctionnelles ou de police


690. Compétence pour juger des nullités sauf en cas de renvoi. - Le tribunal correctionnel a qualité pour constater les nullités
des procédures qui lui sont soumises, sauf lorsqu'il est saisi par le renvoi ordonné par le juge d'instruction ou la chambre de
l'instruction (C. pr. pén., art. 385, al. 1 er). En effet, l'ordonnance définitive de renvoi devant le tribunal de police ou le tribunal
correctionnel couvre, s'il en existe, les vices de la procédure (C. pr. pén., art. 178 et 179).

691. Exceptions : forme du renvoi, qualification. - Toutefois, dans le cas où l'ordonnance ou l'arrêt qui l'a saisi n'a pas été porté
à la connaissance des parties dans les conditions prévues, selon le cas, par l'alinéa 4 de l'article 183 ou par l'article 217, ou si
l'ordonnance n'a pas été rendue conformément aux dispositions de l'article 184, le tribunal renvoie la procédure au ministère
public pour lui permettre de saisir à nouveau la juridiction d'instruction afin que la procédure soit régularisée (C. pr. pén.,
art. 385, al. 2). On rappellera qu'outre les conditions de forme, l'article 184 prévoit que l'ordonnance de règlement indique la
qualification légale du fait imputé à la personne mise en examen et de façon précise, les motifs pour lesquels il existe ou non
contre elle des charges suffisantes. Le juge d'instruction doit désormais indiquer quels sont les éléments à charge et à
décharge réunis contre chacune des personnes qu'il renvoie devant la juridiction de jugement, et qu'il doit encore répondre
aux arguments développés par les parties dans la phase de clôture (V. infra, n o 804). Lorsque le juge d'instruction renvoie
d'un chef d'infraction dont il n'était pas saisi, le tribunal correctionnel doit utiliser l'article 385, alinéa 2. Il en a été ainsi pour un
renvoi pour obtention frauduleuse d'un document administratif, usage de document administratif falsifié et infraction à la
législation sur les étrangers, alors que l'intéressé n'avait pas fait l'objet d'une mise en examen pour l'usage de faux, dont le
juge d'instruction n'était pas saisi (Crim. 20 oct. 1998, n o 97-81.276 , Bull. crim. n o 266. - Sur les distinctions que l'on peut
faire avec les nullités de conséquence, qui sont déjà apparues et seulement reprises dans l'ordonnance de renvoi, V. Crim.
19 févr. 2003, n o 02-81.135 , inédit. - Crim. 14 mai 2003, n o 02-83.254 , inédit. - Et V. C. GUÉRY, Le tribunal correctionnel
et les nullités de l'instruction, Dr. pénal 2004. Chron. 6).

692. Irrégularités dans la délivrance des avis à parties. - La loi n o 99-515 du 23 juin 1999 a prévu également que « lorsque
l'ordonnance de renvoi du juge d'instruction a été rendue sans que les conditions prévues par l'article 175 aient été
respectées, les parties demeurent recevables, par dérogation aux dispositions du premier alinéa, à soulever devant le
tribunal correctionnel les nullités de procédure » (C. pr. pén., art. 385, al. 3). À la différence de l'alinéa 2, l'alinéa 3 de l'article
385 ne suppose pas que la procédure soit renvoyée au parquet pour qu'il saisisse le juge pour régularisation, mais bien que
la juridiction de jugement puisse statuer sur les éventuelles nullités de la procédure. Cet alinéa a fait l'objet d'application
notamment dans le cas où les avis de fin d'information n'avaient pas été délivrés (Crim. 30 mars 2004, n o 02-85.180 , Bull.
crim. n o 80 ; D. 2005. 689, note Pradel ; JCP 2004. IV. 2060). Toutefois, cet alinéa risque de tomber en désuétude : en
effet, depuis la rédaction de l'article 184 par la loi du 5 mars 2007, les exigences formelles relatives à la rédaction de
l'ordonnance de renvoi ont été renforcées. L'ordonnance doit être motivée au regard « des réquisitions du ministère public et
des observations des parties qui ont été adressées au juge d'instruction en application de l'article 175 ». L'insertion de
l'application de l'article 175 au sein de l'article 184 a conduit la Cour de cassation à faire passer dans le champ d'application
de l'alinéa 2 des situations qui relevaient, avant la loi du 5 mars 2007, de l'alinéa 3. Ainsi, dans le cas où le juge d'instruction
règle l'information sans avoir respecté les délais fixés par l'article 175 (Crim. 29 sept. 2010, n o 10-84.003 , Bull. crim.
n o 145 ; AJ pénal 2011. 40, obs. Ascensi ), la chambre criminelle estime que le défaut de respect de l'article 175 du code de
procédure pénale entraîne la nullité de l'ordonnance de renvoi et permet de renvoyer l'affaire au ministère public pour qu'il
saisisse le magistrat instructeur pour régularisation de la procédure. Il en est de même lorsque le réquisitoire définitif n'a pas
été notifié aux avocats des parties : « Lorsque l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel a été rendue sans que
les parties aient été mises en mesure de présenter des observations, les juges saisis de la poursuite doivent renvoyer la
procédure au ministère public pour lui permettre de saisir à nouveau la juridiction d'instruction, afin que la procédure soit
régularisée » (Crim. 21 mars 2012, n o 11-87.660 , Bull. crim. n o 79 ; Dalloz actualité, 4 avr. 2012, obs. Girault ; AJ pénal
2012. 344, obs. Léna ).

693. Personne faisant l'objet d'un mandat d'arrêt. - Dans un arrêt du 11 octobre 2012 (req. n o 43353/07, Abdelali c/ France,
D. 2012. 2452 ; JCP 2012, p. 1425, note Milano), la Cour européenne des droits de l'homme a condamné la France en
retenant que l'impossibilité pour un accusé de contester les preuves retenues contre lui était contraire à la notion de procès
équitable. La chambre criminelle avait en effet appliqué sa jurisprudence traditionnelle selon laquelle la personne en fuite, à
laquelle n'ont pas été notifiés les avis de fin d'information de l'article 175 du code de procédure pénale, n'a pas la possibilité
de soulever des nullités devant la juridiction de jugement. Selon la Cour de Strasbourg, lorsque la renonciation à comparaître
du prévenu n'est pas clairement établie, l'impossibilité pour lui de contester les vices de procédure affectant la phase
d'instruction du fait de l'interprétation retenue par la Cour de cassation de la notion de « partie » au sens de l'article 175 du
code de procédure pénale constitue une violation du droit à un procès équitable. La Cour estime que la simple absence du
requérant de son domicile ou de celui de ses parents ne suffit pas pour considérer qu'il avait connaissance des poursuites et
du procès à son encontre et qu'il était « en fuite ». Dans ces conditions, la Cour estime qu'il n'a pas été démontré que le
requérant avait une connaissance suffisante des poursuites et des accusations à son encontre. Elle ne peut donc conclure
qu'il a essayé de se dérober à la justice ou qu'il a renoncé de manière non équivoque à son droit de comparaître à l'audience.
Le requérant ne s'est pas vu offrir la possibilité de remettre en question l'authenticité de l'élément de preuve et de s'opposer
à son utilisation. Il apparaît donc que la chambre criminelle devra modifier sa jurisprudence et ouvrir la possibilité à ce type de
personnes de soulever des nullités de procédure, soit en faisant application de l'article 385, alinéa 2, et en permettant au
parquet de ressaisir le magistrat instructeur, soit plus probablement en faisant application de l'alinéa 3 en permettant à la
personne de soulever des nullités devant la juridiction elle-même (sur ces points, V. C. GUÉRY, Déclin et renaissance de
l'article 385, alinéa 3, du code de procédure pénale, Dr. pénal 2013, Étude 7).

6 9 4 . Nullités affectant la compétence. - Les nullités affectant la compétence peuvent être soulevées à tout état de la
procédure, y compris pour la première fois devant la Cour de cassation (Crim. 18 mai 1983, Bull. crim. n o 148). Il s'agit aussi
bien de la compétence territoriale que de la compétence d'attribution (Crim. 15 févr. 2000, n o 99-81.685 , Bull. crim. n o 70. -
Crim. 7 juin 2000, n o 99-82.788 , Bull. crim. n o 219), mais uniquement de la compétence juridictionnelle, pas de celle
concernant l'enquête (Crim. 13 nov. 1996, n o 95-84.897 , Bull. crim. n o 405).

6 9 5 . Nullités affectant l'ordonnance de renvoi. - Si, aux termes de l'article 179, alinéa 5, du code de procédure pénale,
l'ordonnance de renvoi, devenue définitive, a pour conséquence de couvrir les vices de la procédure, elle ne saurait couvrir
ses propres vices ou imperfections (Crim. 22 oct. 2003, Procédures févr. 2004. Comm. 36, note Buisson). Après l'entrée en
vigueur de la loi du 5 mars 2007 exigeant du magistrat instructeur qu'il rédige son ordonnance de renvoi en la motivant
particulièrement, certaines juridictions du fond ont annulé des ordonnances de renvoi qui ne répondaient pas totalement aux
exigences de l'article 184 du code de procédure pénale. Il en fut ainsi dans certaines affaires où le juge s'était contenté d'un
copié-collé du réquisitoire définitif (V. C. GUÉRY et LAVIELLE, Copié, collé, jugé ?, Dr. pénal 2011. Étude 24). Mais dans un arrêt
du 2 mars 2011 (n o 10-86.940 , JCP 2011, p. 342 ; D. 2011. 1857, obs. Divialle ; AJ pénal 2011. 252, obs. Ascensi ;
RSC 2011. 421, note Danet ), la chambre criminelle y a mis un terme. Non seulement elle admet dans cette décision le
« copié-collé » dès lors que le juge d'instruction a repris un réquisitoire définitif mais n'a pas été saisi d'observations
particulières des parties auxquelles il aurait dû aussi répondre, mais elle affirme que si l'ordonnance n'a pas été rendue
conformément aux dispositions de l'article 184, « la sanction de cette non-conformité est le renvoi de la procédure au ministère
public pour lui permettre de saisir à nouveau la juridiction d'instruction aux fins de régularisation ». Elle semble ainsi exclure
dans cette hypothèse que soit prononcée la nullité de ladite ordonnance, ce qui fait tomber aussi les difficultés inhérentes au
maintien du mandat de dépôt.

696. Cas particulier prévu par l'article 469 du code de procédure pénale. - La loi du 9 mars 2004 a complété l'article 469 du code
de procédure pénale par un alinéa ainsi rédigé : « Lorsqu'il est saisi par le renvoi ordonné par le juge d'instruction ou la
chambre de l'instruction, le tribunal correctionnel ne peut pas faire application, d'office ou à la demande des parties, des
dispositions du premier alinéa, si la victime était constituée partie civile et assistée d'un avocat lorsque ce renvoi a été
ordonné. Toutefois, le tribunal correctionnel, saisi de poursuites exercées pour un délit non intentionnel conserve la possibilité
de renvoyer le ministère public à mieux se pourvoir s'il résulte des débats que les faits sont de nature à entraîner une peine
criminelle parce qu'ils ont été commis de façon intentionnelle ». Les dispositions interdisant au tribunal correctionnel de
renvoyer le ministère public à se pourvoir si les faits déférés sous la qualification de délit sont de nature à entraîner une peine
criminelle ne sont applicables que lorsque l'ordonnance de renvoi a été rendue postérieurement au 1 er octobre 2004 (Crim.
23 mai 2006, n o 05-86.375 , Bull. crim. n o 143 ; Procédures 2006, n o 190, note Buisson). Dès lors, lorsqu'il est saisi par le
renvoi ordonné par le juge d'instruction ou la chambre de l'instruction, et que la victime, constituée partie civile, était assistée
d'un avocat lorsque ce renvoi a été ordonné, le tribunal correctionnel ne peut, d'office ou à la demande des parties, se
déclarer incompétent au motif que le fait déféré serait de nature à entraîner une peine criminelle (Crim. 21 juin 2011, n o 10-
85.671 , JCP 2011, p. 893 ; D. 2011. 1821 ; RSC 2011. 662, obs. Danet ; RSC 2011. 605, obs. Mayaud ). Méconnaît
l'article 469, alinéa 4, du code de procédure pénale la cour d'appel qui, saisie par l'ordonnance de renvoi du juge d'instruction
de faits qualifiés d'homicide involontaire, estime qu'elle est tenue de statuer en l'état de cette qualification dès lors que les
parties ne l'ont pas remise en cause et que le prévenu n'a pas été invité à s'expliquer sur la qualification criminelle, alors qu'il
lui appartenait de s'interroger sur le caractère intentionnel des faits, ce qui pouvait la conduire à se déclarer incompétente
(Crim. 24 mars 2009, n o 08-84.849 , Bull. crim. n o 60 ; AJ pénal 2009. 318, obs. Roussel ; D. 2009. 1714, chron.
Chaumont et Degorce ; D. 2009. 2140, note Mesa ; RSC 2009. 590, obs. Mayaud ; RSC 2009. 858, obs. Finielz ).
697. Presse. - Les juges du fond saisis d'une ordonnance de renvoi du juge d'instruction en matière d'infractions à la loi sur la
presse, doivent vérifier si la plainte avec constitution de partie civile, combinée avec le réquisitoire introductif, répond aux
exigences de l'article 50 de la loi du 29 juillet 1881 et, en cas d'inobservation de celles-ci, prononcer la nullité des poursuites,
sans que puissent être opposées les dispositions de l'article 179, dernier alinéa, du code de procédure pénale (Crim. 16 nov.
1999, n o 99-82.900 , Bull. crim. n o 261 ; D. 2000. 399, obs. Bigot ). Cette exception n'est recevable qu'en ce qui concerne
la violation de l'article 50 à l'exclusion de tout autre article de la loi du 29 juillet 1881 (Crim. 24 sept. 2002, n os 01-88.597
e t 01-88.674 , Bull. crim. n o 174 ; D. 2003. Somm. 1732, obs. Pradel ; JCP 2002. IV. 2885). Il s'ensuit que le prévenu
renvoyé devant le tribunal correctionnel par ordonnance du juge d'instruction du chef d'un délit de presse, est irrecevable à
invoquer, devant le tribunal, l'irrégularité des réquisitions d'enquête délivrées par le ministère public en application de
l'article 65 de la loi du 29 juillet 1881 (Crim. 16 sept. 2003, JCP 2003. IV. 2896) ou lorsque le juge d'instruction avait instruit
sur la vérité du fait diffamatoire, pratique pourtant prohibée (Crim. 24 sept. 2002, préc. - V. PRADEL, obs. préc.).

698. Omission de statuer. - Le chapeau d'un arrêt du 22 janvier 2003 (n o 01-87.297 , Bull. crim. n o 18 ; JCP 2003. IV. 1529)
est ainsi rédigé : « L'omission, par le juge d'instruction de statuer sur certains des faits dont il est saisi, n'entre pas dans les
prévisions des articles 184 et 385, alinéa 2, du code de procédure pénale. Méconnaît ces dispositions la cour d'appel qui,
constatant que le juge d'instruction n'avait pas statué sur tous les faits dont il était saisi, prononce l'annulation de
l'ordonnance de renvoi ». La chambre criminelle sanctionne la cour d'appel d'avoir annulé l'ordonnance. Pour autant, la
solution n'en est pas moins le retour au juge d'instruction mais cette fois-ci sans annulation de l'ordonnance (C. GUÉRY, Le
tribunal correctionnel et les nullités de l'instruction, Dr. pénal 2004. Chron. 6). Un arrêt du 4 mars 2004 (Crim. 4 mars 2004,
n o 03-85.983 , Bull. crim. n o 57 ; D. 2004. IR 1213 ; AJ pénal 2004. 207, note Leblois-Happe ; JCP 2004. IV. 1782. -
Crim. 17 nov. 2004, n o 03-82.657 , Bull. crim. n o 291 ; JCP 2005. IV. 1130) reprend ce principe avec plus de clarté : « La
juridiction de jugement, qui constate que le juge d'instruction n'a pas statué, comme il en a le devoir, dans son ordonnance de
renvoi, sur tous les faits dont il est saisi, si elle n'est pas autorisée par la loi à annuler ladite ordonnance, a néanmoins la
faculté de renvoyer l'examen de l'affaire à une audience ultérieure et de transmettre le dossier de la procédure au ministère
public, habilité à saisir le juge d'instruction de toutes réquisitions appropriées visant les faits sur lesquels il n'a pas été statué
dans l'ordonnance de règlement ». Le juge d'instruction ne peut rectifier de lui-même une ordonnance incomplète même
lorsqu'il a omis de statuer sur des faits dont il était saisi (Crim. 12 déc. 2000, n o 99-85.310 . - V. aussi C. GUÉRY, L'erreur
matérielle du juge des libertés et de la détention, JCP 2006. I. 104). La juridiction de jugement, qui constate que le prévenu
renvoyé devant elle n'a pas fait l'objet d'une mise en examen par le juge d'instruction, est tenue, en application de
l'article 385, alinéa 2, du code de procédure pénale, de renvoyer la procédure au ministère public pour lui permettre de saisir à
nouveau la juridiction d'instruction par des réquisitions appropriées, aux fins de régularisation (Crim. 15 sept. 2004, n o 04-
83.670 , Bull. crim. n o 211 ; JCP 2004. IV. 320). Le ministère public, auquel le tribunal correctionnel, constatant que le juge a
omis, dans son ordonnance de renvoi, de statuer sur des faits dont il avait été saisi, a renvoyé la procédure aux fins de
régularisation, est habilité à adresser au magistrat instructeur des réquisitions visant les faits sur lesquels celui-ci a le devoir
de statuer (Crim. 21 nov. 2007, n o 07-85.922 ).

Art. 3 - Devant la cour d'assises


699. Incompétence de la cour d'assises. - La cour d'assises ne peut constater aucune nullité de l'information, celles-ci étant
couvertes par l'ordonnance de mise en accusation ou l'arrêt de mise en accusation devenu définitif (C. pr. pén., art. 218. -
Crim. 10 juin 2009, n o 09-81.902 , Bull. crim. n o 119 ; AJ pénal 2009. 414, obs. Royer ). Toutefois, les effets d'une nullité
d'ordre public qui se perpétue peuvent vicier la procédure de jugement (V. Crim. 6 mars 1958, Bull. crim. n o 230, pour la nullité
résultant du maintien au dossier d'une lettre de l'accusé à son conseil en violation de la règle d'ordre public du secret de la
correspondance avec le défenseur).

Section 7 - Annulation
7 0 0 . Atteinte aux intérêts de la personne. - En cas de violation des formes prescrites par la loi à peine de nullité ou
d'inobservation des formalités substantielles, toute juridiction, y compris la Cour de cassation, qui est saisie d'une demande
d'annulation ou qui relève d'office une telle irrégularité ne peut prononcer la nullité que lorsque celle-ci a eu pour effet de porter
atteinte aux intérêts de la personne qu'elle concerne (C. pr. pén., art. 802. - Crim. 2 sept. 1986, Bull. crim. n o 251). Les nouvelles
dispositions des lois de 1993 ne remettent pas en cause, selon la circulaire de la Chancellerie, la jurisprudence de la Cour de
cassation relative aux nullités d'ordre public (Circ. du 24 août 1993 [D. 1993. 474]. - V. Nullités de procédure).

Art. 1 - Actes ou pièces annulables


701. Nullités/prescription. - L'article 173 du code de procédure pénale ne permettant la saisine de la chambre de l'instruction
que dans les cas où un acte ou une pièce de la procédure apparaît frappé de nullité, c'est à tort que cette juridiction, statuant
en vertu de ce texte, se prononce sur l'exception de prescription de l'action publique soulevée par la personne mise en
examen. Néanmoins, celle-ci ne saurait lui faire grief d'avoir rejeté cette exception, dès lors que la décision attaquée est
dépourvue de l'autorité de la chose jugée (Crim. 14 juin 1994, n o 94-81.360 , Bull. crim. n o 236). Désormais, la partie peut
invoquer la prescription de l'action publique selon une procédure particulière (C. pr. pén., art. 82-3).

702. « Actes » ou « pièces » de la procédure. - Au terme « actes » a été ajouté par la loi du 4 janvier 1993, celui de « pièces »
qui semble beaucoup plus large. La circulaire du 27 janvier 1993 (D. 1993. 222) explique cependant que ne sauraient être
annulées comme « pièces de la procédure » les pièces qui ne résultent pas d'un acte d'instruction tel que les écritures des
parties. Ne constituent pas des pièces de la procédure les procès-verbaux de première comparution non encore signés dans
l'attente du débat contradictoire prévu en matière de détention provisoire. En effet, les mentions relatives au débat
contradictoire prescrit par l'article 145, alinéa 4, du code de procédure pénale font partie intégrante du procès-verbal de
première comparution qui ne peut dès lors être signé qu'au moment de sa clôture. Il s'ensuit qu'un avocat ne peut faire valoir
qu'il n'a pu obtenir communication des procès-verbaux de première comparution, non encore signés, de deux coexaminés,
avant le débat contradictoire, pour demander l'annulation du procès-verbal de première comparution de son client (Rennes,
25 janv. 1996, BICC 433, n o 735).

703. La jurisprudence a éclairci ce qui était susceptible de constituer ou non un « acte ou une pièce de la procédure ». Une
épouse, partie civile, a enregistré à l'insu de son époux leurs divers entretiens relatifs aux circonstances de la disparition de
leur fils. Pour refuser d'annuler les actes de la procédure se référant à ces enregistrements et renvoyer l'époux devant la cour
d'assises sous l'accusation d'assassinat, la chambre d'accusation [de l'instruction] a énoncé que les bandes magnétiques
supportant l'enregistrement de conversations effectué par des tiers présentent le caractère de pièces à conviction n'ayant
pas la valeur d'indices de preuve, et ne constituent pas des actes de l'information susceptibles d'être annulés en vertu de
l'article 172 du code de procédure pénale, et que leur transcription n'est que la matérialisation de leur contenu afin d'en
permettre la production aux débats et la discussion contradictoire (Crim. 6 avr. 1993, JCP 1993. II. 22144, note Rassat). La
chambre d'accusation [de l'instruction] ne peut annuler les lettres ou documents qui ne sont pas des actes de l'information
(Crim. 21 mars 1989, Bull. crim. n o 139). Ne constitue pas un acte d'instruction, donc n'est pas annulable, une note manuscrite
du juge faisant état de l'existence d'un témoin, dès lors qu'il ne s'agit pas d'un témoignage irrégulièrement recueilli (Crim.
13 oct. 1992, n o 92-83.072 , Bull. crim. n o 318). Une enquête administrative versée dans une information à titre de
renseignement ne constitue pas un acte ou une pièce de procédure au sens de l'article 173 du code de procédure pénale
(Crim. 16 sept. 2003, D. 2004. Somm. 670, obs. Pradel ; JCP 2003. IV. 2897). Dans la célèbre affaire Bettencourt, alors que
le majordome avait clandestinement procédé à des enregistrements, la chambre criminelle rappelle que ces éléments ne sont
pas en eux-mêmes des actes ou des pièces de l'information, au sens de l'article 170 du code de procédure pénale, et, comme
tels, susceptibles d'être annulés, mais des moyens de preuve qui peuvent être discutés contradictoirement, et la transcription
de ces enregistrements, qui a pour seul objet d'en matérialiser le contenu, ne peut davantage donner lieu à annulation (Crim.
31 janv. 2012, n o 11-85.464 , Bull. crim. n o 27 ; D. 2012. 440, obs. Léna ; AJ pénal 2012. 224, obs. Daoud et Boutron-
Marmion ).

7 0 4 . Réquisitions du ministère public. - La chambre de l'instruction ne peut, sans excès de pouvoir, annuler d'office les
réquisitions du ministère public qui satisfont en la forme aux conditions essentielles de leur existence légale. Dès lors, encourt
la cassation l'arrêt rendu par une chambre d'accusation [de l'instruction] qui, saisie de l'appel d'une ordonnance d'un juge
d'instruction refusant de faire droit aux réquisitions de non-lieu, prononce l'annulation de celles-ci, alors que, bien que prises
en violation des dispositions impératives et préalables de l'article 175 du code de procédure pénale, ces réquisitions n'en
étaient pas moins régulières en la forme et que le magistrat instructeur y avait répondu, à bon droit, par une ordonnance de
passer outre (Crim. 13 nov. 1996, n o 96-83.748 , Bull. crim. n o 404. - Sur ces points, V. LESCLOUS et MARSAT, Le ministère
public est indépendant des juridictions qui ne peuvent annuler ses actes, dès lors qu'ils sont réguliers en la forme, Dr. pénal
1997. Chron. 19. - V. aussi supra, n os 97 s.).

Art. 2 - Étendue de l'annulation


7 0 5 . Actes ayant un lien avec les opérations litigieuses. - Après avoir constaté la nullité d'un acte de saisie, la chambre de
l'instruction doit rechercher tous les actes de la procédure ayant un lien de causalité avec les opérations litigieuses et
prononcer l'annulation de tous les actes dérivant des actes de saisie entachés de nullité (Crim. 4 juin 1969, Bull. crim.
n o 186. - Crim. 1 er déc. 1987, Bull. crim. n o 437. - Crim. 12 févr. 1991, n o 90-86.888 , Bull. crim. n o 68). Dès lors que
l'annulation d'un procès-verbal de transport est prononcée, celle-ci doit porter sur l'ensemble des opérations entachées
d'irrégularité effectuées au cours dudit transport (Crim. 11 déc. 1984, Bull. crim. n o 396). En revanche, la chambre d'accusation
[de l'instruction] qui prononce la nullité de certains actes d'instruction en application de l'article 172 (désormais art. 174) du
code de procédure pénale peut ne pas étendre la nullité à une expertise, dès lors que l'expert ne se réfère à aucun des actes
annulés (Crim. 13 juill. 1971, Bull. crim. n o 230). Sont nuls les actes d'instruction qui procèdent d'actes dont l'annulation a été
prononcée dans la même procédure. Dès lors, encourt la cassation la chambre d'accusation [de l'instruction] qui refuse
d'annuler le procès-verbal d'audition d'un témoin entendu au sujet de pièces saisies au cours d'une perquisition dont
l'annulation est prononcée par le même arrêt (Crim. 4 juin 1997, n o 97-81.706 , Bull. crim. n o 221).

7 0 6 . Actes trouvant leur support dans d'autres actes que ceux qui sont annulés. - Lorsque la chambre d'accusation [de
l'instruction] annule partiellement des actes de procédure, et par voie de conséquence, ordonne la mise en liberté de la
personne mise en examen, les actes subséquents accomplis par le juge d'instruction ne peuvent être annulés que s'ils
trouvent leur support nécessaire dans les actes viciés (Crim. 23 juin 1999, n o 99-82.186 , Bull. crim. n o 149 ; Gaz. Pal.
1999. 1. Doctr. 159). Justifie sa décision une chambre d'accusation [de l'instruction] qui décide de ne pas annuler les
instructions du procureur de la République aux fins d'enquête visant des actes ultérieurement annulés, dès lors qu'elle
constate que ces instructions avaient un autre support, en l'espèce une lettre de dénonciation, et qu'elles étaient
détachables des pièces annulées dont elles ne découlaient pas exclusivement (Crim. 30 juin 1999, BICC 501, n o 1120). Justifie
sa décision la chambre d'accusation [de l'instruction] qui, après avoir constaté l'irrégularité d'une prolongation de garde à vue,
dresse la liste des actes subséquents procédant de cette mesure et les annule sans étendre cette annulation à la mise en
examen et au placement en détention dont elle a souverainement apprécié qu'ils trouvaient leur support dans d'autres actes
que ceux entachés de nullité (Crim. 26 janv. 2000, n o 99-86.166 , Bull. crim. n o 46). Il en est de même de la chambre
d'accusation [de l'instruction] qui, après avoir constaté l'irrégularité d'un placement en garde à vue, n'étend pas l'annulation
de la perquisition effectuée concomitamment, dont elle a souverainement apprécié quelle ne trouvait pas son support dans la
garde à vue entachée de nullité (Crim. 27 juin 2000, n o 00-80.411 , Bull. crim. n o 246), ou lorsqu'elle refuse d'étendre
l'annulation au mandat d'amener décerné par le juge d'instruction, aux réquisitions supplétives du procureur de la République,
au procès-verbal de première comparution et à l'ordonnance de placement en détention provisoire, en énonçant qu'en l'état
des éléments antérieurs de l'information, la garde à vue n'a pas été le préalable nécessaire à ces actes (Crim. 28 mars 2000,
n o 00-80.090 , Bull. crim. n o 137 ; JCP 2000. IV. 1156. - Crim. 15 oct. 2003, JCP 2003. IV. 1044). Justifie sa décision la
chambre d'accusation [de l'instruction] qui, après avoir constaté l'irrégularité d'un placement en garde à vue, n'étend pas
l'annulation à la perquisition effectuée concomitamment, dont elle a souverainement apprécié qu'elle ne trouvait pas son
support dans la garde à vue entachée de nullité (Crim. 19 avr. 2000, n o 00-80.357 , Bull. crim. n o 160. - Crim. 27 juin 2000,
n o 00-80.411 , Bull. crim. n o 246). Lorsque la chambre d'accusation [de l'instruction], qui analyse souverainement les pièces
annexées au réquisitoire introductif, constate que la saisine du magistrat instructeur, quant aux faits, est déterminée par ces
pièces, le réquisitoire ne peut être annulé, s'il satisfait en la forme aux conditions essentielles de son exigence légale (Crim.
4 août 1998, BICC 1998, n o 1365). La théorie dite du « support nécessaire » a largement contribué à modérer les
conséquences des revirements jurisprudentiels relatifs à la garde à vue. Des procès-verbaux de garde à vue sont ainsi
souvent annulés sans qu'aucune autre conséquence n'en soit tirée sur le reste de la procédure (V. Com m ission rogatoire).

707. Mise en examen d'une autre personne. - L'annulation par la chambre de l'instruction concernant une personne mise en
examen n'a pas pour effet de s'étendre à l'interpellation et à la mise en examen d'une autre personne dès lors qu'elles ont
trouvé leur support dans d'autres actes que ceux entachés de nullité (Crim. 19 avr. 2000, n o 00-80.577 , Bull. crim. n o 159).

708. Procédés déloyaux. - La circonstance que des documents ou des enregistrements remis par une partie ou un témoin aient
été obtenus par des procédés déloyaux ne permet pas au juge d'instruction de refuser de les joindre à la procédure, dès lors
qu'ils ne constituent que des moyens de preuve qui peuvent être discutés contradictoirement. La transcription de ces
enregistrements, qui a pour seul objet d'en matérialiser le contenu, ne peut davantage donner lieu à annulation (Crim.
30 mars 1999, n o 97-83.464 , Bull. crim. n o 59 ; JCP 1999. IV. 2765). D'une façon plus générale, la chambre criminelle estime
qu'« aucune disposition légale ne permet aux juges répressifs d'écarter des moyens de preuve remis par un particulier aux
services d'enquête, au seul motif qu'ils auraient été obtenus de façon illicite ou déloyale et il leur appartient seulement, en
application de l'article 427 du code de procédure pénale d'en apprécier la valeur probante après les avoirs soumis à la
discussion contradictoire » (Crim. 27 janv. 2010, Crim. 6 avr. 1993, Crim. 13 oct. 2004 et Crim. 16 juin 2011, préc. supra, n o
270. - Crim. 31 janv. 2012, préc. supra, n o 703. - Crim. 7 mars 2012, n o 11-88.118 , Bull. crim. n o 64 ; D. 2012. 818 ). Il
en est de même s'il s'agit de conversations entre un client et son avocat dès lors que l'autorité publique n'est pas intervenue
dans leur réalisation mais qu'ils ont été produits par un particulier (Crim. 31 janv. 2012, préc.). Toutefois, la chambre criminelle
a mis une limite à cette possibilité dans une hypothèse de préservation du secret médical : « N'a pas donné de base légale à
sa décision la cour d'appel qui, dans la procédure engagée du chef de fausse attestation et usage par le médecin psychiatre
d'un établissement spécialisé, contre, notamment, la mère d'un majeur protégé qui y a séjourné, refuse d'écarter des débats
les pièces du dossier médical et psychologique de ce dernier, produites par la partie poursuivante, sans rechercher si
l'examen public et contradictoire, devant la juridiction correctionnelle, de ces pièces, couvertes par le secret professionnel,
constitue une mesure nécessaire et proportionnée à la défense de l'ordre et à la protection des droits de la partie civile au
sens de l'article 8 de la Convention européenne des droits de l'homme (Crim. 24 avr. 2007, n o 06-88.051 , Bull. crim.
n o 108 ; AJ pénal 2007. 331, obs. Saas ; RSC 2007. 815, obs. Mayaud ; RSC 2007. 838, obs. Filniez ; RSC 2007. 895,
obs. Renucci ; Gaz. Pal. 1 er-2 août 2007, Somm. p. 17).

