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Rev. Sc. ph. th. 65 (1981) 55-74
1. Cf. C. von Prantl, Geschichte der Logik im Abendlande , III, Leipzig, 1867, p. 89
2. Prantl, op. cit.t p. 93, note 374 : «Albert hat den Aristotelismus nicht nur
nicht erkannt, sondern geradezu corrumpirt, und er ist hierin der Lehrer seines Schülers
Thomas gewesen » et ibid.f p. 99 : « da er ja Realist sein will, so darf er auch den Geist
des Augustinus heraufbeschwören, indem er meint, das Universale an sich und in
den Einzelndingen und in der denkenden Seele sei doch all das Nemliche, d.h. es sei
eben das ' Licht ' der göttlichen Intelligenz. Und so bricht vielleicht seine eigentliche
Geistesrichtung, in Folge deren er freilich ein Talent zum Missverstehen des Aristoteles
besitzen musste, am meisten [...] durch ».
3. On notera que la question des universaux ne concerne pas la logique formelle
en tant que telle, mais bien la métaphysique ou la philosophie de la logique. Albert
n'en traite donc que pédagogiquement dans le Liber de praedicabilibus : « propter
bonitatem doctrinae » et « ne sit suspensus lectoris animus » (Lib. de praedicab ., II,
3, B 1, 20 b). On notera également que les quatre raisons plus théoriques qu'il avance,
pour ne pas différer plus longtemps une réflexion d'ensemble sur les universaux
(intelligibilité de la doctrine des catégories, assignation correcte des définitions, fonda-
tion des démonstrations et division systématique des sciences) se retrouveront jusque
dans le Proemium de VExpositio in Librum Porphyrii de Guillaume d'Ockham. Cf.
Albert, Lib. de praedicab ., II, 1, 18 b et Guillaume d'Ockham, op. cit., ed.
E. A. Moody, Franciscan Institute Publications , St Bonaventure NY, 1965, p. 9.
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56 A. DE LIBERA
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THÉORIE DES UNIVERSAUX CHEZ ALBERT 57
9. Sur les « Latins » cf. entre autres Lib. de inlelleciu ei intelligibili , II, 2, 493 a :
« Sed quidam non mediocris auctoritatis viri inter Latinos [...] asserunt universale
secundum aliquid esse in rebus. »
10. Cf. Lib . de praedicab., II, 2, 20 a : * Tres igitur sunt iste questiones de universa-
libus. Prima quidem de esse ipsorum. Secunda de quidditate eorumdem. Tertia vero
de comparatione ipsorum ad sua particulada. »
11. Pour tout ceci cf. Lib. de praedicab.y II, 3, 20 b-22 b.
12. Lib. de praedicab.y loc. cit., 21 a : « Dicunt enim quod Boetius et Aristoteles
et Avicenna dicunt, quod omne quod separatum in natura est, ideo est quia unum
numero est, etc. » Pour Boèce, cf. In isagogen Porphgrii commenta ed. sec. I, 10,
CSEL XXXX, V III, p. 162,2. Pour Avicenne, cf. Meta., III, 1 (Venetiis 1508)
fol. 78 ra (« quicquid autem est, non est id quod est nisi quia est unum designa tum »).
Même argument chez Pierre d'Auvergne, Questiones Porphgrii , ed. J. Pinborg,
CIMAGL 9, 1973, p. 49 et chez Martin de Dacie, Questiones super librum Porphgrii ,
q. 3, p. 126,16 et 126,19-20 du Corpus philosophorum Danicorum medii aevi, II,
Hauniae, 1961.
13. Cf. Lib. de praedicab.y loc. cit., 21 b. Les arguments mentionnés par Martin
de Dacie, op. cit., q. 4 p. 127-128 sont tout différents.
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58 A. DE LIBERA
«Non [...] potest homo esse, nisi ab eo quod est secundum rem in
natura extra intellectum existens simpliciter. Propter quod dicitur homó
digníssima creaturarum. Si enim hoc conveniret huic homini secundum
quod hie homo, non conveniret alii. Similiter quod homo est rationalis, non
convenit huic secundum quod hie : quia tunc alii non conveniret. Ergo
convenit secundum quod homo. Ergo homo secundum quod homo, et
non hic homo, est aliquid in natura praeter intellectum existens. Eadem
ratio est de animali secundum quod animal. »
Ce passage témoigne, si besoin était, que la thèse réaliste sur les uni-
versaux est intrinsèquement liée à l'admission de la supposition simple,
du point de vue de la sémantique des termes. La proposition discutée,
« Homo est digníssima creaturarum » ne caractérise aucun univers
doctrinal précis puisqu'on la retrouve à la fois chez Guillaume de Sherwood
et chez Pierre d'Espagne16. Toutefois, il est vraisemblable qu'Albert
emprunte l'argument à des auteurs parisiens des années 1230-1240
(Robert Kilwardby, Jean le Page ou Hervé le Breton)17...
