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250 IDÉES NEUVES

POUR REDRESSER
L A FRANCE

L A RÉ P UB LI QUE PARTO U T, L A R ÉPU B L IQ UE POU R TOU S


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L E C O MB AT
D ’U N E G É N É R AT I O N
« LE DÉSORDRE EST LE MEILLEUR SERVITEUR
DE L’ORDRE ÉTABLI. »
JEAN-PAUL SARTRE

Lrésulte de décisions politiques qui se sont accumulées depuis plusieurs décennies et


a crise que traversent la France et l’Europe n’est pas une catastrophe naturelle. Elle

qui ont atteint gravement notre démocratie et la capacité d’action de l’État.


Le monde ancien, celui de l’équilibre international issu de 1945, celui qui procède de la
décolonisation, celui qui a vu le triomphe de la finance mondialisée, est en train de
s’effondrer sous nos yeux. Après trente années de progrès techniques et de croissance
économique, nous venons d’assister à trente années d’érosion continue de notre contrat
social.
Jusqu’où cela peut-il tenir ? Le Brexit et l’élection de Donald Trump apportent un début de
réponse : les peuples ne croient plus à la « mondialisation heureuse ».
La logique du « laisser-faire », vieille rengaine des libéraux, est séduisante pour ceux qui,
individuellement, sont du bon côté de la société. Pour les autres, les plus fragiles, c’est une
soumission quotidienne au droit du plus fort. C’est le chantage à l’emploi et la pression qui
s’exerce sur les conditions de travail, dans un pays rongé par le chômage. C’est la loi des
caïds et des communautarismes, dans une société où la solidarité d’un clan prend le pas
sur la solidarité nationale.
Le désordre favorise toujours ceux qui jouissent d’une situation de départ avantageuse.
Si elle entend être à la hauteur de l’Histoire, la gauche doit construire le retour de l’État
républicain, le seul à même de protéger la majorité de nos compatriotes qui souffrent, se
taisent et désespèrent.
Je porte le projet de la gauche souverainiste. Sans souveraineté populaire, le politique est
dépourvu de légitimité pour agir. Sans les outils de la souveraineté nationale, il est désarmé
face à la finance mondialisée.
La reconquête de notre souveraineté sera le meilleur antidote contre toutes les démagogies
identitaires. La gauche a commis la lourde erreur d’abandonner le capital révolutionnaire à
l’extrême droite : la Nation, le drapeau, La Marseillaise, la laïcité sont le patrimoine commun
des citoyens qui se sont levés hier contre l’ordre établi, l’oligarchie de sang et la noblesse
de robe.
Demain comme hier, la renaissance de la gauche viendra du réveil républicain.
2017 est une étape. 2017 n’est pas le combat d’une élection, c’est le combat d’une génération.

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REFONDER
NO T R E D É M O C R AT I E

E ntre les citoyens que nous sommes et une classe politique largement interchangeable,
une crise de confiance profonde et durable s’est creusée. Cette situation ne doit rien au
hasard.
Nous ne vivons plus dans une grande démocratie. La France n’est pas devenue pour autant
un régime autoritaire ou une dictature, mais le corps constitué des citoyens a cessé d’être
indispensable. La vie politique s’apparente à un spectacle qui fonctionne comme un petit
jeu où les éléments de langage ont remplacé la pensée, un petit jeu où la stratégie de
conquête du pouvoir obsède ceux qui entendent l’occuper mais qui renoncent à l’exercer.
Bien sûr, nos représentants restent désignés dans le cadre de scrutins libres, mais une fois
élus, ils ne nous représentent plus. Ils tournent le dos à leurs promesses, ils tournent le
dos à ceux dont ils ont reçu mandat et ils gouvernent en se soumettant aux influences et
aux injonctions de l’Union européenne, des lobbys, des multinationales et des marchés
financiers. Parfois même, ils se compromettent en défendant leurs intérêts particuliers ou
leurs intérêts de classe plutôt que l’intérêt général… et cela dure depuis trente ans !
Combien d’élus corrompus prétendent gouverner en notre nom ? Combien de bureaucrates
exercent, au nom de la technique, l’effectivité du pouvoir ? Combien de temps supporterons-
nous encore de laisser la conduite de l’intérêt général à ceux qui ont mené des politiques
aux contours si semblables depuis plus de trois décennies ?
Désormais, la capacité d’acceptation des citoyens est abîmée.
La refondation de notre démocratie est la première priorité. Pour renouer le fil de la confiance
entre les citoyens et leurs représentants, des ajustements institutionnels sont nécessaires
pour changer les comportements. S’ils sont bien identifiés et ciblés, ces ajustements
institutionnels doivent suffire. Car il ne faut pas être injuste avec la Vème République : elle a
démontré une capacité à résister aux temps difficiles et offre à notre Nation une certaine
stabilité politique. La France a un problème de maturité sur le plan institutionnel : elle doit
perdre cette mauvaise habitude qui consiste à changer de constitution deux fois par siècle.
La solution n’est pas de changer le numéro de la République, de passer d’une Vème
République essoufflée à une VIème République sans souffle. La solution consiste à réparer
la Vème République pour qu’elle assure une meilleure continuité dans l’exercice de la
souveraineté populaire, au-delà des seuls épisodes électoraux. La solution consiste à
faire vivre une démocratie où les élus gouvernent sur la base du mandat qui leur a été
confié, à renouveler notre classe politique et à former de nouvelles élites républicaines plus
soucieuses de l’intérêt de la Nation. Poursuivre la grande aventure républicaine implique,
dans chaque domaine, de privilégier le mérite à l’héritage, la cause publique aux intérêts
particuliers.

Ce sont donc des solutions simples et pragmatiques


que je propose, qui doivent être mises en œuvre des les
premières semaines du mandat.
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PLACER LE CITOYEN AU
CŒUR DES INSTITUTIONS

Instituer une journée référendaire annuelle pour faire du référendum l’outil


1 d’une République moderne assise sur la souveraineté populaire

Créer un droit d’initiative populaire sur la base d’un million de signatures, soit
2 environ 2,25 % du corps électoral

Étendre le pouvoir de convocation du référendum aux parlementaires sur la


3 base de 10 % des parlementaires

Fixer l’obligation d‘un référendum pour toute réforme de la Constitution


4 et tout traité relatif à la construction européenne ou aux grands traités
organisant le commerce international

Remplacer le financement public des partis politiques par l’affectation d’une


5 petite partie de l’impôt sur le revenu selon le choix de chaque citoyen

Sous la Vème République, la convocation du référendum par le président de la


République est toujours parasitée par son usage plébiscitaire. En retour, les citoyens
se sont souvent saisis de ces référendums en s’exprimant davantage sur celui qui leur
pose la question que sur la question elle-même…

Il convient aujourd’hui de dédramatiser l’usage du référendum. Je propose de


dépersonnaliser le référendum et de l’annualiser, afin d’en faire l’outil d’une République
moderne qui n’hésite pas à s’en remettre à la décision des citoyens. Le président de
la République, mais aussi les parlementaires de la majorité et de l’opposition et les
citoyens eux-mêmes, pourront y inscrire des questions qui seront tranchées par la
volonté populaire. L’ensemble de ce paquet référendaire permettra aux Français de
donner leur avis beaucoup plus souvent pour qu’il soit pris en compte chaque année
et non plus seulement le temps des campagnes électorales.
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Le référendum obligatoire pour toute réforme de la Constitution, tout traité relatif à la
construction européenne ou aux grands traités organisant le commerce international,
vise à protéger les citoyens contre les grandes constructions négociées dans les
antichambres du pouvoir, à quelques-uns, sur un coin de table. L’adoption du traité
de Lisbonne par voie parlementaire, malgré le rejet massif par le référendum de 2005,
sera ainsi rendue impossible. Demain, l’adoption ou le rejet du TAFTA, le traité de
libre-échange en cours de négociation entre les États-Unis et l’Union européenne,
sera le choix souverain des Français.

L’actuel système de financement public des partis politiques est très problématique. Il
favorise les grandes écuries qui bénéficient d’une véritable rente de situation, celles qui
bénéficient des résultats électoraux d’hier pour mener les campagnes d’aujourd’hui,
défavorisant ainsi des formations émergentes. Il n’a pas non plus empêché des
scandales de premier ordre relatifs au financement de la vie politique. Le financement
des partis politiques par l’impôt corrigera ces deux défauts. Par ailleurs, il aura une
autre vertu : il obligera les partis à s’intéresser aux préoccupations des Français sur
la durée et pas simplement au moment des élections – sous peine de voir leurs
financements se tarir rapidement…

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RÉSOUDRE LA CRISE
DE LA REPRÉSENTATION

Durcir le cadre législatif pour contrôler l’action des lobbys et rendre leurs
6 actions totalement transparentes

Limiter le recours aux partenariats publics-privés ; convertir à terme tous les


7 partenariats publics-privés existants en gestion publique

8 Supprimer le concours externe de l’ÉNA

Durcir drastiquement la réglementation concernant la pratique du


9 pantouflage pour la haute fonction publique

10 Revaloriser les indemnités des maires et des adjoints des petites communes

Derrière le rideau de fumée du petit jeu politique qui se déroule sans les citoyens,
la politique est de plus en plus façonnée en privée par les interactions entre les
gouvernements élus et les élites économiques qui, pour l’essentiel, représentent
les intérêts de la finance et des grandes entreprises. L’action des lobbys bancaires,
soutenue par les énarques pantouflards qui colonisent le ministère de l’économie
a, par exemple, empêché l’adoption de toute régulation bancaire sérieuse après la
grande crise financière de 2008. Malgré la volonté d’électeurs qui ont élu en 2012 un
président désignant le monde de la finance comme son principal adversaire ! C’est,
de même, la domination économique et idéologique des grandes multinationales qui
a permis au lobbying actif du Medef d’obtenir une politique de l’offre à sens unique,
coûteuse pour les finances publiques, qui n’a en définitive profité ni aux entreprises ni
aux salariés, mais qui a soutenu l’envolée des dividendes versés ! Résoudre la crise de
la représentation suppose de casser les liens de connivences qui se sont établis entre
l’énarchie, les lobbys, des élus et la bureaucratie libérale.

8
Le durcissement du cadre législatif entourant les lobbys est vital pour le fonctionnement
démocratique. Pour cela, je veux notamment créer un registre d’inscription unique
et obligatoire de l’ensemble des lobbys (y compris les organisations patronales,
syndicales et culturelles). Cela permettra de compléter la liste des pratiques interdites et
de sanctionner plus sévèrement les dérives constatées, en organisant la transparence
financière totale et détaillée de leurs comptes, ainsi qu’en exigeant la traçabilité totale
de l’ensemble de leurs activités de lobbying (publication des personnes contactées,
des réunions et auditions organisées, des consultations menées, des contributions et
propositions d’amendements envoyées).

Les élites formées par la Nation, en particulier les énarques, seront également
concernées. Je propose de supprimer le concours externe de l’ÉNA, pour que nos
élites ne soient plus fabriquées de façon uniforme. Il faut privilégier la promotion
interne des fonctionnaires et les passerelles avec les parcours professionnels dans le
privé plutôt que de décerner des diplômes à des cadres inamovibles au sortir de leurs
études. La pratique du pantouflage, ce va-et-vient permanent entre la haute fonction
publique, les grandes banques et les multinationales, entraîne une confusion et une
collusion des intérêts publics et privés. Il est nécessaire qu’elle soit drastiquement
réglementée. La réglementation sera par ailleurs étendue aux anciens ministres et
parlementaires, comme aux parlementaires en exercice.

Les partenariats publics-privés s’avèrent à l’usage couteux pour le contribuable et


constituent une privatisation rampante de l’État, transformé progressivement en État-
fantôme. La pratique de ces partenariats sera strictement limitée. Les partenariats
actuellement en vigueur seront maintenus jusqu’à ce que l’échéance des contrats soit
honorée, puis la gestion redeviendra publique à 100 %.

Résoudre la crise de la représentation passe enfin par le renouvellement de la classe


politique. Je propose en ce sens un coup de pouce aux indemnités des maires et
adjoints aux maires des communes de moins de 3 500 habitants. Nous devons par
ailleurs travailler à une égalité d’accès aux mandats électifs entre les fonctionnaires
et les salariés du privé par la création d’un véritable statut de l’élu qui fait aujourd’hui
défaut.

9
RÉÉQUILIBRER LES
RELATIONS ENTRE LES
POUVOIRS LÉGISLATIF ET
EXÉCUTIF

Rétablir le septennat renouvelable pour l’élection du président de la


11 République au suffrage universel

Renforcer le rôle du Parlement en supprimant les dispositions qui permettent


12 à l’exécutif de brider sa liberté ; maintenir l’usage du 49.3 uniquement pour
l’adoption du budget de la Nation

Le déséquilibre des pouvoirs entre l’exécutif et le législatif, au bénéfice du premier,


constitue le vice de forme originel de la Vème République. Il a été aggravé par la réforme
du quinquennat et par la pratique des présidents successifs. Le chef de l’État a été
rétrogradé en chef de sa majorité et le Parlement est aujourd’hui muselé. Je souhaite
corriger ce déséquilibre en prenant garde toutefois à ne pas rechuter dans l’instabilité
parlementaire de la IVème République.

Nous devons déconnecter l’exécutif et le législatif en dissociant notamment la durée


des mandats. J’entends donc revenir au septennat renouvelable. Sept ans, parce que la
politique de la Nation a besoin de durée ; renouvelable, pour contraindre un président
élu à rester proche des préoccupations des citoyens.

Je mettrai par ailleurs fin à l’ensemble des dispositions dites du «parlementarisme


rationalisé » qui permettent à l’exécutif de brider la représentation nationale.
Supprimons toutes ces astuces que sont le vote bloqué, le vote réservé, les procédures
accélérées, les nouvelles délibérations, l’ordre du jour cadenassé par le Gouvernement.
Le Gouvernement pourra gouverner sans majorité, mais il ne pourra plus légiférer
sans majorité. Je maintiendrai l’article 49.3 exclusivement pour le vote des lois de
finances, car la Nation doit avoir un budget.

10
RÉNOVER
L’ÉTAT DE DROIT

Promulguer une nouvelle déclaration des droits républicains pour encadrer les
13 avis formulés par les plus hautes juridictions françaises et internationales

Réformer le Conseil constitutionnel en supprimant la nomination d’office des


14 anciens présidents de la République

Prévoir une procédure adaptée pour permettre la levée d’un avis formulé par
15 le Conseil constitutionnel relatif à une proposition de loi ou un projet de loi
législatif (majorité des 3/5èmes, contre-seing, recours au référendum)

16 Supprimer les Questions prioritaires de constitutionnalité

L’instauration de l’état d’urgence après les attentats du mois de novembre à Paris était
une nécessité. Sa prolongation ininterrompue depuis lors est en revanche totalement
injustifiée, d’autant plus que des mesures législatives nouvelles ont été prises pour
renforcer la sécurité des Français et lutter contre le terrorisme. Il devra donc être levé
immédiatement.

Les contre-pouvoirs font partie intégrante de la démocratie et de l’application de la loi,


mais les juges n’ont pas pour mission de faire la loi. La situation actuelle est pourtant
délicate : une partie de nos droits ont été produits par des dispositifs jurisprudentiels,
en particulier l’ensemble des avis rendus par le Conseil constitutionnel depuis 1971.
La mise en chantier d’une nouvelle déclaration des droits républicains permettra
d’encadrer, de manière républicaine et démocratique, la jurisprudence issue des plus
hautes juridictions de la Nation.

Le Conseil constitutionnel n’est pas une cour constitutionnelle et ne doit pas le devenir.

