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LÉGUÉ
A LA BIBLIOTHÈQUE DE LA FACULTÉ DE THÉOLOGIE
DE L'ÉGLISE LIBRE OU CANTON DE VAUD
PAR
Sam. GHAPPUIS, prof.
1870
y
L'APOCALYPSE

AVEC UNE

EXPLICATION.

PA R ME S SIR E

JacquesBenigneBossuet,

Evesque de Meaux ,

Conseiller du Roy en ses Conseils»


cy-devant Précepteur de Monseigneur
le Dauphin; Premier Aumos-
nier de Madame la Dauphine. • •

A PARIS,
Chez la Veuve de Sebastien Mar-
bre-Cramoisy , Imprimeur du Roy , rue Saint
Jacques, aux Cicognes.
it bc xcû
Etse vend
A LA HAYE
ChezADRIAN MOETJENS,
Marchand Libraire, pre's la Cour , à la Librairie
Françoise.
PRÉFACE.

Où sont proposez les moyens de


profiter de la lecture de 1* Apocalypse,
& les principes pour en découvrir
le sens.

Eux qui ont legoust de Uftété, I.


trouvent u» attratt particulier Les mer-
dans cette admirable Révélation "T^V
de Saint Jean. Le seul no'm de
Jésus- Christ dont elle e(i intitulée inspire
d'abord une sainte joye ; car voicj comme
Saint Jean a commencé, & le Titre qu'il
a donné a sa Prophétie : La Révélation Apoc.1
de Jesus-Christ que Dieu luy a donnée
pour la faire entendre à ses serviteurs,
en parlant par son Ange à Jean Ion ser
viteur. C'est donc icj Jésus- Christ qu'il
faut regarder comme le véritable Prophè
te : Saint Jean n'est que le ministre qu'il a
choisi pour porter ses Oracles a l' Eglise ^ &
st on est préparé a quelque chose de grand
* x lors
4 P R E' F A C E.
lors qu'en ouvrant les anciennes Prophéties
on y voit d'abord dans le Titre , La Vi-
lía. L i. fion d'Isaïe fils d'Amos; Les Paroles de
Jerem. I. Jérémie fils d'Helcias, & ainsi des antres:
u combien doit-on estre touché, lors qu'on lit
à la teste de ce livre y La Révélation de x
Jésus- Christ fils de Dieu?
Tout répond a. unfi beau Titre. Mal
gré les profondeurs de ce divin livre , on y
repenti en le lisants une impression fi dou
ce & tout ensemblefi magnifique de la ma
jesté de Dieu ; ily paroist des idéesfi hau
tes du mystère de Jésus- Christ , unefi vi
ve reconnoijsance du peuple qu'il a ra
cheté par son sang , de fi nobles images de
ses victoires & de son régne , avec des
chants fi merveilleux pour en célébrer les
grandeurs, qu'il y a de-quoy ravir le ciel
& la terre.
II est vray qu'on est à la fois saisi de
frayeur y en y lisant les effets terribles de
la justice de Dieu , les sanglantes éxecu
tions de ses saints Anges , leurs Trompet
tes qui annoncent ses fugemens , leurs cou
pes d"orpleines deson implacable colère , &
les playes incurables dont ilsfrâpent les im
pies -j mais les douces & ravissantes peintu
res dont font méfiez, ces affreux spectacles
jettent bientost dans la confiance, oùl'ame
je repose plus tranquillement aprés avoir
esté
P R E' F A C E.' f
tfis long-temps étonnée & frâpée au vifde
ces horreurs.
Tontes les beautez, de PE'criture font
ramafées dans ce livre : tout ce qu'ily a
déplus touchant , de plus vif, de plus ma
jestueux dans la Loy & dans les Prophè
tes , y reçoit un nouvel éclat , & repajfe
devant nos yeux pour nous remplir des con
solations & des grâces de tous lesfiécles.
Oefi icy un des caractères de cette admira
ble Prophétiey & PAnge Pa déclaré k Saint
Jean par cesparoles ; Le Seigneur Dieu .
des Saints Prophètes: ou, comme lit la xxii.í.
Vulgate, Le Seigneur Dieu des esprits
des Prophètes a envoyé íbn Ange poui
découvrir à ses serviteurs ce qui doit ar
river bientost : Paroles qui nous font en
tendre que Dieu qui a inspiré tous les
Prophètes , en a fait revivre /' esprit dans
Saint "Jean , pour consacrer de nouveau
à Jesus-Chrift & a son Eglise tout ce
qui avoit jamais esté inspiré aux Pro
phètes.
Je trouve deux raisons de cette condui- L<Aa.
te. La première ejl prise de Saint Irénée : calypfe est
II devoit, dit-il , venir de faux doc- rempíie
teurs qui enseigneroient que le Dieu .,7er7
qui avoit envoyé Jelus-Chnit n eltoit ÍOI<î/fí
pas le mesine que celuy qui avoit en- Propb/ter,
voyé les anciens Prophètes. CV/r pour &'p°>,r-
# 3 con- 1"°?'
6 P H E' F A C E.
Iren.lib. confondre leur audace que la Prophétie du
V.cap. Nouveau Testament , c'est-à-dire , PApo-
lí' caisse , est pleine de toutes les anciennes
Prophéties , & que Saint Jean le nouveau
Prophète , exprejfément envoyé par ^fus-
Christ , est plein de Pesprit de tous les Pro
phètes.
Mais la seconde raison n'est pas moins
forte : c'est que toutes les Prophéties &
tous Us livres de PAncien Testament n'ont
estéfaits que pour rendre témoignage h
Jésus- Christ , conformément a cette paro
le que PAnge adresse à Saint Jean : L'«s-
XIX P"r ^e ^a Prophéúe > c'est le témoigna-
10. ' f>e de Jésus. Ni David, ni Salomon, ni
teus les Prophètes , ni Moise qui en est le
chef, n'ont esté suscitez, que pour faire
connottre celuy qui devoit venir, c'est à
dire, le Chrijì : c'est pourquoy Mòise^r
Elie paroijsent autour de luy sur la monta
gne , afin que la Loy & les Prophètes con
firment fa Mission , reconnoiffent son au
torité, & rendent témoignage a sa doïiri-
ne. C'est par la même raison que Moïse
& tous les Prophètes entrent dans l'Apo
calypse , & quepour écrire ce livre admi
rable Saint Jean a receu Pesprit de tous
les Prophètes.
Nous retrouvons en effet dans ce grand
Apostre l'esprit de tous les Prophètes & de
tous
P R E' F A C Es 7
toHs les hommes envoyez, de Dieu. II are- Apoc.
ceU iesfrit.de Moise four chanter le can- * v- î-
tique de da, nouvelle délivrance du peuple yuj.
j2r»/, &\pour .construire a ì'honneur de 5"
Dieu une .nouvelle Arche , »» nouveau
Tabernacle, un nouveau Temple , un nou
vel Autel des parfums. II a receú Pesprit ^
£Isaïe <& de Jérémie pour décrire les x y'j
playes de la nouvelle Babylone , & éton- XVII.
ner tout Funivers du bruit de fa chute. XVIIL
C'est par Fejprit de Daniel qu'il nous dé
couvre la nouvelle beste , c'est-à-dire , le
nouvel empire ennemi & persécuteur des
Saints , avec fa défaite & fa ruine. Par
Pefprit d'.Ex,échiel il nous montre toutes
les richejfes du nouveau Temple oh Dieu x x lí."
veut estre servi , c'e/i-À-dire , & du Ciel
& de l'Eglise ; enfn toutes les consola
tions , toutes les promesses , toutes les grâ
ces , tontes les lumières des livres divins
se réunissent en cehty^cy. Tous les hommes
inspirez, de Dieu semblent y avoir apporté
tout ce qu'ils ont de plus riche & de plus
grand, paur y composer le plus beau ta
bleau qu'on puftjamais imaginer de lagloi
re de yefìis-Chrifi ; & on ne voit nulle
part plus clairement -qu'il estait vraiment
la fin de la loy , la vérité de ses figures, le
corps de ses ombres , tfrJ'ame de ses Pro
phéties. .:. u
#4 II
8 PRE'FACE.
// ne faut donc pas s'imaginer lors qui
Saint Jean les rassorte , qu'ilsoitseule
ment un imitateur des Prophètes ses pré
décesseurs ; tout ce qu'il en allègue , il U
relevé ; ily fait trouver l 'original mefme
de toutes les Prophéties, qui n'est autre que
Jesus-Chrifl &son Eglise, PouJJédu mes.
me infiintl qui animoit les Prophètes , il en
pénétre l:'esprit; il en détermine lefins ; il en
révèle les obscurités, ; & il y fait éclater la
gloire de Jesus-Chrifl toute entière.
Jésus- ' -djoutons à tant de merveilles celle qui
Christ veu paffe toutes les autres , je veux direlebon-
& écouté heur d'entendre parler , &• de voir agir
MrJ* JesHS-Chrift reff»fiitè des morts. Nous
* ' voyons dans TEvangile Jesus-ChriJI hom
me conversant avec les hommes, humble,
pauvre , foible ,souffrant ; touty rejfentune
viílimequi va s'immoler^ un homme dé
voué a la douleur &à la mort. Mais PA-
pocalypfe ejl i Evangile de Jesus-Chrifi
rejffij'ctté : ilyparle, & ily agit comme vain
queur de la mort ; comme celuy qui vient
desortir de Penser qu'il a dépouillé, dr qui
entre en triomphe au lieu de sa gloire , où
il commence a éxercer la toute-puijfance
que son Père luy a donnée dans le ciel &
dans la terre,
îxpllcà- Tant de beautés de ce divin livre, quay-
•tionmorale ne les apperçoive encore qu'en géné
ral
PRE' FACE 9
rai & comme en confusion , gagnent tfitt%/if»
cœur. On est sollicité intérieurement àpé- 'fflrfi-
i , j , ~ „ ,.' ton les
netrer plus avant dans lesecret d un livre ^eS ^
dont leseul extérieur dr la seule écorce, Saint ^ítt-
Jìl'on peut parler de la sorte, répand tant grfin*
de lumière dr tant de consolation dans les
cœurs.
IIy a deux manières d?expliquer VApo
calypse i Vune générale & plus facile : c'est Aug. in
telle dont Saint Augustin a posé les fonde- £^
mens dr comme tracé le plan en divers en- cxxxvi
droits , mais principalement dans le livre de Civiç,
de la Cité de Dieu. Cette explication con- DeiXX.
fiste à considérer deux Citez, , deux Villesy
deux Empires mesiez,selon le corps, &sé
parez, selon l'ejprit. L'un est l'Empire de
Babylone , qui signifie la confusion dr le
trouble ; l'autre esteeluy de Jérusalem, qui
signifie la paix : l'un ejt le monde , dr l'au
tre est l'Eglise-y mais l'Eglise considérée dans
fa partie la plus haute, c'est- a-dire, dans
les Saints, dans les Eleûs. Là règne Satan
dr icy Jésus-Christ; la est le règne de Vim
piété dr d* f'orgueil, icy est le siège de la
vérité & de la Religion ; la est la jsye quift
doit changer enungémijfement éternel, icy
est la souffrance qui doit produire une éter
nelle consolation ; là se trouve une idolâ
trie spirituelle , on y adore ses paffions^
ony fait m Dit» de son plaisir y & une
# y idol*
io PRE'FACE.
idole de ses richejfes ; icy font abbatuè's
toutes les idoles , & non-feulement celles
à qui ï"aveugle Gentilité offroit de rencens,
mais encore celles k qui les hommes sensuels
érigent un temple & un autel dans leur
cœur, & dont ils se font eux-mesmes la
viíìime. Là fi voit en apparence un conti
nuel triomphet & *c1 **** continuelle per
sécution, car ces idolâtres qui font domi
ner les fins fur la raison ne laissent pas en
repos les adorateurs en esprit : ils s'effor
cent de Its entraisner dans leurspratiques ;
ils établijfent des maximes dont ils veulent
faire des hix universelles ; en un mot le
monde tfi un tyran , il ne peut souffrir
ceux qui ne marchent pas dans fis voyes ,
& ne cejfe de les persécuter en mille ma-
Apoc nieres. Cefi donc icy ï'exercice de la foy
XIII. i o. ^ ja pZtience Saints, qui font
toújoursfur Penclume erfous le marteaut
pour efire formez,filon le modelé de Jefus-
Chriji crucifié. Que n'ont. ilspoint a souf
frir du régne de simpiété & du monde ?
c'eft pourquoy ,pour les consoler , Dieu leur
en fait voir le néant : il leurfait voir , dis-
je , les erreurs du monde , fa corruption ,
fis tourmens fins une image fragile de fé
licité; fit beauté (Cun jour , or fa pompe
qui difparoifl comme unsonge ; à la fin sa
chute effroyable , & fin horrible débris :
voila
P R E' F A C E. ii
voila comme un Jtbrégé de VApocalypse.
C?estauxfidèles a ouvrir lesyeux-.c'eft a eux
k considérer lafin des impies & de leur mal
heureux régne.; c'est a eux, en attendant, Apoe.
à en mépriser l'image trompeuse ; k n'a. XIII. 14.
dorerpoint la beste , c'efl-à^dire , kn'ado- 16-XX.
rer point ìe monde dans ses grandeurs , de
peur de participer un jour a fis supplices j
à tenir leur coeur (fr leurs mains pures de
tome cette idolâtriespirituelle qui faitser
vir Fesprit a la chair ; ejr enfin k en effa
cer-m eux-mesmesjusqu'aux,moindres ca
ractères, car c'est Je caractère delaheste n,iit
que Saint Jean nous avertit tant d'évitert
Gr où il met l'essence de l'idolâtrie. . ... •.
On trouve ce caractère par tout où le
monde régne : ainsi on le trouve mefine dans
l'Eglise, parce qu'on le trouve dans les
mondains qui- entrent dans fa société tir se
méfient avecfis Saints', on trouve ,dts-je , < • . .•<
dans ces mondains, quels 'tpt'ils .finent,
& quelque place qu'ils occupent , le carac- • "
tére de la beste, quand on y trouve l'or
gueil & la corruption ; ilfaut donc conti
nuellement sortir d* cette Babylone mysti- 11 , '
que, On ensort par Ìesaints defirs,&par u ',,
des pratiques contraires k celles -du monde
jusqu'à ce que l'heure de la dernière &
inévitable séparation estant arrivée , on en
sortira pour toujours , & onfera éternelle -
# 6 ment
it PREFACE
ment délivré de tonte la corruption jus
qu'aux moindres restes.
Autant que cette explication de V'apo
calypse est utile, autant est-ellefacile. Par
tout ou l'on trouvera le monde vaincu , ou
*feft*s- Christ vttìorïeux , on trouvera un
bon sens dans cette divine Prophétie ; & o»
pourra mefmes'ajfeúrer, selon la régie de
Saint Augustin , d'avoir trouvé en quelque
façon l'intention du Saint Esprit , puts que
cétEJprtt quiapréveúdés l'éternitétous les
sens qu'on pourroit donner à son Ecriture, a
aussi toujours approuvé ceux qui feraient
tens , dr qui dévoient édifier les enfans de
Dieu.
V. Mais st nostre Apostrt n'avait regardé
9s''h * que ce sens dans fin Apocalypse , ce n'ense-
fin"dans ™ fas aSfe^-pour luy donner rang parmi les
ttjpca- Prophètes. 11 a mérité ce titre par la con-
lyp/c , & naissance qutluj a esté donnée desèvénemens
que Saint jutMrs > g. e)t particulier de ce quis'alloit
rnfermi commencer dans l'EgliJe & dans l'Empire ,
te qui al- incontinent aprés que cette admirable Ré-
fat atri- vélatio» luj eût esté envoyée par le ministère
™a de l'Ange : c'estpourquçy on luy déclare d'à-
Apoc. I. bordque le temps est proche , & que ce
1.3* qu'on va luy révéler arrivera bieato st ; ce
XXII e^ aujstrépétt'd'une maniéré tres-préci-
JOk * se k Lafin de la Prophétie.*
Je ne puis doue consentir au raisonne
ment
PRETÀCE. 15
ment deceux qui en renvoyent Faccomplis
sement d lafin dessiécles ; car les combats dt
PEgltsc,cr ce qui alloit arriver tant aux
Juifs qu'aux Gentils enpunition du mépris
de VEvangile , la chutedes idoles , & la con-
verfion du monde , & enfin la destinée de
Rome & de son Empire , estaient de trop
grands & tout ensemble de trop prochains
objets four estre cache*, au Prophète de la
nouvelle aliance : autrement , contre la
coutume de tous les Prophètes précédens , il
eust esté transporté au dernter temps , e*
faffant par deffus tant de merveilles qui
alîotentparoiftre , quoj-que í"Eglise nais
sante eust tant de besoin d'en estre in
struite. Tufra e de
jiussme faut-il pas douter que PEglise s%{f'De.
persécutée ne suji attentive à ce que ce Uvre nys d'^A-
dtvtn luy prédisait de ses souffrances. Le lexandrie.
seul exemple de Saint Denis d'Méxandrie Pr"?,e
mous lésait voir, hujebe nohs a rapporte une aeme
de ses lettres , ou il paroist qu'il regardott glife cher-
Pjlpocalypje comme un Uvreplein desecrets 'j?01*
divins , ou Dteu avott renfermé une in- /j,^/^*"
telligcnee admirable, mais cres-caehée , persécu
te ce oui arrivoit tous les jours en parti- tions W
culier, k*Ô> ëW<*. [ITL
Pour en venir a Papplication , encore \a regar-
qu'il reconnust que lesens de ce divin Uvre dotent,
fajsast la capacité de son esprit , il ne £»jel*
* 7 laigott fu'
14 P R E' F A C E.
laijfoitpas de le rechercher , & une lettre a
Ibid. 10. Hermammon , dont Umefme Eufebe mut
a rapporté un beau morceau , nous fait
voir qu'il appliquait au temps de Valérien
les trois ans & demi de persécution pré
dits au chapitre XI II. de l'Apocahspfi.
ZJn antre morceau précieux de da mefme
Ibid. íí. lettre inséré par le mesme Eufebe dansson
a3* Histoire , nous donne lieu de conjétïu-
rer que ce Saint nous repréfentoit PEm
pereur Gallien , comme fi renouvellant
luy-mefme , pour avoir, lieu de luy adap
ter Vendroit de VApocalypse vu l* beste
Apoe. nous parois comme estant la íèptiéme & la
XVII. huitième tout ensemble. < l\ ■ ■ ..>.
Eus. VII. II est vray qu'il avoué en mefme temps
*5- qu'il n'y a rien de bien clair dans les con-
jéttures qu'U fait fur l'Apocalypse. Je ne
1 voy pas aújfi qu'vn fait obligé de s'y arre-
fier , &je produis cepacage feulement poux
faire voir.qu'il yavo.it dans íEglise unefi
prit de rechercher dans .l'Apocalypse ce qui
fi pajfoit dans le monde par rapport à l'E-
. glifi Chrefiienne.. Quefi nous ne voyons pas
, beaucoup d'autres exemples d'une pareille
ù •.. recherche durant ces temps-là , lepeud'é-
, v «'•'■"■ crits qu'on en a pourroit en eftre la. cause ,
quand il n'y en auroit pas beaucoup d'autres
que lafuitefera connoistre.
VII. Mais un événement qui paroifl marqué
M^me con-
_\\ \ * dans
PRE'F A C E. î 5T
dans FApocalypse avec une entière éviden- qUe\Mte
ce, doit nousfaire entendre que cette divine & idolâ-
Prophétie est accomplie dans vne de ses trf » fau-
parties principales. Ce't événementfi mar- rp'tVs
que , c est la chut* de l anctenne Rome , lypfef0l4t
fir le démembrement de son Empire fias lemmik
Alaric : choses marquées dans l'Apola- Ss^y^n''
lypfi auffi clairement qu'il se puisse dans d?fg„U£.
les chapitres XVIJ. & XVIII. gr mani- pire prédi
sestement accomplies , lors qu'après Itsac Tradi-
de Rome , son Empire fut mis en piéces , t*mj*t
& que de maistrejfe du monde & de con- Cette'chu-
cjtiérante des nations , elle en devint le te arrivée
jo£è't,.& la proye,pour ainsiparler , du prt- f™' *^lam
mier venu. r,c'
Cest une Tradition constante de tous les
siécles , que la Babylone de Saint Jean ,
c'est l'ancienne Rome. Saint Jean íuy don
ne deux caraftéreSy qui ne permettentpas de
la méconnoistre. Car premièrement c'est
la ville aux sept montagnes j & seconde- Apoc.
ment c'est la grande villequi commande à XVII..
tous les Rois de la terre. Si elle est -aussi 9" l8,
représentéesous la figure d'une Prostituée , • <'
on reconnoift le stile ordinaire de l 'Ecritu
re , qui marque l'idolâtrie par la prostitu
tion . S'il est dit de.cette ville superbe\, qu'elle
est la mere des impuretés & des abomina- Ibid. 5.
tiortsdela terre ; le culte de fis faux dieux
qu'elle tâchoit d'établir, avec toute la
puis-
\6 P R F F A C I
Ibid. 4. puissance deson Empire en est la cause. La
pourpre dont elle parotst revestuè', étoit lu
marque de ses Empereurs de ses Aiagi-
ftrats.L'orèclespierreriesdont elle eficott-
verte , font voir ses richejfes immenses. Le
lbid. 5. mot de my&évequ'elleporte écritfur lefront
ne nous marque rien au-delà des myjie'res
impies du Paganisme dont Rome s'étott ren-
Apoc. dut la protectrices & l*féâuElion qui vient
XIH-* *• àson secours , n'est autre chose que les pre.
1 ** 1 fi%ts & h* faux miracles dont le démon se
servoifpour autoriser ridolâtrie. Les autres
marques de la Beste gr de la Projhtuée
qu'elle porte ,fònt visiblement de mefme na
ture; & Saint Jean nous montre tres-clai-
rement les persécutions qu'elle afaitsouffrir
Ibid. t. a l'Eglise , lors qu'il dtt qu'elle est eny vrée
du sang des Martyrs de Jésus.
Avec des traits fi marquez. , c'est une
énigme aisée a déchtfrer que Romefous la
figure de Babylone. Ces deux villes ont les
Tertnl. mêmes caractères , & Tertuilien les a cxpli-
ady. Jud. quez, en peu de mots, lors qu'il a dit qu'tlles
*■ lv- étoient toutes deux grandes, superbes.
Marc.13. dominantes, & periecutnees des Saints.
Tous les Pères ont tenu le mefme langage^
& c'est parmi les anciens me tradition con
fiante , que Saint "Jean a représenté Rome
conquérante &• maistrejse de l'univers par
ses vifteires yfòífs le nom de Babylone pa»
■ . . reille
P R E' F A C E. 17
rûìlement conquérante & maistrtfse parses
conquestes d'un Empiresi redoutable. C'ejl
donc aujjt la chute de Rome & deson Em
pire que ce't Apostre a marquée, & Saint
Irénée qui a veû les Disciples des Apos- I«n. l'b.
tres , le déclare en ces termes : Saint ^,c" J0*
Jean, dit-il, marque manifestement le
démembrement de l'Empire qui est au-
jourd'huy , lors qu'il a dit que dix Rois
ravageront Babylone. Une va pas imagi
ner la ruine d'un autre Empire; celle qu'il
attend , celle qu'tl a cru prédite dans
l'apocalypse, est celle de sEmpire qui eftoit
alors , & jous lequel il vtvoit, c'est-à-dire ,
de PEmpire Romain j &sidans la discussion
qu'il sait des noms que pourra porter l An- *
tecbnfttil s'arreste aceluy de Vj&iúaos com
me a celuy qui luj paroist le plus vray -sem
blable ,c 'est:à cause , dit-il, que le dernier 'IW*
Empira porte ce nom, & que ce font les
Latins qui règnent maintenant. // bornait Aug. de
donc toutes ses pensées dans la chute de cét p1™*
Empire. Saint Augustin veut que Rame ait xvill.
esté bastie comme une nouvelle Babylone ,11.
fille de l'ancienne , & avec une semblable
destinée. Paul Orose disciple de ce grand Pauï-
homme afait leparallèle de cesdeux villes: ?*
il a observé qu'elles avoient les mtsmes ca- y II. 2.
ratières , & qu'aprés onz*e cens soixan
te ans de domination efr de gloire elles
avoient
18 P R E' F A C E.
avoient esté toutesJeuxpillées dans des cir
constances fresque'semblables. Enfin, c'e-
ftott un langage si établi dans l'Eglife d'en
tendre Rome sous te nom de Babylone -,
que Saint Pierre s'en est servi dans fa pre-
i.Pet. miére Epistre , omldit: L'Eglife qui est
V. 13. dans Babylone vous salue. Onnetrou-
ve dam aucune autre Babylone ni la suc
cession apostolique tant vantée parmi les
fidelles , ni la mémoire du nom de Saint
Pierre dont les Eglises se sont honorées , ni
enfin aucun vestige d'Eglise que dans cette
Eabylone mystique. On ne trouve non plus
ailleurs , ni SilvAin qui est Silas ni Saint
i.Pet. Marc, dont Saint Pierre fait mentit»
T.11.14. comme de ceux qui estoient le plus familié-
Hier. de rement connus de cette Eglise de Babylo-
Eccf'in nt '' comme tn effct ' ^aint Marc l'a esté
Pet &" Rome , ou il publia son Evangile par
Maie. Pordre de Saint Pierre, & que €ilas l'a
pu efire par le moyen de Saint Paul auquel
on le voit fi attaché: d'où l'-on a raison de
conclure qu'on ne peat entendre que Ro
me dans ne pajfage de Saint Pierre , &
c,est ainsi que i'vnt entendu les anciens
Dotìeurs.
Lib. de Saint Jérosme, qui de torn les Pères â
EccTin efie' ^e m*tttx instruit de leurs fintimens ,
Marc, in a toújours constamment suivi cette expli-
Es. 47- cat'toh , il ne cejse de répéter que Ro-
*c' me
P R E' F A C E. 19
me est la ville que Dieu a maudite dans LH>. *•
Fapocalypse foui la figure de Babylone ; £n"'0T,
qu'encore qu'elle ait en partie effacé par
la profession du Christianisme le nom de
blasphème qu'elle portoit sur le front ,
ce n'est pas moins elle-mefme que ces ma
lédictions regardent , & qu'elle ne peut
les éviter que par la pénitence ; qu'elle
est en effet cette Prostituée, qui avoit écrit
furfinfront un nom de blasphème, parce Epist.
qu'elle fi faifoit appeller la Ville Eter- Jj1- ad
neIle ; que c*estait elle dont Saint Jean avoit xl Ep.
veú la chute fous le nom de Babylone ; qu'à XVII- ad
la vérité il y avoit là une Sainte Eglise Marcell.
©ùl'on voyoit les trophées des Apostres InE a*
& des Martyrs , & la foy célébrée par 1 . "
l'Apostre: mais que quelque Sainte que
fuft l 'Eglise , la ville qu'il en falloit di
stinguer 1 ne laisfoit pas de mériter par
íà confusion le titre de Babylone ; qu'el
le estoit cette Babylone dont nous lisons le
supplice dans Papocalypse , dont les Palais
encroustez, de marbre feroient désolez. , & In Esa.
qui devoit éprouver une aujst funeste de- *7'
stinée que l 'ancienne Babylone , aprés avoir
esté élevée à unesemblablepuissance.
II écrivoitces paroles dansfin commen
taire fur-Ifate. Quelque temps aprés il
put voir l'accomplijfememt des Prophéties
qu'il avoitJtsouvent expliquéestcar pendant
qu'il
ao P R E' F A C E.
qu'il travailloitsur Ezéchiel , qui efi Fou
vrage qui fuit Vinterprétation d'Isaïe , Ut
nouvelle vint a Bethléem où il travailloit a
Proœm. ce commentaire, que Rome estoit assiégée»
in lib. L quelle estoit prise , pillée , ravagée par le
Ezech fer&parlefeu, & devenue le sépulcre de
sés enfans ; que la lumière de l'univers
estoit éteinte , la teste de l'Empire Ro
main coupée, & pour parler plus vérita
blement , l'univers entier renversé dans
une feule ville
j^j II raconte en un autre endroit , que Ro-
Princ. me fut assiégée i que ses citoyens rache-
Epitaph. térent leur vie par leurs richesses ; mais
Epist' qu'elle fut assiégée encore une fois, afin
XYI. qu'aprés leurs richesses ils perdissent en-
• core la vie : que la ville qui avoir pris
tout l'univers fut prise, ou plûrost qu'elle
périt par la faim avant que de périr par l'é-
pée, & que dans une telle désolation on
trouva à peine dans une fi grande ville un
petit nombre de citoyens qui pussent estre
pris.
Que cette chute de Rome luy soit arrivée
pour punir l'aveugle attachement quelle
avoit encore àses idoles, les auteurs du temps
enfont d'accord ; & quand Saint Augustin ,
quand Paul Orose, quand les autres auteurs
s'enferoientteû , lafuite des événement que
nous marquerons en leur lieu nepermettrait
pas
PRE'FACE^ n
pas d'en douter. Quefion aseine k croire que
ce soit cette chute que Saint Jean prédise ,
luy qui a dit avec tant deforcr,Elleest tom- Apoc
bée, elle est tombée la grande Babylone, XIV. í.
kcause qu'aprés cette chute on voit encore *
subsister cettegrande ville ; on ne considère
sas qu'il en arriva autantk Babylone , k qui
Saint Jean la compare : car âpres que Baby
lone eût esté prise & saccagée par Cyrusse
lon les Oracles d' Isaïe, dejirémie (fr d'E- Is. XIII.
z,e'chiel , on la voit encore subsister long-
temps y & jusqu'au temps d'Alexandre e? ff(, jjr
de ses successeurs. Mais quelque grande LI. Llí.
qu'ellefuft encore alors , les Prophétesvoyent Ezcch.
fa chute du temps de Cyus j parce que c'<ft xx
alors qu'elle perdit fa première gloire , &
que devenue captive , jamais elle ne put re
couvrer FEmpire qu'on lui avoit osté. Ainsi
lagloire de Romefutfiestriepar Alaric ,son
orgueilfouléauxpieds , & son Empire par
tagée entre les Barbares fans espérance dt
retour.
Lors que Rome receút ce grand coup ,
quoy- qu'on n'en vift pas encore toute la fui
te , ni cét anéantissement prodigieux de la
puiffance Romaine , ily en eût qui sentirent
l'accomplissement des Oracles du Samt Es
prit qui marquoient la chute de Rome.
Nous lisons dans l 'histoire Lausiaque com- Hist.
posée par Palladius auteur du temps , Laus.
que c'IlS
xx P R E' F A C E.
que Sainte Mélanie quitta Rome , rjr per
suada plusieurs Sénateurs de la quitter
par un secret pressentiment de sa ruine
■ " -prochaine y & ^«'aprés qu'ils s'en furent
retirez, la tempeste causée par les Bar
bares, & prédite par les Prophètes, romba
fur cette grande ville. Un /savant Inter-
prête de l''Apocalypse , imprimé tres-mal -à
proposfous le nom de Saint Ambroise parmi
les œuvres de ce Père j mais qui écrivoit con
stamment auseptième siécle , comme il pa
rois: par les circonstances des Histoires qu'il
rapporte de son temps , dit clairement que la
In cap. Prostituée du XVII. de VApocalypse ,
XVII. assisesur les eaux , est Rome matstrejfe des
peuples j que les dix Rois du mesme Chapi
tre , qui doivent détruire la Prostituée , sont
les Perses & les Sarrazins , qui de son
temps avoient subjugué l'Asie, les Van
dales, les Gots , les Lombards , les Bour
guignons , les Francs , les Huns , les
Alains, & les Suéves , qui ont détruit
l'Empire Romain , & qui en ont dévo
ré les chairs , c'est-à-dire , les richesses &
Dans les Provinces ; ce qu'il explique dans un
j"c"k IC' détail que nous rapporterons ailleurs. Le Pe-
XV II. re Labbe a remarqué que ce Commentaire
1 1. & estoit attribué par quelques-uns à Bé-
íìiiv. renqaude : en effet , il s'en trouve plu-
Labb. de r > i ■
Script. fieHrs exemplatres , & un entre autres
tres
PRETA C E.
tres-entter dans la Bibliothèque Royale , Eecl. ia
fous lekom de Bérengaude, homme tres- Am'5ro^
versé dans les sciences Ecclésiastiques :
comme il paroisten effet- parson livre. Qui
efioit ce Bérengaude , les fçavans Bénédic
tins qui travaillentfur Saint Ambroise nous
le diront bientost.
C'est donc une tradition constante parmi W//.
les Pères dés l'origine du Christianisme , que fff
lu Babylone dont Saint Jean prédit la chu- prote(ians
U, eftoit Rome conquérante (fr fin Empi- eflrrmtr-
re j drpar là eflrenverfé de fonds- en corn- Jétle f0^
bletout le fyftème Protestant , puis qu'on y
cherche la- chute, non , à l'éxemple des Pe- choses
res > d*u*grand Empire , d'une Rome y'0»™''*
maistreffede l'universparfis viEloires, mais ^àne.
d'une Romemife k la teftedes Eglises Chre-
ftiennes par la Chaire de Saint Pierre. Et
s'ilfalloit comparer les deux idées,fans mef-
rae avoir aucun égard au mérite des défen
seurs de l'une & de l'autre , il n'y a per
sonne qui ne préf/rast celle des Pères à celle
des Protestans , puis que les Pères ont trou
vépar tout dans l'Apocalypse les caractères
d'un Empirerenverfi', &■ que lesProteftans
n'y ont pu encore trouver la moindre mar
que d'une Eglise corrompue.
Pour marquer une faujfe Eglise , il
awcit fallu opposer a la Jérusalem sainte
& bienheureuse dont Saint Jean afait un
fi
1+ P R E' F A C E.
sibeau tableau, me Jérusalemréprouvie\
il attraitfallu du moins choisir me Samarìe
autrefois dans l'aliancede Dieu, & ensui
te dans Vidolatrìe & dans leschisme. Mate
cet Rostre choisit au contraire une Baby
lone , une ville toute profane qui n'avait
jamais connu Dieu , jamais n'avoit ffte
dansson aiiance. Il n'y remarque autre cho
se quesa domination , ses idolâtries , ses cru-
autez, , & fa chute ; & dans fa chute on ne
voit rien qui ressente le débris d'une Eglise .--
mais ony voit tout ce qui marque le débris
d'une ville opulente. S'il est ordonné d'en
sortir , c'est comme on sort d'une ville qui va
estre renversée , par la crainte de se trouver
tnvelopé dansses ruines , ou , tout auplus «
comme onfort d'une ville corrompue & vo
luptueuse dont il faut éviter les mauvais
éxemples. C'est fous ce titre & en cettefor
me que Saint Jean nous fait paroistre Ro
me: il n'a donc aucuns veúè d'une Eglise^
il ne regarde qu'une ville dominante & ido
lâtre « qui tyrannise les Saints pour les con
traindre à embrassersa religion , & à ado
rer ses Dieux ses Empereurs.
Dira- 1- on que comme VEmpire spirituel
de Jésus- Christ aestéfigurédans les Prophé
ties fous la figure d'un Empire temporel , il
en adeâ estre de me/me de cét Empire spi
rituel Anttçhrestien dont on veut placer le
P R E' F A C E. if
Jtége a Rome ? Erreur & ìlluston : car on
montre dam les Prophètes cent traits manife
stes de fEmpirespirituel de Jésus- Christ ; il
faudroit donc nous montrer dans la Babylo
ne de FApocalypse du moins unseul trait de
cét Empirespirituel Antichrestien qu'on luy ■
veut donner.
Mais au contraire , toutes les idées de .
Saint Jean marquent une ville purement
profane , & qui n'a jamais rien eú desaint;
car outre que Babylone est visiblement de ce
caractère , il marque en un autre endroit la
grande ville ou les Saintsfont persécutez. ,
où leur Seigneur a esté crucifié. Mais
cette grande ville persécutrice des Saints est
peut-eftre Jérusalem , selon les Ministres,
k cause qu'on dtt que c'est la ville ou Jésus-
Christ a esté mis en Croix ? Non , ils ont
bien veú que cela nese pouvoit dire. Jamais, Acc. r.
dit le Ministre Jurieu, Jérusalem n'est p.eh.IV.
appellée la grande Cité lans ajouter la P" S1*
sainte Cité : & pour dire quelque chose de
plusfort, la grande Cité est par tout dans Ibid.
PApocalypse l'Empire Romain , comme ce
Mimstre l'avoûë. Quant à la grande Cité,
dit-il , où Jesus-Christa esté crucifié,
c'est l'Empire Romain dans lequel le
Sauveur du monde a esté crucifié fous Pi
late , ejr avec un égal concours des Jutfs &
des Romains. Telle estott la grande Cité qui
* * a
%6 P R E1 F A C E.
a crucifié Jesus-Christ enfit personne, &
qui continuoit a le crucifier dam fies ,mem
bres. La voilà cette, grande Cité tant répétée,
dans fapocalypse , & tant defois représen-
tèe fiouslenom de Babylone. Et comment
. Saint "Jean l'appelle-t-il encore dans ce lan
gage mystique & spirituel de PApocalypse ,
Apoc. U ne Sodome, une Egypte? un peuple
i*3 '/ibid tar co>tfi^f*í"t ?** n'eûtjamais, rien de com-
p. 60. mun avec ^ peuple de Dieu. ... - ; ~. .s • .. \
IX. Mais les Ministres nous disent que la Pro
fit1 , (lìtuée de l'Apocalypse est u»e épouse infidèle,
Bel^tpo- Ay&ut donnésasey a Dieu comme k un
calypse légitime époux , s*est abandonné* à set
n est pas amans. Le Ministre que nousvenons de ci-
uLtutn' terfi**'*** utttsensée par m<principegéné-
'une église ra^ ' tn remary,"íut <j*t k Saint Esprit ne
corrom- nommejamais lessociété** payennes du nom
puâ, com- d'adultérés , parce que n'ayant jamais don-
mehsMi- ng ieur fey a j)ieu , elles ne l'ónt par consé'
préien- quent jamais violée , d ou tl conclut que la
dent. Babylone de l'Apocalypse n'est pas une Rome
Jur.ac- payenne qui n'a rien promis a Dieu, mais
i°part' me R-ome Chrefiienne , quiparfiesprostitu-
ch. VIII. fions à manqué à lafoy donnée $ en un mot
p. no. une Egltfie corroyipuè' , à qui au/st on repro-
in. 178. che , comme lesoutient ce Ministre t l'adul*
íbid ch r<^re ^ l'infidulité conjugale. D'abord ,
XV. p. {'adm-.ts leprincipefihns héjiter : car enco-
1 5■ re que toute la nature humaine ait donnéfa
h
P R E' F A C E. ■ i7
foj a Dieu dansson origine , & que s'estant
prostituée au démon er à Vidolâtrie, on
fOHVoit en un certain sens l'appeller une
adultère & une épouse infidèle , il faut
avouer de bonnefoy qu'àpeine trouvera-t-on
dans l'Ecriture un éxemple d'une locution
pareille. Et c'est austì ce qui confond les
Ministres , puis qu'au lieu que pour sou
tenir leur explicationi ils ont estéobligez, à
dire que Saint Jean attribuéa la Prostituée
le crime d'adultéré & l'infidélité conjuga
les c'est diréclement tout le contraire. Car
cesaint jípoflre a bien pris garde de ne pas
nommer la Prostituée dont il parle , une
adultère , uatyQ&itc , ptoi^ethí^ec , mais
unefemme publique : & fi on me veutper
mettre unefeule fois ces noms odieux, une
paillarde , une prostituée , ^-óovtjç. Et ce
n'estpas unefois seulement qu'il a parlé de
cettesorte: Vien , dtt-il, je te tnontre-
rayla condamnation de lá grande Prosti
tuée , wî'pjyf, Jìpoc- xvij. i. avec la
quelle , poursuit-il f. x. les Rois de la
terre se sont souillez, t-mpMvmv ,avcc la
quelle ils ont commis la fornication, &
non pas avec laquelle ils ont commis un adul
tère. Et encore : Elle a enyvré les habi-
tans de la terre du vin de fa fornication, &
non pas deson adultère : ce que l'ylpofire
# # x rèféte
1% P R E' F A C E.
rtpéte fi souvent , (fr sans jamais varier ,
qu 'on voit btenqu'U y frend garde , car il
te répéte an~fr. 4. au 'f.^.au^.\^.&
au~f. 16. d» mejhte chapitre , & encore au
• "fr. 3. & au "P. y. du chapitrestivant, &
deuxfois dans le ^. du chapitre XIX.
Dieu, dit il , a jugé la grande Pro
stituée 1 la grande paillarde, wípitivt qui
a corrompu la terre par ses paillardises)
par ses fornications ,fansjamais avoir em
ployé le mot d'adultéré , tant il estait atten
tifa éviter Ctdée d'une épouse infidèle. Aussi
ne voit-on jamais qu'il luj reproche fa foy
violée , ni la couche nuptiale feuillée , ni le
mépris deson époux, ni le divorce qu'il a
fait avec elle , comme ont fait un million
Voyez à de fois les anciens Prophètes à Jérusalem
la fin de à Juda , à Israël & à Samarie ; mais
l'Aver6 fild******Iesprofitsuttons , cqmme ils ont
tisse- fa'( a Tyr * Ntnive : O Tyr , dit Isaïe,
ment. on te ■ chantera le cantique de la Prosti-
1!- tuée: prends ta lyre, & chante de belles
"VVTTT
ì ' chansons , de peur qu'on ne se moque
Voyez de toy. N'est-cepas la Prostituée quìatti-
l'expli- re ses amans par fa\douce voix , de peur
""ch" <ìt*^s ne <l*ittcnt .? Et le Prophète con-
xvil. Tyr s'abandonnera de nouveau à
f, i.. tous les Rois de la terre. Qui ne voit
Nah. icy rexpression de Saint Jean ? On en dit
LU. 4. autant de Nwive ; m en dit autant de
Baby.
P R E' F A C E. 19
B ab]loue. II est doncplus clair que le jour, K.
que la Rome de Saint Jean n'est pas une XLVII-
Jérusalem & une épouse infidèle qui fouïl-
le le lit nuptial , mats unefemme publi
que , qui n efl a personne qu'a ceux a qui
elle s'est donnée ; uneNinive , une Tyr,
qui s'abandonne aux Rois flr aux habitans
de la terre ; tfr pour icy réunir toutes les
idées de Saint Jean , une Babylone , une
Sodome , une Egypte , en un mot tout
ce qu'il y * de plus séparé d'avec
Dieu , ór de plus étranger à son ali-
ance.
Après cela je ne voy plus qu'il fiitpermis %
de douter dusujet de la prédiftion de Saint Que la
Jean. Cest constamment L'Empire Romain *
qu'il a eû en veué ; c'est celuy fous lequel y^'ç"Js
on vivoit alors , & fous lequel les fidèles ^htrtc cj
ont tant eû à souffrir. C'est une Rome ** dénoué
conquérante, protétlrice de l 'idolâtrie, &'%'*,,.
r> ■ j c j -i Yi Prophétie
persécutrice des Saints , dont ú a montre [aint
la chute avec des expressions fi terribles &■ jtan.
fi magnifiques. Mais nous la trouvons
cette chute fi bien marquée dans les hi
stoires , qu'il n'y a pas moyen de ne
l'y pas appercevoir. Dire aprés cela
que Saint Jean n'y a pas pensé , &
s'aller imaginer la ruine d'une Eglise
dont il n'y a aucun vestige dans tout son
livre j c'est rejetter le plus feur de tous
** 3 , les
jo P R E' F A C E.
les Interprètes des Prophètes, c'est-à-dire,
Pévénement & Vexpérience ; c'est vouloir
fe tromper foy- me[me , & courir encore
aprés sombre lors qu'on a trouvé le corps.
Mais aprés qu'on a remarqué la chute
effroyable de cette ville persécutrice , &
qu'on a une foissenti le dessein de lajuflice
de Dieu , qui aprés savoir long- temps me-
nacée , long-temps avertie , long- tempssup
portée , s'esta lafin appliqué à punir en el
le son ancien attachement à l'idolâtrie; un
fi grand événement doit servir comme de
clef à toute la Prophétie. Enfin on con-
noist bientofi que ce mémorable événement
est le terme ou aboutit la principale par
tie de la Prophétie de Saint Jean , &
comme la catastrophe de et grand Poème ;
que touty prépare , que tout y mene , com
me au terme ou est accompli ce que Saint
Jean avoit en vtûe , qui estoit PEglise
vengée, Jésus- Christ vainqueur , & fi-
dolatrie abbatué avec le démon & Pempi
re qui le foûtenoit ; que touty *st attaché
par des liens qu'on tafehera de découvrir
dans ce Commentaire a un léiìeur atten
tif; & ainfi que par le rapport du com
mencement de la prédiilion avec lafin , la
plus grande partie de cette prédiction ,
c'est-à- dire, toute la fuite de Papocalyp
se , depuis le chapitre I V. jusqu'au XIX.
a
PREFACE. 31
a receu en un certain sensson entier (fr ma
nifeste accomplissement.
Aufjï a-t-îl esté reconnu par les plus XI.
gravis Théologiens À* ces derniers temps. 11 ç^"rs
me suffit icy de nommer le dotle Génébrard , s^
une des lumières de la Faculté de Paris & protcjlans
de toute l'Eglise de France , qui dans fa î"' regar-
Chronologie , lors qu'il est venu à Fendroit ^ent!
du démembrement de PEmpire , en marque comme ac-
leiutilttezr, en ce que l'idolatrie que les complie.
Empereurs Chrestiens rt'avoient jamais Gcn-
pù déraciner íbt entièrement abolie. . . Chsr°cn'
& ainsi , conclut- il , fut accompli cét an.415.
oracle de l'Apocalypse XVII. les dix
cornes que 'Vous avez, veués font dix Rots
qui détrurrout la Prostituée, &c. Nous
avons qeÁdt nos jours &eaucottp> d?auteurs ,
tant Catholiques que Protestons , & non-
ftulemt>*t àepttis peu , un Pofstnís fçavant
yifuire ,• mais encorè il> n'y 'a pas Beatt-
coupd'annécs unGrotius, un Hammond ,
fans parler des autres , entrer dans cesens ;
& je n*ay jam-iïis douté qu'on n'y entrast
beaucoup davantage fi' ò» i'appliquoit f a
ièur ix*ntpl* » 4 resktrckrtr tés histoires , & s
kdévelàpperíes Mttquifet,.' C^ëst à qrtoy ■ '•'
avoit travaillé- ce saint homme Grégoire
Lopex, , une d*s merveilles de nos jours , • .«
nous voyons dans fa vie tirée des mémoires
du célèbre Louis de>Grenade Qr d?autres
v.-. * # 4. excel-
3i P R E' P A C E.
excellent hommes , qu'il avoirfait Un com
mentaire fur l'Apocalypse fondéfur les hi-
floires ; un commentaire par conséquent , qui
supposait Faccomplissement d'un certainsens
de l Apocalypse.
XI I. Deux choses pourtant semblent s'opposer
Deux rai- k ce deffein. La première , c'est que les
fonde Saints Pères ont pouffé leur veut plus loin,
dtuter. La . ,M , , -s ,
fiemiére. * testeurs ont cru voir dans la Bejte de l'A-
pocalypfe cegrand Antéchrist , dont les au
tres Antéchrists ne dévoient estre qu'une
foible image , & qu'ils ont tous attendu
dans les dernières approches du jugement
universel. Les deux témoins du chapitre
XI. ont paru kplusieurs de cessaints hom
mes Enoch & Elie , qui dévoient venir
consoler l'Eglise dans fa dernière persécu
tion. II semble donc qu'il n'est pas permis
de donner un autre sens k ces deux té
moins & k la beste , ni de chercher une
aut re histoire ; où ces Mystères de l'Apoca
lypsesoient accomplis.
XIII. Adais les moindres novices de la Théo-
Refolution i0„je /çave„t [a résolution dece premier dou-
dupremter ^ " tir ,, ■ -r "> i £~
doute.Sen- te '• caT * » Jtuoit tout reserver a la p»
aman des du monde , & au temps de l 'Antéchrist ,
Docteurs auroit-on permis k tant de fçavans hommes

