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MEMORIÆ SEMPITERN/Ë
vuu cr.. MARCI PERAOHON
in Suprcmo Scnatu Cau ſidíci, Wi poſt eja
raram ſinccrè hærcſim in que. narus fucrat, dc'
Rclígîonc ac Líccrís bene mcricus dum vîvcà
rc: s moricns Bíbliothccam Lugd. Coll. S SJ
Trin. Soc. ] E S U annuo Ccnſu locuplctavii:
Ex Cmſn anni r 71:9 —!l
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,P- Draw” Jëuzlp —*
'dem-md _ et qu; avoit arte' paru" .ru.r- /zg/ raye Je 62 4112.: en H52 .
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ST BERNARD
PREMIER ABBE'.
DE CLAI R-VARUX,
PERE ET DOCTEUR
D E L' E G L I S E~
A PARIS,
=Chcz JEAN DE NULLY, ruë S. Iæícques, äſlmaga
Saint Pierre.
~ M. D c c [ſi V.
DE BOURGOGNE.
n, ñi.»-_
ONSEIGNEUR; ~
1 -_—
1H \
'\
MONSEEGNEUR,
P ;R E F A C E.
ceurs de
loux de lalaretraite. Le l'Egliſe,
gloire deſſ Demon enſuite,
ſeme la di
Ëeï Viſion parmi ſes enfans , le Scniſme la de—
1…_ ſole pendant plus de dix annees, 8C n'eſt
détruit que par un zelé Deffenieur de l'u
-—ñ~—v- rv-v
nité, qui fait ce que les Papes &L les Em—
pereurs n'ont pû faire. A peine le flambeau
dc la diſcorde eſt-il éteint, que Fhéreſie le
Ainzmd 5c rallume, 8C la Philoſophie orgueilleuſe tâ
fflÿgrïſéff che en France de ſoumettre aux ſubti
litez de la dialectique les principaux dog
mes dela Foy. Enfin la Religion attaquée
dans les lieuxde ſon Origine, appelleàſon
ä-a Croiſi. ſecours les Fidelles de]’Occident, qui trañ
° verſent de vaſtes contrées à l'ombre de la»
Croix de _I E S u S-C H R15 T,pour aller com
battre les ennemis de ſon Empire, 8c de
Trahiſon Viennent cependant des Victimes que leurs
ÊÈÏIËÎËÈÆ_ propres _Alliezl unmolent à leur jalouſie.
;ËÃËIÏÎ __ Ces (ÎJYÇFS cvenemens quant1t^e d au
nople_ ñ * tres auſſi mémorables , ne ſont paroitreſur
la ſcéne que des Acteurs illuſtres. Les Son
verains Pontifes 8c les Rois, les Evêques
8C les Princegles
Pécheurs grands Saints
5 tous agiſſent, tous 8cſeles grands
remuencſſ
pour les interêts ou de l’Egliſe, ou de la
politique , ou des paſſions.
_Mais quel contraſte dans les caractéres
P R E F A C EI
.de ces perſonnes 2 On voit un même fiom- s. Bernard
me être tout à la ſois 8C Solitaire 8C Mi
niſizre d'Etat 3 cultiver* les vertus dans le De
ſert, 8c négocier les affaires à la Cour. On GcſaſdEvè_
voit un Prelat accablé du poids des années qu=ld'ſ^n~
.que ſavarice &c Yambition devorent, 6c gſſſiſſmſſſi
rendent auprés d’un Prince le ſauteur de
lïſincontinence 8c de Fimpiete'. Un Chef Pierre . de
d'O :dre Plein _de tendreſſe pour ſes Enfſiansſ, 61W'
mais qui :fentre point dans leurs reſſenti
mens malſondez, 6c qui des objets de leurs
averſions fait ſes plus chers 8c ſes plus par
faits amis. Un Moine qui revoltgla Puiſ- Arnaud da
.ſance Seculiére contre Pautorite' des Papes Bœſœ'
8c de YEglife, 8c veut rétablir dans la Ca…
Pitale du Chriſtianiſme, les Loix de la do
mination
tueux qſſuiPayenne. Un Philoſophe
devient pour les eſprits volup-
abuſez Abailard.
ſoracl-e ,de la Théologie. Une femme qui Héloïſe.
,dans les pratiques 8L ſous le voile même
.de la Pénitenee, juſtifie ſes 'égaremens paſ
ſez , 6c nourrit encore les fureurs de ſes an
ciennes amours. Un ſimple Religieux que :Eugene z
les Cardinaux , à leur' excluſion , élevenc
euzbmêmes ſur leurs teſtes, 6c qui, ſans
artnet' pour _luy les. Princes, ſans exciterla
guerre entre les-différentes nationsgôè Preſ
;que noüjoursexilé de Rome, T6313” ſous
e l)
P R E F' A C- E."
l'obéiſſance du Saint-Siège toutesles Villes»
ôC tous les Domaines que ſes Prédeceſſeurñs».
avoient laiſſé prendre. -_
ñ A l'égard des ſentimens ,— on-çomprendï.
bien,ſans qu'il ſoit beſoin d'en citer d'exclu
ples , que des caracteres de cette nature doiv
'V6115 en produire de grands 8c de rares.
. Mais quoique ces objets ſoient capables
. - ñdTatEacher aſſez par eux-lnêlnes , on peut
encore ajoûter que les temps où vivoit laine»,
Bernardzle trouvent éloignez des nôcres<
d'une diſtance qui contribue' beaucoup à:
- l'agrément 6c à la liberté de Phiſtoire.
(Hand il faut tranſporter l'eſprit du Leo
teur juſques dans l'antiquité la plus reculée;
ileſt peu ſenſible àdes évenemens trop cone
fus, &ſouvent appuyez ſur des traditions .
obſcures ou mal ſuivies. (Hand d'ailleurs
les faits qu’on rapporte touchentde ſi prés
aux hommes du -ſiécle courant, que pour».
ainſi dire , ils en ont été les témoins, diver..
ſes précautions gênent lÎI-Iiſtorienñ, 8c ſoie
pour ménager les autres, ou pour ſe iné
nager luy-méme, ilſac-tifie quelquefois aux
conjonctures preſentes les plus belles veriñ
tezde ſon ſujet. Mais icy rien de ſemblable
n'eſt àïcraindreizaSaint Bernard paroit dans
un_ juſte éloignement', pour quon .puiſſe
~|
-z
L
‘ P R~"E’F’A~C, EFI
jugëe-r ſans erreur de ce qui le regarde, y'
prendre
quent le part
dire ſaſans prévention , 8c par con-ſe
nSſi déguiſement. . _.
_ De plus (Z14 Vie nſc peut* êtrcindiffcrentc à
des Chrétiens. Cſieſt un Pcrcôc un-Docteut-'í
de ſſigliiſies 8C' cesdeux 'nomsï lui con-vien.
nent en tous ſens. L’Egliſe appelle Docteurs P1455"
ceux- dont elle, reçoit làñ dóctrifieëpar:uneïſaiîäâſſſiſi
approbation publique 5c… générale
cout quand ellc_.t’zfl~reponnóîc—_ñlaï -,— . ſur—.-g?°;g;;f;'_
ſainteté.: ' ſi
Elle-appelle Peres ceux que Hanſen-lement.
leur ſcience , leur ancienneté ,lcÇurSzve-rtus,
rendent;'recommàndabiesr ~,‘ : mlaiszrdont -la
Theqlogie eſt plus àdppuÿé-c ſurziP-Ecíriture»
'.55 ſur. ÿla— Tradition, queſu-r les; preuves de
ljécolc.- Ainſi-l'on peut -donñndrxle-_nom de.: ._ n!
Docteurs aux- Saints ,ñqui- par Leur dqctrinczïgïïil”
ſon; devenus _CélÊbJÎÊÃJdîÃÜGËÀÏßÏÉS' Leur?
rnozrt; [mais -le- nqm de -Pcnsùrfèſt ättiibhéæ
ÂFŸÇÏFZCUX-que; leur autorité
\lis lsprzg-tc-,Jnpszte-.nd- rdconnuëëdcñ.
\acnerablcts 528c ſiçlonb
à Fnanicrïñſiñdï.ÛÃÊßÊFLIŸSÔÂQËJÏIËHASHÎŒ-RÏÔYIÏŸ;
gioh Êſt élfligfléfl'dQS-&Lîaíſbnlfflmenÿ Pfiilçïëx
ſêP-híques.. &Bernard azlnerit-élä-ÎÛXSL F2111-
l
!ÎËÊ-\iîſôx Alexandre;
ŒÃŸIŸ-ä-JÏÆMCÎÏC ÏIJLÏ .lui tio-nmzlæpróp
qu'il -eélebäarpóſiuizſi ſa! íœnO-E- V” eſt. l
miſatipri lqrÿqu-'ilzyzlutflîÿarggilefdts- Docí- terra Ï'
ïî-Cuſsv En Izrzhocqnc--J Lhlui confifltnc- 519i”
P R E F AC E—.
quemment cet éloge dans la collecte quïl
Dofíorcgre- illuſtre.
3m"
compola pourlui, où
ſi
ilſappelle un Docteur
Sa qualité de Pere de FEgIÎſea des fon-ſi
demens auſſi-ſolides. On peut juger de la
7 pénétration de ſes lumieres dans les choſes
30.31. ſurnaturelles par deux Sermons ſur les Can
ſi tiques où il parle de l'image de Dieu telle
'qu'elle eſtdanslc Verbe 6c dans l'ame rai_
íonnable, ô: dela ſimplicité de .l'eſſence divi.
ne avec-tant. de profondeur &de convenan
ce que-perſonne , ni avant , niaprés lui, n'a
mieux traité ce ſujet. On doit dire la même
choſede lañmaniereadmirable dont il s'expli
que dans ſa Lettre 190. au Pape Innocent II.
ſur le meritein-fini des _ſouffrances dejeſus
Chriſt pour nous. Onvoit-dahs ſes livres de
_la-.Conſideïation quelle-connoiſſanceilavoit
dela diſciplineôzdeſſs canons eccleſiaſtiques,
ê: il y _confirme _ſolidcmen-tcette ſentence
.du grand S-*LÛOII p, -queie meritdble amomſ
.deïldſînſticcſſ—râñtienr .roulés lesautorítczl apoſtaz
,liquex , 'C9' toute: lé: [aix de: canons.
xablll. ~ On ſçait' que _tous ſes écrits ne reſpirent
.Ibid, —. .que lelangagie du Eſprit, &témoignent
_ i _jen mille' ,endroits combien il étoit verſé
ſi dansſila ſcienceñdesEcritures. Ce n’eſt p—ro—
premene ſſquÎun ,tiſſu ,de paroles détachées
___-._———~——————rí
P R E F A C E.
de l'ancien 8c du nouveau Teſtament ,mais
dont il a ſ1 delicatement enrichi ſes ouvra
_ Ëeriesîlenchâflcttîeî
es, u’elles y aroiſſent
dans leurcomme des ier
lieu naturei);
11a
Pour Parlôſ
z que Pour ccſlſe
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_ais “ſa ut Cepend
Ëturelu [ÀÛSÏU avec Cÿlnmcniillclgſÿîr,
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couïsñexrr agîſſc divi ublllnſſlté dua taitb»
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Co -la qu'il ſagit demon c' ſon Hiſte des”
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FÃVO , &Üuiíl ‘ ernaïd d-Boſoifinc es'
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mfflgna mîïïtprëvc “îfflënue dîë ſ°n hf"
31 dſie flag: Peſtſuſpcäus Pouſñlufflſlſczpcuſi
"e 'fle' ', dg, l, ’ ſ
'choſe ,’ ſi cesPRE
petitesFAC
concurrentes la fai;
ſoient tomber 8C le Héros n'eſt gueres ilñ
luſtre quand ſa gloire eſt obſcurcie au :noim
dreñ trait dŸun parallele. _
R-ien ne décredite plus une hiſtoire que'
les apologies quŸon y fait entrer. Pourquoy
juſtifier avec tant de ſoin des foibleſſes
- inévitables-à la condition humaine, ôc q—ui
ſe trouvent abſorbées dans un torrent de
vertus héroïques? Ainſi je laiſſe au Lecteur
laliberté de juger ſur ce' qu'il voit , 8c je
ne gêne poin-t ſacréance-;Jîay même inſeré
tres peu” de miracles. jamais peut-ñêt-re il n'y
cut. de Saint dont on enſcache un- ſiï grand'.
nombre ,a &c qui ſoient confirmez par des.
au toritez' plus reſpect-ablcS-aprés [Écriture,
mais ,. outre qu'ils. Ont'- été déja' raportez;
tres exactement dans des- recuëils particuë
licrs ,cela neutre. point dans mon deſſein;
Ie me ſuis préciſement. propoſé de ſuivre,
S.. Bernard dans les ſentiers de l'a jnſtce,
Où la: grace' l'a conduit. Sa'. vie eſt aſſez Fe
condëe en évenemens extraordinaires pour
exciter' l'admiration ,.ñ ſans recourir- aux:
prbdigcs ſurnaturels. Fay crû que de cette:
manière on démêler-oit mieux- ſes exem
ples ,ôc que Pimitation errïparoîtroit moins;
.
llen lux-même ainſi dansum
PREFACEIct
ct5*ſſM²“i“‘ diſcours où il fait l'éloge d'un -grand Tau
maturge de nôtre France. Il dir que ceux
.Ad mm_ devant qui l'on expoſe ,toutes les actions
p… demi; aſſis
ctſ‘4“""d‘ſi“ d’un àSaint., ſontd’un
la table comme autant
Riche, de pauvres
qu’il leur eſt
.Edzmtpau- \ _ l _ _
rem. Díſ- a la VCſltC permis de prendre les alimens
terne inter
_,,—,r,,,ó.v,ſ, qu'on leur preſente, mais non d'enlever les
ſaîſifëîÿzetff; vaſes qui les/contiennent. Enſuite il paſſe
com…
”‘"’ ‘ſi”“' ſed -racles
avec rapidite
qu’il ſe ſur
hâteundenombre
reſſerrerinfini de mi
en deux li
* _gnes,, &Ê qu’il regarde ſelon ſa comparaiſon
comme des vaíes precieux dont on peut
Ëernäaqflde admirer la ricbeſſe de la matiere, 8c. la
nju_ n_ ſ3*: delicateſſe de [ouvrage , mais qui ſont 1n
capablñes de nourrir le cœur. Nali i” bi;
.guard-re ſaporengſtd mirare ſplendorcm.
Quelques perſonnes m'ont repreſente
.que ſaurois du mettre à la fin de cette hi-z
:ſtoire, un livre particulier qui fitcon-noî
tre en détail, 8c par diviſions , 'les Vertus
de S. B-ernaid, ſa foy,ſa charité ,ſon ail
ſteritè, ſa ſerveur , ſon eſprit en .un mot
( ſelon la commune façon de parler. )Mais
.il m’a ſemblé que cela ſe diſtinguoit plus ,
ôc ſe ſaiſoit beaucoup mieux ſentir dans
le cours de la narration , que dans un ex
trait ſepare'. Comme pluſieurs particulari
\
«rez concourent a former le caractere
précis dſſ.’une'PREFKCL
action de vert.u, le lieu,zle tems,
la diſpoſition… preſente , 8L de celui qui la.
fait, 8L de* ceux qui. peuvent y avoir rap- _
port: de même afinque ceux qu’on en 1n——
ſtruit ,en ſoient autant. frappezquïls peu-
vent l'être ,. il faut que ces circonſtances-
ſoient raſſemblées. Lt de-là, vient que dans
un recit detaché du corps de l'ouvrage ,..,
ces peinturesiſont plus la même. force , ni…
les mêmes graces 5 car ou l'on repete des.
choſes qubnavoitdéja-dites, ou l'on ajoû-ñ
te horsñde place celles qu'il auroit- fallu dire-ï
ailleurs. Les Hiſtoriens ſacrez , ni les an
ciens Auteurs Eccleſiaſtiques n'ont point…
tenu cetteco nduiteJamaiS. ils ne manquent
à revêtir un fait dCCC qui montre mieux
la perſonne; 8L peignent toûjours en mê-x
me temps ,SL les dehors de l'action,8L lesñ
ſentimens qui la qualifient', ſans nous ren
V-oyer a rés.cela qui
apprendyre fin de l'hiſtoire,
m'intereſſe pour
plus. Ie nous
ſçay
LA VIE
zx ;:1 muni kcëïfà,
5.-- \. nf»,
LIVRE PREMIER.
_LIVRE PREMEERI 3
Îſeils des Princes , puriſie les negotiations de
leurs —Miniſtrcs , ôc brille avec éclat dans tous
les grands évenemens de ſon ſiecle.
Saint Bernard nâquit à Fontaines , petit bourg H
.à une demi lieüe de Dijon dans le Duché de l
Bourgogne.- ſon pere S ’appelloit' Teſcelin
~ .‘ 6c ſa me._ f: àïoaèlcäzccäc
ir ,
re Alerte. (Lielques Hiſtoriens modernes ont vou- ſon origine ,
'lu leur faire une gcnealogie celebre , 8c preten- lſfsmïſiïïff,
dent que Teſcelin deſcendoitdes Ducs de Bourgoñ “î “Pl”
gne , 8c Alerte des Rois de Portugal: mais Guillau
me Abbé de ſaint Thierry 8c Alain Evêque d'Au
xerre n’en parlent point, quoy qu'ils nſoublient
rien de ce qui peut relever aint Bernard , 8c ils ſe
contentent de nous declarer que ſes parensétoient
des plus riches 8c des plus qualiſiez du païs. Les Au
teurs qui ont le plus exactement écrit de la no
bleſſe de ſes Ancêtres, nous aprennent que Teſce
lin ſortoit de la maiſon des Comtes de Châtillon ,
ñôc Alerte de la maiſon de—Mombar.-C’en eſt aſſez
pour rendre illuſtre leur origine, ſans remonter
a des ſources plus brillantes , mais qu'on neicon..
duit juſqu'à nôtre Saint que par des routes incon
nuës. Ce qui eſt conſtant c'eſt que les manières
nobles 8c polies qu'il conſerva toûjours dans le
Cloître oû il entra , ſans preſque avoir paru dans
le monde, ne peuvent satribuer qu’à une belle
éducation 8c au ſoin que l'on prit de cultiverha
bilement ſes inclinations heureuſes.
Les emplois que ſon pere avoit dans les Con- W”- 'ü- 5'
ſeils 8c dans les Armées du Prince 8c les occupa- Tb'
A ij
4 LAv1E DE S. BERNARD.
A M1091' tions domeſtiques de ſa mere,ne les empêeherent
\
ny l'un, ny l'autre de S’atracher fidellement a
Dieu. La magnificence avec laquelle ils em
ployoient leurs biens au ſoulagement des pau
vres, leur fit une reputation dont la gloire Hate
aſſez rarement les perſonnes élevées z 8c chacun
d_ans la province les reconnoiſſoi-t pour la reſſour
ce 6c pour l'azile de tous les miſérables. _
!l'em D’heureux préſages précederent la naiſſance de'
z_ Bernard. Sa mere eut un ſonge miſterieux que ſad
pieté attentive ne negligea point; elle conſulta
les Saints du Seigneur , &t ce qu'on luy predit de
l'enfant à qui elle devoitbien-toſt donner le jour
la rendit dans la ſuite encore plus vigilance ſur
ſon éducation.
en eut De ſeptnbfrit
pas un. qu'elle enſans qu’elle
â Dieu déseut , ilvint
lqu’il \ſy
ajoûta-t
ſon frere,-il en ien-toſt
5. voir ortant lapercer
main cet
ſur endrdſſit
le côté par
de
—~—n—~ñI-—1—
LA VctI Eſi DſiE S. BERNARD'.
.Z0
>-—1ï———~—
~2.-2. 'LA VIE DES. BERNARD.
A N. luz.
nace' depuis prés d'un an. Perdre cinq enſans en
un jour , 8c aprés .auoir vû ſa maiſon toute éclai
rée de leurs vertus , la voir ſoudainement privée
même de leurs perſonnes, Voir tous ſes apuis tom—
.ber , &toutes les eſperances pour ſa poſterité ſe
Pleädrïcdc reduire au ſeul fils qui luy reſtoit , c'était plus
i ſi ſiſi ſideiſiſ óſi dſ e ſa qu'il n'en ſalloit pour abatre le courage d’un.—hom
ËÃÏÃÏJÏÎÏJÏQÎ me déja courbélous le poids de ſes années. A leur
“F” "°’"- entrée l'appareil de cet adieu luy ſaiſit le cœur .;
.il jetta ſur eux des yeux reſque éteints, ſa voix
ſe erdit , 8c toute ſa perämne demeura dans une
déſæiillance univerſelle. Cependant Humbelinc
dont la douleur étoit ou lus courageuſe ou . lus
impatiente, fit retentit ſes .plaintes contre (iiint
Bernard qui l'avoir toûjours aimée plus que tous
ſes ſreres -, elle luy dit que s'étant plus appuyée
.ſur luy que ſur aucun autr elle étoit ſurpriſe
qu'il devint la cauſe de tous S malheurs Où elle
alloit être abandonnée; qu'il jugeait bien qu'
.aprés avoir perdu leur mere , elle ſe trouvoit at
tachée par devoir auprés d'un pere déja vieux 6c
-deſtitué de toute compagnie 8c de tout ſecours,
jgfdŸfflfflî' à la reſerve d'un enfant; que tout ce qu'il y avoit
dans leur famille de meilleur 8c de plus propre
au gouvernement des affaires s'alloit enſevelir
dansplus
les la ſoibles
ſolitudereſtoienſit
, tandis dans
que les moins ,ôc
le monde habiles
qu'en8c
fin elle les ſuivroit volontiers ſi Dieu le lui inſ
piroit , mais qu'après tout quand même elle en
auroit la force &c la grace , elle croyoit devoir
LIVRE PREMIER. zz mn
,p--Uñ
:32, LA VIE ſſDE S. BERNARD. '
L' A N
héroïques de ſes Religieux; mais plus ils conſo-I
loient ſa ferveur , plus il saffligeoit de voir ſon
p 111,.
troupeau ne .pas s'aècr_oître. Car outre 'les ravages
ñque cauſa dans le Monaſtere une maladie qui s'é
toit répandue dans le païs,l'auſterité de cette vie
-effrayoit tout le monde ,Ge perſonne n'oſoit S'en
gager en des exercices de penitence qui faiſoient
emir la nature:- Etienne en gemiſſoit devant
Dieu, 6c néanmoins eſperoit toûjours que ſa miſe.
.ricorde multiplieroit le nombre de ſes ſerviteurs.
r'X11-
ſiA é: d: Un jour qu'il prioit_ avec encore :plus d'ar—
ſainiiïvcmard deur pour la fécondité de ſon Monaſtere , Ber
âCîreaur avec
_Muc Puſh…. nard y arriva à la tête de trente Gentils-hommes
qu'il avoit convertis. Le ſaint Abbé 8c les Reli
gieux les receurent avec des tranſports de joye.
Ils admiroient en eux tant de qualitez brillantes
u’ils ſacrifioient aux biens éternels, 8c aplaudiſ
ſizient à leur réſolution &à leur courage. Eſtien
z-ne en rendit à Dieu mille actions de graces. Il
ranima la confiance de ſes freres, 8c ſit entrer ſes
nouveaux diſciples dans les routes de la vie peni
tente 6c laborieuſe qu'ils embraſſoient de ſi bon
cœur. Tous furent admis au novitiat, à la reſer
:fſz-'Ÿîff-"ffl ve d'un parent de ſaint Bernard nommé Robert
qu'on ne receut qu'au bout de deux ans a cauſe
de ſa trop grande jeuneſſe , 8c dont nous parlerons
ailleurs. ’
Dés que Cîteaux eut fait une acquiſition ſi glo
rieuſe le bruit s'en répandit dans la Province , 8e
pluſieurs autres animez par ce grand exemple ,
_vmrent
LIVRE PREMIER.. zz
vinrent rier Eſtienne de les admettre au nom ._’___.,
L A u
bre de es diſciples. Plus le ſaint »Abbé les voyoit 1H1.
ſe multiplier , plus ſon cœur ſe dilatoit; mais Fée
«troite enceinte de Cîteaux commençait à l’inquie—
ter. Comme il voyoit que ſon deſert peu aupa
ravant à la veille d'être ſans habitant ne ſeroit
bien-coſt plus aſſez vaſte our les contenir ,ilcrut
qu’il étoit à propos de fgrmer des colonies , 6c
queſpour ne pas refiiſer ceux qui viendraient ſe
con acrer -a Dieu 'entre ſes mains , il devoir en
voyer des détachemens de ces hommes celeſtes
dans d'autres endroitspû ils deviendroient un ſ e
.de
ctacle
l'empire
au monde
de Ieſusñchriſt.
, 8c contribueroient à Yéten
Ma irig. 4B5
Il en confera avec ſes Religieux, 8c leur pro 1113-,
poſa ſa penſée ;car jamais ,, dit un Auteur , il ne
~ determinoit rien ſans …leur en parler, perſuadé que
.c'eſt .une .erreur _d'entrer l'obéiſſance dans les ſi.
balternesñjulquä. leur interdire la liberté d'expoſer
leurs ſentimens , 8c d'en exiger une ſoumiſſion
molle 8c ſerwileſous le nom de reſignation par
faire. Ainſi ces Solitaires, quoique diſpoſez à ſui
-vre toutes les volontez de leur Superieur, ne héſi
toient point à luy declarer ce qu'ils penſoient ſur les
affaires de leur maiſon , quand il les entretenoit;
Pluſieurs Monaſtere
nouveau furent d'avis
, onqu'avant
attendît que d'établir
que les un
Novicesſſ
euſſent achevé leur année dépreuve, 8c qu'on les
eût engagez par des vœuX-,car ils ajoûtoient qu'on
.ïuſoit en vain .travaillé, ſi .aprés l'année de leur
E
,4 LA WËEÏDËI SI <1; ERNÎÆR DL'
la" A N1
NouitiateilsSienrallozieknivélueïiesl »ineſuqesrprſſes
Pourcel-p ëizabliïſſemeneſeau Heures-aientffihntilesg
115;; quiilsxlewiendxædictemileumépsifl &ela fablièCziel-'tou
laœrovihítegaîefflquïmfirteesaïäwäeälm
ayant pour dieiqierinrſſicogil yläuwiiíchî'R611'
~ clréï
tionsi :formes Eèsckdkxtctiieufltſifà Bei :envbjemioias
dm germer-neutron tlŒqLeÏnQSqÏl-älïszlſſffigflrîdoiîenä
nous mmriœbleuſſt* port-Mei czixrnuederpligne fixóeefl
Eurnf-Aiberjcñ-&tuie ,Roberuífiaurres
ne :ſailoie Lpäs raiſoxmecſſſſñl cmrentäçpfiil
ſm'. l'es :œufiàrésïde
ſelñrfl les regleœdeælwſpmdence&Humain-e ôs-'diz
rent ,querBei-iiard; 8e' essc~nsÎayant
a a Teſté?
accordez' aumprieresi-deîleur-ë 'î ,z n'y aveîe
nulle apparence quïlí. allafſeni; äptÿésülſeuiô
&A 'Euh 'ï H
annéeisiïépweurejîqueî de.. r .us ÿ, puis# qu'ils s’é;
-~<“— ;.1 eurent_ éprmivezdans lez-Eee" pendanuïunecaùcttrq
annéezon--ne devoir: pas les Zangar-der. eeimare deb '
gehszpeu-ſtsbics.&zſansexperiencerdansleærvoyesë
du' &Im ; quîiiy 'enavoiepærmieuærï-píufieursdas-AJ
ſezzëelaireä pourou*
&Ïçqflefifîflkëtqùt eonduire 'deïâouveiles maiſons?)
Îils.ſeraient/Etienne: lente-liſier:
\tiroir de' Pere, 8L',quîibétendroit-ſaswigilanëceifiiâ
cEs-;differŒti-:shabitations, Sr* *m* Î ï >Î TV
;zz-Earl drrnierxó-.ſentiment ſur Iezuplus &agreable au?
&innhbbé ;s comme le- lus.rectñmpli~*de
i
ein-xDieu» ; ainfilîorrreſoggt qu'on Îcherèheroitëunſil
Cfldſoitct-propre faire' ce nduvel Ïéiablifiëmrent, &Il
quîlîtiennefemitzen, ?ſortes que ce dans laïmſiôëü
rneProszince que-Tia. proximité deslieux "PW ~
mieuzeñeoærlèmer líunieriï dansSles-cœuissù :ï ~ :-x-a
3 'î
.CLE IÀVÏ B; E Fi RRSÎEIMXIE E 3.3.1 d'5' p
ñJ-ËfivêqnùäeíäbälflflsiflëidfuüÎNÊTÔÈËÊEÀÊJÆÎ-Æifiſa ſgſ-ríqg r».
~ſein,voulut y contribuer 8c 'retenir ſopkfiiſh' F…
EËŒHSEMOESMJLSÎËPÊÆLÔSEÏÆPÏHFÊSÈESÊÂIÎ* lfiiicvſſäecï;
txerfflridan; Gt. @ÃMÏHVSÇ ÙÆÜVÆHWJſ-Êíÿſsîidlçfi
1911s r, dnrisópifiugllarxmey qui» \iszloritigxgzssó '""" 'ſi
actroitſſëmeasniçdciïeausz and, 'Liílbulryl- …i351
duñ-\Fseészsqæzifirieræne-çusiagtesislËrëdzrsæztzgæzgn
-choi \rations-la Foreſt-g ſur 4633m# #Fila SSYEÊTÊid-S
GcDſiieiizpmMiÊzâci-YMnsiÇbaPsll-Ë.cid, Partie-Tizi!
sempësdiôaenſiæine;il-MienypyazdaiëzgMm PSM_
quels#- dsirxim ppiir-Snhbéziaçrtrapiÿ… chais”
díanr; gianzid-ſagciſeansëçr MflflôſicſâFEMME
mél-ÏFEÎSÎSÏDÔW.npatguerzqiïexskívqitzlfäpxsmiss gggjjï" ²"" ;
&EÔόΌÎIŸÛBÎ-…ÃQËFÎIÀHÏÏXYËLÔÏÃÏÏÎLDY;D ‘ ni ;iii nl) Guiæid”,
:-zzëÇFpsndanci Bernardiaaſſqirsläanfles #EFW;P99 T1-- ' ~
vitiär dïlfiffllflÿi Æqrzvssn éngïliquÊsi-W ,QQCHPS
dixſniffllaipiiïifleſ-slepluæs-Ën-Plusinſen-
dſififflfflctilſſambäîxſiëſÿflfifl-ËÎÃÆË ,REST 5C-SÎ
.ls-Elus lazare….
-HHÏÏDÏDBIÏ quelqucëfflasi dsiſsfflfflcffi nas*: F.
Leñwniazlîar-HM-mmplaiſanstzquizlezizcspitd ,_ ., …a ,…….
Ïçufflæ,&inefPl-lËfflieÎſiÏFêQhËrſſliæPlÃq-di-Ï TFÊHÛÎHË WW*
Ilxÿzdlſfliïîlihſ-ÿcï da, ,ÿeiÿÿx-qüîlfllïffl rcppxjiíàsëgssan "‘;‘,;‘;,î.’.'.‘27i
blez-imä-iejarprésleis-ajqirzlqikîztfizÿz SlSP-PBËPQËM ~' "
quÿçnzmémç. Ecimpzï-lçsi-Ëuiäpincæsñiäç. laigxzr-ÏF 'ÊFË
eeiicztrtzéeliiæſéesëdaqs ;ſon amfiíëäæil GYOJSÊPË.Thanx:
denaéiäæſeg 'prnpresófnibläſiiïsz du? Fæïñîgïmzl? ;Pêïh
ÂODËÉVÆDË-ÇË-“Eq Longs qiuïligaæxa-,dqnm
W113äeíkiafiicfaèrDxflflzffiſflEíſiŒldêíilfiffiklêikffi
aVÃËF-'xrîæilbliÿ stzïrîzinit éezparilaiiäsquslqsts; ;Fé-q
&noçszdësiclzoñsail maïs-zic pas glasózzrgïz_. ..e45
li
L1 Nſſ ze LA profanes
entretiens VIE DE. ques.fi BERNARD.
l'on eût parlé à d'eux
i—-, ó—dΗ.ó_.-_
-I
LIVRE
Abbé deëcette nouvellePREMIER. 37 Le A j,
colonie Hugues_ dſieMâñ
con , cet intime ami de ſaint Bernard. Oſiri- peut
m5',
juger de ſon merite ar ce choix z. puis qu'à. peine
avoit-il fait profeſſion quand Etienne Benvoya
avec douze Religieux' pour gouverner ce Mona
ſtére , qui fiit nommé Pontignjd
!Vf
_ La fecondité de Cîteaux continuant toûjours ffldfflgffl,
Etienne ſut obligé' l'année ſuivante de faire íffigjäjfifl
encore deux autres détachemens quii fondé;- MW-'q w
ren-t les Abbayes de Morictmond 6c de Cfairvaux; 'ſiſi
Un Prêtre nommé Jean' , qui vivoit en ſolid.
taire ſur les- confins de la Champagne 6c de laLor
raine dans un; endroit fort marécageux' 8c fort
' mal ſain, que des hommes n?avaient jamais haz»
bité , ſut inſpiré de travailler à# y établir des Reli
gieux de la nouvelle réforme qui déja commen'.
901:2» faire tant de bruit , 6c ſe erſuada qu'il ob
tiendroit ſans peine la permiſſibnï des Seignemtsï
du lieu; r
Les liberaliſſtez" des Princes 8c la' fiugalîté-ſſdſſes “Mii-nr
Moiiæs, dit un Auteur, rendaient' alors l'es fond ""'
dations du Monaſtére' plus fréquentes &plusïaiñ
ſées z 8cque.
terres, 'les lesuns étoient'
autres faciles
étoiectnt à donner'
ſoignzeuxſi des»
de' cultizſſ
ver ſans devenir à chargeaux peuples; _
Aprés que Jean' eut conféré de ſorrdeſſéin avec?
quelques? perſonnes qui ſaprouverene, il ?c
Cîteaux trouver Etienne 8c luy déclarer ſa pen:
ſée. Le ſaint Abbé I'examina , propoſa ſes!
cultez~,& s'étantfäitinſtruire ſite tÔuHdlüY dbmſë
ï
et ſi L ÂÏÃEÏWÙBÏÆ. BERNARD.
dË-!Wzîlçaſÿâ ſſflœfllfirfickäogſſaälableæîuni
.sligkw Haim( iulieùxl a
J53 ,ſilos
ÏÊB* ññæçóupgÿñſqruzdaseodzÿîzzmmfflœaefflr.
@palœlwflflôflfl Srignpin ïóîclrqiſtrfl JÏA'
Souk/L OuÆAigrouzpnn9qui1oogrſenïiD~
a ce qu'on ſouhaitÿiFſî-ôfirhâmezài donnqr .WEI
ſOÛÊqſdÊ prmlflctifinuäëimlæſëûæhsäaſhaixäflnffils
?ŸË---íffîï
331.,, t …Dh q"
iïisybo
_
ſoitfiôcJquhibſipoſalccoûjôuæiàäoä
, \ _ 2
M Ssflitairea-,rpecardaë;lekeaunonæflependaht bovin
"ſi ' Hades ätäna Hey-jc: r, Etienne aépnesj lédappdwïde
ſdsaſildeuzxnifieligifflrzx çnzeilvciyadauit
fnnflekiofilÿôäóÿwrdlnfihal pbunñAdDbéLArrnaud;
… 121-» -æ-.ñ -
~44t LA VIE DE S. B-ERNAÏRD
L; A N d'une extrême indigence 6c ſouvent réduits, dirï
' Alain d'Auxerre, à, ſe nourrir de feüillesde hè--z
tres qu'ils faiſaient cuire comme ils pouvoient.;
Ils ne mangeoient que du pain d'orge 8c de mil-e_
let, 6c -un Religieux. les étant venus voir. unï jour, .
aprés-avoir verſé bien' des larmes ſur leur miſere ,.
i-l en emporté. ſecretement un pain pour montrerd
a tout le monde ce que des hommegôc deshom
mes comme ceux-lïgprenoienït pour leur nourriâñï
ture.. Il leur étoit même impoſſible de senïprocu-ñ
ner un- autre par: le travail de leurs mains; la con-ſ
ſtruction de leur… maiſon., ſr pauvre qu'elle fût ,,
les _occupoitentierementz &t quand ils auroientî
pû enſemenſer quelques terres», elles ne pouvaient;
leur rendre aſſez promptement de quoy les ſou
lager dans leur extrémité preſſante. Enfin tous
fiembloit les conduire
Ce Religieux au déſeſpoir..
qui avoit emporté le”’ aiſin'
— def7-"
Odon- Abbé
de Clement
…z i Clajrvauxle ſit Voir ?t ſon Abbé', qui. ſi” telle-d'
ffſf"î"”" ment effrayé de la penitence de cesSOlitaires;
qu-'auffiaôt il leur' envoyer quelques. chariots de
vivres, quiformer
caſion. de les conſolérent
'avec cet 8cAbbé
leurſurentune oci:
charitablectund
'L liaiſon dîamitié qui dura tofijours. Ilsſſfiirerrtñ cn
eorc aſliſtez d'ailleurs : mais aprés que Dieu les-
eutéprouvez- ar les-ſouffrances de l'a vie ducorpsj,,
1 il voulut au 1 les faire par. les-peines de' l'eſprit:
Tenzſſcirlſdes ' Saint Bernard 'aqui les grands accroiſſement:
.o,
Ÿjffiafÿfam de _ ſon Ordre avoient
_ eſte, revelez
, p _ ſes.__
,; portoit.
won-e ſaint
Batnard.
Freres dans ſes-cxhortations a la perfection la plug
l .
*a
.ÎÆÎVÎRETTEÉMIEE, ‘ t' .zz
î__,___Î
haute. 'Comme ils ne eomprenoient pas bien; [l'a r”
quelquefois la- ſubl-imité de ſes diſcours, ils com-r m5,
mencerent ä- ſe perſuader qu'il étoitignorant dans* Glztſur* Mv.
prémun
les voyesde Dieu- , 8c par conſéquent peu. proprcñ_M,,,,,,,,,,é-;
au gouvernement de leurs ames… Le Saint qui?
rí-'avoit que trop de penchant à le croire, eeſï
ſa de les inſtruire comme' il avoit ſaitjuſquëalors,
8c ne leur parloir plus que' rarement 8c conſtat.
mément. ä--leur foibleilſie.- Sa- nouvelle conduite'
acheva de les accabler ;>85 corn-rue leur tentation!
eontreluy avoit cona-rr-iencé de les attaquer älŸocñ
caſion de l'état oùñleur pauvreté les redu-iſoit ,ils-î
craignirent de ſe. voir tous les jours en danger de?
perdre- la'- nourfiture ſpirituelle 8c. corporelle , 82.'
néſolurent entre eux de retourner ä- Cîteaux..
‘—'_ Bernard: ſut tres—affligé de les voir dans ceé
œnt-iinens, &f les. conjurer de vouloir tous enſem-ſ
ble, avant que de partir, offrir'- Zd Dieu leurs prier-es? ſi
pour connoître ſavoplonté. Tous ſe proſternerenufſſ
auſlſiutôt' pour luy obéir &pouſſerenc de ſecretÿ
gemiſſerrtens.. Pendant
pleurs 8c les ſoupirs ce…. penetctrerñent
dir-Saint ſilence: univerſel- des:
les cieuxz,
ê: ſoudainement une voixvint ſraper les oreilles- _
desaffiſtansñ par ces paroles: Bernard le-Uezóazous ,. p
'ÛËÎÏÔFTÏÛÎÛ eſt fxauſíhTous -ces-Mendes ſaiſis cſc-Icon?
nement 8c de frayeur ſ1ſie‘den1andoient— l'un. a l'air-e
tte en tremblant- ce qu'ils avaient entendit,- S6
eonſultoient'tumultueuſement leur Abbé-e Peut
êtr-erauroientñils encore' douté des ſecours# de la;
'proyiclepce- ſi laſuite nzelesefrſſt courait-fait raffiäz
,, 43s .LA VIE DE S. BERNARD.
L' A N rez-ç car dans le moment même deux hommes
1116,. .artiverent ,à -Clairvaux 6c apporterent deux ſom
mes d'argent ca ables de les affranchir entiere
ment de la miſgre. .Leur confiance en Dieu ſe
ranima, 6c leur ſoumiffion Pour Bernard ſe con
Hrma de .telle ſorte , que ,de-là .en ,avant rien ne
;fut capablede ſaffoiblir.
ñ Aprés ces temps de .déſolation ie Monaſtere
&changea de_ :face , 8e il commença à ſe peupler,
.Saint Bernard alloit quelquefois a Châlons viſiter
l'EvÊque pour Yentretenir des affaires .de ſon de
-ſert 8: pourproſiter de ſes lumieres. ,Sur la fin de_
L'année 1H5. il y fit un voyqge où i1 convertit plu-.
ſieurs perſonnes, tant Eccle iaſtiques que iaïques,
…qui ſe rendirent _a Clair-vaux. _avec luy. L'un d'en..
;re eux sappelloit Roger. Comme il étoit illuſtre
:par ,ſa naiſſance 6c par ſes talens ,ſon .exemple en
,toucha quantité d'autres, _qui vinrent ſe dépoüil
'ler aux pieds du Saint Abbé_ de leurs dignitez é:
de leu-rs emplois. Mais les peines qu'il prit a les
format-rfi la vertu _ôc- ſon d'attention ſur-luy
même le reduiſtrentà de dangereuſes extremitez.
arm”, , Depuis que* Bernard étoi-t entré à, Cîteaux, il
'Maladie de ñ 1 \ .
(Mu Barnett', avoit declare une guerre cruelle a ſa chair, é;
dés-île temps deſonnovitiat , ſon eſtomac deve
nu faible par le peu de nourriture qu'il prenait ,
dñigeroit preſque plus rien… Il vint donc à Clair
-sraux avec pluſieurs infirmité-z habituelles, 8c loin
;d'y ménager uen peu davantage ſa ſantcJ-ilſeſer..
ant de !Indépendante oû il ſe _trouva Poux-ae plus
-donner de LIVRE
bornes à-ſa"FLREctMÏIERÜ V'
penitence… Il la pouſſa ä de L' A 3;
ç
~. 'LIVRE PREMIER'. ,z
;Ngdſſîÿctzavons dit qu’il vint ÛE-îteaux avec les
autrſſctcompagnons de Bernard, 8c qtñſä cauſe de' . _LÎA- N
li I7.
ſa trop grande jeuneſſe ſaint Etienne ne l'admin
-au novitiat qu'au bout de deux ans. Ainſi lorſque
…nôtre Saint ortit pour la fondation d'un-nouveau
Monaſtere,il étoit novice , 8c ne laiſſa pas de ve
nir à Clairvaux avec luy. ‘
A la fin de ſon année dïípreuve .il preſſa tel
lement Bernard de recevoir ſes' viEux-,ñqſiiil ne
put reſiſter à ſon impatience ,Sc ſengagea ſolem.
nellement dans la réforme de ſaint Benoiſt. La
ſerveur du jeune Robert ſut bien-coſt amortie.
Les Moines de Cluny, qui le ſceurent , ména.
gement cette occaſion de contriſter ſaint Bernard
6c tout l'Ordre de Cîteaux qui commençait ade
venir l'objet de leur jalouſie outre que leurs pre
tentiums ſur le jeune homrrie n'étaient pas ſans
quelque fondement aſſez vray- ſemblable. Les
parcns de Robert ſavoient offert dés ſon enfance
ä- l’Ordre de Cluny 6c &voient même donné
quelques domaines à ,cette Abbayqdans la penſée
que leur fils S'y feroit Religieux.
On prit donc le temps que 'les inſirmitcz du Lfllli”. l. I..
cb. 8.
Saint l'avaient éloigne' de on Abbaye, d'ou par
ordre de YEvêque de Châlons il ne luy venoit au'.
cune nouvelleun, Prieur
â Clctairvaux 6c Ponce
de Abbé de Cluny
ſon Ordre envoya.