11
Ses décisions devront pouvoir faire l’objet d’un dialogue avec les autres pouvoirs publics
constitutionnels. Si la Constitution doit naturellement être protégée de la conjoncture
politique, elle a pour mission d’organiser les pouvoirs et non de définir le contenu
des politiques publiques. Les avis rendus par le Conseil constitutionnel ne seront plus
qu’une présomption d’inconstitutionnalité, que le Parlement ou le Gouvernement
pourront lever dans le cadre d’une procédure adaptée (majorité parlementaire des
3/5èmes, recours au référendum). Dans le même esprit, les Questions prioritaires de
constitutionnalité seront supprimées afin de libérer l’action du Parlement.

Enfin, quant à sa composition, les présidents de la République ne seront plus membres


de droit du Conseil constitutionnel et la nomination de ses membres nécessitera
une majorité qualifiée au Parlement pour garantir la désignation de personnalités
qualifiées, au-dessus des attaches partisanes.

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13
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P OU R U N E C O O P É R AT I V E
D ES N AT I O N S E T D E S
PEU P L E S E N E U R O P E

L a coopération européenne est une grande idée pour laquelle je veux m’engager.
Toutefois, l’Union européenne n’a aujourd’hui rien à voir avec cette ambition. Son
impuissance face aux crises et sa prétention à discipliner les peuples témoignent du
décalage complet qu’il y a entre cette institution et la vie réelle de nos concitoyens. Bruxelles
est un vaisseau fantôme qu’il s’agit désormais d’arraisonner.
L’Europe taille unique – monnaie unique, politique budgétaire unique, frontières uniques –
mène le continent au désastre. Désastre démocratique, lorsque nous en arrivons au point
où le président de la Commission européenne lui-même déclare qu’il « ne peut y avoir
de choix démocratique contre les traités européens » ; désastre économique, alors que la
zone euro est depuis le début des années 2000 la zone géographique du monde dotée
de la croissance économique la plus faible ; désastre politique, avec la montée partout de
l’extrême-droite, désormais aux portes du pouvoir chez nous comme dans plusieurs pays
européens.
L’intégration européenne à marche forcée a été voulue et théorisée, notamment par Jean
Monnet, pour imposer le modèle fédéral et rendre impossible tout retour en arrière. Or, il y a
un grain de sable dans les rouages de l’intégration : les peuples n’en veulent pas. Danemark
en 1992, France et Pays-Bas en 2005, Irlande en 2008, Grèce en 2015, Pays-Bas et Royaume-
Uni en 2016 : la liste est longue de tous les peuples qu’il aura fallu en quelque sorte dissoudre,
d’une manière ou d’une autre ; par l’organisation de consultations supplémentaires jusqu’à
ce que le « oui » l’emporte, comme en Irlande ; par la trahison des aspirations populaires
via une ratification parlementaire, comme en France ; par la guerre économique et jusqu’à
la plus complète capitulation, comme en Grèce, afin de poursuivre, vaille que vaille, contre
la démocratie, contre les peuples, contre l’histoire même, la construction d’une Europe de
l’unique dont toute l’expérience prouve pourtant qu’elle ne fonctionne pas ! Et qui peut
dire, dans ces conditions, le sort qui sera demain réservé aux Britanniques, qui ont osé voter
la sortie pure et simple de l’Union européenne ? Le bon sens voudrait qu’un compromis
raisonnable soit trouvé, mais le bon sens n’est pas la chose mieux partagée dans l’Union
européenne, qui campe à cette heure sur des positions rigides.
Les européistes ont toujours défendu l’idée selon laquelle cette Europe était la seule possible
et qu’il n’y avait pas de « plan B ». En un sens, ils ont à moitié raison. Oui, cette Europe est
bien la seule possible puisqu’aucune réforme interne de la construction européenne n’a la
moindre chance d’aboutir. L’ultime tentative menée par Syriza pour conquérir une « autre
Europe » l’a tragiquement démontré, une fois pour toutes : les institutions fédérales ont trop
de force et les États membres sont trop différents et divisés pour qu’il en aille autrement.
Cependant, il y a bien un plan alternatif que je définis comme notre « plan A » : reconquérir
notre souveraineté nationale et populaire, pour que la République soit enfin libre d’agir
conformément à la volonté exprimée par ses citoyens. Défédéraliser les institutions
européennes est le seul moyen de sauver le projet européen, qui doit devenir une
coopérative des Nations et des peuples.

15
J’engagerai la reconquête de notre souveraineté
nationale et populaire.

Affranchir la France de la tutelle des traités européens, rejetés par référendum


17 en 2005, en modifiant le titre XV de la Constitution pour y retirer toute
référence au traité de Lisbonne

18 Rapatrier notre politique monétaire à Paris en sortant de la monnaie unique

Reconquérir notre souveraineté budgétaire en dénonçant le traité budgétaire


européen et les règles afférentes et en supprimant de notre législation
19 nationale la règle des 3 % de déficit budgétaire afin de s’affranchir des
politiques d’austérité

20 Supprimer la Commission européenne

Soutenir et développer des projets de coopérations scientifiques, industriels,


21 culturels, à géométrie variable

Transformer le Parlement européen en une représentation des parlements


22 nationaux

Afin que la France ne soit plus soumise à l’ordre juridique européen, à ses traités, à ses
directives et ses règlements ultra-libéraux et pour que la République soit libre d’agir
conformément à la volonté populaire, la première étape, indispensable, consistera à
renverser la hiérarchie des normes, afin que le droit national prime à nouveau sur
le droit communautaire. Un référendum sera convoqué et proposera la réécriture
complète du titre XV de la Constitution française pour y retirer toute référence au traité
de Lisbonne. Un traité rejeté par les Français n’a rien à faire dans notre Constitution !
Les conditions nécessaires à tout approfondissement de la construction européenne
y seront inscrites : la satisfaction des besoins sociaux des peuples, la protection
de l’environnement, le renforcement de la démocratie, la préservation de la libre
détermination du peuple français en matière économique, sociale, monétaire et
budgétaire.

Sur cette base, nous engagerons immédiatement la reconquête de notre souveraineté


monétaire et budgétaire. J’assumerai la sortie de la monnaie unique en nationalisant

16
l’euro, de manière négociée si cela est possible et faisable rapidement, ou, dans le cas
contraire, de façon unilatérale. La monnaie unique n’est pas qu’une simple devise
inoffensive et pratique qui nous permettrait de traverser les frontières sans tracas.
C’est une méthode de gouvernement qui piétine les démocraties, c’est une cure
de déflation sociale qui installe la stagnation à perpétuité et laisse se développer le
cancer du chômage de masse, c’est un outil monétaire conçu pour faire converger les
économies européennes et qui ne produit que le contraire : une divergence massive,
croissante, entraînant irréductiblement l’accroissement des fractures entre les peuples
européens, jusqu’à l’éclatement. C’est le sens des réquisitoires prononcés par de
nombreux économistes contre la monnaie unique européenne, en France et dans
le monde, dont les prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, Paul Krugman, Amartya
Sen et Maurice Allais. Il faut à gauche une voix qui ait enfin le courage de poser cet
impératif : il est plus sage d’organiser la sortie de la monnaie unique plutôt que de la
subir ultérieurement dans les pires conditions. L’organiser, cela veut dire nationaliser
l’euro.

Dans le même temps, nous nous affranchirons des politiques d’austérité en dénonçant
les règles budgétaires européennes qui plombent l’économie du continent : le traité
budgétaire européen, le six pack, le two pack… La règle des 3 % de déficit budgétaire
sera supprimée de notre législation nationale. Le Parlement doit pouvoir voter le
budget de la Nation en toute liberté sans se soumettre aux injonctions des petits
comptables de Bruxelles.

Défédéraliser l’Union européenne implique de supprimer toutes les institutions


fédérales existantes. Cela concernera en premier lieu la Commission européenne,
à laquelle la France cessera de participer en menant une politique de la chaise vide.
De la même façon, le Parlement européen sera transformé en une représentation des
Parlements nationaux, sans quoi la France ne reconnaîtra plus cette institution.

L’Europe que nous appelons de nos vœux, c’est l’Europe du commun, l’Europe des
projets construits en commun. Je propose de développer les projets de coopération
scientifique, industrielle, culturelle, avec ceux de nos partenaires qui le souhaitent.
Airbus, Ariane, Erasmus sont nés d’initiatives légères, impulsées directement par des
États choisissant de coopérer entre eux pour préparer l’avenir. C’est pour cela que ces
projets ont réussi. La France doit prendre ses responsabilités en lançant un grand appel
à projets en Europe à l’attention de l’ensemble de nos partenaires, pour développer les
aventures communes, consolider des intérêts partagés et produire des innovations
technologiques, culturelles et sociales.

C’est la voie que la France empruntera résolument pour faire de l’Europe une réalité
utile, plutôt qu’une chimère sans lendemain qui programme bien des désillusions.

17
18
CH A N G E R L E M O D È L E
É C O N O MI Q U E PA R
L’ INTER V E N T I O N D E L’ É TAT

L es responsables politiques perdent tout crédit en annonçant chaque trimestre une


reprise économique qui ne vient pas. L’économie française ne s’est jamais véritablement
relevée de la crise financière de 2007-2008 et de la crise de l’euro à partir de 2010. La
croissance économique reste très faible, le chômage élevé, l’investissement des entreprises
atone et le solde des échanges en matière de bien manufacturés toujours aussi dégradé.
Cette situation n’est pas propre à la France : en dépit du dénigrement systématique de
tous ceux qui y voient, par intérêt ou par myopie, une spécificité nationale, cela concerne
l’ensemble des économies partageant l’euro comme monnaie et l’austérité comme
politique budgétaire. Le reste du monde, au-delà des apparences et des chiffres truqués,
ne va guère mieux. En réalité, le capitalisme financier tout entier est rentré dans une crise
profonde. La mondialisation a atteint ses limites. Les inégalités économiques et sociales
sont devenues insupportables. Nous devons envoyer l’idéologie néolibérale au tombeau,
avant qu’elle n’y envoie ce qu’il reste de notre économie, de notre démocratie et de notre
espérance en un monde meilleur pour nos enfants.
La refondation de notre démocratie et la reconquête des instruments de souveraineté nous
permettront de créer les conditions pour engager enfin une autre politique économique.
Nous devons avoir pour objectif de vaincre le chômage et de retrouver enfin le plein
emploi. Alors que certains semblent accepter le chômage comme une fatalité, je ne m’y
résous pas. Le plein emploi est une exigence parce que rien n’est plus protecteur pour le
corps social. Le chômage est une calamité pour les chômeurs bien sûr, mais il pèse aussi
sur ceux qui travaillent, il génère la réduction du pouvoir d’achat et donc la diminution
des carnets de commande des entreprises, il réduit les recettes de l’État et met en péril
la soutenabilité des finances publiques. La mise à l’écart de plus de 6 millions de nos
compatriotes a des conséquences pour la société tout entière. Le chantage à l’emploi et la
peur du déclassement sont omniprésents dans notre quotidien : comment consommer,
investir, innover, lorsque l’avenir apparaît si incertain, si morose, si sombre ?
Pour réussir, nous devrons faire l’inverse de ce qui a été engagé sans interruption depuis
40 ans. Nous devons réglementer et non libéraliser, mener un grand plan de relance au
service de la demande plutôt qu’une politique d’austérité prétendument au service de
l’offre, répartir le travail différemment en travaillant moins individuellement pour travailler
plus collectivement, faire primer une grande stratégie industrielle sur la politique de la
concurrence, réorganiser les entreprises en reconnaissant le rôle fondamental des salariés,
plutôt que celui des actionnaires, dans la production des richesses.
Pour redresser l’économie de la France et en faire un exemple inspirant pour le reste du
monde, je mettrai au cœur de la politique économique de la France l’intervention de l’État,
de nouvelles régulations et les indispensables salariés et citoyens qui, en définitive, sont
par leur travail les seuls créateurs de richesse.
Aujourd’hui, le pouvoir économique domine le pouvoir politique… et finalement le reste de
la société. Demain, le politique et le peuple souverain doivent reprendre la main.

19
ORGANISER UNE
NOUVELLE CROISSANCE

Retirer définitivement la France du processus de négociation du TAFTA et du


23 CETA

Établir des droits de douanes progressifs pour les pays avec lesquels la France
24 enregistre un déficit commercial

Prévoir un système de contrôle des capitaux pour protéger notre pays en cas
25 d’attaque des marchés financiers

26 Soutenir un projet ambitieux de taxe sur les transactions financières

27 Mener un audit suivi d’une restructuration de la dette publique

Instaurer une obligation d’achat d’une partie des émissions des obligations du
28 Trésor par les principales banques françaises

Instituer une séparation bancaire stricte entre les banques de dépôt et les
29 banques de financement, d’investissement et de marché, pour empêcher la
propagation d’une nouvelle crise financière

30 Canaliser la politique monétaire vers l’économie de production

Conférer l’exclusivité du privilège de refinancement auprès de la Banque


31 centrale aux seules banques de dépôt

Introduire dans les statuts de la Banque de France un objectif prioritaire de


32 croissance et de plein emploi aux côtés d’un objectif d’inflation relevé à 4 %

33 Placer l’action de la Banque de France sous la responsabilité de l’État


20
La libéralisation des échanges internationaux a produit une déconnexion géographique
entre les zones de production et de consommation. Cette déconnexion est évidemment
problématique dans la mesure où les producteurs sont aussi consommateurs. Cette
situation explique en grande partie que, depuis la crise financière de 2007-2008, les
échanges internationaux croissent moins vite que le reste de l’activité économique,
quant ils augmentaient auparavant deux fois plus rapidement. La démondialisation
est aujourd’hui une réalité à l’échelle planétaire.

Je mettrai un coup d’arrêt aux négociations internationales visant à relancer


le commerce international, en retirant définitivement la France des processus
de négociation du TAFTA et de ratification du CETA. Au-delà, j’engagerai la
conversion progressive de l’économie française à des régulations commerciales plus
protectionnistes. Pour cela, il sera nécessaire d’établir un système de droits de douanes
modulables, qui se déclencheraient au-delà d’un certain seuil de déficit commercial
avec un autre pays. Le montant de ces droits sera proportionnel au niveau du déficit
commercial atteint. Par cette mesure de protectionnisme éducatif, la France établira
le principe de l’équilibre des échanges, en répartissant les efforts entre les pays
excédentaires et déficitaires. Pour que ce principe soit appliqué de façon juste, je
défendrai cette approche de protectionnisme éducatif au cœur de l’organisation du
commerce international.

La libéralisation totale des mouvements de capitaux et la financiarisation de l’économie


génèrent une pression extrême sur le système productif et aboutissent à ce qu’il faut
bien appeler une « déflation par l’offre ». Confrontée à une concurrence mondiale
féroce, pressée par l’exigence de rendements toujours plus élevés pour le capital, notre
économie est ainsi piégée dans une logique infernale : tirer tous les « coûts » vers le
bas, créant ainsi un problème de demande et de débouché, d’emploi et de pouvoir
d’achat, d’innovation et d’investissement.

Casser la financiarisation suppose d’abord de construire des régulations nationales


des échanges internationaux de capitaux. Je prévoirai les modalités d’un contrôle
des capitaux en cas d’attaque des marchés financiers contre notre pays, attaque
qui pourrait survenir lorsque la France sortira de l’euro, ou lors du processus de
restructuration des dettes publiques. Ce contrôle des capitaux sera également conçu
de manière plus offensive. Il servira alors à filtrer les sorties de capitaux de manière
à lutter contre la fraude fiscale et à filtrer les entrées spéculatives de capitaux afin de
favoriser l’investissement international productif. L’introduction d’une taxe ambitieuse
sur les transactions financières s’inscrira dans ces mêmes objectifs.