' be t k Jean Hantenius de Malines , k nos


pofteurs Jojfe Clitou , Génébrard , dr Feu-
ardent
P R Es F A C E. 33
ardent qui loue & qui suit ces graves au- Annot.
teurs, de reconnoistre la Bestc & Peinte- '^y"'
christ dans Mahomet , & autre chose qu'E- c- 5'0>"
noch gr Elie dans les deux témoins de Saint p. 48 6.
Jean ? Auroit-onpermis à Nicolas de Ly- çj'etI*
ra de trouver ces deux témoins dans le Pa- orj j"
pe Saint Silvére > dans Mennas Pa- cap. X I
triarche de Constantinople , & le reste du Apoc.
chapitre XI, de fApocalypse , dans la P" 1 S SS
persécution quesouffrit i'Eglisesous 'Justi
nien & fa femme Théodore , lors qu'ils
voulurent y établir VEutjchianisme ? LíLud. ab
/savant Jésuite Louis d'Alcasar , quia A!c<
fait ungrandcommentaire sur l'Apocalyp- ;n Ap0'c.
se , ou Grotius a pris beaucoup de ses idées , de arg.
la fait voir parfaitement accomplie jus Apoc.
qu'au XX. chapitre, &y trouve les deux "°[jC'10
témoins fans parler d'Elie ni d'Enoch. &jncap.
Quand on luy objééle les Pères & l'auto- xj. 5.
rite de, quelques Docteurs, qui font tropaot,yl'
hardiment des traditions constantes & des
articles de Fpy des conjectures de quelques
Pères , il répond que les autres Dotleursn'y
consentent pas ; que les Pères ont varié fur
tous ces sujets , oufur la plufpart : qu'il n'y
a doncpoint de tradition constante & unifor
me en beaucoup de points , ou des Dofteurs >
mefmes Catholiques ont prétendu en trou^
ver ; en un mot que c'est icy une affaire
non de dogme ni d'autorité , mais de con-
*# y jétlu-
: PRE'F AGE.
jetlur'e : & tout cela est fondéfur la régie
Sess. IV. du Concile de Trente , qui n'établit ni la
Tradition constante , ni Finviolable auto
rité des Saints Pères four Inintelligence de
rEcriture , que dans leur consentement
unanime , & dans les matières delafoy &
des mœurs. . . ><
XI V. £n efcet c m voul0tt nous donner pour
■Qu'Une
fàìtt pas regle -iint0Ht ce 'a. 'r
l*s "ères ont conjecturefur
frendre VApocalypse & fur rAntéchrist , les uns
pourdog- d'unefaçon, & les autres de l'autre , ilfau-
m"c"~ droit en faire un démon incarnéavec queU
coíijeélures f > & avec Saint Hipolite luj-
Ct/m opi- mtfme , aujjì-bien qu'avec rauteur qui
mons des p&steson nom ; il faudroit avec ce dernier
ra'jiir )!' atlteHr ' 1H* ne ^a'ííe Pas Oestre ancien ,
.findu mm- quoy-q» il nesoit pas Saint Hippolyte , faire
■ de. venir à la fin des siécles l'Apostre Saint
™PP* Jean en la compagnie d'Enoch er d'Elte i il
\6 6o faudroit avec d'autres Auteurs y faire aujst
1660. venir Moifè, fousprétexte que le caraítere
p. 11. ''venir
Apoc. en est mieux marqué dans le chapitre XI. de
XI. 6. l'Apocalypse que celuy d'Enoch \ & ce qui
est bienfins considérable , il faudroit faire
venir aprés l Antéchrist le régne de Je-
fts-Christ durant mille ans Jur la terre ,
comme plusieurs anciens douleurs font
pensé.
A cela ilfaut ajouter ce que dit le mef-
^S 'P^Hfg jilcafir avse tous les Théologiens >
qu'une
PRE'F A C E. 35-
qu'une interprétation me/me littérale de plusieurs
P ^pccaljpfe ou des autres Prophéties , peut /ê»> dans
ires bien compatir avec les autres. De forte '1 ^cr'""'e-
h ' ■ •> 1 j ■ C5 o par
que/ans entrer en inquiétude des autorisez. tlCH\ier
qu'on oppose , la réponse k tous ces passages , Aansî^A-
c'ejl premièrement qu'ilfautfçavoir dijiin- pocalypfe.
gtter les conjéflures des Pères d'avec leurs
dogmes , &'leftrsfentimens particuliers d'a
vec lent consentement unanime: c'est qu'a
près qu'on aura trouvé dans leur consente
ment universel ce qui doitpasfer pour con
fiant cequ'ils auront donné pour dog
me certain , on pourra le tenir pour tel par
la feule autoritéde la tradition , [ans qu'il
soit toâjours né-cesfaire de le trouver dans
Saint Jean ; c'est qu'enfin ce qu'on verra
clairement qu'ily faudra trouver ; ne lais
sera pas d'y ejbrt• caché ènfigure, fous unsens
déja accompli , & fous des événemens déja
passe*.,.
Qui ne fçaitque la fécondité infinie de
FEcriture n'est pas toâjours épuisée par un
sens? Ignore- t-on que Jefus-Chrisi & son
Eglisefont prophétisez, dans dès endroits ck
U est clair que Salomon , qu'E&échias ,que
Cjrus,que Zorobabel,que tant d'autresfont
entendus à la lettre ? C'est une vérité qui
n'est contestée , ni par les Catholiques , ni
parles Protestant. Oui ne voit donc qu'il est
tres-posfible detrouvefun sens tres-fuivi dr
# * 6 tres
3^ P R F F A C E.
tres- littéral de l'apocalypse parfaitement
accompli dans le sac de Rome sons Alaric,
fans préjudice de tout autresens qu 'on trou
vera devoir s'accomplir a la fn des sié
cles ? Ce n'est pas dans ce double sens que
je trouve la dtfpculté : s'il y en a dans
/' apocalypse k reconnoistre Enoch dr Elie
Apoc. dans les deux témoins , & VAntéchrist
x 7- dans la Beste qui les doit faire mourir ,
c'est par d'autres raisons ou je ne puis en~
trer icy fans prévenir à contre- temps let
difficultex, que j'auray a expliquer dans
le Commentaire : ceux qui s'en pourront
démefler , aprés les avoir veités en leur
lieu, pourront auffi reconnoistre , s'ils veu
lent , ejr ïAntéchrist dans la Beste , & lef
deux témoins dans Elie er dans Enoch.
Ce sens ne préjudice en aucune forte à ce-
luy que je propose touchant Rome j ç$'
mesme indépendamment des passages de
fApocalypse , il efí certain qu'il sauf re-
(onnoistre un dernier & grand Antéchrist
aux approches du dernier jour. La Tra
dition en est constante , & j'ejpere en dé
montrer la vérité par le piîjfage célèbre
de la 2. aux Theffaloniciens. La venue'
d'Enoch & d'Elie n'est guéres moins cé
lèbre parmi les Pères. Ces deux Saints
n'ont pas esté transportez, pour rien du
milieu des hommes fi extraordinairement
en
P R E' F A C E. 37
en corps & en ame : leur course ne paroist
pas achevée , & on doit croire que Dieu
les réserve a quelque grand ouvrage. La
Tradition des Juifs auffi-bien que celle des
Chrétiens les fait revenir a la fin dessié
cles. Cette Tradition a l'égard d?Enoch
s'ejì conservée dans PEcclésiastique: quefi Eccli.
la leçon du Grec n'est pasfi claire, elle est XLI Y.
suppléée en cét endroit , comme en beau-
coup autres, par celle de la fulgate , dont
ml homme de bon sens, fnfi-il Protestant,
ne méprisera jamais l'autorité ; d'autant
plus que ce ne font pas seulement les Pè
res Latins qui établissent le retour d'E
noch : les Grecs j font aujfi exprés. Pour ç^f'^*'
Elie , il nous est promis en termesformels Aréth. in
par .Malachie dans les approches du grand cap. XI.
& du redoutable jour de Dieu , quipa- ^Poc'. ■
roifl estre le Jugement. VEcclésiastique Mai.IY.
semble auffi Pentendre ainsi ; ejrfi Nostre 4.
Seigneur a attribué ce pajfage de Ma- Eccli.
lachie a Saint fean Baptiste en deux en- 48- IO-
droits de son Evangile , c'est fans exclu-
fion de l autre sens , puis qu'il a mefme dai- ; .
gné Pinsinuer par ces paroles : Et si vous Matt.
voulez le prendre ainsi , c'estluy quiest XI. 14.
Elie qui doit venir; ouilsemble avoir vou
lu laijfer a entendre qu'il y 'avoit beau
coup de myjiére dans ce pajjage , & qu'il
avoit encore un autresens fur lequel il ne
7 VOH-
PRE'FA C E.
vouloit pas s'expliquer d'avantage alors.
Matt. // dit en un antre endroit : li est vray qu*Ei
XVII. lie doit venir; mais je vous dis qu*EIièeíî
Hom1 ^a vert" j * 'k ne Tonr pas connu;
in°Matt! O» Saint Chrysostome demande*, commenì
il est vray tpfii doive venir , & ensemble
qu'ilsoit venu ; ce qu'il n accorde qu'en di
sant qu'il devoit venir deuxsois z laprr-
miére , sous lafigure de Saint Jtan Baplix
fie ; & laseconde , enpersonne' , vers tes
Ibid. & temps du dernier jour; & ilfonde la com-
in Matt. paraifin entre Elie & Saint Jean Baptiste
Hom. u ^ ces deux endroits de t'Evangile , fur.
ìni.ad ut r a ' r* > r
TbelE ce qu ils font tous deux Précurseurs,
Hom. 4. l'un du premier , & Pautre du dernier avé-
Comm. nement. Saint yêrofine rapporte ce* sens
in Matr. comme estant de quelques-uns ; ce qui
cap. XL se^iero#i„smer qK>iln'estoit pas univer
sel: mais enfin il faut estreplus que témérai
repour improuver laTradttton de la venue
d'Enoch & d'Elie h lafindes siécles , puis
qu'elle a esté reconnue de tous , ou de pres-
De Civ. que tous les Pères , & que mesme Saint Au-
X X. 19. gufiin a dit enparticulier Ae celle d'Elie ,
qu'elle estoit tres-célébre dans le discours
& dans les cœurs des fidèles. Ssavoir ficet
te arrivée d'Enoch & d'Elie est comprise au
chapitre XI. de PApocalypse , ousi c'est
seulement icy de cesjens qu'une rencontre
vray -semblable fait accommoder k certains
■ sttjets,
P R E' F A C E. 39
sujets, ni la chose n'est importante , ni aussi
également ajfeúrée ; ohfil 'on veut qu'elle le
soit , cesera toujoursfans préjudicter aux
antres sens que les Dotleurs orthodoxes au.
ront proposez, & a celuy queje propose à leur
exemple. Il faut bien avoir recours à ces
doubles sens au sujet de Malachie, si Ton
y veut reconnoijtrea la fin dessiécles un au
tre accomplissement de la venue d'Elie que
celuy que Jésus- Christ a marqué comme dé-
jafatt. Sur unfi grand éxemple nous pou
vons bien , s 'il est nécessaire , avec lesecours
de la Tradition , gr fans préjudicier à un
dernier accomplissement de l'Apocalypse à
lafijt des siécles , en reconnoiflre un déja
fait qm nelaijsera pas d'estre littéral &trcs-
véritable. Au reste , je ne prétends point
entrer icy dans le détail de cesensfutur : au
tant qu'il meparoift qu'il est possible , au
tant je le regarde comme impénétrable , dt*
moins à mes faibles lumières. L'avenir se
tourne presque toujours bien autrement que
nous nepensons , & lès chojes mesmes que
Dieu en a révélées arrivent en. des maniè
res que nous n'aurions jamais préveúè'f.
Om?qìì ne me demande donc rienfur cét ave
nir. Pottr ce qui ejì de ce sens prochain
& immédiat queje regarde comme accom
pli , on ne peut douter qu'il nefeitutile de le
rechercher» Tout ce qu'on petit découvrir
dans
4» P R E' F A C E.
d/tns la profondeur de rEcriture , perte
-toujours une sensible consolation, & ce
grand événement du chastiment despersé
cuteurs qui se devoit commencer par les
Juifs , & se pouffer jusqu'à la chute de
l'idolatrie Romaine , estant un des plus
grands spéiìacles de la justice de Dieu , est
au(fi un desplus dignes sujets qu'on puìjfeja
mais donner à la préditlion de Saint Jean ,
& a la méditation desfidèles.
XVI. Mais il s*élevé icj unsecond doute : c'est
Résolution qUe ceçen$ ne j-e trouvepas entièrement ex-
tute°- pUqué dans les Saints Pères ; c'est que la
Quejlion , plusgrandepartie de ceux qui ont veútom-
s'il est né- ber Rome ne témoignent pas y avoir yeû
Ce^e'ìa l'accompk(fement de V^Apocalypse •> c'est
Vrofhéties Hu'^semble que ceson amuser le monde que
soient en- de commencer a voirfi tard ce qu'on n'a
tenduês pas veu pendant que nous prétendons qu'il

