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Serge AKOKA
Figure-1-1 : Le noyau possède un moment magnétique qui peut être assimilé en première
approximation à un petit aimant.
Figure 1-2 : Orientations et énergies des noyaux de spin ½ en fonction du module du champ
magnétique externe 𝐵 ⃗⃗0 . (a) Pour B0 = 0, les noyaux sont orientés de manière aléatoire et ont
tous la même énergie. (b) Pour B0 > 0, m peut prendre les valeurs +½ (état ) ou -½
(état ) ; les orientations, et donc les énergies de ces deux états sont différentes.
𝛾.𝐵0
𝐸𝑚 = −𝑚. 𝛾. ℏ. 𝐵0 = −𝑚. ℎ. 𝜈0 (en posant : 𝜈0 = )
2.𝜋
L’état de plus faible énergie, et donc le plus stable, correspond aux noyaux orientés dans
la direction du champ magnétique. Le niveau de plus haute énergie correspond aux
noyaux orientés dans la direction opposée. En présence d’un champ magnétique externe,
les noyaux devraient donc tous être sur le premier niveau. Toutefois, l’agitation thermique
contrarie cette organisation en fournissant à certains noyaux l’énergie nécessaire pour
passer sur les niveaux supérieurs.
L’équation de Boltzmann gouverne alors les populations sur les différents niveaux
d’énergie. Pour un spin ½ :
E
n
e k.T (avec : E .h.B0 h.0 ) (1-2)
n
Cette somme est appelée l’aimantation nucléaire et notée 𝑀 ⃗⃗⃗ (figure 1-3b). Le module de
l’aimantation peut être calculé à partir de l’expression du moment magnétique µ ainsi que
de la différence de population entre les niveaux et .
1 1
𝑀0 = 𝑛𝛼 . . 𝜇 + 𝑛𝛽 . (− ) . 𝜇 = Δ. 𝛾. ℎ
2 2
𝛾2 .ℎ2 .𝐵0
𝑀0 = 𝑁. (1-3)
4.𝑘.𝑇
Figure 1-4 : Mouvement de précession : (a) d’une toupie autour de la verticale, (b) d’un
moment magnétique autour du champ 𝐵 ⃗⃗0 .
0 = .B0 (1-4)
1.3. La résonance
1.3.1. Modèle vectoriel
Comme nous l’avons vu, l’aimantation est proportionnelle au nombre de noyaux, et c’est
elle qui est mesurée en RMN. Toutefois, 𝑀 ⃗⃗⃗ n’est pas observable lorsqu’elle est parallèle
à𝐵 ⃗⃗0 (figure 1-5a), il faut donc la basculer de 90°.
Pour faire tourner 𝑀⃗⃗⃗ , il suffit d’appliquer transitoirement un autre champ magnétique 𝐵 ⃗⃗1
dirigé à 90° de 𝐵⃗⃗0. Les moments magnétiques sont alors animés d’un mouvement de
précession autour de 𝐵 ⃗⃗1. Dès qu’une rotation de 90° a été obtenue, le champ 𝐵
⃗⃗1 est coupé
(figure 1-5b).
L’aimantation 𝑀⃗⃗⃗ étant la somme de tous les moments magnétiques nucléaires, elle est
alors orientée à 90° de 𝐵 ⃗⃗0 et peut être mesurée.
Si 𝐵 ⃗⃗1 est fixe pendant la durée de son application, le mouvement de 𝑀 ⃗⃗⃗ autour de
⃗⃗ (représenté sur la figure 1-6), ne permet pas d’amener 𝑀
𝐵 ⃗⃗⃗ à 90° de 𝐵
⃗⃗0 . Au début de
l’application de 𝐵 ⃗⃗1, la précession autour de ce champ écarte effectivement l’aimantation
𝑀⃗⃗⃗ de la direction de 𝐵 ⃗⃗0 (Fig. 1-6a). Mais dès que la précession autour de 𝐵 ⃗⃗0 a provoqué
une rotation de plus d’un quart de tour, l’action de 𝐵 ⃗⃗1 ramène l’aimantation suivant 𝐵 ⃗⃗0 (Fig.
Cette condition peut être illustrée de la manière suivante. Imaginons un enfant sur un
manège et son père à côté désirant l'aider à descendre. Si le manège est à l'arrêt cela ne
pose bien entendu aucun problème, mais l'opération devient plus délicate si le manège
est en marche. En fait le père doit alors courir autour du manège à la même vitesse que
celui-ci de manière à avoir le même mouvement que l'enfant. Le père peut alors rester en
face de l'enfant le temps nécessaire pour l'aider à descendre.
La trajectoire de l’aimantation durant l’application d’un champ 𝐵 ⃗⃗1 tournant est représentée
sur la figure 1-8 ; d’une part, dans le référentiel du laboratoire (Fig. 1-8a), et d’autre part,
dans le référentiel tournant (Fig. 1-8b). Ce dernier est constitué de trois axes (x’, y’ et z’)
orthogonaux, mais x’ et y’ tournent autour de z’ à la même vitesse angulaire que le champ
radiofréquence 𝐵 ⃗⃗1. Celui-ci est donc immobile dans le référentiel tournant. Par ailleurs, z’
est confondu avec z et est donc parallèle à 𝐵 ⃗⃗0.
L’axe z (ou z’) est appelé axe longitudinal et le plan (xy) ou (x’y’) est appelé plan
transversal. A un instant quelconque d’une expérience de RMN, l’aimantation a une
composante parallèle à 𝐵 ⃗⃗0 dite aimantation longitudinale (notée Mz) et une composante
⃗⃗0 dite aimantation transversale (notée Mxy).
perpendiculaire 𝐵
Figure 1-9 : Aspect énergétique de la résonance. Les spins sont irradiés avec une onde radio
de fréquence 0 telle que h0 = E (a). Ceci permet le passage de quelques noyaux de l'état
à l'état (b).