Casser la financiarisation suppose aussi de mieux réguler l’émission de la dette


publique sur les marchés financiers. C’est ce qui permettra de dégager l’État de la
pression des seuls détenteurs de capitaux afin de le réorienter vers l’intérêt général. Une

21
commission de restructuration de la dette publique sera convoquée : elle examinera
la part de l’endettement directement ou indirectement liée à la crise financière, au
sauvetage des banques et aux politiques d’austérité, que l’État ne reconnaîtra plus.
J’instaurerai également une obligation d’achat d’une partie des obligations du Trésor
par les banques françaises, afin d’en assurer la liquidité.

Toutes ces réformes nécessiteront et rendront possible une véritable réforme bancaire
qui séparera strictement les banques de dépôt des banques d’affaires et de marché.
Cette séparation améliorera le financement de l’économie réelle, en permettant une
meilleure canalisation de la politique monétaire. Les banques de dépôt se verront de
plus conférer l’exclusivité du refinancement auprès de la Banque centrale. Il ne sera
plus possible d’utiliser les dépôts des épargnants pour spéculer et cette spéculation ne
sera plus, de fait, garantie par les pouvoirs publics.

Je régulerai la politique monétaire de la Nation en revoyant les objectifs qui présideront


à l’action de la Banque de France et en plaçant son action sous la conduite de l’État.

Ce nouveau cadre de régulations économiques permettra d’engager la politique


de relance dont l’économie française a besoin pour s’extirper du piège mortel de la
déflation.

22
UNE POLITIQUE DE
RELANCE MONÉTAIRE ET
BUDGÉTAIRE POUR EN
FINIR AVEC L’AUSTÉRITÉ

Mener une politique monétaire expansive pour lutter contre la déflation et


34 financer l’investissement productif

Favoriser une dépréciation de 25 % du nouvel euro nationalisé pour soutenir


35 la compétitivité des entreprises françaises

Restaurer à titre temporaire la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP)
36 flottante pour compenser les effets liés à la dépréciation monétaire sur la
hausse du prix des produits pétroliers

Mener une politique de la demande en soutenant la consommation et


37 l’investissement

Pour soutenir le pouvoir d’achat, augmenter le SMIC de 10 % dès la première


38 année du mandat et indexer les salaires sur les prix

Augmenter le niveau des investissements publics et les concentrer sur les


39 politiques publiques prioritaires : le logement, les infrastructures publiques,
l’éducation et la recherche, la santé, les dépenses militaires

La Banque de France poursuivra avec le nouvel euro-franc nationalisé une politique


monétaire dite « d’assouplissement quantitatif », laquelle sera rendue plus efficace
grâce aux nouvelles régulations financières prévues. Cette politique monétaire
expansive visera à contrecarrer toutes les tendances déflationnistes à l’œuvre dans
l’économie, à garantir la liquidité de la dette française ainsi que des taux obligataires
au plus bas qu’il sera possible, à favoriser la dépréciation de 25 % du nouvel euro-franc
nationalisé et à financer l’investissement réellement productif au sein de l’économie
réelle. Je compenserai l’augmentation du prix des importations les plus sensibles en
prévoyant l’instauration d’une TIPP flottante pendant 3 ans.

Cette politique monétaire expansionniste sera combinée à une politique de relance


budgétaire, par la consommation et par l’investissement. 23
L’INDUSTRIE,
NOTRE AVENIR

Poursuivre l’effort de montée en gamme de la production française en portant


40 l’effort de recherche à 3 % du PIB

Maintenir les dispositifs d’aide à la recherche et à l’innovation, mais


41 conditionnés pour les grandes entreprises à un soutien à leurs filières
industrielles dans notre pays

Créer un compte de provision pour investissement, défiscalisé d’impôt sur


42 les sociétés à hauteur de 50 %, pour les bénéfices réinvestis sur le territoire
national

Conférer une licence bancaire à la Banque publique d’investissement


43 (BPI) afin d’augmenter les ressources de cette institution et favoriser
l’investissement

Mettre en place un livret « épargne industrie » réglementé afin d’assurer une


44 meilleur financement du secteur industriel

Instaurer un « acte d’achat français » sur le modèle du buy American act pour
45 soutenir l’industrie et l’économie productive

46 Maintenir le CICE sur 5 ans en étendant le dispositif jusqu’à 3,5 fois le SMIC

Prévoir pour les comités d’entreprise un rôle de contrôle accru sur l’utilisation
47 des marges liées aux aides de l’État pour éviter une hausse de dividende ou
des rémunérations des dirigeants

Conditionner les mesures de soutien aux entreprises du pacte de


48 responsabilité à des résultats tangibles en matière d’investissement et
d’emploi
24
Conditionner les aides aux grandes entreprises selon leur collaboration avec
49 le tissu des PME

Conditionner les soutiens de l’État aux grandes entreprises à leur capacité


50 à s’associer avec leurs fournisseurs et leurs sous-traitants afin de renforcer la
solidarité au sein des filières industrielles

Animer les filières nationales prioritaires et décliner régionalement la


51 politique industrielle

Rapprocher les lycées professionnels avec les entreprises par une présence
52 des entreprises dans les conseils d’administration

53 Pénaliser plus durement le non-respect des délais légaux de paiement

Orienter 2 % des achats courants de l’État vers l’innovation et les prototypes


54 élaborés par les PME

Adopter une loi de protection et de localisation des données en France pour


55 renforcer la dynamique du cloud français

Développer et encadrer l’open data en instaurant le principe d’ouverture des


56 données sur le modèle des Creative Commons

Développer les prises de participation de l’État et des structures publiques


57 dans les entreprises du secteur numérique

Soutenir le développement d’une filière hardware/réseaux/logiciel/service en


58 France

59 Poursuivre et renforcer le plan « France Très Haut Débit »

Créer une taxe à l’exportation des données pour favoriser les entreprises
60 nationales face aux entreprises étrangères

61 Favoriser les logiciels libres dans les marchés publics

62 Créer un fonds de soutien pour le développement du logiciel libre

25
La désindustrialisation de l’économie française est l’une des plus avancées du
continent. Ce phénomène n’est pas une catastrophe naturelle, mais le résultat d’une
politique appliquée avec continuité depuis plus de trente ans par des élites financiarisées
qui considèrent que l’industrie appartient au passé. Je suis au contraire convaincu que
l’industrie a un avenir. L’industrie, c’est même notre avenir. Impossible d’imaginer une
France souveraine sans base industrielle solide, ni de résoudre totalement la question
du chômage sans ouvrir de nouvelles usines. Impossible d’inventer les technologies
de demain sans site industriel pour regrouper les ingénieurs et les techniciens.

L’effort de montée en gamme de l’industrie française doit se poursuivre. Je veux


porter à 3 % du PIB l’effort de recherche de la Nation. Je maintiendrai le Crédit impôt
recherche et créerai dans les entreprises un compte de provision pour l’investissement,
défiscalisé d’impôt sur les sociétés à hauteur de 50 % pour les bénéfices réinvestis sur
le territoire national. La BPI sera dotée d’une licence bancaire et je créerai un livret
épargne industrie afin de faciliter le financement de l’investissement des entreprises
et en particulier du secteur industriel. Enfin, j’instaurerai, sur le modèle du buy
American act, un acte d’achat à la française pour soutenir le développement de
notre économie par la commande publique. De la même manière, et pour soutenir
plus particulièrement l’innovation, l’État orientera 2 % de ses achats courants vers les
prototypes élaborés par les PME.

La politique de l’offre engagée sous le quinquennat de François Hollande partait


d’un diagnostic juste, mais elle a été mal calibrée. Financer la politique de l’offre
par une politique d’austérité budgétaire a été une faute économique majeure ! Les
nouvelles régulations économiques et la politique de relance budgétaire et monétaire
dégageront les perspectives nécessaires à sa réussite. Dans ce cadre, je maintiendrai
le CICE pour les 5 prochaines années en l’élargissant jusqu’à 3,5 fois le SMIC pour
favoriser les entreprises industrielles qui comptent de nombreux emplois qualifiés. La
Nation a engagé en faveur de ses entreprises un effort conséquent : il ne doit plus être
toléré que celles-ci utilisent les marges ainsi dégagées à des fins financières, mais bien
qu’elles les affectent à l’investissement et à l’emploi. Le rôle du comité d’entreprise en
matière de contrôle de l’affectation des marges sera renforcé et les aides conditionnées
à une utilisation en direction de l’investissement et de l’emploi.

La France doit avoir une politique industrielle plus ambitieuse, dégagée du verrou
européen que constitue le droit de la concurrence. Je conditionnerai les aides versées
et les crédits d’impôts accordés aux grandes entreprises à un comportement plus
vertueux de leur part à l’égard de leurs partenaires : sous-traitants, fournisseurs, PME.
La politique de filière sera particulièrement attentive à l’amélioration de ces rapports.
Le non-respect des délais légaux de paiement sera plus durement sanctionné. Pour
améliorer l’orientation et la formation de la main d’œuvre industrielle, je propose de
rapprocher les lycées professionnels et les entreprises, en permettant plus largement

26
aux représentants des entreprises de siéger dans les conseils d’administrations des
lycées.

Cette politique industrielle plus ambitieuse intègrera les enjeux liés à la révolution
numérique. Protection des données, encadrement et développement de l’open
data, prises de participation de l’État et des structures publiques dans les
entreprises du secteur numérique, politique de filière, développement
des infrastructures, fiscalité adaptée, soutien aux logiciels libres
: la France doit avoir une politique de développement
numérique ambitieuse, car la souveraineté numérique
est une condition de la souveraineté nationale et
populaire.

27
TOUS
A U T R AVAI L

28
RÉPARTIR LA PRODUCTION
POUR TRAVAILLER PLUS

Parvenir au plein emploi par une nouvelle répartition du travail au service


d’une politique de croissance active : ramener l’âge légal de départ à la
63 retraite à 60 ans et passer à la semaine des 32 heures pour créer 2,5 millions
d’emplois

Pour renforcer la compétitivité des entreprises et financer la nouvelle


répartition du travail, transférer 40 % des cotisations sociales vers un impôt
64 universel sur les revenus auquel chaque Français contribuerait à proportion de
ses revenus

Réformer la formation professionnelle en utilisant la nouvelle répartition du


65 temps de travail pour permettre à tous ceux qui le souhaitent de pouvoir se
former à tous les âges de la vie

Pour financer la nouvelle répartition du travail, mettre en place une révolution


fiscale :

Supprimer la moitié du montant total des niches fiscales de façon progressive,


66 à raison d’une baisse de -20 % par an sur 5 ans

67 Lutter de façon implacable contre la fraude fiscale et sociale

68 Fusionner l’ISF et la taxe foncière

Créer un impôt sur la transmission des gros patrimoines dont sera exclue la
69 résidence principale

29
Les solutions libérales ont échoué à enrayer durablement l’inexorable montée de la
courbe du chômage. Les nouvelles régulations économiques et la politique de relance
monétaire et budgétaire que je propose seront suffisantes pour inverser nettement
la courbe du chômage. Mais, si nous voulons atteindre enfin le plein emploi, nous
devrons également répartir différemment le travail sur le marché de l’emploi : il
n’y a pas d’autre solution, dans une société où l’innovation technologique détruit
chaque jour des emplois, que de travailler moins individuellement pour travailler plus
collectivement.

De nombreux libéraux cherchent à culpabiliser les travailleurs, en affirmant qu’ils ne


travailleraient pas assez. Rien n’est pourtant plus faux que de laisser prétendre que
nous serions des paresseux ! Non seulement les Français travaillent – 37,5 heures par
semaine en moyenne, davantage que la plupart de nos voisins – mais en plus, ils sont
productifs : 50 % de plus que la moyenne européenne, 25 % de plus que la moyenne de
la zone euro, devant l’Allemagne.

S’il existe des rigidités sur le marché du travail, il y a surtout un problème de répartition
du travail en France, qui est l’une des plus déséquilibrées du continent. D’un côté, une
masse immense de travailleurs occupés, et même trop occupés par leur travail, et, de
l’autre, 6 à 7 millions de personnes qui, dans les faits, sont en dehors du marché de
l’emploi.

Le travail devrait être le moyen de l’émancipation collective par la réalisation de soi ;


mais le déséquilibre dans la répartition du travail entraîne la souffrance au travail,
le burn-out, le gaspillage. La crainte du déclassement social et la peur de perdre son
emploi placent les salariés sur la défensive dans les entreprises et les administrations
face à leurs hiérarchies et aux logiques libérales qui s’attaquent à leurs droits sociaux
et à leurs rémunérations. Cet affrontement social est même détourné lorsque les
dominants exploitent les difficultés des « assistants » pour les retourner contre les
« assistés » ; ce détournement tactique ronge le contrat social de l’intérieur, il entame
le consentement à l’impôt, il fracture la société.

Une nouvelle répartition du travail permettra à chacun de travailler moins pour que
nous travaillions collectivement davantage à l’échelle de la Nation. Elle changera le
rapport au travail et contribuera à l’apaisement de la société. Elle mettra en échec le
discours des libéraux qui opposent la création des richesses et la justice sociale. La
véritable préoccupation des libéraux sera ainsi révélée : leur préoccupation n’est pas la
compétitivité de nos entreprises, mais de ne surtout rien faire qui puisse remettre en
cause des inégalités sociales qui n’ont cessé de se creuser ces vingt dernières années,
à leur plus grand et unique profit.

La loi prévoira la nouvelle répartition du travail. Je diminuerai le temps de travail

30
individuel sur l’échelle d’une vie de deux manières : en ramenant l’âge légal de départ à
la retraite à 60 ans, ce qui permettra de créer 1,5 million d’emplois supplémentaires ; en
passant la durée hebdomadaire moyenne du travail de 35h à 32h pour créer un autre
million d’emplois. Pour financer la nouvelle répartition du travail tout en soutenant
la compétitivité des entreprises, je souhaite défiscaliser 40 % des cotisations sociales
vers un impôt universel et progressif sur le revenu. Je garantirai juridiquement le
financement partiel de la sécurité sociale via cet impôt universel et ce point sera
négocié avec les partenaires sociaux. Le reste du financement sera obtenu via la
suppression de la moitié des niches fiscales, un effort substantiel dans la lutte contre
la fraude fiscale et sociale, la fusion de l’ISF et de la taxe foncière et la création d’un
impôt sur les gros patrimoines dont le calcul exclura la résidence principale.

Ce grand plan de répartition du travail permettra de ramener la France au plein emploi,


d’améliorer la compétitivité des entreprises, d’augmenter le pouvoir d’achat des
Français, de rétablir la justice fiscale et sociale, sans pénaliser les finances publiques.
Sur cette base, j’engagerai une grande réforme de la formation professionnelle afin
de permettre aux Français qui le souhaiteront d’utiliser le temps libéré pour évoluer
professionnellement. Nous pourrons ainsi relancer l’ascenseur social, bloqué depuis
de trop longues années.

31
RÉÉQUILIBRER LE RAPPORT
CAPITAL/TRAVAIL DANS
LES ENTREPRISES

Abroger la loi El Khomri et fusionner les branches pour donner plus de force
70 au dialogue social

71 Conserver le droit à la déconnexion prévu par la loi El Khomri

Simplifier les obligations sociales qui pèsent sur les entreprises à travers une
72 négociation triennale unique

Introduire la présence d’administrateurs salariés avec voie délibérative dans


73 toute entreprise ayant un conseil d’administration

Imposer le paiement des cotisations sociales selon le droit français aux


74 travailleurs détachés pour mettre fin au dumping social

75 Reconnaître le burn-out comme maladie professionnelle

76 Mettre en place une politique de vieillissement actif

Organiser au début du mandat des États généraux du travail et de


77 l’innovation sociale sur les retraites, le temps de travail, les relations sociales
et professionnelles, la santé au travail…

Durcir les conditions de licenciement économique en prenant en compte le


78 niveau de dividendes versés

Remplacer le subventionnement public partiel des syndicats par l’affectation


79 d’une petite partie de l’impôt sur le revenu selon le choix de chaque citoyen

32
Trois idées libérales dominent le débat public : les chefs d’entreprises seraient les
seuls créateurs de richesses ; les actionnaires seraient propriétaires des entreprises,
qui devraient donc être dirigées en fonction de leurs seuls intérêts ; le dialogue social
devrait être mené dans les entreprises aussi souvent que possible. Ces idées parasitent
le débat public et entraînent la marginalisation des salariés à l’intérieur des entreprises.
Ce sont des idées fausses. Les salariés sont créateurs de richesse au moins autant que
les entrepreneurs ; l’entreprise est une personne morale qui n’appartient à personne
(les actionnaires ne sont propriétaires que de leurs actions), ce qui rend légitime la
gouvernance des entreprises au nom de l’intérêt de toutes leurs parties prenantes ; le
dialogue social doit être mené au niveau national ou dans les branches aussi souvent
que possible, car c’est à ce niveau que le rapport entre le capital et le travail est le moins
déséquilibré.

