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ENVIRONNEMENT - SÉCURITÉ

Ti800 - Environnement

Système de management
environnemental produits
et ACV
Réf. Internet : 42627

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III
Cet ouvrage fait par tie de
Environnement
(Réf. Internet ti800)
composé de  :

ICPE : réglementation intégrée Réf. Internet : 42439

ICPE : répondre aux exigences réglementaires Réf. Internet : 22710

Gérer une installation classée Réf. Internet : 22711

Réglementation environnementale par secteur Réf. Internet : 42613

Système de management environnemental site Réf. Internet : 42442

Système de management environnemental produits et ACV Réf. Internet : 42627

Système de management du risque Réf. Internet : 42626

Développement durable Réf. Internet : 42597

Eaux industrielles Réf. Internet : 42438

Réglementation et analyse de l'air Réf. Internet : 42436

Traitements de l'air Réf. Internet : 42600

Gestion des odeurs et des nuisances olfactives Réf. Internet : 42601

Gestion des déchets Réf. Internet : 42437

Gestion des sites et sols pollués Réf. Internet : 42440

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IV
Cet ouvrage fait par tie de
Environnement
(Réf. Internet ti800)

dont les exper ts scientifiques sont  :

Xavier BONHOMMEAU
Hydrogéologue, spécialiste en sites et sols pollués (Ancien membre du service
Hygiène, Environnement et Prévention des Risques de RENAULT)

Ismahane EL BAHLOUL
Consultante QSE/Management du risque. Auditrice IRCA.

Pierre LE CLOIREC
Professeur, directeur de l'École Nationale Supérieure de Chimie de Rennes
(ENSCR)

Jacques MÉHU
Professeur à l'INSA de Lyon

Pascale NAQUIN
Codirectrice de POLDEN INSAVALOR et coordinatrice scientifique du
CEFREPADE

Lionel POURTIER
Environnement'Air sas

Jean-Louis ROUBATY
Professeur associé Université Paris-Diderot, Ancien directeur SGS
Environnemental services, Ingénieur conseil

Patrick ROUSSEAUX
Professeur à l'Université de Poitiers, Directeur de l'IRIAF (Institut des Risques
Industriels, Assuranciels et Financiers)

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V
Les auteurs ayant contribué à cet ouvrage sont :

Denis ABLITZER Pascal FEILLARD Alain NAVARRO


Pour l’article : M7160 Pour l’article : G5800 Pour l’article : G5550

Mehdi BELHANI Julia HAAKE Marie-Noëlle PONS


Pour l’article : G5820 Pour l’article : G5910 Pour l’article : G5820

Béatrice BELLINI François HANROT Jean-Baptiste PUYOU


Pour l’article : G6010 Pour l’article : M7160 Pour l’article : G6050

Enrico BENETTO Ana-Maria IOSIF Florent QUERINI


Pour les articles : G5510 – Pour l’article : M7160 Pour l’article : G5610
G5620
Marc JANIN Patrick ROUSSEAUX
Nadia BOEGLIN Pour l’article : G6010 Pour les articles : G5500 –
Pour l’article : G6250 G5610
Rozenn LE BORGNE
Jacques BOURGOIS Pour l’article : G5800 François SCHNEIDER
Pour l’article : G5820 Pour l’article : G5550
Linda LESCUYER
Jacques CHEVALIER Pour l’article : G6100 Jean-Paul VENTÈRE
Pour l’article : G5550 Pour l’article : G6000
Dr Markus A. MEIER
Catherine CLAUZADE Pour l’article : G5810 Dr André
Pour l’article : G2043 WEIDENHAUPT
Arnaud MOIGN Pour l’article : G5810
Estelle DUPUIT Pour l’article : M1830
Pour l’article : G5820 Alec de RICHEMONT
Pour l’article : G5850

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VI
Système de management environnemental produits et
ACV
(Réf. Internet 42627)

SOMMAIRE

1– Méthodes et outils Réf. Internet page

Ecoconception des produits G6000 11

Écoconception : état de l'art des outils disponibles G6010 13

Démarches d'écoconception en entreprise G6050 21

EIME, un outil d'aide à la conception des produits G6100 25

Promotion de la qualité écologique des produits et écolabels G6250 27

Analyse du Cycle de Vie (ACV) G5500 31

Analyse du cycle de vie. Réalisation de l'inventaire G5510 33

Analyse du cycle de vie. Problèmes d'afectation G5550 37

Analyse du cycle de vie. Evaluation des impacts G5610 41

Analyse du cycle de vie. Incertitudes des évaluations des impacts G5620 45

Dématérialisation. Mesure par bilans matières et MIPS G5910 49

2– Applications par secteur d'activité Réf. Internet page

Analyse du cycle de vie. Application dans l'industrie automobile G5800 53

Analyse du cycle de vie. Application aux systèmes de dépollution G5810 57

Analyse du cycle de vie. Épuration des eaux usées urbaines G5820 61

Application de l'inventaire du cycle de vie en sidérurgie M7160 67

Analyse du cycle de vie des procédés de traitement de surface des matériaux M1830 69

Analyse du cycle de vie. Applications dans les écolabels G5850 75

Bilan environnemental des solutions de valorisation des pneus usagés non G2043 79
réutilisables (PUNR)

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VII
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Système de management environnemental produits et
ACV
(Réf. Internet 42627)


1– Méthodes et outils Réf. Internet page

Ecoconception des produits G6000 11

Écoconception : état de l'art des outils disponibles G6010 13

Démarches d'écoconception en entreprise G6050 21

EIME, un outil d'aide à la conception des produits G6100 25

Promotion de la qualité écologique des produits et écolabels G6250 27

Analyse du Cycle de Vie (ACV) G5500 31

Analyse du cycle de vie. Réalisation de l'inventaire G5510 33

Analyse du cycle de vie. Problèmes d'afectation G5550 37

Analyse du cycle de vie. Evaluation des impacts G5610 41

Analyse du cycle de vie. Incertitudes des évaluations des impacts G5620 45

Dématérialisation. Mesure par bilans matières et MIPS G5910 49

2– Applications par secteur d'activité

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gVPPP

Écoconception des produits


par Jean-Paul VENTÈRE
Ingénieur des travaux publics de l’État,
Chargé de mission « Produits et consommation durable » au ministère de l’Écologie, du


Développement durable et de l’Énergie

1. Principes de l’écoconception ....................................................... G 6 000v2 – 2


1.1 Définition de l’écoconception ............................................................ — 2
1.2 Articulation des approches « site » et « produit » ............................ — 2
1.3 Notions essentielles de l’écoconception ........................................... — 2
1.3.1 Unité fonctionnelle .................................................................. — 3
1.3.2 Durée de vie d’un produit ....................................................... — 4
1.3.3 Systèmes industriels et leurs frontières ................................. — 4
1.3.4 Flux élémentaires .................................................................... — 5
1.3.5 Impacts sur l’environnement .................................................. — 5
1.4 Réduction des impacts négatifs ......................................................... — 6
1.5 Scénarios et optimisation .................................................................. — 6
2. Diversité des méthodes d’écoconception.................................. — 6
2.1 Cartographie des méthodes d’écoconception ................................... — 6
2.1.1 Démarches à dominante quantitative ..................................... — 6
2.1.2 Démarches semi-quantitatives ................................................ — 7
2.1.3 Démarches à dominante qualitative ....................................... — 7
2.2 Choix d’une méthode d’écoconception par une entreprise ............. — 8
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 6 000v2

’ambition de cet article est de présenter les principes de l’écoconception et


L de dresser la « cartographie » des diverses méthodes possibles pour sa
mise en œuvre. Dans un contexte concurrentiel où l’environnement a désor-
mais sa place, il importe en effet que chaque entreprise puisse déterminer
quelle est la démarche qui lui convient le mieux pour s’approprier l’écoconcep-
tion, laquelle consiste à intégrer l’environnement dans la conception des pro-
duits (biens ou services) et des procédés. Malgré son nom, l’écoconception n’a
pas pour but de déséquilibrer la conception au profit de l’environnement. Elle
vise à rechercher des compromis pour concilier plusieurs exigences : qualité et
performance, faisabilité technique, maı̂trise des coûts et respect de
l’environnement.
Rigueur et pragmatisme sont ici les deux mots d’ordre. En France, de l’eau a
coulé sous les ponts depuis qu’un petit nombre de personnes issues d’horizons
divers (universitaires, industries, associations, consultants…) ont découvert, au
début des années 1990, la méthodologie de l’analyse du cycle de vie des pro-
duits (ACV). Les débats et controverses se sont considérablement apaisés
depuis. Tout un ensemble de normes internationales a été élaboré, lesquelles
abordent sous divers angles les caractéristiques environnementales des pro-
duits : leur évaluation, leur intégration en conception et les diverses formes
d’étiquetage environnemental des produits. La plupart de ces normes ont été
publiées pour la première fois au cours de la période qui va de 1995 à 2005 et
certaines ont déjà fait l’objet de révisions.
L’affirmation principale de cet article est la suivante : on ne peut pas se lancer
sereinement dans l’écoconception d’un produit, sans avoir un minimum de
connaissances sur les raisonnements de l’analyse du cycle de vie (ACV). Celle-ci
reste en effet la méthode de référence en matière d’écoconception. Ce qui ne veut
pas dire pour autant que l’ACV soit, partout et dans tous les cas, la seule méthode
pertinente pour déterminer et justifier des choix d’écoconception. Quelle que soit
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Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. G 6 000v2 – 1

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ÉCOCONCEPTION DES PRODUITS –––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

l’approche retenue, il convient toutefois de ne pas se laisser piéger par des a


priori, qui se révêlent parfois être de fausses pistes. Comment distinguer le bon
grain de l’ivraie ? En revenant aux fondamentaux, c’est-à-dire en examinant toute
question qui se pose à la lumière des notions essentielles de l’ACV.
Quel est ce minimum à connaı̂tre en ce qui concerne les « raisonnements de
l’ACV » ? C’est l’objet de la première partie de cet article, où l’on trouvera la
définition de l’écoconception et une présentation de ses principes, à travers


un corpus de notions essentielles que l’on peut considérer comme un socle
nécessaire et suffisant pour se lancer dans l’écoconception. Dans sa deuxième
partie, cet article présente une palette de méthodes que l’on peut utiliser pour
mener à bien un projet d’écoconception. La typologie présentée par l’auteur
(méthodes à dominante quantitative, semi-quantitatives ou à dominante quali-
tative) a été proposée dans la première édition de cet article (publié en 1997) et
elle a été largement reprise depuis.

approches « site » et « produit » sont « orthogonales », dans la


1. Principes mesure où un site fabrique en général plusieurs produits, alors
qu’un produit passe par plusieurs sites.
de l’écoconception Les points d’intersection de ces deux approches sont les sites, où
s’effectue le recueil des données. Sans entrer dans le détail, il suffit
de savoir que des règles d’affectation déterminées dans le cadre de
1.1 Définition de l’écoconception l’ACV permettent de passer d’une donnée « site » (par exemple, un
rejet de DCO) à une donnée « produit » (la part de cette DCO attri-
buable au produit en question).
Par définition, l’écoconception consiste à intégrer la protection L’écoconception apparaı̂t donc comme une extension de l’appro-
de l’environnement dans la conception des produits (biens ou che « site » : elle consiste à s’intéresser aussi à ce qui se passe au-
services). Son but est de réduire les impacts environnementaux
delà des murs de l’entreprise. Avec ou sans ACV, la prise en
tout au long du cycle de vie d’un produit, à service rendu iden-
compte de l’ensemble du cycle de vie est la caractéristique essen-
tique. La notion de service rendu par le produit sera examinée
tielle de l’écoconception. Elle amène par exemple à s’intéresser à
plus loin (voir le point 1.3.1 concernant l’unité fonctionnelle).
ce qui se passe chez les fournisseurs, pendant la phase d’utilisation
du produit ou encore lors de son recyclage.
L’idée d’intégration est importante car elle invite le concepteur à Nota : demande chimique en oxygène (DCO), indicateur de la pollution des eaux.
faire en premier lieu des arbitrages, en toute connaissance de
cause, quant aux impacts environnementaux associés à ses choix.
En plus des critères usuels de conception, notamment la satisfaction 1.3 Notions essentielles
des attentes des clients, la faisabilité technique, la maı̂trise des coûts
et des délais (on pourrait compléter cette liste…), le concepteur est
de l’écoconception
invité à prendre également en compte la limitation des impacts envi- Il existe un tronc commun pour mener les raisonnements pro-
ronnementaux négatifs des produits qu’il conçoit ou reconçoit. pres à toute démarche d’écoconception. Ignorer ce tronc commun,
Le terme « écoconception » a été progressivement adopté dans c’est prendre le risque de se tromper, c’est-à-dire de prendre des
l’usage de la langue française à partir de la fin des années 1990. Il décisions sans réel fondement. Les sirènes du « greenwashing »
est dérivé de l’anglais ecodesign, qui est aussi utilisé en français et sont là pour égarer les marins, mais pour mener le bateau à bon
qui met l’accent sur le rôle du designer. Aujourd’hui, les termes port, il faut savoir prendre des décisions sur la base de considéra-
« éco-conception », « écoconception », « eco-design » ou « ecode- tions solides.
sign » sont couramment utilisés comme mots clés pour une recher- Il n’y a pas de meilleure école pour acquérir ce tronc commun
che sur Internet. Avec eco-design ou ecodesign, les résultats peu- que de connaı̂tre et comprendre les notions essentielles de l’ACV,
vent apparaı̂tre en français ou en anglais. qui sont aussi celles de l’écoconception. C’est pourquoi cet article
commence par un exposé (très compact) de ces notions. Il est
utile, voire nécessaire, de les connaı̂tre, même si l’on n’envisage
1.2 Articulation des approches « site » pas de recourir à l’ACV. Sur cette base, chaque entreprise pourra
et « produit » utiliser une méthode d’écoconception adaptée à sa situation et au
produit considéré.
Un industriel qui entend parler de l’écoconception pour la pre-
Nota : le greenwashing est une pratique qui consiste à prétendre, sans justification
mière fois pourrait se dire : « Tout cela semble intéressant, mais je pertinente, qu’un produit, un service ou une activité a une ou des caractéristiques qui lui
m’occupe déjà de la protection de l’environnement à travers la ges- confèrent un avantage écologique. Le plus souvent, il s’agit d’un habillage marketing sur
tion des sites industriels. Est-ce que je dois tout recommencer pour la base de considérations assez superficielles, mais parfois aussi cette pratique consiste à
mettre en avant une caractéristique particulière d’un produit, laquelle n’est pas perti-
m’occuper aussi de mes produits ? ». La réponse est non. Il ne nente, c’est-à-dire ne lui confère pas d’avantage écologique significatif, par rapport aux
s’agit pas de recommencer, mais de continuer. produits concurrents.
Rappel : du point de vue de la loi sur la publicité trompeuse ou mensongère, toute
En effet, le management de l’environnement peut s’appliquer allégation doit pouvoir être justifiée et prouvée par l’annonceur.
aux sites ou aux produits. Ce sont deux approches différentes qui,
bien entendu, se recoupent. Le présent article, qui traite de la prise
Le lecteur pourra se reporter à l’article [G 5 500] Analyse du
en compte de l’environnement dans la conception des produits,
cycle de vie (ACV) pour plus d’informations sur le sujet.
correspond à l’approche « produit ». On peut dire que les

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G 6 000v2 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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Écoconception : état de l’art


des outils disponibles

par Béatrice BELLINI
Docteur en sciences de gestion
Maı̂tre de conférences, laboratoire REEDS, université de Versailles Saint Quentin
en Yvelines

et Marc JANIN
Docteur en génie industriel
Manager, consultant en développement durable, PricewaterhouseCoopers Advisory

1. Approches des outils d’écoconception ...................................... G 6 010v2 – 3


1.1 Approche principale : objectifs d’évaluation et de préconisation .... — 3
1.2 Autres approches ............................................................................... — 3
1.3 Cartographie des outils ...................................................................... — 3
2. Présentation des outils d’évaluation et de préconisation ...... — 5
2.1 Analyse du cycle de vie ..................................................................... — 5
2.2 Approches monocritères .................................................................... — 11
2.3 Approches matricielles ....................................................................... — 12
2.4 Approches qualitatives ....................................................................... — 13
2.5 Listes ................................................................................................... — 15
2.6 Normes ............................................................................................... — 17
2.7 Guides................................................................................................. — 19
3. Présentation d’autres outils ......................................................... — 20
3.1 Approches organisationnelles ........................................................... — 20
3.2 Outils de communication ................................................................... — 21
4. Intégration des outils dans la démarche d’écoconception .... — 23
4.1 Intégration selon le degré de maturité en matière d’écoconception — 23
4.2 Quels outils pour quelle étape de la démarche ? ............................. — 23
4.3 Quels outils pour quel acteur ? ......................................................... — 23
5. Conclusion........................................................................................ — 23
6. Annexes............................................................................................. — 25
6.1 Liste noire, grise et blanche de Volvo ............................................... — 25
6.2 Exemples de listes de contrôle .......................................................... — 29
6.3 Guidelines de Philips ......................................................................... — 30
6.4 Liste non exhaustive de logiciels d’ACV et de préconisations
d’écoconception ................................................................................. — 32
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 6 010v2

e contexte réglementaire, normatif et la pression des marchés conduisent


L de plus en plus d’entreprises à approfondir une démarche caractérisée par
l’intégration de l’environnement dès la conception des produits. Cette approche
permet, en effet, la minimisation des impacts à la source dans une optique de
prévention des pollutions. Elle est largement préférable à l’approche curative,
actuellement majoritaire au sein de la culture industrielle, traduite le plus sou-
vent par un report de la pollution, par exemple l’épuration des eaux qui mène à
la formation de boues qu’il faut ensuite traiter.
L’écoconception est définie dans le rapport technique ISO/TR 14062 comme
étant « l’intégration des aspects environnementaux dans la conception et le
développement de produits ». Cette prise en compte de l’environnement dès
la conception du produit* est en plein développement aujourd’hui, et les entre-
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPQQ

prises perçoivent de plus en plus l’écoconception comme un enjeu

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ÉCOCONCEPTION : ÉTAT DE L’ART DES OUTILS DISPONIBLES ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

concurrentiel et une source d’innovation. Cependant, la démarche se retrouve


de manière plus modeste dans les petites et moyennes entreprises dont les
capacités financières sont réduites.
Nota : le produit est considéré comme produit, service ou système.

À noter qu’il est nécessaire de ne pas confondre les approches liées à un site
et les approches liées au produit. En effet, de nombreux outils de management
de site existent, et même s’ils abordent parfois la question du produit, elle est


rarement centrale et orientée sur une approche tout au long de son cycle de vie
de fait multisite.
En agissant au niveau de la conception des produits, les performances envi-
ronnementales ont toutes les chances d’être optimales. Ainsi, jusqu’à 80 % des
nuisances d’un produit tout au long de son cycle de vie sont déterminées dès la
phase de conception [8]. Il est donc important de réfléchir à l’intégration de la
donnée écologique dès cette étape. Les efforts en matière d’écoconception peu-
vent d’ailleurs porter sur une ou plusieurs des phases du cycle de vie du
produit :
– la phase de développement du produit avec, par exemple, l’utilisation de
matériaux renouvelables ou moins énergivores ;
– la phase de fabrication avec, par exemple, l’emploi de procédés nécessitant
moins de matériaux, moins d’énergie ;
– la phase de distribution avec, par exemple, la diminution du volume ou du
poids des emballages ;
– la phase d’utilisation avec, par exemple, une moindre consommation
d’énergie, un accroissement de la durée de vie ;
– la phase de fin de vie avec, par exemple, une aide au désassemblage ou à la
préservation de la qualité des matériaux en vue d’un recyclage matière.
L’intégration de l’écoconception du produit peut s’avérer être une source
d’opportunités concurrentielles. Brezet [4] et Janin [21] ont ainsi défini quatre
niveaux d’écoconception qui traduisent la maturité de la démarche :
– niveau 1 : amélioration environnementale progressive de produits existants ;
– niveau 2 : reconception de produits différents, basée sur une technologie
existante, mais améliorée ;
– niveau 3 : nouveau concept présentant la même fonctionnalité mais avec
fonctions techniques différentes (par exemple : passage d’énergie fossile à
l’énergie renouvelable) ;
– niveau 4 : nouveau système productif avec passage d’une logique produit à
une logique service (par exemple : location de surface de moquettes).
Le niveau d’écoconception va impliquer chez l’industriel une remise en cause
croissante des modes de pensée, d’action et d’organisation.
Selon une étude BVA pour l’ADEME [6], 62 % des entreprises sont sensibili-
sées à l’écoconception, dont 20 % ont des approches systématiques et 13 %
débutent. Mais une des difficultés relevées dans la mise en place de la démar-
che vient d’une profusion d’outils d’écoconception difficile à appréhender. En
effet, la dynamique du Grenelle de l’environnement, avec, en particulier le pro-
jet d’affichage environnemental des produits de grande consommation, a
entraı̂né une augmentation de l’offre d’outils. Cet article propose une cartogra-
phie des outils d’écoconception afin d’aider les entreprises à effectuer un choix
de l’outil qui leur est le mieux adapté.
Dans un premier temps sont exposés les types d’approches, avec une carto-
graphie reprenant certains outils. Une présentation plus spécifique de chaque
type d’outil est ensuite réalisée dans un second temps. Enfin, une dernière par-
tie est consacrée à une approche plus pragmatique de ces outils en fonction des
étapes de développement des produits, mais également des acteurs suscepti-
bles de les utiliser dans une démarche d’écoconception de l’entreprise.

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G 6 010v2 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

QT
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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ÉCOCONCEPTION : ÉTAT DE L’ART DES OUTILS DISPONIBLES

1. Approches des outils complément des analyses ponctuelles des produits, une approche
globale à développer tout au long de la démarche est ainsi proposée.
d’écoconception 1.2.2 Outils de communication
Ces outils peuvent s’adresser à des publics différents à des fins
1.1 Approche principale : objectifs de communication interne et externe.
d’évaluation et de préconisation & Par rapport à la communication interne, les outils peuvent être


utilisés :
Il existe majoritairement deux catégories principales d’outils.
– pour sensibiliser la direction aux enjeux de l’écoconception et à
& Une première catégorie concerne des outils plutôt destinés à l’intérêt de l’intégrer dans la stratégie de l’entreprise ;
établir un profil environnemental du produit en vue d’améliorer – pour former à l’écoconception les équipes projet internes ;
ses performances écologiques : il s’agit d’outils d’évaluation. Ils – pour sensibiliser globalement le personnel à l’écoconception et
nécessitent une quantité d’informations suffisantes, pertinentes et aux démarches pratiques à développer sur le site pour aider sa
adaptées sur le produit afin d’évaluer les impacts sur l’environne- mise en place.
ment pour chaque phase du cycle de vie : extraction des matières
premières, fabrication, distribution, utilisation, fin de vie, ainsi que Le contenu de ces outils peut être variable : définitions, concepts
toutes les étapes de transport. Les résultats des évaluations indi- principaux, enjeux, démarches possibles, aides financières, orga-
quent les points sensibles du produit étudié, points sur lesquels nismes et bureaux d’études à qui s’adresser, etc. Ils peuvent revêtir
devra agir le concepteur. Ces points peuvent concerner une étape des formes également diverses : CD, DVD, guides papier ou même
de cycle de vie spécifique du produit ou des impacts environne- de plus en plus des portails Internet.
mentaux sur lesquels il est important d’agir. Ces outils peuvent & Par rapport à la communication externe, les outils ont pour
être distingués selon qu’ils reposent sur des évaluations de type objectif de promouvoir les produits écoconçus par rapport aux
quantitatif ou de type qualitatif. publics externes à l’entreprise : fournisseurs, clients mais égale-
& Une seconde catégorie concerne des outils qui sont plutôt desti- ment grand public (consommateurs). Ces outils peuvent prendre
nés à aider le concepteur dans la recherche de solutions, suite à la forme d’écolabels, de déclarations environnementales, de rap-
l’évaluation, en l’aidant à élaborer des axes d’amélioration pour le ports environnementaux, etc.
produit à concevoir : il s’agit d’outils de préconisation. Les straté-
gies à poursuivre dépendront des objectifs et des priorités fixées 1.3 Cartographie des outils
par la direction de l’entreprise.
Chacun des outils peut être caractérisé selon son niveau d’éva-
luation et son niveau de préconisation, qui sont les deux principa-
1.2 Autres approches les approches.
Par rapport à l’assistance possible en matière d’écoconception, Les tableaux 1 et 2 établissent une grille de notation de 1 à 5 des
sont également inventoriés des outils visant à aider l’entreprise : approches d’évaluation et de préconisation.
– dans la mise en œuvre pratique d’une démarche d’écoconcep- La figure 1 présente les outils existants en fonction de leurs notes
tion : il s’agit d’outils organisationnels ; attribuées selon leurs niveaux d’évaluation et de préconisation.
– dans la sensibilisation des différents publics susceptibles d’être Le niveau de grisé des cases indique la facilité d’appréhension de
impliqués dans la démarche (communication interne) et la commu- l’outil.
nication des résultats vers l’extérieur aux consommateurs, clients, Dans le paragraphe 2 consacré à la présentation détaillée de
fournisseurs… : il s’agit d’outils de communication. chaque outil, il sera également précisé, pour chacun d’eux, leur
niveau de « validité scientifique », à savoir :
1.2.1 Outils organisationnels – pour une note de 3 : de nombreux travaux scientifiques ont été
Lorsqu’une entreprise souhaite mettre en place une démarche publiés sur l’outil / la méthode ;
d’écoconception, il est nécessaire de franchir des étapes correspon- – pour une note de 2 : quelques travaux scientifiques sont en
dant à des stades de maturité différents : l’approche est progressive. développement ;
Certains outils ont pour objet d’accompagner de manière pragma- – pour une note de 1 : peu ou pas de travaux scientifiques ont été
tique l’entreprise dans la mise en œuvre de sa démarche. En réalisés.

Tableau 1 – Mode d’attribution des notes aux outils d’évaluation en fonction


de leurs caractéristiques (d’après Janin [21])

Approche de l’outil
Niveau Qualitative Quantitative
Nombre de phases du cycle de vie Nombre de critères environnementaux

1 X 1 ou plusieurs Monocritère

2 X 1 ou plusieurs Multicritère

3 X Cycle de vie complet Multicritère

1 ou plusieurs
4 X Mono ou multicritère
ou cycle de vie complet

5 X Cycle de vie complet Multicritère

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Tableau 2 – Mode d’attribution des notes aux outils de préconisation en fonction


de leurs caractéristiques (d’après Janin [21])

Niveau Types de préconisation

Peu de recommandations particulières. Préconisations limitées car seuls les résultats d’évaluation indiquent les
1 aspects environnementaux significatifs (points faibles) du produit sans proposer pour autant de solutions d’améliora-


tion.

Quelques préconisations plus compréhensibles par l’équipe projet puisque le mode d’évaluation se base sur une
2
approche accessible au plus grand nombre et permet déjà d’entrevoir des axes d’amélioration.

Préconisations basées sur des résultats d’évaluation directement exploitables pour améliorer la conception en termes
3 de matériaux (notamment les listes de matériaux), d’assemblage (listes de contrôle)… Permet à l’équipe projet de se
poser les bonnes questions.

Préconisations assez complètes et pragmatiques classées par thématiques ou objectifs de conception. L’équipe projet
4
est guidée facilement selon les axes d’amélioration souhaités.

Préconisations très complètes et illustrées avec des exemples (Success stories) pour sensibiliser l’équipe projet et
5
l’aider pas à pas dans sa démarche tout au long du processus de développement.

