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SUJET DACTUALITE !

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dactualite-susceptibles-concours-master.html

BOYCOTT MAROC

Sous-estimée au départ, la campagne


de boycott de l’eau minérale Sidi Ali,
du lait de Centrale Danone et des
stations-service Afriquia, lancée le 20
avril dernier sur les réseaux sociaux,
prend de l’ampleur. Comment a-t-elle
démarré? Que vise-t-elle au juste? A-t-
elle eu un impact sur les ventes des
entreprises concernées ? Le point en 7
questions/réponses.

 S’agit-il d’une première dans


l’histoire de la
consommation au Maroc ?
C’est en effet la première fois qu’une mobilisation
populaire est menée uniquement sur les réseaux
sociaux. Du Hirak du Rif à celui de Jerada, le Maroc a
connu ces deux dernières années une série de
mouvements de contestation, où les médias sociaux
ont servi d’élément de coordination, mais où le mot
d’ordre était principalement l’occupation de l’espace
public. Avec ses allures de désobéissance civile, le
boycott s’avère aujourd’hui plus efficace, et
certainement, plus fédérateur. Ce n’est pourtant pas
la première fois que les consommateurs marocains se
rebiffent. En septembre 2006, les habitants de
Bouarfa (province de Figuig) avaient décidé de
boycotter le paiement et l’usage de l’électricité, à
cause des montants élevés des factures et de la
« mauvaise qualité » du service. Mais contrairement à
la situation actuelle, la population avait recouru à
l’époque à un ensemble de sit-in et de manifestations
jusqu’à ce que l’ONEE se mette à la table des
négociations avec ses représentants.

 Qui est à l’origine de la


campagne?
C’est l’une des questions les plus récurrentes au sujet
du boycott des produits des trois entreprises. Alors
que certains y voient une instrumentalisation de la
population visant des personnalités politiques comme
Aziz Akhannouch, les boycotteurs affirment qu’il
s’agit d’un ras-le-bol citoyen réel, tirant son origine de
la hausse des prix et de la baisse du pouvoir d’achat.
Plus précisément, les appels au boycott ont
commencé à circuler sur des pages Facebook suite à
deux campagnes similaires en Tunisie et en Algérie.
La première ciblait les sardines, jugées trop chères, et
portant le hashtag #laisse-les pourrir, tandis que la
deuxième visait les voitures à cause de leurs « prix
excessifs », accompagnée du hashtag #laisse-la
rouiller.

 Que reproche-t-on aux


entreprises boycottées?
Le boycott s’en prend à trois entreprises leaders dans
leurs secteurs d’activité et commercialisant des
produits de grande consommation: l’eau, le lait et les
hydrocarbures. Les internautes dénoncent le prix de
vente de l’eau minérale Sidi Ali, mise en vente à 6
dirhams la bouteille de 1,5 litre (contre 5 dhs en
moyenne pour les autres marques) par les Eaux
Minérales d’Oulmès, filiale du groupe Holmarcom
dirigé par la famille Bensalah. Le lait Centrale
Danone, vendu à 7 dirhams le litre, est quant à lui
considéré « trop cher » par rapport à son coût de
production et à sa « qualité ». Le boycott d’Afriquia,
lui, vient en réaction à la flambée des prix de l’essence
et du gasoil, qui atteignent des chiffres record depuis
plusieurs semaines.
LIRE: Pourquoi l’économie marocaine est au creux de la vague?

L’entreprise cotée en bourse a enregistré une


progression de 19,5% de son résultat net en 2017,
affichant 550 millions de dirhams selon la Bourse de
Casablanca. Une tendance haussière qui s’explique
d’abord par la chute des cours du pétrole sur le
marché international, ainsi que par la libération des
prix du carburant en 2015 par le gouvernement
Abdelilah Benkirane.

 Qu’en disent les politiques?


Il faut dire que les propos de certains responsables
mettent de l’huile sur le feu. Interpellé au parlement à
ce sujet, le ministre des Finances Mohamed Boussaid
n’a fait qu’alimenter la colère des internautes: « Nous
nous devons d’encourager l’entreprise et les produits
marocains, contrairement à ce que font certains
étourdis (mdawikh) », a persiflé le cadre du RNI. A
son tour, Aziz Akhannouch, président du RNI,
ministre de l’Agriculture et de la Pêche et patron
d’Afriquia, a tenté de minimiser l’impact du boycott
de sa société et d’autres produits relevant de la tutelle
de son département, en le réduisant à « une
campagne virtuelle décalée de la réalité« . Quant à
Saâd Eddine El Othmani, dont la toile ne cesse de
moquer le mutisme sur nombre de sujets épineux,
interrogé sur le boycott lors des célébrations du
premier mai, le chef de file du PJD s’est contenté
d’évoquer l’engagement de son gouvernement en
faveur des travailleurs, avant de se précipiter vers la
sortie escorté par ses gardes-chiourmes.

 Les entreprises concernées


ont-elles réagi ?
Motus et bouche cousue chez certains, sorties
corrosives chez d’autres. Si, en dehors de la réplique
d’Aziz Akhannouch au Salon international de
l’Agriculture de Meknès (SIAM) le 25 avril dernier,
Afriquia et Sidi Ali se sont jusqu’ici contentés du
silence comme toute réponse aux boycotteurs,
Centrale Danone a réussi pour sa part à provoquer
l’ire des internautes par les propos de son directeur
des Achats Adil Benkirane. Durant le SIAM, celui-ci
est allé jusqu’à traiter les boycotteurs de « traîtres à la
nation ». Résultat: une marée de posts et de
commentaires indignés sur les réseaux sociaux, qui
ont poussé le laitier à s’excuser par un communiqué
rendu public ce mercredi 2 mai. « Centrale Danone
présente ses excuses à tous les citoyens qui se sont
sentis offensés par de tels propos, qui ne reflètent pas
la position de l’entreprise« , lit-on dans le
communiqué.
 Ont-elles enregistré des
pertes ?
Lors du SIAM, Aziz Akhannouch avait assuré que « la
campagne de boycott n’affectera pas la vente » des
produits pris en cible. Si aucune communication n’a
été faite sur l’état des ventes des trois firmes, des
images partagées sur la toile montrent de grandes
quantités de bouteilles Sidi Ali et de lait Centrale,
demeurées invendues dans les rayons des
supermarchés face à un afflux sur les marques
concurrentes comme Jaouda ou Jibal. Du côté du
marché boursier, le lundi 30 avril a été une journée
pas comme les autres à la Bourse des Valeurs de
Casablanca. A la clôture, deux entreprises cotées
enregistraient les plus fortes baisses du jour: Afriquia
Gaz et Centrale laitière, avec des baisses respectives
de -5,97% et -5,69%. Si elle dispose d’un cours les
plus stables en bourse, la société Les Eaux Minérales
d’Oulmès a tout de même affiché une perte de son
titre à hauteur de 5,08% le 20 avril, correspondant au
premier jour du boycott.

 De quoi ce boycott est-il le


nom?
Cette campagne de boycott de la part des
consommateurs ne peut en effet être dissociée de la
vague de protestations qu’a connues le Maroc depuis
le début du Hirak du Rif en octobre 2016, où les
principales revendications avaient trait à
l’amélioration des conditions économiques et sociales
des habitants de la région. Il s’agit aujourd’hui du
même son de cloche d’une population en grogne
contre la paupérisation des classes populaires et
moyennes et l’aggravation des inégalités sociales. Les
conclusions de l’Enquête nationale sur la
consommation et les dépenses des ménages, publiée
par le HCP en 2016, appuient ces mécontentements.
Selon cette étude, près des deux tiers des ménages
(67%) ont une dépense annuelle inférieure à la
moyenne nationale, évaluée à 76.317 dirhams, soit
6.360 dirhams par mois. Le HCP a également révélé
des disparités frappantes, le niveau de vie des 5% les
plus aisés des Marocains égalant 20 fois celui des 5%
les plus défavorisés.

Une réalité socio-économique qui donne à ces


mouvements contestataires une raison d’être, même
si les formes diffèrent. Les arrestations qui ont suivi
les manifestations dans le Rif et Jerada expliquent la
migration de la contestation de la rue vers la toile. En
boycottant un produit, les internautes se voient
exercer un droit de dénonciation sans être inquiétés,
et sans risquer de subir le destin malheureux de
certains activistes des Hirak du Rif et de Jerada.
Le discours du Roi Mohammed VI à l'occasion du 18ème
anniversaire de la fête du Trône.

À l’occasion du 18ème anniversaire de


la Fête du Trône, SM le Roi Mohammed VI
a adressé un discours à la nation. Un
discours aux messages virulents, forts et
clairs. Le résumé des analyses des experts
de MFM ayant intervenu dans l’émission
spéciale consacrée au Discours Royal.

Mohamed El Khomssi a retenu 5 grands


messages véhiculés par le Discours de SM
le Roi. Le premier est la grande disparité
entre le secteur public et le secteur privé,
le premier est rapide est efficace ; ce qui
est à l’opposé du deuxième. Le professeur
de l’Université Sidi Mohamed Ben Abdellah
de Fès a noté que le Monarque souhaite
que les deux secteurs évoluent à la même
vitesse et déplore que l’administration
retarde le développement. Pour lui, ce
discours constitue un facteur d’émulation
pour le secteur public pour rattraper le
secteur privé. Le premier, regrette SM le
Roi, devrait servir de modèle au deuxième,
et non le contraire. Parmi les tares de
l’administration relevées par le discours, il
y a le manque de créativité et d’initiative ce
qui a résulté à cette différence de niveaux
entre les deux secteurs. Mohamed El
Khomssi a donné l’exemple de la lenteur
d’adoption des lois. Cela démontre que
l’administration est aujourd’hui dépassée
par la réalité, note l’expert.

Le deuxième message est la mentalité


opportuniste des politiciens qui se cachent
derrière le Palais Royal en cas d’échec.
Cette réalité est désormais connue des
Marocains, comme la souligné Sa Majesté
qui a adressé dans ce sens un message
direct aux responsables : soit accomplir
pleinement son devoir, soit démissionner.

Le troisième a évoqué l’article premier de


la constitution concernant la corrélation
entre la responsabilité et la reddition des
comptes. Prenant comme exemple les
événements de Al Hoceïma, le Souverain a
imputé la responsabilité aux partis
politiques qui n’ont pas su communiquer
efficacement avec les citoyens. S’ils avaient
pleinement rempli leurs devoirs, ces
événements auraient pu être évités. Autre
point soulevé pas le discours, l’erreur
préjudiciable d’adopter une approche
sécuritaire pour faire face au Hirak. L’idée
selon laquelle le Maroc est gouverné par
l’appareil sécuritaire est erronée. Au
contraire, le rôle des forces de l’ordre est
de veiller à la sécurité des citoyens. Or, à
Al Hoceïma, les citoyens se sont retrouvés
confrontés à l’appareil censé les protéger.

Le quatrième message souligne qu’il n’y


pas de distinction entre les régions.
L’expert souligne qu’il y a des régions qui
souffrent du manque d’infrastructures plus
que Al Hoceïma. Cela ne veut pas dire que
l’on doit accorder plus d’importance à une
région sur une autre.
Le dernier message est le processus de
démocratisation dans lequel s’est engagé le
Royaume. Ainsi, SM le Roi Mohammed VI a
insisté dans son discours que le Maroc a
entamé cette transformation et qu’il n’y a
plus de retour en arrière. L’expert voit dans
ce message un signal fort adressé aux
responsables.

Pour sa part, Zahereddine Taybi a retenu


que le Souverain a adressé un
avertissement au secteur public en mettant
le doigt sur les problèmes dont il souffre.
SM le Roi, poursuit l’expert, a affirmé qu’il
a perdu confiance dans les partis
politiques. Que reste-t-il donc au peuple ?
Cette interrogation émanant du Souverain
devrait pousser les formations à changer
de méthode de travail, estime Zahreddine
Taybi qui souligne que le Maroc fonctionne
suivant deux variables : la vitesse Royale
et la vitesse politicienne. Cette dernière
profite de l’économie de rente et est
gangrénée par les conflits politico-
politiques. Le Roi a été clair sur ce point :
soit on est capable d’assumer ses
responsabilités, soit on démissionne.
L’expert a précisé que le Maroc a plus que
jamais besoin d’une élite politique cultivée,
d’améliorer le développement humain, la
santé… Tout cela nécessite la concertation
des efforts.

Zahreddine Taybi a aussi retenu que le


discours a clairement explicité qu’il faut
sanctionner ceux qui enfreignent la loi. Le
Roi, ajoute le docteur ès sciences
juridiques et politiques, a rappelé qu’il est
le garant de l’application de la constitution
et protecteur des institutions ; il protège
ainsi les citoyens des erreurs des élus et
des ministres. Zahreddine Taibi en a conclu
que Sa Majesté signifie aux responsables
que la démission reste plus honorable que
la destitution. Il souligne que le
Roi Mohammed VIfait du mieux qu’il peut
pour répondre aux doléances des citoyens
mais qu’il ne peut pas tout faire. Sinon,
quel est le rôle des élus censés servir
l’intérêt général, se demande l’expert. La
corrélation entre la responsabilité et
la reddition des comptes et la
déclaration de patrimoine finiront par
donner des résultats probants, estime
Zahreddine Taybi.

Concernant les partis politiques, l’expert


juge qu’après ce discours, il ne leur est
plus permis de se soustraire de leurs
responsabilités en se retrancher derrière le
Palais Royal. Tout comme Mohamed El
Khomssi, Zahreddine Taybi souligne que
les événements de Al Hoceïma reflètent
cette réalité. Aucun politicien ne s’est
exprimé sur le Hirak. Pire, les partis
politiques n’ont pas réussi à influencer,
persuader et renouveler leurs appareils.

De son côté, Driss Al Andaloussi a soulevé


que SM le Roi Mohammed VI a clairement
signifié qu’il veille à la séparation des
pouvoirs. Mais en cas de manquement, le
Souverain ne manquerait pas d’intervenir.

Autre point retenu par l’expert en finances


publiques, la comparaison entre le secteur
public et le secteur privé. Dans les
années 1980, se rappelle Driss Al
Andaloussi, les cadres du secteur privé
sollicitaient l’assistance de leurs
homologues du secteur public. De plus, les
grands responsables opérant dans le
secteur privé proviennent du secteur
public, qui malheureusement est envahi
aujourd’hui par les partis politiques.

L’expert a soulevé un autre


dysfonctionnement, celui du manque de
concertation entre les différents
départements ministériels. Driss Al
Andaloussi a noté dans ce sens que
plusieurs grands projets ont échoué parce
que chaque ministère travaille de son côté,
sans parler des cadres marginalisés dans
chaque administration au profit des
fonctionnaires qui gravitent autour du
directeur de département.

Enfin, relève Driss Al Andaloussi, comment


se fait-il que le directeur du Centre
Régional d’Investissement (CRI), censé
faciliter la mise en place des
investissements, soit le premier barrage à
se dresser contre l’investisseur. L’expert
prédit qu’une réforme qui visera à
dispenser l’administration de la gestion des
CRI verra le jour prochainement.

Pour l’expert, le discours a choisi un ton


direct et s’est appuyé sur des faits
concrets. Cependant, les élus ne sont les
seuls responsables. La société civile, les
syndicats et les citoyens le sont aussi,
estime-t-il.

Ce 29 juillet, Mohammed VI a tenu l'un


des discours les plus sévères de son règne,
où il tance vertement l'administration et
les partis politiques. Voici le texte intégral.

Paix et Salut sur le Prophète, Sa Famille et Ses Compagnons.

Cher peuple,.
La date d’aujourd’hui marque le dix-huitième anniversaire de la
Glorieuse Fête du Trône, célébré dans un contexte national riche en
acquis et chargé en défis.

C’est, pour Nous, une occasion annuelle de renouveler les liens de la


Beia qui Nous unissent mutuellement, et de Nous arrêter avec toi sur
l’état de la Nation.
Les projets de développement, les réformes politiques et
institutionnelles que Nous menons poursuivent un seul objectif : servir
le citoyen, là où il vit dans notre pays, sans distinction entre le nord et
le sud, l’est et l’ouest, ni entre citadins et ruraux.