Art. 3 - Sort des actes annulés


709. Retrait du dossier. Cancellation. - Les actes ou pièces annulés sont retirés du dossier d'information et classés au greffe de
la cour d'appel. Les actes ou pièces de la procédure partiellement annulés sont cancellés après qu'a été établie une copie
certifiée conforme à l'original, qui est classée au greffe de la cour d'appel. Justifie sa décision au regard de l'article 174,
alinéa 2, du code de procédure pénale la chambre de l'instruction qui, après avoir constaté l'irrégularité de poursuites
engagées pour commerce illicite d'armes, se borne à ordonner la cancellation, dans le réquisitoire supplétif saisissant le juge
d'instruction de ce chef et les pièces subséquentes, de toute référence à l'infraction précitée, après avoir retenu que lesdites
poursuites n'étaient pas le fondement exclusif et nécessaire de ces pièces (Crim. 19 mars 2002, n o 01-88.240 , Bull. crim.
n o 63 ; JCP 2002. IV. 1795).

710. Annulation à l'égard de toutes les parties. - Il résulte de l'article 174 du code de procédure pénale que le retrait des pièces
annulées ne peut être prononcé que d'une manière indivisible à l'égard de toutes les parties : le juge ne peut en réserver
l'usage au profit de certaines d'entre elles contre d'autres, qui ne se trouvent plus aux débats (Crim. 8 mai 1974, Bull. crim.
n o 167). Doit en conséquence être cassé l'arrêt d'une chambre d'accusation [de l'instruction] qui, statuant sur renvoi après
cassation, annule, à l'égard de l'auteur du pourvoi, les actes dressés au cours d'une perquisition mais énonce que ces actes
demeurent réguliers pour les autres personnes mises en examen au motif que celles-ci ne se sont pas pourvues (Crim. 28 juin
2000, n o 00-80.292 , Bull. crim. n o 252 ; D. 2000. IR 225 ).

711. Interdiction d'utiliser les actes et pièces annulés. - Il est interdit de tirer des actes et des pièces ou parties d'actes ou de
pièces annulés aucun renseignement contre les parties à peine de poursuite disciplinaire pour les avocats ou les magistrats
(C. pr. pén., art. 174, al. 3). L'interdiction s'étend à tout procédé ou artifice qui serait de nature à reconstituer au mépris de ce
texte la substance des actes annulés (Crim. 30 juin 1981, Bull. crim. n o 224). Le juge ne saurait puiser un renseignement dans
les actes annulés, ou entendre l'auteur de la nullité (Crim. 30 juin 1981, Bull. crim. n o 224 ; Gaz. Pal. 1982. 1. 166). L'audition,
par un magistrat du ministère public, de l'officier de police judiciaire ayant pratiqué une saisie nulle, vise à reconstituer un acte
inexistant, donc apparaît comme un artifice destiné à reconstituer un procès-verbal réputé inexistant (Crim. 23 janv. 1990,
n o 89-85.607 , Bull. crim. n o 42 ; Gaz. Pal. 1990. 2. Somm. 520). Après annulation, la question posée à un témoin pour
l'inviter à dire ce que lui avait demandé le précédent juge d'instruction, en la même qualité, est de nature à provoquer la
reconstitution de la substance du procès-verbal annulé. Mais il n'est porté aucune atteinte aux droits de la défense si le
témoin répond qu'il ne s'en souvient pas, mais qu'il avait sans doute répété ce qu'il avait dit aux policiers (Crim. 29 janv. 1985,
Bull. crim. n o 46). Cette interdiction d'utiliser les actes et pièces annulés ne concerne, aux termes de l'article 173, que les
parties au débat : dès lors, au cours de procédures différentes, la partie civile peut produire de telles pièces (Crim. 9 mars
1981, Bull. crim. n o 86 ; D. 1982. 511, note Jeandidier). Mais il est possible que cette dernière jurisprudence soit obsolète. En
effet, la chambre criminelle estime désormais que « méconnaît les dispositions de l'article 174 du code de procédure pénale,
qui interdit de tirer d'actes ou de pièces annulés dans une procédure antérieure aucun renseignement contre les parties
ayant bénéficié de cette annulation, la cour d'appel qui déclare régulière la procédure suivie devant elle, alors que celle-ci est
exclusivement fondée sur des pièces précédemment annulées, fût-ce dans une information distincte » (Crim. 16 mai 2007,
n o 06-81.815 , D. 2007. AJ 1785 ).
712. Le mémoire du conseil, qui se réfère à des procès-verbaux antérieurement annulés et retirés du dossier, n'est pas un
acte de procédure : il ne doit pas être aussi retiré de ce dossier (Crim. 17 mars 1987, D. 1987. Somm. 409, obs. Pradel).

713. Procédures différentes. - De même, cette interdiction ne s'applique pas lorsqu'il s'agit de procédures différentes, et par
suite, de débats distincts (Crim. 16 févr. 2000, n o 99-86.307 , Bull. crim. n o 72) et lorsque les pièces annulées ne
constituent pas le fondement de la poursuite dans l'autre procédure (Crim. 27 févr. 2001, n o 00-86.747 , Bull. crim. n o 50).

Art. 4 - Poursuite de la procédure


714. Poursuite par le juge à partir des pièces restantes. - Si l'article 174 du code de procédure pénale interdit de tirer des actes
et des pièces annulés aucun renseignement contre les parties, cette disposition ne s'oppose pas à ce que le juge d'instruction
poursuive son information à partir des éléments qui subsistent et procède à de nouvelles mises en examen et de nouveaux
interrogatoires, dès lors que les nouveaux actes ne se réfèrent en aucune façon à ceux qui ont été annulés (Crim. 8 déc.
1 9 9 8 , n o 98-85.683 , Bull. crim. n o 334 ; D. 1999. IR 34 ; JCP 1999. IV. 1723). Lorsqu'il est interjeté appel d'une
ordonnance autre qu'une ordonnance de règlement ou que la chambre de l'instruction est directement saisie, en application
des articles 81, alinéa 9, 82-1, alinéa 2, 156, alinéa 2, et 167, alinéa 4, le juge d'instruction poursuit son information, sauf
décision contraire du président de la chambre de l'instruction. Cette décision n'est pas susceptible de recours. Il en est de même
lorsque la chambre de l'instruction est saisie d'une requête en nullité en application de l'article 173 (C. pr. pén., art. 187). La
décision prise par le président de la chambre de l'instruction de suspendre l'information n'a pas d'effet sur les mesures
d'instruction en cours antérieurement décidées qui peuvent continuer à être exécutées (Crim. 29 sept. 2002, n o 01-88.823,
Bull. crim. n o 121).

715. Chambre de l'instruction : évocation, renvoi. - Après annulation, la chambre de l'instruction peut soit évoquer et procéder
dans les conditions prévues aux articles 201, 202 et 204 du code de procédure pénale (Crim. 29 janv. 1963, Bull. crim. n o 49. -
Crim. 10 févr. 1965, Bull. crim. n o 43), soit renvoyer le dossier de la procédure au même juge d'instruction, ou à tel autre (Crim.
20 nov. 1984, Bull. crim. n o 355. - Crim. 15 sept. 1987, Bull. crim. n o 311. - Crim. 5 sept. 1990, n o 90-83.664 , Bull. crim.
n o 310) afin de poursuivre l'information (C. pr. pén., art. 206, al. 3). La chambre de l'instruction apprécie souverainement
l'opportunité de telle ou telle mesure (Crim. 9 oct. 1990, n o 90-84.327 , Bull. crim. n o 336). La décision par laquelle le
président de la chambre d'accusation [de l'instruction] saisi d'une requête en annulation ordonne, en application de
l'article 187 du code de procédure pénale, la suspension de l'instruction, n'a pas pour effet d'interrompre le délai de vingt
jours imposé aux parties par l'article 175 du code de procédure pénale, pour présenter une requête en annulation ou déposer
une demande d'actes, lorsque l'avis de fin d'information leur a été notifié antérieurement par le juge d'instruction (Crim.
19 avr. 2000, n o 99-86.128 , Bull. crim. n o 158). Depuis la loi du 9 mars 2004, l'évocation peut aussi n'être que partielle
(C. pr. pén., art. 207). Les pouvoirs que tire la chambre de l'instruction de l'audience de contrôle sont très spécifiques
(V. CHAMBON et C. GUÉRY, op. cit. [supra, n o 280], chap. 245).

7 1 6 . Réitérer un acte annulé. - Le juge d'instruction ne peut pas réitérer un acte frappé de nullité avant que la décision
d'annulation ne soit devenue définitive (Crim. 4 nov. 1986, Bull. crim. n o 320). Mais aucune disposition légale ne s'oppose à ce
que le juge d'instruction procède à une nouvelle saisie des pièces déjà saisies puis restituées en exécution d'une précédente
décision prononçant l'annulation d'actes de la procédure, dès lors que le procès-verbal de perquisition et de saisie ne se
réfère en aucune façon aux actes annulés (Crim. 23 mars 1977, Bull. crim. n o 109).

717. Exécution des arrêts de la chambre de l'instruction. - Les arrêts de la chambre de l'instruction ne sont pas immédiatement
exécutoires (C. pr. pén., art. 570 et 571), sauf en matière de détention provisoire (C. pr. pén., art. 207. - Crim. 27 oct. 1986,
Bull. crim. n o 306). Lorsque la chambre d'accusation [de l'instruction], saisie en vertu de l'article 171 (désormais art. 173) du
code de procédure pénale, annule des actes de l'information et, par voie de conséquence, ordonne la mise en liberté de
l'inculpé sans faire appel aux dispositions de l'article 201, alinéa 2, du même code, son arrêt, en application des articles 570 et
571 du code de procédure pénale, n'est pas exécutoire pendant le délai de pourvoi en cassation ; en cas de pourvoi, il n'est
exécutoire que dans les conditions prévues par les articles 570 et 571 précitées (Crim. 24 avr. 1990, n o 89-86.639 , Bull.
crim. n o 150. - V. Détention prov isoire).

718. La nullité peut toucher des pièces dressées dans un autre cadre. - La Cour de cassation a modifié sa jurisprudence en ce
qui concerne la possibilité de faire annuler des pièces provenant d'un autre dossier, et jointes au dossier d'information, qu'il
s'agisse d'écoutes téléphoniques ou, de manière générale, de toute autre pièce jointe au dossier de la procédure (V. supra,
n os 658 et 659).

7 1 9 . Prescription : suspension. - Si la prescription des actions publique et civile n'est pas interrompue par des actes
d'instruction entachés de nullité, elle est suspendue, en pareil cas, par un obstacle de droit, ayant mis la partie poursuivante
dans l'impossibilité d'agir (Crim. 26 mai 1992, n o 91-84.187 , Bull. crim. n o 212).

Chapitre 7 - Dessaisissement du juge d'instruction


7 2 0 . Décision de règlement. - Le dessaisissement du juge résulte normalement de la décision de règlement qui intervient
lorsque l'information est complète et qui se matérialise dans l'ordonnance de clôture (V. infra, n os 754 s.). Cette ordonnance
marque la fin de sa mission et la cessation de ses pouvoirs (Crim. 24 juill. 1961, Bull. crim. n o 353). Exceptionnellement, le
dessaisissement peut intervenir en cours d'information ; celle-ci sera alors poursuivie par un autre magistrat. Le
dessaisissement peut être volontaire ou involontaire. Il peut être dû à un rapprochement entre plusieurs affaires, semblables
ou connexes. Il peut naître de la spécificité des personnes poursuivies ou de la nature des infractions. Il peut encore être une
décision d'autorité. Dans ce dernier cas, il résulte de la décision d'une autre autorité, qui s'impose à lui et dont l'effet est
immédiat et absolu (V. égal. Com pétence, Conflit et Règlem ent de juges).
Section 1 - Dessaisissements dus aux rapprochements entre les affaires
721. Juges d'instruction appartenant à un même tribunal. - Lorsque deux juges d'instruction appartenant à un même tribunal se
trouvent simultanément saisis de la même infraction, le ministère public peut, dans l'intérêt d'une bonne administration de la
justice, requérir l'un des juges de se dessaisir au profit de l'autre. Le dessaisissement n'a lieu que si les deux juges en sont
d'accord. Si le conflit de compétence subsiste, il est procédé conformément aux dispositions de l'article 84 du code de
procédure pénale (C. pr. pén., art. 657). Il en est de même quand les deux juges sont saisis d'infractions connexes ou
d'infractions différentes en raison desquelles une même personne ou les mêmes personnes sont mises en examen
(C. pr. pén., art. 663, al. 1 er).

722. Juges d'instruction appartenant à des tribunaux différents. - Lorsque deux juges d'instruction appartenant à des tribunaux
différents se trouvent simultanément saisis de la même infraction, le ministère public peut, dans l'intérêt d'une bonne
administration de la justice, requérir l'un des juges de se dessaisir au profit de l'autre. Le dessaisissement n'a lieu que si les
deux juges en sont d'accord. Si le conflit de compétence subsiste, il est réglé de juges conformément aux dispositions des
articles 658 et 659 (C. pr. pén., art. 657). Il en est de même lorsqu'ils sont simultanément saisis d'infractions connexes ou
d'infractions différentes en raison desquelles une même personne ou les mêmes personnes sont mises en examen (V.
Règlem ent de juges). En cas de désaccord, il est fait application, s'il y a lieu, des dispositions de l'article 664 (C. pr. pén.,
art. 663, al. 1 er). L'article 664 permet le renvoi de la juridiction saisie à celle du lieu de détention (Crim. 14 janv. 1987, Bull.
crim. n o 22. - Crim. 21 nov. 1989, Bull. crim. n o 433).

723. Initiative du ministère public. - L'article 663 du code de procédure pénale réserve au seul ministère public l'initiative de la
mise en oeuvre de la procédure de dessaisissement entre juges d'instruction. Encourt, dès lors, la cassation l'arrêt de la
chambre de l'instruction qui énonce notamment que, si l'article 663 du code susvisé a pour objet d'autoriser, de manière
exceptionnelle, le ministère public à requérir le dessaisissement d'un juge d'instruction, cette disposition n'exclut pas que le
juge d'instruction puisse prendre l'initiative de ce dessaisissement ou y procède malgré des réquisitions contraires (Crim.
31 mars 2009, n o 08-88.226 , Bull. crim. n o 63 ; AJ pénal 2009. 272, obs. Ascensi ; D. 2009. 1280, obs. Léna ; RSC
2009. 857, obs. Finielz ; Dr. pénal 2009, n o 87, obs. Maron et Haas ; Dr. pénal 2010. Chron. 1, obs. Guérin ; Procédures
2009, n o 249, obs. Buisson).

724. Conséquences sur les actes antérieurs. - L'article 663 du code de procédure pénale ne subordonne pas la réalisation du
dessaisissement qu'il prévoit à la mise en examen préalable des personnes soupçonnées. Ce dessaisissement peut intervenir
dans une procédure suivie contre personne non dénommée. Le juge d'instruction, saisi dans les conditions prévues par cet
article et qui a la maîtrise de son information, est libre du choix de la date de notification de l'inculpation [mise en examen]
nouvelle, dans le respect des prescriptions de l'article 105 de ce code (Crim. 12 juin 1990, n o 90-81.775 , Bull. crim. n o 241).
L'ordonnance de dessaisissement, prévue par l'article 663 du code de procédure pénale, lorsqu'elle est devenue définitive,
est de plein droit attributive de compétence au profit du juge d'instruction qui a accepté d'être saisi, sans qu'il y ait lieu à
réquisitions supplétives de la part du procureur de la République du siège de ce magistrat ; la nullité de telles réquisitions, si
elles ont été prises, est dès lors sans incidence sur la régularité des actes d'information accomplis postérieurement (Crim.
5 févr. 1992, n os 91-85.387 et 91-85.393 , Bull. crim. n o 56). Aucune disposition légale ne fait obligation au juge
d'instruction, saisi après une ordonnance de dessaisissement d'un autre juge d'instruction, de procéder à un nouvel
interrogatoire de première comparution de l'inculpé, lequel a déjà été interrogé par le précédent magistrat instructeur sur les
faits objets de la poursuite (Crim. 9 mai 1968, Bull. crim. n o 149). Une commission rogatoire délivrée par un juge d'instruction
dans une procédure dont il a été saisi en application de l'article 663 du code de procédure pénale est régulière dès lors qu'il a
donné son accord à la saisine (Crim. 6 févr. 1996, BICC 432, n o 670).

7 2 5 . Le dessaisissement d'un juge d'instruction au profit d'un autre, en application de l'article 663 du code de procédure
pénale, s'opère immédiatement et de plein droit par l'accord des deux magistrats. En conséquence, est compétent pour
statuer sur la prolongation de la détention provisoire le juge des libertés du tribunal auquel appartient le juge d'instruction
qui a accepté de se saisir, dès lors que le dessaisissement effectué au profit de ce dernier n'a été remis en cause ni par la
chambre de l'instruction, ni par la Cour de cassation (Crim. 8 juin 2005, n o 05-82.070 , Bull. crim. n o 175 ; JCP 2005.
IV. 2690).

726. Lieu de la détention de la personne. - La loi du 9 mars 2004 ayant ajouté comme critère de compétence principal, le lieu de
la détention de la personne (C. pr. pén., art. 43, 52 et 382), l'article 663, alinéa 2, du code de procédure pénale a été abrogé.
L'article 664, quant à lui, subsiste.

727. Notification de l'ordonnance de dessaisissement. - L'ordonnance de dessaisissement d'un juge d'instruction au profit d'un
autre juge d'instruction appartenant à un tribunal différent doit être considérée comme une ordonnance statuant sur la
compétence ; étant, dès lors, susceptible d'appel notamment de la part de la personne mise en examen, en application de
l'article 186 du code de procédure pénale (Crim. 8 févr. 1994, n o 93-84.479 , Bull. crim. n o 56), elle doit lui être notifiée
conformément aux dispositions de l'article 183, alinéa 2, du même code. Toutefois, cette notification n'est pas prescrite à
peine de nullité de l'ordonnance elle-même et de la procédure subséquente par le texte de loi qui la prévoit. À moins qu'il n'ait
été porté atteinte aux droits de la défense, l'inobservation de cette formalité ne saurait entraîner d'autre effet que de reculer
le point de départ du délai d'appel jusqu'au jour où la notification a été faite (Crim. 9 mai 1968, Bull. crim. n o 149. - Crim.
11 mai 1981, Bull. crim. n o 150. - Crim. 21 août 1986, Bull. crim. n o 250 ; Gaz. Pal. 1987. 1. Somm. 95). C'est sans commettre
aucune violation de la loi que la chambre d'accusation [de l'instruction], saisie d'une ordonnance de dessaisissement par
l'appel d'un inculpé, a pu infirmer cette ordonnance qui était fondée sur la connexité des faits et déclarer que le magistrat
instructeur compétent, doublement comme juge du lieu de l'infraction et comme juge du domicile dudit inculpé, demeurerait
saisi. Il reste aux parties, le conflit de compétence subsistant, à recourir, si elles le jugent utile, à la procédure de règlement
de juges, décrite par les articles 658 et suivants du même code (Crim. 20 oct. 1960, Bull. crim. n o 466).
7 2 8 . Ordonnance définitive. - Le dessaisissement volontaire, étant réalisé par ordonnance, ne devient effectif que lorsque
cette ordonnance est définitive. Jusqu'à cette date, le juge d'instruction, qui demeure légalement saisi, a le droit et le devoir
de procéder à tous actes d'information qui se révéleraient nécessaires. Le mandat de dépôt délivré par le juge d'instruction
dessaisi (et désormais le juge des libertés et de la détention) continue de produire ses effets légaux (Crim. 25 avr. 1960, Bull.
crim. n o 211). Il en est de même pour le mandat d'arrêt.

Section 2 - Dessaisissements liés à la qualité de la personne ou à la nature de l'infraction


729. Mineurs. - L'article 7 de l'ordonnance du 2 février 1945 prévoit les conditions dans lesquelles le juge d'instruction qui
n'est pas au siège d'un tribunal pour enfants doit se dessaisir au profit du juge d'instruction dans le ressort duquel le tribunal
pour enfants a son siège. Un nouveau réquisitoire n'est pas nécessaire (Crim. 26 juin 1991, n o 91-82.576 , Bull. crim.
n o 281). Le dessaisissement du juge de droit commun au profit du juge des mineurs n'est pas laissé à l'appréciation des
magistrats : l'ordonnance de dessaisissement devient une mesure d'administration non susceptible d'appel (Amiens, 8 août
1974, D. 1974. Somm. 122 ; JCP 1975. II. 18164, note Chambon), de sorte qu'elle peut intervenir bien qu'un avocat n'ait pas
encore été désigné d'office pour assister un coïnculpé majeur. Dans un tribunal dépourvu de juridiction pour enfants, le juge
d'instruction requis d'accomplir des actes urgents du chef de vol commis par un mineur rend régulièrement une ordonnance de
dessaisissement au profit du juge du tribunal pour enfants du département (Crim. 26 juin 1991, préc.).

730. Matière économique et financière. - Depuis la loi n o 94-89 du 1 er février 1994 (D. 1994. 172), la procédure auparavant
instituée, en matière économique et financière, pour demander au président de la chambre d'accusation le renvoi d'un dossier
portant sur des infractions économiques et financières au juge d'instruction spécialisé, a été abrogée. L'article 705 du code de
procédure pénale prévoit une compétence concurrente à celle qui résulte de l'application des articles 43, 52, 382, 663,
alinéa 2, et 706-42 du code de procédure pénale. La loi du 9 mars 2004 a modifié la liste des délits énumérés par l'article 704
et a prévu que la compétence territoriale d'un tribunal de grande instance pouvait être étendue au ressort de plusieurs cours
d'appel pour l'enquête, la poursuite, l'instruction et s'il s'agit de délits, le jugement de ces infractions dans les affaires qui sont
ou apparaîtraient d'une très grande complexité. Il résulte des dispositions combinées des articles 704 et 705 du code de
procédure pénale que le dessaisissement du juge d'instruction initialement saisi, requis par le procureur de la République de
son siège, a lieu immédiatement et de plein droit, en cas d'accord entre ce magistrat et le juge d'instruction spécialisé, sans
que des réquisitions nouvelles ou supplétives du ministère public du siège du magistrat saisi soient nécessaires (Crim.
23 janv. 2002, BICC 553, n o 319).

Lire la mise à jour


731. Infractions militaires. - Les articles 697 et suivants du code de procédure pénale prévoient la spécialisation d'un tribunal
de grande instance par cour d'appel pour l'instruction et le jugement des infractions militaires, ces règles pouvant aboutir au-
dessaisissement du juge d'instruction initialement saisi. La loi n o 2011-1862 du 13 décembre 2011 a supprimé le tribunal aux
armées de Paris dont les attributions sont transférées au pôle spécialisé en matière militaire du tribunal de grande instance
de Paris. À partir du 1 er janvier 2012, c'est ce pôle qui est seul compétent en matière d'infractions commises par ou à
l'encontre de militaires français en temps de paix et hors du territoire de la République (C. pr. pén., art. 697-4. - V. Justice
m ilitaire).

7 3 2 . Terrorisme. - Les articles 706-16 et suivants du code de procédure pénale prévoient des règles de compétence
particulière en matière de terrorisme, règles pouvant aboutir au-dessaisissement du juge d'instruction initialement saisi (V.
Com pétence et Terrorism e).

733. Santé publique. - La loi du 9 mars 2004 a également complété le dispositif mis en place par celle du 4 mars 2002 en ce qui
concerne les infractions commises en matière sanitaire. Désormais, un décret fixe la liste des juridictions spécialisées qui
exercent une compétence concurrente, dans les conditions et selon les modalités prévues par l'article 705, à celle qui résulte
des articles 43, 52, et 382.

734. Criminalité organisée. - La loi du 9 mars 2004 a prévu la création de juridictions spécialisées amenées à instruire et juger
les délits et crimes prévus par les articles 706-73 et 706-74 du code de procédure pénale et qui sont ou apparaîtraient d'une
grande complexité (V. MOLINS, De la nécessité de lutter plus activement contre les nouvelles formes de criminalité, AJ pénal
2004. 177 ). La compétence territoriale d'un tribunal de grande instance et d'une cour d'assises peut ainsi être étendue. Un
décret a fixé la liste de huit juridictions interrégionales : Paris, Bordeaux, Marseille, Fort-de-France, Lille, Lyon, Rennes, Nancy.
L'article 706-77 du code de procédure pénale prévoit que le procureur de la République des juridictions non spécialisées peut
requérir le juge d'instruction de se dessaisir au profit de la juridiction d'instruction compétente en vertu de l'article 706-75. Les
conditions procédurales de ce dessaisissement sont prévues aux articles 706-77 et 706-78 du code de procédure pénale.

7 3 5 . Autres cas de dessaisissement en raison de compétences concurrentes. - Le législateur a récemment multiplié les cas
ouvrant la possibilité de désaisissement d'un juge d'instruction en raison de l'existence d'une juridiction spécialisée : il en est
ainsi en matière de pollution maritime (C. pr. pén., art. 706-107 s.), de crimes contre l'humanité ou de crimes et délits de
guerre (C. pr. pén., art. 628 s.), d'accidents collectifs (C. pr. pén., art. 706-176 s.).

736. Dessaisissement du juge d'instruction de la juridiction sans pôle de l'instruction. - Lorsqu'un juge d'instruction instruit une
information dans une juridiction sans pôle et que le parquet ou une partie requiert une cosaisine, le dossier sera confié à
plusieurs juges d'instruction de la juridiction du pôle. Cela nécessite l'accord du juge d'instruction initialement saisi. Dans le
cas contraire, la chambre de l'instruction, saisie par le demandeur, décidera si le dossier est maintenu au juge d'instruction
initialement saisi ou est confié à plusieurs juges d'instruction (C. pr. pén., art. 83-1). Le dessaisissement prend effet à la date
de désignation des juges du pôle. C'est le président de la chambre de l'instruction seul qui est compétent lorsque la cosaisine
est demandée dans une juridiction avec pôle. Mais, dans une judiriction sans pôle, c'est la chambre de l'instruction en
formation collégiale qui est seule compétente. En effet, la décision de cosaisine entraîne alors le dessaisissement du juge
saisi. Le juge d'instruction de la juridiction sans pôle sera encore dessaisi lorsqu'il modifiera la qualification d'une affaire en la
rendant criminelle. Dans cette hypothèse aussi, il sera dessaisi au profit d'un ou de plusieurs juges de la juridiction du pôle.

Section 3 - Dessaisissement d'autorité


Art. 1 - Dessaisissement par le président du tribunal
7 3 7 . Article 84 du code de procédure pénale. - Sous réserve de l'application des articles 657 et 663 du code de procédure
pénale, le dessaisissement du juge d'instruction au profit d'un autre juge d'instruction peut être demandé au président du
tribunal, dans l'intérêt d'une bonne administration de la justice, par requête motivée du procureur de la République, agissant
soit spontanément, soit à la demande des parties. Le président du tribunal doit statuer dans les huit jours par une
ordonnance qui ne sera pas susceptible de voies de recours (C. pr. pén., art. 84, al. 1 er et 2). Alors même qu'elle serait
irrégulière au regard de l'article 84, alinéas 1 er et 2, du code de procédure pénale, l'ordonnance par laquelle le président du
tribunal dessaisit un juge d'instruction au profit d'un autre juge d'instruction du même siège n'est pas susceptible de voies de
recours (Crim. 29 avr. 1976, Bull. crim. n o 134. - V. Juge d'instruction). La requête présentée par le procureur de la
République, en application de l'article 84, alinéa 1 er, du code de procédure pénale, ne peut être annulée par la chambre de
l'instruction lorsqu'elle satisfait en la forme aux conditions essentielles de son existence légale (Crim. 10 juill. 2002, n os 02-
83.539 et 02-84.191 , Bull. crim. n o 150 ; JCP 2002. IV. 2613). L'ordonnance du président du tribunal statuant sur le
dessaisissement du juge d'instruction au profit d'un autre juge d'instruction du même siège, dans les conditions prévues par
les premier et deuxième alinéas de l'article précité du code de procédure pénale, est une mesure d'administration judiciaire
qui n'est pas susceptible de recours (même arrêt).

Art. 2 - Règlement de juges


738. Chambre de l'instruction. - (V. Règlem ent de juges). Lorsque deux juges d'instruction appartenant au même ressort de
cour d'appel se trouvent saisis simultanément de la même infraction, il est réglé de juges par la chambre de l'instruction qui
statue sur requête présentée par le ministère public ou les parties. Cette décision est susceptible d'un recours en cassation
(C. pr. pén., art. 658. - Crim. 11 mai 1989, Bull. crim. n o 195).

7 3 9 . Chambre criminelle de la Cour de cassation. - (V. Cassation [Pourv oi en]). Tous autres conflits de compétence sont
portés devant la chambre criminelle de la Cour de cassation, laquelle est saisie par requête du ministère public ou les parties.
La Cour de cassation peut aussi, à l'occasion d'un pourvoi, régler de juges d'office et même par avance. Elle peut statuer sur
tous actes faits par la juridiction qu'elle dessaisit (C. pr. pén., art. 659. - V. Règlem ent de juges). Lorsque deux juges
d'instruction n'appartenant pas au même ressort se trouvent saisis des mêmes faits et que chacun a rendu une ordonnance
de refus de dessaisissement, devenue définitive, il y a lieu à règlement de juges et les deux informations doivent être réunies
entre les mains de l'un des deux juges d'instruction (Crim. 23 juill. 1985, Bull. crim. n o 276).

740. Citation directe. Détenu. - Lorsqu'un juge d'instruction est saisi de faits qui font l'objet d'une citation directe devant le
tribunal correctionnel, il n'existe aucun conflit positif de juridiction justifiant un règlement de juges en l'absence de décisions
passées en force de chose jugée et contradictoires entre elles (Crim. 18 févr. 1987, Bull. crim. n o 83). Lorsqu'une personne
mise en examen ou un prévenu est détenu provisoirement en vertu d'une ordonnance ou d'un jugement prescrivant la
détention ou en exécution d'une condamnation, le ministère public peut, dans l'intérêt d'une bonne administration de la
justice, notamment pour éviter le transfèrement du détenu, requérir le renvoi de la procédure de la juridiction d'instruction
saisie à celle du lieu de détention. Il est procédé comme en matière de règlement de juges (C. pr. pén., art. 664).

Art. 3 - Dessaisissement par la chambre de l'instruction


741. Après annulation d'un acte, la chambre de l'instruction peut soit évoquer et procéder dans les conditions prévues par les
articles 201, 202 et 204, soit renvoyer le dossier de la procédure au même juge d'instruction ou à tel autre, afin de poursuivre
l'information (V. supra, n o 715. - C. pr. pén., art. 206, al. 3. - Crim. 28 juin 1983, Bull. crim. n o 201). Il en est de même
lorsqu'elle infirme une ordonnance du juge d'instruction en toute autre matière que celle de la détention provisoire
(C. pr. pén., art. 207, al. 2). Lorsqu'un délai de quatre mois s'est écoulé depuis la date du dernier acte d'instruction nécessaire
à la manifestation de la vérité, le président de la chambre de l'instruction peut, par requête, saisir cette juridiction. La chambre
de l'instruction peut, dans l'intérêt d'une bonne administration de la justice, soit évoquer et procéder dans les conditions
prévues par les articles 201, 202, 204 et 205, soit renvoyer le dossier au juge d'instruction ou à tel autre afin de poursuivre
l'information (C. pr. pén., art. 221-1). Il convient par exemple de dessaisir un juge qui n'a accompli aucun acte pendant quinze
mois (Versailles, 31 mars 1989, D. 1990. 22, note Monteils. - V. Cham bre de l'instruction).

742. Article 221-2 du code de procédure pénale. - Les dispositions de l'article 221-2 du code de procédure pénale (V. supra, n os
66 et 632 s.) constituent une cause de dessaisissement du juge d'instruction. Ce dessaisissement résulte soit d'un choix de
la chambre de l'instruction lors du premier « aller-retour » devant elle à la suite du constat de l'absence de réalisation d'un
acte d'instruction pendant le délai imparti par cet article, soit automatiquement par le renouvellement de ce constat lors du
second « aller-retour ». C'est le seul cas de dessaisissement obligatoire du juge d'instruction, mais très peu utilisé.