, homme ha
bile 6c inſinuant , qui perſuada ſi bien Robert
.qu'il Femmèna avec luy.
Cette perte fut tres-ſenſible à ſaint Bernard.
G ij
52. LA VIE DE S. BERNARP,,
Il ſe reprocha dſvôir peut—être exige' diÏ-jeſſtpe
IJÀN homme des auſteritez trop grandes, qui ſavólient
m7. rebuté. Pendant plus d'un an il eſpera toûjours
qu'il pourroit revenir, mais il ne put ſoutenir lus
long-temps cette peine, 8c il écrivit à Robert
cette lettre admirable où ſont renfermez tous les
ſentimens dela tendreſſe la plus vive 6c tous les
traits de Yéloquence la plus ingenieuſe , 6c que
les beautez qu'elle contient ont fait mettre à la
:pi: r."
m. 1117.'
tête de ſes ouvrages. Wie] malheur Pour my de -vous
avoir perdu! luy-dit-il dans un endroit , Üſhns 'vous
'voir comment Puis-jc 'vi-vre .ë Mourir Pour 'vous , cc ſiroit
m4 ïvie, 'vivre ſms 'vous c'eſt mourir.
Les Moines de Cluni, pour étouffer les remors
du jeune Robert, avoient par ſurpriſe trouvé le
moyen de luy faire avoir du Pape Fabſolution des
vœux qu'il avoit faits à Clairvaux; mais ſaint Ber
nard , quoyque toûjours tres-ſoumis à l'autorité
Romaine, ne laiſſa pas de luy repreſenter dans
la même Lettre , Finutilité de ces ſortes d'abſo
ſutions quand elles ſont contraires à la arole di
vine. NeLcd-zzez-*uous pas, luy ditñil, que -ſus-.Cjbrtſï
prononce que tout homme qui regarde en arriere apr-ES avoir
mis [u mógin à lu charrue', n'eſt pas propre au Rgyatzme de
Dieu? Vous -vaus flute-z donc en 'vain que Ie Siege Apoſta
ligue 'vous a deli-vrë , tandis que la ſentence du ſouverain
Juge tient *vôtre conſcience enchaîné. Cette- excellente
Lettre n'eut pas ſon effet d'abord , 8c ce ne fſiut que
ſous le gouvernement de Pierre le Venerable que
Robert revint à Clairvaux, où il véçut depuis
.vp
ó..
LIVRE PREMIER. 53 I
LA VIE DE S. BERNARD'
'54
ſi. *L'a N choiſir pour A d' s importantes affairËSD. de 'Eñ
gliſe 8c de l'Etat? inſi lorſ ue dans la lſiuitePierre
.III
7. le Venerable 8c ſaint BeÆrffiont eſté chargez de
ces grands emplois , oclaïncta pas dû paroitre une
;conduite nouvelle. ſi'
—Odon mourut l'an 94a. 8c laiſſa ſa place à A'i—
mer , ſous qui la régularité continua de ſe perſe;
-ctionner de plus en plus dans tous lesMonaſteres
de la. Congregation. Sur la fin de ſes jours les dé
I'd”. -z 4&8.
faillances de l'âge luy donnerentlieu d'établir Ma
yeul pour ſon Coadjuteur. Il étoit fils d'un des plus
riches 8c des plus puiſians Seigneurs de Provence
:nomEm-é Foucher, qui durant ſa vie avoit donné
_à l'Ordre de Cluny grand nombre de belles
'Terres
Mayeul s'éteint d'abord engagé dans l'état‘Ec‘—
-cleſiaſtique , 8c pour éviter les pourſuites de ſon
Evêque 8c de beaucoup. d'autres, qui connoiſſant
;ſon merite, le voulurent élever a l’Epiſeopat , il
vint ſe reſugier dans l'Abbaye de Cluny.. Depuis
.qu’il en fut Abbé, il étendit extrêmement cet
Ordre dans l'Italie 8c dans l'Allemagne avec les
.ſecours qu'il reçeut &Othon premier 8c de l'im
pera-trice ., qui contribuerent de bon cœur à tout
.ce qui pouvoir en bien ſonder le temporel 8c le
ſpirituel z 8c ſon Ordre .ſous ſon gouvernement
ëfit de ſi grands progrés qu'on le regarda comme
'le ſecond Fondateur de Cluny.
- il nomma ſon ſucceſſeur comme ſes predeceſi
;ſeurs avoientñ fait 6c choiſit ſaint Odilon. C'était
LIVRE PRE'M1ER. "ſ5
,fuſage en ces tem s-li de faire choix de perſon _._.;—_—ñ——-ï
LAN
nes d'une probité bien reconnue pour conſerver
1Pi70'
dans les Monaſters laÏferveur de la diſcipline ,
8L pour empêcher qu'on yintroduisît des Supe...
rieurs qui ſavoriſaſſent le relâchement… Odilonó.
étoit d'une des meilleures Maiſons d'Auvergne.
Dés qu'il fut libre de ſe choiſir unaétat , il prit la».
Tonſure clericale , 8L ſe mit ſous la conduite de:
ſaint
l'habitMayeul- Abbé de Cluny ,qui luy donnaſi
Religieux.
Le refus qu'il fit de FArcESL-vêchéſi de Lion,
étant devenu Abbé, luy donna une reputation-ë
éclatante. I_l fut le premier-ä faire cclebrer la com-ñ ‘
memoration desMorts etr-un. jour particulier ,.
8L cette pratique ſe eommuniqua bien-tôtà toute
l'Egliſe ,qui regla que la Feſte en ſeroit.- placée aux
lendemainde celle de tous les Saints. Il mourut
en 1049; &n place fut donnée à Hugues, qui
deſcendait des» Ducs de Bourgogne. Son pere l'a
voit deſtiné pour les- emplois militaires z… mais il
n'avoir d’inclination- que pour les-exercices d'une
vie tranquille., 8c ne sbccupoit qu'à. l'étude 8L az
la priere.. ‘
Comme ilenrendit parler de ſaint OdilonAb-L
bé de Clun ,8L de laregularité de ſa Congrega-ñ
tion, il ſe entit 'tout auſſi-tôt touché dudeſirï de
s'aller engager ſous ſañ conduite. .Il y ſutreceu,
8L peu de temps aprés ſon novitiat, n'ayant en-ñ
eore que vingt ans , ſon Abbé le ſit Prieur. Il re
gnoit alors dans cetürdretant deſubordination,,
.c p O i ‘
56 LA VIE DE S. BERNARD.
etr-j**
L A N 8c de diſcipline,que les plus anciens Religieux
m7. n'eurent aucune peine a luy obéir. -
Il ſut envoye' pour quelques négociations en
Allemagne , d'où il revigï quand il apprit la mort
de ſaint Odilon. Il trouva les Religieux dans une
conſternation generale de cette perte, dont ils
ne ſe conſolerent qu'en le choiſiſſant pour leur
A—bbé 8c pour le General de tout l'Ordre , qui deñ'
vint ſous ſa conduite dans l'état le plus floriſſant
qu'il eût encore eſté. Dieu donna tant de bene
diction a ſes travaux , que les maiſons ſe muti
plie-rent dans l'Italie, dans l'Eſpagne, dans l'An
gleterre, 8c en divers endrois de l'Allemagne.
Ilreçeut des perſonnes celebres parleur ſainteté
8c par leur -rang, des Princes , des Ducs, des ,Sou
verains, beaucoup d’Evêques 8c de Cardinaux ,
du nombre deſquels ſe ttouverent trois Papes
Gregoire Vll. Urbain II. 8c Gelaſe Il.
Hugues ſut enſuite appellé à toutes les gran_
des négociations. Il .travailla pour pacifier les
diviſions entre l'Empire 8c l'Egliſe. On ſobligea
d'aſſiſter à tous les Conciles de ſon temps , 8c il
eut art a tout ce qu'il y eut devenemens conſi—
dera les.
Aprés avoir gouverné cette Abbaye pendant
ſoixante-deux années , i-l mourut âgé de 85. ans ,—
l'an i109. Ponce .luy ſucceda, mais au bout de
quelque temps il eut deſſein de faire le voyage
de la Terre- Sainte, 8c fit la démiſſion de ſon
Abbaye .entre les mains du Pape Calixte _II. en
faveur
~'.'[-"~"~'-~~
P
, "LIVRE PR'EMIER. ,7
?faveur
Pierred'Hugues=II. quiſſle ne
Maurice, dit vécut queſutfort
Venerable, Peu. L'an
enluite
1117.
-élu de tout .l'Ordre, âgé ſeulement de trente ans,
8c ſolemnellement beni par l’Archevêque de Be
.zançon, en l'année m2.. le jour de [Octave de
.l’AſſomptiOn de la Vierge. Il-étoit de l'ancienne
Maiſon de Monboiſſier en Auvergne. Il eut ſept
freres , dont-ſix embraſſerent l'état E-ccleſiaſtiquc,
.ôc dont l'un devint Archevêque de Lion. :Ses p2.
;rens aprés luy avoit donné les premiers princi
es d'une éducation convenable à ſa naiſſance,
lîavoient mis tout jeune encore dans I’A.bbaye de
Cluny 8c' confié à S. Hugues ñqu-ien étoit alors le
;ſixiéme Abbé. Cc Saint, aprés lesépreuves neceſ
ſaires ,Yavoit engagé dans l'Ordre Monaſtique,
8c Pierre .avoit fait d’étonna—ns Progrès dans les
lettres humaines (Lui sŸenſeignoient alors à-Cluny
.avec beaucoup d’eclat.
LÎAbbé Ponce témoin de ſa ſainteté 6c -de ſa ſa.
geſſe le ſit Prieur de Vézelay en Nivernois, Où
ſétenduë de ſon merite commença de ſe dévelo
. et. Tout étoit noble dans' _ſes manieres 8c dans
ſes ſentimens. Il ſçut parfaitement allier dans Ia
conduite de ſes Religieux une tendreſſe compa
tiſſante avec lŸamour de la régularité. Ses lettres
&c ſes ouvrages nous repréſentent la profondeur
8c l'élévation de ſon genie pour les négociations
8c pour les ſciences , 8c la délicateſſe de ſon cœur
pour
ſion ,ſes amis.
ſans Il gouverna
murmure ſes Religieux
&c dans ſansne
une _paiiſſt qui divi_
fiit
ſi H
h
l
,eſſ- LAVIE DE* S. BERNARD?
A N croubléeque. par l'ancien Abbé Ponce..
Cet homme a ſon retour de la- Paleſtine , agi- ñ
\I173 ñ.
té parles mouvemens de ſon ambition, ſit tousſcs ñ'
efforts pour rentrer dans ſa Charge. Il prit le temps —
que. Pierre viſitoit les Monaſizeres de ſon Ordre
eií-,Guyenne 8c en Poitou , 8c vint fondre dans .
Cluny avec des ens armez , laiſſant l'entrée libre
égale-ment aux (Ïmmes
ta les Religieux 6c aux
. en- mille ſoldats.cruellesſſ
manieres Il perſecu
, .fit ç
prêter le ſerment à quelques-uns dont il exigea .
de le_ reconnoître. pour .Superieur , _ôc . mimoute .
lÏAbbaye en- déſordre. .
Le Pape Honorius informé 'de ces *ſcandales , ,
quiz-durerent ſept ouen.huit.
y rctemedricr unLegat mois
France , _envoya
, qui pour
?ſe noemmoit.;
Pierre, 'Cardinal
compagner Diacre. Le Legat
.de, Yflrchevêque s'étant
de .Lion fait ac .
, ictulmina
Fexcommunicarion.contre Ponce &contre tous
ceux de, ſon
crilege Parti, declare.
ſchſiiſma-tique cet Abbeïrebelle
8c ennemide l'Egliſe.., Ce
ſa.. ._
SOMMAIRE
5s
?ŒŒŒŒŒŒÆÆWWÆÆÆÆŒXŒŒF
aeñammæaeaoaoæoæqæïäoflcæcfflæaefflaoæœ
SOMMAIRE
SECOND LIVRE
I. Ain: Bernard fait/bn ouvrage des douze Degre-Z de
l'humilité. Il. II fait les Homelies fier les Paroles de
[Evangile, Miſſus eſt_ 6Ce. III. Diviſion entre les
Ordres de Cluny U' de Cîreaux. IV. Saint Bernardfait
ſim apologie adreſſée a Guillaume de ſaint Thierry. V.
Converſion deſh _ſieur Humlzeline. VI. llfait un vga.
ge 2 Paris, ou ilprononceſim diſcours de converſione
ad Clericos. VII. Rolóert revient de Clum' a Claim/aux.
V1II. Pluſieurs Gentilslæommes viſitent Clairvaux U* sſy
fion: Religieux. Liazſim d'amitiéentre les Chartreux.
_ 5er les Moines de Clair-vaux. X. Etat ou ſe' trouvait
alors PESIÆ dans les dæffwns Rcyaumes Chrétiens. XI.
Converſion de Fdrclzevëque de Sens. XII. Saint Ber
narclfzit pour lu): ſim ouvrage du Devoir des Eve_
ques.X1Il. Converſion de l'Abbé Sugar. XIV. De
ſertion d'Arnaud Alólóëde jl/ſorimond. XV. Zele deſaint
Bernard durant la famine. XVI. Lettre deſaintBernard
du Pape Honoriuï. XVII. Lettre deſhint Bernard au
CÛTJÏÏMIIÃÎÏÏIEÜ,Cbancelierde [EgliſêRomainezXVIlI,
Converſion de PEvËque de Paris. XIX Lettre des Ab:
I
ſſSſſË '
LIVRE SECOND.
M, NÏ.
n &dx-r
74 LA VIE DE s. BERNARD:
l remedier à ces mêmes déreglemens , comme ons_
LAN le voit dans les Annales d'Orderic qui étoit ſipre
11.2.[
ſent ace chapitre, 8e dans deux Lettresde Pierre ’
de Cluny qui ſont parmi celles de ſaint Bernard. -
Ce livre' fut dans la ſuite d'une grande utilité..
Non ſeulement les Religieuxde Cluny en profi- ñ
terent', ,mais quantité d'autres ſeparez de. leur~-'
Ordre , 8c particulierement Suger 6c ſon Abbaye
de Tant
ſaint que
Denis. . la diviſion des deux Ordres S.ſiñ
dura
Bernard 8c Pierre le Venerable ne S'en aimerent
pas moins ardemment. lls gémiſſoient devant .
Dieu l'un 8c l'autre pour la réunion de leurs Fre- ñ
res , ilsſi en cherchoient tous les moyens; 8c mal
gré ces animoſitez indignes de ceux qui ont la
même eſpérance, 8c qui ſervent le même Dieu, ._
ils conſervoient enſemble une amitiévive 8c ſin
cere , &cultivoient mutuellement un commerce '
que le dégagement de leur cœur ô: l'élévation de. x
'leurs genies rendoient ſi noble «Sc ſi doux. .
Voicy de quelle maniere ſaint Bernard étant
en Italie écrivoit à ſon' illuſtre ami: a Qxel ſujet ’
:o de gloire pour moy, dit-il , parmi les étrangers
>- oû je me_ trouve, .de pouvoir montrer vôtre
- Lettre entre mes mains , 8c une Lettre où vous
--découvrez .ſi tendrement tous les ſentimens de
a vôtre ame! Je me tiens honoré d'être non- ſeule..
a- ment dans vôtre memoire , mais dans vôtre
=- eſtime ; c'eſt un privilege 8c une _diſtinction dont
a je me gloriſie , 6c je me ſens fortifié par toutes
Ÿ————Æ~—î——-- «T Ÿ_
'LIVRE SECOND". 7;
les douceurs que vôtre cœur répanddans le —- y .A N
mien. Gracesà Dieu, luy dit-il dans une autre n
,III-Io
Lettre , me voilà bien placé , puiſque je ſuis >
dans vôtre coeur. Si par malheur , comme vous —
m'en accuſez ,le mien s'étoit un peu refroidi, il <
ſe ranimera bientoſt , maintenant qu'il eſt au c
milieu du vôtre.Au reſte ſay promptement ſaiſi -
la Lettre dont vous venez de m'honorer.)e l'ay —
luë avec avidité, je ne la relis jamais qu'avec joye, —
Bt je voudrois toûjoursla relire, Vôtre eſprit s'y *
JOÙC d une ,maniere qui ſalt plaiſir. Elle eſt gaye —
par ſes agremens ,Bt ſerieuſe par ſa ſolidité. En —
verité je ne ſçay comment vous faites pour pezer —
vos paroles avec tant de prudence 6c les aſſai- ï
ſonner de tant de charmes. Vous rendez vôtre ï
ſtile enjoüé ſans badiner, 6c néanmoins vous luy —
conſervez cette majeſté qui n'ôte rien aux graces ï
de ſenjouëment. e
Les Lettres de Pierre de 'Cluny ne ſont pas
moins vives. -d S'il m'étoit permis, ditñil , 8c ſi e
Dieu le vouloir , mon cher Bernard, ſaimerois c
mieux vous être uni par les liens les plus ſorts —
que de régner ſur tout l'Univers ; car ne doit-on e
pas préférer àtous les biens de la terre ,le bon- ï
heur de demeurer
hommes,mais avec vous?
les Anges mêmesNon ſeulement les -e— cém,, l, m,,
en fſieroientleurs
delices. Taprehende ,luy dit-il ailleurs, que vô— -e decetcmpsñlà.
tre ſaintete , avec ſa vivacité ingenieulſie, ne s'é— c
tonne , 6c ne m’accuſe de négligence ou de mé- —
pris de répondre ſi tard à la Lettre tendre 8c de- -=
- K 1j
7e LA* VlE DES. BERNARDZ'
a -_ ï" - licieuſe d'un ami ue "auroisdû révenir avce
i.. A N P
un_ . des. empreſſemens pleins de joye. Mais loin de
.. vous, ces deux ſoupçons, vous ne les ſçauriez
a trop éloigner , car je ſuis , mon cher, bienéloi..
- gne' de les. mériter. En fait de Lettres z )'e n'a Y
- l'amais rien receu de P lusa greable que la vôtrez 1
a- nyrien lû avec plus de plaiſir. Si-tôt qu'on me
- la donna , mon cœur fiit ſaiſi , 8L quoi qu'il ſe
- ſentît animé déja d'une violente ardeur pour
- vous ,_il devint encore plus ardent a la lecture de
- cette Lettre d'où voloient dans mon cœur les.
-ñvives étincelles du vôtre.. '
Pierre de Cluny dans la même Lettre exa-ñ
mine 8L déplore ſort au long les cauſes de dia
viſionde leurs Religieux-,mais-il ne peut s'empê
cher ſur la- fin de railler leurs. faibleſſes, 8L voicy
comme il les dépeinrä ſaint Bernard.- Qyand ,_
-ñ dit- il,unReligieux noir,pour parler.ainſi,en ren
» contre un blanc par hazard , ille voit dans un.
=- faux jour , 8L â .peine le Moine blanc en .regardo
- ñt—il un noir du coin de l'œil..)'en ay.remarqué ſou
~ vent de noirs- qui à la rencontre dîun blanc
~ étoient ſurpris ,,, comme ſi un centaure ou quel»
s qu'autre monſtre eût paru ävleur yeux; 8L. du:
I
»geſte 8L de. lañvoix .ils témoignoient leur epou
- vante. l'en ay veu d'ailleurs de blancs con erei"
-- enſemble .mais à l'arrivée d'un Moine noir- ſe
I D
LIVRE-SECOND; 77
'dois attentivement ces hommes , dont les lan;- « L-A N.
gues n'avaient aucun mouvement, mais dont -e
!YZ-là
les ycux,les mains 8c les pieds- parloient beau. -
coup , 8c qui découvroient bien plus clairement e*
par Ie langage de leur contenance, ce qu'ils ~—
ne vouloient pas declarcr par leurs diſcours.
Voila l'ouvrage de cet ange deteſtable banni n
de devant le trône de Dieu.- ll ne ſe contente -
pas d'être exclusñ de l'éternelle paix- , il s'aſſocie -'
de toutes parts-des compagnons de ſon malheur; ï'
8c pourjoüir d'une plus glorieuſe victoire, i1--
tâche de renverſer par- les viOlens-efforts de ſia ~’
malice ,les cedres 8c tous les grands arbres de *
ce paradis delieieux Où- il a ſait autrefois ſon (Ie- -=
jour. Il saffligc que les-hereſies dont. il avoir-r
coutume dans les premiers temps de déchirer -ñ
lŸEgliſe, ne luy fourniſſent plus aujourdŸhuy de-«Y
triomphesñz. 8c voyant qu'il n'a plus» de moyens-
de corrompre la foyñ- depuis- que l'Eſprit Saint-r
en a: rempli toute la terre, il tourne tous ſes -~
efforts contre lapureté de la charité fraternelle. -
Comme il ne peut plus perſuader-aux…Chrétiens!
de- devenir infidelles-,il-fait tout ce q_u’il peut -
pour les empêcher- dc s'aimer.. Aujourdhuy ces -ffl
nuées d’heretiques—innombrables, qui Obſcur. -ñ
ciſſoient les- lumieres de la- foy , auñ ſouffle de «
l'Eſprit de Dieu ſe \ont difflpées ,BE depuis que'
toutes ces-ſombresvapeurs ſont eſſvanoüies, nous ï'
joiiiffions de la ſereni-te' d'un beau' jou-r-,mais un**
tourbillon dumidi , ui s’eſt.leve’ dans la ſuite ,_~.‘
l_ _nñ -a
78 LA VIE DE.S. BERNARD.
,. fournit au demon de quoy tout remettre , s'il
L' A N ñ peut, dans le deſordre-, il ſe deſeſpere que la' ſoy
IIZI.
>- ait pris le deſſus , 8c travaille a réparer ſes per..
.s tes par les playes qu'il ſait à la charité. '
Nous avons cru nous devoir étendre ſur les
_differens de ces deux Ordres , comme ſur un des
endroits de l'hiſtoire de ſaint Bernard quiſournit
ä nôtre ſiecle de plus beaux exemples. ,Ses pre
miers Ouvrages luy donnerent une nouvelle re
putation-, ce ſut alors qu'il devint l'inſtrument
des plus éclatantes Victoires de Jeſus-Chriſt : 6c
qu'il fit toutes les converſions illuſtres dont nous
avons ä parler.
V. La premiere fut celle de ſa ſœurHumbeline.
Converſion
de ſa ſœur De toute cette famille livrée àla grace*, il n'yavoit
Humbelme
*‘ Tradin' pa. lus qu'elle dans le monde. Elle y étoit _honora
tin. Dci.
Act. z.)
lement établie , 8c conſormement à l'éclat de ſa
naiſſance 8e à. l'abondance de ſes biens. Senſible
enfin aux grands éloges de ſaint Bernard, qui
retentiſſoient par tout, elle reſolut de luy rendre
une viſite, &de venir prendre partà la gloire d'un
frere qu'elle avoit toûjours tendrement aimé.
Elle arriva à Clairvaux avec un équipage ma
gnifique 8c paréc de tous les ornemens de la va
nité mondaine. Saint Bernard informe' delappa
reil où elle étoit , 'le regarda comme un piege de
Fennemy
ler. , 8ctres—touchéc
Elle ſut ne voulut point
de ceſortir pourluy
refſius,-8c par
saffligea
de ſe voir traitée par tous ſes freres avec tant d'in
différence, car à la reſerve d'André quelletrouva
LIVRE SECOND. 79 ññ-_íà
112.3.
tabliſſement de cet Ordre celebre s'était fait peu
n um_ d'années avant celuy deCîteaux. Tous deux con
… venoient par la vie penrtëente 8c ſolitaire dont on
WW" 4'*** y faiſoit profeffion , 8c Guigues 8c Bernard n'a
mitié cntrclcs _ _ ,
Ch-rrrrux ac voient pas moins de conformite par les caracte
ËÏÏÏÃÏÏ.” res de leurs eſprits. Un Chartreux paſſa par Clair.
vaux , 8c il fut tellement édifié de la vertu des Re
ligieux 6c de l'Abbé qui le gouvernoit qu'à ſon
retour en Dauphiné il en fit une peinture a ſes
Freres qui les remp-lit tous d'admiration pour ſaint
Bernard. .
Guigues luy écrivit une Lettre oû ſa pietéî, ſa
modeſtie 8c ſes grands talens paroiſſoient dans
tout leur éclat , 8c ſaint Bernard y répondit avec
les ſentimens d'un cœur penetré de l'amour de
Dieu. C'eſt dans_cette Lettre oû il traite avec
beaucoup de lumiere des differens degrez de la
charité, 8c qu'il donne clairement à connoître ce
qu'il penſe' de la perfection de l'amour divin en
api-u; a cette vie. Comme nous ſommes charneis ,. dit
- il , nos deſits 8c nôtre amour commencent ne—
a. ceſſaircment par la chair; ſi cet amour eſt con
» duit ſelon la juſtice 8c ſelon l'ordre , aprés qu'
- avec la grace il s'eſt élevé' par certains degrez ,
s- 8c 'purifié par divers progrez, il ſe perf-actionne
.- en n par l'eſprit z car ce n'eſt pas Ie corps ſpi—
. rituel, mais le cor S animal, qui a eſté formé
.le premier, &enſiîite le ſpirituel. Il ſaut que
~~ nous portions l'image de l'homme terreſtre
LIVRE SECOND. s;
avant que de porter celle de l'homme céleſte…. - L’ A i;
L'homme donc s'aime prémieremént pour luy- «- 112.3.
même, car il eſt charnel, &il ne peut avoir de -
ſentiment que pour ſoy. Or uand il voit qu'il -
n'eſt pas en ſon pouvoir de e ſoûtenir,il com- -e
ménce a chercher Dieu par la ſoy ,85 a l'aimer a
comme un bien qui luy eſt neceſſaire. Dans ce -
ſecond degre' il aime Dieu, mais par raport à -
ſes intereſts 8c non à ceux de Dieu. Mais lors -e
qu'à l'occaſion de ſes propres beſoins il a com- -
mencé à l'adorer 8c ä recourir à luy; a ſorce d'y -
penſer , de le prier, de luy obéir 8c de s'en occu.. -e
per, cette ſorte de commerce 8c de ſamiliarité, -
our ainſi dire , peu a peu_ l'éleve a la connoiſ- o
ance de Dieu ,qui par conſequent luy devient -
aimable. Ainſi aprés avoir goûté combien le -
Seigneur eſt doux ,il paſſeau troiſiéme degré où -
il aime Dieu,non pour ſoy, mais pour luyumême. «
on vie
te en demeure a ce degré,&
il y a quelqu'un je ne ſçay ſia dans
qui parvienne cet- ï-=
la perfſieñ
ction du quatrième où l'homme ne s'aime plus *
que pour Dieu. (Lie ceux qui en ont fait l'ex- >
perience en rendent témoignage ; our moy *
j'avoue que cela me paroiſt impoffi le, 8c je ~
croy qu'un tel état n'arrivera au ſerviteur *
"juſte 6c fidelle que quand il ſera introduit dans *
la joye de ſon Seigneur, où par une transſor- ï
mation merveilleuſe, sſoubliantluy-même, il ï
íabîmera tout 'en Dieu. ~
A la ſin de cette Lettre ſaint Bernard ëadreſſ
*86 'L'A~VI.E'DE S. BERNARD.
. àtous ces Solidaires. >- Ie meſens preſſé , leur dit..
L' A N .. il, d'un deſirstoûjours ardent Be toujours nou.
tſi
,. veau de continuer .à mentnerenir avec vous , mes
.- tresñcliers Freres, mais crois raiſons mbbligentà
- finir.; fapprehende de _vous ennuyer , ſay hou…
ñ- te d’ê’t're unſi grand parleur, 8c je ſuis accablé
... &occupations domeſtiques. Ainſi je vous prie
.. d'avoir un .peu pitié de moy. Si le bien que vous
ï on avezaſeulement Oüy dire vous a donné dela
d. joye., mes défauts qui ne ſont que trop réels
.a doivent vous ~ donner de l-a compaſſion. Peut».
ñ.. -ëtre celuy qui vous a parlé a-tileſté le témoin
.-.. .de quelques actions peu importantes qu'il a cru
F”
o)
ñ.. lîêtre boaucowpeſtzc vôtre bonté naturelle vous
a.. à fait croire aiſé-tuent ce que vous entendiez ſi
ñ.. volontieraxle vous ſelicite de vôtre charité qui
ñ.. croit tout ., anais je rougis devant la verite' qui
ñ..d. .voit tout( Ce \feſt point par des conjecturesg,
mais par mes Iſſentimens que je-ſçay de moy ce
.. que je declare ; ~ je ne ſuis ny ce qu'on dit , ny
d. ce qu'on penſe,&-j'avouë hardiment mes miſe..
.. res que mon experience ne me fait que trop
d- ſentir; ainſi tout 'ce que je ſouhaite dîobtenir
. par vos prieres, c'eſt de n'avoir rien en moy
d. qui d-nmenœ vossſentimens 8c le- témoignage de
...~. vôtre Lettre.. '
—- 'Nous *voicyarrivez àlendroit de l'hiſtoire de
ſaint Bernard où il commence à paroître au mi'
lieu du monde pour les .intereſts de la Religion
8c pour la ſanctification des peuples . 6c les affai
~L"I~V'RE SÎEGOBND.—Ï ~ 87- ‘
res-où la providence divine va deſormais I'apli—. peu;
.quer, luydonnerent
aveceles Princes, _avectant de differentes
les Evêques , avecrelations
les Pax-- . 1,1745:
~ſi
pes ,que pour mieux éclaircir ce que nous dironsñ
dans la ſuite , nous noustrouverons obligezrſexñ.
poſer icy_ quel étoit alors l'état de l'Egliſe. .
' HonoriusII. occupait nouvellement le. Siege " x.— H
Apoſtolique , .où~ par le conſentement unanime .HUÏJ-Ïizſſiiozsc
du peuple 8c du Clergé de Rome ,il ſe voyoit éle- ÎÇÎËËËŸLÏΟË'
vé. malgréles Cardinaux qui d'abord avoient pro.. Royaume*
clamé le Cardinal de Sainte Anaſtaſie ſous le nom "ſſſiſſnſſſſ
de Celeſtin Il. mais dont l'élection n'avoir pas-
eſté aprouvée par les Romains. Peu de jours' aprés ñ
lïexaltation d'Honorius , .en preſence de tous les —
Cardinaux, _il quitta ſa mitre 8c le manteau Pon
eiſical, pour leur témoigner qu'il ne vouloir de.
meurer dans cette place éminente qu'avec leur ï
agrément. Cette action de modeſtie les toucha à.
les obligea tous a le reconnaître pour le_ Pontife.
legitime , &t il 'en exerça paiſiblement les fond-
ctions le reſte de ſa vie. . _
Calixte II. ſon predeceſſeur avoit laiſſé les affairu
res de-Henry
FEgliſetouchant
l'accommodement
teur ,dans qu'il
unlesétat. aſſez
ſiavoiñt faittranquille
inveſtitures avec , "af-
l'Empe-ñ
', avoit 8e":ñHWY ' "
;s LA VIE DE S. BERNARD;
L' A N Bernard avoit faite , &t dont chacun parloir ſelon
112.4. ſes differens intereſts. Il n'examina point dans la
lecture de cet ouvrage ſi l'Auteur y paroiſſoit trop
animé, 'ou ſi ceux qu'il blâmoit étoient moins
coupables. Il en penetra ſeulement les grands
principes 6c ſe rendit à leur évidence,, il ytrou
va des invectives ardentes contre la molleſſe 8c
la diſſipation des Reli ieux , dadmi-rables deſcri
ptions du zeleôc de la ſerveur des anciens Moines;
le relâchement de ceux des derniers temps vive..
ment dépeint, leur delicateſſe dans les repas, leur
r
’ attention ſur les commoditez ,leur luxe dans leurs
habits , 6c les raiſons qui mettent les _Superieurs
dans l'impu—iſſance de réformer les ſubalternes.
Ces importantes verîtez expoſées a la veüe de
cet homme dégagé de toutes préventions baſſes,
percerent au travers de ſes paſſions juſqu'au fond
de ſon ame; de l'ad-miration de l'ouvrage, il paſ
ſa facilement à cell-e de .l'An-tenu Il vit en luy des
., exemples qui le couvrirent de honte, 6c prit enfin
la réſolution de rompre ſes engagemeiñis 8c de .fai,
-re-iin divorce éternel avec les plaiſirs. - ,
Les Religieux de ſon Abbaye furent îfrappez
.de cet évenement juſqiſàen être abatus , 6c l'Ab
bé -n'e~ut pas plutôt écarté la Cour du Monaſte
re, qu'on y vit renaître la ferveur, &Sc que les
Moines renfermerent ſous \la régularité la plus
.exacte, a ’ ë ,
Cette réformeïſoudaine îôc-generalenous don—
;ne une grande idée' du courage -ôe de la ſageſſe
LIVRE SECOND. 9,
de Suger , car il ſembloit que our mieux s'aſſu L A N
rer de ſon cœur , il auroit dûcïroiſir une ſolitude m.).
éloignée de la. Cour , 8c ne pas demeurer- avec
des hommes- vivement touchez de l'amour du
monde ;rmaisñil voulut que leur converſion don
nât plus d'éclat au triomphe de la ſienne , 8c ſit:
ſi bien qu'en échapant des pieges du demon ,il
les en fit ſortir avec luy.
, Saint Bernard ſut charmé de cette action heroï
que , . 8c Voicy de quelle maniere il en parleä l'A-bd
bé Suger dans cette longue Lettre qu'il luy écri.
vit. - Vous venez, luy dit-il, de vous conduire
comme un vaillant ſoldat , ou pour mieux di-re r
comme un General intrepide 8c prudent. .Quand -c
il s'aperçoit que ſes gens prennent la fuite , 8c .
que le glaive de l'ennemi les taille en- pieces,quoy .
qu'il voye bien qu'il pourroit échaperluyvſeul ,il q»
aime encore mieux mourir avec eux que d'avoir <
la honte de leurſurvivre. C'eſt pour cela qu'il «
demeurer ferme dans le combat, qu'il attaque «e
8c qu'il ſoutient avec vigueur, qu'en courant au -e
milieu des rangsôc au travers des armes, de <
l'épe’e 8c de la voix il effraye les ennemis 8c il a
encourage les ſiens. Il eſt préſent par tout, ſoit ce
où la fureur eſt plus ardente, ſoit où .ſes trou- «
pes luy ſemblent le lus expoſées. Il s'oppoſe à «
celuy qui ſrape, il a-uve celuy qui va perir ,.
d'autant plus preſtà mourir pour un ſeul, qu'il -
deſeſpere de les ſauver tous. Mais tandis qu'il e
tâche datrêterun peu les progrezdu vainqueur,, r,
94 LA -VIE DE S. BERNARD.
>- pendant qu'il releve ceux ,qui tombent 8c
'L'a N a qu'il rallie ceux qui ſuyent, ſouvent-il arrive que
.N15. par une révolution heureuſe 6c ineſperée — ſa va
--ñ leur tout à coup délivre les ſiens -, ôc jette les au—
<- tres dans la confuſion. Alors il les ſait ſuir a
«- leur tour ,' il en triomphe lorſqu'ils étoient preſts
>- de vaincre, 8c ceux qui ſe voy-oient auparavant
ñ- ſur le point de perdre-la vie , ſe ñrepoſent enfin
—- a-vec-joye dans le ſein de la victoire.
Sur :la fin-de cette Lettre -ſaint Bernartlprie
lŸAbbéSuger- de travailler à la converſion d'un de
ſes amis , qui ſe-nommoit Etienne de Garlande,
Il étoit Archidiacre de-Paris , 8c aprés la mort
de ſes deux 'freres aînez , à qui le Roy avoit don
né ſucceſſivement laëCharge deisenechal, l'ayant
encore obtenuë pour ſon jeune ſrere, il aima
mieux la-garder pour -Iuy-,deſorte , dir un Au
teur, qu'on vitñalors enfFrance une eſpece de
monſtre qui n'y avoit jamais' 'paru ,ſſ c'eſt a dire,,
' un Prêtre gendarme 8c fſſaiſantgproſeffion detuer
des hommes.
Mec. hifi. de
1-'r.
“Tous les gens “de bien , ajoûte cet Hiſtorien.;
eurent 'beau marquer leur indignation , il n'en
fut touché nullement , 6c ſon ambition ſoutenuë
de la flaterie des Courtiſansle rendit-inſenſible
aux reproches des ſages 8c a ceux dela-con
ſcience.
Saint Bernard Voyoit encore avec plus d'hor—
reur qu'un autre ce renverſement déplorable.
,Voicy _ce qu'il en écrit ,à l'Abbé .deſaint Denis.
..- Deux
LIVRE SECOND. 97
Deux monſtres nouveaux de Finſolence humaine < L' A N
Ont paru de nos jours dans l'égliſe. Le premiei-,ôc r
112.5.
-permettez-moy de le dire ſans vous fâcher, c'eſt -
-le ſcandale de vôtre vie paſſée , mais la puiſſance -e
de Dieu l'a bien reparé. ll en a la gloire., v_ous en -e
‘ avez le merite , nous en avons la joye , tous en a
ont l'exemple,,8c Dieu eſt encore aſſez puiſſant «
pour nous conſoler par la deſtruction duſecond -
'ſcandale-Qu n'eſt point indigne', qui ne mur- -
mure pas du moi-ns en ſoy-même, de voir un *
Diacre contre le precepte ñde l'Evangile ſervir -e
-en mêmetemps Dieu 8c l'argent? tellement -e
'élevé par les honneurs Eccleſiaſtiques _qu'il
Îſemble n'être pas inferieur aux Evêques , 6c_ ſi - ‘
ſort
qu'il diſtingué par les tous
eſt au deſſusſide emplois
.ñles de la guerre', ~-
commandans.
.Qxel-eſt ce monſtrueux aſſemblage, vouloir être *
en
tantmême temps
'ny 'l'un Prêtre 2&Soldag 6c n'être ctpour. ~=-=
-ny l'autre
La converſion de l'Archevêque de Sens-ô: celle X17
,
de lAbbé , Bernard une d'Anîate1îl…À.lï~.
Suger don-nerent à Saint Dr '
_grande joye,mais elles furent ſuivies d'un ſcanda- Ïoïiſimſi'
le dans-l'Ordre de Cîteaux qui luy cauſa bien de
la douleur. ñ
.Aprés 'la mort du Comte de -Choiſeul d'Aprc—
mont , ſon fils qui luy _ſucceda , 8c qui n'avoir ja..
mais eu que de la repugnance pourlëtabliſſe
ment des Religieux de 'Cîteaux dans ſes terres, ‘
redemanda à-ſAbbé Arnaud tout ce que ſon pere
pouvoir avoir donné à. l'Abbaye de Morimond.
N
98 LA VIſiE DE S. BERNARD'.
Ljr_ N Arnaud fatigué. de ſes pourſuites s'en ſit un pret
…ÿ texte pour couvrir le deſſein que ſa legereté na-ñ
tutelle 8c l'activité de ſon eſprit luy inſpiroient..
Il fit encore valoir le mauvais procedé de quel
ques Religieux du Monaſtere, quiñle troubloient.
dans le gouuernement , 6c reſolut d'abandonner
l'Abbaye de Morimond, Peut- être S'aperçeut—il
que les-raiſons de S'en éloigner n'avoient pas beau
coup de ſorce,_&: n'étoient appuyées que ſur-ſon
inconſtance; car en partant il en .ajoûta une autre,
qui étoit le deſir de viſiter les ſaints Lieux dans
_la Paleſtine. ll emmena pluſieurs Moines avec luy
des plus .ſpirituels 8c des plus habiles, 8c vint à Co
logne ,__ où ſon frere étoit Archevêque. De-làil'
?écrivit aux Abbez .de Cîteaux 8c de Clairvauxlesæ.
raiſons qui l'avoient obligé de partir; ~
a,Ÿ,
Etienne qui étoit allé pour-affaire en Flandre ,…
ne receut pas cette nouvelle en-même temps que:
Saint Bernard , qui ſit à l'Abbé Arnaud une ré..
ponſe tresæouchante , mais dont il iſeſperoitï:
pas grand ſucccz ,, parce qu'il connoiſſoit l'opi
niâtreté de ſon eſprit. La perte de deux ou trois.
Religieux quïl-?avoit ſeduits affligeoit le Saint plus.
ue celle de tous les autres. Pour. tâcher de les
?aire revenir il en écrivit à un homme illuſtre de
ſesamis
vêquſie denommé
CologneBrunon, qui de
, 6c le prie fut mettre
depuis tout
Archeen:
uſage pourles ravoir. Comme ils avoient ſUlVi-î_
leur Abbé par un principe d'obé~i~ſſance mal enten-ñ
du, &Bernard écrivant à l'un d'eux appellé Adam,,
…gg
'LIVRE SECOND. v”
"luy donne pour le guérir de ſes ſcrupules quelques
.regles qui ſont.trop belles pour -ne les pas rap L'an
_zporter icy. v» Il y a, dit-il., des actions_ purement 112.5.
bonnes 8c d'autres purement mauvaiſes.Ny dans a EÊ-ſt- 7- »ñ 4
.les unes ny dans les autres, on ne doit nulle- e
ment obéir aux hommes.; car il ne ſaut ny -e
s'abſtenir despremieres , quoyqu'on *les deſſen— -
de , ny ſaire les ſecondes quoy qu'on les or- -=
donne. A .conſiderer les actions en general., il u
y en a quelques-unes, qui en conſequence des -ñ
manieres, des lieux., des temps, des perſonnes v, -=
.peuvent être ou des maux, ou des biens,& c'eſt *
en celles-là qu'il ſaut avoir égardñâ la loy .de u
l'obéiſſance. C'eſt-là proprement l'arbre de la «
ſcience du bien 8c du mal mis autrefois au mi_ e- -,
'lieu du paradis terreſtre pourannoncer nôtre -
.dépendance. ll eſt certain qu'en ces occaſions -
-il n'eſt pas permis de 'préférer ſon ſentiment à -e
-celuy de .ſes Superieurs, 8c l'on ne doit alors -e
mépriſer ny leurs commandemens ny leurs dé- <
ſenſes. Suivant cette diviſion,examinez en quel a
rang il .ſaut mettre l'action que vous venez de 4
ſaire. e
Dans un autre endroit .de la même Lettre, il
luy donne cetteinſtructionz» Ne vous apuyant -ë
pas trop , dit—il, ſur labonté de vôtre .cauſe 3*?
'vous avez tâché dapaiſer-les troubles de vôtre -
conſcience ar une permiffion du Pape. QIC ce -
remede eſt rivole E car ce n'eſt autre choſe que ï*
de vouloir , a l'exemple de nos premiers parens , ï
N ij
roo LA VIE DE Sſi. BERNARD.
. . . . ï'
nions populaires ſut- tres éclairé, ſuivant la ré—B E70”. C7]
fiexion de Baroniusu- Le demon 'tire avantage 1116-”. a.
de ces faux bruits.De cet excezde credulité, dit —
cetAuteur, il pretendoit ſaire tomber les peu— «
ples dans une incredulité ſuneſtezcar aprés avoir -5
crû trop la
choient legerement quelquesReligieux-qui
ſin du monde, prê- ——
8c leur iſaiſoient.diſtri—
buer leurs biens aux Monaſteres-,voyant qu'on —
-les avoit trompez,ils ne croyoient plus les au— -v
tres veritez que ces mêmes Religieux leur en- «
ſeignoient. Saint Norbert n'était pas aſſurément
de leur nombre ,.& même il y- a de l'apparence
- que-les peuples prenaient' trop à la lettre ce que'
leur di oientï les Predicateurs de ce temps-là ,.,
qui ſans doute avançoient cette opinion dans la:
penſée que la multitude énorme des crimes qui
e commettoient alors, .obligeroit Dieu a détruire ' ~
entierement le monde ,ou du moins ils croyaient?
que cette façon de parler étoit plus propre à re-ñ
tenir les hommes : outre_ qu'on peut regarder coma
me un moment tous-les temps_ qui sécoulent?
quand on les compare a ſéternite.