empli/- Ce doute peut tomber dans fesprit de


sent. deuxfortes depersonnes: je veux dire qu'il
peut tomber dans Vesprit des Protestans , &
dans Pefprit des Catholiques.
Pour ce qui regarde les Protestans, on
leur peut fermer la bouche en un mot j car
ils veulent que l*Antéchrist ait paru , &
que Rome ait commencé d' e» cfire le fiége
dans le temps qu'elle est tombée avec son
Empire, jiprès s'estre long-temps tour
menté
P R E' F A C E. 41
mtntêà fixer le temps de cette chute & de
Va naissance de VAntéchrist , k la fin ils
ftmbltnt venir à l'imaginatitn de Joseph
Méde, qui nepouvant reculer la chute de
Rime au-delà du milieu du cinquiémesié-
tlc , s'est senti obligé par là à donner à
(Antéchrist la mefme époque. C'est donc
dans Saint Léon qu'il a commencé : c'est-
là lesecret que Joseph Méde à découvert ;
c'est eeluy qu'onsoutient en Hollande avec
me confiance qui étonne l'univers ; c'est ce
qui tient en attente tout un peuple cré
dule , qu'il faut toujours amuser de quel
que espérance. Mais fans encore parler
de Fabsurdité de cette étrange pensée >
qui ose mettre le commencement de l'An
téchrist dans un homme aujfi saint & aufst
respeBé de tout le monde Chreftien que
Saint Léon , je me contente maintenant de
demander , qui dans ce temps a connu ,
qui a senti cét accomplissement de la Pro
phétie de Saint Jean ì Quelqu'un s'est-
il apperceú que l'Antéchrist naquit en Saint
Léon , & qu'il continuast àse former dans
Saint Gélafe & dans Sairtt Grégoire , 0»
enfin dans les autres temps ou les Protestans
lefontparoiftreì II ne faut donc pas donner
pottr principe que l'accomplijfement des
Prophéties doive estre apperceú quand il
arrive. . .
C'est
4i P R E' F A C E:
XVll. C'est en effet un principe qu'aucunThéo-
Qgelques logien , ni Protestant , ni Catholique n'aja-
\érite*ex- majs p9sé ^ fr p0Hr expliqtar par les ré-
sùrlesnou- &es aux Catholiques ce qu'il faut croirefur
vellesin- Pinterprétation des Prophéties , favance
terpéta- trois vérités. ~ .-
peutdon-" ^a Prem'*re > fu'ily a des Prophéties qui
net aux regardent lefondement de la Religion cem-
Frophê. me celle de la venue du Messie , de la dif-
perfion des Juifs » & de la conversion des
Gentils. Lesens de ces Prophéties ne peut
pas avoir esté inconnu aux Pères , puis que
ceseroit avoir ignoré un dogme de la Reli
gion, & encore un dogme essentiel & fon
damental, jiinfiilest manifejle , à í'égard
de ces Prophéties , que le sens en peut bien
estre éclairci & perfectionné par la fuite
des temps , mais que lefends, s'en doit trstf-
ver dans les écrits des Saints Pères.- '■
Uneseconde vérité dest pas, moins con
stante ; c'est qu'ily a des Prophéties qui ne rer
, » gardent pas le dogme , mais t''édification , ni
lasubfiance de la Religion r maïs ses accessoi
res. On ne dira pas, par éxempk'cqtíe tout te
épi estprédit dansiez Prophétiestfur'Nïnivt,
sur Tir , sur Babylone ,far Nabucodonofir >
sur Cyrus , fur Aléxandre \sur Anttvchttì\
fur les Perses,fur les Grecs,fur les Romains ,
soit de l'efjence de la Religion. L'explica
tion de ces Prophéties dépend de l'Histoire,
P R E' F A C E. 45
ahtant de la léiìure des auteurs prisants
que de celle dessaints livres. Sur ces su
jets , il efi permis d!aller , peMr ainsipar
ler f à la découverte: personne n'en doute j
& quand on dira que les Pères ou ne s'yfont
sas appliquez, , ou n'ont pas tout veu , au
qu'onpeut mesme aller plus loin qu'ils n'ont
fait ; en cela on manquera d'autant moins
au respect qui leur eft deû , qu'il faudra en -
core avouer de bonnefoy , que ce petit pro
grès que nous pouvonsfaire dans ces pieuses
éruditions eft deû aux lumières qu'ils mus
ont données.^
Delà résulte une troisième vérité , que
s'û arrive aux Orthodoxes , en interprétant
les Prophéties de ce dernier genre , de dire
des choses nstívelles , il ne faut pas s'ima
giner pour cela qu'on puisese donner la mes
me liberté dans les dogmes , car c'eftà l'é-
garddes dogmes que l'Eglise a ttítjourssui
vi cette régie invariable de ne rien dire de
nouveau, & de ne s'écarter jamais du che
min batu.
uiprés avoir posé ces fondemens , & avoir. XVI II.
misa couvert la régie de laFoy contre tou- s,ec.rete,
tes les nouveautés, j'ose avancer une chose fa*du
sur ces Prophéties , que loin qu'il soit du Saint Ej-
dejsein de Dieu qu'elles soient t ohjours par- pritdavs
faite ment entendues dans le temps qu'elles 1
s'accomplirent', au contraire, il cft quel- ^usjVbien
quefois
44 PREFACE.
que dans quefois de son defjïin qu'elles ne lesoient
lapTtmt- pas aiors^ £t afi„ df m'expliquer à fonds
tìon des fi1* cettc m(ltl're » ** mefine Ejprtt qutpre-
Tropké- fide a [inspiration des Prophètes , préside
tíet. aussi a leur interprétation : Dieu les inspire
quand il veut, ©- il ** donne aujsi quand
il veut ["intelligence j les personnes mesmes
en qui s'accomplissent les Prophéties , bien
plus, celles qui en font [accomplissement
e^r [exécution , n'en entendent pas tou
jours le mystère, ni l'œuvre de Dieu en
elles, & fervent, fans y penser, à ses
desseins.
Mats. Lors que yesus envoya quérir par fes
XXI. Disciples fa/ne fur lequel il devoit entrer
dans Jérusalem, lors qu'ils le délièrent, lors
qu'ils l'amenérent , & qu'ils montèrent
leur Maistre fur cét animal , après avoir
étendu leurs habits dessus ; lors qu'ils lesui
virent en triomphe ; & crièrent avec tout
, le peuple & avec les enfans cét admirable
Hosanna qui réjouit tous les cœurs fidèles
quand on le répète , ils accomplijfoient plu
sieurs Prophéties, & entre autres celle de
David celle de Zacharie. En enten
daient-ils le mystères Nullement, dit l"E-
vangélifle. Et ce ne fut pas feulement le
peuple qui ne songea pas a ces Prophé-
Joan. ties ; Les Disciples de Jésus eux-mes-
XII, 1 6. raçs f fa Saint Jean, ne connurent
, PRETACE. 4.5-
point tout cela : mais quand Jésus fut
glorifié , alors ils se ressouvinrent que
ces choses estoient écrites de luy , &
qu'ils Juy avoient fait toutes ces cho
ses. Est-ce que la Prophétie efióit obscuréì
Non , il n'y avoit rien de plus exprés que
une prédtítton de Zacharie ! O fille de
Sion, ton Roy va entrer dans tes murail- ix. 9.
les monté fur un asne. Mais peut-estre
que Us Disciples ne l'avoient pas leûè'ì Ce
n'est pas ce que dit Saint "Jean : car écoutez,
encore unefois ce qu il vient de dire ; Apres Joan.
que Jesusfut glorifié,ils se ressouvinrent XI1, l6'
que ces choses avoient esté écrites de luy.
Remarquez, , ils se ressouvinrent : il ne
dit pas qu'ils Rapprirent de nouveau j de
forte que visiblement la. Prophétie leur
efìoit connue. Qu°y donc ? Ils n'y pen
saient pas : Dieu n'avoit pas encore ouvert
leurs yeux pour l'entendre , ni excité leur
attention pour s'y appliquer: ils l'accom-
plijfoient cependant , car Dieu fè fervoit de
leur ignorance, ou de leur inapplication ,
pour faire voir que son Esprit qui. a inspi
ré les Prophéties en conduit l' exécution ,
& n a besoin ni de la science, ni de l'at-
tentwn , ni enfin en aucune sorte du con
cert des hommes pour mener les prédirions
a leurfin. . ' ^
// ne faut point douter qu'il n en ait esté pro^0Mjf*
4<5 P R E' F A C E.
sagesse de de mesme de beaucoup d'autres Prophéties.
Dieu dam La conduite du Saint Esprit dans les Pr*-
cette dif. phéties est un grand mystère. Dieu ami ex-
fensatm. ^ H^ fa pr9f^ttít
par la fuite du mesme mystère excite aussi
quand tl luj plaist l'esprit de ceux qui les
doivent entendre ; quelquefois mesme une
prédiíhon révélée a un Prophète , selon l:'or
dre de la Providence , a besoin d'un autre
Dan. IX. Prophète pour l'expliquer. Ainsi Daniel »
1''homme de désirs , jeunoit & prioit pour
Jerem. entendre ce que Dieu avoie révélé à Jéré-
X x V. miefur lesseptante ans de la captivité de son
XXIX- peuple. II y a des Prophéties dont il plaist
a Dieu que le sens soit clairement entendu
lors qu'elle s'accomplissent : les Prophètes ,
quand il luyplaist, parlent fans énigmes.
Dans le dessein que Dieu avoit de faire en
tendre a Cyrus qu'il vouloit seservir de luy
pour la délivrance deson peuple , & pour
le rétablissement de son temple , il le fait
Is.XLlV. nommer parson nom à Isaïe plusieurs siécles
x L V. avant la naissance de ce Printe , & ainsi
II Para- donna lieu de commencer son Edit par
lipom. cesparoles : Voicy ce quedic Cyrus. . .
XXXVI. Dieu m'a commandé de rétablir fa maison
í*Êíi*I ^8nS J^ru^a'em- Maisvoyons , s'il en est
' ' ' ainsi de toutes les autres Prophéties , je dis
Dan.VII. mesme des plus expresses. La persécution
VIII. X. d''Anttochus ,-par combien devives couleurs
XL . estait
PRE'FACE. 47
tjtùt-tìlt marquée dans Daniel ? Ony en
voit le temps , la maniéré , les circonflan-
csspArticuite'res , le carailère du. persécu
teur , toute son histoire circonstantiée , son
audace, ses blasphèmes , fa mort. Cepen
dant nous ne lisons pas qu'on ait pensé à la
Prophétie quand elle s'accomplijsoit. Nons
avons deux livres divins , qmifont les deux
livres des Machabées , oh cette persécution
rjr tontesfis circonstancesfont écrites fort au
long. Naus avons l'Histoire de fofephe qui
nous en apprend beaucoup -de particularisez,
mémorables. Nous avons dam Saint Jé-
rofmefitr Daniel des extraits de beaucoup
d'Historiens qui mt écrit de ces temps -là ±
en tout cela il ne pareifipas qu'en ait feule
mentfingéà la Prophétie de Daniel : cepen
dant en appliquait a l'état oùfe treuveit alors
lepeuple juifle Pfeaume LXXV1 II. On j. Mach.
eonnoiffoii Daniel , & on trouve dans les VII. 17-
Machabées deux endroits tirex, de son lìvrti ï; Mach*
., . t ,.a „. .,, . , II. «9.60.
mat s pourJapredurim , on n en parte pas: '
elle n'en est pas moins constante , & ilyadé-
monjîration plus que morale de son vérita
blefins. Bien plus, ç*r les livres des Ma
chabées & ceux de fofephe nous marquent
fi fort en particulier toûs les faits qui laju
stifient , qu'on ne petit point douter de son
intelligence : xependant on ne voit en au
cun endroit qu-'on tournast les jeux de ce
costé-
48 P R E' F A C E.
costé-ía. Mais pourquoy donc, dira-Uon\
ejloient faites ces Prophéties qu'on n enten
dait pas dans le temps qu'on en avoit le
plus de besoin , c'est-à-dire ., lorsqu'elles
s'accompltjfoient ? Ne demandons point de
fourquoy a Dieu : commençons par avouer
un fait constant , & par adorer la secrète
conduite de son Saint Esprit dans la dispen
sation de ses lumières mais aprés l'avoir
adorée , nous verrons bientoft qu'elle a ses
raisons ; & outre celles qui passent nostre
intelligence, en voicy une qui touchera les
enfans de Dieu qui aiment fa sainte paro
le : c'est quependant que les uns accomplis
soient ejr exécutoient cette Prophétie ; pen
dant que les autres écrivoient ce qui s'es-
toit sait pour Vaccomplir, ejr en fâisoient
pour ainsi dire par ce moyen un commen
taire tres- clairsans y penser ; Dieu prépa
rait cette preuve , pour fairesentir dans un
autre temps la divinité de son écriture ;
preuve d'autant plus eonvainetuante , qu'el
le venoìt naturellement , Çf fans qu'on
pufl soupçonner ceux qui la donnoient d'es-
tre entrez, le moins du monde dans ce des
sein. '
g - fols Combien sommes-nous édifiez* tous les J
mèfme ' j0Hrs l°rs Ç*'** méditant Us Prophéties ,
matière. & e>* feuilletant les histoires dés peu
ples dont la destinée y est écrite , nous y
voyons
PRE'F ACE. 49
voyons tant de preuves de U prescience de
J)te»? Cet preuves inartificielles , comme
les afsellent IcsMaistres de U Rhétorique-,
c'est-à-dire , ces prenves qui viennent fans
*rt,& qui résultentsans qu 'on y pense des
tonjontlures des choses , font des effets ad
mirables. Ony voit le doigt de Dieu , on y
adore la profondeur de Ja conduite , on s'y
fortifie dans lafoy deses promejfes : ellesfont
voir dans FEcriture des richesses inépuisa
bles ; elles nous donnent l'idéede finfinité de
Dieu & de cette essence adorable qui peut
jusqu'à l'infini découvrir toujours en elle-
mejme de nouvelles choses aux créatures in
telligentes. C'est une des consolations de
nostre pèlerinage. Nous trouvons dans les
dogmes connus en tout temps la nourriture
nécessaire à nostrefoy , & dans les sens parti
culiers qui se découvrent tous lesjours en
méditant VEcriture, un éxercice utile a
nostre esprit , battrait céleste qui excite no.
stre pieté , & comme un nouvel ajjaison-
nement des vérité* que la Foy nous a dêja
révélées.
Ou n'aura point de peine à croire que XXI.
Dieu nous ait préparé ces chastes délices dans tAftjx*'
PApocalypse deson bien aimé disciple. Ains, J^iU*
sims nous informerfi Von a toujours entendu i^pota-
tous les rapports de ce divin Itvre avec Us lypje w <*
histoires* tant de l'Empire que de l'Eglse, lt^uit
# ^. # ne R"""'

i
$o PRE'FACE.
ne nous lassons point de rechercher ces Com
mentaires que nous avons dit qu'onfait fans
y fenfer des Prophéties , lors qu'on e'crtt na
turellement cr fans en faire le rapport, ce
qui amve dans le monde. .
Jlparoifl affez, clairement que fansfaire
injure a ceux qui ont vécu dans PEglise du*
rant que ces prédtflions s''accompliffotent , on
peut dire qu'ils n'en sentaient pas Vaccom
plissement auffi clairement que nous pouvons
faire maintenant. 11faut pour ainsiparler
efìre tout a fait hors des e've'nemens pour en
bien remarquer toute lafuite. Je m*expli
que. Ceux quifouffroient fousTrajan ejr
fous Marc Aurele , ne voyaient que le com
mencement des plajes de P Eglise j ceux qui
virent tomber Rome fous Alaric , ne
vojoient pas les fuitesfunestes qui pouvaient
faire regarder ce coup commeftfatal a Rome
& k /on Empire. Ceux qui ont vécu du
rant lesfuites de cegrand événement , af
fligez, de leurs maux prèfens , ne réfléchis
saient pas toujours fur les commencemens
d'unJt grand mal ; en un mot ceux dont la,
vie fftott attachée a un endroit de Tévéne
ment, occupez, de la partie ou ils estaient ,
& des peines qu'ils avoient ày endurer , - ne
fongeoient pas à en embrasser l'universalité
dans leurpensée. Quand en eflioût-a-fait
hors de tous ces maux , & qu'on en voit de
vant
P R E' F A C E. ft
vantsesjeux tonte la fuite recueillie dans
les histoires , on estplus en état d'en remar
quer tous les rapports , c'est ajfeúrement
dans ces rapports que consiste l'intelligence
de la Prophétie.
Les Saints Pères tournoient rarement XXII.
kur application de cecostc-là. Dans l'ex-Condu'te
plication de fEcriture ils ne pansaient gué- ^f'j^
res a bout le sens littéral ,Jì ce n'est lors qu'il iisttrpri-
iagijfoit d'établir les dogmes , &- de con-tatumiti
Vaincre les hérétiques. Par tout ailleurs tls Eg'tkrtí »
s'abandonnaient ordinairement au sens me- jf^'J/j'
ral, & ils croyaient avoir atteint le vray /• ^poca-
sens , ou pour mieux dire la vraye intention lypft.
de VEcriture , lors qu'ils la tournoient toute
entière à la doiìrine des mœurs-
Une raison particulière obligeoit les Pères
à de ptus grandes réserves fur le sujet de
l'apocalypse , à cause qu'elle contenoit les
destinées de CEmpire dont il leurfalloitpar- -
ler avec beaucoup de ménagement & de ref-
peíl , pour ne point exposer l'Eglise à la
calomnie deses ennemis. On peut dire pour
ces raisons que cessaints Dotleurs , que rien
ne prejsoit d'enfoncer lesens caché de Fapo
calypse , premièrement n'y pen/oient pas tou
jours , ér enfuite qu'ilsfegardaient bien d'é
crire tout ce qu'ils pen/oient fur une matière
Jì délicate. ,
// est maintenant aisé d'entendre pour-
*#* 1 quoj
P R E» F A C E.
quoy nous ne trouvons pas dans leurs écrits
tout ee que nous remarquons maintenant
fur la chute de t'Empire Romain , & fur
l'accomplissement de PApocalypse : c'est
qu'ils ne voyoientpas toutes lessuites fune-
Hier. Jtes que nous avons vêtus de la vitloired'A-
prooem. [Artc . 0u qu'ils ne disoientpas tout ce qu'ils
VI H woient dans l'espritsur la chiite del'Empi-
eomm. re , de peur qu'il ne semblajl qu'ils augu-
ïa Ezech. rotent mal de la commune patrie j ce qui
£w(ka« paroistpar les manières mystiques & en-
int.Epist. velope'es dont ils parlent de ce triste su-
Aug. jet. - .
XXVI. Jly avoit encore un autre obstacle qui
les empeschoit de voir l'accomplijsement de
Iren. V. ^Apocalypse dans la chute de Rome ; c'est
JL°" , qu'ils ne voulaient pas que l'Empire Ro-
Tertul.
Apol }t mMn eHfta Hne aHtre jr* £ ti j mon-
c"le
Lact. de , a quoy ils efloient portez, par deux
VII. motifs : premièrement , parce que l'un
Hier*" ^* aHtre événement leur paroijfoient liez,
Oroí.lo- en plusieurs endroits de l'Apocalypse ,com-
cis citât, me on le verra en son lieu ; secondement ,
&c> à cause qu*ayant à parler de la ruine de
VI°ifi FEmpire ou ils vivotent , éf dont par
XI. is. conséquent ils dévoient favoriser la durée ,
Sic. Us trouvaient moins odieux & plu* réf.
péclueux , j'ilfalloit que leur patrie pé-
nfl , d'espérer que ce neseroit qu'avec tou-
. íe la nature.
Comme
P R E' F A C E. n
Comme donc ils ne voioient sas que le
monde fuft encore péri , ils n'ofoient dire
que CEmpire Romain fust tombé, ui la
vérité , Saint féro/me qui le vojoit fi
ébranlé , & prest a tomber tout- a-fait Proœm.
du temps d'Alaric & aprésle sac de Rome, L°„*.
crut aujji que le monde alloit périr. L est £zcch.
ainfi qu'il s'en expliquoit dans son Com
mentaire fur Ezéchiel ±& à peu prés dans Epist.
le me/me temps t Le monde, dit-il, s'en îII\a<*
va en ruine , & nos péchez ne tombent
pas. Aiefme avant ce dernier malheur de
Rome , lors qu'il vit le prodigieux mou
vement que les Barbaresfaifoient dans les
Provinces , & le manifeste ébranlement de
tout l'Empire Romain en Occident , il s'é
cria dans une deses Lettres : A quoy est-
ce que je m'arreste? Apres que le vais
seau est brisé , jedispute sur les marchan
dises. On oste celuyqui tenoit (le monde Epist.
fous fa puijfance.) L'Empire Romain tom- XI. ad
be en ruine, & nous ne concevons pas que ^
l'Antechrist va venir ; c'est-à-dire, selon
tous les autres Pères , &selon luy-mefme , le
monde vafinir , puis qu'il n'attendait l"An
téchrist qu'à la fin du monde , comme il
s'en explique toujours , priniipalement fur In Dan.
Daniel ; ce qui luyfait ajoâter dans la mes- J£P* ^.H.
me Lettre : L Antéchrist que le Sei- ' '
gneur Jésus détruira par le sourie de la
* # ■* 3 bouche
5T4 P R E' F A C E.
boiiche va venir. // en voit la défaite avec
la venue , & l'une & l'autre , comme
Saint Paul , avec le jour du Seigneur , qui
sera le dernier de Vunivers : c'est pourquoj
il poursuit ainsi : LeQuide, le Vandale,
leSarmate, lesHalains, lesGépides, les
Hérules, lesSaxons, les Bourguignons,
les Allemans, & , ô malheur déplorable !
(c'est celuj de son pais qu'il déplore ainfi)
nos ennemis les Pannoniens ravagent
tout. Les Gaules ont déja perdu leurs plus
belles villes. A chaque heure les Espagnes
tremblent, fir n'attendent que le moment
de leur perte. Les Romains qui por-
toient la guerre aux extrémitez de la
terre , combatent dans leur Empire : ils
combattent , qui le croiroît ? non
plus pour la gloire, mais pour le salut;
ou plûtost ils ne combatent meíme plus,
& ne songent qu'à racheter leur vie avec
leurs richesses. II est certain qu'il écrit ces
choses un peu avant que Rome eust esté e».
fièrement saccagée , puis qu'il ne parle pas
encore de ce dernier malheur qu'il a depuis
déploré avec tant de larmes j & néan
moins, parce qu'il voit l'Empire ébranléde
tous costez, , il conjéilure que le monde va
finir. IIfait un affreux dénombrement des
peuples qui commencoient a démembrer ce
grand Empire , & il en nemmejusqu'à dix,
comme
P JR. E' F A C E. $• f
comme on a pu voir , peut-e(ire par une se-
crette allusion à ces dix Rois qui dévoient
ravager Rome , selon POracle de VApoca
lypse ■> ce qu'il conclut à lafinparcedemi-
vers: Quid íàlvum est , si Roma périt?
Qu'est-ce qui se sauvera , si Rome périt ?
On voit ajsez, par tous ces passages , que
dans la chute de Rome qu'il voyou fiproche ,
il voyott auffi celle de ^univers , & toutfinir
avec elle. Par une raison contraire , lors
qu'on vit que l'umvers duroit encore , on
crut aussi que Rome n'efioit pas entièrement
abbatue, & qu'elle se relèverait de cette
chute. Maintenant que l''expérience nous a
fait voir que la putffance Romaine efioit
tombéepar le coup qu'Atarie luy donna, qt
cependant que le monde demeurait en son
entier , nous voyons que fi 1''Apocalypse
propofè ensemble ces deux événement t c'a
esté pour d'autres raisons que pour celle 3e
la liaison qu'on s'efioit imaginée entre le Dans
temps de l'un & de l'autre. Ces raisonsse- I'explic.
ront expliquées tres- clairement en leur lieu; yj'J^
(fr il faut nous contenter de prendre des kj.&c.
Pères ce qu'ily a d'essentiel , c'e/ì-à-dire ,
la chute de la puissance Romaine marquée
dans l'Apocalypse , laissant a part ^innocente
erreur qui leur faisoit présumer que cette
chute n'arriverait qu'avec celle de l'univers.
IIfaut encore avouer que les Saints Pe-
#** 4. res
f6 P R E' F A C E.
res dont les regards estoient ordinairement
attachez, a la fin des fiécles j fongeoient
fins a ce dernier sens que nous avons dit
qu'ils croioient que PApocalypse auroit
alors ; & pleins de cette pensée , ils paf.
soient aisément pardejjus tout ce qui esttit
entre deux , puis que quelque grand qu'il
pufl eftre , ce n'estoit rien a comparatfon
des approches du grand jour de Dieu , & de
cette derniere & inévitable conclusion de
toutes les affaires du monde.
XXIIL Cependant il e(í aiséd'entendre que cette
S« />»* admirable Prophétie a eâ/on utilité mesme
^ffezen- ^anS temps B* kft** avoit pas esté
tendu de Ji clairement dévelopé : ear, par éxemple ,
l'csipeca- n est ce pas une ajjez. grande consolation
tntìrJrde **X fi^eS ttrftcHtex. que de sentir mes-
grandes me ett géntral dans VApocalypse la sor-
Htilite*. ce qui devoit estre inspirée aux Saints
ûfartyrs , & de découvrir avec tant de
magnificence , non seulement leur gloire
suture dans le Ciel , mais encore le triom
phe qui leur estoit préparé fur la terre ?
Ouel mépris dévoient concevoir les Chre-
ftiens de la puiffance tyrannique qui les
opprimoit , lors qu'ils en voyaient la gloire
effacée , & la chute fi . bien marquée
dans les Oracles divins ? Mais de plus ,
je ne veux pas ajseúrer que Dieu n'en ait
pas fait sentir davantage a qui il luy
aura
(PRE'F ACE. f7
auraplû, & selon le degré qu'il luj aura
plû: ilpouvoit partagerses consolations &
ses lumières de plus enplus jusqu'à finfini ,
& dans le moindre degré des connoijfan-
ces qu'U pouvoit donner , un cœur af
famé , pour ainsi parler , de ses vérité*.
&desa parole , trouvoit toujours de quoj
se nourrir.
II pourroit donc bien estre arrivé à
quelqu'un de ceux qui gémijsoient en se
cret des maux de l'Egltse , d'en avoir trou
vé lemystère révélé dans l''Apocalypse ; &
tout ce que je veux dire, c'est qu'il rìifloit
pas nécessaire que ces gousts & ces senti-
mens particuliers vinssent à la connotjfan-
ce dessiécles futurs , parce qu'ils ne fai-
foient aucune partie du dogme de VEglise ,
ni de ces vérité*, célestes qut doivent tou
jours paroifire fur le chandelier pour éclai
rer la maison de Dieu,
C'ejipar la mefme raison qu'il ne s'est XXIV.
conservé dans l Eglise aucune évidente Outres
Tradition du secret dont Saint Paul écrit
à ceux de Theffalonìque : car encore que les qUesfo
Saints Pères nous ayent dit d'un commun rsaitupe,
accord que ce passage s'entend du dernier àont ilne
Antéchrist , comme l'appelle Saint Augu-
stin , c'est- à-dire , dans son langage 0- cme Tra-
dans celuy de tous les Pères , de l'Ante- iit'nn.
christ qui viendra à lafin du monde, & dans Thtss.
*#* S les '
?8 PRE'FACE.
Aug. de les dernières approches du Jugement uni-
Cj v. Dci verfei j Us ne marchent qu'à taflons dans
' l'explication du détail de la Prophétie : mar
que ajfeíirée que la Tradition n'en avoit rie»
laijfé de certain.
Quand on voudroit imaginer avec Grs-
tius , que la prédiction de Saint PauVentiè
rement accompliefans qu'ily ait rien à en at
tendre à la fin dessiécles , il demeurera toû •
jours pour certain que le secret dont parle
Saint Paul , encore qu'il l'euft expliqué de
vive voix aux Thejsaloniciens , & quepar
là ils deujfent entendre ce quilvouloit dire
lorsqu'il leur en écrivoit à demi-mot com
me à des gens induits d'ailleurs, efl de-
meuréinconnu , & qu'il ne s'en est conservé
aucune Tradition constante dans les E-
glises.
XXV. II en est de mesmede PApocalypse ; &
&ïe ce que p0Hr e„ ej}re convaincu , il ne faut qu'en-
tréníe'sur tea^re ^a'nt Irénée sur ce nom mystérieux
certains dont les lettres dévoient composer le nombre
myíiéret de 666. car dans la recherche qu'il fait de
del'^sifw- ce mm t iom proposèr une Tradition qui
luyejl te- i venue jufqu aluj de matn en main , il
nu fur au ne propose que ses conjétlures particulières,
cme Tra- Aprés avoir rapportétrois noms au]quels ce
dition. nombre convient , il trouve des çonvenan-
Iren.
Y ^0 Iib. .
cespour deux de, ces noms : pour celtiy
, de,
Laceinos ■ à cause que c'eftoiint les Latins
qui
P R E' F A C E. y9
qui ttneient alors VEmpire ; & pour celuy
ieTeitan, a cause que c'estoitun nom de
tyran & un nom £idole. Mais apre's tout
tl conclut, qu'on n'en peutrienaffeûrer;
& que si Saint Jean avoit voulu que la
connoissance en fust donnée au temps
proche du sien » il s'en seroic expliqué
plus clairement. // reconnoist donc en
termes formels que le saint Apostre n\en
avoit rien dit, ou qu'il n'en reftoit aucune
mémoire deson temps, quoy qu'tly euft à
peine quatre-vingts ou cent ans entre le
temps de Saint Jean & celuy oh il vi~
voie. . .
Saint Hippolyte fuit les conjécìures de Hippol.
Saint Irénée ; & aprés avoir rapporté les Gud.p.
mesmes»oms, il se tient aussi , comme luj,7*'H'
& pour la mesme raison , k celuy de La-
teinos. Aiais en mesme temps il témoigne
que la chose estfort douteuse , & que nous
ne devons pas nous y trop arrefter , mais
garder avec grande crainte dans nostfe
cœur le mystère de Dieu , & les choses
qui font prédites par les Prophètes , as-
seúrezi que celuy dont ils ont voulu parler
scroit déclaré en son temps.
Cefi ainsi que les plus anciens Auteurs
ont parlé de ce nom caché dans £Apocalyp
se. On n'en fcaitpas d'avantage de la plus-
part des autres mystères de la Prophétie':
<o PRE'FA C E.
d'ou il faut conclure qu'on se tourmente'
roit en vain de chercher hj une Tradition
confiante 5 c'est une affaire de recherche
& de conjecture ; c'est par les histoires ,
c'estpar le rapport & lafuite des événe-
mens, c'est en un mot en trouvant un sens
suivi & complet qu'on peut s'ajseúrer d'a
voir expliqué & déchifré, pour ainsi par'
Itr , ce divin livre. Or comme ce déchifre-
ment r?appartient point a la Foy , Usepeut
faire que le dénouement t'en trouveplûtost
au plus tard , ou en tout ou enpartie , selon
les raisons qu'il y aura de s'appltquer plus
tu moins , & en un temps p lûtost qu'en
un autre , a cette recherche , &■ auffise
lon les secours qu'ilplaira k Dieu de nous
fournir.
XXVI. Ce qui peut faire espérer d'avancer pré-
Haifons stnttment dans l'intelligence de cegrand se-
Vpérer ' e>eft^â raison particulière qu'on a de
ftui que t'y appliquer. Uapocalypse est profanéepar
jamais d'indignes interprétations , qui font trou-
daTrT Vcrí,-Antec^rili dans les Saints, l'erreur
ttìLènct dms l"*r àoilrine, l'idolâtrie dans leur
ietcjifo- culte. On se joûè de ce divin livrepour nour-
talypse rir la haine , & amuser les frivoles ef-
UHat- f^runcet t^Htt Peuph crédule & prévenu :
thues fo>a " "''J* Pas de iémtr *HíKret **»
de ce saint tel opprobre de l'Eglise & de l'Ecritu-
Uvrc re- re • u faut venger les outrages dt la Chai-
comutdans re
P R E' F A C E. 61
re de Saisit Pierre dont on ventfaire lesiège laseâe
du Royaume Antichrétien ■ mais le veu- míme-
ger dune maniéré digne de Dieu , en re
fondant des lumières capables de conver
tirses ennemis , ou de les confondre.
L'ouvrage est commencé , & far une
disposition particulière de la providence de
Dieu, il est commencépar les Protestons. II
s'est trouvé dans leur communion des gens
d'assez, bonsens , pour estre las & indignez,
des contes qu'on j débitait fur PApoca
lypse ; d'un Antéchrist qui défend contre
toutes les hérésies le mystère de Jefus-
Chrift , qui Padore de tout son cœur , & qui
apprend a mettre son espérance dans son
sang j d'une idolâtrie où non seulement ou
reconnoift leseul Dieu qui de rien afait le
Ciel er la terre , mais encore où toutse ter
mine à le servir seul ; du mystère écrit
sur la tiare du Pape, & du caractè
re de la beste établi dans Pimpression de la
croix, lit ont eu honte de voir introduire
ees vains fantofmes dans les admirables vi
sions de Saint Jean , & ils leur ont don
né un sens plus convenable dans la dis.
persion des Juifs , dans Phisteire des com
bats de PEglise , dr dans la chute de Rome
précipitée avec tousfis Dieux dr toute son
idolâtrie. C'ejìGrotius & Hammonddont
je veux parler , gtns d'un scavoir connu ,
». ■ *#* 7 '**