5 Guides

Normes

4 Lignes
directrices
Niveau de préconisation

3 Listes de substances Listes de contrôle

ESQCV

2
Indice
écologique

Approches
1 matricielles
Approches ACV
monocritères : Approches
simplifiées ACV
- empreinte eau Approche
complète
Bilan
- empreinte carbone Produit

1 2 3 4 5

Niveau d’évaluation

Pour tout type de public sans connaissance environnementale particulière

Pour public déjà sensibilisé ou formé aux problématiques environnementales

Pour public expert ayant une formation ou une expérience dans le domaine de l’écoconception

Figure 1 – Classement d’outils selon leur niveau d’évaluation et de préconisation (d’après Janin [21])

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2. Présentation des outils Des entreprises en nombre croissant s’intéressent à cette appro-
che pour analyser leurs produits dans de multiples secteurs : auto-
d’évaluation mobile, électrique-électronique, chaussures, produits liés au sport,
banque… Cet engouement actuel s’explique, en partie, par l’obliga-
et de préconisation tion d’affichage environnemental sur les produits de grande
consommation programmée lors du Grenelle de l’environnement
en 2007. Des groupes de travail se sont ainsi constitués au sein de
Ce paragraphe est consacré à la présentation des outils classés la plate-forme « affichage environnemental » gérée par l’ADEME et
dans le tableau 3. l’AFNOR. Entretemps, l’obligation a été décalée mais les travaux

2.1 Analyse du cycle de vie


démarrés se poursuivent. Ces travaux, la plupart du temps, s’amor-
çaient via la réalisation ou la capitalisation d’analyses de cycle de
vie de produits, participant ainsi à la diffusion du concept d’écocon-

ception et d’analyse de cycle de vie.
2.1.1 ACV avec approche complète multicritère & L’ACV, une méthode pour s’améliorer
Dans une perspective d’écoconception, l’ACV peut permettre de
Niveau déterminer « les points chauds » ou sensibles d’un produit, et
Niveau d’évaluation Validité scientifique
de préconisation donc identifier les opportunités d’améliorations environnementa-
les [10] [18]. Les options de conception et leur analyse peuvent
5 1 3 être limitées en rapport aux hotspots mis en avant, le hotspot
étant un aspect considéré comme significatif de par une contribu-
tion importante aux impacts environnementaux ou par rapport à
En termes d’évaluation des impacts environnementaux, l’outil ou la vulnérabilité de l’impact (milieu sensible ou utilisation de matiè-
méthode le plus reconnu au niveau international est l’analyse du res rares).
cycle de vie (ACV). C’est en effet la seule méthode ayant fait
l’objet de travaux de normalisation internationale : il s’agit des nor- & Une intégration des impacts environnementaux non exhaustive
mes ISO 14040 et ISO 14044. L’ACV donne l’impression d’être exhaustive quant à l’intégration
L’ACV se décline en quatre étapes : des impacts environnementaux mais la complexité de leur modéli-
sation limite la représentativité des indicateurs choisis. D’autre
– définition des objectifs et du domaine d’application : figurent
part, certains impacts ne sont pas encore intégrés, par exemple la
dans cette partie, entre autres, les limites et l’unité fonctionnelle ;
biodiversité.
– inventaire (ICV) : bilan quantitatif des flux entrants et sortants
du système délimité par des frontières (produit). Ces flux sont listés & Les bases de données
et classés, la plupart du temps, selon cinq facteurs d’impact :
Pour réaliser une ACV, des informations pointues sont nécessai-
consommations de matières premières et d’énergie, rejets atmos-
res aux calculs. La plupart des logiciels d’ACV contiennent leur pro-
phériques et aqueux, déchets solides ;
pre base de données, comme DEAM, la base de données du logi-
– évaluation des impacts : classification des flux par critère
ciel d’ACV TEAM (Ecobilan, F) ou KCL EcoData, celle du logiciel
environnemental (qualitatif : appauvrissement de la couche
d’ACV KCL-ECO (Fi).
d’ozone, effet de serre, acidification de l’atmosphère, consomma-
tion d’énergie, épuisement des ressources naturelles, production Quelques bases de données sont reprises dans le tableau 4. Pour
de déchets, eutrophisation de l’eau), caractérisation (quantitatif) pallier la diversité de qualité des nombreuses bases de données
et évaluation ; disponibles, l’Union européenne développe une base de données
– interprétation, dont les aspects communication avec la revue commune, ELCD II, accessible gratuitement. Elle est constituée en
critique. vue de contribuer aux données européennes clés pour le futur
réseau international de données ILCD.
Nota : en 2011, un groupe de travail sur ce dernier thème a été lancé à l’AFNOR.
L’analyse du cycle de vie est multi-étapes car elle concerne toutes Une liste de plusieurs bases de données actuellement existan-
les phases du cycle de vie. Elle est également multicritère car elle tes est accessible à l’adresse suivante :
intègre différents problèmes environnementaux. http://lca.jrc.ec.europa.eu/lcainfohub/databaseList.vm
En matière d’ACV, il existe de multiples méthodes de calcul des
impacts environnementaux. On peut notamment citer les métho-
des CML (Pays-Bas), EPS (Suède), ReCiPe (NL), Impacts 2002+ 2.1.2 ACV avec approche simplifiée multicritère
(CH), USEtox (NL)… De nombreux logiciels développés dans le
monde reposent sur ces différentes voies d’évaluation (cf.
tableau 17 et suivants au § 6.4). Niveau
Niveau d’évaluation Validité scientifique
Cependant certains critères ne sont pas encore répertoriés, de préconisation
comme les impacts sur l’eau* ou la biodiversité, par manque de
données ou de méthodes ; des recherches sont en cours pour déve- 4 1 2
lopper des approches plus exhaustives.
Nota : * en référence aux travaux développés sur l’empreinte eau du produit.
La réalisation d’une analyse du cycle de vie avec une approche
L’analyse du cycle de vie s’applique sur un produit, un service ou complète étant lourde et coûteuse, certains lui préfèrent une appro-
un procédé, et constitue un outil comparatif pour des systèmes à che simplifiée.
fonctionnalité(s) équivalente(s) :
Cette simplification peut être réalisée en fonction :
– un produit / service / procédé nouveau par rapport à son
prédécesseur ; – du nombre de critères environnementaux considérés : la
– un produit / service / procédé par rapport à son concurrent ; consommation de matières, la consommation d’énergie, l’effet de
– un produit / service / procédé par rapport à des objectifs précis. serre, l’eutrophisation de l’eau… L’empreinte carbone par exemple
est un outil permettant d’évaluer l’énergie consommée par un pro-
Dans le cas fréquent d’une reconception, la comparaison des duit sur l’ensemble de son cycle de vie. Des travaux de normalisa-
résultats du produit existant avec ceux du nouveau va permettre tion sont actuellement en cours sur l’empreinte carbone produit
de vérifier si les alternatives choisies sont écologiques. (ISO 14067) et sur l’empreinte eau de produits, procédés et

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Tableau 3 – Panel d’outils d’évaluation et de préconisation


Évaluation
Préconi-
Outils Quali- Quan- Noms des outils (ou méthodes) Caractéristiques principales
sation
tative titative
Méthode CML (NL)


Évaluation écologique du produit multicritères : dégradation de
Analyse du Méthode Eco-indicator 99 (NL)
la couche d’ozone, acidification atmosphérique, effet de serre…
cycle de vie Méthode ReCiPe (NL)
Approche X
complète Méthode EPS (Suède)
multicritère Nombreux logiciels basés sur ces méthodes de calcul des indi-
Méthode Impact 2002+ (CH)
cateurs d’impact (voir tableau au § 6 Annexe).
Méthode USEtox (NL)
Logiciel on line gratuit permettant à un novice ou un confirmé
d’évaluer les impacts de son produit.
– pour un novice : approche qualitative
– pour un confirmé : approche quantitative et évaluation sur la
ECOMAT
X X X base de critères d’impacts.
(CARMA*, F, 2010)
Pour les deux, préconisations d’améliorations en fonction des
résultats d’évaluation.
Analyse du Accessible à l’adresse :
cycle de vie http://www.ecomat2.info
Approches
simplifiées Bilan Produit Logiciel on line à accès gratuit : approche quantitative mais
X
multicritères (ADEME, F, 2008) simplifiée au niveau modélisation et base de données.
Comparaison de types d’emballages en fonction de trois indi-
BEE cateurs : effet de serre, consommation d’eau et quantité de
(bilan environnemental des em- déchets ultimes d’emballages.
X
ballages) Accessible uniquement aux adhérents d’Eco-Emballages à
(Eco-Emballages, F, 2009) l’adresse :
http://www.ecoemballages.fr/entreprises
Empreinte carbone produit
X (normes ISO 14067-1 et 14067-2,
en préparation) Évaluation des impacts sur tout le cycle de vie du produit mais
Approches
sur un seul critère environnemental (les équivalences en émis-
monocritères Empreinte eau sions de carbone ou les pollutions et consommations d’eau).
X (norme ISO 14046, en prépara-
tion)
Évaluation environnementale basée sur le calcul d’une
ERPA matrice 5x5. Une des dimensions de la matrice contient les
(Environmentally Responsible étapes du cycle de vie du produit alors que l’autre contient les
X X
Product Assessment) aspects environnementaux suivants : choix des matériaux,
(AT&T, USA, 1998) utilisation de l’énergie, rejets gazeux, rejets liquides, rejets
Approches solides.
matricielles
MET
Évaluation sur trois critères :
(Material cycle, Energy use and
– consommation de matières
X Toxic emissions)
– consommation d’énergie
(Brezet & van Hemel, NL,
– émissions de substances toxiques
1997) [5]
MECO
(Matériaux, Énergie, Chimiques, Tableau décrivant la consommation de matériaux et d’énergie,
Others) les risques reliés aux produits chimiques et d’autres impacts en
X
(Danish Institute for Product fonction des différentes étapes du cycle de vie du produit étu-
Development & dk-Teknik, Dk, dié.
2000) (Wenzel et al., 2000) [36]

Calcul d’un indice par rapport à des critères sélectionnés, avec


Indice écologique
X X attribution de pénalités. Méthode utilisée par Renault dans le
(Ventère J.P., F, 1995) [32]
cadre de l’évaluation de ses emballages
Approches
qualitatives ESQCV Grille d’évaluation succincte pour identifier les points défavo-
(Évaluation simplifiée et quali- rables du produit (ou aspects environnementaux significatifs)
X X
tative du cycle de vie) pour lesquels une analyse plus approfondie pourra être réali-
(Ventère J.P., F, 1998) [33] sée.

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Tableau 3 – Panel d’outils d’évaluation et de préconisation (suite)

Évaluation
Préconi-
Outils Quali- Quan- Noms des outils (ou méthodes) Caractéristiques principales
sation
tative titative
Liste de questions classées par axe stratégique d’écoconcep-


tion, avec lignes directrices possibles ; visualisation sur une
Eco-Estimator cible de la position du produit pour chaque axe.
Fast Five Awareness Eco-Estimator : évaluation d’un produit existant avec liste de
X
(Meinders, PHILIPS, NL, questions précises dont les réponses servent à établir une
1997) [25] notation.
Fast Five Awareness : évaluation d’un produit en cours de
conception (cinq questions).
Liste de critères classés par thèmes et décrits selon trois situa-
Design for Recycling
X tions possibles : situation idéale, situation acceptable, besoin
(Steinhilper, D, 1995) [31]
d’agir.
Ecodesign Strategy Wheel ou
Roue des stratégies d’écocon- Roue des huit stratégies d’écoconception qui permet, sur la
X
ception base de questions, de trouver des solutions d’amélioration.
(Brezet, NL, 1997) [4]
Liste de critères pour l’attribu-
Liste de critères écologiques à respecter pour l’obtention d’un
X tion d’écolabels européens ou
Listes de label reprenant les impacts majeurs par produit.
nationaux (F, D… …)
contrôle
(check-lists) Méthode basée sur la capitalisation d’expériences de résolution
de problèmes techniques liés à l’innovation dans divers sec-
teurs. Méthode facilitant la créativité.
TRIZ
X Un des outils de la méthode : matrice TRIZ = matrice de
(Altshuller et al., USA, 2005) [1]
40 principes permettant de résoudre des contradictions,
notamment maintenir la qualité du produit tout en améliorant
sa performance environnementale.
Outil qui permet de déterminer une stratégie pertinente pour
Ecodesign Pilot chaque produit, en fonction des impacts environnementaux
X X
(TU Vienne, ADEME, A/F, 2001) qu’il génère à chaque étape de son cycle de vie.
Une partie est consacrée à des définitions, des concepts.
Listes pour aider les fabricants des secteurs électronique et
mécanique à écoconcevoir.
Plusieurs types de listes selon les équipements. Chacune est
Smart Ecodesign Checklists
X déclinée en trois parties : check-list relative aux exigences
(CfSD**, UK, 2002-2007)
réglementaires + clients, check-list relative aux écodéclarations
et check-list pour mettre en place une démarche d’écoconcep-
tion.
Lignes direc-
Guidelines PHILIPS Liste des recommandations succinctes classées par axe straté-
trices X
(Philips, NL, 1998) gique d’écoconception.
(Guidelines)
Annexe XIV : liste de substances chimiques soumises à autori-
sation.
Règlement REACH, annexes XIV Annexe XVII : liste des substances relative aux restrictions
X X
Listes de et XVII (2011) applicables à la fabrication, à la mise sur le marché et à l’utili-
substances sation de certaines substances et certains mélanges et articles
dangereux.
Listes noire, grise et blanche Listes de matériaux à bannir (noire) ou à limiter (seuil, grise) ou
X X
(Volvo, S, 2008-2010) à substituer (blanche) en fonction de la réglementation.
Approche générale
« Guide pour l’introduction des aspects environnementaux
X Guide ISO 64
dans les normes de produit ».

Normes « Management environnemental – Intégration des aspects


X ISO/TR 14062 environnementaux dans la conception et le développement de
produit »
« Systèmes de management environnemental – Lignes directri-
X ISO/DIS 14006
ces pour incorporer l’écoconception ».

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Tableau 3 – Panel d’outils d’évaluation et de préconisation (suite)

Évaluation
Préconi-
Outils Quali- Quan- Noms des outils (ou méthodes) Caractéristiques principales
sation
tative titative
Approche sectorielle : secteur automobile

Q X R 10-401
« Traitement des véhicules hors d’usage (VHU). Dépollution et
désassemblage des pièces non métalliques ».

« Véhicules routiers – Conception des véhicules en vue de


X XP R 10-402
Normes l’optimisation de leur valorisation en fin de vie ».

« Véhicules routiers – Recyclabilité et valorisabilité – Méthode


X NF ISO 22628
de calcul ».

Approche sectorielle : secteur de la mécanique


X XP E01-005 « Produits mécaniques – Méthodologie d’écoconception ».
Approche sectorielle : secteur électrique / électronique
« Aspects liés à l’environnement – Prise en compte dans les
X IEC Guide 109
normes électrotechniques de produits ».
« Environmental design considerations for electronics
X ECMA-341
products ».
« Écoconception pour les produits électriques et
X NF EN 62430
électroniques ».
Approche sectorielle : secteur du bâtiment
« Bâtiments – Qualité environnementale des produits de cons-
truction et des bâtiments – Partie I : cadre méthodologique pour
X NF P 01-020-1
la description et la caractérisation des performances environ-
nementales et sanitaires des bâtiments ».
Approche sectorielle : secteur de l’emballage
« Emballage – Exigences relatives à l’utilisation des normes
X NF EN 13427 européennes dans le domaine de l’emballage et des déchets
d’emballage ».
« Emballage – Exigences spécifiques à la fabrication et à la
X NF EN 13428
composition – Prévention par la réduction à la source ».
X NF EN 13429 « Emballage – Réutilisation ».
« Emballage – Exigences relatives aux emballages valorisables
X NF EN 13430
par recyclage matière ».
« Emballage – Exigences relatives aux emballages valorisables
X NF EN 13431 énergétiquement, incluant la spécification d’une valeur calori-
fique inférieure minimale ».
« Emballage – Exigences relatives aux emballages valorisables
X NF EN 13432 par compostage et biodégradation – Programme d’essai et cri-
tères d’évaluation de l’acceptation finale des emballages ».
Approche sectorielle : secteur de la plasturgie
« Matières plastiques – Aspects liés à l’environnement – Lignes
X ISO 17422 directrices générales pour leur prise en compte dans les nor-
mes ».
Approche générale
Écoconception : une approche
prometteuse pour une production
X Guide pédagogique très complet pour informer, éduquer.
et une consommation soutenable
Guides
(Brezet et al., NL, 1997) [5]
Conception intégrant le cycle de
X vie – un manuel pour PME Guide pragmatique plus spécifiquement destinés aux PME.
(Behrendt et al., NL, 1997) [2]

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Démarches d’écoconception
en entreprise

par Jean-Baptiste PUYOU
Ingénieur, O2 France, Conseil en environnement et conception de produits

1. Comment engager une démarche ........................................................ G 6 050 - 2


1.1 Identification des opportunités pour l’entreprise ...................................... — 2
1.2 Engagement des dirigeants de l’entreprise ............................................... — 2
1.3 Planification de la démarche ....................................................................... — 2
1.4 Compétences clés......................................................................................... — 2
1.5 Prévision du coût de la démarche............................................................... — 3
2. Comment conduire une démarche....................................................... — 3
2.1 Choix du produit........................................................................................... — 4
2.2 Objectifs de conception ............................................................................... — 4
2.3 Recherche et évaluation de solutions techniques ..................................... — 6
2.4 Industrialisation et production .................................................................... — 7
2.5 Commercialisation et communication........................................................ — 8
3. Comment généraliser une démarche .................................................. — 8
3.1 Acquisition d’une expertise en qualité écologique des produits ............. — 8
3.2 Généralisation d’axes d’écoconception...................................................... — 8
3.3 Intégration de la démarche dans le processus de développement
de produit...................................................................................................... — 9
3.4 Adoption d’une stratégie globale de communication et de marketing ... — 9
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. G 6 050

L ’intérêt d’une intégration des exigences de protection de l’environnement


dès la conception des produits n’est plus aujourd’hui à démontrer.
Dans la pratique, la volonté d’intégrer ces exigences se traduit par une grande
diversité de démarches d’écoconception [25]. En effet, les entreprises qui prati-
quent l’écoconception ont développé des démarches particulières, adaptées à
chacunes d’elles. Cela s’explique en premier lieu parce que, touchant directe-
ment aux produits, elles doivent s’inscrire dans la culture de chaque entreprise.
En outre, l’écoconception fait appel à une discipline émergente : l’évaluation de
la qualité écologique des produits. Le caractère récent de cette discipline se tra-
duit par des fondements scientifiques en développement. Il en résulte une
grande diversité d’outils à l’usage des concepteurs, encore appelés à évoluer
tant pour améliorer leur convivialité d’utilisation que leur validité scientifique.
Dans ce contexte, les démarches d’écoconception restent peu connues des
entreprises comme l’a révélé une enquête réalisée au Royaume-Uni en 1996 [5].
Quelques grandes entreprises ont élaboré des guides méthodologiques, qui, trop
souvent, restent des documents internes confidentiels. Plus complets et facile-
ment accessibles à un large public, bien que rédigés en anglais, sont les récents
guides publiés par plusieurs organismes. Illustrés par des exemples, ils semblent
s’accorder sur les étapes clés de toute démarche d’écoconception (cf. [11] et [17]).
En France, le fascicule de documentation NF FD X 30-310 [2] définit les notions
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@QYYY

essentielles pour la prise en compte de l’environnement dès la conception,

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© Techniques de l’Ingénieur, traité Génie industriel G 6 050 - 1

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DÉMARCHES D’ÉCOCONCEPTION EN ENTREPRISE ____________________________________________________________________________________________

formule des recommandations de portée générale et expose plusieurs méthodes


d’évaluation environnementale des produits. L’Agence de l’Environnement et de
la Maîtrise de l’Énergie (ADEME) a entrepris de rassembler, en 1998, des exemples
d’écoconception en France et à l’étranger, avec l’objectif de présenter des démar-
ches concrètes d’entreprises pionnières et d’encourager de nouvelles initiatives.
L’objectif de cet article est de faciliter l’appropriation d’une démarche d’éco-


conception pour les développements de produits, en PME comme en grande
entreprise. Il s’adresse aux concepteurs de produits, aux spécialistes en marke-
ting, aux acheteurs et à toute personne familiarisée avec la conception de pro-
duits en « équipe projet », déjà sensibilisée à la démarche transversale de
développement de produits. Il vise également les spécialistes en environnement
pour leur indiquer la place de leur intervention dans un processus de concep-
tion.
La première partie de l’article donne les informations utiles avant d’engager
une démarche d’écoconception, décision qui relève de la stratégie d’entreprise.
Un déroulement type d’un projet d’écoconception est présenté en deuxième par-
tie, illustré par des exemples pour faciliter la compréhension de la démarche et
de ses outils. La dernière partie formule des recommandations pour la générali-
sation d’une démarche d’écoconception à tous les projets de l’entreprise.

1. Comment engager un risque commercial. À l’inverse, des orientations clairement défi-


nies en faveur de la démarche sous forme de charte ou de lignes
une démarche directrices, un suivi des projets pour appuyer les décisions impor-
tantes, ou encore la sensibilisation de l’ensemble du personnel sont
autant de clés du succès d’une démarche d’écoconception. Elles
dépendent d’un soutien des dirigeants au plus haut niveau.
1.1 Identification des opportunités
pour l’entreprise
1.3 Planification de la démarche
Avant d’engager toute démarche d’écoconception, il est impor-
tant d’identifier les opportunités offertes à l’entreprise. Tout comme la mise en place d’une démarche qualité, l’appropria-
Ces opportunités peuvent être évaluées à l’aide d’une liste de cri- tion de toute démarche d’écoconception se fait par étapes successi-
tères pondérés répartis en deux groupes, les critères internes à ves, sur une durée de plusieurs mois :
l’entreprise et les critères externes : — l’engagement de la hiérarchie, comme indiqué au paragraphe
— critères internes : le sens de responsabilité des dirigeants, précédent ;
l’amélioration de la qualité des produits, l’amélioration de l’image — le lancement d’un projet pilote d’écoconception, afin de définir
de l’entreprise et de ses produits, la réduction des coûts, le besoin le phasage et les outils adaptés à l’entreprise (§ 2) ;
d’innover, la motivation du personnel (manuel Promise, UNEP — le perfectionnement et la généralisation de la démarche à tous
[17]) ; les projets de conception (§ 3).
— critères externes : satisfaire les exigences des clients, antici- Comme pour toute discipline nouvelle au sein de l’entreprise, les
per la réglementation, améliorer la compétitivité, viser un dévelop- compétences peuvent être acquises de façon progressive jusqu’à
pement durable [14]. réaliser une parfaite intégration de la démarche.
À l’image des décisions de stratégie de produit, l’entreprise peut La démarche peut être considérée comme définitivement appro-
soumettre à ces critères plusieurs produits jusqu’à réaliser le choix priée lorsque des lignes directrices d’écoconception peuvent être
le plus pertinent compte tenu des opportunités et des menaces exté- validées au plus haut niveau du management et être communiquées
rieures ou encore de ses forces et faiblesses internes (cf. § 2.1). aussi bien en interne qu’en externe pour être partie intégrante de la
culture de l’entreprise (voir § 3).
La figure 1 résume les différentes étapes de l’appropriation d’une
1.2 Engagement des dirigeants démarche d’écoconception.
de l’entreprise
L’engagement de toute démarche d’écoconception exige une 1.4 Compétences clés
implication forte de la hiérarchie. En effet, elle modifie — elle enri-
chit — les pratiques habituelles d’études de marché, de veille La prise en compte de l’environnement dans une démarche de
concurrentielle, de choix de conception, de choix de fournisseurs, conception exige d’intégrer à l’équipe projet une compétence en
de communication-produit... sans soutien de la hiérarchie, les exi- environnement. Il est souhaitable d’associer le responsable de
gences de protection de l’environnement risquent d’être perçues l’environnement à la démarche. L’idéal cependant est d’intégrer à
comme une contrainte supplémentaire à gérer dans le déroulement l’équipe une personne compétente tant en environnement qu’en
du projet de conception, pouvant entraîner un retard, un surcoût ou conception de produits. Or les équipes d’environnement sont rare-

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____________________________________________________________________________________________ DÉMARCHES D’ÉCOCONCEPTION EN ENTREPRISE

Temps
Implication de la direction

Communication
Lignes directrices Soutien de la démarche
de la démarche


Acquisition des connaissances

Prestations de conseil et formation extérieures

Formations en interne

Auto-formation
Expertise au sein de l'équipe projet

Un expert extérieur

Un responsable interne coordonne plusieurs projets


Chacun est compétent en écoconception dans
son métier. Coordinations en interne
Pratique de la démarche

Expérience pilote d'écoconception

Pratique et formalisation de la démarche


Démarche intégrée : généralisation à tous les projets
de conception

Figure 1 – Étapes d’appropriation d’une démarche d’écoconception

ment issues des bureaux d’études et les concepteurs, pour leur part, de conception, il se traduit souvent par une réduction de la durée
n’ont parfois qu’une culture superficielle en environnement. Un tra- des étapes de développement et d’industrialisation du produit.
vail préparatoire de formation à l’écoconception de l’un ou l’autre de De plus, les démarches d’écoconception peuvent être conduites
ces spécialistes est donc recommandée. de manière à entraîner une réduction de coûts directs (liés aux
En particulier, les démarches d’écoconception font appel aux achats de matière première, aux coûts de sous-traitance, à la logisti-
méthodes d’évaluation de la qualité environnementale des produits. que...) et/ou générer un retour sur investissement à moyen terme
Elles exigent, de la part du concepteur ou d’une personne au sein de (par un gain de parts de marché, par la maîtrise d’une nouvelle tech-
l’équipe projet, la connaissance des notions de base de l’analyse du nologie, l’amélioration de la qualité, de l’image de marque...). Ainsi,
cycle de vie [21] [22] [23]. la société Eastman Kodak [4] constate que l’intégration des exigen-
Avant de généraliser une démarche d’écoconception, l’entreprise ces de santé, de sécurité et d’environnement dès le développement
devra connaître ou du moins être sensibilisée : de produits :
— au management de la qualité (normes ISO 9000) et de l’envi- — améliore leur qualité ;
ronnement (ISO 14000) ; — diminue leur temps de développement ;
— aux processus de développement de produits en « équipe — réduit leur coût d’exploitation ;
projet » transversale, notamment pour s’assurer des liens étroits — révèle, sur tout leur cycle de vie, l’existence de risques à mini-
entre les fonctions marketing et étude aux différentes étapes du miser et d’opportunités à saisir.
projet ; En définitive, l’investissement nécessaire pour un projet d’éco-
— aux méthodes d’évaluation multicritères de performance des conception dépendra du choix du produit et du niveau d’innovation
projets : l’équipe projet sera amenée à comparer différentes solu- recherché (voir § 2).
tions de conception selon les critères de rentabilité et de réponse au
cahier des charges, en intégrant le critère de performance
environnementale ;
— à l’analyse fonctionnelle et au design industriel, disciplines qui
permettent de prendre en compte une grande diversité d’exigences 2. Comment conduire
lors du développement de produits.
Le lancement de la démarche sous forme de projet pilote,
une démarche
conduite sur un produit, permet de déceler les compétences et les
lacunes de l’entreprise dans ces domaines. Ce chapitre présente une démarche type dans ses grandes lignes,
de façon à être transposée par toute entreprise indépendamment de
sa taille et de son secteur d’activité. Elle pourra être appliquée dans
1.5 Prévision du coût de la démarche le cadre d’un projet pilote d’écoconception, initiative efficace pour
assimiler et personnaliser la démarche en vue d’une généralisation
Pour un projet de conception d’un produit donné, l’augmentation à tous les projets de conception. Le tableau 1 reprend le plan du
des coûts et des délais au début de l’étude peut être compensée paragraphe et résume les apports d’une démarche d’écoconception
dans les étapes ultérieures du projet : comme dans toute démarche dans un projet type de développement de produit.

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RT
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EIME, un outil d’aide


à la conception des produits

par Linda LESCUYER
Directeur de la société Conception développement durable et environnement (CODDE)

1. Impact des produits électriques et électroniques .......................... G 6 100 - 2


2. Méthode EIME ........................................................................................... — 3
2.1 Principes ....................................................................................................... — 3
2.2 Fonctionnalités de l’EIME............................................................................ — 3
2.3 Architecture du logiciel ............................................................................... — 4
2.4 Traçabilité des informations ....................................................................... — 4
3. Fondamentaux de la méthodologie EIME.......................................... — 5
3.1 Description du produit ................................................................................ — 5
3.2 Bases de données........................................................................................ — 5
3.3 Indicateurs environnementaux................................................................... — 6
3.4 Indicateurs de fin de vie .............................................................................. — 6
4. Outil de management environnemental ............................................ — 6
5. Développement de la méthode ............................................................ — 7
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. G 6 100

ès 1996, un petit groupe d’industriels, conscients de l’importance crois-


D sante de la prise en compte des exigences environnementales dans leurs
activités et des difficultés de mise en œuvre, se réunissaient autour de la Fédé-
ration des industries électriques, électroniques et de communication (FIEEC) afin
de réfléchir à la mise en œuvre d’outils et de méthodes adaptés à leur secteur.
Cette fédération française (FIEEC) réunit une vingtaine de syndicats profes-
sionnels représentatifs des différents secteurs de l’industrie électrique et
électronique parmi lesquels : l’électroménager, les fabricants de piles et accu-
mulateurs, les fabricants de composants actifs et passifs, les producteurs
d’audiovisuel ou les producteurs d’appareillages électriques.
Les produits électriques et électroniques n’étaient alors pas encore concernés
par des réglementations spécifiques en matière de protection de l’environne-
ment. Cependant, la prise de conscience générale qui avait eu lieu lors du
sommet de Rio faisait son chemin et il était désormais nécessaire de réfléchir
à une conception durable des produits et services.
Ainsi naquit l’éco-conception, avec la parution en mai 1998 du fascicule nor-
matif AFNOR FD X 30-310 [1], restait cependant à le rendre applicable. La diffi-
culté majeure consistait à faciliter l’appropriation de ces théories par les
concepteurs (mécaniciens, électroniciens, experts techniques) afin de permettre
la prise en compte de l’environnement au même titre que les critères technico-
économiques. De plus, il était primordial de faire de cette notion une métho-
dologie applicable par un grand nombre d’entreprises aux pratiques de
conception diverses et variées en fonction de leur taille mais aussi des produits
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPPT

qu’elles génèrent. De ces réflexions naquit un outil d’aide à la conception


nommé Évaluation de l’IMpact sur l’Environnement (EIME).

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EIME, UN OUTIL D’AIDE À LA CONCEPTION DES PRODUITS _____________________________________________________________________________________

L’EIME répond aux besoins des fabricants d’assumer leur part de responsabi-
lités vis-à-vis des préoccupations environnementales. Il s’agit :
— d’identifier, dès la conception, et pour tous les produits, les points faibles
en terme d’impacts sur l’environnement, puis d’assister le concepteur dans ses
choix de matières, de procédés et de concepts pour éliminer ces points faibles,
tout en préservant la compétitivité du produit ;
— de quantifier les progrès consentis et de s’inscrire dans une démarche
Q d’amélioration continue, en réduisant progressivement l’impact global du
produit ;
— de faire de l’environnement un élément à part entière de la culture d’entre-
prise, en mettant à la disposition des industriels un outil utilisable par des non-
spécialistes de l’environnement et qui s’intègre naturellement dans les procé-
dures de conception existantes.
Depuis, cet outil a été testé et généralisé dans plusieurs grandes entreprises
du secteur électrique et électronique parmi lesquels : Alcatel, Legrand ou
Schneider. Il fait aujourd’hui partie intégrante de la politique de développement
durable de certaines d’entre elles.
Cependant, l’EIME n’est pas exclusivement réservé aux fabricants de ce sec-
teur.
En effet, l’EIME peut parfaitement être utilisé comme outil d’aide à la concep-
tion dans le domaine automobile, de l’aéronautique ou de la mécanique.
Afin de faciliter l’accès à un plus grand nombre d’entreprises et notamment
aux PME, la société CODDE, spécialisée dans le conseil et la formation en éco-
conception [1], a été créée en janvier 2003 à l’initiative de la FIEEC. Elle est en
charge du développement de l’outil EIME, de son adaptation et de sa promo-
tion à travers le monde.
La force de la démarche du secteur électrique et électronique réside dans
l’adhésion à un référentiel commun d’analyse environnementale des produits,
l’EIME, permettant de fixer un cadre concret à la mise en œuvre de l’éco-
conception tout en laissant l’initiative de progrès à l’entreprise.

1. Impact des produits prenne en compte dès les premières ébauches de sa réflexion les
aspects du produit qui impacteront négativement l’environnement.
électriques et électroniques On distingue plusieurs grandes familles d’impacts sur l’environ-
nement.
L’environnement est un écosystème complexe. Toutes les activi- ■ La consommation de ressources naturelles
tés de l’homme interagissent avec cet écosystème et génèrent des
impacts positifs ou plus généralement négatifs. Il est essentiel de Il est souhaitable de rechercher une réduction des quantités de
prendre conscience que tout produit interagit avec son environne- ressources utilisées, matières premières ou énergie. Cette dernière
ment à toutes les étapes de sa vie : étant majoritairement issue de procédés eux-mêmes consomma-
teurs de ressources non-renouvelables.
— lors de la conception, par les choix de matières, de procédés,
de concepts ; ■ La pollution de l’eau ou de l’air
— lors de sa fabrication, par l’énergie et les matières consom-
mées, et par les rejets émis ; Cet impact est lié à l’émission de molécules participant à l’alté-
ration des phénomènes naturels. On compte parmi ces pollutions :
— lors de sa distribution, par les moyens de transport utilisés ; la production de gaz à effet de serre ou encore la destruction de la
— lors de son utilisation, par l’énergie et les matières consom- couche d’ozone.
mées ;
— enfin, lors de son élimination en fin de vie, par les déchets ■ La production de déchets
qu’il génère, par l’énergie et les matières consommées pour son
Les déchets de production, les produits d’emballage, ainsi que
traitement, et par l’émission de rejets associée à ce traitement.
les produits en fin de vie, doivent être valorisés pour réduire les
Il est donc important d’appréhender le problème dans sa globalité volumes de matières mis en décharge, et permettre également une
afin de ne pas aboutir à un transfert de pollution d’une étape du diminution des prélèvements de ressources vierges grâce au recy-
cycle de vie à une autre. Et donc une approche systémique doit être clage.
préférée afin d’aboutir à la réduction de l’impact global du produit.
Plusieurs analyses de cycle de vie (ACV), réalisées au cours de
Et ce sont bien les orientations prises en conception qui vont ces dix dernières années, ont mis en évidence que l’un des aspects
conditionner le comportement du produit vis-à-vis de l’environne- environnementaux significatifs des produits électriques et électro-
ment, et ce pendant toute sa vie. Il importe donc que le fabricant niques est la consommation d’énergie.