Juſqu'icy la renommée n'avoir gueresrépandu la:
gloire de S. Bernard que dans la France; mais deve
nu le conſeil &le défenſeur des plus grands Prelats,..
ils lemployerent pour négocier à Rome toutes
les affaires ,ou plutôt pour les y- ſaire réüffir. Ce.
ne manqua pas. auffi. d'arriver toûjours ,jſi-z
>04 LA VIE DE &BERNARD
L-A N l'on en excepte quelques occaſions oû la Cour
n16. Romaine ſut ſurpriſe.
Aprés la mort d'Ebal Evêque de Châlons;
Alberic ſut choiſi par le Clergé 8c par le peuple
pour .remplir ſa place. Il étoit celebre par \:1 do
ctrine, <8: avoit tenu les Ecoles publiques à Rheims;
autrefois il avoit étudie' ſous Anſelme de Laon
avec Abailard, dont il devint .dans la ſuite ſad.
verſaire déclaré-z ca-r au Concile de Soiſſons il agit
fi fortement contre luy, qu'il le fit contraindre
à. brûler ſonlivre de la Trinité. Voicy la Lettre
que ſaint Bernard écrivit en_ ſaveur dëAlberic au
'Pape Honorius.
LIVRE S ECO N D. m
Pere, i recourant con-tre vous à nôtre ï- .,
czlïautoriïí ,en qualit-Éde frere , nous a demËÎ «ï L AT'
de' des Lettres pour ie Pape ,mais nous avons 'ë m7'
cru qu'il étoitñ dans l'ordre d'en informe-r' au- *
paravant vôtre Majeſté, ſur tout äñoauſcque cet -ñ
Evêque ſe Préſente à 'la juſtice par-l'es mains 'de -d
vous ceuxles
Lay rend quibiens
aiment la luya
tctſ-on Religion; Si «london
injuſtement en- ‘-'~
de
levez , ( comme il ' emblequïl ſeroit juſte de ï- -
le faire) nous di-ffererons *de luy_ accorder-ee «
qu'il nous demande-Mz ſuppoſé que Dieu-- vous *ï
inſpire d'écouter nos priere: favorabieàient —, &c ï- <
que ſuivant ce que nous vous 'conſeillons 15E ce Û- "
que nous deſirons vous vouliezñvous reconeilier ï- i*
avec cet Evêque , .ou lutôt avec Dieuñmême , ï- -
nous ſommes preſts (E: vous aller trouver par ï"
tout oû il vous plaira pour faire réuſſir cette af- ï ~
faire. Si vous en uſez autrement, il faudra bien *
écouter les plaintes d'un ami 8E obéïr 'au Prêtre ï* '
du Seigneur. i. >- '~
Il falloir 'que la ſainteté- ctde ces Religieux *eût ï
,fait de vives impreſſions ſur l'eſprit' de ce Prince , .
pour qu'une Lettre écrite avec tant. de liberté ne
ſirritât point. .Mais au contraire il--fizt 'touché de —
léurs
leur zele
prieres
pour6c_ladejuſtice,
leur fermeté.
&de plusll fut
èffl-aÿéde
ëmeuñlſiA~ñ
Nous
?LIVRE SECOND. n; et;
"Nous verrons dans la ſuite l'accompliſſement L'Art
fatal de cette prophétie. Mais alors le Roy mé 112-7.
:epriſañtous les reproches 8c toutes les menaces , &r
Mining.
crut peut-être , dit l'Auteur des Annales , que
Dieu ne vangeroit pas un crime que le pape ne
ſ puniſſoit pas.A~inſi
toutes leurs les deux Abbez
négociations deputez,voyant
devenir (ans ſuccez à
-cauſe du Breſ d'Honorius , écrivirent tous deux
_au Pontiſe une Lettre un peu libre, mais tres-reſ
pectuéuſe 8c tres-ſoumiſe. Tous les Suffragans de Bpit. 46.
la Metropole de Sens écrivirent auſſi au Pape , 6c
entre—autres
prunter l'Evêque
ctle ſtile de-Chartres,
de nôtre qui-voulut
Saint. Si l'on em le it 47
n'apr,eſihen—
doit d'ennuyer 'l'on raporteroit ces Lettres qui -
ſont remplies d'un_zele 6c d'une éloquence évan;
eli ués. ë
g 51ans les diſſérens voyages que ſitleSaintpour
cette affaire ,il eut envie pendant qu'il étoit hors
de ſon Cloître, de rendre Viſite à lon ami Gui
gues Prieur dela grande Chartreuſe; mais il ne
put jamais -trouver du temps pour aller voir ces
Solitaires, &leur marqua le chagrin qu'il en avoit
dans la Lettre que voicy.
Archevêques
'LIVRE SECOND'. in
-Archevêques ſe trouverent à Troye avec leurs L-AN
Suffragans,pluſieurs Abbez, 6e pluſieurs Docteurs. m3_
Voicy de quelle maniere ils ſont nommez par ſu,, …M5
…le Secretaire du Concile. Mathieu Evêque d'Al.. “W
bane &è Cardinal Legat du ſaint Siege, préſida ,,
dit-il ,à cette aſſemblée,_compoſée de l'Archevê.
que de Rhcims, de l'Archevêque de Sens, de leurs
Suffragans , ſçavoir les Evêques de Chartres , de
Soiſſons , de Paris, de Troye, d'Orleans, d'Au
xerre, de Meaux, de Châlons , de Laon , 8c de
Beauvais -, de l'Abbé de Vézelay, qui fut depuis
Archevêque de Lion 8c Legat du ſaint Siege,
des Abbez de Cîteaux , de Pontigny ,de Trois
fontaines , de 'ſaint Denis de Reims, de ſaint
Etienne de Dijon, 6c de Bernard Abbé de Clair
vaux, que tous ceux que nous venons de nom
mer conſulterent, 8c dont ils ſuivirent avec joye
les ſe-ntimens ſur toutes les affaires qu'on traita
dans le Concile. Il y affifla auſſi le Docteur
Alberic de Reims, &c le Docteur Fouger , ſans
parler des Comtes de 'Nevers 8e de Champagne ,
=6c de quelques autres Princes.
Les Peres de ce Concile étant ainſi aſſemblez, ,
on y delibe-raſur beaucoup de choſes , 6c on y fit
divers canons que le malheur des 'temps nous a
ravis. On y regla ſur tout l'affaire de ſ-Evêqpe de
Paris. 'Le Pape Honorius avoit eſté touc é des
Lettres que les Evêques de la province luy avoient
écrites, 8c particulierement de celles des Abbez.
Hugues 8c Bernard , quoique la liberté de leur
Q.
17-2.» LA VIE DE S. BERNARD(
ſtile l'eût un peu choqué, comme nous le ver. a
L'a N
rons dans la ſuite, 8c il avoit recommandé au Le:
112.8.
gar d'employer l'autorité Eccleſiaſtique pour s'op
poſer à celle du Roy qui s'éroit trop preſſé d'agir ,
6e pour affermir le plus qu'il pourroit les privile
gesCede l'Egliſe &c des Prelats.
qui eſt certain, c'eſt qu'aprés leſi Concile '
l'Evêque de Paris , qui avoit ſouffert tant de diſ
graces, ſe trouva dans un état paiſible , 8c fut ſi
ſolidement rétabli, que delà en - avant il ne ſe
vit expoſé à nulles peines, comme nous l'apre—
nons des Lettres que ſaint Bernard écrivit au :
Pape pour l'en feliciter.
Epie. 4,. —— On examina dans ce Concile l'affaire de l'Evê— a
que de Verdun -, qui par ſon luxe ô: ſes dépenſes
exceſſives diſſipoit tous les biens de ſon Egliſe. La,
cauſe fut renvoyée à ſon Metropolitin , pour être
plus exactement diſcutée. On Obligea Fulbert Ab- a
bé du ſaint Sepulcre à Cambray d'abandonner ſa
place a cauſe de ſa mauvaiſe conduite , 6c. de la
ceder â un Religieux de ſaint. Vincent. de Laon. ñ
nommé Parvin. ñ…
On y reſolut de chaſſer de l'Abbaye de SJeande
Laon ,les Religieuſes qui l'habitoient 8c qui ſcan
daliſoient l'Egliſe parleur libertinage# l'on mit à
leur place des Religieux, quieurent pour remier
Abbé Drogon , Religieux de l'Abbaye de (Zinc Ni
caiſe de Reims , 6c depuis Cardinal, comme nous
l'avons déja raporté. Nous verrons bien—tôt com
ment ongeprocheà S. Bernard _d'avoir eû part au
'LIVRE SECOND. 12.3
' reglement qu'on ſit ſur ces trois dernieres affaires. L) N
Sur-la fin du Concile , on vit arriver a Troye m3_
une députation des Chevaliers du Temple.‘l—lu— U…
gues de. Paganis leur Cheſ, ou Grand-Maître ſi 0rd… des
on veut, étoit à leur tête.- Cet Ordre Militaire ÎÎÃÏÃÏÃÏ" ſi"
sétoitſorme' depuis" neuſ ans. Quelques Gentils— Guy,, .1,
hommes,dit Guillaume de Ty r,pieux 8c craignant T!" HV**
Dieu s'éroient conſacrez au ſervice de_ Jeſus
Chriſt, 6c engagez à vivre dans la pratique de la
chaſtetéôcde l'obéiſſance, &dans un entier dé
'poüillement de leur volonté propre. Comme' ils
n'avoient ny habitation ny Egliſe , le Roy de Ie_
ruſalem les avoit logez en attendant dans un en
droit de ſon 'Palais proche le Temple( ce qui les_
î fit appeller Tcmpliersysc les Chanoines de ceTemple
leur avoient accordé à certaines conditions pour
leur differens beſoins une place auprés du Palais.
Le Roy 6c les Seigneurs ,- auſſi bien que le Pa
triarche 6c les Evêques,
leur habillement leur avoient
8c leur nourriture donné pour
quelquesſibiens,
ſoit à perpetuité , ſoit pour un temps. La princi
pale obligation que le Patriarche 6c les autres
Prelats leur impoierent, fiit de mettre" toute ſorte
de routes 8c de grands chemins a couvert des bri
gandages des voleurs, &d'en conſerver la ſeureté
aux voyageurs 8c aux pelerins qui ' viſitoient les
ſaints Lieux de la Paleſtine. v
Ils n'étaient encore alors que neuf, ſans habit
qui leur fût particulier, ny regleälaquelle ils s'ar
rêtàſſent. Ils rſadreſſerent pour celaà Etienne Pa
QU
*V
LETTRE
ſ . D duE Cardinal
SAINT B ERNAR D
Aimer).
?d B (0 ï-d
O '.3 F! \ſiro V! 'c~>~ E: D 'D UQ rd (h "Ê E! (d B (b ſi.
’dinal-— Evêque
;qu'ils d'Albane
blâment ,s'ils
ou Foſent
l'Archevêque de -'=e= -
ou le Car:
Pſ7 izi.
Il parle du a- ſilence, pour ne pas dire même de bonnes-cho
Bref du Pape
qui leva l'in
Ierditdc Loüis
a ſes , 8c ma douleur s'eſt renouvellée quand à la
le Gros. ï- lccture de ces ordres j'ay veu le viſage des in
Pſ 38. » nocens ſe couvrir de confuſion ., les impiés re.”
Ltlí. 10. H doubler leur joye aprés avoir ſait le mal, 8c
Iſhíe. 1.6. - triompher dans' les œuvres les plus criminelles;
== On a ſait gracés à l'impie , dit un Prophete,
ſi *->- ôc il n'a point
a commis apris à dans
l'injuſtice être la
juſte , 8cdes
terre celuy qui'
Saints,
-ñ a veu affranchir ſa propre terre d'une condam
-nacion juſte qui la tenoit enchaînée.
EIÎVRLE S E C O N D; 135'
l'ay dela peine à. meſvoir mêlé. dans ces afI -e L' A N
faires ou dans d'autres qui ne me regardent ~ 112.9.
pas. l'en ay de la peine, mais on m'y contraint. ~
Par quelvous,
comme autrepuis
queje par un homme
eſperer puiſſant
d'être délivré de *‘
L AN
même en trop bon état , mais ſaint Bernard I150.
luÿ manda que réünis enſemble , ils ſe rétabli
Soient beaucoup mieux, 8c cela. ne manqua pas
arriver.
Au commencement de l'année ſuivante l'E
gliſe perdit le Pape Honorius , qui mourut le I4.
.de Fevrier aprés l'avoir gouvernee pendent cinq
ans-ô: un mois aYec beaucoup d edification 6c de
vigilance. Les ſuites de cette mort nous offrent
bien des évenemens que nous ſerons obligez de
rapporter., avec toutes lesſſ particularitez neceſſai
.res pour les bien éclaircir.
' |
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… . . _ _ . ,… a . i4;
SO
a M
A M~A~I~R
DU p, p,
TROISIEME LIVRE
I. MO” du Pape Honarius, élection dïſinnocentll.
II. .Sclaiſme dÿínacler. III. Concile d'Eram~
Pes. IV. Saint Bernard declare Innocent, Pape Ieginſi
time. V. Le Roy 'Ua au ele-vant du Pape. V Car-acte
re de Gérard dÿíngouleſme. VI. Caractere de Gui[
laume d'Aquitaine. VIII. Vqyage deſaint Bernard en
Aquitaine. IX Voyage du Pape à Liege. Origi
ne des ln-veſtitures. Xl. Con-verſion; faire: parſhint
Bernard dans le PaïS—Ba5. XII. Configpgagion du Con.
czctle de Reims. XIII. Affair-cde: dixrnes. XIV, Re
tour du Pape en Italie aruecſhint ~Bernard. XV. Saint
Bernard reconcilie les peuple: de Diſiz-Tree ceux de Ge'
nes. XVI. Aſſaffinatdu Prieur deſaint Iſtctor. XVII.
Vqyage deſizint Bernard en Allemagne, où il reconcilie
Conrad a-Uec l'Empereur Lotaire. XVIII. Saint Ber
nard ſê trou-ve au Concile de Piſe'. XIX EmPreſſË
ment des Milanois pour ſhint Bernard. XX' Alert
de ſizinr Etienne General de Ciſeaux. XXI. Retour
deſaint Bernard à Clair-vaux. XXII. Complaiſhnce
de ſhint Bemard pour lesſentimens de ſes Religieux.
r
LŸÊUII.. Saint Bernard «Ja-travailler à Ia converſion de
Guillaume' dÿíquitainfl. XXIV. II entreprend ſon ou..
Urageſtſſdr les Cantique!, XXV. Réflexions ſiar les di.
'U- rs Sermons de ſaint Bernard. XXVl. Vqyage de
ſaint Bernard en Iſdſifa XXVII. Saint Bernard 'U4
_faire au Duc' de Sicile des propoſitions de Paix.
XXVIII. Roger Propofi- _fiſaint Bernard une conferen.
ce pour examiner Ia validité de l'une ou l'autre élection
d'un Pape. XXIX,, .il/larc de Pierre de Leon..
&ŒÎÏÏÎÏÎ
c~ A. Ïr<\ î” …
.1
LA VIE
ſis DE
AINT BERNARD
LivRE TRoiSiEMEſſ -
A
A mort du Pa c Honorius' changea L' A H
…l .
, toute
chiréelapar
face l'E liſezelle
un ſchiſgme cruel ſe vitpor
qui dé
r
f.
- x iizo.
,
…' \Éd-'ſſ' ta la déſolation
__ . dans
. tout le mon- M I Page
ñ _ _fè de Chrétien, &ſaint Bernard a eu HÎÃÃHÏS,
trop de part Z tous les évenement ÉÏÃÏÎÙÏR"
qui .ont relation à cette affaire , pour n'en pas ra
ſaortér les circonſtances depuis
conſommation, ct ſon origine
y - - juſqu'à .
Honorius ?peu avant ſa mort s'étoit retire' dans Bam” ilia
1]. 5-
'LA VIE DE S. BERNARD.
T66
Tant qu’il porta les armes ,il ne paſſa preſque»
'L’AN Î pas de jour ſans quelque combat dans l'étendue
n30. de ſes Provinces; quand même il étoit ſeul il
marchoit arme' comme preſt à ſe battre. _Il étoit
d'une intemperance outrée ôc plongé dans _les
horreurs des vices les plus deteſtables z il ſe glo
ciſioit de ſes crimes 8c S'en vantoit avec dïndi
gnes plaiſanteries, pour s'en faire aplaudir dps
flateurs lâches qui ſenvironnoient. Qielle dût
être la force de la grace 6c du zele de ſaint Ber
nard pour retirer cet homme d'un tel abyme , ô:
pour en faire un modele de penitence E
vi”. Depuis long-temps le ſaint Abbé ſouhaitoit
. Voyage de
ſaint Bernard de voir ce Prince .qui segaroit de plus en plus
cn Aquitaine.
dans les routes du peche' , mais il craignoit qu'on
ne trouvât de la preſomption ou .de la legereté
dans ce deſſein; car comment inviter ce Prince
àme
le luy-ſe
venir rendit
trouver, 8c croire qu'un?ſiou
homme com
ä ſon invitation comment
l'aller trouver luy-même, aprés avoir réſolu de
ne plus ſortir de ſon Monaſtere 8c l'avoir écrit
à des Cardinaux? Cependant le Pape Innocſſent
inſtruit des crimes de Guillaume &de Gérard,î
8c touché de douleur ſur l'état des Egliſes de Poiñ'
tou 8c d’Aquitaine, ou peut- être allarme' pour
luy 8: pour les ſiens de la puiſſance de ces deux
hommes , voulut aporter du remede à un mal
qui faiſoit de ſi grands ravages. 'L~Egliſe,ce ſem.:
ble obligé
.fût ,ne ſouffroit nulles
däppaiſer. Le tempêtes que Bernard
Pape l'envoyer ne
doncſſavec
..ñ-ñ-I
ñſiſiElVKE T~RO~IS'IE’~M'E..²~_ m;
TEvêque de Soiſſons trouver Guillaume 8c Gé- IÏA Ni'
' rard pour les toucher par leurs raiſons , ou les “ZO
* ñébranler par la force , ou les abattre par le poids 7"-’/ſſ“""
de l'autorité 8c les ramener- de leurs égaremens..
dans la bergerie du Paſteur. . ~ ‘
Ces deux Legats du Pontife partirent , 8c de”
cette ſorte ſaint Bernard contenta ſon zele , ſans
donner d'atteinte à ſa réſolution. Ils trouverent
íl'Evêque d'Angouleſine dans un état qui les de
-deſperaz il vomiſſoſt mille imprécations contre
le Pontife, il faiſoit retentirles louanges du ſchiſ
matique, regardoit les adherans au vray Pape
comme des égarez 8c des acephales, 8c prenoit'
ſoin dînſpirer tous ces ſentimens au Duc, qui
iieanmoins ſe trouva plus diſpoſé que luy à guerir.
~ Aprés la peinture que nous avons faite de ce
Prince, on ne peut trops-'étonner qu'un homme
toûjours agité …de colere , 8c toûjours furieux ‘
comme luy , ait laiſſe' pendant ſept jours de ſuite
un ſimple Religieux comme ſaint Bernard ſon
der habilement ſes playes, les traitter, les adou—ñ
cir 8c le mettre en état de rentrer déflors en luy
même 6c de retourner à Dieu , ſi ſon eſprit n'eût-;
pas pris de nouveau poiſon. _
’ Le Saint qui s'étoit retiré dans un Monaſteñv
re de ſon Ordre à Châteliers , plein de confiance î
en Dieu, avoit hardiment deputétversle Comte
une perſonne pour le prier de le venir trouver au'.
plûtoſt, ayant à ſentretenir d'une affaire impor
tante. A cette nouvelle le Prince deſſpfloſa toute..
l
"T
168 LA VIE DE ’S. BERNARD.
L' A N ſa ferocité , 8c penetré tout a coup de la douceur
I 3 Oo
d'une colombe, obéït a l'invitation de Bernard.
Alors l'homme apoſtolique qui s'étoit mis en ï
Tlnabaldus.
.chemin avec la force 8c l'eſprit d'un autre Elie,
devint tout en feu. ,Sa parole , dit lÏ-Iiſtorien ,
ñſortoit comme-une flâme ardente, tant il avoit
envie dÏembraſÊr le Comte. Il Fenferma pendant
ſept jours dans un endroit écarté,, où avec ſon
éloquence vive .il attaqua .ce cœur,ôc luy _fit une
peinture .admirable de .la vie 8c de la mort., des
ſupplices des echeurs,, de la récompenſe des
-juſtes 6c de la elicité des Saints.
Ces premieres inſtructions auroient eu -leur
effet, ſi Gérard animé de .haine contre Innocent,
,ôc allarmé pour la legation qu'il avoit receu de
[Antipape, n'eût étouffé dans le-cœurdu Prince
les ſentimens qu_e les paroles de ſaint .Bernard y
«M-*ï-'i- avoient fait naître. C'eſt, dit un Auteur, un ſpe
ctacle bien étonnant de voir un Evêque refuſer
l’obé'i'ſſance à l'Egliſe tandis qu'un Prince ſeculicr
8c plein de crimes s'y ſo_umet.
Ce Prélat ruina tous les .projets de la conver
ſion de Guillaume, ce Prince rentra dans toutes
ſes fureurs ,il s'em orta contre le ſaint Abbé , 6c
le menaça de luy Elite couper la tête, s'il oſoit
ſortir de ſon Monaſtere. ,
Bernard ui ne vit plus de moyen de ñréüſlir,
aprés avoir ſemé dans le cœur du Duc les paro
les de verite', qui devoient y fructifier dans cinq
ans , à ſa ſeconde .clépuration tevjntà ,Çlairväuxs
._ 3H5
LIVRE T ROISI EME. 169 '
dans le temps que le Pape ſe rendit a Roüen au L'Art
ſortir de Chartres , où il avoit faitFEvêque de I131.
Chartres -Geoffroy ſon Legat pour lu-y marquer ſa
-reconnoiflſiance,
Vers la fin de l'hiver île Pape prit le chemin
IX.
Voyage du
de Liege, où il devoit couronner Lothaire, 8c y Pape ;i Liege.
A aſſer le carême avec luy. Dés ,les commence
Fnens de ſim Pontiſicat,'il avoit éprouve' l'obéiſ
ſance de ce Prince , 8c prevenu qu'il alloit trou
ver un ami , il eût. û laiſſer Bernard retourner 5.
Clairvaux , 8c le reſgrver pour les affaires orageu
ſes; mais par un preſſentiment que ſévenement
juſtiſia, il voulut en être accompagné dans ce
voyage , perſuadé que l'amitié des Princes a ſes
Yiciſſitudes 8c ſes privîleges.
Lors qu'il eñntra dans Liege Lothaire le recent
comme il convenoit ä-un Prince Catholique de
recevoir un Vicaire de .Jeſus-Chriſt, Il parut ne
rien oublier dece qui .ouvoit marquer ſon obéiſ
.lance pour le Pontifiz'. ll marcha devant luy a
pied J, 8c tenant .d'une main la bride du cheval
ſur lequel le Pape étoit monté. Lors qu'il deſcen
dit le Roy ſe preſenta pour l'apuyer,i8c de la ma
niere dont il le ſont-int pendant tout "le chemin,
il fit ñvoir le reſpect que meritoit ce Pere commun Sugar Lui. '
premiers
ſes que lestemps n'avoir
oblations point en des
volontaires d'autres richeſ
Fidelleſſs, les —
Evêques 8c les Abbez , devenus puiſſans dans
l’Etat,fi1rent obligez à prêter ſerment entre les —
mains du Prince,à reconnoître qu'ils tenoient
de luy leurs biens ,à luy fournir un certain nom
bre de Soldats pour la guerre, 8c à luy rendre
tous les devoirs auſguels les engageoit leur.
dignité. Suivant cet u age, le Seigneur aprés la
mort de ceux qui avoient des fieſs, s'en em a
toit 8c en joüiſſoit juſqu'à ce que le ſucceſſÈUl~~
eût eſtéde nouveau inveſti 8c en eût prêté la ſoy
6c hom-mage. .Ainſi a la mort d'un Evêque les'
Princes ſe mettoieng en poſſeſſion de ſes ſieſs , 8c
\
les retenoient juſqu'a ce que celuy qui étoit élu.
en ſa place en eût receu d'eux l'inveſtiture
Ce droit s'étendit dans la ſuite atous les biens a
que Flêlvêquelaiſſoit -, mais les _Princes n'ont jamais -
pretendu par cette ceremon—1e, donner aux évê-
ques la puiſſance ſpirituelle ny la miffion. Aprés
que [Evêque avoit prêté le ſerment de ſidelité,
loPrince luy mettoit en main quelque choſe qui
a LIVRE TROISIEME. a F7,'
-ëſifígnifioit de ſa part le deſiſtement de telle digni
té, ou de telle terre; dont il laiſſoit libre joüiſ- L A N
ſance à l'Evêque ſon ſujet , 8c cela s'apelloit in— "z"
veſtiture; C'eſt tout ce que vouloit dire cette
ceremonie où les Evêques étoient obligez dc
~ s'aſſujettir.
-Gregoire ſeptiéme commença de conteſter les
*inveſtitures 8c de les interdire. Nous n’exainine—
rons point icy ſur quel fondement il apuya cette
déſenſe z il alla même juſqu'à défendre le ſerment
de ſidelité des Evêques entre les mains desPrin
ces. Les Papes ſes ſucceſſeurs tinrent la :même '
conduite. La ceremonie de l'inveſtiture les allar.
moit, 8c les Princes avoient beau proteſter qu'ils î
ne Vouloient quïnveſtir les Evêques., comme
les autres Seigneurs , des biens temporelsdonc
ils joüiſſoient par la-conceffion des Princes , ils
diſoient roûjours que ;par ce bâtonPaſtoral qu'on
mettait en la main de l’Evêque quand il avoit
prêté ſerment, on prétendoit le revêtir du' pou—
voir eccleſiaſtique. ' _ _
un On -ſit entre.
projet Paſcal Il. &l'Empereur
d'accOmmodement Iſ-Ienry la
qui tranchoit
L…
;i7ſi6 LAſſ VIE 'DE S, BERNARD.
'L' A N
l’abbattement »oû je vous vois? dans quelle af;
1131.
ſreuſe mélancolie êtes-vous ?Ie vois bien,re'pon~
dit .Geoffroy , qu'il .n'y a plus pour moy de joye.
G' d.
Ce Religieux ſit .raport de ce diſcours à ſaint
'Bernard_, qui rencontrant une Egliſe ſur le che—
min oû ils m-archoient, les quittapour -y ñ entrer
&c pour _zy faire ſa priere. Tandis que ſa troupe
l'attendoit .dehors ,Geoffroy accable' d'ennuy
s'endormir ſur une pierre; mais aprés que Ber
;nard eut achevé, Geoffroy séveilla, 6c parut d'au
tant plus gay que tous les .autres , qu'il avoit paru
le plustriſte. Le même Religieux »vint encore
luy reprocher -tendrement la triſteſſe où il l'a;
voit veuJe ,vous ay ,digréponditsceoffroy , que
je n'aurois .jamais de -joye , -je vous dis mainte
nant que je ne ſeray plus ſans en avoir. De-là en
avant en effet .Geoffroy ne _saffoiblit plus .ôc .de
meura fer-vent “ôc fidelle.
u”.
Le Pape 8c Lothaire ſe ſeparerent aLiege aprés
beaucoup de témoignages d’amitie'.Lothaire reprit
le chemin de l'Allemagne ,,85 le Pape celuy de
France. A ſon retour il-allañviſiter ela celebre Ab
baye _de Cluny. Ces illuſtres Religieux-quoique
Pierre de Leon eût eſte' leur frere , -s-'étoient des
premiers ñdeclarez pour Innocent, 8c firent pa..
roître à ſon arrivée les marques les plus éclatan
tantes de .leur dévouement 8c de -leur zele. Il ſit
la dedicace de -leur nouvelle Egliſe, 6c vint en
,ſuite a Clairvaux , où il fut receu dans un appañ"
,reil qui ne rcſſentoit rien dela magnificence pro
' fane ,
.
teaux ce privilege..
p Cependant Et-ienne Generalſi de tout l'Ordre ,.
a qui ſon âge n'avoir rien ôté. de ſa pénetration ,.
prévit les murmures' des Religieux de ,Cluny
contre les ſiens , filon ne condamnoit qu'eux a:
perdre les dixmes, 8c reſolut pour cela de ſe rend-
dre auprés du Pape.. Il fit venir les choſes de:
loin. Il lu-y demanda- d'abord que les Abbez.
fuſſent à l'avenir exemts de ſe trouver aux Con-
eiles 8c aux Aſſemblées-que pour la cauſe de la:
Religion , 6c que les Evêques ne pûſſent diſpen
ſer les Religieux. ſubalternes de l'obéiſſance à»
leurs Supérieurs.. Enſuite il. vint a l'affaire des
.dixmes Il' dit» au ſaint Pere que quelque avantañ….
ge qu'il y eût pour. eux en ce privilege ,Ail le. ſu.
n
'Î8'4ſi. LAVIE DE S.ë'Bſi~ERNAR’~ſſD.
,_____._.—..—-»
plioit ,ou de le revoquer , s'il en avoit déja fait?
“UN ex edier le decret , ou de luy donner toute ſon
. [ISI-ï
- etenduë. Car pourquoy , continua-t'il , ceux de
.. Cluny doivent—ils ſeuls ſouffrir la perte d'un
>- droit que tous les autres reçoivent? Faut—il qu'à
ñ- cauſe qu'ils ſont nos freres 6c les enfans duí
»même pere, -ils ſoient les plus maltraitez? Il pa—,
»- roiſt dans ce bienfait une certaine injuſtice'
ñ» qui le rend moins honorable, la réputation de'
.. Cluny en ſouffrira , 8c Cîteaux en recevra peu de
.. profit; car les terres que nous poſſedons dans
,. les Seigneuries deCluni ne ſont preſque rien en
>- compataiſon de celles que nous avons dans
>- toutes les autres : mais ſur tout il n'en faudra
>- pas davantage pour ranimer 6c pour aigtir tou
» tes les diviſions qui ſont déja entre nos deux
.. Ordres à l'occaſion de la diverſité de leurs Ob—
d» ſervances.
Ces raiſons toucherent le Pontife, mais ne vou
lant pas révoquer ſon bienfait, il réſolut de l'é~
tendre generalement a toutes les dixmes que
.payoient les Religieux deÎCÎteaux; 6c pour ren
dre la choſe moins fâcheuſe à ceux de 'Cluny,il
-fit chez eux-mêmes ce decret , afin que ſe voyant
enveloppez dans la cauſe commune , ils euſſent
moins ſujet de s'en plaindre, 6c ſlulté
u'il parût
leurs même
ſenti
.que le Pape avoit en cela con
mens. Per onne alors ne murmura contre ce de
cret , ſoit qu'on fût quelque temps a l'ignorer,
-ou qu'on sîmaginât que les Religieux de Cîteaux
;ne s'en prévaudroient pas.
.Ÿ——'——.Àñ ñ
On pas
voitégard
par laaux
fin de cette Lettredeque le Pape
n'eut ſupplſiications l'Abbé de
Cluny , puis qu'il ſe plaint du 'tort que luy- ſai.
ſoient lesMoines de Cîteaux. ll eſt a croire qu'
elle les 'rendit plus doux 8c plus* tendres-pour cet'
illuſtre. Ahbé.,_'qui_ ne leurdemaudoit que des'.
[98 L A VIE, DE S._ B ERſiNAſiRD.
Lv, N marques d'amitié,, que leur intérêt ne_ les empé_
zizi. choit plus de luy accorder.
"du, ,,43 Pierre de Blois dans .une Lettre a l'Abbé 8c aux
c.. Religieux de Cîteaux, ſous le nom de Richard
Archevêque de Cantorbery , aprés avoir ſait leur
éloge , dit que rien n'obſcurcit leur gloire que
la réputation qu'ils ontde ne pas payer aux Eccle
ſiaſtiqucs, 8c aux autres Religieux des dixmes de
leurs Domaines. Qiel eſt , dit—il , ce privilege in
jurieux qui vous exemte de payer les dixmes , où
ſe trouvoient aſſujeties vos terres , avant qu'elles
ſuſſentä vous? Ne ſont—elles pas paſſées entre vos
mains avec les mêmes charges? Nul privilege de
l'E liſe Romaine ne peut vous rendre permiſe
Yuſiirpation du bien d'autruy contre vôtre con
ſcience. ñ
Durant-la chaleur de ces conteſtations , nous
avons perdu de veuë ſaint Bernard , auſſi n'y pa
rut-il pas beaucoup agir , ſoit que l'affaire ne fût
pas de ſon gouſt , ou qu'il fût entierement occu.
pé par le Pape a travailler à la réünion des peu
ples de Piſe 6c de Génes. D'anciennes di~vi ions
troubloient ces peuples. Tandis que les uns 8c
les autres
fſienſes cherchoient
légéres , de plusàconſidérables
ſe venger de quelques oſ
arrivées de
puis les engagerent d'abord dans des diſſenſions
8c des haines , 8c enfin dans une guerre declarée.
Ils ne S'attaquoient lus qu'avec le ſer 6c le ſeu ';
8c comme s'ils euſſent pourſuivi des ennemis
étrangers , ils ſe tuoient ſans sépargner, ils ſe fai
LIVRE TROISIÈME. x99
ſoient reſpectivement eſclaves, «Se jettoient dans L'a N
cſaffreuſes priſons ceux qu'ils prenoient. Les Gé nzz.
nois étoient alors les plus ſorts &les plus heureux,
8c” moins diſpoſez à la paix par cette raiſon. Ce
pendant dés que ſaint Bernard parut auñmilieu
d'eux par ordre du Pontiſe ,il domta la Férocité
de leurs cœurs , il les appaiſa tout ?i coup , 8c d'a
'bord ils~luy promirent de faire tout ce qu'il vou
droicll n'y eut ny retardement , ny delay z il les
vint trouver ,. il leur parla ,il les changea , 8e il
n'eut pour cela- qu'à ſe montrer. Il inſorma le'
Pape de cet' heureux ſuccez , 8c manda aux Pi.. XV.
ſins devenir travailler aux conditions de l'accom S Bernard.
reconcilic les
modement. Les--Génois étoient tellement ſoumis peuples de Piſe
avec ceux de .
aux volontezde ſaint Bernard , que ſi ceux de Piſe Gènes.
ſe fiiſſenttrouvez dans le même lieu , cette aix
y eût eſte' auſſi- tôt concluë 8c ſolidement éta lie.
De ſorte que ſa négociation ayant eſté ſi courte ,_
il employa le tem S qu'il demeura 'dans cette
Ville ar-prêcher la 'vine parole , 8e l'avidité. u'il
temarquoit
que faiſoientdans ceux qui, l'écoutoient
ſes diſcours Iſſ'ſianir~noient,d'une
6e le Pfer..
ruit .ñ
L’AN—
~- pour s'y mettre à l'abry de vôtre ſOËCctlOIÎJ.
"Z57" »De quel excez de folie faut-il" que (bit-frappée
--cette miſérable creature , qui devenue par ſes…
»ñſrayeurs errante ôcſugitive , ſuit préciſemeno;
>- dans-le lieu-qu'elle devoit le moins choiſir Our :
>- aſyle? Penſes-tu ſcelerat, que le Siege de l'equi—: —
»té ſoit.
--de lionsune_ caverne
2 Ta gueuledeécu1nante.,de-rſiage—
voleurs 8c une-Y retraite:
&À de :
»fureur-eſt encore teinte du ſang' que tu viens i;
>- de répandre -, ô( aprés avoir tué ſenſantñdans le
>- ſein mater-nel- , tu oſes paroîtresaux Îyeux de ſon
- pere. Si-pourtant , tresdſaintePere, il "demande
*- d'être admis à-la penitence ,… ilHne ſaut- pas le
v luy refuſer. (Le s'il veut ſeulementune audienë
>- ce, donnez luy, je vous prie ;celle que donna
-= Moyſe au, peuple qui-avoit fléchi-le genou de:
>- vant l'ldole;celle… qu'accorda Phinées à Flſraë.:
...lite fornicateur,, celle de Mathat-ias à. celuy
>- qui ſacriſioit ;au démon-z ou bien , pour -vous .
»A propoſer» l'exemple de vôtre. predeceſſeur , celle
d- qu'obtinrent de- Pierre , Ananie 8c Saphire, ou
-ñ celle enfin que donna le Sauveur aceux qui
d- ñtrafiquoient dans le Temple. Ne ſçavons—nous
-ñpas, que certains pechezportent avec eux leur
»condamnation 2- La voixdu ſang de tonſrere ne
>- criez-felle pas contre toy de laterre au Ciel-ë
d-.Qii doute que l'ame du Saint à qui dans ces
-_ -ñderniers jours tu viens- de donner-cruellement
Pula. mort., jointe aux ames des- autres Martyrs-z, D
p
' LIVRE TROI"SIE'ME. 2.05
necrie-ſous l'Autel d'une. voix ſorte, 8c ne de.- - L* A N.
mande
que ſonvengeance avec
ſang eſt plus d'autant plus—d'ardeur,.-
recemment répandu P -ï ' n53,ct
Geoffroy de. Chartres vint trouver Etienne à
Clairvaux,il entra dans ſes-ſentimens; 8c l'on aſſem
bla un Concile à Ioüarre, compoſé des Evêques
des Métropoles de Sens , de Reims, ,de Roüen
6c de Tours. Hugues de Grenoble ô; les Char
treux écrivirent au Concile,,..pour. animer les
Evêques. àïpunir le crime,, 8c. nous voyons par a
une Lettre de Pierre de Cluny ,qu'on renditcon
tre les rebelles une ſentence rigoureuſe,.que le ï
Pape Innocent confirma. Cependant tout le ju
ement ſe. reduiſit-“ä-les excommunier, 8c .à dé
?endre de celebrer les divins Myſteres dans tous Ê
les lieuxñoù. les aſſaſſins ſe trouveroient préſens.
Le temps auqueñl le .Pape 6c .Lothaire s’étoient
donné rendez-vous a Rome arriva. (Lioyque . le ‘
Pontiſe eûtrecuëilly en- France pluſieurs ſom
mes conſidérables , ſgñslongs_ voyages les. avoient ‘
neanmOinñs-épuiſeſſes, 6c il ne ſe voyoit gueres en
état de gagner ceux. des-Romains qui n'étoient
pas dans… on party...D'ailleurs comme. Anaclet
occupait dans Rome tous.- les endroits capables
nïétoientque
de deuxtroupes
reſiſtance. ,ples …mi hommesſdonn-oient
du R-Oy Lotha-ire, peu
qui .
—,-_—4_____ .— __í._
LIVRE TROISIEME. 217
tant que cette nouvelle(plante que Dieu luy avoit L' A N
- confiée, eût pris de pro ondes tacines;qu'il voyoit .n53,
avec joye que n'ayant eû d'abordä conduire que
le ſeul Monaſtere de Cîteaux , il étoit multi lié en
un cent d'autres; qu'il s'était apliqué à ſolide
ment établir, 6c plutôt par les exemples que par les
ñécrits , les loix (qu'il avoit jugé par experience
leur devoir imp er, que plu ieurs en les obſer.
vant étoient allez avant lu-y dans le Ciel, &r qu'il
.en laiſſoit un grand nombre à qui le ſoin de la
conduite pouvoir être commis , que les forces
luy manquoient plutôt que~le-cœur,qu'ils voyoient
’ bien ſes yeux .ſe couvrir de nuages , 6C que plus
'les dons exterieurs Fabandonnoient , p'lus il ſe
ſentoit porté à penſer aux biens inviſibles , 8c qu'il
les conjuroit enfin de le laiſſer prendre ſoin dc
*Lay-même ,puis qu'il n'en pouvoir plu-S prendre
des autres. ‘
Sa voix affoiblie par l'âge &ſes frequens ſoupirs
avoient donné une nouvelle él ſſes
uence
cours , qui fit fondre en “larmes freresâſon
, 8c diſ
de
clarer leur douleur par leurs cris. Cependant ils
n'oſerent s'oppoſer au deſſein de leur Abbé , i
qui toûjours ils avoient obéï.
ñ Ce ſaint homme aprés avoir 'paſſé-quelques
mois dans le repos de la contemplation des biens
à venir 8c dans les deíirs de la vie celeſte, mou
rut entre les bras de .tous ceux qui s'étoient ren;
dus äCîteaux, pour voir encore une fois un Pete
ſi tendrement aimé. Dans les derniers moment ""4- 1l*:
Ee
-M8 LA VIEDE S. BERNARD.
ï-—-———..._,_
de ſagonie , quel ues Freres dirent entre eux
L'art
1155.
qu'un homme co lé de merites comme celuy..
la , devoit bien tranquillement aller devant Dieu.
Il entendit ces paroles, &t ramaſſant le peu de ſor
» ces qui luy reſioientJe vous aſſure , mes Fre
- res, leur dit-il , que je vas paraître devant Dieu
>- avec autant de frayeur que ſi jamais je n'avais ~
-ñ rien ſaitde bien z cars'il m'eſt arrivé d'en faire, .
a 8c d'en être aux autres une occaſion par le ſe
-o cours de. la grace , ſapprehende beaucoup de
ñ- n'avoir pas conſervé cette grace auſſi humble
~ ment , auſſi ſidellement que j'aurais- dû z ô: ce
>- ſut dans ce .ſentiment qu'il finit ſa vie. .
S. Etienne étoit auſtere dans ſes mœurs, exact
pour l'accompliſſement des devoirs, 8c donnant .
moinsala douceur qu'au zele, uoique Guillaume
de Malmesbury nous le défini e complaiſant dans
l'entretien, toûjoursriant .ôctoûjours animé d'une
joye ſainte. _ ' _
Comme cette mort arriva durant l'abſence de
ſaint Bernard, il neſut' 'pas mis à la place d'Etien
ne , apparemment par cette raiſon , ou peut- être
que Godefroy Prieur de z Clairvaux , empêcha
cette perte pour ſes Religieux , qui d'ailleurs
avoient pris leurs meſures auprés du Pape pour
conſerver toûjours leur Abbé.
Cependant Roger Duc de Sicile ravageoit '
toute l'Italie en ennemydeclaré de-ſEgliſe 6: des
Princes qui la protégeoient. Aprés avoir fait oſ
ſrir aux Genois des préſens pour les corrompre-T,
LIVRE TROISIEME… m,
reduit ſous ſa domination par violence Capouë
8c Bénevent, 8c démoli Averſe, il eſſaya d’ébran L’ A N
1135.
ler la fidelite' des Milanois. Saint Bernard qui le
ſeeut en écrivit à ces peuples une Lettre , où il tâ
che de les raffermir , 8c les faire reſſouvenir de?
toutes les graces qu'ils avoient nouvellement re
ceuës du Pape. ll fait dans cette Lette une adrni
table deſcription de l'autorité du ſiege de Rome ,
8c luy donne une rétenduë _montre aſſez com
bien il en reconnoiflbit la puiſſance.
. Innocent allarme' des irruption: du Prince de
Sicile ,envoya un Ambaſſade à l'Empereur L0-
thaire , pour l'inviter à venir défendre ſes Etats
8c ceux de l'Egliſe , pour encourager les peuples
ô; ſoutenir leur ſidelite' chancellante , pour punir
les rebelles 8c reprendrece que Fuſurpateur avoit
déja pris. Le Pape ne chargea point ſaint Bernard
de cette députation , ſoit parce qu'il avoit de la
répugnanceà voir la guerre s'allumer contre des
Chrétiens tout deſobéiſlans qu’ils fuſſent z ſoit ue
le deſir de voir ſes Religieux , dont il étoit abfiznt
depuis ou
vaux; long-tem
qu'en nS,luy ſit hâter
il fût ſon retour
reſerve' à Clair-
de Dſiieu pour
une negotiation plus importante , qui étoit
la converſion de Guillaume Duc &Aquitainell
ne laifla pas neanrnoins d'écrire à Flîmpereur
pour lîanimer à la défenſe de la Religion 8è des
Etats de l'Empire. Une fauſſe relation du peu de î²’ſi"‘ W'
peril où ſe trouvoit_ l'Italie avoit trompé Lothaire
6c luy faiſoit retarder le ſecours que le Pape luy
E e ij
2.2.0 LA VIE DE.S. BERNARD.
L* A N demandoit contre leurscommuns ennemis. Saint:
n33_ Bernardluy reproche ſonretardement avec cette
liberté d'eſprit qui l'anime” , 6c luy conſeille
d'envoyer inceſſamment ſes_ troupes 8c de ſe met-
tre même 'aleur tête.