J’entends mener dans les entreprises une politique favorable aux salariés, c’est-à-
dire aux forces productives. Je commencerai par abroger la loi El Khomri, injuste
et inefficace, adoptée dans les pires conditions. Je rendrai obligatoire la présence
de représentants des salariés dans toutes les entreprises qui possèdent un conseil
d’administration (ou un directoire assorti d’un conseil de surveillance). Je reconnaîtrai
le burn-out comme maladie professionnelle. Pour mettre fin aux licenciements
boursiers, je durcirai les conditions des licenciements économiques en prenant en
compte le niveau de dividendes versés afin d’examiner leur validité.

Les syndicats souffrent d’une crise de légitimité dont les causes sont assez comparables
à celles qui prévalent pour les partis politiques. Je remplacerai le subventionnement
public partiel des syndicats par l’affectation d’une petite partie de l’impôt selon le choix
de chaque citoyen (à l’instar de la réforme des partis politiques que je propose). Cette
réforme vise à rapprocher les syndicats des Français pour rendre leur parole plus forte,
dans les entreprises, dans les branches et au niveau national.

Les relations sociales rééquilibrées à l’intérieur des entreprises doivent favoriser


une plus grande fluidité. Je soutiendrai la simplification des obligations sociales qui
incombent aux entreprises en les regroupant à travers une négociation triennale
unique. Je donnerai ainsi plus de visibilité aux problématiques liées au travail dans
les entreprises tout en diminuant pour ces dernières l’insécurité juridique qu’elles
subissent inutilement. Pour réussir cette grande opération, des États-généraux du
travail et de l’innovation sociale sur les retraites, le temps de travail, les relations
sociales et professionnelles, la santé au travail seront organisés.

Pour mettre fin à la concurrence déloyale que la régulation européenne organise entre
les travailleurs, j’imposerai le paiement des cotisations sociales selon le droit français
aux travailleurs détachés. Cette mesure anti-dumping social sera prise sans attendre
un hypothétique accord européen, qui n’a pas la moindre chance d’advenir.

33
TISSER UNE ALLIANCE ENTRE
LA RÉPUBLIQUE SOCIALE ET
L’ÉCONOMIE SOCIALE

Interdire aux banques coopératives toutes les activités financières qui ne


80 relèvent pas de la banque de dépôt

Séparer les activités de mutuelle santé, de mutuelle d’assurance et de banque


81 de dépôt

Limiter l’échelle des rémunérations dans les groupes bancaires coopératifs et


82 mutualistes de 1 à 20 SMIC maximum

Imposer aux banques coopératives et à la Banque publique d’investissement


une part de financement obligatoire (crédit bancaire, fond de roulement,
83 trésorerie) fléchée en direction des entreprises de l’économie sociale et
solidaire et aux entreprises sociales agréées par la loi, dans la mesure où ce
financement ne dégrade pas la qualité du bilan bancaire

Rendre obligatoire la présence d’administrateurs salariés avec voie


délibérative dans toutes les entreprises mutualistes, les grandes associations,
84 les groupes bancaires coopératifs, les coopératives de commerçants et les
coopératives agricoles ayant un conseil d’administration (ou un directoire
assorti d’un conseil de surveillance)

Dans le cadre du plan de répartition du travail, favoriser le développement


85 des entreprises d’insertion par l’activité économique en augmentant les aides
au poste de travail de 25 %

Favoriser la capacité des pouvoirs publics à soutenir par la commande


publique et à subventionner les entreprises de l’économie sociale et les
86 entreprises sociales agréées, sur la base de la reconnaissance de leur utilité
sociale, en refusant de leur appliquer la législation européenne relative à la
concurrence et aux aides d’État

34
Dans le cadre permis par la canalisation de la politique monétaire vers
87 l’économie réelle, réserver une part aux acteurs de l’économie sociale et
solidaire

L’économie sociale et solidaire est un secteur important de l’économie française.


Elle représente environ 10 % de l’emploi salarié, 9 % des entreprises et 8 % de la
richesse produite chaque année. Cet ensemble d’organisations privées, mais gérées
de manière collective, économique, mais sans but lucratif principal, démocratique
(elles fonctionnent selon le principe « un homme, une voix » plutôt que « une action,
une voix ») vise à répondre à un principe soit d’utilité sociale soit d’intérêt général.
La législation actuelle ne permet cependant pas d’affronter le défi auquel le secteur
est confronté : la dévitalisation et la banalisation des pratiques et des projets sous
l’influence du néolibéralisme et de la construction européenne.

Je propose de nouvelles régulations bancaires pour mettre au pas la finance.


Des régulations spécifiques doivent concerner les banques coopératives, qui ont
autant failli que les autres. J’interdirai aux banques coopératives toutes les activités
financières qui ne relèvent pas de la banque de dépôt. Je séparerai clairement les
activités de mutuelle santé, de mutuelle d’assurance et de banques de dépôt. Je limiterai
l’échelle des rémunérations dans les groupes bancaires coopératives et mutualistes
à 20 SMIC maximum. Enfin, je rendrai obligatoire la présence d’administrateurs
salariés ayant voie délibérative dans toutes les grandes entreprises mutualistes, les
grandes associations, à tous les échelons des groupes bancaires coopératifs, dans les
coopératives de commerçants et dans les coopératives agricoles.

Je veux tisser une alliance entre les acteurs de l’économie sociale et solidaire et les
porteurs de la République sociale. Pour favoriser le développement du secteur,
j’imposerai aux banques coopératives une part de financement obligatoire fléchée
en direction des entreprises de l’économie sociale et solidaire. Cette obligation
portera également pour la Banque publique d’investissement. J’augmenterai de 25 %
le développement des aides au poste dans les entreprises d’insertion par l’activité
économique, car cette activité sera tout à fait stratégique pour assurer le retour de tous
dans l’emploi dans le cadre de la nouvelle répartition du travail, du plan de relance
budgétaire et monétaire et des nouvelles régulations que j’entends mener.

Désobéir au droit de la concurrence européen ne sera pas un problème dès lors qu’il
s’agira de favoriser le développement de l’économie sociale et solidaire. Je favoriserai
en conséquence la capacité des pouvoirs publics à soutenir par la commande
publique et à subventionner les entreprises de l’économie sociale, sur la base de la
reconnaissance de leur utilité sociale, en refusant de leur appliquer la législation
européenne relative à la concurrence et aux aides d’État.

35
D É F E N DR E N O T R E
CO N T R AT S O C I A L

36
UN SYSTÈME DE
RETRAITE PLUS SIMPLE
ET PLUS JUSTE

88 Revaloriser les petites retraites

Permettre aux organismes de retraite d’émettre des obligations à long terme


89 dont la liquidité serait assurée en autorisant leur acquisition par la Banque
centrale dans le cadre de ses interventions sur les marchés financiers

Engager un plan de convergence progressive de tous les dispositifs publics


90 et privés d’épargne retraite forcée ou incitée en les agrégeant au principe du
régime par répartition

Rappel n°1 : la proposition n°63 prévoit le retour à l’âge légal de départ à la retraite à
60 ans.
Rappel n°2 : la proposition n°77 prévoit l’organisation d’États généraux du travail et de
l’innovation sociale qui porteront notamment sur les retraites.

Le système de financement des retraites par répartition a depuis longtemps prouvé


sa supériorité par rapport au prétendu modèle par capitalisation. Tandis que, dans ce
dernier, les retraités voient régulièrement le montant de leurs pensions s’effondrer
avec la dévalorisation de leur capital, le système français répartit, année après année
et depuis la Libération, des retraites sûres, qui font sa force. Le système par répartition
peut certes souffrir d’une dynamique démographique insuffisante, mais la France,
dans la longue durée, avec son taux de fécondité de deux enfants par femme en
moyenne et son immigration positive mais modérée, ne sera pas confrontée à ce
risque, contrairement à ses partenaires européens.

Seules les prochaines années seront difficiles et c’est pour assurer cette transition
que je propose de permettre aux organismes de retraites d’émettre des obligations à
long terme dont la liquidité serait assurée par la Banque centrale. À moyen et long

37
termes toutefois, nous devons conforter le modèle par répartition et c’est la raison
pour laquelle j’engagerai un plan de convergence progressive de tous les dispositifs
publics et privés d’épargne retraite forcée et incitée en les agrégeant au système par
répartition. Cette réforme bénéficiera tant aux retraités qu’à l’ensemble de l’économie,
en faisant chuter l’épargne de précaution au bénéfice de la consommation et de
l’investissement.

Si le modèle de retraite à la française est sûr et viable, il a pour défaut de compter


de nombreuses petites retraites, qu’il conviendra de revaloriser. J’augmenterai ainsi
le minimum vieillesse de 100 euros, pour passer de 800 à 900 euros par mois. Les
petites pensions, inférieures à 1200 euros par mois, seront également revalorisées et
progressivement augmentées sur cinq ans de 10 %.

38
NOTRE SANTÉ N’EST PAS
UNE MARCHANDISE

Les réformes des gouvernements de droite en matière de santé, notamment la mise


en place de la tarification à l’activité et la loi portant réforme de l’hôpital (HPST) en
2009 ont fragilisé l’hôpital public et dévalorisé son rôle spécifique de pilier du modèle
républicain, alliant excellence médicale et égalité d’accès aux soins. Cette situation
a été aggravée par la politique menée par les gouvernements successifs de François
Hollande. Je veux rendre toute sa place à l’hôpital public.

Adopter un plan innovation santé, pour concentrer des investissements


majeurs en faveur de l’hôpital public, axé sur trois priorités : l’amélioration
91 des conditions d’accueil des patients à l’hôpital ; le financement de projets de
recherche ; l’encouragement à des débouches thérapeutiques et industriels
des innovations en santé

92 Engager un plan national de rénovation des hôpitaux publics

Donner la priorité à l’hôpital public pour les attributions d’autorisations de


93 plateaux techniques

Réformer la gouvernance hospitalière en renforçant la participation des


94 médecins et des syndicats

Supprimer la tarification à l’activité en vigueur dans l’hôpital public et basculer


vers une rémunération mixte combinant un renforcement de l’enveloppe
95 forfaitaire et une prise en compte de l’activité réelle ; prévoir une enveloppe
forfaitaire plus importante fléchée en direction des établissements hospitaliers
de proximité

39
Si des efforts ont été faits pour promouvoir la réduction des inégalités territoriales
d’accès aux soins, notamment par le Pacte santé territoire, le choix d’une négociation
conventionnelle avec les médecins plutôt que de la loi n’a pas permis de s’attaquer
efficacement aux dépassements d’honoraires, responsables d’une aggravation
des inégalités sociales d’accès aux soins. Il faut faire évoluer la rémunération des
professionnels pour y intégrer davantage de rémunérations forfaitaires correspondant
à la valorisation de leurs missions. Je favoriserai l’accès aux meilleurs soins pour tous
sur l’ensemble du territoire national.

Adopter un plan pluriannuel d’évolution de la rémunération des médecins


96 généralistes, avec pour objectif 50 % de rémunération forfaitaire

Développer les maisons de santé en y accueillant, en lien avec les CHU, une
97 partie de la formation initiale et continue des professionnels pour favoriser
ensuite leur installation sur le territoire

Organiser des consultations ambulatoires par les spécialistes hospitaliers dans


98 les maisons de santé et les hôpitaux locaux

La dépendance, la santé mentale et le médicament, constitueront trois priorités


nationales de mon action en matière de politique de la santé. L’allongement de
l’espérance de vie fait de la prise en charge des personnes âgées dépendantes un
enjeu économique et éthique majeur. Trop longtemps, le politique n’a pas fait preuve
de volonté en ce qui concerne la santé, faisant des hôpitaux la variable d’ajustement.
Aujourd’hui, ce manque de moyens fragilise notre société. L’insuffisante prise en
compte des enjeux de santé mentale et le manque de moyens du système hospitalo-
ambulatoire de soins psychiatriques fragilisent notre société et acutisent ses tensions,
rendant nécessaire un volontarisme public qui procède d’un choix de société. Les
scandales pharmaceutiques, mais aussi les déremboursements mal expliqués et
mal compris, ainsi qu’une dévalorisation plus générale dans la société de la notion
de progrès scientifique et technique ont amené à une perte de confiance de nos
concitoyens dans les médicaments. Je veux y répondre en distinguant clairement les
produits sur la notion fondamentale du véritable « service médical rendu ».

J’engagerai un plan numérique pour la santé qui prévoira notamment la création d’un
carnet de santé numérique. Cette mesure permettra de favoriser la transmission des
dossiers et facilitera ainsi l’accès aux soins, aidera la recherche par l’utilisation des big
data et prévoiera une attention particulière à la protection des données, qui ne devront
pas tomber dans l’escarcelle des assureurs.

40
Créer des équipes mobiles de prise en charge de la dépendance adossées à
99 des services hospitaliers répartis selon un maillage systématique du territoire
national

Adopter un plan santé mentale pour renforcer les moyens de l’hôpital


psychiatrique et des centres médico-psychologiques ; créer des équipes
100 médico-psychologiques en lien avec les CMP dans chaque maison de santé ;
territorialiser des actions de prévention des addictions dans les maisons de
santé

Repenser la politique du médicament en garantissant pour les citoyens


101 innocuité, efficacité et remboursement à taux plein des médicaments, avec
identification claire pour tous des produits à « service médical rendu »
insuffisant

102 Rembourser systématiquement les médicaments sur la base du prix du


médicament générique le plus bas, lorsque celui-ci est disponible

103 Engager un plan de recrutement de personnels de santé (médecins, infirmiers,


aide-soignants) et déverrouiller le numerus clausus pour palier le manque de
personnel constaté dans certains métiers

104 Réglementer les installations des médecins généralistes pour lutter contre les
déserts médicaux en instaurant une carte médicale

105 Adopter un plan numérique pour la santé instaurant notamment un carnet de


santé numérique

41
U N NO U VE A U C O N T R AT
D E DÉ VE L O P P E M E N T
PO U R L A F R A N C E
PÉRIPHÉRIQUE

J usqu’à une date relativement récente, l’aménagement équilibré du territoire était,


en France, un discours consensuel, porté à la fois par la droite et par la gauche, qui
s’affirmait garant des équilibres entre les différentes parties du pays. Ce discours rassurant
n’était toutefois guère traduit dans la réalité. Depuis vingt ans, l’émergence de la « fracture
territoriale » dans le débat public est loin d’avoir débouché sur une véritable politique
d’aménagement du territoire. Elle s’est au contraire achevée par des choix politiques
délibérés en faveur des métropoles et des villes-mondes. Le quinquennat Sarkozy marquait
une rupture brutale en ce sens, malheureusement poursuivie lors du dernier quinquennat.
Qu’on en juge : l’autonomie des universités et la concentration de l’enseignement
supérieur dans les plus grandes villes pour gagner artificiellement quelques places dans
les classements universitaires internationaux ? Un choix favorable aux métropoles. Le
remplacement de la taxe professionnelle par une contribution portant sur la valeur
ajoutée ? Un autre choix favorable aux métropoles. La baisse des dotations de l’État ?
Favorable encore aux métropoles. La concentration des services publics de l’État dans les
capitales régionales au détriment des villes moyennes ? Un choix pour les métropoles. La
fermeture des hôpitaux de proximité ? Une fois de plus pour les métropoles. La libéralisation
des opérateurs de télécommunication qui n’investissent que dans les territoires denses,
donc rentables ? Toujours et encore pour les metropoles !
Ce choix politique délibéré en faveur des métropoles est inspiré par l’idée selon
laquelle, concentrée en certains endroits, la richesse ruissellerait alors sur l’ensemble du
territoire national. En réalité, tout cela n’entraîne qu’un ruissellement de la pauvreté, une
augmentation continue des inégalités géographiques et sociales et aggrave le sentiment
d’abandon que ressentent 85 % des Français qui n’habitent pas dans les métropoles. Ce
sentiment devient une réalité dans de trop nombreuses communes où se succèdent les
fermetures, les unes après les autres, des entreprises et des administrations. La menace
plane et distille ses effets insidieux, là du moins où le bureau de poste, l’école primaire, le
cabinet médical et la PME subsistent encore.
Le choix politique délibéré des métropoles est un choix de mépris pour la France
périphérique. Les grandes organisations urbaines ont toujours su générer une dynamique
propre et concentrer une large part du développement et de l’innovation, dont elles
sont généralement l’un des principaux moteurs. Cette tendance est naturelle. Il ne s’agit
nullement d’entraver le développement des métropoles, mais de veiller à une meilleure
répartition de l’activité sur l’ensemble du territoire. Cette meilleure répartition bénéficiera à
tous, car un bon équilibre entre les territoires produit des effets vertueux de type gagnant-
gagnant.

