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POUR REDRESSER
L A FRANCE
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REFONDER
NO T R E D É M O C R AT I E
E ntre les citoyens que nous sommes et une classe politique largement interchangeable,
une crise de confiance profonde et durable s’est creusée. Cette situation ne doit rien au
hasard.
Nous ne vivons plus dans une grande démocratie. La France n’est pas devenue pour autant
un régime autoritaire ou une dictature, mais le corps constitué des citoyens a cessé d’être
indispensable. La vie politique s’apparente à un spectacle qui fonctionne comme un petit
jeu où les éléments de langage ont remplacé la pensée, un petit jeu où la stratégie de
conquête du pouvoir obsède ceux qui entendent l’occuper mais qui renoncent à l’exercer.
Bien sûr, nos représentants restent désignés dans le cadre de scrutins libres, mais une fois
élus, ils ne nous représentent plus. Ils tournent le dos à leurs promesses, ils tournent le
dos à ceux dont ils ont reçu mandat et ils gouvernent en se soumettant aux influences et
aux injonctions de l’Union européenne, des lobbys, des multinationales et des marchés
financiers. Parfois même, ils se compromettent en défendant leurs intérêts particuliers ou
leurs intérêts de classe plutôt que l’intérêt général… et cela dure depuis trente ans !
Combien d’élus corrompus prétendent gouverner en notre nom ? Combien de bureaucrates
exercent, au nom de la technique, l’effectivité du pouvoir ? Combien de temps supporterons-
nous encore de laisser la conduite de l’intérêt général à ceux qui ont mené des politiques
aux contours si semblables depuis plus de trois décennies ?
Désormais, la capacité d’acceptation des citoyens est abîmée.
La refondation de notre démocratie est la première priorité. Pour renouer le fil de la confiance
entre les citoyens et leurs représentants, des ajustements institutionnels sont nécessaires
pour changer les comportements. S’ils sont bien identifiés et ciblés, ces ajustements
institutionnels doivent suffire. Car il ne faut pas être injuste avec la Vème République : elle a
démontré une capacité à résister aux temps difficiles et offre à notre Nation une certaine
stabilité politique. La France a un problème de maturité sur le plan institutionnel : elle doit
perdre cette mauvaise habitude qui consiste à changer de constitution deux fois par siècle.
La solution n’est pas de changer le numéro de la République, de passer d’une Vème
République essoufflée à une VIème République sans souffle. La solution consiste à réparer
la Vème République pour qu’elle assure une meilleure continuité dans l’exercice de la
souveraineté populaire, au-delà des seuls épisodes électoraux. La solution consiste à
faire vivre une démocratie où les élus gouvernent sur la base du mandat qui leur a été
confié, à renouveler notre classe politique et à former de nouvelles élites républicaines plus
soucieuses de l’intérêt de la Nation. Poursuivre la grande aventure républicaine implique,
dans chaque domaine, de privilégier le mérite à l’héritage, la cause publique aux intérêts
particuliers.
Créer un droit d’initiative populaire sur la base d’un million de signatures, soit
2 environ 2,25 % du corps électoral
L’actuel système de financement public des partis politiques est très problématique. Il
favorise les grandes écuries qui bénéficient d’une véritable rente de situation, celles qui
bénéficient des résultats électoraux d’hier pour mener les campagnes d’aujourd’hui,
défavorisant ainsi des formations émergentes. Il n’a pas non plus empêché des
scandales de premier ordre relatifs au financement de la vie politique. Le financement
des partis politiques par l’impôt corrigera ces deux défauts. Par ailleurs, il aura une
autre vertu : il obligera les partis à s’intéresser aux préoccupations des Français sur
la durée et pas simplement au moment des élections – sous peine de voir leurs
financements se tarir rapidement…
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RÉSOUDRE LA CRISE
DE LA REPRÉSENTATION
Durcir le cadre législatif pour contrôler l’action des lobbys et rendre leurs
6 actions totalement transparentes
10 Revaloriser les indemnités des maires et des adjoints des petites communes
Derrière le rideau de fumée du petit jeu politique qui se déroule sans les citoyens,
la politique est de plus en plus façonnée en privée par les interactions entre les
gouvernements élus et les élites économiques qui, pour l’essentiel, représentent
les intérêts de la finance et des grandes entreprises. L’action des lobbys bancaires,
soutenue par les énarques pantouflards qui colonisent le ministère de l’économie
a, par exemple, empêché l’adoption de toute régulation bancaire sérieuse après la
grande crise financière de 2008. Malgré la volonté d’électeurs qui ont élu en 2012 un
président désignant le monde de la finance comme son principal adversaire ! C’est,
de même, la domination économique et idéologique des grandes multinationales qui
a permis au lobbying actif du Medef d’obtenir une politique de l’offre à sens unique,
coûteuse pour les finances publiques, qui n’a en définitive profité ni aux entreprises ni
aux salariés, mais qui a soutenu l’envolée des dividendes versés ! Résoudre la crise de
la représentation suppose de casser les liens de connivences qui se sont établis entre
l’énarchie, les lobbys, des élus et la bureaucratie libérale.
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Le durcissement du cadre législatif entourant les lobbys est vital pour le fonctionnement
démocratique. Pour cela, je veux notamment créer un registre d’inscription unique
et obligatoire de l’ensemble des lobbys (y compris les organisations patronales,
syndicales et culturelles). Cela permettra de compléter la liste des pratiques interdites et
de sanctionner plus sévèrement les dérives constatées, en organisant la transparence
financière totale et détaillée de leurs comptes, ainsi qu’en exigeant la traçabilité totale
de l’ensemble de leurs activités de lobbying (publication des personnes contactées,
des réunions et auditions organisées, des consultations menées, des contributions et
propositions d’amendements envoyées).
Les élites formées par la Nation, en particulier les énarques, seront également
concernées. Je propose de supprimer le concours externe de l’ÉNA, pour que nos
élites ne soient plus fabriquées de façon uniforme. Il faut privilégier la promotion
interne des fonctionnaires et les passerelles avec les parcours professionnels dans le
privé plutôt que de décerner des diplômes à des cadres inamovibles au sortir de leurs
études. La pratique du pantouflage, ce va-et-vient permanent entre la haute fonction
publique, les grandes banques et les multinationales, entraîne une confusion et une
collusion des intérêts publics et privés. Il est nécessaire qu’elle soit drastiquement
réglementée. La réglementation sera par ailleurs étendue aux anciens ministres et
parlementaires, comme aux parlementaires en exercice.
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RÉÉQUILIBRER LES
RELATIONS ENTRE LES
POUVOIRS LÉGISLATIF ET
EXÉCUTIF
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RÉNOVER
L’ÉTAT DE DROIT
Promulguer une nouvelle déclaration des droits républicains pour encadrer les
13 avis formulés par les plus hautes juridictions françaises et internationales
Prévoir une procédure adaptée pour permettre la levée d’un avis formulé par
15 le Conseil constitutionnel relatif à une proposition de loi ou un projet de loi
législatif (majorité des 3/5èmes, contre-seing, recours au référendum)
L’instauration de l’état d’urgence après les attentats du mois de novembre à Paris était
une nécessité. Sa prolongation ininterrompue depuis lors est en revanche totalement
injustifiée, d’autant plus que des mesures législatives nouvelles ont été prises pour
renforcer la sécurité des Français et lutter contre le terrorisme. Il devra donc être levé
immédiatement.
Le Conseil constitutionnel n’est pas une cour constitutionnelle et ne doit pas le devenir.