743. Dessaisissement lorsque la chambre de l'instruction est saisie pour audience de contrôle. - La loi du 5 mars 2007 prévoit,
dans un nouvel article 221-23, que la chambre de l'instruction peut : « 6 o Désigner un ou plusieurs autres juges d'instruction
pour suivre la procédure avec le juge ou les juges d'instruction déjà saisis, conformément à l'article 83-1 ; 7 o Lorsque cette
décision est indispensable à la manifestation de la vérité et à la bonne administration de la justice et qu'il n'est pas possible
de procéder aux désignations prévues au 6 o, procéder au-dessaisissement du juge d'instruction et à la désignation, aux fins
de poursuite de la procédure, d'un ou plusieurs juges d'instruction de la juridiction d'origine ou d'une autre juridiction du
ressort ». Dans le cadre de cette audience, cette possibilité est ouverte à la chambre de l'instruction sans qu'il soit nécessaire
qu'elle ait infirmé une décision du juge saisi ou constaté une nullité de procédure.
Art. 4 - Dessaisissement par le premier président de la cour d'appel
7 4 4 . Demande de récusation. - Tout juge peut être récusé pour les causes définies à l'article 668 du code de procédure
pénale. La personne mise en examen, le prévenu, l'accusé et toute partie à l'instance qui veut récuser un juge d'instruction
doit, à peine de nullité, présenter requête au premier président de la cour d'appel (C. pr. pén., art. 669, al. 1 er). La requête
doit désigner nommément le ou les magistrats récusés et contenir l'exposé des moyens invoqués avec toutes les justifications
utiles à l'appui de la demande (C. pr. pén., art. 669, al. 3). La partie qui aura procédé volontairement devant un juge
d'instruction ne sera reçue à demander la récusation qu'à raison des circonstances survenues depuis, lorsqu'elles seront de
nature à constituer une cause de récusation (C. pr. pén., art. 669, al. 4). La chambre criminelle a refusé de transmettre, le
6 juillet 2011 (n o 11-82.861, D. 2011. 2043 ), une question prioritaire de constitutionnalité portant sur la procédure de
récusation. La Cour de cassation affirme que la question posée ne présente pas, à l'évidence, un caractère sérieux, dès lors
que, d'une part, les règles qui fixent, dans les articles 669 à 672 du code de procédure pénale, la procédure de récusation
d'un juge ou d'un conseiller sont de nature administrative et non juridictionnelle et répondent à l'objectif à valeur
constitutionnelle d'une bonne administration de la justice, en l'espèce la prévention de demandes abusives de nature à
paralyser le cours normal de la justice. Il en va ainsi de la faculté laissée au premier président de la Cour de cassation ou de
la cour d'appel d'apprécier, dans chaque cas, s'il y a lieu de surseoir à la continuation de l'information, des débats ou du
prononcé du jugement, comme de l'absence de recours prévu contre la décision de ce magistrat. D'autre part, la récusation
étant une mesure d'administration judiciaire ne saurait avoir pour effet de remettre en cause la chose jugée. En outre, le seul
fait que le premier président d'une cour d'appel appartienne à la même juridiction que le magistrat dont la récusation est
demandée ne peut suffire à faire douter de son impartialité, s'agissant d'une compétence découlant de la responsabilité
administrative qu'il exerce.

745. Continuation de l'information. - Le premier président notifie en la forme administrative la requête dont il a été saisi au
président de la juridiction à laquelle appartient le magistrat récusé. La requête en récusation ne dessaisit pas le magistrat
dont la récusation est proposée. Toutefois, le premier président peut, après avis du procureur général, ordonner qu'il sera
sursis soit à la continuation de l'information ou des débats, soit au prononcé du jugement (C. pr. pén., art. 670).

746. Mise en état. - Le premier président reçoit le mémoire complémentaire du demandeur, s'il y a lieu, et celui du magistrat
dont la récusation est proposée ; il prend l'avis du procureur général et statue sur la requête (C. pr. pén., art. 671, al. 1 er).
L'ordonnance statuant sur la récusation n'est susceptible d'aucune voie de recours. Elle produit effet de plein droit
(C. pr. pén., art. 671, al. 2).

7 4 7 . Jurisprudence. - La requête d'un inculpé qui reproche à un membre de la chambre d'accusation [de l'instruction] des
manifestations assez graves pour faire suspecter son impartialité constitue non pas une requête en suspicion légitime mais
une requête en récusation, et doit, dès lors, être présentée, sous peine de nullité, au premier président de la cour d'appel. De
la même façon, une requête dirigée contre la présidente d'un tribunal correctionnel mettant en cause son impartialité ne
constitue pas une requête en suspicion légitime mais une requête en récusation (Crim. 17 avr. 2013, n o 13-82.672 , Dalloz
actualité 24 avr. 2013, obs. Léna). La chambre criminelle est incompétente pour statuer sur une telle requête (Crim. 25 nov.
1976, Bull. crim. n o 343). Toute ordonnance rejetant une demande de récusation prononce la condamnation du demandeur à
une amende civile de 75 à 750 € (C. pr. pén., art. 673).

748. Pas de récusation d'office. - Aucun juge d'instruction ne peut se récuser d'office sans l'autorisation du premier président
de la cour d'appel dont la décision, rendue après avis du procureur général, n'est susceptible d'aucune voie de recours
(C. pr. pén., art. 674).

Art. 5 - Dessaisissement par la chambre criminelle


§ 1 - Suspicion légitime
749. Chambre criminelle. - En matière criminelle, correctionnelle ou de police, la chambre criminelle de la Cour de cassation
peut dessaisir toute juridiction d'instruction et renvoyer la connaissance de l'affaire à une autre juridiction du même ordre pour
cause de suspicion légitime (C. pr. pén., art. 662, al. 1 er. - V. Renv oi). La requête aux fins de renvoi peut être présentée soit
par le procureur général près la Cour de cassation, soit par le ministère public établi près la juridiction saisie, soit par les
parties (C. pr. pén., art. 662, al. 2). L'hostilité exprimée publiquement à l'égard d'un délinquant par le juge justifie un renvoi
pour cause de suspicion légitime (Crim. 21 août 1990, n o 90-84.352 , Bull. crim. n o 305). Il n'existe pas de motifs de renvoi
pour cause de suspicion légitime lorsqu'un juge d'instruction, qui envisage la mise en examen d'une personne bénéficiant
d'une immunité parlementaire, rend une ordonnance, visant à obtenir la levée de cette immunité, dans laquelle il relève les
indices graves et concordants laissant penser que la personne poursuivie a participé aux faits dont il est saisi (Crim. 10 juill.
1996, n o 96-82.640 , Bull. crim. n o 294). Est irrecevable la requête tendant au renvoi de la procédure, pour cause de
suspicion légitime devant une autre juridiction du même ordre, n'ayant pas été présentée par le requérant lui-même ainsi que
l'exige l'article 662 du code de procédure pénale mais par un avocat au barreau de Seine-Saint-Denis (Crim. 14 nov. 2012,
n o 12-86.954 , D. 2012. 2739 ).

750. Doute sur l'impartialité. - Est objectivement de nature à faire naître un doute sur l'impartialité du juge d'instruction, selon
l'article 6 de la Convention européenne des droits de l'homme, et constitue, dès lors, un motif de dessaisissement pour cause
de suspicion légitime, au sens de l'article 662 du code de procédure pénale, la circonstance que le magistrat instructeur,
contre lequel une plainte avec constitution de partie civile a été déposée, a rendu une ordonnance de refus d'informer. Saisie de
l'appel d'une telle ordonnance, la chambre d'accusation [de l'instruction] ne pouvait, à défaut du dépôt d'une requête
déposée en application de l'article 662 du code de procédure pénale ou d'une demande de récusation selon l'article 668 du
code de procédure pénale, que constater l'irrégularité de la procédure contraire à l'article 6 de la Convention européenne des
droits de l'homme (Crim. 16 mai 2000, n o 99-85.444 , Bull. crim. n o 191 ; D. 2000. IR 198 ). Un juge d'instruction a été
dessaisi pour avoir manifesté publiquement son hostilité à l'égard d'un inculpé (Crim. 21 août 1990, n o 90-84.352 , Bull.
crim. n o 305 ; RSC 1991. 375, obs. Braunschw eig ). Il en fut de même pour un juge ayant rendu une ordonnance de refus
d'informer injustifiée (Crim. 4 mars 1998, n o 97-86.544 , Bull. crim. n o 86).

§ 2 - Sûreté publique
751. Chambre criminelle. - Le renvoi peut être également ordonné pour cause de sûreté publique par la chambre criminelle,
mais seulement à la requête du procureur général près la Cour de cassation (C. pr. pén., art. 665).

§ 3 - Bonne administration de la justice


7 5 2 . Le renvoi peut également être ordonné, dans l'intérêt d'une bonne administration de la justice, par la chambre
criminelle, soit sur requête du procureur général près la Cour de cassation, soit sur requête du procureur général près la cour
d'appel dans le ressort de laquelle la juridiction saisie a son siège, agissant d'initiative ou sur demande des parties. Dans les
dix jours de la réception de la demande et s'il n'y donne pas suite, le procureur général près la cour d'appel informe le
demandeur des motifs de sa décision. Ce dernier peut alors former un recours devant le procureur général près la Cour de
cassation qui, s'il ne saisit pas la chambre criminelle, l'informe des motifs de sa décision. La chambre criminelle statue dans les
huit jours de la requête (C. pr. pén., art. 665). La requête tendant au renvoi d'une affaire dans l'intérêt d'une bonne
administration de la justice doit être notifiée à chacune des parties, celles-ci devant être informées de leur droit de déposer
un mémoire au greffe de la Cour de cassation dans le délai de huit jours suivant la notification (Crim. 2 sept. 2010, n o 10-
86.257 , Bull. crim. n o 130). Les difficultés causées par l'éloignement d'un inculpé qui réside dans le ressort du tribunal de
grande instance d'Ajaccio ne sont pas à elles seules de nature à justifier le dessaisissement de la juridiction d'instruction de
Papeete, dans le ressort de laquelle le délit poursuivi a été commis et où est situé le domicile de la partie civile, le juge saisi
pouvant agir par commission rogatoire pour la poursuite de l'information (Crim. 6 oct. 1993, D. 1993. IR 252 ). La mise en
cause d'un magistrat dans une plainte avec constitution de partie civile n'est pas à elle seule de nature à justifier le
dessaisissement, dans l'intérêt d'une bonne administration de la justice, de la juridiction d'instruction régulièrement saisie de
la procédure (Crim. 21 sept. 1993, n o 93-84.156 , Bull. crim. n o 267). L'arrêt renvoyant dans l'intérêt d'une bonne
administration de la justice ou pour sûreté publique la connaissance d'une poursuite à un autre juge d'instruction que celui qui
était originairement saisi a pour effet de dessaisir définitivement ce dernier au profit de la juridiction d'instruction désignée par
l'arrêt (Crim. 7 déc. 1961, Bull. crim. n o 516. - Crim. 10 janv. 1978, Bull. crim. n o 13). Les dispositions de l'article 681 du code de
procédure pénale ayant été abrogées par la loi du 4 janvier 1993, rien ne s'oppose à ce qu'une procédure suivie devant une
chambre d'accusation [de l'instruction], désignée pour instruire sur le fondement de ces dispositions alors en vigueur, en
raison de la mise en cause du maire d'une commune, soit renvoyée, dans l'intérêt d'une bonne administration de la justice, au
juge d'instruction territorialement compétent pour informer sur les faits, objets de la poursuite, et saisi, postérieurement à
l'entrée en vigueur de la loi précitée, d'infractions connexes (Crim. 13 nov. 1996, n o 96-85.242 , Bull. crim. n o 406). L'article
665, alinéa 2, du code de procédure pénale qui ouvre la possibilité de renvoyer une affaire d'une juridiction à une autre dans
l'intérêt d'une bonne administration de la justice ne permet pas de disjoindre le cas de certains prévenus (Crim. 20 juill. 2011,
n o 11-85.465 , inédit, D. 2011. 2118 ).

§ 4 - Impossibilité de composer la juridiction ou cours de la justice interrompu


7 5 3 . Le renvoi peut encore être ordonné par la chambre criminelle si la juridiction normalement compétente ne peut être
légalement composée ou si le cours de la justice se trouve autrement interrompu. La requête aux fins de renvoi peut être
présentée, soit par le procureur général près la Cour de cassation, soit par le ministère public établi près la juridiction saisie.
La requête doit être signifiée à toutes les parties intéressées qui ont un délai de dix jours pour déposer un mémoire au greffe
de la Cour de cassation. La chambre criminelle statue dans les quinze jours de la requête (C. pr. pén., art. 665-1).

Chapitre 8 - Clôture de l'information


Section 1 - Notion d'information terminée
754. Obligation de célérité. - Le juge d'instruction apprécie souverainement le moment où l'information est terminée. Il a le droit
et l'obligation de clore l'information lorsqu'il estime que celle-ci est complète (Crim. 23 nov. 1965, Bull. crim. n o 246. - Crim.
3 oct. 1968, Bull. crim. n o 243). Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, il existe toutefois une obligation de célérité
consacrée par la loi (C. pr. pén., art. 175-2. - V. supra, n os 65 s. et 628, et infra, n o 758). Le juge ne peut rendre la décision
finale qu'après avoir reçu les réquisitions du parquet ou laissé s'écouler le délai qui lui est imparti pour régler la procédure. La
clôture comporte donc normalement trois étapes : la communication au procureur de la République, le réquisitoire définitif et
l'ordonnance de clôture qui met de toute façon un terme à la saisine du juge d'instruction. Un juge d'instruction, en affirmant
que l'information était complète, a pu rejeter les réquisitions du parquet tendant à l'évaluation du préjudice en relevant qu'il
ne s'agissait pas d'un élément constitutif du délit de vol (TGI Nîmes, 11 déc. 1984, JCP 1986. II. 20676, note Pansier). Cette
dernière solution apparaît difficilement reconductible depuis que l'article 81-1 dispose que « le juge d'instruction peut, d'office,
sur réquisition du parquet ou à la demande de la partie civile, procéder, conformément à la loi, à tout acte lui permettant
d'apprécier la nature et l'importance des préjudices subis par la victime ou de recueillir des renseignements sur la personnalité
de celle-ci » (L. n o 2000-516 du 15 juin 2000).

7 5 5 . L'appel ne met pas obstacle à la poursuite de l'information. - L'appel d'une partie contre une ordonnance du juge
d'instruction (autre qu'une ordonnance de règlement) laisse ce dernier libre de poursuivre son information, y compris, le cas
échéant, jusqu'au règlement de celle-ci, sauf décision contraire du président de la chambre de l'instruction (C. pr. pén.,
art. 187). Nonobstant un appel, par exemple sur la détention provisoire, le juge d'instruction peut communiquer le dossier si
l'information lui paraît terminée et rendre une ordonnance de renvoi (Crim. 17 mai 1966, Bull. crim. n o 150).

756. Demande tendant à mettre fin à l'information. - Si la décision de fin de l'information est toujours de la compétence du
magistrat instructeur, les parties possèdent depuis 1993 le droit de solliciter qu'il y soit mis fin, dans les circonstances
suivantes : « La personne mise en examen, le témoin assisté ou la partie civile peut, à l'expiration du délai qui lui a été
indiqué en application du huitième alinéa de l'article 116 ou du deuxième alinéa de l'article 89-1 à compter, respectivement, de
la date de la mise en examen, de la première audition ou de la constitution de partie civile, demander au juge d'instruction,
selon les modalités prévues au dixième alinéa de l'article 81, de prononcer le renvoi devant la juridiction de jugement, ou de
déclarer qu'il n'y a pas lieu à suivre, y compris en procédant, le cas échéant, à une disjonction. Cette demande peut
également être formée lorsque aucun acte d'instruction n'a été accompli pendant un délai de quatre mois. Dans le délai d'un
mois à compter de la réception de cette demande, le juge d'instruction y fait droit ou déclare, par ordonnance motivée, qu'il y
a lieu à poursuivre l'information. Dans le premier cas, il procède selon les modalités prévues à la présente section. Dans le
second cas, ou à défaut pour le juge d'avoir statué dans le délai d'un mois, la personne mise en examen, le témoin assisté ou
la partie civile, peut saisir le président de la chambre de l'instruction en application de l'article 207-1. Cette saisine doit
intervenir dans les cinq jours qui suivent la notification de la décision du juge ou l'expiration du délai d'un mois ». La rédaction
actuelle, que nous venons d'exposer, est issue de la loi du 15 juin 2000, mais reprend pour l'essentiel celle de 1993. On a
toutefois ajouté le témoin assisté aux personnes susceptibles de demander le règlement de la procédure. On a également
considéré que cette demande pouvait être déposée lorsque le juge d'instruction n'avait pas accompli d'acte d'instruction
pendant une durée de quatre mois, disposition qui fait double emploi avec la possibilité de demander à la chambre de
l'instruction que le juge soit dessaisi de l'affaire et qui paraît assez peu adaptée : si l'affaire n'est pas en état d'être
audiencée, une requête à cette fin sera forcément rejetée, que ce soit par le magistrat instructeur lui-même ou la chambre de
l'instruction. Cet article est d'ailleurs fort peu utilisé dans la pratique.

757. La délivrance des avis à parties rend irrecevable la demande de clôture de l'information. - La demande tendant à mettre fin à
l'information n'est plus recevable si les avis à parties ont été envoyés. L'article 175-1 prévoit en effet que ses dispositions ne
sont pas applicables après l'envoi prévu à l'alinéa 1 er de l'article 175. Il n'est donc pas possible de demander la clôture dès
lors que le juge d'instruction a envoyé les avis de fin d'information, qui démontrent qu'il entend procéder à cette clôture. Cette
précision confirme la jurisprudence de la chambre criminelle (Crim. 13 juin 1995, n o 94-85.210 , Bull. crim. n o 216).
L'expiration du délai d'un mois prévu par l'article 175-1 n'entraîne pas le dessaisissement du juge d'instruction (même arrêt).
Le texte ne prévoyait pas, dans sa rédaction antérieure, les possibilités de réitérer une telle demande. La jurisprudence avait
admis la possibilité de présenter cette demande au juge d'instruction une fois au plus par période d'une année (Crim. 15 janv.
1997, n o 95-85.481 , Bull. crim. n o 13). Désormais, le texte de l'article 175-1 dispose que « lorsque le juge d'instruction a
déclaré qu'il poursuivait son instruction, une nouvelle demande peut être formée à l'expiration d'un délai de six mois ». La
demande de non-lieu ou de renvoi devant la juridiction de jugement prévue par l'article 175-1 du code de procédure pénale
doit être expresse et ne saurait résulter d'une simple demande de renseignements sur l'état de l'information (Crim. 7 juin
2000, n o 99-81.570 , Bull. crim. n o 215).

7 5 8 . Délai raisonnable. - En toute matière, la durée de l'instruction ne peut excéder un délai raisonnable au regard de la
gravité des faits reprochés à la personne mise en examen, de la complexité des investigations nécessaires à la manifestation
de la vérité et de l'exercice des droits de la défense (V. Droits de l'homme [Convention européenne]). Si, à l'issue d'un délai de
deux ans à compter de l'ouverture de l'information, celle-ci n'est pas terminée, le juge d'instruction rend une ordonnance
motivée par référence aux critères prévus à l'alinéa précédent, expliquant les raisons de la durée de la procédure, comportant
les indications qui justifient la poursuite de l'information et précisant les perspectives de règlement. Cette ordonnance est
communiquée au président de la chambre de l'instruction qui peut, par requête, saisir cette juridiction conformément aux
dispositions de l'article 221-1. L'ordonnance prévue à l'alinéa précédent doit être renouvelée tous les six mois (C. pr. pén.,
art. 175-2). Cette disposition est issue de la loi du 15 juin 2000. L'obligation, pour le juge d'instruction, de rendre
l'ordonnance prévue par l'article 175-2, alinéa 2, du code de procédure pénale, à l'issue du délai de deux ans à compter de
l'ouverture d'une information, si celle-ci n'est pas terminée, n'est pas prescrite à peine de nullité. Une telle ordonnance ne
revêt aucun caractère juridictionnel, le juge d'instruction n'ayant d'autre obligation que de la communiquer au président de la
chambre de l'instruction (Crim. 17 janv. 2006, n o 05-82.197 , Bull. crim. n o 20 ; AJ pénal 2006. 177, note Saas ;
Procédures mai 2006. Comm. 23, note Buisson).

759. Non-réalisation d'actes pourtant obligatoires. - La liberté du juge ne cède même pas, selon la jurisprudence de la chambre
criminelle, devant la non-réalisation d'actes pourtant obligatoires : l'article 81, alinéa 6, du code de procédure pénale qui fait
un devoir au juge d'instruction de ne pas se borner à rassembler les preuves de culpabilité ou de non-culpabilité, mais de
réunir, dans la mesure du possible, les renseignements qui permettront aux juridictions de jugement de déterminer et de
mesurer la peine éventuellement applicable, ne déroge pas à la règle fondamentale d'après laquelle les juridictions
d'instruction ont le droit et le devoir de clore leur information lorsqu'elles estiment que celle-ci est complète (Crim. 23 nov.
1965, Bull. crim. n o 246. - Crim. 7 nov. 1989, Bull. crim. n o 399). Le juge d'instruction peut même renoncer à la réalisation
d'actes en cours qui ne sont pas encore rentrés au dossier, dans des cas particuliers : il en est ainsi lorsque les résultats
d'une commission rogatoire en Italie sur la personnalité du mis en cause n'est pas revenue alors que celui-ci est détenu
depuis vingt-neuf mois et qu'il n'a pu être établi, malgré les démarches entreprises, les raisons pour lesquelles il n'avait pu y
être donné suite dans un délai raisonnable (Crim. 20 déc. 1995, n o 95-84.989 , Bull. crim. n o 394).

760. Mise en examen de la personne. - Le juge d'instruction, avant de rendre une ordonnance de non-lieu, n'est pas tenu de
procéder à la mise en examen de la personne visée dans l'acte de poursuite s'il lui apparaît, au vu des éléments de
l'information, que la culpabilité de cette personne se trouve d'ores et déjà exclue (Crim. 27 nov. 1963, Bull. crim. n o 338). Nul
ne peut être renvoyé devant la juridiction de jugement s'il n'a été préalablement inculpé [mis en examen] (Crim. 30 janv.
1989, Bull. crim. n o 34). Un inculpé ne peut être renvoyé devant la juridiction de jugement sans qu'il ait été au préalable
interrogé sur le fond, ou sans qu'il ait fait l'objet d'un mandat de justice notifié légalement (Crim. 12 oct. 1972, Bull. crim.
n o 286. - Crim. 25 juill. 1979, Bull. crim. n o 252). Dans ce dernier cas, le juge d'instruction peut clore l'information régulièrement
lorsque le mandat a été notifié normalement. Il en est ainsi par exemple : en cas de délivrance de mandat d'arrêt, notifié au
dernier domicile connu, diffusé sur tout le territoire national, et suivi de la rédaction d'un procès-verbal de perquisition et de
recherches infructueuses (C. pr. pén., art. 134. - Crim. 12 oct. 1972, Bull. crim. n o 286) ; en cas de délivrance d'un mandat
d'amener notifié au dernier domicile connu et suivi de la rédaction d'un procès-verbal de perquisition et de recherches
infructueuses (C. pr. pén., art. 134) ; lorsqu'un mandat de comparution légalement notifié est demeuré sans effet (Crim.
25 juill. 1979, Bull. crim. n o 252). Est nulle l'ordonnance qui renvoie une personne devant le tribunal, alors qu'elle a seulement
été entendue comme témoin avant de prendre la fuite, et alors qu'aucun mandat aux fins de comparution n'a été délivré
(Crim. 30 janv. 1989, Bull. crim. n o 34). Le texte de l'article 134 précise que « la personne est alors considérée comme mise en
examen pour l'application de l'article 176 » (al. ajouté par L. du 15 juin 2000. - V. Mandats).

761. Personne réfugiée à l'étranger. - Il a été jugé que l'inculpé, réfugié à l'étranger, et ne pouvant être extradé, avec lequel
les autorités judiciaires françaises n'ont pu communiquer, qui n'a pas été interrogé, et auquel le mandat d'arrêt le concernant
n'a pu être notifié, peut être renvoyé devant la cour d'assises pour y être jugé par contumace (Crim. 1 er déc. 1966, Bull. crim.
n o 275). Cette jurisprudence a été confirmée par la chambre criminelle dans un arrêt du 30 mars 2004 (n os 02-85.180 et
03-83.598 , Bull. crim. n o 80 ; JCP 2004. IV. 2060), puis le 12 juillet 2006 ( n o 06-82.800 , inédit) : « Attendu, par ailleurs,
que, contrairement à ce qui est allégué, le mandat d'arrêt n'était pas soumis aux formalités de perquisition prévues par
l'article 134 du code de procédure pénale dès lors que la personne concernée se trouvait hors de France ». Depuis l'entrée en
vigueur de la loi du 9 mars 2004, la procédure par défaut est possible devant la cour d'assises. Doit être cassé l'arrêt de la
chambre d'accusation [de l'instruction] qui renvoie l'accusé devant la cour d'assises, malgré une arrestation entre la date de
l'ordonnance de transmission de pièces et celle de l'arrêt de mise en accusation (Crim. 12 oct. 1972, JCP 1973. II. 17554, note
Chambon).

7 6 2 . Lorsqu'un inculpé [mis en examen] s'est expliqué sur le fond lors de sa première comparution, il n'est pas fondé à
soutenir qu'en l'absence d'interrogatoire ultérieur, il y a eu atteinte aux droits de la défense (Crim. 6 nov. 1979, Bull. crim.
n o 306). Il en va autrement lorsqu'il avait indiqué qu'il s'expliquerait ultérieurement en présence de son conseil (Crim. 24 juin
1922, Bull. crim. n o 227).

763. Innovations de la loi du 5 mars 2007. - La loi du 5 mars 2007 a très profondément modifié la procédure applicable à la fin
de l'instruction. Nous rappellerons d'abord la procédure antérieure et la jurisprudence ancienne, dont les principaux traits
devraient perdurer sous l'égide de la loi nouvelle.

Section 2 - Procédure antérieure à l'entrée en vigueur de la loi du 5 mars 2007


Art. 1 - Avis à partie
7 6 4 . Avis aux parties et à leurs avocats. - Selon les dispositions applicables avant le 1 er juillet 2007, « aussitôt que
l'information lui paraît terminée, le juge d'instruction en avise les parties et leurs avocats, soit verbalement avec émargement
au dossier, soit par lettre recommandée. Lorsque la personne est détenue, cet avis peut également être notifié par les soins
du chef de l'établissement pénitentiaire qui adresse, sans délai, au juge d'instruction l'original ou la copie du récépissé signé
par l'intéressé » (C. pr. pén., art. 175, al. 1 er). Le témoin assisté est également avisé (C. pr. pén., art. 175, al. 5). Seule la
notification régulière fait courir le délai de vingt jours accordé aux parties pour formuler une demande ou pour présenter une
requête en annulation. Encourt la cassation l'arrêt de la chambre d'accusation [de l'instruction] qui déclare irrecevable une
requête en annulation présentée après l'expiration du délai de vingt jours alors qu'aucun élément du dossier n'établit que
l'avis de fin d'information a été notifié à l'avocat de la partie concernée (Crim. 22 mars 2000, n o 99-87.230 , Bull. crim.
n o 132).

765. Délai de vingt jours. - À l'expiration d'un délai de vingt jours à compter de l'envoi de l'avis prévu à l'alinéa précédent, les
parties ne sont plus recevables à formuler une demande ou présenter une requête sur le fondement des articles 81, alinéa 9,
82-1, 82-3, 156, alinéa 1 er, et 173, alinéa 3. Les parties peuvent déclarer renoncer, en présence de leur avocat ou celui-ci
dûment convoqué, à invoquer ce délai (C. pr. pén., art. 175, al. 2). Après expiration du délai de vingt jours, la partie civile ne
peut plus soumettre à la chambre d'accusation [de l'instruction] une demande de confrontation, présentée à la suite de
l'appel de l'ordonnance de non-lieu (Besançon, 13 avr. 1994, BICC juin 1994, n o 675. - Crim. 1 er mars 1994, n o 93-85.374 ,
Bull. crim. n o 79). La loi du 9 mars 2004 a aussi ajouté le témoin assisté à la liste des personnes qui ne peuvent plus disposer,
vingt jours après l'envoi des avis à partie, de la possibilité de présenter requête en nullité. Cette forclusion n'a d'intérêt que
dans l'hypothèse où le ministère public prend un réquisitoire supplétif et demande la mise en examen du témoin assisté.
Faute d'avoir présenté dans le délai de vingt jours une requête en nullité, le témoin assisté devenu personne mise en examen
sera privé de ce droit. Il en irait de même si une partie présentait une demande d'acte acceptée par le juge, qui amènerait
des éléments nouveaux de nature à permettre la mise en examen du témoin assisté. Le témoin assisté qui n'aurait pas saisi
la chambre de l'instruction d'une requête en nullité ne pourrait plus le faire concernant la procédure antérieure à la délivrance
des avis à partie (sur ces points, V. C. GUÉRY, De la nécessité accrue, pour le témoin assisté, de l'être bien, AJ pénal 2005.
111 ).

7 6 6 . Personne en fuite ou sans domicile connu. - Lorsque les recherches entreprises n'ont pas permis de retrouver une
personne mise en examen, celle-ci peut être renvoyée devant le tribunal correctionnel sans que l'avis prévu à l'article 175 du
code de procédure pénale lui ait été notifié (Crim. 15 mars 2000, n o 99-83.129 , Bull. crim. n o 120 ; JCP 2000. IV. 1100).

767. Acte postérieur : nouvelle notification, nouveau délai de vingt jours. - Après l'accomplissement d'un acte demandé par une
partie, qu'elle soit privée ou publique, le juge d'instruction a l'obligation de notifier à nouveau aux parties l'avis de fin de
procédure. Un nouveau délai de vingt jours se met alors à courir : « La réalisation d'un acte d'instruction postérieurement à
l'accomplissement de cette formalité rend caduc l'avis de fin d'information » (Crim. 9 janv. 1995, n o 94-84.975 , Bull. crim.
n o 6). Dès lors, il est nécessaire de notifier à nouveau l'avis aux parties. Mais une autre décision apporte une précision
précieuse : la reprise de l'information en vertu d'un réquisitoire supplétif après l'expiration du délai de vingt jours ouvert par
un premier avis délivré conformément à l'article 175 du code de procédure pénale ne saurait entraîner la caducité de cet avis,
ni autoriser la contestation d'actes de procédure qui lui seraient antérieurs (Crim. 22 févr. 1995, n o 94-85.206 , Bull. crim.
n o 79). L'analyse de ces deux décisions permet de se faire une idée du régime des actes intervenant postérieurement à l'avis
délivré conformément à l'article 175 du code de procédure pénale. En effet, plusieurs situations sont susceptibles de se
présenter : après l'avis, le juge d'instruction fait des actes d'instruction ; l'avis entraîne des demandes qui sont suivies
d'effet ; le ministère public sollicite de nouvelles investigations. Dans la première hypothèse, le juge d'instruction n'a pas
respecté les principes de l'article 175 puisqu'il a réalisé d'autres actes, l'avis lui-même doit donc être déclaré caduc. On en
conclura qu'il doit être renouvelé. Une difficulté pourrait résider dans la possibilité ou l'impossibilité de soulever des nullités
antérieures à l'avis ; le terme « caduc » utilisé dans cet arrêt pourrait en effet prêter à confusion. Mais cette situation ne
présente pas de réelles différences avec celle de la demande d'une partie suivie d'effet : si la délivrance d'une commission
rogatoire postérieurement à un avis de fin d'information rend celui-ci caduc, les parties ne sont plus recevables à critiquer les
actes antérieurs à la délivrance de cet avis lorsqu'elles n'avaient formulé aucune demande dans le délai imparti (Crim. 21 mai
1997, Gaz. Pal. 26-27 sept. 1997, p. 28). On dira donc qu'une nullité antérieure à l'avis ne peut plus être soulevée. Dans
l'hypothèse où c'est un réquisitoire supplétif qui amène le juge à réaliser d'autres actes, si la nécessité de notifier aux parties
un nouvel avis et un nouveau délai s'impose, le précédent avis n'est pas caduc, les parties ne peuvent contester des actes de
procédure qui lui seraient antérieurs (Crim. 22 févr. 1995, préc.). La partie civile ne peut formuler à nouveau une demande qui
n'avait pu prospérer faute par elle d'avoir respecté les formes légales (Rouen, 24 oct. 1996, BICC 442, n o 1336). On doit, par
analogie, considérer que la solution est la même si c'est une partie qui a sollicité un acte nouveau du juge. La partie civile qui
a laissé expirer le délai de vingt jours à compter de l'envoi de l'avis prévu à l'article 175 du code de procédure pénale, sans
formuler une demande, ni présenter une requête sur le fondement des articles 81, alinéa 9, 82-1, 156, alinéa 1 er, et 173,
alinéa 3, ne peut échapper à la forclusion édictée par l'article 175, alinéa 2, précité en excipant de ce que, postérieurement à
l'envoi de l'avis de fin d'information, le juge d'instruction avait procédé à la notification prévue par l'article 89-1 du même code,
cette formalité ayant été omise à l'issue de la première audition de la partie civile (Crim. 15 mai 2007, n o 07-81.591 ,
AJ pénal 2007. 334, note M.-E. C .).

