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La divination par le sable

Introduction

Gandaal haadi ku andudid ku nganduda, he andudid ka anda, a


anda.
« la limite du savoir est de savoir que l’on sait ce que l’on sait et
de savoir que ce que l’on ne sait pas on ne le sait pas » (Samba
Dembo Sow, de Ndilla).
« La géomancie est le plus intellectuel de tous les procédés
utilisés » (Thomas et Luneau 1977 : 105).

Jürgen Zwernemann écrit (1964 : 58-59) avec beaucoup de justesse : « En


Afrique occidentale la divination généralement a une très grande impor-
tance, même si — sauf exceptions — elle n’a jusqu’à présent fait l’objet de
recherches approfondies. Ainsi les méthodes de la divination chez les
Yorouba, au Dahomey ou chez les Dogon sont maintenant bien connues.
Presque toutes les monographies de tribus contiennent des indications plus
ou moins précises sur la divination, mais il faudrait faire davantage attention
aux techniques de la divination. » Il faudrait donc s’atteler à consacrer plus
d’intérêt aux techniques divinatoires.

Dans cet ouvrage, comme le suggère son titre, il s’agit de décrire une pratique
divinatoire géomantique, ramlu, fort connue et usitée au Sénégal et d’en
dévoiler la technique d’exposition et de mise en place des signes, de leurs
symbolismes et de leurs significations.

Je souhaiterais ainsi rendre accessible au profane ce qui est généralement


tenu pour un savoir ésotérique réservé seulement à de rares élus, même si l’on

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La divination par le sable Introduction

considère avec Thomas et Luneau (1977 : 105) que la géomancie est « le plus
intellectuel de tous les procédés utilisés ». Le dévoilement de cette technique
d’exposition des signes du ramlu, où il est fait montre d’un savoir-faire qu’il
est possible à chacun d’acquérir, participe à la démythisation et à la démystifi-
cation des représentations quasi magiques liées à la géomancie.

J’aurai à développer trois grandes parties comme suit :

Dans la première partie, La divination par le sable, en questionnant les


termes usités en wolof et en pulaar pour désigner la divination dans sa rela-
tion avec le « voir », je m’intéresserai aussi à son origine et aux signes qui la
composent, en établissant les sens selon « le système en repos »;

Dans la deuxième partie, anthropomorphisme et symbolisme, à partir du


tableau des signes, je dégagerai les diverses significations et valences, posi-
tives ou négatives, qui sont affectées aux signes avec l’examen de leur struc-
ture. Un essai comparatif des systèmes sénégalais, européen, mauritanien et
bambara sera tenté pour dépister les différentes significations affectées aux
mêmes signes divinatoires;

Dans la troisième partie, Technique préparatoire, il s’agira de montrer


comment s’opère la mise en place du jeu divinatoire. En partant des rituels
d’offrande et de symbolisation qu’utilisent les devins, on verra comment, par
l’exemple, se fait l’exposition de la technique d’inscription des signes à partir
de laquelle sera conduite l’interprétation du destin.

En définitive, nous verrons comment dans cette technique préparatoire se fait


jour une certaine ritualisation qui est fondamentale à l’activité divinatoire.
Elle ne se conçoit pas sans l’intégration, à la fois, d’une technique maîtrisée et

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La divination par le sable Introduction

d’une symbolique justificative qui la valorise, toutes choses qui ressortissent


du pouvoir et du rôle social du devin.

À la fin du livre, nous aurons un index analytique et un index des infor-


mateurs qui m’ont aidé à réaliser ce travail; en annexes, nous aborderons
diverses thématiques, à partir de recueil d’incantations, de formules et de
recettes, ainsi que des récits de vie de devins.

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La divination par le sable Première partie Divination par le sable (ramlu)

Première partie
Divination par le sable (ramlu)

1.1 Signes-symboles et pouvoir-interpréter


Cette forme de divination par le sable s’avère relativement complexe du point
de vue de sa mise en place, de son élaboration et de son interprétation par les
rapprochements, les positionnements, les rapports et les relations astrologi-
ques et prophétiques à établir dont il faut tenir compte, par le nombre élevé
des signes (seize au total), par leur distribution et par leurs combinaisons, par
les possibilités multiples de sens offertes par le jeu, par le calcul des jours, etc.,
toutes données qui nécessitent que l’interprétation les prenne en charge pour
une séance de consultation correcte. Mais le vrai génie est sans doute ailleurs
que dans la seule interprétation des signes.

L’interprétation est fonction de facteurs aussi bien individuels qu’externes,


voire ésotériques, qui sont difficiles à circonscrire dans l’absolu.

Rares, par exemple, sont les devins qui voudraient officier le vendredi qui est
considéré comme un jour saint. Mame Sow, devin résidant à Pikine, dit « qu’il
n’est pas bon d’officier à midi et à dix-sept heures, parce qu’il y a, à ces
heures-là, trop de bruit »1, car consulter à ces heures-là ne reviendrait alors,
selon lui, qu’à « raconter des histoires », c’est-à-dire en somme à faire de
mauvaises prédictions.