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Promotion de la qualité écologique


des produits et écolabels

par Nadia BŒGLIN
Chef du département éco-conception et consommation durable à l’ADEME
(Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie)
Docteur-Ingénieur de l’ENSTIB (École nationale supérieure des technologies
et industries du bois)

1. Panorama général ............................................................................... G 6 250v2 - 2


1.1 Enjeux environnementaux liés à la qualité écologique
des produits ............................................................................................ — 2
1.2 Déclarations écologiques sur les produits ........................................... — 3
1.3 Pratiques aujourd’hui normalisées ....................................................... — 4
2. Caractéristiques d’un écolabel ....................................................... — 6
2.1 Qu’est-ce qu’un écolabel ? .................................................................... — 6
2.2 Existant en termes d’écolabels ............................................................. — 6
2.3 Éléments constitutifs d’un écolabel ...................................................... — 6
3. Élaboration des critères.................................................................... — 10
3.1 Écolabel et cycle de vie des produits.................................................... — 10
3.2 Principaux types de critères .................................................................. — 11
3.3 Formalisation des critères écologiques................................................ — 12
4. Bilan et perspectives ......................................................................... — 13
4.1 Bilan provisoire contrasté...................................................................... — 13
4.2 Perspectives prometteuses.................................................................... — 14
Pour en savoir plus...................................................................................... Doc. G 6 250V2

a prise en compte de l’environnement par les entreprises recouvre à la fois


L les aspects réglementaires (conformité à la réglementation existante) et les
démarches volontaires. Parmi ces dernières, on distingue généralement deux
approches : celle centrée sur les sites de production et celle axée sur les pro-
duits. Dans les faits, cette distinction apparaît quelque peu formelle, les deux
approches se rejoignant sur de nombreux points et contribuant toutes deux à
une amélioration environnementale des activités considérées.
L’approche « produit » consiste à réduire les impacts sur l’environnement
d’un produit donné, en prenant en compte tout ou partie de son cycle de vie
(de sa fabrication à son élimination finale). La valorisation des efforts réalisés
pour accroître la qualité écologique d’un produit passe par la communication
de ce caractère écologique aux consommateurs finaux, de manière à influer
sur leurs choix lors de l’acte d’achat. Cette communication peut s’effectuer
librement (autodéclarations écologiques d’un fabricant) ou par le biais d’une
certification selon une procédure et des critères préétablis. C’est ce dernier cas
qui constitue l’objet des écolabels, signes de reconnaissance officielle de la
qualité écologique d’un produit, aptes à satisfaire voire à développer les atten-
tes des consommateurs en termes de bien-fondé et de sincérité des messages
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPPW

à caractère écologique.

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PROMOTION DE LA QUALITÉ ÉCOLOGIQUE DES PRODUITS ET ÉCOLABELS _________________________________________________________________________

L’enjeu majeur de ces divers modes de promotion, par nature volontaire,


réside dans leur crédibilité, leur légitimité aux yeux du public et leur diffusion,
en termes de bonnes pratiques, auprès de l’ensemble des fabricants ; seuls
gages d’une reconnaissance fondée et durable des progrès environnementaux
réalisés.


1. Panorama général Chaque type de produits provoque, tout au long de son cycle de
vie, des impacts spécifiques. La répartition des contributions de la
consommation moyenne d’un Européen à l’effet de serre et à la
production de déchets ménagers (ordures ménagères, encom-
1.1 Enjeux environnementaux liés brants et déchets verts) est donnée figure 2 à titre illustratif.
à la qualité écologique des produits Les impacts environnementaux croissants de nos modes de
consommation résultent de la multiplicité des produits et services
Industrie, agriculture, transports... tous ces secteurs d’activité que nous consommons. Ainsi, au-delà de discours qui stigma-
ont des impacts négatifs sur l’environnement. Or, quelle est la fina- tiseraient quelques produits particuliers (sacs de caisse, lingettes,
lité de ces activités si ce n’est de mettre à disposition des consom- produits à usage unique...), il convient avant tout d’améliorer les
mateurs les biens et services achetés au quotidien ? Ainsi, par performances de chaque produit et service en fonction de ses
exemple, nos déchets sont avant tout nos achats. Quant à « l’effet impacts environnementaux spécifiques et de s’interroger sur la
de serre », il résulte en partie du cycle de vie des produits que nous multiplication de nos biens et le raccourcissement de leur durée de
consommons (fabrication, distribution, élimination). vie (pour cause d’obsolescence technique, esthétique, effet de mode
ou pièces non réparables...). Ce raccourcissement est synonyme de
Pour approcher plus finement les impacts liés à notre consomma- renouvellement d’achat plus rapide et donc de consommation de
tion, la Commission européenne, au travers de sa politique intégrée ressources supplémentaires.
des produits (PIP), a mené diverses études qui permettent de carac-
tériser la consommation moyenne d’un Européen. Leur synthèse Pour orienter notre société de consommation vers des modes
sur la période 1999-2002, intitulée « Impacts sur l’environnement plus durables, il convenait donc de développer des sigles de
des produits et services consommés en Europe » et réalisée par Bio reconnaissance distinctifs aptes à guider les consommateurs vers
Intelligence Services pour l’ADEME en mai 2006 permet d’illustrer des choix de produits plus respectueux de l’environnement : les
quantitativement la consommation moyenne individuelle et les écolabels, signes officiels de reconnaissance de la qualité environ-
impacts environnementaux qui en résultent (figures 1, 2, 3). nementale des produits, en sont la pièce centrale.

Textiles
Chaussures
14 kg
Eau potable 4 paires
59 m3
Savon et hygiène
Fruits, légumes, sucre et céréales 5 kg
491 kg
Produits d'entretien
Viande 11 kg
96 kg

Emballages
155 kg
Lait
77 kg

Matériaux de construction (BTP)


2 630 kg
Produits électriques Chauffage
& électroniques 24 GJ
18 kg
Transports de Journaux
marchandises Transports 26 kg
8 000 tkm publics
2 700 pkm

Figure 1 – Quelques exemples


de consommation annuelle moyenne
d’un Européen (U15, 1999)

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________________________________________________________________________ PROMOTION DE LA QUALITÉ ÉCOLOGIQUE DES PRODUITS ET ÉCOLABELS

Fruits, Occupation
légumes, des bâtiments
Produits céréales résidentiels Voitures
de soin 23 % individuelles
et sucre
pour bébé < 0,1% 16,9 % Occupation des
< 0,1 % bâtiments tertiaires
12 % Transports de
Boissons alcoolisées
marchandises


< 0,1 %
9,9 % Appareils
Produits de jardinage
électriques
et déchets verts
ménagers
< 0,1 %
7,5 % (6,9 %)
Chaussures
0,1 %
Viandes
Service gestion
5,4 %
de l'eau potable
0,6 %
Services de gestion
Papier (hors 9,3 t éq. CO2 des déchets
emballages) 5%
1% Textiles
Travaux publics 5%
1% Matériaux de contruction
Équipements 3%
informatiques Transports publics
1,4 % (1,2 %) Produits Meubles Emballages 2,6 %
d'entretien 2%
2% 2%

Pour les appareils électriques, la valeur entre parenthèses correspond à la phase d’utilisation :
sur les 7,5 % de contribution des appareils électriques ménagers, 6,9 % correspondent à la phase
d’utilisation. Cette phase d’utilisation fait l’objet d’un double comptage : elle est également incluse
dans les 23 % de contribution de l’occupation des bâtiments résidentiels (idem pour la catégorie
équipements informatiques et l’occupation des bâtiments tertiaires). Figure 2 – Bilan effet de serre de la
consommation annuelle moyenne d’un
Européen

Fruits, Occupation
légumes, des bâtiments
Produits céréales résidentiels Voitures
de soin et sucre < 0,1 % individuelles
pour bébé < 0,1 % Occupation
18 %
< 0,1 % des bâtiments tertiaires
Boissons alcoolisées < 0,1 % Transports
< 0,1 % de marchandises
< 0,1 %
Produits de jardinage Appareils
et déchets verts électriques
18 % ménagers
Chaussures 1,7 %
0,7 %
Service gestion Viandes
de l'eau potable 9%
1,6 %
Services de gestion
Papier (hors 580 kg des déchets
emballages) < 0,1 %
10 % Textiles
Travaux publics 1,5 %
< 0,1 % Matériaux de contruction
Équipements 8,6 %
Transports publics
informatiques Produits 0,4 %
Emballages
0,8 % d'entretien Meubles 27,4 %
3,3 % Figure 3 – Déchets ménagers liés à la
< 0,1 %
consommation annuelle moyenne d’un
Européen

1.2 Déclarations écologiques concentrés sur quelques points sensibles en matière d’environne-
ment (« protège la couche d’ozone », « biodégradable à 100 % »...).
sur les produits
Parallèlement, les produits qualifiés de « verts » ont gagné en
Largement présentes en France dès la fin des années 1980, les efficacité de manière à satisfaire les besoins du consommateur en
déclarations écologiques sont des messages imprimés sur les termes de préoccupations environnementales et d’aptitude à
produits ou sur leur emballage, sous forme de textes explicatifs ou l’usage (capacité d’un produit à répondre aux attentes du
de pictogrammes, vantant les mérites environnementaux, réels ou consommateur en matière de service rendu lors de son utilisation).
prétendus, du produit considéré (« protège l’environnement », Après une génération de produits destinée aux seuls
« 100 % recyclé »...). Au fil des années, ces messages ont évolué : consommateurs « écologistes », les vendeurs se sont peu à peu
d’une génération axée sur l’absence de telle ou telle substance adressés à l’ensemble des consommateurs, affirmant qu’un produit
(« sans chlore », « sans colorant »...), les messages se sont peu à peu pouvait être à la fois efficace et « respectueux de l’environnement ».

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PROMOTION DE LA QUALITÉ ÉCOLOGIQUE DES PRODUITS ET ÉCOLABELS _________________________________________________________________________

Ces différentes évolutions ont conduit à la situation actuelle où


cohabitent divers types de déclarations écologiques. Celles-ci Tableau 1 – Cartographie des normes de management
peuvent être classées en trois niveaux distincts en fonction du environnemental
nombre et de la nature des acteurs impliqués, sans qu’il ne soit
préjugé du bien-fondé ou de la sincérité des déclarations ne faisant Objectif Organismes (sites) Produits
pas appel à un contrôle extérieur indépendant (tierce partie).
Mise en œuvre Système de Prise en compte de
■ Autodéclarations et messages assimilables qui relèvent de la d’une politique management l’environnement en


environnementale environnemental conception et
seule responsabilité du fabricant ou du distributeur. Le message (14004, 14061) développement de
écologique peut être véhiculé par la dénomination même du pro- produits (14062)
ducteur, par le produit ou encore par des marques ou labels verts
propres à un distributeur ou à un vépéciste. De même, des Démonstration Système de Étiquetage
messages et pictogrammes largement répandus, comme management environnemental
« sauvegarde la forêt », ne font généralement pas appel à un environnemental (série 14020)
contrôle par tierce partie. (14001)

■ Marques ou labels privés collectifs initiés par un secteur pro- Outils Audit
fessionnel ou par un organisme considéré comme indépendant du d’évaluation environnemental
(série 14010)
fabricant, qui assurent que chaque produit qui les porte satisfait à un Analyse de cycle de vie
cahier des charges, identique pour tous. On citera, pour exemple, le Évaluation des (série 14040)
pictogramme APUR (Association des producteurs et utilisateurs de performances
carton recyclé) qui informe l’acheteur sur la quantité effective de environnementales
fibres recyclées présente dans le papier. (série 14030)

■ Écolabels, signes officiels de reconnaissance des avantages envi- Terminologie Termes et définitions (14050)
ronnementaux des produits qui les portent. Chaque pays présente
ses procédures propres : en France, la marque NF-Environnement
résulte d’une certification, régie par la loi no 94-442 du 3 juin 1994. tions ne sont pas trompeurs par nature : c’est le manque de
Le produit écolabellisé a fait l’objet d’un contrôle par tierce partie et connaissances qui conduit le consommateur à une appréciation
a satisfait à un cahier des charges préétabli fixant des critères pour erronée. Exemple : la boucle de Moebius.
la catégorie de produits considérés : l’élaboration des cahiers des
Ce sigle, très largement répandu, signifie généralement que le
charges a fait appel aux différentes parties intéressées (profession-
produit ou l’emballage qui le porte est recyclable : il s’agit là d’une
nels, associations, pouvoirs publics...). L’écolabel peut être national
caractéristique technique des matériaux qui ne présuppose en rien
(« NF-Environnement » français, « Ange bleu » allemand...) ou
de l’effectivité du recyclage après utilisation dudit produit, le
supranational (Écolabel européen, Cygne blanc du Conseil
recyclage effectif dépend de bien d’autres facteurs (existence d’un
Nordique).
système de collecte séparative, d’une filière de recyclage, de
En France, la cohabitation actuelle de tous ces types de décla- débouchés industriels...). Dans le cas cité, si le consommateur
rations écologiques résulte de la jeunesse des écolabels, qui se perçoit que le sigle en question se réfère au recyclage, la dis-
traduit par un faible nombre de catégories couvertes et une faible tinction entre techniquement recyclable ou effectivement voué à
visibilité sur le marché, et aussi de la volonté de différenciation des être recyclé lui échappe généralement.
professionnels (préférence pour un sigle spécifique à leurs propres La figure 4 donne des exemples de symboles ou de picto-
produits par opposition à une reconnaissance certes officielle mais grammes présents sur les produits.
exploitable également par les produits concurrents).
Il convient de citer un dernier type d’information à caractère
écologique, actuellement en voie de développement. C’est un cas 1.3 Pratiques aujourd’hui normalisées
particulier d’étiquetage écologique, couramment dénommé
« écoprofil ». Informatif et non sélectif, il fait appel à la compré- Concernant l’approche « produit », les travaux environnementaux
hension supposée accrue du public, professionnel en particulier, de l’ISO sont centrés sur les outils d’évaluation (normes relatives
pour les questions environnementales. Ces étiquettes peuvent se à l’analyse de cycle de vie : série des ISO 14040), la prise en compte
présenter sous forme de diagrammes ou de tableaux récapitulant de l’environnement en conception (« éco-conception » : ISO 14062)
les valeurs de quelques indicateurs environnementaux clés et sur la communication écologique (Normes relatives à l’étiquetage
(exemples : effet de serre, potentiel de destruction de la couche environnemental : série des ISO 14020). Ces différentes normes
d’ozone, CO2, déchets...). Ces valeurs sont généralement issues des sont le pendant des normes, aujourd’hui plus connues, traitant du
résultats d’une ACV (Analyse de cycle de vie) des produits. management environnemental des sites ou organismes (tableau 1).
Aux côtés de ces déclarations à caractère environnemental, Concernant spécifiquement les normes relatives à l’étiquetage
d’autres types d’informations sont diffusés et souvent compris à environnemental, celles-ci traitent à la fois des écolabels officiels
tort par le consommateur comme correspondant à un avantage (ISO 14024), des autodéclarations (ISO 14021) et des éco-profils
environnemental effectif, spécifique au produit. On citera les (ISO 14025) et bénéficient d’une norme internationale commune :
marquages obligatoires (exemple : le point vert Éco-emballage l’ISO 14020 (cf. [Doc. G 6 250V2]).
dont la signification est que l’entreprise a payé sa contribution aux
La diffusion et l’appropriation de ces différentes normes doit
coûts de valorisation des déchets d’emballages ménagers) ou les
conduire, à terme, à clarifier et assurer la sincérité des procla-
pictogrammes d’identification des matériaux (acier, aluminium,
mations à caractère écologique. En effet, si l’application des normes
plastiques, carton...) qui, dans un but de valorisation de leurs
ISO est volontaire, leur caractère mondial ainsi que la référence
images, intègrent souvent des éléments graphiques à consonance
qu’elles constituent dans le cadre des échanges commerciaux inter-
environnementale, généralement liés au récyclage (boucle, flèches
nationaux doivent faciliter une diffusion massive et une adoption
disposées en triangle...).
progressive par tous des bonnes pratiques préconisées. En
Sauf exception (exemple : mettre en exergue l’absence d’une particulier, dans le cadre des autodéclarations, ces normes peuvent
substance qui n’est généralement pas présente dans la servir de support à l’élaboration de différentes réglementations ou
composition des produits considérés), les différents types d’asser- préconisations nationales.

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Analyse du Cycle de Vie (ACV)

par Patrick ROUSSEAUX



Professeur de l’Université de Poitiers, Chercheur au Laboratoire de Combustion
et Détonique LCD (UPR 9028)
Directeur du Département Gestion des Risques de l’IRIAF (Institut des Risques Industriels,
Assurantiels et Financiers)

1. Genèse de l’ACV ....................................................................................... G 5 500 — 2


2. Méthodologie ACV................................................................................... — 2
3. Applications de l’ACV ............................................................................. — 3
4. Points faibles de l’ACV ........................................................................... — 3
5. Points forts de l’ACV............................................................................... — 4

et article introductif a pour objet de présenter l’outil Analyse du Cycle de vie


C (ACV), son origine, son cadre méthodologique, ses applications ainsi
qu’une analyse critique, en liaison avec la rubrique ACV, constituée des articles
qui suivent.
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPPU

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Analyse du cycle de vie


Réalisation de l’inventaire

par Enrico BENETTO
Spécialiste ACV (Analyse du Cycle de Vie) chez ECOINNOVA S.a.s. – France - Lyon

1. Définition des objectifs et des finalités ............................................ G 5 510 - 3


2. Définition du champ d’étude ................................................................ — 3
2.1 Systèmes et fonctions à étudier ................................................................. — 3
2.2 Unité fonctionnelle ...................................................................................... — 3
2.3 Frontières des systèmes et critères d’inclusion des entrants
et des sortants.............................................................................................. — 4
2.3.1 Méthodes basés sur l’analyse des procédés.................................... — 4
2.3.2 Méthodes d’analyse des entrants et des sortants (AES) ................. — 4
2.4 Règles d’imputation .................................................................................... — 5
2.4.1 Règles générales................................................................................. — 5
2.4.2 Règles spécifiques à la revalorisation............................................... — 5
3. Réalisation de l’inventaire ..................................................................... — 6
3.1 Modes opératoires de collecte et de calcul ............................................... — 7
3.2 Format de stockage de données................................................................. — 7
3.3 Interprétation des résultats......................................................................... — 8
4. Qualification des données ..................................................................... — 8
4.1 Facteurs de qualité et exigences normatives ............................................ — 8
4.2 Méthode de qualification ............................................................................ — 8
4.2.1 Introduction......................................................................................... — 8
4.2.2 Évaluation par indicateurs ................................................................. — 8
5. Évaluation des incertitudes .................................................................. — 11
5.1 Évaluation de la variabilité par la théorie probabiliste............................. — 11
5.2 Évaluation de l’incertitude au sens strict................................................... — 12
6. Exemple : inventaire de deux systèmes de réfrigération
concurrents................................................................................................ — 12
6.1 Finalité et objectif de l’étude....................................................................... — 12
6.2 Fonctions et unités fonctionnelles ............................................................. — 12
6.3 Champ d’étude............................................................................................. — 14
6.3.1 Système A : réfrigérateurs neufs....................................................... — 14
6.3.2 Système B : réfrigérateurs réemployés ............................................ — 15
6.3.3 Processus d’arrière-plan..................................................................... — 15
6.4 Réalisation de l’inventaire........................................................................... — 15
6.4.1 Procédures de calcul .......................................................................... — 15
6.4.2 Résultats de l’inventaire ..................................................................... — 16
6.4.3 Qualification des données et des résultats....................................... — 16
6.5 Interprétation et limites des résultats ........................................................ — 16
7. Conclusions ............................................................................................... — 18
Références bibliographiques ......................................................................... — 19

L ’analyse du cycle de vie (ACV) est une compilation et une évaluation des
entrants et des sortants et une représentation des impacts environnemen-
taux potentiels d’un système assurant une (ou plusieurs) fonction(s), le long de
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@RPPU

tout son cycle de vie. Autrement dit, c’est un outil qui permet d’évaluer les
impacts environnementaux potentiels de l’ensemble des processus se

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE ______________________________________________________________________________________________________________

rapportant à un (ou plusieurs) produit(s), service(s), procédé(s) qui satisfait (satis-


font) une (ou plusieurs) fonction(s).
Le cadre méthodologique de l’ACV a été normalisé entre 1997 et 2000 par la
série de normes ISO 14040 [1] à [4] et comprend quatre étapes :
— la définition des objectifs et du champ de l’étude ;
— l’analyse de l’inventaire du cycle de vie (ICV) ;

Q — l’évaluation des impacts environnementaux du cycle de vie (EICV qui


comprend la classification, la caractérisation et l’évaluation globale des
impacts) ;
— l’interprétation des résultats.
Considérons le cas de la fonction « impression de pages A4 » réalisée par le
produit « toner pour imprimante laser ». Pour réaliser une ACV, il est d’abord
nécessaire de définir les objectifs de l’étude par rapport à cette fonction : par
exemple comparer différentes marques de toner ou évaluer les performances
de nouveaux composants et processus de fabrication. Ensuite, la fonction doit
être quantifiée au moyen d’une unité fonctionnelle : par exemple « impression
de 1 000 pages avec un taux de couverture de 5 % ». Le cycle de vie, qui lui est
associée, peut comprendre tous les processus de production, d’utilisation, de
démantèlement et d’élimination du toner (approche « du berceau à la tombe »).
Comme l’étude du cycle de vie entier nécessite trop de temps et de ressources,
on se limite généralement à une partie (le système de produits), identifiée en
fonction des objectifs de l’étude. L’analyse de l’inventaire consiste dans l’éva-
luation des quantités de matières et d’énergie entrant et sortant du système de
produits et cela généralement pour différents scénarios, selon les objectifs
fixés. Afin de pouvoir interpréter les résultats d’inventaire, ces quantités sont
transformées en impacts environnementaux potentiels relatifs à toutes les caté-
gories d’impacts compte tenu de l’état de connaissances ([G 5 605] « Analyse
du cycle de vie. Évaluation des impacts », [G 5 615] « Analyse du cycle de vie.
Méthode d’évaluation des impacts ») [5] [6]. Les impacts sont potentiels car ils
sont calculés dans des conditions fictives avec des modèles de caractérisation
standardisés, à savoir les quantités de matière et d’énergie n’ont pas une
relation causale continue, dans l’espace et le temps, avec l’unité fonctionnelle.
Pour cela, les résultats d’impacts potentiels n’ont pas une signification absolue,
mais peuvent être utilisés seulement pour comparer différents scénarios, dif-
férentes étapes du système du produit ou différents systèmes de produits.
L’interprétation des résultats comprend la recherche d’améliorations et peut
conduire à modifier les étapes précédentes lorsque le but de l’étude n’est pas
atteint.
L’outil ACV permet de supporter les processus de décision qui visent au choix
et/ou la mise au point de produits, de procédés et de services plus respectueux
de l’environnement car il permet d’évaluer et de comparer différents scénarios
alternatifs ou étapes du cycle de vie. La recherche d’un positionnement
« environnemental » d’un produit par rapport à ses concurrents est également
l’objectif de nombreuses études. Finalement, l’ACV permet de savoir « où
d’agir » et non pas « comment agir » pour améliorer les performances
environnementales.
Dans ce dossier article nous allons présenter les principes méthodologiques
des deux premières étapes de l’ACV, à savoir la définition des objectifs et du
champ de l’étude, et l’analyse de l’inventaire. Un exemple d’application sera
également présenté.

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______________________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE

1. Définition des objectifs Exemple : dans le cas de l’emballage de boissons, la fonction peut
être « le stockage sûr et propre de la boisson ». Lorsque les objectifs
et des finalités de l’étude précisent des critères additionnels, concernant la résistance,
le type, le poids, les modalités de transport de la boisson emballée, la
fonction devra être complétée : « le stockage sûr et propre de la
boisson, conjuguant résistance à la pression et légèreté ».
L’objectif d’une étude ACV est de comparer différentes alterna-
Dans le cas de la production d’énergie électrique par combustion de
tives, à savoir scénarios ou (étapes de) systèmes de produits
charbon, la fonction commune à tous les scénarios est « production


assurant la (les) même(s) fonction(s).
d’énergie électrique ». Ensuite, chaque scénario comprend une ou
plusieurs cofonctions différentes liées à la valorisation des cendres
volantes et d’autres sous-produits, par exemple « production de
La comparaison peut comprendre la sélection (l’identification des ciment à partir des cendres volantes valorisées ».
meilleures alternatives), le tri (la séparation des bonnes alternatives
des moyennes et des mauvaises) et le classement des alternatives. Le système de produits comprend les processus spécifiques à la
Les finalités de l’étude, à savoir les utilisations qui seront faites des fonction considérée (dits « de premier plan »), à savoir les proces-
résultats, peuvent être multiples. Généralement dans les entre- sus d’acquisition des matières premières, de fabrication des maté-
prises, les études ACV visent à l’évaluation d’un produit ou d’un riaux intermédiaires, de fabrication du produit étudié, d’utilisation
procédé et de ses alternatives, en vue de l’amélioration et de la de ce produit, de recyclage ou de réutilisation et d’élimination finale.
communication de ses performances environnementales, de la Il peut comprendre aussi tous les processus (dits d’« arrière-plan »)
conception de nouveaux produits et procédés ou encore de la liés aux précédents, à savoir :
sélection à l’achat de matières premières. Les collectivités publiques — de consommation de ressources énergétiques, ainsi que ceux
ou les associations cherchent, le plus souvent, à valider les per- de transformation de ces ressources en combustibles utilisables ;
formances d’un produit ou d’un procédé que l’industrie ou l’État — de transport des matériaux d’une étape à l’autre ;
présente comme « propre ». La finalité d’un organe législatif peut — d’extraction et de préparation des ressources naturelles
être de déterminer s’il faut encourager ou non l’usage de certains brutes, à savoir les minerais, le bois et les ressources fossiles qui
matériaux ou produits de substitution. Dans tous les cas, les fina- ne sont pas utilisées pour leur contenu énergétique.
lités des études ACV sont en adéquation avec leurs objectifs et Une étude ACV de moyenne complexité comprend généralement
visent à supporter les processus de prise de décision. entre quarante et cinquante processus distincts. Dans la pratique,
des sous-systèmes autonomes « fermés » sont isolés, prenant en
L’identification des alternatives à comparer aide à mieux définir
compte toutes les étapes depuis l’acquisition des matières pre-
les objectifs, les finalités et l’étendue de l’étude ACV. Des alter-
mières jusqu’à la fabrication d’un produit utilisable. La phase d’uti-
natives complexes nécessitent une ACV complète, c’est-à-dire
lisation du produit et les éventuels problèmes posés par la fin de
incluant l’évaluation des impacts. Des choix plus simples peuvent
vie, tels que la réutilisation, le recyclage ou l’élimination ne sont
être faits à partir des informations fournies par un inventaire du
pas considérés dans ces sous-systèmes.
cycle de vie (ICV) des systèmes concurrents.
Les systèmes de produits des scénarios étudiés sont géné-
Exemple : considérons la comparaison d’un emballage de boissons ralement différents l’un de l’autre. Afin que la comparaison soit
avec un emballage concurrent, conçu pour fournir au consommateur cohérente, tous les scénarios doivent respecter la même unité
une quantité égale de liquide. Si l’un des emballages consomme moins fonctionnelle, qui quantifie la(les) fonction(s) étudiée(s).
d’énergie et produit des émissions moindres dans l’air, l’eau et le sol
pour tous les paramètres considérés, alors l’ICV suffit à montrer que
cet emballage est préférable d’un point de vue environnemental. 2.2 Unité fonctionnelle
Au contraire, si l’on cherche à comparer différents modes de pro-
duction d’énergie électrique par combustion de charbon, les objectifs
Une unité fonctionnelle (UF) appropriée est construite à partir
d’une étude ACV consisteront à comparer plusieurs scénarios de
de l’évaluation des fonctions remplies, elle doit être pertinente
production caractérisés par différentes techniques de combustion, de
avec la finalité de l’étude et préciser une quantité, une unité de
dépollution (désulfuration, dénitrification...) et de traitement des
mesure, un contexte spatial et un contexte temporel. Elle permet
déchets (cendres...), et différents types de combustible, en
de mesurer, pour chaque processus du système de produits, une
considérant des installations spécifiques. Ces objectifs permettront
quantité de produit, procédé ou service de référence, appelée
d’atteindre diverses finalités :
unité de référence (UR), qui remplit la fonction considérée ou
— quantifier les points faibles et les points forts du point de vue qui est produite par la fonction.
environnemental de la production d’électricité à partir du charbon ;
— dégager de nouvelles propositions relatives à la gestion et à la
À partir de cette UR, toutes les quantités inventoriées des
conception du cycle de vie à partir des résultats de l’inventaire et de
processus élémentaires de chaque scénario sont normalisées et
l’évaluation d’impacts potentiels sur l’environnement ;
agrégées.
— supporter les processus de prise de décisions sur des projets de
nouvelles unités de combustion. Exemple : la fonction « emballage de bière » peut être remplie par
une canette en aluminium ou en acier. Si l’UF est exprimée sur la base
d’un volume de bière contenu (par exemple 33 cL), les UR pour les deux
systèmes sont choisies en terme de masse de matériaux d’emballage
2. Définition du champ d’étude requise pour remplir la fonction, respectivement 16 g et 25 g.
Dans le cas de la production d’énergie électrique l’UF est 414 GJ, ce
qui correspond environ à 1 heure de fonctionnement d’un groupe de
115 MWe. Cette production implique des volumes horaires de fumées
2.1 Systèmes et fonctions à étudier dégagés suite à la combustion et des quantités de matières premières
consommées bien précises, qui représentent les UR des processus
relatifs. Compte tenu que les données inventoriées in situ sont
La définition du champ d’étude consiste à préciser la (les)
mesurées sur base horaire, cette UF et les UR associées permettent
fonction(s) et les systèmes de produits à étudier, comprenant les
ainsi de limiter les erreurs de non-linéarité lors du calcul des flux
processus liés au produit, service ou procédé considéré, et cela
élémentaires (les émissions de polluants, les consommations d’autres
en fonction des objectifs de l’étude. matières premières...).