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Ses décisions devront pouvoir faire l’objet d’un dialogue avec les autres pouvoirs publics
constitutionnels. Si la Constitution doit naturellement être protégée de la conjoncture
politique, elle a pour mission d’organiser les pouvoirs et non de définir le contenu
des politiques publiques. Les avis rendus par le Conseil constitutionnel ne seront plus
qu’une présomption d’inconstitutionnalité, que le Parlement ou le Gouvernement
pourront lever dans le cadre d’une procédure adaptée (majorité parlementaire des
3/5èmes, recours au référendum). Dans le même esprit, les Questions prioritaires de
constitutionnalité seront supprimées afin de libérer l’action du Parlement.
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P OU R U N E C O O P É R AT I V E
D ES N AT I O N S E T D E S
PEU P L E S E N E U R O P E
L a coopération européenne est une grande idée pour laquelle je veux m’engager.
Toutefois, l’Union européenne n’a aujourd’hui rien à voir avec cette ambition. Son
impuissance face aux crises et sa prétention à discipliner les peuples témoignent du
décalage complet qu’il y a entre cette institution et la vie réelle de nos concitoyens. Bruxelles
est un vaisseau fantôme qu’il s’agit désormais d’arraisonner.
L’Europe taille unique – monnaie unique, politique budgétaire unique, frontières uniques –
mène le continent au désastre. Désastre démocratique, lorsque nous en arrivons au point
où le président de la Commission européenne lui-même déclare qu’il « ne peut y avoir
de choix démocratique contre les traités européens » ; désastre économique, alors que la
zone euro est depuis le début des années 2000 la zone géographique du monde dotée
de la croissance économique la plus faible ; désastre politique, avec la montée partout de
l’extrême-droite, désormais aux portes du pouvoir chez nous comme dans plusieurs pays
européens.
L’intégration européenne à marche forcée a été voulue et théorisée, notamment par Jean
Monnet, pour imposer le modèle fédéral et rendre impossible tout retour en arrière. Or, il y a
un grain de sable dans les rouages de l’intégration : les peuples n’en veulent pas. Danemark
en 1992, France et Pays-Bas en 2005, Irlande en 2008, Grèce en 2015, Pays-Bas et Royaume-
Uni en 2016 : la liste est longue de tous les peuples qu’il aura fallu en quelque sorte dissoudre,
d’une manière ou d’une autre ; par l’organisation de consultations supplémentaires jusqu’à
ce que le « oui » l’emporte, comme en Irlande ; par la trahison des aspirations populaires
via une ratification parlementaire, comme en France ; par la guerre économique et jusqu’à
la plus complète capitulation, comme en Grèce, afin de poursuivre, vaille que vaille, contre
la démocratie, contre les peuples, contre l’histoire même, la construction d’une Europe de
l’unique dont toute l’expérience prouve pourtant qu’elle ne fonctionne pas ! Et qui peut
dire, dans ces conditions, le sort qui sera demain réservé aux Britanniques, qui ont osé voter
la sortie pure et simple de l’Union européenne ? Le bon sens voudrait qu’un compromis
raisonnable soit trouvé, mais le bon sens n’est pas la chose mieux partagée dans l’Union
européenne, qui campe à cette heure sur des positions rigides.
Les européistes ont toujours défendu l’idée selon laquelle cette Europe était la seule possible
et qu’il n’y avait pas de « plan B ». En un sens, ils ont à moitié raison. Oui, cette Europe est
bien la seule possible puisqu’aucune réforme interne de la construction européenne n’a la
moindre chance d’aboutir. L’ultime tentative menée par Syriza pour conquérir une « autre
Europe » l’a tragiquement démontré, une fois pour toutes : les institutions fédérales ont trop
de force et les États membres sont trop différents et divisés pour qu’il en aille autrement.
Cependant, il y a bien un plan alternatif que je définis comme notre « plan A » : reconquérir
notre souveraineté nationale et populaire, pour que la République soit enfin libre d’agir
conformément à la volonté exprimée par ses citoyens. Défédéraliser les institutions
européennes est le seul moyen de sauver le projet européen, qui doit devenir une
coopérative des Nations et des peuples.
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J’engagerai la reconquête de notre souveraineté
nationale et populaire.
Afin que la France ne soit plus soumise à l’ordre juridique européen, à ses traités, à ses
directives et ses règlements ultra-libéraux et pour que la République soit libre d’agir
conformément à la volonté populaire, la première étape, indispensable, consistera à
renverser la hiérarchie des normes, afin que le droit national prime à nouveau sur
le droit communautaire. Un référendum sera convoqué et proposera la réécriture
complète du titre XV de la Constitution française pour y retirer toute référence au traité
de Lisbonne. Un traité rejeté par les Français n’a rien à faire dans notre Constitution !
Les conditions nécessaires à tout approfondissement de la construction européenne
y seront inscrites : la satisfaction des besoins sociaux des peuples, la protection
de l’environnement, le renforcement de la démocratie, la préservation de la libre
détermination du peuple français en matière économique, sociale, monétaire et
budgétaire.
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l’euro, de manière négociée si cela est possible et faisable rapidement, ou, dans le cas
contraire, de façon unilatérale. La monnaie unique n’est pas qu’une simple devise
inoffensive et pratique qui nous permettrait de traverser les frontières sans tracas.
C’est une méthode de gouvernement qui piétine les démocraties, c’est une cure
de déflation sociale qui installe la stagnation à perpétuité et laisse se développer le
cancer du chômage de masse, c’est un outil monétaire conçu pour faire converger les
économies européennes et qui ne produit que le contraire : une divergence massive,
croissante, entraînant irréductiblement l’accroissement des fractures entre les peuples
européens, jusqu’à l’éclatement. C’est le sens des réquisitoires prononcés par de
nombreux économistes contre la monnaie unique européenne, en France et dans
le monde, dont les prix Nobel d’économie Joseph Stiglitz, Paul Krugman, Amartya
Sen et Maurice Allais. Il faut à gauche une voix qui ait enfin le courage de poser cet
impératif : il est plus sage d’organiser la sortie de la monnaie unique plutôt que de la
subir ultérieurement dans les pires conditions. L’organiser, cela veut dire nationaliser
l’euro.
Dans le même temps, nous nous affranchirons des politiques d’austérité en dénonçant
les règles budgétaires européennes qui plombent l’économie du continent : le traité
budgétaire européen, le six pack, le two pack… La règle des 3 % de déficit budgétaire
sera supprimée de notre législation nationale. Le Parlement doit pouvoir voter le
budget de la Nation en toute liberté sans se soumettre aux injonctions des petits
comptables de Bruxelles.
L’Europe que nous appelons de nos vœux, c’est l’Europe du commun, l’Europe des
projets construits en commun. Je propose de développer les projets de coopération
scientifique, industrielle, culturelle, avec ceux de nos partenaires qui le souhaitent.
Airbus, Ariane, Erasmus sont nés d’initiatives légères, impulsées directement par des
États choisissant de coopérer entre eux pour préparer l’avenir. C’est pour cela que ces
projets ont réussi. La France doit prendre ses responsabilités en lançant un grand appel
à projets en Europe à l’attention de l’ensemble de nos partenaires, pour développer les
aventures communes, consolider des intérêts partagés et produire des innovations
technologiques, culturelles et sociales.
C’est la voie que la France empruntera résolument pour faire de l’Europe une réalité
utile, plutôt qu’une chimère sans lendemain qui programme bien des désillusions.