42
POUR UNE STRATÉGIE
ÉQUILIBRÉE
D’AMÉNAGEMENT DU
TERRITOIRE

La France ne s’est pas construite de façon spontanée : il a fallu une volonté politique
farouche pour structurer le territoire. Ma stratégie d’aménagement du territoire repose
sur plusieurs étapes. La première nécessité est de revenir sur le fait générateur de la
concentration des richesses dans les métropoles, à savoir l’absence de répartition
correcte sur le territoire national des établissements de l’enseignement supérieur.
Je souhaite ensuite établir une fiscalité qui incite à s’installer dans certaines zones
aujourd’hui en voie de désertification. Une intervention résolue de l’État, à la fois en
matière de constructions de réseaux de transports et de communication, d’offre de
services publics sur l’ensemble du territoire et de déconcentration d’une partie des
administrations centrales vers les villes moyennes et les territoires périphériques est
par ailleurs indispensable.

Engager un plan national de déconcentration de l’enseignement supérieur


106 des grandes métropoles vers les villes moyennes et les préfectures
départementales, dans un premier temps au niveau de la licence

Intégrer un critère basé sur la distance séparant le domicile des salariés de


107 leur lieu de travail pour le calcul de l’impôt sur les entreprises

Créer un grand ministère de l’Équipement et du Plan chargé de piloter la


108 politique de rééquilibrage du territoire national

Soutenir les services publics locaux, notamment les guichets de poste, afin
109 d’assurer sur l’ensemble du territoire national un égal accès aux services
publics

110 Nationaliser le réseau autoroutier et poursuivre son développement

43
111 Construire 1 000 km de lignes TGV neuves supplémentaires

Élaborer un plan national d’équipement du territoire en TER modernisés (avec


112 objectif de vitesse de croisière de ces trains à 200 km/h)

Équiper le territoire en infrastructures numériques 5G et équilibrer la


113 répartition des opérateurs de télécommunication sur le territoire afin d’éviter
les zones blanches

114 Renationaliser les infrastructures aéroportuaires qui ont été privatisées

Soutenir les dispositifs de télétravail et de coworking pour favoriser


115 l’installation des entreprises en milieu rural

Instaurer un moratoire de 3 ans sur la décentralisation ; à l’issue de cette


période, organiser une convention nationale territoriale qui proposera aux
Français une nouvelle organisation territoriale de la République, guidée
116 par des principes simples : unité, uniformité, responsabilité des élus et
des citoyens, autonomie budgétaire et fiscale confortée, principe de libre-
administration, spécialisation des niveaux de collectivité, mais capacité
d’initiative, séparation des collectivités uniques

44
LE CHEMIN DE LA
SOUVERAINETÉ
ALIMENTAIRE

Le sentiment d’abandon est encore renforcé par la crise sans fin que traverse
l’agriculture française, qui s’aggrave singulièrement depuis quelques années. Les
politiques productivistes engagées à la Libération, où existaient encore les tickets
de rationnement, ont été maintenues et amplifiées au fil des années, alors que leur
raison d’être avait disparu. La structuration même de l’agriculture française ne
lui permet pas d’être compétitive face à celle des États-Unis, voire de l’Allemagne.
Pendant de nombreuses années, la politique communautaire de soutien des prix a
permis de masquer la réalité et a interdit, en privilégiant une approche exclusivement
quantitative, une orientation résolue vers des productions à forte valeur ajoutée. Les
syndicats majoritaires ont employé ce délai pour consacrer leur énergie contre le
système des quotas. Son démantèlement n’a mis que quelques mois à produire ses
effets. C’est au moins la moitié des exploitations agricoles qui risquent de disparaître
dans les prochaines années. Cette perspective aurait deux effets : l’industrialisaton
massive de l’agriculture et l’abandon de l’espace rural. Dans les deux cas, c’est un
monde qui est en train de disparaître.

L’agriculture française semble en effet vivre actuellement le même drame que notre
industrie et ce pour des raisons similaires. Dans les deux cas, au lendemain de la
guerre, l’enjeu était de produire, et de produire beaucoup, dans un pays ravagé et
souffrant de la faim. La production industrielle française, souvent basée sur la masse
et une faible valeur ajoutée unitaire, était en adéquation avec des transports coûteux
et un marché intérieur relativement protégé ; elle n’a pu résister ni à l’effondrement
du prix des transports, ni à l’ouverture des frontières sur des pays dépourvus de
législations sociales et environnementales. La production agricole a mis plus de temps
à se confronter aux mêmes problématiques, mais uniquement parce que les aides
massives de la politique agricole commune ont longtemps masqué des réalités que
leur démantèlement remet en pleine lumière.

Le bilan de cette politique agricole est désastreux, avec une agriculture qui a été
acculée au productivisme et à des productions à faible valeur ajoutée. Simultanément,
45
les budgets national et européen consacrés au secteur agricole français avoisinent les
quinze milliards d’euros ! C’est plus de 15 000 euros de subvention par actif et par
an, soit plus de la moitié du revenu moyen. Étant entendu qu’un flou artistique est
savamment entretenu sur les revenus agricoles, il reste aujourd’hui une certitude :
un quart des exploitants ne sont pas capables de dégager un SMIC et ont des revenus
proches ou inférieurs aux minima sociaux. Il est certain que la grande distribution a
étranglé l’agriculture française, en lui imposant des productions de piètre qualité pour
être compétitive sur les prix. En outre, les pratiques agricoles ignorantes des enjeux
environnementaux stérilisent les sols. Les hauts rendements actuels ne sont atteints
que par la substitution de plus en plus profonde de la chimie industrielle à la chimie
naturelle. Comme si cela ne suffisait pas, l’endettement massif des exploitations
représente probablement l’un des obstacles majeurs à une politique de reconversion
vers la montée en gamme et vient interdire toute forme d’espérance si l’on poursuit la
politique du laisser-faire.

J’entends précisément rompre avec les politiques du passé afin de bâtir une agriculture
nouvelle pour la France du XXIème siècle, orientée vers des productions de qualité,
verte et écologique, plus locale, performante, ouverte aux nouvelles technologies, qui
permette aux agriculteurs de vivre décemment des fruits de leur travail. L’enjeu, c’est
bien notre souveraineté alimentaire.

117 Établir un système de prix garantis pour sauver l’agriculture française

Orienter la production agricole et alimentaire vers une montée en gamme


118 qualitative

Protéger le marché national agricole et alimentaire par des normes


119 qualitatives et environnementales plus élevées

Privilégier pour le versement des aides agricoles, les agriculteurs qui


produisent dans des conditions conformes aux critères suivants : qualité
120 écologique et sanitaire, limitation des intrants, productions nécessaires à la
consommation alimentaire intérieure, emploi rural, préservation des paysages

Résorber la dette des installations agricoles en conversion et mettre en


121 place des instruments publics de crédit pour le financement de nouveaux
investissements

Utiliser l’introduction du mécanisme de prix garantis pour engager un plan


122 national d’affranchissement de l’agriculture aux intrants

46
Renforcer l’ancrage territorial de l’alimentation avec des contrats de territoire
pour l’alimentation avec les collectivités locales afin de fournir les cantines,
123 les restaurants universitaires et les entreprises en produits français, locaux
et durables : objectif de 50 % de viande française dans les cantines et de
produits issus des labels régionaux/de qualité et des modes de production
durables

Porter un Plan numérique pour l’agriculture : cartographie, géo-référencement


124 des sols français, des conditions climatiques, des écosystèmes présents et
fournir les données en open data

Numériser et recenser les données d’utilisation des pesticides par les


125 agricultures, accessibles en ligne sur un site national en open data, pour
favoriser la substitution et renforcer la protection

Renforcer le bien-être animal en augmentant les effectifs de l’inspection


vétérinaire ; en renforçant la surveillance des abattoirs par la vidéo et en
généralisant les abattoirs mobiles pour les éleveurs désirant accompagner
126 leurs animaux ; en généralisant le statut des êtres sensibles pour tous les
animaux ; en pénalisant les tortures contre les animaux sauvages au même
titre que pour les animaux domestiques

Généraliser les journées de l’agriculture et de l’alimentation le 16 octobre


127 (journée mondiale de l’alimentation) avec des visites d’exploitations agricoles,
d’industries agroalimentaires et de maraîchages

Privilégier des solutions de stockage de l’eau par des réserves sur le modèle
128 des bacs de récupération plutôt que par des barrages

47
L UT T E R E F F I C A C E M E N T
CONTRE LE
R É C HA U F F E M E N T
C L I M AT I Q U E

L es capacités de production d’énergie sont un enjeu décisif de notre modèle de


développement. Face au phénomène de réchauffement climatique et à l’évolution
rapide du marché mondial, la France doit privilégier son indépendance, assurer la sécurité
de son approvisionnement et faire de la lutte contre les gaz à effet de serre l’orientation
principale de sa politique environnementale.
Dès lors, il convient de maintenir un parc nucléaire sécurisé et d’investir pour asseoir la
technologie des réacteurs de troisième génération et apporter les crédits nécessaires à
la recherche pour le développement des réacteurs de quatrième génération. Pour cela,
j’entends revenir sur les dispositions restrictives concernant l’énergie nucléaire dans la
loi de transition énergétique, surseoir à la fermeture infondée de Fessenheim et fermer
en revanche les centrales carbonées (4 centrales au fioul et 4 centrales à charbon). Afin
d’amplifier la lutte contre le réchauffement climatique, le mix énergie nucléaire/énergies
renouvelables doit être conforté et doit bénéficier d’un effort partagé. Dans ce même esprit,
la France doit lancer une grande initiative de coopération européenne en matière d’énergie
décarbonée et défendre l’établissement d’une taxe carbone aux frontières européennes.

Supprimer le plafond de capacité nucléaire de 63,2 GW prévu à l’article 55 de


129 la loi de transition énergétique ainsi que la limitation à 50 % de production
d’électricité inscrite à l’article 2 de la même loi

Fixer des objectifs de 75 % de transport des personnes et de 50 % pour celui


130 des marchandises à l’aide d’énergie décarbonée à l’horizon 2025 et 90 % en
2050

Décider du renouvellement de 50 % de la puissance nucléaire française


installée sur un modèle de réacteur maîtrisé par la filière nucléaire française
131 avec les plus hautes exigences de sûreté et de performance afin de garantir le
faible coût de l’électricité nécessaire aux ambitions françaises d’une énergie
décarbonée

Poursuivre les efforts de recherche sur les réacteurs nucléaires de quatrième


132 génération (Astrid, filière Thorium/sels fondus)

48
Annuler la fermeture de la centrale de Fessenheim et lier de nouvelles
133 fermetures à l’ouverture de nouveaux sites de production

134 Prévoir un plan de stockage et de recyclage des déchets nucléaires

Fermer les dernières centrales au charbon et au pétrole existantes en France,


135 maintenir pour l’appoint les centrales au gaz

Soutenir à part égale la recherche dans le nucléaire et dans les énergies


136 renouvelables (1 euro dans le nucléaire = 1 euro dans le renouvelable)

Lancer des coopérations européennes et internationales sur les énergies


renouvelables, la rénovation thermique des logements, le stockage de
137 l’électricité, les réseaux électriques intelligents et les véhicules à énergie
décarbonnée

Établir une taxe carbone aux frontières européennes, sinon aux frontières
138 nationales

Parce qu’il s’agit d’un secteur stratégique de première importance et pour assurer une
sécurité optimale, les opérateurs privés de production d’électricité seront nationalisés
et les barrages hydroélectriques seront maintenus dans le giron de l’acteur public EDF,
sous contrôle de l’État. L’énergie est un bien commun dont l’État doit être garant pour
permettre à tous les Français l’accès à une énergie respectueuse de l’environnement
et à faible coût.

139 Nationaliser les vendeurs et opérateurs privés de production d’électricité

Étudier un plan de développement des moyens de transport électriques, des


140 infrastructures de recharge et de multimodalité

Lancer un plan national de développement pour les systèmes de type


141 géothermie

Refuser la privatisation des concessions hydrauliques françaises imposée par


142 Bruxelles

49
La lutte contre l’effet de serre doit aussi être déclinée dans la vie quotidienne à travers
le logement et les transports. L’investissement massif pour l’isolation thermique des
logements, le développement des réseaux de chaleur et la conversion de l’habitat en
centrales énergétiques autonomes doivent devenir une priorité car l’énergie la plus
rentable est d’abord celle qui n’est pas consommée. À terme, la réduction du nombre
de centrales doit être favorisée par une politique de sobriété énergétique qui ne
doit pas être mue par le principe idéologique de la décroissance, mais par celui de
ne pas favoriser un système de surconsommation superflu. En matière de transport,
la filière automobile française doit être accompagnée et soutenue pour réduire la
consommation de carburant des véhicules, mais aussi favoriser la voiture électrique
qui demeure aujourd’hui encore très marginale sur le marché.

La politique du logement est un enjeu essentiel pour la lutte contre le changement


climatique. Le plan pilote de conversion des logements en centrales électriques et
le nouveau plan d’isolation thermique des logements devront être accompagnés
d’un effort de construction sans précédent pour résoudre la pénurie de logements
à laquelle les Français sont confrontés. Il faudra lancer sur 5 ans un plan national
de construction de logements neufs entièrement financés par l’État, puis loués ou
vendus aux particuliers à des prix inférieurs à ceux du marché. L’écologie ne doit pas
être punitive : elle doit se traduire par des progrès concrets dans la vie quotidienne des
Français.