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE ______________________________________________________________________________________________________________

2.3 Frontières des systèmes sont très significatifs même s’ils sont émis en très faible quantité,
ces critères peuvent entraîner l’omission d’impacts très importants.
et critères d’inclusion des entrants Le critère le plus correct s’avère alors celui de la « pertinence
et des sortants environnementale » : les flux retenus sont ceux dont la contri-
bution à chaque catégorie d’impact par rapport à l’impact cumulé
Si tous les processus du cycle de vie relatif à la (aux) fonction(s) tout au long du système de produits est supérieure à un seuil fixé.
étudiée(s) étaient pris en compte, à l’interface entre l’environ-
nement et le système de produits on retrouverait seulement des 2.3.1.2 Méthode de « masse-énergie-économique

Q quantités de matière entrantes (ressources naturelles non éner-


gétiques) et sortantes (polluants gazeux, liquides et solides) à
inventorier. Cela étant impossible (les frontières ne pouvant pas
relative (MEER) »
Dans cette méthode, la chaîne des processus élémentaires est
être infinies), il est indispensable de préciser le niveau de détail remontée à partir du processus élémentaire sur lequel est basée
auquel on veut parvenir, en sachant que l’élargissement des fron- l’UF, et à chaque « maillon » une décision d’inclusion ou d’exclusion
tières est souvent coûteux en ressources et en temps et ne donne des flux entrant est prise [7] [8]. Les critères de décision sont les
pas toujours accès à des renseignements significatifs. Ainsi, parmi valeurs relatives, en masse, énergie et valeur économique, des
les quantités entrantes et sortantes, on retrouve aussi des produits, entrants de chaque processus élémentaire par rapport à l’UF (ou à
dont les processus d’utilisation…, traitement… ou de production l’UR). Si les valeurs relatives sont supérieures à un seuil de coupure,
ne sont pas considérés. les entrants sont inclus dans le système, sinon ils sont exclus. Les
étapes de la méthode sont donc les suivantes :
La sélection des processus élémentaires à considérer dans l’ICV
est une procédure itérative. Une étude de sensibilité peut être pro- — étape 1 : calcul de la masse, de l’énergie et de la valeur éco-
posée pour montrer l’influence des choix faits sur les résultats de nomique totale de l’UF ;
l’étude. — étape 2 : définition du seuil de coupure ;
— étape 3 : quantification de la masse, de l’énergie et de la
Dans la pratique, il est possible de recourir à deux approches. La valeur économique de chaque entrant du processus élémentaire
première, préconisée aussi par la norme ISO 140 41 [2], est basée amont le plus proche (dans la chaîne des processus élémentaires)
sur l’analyse des procédés et retient les processus qui semblent de celui qui définit l’UF ;
contribuer aux impacts environnementaux les plus importants.
— étape 4 : calcul des contributions des entrants par rapport à
Après la sélection, un choix est fait quant au niveau de détail
l’UF dans les catégories de masse, d’énergie et de valeur
auquel les processus seront étudiés, c’est-à-dire le choix des flux.
économique ;
La seconde approche est la méthode d’analyse des entrants et des
sortants (Input-Output Analysis, IOA). Elle consiste à estimer les — étape 5 : sélection des entrants dont la valeur relative en
entrants et les sortants d’un cycle de vie complet à l’aide de tables masse ou en énergie ou économique est supérieure au seuil de
d’entrants et de sortants économiques qui quantifient les échanges coupure défini ;
de biens entre les différents secteurs économiques [7] [9]. — étape 6 : itération des étapes (3) à (5) aux processus élémen-
taires amonts les plus proches, dont les entrants n’ont pas été
Avant d’analyser ces approches, on rappelle que la règle géné- exclus dans l’étape (5) ;
rale veut qu’une étape ne peut être exclue d’un système que si — étape 7 : itération des étapes (4) à (6) jusqu’à ce que tous les
cette exclusion ne modifie pas les conclusions de l’étude. entrants de la chaîne soient exclus.
Exemple : dans le cas de produits industriels, les consommations
et les rejets liés à la fabrication des équipements de production et des
bâtiments n’affectent généralement pas les résultats d’une ACV et
2.3.2 Méthodes d’analyse des entrants
peuvent être exclus du système étudié. Un grand nombre de produits et des sortants (AES)
peut être fabriqué par les mêmes équipements de production et dans
les mêmes bâtiments et donc les charges associées à leur fabrication 2.3.2.1 AES classique
deviennent négligeables lorsque leur affectation est réalisée sur
l’ensemble des produits. Cette méthode permet l’imputation des impacts indirects liés aux
entrants et aux sortants entre différents secteurs économiques à
La finalité et les objectifs de l’étude font également partie des fac- l’aide d’un tableau récapitulant leurs échanges monétaires dans une
teurs à prendre en compte lorsqu’on envisage d’exclure certaines zone géographique donnée [7] [9]. Les échanges sont décrits par les
étapes du système. Ainsi, dans une ACV comparative, l’hypothèse ventes totales des secteurs de production primaire et de l’importa-
qui consiste à exclure les opérations communes aux produits tion (agriculture, industrie, construction, commerce, services privés,
étudiés est cohérente. services publics), et des facteurs primaires de production (taxes
indirectes, salaires...) regroupés par type de secteur de production
Exemple : dans le cas d’une comparaison entre plusieurs embal- secondaire (agriculture, industrie, construction, commerce, services
lages de produits réfrigérés, si la phase de stockage est identique pour privés, services publics) et d’utilisation finale (consommation pri-
tous les emballages elle peut être exclue. Cependant, cela peut inter- vée, consommation publique, investissement, export). Par le moyen
dire l’utilisation de l’étude pour tout autre objectif que la comparaison d’un calcul matriciel, il est possible d’évaluer les charges environ-
spécifiée. Ainsi, une évaluation des impacts ne pourra pas être nementales des échanges entre les différents secteurs économiques
effectuée alors qu’une étape très importante du cycle de vie de chaque à la condition que l’on connaisse les ressources consommées et les
système a été exclue. rejets dans l’environnement par unité monétaire pour chaque sec-
teur de production primaire (vendeurs). Autrement dit, il est possi-
ble d’imputer aux différents secteurs clients (acheteurs), les impacts
2.3.1 Méthodes basés sur l’analyse des procédés
environnementaux de chaque secteur économique producteur (ven-
deur).
2.3.1.1 Méthode d’après ISO
Ce dernier calcul permet d’évaluer l’échange des charges envi-
Le choix des entrants et des sortants à considérer se fait pendant ronnementales entre les secteurs économiques pour une première
la définition du champ de l’étude et de manière itérative [2]. Les étape. En effet, la production d’un secteur économique est établie
critères le plus simples sont la masse et l’énergie : on retient les à partir des biens produits par les autres secteurs, mais aussi à partir
flux dont la contribution à chaque critère et par rapport aux quan- d’autres biens provenant de secteurs économiques. Pour prendre
tités cumulées tout au long du système de produits est supérieure en compte l’ensemble de ces échanges (autrement dit l’ensemble
à un seuil fixé. Compte tenu que les effets de certains polluants des étapes du cycle de vie de la matière), on dispose d’un modèle

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G 5 510 − 4 © Techniques de l’Ingénieur

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Analyse du cycle de vie


Problèmes d’affectation
par François SCHNEIDER

Jacques CHEVALIER
Alain NAVARRO
Laboratoire d’Analyse Environnementale des Procédés et des Systèmes Industriels
(LAEPSI) de l’Institut National des Sciences Appliquées (INSA) de Lyon

1. Problèmes d’affectation rencontrés dans les ACV......................... G 5 550 − 2


1.1 Notions et concepts...................................................................................... — 2
1.2 Coproduction ................................................................................................ — 2
1.3 Cotraitement ................................................................................................. — 3
1.4 Revalorisation ............................................................................................... — 3
2. Traitement des cofonctions simultanées........................................... — 4
2.1 Méthodes basées sur le découpage du système....................................... — 4
2.2 Méthodes basées sur l’élargissement du système.................................... — 4
2.3 Méthodes basées sur des indicateurs socio-économiques ...................... — 5
2.4 Méthodes basées sur des indicateurs physiques ...................................... — 5
2.5 Comparaison des méthodes........................................................................ — 5
3. Traitement des cofonctions successives ........................................... — 6
3.1 Notion de vie d’une ressource et de système cascade ............................. — 6
3.2 Exemple choisi.............................................................................................. — 6
3.3 Comparaison de différents traitements d’un déchet................................. — 7
3.4 Comparaison de différentes productions................................................... — 9
4. Conclusion .................................................................................................. — 15
Références bibliographiques .......................................................................... — 15

A ffecter à de nombreux synonymes : imputer, attribuer, distribuer, allouer (en


anglais : allocate). De façon générale, il s’agit d’assigner la part de chacun.
Qui est responsable de la pollution de cette rivière ? Quelles sont les causes de
l’effet de serre ? Quels sont les impacts environnementaux de l’incinération des
bouteilles en PVC ? Toutes ces questions représentent des problèmes d’affecta-
tion. Au vu de la complexité du monde naturel et des sociétés humaines, attri-
buer des problèmes environnementaux aux vrais responsables est le défi
fondamental des analyses environnementales et la condition préalable à toute
mesure préventive. De plus, les problèmes d’affectation ont une portée très
générale puisqu’ils se rencontrent également dans les analyses économiques et
sociales des systèmes.
Nous présentons ici en détail les méthodes d’affectation [1] utilisées ou envi-
sagées dans le domaine des Analyses du cycle de vie (ACV). Les ACV sont fon-
damentalement des problèmes d’affectation d’impacts environnementaux à une
fonction en considérant tous les types d’impacts environnementaux et toutes les
étapes du cycle de vie de l’extraction des ressources naturelles aux traitements
finaux. Cette fonction peut être de produire une bouteille, de transporter un indi-
vidu d’un point A à un point B, de traiter de façon adéquate un déchet donné.
Nos sociétés sont très complexes, et tous les processus liés à une fonction rem-
plissent souvent de nombreuses autres fonctions. Le pétrole sert, par exemple à
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ANALYSE DU CYCLE DE VIE ______________________________________________________________________________________________________________

produire de nombreux types de produits : quelle est la part de la production de


pétrole (et les problèmes environnementaux associés) liée à la production
d’essence sans plomb ? Quels doivent être les impacts de la décharge attribués
aux piles stockées ?
La résolution des problèmes d’affectation est un des aspects de l’étape de
définition des objectifs car pour affecter, il faut commencer par définir le sys-


tème. Toutefois, elle fait aussi partie de l’étape d’inventaire. Nous posons que les
problèmes d’affectation sont des problèmes d’affectation de charges à des fonc-
tions. La notion de charges correspond dans cet article à tous les flux amenant
des impacts environnementaux, par exemple, des besoins en énergie ou en
transport, des consommations de ressources naturelles, des émissions de pol-
luants. Les liens entre les charges et les impacts s’établissent dans d’autres par-
ties de l’inventaire [29] et surtout dans l’étape d’évaluation des impacts [30]. Les
charges envisagées sont environnementales car les ACV se limitent pour le
moment à ces aspects. Mais la notion de charges pourrait tout à fait être généra-
lisée aux domaines économiques et sociaux.
L’affectation à fonction considérée ici consiste souvent à répartir la charge
environnementale d’un système entre toutes les fonctions assurées par ce sys-
tème. Cependant il arrive que l’affectation implique à un moment donné une
modification du système.
Il n’existe pas de méthode d’affectation générale acceptée. Comme les choix
effectués sont susceptibles de modifier largement les résultats des études, une
analyse comparée des différentes méthodes revêt une grande importance.

1. Problèmes d’affectation Matières Matières


rencontrés dans les ACV Énergies Énergies
Système
Espaces Espaces

1.1 Notions et concepts


Figure 1 – Représentation physique des flux entrants et sortants
Un système est composé de processus de transformations, de d’un processus
transports et de stockages. Il peut avoir des entrées et des sorties de
matières (métaux, plastiques...), d’énergies (énergie solaire, chaleur,
énergie contenue dans les matériaux énergétiques...) ou d’espaces
(surfaces au sol, volumes...) (figure 1). Ce sont les trois types de res-
sources pouvant circuler [1]. Dans une représentation socio-écono- Services Services
mique (figure 2), ces flux entrants et sortants peuvent être des Produits Produits
déchets (poubelles traitées, objets usagés générés...), des produits Déchets Système Déchets
(machines requises, produits finis fabriqués...) ou des flux environ-
nementaux (ressources naturelles extraites, polluants émis...). Un Flux Flux
processus peut de plus avoir des flux entrants et sortants non physi- environnementaux environnementaux
ques que sont les services (transports requis ou fournis...).
Les services et les produits ont une valeur socio-économique Figure 2 – Représentation socio-économique des flux entrants
(généralement représentée par la valeur économique moyenne et sortants d’un processus
positive du flux tandis que les déchets ont une valeur négative. Les
flux environnementaux, quant à eux, ne font pas partie du domaine
de l’analyse économique [2] [3]. À chaque flux sortant de produits ou de services est associée une
Les flux entrants de produits et de services proviennent d’autres fonction de production ; à chaque flux entrant de déchets est asso-
processus (de production) et les flux sortants de déchets sont diri- ciée une fonction de traitement du système étudié. Dans les ACV, on
gés vers d’autres processus (de traitement). C’est de cette manière compare des systèmes qui remplissent la même fonction. Donc à
que l’on construit processus par processus ce qu’on appelle le cycle chaque fois qu’un système remplit plusieurs fonctions, il se pose un
de vie, jusqu’à ce que tous ces flux entrants et sortants soient tra- problème d’affectation. Il faut affecter la part des flux entrants de
duits en flux environnementaux qui seront analysés dans l’étape produits et services, des flux sortants de déchets et des flux environ-
d’évaluation des impacts. Les flux entrants de produits et de servi- nementaux qui contribuent uniquement à la fonction étudiée en se
ces, les flux sortants de déchets et les flux environnementaux cor- basant sur le fait que les fonctions sont les raisons d’exister des sys-
respondent à des charges environnementales. tèmes.

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______________________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE

Charges CP Charges C T
Produit P1
Déchet D1
Produit P2
Système A P Système A T
Déchet D2
Service S

Figure 4 – Cotraitement ; exemple choisi



Figure 3 – Coproduction : exemple choisi

Des problèmes d’affectation interviennent dans trois situations :


les coproductions, les cotraitements et les revalorisations. Cofonctions simultanées

Productions Traitements
1.2 Coproduction

Modification Indicateurs de
Les problèmes de coproduction apparaissent lorsqu’un système du système responsabilité
remplit plusieurs fonctions de production alors qu’une seule est étu-
diée, autrement dit lorsqu’un système génère plusieurs produits ou
services tandis qu’un seul de ces flux sortants contribue à la fonc- Socio-
Découpage Élargissement Physiques
tion étudiée. Ils sont aussi connus sous le nom d’affectation à systè- économiques
mes multisorties (multi-output). Ce type courant de problème se
pose pour une raffinerie de pétrole qui produit différents carburants,
Figure 5 – Diagramme récapitulatif des méthodes de résolution des
combustibles industriels et matériaux divers. Un autre exemple typi-
affectations à cofonctions simultanées
que est la coproduction de soude, chlore et hydrogène par électro-
lyse du sel [4].

Les problèmes d’affectation qui se posent, lorsqu’il s’agit de 1.4 Revalorisation


coproductions, peuvent être illustrés ainsi : considérons un système
AP remplissant 3 fonctions de production en générant les produits
Les revalorisations associent fonctions de traitement et fonctions
P1, P2 et le service S, ayant aussi des flux entrants et sortants ame-
de production. Elles incluent les réemplois, les recyclages et les
nant la charge environnementale CP (figure 3) Quelle part de CP autres valorisations de déchets. Une revalorisation consiste à redon-
doit-on affecter à la production de P1, P2 ou S ? ner une valeur socio-économique positive à un déchet. Lors des
revalorisations, les fonctions sont remplies à des instants différents
grâce à la conservation de propriétés utiles des ressources. Les
fibres cellulosiques conservent ainsi leur qualité d’utilisation sur de
1.3 Cotraitement nombreux cycles. Des cofonctions successives sont alors remplies.
Les déchets de papiers d’impression-écriture peuvent être traités
pour être recyclés ultérieurement dans des emballages.
Ces problèmes apparaissent lorsqu’un système traite plusieurs L’étude des processus de revalorisation peut engendrer l’étude
déchets simultanément tandis que l’on veut étudier le traitement d’arbres de revalorisation encore appelés vies de ressource ou cas-
d’un seul de ces déchets. On dit alors que le système étudié remplit cades de revalorisation [1] [5] [6]. La ressource fibre cellulosique
plusieurs fonctions de traitement et il faut affecter à la fonction de peut par exemple être utilisée de nombreuses fois successivement,
dans des papiers d’impression-écriture, puis dans des emballages,
traitement du déchet qui nous intéresse, sa charge environnemen-
puis être incinérée pour produire de l’énergie.
tale. Ces problèmes peuvent aussi être dénommés affectations à
systèmes multi-entrées (multiple waste handling ou multi-inputs). On distingue deux types de revalorisations : en boucle fermée et
Deux exemples importants de ce type de problème sont les filières en boucle ouverte.
incinération (sans valorisation énergétique) et mise en décharge. En
■ Les boucles fermées sont des filières de revalorisation internes à
effet dans ces deux cas, des flux de déchets de natures très différen- un cycle de vie : les revalorisations peuvent alors être vues comme
tes sont traités conjointement et la pollution des deux systèmes inci- des cofonctions simultanées et ne posent pas de problèmes métho-
nération et décharge ne peut être aisément affectée à chacun des dologiques, toutes les fonctions étant identiques. Malheureuse-
flux entrants. Par exemple, comment doit-on répartir la charge envi- ment, les véritables boucles fermées sont très rares. On pourrait
ronnementale de l’incinération entre les plastiques, les fermentesci- citer la réutilisation du calcin des défauts de fabrication d’une verre-
bles ou encore les papiers et cartons ? rie réintroduit tel quel dans le four à verre.

Un problème de ce type se pose ainsi : considérons un système ■ Les boucles ouvertes mettent en jeu des cofonctions successives.
AT remplissant 2 fonctions de traitement en traitant les déchets D1, L’exemple considéré et les différentes méthodes d’affectation pour
D2, et ayant des flux entrants et sortants amenant la charge environ- ce type de cofonctions sont présentées au paragraphe 3.3.5.
nementale CT (figure 4). Quelle part de CT doit-on affecter à la fonc- Les figures 5 et 6 montrent les méthodes de résolution des affec-
tion de traitement de D1 ou D2 ? tations à cofonctions simultanées et successives.

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE ______________________________________________________________________________________________________________

Cofonctions successives

Traitements Productions


Découpage et Systèmes Découpage et Vie complète Systèmes
Découpage Découpage
charges évitées cascade charges évitées de la ressource cascade

- Traitement - Valeur - ARSC - Courante - Valeur - Répartition totale - ARSC


final évité environnementale - 50/50 simple environnementale - Par type de flux
- 50/50 simple - Huppes - 50/50 environnementaux
- Huppes - GEP - Basée sur la masse - Étendues
- Boucle fermée
- Östermark
- Lindeijer

Figure 6 – Diagramme récapitulatif des méthodes de résolution des affectations à cofonctions successives

2. Traitement des cofonctions Charges CP


simultanées P3, S1 Produit P1

FE1, S2 Produit P2
FE2, D3 Système A P
Les coproductions et cotraitements sont des cofonctions qui se
P4 Service S
produisent au même instant et qui peuvent de ce fait être analysées
au niveau d’un processus élémentaire donné : on parle de cofonc- D4
tions simultanées. Nous allons ici présenter les différentes métho-
des de résolution des problèmes d’affectations à des cofonctions Figure 7 – Application de la méthode de découpage
remplies au même instant. Celles-ci incluent les coproductions, les
cotraitements et les revalorisations vues comme des cofonctions
simultanées. Une première stratégie consiste à modifier le système
Parfois, le découpage ne se fait pas selon des critères techniques.
analysé : soit par une étude détaillée des processus suivie d’un
Certains proposent en effet de découper arbitrairement les systè-
découpage du système, soit par un élargissement à d’autres
mes en choisissant un ratio approprié par exemple en partageant
systèmes remplissant les mêmes fonctions. Une seconde méthode
équitablement la charge environnementale du système à l’ensem-
consiste à établir des règles d’affectation sur la base d’indicateurs
ble des fonctions qu’il assure. Ces méthodes sont difficilement justi-
physiques et/ou socio-économiques. La plupart des auteurs associe
fiables si les fonctions sont différentes.
plusieurs méthodes.
La première étape commune à toutes ces méthodes est la défini-
tion du système étudié (frontières, flux entrants et sortants...).
2.2 Méthodes basées sur l’élargissement
du système
2.1 Méthodes basées sur le découpage
du système Ces méthodes, souvent dénommées méthodes par substitution
(d’un système par un autre) [8] élargissent le système à d’autres sys-
tèmes remplissant les cofonctions. Elles considèrent qu’un système
Il s’agit de décomposer le système en sous-systèmes indépen- qui assure plusieurs fonctions en même temps évite l’existence
dants liés à chacune des fonctions. Ainsi, par l’étude approfondie d’autres systèmes remplissant chacune des fonctions. Après exten-
d’une plate-forme pétrolière, il est possible d’identifier certains pro- sion, le système ne remplit plus que la fonction étudiée.
cessus liés uniquement à la production de gaz et d’autres liés à la
production de pétrole [7]. Elles ont beaucoup été utilisées pour créditer la production par
incinération [9]. Les charges de la production d’énergie par le
Pour le système AP, supposons que la charge CP soit liée aux pro- pétrole, par exemple, sont alors soustraites des charges affectées à
duits P3, P4 entrants, aux services S1 et S2 entrants, aux flux environ- des emballages en plastique lorsqu’ils sont incinérés.
nementaux entrants F E1 ainsi qu’aux flux environnementaux sortant
F E2 et aux déchets sortants D3 et D4. Une étude précise (par la chi- Pour l’exemple AP, on étend le système à un système B de char-
mie, la physique, l’automatique...) peut permettre un découpage ges CB produisant le même produit P2, à un système C de charges
fructueux. On s’apercevra par exemple que les flux entrant P3 et S1 CC produisant le service S. On affecte alors à la production de P1, les
sont liés à P1, que S2 et F E1 et F E2 et D3 sont liés à P2 et que P4 et D4 charges CP - CB - CC.
sont liés à S (figure 7). Pour le cotraitement AT, si l’on considère l’affectation à la fonction
Pour le cas de cotraitement, par une étude approfondie du sys- de traitement du déchet D1 par le système AT. Nous étendons le sys-
tème AT, les charges seraient aussi attribuées au traitement de D1 et tème à un système D de charges CD traitant le déchet D2. On affecte
D2. alors au traitement de D1 la charge CT - CD.
Malheureusement, la technique de découpage n’est pas toujours Cette méthode par soustraction peut amener l’apparition de char-
applicable, car elle demande une connaissance approfondie des ges négatives. Pour éviter cela et pour rendre la méthode plus trans-
procédés et mécanismes et les cofonctions sont parfois profondé- parente, certains auteurs préfèrent ajouter les charges évitées au
ment liées. système comparé [10]. Par exemple, si l’on compare la production

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Analyse du cycle de vie


Évaluation des impacts
par Florent QUERINI
Doctorant Renault/Institut P’ UPR 3346 Q
et Patrick ROUSSEAUX
Professeur université de Poitiers/Institut P’ UPR 3346

1. Notion d’impact en ACV ................................................................ G 5 610v2 – 2


2. Classification des facteurs d’impact .......................................... — 3
2.1 Règles générales ................................................................................ — 3
2.2 Classes d’impact : dommages endpoint ........................................... — 3
2.3 Classes d’impacts : impacts midpoint ............................................... — 4
2.3.1 Épuisement des ressources naturelles ................................... — 4
2.3.2 Augmentation de l’effet de serre ............................................ — 4
2.3.3 Dégradation de la couche d’ozone .......................................... — 5
2.3.4 Toxicité et écotoxicité .............................................................. — 5
2.3.5 Acidification ............................................................................. — 5
2.3.6 Eutrophisation ......................................................................... — 5
2.3.7 Formation d’ozone photochimique ......................................... — 5
2.3.8 Pollution particulaire ............................................................... — 6
2.3.9 Changement d’usage (ou annexion) des sols ........................ — 6
2.3.10 Pollution radioactive ................................................................ — 6
2.3.11 Nuisances................................................................................. — 6
3. Caractérisation des impacts ......................................................... — 6
3.1 Principes généraux ............................................................................. — 7
3.2 Ecoindicator 99 ................................................................................... — 7
3.3 EPS 2000 ............................................................................................. — 7
3.4 CML 2001 ............................................................................................ — 7
3.5 IMPACT 2002+ .................................................................................... — 7
3.6 EDIP 2003 ............................................................................................ — 8
3.7 Ecopoints 2006 (Ecological Scarcicity, UBP) ..................................... — 8
3.8 ReCiPe 2008 ........................................................................................ — 8
3.9 Autres méthodes ................................................................................ — 8
3.10 Récapitulatif et limites ....................................................................... — 8
4. Évaluation globale des impacts ................................................... — 9
4.1 Règles générales ................................................................................ — 9
4.2 Normalisation ..................................................................................... — 9
4.3 Agrégation .......................................................................................... — 9
4.3.1 Méthodes d’agrégation globale .............................................. — 9
4.3.2 Méthodes d’agrégation partielle ............................................. — 10
5. Conclusion........................................................................................ — 10
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 5 610v2

’analyse de cycle de vie (ACV) est un outil comparatif d’évaluation environ-


L nementale de tout système. La réalisation d’une ACV se déroule en quatre
étapes :
– définition des objectifs ;
– inventaire des entrants et sortants ;
– évaluation des impacts potentiels ;
– interprétation.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPQR

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Les deux premières étapes sont développées dans les articles Analyse du
Cycle de Vie (ACV) [G 5 500] et Analyse du cycle de vie. Réalisation de l’inven-
taire [G 5 510]. La troisième étape fait l’objet du présent article. Il est donc
recommandé au lecteur de prendre connaissance des deux premières étapes
et des articles associés avant de lire ce qui suit.
L’objectif de cet article est de présenter, sur la base des connaissances scien-
tifiques actuelles, les méthodes d’évaluation des impacts environnementaux


dans le contexte des ACV. Les méthodes d’évaluation des impacts potentiels
dans les ACV sont traditionnellement réalisées en trois phases :
– la classification des impacts : cette phase consiste d’abord à choisir une liste
pertinente de catégories d’impacts à prendre en compte. Puis, pour chaque
catégorie, l’ensemble des flux de l’inventaire est identifié qualitativement ;
– la caractérisation des impacts : elle consiste à définir l’indicateur d’impact
qui permettra de quantifier la contribution spécifique de chaque flux apparte-
nant à la classe d’impact considérée, de calculer pour chaque classe la contri-
bution de chaque flux et d’agréger au sein de chaque classe les contributions
calculées pour les différents flux ;
– l’évaluation globale des impacts : l’objectif de l’ACV est de comparer les
impacts potentiels de systèmes. Cette comparaison porte :
 soit sur le cycle de vie de différents systèmes rendant le même service ;
l’objectif est alors d’identifier quel est le (ou les) système(s) le(s) plus respec-
tueux de l’environnement sur l’ensemble des classes d’impacts étudiées ;
 soit sur les différentes étapes du cycle de vie d’un système donné : l’objectif
est ici de connaı̂tre les points faibles et les points forts d’un système sur
l’ensemble de son cycle de vie et au regard des classes d’impacts étudiées.
Quel que soit l’objectif, cette dernière phase revient à agréger l’ensemble des
informations obtenues à la précédente phase de caractérisation pour aboutir à
une appréciation environnementale globale des systèmes, utile à l’interpréta-
tion et à la décision.
Le présent article présente dans un premier temps la notion d’impact en ACV
et les principales classes d’impacts consensuelles. Il décrit ensuite les principa-
les méthodologies de caractérisation, avec leurs points forts et leurs limites,
ainsi que leur utilisation. La dernière partie porte sur l’évaluation globale des
impacts, une fois que ces derniers ont été caractérisés.

des dommages (sur l’être humain ou sur les écosystèmes), on


1. Notion d’impact en ACV parle de niveau « endpoint ». Cette différence midpoint/endpoint
est cruciale en évaluation des impacts, les méthodes utilisées se
définissant toujours selon cette distinction.
L’impact implique l’action d’un système source sur un système Comme illustré dans la figure 1, l’approche midpoint requiert un
cible. Le système source considéré ici est une activité humaine. Le nombre moindre de mécanismes à prendre en compte que l’appro-
système cible est une composante de l’environnement (homme, che endpoint et présente donc des impacts plus robustes d’un
faune, flore et écosystème). On peut définir l’impact comme un point de vue scientifique. L’approche endpoint, qui évalue la gravité
changement d’état du système cible sous l’action du système des dommages associés aux impacts, présente des incertitudes
source. Ainsi, une analyse d’impacts s’attache en premier lieu à plus fortes, du fait du grand nombre de mécanismes à prendre en
définir l’état initial de la cible. Le problème consiste ensuite à sui- compte, mais possède l’avantage de faciliter l’interprétation des
vre les changements d’état de la cible. Les changements constatés résultats. En effet, pour avoir un bilan environnemental exhaustif,
constituent l’impact. Soulignons enfin que les impacts directs sur la il est généralement nécessaire d’évaluer un grand nombre
cible génèrent en général une succession d’impacts secondaires. d’impacts midpoint, sans connaı̂tre la gravité de chacun. L’interpré-
Par exemple, une substance rejetée dans un milieu environnemen- tation des résultats peut donc s’avérer difficile. L’approche end-
tal peut engendrer différents types d’effets successifs : point, au prix d’une transparence scientifique moindre, permet de
– effet sur le milieu physique (modification des caractéristiques quantifier les dommages associés aux impacts avec un nombre
physico-chimiques) ; restreint d’indicateurs.
– effet sur le milieu vivant (toxicité et écotoxicité) ; Pour déterminer un impact potentiel, il est nécessaire de prendre
– effet sur l’écosystème (perturbation de l’équilibre écologique). en compte les potentialités toxiques, écotoxiques et écologiques.
On peut donc parler de cascade d’effets (ou chaı̂ne de cause à L’impact potentiel est caractérisé par la combinaison des paramè-
effet), d’où la nécessité de définir précisément le niveau où doit tres suivants :
porter l’analyse. Lorsque les impacts retenus s’arrêtent au change- – l’action de la source (nature et intensité) ;
ment d’état du système cible, on parle d’impacts au niveau « mid- – l’exposition et l’accessibilité des cibles ;
point ». Si la chaı̂ne d’effets est poussée jusqu’à la quantification – la sensibilité des cibles.