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CH A N G E R L E M O D È L E
É C O N O MI Q U E PA R
L’ INTER V E N T I O N D E L’ É TAT
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ORGANISER UNE
NOUVELLE CROISSANCE
Établir des droits de douanes progressifs pour les pays avec lesquels la France
24 enregistre un déficit commercial
Prévoir un système de contrôle des capitaux pour protéger notre pays en cas
25 d’attaque des marchés financiers
Instaurer une obligation d’achat d’une partie des émissions des obligations du
28 Trésor par les principales banques françaises
Instituer une séparation bancaire stricte entre les banques de dépôt et les
29 banques de financement, d’investissement et de marché, pour empêcher la
propagation d’une nouvelle crise financière
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commission de restructuration de la dette publique sera convoquée : elle examinera
la part de l’endettement directement ou indirectement liée à la crise financière, au
sauvetage des banques et aux politiques d’austérité, que l’État ne reconnaîtra plus.
J’instaurerai également une obligation d’achat d’une partie des obligations du Trésor
par les banques françaises, afin d’en assurer la liquidité.
Toutes ces réformes nécessiteront et rendront possible une véritable réforme bancaire
qui séparera strictement les banques de dépôt des banques d’affaires et de marché.
Cette séparation améliorera le financement de l’économie réelle, en permettant une
meilleure canalisation de la politique monétaire. Les banques de dépôt se verront de
plus conférer l’exclusivité du refinancement auprès de la Banque centrale. Il ne sera
plus possible d’utiliser les dépôts des épargnants pour spéculer et cette spéculation ne
sera plus, de fait, garantie par les pouvoirs publics.
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UNE POLITIQUE DE
RELANCE MONÉTAIRE ET
BUDGÉTAIRE POUR EN
FINIR AVEC L’AUSTÉRITÉ
Restaurer à titre temporaire la taxe intérieure sur les produits pétroliers (TIPP)
36 flottante pour compenser les effets liés à la dépréciation monétaire sur la
hausse du prix des produits pétroliers
Instaurer un « acte d’achat français » sur le modèle du buy American act pour
45 soutenir l’industrie et l’économie productive
46 Maintenir le CICE sur 5 ans en étendant le dispositif jusqu’à 3,5 fois le SMIC
Prévoir pour les comités d’entreprise un rôle de contrôle accru sur l’utilisation
47 des marges liées aux aides de l’État pour éviter une hausse de dividende ou
des rémunérations des dirigeants
Rapprocher les lycées professionnels avec les entreprises par une présence
52 des entreprises dans les conseils d’administration
Créer une taxe à l’exportation des données pour favoriser les entreprises
60 nationales face aux entreprises étrangères
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La désindustrialisation de l’économie française est l’une des plus avancées du
continent. Ce phénomène n’est pas une catastrophe naturelle, mais le résultat d’une
politique appliquée avec continuité depuis plus de trente ans par des élites financiarisées
qui considèrent que l’industrie appartient au passé. Je suis au contraire convaincu que
l’industrie a un avenir. L’industrie, c’est même notre avenir. Impossible d’imaginer une
France souveraine sans base industrielle solide, ni de résoudre totalement la question
du chômage sans ouvrir de nouvelles usines. Impossible d’inventer les technologies
de demain sans site industriel pour regrouper les ingénieurs et les techniciens.
La France doit avoir une politique industrielle plus ambitieuse, dégagée du verrou
européen que constitue le droit de la concurrence. Je conditionnerai les aides versées
et les crédits d’impôts accordés aux grandes entreprises à un comportement plus
vertueux de leur part à l’égard de leurs partenaires : sous-traitants, fournisseurs, PME.
La politique de filière sera particulièrement attentive à l’amélioration de ces rapports.
Le non-respect des délais légaux de paiement sera plus durement sanctionné. Pour
améliorer l’orientation et la formation de la main d’œuvre industrielle, je propose de
rapprocher les lycées professionnels et les entreprises, en permettant plus largement
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aux représentants des entreprises de siéger dans les conseils d’administrations des
lycées.
Cette politique industrielle plus ambitieuse intègrera les enjeux liés à la révolution
numérique. Protection des données, encadrement et développement de l’open
data, prises de participation de l’État et des structures publiques dans les
entreprises du secteur numérique, politique de filière, développement
des infrastructures, fiscalité adaptée, soutien aux logiciels libres
: la France doit avoir une politique de développement
numérique ambitieuse, car la souveraineté numérique
est une condition de la souveraineté nationale et
populaire.
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TOUS
A U T R AVAI L
28
RÉPARTIR LA PRODUCTION
POUR TRAVAILLER PLUS
Créer un impôt sur la transmission des gros patrimoines dont sera exclue la
69 résidence principale
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Les solutions libérales ont échoué à enrayer durablement l’inexorable montée de la
courbe du chômage. Les nouvelles régulations économiques et la politique de relance
monétaire et budgétaire que je propose seront suffisantes pour inverser nettement
la courbe du chômage. Mais, si nous voulons atteindre enfin le plein emploi, nous
devrons également répartir différemment le travail sur le marché de l’emploi : il
n’y a pas d’autre solution, dans une société où l’innovation technologique détruit
chaque jour des emplois, que de travailler moins individuellement pour travailler plus
collectivement.
S’il existe des rigidités sur le marché du travail, il y a surtout un problème de répartition
du travail en France, qui est l’une des plus déséquilibrées du continent. D’un côté, une
masse immense de travailleurs occupés, et même trop occupés par leur travail, et, de
l’autre, 6 à 7 millions de personnes qui, dans les faits, sont en dehors du marché de
l’emploi.
Une nouvelle répartition du travail permettra à chacun de travailler moins pour que
nous travaillions collectivement davantage à l’échelle de la Nation. Elle changera le
rapport au travail et contribuera à l’apaisement de la société. Elle mettra en échec le
discours des libéraux qui opposent la création des richesses et la justice sociale. La
véritable préoccupation des libéraux sera ainsi révélée : leur préoccupation n’est pas la
compétitivité de nos entreprises, mais de ne surtout rien faire qui puisse remettre en
cause des inégalités sociales qui n’ont cessé de se creuser ces vingt dernières années,
à leur plus grand et unique profit.
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individuel sur l’échelle d’une vie de deux manières : en ramenant l’âge légal de départ à
la retraite à 60 ans, ce qui permettra de créer 1,5 million d’emplois supplémentaires ; en
passant la durée hebdomadaire moyenne du travail de 35h à 32h pour créer un autre
million d’emplois. Pour financer la nouvelle répartition du travail tout en soutenant
la compétitivité des entreprises, je souhaite défiscaliser 40 % des cotisations sociales
vers un impôt universel et progressif sur le revenu. Je garantirai juridiquement le
financement partiel de la sécurité sociale via cet impôt universel et ce point sera
négocié avec les partenaires sociaux. Le reste du financement sera obtenu via la
suppression de la moitié des niches fiscales, un effort substantiel dans la lutte contre
la fraude fiscale et sociale, la fusion de l’ISF et de la taxe foncière et la création d’un
impôt sur les gros patrimoines dont le calcul exclura la résidence principale.
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RÉÉQUILIBRER LE RAPPORT
CAPITAL/TRAVAIL DANS
LES ENTREPRISES
Abroger la loi El Khomri et fusionner les branches pour donner plus de force
70 au dialogue social
Simplifier les obligations sociales qui pèsent sur les entreprises à travers une
72 négociation triennale unique
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Trois idées libérales dominent le débat public : les chefs d’entreprises seraient les
seuls créateurs de richesses ; les actionnaires seraient propriétaires des entreprises,
qui devraient donc être dirigées en fonction de leurs seuls intérêts ; le dialogue social
devrait être mené dans les entreprises aussi souvent que possible. Ces idées parasitent
le débat public et entraînent la marginalisation des salariés à l’intérieur des entreprises.