Certes, les moyens dont dispose le Maroc sont limités. Et il est vrai
que de nombreuses régions ont un besoin accru en services sociaux de
base.

Mais le Maroc, Dieu soit loué, se développe à un rythme soutenu.


Clair et manifeste, ce progrès est unanimement attesté dans les
domaines les plus divers.

Cependant, nous vivons aujourd’hui un paradoxe irrécusable, mais


difficile à admettre.

En effet, d’une part, le Maroc jouit d’une grande crédibilité à l’échelle


continentale et internationale, et bénéficie de l’estime de nos
partenaires, de la confiance de grands investisseurs comme « Boeing
», « Renault » et « Peugeot ». Et pourtant, d’autre part, Nous
constatons avec contrariété que, dans certains secteurs sociaux, le
bilan et la réalité des réalisations sont en-deçà des attentes. N’a-t-on
pas honte de signaler que ces résultats sont le fait du Maroc
d’aujourd’hui ?.

Nous avons réussi dans la mise en œuvre de nombreux plans sectoriels


comme ceux de l’agriculture, de l’industrie et des énergies
renouvelables. Néanmoins, les projets de développement humain et
territorial, qui ont un impact direct sur l’amélioration des conditions
de vie des citoyens, ne Nous font pas honneur et restent en-deçà de
Notre ambition.

Dans bon nombre de domaines, cet état de choses tient essentiellement


au faible niveau du travail en commun et à l’absence d’une vision
nationale et stratégique. Il résulte aussi du fait que la dysharmonie
l’emporte trop souvent sur la cohérence et la transversalité, que la
passivité et la procrastination remplacent l’esprit d’initiative et
l’action concrète.

Cette réalité paradoxale est encore accentuée lorsqu’on établit un


parallèle entre, d’une part, le secteur privé rendu efficient et compétitif
grâce à un modèle de gestion organisé autour des notions de suivi, de
contrôle et d’incitation, et, d’autre part, le secteur public, en particulier
l’Administration publique, qui souffre d’une faible gouvernance et
d’une productivité insuffisante.

En effet, le secteur privé attire les meilleurs cadres formés dans notre
pays, lesquels participent aujourd’hui à la gestion des plus grandes
compagnies internationales installées au Maroc, et administrent les
petites et les moyennes entreprises nationales.

En revanche, les fonctionnaires publics, pour la plupart d’entre eux,


manquent de compétences et d’ambition et n’ont pas toujours des
motivations liées au sens des responsabilités, liées à leur mission.

Mieux encore, certains d’entre eux pratiquent l’absentéisme, se


satisfaisant d’un traitement mensuel sûr, pour modique qu’il est, ne
manifestant aucune ardeur au travail et ne nourrissant aucune ambition
professionnelle.

L’un des problèmes qui entravent aussi le progrès du Maroc, réside


dans la faiblesse de l’Administration publique, en termes de
gouvernance, d’efficience ou de qualité des prestations offertes aux
citoyens.

A titre d’exemple, les Centres régionaux d’Investissement, si l’on en


excepte un ou deux, constituent un problème et un frein au processus
d’investissement : ils ne jouent pas leur rôle de mécanisme incitatif ;
eux qui ont, en principe, vocation à régler les problèmes qui se posent
régionalement aux investisseurs, à leur épargner le besoin de se
déplacer auprès de l’Administration centrale.

Ce dysfonctionnement a des retombées négatives sur les régions qui


souffrent d’une insuffisance, voire d’une inexistence de
l’investissement privé, autant que de la faible productivité du secteur
public. Cette situation ne manque pas d’affecter les conditions de vie
des citoyens.

En effet, elle accentue les difficultés de certaines régions qui ont un


grand déficit en installations et en prestations sanitaires, éducatives et
culturelles, ainsi qu’en opportunités d’emploi. Dans ces régions, il est
nécessaire de recourir à une mutualisation accrue des efforts qui leur
permettra de rattraper le retard accumulé, de combler le manque
existant et, in fine, de s’arrimer au train du développement.

En revanche, on constate que les régions qui connaissent une activité


intense du secteur privé comme Casablanca, Rabat, Marrakech et
Tanger, vivent au rythme d’un dynamisme économique fort,
générateur de richesse et d’emplois.

Pour mettre fin à ces dysfonctionnements, il appartient donc au


gouverneur et au caïd, au directeur et au fonctionnaire, ainsi qu’au
responsable communal, etc., d’adopter les méthodes actives de travail
et les objectifs ambitieux des cadres du secteur privé. Mus par le sens
des responsabilités, ils doivent faire honneur à l’Administration, et
aboutir à des résultats concrets. Car, en définitive, leur responsabilité
est de veiller sur les intérêts des gens.

Cher peuple,.
Nos choix en matière de développement restent globalement
pertinents. Mais, le problème a trait à l’immobilisme des mentalités, et
aux carences en termes d’exécution et d’innovation.
En effet, l’évolution politique du Maroc et ses progrès en matière de
développement ne se sont pas répercutés positivement sur l’attitude
affichée par les partis, les responsables politiques et les administratifs,
au regard des aspirations et des préoccupations réelles des Marocains.

En effet, quand le bilan se révèle positif, les partis, la classe politique


et les responsables s’empressent d’occuper le devant de la scène pour
engranger les bénéfices politiques et médiatiques des acquis réalisés.

Mais, quand le bilan est décevant, on se retranche derrière le Palais


Royal et on lui en impute la responsabilité.

Voilà pourquoi les citoyens se plaignent, auprès du Roi, des


administrations et des responsables qui font preuve de procrastination
dans le règlement de leurs doléances et le traitement de leurs dossiers.
Voilà pourquoi ils sollicitent Son intervention pour mener leurs
affaires à bonne fin.

Le devoir exige que les citoyens reçoivent, dans des délais


raisonnables, des réponses convaincantes à leurs interrogations et à
leurs plaintes. A cet égard, il est impératif d’expliquer les décisions
prises et d’en justifier la teneur, même quand elles sont sanctionnées
par un refus. A ce propos, tout refus doit reposer sur un fondement
juridique : soit que la demande introduite constitue une infraction à la
loi, ou que le citoyen n’a pas rempli toutes les formalités requises.

Face à cet état de fait, le citoyen est en droit de se demander : à quoi


servent les institutions en place, la tenue des élections, la désignation
du gouvernement et des ministres, la nomination des walis et des
gouverneurs, des ambassadeurs et des consuls, si, visiblement, un
fossé sépare toutes ces instances du peuple et de ses préoccupations ?
De fait, les pratiques de certains responsables élus poussent un
nombre de citoyens, notamment les jeunes, à bouder l’engagement
politique et la participation aux élections. La raison en est qu’ils ne
font tout simplement pas confiance à la classe politique, et que
certains acteurs ont perverti l’action politique en la détournant de la
noble finalité qui lui est assignée par définition.

Si le Roi du Maroc n’est pas convaincu par certaines pratiques


politiques, s’il ne fait pas confiance à nombre de politiciens, que reste-
t-il, donc, au peuple ? A tous ceux qui déçoivent les attentes du
peuple, Je dis : « Assez ! Ayez crainte de Dieu pour ce qui touche à
votre patrie… Acquittez-vous pleinement des missions qui sont les
vôtres, ou bien éclipsez-vous ! Car le Maroc compte des femmes et
des hommes honnêtes et sincères envers leur pays.

Désormais, cette situation ne peut perdurer car ce qui est en jeu, ce


sont les intérêts de la Nation et ceux des citoyens. Et là, Je pèse mes
mots et j’exprime ici avec force et conviction le fruit d’une profonde
méditation.

Cher peuple,.
La charge et l’honneur de servir le citoyen vont de la satisfaction de
ses simples demandes jusqu’à la réalisation de projets, quelle qu’en
soit l’envergure.

Car, comme Je le dis souvent, il n’y a pas de petits et de grands


projets. Il n’y a que des projets qui visent à satisfaire les besoins des
citoyens.

Qu’il soit réalisé à l’échelle d’un quartier, d’un douar, d’une ville ou
d’une région, ou qu’il concerne tout le pays, un projet a toujours le
même objectif : celui de servir le citoyen. En ce qui me concerne, Je
considère que le creusement d’un puits et la construction d’un barrage
revêtent la même importance, dans la mesure où ces réalisations visent
le bien-être des citoyens.

La notion de responsabilité a-t-elle encore un sens, si celui qui en est


dépositaire perd de vue son exigence la plus élémentaire, à savoir la
nécessité d’être à l’écoute des préoccupations des citoyens? Je ne
comprends pas comment un responsable qui ne fait pas son devoir,
peut sortir de chez lui, se mettre au volant de sa voiture, s’arrêter au
feu rouge, et avoir l’impudence, l’effronterie de lever les yeux sur les
passants, ses administrés, ceux qui (et il le sait) sont parfaitement
informés de son manque de scrupules.

N’ont-ils pas honte, ces responsables qui n’accomplissent pas leur


devoir alors qu’ils ont prêté serment devant Dieu, la Patrie et le Roi ?
Ne conviendrait-il pas de destituer tout responsable à chaque fois
qu’on établit une négligence ou un manquement de sa part dans
l’exercice de ses fonctions ? Ici, Je mets l’accent sur la nécessité d’une
application stricte des dispositions de l’alinéa 2 de l’Article premier de
la Constitution, alinéa qui établit une corrélation entre responsabilité
et reddition des comptes.

Le temps est venu de rendre ce principe pleinement opérationnel. En


effet, tout comme la loi s’applique à tous les Marocains, elle doit
s’imposer en premier lieu à tous les responsables, sans exception ni
distinction, à l’échelle de tout le Royaume.

Nous nous trouvons à une nouvelle étape de notre action publique : il


n’y a pas de différence entre le responsable et le citoyen en termes de
droits et d’obligations liés à la citoyenneté, et il n’y a pas lieu de se
dérober à ses responsabilités ou de jouir de l’impunité.

Cher peuple,.
J’insiste ici sur la nécessité d’une mise en œuvre entière et judicieuse
de la Constitution. Je réaffirme que cette responsabilité collective
concerne tous les acteurs, chacun selon son domaine de compétence :
gouvernement, parlement, partis et institutions.

Par ailleurs, lorsqu’un responsable, poussé par des calculs politiques


ou personnels, arrête ou retarde un projet de développement ou à
caractère social, un tel agissement ne constitue pas uniquement un
manquement au devoir, mais bien une trahison, en ce sens qu’il porte
préjudice aux intérêts des citoyens et les prive de leurs droits
légitimes.

Ce qui est surprenant, c’est que, parmi les responsables qui ont échoué
dans leur mission, il y en ait certains qui pensent mériter une
promotion ! Ces agissements et ces dysfonctionnements accréditent
l’idée répandue chez l’ensemble des Marocains que la course aux
postes est un moyen d’engranger les bénéfices de la rente ; ils
résonnent comme des exemples d’abus d’autorité et de trafic
d’influence.

Et les occurrences avérées sur le terrain poussent certains, hélas, à


admettre la validité de cette thèse.

Mais, Dieu soit loué, ce constat ne concerne pas tous les responsables
administratifs et politiques : nombre d’entre eux sont, au contraire, des
personnes honorables, connues et reconnues pour leur patriotisme
sincère, leur intégrité, leur impartialité et leur engagement au service
de l’intérêt général.

Cher peuple,.
Les événements, qui se sont produits dans certaines régions, ont
révélé, hélas, une irresponsabilité sans précédent.

En effet, au lieu que chaque partie remplisse son devoir national et


professionnel, et que prévalent l’esprit de coopération et la volonté de
mise en commun des efforts pour régler les problèmes des habitants,
la situation a dérapé à tel point que les différents acteurs se sont rejeté
mutuellement la responsabilité. Au moment où se sont imposés les
calculs politiques étriqués, la notion de patrie s’est éclipsée et les
intérêts des citoyens ont été malmenés.
Certains partis politiques pensent que leur mission consiste à tenir
leurs congrès, à réunir leurs bureaux et leurs comités exécutifs, et
qu’elle s’interrompt à la fin des campagnes électorales ! Et lorsqu’il
s’agit de communiquer avec les citoyens et de régler leurs problèmes,
ces partis sont aux abonnés absents et ne remplissent nullement leur
mission. C’est là une attitude inadmissible, de la part d’instances dont
la fonction est de représenter, d’encadrer les citoyens et de servir leurs
intérêts.

Il ne M’était pas venu à l’esprit que la lutte partisane et les règlements


de comptes auraient pu, à ce point, léser les intérêts des citoyens.

De fait, la gestion des affaires publiques doit rester bien à l’écart des
intérêts personnels et partisans, à l’abri des discours populistes. Elle
ne doit pas non plus être entachée par certaines expressions étranges
qui entachent l’action politique.

Or, Nous avons constaté que la plupart des acteurs préfèrent raisonner
en termes de gain et de perte, qu’ils s’évertuent à préserver leur capital
politique, voire à le renforcer, et que, de ce fait, ils agissent au
détriment de la patrie et contribuent à la détérioration de la situation.

La renonciation des partis politiques et de leurs représentants à remplir


leur rôle, parfois à dessein et de propos délibéré, et, d’autres fois, par
défaut de crédibilité et de patriotisme, a rendu la situation plus
précaire encore.

Devant ce vide regrettable et dangereux, les forces publiques, qui se


sont trouvées face à la population, ont assumé leur responsabilité avec
courage, patience, retenue et ont fait preuve d’un grand respect de la
loi. Elles ont ainsi préservé la sécurité et la stabilité.

Je parle ici d’Al-Hoceima, même si la description de ce qui s’y est


passé est valide pour toute autre région.
Le constat que Je dresse ici contredit les allégations portées par
certains concernant le recours à ce qu’ils désignent abusivement sous
le nom d’approche sécuritaire. Leur vision donne l’impression que le
Maroc est assis sur un volcan, et qu’à chaque foyer, à chaque citoyen
correspond un policier qui surveille.

Il y en a même qui affirment l’existence de deux courants, l’un


radical, et l’autre modéré, ayant des vues divergentes sur l’attitude à
adopter face à ces événements. Cette allégation est totalement fausse.

Les Marocains savent que les tenants de cette thèse caduque s’en
servent comme un fonds de commerce, et que leurs propos sont
dénués de toute crédibilité.

La vérité, c’est que, pour garantir la sécurité des citoyens et préserver


leurs biens, il y a une seule ligne à appliquer : la loi ; un engagement
ferme à respecter : les institutions.

Est-ce donc l’appareil sécuritaire qui gère les affaires du pays ? Est-ce
lui qui contrôle les ministres et les responsables ? C’est peut-être lui
aussi qui fixe les prix ? En réalité, les agents des forces de l’ordre
consentent d’énormes sacrifices, travaillent jour et nuit, dans des
conditions difficiles, pour remplir le devoir qui leur incombe: assurer
la sécurité et la stabilité du pays, intérieurement et extérieurement, et
veiller sur la tranquillité, la quiétude et la sûreté des citoyens.

A cet égard, les Marocains ont le droit, et même le devoir, d’être fiers
de leur appareil sécuritaire. Et là, Je l’affirme avec force et sans la
moindre hésitation ni complexe d’infériorité: Si certains nihilistes ne
veulent ni admettre ni proclamer cette vérité, c’est leur problème à
eux-seuls.

Cher peuple, .
Le modèle institutionnel marocain est parmi les systèmes politiques
avancés.
Cependant, ce modèle est resté, en grande partie, lettre morte, car
l’application menée sur le terrain reste insuffisante. Je suis pleinement
et fermement attaché au respect des attributions des institutions et au
principe de séparation des pouvoirs.

Mais si les responsables rechignent à faire leur devoir et mettent ainsi


en péril les affaires de la Nation et des citoyens, Mes responsabilités
constitutionnelles me commandent de garantir la sécurité et la stabilité
du pays, de sauvegarder les intérêts des gens, leurs droits et leurs
libertés.

Dans le même temps, Nous n’admettrons aucun retour en arrière par


rapport aux acquis démocratiques, ni aucune entrave au
fonctionnement des institutions. Car, la Constitution et la loi sont
claires et les attributions qui y sont énoncées n’ont nul besoin
d’interprétation.