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–––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ANALYSE DU CYCLE DE VIE

Émission
de la
substance

Devenir - transport &


Impact 1 transformation Impact 2 Impact n

Midpoint

Dommage

Endpoint sur les milieux
à préserver

Figure 1 – Notion d’impact en ACV : distinction midpoint/endpoint

Ainsi, si l’on considère par exemple une substance relâchée dans Lors de la mise au point d’un tel système de classification se
l’environnement, son impact potentiel sera lié à : pose le problème du choix des impacts environnementaux à pren-
– la quantité et la concentration du rejet ; dre en compte. Trois critères au minimum sont à envisager :
– la mobilité et la tendance à la dispersion ; – l’exhaustivité : la méthode de classification testée sera considérée
– la persistance dans le milieu, dépendante de la dégradation ; comme exhaustive si elle couvre l’ensemble des problèmes environne-
– l’accumulation, dans les sédiments ou les tissus vivants ; mentaux, compte tenu des connaissances scientifiques du moment ;
– la synergie avec d’autres substances ou la transformation en – la non-redondance : elle est définie comme une augmentation
d’autres produits formés dans l’environnement ; du nombre d’éléments de la liste sans accroissement corrélatif de
– l’effet nuisible pour les êtres humains, les animaux, les plantes, la quantité d’information. Il ne faut pas confondre la redondance
les écosystèmes et les cibles non vivantes. avec le fait qu’un élément de l’inventaire puisse contribuer à plu-
sieurs impacts. On peut distinguer, pour une substance émise,
Un impact potentiel dépend donc d’un grand nombre de paramè- trois façons de contribuer à plusieurs impacts :
tres. La communauté scientifique a construit et construit toujours
des modèles intégrant ces paramètres et permettant de prédire la  en parallèle : l’émission peut potentiellement contribuer à
contribution d’une substance à un impact donné. Malgré les efforts plusieurs impacts. Par exemple, le dioxyde de soufre (SO2)
importants, l’incertitude liée à l’évaluation des impacts demeure peut contribuer à l’acidification et à des effets toxiques par
plus ou moins importante selon l’impact envisagé. Ce n’est toute- inhalation. Cependant, une seule molécule de SO2 ne peut
fois pas tant l’incertitude elle-même mais plus l’incapacité de la engendrer ces deux effets simultanément,
mesurer qui rend l’interprétation des impacts complexe. Car si  en série, directement : l’émission peut engendrer plusieurs
l’on considère l’ACV comme une méthodologie dont la finalité est effets l’un après l’autre. Par exemple, une même molécule
l’intégration de l’évaluation environnementale globale du cycle de d’oxyde d’azote (NOx) est susceptible de contribuer à la fois
vie dans un processus décisionnel, toute incertitude devrait pouvoir à l’acidification et à l’eutrophisation,
être scientifiquement appréciée.  en série, indirectement : la substance contribue à un autre
L’attitude actuelle des praticiens de l’ACV consiste à considérer effet, à partir de l’effet causé précédemment. Par exemple,
que l’évaluation environnementale n’est pas une technique totale- les particules vont contribuer à la pollution atmosphérique
ment maı̂trisée aujourd’hui. Cependant, chaque avancée dans ce particulaire. En faisant cela, elles peuvent exercer un effet
domaine réduit l’incertitude de l’évaluation. Il faut donc se poser négatif sur le réchauffement climatique ;
systématiquement la question : compte tenu des incertitudes scien-
– la faisabilité : l’appartenance d’un flux à une classe d’impact
tifiques (même réduites), quelles fonctions de dommages sont
doit être suffisamment explicite. En d’autres termes, la personne
accessibles avec un niveau de connaissance acceptable ? Il s’agit
chargée de la classification des impacts ne doit pas avoir de doutes
donc, dans l’état actuel des connaissances scientifiques, de gérer
quant à la contribution d’une substance à un impact environne-
au mieux l’incertitude en se fondant sur un consensus minimum
mental potentiel.
de la communauté scientifique.
Nota : le lecteur pourra également consulter l’article [G 5 620] sur les incertitudes des
évaluations des impacts.
2.2 Classes d’impact : dommages endpoint
Au niveau endpoint, trois dommages sont généralement retenus :
la santé, les écosystèmes et les ressources.
2. Classification des facteurs & Santé
d’impact L’indicateur endpoint doit montrer la mortalité et la morbidité
associées aux impacts générés durant le cycle de vie étudié. Pour
chaque dommage, les nombres d’années de vie perdues (YLL,
Years of Life Lost) et de vie avec un handicap (YLD, Years of life
2.1 Règles générales Disabled) sont additionnés pour obtenir un nombre d’années
exprimé en DALY (Disability-Ajusted Life Years) [1]. En dépit de cer-
Au cours de la réalisation d’une ACV, un bilan matière-énergie tains défauts (dépendance à un contexte spatio-temporel donné,
est réalisé pour chaque sous-système du cycle de vie. Cet inven- évaluation des années avec handicap par rapport à une espérance
taire fournit un nombre important de données qu’il est généra- de vie « standard », pondération en fonction de l’âge auquel sur-
lement impossible de gérer comme tel. L’objectif de la classifica- vient la mort ou la maladie, etc.), la DALY est l’indicateur retenu
tion est de regrouper ces flux afin de faciliter leur quantification. par l’Organisation mondiale de la santé et donc l’indicateur end-
point le plus consensuel actuellement pour la santé en ACV.

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Analyse du cycle de vie. Incertitudes


des évaluations des impacts

par Enrico BENETTO
Spécialiste ACV (Analyse du Cycle de Vie) chez ECOINNOVA S.a.s. – Turin Italie

1. Terminologie et sources d’incertitude ............................................... G 5 620 — 2


1.1 Terminologie ................................................................................................ — 2
1.2 Sources d’incertitude .................................................................................. — 3
2. Analyse de la variabilité......................................................................... — 3
2.1 Approche par la théorie des intervalles ..................................................... — 3
2.2 Approche par la théorie probabiliste ......................................................... — 3
2.3 Exemple d’analyse, par l’approche probabiliste, de la variabilité
de l’impact d’effet de serre ......................................................................... — 4
3. Analyse de l’imprécision........................................................................ — 5
3.1 Approche par la théorie des intervalles ..................................................... — 5
3.2 Exemple d’analyse de l’imprécision de l’impact d’effet de serre ............ — 5
4. Analyse de l’incertitude au sens strict .............................................. — 6
4.1 Principes et approches de caractérisation ................................................. — 6
4.2 Approche possibiliste .................................................................................. — 6
4.3 Exemple d’analyse de l’incertitude au sens strict de l’impact d’effet
de serre......................................................................................................... — 7
4.4 Approche par la logique floue .................................................................... — 8
4.5 Exemple d’analyse de l’incertitude au sens strict de l’impact du bruit... — 10
5. Conclusions ............................................................................................... — 10
Références bibliographiques ......................................................................... — 11

endant la dernière décennie, le développement de méthodes d’évaluation


P des impacts pour l’outil ACV (Analyse du Cycle de Vie) a permis aux pra-
ticiens de disposer de résultats d’impacts toujours plus exhaustifs et cohérents
avec les objectifs des études [G 5 605] [G 5 615] [1] [2]. Ces méthodes ont intro-
duit aussi des sophistications et des incertitudes de plus en plus importantes.
L’évaluation des incertitudes des résultats d’impacts est ainsi devenue un enjeu
primordial pour la crédibilité de l’outil et pour le support des processus de prise
de décision basés sur ses résultats.
En ACV, l’incertitude est généralement définie et classée en fonction des sour-
ces, à savoir les modèles, les données et les choix du praticien [1]. Différentes
méthodes d’analyse, toutes basées sur les théories des probabilités et des inter-
valles, ont été proposées. Pourtant le mot « incertitude » ne concerne pas seule-
ment le contenu de l’information (c’est-à-dire sa valeur) qui peut être
correctement analysée par ces théories, mais aussi, en même temps, sa vérité,
entendue au sens de sa conformité à la réalité et/ou aux objectifs de l’étude (ce
qu’on appelle confiance). L’incertitude sur un modèle d’évaluation d’impact (par
exemple d’effet de serre) concerne la valeur de ses variables (quelles sont
l’erreur et la variabilité qui affectent ces valeurs ?), mais aussi leur nature (ces
variables sont-elles les plus pertinentes à considérer dans le modèle étant
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ANALYSE DU CYCLE DE VIE. INCERTITUDES DES ÉVALUATIONS DES IMPACTS ______________________________________________________________________

donnés ses objectifs et les phénomènes à modéliser ? Sont-elles correctement


considérées ?). La prise en compte de ces deux éléments (valeur et confiance)
nécessite alors une classification et une caractérisation plus détaillées.
Dans cet article nous allons illustrer un cadre méthodologique pratique et
exhaustif de définition, de classement et d’évaluation des incertitudes des éva-
luations des impacts. Les principes et les procédures opérationnelles seront
présentés à l’aide de nombreux exemples d’application.

1. Terminologie et sources 1.1.1 Variabilité

d’incertitude La variabilité traduit les aléas, le hasard, le stochastique des phé-


nomènes naturels et concerne essentiellement les données. La
variabilité donne lieu à des erreurs dites « aléatoires » issues de la
somme de toutes les variations induites par les phénomènes natu-
1.1 Terminologie rels (notamment les conditions physico-chimiques) sur la valeur
réelle pendant différentes séries de mesure in situ. Une fois collec-
tées ces séries de mesures, il est immédiat de définir un intervalle
Le terme « incertitude » dans l’acception courante se trouve sou- qui contient toutes les valeurs. La variabilité associée aux données
vent couplé à d’autres termes tels que « imprécision », d’inventaire et aux paramètres et résultats des modèles d’évalua-
« confiance », « ambiguïté », « vague » et « flou ». On juge de l’incer- tion se propage le long des calculs jusqu’à influencer les résultats
titude d’une information à l’aide de qualificatifs tels que d’impact.
« probable », « possible », « nécessaire », « plausible » et
Exemple : la valeur de GWP (Global Warning Potential) associée
« crédible ».
aux différents types de gaz à effet de serre est issue d’analyses de
Le probable a une connotation essentiellement physique liée à la laboratoire couplées à des modélisations de l’atmosphère terrestre [4].
fréquence d’occurrence d’un événement, c’est-à-dire à sa variabilité La variabilité associée au GWP dérive des variations stochastiques des
naturelle. variables naturelles qui participent au calcul du GWP, à savoir du for-
Le possible a une connotation épistémique liée à un jugement çage radiatif instantané, des masses et des concentrations de gaz con-
subjectif sur sa conformité à un référentiel (la réalité, les objectifs de cernés ([G 5 605] Analyse du cycle de vie. Évaluation des impacts).
l’étude, ...) : on parle dans ce cas de croyance.
L’ambigu est une forme d’imprécision liée au langage : une infor- 1.1.2 Imprécision
mation est ambiguë lorsqu’elle renvoie à plusieurs contextes possi-
bles.
L’imprécision dérive des erreurs dites « systématiques » (biais)
Le flou ou vague d’une information consiste dans l’absence d’un qui sont associées aux instruments de mesure utilisés pour obtenir
contour bien délimité de l’ensemble des valeurs affectées aux objets les données. Ces erreurs sont dues à un mauvais calibrage des ins-
qu’elle concerne, qui eux aussi relèvent souvent du langage truments, au manque d’attention de la part des praticiens chargés
humain. des mesures ou à de vraies erreurs d’interprétation ou
Finalement, l’incertitude (au sens courant, ou large) paraît être méthodologiques. La valeur du biais peut être estimée, et donc le
composée par deux éléments principaux et distincts : plus souvent éliminée, une fois que la valeur réelle de la mesure est
connue. Si elle est gardée, ce biais se transforme, en général, en
— l’imprécis, qui concerne le contenu de l’information (sa
intervalles et il est ensuite traité. L’imprécision se propage ainsi
valeur) ;
jusqu’à influencer les résultats d’impact.
— et l’incertain (au sens strict) qui concerne sa vérité, autrement
dit sa conformité à la réalité (confiance) [3]. Exemple : dans le même cas de l’exemple précédent, l’imprécision
se superpose à la variabilité et elle est due essentiellement aux erreurs
Si l’on rend plus précis le contenu d’une proposition, on risque
commises lors des mesures en laboratoire des valeurs des variables,
parfois d’accroître son incertitude, car on aura moins de confiance
comme dans le cas du forçage radiatif instantané.
sur sa variabilité. Inversement, le caractère incertain d’une informa-
tion précise conduit à conférer une certaine imprécision aux conclu-
sions définitives qu’on en tirera. Compte tenu que l’imprécision
peut avoir une origine naturelle (non modifiable) et une expérimen- 1.1.3 Incertitude au sens strict
tale (qui peut être limitée), dans la suite on considère que l’incerti-
tude au sens large se compose de trois éléments indépendants : la L’incertitude au sens strict est le manque de confiance du pra-
variabilité, l’imprécision et l’incertitude au sens strict. ticien sur les données, les modèles et les règles qui permettent

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G 5 620 − 2 © Techniques de l’Ingénieur

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_____________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE. INCERTITUDES DES ÉVALUATIONS DES IMPACTS

d’évaluer les impacts. L’incertitude consiste dans le fait que les


données, les modèles et les règles peuvent ne pas correspondre à 2. Analyse de la variabilité
la meilleure description du phénomène et/ou des variables à
l’étude pour les objectifs à atteindre et ne pas décrire convenable-
ment les observations futures qui conditionnent les conséquences
des décisions. 2.1 Approche par la théorie
des intervalles
Exemple : dans le calcul du GWP, l’incertitude au sens strict


concerne l’ensemble des modèles et des règles utilisés pour le calcul
du GWP, à savoir le choix du maillage de division de l’atmosphère, des Un intervalle générique est noté :
valeurs moyennes des variables utilisées (par exemple des concentra-
tions des substances gazeuses qui influencent le forçage radiatif dans x ∈ [xinf ; xsup]
chaque maillage), des référentiels... [4]. Malheureusement, les carac-
téristiques détaillées des modèles utilisés pour l’évaluation des avec xinf et xsup respectivement les extrêmes inférieur et
impacts (à savoir IMAGE pour l’effet de serre) sont souvent peu acces- supérieur qui décrivent l’étendue de la
sibles aux praticiens ACV. Néanmoins, il est toujours possible d’asso- variabilité.
cier une incertitude à l’ensemble de ces caractéristiques. Le calcul avec intervalles se fait par l’arithmétique, les techniques
de résolution d’équations et de systèmes linéaires et les propriétés
(commutativité, associativité, neutralité, etc.) spécifiques aux inter-
valles [5].
1.2 Sources d’incertitude Exemple : on considère l’émission de CO2 d’un processus de com-
bustion de charbon en installation fixe. La valeur moyenne à considérer
est affectée par une variabilité due aux aléas et aux variations stochas-
tiques du processus de combustion et aussi du rapport entre la valeur
Les éléments de l’évaluation des impacts concernés par ces types
d’émission et l’UR (unité de référence) du processus (l’énergie pro-
d’incertitude sont les données, les règles (sous forme d’équations
duite en MJ) qui varie elle aussi. Sur la base des données expérimenta-
et/ou de relations) et les modèles utilisés dans les méthodes d’éva-
les, la variabilité sur la valeur moyenne x (égale à 250 g/UR) sera ainsi
luation.
représentée :
Les principaux types de données sont les suivants : x ∈ [250 − 50 ; 250 + 50]

— les données d’inventaire, à savoir des quantités de matière et Il est à noter qu’aucune information n’est donnée relativement à la
énergie rapportées à l’unité fonctionnelle ([G 5 500] Analyse du « plausibilité » des différentes valeurs comprises dans l’intervalle, à
cycle de vie. Réalisation de l’inventaire) ; savoir la valeur moyenne et toutes les autres valeurs ont les mêmes
« chances » d’être observées.
— les données utilisées dans les équations des modèles (les
paramètres tels que le forçage radiatif) ;
— le cas échéant, les valeurs à utiliser dans l’analyse multicritère 2.2 Approche par la théorie probabiliste
qui permet l’interprétation des résultats (par exemple les seuils de
préférence) [G 5 605].
La théorie des probabilités est bien adaptée pour des informa-
Les modèles utilisés sont essentiellement les modèles de caracté- tions précises et dispersées car tous les éléments auxquels il faut
risation (par exemple de l’effet de serre), qui permettent de calculer associer les valeurs de probabilité doivent être identifiés (même en
les facteurs de caractérisation (tel que le GWP) et qui, dans la majo- cas d’ignorance totale). Ces valeurs ne doivent pas dépendre du
rité de cas, sont peu accessibles aux praticiens. nombre d’alternatives et doivent être précises. Pour cela, cette théo-
rie est très souvent utilisée pour représenter la variabilité des don-
Les principaux types de règles adoptées sont les suivantes : nées.
— les règles de calcul des impacts directs et indirects (cf. § 2.3.1) ; L’analyse de la variabilité comprend deux étapes principales : le
choix des distributions de probabilités et la propagation des incerti-
— les règles d’agrégation, pour chaque catégorie d’impact et sur tudes. Dans la suite nous allons les décrire en prenant en compte la
le cycle de vie, des impacts de chaque processus ; chaîne d’inférence générique :
— le cas échéant, les règles de comparaison et de classement des X1 → X2 → ... → Xk,
résultats d’impact dans l’analyse multicritère.
Xk étant le résultat d’impact.
En utilisant la terminologie du domaine de la logique, l’utilisation Finalement, l’analyse permet de représenter les résultats
de ces données, de ces règles et de ces modèles pour le calcul d’un d’impacts sous la forme de distributions de probabilités.
résultat d’impact à partir des résultats d’inventaire est résumée avec
l’expression « chaîne d’inférences ».
2.2.1 Choix des distributions de probabilités
Exemple : le calcul du résultat d’impact d’effet serre (X3) à partir de
la donnée d’inventaire d’émission de CO2 (X1) et du facteur de caracté-
risation GWP (X2) se fait par deux inférences : X1 → X2 → X3. Les éléments dont la variabilité est à caractériser par des distribu-
tions de probabilités sont :
L’évaluation des impacts consiste alors en une série d’inférences, X1, X2, ..., Xk−1,
des données d’inventaire aux résultats des indicateurs d’impact, à
partir des informations à disposition du praticien. L’analyse de Xk étant calculé à partir des précédents.
l’incertitude au sens large consiste alors à analyser les inférences de Généralement lorsque la variabilité d’une donnée ou d’un modèle
calcul préalablement identifiées et schématisées. Dans la suite nous est issue de la somme de nombreuses variations faibles, la distribu-
allons présenter les principales techniques d’analyse pour les diffé- tion résultante est de type normal ou log-normale. Dans le cas d’une
rents types d’incertitude. distribution normale, il suffit alors de connaître la moyenne et la

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Dématérialisation
Mesure par bilans matières et MIPS
par Julia HAAKE

Économiste
Chercheur au C3ED
(Centre d’Économie et d’Éthique pour l’Environnement et le Développement)
à l’Université de Versailles-St-Quentin-en-Yvelines
Bourse de thèse de l’ADEME (Agence de l’Environnement et de la Maîtrise de l’Énergie),
cofinancée par le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique)

1. Les origines de la pensée en termes de flux de matière............... G 5 910 – 2


1.1 Les années 1960 : thermodynamique et économie .................................. — 2
1.2 Les années 1980 : la « renaissance » et ses raisons ................................. — 2
2. Découplage entre flux matériels et croissance économique ...... — 3
3. Les bilans matières au niveau national ............................................. — 5
4. L’indicateur MIPS au niveau du produit ............................................ — 5
5. Perspectives d’évolution ....................................................................... — 8
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. G 5 910

ans le souci de transformer l’activité humaine de manière à ce qu’elle


D devienne plus favorable à l’environnement naturel et qu’elle corresponde à
un développement durable, plusieurs approches essayant de systématiser les
actions de protection environnementale se sont développées au cours des
années. Ces approches visent d’abord la bonne compréhension des problèmes
environnementaux afin que l’on puisse les limiter à travers différents outils et
stratégies.
Nous présenterons ici une de ces approches, la « dématérialisation », qui a
comme point de départ une idée simple : le système industriel repose sur
l’entrée de matières extraites de la sphère naturelle telles que l’eau, le pétrole, le
bois ou l’air. Au sein du système industriel, ces ressources sont transformées en
produits et services ayant une valeur économique, mais aussi en émissions,
déchets, eaux usées etc. Or, chaque mouvement de matière dans l’économie a,
tôt ou tard, un impact sur l’environnement. Autrement dit, n’importe quel pro-
blème environnemental a comme source un flux matériel venant de la nature.
La dématérialisation vise donc la réduction de ces flux, afin d’en réduire l’impact
sur l’environnement.
Nous présentons d’abord les racines de la pensée en termes de flux de matière
et nous décrivons l’évolution de cette pensée depuis les années 1960, ce qui faci-
lite la compréhension de l’approche de la dématérialisation. Ensuite, nous don-
nons une définition du concept et expliquons brièvement sa mise en œuvre. Les
deux dernières parties sont enfin consacrées à la concrétisation de la dématéria-
lisation, au niveau macroéconomique et au niveau du produit. Nous présentons,
essentiellement, deux outils de mesure de flux de matière, dont l’indicateur
MIPS (« Material Input Per Unit of Service ») développé à l’Institut de Wuppertal
en Allemagne, et nous discuterons quelques pistes pour la mise en œuvre, aux
niveaux national et du produit.
p。イオエゥッョ@Z@ェオゥャャ・エ@RPPP

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DÉMATÉRIALISATION ___________________________________________________________________________________________________________________

1. Les origines de la pensée — d'une part, de développements portant essentiellement sur


l'énergie et l'entropie (cf., par exemple, Passet, 1979 [12]) ;
en termes de flux — d'autre part, du courant des bilans matières et des modèles
entrée-sortie matérielle, ayant comme point de départ la loi de la
de matière conservation de masse.
Ce deuxième courant constitue la voie principale de la pensée en
termes de flux de matière.
Les racines de l'approche de la « dématérialisation » que nous

Q présentons dans cet article se trouvent dans des travaux réalisés ■ Le point de départ de ce deuxième courant est un article de
depuis la fin des années 1960 par un certain nombre d'auteurs, 1969 de Robert Ayres et Allen Kneese [5], dans lequel les deux
économistes et chercheurs en sciences naturelles. Ces auteurs ont auteurs prennent, comme Georgescu-Roegen, une position critique
en commun de prendre en compte, dans leur regard sur l'économie, vis-à-vis de l'économie standard. Selon eux, la manière de voir la
certains concepts issus des sciences physiques et naturelles, dont, production et la consommation en économie n'est pas en confor-
surtout, les lois de la thermodynamique et l'entropie. Dans ces mité avec la loi de la conservation de masse, loi physique qui
approches, les flux matériels et énergétiques passant entre la nature domine non seulement la nature, mais aussi l'économie. Rappelons
et l'économie prennent une place majeure, afin de mieux exposer la que, selon cette loi, la matière ne peut pas être détruite, uniquement
relation entre l'économie et sa base physique et naturelle. transformée.
La théorie économique traditionnelle a cependant adopté une
autre vision qui se base sur un système linéaire : les matières et
1.1 Les années 1960 : thermodynamique l'énergie extraites de la nature sont utilisées comme matière
et économie première dans les processus industriels, où elles sont transformées
en biens matériels ; ces biens sont ensuite vendus et consommés,
mais ils disparaissent de la scène économique après la consomma-
■ Le premier des auteurs signalisant l'importance d'un regard
tion, voire même au moment de l'achat. L’économiste ne prend pas
« physique » sur l'économie a sans doute été l'économiste Ken-
en compte le devenir des matières utilisées et leur transformation
neth Boulding, avec un article paru en 1966 « The Economics of the
en déchets.
Coming Spaceship Earth » [6], dans lequel il expose l'analogie entre
l'économie et des systèmes thermodynamiques. Le concept de Afin de surmonter ces manques, Ayres et Kneese proposent pour
l'entropie est essentiel dans cette analogie : il permet d'évaluer la la première fois un système de bilans matières pour une économie
dégradation de l'énergie dans un système et souligne, lorsqu’on comprenant les inputs matériels dans l'économie, les transforma-
l’applique au système économique, les limites physiques au fonc- tions industrielles ainsi que les outputs (figure 1). Du côté entrant,
tionnement économique tel qu'il est pratiqué actuellement. L'idée de ils considèrent les sources d'énergies fossiles, les minerais, les
Boulding est de dire que notre système économique contemporain ressources naturelles renouvelables tels les produits agricoles, le
ressemble à une « cow-boy economy », une économie perçue bois, etc. Du côté output, un vaste éventail de matières est pris en
comme ouverte qui dispose de ressources illimitées en matières et compte, matières émises dans la nature en tant que déchets, émis-
énergie, et habitée par des « cow-boys » exploitant la nature de façon sions, dissipations, eaux usées, etc.
imprudente. Dans une telle économie, les flux matériels à travers ■ C’est surtout Robert Ayres qui a continué, après cet article fonda-
l'économie (par référence à l'expression anglaise « throughput ») teur de l'approche bilan matière, à développer la « pensée
représentent un critère de performance économique. En opposition à matérielle ». Ainsi, il a créé l'analogie du métabolisme industriel
cette économie ouverte (et dépassée), Boulding voit une « spaceman sur la base de la constatation suivante : « l'utilisation de matières et
economy », économie fermée dans laquelle les throughputs ne sont d'énergie au sein de notre système économique – c'est-à-dire la par-
pas désirables puisqu'ils augmentent l'entropie dans le système, et tie de la somme des activités humaines s'occupant de la production
devraient donc être minimisés. et de la consommation de biens et de services ainsi générés – mon-
Cesanalogiesentrephysiqueetéconomieontconnuunsuccès tre certains parallèles avec l'utilisation de matières et d'énergie par
important,surtoutgrâceauxtravauxdeNicholasGeorgescu-Roegen. les organismes biologiques et les écosystèmes » ([3], p. 1). Il s'agit
Dans son œuvre « The Entropy Law and the Economic Process » paru donc d'une analogie entre le concept de métabolisme emprunté aux
en1971[9],ilintroduitl'applicationparanalogiedesdeuxloisfonda- sciences naturelles et le fonctionnement du système productif éco-
mentales de la thermodynamique dans la pensée économique. nomique. Toutefois, la différence majeure entre le métabolisme bio-
Comme Boulding, il démontre que le processus économique logique et le métabolisme industriel réside dans le fait que les cycles
consiste en la transformation de flux à teneur entropique faible en naturels (d'eau, de carbone/oxygène, de nitrogène, de sulfure, etc.)
entropie élevée, c'est-à-dire une transformation d'énergie libre en sont fermés, alors que les cycles industriels sont ouverts.
« bound energy ». En d'autres termes, le système industriel ne recycle généralement
pas sa « nutrition ». Par contre, il fonctionne à partir des matières
Lois de la thermodynamique et économie brutes (sources d'énergie fossile, minerais…) extraites de la terre, et
les retourne à la nature sous forme dégradée. C'est donc cette fonc-
La première loi de la thermodynamique, nommée aussi la tion cruciale de pouvoir recycler des matières « dégradées » de
« loi de la conservation », signifie que dans chaque processus façon à ce qu'elles deviennent (ré-)utilisables qui manque au
physique, l’ensemble d’énergie est conservé. Il est donc impos- système industriel, contrairement aux systèmes naturels (pensons
sible de créer ou de détruire de l’énergie, il est seulement possi- par exemple à la digestion de l'animal ou du corps humain). Par
ble de la transformer. Cette loi de la conservation peut conséquent, Ayres [4] insiste sur la nécessité d'engager des inven-
également être appliquée à la matière. Dans ce cas, on parle de tions majeures de manière à développer cette forme de
la conservation de masse. « métabolisme » industriel.
La deuxième loi, la « loi de l’entropie », souligne que les flux
énergétiques passant à travers un système sont soumis à une
dégradation de valeur (entropie) en cours de leur utilisation 1.2 Les années 1980 : la « renaissance »
dans le système. et ses raisons
Les idées de ces auteurs ont suscité des travaux divers en Les idées autour des flux de matière dans l’économie ont connu
économie et d'autres domaines (on parle même de « l'univers de la un succès important dans la recherche environnementale depuis la
thermodynamique » ou encore de « l'école entropique ») dont on fin des années 1980, et on peut nommer un certain nombre de
peut distinguer deux principaux courants. Il s'agit : raisons qui sont à la base de cette « renaissance ».

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Système de management environnemental produits et
ACV
(Réf. Internet 42627)

1– Méthodes et outils R
2– Applications par secteur d'activité Réf. Internet page

Analyse du cycle de vie. Application dans l'industrie automobile G5800 53

Analyse du cycle de vie. Application aux systèmes de dépollution G5810 57

Analyse du cycle de vie. Épuration des eaux usées urbaines G5820 61

Application de l'inventaire du cycle de vie en sidérurgie M7160 67

Analyse du cycle de vie des procédés de traitement de surface des matériaux M1830 69

Analyse du cycle de vie. Applications dans les écolabels G5850 75

Bilan environnemental des solutions de valorisation des pneus usagés non G2043 79
réutilisables (PUNR)

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• Retrouvez la liste complète des ressources documentaires

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Analyse du cycle de vie


Application dans l’industrie automobile
par Rozenn LE BORGNE
Docteur ès sciences
Ingénieur ENSAM
et Pascal FEILLARD
Docteur ès sciences

Ingénieur FUPSO
PSA Peugeot Citroën
Direction de la Recherche et de l’innovation automobile

1. L’environnement et l’industrie automobile ...................................... G 5 800 – 2


1.1 Évolutions récentes ..................................................................................... — 2
1.2 Les impacts environnementaux de l’industrie automobile...................... — 3
1.3 L’ACV chez les constructeurs automobiles................................................ — 3
1.3.1 En Europe ............................................................................................ — 3
1.3.2 Aux États-Unis .................................................................................... — 4
1.3.3 Au Japon ............................................................................................. — 4
2. Méthodologie des ACV dans le secteur automobile...................... — 4
2.1 Définition des objectifs de l’étude.............................................................. — 4
2.1.1 Unité fonctionnelle ............................................................................. — 4
2.1.2 Frontières du système........................................................................ — 4
2.2 Inventaire...................................................................................................... — 5
2.2.1 Phase d’utilisation .............................................................................. — 5
2.2.2 Fin de vie du véhicule : recyclage et incinération ............................ — 6
2.3 Résultats et interprétation de l’inventaire ................................................. — 7
2.4 Évaluation des impacts sur l’environnement............................................ — 7
2.5 Interprétation. Utilisation des plans d’expériences .................................. — 8
3. Analyse des ACV dans le secteur automobile................................. — 8
3.1 Un outil global de comparaison ................................................................. — 8
3.2 Difficulté de mise en œuvre ....................................................................... — 8
3.3 Confidentialité, maîtrise des résultats et intégration de la compétence ACV — 8
3.4 Durée et coût d’une étude ACV .................................................................. — 9
4. Perspectives des ACV dans l’industrie automobile ....................... — 9
4.1 Un outil argumentaire et de grandes tendances ...................................... — 9
4.2 L’ACV et la conception................................................................................. — 9
5. Conclusion ................................................................................................. — 10
Pour en savoir plus........................................................................................... Doc. G 5 800

ujourd’hui, la prise en compte partielle de l’environnement (une seule étape


A ou un seul type d’effluent) est insuffisante et un nouveau type d’approche :
le développement durable, est devenu nécessaire. Ce dernier assure la prise en
compte globale de l’environnement. Au début des années 90, l’analyse du cycle
de vie (ACV) est apparue comme un outil capable de gérer cette globalité en
quantifiant pour un produit tout au long de son cycle de vie, les flux de matières,
d’énergies et de rejets, et en les traduisant en impacts potentiels sur l’environne-
ment. Tout le cycle de vie est pris en compte depuis l’extraction des matières
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPPP

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE ______________________________________________________________________________________________________________

premières jusqu’à la fin de vie en passant par la fabrication, la production et l’uti-


lisation (cf. article « Analyse du cycle de vie. Réalisation de l’inventaire » des
Techniques de l’Ingénieur).
Par exemple, l’impact des déchets de véhicules en fin de vie, aggravé par la
fermeture des décharges aux déchets non ultimes, apparaît comme un pro-
blème environnemental majeur aujourd’hui. L’Accord Cadre français signé en
1993 par les acteurs de la filière de valorisation des véhicules en fin de vie vise à
réduire d’ici 2002 et à terme 2015 la quantité de déchets mis en décharge. Une
directive européenne sur le traitement des véhicules en fin de vie est également
en cours d’élaboration. Ainsi, en 2005, les nouveaux véhicules devront être valo-
risables à 95 % avec 85 % de recyclage et de réemploi.

R L’ACV apparaît comme un outil pertinent pour comparer les scénarios de recy-
clage et d’incinération avec valorisation énergétique en apportant des argu-
ments scientifiques de discussion à partir du calcul des impacts potentiel
globaux de chacune des filières.
Le présent article se propose donc de montrer comment l’ACV peut être utile à
l’industrie automobile en présentant la situation actuelle quant à la prise en
compte de l’environnement par les constructeurs automobiles, et à l’apport
méthodologique de l’ACV pour réduire les impacts environnementaux liés à la
fin de vie des véhicules et aux émissions atmosphériques lors de leur utilisation
et la non-adéquation de l’ACV en phase de conception. Ainsi, l’ACV apparaît
comme un outil argumentaire permettant de définir de grandes tendances quant
aux impacts liés aux émissions lors de l’utilisation et à la fin de vie des véhicules.
Le lecteur intéressé pourra consulter les articles [37] [38] [39] sur la pollution atmosphérique
générée par les moteurs dans le traité Génie mécanique.