-,
6í P R E' F A C E.
d'unjugement exquis , & d'une bonne foy
digne de louange. Je ne mefuis pas mis en
foin de chercher les autres Protestant quifont
entrez, dans cette opinion , & je diray feule-
ment que c'est Bullinger le successeur de
Zuingle qui en a l'un des premiers apporte'
les preuves: car encore que, selon les pré-
jugez, defaselle, il ait fait tout ce qu'il a
pu pour trouver PAntéchrist dans le Pape ,
& Babylone dans PEglise Romaine ; il a st
bien etabli lesens qui rapporte ces choses à
1''ancienne Rome idolâtre , qu'tlnefaut que
fes seuls principes pourfe déterminer à sui
vre cesens.
Grotius quiparoist en beaucoup d''endroits
avoir profité de ses remarques , auroit eû
un meilleursuccès fans une erreur de Chro
nologie ou il est tombé. Au lieu de prendre
Iren. lib. de Saint Irénée auteur presque contempo-
V. jo. rain de Saint Jean& des autres anciens
11 I i18 auteurs' lavraye datede l'Apocalypfe-que
tous les fçavans anciens & modernes ont
suivie , il leur a préféré Saint Epiphane ,
quoy-qu'il soitseul dam sonsentiment , &
qu'il ne rappuyé d'aucune preuve : joint
encore que fa négligence , en mattére de
Chronologie , n'est ignorée de personne. Ainsi
pour avoir mal daté ce divin Uvre , comme
Dans on le verra en son lieu tres- clairement , &
l'eiplic. avoir mis fous Claudius Vèxil de Saint
; • * Jean>
P R E* F A C E. 63
Jean, qui constamment n'est arrivé ni in ch. I.
long- temps aprés vers la fi» de Domitien ;
/«7 ^ cíwa: i^wí l'ont suivi , «0» feulement
ontfait prédire « Saint Jean des choses paf.
fées, t est- à dire , ce qui estoit arrivéfous
Néron , fous ^espafien , & dans les corn,
mencemens de Domitien luj-mefme , mais
encore ils ont brouillétout Pordre de la Pro
phétie ; ce qui néanmoins n'empefche pas
qu'ils n'ajent donné d'excellentes veûes pour
la bien entendre. Le Père Pofstnes auiaba-
ftifur leplan de Grotius , & qui en a suivi
la Chronologie , n a pas latffe d'éclaircir
beaucoup la matière , & on doit tafeher
maintenant d'amenerpeu à peu la chose à fit
perfection.
Nostre fiécleest plein de lumière ; les hi
stoiresfont déterréesplus que jamais', les
sources de la vérité/ont découvertes ; leseul
ouvrage de Laitance, des morts des per
sécuteurs , que PEglise vient de recouvrer,
nous apprend plus les caractères de ces Prin
ces que navoientfait jufqnicy toutes les hi
stoires: le besoin pressant de sEglise (fr des
ames que l'on séduit par de trompeuses in
terprétations de PApocalypse , demande
qu'on s'applique à la mieux entendre. Dans
ce befotn , & avec de tels secours , on doit
espérer quelque chose : c'ejlen un mot le
motif de cèt ouvrage; er s'il se trouve des
gens
tf4 P R E' F A C E.
gensajfez, humbles pour vouloir bienprofiter
démon travail tel quel, commesaytafihé
de profiter de celuj des autres , j'osepresque
mepromettre , & Dieu veuille bénir mes
vœux, qu'on avancera dans laconnoiffa»-
ce dusecret de ce divin livre.
Quoj qu'il en soit , il est toujours bon
de proposer ses pensées : une explication
vraj-femblable d'une Prophétiefi pleine de
mystères ne laijse pas defixer l'imagination ,
de réaliser , pour ainsi dire , le sujet des
visions montrées a Saint Jean beaucoup
mieux que nepeuventfaire des pensées con
fuses & vagues , & d'ouvrir Tentrée dans
Inintelligence des merveilles quifont décou
vertes a ce grand Apoftre. Ainfi , aprés
«voir veú le travail des antres , rjr leurs
fautes aussi- bien que les endroits ou ils ont
heureusement rencontré , je tasche de pro
poser avec une meilleure date , des événe
ment plusparticuliers > des caraBères plus
marque** , une fuite plus manifeste , dr
deplussoigneuses observationsfur les liaisons
que Saint Jean luy mefme , pour diriger
les esprits, a voulu donner à fa Prophétie. •
Sije réussis, du moins enpartie, a la bon
ne heure , Dieu ensoit loué a jamais ;sinon,
j'auray du moins gagné fur les Proteflans
qui nous débitent leurs songes fi mal suivis
avec une affeûrancesi étonnante , j'aftray ,
dis-je , ^
P R E' F A C E. tff
dis-je, gagne'fur eux , qu'Avec un enchaif-
nementplus clair dans les choses, des con
venancesfins justes , des principes plus as.
feúrez, & despreuves plus concluantes ; ou
peut encore avouer qu'on est demeuré fort
au dessous dusecret divin , & encore atten
dre humblement uneplus claire manifesta
tion de la lumière céleste.
Attriste , quoj- qu'il paroijfe affez, inu
tile de demander de l"attention ason léileur,
car qui ne/fait que fans attention les dis
cours vtefme les plus clairs n'entrent pas
dans l'esprit ? néanmoins , en cette occasion,
dans la révélation de tant de mystères , &
dans la considération d'une fi longue fuite
d'' histoire , je me sens obligéde dire qu'on a
befbin d'une attention particulière , fans
quoy mes explications , mes réflexions , mes
récapitulations en un mot tout ce que je
faispoursoulager mon létleurseroit inutile.
Qu?ilse rende donc attentif non pas tant
k ma parole qu'à Pordre des jugemens de
Dieu que je tafche de luy représenter aprés
Saint Jean. J'espère qu'il verra la lumière
croistre toujours visiblement devant luy , &
qu'il aura le plaisir de ceux qui voyageant
dans une nuit obscure , s'apperçoivent qu'in
sensiblement les ténèbres diminuent , &
que l'aurore naissante leur promet le jour
prochain.
Réflé-
66 P R E' F A C E.

Réflexion importante sur la


doctrine de ce livre.

XXyll. TyOurcequi regarde U doctrine de ce di-


gKí/j«« J. viH Uvre , elle est la mesme sans doute
^wll^doc- *iHe ^es aHtres Uvres sacrez, ; mais nous
trine de avons a y remarquer en particulier les vi~
l't^ipoca- ritex, que nous y voyonsparticulièrement ex-

^nent fur le Nousy voyons avant toutes choses le mi-


mìnijlére nijlére des Anges ; on les voit aller fans cesse
des tAn- ciel à la terre , & de la terré au ciel ;
^á'Or*- fofwtent* ils interprètent , ils exécutent
gìIUt les ordres de Dieu & les ordres pour le sa
lut comme les ordres pour le chastìment ,
puis qu'ils impriment la marque salutaire
sur le front des Eleûs de Dieu Apoc. vj. 3.
fuis qu'ils atterrent le dragon qui vouloir
engloutir TEglise , xi j. j.puis qu'ils offrent
fur i'autel d'or , qui est Jésus- Christ , les
parfums , qui font les prières des Saints ,
viij. 3 . Tout cela n'est autre chose que I'éxé-
tution de ce qui est dit , Que les Angessont
Esprits administrateurs envoyez pour le
ministère de nostre salut , Heb. I. 14.
Tous les anciens ont crû dés les premiers
siécles que les Anges s'entremettaient dans
toutes les citions de VEglise : ils ont recon-
Ter- nu Hn Ange qui présidait au Baptême, un
dc •dnge
P R E' F A C E. 67
Ange qui intervenois dans Vablation , & Bapt.
laportoit fur i'Autelsublime , qui est Je-
Jus- Christ ; un Ange qu'on appelloitl*An
ge de rÒraison , quipréfcntoit à Dieu les dc
vaux des fidèles : & tout cela estfondé 0rMI*«
principalement fur le chapitre viij, de l''A-
pocaljpfe , où en verra clairement la né
cessité de reconnoistre ce ministère Angé
lique
Les Anciens estaient si touche*, de ce Jar- ac*
ministére des Anges , qu'Origene , rangé
avec raison par les Ministres au ntmbre pr0ph.
des Théologiens les plussublimes , invoque p. 3 33.
publiquement & directement PAnge du j
Baptême , <2r /«^ recommande un vieillard la £. '
f«» devenir enfant en J efus- Christ zcch.
par ce Sacrement : témoignage de la doc
trine du troisième siécle , que les vaines
critiques du Ministre Datllé ne nous pour
rontjamais ravir.
II ne faut point hésiter a reconnoistre
Saint Michel pour défenseur de PEglise,
comme il Vestait de l 'ancien peuple , âpres
le témoignage de Saint Jean Apoc xij. 7.
censorme a celttj de Daniel , X. 13. 11.
xij. 1. Les Protestans , qui par une gros
sière imagination crojent toujours oster à
Dieu tout ce qu'ils donnent à fes Saints
& k ses Anges dans raccomplissement .
de ses ouvrages , veulent que Saint Michel Du
yj<fMoul.
6% P R E' F A C E.
acc. des soit dans fApocalypse Jésus- Christ mtjme
1™$/°* '* Prince d" -Anges i & apparemment
XII. y. dans Daniel le Verbe conceû éternellement
7.p. 1 7 j . dans le sein de Dieft : mais neprendront-ils
fc,78- jamais le droit esprit de VEcriture? Ne
Dan.X. <voyent-ils pas que Daniel nous parle d»
• ***10' Prince des Grecs , du Prince des Perses ,
c'est-à-dire , fans difficulté , des Anges
qui président par Vordre de Dieu a ces na
tions , & que Saint Michel est appelle dans
le mesme sens le Prince de la Synagogue ,
ou f comme l'Archange Saint Gabriel l'cx~
Ibid. ti.pUqueà Daniel, Michel vostre Prince?
Et ailleurs plus expressément: Michel un
grand Prince, quiest établi pour les en-
Fans de vostre peuple. Et que nous dit
Saint Gabriel de cegrand Prince ì Michel,
dit-il, un des premiers Princes. Est-ce le
Verbe de Dieu , égal ason Père , le Créa
teur de tous les Anges , & le Souverain de
tous ces Princes , qui est feulement un des
premiers d?entre- eux ? e/?- ce- là un carac
tère digne du Fils de Dieu ? Que si le
Michel de Daniel n'est qu'un Ange , ce-
luj de Saint Jean qui visiblement efl le mes
me dont Daniel a parlé , ne peut pas estre
autre chose. Si le dragon & ses anges
combatent contre PEglifi , il nj a point
k s'étonner que Saint Michel dr ses
Anges la défendent , Apoc. xij. 7. Si
P R E' F A C E. 69
le dragon prévois Favenir* dr redouble ses
efforts contre l'Eglise lors qu'W voit qu'il
luy reste peu de temps pour la combatre ,
là-mesme ix. pourquoy les Satnts Anges
ne ferotent-ils pas éclairez, à1une lumière
divine pour prévoir les tentations qui fout
préparées aux Saints , dr les prévenir par
leurssecours} Quand je voy dans les Pro
phètes , dans íApocalypse , & dans VE- Dan. X.
vangile mefme ct't Ange des Perses , cét An- 1 5 •
ge des Grecs , cét Ange des Juifs ; FAnge tl' '
des petits enfans qui enprcnd la défense de- jvíatrh.
vant Dieu contre ceux qui les scandalisent ; XVIII.
PAnge des eaux , PAnge du feu , dr ID*
Ainsi des autres : ejr quand je voy parmi y£vv\ 1.
tous ces Anges celujqui met fur l'autel le XVI. 5.
céleste encens des prières ; je reconnois dans Ibid.
ces paroles une efpece de médiation des
Saints Angts ; je voy mefme le fonde
ment qui peut avoir donné occasion aux
Payens de distribuer leurs divinisez, dans
les èlémens dr dans les royaumes pour y
présider , car toute erreur est fondée sur
quelque vérité dont on abuse. Mais à
Dieu ne plai/e que je voye rien, dans tou
tes ces expressions de PEcriture , qui
blejfe la médiation de Jésus - Christ
que tous les Esprits célestes reconnais
sent comme leur Seigneur , ou qui
tienne des erreurs payennes , puis qu'il
3
7o PRE'FACE.
j a une différence infinie entre reconmistre
comme les P'ayens un Dten dont l'atlion ne
puijfe s*étendre a tout , ou qui Ait besoin
d'iftresoulagépar desjubalternes a la ma
niéré des Rois de la terre dont la puissance efi
bornée & un Dieu qui faisant tout , (fr
pouvant tout , honoreses créatures , en les
associant , quand il luy platft , & a la manié
ré qu'il luy platst t àson atlton.
XXVM. Je voy aufft dans í'Apocalypse , non-seu-
Crande lemcnt une grandegloire , mats encore unt
WsÇûnttsirm^eìmSlìtnce dans les Saints. Car Je-
âmes aflò- fus- Christ les metfur son trône ; & comme
ciétsk jt- il est dit de luj dans l'Apocalypse , confor-
fa-Chrifl- mémeut a la doftrine du Ps.II. qu'il gou-
Patsart
Saint De-de vernera .les nations
. r j C ;
avec u n lceptrederer
tys d'csi- luy-mefme, dans lemtfme livre , il ap-
iéxandrie. pUque lemefme Pfeaume & lemefme ver-
XIX 15 ft* *fi* Saints , en affeúrant qu'en cela,
Pí. 1 1. 9 . '1 leur donne ce qu'il a receû de son Pe«
Apoe. re. Ce qui montre que non-feulement ils
Ibi<L firont aìfls avec I*) dans le Jugement der-
' nier , mais encore que dés àprésent il les as
socie aux Jugemens qu'il éxerce , efr c'est
aufjìen cette maniéré qu'on l'entendait dés
les premiers fiécles de l'Eglise , puis que
Saint Denys d'Aléxandrie qui fut une des
lumières du troisième , l'explique ainsi en
Eus. V I. termesformels par ces paroles : Les divins
4*«, Martyrs sont maintenant aflesseurs de Je-
íus
PRE'FAC E. 71
fus- Christ f & associez à son Royaume;
ils participent à les Jugemens , & ils ju
gent avec luy ; oh il ne faut pas traduire ,
tomme ont fait quelques-uns , qu'ils ju
geront avec luy , cum illo judicaturi ,
mais quWs jugent , au temps présent,
trvvhitcitpvTtç ; d'où ce grand homme con
clut: Les Martyrs ont receû nos frères
tombez ; caflèrons-nous leur sentence ,
& nousrendrons-nous leurs Juges?
Et on ne doutera pas que Saint Denys
n'ait tres- bien pris l'esprit de Saint Jean ,
fi on confidére ces paroles de t'Apocalypse
xx. 4. Je vis les ames de ceux qui
avoient esté décapitez pour le témoigna
ge de Jésus, & des trônes, & le juge
ment leur fut donné. C'est a ces ames
séparées des corps , qui n'avoient encore eû «• -
part qu'à la première réíurréction , que
nous verrons n'estre autre chose que lagloi
re oh seront les Saints avec Jefus-Lhrist
avant le Jugement dernier j c'est, dis-je,
a ces amessaintes que le Jugement est dan~
né. Les Saints jugent donc le monde en
cét état ; encét état ils règnent avec Jé
sus- Christ, & ils font associer kson Em
pire.
Origene , en interprétant ce passage du XXIX.
chapitre xx. de í'Apocalypse , à écrit ces Puiflànce
mots : Comme ceux qui servoient à ,í Sa'*u
*■ 11. autel1 Martyrs.
J
yz PRE'FACE.
*fifaf l'autel seloa h loy de Moïse , íèmbloient
à Ofigt- donner ja rémission des péchez par le
Orig.ex- &ng des taureaux & des boucs : ainsi
bon. ad lésâmes de ceux qui ont esté décollez
™artT- pour le témoignage de Jésus, ne font pas
' eJjjt assises inutilement à l'autel céleste , &
Basi. an! y administrent la rémission des péchez à
ï*74> ceux qui y font leur prière. Par ou ce
grand homme entreprend de prouver que
de mefme que le Baptême de Sang de
Jésus- Christ a esté l'expiation du mon
de, ainsi en est-il du Baptême du mar
tyre oar lequel plusieurs íbnt guéris &
purifiez : d'où il conclut qu'onpeut dire en
Ibid. quelque façon , que de mefme que nous
p. ní. avons esté rachetez par le Sang précieux
de Jésus , quélques-uns seront rachetez
par le Sang précieux des Martyrs iàns
lòuffrir eux-meímes le martyre. Voilà
ce qu'écrit unfi grand Auteur du troisième
siécle de FEglise. L 'ouvrage d'ouest tiréle
pajsage qu'on vient de voir a esté imprimé à
Bastepar lesfoins d'un Dotìeur Protestant.
Hom. X. Origene enseigne la mefme chose sur les
uiNum. Nombres, & il)'prouve par cét endroit de
VApocalypse , que lessaints Martyrs pré
sens devant Dieu & à son autel céleste , y ,
font une fontìion du Sacerdoce en expiant
nos pèches. Que les Ministres pèsent les
paroles de ce grand homme , ejr qu'ils ap-
pren~
P R E' F A C E. 73
prennent à ne prendrepas au criminel des ex
pressions dans le fonds aufft véritables que
fortes : pourveu qu'on les entenae avec la
modération dont le crieux Doduel Prote- Dod.
stant Anglais a donné rexemple, en mon- D»1T.
trant qu'on peut étendre, tn un tres-bon yif/^,
sens, fur les membres de Jefus-Christ , /«i.&fcq.
prérogatives du Chef.
On demandera peut-estre comment les XXX
saintes ames font associées au grand ouvrage }ífrcace
de Jésus- Christ , cr aux Jugimens quiludcf
exerce fur la terre. Mais Saint Jean nous Saints,
enseigne que c'est par leurs prières , puis
qu'il ueusfait ouïr lous l'autel , qui est Je-
fus-Christ, les ames des Saints qui prient
Dieu de venger leur sang répandu , c'est-
a- dire , de punir les persécuteurs , 0 de
mettrefin auxsouffrances de l'Eglise, A poc.
vj. 10. A quey on leur répond, qu'il saur
qu'elles attendent encore un peu , 1 1 .
te qui montre qu'ellesfont éxaucées , mais
en leur temps. Et c'est pourquoj au chapitre
viij. f. lors que la vengeance commence ,
c'est ensuite de la prière des Saints , tant
de ceux quifont dans le ciel que de ceux qui
font encorefur la terre-
Le mefme passage de l'Apocalypse , en XXXL
nous apprenant ce que demandent les amesfyeuf™
saintespour VEglise , nous fait voir auffin0lprcaux
que fétat defoufrance & d'oppreffìon où ames fat».
#*#^
7+ V.P R^'FACE. *
tes la eo». ellese trouver ne Ifotr eji pas inconnu » com-
dmtem il me nos £feres errons ont voulu Te Vimaqiner '
tient fur , ■* . ^ l j Á-
son Église. m ^eS mettatlt ** nombre des morts qut ne,
Apoc. sçavent rien de ce quise fassesur la terre ; &
XI Y. 4. au contratre le Saint Esprit nous fait voir
que non.seulement elles voyent l'e'tat pré
sent de PEglise , mais encore que Dieu leur
découvre trois importanssecrets defis Jtt-
gemens j lepremier , que la vengeance eji
différée, en leur disant , Attendez le se
cond , que le delay esl court > puis qu'on
leur dit, Attendez un peu; le troisième
contient la raison de te delay clairement ex
pliquée dans ces paroles, Jusqu'à ce que
le nombre de vos freres soit accompli.
XXXII. Comme Dieu leurfait connoijlre quand
Çlue ce qui jj diffèrefa juste vengeance , il leur apprend
"álns'l'E- a>*JJlejuafld>l Céxerce ; & delà vient cette
glije est k votxala défatte de fatan & de ses anges
matière O cieux , réjoûïíkz-vous, & vous qui y
des habitez,*/) . 1 1. Et encore un autre cantique
^ameslien- desamessatntes: Qui rre vous craindra, ô
heureuses. Seigneur , & qui ne glorifiera vostre nom ,
car vpusseul estes saint, & touteslesna-
tions viendront, & se prosterneront en
• vostre présence , parce que vos Juge-
mens se lont manifestez ? XV \. Et en
fin une autre voix aarejjée aux Saints a ta
phute de la grande Babylone : O ciel» ré-
joûiilTez-.vpus, & vqus Sautts Apostres,
P R E' F A C E: jf
8r vous Saints Prophètes , parce que
Dieu J'a jugée pour les attentats qu'elle
avoit commis contre vous , xviij. 20. ois
Usfaimes ames font invitées a prendre part
à lajustice que Dieu avoit faite de leur
sang, & à lagloire qu'il e» reçoit. Etpour
montrer que Finvitationfaite en ce lieu aux
ames saintes de prendre part aux Juge-
mens que Dieu exerce efi efseílive , on la
voit toji apre'ssuivie des acclamations & des
cantiques de tous les Saints fur ces terribles
Jugemens. Tout retentit de l'Alleluya ,
c'est- a. dire , de l'aElion de grâces qu'on en
rend k Dieu dans le Ciel, xtx. ì .z. 3. 4,.
Par ou ilparòist qu'une desplus grandes oc
cupations des Citoyens du ciel , est de louer
Dieu dans la manifestation de fie 5**5"
mens , & dans V'accomplissement des secrets
qu'il a révélez, àjes Prophètes.
Cette parole qu'on vient d'entendre , xxxni.
adressée aux saintes ames dans VApocalypse, Contima-
a la chute de Babylone , RejouiHez-vous umatiérc.
ô Saints Apostres , & vous Saints Pro- passage de
phétes, mefaitsouvenir d'une imitation de Saint Hip-
cettevoix dans Saint Hippolyte , lors qu'en î°bSe-
rapportant les Oracles du Saint Esprit pro
noncez,par Isaïe & les autres saints Pro
phètes , il leur parle en cetteforte : Parois- Hipp.
fez , ô bienheureux Isaïe ! dites- nette- Gu«L P-
ment ce que vous avei prophétisé sur la se^'
#*#% 2 gran-
7<f PREFACE,
grande Babylone. Vòusavez aussi parlé
rie Jéruíàlem, 8c tour ce que vous en avez
dit s'est accompli. Et aprés avoir recite ce
qu'il en a dit : Quoy donc , continue ce
saint Evesque martyr , tout cela ne e'est-
il pas fait comme vous l'avez prédit ? n'en
voit-on pas le manifesteaccomplissement?
Vous estes mort dans le monde , ô saint
Prophète! mais vous vivez avec Jesus-
Christ. Y a r-il donc parmi voqs autres
bienheureux Esprits quelqu'un qui me
soit plus cher que vous? Puis aprés avoir
allégué le témoignage de 'Jérèmie & de
Daniel, ilparle ainsi à ce dernier : O Da
niel, jevousloûe au dessus de tous les
autres .< mais Saint Jean ne nous a pas
•••«»pé non plus que vous. Saintes ames,
par combien de bouches, par combien de
langues vousglorificray.je, ou plûtostlé
Verbe qui a parlé par vous ? vous estes
morts avec Jesus-Chiist, mais vous vivez
auffiavecluy;écoutez,8créjoûïssez-vous,
voilà que toutes ies choses que vous avez
préditessont accomplies clans leur temps ,
car c'est aprés les avoir veûësque vous
les avez annoncées à toutes les généra
tions. Vous avez esté appeliez Prophè
tes, afin de pouvoir sauver tous les hom
mes, caronest alors vraiment Prophète,
lors qu'aprés avoir publié les choses futu
res »
P R E' F A C É. 77
res » on les fait voir arrivées comme on les
a dites. Vous avez esté les disciples d'un
bon rnaistre. C'est avec raison que je
vous parle comme estant vivans , car
vous avez déja dans le ciel la couronne
dévie & d'incorruptibilité qui nous y est
réservée. Parlez-moy , ô bienheureux
Daniel ! confirmez-moy la vérité , &
rempliflez-moyde vos lumières, je vous
en conjure. Vous avez prophétisé sur la
lionne qui estoit en Babylone. . . Ré*
joûïflèz-vous, & saint Prophète ! vous
ne vous estes point trompé , & tout ce
que vous en avez dit a eû font effet.
Voilà ce que dit Saint Hippolyte , le vraj
Hippolyte, cesaint Evesque & Martyr du
commencement du troisièmesiécle. C'est ainsi,
qu'a limitation de Saint Jean , il invite
lessaints Prophètes àse rèjouir de l'accom
plissement de leurs Prophéties: de quelque
forte qu'on tourne les paroles qu'il leur
adresse à l'éxempte de Saint Jean , le moins
qu'ony puise voir , c'est selon que nous a
montréle mesme Apostre , que les Prophé"
tes ressentent ce quisepasse dans l'univers en
éxecution des Oracles qu'ils ont prononcez, j
& ce saint Martyr ne leur répéte si sou
vent qu'ils font vivans avec Jésus- Chrift »
qu'afin de nous faire entendre ce qu'ils
voyent dansfa lumière , & que et n'est pas
**** 3 <»
. 78 PRE' FA C E.
en vain qu'on les invite a la joye , à cause
d'un si manifeste accomplissement de leurs
Prophéties.
Que s'il en est ainsi des Prophètes, ilfaut
i . Cor. conclure que ce qu'a dit Saint Paul , que les
XIII. 8. Prophéties s'évanouissent*» siéclefutur r
se doit entendre d'une manière plus haute
qu'on ne lepensepeut- estre aupremier abord:
car encore que les Prophéties dans ce qu'el
les ont d'obscur & d'envelopé se dissipent à<
Vapparition manifeste de la lumière éternel
le, elles demeurent , quant aufonds ,
se trouventplus éminemment dans la vision
bienheureuse ou tous les dons font renfer
mez,. LaProphétie en ce sens convient k
tous ceux qui voyent Dteu : c'est pourquoj
nous venons devoir dans Saint yeau, que
ce n'est pas seulement les Prophètes & les
uípostres quise réjouissent dans le Ciel des
Jugemens que Dieu exerce , mais que c'est
' aussi avec eux tous les bienheureux Esprits ,
parce que dans cette éternelle union qu'ils ont
en Dieu , ils ont tous le mesmesujet de joye.
Ils voyent tout,parce qu'ils ont a louer Die»
de tout. Nous avons veû qu'ils le louent
des ouvrages defa Justice ; ils ne célèbrent
pas moins ceux de fa miséricorde , puis
que Jésus- Christ nous apprend que la con
version d'un pécheur fait une feste dans U
Ciel, Luc. xv. 7. Et toutes lesvoyes da
PRE'F ACÍ.' 79
Dieu n'estant que miséricorde & justi- Ps.
ce , avoir a le louer fur l'éxercice de cet XXIY.
deux grands attributs , c'est avoir à le10'
louer dans tous ses ouvrages ; ce qui dé
montre que l'Etat des ames saintes est fi
éloigné de l'ignorance qu'on leur attribue
de ce qui se pajse sur la terre , qu'au con- "
traire la connotfsance de ce qui s'y pajse, en
faisant lesujet de leur joye & de leurs lou
anges , fait aussi unepartie de leur félicités
de forte qu'en les invitant , comme nous fai
sons , àprendre part à nos misères & k nos
consolations , c'est entrer dans les desseins de
Diett , & nous conformer à ce qu'il nous a
révélé de leur état.
Pour achever d'expliquer les difficultez, xxxir.
générales qui regardent l'Apocalypse , on ^c ™
poitrroit proposer cette question : Si les y,R0Ht en,
visions célestes qui font envoyées à Saint voyées à
Jean par le ministère des Anges , se sont Saintjean.
faites par forme d'apparition & en luypré- fëj
sentant des objets vijìbles ; oust c'a esté ffír/"J.
feulement en luy formant dans l'esprit des rituxen
images de la nature de celles qui parois (et*e «**■
sent dans les songes prophétiques & dans 'UtfJLnfc
les extases. Et premièrement , il efi con- celte pré-
fiant que dans toute fa Révélation Saint f*ce.
Jean ne nous donne aucune idée de ces di
vins songes que Dieu envoyé dans le fim- .
meil , tels que Daniel les remarque dansfa
ta PRE'F ACE.
Prophétie lors qu'il dit, qu'il vit un son
ge , qu'il vit en sa vision pendant la nuit ,
& autres choses semblables , Dan. V 1 1.
i . ^ . Saint Jean ne dit jamais rien de tel ;
au contraire , il paroist toujours comme un
homme a la vérité ravi en esprit , ainsi
qu'il parle Apoc.I. 10. IV. x.XVII.
3. XXI. 10. mais qui veille ; a qui on
ordonne d'écrire ce qu'il entend ; qui est
prest à écrire , ou qui écrit en effet ce qui
luy paroist a mesure que l'esprit qui agit en
luy le luj présente > ibid.I. 11. 19. II. 1.
&c. X. 4. X 1 X. 9. // semble mesme en
certains endroits que sessens estoientfrapez,
de quelques objets , comme lors qu'il dit :
Un grand prodige apparut dans le Ciel.
Et encore'. Je vis un grand prodige dans
le Ciel. Et enfin : Je voulois écrire cc que
venoient de prononcer les sept tonner
res , ibid. X. 3 . 4. XII. \.Xf.\. &c.
On pourroit encore demander ce qtt$
veulent dire ces mots de Saint Jean ,
J'ay esté ravi en esprit; fi c'est qu'un es
prit envoyé de Dieu l'enlevafi , & letrans-
portast ou Dieu vouloit , comme il paroi(t
souvent dans Ezéchiel 1 1. 2.. III. iz.
VI II. 3. XI. ì.&c. oust c'estseulement,
comme il semble plus naturel , que son es
prit ravi en extase voit ce qu'il plaist à
Dieu de l*J montrer : & enetcas.; s'il est
P R E' F A C E. %i
ravi de cette sorte dans le corps , ou i.Cor.
hors du corps , comme tarie Saint XIL
M.
A/ai/ le plus fèúr en ces matières est de
- résoudre humblement qu'on ne le fçaìt
pas , & qu'il estpeu important de le sça-
voir : car pourveú qu'on [cache que c'est
Dieu qui parle , qu'importe de sçavoir
comment , & par quel mojen , puis que
mefme ceux qu'il honore de ces célestes
visions ne le fçavent pas toujours : Je
sç ay un homme , dit Saint Paul , qui a ibid.
esté ravi au troisième Ciel -r mais si ç'a
esté dans le corps » je ne le íçay pas ;
ou si ç'a esté hors du corps , je ne le
íçay pas : Dieu le fçait. Et encore : Je
íçay que cét homme a esté ravi jusqu'au
Paradis ; je ne íçay si c'est dans le corps r
ou hors du corps: Dieu le íçaic. Vojex,
combien de fois , & avec quelle force ,
un fi grand jipoflre nous déclare qu'il ne
fçavoit pas ce qui se pajfoit en son propre
esprit , tant il estoit possédé de l'Esprit de
Dieu , & ravi hors de luj-mesme dans
cette extase. Quefi Dieufait dans ses ser
viteurs ce qu'eux-mefines nefçavent pas ,
quifommes-nous pour dire que nous le sça-
vons ? Disons donc icj de Saint Jean ce que
Saint Paul disoitde luy-mesme : Je sçay
que le Saint Esprit l'a ravi d'une maniéré
admira-^
8x PRE-FAC E.'
admirablepour luy découvrir lesficrets du
Ciel: de quelle forte il Ta ravi > je ne le
sçay pas : Dieu le sç-út ; H >»e suffit
de profiter de ses lumières. Mais après ces
réflexions que nous avons faites en général
fur PApocalypse , il est temps de ventr avec
crainte & humilité à ^explication particu
lière des mjftéres que contient ce, divin
livre. i
LAPOCALYPSE
O U
RE'VE'LATION.
DE SAINT JEAN
A P O S T R E.