D'autres arguments méritent cependant aussi l'attention. C'est le cas
du second qui, reposant sur l'identité pseudo-aristotélicienne des principes
de l'être et des principes de la connaissance, fait intervenir la notion
typiquement arabe ď intentio18. Cet argument, à la fois logique et physique,
peut être résumé ainsi : étant donné le parallélisme de l'être et du
connaître, ce qui est objet de science, i.e. l'universel (puisqu'il n'est pas
de science du particulier) est aussi principe même de l'existence des
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THÉORIE DES UNIVERSAUX CHEZ ALBERT 59
choses. C'est en ce sens qu'une science comme la physique est science des
choses, i.e. dans la mesure où les réalités universelles sont des réalités
de plein exercice. Si ces réalités n'étaient que des intentions mentales,
toutes les sciences porteraient sur les passions de l'âme. Il y aurait ainsi
une espèce de solipsisme épistémologique de Yintentio, ce qui est mani-
festement faux.
La distinction entre res et inteniio rei est indiscutablement liée à la
terminologie logique des Arabes. Son utilisation ultérieure et massive
par les modistes de l'Université de Paris, notamment au xiv® siècle, ne
saurait cependant faire oublier que le texte de S. Albert est l'un des
premiers témoins de cette fortune latine du manā avicennien et sans doute
l'un des tous premiers introducteurs du vocabulaire et de la probléma-
tique « intentionnistes » à Paris19.
La prégnance des doctrines arabes s'accentue encore dans les cinquième,
sixième et septième arguments réalistes auxquels Albert souscrit inté-
gralement puisque, selon lui, ils concluent tous de necessitate 20.
Le cinquième argument part du statut ontologique de la forme, dona-
trice d'être au composé. Mais, il se prolonge par une détermination
proprement métaphysique de la natura comme achèvement ou terminaison
locale de la lumière de l'Intelligence divine dans les réalités individuelles :
l'incorporation de la lumière à l'individuel produit, ou mieux, constitue
la nature des choses dans l'être, toutefois, ce n'est pas en tant qu'incor-
porée à ceci ou cela que la forme donne l'être mais uniquement en tant
qu'elle émane de l'Intelligence. La forme universelle est donc à la fois
indépendante de l'intellect humain, dépendante de l'Intelligence divine
et pourvue d'une consistance ontologique dans la nature21.
Le sixième argument tire toute la moelle de ce réalisme métaphysique.
La lux inielligentiae qui dispense les formes ne perd rien de ce qu'elle est
ni de ce qu'elle a, du fait qu'elle se trouve incorporée à tel ou tel individu.
Au contraire, le pouvoir de constitution qu'est la forme est à la fois
véritablement dans la nature, en tant qu'aptitude naturelle à se prodiguer
en tous ceux à qui il donne existence et concept, et il est entièrement
indépendant d'eux dans la mesure même où la lumière qui l'émane agit
par lui dans le particulier et y trouve sa terminaison locale sans pour
autant s'y résoudre ou s'y réduire. Genres et espèces sont donc vérita-
blement dans la nature, hors de l'Intelligence, indépendants de l'intellect
humain et irréductibles aux réalités individuelles qu'ils constituent22.
19. Sur l'histoire de la notion d'intentio au xine siècle cf. A. de Libera « La problé-
matique des inientiones primae et secundae chez Dietrich de Freiberg », T, in Dietrich
von Freiberg , opera omnia, Beiheft II (à paraître).
20. Lib. de praedicab ., loc. cit., 26 a.
21. Lib. de praedicab., toc. cit., 23 a-b. Le thème de l'incorporation de la lumière
divine qu'Albert emprunte à Avicenne constitue sans aucun doute l'une des sources
principales de la distinction eckhartienne entre l'esse divin absolu et l'esse hoc et hoc
caractérisant les créatures. Sur ce point cf. Maître Eckhart, Prologus in opus
propositionum, L. W. I, n° 3, p. 166, 12-13.