1. L’environnement 50
Masse surfacique (kg/m2)

et l’industrie automobile 45

40
1.1 Évolutions récentes 35

30
Les rapports entre l’environnement et l’automobile ne cessent de
se modifier. Ainsi, les masses des véhicules, la consommation 25
moyenne du parc et la sévérité accrue des réglementations en 1974 1986 1991 Année
matière d’émissions à l’échappement influent sur l’impact environ-
nemental de l’automobile. La figure 1 illustre l’évolution de la Figure 1 – Évolution de la masse surfacique des véhicules
masse surfacique des véhicules depuis 1974. La surface correspond depuis 1974
au produit de la longueur par la largeur hors tout [18].
On observe une diminution de la masse jusqu’en 1986 pour com- 11
penser l’augmentation du coût des carburants due aux chocs pétro-
liers. 10
Consommation (L / 100 km)

Ensuite, la masse ne cesse d’augmenter du fait de : Essence


9
— l’amélioration constante du confort acoustique et vibratoire ;
— l’augmentation du niveau d’équipement ; 8
— l’amélioration de la sécurité de manière à protéger les occu-
pants.
7
En théorie, l’augmentation de la masse d’un véhicule induit une
Diesel
consommation énergétique plus importante. Pourtant, l’évolution 6
des véhicules va dans le sens d’une limitation de la consommation
énergétique et des rejets atmosphériques en réalisant principale- 5
ment des améliorations au niveau du groupe moteur propulseur
(GMP), mais aussi en réduisant les pertes par frottement. Ainsi, la
4
consommation moyenne du parc automobile ne cesse de diminuer 1972 1974 1976 1978 1980 1982 1984 1986 1988 1990 1992 1994 1996
depuis 1972 (voir figure 2).
Année
On est passé d’une consommation de 9,50 L/100 km (respective-
ment 10) en 1972 pour un véhicule essence (respectivement diesel) Figure 2 – Évolution de la consommation moyenne
à 8,07 L/100 km (respectivement 6,40) en 1997. du parc (SECODIP) VP France

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______________________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE

Tableau 1 – Évolutions des réglementations d’émissions à l’échappement pour les véhicules particuliers
CO HC + NOx Particules (1)
Émissions (g/km) (g/km) (g/km)
Essence Diesel (2) Essence Diesel Diesel (2)
1971 35 11 11
1979 22,7 7,5 7,5
1984 17,5 5,9 5,9
1989 7,5 2 2
1992
1996
2,72
2,2 1
0,97
0,5
0,97
0,7
0,14
0,08 R
2000 2,3 (3) 0,64 0,35 0,56 0,05
2005 1 0,5 0,18 0,3 0,025
(1) Les particules émises par les véhicules à essence sont très fines et difficilement mesurables. On ne peut fixer de seuils de mesure.
(2) Émissions réglementées seulement depuis 1996 (pour CO) et 1992 (pour les particules).
(3) L’augmentation du niveau de 0,1 g/km entre 1996 et 2000 pour les véhicules essence est due à la modification de la période de ralenti en matière d’émission
du cycle européen normalisé.

De plus les réglementations en matière d’émissions à l’échappe- Jusqu’à présent, les constructeurs automobiles ont pris en
ment sont de plus en plus sévères : elles concernent les émissions compte l’environnement au travers d’études focalisées sur des
de CO, HC, NOx ainsi que les particules (cf. tableau 1). aspects particuliers : par exemple, études sur les véhicules électri-
Parallèlement à ces évolutions, le nombre de voitures ainsi que la ques, sur l’allégement des véhicules, sur les carburants de substitu-
circulation continuent d’augmenter. À la fin de l’année 1995, le parc tion. La prise en compte globale de l’environnement telle qu’elle est
automobile français comptait 25,093 millions d’automobiles alors préconisée pour atteindre les objectifs du développement durable
qu’il n’en comptait que 20,585 millions dix ans plus tôt. Dans le n’a jamais été réellement réalisée dans l’industrie automobile [23]
même temps, la circulation automobile est passée de 249 milliards Aussi, les constructeurs automobiles s’intéressent-ils aux ACV dans
de kilomètres en 1985 à 348 milliards de kilomètres en 1995. Ainsi, le but de gérer cette globalité environnementale.
malgré les réductions de consommation et d’émissions à l’échappe-
ment, l’augmentation de la circulation automobile se traduit par des
impacts grandissants au niveau de la consommation d’énergie, des 1.3 L’ACV chez les constructeurs
rejets atmosphériques mais également des déchets générés par les automobiles
véhicules en fin de vie.

Tous les secteurs industriels ont pris conscience de la nécessité de


1.2 Les impacts environnementaux protéger l’environnement et l’ACV est désormais estimée comme le
seul outil capable de gérer cette globalité environnementale.
de l’industrie automobile Le milieu automobile, constructeurs mais également équipemen-
tiers, s’intéresse aux ACV. Les constructeurs automobiles euro-
Les principales sources de pollution liées au cycle de vie de l’auto- péens, américains mais aussi japonais, particulièrement actifs, ont
mobile correspondent à la phase d’utilisation des véhicules en ter- créé des groupes de travail. Les usages identifiés de l’ACV sont à la
mes de rejets atmosphériques et de consommation énergétique, et fois de connaître les impacts liés à un produit, de comparer, de con-
à la fin de vie du véhicule en termes de déchets. cevoir, de communiquer, de défendre une position et d’intégrer la
dimension environnement dans la prise de décision. Pourtant, de
Aussi, l’automobile est souvent accusée d’être responsable de la nombreux freins liés principalement à la complexité, au coût et au
pollution dans les grandes villes. C’est pourquoi, les pics de pollu- temps nécessaire à l’étude mais également les points faibles de la
tion d’ozone observés sur Paris pendant l’été 1997 ont poussé le méthodologie empêchent une large application de l’ACV. Aussi,
gouvernement à s’interroger sur la manière de réduire la circulation seuls les constructeurs ont développé et appliqué cet outil.
automobile en ville pendant ces périodes d’alerte et ont conduit à la
mise en place de la pastille verte limitant la circulation urbaine à cer-
tains véhicules lors de fortes pollutions atmosphériques.
1.3.1 En Europe
Mais, pour réduire de façon importante les impacts de l’automo-
bile sur l’environnement, il est nécessaire de se concentrer égale-
Le développement de la méthodologie ACV a débuté avec les tra-
ment sur la fin de vie des véhicules. Aujourd'hui, 75 % d'une
vaux de la Society of Environmental Toxicology and Chemistry
automobile (c'est-à-dire la part de métaux) sont recyclés, les 25 %
(SETAC) en créant des groupes de travail pour définir un cadre
restants, appelés résidus de broyage (RB) sont mis en décharge.
méthodologique [4] afin d'accroître l’utilisation de l’ACV par les
Tous les acteurs de la filière automobile (producteurs de matériaux,
industriels [6]. Ainsi, les premières études ACV des constructeurs
broyeurs, démolisseurs, constructeurs...) se sont donc engagés
européens ont été réalisées en 88-89 [3].
dans une démarche volontaire en signant avec les Pouvoirs publics
un Accord Cadre le 10 mars 1993 afin de minimiser la quantité de RB Au sein du groupe EUCAR European Council for Automotive
mis en décharge. Cet accord vise à limiter la mise en décharge des Research), les constructeurs automobiles européens ont la possibi-
véhicules hors d’usage (VHU) à 15 % du poids total du véhicule avec lité de développer en commun des programmes de recherche non
un plafond de 200 kg en 2002, et à 5 % du poids total du véhicule à concurrentiels. Créé en 1993 au sein du groupe Recyclage, le groupe
terme. de travail Life Cycle Analysis regroupe alors BMW, Fiat, Rover, Mer-

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Analyse du cycle de vie


Application aux systèmes de dépollution
par Dr André WEIDENHAUPT
Responsable du Centre de ressources des technologies pour l’environnement (CRTE)


Centre de recherche public Henri-Tudor (Luxembourg)
et Dr Markus A. MEIER
Ciba Specialty Chemicals Inc, Colours department (Suisse)

1. Les ACV dans l’industrie chimique..................................................... G 5 810 – 2


2. Étude de cas : ACV des systèmes de dépollution
des rejets gazeux ..................................................................................... — 2
2.1 Critères de choix .......................................................................................... — 2
2.2 Caractérisation des effluents gazeux ......................................................... — 3
2.3 Aspects technologiques .............................................................................. — 3
3. Définitions des indicateurs d’éco-efficience.................................... — 4
3.1 Bénéfice écologique net (Net Ecological Benefit) NEBN .......................... — 7
3.2 Efficience écologique (Ecological Yield Efficiency) lgEYE........................ — 7
3.3 Calcul des indicateurs ................................................................................. — 7
3.3.1 Évaluation de l’impact environnemental
par la méthode Eco-Indicator 95 ....................................................... — 7
3.3.2 Classification des composés organiques volatils ............................ — 8
4. Analyse de l’incertitude ......................................................................... — 9
4.1 Incertitude et ACV........................................................................................ — 9
4.2 Identification des différents types d’incertitude........................................ — 9
4.3 Fonctions de distribution de probabilité ou scénarios utilisés
pour calculer les incertitudes...................................................................... — 10
4.4 Calcul des incertitudes par simulation
selon la technique de Monte-Carlo ............................................................ — 11
5. Résultats de l’ACV des systèmes de traitement
de rejets gazeux ...................................................................................... — 11
5.1 Comparaison basée sur la consommation en énergie............................. — 11
5.2 Comparaison basée sur les catégories d’impacts environnementaux ... — 11
5.3 Identification des principales contributions .............................................. — 12
5.4 Comparaison entre les différents indicateurs d’éco-efficience................ — 12
6. Choix du système de traitement de rejets gazeux
le plus adéquat ......................................................................................... — 13
6.1 Classement préférentiel des différentes options ...................................... — 13
6.2 Importance des différentes incertitudes .................................................... — 13
6.3 Possibilités d’optimisation.......................................................................... — 13
Références bibliographiques ......................................................................... — 14

et article est destiné à faciliter le choix d’une technologie de dépollution des


C rejets gazeux émis par une station d’épuration d’eaux usées provenant de
grands sites de production d’usines chimiques. Il prend en compte tous les effets
environnementaux liés aux différentes techniques à l’aide des analyses du cycle
de vie (ACV) et montre l’intérêt d’une telle démarche même au niveau des tech-
nologies de dépollution choisies.
Après une présentation sommaire des ACV dans le contexte de l’industrie chi-
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mique, on exposera :

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE _____________________________________________________________________________________________________________

— les technologies faisant l’objet de cette étude (biofiltration, adsorption sur


charbon actif, oxydation catalytique, incinération thermique régénérative) ;
— les indicateurs d’éco-efficience introduits dans cette approche (méthode
Eco-Indicator 95) ;
— les différents indicateurs d’impacts environnementaux (toxicité, effet de
serre, destruction de la couche d’ozone, formation de smog).
Comme les ACV se basent sur de nombreuses hypothèses, il a été nécessaire de
procéder à un calcul d’incertitude fondé sur la méthode de Monte-Carlo. Les résul-
tats obtenus ont été discutés et ont permis de déterminer la meilleure réflexion
possible pour une prise de décision quant au choix de la technologie de dépollu-
tion la mieux adapté et présentant les possibilités d’optimisation les meilleures.


1. Les ACV dans l’industrie à des technologies du type « end of pipe » ou technologies de dépol-
lution en bout de chaîne. L’ACV peut également être utilisée, dans ce
chimique contexte, comme outil d’aide à la décision évaluant les performances
environnementales des différentes technologies de dépollution.
■ L’analyse du cycle de vie (ACV) est une méthode d’évalua- Des études ACV ont d’ailleurs été appliquées aux stations d’épura-
tion des impacts des systèmes (produits, activités, servi- tion d’eaux communales et aux installations de traitement de
ces) du « berceau à la tombe », et cet article est centré sur déchets [16].
son application dans l’industrie chimique. Exemple : Pistor [17] a évalué, grâce aux ACV, l’éco-efficience et
Les ACV sont constituées de quatre phases définies par la SETAC l’éco-efficacité (cf. § 3.1 et 3.2) des différents procédés d’élimination
(Society of Environmental Toxicology and Chemistry) [8] et les nor- de l’azote des eaux usées (nitrification et dénitrification).
mes ISO 14 040 et suivantes [9] :
— définition des objectifs et leur domaine d’application [1][2] ;
— méthodologie de l’inventaire [1][7] ;
— évaluation de l’impact environnemental [3][4] qui se décom-
2. Étude de cas : ACV des
pose en 3 phases : systèmes de dépollution
• la classification,
• la caractérisation, des rejets gazeux
• la comparaison des données ;
— interprétation des résultats, phase importante qui engage Cette étude de cas a été réalisée dans le cadre d’une thèse de doc-
l’auteur de l’étude à tirer des conclusions et à proposer des actions, torat de Sciences techniques au laboratoire de chimie technique de
et ce, à chacune des étapes mentionnées ci-dessus. l’École polytechnique fédérale de Zurich [18].
■ L’industrie chimique a, depuis quelques années, cherché à
construire sa stratégie autour du concept de « développement
durable » [5] et elle l’a appliqué, plus particulièrement, à ses 2.1 Critères de choix
procédés [10] et à ses produits [11].
Le choix de la technologie la plus adéquate pour le traitement
Par ailleurs, des pressions sociales visant à réduire les nuisances
d’un rejet gazeux spécifique est le résultat d’un processus de déci-
écologiques liées aux emballages l’a poussé à la réalisation d’ACV
sion multicritère suivant :
de différents matériaux plastiques comme les polyoléfines ou le
polychlorure de vinyle (PVC) [12]. — une dimension socio-politique qui permet d’évaluer le niveau
d’acceptation de la technologie. On peut se limiter au respect de la
L’industrie des tensioactifs a également réalisé un effort similaire
réglementation en vigueur ;
lors d’études ACV des composés de poudres à laver [13].
— une dimension technique qui a pour objectif principal d’évaluer
La plupart de ces études ont été menées à l’échelle européenne et, la faisabilité technique du système de traitement de gaz. Générale-
de ce fait, elles ont utilisé des données moyennes pour chaque pro- ment, les paramètres considérés dans cette évaluation sont le volume
duit analysé. Cependant, par ailleurs, l’industrie chimique a aussi de gaz à traiter, la charge polluante du rejet, la nature des polluants,
procédé, en interne, à des études d’ACV dans le but d’opérer des les odeurs, la disponibilité de la technologie, l’espace nécessaire (et
choix entre différentes options de procédés ou d’évaluer les impacts disponible) pour l’installation, l’intégration dans les infrastructures
environnementaux spécifiques à leurs produits. existantes, le recyclage des polluants, la maintenance, etc. ;
Exemples : — une dimension environnementale dont l’objectif est d’évaluer
— étude d’un procédé moins polluant d’obtention d’un stilbène par le bénéfice écologique ou l’efficience écologique de la technologie,
oxydation d’un toluène substitué soit par l’eau de Javel, soit par l’air [14] ; dont le niveau de performance environnementale ;
— évaluation environnementale de la méthode biocatalytique et de — une dimension économique afin de connaître les coûts directs
la méthode catalytique par des complexes métalliques pour la réduc- et indirects associés à la technologie et d’évaluer ainsi le niveau de
tion énantiosélective de cétones. L’ACV a démontré que le choix du performance économique.
catalyseur est moins important que le choix des conditions de réaction Ces quatre dimensions sont mises en œuvre à deux niveaux de
et que les étapes ultérieures, comme l’extraction du produit par des décision indépendants :
solvants [15]. — le premier niveau regroupe la faisabilité technique et la législa-
Même si les efforts mentionnés ci-dessus ont abouti à une réduc- tion environnementale (évaluation socio-politique) ;
tion des impacts environnementaux au sein de l’industrie chimique, — une fois les technologies identifiées et considérées conformes
il existe toujours une pollution résiduelle au niveau des activités de aux exigences du premier niveau, le second niveau décisionnel évalue
production. Pour minimiser cette pollution résiduelle, on doit recourir leurs performances économiques et environnementales.

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______________________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE

2.2 Caractérisation des effluents gazeux 2.3 Aspects technologiques


Dans le domaine de la dépollution de rejets gazeux, un large spec-
L’étude de cas a porté sur des systèmes de traitement de rejets tre de technologies est disponible regroupant, entre autres, la con-
gazeux provenant de la station d’épuration RHIN à Pratteln (près de densation, l’adsorption physique ou chimique, l’incinération
thermique ou catalytique, la perméation sur membranes et les pro-
Bâle, en Suisse) qui traite les eaux usées communales et industriel-
cédés biotechnologiques. En ce qui concerne la faisabilité techni-
les de grands sites de production chimique (par exemple Clariant,
que, les charges volumiques et la teneur en polluants sont les
Ciba Specialty Chemicals, Novartis, Rohner). Les eaux industrielles éléments clefs qui limitent le choix entre les différentes techniques
subissent un prétraitement par neutralisation, sédimentation et trai- mentionnées ci-dessus. Comme l’indique la figure 1 a et b, seules
tement biologique aérobie avant d’être mélangées aux eaux com- quatre technologies sont applicables pour traiter les rejets gazeux
munales. Comme la teneur en solvants dans les eaux industrielles issus de l’installation de traitement biologique de la station d’épura-


est élevée, l’air issu de la phase de traitement biologique aérobie tion de Pratteln :
s’enrichit en composés organiques volatils (COV) (tableau 1) qui — la biofiltration ;
doivent être éliminés par un procédé de traitement de gaz. Le choix — l’adsorption sur charbon actif (CA) ;
de la technologie exige d’abord une connaissance des charges volu- — l’oxydation catalytique (OxCat) ;
miques dont les moyennes sont regroupées dans le tableau 2. — l’incinération thermique régénératrice (Thermo).

Quel est le volume


des rejets gazeux ?

Volume des
3
rejets gazeux (m /h)
10 100 1 000 10 000 100 000

Biofiltration
Membrane
Incin Incin-Ex
Condensation
Oxydation catalytique (OxCat)
Charbon actif (CA)
Incinération thermique régénérative (Thermo)

Quels traitements
peut-on effectuer ?

a choix par la charge volumique

Quelle est la charge


en polluants ?

Charge en
3
polluants (mg/m )
1 10 100 1 000 10 000 100 000

Biofiltration
Membrane
Incinération Incin-Ex
OxCat Condensation
Charbon actif
Thermo

Quels traitements
peut-on effectuer ?

b choix par la charge en polluants

Incin : incinération en incinérateur classique


Incin-Ex : incinération en incinérateur prévu pour recevoir des gaz explosibles
Dans l'incinération thermique régénérative, l'incinérateur utilisé est un incinérateur classique.
Figure 1 – Éléments du choix d’une technique
de dépollution de rejets gazeux

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Analyse du cycle de vie


Épuration des eaux usées urbaines
par Marie-Noëlle PONS
Docteur-ès-Sciences, Directeur de Recherche CNRS


Laboratoire des Sciences du Génie Chimique – CNRS Nancy Université
Mehdi BELHANI
Laboratoire des Sciences du Génie Chimique – CNRS Nancy Université
Jacques BOURGOIS
Docteur-ès-Sciences, Professeur
Centre Sciences Information et Technologies pour l’Environnement,
École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne
et Estelle DUPUIT
Docteur, Ingénieur de Recherche
Centre Sciences Information et Technologies pour l’Environnement,
École Nationale Supérieure des Mines de Saint-Étienne

1. Réglementation sur l’eau ....................................................................... G 5 820 - 2


1.1 Eaux résiduaires........................................................................................... — 2
1.2 Réglementation française appliquée aux systèmes d’assainissement ... — 2
1.3 Conditions de rejet des effluents urbains .................................................. — 3
1.4 Qui est responsable ? .................................................................................. — 3
2. Épuration des eaux urbaines ................................................................. — 4
2.1 Traitement des eaux usées ......................................................................... — 4
2.2 Traitement des boues .................................................................................. — 6
2.3 Autosurveillance .......................................................................................... — 6
2.4 Réutilisation des eaux traitées .................................................................... — 7
3. Analyse de cycle de vie .......................................................................... — 7
3.1 Définition des objectifs et du champ d’étude ............................................ — 7
3.2 Inventaire ...................................................................................................... — 8
3.3 Analyse des impacts .................................................................................... — 10
3.4 Interprétation des résultats ......................................................................... — 14
4. Exemple ....................................................................................................... — 14
4.1 Définition de l’objectif et du champ de l’étude.......................................... — 14
4.2 Scénarios ...................................................................................................... — 14
4.3 Inventaire ...................................................................................................... — 16
4.4 Résultats ....................................................................................................... — 16
5. Conclusion générale ................................................................................ — 21
Pour en savoir plus ........................................................................................... Doc. G 5 820

e dossier est destiné à illustrer l’utilisation de l’analyse du cycle de vie


C (ACV) [1] pour la comparaison des technologies d’épuration d’eaux usées
urbaines en prenant en compte leurs effets environnementaux.
Après un rappel de la réglementation sur l’eau et une présentation sommaire
des principales technologies mises en œuvre dans les installations de traite-
ment des eaux usées urbaines, les étapes de l’ACV sont résumées. Un exemple
d’application, s’appuyant sur la simulation de deux scénarios de traitement, est
présenté et discuté.
p。イオエゥッョ@Z@ェ。ョカゥ・イ@RPPX

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE ___________________________________________________________________________________________________________

1. Réglementation sur l’eau ticides pour usage domestique et de solvants pour le bricolage
(xyloprotecteurs, peintures, vernis, colles, ...) ; ces eaux peuvent
également contenir des polluants cosmétiques et médicamenteux ;
Compte tenu des modifications climatiques (multiplication des – les eaux « vannes » (rejets des toilettes) qui sont chargées de
sécheresses avec pour conséquence la diminution des niveaux des diverses matières organiques azotées et de germes fécaux.
nappes phréatiques) et de la croissance démographique mondiale, la
gestion de la ressource en eau constitue un enjeu majeur. Il devient Les eaux usées industrielles peuvent également être introduites
primordial de conserver « un bon état écologique et chimique » des dans les systèmes d’assainissement collectif publics uniquement
milieux aquatiques. Cette problématique de préservation des res- avec l’autorisation des maîtres d’ouvrage concernés (art. L. 35-8 du
sources en eau est dictée par la directive cadre 2000/60/CE du code de la santé publique). La pollution des ces eaux varie forte-
23 octobre 2000. En France, la loi du 30 décembre 2006 renforce les ment en fonction du type d’industrie et de l’utilisation de l’eau [4]
obligations d’entretien et de restauration des milieux aquatiques. [5] (métaux lourds, micropolluants organiques, hydrocarbures, ...)
70 % de l’eau potable distribuée est puisée dans les nappes Les eaux pluviales se chargent d’impuretés au contact de l’air

R souterraines par forage ou captée aux sources. Le reste provient (fumées industrielles) et de résidus (huiles, carburants, résidus de
des eaux de surface (lacs et rivières). Ainsi prélevée dans le milieu pneus, métaux lourds, ...) en ruisselant sur les toits et les chaussées
naturel, elle est transportée dans des usines d’affinage, stockée des villes. Ces eaux sont traitées dans une station d’épuration
dans des réservoirs pour être ensuite distribuée aux usagers. urbaine lorsque le système d’assainissement est dit « unitaire ».
Après utilisation, l’eau est collectée dans un réseau qui l’achemine La variation du flux polluant entrant dans les STEP est liée à
vers des stations d’épuration avant retour dans le milieu naturel. l’activité humaine (variations journalière, hebdomadaire, saison-
Sa consommation, en France, est estimée entre 150 et 250 litres nière) même par temps sec et pour les installations ne traitant ni
par personne et par jour [2]. En 2003, 90 % de la population fran- les eaux pluviales et industrielles. Les différentes natures de pollu-
çaise était raccordée à un réseau public d’assainissement tion sont résumées dans le tableau 1.
collectif [3]. Depuis 2005, dans toutes les agglomérations de plus
de 2 000 équivalent-habitants, les eaux rejetées par les utilisateurs 1.2 Réglementation française appliquée
devraient être traitées dans des stations d’épuration (STEP).
aux systèmes d’assainissement
1.1 Eaux résiduaires La directive du Conseil des Communautés Européennes 91/271/
CEE du 21 mai 1991 relative au traitement des eaux urbaines rési-
Les eaux résiduaires entrant dans une station d’épuration duaires impose aux services d’assainissement des obligations de
urbaine sont différenciées par rapport à leur origine (urbaines, résultats : assurer une évacuation rapide des eaux souillées et pré-
industrielles ou pluviales). venir tout risque de contamination des eaux de surface et souter-
Les eaux usées domestiques proviennent des différents usages raines. Cette directive impose un traitement des eaux usées
de l’eau. Elles peuvent être subdivisées en deux catégories : urbaines avec des normes de rejet strictes en fonction du milieu
– les eaux ménagères des salles de bain et des cuisines qui sont récepteur. Elle est transposée en droit français dans la loi sur l’eau
généralement chargées de substances biodégradables (graisses, du 3 janvier 1992. Le décret d’application no 94-469 du 3 juin 1994
savons, ...), de détergents, de produits nettoyants, désinfectants organise la programmation de l’assainissement dans les agglomé-
(hypochlorites, perborates, alcools, glycols, ammoniaque, rations. Il apporte également des précisions sur les notions de zones
aldéhydes, ...), décapants et détartrants ainsi que d’engrais, de pes- d’assainissement collectif et non collectif et de zones sensibles.

Tableau 1 – Description des principales pollutions des eaux urbaines


Nature de la pollution Paramètres de pollution
Pollution organique oxydable Demande chimique en oxygène (DCO)
Demande biologique en oxygène (DBO)
Pollution insoluble Matières en suspension (MES)
Pollution chimique (pollution toxique) Métaux lourds (Cd, Hg, Pb, ...)
Hydrocarbures et polluants organiques persistants (HAP, pesticides)
Détergents
Solvants aromatiques ou non
Produits phytosanitaires
...
Pollutions azotée et phosphorée Azote global (NGL)
Phosphore total (PT)
Pollution microbiologique (engendrée par les germes Bactéries (coliformes intestinaux, salmonelles, ...)
pathogènes) [6] Virus (hépatite A, rotavirus, ...)
Parasite (Protozoaires, Helminthes)
Champignons
Pollution médicamenteuse Stéroïdes synthétiques
Antidépresseur
Analgésique
Antibiotique
...
Pollution cosmétique Parabènes
HAP hydrocarbure aromatique polycyclique

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___________________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE

Tableau 2 – Prescriptions techniques des STEP

> 120
Charge brute de pollution organique .... (kg/jour) < 120 < 600 > 600
< 600

> 2 000
Équivalent-habitant (EH) < 2 000 < 10 000 > 10 000
< 10 000

eaux douces eaux douces


Milieu récepteur eaux côtières zone sensible
ou estuaires ou estuaires

traitement
traitement
biologique
Traitement approprié approprié biologique + secondaire
avec décantation
+ traitement tertiaire
secondaire

applicables applicables
Objectif de qualité aux eaux aux eaux fixé par l’arrêté du 22 décembre 1994
réceptrices réceptrices

Depuis cette loi (codifiée dans la section 1 du chapitre 4 du livre 1.3 Conditions de rejet
2 du code de l’environnement), toutes les stations d’assainissement
dont le rapport débit rejeté à débit du milieu récepteur est supérieur
des effluents urbains
à 25 %, sont soumises à déclaration ou à autorisation au titre de la
police des eaux. Quant aux stations d’épuration recevant un flux
Le lecteur se reportera aux références [7] et [8].
polluant supérieur à 120 kg/jour (2 000 EH), elles constituent des ins-
tallations classées pour la protection de l’environnement (loi ICPE
du 19 juillet 1976). Pour les ouvrages recevant un flux polluant supérieur à 120 kg/jour
en DBO5 (2 000 EH), les eaux résiduaires rejetées au milieu naturel
Les stations d’épuration ont des objectifs de réduction des flux doivent respecter soit les valeurs limites en concentrations, soit les
de substances polluantes à respecter, en fonction des zones de valeurs limites en rendement fixées par l’arrêté du 22 décembre
rejet. De plus, les arrêtés du 22 décembre 1994 et du 21 juin 1996 1994 (tableau 3).
déterminent les prescriptions techniques des stations de traite-
ment des eaux usées par rapport à la charge brute de pollution Ces valeurs limites de rejet sont le minimum acceptable. Elles
organique et au milieu récepteur (tableau 2). peuvent être plus contraignantes dans la réglementation locale
(arrêté préfectoral). De plus, seules la pollution organique, les
Le recours à un traitement alternatif est autorisé dans la mesure matières en suspension et les substances contribuant à l’eutrophi-
où il contribue à une réduction de la charge polluante équivalente sation sont obligatoirement contrôlées. L’arrêté préfectoral peut
aux traitements proposés dans le tableau 2. fixer des seuils de rejet pour d’autres polluants tels que les métaux
lourds, les hydrocarbures, les micropolluants organiques, les pro-
duits biocides et phytopharmaceutiques. Des contrôles bactériolo-
giques peuvent également être effectués afin de vérifier les
proportions de germes pathogènes dans les effluents rejetés.
Définitions d’après le décret no 2006-503 du 2 mai 2006 rela-
tif à la collecte et au traitement des eaux usées mentionnées
aux articles L. 2224-8 et L. 2224-10 du code général des collecti-
vités territoriales.
1.4 Qui est responsable ?
Agglomération d’assainissement : zone dans laquelle la
population et les activités économiques sont suffisamment D’après la loi sur l’eau du 3 janvier 1992 renforcée par la
concentrées pour qu’il soit possible de collecter les eaux usées nouvelle loi sur l’eau et les milieux aquatiques du 30 décembre
pour les acheminer vers une station d’épuration ou un point de 2006, les collectivités locales sont responsables de la gestion de
rejet final. l’eau et de l’assainissement. Elles ont l’obligation d’assurer la col-
Charge brute de pollution organique : c’est la masse d’oxy- lecte, le stockage et l’épuration des eaux usées domestiques ainsi
gène correspondant à la demande biologique en oxygène sur que leur rejet ou leur réutilisation dans les zones d’assainissement
cinq jours (DBO5) calculée sur la base de la charge journalière collectif. Depuis le 31 décembre 2005, elles sont tenues de
moyenne de la semaine au cours de laquelle est produite la contrôler les dispositifs d’assainissement non collectif (assainis-
plus forte charge de substances polluantes dans l’année. sement autonome) et si elles le décident, leur entretien.
Équivalent-habitant (EH) correspond à la charge organique Il appartient donc aux communes de définir les moyens néces-
biodégradable ayant une demande biochimique d’oxygène sur saires à la protection de l’environnement et à la préservation de la
cinq jours de 60 grammes d’oxygène par jour. salubrité publique, via l’assainissement.

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE ___________________________________________________________________________________________________________

Tableau 3 – Valeurs limites de rejet et de rendement d’après l’arrêté du 22 décembre 1994


Charge de pollution Valeur limite de rejet Rendement minimal
Type de zone Paramètre reçue moyenne/24 h de dépollution
(EH) (mg/L) (%)
DBO5 2 000 à 10 000 25 70
> 10 000 80
Zone normale
de pollution carbonée DCO Toute charge 125 75
MES Toute charge 35 90
NGL 10 000 à 100 000 15 70

R Zone sensible à l’azote


et/ou phosphore PT
> 100 000
10 000 à 100 000
> 100 000
10
2
1
80

Caractéristiques générales des rejets :


– pH 5,5 à 8,5 ;
– température < 30 oC ;
– couleur < 100 mg Pt/L.