Ce sont des idées fausses. Les salariés sont créateurs de richesse au moins autant que
les entrepreneurs ; l’entreprise est une personne morale qui n’appartient à personne
(les actionnaires ne sont propriétaires que de leurs actions), ce qui rend légitime la
gouvernance des entreprises au nom de l’intérêt de toutes leurs parties prenantes ; le
dialogue social doit être mené au niveau national ou dans les branches aussi souvent
que possible, car c’est à ce niveau que le rapport entre le capital et le travail est le moins
déséquilibré.
J’entends mener dans les entreprises une politique favorable aux salariés, c’est-à-
dire aux forces productives. Je commencerai par abroger la loi El Khomri, injuste
et inefficace, adoptée dans les pires conditions. Je rendrai obligatoire la présence
de représentants des salariés dans toutes les entreprises qui possèdent un conseil
d’administration (ou un directoire assorti d’un conseil de surveillance). Je reconnaîtrai
le burn-out comme maladie professionnelle. Pour mettre fin aux licenciements
boursiers, je durcirai les conditions des licenciements économiques en prenant en
compte le niveau de dividendes versés afin d’examiner leur validité.
Les syndicats souffrent d’une crise de légitimité dont les causes sont assez comparables
à celles qui prévalent pour les partis politiques. Je remplacerai le subventionnement
public partiel des syndicats par l’affectation d’une petite partie de l’impôt selon le choix
de chaque citoyen (à l’instar de la réforme des partis politiques que je propose). Cette
réforme vise à rapprocher les syndicats des Français pour rendre leur parole plus forte,
dans les entreprises, dans les branches et au niveau national.
Pour mettre fin à la concurrence déloyale que la régulation européenne organise entre
les travailleurs, j’imposerai le paiement des cotisations sociales selon le droit français
aux travailleurs détachés. Cette mesure anti-dumping social sera prise sans attendre
un hypothétique accord européen, qui n’a pas la moindre chance d’advenir.
33
TISSER UNE ALLIANCE ENTRE
LA RÉPUBLIQUE SOCIALE ET
L’ÉCONOMIE SOCIALE
34
Dans le cadre permis par la canalisation de la politique monétaire vers
87 l’économie réelle, réserver une part aux acteurs de l’économie sociale et
solidaire
Je veux tisser une alliance entre les acteurs de l’économie sociale et solidaire et les
porteurs de la République sociale. Pour favoriser le développement du secteur,
j’imposerai aux banques coopératives une part de financement obligatoire fléchée
en direction des entreprises de l’économie sociale et solidaire. Cette obligation
portera également pour la Banque publique d’investissement. J’augmenterai de 25 %
le développement des aides au poste dans les entreprises d’insertion par l’activité
économique, car cette activité sera tout à fait stratégique pour assurer le retour de tous
dans l’emploi dans le cadre de la nouvelle répartition du travail, du plan de relance
budgétaire et monétaire et des nouvelles régulations que j’entends mener.
Désobéir au droit de la concurrence européen ne sera pas un problème dès lors qu’il
s’agira de favoriser le développement de l’économie sociale et solidaire. Je favoriserai
en conséquence la capacité des pouvoirs publics à soutenir par la commande
publique et à subventionner les entreprises de l’économie sociale, sur la base de la
reconnaissance de leur utilité sociale, en refusant de leur appliquer la législation
européenne relative à la concurrence et aux aides d’État.
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D É F E N DR E N O T R E
CO N T R AT S O C I A L
36
UN SYSTÈME DE
RETRAITE PLUS SIMPLE
ET PLUS JUSTE
Rappel n°1 : la proposition n°63 prévoit le retour à l’âge légal de départ à la retraite à
60 ans.
Rappel n°2 : la proposition n°77 prévoit l’organisation d’États généraux du travail et de
l’innovation sociale qui porteront notamment sur les retraites.
Seules les prochaines années seront difficiles et c’est pour assurer cette transition
que je propose de permettre aux organismes de retraites d’émettre des obligations à
long terme dont la liquidité serait assurée par la Banque centrale. À moyen et long
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termes toutefois, nous devons conforter le modèle par répartition et c’est la raison
pour laquelle j’engagerai un plan de convergence progressive de tous les dispositifs
publics et privés d’épargne retraite forcée et incitée en les agrégeant au système par
répartition. Cette réforme bénéficiera tant aux retraités qu’à l’ensemble de l’économie,
en faisant chuter l’épargne de précaution au bénéfice de la consommation et de
l’investissement.
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NOTRE SANTÉ N’EST PAS
UNE MARCHANDISE
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Si des efforts ont été faits pour promouvoir la réduction des inégalités territoriales
d’accès aux soins, notamment par le Pacte santé territoire, le choix d’une négociation
conventionnelle avec les médecins plutôt que de la loi n’a pas permis de s’attaquer
efficacement aux dépassements d’honoraires, responsables d’une aggravation
des inégalités sociales d’accès aux soins. Il faut faire évoluer la rémunération des
professionnels pour y intégrer davantage de rémunérations forfaitaires correspondant
à la valorisation de leurs missions. Je favoriserai l’accès aux meilleurs soins pour tous
sur l’ensemble du territoire national.
Développer les maisons de santé en y accueillant, en lien avec les CHU, une
97 partie de la formation initiale et continue des professionnels pour favoriser
ensuite leur installation sur le territoire
J’engagerai un plan numérique pour la santé qui prévoira notamment la création d’un
carnet de santé numérique. Cette mesure permettra de favoriser la transmission des
dossiers et facilitera ainsi l’accès aux soins, aidera la recherche par l’utilisation des big
data et prévoiera une attention particulière à la protection des données, qui ne devront
pas tomber dans l’escarcelle des assureurs.
40
Créer des équipes mobiles de prise en charge de la dépendance adossées à
99 des services hospitaliers répartis selon un maillage systématique du territoire
national
104 Réglementer les installations des médecins généralistes pour lutter contre les
déserts médicaux en instaurant une carte médicale
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U N NO U VE A U C O N T R AT
D E DÉ VE L O P P E M E N T
PO U R L A F R A N C E
PÉRIPHÉRIQUE
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POUR UNE STRATÉGIE
ÉQUILIBRÉE
D’AMÉNAGEMENT DU
TERRITOIRE
La France ne s’est pas construite de façon spontanée : il a fallu une volonté politique
farouche pour structurer le territoire. Ma stratégie d’aménagement du territoire repose
sur plusieurs étapes. La première nécessité est de revenir sur le fait générateur de la
concentration des richesses dans les métropoles, à savoir l’absence de répartition
correcte sur le territoire national des établissements de l’enseignement supérieur.
Je souhaite ensuite établir une fiscalité qui incite à s’installer dans certaines zones
aujourd’hui en voie de désertification. Une intervention résolue de l’État, à la fois en
matière de constructions de réseaux de transports et de communication, d’offre de
services publics sur l’ensemble du territoire et de déconcentration d’une partie des
administrations centrales vers les villes moyennes et les territoires périphériques est
par ailleurs indispensable.
Soutenir les services publics locaux, notamment les guichets de poste, afin
109 d’assurer sur l’ensemble du territoire national un égal accès aux services
publics
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111 Construire 1 000 km de lignes TGV neuves supplémentaires
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LE CHEMIN DE LA
SOUVERAINETÉ
ALIMENTAIRE
Le sentiment d’abandon est encore renforcé par la crise sans fin que traverse
l’agriculture française, qui s’aggrave singulièrement depuis quelques années. Les
politiques productivistes engagées à la Libération, où existaient encore les tickets
de rationnement, ont été maintenues et amplifiées au fil des années, alors que leur
raison d’être avait disparu. La structuration même de l’agriculture française ne
lui permet pas d’être compétitive face à celle des États-Unis, voire de l’Allemagne.