- Ce n'eſt point à moy , luy dit-il, a vous exhor
. ter au combat , cependant (GC je le declare harñ
. diment), il eſt du devoir' d-'unñ défenſeur de l'E-
'- liſe de s'oppoſer à la fiureur des ennemis', qui?
ſa veulent ravagerzdeſt-à Ceſar à reprendre ſa»
» propre couronne d'entre les mains de Fuſurpa
...teur Sicilicn.. Car de même que c'eſt deſcendre
:äçîjäiîgfíî -ñ de la race des Iuifl , que d'outrager Jeſus-Chriſt'
siecd-rmn' »juſqu'à s'emparer de la chaire de Pierre ,_ de
"'"'~ -mêmezoſer dans la Sicile ſe faire roclamer
-ñ Roy ,c'eſt ſe declarer ennemi de Ceſdr.
RŸOÏÎJAŒ_ L'amour qu'avoir Bernard' pour ſes Religieux.
**nud î le brûloit du deſir de les revoir , 6c l'envie qu'ils
Claituux.
en 'avoient n'était pas moins ardente. Le Pape.»
ayant conſenti qu'il leS-allaſt rejoindre, il' ar..
tit d'Italie pour reprendre la route de Cſ'air- -t
vaux.
Lors qu'il' paſſait' par Florenceavec aſſezde pré—
cipitation , il y ſut arrêté. par le Clergé 6c par les :
Citoyen-s de PlaiſancéCes peuples avoient ſui-vi.
leur Evêque pour voir 8c pour entendre le ſaint
Abbé 8c le conjurer inſtamment dc venir avec
eux paſſer quelques jours dans leur Villez mais..
comme_ ſon ſejour n'y pût pas êtrelong ny capa
ble. de les raſſaſier , ils luy-demanderont avecar-e
LIVRE TR OISIE'ME. í.'2.’l‘
ſſdeur quelques-uns de ſes Religieux , ils luy offri
rent de leur bâtir un Monaſtere dans un endroit
qu'il trouva convenable 6c luy marquerent les
biens qu'ils y vouloient attacher. ll y conſentie'
&leur envoya quelques- uns de ſes diſciples quand'
il fut de retour. Voic de quelle maniere l'Abbé' L. 1.. cb. fs;
Arnaud. décrit qu'il ortit d'Italie. Lors, dit-il , -~
?œil eut paſſé les Alpes, les paſteurs qui condui- ec
-pagne deſcendoient
oientleurs du haut
troupeaux-ze des-rochers
les habitans dela , eam-
pour ~'n- i
...L
- î LIV RE TROISIEME. zz;
l'Ordre que vous avez embraſſé. ~ .. L* A N
Pendant la longue abſence du ſaint Abbé , le n55_
Demon ne remporta nulle victoire dans Clair- 4…. 3…,,
-vaux , il ne rallentit rien de la ferveur des Reli
gieux, 8c cette Maiſon du Seigneur fondée ſur
la pierre ne fut ébranlée par aucun endroit. Per
ſonne n'a_voit reſervé juſqu'àſourdement
ſon arrivée entrete-
le recit _
de ſes diflſſerens; les haines
nuës n'éclatere—nt point en ſa préſence, les jeunes
ne ſe plaignirent point de la dureté des anciens ,
ny les anciens de_ la lâcheté :des jeunes; chacun
fut trouvé dans une diſpoſition ſainte 8c dans une
intelligence parfaite les uns avec les autres: en
ſorte, dit l'Auteur des Annales, que ſi l'on en re
rranche les exercices de la penitence , _rien ne
reſſembloit mieux au ſejour celeſte que cette ha.
bitation tranquille. ~ p
Saint Bernard goûta le repos que luy oſſroit Mar-riq
.une ſi belle demeure. Il y fut nean_moins quel
.que fois interrompu -, chargé qu'il étoit de la ſol
licitude' de toutes les_ Egliſes , cela ne pouvoit
_être autrement. ll aprit que les Miniſtres de l'Em
ereur tourmentoient' les peuples de Piſe , dans
ſe temps qu'ils réſiſtoient de leur mieux aux ef—
forts du Duc de Sicile. Il en écrivit à Lothaire une
Lettre où il luy parle aſſez hardiment 6c luy fait Erin 140- i
un bel éloge de ces peuples.
l
L A n'
~ód'Atrano, Villes tres—riches 6c bien ſortiſiées, 8c * 11,55
juſqu'alors …imprenables .à tous ceux .qui les
avoient attaquées. Qïily auroit eu de conve— -
.nance, d'équité, deraiſon 8c de .juſtice- que du- -
"ſant
-d'un le,peuple
cours ſideſidelle
.ces actions éclatantes,le
.fût demeure' païsà -- ſ
toûjours
-l'abry de toutes ſortes-d'ennemis , ſoit a cauſe -=
»de .la .preſence du Pape ., que ces peuples con- -
.ſervoient depuis long-temps chez eux , ôc-con- »
ſervent encore avec honneur pendant ſon -
-exil, ſoit à cauſe du ſervice qu'ils venoient de œ
Tendre à l'Empereur, .ôc pour .qui de plus ils
étoient encore exilez. Mais il en eſt arrivé tout «
.autrement , ceux qui avoient .offenſé l'Empeñ c
.reur ont trouvé grſiace devant luyſhcceux qui -ñ
>l'avoient.ſervi.ſe ſont attirez ſa colere. g -
Peutzêtre ne —ſcav…iez-vous pas cesñ-particulari- «
tez? maintenant donc .que la choſe vous eſt -
connue, ileſt de vôtre.devoir,8c même de vô- - '
-tre avantage 8c de vôtre honneur , de changer -
de diſcours &d'eſprit ,afin que .des hommes-
qui .ne devoient recevoir que .des .récompenſes <
ôc des graces,ſoient traitez de vous comme ils-
le meritent. O .que cespeuples de Piſe ont me- -
rité de choſes 8c qu'ils .en ,peuvent meriter en- ï
corei c'eſt aſſez dire a un Prince éclairé. . -
c t … …rj
DTV RE' T R O I~S I E' M EL" 2.29"
toitlaiſſéprévenir parluy
IctelſſmeSaint Bernard Gérard Evêque
écrivit d’Engouñ u”,
ſur ceñſujetune
Lettre qui le changea tout-a-fſiaitôc en fit un de ſes. ſiſ
\
rrn
*c
r_
2.—42. LA_VIE DE S..BERNA~.RD~;
L'a N oſer ny ſans pouvoir répondre,ialla au devant'.
n55., de l’Evêque dépoſe' , Yembraſſa , &c de la même
main dont il l'avoir ſait deſcendre de ſon ſiege ,,
l’y rétablit enſuite à laveuë de toute la Ville que;
ce_ ſpectacle remplir de joye. ._
ſés Aprés avoir dans
leſſ ſchiſme apaiſe. les Province
cette troubles- qu'avoir cau
,,& reconci
lié. le Duc 6c ſes adhérans à l'Egliſe, le Legat 8c_
l'Abbe' partirent l'un pour Chartres, l'autre... pour
Clairvauic. Qielque remarquable qu'eût eſte' le…
changement du Duc Guillaume ,_ ſes .réſolu-tions,
sÏébi-anlerenct désque ſaint Bernard sé-loigna,,
8c peu_ àipeu il. redevint le même. _Ilï écouta de_
nouveau lesconſeils de Gérard , qui travail.
loic toûjours a, corrompre_ les ſentimensde- ce_
Prince… ll: n'oſa plus à la verité. s'attaquer aux-..z
Evê. ues, mais il_ perſecuta. leszEccleſtaſtiques
les cïaſſahonteuſtrment-dePoitiëE-rs.. ſi 8:..
Saint Bernard le ſceut lors-qu'il étoit encore em
chemin, a: enzécrivit une Lettre à… ,Guillaume où .z
il luy—. parle avec fermeté; Gérard perſeveroit coû;
jours-dans ſes .crimes,_maís le Lourde la colere.
1x8. divine arriva; cet' indigne Evêque mourut ſans…
Sacremens ,Be ſes neveux-qu'il avoit eſilevez- aux-ë…
dignitezEccleſiaPtiqucs le trouverent étendu mort.:
dans ſon lit , 6c le firent < enterrer-dans -unc - Egliſe
d'où Geoffroy de_ Chartres le ("it-ôter 8c jetter:
ailleurs. Ses neveux- fiirent enſuite chaſſez-.de cet-u
te Egliſe”, &tout ce qu'il avoit de parens bannis -,
Hors du Royaume pour aller dans. les Pals;
'LTV R E ſiT R O IS I E"M E. 2.43
. q ues.
Bernard Religieux de la. Chartreuſe .de Portes
~ XX”
— 1- s 1l ü
le preſſa ſort de compoſer cet Ouvrage ,, &s il l enñ roz-'ÃÎÔÎËÃË'
treprit de luy-même , du moins les inſtances de Ãſiuſſei" Cm"
cet ami le confirmerent dans ſon deſſein. Le grand
nombre d'affaires dont il .fiit accablé l'empêche
—rent de l’achever, quoique pendant 'les dix-huit 4
années de
mencé, vie qui luy
il prêchaſt reſterent aprés
preſquetousctles l'avoir
jours com
ſes Reli
gieux quand les occupations de dehors le luy
permettaient. -Il prononça ces diſcours de vive
~voix comme on le remarque par le Sermon 4D.
…où-il dit , Ma finblcffi- que 'vous connozſſtz, m'empêche
depaſſer outre. MafiDiÉ/cfle , dit- il dans le Sermon 44-.
M'avertir d'en demeurer-Id. ll ſe préparoit ala verité
par la medication &par la priere fpour com oſer
ces ſortes de diſcours; mais il les aiſoit .que que
fois de la plenîtude de ſon eſprits: ſans écrire,
car il a dit pluſieurs choſes qu'ils luy venoient ſur
le cham p,comme dans le Sermon 36. où 'il reprend
..ainſi ceux qui dormoient : Je croyois pouvoir-
:achever dans un ſeul Sermontout ce que j'avois s
promis touchant les deux ſortes d'ignorances , 8c —
.je l'aurois ſait ſi cela n'eût ſemblé trop long a -
ceux qui s'ennuyent ,car j'en vois qui bâillent 8c —
d'autres qui dorment,, 8c ilne ſaut pas s'en éton- *
Hh
_l_,…—
l puiſſï*
dans leretrouver aifmenr
manuſcrit descc\Feuillaſins-ilsſi
qui pourrait être~n.’y:oublié Ainſi-Ir
ſont point
enzlangue. originale, dans .celléñ-.oiîï ilË-onî;
li .I
l
L
L…
ſſ-I
XXVlll. '
ſërviteur Bernard, 8c remontant à cheval il. continua. B
i
l
'i
262. LA VIE DE S. B ERNARD.
Loix qu'il allegua o; mais le Saint qui ſçavoit que
L'a N' le Royaume de Dieu n'eſt pas dans les diſcours
n37.
mais dans la vertu , prit enſuite la parole , 6c
ñ s'adreſſant a Pierre de Piſe: Je n'ignore pas,luy—
- ditñil , que vous êtes un homme rempli de ſa
4. geſſe 8c derudition, 6c plût au Seigneur que
a» vous ſuffiez employé pour la bonne cauſe 5c
—- pour une negotiation meilleure. Si lïntereſt de
ñ- la juſtice étoit entre vos mains pour le ſoute
» nir , nulle éloquence aſſurément ne pourroit
d- affoiblir vos raiſons : auſſi nous autres gens ru.
>- ſtiques plus accoutumez a manier une bêchc
-- qu'a briller dans les diſputes , nous ne rom
-e prions pas nôtre ſilence ſi la cauſe de la ſoy
.- ne nous' -cont-raignoit de parler; mais aujour
- d'huy la charité nous preſſe de dire que Pierre
<- de Leon protege parle Prince qui nous écoute,
a déchire 8c met .en pieces cette tunique du Sau
ñ veut, qu'au temps deſa paſſion ny le Payen ny
a le Juif' n'ont oſé rompre.
o Il n'y a qu'une ſoy , qu'un Seigneur 8c qu'un
-. baptême ; nous ne nonnoilſons ny deux bap_
- têmes , ny deux créances,, ñny deux Seigneurs ,
- 8c pour remonterà l'origine , on ſçaic qu'au
a tem S du delu eil n'y eut qu'une arche où huit
-ſper onnes ,ſe (gauverent tandis que tout le re.
- ſte perit. On ſçait encore que cette arche
a- eſt .la figure de l'Egliſe. Une nouvelle arche y
z* a eſte' depuis u bâtie , 8c maintenant qu'il y
.- en a deux . il aut neceſſairemcnxñ qu'il y en ait
O
LIVRE TROlSIEME.. 2'63
une adultere 8c precipitée dans les eauX.Si celle « L' A N
ue conduit Pierre de Leon eſt veritable, ilſaut - n58..
Zbîmer celle que conduit Innocent,.& de cette d- _
ſorte les Egliſes d'Orient 8c d'Occident peri- - ï
ront, toute la France perira ,… toute l'Allema— -ñ
gne ,, toute l'Angleterre 8c les Royaumes les -—
plus reculez ſeront abîmez dans la mer ;les Or- .p
dres des Camaldules , des Chartreux, de Grand- .
mont ,de Premontréuide Cîteaux 8c une inïni- -ñ
dé d'autres Congregations de ſerviteurs de Dieu, ce
ſeront emportees par le même tourbillon dans -
Tabyme avec les Evêques , les Abbez 8c tous c
les Princesattachez àl'Egliſe,8c Roger ſeul aprés -e
avoir fait perir tous les autres ſera ſauvé? Mais -—
Dieu nous préſerve de cette ruine entiere de -
toute laReligion, 8c de voirñ un Prince ambi— ~
tieux entrer dans le Royaume du Ciel aprés -
l-a-vic qu'il a. menée à la face de toutc la terre. -ñ
' ;ver Bernard. Le' Saint qui vit ſon repentir ſincere
'luy fit dépoſer toutes es marques de l'autorité
-Pontiſicale ,ôc l'a-mena aux pieds d'Innocent qu'il
&reconnut pour ſon “legitïime Pontife, Aprés cette
action toute la Ville s'en réjoüit publiquement ,
:le peuple Romain témoigna ſes reſpects pour le
Vicaire de Jeſus-Chriſt, l'Abbé de Clairvaux re
;ceut des hommages de tout le monde , 8c chacun
Je regarda comme l'auteur de 1a paix 8c le pere
de l'a patrie… Les Seigneurs les plus qualiſiez l'ac
.compagnoient dans les ruës , les peuples faiſoient
recent-ir leurs cris dſallegreſſe , les dames vertueu
' ſes leſuivoient, 8c tous sattachoient äluy avec les
témoignages d'un dévoüement abſolu. Voicy le
détail de l'heureuſe fin de toute cette affaire dans
;la Lettre qu'il en .écrivit au Prieur de Clairvaux;
LETTRE DE SAINT B ERNARD
.à _Godefrqy Prieur de Clairvaux,
ñ - E propre jour de Toctave de la Pe-nteco- < E; i: 3x74
î ſte nous _receûmes du Seigneur l'accom- -
~ LI
2.66 LA VIE DE 5-. BERNARD)
.. pliſſement de nos deſirs. Il rend-it l'union aſonë
L' A N
n38.
.. Egliſe 8C la paix à toute la terre… Les amis de
.. Pierre de Leon ſe proſternerent ce même jour
via”. - aux pieds du Pape legitime , 8c devenus ſes Su
.. jets luy jurerent fidelitézles Eccleſiaſtiques qui
a ſe trouvoient envelopez dans le ſchiſme s'immi
. lierent de même aux pieds du Pontifvtzñconjoin
>- tement avec l'idole qu’ils avoient élevée,luy pro-ſi
»- mirent ſelon la coutume une parfaite Obéïſſan
- ce , 8c Ie peuple en reſſentir une' extrême joye.
>- Si je n’avois attendu avec quelque ſorte d’aſſu=
- rance ce rétabliſſement de la paix qui nous
a» avoit neanmoins eſté long-temps cache' , il y a
- bien du temps que je (crois party. Rien d'ail
» leurs ne me retient plus en ces quartiers. Ie fais
- ce que vous m’avez ordonné, je ne dis plus je
~ partiray , mais je pars 3 car en effet je pars dans
- ce moment ,— 8c ſay ma récompenſe avec moy ,.
v» ceſt à dire la victoire de Jeſus-Chriſt 8c laſpaix
- de l'Egliſe. '
n Le porteur d: cette Lettre , ſort de Rome ſix
jours aprés cette journée celebre. Ainſi je pars
»- avec mille tranſports de joye chargé des fruits
- de la paix. Les paroles ſont belles, mais les œu_
- v vres le ſont bien davantage. Elles ont même tant:
- de beaute' qu’il faut être extravagant ou impie
v pour ne s'en pas réjouir. Adieu.
i
2.68î L A VIE DE S.- B ERNAR DÉ
.. vîte que les corps avoit peinte à ſañmaniere auÿ
’—I:'A N ne yeux de mon elprit une belle image: dUîVÔtſC ;z
11-58.
>- inais depuis que je poſſede un bien* ſi long.—_
.. temps attendu , 8c qu'à la veuë de la verité
.- tous les phantômes de l'imagination ſe ſont?
.. évanoüis, mon ame vous eſt tellement unie ,a
ao que rien n'eſt capable de m'empêcher de vous
.. aimer. L'amour vous a ſi bien rendu le maître
d. abſolu de mon cœur, vos vertus 8c vos ſenti-
a. mens me l'ont ſi bien ravi, quîils ne luy ont par
@laiſſé de mouvement où vous n'ayez part, 6c
a m'ont contraint en même temps de prendre'
-x part à tous les mouvemens-du vôtre.- z
Cette Lettre ſut envoyée a Rome durant le _ſe-À
jour que ſaint Bernard y faiſoit encore , 8c aprés'
qu'il eut obtenu de Pierre de Cluny ce qu'il luy;
' avoit demandé pour les Moines de ſaint Bertin...
ç
ct v ſi p .269
ſi OÛOËPÛOÛÊQËWÏGËÛOÛPÛOÛCŸEŸW
.eQÛÔQOÛOËBÔUÜGÔUÔÔOËMÏQËDÔUÔËDÔQOEËOËOÆFÛÛG
,S O MſſMîA IR E
DU"
QUATRIEÎME LIVRE.
ſI,,
i Aint Bernard
empêche rar-vient
l'élection d'Italie enLangres
d'un E-vêlquérle France.»qui
II. ne
Il
l'i
l
l
SAINT BERNARD
L I V RE QRATRIEME.
~ …t t l
'I I-VÏR E QUATRIE' MER ,x73 \
-Eccleſiañſtique ëenplaignirent
qu'on fut-contraint ſi _hautement
d'y apporter quelques rectme-, L-AN
n33_
des dans le troiſiéme .Concile de Latran , où l'on '
défendit 'les appellationsfaites avant le jugement.
Saint Bernard-fut des .premiers-qui séleverent
.contre .cet abus ,Qc voicy comme il s'en explique
'au Pape ;Eugéne dans le 3. Livre de la -Conſide
ration; ll meſemble , luy dit-il, ;que les a-pel- - WF" l***
latiſſons doivent avoir-des ſuites 'tres-ficheuſes e
quand on neles fait-pas avec des précautions -
aſſez exactes. De tous les endroits du monde <
on en apelle à vôtre Tribunal ,ôc cela témoi— -e
gne que~vous êteslunjque ſouverain Eccleſia- e
fiique z maisſi vous en jugez ſainement, vous -e
vous réjoüirez moins du pouvoir que vôtre a
rang vous donne_ , que des avantages >qu'on.en e
retire. On enſi apelle à vous , mais plût au Sei- c
gneuràctpunirceluy
ſent que les cris quiſoprime
de Foptimé vous engageaſ
, 8c que ſimpie -e-
ne triomphât pas a résſſ avoir calomnié le pau- -e
vre. (Æïl y autoit e plaiſir à voir vôtre auto- ~
rité devenir aucun.accez
malſiicedeût .pour l'innocence
1 Mais un
quelaſile_ où la --e
renverſe-
ment, de -voir celuy qui a fait le mal ſe réjoiiir, <
8: celuy qui le ſouffre accablé -_ſous de vains -
travaux 3 N'y a-t-il pas de la cruauté. a ne pren- ~
dre nulle pitié d'un homme qui pour éviter
lînjure , ſouffre les fatigues d'un chemin peni- ï
ble 8c les dépenſes d'un long voyagez ,ôc ñnÎeſt- ï
ce vpas une lâcheté de .ne pas sïrriter :contre: ce- ï.
Mm
2.74 LA VIE DE S. BERNARD.
L AR . luy qui luy cauſe tous ces tourmens 2 Animez;
n38. . vous donc, homme de Dieu, quand pareilles
.. choſes arriveront , 8c qu'alors vôtre compaſiion
.. 8c vôtre indignation s’élevent. Vous êtes rede
- vable de l'une a celuy qu'on erſecute,& de
- l'autre a ſon perſecuteunEn apel er injuſtement,
- c'eſt une injuſtice: mais en apeller injuſtement
-a apellatioctns
8c impunémenc , c'eſt
injuſtes. Ordonner lieu à toutes
une apellation n'eſt les
jai
- mais juſte, quand le refus de faire juſtice n'y
- contraint pas. Ainſi vous en uſez tres- prudem
s- ment de ne pas vous rendre le protecteur ny
d l'aſile de toutes ces apellations , 8c d'en ren
-o voyer l'examen a ceux qui ſont inſtruits des
a affairespu qui peuvent l'être plus promptement
~ que vous z _car lus la connoiſſance en peut
a- être évidente 6c acile , moins le jugement en
a ſera lent 'ôc douteux.
Aprés avoir prévenu les maux d'une élection
ſi peu, convenable pour le diocèſe de Langres ,
ſaint Bernard partit de Li-on , pour ſe rendre a
Clairvaux , oû ſes Religieux n'e.urent pas moins
de joye de le revoir , qu'ils en avoient cu les deux
autres fois. Il y trouvatout dans une exacte diſci
pline,'&ñſa ſeule réputation y conſervoit la fer
veur. Il ſe crut en état de pourſuivre ſes Sennons
ſur les Canti ues z mais dans le temps qu'il ſem
bloit avoir ou lié les conventions, pour ainſi dire,
qu'il avoit faites avec le Seigneur à Viterbe , pour
que la vic de .ſon frere, Gérard ne fût prolongée
L I v R E QUATRIEME. 2.7;
que juſqu'a ſon retour à Clairvaux ,il ſe vit livré ~
E' A ir
à de nouveaux ſoins que luy donna la rechute
n38.
d'un frere ſi cher quandla fievre le reprit.
Les fatigues
\établie , 6c lesd'un long'continuelles
affaires voyage , unectſembloient
ſanté peu
exiger plus dederepos
doublemeſſns que ,del'embaras
la fiévre remedes.deMais les re
la reſpira..
tion , les inſomnies, le dégouſl: desalimens té
moignerent le peril où il etoit. Alors ſaint Bet.
nard ſe ſouvint de la priere qu'il avoit fait ä Vi;
terbe,il safligea de la perte qu'il. alloit faire uoid
qu'il ſe réjoüît de la gloire ou il jugeoit ien.
que ſon frere alloit entrer. Il com rit que les re
medes ne pourroient retenir un omme que le
Ciel attendoit depuis ſi long-temps' ,ñ 8c Gérard
ſentit luy-même que l'heure étoit venuë de quit
ter un frere avec ui les nœuds d'une tendre ami
tié l'avaient uni depuis vingtñcinq ans , 6c_ dont
la mort ſeule pouvoir le ſeparer. Vers le milieu de
la nuit u'il mourut ,ñ les Freres qui ſe trouvoient
autour 'de ſon lit , coururent annoncer à ſaint
Bernard avec quelle tranquillité Gérard atten
doic ſon dernier moment. ll vint en hâte tout
foible 6c_ tout malade qu'il étoit luy-même , l'en
tendit achever tout le Pſiaume x48. 8e 1e vit ex
piter plein de confianceÿc de joye.
. On enterra ce Saint homme avec un appareil
convenable a la ſimplicité monaſtique”, mais rien
ne ſit plus d'honneur a ſa memoire , que les larñ .
\tics touslcs Religieux. .Saint Bcriärd qui ſen- -
m *J
2.76 LA” VIE DE S_. BERNARD.
L- A i,, toit plus que tout autre cette perte, fſiutle ſeul qWŸ_
n38,, ne pleura point, 6c l'on. auroi-t peine à raporter
quelque autre ceremonie ſemblable Où même
pour des perſonnes_ étrangeres il"n'ait- pas- re'
paneluades larmes; S'il ſuc alors maître des mou
vemens de ſa douleur, il fallut peu de joutsvaprés
luyññceder , car dans le temps qu'il commençoit'
un Sermon , où il expliquait-un endroit des Can
tiques , toutëâcoup le ſouvenir dejſon-frere s'emà>
para de ſon ame , 8c tOutlC diſcours fut pour lùyr-;ï
Qui pOur-toit exprimer la tendreſſe &- let-vivacité*
de ce diſcours',- oûcesr deux freres ſont ſi bien"
dépeints P ,Voyons -de _quelle maniere î le Saint '
employa l'éloquen—ce~ de_ la nature, 8c quelle _vaſiï
riete' de ſentimens il y- fait entrer. Cette ſäecſieî
eſt lon,goû
mens ue,8epluſieurs-particularité:
nous nt"en'ra orterons deue l'adesvie'a ge*'óï
_,,,, ſa
puispréſence
que Dieu «vousadcomblé
6c .receudans 'des rieheſſesñde
.lañcompaſſgnie de ſes
.,, Saints. ' . - ſi _'
.,, A chaque occaſion 'je cherche 'Gérard 'ſelon
,,, ma coutume , 6c je ne letrouve plus ;lje gemis
,,, dans ma .miſerecomme un homme qui n'a
_,~, plus d'apuy. -Qxi cOnſulterai—je dans mes dou
_,, tes-z a qui mhdreſſeray-je dans les diſgracesë
_,, qui portera le fardeau? qui- détour-nero. le pe
,, ril? Par toutles yeux de Gérard prévenoient
,,, mes pas; vôtre cœur mon, cher —, entoit .mes
,beſoins
LIVRE -QUATRIE~'MEJ ſi 2-81
beſoins plus que -le mien ,il en étoit' plus ten- “ L'a N
&rement touché , plus vivement preſſé. Par "‘
l'efficace 8c par la douceur de vos diſcours, “
vous nſarrachiez ſouvent aux entretiens du ſie- ~“…
cle 8c me rendiez au ſilence que j'aime. Par la “.
ſcience de la parole qu'il avoit rcceuë du Sei- “
’ neur il ſçavoit quand il devoit. arler: enfin par “
ſaſageſſe de 'ſes réponſes 6c par ſ55 talens ,il ter- “
minoit
ſſſtiques ,ſi que
bien preſque_perſonnc
les affaires etrangeres
ne 6c
me dome- “. -
cher- “.
choit qu'aprés avoir veu Gérard. Il arrêtoit les “
flots des viſites , 6c ne ſouffroit pas que toutes “
indiſſeremment me vinſſent enlever mon loi- “
ſir. 'Il m'ameno'it ceux à qui luy-même il ne “
pouvoitſarisfaire, 6c congedioit tous les autres. “
O l'homme ingenieux 2 ô l'ami fidelle. Il rem— “
pliſſoit les devoirs de' l'amitié , ſans manquer “
aux loix de la charité. -Qui s'eſt éloigné de luy “
les mains vu-ides? Qiand a—t'il renvoyé ou “z
le riche ſans conſeil , ou le pauvre ſans aſſiſtan- “
ce ?Qxelîle extinction d'amour propreÎPour me “ p
laiſſer
ſide tousjoiiir d'un 8c
les ſoins, peuſondehumilité
loiſir , luy
il ſefaiſoit
chargeoit
croi- ‘_‘“
ſire qu'il tiroit plus d'avantage de mon .repos “ _
que s'il ſe fi^1t repoſe' luy-même. Q1elquefois“
neanmoin-s
ſon employ il, demandoit qu'on
8c qu'on _en le deli-vraſt
ſſchargeât de “
quelque “ '
autre , qui s'en_aquiteroit mieux que luy. Nui- “
'le attache déreglee ne l'y retenoit, mais l'inteñ “
;reſt ſeul dela chariçéz il ñtzravailloit plus que f!
Nn
2.82. LA viE DE S. BERNARD.
L'A N ,, tout autre , 8c reçevoir moins quépflfon;
I138. ,, ne z de ſorte qu'en donnant aux autres ce qu'il
,, leur falloir ,il manquoit ſouvent de pluſieurs
,, choſes , ſoit pour la nourriture óu pour l'habil
,, lement. Lors qu'il ſe ſentit aprocher de la.
,, mort , mon Dieu , dit-iïl,vous ſçavez qu’autant.
,, que je l'ay pû , ſay toujours. ſouhaité le repos
,, pour rentrer en moy-même 6c ne m'y-occuper
,, que de vous , mais la crainte de vous déplaire'
,, m'a toûjours retenu: danamon emîploy', l'amour
,, de l'obé~iſſance 8c ſur tout l'amitié que j_'ay pour"
,, mon frere 8c pour mon Abbé. Oiíy je l'avoue'.
,, mon cher Gérard , je vous dois tout le fruit de
,, mes études s'il y err a quelqu'un. Si les autres:
,, ou moy en avons profité ,nous vous en. ſom
,,,, mesPendant
redevables.
que pour. me (Lula. er vous éſſtiezï
,, dans .ſembaras ,je me repoſois a loiſir ,je va
,, quois plus ſaintement aux divins offices , je'
,, m'apliq-uois plus utilement a l'inſtruction de'
,, mes enfans. Comment n'eus—je pas eu de l'ai'.
,, ſutance au dedans puiſque je ſçavois qu'au deñ
,, hors vous agi-ffiez , vous. jugiez , vous aimiez:
,, 8c vous arliez pour moy. Vôtre action étoit
,, tranquil e' , vos intentions étoient pures ,,…
,, vôtre amour éclairé , vos paroles judicieuſes ,.
,, car il eſt écrit :le juſte medite la ſageſſeôc parle
,, enſuite avec prudence. _
,, Mais pourquoy, disñje , qu'il agiſſoit tant au'
,, dehors comme s'il eût ignore' les choſes- inte
, LIVRE QUATRIITME; 2,83
:pleures , 6c qu'il eût eſté prive' des dons ſpiri- . _..___
-tuels, Les ames ſpirituelles qui l'ont connu , - L'a N I
z…
quand j.’ay dit qu'une même ſentence a puni ce- “ L'a n
?luy qui devoit l'être 8c couronné celuy qui le “ Ilzao ²‘
meritoit 2 Ie le dis encore , le Seigneur miſeri “
ñcordieux
gneurſi je 6cchanteray
juſte a bien faitmiſéricorde
vôtre l'un 8c l'autre. Sei- ““
8c vôtre
juſtice -, le cantique de la miſéricorde ſera pour “
le bonheur de Gérard; celuy de la juſtice, pour "
les maux que nous ſouffrons. Vous ſerez loüé"
.dans l'un 6c dans l'autre. Ne faut il- donc loüer“
que la bonté de Dieu 8c ne pas loüer ſa juſtiñ ‘-‘
ce 2 Vous êtes juſte , Seigneur, 8c _ vôtre' juge- “~
ment eſt lein d'équité P Vous nous aviez donñ_ "
né Gérar , 6c vous nous l'avez ravi. Si 'nous ſi'
nous affligeons de ne l'avoir plus,nouS n'oublions "
pas que vous nous l'aviez donné Nous vous renñ F'
C
dons graces d'avoir poſſédé pour un temps d
_Ooij
À
emgcrebanr, p . z. . P, ,
EEËÃBÊÎËÎËOÊ _ L amour sempara tel-lement du cœurdfiâbat»
ſzmmùæ_ lard , que les exercices de la Philoſophie luy de..
XM, vinrent inſipides. S-es diſciples s'en a-perceurent,
la cauſe s'en découvrit , 8c tout le monde ſut ſi
bien inſormé de ce commerce , qu'il n'y eut plus
que Fulbert qui l"ignorait. On l'en avertit , mais il
_n'en voulut rien croire. Son amour pour ſa n-iece ,
.Cz l'hypocriſie d'Abailard l'avoient aveuglé. En
fin il ouvrit le! yeux 8c s'anirn-a d'une colere vic
lente. Les amans furent obligez- de ſe ſeparer.
.Heloïſſe au bout de q-uelques jours écrivit à
Abailard qu'el-le étoit groſſe , ô: luy aprit cette
nouvelle avec mille tranſports de joye. Iëlconvint.
avec elle de l'enlever, 8c une nuit que 'le Cha.
*Moine ,étoit abſent -, il la fit ſortir de ſa. maiſon
ï' .
LIVREQÜATR-IEMEË- a ze,- _.._
6c l'emmener
une dans ſa province.
ſoeur d’Abailard, Elle y demeuiiêhez
juſqu'au temps qu'elle acou- L- A N ‘
III,
cha d'un fils. Uenlevement avoit mis l'oncle en l” h
fureur. Abailard fut touche' de la ſituation oû il_ ct 'ct 'ct'
dcvoit être , il revint a Paris le trouver 6c luy de—_
mander pardon d'un crime que la ſorce de la
paſſion l'avoir engagé de commettrègluy offrir de
repzïrer tout 6c dépenſer' Heloiſſe. Fulberr y
con entit.~ ,
Abailard reprit la route de Bretagne _our al..)
ler querir Héloïſſe 8c la mener a Paris a n de l'y
éPOUſChEIlC n'étoit point de ce ſentiment-là , 6c
Abailard la fait raiſonner ſur ce ſujet , d'une ma
niere bien nouvelle 8c bien ſurprenante. Il dit
qu'elle luy repreſenta mille raiſons pour l'en dé_ ""‘"”' "
tourner , \ſe-lle luy fit un détail des mauxque
traîne aprés luy l'engagement du mariage , qu'elle_
luy cita ce paſſage de ſaint Paul , Si *vous n'êtes
point lié-wet' une fimme, ne *vous y ÜFËPM; qu'elle
s'autoriſa de ſaint Ierôme, qui declare que Theo
phraſte prouvoit par des raiſons évidentes qu'un
ſage ne doit jamais ſe marier; qu'elle luy fit va
loir ce que diſoit Ciceron , qu'on ne pouvoit en
même temps s'attacher à une femme 8c à la ſa
geſſe , 8c qu'en un mot il ſeroit plus doux pour
elle 6c lus honorable pour luy, qu'on Yapellaſt
plutôt ſa maîtreſſe que ſa femme.
Toutes ces raiſons , comme on voit , étoient
bien imaginées , cependant Abailard dit qu’il
ne s'y rendit point. Il amena Héloïſſe à Paris où
Rr ij
M». ;xa- _IÇAÏVÏÏÈI-«ÜËAËJQ Eí-RÎNVAÏDID.
'í-ÎMÎEÎE ñiÏsîÜHVèîrëÏit-Ÿ
qüêTídljoüPsËn-æliñïqùæsæävtev &lirar-hùnbëuaùaó
ilsVſèï-îiàflîiſh el-ehtdlèſſhuitîxdans!
U395”
. 9 ,il-ï)
L" ‘~
\ une ï glíſé avëcïruibertvæ-quèiqiæës -Æiihis-î-&OÊLÏJ
din-n'a ,væëcëùë dèudé- ÿïlrecchreñcf u beäédïction)
dù'Sa_icr'ei*Ê1e~ntLîEnſſi-Ëtè²1ls‘íſeſſï‘Fepärcteneïäè ne
Vdyoíerítïfflzlsîhukïräfetflcínç'8c" en” Ïſèêïet gl ſans!
rîènñïdäimer àlîïíponnpéiîtreſïde”-Îëeïjuiïïétoitſpaſſéq
Mais ²l~onèle Ûëîſes domeſtiques' ſe conſoler!
de ce Ïſils croyoient les deshonorer , commen-D
eſt??? ï “Fra” *ÉÎ-*Êïrscî- fëzîîëîëîîlîîlîîſſffl
IH quîils* avuiedç ïdonnée_ 'dep-nen' point'- parler-ri
Fiëlcfilſlë l ſon* Zoé-ſoutenant" ue' ññrien# n'étant?
PMS' faux 1,» &—ic6r~r~íïñënt“ Tïeûc ;e lez-noué, ï :Puis
. î "cllqktôuvóîtíquïlïïlëui ëèoîiïmoins honorable
êerëſhæriezi que-Hé l'être' pas!Gan duel-elfe”
íi-ffieaïcäfflreëllèïæ' la maltñaitoitſóuvenrnïaflrbäiù
lärcI-ïén ëutï 'née-ll 'la nienzæÿïdaiir-lè-Monaſtèra
iifArgenteuïi plbelie Paris oû elleiſiavpitoefiéqpend
fiónnaireïdaùs ſa *premiere jeuneſſe ,ec ia-tîè Tha;
Bîllërl en —'Religïeu>'ſe= -edccepté leävoileî. *LeS pat-eng
Nil. th. 7.
&Mende uîlfilïæ 'Vouloir *en ager-Yzlansñ ÎÏQSARÊIÏJ
gibri da* ülilœlétoit' “moqïu dieux; ?Ils rëſolutené
de íeirvanger ,‘ 8c aprés! avoir-ë corrdmpu' par earl
gêné le valëſsdîkbaîlardg ils-entreront uneznuit
'dans ſa 'cllafnbre' &ïle Èendirent' 'la'- victinäerdïinc
Ëoiicinelaceï honteuſe ïô-rſorcéeæ La choſe 'dés ?le
lendemain futdpubliqùe”,
Iſſësîaniis eure 6c viveëdouleun
enkirent une tous' ſèà=diſciplès> 8;
i* “La îhîonirej à cſſé- quîi-l‘avouë‘ , pluſque la" pietél'
le fitîrëſoudie ä Tsïenfermer-dans tin-Monaſtere.
[3 .,4,
~
, -…_…J
L 1 V RE QUATRIEME. 32.9
ïñí--íà
\qu'on les condamnoit , Bernard qui ſe rrouvoit
.auprés de Gilbert, luy dit tout bas qu’il ëagiſſoit L'Art _
J5. de ſa propre affaire , mais il n’y ſit: pas de réfle 1159.
-xion , 6c fut dans la ſuite condamne' dans le Con
…çile de -Rheims pour la même cauſe , comme
nous le verrons.
Aprés que le Concile fut fini, -les Evêques 6c 0th. Freſſï
.l'Abbé de Clairvaux députerent au Bape pour l'in
'former de tout ce qui s'étoit paſſé dans cette ai:
.ſemblée , 6c luy marquerent les erreurs qu'on
-y avoit anathematiſées. Saint Bernard écrivit à
-Rome
*ſur cercleluſieurs
affaire;Lettres
il leur au Pa e entre
mamie 8c auxautres
Cardinaux
cho
'T t ij
~z~z'z LA VIE DE S. BERNARD; .a
\.
L' A N où par ſa ſcience il pourroit devenir tres—utile a
1,59._ ſes Religieux dont le commerce auſſi l'empêche
roitEndeces'égarer.
même temps Rainardſi Abbé de Cîteauxï
viſitoit les Monaſteres de ſa dépendance-Com.
me il ſe trouvoit prés de Cluny , il ne voulut pas
paſſer ſans- ſaluer Pierre le Venerable ,. qu’il ho.»
noroit comme un hom-me que ſes lumieres 8c ſes
vertus rendoient reſpectable àtoute la terre.
Outre l'envie quÏil eut de voir CCt- illuſtre ami ,
l'ors qu’il eut apris qxſAbailard fſſaiſoit.. ſon ſejour*
dans cette Abbaye, il ſe ſentit touche'. du deſir
cle convertir ce Docteur déja vieux , orné des
plus beaux talens de la nature , mais qu’il avoit:
deſſs ſa jeuneſſe fi- malî enïployez contre celuy
qui les luy
d'entrer avoit- zïil*
à Cluny don-nez. Rainard
y trouva. ſe tres-diſpod
l’Aſſbbé déterminer»
-ñ 3V LA VIE DE S. BERNARD;
L' 4A N leguant la ſoy duë aux ,ſermensz l'autre affligc'
.1138, de voir la puiſſance Ecclefiaſtiquemépriſée me.
.naçoir de lancer lfinarhême _contre le Roy,
Enfin le Saint écrività quatre Evêque; Cardi
naux de l'Egliſe Romaine pour u'ils apaiſaſſen;
..les troubles de la Religion …BC tâtjîêlſſcnt d'admi
,cir le Pape.; -il leu-r mande qu'un ;pere doit par.
;donner 5. ſon fils 8c un grand Pontiſezä un jeune
Prince, qui veut à la verité la juſtice , mais qui
_n'oſe neanmoins porter la «honte d'avoir violé ſi.
Parole. Voicy la ,fin de la Lettre ä ces quatre
.Evêques, Rien ne peut mieux faire voir l'auto
,rité de ſaint Bernard.
flÿt. m1 n; z. :un Nous ne pouvons , ditzil, excuſer ële Roy en
,q- deux choſes. -Il a fait un ſerment qu'il ne luy
,- étoit pas permis .de ſaire ,.85 il a tort d'y perſe,
- s- verer. Il eſt vray que ce n'eſt pas de bon cœur
,- qu'il y perſeverqmais par honte :car il eſt hon
.. teux comme _vous le ſcavez parmi les François,
. de violer un ſerment ſait en public, quoiqu'il
_a- ait eſte' fait mal à propos , 8c que pas un hom.
,a.- me
tenirſage
des ne doute qu'on
ſermens qu'on n'a
n'eſtpas
point oblige'Ce
dû faire.
;SOMMAIRE
CINQUIÈME L IVRE-ct
L I~V RE CINQUIÈME.
'l Peine
douceurs
eutzon
de lajoüy
paix
quelques
que les mois
troubles
des u_
î ' recommencerent , 8c -le Roy qui avoit' 43'
veu ſa colere impuiſſance contre le lesdlxviſions"
Pape en reſiünit toute la violence contre Thibaud., ÊËÃËŸJÏ d”
Raoül Comte de Vermandois fut la cauſe de 'ces- fifjfflgÿâïÿ_
diviſions nouvelles. Il repudia ſa femme qui étoirfflenr
ſœur du Comte de Champagne , pour* épouſer
_ Petronille, fille de Guillaume Duc d'Aquitaine 8c
ſiæur de la Reine. On allegua lèſſs liaiſons du ſang
pour ſervir de pretexte .à-ce divorce , &c ſamlD-.itioni
.353 'LA VIE D E S.'-'B'E RNARD,,
m;
L
'.350 ,La VIE DE S. 'B E-RN A RD.
Saint Bernard en écrivit au Pontiſe d'une ma…
i? A N
I143.
niere qui découvre aſſez la part qu'il prenoit aux
_interets du Comte de Champagne. Le-Comte
jlïpir. 1|7.' -ñ Thibaud, luy dit-il , ce tendre ami de îl'inno-_
Il.