Lancer un plan national pilote de conversion des logements en centrales


énergétiques autonomes (comprenant l’usage synergique des énergies
renouvelables, des meilleures technologies d’isolations thermiques,
143 l’installation de dispositifs de stockage de l’énergie, la conversion des réseaux
électriques existants en réseaux électriques intelligents, l’usage de véhicules à
énergie décarbonnée)

144 Engager sur 5 ans un nouveau plan d’isolation thermique des logements

Encourager davantage les véhicules hybrides, électriques et/ou autonomes en


145 modifiant le système du bonus/malus

146 Favoriser le développement des réseaux de chaleur

Flécher une partie des financements disponibles à la BPI pour financer la


147 transition écologique et le développement des circuits courts

50
FA I R E R AY O N N E R
L A C U LT U R E E T L A
N OU VE L L E S O C I É T É D E
L’ I N F O R MAT I O N

L e budget que la Nation consacre à la Culture doit cesser d’être la variable d’ajustement
des comptables de Bercy et de Bruxelles, pour qui le secteur ne représente qu’une
gabegie budgétaire. La Culture rapporte chaque année 57,8 milliards d’euros pour 11
milliards d’investissements, soit 3,2 % du PIB : c’est, en valeur ajoutée, l’équivalent du
secteur des télécommunications, quatre fois l’équivalent de l’industrie chimique, sept fois
l’équivalent de l’industrie automobile. Le secteur de la Culture apporte aussi à la France
des bénéfices d’images qui ne sont pas quantifiables, mais qui fondent la compétitivité de
l’ensemble de notre économie.
Nous ne devons cependant pas nous contenter de dénoncer l’absurdité de la gestion
économique du secteur par les libéraux en rétablissant quelques vérités essentielles et
fondamentales. Je veux surtout dégager la Culture de la domination économique à laquelle
l’idéologie, la mondialisation et la révolution numérique, la soumettent. Cela se justifie par
le fait que la Culture est une part fondamentale de la vie sociale. Les créations artistiques,
la langue, les médias, l’engagement associatif feront l’objet de politiques publiques
ambitieuses, afin de redonner au pays les outils d’un nouveau rayonnement, tout en
renouant avec le devoir national qu’est l’élévation du sens critique du citoyen.

Défendre lors de toutes les négociations internationales le principe de


148 l’exception culturelle, au nom de quoi la Culture doit échapper à la loi des
marchands

Refuser toute reconnaissance du copyright et défendre la tradition française


149 du droit d’auteur

Poursuivre et soutenir les dispositifs d’expérimentations sur des systèmes de


150 rémunération de type licence globale

Redonner un rôle central à l’Académie française dans la défense et la


151 promotion de la langue française

152 Supprimer la réforme orthographique de 1990

Défendre l’usage de la langue française dans les médias en repensant la


153 charte du CSA avec des amendes dissuasives contre l’utilisation du « globish »
51
Défendre l’usage de la langue française en interdisant l’emploi d’une langue
154 étrangère dans la nomination des produits culturels ou des entreprises

Rétablir le français comme seule et unique langue d’enseignement et


155 d’apprentissage en dehors des cours de langues étrangères

156 Instaurer une taxe ad valorem sur les revenus des géants culturels

157 Renforcer le droit de la citation courte en ligne

Adopter une politique d’aide à l’adaptation des librairies à la révolution


158 numérique

Interdire à tout groupe privé détenant des médias de faire des affaires avec
159 l’État

Transférer l’ensemble des subventions publiques versées à la presse récréative


160 pour la presse d’information

Proposer la création d’un Service commun de la presse, sous statut coopératif,


afin de mutualiser l’ensemble des infrastructures de production et de
161 distribution de l’information, la gestion administrative et commerciale,
l’informatique et la recherche et développement

Financer le Service commun de la presse par la création d’une cotisation


162 sociale information de 0,1 %, assise sur la valeur ajoutée et acquittée par
toutes les entreprises et administrations

Proposer la suppression progressive de la publicité sur le service public


163 radiophonique et audiovisuel, intégralement compensée par une
augmentation correspondante de la cotisation sociale information

164 Imposer une grille d’émissions culturelles au service public

Réserver la Légion d’honneur pour récompenser uniquement les actes de


165 bravoure et de courage

166 Légiférer pour revenir sur l’arrêt Bosman

167 Mettre un terme à la pratique dite du « naming »

52
Réarmer la Culture passe par la défense dans toutes les négociations internationales
de l’exception culturelle, laquelle ne doit naturellement pas être comprise comme
l’affirmation de la supériorité de la culture française sur les autres, mais comme la
volonté politique de protéger la Culture de la loi des marchands. Cela passe aussi par
une politique claire en matière de rémunération des créateurs, bousculée à la fois
par les assauts du droit anglo-saxon et par le piratage informatique généralisé, rendu
possible par les progrès qu’offrent les nouvelles technologies de l’information et de la
communication. Je défendrai donc le principe du droit d’auteur à la française contre le
copyright anglo-saxon et poursuivrai les expérimentations engagées sur les systèmes
de rémunération de type « licence globale », les seules qui permettront à moyen et à
long termes de rémunérer comme il se doit les créateurs dans le cadre de la nouvelle
économie numérique. Je promouvrai l’usage de la langue française, en luttant contre
l’usage des anglicismes et les soi-disant réformes orthographiques.

Il s’agira ensuite de repenser totalement l’organisation des médias. En l’espace d’une


trentaine d’années, nous sommes passés en la matière d’une mauvaise situation à
une autre : du monopole public directement contrôlé par l’État aux oligopoles privés
directement contrôlés par les plus grandes fortunes de France. Cette situation entraîne
la précarisation des rédactions, l’uniformisation des contenus, l’éviction progressive
du pluralisme et nuit à la vitalité démocratique. Il n’est pas acceptable que l’essentiel
de la presse papier et de ses déclinaisons sur internet, des radios et des télévisions,
soit détenu par les capitaux des plus grandes fortunes françaises. Je commencerai
donc par empêcher tout groupe privé détenant des participations dans un média de
conclure des affaires avec l’État, mettant ainsi fin à des conflits d’intérêts patents et à
des connivences qui nuisent profondément à l’intérêt général.

Je veux aller au-delà et proposer un nouveau modèle pour une presse libre qui
reposera sur trois éléments. Je distinguerai la presse d’information, celle qui a
vocation à informer le public, de la presse récréative. Si les deux genres peuvent se
prévaloir d’une égale dignité, seul le premier joue un rôle clé dans le débat public, ce
qui fonde sa légitimité à percevoir des financements de la République. Je supprimerai
donc les subventions publiques à la presse récréative et les transférerai à la presse
d’information. En outre, un Service commun de la presse, sous statut coopératif,
mutualisera l’ensemble des infrastructures de production et de distribution de
l’information, la gestion administrative et commerciale, l’informatique et la R&D.
Les équipes ne seront toutefois pas séparées en fonction de leurs employeurs et
continueront à travailler sous le même toit. Nous financerons le Service commun à
la presse en créant une cotisation sociale information de 0,1 %, assise sur la valeur
ajoutée et acquittée par toutes les entreprises et administrations. Je proposerai
enfin la suppression progressive de la publicité sur le service public radiophonique
et audiovisuel. Les recettes publicitaires seront intégralement compensées par une
augmentation correspondante de la cotisation sociale information.

53
Nous pourrons enfin, dans ce nouveau cadre, prévoir une véritable grille d’émissions
culturelles dans le service public, qui se distinguera ainsi nettement des chaînes de
radios et de télévisions privées.

Je veux aussi promouvoir un autre modèle sportif que celui du sport réduit à un
commerce financiarisé, modèle tristement développé en particulier dans le football.
Il est urgent d’interdire la pratique dite du « naming » et de revenir sur l’arrêt Bosman.

54
55
UNE ÉCOLE
R ÉP U B L I C A I N E Q U I
INST R U I T E T É M A N C I P E

J e suis viscéralement attaché à l’École de la République, gratuite et laïque. L’École


est le cœur de la République réelle. Elle est le premier vecteur de l’intégration et de
l’émancipation. Elle est cette chance offerte à chaque enfant de s’arracher aux conditions
de sa naissance. Par l’École, on devient citoyen. Par l’École, on a accès au monde.
L’empilement interminable de réformes démagogiques laisse aujourd’hui l’École publique
en crise. Le départ croissant d’année en année de nombreux enfants vers l’enseignement
privé traduit ce malaise. La suppression du redoublement, la multiplication des
enseignements périphériques dès le primaire, l’absence de continuité de la politique
éducative avec vingt-et-un ministres qui se sont succédés en 20 ans : voilà ce qui
déstabilise une institution qui a besoin de sérénité et, oui, de lenteur.
Mais nous devons aller au-delà de la question des moyens qui monopolise habituellement
le débat : c’est toute l’approche qui doit être radicalement transformée.

56
S’APPUYER SUR LES
ENSEIGNANTS POUR RÉUSSIR
LE REDRESSEMENT DE
L’ÉCOLE

L’Éducation nationale repose pour beaucoup sur les connaissances et le dévouement


des professeurs. On ne peut prétendre redresser le système scolaire contre eux.

Cela passe par une revalorisation importante de leur rémunération. Le traitement des
enseignants a décroché depuis le début des années 2000 et est désormais nettement
inférieur aux standards européens, décourageant bien des volontés. La rémunération
des enseignants en France est de 50 % inférieure à celle de leurs collègues allemands.
Un professeur des écoles débute sa carrière avec un salaire mensuel de l’ordre de 1 350
euros nets par mois après 4 ans d’études. La République que nous défendons confie
à l’École un rôle prépondérant. Voilà pourquoi j’augmenterai la rémunération des
enseignants de 25 % sur cinq ans.

Il faut ensuite augmenter le nombre de professeurs. Je doublerai les postes ouverts


aux concours les deux premières années du mandat, en donnant un accès privilégié
aux personnels contractuels et vacataires.

La formation des maîtres doit être repensée. J’exigerai un diplôme de master


disciplinaire pour passer les concours, puis une année de formation rémunérée avec
des stages et enfin une année de fonctionnaire stagiaire. Je n’accepte pas que les
lauréats des concours soient propulsés deux mois après dans des classes sans soutien
en amont.

Je souhaite également réaffirmer leur autorité et les valeurs qui sous-tendent leur
action. J’instaurerai des cours d’éducation civique dès l’école primaire et jusqu’à la
fin de l’enseignement secondaire et ferai appliquer la circulaire Châtel avec fermeté.
J’instaurerai le port de l’uniforme pour les élèves de l’école élémentaire jusqu’au lycée.
L’uniforme à l’école n’est pas un archaïsme : si l’on regarde autour de nous, on constate
qu’une majorité d’élèves dans le monde portent l’uniforme à l’école. L’École n’est pas
la rue. Le port de l’uniforme permet une meilleure inclusion, atténue les différences
sociales et règle définitivement la question des signes vestimentaires d’appartenance
religieuse.
57
Il s’agira enfin de rappeler le primat de la souveraineté nationale et populaire dans
l’organisation du système éducatif. La stratégie Europe 2020 formulée par l’Union
européenne ainsi que le classement PISA de l’OCDE déroulent la pelote des réformes
structurelles visant à faire converger les modèles éducatifs selon une méthode et une
finalité ultra-libérales. Toutes ces évolutions se font au mépris du travail quotidien des
enseignants. Je dénoncerai la stratégie Europe 2020 et sortirai la France du classement
PISA. Du point de vue de la souveraineté numérique, nous inciterons à l’utilisation des
logiciels libres au sein de l’Éducation nationale et nous dénoncerons le partenariat
conclu avec Microsoft.

Augmenter la rémunération des enseignants de 25 % sur 5 ans pour favoriser


168 la filière et encourager les vocations

Doubler les postes ouverts aux concours les deux premières années, avec un
169 accès privilégié pour les personnels contractuels et vacataires

170 Établir le port de l’uniforme à l’école

Instaurer des cours d’éducation civique dès l’école élémentaire et jusqu’à la fin
171 de l’enseignement secondaire

Réformer la formation des maîtres en exigeant un diplôme de master


172 disciplinaire pour passer les concours, puis une année de formation
rémunérée avec des stages et enfin une année de fonctionnaire stagiaire

Appliquer la circulaire Châtel sur la neutralité religieuse des accompagnateurs


173 de sortie scolaire

174 Rétablir la primauté du maître sur les familles en matière d’orientation

175 Dénoncer la stratégie Europe 2020 en matière d’éducation

176 Sortir du classement PISA de l’OCDE

177 Inciter à l’utilisation des logiciels libres dans l’Éducation nationale

178 Dénoncer le partenariat conclu entre l’Éducation nationale et Microsoft

58
MATERNELLE ET
ÉLÉMENTAIRE : PRIORITÉ À
LA MAÎTRISE DU FRANÇAIS

Beaucoup se joue dès les premières années, à l’école maternelle et à l’école élémentaire.
Je veux concentrer les efforts pour les plus petits et favoriser la scolarisation dès l’âge
de deux ans. La priorité doit être donnée à la maîtrise de la lecture et de l’écriture du
français. Pour cela, je reviendrai sur la réduction de l’enseignement de 2h par semaine
au primaire décidée par le gouvernement de François Fillon. Je veux une semaine de
26 heures sur 4 jours et demi. Ces deux heures supplémentaires serviront à renforcer
l’enseignement du français afin que l’ensemble des enfants maîtrisent la langue de la
Nation.

La langue n’est pas seulement un moyen de communication. C’est le support de


la pensée, le vecteur de la culture. La maîtrise du français est un prérequis pour
fabriquer une Nation. Je ferai du français la seule langue enseignée jusqu’au CM2 :
l’apprentissage des langues étrangères peut attendre l’enseignement secondaire, où il
doit enfin acquérir toute sa place.

Dyslexie, dysorthographie, dyscalculie... De nombreux jeunes éprouvent des difficultés


à apprendre à lire, à écrire et à compter. Ces enfants ont besoin d’être accompagnés
par des orthophonistes compétents, mais leurs soins souvent mal remboursés sont
de surcroît effectués en dehors de l’école, ce qui génère une réelle inégalité sociale,
dommageable tout au long de la vie. Je remédierai à cette situation en créant
progressivement un service public d’orthophonie gratuit adossé aux écoles.

Je nationaliserai enfin le concours de recrutement des instituteurs, aujourd’hui


organisé au niveau académique, afin d’homogénéiser le niveau au bénéfice de tous
et d’abord de nos élèves.

59
Généraliser l’accueil en maternelle à partir de l’âge de 2 ans avec des activités
179 autour de la maîtrise de la langue

Donner la priorité à la maîtrise de la lecture et de l’écriture du français, en


180 accompagnant les élèves rencontrant des difficultés spécifiques

181 Lutter contre les dyslexies en créant un service public d’orthophonie

Passer de 24 à 26 heures hebdomadaires le nombre d’heures de classe au


182 primaire pour augmenter de deux heures hebdomadaires l’enseignement du
français

183 Faire du français la seule langue enseignée jusqu’au CM2

184 Nationaliser le concours de recrutement des instituteurs

60
L’EXIGENCE
DANS LE SECONDAIRE

L’organisation actuelle du collège aggrave encore les inégalités constatées à la sortie


du primaire. La réforme du collège est un fourre-tout idéologique qui combine
égalitarisme compassionnel, misérabilisme social et bougisme sociétal. Les
enseignements pluridisciplinaires, l’abandon des langues anciennes, l’enseignement
territorialisé sont autant de dispositions auxquelles il faut mettre un terme sans délais.
J’abrogerai donc la réforme du collège ainsi que le socle commun de connaissances,
de compétences et de culture et restaurerai les options d’excellence. Je soutiendrai
l’autorité des professeurs et de l’institution en renforçant numériquement la place des
enseignants dans les conseils de discipline des établissements.