CHAPITRE L
Le titre de ce divin Livre : le salut & Va-
dresse de la prophétie aux sept Eglises d'Asie : l'ap-
parition deJesus-Chriji auteur de la Prophétie , O"Jej
paroles à Saint Jean.
A révélation de Jesus-Christ , que Cr.
Dieuluy a donnée pour découvrira
íes serviteurs les choies qui doivent
arriver bientost : Et il la faitcon-
noistrc > en cuyoyant son Ange à
Jean son serviteur.
A *•
2. L'APOCALYPSE.
Gr. t .Qui a rendu témoignage â la parole de Dieu,
& de tout ce qu'il a veû dcJeíus-Christ.
a & ceux 5. Heureux celuy , qui lit a & écoute les paroles
guitcm- de cette Prophétie , & garde les choses qui y font
îwfaí écrites: car le temps estproche.
* 4. Jean aux sept Eglises qui sont en Asie: La gra-
« ce & la paix soient avec vous , de lapatt de celuy qui
» , V* est , qui estoit , & b qui doit venir : & de la part des
sept esprits , qui sont devant son Trône :
5. Et de la part de leíùs-Chríst qui est le témoin
fidèle i le premier né d'entre les morts , & le Prince
* «wjf,» des Rois de la terre 0 ; qui nous a aimez, & nous
?!" """" * a lavez de nos péchez dans son sang :
^ J£it q, ■"Ç. 'Et íiousâfaitS d le Royaume & les Sacrifica-
Sacri/ìca- tcurs de Dieu & de son Pere : á luy soit la gloire &
tftrs l'empire dans les siécles des siécles. Amen.
7. II viendra fur les nuées , & tout oeil le verra ,
& mefmeceuxquil'ontpercé. Et toutes les Tribus
de la terre se Saperont la poitrine en lc voyant : cer
tainement. Amén.
X. Je fuis l'Alpha& l'Omega, leeommence-
c comme ment & la fin, dit le Seigneur Dieu, qui est, quf
mm estoit , & qui doit venir , fe Tout-puislant.
f j'y esté 9 • Moy Jean vostre frère qui ay part e à la tribu-
nU^ui lation , & au règne & à la patience de Jefus-
g à Jtsxs- Christ ;.f j'ayesté dans l'Iste nommée Patmos,
Christ. pour la parole de Dieu & pour le témoignage que
h jefrit j'ay rendu à Jésus g.
àrìomi ia' UnjòurdeDirrta'iTchejefusíavreneíprit, &
te'r'e- j'entendis derrière moy une Voix éclatante comme
mer & le une trompette :
dernier n. Qui disoit h : Ecris danS- un livre ce que tu
p" ••• vois i , ScTenvoyc aux sept Eglises qui íonten Asie,
i&etnoye àEphesc,à Smyrne, à Pergame, àThyatire, á
Sardes ' à Philadelphie , & à Laodicée. *
( lept 'n'y IJ-- Jemetournay pour voir quelle estoit la voix
estpus. ) qái me parloit. Et en mesine temps je vis sept chan-
(d'ern'y delicrs d'or.
fst(n.) j j. Et au milieu des sept chandeliérs d'èr , qu cl-
qu'u»
CHAPITRE L î
qu'un qui reflèmbloit au Fils de l'homme , vestu Cr.
d'une longue robe , & ceint fur les mamelles d'une
ceinture <for.
14. Sateste&íès cheveux estoient blancs com
me de la laine blanche & comme de la neige ; & ses
yeux paroissoient comme une flamme de (eu :
ij. Ses pieds estoient semblables à l'airain fin
k quand il est dans une fournaise ardente ; & là voix upê>tìirt\
c'galoit le bruit des grandes eaux. d,ftH
1 6. 11 avoit sept étoiles en fa main droite : de fa cmmt
bouche sortoit une épée à deux tranchans 1 ; & son "k""""
visage estoit aussi lumineux que le Soleil dans í»^^*'
17. Dés que je le vis , jetombay à ses pieds
comme mort : mais il mit la main droite fur moy ,
m en diïànt : Ne crains point , je fuis le premier ■ **
& le dernier:
18. Celuyquivis: j'ay esté mort, mais je fui»
vivant dans les siécles des siécles n & j'ay les clefs de n ^mmì
la mort & de l'enfer.
-1 9 . Ecris donc les choses que tu as veûës , celles
qui sont , & celles qui doivent arriver en fuite.
10. Voicy le mystère des sept écoilles que tu as
veûës dans ma main droite , & des sept chandeliers
d'or. Les sept étoiles , sont les sept Anges des sept
Eglises; & les sept chandeliers 0 sont les sept Eglises. 0 y8í ^
as vt&i,
REMAROVES GE'NE RALES
fur tout le Livre : les fondions pro-
phe'tiques divisées en trois : les trois
parties de ce livre : les Ayertijfemens :
les Pre'diftions : les Promejjes.

LEs Prophètes 6ht trois fonctions principales : ils


instruisent le peuple , & reprennent ses mau-
-vaises moeurs : ils luy prédisent l'avenir : ils le
consolent >& le fortifient par des promesses : voilà
• Ai ks
4 L* A P O C À L Y P S E,
lestrojs choses qu'on voit .dans toutes lesprophc'-
ries. Saint Jean les accomplit toutes trois : il avertit
les Eglises au chapitre i i. & i i i. II pre'ditl 'ave
nir depuis le chapitre i v. jusqu'au xx. Enfin il
çromet la félicité au siécle avenir , & en fait la des
cription dans les chapitres xxi. & xxii. Ainsi
nous diviíerons ce divin livre en trois parties , dont
la première contiendra les avertilTemens ; la fécon
de , les pre'dictions ; & la troisième , les consolations
& les promesses. II faut néanmoins observer que
ces trois choses sont répandues dans toutl'ouvra-
ge , encore que chacune d'elles ait ses chapitres qui
su y sont particulièrement consacrez íelon Tordre
qu'on vient de marquer..
EXPLICATION

révélation en François.
De Saint Jean ^boàre : Lé Grec l'appelle icy le
Théologien, qui est le titre ordinaire que les saints
Docteurs de l'Eglise d'Orient donnent à cét Apo-
stre,á cauíe de la sublimité de la doctrine de son
évangile , où plus que dans tous les autres & dés le
commencement est proposée la Théologie ii la
naissance éternelle de Jésus Chtiít.
i. LarévéUtiondeJejusChrifl: Onvoit icyquc
Jesus-Christestle véritable auteur ds cette prophé
tie , íèlon qu'il est remarqué prés. n. i. C'est donc
icy la prophétie jde Jesus-Christ mesme j çe qui
don;ie beaucoup de dignité à ce livre.
Que Dieu luyja donnée : A Jeíus Christ , qui en
effet parle & ordonne presque par tout: quiappa-
roist à Saint Jean, & luy parle dés le commencement
de ce chapitre "fi. 1 5 . & qui dit encore á la fin du li
vre : Moy Je[us j'ay envoyémon tA"gepour vous rendre
J2*/ do'rvfnt arriver bientojl : C'est çe que Saint
Jca*
CHAPITRE I. 5
Jean répéte souvent comme éans-ce chapitre ^. 5.
ùà i\ dit : Le temps efì proche : & encore plus ex-
preíTérnent xx i j. 10. Nefcttíe point les paroles de la
-prophétie de ce livre , car le temps efl proche : au lieu
qu':l est dit à Daniel , viij. 16. xij. 4. 9. [celle la
prophétie , car le temps efl éloigné : par où le Saint
Esprit nous fait entendre que si les choses qu'il révé-
loit à Daniel dévoient arriver long temps apre's ,
il n'en estait pas ainsi' de celles qu'il réve'le icy à
Saint Jean. Nous verrons en éfret que cesaint Apo-
stre prédit la fuite des événemens qui alloient com
mencer à paroiilce incontinent aprés luy.
En envoyantson ^Ange : C'est jçsiis-Chriít qui en
voyé l' Ange à Saint Jean pour luy annoncer l'avenir.
Ainsi Jésus- Christ est le Prophète : l'Ange est son
interprète , & le porteur de ses ordres á Saint Jean ;
& Saint Jean est l'écrivainsacré choisi pour rccetíil-
fir cette prophétie , & l'envoyer aux Eglises.
i. Qui a rendu témoignage à laparole de Dieu : Par
la pre'dication comme les autres Apostres , car il
n'avoit point encore écrit son évangile.
De tout ce qu'ilaveu : C'est l'ordinaire de Saint
Jean d'avertir toujours qu'il écrit de Jeftis- Christ
ce qu'il en a veâ.. Nous avons veûfa gloire , Joan. j.
14. Et encore : Cfluy qui ta veù en a rendu témoigna
ges Ibid. x ix. 5j. & dans la 1. Epître ; Ce que
nous ayons veù de nosyeux , ce que nous avons considé
ré attentivement , ÇT que nous avons touché de nos
mains , touchant la parole de vie , c'est ce que nous
yous annonçons, I. Joan. j. 1. Saint Jean íè désigne
donc dans son Apocalypse par son caractère le plus
ordinaire , afin qu'on ne doute pas qu'il ne soit l 'au
teur de cette Prophétie.
5. Heureux celuy qui lit .... On ne pouvoitrieu
dire de plus fort pour concilier l'attention & atta
cher le Chrétien a la lecture de ce livre où il trouve- -
ra en effet de sensibles consolations.
Et garde les choses quiy font écrites : Principalement
contre l'idolatrie.
A 3 Ctt
6 f APOCALYPSE.
Car le temps est proche : Le temps de la tentation &
des grandes persécutions va arriver , & il est temps
que les Eglises s'y préparent;
4. La trace & la paix soit avec vous. C'est une
maniéré de saluer tres familière aux Hébreux :
mais d'une force particulière parmi les fidèles , par
ce que la vraye grâce & la vraye paix leur est donnée
par Jelus- Christ.
De la part de celuy qui est: Gr. kwrîsiut- dont
le nom est , celuy qui efl : Exod. i i j. 14. & Saint
Jean ajoute, qui estoit, & qui doit venir: pour spé
cifier davantage toutes les différences des temps.
Qui eftoit : c'est la marque de l'éternité qui n'a pas
de commencement , où quelque temps qu'on mar
que, il estoit: c'est ainsi qu'est désignée l'éternité
du Verbe : au commencement le Verbe estoit : Joan. j.
1 . où si l'on diíbit , qu'il a esté, il íembleroit qu'il
jne fust plus. Qui doitvenir : Gr. qui vient : pour
marquer que C'est bientost. Ainsi la Samaritaine :
le Christ vient : Joan. 1 v. 15. c'est-à-dire, il va
venir. Saint Jean ne dit point , quifera , mais qui
nient; car il n'y a de futur en E>ieu que par rapport
à ses œuvres.
De lapart dessept esprits : Les Interprètes & les
Pères mesmes sont partagez fur ce passage : quel
ques-uns entendent le Saint Esprit , par rapport à
ce qui est écrit dans Isaie : xj. z. L'efprit au Sei
gneur . .. l'esprit desagesse'., d'entendement , &c. od
le Sajnt Esprit un dans íà substance , est cemme
multiplié en sept , à cause qu'il se distribue par sept
dons principaux. D'autres entendent sept Anges
qui sont représentez comme les premiers : Tob.
x ij. 15. par rapport aux sept principaux Seigneurs
du Royaume de Perse , Esth. j. 14. Et on volt dans
ee livre cy-mesme : Les sept lampes brûlantes . . .
quifont les sept esprits de Dieu i v. 5 . Lessept cornes &
lesseptyeux de í'^Agneau , quisont encore lesfèpt esprits
de Dieu envoyezpar toute la terre, v. 6. plus & expres
sément : les/epttsfngcsquisont devant Dieu. vii;. z.
Ea
CHAPITRE I. 7
En faveurde la prcmicre interprétation , On dit
qu'il est malaisé d'entendre que sept Anges soient
lessept cornes , c'est-à-dire la force ; & lesseptyeux ,
c'est- à dire la lumière de l'Agnpau : au lieu qu'en
parlant du Saint Esprit par rapport à ses íept dons ,
toutscmble mieux convenir, & on entend tres-bien
que ces sept esprits , c'est-à-dire ces sept dons , sont
envoyez par l'Agneau dans toute la terre , parce que
c'est par Jesus-Christ que les dons du Saint Esprit
sont répandus.
II y a pourtant icy un grand inconvénient. Car
outre que c'est fans e'xemple qu'on personnifie en
cette sorte les dons de Dieu , en saluant de leur part
comme d'une personne distincte les fidèles & les
Eglises: on voit encore que ces sept esprits sont mis
icy devant le throne de Dieu, i v. 4. & qu'ils sont
comme.sept lampes brûlantes devant le trône de Dieu.
iv. 5. Or ii convient auSaint Esprit d'estre dans le
trône ,& non pas devant le trône , comme un sim
ple ornement du temple de Dieu. Et on pourroit
dire que les sept Anges sont les cornes & les yeux de
l'Agneau, au mesinesens que les Magistrats prin
cipaux sont fes yeux du Prince & les inftrumens de
là puissance , ce qui mesme convient à des Anges
plutôst qu'au Saint Esprit égal au fils.
On a pû voir dans la réflexion aprés la préface ,
cequeSaint Jean nous a enseigné de lagrandc part
qu'ont les Anges à nostre salut: c'est ce qui luy a
donné lieu de nous saluer en leur nom, & de nous
souhaiter de si grands biens de leut part. Voyez en
core sor ces sept esprits cli. III. t.
Ceox qui ne trouvent pas bon qu'on mette les
Anges avec Dieu & avec Jesus-Chrilt , ont oublié
ce paflage de Saint Paul : je vous conjure devant Dieu,
devant Jesus-Christ , & les saints ^Anges. I. Tim.
V. XI.
Que si l'on met Jesos-Christ aprés , ce peut estre
en le regardant selon fa nature humaine par laquelle
il eít mis un peuplus (rns que les ^ínget félonie Ps.
A 4 vu I.
8 L' APOCALYPSE,
v 1 1 r. & selon Saint Paul , Heb. II. 7. 9. Sc
néanmoins en lejrekvant aussitost aprés par des
ésoges dignes de Iuy. Maisily a outre cela dans cét
endroit de l'Apocaíypíe , une raison particulière de
mettre Jesus-Christ le dernier pour mieux continuer
le discours.
6. Et nous afait le Royaume & les Sacrificateurs de
Dieu: Selon ce que dit Saint Pierre , Vous estes le
Sacerdoce ì\oyal. i.Pet. II. 9. Etencore: Vous estes
le Saint Sacerdoce pour offrir à Dieu des sacrificesspiri
tuels agréables par Je/us- Christ. Ibid. 5. C'est ce que
Saint Jean re'péte souvent. Apocal. v. io.xx.é. Lc
Gr. nous Orfait Rays C Sacrificateurs : C'est le mes-
mcíèns, car nous sommes k royaume de Dieu ,
parce qu'il règne fur nous: &par là nous régnons
aon seulement sur nous- mefmes> mais encore fur
toutes les créatures que nous saisons servir à noltre
íàlut. Et comme Saint Pierre entend que nous som
mes Sacrificateurs 1 lors qu'il nous apelle Sacerdoces
ainsi quand Saint Jean dit que nous sommes le régne
011 le royaume de Dieu , ilentend aussi pat là qu'il
nous hut Rois,
7. Et ceuxquil'ontpercé', selon ce qui est dit par
le Prophète, Us verront celuy qu'ils ont percé. Zach.
xi;. 10. Ce partage de Zacharie est rapporté par
Saint Jean dans son Evangile. Joan.xix. 57. Cecy-
regarde son second avènement.
^Amen : Maniéré d'asíeûrer parmi les Hébreux ,
tres commune dans l'Evangile & dans la bouche du
pilsde Dieu.
8 . Je fuis VAlpha & l Oméga, le commencement &
Ufin: Celuy par qui tout commence , celuy à qui tout
se termine, que nul ne précède* âqui nul ne succède:
cc qui elt encore répéte : Apocal. x xi. í. x x if. î t .
L'Alpha & l'Omega sont la première & la dernière
Jcttre de l'alphabet grec,comme tout le monde sçait.
9. May Jean vojlrefrète quiity part à la tribulation
.... Le martyre de Saint Jean lors qu'il fut jette
dans une chaudière d'huile bouillante n'est ignoré
de
CHAPITRE T. ,
de personne, & on en trouve l'histoire dans Ter- De Prusc.
tullien & dans les autres Pères. J'ajf esté en l'Ifle
nommée Patmos : incontinent aprés qu'il eût este'
jette' dans l' huile bouillante , comme le mesine
Tertullien & les autres l'ont raconté. Saint Ire'ne'e y.
marque distinctement le temps del'Apocalypíe par î°-
ces paroles précises: II ri'ya paslonç- temps que t'A- *** 17'/•
focalypfe ou la révélation aejìe víkï (par Saint Jean : ) î ■
& cela est arrive fresque de nofìre temps fur lafin du re-
Itie de Domitien ; ce qaiiend certe date tres-certainc y
a cau{e que Saint Irénée en estoit tres-proche com
me il le remarque luy-meíme , & d'ailleurs tres-
bien mstruirdes actions de Saint Jean par Saint Po- là. ípìfl.
lycarpe disciple de cét Apostre , avec qui Saint Iré- *~
née avoit conversé comme il le raconte. ta
Saint Clément d'Aléxandrie tres-ancien Auteur cìtm.
s'accorde parfaitement avec luy > aussi-bien que jUtx.otir
Tertullien qui met clairement VéxÛ de Saint jf-an dheifii-
aprés qu'il eût esté jettédins la chaudière bouïllin- "-"mr, n.
te. Orcela ne peut estre arrivé que; dans la perlixu- 1^,' p r
tion de Domitien : la précédente , qui fut celle de c. ^s.
Néron , n'estant signalée par le martyre d'aucun
autre Apostre que par celuy de Saint Pierre Sc de-
Saint Paul.
Quant à ce que Saint Epipbane met l'éxû de Epiph.htr.
Saint Jean à Patmos au temps de Claudius, il efts'-a/'s-
ícul de ion avis : il ne le souillent par aucune preu- c' 12 • 35-
ve; son autorité ite peut eltte conf.dérable -à- com
paraison des Auteurs beaucoup plus anciens que luy-
dout nous avons veû le témoignage, &/sur tout á
comparaison de Saint Irénée , qui est presque con
temporain de SaintJean. Aussi Eusebe, Suint Jéros- lïti-
me. Sc tous les autres anciens & modernesont-ils *J- Hj"'
suivi Saint. Iréiw'e. On feair d'ailleurs que Saint g^"'?'
Epiphane est peu exact dans l'histoire &- pour les-j^Ii 0.a
temps. Ce qui pourrou l'avoir trompé , c'est ce
qui est écrit dans les actes , que Claudius châtia de
Rome les Juifs : mais cela mesine fait contre luy , xvHj.n
parce que si on écrit que Claudius challa les Juifs de-
A 5, Rome ,
w» f APOCALYPSE.
Rome > on n'écrit pas qu'il leut siíl souffrir aucun
supplice , &%ncore moins celuy de la mort, comme
il raudroit qu'il eust voulu faire á Saint Jean , puis
que constamment c'est aprés cette chaudière bouil
lante qu'il fut rélégué à Patmos ; outre qu'il y a
*4£{. ibid. grande différence entre une simple rélégation hors,
de Rome , telle qu'on la voit dans Aquila , & une
déportation dans une Iíle , comme elle attiva à Saint
Jean; & il n'y auroit pas de raison qu' Aquila fust
avec Saint Paul tranquilement à Epheíè dans une si
belle ville , pendant que Saint Jean auroit esté banni
dans une Iíle auíQ misérable & aussi éloignée de
tout commerce nue celle de Patmos.
io. Vrijourae Dimanche: Saint Jean remarque
soigneusement qu'il a receû la révélation estant
dans la souffrance , & en un jour de Dimanche > au
jour consacré à Dieu & à la dévotion publique.
Vue voix: Les voix que Saint Jean entend viennent
de divers endroits. II en vient de Jcsus-Christ met
Hie , comme icy » & encore i v. ). il en vient des
Anges, & c'est ce qu'on voit preíque par tout. II
cn vient des quatre animaux ou des vieillards en di
vers endroits ; mais tres-souvent il en vient , donc
Saint Jean dit en général qu'elles partent du trône ,
ou du temple ; ou de l'autel, ou du ciel , fans l'inter-
vention d'aucun Ange ou d'aucune autre créature ,
comme vj. 6. ix. !{. x. 4. 8. xj. IX. xij. 10. x I v.
1 j. xvj. 1. 17. xviij. 4.XÌX. 5. & là il faut re
marquer quelque chose qui part de Dieu d'une
maniéré en quelque façon plus immédiate & plus
spéciale.
15. c^íu milieu des sept Chandelieri d' or quelqu'un
. qui reffemblmt.au lili de ïhomme : Jefus-Christ paroist
dans cette Prophétie en diverses formes , qui ont
toutes leurs raisons particulières. Entre autres il
paroist deux fois fur un cheval, vj. i.&xix. 1 r.
c'est quand il va combatre. Icy il marche au milieu
des sept chandeliers , qui sont les sept Eglises , pour
ks gouverner. Voyez aullii I.j. g«i refTembloit au
17:/.
CHAPITRE T. rr
Fils delhomme ; Ce n'eítok pas luy-meíme , mais
un Auge sous (à figure & envoyé par son ordre. Ainsi
Dan .x.i6. au contraire , Saint Estienne dit: Je
Voy...le Fils de l'Homme , Act" v i i. 55. Vefiu d'une
longue robe , €27" ceintfur les mamelles d'une ceinture d'or.
Cette apparition est toute semblable â celle que vit
Daniel fur le Tigre , Dan. x. par où le Saint Es
prit nous montre le rapport des Prophéties du
Nouveau Testament avec celles de l'Ancien Ceint
d'une ceinture d'or. L'Egliíe interprète cette ceinture
d'or de la troupe des Saints, dont Jesus-Christ est 9**%'in
environné & comme ceint 1 & cette interprétation îjj
est auífi d'un ancien Auteur qu'on croit estre Tyco- "
nius , dont Saint Augustin loûë beaucoup les inter- E ,
prétations encore qu'il fust Donatiste. ^tpo'c.
14. Ses cheveux efloient blancs comme la laine blanche b»m I.
&comme dela neige. Ainsi çxcoìSil'ancien des jours, afd
Dan. vij. 9. Saint Jean exprime que lé Fils est coé- "fíl' I"
ternel à son Pere , à qui auífi il difoit : ôlorificK-moy
de lagloire quefay euê avec "vous > ayant que le monde
fufl. Joan. xvij. 5.
Ses yeux . . . comme une flamme de feu , terribles ,
pénétrans.
., 1$. Ses pieds efloient semblables à íairain fin ; ils
estoienr fermes, ils estoient lumineux & éclat ans.
Les pieds de Jesus-Christ signifient son avènement ,
félon cette parole : Sue lespieds (c est-â-dire l'avé-
nement )de ceux quinous annoncent ùpaix , font agréa'
i/«!is,Iij.7.
16. Defa bouchefortoit une épie í deux tranchant
, . . C'est íà parole , plus pénétrante qu'une épée à deux
tranchant. Heb. i r. 1 1 par laquelle , comme dans
une anatomie , les plus secrètes pense es sont dé
couvertes , pour ensuite estte jugées.
17. JeJuit le premier & le dernier: Celui par qui
toutaeste créé au commencement & tout renouvel-
lé dans la fin des temps. Bede. Comme il a esté dit:
deDieu, Jefuisl'^lphaCT f Oméga , le commence
ment (Tlafin, S.Etencore enls.xlj. 4. Moy le
A4 Sti-
ïi V A P O C A L Y P S E.
Seigneur , jesuit ìe premier O" le dernier. Et encore: Jt
fuis lepremier O" le dernier >& U n'y a de Dieu que moy
Ibid. xliv. 6. Ainsi c'eír, une qualité manifeiternent
divine que Jeíùs-Christ s'attribue icy.
i g . j'ay efté mort , mais je fuis vivant . . . &
'fay les clefs de la mort ; parce que j'ay vaincu la
mort en ressuscitant , j'en fuis le maittre ; je ren
ferme qui je veux , & je tire qui je veux de son em
pire. Jusques icy Saint Jean a comme ouvert le thé-
atre & prépare' les esprits à ce qu'on doit voir : l'é-
xercicedes fonctions prophétiques va commencer
dans le Chapitre íùivant.
. . P REMI E'R E PARTIE
DE LA PROPHETIE:
IES sAFERTISSEMENS.