1. Trop de bruit qui l’empêche probablement de se concentrer ou de communiquer avec


« les esprits », alors que lui-même habite dans un quartier très bruyant.

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La divination par le sable Première partie Divination par le sable (ramlu)

D’autres refusent d’officier au crépuscule, comme c’est souvent le cas, parce


que ce serait l’heure des « esprits »; d’autres ne se décident à officier qu’en
fonction d’une prétendue humeur ou interdiction de leurs djinns ou rab inspi-
rateurs.

Parfois, il arrive, contre toute attente, même après que rendez-vous soit pris
et fixé, que certains devins refusent catégoriquement de procéder à toute
consultation en évoquant l’interdiction formelle qui leur est faite par leur
« esprit » protecteur, rawaan ou rab. Quelle que soit alors la somme proposée
par le client, certains devins refuseront de consulter, car contrevenir à cet
ordre occasionnerait un grand danger pour eux, pour leur famille ou pour
leurs proches parents, et affecterait même la qualité de leur savoir et sa
préservation. Il n’est donc pas question de mécontenter les « génies ». Si le
client tient toujours à consulter de tels devins, il lui faudra alors s’armer de
patience et savoir attendre le moment favorable à cet effet qui dépend du
bon vouloir des « génies » et de leur permission pour le devin de pouvoir offi-
cier sans risque.

Toutes les techniques que j’ai répertoriées, ailleurs et ici, s’élaborent pour la
plupart à partir de substrats concrets pour dévoiler des signes matériels ou
immatériels ouvrant des perspectives et des directions de sens qu’il faut sans
cesse réinterpréter en fonction de tels ou tels facteurs. Parfois, c’est le client
lui-même qui introduit certains détails, même à son insu, qui guide le devin
pour réorienter et alimenter l’interprétation du devin.

Les signes en tant que tels sont ici des symboles qui ne tiennent point leur
valeur d’eux-mêmes, mais de quelque chose d’autre dont ils sont le renvoi, le
rappel, dont le sens viendrait au jour dans la parole du devin. Le signe divina-

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La divination par le sable Première partie Divination par le sable (ramlu)

toire signifie un étant passé, présent et/ou futur en prenant sens et contenu
dans l’interprétation qui le fonde et le justifie.

La pratique divinatoire est au plus haut niveau une herméneutique, autre-


ment dit un déchiffrement et une interprétation symboliques. Le signe divina-
toire, entendu comme figure symbolique, est vivant et non figé parce
qu’ouvrant un sens ou plutôt une direction de sens au-delà de laquelle une
possibilité est offerte au devin de diriger son client dans un vécu, selon des
choix jugés plus conformes à la situation et à la demande du client. Le propre
d’un tel signe, qui est symbole, est de conduire à son propre dépassement en
s’y outrepassant. Le signe qui fait voir est aussi gros de savoir. Le signe divina-
toire s’informe dans un savoir-voir et un faire-voir.

Les signes sont considérés comme des paroles du destin dont le devin est,
parce qu’il en est aussi le déchiffreur, le diseur. Le destin, à en croire les Grecs,
gouverne tout et serait même au-dessus des dieux. L’art divinatoire ne
prétend-il pas pouvoir en rendre compte à travers des signes dont le déchif-
frement témoigne que les hommes peuvent en maîtriser la réalité et en
découvrir le sens ?

Le devin est celui qui découvre à la présence, c’est-à-dire fait apparaître en les
mettant au jour, les faits du passé, du présent et ceux, scellés, du futur. Il
montre ainsi qu’il est possible de surmonter ce qui, pour les hommes,
demeure enveloppé et indifférencié dans le sceau de l’impénétrable.

Le destin de tout homme, de n’importe quel être humain, peut, disent les
devins, être dévoilé dans les signes qui sont parlants de tout. C’est pourquoi
avant de commencer la divination, il est d’usage pour le devin de tracer ou
d’écrire le nom du premier être humain, Adam, pour signifier ainsi que tout

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La divination par le sable Première partie Divination par le sable (ramlu)

homme est concerné et peut faire objet de divination. L’archétype de l’être


humain auquel le devin fait référence témoigne que tout ce qui est humain
peut être pris en compte par et dans la divination.

Le devin est le diseur des choses cachées, le découvreur du destin dont les
signes, dans le jeu divinatoire, se révèlent comme sens aux hommes, en leur
découvrant, même encore voilé dans une forme symbolique, ce qui a trait à ce
que leur réserve l’avenir. Un tel pouvoir est hors du commun. Cicéron écrit :
« Les Stoïciens déclarent que nul autre que le sage ne peut être devin.
Chrysippe définit ainsi la divination en ces termes : La capacité de connaître,
de voir et d’interpréter les signes par lesquels les dieux manifestent leur
volonté aux hommes. Sa fonction est de discerner par avance quelles sont les
intentions des dieux à l’égard des hommes, ce qu’ils attendent d’eux,
comment on pourra les satisfaire et les rendre propices » (Ciceron s.d. : 235).