768. Point de départ du délai. - En application de l'article 175 du code de procédure pénale, le délai de présentation d'une
requête par les parties sur le fondement des articles 81, alinéa 9, 82-1, 156, alinéa 1 er, et 173, alinéa 3, du code précité, a
pour point de départ la date d'envoi par le juge d'instruction de la lettre recommandée les avisant de la fin de l'information et
est calculé à compter du lendemain (Crim. 23 juin 1999, n o 99-82.347 , Bull. crim. n o 151).

769. Second avis. - En l'absence d'actes d'instruction postérieurs à un premier avis de fin d'information donné aux parties en
application de l'article 175 du code de procédure pénale, la délivrance, par le juge d'instruction, d'un second avis, ne rouvre
pas un nouveau délai pour présenter une requête sur le fondement de l'article 81 du code de procédure pénale (Crim. 4 août
1998, BICC 1998, n o 1341). Le juge d'instruction qui, postérieurement à l'avis donné aux parties conformément aux
dispositions de l'article 175 du code de procédure pénale, ordonne une expertise ayant pour unique objet de statuer sur la
détention provisoire, n'a pas à renouveler cet avis avant de rendre une ordonnance de règlement de l'information (Crim.
20 déc. 1995, n o 95-84.989 , Bull. crim. n o 394). Un arrêt du 19 juin 1995 (n o 94-85.915, Bull. crim. n o 223) permet toutefois
de revenir sur des nullités antérieures si les investigations nouvellement ordonnées ont permis de vérifier leur existence. En
l'espèce, ce sont les investigations réalisées sur une première demande d'acte effectuée dans le délai de vingt jours qui avait
permis de réaliser qu'une partie de l'enquête de police avait été effectuée en présence d'un journaliste qui avait photographié
et enregistré sur caméra vidéo l'interpellation puis les perquisitions. La seconde demande, réalisée dans le second délai
imparti aux parties, et visant à faire annuler les actes effectués dans ces conditions, est donc recevable, les irrégularités
alléguées ayant été révélées par les investigations complémentaires sollicitées dans le premier délai, et diligentées même
après son expiration.

770. Nullités. - N'est pas irrecevable une requête en annulation formée par une partie, même après le délai de forclusion de
vingt jours prévu par l'article 175, alinéa 2, du code de procédure pénale, dès lors que les irrégularités alléguées concernent
des pièces versées au dossier de l'information ou des actes de la procédure, réalisés après l'expiration de ce délai (Crim.
5 mai 1998, n o 98-80.138 , Bull. crim. n o 152). En revanche, les parties ne sont plus recevables, après le délai de forclusion
prévu par l'article 175, alinéa 2, du code de procédure pénale, à contester la régularité des actes de la procédure antérieure à
l'avis de fin d'information, quand bien même elles n'auraient pu connaître l'irrégularité alléguée (Crim. 6 mai 1998, n o 98-
80.283 , Bull. crim. n o 153). L'avis de fin d'information prévu par l'article 175 du code de procédure pénale doit être donné à
l'issue du dernier acte d'instruction et ne peut être opposé à des actes qui lui sont postérieurs (Crim. 7 juin 2000, n o 00-
81.841 , Bull. crim. n o 217).

771. Forclusion et compétence de la chambre de l'instruction. - La forclusion de l'article 175 du code de procédure pénale ne fait
pas obstacle à ce que la chambre de l'instruction relève tout moyen de nullité à l'occasion de l'examen de la régularité de la
procédure auquel elle se livre en application de l'article 206 du code de procédure pénale (Crim. 6 mai 2003, JCP 2003.
IV. 2226 ; D. 2003. IR 1667 ). Cette décision ne fait que conforter la jurisprudence antérieure. Avant l'entrée en vigueur de
la loi du 15 juin 2000, la jurisprudence admettait en effet que « la forclusion édictée par l'article 175 du code de procédure
pénale ne fait pas obstacle, en matière criminelle, à ce que les exceptions de nullité soient soumises, sur le fondement des
articles 198 et 206 du code de procédure pénale, à la chambre d'accusation [de l'instruction] à laquelle la procédure est
transmise conformément à l'article 181 du même code » (Crim. 11 juill. 1995, Dr. pénal 1995. Comm. 18). Il était encore admis
que cette forclusion « ne fait pas obstacle à ce que les parties, par application de l'article 201 de ce code, présentent à la
chambre d'accusation [de l'instruction] saisie du règlement de la procédure, des demandes tendant à l'accomplissement de
nouveaux actes d'instruction » (Crim. 19 sept. 1995, Dr. pénal 1995. Comm. 16). Bien que la saisine obligatoire de la chambre
de l'instruction ait disparu en matière criminelle, celle-ci peut, lorsqu'elle est saisie, relever tout moyen de nullité.

7 7 2 . Forclusion et demande de supplément d'information. - La forclusion ne fait pas non plus obstacle à une demande de
supplément d'information. La forclusion ne met pas obstacle à ce que la partie civile, appelante d'une ordonnance de non-lieu,
saisisse la chambre d'accusation [de l'instruction] d'une demande de supplément d'information. Est dès lors erronée la
décision de cette juridiction, qui déclare irrecevable, comme forclose, sur le fondement de l'article 175, une telle demande. La
mesure n'est cependant pas encourue dès lors que les décisions sur l'opportunité d'ordonner des actes d'information relèvent
de l'appréciation souveraine de la chambre d'accusation [de l'instruction] et échappent, en conséquence, au contrôle de la
Cour de cassation (Crim. 3 avr. 1996, n o 95-83.690 , Bull. crim. n o 146).

773. Demande de contre-expertise. - Aux termes de l'article 167, alinéa 3, du code de procédure pénale, la demande de contre-
expertise doit être formulée dans les délais impartis pour le faire. La notification prévue à l'article 175 du code de procédure
pénale n'ouvre pas un nouveau délai pour solliciter une contre-expertise, ce texte précisant limitativement les actes qui
peuvent faire l'objet d'une demande ou d'une requête dans le délai de vingt jours notifié aux parties en fin d'instruction, actes
au nombre desquels figure une demande d'expertise, mais non une demande de contre-expertise (Metz, 25 avr. 1997, BICC
458, n o 1120. - Crim. 19 janv. 1999, n o 98-82.420 , Bull. crim. n o 8). La loi du 9 mars 2004 a précisé que passé le délai
ouvert par l'article 167, il ne peut plus être formulé de demande de contre-expertise, de complément d'expertise ou
d'expertise portant sur le même objet, y compris sur le fondement de l'article 82-1 sous réserve de la survenance d'éléments
nouveaux. En revanche, le mis en examen ne saurait se faire un grief de ce qu'un complément d'expertise ne lui a pas été
notifié, dès lors que la notification de l'avis de fin d'information prévue par l'article 175 du code de procédure pénale ouvre aux
parties, dans le délai de vingt jours fixé par ce texte, le droit de formuler toute demande d'expertise, de contre-expertise ou
d'expertise complémentaire qu'elles jugeraient utiles à la manifestation de la vérité (Crim. 15 févr. 2006, n o 05-86.773 ,
Bull. crim. n o 46 ; D. 2006. IR 811 ; Dr. pénal 2006. Comm. 74, note Maron).

7 7 4 . Non-respect des conditions prévues par l'article 175. - Depuis la loi du 23 juin 1999, il est inséré après l'alinéa 2 de
l'article 385, un alinéa ainsi rédigé : « Lorsque l'ordonnance de renvoi du juge d'instruction a été rendue sans que les
conditions prévues par l'article 175 aient été respectées, les parties demeurent recevables, par dérogation aux dispositions
du premier alinéa, à soulever devant le tribunal correctionnel les nullités de la procédure » (L. n o 99-515 du 23 juin 1999
[D. 1999. 311]). On a vu plus haut que la chambre criminelle a modifié sa jurisprudence selon laquelle le défaut de notification,
par le juge d'instruction, de l'avis de fin d'information prévu par l'article 175 du code de procédure pénale n'entraînait pas la
nullité de l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel (Crim. 30 mars 2004, n o 03-83.598 , Bull. crim. n o 80 ; JCP
2004. IV. 2060). En effet, la nouvelle rédaction de l'article 184 du code de procédure pénale, faisant expressément référence
à l'article 175, tend à faire disparaître les occurrences d'application de l'alinéa 2 de l'article 385 au profit de l'alinéa 3 (V. supra,
n o 692, mais sur les nouvelles perspectives induites par la jurisprudence europénne, V. aussi supra, n o 693).

775. Acte interruptif de prescription. - Constitue un acte interruptif de prescription l'avis de fin d'information donné par le juge
d'instruction aux parties, en application de l'article 175 du code de procédure pénale (Crim. 24 nov. 1999, JCP 2000. IV. 501. -
Crim. 11 janv. 2000, BICC 511, n o 401).

776. Constitution de partie civile incidente. - Une constitution de partie civile incidente, déposée dans le délai de l'avis de fin
d'information prévu à l'article 175 du code de procédure pénale ne constitue pas un acte d'instruction et dès lors, ne nécessite
pas la délivrance d'un nouvel avis de fin d'information (Crim. 26 sept. 2000, n o 00-82.016 , Bull. crim. n o 276).

777. Dessaisissement, jonction. - Ni le dessaisissement au profit d'un autre magistrat, ni la jonction de l'information à une
autre procédure, décidés par le juge d'instruction après l'expiration du délai de forclusion prévu par l'article 175, alinéa 2, du
code de procédure pénale, ne font revivre ce délai au profit des parties ayant reçu notification de l'avis de fin d'information,
pour la contestation des actes antérieurs audit avis (Crim. 24 avr. 2001, n o 01-80.796 , Bull. crim. n o 97 ; JCP 2001.
IV. 1192).

Art. 2 - Ordonnance de soit-communiqué


778. Communication au procureur. - À l'issue du délai prévu à l'alinéa 2 de l'article 175, le juge d'instruction communique le
dossier au procureur de la République (C. pr. pén., art. 175, al. 3). Celui-ci peut, en application de l'article 82 du code de
procédure pénale, à toute époque de l'information, se faire communiquer la procédure en vue de son règlement définitif. Le
juge d'instruction doit déférer à cette réquisition et une ordonnance de refus de communiquer le dossier, même motivée, par
exemple par le fait qu'une commission rogatoire est toujours en cours d'exécution, est frappée de nullité (Crim. 5 févr. 1970,
Bull. crim. n o 53).

779. Caractère non juridictionnel. - Déjà sous l'empire des lois antérieures à 1993, l'ordonnance de soit-communiqué n'avait
pas de caractère juridictionnel ; elle mettait seulement le procureur en mesure de prendre ses réquisitions (Crim. 21 déc.
1970, Bull. crim. n o 346, consacrant un revirement de jurisprudence), donc ne nécessitait aucun avis au conseil (Crim. 7 nov.
1989, Bull. crim. n o 398). Le défaut de signature d'une ordonnance communiquant le dossier au parquet pour avis sur une
inculpation éventuelle ne porte aucun préjudice à l'inculpé, dès lors que cette formalité n'est exigée par aucun texte (Crim.
19 juin 1990, Gaz. Pal. 1991. 1. Somm. 16). L'ordonnance de soit-communiqué n'est pas une ordonnance juridictionnelle et n'a
pas à être portée à la connaissance des conseils des parties privées. Cette solution est logique puisque c'est l'avis de fin
d'information qui a précédemment été notifié. La décision par laquelle une juridiction d'instruction, estimant l'information
terminée, ordonne la communication de la procédure au ministère public, aux fins de réquisitions, constitue une mesure
d'administration judiciaire qui n'est pas susceptible de pourvoi en cassation (Crim. 29 avr. 1996, JCP 1996. II. 22700, note
Chambon).

7 8 0 . Soit-communiqué pour règlement. - L'ordonnance de soit-communiqué pour règlement ne dessaisit pas le juge
d'instruction. Ce dernier peut, jusqu'au jour de l'ordonnance de règlement, statuer, par exemple libérer la personne mise en
examen détenue, saisir le juge des libertés et de la détention sur les demandes de mise en liberté, les prolongations de
détention provisoire, ou recevoir une constitution de partie civile.

Section 3 - Procédure issue de la loi du 5 mars 2007


Art. 1 - Nouveaux principes
781. Une fin de l'instruction contradictoire. - La loi du 5 mars 2007 pose la base d'une fin d'instruction contradictoire. Sous
l'égide de la loi ancienne (V. supra, n os 764 s.), le magistrat instructeur commençait par envoyer les avis à parties puis,
lorsqu'il avait répondu dans un sens ou un autre aux éventuelles demandes d'actes, communiquait alors la procédure au
parquet. Désormais, les avis à parties sont envoyés en même temps que le dossier est communiqué, puis le réquisitoire est
transmis aux parties pour observations. La nouvelle procédure nous paraît discutable, d'abord sur le plan du principe, parce
qu'elle fait de l'instruction un lieu fermé, où tout doit être dit, en réduisant l'audience et l'oralité des débats à une portion
congrue, ensuite parce que les règles posées sont imparfaites et paraissent poser des questions d'égalité de traitement
(V. infra, n o 796).

7 8 2 . Application de la loi dans le temps. - La loi du 5 mars 2007 dispose dans son article 30 que « les dispositions des
articles 173, 175 et 184 du code de procédure pénale, dans leur rédaction antérieure à celle résultant de l'article 19 de la
présente loi, demeurent applicables aux informations ayant fait l'objet, avant cette date, de l'avis de fin d'information prévu
par l'article 175 du même code ». En l'absence de jurisprudence pour l'instant, on estimera que si une demande d'acte a été
acceptée postérieurement au 1 er juillet 2007, et qu'ainsi de nouveaux avis à partie ont été notifiés après cette date, la
nouvelle procédure est applicable.

Art. 2 - Avis à parties et l'OSC : première phase


783. Texte de l'article 175. - L'alinéa 1 er de l'article 175 du code de procédure pénale est désormais ainsi rédigé : « Aussitôt
que l'information lui paraît terminée, le juge d'instruction communique le dossier au procureur de la République et en avise en
même temps les parties et leurs avocats, soit verbalement avec émargement au dossier, soit par lettre recommandée.
Lorsque la personne est détenue, cet avis peut également être notifié par les soins du chef de l'établissement pénitentiaire,
qui adresse sans délai au juge d'instruction l'original ou la copie du récépissé signé par l'intéressé. Le procureur de la
République dispose alors d'un délai d'un mois si une personne mise en examen est détenue ou de trois mois dans les autres
cas pour adresser ses réquisitions motivées au juge d'instruction. Copie de ces réquisitions est adressée dans le même temps
aux avocats des parties par lettre recommandée ».

7 8 4 . Observations des parties. - Le même article ouvre un délai aux parties pour présenter des demandes d'actes ou des
requêtes en nullité : « Les parties disposent de ce même délai d'un mois ou de trois mois à compter de l'envoi de l'avis prévu
à l'alinéa 1 er pour adresser des observations écrites au juge d'instruction, selon les modalités prévues par l'avant-dernier
alinéa de l'article 81. Copie de ces observations est adressée en même temps au procureur de la République » (C. pr. pén.,
art. 175, al. 2 et 3). Le délai imparti est donc considérablement allongé puisqu'il passe de vingt jours à un ou trois mois. Même
si le procureur de la République rend son réquisitoire sans utiliser la totalité du délai, la partie dispose du délai dans son
entier. Les procédures d'information durent, c'est un effet automatique, plus longtemps (V. C. GUÉRY, La loi du 5 mars 2007 et
l'instruction préparatoire, AJ pénal 2007. 105 ; Une instruction sans fin, AJ pénal 2007. 271 ).

785. Témoin assisté. - Pendant plusieurs années, l'article 113-8 du code de procédure pénale a continué à attribuer au témoin
assisté un délai de vingt jours alors que la nouvelle rédaction de l'article 175 offrait un mois ou trois mois aux parties et que
ces dispositions étaient expressément rendues applicables au témoin assisté par l'article 175 lui-même ! (C. pr. pén., art. 175,
al. 7). Dans un arrêt du 22 septembre 2010, la chambre criminelle a été amenée à dire que le délai de trois mois ouvert aux
parties se substitue à celui de vingt jours prévu à l'article 113-8, alinéa 3, du code de procédure pénale (n o 10-84.917, Bull.
crim. n o 137). Le législateur a finalement rectifié les choses dans la loi du 17 mai 2011 (n o 2011-525). Désormais, la lettre
recommandée « informe alors la personne de son droit de formuler des demandes d'actes ou des requêtes en annulation
dans un délai d'un mois si une personne mise en examen est détenue et de trois mois dans les autres cas ».

786. Demandes d'actes, requêtes en nullité. - Pendant ce même délai d'un ou de trois mois, les parties peuvent non seulement
faire des observations, mais aussi présenter des demandes d'actes ou des requêtes en nullité. Sur ce plan, la procédure est
identique à ce qui a été exposé plus haut, à la notable exception que le délai, particulièrement pour les dossiers dans
lesquels il n'y a pas de détenu, est largement augmenté. Il est possible que certains avocats déposent des demandes
dilatoires, en fin de délai, qui risquent d'allonger considérablement les informations. Par ailleurs, le principe selon lequel un
nouvel acte amène le juge à délivrer de nouveaux avis ne semble pas remis en cause par les nouvelles dispositions. Après
l'audition d'un témoin, les nouveaux avis à parties entraîneront un nouveau délai de première phase, incompressible, de trois
mois… En revanche, une décision de refus d'acte, qu'il s'agisse de la demande d'une partie ou de celle du procureur de la
République, n'impose nullement de refaire de nouveaux avis à parties contrairement aux affirmations de la circulaire du 22 juin
2007, JUS-D-07-30-041C (n o 2.4.1.2).

787. Distinction dossier détenu / dossier non détenu. - La distinction est fragile : on peut toujours relâcher un détenu et le
dossier devenir alors « non détenu », mais l'hypothèse inverse est également possible, notamment en cas de révocation de
contrôle judiciaire ou de mise à exécution d'un mandat d'arrêt. En l'absence de jurisprudence, on préconisera que le délai qui
court est celui relatif à l'état du dossier au moment de la délivrance des avis à parties : la nouvelle incarcération n'aura donc pas
pour effet de raccourcir le délai, ni la mise en liberté de le rallonger (V. aussi C. GUÉRY, La loi du 5 mars 2007 et l'instruction
préparatoire, AJ pénal 2007. 105 ; Une instruction sans fin, AJ pénal 2007. 271 ; La fin de l'instruction, AJ pénal 2007.
319 ).

788. Motivation de la demande d'interrogatoire de la personne mise en examen. - La demande d'interrogatoire de la personne
mise en examen ne peut plus se fonder, après la délivrance des avis de fin d'information, sur l'article 82-1, alinéa 3, du code
de procédure pénale mais seulement sur l'alinéa premier du même article. Elle doit en conséquence être motivée (Fort-de-
France, 2 oct. 2012, AJ pénal 2012. 648, note C. Guéry ).
789. Communication mutuelle entre ministère public et avocats des parties. - L'article 175 du code de procédure pénale prévoit
que le procureur de la République transmet copie de ses réquisitions aux avocats des parties. Dans l'autre sens, copie des
observations formulées par les conseils doivent être transmises au parquet. Cette communication a pour objet de rendre
effectif un règlement contradictoire de la procédure, perceptible dans ce que nous appellerons la seconde phase du
règlement. Bien que le texte semble prévoir que ce soit le ministère public qui communique aux avocats copie de son
réquisitoire, il est vite apparu que le parquet n'était pas toujours en état d'assurer cette communication. Le décret du
15 novembre 2007 (n o 2007-1620, JO 17 nov.) a instauré un nouvel article D. 40-1 qui dispose que « lorsque le réquisitoire
définitif du procureur de la République adressé au juge d'instruction en application de l'alinéa 2 de l'article 175 n'a pas été
adressé en copie aux avocats des parties, le greffier du juge d'instruction ou le secrétariat commun de l'instruction procède à
cet envoi ». C'est aujourd'hui systématiquement les greffiers d'instruction qui sont en charge de cette notification. De même
façon, pour simplifier la procédure, le greffier du juge d'instruction transmet la copie des observations au parquet lorsque la
partie a omis de le faire.

Art. 3 - Avis à parties et l'OSC : seconde phase


790. Observations complémentaires. - L'article 175 poursuit : « À l'issue du délai d'un mois ou de trois mois, le procureur de la
République et les parties disposent d'un délai de dix jours si une personne mise en examen est détenue ou d'un mois dans
les autres cas pour adresser au juge d'instruction des réquisitions ou des observations complémentaires au vu des
observations ou des réquisitions qui leur ont été communiquées ». La principale difficulté d'application du texte tient en ce que
ce second délai est prévu pour courir à compter de l'expiration du premier. Or, le législateur semble méconnaître que le
procureur de la République peut ne pas respecter le délai qui lui est imparti pour adresser au juge d'instruction son
réquisitoire définitif. S'il ne le fait pas, faire partir le second délai est vain, puisqu'il a été imaginé pour permettre de répondre
au réquisitoire. C'est pourquoi il peut sembler indispensable, pour que ce délai puisse courir, que le réquisitoire définitif ait été
notifié (sur les diverses implications, V. C. GUÉRY, Une instruction sans fin, AJ pénal 2007. 271 , et infra, n o 791).

791. Possibilité pour le juge d'instruction de régler lui-même l'information ?. - Bien que le texte ait expressément prévu qu'« à
l'issue du délai de dix jours ou d'un mois prévu à l'alinéa précédent, le juge d'instruction peut rendre son ordonnance de
règlement, y compris s'il n'a pas reçu de réquisitions ou d'observations dans le délai prescrit » (C. pr. pén., art. 175), cette
possibilité dépend encore de la conception que l'on se fait de la nécessité ou non, pour faire courir le second délai, que le
réquisitoire ait été notifié. En effet, si l'on pense que le réquisitoire définitif doit avoir été notifié pour que le second délai
puisse courir, la phrase précitée n'a pas de sens. Malheureusement, l'intention du législateur ne saurait ici être recherchée. Il
a pensé que si un délai était imparti au parquet pour établir un réquisitoire définitif, ce délai serait respecté et imaginé un
ministère public idéal ! Si cela est le cas, l'article 175 est cohérent. Mais dès lors que le réquisitoire n'est pas rendu dans les
délais précités, il perd tout sens. La circulaire du 22 juin 2007 JUS-D-07-30-041C (n o 2.4.1.4) estime à la fois que le second
délai court « à partir du jour suivant l'expiration du premier délai ou si cette date intervient ultérieurement, de la transmission
aux avocats de la copie du réquisitoire du parquet », et que le juge peut régler la procédure en cas d'inaction du parquet.
Pourtant, si le second délai ne part que de la notification du réquisitoire, comment le juge pourrait-il régler alors que le texte
suppose que le second délai soit écoulé ? La seule solution à cette question est la suivante : dès l'expiration du premier délai,
et si le réquisitoire n'a pas été rendu, court un second délai dont le terme permet au magistrat instructeur de régler la
procédure. Seule la communication d'un réquisitoire introductif dans ce délai empêche le juge de régler la procédure à
l'expiration du second délai. Si, au bout de quatre mois après l'odonnance de soit-communiqué dans un dossier ne comportant
pas de détenu, le réquisitoire n'est toujours pas rendu, le juge peut rendre l'ordonnance de règlement. L'absence de délai
ouvert pour contester le réquisitoire ne porte atteinte à l'intérêt de personne puisque ce réquisitoire n'existe pas et n'a pu
servir de base à l'ordonnance.

792. Suspension de l'action publique. - Les dispositions nouvelles contraignant le juge d'instruction à attendre un délai de trois
mois, plus un mois dans les dossiers où il n'y a pas de détenu, a posé des difficultés dans les affaires de courte prescription,
en matière de presse. En effet, si le réquisitoire est rendu rapidement, il peut s'écouler plus de trois mois entre sa notification
et l'ordonnance de règlement, le magistrat instructeur devant attendre la fin de l'écoulement des délais prévus par l'article
175 du code de procédure pénale. Ce délai de quatre mois constitue un obstacle de droit durant lequel la prescription de
l'action publique se trouve suspendue, la partie poursuivante étant dans l'impossiblité d'agir (T. corr. Paris, 27 nov. 2008,
D. 2009. Pan. 1785, note Dupeux et Massis). La Cour de cassation s'est finalement prononcée dans une espèce dans laquelle
une personne renvoyée devant le tribunal correctionnel pour diffamation publique envers un particulier avait soulevé une
exception de prescription, en soutenant que plus de trois mois s'étaient écoulés entre la date à laquelle les réquisitions
motivées du procureur de la République au juge d'instruction avaient été communiquées aux parties et la date de
l'ordonnance de renvoi. La chambre criminelle pose un attendu de principe : après l'envoi de l'avis de fin d'information, le délai
de quatre mois prévu par l'article 175 du code de procédure pénale constitue un obstacle de droit pendant lequel la
prescription de l'action publique est suspendue (Crim. 25 oct. 2011, n o 11-80.017 , Bull. crim. n o 218 ; D. 2011. 2730, obs.
Lavric ; JCP 2011, p. 1384).

Section 4 - Réquisitoire définitif


793. Formes. - La loi n'a pas déterminé les formes que doit revêtir le réquisitoire définitif. Cependant, comme le réquisitoire
introductif, il doit être : … premièrement, écrit ; des réquisitions verbales seraient sans effet, la procédure étant écrite (Crim.
11 avr. 1959, Bull. crim. n o 213). Toutefois, si le réquisitoire est un acte indispensable, s'il disparaît du dossier pour une raison
fortuite, la preuve qu'il a bien été pris peut résulter des termes de l'ordonnance (Crim. 8 juill. 1936, DH 1936. 493) ;
… deuxièmement, daté (Crim. 23 avr. 1971, Bull. crim. n o 115) : un réquisitoire non daté est inexistant et le juge ne peut
rendre une ordonnance de règlement à moins qu'elle n'intervienne après l'expiration du délai prévu par l'article 175 du code
de procédure pénale (Crim. 6 juin 1988, Bull. crim. n o 249) ; … troisièmement, signé : l'absence de signature est cause de
nullité, mais la signature illisible du procureur de la République est régulière, constituant un signe personnel qui identifie son
auteur (Crim. 11 juill. 1973, Bull. crim. n o 326).
794. Réquisitoire supplétif. - À la suite de la communication de la procédure pour règlement, le procureur de la République
peut, par réquisitoire supplétif, requérir du magistrat instructeur tous actes lui paraissant utiles à la manifestation de la vérité
et toutes mesures de sûreté nécessaires (C. pr. pén., art. 82, al. 1 er). En toute hypothèse, si le juge d'instruction ne suit pas
les réquisitions du procureur de la République, il doit rendre une ordonnance motivée dans les cinq jours de ces réquisitions
(C. pr. pén., art. 82, al. 3).

795. Formalité substantielle. Délais. - Le procureur de la République adresse au juge d'instruction ses réquisitions dans le délai
d'un mois à compter de la communication du dossier, si une personne mise en examen est détenue, dans le délai de trois
mois dans les autres cas. Le texte ne prévoit aucun délai minimum pour déposer les réquisitions (Crim. 6 juin 1988, Bull. crim.
n o 249). Dans le cadre des dispositions applicables avant le 1 er juillet 2007, le magistrat instructeur pouvait rendre une
ordonnance de règlement en l'absence même de réquisitions définitives lorsque le procureur de la République avait omis de
les lui communiquer dans les délais prévus à l'article 175, alinéa 2. Saisi en dehors de ces délais d'un réquisitoire supplétif
l'invitant à effectuer d'autres investigations, le magistrat instructeur pouvait à la fois refuser d'y procéder, et renvoyer l'affaire
devant la juridiction de jugement (Nîmes, 5 janv. 1993, inédit).

796. Réquisitoire définitif depuis l'entrée en vigueur de la loi du 5 mars 2007 : inégalités de traitement. - En dehors du problème,
évoqué plus haut (V. supra, n os 790 et 791), du point de départ de la seconde phase dans le cas où le réquisitoire n'est pas
rédigé dans les délais impartis par l'article 175 du code de procédure pénale, le texte offre aux parties des droits différents
selon le moment où le réquisitoire leur est notifié. En effet, si le procureur de la République règle l'information au bout d'un
mois dans un dossier qui ne comporte pas de détenu, les parties auront deux mois, après communication d'une copie du
réquisitoire, pour faire des observations sur celui-ci, mais aussi pour faire des demandes d'actes pouvant se rapporter au
contenu dudit réquisitoire. Si le parquet attend l'ultime jour pour le communiquer, les parties n'auront plus que le délai de
seconde phase pour présenter des observations, mais pas des demandes d'actes, puisque seul le premier délai ouvert
permet de présenter de telles demandes. Les droits des parties apparaissent donc différents, selon le moment choisi par le
parquet pour régler le dossier (V. C. GUÉRY, La loi du 5 mars 2007 et l'instruction préparatoire, AJ pénal 2007. 105 ; Une
instruction sans fin, AJ pénal 2007. 271 ).

797. Un second réquisitoire définitif en cas de demande d'acte acceptée ?. - Si le ministère public règle rapidement le dossier, son
réquisitoire est immédiatement notifié aux parties. Dès lors qu'une demande d'acte postérieure est acceptée, il est alors
nécessaire de délivrer à nouveau les avis à parties et de communiquer une nouvelle fois le dossier au règlement. Le ministère
public est invité par là même à établir un nouveau réquisitoire définitif. Il semble que ce réquisitoire soit indispensable, même
s'il s'agit d'un document très proche, pour faire partir le délai de seconde phase (V. supra, n os 790 et 791).

7 9 8 . Avis à partie en cas d'application de l'article 121-1 du code pénal. - La loi du 25 février 2008 a prévu que « si le juge
d'instruction estime, lorsque son information lui paraît terminée, qu'il est susceptible d'appliquer le premier alinéa de
l'article 122-1 du code pénal relatif à l'irresponsabilité pénale d'une personne en raison d'un trouble mental, il en informe le
procureur de la République lorsqu'il lui communique le dossier ainsi que les parties lorsqu'il les avise, en application du premier
alinéa de l'article 175 du présent code ». En pratique, cet avis peut prendre la forme d'un acte particulier, ou d'une simple
mention sur l'ordonnance de soit-communiqué et les avis à partie. Cette formalité a pour effet de permettre au procureur de la
République et aux parties, dans leur réquisitoire pour le premier et leurs observations pour les secondes, d'indiquer « s'ils
demandent la saisine de la chambre de l'instruction afin que celle-ci statue sur l'application du premier alinéa de l'article 122-1
du code pénal conformément aux articles 706-122 à 706-127 du présent code » (sur cette procédure, V. infra, n os 819 s.).

Section 5 - Ordonnance de clôture


Art. 1 - Examen des charges
799. Juge non lié par les réquisitions. - Le juge n'est pas lié par les réquisitions du procureur de la République et peut rendre
son ordonnance de clôture ou une décision de refus de plus ample informé. S'il complète son information, il n'agit pas dans le
cadre de pouvoirs délégués comme lorsqu'un supplément d'information est ordonné par la chambre de l'instruction ; il
continue en exerçant ses pouvoirs propres. Il doit seulement, lorsque la procédure lui paraît complète, communiquer de
nouveau le dossier aux fins de réquisition au fond. Le juge d'instruction n'est jamais lié par les réquisitions du procureur de la
République et décide en toute indépendance sur le règlement de l'information (Crim. 25 sept. 1824, Bull. crim. n o 126).

800. Répondre aux réquisitions. - S'il n'est pas tenu de se conformer aux réquisitions, le juge doit, par contre, statuer sur tous
les points de celles-ci et, en cas d'omission du réquisitoire, sur tous les chefs dont il était saisi (Crim. 24 mars 1977, Bull. crim.
n o 112). Le juge d'instruction examine s'il existe contre la personne mise en examen des charges constitutives d'infraction
dont il détermine la qualification juridique (C. pr. pén., art. 176). Le juge d'instruction n'est pas tenu de procéder à un nouvel
interrogatoire de la personne mise en examen après les réquisitions définitives du procureur de la République. Le principe qui
veut que la défense soit toujours entendue en dernier ne saurait concerner que les procédures contradictoires et tel n'est pas
le cas de la procédure d'instruction du premier degré (Crim. 24 janv. 1984, Bull. crim. n o 30).