Il appartient à chaque responsable d’exercer les prérogatives qui lui


sont dévolues, en toute autonomie. Il ne doit pas justifier son
incapacité à agir, en ressassant le refrain : « Ils m’empêchent de faire
mon travail » ! S’il n’en est pas capable, qu’il présente sa démission,
personne ne l’en empêche ! En effet, au-dessus de tous, au-dessus des
partis, au-dessus des élections, au-dessus des postes administratifs,
c’est le Maroc qui doit prévaloir.

Cher peuple,.
Je m’enorgueillis d’être à ton service et d’y rester jusqu’à mon dernier
souffle, car J’ai été éduqué à l’amour de la patrie et à l’engagement au
service de ses enfants.

Je prends Dieu à témoin et m’engage, devant toi, à continuer à agir


avec sincérité et constance pour satisfaire tes demandes et concrétiser
tes aspirations.
Permets-Moi de te livrer sincèrement ce qui mûrit en mon for
intérieur, maintenant que dix-huit années se sont écoulées, depuis que
M’est échue la mission de présider à tes destinées.

De fait, Je ne peux omettre d’évoquer certaines choses que tu connais


parfaitement bien. Et J’ai pour obligation de te dire la vérité, sinon je
faillirais à mon devoir à ton égard.

Tu as dû remarquer, cher peuple, que Je n’ai pas évoqué avec toi, la


question de notre intégrité territoriale, celles de l’Afrique ou de tout
autre sujet de politique extérieure.

Bien évidemment, la question du Sahara marocain n’est pas matière à


débattre, et demeure en tête des priorités.

Mais aujourd’hui, ce à quoi Nous nous attachons, dans toutes les


régions du Maroc, c’est à impulser concrètement ta nouvelle marche;
elle ambitionne la réalisation du développement humain et social,
l’égalité et la justice sociale, au profit de tous les Marocains. Pour
Nous, en effet, il est inconcevable que ce progrès ne soit pas commun
à l’ensemble des régions de notre pays, sans exclusive.

Nous pouvons mettre au point le plus efficient des modèles de


développement, les meilleurs plans et les stratégies les plus pointues.
Mais : -sans un changement des mentalités, -sans une administration
dotée des meilleurs cadres, -sans partis politiques faisant appel aux
élites les plus qualifiées pour la gestion des affaires publiques ; et -
faute d’un esprit de responsabilité et d’engagement civique, Nous ne
pourrons pas concrétiser Notre vœu : voir tous les Marocains
bénéficier des conditions d’une vie libre et digne.

Je ne voudrais pas, cher peuple, que tu penses, après avoir suivi ce


Discours, que Je suis pessimiste.
Loin s’en faut…Tu connais Mon réalisme et Ma propension à dire la
vérité, si dure soit-elle.

Être pessimiste, c’est manquer de volonté, être à court de perspectives,


être dépourvu d’une approche concrète de la réalité.

Mais, Dieu soit loué, outre une volonté forte et sincère, Nous
possédons une vision claire et déployée sur le long terme. Car Nous
savons qui nous sommes et dans quelle direction nous marchons.

Par la grâce de Dieu, le Maroc a réussi, au cours de sa longue histoire,


à surmonter les difficultés, à la faveur de la symbiose forte entre le
Trône et le peuple.

Aujourd’hui, nous avons d’ores et déjà franchi ensemble des étapes


avancées dans les domaines les plus divers ; et aujourd’hui, nous voilà
en train de marcher avec assurance et détermination, en quête d’autres
acquis et de nouvelles prouesses.

Dieu a dit : «Certes, Allah vous commande de rendre les dépôts à


leurs ayants-droit, et quand vous jugez entre des gens, de juger avec
équité». Véridique est la parole de Dieu.

Wassalamou alaikoum warahmatoullahi wabarakatouh".

Les enjeux des banques participatives au sein du système


bancaire nationale.

Que prévoit le projet de loi bancaire pour les


banques "islamiques" ? Quels sont les
produits prévus ? Quel est le rôle du Conseil
supérieur des Oulémas et de Bank Al
Maghrib… Entretien avec Abderrahmane
Belbachir, consultant en finance islamique,
partner à Al Maali Consulting Group.

Le projet de loi bancaire vient d'être


adopté par la première chambre.
Qu'apporte-t-il concrètement en
matière de finance participative?

Le nouveau projet de loi bancaire inclut à


côté des banques conventionnelles une
nouvelle catégorie de banques dites
participatives dont l'activité et l'offre de
produits doivent être conformes aux
préceptes de la charia islamique.
C'est le premier cadre législatif pour la
finance participative au Maroc. C’est une
sécurité juridique importante pour les
différents acteurs : les banques, les clients
et les investisseurs notamment. Ce cadre
juridique, une fois promulgué, permettra
au Maroc d’octroyer des licences à des
banques participatives à part entière, ce
qui n’était pas le cas avec la circulaire de
2007 sur les produits alternatifs.

Quelles sont vos remarques sur ce


projet de loi ?

Le Maroc a choisi, à l'instar de pays


comme la Jordanie, le Koweït ou la
Turquie, d'avoir une seule loi bancaire
incluant un chapitre sur les banques
participatives, plutôt que deux lois
séparées dans un souci de cohérence et
d'harmonisation de l'offre du secteur
bancaire.

Notons qu’il s’agit, nous dit-on, d’un des


textes qui a été des plus commenté de
notre histoire parlementaire. Ce qui
indique que les attentes sont grandes.
Certains amendements ont été apportés au
premier texte. Certes on peut regretter
qu’il s’agisse d’un texte minimaliste - 17
articles dédiés - mais qui doit à notre sens
rapidement être complété par des
circulaires d’application de Bank Al
Maghrib. C’est en tout cas l’engagement
pris par celle-ci.

Il faudra cependant observer l’efficacité de


sa complémentarité et même sa duplicité
avec le Conseil supérieur des
Oulémas avant de pouvoir se prononcer.

Quid des six produits prévus par ce


même projet ?

Les 6 produits mentionnés dans le texte, à


savoir mourabaha, ijara, mousharaka,
moudaraba, salam et istisnâa, sont les
produits les plus couramment utilisés par
la finance islamique, mais il faut préciser
qu'ils ne sont mentionnés qu'à titre
indicatif, ce qui veut dire que les banques
ont la possibilité de proposer bien d'autres
produits à condition toutefois d'être
validées par Bank Al Maghrib après avis
conforme du Conseil supérieur des
Oulémas. Là seront testées l’ingéniosité et
la créativité de ces nouvelles banques
participatives (ou guichets).
Permettra-t-il de donner l'élan
souhaité aux produits dits
alternatifs?

Essayons de tourner la page des produits


alternatifs qui ne peut être prise
comme référence suite aux nombreuses
hésitations et au manque de clarté et de
vision.

Tirons les conclusions de cette étape et


gageons que nous ne ferons plus les
mêmes erreurs. Le plus difficile sera de
rétablir la confiance avec les clients.
Certes, les enquêtes ont démontré que
très peu de Marocains étaient au courant
de l’existence de ces produits dits
alternatifs. Mais avec la nouvelle loi, nous
nous inscrivons dans une autre
perspective et certainement une autre
dynamique. Nous passons de l’alternatif
au participatif. Les mêmes enquêtes ont
démontré un intérêt certain de nos
concitoyens pour la finance islamique.
En outre, les analystes internationaux
considèrent le marché marocain comme
des plus prometteurs. On peut dès lors
s’attendre à un élan favorable tout en
restant prudent, il reste encore des
inconnues auxquelles devront répondre
rapidement les principaux acteurs
concernés à savoir les banques
participatives, la Banque du Maroc et bien
sûr le Conseil supérieur des Oulémas.

Qu'est ce qui va changer pour les


clients ?

Nous sommes dans une nouvelle vision


avec cette fois-ci un texte de loi qui ne
peut que rassurer le client. Ensuite,
certainement une plus grande
transparence qui a largement fait défaut
durant le lancement des produits
alternatifs et la confusion engendrée pour
le client. Avec l’adoption de la nouvelle loi,
nous aurons des produits certifiés
conformes à la charia par la plus haute
instance religieuse du pays, le Conseil
supérieur des Oulémas. Il y a là un signe
clair pour une catégorie de clients cibles.

En termes de produits alternatifs, le client


était en fait limité à un seul produit, la
mourabaha. La loi donne l’occasion aux
nouvelles banques participatives d’innover
autour des six produits proposés et même
au-delà puisque la liste n’est pas
limitative. Une gamme complète et
diversifiée ne pourra que stimuler l’appétit
du client.

Enfin soulignons, qu’avec la possibilité


d’ouvrir des comptes d’investissement, le
client aura une nouvelle relation avec sa
banque. Il ne sera plus le l’emprunteur
mais le partenaire de sa banque. Ce qui
induit un autre type de relation… c’est la
nature même de la finance islamique
qui ne se limite pas à la seule interdiction
de l’intérêt. Le banquier et le client seront-
ils prêts à sortir de la logique
« conventionnelle » pour s’inscrire dans
la nouvelle vision participative ? C’est
notre légère crainte pour la phase de
lancement. Pour un public largement non
initié, le succès passera par une clarté de
l’information et un accompagnement
pédagogique.

Comment se fera le contrôle par


Bank Al Maghrib? Quel sera son
pouvoir réel?

Bank Al Maghrib, qui est l'organe de


supervision, participe naturellement à
l'élaboration de ce nouveau cadre
réglementaire (projet de loi et textes
d'application). Son rôle sera l'octroi des
agréments des banques participatives
mais aussi leur supervision, à l'instar des
banques conventionnelles. Cependant,
étant donné la nature des banques
participatives, il y aura également un
contrôle plus approprié pour certaines
questions prudentielles liées à la gestion
du risque spécifique. Bank Al Maghrib
devra également mettre en place les
mesures d'accompagnement pour le
développement de la finance participative
au Maroc.

Idem pour le Conseil supérieur des


Oulémas. Quel sera exactement son
pouvoir? Et quelle différence avec le
système du sharia board ?

Il s’agit là d’une spécificité pour les


institutions participatives. La loi
stipule clairement que le Conseil
supérieur des Oulémas sera l’instance en
charge de la conformité des produits
commercialisés par les banques
participatives. Concrètement, tout produit
devra être avalisé quant à sa conformité
par l’instance avant de pouvoir être
commercialisé. Une garantie importante
pour le client.

Nous pensons que le Maroc a fait le bon


choix en concentrant la conformité au sein
d’une instance unique et nationale et non
le choix d’un sharia board par banque. Ce
choix ne manquera pas d’apporter une
certaine harmonie dans la pratique du
secteur et évitera les divergences. Nous ne
savons que très peu de choses pour le
moment en ce qui concerne son mode de
fonctionnement, si ce n’est l’appel à des
experts des métiers de la finance en appui
à leur travail purement religieux.

La loi autorise les banques


participatives à émettre des produits
d'assurance ou d'assistance. Quelles
seront les caractéristiques de ces
produits? Quelles différences par
rapport aux produits classiques?

L’offre de produits d’assurance takaful est


indispensable pour compléter l’offre de
produits bancaires conformes à la
charia. Il s'agit d'une forme de produits
d'assurance ou d'assistance qui revêt la
forme de garantie mutuelle et dont les
fonds sont investis conformément au droit
islamique.
Au Maroc, l’amendement de la loi n° 17-99
portant Code des assurances devrait
permettre d’inclure des dispositions
relatives à la réglementation du takaful.

Qu’en est-il des règles prudentielles


propres aux banques
participatives?

Le Maroc adhère à une série de


réglementations internationales qui
encadrent l’activité des institutions de
crédit, notamment le Comité de Bâle. Les
banques participatives entrant dans le
cadre de la supervision bancaire devront
par conséquent aussi répondre à ces
exigences.

Etant donné certaines spécificités des


banques participatives, principalement au
niveau de la gestion des risques, une
instance particulière, l’IFSB (Islamic
Financial Service Board) a déjà promulgué
une série de normes spécifiques. Notre
pays étant membre de cette instance dont
le siège est en Malaisie, il devrait
normalement tenir compte de ces normes
spécifiques.

Un fonds de garantie des dépôts sera


mise en place. Quel sera son statut,
son autorité, son fonctionnement et
sa composition?

Ici également et du fait de la spécificité des


banques participatives, le texte de loi
stipule la mise sur pieds d’un fonds de
garantie des dépôts des banques
participatives, un fonds distinct de celui
des banques classiques qui sera conforme
aux normes de la charia.

Il est destiné à indemniser les déposants


des banques participatives en cas
d’indisponibilité de leurs dépôts et de tous
autres fonds remboursables. Ce fonds peut
également, à titre préventif et
exceptionnel, accorder à une banque
participative en difficulté et dans la limite
de ses ressources, des concours
remboursables ou prendre une
participation dans son capital. Ce type de
fonds de garantie existe déjà dans d’autres
pays comme la Malaisie.

Quelles sont les conclusions du


rapport élaboré récemment par Al
Maali Consulting Group sur la
finance islamique?

Le rapport consacré à l'état des lieux et


aux perspectives de la finance islamique
au Maroc a été élaboré par Thomson
Reuters, avec un partenariat stratégique
de Al Maali Consulting Group. Il a estimé
que le développement de cette industrie
permettra d’atteindre à court terme - d'ici
2018 - entre 3 et 5% du total des actifs
bancaires au Maroc, soit un
potentiel total d’environ 70 milliards de
dirhams.

Pour ce faire, on insiste sur la nécessité de


développer un plan stratégique sur 5 à 10
ans fondé sur la base d’une vision claire
afin de donner un signal fort au marché et
aux investisseurs.

Il attire par ailleurs l’attention sur le fait


que le Maroc est bien positionné pour
attirer les investissements étrangers et les
flux de capitaux bancaires des
investisseurs islamiques du Moyen Orient
et de Malaisie.

Le Maroc dispose aussi de conditions


idoines pour se positionner en tant que
Hub Africain de la finance islamique et
d'attirer une partie des liquidités.

De nombreux secteurs économiques en


particulier l’industrie financière ont
adopté une stratégie régionale et sont
devenus des acteurs clés en Afrique.
Il s'agit donc bien d'une opportunité
historique à saisir pour le Maroc.
Avec les agréments qui donnent le feu vert
au lancement des banques participatives,
l'opinion publique se soucie de l’impact de la
finance alternative sur l’économie
marocaine et sa capacité à renforcer le
système conventionnel.

Cette décision, qui a mis fin à la polémique


autour de l’autorisation et la préparation des
mécanismes législatifs, organisationnels et
fiscaux nécessaires, a été bien accueillie par les
financiers et les économistes qui se demandent
sur les retombées socio-économiques de ce
chantier à ciel ouvert.

La discussion autour de la finance participative


passe en premier lieu par une analyse
macroéconomique, se rapportant au volume de la
liquidité que ce modèle économique va injecter
sur le marché financier marocain, a déclaré à la
MAP le journaliste économiste, Youssef Saoud,
rappelant que le total des actifs financiers de la
finance participative a dépassé 2 trillions de
dollars en 2015 et devrait atteindre 3 trillions de
dollars d’ici 2020.

En second lieu, l'analyse porte sur l’aspect


microéconomique, à travers le ciblage d'une
nouvelle clientèle qui refuse de bénéficier des
services des banques conventionnelles et évite
d’y placer son épargne, a souligné Saoud, notant
que le taux de bancarisation ne dépasse guère
les 70%, selon les derniers chiffres de Bank Al
maghrib.

"Cette expérience intervient lors d’une phase


décisive, où le Maroc s’apprête à devenir un hub
financier mondial, à travers notamment le pôle
financier de Casablanca, et à jouer un rôle
principal dans l’introduction de la finance
participative à un marché africain prometteur, qui
garantit une marge de manœuvre plus large", a-
t-il ajouté.

De son côté, l’expert économique, Omar El


Kettani, a affirmé que les banques participatives
dépendent de trois chantiers primordiaux, à
savoir l’assurance islamique et le marché des
Sukuks, et les caisses d’investissement.