Avec la divination, nous sommes dans le monde des signes, mais de signes
particuliers. Le signe peut être compris de deux manières différentes :
d’abord, comme produit, c’est-à-dire de ce qui est offert au regard et de ce
qui est manifesté comme provenant ou issu de... et, ensuite, comme représen-
tation, dans le sens de tenir la place de..., tenir lieu du sens de..., c’est-à-dire
de cela précisément dont le signe se fait le signe, le représentant.

Dans le premier cas, où le signe est produit, le signe est compris comme réfé-
rence ou reflet d’une cause qui permet de le justifier en tant que tel, et alors il
est plus signifié qu’il n’est signifiant, plus indicateur de sens qu’il n’est produc-
teur de sens. Il est alors non un signifiant mais un signifié. C’est le cas où le
signe est pris, à l’exemple du langage médical, comme symptôme où il est un
indicatif, un référent, autrement dit il est le produit d’une cause qui le fait

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La divination par le sable Première partie Divination par le sable (ramlu)

apparaître tel qu’il est. Ce sens du signe est passif et second, induit et, dirais-
je, conséquenciel.

Dans le deuxième cas, où le signe est représentation, il est pris dans le sens
d’un signifiant. Il est, en lui-même, ouverture au sens et ouverture de sens,
parce que se recueillant dans le sens, dans une direction de sens qui le fonde.
Nous avons, ici, s’agissant des signes divinatoires, que je vais examiner et qui
relèvent de cette seconde acception, ce qu’il faut et convient précisément
d’appeler des symboles ou des figures ou images symboliques, ce qui revient
au même. Ce sens du signe est actif, créatif, et un tel signe, parce que produc-
teur de sens, est dynamique et originaire comme l’est le symbole.

Ces signes-symboles opèrent comme des formes, parce que conduisant à la


représentation de sens multiples et variés que l’officiant – le devin, le mara-
bout, l’onirocritique – tend, par son interprétation, à valider et à fonder dans
un vécu que lui suggère la structure des signes, à savoir le jeu divinatoire.
Aucun signe divinatoire n’est figé au point d’être réduit dans une clôture de
sens qui seul serait déterminant pour le signifier ainsi que cela semble appa-
raître, par exemple, dans la divination chez les Moba qui utilisent « un paquet
de huit ficelles divinatrices, à l’extrémité desquelles sont attachés ou enfilés
un certain nombre d’objets symboliques [...]. À chaque jet de ficelle, la compo-
sition des gbani ne suppose qu’une seule explication, tous les anciens instruits
dans la science divinatoire sont à même d’interpréter de la même façon
l’arrangement des ficelles. Ces arrangements sont classiques. Il n’y a jamais
aucune difficulté d’interprétation » (Sournin 1947 : 16).

Une telle rigidité des signes dépossédés de leur dynamisme symbolique


conduit forcément à une interprétation mécaniste, somme toute consen-
suelle, car à chaque signe est affecté un sens qui est codifié et sclérosé par la

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La divination par le sable Première partie Divination par le sable (ramlu)

tradition. Là nous avons des signes et non des symboles. L’univers figé des
signes s’oppose au monde ouvert des symboles.

Une technique de divination par les lacets, assez proche de celle des Moba,
existe aussi chez les Baoulé qui utilisent « neuf lacets de cuir, chacun de 25
centimètres de longueur, auxquels sont enfilés divers pendentifs minuscules »
(Holas 1948 : 33). Il faut savoir que, s’agissant des signes utilisés dans la
géomancie que j’étudie ici, l’interprétation, contrairement au système moba
précédemment décrit, n’est jamais la même pour tous et tout le temps, car un
nombre infini de nuances et de possibilités de sens peut toujours être intro-
duit sans trahir le thème générique auquel le signe se rattache.

Jamais aucun signe dans un jeu divinatoire, parce que s’informant dans la
réalité du symbole, n’est d’avance figé et sclérosé de manière à ne traduire
que le même sens pour tous. C’est le jeu, la distribution géométrique des
signes se constituant comme une unité symbolique structurée, qui oeuvre en
tant que forme, mais du genre que l’Art crée, et qui donne sens aux divers
signes comme symboles du Destin. Le signe se produit à son propre jour dans
la parole interprétative du devin qu’il informe. C’est dire que le signe ne
devient parole et n’a sens qu’en s’interprétant, que fécondé dans un dialogue
qu’il conditionne et rémunère. « Toujours, écrit Henri Focillon, nous serons
tentés de chercher à la forme un autre sens qu’elle-même et de confondre la
notion de forme avec celle d’image, qui implique la représentation d’un
objet, et surtout avec celle de signe. Le signe signifie, alors que la forme se
signifie » (Focillon 1970 : 4).

Dans cet ouvrage, quand je parle de signe divinatoire, je n’entends pas dire
autre chose que figure symbolique en tant que forme qui, tout en s’imposant
d’elle-même telle qu’elle apparaît au devin, n’en est pas moins grosse de tout

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