Par ailleurs, la somme des composantes transversales des moments magnétiques est
⃗⃗0. L’aimantation
nulle car il n’y a aucune polarisation suivant les axes perpendiculaires à 𝐵
est donc de même direction et de même sens que 𝐵 ⃗⃗0 (figure 1-10a).
Après une impulsion RF correctement calibrée, les populations des deux niveaux sont
égalisées, l’aimantation longitudinale est donc nulle. En revanche, la somme des
composantes transversales des moments magnétiques ne l’est plus, l’aimantation
transversale a alors une valeur égale à celle de l’aimantation longitudinale à l’équilibre.
⃗⃗0 (figure 1-10b).
L’aimantation est alors perpendiculaire à 𝐵
Si l’impulsion RF utilisée est deux fois plus longue que la précédente (ou de même durée
mais deux fois plus intense), deux fois plus de photons d’énergie h0 sont absorbés par
le système. Les populations des états et sont alors inversées par rapport à l’état
d’équilibre. La population du niveau est légèrement plus élevée que celle du niveau
ce qui conduit à une composante longitudinale de sens opposé à celui de 𝐵 ⃗⃗0. La somme
1.5. La Relaxation
Après avoir été basculée dans le plan transversal, l’aimantation va progressivement
⃗⃗0. Les composantes longitudinale et
retourner à sa position d’équilibre, parallèle à 𝐵
transversale sont affectées différemment par ce phénomène de relaxation.
Comme nous le verrons dans le chapitre 5, les mécanismes de relaxation sont liés aux
fluctuations des champs magnétiques locaux et donc à la dynamique moléculaire.
1.5.1. La relaxation longitudinale
Le retour de l’aimantation longitudinale (𝑀𝑧 ) vers sa valeur d’équilibre se passe, en règle
générale, selon un processus monoexponentiel. On appelle le temps caractéristique de
la croissance de l’aimantation longitudinale le « temps de relaxation longitudinale ». On
le représente par la grandeur « T1 ».
Dans les liquides, les temps de relaxation longitudinale T 1 des protons sont typiquement
de l’ordre de quelques centaines de millisecondes à quelques secondes.
Figure 1-11 : Relaxation. Après avoir été basculée dans le plan transversal, l’aimantation va
⃗⃗0 . (a) L’aimantation
progressivement retourner à sa position d’équilibre, parallèle à 𝐵
longitudinale Mz retourne exponentiellement vers la valeur d’équilibre (M0). (b) L’aimantation
transversale Mxy retourne exponentiellement vers 0.
L’origine du signal RMN peut être appréhendée soit à partir du modèle énergétique, soit
à partir du modèle vectoriel.
1.6.1. Le signal RMN dans le modèle énergétique
L’impulsion RF perturbe le système, et lorsque l’irradiation cesse, le système retourne
vers son état d’équilibre (par la relaxation). Pour cela, des noyaux repassent de l’état à
l’état , et ce faisant, émettent des photons d’énergie E et donc de fréquence 0 qui
sont détectés (figure 1-13a). Le nombre de photons émis est égal au nombre de noyaux
qui retournent de vers , il est donc égal à N. L’amplitude du signal est donc
directement proportionnelle à N.
1.6.2. Le signal RMN dans le modèle vectoriel
Après avoir été basculée à 90° de 𝐵 ⃗⃗0, l’aimantation tourne autour de celui-ci à la vitesse
0 (car 𝐵0 est toujours présent). Afin de mesurer la valeur de 𝑀 il suffit alors de placer,
perpendiculairement à l’un des axes du plan transversal, une bobine conductrice.
Les principes de base de l’électromagnétisme permettent de montrer que la tension aux
bornes de la bobine est alors proportionnelle à la variation du flux de 𝑀 ⃗⃗⃗ à travers cette
même bobine. Le flux est lui-même proportionnel à la projection de 𝑀 ⃗⃗⃗ sur l’axe de la
bobine. Si au début de la détection du signal (t = 0), l’axe de la bobine est perpendiculaire
à l’aimantation 𝑀 ⃗⃗⃗ (figure 1-13), la projection de 𝑀 ⃗⃗⃗ sur cet axe évoluera de manière
sinusoïdale. Le flux suivra la même loi et sa variation évoluera comme la dérivée d’un
sinus, c’est-à-dire en cosinus. La rotation de 𝑀 ⃗⃗⃗ fait donc naître dans la bobine un signal
électrique de fréquence 0 et dont l’amplitude initiale est directement proportionnelle à M,
et donc à N.
On appelle ce signal le « signal de précession libre » ou FID pour « Free Induction
Decay ». Il décroît dans le temps (figure 1-13c) car M retourne progressivement vers sa
⃗⃗0 (Cf. § 1.5).
position d’équilibre parallèle à 𝐵
Pour des raisons purement techniques, ce signal est démodulé avant d’être numérisé par
l’informatique du spectromètre. La démodulation consiste à mélanger au signal détecté la
Figure 1-13 : Détection du signal RMN. Dans le modèle énergétique, lors du phénomène de
relaxation des noyaux repassent de l’état à l’état , et ce faisant, émettent des photons
d’énergie E (et donc de fréquence 0) qui sont détectés (a). Dans le modèle vectoriel, le
flux magnétique à travers la bobine (proportionnel à la composante de M suivant l’axe de la
bobine) varie périodiquement (b), ce qui induit dans la bobine un signal électrique de
fréquence 0 (c).