Cette expérience permettra de renforcer le


positionnement financier du Maroc au sein de
l’Afrique, de créer des fenêtres pour les
opérations financières, d'attirer des opportunités
d’investissements pour donner un nouveau
souffle à l’économie marocaine, a souligné M. El
Kettani, ajoutant que la finance participative
contribuera à l’élargissement du paysage
bancaire marocain et à la création de formules de
développement qui combinent les facteurs
"travail et capital".

Pour sa part, Mohamed Ouardi, professeur à la


faculté Chariaa de l’université Ibn Zohr d’agadir,
a souligné que ce type de transactions financières
répondra aux besoins d'une frange importante de
la société qui est à la recherche d'un financement
en ligne avec ses convictions religieuses,
estimant que, sur le plan économique, la
disponibilité d'une liquidité suffisante peut
contribuer à la mobilisation de l'épargne
intérieure et à encourager l'injection de nouveaux
fonds.
Selon M.Ouardi, la finance participative dispose
de trois mécanismes de financement visant à
relancer l’économie islamique. Le premier est
basé sur "Mourabaha" et "Ijara", tandis que le
deuxième repose sur "Moudaraba" et
"Moucharaka" et le troisième concerne la
solidarité sociale.

Il a fait savoir que Mourabaha et Ijara


s'adressent à une catégorie d'employés, qui n'ont
pas la possibilité de financer leurs logements, en
plus d'autres formats liés à contracter tels que
les contrats istisna'a, et des services associés aux
domaines agricole et industriel.
Dans ce contexte, le professeur de la finance
participative à l’université Mohammed V à Rabat,
Moncef Ben Taybi, a indiqué que les banques
participatives offre une diversité des produits de
financement, basés sur une relation de
coopération entre le bailleur de fonds et le
bénéficiaire, ainsi que sur le partage du gain et
de la perte entre les deux parties.
Ces banques offrent des produits qui
encourageront les jeunes diplômés, ayant des
connaissances scientifique et technique mais en
manque de capital, à investir et s'ouvrir sur
plusieurs domaines pour contribuer au
développement économique du Maroc, a-t-il
noté, ajoutant qu’ils ne peuvent s’engager que
dans les transactions appartenant à un marché
régularisé et à des risques limités.

Le Comité des établissements de crédit a


récemment émis un avis favorable à cinq
demandes d'agrément pour la création de
banques participatives, ainsi qu'à trois banques
pour les autoriser à offrir des produits
participatifs.

Le comité, composé de deux représentants de


Bank Al-Maghrib, dont le Wali en sa qualité de
président, et de deux représentants du ministère
chargé des Finances, dont la directrice du Trésor
et des Finances extérieures, a émis cet avis
favorable après étude et analyse de ces dossiers,
notamment au plan de l'actionnariat, de la valeur
ajoutée au marché marocain, de la gouvernance
et des risques.

Dans le cadre de cette activité, le Dahir régissant


le Conseil Supérieur des Oulémas a été modifié et
complété pour créer en son sein un Comité
Charia pour la finance participative.
La flottabilité totale du dirham, Enjeux et contraintes.

Flexibilisation, libéralisation,
dévaluation, régime des changes… si
vous non plus vous n’avez pas de
master en économie, LaDepeche.ma
vous explique ce que veut dire la
réforme du régime de change du
dirham et ce qui va concrètement
changer pour nous. Décryptage de
l’économiste Najib Akesbi qui estime
que cette opération est risquée pour le
Maroc.

Comment pourriez-vous
expliquer la libéralisation du
dirham pour qu’un enfant de 12
ans comprenne?
On va acheter une bicyclette importée d’un pays
européen. Elle vaut 100 euros par exemple. Ici notre
monnaie c’est le dirham. Donc on va payer en dirham.
La question qui se pose : quelle est la valeur du
dirham par rapport à l’euro ? En d’autres termes,
combien de dirhams va-t-on donner pour 100€?

Aujourd’hui, le système de change permet la parité,


c’est-à-dire la correspondance entre le dirham et
l’euro. Disons que 1€=11 Dh. Ma bicyclette va donc
me coûter 1100 Dh.

Le système actuel qui me permet d’avoir un euro


pour 11Dh est un système à peu près fixe. C’est
Bank Al Maghrib qui fixe cette valeur.
Pour ce faire, elle se base sur la valeur du dollar et de
l’euro. C’est comme si on va prendre un panier et y
mettre 100 unités : 40% des dollars et 60% des euros.
Le mélange des deux c’est ces 11Dh. Ce système
permet à Bank Al-Maghrib de déterminer la valeur du
dirham par rapport à une valeur référence (euro,
dollar, etc).

Qu’est ce qui va changer avec


la libéralisation du dirham si
j’achète un vélo importé?

Bank Al Maghrib ne parle pas de libéralisation du


dirham mais de flexibilité des changes. C’est une
libéralisation contrôlée par des limites à ne pas
dépasser.

La libéralisation veut dire que le cours du


dirham va être déterminé en fonction de l’offre
et la demande.
Si l’offre est supérieure à la demande (plus de gens
qui veulent vendre que des gens qui veulent acheter,
ndlr), le prix va baisser. La valeur de la monnaie se
déprécie. Dans le cas inverse, cette valeur s’apprécie
et le prix de la monnaie monte. Sauf que Bank Al
Maghrib va imposer un point de référence. On garde
le même exemple : 1€ = 11 Dh. BAM compte laisser la
loi du marché (l’offre et la demande, ndlr) mener le
jeu mais dans une limite d’une fourchette de 5%. Et
c’est là où cette libéralisation devient contrôlée. Ce
taux est fixé à 5%. Si le dirham se déprécie, sa valeur
peut monter jusqu’à 11,55 Dh, si elle s’apprécie, elle
peut baisser jusqu’à 10,45 Dh.
Dès que le cours du dirham va dépasser 11,55 Dh,
BAM va intervenir pour le ramener dans la limite de
la fourchette de plus ou moins de 5%. Pour ce faire,
elle va recourir à l’achat du dirham avec les réserves
de change dont elle dispose.

Maintenant le grand enjeu, c’est les spéculations et les


anticipations spéculatives que les acteurs et
entreprises vont jouer. C’est ce qui a commencé en
début de semaine. En théorie, on dit que le dirham
peut monter ou baisser, mais dans la réalité, il ne peut
que se déprécier. L’erreur qu’on commet et qu’on va
payer cher, c’est que les fondamentaux ne sont pas
bons.

Le commerce extérieur a enregistré un déficit de 180


milliards de dirhams l’année dernière. Dans un
commerce extérieur où les exportations sont presque
deux fois inférieurs aux importations, il y aura
forcément une forte demande de devises, ce qui fait
que les importateurs vont offrir des dirhams contre
des euros et des dollars. Et là, l’offre du dirham va
être supérieure à la demande. La situation la plus
logique et probable est une demande insuffisante du
dirham face à une offre excédentaire. Le dirham va
d’abord se déprécier dans la limite du plafond établi.
Mais si la demande continue à être faible et que le
dirham risque de se déprécier au-delà de la limite
autorisée, BAM va se retrouver dans l’obligation
d’acheter des dirhams. Elle va donc puiser dans ses
réserves de change pour soutenir le cours du dirham.

Le problème se pose quand les acteurs


anticipent pour spéculer.
Dès que ces spéculations vont commencer, on va
atteindre la limite. Et là on peut rentrer dans une
sorte de bras de fer, parce que la capacité d’acheter de
BAM n’est pas inépuisable.
Donc vous pensez que cette
flexibilité est risquée?
Dès que le bras de fer est là, et ce n’est pas de la
science-fiction ceci est arrivé dans plusieurs pays, les
spéculateurs, notamment à l’international, vont
mettre des quantités de devises tellement importantes
que jamais Bank Al Maghrib ne pourra soutenir le
dirham. A la rigueur, elle va se battre un petit peu,
après elle va laisser tomber. C’est là qu’on va assister
à une dépréciation du dirham et perdre sur les deux
tableaux: perte de devises et dévaluation du dirham.
Ceci est le scénario qui peut se produire en cas de
spéculation.

Est-ce que les responsables ont pris le temps de


réfléchir à cela, ou sont-ils juste en train
d’appliquer ce qui leur a été dicté par le fonds
monétaire?
C’est une décision qui n’est pas raisonnable. BAM
avance que les conditions sont réunies pour franchir
ce pas mais il suffit de jeter un œil sur les statistiques,
le niveau des réserves de change : 25 milliards de
dollars, la dette extérieure qui est importante, le
commerce extérieur qui est déficitaire… Même les
ressources extérieures comme le tourisme, les
transferts des MRE, les investissements directs, qui
sont intéressantes, ne se développent pas
suffisamment. Tout cela fait qu’on est loin de remplir
les conditions d’une libéralisation du dirham, même
contrôlée.

Bank Al Maghrib veut rassurer


“Le passage au régime de change flottant ne
conduira pas à une dévaluation du dirham”: le
Gouverneur de Bank Al Maghrib se veut
rassurant. Abdellatif Jouahri a expliqué mardi
20 juin en mettant en garde contre les
spéculations sur une dévaluation du dirham.

« Nous resterons accroché au début au panier


60% euro- 40% dollar US, pour élargir la bande
graduellement afin d’éviter un désalignement du
dirham », a-t-il détaillé, selon la MAP, avant de
justifier cette mesure: “le passage au régime de
change flottant constitue un levier d’appui aux
réformes engagées par le Maroc, en termes
notamment de compétitivité et de productivité,
en permettant de faire face aux chocs exogènes,
sans affecter les réserves de change”.
La flexibilité du dirham est la mesure économique la
plus importante de ces dernières années. Etant donné son
impact sur notre quotidien et notre pouvoir d’achat, nous
vous proposons, en 7 points succincts, les avantages et
les inconvénients de cette mesure.

Avantages :
1. Favoriser l’export

Etant donné la vraisemblable dévaluation du dirham, les


produits locaux, moins chers pour l’acheteur étranger,
devraient être plus faciles à exporter.

2. Valoriser et protéger les produits locaux

La dévaluation a aussi comme conséquence la hausse du


coût des produits importés. De quoi favoriser la
compétitivité des produits des entreprises marocaines.
terroirsducentre.fr

3. Préserver plus facilement les réserves en


devise

L’ancien système de change (fixe) avait pour


inconvénient majeur de mettre en danger les réserves en
devise. Le nouveau système de change (flottant), corrige
ce problème.
isna.ir

4. Assainir nos finances selon les normes du


FMI

Le Fonds monétaire international a des


recommandations précises pour les pays en voie de
développement, dont la libéralisation des systèmes de
change. Le fait d’y accéder permettra au Maroc de tirer
profit auprès de cette organisation.
Huffpost.com

Inconvénients :
1. Hausse du coût des importations

Autant nous tirerons avantage au niveau des


exportations, autant ce sera l’inverse pour ce qui est des
importations. C’est un inconvénient majeur au regard de
la nature de ce que nous importons : technologie
(électronique, électroménager, automobiles, etc.) et
énergie (gaz et pétrole). Ceci aura pour conséquence la
hausse indéniable de ces produits, et par extension, du
coût de la vie.
gold.fr

2. Hausse du coût de la vie

Certes, la dévaluation permet de vendre moins cher à


l’international. Mais n’oublions pas que les machines,
une partie de la matière première et surtout l’énergie
sont toutes importées. Ceci pourrait impacter le coût de
revient, le prix de vente et le volume des exportations.
gourmandisesansfrontieres.fr

3. Risque de crises monétaires

Des pays comme la Turquie (2001) et l’Egypte


(2016) ont connu des crises monétaires graves après
avoir abandonné le régime du change fixe. Dans les
deux cas, cela s’est soldé par une baisse de 50% de la
valeur de la monnaie. De quoi s’interroger sur l’avenir
de notre devise.
http://files.das-andere-mittelalter.webnode.com

Il est à noter qu’à l’instar de pays comme la Chine, le


passage à un système de change plus flexible n’empêche
pas la banque centrale, au-travers des interventions sur
le marché de change, de garder un contrôle relatif sur la
valeur de la devise marocaine. Rassurant non ?

Nabil Boubrahimi
Professeur en économie à la faculté Ibn Tofeil de
Kénitra

«Il faut s'attendre à des effets sur la


compétitivité prix des PME»

Les Inspirations ÉCO: Le Maroc est-il prêt


aujourd'hui à compléter son ouverture financière
par la transition vers un taux de change flexible
du dirham ?
Nabil Boubrahimi : Une ouverture commerciale
doit être accompagnée par une ouverture
financière. La raison en est simple : la
multiplication des échanges commerciaux se
traduit par des opérations de paiements des flux
d'importation et des exportations des biens et des
services en plus des flux des capitaux. Cela se
traduit donc par une pression sur la demande et
l'offre de la monnaie nationale contre les devises.
Lorsqu'on maintient un régime de change fixe ou
administré, cela veut dire qu'il existe une
intervention importante de la banque centrale afin
de défendre sa monnaie nationale en vue de la
maintenir dans la fourchette retenue. Bien
évidement, pour passer à un régime de change
flexible, il faut améliorer la compétitivité de notre
offre exportable et attirer plus d'investissements
directs étrangers. Ces IDE sont les garants d'une
disponibilité des réserves en devises dont le pays
aura besoin pour faire face à ses engagements
internationaux.

Un taux de change déterminé par un panier de


référence (euro+dollar) n'est-il pas justement
un facteur important dans l'attrait des IDE,
notamment européens ?
Si nous analysons la tendance des IDE, nous
constatons un vrai effort de diversification dans
leurs origines avec l'entrée en ligne de nouveaux
pays notamment les pays du golf. Je pense qu'il
faut plutôt se tourner du côté de la nature des
projets d'investissement qu'offre le Maroc et
leurs rentabilités financières qui est plus
significative que le panier. Ce panier peut par
contre handicaper la balance courante notamment
le solde commercial.

Quel impact peut avoir une telle ouverture sur


les entreprises, notamment les PME ?
Il faut s'attendre à un effet sur la compétitivité
prix des PME et cela dépendra de la parité du
dirham. La baisse de la parité sera favorable aux
exportations de nos PME qui ont réclamé la
dévaluation. Ces PME ont jugé le cours du dirham
élevée pour vendre par exemple le textile et
habillement sur des marchés comme celui du
Royaume-Uni. L'approvisionnement de ces PME
pourrait être plus cher en cas d'une parité à la
baisse. L'essentiel est de savoir qu'il est
aujourd'hui difficile de maintenir un régime de
change fixe pour une économie ouverte car
l'ouverture sera considérée comme inachevée et
entraînerait des externalités négatives.

Comment fonctionne le marché des changes


(Forex)

En optant pour un régime de change flottant, la


détermination du cours de change du dirham se
fera par rapport aux autres monnaies du monde
par la confrontation de l'offre et de la demande
des diverses devises sur le marché de changes
(appelé communément «Forex»). En pratique, les
principaux intervenants sur le Forex sont les
banques commerciales (qui investissent sur le
Forex pour leur compte propre ou pour le compte
de leurs clients), les investisseurs institutionnels
(fonds d'investissement, sociétés d'assurance,
fonds de pensions), les entreprises (PME et
multinationales qui ont besoin de devises
étrangères pour réaliser des transactions
commerciales), les institutions internationales
(FMI, Banque mondiale, OCDE...), les particuliers,
(le plus souvent par l'intermédiaire d'un courtier
rémunéré) et bien évidemment les banques
centrales. Ces dernières gèrent leurs réserves de
change et peuvent également intervenir sur le
marché pour stabiliser le taux de change d'une
devise. Le Forex n’est pas un marché régulé, ce qui
signifie que les transactions réalisées sur ce
marché ne sont pas surveillées par une autorité
publique indépendante.

