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rémunérées (54 %). Mais toutes les formations, du


PPE (droite, dont LR) au S&D (sociaux-démocrates,
De plus en plus d’eurodéputés gonflent
dont le PS), sont concernées, même si les Verts (23
leurs salaires %) et la gauche critique de la GUE (18 %) y recourent
PAR LUDOVIC LAMANT
ARTICLE PUBLIÉ LE MARDI 10 JUILLET 2018 dans une proportion moindre.
Certaines gloires du parlement européen se trouvent
épinglées, dont Nigel Farage, la figure britannique du
parti antimigrants UKIP, qui anime une émission de
radio depuis l’an dernier (au moins 590 000 euros
sur la période) ou, à l’autre bout du spectre politique,
l’ancien premier ministre belge Guy Verhofstadt,
défenseur acharné du projet européen et allié
Session plénière à Strasbourg le 4 juillet 2018. © Vincent Kessler / Reuters. d’Emmanuel Macron (au moins 920 000 euros, grâce,
Près d'un tiers des eurodéputés touchent des entre autres, à plusieurs postes d’administrateurs,
rémunérations pour des activités extérieures à leur notamment au sein de la holding belge Sofina).
mandat, d'après un rapport publié mardi 10 juillet par
L’ex-commissaire européenne Viviane Reding, elle,
Transparency International. La tendance est en forte
a touché au moins 113 000 euros sur la période,
hausse depuis les élections européennes de 2014, et les
siégeant dans les conseils d’administration du groupe
soupçons de conflit d'intérêts se renforcent. Nombre
d’imagerie Agfa-Gevaert comme du groupe minier
d'élus français, de Rachida Dati à Renaud Muselier,
belge Nyrstar. En tout, un tiers des 751 eurodéputés
sont aux avant-postes.
recourent à des activités rémunérées complémentaires,
À moins d’un an des élections européennes, l’alerte pour une enveloppe totale comprise entre 18 et 41
est sérieuse. D’après un rapport publié mardi 10 millions d’euros (lire l’onglet Prolonger de l’article
juillet par l’ONG Transparency International, les pour comprendre pourquoi la fourchette est si large).
eurodéputés français détiennent un triste record au
En octobre 2014, ils n'étaient « que » 110 à dire
parlement de Strasbourg : ce sont eux qui gagnent le
gagner de l'argent pour d'autres activités que celle de
plus d’argent, via des emplois complémentaires à leur
député. Aujourd'hui, ils sont au moins 30 élus, dont
mandat d’élu.
neuf Français, à avoir touché plus de 100 000 euros
Au cours des quatre premières années de leur mandat, au cours des quatre dernières années, pour des emplois
de juillet 2014 à juillet 2018, la moitié des 74 députés complémentaires.
de la délégation française a accumulé au moins 4,5
millions d’euros de revenus additionnels, grâce à cette
pratique du cumul (« moonlighting », en anglais).
Rachida Dati (LR), Renaud Muselier (LR), Philippe
Juvin (LR), Jean-Luc Schaffhauser (RN) ou encore
Bernard Monot (RN) figurent en bonne place dans
le rapport, même si les situations diffèrent fortement
d’un élu à l’autre. Session plénière à Strasbourg le 4 juillet 2018. © Vincent Kessler / Reuters.

Si l’on passe au crible les huit groupes politiques qui À première vue, cette pratique du cumul peut paraître
structurent les débats au parlement européen, c’est étrange, puisque le métier d’eurodéputé est l’un des
l’Europe des Nations et des Libertés (ENL), le groupe postes d’élus les mieux rémunérés d’Europe, avec
de Marine Le Pen, qui arrive en tête : ils sont 19 un traitement mensuel brut à 8 484 euros. À cela
élus sur 35 à déclarer des activités complémentaires s’ajoute une indemnité de 4 416 euros mensuels brut,