22. Lib. de praedicab ., loc. cit., 23 b, notamment : «lumen intelligentiae, quod de
se formas largitur, non amittit id quod de se vel ab efficiente habet, per hoc quod est
in isto vel in ilio : nec aliquid accipit essentiae vel virtutis ab hoc quod terminatur ad
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60 A. DE LIBERA
hoc vel illud, quamvis ei quod constituitur ab isto multa conveniant secundum quod
lumen istud constituens agit in hoc vel ilio. Sic autem virtutem constituendi habens,
est vere in natura, et non secundum quod est in isto vel in ilio. »
23. Lib. de praedicab., loc. cit., 23 b-24 a. Le thème avicennien de l'unité de l'universel
dans le multiple, celui de l'indifférence de l'essence aux particuliers où elle se prodigue,
sont ici sollicités dans le sens de la simplicité du Rayon de la Lumière divine. On songe
ici à Denys, la Hiérarchie céleste 121 B, trad. M. de Gandillac, Paris 1943, p. 186 :
« Tout en se multipliant et en agissant au dehors comme il convient à sa bonté, pour
spiritualiser et unifier la constitution des êtres soumis à sa Providence, il (= le Rayon
Théarchique) demeure en soi stable, affermi dans une immobile identité, et c'est lui
qui confère à ceux qui peuvent tenter l'ascension sans sacrilège le pouvoir de tendre
vers lui à la mesure de leurs forces, car il les unifie en vertu de cette union simplificatrice
qui réside en lui. »
24. Lib. de praedicab., loc. cit., 25 b.
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THÉORIE DES UNIVERSAUX CHEZ ALBERT 61
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62 A. DE LIBERA
simplici haberent quod essent universalia, cum natura simplex non sit nisi unum,
universale non esset nisi unum, nec posset esse in multis et de multis, quod est contra
rationem universalis. »
27. E. Gilson, L'être et V essence, Paris 1962, p. 125.
28. Pour tout ceci cf. Lib. de praedicab., loc. cit. 24 ab : « Per hoc autem quod est
in intellectu, duplici ter considera tur, scilicet aut secundum relationem ad intellectum
intelligentiae primae cognoscentis et causantis ipsum, cuius illa natura simplex radiu
quidam est aut secundum relationem ad intellectum per abstractionem cognoscentem
ipsum. Et primo quidem modo accidit ipsi radium et lumen intelligentiae agentis
esse et simplex et purum esse, et immateriale et immobile et incorporale et incorrupti
bile, et perfectibile intellectus possibilis et eiusdem possibilis intellectus esse motivům
ad actum [...] Secundum autem relationem quam habet ad intellectum cognoscentem,
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THÉORIE DES UNIVERSAUX CHEZ ALBERT 63
non causantem, habet quod talis intellectus secundum quod abstrahit ipsum, agit
in ipso universalitatem (quam de natura sua ante habuit) per hoc quod separat ipsum
a materia et materialibus individuatibus. Et sic intelligitur quod dicit Aristoteles
quod universale est dum intelligitur : particulare vero dum sentitur. Et illud Avicennae
dictum, quod intellectus in formis agit universalitatem. * Pour l'autorité d'ARiSTOTE,
cf. Phys. A 5, 189 a 5-8. Pour celle d'AviCENNE, cf. De anima V, 5, fol. 25 ra (Venetiis
1508) et Met. y V, 1, fol. 87 rb et 2, fol. 87 v. Cf. également Aristote, De anima III, 5,
430 a 10-19 et Averroès, De anima I, 8 (Venetiis 1483) fol. 2 ra.
29. Pour les Antiqui , cf. Lib. de praedicab., II, 3 : « Et hoc est quod dixerunt Antiqui
tríplices esse formas, ante rem scilicet, quae sunt formae secundum se acceptae,
principia rerum existentes : et in re sive cum re ipsa, quae sunt formae existentes in
ipsis dantes eis nomen et rationem, per id quod sunt aptae esse in multis et universales,
non tarnen secundum quod sunt in illis : secundum quod sunt in illis, particularizatae
et individuatae et ad singularitem ductae sunt. Sunt etiam formae post rem, quae
sunt formae per abstractionem intellectus ab individuantibus separatae et in quibus
intellectus agit universalitatem. Et primae quidem substantialia rerum principia sunt,
secundae autem rerum substantiae, tertiae autem accidentia et qualità tes, quae notae
rerum in anima acceptae vocantur et dispositiones vel habitus. » Pour Platon, cf.