Le bémol de Lahlimi

La tendance au protectionnisme qui sévit suite à


l’élection du nouveau président américain et au
Brexit ne devrait-elle pas inquiéter? À l’occasion
de sa dernière sortie médiatique à l’occasion de la
présentation des prévisions du Haut-commissariat
au plan (HCP) pour l’année 2017, Ahmed Lahlimi
Alami a estimé que le Maroc faisait face à des
mouvements difficiles à prévoir et à imaginer. Des
incertitudes sur les mouvements commerciaux et
financiers de ces grands blocs pourraient avoir un
impact important sur le flux de capitaux et, par
ricochet, sur le marché de changes. «On est en
droit de se poser la question de savoir si notre
système de change fixe n’est pas déjà, par le biais
du panier, un système soft de flexibilité»,
s’interrogeait le haut commissaire au plan. Pour le
HCP, s’il y a flexibilité, les autorités devraient
faire en sorte de mieux exploiter ses réserves de
change. Selon les prévisions du FMI, le Maroc
devrait atteindre environ 7 mois d’importations en
réserves de change, une augmentation importante
dans un contexte où l’institution de Bretton Woods
estime que seuls 4 mois d’importations peuvent
offrir une sécurité aux pays concernés. «Nous
sommes en droit de se demander si le royaume ne
devrait pas mobiliser une partie de ces réserves -
au-delà de ce qui permet de couvrir nos risques -
et la destiner aux investissements dans le secteur
privé, notamment les secteurs d’avenir», précise
Lahlimi. Le HCP plaide ainsi pour une mobilisation
des réserves de change dans la promotion des
technologies avancées, y compris dans les secteurs
productifs comme l’agriculture et l’industrie.

L'influence de la convertibilité du dirham sur les


investissements étrangers au Maroc. Et comment elle peut
etre un facteur de modernisation au maroc

Convertibilité du Dirhams : Un facteur de modernisation

Par | Edition N°:58 Le 17/12/1992 | Partager

Avec les effets d'annonces sur la convertibilité du Dirhams, les questions se


pressent: faudra-t-il laisser tomber le prix du Dirhams? Comment les banques et
les entreprises peuvent-elles opérer sur un marché des changes à naître? Quel est
le nouveau rôle de la Banque Centrale?...
Pour sa part M. Mohamed Benjelloun, Conseiller à la BCM, ancien Directeur de
l'Office des Changes (1970-1978), ancien Directeur Central à Bank AI Maghrib,
développe un point de vue nouveau. Il explique que la convertibilité et les règles
qui y sont attachées seront un puissant moteur de modernisation des entreprises.
Déjà, remarque-t-il, les prix intérieurs se sont rapprochés des prix
internationaux, ce qui est un bon point en faveur de l'ouverture.
De son côté, la Citibank-Maghreb vient d'organiser un "Bourse Game" à
l'intention de "candidats cambistes" et à cette occasion L'Economiste a rencontré
M. Ramz Hamzaoui, Trésorier de Citibank-Tunis chez qui fonctionne un petit
marché monétaire en devises, à la suite des déréglementations des changes. Il
décrit les étapes de la création de ce marché dans son pays.
- L'Economiste : A quelle sorte de convertibilité pouvons-nous nous attendre?

- M. Mohmmed Benjelloun : En nous conformant scrupuleusement aux règlements du


FMI, nous adoptons en faveur des résidents une convertibilité liée aux opérations
courantes et pour les non-résidents, une convertibilité élargie englobant les opérations
en capital. Comme vous le savez, nous avons déjà supprimé les formalités
administratives et toutes les autorisations de l'Office des Changes pour l'ensemble des
opérations courantes, à savoir, les échanges commerciaux, tous les services (transports,
assurance, étude, assistance technique, voyage...etc) ainsi que les règlements des
intérêts au titre des prêts et les transferts des revenus des investissements. Pour les
règlements de toutes ces opérations, ce sont désormais les opérateurs résidents eux-
mêmes qui prennent l'initiative d'ordonner les prélèvements sur nos réserves de
changes. Il n'y a plus en règle générale d'autorisations préalables pour l'attribution des
moyens de paiement sur l'étranger. En ce qui concerne les opérations en capital, vu
l'insuffisance de notre épargne face à nos besoins de financement, nous avons adopté
une stratégie asymétrique. Les étrangers, résidents et non-résidents, peuvent investir
librement par apport de devises ou de fonds assimilés. Ils bénéficient alors de la
garantie automatique de retransfert. Les RME détiennent des avantages similaires pour
les investissements en devises. En revanche, pour les retransferts de capitaux dans le
sens Maroc-étranger, il y a encore une réglementation. Il convient de songer bientôt à
libérer partiellement la constitution d'actifs marocains à l'étranger afin de mieux nous
implanter sur les marchés internationaux. Le FMI demande également à l'occasion de
la libéralisation des transactions courantes et de celles portant intégralement ou
partiellement sur les opérations en capital, l'application d'un taux de changes adéquat
et réaliste de la monnaie nationale contre les principales devises convertibles. Il
convient de préciser que le FMI n'impose pas, à l'occasion de l'accession d'une
monnaie à la convertibilité limitée ou intégrale, que le taux de change soit mesuré sur
un marché de changes ; pourvu que l'organisme habilité dans le pays d'émission à fixer
le taux de changes puisse respecter cette condition "adéquate et réaliste". Par exemple,
il ne faut pas que le Dirhams soit surévalué parce qu'il y a, dans ce cas, risque
d'envahissement du marché national par des produits et des services étrangers. En plus,
les exportations seront défavorisées, les apports de fonds et les investissements en
provenance de l'étranger seront moins attirés et la balance des paiements sera
détériorée. Inversement, si le taux des changes est trop dévalué et contrairement à
l'attente de l'opinion publique, ceci va provoquer une infinité d'effets nocifs:
renchérissement des approvisionnements en biens d'équipement, matières premières,
énergie et transfert de technologie. Et en conséquence, la modernisation de notre
appareil de production sera contrariée, voire retardée à un moment où la réussite de
notre convertibilité dépend largement des gains de productivité de nos entreprises
nationales.

- Que signifie un taux adéquat et réaliste?

- Je veux dire un taux d'équilibre entre les prix intérieurs et les prix internationaux de
manière à assurer la viabilité de la balance des paiements. Je peux ajouter que les prix
intérieurs de notre pays ont été suffisamment rapprochés des prix internationaux grâce
à la réussite de la politique d'ajustement et à la poursuite d'une politique monétaire
orthodoxe, c'est-à-dire anti-inflationniste.
- Comment doit-on observer les prix? Avec ou sans les droits de douane?

- Il va de soi que lorsqu'on s'engage dans le cadre de la convertibilité, on s'engage


également à démanteler la protection par le biais des droits de douane. Il y a trois ans,
il était encore nécessaire de nous protéger par ce biais d'une manière marquée.

- L'année prochaine, il restera tout de même 40 à 35 % de droits de douane en plus de


12,5 % de PFI?
- Une libre concurrence avec les économies étrangères, essentiellement les pays
industrialisés, nous incite à nous protéger par des mesures spécifiques, les droits de
douane adéquats plutôt que par les taux de changes.

Le grand inconvénient d'une protection par les taux de changes, c'est de provoquer des
répercussions généralisées alors qu'il est possible de cibler par d'autres mesures
n'engendrant pas ce genre de répercussions.

- Quelle relation y a-t-il entre la valeur du Dirham et le comportement de la balance


commerciale dans le système actuel des changes et de calcul du Dirham ?

- Lorsqu'il a fallu définir le Dirham en Avril 1973, il a été tenu compte de la structure
de base de notre balance des paiements dans le choix des monnaies constituant
l'ossature du panier, à savoir les monnaies des principaux pays partenaires ainsi que les
monnaies qui assurent l'essentiel de nos règlements avec l'étranger.

Egalement, l'établissement d'un taux de pondération des monnaies choisies prend


largement en compte la répartition géographique de nos échanges avec l'extérieur. Lors
de chaque réaménagement de ca panier, les changements intervenus dans la structure
de nos échanges ont été pris en considération ainsi que le souci d'atténuer les
amplitudes des fluctuations sur les marchés des changes internationaux.

Il faut reconnaître que, structurellement, le panier découle de la configuration de nos


échanges avec l'extérieur. Mais conjoncturellement, il ne peut nullement traduire
l'évolution favorable ou défavorable de l'économie ni les variations de notre balance
des paiements. Le panier amortit le flottement des monnaies qui le constituent ainsi
que celui du Dirham qui en découle.

Mais ces taux aussi inexpressifs soient-ils peuvent toujours remplir leur fonction tant
qu'il n'est pas constaté un écart avec les taux effectifs et réels du Dirham tels qu'ils sont
calculés par Bank Al Maghrib à partir d'une date de référence et en fonction de
l'évolution des prix aussi bien au Maroc que dans les pays concernés.
Dans tous les pays, un certain nombre d'organismes calculent ce taux effectif et réel
pour certains produits spécifiques, mais souvent sans les publier.

- Dans le système de convertibilité auquel on s'attend, que deviendrait cette relation?

- Seules les autorités monétaires pourraient donner une réponse plus appropriée à cette
question . Quoi qu'il en soit, je ne pense pas qu'un marché des changes convienne pour
bien mesurer la valeur externe du Dirham. En effet, pour qu'une monnaie soit acceptée
et cotée sur le marché des changes, il faut qu'elle soit utilisée à grande échelle comme
monnaie de règlement.
- Monnaie de règlement ou de réserve?

- Monnaie de règlement. S'il n'en est pas ainsi, ces cotations deviendraient erratiques.
Or, si nous nous penchons sur notre situation actuelle, on voit que nous venons à peine
de lever les restrictions de changes. Donc, il faut attendre que cette levée puisse
entraîner la réforme des structures (modernisation et compétitivité des entreprises,
projets mieux ciblés, marché monétaire plus élargi et un marché financier réorganisé).

Egalement, il faut qu'il y ait suffisamment de temps pour qu'une monnaie soit
familiarisée et acceptée des opérateurs étrangers.

Lorsqu'on s'engage dans la convertibilité, l'essentiel c'est de maintenir un taux de la


monnaie nationale à un niveau adéquat et réaliste. C'est-à-dire qu'il n'y ait ni
surévaluation ni trop de dévaluation de la monnaie en cause.
- Est-ce que le taux du Dirham peut être maintenu à son niveau actuel?

- Pour le moment, en cette fin de l'année 1992, il y aura un excédent de la balance des
paiements de l'ordre de 1,5 milliard de Dirhams.

Les déficits commerciaux et autres sont largement compensés par les transferts des
RME, les recettes de tourisme et les investissements étrangers.
Aujourd'hui, c'est également l'année 1993 qui s'annonce sous de bons auspices. La
valeur actuelle du Dirham me paraît correcte sauf s'il apparaît effectivement un
décalage, un écart appréciable et persistant avec le taux effectif et réel. Mais
appremment il n'en est rien.

A ma connaissance, il n'a jamais été question de nous engager sans transition vers la
convertibilité intégrale. Dès le départ il a été annoncé une convertibilité liée aux
opérations courantes.

Les non-résidents bénéficient en plus d'une libéralisation des opérations en capital.

- Vous distinguez toujours résidents et non-résidents, pourquoi ?


- Même pour les pays à monnaie intégralement convertible, cette distinction est
toujours en vigueur pour la bonne raison que les transactions internationales sont
censées être réalisées entre les non-résidents et les résidents. C'est le cas d'un pays
comme la France qui a une monnaie intégralement convertible et où les non-résidents
ont encore un accès réglementé à la monnaie nationale.

- Les non-résidents marocains ont-ils un accès non réglementé à la monnaie nationale


?

- Pour les Marocains résidant à l'étranger, nous avons été amenés à forger un autre
concept. Ils ne sont considérés ni comme résidents, ni comme non-résidents.

Ils bénéficient des avantages des résidents: détenir librement des Dirhams, en user
comme ils veulent, les prêter, les emprunter, modifier la consistance de leur patrimoine
etc... et en même temps, ils bénéficient d'un certain nombre d'avantages, et non des
moindres, accordés aux non-résidents, en particulier la possibilité d'investir en devises
avec la garantie de retransfert même concernant les dividendes.
- Est-ce qu'un simple agent économique peut aller demander des devises et en user
comme il veut?

- Je voudrais élargir le concept en la matière qui découle d'une conception libérale et


se trouve lié aux droit de l'homme. C'est à dire qu'on estime qu'un individu doit avoir
le droit d'obtenir toute sorte de moyens de paiement pourvu que cela soit lié avec son
activité professionnelle ou en vue de l'accomplissement de sa personne. C'est pour cela
que notre réglementation prévoit à l'heure actuelle toutes les possibilités pour
commercer, voyager à l'étranger, en particulier pour financer les études ou la
formation, quel que soit son coût.

En tant que pays en voie de développement, nous ne pouvons pas ouvrir la porte à
toutes les opérations qui peuvent s'assimiler à des transferts de capitaux pour la bonne
raison qu'il est du devoir de l'Etat, même en respectant les libertés individuelles, de
défendre l'intérêt général, à savoir cette protection de l'épargne nationale et son
utilisation à bon escient. Pour le moment, deux éléments nous empêchent de libérer les
opérations en capital :

- la modicité relative de notre épargne ;

- le fait que nous ne sommes pas encore en mesure de concurrencer et de rivaliser avec
les pays industrialisés de notre environnement en ce qui concerne la rentabilité et la
productivité du capital ainsi que la diversité des produits offerts pour le placement de
l'épargne...etc.

Donc, il ne faut pas brûler les étapes. Il faut une période de transition pendant laquelle
nous allons intégralement libérer les opérations courantes. Mais, comme je l'ai dit il
faut penser à libérer graduellement les opérations en capital en commençant peut-être
par les investissements marocains à l'étranger qui sont liés à une meilleure
implantation sur les marchés internationaux.

- Peut-on toujours arbitrer dans le cadre envisagé ?


- Il est difficile de réaliser des gains appréciables en faisant des arbitrages au niveau
des opérations courantes. Ce gain ne peut être vraiment valable et recherché que
lorsqu'il est permis de jouer sur les mouvements de capitaux. Les résidents d'un pays
ainsi que les non-résidents cherchent par apport à la monnaie du pays en cause à se
protéger ou éventuellement à réaliser des gains de changes.

- Est-ce légitime?

- Je n'en donne aucune signification péjorative. La spéculation est une opération qui
consiste à se protéger contre les risques de changes ou en tirer profit. Mais pour le
moment, nous n'en sommes pas encore là.

La compétitivité de l'industrie marocaine et ses


perspectives

http://books.openedition.org/iremam/2421

7- L'attractivité territoriale et la régionalisation avancée.

Des territoires forts et équilibrés et un développement


durable qui bénéficiera aux générations présentes et
futures. Tel est le credo de la régionalisation avancée
!
Des territoires forts et équilibrés et un développement
durable qui bénéficiera aux générations présentes et
futures. Tel est le credo de la régionalisation avancée ! La
régionalisation constitue un prélude à une profonde réforme
de la gouvernance publique, à travers un processus graduel
de déconcentration et de décentralisation. Elle positionne
les acteurs territoriaux au cœur de l’action. Les pouvoirs
publics, les organes élus, le secteur privé et la société civile
ont pris conscience, collectivement, de l’importance de
l’approche territoriale.

Les acteurs territoriaux devront ainsi, de manière


progressive et graduelle, être à même de définir leur
stratégie de développement, de planifier et de mettre en
œuvre les actions y afférentes en puisant dans les
ressources et les potentialités propres à leurs territoires.
Dans ce contexte, en tant que cabinet de conseil marocain
désireux de contribuer au développement du pays, Valyans
a mené de nombreuses réflexions relatives aux
problématiques de développement territorial. Celles-ci,
engagées à l’échelle d’un pôle, d’une ville ou encore d’une
région, nous ont permis de développer une conviction forte.
L’attractivité des territoires est le principal enjeu du
développement.

L’attractivité des territoires se mesure, à notre sens, à


travers la capacité d’un espace donné à offrir de bonnes
conditions de vie à ses habitants et à créer de la richesse.
L’objectif ultime est de garantir le bien-être des citoyens et
la compétitivité économique.
C’est dans cette optique qu’a émergé l’idée de réaliser un
baromètre d’attractivité des villes marocaines. Ce baromètre
se présente sous forme d’un classement des plus
importantes villes du Royaume. Il s’agit des 51 villes de plus
de 50 000 habitants.
Le baromètre d’attractivité des villes marocaines prend bien
en compte les deux dimensions majeures de l’attractivité
des territoires, à savoir la qualité de vie pour le citoyen et la
compétitivité économique pour l’entreprise ; chacune étant
mesurée sur la base d’un ensemble d’indicateurs de
développement économique, social et environnemental.
Afin de conserver toute objectivité, seuls des indicateurs
quantitatifs ont été retenus.

