Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
LICENCE 2
SOCIOLOGIE
ANTHROPOLOGIE GENERALE
Introduction
L’anthropologie en tant que discipline scientifique est instituée à la fin du XIXe siècle.
Cette époque correspond à un moment où des chercheurs et des savants avancèrent des théories
sur l’évolution de l’homme et donc sur la question de l’origine. Pour comprendre cette étape de la
pensée anthropologique, nécessité exige que l’on se demande ce qui s’est passé au XIXe siècle. À
partir d’une découverte, se situant en 1836, d’une hache par un jeune homme à Abbeville, la
pensée ethnologique européenne va se révolutionner. Et, ainsi, les récits ethnographiques
deviennent plus intéressants.
En 1859, Darwin publie L’Origine de l’espèce et Marx, Critique de l’Économie politique.
Même si ces auteurs ne se sont jamais rencontrés, ils ont dit la même chose dans leurs ouvrages.
Ils considèrent que la clé de l’anatomie du singe est celle de l’homme. Darwin, avec sa théorie
portant sur l’évolution tente de montrer que toutes les espèces ont la même origine, seul le milieu
les différencie.
Ainsi, s’est posée l’épineuse question scientifique (qui n’est d’ailleurs pas une question
scientifique). De là, les problèmes de l’origine sont retrouvés avec l’opposition entre Nature
(animal, inné) et Culture (homme, acquis). Le XIXe siècle fait, de ce point de vue, éclore cette
idée scientiste, l’idée de progrès donnant naissance à la sociologie. C’est ainsi que
l’anthropologie sociale s’oriente vers la compréhension de l’organisation familiale, politique et
sociale et se distingue de l’anthropologie culturelle qui s’intéresse davantage à la religion, aux
coutumes et aux mœurs (Tylor, Frazer).
Selon Robert H. Lowie, anthropologue américain né à Vienne en 1883, considéré comme
l’un des maîtres de l’anthropologie américaine, la naissance de l’ethnologie, discipline
scientifique, est à situer au XIXe siècle. Ainsi, il dresse les différentes étapes connues par cette
discipline au cours de l’histoire. À ce propos, la Préhistoire de l’ethnologie correspond à
l’Antiquité, au Moyen-âge et à la Renaissance ; ses premières ambitions sont fixées entre le
XVIIIème et le XIXème siècles et son acte de naissance de matière scientifique en 1860.
De la sorte, la « vérité » ne se trouve plus dans les livres sacrés mais dans l’expérience et
dans la connaissance. L’observation « scientifique » remplace la croyance.
- Les premières ambitions : XVIIIe-XIXe siècles. Mungo Park explore l’Afrique. À la fin
de ces expéditions à caractère scientifique, l’Europe allait se doter d’une certaine
connaissance ethnologique, ce qui a donné naissance à un certain humanisme. Ainsi, se
construit, dans le champ de la connaissance, le désir de connaître rationnellement l’autre.
1. L’évolutionnisme
Ainsi, Morgan établit les bases scientifiques de la pensée évolutionniste en proposant les
postulats selon lesquels toutes les sociétés humaines évoluent et passent par des phases
comparables ; qu’il faut nécessairement « reconstituer » les « différentes étapes de l’évolution
des cultures » (voir Duvignaud Jean, Le langage perdu, 1976). Dans cette perspective, à
l’exemple de Darwin qui essaie de retracer un prolongement entre les espèces, Morgan développe
l’idée selon laquelle il existe une évolution discontinue mais irrésistible entre les sociétés dites
« sauvages » et celles qui sont considérées comme étant « civilisées ».
En raison d’une documentation ethnographique rare, pour ne pas dire inexistante, Morgan
fut obligé de faire de « l’histoire conjecturale » (impossibilité de donner des confirmations).
Toutefois, il faut reconnaître qu’il a eu le mérité de constater et d’observer sur le « terrain » des
tribus indiennes de l’État de New York (Duvignaud, p. 66), contrairement à la plupart de ses
contemporains.
La théorie morganienne a eu un apport considérable dans l’étude de l’organisation sociale
en s’intéressant à deux aspects classiques et fondamentaux de l’anthropologie : l’aspect parental
C’est par le terme « Diffusionnisme » que ceux qui critiquent cette théorie nommaient la
tendance « culturo-historique » de l’ethnologie, féconde dans la première moitié du XXe siècle.