CHAPITRE II.
Saint Jean reçoit ordre Récrire aux Evef-
quesd'Ephefe , de Smyrne, de Pergame & dcThya-
lire ; les raisons du blâme oh des louanges que méritent
leurs Eglises.
Çr. I. TjCîis â l'Amje de TEgliíe d'Ephese :
| \ Voicy ce que dit celuy qui tient les íeyt étoi-
les dansíàmain droite , qui marche aumi-
Mcu desseptchandchersd'or :
*. Je íçay tes œuvres , & ton travail, & ta pati
ence ; & que tu ne peux supporter les méchans : tu
as éprouve ceux qui se diíènt Apostres , & me le font
point; & tu les a trouvé menteurs:
Ali m as 3. a Tu és patient, &tuas souffert pouï mon
*ft- rliiu U nom > ta lie t'es pomt découragé.
**** 4. Mais j'ay â te reprocher , que tu à déçheû de
» première chaijité,.
5.
C H A P I T R E I s. ^ 15
i). Souviens toy donc d'où tu is tombe , & fais Gr.
pénitence , & reprens tes premières œuvres, -sinon
je viendray bientost à toy ; íc si tu ne fàispénitence.
í'osteray ton chandelier de fa place.
6. Tu as toutefois cela de bon, que tu haïs les
actions des Nicolaïtes comme moy-mesme je les
hay.
7. Que celuy qui a des oreilles , écoute ce que
l'eíprit dit aux Eglises: Je donneray au vainqueur à
manger du fruit de l'arbede vie b , qui est dans le (, ™; ,«4J,
paradis de mon Dieu. . mtitu d*
8. Ecris áussi à l'Ange de TEglise de Smyr- Purddii.
ne : Yoicy ce que dit celuy qui est le pre
mier & le dernier , qui a esté mort , & qui est
vivant.
9. Tesçayc ton affliction & ta pauvreté; tu és cttsm-
toutefois riche & , & tu es calomnié par ceux qui se
disent Juifs , & ne íe sont pis , mais qui sont la )' «"»»/
Synagogue de Satan. lts«tlm-
10. Necraíns rieh de ceqtie tu auras à souffrir, te f'uff^t,'Jt
Diable mettra bientost quelques-uns de vous en pri- ct«x<ptìst
son , afin que vous lòyez éprouvez > 3c vous aurez à dismt
souffrir pendant dix jours. Sois fidèle jusqu'à la 3*»su.
mort , & je te donner ly la couronne de vie.
n. Que celuy qui a des oreilles, écoute ce que
PEÍprit dit aux Eglises : Celui qui sera victorieux ne
souffrir.* rit-n de la seconde mort .
11 . Ecris à l'Angc de l"Eglise de Pergame : Voicy
ce que dit celuy qui porte l'epéeâdeux tranchanse. eaaf.-
' 1-) 'je l^ay q'Ue tu habites où est le trône dé Sa- íj,e'm*
tan : tu as conservé mon nom , &tu n'as point re- nnitu .
nonce ma ray , lors qu'Aiitiirismon témoin fidèle a «"«*■
souffert k mort parmi voits où Sitan habite.
14. Mais j'ay quelque chose à te tepiother ; c'est
qaetu souffres parnii vous qu on enlèigne la doctri
ne de Balaam , quiâpprt noit à Balac à jetter des pier
res de scandale devant les enfa».s (MlracT, afin qu'ils § v'"*~
mangeassent g , & qu'ils tombassent da»s la forni- Uts^HT
cation.
A 7 ly.
14 L' APOCALYPSE.
Ct. i$- Tu souffres aulfi qu'on enseigne la doctrine
h et qut)f des Nocolaïtes 1>.
bty. 16 . Fais pareillement pénitence ; sinon je vien-
dray bientolr à toy , & je combatray contre eux avec
l'épée de ma bouche.
1 7. Que celuy quia des oreilles > écoute ce que
i i nu»itr l'E'prit du aux Eglises : Je donneray au vainqueur »
l* la manne cachée -, je luy donneray une pierre blan
che, &un nom nouveau écrit íur la pierre , lequel;
nul ne connoift , que c."Iuy qui le reçoit.
1 8 . Ecris encore à l' Ange de l'Eghse de Thyatire:
Voicy ce que dit le Fils de Dieu, qui a les yeux
comme une flamme de feu , & les pieds semblables
á Tairain fin:
15. Je sçay tes œuvres, ta fby, ta charité, le
soin que tu prends des pauvres , ta patience , & tes
dernières oeuvres plus abondantes que les premières.
10. Mais j'ay quelque chose á te reprocher: Tu
permets que Jézabel , cette femme qui se dit pro-
phétcífe , enseigne & séduise mes serviteurs , afin
de les faire tomber dans la fornication , & de leur
íaire manger des viandes immolées aux idoles.
xi. Je luy ay donné du temps pour faire pé-
kdtfi nitence k, & elle ne veut point se repentir de &
pnjiit»- prostitution*
"T'^f 1 *•■ Jc la jettesay dans le lit 1 i & ceux qui com-
' J ™m[l mettent adultère avec elle seront dans une tres gran-
fáùre. ^e affliction, s'ils ne font pénitence de leurs otu>
1 & j' y*- vies.
tndj dms x j . Je fraperay ses enfans de mort : & toutes les
"""'d'' r églises connoistront que je fuis celuy qui sonde les
%ictìm relus & cceuts > & je rendray à chacun de vous
aux qui selon íes œuvres: mais je vous dis:
24. Etaux autres qui sont à Thyatire j A tous
ceux qni ne tiennent point cetre doctrine, & qui,
comme ils disent, ne connoiílent point les profon
deurs de Satan: je ne meteray point d'autre poids
íùr vous. ;
a 5. Toutefois gardez fidèlement ce que vous
ayez , jusqu'à ce. que je vienne,
C H* P I T R E I L ïj
±6. Celuy qui sera victorieux , & gardera mes
œuvres jusqu'à la fin , je luy donneray puissance sur
les n irions.
17. II les gouvernera avec un sceptre de fer , &
elles seront brisees comme un vase d'argile.
lí. Telestcequej'ay receude monPere: &je
luy donneray l'e'toille du- matin.
»9. Que celuy qui a des oreilles, écoute ce que
l'Eíprit dit aux Eglises.
EXPLICATION
du Chapitre II.
1. VCrií: La fonction prophétique commence icy
dans les admirables avertiflèmens que Jesus-
Christ fait écrire aux Eglises par Saint Jean. Dans,
ces avertiflèmens il fait voir qu'il sonde lc secret des
cceurs, H'. 15. qui est la plus excellente partie de
la prophétie , selon ce que dit Saint Paul , 1. Cor.
xiv. 14. 1 5 . Lessecrets des coursfont révèle*, par eeur
qui prophétisent dans Us assemblées , & celuy qui
Jes écoute prosterné à terre recomoist que Dieu est en
vous.
t^s^nge de l'Eglise d'Epbefe: A son Evesque»
selon la commune interprétation de tous les Pères.
II ne faut pourtant pas croire que les défauts qui
sent m arquez dans cét endroit & dans les autres sem
blables, soient les défauts de l'Eveíquc ; mais c'est
que le Saint Esprit désigne l'Eglise par la personne
de l'Eveíquc qui y préside, & dans laquelle pour
cette raison elle est en quelque façon renfermée ; Sc
auslï parce qu'il, veut que le Pasteur qui voit des dé
fauts dans son troupeau , s'humilie , Sc les impute á
fa négligence.
De VEglise d'Efbefe : On croit que c'estoit alors.
Saint Timothée , tres-éloignésins doute des défauts,
que Saint Jean va reprendre dans les fidèles d'E-
phese. D'àutres disent que c'estoit Saint Onésime
a.qujjenevoudtois non plus les attribuer., aprésle
témoi-t.
M L' AP'O CAI»P S E.
témoignage que luy rendSaint Paul dans l'Epistre
à Phitemon : mais û y a plus d'apparence que c'e-
iìoit Saint Timothe'e qui fut e'tabli par Saint Paul
Evesque d'Ephese , & qùi gouverna cette Eglise du
rant presque toute la vie de Saint Jean.
Celuy qui tient les sept étoiles. . . . gui marche au
milieu des sept chandeliers: Tout cela signifie les sept
Eglises, I. j-o. LeSaint Esprit va reprendre toutes
les diverses qualitez qui viennent d'eítre attribuées
à Jésus-Christ les unes âpres les autres. Voy cy-
dessus 1. i }. i€.
l. Qutfe disent isipoflres & ne le (ont point. Le.
nombre de ces faux Apostres estoit grand. Saint
Paul en p-irle souvent , & principalement i Cor.
xj. i}. Et Saint Jean luy-mesme , j. Joan «j.lors
qu'il parle de Diotréphe's qui ne vouloit pas íe re-
connoistre.
j. J'osteray ton chandelier defaplace - Je t'osteray
le nom d'Eglise , Sc je transportera)! ailleurs la. lu
mière de l'evaugde. Lors qu'elle cesse quelque part,
elle ne s"éteint pas pour cela , mais elle ell transpor
tée ailleurs > & paíîe íeulement d'un peuple à un
autre.
6. Des Nicolaïtei. Hérétiques tres-impurs qui
condamnoieut 1e mariage, &.l<tscl»oieutubndeà
Firtterapérance , cy-deííous , 14. 1 5.
7. manger du fruit de l'arbre de vie quiefl dans
U Paradis de mon Dieu : Dont quiconque mangeoit
ne mouroit point-, dont Adam fut cloigue' , de peur
qu'eu meiigçant de íòn fruit il ne vécuít éternelle
ment: Gen.II.9T III. 11. Jefus-Ch: ist nous le rend
lorsqu'il dit: Vbicy le painqui dejeend du Ciel, afin
que celuy qui en mange ne meure point, joan vj. ^o.
C'est lé fruit de l'arbre de vie , c'est-à-dire, Jcsus-
Chrifl attaché à la Croix pour noítre salut. Prim.
tAmb.
%.. c^i Pt^lnge de l Eglise de Smyrne: C'estoit alors.
Hl, Saint Polycarpe, établi par les apostres Evesque de
Smyrne, comme lç taconte Saint Irénée, & selon.
Ter
CHAPITRE II. t7
Tertullien par Saint Jean meíme, homme aposto- DePr^p
lique , dont le martyre arrivé tres- long-temps aprés i1'
dans son âge décrépit > a réjoûï toutes les Eglises
du monde.
Qui eft le premier & le dernier : repris du Chap. I.
^.17.18.
$. Tn és calomniéfar ceux qui fe disent Juifs : On
voit icy la haine des Juifs contre les Egliíès, &en
particulier contre l'Eglise de Smyrne, &on en vit
les effets jusqu'au temps du martyre de Saint Poly-
carpe , contre lequel ils animèrent les Gentils , com
me il paroisl par la lettre de l'Eglise de Smyrne à Puset.
celk de Vienne. VoyezIII. 9. & remarquez que les III. I4«
persécutions des Eglises Chrestiennes estoient susci
tées par les Juifs , comme il íèra ditailleurs.
10. Le Diable mettra bientost quelques-uns de mous
en frison : Sur la fin de Donatien , lors que Saint
Jean écnvoit, la persécution éstoit encore languis
sante: c'est pourquoy il ne parle icy que de quelques-
uns mis en prison & d'une souffrance de dix jours ,
c'est-à-dire, courre, sur tout en comparaison de
celles qui dévoient venir bientost aprés , commeon
verra.
11. De la seconde mort : C'est l'enfer & la mort
éternelle , comme il sera expliqué , xx. 6. 14.
C'est cette seconde mort qu'il faut craindre seule,
& qui l'aura évitée ne doit point appréhender la
mort du corps : ce que Saint Jean remarque icy ,
afin qu'on ne craignist point de souffrir la mort dans
la persécution qui alloit venir.
1 1 . Celuy qui porte Cépée à deux tranchant , repris
du Chap. I.^. 16
l). Antipasmon témoin fidèle: Le supplice de c«
saint Martyr est raconté dans les Martyrologes, Sc
il y est dit qu'il rur jetté dans un taureau d airain
brûlant , ce que jeiaifîe à examiner aux critiques.
14. if. La doârtne de Balaam: Baiaam , aptés
avoir beni les Israélites malgré lui, donne des con
seils pour les corrompre par des feístins où ils man-
geoienc
i« L* A P O C A L Y P S E.
geeient des viandes immolées aux idoles , & pai des
femmes perdues. L'histoire en est racontée , Num.
xxiv. 14. xxv. 1. z. &c. Ainsi lesNicolaïtesen-
seignoient à participer aux festes & aux sacrifices des
Gentils & à leurs débauches. Voyez aussi 20.
17. La marne cachée, dont le monde ne connoist
point la douceur , & que nul ne fçait que celuy qui
la gouste. La manne c'est la nourriture dans le dé
sert , & la secrète consolation dont Dieu soutient ses
enfans dans le pèlerinage de cette vie. ^*«»6. Celuy
qui méprisera les appas des sens est digne d'estre
nourri de la céleste douceur du pain invisible. Bed.
Vne pierre blanche : Une sentence favorable.
tsindr. Cnjar. Dans les jugemeos on renvoyoit
absous , & dans les combats publics 011 adju-
geoit la victoire avec une pierre blanche ; ainsi
Dieu nous donnera dans le fonds du cceur , par la
paix de la conscience , un témoignage secret de la ré
mission de nos péchez , & de la victoire remportée
fur nos sens.
Et un nom nouveau écritsur la pierre , c'est que nous
soyons appeliez , Ç$ que nous soyons tn effet enfans de
Dieu, selon ce que ait Saint }ean. 1. joan. III. r.
•Et parce que, comme dit Saint Paul, lEsprit rend
témoignage 4 noflreesprit que noussommes enfant de Dieu.
Rom. viij. 14.
Vn nom que nul ne connoi(l que celuy qui le reçoit :
L'hypocrite ne connoist pas combien Dieu est doux>
& il faut l'avoir gousté pour le bien sçavoir.
iZ.eJ l'iAnge de l'Eglise de Tbyattre : Cette Eglise
fut pervertie par les Montanistes , au rapport de
ìt*t. 51. Saint Epiphane , qui semble avouer aux Alogiena
• qu'il n'y a point eû d'Eglise á Thyatire du temps de
" **' Saint Jean, & qui veut pour cette rai son que la Pro
phétie des versets fuivans , regarde Mon tan &
ses fausses Prophétesses ; mais se rapport paroist
foible. On ne voit pas non plus pourquoy Saint Jean
auroit adresse une lettre à une Eglise qui ne f ust pas ,
en la joignant avec les autres si bien établies à qui il
. . écrit.
CHAPITRE II. if
écrit. On pourroit attribuer le commencement de
l'Eglise de Thyatire á Lydie qui estoit de cette ville-
là j Si qui paroist si zélée pour l'Evangile à Philip
pes où Saint Paul la convertit avec toute & famille.
Act. XVI. 14. 40.
Qui a lesyeux comme uneflamme . . . repris du Chap.
1.14.15.
10 Tupermets que Jézabel, c'est íòus le nom de
Je'zabel femmed'Achab , quelque femme considé
rable , vaine & impie , qui appuyoit les Nicolaïtes
comme l'ancienne Je'zabel appuyoit ks adorateurs
deBaal. Le rapport de ce veríet avec les précédens
1 4. 1 \. ne permet pas de douter qu'il ne s'agifle icy
des Nicolaïtes. Qui ledit Prothétefse.-'Elìe se íervoit de
110m pour autoriser les plus grandes impuretez.
Toutcecyne revient guéres aux Prophétesses de
Montan , & sent plûtoît les Nicolaïtes & les Gnosti-
cjues que les Montanistes.
1 5 . Toutes les Eglises convoieront quejefonde les reins:
Où íont ceux qui disent que dans le gouvernement
de l'Eglise Jésus- Christ ne doit pas agir comme seru-
tateur de cœurs ? Dans les reins sont marquées les
secrètes voluptez , & dans le coeur les secrètes pen
sées. B«f.
14. Qui , comme ils disent, ne commissent point les
profondeurs de Satan : Qui ne se laissent point séduire
à fa profonde & impénétrable malice , lors qu'il ta-
íche de tromper les nommes par une apparence de
piété, & qu'il couvre de ce bel extérieur les plus
grossières erreurs.
Je ne mettraypoint d'autrepoidsfur vous : Je ne vous
donneray point d'autre combat à soutenir , & ce fe
ra beaucoup si vous pouvez échaper ce mystère d'i
niquité & d'hypocrisie.
16. Quiconque . . . gardera mes œuvresjusqu'à la fin:
II marque icy clairement ceux qui auront receû le
don de persévérance.
Je luy donneray puissancefur les nations. 17 H lesgou
vernera,.... On voit icy le règne de Jesus-Christ
avec
io L" APOCALYPSE,
avec lés Saints qu'il aíTocicà son Empire : c'est pour-
quoy il les mec fut son trône. III. tu n. il faut
aussi comparer ce passage avec xix. i 5. où Jefus-
Christ s'attribue à luy-meíme ce qu'il donne icy à fes
Saints. On voie encore les Saints assesseurs de Jefus-
Christ. x x. 4. & on a pu remarquer fur ce sujet un
beau passage de Saint Denis d Alexandrie chez Eu-
íèbev;. 41. Voyez, la réfléxion âpres la préface,
1 8 . Etje lny donneray Vétoile du matin : Je 1 uy feray
commencer un jour éternel où il n'y aura point
de couchant , 3i qui ne fera ímvi d'aucune nuit
3ed.

CHAPITRE III.
Saint yean écrit aux Evefjues de Sar-
des , de Philadelphie de Laodicie , comme il avoit
jait aux autres.
r. TTJ* C r t s à l'Ànge de Sardes : Voicy ce que
jQ/ditceluy qui a les sept Esprits de Dieu Sc
les sept étoiles : Je conuois tes oeuvres, tu
as la réputation d'estre vivant , mais tu es mort.
i. Sois vigilant , Sc contìrme les restes qui
estoient prelts de mourir : car je ne trouve pas tes
iiìtvant eeuvres pleines devant» mon Dieu.
Die». 5 . Souviens-toy donc de ce que tu as receû , &c
de ceque tu as oûï , & garde-le , & fais pénitence :
car si tu ne veilles , je viendray à toy comme un lar
ron , & tu ne fçauras à quelle heure je viendray.
4. Tuas toutefois quelques personnes à Sardes
qui n'ont point fouillé leurs vestemens ; Sc ils mar
cheront avec moj revestus de blanc , parce qu'ils en
sont dignes.
5. Celuy qui sera victorieux , sera ainsi vestu de
blanc, & je n'effaceray point íonnom du livre de
vie , & je confefleray son nom devant mon Pere Sc
devant ses Anges. 6.
CHAPITRE III. 11
6. Que celuy qui a des oreilles , écoute ce que G
l'Espritdit aux Eglises.
7. Ecris aussi à i'Ange de í'Eglise de Philadel
phie: Voicy ce que du le Sant& le véritable, qui
a laclefdelbavid ; qui ouvxe , & p:rsonne ne ferme;
qui ferme ,& períòune n'ouvre :
g. Je connois tes œuvres. J'ay ouvert ur.e porte
devant toy , que personne ne peut fermer ; parce
que tu as peu de force , & que toutefois tu as gar
dé ma parole , & que tu n'as point renoncé mon
nom :
9 . Je te donneray quelques uns de ceux de la Sy
nagogue de Satan , qui se disent Juifs , & ne le font
point, mais qui sont des menteurs : Je les feray ve
nir íè prosterner à tes pieds , & ils connoistront que
jet'aime:
10. Parcequetuasgardélaparolede maparien-
cc , & rrioy je te garderay de l'heure de Ja teiitàtion ,
qui doit venir dans tout l'univers , éprouver t*ux
qui habitent fur la terre.
n. Je viendray bientost : garde ce que tu as, de
peur que quelque autre ne prenne ta couronne.
11. Quiconque fera victorieux , j'r ;n feray une
colonne dans le temple de mon Diei\ 3 c il n'en sor-
tiraplus:& j'écriray fur luy le norrdie mon Dieu,
& le nom de lá ville démon Dieu , de la nouvelle
Jérusalem , qui descend du ciel d'auprés de mon
Dieu ; & mon nouveau nom .
1 3 . Que celuy qui a des oreilles , écoute ce que
l 'Esprit dit auxEgliíès.
1 4. Ecris à I'Ange de 1 Eglise de Laodicée : Voi-
cy ce que dit celuy qui est la vérité mesme: Le té
moin fidèle & véritable , qui est le principe de la (ç*;
créature de Dicm. n'tst ,
if . Je connois tes oeuvres , tu n'es ni froid ni
chaud : plust à Dieu que tu fusses froid ou chaud ! Gr"
1 6. Mais parce que tu és tiède , & ni froid ni
chaud , je te vomiray de ma bouche.
j 7. Tu dis : Je fuis riche & opulent , & je n'ay
besoin
n L' APOCALYPSE,
besoin de rien: & tunesçaispas que tu es malheu
reux , misérable , pauvre , aveugle & nud.
i S. Je te conseille d'acheter de moy de l'or
éprouve' au feu poux t'enrichir , & des habits blancs
pour te vestir, de peur que la honte de ta nudité ne
paroisse ;& un collyre pour appliquer fur tes yeux,
afin que tu voyes.
19. Je reprens, & je chassie ceux b que j'ayme :
rallume donc ton zele , & fais pénitence.
10. Je fuis à la porte ,& je frape: si quelqu'un
eutendmavoix, & m'ouvre la porte , j'entreray
chez hiy , & jc souperay avec luy , & luY avec moy.
1 1 . Celuy qui fera victorieux , je le féray asseoir
avec moy fur mon trône: comme j'ay vaincu moy-
melme , & me sois assis avec mon Pere sor ion
trône.
11. Que celuy qui a des oreilles , écoute ce
que l-'Efprit dit aux Eglises,
EXPLICATION
du Chapitre III.
I. J^Es sept Esprits de Dieu : Ce titre ne se trouve
: pas comme les autres parmi les choses qui
font montrées à Saint Jean dans la personne de Jé
sus- Christ, mais il faut entendre qu'il a aussi ensà
puissance les sept Esprits au nom desquels Saint Jean
salue les Eglises. 3?. 4.
Et les sept étoiles , repris du "ty. ití. La liaison
qu'on voiticy des sept Esprits avec les sept étoiles ,
qui sont les sept Eglises, semble confirmer que les
sept Esprits au nom desquels Saint Jean salué, sont
sept Anges principaux qui gouvernent les Eglises ,
& par la ressemblance desquels les sept Evefques sont '
aussi appeliez des Anges; & il est tres-convenable
que Saint Jean ait salué les Eglises de la part des sept
Anges à qui elles estoient confiées.
Tu es mort : Dans la plus grande partie de tes
membres 5 car quelques-uns estoient' demeurez
sains
CHAPITRE III. a;
sains Sí vivans > jfr. 4. quoy qu'ils fussent foibles &
prests à mourir par la contagion du mauvais éxem-
fk.Voy^.8.
i. Je ne fraunepas tes oeuvres pleines: Ce n'est pas
tant que ses œuvres fussent mauvaises ; mais c'est
qu'elles n'estoient pas pleines : il ne faiíoit pas le
bien tout entier , & c'enest assez pour mourir.
4. Revenus de blanc : Chacun sçait assez que la
couleur blanche signifiela sainteté , la gloire éter
nelle, & le triomphe.
7 . Qui a la clefde David : Cette qualité n'est point
rapportée avec celles dont il est parlé au chap. I . i^t
clefde David entre les mains de Jesus-Christ , c'est la
puissance Royale & le trône de David ion pere. Bed.
suivant ce qui fut prédit par l'Ange Saint Gabriel â la
bienheureoíe Vierge. Luc. L **. 3 3 . •
Qui ouvre , & personne neferme ... 14 a la puissan
ce souveraine , & nul ne peut toucher à les jugc-
mens.
9. Jiles feray venir se prosterner. . . On verra les
Juifs , maintenant fi superbes , bientost humiliez ,
comme il sera dit cy-dessous. Hist. abrégée des
even.~n.-5.
Ils comoiflront que je t'aime : Tout fòible que tu es :
tant Jésus- Christ aime les restes de la piété dáns ses
fidèles , & ne songe pour ainsi dire qu'à rallumer
leur feu presque éteint.
- 1 0 . Je tegarderay de Vbeure de la tentation qui doit
venir dans toutl'univers : Je t'en garderay , de peur
que tu n'y succombes. Les persécutions qui dé
voient suivre bientost , à commencer par celle de
Trajan , forent phls grandes & plus étendues que les
précédentes sous Néron & Domitien , comme on
verra. On voit icy des traits de prophétie répandus.
ch. II. le. 111. 9. 10.
n. Je viendray bientost : Te visiter par la persécu
tion , comme il >vient de dire. Carde ce que tu as.
Ne te fie pas tellement à la protéctioii que je te pro
mets que tu négliges de veiller fut toy-melíne.
L" APOCALYPSE.
JvV frenne ta couronne : La couronne du martyre :
dans la persécution dont il vient de l'avertir , & qu'il
avoit appellée auparavant la couronne dévie. 11. 10.
Bieu substitue d 'autres fidèles à ceux qui tombent,
pour montrer que fa grâce est toujours féconde , &
que ion Eglise ne perd rien.
ix. Une colonne: Par sà fermeté : c'est pourquoy
il nesortira flusdu temple; ilyfera affermi' éternelle
ment parla grâce de la prédestination & de la persé
vérance.
- Etj'ccriray/ur luy: On met des inscriptions sur
les colonnes. Le nom de mon Dieu : 11 y paroistra
écriteomme fur une colonne par une haute & persé
vérante profession de l'Evangile. Ainsi il feramar-
qué à la bonne marque qui paroist dans tous les
eleùs ,qui portent le nom de Dieu 8c de Jesiis-Christ
fur leur front. Apoc. XIV. i .
i Et le nom de la Ville de mon Dieu : La ville où Dieu
est , dont il est écrit : En cejour le nom de la villefera:
Lt Seigneur eji icy. Exeib.xlv iij. 53. Cette ville
c'est l'Eglife Catholique dont les Martyrs confes
sent la foy.
De la nouyel/e Jérusalem qui descend du Ciel : L'ori
gine de l'Egliíeest céleste , comme il sera expliqué,
xxj. t. Et mon nouveau nom: Le nom de Je£ùs> ie
nom de Christ , que j 'ay pris cn me faisant homme;
ou encore : II íèra appellé Chrétien de mon nom de
Christ , & iils de Oku à se maniéré & par adoption ,
comme je le fuis paçjiaturc. Prim Ambr. Tout cela
signifie une haute & courageuse confession de l'E-
vangile.
14. Celuy qui efl lavérité mejme : Le texte : Voicy
ce que dit , ^Amen : Celui dont toutes les paroles font
la régie de lafoy.
Le principe de, la créature de Dieu : De la création :
celuy par qui tout a esté créé: joan. 1. j. D'autres
traduisent: le commencement de la créature de Dieu :
Jeíus- Christ , qui paria nature divine est la vérité
mefme, rappelle ennostre mémoire > que par ion
Incar-
CHAPITRE III. 15
Incarnation ila esté fait k commencement de la
créaturénouvelle , afin de nous apprendre à nous
renouveller en luy , & nous exhorter â limitation de
fa patience. Prim. Bed.
15. Tu n'es nifroid ni chaud: U marque icy les
ames foibles qui ne sont bonnes â rien. II y a plus
à espérer de celles qui ont quelque force , encore
qu'elles se portent au mal. »
itf. Parce que tu es tiède : Ces tie'des que Jeíus-
Christ vomit , font ceux qui marchent entre FJ6-
vangile & le siécle , & ne lçaveut jamais quel parti
prendre.
17. Tu dis , Je fuis riche f ,Ces tiédes s'imagi
nent estre gens de bien , parcêiqu'ils ne font point
de mal , & mesme qu'ils font le oien où ils ne trou
vent pas de difficulté ; mais ils sont terriblement
confondus par les paroles suivantes.
18. D'acheter demoy de far (prouvé au feu La cha
rité pour dchaufer ta langueur.
Un collyre: Remède pour les yeux. Pour appliquer
fur tes feux-, afin que tu voyes , ta misère & ta pauvre»
té , que tu ne veux pas considérer. , .
19. Je reprens ,& je chaftie ceux quej'aime: Apres
cette forte corréction , Jesus-Christ console l'amc;
affligée , de peur qu'elle ne tombe dans le désespoir.
10. Jefuis a la porte ,& jefrase : Jc frapeà la
Îiorte du cœur par de secrètes inspirations : & si tu
es écoute , tu feras receû dans mon festin éternel .
Jesouperay avec luy , & luy avec moy : Qu'un
cœur qui agousté cette douce & mutuelle commu
nication dans Ic secret de son cœur , fasse le com
mentaire de cette parole.
C'est ainsi que finissent les avertissemens donnez
aux sept Eglises : il reste à observer en général :
Premièrement, que sous le nom de ces Eglises &
íbus le nombre de sept , qui , comme on verra, signi
fie l'universalité dans cette Prophétie , toutes les
Eglise» Chrestiennes sont averties de íeur devoir.
Secondement , que c'est aussi pour cette raison
B qu'on
xt L'APOCALTPSE,
qu'on trouve dans ces lettres de Saint Jean des aver
ti slemens pour tous les estats : leSaintEíprity a en,
trelassé làcon&rmation daMs kbien , & l'exhorta-
tion à changer de vie ; & dans ceux qu'il reprend,
c'est dans les Sfls le refroidissemcHt de la charité ,
5 . Dans lés autres , c'est de permettre le mal ,
encore qu'en ne Je fasse pas , ibid. 10. & ainsi du
reste, en réservant pour Iafin le tiède où il recon-
noilllevfòiblefles 3t les misères de çouslés autres
ensemble. ■■ .
SECONDE PARTÌE.
LES P RETD I ÔT ION S.
REMARQVË G E' NE' RALE.
PO u r ettentlre ks prèdictionside Saint Jean,il y
a trois choses à faire. Premièrement , il en faut
preíidteï'idèegénéràle , crui n'est autre que la
dècòuverte-dú grand ouvrage de Dieu. '-\
Secondement , il táot fegâtder tes évéíKmens
patticuKêTS.
Troisièmement» il faudra voir comment cha-
que choie est révélée àSaint Jean , & expliquer tou-
les ses paroles. .' ' '. "
D E S S E I N :
de la frédiiHon de Saisit Jean.
y Edeílein de la prédiction dé Saint Jean est eh
jjptj!? général de nous découvrir le grand ouvrage de
fut son )l>'\s\x qui alloit se dévelòper incontinent aprés
Eglise. le temps de cét Apostre , pour faire conhoistre la
"puissance & la justice divine à tout l'univers , eh é-
xerçant deterribles chastîmens íur les ennemis de
fon Eglise , & en la faisant triompher , non seule
ment aatis le Ciel où il domioit ttHC;gldire immor
telle
CHAPITRE III. tj
telle à ses martyrs , mais encore fur la terre, ou il
l'établistoit avec tout l'éclat qui lui avoit este' promis
par les Prophètes,
L'Eglik avoit deux fortes d'ennemis , les Juifs , II.
& les Gentils, & ceux cy avoientá leur teste les Ro- L'Eglift
inainsalors les maistres du monde. Ces deux genres en*
d'ennemiss'estoient reunis contre Jeíus-Chriít,con- <j>ennen,is
formément â cette parole des Actes : Carvrayement Us Juifs
Hérode & Ponce Pilate avec les Gentils, & le feustí Scies Rô
ti'Israëlsefont unis dans Jérusalem contre xoflresaint Fils «nains.
Jésus que vous avezomt Mais les Juifs avoient com- ^* ' .
mencé,& c'estoiteuxquiavoientlivréJefus-Christ
aux Romains. Ce qu'ils avoient commencé contre
le chef, ils le continuèrent contre les membres. On jiu.
voit partout les Juifs animer les Gentils contre les XII t.
disciples
tions. Cedefurent
Jefus-Christ, & susciter
eux qui accusèrent SaintlesPaul
perfécu- 48. 50.
& les Xl fr' *•
Chrestiens devant Gallion Proconsul d'Achaïe, & itíd.
devant les Gouverneurs de Jude'e Félix & Festus, XV11 1.
avec de telles violences, que cét Apostre fut con- Jl-XXl.
traint d'appeller á l'Empereur: ce qui le fit dans la xxip:
suiteconduire à Rome où il devoit mourir pour l'E- xxr. '
"vaiigiie dans la persécution de Néron.
Comme les Juifs avoient esté les premiers à per- m.
récuterjefus Christ & son Eglise , ils furent les pre- Les Juifs
miers punis, & le chastîment commença dans la châtiez les
prise de Jérusalem , où le Temple sut mis eti cendre Plemie"'
íbus Vefpasien & fous Tite.
Mais malgré cette grande chiite , les Juifs se
trouvèrent encore en eltat de se rendre terribles aux
Romains paf leurs révoltes , & ils coutinuoient à
exciter , autant qu'ils pouvoient , la persécution
contre les Chrestiens , comme nous Pavons remar
qué íur ces paroles de Saintjean : Tu es calomnié par Asie. II.
ceux qui se disent juifs, &nele font pas.NostreApostre 9-
nous a dit aussi qu'ils dévoient estre de nouveau hu- •*t"-uli
miliezaux pieds de l'Eglise , afin d'accomplir en 9'
tous points cét oracle de Daniel , 0 leur désolation D*n. IX-
durerajusqu'à lafii.
B * Dieu
iS L' A P O C A, L Y P S E.
' IV. Dieu qats'estoit servi des Romains pour donner le
Pourquoy premier coup aux Juifs , devoir employer le mefme
R°«C ta s Pour 'cs Abattre > & ce'a devoir arriver , <om-
f'ERlise. " 'rne nous verrons • incontinent âpres la mort de Saint
* ' Jean.' CétApostre vit en esprit, ce mémorable évé-
íiement , & Dieu ne voulut pas qu'il ignorait la fuite
de ses conseils fur ce peuple autrefois si clieri j mais
les Romains e'xécuteurs de la vengeance divine , la
méritoient plus que tous les autres par leurs idolâ
tries & leurs cruautez. Rome estoit la mère de l'i-
dolatrie : elle faitoit adorer sesjdieux à tonte la terre,
& parmi ses dieux , ceux qu'elle faifoit le plus ado
rer , c'efloient ses Empereurs. Elle íe faisoitadorer
elle-mefnie , Sc les Provinces vaincues luy dressoient
ides Temples : de-forte qu'elle estoit en mesine
temps pour ainsi par4er idolâtre & idolâtrée, l'es-
■clave & l'objct de l'idolatrie. Elle se vanroit d'estre
par son origine , une ville Sainte , consacrée avec
des augures favorables , & bastie fous des présages
heureux. Jupiter le maistredes dieux avoit choisi fa
demeure dans le Capitole , où on le croyoit plus
présent que dans l'Olympe meíme & daus le Ciel
où il regnoir. Romulus l'avoit dédiée à Mars , dont
il estoit.fils : c'est ce qui l'avoit rendu si guerrière &
si victorieuse. Les dieux qui habitoient en elle luy
avoient donnéune destinée sous laquelle tout l'um-
versdevoit fléchir, Son empire devoitestre éternel;
• tous les dieux des autres peuples & des autres villes
luy dévoient céder , & elle comptoit le Dieu dés
Juifs parmi les dieux qu'elle avoit vaincus. (
Au rcíìe , comme elle croyoit devok ses victoires
à íà religion , elle regardoit comme ennemis de son
Empire ceux qui ne vouloient pas adorer ses dieux ,
ses Céíars , & elle-meíme. La politique s'y mesloiç.
Rome se perfuadoit que les peuples fubiroiènt plus
volontiers le joug qu'une ville chérie des dieux leur
imposoit ; & combatte fa religion , c'esioit attaquer
un des fondemens de la domination Romaine.
Telle a esté la cause des persécutions que souffrit
glise
CHAPITRE ÌM. ï9
gtise durant trois cens ansíoutreque c'estoit de tout
temps une des maximes- de Rome, de ne souffrir de T. In. fffe
Religion que celle que son Sénat autorisoit. Ainíi l'E- XXXix.
gli se naissante devient l'objet de son aversion. Rome "
immoloità ses dieux le íang des Chrestiens dans £>,j„*';/,.
toute l'étenduè' de son Empire, & s'en enyvroit elle- Crc.
mesme dans soaamphitéatre plus que toutes les au
tres villes. La politique Romaine , & la haine insa
tiable des peuples le vouloit ai níi .
• II salloit donc que cette ville impie & cruelle , par v.
laquelle Dieu avoir épuré les siens, 8c tant de fois La chute
exercé fa vengeance fur lès ennemis ,. la ressentis!: ?'0íne
elle-mefme à son tour ; & que comme une autre Ba- Emp;tça
bylone elle devinst à tout l'univers qu'elle avoir assu- aTe£
jéti à ícs loix , un spectacle de la justice divine. celle de
Mais le grand mystère de Dieu, c'est qu'avec ridolatrie
Rome devoit tomber son idolâtrie: ces dieux soû- résolue
tenus par la puisianec Romaine dévoient estre ané- conseil
antis , en sorte qu'il ne r.estast pas le moindre vestige éterueis
de leur culte , & quela mémoire meíme en fust abo- de Dieu,
lie. C'estoit en cela que consistoit la victoire de Jc-
siis Christ:c'eít ainsi qu'il devoit mettrefes ennemis à ses Pfl X. ».
fkds,comme le Píalmiste savoir prédit: c'est-à-dire,
qu'il devoit voir non feulemcment les Juifs,mais en
cordes Romains & tons leurs faux dicuxdétruits,&
k monde áíès pieds d'une autre íòrte>en soumettant
à'son Evágilc,& en recevant íês grâces avec humilité.
Toutes ces merveilles avoient esté prédites
par les Prophètes dés les premiers temps. Moïíè Y h
nous avoit fait voir l'Empire Romain comme do- 9"te
minant dans la Judée, & a comme devantpe'rirà la îseroble
fn , ainsi que les autres Empires, b Daniel avoit ics Vict0i-
prédic la dispersion &la désolation des Juifs, c Haïe resdeje-
avoitveû les persécutions des fidèles, &la conver- fus- Christ
fion de l'univers par leurs souffrances, d Le mesme prédites
Prophète, sous la figure de Jérusalem rétablie, a pjL"é-
veûla gloire dé l'Eglise : Les Roií devenusses nourri- tes.
B j pers,
artum.XXly.14. b Dm. IX. 16.17. cls.LlX.J^.
d Ibid.Xl.IX.i}.
jo f APOCALYPSE.
pers i & les Reines ses nourriljis ; leurs yeux baissez
t Da». II. devant elle , & leur majefli abíaiflè'e àsespieds, a Da-
4r" niel a veû lapierrearrachée de la montagnefans lesecours
de la main des hommes, qui devoit briíer un grand
b Mi. Empire. II a veû l'empire b du fis de l'homme , &
tvt il' daus'empiredufilsderhomme, celuy des Saints du
'4-l7- • tres haut-, empireauquel Dieu n'avoit donné aucu
nes bornes , ni pour Ion étendue , ni pour íà durée..
Tous Jes Prophètes ont veû comme Daniel la con
version des idolâtres & le régne éternel de Jeíus-
Chiist fur la Gentilité convertie , en mesine temps
que le peupleJuif íèroit dispersé , & tout cela pour ac-
e Rrn. complir l'ancien oracle de Jacob c , qui faisoit com-
XtiX. roencer l'empire du Messie sur tous les peuples , en
10* mesine temps qu'il ne resteroit parmi les Juifs aucu
ne marque de magistrature ni de puistance pu
blique.
VII. Comme cegrand ouvragede la victoire de Jesus-
prédit Christ dans la dispersion des Juifs, dans la punition
plus parti- de Rome idolâtre, & dans le glorieux établissement
culière- delEglise, alloit se déclarer plus que jamais au
ment par temps qui devoit suivre Saint Jean, c'est aussi çc
Saint Jean grand ouvrage que Dieu luy fit connoistre: & c'est
icmps pourquoy nous verrons un d Ange resplendissant
qu"il de- comsne le Soleil , qui levant la main au Ciel , jurera
voit arri- Par «luy qui vit aux siécles des siécles : Que le temps
ver. estoit venu, & que Dieu alloit accomplir jon grand my-
d^ífec. stère qu'ilavoit évangelijé & anoncépar les Prophètesses
x. i. 5.6. stxyitcurs. Saint Jean qui estoit plus prés de l'accom-
plissement du mystère , le voit aussi dans tout son
ordre. SaProphétieest comme une histoire , où
l'on voit premièrement tomber les Juifs dans le der
nier désespoir : mais où l'on voit bien plus au long
& bien plus manifestement tomber les Romains >
dont la chute dévoie aussi estre bien plus éclatante-
SaintJean voit toutes ces choses : il voit les grand*
caractères qui ont marqué le doigt de Dieu , & il
pousse íà Prophétie jusqu'à la chute de Rome, par
laquelle Dieu voulait donner le dernier coup à l'ido-
latfie Romaine. H
CHAPITRE J I I. %i
11 ne pouvoit paî marquer Rome par une figure V 1 1 1.
plus convenable que par celle de Babylone, superbe Fourqnoy
& dominante comme elle ; comme elle attachée à m°™ue'e
fès faux dieux , & leur attribuant ses victoires ;com- sOUsia
me elle persécutrice du peuple de Dieu , $c le tenant figure de
sous le joug de fa captivité ; comme elle enfin fou- Babylone,
droyée , & déchue de fa pujflance & de (on empire
par un coup visible de la main de Dieu.
Mais en mesme temps qu'à la maniéré des Pro
phètes il cache Rome íous cette figure mystérieuse »
il veut fi bien qu'on la reconnoiflè;qu'il luy donne, a a Pnf.n.t.
comme on a veû, tous les caractères par où elle estoit
connue' dans toutl'univers b ,& en particulier celuy b .xí/wc.
d'estre la ville aux sept montagne?, & celuy d'être XVI U
la ville qui avoitl 'empire sur tous les Rois de la ter-
re : caractères si particuliers & « si remarquables que e
personne ne s'y est mépris,ainfi qu'il a este dit. II pé
nétre encore plus avant, & le Chapitre x x. de l'Apo-
calypfe nous montre en confusion & comme de loin
de grandes choses que je ne fçay si nous pouvons dé-
mefler. Mais comme le principal desiein estoit de
nous faire voir lesperíécuteurs , & fur tout les Ro
mains punis, & l'Eglise victorieuse au milieu de tous-
les maux qu'ils luiraisoient ; c'est austì ce qui nous-
paroist plus certainement & plus clairement que le
leste. I x.
Mais tout ce que nous venons de dire , quoy-qtfe L'Empite
tres-important , n'est encore , pour ainsi parler, que . àc Satan
l*écorce& le dehors de l'Apocalypie. Cen'estpasla d,,mJîî
chûrte de Rome ni de l'çmpire idolâtre Sc persécuteur j"ï'Apò-'
que Jesiis- Christ veut découvrir principalement à calypse.
Saint jean ; c'est dans la chûte de oét empire , celle
de l'empire de Satan qui régnait dans tout f"univers
par l'idolatrie que l' Empire Romain soûtenoit; &
Jeíus-Christ avoit prédit la ruine de cét empire de
Satan, lors qu'à la veille de fa passion, il avoit dit
ces paroles: Maintenant le monde vaeflrejuçe': main-
temnt le Prince du monde va efìre chafíè dehors ; & lors
quej'auray eflé élevé de terre ,je tìreray tout à tnoy. Jo-
au.XII.ji. jx. B 4 O»
3,1 L'APpCALYPSE.
On entend bien qui est icy le Prince du monde :
c'est Satan qui le tenoit sous son joug , & s'y faisoic
adorer. On voit cette tyrannie renversée , & le mon
de converti par la Passion du Sauveur , c'est-à- dire ,
avec la ruine de l'empire de Satan , avec la ruine de
l'empire de Satan , le par: fait établissement du règne
' .4eJesus-Christ & de son Eglise'.
L'aceompliflèment de cette, parole de nostre Sei
gneur , si soigneusement remarque'e par Saint Jean-,
*Apt* fait encore le vray sujet de son Apocalypse: c'est
XIh pourquoy on y voit le dragon , c'est-à- dire , fie dia
ble & íes anges comnie tenant l'empire du monde.
Ou y voit les combats qu'ils rendent pour le conser
ver, leur fureur contrel'Eglise naissante, & tout ce
qu'ils font pour la détruire. Les de'mons agissent
par tout , & remuent tout contre l'Eglise qui vient
abbatre leur puissance. Tous leurs efforts sont inu
tiles , & ce règne infernal qui devoit périr , dévoie
aussi entraimer dans fa chute tous ceux qui se laiP
scroient entraimer à ses sacrilèges desseins.
On voit donc icy d'un costé les entreprises de Sa
tan contre l'Eglise; & de l'autre, que cequ'on em
ployé contre elle sert à son triomphe , & que secon-
' der les désirs de I'enser , comme faiseit I'Empirç
Romain , c'estoit courir à íà perte*
Ainsi donc fut éxc'cuté le jugement que le fils de
Upcc. Dieu avott prononcé contre le Prince du monde :
Xl-j' c'est pourquoy on voit le dragon atterré , tous ses
XII I P^'ê55■découverts , & à la fin de ce divin livre , le
' démon avec la.befle & le faux prophète qui le soute-"
noient , jetttx dans VéUng defeu & desouffre pour y
estre tourmentez aux siécles dessiécles. Apoc, xix. 20.
X X. 9. 10.
.ApM. On voit aussi dans le mesme temps Jesus-Christ
XS.XIX. vainqueur, &tous les Royaumes du monde com-
Îjoíànt le sien : ainsi il attire à luy tout le monde ;
es martyrs sont les juges de I'univers , & c'est à
quoy se termine la Prophétie.
En. voicy dpneen un mot tout se sujet. C'est Sar
tan
CKTAPITREIII: ?í
tin le maistre du monde > de'truit avec l'Empirequi
le soûtenòit, apre's avoir livre de vains combats á
l'Egliíe toujours victorieuíè , & à la fin dominan
te fur la terre.
On voit à la fih du livre de nouveaux combats où
je ne veux pas encore entrer. Je me contente d'avoir jtpé.
icj donne' l'idée générale de la principale prédic- XX.
tion:pouren pénétrer le détail, il fant encore s'in
struire des événemens particuliers qui se dévoient •
déveloper dans l'éxécution de ce grand ouvrage de,
Dieu.
HISTOIRE ABREGEE
des événemens depuis la mort de Saint
Jean fous Trajan, en Pan C l. jusqu'à
Tan CÇCCX. ou Romefut frise par
Alaric
LEs Juifs n'efloient pas entièrement chassez de i>
Jérusalem par la ruine de cette ville , & par Estât des
í'incendie de son temple sous Vaspasien& sous Juifs de-
Tite. llss'estoient bastides maisons dans Jéruíà- CJJ^Jg
lem, & ils s'estoieut fait un honneur de. conserver T^,ufaicm.
Je h eu Saint oú le Temple avoitesté poíé: ce qui & du
fit que les Chrétiens y eûrent aussi dans le mesme Temple
temps fous quinze Eveíques consécutifs tirez des- Ve'"
Juifs une Eglise florissante , où ils recueïlloient Pafien* ,
beaucoup de fidèles de cette nation : mais le gros du
peuple persista, dans la haine qu'il avoit conceúc
pour Jeíus- Christ & ses Disciples , ne cessant d'à-
nimer contre eux les Gentils par leurs calomnies. II-9*
Jamais ils n'avoient esté plus remuans ; & devenus .
comme furieux par leur malheur > ils í'embloieut
cstre résolus à íe relever de leur chute , ou à périr
tout-à-sait , & enveloper le plus qu'ilspourroient de
leurs ennemis dans leur ruine.
Saint Jean les avoit laissez dans cette funeste dis- ^ h
rjolîtionlorsqu/il mourut. Ce fut sous Trajan & Deft Ií;
B }, dans
j4 L'APOCAIYPSE,
4et Juifs dans la seconde année de son Empire que l'Eelise
fous Tra- perdit ce grand Apostre que Dieu avoit conservejuP-
jan. qu'à une extrême vieillesse , pour affermir par son
témoignage & par la doctrine la foy delEglise nai
ssante. Un peu apre's , sous le meíme Prince , les
« An. Cb. Juifs reprirent les armés avec a uneefpéce de rage:
115. 117. ils espérèrent peut-estre profiter du temps, b ouíl
On./: elloit occupé contre les Parthes. Mais Lysias qu'il
IX. envoya contre eux tailla c en piéces leurs armées , en
C Dfít M fît périr un nombre infini, & les mit de nouveau ,
JV<tj. Ex/T sous le joug. Leur défaite fut encore plus sanglante
IV. 6. dans la Lybie , & dans l'Ifle de Chypre , où ils
«». Ti<tj. avoient fait des carnages inouïs , &ilíembloit que
Trajan ne leur avoit laissé aucune ressource.
III. Ils furent mis en cét état dans la dix-ueuviéme
Leur der année de ce Prince , qui fut aussi la dernière de son
nière de-
jblation Empire: mais ils receûrent comme d un second coup
sons bien plus terrible sous Adrien , lors que ces désespé
Adrien. rez ayant repris les armes avec une furie dont on ne
d^íx.119. voit guéres d'exemples , e cét Empereur tomba fur
eux par íes Généraux avec toutes les forces de {'Em
« Hitrot. pire.
M £î(ff/). Alors tout ce qui restoit de gloire à Jérusalem
/ií.ir. (.4. fut anéanti : elle perdit jusqu'à son nom ; Adrien ne
Z)», i» luy laissa plus que le sien qu'il luy avoit donné, f
Pour les Juifs , il en périt prés de six cens mille dans
cette guerre sens compter ceux qui surent consumez
Chren. un. par la famine & par le feu , & les esclaves fans nom
~Adr. 18. bre qu'on vendit par toute la terre : ce qui dans
f£«/. /f- toute la fuite leur fit regarder un marché fameux,
I. 6. 8. qu'on appelloit le Marché du Térébinthe , avec
Hitron. in horreur , comme si on eust deû encore les y vendre
Zieh. XI.
in Joël. tous à aussi vil prix qu'on avoit fait aprés leur défaite
XXXI. entière fous Adrien.
ls.VI.&e. L'auteur de cette révolte fut Cochebas ou Bar-
IV. cochebas, dont le nom signitìoit l'étoile, ou le fils
Cette ré de rétoile. Les Juifs trompez par Akiba, le plus au- ' 1
volte exci torise de tous leurs Rabbins , g le prirent pour le
sée par le Messie. Son nom mesme aidoit à la séduction, &
faux Mes
sie Barco- luy
cfaebas. g Cham. Ins. ad ait. IJ4,
CHAPITRE HT, j-jf
luy donna occasion <fc s'approprier cette ancienne
Prophe'tie du livre des Nombres: a IIs'élèvera me a#*w.
étoile de f*e&. Selon cette Prophétie Barochebas XX1
fé disoit un astre descendu du Ciel pour le salut de ía ,y
Mation opprimée: mais au contraire, elle fut cxter- " '
minée pour jamais de fa patrie.
Les Juifs ont regardé ce desastre comme le plus V.
grand qni leur soit jamais arrivé , plus grand mefme j0/1,'1*'6
croeceluy qui leur estoit arrivé fous Tite. L'auceur dçS°T„[f£n
du livre nommé J«chasin , dit qu'il périt deux fois
plus d'hommes dans cette guerrre qu'il n'en estoit
sorti d'Egypte , ç'est-à-dire, qu'il en périt plus de
douze éehs mille , puis qu'il eu estoit sorti d'Egypte
six cens mille fans compter lesenfans; 8c un autre
auteur Juifrapporté par Drusius, dit que b rtiNabu- bDrtif:
tedonoforniTite n a\oie»t tant affligé les Juifs qu avoit '»Pr*-
fait Adrien , soit qu'il faille prendre ces termes à la ttrm'
rigueur , ou que le dernier coup qui ne laisse aucune
espérance soit toujours le plus sensible.
Depuis ce temps leur douleur c n'eût plus de bor- cTertMv.
ijes. lis se crurent entièrement exterminez de leur J^-ij.
terre: à-peine leur fut-il permis, de la regarder de J^"' *4*
loin; & ils achetoient bien cher la liberté de venir •É'm^i'x-
feulement un jour de Tannée au lieu ou estoit le jerem.
Temple pour l'arroíer de leurs larmes. Leur XX xi.
grande douleur estoit de voir cependant les Chre- Grtg.Ka^.
Siens , que leur faux Messie Barcoahebas avoit XIÍm
Cruellement persécutez , demeurer à Jérusalem en 20i"
assez grande paix sous Adrien, &sous leur d Eves- à Eus. I y,
que Marc, le premier qui gouverna danscette ville 6.
les fidèles convertis de la Gentilité. Alors donc put
s'accomplir parfaitement ce que e Saint Jean avoit t^ipae.
Íirédit aux Chrestiens , tjue ces Juifs superbes qui 1 1 *• 9'
es avoient tànt méprises & tant affligés sèroient
abbatus à leurs pieds , & contraints de confesser
qu'ils estoient plus heureux qu'eux , puis qu'ils,
pouvoient demeurer dans la sainte Cité > d'où le»
Juifs se voyoient éternellement bannis.
I.*victoire couûa tant de sangaux Romains , que
ví t'APOCAL Y P SE.
fiite des^ dans les lettres que l'Empereur écrivit íelou I»
Juifs cou- coûtume au Sériât pour luy cn donner avis ,
coupdès- *' n 0*a mettre * *a te^e cctte a maniéré or-
iang aux dinaire de saluer: Si vous & vos enfans estes en
Romains,, bonne santé' , moy & l'armée y sommes aussi 5
ADìo.in n'osant dire qu'une armée si étrangement afiòiblic
• par cette guerre fust en bon état. Ainsi Dieu punis-
soit les Juifs par les Romains , & en quelque façon
aussi les Romains par les Juifs , pendant que les
Chrestiens avoieat le loisir dans un estât asiez paisi
ble , de considérer avec une profonde admiration
les jugemens de Dieu.
VII. Ce fut durant ce temps que les Juifs s'oecu*
■héfies* P^retltPms que jamais à détourner le vray sens des
obscurcies Prophéties qui leur montroient Jésus - Christ,
par les in- Akyba. le plus renommé de tous leurs Rabbins
terpréta- les leur faifbit appliquer à 3arcochebas. Le re
lions &; cueïl de leur Talmud fut fait alors., & à ce qu'on
îions dès Cr0" a PeU Pre*dans le temps qu'Adrien les difper-
juift. C'est-là qu'ils ont ramassé leurs Deuieroses, ou
leurs fausies traditions > où la loy & les prophéties
sont obscurcies en tant d'endroits , & qu'il&ont pose
. les principes pour éluder les paffagesqui regardoient
Jeíùs-Christ : ce qui faifbit en ua certain sens une
notable diminution de leur lumière, non-feulement
à l'égard des Juifs à qui Dieu la retiroit, maisen-
■> core á l'égard des Gentils , puis qu'ils estoient
d'autant moins touchez de ces divines prophéties ,
' que les Juifs á qui elles estoient adressées ne les
«ittendoientpascommeuous., •-
Mai; ce fut uhe chose encore plus.douloureuse
VIIJ.. pourl'Eglise, & une espéee de nouvelle persécution
niOfljpTu- tPc"c eut áríbqssrir de lapartdes Juifs lors qu'elle
laïques sc .'"ks opinions Judaïques se répandre jusques;dans
répandent son sein. Dés ['origine du Christianisme il s'estoic
dans l'E- .méfié parmiles fidèles , des Juifs mal convertis qui
gjtfc.. tachoierit,d'y entretenir un levain caché du Judaïs
me , priucipalement en rejettaiit le mystère, de la
XrÌB«é 6c ceíuy. dsl'Incarnatioxií Tels estpieuc un .