Ce baromètre, qui sera réalisé chaque année et qui s’inscrit


dans une démarche scientifique et indépendante, se veut
un outil d’aide à la décision au service des collectivités
territoriales et autres acteurs locaux.

Les conséquences de BREXIT pour les pays


émergents "ca.

Les Britanniques décideront le 23 juin par


référendum s'ils souhaitent quitter l'Union
Européenne. Quels effets pourrait avoir le
Brexit, contraction de "british" et "exit" sur le
Maroc?
La Grande Bretagne représente le 1/6ème de
l'économie européenne. A titre de
comparaison, le Brexit équivaut à la sortie de la
Californie et de la Floride de l'économie des
Etats-Unis d'Amérique.

Ce référendum intervient au moment où


l'économie de ce pays affiche une santé
insolente, avec une croissance de 3,7%, un
chômage à 5% et la récupération en 2015 de
son statut de cinquième puissance économique
mondiale. Par ailleurs, il faut rappeler que la
Grande Bretagne est l'un des pays les moins
intégrés à l'Europe, en ce sens qu'il ne fait pas
partie de la zone euro et que ses frontières
échappent aux accords de Schengen. Pourquoi
donc cette décision qui semble aller à
l'encontre de ses intérêts économiques?
D'un point de vue géopolitique, la construction
européenne a commencé à se fissurer au
lendemain de sa réalisation. La guerre globale
contre le terrorisme a montré que le cœur des
britanniques battait au rythme du pays de
l'Oncle Sam. Alors que la France et
l'Allemagne étaient contre l'invasion de l'Irak,
l'Angleterre de Blair a non seulement soutenu
cette décision, au mépris du droit international,
mais y a participé diplomatiquement et
militairement.

Les conséquences de cette guerre, qui a


déstabilisé tout le Moyen-Orient et renforcé les
groupes extrémistes, viendront hanter le rêve
européen, une décennie plus tard, avec la crise
des migrants que l'Europe n'a pas réussi à
gérer, ce qui renforcera de facto le camp des
Pro Brexit. Le Vieux continent a de ce fait réglé
la facture des aventures américaines dans la
région.
D'un point de vue géoéconomique, l'Union
européenne se débat, à cause de l'euro, dans
la crise depuis 2008, alors que les Etats-Unis
s'en sont sortis et que d'autres grandes
puissances n'en étaient même pas affectées.
Ainsi, au moment où leur économie se porte
bien, les Britanniques ne veulent plus assumer
les lourdeurs de la bureaucratie européenne,
cherchent à protéger leurs frontières et
rechignent à payer la faillite des autres.

Si la Grande Bretagne a profité de l'Union


européenne, en termes de développement de
ses exportations vers les pays du Vieux
continent, d'attractivité pour les
investissements étrangers et de rayonnement
de la City en tant que première place financière
internationale, le pays de Shakespeare ne veut
plus en assumer les contraintes.

Quelles conséquences?
La sortie de la Grande Bretagne de l'UE
augmentera mécaniquement le pouvoir de
l'Allemagne et renforcera son emprise sur la
politique économique européenne. Toutefois, la
conséquence la plus sérieuse est l'effet domino
d'un tel évènement. Si d'autres pays
envisageaient et obtenaient leur "exit", ils
réussiront à montrer qu'il y a une vie en dehors
de l'UE et pourraient tout simplement la faire
voler en éclats, au grand profit des partis
d'extrême droite. C'est le grand risque pour le
Maroc.

Quel impact sur le Maroc?


L'impact du Brexit sur le Maroc s'analyse à la
lumière de l'évolution prévisible des échanges
commerciaux et des flux d'Investissement entre
les deux pays. Or à ce stade, rien n'indique que
celui-ci modifierait profondément la structure et
la dynamique de nos échanges de biens,
services et des investissements directs. Une
dévaluation du sterling consécutive au Brexit
pourrait, éventuellement, creuser le déficit
commercial avec le royaume, mais pas au
point d'en faire une menace.

Si, en revanche, le Brexit contamine d'autres


pays, on peut dès lors assister à un regain
d'intérêt de la part de certains pays de l'Europe
du sud vers leur espace naturel qu'est la
Méditerranée. Dans ce cas, les pays les plus
stables et les plus propices à l'investissement
en tireront un profit maximum (impact positif
sur nos relations avec l'UE).

A long terme, le vrai risque, c'est qu'il y ait un


regain des réflexes protectionnistes, d'où un
impact négatif sur nos accords avec l'UE,
auquel cas on sortirait de la logique
multilatérale à un ajustement de nos politiques
commerciales dans un cadre bilatéral (impact
négatif sur nos relations avec l'UE).
Du point de vue diplomatique, les réflexes
atlantiques de la Grande Bretagne et son
alignement sur les positions du département
d'Etat américain ne risquent pas de changer, et
notamment, concernant l'affaire de l'intégrité
territoriale du Maroc. Les positions du pays sur
ce dossier ne connaîtraient, de ce fait, pas une
évolution notable suite à un Brexit.

Il en est de même des flux humains. La Grande


Bretagne n'ayant jamais fait partie de l'espace
Schengen, ne verra pas sa politique aux
frontières modifiée fondamentalement,
notamment pour ce qui est de la délivrance de
visas. Il en est de même pour sa politique
migratoire puisque le pays n'a jamais connu
une forte présence d'immigrants marocains.
Leur nombre est estimé en 2013 à peine
70.000, très loin des 1,3 million en France.
Quel sera l’impact du BREXIT
sur l’économie marocaine ?
Dans Actualités 29 juillet 2016 2,326 Vues

Un mois après le vote des Britanniques à la majorité pour quitter


l’UE. Une onde de choc et d’inquiétude traverse l’Europe et le
monde entier concernant les répercutions et les effets de ce
fameux BREXIT. Certains analystes ont commencé à parler d’une
Europe avant BREXIT et d’une Europe après BREXIT. Ce qui nous
intéresse, Ce que le BREXIT pourrait changer pour le Maroc.
D’abord avant de discuter de ce qui va changer, il sera utile de
détailler nos échanges commerciaux avec le Royaume-Uni. La
balance commerciale entre le Maroc et le Royaume-Uni s’est
affichée déficitaire à fin 2015 au détriment du Maroc, avec un
solde commercial estimé à 1,98 milliard de dirhams.
Les exportations du Maroc vers la Grande-Bretagne sont estimées
à 6,01 milliards de dirhams, alors que les importations de ce pays
se sont chiffrées à 7,99 milliards de dirhams.
Les voitures particulières viennent en tête des importations,
suivies des autres produits pétroliers et des fils à chaud et tubes
en fonte ou en acier. En revanche, le Maroc exporte vers la
Grande-Bretagne principalement des vêtements .des voitures
particulières et du matériel électrique. Ces volumes font de la
Grande-Bretagne le 7e client et le 15e fournisseur du Maroc. Le
Royaume-Uni est le 62ème investisseur au Maroc. Notons, enfin,
que le Maroc reçoit seulement 1% des investissements
britanniques dans le monde.
Le Maroc pourrait négocier avec le Royaume-Uni de meilleures
conditions d’exportation pour ses exportation, essentiellement
fruits et légumes puisque la réglementation de l’Union
européenne ne serait plus appliquée.
Néanmoins, Il serait plus intéressant de discuter alors les effets
macroéconomiques de ce BREXIT sur le Maroc, et pour cela je me
réfère au dernier rapport du FMI parut la semaine dernière.
Pour l’institution dirigée par Mme Lagarde, le BREXIT va avoir un
impact baissier sur l’économie mondiale, et pas uniquement
régionale. En effet, l’incertitude de cette onde de choc « devrait
porter atteinte à la confiance et à l’investissement…sur le climat
des marchés ». D’après le FMI, la croissance du Royaume Uni
devrait être impactée entre 0,2% et 0,9%. Concernant l’Union
Européenne, son PIB serait amputé de 0,2%.
Ces pronostiques intéressent beaucoup Notre pays dans la
mesure où la zone Euro est le premier partenaire économique et
commercial de notre pays, elle représente presque les 2/3 de
notre demande extérieure. Si on rappelle que la demande
extérieure est une des 4 hypothèses sur lesquels repose la santé
de notre économie et par ricochet notre loi de finance (à savoir
la pluviométrie, les prix des hydrocarbures dans le marché
mondial et la demande intérieure).
Donc on pourrait déduire que ce BREXIT aura un impact direct
sur notre économie puisqu’il influence légèrement un des 4 piliers
sur lesquels repose notre économie (La demande extérieure).
Chose sure et certaine, c’est qu’on est loin des scénarios
pessimistes quo nous avons entendu ou lu le lendemain du
BREXIT et qu’avec un peu d’intelligence notre économie nationale
pourrait compenser cette légère baisse de demande extérieure
par d’autres opportunités.
Reda LHOUMADI
Le Brexit et les pays émergents
Al-Ahram Hebdo29-06-2016

61

Quelle secousse ! Le Royaume-Uni a fini par voter en faveur d’une sortie de l’Union
européenne après 43 ans de présence. Il avait, en effet, intégré l’Union en 1973. Une surprise
de taille dont l’onde de choc ira au-delà des frontières du vieux continent tant sur le plan
économique que politique.
Mais c’est en premier lieu la portée symbolique de cette décision qui retient l’attention.
L’Europe, longtemps considérée comme un modèle d’intégrité économique et de stabilité
politique, a inspiré d’autres blocs dans le monde à l’exemple de l’Union africaine et du
COMESA en Afrique. Mais ce modèle est aujourd’hui remis en cause, affaibli par le contexte
régional, les vagues migratoires et la montée de l’extrême droite en Europe qui a fait
campagne contre l’Europe unie et qui sera sans doute le premier gagnant de ce Brexit. La
crainte pour les Européens à présent est que ce Brexit ne donne des idées à d’autres pays
européens.
Les conséquences économiques sur le tiers-monde et les pays émergents ne sont pas non plus
à négliger. C’est le cas notamment en Afrique. Des pays comme l’Afrique du Sud, le Nigeria,
le Botswana, l’Angola, le Kenya, le Ghana et le Sénégal pourraient faire les frais.
Les échanges commerciaux entre le Royaume-Uni et l’Afrique du Sud, première économie
africaine, atteignent 8,3 milliards de dollars. Il était prévu qu’ils atteignent 28 milliards d’ici
la fin de la décennie. En raison du Brexit, les accords commerciaux précédemment conclus
avec l’Europe pourraient être renégociés. Plus largement, c’est l’ensemble des
investissements en direction du continent africain qui pourraient ralentir.
Au-delà du continent noir, le Brexit risque d’avoir des répercussions sur l’économie
mondiale. Les économistes s’attendent déjà à une fragilisation de l’économie européenne.
Celle-ci ne pourra plus prendre le relais attendu des économies émergentes qui ont soutenu
l’économie mondiale depuis la crise de 2008, avant de s’effondrer en raison de la chute des
prix des matières premières. Le ralentissement de l’économie mondiale pourrait s’accentuer et
entraîner une baisse de la demande sur le pétrole, et par conséquent, une chute des cours avec
des effets directs sur les économies du Proche-Orient. La crainte des milieux économiques est
que ce Brexit ne se traduise par un effet domino qui finirait par atteindre une économie
mondiale déjà fragilisée.
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COP 22 : Enjeux
Économiques et
Géopolitiques pour le Maroc
By Imane EL GHAZALI @imelghazali · On 9 novembre 2016

L’organisation de la COP 22 à Marrakech est considérée comme


une occasion de présentation des actions de développement à
mener pour la gestion des problématiques liées aux changements
climatiques. Quels en sont les enjeux pour le Maroc ? Les
challenges sont-ils seulement environnementaux ou également
économiques et géopolitiques ?
De nos jours, les questions liées à l’environnement constituent la
préoccupation majeure pour le monde. La croissance
économique mondiale s’est accompagnée d’une grande pollution,
d’importantes émissions de Gaz à effet de serre (GES), de
réchauffement climatique, etc. Ce sont autant de problématiques
discutées à l’échelle mondiale et tous les pays, sans exception
particulière, sont concernés.

Les conséquences de ces effets sont plus que jamais concrètes,


d’où la mobilisation de la communauté internationale avec les
Conférences des Parties (COP) de la convention-cadre des
Nations Unies sur les changements climatiques notamment la
COP22 organisée à Marrakech[1] du 07 au 18 Novembre 2016 et
baptisée « COP de l’action » car faisant suite aux décisions de la
COP21 tenue à Paris en 2015. Cette dernière avait été l’occasion
pour les participants de se mettre d’accord sur un consensus
visant à réduire les émissions de GES à l’origine du
réchauffement climatique et à maintenir la température globale de
la planète en dessous de 2° Celsius, niveau de température jugé
maximum pour pouvoir prévenir d’importantes catastrophes
naturelles dans le futur.
La mise en œuvre de ces décisions reste maintenant l’enjeu
majeur de la COP22, et ce à travers la mise en place des
mécanismes nécessaires pour atteindre ces objectifs ; à titre
d’exemple que le calcul du volume des émissions de gaz à effet
de serre soit uniformisé par chaque pays et qu’un organe de
contrôle et de suivi des engagements pris par les pays en faveur
du climat soit créé ainsi que la mise en place des dispositifs
adéquats de tarification du carbone. Il est à noter que seuls 28
pays, responsables de 40% des émissions de GES, sur 175 pays
signataires de l’accord sur le climat ont achevé le processus de
ratification, sachant que l’accord de Paris ne pourrait entrer en
vigueur que si 55 pays à l’origine de 55% des GES ratifient
l’accord. La COP 22 est aussi l’occasion de mettre en place une
feuille de route concrète pour le financement et l’adaptation aux
changements climatiques en vue de mobiliser, à partir de 2020,
100 milliards de dollars annuels dédiés à cet effet.

En somme, l’ambition de la COP22, comme le signale


Salaheddine MEZOUAR, Président désigné de la COP 22, est de
« contribuer à l’adoption des procédures et mécanismes
d’opérationnalisation de l’Accord de Paris, et l’adoption d’un plan
d’action pour la période pré-2020 en termes d’atténuation,
d’adaptation, de financement, de renforcement des capacités, de
transfert de technologie et de transparence, en particulier en
faveur des pays les plus vulnérables, notamment les petits États
insulaires en développement et les pays les moins avancés ».

L’organisation de la COP 22 au Maroc vient couronner le grand


intérêt que l’Etat marocain accorde, depuis des années
maintenant, aux questions climatiques et leur place dans les
stratégies et politiques de développement menées par l’Etat mais
aussi par les entreprises marocaines. Il est important à noter que
l’engagement du Maroc pour la lutte contre le réchauffement
climatique ne date pas de sa désignation pour la présidence de la
COP22 mais est le fruit d’une stratégie de longue date avec, entre
autres, la construction de plus de 140 barrages lui permettant une
importante infrastructure hydraulique, la mise en place du Plan
Maroc vert, le Plan national de l’eau, la charte de
l’environnement. Il est à signaler également que même au niveau
de la constitution de 2011, l’article 31 stipule la reconnaissance
du « droit d’accès à l’eau et à un environnement sain ». A
rappeler que le Maroc s’est engagé à réduire de 13% ses
émissions de GES d’ici 2030, voire même 32% avec un appui
financier international, sachant qu’il est responsable de 0,16%
seulement des émissions mondiales.