Le courant de pensée diffusionniste, qui s’opposait à l’évolutionnisme, s’est donné pour tâche de
démontrer l’historicité des peuples que l’on considérait comme n’ayant pas d’histoire, en étudiant
leur distribution dans l’espace. Parmi les premiers penseurs du diffusionnisme, on a Ratzel qui,
dès 1882, emprunta à Gesland le concept de « diffusion » et à Wagner la « théorie des
migrations ». Ainsi, en 1898, Leo Frobenius qui a vulgarisé la notion e Kulturkreis entreprend de
procéder aux reconstitutions spatiales et transversales d’ensembles culturels à partir d’éléments
jugés pertinents.
Retenons, en définitive, que trois méthodes dominent la recherche chez les
diffusionnistes. Il s’agit :
- de la muséographie dont l’objectif est de rassembler, de classer et de présenter les objets.
Avec Frobenius, commence une époque d’accumulation désordonnée de « produits » de
musées des pays européens colonisateurs. « Les écrits nous fon imaginer la vie d’un
peuple (l’expérience indirecte) et le musée nous offre le spectacle de ses possessions
matérielles » (expérience directe), pense-t-il ;
- de l’étude comparative de la génération précédente ;
- de l’enquête ethnographique. C’est dans cette perspective que Frobenius défendit le
principe selon lequel le musée est inséparable à l’enquête. C’est ce qui a amené
l’anthropologue allemand, né à Berlin en 1873, à accorder un intérêt particulier à l’étude
des « civilisations » africaines. Ainsi, Frobenius entame la collecte d’éléments servant de
fonds documentaire à l’Institut de morphologie culturelle qu’il créa en 1922 à Munich.
Cet institut, déplacé à Frankfort en 1925, devint l’Institut Frobenius à la mort de ce
dernier, en 1938.
Pour Frobenius, « l’élément fondamental de toute société est son degré d’ouverture au
réel » (Le langage perdu, Duvignaud). C’est pour cette raison, très certainement, qu’il publie un
Tout de même, soulignons que les vues diffusionnistes furent principalement développées
au début du XXe par les écoles allemande et autrichienne dites l’Ecole de Vienne. Ce courant a
connu son expansion en réaction contre l’évolutionnisme qui niait la part de conservation.
La théorie diffusionniste est fondée à partir des diffusions techniques et sociales d’une
réflexion sur le concept d’aire culturelle, c’est-à-dire que sur le terrain, on essaie de définir
culture par culture, ce qui fait cette culture par l’identification de tous ses éléments
caractéristiques en vue de dévoiler les spécificités ; ce qui nécessite un travail de cartographie,
d’observation des effacements modifiant chacun de ces traits et des appauvrissements. Ainsi, on
aboutit à un foyer considéré comme étant le centre de diffusion culturelle. Plus on s’éloigne du
centre, plus les traits s’appauvrissent. C’est à ce propos d’ailleurs que les Allemands développent
le concept de Kulturkreise afin de créer des « cercles culturels » (kulturkreisen) à l’échelle
planétaire.
Ainsi, au moment où les évolutionnistes interprètent, dans une perspective linéaire, la
similitude des traits culturels, dans différentes sociétés, comme l’expression d’une évolution
parallèle, dans une perspective latérale, les diffusionnistes vont considérer cette évolution
comme, avant tout, le résultat d’emprunts et de contacts entre les sociétés. L’homme copie plus
qu’il n’invente. En conséquence, les diffusionnistes, en étudiant les migrations, cherchent, en
même temps, des aires culturelles ayant des traits culturels communs.