CHAPITRE I I I. j7 ,
Gérinthe& un Ebion qui nièrent la divinité de Je-
fus-Christ > & nc vouloient rcconnoistre en Dieu
qu'une feule personne. Saint Jean les avoit condam
nez dés les premières paroles de son Evangile en di
sent , Au commencement efloit le Verbe > O" le Verbe
ejtoit en Dieu, & le Verbe ejìoit Dieu. Par lá il J'«».
montroit clairement qu'il y avoit en Dieu plus *•
d'une personne, &ilne montroit pas moins évi
demment que le Verbe, cette autre personne
qu'il reconnoiísoit pour Dieu, s'estoitfait nomme , 'W. r4.'
en sorte que le verbe & l'homme n'estoient , com
me il ajoûtoit , dans 1* vérité que le mefmejils uni- It*&%
que de Dieu. On ne pouvoit ni plus clairement ni
plus fortement condamner les opinions Judaïques :
mais elles ne taillèrent pas de sortir de temps en
temps de l 'enfer od l'Evangiledc Saint Jean sem-
bloit fcs avoit renfermées. Sur la fin du second <<*•< '9&'
íécle, il s'éleva, sens auteur connu, une secte nom
mée des Alogiens , ainsi appeliez , parce qu'ils Ef>pt>.
ne reconnoifloient pas le Verbe. Ceux-cy , en bai- íTl
ne du Verbcque Saint Jean avoit annoncé , rejetté-
rent son Evangile , & mefme son Apocalypse , où
Ìefus-Chtist estoit aussi appellé le Verbe de Diea.
1s ne demeurèrent pas long-temps sens chef, &
Théodote de Bysence qui vivoit-alors se mit à leur
teste. C'estoit un homme sçavant & cognu pour Ï4»
tel , comme le remarque Saint Epiphane , & d'ail-
leurs, dit-il , tres-bien instruit des arts de la Gre- fWi &
ce , c'est-à-dire , tres-poli & tres-éloquent , quoy- *"
qu'il fust marchand de cuir. Ge fut dans, Rome
mefme, & sous le Pape Saint Victor, qu'il com- l6«Ar«
œeiiçaá semer son hérésie. L'occasion en est meV *<r"
morable. Durant la persécution il avoit esté pris ji,'t£
pour la Foy , & seul il l'avoit abandonnée , pendant
que les compagnons de fa prison > estoient allez au
martyre. Comme ceuxqpi connoiffoientjon fçavoir,
luy reprochoient une chute si honteuse à un homme fi
fómant ; il leur répondit pour toute raison , qu'en
taut cass!il avoit mwejesus Christ,, c'estoit un pux . .
A. 7; hom.T
;8 L" A P O C A L Y P S E.
homme & non pas ua Dieu qu'il avoit renié : déte
stable excuse qui couvroit unelafcheté parunblas->
phême. Une autre secte sorcie de celle- láravaloit si
fort Jésus- Christ , qu'elle le mettoit au dessous de.
a E/>ipb. Melchisedec. * C'estoit une fuite de ces opinions
*—r,J ï* Judaïques de re'duire la Trinité' á de simples noms >
*7' 160 f*1*11*16 fi£ dans Ie mefme temps un Praxeas , contre
qui Tertullien a écrit. Noe'tus suivit cette erreur que
Sabellius releva encore , & sein beaucoup de disci
ples, non-feulement dans la Mésopotamie, mais
encòre dans Rome mefme. Ces hérésies venoient
routes d'un mefme principe , qui estoit de mettre
l'unitéde Dieu comme les Juifs dans une feule per
sonne divine: cequiobligeoitàdire , ouquejefus-
Christ estoit ta mefme personne que le Pere qui seul
estoit Dieu, ou ce qui estoit plus naturel , qu'il n'e-
stoit pas Dieu luy-meíme, & qu'il n'estoir qu'un
pur homme ; & en quelque maniéré que ce fust ,
c'estoit ou nier la divinité du Fils de Dieu , ou en
supprimer la personne mefme.
On voit clairement que cés hérésies estoient un
leste de ce levain Judaïque , dont les disciples de
Jefuis-Christ dévoient se garder (elonla parole de
nostre Seigneur , & que les Chrestiens qui les em-
brasioient estoient fous le nom de Chrestiens, des
I» Hm. 65. Pharisiens ou des Juifs , b comme Saint Epiphane &
69- les autres Pères les appelloient.
pincer, p. jjajs jamais il ne pârut tant que c ces opinions ve-
V%.i6o. noient des luiss que du temps de Paul de Samofate
164. î6j. Evefquc d Antioche , puis qu'Artémon ayant re-
nouvellé i'hérésie de Cerinthe& de Théodore, qui
à.Mh*n. ne faifoitde Jefus-Christ d qu'un pur homme, Paul
Ep. aâst- embrassa son parti en faveur de Zénobie Reine de
dlr tib'll Pa'myrc<îui> comme on fçait , estoit attachée à là
hxr. Fab. Re''glon Judaïque. Les Juifs estoient donc à vray
in 'Paul» dire les auteurs de cette impiété , puis qu'ils l'infpi-
S*m. roient à cette Reine , & tâchèrent de l'établir par ce
tUB.Xl- moyen dans le troisième Siège de l'Eglise, & dans
*6. la ville on le nom de e Cluemea avoit pris naiflan
C H A P I T R E III. ;9
ee:commesi pour étoufer à jamais un si beau nom ,1e
démon eust voulu porter la corruption jusques dans
la source où il etoit né. Les suites de cette erreur
ont esté effroyables dans l'Eglise , puis que non-
seulement Photin Evesque de Sjimìc la renouvella ,
mais qu'à vray dire les Ariens , les Nestoriens, &
toutes les autres sectes qui attaquèrent dans la fui
te la Divinité ou l'Incarnation du Fils de Dieu
n'estoient que des rejettons de cette hérésie Ju
daïque.
L'Eglise souffrit donc long-temps une espéce de
persécution de la part des Juifs par la contagion de
ces doctrines Pharifàïques ; & Dieu le permettoit
ainsi non-seulement, comme dit Saint Paul , * pour a r. c».
éprouver les vrais fidèles , mais encore pour fraper XI. 19»
d'aveuglement ceux que leur haine volontaire contre
l'Evangile avoit livrez à l'esprit d'erreur.
De tout temps les hérésies ont esté un grand scan
dale aux infidèles , & un grand obstacle à leur con
version . II n'y a personne qui ne sçache que Celse &
tous les Payens aussi-bien que depuis leur temps Ma
homet & ses sectateurs les ont objectées aux Chre
stiens comme le foible du Christianisme.Les Payens
en concluoient que l'Eglise Chrétienne qui se glo-
rifioit de son institution divine estoit une invention
humaine comme les autres sectes , divisée comme
elles en plusieurs factions,qui n'avoient rien de com
mun que le nom. Outre cela, ilsattribuoient aux
vrais Chrestiens les dogmes des hérétiques : ainsi la
doctrine Chrestienne eltoit méprisée , & haye; mé
prisée comme affpiblie par ses divisions ; haïe com
me chargée des dogmes impies des sectes qui por-
toientfbnnom. C'est aíleûrément un des moyens
des plus dangereux dont se soit servi le démon pour
obscurcir l'Evangile , & b empeseher que la gloire b 1, Ctr.
ne s'en fist sentir aux infidèles, Dieu le permettant J+.
ainsi par un juste jugement ,& punissant les impies
par une espéce de soustraction de la lumière qu'ils ne
vouloieut pas recevoir.
40 L' APOCALYPSE.
' IX. II leur préparoit en meíme temps des chastimens
Le teene plus sensibles. Comme les a Romains aveuglez ne
deVílé- profitoientpasde la prédication de l'Evangile, Sc
rien.
a *4n.i6o. que Rome au contraire s'opiniastroit depuis deux
266. 267. cens ans à soutenir l'idolâtrie par toute la-terre; Dieu
2é8. 269. résolut d'oster l' Empire á cette ville impie qui avoit
entrepris d'éteindre la race & le nom des Saints. Lea
guerres d'Orient furent constamment la première
cause de sà chute , & ce fut de ce costé- là que l'Em-
pirc persécuteur receût ses premières playes par la
défaite & la prise de Valérien. Les Perses avoient
repris l'Empire de l'Orient sous un Artaxerxe > qui
envahit le royaume des Parthes, anciens & implaca
bles ennemis du nom Romain. Ces peuples estoient
lenferméz au-delà de l'Euphrate,& s'ils le pasibieiit
quelquefois pour envahir lcs'Provinces de l'Empire,
ils se voyoient bientost repoussés par la pui(lance
Romaine , qui leur portoit la guerre & la désolation
jusques dans le sein. Les choses changèrent fous Va
lérien., grand Prince d'ailleurs , mais l'un des plu;
cruel? persécuteurs que l'Eglise eust encore éprouvé.
C'est dans cette sanglante persécution que Saint Cy-
prien Sc Saint Laurent souffrirent le martyre. De
puis que Valérien l'eût commencée ,. il. fut le plus
20. malheureux de tous les Empereurs. On íçait la dé
dt tmrt. faite honteuse de ce Prince par Sapor Roy de Perse ,
ptrfit. f. sà prise, son long esclavage , le triste état de l'Em
pire Romain , les* trente Tyrans aufquels il fut don-
néenproyej en mesme temps, l'inondation des
Barbares qui le ravageoicut , c'est-à-dire, à la fois
la guerre civile & la guerre étrangère , & une terri
ble agitation , non feulement dans les Provinces ,
mais encore dans tout le corps de l'Empire. Alors
Tnbtll. il sembla que tous les peuples perdissent en mesme
in Cloué. temps le respect pour la majesté Romaine. On vit
Vipisc. in entrer de tous costez dans toutes les terres de l'Em-
•Aurtl.
Orts.Vl I ,pire ceux qui le dévoient mettre eh pièces^: lesSue-
u. 23, ves, les Alains, les .Geunau», les Allerrtans, peu
ple
C H AP1TRE IU 4t
pie particulier de la Germanie , qui a depuis donne
parmi nous le nom à la nation ; les He'rules , les
Vandales , les Francs > IesGépides , noms presque
inconnus jusqu'alors , & comme à la teste de tous »
les Gots qui les animoient , & qu'on nommoit pres
que íèuls parmi tant d'ennemis , à cause qu'ils sc
signaloient au dessus des autres. II est vray qu'ils
furent vaincus par mer & par terre , car leur temps
n'estoit pas encore venu. La justice divine , qui
marche á pas lents , se contenta d'avoir marqué
alors les destructeurs futurs de Rome , & de luy
avoir montré la verge dont elle devoit estre frapée;.
Tous ces malheurs commencèrent à la défaite & X.
à la prise de Valérien ) & on reconnut si bien que la Sui te des
persécution en estoit la cause, que Gallien fils & ^enr*
successeur de ce Prince la '» fit cesser auffitost qu'il prince> 8t
fut élevéàl'Empire: mais Dieu ne laiíla pas dedisposi-
«ontínuer ses justes vengeances. Car outre que tions ì la
Gallien le pins infâme de tous les hommes , n'e- î*lltc.de
stoit pas propre à l'appaiíèr , les peuples ne le r0™
corrigèrent pas , & leur haine fut plus que jamais a £„y?j.
envenimée contre l'Eglise. Dicu.aussi multiplia ses Pnul. On/.
fléaux: la guerre, la peste t la famine ravagèrent»^,
le monde comme à l'en vi , & jamais on n'avoit vcû
de si grands maux, ni si universels , ni tant à la fois.
L'Empire íà rétablit sous Claude 1 1. & sous les Prin
ces íuivans. Mais les suites des malheurs de Valérien
• ne finirent pas. Depuis ce témpSj il fallut tourner
vers l'Orient toutes les forces de l'Empire: c'est par
U quel'Occident demeura découvert aux Barbares.
Le grand nombre de Céíàrs & d'Empereurs qu'il -
fallut faire , chargea extraordinairement î'Empire,
&dimuiuua la majesté d'un si grand nom, J r-
Rome cependant devenoh toûjours, plus impi- „p 5.
toyable envers les Chrestiehs. La' perlecution de cmi"n "
Diocletieu & de Maximien fut la plus violente de fous Dio-
toutes. Encore que ces Empereurs & sor tout b Ma-, clétien, & -
ximien eussent déja beaucoup affligé les Saints & fait {f P»**.de
beaucoup de Martyrs , on rie compte leur pexsécu- ^^J,*?'
tion '* '*
4t L' APOCALYPSE,
tion que depuis que par un Edit ezpre's ils firent ren
verser les Eglises , & contraignirent par des morts
cruelles , premièrement le Clergé , & ensuite tout
Ic peuple , á sacrifier aux Idoles. Apres que ces
Empereurs eûrent renoncé à l'Empire, leurs íuc-r
ceífeurs continuèrent la persécution avec un pareil
acharnement durant dix ans : & cette persécution
est appellée du nom de Diocletien , parce qu'elle fut
commencée par son autorité. Jamais l'Eglisc n'avoit
tant souffert . U sembloit que les démons , qui sen-
toient par le nombre immense des conversions ,
que leur Empire alloit tomber , rissent alors les der
niers efforts pour le soutenir: mais au conrraire ce
fut alors & au milieu de cette effroyable persécution
*An.}c6. que a Constantin choisi de Dieu pour donner la
i°7- paixà son Eglise & triompher par la Croix, en érigea
Xi\, *e trophée au milieu de Rome.
L'idola- Les sacrifices des démons surent abolis , leurs
ttieressus- temnles furent fermez &l'idolatrie sembloit avoir
citée par receu le coup mortel. Mais environ cinquante ans
f'A^oPa aPres» b Julien l'Apostat la fat revivre, &luyren-
btus. de ' dit son premier lustre pour un peu de temps, c La
vit. Conjt. défaire de ce Prince & la mort dans un combat con-
Xi. 45. tre les Perses , en relevant l'Eglisc , donna un grand
Thtodor. coup à 1'Empire Romain , & le temps de fà chûte
J" \ gQ sembloit approcher.
?6r. °' Les violences & lescruautez qu'on exerça dans
X í I I. les villes contre lesChrestiens aussitost que Julien se
Romeat- fut déclaré leur ennemi , firent bien voir que l'ido-
tachée aH latrie n'estoit pas morte , mesine sous les Princes
meSmesme Chrefïicns. * Rome ne pouvoit revenir de ses er-
seuslet rcurs ni de ses faux dieux. Elle continuoit á impu-
Ptinces ter aux Chrestiens tous les malheurs de l'Empire ,
Chre- toujours preste à les traiter avec les mefmes rigueurs
ftiens. qu'elle avoit fait autrefois , si les Empereurs l'eus-
d*4».a6i. sent souffert. La cause mesme de l'idolatrie y estoit
36}. Sa\. si favorable , cjue les Tyrans qui s'élevoient , ou
/Sj 15 Ceux 1U* aQ'u:olent * 'a tyrannie, un Maxime , e un
s»e. m. Eu-
lï. l}. Thtod.III.j. tZw.lJT. Ouf. VII. JJ.}8.
CHAPITRE III. 41
Eugenç, un Eudier gagnoient Rome en faisant croi
re qu'Us seroient plus favorables au culte des dieux
que les Empereurs , ou en promettant ouvertement
de le rétablir. En effet, il paroist par toute l'Histoirt
que le Sénat, le premier corps de l'Empire, & celui
qui avoit toujours le plus excité la persécution con
tre l 'Eglise ne a s'estoit point relasché de ses pre- a ReUi.
miersìèntimens.La relation deSymrnaque,rréfer de *J""» *h
la ville,aux Empereurs Vaìentinien,Théodose & Ar- pgpi'
cade le fait bien voir,puis que ce fut au nom du Sénat Ep.xxxi
qu'il demanda à ces Empereurs le rétablissement des Mi. Ep.
gages retranchez aux Vestales, & eeluy de l'autel de XXX.
la victoire dans le lieu où ce corps auguste s'aílem-
bloit. On voit par la réponse de Saint Ambroise ,
quecen'estoitpasá tort que Symmaqueprenoit le
aom de cette compagnie , puis qu'en effet le nom
bre des idolâtre» y prévaloir. Cette relation de
Symmaque avoit esté précédée par une" semblable
délibération, deux ans auparavant, b sous l'Em- bliié
pire de Gratien. Tout ce que pouvoient faire les
Sénateurs Çhrestiensen ces occasions estoit de s'ab-
íenter du Se'nat , pour ne point participer à un dé
cret plein d'idolâtrie , ou de souscrire une requeste
particulière, pour faire connoistre leurs sentimens
àTEmpcreur. Ainsi l'idolatrie avoit encore pour
elIeleíufFragedesPetesConfcripts , c'est-à-dire ,
de cét auguste Sénat , autrefois si tévéré des Na
tions & des Rois , & où il y avoit encore nne si gran
de partie de la puissance publique , puis qu on y
confirmoit & les loix, & les Princes mesmes.
U ne faut donc pas s'imaginer que Rome fust
Ctrestienne , ni que la colère de Dieu deust estre
appaifee à cause que les Empereurs s'estaient conver
tis. Les temples rouverts par Julien n'avoient pu
estre refermez: les Paycns metme trouvoient moyen
de continuer leur culte malgré les défenses des Em
pereurs. Ik regardoient le culte des Chrcstiens com- RtUi.
mêla dévotion particulière des Princes, & le culte des Symm.
anciens dieux comme celui d« tout l'Empire. Tout 'b"i-
estoit
44 L'APOCALYPSE.
rtiVÍ. Ep. eftoit infecté dans Rome , dit Sait Ambroise
XXXI. je ja furne,e des sacrifices impurs , &onyvoyoit
de tous costez les idoles qui provoquoient Dieu à
jalousie. Ainsi Rome attiroit toûjours fa vengean -
ce. Il en arriva comme du temps dejosias: encore
que la pieté? de ce Prince eust remis eu honneur le
4. Rtg. vray culte , b Dieu n'oublia pas pour cela les im-
X XZ I /' P'"ez ^u rcSne d'Achaz & de Manaslès , & il at-
ïg> t tendoit seulement à perdre Jtida , lors qu'il auroit
retiré du monde le pieux Josias. Le Josias que Dieu
sembloit avoir épargné , estoit Théodose le Grand :
mais il détruisit sous -son fils Rome & son Empire.
Ce n'estoit pas qu'Honorius n'eust hérité de ta pié
té de son pere : mais Rome se rendoit d'iutant plus
inexcusable que l'éxemple & l'autorité de sesEmpe-
^«404^ reurs n'estoit pas capable de la convertir. L 'année
séculaire de Rome arriva sous leregne de ce Prince ;
Z^.lìè. Sc pour contenter le peuple qui attribuoit les
malheurs du siécle précédent au mépris qu'on y
avoit fait des jeux séculaires au commencement de
ce siécle-là, on les laissa célébrer avec beaucoup de
superstitions & d'idolâtries.
XIV. _ Ne voilà que trop de sujets de perdre Rome, &
Rome pri- djeu avojt j^ja appen^ ies Gots pour éxercer íà ven-
Alacic gwicc. Mais la maniéré dont il accomplit ce grand
avec une ouvrage , y fit bien connoistre fa main toute puit-
imrquevi- sànte.
sible de la • e Deux Rois Gots menaçpient en mesme temps
vengeance Rome& l'Italie, Radagaife & Alaric , le premier
!e P*"L. Payen , le second Chrestien, quoy-qu'attaché à
nisinc." l'Arianisine. Radagaife marchoit avec deux cens •
e Ores. ■ mille hommes, & selon la coutume des Barbares
rII. j?. il avoitvoûé à ses dieux le sang des Romains. Les
Payens publioient à Rome qu'il venoit un ennemi
vrayment redoutable , que le culte des dieux ren-
droit puissant contre Rome où leurs autels estoient
méprisez ; & ils disoient que les sacrifices de ce Roy
Payen estoient plus à craindre que ses troupes ,
quoy-qu'innombrablesSí victorieuses. Les bUJjihè-
met
CHAPITRE III.'. 45
messe multiflioient dans toute la ville, dit un YÙÌ-<>''s-
torien.du temps; & le nom de Jejus-Chrìfi ejìoìt re- ,l>'^'
gardé plus quejamais comme la cause de tous les maux.
Si Dieu résolu à la vengeance eust livre' la ville à
ce Fayen , ceux de la mesme religion n'auroient pas
manqué d'attribuer la victoire aux dieux qu'il ado-
roit. Mais son armée fut taillée en piéces, lans qu'il 4°6«
en restait un seul , pas mesme le Roy.
Dans le mesme temps Alaric , l'autre Roy des
Gots , s'estoit rendu redoutable aux Romains : Oris.
tantost receû dans leur alliance , & combatant avec
eux ; tantost indignement traité , enfin il assiège
Rome , On y chetche de vains secours , en appel- Zt\- ibiJ.
lant des devins Toscans , selon l'ancienne coutume;-
&onfèportoitavec tant d'ardeur aux cérémonies
Payennes , qu'un Payen a bien oíé écrire que le
Pape Saint Innocent fut obligé d'y coníentir. Per
sonne n'en a cru Zozime un si grand calomniateur
.des Chrestiens : mais son récit ne laide pas de faire
sentir dans Rome un prodigieux attachement à Pi-
dolatrie. Approchant le temps de fa perte > on y S»t. l X.
établit pour Empereur , Attale Payen d'inclination, 9-
qui aussi faifoit espérer le rétablissement du Pa
ganisme. En effet , dans la propre année que Rome
fut prise , le Tyran créa Consul un Tertullut Salu. Jt
zélé idolâtre , qui commença fa magistrature , selon Jnd.lib.6.
la coutume des Gentils , par les vains présages des otts-Vll.
oiseaux , & qui faisant valoir dans le Sénat laquali- ^îj.
té de Pontife qu'il espéroit bientost avoir , vouloit
faire revivre avec elle toute la religion Payenne.
Ainsi l'idolatrie estoit encore une fois devenue' dans
Rome la Religion dominante , Dieu l'ayant ainsi
ferrais, pour ne point laisser douteux le sujet de set
justes vengeances. Cette grande ville hastoit son Ons.
supplice : les propositions de paix qu'on faifoit à *£*"• ^*t'
I'Emperçur furent inutiles; Rome fut prise par «^Jy
Alaric , & tout y sut désolé par le fer & par le ' *'
•feu. \4„, 410;
Mais Dieu qui avoit enlevé à Radagaise Prince
Payen