Art. 2 - Contenu de l'ordonnance de règlement


801. Personnes dénommées. - Les ordonnances de règlement contiennent les nom, prénoms, date, lieu de naissance, domicile
et profession de la personne mise en examen (C. pr. pén., art. 184). Toute ordonnance de renvoi ou de mise en accusation
doit concerner une ou plusieurs personnes dénommées. L'ordonnance de renvoi concernant un inculpé [mis en examen] resté
inconnu et sans le désigner de manière à ne laisser subsister aucun doute sur son identité, est entachée de nullité (Crim.
2 déc. 1954, Bull. crim. n o 369).

802. Qualification légale du fait imputé. - Les ordonnances de règlement doivent indiquer la qualification légale du fait imputé à
la personne mise en examen (C. pr. pén., art. 184). Le juge d'instruction peut qualifier librement au cours de l'information et
jusqu'à la décision de renvoi, les inculpations étant purement indicatives et pouvant être modifiées. Un même fait peut et doit
être envisagé sous la plus haute acception pénale dont il est susceptible (Crim. 13 mars 1984, Bull. crim. n o 107. - V. supra, n o
174). Certains textes particuliers interdisent ou restreignent la possibilité de requalification : en matière de presse (L. du
29 juill. 1881, art. 50. - Crim. 6 nov. 1984, Bull. crim. n o 338) ; en matière de fraude (L. du 1 er août 1905, art. 8 anc., abrogé
par L. n o 93-949 du 26 juill. 1993, devenu C. consom., art. L. 216-4. - Crim. 12 juin 1974, Bull. crim. n o 217).

803. Qualification : formalité substantielle. - La qualification, permettant la citation de l'inculpé par le ministère public devant la
juridiction compétente, est une formalité substantielle. Toutefois, une erreur dans les détails, notamment dans l'indication de
la date du fait ou du lieu où il a été commis, n'entraîne aucune conséquence lorsqu'il n'existe aucun doute sur les faits qui font
l'objet de la prévention (Crim. 24 mai 1890, Bull. crim. n o 111). Cette qualification ne lie pas la juridiction de jugement ni la
chambre de l'instruction. De même, l'attribution de compétence en cas de renvoi devant le tribunal correctionnel ou de police
est purement indicative, la juridiction saisie étant tenue de vérifier sa compétence territoriale et d'attribution (Crim. 19 févr. et
4 juin 1941, DA 1941. J. 134 et 1941. J. 338. - Crim. 23 nov. 1950, D. 1951. 25). L'ordonnance du juge d'instruction requalifiant
les faits ne constitue pas une ordonnance de non-lieu sur la qualification écartée, et ne peut, par conséquent, produire les
effets d'une ordonnance de cette nature (Crim. 12 janv. 1954, Bull. crim. n o 10. - Crim. 23 juin 1992, n o 92-81.460 , Bull.
crim. n o 248).

804. Mention d'une instruction à charge et à décharge. - La loi du 5 mars 2007 a complété les exigences relatives à la rédaction
des ordonnances de règlement. C'est ainsi que l'article 184 prévoit désormais que la « motivation est prise au regard des
réquisitions du ministère public et des observations des parties qui ont été adressées au juge d'instruction en application de
l'article 175, en précisant les éléments à charge et à décharge concernant chacune des personnes mises en examen ». Le
juge ne peut plus se contenter de reprendre les réquisitions du ministère public dans une formule qui les adoptait. Il doit,
dans l'hypothèse au moins dans laquelle la personne mise en examen nie les faits, reprendre les éléments à décharge ayant
pu être omis dans le réquisitoire du ministère public. Dans le cas où le magistrat ne le ferait pas, l'ordonnance pourrait être
estimée non conforme aux règles de l'article 184 et le dossier renvoyé par le tribunal correctionnel au parquet aux fins de
saisine du juge pour régularisation (V. supra, n os 691 et 698).

805. Réponse aux observations présentées par les parties. - Le texte de l'article 184 oblige également le juge à motiver « au
regard […] des observations des parties qui ont été adressées au juge d'instruction en application de l'article 175 ». En
d'autres termes, le juge d'instruction doit désormais répondre aux mémoires déposés par les parties comme la chambre de
l'instruction doit le faire. La sanction est la même que celle indiquée ci-dessus pour un défaut de motivation des éléments à
charge et à décharge.

806. Charges suffisantes. - Les ordonnances de règlement doivent indiquer, de façon précise, les motifs pour lesquels il existe
ou non contre la personne mise en examen des charges suffisantes (C. pr. pén., art. 184). Cette obligation, tirée de
l'article 184 du code de procédure pénale, ne saurait être considérée comme une disposition substantielle, le juge
d'instruction pouvant se référer explicitement aux réquisitions motivées du procureur de la République (Crim. 4 févr. 1960,
Bull. crim. n o 66. - Crim. 28 oct. 1986, D. 1987. Somm. 83, obs. Pradel. - Crim. 11 oct. 1989, Bull. crim. n o 356. - Crim. 26 janv.
2000, BICC 512, n o 499. - Mais sur le caractère désormais insuffisant de ce renvoi, V. supra, n os 740 et 741). De même,
l'adoption par le juge d'instruction des motifs du réquisitoire définitif, sous la forme de photocopie de certains passages de ce
document, ne vicie nullement l'ordonnance de renvoi (Crim. 3 mai 1983, inédit). La loi du 15 juin 2000 ayant institué la saisine
directe par le magistrat instructeur de la cour d'assises, l'ordonnance de mise en accusation ne peut se contenter de se
référer aux réquisitions du parquet. C'est en effet l'ordonnance de mise en accusation qui est désormais lue au début de
l'audience de la cour d'assises, sauf lorsqu'il y a eu un appel de cette ordonnance, et que la chambre de l'instruction a rendu
un arrêt de mise en accusation.

807. Nouvelles mentions obligatoires. - La loi du 9 mars 2004 a ajouté des mentions obligatoires dans certains cas. Il s'agit du
cas où l'ordonnance de non-lieu est motivée par l'existence de l'une des causes d'irresponsabilité pénale prévue par
l'alinéa 1 er de l'article 122-1, les articles 122-2, 122-3, 122-4, 122-5 et 122-7 du code pénal, par le décès de la personne mise
en examen (V. infra, n o 813), ou de l'ordonnance de renvoi concernant les « repentis » (V. infra, n o 833).

8 0 8 . Omission de statuer : appel devant la chambre de l'instruction. - Lorsque la chambre de l'instruction est régulièrement
saisie de l'appel d'une ordonnance de règlement du juge d'instruction qui a omis de statuer sur certains faits, objets de
l'information, et en l'espèce, sur les faits dénoncés dans une plainte avec constitution de partie civile, elle doit annuler cette
ordonnance en ce qu'elle a omis de statuer sur ces faits et a ainsi fait grief aux intérêts de la partie civile, puis, conformément
aux dispositions de l'article 206, alinéa 3, du code de procédure pénale, soit évoquer et procéder dans les conditions prévues
aux articles 201, 202 et 204 du même code, soit renvoyer le dossier de la procédure au même juge d'instruction ou à tel autre
afin de poursuivre l'information sur les faits omis par l'ordonnance de règlement (Crim. 23 déc. 1969, Bull. crim. n o 362). Le
principe a encore été rappelé : doit être cassé l'arrêt de la chambre d'accusation [de l'instruction] déclarant irrecevable,
comme visant une ordonnance de renvoi, un appel qui ne portait pas sur les dispositions renvoyant l'inculpé en jugement mais
sur l'omission, par le juge d'instruction, de statuer sur des infractions qui lui avaient été dénoncées et dont il était
régulièrement saisi (Crim. 13 juin 1995, n o 93-81.921 , Bull. crim. n o 215. - Mais sur l'omission de statuer lorsque
l'irrégularité est soulevée devant le tribunal correctionnel, V. supra, n o 698).

809. Signature. - L'ordonnance de règlement doit, à peine de nullité, être signée par le juge d'instruction. En revanche, elle
n'a pas à être signée par le greffier (Crim. 12 juill. 1972, Bull. crim. n o 239).

8 1 0 . Pouvoirs de la chambre de l'instruction. - La chambre d'accusation [de l'instruction] tient de l'article 202 du code de
procédure pénale le pouvoir de statuer sur tous les chefs d'infraction résultant du dossier et peut renvoyer devant la
juridiction correctionnelle pour des faits compris dans les inculpations du juge d'instruction, même si ceux-ci ont fait l'objet
d'une ordonnance de non-lieu partiel (Crim. 26 nov. 1996, BICC 447, n o 282).

Art. 3 - Différents types d'ordonnances de règlement


§ 1 - Ordonnances de non-lieu
811. Cas. - Si le juge d'instruction estime que les faits ne constituent ni crime, ni délit, ni contravention, ou si l'auteur est resté
inconnu, ou s'il n'existe pas de charges suffisantes contre la personne mise en examen, il déclare, par une ordonnance, qu'il
n'y a lieu à suivre (C. pr. pén., art. 177, al. 1 er. - Ord. du 2 févr. 1945, art. 9, al. 2). Il en va de même dans les cas d'extinction
de l'action publique. Le juge d'instruction, avant de rendre une ordonnance de non-lieu, n'est pas tenu de procéder à la mise
en examen de la personne visée dans l'acte de poursuite s'il lui apparaît, au vu des éléments de l'information, que la
culpabilité de cette personne se trouve d'ores et déjà exclue (Crim. 27 nov. 1963, Bull. crim. n o 338).

812. Restitution. - Le juge d'instruction qui rend une ordonnance de non-lieu statue par la même ordonnance sur la restitution
des objets placés sous main de justice. Il peut refuser la restitution lorsque celle-ci présente un danger pour les personnes ou
les biens (C. pr. pén., art. 177, al. 3. - V. supra, n os 497 s.).

8 1 3 . Décès ou irresponsabilité. - Lorsque la décision de non-lieu est causée par le décès, ou par l'existence de l'une des
causes d'irresponsabilité pénale prévue par l'alinéa 1 er de l'article 122-1, les articles 122-2, 122-3, 122-4, 122-5 et 122-7 du
code pénal, elle précise s'il existe des charges suffisantes établissant que l'intéressé a commis les faits qui lui sont reprochés
(C. pr. pén., art. 177, issu de la loi du 9 mars 2004).

814. Non-lieu partiel. - Des ordonnances de non-lieu partiel peuvent intervenir en cours d'information (C. pr. pén., art. 182,
al. 1 er).

815. Lien de connexité. - Le lien de connexité constitue un titre de compétence, alors même que certains faits, ayant servi de
support à cette connexité, ont fait l'objet d'une ordonnance de non-lieu (Crim. 5 juin 1981, Bull. crim. n o 188. - Crim. 20 oct.
1981, Gaz. Pal. 1982. 1. Somm. 66). En soutenant que les faits, objets de l'inculpation, ne constituent ni crime ni délit, les
inculpés ne déposent pas un déclinatoire de compétence : ils présentent des conclusions aux fins de non-lieu, auxquelles le
juge n'est pas tenu de répondre avant la clôture de son information (Crim. 10 janv. 1979, Bull. crim. n o 18. - Sur la signification
de l'ordonnance de non-lieu, V. CHAMBON, note ss. Paris, 18 oct. 1975, JCP 1976. II. 18375. - BOUTEILLER, La notification des
ordonnances de non-lieu ou les insuffisances de l'article 183 du code de procédure pénale, JCP 1981. I. 3033. - Sur le droit du
bénéficiaire de réclamer une insertion intégrale ou partielle de l'ordonnance dans la presse, V. supra, n o 603. - Sur l'action en
insertion forcée, V. supra, n os 604 s.).

816. Amende civile. - Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, lorsqu'il rend une ordonnance de non-lieu à l'issue
d'une information ouverte sur constitution de partie civile, le juge d'instruction peut, sur réquisitions du procureur de la
République et par décision motivée, s'il considère que la constitution de partie civile a été abusive ou dilatoire, prononcer
contre la partie civile une amende civile dont le montant ne peut excéder 15 000 €. Cette décision ne peut intervenir qu'à
l'issue d'un délai de vingt jours à compter de la communication à la partie civile et à son avocat, par lettre recommandée ou
par télécopie avec récépissé, des réquisitions du procureur de la République, afin de permettre à l'intéressé d'adresser des
observations écrites au juge d'instruction. Cette décision peut être frappée d'appel par la partie civile dans les mêmes
conditions que l'ordonnance de non-lieu. Si le juge d'instruction ne suit pas les réquisitions du procureur de la République, ce
dernier peut interjeter appel dans les mêmes conditions (C. pr. pén., art. 177-2). Cet article a été d'application immédiate aux
procédures en cours (Crim. 8 oct. 2002, BICC 569, n o 34). La Cour de cassation avait estimé que l'amende civile ne pouvait
être prononcée par la chambre de l'instruction sur le fondement de l'article 177-2 du code de procédure pénale que si celle-ci
a été requise et/ou prononcée en première instance (Crim. 16 oct. 2002, n o 02-81.808 , Bull. crim. n o 188 ; Procédures
2003. Comm. 23, note Buisson ; JCP 2002. IV. 3026). Depuis la loi du 9 mars 2004, la chambre de l'instruction peut également
prononcer une amende civile sur le fondement de l'article 212-2 du code de procédure pénale. La décision ne peut toutefois
intervenir qu'à l'issue d'un délai de vingt jours à compter de la communication à la partie civile et à son avocat, par lettre
recommandée ou par télécopie avec récépissé, des réquisitions du procureur général afin de permettre à l'intéressé
d'adresser des observations écrites à la chambre de l'instruction (Crim. 9 janv. 2007, n o 06-84.064 , Bull. crim. n o 1 ;
D. 2007. AJ 579 ).

8 1 7 . Lorsque la chambre de l'instruction est régulièrement saisie de l'appel d'une ordonnance prononçant un non-lieu et
condamnant la partie civile à une amende civile, elle doit annuler cette ordonnance en ce qu'elle a omis de notifier à la partie
civile et son conseil les réquisitions du parquet, en violation de l'article 177-2 du code de procédure pénale, puis
conformément à l'article 206, alinéa 3, du code de procédure pénale, elle peut évoquer et procéder dans les conditions des
articles 201, 202, et 204 du code de procédure pénale (Crim. 8 oct. 2002, n o 02-80.952 , Bull. crim. n o 180). Fait l'exacte
application de l'article 177-2 du code de procédure pénale, une chambre de l'instruction qui, sur le seul appel de la partie
civile, appelante d'une ordonnance de non-lieu, aggrave le montant de l'amende civile prononcée par le juge d'instruction pour
constitution de partie civile abusive ou dilatoire, aucun texte ne limitant, en raison de l'effet dévolutif de l'appel, les pouvoirs
de la juridiction d'instruction du second degré (Crim. 27 nov. 2002, n o 01-88.706 , Bull. crim. n o 214).

8 1 8 . Interruption de la prescription. - L'arrêt confirmatif d'une ordonnance de non-lieu rendue par un juge d'instruction
interrompt la prescription de l'action publique à l'égard tant des faits visés par la décision de non-lieu partiel, que de ceux qui
leur sont connexes et qui ont fait l'objet d'un renvoi devant le tribunal correctionnel (Crim. 27 mars 2002, n os 00-81.712 et
00-88.111 , Bull. crim. n o 70 ; JCP 2002. IV. 1896).

§ 2 - Ordonnance d'irresponsabilité pénale


819. Application de l'article 122-1 du code pénal. - Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 25 février 2008, lorsqu'il pense qu'une
personne peut faire l'objet d'une ordonnance d'irresponsabilité pénale fondée sur l'application de l'article 122-1, alinéa 1 er, du
code pénal, le juge d'instruction doit en avertir le ministère public et les parties au moment où il annonce la conclusion du
dossier. Au moment du règlement, s'il estime qu'il existe des charges suffisantes contre la personne d'avoir commis les faits
reprochés et « qu'il y a des raisons plausibles d'appliquer le premier alinéa de l'article 122-1 du Code pénal » (C. pr. pén.,
art. 706-120), il ordonne que le dossier de la procédure soit transmis par le procureur de la République au procureur général
aux fins de saisine de la chambre de l'instruction dans trois hypothèses : soit parce que le procureur de la République l'a
demandé dans son réquisitoire définitif, soit parce qu'au moins l'une des parties l'a demandé dans ses observations, soit
parce qu'il le décide d'office. Dans les autres cas, il rend une ordonnance d'irresponsabilité pénale pour cause de trouble
mental qui précise qu'il existe des charges suffisantes établissant que l'intéressé a commis les faits qui lui sont reprochés.
Lorsque les autorités judiciaires estiment que l'état mental d'une personne qui a bénéficié d'un non-lieu, d'une décision de
relaxe ou d'un acquittement en application de l'article 122-1 du code pénal peut compromettre l'ordre public ou la sûreté des
personnes, elles doivent alors aviser immédiatement le préfet et doivent également aviser la commission départementale des
établissements psychiatriques (CSP, art. L. 3213-7 [anc. art. L. 348]).

820. Formalités. - L'article D. 47-27 du code de procédure pénale, issu du décret n o 2008-361 du 16 avril 2008 (JO 18 avr.)
prévoit que « si les troubles mentaux d'une personne mise en examen et placée en détention provisoire nécessitent des soins
et compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l'ordre public, le procureur de la République,
conformément aux dispositions de l'article L. 3213-7 du code de la santé publique, informe le représentant de l'État dans le
département : … 1 o Lorsqu'il prend un réquisitoire définitif tendant au prononcé d'une ordonnance d'irresponsabilité pénale
pour cause de trouble mental ; il avise alors le représentant de l'État de la date prévisible à laquelle la décision sera
susceptible d'être rendue, sauf s'il est fait application des dispositions du premier alinéa de l'article 706-120 du présent code ;
… 2 o Lorsque le juge d'instruction rend une ordonnance d'irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental. Pour
permettre l'application des dispositions du présent article, le juge d'instruction fait connaître au procureur de la République la
date à laquelle l'ordonnance prévue au 2 o est susceptible d'être rendue. Dans le cas prévu par le premier alinéa, le procureur
de la République informe également le représentant de l'État dans le département lorsqu'en cours d'information la personne
mise en examen fait l'objet d'une décision de remise en liberté dans l'attente d'une probable ordonnance d'irresponsabilité
pénale pour cause de trouble mental ».

821. Détention provisoire. Contrôle judiciaire. - L'ordonnance de transmission de pièces rendue en application de l'article 706-
120 du code de procédure pénale ne met pas fin à la détention provisoire ou au contrôle judiciaire, qui se poursuit jusqu'à
l'audience de la chambre de l'instruction, sans préjudice de la possibilité pour le juge d'instruction, par ordonnance distincte,
d'ordonner la mise en liberté ou la levée du contrôle judiciaire (C. pr. pén., art. 706-121). S'il n'a pas été mis fin à la détention
provisoire, la chambre de l'instruction doit statuer dans un délai de six mois en matière criminelle ou quatre mois en matière
correctionnelle à compter de la date de l'ordonnance de transmission de pièces, à défaut de quoi la personne mise en examen
est remise en liberté si elle n'est pas détenue pour une autre cause.

8 2 2 . Procédure devant la chambre de l'instruction. - Les articles 706-122 à 706-127 du code de procédure pénale sont
applicables devant la chambre de l'instruction en cas d'appel d'une ordonnance d'irresponsabilité pénale pour cause de
trouble mental, mais aussi dans le cas d'appel d'une ordonnance de renvoi lorsque cet appel est formé par une personne mise
en examen qui invoque l'application du premier alinéa de l'article 122-1 du code pénal (C. pr. pén., art. 706-128). Lorsque la
chambre de l'instruction est saisie en application de l'article 706-120, son président ordonne, soit d'office, soit à la demande
de la partie civile, du ministère public ou de la personne mise en examen, la comparution personnelle de cette dernière si son
état le permet. Si celle-ci n'est pas assistée d'un avocat, le bâtonnier en désigne un d'office à la demande du président de la
juridiction. Cet avocat représente la personne même si celle-ci ne peut comparaître. Les débats se déroulent et l'arrêt est
rendu en audience publique, hors les cas de huis clos prévus par l'article 306. Le président procède à l'interrogatoire de la
personne mise en examen, si elle est présente, conformément à l'article 442 (C. pr. pén., art. 706-122). Lorsque la chambre
de l'instruction est saisie en application de l'article 706-120 alors que la personne mise en examen a fait l'objet d'une mesure
d'hospitalisation d'office, le président de cette juridiction sollicite du directeur de l'établissement d'accueil la transmission d'un
certificat médical circonstancié, établi par un ou plusieurs psychiatres de l'établissement, indiquant si l'état de la personne
permet ou non sa comparution personnelle pendant l'intégralité ou une partie de l'audience (C. pr. pén., art. D. 47-28). Les
experts ayant examiné la personne mise en examen doivent être entendus par la chambre de l'instruction, conformément à
l'article 168. Sur décision de son président, la juridiction peut également entendre au cours des débats, conformément aux
articles 436 à 457, les témoins cités par les parties ou le ministère public si leur audition est nécessaire pour établir s'il existe
des charges suffisantes contre la personne d'avoir commis les faits qui lui sont reprochés et déterminer si le premier alinéa de
l'article 122-1 du code pénal est applicable (C. pr. pén., art. 706-122). Les éléments relatifs à l'audience, qui peut se faire en
utilisant la visioconférence, sont prévus par les articles 706-122 et D. 47-28-1 du code de procédure pénale.

823. Décisions de la chambre de l'instruction. - Si elle estime qu'il n'existe pas de charges suffisantes contre la personne mise
en examen d'avoir commis les faits qui lui sont reprochés, la chambre de l'instruction déclare qu'il n'y a lieu à suivre
(C. pr. pén., art. 706-23). Si elle estime qu'il existe des charges suffisantes contre la personne mise en examen d'avoir commis
les faits qui lui sont reprochés et que le premier alinéa de l'article 122-1 du code pénal n'est pas applicable, la chambre de
l'instruction ordonne le renvoi de la personne devant la juridiction de jugement compétente (C. pr. pén., art. 706-24).
L'article 706-125 du code de procédure pénale prévoit encore que « la chambre de l'instruction rend un arrêt de déclaration
d'irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental par lequel : … 1 o Elle déclare qu'il existe des charges suffisantes contre
la personne d'avoir commis les faits qui lui sont reprochés ; … 2 o Elle déclare la personne irresponsable pénalement en raison
d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes au moment des faits ; …
3 o Si la partie civile le demande, elle renvoie l'affaire devant le tribunal correctionnel compétent pour qu'il se prononce sur la
responsabilité civile de la personne, conformément à l'article 489-2 du code civil, et statue sur les demandes de dommages et
intérêts ; … 4 o Elle prononce, s'il y a lieu, une ou plusieurs des mesures de sûreté prévues au chapitre III du présent titre ».
8 2 4 . Hospitalisation d'office. - Lorsque la chambre de l'instruction prononce un arrêt ou un jugement de déclaration
d'irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental, elle peut ordonner, par décision motivée, l'hospitalisation d'office de la
personne dans un établissement mentionné à l'article L. 3222-1 du code de la santé publique s'il est établi par une expertise
psychiatrique figurant au dossier de la procédure que les troubles mentaux de l'intéressé nécessitent des soins et
compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l'ordre public. L'article D. 47-29 du code de
procédure pénale, modifié par le décret n o 2010-692 du 24 juin 2010, prévoit que lorsque la chambre de l'instruction décide,
conformément à l'article 706-135, de l'hospitalisation d'office de la personne dans un établissement mentionné à l'article
L. 3222-1 du code de la santé publique, elle prend à cette fin une ordonnance motivée aussitôt après avoir rendu l'arrêt de
déclaration d'irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental. Cette ordonnance est signée par le président de la
juridiction et le greffier. Une copie de cette ordonnance est immédiatement adressée par le procureur de la République ou le
procureur général au représentant de l'État dans le département ou, à Paris, au préfet de police, afin que ce dernier procède
sans délai à l'hospitalisation, après, le cas échéant, les formalités de levée d'écrou. Cette ordonnance est inscrite dans le
registre prévu par le dernier alinéa de l'article L. 3213-1 du code de la santé publique. Copie de l'expertise psychiatrique
figurant au dossier de la procédure et établissant que les troubles mentaux de l'intéressé nécessitent des soins et
compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l'ordre public est également immédiatement
adressée par le procureur de la République ou le procureur général au représentant de l'État dans le département ou, à Paris,
au préfet de police, pour être jointe au dossier médical de la personne. L'expertise dont il est fait état est celle réalisée au
cours de l'instruction, sans préjudice de la possibilité pour le président de la chambre de l'instruction ou de la juridiction de
jugement d'ordonner un complément d'expertise afin d'actualiser les informations concernant l'état mental de la personne. Si
la dernière expertise figurant au dossier ne comporte pas d'indications suffisantes pour apprécier que les conditions de
l'hospitalisation d'office sont effectivement réunies au moment où la juridiction doit statuer, le président de celle-ci peut
également, avant la date prévue pour l'audience, requérir de l'expert ou de l'un des experts ayant procédé à cette expertise,
ou de tout autre médecin psychiatre, la délivrance d'un certificat médical décrivant l'état actuel de la personne. Ce certificat
peut également être requis par le ministère public. Copie du certificat est alors adressée au représentant de l'État avec celle
de l'expertise psychiatrique.

8 2 5 . Exécution immédiate de l'ordonnance. - L'article D. 47-29-1 du code de procédure pénale prévoit, depuis le décret du
24 juin 2010, que « l'ordonnance aux fins d'hospitalisation d'office prise en application de l'article 706-135 du même code est
immédiatement exécutoire, sans préjudice de la possibilité de saisine du juge des libertés et de la détention conformément
aux dispositions de l'article L. 3211-12 du code de la santé publique afin qu'il soit mis fin à l'hospitalisation. À peine
d'irrecevabilité, cette ordonnance ne peut faire l'objet d'un appel ou d'un pourvoi en cassation qu'en même temps qu'un appel
ou qu'un pourvoi formé contre la décision portant déclaration d'irresponsabilité pénale pour cause de trouble mental. L'appel
ou le pourvoi formé contre l'ordonnance aux fins d'hospitalisation d'office n'est pas suspensif. Lorsqu'elle n'a pas fait l'objet
d'un appel, l'ordonnance aux fins d'hospitalisation d'office est caduque si la juridiction d'appel déclare la personne pénalement
responsable et la condamne à une peine privative de liberté. Il en est de même si, à la suite d'un pourvoi en cassation, la
juridiction de renvoi déclare la personne pénalement responsable et la condamne à une peine privative de liberté. La caducité
de l'ordonnance intervient lorsqu'est mise à exécution la peine privative de liberté. Les dispositions du présent alinéa ne sont
toutefois pas exclusives de l'application de celles de l'article D. 398, le cas échéant sans interruption du séjour de la personne
en établissement de santé ». La personne concernée peut toutefois saisir le juge des libertés et de la détention,
conformément aux dispositions de l'article 706-137, aux fins de modification ou de mainlevée de ces mesures.

§ 3 - Ordonnances de renvoi
826. Examen des charges. - Le juge d'instruction examine s'il existe contre la personne des charges constitutives d'infraction à
la loi pénale. Son examen doit porter sur l'ensemble des pièces de la procédure, y compris celles qui ont pu lui parvenir
postérieurement à l'ordonnance de soit-communiqué (Crim. 15 avr. 1904, DP 1907. 1. 470. - Crim. 3 août 1935, DP 1937. 1.
94, note Leloir). Le juge d'instruction doit renvoyer devant la juridiction compétente pour juger l'infraction la plus élevée dans
l'échelle des peines. Cependant, il peut renvoyer devant des juridictions différentes des personnes prévenues d'infractions
connexes (Crim. 4 janv. 1957, Bull. crim. n o 8). L'ordonnance de renvoi, comme le réquisitoire introductif, ne saurait constituer
un crime ou un délit : sur plainte contre le juge d'instruction, la chambre criminelle n'a pas à désigner une juridiction pour
connaître de la procédure (Crim. 4 mai 1983, D. 1983. IR 431).

A. - Ordonnances de renvoi devant le tribunal de police


827. Contravention. - Si le juge d'instruction estime que les faits constituent une contravention, il prononce, par ordonnance,
le renvoi de l'affaire devant le tribunal de police (C. pr. pén., art. 178). Lorsque cette ordonnance est devenue définitive, elle
couvre, s'il en existe, les vices de la procédure. En ce qui concerne les mineurs, le renvoi devant le tribunal de police ne peut
se faire que si les faits constituent une contravention de l'une des quatre premières classes (Ord. du 2 févr. 1945, art. 9,
al. 2).

B. - Ordonnances de renvoi devant le tribunal correctionnel


828. Délit. - Si le juge d'instruction estime que les faits constituent un délit, il prononce par ordonnance le renvoi de l'affaire
devant le tribunal correctionnel (C. pr. pén., art. 179, al. 1 er). Il peut, par la même ordonnance, renvoyer devant le tribunal
correctionnel les contraventions connexes au délit. Cette ordonnance met fin au contrôle judiciaire et à la détention provisoire.
Toutefois, le prévenu peut être maintenu en état de détention provisoire ou sous contrôle judiciaire jusqu'à sa comparution
devant le tribunal par une ordonnance distincte et spécialement motivée. En cas de maintien en détention provisoire, les
éléments de l'espèce expressément énoncés dans l'ordonnance doivent justifier cette mesure particulière par la nécessité
d'empêcher une pression sur les témoins ou les victimes, de prévenir le renouvellement de l'infraction, de protéger le prévenu,
de garantir son maintien à la disposition de la justice ou de préserver l'ordre public du trouble causé par l'infraction. Bien que
la loi du 15 juin 2000 ait ôté au juge d'instruction la possibilité de placer en détention et de prolonger celle-ci, elle lui a
conservé la possibilité de maintenir en détention. L'ordonnance prescrivant le maintien en détention cesse de produire effet à
l'expiration d'un délai de deux mois. L'ordonnance, lorsqu'elle est devenue définitive, couvre les vices de la procédure, s'il en
existe (C. pr. pén., art. 179. - V. MATHIEU, La purge des nullités par l'ordonnance de renvoi. Étude d'un problème particulier,
D. 2000. Point de vue, p. 5). Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 9 mars 2004, l'article 179 précise désormais que « s'il a été
décerné, le mandat d'arrêt conserve sa force exécutoire ; s'ils ont été décernés, les mandats d'amener ou de recherche
cessent de pouvoir recevoir exécution, sans préjudice de la possibilité pour le juge d'instruction de délivrer un mandat d'arrêt
contre le prévenu » (C. pr. pén., art. 179). La question de la constitutionnalité des dispositions de l'article 179 du code de
procédure pénale qui permettent au juge d'instruction, lors de son ordonnance de règlement, de décider, sans débat
contradictoire préalable, de maintenir le prévenu en détention provisoire, portant ainsi atteinte aux droits de la défense, au
droit d'accès effectif à un juge et à un procès équitable, ne présente pas un caractère sérieux, dès lors que le mis en examen
peut ensuite présenter des observations, de sa propre initiative ou après les réquisitions du procureur de la République (Crim.
15 févr. 2011, n o 10-90.122 , Bull. crim. n o 24 ; Dalloz actualité, 9 mars 2011, obs. Priou-Alibert ; D. 2011. Actu. 754 , JCP
2011, p. 421).

829. Difficultés tenant à la qualification retenue. - Le juge d'instruction ne peut renvoyer sous une qualification plus haute que
celle qui a été notifiée. Un arrêt de la Cour de cassation doit être analysé (Crim. 29 mai 2001, n o 01-80.718 , Bull. crim.
n o 136). Il dispose que « la chambre de l'instruction ne peut, sans excès de pouvoir, annuler l'ordonnance du juge
d'instruction portant règlement de la procédure d'information, lorsque cette ordonnance satisfait en la forme aux conditions
essentielles de son existence légale. Dès lors, encourt la cassation l'arrêt rendu par la chambre de l'instruction qui, statuant à
la suite d'une ordonnance de transmission des pièces du juge d'instruction, prononce l'annulation de celle-ci, alors que le
magistrat instructeur avait requalifié les faits par application de l'article 176 du code de procédure pénale, non contraire aux
dispositions de l'article 6, paragraphe 3, de la Convention européenne des droits de l'homme, et qu'il lui appartenait
d'apprécier elle-même si les personnes mises en examen devaient être renvoyées devant la juridiction de jugement sous les
qualifications ainsi retenues, quitte à ordonner, le cas échéant, tout acte d'information complémentaire utile ». Mais il s'agit
d'une décision qui nous semble spécifique au renvoi en matière criminelle pour laquelle, avant l'entrée en vigueur de la loi du
15 juin 2000, la chambre de l'instruction était forcément saisie. Elle pouvait donc ordonner un acte d'information
supplémentaire, ce qu'elle peut encore faire lorsqu'elle est saisie d'un appel de cette ordonnance de mise en accusation. Le
renvoi correctionnel n'est quant à lui, exception faite de certaines situations (V. infra, n os 830 s.), non susceptible d'appel.
Nous pensons en conséquence que le juge d'instruction ne peut renvoyer une personne en utilisant une qualification plus
haute que celle qu'il lui a notifié pendant l'instruction (sur ces points, V. C. GUÉRY, Aux confins du droit et de la procédure
pénale. La relative liberté de qualification du juge d'instruction, D. 1996. Chron. 335 ; Le tribunal correctionnel et les
nullités de l'instruction, Dr. pénal 2004. Chron. 6).