Phys. I, I, 6 (« est enim ut Plato ait, triplex universale, sc. ante rem acceptum, et in
re ipsa acceptum, et post rem ab ipsa re abstractum. Ante rem autem universale est
causa universalis omnia causata praehabens potentia rerum in se ipsa. Universale
autem in re est natura communis secundum se accepta in particulari. Sed universale
a re acceptum per abstractionem est intentio formae et simplex conceptus mentis qui
de re per abstrahentem intellectum habetur. ») Cf. également De anima I, I, 4 (« Plato
posuit in omni re triplex esse universale. Unum quidem ante rem, quod erat causa rei
formalis secundum esse praecedens quia separatum ipsum esse posuit. Secundum in
re, quod erat forma adhaerens ei una in multis et de multis, et hoc unum dixit Plato
in essentia esse unum et in esse naturae et formae in omnibus, Aristoteles autem in
ratione dixit unum, et in essentia et esse plura. Tertium autem dixit esse post rem,
quod est intentio universalis in anima. ») et Lib. de intellectu et intelligibili , II, 5
(« Adhuc autem oportet mentionem facere de philosophia Piatonis, qui apud omnem
facultatem hujusmodi solvendam triplex distinguit universale »). En fait, la triparti-
tion des universaux est tirée d'Avicenne qui, lui-même, la tient de ses prédécesseurs
(est-ce pour cela que l'on trouve le terme d 'antiqui chez Albert ?). Cf. Logica , ed. cit.
fol. 12 ra : « Usus fuit, ut, cum haec quinqué distinguerentur, diceretur secundum hoc,
quod uno respectu sunt naturalia et alio respectu logicalia et alio intellectualia, et
fortassis etiam diceretur, quod uno respectu sunt absque multiplicitate et alio cum
multiplicitate » et ibid., fol. 12 va : « Sed quia omnium quae sunt comparatio ad deum
et ad angelos est, sicut comparatio artiflcialium, quae sunt apud nos, ad animam
artiflcem, ideo id quod est in sapientia creatoris et angelorum et de veritate cogniti
et comprehensi ex rebus naturalibus, habet esse ante multitudinem ; quidquid autem
intelligitur de eis, est aliqua intentio, et deinde acquiritur esse eis, quod est in multipli-
citate, et cum sunt in multiplicitate , non sunt unum ullo modo, in sensibilibus enim
forinsecus non est aliquid commune nisi tantum discretio et dispositio ; deinde iterum
habentur intelligentiae apud nos, postquam fuerint in multiplicitate. Hoc autem, quod
sunt ante multiplicitatem [...] noster tractatus non sufficit ad hoc, quia ad alium
tractatum sapientiae pertinet. » On notera que Martin de Dacie présente la doctrine
d'Avicenne dans une terminologie légèrement différente de celle d'Albert. Cf.
Quaestiones super Librum Porphyrii , ed. cit., q. 8, p. 132, 19-29 : « id quod signifìcatur
per terminům communem, triplici ter potest accipl. Aut in re extra sensibili [...] Alio
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64 A. DE LIBERA
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THÉORIE DES UNIVERSAUX CHEZ ALBERT 65
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66 A. DE LIBERA
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THÉORIE DES UNIVERSAUX CHEZ ALBERT 67
« Si autem quaeratur, utrum idem esse sit quod universale habet per
se acceptum, et quod habet determinatum et particulatum, dicendum
quod nec idem omnino, nec diversum omnino : sed idem vel unum dupliciter.
In substantia enim idem est : duplex autem ut idem et unum indetermina-
tum et determinatum. »
C'est à cette solution qu'Albert se rallie donc, solution qu'il dit emprunt
« aux trois philosophes » : Avicenne, Al Fârâbî et Jean le Grammairien
(i.e. Jean Philoppon). C'est elle qui, « concordant avec les paroles d'Aris
tote », constitue la véritable solution aristotélicienne. L'aristotélism
d'Albert le Grand est donc fidélité à un Aristote peripatéticien, la lumiè
venant ici surtout de l'Orient et, avec elle, la nécessité d'articuler véri
tablement toutes les pièces visibles du système46.
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68 A. DE LIBERA
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THÉORIE DES UNIVERSAUX CHEZ ALBERT 69
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70 A. DE LIBERA
57. Cela est encore plus net dans le Liber de praedicamentis, I, 4, 157 a (« Homo non
dicitur humānus ab humanitāte, sed dicitur essentialiter homo et animal rationale,
et omnia quae secundum essentiam praedicantur ») et 159 a («Ex his autem quae
dicta sunt patet, quod in substantialibus non potest esse denominatio : substantialia
e nim sola pertinent ad objectio eamdem naturam. Et si objicitur quod in substantialibus
quaedam signiflcantur concrete^ quaedam autem abstráete, ut homo et humanitas [...]