-Le Saint en—
,tra avec zele
a cent
. ,’ ce P rotecteur
. dela vertu a P_reſ9 ue eſté,
_dans cette at a livre entre les mains de ſes ennemis; il a _eſte
ſaire.. 1 A \ . . '
>- pouſſe ô: pret a tomber , mais le Seigneur la
.. ſoutenu -, il ſe réjouit que ce ſoit pour la verite'
.. ôc— P our avoir ſuivi vos ordres. Il eſt vra Y Cl ue
.. nous avons pû preſſentir ces maux, mais nous
_i- n'avons pû nous y ſouſtraire. .Pour empêcher
.. que ſon pa~ís ne fût expoſé à une deſolation
.. generale, 8c que le Royaumediviſé ne fût de'
.. truit , ,ce fils qui \Lous eſt devoiié entierement,
-e ce défenſeur &cet ami des libertez Eccleſia
v» ſtiques, s'eſt veu contraint de_ promettre avec
j» ſerment qu'il ſeroit revoquer-la Sentence d'eX—
a- communication que vôtre Legat le ,Docteur
a Yves (l'heureuſe .memoire, avoit rendue dans
'- le pgjís contre le tyran adultere, principe de'
- tous nos malheurs, 6c contre la compagne miñ
j- ſerable de ſon crime. Cependant Thibaud ne
>- l’a ſait qu'à. la priere ô: par le conſeil de quelñ
.- ques gens ſages 8c ſidelles , qui l'ont aſſuré qu'on
_>- Obtiendroit aiſément de vous cette révocation ,
Il 8c qu'elle ne 'ſeroit aucun tort à l'Egliſe, puis
a» qu'il eſt en vôtre pouvoir de rétablir une ſe
» conde ſois en un moment 8c de confirmer ſans
.- retour la même Sentence , donnée ſi juſtement ,
_.- aſin deſiluder un artifice par un autre , 8C Cl'OlD—
n tenir enfin la paix.. <
P_r_… _—
jet ,il luy dit que la paix ſeroit faite dans cinq
mois. Le dernier jour de… ces cinq mois elle fut'
en effet concluë, afin que perſonne ne doutât:
que les prier~eS, les ſoins 8c_ ,les travaux du ſainti
Abbé délivroient ce Prince de tous les perilsñ
q ui le ancierſs
Les mena Oient. , pas raporté les conz
Auteurs n'ont
ditions de cette paix 8c ſe ſont contentez de nous:
dire qu'elle ſe ſit, mais il eſt. conſtant qu'elle ſut
ferme 8c inébranlable ,dear Loüis leIeune aprés
avoir re udié ſaſemme Eleonore , fille de Guil
laume dEAquitaine, ſous pretexte qu'il nÏavoitÎ
pas eu diſpenſe des obſtacles que mettoit 'à leur*:
"LIVRE CINQUIÈME. e57;
\union la ,proximité du ſang., -il-épouſa Conſtance L' A N
' ,ñfille d'Alphonſe îVllLRoy deCaſtille,& aprés que 1145.
cette Princeſſe fut morte errcouche, avant l'an
.née complete
nopces de Princeſſe
il .épouſaſila leur mariage
Alix _, ouenAdéle
troiſiémes
., fille
-du Comte Thibaud., dont il eut un fils . ui fut
:nommé .Philippes Auguſte…,& devint ſon ſucceſ
ñſeur à la Couronne.
Les nouveaux_ évenemens de ſſl'ltalie donnerent
'XL '_
Arnaud de
»de nouvelles
!fournirectnt de occupations à ſaintdeBernard
grandes occaſions 6c luy
faire, éclater
BTÛſ-C cauſe â
Rome de nou
veaux !tou
- bles.
ſon zele. Arnaud de Breſce étoit depuis peu ſorti
des ténebres où ~l'avoient .tenu caché les pourſuis…
:tes de l'Abbé de Clairvaux qui lctempêchoit de
paroître
…ſi—'avoit nulle_part depuis
condamné. Sous leque le Pape ſuivant
.Pontificat .Innocent
il
-étoit devenu un peu plus hardi , mais quand' Ce
leſtin II. fiat mort, .il declara ſous le Pape Luce I-I.
:coute ſon inſolence. Il entra dans Rome ouverte
ment; il anima les Citoyens à faire revivre Iles
'anciennes Loix 8c à ſe ſouſtraire àla domination
du Pontife. Ils éleurent. un Patrice pour chef °"'²'"²F
de leur Senat, ils allerent trouver le “Pape pour;
-luy dire qu'il eût à leur remettre tout ce qu'il y
avoit
dont ilaujoüiſſoit,,
dedans 8c8c au
luydehors dela Ville
anſſnoncerent qu'il_dufalloir
bien
.quîlavenir il ſe -réduisitfiàſila ſeule joüiſſance des
dixmes 3C des oblations comme les anciens Prê
Tres. De _jour-en jour :ils le chagrinoient .en mille
Vmanieres, en ſorte que .ces ſoulevemens con
.Bb bij
z
LA N
I
"vous élevez-vous contre tous les Rois de l:
'i146
,, terre 6c contre le Roy du Ciel, lors qu'avec
,, une -temerité ſacrilege vous oſez entreprendre
,, de diminuer la gloire dont le Trône apoſtoli..
,, que eſt environné P Vous auriez dû, s'il en eût
,, eſte' beſoin , le défendre contre tous , ô: par
“vôtre
A,, imprudence,
honnête ſans diſcerner
, vous deshonorez ce ui que
vôtre check', eſt
,, tout le monde re_co_nnoiſt pour le ſien. O peuñ' ë
,, ple inſenſe' , peuple ini-prudent ë O colombe
,, trop _facile a ſeduire 6c ſans intelligence ! Euge
,, ne n'était-il _pas »vôtre tête, les Cardinaux n'é
,,—toient—ils pas .vos ye-uxg -Qtſeſt donc Rome
,, maintenant qu'un corps dont -la tête eſt re
,, tranchée, -un front _ſans yeux , 8c une face cou.
,, verte de tenebres 2 Ouvrez les yeux, nation mi~j
,, ſerable, dc voyez la deſolation qui vous mena;
,, ce. Comment vôtre _couleur éclatante s'eſt elle
,, changée en ſi peu de temps? .Comment la maî
ferzfl-ſi ,, treſſe des nations dt la reine des provinces eſt.
,, elle devenuë comme une veuve 2
~ Dans la crainte de ,n'être pas écouté .des Re#
E9511- 14.4 ,, mains, il écrivit à ñl'Emp'ereur Conrad our
.”- z
,, [engager à ſecourir -le Pape. Prince puifliint,
,,"luy mande-t'il
que--Celſiar , armez-veus
_ſe faſſe de vôtre
rendre ce tqui glaive ,
luy aparticnt
_,, 6c faſſe en même temps rendre à Dieu ce qui
,, eſt a Dieu. Il y a dans les Romains plus d'or
l,,gueil 6c &l'arrogance que de force &de coura
_,, ge. Voir-on quelque Empereur ou quelque R0!
,.
a
L I VR E CINQUIÈME. ' 405
a la tête de cette honteuſe entrepriſe contre ~ _ L'a "_
l'Empire 8c le Sacerdoce? Ce n'eſt qu'une o- ï.
pulace proſcrire 8c tumultueuſe, qui ſans (Za. ~ p46*
voir meſurer ſes forces , ſans examiner la ſin ny -__
les ſuites , oſe dans ſon imprudence 6c ſa fureur ~_
.commettre cet horrible íacrile e. Il s'en faut ~
bien que la temerité d'un peupſe inſenſé puiſ. ~
ſe tenir un moment devant les armes de ſon -_
Roy legitime.
ſſvous Vil 8c
voyez avec mépriſable
uelle comme
effronterie je ſuis *.ï
je m'intro—
duis-dans un Conſeil, oû il y a tant de ſageſſe *'
ôc de grandeur. J'y parle des grandes choſes *'.
comme ſi j'étois quelque choſe de grand ñ, mais 'Ê
plus mon indignité me rabaiſſe, plus la charité "ſi
me rend hardy. Si quelqu'un vous informe de "Ã
cette affaire autrement que je ne fais , ou il'
n'aime guere le Roy ny ce qui convient a Sa "
Majeſté , ou il eſt convaincu de ne ſonger qu'a "Ï
ſes interêts ſans ſe ſouvenir de ceux de Dieu ny "
du Roy. î "4
Saint Bernard au milieu de ces ſoins n'on.: xxlli
blia pas ce qui regardoit l'Egliſe même. Il tra- .zrÏcſzſſzſſËëſiſſ-ſiie
\ vailloit a l'expédition de la Terre-Sainte , de ſſiïïfiïoï°de
touſis ſes efforts ô: de toute ſon attention , com— f; WWW'
me s'il n'avoir eu nulle autre choſe â regler. '
Depuis la priſe d-e la Ville —d’Edeſſe les affaires
de la Religion déperiſſoient_ en Orient de jour
en jour. Antioche étoit affiegée , le Roy de Jeru
ſalem , les-Chevaliers du Temple 6c la Croix dii
Sauveur étoient en peril ſans un prompt ſecours.,
.Fff'
po. LA viE DE s. BERNARD.
L' A N Le ſaint Abbé fit donc convoquer un Concië'
…ÏWÎ-'î le à Chartres,, où il ſollicita inſtamment le Roy ,
les Princes 8c les Seigneurs du Royaume de ſe
rendre, pour y chercher du remede à tant de
maux. Il y invita auſſi Pierre de Cluny , qui ne'
put s'y trouver a cauſe de .l'obligation d'aſſiſter
aux aſſemblées qui ſe tenoient pour le gouverne
ment de ſa Congregation , 6c ſe contenta par"
une Lettre à l'Abbé Bernard de loüer ſon zele
pour cette grande entrepriſe , dont peunêtre il
n'avoir pas trop d'envie de ſe mêler. ï
On étoit alors en carêmeLe ſouvenir des My-j
fieres de la redemtion des hommes , dont on red
nouvelloit le culte public , ranimoit l'eſprit de la:
Religion, 8c chacun ſentoit ſes deſirs senfiamer'
pour aller enlever aux Barbares des lieux conſa
crez par la préſence 8c par le ſang de jeſus-Chriſt;
'Ainſi le troiſiéme Dimanche d'aprés Pâques ſc
Roy ſuivi de tous-les Seigneurs de ſon Royau
me, des Archevêques,des Evêques , 8c des Abc
.bez ſe rendit à Chartres ,r oû l'on saſſembla pour:
hâter les préparatifs de cette expedition.
On y delibera d'abord ſur les frais de la guer
re 8c ſur la marche de l'armée , enſuite ſur les
moyens de lever promptement des troupes &ſite
le choix d'un General', qui par ſa ſageſſe 8c par
ſesſoins
priſe.. ſict pût
~ bien conduire toute cette entre-z
, Aujourd'huy,braves guerriergvaillants_ſoldatsç” ~ a
_vous avez une occaſion de combattre ſans pe- "
ril où il n' a ue de la* loire Ïavaincre 6c du "
, \ y 0 I
nez garde d'y ,laiſſer aller les autresñ ſans jvous. "_
Armez-_vous du ſigne
echez confcteſſez avec de
un*la cœur
croix,,contrit
8c tous. vos.""' '
, vous
&ront entierement' pardonnez, Ce. bois précieux: 'Fi
coûte peu quand on Pachete', mais. ſi. vous-le "f
mettez ſur vos épaules-,il vous .vaudra le Royan,, "î
me de Dieu. (lue ceux donc ui ſe ſont- armez "
,de ce ſigne Celeſte onçñ ,cu ra' on , 6c quezvous?
“d
_—íñ‘
418 LA VIŸE DE S. BERNARD.
LV4 p; riſer dans Femploy qu’il uſurpoit,il ſe diſoit en;
a 114-7 voyé de ſaint Bernard. Cet homme , dit Otton de:
Glſt. FÏÎÜI”.
Freſſingue ,_ étoit mediocrement inſtruit , avoit
peu de ſcience ,mais aſſectoit adroitement beau—
coup dauſiçerite' dans ſes mœurs. Il entra dans.
les' provinces qui ſont ſur les bords du Rhin , 8c
il enflama d’ardeur pour la Croiſade pluſieurs
milliers de perſonnes des Villes de Cologne , de_
Mayencqde Vormes, de Spire ,de Strasbourg 6c
de pluſieurs autres .endroits des environs. Il ſai
ſoit neanmoins peu dattentionà ce qu’il diſoit
8c mêloit dans ſes diſcours qu’il falloir égorger
tout ce qu'on trouveroit de Iuifs dans les Bourgsñ
Bc dans les Villages..
l Cette doctrine ſit tant d'impreſſion en divers,
lieu-x de la France 8c de l'Allemagne ,. que plu
ſieurs Iuifs perirent dans une ſedition tumultueu—
ſe, 8c les reſtes Ïenfuirentä Rome, pour s'y met.
tre ſous la protection de l'Empereur…
Otton ſut' témoin de tout ce u’il raporte. Ce:
maſſacre des Iuiſs ne fut pas diiäcile à perſuader
a des peuplesdailleurs_avides pour les richeſſes
de ces malheureux 8c qui pouvoient_ caçher leur;
cupidité ſous lÎe voile de la religion. _
Les Evêques gemirent ſur cette effuſion dir
ſang 8c ſur c.e violement du droit naturel. Ils ſe'
voyoient mépriſez par ce Moine qui ſans les con
ſulter 3c ſous prétexte deprêcher la Croiſade par'
ordre de ſaint Bernard ,. mettoit le deſordre dans;
preſque toute l'Allemagne. L’Archevêque de
LIVRE erNQy1EME. ñnz
Mayence en écrivit au Saint pour ſe plaindre à L' A N
luy d'avoir fait choix d'un ſubdelegué comme ce 1147..
luy-la , qui ſous apparence de zele pour la juſti
ñce prêchoit des choſes ſi ſcandaleuſeaBernard
pour ſe juſtifier de cette calomnieôc reprimerun
ſi grand mal , fit réponſe au Prélat de Mayence,
ñôc declara ſur le même ſujet ſes ſentimens dans
-une Lettre aux autres Evêques d'Allemagne.
Epic. 8'65.
Les Letçresdeſaint Bernard 6c les _ſoins des
?Evêques eurent
ſpecieux —motif peine à contenir
ſide Religion ce peuple
mettoit qu'un,
en fureur
«Sc
la. qui trouvoit dedans
juſtification ſon ſon
zele.âpreté
ct Pour l'argent ,
Aprés qu'une infinité de perſonnesñ- dans la XXV.
voyage de
France eurent eſté engagées par les exhortations S. Bernard
en Allema- _
de Bernard àla guerre d'Orient , il le determina une , pour et*
horter 3 la ,
d'aller en Allemagne pour -y exciter les Princes rzuerre d'O
8c l'Empereur même , 8c reſolut de commencer tient.
ſi Cependant
. . . _ , , jles . ,dñeuxí
- . Arehidiaeres-de
… -. Poitiers
4 . … Oxxxn
_ ſqllicttsricnnl affaire… contre-.- zlcur--Evequcñ auprés_ à.
* ï l ſt
SOMMAIRE'
.
ſiSIXIEME LIVRE
I 'S Aínf Bernard'fait un' 'voyage en Turinge. II. LſſEnctr;
Perettr Conrad (y- le Roy Loüis leffeune-Partent pour
la Paleſtine. Ill. Relation de la guerre rn' Orient parles
Princes Clirítiens. Retour deſtin: Bernard È Clair.. ’
maux. V… Ilfait le \voyage de Toulouſe [tour détruire 172e..
reſie d'Henry. V1.- Lettrc de ſhine Bernard au Comte de
ſaint Gilles, VII.- Miracle Éclatant de ſaint Bernard..
VIII. Ouverture du Concile de Rlíeims- IX Condam
nation des extrawagances d'un imbeeille nomme' Eudes,, X.
Examen de la doctrine de Gilbert de la Porrëe… XI, Com
tinuation des ſéances du Concile de Rhein” touchant I4 da..
.- ctrine de Gillzertde la Porríe.- XIl… Kemontrance des C47.
dinaux au Pape…
deſi-s erreurs XIII.
da' les Gilbert
retracte. ſouſcrit
.XIV- à la condamnation
Exarſirtrn' des ríwela..
tions de la Vierge tldegardót ,ñ Alzlieſſe du A-fontñfaint
Ruperten_ Allemagne. XV. Le Pape afin retour en France»
aſſiſte au Chapitre general de Citeaux (yïenſidite s'en retour;
ne en ltalie,.XV1. Saint Bernard commenceſis livres dſic Iæ
Conſkdcſâtion-QXVÏÜÃWAHÏ-FVÛPÜF d? cet Ouvrage..
XV111._ Liaiſon' deſaint Bernard a-vee S. Malaebie. X/X.,
Lettre deſhintBernard d-ÏAbbíSztger. XXLMOË de ?Eng
438 _
fureur Conrad XXI. Loüis Ie ffcune re-Uient en_ France;
XXII. Le Prince Henry, fiere du R0)- ſefizit Religieux de
Bernard. XXIV.
CInirwaux. Lettre
XXIII. c-'Ÿſtzint
Lettre Bernard
du Prince à Pierre
Henry rio-vice,deà Clu.
SAINT B ERNARDË
1. rv ILE SI X IE' M E
_ N attendoit en Turirige ſaint Ber- .
_, . nard poury prendréles dernieres me- l' ſi N
' ' ç: fin-es touchant ſexpeëdifidn Orient- 114g'
‘ J” le; élÎOiÊ _Su Blemarct.
_ - à: peineï achevé quai: ſur oblige'- dar. Ë;ç,í?.:;>;.;
ler à' Treves, à Toul 8c à: Metz ,- de faire le tour .
de la Province , ſe rendre auprés des -Evêques,
de. determiner lest Seigneurs', de' faire" des' exhozf.
tations' contimtclies ,de tout añrñri-ríaeîr_ par ſes* mi; —
cadggazde mettre tout en u-ſägeñ peut achever
_ce ucjznportame entrepriſe. Son Vpyage eut le
ſſſſſictT
.440 ſ LA VIE DE S. BERNARD.
'ſuccez qu'il en pouvoit eſperer', 6c tous' les Seí-‘
Ext;
ñ
gneurs de la Turinge
ct Roy. ' ~
ſe renditent auprés du .
u Conrad 8c Loüis le Jeune réſolurent de ne point
CVE: tf1 marcher enſemble 8c de conduire leurs armées
On
Roy Louis le ſeparément ,de peut qu'il n'arivaſt des démêlez
îÏdſii-'ËÎ-PÏ-Ïſcſſſſñ' .entre ces peuples de nation! differentes 6c pour
“i” mieux pourvoir aux beſoins de leurs troupes 8c
trouver ſuffiſamment des fourages our la cavale
rie. Nous eſperons qu'on ne nous (Ëaura pas mau
vais gré ſi nous nous étendons un peu ſur les par
ticulitez de cettedeguerre qui n'eſt 8c
point étranle
gere àlſſhiſtoire ſaint Bernard; ſi nous
perdons quelque temps de veuë pour dire ce que
des Auteurs bien inſtruits ontîraporté‘de cette
expedition,
Les ſaiſongdit Otton de Freſſingue,eonſpiroient
pour le voyage de la Paleſtine; l'hyver ~s'etoit hâ
té de diſparaître, le printemps couvroit les cam
pagnes d'herbes SSE' de fleurs , 6c 1a nature toû.;
Conrad 6C
,jours- fidelle
ñ .
I. ramener
ñ.
les beaux jours ſembloit
.
Loiiis. \hurt-re aux_ deſſeins .de .ces deux grands Princes.
Md, Jg-ïÿr. L'Empereur prit ſa route par la Baviere; ſes
. L_ i6. th. i9.
III.
,troupes paſſèrent le Danube à Ratiſbonne, laiſ-j '
Relation de .ſerent le fleuve à la gauche, 6c deſcendirem: en
ode… parſles Autriche. ,Ils entrerent enſuite dans la Hongrie ,
h guerre e
Princes Chré
m, oû le Roy de .ces Provinces les receut honora
blement; ils traverſerent ſon Royaume, paſſer-ent
tout cc qui sappelloit autrefois l'une 8c l'autre
Pannonie,, le païs des Bulgares, la Moéſie ,dk la
côte
,Liv-RE s 1 XIËME. '44
-càte de la Dace qui s'étend vers la Dalmarie. Ils L-A- N
arriverent enfin dans la Trace , 8c ſans s'arrêter
114.8.
aux Villes celebres d-'Andrinople 8c de Philippe_
polis, ils allerent… Ïa Conſtantinople Où l'Empereur
d'Orient ſaiſoit ſon ſejour. .
Manuel Comnéne étoit un jeune Prince qui
ne faiſoit as honneur à la Religion 8c qui n'en
ſoutenait es interêts que par raport à ſes paſlions
inſames. Il receut le Prince des Allemans avec
de grands témoignages dîhonneur , 6e donna de
beaux éloges a ſon entre riſe , mais ſousmainctilſſ
rit toutes ſortes de mÂres pour ruiner ſes deſ
Etins 8c ſon armée. ' _
Les deux Empereurs conſererent enſemble,
Ïôc Conrad ayant ſejourné quelques jours à Con
ſtantinople, autant qu'il étoit neceſſaire pour ſe
repoſer 8c pour rafraîchir l'armée aprés tant de
ſacigues , es troupes paflerent l’Helleſ ont qui
lave .les murs
l'Europe. Elles,de cette Ville
entrerent dans8c1a Bitſihiniepremie-ñ'
ſert de limites a
rc province
ne de l'Aſie
du territoire 8c camperent dans
de Calcédoine,d'oû uneplai
l'on__voybctit
prés delà cetteVille ancienne 6c fameuſe ſióû ſe tint
e quatrième Concile general compoſé defix
eens
Moine,trente-ſix
Eutichez Evêques qui voulu
pourſin'avoir condamnérent le
reconnoître
qiſune ſeulenature en Jeſus-Chriſt. _ _ p ſi
Cependant leſi Sultan d'Icoſine ayant apris les
aproches de cespPrincxes enſuiaçllarmé. Beaucoup
ple-temps auparavant -il Ïavoit fait venir des con-_
Kkk
44,. 'LA VIE DE s BERNARD.
fins de l'Orient quelques troupes pour le ſecourir,,
L' A N 6e s'apliquoir 5. voi-r de quelle maniere il s'affran
I148.
chiroie de tous les perils dont_ de ſi puiſſans en
nemis le menaçoienr. Il fit ,rétablir les fortifica
tions dïe ces Villes ,les remplit de vivres 8c de
munitions , implora Iſaffiſianee des peuples voi
ſins , 8c mit tout en ufige pour s'oppoſer à. la den
ſolacisondc \ſes Etats, car le bruit cour-oit qu'on
!ſavait jamais veu. d'armée. ſi puiſſante ,_ que la.
Cavalerie couvrait tout: la. cam-pa .ne, que les
plus grandes rivieres ne leur ſuffi oient pas , 8c
que les Villes. les, us. abondantes n'étaient pas»
capables de leur ournir aſſez de vivres.
Qloiqpc ces, bruits allaſſent au. de-là de ſa ve
rité ,, ce qu'il Y. avoit de .réel étoit capable de
cauſer une frayeur aſſez bien fondée: dans les
cœurs de tous les Princes, infidellesz carſelon ce
qnſiaſſurenr ceux: qui ſe tronvetenc préſens. à cette
expedition ,da-tds la ſeul: armée de_ L'Empereur
il. y avzoic. ſoixante-dix mille CUJIS-(ſœls ,_ ſans par.
Ier de la. Cavalerie léger: ny de lïlnfanterie ,, n):
des femmes &des enſans, qui ſuivaient Iésñéqui
ga ' a_ Lîarmäe du Roy de France étoit auffiïcomz
Z0 c'es «Ycrxvilîon ſoixante .millpz cuicafflers tous
c braves gens,, ſans. parler du &con-d corps. de'
cro. ,es ñ, enſorte ue ſi. le Seigneur: eût voulu ſe
e n er Fentreprſſ' mon ſeulement les. Etats. du;
Sultan.
ſïncéſſté,maistouces
mvagées parles
cescontrées. Orientales ouf,
armées. formidables.
_, ,L'Empereur Conrad. aprés avoir fajcpíflſier ſes.
LIVRE SIXIEME. 44;
troupes au delà du Boſphore ac pris congé -de L' A z;
L'Empereur de Conſtantinopkzsetoit embarqué 114.8.
avec un petit nombre de Seigneurs, tandis que
ſon armée conduite ar &habiles j Generaux qui
commandoient les ifferens corps de troupes ,
traverſa la Bithinie , laiſſant à droitcala Ville de
Nicée celebre par le premier Concile general, 8c cdH-q,.- 1
vint ſe mettre en bataille dans la Licaonie dont ſell: mainte
nant le pus dq ñ
Icone eſt la Capitale. Coguy.
tir
pourétoit venu àſEgliſe
Fionorer ſelon la Abbatiale de ſaint Denis
[coutume lſiesñſaſſincs Mar..
tyrs , ñôc aprés Iſie ſacrifice avoit receu Iſſ’e’tendartî
nomme' vulgairement l'Oriflarnine,_,comme ſai
ſoient
allerañlales anciens
guerre, Rois quand'
ou accomplit ils; devaient?
lcte vœudſſe quelques
pelerinage
nombre de ,Prélatsôcſi
8c enſuitede accompagné d'un… gſancr
Barons du Royaume ,.115
s’etoit…mis
min en route â- _eu rés ?ours
que Flîmpereugpquilirze 'ar leaprésluyſæ…
mêmeçhg'.
p
44e LA~~VÎE DE s. BERNARD.
L- A N aſſaut, il l'avoir entierement détruiteôc qu'il avoit
1148.
vaincu les ennemis avec éclat. Ils -tenoient ce
langage aveoaſſurance , ſoit pour engager les
:ſoupes du Roy dans le même malheur, ou peut
ëzſg afin .qu'ils ne vinſſent pas ſecourir leurs alliez
à qui on leur perſuadoit que tout avoit réüſſi, ou
bien firent-ils ce menſonge de crainte que s'ils
declaroient que l'Armée Allemande étoit emba
raſſée, on ne les prît pour les punir comme des
traîtres qui en avoient eſté la cauſe. Quelque inſi
cention enfin u'ils eurent , il eſt certain que les
troupes dels Al emans ſeduites par leur trahiſon
furent expoſées ä des maux extrêmes. '
L'Empereur abandonné dans ces routes incon
nuës , aprés avoir aſſemblé _tous les principaux
Seigneurs de ſa Cour , delibera ſur ce qu'ils
avoient a ſaire. Les uns furent d'avis qu'on re
cournât ſur ſes pas, les autres .qu'on avançât , 8c
ils ſe trouvercnt longtemps partagez dans leurs
ſentimens. Tandis q-ue l'ignorance du païs 8c le
défaut des vivres les jettoient dans Yinquietude,
ils aprirent que l'armée ennemie n'étoit pas loin,
8c qu'une multitude innombrable deTurcs étoient
prêts de venir fondre ſur eux.;
‘ L'Armée Allemande ſe trouvoit_ alors dans des
“deſcrts arides , dont les terres n'étoient pas culti..
~ Ëvées, 8c oû les guides infidelles avoient eu ſoin de
les ſaire-entrer, comme nous avons dit: car laiſ
ſant à la droite la Licaonie oû ils auroient û ſe
rendre .en _bien moins dc temps 6c trouver abon
, LIVRE SiXLEME. 4,47_
dance de fouragesôc de vivres , ils avoient pris L. A N
ces routes ſauvages , 6c s'étant avancez ſurla gau- 8.
che avoient contraint route l'armée d'aller loin: "4"
&Icone ſe_ perdre dans les ſolitudes- de la (Zappa
doce". . ñ
- On diſaitque
ſemblance publiquement
toutes ſi CIS8c manœuvres
avecaſſez defarales
vrayñ
l
l
I
‘ñ
bord des lieux les plus forts ôc-…ñſulîulcfiquels ;les en;
nemis comptoient le plus .,.- le ;reſte 'parût plus
facile 8c ëemportât plus promptement , ou bien
afin que les troupes proſitaſſent de !az-commodité
des eaux 8c des Fruits'. _ - , ,
Le Roy de Jeruſalem ſit donc marcher les trou;
pes_ par ces défilez qui ſéparoient les; vergers ,.
454 LA VIE DE S. BERNARD….
L' A N mais à peiney pouvoient elles avancer, car ou:
n48. tre le détroit des chemins , ceux des ennemis qui
s'étoient cachez dans les arbres les incommo
doient ſort auſſi _bien que ceux qui leur faiſoient
face apr-és être ſortis de la Ville pour les arrêter
dans ces défile-z impraticables. De plus il y avoit
dans 'ces jardins de petites habitations élevées en
forme de redoutes qu'ils avoient remplies d'hom
mes vaillans pour -y conſerver leurs biens 6c leurs
domaines,- qui delà lançoient mille traits pour,
défendre-les avenues de leurs vergers , 8c ces 'flé
chés qui venoiênt percer les ſoldats dans ces ſen
tiers -leſs rendaient tres-dangereux .à paſſer. —Il y
avoit' encore le 'long' des murs des hommes
cachez au dedans qui par de petits trous prati
(quez dans la muraille obſervoient ceux qui paſ.
oient ſans qu'on les pût voir &les perçoient en
flanc avec des lances.
. L'on dit que de cette maniere il en perit un
grand nombre
nité d'autres ce jounla;
pſſerils ſans parler
où s'expoſerent d'une
ceux qui infi
paſ
ſerent par ces défilez. Mais plus les Chrétiens
trouverent d'obſtacles 8c plus ils sopiniâtrerent
alles ſurmonter.- Ils_ ñſorcerent par divers endroits
les murailles de-ces vergers , &s'en étant rendus
les maîtres avec violence, tout ce qu'ils trouvez
rent de gens dans les redoutes ouñdans iesretran-j
«chemens ſure-nt paſſei au fil .de l'épée ou ſaits
priſonniers. Dés que ceux qui étoient ſortis pour
les ſour-etui; saperceurent de cette défaite , ils
craignirent
f
LIVR E SIXIEME. 4'65 .—_
.craîgnirent de petit comme eux , 8c S'en retour L' A N
.nei-ent en ſoule 8c en confuſion dans la Ville: i148.
.de ſorte que par la ſuite des uns 6c par la mort
.des autres les troupes des Chrétiens eurent la li
.berté de paſſer plus avant.
La Cavalerie de Damas qui vit toute nôtre ar;
\née défiler par ces ſentiers pour enſuitekffie
..ger la Ville, s'éroit ralliée 6c raprochée du fleuve
.qui lave les murs de cette place , pour en éloi
gner avec leurs fleches 8c leurs machines nos
.troupes que de ſi ſatiguantes marches devaient
;avoir .épuiſées, 8c les empêcher d'y venir ſoulager
1a ſoif qui les devoroit. En effet les nôtres pour
k rafraîchir aprés des attaques 8c des marches ſi
…penibles, ëempreſſoient d'avancer vers ce fleuve
.qu'on leur avoit dit être prés de la Ville -, mais
. .lors qu'ils aperceurent un grand corps de troupes
.qui S'étoient formées 6c qui bordoient le rivage,
ils Satrêterent quelque temps ,ils rapellerent leur
-Valeur ,ôcne firent pourtant par deux fois que
, .de vains efforts pour ſe rendre maîtres de ce C3".
nai. .
Tandis que le Roy de Jeruſalem y travailloít
de toutes es forces avec ſes troupes ſans réüflir,
_l'Empereur qui commandoit l'arriere—gatde de.
manda pourquoy l'armée n'avançoit pas. On luy
.dit que 'les ennemis étoient maîtres du fleuve 8c
..Tſoppoſoient vigoureuſement à ſaproche' des nô.
tres. Dés qu'il. le ſceut il s'anima de colere, 8c
;tavcrſint en hâte tout Ie corps d'armée des Franz
i __ .. .
Nnn
ï
'A66 LA-VIE DE S. BERNARD.
EA N -çqis 3 il vi.-nt avec _un gros de Cavalerie a l'endroit
"48 “oulon combatoit pour emporter le poſte de la;
' riviere. Luy 8c les ſiens mirent pieda terre ,. com..
'me font les Allemans dans les occaſions preſſan
tes, 8c_ commencerent a s'aprocher des Barbare;
l'épée à la main ,, oppoſant ſeulement Ie bouclier
-a leurs traits. 'Ceux qui avoient ſoutenu les pre
îmieres attaques ne purent reſiſter a celle des Al
*lemansz ils abandonnerent la riviere 6c rentre
ïi-'ent avec beaucoup. de précipitation. dans la;
ſiVille. Cette action mit les habitans dans une ſi
grande conſternation qu'ils deſeſpererent de ſe:
. LdeTend-re. . 5
gui”. 13:. -' Les Chrétiens devenus maïtresïde ce fleuve,,
~’î~ ſe logerent librement ſurle rivage-,ils campe..
rent autant au large qu'ils voulurent autour de
?la Place , 8c profiterent ſans obſtacles des com
-moditez ue le fleuve 8s les. vergers leur fourni..
rent. Les abitans_ étonne: du courage de nos.
troupes commencer-ent a ſe défier tellement de
'Peurs forces qu'ils ïañllarmoient au moindre mon..
vement
ſi îment de nos
qu-'on armées
venoit , 6cſui:
fondre croyoient a tout
cuit,, dés qu'ilsmo.
ſe
«ſouvenoient de la maniere dont. on les avoit atta
quez. A- i-'és avoir tenu conſeil ils eurent recours;
'aux artifices, qu'on
'deſeſperées met en uſigelesdans
ils employerent les affaires;
dernieres rei-ſi.
ſourcesôc fermerent avec de groſſes poutres tou:
tes les rues de la Ville du côte' que nôtre armée
campoit ,_ eſperant . que tandis aque les !nôtres ſe,,
LIVRE SXXIEME. 457_
eoient occupez äforcer ces ſortes de retranche- L' A n
mens , ils pourraient de l'autre côté s'enfuir avec 1x48.
leurs enſans 6c leurs femmes.
Si Dieu nous eût eſté ſavoiable en cette guerre
il ſembloit que nous deuffions bien—tôt nous voir
&tres de la place; mais il en avoit autrement
ordonné. Dans le temps que la Ville étoit extré..
:nement preſſée , comme nous avons dit, 8c que
les affiegez ſans nulle eſperance de nous arrêter
ſe préparoient 'a la ſuite aprés avoir diſpoſé leurs_
bagages., il leur vint dans l'eſprit de tenter l'ava_
rice des troupes Orientales qu'ils ne pouvaient
vaincre d'une autre maniere. Ils ménagerent ſi
bien cet expedient qu'ils trouverent le moyen
d'offrir 8c de donner une groſſe ſomme i quel.
ques principaux Officiers du Roy de Jeruſalem ,
pour les engager a perſuader la levée du ſiege.
ïCes Officiers corrompus par l'argent qu'on leur
donnoit 8c qu'on leur promettait encore, eurent
la perfidie d’inſpirer aux Princes 8c 'a toutes les
troupes étrangeres , qui ſe fioient a leur habileté
8c a leur experience , d'abandonner les vergers
6c de faire les attaques de l'autre côté de la
_Viſa
' Pour colorer de quelque prétexte leur infideñ'
lité, ils repreſenterent que de cet autre côté qui
regardait le Midy 8c le Levant, il n'y avoit point
'de ces vergers qui ſaiſoient la meilleure fortifica
'tion dequila empêchâflſicnt
fleuve place , ny deſaprochelîiles
retranchemens ny de
murailles,
nn l]
'453 LA -ſiVIE DE S. BERNARD.
L' A N ils ajoûterent même que ces murs étoient bas &tſi
n43_ faits de briques mal jointes 6c mal enduites ,qui
tomberoient au premier effort -, _qu'on n'y auroit:
beſoin ny dînſtrumens ny de machines, qu'au
remier aſſaut tout ſeroit abbatu , 8c qu'alors il ne'
ſeroit plus difficile de faire irruption dans Damas.
Leur deſſein étoit de ſaire décamper l'armée de
ce côté où l'on ſerroit la Place de prés , 8c ils
ſgavoient bien que de l'autre on ne pourrait long
temps continuer le ſiege.. g
Les Princes 8c tous les Officiers generaux' les cru;
rent ,~ 6c quittant ces poſtes dont ils étoient deve
nus les maîtres par tant de travaux 6c de pertes, ils
firent marcher toutes les troupes avec ces Of..
ſiciers a leur tête qui' les allerent camper a l'an'
tre côté de la place. Dés qu'ils s'y virent éloi
gnez des eaux qui leur étoient ſi commodes-BE
de cette abondance de fruits qui les nourriſſoient
au deſſaut des vivres, ils Saperceurent de la tra
biſon 8c murmurerent , mais trop tard , contre la
perfidie de .ceux qui leur avoient tout enleve'. Les
vivres manquerent
dansſeſperance peu äpeu
dſie devenir dans le
maîtres de camp
la Ville,car
en
peu de jours , comme on leur avoit ſait entendre
GMT. à Tſyr.
cb, 2.53
avant que de partir, ils ne s'étoient chargez que'
d~e peu de proviſions. Ce qu'on ne pouvoit leur'
imputer comme une imprudence , du moins aux
troupes étrangeres qui ne connoiſſoient pas les
lieux. Dans l'incertitude de ce qu'ils devoient
faire , ils tinrent conſeil ſans les Orientaux. Il;
ÇÏJI V R_.Er S I.X I E" MTL' ' 469_
leurparoiſſoit preſque impoſſible de retourner L-'Æ NJ
dans leur premier camp ,_ car dés qu'ils en furent 1.148.
ſortis, les ennemis à qui- tout avoit réüſſi ſelon
leur intention ,ty étoient entrez 6c avoient forti
fie' ces endroits beaucoup plus qu'auparavant.
Ils en avoient ferme' les chemins par où lesnôtres
avoient paſſé , 6c y avoient mis de groſſes pou—
tres 8c de gros arbres, &c une multitude d'Ar
chers pour lancer continuellement. des traits ſin'
ceux qui auroient envie de forcer ces paſſa,
ges. De plus il leur ſembloit trop long d'attaquer
la Ville
per, 8c par l'endroit
la diſette desoûvivres
ils étoient venus
ne leur ſe cam,
permettoiſitſ
pas de faire un long ſejour dans; ,ce camp. Ainſi
les deux Rois de' l'Occident ,— aprés avoir reconnu
la perſidie manifeſte des Orientaux , reſolureni:
de S'en retourner , deteſtant Finfidelité des traî
tres, 8e ees Princes qu'un ſi beau- deſſein' avoit*
raſſemblez avec un ſi grand nombre de troupes',
reprirent le chemin de leur-s Etats par la même
route qu'ils avoient tenuä. z.
Tout le temps qu'ils ſejournerentî encore dans
le païs, ils ſoupçonnerent toûjours. la conduite
,des
plus,troupes Orientalesle,, ilscommerce
ils en évitoient ne s'y abandonnerent
'ſiôe ne mon
troient plus que de Findiſſerence pour les affaires — _-
,rent jamais laAprés
de l'Orient. perſidie
même de leur
ces peuples,
retour ils 8c refroi
n'oublie~ '
n43_ écoutent.
Toutes ces opinions deteſtables d'Henry , de
Tanchelme, de Pierre de Bruis étoient. paſſées.
d'Italie
des en des
reſtes France , 6c n'étoient
Manichéenſſs proprement
, cornmc~Mr que
l'Evêque
de Meaux
livre de ſes l'a clairement ſaitſi voir dans l'onziéme_
Variations. A -~
Saint Bernard ſut receu dans Toulouſe avec
une joye univerſelle. Il ſe propoſa neanmoinsde
n'y pas demeurer long-temps. Il ne POUvOiLcOn
-tenir la ſoule du peuple qui l'accabloit.,,tant ily q
?avoit de gens qui le venoient trouver-jour 8e nuit_
pour luy deſhander ſabenediction ſôc ſes» conſeils.
Il prêcha dans Toulouſe pendant quelques jours. l
8c dans lesautres endroits que ce miſérable avoit) — \
le plus frequent-ez &i le plus dangereuſement in..
ſectez. Il y inſtruiſit dans la ſoy les ames dociles,
il y raffermir ceux. qui chancelloient, rapella
ceux qui_8cségaroient,
tombez-—, relevareprima
ar ſon autorité-ſi ceux qui étoient
les auteurs.)
opiniâtres d'6 tous; les. dcteſordres , enſortc que i
non ſeulement ils n'oſoient luy reſiſter,_mais.
même ſe trouver 8c paroître oûil étoit.
Ses prédications 8c ſes travaux ſurent accom
pagnez- ſelon ſa coutume, d'une infinité de mira
cles. Nous avons déja dit quilles ſaiſoit quelque…
fois avec des circonſtances bien particulieres .ñ,
&quoique nous nous ſoyons ptopoſezede ne les,
pas rapporter. communemept , il eſt impoflible;
LIVRE S1X1E'ME. " 477
-de ne point dire celuy qu’il fit à Sarlat prés de L'A N
Toulouſe. On-y voit un caractere de confiance H484
6c d'autorité dont il n'y eut peut-être jamais d'e
xemple. Aprés qu'il eut achevé ſon diſcours, plu.
fleurs perſonnes , comme à lŸordinaire , préſen—
terent au ſaintAbbé des pains pour. les benir ,il
leva li: main pour faire deflùs le ſigne dela croix,
6c les beniſſant au nom du Seigneur ,il dit, Vous
connoîtrez que je vous prêche la verité 8c queÎ
Ïheretique eſt un menteur., ſi vos malades aprés
_ avoir mange' de ees pains recouvrent tous la ſan
te'. L’Evêque- de Chartres qui étoit auprés de luy VIL .
Miracle écho
eut peur dïune propoſition. ſi. generale, 8c leur tant de S.
Bernard.
'ajoûta que ceux qui les mangeroient avec ſoy
[croient guetis. Mais Bernard qui ne trembloit»
l pas, Ie n'ay point dit cela, reprit-il auſſi-tôt',
mais (eulement que tous ſeroient gueris- s'ils en,
mangeoient, afin- qu'ils ſçaehent que nous diſons
vrayôc que nous ſommes envoyez de Dieu. Tou—
ce cette grande multitude dïnfirmes ſut guerie
aprés- !qu'ils eurent mange' de ee pain, 8c- lexeelæ.
lence 6c la plenitude-de la ſoy du ſaint Abbé ſup
Pica,, dit [Hiſtorien ,ala ſoible confiance de:Mflnríÿſ
tous ces malades…
Il .ſaiſoit quelquefois réfleition' ſur ſes miracles WF?
6e ëen-entretenoit même naturellement avec les
Perſonnes. qu’il avoit auprés de luy.Ie ſuis ſur
Pris , leur Clítñil, de tant de miracles, 6e ne ſçay
ce que cela, ſignifie ,ny quel. eſt' le deſſein» de
Dieudeſaire de ſi.grandes choſespar un cel in…
Ÿfi _x
l
LIVRE SlXIE'ME. Z495_
perſonnes dignes de ſoy pour qu'ils luy deman- L' A N
daſſent adroiuement 8c ians montrer trop de cu- 1x48..
rioſité ny ſans ſaire éclat,_ce qu'il y avoit de_
vray de tout ce qu'on publioit d'elle. Lorſqu'ils.
fiirent- arrivez au Monaſtere de cette Vierge , 6c
que pour s'aquiter de la commiſſion du Pape ,ilsñ
luy eu-rent demande' ſans affectation, la verité, elle
leur découvrit. ſimplement ce qui la regardoit 8c
Penvoya les députez avec les mémoires 6c les»
livres qu'elle écrivoit. aprés ſes inſpirations di.
v_ines. '
Le Pape ordonna qu'on en fit lecture devant:
- l'es Cardinaux , les' Evêques , les-Abbez 8c tout le:
Clergé; il' en leutluy-même une partie, 8c tous;
_ceux qui ſentendirent en furent touchez d'une
grande admiration 8c en rendirent à Dieu miller
actions de gracesyUAbbe' Bernard , _pourſuit l'Hi- 95'54""
ſtorien , étoit
entremiſect a nepreſent',& le Pape,
pas ſouffrir ſut excité
qu'une par ſon.