8 3 0 . Appel de l'ordonnance de renvoi : cas prévu par la loi du 9 mars 2004. - Traditionnellement, l'appel de l'ordonnance de
renvoi n'était pas possible sauf lorsqu'il s'agissait d'une ordonnance complexe. L'article 186-3 du code de procédure pénale,
créé par la loi dite « Perben II » du 9 mars 2004, dispose que « la personne mise en examen et la partie civile peuvent
interjeter appel des ordonnances prévues par le premier alinéa de l'article 179 dans le seul cas où elles estiment que les faits
renvoyés devant le tribunal correctionnel constituent un crime qui aurait dû faire l'objet d'une ordonnance de mise en accusation
devant la cour d'assises ». Cette disposition est complétée par la modification apportée à l'article 469 selon lequel, « lorsqu'il
est saisi par le renvoi ordonné par le juge d'instruction ou la chambre de l'instruction, le tribunal correctionnel ne peut pas
faire application, d'office ou à la demande des parties, des dispositions de l'alinéa 1 er, si la victime était constituée partie civile
et assistée d'un avocat lorsque ce renvoi a été ordonné. Toutefois, le tribunal correctionnel, saisi de poursuites exercées pour
un délit non intentionnel conserve la possibilité de renvoyer le ministère public à mieux se pourvoir s'il résulte des débats que
les faits sont de nature à entraîner une peine criminelle parce qu'ils ont été commis de façon intentionnelle ». Les dispositions
interdisant au tribunal correctionnel de renvoyer le ministère public à se pourvoir si les faits déférés sous la qualification de
délit sont de nature à entraîner une peine criminelle ne sont applicables que lorsque l'ordonnance de renvoi a été rendue
postérieurement au 1 er octobre 2004 (Crim. 23 mai 2006, n o 05-86.375 , Bull. crim. n o 143 ; Procédures 2006. Comm. 190,
note Buisson. - V. aussi supra, n o 696).

8 3 1 . Appel de l'ordonnance de renvoi : forme. - Dans un premier temps, la chambre criminelle a estimé que l'appel devait
expressément mentionner qu'il était interjeté sur la base de l'article 186-3 : n'encourt pas l'annulation l'ordonnance du
président de la chambre de l'instruction qui, en application de l'article 186, dernier alinéa, du code de procédure pénale, dit n'y
avoir lieu à admission de l'appel interjeté par la partie civile de l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, dès
lors que la déclaration d'appel ne comporte aucune indication sur l'objet de ce recours (Crim. 15 mars 2006, n o 05-87.299 ,
Bull. crim. n o 79 ; Procédures 2006. Comm. 165, note Buisson). Elle a, dans un second temps, jugé que la recevabilité de
l'appel n'est pas subordonnée à la mention dans l'acte d'appel de l'objet de ce recours. (Crim. 10 déc. 2008, n o 08-86.812 ,
Bull. crim. n o 252 ; AJ pénal 2009. 137, obs. Ascensi ). Elle a encore, par la suite, modifié la solution en estimant irrecevable
l'appel formé contre l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel, dès lors que la partie civile appelante n'a pas
invoqué les dispositions de l'article 186-3 du code de procédure pénale dans aucun acte de la procédure (Crim. 23 févr. 2011,
n o 10-81.767 , Bull. crim. n o 38 ; D. 2011. Actu. 756, obs. Léna ; AJ pénal 2011. 368, obs. Perrier ). En conséquence,
s'il apparaît dans un acte de procédure, par exemple dans un mémoire transmis dans le cadre de l'article 175, que la partie
civile souhaite un renvoi devant la cour d'assises, on en déduira que l'appel interjeté est recevable même s'il ne mentionne
pas expressément qu'il est exercé dans le cadre de l'article 186-3.

832. Appel de l'ordonnance de renvoi : cas prévu par la loi du 5 mars 2007. - La loi du 5 mars 2007 a ajouté un autre cas dans
lequel l'ordonnance de renvoi est susceptible d'appel : lorsque plusieurs juges d'instruction ayant été désignés en cosaisine
pour instruire une information, l'un ne signe pas l'ordonnance de renvoi. Lorsque tous les juges désignés la signe,
l'ordonnance n'est pas susceptible d'appel.

833. Repentis. - Les ordonnances de renvoi en matière correctionnelle ou de mise en accusation doivent préciser, s'il y a lieu,
que la personne « bénéficie des dispositions de l'article 132-78 du code pénal ». Il s'agit des dispositions sur les repentis.

834. Déclaration d'adresse. - L'article 179-1 du code de procédure pénale, issu de la loi du 9 mars 2004, prévoit que toute
ordonnance renvoyant la personne mise en examen devant le tribunal de police ou le tribunal correctionnel informe celle-ci
qu'elle doit signaler auprès du procureur de la République, jusqu'au jugement définitif de l'affaire, tout changement de
l'adresse déclarée lors de sa mise en examen, par lettre recommandée avec demande d'avis de réception. L'ordonnance
l'informe également que toute citation, notification ou signification faite à la dernière adresse déclarée sera réputée faite à sa
personne. V. Citations et significations

835. Ordonnances complexes. - Lorsque le magistrat instructeur ne répond pas à une demande d'acte ou d'expertise qui a été
régulièrement formulée, l'ordonnance de règlement qu'il rend ensuite est complexe. Statuant implicitement sur la demande
d'acte ou d'expertise formulée, elle était traditionnellement considérée comme susceptible d'appel par la partie. Mais, depuis
1993, si le juge n'a pas statué dans le délai de trente jours qui lui est imparti pour le faire, la partie a la possibilité de saisir la
chambre de l'instruction. Si elle n'use pas de ce droit, elle perd la possibilité de faire appel de l'ordonnance de règlement.
C'est ce qui découle d'un arrêt du 30 novembre 1999 : « Il résulte de l'article 82-1 que, lorsque le juge d'instruction n'a pas
statué dans le délai d'un mois sur une demande d'acte présentée en application de ce texte, la personne mise en examen qui
n'a pas usé de la faculté de saisir directement le président de la chambre d'accusation dans les conditions précisées par
l'article 81 du même code, ne saurait être admise à interjeter appel de l'ordonnance la renvoyant devant le tribunal
correctionnel pour contester le rejet implicite de sa demande d'actes, l'ordonnance entreprise ne présentant pas un caractère
complexe » (Crim. 30 nov. 1999, n o 99-80.679 , Bull. crim. n o 279 ; RSC 2000. 423, obs. Commaret ;Dr. pénal 2000.
Comm. 51, note Maron). Pour autant, il demeure des cas dans lesquels les ordonnances rendues par le magistrat instructeur
ont conservé le caractère complexe : ainsi, lorsqu'une requête aux fins d'amnistie est présentée en application du dernier
alinéa de l'article 9 de la loi n o 2002-1062 du 6 août 2002 (JO 9 août ; D. 2002. 2308), par la personne mise en examen, au
juge d'instruction, ce dernier est tenu de répondre par une décision qui est soumise aux voies de recours ordinaires ;
l'ordonnance de renvoi, intervenue sans qu'il ait été statué sur une telle demande, comporte un rejet implicite de cette
demande, présente un caractère complexe, et est susceptible d'appel (Crim. 4 janv. 2005, n o 04-83.199 , Bull. crim. n o 4).

8 3 6 . Renvoi devant le tribunal correctionnel de la juridiction sans pôle. - Lorsqu'une information est ouverte en vertu des
nouvelles dispositions de la loi du 5 mars 2007 sur la création de pôles de l'instruction, en cas de renvoi devant la juridiction
de jugement, l'affaire est renvoyée, selon le cas, devant la juridiction de proximité, le tribunal de police, le tribunal
correctionnel, le tribunal pour enfants ou la cour d'assises initialement compétents (C. pr. pén., art. 80. - Sur le renvoi des
mineurs en matière criminelle, V. infra, n o 846).

C. - Ordonnances de renvoi devant le juge des enfants ou le tribunal pour enfants


837. Mineur. - Pour les mineurs, si le juge d'instruction estime que les faits constituent une contravention de cinquième classe
ou un délit, il prononce, par ordonnance, le renvoi devant le juge des enfants ou le tribunal pour enfants (Ord. du 2 févr.
1945, art. 9, al. 2). En cas de crime commis par un mineur de moins de 16 ans, le juge d'instruction prononce, par ordonnance,
le renvoi devant le tribunal pour enfants (Ord. 1945, art. 9, al. 2), sauf si le mineur a des coauteurs ou complices majeurs
(Ord. 1945, art. 9, al. 3). Si le mineur a des coauteurs ou complices majeurs, ces derniers seront, en cas de poursuites
correctionnelles, renvoyés devant la juridiction compétente suivant le droit commun ; la cause concernant le mineur sera
disjointe pour être jugée conformément aux dispositions de l'ordonnance du 2 février 1945 (Ord. 1945, art. 9, al. 3. - Crim.
17 oct. 1983, Bull. crim. n o 247).

D. - Ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel pour mineurs (TCM)


8 3 8 . Loi du 10 août 2011. - La loi du 10 août 2011 a inventé une nouvelle figure judiciaire en instituant le tribunal
correctionnel pour mineurs. Les dispositions ont été insérées dans le code de l'organisation judiciaire (art. L. 251-7 et L. 251-
8). Le tribunal correctionnel pour mineurs est une formation spécialisée du tribunal correctionnel composée de trois magistrats
et présidée par un juge des enfants. Il existe un tribunal correctionnel pour mineurs dans chaque tribunal de grande instance
où se trouve un tribunal pour enfants. En vertu de l'article 24-4 de l'ordonnance du 2 février 1945 modifiée, deux citoyens
assesseurs devaient complèter le tribunal correctionnel pour mineurs lorsque les délits à juger relèvaient du tribunal
correctionnel dans sa formation citoyenne. Mais l'expérimentation des juridictions dans leur forme citoyenne a pris fin en
application de deux arrêtés du garde des Sceaux des 13 juin 2012 et 18 mars 2013.

839. Compétence. - Sont traduits devant cette juridiction les mineurs âgés de plus de 16 ans au moment des faits, qui sont
poursuivis pour un ou plusieurs délits punis d'une peine d'emprisonnement égale ou supérieure à trois ans et commis en état
de récidive légale. Le tribunal est également compétent pour le jugement des délits et contraventions connexes aux délits
reprochés aux mineurs, notamment pour le jugement des coauteurs ou complices majeurs de ceux-ci. Le juge d'instruction ne
peut exercer un choix : lorsque les conditions sont remplies, il doit renvoyer le mineur devant le tribunal correctionnel pour
mineurs.

840. Décision du Conseil constitutionnel du 4 août 2011. - Le Conseil constitutionnel a censuré la possibilité de cumul, devant le
tribunal pour enfants, entre les fonctions d'instruction et de jugement en ce qu'elle méconnaît les exigences du droit à un
procès équitable garanti par l'article 6 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789 (Cons. const. 4 août
2011, n o 2011-635 DC, D. 2011. Actu. 2694, obs. Trébulle ; D. 2012. Pan. 1638, obs. Bernaud et Jacquinot , Dr. pénal
2012. Chron. 2, obs. Garçon et Peltier). Le Conseil constitutionnel, dans le cadre de son contrôle a priori de la loi, reporte au
1 er janvier 2013 la censure de cette disposition. Jusqu'à cette date, le tribunal correctionnel pour mineurs pouvait être présidé
par le juge des enfants qui avait instruit l'affaire. Cette décision fait suite à celle prononcée par le Conseil constitutionnel le
8 juillet 2011 (n o 2011-147 DC), affirmant qu'« en permettant au juge des enfants qui a été chargé d'accomplir les diligences
utiles pour parvenir à la manifestation de la vérité et qui a renvoyé le mineur devant le tribunal pour enfants de présider cette
juridiction de jugement habilitée à prononcer des peines, les dispositions contestées portent au principe d'impartialité des
juridictions une atteinte contraire à la Constitution », entraînant l'inconstitutionnalité (reportée au 1 er janv. 2013) de l'article
L. 251-3 du code de l'organisation judiciaire.

E. - Ordonnances de mise en accusation


8 4 1 . Ancien double degré de juridiction en matière criminelle. - Avant l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, le juge
d'instruction qui estimait que les faits constituaient une infraction qualifiée crime par la loi, ordonnait que le dossier de la
procédure et un état des pièces servant à conviction soient transmis sans délai par le procureur de la République au
procureur général près la cour d'appel pour que celui-ci saisisse la chambre d'accusation (C. pr. pén., art. 181, al. 1 er, anc.). La
même ordonnance pouvait comprendre les délits connexes au crime.

842. Renvoi par le juge d'instruction. - Depuis la loi du 15 juin 2000, c'est le magistrat instructeur qui renvoie directement la
personne devant la cour d'assises. L'article 181, dans sa rédaction issue de la loi du 15 juin 2000, disposait : « Si le juge
d'instruction estime que les faits retenus à la charge des personnes mises en examen constituent une infraction qualifiée
crime par la loi, il ordonne leur mise en accusation devant la cour d'assises. Il peut également saisir cette juridiction des
infractions connexes. L'ordonnance de mise en accusation contient, à peine de nullité, l'exposé et la qualification légale des
faits, objet de l'accusation, et précise l'identité de l'accusé. Lorsqu'elle est devenue définitive, l'ordonnance de mise en
accusation couvre, s'il en existe, les vices de la procédure. Le contrôle judiciaire dont fait l'objet l'accusé continue à produire
ses effets. La détention provisoire ou le contrôle judiciaire des personnes renvoyées pour délit connexe prend fin, sauf s'il est
fait application des dispositions du troisième alinéa de l'article 179. Le délai prévu par le quatrième alinéa de l'article 179 est
alors porté à six mois. L'ordonnance de mise en accusation ordonne également prise de corps contre l'accusé, et contre les
personnes renvoyées pour délits connexes. Le juge d'instruction transmet le dossier avec son ordonnance au procureur de la
République. Celui-ci est tenu de l'envoyer sans retard au greffe de la cour d'assises. Les pièces à conviction, dont il est dressé
état, sont transmises au greffe de la cour d'assises si celle-ci siège dans un autre tribunal que celui du juge d'instruction ». La
loi du 15 juin 2000 créait également un nouvel article 215-2 modifié par la loi du 9 septembre 2002 instituant un délai d'un an
pour que l'accusé passe devant la cour d'assises avec la possibilité que la chambre de l'instruction puisse, à titre exceptionnel
ordonner la prolongation des effets de l'ordonnance de prise de corps pour une nouvelle durée de six mois, renouvelable une
fois. La loi du 9 mars 2004 a supprimé le second délai de prolongation supplémentaire et fait passer les dispositions de
l'article 215-2 précitées dans l'article 181 lui-même.

8 4 3 . Jurisprudence sur l'ordonnance de prise de corps. - N'encourt pas la censure l'arrêt de la chambre d'accusation [de
l'instruction] qui décerne, en application de l'article 215 du code de procédure pénale, une ordonnance de prise de corps à
l'encontre d'un député, placé en liberté sous contrôle judiciaire, à la suite de l'autorisation délivrée par le bureau de
l'Assemblée nationale. En effet, les dispositions de l'article 26 de la Constitution, prévoyant une autorisation du bureau de
l'Assemblée nationale en cas de mesure coercitive prise à l'encontre d'un parlementaire, ne sont pas applicables tant que
l'ordonnance de prise de corps n'est pas mise à exécution, par application soit des articles 141-2, alinéa 2, et 272-1 du code
de procédure pénale, soit de l'article 367, alinéa 2, dudit code (Crim. 28 mars 2001, n o 01-80.239 , Bull. crim. n o 82).
Encourt la cassation l'arrêt qui confirme l'ordonnance complémentaire du juge d'instruction décernant prise de corps contre
l'accusé, afin de satisfaire à la formalité qui est imposée par l'article 181, alinéa 7, du code de procédure pénale, sauf dans le
cas des accusés mineurs, et dont l'accomplissement n'était pas mentionné dans l'ordonnance de mise en accusation devenue
définitive (Crim. 9 janv. 2002, BICC 553, n o 320).

8 4 4 . L'ordonnance de prise de corps a été supprimée par la loi du 9 mars 2004. - La loi du 9 mars 2004 a supprimé les
dispositions de l'article 181 du code de procédure pénale concernant l'ordonnance de prise de corps. L'alinéa 7 de cet article
est désormais ainsi rédigé : « Si l'accusé est placé en détention provisoire, le mandat de dépôt décerné contre lui conserve sa
force exécutoire et l'intéressé reste détenu jusqu'à son jugement par la cour d'assises, sous réserve des dispositions des
deux alinéas suivants et de l'article 148-1. S'il a été décerné, le mandat d'arrêt conserve sa force exécutoire ; s'ils ont été
décernés, les mandats d'amener ou de recherche cessent de pouvoir recevoir exécution, sans préjudice de la possibilité pour
le juge d'instruction de délivrer un mandat d'arrêt contre l'accusé ». La loi du 9 mars 2004, qui par ailleurs autorise le
jugement par défaut en matière criminelle, poursuit la « normalisation » de la procédure criminelle. C'est donc le mandat de
dépôt qui continue à produire ses effets sans qu'un autre titre ne s'y substitue.

845. Poursuites contre mineur et majeur. - En cas de poursuites pour infraction qualifiée crime commis par un ou plusieurs
mineurs et majeurs, il était procédé à l'égard de toutes les personnes mises en examen conformément aux dispositions de
l'article 181 du code de procédure pénale, c'est-à-dire que la chambre d'accusation [de l'instruction] pouvait soit renvoyer tous
les accusés âgés de 16 ans au moins devant la cour d'assises des mineurs, soit disjoindre les poursuites concernant les
majeurs et renvoyer ceux-ci devant la cour d'assises de droit commun. Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000,
c'est le juge d'instruction qui prend cette décision. Les mineurs âgés de moins de 16 ans seront renvoyés devant le tribunal
pour enfants (Ord. du 2 févr. 1945, art. 9, al. 3).

8 4 6 . Renvoi des mineurs en matière criminelle. - En cas de crime commis par un mineur de moins de 16 ans, le juge
d'instruction prononce, par ordonnance, le renvoi devant le tribunal pour enfants (Ord. du 2 févr. 1945, art. 9, al. 2) sauf si le
mineur a des coauteurs ou complices majeurs (art. 9, al. 3. - V. supra, n o 845). La loi du 10 août 2011 a apporté une
modification sensible à la matière en permettant à la cour d'assises des mineurs de juger aussi les faits ressortant à la
compétence du tribunal pour enfants lorsqu'ils forment avec le crime principalement poursuivi un ensemble connexe ou
indivisible. En effet, auparavant, lorsqu'un mineur avait commis des faits avant l'âge de ses 16 ans, il dépendait exclusivement
de la compétence du tribunal pour enfants alors même qu'il pouvait avoir aussi commis les mêmes faits après ses 16 ans. La
situation conduisait les professionnels à abandonner l'un des procès ou à devoir poursuivre devant deux juridictions
différentes. Le nouveau texte permet de l'éviter en cas de faits connexes ou indivisibles (Ord. du 2 févr. 1945, art. 20).
847. Délai en cas d'appel. - En cas d'appel contre une ordonnance prévue par l'article 181, la chambre de l'instruction statue
dans les quatre mois de l'ordonnance, faute de quoi, si la personne est détenue, elle est mise d'office en liberté (C. pr. pén.,
art. 181-2).

8 4 8 . Repentis. - Les ordonnances de mise en accusation doivent préciser, s'il y a lieu, que la personne « bénéficie des
dispositions de l'article 132-78 du code pénal » (V. supra, n o 833).

F. - Ordonnance de renvoi aux fins de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité


849. Loi du 13 décembre 2011. - L'ordonnance de renvoi aux fins de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité
est une innovation de la loi du 13 décembre 2011 qui a étendu également les conditions de mise en oeuvre de la comparution
sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) classique. La circulaire du 20 mars 2012 (CRIM/2012-9/E8, BOMJL n o 2012-
033 du 30 mars 2012) souligne l'importance de favoriser le recours à la CRPC dans de nouveaux contentieux. Initialement
utilisée principalement dans les contentieux dits de masse et pour les délits simples, la CRPC pourrait être étendue à des
matières plus techniques, ou à des situations où une peine d'emprisonnement ferme paraît adaptée avec un aménagement
envisageable, ledit aménagement pouvant être requis par le ministère public ab initio. Alors que depuis l'origine, l'article 495-7
du code de procédure pénale réservait la procédure de comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité aux délits
punis à titre principal d'une peine d'amende ou d'une peine d'emprisonnement d'une durée inférieure ou égale à cinq ans, à
l'exception, prévue par l'article 495-16, des délits de presse, d'homicide involontaire, des délits politiques, des délits commis
par des mineurs et des délits dont la procédure de poursuite est prévue par une loi spéciale, il résulte du nouveau texte que
la procédure est applicable à tous les délits. Les exceptions prévues à l'article 495-16 ont été néanmoins conservées et y ont
été ajoutés les délits d'atteintes volontaires et involontaires à l'intégrité des personnes et d'agressions sexuelles prévus aux
articles 222-9 à 222-31-2 du code pénal lorsqu'ils sont punis d'une peine d'emprisonnement d'une durée supérieure à cinq
ans. En dehors de ces exceptions, n'importe quel délit peut être concerné, même s'il fait encourir le maximum prévu en
matière correctionnelle, c'est-à-dire dix ans, ce qui est le cas des affaires de trafic de stupéfiants. Il convient toutefois de se
rappeler que la peine d'emprisonnement maximale pouvant être proposée et homologuée dans le cadre d'une CRPC demeure
fixée à un an et ne peut excéder la moitié de la peine d'emprisonnement encourue.

850. Conditions. - Les conditions posées par l'article 180-1 du code de procédure pénale sont au nombre de trois : … 1 o la
personne visée doit être majeure et le délit doit entrer dans le champ de l'article 495-7 du code de procédure pénale et ne
pas faire partie des exceptions ; … 2 o la personne doit reconnaître les faits et accepter la qualification pénale ; … 3 o le
procureur de la République, ainsi que la partie civile si elle est constituée, doivent avoir donné leur accord. La demande ou
l'accord du ministère public et des parties en vue d'une CRPC doivent faire l'objet d'un écrit ou être mentionnés par procès-
verbal. Ils peuvent être recueillis au cours de l'information ou à l'occasion de la procédure de règlement. Il est précisé que
l'accord exprimé par les parties en cours d'information dispense le juge d'instruction de mettre en oeuvre la procédure de
règlement prévue par l'article 175, ce qui permet d'éviter d'attendre l'échéance des délais prévus par ce même article.

851. Motivation. - L'ordonnance de renvoi aux fins de CRPC doit revêtir la même motivation, conforme aux prescriptions de
l'article 184, qu'une ordonnance de règlement classique même si on supposera aisément que l'accord des parties peut en
alléger la rédaction. Cette ordonnance aux fins de CRPC doit indiquer qu'en cas d'échec de cette procédure ou d'absence de
décision d'homologation dans un délai de trois mois (ou d'un mois s'il y a détention), le prévenu est de plein droit renvoyé
devant le tribunal correctionnel. Le ministère public dispose alors d'un délai de trois mois ou d'un mois au plus à compter de la
date de l'ordonnance, selon qu'il s'agit ou non d'un détenu, pour mettre en oeuvre la CRPC, qui obéit alors exactement aux
mêmes règles. La détention provisoire, l'assignation à résidence sous surveillance électronique ou le contrôle judiciaire de la
personne prennent fin sauf s'il est fait application du troisième alinéa de l'article 179, c'est-à-dire si une décision de maintien
est prise par le juge d'instruction. On peut penser, qu'au moins dans un premier temps, les renvois aux fins de CRPC
devraient plutôt se faire lorsqu'il n'y a pas de détenu en cause.

852. Nullités. - Il demeure une incertitude sur la purge des nullités de procédure. En effet, l'ordonnance de renvoi aux fins de
CRPC n'est pas une ordonnance de renvoi de l'affaire devant le tribunal correctionnel au sens des articles 179, alinéas 1 er et
dernier, du code de procédure pénale. En cas d'échec de la procédure lors de la comparution devant le tribunal correctionnel,
les avis de fin d'information peuvent ne pas avoir été délivrés (V. supra, n o 850). C'est ainsi que par le biais d'un échec de
renvoi aux fins de CRPC, le tribunal correctionnel pourrait retrouver, malgré l'ouverture d'une information judiciaire, ses
pouvoirs de statuer sur certaines nullités de procédure (V. sur les aspects pratiques de cette nouvelle procédure, C. GUÉRY,
Le renvoi aux fins de comparution préalable de culpabilité, AJ pénal 2013. 86 ).

Art. 4 - Notification et voies de recours


§ 1 - Notifications
853. Personnes concernées. - Toutes les ordonnances de règlement sont portées à la connaissance de la personne mise en
examen et du témoin assisté, et les ordonnances de renvoi ou de mise en accusation à la connaissance de la partie civile
(C. pr. pén., art. 183, al. 1 er), même s'il s'agit d'une ordonnance de non-lieu susceptible d'appel. Les notifications prévues par
l'article 183 du code de procédure pénale doivent être faites à la personne visée dans un mandat de comparution ou
d'amener. Si la personne mise en examen est détenue, l'ordonnance de règlement peut être portée à sa connaissance par les
soins du chef de l'établissement pénitentiaire qui adresse, sans délai, au juge d'instruction l'original ou la copie du récépissé
signé par la personne (C. pr. pén., art. 183, al. 2). Il n'y a pas lieu de notifier une ordonnance de règlement au conseil d'un
inculpé actuellement en fuite (Crim. 4 janv. 1951, Bull. crim. n o 11).

854. Ordonnances de non-lieu. - Les ordonnances de non-lieu et les ordonnances faisant grief à ses intérêts civils, susceptibles
d'appel, sont portées à la connaissance de la partie civile, et une copie doit lui être délivrée (C. pr. pén., art. 183, al. 2, et 186,
al. 2). L'ordonnance de non-lieu doit être signifiée au tuteur lorsque la partie civile est frappée d'interdiction légale à la suite
d'une condamnation criminelle (Crim. 8 févr. 1978, Bull. crim. n o 49 ; D. 1978. IR 320).

8 5 5 . Délais. Formes. - La notification aux parties est effectuée dans les délais les plus brefs, soit verbalement, avec
émargement au dossier de la procédure, soit par lettre recommandée (C. pr. pén., art. 183, al. 1 er et 2). Un avis est donné
dans les mêmes formes aux conseils des parties. Lorsque le juge d'instruction rend une ordonnance non conforme aux
réquisitions du procureur, avis lui en est donné par le greffier par tout moyen. Dans tous les cas, mention est portée au
dossier de la nature et des diligences prescrites (C. pr. pén., art. 183). Toute notification d'ordonnance de règlement à une
partie par lettre recommandée expédiée à la dernière adresse déclarée par l'intéressée est réputée faite à sa personne
(C. pr. pén., art. 183, al. 3). Lorsque, en violation des prescriptions de l'article 183 du code de procédure pénale, la notification
d'une ordonnance de non-lieu n'a pas été faite au conseil de la partie civile, cette violation des droits essentiels de la défense
a pour conséquence d'enlever tout effet à cette notification, dont celui de faire courir le délai d'appel (Crim. 21 déc. 1982, Bull.
crim. n o 299. - Crim. 7 mars 1989, Bull. crim. n o 110).

856. L'article 183, alinéa 2, n'exige pas la remise de l'ordonnance sous forme de copie certifiée conforme par le greffier : rien
n'interdit une transmission par télécopie, notifiée par le chef de l'établissement pénitentiaire à l'intéressé qui émargera ; une
notification ultérieure par voie postale ne fait pas courir un nouveau délai d'appel (Crim. 3 juill. 1989, Bull. crim. n o 281). La
mention « avis de la présente ordonnance a été donné par lettre recommandée au conseil de la partie civile » ne justifie pas
de l'envoi de la copie (Crim. 7 mars 1989, Bull. crim. n o 110. - Crim. 12 févr. et 10 mars 1992, n os 91-84.192 et 91-85.981 ,
Bull. crim. n os 70 et 106). La présence au dossier d'un récépissé d'envoi d'une lettre recommandée ne supplée pas à la
mention relative à l'objet de la notification (Crim. 7 avr. 1992, Gaz. Pal. 1992. 2. Somm. 493).

857. Notification par télécopie. - Aux termes de l'article 803-1 du code de procédure pénale, dans les cas où, en vertu des
dispositions du code de procédure pénale, il est prévu de procéder aux notifications à un avocat par lettre recommandée ou
par lettre recommandée avec demande d'avis de réception, la notification peut aussi être faite sous forme d'une télécopie
avec récépissé. Il en est ainsi, notamment, de la notification de la date d'audience de la chambre de l'instruction, telle que
prescrite par l'article 197, alinéa 1 er, du code précité (Crim. 29 mai 2002, n o 02-81.751 , Bull. crim. n o 123 ; JCP 2002.
IV. 2362). Depuis la loi du 5 mars 2007, la notification peut aussi se faire par la voie électronique (V. supra, n o 478).

8 5 8 . Sanction de l'omission de notification. - De manière générale, l'omission de notification de l'ordonnance entraîne


simplement une conséquence sur le délai d'appel qui ne court pas (Crim. 7 mars 1989, Bull. crim. n o 110). Un seul avis au
conseil ne notifie pas les motifs de la décision à l'inculpé, donc ne fait pas courir le délai d'appel (Versailles, 27 mars 1990,
D. 1990. Somm. 221, obs. Pradel ). Une copie qui n'est pas exactement conforme à l'original ne fait pas courir le délai
d'appel, mais l'ordonnance elle-même n'est pas atteinte de nullité (Crim. 21 févr. 1994, n o 93-85.453 , Bull. crim. n o 73).

8 5 9 . Avis au procureur. - L'avis donné au procureur de la République se transmet par tout moyen, mais l'amende,
sanctionnant la carence du greffier, a été supprimée par la loi du 30 décembre 1985. L'avis est donné au ministère public
lorsque l'ordonnance n'est pas conforme à ses réquisitions.

§ 2 - Appel
860. Parquet, douanes. - Le procureur général, le procureur de la République et l'administration des douanes peuvent faire
appel de toutes les ordonnances de règlement (C. pr. pén., art. 185. - Crim. 8 juill. 1958, Bull. crim. n o 526. - Crim. 4 juill. 1973,
Bull. crim. n o 316. - Crim. 6 nov. 1973, Bull. crim. n o 401).

8 6 1 . Personne mise en examen. - La personne mise en examen ne peut pas, en principe, faire appel de l'ordonnance de
règlement (C. pr. pén., art. 186. - Crim. 25 juin 1979, Bull. crim. n o 222. - Crim. 15 juill. 1965, Bull. crim. n o 176), ni former un
pourvoi en cassation contre elle (Crim. 19 janv. 1988, Bull. crim. n o 23). La personne mise en examen pouvait faire appel de
l'ordonnance de règlement qui présentait le caractère d'une décision complexe. Il en fut ainsi par exemple d'une ordonnance
qui avait rejeté implicitement sa demande d'expertise (Crim. 2 mai 1967, Bull. crim. n o 143) ou de contre-expertise (Crim.
10 févr. 1965, Bull. crim. n o 43), ou admis implicitement une constitution de partie civile dont la recevabilité avait été
expressément contestée (Crim. 14 déc. 1982, Bull. crim. n o 288), ou rejeté implicitement un déclinatoire de compétence (Crim.
26 juin 1968, Bull. crim. n o 207). Il en était de même quand l'ordonnance contenait rejet implicite d'une demande de
confrontation régulièrement formulée par la personne mise en examen ou son avocat, par application des dispositions de
l'article 173, alinéa 4, du code de procédure pénale (Paris, 3 déc. 1996, BICC 15 avr. 1997, n o 471). Mais on a vu plus haut
que les possibilités qui sont désormais ouvertes pour les parties de faire des demandes d'acte, et de saisir directement la
chambre de l'instruction dans le cas d'absence de réponse du juge ont réduit les hypothèses dans lesquelles l'appel de
l'ordonnance de règlement est possible (V. supra, n o 835). Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, la personne
mise en examen peut également faire appel de l'ordonnance de mise en accusation. L'article 181 a en effet été ajouté à la
liste limitative de l'article 186. Par ailleurs, l'article 186-2 dispose désormais qu'« en cas d'appel contre une ordonnance
prévue par l'article 181, la chambre de l'instruction statue dans les quatre mois de l'ordonnance, faute de quoi, si la personne
est détenue, elle est mise d'office en liberté ». La personne mise en examen peut également, depuis l'entrée en vigueur de la
loi « Perben II » du 9 mars 2004, faire appel de l'ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel dans deux hypothèses,
prévues à l'article 186-3 du code de procédure pénale, et étudiées plus haut (supra, n os 830 s.).