Pendant de nombreuses années, la politique communautaire de soutien des prix a
permis de masquer la réalité et a interdit, en privilégiant une approche exclusivement
quantitative, une orientation résolue vers des productions à forte valeur ajoutée. Les
syndicats majoritaires ont employé ce délai pour consacrer leur énergie contre le
système des quotas. Son démantèlement n’a mis que quelques mois à produire ses
effets. C’est au moins la moitié des exploitations agricoles qui risquent de disparaître
dans les prochaines années. Cette perspective aurait deux effets : l’industrialisaton
massive de l’agriculture et l’abandon de l’espace rural. Dans les deux cas, c’est un
monde qui est en train de disparaître.
L’agriculture française semble en effet vivre actuellement le même drame que notre
industrie et ce pour des raisons similaires. Dans les deux cas, au lendemain de la
guerre, l’enjeu était de produire, et de produire beaucoup, dans un pays ravagé et
souffrant de la faim. La production industrielle française, souvent basée sur la masse
et une faible valeur ajoutée unitaire, était en adéquation avec des transports coûteux
et un marché intérieur relativement protégé ; elle n’a pu résister ni à l’effondrement
du prix des transports, ni à l’ouverture des frontières sur des pays dépourvus de
législations sociales et environnementales. La production agricole a mis plus de temps
à se confronter aux mêmes problématiques, mais uniquement parce que les aides
massives de la politique agricole commune ont longtemps masqué des réalités que
leur démantèlement remet en pleine lumière.
Le bilan de cette politique agricole est désastreux, avec une agriculture qui a été
acculée au productivisme et à des productions à faible valeur ajoutée. Simultanément,
45
les budgets national et européen consacrés au secteur agricole français avoisinent les
quinze milliards d’euros ! C’est plus de 15 000 euros de subvention par actif et par
an, soit plus de la moitié du revenu moyen. Étant entendu qu’un flou artistique est
savamment entretenu sur les revenus agricoles, il reste aujourd’hui une certitude :
un quart des exploitants ne sont pas capables de dégager un SMIC et ont des revenus
proches ou inférieurs aux minima sociaux. Il est certain que la grande distribution a
étranglé l’agriculture française, en lui imposant des productions de piètre qualité pour
être compétitive sur les prix. En outre, les pratiques agricoles ignorantes des enjeux
environnementaux stérilisent les sols. Les hauts rendements actuels ne sont atteints
que par la substitution de plus en plus profonde de la chimie industrielle à la chimie
naturelle. Comme si cela ne suffisait pas, l’endettement massif des exploitations
représente probablement l’un des obstacles majeurs à une politique de reconversion
vers la montée en gamme et vient interdire toute forme d’espérance si l’on poursuit la
politique du laisser-faire.
J’entends précisément rompre avec les politiques du passé afin de bâtir une agriculture
nouvelle pour la France du XXIème siècle, orientée vers des productions de qualité,
verte et écologique, plus locale, performante, ouverte aux nouvelles technologies, qui
permette aux agriculteurs de vivre décemment des fruits de leur travail. L’enjeu, c’est
bien notre souveraineté alimentaire.
46
Renforcer l’ancrage territorial de l’alimentation avec des contrats de territoire
pour l’alimentation avec les collectivités locales afin de fournir les cantines,
123 les restaurants universitaires et les entreprises en produits français, locaux
et durables : objectif de 50 % de viande française dans les cantines et de
produits issus des labels régionaux/de qualité et des modes de production
durables
Privilégier des solutions de stockage de l’eau par des réserves sur le modèle
128 des bacs de récupération plutôt que par des barrages
47
L UT T E R E F F I C A C E M E N T
CONTRE LE
R É C HA U F F E M E N T
C L I M AT I Q U E
48
Annuler la fermeture de la centrale de Fessenheim et lier de nouvelles
133 fermetures à l’ouverture de nouveaux sites de production
Établir une taxe carbone aux frontières européennes, sinon aux frontières
138 nationales
Parce qu’il s’agit d’un secteur stratégique de première importance et pour assurer une
sécurité optimale, les opérateurs privés de production d’électricité seront nationalisés
et les barrages hydroélectriques seront maintenus dans le giron de l’acteur public EDF,
sous contrôle de l’État. L’énergie est un bien commun dont l’État doit être garant pour
permettre à tous les Français l’accès à une énergie respectueuse de l’environnement
et à faible coût.
49
La lutte contre l’effet de serre doit aussi être déclinée dans la vie quotidienne à travers
le logement et les transports. L’investissement massif pour l’isolation thermique des
logements, le développement des réseaux de chaleur et la conversion de l’habitat en
centrales énergétiques autonomes doivent devenir une priorité car l’énergie la plus
rentable est d’abord celle qui n’est pas consommée. À terme, la réduction du nombre
de centrales doit être favorisée par une politique de sobriété énergétique qui ne
doit pas être mue par le principe idéologique de la décroissance, mais par celui de
ne pas favoriser un système de surconsommation superflu. En matière de transport,
la filière automobile française doit être accompagnée et soutenue pour réduire la
consommation de carburant des véhicules, mais aussi favoriser la voiture électrique
qui demeure aujourd’hui encore très marginale sur le marché.
144 Engager sur 5 ans un nouveau plan d’isolation thermique des logements
50
FA I R E R AY O N N E R
L A C U LT U R E E T L A
N OU VE L L E S O C I É T É D E
L’ I N F O R MAT I O N
L e budget que la Nation consacre à la Culture doit cesser d’être la variable d’ajustement
des comptables de Bercy et de Bruxelles, pour qui le secteur ne représente qu’une
gabegie budgétaire. La Culture rapporte chaque année 57,8 milliards d’euros pour 11
milliards d’investissements, soit 3,2 % du PIB : c’est, en valeur ajoutée, l’équivalent du
secteur des télécommunications, quatre fois l’équivalent de l’industrie chimique, sept fois
l’équivalent de l’industrie automobile. Le secteur de la Culture apporte aussi à la France
des bénéfices d’images qui ne sont pas quantifiables, mais qui fondent la compétitivité de
l’ensemble de notre économie.
Nous ne devons cependant pas nous contenter de dénoncer l’absurdité de la gestion
économique du secteur par les libéraux en rétablissant quelques vérités essentielles et
fondamentales. Je veux surtout dégager la Culture de la domination économique à laquelle
l’idéologie, la mondialisation et la révolution numérique, la soumettent. Cela se justifie par
le fait que la Culture est une part fondamentale de la vie sociale. Les créations artistiques,
la langue, les médias, l’engagement associatif feront l’objet de politiques publiques
ambitieuses, afin de redonner au pays les outils d’un nouveau rayonnement, tout en
renouant avec le devoir national qu’est l’élévation du sens critique du citoyen.
156 Instaurer une taxe ad valorem sur les revenus des géants culturels
Interdire à tout groupe privé détenant des médias de faire des affaires avec
159 l’État
52
Réarmer la Culture passe par la défense dans toutes les négociations internationales
de l’exception culturelle, laquelle ne doit naturellement pas être comprise comme
l’affirmation de la supériorité de la culture française sur les autres, mais comme la
volonté politique de protéger la Culture de la loi des marchands. Cela passe aussi par
une politique claire en matière de rémunération des créateurs, bousculée à la fois
par les assauts du droit anglo-saxon et par le piratage informatique généralisé, rendu
possible par les progrès qu’offrent les nouvelles technologies de l’information et de la
communication. Je défendrai donc le principe du droit d’auteur à la française contre le
copyright anglo-saxon et poursuivrai les expérimentations engagées sur les systèmes
de rémunération de type « licence globale », les seules qui permettront à moyen et à
long termes de rémunérer comme il se doit les créateurs dans le cadre de la nouvelle
économie numérique. Je promouvrai l’usage de la langue française, en luttant contre
l’usage des anglicismes et les soi-disant réformes orthographiques.