ſi_ grande lu
miere demeurât cachée , &t a confirmer par ſon:
autorité la certitude de aes graces excellentes que'
de ſon temps Dieu maniſeſtoit au monde. Euge..
ne conſentit avec plaiſir aux inſtances du Saint,,
i-l écrivit à cette illuſtre Ahbeſſe ,luy accorda Pa,,
cette Lettre la permiſſion de parler ô: d'écrire?
de tout ce que Ie ſaint Eſprit luy. ſaiſoit connoî;
tre & ſexhorta- a luy ſaire pars ſans crainte dezrffl
tout ce qui luy ſeroit. revelé. Cette conduite du:
Pape rendit cette. Vierge encore plus' celebre,v8c;
de plus en pluselle. ſut-adrniréeôci-eſpectée. de;
49s LA VIE DE S. BERNARD.
toutes les perſonnes d'une vertu ſolide. _ _
LÏA N Aprés que le Pape eut paſſé trois mois à Tſé
1148.
ves, il revint en France accompagné de ſaint
«Bernard qui ne le quittoit pas. Le Saint conti_
nuoit toûjours ſes miracles , 8c la ſoule du peu
ple qui s'aproclioit pour obtenir de luy la déli
vrance des diverſes maladies qu'ils avoient, ne
ſaiſoit preſque pas attention à la perſonne du
ſouverain Pontiſe. -Un jour que le Pape entra
dans une 'Egliſe pour y affiſter au ſacrifice que
devoit ce ebrer le Saint; aprés qu'il ſut achevé,
tous ceux qui ſouhaitoient la guériſon de leurs
maux saprocherent de Bernard. La ſoule preſſoit_
le 'Pape lans réflexion, 8c àpeine ſes Officiers
purent le ſaire ſortir. Il n'eſt donc pas ſurprenant
que dans' uneoccaſion ſemblable le manteau de
l'Empereur Conrad eût eſté enlevé par la preſſe ,
puiſque dans celleñcy le Pape y ſut preſque
_ étou ffcſſ. <
Eugene à ſon retour vint à Clairvaux. Ce' ſut
pourles
ſ une joyeReligieux, 8c ſur-tout
bien ſenſible. Tout lepour ſaint admiroit
monde Bernard
DH
;oo LA VIE DE S. BERNARD.
L'a 'N
ñ honore ſans violence. Tous n'en uſent pas
1x48.
.. ainſi. La crainte ou la cupidité ſont les princi
.. pes de leurs mouvem-ens, ils donnent au de..
.. hors mille benedictions 8c ils oncle poiſon dans
.. le cœur. Ils ſont bien des careſſes , 6c dans le bei
- ſoin ils abandonnent. Mais la chariténe meurt_
ñ jamais. J'avoue que je ſuis déchargé des ſoins
- de mere , mais je n'en ay pas perdu les ſenti".
-_mens. Depuis long- temps vous êtes au fond de
- mon cœur , on ne vous en arrachera pas ſi vite.
- Montez juſqu'au Ciel, deſcendez juſqu'aux aby
- mes , vous ne vous éloignerez point de moy ,
- je vous ſuivray par tout oû vous irez. Aprés
- vous avoir aime pauvre, )e vous aimeray pere
- des pauvres 8c des riches, car ſi je vous connois
- bien, maintenant que les pauvres vous ont
‘ - pour pere,.vo_us n'en êtes pas moins pauvre
- d'eſprit. J'eſpere que le changement qui s'eſt
- fait en vous ne vous aura point' change', l'éle
-o- vation- vous eſt venuëtrouver dans vôtre pre_
~ mier état ſans vous en ôter. Ainſi je vous-donne
» ray des conſeils moins comme un maître que
» comme une mere , ou” plutôt commeuit ami'.
»Si je paſſe pour un* inſenſé ce ſera aux yeux de'
--celuyqui n'aime pas ou ne comprend pas la.
--force de l'amour.
Xvlll. Sur la fin de cette année ſaint' Bernard perdit.
Liaiſhn Je _ _ _ _
:Ÿ-:csmäëîh ſaint Malachie ,. 8e la mort de cet illuſtre ami' le'
toucha vivement». Cet homme admirable 6c d'une
condition des plus élevées en Irlande ,aprés avoir
LIVRE SIXIEMEÏ ;oi
pratiqué dans ce Royaume pendant pluſieurs LIL:
années les plus- éclatantes vertus d'un ſolitaire 8c 1148;
s'être enñſuite ſait reſpecter de tous les- peuples
dans les divers travaux de FI-lpiſcopat, ſe vit ob’—
ligé d'aller à Rome pour y ſolliciter auprés du
Pape Innocent uelques privileges dont l'Egliſe
d'Irlande avoit eſoin» pour étendre les progrez
de la Religion dans ce pars.
a Il paſſa par la France 8c la rcnomhée Ie con'.
-duiſit äClairvaux. Sa pieté fut charmée d'un ſi
beau ſejour , 8c ſaint Bernard 6c luy conceurent
l'un pour l'autre une ſi ſorte eſtime que dés ce
temps le Prélat illuſtre ſouhaita de mourir entre
les main-s du ſaint Abbé. Il' continua ſa' route
vers l'Italie 6c il obtint du Pape tout ee qu'il luy
dent-inde pour- le Royaume d'Irlande, mais n'en
put obtenir la permiſſion de finir ſes jours a Clair'
vaux. Peu de temps aprés qu'il fut repaſſé en Ir'.
lande le Pape Innocent mourut avant que d'a-d
voir accompli tout ce qu'il luy avoit promis. Saint
Malachie reſolut d'aller trouver ſon ſucceſſeur',
mais
avantCeleſtin
qu'il eûtIl.determiſirré
8c Luce Il.ſon
moururent
départ. tous
l deux
Ayant apris qu'Eu’gene Ill. qui avoit ſuccedé ?i
Luce venoit en France, la- conjoncture luy parut
favorable a ſesdeſſei-ns. En qualité de Primat, il
aſſembla les Evêques du' Royaume , enſuite il
partit avec leur conſentement comme député
des Egliſes d'lrlande 6c ſe_ rendit 'a Clairvaux', oû~
ſaint Bernard lereceut- avec' mille témoignages
"dd
îÀ-ù».
@dz LA VIE DE SJEERNARD.
L' A N de joye. (Land il eut .terminé l'affaire de ſa de'
1149. putarion 8c qu'il eut declare ſes réſolutions à ſes
peuples, il ne ſut pas longtemps dans Clair
vaux ſans y être attaqué de la maladie dont il
mourut. Il ſe mit au lit 8c ſit connoître aux Reli
gieux qu'en vain ils travailloient a le guerir. ’O\uel
ques jours aprés il demanda l’Extrême-Onction 8c
'voulut deſcendre de ſa chambre pour l'aller rece
voir à ſlîÿſe , il receut enſuite le Viatique 8c
-continua d'aſſurer qu'il _n'avoir plus que peu de
jours à vivre. En effet la fievre ayant redoublé le
ſoir de la ſête de tous les Saints , chacun recon
nut la verité de ſes prédictions 8c deſeſpera de
ſa vie. Le lendemain jour de la Commemoration
des morts il s'endormir du ſomeil des juſtes 6c
'laiſſa tout ce Monaſtere plein de regret de ſa* er
te 8c d'admiration pour ſes vertus; ſur tout ſîint
Bernard qui l'avoir mieux ,connu qu'un autre 6c
.qui nelſe contenta pas de ſaire ſon éloge ſunebre,
mais ecrivit encore l'hiſtoire de ſa vie pour faire
mieux connoître a tout le monde ce grand
homme. ſi
Depuis la clôture du Concile de Rheims 8c le
retour du Pape en Italiefiaint Bernard étoit tran_
quille dans Clairvaux, mais il n'y joüit pas long.
temps des douceurs de ſa ſolitude 8c ſe vit livré
a tous les traits de la calomnie , à l'occaſion des
mauvais ſuccez de la Croiſade.
Le peu de troupes qui revinrent d'Orient an
noncerent les ſatales iuites d'une guerre entre.
LIVRE SIXIE’ME. ‘ jO3~
priſe aprés tan-t d’lieureux préſagesOn publioit IſA N
que les Allemans 8c] les François ybavoient preſ. 1149,.
ſésuepiegesPque
tous eri, l'es
u'i Grecs
s croient
leurstomez
avoientdans tous,.
tendus
__——-——
—«
Epic. 376.'
I L eſt temps 6c plus neceſſaire que jamais que .
vous vousarmiezdu glaive ſpirituel pour cqu.; ..A
per ces rejettons diaboliques, qui tâcllfjïfióide, :ce, .
pouſſer encore. Nos Princes ,qui ſont den-etqnr 7
ont fixé le temps de ces affreux ſpectacles aprés ,
les Fêtes de Pâques,cnſorte qu'-Henry 'fils dun-z ‘
Comte Thibaud 6e Robert frere dujBtoyjli-Yrezñg
a leu-r ſureur ont reſolu-de ſe .battre ,USC de S'_é- ?ç
gorger 'l'un l'autre. Jugez dans q-uel eſprit peur.,
vent avoir entrepris le voyagede îJefrulaIem, des
gens qui en'revien'nen.t aveczde tels ſentimens-è'
Nous avons rraitté Babylone _ôc elle _n'a point ~
eſté guerie , ils ont eſté frapezlans le ſentir; ils - ï
ont eſté briſez de coups 8C n'ont pas voulu ſe c
Sſſ
L
;oa î LA ViE DE S. BERNARD.
_L'Art
. ſoumettre au châtiment. Aprés tant de travaux
. 6c tant de erils ;aprés avoir eſté tourmente:
1149.
.. par toute lgrte dafflictions 8c de peines , dans
. le temps que le Royaume eſt paiſibleôc que le
.. Roy ſe trouve abſent, ces deux Princes .ſont
.. capables de ſoulever tout l'Etat.]e ſupplie vôtre
.. Excellence 6c vous conſeille maintenant que
. vous commandez , de vous oppoſer ou par la
:o raiſon ou par la force a ce malheur funeſte.
-ñ Rien ne convient mieux à vôtre gloire,à celle
— - de la nation 8c à l'honneur de l'Egliſe. Qiand
=- je parle de force , ſentens les voyes de la diſci
- pline Eccleſiaſtique. Técriray la même choſe
-ñ aux Archevêques de Rheims 8c de Sens ,_ aux:
ñ- Evêques de Soiſſons 8c d'Auxerre , au Comte
:- de Champagne , 8c au Comte de Vermandois…
d» Prévenez de ſi grands maux pour l'amour du
»Roy 8c pour l'amour du Pape ä qui* il appar
-ñ tient de conſerver le Royaume…
, 'On voit- par cette Lettre qu'il n'était gueres
I - ~ z - \ l
ñ'. ï _ ſ tion-Preſque
occupe des atteintes quon donnoit
tous les Auteurs a ſa reputa..
conviennentque le
;q malheureux ÎÏICCCZ de l'expedition Orientale ne
doit 'sartribuer qu'à la perſidie des Chrétiens
Grecs, qui abuſerent de la confiance de nos
troupes, 6c que la .fai-m , la ſoif, 8c l'épuiſement en.
d
"firent plus perit , que les armes des barbares
Pour ce qui eſt de l'Abbé de Clairvaux , il ne ſit'
ï que ſuivre les ordres du Pape.
_ Cependant Eugene ;zprochoit de Romexmais il
ï
LIVRE SIXÎÂI-EÏMË. ſ67
n’y entra pas à cauſe que les ſectateurs d'Arnaud L' A N
y étoient encore les maîtres; il eut pitié de l'état "49
où les troubles inteſtins mettoient cette grande
Ville. Combatu par ſa charité paternelle, il ne
voulut ny Faccabler par une guerre declarée,ny re
fuſer ſon ſecours a ceux qui luy en demandoient,
car une bonne partie de ce peuple ſouhaitoit qu'il
entraſt, ſçachant à combien de maux il remedie—
roit. Il s'arrêta donc quelque temps avec les Car
dinaux dans les differentes Villes de la campagne
de Rome , ſans ſçavoir quelle ſeroit la ſuite des
évenemens. Ce fut pendant cet intervalle que S-Lsv-i-ſlä
l'Empereur Conrad repaſſoit en Allemagne. Il R* ct ~
vint “à Pole , puis à Aquilée , où il ſe ſentit telle
ment affoibli , 8c vit ſes troupes en ſi mauvais.
Ordre , que ſans penſer à la guerre qu'il avoit me
dité de faire à Roger Roy de Sicile il ſe hâta de
ſe rendre dans ſes Etats. Le Pape à la nouvelle
_deſa marche , avoit envoye' en Iſtrie des Legats
au devant de luy , mais ils.nc furent qu’ä moitié
chemin , parce que l'Empereur étoit déja ren_
tre' en Allemagne. Le Pontiſe luy écrivit une
Lettre remplie de raiſons treS-touchantes, pour
luy faire offrir à Dieu les travaux inutiles 6c les
malheurs d’un ſilong voyage. Il eſperoit beau
coup de l'Empereur pour le rétabliſſement de ſes
affaires en Italie , ille ménageoit prudemment 8c
ële prioit de ne pas Oublier les interêts de l'Egliſe, M xx.-, _
qui luy avoient toûjours eſté chers , mais ſa Let- pcïilj
tre le trouva mort à. Bamberg comme nous avons “i '
dit. Sſſij
l
;ds LAſiVIE ÜE S. BERNARD.
Nous ne voyons rien qui nous determineä
- L’À
n49N . la priſe
croire . du Roy Louis le Ieune par les
xxl Grecs. Nous raporterons neanmoins ce qu'en a
Loiiislcjeuiic penſé le continuateur de Sigebert, qui dans ce
ICVIËDI en
;mcm tempsda même écrivoit ſon hiſtoire: Lors , dit
RïbenC/Dro”. il, que le Roy de "France, s'éloignant de la Pad
Ieſtine , voguoit pour retourner dans ſes Etats ,
il ſut pris par quelques vaiſſeaux des Grecs. Ces
perſides ſe propoſoient de le mener a Corſou
pour y être preſenté à leur Empereur qui Faſſie
geoit. Mais George qui commandoit une eſcad
dre du Roy de Sicile les attaqua 8è aprés avoir
delivré le Roy , brûla 6c coula à ſonds leurs vaiſ
ſeaux. Le Commandant-de cette eſcadre venoit de."
piller 6c de ravager les Provinces de la Gréce , il
avoit avancé juſqu'a Conſtantinople, avoit jetté'
des fleches d'or dans le Palais de l'Empereur 6c
enlevé par force des Fruits de ſes propres jardins
aprés ~ avoir
tale. ſi brûlé les fauxbourgs
. de cette Capi—_
.. C E n'eſtc'eſt'
Pere, pointla laconfiance
préſomption , mon cherà ſ
quimengage
.. vous écrire. Ie ſçay qu'un pécheur chargé de
.. bleſſures 8c endormi dan-s leg_ ſepulchres com
.- me moy ne doit pas parler 3 mais j'avoue que
. ſay l'ame enflammée de zele pour ce pauvre
ñ Evêque qu'on a —ſrapé d'une playe d'ennemy 8c
. d'un châtiment cruel, parce qu'il aime la juſti
ï ce 8c qu'il en veut obſerver les loix.'Son plus
..grand crime eſt de vouloir tenir la place qui
.. luy apartient , 6c qu'on luy rende ce qui eſt à.
ñ- luy, Voilà le meurtre qu'il a commis 8c dont
s on veut qu'il ñſe juſtifie. Si j'ay trou-vé grace
- devant les yeux d'un Pere , ou plutôt puiſ ue
*- je l'ay trouvée , rendez-luy ſervice dans ſon
w affaire, ſelonce qui vous paroîtra le plus avan
- rageux pour luy. Au reſte je ſuis toûjours plein
v- de joye 8c dans une ſanté parfaite. _J'attends vô
- tre retour avec impatieneezcar je ne puis m unir
- .entierement à Dieu ſans que vous vous réuniſ
a ſiez à nous. Le temps de mon engagement s'ap
p proche. C'eſt par vôtre entrcmiſe que je Ëiois
aire
LIVRE SIxIÉME; -ffi
faire alliance avec le Seigneur , 8c c'eſt ſous vô- - L' A N
~tre conduite, mon cher Pere, -que je dois le -e 1149.
ſervir jour 8c nuit 6c tous les momens de ma «
"vie. -
Cette Lettre imite 'beaucoup le ſtile de Nico_
-las ſecretaire de 'ſaint Bernard; 6c il n'eſt ,pas hors
daparence qu'il en fut l'Auteur, car le jeune
-Prince Henry avoit fait avec luy une amitié par
ticuliere.
Ce Moine ambitieux fit un tout à Auxerre vers
la 'fin de l'année , 6c il y tomba malade dans la
«maiſon de l'Evêque ,qui l'avoir fait venir pou-r
quelque affaire. Ce voyage lempêcha d'aller à
-Cluny , où Pierre le Venerable avoit prié Ber.
nard de l'envoyer, 8c les Lettres qui furent écri_
tes a cette occaſion ſont trop agreables pour n'en.
pas raporter quelques extraits.
Je voudrois vous voir toûjours , écrit Pierre o- îffl* “4
'le Venerable äBernard -, mais puiſque cela m'ar- -
rive ſi rarement , je veux que pour ſatisfaire à -
lempreſſement de mon amitié , vous m'en- n
voyiez au plutôt Nicolas nôtre cher ami. Il eſt -
dépoſitaire -de la plûpart de vos ſentimens 'ôc le ~
conſident de tous -les miens. En luy je vous ver- -
ray , par luy je vous ontendrayôc vous mande- -.
ray certaines choſes , dont je veux vous infor. -
mer en ſecret. <
Cette Lettre étoit pleine de loüanges pour
ſaint Bernard ñôc voicy comme il y répond.
'Ttr
514, LA VIEſſ DE S. BERNARD.
- L' A N
LETTRE DE SAINTBERNAR D
114.9.
diPic-flc de Clan),
Ttt ij
5m LAN VIE DE S., BíERNA RD.;
— L 'A N
LETTRE DE PIERRE_ DE CLUNJC'
1x49.
4'- Nicolas…
ï ï ' )\ ~
~— — -~UI'“
"IIe-r* '
î 52.1'
les Ficlelles &l'admiration de ſes ennemis;
Saint Bernard écrivit enſuite au Pape en ſa fa- ñ L'a N
veur , il luy vanta ſa penitence 8c ſon humilité 8c “49”
luy fit le détail de tout ce qui regardoit l'affaire ‘
de cet Evêque. Il le preſſa ſur tout d'avoir pitié
du Prélat humilié , 8c de ne le pas abandonner
à la honte , ny le punir juſqu'à luy ôter le cara
ctere 8c les fonctions du ſacerdoce, ô: il met ſur
ila ſin de ſa Lettre ces excellentes paroles , .Vaud
on a [autorité, dit-il,, aimer mieux s'en firvice .pour Ie mal
que Pour Ie. bien , ce n'eſt pg: en uſtr mais en abuſer…
L'année precedenteſaint Bernard avoit crû que
le mépris de la calomnie ,étoit la meilleure ma
niere_ de faire caire ſes ennemis , 6c abandonnant a
Dieu ſeul le ſoin de le défendre , il n'avoir pas jugé
dignes de réponſes ceux -qui publioient par tout
que par de faux miracles il avoit cauſe' tous les
malheurs de la France , de l'Allemagne 8c de
toute l'Europe. Comme il s'aperceut qu'il n'y al
loit pas de ſa .propre cauſe, mais de celle de Dieu
,même , au nom duquel il avoit fait pour cette
Croiſade tant de diſcours confirmez par les mi
racles qui ſont le langage ordinaire. dont Dieu
ſe ſert pour marquer ſon aprobation , il com
mença cette année par ſa juſtification, le ſecond
iivre du traitté qu'il continuoit d'écrire pour le
Pape Eugene, 8c que l'embarras des affaires 6c ſes
propres agitations avoient interrompu. Cette
apologie
du ſecondeſt digne
livre .deConſideration.
de la ſon Auteur 8c eſt
ſ à _ la tête
V uu
ſ21. LA VÈE DE S. BERNARD;
L' A N .. Ie me ſouviens ,dit-il , de ma promeſſenres
n49, .. ſaint Pere , je ſçay à quoi elle m'engage depuis.
xxvu_ . lOng-tempsauprés de vous 8c jeveux m'en aqui
MSUËiËÊÎZ-;ÀS .ñ ter quoi- qu un peu tard..) aurois honte de mon_
lcſecondlivrc .. retardement ſi je pouvois me reprocher d'avoir
ÏÃJËÃÏŸ' ñ- mépriſé ou ſait peu d'attention ace que j'avois
gſÿggfſſfjfgîî' .ñ promis , mais il n'en eſt rien. Vous ſçavez que
353555312243? ï- nous avons eu des temps de diſgraces , qui
la Croiſade. ñ ſembloient nous interdire l'uſage de la vie , a
- plus forte raiſon celuyde l'étude. Le Seigneur
. irriré contre nos pechez,, a paru vouloir juger
a l'univers avant le temps , avec juſtice a la ve
» rité , mais auſſi ſans ſe ſouvenir de ſa miſericor
- de. Il n'a épargné ny ſon peuple, nyſon nom.
>- Toutes les nations diſent , oû eſt leur Dieu , 8c.
ſ -- cela n'eſt pas ſurprenant. Les enfans de _l'Egliſe
~ ont eſte livrez a. la mort dans le deſert ,.4 ou:
-ñ maſſacrez par le glaive , ou dévorez par la faim..
- Le mépris du Seigneur s'eſt répandu ſur les
-- Princes , il les a laiſſez s'égarer dans des 'routes
v» inconnues , 8c toutes ſortes de peines 8c d'affli
u ctions ont eſté ſemées dans , leurs voyes. La’
~ confuſion., la triſteſſe , la frayeur ont penetré
~ſi-e juſques dans lequi
te pour ceux ſanctuaire
ont eſté des
parRoiszquelle hon.;
tout évangeliſer"
- la paix 8c les vrays biens ?Nous avons annoncé
w la paix 8c il n'y en a point', nous avons promis
-le repos &nous voila dans le trouble. _Nous
- ſommes nous donc conduits dans cette affaire
--temerairement ou legerement? Nos courſes
'LIVRE SIXIEME, Sri,
ront-elles eſté faites par fantaiſie? N'avons—nous ~ L* A N
_pas ſuivi vos ordres, 6c par les vôtres ceux de - I149.
Dieu-même ? Pourquoy donc n'a-t'il pas re-ñ
gardé nos jeûnes , 6c a-t'il paru ignorer nos hu-W
miliations 2 Tant de châtimens n'ont pas apaiñ -
ſé ſa fureur, 8c ſa main eſt toûjours levée. Avec ~
,quelle patience entend-t'il encore les voix ſa- -= -
crileges 6c les blaſphêmes des Egyptiens 2 C'eſt -*=
par artifice, diſent--ils , que leur Dieu les a con- ï
duits dans le deſert, pour les y ſaire perir. Tout ~
le monde ſçait que les jugemens du Seigneur *
ſont véritables , mais celuy-cy eſt unſi roſond ï
abyme, qu'on peut ce me ſemble apellerheureux ~
celuy qui n'en eſt pas ſcandaliſé. Cependant ~
.comment l’inſolence humaine oſe-t'elle repren_ *'
.dre ce qu'elle ne peut concevoir? Souvenons- ï
nous des divins jugemens exerce: dans les pre- *‘
miers ſiecles 8c tirons-en nôtre conſolation. Au "
ſeul ſouvenir, Seigneur , de vos anciens juge- "
mens , je me ſuis ſenti conſolé , diſoit un Pro- ‘
phete. _ “
Je parle de ce que chacun ſçait aſſez , 8c de "
ce que maintenant tout le monde ignore. Car "
de la maniere dont eſt fait le cœur de l'hom— “
;me , ce qu'on ſçait quand on n'en a que ſaire "
on l'oublie dans le beſoin. Moyſe ſur le point "
de conduire le peuple hors de la terre des Egy~ "
ptiens leur en promit une meilleure: car com- '
ment l'eût autrement ſuivi ce peuple qui ne "
goûtoit que la terrezll les e-mmena donc, mais '
_Vu u ij'
;14 LA VIE DE S. BERNARD;
\IL-'AN
.. aprés l'avoir fait, il ne les fit pas neanmoim.
- entrer dan-S cette terre ſi ſolemnellement prox.
_H49 - miſe , 6c cet évenement- triſte 8c impréveu nc
. peut être attribue' à la_ temerité du conducteur.
.. Il faiſoit tout par ordre de Dieu qui cooperoit
-ñ à. tout 8c le confirmait par des miracles donc.
.. les diſcours de Moyſe étoient ſuivis. A
- Mais ce peuple , dites-vous , avoit le cœur en
- durci 8c ſe ſoulevoit toûjours contre Dieu 6E
- contre Moyſe. Il eſt vray , c’c’toient des incre
- dules 8c des rebelles. Et que ſont ceux cy;ñ je
- vous prie? interrogerles : car qu'eſt-il beſoin
- que je rapor-te ce qu'eux- rnêmes avoüent ?je ne
- dis qu'un. mot. Quels progrès pouvoient faire
>- des gens qui reculoient à meſure. qu'ils avan»
~ çoient P Qiandleur eſt-il arrivé-de ne pas rc
-ñ tourner en Egypte par les deſirs- de leur cœurí;
--Si les pechez des lſraëlites- les ont fait Per-ir,
.. ſaur- il s'étonner que ceux qui les imirent periſi
ñ ſent 8c ſoient punisñde même ?La- chute des
.premiers ne détruiſic point les Promeſſes deDieu,_
»donc ny celle desqderniers ne les détruit. Carr
s».. juſtice.
Dieu neVoicy.
promet jamais
autre rien qui
choſe.. ' Préjudicic.
i à ſa.;
- Benjamin commet. un peche' , toutes les. au:
- tres Tribus sëannent. Pour la. vengeance ,aprés
.- que Dieu l'a ordonne 8c qu’il a nommé le chef
- qui les doit mener au combat. Pouvoient- ils
- combattreavec de meilleures armes , pour une
»meilleure cauſe,.ôzr avec un plus i Puiſſant. ſe'
""-î— , …_,_.î__,,__,__._…
. :F:
Xxx
~5zo LA VIE DE &BERNARD;
m
L' A N
n49, LETTREà Nicolas
DE ſicrctaire
PIERRE DE CLUNYſ
deſàint Bernard.
L AN
luy de viv-es inſtances, car à cauſe du peu d'in- - i150.
tervalle
afin qu'àjuſqu'a leur Chapitre,
la prochaine il faut
lſſolemnité le preſſer,
de.tous les --
.Saints je voye arriver ce que je ſouhaite avec .
tant d'ardeur -, 8c ſi par hazard il trſiouve quel- o
qu'un qui S'y oppoſe , qu’ill'oblige d'entrer dans -c
mes ſentimens qui ſont \ans doute les ſiens. ï
Salueztendrement de ma part le frere du Roy -
que ſaime de tout mon coeur; Philippe de Lie- n
' e ,G auc h er l e Cl
eerier , nôtre
p cher Garnier , c
Fromond qui reçoit les hôtes, 8c le reſte que io
vous connaiſſez mieux que moy. c_
l
D)
‘ Aites-moy voir celuy que j'aime. Qiand
,, ſera- ce que je paroîtray devant vous-ë:
,, Qgandvous verray-jc? (Lund-me conſolerez
,, vous? Ie n'ay de conſolation qu'à vous voiiï,,
_,, je deſire ardemment ce bonheur qu'on ne peut
,, deſire-r trop , 6c monñrame ſera triſte juſqu'a ce
. ,, jour. Quelque part que j'aille j'y porte un doux
za _
ſouvenir
i _
de vouS.ñ.Mais
A
c'eſt.la doueeurde cette
,, idee qui rend votre abſence encore plus ame
,, re. Loin de moy cette conſolation. frivole ,On
»ſi wit mieuxñ de ſeſrít qfle des jcuxyſſon eſt plus um'
n par Ie cæur que par esſi-n-s. Cette maxime eſt plus
.,,ébloüiſſante que ſolide : car enfin-la converſa
,, tion' 8c la veuë. ne donnent-elles pas certaines
,, joyes vives qu'on ne peut goûter dans l'abſen
,,—ce Z Auſſi je croy-que ceſtplus là raiſon que ler
,, coeur qui parloir dans-ce grand maître 'de l'é
,,loque_nce Romaine lors qu'il a proſeré cette
v ,, ientence.
,,_ on-dit-deëñceïCiceron que la nature ſit naître
Wéloquent; que tout. ce qu'il avoit conceu par
,,,—l’~étude.i_l.l_'ariimoit par l'action r il le pronon
LIVRE SſXIſi-ÉME. 541
çgoit avec artñ, 8c qu'avec une facilité_ nierveil- “ L' A N
leuſe il exprimoit dans ſes paroles' toute la de- “. Iſjoó
licateſſe de ſes penſées.- Mais que faisñje? ]eñ‘_‘
nfégarede moiiïſujet, pardonnez ma digreſ- “
fion, ou plutôt. mon crime. Qu me dédoma.. “' “P“‘=&’û“°
entrcveuë de!
gera' de n'avoir point veu enſemble ces deuxñ“ Eçmardscdc
grandes lumieres dans ce ſejour Celeſte , que “ :iiiidiéi-cviiſi
Dieu entre tous les endroits du monde a choiſi ñ“ 'V'
pour y faire gloriſier ſon nom ?Ie m'irrite con- “‘
tre mes occupations qui ne m'en ont pas ravi—“
la volonté ,mais le pouvoir. L'affaire de vôtre"
ami-l'Abbé de Vezelay en eſt la cauſe. Il m'a—“'
fallu par vôtre ordre combatre avec 'des bêtesîj"
feroces pour empêcher un homme de préñva- “
loir contre luy. Line année s'eſt jointe à-l'autre,ñ‘î
ſelon
ſe ſontleéſicoulées,.&
langage du chaque
Prophete -, lesm'aſolemnitez."
*jour paru un—“’
ſiecle depuis que je n'ay veu ,je ne dis- pas mon “'
- Seigneur , mais mon amy , car l'amour bannir les “'
termes de cérémonie , 8c lereſpect doit ſe taire “
dés que l'amitié commence à parler. (Lie celuy«“
ui craint , quitremble-&t qui seffraye , s'aba~iſ— “
e 8c shumilie ,tout cela n'eſt point d'uſage “
quandon aime. Il y a long- temps que je vous “
crois dans ces -ſentimensi- ï"
Depuis que nous nous aimons vôtre. gran- “~
deur s'eſt tellement miï au niveau de ma baſ- “~
a feſſe, qdelle-vous-rend le modéle de ceux qui—“
Pétoient des autres auparavant. Mais qui doisñ “’~
‘ jeaccuſer_ de» ce que je--difiere tant Zi vous ñvoir ?—“~
542. LA VIE DE s. BERNARD.
LK N ,, Ce n'eſt-pas ma faute. Ma maladie 8c les affai
,, res dont vous m'avez chargé m'ont retenu. Sc
n50.
,, rOit—ce 'la vôtre? Ie ne le croy pas: car dans A
U,, deux Lettres à mon Abbé vous me preſſez
pl,, inſtamment 8c vous m'invitez fortement par
,, ces termes , Envgysz mgy ce cher Nicolas , ſur
R,, qui ce meſtmbſe 'vôtre cœur ſi* repofi en partie Z9' ſur
n qui ſe repo/Z- entierement Ie mien. (Lie d'amour dans
,, ces paroles,Je ne pourrois en \toute ma vie
,, vous en remercier aſſez: Si ſay trouvé grace de
,, vant vos yeux , ſi .le ſouvenir d'une ame ſidelle
q,, vous eſt un peu ſenſible,écrivezà mon Abbé,
»änôtre Prieur 8c à Gaucher (car je ſuis emba
7,, raſſé dans toutes leurs affaires) afin qu'ils m'en
,, voyent vers vous pour le jour de Pâques, enſorte
,, que je reſſente la force' du ſtile de vôtre Lettre
i,, 8c qu'elle eſt un effort de vôtre amitiéeQue je de..
_,, ſire ardem-ment ,mon cher Pere,de faire cette
,, Pâque avec vous! Tâche: que je puiſſe être au
,, prés de vous pendant quelques jours, 6c goûter
q,, au moins quelque temps le plaiſir de vous Voir,
,, ſi je ne puis m'en raſſaſier. Je *l'avoue 8c »je le
,, declare s'il le fafit, preſque rien ne contente
,, quand on n'a pas .ce qui ſatisfait pleinemenrſi
,, Envoyez-moy vôtre réponſe ſans qu'on le ſça
,,, che ,5 _je vous porteray vôtre Hiſtoire d'Alexan-'
p,, dre , vôtre ſaint Augxſtin 8c tout… ce que jc
_,, pourray trouver de bon. Faites paroître main
,, tenant ce qui me rend agreable a vos yeux. Je
.n me recommande à vôtre pieté. ,I'ay eſté tout î
LIVRE SIXIIÏME. 54;
vîous, j'y ſuis encore , 8c ſeray tant que je “
L' A Ni
demeureray dans le coeur de )eſus—Chriſt. Fai- “ i150,,
ties-moy part de Vos paroles celeſtes 8c touchan- “
t'es par le preſent porteur , afin que je' vous “~
voye dans le miroir juſqu'a ce que je vous voye “
face à face. Sice que je ſouhaite ne peut arri- “
ver préciſement a Pâques, que ce ſoit du moins “"
peu aprés. Je ſçay que mon Abbé vous a dit “ë
comme a moy que vous ne me demandaſſiez “~
pas ſans neceſſité, auſſi eſt—il tres—neceſſaire que “~
je vous voye malgré toutes mes occupations , “ë
en un mot commandez: ſeulement que jeparte. “ë
rdeſavoüez
- pas Ia renommée. Cependant
ñ richeſſes
çait que les ' des Allemans ont eſte
l'on “
'-
regardées comme de la parliez, qu on na point “”
déchargé ceux qui les portoient, 8c que mal- “
gré leurs tentatives ils les ont reportées en leur “
païs. Le fait eſt nouveau ſans doute ,car quand “
eſt- ce qu'on a veu Rome refuſer Fargentz Aufli “
Vous n'avez pas apparemment conſulté les Ro- “
mains pour en uſer de la ſorte. Les 'Archevê- “'
ques de bAayence 6c_ _dc Cologne arrivent tous ‘,‘,
;50 LA VIE DE S. BERNARD;
L~ A N ,, deux riches , tous ,deux coupables-,lon fait gta?
115,_ ,, ces a lun ſans qu il la merite, 8c lautre enco
,, re plus indigne .eſt renvoye avec, ces paro
_,, les , Vous ſhrtirez d'a) dans le même Equipage que
…ſueur yfiaveä EntTEiClLibe cp Ãliſcíquïs reſſent la.
_,, ma ni pas
,, vauê-il cence
bien8ccet
a autre
i perte, cpl:o 'vôrrcqargent'
»oi ue 1 car ne
pcnſſc
n d-Uec -vous, Toute la difference que j'y trouve ,
,, c'eſt que dans l'un il y a plus de zele, 8c dans
,, l'autre plus de modeſtie.
xxxvlll_ Sur la fin de cette année Bernard perdit un
E35” Ëjäfîfi' uiſſant protecteur 8c un ami fidelle en la per—
deck-mim- onne de Thibaud Comte_ de Champagne. Il y
ſi auroit bien des choſes à dire ſur la grandeur d'a..
me 8c ſur les vertus de ce Prince dont la memoi
re fut toûjours en veneration dans l'Ordre de Cî—
teaux. On l'enterra dans l'Egliſe de l'Abbaye de
Lagny , &- ſon fils Henry y fonda une lampe pour
brûler devant ſon tombeau. Peu de temps avant
qu'il mourût ſaint Bernard luy fit une réponſe a
ce qu'il avoit exigé de luy pour ſon jeune fils
Gui laume, 6c l'on »y voit avec quelle préfe
rencela loy divine regnoit dans le cœur du ſaint
.Abbé, Tout ce que nous pouvons dire en détail
du me_rite de ce grand homme ne vaudroit pas
ces extraits de Lettres que ñnous raportons
dans l'occaſion , ſon cœur ſ y eſt naturellement
dépeint.
,,55 ffl_ ,, Vous ſçavez, dit-il au Comte, que je vous
,, aime,ôc Dieu ſçait encore mieux que vous _l'é
LIVRE SIXIE’ME. 5-51
tenduë de mon amour. Ie ſuis ſeur auſſi que vous “ L"A N
m'aimez , mais c'eſt àcauſe que vous croyez “ n51_
que j'aime Dieu. Si donc je venois à Foffenlſier, “
quelle raiſon auriez-vous de m'aimer encore “'
uiſque je ne Faimerois plus ê* Comment un “
gomme auſſi mépriſable que moy pourroit—il “ A
être aimé d'un auſſi grand Prince que Vous, ſi “
vous ne croyiez plus Dieu dans mon cœur P* Il “
ne vous ſeroit donc pas avantageux que je l'oſ- “‘
fenſaſſe , 8c je Foffenſerois. aſſurément :ſi je ëë
faiſois ce que vous me demandez. “ a
Ie n'ignore pas que les honneurs 8c \les di- “‘ e-ufäeîxrîſtfgc,
gnitez eccleſiaſtiques ne ſont deuës qu'a- ceux “ íïaizvîpuezlcliaſns
qui veulent 6c qui peuvent les adminiſtrer di- “ daËÃÎÎE-&Ïſſ
gnement 8c ſelon Dieu. Ainſi quelle juſtice y "‘ 4"** “î”
tres, Archevê
avroit—il à vous 8c quelle ſureté pour moy d'em- “ *Æghÿvgäzä
ployer des ſollicitations 8c des prieres pour fai_ ‘ë Futaba-ſage.
re avoir ces dignitez au Prince vôtre fils qui n'eſt “ LcgſſJſſÃIE-an
encore qu'u—n enfant ë Il n'eſt pas même permis “' ËËÆLPÏÎÎÛ_
aux plus avancez en age
^ d - en poſſeder pluſieurs ‘ë 53";
n ſfſpſl;.
en differens lieux qu'avec diſpenſe, quand il “ glex-a-cpu
3 ï - ñ) . _ 'ſn-I ï
sagit des grands beſoins de lEgliſe 8c de la “ Evzu-Ãxiiz;
grande utilité qu'elle retireroit de ces perſon- “ ŸJÏQŸËÎ"ÎË‘*‘
nes. Si ce diſcours vous paroît dur, ſi vous avez “ ſjfjſcjfzf
toûjours envie de faire réuſſir vôtre deſſein , “ Ïclcrlcs Rois
épargnezmoy en cette occaſion -, car ſi je ne “ 'ſhſiſictî'
me trompe vous êtes aſſez puiſſant par vous— “'
même 6c par vos autres amis, pour obtenir ce “'
que vous deſirez. De cette ſorte vous ſerez ce “'
que vous voulez, 6c moy je n-'auray point fait “
demal. f‘
55» LA VIE DE S. .BERNARD,
L' A z; - _ En verité jeſouhaite au petit Prince Guillauñ'
11:5,, - me, qui m'eſt ſi cher , tous les biens imagina
.. bles , mais Dieu, préſerablement a tout. De
.. crainte qu'il n'ait pas Dieu, je ne veux pas qu'il
.. ait rien de contraire a l'ordre de Dieu. WC ſi
- d'autres ſont pour luy de differens ſouhaits, jc
, d- n’y veux pas contribuer , pour ne pas perdre
ſi auſſi Dieu moy-même. Lors qu'il ſera d'un âge
.. à poſſeder ces dignitez ſelon les regles 8c ſelon
.. les loix, je ſeray voir s'il eſt neceſſaire, que je
.. ſuis veritable ami ,je ne luy reſuſeray pas mes
i. ſoins 8c mes peines. Ie crois qu'auprés d'un ami
- de la juſtice je n'ay pas beaucoup à travailler
.. pour me juſtifier de ne pas ſaire ce qui ſeroit
.. injuſte. .Communiquezje vous prie ma répon..
-ñ ſe àla Comteſſe pour m'excuſer _auprés d"elle.‘
Les Lettres de ce ſtile ſont aſſez rares , mais les
gens comme ſaint Bernard le ſont encore plus.
Le Comte de Cham agne luy avoit long-temps
demandé deux de es Religieux pour être a ſa.
Cour les diſtributeurs de ſes aumônes , &le Saint
ne les luy voulut jamais accorder.
Thibaud laiſſa pour ſon ſucceſſeur , Henry
ſon fils aîné qui conſerva pour l'Ordre de Cîteaux
8c pour ſaint Bernard la même tendreſſe qu'avoir
eu le Prince ſon Pere , ô: les affiſta des mêmes
liberalitez. Neanmoins d'abord ſon_ autorité le
rendit fier, 8c ſa jeuneſſe voluptueux; 8c plus l'é_
ducation auſtere de Thibaud l'avoir retenu , plus
;il sabandonnët violemment à tous les excez..C’eſt
TC
——.~— ñ….
'LIVRESIXIFËMËL ff;
'ce même Henry qui voulut ſe battre en duel au L'Art
!retour de la terre Sainte. dll ſit même reſſentir àſa 1152..
:mere quelque choſe de ſes emportemens : Elle
-en écrivit à ſaint Bernard pour s'en conſoler avec
“luy z enfin par les prieres continuelles de l'un 8c
ñde l'autre , il changea de conduite en peu d'an
:nées , 6c tous les Hiſtoriens de ce tempslà l'ont
mis avecſi raiſon au rang des Princes
ſtres. _ les plus illu
L'Evêque d'Auxerre ancien ami ſide ſaint Ber X L.
Mort de l'E
cnard mourut auſſi dans le même temps. Il ſut le vêque d'Al”
xctre.
premier Abbé
Dieu s'étoit de pour
'ſervi Pontigny.; 8c nôtreduſimonde
le dégoûter Saint, dont,
4-
'L 'I VR E SIXIÈME. i ~5ſiGi~ _____
*rant de Clairvaux dans le deſſein de n'y pas re- L'A N
tourner., il avoit pris ſur luy les deux cachets -ôc 115L.
l'argent , ſoit _pour S'en ſervir .ou ;pour n'être pas
trahi. . …
Saint Bernard ſur incertain s'il devoit ſe ſcli…
citer ou .S'affliger. ll ſe réjoüiſſoit de la ſéparation
d'un membre inutile 8c dont la corruption au..
roit pû devenir contagieuſe —, 8c íaffligeoit de la
perte d'un homme d'ailleurs orné de beaucoup
de talens 8c qu'il avoit autrefois ardemment ai..
mé. Dans la Lettre qu’il écrivit au Pape ſur la
fuite , il ſe contente de luy mander que ce perſi-ë
-de en ſortant
infſſamie. a laiſſé
Ie ne veux par tout
pas, luydesdit-il,
tracesfouiller
de ſon-e
Epic. 2.08.'
mes levres ny vos oreilles de toutes ſes hor- -
reurs dont lepaïs eſt infecte' 8c qui ſont devenuës -e
la fable du monde. S'il oſe paroître devant vous , a
(car il s'en vante &ſe Hate d'avoir ,desamis àla ~
Cour de Rome ) ſouvenez — vous d'Arnaud de ï
Breſce , c'eſt icy bien autre choſe qu'Arnaud. ~
Perſonne n'eſt plus digne que luy d'une priſon ï
perpetuelle, 8c rien ne ſeroit plus juſte que de le ~
condamner à un éternel ſilence. -
Quelques Auteurs ont crû que Nicolas étoit
' 'paſſé en Angleterre, 8c qu'il avoit fini ſes jours
dans le Monaſtere de ſaint Albanzon prétend
même que delà il écrivit en France pluſieurs
Lettres pleines de calomnies contre ſaint Ber
nard, même depuis ſa mort , 6c que Pierre de
“Cellesy répondit pour juſtifier laBBbſil)
memoire de
j--c-d
362.… LA VIE D-E S. B ERNARD:
L! N
nôtre Saint, mais cela regarde un autre Nicolas.
115L.. de ſijint; Alban dont le ſtile eſt fort different de
celuy—cy. Nicolas de Clairvaux rentra: dans ſon;
ancienne Abbaye de Montier-Ramey aprés avoir
demeuré ſix ans dans Clairvaux,.où… il fut connu_
des peuples 8c des Princes,_aimé de Bernard &de
Pierre de Cluny, &äleur occaſion.. eſtimé de tou-—
te la terre. Sa grande foibleſſe fut toûjours de ſe:
gloriſier des amis importansr qu'il avoit. Dans:
une Lettre à Henry Comte de Champagne , de
puis ſa ſortie de Clairvaux,il luy marque avecune
vanité pitoyable ,que dés ſa plus tendre jeuneſ
ſe il a toûjours ſceu plaire aux grands Princes..
