sommaire

Modélisation mathématique des champs de pluie.

Quelques types d'approches et leurs applications p. 4
W.F. Krajewski et J.D. Creutin

Etude du phénomène de sécheresse en tant que catastrophe naturelle;

une évaluation en matière de protection civile de vulnérabilité municipale p. 16
J. Lacroix et D.J. Bovin

Application de la modélisation à l'étude des problèmes climatiques

de la zone du Sahara et du Sahel p. 28
J.F. Royer

Météorologie et OVNI p 34
Ch. Perrin de Brichambaut

Résumé climatologique de janvier 1992 p. 36

Résumé climatologique de février 1992 p. 43

Notes de lectures p. 50

Index des auteurs p. 52

Table analytique des articles parus du n° 1 au n° 40 ..............................................................p. 54

S.M.F.
2, avenue Rapp
75340 PARIS Cedex 07
Météo et OVNI
Ch. Perrin de Brichambaut
Les OVNI
OVNI signifie, selon l'abréviation même : Objet Volant
Non Identifié», traduction exacte du terme américain
UFO : «Unidentified Flying Object».
Il s'agit donc d'objets impressionnant les sens - celui de
la vue, en général car ils sont le plus souvent silencieux,
observés l'air et rarement sol, et laissant donc
- en au ne
pratiquement que des traces toujours difficiles à analy-
ser scientifiquement, dans la mémoire des témoins mais
aussi, parfois, dans leur santé ou leur comportement
psychologique.
Depuis la fin de la dernière guerre mondiale, de nom-
breux OVNI ont été aperçus, aussi bien par des scienti-
fiques, astronomes ou physiciens, que par des hommes,
femmes ou enfants sans formation particulière; et di-
verses descriptions, collectées dans des pays de cultures
très différentes, ont permis de dresser un «herbier» des
OVNI selon leurs apparences et leurs comportements. Si
l'on écarte les cas rares et très particuliers de formes
animées comme les «petits hommes verts», les deux
catégories de base des OVNI concernent des observations
d'objets volants, parfois en forme de soucoupes, le jour,
et de sphères lumineuses, de couleurs variables, la nuit.
Les témoignages recueillis ne représentent qu'une faible
part des observations, car les témoins évitent générale-
ment d'effectuer des dépositions officielles auprès de la
gendarmerie, soit par peur du ridicule, soit par suite du
choc émotionnel causé par cette «vision». Cependant,
sur les milliers d'enquêtes effectuées dans tous les pays
à la suite de témoignages détaillés, près de 80% con-
cluent à des phénomènes explicables physiquement,
mais, sur les 20% restants, environ la moitié laissent
envisager une cause naturelle mais incertaine, et l'autre
moitié reste totalement inexplicable dans le cadre de nos
connaissances scientifiques actuelles.
Et la météo ?
Quel rôle peut jouer la météo dans cette histoire?
Celui qu'elle joue couramment dans toutes les enquêtes
judiciaires ou autres, à savoir le témoignage reçu peut-
: quises, de souvenirs ou d'une certaine culture scientifi-
il être corroboré ou infirmé par les conditions météoro-
logiques locales, au moment et au lieu de l'observation?
Les conditions météorologiques déterminent en effet
souvent la possibilité ou non de telles observations, leur
objectivité, la validité de leur interprétation par le té-
moin. Prenons quelques exemples
:
1 Dans bien des cas, des lumières nocturnes bizarres,
- criptions données restaient cependant parfaitement
animées de comportements étranges, sont qualifiées
d'OVNI par des témoins ne sachant pas en déceler
l'origine ou la cause.
Très souvent, il s'agit de phénomènes d'optique atmo-
sphérique, éventuellement liés à des inversions de tem-
pérature marquées, et correspondant à une vision
anormalement claire de la lune ou de certaines planètes
proches (Vénus, en particuler) à leur lever ou à leur
coucher. La visibilité, dans le cas de ciel clair, et la
couverture nuageuse, dans la plupart des cas, indiquent
la possibilité et les conditions éventuelles d'une telle
observation.
Il en est de même pour l'observation des queues de
météorites et des traînées lumineuses associées à la
rentrée dans l'atmosphère à très haute altitude (100 km),
de fragments de satellites.
2 - Par ailleurs, dans le cas de nuages bas couvrant le ciel,
par exemple sous forme de quelques fracto-stratus dé-
filant rapidement sous un plafond plus ou moins continu
de stratus ou de stratocumulus, les brèves apparitions et
disparitions de la lune, ou les taches lumineuses proje-
tées sur ces nuages par des phares d'automobiles, des
lasers ou des feux d'artifice lointains, toutes ces lumières
étranges et erratiques peuvent donner lieu à une inter-
prétation en terme d'OVNI.
Ainsi, la hauteur de la couverture nuageuse la plus basse
ou, de manière plus générale, le nombre et le type de
couches de nuages stratifiés sous forme de voile plus ou
moins translucide (stratocumulus, altostratus,
cirrostratus) ou de structure discontinue (strato-, alto- et
cirrocumulus), peuvent donner des indications déter-
minantes sur la valeur des estimations de distance, de
hauteur et de vitesse de déplacement de ces OVNI, telles
que données par les témoins.
Car le plus difficile, pour l'observateur même bien en-
traîné, consiste à apprécier correctement des distances,
surtout de nuit et sans repères connus, pour des lumières