Je veux aller au-delà et proposer un nouveau modèle pour une presse libre qui
reposera sur trois éléments. Je distinguerai la presse d’information, celle qui a
vocation à informer le public, de la presse récréative. Si les deux genres peuvent se
prévaloir d’une égale dignité, seul le premier joue un rôle clé dans le débat public, ce
qui fonde sa légitimité à percevoir des financements de la République. Je supprimerai
donc les subventions publiques à la presse récréative et les transférerai à la presse
d’information. En outre, un Service commun de la presse, sous statut coopératif,
mutualisera l’ensemble des infrastructures de production et de distribution de
l’information, la gestion administrative et commerciale, l’informatique et la R&D.
Les équipes ne seront toutefois pas séparées en fonction de leurs employeurs et
continueront à travailler sous le même toit. Nous financerons le Service commun à
la presse en créant une cotisation sociale information de 0,1 %, assise sur la valeur
ajoutée et acquittée par toutes les entreprises et administrations. Je proposerai
enfin la suppression progressive de la publicité sur le service public radiophonique
et audiovisuel. Les recettes publicitaires seront intégralement compensées par une
augmentation correspondante de la cotisation sociale information.
53
Nous pourrons enfin, dans ce nouveau cadre, prévoir une véritable grille d’émissions
culturelles dans le service public, qui se distinguera ainsi nettement des chaînes de
radios et de télévisions privées.
Je veux aussi promouvoir un autre modèle sportif que celui du sport réduit à un
commerce financiarisé, modèle tristement développé en particulier dans le football.
Il est urgent d’interdire la pratique dite du « naming » et de revenir sur l’arrêt Bosman.
54
55
UNE ÉCOLE
R ÉP U B L I C A I N E Q U I
INST R U I T E T É M A N C I P E
56
S’APPUYER SUR LES
ENSEIGNANTS POUR RÉUSSIR
LE REDRESSEMENT DE
L’ÉCOLE
Cela passe par une revalorisation importante de leur rémunération. Le traitement des
enseignants a décroché depuis le début des années 2000 et est désormais nettement
inférieur aux standards européens, décourageant bien des volontés. La rémunération
des enseignants en France est de 50 % inférieure à celle de leurs collègues allemands.
Un professeur des écoles débute sa carrière avec un salaire mensuel de l’ordre de 1 350
euros nets par mois après 4 ans d’études. La République que nous défendons confie
à l’École un rôle prépondérant. Voilà pourquoi j’augmenterai la rémunération des
enseignants de 25 % sur cinq ans.
Je souhaite également réaffirmer leur autorité et les valeurs qui sous-tendent leur
action. J’instaurerai des cours d’éducation civique dès l’école primaire et jusqu’à la
fin de l’enseignement secondaire et ferai appliquer la circulaire Châtel avec fermeté.
J’instaurerai le port de l’uniforme pour les élèves de l’école élémentaire jusqu’au lycée.
L’uniforme à l’école n’est pas un archaïsme : si l’on regarde autour de nous, on constate
qu’une majorité d’élèves dans le monde portent l’uniforme à l’école. L’École n’est pas
la rue. Le port de l’uniforme permet une meilleure inclusion, atténue les différences
sociales et règle définitivement la question des signes vestimentaires d’appartenance
religieuse.
57
Il s’agira enfin de rappeler le primat de la souveraineté nationale et populaire dans
l’organisation du système éducatif. La stratégie Europe 2020 formulée par l’Union
européenne ainsi que le classement PISA de l’OCDE déroulent la pelote des réformes
structurelles visant à faire converger les modèles éducatifs selon une méthode et une
finalité ultra-libérales. Toutes ces évolutions se font au mépris du travail quotidien des
enseignants. Je dénoncerai la stratégie Europe 2020 et sortirai la France du classement
PISA. Du point de vue de la souveraineté numérique, nous inciterons à l’utilisation des
logiciels libres au sein de l’Éducation nationale et nous dénoncerons le partenariat
conclu avec Microsoft.
Doubler les postes ouverts aux concours les deux premières années, avec un
169 accès privilégié pour les personnels contractuels et vacataires
Instaurer des cours d’éducation civique dès l’école élémentaire et jusqu’à la fin
171 de l’enseignement secondaire
58
MATERNELLE ET
ÉLÉMENTAIRE : PRIORITÉ À
LA MAÎTRISE DU FRANÇAIS
Beaucoup se joue dès les premières années, à l’école maternelle et à l’école élémentaire.
Je veux concentrer les efforts pour les plus petits et favoriser la scolarisation dès l’âge
de deux ans. La priorité doit être donnée à la maîtrise de la lecture et de l’écriture du
français. Pour cela, je reviendrai sur la réduction de l’enseignement de 2h par semaine
au primaire décidée par le gouvernement de François Fillon. Je veux une semaine de
26 heures sur 4 jours et demi. Ces deux heures supplémentaires serviront à renforcer
l’enseignement du français afin que l’ensemble des enfants maîtrisent la langue de la
Nation.
59
Généraliser l’accueil en maternelle à partir de l’âge de 2 ans avec des activités
179 autour de la maîtrise de la langue
60
L’EXIGENCE
DANS LE SECONDAIRE
Je ferai de la mixité sociale à l’École un objectif prioritaire. Une nouvelle carte scolaire
doit être mise en œuvre et son respect doit être renforcé. Les assouplissements depuis
de nombreuses années ont conduit à l’intensification de la ségrégation sociale. Par
ailleurs, la concurrence déloyale de l’enseignement privé sévit aujourd’hui car il n’a
aucune contrainte de mixité sociale. Le privé sous convention avec l’État ne peut pas
faire son « marché » parmi les élèves sans contrepartie. Je soumettrai donc également
l’enseignement privé subventionné à des obligations d’accueil d’élèves boursiers. Enfin,
je fermerai la centaine d’établissements répertoriés comme « ghettos » par le Conseil
national d’évaluation du système scolaire (CNESCO). Les élèves qui sont actuellement
scolarisés dans ces établissements seront répartis sur l’ensemble des établissements
environnants, car ils ont droit à la réussite autant que les autres. C’est aussi cela, la
promesse républicaine ! Poursuivant cet objectif de mixité sociale, l’État construira
10 000 places d’internats d’excellence. Il existe aujourd’hui 45 établissements de ce
type en France, il en faudra au moins un par département. L’environnement social est
la première des inégalités. En développant ces internats, nous donnerons une chance
aux enfants issus des milieux défavorisés. Nous remettrons également sur pied un
système efficace et solidaire de bourses au mérite pour les lycéens et les étudiants.
La scolarité dans les lycées généraux sera revue de fond en comble. Je rétablirai
le baccalauréat en mettant fin aux consignes de corrections généreuses : ce
61
rétablissement des exigences et de la valeur du diplôme sera salutaire autant pour
l’enseignement secondaire que pour l’enseignement supérieur, où s’effectue
aujourd’hui une sélection non-dite bien plus injuste qu’une sélection dont les
règles sont claires et connues de tous. Je réformerai le parcours du lycée général
afin de rééquilibrer les filières, avec un système de tronc commun à tous les élèves
et des options de spécialisation. Dans ce cadre général, le volume horaire pour les
enseignements de sciences économiques et sociales sera augmenté : dès 15 ans,
chaque élève doit avoir des notions d’économie pour comprendre la société et de
philosophie pour appréhender le monde.