Mais la providence a permis que celuy qui ſou
haitoit par ambition de_ ſe_ faire. connoître,_de-—
meuraſt tellement inconnu dans la ſuite ,K ue ſi?
ſes Lettres n'avaient eſté par hazard inſérées…
parmi- les ouvragesde Pierre de Celles ,on ne:
parleroit pas de luy.
Ence temps ſaint Bernard achevale quatriéſ.
me livre de la Conſideration ,dans lequel il ex..
horte éloquemment le Pape a remedier , s'il eſt?
poffible , au faſte ô: à l'arrogance des Romains..
Canſíl. l. 4. x - (Lie diray—je de vôtre peuple, luy écritñil ?'c'eſt;
- la nation Romaine , &t je ne puis vous déclarer?
»en moins de- aroles ny plus vivement, ce que je
» penſe de vosñbrebis. a—t'il au monde de plus»
*connu que ſorguëil &la fierté de ce peuple, en—
u nemi du reſpos, toûjours remuant, &quinh ſçu.
Mjuſqiſäpre ent ſe. ſoumettre., que quand il n'a pû.;
LIVRE STXEEME, 5g, îz**
z-reſiſter? Voilà la playe , c'eſt à vous-d'en avoir - L A N
ſoin,& ilne vous eſt pas permis de la negliger. - 1152..
Vous me 'raillez ſans doute , parce que vous la e
\croyez incurable.; ne vous en déſiez pas tant , o
on nezqge pas de vous la guériſon mais l'appa— -e
reil. Je çay bien que le cœur de ce peu_ple eſt -e
endurcy , mais Dieu ne manque pas de puiſ- -
'ſance pour ſuſciter de ces pierres mêmes des -
ñenfans à Abraham? Que ſçait- on s'il ne luy par- -
Mdonnera pas 8c s'il ne luy changera pas -le cœur? *
Cela ne doit s'entendre , dit Baronius, que des
.Romains feditieux 6c non pas de tous.
.C'étoit au commencement de l'année 1152.. que
le Pape receut de ſaint Bernard ce quatriéme li-g
ïvre, 8c dans le temps .qu'aprés avoir détruit les
reſtes du party d'Arnaud il rentra dans Rome ,
-quoi qu'il vint de perdre un puiſſant protecteur
en la perſonne de Conrad. Ce Prince en mourant
avoit choiſi Frederic Duc de Soüabe, pour luy
ſucceder, 8c les Princes de l'Empire avoient con—
:firmé ce choix. Aprés,dit Otto-n de FreffingueËue 0th. Fnffi
Geſt. Frid
Frederic eut reglé tout ce qui regardoit l'a er
miſſement de ſa puiſſance,il ſe retira dans ſon Pa
lais où il appella les Princes les .plus conſidera
-bles 6c les plus habiles. Il les conſulta ſur l'état
du gouvernement publiqôcréſolut d'envoyer des
Ambaſſadeurs au Pape Eugene , au Peuple Ro
main 8: à toute l'Italie ., pour y porterla nouvel
Îe de ſon avénement à la Couronne 8c ſe de'
clarer le protecteur de l'Egliſe. .Le Pa e eſpera
BBb ij
'ſſ~"~1
L'a u
;ion de ſes enfans , 8c la frayeur avec laquelle
. ‘ ſi ils attendaient le moment fatal qui le devoit en...
lever , les ranimoit par des paroles conſolantes z
il leur conſeilloit
lbſſiperance ÿ: î de ladeſoy
senraciner dans le ſein
8c leur promettoit de
de ne
les Pas oublier aprés ſa mort. Il .tâchoit d'impri
mer dans leurs cœurs la crainte des jugemens de
Dieu, &c Yamglr d'une vie pure 8c parfaire. ll les
conjuroít de pratiquer avec une ſerveur toûjours
égale ce qu’il leur avoit enſeigné , &leur répe
,toít ces Paroles de l’Apôcre , Nous 'vous prions ,
mes fiere: , U' nous 'vaux conjurer” pdrffffizs_Cbrifl , qu'
gyant apris de nous comment *vous devez marcher dans I4
"Uqye de Dieu Pour In) plaire en toutes Chffis , Tous) mar_
chic-z de telleſorte que vous): avanciez toûjours. _
Dés les commencemens de ſa converſion , ſaint
Bernard avoit toûjours ſent-i ſon eſiomach s'af
foiblir -, 8c quoi qu’il ne pût Vivre' ſans(Prendre
quelque nourriture, il n'en pouvoit pre que pas
garder aucune j; il étoit attaque' d'une eſpece 'd'hy
ropiſie, 8c il n'y avoit pas en tout ſon corps un
ſeul membre qui ne tendîr à une entiere diſſolu
tion. Î
'Âriiud de Il écrivit dans cet .état ſa _derniere Lettre i
Ëhffl": l'Abbé de Bonneval pour le remercier de _ueL
ques Petits préſens 6c luy marquer la diſpoätion.
pu il le trouvait. -
ÆETËRE
577 ——î_?—
LETTRE DE_SAINT ſſEERNAR D "ſi
1153;
à _l'Abbé de Bonne-val.
L IſſVRE SI X,IE'ME.
S79 _
ment poutvræærous, quitter &les enfin; que 'vous ÛUÊÎZOÊ
ja jours Mme-z f Il sattendriſſoit avec eux ôc levant
les yeux au Ciel, il diſoit avec ſaint Paul,
L' A N
115;.
qu'il ne ſçavoit que choiſir ou de la mort, ou
de la vie 8c qu'il abandonnoitñtoutä la volon
té divine. Mais P endant ue ſa charité P our LUI.
_ _ Mort de S.
ſes freres combattoit ainſi dans ſon coeur avec Bernard âgé
dc 63 ans
le deſir de voir Ieſus-Chriſi: , Dieu décida de ſon l'an m3 le
ao: dïäouſt.
ſort 8c il expira. ~
DES MA TîiERES-.a
:prend “ſa condamnation par le' Con*
l
cile de Sens 6c par le Pape. 531. ll'
A. ſercfugie auprés d: Pierre de Cluny. -
ibid Cet Abbé conjointement avec
- Rhys. Abbaye dc ſaint Nicaiſe l'Abbé de CÎLCÛIXÊÏÃHÛÏIÊÛI à ſe
àRhcims. c9. retractcr. 331.. zz. l aroi rc -
'Accommodzmtnt des Religieux deóſaint tant.
doctrine
ibid., 334.
ll fait
ll vient
uueliipologie
à Clairvaux ſe
Bertin avec ceux dc Cluny , par l'en
tremiſe de ſaint Bernard. . 1.66. 1.67. rcconcilier avec ſainsflcrnard, 331d
Ïlſibailard. Sa naiſſance'. Son genie.
ll (7: retire tout à fait à Cluny. 337.
Ses études _dans ſa jeuneſſe. zu.. Son sä vie exemplaire depuis ſa retraite -,
orgueil. iëid- Son voyage en Breta
34;. 344. 8a mort édifiant: . 344.
gne. zu.. Son retour :i Paris. 3l). ll Ce qu'il faut penſer de ſes Lettres
étudie ſous Miſclmc de Laon. ibid. ll
#abandonne aux allions dela vou depuis ſatotiverſion , 34,4'.
Aſſlictia” fait_ rentrer en (By même (s'é
Ilÿplcſſ ibid. Héloi e devient ſon éco
rard. t7.
liere. nhl. Deſcription de leurs pre Allemagne . voyagede ſaint Bernard
mieres entrevçües. Héloiſſe Sabati en te païs. Ce qu'il y fit' pour exci
donne à luy. ibid. Suite de Ccttc in ter lcs peuples à la guerre d'Orient.
trigue. ibóalñll enleve Héloïſſc 8c la 47.3. 4x4. -Succcz de ſes predications'
:neue en Bretagne oil elle acouche. pour animer ces peuples . :bid, L’tm.
3l). Rniſonnemcns &ſl-Ieloiſſc pour pereur s'y détermine par les conſcils'
détourner Abailard do Pépouſer. 315. 8L les cxhortations du Saint. 41.4.
Il la ramene à Paris. 315-. ll l'épou 41.5, Miracles
ſe. ibn-i. Pour éviter la colere de toutcslcs villesque
de fit le Saint
ceſipaïs qu'il dans
par- ~
l'oncle , il la mene dans le Monaſle~
couru: 41.4. 41s. 4:6.
te dW-gcnteuîl. 316. Vengeance de
Fulbcu lur Abailard. ibíd. Deſcription Âimar troiſième Abbé de Cluny 54. ,
de l'engagement &Héloïſſe dans la Prend un Coadjutcur", :bid)
Alerte mere de ſaint Bernard. 3. Ses
'rie Rrli ieuſe. 317- ll ſe ſii! Reli
venus. 7 Ses bonnes œuvres. S. Sa*
gieux 'a aint Denis. ibrd. Sa doctrine
derniere maladie. 9. Sa mon. io.
eſt condamnée dans le Concile de
Albnan. Archevêque de- Trèves. au.
Sozſſons. 3-8. ]alouſic des Moines
de laint Dſſciiis contre Abailard. iëul. Affaires de ſon diocéſe . 'il recourt air
Il ſe retire au Paraclit. p9. Sa fierté credit de ſaint Bernard auprés dir*
Pàpe.u7.Lci”e du laſiint à Inno
dans ſes Lettres. 310. On le fait l* b ccm ſur ce ſujet. 12,8. ſuccez de cet
bépdc ſaint Gildas en Bretagne. ibid. te Lente ibiíó'
Il revient au rés du Paraclit. 3U. Il
&plaint dei aint Bcznard. 31.3. 1l le Albericfecoizd Abbé de Cîteaux. 19.
S550 au Çbncilc de 3cv 52.1; Il All-mc, Pro ſcſſcur de* Thcologſie à*
S
Rlieims. ro4I Diſciple d'Anſelme Mdr-jr. gccaſion de l'apologie com*
Laon ,ibiza Compagnon 8c enſni o e! par ſaint Bernard 7i. Deſ
adverſaire d'Abailard, ibid. o o ſein de cer ouvrage. ílóid. De quoy
par ?Evêque de Châlons ſur a . il traitte , ibid. Envie que œ livreu
ibid. Alcoran traduit par ordre de cita contre ſaint Bernard. 73. juſti
Pierre de Cluny. 1.3:.. Son deſſein en fication de ſaint -Bernard ſur la com.
faiſant faire cette traduction . íbid. poſition
ſité de cetretira
que l'Egliſe Ouvrage,
de ceibil.
livreUtili
7 4.
Alp”. Reſpects que rendent a ſaint
' Bernard les peu les de ces montagnes Appellations , comment ſe faiſaient les
lors qu'il repaÆ en France. 1151.1 ' appellations dans ie-tlouzîéme ſiecle.
Amir. Les amis- c ſaint' Bernard tâ x71.. Oppoſition des perſonnes :clée:
ehentdc le dégoûzer de la retraite. pour la d:ſcipline aux abus des apel
n.. r3. Saint Bernard ébranlé par ſes lations. 171.-. 1.75. Sentimens de ſain:
amis. ls. -Bernard ſur les apcllations. 173. Cc
Amitié. Fragment de Lettres ſur l'ami. ?t'il en écrit au livre z. de la Con
cie entre l'Abbé de Cluny 6: l'Abbé iderauon. p 2.75. 174.
de Clairvaux 74. 7s. Tendreſſe de Arnaud premier Abbe' de Morimond.
cette amitié , ilnd. Bel exemple con 3S. _von inconſtance dans le bien.
tre les prévcnrions de parti. 7K. 98. Motifs doſes dégoürs. ibíd. Sa
.Amour de Dieu. Sentimens de ſaint dcſertion de Morimond ibid.
Bernard ſur la perfection de l'amour Arnaud d: 'Ïflfflh Son caractere ,
de Dieu. 8s. Les divers degre: de ſes heteſies , ſes deſſeins. ſon hypo- —
criſie. zro. Son averſion pourſi lc
cet amour . ibid. Ses progrez .Mi-L
Traitté de l'amour de Dieu par ſaint Clergé. 344. Sa complaiſance pour
Bernard. tot. Utilité de ce traité. les puiſſances ſeculieres. ibid. Il ſe
ibid- Réſutation du ſentiment de Be tefugie auprés de ?Evêque de Cota
renger ſur ce traité. ibiza'. Rance. 345 ll ſe refugie auprés du
Armel”. Anripape éleu en même temps -Cardinal Légatf 348. ll ſe ca:he
quſilnnocent. x47. Fortune de cet
entierement. ibil. Il revient à Rome
homme. 148. Son credit ,ſes riclieſ. à la mort du Pape Celeſtin ll il re~
ſes , ibid. Ses violences &e ſes injuſti volte les Romains contre le Pape.
ces pour être maintenu x49. Ses de ilzid. Diſcours qu’il fait aux Romains.
ſordres dans Rome. La déſolation 387. g! 8. Il eſt condamne' parla ju
qu’il y met, :bid Son hypocriſie pour ſtice à être brûlé . ſes ſtudies ſont
gagner les gens de vertu. iſo. Sa jettées au vent. 3,3_
déſolation à la nouvelle du mauvais Aſſaſſin” du Prieur de ſaint Victor.
ſuccez pour luy de la conſcience te 2.0:.. Ce qui y donna occaſion. ibid,
nu~e~ devant Roger de Sicile. 2.63. Le Punition ſollicitée par ?Evêque de
chagrin qu'il en a , fi mort. ibid. Paris. L03,
J”Ãrtſſ'qll3Illén1C frere dc ſaint Bet
nard. .
Antethfiſi. O inion de ſa veiiuë pro
chaine dans e temps que vivoitſaint Artelmi V. frere de ſaint Bemard.
Bâtiment nouveau aſie l'Abbaye
Bernard. toi.. Cauſe de cette opinion.
:oz, _ de Clairvaux. 1.1.9. i. o De quelle ma
Adria-che. Loüis le )eune arrive a An. niere cela fut propo éâ ſaint Bemard.
tioehe. 457. Receu magnifiquement Sa conduite ſur cela , la complaiſan
par le Prince de ce lieu. ibid. Qui ce pour ſes Religieux. ibid. sueccz
prend peu aprés une conduite opoſée dc l'entrepriſe. 1.31.
6e tend des piege: au Roy Loüis le Bdudaiéin Roy de jeruſalem. 88. Pro
jeune. 438. tege la Religion Chrétienne. ibid,
DES MA AIERES
Berner” premier Abbé de Clugy. sz. ;de ſaint Bernard aux Chartreux. i613(
Sa naiſſance , illil. Les 'divers Mo Fragmens de cette Lettre toucher:
.naſteres qu’il gouvernoir. ibid. Pamour de Dieu, Mid. Occaſion de
Bruno” ami de ſaint Bernard , eſt cette amitié entre les deux Ordres,
fait Archevêque de Cologne 1.01. _Ex ibid. Troubles dans la Chartreuſe de
eellens avis que luyïonne le Saint , Grenoble ,SL à quelle occaſion. 54$.
ï 55H. CbZli/lvn ſur Seine , lieu Oli ſaint Ber—
nard ſit ſesétudes. 6. Des Chanoi
_C nes regtliers y ſont établis dans la
luîre. ibid.
\
’ Alix” ll. Pape. i7. ll regle avec ciſeaux, lon origine. 1.2. Sa Fonda.
l'Empereur Henry V. [accom tion', ibíd. L'Egliſe conſacrée ſour
modemetn des invcllitures. ibid. l'invention dela ſainte Vierge, i554.
Ctïlaónnie. Comment ſaint Bernard les PenitËnce auſlcte des Religieux du
ſouffrir à Potealiondu mauvais ſuccez temps d'Etienne. zx. Deſcription de
de la Croiſade S03. 504. Sos. De la vie qu'on y mmoitſibid. Tren
quelle maniere il s'en nrſtiflc dans le te Gentils- hommes s'y retirent avec
1.. livre de la conſideration. 51.2.. 5”. C-iiut Bernard. 5;. Réputation de la
i” -szs- szóñ 517-3 ' ſainteté de ces Moines ut. Leur
Campagne de Rome ravagée par les credit ſur les Princes; ibzd Leur
ferſimeté dans les interêts de Hîgltlcte.
barbares. ' 1S5.
Cunriqumsermons ſur les Cantique: ibíal.
compoſez par ſaint Bernard. 2.43. Clair-trame' , quatrième colonie tirée de
Quand ll entre rit cer écrits
Si ees derniersPYurenr ouvrage.
ou ibid.
pro Cîteaux. 41. Sa ſituation . ilairl. Pau
vreté des premiers Moines, ibid.
. noncez, ibíd. Merite de cet ouvra Saint Bernard premier Abbé. 4.-.. Pri
ge. 3.44. Excellence de ces sermons vation totale de ſecours dans le!
ſur tous les autres du même Saint. commencemens. 44. Dégouſi des
é' ibi/I. ï
Religieux. 4;. Leur découragement.
cardinaux. Etat du College des Car íbid. Leur confiance raniméc , ibii.
dinaux ſous Honorius ll. 87. Ils de Le Pape Innocent viſite Clairvaux.
viennent ſeuls Electeurs des Papes , l77._ La maniere ſimple 8c pauvre
146. A quelle occaſion. ibil. dont il eſt receu , ibid. ñlmpreſiion
Châlons Evèché refuſe' par ſaint Ber que fit :recueillement de ces Reli
nard. 136 ieux ſur le Pape Gt les Cardinaux ,
chnpitrg . origine des Chapitres genc bid. Pauvreté qu'ils rrouverent dans
taux de CÎKCIULÉI. lnllituez par cette Abbaye. 177. Entrée de ſaint
ſaint Etienne, ibid. Reglemens de Bernard ;i Caitvaux à ſon retour
_ ces Chapitres 62. Avantages de ces dſſtalic , ul. Dc quelle maniere il y
Chapitres , ilnd. Eſrtme qu'on faiſoit eſt receu , rbid. Avec quclle \impli
de ces Chapitres. 6;. Autorité de ciré ily paroiſi, ibil. Etat de paix
ces
107.Chapitres
Fermeté ſur l'eſprit
deſices des Princes.
\premiers Ab 8c de regulariré oû il trouva cette
Abbaye. 2.1.3. p
bez ns. Leur credit ſur l'eſprit de dan), jalouſie des Religieux de cer
Loüils le Gros , ' ibid. Ordre contre cru! de Lîtenux. 5l.
Chartreux , Liaiſon de cet Ordre avec Effet de cette jalouſie. Origine de
celuy de Cîteaur. 84. Ellime que cette Congrégation. 53. Situation de
faiioient de ſaint Bernard les Char cette Abbaye. 53. Les Religieux de
treux. 84. Guigues Prieur grand ami cette Abbaye ſont viſitez par le Pape
de ſaint Bernard ,ibid Conformité Innocent 176 La maniere tendre 8c
de cet_ deux Otdresz_ 16H. Lettre reſpectueuſe dont il le reçoivent, ibid.
. 'TA-BLE
Colonie ,les trois Fontaines , premiere 0 Lotaire." 53j(
colonie de Clairuux. $9. Fontenay conſideration, les livres de la Conſi
ſeconde colonie de Claitvaux. ilvid. dctation compoſez par ſaint Ber
concile de ,Chartres convoque' pour tin. 498. A quelle occaſion il les
_regler le voyage de la tctte ſainte. compoſa .JEL En que] temps. ibid,
410. Ce qui ſc fit dans ce Concile,, ,Leur merite 7g Leur ſujet , ibid. L'a
il-id Saint Bernard y eſt éleu Gene vaniñptopos dc ces livres. 4”.
ral de l'armée dcſtinéea' la guztrc Conſtantinople. joan Comnénc Empe
d'Orient. 4E1. ll en écrit au _Pape reur de Conſtantinople dt. ll pro
__ ui Faffizanchit de ,cette obligation. tegcla religion Chrétienne, .iói-I.
3.-.:
,Concila de Troye. iii. Les Evêque:
Con-traſh”. Hoinlzelinc convertie 'par
ſaint Bernard ſon frcic. 78. Cc qui
qui lc eompoſoient , ibid. Les aziz… prcccda cette converſion, ibid. Ge
qu'on ttaitta, ibi ,qui la auſi. 79. Converſian dc tien.
Concile 'Etampca UV. Pontquoy on .tc Gentils-hommes à Cldxtvaux. 83.
Paſſembla , ilvíd. Le Roy s'y trouva ,Manierc dont ils furent convertis.
,avec les Princes . 8c les Etçques du' ihid.
Royaume , ſaint Bernard y préſida . .Couranrumeuizdc Loiiis le jeune î
ilóíd. Eſt clioiſi pour décider ſeul de _Baurgea 4E4. Ponrqnoy cette cere
la validité de l'élection du Paper Mid. monic cn ce lieu , ibul. (Jdrclicvê
-Îconrilo dc Rl-ieims. 178. Ce qu'on y ,que de Baurgcs ſe plaint au Pape de
tcgla. ibid Le _couronnement de Louis _n'avoir pas fait cc :couronnement,
le Jeune 179. _ibm Le Pape ,interdit à ?Archevê
_Concile de _Lattam zot. Les adhérans que de Rheims [avoit couronné
à Pierre Ie Leon y ſont condamncz , ,le Roy l'uſage du. Pallium , ilnd .Les
ibid Les Evêques 8c le» Cardinaux ſuites fâcheuſe: dc cc jugement du
.de l'a nomination de Paudpapc y Pape 8c tettoidiſſcmeut _du Roy de
ſont dépoſez , i514. ,France pour la guerre d'Orient 411._
:Concile de 'Sens 32.6. Ogclle affaire oh ,A quiappatticnt dc (Ïicrer 8c de cou.
y devoir traiter ,ihd Du nombre dc _tonncr .les Rois de France. 41j. 4,16.
gens qui s'y rcndirent comme ſpe
ctateurs. 5:7. Confuſion qu'y _receut D
Abailard, íbid. Son ape] au Pape ,
_ibid Sa condamnation des erreurs Amar. Les armées Chtétiennet
dfflibailatd; 51,8, entteprirent le ſiege de cette
,Concile cle Rhein”. Gilbert de la Ville. 4-61. Diſpoſition des trois ar
Portée y eſt condamné. 488. ,Plaintes mées pour cette expedition , ibidſſ
dcs Cardinaux au Pape, contre les Ifavantgarde eſt donnée au Roy de
Peres du Concile , ilzíd. Jeruſalem, io ſecond corps dc trou
q» .Confircnce cntrcttois ,Cardinaux pour
ſ Anaclet 6c deux autres Cardinaux _pcs au Roy de France. Farriercgar
de à l'Empereur. 46:. Deſcription _
joints à Bernard pour Innocent, de 'de _Dan-tas. Sa ſituation. La pd_
vant Roger de Sicile , 1.5i. Uiſcoiïs ture de ſes fortifications. ibid. Ce
dc Bernard qui confond Pierre de .que c'eſt- que les Vergers qui. l'en
Piſe , ílvid L'élection dïnnocent ,tourcnn 45;. La Ville eſt attaquée
declnée valide dans ces conferences ,par ;es vergers , ibil. Diſpoſition de
ibid ſiſi
ce: vergers 8c comment ils dcffcn
Conrad proteſte contre l'élection dc Lo doicnt les ennemis. 464. Valeur des
!hâirc Roy des Romains 100. Fon troupes Chrétienne: dans ces atta
derncnt dc ſondroit à l'Empire, ilml. ques, ibid. Valeur dc l'Eure-rent
_Il eſt éliîl Empereur aprés la mort dc Cogd pour s'emparer d'un poſte.
\ — em
DES MA TIERES
266. Trahiſon467.
de jeruſalcm. desLevée
troupes
du du
ſiſicgcRoy
dc pour retenir les dixmes dont ſe ſer
virenr les Moines de Cluny. x84.
Damas. 467. Lettre de Pierre deCluny écrite avec
Dípuurio” de ſaint Bunard 8c d'Hu force ſur ce ſujet aux MOlÛCS de Cîñ
gues de Ponrigny au Roy Loüis le \ïâul- 187.- Citeaux joiiir paiſible
Gros. los. Lcur répugnance 'acertc ment du privilege accordé par le Pa
députation ï 109. pe. 19;. Bornes dans leſquelles ou le
Deſcription de la maniere dont ſaint renſerma ſous Innocent iii, Indi
Brrnard .convertit Guillaume d'A ui gnation des Moines de Cîtesux
taine. 1.39. 140.14'. lntrepidii de Comte la Lettre de Pierre de Cluny 4
Brrnard, (bid. Frayeur du Prince au lijet des dixmes.
Guillaume. Ióíd. Simgularité de cet Drag-m Religieux de l'Abbaye de ſaint
évenement, ibid Effet dela préſence Nicaiſe. Q6. Sa naiſſance ibíd. Ses
de ?Euchariſtie 2.40. mœurs .jbl-l, Ses talens , ibid. Abbé
:DU/Eruption du ravage de lacunpagne de ſaint _jean de Laon, ibid. ll de
de Rome par les Barbares. 1.54 "cul Cardinal Evêque d'Oſiic. ihr!
Deſintzreſſîment .loüé dans le Pape Eu
gene. A quelle occaſion, 549.
Piſton”. Decmtmſionc ad Clarins.
8l. Prononcé à Paris, ibrd Ce qu'il E Datation , Saint Bernard nourri' par
.contenoin 81 Ce qu'il produiſit. 8:.. la mere. 4. Accoutumé par elle
Dtfiaun d'Etienne de Cîreaux avant de bonne heure auſſi blCn que ſes
de dépoſer le gouvernement de l'Or freres 'a une vie de travail
dre. 2.17. Buuté de ce diſcours, ibid. Election des Papes , de quelle maniere
DAſ-ours de ſaint Bernard ſur la mon: î
elle ſe faiſoit avaut le P-!Pc innocent.
de ſon frere Gerarddys. Beautez di ll. x46. Comment elle s'eſt faire
me; de ce diſcours. 2.75. 477. depuis. iëid. Cauſe de ce change
:.78 hic. menr. iëid.
Diviſions, les Ordres de Cluny 8c dc Election de Gregoire Diacrc ſous le
Cítcaux ſe trouvent diviſe-z par ja nom d'lnnoceut Il. 14.6.
Iouſie. 7x. Douleur que cela cauſe Election de Pierre de Leon ſous le nom
à ſaint Bernard R à Pierre le Venc cſÀnIclet. 147. Entrcvcüc dlnnocens
table. ibid. Meſures qu'ils prennent Bt de Lotaire prés de Rome. 1.05.
pour y remedier ,i641 Diviſion re Election d'un Evêque de Langres coin
nouvclléc à l'occaſion du privilege baruë par ſaint Bernard 2.7i. Mouve
zccoxdé par innocent Il pour exem mens qu'il ſe donna dans cette :il-lai
pter Cíieaux de payer les dixmes. r: . ibíd. Comment alors les Papes
19j. De quelle maniere les deux Or en uſoient dans l: colacion des Evê
.dres vivoient enſemble. ſ18. chez en France . ibil.
Diviſion entre le Roy Loüis le jeu Ermengardz Comteſſe de Bretagne. Ses
ne &Thibaud Comte deClnmpsgne. liaiſons avec ſaint Bernard. 136.
350. Origine de cette diviſion. 16H. Agrément des Leu-es que luy écri
Djprſians entre l'Ordre de Ptcmontté vit lc Saint. 2.17. Elle fonde un Mo
a; celuy de Cîzeaux. 51.7. naſtere de l'Ordre de Clairvaux au.
Dix-mx. Ordre de Cîtcanx .cxemxé par prés de Nansres zióid. Elle eſt viſitée
le Pape Innocent
ſ dixmes. ll. de
H79. Plaintes payer les
8c murmures à ceſiijet par Geoffroy de Chartres
Legat du Pape &par S.Bernard. ibid.
des Moines de Cluny contre ce pri Etampes Concile &Etampes HI. lu
vilege. ibid Raiſons du Pape Pour nocent y eſt declaré Pape par la dé
leur accorder- 180. x81. Suites de ciſion de ſaint Bcmardgïid. Maniere
_l'affaire des dixmes 183. i84- Artifiee dont il fi: la dilcuffion
ſ EEce de cette af
TABLE
faire. 160. Comment il prononça ſur Cardinaux. zu. Il ſe retira 3 Vi*
ce ſujet. 15H tetbe dans laderévolte
par Arnaud des Romains
Breſcmgfl”. llſiy fc
Erinnu Evêque de Paris. Sa conver
ſion. 106. Ce qui en ſur la cauſeſtbid. çoit l'ambaſſade des Egliſes d'Arme
Les ſuites qu'c lle eut dans l'eſprit-du nie , ibid. ll api-end la déſolation de
Ro .i551, Pctſécution de ce Prélaz. l'E liſe d'Orient, ibid. ll conçoit le
ibn' . Son recours aux Moines de de ein de ſecourir les Chrétiens per
Cîteaux . Wiſ ſecutés. 390. ll rentre dans Rome
ltienne, troiſième Abbé de Cîteaux. à l'occaſion de la guette des peuples
3p. Son origine, ibid. Ses études. de Tivolieonttelcs Romains. 391..
~r~ëid. Sa retraite. ibid Ses égards Il écrit au Roy dr France pour la
pop: ſes Religieux. zz. Son zele pour guerre &Ûricnr 390. ll rentre dans
'augmentation de ſon Ordre. 34 Rome en triomphe. 59j. ll vient en
Sa ſagefle dans les établiſſement nou France. 41K. Il eſt recru du Roy ,
veaux de ſon Ordre. 36. Il dépoſe ibíd. ll va dire la Meſſeà ſain e Ge
le gouvernement . diſcours avan! nïVléVC-4ſi9. ll y établit les Reli
ſa dépoſition 2.16. ll meurt. ibid gieux dc ſaint Victor , rlzid. Grande
Em… de Garlande. 94. Son cara douceur du Pape Eugene quand les
ctere , 6B1' . ?incompatibilité de ſes Cardinaux luy firent une remon
emplois . ibid. Zcle de ſaint Bernard ttance. 490. 1l va à Treves. 4”. ll
pour ſa converſion , ibn( - :prouve les revelations de la Viet
Eruder , ſuccez de ſiiint Bernard dans ge Hillegarde. 496. A ſon retour
ſes études , ſa pe citation. 6. Le il pagoiſi au Chapitre general de Cî
cturedes bons auteurs profanes. 7. teaux. 497. ll retourne en Italie, ibid.
Etudes ſuivies 8c tnethodiques de S. 1l meurt. j 74.. Son éloge. 575.
Bernard. !Tid
Eud” , quel étoit cet homme. 41.9. F
Exttavagances de ſes ſentimens, rbid. Amíllc de Teſcelin 8e d'Alettc. 3.'
ll eſt c ndamné au Concile de Femme , la France en eſt deſolée.
Rheims. 4:1. Ses diſciples condam 100 Saint Bernard ſacrifie toutes les
ne: au ſeu , rbid. proviſions de Clairvaux au bien pu
I-vérhe' de Langres ſollicité par uu blic , ibíd. Les Lettres qu’il écrit à
homme qui n'en étoit pas digne . 2.95. cette occaſion , 151d.
1,4_ L”. Op oſitíon de ſaint Bet., Fond-aim: , pein bourg prés de Dijon,
nard. x94- E ort de l'Abbé de Clu lieu de la naiſſance de S. Bernard.
ny , pour faire réiilîit la choſe. ibíd. z. Lieu du ſejour de ſes parenſis. 7.
Cet homme eſt élû- 29?. Colere des Franc: . Egliſe de France loiiéc de la
Romains a' cette nouvelle. zot. L'é pureté de ſa foyôc de ſon attache.
lection eſt caſſée parle Pape. téid. ment à l'Egliſe de Rome par Anaclcz,
' Saint Bernard éleu 6c refuſe , ibid. iFid.
Evêque de Paris qui paroiſt (ïipliant Frederic. En quelle année il devint Ein-j
devant les Moines de Cîteaux. 10;. percur'. 565. Cc qu’il fit à ſon avcnc.
Il eſt rétabli dans les bonnes graces ment a l'Empire , par raport a' PEgIÎ
duRoy aprés le Concile de Troyedar.. ſe - ibil.
Eugene Ill. Pape . cy devant reli Fur” de ſaint Bernard. Guy , Gérard
gieux de Clairvaux. 580. Pourquoy Humbeline . André , Battelemi . Nid
les Cardinaux Pélurent, iëíd. Son vard. j.
caractere , ibn! Son éicvation ſur
la chaire Pontificale. 381. Oppoſi G
tion des Romains, ibid. il ſort de Auchy onclede ſaint Bernard. rg;
Romeſtbidz Sa fermeté enveta les Sa converſion , i554,
DES MATIERES.
Gin” , l'attachement de ces peuples líeu de la vie de ſaint Bzrnard 3. Son
pour ſaint Bernard. i”. zoo. L'ami pais 49. Ses études. ibid. Sa retraite
tié du Saint pour eux, iëil Ban: du_ monde , ibid. Son union avec
effets de cette amitié , pour les Ge ſaint Brrnard, ibid. Raports de leuis
ñ, nois , iflid. caracteres , ílzid. Ses écrits, ilóid.
Gouffre] de Peronne. Sa converſion. Guillaumejde Champeaux , (on merite,
173. r 7 4. Son merite , ilid. Sa tenta ſa ſcience 41.. sa retraite , ibíd. Fon
tion. 175- 17s. dateur des Chanoines dc ſaint V~1
Gtoffr” de Loronx. ll fut fait Arche &Qt , ibid. Premier Proſcſſeur de la
vêque de Bordeaux. azs. Theologie ſcolaſtique dans lc Royan!,
Gerard Evêque düängoulême ſautent me , íbid. Evêque de Châlons ſur
du ſchiſme d'Anaclet , ambition dc Marne. ibid. Ses liaiſons d'amitié
cet Evêque , ſa conduite contre les avec ſaint Bernard. 43. Sa mort. co.
Bvêqnes unis au Pape , ſon credit ſur Guillaume Evêque de Poitiers , banni'
l'Eſprit du Comte Guillaume de Poi de ſon Siege par Gérard d’Engou-'
tiers. 13;. lême. 1.33.- Zele de ce prélat pour
Gérard Evêque d'Angoulême. Son ca l'unité de l'Egliſe , ibiil. Il eſt réta
ractæred”. 16:. 166. Son pouvoir bli par lc Duc Guillaume aprés ſa
ſur l'eſprit du Duc d'Aquitaine. 16;. converſion. a4 r.
8a haine contre le Pape lnnocent. Guillaume , dit le pieux Comic d'Au
167. vergne , 8c fondateur de la eongrega
Gur-mi Camerier Cardinal. ll eſt éltu tion de Cluny.
Pape ſoul le nom de Luce. Il. Il 37j. Guillaume d'Aquitaine ſe declare pour
I] meurt par uirconp de Pierre dans ?Antipape Pierre de Leon 157. Ca
une revolte. 30 ractere de cc Prince. 16s. 166. La
Gérard Second frere aîné de ſiiiut complaiſance qu'il eut d'abord our
Bxnard. ſ. Sa con verſion, i7.Sa mort les avis de ſaint ſflrrnard. 168. C ſan
17s. circonſtances de cette mort. cnt de
Ëîmffion de ces entimsns
Gérard . ibid." arPerſecugto
la u -
ibid.
Gilbert de la Portée. 42.7. Evêque de Pfivêque de Poitiers nommé Pierre
Poitiers , ſa naiſſance , ſa profeſſion 8( ſon ſucceſſeur Guillaume, 1.33. p
avant PEpiſcopat , ſon caractere_ les 9.54. Do qurlle maniere iltraitte ces
maniere: d'enſeigner , iëid. 41.8 deux Bvêques, ibid. ll choiſit un
Ses Arcliidiacres dénoment ſes er— ,autre Evêque pour Poitiers aprés
teurs. 43;. Dénombrcmcnr de ſes avoir depoſé Guillaume. 1.35.11 ſe
principales erreurs. 43;. Raportées convertit aprés la mort* de Gérard
par Oton de Freſſingue , ibrd. On en (Hingoulême. 2.49. ll entreprend
remet l'examen au Concile dcRheims, par penitence un voyage à ſaint Ja
Mid. Elles y ſont condamnées. 488. ques en Galice . 8c meurt cn che
ll y ſouſcrit &les retracte. 4,9l. min , ibid.
Gran. U8. Traité de la grace 8c du Graignes Prieur de la grande Chartreu
libre arbiu-c,_ ibií. Cc qui donna ſe. i4. Ses relations avec ſaint Ber
occaſion à la compoſition de cet ou — nardſibid. Son caractere ,i511 Let.
vrage , ibid. Ce qu’il contient 8e ſon tre que luy écrivit ſaint Bernard tou
éloge, ibid Sentiment d!! PCR M1 chant l'amour de Dieu. i654.
billon ,ibi-i. Sentiment de Manrique. GH) du Chatel Cardinal. 374. Il eſt
lip. élcu Pape . ibi-l. Il meurt an' bout de
Grégoire Cardinal Diacrezélcu Pape ſims ſix mais( 37j.
le nom d'Innocent Il. 146. Maniere V Guy frere aîné de ſaint Bernard. 5.
dont il ſutvéleu; ibid.
Guillaume dc ſaint Thijry, Hiſto
EEee ij
;TABLE
occupoí: l~e ſaint ſiege. ſ7. Coinſi
H ment il- ſut éleu; ibid. Comment il
ſe concilia l'amitié des Cardinaux,
Elaiſſhſa naiſſance. 31;. Ses ta
H lens, ſes études, ſon attache
ment pour Abailard , ibid. Leurs
êbid Sa condeſcendance pour le Roy
de France m.. Sa mort. 145. Suite»
malheureuſes de ſa mort ,ióidt 146d
manieres d'étudier, ibid. Les ſuites r4 7. 1-48»
de ſa paſſion Sa groſſeſſe. 3:4. Elle Hugues de Mâcon. Sa naifliince. I9.
accouche d'un fils. 3x5. Sa ré ugnan Choiſi pour premier Abbé de Ponti
ce au mariage. ce qu'elle it d'ex
gny. 37. Il eſt fait Evêque d'Au
Utaordindire pour en détourner Abai xerre.
lard 31)'. Son entrée en Religion. Hllgï” ſixième Abbé de Cluny. 55.'
516. Ce qu'elle dit avant que de Sa naiſſance illuſtre; [Sid, Ses em
prendre le voile. 317. En que] temps plois dans les negotiationæñgó. Eclat
ſe fit la tranſlation des Religieuſes de ſon Ordre ſous ſon gouverne-z
&Argen-eüil au Paratlit. zu. Quels ment. Qqzlitez éminentes des yer
fiirent les eommencemens de cet eta Rmnes qui s'y retirent . iLid.
bliſſcmenr nouveau , il-id. Humbeline Cœur de ſaint Bernard. e,
Hang hereſiarque a Toulouſe , la na Sa converſion. 78. Sa penirencefibií..
ture de ſes erreurs, 4.72.. Caradxe Son entreveiie avec ſaint Bernard à
de cet homme. 475. De quelle ma Clairvaux . 79. Sa mort.
niere ſaint Bernard attaqua ſes d - Humilzſiteſi, traite' des douze de rez zçozñ
de
meat comment il les détruiſit 477. l'humilité. 67. Humilité e ſaine.
Henry fils de Loüis le jeune. ll ſi: fait Bernard à ſe rerracter.
Religieux âClaii-vaux. 509. De quel. 67.
Han-ihre' de Loraire en recevant lc‘
le maniere cela ſe ſit, ſ06… Sa ferveur _Pape lunocent à Liege. x69;
dans le uovitiat 507. ll eſt ſaitB-é
?ue de Beauvais , il eſt enſuite accu
é à Rome de peu de conduite dans I*
ſon employ. 966. 'Alfllïſiï- Effets dcte cette paſiîon. df.
Hmÿ V. Empereur tPAllemagne. I8 entre les Ordres de Cluny à de
Il meurt à Treves. too.
Hear] I. Roy d'Angleterre. 88 Se de Cîteaux , (bid. Aplicarion a' .fenlcvecî
des Religieux les uns aux autres. 69.
clare d-'abord pour lïflnupape puis
Haine eutrctenüe gar cette condui
pour Innocent Il. à la ſollicitation te. 5H0'.
de ſaint Bernard. 16]..
Sfr-m Abbaye-â Laon. G9. D n en.
Hamy Archevêque de Sens. 90.- Sa vie fur Abbé avan: que d'être Cardinal.
à la Courſiluſinl- ſa converſion 8e ce
ibil.
ui eu ſur la cauſe ,ñ ibid. fem/àla”. Baudoin Roy de Jeruſalem»
B4' dich-r: Archevêque de Tours- ns. i protege la religion dzrétzenne. ñ 88.
Saint Bernard le reniredu parti d'Ana _faune/fè effets de la raiſon 8T de la Re
clenibid. Caractere de cet Archer-ê ligion de ſaint Bernard dans ſa )eu—
que. n). treſſe. ſ.
Hildzgaríé . merite de cette Abbcſſc.
VF? perſècurez- en France a en A~n le
4,11. 42.2. Soliditéde ſes révelations terre. 4.17. We] en fur leſnjet, i' il.
iäid. Aprouvées par ſaint Bernard' Un hermite anime contre eux les
(ſulla viſite. ibid. peuples en Allemagne. 417. 418;
Hamelin' ouvrage ſur les paroles _de
l'Evangile , Miſſa: eſt ó- ë 8. Deſſein' Fureur- de ecs peuples contre les
juifs. ibil.
de ce Livre. 55H.
ſuflrflcatic” , comment ſaint Bernard
Honor-i'm ll. Pape, en quel temps il
ſe juſtifie ü- mauvais ſuccez de le
DES MATIERES.
Croiſade qu'on luy imputoir. m.. däccommodementñ entre le Pape Ce.
W3- ſ14- 515- 5x6. 51.7. leſiin lI- 8c l'Empereur Henry V.
!zizou-nr II. Pape. 14s, En quel temps les inveſiitures. 172.. Embaras
i' ſiil ſur fait Cardinal. 14s. Son cara
ractere , ibií. ll ſuit de Rome 8c en
rrc en France. its. Eſt reconnu Pa
du Pape &t d~cs Romains quand Lo—
taire demanda de rentrer dans le'
droit des invefiiturcs. Mid.
pe dans le Concile de Clermont.
sëid. ll eſt reconnu Pape legitirne L
au Concile &Etampes ns'. Recon
nu du Roy de France lc de ſes peu LA Ferte'. premiere coſonie tirée Je
ples 161.. Reconnu du' Roy d'An Cîtelux.- 3;. Sa ſituation. ibid.
gleterre 8c de ſes peuples . 15H. Du Lettre , fragmens de Lettres des Abbez
ROY de germanie , des Rois-de l’Eſ— de Clairvaux &t de Cluny. 74. 7;.
Fgfflï-JÔS- 164. Il retourne en lta Tendreſſe &t agrément de ces Let
cavec ſaint Bernard. 1&3. Il tient tres, ibid. Les etires jalouſies des
m! Concile à Plaiſance pour être deux Ordres y ont finement taillées,
“W01” &CS Vlzles d'Italie . iëií. ll ÏLid. Réflexions judicieuſes que E:
prend avec Lotaire des meſures ſur cela Pierre de Cluny. 77. Frag
pour entrer dans Rome l'année ſui ment d'une Lettre de ſaint Brrnardï
vante , y être reconnu Pape Iegitime àtreuſe.
Guigues
84.Prieur do lacontient
Cſie que grande Char
cette
8c couronner Loutre Empereur. ibií.