Je ferai de la mixité sociale à l’École un objectif prioritaire. Une nouvelle carte scolaire
doit être mise en œuvre et son respect doit être renforcé. Les assouplissements depuis
de nombreuses années ont conduit à l’intensification de la ségrégation sociale. Par
ailleurs, la concurrence déloyale de l’enseignement privé sévit aujourd’hui car il n’a
aucune contrainte de mixité sociale. Le privé sous convention avec l’État ne peut pas
faire son « marché » parmi les élèves sans contrepartie. Je soumettrai donc également
l’enseignement privé subventionné à des obligations d’accueil d’élèves boursiers. Enfin,
je fermerai la centaine d’établissements répertoriés comme « ghettos » par le Conseil
national d’évaluation du système scolaire (CNESCO). Les élèves qui sont actuellement
scolarisés dans ces établissements seront répartis sur l’ensemble des établissements
environnants, car ils ont droit à la réussite autant que les autres. C’est aussi cela, la
promesse républicaine ! Poursuivant cet objectif de mixité sociale, l’État construira
10 000 places d’internats d’excellence. Il existe aujourd’hui 45 établissements de ce
type en France, il en faudra au moins un par département. L’environnement social est
la première des inégalités. En développant ces internats, nous donnerons une chance
aux enfants issus des milieux défavorisés. Nous remettrons également sur pied un
système efficace et solidaire de bourses au mérite pour les lycéens et les étudiants.

La scolarité dans les lycées généraux sera revue de fond en comble. Je rétablirai
le baccalauréat en mettant fin aux consignes de corrections généreuses : ce
61
rétablissement des exigences et de la valeur du diplôme sera salutaire autant pour
l’enseignement secondaire que pour l’enseignement supérieur, où s’effectue
aujourd’hui une sélection non-dite bien plus injuste qu’une sélection dont les
règles sont claires et connues de tous. Je réformerai le parcours du lycée général
afin de rééquilibrer les filières, avec un système de tronc commun à tous les élèves
et des options de spécialisation. Dans ce cadre général, le volume horaire pour les
enseignements de sciences économiques et sociales sera augmenté : dès 15 ans,
chaque élève doit avoir des notions d’économie pour comprendre la société et de
philosophie pour appréhender le monde.

Abroger la réforme du collège et le socle commun de connaissances, de


185 compétences et de culture

186 Restaurer et développer les options d’excellence sélectives et non sélectives

187 Fermer les 100 collèges répertoriés comme « ghettos » par le CNESCO

Redessiner et raffermir la carte scolaire en faveur d’un objectif de mixité


188 sociale

189 Soumettre le privé subventionné à des obligations d’accueil d’élèves boursiers

Réformer le parcours du lycée général avec un tronc commun à 90 % en


190 seconde, 75 % en première et 60 % en terminale et revaloriser les filières
techniques

Augmenter le volume horaire pour les enseignements de sciences


191 économiques et sociales et de philosophie de la seconde à la terminale

Réhabiliter le baccalauréat en mettant fin aux consignes de correction


192 généreuses

Renforcer la place des enseignants par rapport à celle des parents d’élèves
193 dans les conseils de discipline

194 Construire 10 000 places en internat d’excellence

Créer un nouveau système de bourses au mérite pour les lycéens et les


195 étudiants

62
L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
ET LA RECHERCHE,
CLÉS DU XXI ÈME SIÈCLE

La République n’a pas attaché jusqu’ici une importance suffisante à l’enseignement


supérieur et à la recherche. En témoigne le fait que l’investissement public par élève
est plus important en France pour un lycéen que pour un étudiant, à rebours de la
totalité des autres pays développés. C’est pour remédier à cette situation que je porterai,
sur cinq ans, les dépenses pour l’enseignement supérieur de 1,5 à 2,5 % du PIB. Les
enseignants, les autres personnels et les étudiants, savent que cette augmentation ne
sera pas de trop pour faire face à la pénurie du personnel, à l’état souvent calamiteux
des locaux et pour financer les nombreux projets de recherche en souffrance. Ces
derniers souffrent également des suppressions des dotations forfaitaires et des appels
à projet chronophages : je rétablirai la primauté des dotations forfaitaires, pour que
nos chercheurs et nos enseignants-chercheurs passent l’essentiel de leur temps à
chercher et à enseigner plutôt qu’à remplir de la paperasse administrative.

Un discours de plus en plus usité par les politiques, parfois mis en application, consiste
à expliquer que la France concentre trop d’efforts dans la recherche fondamentale et
pas assez dans la recherche appliquée. C’est une opposition qui n’a pas de sens. La
recherche appliquée appartient aux entreprises, elle est soutenue par les pouvoirs
publics à travers des dispositions adéquates, notamment le Crédit impôt recherche. La
recherche fondamentale appartient aux laboratoires et aux universités, essentiellement
financés par l’argent public. Elle repousse les frontières de la connaissance et doit être
encouragée pour elle-même, sans négliger pour autant le fait que les découvertes les
plus importantes sont souvent le fruit de recherches fondamentales dont personne
n’aurait pu imaginer au départ les applications concrètes....

Le financement de la recherche fondamentale ne doit pas oublier les sciences


humaines et sociales. Les sciences politiques, la sociologie, l’économie, l’histoire, la
géographie, la linguistique (et tant d’autres) sont des disciplines fondamentales que
nous devons encourager, en respectant leur pluralisme inhérent. C’est la raison pour
laquelle je soutiendrai la création d’une section « économie et société » au Conseil

63
national des Universités aux côtés de la section « sciences économiques » existante.
C’est un enjeu de science évident, doublé d’un enjeu démocratique : celui de casser la
pensée unique dans le champ de l’enseignement de l’économie, celle qui se déverse
ensuite dans les grands médias, celle qui nous expliquait autrefois que les crises
financières étaient impossibles parce que les marchés s’autorégulaient...

J’ai accordé, dans ma politique d’aménagement du territoire une place stratégique


à la déconcentration de l’enseignement supérieur. Le préalable est d’abroger la loi
portant sur l’autonomie des Universités. Les Universités sont un service public d’État
et doivent le rester.

196 Porter les dépenses pour l’enseignement supérieur de 1,5 à 2,5 % du PIB

Assurer le financement pérenne des laboratoires de recherche et engager une


197 action de simplification administrative en supprimant les appels à projet et en
rétablissant des mécanismes de dotations forfaitaires

Donner la priorité à la recherche fondamentale, sans négliger les sciences


198 humaines et sociales

Soutenir la création d’une section « économie et société » au CNU aux côtés


199 de la section « sciences économiques » existante pour établir le pluralisme en
économie et casser la pensée unique

200 Abroger la loi portant sur l’autonomie des Universités

Développer le financement par contrat entre l’État et les étudiants pour les
201 filières menant aux métiers de l’enseignement

64
R É TA B L I R
L’A U T O R I T É D E L’ É TAT

L ’autorité de l’état est nécessaire pour protéger les faibles contre les forts dans la jungle
du marché. Elle est tout aussi nécessaire pour protéger les faibles contre les forts dans la
jungle sociale où triomphent parfois les violences les plus inouïes. Je veux rétablir l’autorité
de l’État et assurer la sécurité de nos concitoyens. Cela vaut bien sûr pour le combat contre
la délinquance quotidienne, face à laquelle nous devons cesser d’opposer la répression et
la prévention qui sont complémentaires.
Au-delà de l’insécurité ordinaire, la France est confrontée à la vague du terrorisme islamiste.
Depuis mars 2012, plus de 240 personnes sont mortes, victimes d’actes terroristes dont la
plupart ont été, sinon revendiqués, du moins motivés par l’action de groupes islamistes.
Depuis mars 2012, le rythme s’accélère, les modes opératoires, les cibles et les lieux se
diversifient. Le phénomène du terrorisme au XXIème siècle est mondial.
Face au terrorisme comme face à la délinquance quotidienne, nous devons assurer les
Français de la mobilisation des moyens de l’État. Je veux une réponse qui soit adaptée
à l’État de droit, que certains esprits faibles entendent remettre en cause. Cette réponse
globale concerne à la fois la police, la gendarmerie, la justice et les prisons.

65
Augmenter les effectifs de la police nationale et de la gendarmerie de 25 000
202 postes sur un mandat pour assurer la sécurité des Français

Transformer les polices municipales en gardes civiques communales aux


203 compétences complémentaires et leur interdire le port d’armes

Rétablir la police de proximité afin de disposer d’un outil de terrain


204 permettant tout à la fois de lutter contre la délinquance et de collecter plus
efficacement les renseignements

Former les policiers et gendarmes à l’intervention armée dans le cadre de la


205 lutte contre le terrorisme sur le territoire national et leur assurer une meilleure
dotation en matériel

Réorganiser toute la chaîne du renseignement sous un commandement


206 unique et accroître les effectifs

Établir l’interdiction automatique de séjour sur le territoire français pour les


207 étrangers condamnés pour un crime pénal

Embaucher 5 000 magistrats pour assurer à tout justiciable un jugement


208 équitable dans un délai maximum d’un an

209 Augmenter le budget de la justice de 30 % en 5 ans

Créer un service public de la défense afin de permettre un égal accès au droit


210 pour tous les citoyens

211 Créer 15 000 places de prison supplémentaires et rénover le parc carcéral

Instaurer, à titre de peine complémentaire, une obligation de suivre un


212 enseignement ou une formation professionnelle en prison, pour favoriser la
réinsertion

213 Construire des établissements pénitentiaires à taille humaine

Inscrire l’encellulement individuel comme priorité de la loi de programmation


214 pénitentiaire

Engager un plan national de construction et de rénovation des commissariats,


215 des casernes et des palais de justice
66
Je rétablirai la police de proximité, qui n’aurait jamais dû être démantelée. Les services
de police sont aujourd’hui amputés d’un outil de terrain qui permettait d’une part
de prévenir la délinquance quotidienne et qui assurait d’autre part une fonction de
renseignement. Cela implique nécessairement d’en finir avec la politique du chiffre,
qui n’a jamais été autre chose qu’une opération de communication, contraignant
chaque jour davantage le travail des forces de l’ordre. L’efficacité de la police suppose
d’abord une présence au cœur de la société plutôt que de la paperasserie administrative
dévolue aux opérations de communication politique.

Pour assurer les missions de service public en matière de sécurité, le recrutement de


25 000 policiers et gendarmes est aujourd’hui nécessaire. Ce plan de recrutement
s’accompagnera d’une clarification des missions avec les polices municipales,
transformées en gardes civiques communales dotées de missions complémentaires,
mais distinctes, des forces nationales. Les fonctions régaliennes de sécurité des biens et
des personnes doivent relever strictement de la compétence de l’État. On ne garantira
pas la sécurité des Français en laissant faire la surenchère sécuritaire de certains élus
locaux, qui ne font qu’ajouter de la confusion et de la complexité administrative et qui
diluent l’efficacité de l’action de l’État.

Pour lutter plus spécifiquement contre le terrorisme, les policiers et les gendarmes
doivent être mieux formés à la lutte armée sur le territoire national et voir leur dotation
en matériel sensiblement améliorée. Je souhaite également réorganiser toute la
chaîne du renseignement, démantelée par Nicolas Sarkozy en 2008-2009, en créant
un commandement unique et en augmentant les effectifs.

Par ailleurs, je mobiliserai des moyens substantiels pour la Justice. Le ministère de la


Justice est aujourd’hui l’un des parents pauvres de la République. La France compte
seulement 10 000 magistrats en exercice et manque de places dans les prisons pour
assurer l’exécution des peines. Avec seulement 9 juges pour 100 000 habitants, la
République est sous-dotée (le ratio est de 25 en Allemagne et de 15 en Belgique). Je
propose de recruter 5 000 nouveaux magistrats, en vue d’assurer à tout justiciable un
jugement équitable dans un délai maximal d’un an.

Je souhaite favoriser l’accès à la justice de tous les Français, y compris ceux qui
disposent du moins de ressources financières. Aujourd’hui, l’aide juridictionnelle ne
permet pas aux faibles revenus d’avoir accès à la Justice et de faire valoir leurs droits.
Qui plus est, l’indemnisation des avocats au titre de l’aide juridictionnelle est tellement
faible que certains avocats refusent d’intervenir dans de telles affaires, privilégiant
ainsi une clientèle plus rémunératrice. Pour corriger cette inégalité d’accès au droit et
à la justice liée aux revenus des justiciables, je créerai un service public de la défense.
Des cabinets d’avocats dédiés à la défense des justiciables aux revenus les plus
modestes seront créés. La rémunération de ces avocats comme leur indépendance

67
seront calquées sur celles des magistrats et l’entrée dans ces cabinets se déroulerait
par concours.

L’état de nos prisons n’est pas digne d’une grande République. La peine, c’est la
privation de liberté, pas le cachot ! Je propose de construire 15 000 places de prisons
pour faire face à la surpopulation carcérale et un grand plan de rénovation des prisons
existantes, pour favoriser l’encellulement individuel et des prisons à taille humaine.
Pour aider les détenus à se réinsérer une fois leur peine effectuée, j’instaurerai, à titre
de peine complémentaire, une obligation de suivre une formation professionnelle en
prison.

Les prisons, mais aussi les palais de justice, les commissariats et les casernes
de gendarmerie bénéficieront d’un plan de rénovation qui constituera l’un des
investissements publics du plan de relance budgétaire que j’engagerai.

68
69
UN E S O C I É T É U N I E

70
EN FINIR AVEC LES
ACCOMMODEMENTS
SUR LA LAÏCITÉ

La loi de 1905 de séparation des Églises et de l’État est un pilier de la République.


Depuis trop longtemps, l’État, les élus, mais aussi les citoyens, se sont accommodés
d’arrangements – trop souvent déraisonnables. La laïcité n’est ni un combat contre
les religions, ni un laisser-faire. La laïcité est, dans chacune des consciences, la
compréhension que la loi de la République ne se soumet à aucune autre règle
coutumière.

Si une partie de nos compatriotes de confession musulmane se sentent aujourd’hui


plus musulmans que Français, c’est sans doute parce qu’ils ont, à l’instar de millions
d’autres Français, le sentiment d’être des citoyens à part, et non des citoyens à part
entière. La République a la plus belle des communautés à leur offrir : la communauté
nationale dont ils sont les citoyens. Appliquer strictement le principe de laïcité et la loi
de 1905, c’est redonner corps et cœur à la communauté des citoyens.

Cela suppose autant de fermeté que de bienveillance sur les principes. Non, nous
ne sommes pas islamophobes parce qu’on est laïques. Cette fermeté doit s’appliquer
particulièrement dans l’enseignement, car transmettre des savoirs en dehors de tout
dogme est la clef pour former des citoyens éclairés. Après la circulaire Châtel sur les
sorties scolaires, la République doit étendre la loi de 2004 sur les signes religieux à
l’école à tous les espaces d’enseignement, y compris dans l’enseignement supérieur.
Interdire les signes religieux ostentatoires dans un amphithéâtre, une salle de TD, une
salle d’examen, c’est rappeler que le lieu de transmission des savoirs doit rester neutre.

La République ne reconnaissant aucun culte, je supprimerai également le concordat


encore en vigueur en Alsace-Moselle, vestige d’un temps ou l’État s’était lié à l’Église.
Il est temps que la loi soit la même pour tous les citoyens sur le territoire national !
Laisser l’État rémunérer des prêtres dans l’Est de la France revient à poser un genou
à terre dans le combat permanent de la neutralité du service public. En abolissant ce
concordat, les républicains sincères rappelleront que la laïcité est universelle et non
pas dirigée contre telle ou telle religion. C’est aujourd’hui une nécessité républicaine.

71
216 Appliquer strictement le principe de laïcité et la loi de 1905

Interdire les signes religieux ostentatoires dans tous les espaces


217 d’enseignement

218 Supprimer le concordat encore en vigueur en Alsace et en Moselle

72
ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES :
DES DROITS À DÉFENDRE ET
À CONQUÉRIR

Le combat pour l’égalité entre les hommes et les femmes a été un enjeu politique et
démocratique majeur au XXème siècle. Malgré d’incontestables progrès, il reste tant
à faire au XXIème siècle pour atteindre l’idéal républicain d’égalité ! Non seulement
l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas une réalité dans tous les domaines,
qu’il s’agisse de l’accès à un emploi stable, à des rémunérations égales pour un travail
égal, ou de la promotion des femmes dans tous les emplois de direction, mais de
nouvelles forces conservatrices et réactionnaires s’emploient à défaire ce qui avait été
fait, en matière d’éducation, de contraception, de droit à l’IVG.