Dicendum quod haec inflexio facta est ad similitudinem accidentis et non de ipsa rei
natura : homo enim non praedicatur de sibi subjectis, ut ab alio derivátům, sed
praedicatur ut esse substantiale ejus de quo praedicatur »). Pour les modistes, cf.
notamment Radulphus Brito, Sophisma « Aliquis homo est species », texte dans
J. Pinborg, Logik und Semantik im Mittelalter, Ein Ueberblick, Stuttgart-Bad
Cannstatt, 1972, p. 197-200.
58. Cf. par exemple Logica, fol. 3 vb, qui pose la distinction entre prédication
univoque et prédication paronymique, qui sous-tend le thème albertinien de la non
prédicabilité de l'essence formelle : « Praedicatio autem fit duobus modis, quia aut
univoce, sicut hoc quod dicimus, quod Socrates est homo, ' homo ' enim praedicatur
de Socrate vere et univoce ; aut denominative, ut albedo de homine, dicitur enim
homo albus et habens albedinem, nec dicitur esse albedo [...] nostra autem intentio
non est hie nisi de eo, quod praedicatur univoce. » Sur la prédication univoque des
universaux cf. Liber de praedicamentis, I, 3, 156 a : « Ut dicunt Avicenna et Algazel [...]
omne quod ut universale de multis et de sibi subjectis praedicatur, univoce dicitur. »
59. Cf. Lib. de intellectu et intelligibili, II, 2, 493 a-b.
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THÉORIE DES UNIVERSAUX CHEZ ALBERT 71
donnerait l'être qu'à un seul individu, comme c'est le cas pour le soleil,
la lune, ou Jupiter60. Gela étant, l'universel a diverses modalités ontolo
giques : pris dans sa capacité de résider dans une pluralité de réalité
extérieures, il est doté d'un être par aptitude ( esse apłiłudine) , pris en
tant qu'existant effectivement dans cette pluralité, il a un être puremen
intentionnel. La notion ďaptitudo met donc Albert en position d'accorder
toutes les doctrines et de concilier tous les enseignements61 :
« Per [
60. Pour l'exemple du soleil, cf. Avicenne, Mét., V, 1, cité supra note 36.
61. Lib. de intellectu..., 493 b. Les « péripatéticiens » en question sont ( ibid ģ, 492 b) :
Avicenne, Al Ghazâlî, Averroès et Abubacer (Abou Bekr ibn Thofaïl).
62. Cf. texte dans L. M. De Rijk, « On the Genuine Text of Peter of Spain's
Summule Logicales , II, Simon of Faversham as a Commentator of the Tract's Ī-V of
the Summule », Vivarium, 6 (1968) p. 92.
63. Siger de Brabant, Écrits de Logique, de Morale et de Physique, ed. B. Bazan,
Louvain-Paris, 1974, p. 55.
64. Roger Bacon, Opus Tertium (1267), ed. J. S. Brewer, Opera hactenus inedita
Rogeri Baconi, I, London, 1859, p. 13-14.
65. Texte dans J. Pinborg, « Radulphus Brito on Universais », CIMA GL, 35
(1980) q. 51 B, p. 81.
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72 A. DE LIBERA
66. Sur ce point, cf. B. Mojsisch, « Der Begriff Causa Essentialia bei Dietrich von
Freiberg und Meister Eckhart », in : Dietrich von Freiberg , Opera Omnia , Beiheft, II
(à paraître).
67. Voir Maria-Rita Pagnoni-Sturlese, « A propos du néoplatonisme d'Albert
le Grand, aventures et mésaventures de quelques textes d'Albert dans le commentaire
sur Proclus de Berthold de Moosburg », Arch. de philos ., 43 (1980) 635-654.
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THÉORIE DES UNIVERSAUX CHEZ ALBERT 73
68. Il semble que cela soit le cas d'Aymeric de Campo. Il faudrait à présent reprend
les textes plus spécifiquement logiques de Gérard de Harderwijck et d'Arnold de
Tongres allégués par G. Meersseman et M. Grabmann. Cf. à ce sujet A. de Libera,
« Logique et existence... », loc. cit., p. 529-530, note 1.
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74 A. DE LIBERA
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