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censée couvrir les dépenses de fonctionnement (« N’importe quelle activité rémunérée extérieure au
les frais généraux ») – mais qui permet aussi aux parlement ne place pas l’élu dans une position de
élus d’augmenter leur rémunération. Il faut encore conflit d’intérêts : il s’agit parfois de traitements pour
mentionner les indemnités de présence en séance, des cours donnés à l’université, de droits d’auteur
pour certaines réunions, notamment en plénière à pour un livre à succès, d’indemnités liées à l’exercice
Strasbourg, et les indemnités de transport. La plupart d’un mandat local, ou encore de revenus tirés
des 751 eurodéputés touchent donc, après impôts, d’une profession libérale, par exemple des médecins
entre 12 000 euros et 14 000 euros chaque mois. qui continuent de pratiquer. Mais Transparency
D’après les calculs de Transparency International à International se demande s’il est possible de réaliser
partir de ses déclarations en ligne, Philippe Juvin (LR) pleinement son mandat, lorsque l’on multiplie ce type
a gagné au moins 170 000 euros en tant que médecin d’activités.
hospitalier depuis l’été 2014. Joint par Mediapart, il Surtout, l’ONG s’inquiète d’une tendance manifeste :
assume : « Mes revenus sont connus, ils suivent la l’accroissement de ces activités parallèles en cours de
grille de la fonction publique. J’ai toujours revendiqué mandat, lorsque l’eurodéputé s’est trouvé démarché,
de mener une activité professionnelle, en parallèle à parfois par des groupes privés, lorsqu’il est déjà
ma fonction d’élu. J’arrive à m’organiser, je travaille élu et spécialisé dans telle ou telle commission
beaucoup. Pour moi, l’anormalité, c’est plutôt de parlementaire. Dans ce genre de situation, « le
n’être qu’un élu. » L’argument est souvent avancé par risque de conflit d’intérêts s’intensifie », juge l’ONG,
les députés qui « cumulent » : ils veulent garder le d’autant qu’« il n’existe presque aucun système de
contact avec le monde professionnel, et la société en vérification de l’origine des revenus extérieurs ».
général. Ils veulent aussi pouvoir retrouver leur ancien Le rapport cite en particulier le cas du Français Jean-
métier, une fois leur mandat terminé. Luc Schaffhauser, qui fut l’un des artisans du « prêt
Chez les députés français, le cas le plus connu russe » du FN dévoilé par Mediapart. Ses revenus
reste celui de Rachida Dati qui, dans sa déclaration complémentaires ont augmenté de 240 000 euros au
révisée du 5 avril 2018, fait état de 16 000 euros cours du mandat, d’après le document. « Les revenus
brut mensuels d’honoraires en tant qu’avocate. Soit de M. Schaffhauser, qui s’établissent à 270 012 euros
768 000 euros en quatre ans, sans lien apparent [sur les quatre ans étudiés], proviennent d’un cabinet
avec son activité d’eurodéputée. En 2013, l’ancienne conseil, MWD Dubai, pour lequel aucune information
garde des Sceaux avait été bousculée par une n’est disponible en ligne, concernant ses clients ou
polémique lancée par l'hebdomadaire Le Point, qui ses champs d’activité », lit-on dans le rapport. Joint
l'accusait de faire du lobbying déguisé à Bruxelles par Mediapart, Jean-Luc Schaffhauser parle, lui, de «
pour GDF-Suez, en tant que « consultante » revenus libéraux de 180 000 euros, dont il faut déduire
rémunérée. L'hebdomadaire écrivait également qu'elle les charges sociales [qu’il devra payer en 2019], soit
avait touché 512 416 euros d'honoraires d'avocat sur la approximativement 30 % » du total.
seule année 2012. Elle avait alors démenti en bloc. L’eurodéputé fait état d’« études sur les ports en
Médecin coordinateur et directeur d'une clinique de Afrique », et plus particulièrement un « fonds sécurité
Marseille, l'eurodéputé Renaud Muselier, lui, a gagné » pour plusieurs ports d’Afrique, en lien avec la
au moins 816 000 euros de 2014 à 2018, en plus de ses société Losberger et ICTS, « leader mondial de
revenus d'élu. Ce qui en fait le quatrième eurodéputé le la gestion des ports ». En tant qu'élu, Jean-Luc
mieux payé, juste derrière le Belge Guy Verhofstadt, Schaffhauser siège à la commission des affaires
d'après le classement de Transparency. Sollicité à étrangères du parlement et il est aussi membre de
plusieurs reprises par Mediapart, son entourage n'a pas la sous-commission « sécurité et défense », ce qui
souhaité fournir davantage de précisions. avait relancé les spéculations sur un conflit d’intérêts

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majeur. Jean-Luc Schaffhauser explique « avoir donné d'un comité d'éthique indépendant, qui surveillerait
tous les éléments à Transparency International, qui les trois principales institutions de l'UE à Bruxelles
sera soit attaqué devant la chambre correctionnelle, (commission, parlement, conseil) et qui aurait une
soit dira la vérité ». capacité de sanction réelle, en cas de conflit d'intérêts
Il existe bien un code de conduite qui, depuis 2012, manifeste, ou de « portes tournantes » avérées (ces
tente de faire la lumière sur ces activités parallèles des allers-retours trop rapides entre le public et le privé,
députés. Mais le président de l’institution – à l’heure qui facilitent les phénomènes de capture de la décision
actuelle, le conservateur italien Antonio Tajani – est publique par des intérêts privés).
le seul à devoir faire respecter ce code de conduite. Prolonger
Transparency a recensé pas moins de 24 entorses au Sur leur déclaration d’intérêts financiers, les élus
code de conduite au cours des cinq dernières années, doivent cocher des cases, pour dire ce qu’ils gagnent
mais aucune n’a fait l’objet d’une sanction. (en brut mensuel). Ils ont le choix entre quatre
L'ONG réclame donc des déclarations d'intérêts catégories : de 500 à 1 000 euros, de 1 001 à 5 000
beaucoup plus détaillées, de la part des députés, euros, de 5 001 à 10 000 et enfin « plus de 10 000 ».
mais aussi davantage de moyens, de la part du C’est ce qui explique pourquoi la fourchette totale des
parlement européen, pour vérifier l'exactitude des revenus annuels hors parlement européen – entre 18 et
déclarations. Elle plaide aussi pour la mise en place 41 millions d’euros sur quatre ans – est aussi large.

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