Il y a donc des droits à défendre, des droits à faire appliquer et des droits à conquérir.
Je m’engage à défendre le droit à l’éducation à la contraception et le droit à
l’interruption volontaire de grossesse et à appliquer de manière rigoureuse le principe
de laïcité, bouclier des femmes contre les menaces de régressions fondamentalistes.
Je m’opposerai avec la plus grande vigueur à l’instauration de la GPA et à la
marchandisation du corps des femmes.

Je rendrai par ailleurs effectif le principe « à travail égal, salaire égal », d’abord en
faisant appliquer la loi, ensuite, si nécessaire, en durcissant les sanctions à l’encontre
des entreprises réfractaires. Il sera également nécessaire de mener une campagne
pour promouvoir le travail des femmes à temps complet, car ces dernières sont trop
souvent cantonnées à des emplois à temps partiel contraints. Je mènerai également
une campagne pour promouvoir l’accès des femmes aux responsabilités syndicales,
associatives, politiques, économiques. Enfin, dans le cadre des États généraux du
travail et de l’innovation sociale, j’organiserai une grande concertation avec l’ensemble
des partenaires sociaux pour développer une politique publique du vieillissement
dans l’autonomie et l’indépendance qui prenne en compte les besoins spécifiques des
femmes.

73
219 Défendre le droit à l’éducation à la contraception

220 Défendre le droit à l’IVG

S’opposer vigoureusement à la GPA et à la marchandisation du corps des


221 femmes

222 Combattre les mariages forcés

Rendre effectif le principe « à travail égal, salaire égal », dans un premier


223 temps par l’application effective de la loi, dans un second temps par un
durcissement des sanctions à l’encontre des organisations réfractaires

Mener une campagne de retour à l’emploi à temps complet pour les femmes ;
224 limiter le travail à temps partiel imposé

Promouvoir les femmes qui ont des responsabilités syndicales, associatives,


225 politiques, par des campagnes d’accès à la citoyenneté

Développer les conditions d’un vieillissement dans l’autonomie et


226 l’indépendance

Appliquer de manière rigoureuse le principe de laïcité, bouclier des femmes


227 contre les menaces de régressions fondamentalistes

74
U NE R É P U B L I Q U E D E B O U T
SUR SES PRINCIPES

L es guerres civiles qui font rage au Moyen-Orient, en Syrie, en Irak, en Afghanistan, mais
aussi en Somalie, au Soudan, ont provoqué des déplacements de population de grande
ampleur. Si l’essentiel des flux de réfugiés se concentrent à l’intérieur même des pays
concernés par les crises et vers les pays limitrophes, le Vieux continent s’est également
retrouvé en première ligne d’une crise migratoire qui a fait voler en morceaux l’espace
Schengen. Les États membres de l’Union européenne, confrontés à une crise économique
persistante, ainsi qu’à la montée des extrêmes-droites dans les urnes, ont réagi à ce défi en
étalant leurs contradictions et leurs divisions. Parfois accueillis de façon digne, les réfugiés
ont connu de plus en plus souvent les camps de fortune et la rue. Ils ont dû faire face à
l’érection de murs aux frontières de l’Europe et à l’intérieur même de l’Europe, détournant
les routes migratoires vers des chemins de plus en plus périlleux. Des milliers de personnes
sont mortes, noyées en Méditerranée, en tentant la traversée sur des embarcations de
fortunes vendues à prix d’or par des réseaux criminels de passeurs qui font commerce de
la misère du monde.
Si de nombreux réfugiés n’aspirent qu’à retourner vivre dans leur pays une fois la paix
revenue, beaucoup n’auront jamais cette opportunité : ils devront vivre parmi nous et nous
devrons apprendre à vivre avec eux. Si la France doit avoir la maîtrise de sa politique en
matière migratoire, cette situation doit aussi nous amener à nous poser la question de
l’intégration de ces populations. Comment favoriser l’apprentissage de la langue du pays
d’accueil, de son histoire et de sa culture, comment permettre l’accès à un emploi pour
pouvoir vivre et faire vivre les siens ? Comment la République peut-elle réussir ce défi alors
même que les crispations de la population majoritaire sur l’intégration des immigrés
« légaux » et des descendants de ces immigrés sont déjà vives ? Comment désamorcer les
replis communautaires et les morcellements identitaires sans lutter vigoureusement contre
les discriminations dont sont indiscutablement victimes ces populations, notamment
quant à l’accès au logement et à l’emploi ?
Face à l’urgence, seule une République digne de ses idéaux et de ses principes d’ouverture,
ferme quant au respect des règles qui fondent la vie en commun, notamment la laïcité,
confiante dans sa conception citoyenne de la nationalité, paraît en mesure de relever
l’un des plus grands défis de notre temps. Face au détricotage de l’espace Schengen,
nous devons retrouver la maîtrise de nos frontières : chacun doit comprendre que c’est
là une condition nécessaire pour réussir l’intégration. Chacun doit aussi comprendre
que la maîtrise des flux migratoires dans la longue durée passera par un effort sensible en
matière de co-développement. Il ne s’agit pas de conditionner l’accueil des candidats à
l’immigration, car ces politiques ne sont ni justes ni efficaces. Il s’agit d’agir à la racine des
flux migratoires, de lutter contre la pauvreté, de construire des économies durables et des
États stables. Nul ne quitte la terre qui l’a vu naître et ses proches par plaisir ou pour profiter
d’un meilleur système social.

75
Reconquérir notre souveraineté territoriale en contrôlant les frontières pour
228 faire respecter nos lois sur l’immigration et pour réussir l’intégration

Renégocier avec le Royaume-Uni les articles 7 & 9 des accords du Touquet ;


229 faute de renégociation, dénoncer unilatéralement ces accords

Créer une police des frontières regroupant la police des airs et les douanes
230 volantes, affectée notamment à une mission de contrôle des flux migratoires

231 Renforcer Frontex

Aider les pays frontaliers de l’Irak et de la Syrie à accueillir dignement les


232 réfugiés sur leurs territoires

233 Mobiliser les fonds d’aides au retour en faveur des réfugiés

Créer un ministère chargé de l’intégration et de la lutte contre les


234 discriminations afin de soutenir la vision politique de la République française
comme Nation de citoyens

Concevoir un plan d’intégration et de lutte contre les discriminations pour


235 qu’il n’y ait plus de citoyens à part, mais des citoyens à part entière

Pour favoriser l’apprentissage de la langue française pour les enfants


d’immigrés, multiplier par trois le nombre global de classes d’initiation
236 (CLIN), de classes de rattrapages intégrées (CRI) et de classes d’accueil
(CLA) et corriger les inégalités de répartition géographique entre académies

Appliquer de manière plus stricte le pouvoir de substitution du maire par le


237 préfet en cas de non-respect de la loi SRU

76
Soutenir les dispositifs de lutte contre les discriminations à l’embauche type
« méthode IOD », qui consiste à agir sur l’offre et la demande de travail au
bénéfice des publics les plus éloignés de l’emploi, en amont (prise en charge
238 de la recherche d’emploi), en aval (travail sur l’intégration en entreprise du
salarié) et pendant la sélection (lutte contre les pratiques de sur-sélection
des entreprises)

Pour reconquérir notre souveraineté territoriale, renforcer Frontex apparaît comme


une évidence… à condition que la volonté européenne existe. Nous devons pouvoir
agir sans attendre en restaurant le contrôle de nos frontières nationales afin de ne
pas être dépendants des choix de nos voisins. Je propose de créer une police des
frontières, affectée à une mission de contrôle des flux migratoires, qui regroupera la
police des airs et les douanes volantes.

Reconquérir la maîtrise de nos frontières, cela veut aussi dire renvoyer la frontière
britannique de Calais à Douvres. Les accords du Touquet, censés organiser les flux
migratoires de chaque côté de la Manche, sont en réalité profondément déséquilibrés.
L’article 7 de cet accord dispose le retour automatique des personnes dans le pays
de départ. Si la Grande-Bretagne rejette l’accueil ou l’asile des migrants, cela signifie
une chose très simple : la Grande-Bretagne reste souveraine et la France ne l’est plus.
L’article 9 précise que l’examen de la demande d’asile doit avoir lieu dans le pays de
départ. Il crée la situation qui a prévalu à Calais pendant des années, avec des migrants
assignés à résidence en France quand leurs yeux sont tournés vers le Royaume-Uni.
Le démantèlement du camp de Calais ne résout en aucun cas le problème sur le fond :
les causes profondes perdurent. Nous devons donc renégocier les accords du Touquet,
en particulier ces articles 7 et 9. Si les négociations ne devaient pas aboutir, il faudra
dénoncer ces accords.

Pour favoriser l’intégration des immigrés et des descendants d’immigrés et pour lutter
contre les discriminations dont ils demeurent trop souvent victimes, je créerai un
ministère chargé de l’intégration et de la lutte contre les discriminations. Ce ministère
sera chargé de l’élaboration d’un plan d’action qui comprendra des mesures fortes
pour favoriser l’apprentissage du français, l’accès à l’emploi et à un logement décent.

77
UNE FRANCE LIBRE ET
IN D É P E N DA N T E S U R L A
SCÈN E I N T E R N AT I O N A L E

E n encourageant partout le recul du politique, la mondialisation libérale génère des


tensions nouvelles par la mise en concurrence des nations et des peuples et la perte
de repères au sein des sociétés. Les hégémonies d’hier sont aujourd’hui légitimement
contestées : la chute du bloc soviétique n’aura laissé qu’une décennie de champ libre aux
États-Unis.
Après la première guerre du Golfe en 1991, une ère nouvelle s’est ouverte, avec la montée
des conflits au Proche et Moyen-Orient, dans lesquels la plupart des nations occidentales
se sont embourbées. En contribuant à l’affaiblissements d’États nés de la décolonisation, la
logique de l’ingérence atlantiste et l’ambition de mainmise sur les matières premières de la
région ont favorisé l’émergence d’identités religieuses radicalisées. Les printemps arabes
ont laissé place à l’hiver des fondamentalismes sunnites. La crise qui agite l’islam s’étend
aujourd’hui de l’Afrique sub-saharienne jusqu’en Thaïlande. Dans ce monde nouveau,
la stratégie de défense de l’OTAN n’est pas seulement archaïque : elle est productrice de
dangers nouveaux.
Le retour au premier plan de la Russie de Vladimir Poutine et l’élection de Donald Trump
aux États-Unis modifient en profondeur l’équilibre mondial et tendent à marginaliser
l’Union européenne qui n’a ni la capacité, ni la volonté de bâtir une diplomatie commune
au regard des intérêts parfois divergents de ses composantes.
Dans ce désordre international, la France doit d’abord compter sur elle-même pour
défendre ses intérêts, mais aussi porter une voix d’apaisement et d’équilibre entre les blocs
russe et américain d’une part et, d’autre part, les pays émergents qui entendent compter
dans le concert des nations. Ma priorité sera la levée des sanctions à l’égard de la Russie
et la recherche d’un partenariat de défense nouveau avec l’ensemble des grands acteurs
mondiaux, pour mettre un terme aux résurgences de la Guerre froide.

Lever les sanctions à l’égard de la Russie, qui est un grand pays, avec lequel
239 nous devons entretenir des relations diplomatiques constructives

Engager la diplomatie française en faveur de la signature d’un nouveau


240 traité de sécurité en Europe entre les États-Unis, les pays européens et la
Russie

Soutenir l’effort militaire de la France contre l’ensemble des mouvements


terroristes salafistes, favoriser l’émergence de solutions politiques en Irak et
241 en Syrie, consolider les relations diplomatiques entre la France et l’Iran, et
reconnaître un État palestinien au côté d’Israël

78
Désormais seul membre du Conseil de sécurité des Nations Unies au sein de l’Union
européenne, la France doit prendre ses responsabilités en veillant à son autonomie en
matière de défense, qui repose en partie sur le maintien de la dissuasion nucléaire. La sortie
du commandement intégré de l’OTAN, la construction d’un second porte-avions pour
développer nos capacités de projection et la restauration d’un service national universel,
notamment militaire, doivent nous permettre de consolider un système de défense
opérationnel et garant de notre indépendance.

Sortir la France du commandement intégré de l’OTAN pour rétablir une


242 politique étrangère indépendante

Construire un deuxième porte-avions pour que la France dispose en


243 permanence de cet outil de projection indispensable

Consolider l’outil national de dissuasion nucléaire, garantie en dernier


244 ressort de l’indépendance nationale

245 Établir un service national universel mixte civil et militaire

Par ailleurs, le refus d’une diplomatie d’ingérence doit être accompagné d’un effort
particulier en matière de diplomatie de coopération et de développement. L’espace
francophone connaîtra une croissance démographique considérable dans les décennies à
venir : c’est un atout décisif pour rétablir des liens aujourd’hui distendus avec le continent
africain. Ni la crise migratoire, ni le phénomène de radicalisation dans les pays musulmans
ne trouveront de solution pérenne sans une action ambitieuse pour le développement
dont il convient de changer l’esprit et l’échelle d’intervention.

Faire de la francophonie une priorité diplomatique nationale et doubler le


246 budget des Alliances françaises

247 Créer un équivalent d’Erasmus pour l’espace francophone

Multiplier par deux le budget de l’Agence française de développement,


248 pour atteindre 17 milliards d’euros à l’horizon 2022

Accentuer l’effort de coopération franco-africaine en matière d’éducation,


en concentrant les moyens sur l’enseignement supérieur, la formation de
techniciens et des maîtres du primaire et du secondaire et construire avec
249 les pays africains un plan de co-développement fondé sur quelques priorités
stratégiques : l’agriculture paysanne, la maîtrise des ressources aquifères, les
énergies renouvelables, les technologies numériques

Refuser toute nouvelle intervention militaire basée sur le principe du « droit


250 d’ingérence »
79
TABLE DES MATIÈRES

Avant-propos 2

Refonder notre démocratie 4


Placer le citoyen au cœur des institutions 6
Résoudre la crise de la représentation 8
Rééquilibrer les relations entre les pouvoirs législatif et 10
exécutif
Rénover l’État de droit 11

Pour une coopérative des Nations et des peuples en 14


Europe

Changer le modèle économique par l’intervention de 18


l’État
Organiser une nouvelle croissance 20
Une politique de relance monétaire et budgétaire pour en 23
finir avec l’austérité
L’industrie, notre avenir 24

Tous au travail 28
Répartir la production pour travailler plus 29
Rééquilibrer le rapport capital/travail dans les entreprises 32
Tisser une alliance entre la République sociale et l’économie 34
sociale

Défendre notre contrat social 36


Un système de retraite plus simple et plus juste 37
Notre santé n’est pas une marchandise ! 39

Un nouveau contrat de développement pour la France 42


périphérique
Pour une stratégie équilibrée d’aménagement du territoire 43
Le chemin de la souveraineté alimentaire 45

Lutter efficacement contre le réchauffement climatique 48

Faire rayonner la culture et la nouvelle société de l’information 51

80
Une École républicaine qui instruit et émancipe 56
S’appuyer sur les enseignants pour réussir le redressement de 57
l’École
Maternelle et élémentaire : priorité à la maîtrise du français 59
L’exigence dans le secondaire 61
L’enseignement supérieur et la recherche, clés du XXIème 63
siècle

Rétablir l’autorité de l’État 65

Une société unie 70


En finir avec les accommodements sur la laïcité 71
Égalité femmes-hommes : des droits à défendre et à 73
conquérir

Une République debout sur ses principes 75

Une France libre et indépendante sur la scène internationale 78

PR OJE T-FAU DOT2017.F R

81
FA U D O T 2 0 1 7 . F R
82

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