187 Fermer les 100 collèges répertoriés comme « ghettos » par le CNESCO
Renforcer la place des enseignants par rapport à celle des parents d’élèves
193 dans les conseils de discipline
62
L’ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
ET LA RECHERCHE,
CLÉS DU XXI ÈME SIÈCLE
Un discours de plus en plus usité par les politiques, parfois mis en application, consiste
à expliquer que la France concentre trop d’efforts dans la recherche fondamentale et
pas assez dans la recherche appliquée. C’est une opposition qui n’a pas de sens. La
recherche appliquée appartient aux entreprises, elle est soutenue par les pouvoirs
publics à travers des dispositions adéquates, notamment le Crédit impôt recherche. La
recherche fondamentale appartient aux laboratoires et aux universités, essentiellement
financés par l’argent public. Elle repousse les frontières de la connaissance et doit être
encouragée pour elle-même, sans négliger pour autant le fait que les découvertes les
plus importantes sont souvent le fruit de recherches fondamentales dont personne
n’aurait pu imaginer au départ les applications concrètes....
63
national des Universités aux côtés de la section « sciences économiques » existante.
C’est un enjeu de science évident, doublé d’un enjeu démocratique : celui de casser la
pensée unique dans le champ de l’enseignement de l’économie, celle qui se déverse
ensuite dans les grands médias, celle qui nous expliquait autrefois que les crises
financières étaient impossibles parce que les marchés s’autorégulaient...
196 Porter les dépenses pour l’enseignement supérieur de 1,5 à 2,5 % du PIB
Développer le financement par contrat entre l’État et les étudiants pour les
201 filières menant aux métiers de l’enseignement
64
R É TA B L I R
L’A U T O R I T É D E L’ É TAT
L ’autorité de l’état est nécessaire pour protéger les faibles contre les forts dans la jungle
du marché. Elle est tout aussi nécessaire pour protéger les faibles contre les forts dans la
jungle sociale où triomphent parfois les violences les plus inouïes. Je veux rétablir l’autorité
de l’État et assurer la sécurité de nos concitoyens. Cela vaut bien sûr pour le combat contre
la délinquance quotidienne, face à laquelle nous devons cesser d’opposer la répression et
la prévention qui sont complémentaires.
Au-delà de l’insécurité ordinaire, la France est confrontée à la vague du terrorisme islamiste.
Depuis mars 2012, plus de 240 personnes sont mortes, victimes d’actes terroristes dont la
plupart ont été, sinon revendiqués, du moins motivés par l’action de groupes islamistes.
Depuis mars 2012, le rythme s’accélère, les modes opératoires, les cibles et les lieux se
diversifient. Le phénomène du terrorisme au XXIème siècle est mondial.
Face au terrorisme comme face à la délinquance quotidienne, nous devons assurer les
Français de la mobilisation des moyens de l’État. Je veux une réponse qui soit adaptée
à l’État de droit, que certains esprits faibles entendent remettre en cause. Cette réponse
globale concerne à la fois la police, la gendarmerie, la justice et les prisons.
65
Augmenter les effectifs de la police nationale et de la gendarmerie de 25 000
202 postes sur un mandat pour assurer la sécurité des Français
Pour lutter plus spécifiquement contre le terrorisme, les policiers et les gendarmes
doivent être mieux formés à la lutte armée sur le territoire national et voir leur dotation
en matériel sensiblement améliorée. Je souhaite également réorganiser toute la
chaîne du renseignement, démantelée par Nicolas Sarkozy en 2008-2009, en créant
un commandement unique et en augmentant les effectifs.
Je souhaite favoriser l’accès à la justice de tous les Français, y compris ceux qui
disposent du moins de ressources financières. Aujourd’hui, l’aide juridictionnelle ne
permet pas aux faibles revenus d’avoir accès à la Justice et de faire valoir leurs droits.
Qui plus est, l’indemnisation des avocats au titre de l’aide juridictionnelle est tellement
faible que certains avocats refusent d’intervenir dans de telles affaires, privilégiant
ainsi une clientèle plus rémunératrice. Pour corriger cette inégalité d’accès au droit et
à la justice liée aux revenus des justiciables, je créerai un service public de la défense.
Des cabinets d’avocats dédiés à la défense des justiciables aux revenus les plus
modestes seront créés. La rémunération de ces avocats comme leur indépendance
67
seront calquées sur celles des magistrats et l’entrée dans ces cabinets se déroulerait
par concours.
L’état de nos prisons n’est pas digne d’une grande République. La peine, c’est la
privation de liberté, pas le cachot ! Je propose de construire 15 000 places de prisons
pour faire face à la surpopulation carcérale et un grand plan de rénovation des prisons
existantes, pour favoriser l’encellulement individuel et des prisons à taille humaine.
Pour aider les détenus à se réinsérer une fois leur peine effectuée, j’instaurerai, à titre
de peine complémentaire, une obligation de suivre une formation professionnelle en
prison.
Les prisons, mais aussi les palais de justice, les commissariats et les casernes
de gendarmerie bénéficieront d’un plan de rénovation qui constituera l’un des
investissements publics du plan de relance budgétaire que j’engagerai.
68
69
UN E S O C I É T É U N I E
70
EN FINIR AVEC LES
ACCOMMODEMENTS
SUR LA LAÏCITÉ
Cela suppose autant de fermeté que de bienveillance sur les principes. Non, nous
ne sommes pas islamophobes parce qu’on est laïques. Cette fermeté doit s’appliquer
particulièrement dans l’enseignement, car transmettre des savoirs en dehors de tout
dogme est la clef pour former des citoyens éclairés. Après la circulaire Châtel sur les
sorties scolaires, la République doit étendre la loi de 2004 sur les signes religieux à
l’école à tous les espaces d’enseignement, y compris dans l’enseignement supérieur.
Interdire les signes religieux ostentatoires dans un amphithéâtre, une salle de TD, une
salle d’examen, c’est rappeler que le lieu de transmission des savoirs doit rester neutre.
71
216 Appliquer strictement le principe de laïcité et la loi de 1905
72
ÉGALITÉ FEMMES-HOMMES :
DES DROITS À DÉFENDRE ET
À CONQUÉRIR
Le combat pour l’égalité entre les hommes et les femmes a été un enjeu politique et
démocratique majeur au XXème siècle. Malgré d’incontestables progrès, il reste tant
à faire au XXIème siècle pour atteindre l’idéal républicain d’égalité ! Non seulement
l’égalité entre les hommes et les femmes n’est pas une réalité dans tous les domaines,
qu’il s’agisse de l’accès à un emploi stable, à des rémunérations égales pour un travail
égal, ou de la promotion des femmes dans tous les emplois de direction, mais de
nouvelles forces conservatrices et réactionnaires s’emploient à défaire ce qui avait été
fait, en matière d’éducation, de contraception, de droit à l’IVG.
Il y a donc des droits à défendre, des droits à faire appliquer et des droits à conquérir.
Je m’engage à défendre le droit à l’éducation à la contraception et le droit à
l’interruption volontaire de grossesse et à appliquer de manière rigoureuse le principe
de laïcité, bouclier des femmes contre les menaces de régressions fondamentalistes.
Je m’opposerai avec la plus grande vigueur à l’instauration de la GPA et à la
marchandisation du corps des femmes.
Je rendrai par ailleurs effectif le principe « à travail égal, salaire égal », d’abord en
faisant appliquer la loi, ensuite, si nécessaire, en durcissant les sanctions à l’encontre
des entreprises réfractaires. Il sera également nécessaire de mener une campagne
pour promouvoir le travail des femmes à temps complet, car ces dernières sont trop
souvent cantonnées à des emplois à temps partiel contraints. Je mènerai également
une campagne pour promouvoir l’accès des femmes aux responsabilités syndicales,
associatives, politiques, économiques. Enfin, dans le cadre des États généraux du
travail et de l’innovation sociale, j’organiserai une grande concertation avec l’ensemble
des partenaires sociaux pour développer une politique publique du vieillissement
dans l’autonomie et l’indépendance qui prenne en compte les besoins spécifiques des
femmes.