ou des objets de dimensions indéterminées a priori.
Les témoignages
Distances et hauteurs, dimensions et vitesses ne sont pas
indépendantes, et une erreur sur l'un de ces paramètres,
apprécié subjectivement en fonction d'expériences ac-
que, peut exagérer encore les erreurs sur les autres
paramètres caractéristiques : il est arrivé que la traînée
lumineuse liée à la rentrée atmosphérique de plusieurs
débris de satellite soit vue par les uns comme le passage
d'un avion à quelques milliers de mètres de hauteur, ou
interprétée par les autres comme le lent déplacement, à
très faible altitude, d'un énorme OVNI balisé. Les des-
concordantes et même très précises quant aux luminosi-
tés observées, aux trajectoires, aux durées d'observa-
tion.
Dans la plupart des
cas, cette confusion reste parfaite-
ment justifiée au plan psychologique,car l'interprétation
directe et inconsciente des images visuelles relève
indiscutablement de l'expérience, des habitudes et du
milieu culturel du témoin. Mais ce n'est pas là une
hallucination c'est seulement
: une erreur d'interpréta-
tion que la connaissance précise des conditions météo-
rologiques permet éventuellement de rectifier.
Quelques autres sources
de confusions
De jour, surtout au coucher du soleil, les nuages
lenticulaires,
aux formes douces et aux couleurs lente-
ment changeantes, figurant parfois des empilements
d assiettes des
ou soucoupes renversées, peuvent être à
1 origine
d'observations inattendues, provoquant un
certain choc psychique et engendrant des témoignages
relatifs aux OVNI.
- N'oublions pas non plus les phénomènes optiques
lumineux, mal connus et assez rares, parfois
curieusement irisés, liés à ces images parasites du soleil
: anthélies et parhélies sont souvent à l'origine d'obser-
vations étranges, parfaitement explicables par l'optique
atmosphérique, surtout si de très fins voiles cirriformes
ou des aérosols particuliers couvrent le ciel.
Ainsi, dans tous les cas de visions d'OVNI, rapprochées
Ou lointaines, la visibilité et la couverture nuageuse
peuvent donner crédit aux témoignages recueillis ou,
au contraire, les infirmer.
- Rappelons également, pour mémoire, la foudre en
boule, rarement observée et seulement par temps
d'orage, dont les manifestations restent encore très mal
connues, physiquementinexpliquées et souvent impres-
sionnantes.
- La connaissance du vent, en altitude et dans les basses
couches, permet aussi de savoir si l'objet volant observé
se déplaçait avec ou contre les courants aériens, et donc
s il était doté d'un moyen de propulsion, dans tous les
cas où des trajectoires et des vitesses de déplacement ont
Pu être observées et décrites.
- De jour, surtout au crépuscule ou à l'aurore, des
ballons de sondages météorologiques, de même que les
ballons stratosphériques du CNES voguant à haute
altitude, peuvent relféter les rayons du soleil et engen-
drer des points lumineux de forte intensité, d'autant
plus visibles que le ciel est plus sombre. Emportés par le
vent, ces ballons peuvent décrire des trajectoires d'al-
lure anormale, particulièrementdans le cas où ils volent
ou plafonnent à faible altitude, ou lorsqu'ils sont tempo-
rairement occultés par de petits nuages (fractostratus,
fractocumulus) emportés par un vent fort en altitude.
Les mouvements et déplacements relevés sont en effet
toujours relatifs à une référence supposée fixe : repère
au sol, arbres, collines... Dans le cas de nuages rapide-
ment mobiles et d'observations effectuées vers le ciel, de
tels repères fixes manquent, surtout la nuit, et c'est une
illusion d'optique classique que d'intervertir les mou-
vements et de «voir» telle lumière lointaine, planète par
exemple, se déplacer dans le ciel, mais seulement par
rapport aux nuages...
Conclusion et proposition
En conclusion : de jour comme de nuit, la connaissance
des paramètres météorologiques permet souvent de
lever le doute sur les observations relatées en termes
d'«objets volants non identifiés». Cette appellation
d'OVNI est d'ailleurs totalement justifiée dans le sens
où ces objets ne sont pas reconnus par les témoins, alors
qu'ils restent souvent - mais pas toujours - explicables
par des phénomènes naturels connus mais peu fréquents,
éventuellement liés aux caractéristiques météorologi-
ques, aux propriétés physiques et optiques de l'atmo-
sphère dans sa complexité : nuages, aérosols, couches
d'inversion, foudre en boule...
Et c'est dans ce sens que les météorologistes peuvent
intervenir utilement pour recueillir des observations
d'OVNI et tenter de les analyser ou de les trier, pour
rassurer éventuellement les témoins ou les adresser à un
organisme compétent capable d'écouter et d'analyser
leur témoignage, mais aussi, au plan professionnel qui
est d'abord le leur, pour améliorer nos connaissances
des phénomènes optiques et physiques de l'atmos-
phère, de la météorologie en général : la SMF recevra
avec intérêt toute observation, toute analyse ou étude
relative à ces fameux OVNI, souvent expliqués a poste-
riori mais dont une proportion non négligeable néces-
site encore de nouvelles connaissances scientifiques - à
propos de la foudre en boule, par exemple - avant de
pouvoir en déterminer, sinon en comprendre, la nature
et l'origine exacte.