2. Épuration des eaux Tableau 4 – Caractéristiques des eaux usées


urbaines françaises
urbaines
Paramètres Domaine
Le lecteur pourra se reporter aux dossiers :
– lutte contre la pollution de l’eau. Inventaire des traitements [G 1 250] ; pH.............................................. 7,5 à 8,5
– traitements physico-chimiques de la pollution insoluble [G 1 270] ;
– lutte contre la pollution des eaux. Traitement des boues d’épuration [G 1 450] ; Extrait sec......................(mg/L) 500 à 1 500
– lutte contre la pollution des eaux. Élimination finale des boues d’épuration [G 1 451].

MES ...............................(mg/L) 150 à 500


La réglementation (§ 1) impose une épuration des eaux usées
urbaines dans une station dédiée avant rejet dans le milieu naturel DBO5..............................(mg/L) 100 à 400
du fait des risques sanitaires et environnementaux (pollution des
eaux superficielles et naturelles, modification des milieux, risques DCO................................(mg/L) 300 à 1 000
pour les êtres vivants). Le débit de ces effluents ainsi que la pollu-
tion présente sont variables selon la taille des agglomérations, leur
COT ................................(mg/L) 100 à 300
situation géographique, la saison et les conditions climatiques. Les
variations journalières sont également importantes. Les caractéris-
tiques moyennes des eaux usées urbaines françaises arrivant en NK ..................................(mg/L) 30 à 100
station sont rassemblées dans le tableau 4 [9].
N-ammonium................(mg/L) 20 à 80
La station d’épuration est installée généralement à l’extrémité
d’un réseau de collecte sur l’émissaire principal, en amont de la
Lipides ...................................... 50 à 120
sortie des eaux vers le milieu naturel. Elle rassemble une succes-
sion de dispositifs empruntés par les eaux usées. Ils sont conçus
pour extraire au fur et à mesure les différents polluants contenus NK azote de Kjeldahl
COT carbone organique total
dans les eaux usées. L’épuration se compose de plusieurs étapes
de traitement (ne sont pas décrites dans ce dossier les stations
d’épuration autonomes) [10] :
– traitement de l’eau : étapes de dépollution des eaux usées ;
– traitement des boues produites : conditionnement en vue de
leur élimination ou de leur valorisation ; Traitements
– procédés connexes : amélioration de la qualité de service de
l’usine d’épuration (désodorisation, traitement des graisses, recy- primaire secondaire tertiaire
clage des sables, ...). Eau Eau
usée épurée

2.1 Traitement des eaux usées Prétraitement

La dépollution des eaux usées se décompose généralement en Boues


(valorisation, stockage)
quatre étapes distinctes : prétraitements, traitements primaire,
Traitement des boues
secondaire et tertiaire (figure 1). Plus de 50 % des stations de plus
de 10 000 équivalent-habitants sont construites selon ce schéma
en France. Figure 1 – Principales étapes de l’épuration des eaux usées urbaines

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___________________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE

2.1.1 Prétraitements provenant de l’effluent, soit dans un réacteur placé en aval du


réacteur aéré avec ajout d’une source carbonée externe (méthanol,
Les prétraitements visent à éliminer des eaux usées les maté- par exemple), soit dans le même réacteur en alternant les
riaux solides ou particulaires pouvant nuire aux traitements situés conditions aération/anoxie. Le rendement est voisin de 95 %.
en aval : objets encombrants, graisses, huiles ou autres matières
flottantes, sables et matières facilement décantables. Ces traite- 2.1.3.3 Traitement de la pollution phosphorée
ments sont effectués par les dégrilleur, dégraisseur/déshuileur (éli-
mination de 80 à 90 % des graisses et matières flottantes) et Le phosphore ne pouvant être rejeté dans l’atmosphère à l’état
dessableur (élimination des particules de diamètre supérieur à gazeux, il doit être concentré dans les boues. Bien que 20 à 30 %
200 µm) qui produisent des déchets envoyés soit en centre de la pollution phosphorée soit éliminée en même temps que la
d’enfouissement technique de classe 2, soit en incinération selon pollution carbonée, il convient souvent d’affiner le traitement. Deux
leur nature. solutions sont alors possibles, le traitement biologique ou le traite-
ment chimique. Le traitement chimique consiste à ajouter des sels


métalliques (fer ou aluminium) pour former un complexe insoluble
2.1.2 Traitement primaire avec les phosphates. Cet ajout peut être réalisé dans le réacteur
biologique ou dans une unité de traitement tertiaire (voir § 2.1.4).
Le traitement primaire consiste à réaliser l’étape de décantation Le traitement biologique, avec des rendements de l’ordre de 60 à
qui élimine jusqu’à 60 % des matières en suspension (MES), et 70 %, doit souvent être suivi d’un traitement chimique.
environ le tiers de la DBO5 entrante. Les boues produites fortement
organiques et fermentescibles sont acheminées vers l’unité de
traitement des boues. La phase aqueuse résultante, non conforme 2.1.4 Traitement tertiaire
aux seuils de rejet, est acheminée vers le traitement secondaire.
Ce type de traitement a pour but d’améliorer certains paramètres
Si le traitement secondaire n’existe pas, comme c’est le cas dans spécifiques de la qualité des rejets dans un milieu naturel vulné-
de nombreuses villes côtières ou riveraines d’un grand fleuve, la rable. Parmi ces traitements, les plus importants sont les suivants :
décantation est optimisée par ajout de coagulant et de floculant
qui améliorent notablement l’épuration. – désinfection lorsque le rejet a lieu dans un milieu aquatique à
usage balnéaire, pour diminuer les risques de contamination (eau
La décantation a lieu dans des décanteurs circulaires raclés ou potable, conchyliculture...) ou pour réduire les risques liés aux
dans des décanteurs lamellaires. perturbateurs endocriniens. L’oxydation par les UV ou par l’ozone
Le traitement primaire est une étape facultative. Dans de est la plus utilisée actuellement ;
nombreuses stations, le flux prétraité est directement envoyé vers – traitement de finition afin de diminuer au maximum les MES,
la phase de traitement secondaire. la DBO5, la DCO (filtre à sable), les teneurs en phosphore (précipi-
tation chimique)... ;
– traitement sur charbon actif utilisé pour éliminer par adsorp-
2.1.3 Traitement secondaire tion les molécules résistantes aux traitements biologiques (c’est le
À l’issue des traitements précédents, la majorité des polluants cas lorsque les STEP recueillent des eaux usées industrielles). Ce
est présente à l’état dissous. Le traitement secondaire de nature traitement élimine également couleurs et odeurs des rejets.
biologique a pour but d’éliminer les pollutions carbonée, azotée et
phosphorée. Il utilise la capacité auto-épuratrice de microorganis-
mes dédiés dont l’activité est améliorée en les plaçant dans des Un schéma de STEP est représenté sur la figure 2.
conditions optimales. De nombreux procédés peuvent être
utilisés [9] : boues activées, lit bactérien, lagunage, biofiltration,
disques biologiques, ... Selon le procédé choisi, les opérations de
maintenance seront fortement différentes : par exemple, tous les Eau à traiter
10 ans pour un lagunage, tous les ans pour une phytoremédiation.

2.1.3.1 Traitement de la pollution carbonée Dégrillage Dégrillat

Cette pollution est éliminée à l’aide de bactéries hétérotrophes en


milieu aérobie. Les composés polluants sont dégradés en molé- Sable Dessablage
cules simples dans un premier temps, puis ces dernières sont uti- Graisse Dégraissage
Surverse
lisées par les bactéries comme source d’énergie en présence Surverse d'orage
d’oxygène. Ces réactions assurent la multiplication des bactéries Bassin
tampon
engendrant une augmentation de la biomasse. Elle doit être extraite
régulièrement du réacteur afin de conserver un état d’équilibre. Le FeCl3 Boues
carbone issu de la pollution est soit transformé en biomasse, soit Air activées
en dioxyde de carbone.
La charge (massique ou volumique) est un paramètre de fonc- Boues
Clarificateur
tionnement particulièrement important. C’est le rapport entre la (vers traitement)
quantité de polluants à éliminer et la concentration en biomasse.
Les experts conseillent un fonctionnement à faible charge afin de Filtres à Eau de lavage
favoriser la nitrification des composés azotés. sable
Lavage

2.1.3.2 Traitement de la pollution azotée


Oxydation :
Le traitement des composés azotés se déroule en deux UV
étapes [11]. La première phase est la nitrification en milieu aérobie
(formation de nitrites puis de nitrates à partir de l’azote organique
et ammoniacal). Dans une seconde phase en conditions anoxiques, Rejet
les nitrates sont réduits en azote moléculaire en présence de car- eau industrielle
eau agricole
bone. La dénitrification peut avoir lieu soit dans un réacteur situé
en amont du réacteur aéré pour bénéficier de l’apport de carbone Figure 2 – Schéma de principe d’une STEP

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Application de l’inventaire du cycle


de vie en sidérurgie

par Ana-Maria IOSIF


Docteur, Ingénieur de recherche
ArcelorMittal R&D R
François HANROT
Docteur, Ingénieur de recherche
ArcelorMittal R&D
et Denis ABLITZER
Professeur à l’École des Mines de Nancy

1. Cadre méthodologique de l’analyse de cycle de vie (ACV) .......... M 7 160 - 2


1.1 Définitions des objectifs .............................................................................. — 2
1.2 Analyse de l’inventaire ............................................................................... — 2
2. Couplage méthodologique..................................................................... — 2
3. Modélisation de la filière classique de production d’acier .......... — 3
3.1 Présentation du modèle de la cokerie ....................................................... — 4
3.1.1 Chauffage du four à coke .................................................................. — 4
3.1.2 Pyrolyse du charbon .......................................................................... — 4
3.1.3 Extinction du coke et traitement du gaz de cokerie ........................ — 6
3.1.4 Présentation des résultats du modèle .............................................. — 6
3.2 Modèle de l’agglomération ........................................................................ — 7
3.3 Modèle de haut-fourneau ........................................................................... — 7
3.4 Modèle de convertisseur ............................................................................ — 8
3.5 Modèle du laminoir à chaud ...................................................................... — 8
4. Réalisation de l’inventaire du cycle de vie
à partir des modèles « Aspen »............................................................ — 9
5. Conclusion.................................................................................................. — 10
Références bibliographiques.......................................................................... — 10

’industrie sidérurgique est un important émetteur de gaz à effet de serre.


L La filière classique de production d’acier génère en effet aujourd’hui
approximativement deux tonnes de dioxyde de carbone par tonne d’acier pro-
duite. Les contraintes économiques et les exigences environnementales
croissantes conduisent la sidérurgie à envisager des politiques innovantes
pour réduire ces rejets, pour développer des techniques de recyclage et de
valorisation, pour adapter et optimiser les procédés d’élaboration de l’acier. Il
apparaît maintenant évident que les méthodes actuelles de production d’acier
devront être profondément remaniées et que de nouvelles technologies
devront être étudiées et validées pour pouvoir, à moyen terme, être mises en
œuvre à grande échelle.
L’évaluation environnementale des procédés sidérurgiques classiques, selon
une approche globale de type « cycle de vie », permet d’améliorer significati-
vement leur efficacité environnementale et leur productivité. Cette évaluation
est recommandée avant la mise en place des programmes de recherche et
surtout avant le développement des unités. L’analyse du cycle de vie (ACV) est
reconnue comme l'approche la plus holistique d’évaluation environnementale
des systèmes industriels. Malgré la normalisation internationale de cette
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APPLICATION DE L’INVENTAIRE DU CYCLE DE VIE EN SIDÉRURGIE ____________________________________________________________________________

méthodologie (ISO 14040 ) [1], il reste encore des cas pour lesquels les résul-
tats d’une étude d’ACV engendrent des commentaires contradictoires
remettant en question leur crédibilité. Il est généralement reconnu qu’assurer
une bonne qualité des données de l’inventaire du cycle de vie est une des
conditions à remplir afin de garantir la qualité des résultats de l’ACV.
Dans ce dossier, nous proposons une nouvelle démarche d’analyse de
l’inventaire du cycle de vie en vue d’améliorer la qualité des données utilisées
pour la réalisation de l’étude ACV. La démarche proposée s’appuie sur un cou-
plage méthodologique entre la méthode classique d’ACV et un logiciel de
génie des procédés de type « flowsheeting ». Par la suite, ce couplage est


appliqué à la filière classique de l’acier.

1. Cadre méthodologique sent les processus élémentaires qui seront pris en compte dans
l’étude. Bien que toutes les activités humaines contribuent au cycle
de l’analyse de cycle de vie du produit, il apparaît clairement que les frontières d’un sys-
tème doivent être finies. Des décisions ont donc été prises
de vie (ACV) concernant les processus élémentaires à analyser et le niveau de
détail auquel ces processus élémentaires sont étudiés. Compte
tenu des éléments ci-dessus, nous présentons sur la figure 1 les
L’analyse de cycle de vie est un outil d’évaluation des impacts frontières du système de production d’une tonne de bobines lami-
sur l’environnement d’un système comprenant l’ensemble des nées à chaud que nous avons considérées.
activités associées à un produit ou à un service, depuis l’extraction
des matières premières jusqu’à l’élimination des déchets [1].
L’ACV se compose de quatre phases : 1.2 Analyse de l’inventaire
– définition des objectifs et du champ de l’étude ;
– inventaire (bilans matière – énergie) ; La deuxième partie de l’analyse du cycle de vie consiste en l’ana-
– évaluation des impacts ; lyse de l’inventaire du cycle de vie (ICV). L’analyse de l’inventaire
– interprétation des résultats. est la phase de l’ACV impliquant la compilation et la quantification
des entrants et des sortants pour un système donné au cours de
son cycle de vie [3]. L’ACV traitant un nombre important de don-
1.1 Définitions des objectifs nées, il est judicieux d’évaluer la qualité de l’ICV. Selon Labouze et
coll. [4], la qualité des résultats de l’ACV est assurée par la qualité
La phase initiale de l’ACV doit indiquer sans ambiguïté l’applica- des données de l’inventaire. Les exigences relatives à la qualité des
tion envisagée, les raisons conduisant à réaliser l’étude et le public données sont importantes pour comprendre la fiabilité des résultats
concerné [1]. Selon le cas, l’ACV peut avoir diverses finalités : de l’étude et pour interpréter correctement ce qu’il en ressort. Selon
l’amélioration d’un procédé, la mise en place d’une réglementa- Rousseaux [G 5 500] ou [5], les principaux points faibles de l’ACV
tion, d’une politique environnementale, ou la sensibilisation du sont la qualité et la disponibilité des données. Dans de nombreux
consommateur [2]. cas, les données nécessaires ne sont pas habituellement mesurées
Dans la présente étude, nous nous intéressons plus particulière- par les exploitants, ou elles sont trop agrégées dans les bases de
ment à l’utilisation de l’ACV au niveau de l’entreprise (en interne) données existantes pour pouvoir être exploitées.
qui est le principal bénéficiaire. Ayant comme objectif final l’amé- Ainsi, nous proposons par la suite une approche innovatrice
lioration environnementale du procédé, notre étude se concentre capable de garantir la qualité des données utilisées dans la réalisa-
sur la réalisation de l’analyse globale du cycle de vie de la filière tion de l’inventaire, tel qu’il a été défini dans la figure 1.
intégrée classique de production d’acier, c’est-à-dire d’une usine
sidérurgique intégrée classique (USIC). La filière classique de pro-
duction d’acier est fondée sur la production de fonte à partir de
minerais de fer, dans un haut-fourneau et la conversion à l’oxy- 2. Couplage méthodologique
gène de cette fonte en acier.
Selon la norme ISO 14040 [1], le champ d’étude décrit principa- Le mode opératoire original développé pour la réalisation de
lement les frontières du système et les fonctions du système. l’inventaire consiste à réaliser une base de données à partir de
modèles physico-chimiques simplifiés pour les sous-systèmes
■ Unité fonctionnelle définis sur la figure 1.
La définition d’une unité fonctionnelle (UF) est nécessaire pour Ainsi est réalisé un couplage entre la méthodologie de l’ACV et
permettre la comparaison des différents sous-systèmes et elle est celle du génie des procédés car la partie la plus importante de
en effet la référence à laquelle sont rapportées les quantités men- l’inventaire est réalisée à l’aide du logiciel de type « flowsheeting »
tionnées dans l’inventaire (deuxième étape de l’ACV). Aspen Plus (figure 2).
Dans la mesure où l’étude concerne l’ACV de la filière classique Nota : il existe d’autres logiciels de type « flowsheeting » :
de production d’acier, l’unité fonctionnelle choisie correspond à – Hysis (produit aussi par Aspen Tech) mais avec une base thermodynamique plus
simplifiée ;
une tonne de bobines laminées à chaud produite dans une usine – Metsim, étudié mais moins performant qu’Aspen Plus.
sidérurgique intégrée classique.
Aspen Plus [6] est un logiciel de modélisation de procédé en
■ Frontières du système régime permanent, équipé d’une base de données thermodyna-
Une fois que les objectifs généraux et le but de l’ACV sont iden- miques utilisée pour calculer les bilans de matière et d’énergie. Ce
tifiés, les frontières du système doivent être fixées. Elles définis- logiciel permet d’effectuer des simulations de procédés (c’est ce

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Analyse du cycle de vie des procédés


de traitement de surface des matériaux

par Arnaud MOIGN


Ingénieur chef de projet en projection thermique


Centre d’Ingénierie en Traitements et Revêtements de surface Avancés (CITRA),
Limoges, France

1. Industrie des TRS et environnement ........................................... M 1 830 – 2


1.1 Analyse du cycle de vie (ACV) ........................................................... — 2
1.2 Enjeux de l’ACV pour le monde industriel ........................................ — 2
2. Définition des objectifs et du champ de l’étude ...................... — 4
2.1 Définir l’unité fonctionnelle en TRS .................................................. — 4
2.2 Frontières du système ........................................................................ — 4
3. Réalisation de l’inventaire, éléments à prendre en compte ... — 5
3.1 Collecte des données : une tâche difficile ......................................... — 6
3.2 Consommations et émissions en TRS ............................................... — 10
3.3 Traitement et gestion des déchets en TRS ........................................ — 14
4. Choix des méthodes d’évaluation et interprétation
des résultats .................................................................................... — 16
4.1 Indicateurs d’impact ........................................................................... — 16
4.2 Quelle méthode choisir pour comparer des procédés de TRS ......... — 17
4.3 ACV étendue au développement durable .......................................... — 18
4.4 Analyser et interpréter les résultats .................................................. — 20
5. Conclusion........................................................................................ — 20
6. Glossaire ........................................................................................... — 21
7. Sigles et symboles .......................................................................... — 21
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. M 1 830

l n’est plus seulement question de savoir-faire, les industriels sont doréna-


I vant poussés à communiquer en toute transparence sur les impacts environ-
nementaux et sociaux potentiels de leurs activités.
Bien que l’environnement ne soit pas le métier principal des industriels du
traitement de surface, les exigences environnementales sont un défi que les
entreprises doivent relever au quotidien. Dans un contexte législatif incitant
les industriels à utiliser les Meilleures Techniques Disponibles (MTD), alors
que les techniques de production propre se multiplient, il subsiste toutefois,
de la part des industriels, une certaine méconnaissance des impacts environne-
mentaux des procédés et des outils permettant de les évaluer.
L’Analyse de Cycle de Vie (ACV) est considérée depuis plus de 20 ans, de façon
unanime comme l’outil de référence en matière d’analyse environnementale.
Encadrée par la norme ISO 14040, la méthode ACV consiste à mesurer les
impacts environnementaux en quantifiant rigoureusement les consommations
et émissions associées aux procédés et produits, tout au long de leur cycle de vie.
Néanmoins, l’ACV reste une démarche relativement jeune par rapport aux
autres disciplines académiques. Elle est tout aussi puissante que difficile à maı̂-
triser et un certain manque de structuration complique la tâche des industriels.
p。イオエゥッョ@Z@ュ。イウ@RPQX

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE DES PROCÉDÉS DE TRAITEMENT DE SURFACE DES MATÉRIAUX ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Conscients de la capacité d’innovation du monde de l’entreprise, l’Union


Européenne et l’État Français, à travers l’ADEME, incitent les industriels à
s’associer pour participer à l’amélioration des outils d’ACV. Des initiatives telles
que l’association SCORELCA ou la base de données d’inventaire Base
IMPACTS‚ en sont des exemples concrets.
L’objectif de cet article est clairement d’initier les industriels du Traitement et
Revêtement de Surface (TRS) aux rudiments de l’ACV en leur fournissant les
bases et conseils nécessaires à la réalisation de ces études. Cet article s’appuie
sur des exemples concrets et s’adresse autant aux applicateurs de peinture,
qu’aux professionnels du traitement par voie humide, de la projection ther-
mique ou des dépôts sous vide.


Le lecteur trouvera en fin d’article un glossaire et un tableau des symboles et
des sigles utilisés.

Le cadre méthodologique de l’ACV est normalisé par la série


1. Industrie des TRS ISO 14040. Cette démarche comprend des étapes qualifiées d’itéra-
et environnement tives, dans le sens où il est nécessaire, au cours de l’étude, de véri-
fier sa validité et le cas échéant d’effectuer des ajustements. Ces
étapes et leurs applications sont décrites par la figure 2.
Cette démarche et ce cadre servent de structure au présent arti-
Selon l’Union des Industries des Technologies de Surfaces cle. Les articles [G5500], [M7160] et [G5510] permettent d’en savoir
(UITS), les investissements en faveur du développement davantage sur l’ACV.
durable représentent 3 % du chiffre d’affaires des entreprises.
D’une manière générale, les industries technologiques sont en
première ligne dans la mise en place de modes de productions 1.2 Enjeux de l’ACV pour le monde
respectueux de l’environnement, point de départ essentiel d’une industriel
croissance verte.
L’éco-conception est souvent présentée comme un levier de
croissance pour les PME, car elle répond au fort besoin d’innova-
Le développement durable ne se limite pas à l’environne- tion des consommateurs. Selon une étude sur la profitabilité
ment. Le rapport Brundtland [1] le définit comme « un dévelop- de l’éco-conception, 40 % des entreprises, qui ont augmenté
pement qui répond aux besoins du présent sans compromettre
la capacité des générations futures à répondre aux leurs ».
(La condition)
Le développement est « durable » s’il est :
– économiquement efficace, Ecologique
– socialement équitable,
– écologiquement tolérable.
e

Vi
bl

Le développement durable s’appuie donc sur ces 3 piliers dont la


ab
va

le
Vi

dimension écologique est une condition (figure 1).


Durable
Dans cette optique de croissance verte des sociétés, un cadre
normatif s’est développé, de façon à intégrer le développement
durable au cœur des activités industrielles et organisationnelles.
Le tableau 1 propose une liste non exhaustive des normes orien-
tées vers le développement durable. Equitable

1.1 Analyse du cycle de vie (ACV)


Social Economique
L’ACV est un outil permettant d’évaluer les impacts environne-
mentaux d’un procédé, produit ou service. À la différence
d’autres outils d’analyse environnementale, tels que le bilan car-
bone, il permet d’évaluer l’impact sur de très nombreux critères
environnementaux, pendant l’ensemble du cycle de vie. On qua- (L’objectif) (Le moyen)
lifie ainsi l’ACV de démarche « globale et multicritère », ce qui en
fait un outil de référence à la fois puissant et extrêmement com-
plexe à maı̂triser. Figure 1 – Les 3 piliers du développement durable

M 1 830 – 2 Copyright © - Techniques de l’Ingénieur - Tous droits réservés

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ANALYSE DU CYCLE DE VIE DES PROCÉDÉS DE TRAITEMENT DE SURFACE DES MATÉRIAUX

Tableau 1 – Contexte normatif du développement durable (liste non exhaustive)


Champ d’application n ISO Intitulé

NF ISO 37101:2016 Développement durable au sein des communautés territoriales

Collectivités et communautés NF ISO 37121:2017 Développement durable des communautés

NF ISO 20121:2012 L’événementiel pour un développement durable

NF ISO 15392
Développement durable dans la construction
ISO/TS 21929-2:2015
Génie civil
ISO/TS 12720:2014
NF ISO 16745-1:2017
Développement durable dans les bâtiments et ouvrages
de génie civil

NF EN ISO 14001:2015 Systèmes de management environnemental

NF EN ISO 14040:2006
Tous types d’organisations Management environnemental – Analyse du cycle de vie
ISO 14044:2006

NF EN ISO 26000:2010 Lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale

Définition
des objectifs

Applications directes :
Définition du champ
de l’étude • Développement et amélioration de produits
Interprétation
• Planification stratégique
des résultats
• Mise en place des politiques publiques
• Marketing
Analyse
• Autres…
de l’inventaire

Evaluation de l’impact

Figure 2 – Cadre normatif de l’ACV et applications

leurs profits grâce à cette démarche, ont constaté que la marge 1.2.1 Affichage environnemental des produits
réalisée sur les produits éco-conçus avait dépassé celle des d’usage courant
produits traditionnels.
Suite au Grenelle de l’environnement, et face à l’objectif ambi-
Bien que de nombreux industriels se disent intéressés par les
tieux de fournir au consommateur une indication du “prix écolo-
questions relatives aux études ACV et à l’éco-conception de leurs
gique” des produits, l’ADEME s’est tournée vers l’AFNOR pour
produits, la complexité des logiciels d’ACV, et surtout l’accès sou-
élaborer un cadre documentaire commun, la plateforme
vent payant aux données d’inventaire, ne contribuent pas à popula-
ADEME/AFNOR. Le travail de cette plateforme peut être résumé
riser l’ACV, qui reste trop souvent une affaire de spécialistes.
en disant qu’elle traite de la partie volontaire d’une démarche
Néanmoins, les pouvoirs publics, bien conscients de l’impor- réglementaire définie par la loi dite Grenelle I (n 2009-967 du
tance de ces questions, cherchent à démocratiser l’utilisation de 3 août 2009). L’article 54 de cette loi mentionne le droit du
l’ACV, principalement pour l’éco-conception de produits. Les tables consommateur à disposer d’une information environnementale
rondes du Grenelle de l’environnement (24 et 25 juin 2007) ont « sincère, objective et complète » concernant les produits qu’il
ainsi eu le mérite d’étendre le champ de préoccupation environne- utilise. Cette nécessité d’informer le consommateur passe par
mentale à la consommation, donnant une vision plus large, qui ne un affichage environnemental dont les informations présentées
doit plus être confinée aux problèmes liés à l’énergie, au transport sont en réalité les résultats d’ACV ou de méthodes d’analyse
ou aux déchets. monocritère telles que le bilan carbone.

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE DES PROCÉDÉS DE TRAITEMENT DE SURFACE DES MATÉRIAUX ––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––

Les travaux conduits par cette plateforme collaborative


ADEME/AFNOR commencent à porter leurs fruits. L’exemple le
plus probant est la création de la Base IMPACTS‚, un outil per- Communication interne
mettant aux industriels d’évaluer les impacts environnementaux ou externe ?
de leurs produits.

Pour qui ?
La Base IMPACTS‚ est la base de données d’inventaire de
cycle de vie officielle du programme d’affichage environne- Sur un procédé, Sur quoi ?
un produit, ACV Périmètre restreint
mental français pour les produits de grande consommation. Avec ou étendu ?
Les données d’inventaire génériques de cette base sont tradui- un service ? quelles limites ?

tes en indicateurs d’impact via les méthodes de caractérisa- Pour


tion préconisées par le JRC (Joint Research Center, centre de quoi faire ?

recherche de la Commission Européenne). Ces méthodes sont


décrites en détails dans l’ILCD Handbook [2]. Améliorer un procédé, effectuer
des comparaisons, communiquer ?
1.2.2 Positionnement de l’industrie
des Traitements et Revêtement de Surface
(TRS) Figure 3 – Pistes de réflexion pour la définition des objectifs et du
champ de l’étude
La réalisation de toute étude ACV, qu’elle concerne un produit,
un service ou un procédé, passe par la réalisation d’un inventaire
des consommations et émissions associées. Le travail colossal
Exemple 2 :
que cela représente fait que la réussite d’une ACV dépend avant
Deux types d’ampoules sont comparées, les ampoules LED et les
tout de l’accessibilité des données. Bien que les opérations de trai-
ampoules à incandescence. L’unité fonctionnelle d’une ampoule
tement de surface ne représentent qu’une étape parmi des dizaines
peut être définie ainsi : « Émettre une puissance lumineuse équiva-
d’autres dans la vie du produit final, l’impact environnemental des
lent à 300 lumens pendant 1 000 heures ».
procédés de TRS ne peut être considéré comme négligeable. Dans
Dans le choix de l’UF, chaque terme est important. Ainsi, il faut
ce sens, la qualité des informations fournies par le sous-traitant
bien préciser « émettre », car la puissance émise est différente de
aura a priori une incidence forte sur la validité de l’étude ACV [3].
celle consommée. De même, la durée d’éclairage est à préciser, car
Exemple 1 : la durée de vie de l’ampoule a un impact sur la production de
Un fabricant d’équipements industriels réalise la sous-traitance déchets.
des opérations de peinture de chariots de manutention. Il sou-
haite réaliser une étude ACV de ses produits, mais il ne sait pas par Dans le cas du domaine des TRS, l’unité fonctionnelle doit être
quel procédé les chariots sont peints. Il devra se rapprocher de son choisie pour permettre de comparer des procédés entre eux.
sous-traitant pour savoir si la peinture est appliquée par thermola- Si une UF faisant intervenir la surface traitée est la manière la plus
quage ou par enduction classique. L’utilisation de solvants dans le évidente de raisonner, elle n’est pas la seule. En effet, dans certains
cas d’une enduction classique entraı̂nant des dégagements de COV, cas comme les revêtements sous vide, le volume apparent, la taille
contrairement au thermolaquage, l’impact environnemental de ces et la forme des pièces sont au moins aussi importants que la sur-
deux procédés sera très différent. face traitée, car on cherche à optimiser le procédé en remplissant
au maximum l’enceinte sous vide.
L’épaisseur déposée n’est pas toujours intégrée à l’UF, car on pri-
vilégie plutôt la performance du revêtement. Ainsi, deux revête-
2. Définition des objectifs ments anticorrosion d’épaisseur différentes peuvent apporter la
même tenue au brouillard salin, donc être comparables vis-à-vis
et du champ de l’étude de ce test (tableau 2).
Cependant, dans d’autres cas, c’est l’épaisseur de revêtement qui
importe comme dans l’exemple 3.
La définition des objectifs d’une étude ACV est une étape à ne
pas négliger, car c’est le point de départ de toute étude qui condi- Exemple 3 :
tionne le champ d’application de celle-ci. Définir les objectifs Un revêtement d’alumine est déposé sur une surface d’acier ino-
implique de se poser les bonnes questions (figure 3). xydable. L’épaisseur désirée est de 100 mm minimum, car la rigidité
Ces réflexions ont par ailleurs pour but de définir trois notions diélectrique du matériau, exprimée en V.cm-1, est la propriété à
capitales : considérer dans l’UF.
– l’Unité Fonctionnelle (UF),
– les frontières du système, Il n’y a donc pas d’UF universelle en ACV, même dans le cas par-
– les limites de l’étude. ticulier du domaine des TRS. Au contraire, le choix de l’UF doit être
motivé par une réflexion tenant compte des objectifs de l’étude.