8 6 2 . Omission du juge. - Lorsque la chambre d'accusation [de l'instruction] est régulièrement saisie de l'appel d'une
ordonnance de règlement du juge d'instruction qui a omis de statuer sur certains faits, objets de l'information, elle doit
annuler cette ordonnance en ce qu'elle a omis de statuer sur ces faits, puis, conformément aux dispositions de l'article 206-3
du code de procédure pénale, soit évoquer et procéder dans les conditions prévues aux articles 201, 202 et 204, soit
renvoyer le dossier de la procédure au même juge d'instruction ou à tel autre, afin de poursuivre l'information sur les faits
omis par l'ordonnance de règlement (Crim. 16 nov. 1999, BICC 508, n o 171).
863. Détention provisoire, contrôle judiciaire. - La personne mise en examen peut légalement faire appel de l'ordonnance la
maintenant en détention provisoire ou sous contrôle judiciaire lors du règlement (C. pr. pén., art. 179, al. 3, et 186, al. 1 er). La
nullité de l'ordonnance à l'égard de l'un des inculpés n'a pas d'effet à l'égard des autres (Paris, 14 oct. 1988, Gaz. Pal.
1989. 1. 193, note Doucet).

8 6 4 . Partie civile. - La partie civile ne peut pas faire appel des ordonnances de renvoi ou de transmission de pièces au
procureur général (C. pr. pén., art. 186). Elle ne peut faire appel d'une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel
ayant requalifié les faits de la poursuite, une telle ordonnance ne portant pas préjudice direct à ses intérêts civils au sens de
l'article 186, alinéa 2, du code de procédure pénale (Crim. 15 févr. 1983, Bull. crim. n o 54). Il en est ainsi en matière
d'infraction à la loi sur la liberté de la presse, en présence d'une qualification irrégulièrement substituée par l'ordonnance de
renvoi à la qualification irrévocablement fixée par la constitution de partie civile, les juges du fond devant statuer sur la
prévention telle qu'elle résulte de l'acte initial de poursuite (Crim. 9 avr. 1991, n o 90-84.124 , Bull. crim. n o 170). Toutefois,
la partie civile peut faire appel de l'ordonnance de renvoi disqualifiant des faits criminels en faits correctionnels, depuis l'entrée
en vigueur de la loi du 9 mars 2004 et dans le cas où l'ordonnance de règlement n'est pas signée de tous les juges saisis
(C. pr. pén., art. 186-3. - V. supra, n o 830 s.). Lorsque l'avis porté par le greffier au pied de l'ordonnance n'indique pas qu'une
copie de la décision a été remise à la partie civile, le délai d'appel n'a pas commencé à courir (Crim. 30 mai 2007, n o 07-
81.923 , D. 2007. AJ 2105 ).

8 6 5 . Ordonnances faisant grief à la partie civile. - La partie civile peut relever appel d'une ordonnance par laquelle le juge
d'instruction a renvoyé certains inculpés devant le tribunal correctionnel, mais a omis de statuer sur diverses infractions
dénoncées par elle (Crim. 23 déc. 1969, Bull. crim. n o 362). La partie civile peut également relever appel de l'ordonnance de
règlement qui présente le caractère d'une décision complexe en ce qu'elle a rejeté implicitement sa demande d'expertise
(Crim. 2 mai 1967, Bull. crim. n o 143) ou de contre-expertise (Crim. 10 févr. 1965, Bull. crim. n o 43), admis implicitement une
constitution de partie civile dont la recevabilité avait été expressément contestée (Crim. 14 déc. 1982, Bull. crim. n o 288) ou
encore rejeté implicitement un déclinatoire de compétence (Crim. 26 juin 1968, Bull. crim. n o 207). La partie civile peut faire
appel de l'ordonnance de non-lieu, même partiel (C. pr. pén., art. 186, al. 2). Elle peut faire appel de l'ordonnance de non-lieu
sans qu'il y ait à distinguer en présence de plusieurs inculpés si le non-lieu les concerne tous ou seulement quelques-uns
d'entre eux (Crim. 24 mars 1960, Bull. crim. n o 170). La partie civile peut également, à l'occasion du règlement du dossier, faire
appel des ordonnances faisant grief à ses intérêts civils (C. pr. pén., art. 186, al. 2). Toutefois, elle ne peut, en aucun cas,
porter appel d'une ordonnance ou d'une disposition d'ordonnance relative à la détention de la personne mise en examen ou
au contrôle judiciaire, même si elle fait grief à ses intérêts civils (C. pr. pén., art. 186, al. 2). Excède ses pouvoirs le président
de la chambre d'accusation [de l'instruction] qui rend une ordonnance de non-admission de l'appel interjeté par la partie civile
d'une ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel faisant grief à ses intérêts civils dès lors que le juge d'instruction
a omis de statuer sur une infraction dénoncée dans la plainte (Crim. 17 nov. 1999, BICC 509, n o 222). Lorsqu'une personne
mise en examen a fait l'objet d'une ordonnance de non-lieu portant sur l'ensemble de la poursuite et que la partie civile,
constituée en ce qui concerne une des infractions poursuivies, a fait appel de cette ordonnance en ses seules dispositions
relatives à cette infraction, la chambre de l'instruction tient de l'article 202 du code de procédure pénale le pouvoir de statuer,
à l'égard de la personne mise en examen, ainsi renvoyée devant elle, sur toutes les infractions résultant de la procédure, et
notamment sur celles qui en avaient été distraites dans l'ordonnance de renvoi (Crim. 2 oct. 2001, n o 01-82.555 , Bull. crim.
n o 195 ; JCP 2001. IV. 2171 ; D. 2001. IR 3332 ).

866. Nullité invoquée par la partie civile de l'ordonnance de non-lieu. - Il résulte de l'article 173, alinéa 4, du code de procédure
pénale, que seule la voie de l'appel de l'ordonnance de non-lieu permet à la partie civile de contester la régularité de celle-ci,
notamment pour défaut de notification préalable de l'avis de clôture de l'information prévu par l'article 175 du même code. Fait
une fausse application des articles 186 et 206 dudit code la chambre d'accusation [de l'instruction] qui écarte ce moyen de
nullité au motif que la partie civile ne saurait, à l'occasion d'un appel qu'elle a formé contre l'ordonnance de non-lieu, faire
juger une question étrangère à son unique objet (Crim. 29 févr. 1996, BICC 433, n o 707).

Section 6 - Autorité de l'ordonnance de clôture


Art. 1 - Dessaisissement du juge d'instruction
867. L'ordonnance de règlement dessaisit le juge d'instruction. - Il découle des règles posées par les articles 175 et suivants du
code de procédure pénale que l'ordonnance de règlement dessaisit le juge d'instruction (Crim. 23 déc. 1969, Bull. crim.
n o 362 ; D. 1970. 282, note J.M.R.). Il s'ensuit que, après avoir rendu une ordonnance de règlement, et sauf le cas explicite
d'ordonnance de disjonction, le juge d'instruction ne saurait poursuivre son information sur les faits qu'il aurait omis de viser
dans cette ordonnance, à moins d'en être saisi à nouveau régulièrement (même arrêt).

868. Postérieurement à l'ordonnance de règlement, le juge d'instruction n'a plus qualité pour instruire ni pour se prononcer
sur la détention provisoire ou le contrôle judiciaire. Ainsi, une audition de témoin recueillie en exécution d'une commission
rogatoire périmée est nulle (Crim. 24 juill. 1961, Bull. crim. n o 353) et une ordonnance de prolongation de détention provisoire
après renvoi et maintien en détention est nulle (Crim. 2 déc. 1971, Bull. crim. n o 336). Il ne pourrait donc, depuis l'entrée en
vigueur de la loi du 15 juin 2000, saisir le juge des libertés et de la détention. L'arrêt de la Cour de cassation renvoyant une
poursuite à l'égard d'un inculpé et de toute personne susceptible de l'être devant un autre juge d'instruction a pour effet de
dessaisir définitivement le premier : après relaxe du prévenu, une nouvelle constitution de partie civile devant le juge
originairement saisi est irrecevable (Crim. 10 janv. 1978, Bull. crim. n o 13). Il résulte des articles 175, 177, 178, 179 et 181 du
code de procédure pénale que l'ordonnance du juge d'instruction qui, sur les réquisitions du procureur de la République,
décide que l'information est complète et y met fin, soit en disant qu'il n'y a lieu à suivre, soit en renvoyant la personne mise en
examen devant la juridiction compétente, dessaisit le juge d'instruction. Dès lors, encourt la cassation l'arrêt qui confirme
l'ordonnance complémentaire du juge d'instruction décernant prise de corps contre l'accusé, afin de satisfaire à la formalité qui
est imposée par l'article 181, alinéa 7, du code de procédure pénale, sauf dans le cas des accusés mineurs, et dont
l'accomplissement n'était pas mentionné dans l'ordonnance de mise en accusation devenue définitive (Crim. 9 janv. 2002,
BICC 553, n o 320).

Art. 2 - Saisine de la juridiction de jugement


8 6 9 . Matière criminelle. - En matière criminelle, avant l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, l'ordonnance de
transmission de pièces au procureur général ne saisissait pas la juridiction de jugement. La cour d'assises était en effet saisie
par la chambre d'accusation [de l'instruction] qui devait relever d'office les nullités de la procédure (Crim. 10 nov. 1970, Bull.
crim. n o 294). L'ordonnance de transmission des pièces n'avait d'autre conséquence que de saisir la chambre d'accusation [de
l'instruction], qui n'était aucunement liée. Depuis l'entrée en vigueur de la loi du 15 juin 2000, l'ordonnance de mise en
accusation saisit la cour d'assises. Il n'en va différemment qu'en cas d'appel. Dans ce dernier cas, c'est la chambre de
l'instruction qui saisit la cour d'assises dans son arrêt de mise en accusation.

870. Autres matières. - Dans les autres matières, l'ordonnance de renvoi saisit la juridiction de jugement, et les termes de
cette ordonnance fixent l'étendue de la saisine. La citation n'a d'autre effet que de notifier au prévenu la date de l'audience,
et il importe peu qu'elle ne reprenne pas intégralement les termes de l'ordonnance dans l'énumération des faits reprochés
(Crim. 11 janv. 1977, Bull. crim. n o 13. - Crim. 22 mai 1990, n o 89-85.044 , Bull. crim. n o 209). Lorsqu'elle est devenue
définitive, l'ordonnance de renvoi de l'affaire devant le tribunal de police ou correctionnel couvre, s'il en existe, les vices de la
procédure (C. pr. pén., art. 178, al. 2, et art. 179, al. 5). La juridiction correctionnelle n'est pas valablement saisie tant qu'il n'a
pas été statué sur la recevabilité de l'appel relevé contre l'ordonnance de renvoi rendue par le juge d'instruction (Crim. 16 avr.
1985, Bull. crim. n o 138).

8 7 1 . Irrégularité soulevée par le tribunal. - Lorsque le tribunal correctionnel, constatant qu'une ordonnance de renvoi ne
satisfait pas aux exigences de l'article 184 du code de procédure pénale, retourne la procédure au procureur de la
République, il appartient à ce dernier de saisir le juge d'instruction aux fins de régularisation du dossier. Cette nouvelle
saisine peut être effectuée par simple soit-transmis, dès lors qu'aucun texte ne l'assujettit à un quelconque formalisme et que
le juge d'instruction n'accomplit aucun acte d'information (T. corr. Sens, 20 mars 1997, BICC 461, n o 1332). Il résulte de
l'article 385, alinéa 2, du code de procédure pénale que, lorsque la cour d'appel constate la nullité de l'ordonnance de renvoi
du juge d'instruction, elle doit, par dérogation à l'article 520 dudit code, renvoyer la procédure au ministère public pour lui
permettre de saisir à nouveau la juridiction d'instruction. Ces dispositions sont applicables devant les juridictions des mineurs
saisies par l'ordonnance de renvoi du juge des enfants. Méconnaît ces dispositions la cour d'appel, chambre spéciale des
mineurs, qui, après avoir constaté la nullité de l'ordonnance de renvoi du juge des enfants, décide de renvoyer directement
l'affaire à ce magistrat « pour qu'il la reprenne dans son état antérieur à l'ordonnance » alors que seul le ministère public était
habilité à saisir le juge des enfants à cet effet (V. C. GUÉRY, Le tribunal correctionnel et les nullités de l'instruction, Dr. pénal
2004. Chron. 6).

8 7 2 . Autorité de la chose jugée et compétence de la juridiction. - (V. Chose jugée [Autorité de la]). Mais l'ordonnance de
renvoi n'a pas par elle-même une quelconque autorité en ce qui concerne la compétence de la juridiction devant laquelle est
prononcé le renvoi, ni quant à la qualification des faits sous réserve que la qualification à laquelle s'arrêtera le juge du fond
n'ait pas été écartée par une décision de non-lieu (Crim. 24 juill. 1967, Bull. crim. n o 234). Cependant, l'exception de chose
jugée ne peut jouer lorsque l'identité de cause, d'objet et de parties n'est pas totale entre la procédure close par un non-lieu
au bénéfice de l'inculpé et l'action exercée ensuite contre la même personne, même si les faits poursuivis sont connexes
(Crim. 17 déc. 1984, Bull. crim. n o 404).

873. Il est admis que cette impossibilité n'existe plus lorsque l'information avait été suivie contre X et qu'une poursuite est
exercée par voie de citation directe contre une personne déterminée (Cass., ch. réun., 24 avr. 1961, D. 1961. 733, note
Bouzat ; JCP 1961. II. 12131, rapp. Monguilan). Il est également admis que cette impossibilité cesse lorsque le motif reposait
en réalité sur l'appréciation de faits - il en est ainsi par exemple d'un non-lieu fondé sur l'état de démence alors que peu
après, une expertise révèle que cet état n'existait pas (Crim. 12 mai 1950, Bull. crim. n o 151). La possibilité de « reprise » de
l'information par une partie civile dépend en fait de la façon dont était rédigée la première plainte, de la nature des
investigations accomplies, et de la manière dont est rédigée la seconde plainte (V. C. GUÉRY et GUICHARD, La « reprise » de
l'information par la partie civile, JCP 2007. I. 202).

874. Changement de qualification. - En cas d'ordonnance de non-lieu dans une poursuite pour recel contre les prévenus, ceux-
ci peuvent ensuite être inculpés de vol, le vol et le recel constituant des infractions distinctes (Crim. 13 juill. 1950, Bull. crim.
n o 209). La personne mise en examen ne peut plus être recherchée, sauf le cas de survenance de charges nouvelles et aux
conditions prévues par les articles 188 et suivants, sans préjudice toutefois de la mise en oeuvre d'une responsabilité civile si
une faute civile reste suffisamment caractérisée (Civ. 2 e, 6 mars 1964, Bull. civ. II, n o 217). Elle ne peut être poursuivie pour le
même fait sous quelque qualification que ce soit (Crim. 24 juill. 1967, Bull. crim. n o 234. - Crim. 10 nov. 1980, Bull. crim.
n o 292). Une ordonnance d'incompétence rendue par un juge d'instruction territorialement incompétent ne s'analyse pas en
une ordonnance de non-lieu. Une nouvelle information pourra être ouverte chez un autre magistrat instructeur, les faits
délictueux demeurant inchangés (Crim. 1 er oct. 1975, Bull. crim. n o 197). L'autorité de la chose jugée de l'ordonnance de non-
lieu ne vaut qu'à l'égard des personnes visées par elle (Crim. 5 mai 1981, Bull. crim. n o 139).

875. Refus d'informer. - Il se déduit de l'article 6 du code de procédure pénale qu'une décision de refus d'informer rendue au
motif que les faits dénoncés ne peuvent admettre aucune qualification pénale, s'oppose, en raison de l'autorité de la chose
jugée qui s'y attache, à toute nouvelle poursuite à raison des mêmes faits sous quelque qualification que ce soit (Crim. 3 févr.
1998, n o 97-80.089 , Bull. crim. n o 38 ; D. 1998. IR 102 ; Gaz. Pal. 17-18 juill. 1998, p. 19). La partie civile qui s'était
constituée dans le cadre d'une information clôturée par une ordonnance de non-lieu partiel peut prendre l'initiative de
poursuites pénales en portant plainte avec constitution de partie civile contre une personne n'ayant été ni visée dans la
première plainte, ni mise en examen dans cette information. Encourt dès lors la cassation l'arrêt qui déclare les parties civiles
irrecevables en leur plainte dirigée contre cette personne en se fondant sur l'autorité qu'il attache à l'ordonnance de
règlement (Crim. 31 mars 1998, BICC n o 903. - V. C. GUÉRY et GUICHARD, article préc.).

Art. 3 - Survenance de charges nouvelles


§ 1 - Principes
876. Non-lieu et charges nouvelles. - La personne mise en examen à l'égard de laquelle le juge d'instruction a dit n'y avoir lieu
à suivre ne peut plus être recherchée à l'occasion du même fait, à moins qu'il ne survienne de nouvelles charges (C. pr. pén.,
art. 188). Les règles relatives à la reprise de l'information sur charges nouvelles après décision de non-lieu, prévues par les
articles 188 à 190 du code de procédure pénale, s'appliquent seulement aux personnes qui, pour les faits incriminés, ont été
antérieurement mises en examen ou nommément visées dans une plainte avec constitution de partie civile (Crim. 14 juin
1994, n o 94-81.675 , Bull. crim. n o 235 ; Gaz. Pal. 1994. 2. Somm. 685). Si le non-lieu est motivé en droit et fondé sur ce que
le fait poursuivi ne constitue pas une infraction pénale et n'est pas punissable, ou sur ce qu'il est amnistié ou prescrit, les
charges nouvelles sont inopérantes, puisque l'action publique est éteinte (Crim. 16 juill. 1932, Bull. crim. n o 180). Encourt la
cassation l'arrêt qui confirme l'ordonnance d'un juge d'instruction portant refus d'informer sur une plainte avec constitution de
partie civile déposée pour faux en écriture publique ou authentique et usage et complicité de ces infractions, au motif que
l'action publique serait éteinte par l'effet de la chose jugée résultant d'une ordonnance de non-lieu antérieure fondée sur une
insuffisance de charges, alors que, d'une part, la première procédure, suivie contre personne non dénommée, n'ayant
comporté aucune inculpation, l'autorité de la chose jugée ne pouvait être retenue à l'égard de quiconque, et que, d'autre
part, les faits ayant motivé la seconde poursuite étaient différents, dans leurs éléments tant légaux que matériels, des faits
se rapportant à la précédente information, ouverte du chef d'escroquerie au jugement (Crim. 23 mai 1995, n o 93-85.376 ,
Bull. crim. n o 190).

877. Réouvertures successives. - L'instruction peut être plusieurs fois rouverte sur charges nouvelles tant que la prescription
n'est pas acquise (Crim. 28 sept. 1865, Bull. crim. n o 185). En présence de charges nouvelles, le procureur de la République ne
peut saisir directement la juridiction de jugement, l'autorité de la décision de non-lieu s'y opposant. Il ne peut que requérir
réouverture de l'information (Crim. 28 sept. 1865, préc. - Crim. 10 nov. 1980, Bull. crim. n o 292).

878. Refus de renvoi d'une question prioritaire de constitutionnalité. - Ne revêt pas un caractère nouveau ou sérieux la QPC
relative à la conformité des articles 190 et 196 du code de procédure pénale aux droits de la défense ainsi qu'aux principes
d'égalité et de séparation des pouvoirs en ce qu'ils privent la partie civile de la possibilité, concurremment au ministère public,
de requérir la réouverture d'une instruction sur charges nouvelles. Dès lors que ces dispositions réservent le droit pour la
partie civile, qui n'est pas dans une situation identique à celle du ministère public, d'exercer son action devant la juridiction
civile, après clôture de l'information par une décision de non-lieu pour insuffisance de charges, il n'y a pas lieu de renvoyer la
QPC devant le Conseil constitutionnel (Cass., QPC, 9 mars 2011, n o 11-80.630 , Dalloz actualité 20 avr. 2011, obs. Priou-
Alibert).

§ 2 - Notion de charges nouvelles


879. Définition légale large. - Sont considérés comme charges nouvelles les déclarations de témoins, pièces et procès-verbaux
qui, n'ayant pu être soumis à l'examen du juge d'instruction, sont cependant de nature soit à fortifier les charges qui auraient
été trouvées trop faibles, soit à donner aux faits de nouveaux développements utiles à la manifestation de la vérité
(C. pr. pén., art. 189). L'énumération de l'article 189 du code de procédure pénale n'est qu'énonciative et non limitative (Crim.
9 nov. 1965, Bull. crim. n o 224). L'expression « charges nouvelles » a un sens très général et s'applique à tous les indices qui,
n'ayant pu être soumis au juge d'instruction avant l'ordonnance de non-lieu, sont de nature à établir la culpabilité des
prévenus, soit quant à leur participation matérielle aux faits visés dans le réquisitoire introductif, soit quant à leur
responsabilité mentale (Crim. 6 juill. 1923, Bull. crim. n o 253. - Sur ce point, V. C. GUÉRY, Les paliers de la vraisemblance
pendant l'instruction préparatoire, JCP 1998. I. 140). Constituent des charges nouvelles justifiant la réouverture de
l'information en application de l'article 190 du code de procédure pénale celles qui n'ont pas été soumises à l'examen de la
juridiction d'instruction avant la décision de non-lieu. Il n'importe qu'elles aient été connues des parties avant cette décision.
La circonstance que la chambre d'accusation [de l'instruction] soit saisie en application de l'article 196 du code de procédure
pénale ne lui interdit pas d'exercer le pouvoir qu'elle tient de l'article 204 du même code (Crim. 16 nov. 1999, n os 94-86.114
et 99-85.848 , Bull. crim. n o 256).

880. Exemples jurisprudentiels de charges nouvelles. - Constituent, par exemple, des charges nouvelles : des témoignages et
constatations au cours d'une poursuite sur une nouvelle infraction commise par le prévenu (Crim. 17 janv. 1867, Bull. crim.
n o 11), des investigations montrant la fausseté de certains témoignages (Crim. 17 avr. 1931, Bull. crim. n o 105. - Crim. 30 avr.
1931, Bull. crim. n o 115), l'arrestation à l'étranger de l'inculpé trouvé en possession des valeurs détournées (Crim. 9 janv.
1897, Bull. crim. n o 8), des éléments recueillis au cours d'une autre information suivie contre d'autres inculpés (Crim. 12 mai
1950, Bull. crim. n o 151), tous éléments nouveaux portant sur la responsabilité mentale de l'inculpé (Crim. 6 juill. 1923, Bull.
crim. n o 253. - Crim. 12 mai 1950, préc.), des photographies et relevés topographiques (Crim. 9 nov. 1965, Bull. crim. n o 224),
des déclarations faites à l'audience (Bordeaux, 12 juin 2001, D. 2002. 918, note Couronne-Palat ).

8 8 1 . Éléments non retenus comme charges nouvelles. - En revanche, ne constituent pas des charges nouvelles : la simple
arrestation de la personne poursuivie (Crim. 10 déc. 1943, Bull. crim. n o 144), même si elle a été arrêtée pour un délit similaire
(Crim. 6 juill. 1923, Bull. crim. n o 253) ; des réquisitions nouvelles visant seulement une seconde plainte (Crim. 14 mars 1957,
Bull. crim. n o 252) ; la confirmation, par de nouveaux témoins, de faits déjà connus (Crim. 17 janv. 1962, Bull. crim. n o 38).

882. Les nouveaux indices doivent être recueillis régulièrement. - Une audition réalisée par un officier de police judiciaire en
exécution d'une commission rogatoire périmée en raison de la clôture de l'information ne saurait constituer une charge
nouvelle. La procédure suivie sur réouverture est, dans ce cas, nulle (Crim. 24 juill. 1961, Bull. crim. n o 353).
§ 3 - Personnes pouvant procéder à la réouverture
883. Ministère public. - Il appartient au ministère public seul de décider s'il y a lieu de requérir la réouverture de l'information
sur charges nouvelles (C. pr. pén., art. 190). La partie civile ne peut pas prendre l'initiative de mettre à nouveau en
mouvement l'action publique sur charges nouvelles (Cass., ch. réun., 29 janv. 1931, DP 1931. 1. 89, rapp. Mornet, concl.
Matter. - Crim. 13 févr. 1973, Bull. crim. n o 76), y compris lorsque l'information a été clôturée contre personne non dénommée
et qu'elle souhaite obtenir la réouverture contre personne non dénommée (Crim. 11 janv. 2000, n o 99-82.143 , Bull. crim.
n o 11). Refuse à bon droit d'informer le juge d'instruction qui, en l'absence de réquisition du ministère public, est saisi d'une
nouvelle plainte avec constitution de partie civile portant sur les mêmes faits et visant une même personne (Crim. 6 févr.
1979, Bull. crim. n o 53. - Crim. 24 mars 1981, Bull. crim. n o 106). La requête de la partie civile doit être déclarée irrecevable
sans être examinée au fond (Crim. 7 mai 1951, Bull. crim. n o 128. - Crim. 28 avr. 1955, Bull. crim. n o 212). La partie civile qui
s'est constituée dans le cadre d'une information ouverte contre personne non dénommée et clôturée par une ordonnance de
non-lieu à suivre contre quiconque, non frappée d'appel, peut, de même que les autres ayants droit de la victime, prendre
l'initiative de poursuites pénales par voie de citation directe contre une personne n'ayant été ni nommément désignée dans
une plainte avec constitution de partie civile, ni mise en examen dans cette information, lors même qu'elle aurait été entendue
comme témoin ou aurait été l'objet, de la part du magistrat instructeur, de diverses vérifications. Encourt dès lors la cassation
l'arrêt qui déclare les parties civiles irrecevables en leurs actions sur citation directe dirigées contre cette personne en se
fondant sur l'autorité de la chose jugée qu'il attache à cette ordonnance de non-lieu (Crim. 22 janv. 1997, n o 96-80533, Bull.
crim. n o 26 ; Gaz. Pal. 4-5 juin 1997, p. 14. - Crim. 31 mars 1998, n o 97-82.257 , Bull. crim. n o 122. - C. GUÉRY et GUICHARD,
article préc.).

8 8 4 . Procureur général. - En cas d'arrêt de non-lieu rendu par la chambre de l'instruction, seul le procureur général est
compétent pour apprécier l'opportunité d'une réouverture sur charges nouvelles et en saisir la chambre de l'instruction
(C. pr. pén., art. 196. - Crim. 28 avr. 1955, Bull. crim. n o 212). En revanche, après la clôture de l'information contre X, la partie
civile peut user de la voie de la citation directe devant le tribunal de police ou le tribunal correctionnel contre une personne qui
n'a pas été impliquée dans cette information, sans se heurter à l'exception de chose jugée (Crim. 6 mars 1957, D. 1958. 25,
note Bouzat. - Cass., ch. réun., 24 avr. 1961, D. 1961. 733, note Bouzat. - Crim. 12 mars 1969, Bull. crim. n o 118).

885. Forme. - Aucune forme spéciale n'est prescrite pour la constatation de l'existence de charges nouvelles autorisant la
reprise des poursuites. Il suffit que lesdites charges soient mentionnées dans le réquisitoire et constatées dans les pièces qui
y sont annexées (Crim. 23 juin 1949, Bull. crim. n o 219. - Crim. 14 mars 1957, Bull. crim. n o 252).

§ 4 - Compétence pour instruire


886. Compétence du même juge d'instruction. - C'est le juge d'instruction qui a rendu le non-lieu ou un des juges d'instruction
du même tribunal de grande instance qui est compétent, à l'exclusion de la chambre d'accusation [de l'instruction], pour
procéder à l'information après réouverture sur charges nouvelles et qui doit être saisi (Crim. 22 juin 1899, Bull. crim. n o 168). Il
en est ainsi même si les charges nouvelles ont été découvertes dans un autre ressort (Crim. 1 er févr. 1837, Bull. crim. n o 38)
ou si la circonstance ayant entraîné la compétence du juge d'instruction a disparu au moment de la reprise des poursuites
(Crim. 5 janv. 1854, Bull. crim. n o 2). En revanche, le juge d'instruction est incompétent pour procéder à l'information après
réouverture sur charges nouvelles à la suite d'un arrêt de non-lieu (Crim. 22 juill. 1859, Bull. crim. n o 186. - Crim. 1 er avr. 1927,
Bull. crim. n o 90). Dans ce cas, l'information confiée directement à un juge d'instruction serait nulle (Crim. 23 févr. 1938, Bull.
crim. n o 49). La chambre d'accusation [de l'instruction] peut cependant déléguer le juge d'instruction premier saisi ou l'un des
juges d'instruction du tribunal de grande instance (Crim. 8 juin 1912, Bull. crim. n o 307. - Sur la réouverture pour charges
nouvelles lorsque la décision de non-lieu résulte d'un arrêt de la chambre d'accusation [de l'instruction], et l'identité des
principes, V. Cham bre de l'instruction).

8 8 7 . Poursuite de la même information. - En cas de réouverture sur charges nouvelles, c'est la même information qui est
poursuivie. Elle ne constitue pas une procédure distincte de celle originairement ouverte (Crim. 19 avr. 1951, Bull. crim.
n o 105). La partie civile conserve sa qualité, la constitution de partie civile initiale reprenant tous ses effets (même arrêt).
Recouvrant cette qualité, elle est recevable à relever appel de la décision par laquelle le juge d'instruction refuse d'informer
sur ces réquisitions dès lors qu'une telle ordonnance fait grief à ses intérêts civils. Méconnaît les dispositions des articles 186
et 190 du code de procédure pénale l'arrêt de la chambre de l'instruction déclarant un tel appel irrecevable (Crim. 23 juin
2009, n o 08-87.679 , Bull. crim. n o 127 ; D. 2009. AJ 2039, note Gachi ; AJ pénal 2009. 505, obs. Ascensi ; Dr. pénal
2010. Chron. 1, obs. Guérin). Le juge d'instruction doit informer. Il ne saurait se borner à constater l'existence des charges
nouvelles telles qu'elles sont présentées par le ministère public et à renvoyer par la même décision le prévenu devant la
juridiction de jugement (Crim. 22 mai 1852, Bull. crim. n o 166).

Index alphabétique

Abolition du discernement 216

Action civile 126


V. Partie civile, Plainte avec constitution de partie civile

Administrateur ad hoc (Mineur) 125, 463

Aggravation des faits 164 s.

Aide juridictionnelle 107


Amende civile 139, 142, 816

Analyse génétique 474


V. Empreintes génétiques

Anonymat 287 s.

Appel
délai 556 s.
computation 557
douanes 560
ordre public 558
partie privée 556
procureur de la République 559
procureur général 559
Incidence sur la clôture 755
ordonnance de règlement 685, 860 s.
ordonnance de renvoi devant le tribunal correctionnel 830 s.
ordonnances du juge d'instruction 534 s.
avocat 555
délai 556
douane 560
filtre 542, 553
irrecevable 545
ministère public 535 s.
mis en examen 538 s.
partie civile 548 s.
témoin assisté 554

Association
Expert 208
partie civile 106

Assurances
Secret de l'instruction 34

Atteintes aux intérêts de la personne


V. Nullités

Audition (Témoin) 286 s.


Agent de services de renseignements 303
anonymat 287 s.
communication téléphonique 295
condamnation 298
confrontation 289
égalité des armes 290
indices graves et concordants 297
journaliste (sources) 304
mineur (victime) 299 s.
ministère public 296
président de la République 305
refus de déposer 294
serment 292 s.

Autorité de la chose jugée 112

Aveu 592

Avis
notification (distinction) 510
préalable 83 s.