Innocent 6C' Lotairc ſe trouvent prés Lettre touchant l'amour de Dieu.
dc Rome ïu-rendez-vout 10j. Ten*: iôid. 8-5. Humilité de ſaint Bernard
Îarivcs rflnnoeent pour rentrer dans dans la fin de cette Lettre. 86. FHF
R°mc~ 10s- Il y couronne l'Empe mens de Lettres à l'Abbé Suger ui;
reur Lotaire. 8e eſt enſuite obligé ſa converſion'. a 93. 94.
n'en ſortir. m6. ll eſt pris priſon Luna au Pape Hï/nnorius. x04. Ce
niet: par Roger Duc de Sicile. zio. qui en eſt le ſlljïſ , ibíd;
ll eſt delivré à condition de recon Lettre du Chancelier de l'E liſe Rod
noitre ce Prince pour Ro , ibid. maine. pour les Religieux e Dijon.
llle confirme dans la po eſſion de 1'06. Le merite de cette Lettre . ilzid.
la qualité de Roy , ilóid. I1 prend des' Lem: des Abbez de Cîteaux au Roy
impreſſions dcſavantagcuſer contre Loüis le Gros. n09. Sujet de cette
Bain: Bernard. z”. Ce qui ect ?ne Lettre , iëíd. Sa force 8è ſa liberté ,.
l'occaſion , ibid. Les effets que cau ibid Son effet ,ñ 1H*
ſerent ſur ſon eſprit &t dans ſa con Learn aux Chartreux. riz. L'agrément
duite ces nouvelles impreſſions. 369. de cette
Lettre Lettre , Aimery î ſaſſintihr-f'
du Cardinal Ber ~ .
De quelle _maniere il parla de ſaint
Bernard , ibn'. 370. Maladie du Pape nard. 1go. Son ſnienióid. Les avis
Innocent. 373. Ce qui cn ſut l'oc— 1 qu’i: y donne au Saint. 131.
caſion . ibid. Sa morr 174. Lann du Saint au Cardinal Ãimcry.
15mm jeité ſur la perſonne du Roy Îzt. Ce qu’elle contient. 15H32.. 133.
P” Plîvêque de Paris. ſ07. Petſecuté 154-. r”. izï. ,Fermeté
ſa ;uſtificarion du S~ainr,..
ſon déſitaehſſernent
Parlïntipape Pierre de Leon. [49
ſa hardleflſiejbidsucccz de cette Let
Binni de Rome , ibíd
hÿfflitn" . Lotaire demande à ln tre 136.'
nocent de rentrer' dans- tout ce droit Lmfe de la Reine de Portugal î l'In
u,, 1.70. Origine des inveſhtnres. fant de Portugal avant ſa mort. 139.
170. Explication de ce droit. ibíd; ſentimens chrétiens de cette Lettre…
Gregoire Vll. lereſuſe 17]. Cere 139. 140.
_noniede-Plnveſtitntc a 1'54"4- Traité Larme dffitnackl aujRoy- de Gcrmanio'
TABLE.
Lettre dſiAbailatd à l'Abbé de Clair:
8c au Roy de France. Ul. Caracte
rede ces Lettres. 151.. ljz. 1H- L511! vaux. zu.. Deference qui paroiſt dans
apparence de juſtice: ibid. Comme
il parle de l'élection d'lnnocent. 153.
Fragment de la Lettre de ſaint Bernard
aux Evêques d'A uitaine , 161- Preu
cette Lettre d'^bailard pour ſaint
Bernard, ibitl. 32.3. Extrait de di
verſes Lettres écrites par ſaint Ber
nard au Pape 8c aux cardinaux
ï
ves de la validité e l'élection d'Inno touchant les erreurs dïäbailard. 319.
ccnt, Lettre du Pape lnnoccnt pour la con
16x. 162..
v Len” de Pierre de Cluny. aux Abbez damnation d’Abailard. 330.
de l'Ordre de Cîteaux. x87. Sujet de Lettre de Pierre de Cluny au Pape ln
cette_ Lettre, ibid. 188. 189- 19°- 54 nocent. 336. Le ſujet de cette Lettre.
beauté , ſa force , ibtd Autre Lettre ibid.
de Pierre de Cluny ſur le ſuie! &<3 Lettre de ſaint Bernard à un Abbé
dixmes. r”. Le fond de charité .dont un de ſes Religieux avoit écrit
qu'elle contient contre le Saint pour défendre Abll”
Iragnfin” d’une Lettre de ſaint Ber lard. 34;.
nard a ſes Reli ieux de Clairvaux. fragment de Lettres d’Abailard s;
2.15. 1.16. La tcuæſrcſſe de cette Lettre, dT-Iéloiſe. Hz. 343. Le ſtile tendre
ibíd. de ce: Lettres. ~ ibid.
Lettre de ſaint Bernard à Lotaire. 12.4. Lettre de ſaint Bernard â quatre Car
u). Beauté de cette Lettre , à quel dinaux. 3S1.. Sageſſe 8c fermeté de
ſujet elle eſt écrite , ibil cette Lettre , ibid.
,Fragment d'une Lettre de ſaint Ber Lettre de ſaint Bernard au Pape Inno
nard au Pape lnnocenupour l'affaire cent ſur l'affaire de Thibaud Comte
de l'Archevêque de Treves. 1.1.7. de Champagne maltraité par le
2.2.8. Roy Loüis le jeune, 360
Lettre de ſaint Bernard à Ertnengarde Lett” de ſaint Bernard au Ro Loüis
Comteſſe de Bretagne . agrément de le Jeune ſur la guerre qu'il aiſoit au
cette Lettre. 137. Comte de Champagne. 362.. 36;.
_ Lettre de ſaint Bernard aux Chanoines Fermeté de cette Lettre , üid.
de Lion ſur la fête de la Conception. Lettre dc ſaint Bernard à ?Evêque de
²49. Soiſſons 8c â l'Abbé de ſaint Denis.
Lettre de ſaint Bernard à ſes Religieux. 354 Sujet de cette Leluc ,ibi-l. EE.
1.54. :.55- 155. 157. 158. Beautezdz fet de cette Lettre, ilzid,
cette Lettre ibií… Lettre de ſaint
Pdeſirine. 365.Bernard
,Sujet dea' cette
Plîvêque
Lettre.
Lzttre de ſaint Bernard au Prieur de
Claitvaux- 7.65 - Sujet de cette Lettre, ilzid.
ibid. 2.65. Autre Lettre de ſaint Bernard à l'Evê
Fragment d'une Lettre de Pierre de ue de Soiſſons , il luy fait excuſe de
Cluny à ſaint Bernard. 2.68. Tendreſ a Lettre recedeute dont ce Prélat
ſe de ſon ſtile , ibid. avoit eſté ſxché. 567;
Lettre de Pierre de Cluny au Pape. Lettre de ſaint Bernard au Pape lnno
19s. Sujet de cette Lerzzç, ibid. 2.96. ccnt. 370. Sujet de cette Lettre ,ibítL
Tour ingcuieux de cette Lettre; ibid. De quelle maniere le Saint s’y mſtifie,
Int” de ſaint Bernard au Pape Inno íbid. 371.571…
ccnt- 2.98- r”. zoo. zot. Sujetde cet Lettre de ſaint Bernard au Pape Euge
te Lettre , ilzid. Vehemence de ſon _ ne ſur ſon élevation. 383.
ſtile. ibid. Lettre aux Cardinaux ſur Pélevation
Lettre de ſaint Bernard au Pape Inno _du Pape Eugene. 384.
cent 30$. 307, 393, Suit-z de cette Lettre de Nicolas de Montier Ramey
Lettre. ibid. aux Religieux de Clairvanx. 39 7. z, l.
DES MATIERES.
599. 400. Sujet de cete Lettre , beau Derniere Lettre de ſaint Bernard à l'Ab
té de cette Lettre, ibid. bé de Bonneval. $77
Lettre de ſaint Bernard au peuple de Liege. Innocent y couronne Roy des
Rome. 407. Illes reprend de leur Lomains Lotaire 169. Saint Bernard
ſçdlſition contre le Pape , ibid.
y fait des converſions. i7 z.
La", dc ſaint Bernard i l'empereur Latium Duc de Saxe , éleu Roy des
Conrad pour Panimer à ſecourir le Romains. 100. Diviſions en Allema
Pape contre les Romains. 40" gne au ſujet de cette élection. ibid.
Ln… de ſaint Bernard aux peuples de ll ſe declare contre l’An ipape Leon.
Souad; a de Baviere 4H.. ll les ex x56. Comment il reçoit le Pape à
horte à Pclpcdition de la terre Sain Liege x69. Son envie de rentre:
te, ibid. 413. Eloquence de cette dans le droit des inveûitnres , ibid.
Lem-c ’ ‘ ’ ’ 151d. 170. ll eſt couronné Empereur dans
Lettre de ſaint Bernard a iAbbe St! Rome par le Pape Innocent. 1.06.
gzz _ m5, Sur que] ſuper. _ rbtd. De quelle maniere il entra dans Ro
Letm du Prince Henry a ſaint Bernard meflbid. A ſon retour en Allema
m- . gne. il ſe reconcilia avec le Prin
Fragment de Lettre de Pierre de Cluny ces Conrad par l'entremiſe de Ber
à ſaint Bernard. Il! nard. 1,07.
Lzrm de ſaint Bernard à Pierre de Lui: le ]eune ſe chagrin: contre ſaint
Cluny. 5x4. agrément de cette (Let Bernard. ;oa A quelle occaſion, ibid.
uc_ ‘ . tbld. Une Lettre du Saint Papaiſe. 304. 1l
Lettre de Pierre de Cluny a Nicolq attaque Thibaud Comte de Cham
1x6. _ pagne. zsi- Par quelle raiſon il le
Im” de Pierre de Cluny à Nlcolïï perſécuteſtbid. Colcre du Ro dans
530. A quelle occaſion elle fut écrite. cette àaffaire.
mal ibid. ll fait
proposſtſilzil. un (Zrmenr
Sentimens den
m. _
.Lettre de Nicolas au Prince Henry.
. François de ce temps la‘ touchant la
5 zz, A quelle occaſion elle ſut écrite. ſoy dcüe aux ſetmens . iëid. ll de*
Lei-,rzrïde Pierre de Cluny à ſaint Ber clare la guerre au Comte de Cham
pagne, il ravage ſes Etats 359. Sa
nard. J34. A quelle ocflfim elle ſur modetation aprés la lecture d’une
écrite , 'b3 Lettre de ſaint Bernard Ferme &vi
Letm du Prince Henry d Picrtc le Ëoureuſe. 360. _ll attaque Vitry de
Vencrûble. 537. Ce qui donna occa ait brûler le temple avec tous les
ſion î cette Lettre. , $35 habitans qui s'y étoient reſugiez.
Lettn de Nicolas a Pierre dc Cluny. 368. ll eſt touché de repentir, Mid.
540,341 54:.. ſ43. Attifice de cette ll fait deſſein d'aller en Orient con
Lettre , i554' tre [cs bflíbâtes. ibií. Comment il
Lettre de ſaint Bernard a l'Abbé Su declare ce deſſein à ſes* Caurtiſans.
ger. 544* 390. 39x. Ce qu'en raporte Otton de
Lettre de ſaint Bernard au Pape Euge Freſlingue. ibid- ll vient à ſaint De.
ne à l'occaſion des troubles de la nis avant ſon départ pour la Pale
Chartreuſe de Grenoble. 546. $47. ſtine. 44s. Il fait le voyage 8e ar
548. Amitié du Saint pour ces Re rive dans le paït. 450. ll joint l'at
ligieux exprimée dans cette Lettre. mée de Conrad qui venoit d'être dé
ilvid. faite. 4$(- Les troupes du Roy Loüis
1mn de ſaint Bernard au Comte de le jeune paſſent le fleuve Meandre .
Champagne. 5go 55|. Détachement 8e defont les Turcs. 4:1.. Suite du
exprimé dans cette Lettre , ibid. vo age de l'armée du Roy . ibíl. Sa
A quelle occaſion elle fut Éclitc. de ite en paſſant une montagne.
l
\
TABLE
45;. Valeur de Loüis le jeune en cet treté de Loüis ;le Gros , au.
te occaſion. 414. Ce qui ſur la cau- Mariage , dégouſt qui le ſuit. …tc
ſe de ce:te défaite. ibxd. llarrive à Mathieu Cardinal Evêque d’Alba
jeruſalem avec ſon armée. 460 ll
—viſi:c les Saints lieux. iëid. ll conrſie
1x9. D'abord Chanoine de Rhein): ,
enfin Evêque 8c Cardinal. ibil. Son
re avec l'Empereur ſur les mo)ens merite , ibn( Il pteſide au Concile de
\d'attaquer l” barbares , lbid. Les z. Troyecomme Legat du PzPç , 55,1_
ll .y fait veniſlſſaint Etienne de Ci
armées ſe joignent enſemble 461.
Il revient d'Orient. 507. Sa captivi œäüx &i fonce ſaint Bernard de s'y
té , ſon envie d'y retourner , did. trouver, u o. Il n’apoint dîégard àla
Zoüii le Gros Roy de France , ſa con réponſe vive que luy fait le Saint
duite à l'égard des Evêques de ſon pour n'y point aller. du_
Royaume 80. Son reſſcniimcntcon Mflthille femme du Roy &Angleterre
tre ?Archevêque de Rbeims , ibm'. Henry I.
Effets de ce reſſentiment , iëidja co Maſcate. dépoſition .de lſiArchevêquc
Îlerc contre [Evêque de Paris. 106. comment cela ſe Et , 8c de ce qu'il
La perſecution qu’rl luy cauſa. x14. ſaut penſer du caractere de ce Pré
1l reconnoifi le Pape Innxent pour lac. _ſ59 570,
Paye lcgitime dans le Concile d'E Melecin , conduite du Mcdecjn du
.tampes, r”. Il va au devant du Saint,
Page. 16:. Metz., troubler dans ce païs; ſaint
Bernard y va rétablir la paix. ſ71,
M Manoir leur dévoiicment à ſaint Ber
nard. 1.0l Les Lettres qu'il leur
M Aïeul quatriéme Abbé de Cluny. écrit , xlujd. La maniere dont ſes peu
* 54. Son Païs 8L ſes parenæjbid. .ples le receurent. ut. u; 1.14.. Def.
Ses ſoins pour l'accroiſſement de .ſon cription de (on entrée à Milan. au..
Ordre. Leur ardeur pour luy durant ſon ſg.
Malaria” . ui 'rl étoit. Sa naiſſance, jour dans ;leur Ville. 1.14. ll le; Re.
ſa ſaiutete , ſcſoccupations , ſes em concilie avec le Pape _Gt l'Empereu
plois. Soi. Son voyage en Italie , Hz.
i611. Sa retraite dans Clairvaux , ſa Miracles , de nelle maniere ſaint Bet
mort . cëií. Sa vie compoſée par ſajnt nard les fai oit 477 Ce qu'il penſoit
Bernard. .luy- même de ſes miracles. 471,,
Maladie , premiere maladie …ñde ſaint .478,
Bernard. 46. Ce qui la cauſa , ibid. Mxſtiquæ , avis aux Thcologicns miſii
Soin de l’Evêque de Châlons pour le ques, 68. Exemple peureux. iëid,
guerir. 47. Lieu oû il _fut traitté , Ãlûnïfltrq: . pout-quoy plus aiſé a ſon.
ELM Caractere du medecin qu'on de: autrefois. 37_
luy donna. ibjd. Gayeté de ſaint Monde diſpoſition de ſaint Bernard
Bernard dans ſon mal. $0. Deuxième pour réiiffir dans le monde. ro. l r. ll
maladie de ſaint Bernard. -Ses occu ſonge a‘ le quitter. u. Deffein d'aile;
pations durantce temps-là. (4. Pto à C-,Îtcaux s'y renfermer. rg_
.gtez qu'il fit dans l'étude de l‘Ecri Moxe-Ciïffin . Monaſtere Je plus fa.
ture Gt des Peres ë7. Troiſième m3. meuxde l'Occident. 1.49. Les Moine;
:ladie de ſaint Bernard. rot. Ce qui en (ont prévenus pour PAntipapeJso_
en fut l'occaſion, ibid_ Derniere ma Saint Bernard les en détache, inc:
ladie de ſaint Bernard. 575. Con run autre Abbé â la place de celuy
ſiernation de ſes Religieux, qui ſoutenoit Pierre de Leon. x5 z,
Hannſiqul Auteur des Annalcï de Cî. Normand , troiſieme colonie tirée de
(eaux. U3. Sa remarque ſur Popiniâg Çîïsïux. 38. Sa ſituation, jbl-i.
M0”
~D~'E s ’M‘A 'PIE R EI..
(Mort. Commemotation des morts , fe gouvernement, iëirl. Il en eſt le Pre*
ſtc inſtituée par ſaint Odilon; cinz --mier general , ibid. Son genie.
quiéme Generaide Cluny. Orl-ntm, [Evêque de cette Ville ſe
Mart de l'Empereur Henryſ. a' Tréves. . fait Religieux de Clairvaux. ſ10- Cc
zoo. Diviſion en Allemagne dont qui le determina. ~ ſ19.
cette mort fut ſuivie. ibíd. Otton de Frcſſingue. H6. sa naiſſance,
Mort de ſaint Etienne de Cîteaul. x16. x i654. Ses études , ſon entrée à Moti
Circonſtances de cette mort , ihd. ñmond , ſon genie 8c ſes talens. ihid.
.Mort de ſaint Bernard. z ſ79. Comment il juſtifie Abailard d ve
» nu interdit au Concile de Sens. D18.
; N - Cc qu'il penſe du caractere d'eſprit
de ſaint-Bernard. 454.
< Ezoriationr ,confiées de tous Ouvrages Traitté du devoir des Evé
temps à des hommes Eecleſiaſti ques. 90. Ce qui le' fit faire à ſaint
ques quand ils en étoient capables-M. . Bernardſibid. -Ce qu'il contient , ihí.
Nicolas Religieux de Moutier Ramey. Avant- propos de ce traitté. 9l. Trai
394. Son caractere, ibíd. Pourquoy il té de l'amour de Dieu. rol. Utilité
ſe fit-Religieux de Clairvaux'. 39s. de cet ouvrage. íëíd.
»De quelle 'maniere -il s'y prit pour
. réi-Qſir dans ſon deſſein. 'ibi-I. 396. ' P
397. Son entrée dans Clairvaux. 4er.
_ Son adreſſe pour plaire à ſaint Ber ~ P Aleflir”. Départ de l'Empereur 6e
~. lard , ibid. Sa vanité dans ſa manie du Roy de France pour la gucr
re d'écrire. 403...” Lettre 5 un Re re d'Orient. 440. Deſcription de
ligieux de Monticr-Ranrey, .ll perd leur départ par Otton de Fteffiçgue.
. l'amitié 6c la confiance de ſaint Bet ibidsuite de leut voyage par Guillnu_
nard. 558. 539. ll quitte Cïlairvaux me de Tyr. 441. Conrad arrive
6c retourne 'a Moutier-Ram”. 56t î Conſtantinople. 441. Caractere de
Nívard dernier enfant de Teſcelin V. ~ l'Empereur d'Orient , ibid. Le Sultan
Réponle ſpirituelle qu'il fait à ſon d'icone eſt allarmé. 44a. Conrad
frere aîné. - az. part de Conſtantinople St avance
Norbert, ſon établiſſement 3 Premon dans lc païs. 443. Guides infidelles .
tré. ct. ton opinion ſur la venu~e' pro donnez par l'Empereur d'Orient à
chaine de l'^ntechriſt. ioa. La ma (Zonrad pour égarer 8c ruiner ſon
niere dont il entendoit cette opinion. -atmée 444.. 44j. Conrad eſt trahi
193. _par ees uides. 446. Deſolatien de
ſon arm e. 447. Les Allemans atta.
-o quez par les Turcs qui les déſont.
447. 4.48. Victoire de l'armée Fran
O Bâſſvn” , en quoy elle conſiſte. ñçoiſe ſur. les Turcs au paſſage du
99. Illuſion de la fauſſe obéiſ fleuvemMeandre. 451.. Défaite de
lance. ibid. En quoy il -ſaut obéïr l'armée Françoiſe proche Laodicéc.
aux ſuperieuts , ibud. En quoy ne 4p.. Les Princes d'Occident quittent
as obéit, iëií Faux calme que donne la Paleſtine 6c reviennent en leurs
a fauſſe obéïffance , 1H4. Etats. 470. 471,
Odile” cinquiéme General de Cluny. S5. fair: de Fun” ,ils affiſlent pour- la
Sa naiſſan., i514. Son détachement, premiere fois an couronnement des
.ilii inſtituteur de la feſtc dela Rois au Concile de Rheimslotſque
comm einoraiion des morts. iéid. le Paſe innocent Il. couronna Loüis
Odd” , ſïcond Abbé de Cluny. 53. le Jeune. 179. -Le-Roy Loüis le
. Progrez de la Congtegatlon ſous ſon -Gios fait des -Pairs Eccleſiaſiiques
.FF ff
TABL E
en cette rencontre à la priere d'Inno ſaînt Abbé , :IMS: facilité à ſ
œm_ [I bid. rendre Robert ſon parent. 82.. ll e
35,,, d; l'Egliſe aprés la mort de Pier touché d'un brcfdu Pape au ſujet des
re de Leon. 1.63. Honneuts que ſaint' dixmes. t8ç. ll yréponzl tres vive
ñ Btmardreçoit dans Rome aprés cet ment . ibid. t”. Le fond de charité
,c Paix _ p -iUi-í. qu'il conſerve pour -FOtdre de Cî
Pier-clinlieuoù ſe retira Abailatd. Tr-.n teaux. x87. Son envie de nommer i
nam… des Rcllglruſï$ dmgenteüvlen Langres un de ſes Religieux pour
ce lieu _ 32.1. Ce qu'était ce ſèiour Evêque . 196. Sesſollicitations pour
dÎnS les commencemens. u'i-il. ccire affaire , ibil Son voyageâ Ro
147i: , Voyage de ſaint Bernard à Pa me 401. ñ Son envie dc quitter le
ris . Ir. ll y ſait ſon diſcours D: eni gouvernement , iëid. La maniere dont
-ynſime ad Clericosp, ibil. Effets de il fut reçû du Pape , 4,03..
ce diſcours 8j.. Mlemblée de Paris Pin” de Blois-écrivait! Moines de Cî
pour l'examen des erreurs de Gilbert teaux pour leur marquer ce qu’:l pen
de la Portée. 43' ſe de leur exemption de payer les dix.
jſnrï” du genie du peuple Rolmlm mes.. 198.
56a. S65- ~ Pine' ; fauſſe pieté des Religieux de
Barium: a Religieux de Cîteaux tres ſaint Michel. 2.5. pieté intereſſée. a7,
penitens dans leur origine. z[ Piſelc Pape y tient un CODCilſ.1lI..
Panple: de Piſe 8e de Gènes , diviſe: . Reſpect- des Peres du Concile pour
téühis par l'entremiſe de ſaint Ber— ſan: Bernard , ióid. Les déſerences
nard. i *_ U7- *99
qu'on eut Pour luy ndant ſon ſe.
Ihilippas fils aîné de Loüis le Gros jour dans la Ville , ibid Ses ſenti
meurt d'une chute de cheval. 178. :neus durant ces honneurs. 5h14
Sa' mort predite long- temps aupara Pl-int” contre ſaint Bernard. ng. On
vant par ſaint Bernard. !Inl ?accuſe d'ambition izo. d'aimer à
Æhilíppes de Tarentc depoſe au pre gouverner , ibíd. Les Cardinaux 8'”
mier Corrilc de Laeran. 306. Smet plaignent , ibid_ Luy ſont faire des
de cette dépoſition , ibidl. 5a retraite reproches de ſa conduite. ibid. Poli
4 à ClnitvauLi/ïiä. $3 penitence. ibil.. tique de !notaire dans la maniere dont
Hier” de Leon éleu Pape, l49~ [l PſËnd il reçoit le Pape Innocent àLiege.
le nom d' Anaelet, ilnd. Son élevation Plaiſance.
[69 no.Ville d'Italie, ardeur deſſeee
à la dignité de Cardinal no. \on ori
gſimc, ibid. La maniere dont il eſt peuples pour ſaint Bernard. no.
élsu Pape , ibid. Ses violences 8c ſes Hommages qu'ils luy rendent àſonz
injuſtices aprés ſon élection; ibid. . paſſage , thi. ll fonde un Monaſte
Bin” de Piſe depoſé au Concile de re- de Cîzeaux dans leur Ville. un_
'Latan , zo-î. Plaintede ſaint Bernard Pen” (eptiéme General de Cluny. 4;,
…Pape Innocent au ſujet de cette Pou-tps] , ſeconde Ccfionie tirée de Cî- '
dépoſition. . Z05- 307. z08— teauk.…z7. $4 lituition. thi.
Pin-n de Cluny . ſa Fai-mlle. 5-7. Son Routage-l . Religieux; de Clairvaux éta
cnlſéfi dans l‘Ordre ill-id Ses-progrez bliï en Portugal H7- Prcmierlicu de
dans Pétudcſtbid San caracter ibií. L'or établiſſement iii!, ferveur de
Son éleftion- pour General de. 'Or- Ceï Prïmics Rchgi ux , ibid. lls ſont
dzz _ ibzd. Au com-ñnencement de ſon viſitez par Plnſant de Pêrulgæl , i551..
uvernem-:nt Lflkbäaye eſt miſe en Sejour de-ce Prince d* ee Mona
eſot-drc par Ponce ſon predeceſſeur. Ranma; Maladie de la Reine de.
5s, u y rétablit la dlidpllntr Son de. Portugal-Jbl). Sa gusriſon par le,,
\intereſſe-ment 5C ſon ïmltíé Pour' 'prieres des_ Religieux de Cîteaux*
ſiint Renard. 74, Ses Letues an. ſhi. Sa 'défliomâ cet Ordre, JUL
r.…_
DES MATIERES.
$2 ment chrétienne. r3 9. répond à l'apologie de Berñ-exiger. 341.
La Paille, ſaint Bernard va trouver le Ce qi1’il faut répondre à ce qu'on
Prince de Siſicileen cette Province.
allegue contre la forms dujugeirieut
aſh ll y eſt mal receu , il luy predit
$ 'la Poiiille entre les troupes de L0
rendu par le Pape,
(a derme, -ióad, Combat danné a… Regard , ſaint Bernard ſe .punit ſévere
ment d'un ieul regard , rr.
taire 8c celles de Roger 2.60. Roger Bell: réponſe d'Etienne de Cîteaux
341,_
eſt vaincu , ilnſid.
avant que de mourir. 13_
Puma-nm' Donaiiou faite de ee lieu par Retour de ſaint Bernard en France 1.70.
Paint Brruard àſaint Norbert. 6l. Témoignages d'amitié qi.i’il fxçol! du
Prizre. Efficace des prieres de ſaint Pape , ilnd. Conſlernation des K0
Bernard. _ 4.5. mains iſondépart ibil.
?flamme Qu' habit”. ó-e. Saint Ber Rqtractëtio” , ſaint Bernard ſe rerricte
nardfait dix-ſept Sermon-Sii” cePſeau de deux endroits de ſon ouvrage de
me - 395 l'humilité . qu'il n'avoir pas expli
quez comme les anciens Peres. (7.
R .Révelariorix , précautions de ſaint Ber
oard avant que däioûtet ſoy aux ré.
R .líulpln , Lermiie qui prêche en velations- m,, .
Allemagne contre les juifs 4.17… _Révolu- des Romains contre le Pape
~ [Sjſcffct deſes prédications ſur les Innocent. 37;. Ce qui en ſi” l'origi
~ zeuples. tbid. 3a dcſbbëſſlſſſſïflïï U!
ne. a ibid.
Evêqucs _ibi-I. Sa ſoumiſſion à ſaint Rhein”. Concile de R beim: 7 s. Loüis
Bernard. 4.0. 5a retraite dans Clair le jeune y eſtcouronné Roy de Fun.
,fiu _ 151d. ce. 179. Les_ douze Pairs afliſteut pour
Raid! Comte cle Vermandois 357- ll la premiere fois à cette ceremonie,
répudic ſa femme , íbid._l.l corrompu: ibíd.
trois Evêque: qui déclarent*la iuſhce Rirheſſis contraires-â la vie peqiten
du divorce , 3P- te. 1.6. Amour des richeſſes cauſe de
Kitaul Archevêque de Rheims. 39 ſhipocriſie. 2.7.
xaffluud Archevêque de Rheims. 89. Robert. premier Abbé de Cîteaux. Sa»
Ses different: avec ſon peuple. ibiza'. naiſſance , ſa retraite du monde.” 1.4.
Cauſe de ces differens . ibid. Sal” Robert parent de ſaint Bernard. 10. Son
xffl-…d fait cezte réiiziion , !hd enlevement par les Moines de Cluny.
Reflexion ſu? le diſcours de ſaintBernard . Ibiza'. Sa ferveur 8c ſon relâchement.
a la mort de ſon' frere Gérard. 2.3i.. ſi. Douleur de ſaint Bernard au ſu.
34h31)” ſur le ſtile .impetueuk de 'ſaint je: de ſon enlevcinent , n. Lettn
Bernard quand il _étoit touche &T5 admirable qu'il écrit au jeune bom
interéts de la Rcllglon- 39A' me ibid. Sa rentrée dans Clairvaux.
lîflgxions \in les frequens refus d'Eve 53. la.
cliez par ſaint Bernard. zo l 'Roger , ſa naiſſance, 4E. ſes talens. iëil,
xzfflzxionr de Baronius ſur le change converſion par ſaint Bernard ui Peu
ment du Pape Innocent à l'égard de gage K Clairvaux iïid. Premier Ab.
ſaint Bernard. _ _I73 be' des trois Fontaines. 5,.
zuflgzion; des Apolo iſtes d’Abailard. Roger Duc de Sicile ſc declare pour
131. Ce qu'il faut répondre ‘a l'ento ?Antipapc Pierre de Leon. i”. Sel
rité d'Otto!! de Freffingue 358. Ce tentatives pour ébraiiler la fidelité
“j eſt zapmé dansla cironique de des Gënois Je det Milanoïs , MI.
luny- 539. Ce qu'il faut répondre :i9, Ses _conquêtes dans les Etats du
à ce qu'on 'allegue contre l'autori Pape. 9,1).
té du .Concile de Sens. 34.0. Ce qu on Rum , ſaint Bernard y entre pour ſir.
FFFFÜ
'l' A E"Lſi E7
tiíeiſi- le parti &Innocent contre le
dſchiſmatique. ago ux. Il change ' T.,
les Citoyens , les détache du ſchiſ
matique. 2,1. 15a... T l-;mplin-S, Ordre des Chevaliers du
Temple_ 11;. Leur arrivée — all
S 1. ~ Concile de Troye , iëid. Leurs Pſ6*
jets, leurs demandes ,'~ ibsd. Lcuſï
S Civiſme. Anaclet fait ſchiſme à' l’é~ fonctions, ibid. Ouvrage comyoſé
lection &Innocent . 145. Princíos pour eur parſaint Bernard izgÿlzïlîl
ſchiſmatique”. Guillaume dïAquitai accroiſſement , iëidñ. - Leurs relâche
ne , Bt Roger de Sicile , x57. rnens, ilzid. Lcufs deſhedres . leur
L'Arche-vigne de Sens perſecuté par deſtruction. l J*
le Roy , ne'. Accuſé de Simonie., Tentation , les-Moines de Clairvaux-fc
ihd ll a recours aux Abbez de l'Or déíoinagcnt. 45. Autre genre de
dre de Cîteaux , 12.7. ll va les trou- - tentation dont ils ſont attaquer., (o.
ver à leu: Chapitre General , 1x 6. Sa reſult” , pere de ſaint Bernard. z- Ses
juſiification auprés du Roy parle emplois. ibidtñp. Sa «ouíeur quand
credit de ſaint Bernard. ikid, ſes cDFans le quitretent,i.i. Sa re
Sërman: ſur les Canriqucs. 1.43. b: traite dans Clairvaux. S9. ll y prend
cellence de ſes Sermons ſur les and, - l'habit Religieufflibid. l] Ymeurëz
tres de ſaint Bernard'. 1.4.4. Semi ibid. -' _
mcns de pluſieurs grads hommes Thibaud Cdmtc de Champagne , !fari
ſur le merite .deDSermons-en eue gine de ſon commerce avec ſaint
ral de ce Saint. 1.44... Ce. qu en a_ Bunard , lor. Caractere de ce .Min
ce, 131. 1.31.. Sesſi liberalirïr, iëil.
délai penſe' Lipſè , 14.5. Eloge qiÿen Ses aumôſines , ibiï. ll prend le pars
afait Henry Valois., Eraſme , 1.46.
Si les Sermons dc ſaint Bnnard ty de la femme du Comte Raoul ſa
ſont compoſez en-Latiu -ou en Fian íœur gue ce Prince avoit tépudiée.
çois. 2.47. zu. De quelle maniere il eſt perſan-z
Sicile en quel temps érigéeen. Royau té par le Roy Loüis le Jeune , 37;'.
IDC. ZÎÛU 'Son recours à -ſaint Be nard . iëiA
Singe, ſonge myſterieur ſur la naiſ Comme il eſt touchëdes avis du Saint,
_ ſance de [ain't B.rnard , 4.. cffi-t que produiſirent- ſur--lbnñ cœur
Stilo, Bzanicz du ſiilc de ſaint Bavard. ſes avis: 376. »Belle [preuve de ſon
72.. Eloge qifen faihle Pere Ma. détachemennihl ll eſt reconcilió
billonAbbé
Suger , traduit.
de-.ſaint Denis. pr. -Son pleinement avec Loüis le jeune, 376.
Mort Je Thibaud. S50.
— éducation , ilnd. Son caractere . ihr). Thom-ï: , Prietr de ſaint Victor. rez.;
8e 9x1.. S1 i-nagnificetice avant ſa con aſſaſſiné
vaiſe , :l: dibil.
action. Origine à. cette
Ses (ſiuiics , lemau
)u.
verſion 92.. Relâchement des. Moiñ_
.nes delôn Abbaye, 155i. 'Déregloó gement des Evêques dans le Conci
!tiens de ce lieu décrits par ſaint e de JOülſſc. Belle Lettre de ſaint.
Bemml 9z…Convrt[ion de Suger, ' Bernard iv ect-te occaſion. 103 1.04,
4 i554, Ce qui en fut la cauſe , rëid. 1.0i
Son courage , a »ſa prudence dans Tr-dëïctian de ?Moorea par ordi-e dei
D ſa converſion , 93, Saint-Bernard l'en Pierre de Cluny 1.31..
, felicite par une. Lettre ,eiëi-I. Mort Tri!! 'du «Préce te: &E de la' Diſpenſe.
'- de :Cel Abbé 545.' -Humxl-Ïté de cet 34 ï.
ge Ce qui»
, z_49.-ſi onnacontient
Ce qubl lieu-â decouvrir
, z. ibií.
:.-' Abbé ._ -l". a ‘ ë'1_ iii.
Superieur: , ëgacd ?UÜIS doivent à. Iturs Tra-vail
parmi de: mains_ toûjours
lesReligieux ,36. Forten cher
uſageâ .ſi
nſflbflltkfllflſſz v_ ' ‘ ' 59-.;
. 4 _
DES MATIERES.
mm !crnard , ihd. cene élïalOlT: íbil. Son repemít;
i511. Sa dépoſition , ſa réüníon au
"YY PïPC 7 ïſilïid Par l'entremiſe de
V
ſont Bernaró, 55,1;
~ 'Evêÿle de Verdun Jeppſé' dans 'Vingt , homelies ſur le uiffiu ,ſ5
l'aſſemblée de C .ïzâlons , 1:9. Rai compoſée en Phpnnenr de la ſaimc
ſons de cette déyoſiron , 'BM Ambi Vierge , (I. Dcvotion cxrraordinaí
tion du re qu'avoir pour elle ſain: lernud,
puis ſa Prelat , íbid.- Son
dépoſition; 1b d.chagrin de
Ses .innſir
63
goes pou: Phvêché de Châlons , i511. Vajage d’lñnnocenr II. à Liege l, 15,_
ll ſol-icixe à Rome par argent ccue V4713: de Geoffroy de Chanffi 6c dc
affiire qu! luy réûffit , ihid Son defi Bc-nard en Aquitaine pour 'la con'.
ſein échoüe enſuite par lc. zclc~de verſion du Duc Gnullaume. 1,34,
ſaint Bernard. ‘ e Anſe voyage de ſaint Bernard en Thud
71H14] , on s'y aſſemble pour delibe linge, 4.39. Succez dc cc voyage.
cer ſur la guerre d'Orient , 41» Le 44°
Roy .la Reine. _les E-équzs 6l lc!
Seigneurs du Royaume' y rfloivenl Z
la croix des mains de ſam( Bernard.
v Ein deſaint Bernard pour empê
'bid. _ cher l'élection d'un-Evêque eſa'
75:1” Amîpape éleu â la mort de Pier
re de Leon. 1.65. Le Peu de \ubcezdc Langres… 3,3_
' Ôæëſilctlüflyæ A . _ ſ _
x É Fm de I4 Table de: Eduard-r;
J; ‘ È ~ ’
* l LAz-ñlrihſſnqp.] TſſnzÀnlrq-ññ
!!IIIIñIIIE==mE=-___
a ' àí' ſſ—'T*'Ë ~
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4-#wéfltîflïëéèèèèèèèſièÿèèêèèèèêêeä-èêflïäièè#
_PRIVILEGEſſDU ROY.
. ï ï z
O U IS _par la grace de Dieu Roy de France 6c de Navarre ,
' L A nos amez 8c ſeaux Conſeillers les gens tcnans nos Cours
de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de nôtre Hôtel,
Grand Conleil, Prevoſt de Paris, Baillifs, Scneſizhaux , leurs Lieu
tenans Civils 8c autres nos juſticier; quîil appartiendra. S A L U T;
Nôtre ame' le Sieur D I Vt”. E ron E,, nous ayant fait expo
:ſCſ qu'il deſireroit faire part au public ëuugiouvel ouvrage de
ſa compoſition _, intitulé La We 'deflcínt Bernard, Nous luy avons
permis 8c pcrmetrons par ces preſentes , de faire im rimer ledit
Livre en telle forme , marge , caractem 8c autant de Ois que bon
\luy ſembleraſhc de le faire vendre 8c debiter par tout nôtre Royau
me pendant le temps de huit années conſecurives à compter du
jour de la datze des preſentes. Faiſons deffenſes à tous Impri
' meurs, Libraires 8e autres perſonnes de quelque qualite' de con
dition qu'elles ſoient d'imprimer, faire imprimer, conrrefairgven
dre ny debiter ledit Livre ſous quelques pretexte: que ce puiſ
\ ſſcnt être, même dïmpreilîon èttängere ſans le conſentement pa:
.écrit dudit Sieur expoſant ou de ſes ayans cauſe z à peine de cpu
fiſcation des exemplaires conrreſaits , de quinze cens livres d'aman
de cdntre chacun des contrevcnans , dont un tiers à nous , un tiers
â l'Hôtel-Dieu de Paris , l'autre tiers audit Expoſant , 8c de tous
dcpens, doimges, 8c intcrêts 5 A' le charge que ces preſentes ſeront
enregiſtrées tout 6cauLibraires
des Im rimeuts long ſurdelesParis
Regiſtres
, 8c cededans
la cttrois
Communaute'
mois de
la dartc dîicelles : que l'impreſſion dudit Livre ſera faire dans
nôtre
ctere ,Royaume 8c nonaux
conformement ailleurs , 8c ce de
Reglemens en la
bonLibrairie
papier ,8c8cbon cata. , ſ
qu'avant
que de l’cxpoſer en vente , il en ſera mis deux exemplaires dan:
nôtre Bibliotheque publique , un dans celle de nôtre Chateau du
Louvre , 6c un dans celle de nôtre tres-cher &- ſeal Chevalier
Chancelier de France , le ſieur Phelyppeaux Comte de Poitchat
train Commandeur de nos Ordres ç le tout à peine de nullité deſ
dittes preſentes 2 Du contenu deſquelles vous mandons 8c* enjoi
grïons de faire joüir Pexpoſant ou ſes aydns cauſe pleinement 8e
paiſiblement, ſans ſouffrir qu'il leur ſoir fait aucun trouble ou
cmpêchemenr. Youlons que la co ie deſdites preſentes qui ſera
imprimée au commencement ou à a fin dudit Livre ſoit tenuë
pour dûëment ſignifiée, de qu'aux copies collationées par l'un do
no: amez 8c ſeaux Conſeillers Bt Secretaire!, ſoy ſoit a joûtée'
comme a l'original : Commandoris au premier nôtre .Huiſſier ou
Se ent dc faire pour l'execution d'icelle tous Actes requis 8c nc..
ceſäires ſans autre permiſſion 8c nonobſtant clameur de Haro ,, i
Chartre Normande ,. 6c Lettres à cc contraires: C A n re] eſt nô..
t-r_e plaiſir. Donné a Verſailles le vingbcinguiéme jour de Mars ,,
_l'an de grace mil ſept cent quatre , 8c de nôtre Regne le ſorxanſi_
te-uniéme. Par le R67 en ſon Conſeil, L 3 C o M1- E,
ñ . \ .
Fautes acomger..
ï \
Ay 8. ligne ro le qu'elle avoir. c'en. , 6c
p. .o. l. demis-re. (Tcl-tance: tif éclatante:
P_ u. l. ï determiner lzſ derexminerent. *
P zz. l. 6 du monde , Idf d” Monaſtere.
i_ ;gl .,- contractées , liſî contractée.
n, zz. l. q. les emretenoit hf les en entretenoÎt-ſi
r_ 37. l_ z.-. du Dlonaſiere , liſ des Monafietcï.
53, 1, .7, Bernard . lrſ Bcrnon., ’
' P_ 54_ 9, ë aimer , liſ. Armat
Fs. 1_ 1d. Férendoit , lsſ. s'étendait.
P' ‘4_ L ‘. u-zvulhns , Ilſ: llafillllflfl
_ D_ I7. I. 5-. trouverons , hf trouvons. '
P. [oz, 1, 1.9.. les affaires [nfl leurs affaire”
P. no. t. it. dtffei-ſeurs , [sf, deffenſeur. _ _ .
P. 1,7. I. ro. les Ducs de Guyenne, hf lee Ducs desicxlest de Guyenne
', 15;_ 1_ zadépuulion revint ,_ liſ députation , revint
P. 170. l. 9 point en d'autres '. liſ, point eu dautres'.
p. 179. P. 1 .lbccêaeafion ë lïſlîïïtfſhÿ
[gg, l_ z, des cnumem , s' ee entiers. _ _ _
F. Mz.] :-'13 l 2.9. contre les peuples-de Piſe , [tj/I contre les PIAIÛŒÈ*
j, us- l. i. ils devoit , hf il devoitſ
L. u), l. I3: de tautcçsesaffaites, lïfi 'ÏË-*WW-*ÏFÎ*
0'(
p. M9. tl- az. reſervé dcDieu , liſ Dieu lëeût reſervé.
p. atë. l, u. ſa-juſtice . liſ. la juſtice.
p. 1.47. I. I8. 'freres liaques , Inf freres laiqucs,
p_ 1.90, l. io. empêchoit , Ií/I cmpêcheroit
p. .,90, l. 2.9. pieté liſï pitié.
P. a”- I !z- n'eut tien, liſ- n'eut eu tion. - .
p, 3,8. l. zi. ſelon témoignage , lijI lelon le témoignage;
p. 339. l a9. relevetent l'eſprit . hf televent l'eſprit.
p. 374,. l. z. créez , hf créer. .
p. 584. l. i.. ſonde: . hf* fondées. _
p. 404 l. derniers , comme il peu , IU/Î comme il peut. .
p. 4,19. I, 2.8. les Seïgoeu Sat Evêques , Iiſ les Seigneurs 8c les Evêque”
p. 453 l. a! les plus agitez , liſ le plus agitez.
p. 4-17." I. 1.8. leur dit-il, li/Î leur dilpit-il, '
p 4x5 lñ r4 ſoit Dieu , vienne de Dieu , liſ ſoit Dieu ,ny vienne de Diet”
p. 496. l. demie”. avoit voulu , liſï auroit voulu
p. ſoi. l. a6 qu'on les avoit , [r], bn les avoit
p. S50. L5. que vous y avez enttéñ, hf. que vous y étes entré,
p. .Hz, l. a4~ cet atteinte. Iijï cette atteinte.
p. 164. l. 3. Etienne , lijſ Eſxille.
p. 568.1- 7. _tout préparerJË/Z tout préparé.
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