2.1 Définir l’unité fonctionnelle en TRS


2.2 Frontières du système
Toute démarche d’analyse du cycle de vie, qu’elle concerne un
produit, un procédé voire un service, repose sur une notion fonda- L’ACV est habituellement utilisée pour comparer entre eux la
mentale, celle de la fonction. performance environnementale de produits manufacturés.
Cette « approche produit » doit tenir compte à la fois des étapes
de fabrication du produit, mais aussi d’utilisation, de transport et
L’Unité Fonctionnelle (UF) est l’unité de mesure qui permet de traitement en fin de vie. Les procédés de TRS peuvent être
d’évaluer le service rendu par le produit, service ou procédé. considérés comme des étapes intervenant dans la fabrication
Cette unité de référence commune est la condition obligatoire du produit. En ce sens, il est nécessaire de connaı̂tre les impacts
à toute comparaison. environnementaux de ces procédés de façon à les inclure dans le

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––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––––– ANALYSE DU CYCLE DE VIE DES PROCÉDÉS DE TRAITEMENT DE SURFACE DES MATÉRIAUX

Tableau 2 – Exemples d’unités fonctionnelles applicables au TRS


Type de traitement Exemple d’UF Exemple d’application

« Établir un revêtement sur une surface d’acier de X m2 et


Traitement d’une surface connue La majorité des cas en TRS
résistant à la corrosion au brouillard salin, pendant Y heures »

« Protéger de la corrosion 1 m de profilé aluminium (définis selon


Traitement au défilé Profilés aluminium
le plan) pendant 300 h au brouillard salin »

« Protéger de l’usure X forets (définis selon le plan) pendant Y Charges PVD


Traitement à la charge


heures de fonctionnement » Nitruration

« Déposer 100 mm d’alumine sur une surface de 1 dm2 d’acier


Dépôt d’une épaisseur connue Projection thermique
inoxydable »

Frontières
Frontières
du produit
du procédé

Rejets
Matières dans l’air,
premières l’eau, etc.

Procédés de Transport
Pièce à Pièce
fabrication Procédé de TRS du produit
traiter traitée

Utilisation
du produit

Fin de vie
du produit
Déchets
finaux

Figure 4 – Positionnement des TRS dans le cycle de vie d’un produit

cycle de vie global du produit. La figure 4 illustre ces deux Nota : Les bases de données telles que Ecoinvent, utilisées par les logiciels d’ACV,
fournissent des informations assez exhaustives. Cependant, le choix est souvent laissé à
approches. l’utilisateur d’ignorer les processus d’infrastructure, permettant ainsi plusieurs niveaux
Ainsi, réaliser l’étude ACV d’un procédé de TRS sous-entend de réflexion.
d’ignorer la pièce à traiter, les matériaux qui la constituent, les pro-
cédés de mise en forme et le transport jusqu’au site de traitement.
Un procédé de traitement peut aussi être considéré comme une
succession d’étapes élémentaires avec ses consommations, émis-
sions et déchets (figure 5).
3. Réalisation de l’inventaire,
Il faut toutefois préciser que les processus considérés à la figure 5 éléments à prendre
sont suffisants pour réaliser des études ACV simplifiées, mais qu’il est
possible de pousser la réflexion beaucoup plus loin. En effet, la réali-
en compte
sation d’une ACV dite « complète » pourrait inclure, par exemple :
– la durée de vie des équipements et outils,
– l’impact de la surface au sol utilisée, La famille des procédés de traitement de surface est vaste.
– le nombre de personnes employées pour ce procédé. L’objectif de cette partie n’est pas de donner une liste exhaustive
de l’ensemble des consommations, émissions et déchets géné-
Néanmoins, pour des raisons d’interprétation des résultats, et aussi rés par chaque procédé, mais de fournir aux industriels une
en raison de la difficulté de tenir compte d’autant de paramètres, le base de réflexion permettant de réaliser un inventaire le plus
périmètre d’étude est souvent restreint aux processus principaux. complet possible.

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Analyse du cycle de vie


Applications dans les écolabels
par Alec de RICHEMONT
Ingénieur agronome


Membre du Conseil scientifique des Amis de la Terre

1. Label NF-Environnement. Évolution des approches ....................... G 5 850 3


1.1 Sacs à déchets : première approche........................................................... — 3
1.2 Sacs à déchets : approche ACV................................................................... — 3
1.3 Peintures et vernis : approche par expert-rapporteur ............................... — 4
1.4 ACV et élaboration de critères écologiques : polémiques ........................ — 4
1.5 Méthode simplifiée : une solution alternative ........................................... — 4
1.6 Label NF-Environnement : aspirateurs ....................................................... — 5
2. Écolabels européens ................................................................................ — 5
2.1 Dispositif d’ensemble................................................................................... — 5
2.2 Lignes directrices : labels écologiques et ACV .......................................... — 5
3. Exemples de mise en œuvre du dispositif communautaire.......... — 6
3.1 Label communautaire détergents textiles.................................................. — 6
3.2 Label écologique communautaire peintures et vernis.............................. — 7
3.3 Propositions pour un écolabel laques pour cheveux ................................ — 8
3.4 Label communautaire papier hygiénique .................................................. — 9
4. Utilisation des ACV et qualité des labels écologiques .................. — 9
4.1 Enseignements de l’expérience .................................................................. — 9
4.2 Études comportant des ACV de produits représentatifs........................... — 9
4.3 Étude aspirateurs (NF) avec la méthode simplifiée................................... — 10
4.4 Étude du label détergents textiles............................................................... — 10
4.5 Étude laques pour cheveux ......................................................................... — 10
4.6 Étude papier hygiénique.............................................................................. — 10
5. Conclusions ................................................................................................ — 10
5.1 Trois éléments préalables ............................................................................ — 10
5.2 Inventaires et formulation des critères....................................................... — 11
Références bibliographiques .......................................................................... — 11

D evant le développement du « marketing vert », devant les références en


nombre croissant à des études présentées comme scientifiques, faisant
appel à des « écobilans », les pouvoirs publics ont décidé entre 1990 et 1992
d’instituer des labels écologiques dans plusieurs pays européens – France, pays
nordiques, Pays-Bas – et au niveau de la Communauté européenne.
La gestion du label écologique français NF-Environnement est assurée par
l’AFNOR qui a également été désignée comme organisme compétent pour le
label communautaire. Il est assisté par le Comité français des écolabels qui com-
porte une représentation équilibrée des parties intéressées : ministères, produc-
teurs, distributeurs, associations de consommateurs, associations de protection
de l’environnement.
Dans tous les pays, les représentants des divers groupes d’intérêt concernés
sont associés par les pouvoirs publics à l’élaboration des conditions d’attribu-
tion de ces labels. La France est le seul pays dans lequel les associations partici-
p。イオエゥッョ@Z@ッ」エッ「イ・@QYYX

pent aux décisions et aux études, au choix des groupes de produits jusqu’à
l’adoption des cahiers des charges.

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ANALYSE DU CYCLE DE VIE ______________________________________________________________________________________________________________

Le Règlement européen explicite les objectifs, la définition des catégories de


produits et le mode de définition des critères écologiques.
Objectifs (article 1) :
— promouvoir la conception, la production, la commercialisation et l’utilisa-
tion de produits ayant une incidence moindre sur l’environnement pendant tout
leur cycle de vie ;
— mieux informer les consommateurs des incidences qu’ont les produits sur
l’environnement sans pour autant compromettre la sécurité du produit et des
travailleurs, ou influer de manière significative sur les qualités qui rendent le
produit propre à l’utilisation.

R Catégories de produits et critères écologiques (article 5)


Chaque catégorie de produits est définie de façon à garantir que tous les pro-
duits en concurrence, destinés à un même usage et pouvant être utilisés de
façon équivalente, soient regroupés au sein d’une même catégorie…
Les critères écologiques spécifiques applicables à chaque catégorie de pro-
duits sont définis par une approche globale fondée sur les objectifs fixés à l’arti-
cle 1er… et les paramètres de la matrice d’évaluation indicative.
La notion d’approche globale est définie à l’article 4 : la prise en considération
du cycle de vie d’un produit à partir de la fabrication, y compris le choix des
matières premières, la distribution, la consommation et l’utilisation jusqu’à l’éli-
mination après usage.
Ces définitions ont conduit à prendre en compte la méthodologie des analyses
du cycle de vie (ACV) dans le processus d’élaboration des critères. En 1991,
aucun de ceux qui se sont impliqués dans les écolabels n’avait d’expérience con-
crète de la méthode des ACV qui connaissait alors ses premiers développements
en Europe. Ils l’ont depuis lors assimilée, la méthode est maintenant définie
(norme NF X 30-300 et travaux ISO en cours).
Le processus d’élaboration d’une proposition de critères pour l’attribution
d’un label écologique est un processus itératif qui comporte une succession
d’étapes.
1) Phase préliminaire : faisabilité de l’étude, définition d’un groupe de
produits : tous les produits concurrents, remplissant la même fonction et qui ont
des usages équivalents.
2) Étude de marché : répartition territoriale et par mode de réalisation.
3) Définition de la fonction commune à tous les produits et des critères d’apti-
tude à l’emploi : les produits porteurs du label écologique doivent être de qualité
d’usage au moins équivalente aux produits courants.
4) Inventaire :
— définition de l’unité fonctionnelle, quantité de fonction servant de base de
référence pour l’évaluation des produits ;
— choix des produits dont on réalise l’inventaire ;
— collecte des données et réalisation de l’inventaire.
5) Évaluation des impacts sur l’environnement correspondant aux données
inventoriées et détermination des impacts majeurs, sur lesquels porteront les
critères.
6) Détermination des critères et fixation des modalités d’évaluation des perfor-
mances des produits.
7) Élaboration d’un projet de cahier des charges, après ajustement des
niveaux des critères pour approcher le niveau de sélectivité souhaité.
Les étapes 2 à 5 correspondent terme à terme à des étapes de l’analyse du
cycle de vie. La question s’est naturellement posée : la méthode des ACV peut-
elle être utilisée pour l’élaboration de critères écologiques ?
Nous présentons, à titre d’exemples, le déroulement et l’aboutissement de
quelques études qui ont concerné le label NF-Environnement et l’écolabel com-
munautaire.

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______________________________________________________________________________________________________________ ANALYSE DU CYCLE DE VIE

Nous en résumons les enseignements :


— il n’est pas indispensable de réaliser des ACV complètes pour définir les cri-
tères de labels écologiques ;
— il est indispensable d’établir certains éléments de base de la méthodologie
des ACV, pour être à même de définir des critères écologiques pertinents ;
— on ne peut se dispenser de définir des critères d’aptitude à l’emploi, garants
de la qualité des produits porteurs d’un écolabel.
Nota : le lecteur pourra utilement se reporter au règlement communautaire [1].


1. Label NF-Environnement. •

aptitude au recyclage après usage : sac monomatériau ;
absence de produits annexes contenant des métaux lourds ;
Évolution des approches • pas de dégagement de fumées toxiques à l’incinération ;
• seuils pour les rejets dans l’eau des unités de régénération ;
• emballage : matériau répondant aux cinq critères précédents.
1.1 Sacs à déchets : première approche Le critère essentiel était fondé sur un a priori favorable aux maté-
riaux recyclés. Les avis des membres du Comité semblaient plutôt
Le dispositif NF-Environnement prévoyait initialement que pour favorables à ce projet.
chaque projet retenu, un projet de cahier des charges serait élaboré En août 1991, un fabricant de sacs à déchets à base de PE vierge
par un expert-rapporteur, avec le concours de tous les partenaires. remet à l’AFNOR une ACV comparée de sacs à déchets en PE vierge
Pour ce dossier particulier, le rapporteur a présenté un projet en et en PE recyclé, établie par un consultant français. Cette ACV faisait
juin 91 : apparaître que, dans les conditions de l’étude, les impacts sur l’envi-
— groupe de produits : sacs à déchets de précollecte et collecte ronnement de sacs en PE vierge étaient inférieurs à ceux de sacs en
en polyéthylène et en papier ; PE recyclé. Le premier projet fut mis en attente.
— délimitation du groupe : sacs destinés à recevoir les déchets
ménagers ou collectifs ordinaires et les déchets industriels banals ;
— critères d’aptitude à l’emploi définis par rapport à une série de
normes NF ;
— unité fonctionnelle non définie ; 1.2 Sacs à déchets : approche ACV
— évaluation des impacts : utilisation de la matrice d’évaluation
(tableau 1). L’évaluation qualitative des impacts au cours de chaque
phase est représentée par une note : 0, 1, ou 2 ; Après une série de réunions d’information sur les inventaires et
— critères écologiques proposés : les analyses du cycle de vie, le Comité a pris, en juin 1992, la déci-
• taux minimal de matière recyclée : polyéthylène (PE) 80 % - sion d’appuyer toutes ses études de critères de labels écologiques
papier 50 % ; sur des ACV.

Tableau 1 – Matrice d’évaluation indicative


Cycle de vie du produit

Aspects écologiques Distribution


Préproduction Production (y compris Utilisation Élimination
emballage)

Importance des déchets

Pollution et dégradation du sol

Contamination de l’eau

Contamination de l’air

Bruit

Contamination d’énergie

Consommation de ressources naturelles

Effet sur les écosystèmes

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Bilan environnemental des solutions


de valorisation des pneus usagés non
réutilisables (PUNR)
par Catherine CLAUZADE
Directeur du développement d’Aliapur


1. Finalité de l’étude ........................................................................... G 2 043 – 2
2. Analyse du cycle de vie appliquée aux solutions
de valorisation des PUNR .............................................................. — 3
2.1 Définition du champ de l’étude ......................................................... — 3
2.1.1 Unité fonctionnelle .................................................................. — 3
2.1.2 Délimitation des frontières du système .................................. — 4
2.1.3 Prise en compte des impacts évités par la valorisation ......... — 4
2.2 Construction des inventaires ............................................................. — 6
2.3 Flux et impacts environnementaux étudiés ...................................... — 7
2.4 Résultats et interprétation ................................................................. — 8
2.4.1 Panorama global des résultats ................................................ — 9
2.4.2 Contribution des étapes de transport et de préparation
des PUNR ................................................................................. — 9
2.4.3 Valorisation en gazons synthétiques ...................................... — 10
2.4.4 Valorisation en cimenterie....................................................... — 11
2.4.5 Valorisation en bassin infiltrant .............................................. — 12
2.4.6 Analyses de sensibilité ............................................................ — 12
2.4.7 Mise en perspective des résultats par des équivalences
de la vie courante .................................................................... — 14
3. Enseignements et perspectives ................................................... — 14
4. Annexes............................................................................................. — 15
Pour en savoir plus.................................................................................. Doc. G 2 043

liapur est le principal organisme collectif en charge de la valorisation des


A pneus usagés en France, celui-ci représentant près de 75 % du gisement
annuel, soit environ 300 000 tonnes.
Comme pour toute filière née de la mise en œuvre du principe de responsa-
bilité élargie du producteur (REP), le premier objectif d’Aliapur consiste à assu-
rer, pour le compte de ses clients, la collecte des pneus usagés, leur tri et leur
valorisation dans le respect de l’environnement, ceci afin de neutraliser le
risque environnemental que peuvent constituer les pneus usagés en France.
Mais les ambitions de l’éco-organisme vont au-delà d’un strict respect des
obligations réglementaires. Depuis sa création, la volonté d’Aliapur est de favo-
riser l’émergence d’une économie industrielle structurée et créatrice de valeur
environnementale, économique et sociétale autour des multiples potentialités
offertes par les pneus usagés non réutilisables (PUNR) : pouvoir calorifique,
contenu en carbone et en acier, part de caoutchouc d’origine biomasse, etc.
Les premières années d’existence d’Aliapur ont été consacrées à la profes-
sionnalisation de la filière par la diffusion et la consolidation des meilleures
pratiques et des savoir-faire, à la création de méthodes reconnues (échantillon-
nage et caractérisation) et à la définition de valeurs de référence permettant
ainsi de proposer des produits sécurisés et adaptés aux besoins des utilisateurs.
p。イオエゥッョ@Z@。カイゥャ@RPQR

Toute reproduction sans autorisation du Centre français d’exploitation du droit de copie


est strictement interdite. – © Editions T.I. G 2 043 – 1

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BILAN ENVIRONNEMENTAL DES SOLUTIONS DE VALORISATION DES PNEUS USAGÉS NON RÉUTILISABLES (PUNR) –––––––––––––––––––––––––––––––––––

L’éco-organisme s’est également attaché à rechercher de nouvelles voies de


valorisation dans l’objectif d’assurer l’existence permanente de débouchés suf-
fisants et permettant une souplesse de gestion.
Sur le plan de la santé humaine et de l’environnement, d’importants program-
mes de recherche ont été consacrés à l’évaluation des risques environnemen-
taux et des risques sanitaires ainsi qu’à des évaluations environnementales
s’appuyant sur la méthodologie des analyses du cycle de vie (ACV).


1. Finalité de l’étude doit s’appliquer par ordre de priorité dans la législation et la
politique en matière de prévention et de gestion des déchets :
– prévention ;
– préparation en vue du réemploi ;
Après six années d’existence et de développement de voies de
– recyclage ;
valorisation optimisées et diversifiées, Aliapur a procédé à une éva-
– autre valorisation, notamment valorisation énergétique ;
luation environnementale de différentes voies de valorisation avec
– élimination.
l’assistance d’un cabinet spécialisé.
Cette évaluation, fondée sur une démarche d’analyse du cycle de Le second paragraphe de ce texte précise que cette hiérarchie
vie (ACV) conforme aux prescriptions méthodologiques des nor- pourra être remise en question à la lumière d’une étude fondée
mes internationales ISO 14040:2006 et ISO 14044:2006, visait à sur l’approche cycle de vie concernant les effets globaux de la
répondre à trois objectifs principaux : production et de la gestion de ces déchets :
– évaluer de manière comparative l’intérêt environnemental glo- Article 4, paragraphe 2 : « Lorsqu’ils appliquent la hiérarchie
bal des différentes voies de valorisation étudiées ; des déchets visée au paragraphe 1, les États membres prennent
– identifier les principaux avantages et/ou impacts environne- des mesures pour encourager les solutions produisant le meil-
mentaux associés à chacune des voies de valorisation en vue de leur résultat global sur le plan de l’environnement. Cela peut
mieux positionner leur image et pouvoir communiquer des élé- exiger que certains flux de déchets spécifiques s’écartent de la
ments objectifs d’appréciation à un large public ; hiérarchie, lorsque cela se justifie par une réflexion fondée sur
– identifier les points d’amélioration de l’ensemble de la gestion l’approche de cycle de vie concernant les effets globaux de la
des pneumatiques usagés afin d’optimiser ses performances production et de la gestion de ces déchets. »
environnementales.

Neuf voies de valorisation des pneus usagés non recyclés ont été
Le premier objectif de cette étude fait notamment écho à une étudiées (voir tableau 1) : quatre voies destructives (cimenterie,
possibilité de révision ponctuelle de la hiérarchie des déchets fonderie, aciérie, chaufferie urbaine) et cinq non destructives (bas-
qui a été introduite dans le cadre de la directive 2008/98/CE. sin de rétention, bassin infiltrant, objets moulés, sols synthétiques
L’article 4 de cette directive rappelle en effet la hiérarchie qui et sols équestres).

Tableau 1 – Voies de valorisation étudiées : produits substitués, type de valorisation et taille


des débouchés

Voies de valorisation Pourcentage du gisement de PUNR français Type de valorisation

PUNR entiers en bassins de rétention 1 % à 5 %


Valorisation BTP
Broyats de PUNR en bassins infiltrants 1 % à 5 %

Broyats de PUNR en aciérie 1 % à 5 %

Broyats de PUNR en fonderie <1%

Granulats de PUNR en objets moulés 5 % à 20 % Valorisation matière

Granulats de PUNR en sols synthétiques 5 % à 20 %

Granulats de PUNR en sols équestres <1%

Broyats de PUNR en cimenterie > 20 %


Valorisation énergétique
Broyats de PUNR en chaufferie urbaine 1 % à 5 %

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G 2 043 – 2 est strictement interdite. – © Editions T.I.

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––––––––––––––––––––––––––––––––––– BILAN ENVIRONNEMENTAL DES SOLUTIONS DE VALORISATION DES PNEUS USAGÉS NON RÉUTILISABLES (PUNR)

Cette évaluation a fait l’objet d’une revue critique par un comité 2.1 Définition du champ de l’étude
international d’experts et de parties prenantes qui s’est prononcé
sur les choix méthodologiques ainsi que sur la validité des données Pour toutes les voies de valorisation, le cycle de vie de la valorisa-
utilisées et sur les résultats de l’étude. tion des PUNR a été étudié en prenant en compte les étapes suivantes :
– collecte depuis les points de collecte (environ 40 000 points en
France qui génèrent environ 140 000 trajets de collecte par an) jus-
qu’aux sites de tri (environ 90) ;
2. Analyse du cycle de vie – tri des pneus usagés entre les pneus usagés réutilisables (PUR)
et pneus usagés non réutilisables (PUNR) ;
appliquée aux solutions – transfert vers les sites de transformation où les PUNR sont
transformés en broyats (si nécessaire) ;
de valorisation des PUNR – broyage (si nécessaire) ;
– granulation (si nécessaire) ;


– transfert vers la valorisation ;
– valorisation.
Toutes les voies de valorisation ne font pas intervenir l’ensemble
L’analyse du cycle de vie (ACV) est une méthode qui consiste de ces étapes. Par exemple :
à évaluer l’ensemble des impacts environnementaux potentiels
d’un système (un produit, un procédé ou un service) qui assure – la voie BTP de valorisation des PUNR en bassin de rétention
une ou plusieurs fonctions, le long de son cycle de vie. nécessite des pneus entiers : les étapes de transfert vers les sites
de transformation, de broyage et de granulation n’ont donc pas
La méthode est généralement appliquée de manière itérative lieu d’être prises en compte ;
en quatre phases principales : – la voie de valorisation en chaufferie urbaine utilise des broyats :
– objectifs ; l’étape de granulation n’est donc pas considérée dans ce cas.
– inventaire ;
La figure 1 présente les étapes mises en œuvre pour les différen-
– analyse des impacts ;
tes voies de valorisation des PUNR étudiées.
– interprétation.
2.1.1 Unité fonctionnelle
Le lecteur pourra se reporter à l’article Analyse du cycle de Dans le cadre de cette étude, l’unité fonctionnelle retenue est :
vie [G 5 500] des Techniques de l’Ingénieur pour une présentation « Valoriser une tonne de pneus usagés non réutilisables au point
générale de la méthode, des principaux points forts et points faibles. de collecte ».

A Stockage des
pneus usagés Valorisation 1 - Bassin de rétention
BTP 2 - Bassin infiltrant
3 - Cimenterie
Valorisation
énergétique 4 - Chaufferie urbaine
B 5 - Aciérie
Collecte / tri Pneus usagés Valorisation
réutilisables matière
6 - Fonderie
7 - Objets moulés
8 - Sols synthétiques
Produits substitués 9 - Sols équestres
C Stockage sur site 1
Pneus entiers Bassin
de transformation de rétention

Bloc béton /
bloc plastique

D
Broyage Broyats
3 2 4 5 6
Cimenterie Bassin infiltrant Chauffage urbain Aciérie Fonderie

Bois, charbon, Gravats, divers... Bois, charbon,


gaz, fuel gaz, fuel Anthracite Coke de fonderie

E
Granulation Granulats
5 7 8 Sols
9
Fils métalliques Aciérie Objets moulés Sols équestres
synthétiques

Fibres textiles CET 2 Ferrailles Élastomères Élastomères Sables


EPDM

Figure 1 – Schéma des différentes voies de valorisation des PUNR étudiés

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est strictement interdite. – © Editions T.I. G 2 043 – 3

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BILAN ENVIRONNEMENTAL DES SOLUTIONS DE VALORISATION DES PNEUS USAGÉS NON RÉUTILISABLES (PUNR) –––––––––––––––––––––––––––––––––––

Cette unité fonctionnelle est considérée pour des PUNR collectés


en France et pour des technologies en fonctionnement pour la Encadré 1 – Délimitation amont : la question de l’affecta-
période considérée, soit l’année 2008. tion de l’énergie matière des pneus usagés

2.1.2 Délimitation des frontières du système Les pneus usagés contiennent de l’énergie matière, susceptible
d’être mobilisée sous forme thermique, exprimée au travers de
Pour chacune des voies de valorisation, l’ensemble des étapes leurs PCI (pouvoir calorifique inférieur). Cette énergie matière
permettant de passer des PUNR depuis les points de collecte jus- ayant été initialement prélevée dans l’environnement, il
qu’à leur valorisation ou à la valorisation des sous-produits à base convient donc de déterminer à qui affecter cette
de PUNR (broyats, granulats, poudrettes ou fils métalliques) ont été consommation.
prises en compte. Les pneus usagés en fin d’utilisation ayant un statut de déchet
De manière générale, le seuil d’inclusion a été considéré de au sens de la réglementation actuelle, il a été considéré, dans
manière massique et fixé à 5 %, ce qui signifie que la somme des cette étude, que la consommation d’énergie matière du pneu
entrants dont les étapes amont ne sont pas prises en compte repré- devait être comptabilisée à la charge de celui qui a conduit le


sente moins de 5 % de la masse totale des entrants dans le sys- pneu à passer du statut de produit à celui de déchet.
tème étudié. Dans la pratique, très peu d’entrants ont été négligés Le pneu usagé est donc doté d’un potentiel réel, son PCI,
et le seuil d’inclusion de 5 % est largement respecté (les consom- considéré comme gratuit du point de vue de la comptabilité
mables qui n’ont pas été comptabilisés représentent, selon les environnementale pour les étapes qui succèdent à cet acte
voies de valorisation, entre 0,0001 % et 0,03 % en masse de d’abandon.
l’ensemble des consommables) ; il a par ailleurs été vérifié de Le choix de cette méthode d’affectation a nécessairement une
manière qualitative qu’aucun de ces entrants négligés n’étaient influence sur les résultats de l’indicateur « consommation
réputés présenter un impact spécifique particulièrement important d’énergie primaire totale ». Par conséquent, une analyse de sen-
(par exemple une substance qui aurait été classée CMR1 ou CMR2). sibilité a été réalisée en considérant une affectation de 50 % de
la consommation d’énergie matière du pneu à celui qui aban-
Nota : une substance CMR est une substance cancérogène, mutagène, reprotoxique.
donne le pneu (le cycle de vie amont correspondant au pneu
Pour chacune des étapes prises en compte pour l’évaluation des produit) et de 50 % à la voie de valorisation PUNR (le cycle de
voies de valorisation, les impacts associés à la construction et la vie correspondant au service de valorisation des PUNR étudiés).
déconstruction des bâtiments et des équipements n’ont pas été
retenus. En effet, compte tenu des facteurs d’amortissement de
ces éléments sur leur durée de vie et sur les volumes de matériaux Encadré 2 – Délimitation aval : la question du devenir
qu’ils permettent de gérer, l’expérience montre que les impacts qui
des produits en fin de vie pour les voies de valorisation
leurs sont associés sont souvent d’ordre négligeable par rapport
aux impacts de fonctionnement des opérations elles-mêmes.
non destructives
Les étapes qui appartiennent au cycle de vie amont des PUNR, Il est à noter que la problématique de délimitation de la fron-
c’est-à-dire au cycle de vie du pneu considéré comme un produit, tière aval dans un cas de valorisation non destructive constitue
n’ont pas été prises en compte dans le cadre de ces travaux. une question délicate dans la mise en œuvre des ACV. De mul-
tiples solutions ont d’ores et déjà pu être proposées pour
répondre à cette question mais aucune ne fait aujourd’hui
Ce choix méthodologique revient à considérer le PUNR, du l’objet d’un véritable consensus scientifique. Dans la pratique,
fait de son statut initial de déchet, comme une ressource maté- on applique généralement, et comme cela a été le cas dans
rielle « gratuite » du point de vue de l’environnement ; ce choix cette étude, la méthode de Huppes qui consiste à poser la
correspond à la pratique dominante dans la mise en œuvre de limite du cycle étudié à l’étape où le matériau recouvre une
l’ACV dans le secteur de la gestion des déchets et, d’un point de valeur positive.
vue plus formel, il correspond à la méthode d’allocation propo- Des discussions de fond avec le comité de revue critique ont
sée par Huppes [G 5 550]. néanmoins portées sur les frontières des systèmes étudiés, et
plus particulièrement sur la fin de vie des valorisations non
Une analyse de sensibilité a toutefois été conduite sur l’énergie destructives de PUNR.
matière contenue dans le pneumatique. Dans ce cas précis, il a Bien que l’unité fonctionnelle porte sur la valorisation d’une
alors été considéré que 50 % de l’énergie contenue dans le PUNR tonne de PUNR et non pas sur l’élimination d’une tonne de
était affectée comme consommation d’énergie à la valorisation des PUNR, certains membres du comité de revue critique considè-
PUNR (voir encadré 1). rent que la fin de vie des valorisations non destructives aurait
Dans le cas des voies de valorisation non destructives, les étapes dû être prise en compte. Ils estiment ainsi qu’en l’absence de
de cycle de vie aval à l’intégration des PUNR ou des sous-produits cette prise en compte les voies de valorisation destructives ne
de PUNR dans la production d’un nouveau produit (par exemple la peuvent pas être comparées aux voies non destructives qui
fabrication d’un gazon synthétique) n’ont pas été prises en compte. devraient faire l’objet de comparaisons séparées (le service
Les étapes de maintenance, déconstruction et valorisation de ce « déchet » (cf. § 2.1.3) rendu par ces deux catégories de voies
nouveau produit n’ont pas été affectées à la valorisation des PUNR. serait différent).
Comme dans la délimitation des frontières amont, ce choix concer- Le lecteur pourra se reporter au § 4 de cet article et au § 3 sur le
nant la frontière aval correspond à la pratique dominante dans la traitement des cofonctions successives de l’article Analyse du
mise en œuvre de l’ACV dans le secteur de la gestion des déchets cycle de vie – Problèmes d’affectation pour plus de détails sur
et, d’un point de vue plus formel, il correspond à la méthode d’allo- cette question [G 5 550].
cation proposée par Huppes [G 5 550] (voir encadré 2).
À titre d’illustration, dans le cas d’une valorisation en cimenterie,
2.1.3 Prise en compte des impacts évités la substitution des pneus aux combustibles traditionnels permet :
par la valorisation – d’éviter les étapes d’extraction et de préparation de combusti-
La valorisation des PUNR ou des sous-produits à base de PUNR bles traditionnels, l’approvisionnement de ces combustibles tradi-
conduit à délivrer un double service : d’une part assurer la gestion tionnels et leur broyage ;
des PUNR considérés comme des produits en fin de vie (c’est le ser- – de substituer les émissions CO2 fossiles dues à la combustion
vice orienté « déchet »), d’autre part permettre la production d’éner- des combustibles traditionnels par des émissions CO2 fossile et
gie ou la production d’un nouveau produit du fait des propriétés des CO2 biomasse dues à la combustion des pneus usagés ;
matériaux à base de PUNR (c’est le service orienté « produit »). – de valoriser l’acier contenu dans les PUNR.

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