« Le Maroc est devenu l’un des acteurs majeurs de la transition


énergétique dans le monde et plus particulièrement sur le
continent africain », a déclaré le Roi Mohammed VI lors de
l’ouverture de la COP 21. Ainsi, il faut reconnaître que le choix du
Maroc comme pays organisateur est loin d’être anodin, mais bien
un acte délibéré, vu que c’est un pays nord africain jouissant
d’une position géostratégique idéale, d’autant plus que cette COP
22 est tournée davantage vers l’Afrique qui se veut acteur
décisionnel dans cette conférence.
En effet, Le Maroc est actuellement un acteur engagé dans la
défense de l’environnement. En témoignent tous les projets de
développement durable engagés par le pays, le premier à citer
est le plus grand Complexe Solaire au monde, le complexe
NOOR situé à la ville de Ouarzazate. Ainsi, le Maroc se focalise
plus que jamais sur le secteur des énergies renouvelables et non
fossiles afin d’atteindre, à l’horizon 2030, 52% d’énergie issue de
sources renouvelables. La vision du Maroc sur les questions de
l’environnement porte sur l’échelle nationale et internationale,
ainsi en réduisant lui même sa dépendance énergétique, il
renforce sa position d’acteur incontournable de la transition
énergétique en tant que pays de référence et pionnier en la
matière en Afrique et un pays reconnu sur la scène internationale
pour la défense de l’environnement.

L’organisation de la COP 22 a certainement des retombées


positives en termes d’images grâce à la couverture médiatique de
cet événement qui assurera la promotion des stratégies et
politiques environnementales du royaume, en plus des retombées
positives que l’organisation de ce genre d’événements offre à
l’économie du pays.

Etant portée sur la mise en place d’actions concrètes pour une


efficacité climatique et une adaptation de la rentabilité
économique en conséquence, la COP22 met en avant la politique
environnementale du Maroc lequel, grâce à son emplacement
géographique, constitue la meilleure interface pour relever les
défis du continent : celui-ci connaît des conditions des plus
vulnérables mais est porteur des opportunités les plus concrètes
actuellement. Dans ce cadre, la COP 22 est une occasion pour le
Maroc de réaffirmer sa vision africaine à travers sa position
stratégique de carrefour Nord-Sud et d’acteur central de la
coopération Sud-Sud.

Il est certain que la présente conférence est d’une grande


importance pour les pays africains marquant une nouvelle étape
de négociations climatiques. L’Afrique, comptant 1,2 Milliard
d’habitants en 2016, est désormais un acteur majeur sur la scène
internationale. On parle maintenant de l’Afrique comme « le futur
de l’économie mondiale » après avoir été pendant longtemps un
de ses acteurs marginaux. Les firmes internationales qui s’y sont
installées depuis des années n’avaient pas pris les conditions de
l’environnement de la région en compte. Maintenant, l’Afrique est
une terre de développement des énergies renouvelables
permettant de réaliser et d’attirer des investissements de plus en
plus importants avec l’objectif de réduction de Gaz à Effet de
Serre.

Le continent africain détient un grand potentiel en matière


d’énergies renouvelables, qu’elles soient solaires, éoliennes,
hydrauliques ou autres, et représente le plus faible taux
d’émission de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale
(seulement 3% des émissions globales). Il demeure néanmoins le
plus confronté aux effets des changements
climatiques[2] notamment la sécheresse, la déforestation, les
inondations, la faible pluviométrie, les désertifications, l’élévation
du niveau de la mer, etc. ; sans négliger les conséquences de
tous ces problèmes sur la pauvreté, la sécurité et d’autres
aspects socioéconomiques. Le Maroc, en tant qu’acteur clé de la
région dans ces investissements à enjeux climatiques et grâce au
savoir faire acquis au cours des dernières années, occupe et
occupera une place centrale dans la gestion de ces aspects au
niveau du continent.
Il est à noter que le réchauffement climatique dont souffre la
planète est considéré comme source potentielle de
bouleversements géopolitiques des régions du monde et ce avec
des perturbations géographiques, démographiques, sociales et
économiques ; des perturbations en interaction forte les unes
avec les autres. En effet, les changements climatiques constituent
une cause d’augmentation de la pauvreté et peuvent générer des
conflits régionaux à cause de l’exploitation des ressources
naturelles. En Afrique par exemple, des déplacements
géographiques ont commencé déjà à se manifester suite à ces
changements climatiques inquiétants. Certains parlent même d’un
nouveau statut dans le monde, celui de « réfugié climatique ».

Du point de vue de l’entreprise, le changement climatique n’est


plus traité maintenant comme aspect externe au processus de
production. En effet, les entreprises sont plus que jamais au cœur
de la problématique du réchauffement climatique qu’elles
perçoivent comme un grand défi actuel. Etant une source majeure
d’émission de GES, elles sont amenées à multiplier les efforts en
faveur du climat. Ceci constitue une grande préoccupation, vu
qu’elles doivent trouver un juste milieu entre conditions
climatiques et niveau de croissance économique devenant plutôt
croissance durable, et ce en intégrant de nouvelles technologies
considérées comme « Eco friendly » ou « Environmentally
friendly » ainsi qu’en utilisant les ressources de façon optimale et
efficiente. De même, les entreprises doivent prendre en
considération la réglementation environnementale locale mais
aussi internationale compte tenu de l’ouverture de plus en plus
accrue des marchés.

Beaucoup d’entreprises marocaines affichent maintenant des


stratégies basées sur le respect de l’environnement favorisant par
exemple des productions mettant en avant les conditions de
recyclage, la gestion des déchets industriels, le recours aux
énergies renouvelables, l’efficacité énergétique, etc. Mais d’autres
restent encore à convaincre de la compatibilité entre
l’engagement environnemental et leurs intérêts économiques, et
qu’un respect rigoureux du climat et de l’environnement ne
menace pas, du moins dans un raisonnement durable, le profit,
raison d’être des entreprises. Il est évident que ces dernières
devront, à terme, se mettre au diapason, surtout en la présence
d’une réglementation environnementale stricte. Il est à noter que
des initiatives prises notamment par la Confédération Générale
des Entreprises au Maroc (CGEM), comme le Label RSE,
l’engagement d’évaluation du niveau d’émission de GES des
entreprises membres, contribuent à faire évoluer la prise de
conscience des entreprises vis-à-vis de leur responsabilité
environnementale.

Les entreprises devraient aussi voir dans ce défi, d’adaptation au


changement climatique, un levier d’innovation, de différenciation
marketing et de compétitivité comme signalé par Meriem
Bensalah Chaqroun, Présidente de la CGEM, lors du lancement
des préparatifs du patronat pour la COP 22.

Le Maroc, avec son expertise des projets d’énergies


renouvelables et son rôle dans la transition énergétique, doit faire
de cette COP 22 une nouvelle ère destinée non plus à négocier
ou décider ou simplement décrire des actions à mener dans le
cadre des changements climatiques, mais à veiller à la réalisation
d’un plan d’action concret avec l’engagement de tous les pays
ayant ratifié l’accord de Paris, tout en assurant des modalités
aussi concrètes pour un suivi, un contrôle et une évaluation des
actions menées par ces pays. Ainsi, son rôle d’acteur majeur
notamment du continent africain sera rempli et il continuera à y
marquer son savoir-faire en la matière en tant que leader de
l’économie verte.

Lors de la visite de François Hollande au


Maroc, la question de l'environnement et
l'organisation de la COP 21 en France,
suivi de la COP 22 au Maroc en 2016 ont
été au centre des discussions entre les
chefs d'État. Tour d'horizon des grands
enjeux de cet événement majeur.
Les 19 et 20 septembre, lors de la visite de François Hollande au Maroc, Ségolène Royal,
ministre, de l'environnement du gouvernement français fut du cortège présidentiel. Sa
présence et son rôle, prépondérant dans l'organisation de la COP 21 se déroulant en décembre
2015 en France, laissait supposer que la thématique de l'environnement et la succession de
l'organisation d'un tel événement par le Maroc, un an plus tard, allaient être au centre des
discussions entre Mohammed VI et Hollande. Aussi est-il important de comprendre les réels
enjeux, d'un tel événement et les mesures mises en place dès maintenant pour promouvoir ce
dernier.

La COP sert à établir un diagnostic sur la situation du réchauffement climatique et à se mettre


d’accord sur des actions à mener afin de respecter l’objectif fixé de limiter la hausse des
températures à 2 degrés d’ici la fin du siècle. Pour arriver à un accord mondial, cette
conférence doit évidemment convier pratiquement tous les États du monde, qui viennent avec
bien souvent des intérêts diverses. D'où la difficulté de conclure certains accords. Le
leadership du pays hôte est ainsi souvent évalué, en fonction de ce qui a été décidé ou non
pendant la COP.
L’Afrique, première concernée par le
changement climatique
Selon le rapport 2014 du Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du
Climat (GIEC), l’Afrique sera, d’ici 2050, le continent le plus concerné par le changement
climatique. Le rapport explique que «plus de 500 millions d’hectares de terres ont déjà été
dégradés, par suite des effets du changement climatique (érosion des sols, désertification,
etc.).» En août dernier, l’Institut mondial des ressources établissait un rapport sur la
situation des ressources hydriques de 167 pays, dont le Maroc. Le rapport indiquait entre
autres que la situation des ressources risquait de s’aggraver d’ici les 25 prochaines années. Le
royaume chérifien figure ainsi parmi les 33 pays les plus menacés. Ainsi donc ces questions
relatives à l'environnement et la suite à donner dans la lutte contre le réchauffement
climatique concernent directement le Maroc.
Lire aussi : Stress hydrique : le Maroc est menacé

Hollande et Mohammed VI signent "l'Appel


de Tanger"
Lors de leur entretien, le président français et le roi ont signé "l'Appel de Tanger". Un accord
binational, dans lequel les deux pays se sont engagés à «n’épargner aucun effort pour œuvrer
en faveur de l’adoption, lors de la Conférence de Paris, d’un accord universel, global,
durable, équilibré et juridiquement contraignant, s’appuyant sur les objectifs et les principes
de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques et permettant de
limiter le réchauffement climatique.» Lors de la signature de cet "Appel de Tanger", le Maroc
et La France ont appelé les pays développés à préciser le soutien financier qu'ils apportent
déjà et apporteront dans les prochaines années afin d'atteindre l'objectif de mobiliser 100
milliards de dollars par an, à compter de 2020, de sources publiques et privées, en faveur
d'actions de lutte contre le changement climatique dans les pays en développement.
Lire aussi : Ce qu'il faut retenir de la visite de François Hollande à Tanger

Le Maroc et sa politique volontariste


Comme un symbole, le Maroc n'a pas attendu qu'on lui confie l'organisation de la COP 22
pour se distinguer comme l'un des acteurs majeurs africains de la lutte contre le réchauffement
climatique et dans la préservation de l'environnement. Le Plan national de l’Eau initié par le
Maroc en 2013 avait, par exemple, pour objectif de répondre à cette situation de stress
hydrique préoccupante. Parmi les actions qu’il préconisait, le dessalement de l’eau de mer, le
captage des eaux de pluie, la déminéralisation des eaux saumâtres et la réutilisation des eaux
usées épurées, devaient permettre d’y remédier un minimum. On notera également que le
Maroc fut le deuxième pays africain, après le Gabon, à s’engager à réduire ses émissions de
gaz à effet de serre. Le pays s’était fixé l'objectif de réduire ses émissions de gaz à effet de
serre de 13% en 2030, avec une possibilité de réduction additionnelle de 19% sous réserve
d’un appui financier international, qui porterait ainsi l’effort de réduction à 32% à l’horizon
2030.
Le COP 22 aura également des retombées positives pour l'image et l'économie du Maroc.
Lors d'une interview au Monde, Sarah Schönfeld, coordinatrice du Club France
développement durable et chargée de mission Europe et international au Comité 21, déclarait
que «3 à 4000 journalistes doivent être accrédités pour se rendre au Bourget et couvrir la
COP21.» Si un tel ratio est similaire lors de l'édition COP 22 à Tanger, la couverture
médiatique présente au Maroc en 2016 sera un atout dans la promotion du royaume chérifien,
en matière de politique de développement durable. Les retombées économiques d'un tel
événement ne sont jamais à négliger. À titre d'exemple, le gouvernement français, pays hôte
de la COP 21, table par sur 100 millions d’euros de retombées économiques pour la région
Ile-de-France, d'après le ministère de l'Écologie.

Des grands groupes industriels se manifestent


Nombreux sont les Marocains aujourd'hui à s'intéresser de près à la problématique de
l'environnement. Que ce soit à titre personnel, à l'instar de Medhi Zairi, invité à la réception
royale de Tanger le 19 septembre, en raison de son action en faveur du développement
durable, ou en tant qu'entreprise. Progressivement, certains grands groupes industriels
présents au Maroc montrent en effet leur volonté de s'intégrer dans une politique majeure de
lutte contre la pollution industrielle, en marge de la COP 22 qui aura lieu au royaume en 2016.
Vendredi 18 septembre, le groupe Centrale laitière, filiale de Danone au Maroc et Suez ont
publié un communiqué officiel indiquant leur partenariat dans la gestion des déchets
industriels. Suez, partenaire de la COP 21 précise : «Soucieuse de l’impact environnemental
de ses activités de production, Centrale Laitière Danone s’est associée à SUEZ, leader de la
gestion des déchets au Maroc, pour gérer les déchets issus de ses 4 usines de production et de
nombreuses plateformes logistiques réparties sur l’ensemble du territoire marocain.»
Dans ce communiqué, Jacques Ponty, Directeur général de Centrale Laitière Danone explique
que son groupe est pleinement «conscient de son impact sur son écosystème et a engagé
depuis 2013 d'importants investissements sur ses infrastructures industrielles et logistiques
pour améliorer son empreinte environnementale et son efficacité énergétique», rajoutant
que «la gestion complète des déchets industriels, couplés à la recherche de la plus grande
valorisation et de recyclage possible, confié au professionnalisme de SUEZ, est un élément
réussi de cette ambition »
Sur son blog officiel, le groupe Lydec a également publié un rapport de ses actions en faveur
de la lutte contre le changement climatique. Parmi ces dernières, l'«efficacité énergétique, la
sobriété énergétique, le recours aux énergies renouvelables, l'optimisation des déplacements
et la réduction des émissions » sont les critères prioritaires du groupe.
Si Danone ou la Lydec soignent leur image de marque en communiquant ainsi, il n'en est pas
moins important pour le Maroc de compter en son sein des groupes industriels responsables.
D'autres grands groupes seront appelés à se mettre au diapason, en marge de l'organisation de
la COP 22.

L’environnement international et les PME


marocaines.
http://blog.wikimemoires.com/2012/02/performances-pme-marocaines-etude-empirique/

20- Le printemps arabe et leur effet sur l’Économie


marocain.