Avocat 32
adresse électronique
notification du rapport d'expertise 230
appel des ordonnances 555
assistance 608 s.
obligatoire 380, 583
avis de transport 313
clôture de l'instruction (avis), 789
convocation 425 s., 448
dossier (consultation) 432
dossier (consultation) 432
écoutes téléphoniques 249
faute lourde 245
libre communication 609
mise en examen 371, 378 s.
mineur poursuivi 380
ordonnance du juge d'instruction 527
notification 529 s.
perquisition et saisie
cabinet 321 s.
domicile du mis en examen 314
plainte de la partie civile 111
pluralité 427
première comparution 371, 378
mineur poursuivi 380
procédure (copie) 438 s.
question 610
secret professionnel 321 s.
succession 428
témoin assisté 403

Blessures graves 77

Caractères généraux
contradictoire 10 s.
écrite 25 s.
facultatif 24
inquisitoire 6 s.
secrète 29 s.

Cautionnement 619

Chambre de l'instruction
amende civile 141
audience (publicité) 38
commission rogatoire internationale 686
complément d'expertise 227
contrôle de régularité 61
cosaisine (juge) 52
demande d'actes 613
dessaisissement 741 s.
évocation 715
mise en examen 344
nullités 641, 652, 717
procédure 680
unique objet 683
ordonnance de règlement 685, 687 s., 810
pouvoirs 67 s.
président 674 s.
renvoi 715
restitutions 500
supplément d'information 562 s.

Charges 799 s., 806


nouvelles 876 s.

Chasse 80

Circonstances aggravantes 163

CIVI 35

Clôture de l'instruction 754 s.


appel 755, 860 s.
avis à parties 764, 783 s.
charges nouvelles 876 s.
contradictoire 781
délai raisonnable 758
dessaisissement du juge 867
loi du 5 mars 2007 763 s.
procédure antérieure à la loi 764 s.
procédure issue de la loi 781 s.
mise en examen 760
non-lieu 760
notion d'information terminée 754
obligation de célérité 754
ordonnance de clôture 799 s.
personnes en fuite 761
réouverture 877
réquisitoire définitif 793 s.
saisine de la juridiction de jugement 869 s.
soit-communiqué (ordonnance) 778 s., 783 s.
suspension 792
témoin assisté 785
V. Ordonnance

Coauteur 130, 161

Collégialité 42 s.

Commission rogatoire 181 s.


compétence territoriale 191
conditions 181 s.
date 187
infractions visées 182
ressort du juge 186
douanes judiciaires 184
écoutes téléphoniques 242
extension de compétence 188
faits nouveaux 189
garde à vue 195 s.
internationale 686
nullité 686
interrogatoire de première comparution 384
loyauté 269
mise en examen 192
police judiciaire 185
réquisition de documents 193
ressort (hors du) 186
V. Garde à vue, Saisies, Transport sur les lieux

Compétence territoriale
pôle de l'instruction 48

Complice 130, 161

Confrontation 460 s.
demande des parties 614
ministère public 581
séparée 461
témoin 289
vidéoconférence 462

Connexité 815

Consignation
aide juridictionnelle 107
modalités 109, 138

Contravention 136

Contrôle de la Cour de cassation


in concreto 590

Correctionnalisation 592 s.

Cosaisine
chambre de l'instruction (rôle) 52
crime 101
demande des parties 629 s.
en cours d'instruction 50
répartition des tâches 53 s.

Cotation 27

Cour d'assises 699


Crime
cosaisine 101
criminalisation 422 s.
enregistrement audiovisuel
garde à vue 197
interrogatoire 455
première comparution 389

Criminalité organisée 324


dessaisissement 729
écoute téléphonique 264
parloirs (écoutes) 280
secret professionnel 324
sonorisation 276

Décès
non-lieu 813

Déclaration d'adresse
partie civile 123

Définition 1 s.

Délai raisonnable 65, 758

Délégation 180 s.
mise en examen 192
pouvoir du juge d'instruction 180 s.
V. Commission rogatoire, Audition (Témoin), Écoutes téléphoniques, Expertise, Perquisition, Saisies, Transport sur les
lieux

Délit commis à l'étranger 80

Demandes d'actes
action publique
absence de suspension 616
prescription 521
avocat 620
cautionnement 619
clôture de l'information 786
confrontation 614 s.
enquête sociale 617
examen médical 617
forme 611
mise en examen 618

Dessaisissement 98, 720 s.


bonne administration de la justice 752
clôture de l'instruction 720, 754 s.
cours de la justice interrompu 753
criminalité organisée 734
d'autorité 737 s.
article 84 737
chambre criminelle 749 s.
chambre de l'instruction 741 s.
premier président de la cour d'appel 744 s.
règlement des juges 738 s.
impossibilité de composer la juridiction 753
infraction économique et financière 730
infraction militaire 731
mineur 729
nature de l'infraction 729 s.
qualité de la personne 729 s.
rapprochement entre affaires 721 s.
récusation 744
santé publique 751
sûreté publique 751
suspicion légitime 749 s.
terrorisme 732
volontaire 754 s.
Diffamation 80, 152

Disparition de personne 78

Disparition de pièces 28

Divorce
audition des descendants 291

Domicile
perquisition 314
sonorisation 275 s.

Dossier
communication au ministère public 577
consultation 432 s.
copie 438 s.
distinction (jonction de pièces) 61
pièces 26 s.

Droit de la défense 59, 583 s., 588


assistance d'un avocat 608 s.
clôture de l'instruction préparatoire 781 s.
consultation du dossier 432 s.
copie de la procédure 438 s.
écoutes téléphoniques 245, 250
mise en examen 371, 381 s.
tardive 607 s.
mission de l'expert 210 s.
première comparution 371, 381 s.
procès-verbal de renseignement 273
rapport provisoire de l'expert 225
témoin assisté 403 s.
transport sur les lieux 313
V. Nullités

Écoutes téléphoniques
autorisation (juge) 235
avocat 249, 251
cadre légal 233
clandestines 274
commission rogatoire 242
conditions 234 s., 277
contestation de régularité 258 s.
autre procédure 260 s.
contradictoire 247
cour européenne des droits de l'homme
jurisprudence Kruslin 233
jurisprudence Matheron 261 s.
jurisprudence W isse 281
criminalité organisée 264, 276
décision (écrite) 235
destruction 241
droits de la défense 250, 273
durée maximale 236, 265
écoute contradictoire 247
enregistrement 241
étranger 243
faits distincts (révélation) 258 s., 271 s.
faute lourde 245
forme 235
identification d'auteurs d'appels 255 s.
illégales 267 s.
indices de culpabilité 234
interception internationale 243
journaliste 254
juge des libertés et de la détention 264 s.
légalité 233
magistrat 252
message « texte » (« Tam-Tam », « Tatoo ») 257
messagerie 257
opérateur téléphonique 246, 248
« pager » 257
parlementaire 253
personne en fuite 266
personnes concernées 237
privées 268, 270
provocation 269
réquisition 238
scellés 239
« sonorisation » 274 s.
domicile 275 s.
parloirs 279 s.
véhicule 275 s.
surveillance téléphonique (distinction) 255 s.
traitement informatique 248
transcription 240
utiles à la manifestation de la vérité 234
V. Sonorisation

Égalité des armes 59, 290

Empreintes digitales 472

Empreintes génétiques 467 s.


Fichiers 471 s.

Enquête de personnalité 341

Enregistrement audiovisuel
crime
garde à vue 197
interrogatoire 454
première comparution 389

Enregistrement clandestin 274

Entraves 602, 634

Entreprise
perquisition 315

Équilibre de la procédure pénale 21

Exception préjudicielle 131 s.

Excès de pouvoir
juge d'instruction 62

Expertise 201 s.
analyse génétique 474
association partie civile 208
audition de témoin 223
avis technique 215
Clôture de l'information 773
conclusion
notification 226 s.
témoin assisté 229
contradictoire 210
crime contre un mineur 214
culpabilité 217
définition 201
domaine 204 s.
droits de la défense
complément d'expertise 227, 624
contre expertise 226, 624
mission 210, 623
observation 224
examen (distinction) 204
exécution de la mission 217 s.
interprétation des résultats 202
interprète 220
liste des experts 207
médicale obligatoire 214
mineur victime 214
mission 206
précise 213
nombre d'experts 209
nomination de l'expert 207 s.
nullités 221
officier de police judiciaire (communication) 228
ordonnance du juge d'instruction 516
prélèvements 467 s.
psychiatre 217
rapport 226 s.
demande (partie, ministère public) 226
d'étape 224
provisoire 225
recoupement des données 248
règlement 516
scellés 222
secret médical 218
taux d'alcoolémie (non) 203
témoin assisté 404
troubles psychiques 216

Extradition 650

Faits nouveaux 156 s., 170 s., 189, 550


V. Charges

Fermeture d'établissement 544

Fichiers nationaux automatisés 467 s.


FIJAIS 476 s.
FNAED 472
FNAEG 473
prélèvement biologique 468 s.
STIJ 482 s.

Flagrance
reconstitution 311

Forclusion 405, 665 s.

Frais de justice criminelle 110

Fraudes 178

Garde à vue 194 s.


défaut de signature 200
enregistrement audiovisuel 197
nullité 200
partie civile 199
procès-verbal de renseignement 200
serment 196

Géolocalisation 285

Greffier
présence 363

Historique 6 s.

Hypnose 59

Impartialité
doute 750
refus d'informer 149

Inaction 632 s.

Indépendance (Juge d'instruction) 13, 55 s.

Indices graves et/ou concordants 297, 344, 408, 587


requête en nullité 596

Information
à charge et à décharge 59
aggravation 164 s.
audition de témoins 286 s.
divorce 291
clôture 754 s.
demande d'investigations 611 s.
durée 65, 628
fin 64, 525, 663, 754 s.
demande des parties 626 s., 756
irrecevabilité de la constitution de partie civile 135
nullité 450 s.
objet de l'information 153 s.
ouverture 70 s.
portée du réquisitoire introductif 168 s.
réouverture 876 s.
V . Clôture de l'instruction, Commission rogatoire, Écoutes téléphoniques, Expertise, Nullités, Ordonnance,
Réquisitoire, Supplément d'information

Informatique
V. Fichiers nationaux automatisés, Système informatique

Infraction
aggravation 164 s.
détermination 99
faits connexes 167

Infraction de presse 137


nullité 697
protection de l'image 602
requalification 179
secret professionnel 327

Infraction économique et financière


dessaisissement du juge d'instruction 729

Infraction fiscale 79

Infraction militaire
dessaisissement du juge d'instruction 729

Infractions sexuelles
expertise médicale 476

Injonction à l'employeur 62

Injure 80
V. Infraction de presse

Interprète 220
interrogatoire 454
interrogatoire de première comparution 364

Interrogatoire
avocat (assistance) 425 s.
absence 429 s.
convocation 425, 448
pluralité 427
renonciation 447 s.
succession 428
confrontation 460 s.
copie de la procédure 438.s
définition 414 s.
déroulement 456
durée 426
enregistrement vidéo 455
formalité substantielle 418
forme 419
interprète 454
magistrat du siège 417
majeur protégé 457
ministère public 581
mise à disposition de la procédure 432 s.
nullités 450 s.
partie civile (audition) 458 s.
prélèvement biologique 468 s.
prescription (interruption) 431
procès-verbal 419
questions 421, 610
secret 452
tiers (auditeur de justice, garde, interprète…) 453
transcription 459

Interrogatoire de première comparution 355 s.


V. Première comparution

Investigations (Demande des parties)


V. Partie civile, Témoin assisté, Mise en examen

Irresponsabilité
non-lieu 813

Irrévocabilité de la saisine du juge 72, 172

Jonction
de pièces d'une autre procédure 61

Journaliste
protection de l'image 602
secret de l'instruction 31, 37
secret professionnel 327

Juge d'instruction
Actes 341 s.
coercitifs
faits nouveaux 169
clôture de l'instruction 867
commission rogatoire 181 s.
conduite de l'information (maîtrise) 58
cosaisine
répartition des tâches 53 s.
critique du ministère public 62
délégation 108 s.
déplacement dans les locaux de polce 312
dessaisissement 720 s.
devoirs 59, 867
célérité 66
loyauté 59, 269
enquête de personnalité 341
excès de pouvoirs 62
fichiers nationaux automatisés 467 s.
historique 6 s.
impartialité 750
indépendance 13, 57 s.
interrogatoire de première comparution 355
libre appréciation 63 s., 316, 585
loyauté 59
mise en examen 343 s.
nullités 648 s.
obligation d'instruire 151 s.
plainte avec constitution de partie 114
omission de statuer 698, 808
perquisition 314 s.
pouvoirs
après dépôt de plainte 82
délégation 180s., 342
propres 341 s., 463 s.
qualification 173 s.
première comparution 355
présence sur les lieux 73
récusation 744 s.
refus d'informer 96, 144s
réouverture 886 s.
restitution 489 s.
saisine 46 s.
circonstance du fait 162 s.
in rem 150 s.
limites 168 s.
sanction de l'inaction 632
scellés
ouverture 320
secret de l'instruction 31
supplément d'information 569
suspicion légitime 749 s.
transport 307
V. Commission rogatoire, Dessaisissement, Garde à vue, Mise en examen, Ordonnance, Perquisition, Réquisitoire

Juge des enfants 466

Juge des libertés et de la détention


saisine directe par le ministère public 580
surveillance téléphonique 264 s.

Juridiction sans pôle 736


ordonnance de renvoi 836

Liberté de l'information 58 s.
secret de l'instruction 37

Magistrat
écoutes téléphoniques 253

Majeur protégé 457

Mandat
appel 546
mise en examen 350
témoin assisté 410

Mandataire judiciaire
perquisition 318

Menottes 602, 634

Mesure d'administration judiciaire 98

Mineur
administrateur ad hoc 463
agresseur
expertise médicale obligatoire 214
audition (victime) 464
audition dans le cadre d'un divorce 291
avocat (assistance) 465
crime
ordonnance de renvoi 547
dessaisissement du juge d'instruction 729
expertise Mexico psychologique 214
juge des enfants
information 466
ordonnance de renvoi 837 s.
partie civile
administrateur ad hoc 125, 463
poursuivi
avocat 380
témoignage 299 s., 444
victime 463 s.

Ministère public
Appel 579
audition de témoins 296
avis préalable 649
clôture de l'instruction 787
appel 860
confrontation 581
droit d'information 578 s.
droit de réquisition 575 s.
spontané 576
sur communication du dossier 577
droit d'appel 535, 578
droit d'assister à certains actes 581 s.
interrogatoire 581
mission de l'expert 210 s.
nullité 649, 651
ordonnance du juge d'instruction 512 s.
perquisitions 581
pôle de l'instruction 44 s.
rapport provisoire de l'expert 225
réouverture 883 s.
réquisitoire 71 s., 84s., 118
obligation de précision 157
saisine directe du juge des libertés et de la détention 580
secret 33
signature manuscrite 90
transport 511
visite 581
V. Réquisitoire

Ministre du culte
secret professionnel 323

Mise en examen 343 s.


abolition du discernement 216
achèvement de la procédure 386
action en dommage et intérêts 143
annulation 344, 759
appel 538 s.
clôture de l'instruction 787
irrecevable 545
avocat (assistance) 371 s.
connaissance des faits 368 s.
contestation 596 s., 635
convocation par courrier 372 s.
copie de la procédure 440 s.
cosaisine (demande) 629 s.
crime 389
culpabilité (expertise psychiatrique) 217
déclaration d'adresse 387
déclaration volontaire 377
délégation 349, 384 s.
demande d'actes
clôture 756
être entendu 622
expertise 623 s.
investigation 611 s.
droit d'appel 538 s.
droit d'être entendu préalablement 586
droits de la défense (atteinte) 588
enquête de personnalité 341
enregistrement audiovisuel 389
entrave 602, 634
fin de l'information 626 s.
indices 344
interprète 364
surdité 366
interrogatoire immédiat 392 s.
juge d'instruction
libre appréciation 346, 585
mandat 350
mandat d'arrêt 546
menottes 602, 634
motivation 382
notification 346, 381 s.
nullités 351, 588
partie civile 598, 618
personne mise en cause 347 s.
première comparution (interrogatoire) 354 s.
adresse (déclaration) 387
avocat (assistance, convocation) 371 s.
mineur 380
conseil constitutionnel (QPC) 359
déclaration volontaire 377
enregistrement audiovisuel 389
faits (connaissance) 368 s.
identité 367
notification 381
présence d'un tiers 365
procès-verbal 360 s.
greffier 363
interprète 364
signature 361
qualification 368
surdité 366
présomption d'innocence 599 s.
protection de l'image 602
publication du non-lieu 603
qualification des faits 368
refus d'être interrogé 376
requête en nullité 596
sanction de l'inaction du juge 632 s.
secret 31
supplétive 370
tardive 587 s.
témoin assisté
changement de statut 353, 381 s., 408 s., 597
urgence 392 s.
V. Demandes d'actes, Nullités, Présomption d'innocence

Mort suspecte 74, 136

Non-lieu
charges nouvelles 876 s.
partiel 814
V. Ordonnance

Notification
ordonnance de clôture 853 s.

Nullités 636 s.
acte annulable 701 s.
acte annulé
sort 709 s.
acte d'enquête 93, 637
annulation 700 s.
actes concernés 701 s.
étendue 705 s.
appel 654
atteinte aux intérêts de la personne 700
avis à partie 692
cancellation 709
chambre de l'instruction
compétence 641
contrôle 660 s.
évocation 715
procédure 680 s., 687 s.
renvoi 715
clôture 770, 786
commission rogatoire internationale 686
compétence 694
conséquences 709 s.
cour d'assises 699
crime 687 s.
définitions 637 s.
délai 351, 665, 684
délit 689
écoutes téléphoniques 245
étendue 705 s.
étendue 705 s.
support nécessaire (théorie) 706
expertise 221
extradition 650
faits étrangers à l'information 189
forclusion (délai) 665 s.
formalité substantielle 640
infractions de presse 697
intérêts à agir 658 s.
interrogatoire 450 s.
irrecevabilité 680
juge d'instruction 648 s.
juridictions de jugement 690 s.
matière
correctionnelle 689
criminelle 688
de police 689
mise en examen 656, 707
supplétive 669
tardive 587 s.
objet unique 657, 683
omission de statuer 698, 808
ordonnance de règlement 685, 808
requête en nullité postérieure 687 s.
ordonnance de renvoi 695
partie privée 652 s.
poursuite de la procédure 714 s.
prescription 719
président de la chambre de l'instruction (attribution) 674 s.
presse 697
principes 637 s.
procédure 680 s.
procès-verbal de renseignement 200
procureur de la République 651
provocation 269
purge 642
reconstitution d'interrogatoire 594
renonciation 643 s.
requête 596, 652
retrait du dossier 709
supplément d'information 451
témoin assisté 404, 673
textuelle 638
tribunal correctionnel 690 s.
tribunal de police 690 s.
V. Chambre de l'instruction

Objet saisi
V. Restitutions

Officier de police judiciaire


communication avec l'expert 228
communication avec un témoin 295
compétence territoriale 191
découverte de faits nouveaux 170
délégation du juge d'instruction 182 s.
enquête de flagrance
reconstitution 311
enquête préliminaire
écoutes illégales 267
faits étrangers 189, 272 s.
identification de numéro de téléphone 255 s.
loyauté 269
organisation de la PJ 185
provocation 269
recoupement de données 248
réquisition de document 193, 316
V . Commission rogatoire, Écoutes téléphoniques, Garde à vue, Procès-verbal de renseignement, Sonorisation,
Transport sur les lieux

Ordinateur
V. Système informatique

Ordonnance
acte d'administration 509
administrative/juridictionnelle (distinction) 508 s.
appel 519, 534 s., 860 s.
avocat 555
computation des délais 557
délais 556 s.
douanes 560
filtre 542, 553
irrecevable 545
ministère public 535 s., 559
mis en examen 538 s.
partie civile 548 s.
témoin assisté 554
avis 510
notification (distinction) 510
avocat 527 s.
clôture 867 s.
forme
signature 506
irresponsabilité pénale 819 s.
juridictionnelle 508
ministère public 511 s.
mis en examen 514 s.
expertise 516
mesure provisoire 515
mise en accusation 520, 841 s.
non-lieu 811 s.
notification 507, 519, 529 s., 853 s.
avis (distinction) 510
notion 505 s.
partie civile 520 s.
dessaisissement 523
fin d'information 525
recours 521
renvoi et mise en accusation 520
principes 505 s.
règlement 527
renvoi 520, 826 s.
restitution 533
signature 506

Ouverture de l'information
juridiction avec pôle 44
juridiction sans pôle 45

Parlementaire
écoutes téléphoniques 252

Parquet
V. Ministère public

Partie civile
abus 139 s.
achèvement de la procédure (demande) 626 s.
action publique (mise en mouvement) 114
additionnelle 116
administrateur ad hoc (mineur) 125
adresse (déclaration) 123
aide juridictionnelle 107
amende civile 139
association 106
expert membre 208
audition par un expert 223
avocat 111, 608 s.
caution 619
citation directe 140
clôture 756
appel 864 s.
communication au procureur de la République 118
consignation 107 s., 138
constitution 103 s.
incidente 776
constitution de 103 s.
contestation 635
cosaisine (demande) 629 s.
demande d'investigation 611 s.
expertise, contre expertise 623 s.
droits 584
faits dénoncés 117, 119
fin de l'information 626 s.
garde à vue 199
indemnité de déplacement 124
information 625
de la partie civile 106
de la victime 105
interrogatoire 458 s.
irrecevabilité 135 s.
mineur 125
mise en examen 598, 618
mort suspecte 74
non-lieu 115
ordonnance de non-lieu 866
ordonnance du juge d'instruction 520 s.
personne nommément visées 120
poursuites
choix du mode 121
préalables (conditions) 134
préjudice 127 s.
presse (L. 29 juill. 1881 et 1931) 137
qualification des faits (indifférence) 117
recevabilité 122, 126 s.
recours 521
saisine du juge d'instruction 71
sanction de l'inaction du juge 632 s.
« una via electa » 133
V. Victime, Demandes d'actes, Plainte avec constitution de partie civile

Partie privée (Droits) 583 s.


avocat (assistance) 608 s.
contestation de l'instruction 635
demande d'investigations 611 s.
information (avancement de la procédure) 625
participation à l'instruction 585 s.
présomption d'innocence 599 s.
V. Mise en examen, Partie civile, Témoin assisté

Perquisition 314 s.
avocat (cabinet) 320
cabinet médical 325
domicile 314
juge d'instruction 314
mandataire judiciaire 318
ministère public 581
motivation 319
presse 327
saisies pénales spéciales 333 s.
AGRASC 340
loi du 9 juillet 2010 333
remise aux domaines 339
saisie du patrimoine 338
saisie immobilière 335
saisie sans dépossession 337
société 315

Personne concourant à la procédure 31


personne qualifiée 190 s.
Pièces
jointes
réquisitoire introductif 154
V. Procédure distincte

Pièges 59

Plainte avec constitution de partie civile


amende civile 139 s.
déclaration d'adresse 123
exception préjudicielle 131 s.
irrecevabilité 135 s.
lien de causalité 127
obligation d'instruire 114
plainte abusive 139 s.
plainte additionnelle 116
pouvoirs du juge 82
préalable obligatoire 79 s., 134
préjudice 128
presse 697
qualification 117, 168 s.
recevabilité 119, 126 s.
réquisitions de non-lieu 96, 115

Plus haute acception pénale 174

Pôles de l'instruction 42 s.
ouverture de l'information 44

Première comparution
avocat 371, 378 s.
mineur poursuivi 380
commission rogatoire 384
connaissance des faits 368 s.
convocation par courrier 372 s.
crime 389
déclaration d'adresse 387 s.
déclarations volontaires 377
délai 358
délai prévisible d'achèvement 386
droits des parties 385
enregistrement audiovisuel 389
greffier 363
interprète 364
interrogatoire immédiat 392 s.
juge d'instruction
pouvoir exclusif 355
lieu 356
mise en examen supplétive 370
procès-verbal 360 s.
formalités 367 s.
forme 360 s.
interrogatoire 392
qualification des faits 368
refus d'être interrogé 376
témoin assisté 357, 381 s.
V. Mise en examen, Procès-verbal de première comparution

Prescription de l'action publique


absence de suspension 616
demande d'acte 621
interruption 431, 492, 775, 818
suspension 719

Présence sur les lieux


juge d'instruction 73

Président de la chambre de l'instruction 674 s.


appel des ordonnances du juge d'instruction 542 s., 553
excès de pouvoir 678
pouvoir 677
rôle de filtre 674 s.

Présomption d'innocence 18
action en insertion forcée 604 s.
action en rectification d'insertion 600 s.
information relative à une instruction ouverte sur plainte (interdiction, L. 1931, art. 39) 14 s.
loi du 2 juillet 1931 606
loi no 2000-516 du 15 juin 2000 18
personne menottée 602
publication du non-lieu 603

Presse
V. Infraction de presse

Procédés déloyaux 269, 708

Procédure
copie 26
écrite 25 s.
facultative 24
obligation d'instruire 24
secrète 29

Procédure distincte
écoutes téléphoniques 260 s.
jonction de pièces 61, 271 s.
nullités 659, 713

Procès-verbal de première comparution


déclaration d'adresse 387
délai prévisible d'achèvement 386
droits des parties 385
forme 360 s.
greffier 363
signature 361

Procès-verbal de renseignement 200, 272 s.

Procureur de la République
V. Ministère public

Proxénétisme 544

Publicité de nature à induire en erreur 544

Qualification 173 s.
liberté 173 s.
exceptions (fraudes) 178 s.
presse 179
ordonnance de règlement 802 s.
partie civile 117
plainte avec constitution de partie civile (indifférence) 117
refus d'informer (requalification) 175
requalification 176
appel de la partie civile 551
sous la plus haute acceptation pénale 174

Recel
secret de l'instruction 39

Recevabilité
plainte avec constitution de partie civile 126 s.

Recherche des causes de la mort (art. 74) 74


V. Mort suspecte

Reconstitution
enquête de flagrance 311
V. Transport sur les lieux

Refus d'informer 144 s.


appel V. ce mot
impartialité 149
infondé 145
justifié 147

Règlement de juge 738 s.

Relations financières avec l'étranger 79

Remise aux domaines 339 s.

Réouverture 877

Repenti 833, 848

Requalification 176 s.

Requête en nullité
V. Nullités

Réquisition
complémentaire 95
de non informer 96
de non-lieu 96

Réquisitoire
circonstance du fait 162 s.
définitif 95
étendue de la saisine 172
introductif 79 s.
conditions (de fond) 97 s.
contre personne dénommée (ou non) 86 s.
disparition 91
faits antérieurs 158 s.
faits connexes 167
faits nouveaux 170
forme 85 s.
pièces jointes 154
nullité 89
portée 153 s.
refus d'informer 144 s.
réquisition complémentaire 95
supplétif 84, 95, 794

Restitutions 489 s.
chambre de l'instruction 500
contentieux 497 s.
demandeur 494 s.
demandeurs 494 s.
juge d'instruction
compétence 490, 501
non-lieu 492, 502
ordonnance 494, 812
prélèvement biologique 503
prescription
interruption 492
principes 490 s.
propriété 499
recours 495 s.
refus
limites 498

Révélations d'information 40

Saisies
motivation 319
ordinateur (copie du disque dur) 317
remise volontaire 326
réquisition de documents 316

Saisine « In rem » 150 s.


circonstances du fait 162 s.
aggravantes (connues ou inconnues) 163
connexes (non) 167
préjudice (aggravation) 164
principal 162
victime nouvelle 165
coauteur 161
complice 161
faits non visés (réquisitoire) 168 s.
faits nouveaux 170
faits visés (réquisitoire) 153 s.
antérieurs 158
notion d'opération globale 155
pièces jointes 154
objet de l'information 153 s.
obligation d'instruire 151 s.
réquisitoire (faits visés) 156
urgence 170
vérifications sommaires 170

Saisine (Juge d'instruction) 70


avis préalable 83
constitution de partie civile 103 s.
crime ou délit flagrant (art. 72 abrogé) 73
droit commun 71
étendue de la saisine 150 s., 172
« in rem » 150 s.
irrévocabilité 172
plainte 79 s.
qualification 173 s.
recherche des causes de la mort (art. 74) 74 s.
refus d'informer 144 s.
réquisitoire 84 s.

Santé publique
dessaisissement du juge d'instruction 729

Scellés
communication 437
écoutes téléphoniques 239
expertise 222
ouverture 320

Secret de l'instruction 29 s.
domaine 36
opposable au ministère public (non) 33
sanction de la violation 39
stagiaire 39
V. Présomption d'innocence

Secret-défense 329 s.

Serment
gardé à vue 196, 293
personne qualifiée 190
témoin 292
témoin assisté 398

Société
perquisition 315

Sonorisation
criminalité organisée 276
domicile 275
enregistrements clandestins 274
parloirs 279 s.
véhicule 275

Stagiaire
secret de l'instruction 39

Stupéfiants 544

Supplément d'information 562 s.


annulation ou infirmation (décision du juge d'instruction) 565
appréciation souveraine (chambre de l'instruction) 562
audience de contrôle 568
clôture 571
évocation 566
forclusion 772
juge délégué 569
mise en oeuvre 569 s.
nullités 451
principes 562 s.
vérifications 567

Surdité 366

Sûreté publique
dessaisissement du juge d'instruction 751

Sursis à statuer 112

Suspicion légitime 749 s.

Système informatique
accès des policiers 193
copie de disque dur 317

Témoin 31
anonymat 287 s.
article 105 588 s.
audition 176 s.
communication téléphonique 295
divorce 291
indices graves et concordants 297
ministère public 296
mise en examen tardive 587 s.
refus de déposer 294
secret 31
serment 292

Témoin assisté 394 s.


appel 554
article 105 595
audition par expert 223
avant la loi du 15 juin 2000 (distinction) 394 s.
avocat (assistance) 403
clôture 756
droits du 395, 403 s.
fin de l'information 626 s.
forclusion 405, 665
mandat 410
mise en examen 408 s.
changement de statut 351, 408 s., 597
demande 352, 411
par lettre recommandée 409
nullité 664, 673
première comparution 414 s.
requête en nullité 664, 673
serment 398
statut
choisi par la personne 400 s.
défini par la loi 399
octroyé par le juge 402 s.

Terrorisme
dessaisissement du juge d'instruction 729

Trafic de stupéfiants 100

Transport sur les lieux 306 s.


avis de transport (avocat) 313
délégation 306
en dehors du territoire national 310
hors du ressort 309
juge d'instruction 307
délégation 306
locaux de police 312
ministère public 511, 581
ordonnance 511
reconstitution 311
secret professionnel 321 s.

Tribunal correctionnel
nullités, 690 s.
renvoi, 828

Tribunal de police
nullités 690 s.
renvoi, 827

Trouble psychique
abolition du discernement 216

« Una via electa » 133

Unique objet 657, 683

Urbanisme 544

Véhicule
sonorisation 275 s.

Vente 544

Victime
aggravation 164 s.
information 105
secret de l'instruction 31, 35
victime nouvelle 165
V. Partie civile

Vidéoconférence 462

Vie privée
V. Présomption d'innocence

Violation du secret de l'instruction 39

Visa
pièces jointes 94

Mise à jour
56. L'entrée en vigueur de la loi du 5 mars 2007 a, sur ce point, de nouveau été reportée au 1 er janvier 2015 par la loi
n o 2013-1278 du 29 décembre 2013.

Un report supplémentaire a été opéré par la loi n o 2014-1654 du 29 décembre 2014 (art. 99) au 1 er janvier 2017.

285. Loi n o 2014-372 du 28 mars 2014 relative à la géolocalisation. - Insérant au code de procédure pénale les articles 230-32
à 230-44, le texte prévoit désormais les conditions de mise en place d'une mesure de géolocalisation aux stades de l'enquête
et de l'instruction.

730. Loi n o 2013-1117 du 6 décembre 2013 et décret n o 2014-64 du 29 janvier 2014. - Ces textes relatifs à la lutte contre la
fraude fiscale et la grande délinquance économique et financière ont revu les compétences des juridictions spécialisées dans
ces matières. Les articles 704 et suivants du code de procédure pénale ont ainsi été modifiés, dans le sens de la suppression
des pôles financiers et de l'élargissement de la compétence des JIRS. Le nouveau procureur de la République financier, le juge
d'instruction et le tribunal correctionnel de Paris exercent par ailleurs désormais une compétence concurrente à celle qui
résulte de l'application des articles 43, 52, 704 et 706-42 pour la poursuite, l'instruction et le jugement des infractions visées
à l'article 705.

Copyright 2015 - Dalloz – Tous droits réservés

S-ar putea să vă placă și