3. Le fonctionnalisme
Le terme «fonctionnalisme » peut avoir une signification double. Il peut, à la fois, être
considéré comme une méthode et comme une doctrine, selon E. Gellner (in The concept of
Kingship and other Essays, 1987). L’usage de l’adjectif fonctionnaliste n’est pas toujours
conscient. Il n’est pas souvent le fruit d’un choix raisonné, voire bien réfléchi. C’est à ce propos
d’ailleurs que le terme est appliqué :
10
11
12
4. Le structuralisme
13
14
C’est en 1958 que Claude Lévi-Strauss fait allusion, pour la première fois, au rôle et à
l’importance de l’inconscient dans la compréhension et dans l’explication des phénomènes
socioculturels. À cet égard, c’est dans son ouvrage Tristes Tropiques qu’il montre la place
occupée par la psychanalyse, en France, entre les années 1920 et 1930. Cette discipline instituée
par Sigmund Freud lui a permis de faire la distinction entre « rationnel et irrationnel, intellectuel
et affectif, logique et prélogique ». Toutefois, au travers de cette vision bipartite des choses,
l’auteur des Structures élémentaires de la parenté nous apprend qu’au-delà de ce qui est
expérimental, à côté du rationnel, existe selon ses termes : « une catégorie plus importante et plus
valable, celle du signifiant qui est la plus haute manière d’être du rationnel ». Ce que Claude
Lévi-Strauss veut mettre en évidence, c’est le fait que, pense-t-il, les phénomènes affectifs, nos
représentations, tous les faits qui relèvent du domaine de l’imaginaire ou du symbolique ont plus
de sens ou bien, en d’autres termes, sont beaucoup plus signifiants que les pratiques rationnelles.
Autrement dit, la « nature » véritable de la chose ne se trouve pas dans le visible. Elle est à
rechercher dans le « subjacent », c’est-à-dire dans ce qui est en dessous.
15
16
17
Ce courant d’obédience culturaliste est né aux Etats-Unis. Influencée par Boas, comme le
sont les diffusionnistes modérés de l’école américaine, l’Anthropologie américaine s’est
davantage intéressée à l’étude de la personnalité. Ainsi, deux (2) élèves de Boas, Ruth Benedict
et Margaret Mead vont devenir les leaders du culturalisme. Ce mouvement de pensée des « temps
modernes », au travers des idées défendues, s’est taillé une réputation qui dépasse celle du maître.
Faudrait-il retenir que ce qui fait l’originalité du « mouvement Culture et personnalité »,
c’est le fait que, dans leurs travaux, ses penseurs sont tous d’accord sur le principe selon lequel
chaque individu, membre d’une culture donnée, subit, par la force des choses et par l’ordre des
choses, l’influence ou les influences de sa culture ou d’une autre culture, sur sa personnalité. Ce
18
19
En fait, le type de « causalité » développé par l’école culturaliste américaine est souvent
« circulaire ». Ce qui revient à dire que la tendance est de prendre l’effet pour la cause. Si on suit
cette « logique », on peut alors être amené à penser que l’attitude agressive est un symptôme du
comportement agressif basique. C’est ce qui a conduit Van Rillaer (1980, Les illusions de la
psychanalyse, Liège, Merdege) à considérer que l’explication selon laquelle le régime hitlérien
est autoritaire parce que les Allemands sont autoritaires a, non seulement une tendance circulaire,
mais, en sus, elle relève du tautologique.
Afin de mieux comprendre l’orientation culturaliste des anthropologues américains,
nécessité exige de connaître qui furent Ruth Benedict (1887-1948) et Margaret Mead (1901-
1978).
- Ruth Benedict : assistante de Boas, la publication de son ouvrage Patterns of Culture ne
s’est pas seulement limitée à influencer l’ethnologie américaine, mais aussi l’œuvre a
connu un succès de librairie qu’il faut simplement qualifier d’exemplaire (deux millions
d’exemplaires vendus). Benedict oriente sa réflexion vers la notion de culture. Dans cette
perspective, elle rejette toute forme de « déterminisme biologique ». De ce point de vue,
se focalise-t-elle sur le principe du « déterminisme culturel » en considérant que s’il existe
une « nature humaine », elle est éminemment « plastique », c’est-à-dire qu’elle est
malléable. Cette « élasticité » fait que chaque culture, en fonction de ses besoins, apporte
des réponses différentes aux problèmes qui se posent et s’imposent aux personnes qui la
20
En guise de conclusion non conclusive, nous devons préciser que ce cours, qui ne vise pas
la prétention à l’exhaustivité, veut informer sur l’histoire évolutive de l’anthropologie. De ce
point de vue, se fonde-t-il, à se limiter à un éclairage, si modeste soit-il, des courants de pensée
classiques, fondateurs de l’Anthropologie sociale et culturelle. Sous ce rapport, une lecture des
ouvrages cités en référence est nécessaire.
21
22
23