73
219 Défendre le droit à l’éducation à la contraception
Mener une campagne de retour à l’emploi à temps complet pour les femmes ;
224 limiter le travail à temps partiel imposé
74
U NE R É P U B L I Q U E D E B O U T
SUR SES PRINCIPES
L es guerres civiles qui font rage au Moyen-Orient, en Syrie, en Irak, en Afghanistan, mais
aussi en Somalie, au Soudan, ont provoqué des déplacements de population de grande
ampleur. Si l’essentiel des flux de réfugiés se concentrent à l’intérieur même des pays
concernés par les crises et vers les pays limitrophes, le Vieux continent s’est également
retrouvé en première ligne d’une crise migratoire qui a fait voler en morceaux l’espace
Schengen. Les États membres de l’Union européenne, confrontés à une crise économique
persistante, ainsi qu’à la montée des extrêmes-droites dans les urnes, ont réagi à ce défi en
étalant leurs contradictions et leurs divisions. Parfois accueillis de façon digne, les réfugiés
ont connu de plus en plus souvent les camps de fortune et la rue. Ils ont dû faire face à
l’érection de murs aux frontières de l’Europe et à l’intérieur même de l’Europe, détournant
les routes migratoires vers des chemins de plus en plus périlleux. Des milliers de personnes
sont mortes, noyées en Méditerranée, en tentant la traversée sur des embarcations de
fortunes vendues à prix d’or par des réseaux criminels de passeurs qui font commerce de
la misère du monde.
Si de nombreux réfugiés n’aspirent qu’à retourner vivre dans leur pays une fois la paix
revenue, beaucoup n’auront jamais cette opportunité : ils devront vivre parmi nous et nous
devrons apprendre à vivre avec eux. Si la France doit avoir la maîtrise de sa politique en
matière migratoire, cette situation doit aussi nous amener à nous poser la question de
l’intégration de ces populations. Comment favoriser l’apprentissage de la langue du pays
d’accueil, de son histoire et de sa culture, comment permettre l’accès à un emploi pour
pouvoir vivre et faire vivre les siens ? Comment la République peut-elle réussir ce défi alors
même que les crispations de la population majoritaire sur l’intégration des immigrés
« légaux » et des descendants de ces immigrés sont déjà vives ? Comment désamorcer les
replis communautaires et les morcellements identitaires sans lutter vigoureusement contre
les discriminations dont sont indiscutablement victimes ces populations, notamment
quant à l’accès au logement et à l’emploi ?
Face à l’urgence, seule une République digne de ses idéaux et de ses principes d’ouverture,
ferme quant au respect des règles qui fondent la vie en commun, notamment la laïcité,
confiante dans sa conception citoyenne de la nationalité, paraît en mesure de relever
l’un des plus grands défis de notre temps. Face au détricotage de l’espace Schengen,
nous devons retrouver la maîtrise de nos frontières : chacun doit comprendre que c’est
là une condition nécessaire pour réussir l’intégration. Chacun doit aussi comprendre
que la maîtrise des flux migratoires dans la longue durée passera par un effort sensible en
matière de co-développement. Il ne s’agit pas de conditionner l’accueil des candidats à
l’immigration, car ces politiques ne sont ni justes ni efficaces. Il s’agit d’agir à la racine des
flux migratoires, de lutter contre la pauvreté, de construire des économies durables et des
États stables. Nul ne quitte la terre qui l’a vu naître et ses proches par plaisir ou pour profiter
d’un meilleur système social.
75
Reconquérir notre souveraineté territoriale en contrôlant les frontières pour
228 faire respecter nos lois sur l’immigration et pour réussir l’intégration
Créer une police des frontières regroupant la police des airs et les douanes
230 volantes, affectée notamment à une mission de contrôle des flux migratoires
76
Soutenir les dispositifs de lutte contre les discriminations à l’embauche type
« méthode IOD », qui consiste à agir sur l’offre et la demande de travail au
bénéfice des publics les plus éloignés de l’emploi, en amont (prise en charge
238 de la recherche d’emploi), en aval (travail sur l’intégration en entreprise du
salarié) et pendant la sélection (lutte contre les pratiques de sur-sélection
des entreprises)
Reconquérir la maîtrise de nos frontières, cela veut aussi dire renvoyer la frontière
britannique de Calais à Douvres. Les accords du Touquet, censés organiser les flux
migratoires de chaque côté de la Manche, sont en réalité profondément déséquilibrés.
L’article 7 de cet accord dispose le retour automatique des personnes dans le pays
de départ. Si la Grande-Bretagne rejette l’accueil ou l’asile des migrants, cela signifie
une chose très simple : la Grande-Bretagne reste souveraine et la France ne l’est plus.
L’article 9 précise que l’examen de la demande d’asile doit avoir lieu dans le pays de
départ. Il crée la situation qui a prévalu à Calais pendant des années, avec des migrants
assignés à résidence en France quand leurs yeux sont tournés vers le Royaume-Uni.
Le démantèlement du camp de Calais ne résout en aucun cas le problème sur le fond :
les causes profondes perdurent. Nous devons donc renégocier les accords du Touquet,
en particulier ces articles 7 et 9. Si les négociations ne devaient pas aboutir, il faudra
dénoncer ces accords.
Pour favoriser l’intégration des immigrés et des descendants d’immigrés et pour lutter
contre les discriminations dont ils demeurent trop souvent victimes, je créerai un
ministère chargé de l’intégration et de la lutte contre les discriminations. Ce ministère
sera chargé de l’élaboration d’un plan d’action qui comprendra des mesures fortes
pour favoriser l’apprentissage du français, l’accès à l’emploi et à un logement décent.
77
UNE FRANCE LIBRE ET
IN D É P E N DA N T E S U R L A
SCÈN E I N T E R N AT I O N A L E
Lever les sanctions à l’égard de la Russie, qui est un grand pays, avec lequel
239 nous devons entretenir des relations diplomatiques constructives
78
Désormais seul membre du Conseil de sécurité des Nations Unies au sein de l’Union
européenne, la France doit prendre ses responsabilités en veillant à son autonomie en
matière de défense, qui repose en partie sur le maintien de la dissuasion nucléaire. La sortie
du commandement intégré de l’OTAN, la construction d’un second porte-avions pour
développer nos capacités de projection et la restauration d’un service national universel,
notamment militaire, doivent nous permettre de consolider un système de défense
opérationnel et garant de notre indépendance.
Par ailleurs, le refus d’une diplomatie d’ingérence doit être accompagné d’un effort
particulier en matière de diplomatie de coopération et de développement. L’espace
francophone connaîtra une croissance démographique considérable dans les décennies à
venir : c’est un atout décisif pour rétablir des liens aujourd’hui distendus avec le continent
africain. Ni la crise migratoire, ni le phénomène de radicalisation dans les pays musulmans
ne trouveront de solution pérenne sans une action ambitieuse pour le développement
dont il convient de changer l’esprit et l’échelle d’intervention.
Avant-propos 2
Tous au travail 28
Répartir la production pour travailler plus 29
Rééquilibrer le rapport capital/travail dans les entreprises 32
Tisser une alliance entre la République sociale et l’économie 34
sociale
80
Une École républicaine qui instruit et émancipe 56
S’appuyer sur les enseignants pour réussir le redressement de 57
l’École
Maternelle et élémentaire : priorité à la maîtrise du français 59
L’exigence dans le secondaire 61
L’enseignement supérieur et la recherche, clés du XXIème 63
siècle
81
FA U D O T 2 0 1 7 . F R
82