La propagation du printemps arabe au Maroc ne


s’est pas soldée par un changement radical, comme
ce fut le cas en Égypte, en Libye ou encore en
Tunisie. On n’a pas assisté pas à un changement de
la nature du régime, ni à un renouvellement complet
de la classe dirigeante. Un mouvement de
protestation a pourtant occupé les rues, le
Mouvement du 20 février, mais celui-ci n’a pas
connu la même portée qu’ailleurs. C’est notamment
dû à l’intelligence du Roi et à son habileté à
satisfaire les protestataires, tout en conservant le
pouvoir.
Le Mouvement du 20 février
Le mouvement de protestation au Maroc s’explique par
plusieurs facteurs. Il y a une vraie colère due à la
corruption et à une société viciée, mais aussi à une
frustration en raison d’un niveau de vie onéreux et d’un
fort taux de chômage, auxquels s’ajoute une culture de la
protestation dans les villes. Notons également l’émulation
due aux révoltes réussies dans les pays voisins qui fait que
les différents mouvements de protestation ont réussi pour
la première fois à dépasser leurs différends.
Le mouvement démarre sur internet, sur la blogosphère
marocaine. L’origine du mouvement même vient donc de
dissidents politiques aguerris, mais comme ailleurs, il est
repris par une masse plus large. Les médias sociaux jouent
une part importante dans la mobilisation, l’organisation des
premières manifestations et la transmission de la colère,
Youtube et Facebook faisant la part belle aux déclarations
politiques enflammées. Ce sont les réseaux sociaux qui
donnent d’ailleurs un nom à ce mouvement, en se basant
sur le hashtag twitter« #20fevrier » qui renvoyait à la
première date de manifestation.
Le Mouvement du 20 février forme donc une coalition
inédite d’acteurs très politisés. En plus des acteurs
associatifs nationaux (telle l’Association Marocaine des
Droits de l’Homme), les manifestants viennent
principalement des deux côtés du spectre politique : la
gauche radicale, et les partis et associations islamistes. Les
partis politiques principaux restent plus timorés craignant
un retour de bâton de la part de la monarchie. Ainsi, on
peut citer le Parti de la Justice et du Développement (PJD),
seul parti islamiste légal, qui interdit à sa jeunesse de
défiler.
En effet, peu de partis « officiels » prennent une position
ferme : le Mouvement du 20 février fait clairement débat
au sein du PSU (Parti Socialiste Unifié) de l’USFP (Union
Socialiste des Forces Populaires) ou du PPS (Parti du
Progrès et du Socialisme), qui connaissent des scissions
internes mais penchent globalement du côté des
manifestants. Du côté des islamistes, l’organisation
politique non reconnue Al Adl Wal Ihsane (Justice et
Spiritualité), dirigée par le Cheikh Yassine, devient un des
moteurs du mouvement en raison du zèle de ses militants.
Contrairement aux autres mouvements révolutionnaires qui
réclamaient un départ du chef du pays, le Mouvement du
20 février n’a jamais demandé le départ de Mohammed VI
et n’a jamais considéré l’existence d’un Maroc sans
structure monarchique. Les Marocains, profondément
musulmans, conservent un attachement très important à la
personne du roi, véritable père spirituel en sa qualité de
Commandeur des Croyants et de descendant du Prophète.
Ces manifestants demandent « seulement » une
modification de ses prérogatives afin d’obtenir un système
plus juste et démocratique : un roi qui « règne mais ne
gouverne pas » comme l’expliquent banderoles et slogans.
Ainsi, la rue réclame la modification des articles 19 et 23
de la Constitution de 1966, afin que le roi soit responsable
de ses actions devant la justice. Les manifestants souhaitent
lui enlever ses attributs « extra légaux ». Le statut de
Mohammed VI d’homme d’affaire le plus riche du Maroc
est également critiqué, ainsi que toutes les formes de
clientélisme et d’affairisme économique gravitant autour
de lui et du Makhzen. Ce sont plutôt les proches du roi et le
Makhzen qui écopent de l’ensemble des critiques de la rue.

La réponse du roi
S’adaptant à la situation régionale et cherchant à répondre
au mécontentement général, Mohammed VI, dans un
discours prononcé le 9 mars 2011, annonce une réforme
constitutionnelle ainsi qu’un référendum. A la différence
de son père qui soumettait au référendum un projet préparé
par son cabinet, il nomme une commission consultative
chargée d’élaborer la réforme qui garantirait davantage de
pouvoir au Premier ministre, au gouvernement ainsi qu’au
parlement. Au lendemain du discours, la protestation
semble un moment désamorcée, une grande partie de la
presse tout comme la majorité de la classe politique se
montrent satisfaites de la réforme. Le pouvoir a donc su
rapidement réagir en disant accorder des concessions face à
la pression de la rue : « un compromis historique ayant la
force d’un nouveau pacte entre le Trône et le peuple ».
Sept propositions ont été avancées : la consécration
constitutionnelle de la pluralité de l’identité marocaine au
cœur de laquelle figure l’amazighité ; la consolidation de
l’État de droit et des institutions ; l’élargissement du champ
des libertés individuelles et collectives et la garantie de leur
exercice ; le renforcement du système des droits de
l’homme sur les plans politique, économique, social,
culturel ; la volonté d’ériger la Justice au rang de pouvoir
indépendant et de renforcer les prérogatives du Conseil
constitutionnel ; la consolidation du principe de séparation
et d’équilibre des pouvoirs.
Un des points forts de ces réformes est notamment
l’approfondissement de la démocratisation, de la
modernisation et de la rationalisation des institutions. Ceci
s’établirait à travers un Parlement issu d’élections libres et
transparentes où la Chambre des représentants est investie
de nouvelles compétences. Le gouvernement est élu par la
majorité populaire tandis que le Premier ministre est issu
du parti arrivé en tête aux élections de la Chambre des
représentants et dispose d’un statut renforcé : il est le chef
d’un pouvoir exécutif effectif et responsable du
gouvernement et de l’administration publique. Citons aussi
un Conseil de gouvernement aux compétences clarifiées et
constitutionnalisées.
Au lendemain de ce discours, le Mouvement du 20 février
apparaît un temps divisé sur l’interprétation à donner à
cette initiative. Deux des courants fortement présents au
sein du mouvement, la gauche radicale (et en particulier
Annahj Addimocrati) et Al Adl wal Ihsane rejettent la
nature non démocratique de la procédure de nomination
des membres de la commission constitutionnelle et
appellent à l’élection d’une Assemblée constituante. Le 13
mars, un sit-in est organisé par les militants et est
brutalement réprimé par la police.
On assiste à deux types d’interprétation de l’épisode
coercitif. D’une part, et dès le jour même, des manifestants
du Mouvement du 20 février radicalisent leurs positions,
accusant le régime de recourir à des pratiques coercitives
allant à l’encontre des promesses royales. D’autre part,
certains commentateurs évoquent l’existence de foyers de
résistance aux réformes décidées par le roi au sein même
du ministère de l’Intérieur.
Le 20 mars, le Mouvement du 20 février organise une
nouvelle mobilisation où la foule est largement plus
importante que le mois précédent (d’après les
organisateurs, 50 000 personnes auraient défilé à
Casablanca). Dès lors, il ne s’agit plus de se confiner à
l’autolimitation mais d’organiser une véritable
démonstration de force, toujours sous l’étiquette du
Mouvement du 20 février, sans slogans particularistes et en
soutenant une rigoureuse discipline collective. Les
militants réclament « la fin du despotisme », et disent
« non à la constitution octroyée » ou à « la constitution des
esclaves ». Le discours royal du 9 mars 2011 est donc
perçu paradoxalement à la fois comme une reconnaissance
du Mouvement du 20 février et comme une tentative de lui
couper l’herbe sous les pieds en présentant une offre de
réforme susceptible de séduire, ce qui est rejeté par une
majeure partie du mouvement.
L’adoption de la constitution et l’accession au
pouvoir des islamistes
La nouvelle constitution est présentée par le roi lors d’un
discours, le 16 juin 2011 qui annonce que celle-ci devra
être validée par référendum, le 1er juillet. Le processus de
révision est donc effectué rapidement, le référendum ayant
eu lieu deux semaines après. Dans un pays où le nombre
des analphabètes excède 52% de la population totale, les
institutions productrices d’idéologie, mosquées et médias,
sont alors mobilisées en faveur du nouveau texte. Le taux
officiel de participation est de 70% et le résultat final de
98% de voix favorables.
Les réformes constitutionnelles restent en-deçà des
aspirations : le roi a gardé le pouvoir exécutif. Comme le
constate Younes Abouyoub, sociologue à l’Université
Columbia de New York, le roi nomme le Premier ministre
qu’il doit choisir parmi les membres du parti sorti
majoritaire des urnes. Quant aux membres du
gouvernement, ils sont désignés sur proposition du Premier
ministre mais le roi est en droit de les limoger. L’article 48
de la constitution l’autorise également à convoquer et à
diriger le Conseil des ministres, alors que l’article 51 lui
permet toujours de dissoudre le Parlement, censé être
indépendant selon le discours du 9 mars. Il demeure
également le commandant suprême des forces armées (art.
53), l’autorité religieuse suprême du pays en tant que
commandeur des croyants (art. 41), celui qui nomme les
ambassadeurs et signe les traités internationaux (art. 55).
Enfin, l’article 42 lui accorde toujours la prérogative de
gouverner par décret.
En vertu de cette nouvelle constitution, des élections
législatives anticipées sont organisées le 25 novembre
2011. Avec l’intervention inédite d’observateurs étrangers
et un taux de participation d’environ 45%, le Parti de la
Justice et du Développement se classe premier avec 107
sièges sur les 395 que compte la chambre des députés et
accède pour la première fois de son histoire au
gouvernement. Le vote peut alors être compris comme un
vote contestataire sanctionnant les partis traditionnels
plutôt qu’un réel engouement pour le processus électoral.
C’est la première fois qu’un chef de gouvernement se
réclame de l’islamisme. Notons toutefois que le nouveau
Premier ministre Abdelilah Benkirane ne remet
aucunement en question la légitimité religieuse du roi.
L’élection du PJD apparaît ainsi non pas comme un
événement en rupture avec le passé mais comme
un remake de l’alternance de 1997 où la gauche était
arrivée au pouvoir. Le PJD apparaît ainsi plutôt comme
l’ultime pare-feu du régime.
On pourrait penser comme une victoire pour la rue
marocaine l’accession démocratique des islamistes au
gouvernement. En effet, quand bien même ce n’est pas le
Mouvement du 20 février qui accède au pouvoir, le choix
du PJD reflète la volonté, semble-t-elle, non falsifiée, de la
majorité des votants. Les islamistes marocains doivent
cependant accepter les conditions de la commanderie des
croyants et du califat, qui sont attachés au titre du
souverain. En raison de sa position d’imam suprême,
patron des oulémas et eu égard à son ascendance
chérifienne, Mohammed VI tient en respect les islamistes.
Le PJD peut être qualifié de parti « islamiste monarchiste »
car il reconnaît le roi comme Commandeur des croyants. Il
est donc admis à participer au jeu politique. Les salafistes
ou les disciples du Cheikh Yassine ne l’acceptant pas, ils
sont pourchassés ou non-légalisés.

L’élection du PJD sonne la fin de la protestation. A partir


de 2012, plus d’un an après le début du Mouvement du 20
février, certains dénoncent une répression accrue. Selon
l’AMDH, près de 70 activistes du mouvement, qui se
considèrent eux-mêmes comme des prisonniers politiques,
auraient ainsi été emprisonnés pour des peines variant de
quelques semaines à plusieurs mois. Hétéroclite par sa
composition allant des jeunes laïcs aux islamistes de la
confrérie, le mouvement s’est trouvé affaibli par le départ
de ces derniers. En effet, après l’annonce des résultats des
élections législatives de novembre, Al Adl Wal Ihsane
annonce son retrait du mouvement. Toujours plus esseulés,
ces jeunes laïcs revendiquent toujours des remaniements
politiques profonds. Réduits à quelques centaines de
militants lors de leurs sorties dominicales, les derniers
acteurs du Mouvement du 20 février (gauchistes radicaux
pour la plupart) ne font désormais plus le poids face à la
structure du Makhzen.

Le PJD reste donc l’un des gagnants du Printemps arabe


marocain. Le parti a su en effet capitaliser sur la volonté de
changement qui a traversé le pays et la région à partir de
l’hiver 2011 et a réussi à traduire en termes de votes cette
envie. Toutefois, le roi est celui qui ressort le plus
victorieux de ces mois de confrontation. Dès le départ,
celui-ci a su rester en dehors des revendications de
manifestants, à l’exception des plus radicaux. Il a par la
suite satisfait à la fois la population marocaine, en
acceptant l’envie de réforme et en proposant de vrais
améliorations, et la scène internationale, en maintenant le
calme dans le pays. En dernier ressort, après le remodelage
dû à la nouvelle constitution, le Palais n’a pas perdu ses
pouvoirs, il les a même étendus. Il bénéficie d’une image
plus démocratique et contrôle toujours plus fermement les
leviers économiques et politiques du pays.

L'économie marocaine face au


printemps arabe : Quels pronostics
?
S Es siariPublié dans Finances news le 09 - 06 -
2011
Le premier effet des révoltes populaires est la
hausse du prix du baril de pétrole.
Au Maroc, l'économie est impactée via les cours
du pétrole, les flux migratoires de retour, mais
aussi les effets des révoltes sur le tourisme.
En matière budgétaire, une loi rectificative est
peut-être envisageable. La mesure de l'impact du
printemps arabe n'a cessé de tarauder les esprits
des analystes, et ce depuis l'éclatement de
l'événement. Aussi, la mesure de cet impact a
suscité l'intérêt des agences de notation qui, à
leur tour, se sont interrogées sur les incidences
dans l'ensemble des pays de la rive Sud de la
Méditerranée. Récemment, les conjoncturistes
ont publié un communiqué où ils essayent de
lancer quelques pistes de réflexion relatives à
l'impact des derniers évènements qui ont secoué
le Monde arabe sur notre économie.
Au cours des dernières années, les agences de
notation agréées (Fitch Ratings, Moody's, S&P,
etc.) qui constituent de véritables aiguilleurs du
ciel de la finance et de l'économie mondiales, sont
devenues?les?médecins modernes pour juger de
la bonne santé des différentes économies de la
planète. Depuis la réglementation bancaire Bâle
II de 2006, et surtout depuis le début de la crise
économique de 2008, ces agences se révèlent
détenir un puissant pouvoir pour l'établissement
des diagnostics voire des prédictions du potentiel
compétitif de tous les pays sans exception.
D'après les agences de notation, les effets sur
l'économie mondiale des révoltes populaires, qui
ont secoué plusieurs pays d'Afrique du Nord et
du Moyen-Orient, ont pour premier effet la
hausse du prix du baril de pétrole.
Pour la région MENA elle-même, les pays
exportateurs voient leur croissance profiter de la
hausse des cours qui produit un impact négatif
sur la croissance des pays importateurs, alors
que les concernés au premier chef par les
révoltes connaissent une dégradation importante
de leurs perspectives de croissance. «Au Maroc,
l'économie est impactée via les cours du pétrole,
les flux migratoires de retour, mais aussi les
effets des révoltes sur le tourisme, les
exportations et les investissements étrangers»,
apprend-on dans le communiqué du CMC. De
façon plus générale, les prix des matières
premières connaissent de fortes hausses sur les
marchés internationaux depuis plusieurs mois.
L'indice des matières premières
du?Fonds?Monétaire International évalue le
cumul des hausses enregistrées sur une année à
près de 32%. L'indice des prix à la production
industrielle a en effet enregistré une hausse
moyenne de 3,1% par mois durant le premier
trimestre de 2011.
Budget 2011 : quelles incidences ?
Les analystes s'interrogent par ailleurs si de
telles révoltes n'auraient pas un impact sur
l'exécution du budget au cours de l'année 2011.
A cet égard, l'exécution de la Loi de Finances qui
a été votée par le Parlement doit être
régulièrement contrôlée, en vue d'éviter certains
dérapages susceptibles de compromettre la
bonne marche de l'économie. De nombreux
évènements de nature à peser lourdement sur le
budget initial incitent à se poser la question sur le
bouclage du budget de l'année en cours. Les
marges de manœuvre de l'Etat seraient de ce fait
limitées et le problème de financement du déficit
en forte aggravation devient de plus en plus
préoccupant, si bien qu'une Loi de Finances
rectificative serait envisageable en cours d'année.
Enfin, la faiblesse des IDE drainés par le Maroc
suscite de nombreuses interrogations sur les
déterminants majeurs de cette faiblesse
structurelle. Considéré comme l'un des
déterminants majeurs de la croissance et l'un des
principaux leviers de modernisation du tissu
productif national, le Maroc à l'instar de
nombreux autres pays déploie des efforts
appréciables pour inciter le capital étranger à
s'investir dans les différents secteurs de
l'économie nationale. Dans l'ensemble, et même
si le solde net de ces capitaux est positif et est à
l'avantage du Maroc, les rythmes d'évolution
sont particulièrement faibles depuis le
déclenchement de la crise financière. Ainsi, le
flux net des IDE relevé en 2010 ne progresse que
de 2,7% seulement contre respectivement 4,9%
en 2009 et 7,1% en 2008. Aujourd'hui, on se
demande si cette faiblesse structurelle est due à
un problème de gouvernance économique, à la
lenteur des réformes ou à une faiblesse
d'opportunités d'investissement
comparativement aux économies tunisienne et
jordanienne.
Le rythme de croissance des IDE connaîtra-t-il
une évolution suite au printemps arabe ? Va-t-il
changer dans la perspective de réforme
constitutionnelle en cours de finalisation ?
Autant de questions qui restent posées et toute
réponse avancée aujourd'hui peut être
hasardeuse.

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