\
A6 V APOCALYPSE.
Payen une ville destinée à sà vengeance pour la li.
vrer-à un Chrestien dont la victoire ne pust pas estre
attribuée par ies Payens au culte des dieux , voulut
encore faire voir d'une autre maniéré & avec beau
coup d'e'clat , quele Paganisme eltoit le seul objet
a Oros. Je íà colére:car il mit dans le cœur a d'Alaric d'éta-
'jùi^ie ^Hrun asile aslèûré dans les Eglises, & principalc-
A«f1. 1. ment dans celle de Saint Pierre. Plusieurs Payens
23.' s'y réfugièrent avec les Chrestiens, & visible
ment ce qui resta de la ville fut deu au Christianis
me.
X V. Tous les Christiens reconnurent le doigt de Dieu
Tous les dans ce mémorable événement , & Saint Augustin
ftìèns re ^® eh 'ouVellt 'a éxioft , nous fait adorer en
connois." trernblant les moyens dont ce Juste juge sçait faire
sent connoistre aux hommes ses secrets desteins. Aureste
le doigt il arriva au vainqueur choisi de Dieu pour exécuter
de Dieu ses décrets , ce qui a coustume d'arriver à ceux dont
dans cet ja p„jfljnce divine se veút servir : c'est que Dieu leur
aeat~ fait sentir par un secret instinct , qu'ils ne sont que
hPhilt- les instrUmens de fa justice, b A insiTite répondit à
ftttimt. ceux qui luy vanroient ses victoires fur les Juifs 1
qu'il n'avoit fait que prester la main á Dieu irri
té contre ce peuple. Alaric eût un -semblable senti-
c S»v / X. ment , & c un íàint moine d'Italie le priant d'épar-
gner une si grande ville : Non , dit-il , cela ne fi
peut: jen'agispas de moy- me/me : quelqu'un me poujji
au dedansfans me donner de repos ni jour ni nuit, <y U
faut que ]{omesoit prise. Elle le fut bientolt aptés.
x_j Alaric ne íarvéc'ut guéres , & il fembloit qu'il nc
Suite de au monde que pour accomplir cét ouvrage,
la prise de Depuis ce temps , la majesté du nom Romain fut
Rome. Le anéantie : {'Empire sot mis en piéces , & chaque
Paganis-_ peuple barbare enleva quelque partie de son débris j
me entié- Rome mesme dont le nom seul imprimoit autrefois
ïníné'avec ^e 'a tcrrenr> quand on la vit une fois vaincue , de-
l'Empire vint le joûët & la proye de tous les Barbares, d Qua-
Romain. rante-cinq ansaprés , le Vandale Genféric h pilla
i ^í» 4îî. encore. « Odoacre Roy des Erules s'en rendit le
€^«.476. mai
CHAPITRE III. 47
maistrc, comme de toute l'Italie, presque fàns com
bat , & la gloire de l' Empire Romain , s'il luy en
restoit encore après cette perte , fut transportée à
Constantinople. Rome autrefois la maîtresse du
monde fut regardée avec l'Italie comme une pro
vince , & encore en quelque façon comme une pro-
- rince étrangère , que l'Empercur » Analtase fut a M-e,^.
contraint d'abandonner à Théodoric Roy des Gots.
Vingt ou trente ans on vit Rome comme balotée en
tre les Gots & les Capitaines Romains qui la pré
sident tour à tour. Dieuhe ccfla de poursuivre jus
qu'à l'entiére destruction les restes de l'idolatrie
dans cette ville. La vénération des dieux Romains
avoit laissé des impressions si profondes dans l'espric
du vulgaire ignorant , qu'on voit fous justinien &
b fous les derniers Rois Gots qui régnèrent en Ira- b ^«.538.
lie, de secrets adorateurs de Janus , & on crut en
core trouver c dans fa chapelle & dans íès portes c Prtip.
d'airain, quoy-qu'abandonnées depuis tant de fié-
des, une secrète Vertu pour faire la guerre en les G4'»''"'1'
ouvrant. C'estoitles derniers efforts de l'idolatrie
qui tomboit tous les jours de plus en plus avec l 'Em
pire de Rome. Mais le grand coup fut frapé par
Alarïc : ni l'Empire , pi l'idolatrie n'en font jamais
relevez, & Dieu vouloir que l'un & l'autre périst par
un mesine coup. '
C'est ce que célèbre Saint Jean dans l'Apocalyp-
íèj c'est où il nous meitoe par une fuite d'événemens
qui durent plus de trois cens ans , & c'est par où fé
termine enfin ce qu'il y a de principal dans fa pré
diction. C'est là aussi la grande victoire de l'Eglise.
Mais avant que d'y arriver , il faudra voir tous les
obstacles qu'elleasurmonrez, toutes les séductions
qu'elle a dissipées , Çc toures les violences qu'elle a
íouffertes. Satan a esté vaincu en toutes manières ,
& Rome qui le foûtenoit est tombée. Pendant
que les Cnrestiens gémissoit íòus la tyrannie de
cette ville superbe , Dieu les tenoit dans cette atten
te , & leur fàúoit mépriser l'Ëmpire& la gloire des
impics,
48 L'APOCALTPSI.
impies. Saint Jean leur montrait aussi celle des
Martyrs, joignant, selon la coutume des Prophè
tes , les consolations avec les vengeances & les me
naces , sous des figures si admirables , qu'on ne se
lasse point d'en contempler la variété & la magnifi
cence. Nous .en entendrons le détail , en appliquant
les paroles de la Prophétie aux événemens qu'on
vient de voir , & selon l'idc'e générale que j'en ay
donnée :

CHAPITRE IV.- '


La Perte du Ciel ouverte ; la séance du
Juge & deses e^ijjejfeurs -, les quatre Animaux ; leur
Cantique ; le Cantique , & les adorations des Vieil
lards.
Cr. i. A P r e' s cela je regarday , & je vis une
J\ porte ouverte dans le ciel : & la ptemiére
voix que j'avois ouïe , qui m'avoit parlé
avec un son éclatant comme celuy d'une trompetrei
médît : Monte icy haut, & je te montreray les
choses qui doivent arriver cy-aprés.
i. Je fus aussitost ravi en esprit , & je vis un trône
placé dans le Ciel , & quelqu'un assis fut le trône.
3 . Celuy qui estoit assis patoistoit semblable à
une pierre de jaípe & de íardoine : & il y avoir au
tour du trône un arc-en-ciel , qui paroissoit sem
blable à une émeraude.
^4. Autour du trône il y avoit encore vingt-quatre
» je vis trônes , St dans les trônes a vingt-quatre vieillards
•vingt. &e. assis, revestus d'habits blancs b , avec des courou-
J^^l nés d'or fut leurs testes.
0,u ' 5. II sortoit du trône des éclairs, des tonnerres
& des voix ; & il y avoit sept lampes brûlantes de
vant le trône , qui íont les sept eípnts de Dieu.
6. Et devant le trône il y avoit une mer transpa
rente com me le verre, & semblable à du cristal í Sc
áu
'CHAPITRE IV. 49
au milieu du trône , il y avoit quatre animaux pleins Cr.
d'yeux devant & derrière. .,
7. Le premier animal estoit semblable à un
lion, le second à un veau ; le troisième avoit un vi
sage comme celuy d'un homme , & le quatrième
estoit semblable à un aigle qui vole.
8. Les quatre animaux avoient » chacun six aî- a. . . chu-
les & alen tour & au dedans ils estoient pleins d'yeux; <*" j*/?»'*
& ils ne cefloient de dire jour & nuit : Saint , Saint ,
Saint, le Seigneur Dieu Toutpuistant , qui estoit, (yandt-
qui est (Sc qui doit venir. dans.
9. Etlorsque ces animaux b donnoient gloire , b dmnt.
honneur, & c bénédiction à celuy qui est assis fur ,mt
le trône , qui vit dans les -siécles des siécles , c *a"n *
10. Les vingt-quatre vieillards se d proster- %p"aer.
noient devant celuy qui est assis siirle trône, & ih„„mt
«adoroient celuy qui vit dans les siécles des siécles , c adoreront
&ils f jettoient leurs couronnes devant" le trône, fjnurm
en disant :
• il. Vous estes digne , ô Seigneur nostre Dieu ,
de recevoir gloire , honneur & puissance : parce que
TOusavez crée toutes choses g , & que «;est par ggrrV^
vostre volonté , qu'elles èstòient , & qu'elles ont P" "'strt
esté créées. ! :.' " > v. .' .~t.a ;••>'. tv.'-', . .» .• . -st'J • :
•„ ■ •«.-..<•', . ; , - sùv,.i. » v vi vV ; ■ î» tU*t
B X P L I C A T 1 Ò N**'
du Chapitre IF.
La révélation des secrets de Dieu : féclat
CT la douceur defa MajestéSainte : l'union des Saints '
de íancien & du nouveau Testament : les quatre
Evangélistes , ÇS les Ecrivainssacrez.
1. fiTje vis uneporte ouverte dans le Ciel: Lapone
ouverte dans le Ciel signifie que les grands se
crets de Dieu vont estre révélez.
Et k première voix que favois oùïe: Cette voix du
îils de l'Homme qui m'avoit parlé ayee un son écla-
C tant
jei . L'ATOCALY P S E.
tant comme ccluy d'une trompette , I. io. Cette
voix me dît, Monte icy haut ; entre dans le secret de
Dieu que je te vais découvrir , & je te montteray les
choses qui doivent arriver cy-apre's. Remarquez que
c'est toujoursJesiis-Chtist qui explique tout au Pro
phète : de forte que c'est toujours la révélation & la
Prophe'tiede Jcsus-Christ mesme , ainsi qu'il a este
dit au commencement.
ílui doivent arriver cy-aprés Incontinent aptes cette
Prophétie , comme il a esté souvent remarqué : car
encore que Saint Jean àille raconter une suite de cho
ses qui nous menera bien avant dans l'avenir, le
commencement, comme on a veû,en estoit proche.
' 1. Je vis un trône placé dans le C*/: Comme il
s'agit de juger les Juifs & les Romains perse'cutçuis ,
oa monfie avant toutes choses á Saint Jean le Juge
& ses A&èffeurs ; en un mot « toute I&seauce où la
sentence se doit prononcer. Ainsi comme Daniel
alloit expliquer le jugement prononcé contre Antio-
chus-, la se'ance est d'abord représentée. Je regardais
jusqu'à ce que l'onplacast les trônes : C l'ancien desjours
■s'-ajjìt* . . Et enfante.: Lesjugespmentjétuct , .(tkt
■ imèytskrentiwverts,!^. /■»$.,*<>» , '.; o't.i
j. CeluyàuiefloitaJJisfaroijjoitsemblable, à unefter
re de jaspe O de fardotne , & ily avoit une arc-en ciel
autour du irône^. . : Ainft Moïses Aron , & les
Anciens d'Iseaè'I virent Dieu , &fausfes pieds comme
un ouvrage de saphir , & comme le Ciel quand il est si-
retu Exod. x x i v. i o. Et dans Ezéchiel 1. 16. 18.
Ic tfô|he de Dieu ressemble ì'un saphir , // est en
vironné dtl"arc-cn-ael. Dans toutes les douces cou
leurs de ces. pierreries &'de Tarç-ea-ciel, cm voit
Dieu revestú d'une majeûé doucci St d'un éclat
agréable aux yeux.
4. tyiutour du trône., .vingt-quatre trônes O" dant
les trônes vingt-quatre vieillards. Voilà donc toute la
séance: le Juge assis au milieu & autour dans des siè
ges posez deçà & délà en nombre égal , les vingt-
ijuattc vieillards qui composeut ce &«é Sénat.
r>»gt-
CHAPITRE IV. <i
Vingt- quatre vieillards: C'est l'universalité des
Saints de l'ancien & du nouveau Testament , repré
sentez par leurs chefs & leurs conducteurs. Ceux de
l'ancien paroisient dans les douze Patriarches , fie
ceux du nouveau dans le douze Apostres. Ils sont
tous de mesine dignité & de mesme âge , parce que
ce qui s'accomplir dans le nouveau Testament est
figuré fie commencé dans l'ancien. Cette mesme
universalité des Sains est repréíentée cy- dessous dans
les douze fortes de la Cité Sainte , ou font écrits les noms
des douze Tribus , £7" dans les douze fondemens de cette
me/me citéoùfont écrits les noms des douze t^Afostres.
Apoc. xx). 1 1. 1 4. On doit icy regarder principale
ment dans les chefs de l'ancien fie du nouveau peu
ple > les Pasteurs fie les Docteurs ; fie en un mot ,
on voit dans ces vingt-|uatre vieillards > toute l'E-
glise représentée dans íès conducteurs.
• Pourquoy donner à Dieu des Assesseurs? C'est
que Dieu associe ses Saints à son ouvrage. Apoe, 1 1.
1 4 . Ainsi 1 Dan. i v. 1 4. â * ejlé résolu far la Sentence
de ceux qui veillent, £5 c'est le discours O" la demande
des Saints. Tout se fait avec les Saints , Sc par la priè
re que Dieu luy-mesme leur inspire. C'est ce qui
paroistra souvent dans l'Apocalypse.
. j. IIfortoit du trône des éclairs, des tonnerres, (T
des ooix.Ce sont les marques de la majesté fie de la ju
stice de Dieu.
Sept lamfes brûlantes devant le trine, qui font les
feft effrìts de Dieu : Les sept Anges exécuteurs de íès
décrets, Afoc. 1. 4. viij. i.
C. Et devant le trône iiyavoit une mer transparente
tomme le verre , & semblable à du cryflal : La mer
signifie ordinairement dans l'Ecriture l'agitation Sc
le trouble : mais icy l'idee est changée, fie adoucie
par la transparence Sc par la ressemblance du cristal.
Ainsi il semble que le Saint Esprit veut signifier feu»
lementqueletrôuede Dieu est inaccessible , com
me un lieu séparé des autres par des eaux immen
ses.
Ci £-
5t V Á.? O C A L Y P SE.
Et au milieu du trône & autour du trine. . . . quatre
animaux. Le premier animal estoic devanr le trône
& vis- à-vis du milieu , & les autres estoicnt placez
alentour à égale distance. Par ces quatre animaux
mystérieux on peut entendre les quatre Eyangé-
- listes, & on trouvera ali verset suivant lafigured^s
quatre animaux , par où les Pères ont estimé quele
commencement de leur Evangile cstoit déíigné.
Dans les quatre Evangélistes comme dans Içs prin
cipaux écrivains du nouveau Testament íont com
pris rous les Apostres & les íaints Docteurs qui ont
cciairé l'Egliíe par leurs écrits.
Quatre animaux pleins d'yeux devant & derrière :
Cela lignifie leur pénétration. . Us racontent ce
qui s'est passé , Sc £ont pleins des Prophéties de
l'aveuir,. . .' - a v
7. Lepremier animal efloitsemblable à un Lion. . . La
meí'me chose paroist dans Ezéchiel 1. 1 o. excepte
quedans Ezéchiel chacun des animaux a les quatre
faces, &icy chaque animal n'en a qu'une. Les Pè
res ont cru que le commencement de chaque Evan
gile estoit marqué par chaque animal , &certe Tra-
Iren.m. ditionparoît dés le temps de Saint Irénée. La
figure humaine est attribuée au commencement de
Saint Matthieu où la race de Jesus-Christ en tant
qu'homme est exposée. Le commencement de Saint
Marc est approprié au Lion , à cause de la voix qui
se faitentendie dansle désert , Marcl. 1. On a don
né le veau au commencement de Saint Luc , à cause
du Sacerdoce de Saint Zacharie par lequel cét Evan
géliste commence, & on a cru que le Sacerdoce
estoit désigné par la victime qu'il oftroit. Pour Saint
Jean, il n'y a personne qui n'y reconnoisse la figure
d'aigle â cause qae d'abord il portesonvol, ík qu'il
arreste ses yeux sur Jesus-Christ dans le íèiu de íòji
Pere. On voit aussi dans les quatre animaux quatre
principales qualitez des Saints : dans le lion , lc cou
rage & la force ; dans le veau qui porte le joug, la
' docilué& ja patience; dans i'homme , la sagesse ;
CHAPITRE V. . 5î>
& dans l'aigle < la sublimité des pensées & des
désirs.
8. Six ailes. Comme les Séraphins d'Isaïe., vj.
i. Car ceux d'Ezéchiel n'en ont que quatre ,1.6.
t^ikntour & au deddns ils eftoient pleins d'yeux.
Dans le Grec, alentour, se rapporte aux ailes qui
sont posées alentour du corps s & c'est ainsi qu'ont
leû André de Césarée , Primaíc , Bede & Tycon ,
Hom. III.
Et ils ne cessoient de dire jour (T nuit Saint , Saint ,
Saint. . . comme les Séraphins d'Isaïe , vj. 3 .
Qui efloit , & qui ejì. . . Voy , A'poc. I. 4.
10. Les vingt-quatre vieillards se proflernoient . . .
A la publication de l'Evangile , où la sainteté <ie
Dieu est déclarée , tous les Saints adorent Dieu avec
une humilité profonde.
Et ilsjettoient leurs couronnes devant le trône. Ils rc-
connoiíïent que c'est Dieu qui leur a donné la vic
toire & la gloire dont ils jou issent , & ils luy en ren
dent hommage.
1 1 . Elles efloient par voflre volonté. . . dans vos
décrets éternels. Gr. elles font , au lieu d'elles ejìoícnt.
La leçon de la Vulgate est ancienne.

CHAPITRE V.
Le livre fermé de sept sceaux ; l*Agneau
àent/mt le trine; luy seulpeut ouvrir le livre s le1 toÛAn-
ges qui luyfont données par toutes les créatures.
1. TE vk en íùite dans la main droite dece'uy qui
J estoit assis (ur le trône , un livre écrit dedans &
dehors , scellé de sept sceaux.
x. Et je vis un Ange fort , qui crioit à hautevoix:
Quiest digne d'ouvrir le livre , & d'en lever les
sceaux ?
- Et nul ne pouvoit , ni dans le ciel , ni fur la
terre , nisouslateire , ouvrir le livre , ni le regarder.
Cj 4.
54 L' APOCALYPSE.
Cr. 4. y fondois en larmes de ce cjue personne ue
a ni de lire s'estoit trouve digne d'ouvrir a le livre , ni de le re
garder.
<. Mais l'un des vieillards me dît: Ne pleure
point ; vôicy le lion de la Tribu de Juda , le rejetton
de David » qui a obtenu par fa victoire le pouvoir
d'ouvrir le livre , & d'en lever les sept sceaux.
6. Je regarday : & je vis au milieu du trône & des
quatre animaux , & au milieu des vieillards , un
Agneau debout comme égorgé , ayant sept cornes
& íèpt yeux, qui sont les sept esprits de Dieu envoyez
par toute la terre.
7. II vint, Sc il prit le Rvte de la main droite de
eeluy qui elìoit assis fur le trône.
t>i?V<t- g. b Et l'ayant ouvert , les quatre animaux SX
pimt fns , jes vingt-quatre vieillards se prosternèrent devant
' l'Agnean, ayant chacun des harpes & des coupe»
d'or pleines de parfums , qui font les prières des
Saints. '*
cch*nitnt 9. c Us chaototentim cantique nouveau , en dr-
fantr Vousestes digne, Seigneur, de prendre le li-
(Sekntur ) vre , & d'en lever les sceaux : parce que vous avez este
"j'tísT' misam°r£ »& que vous nous avez rachetés poat
Crtc. ' ^,'c*u Par v°stre sang , de toute tribu , de toute kH-
gue , de tout peuple , Sc de toute nation. 1
10. Et vous nous avez fait Rois & Sacrificateurs
à nostre Dieu , & nous régnerons fur la terre.
à Jet mil' 11 < Je regarday encore , Sc j'entendis autour du
iom tU trône & des animaux & des vieillards , ta voix de
imUhni, plusieurs Auges , dont le nombre alloít jusqu'à d
& des mil- des milliers de milliers ,
lins. m" Qui disoient à haute voix : L'Agneau oui a
e les ri- e^ égorgé , est digne de recevoir la vertu , e la di-
chejses viuité la sagesse , la force , l'honneur , la gloire , fc
fineo, la bénédiction.
r*/'áte" r'- ^c >'encen<lis toutes les créatures qui sont
inefs", m ^ans 'e c'e' » ^ur '* terre » f°us 'a Krre ' & celles qui
eux , Lm íònt dans la mer , 3c tout ce qui y est f je les enten
tes, dis toutes qui disoient: Bénédiction, honneur, &
gloire »
C H A V I^T R E V. Î5
glotte > & puissance (oient á celuy qui est allîs fut le Gr.
trône , & â l'Agneau , dans les siécles des siécles.
14. Et les quatre animaux disoient , Amen. Et
les vingt quatre vieillards a se prosternèrent sut le a stprt-
vísag'e ,& adorèrent celuy qui vit dans les siécles àzsfl"'"'"''*
siécles. V*"'
tirfur Itur
EXPLICATIF
àn Chapitre V.
Le Uvre scellé , ce que c'est : le myfte're
du nombre desept dans Vapocalypse.
: vis ensuite. . . un livre écrit dedans dehors ,
fscellé desept sceaux. C'estoit un rouleau á la ma
niéré des anciens. Scelléde/iptsceaux; ce sont
les secrets jugemens de Dieu, h Saint Ambroise ap- ^y***-
pelle ce livre, Le livre Prophétique; le sivre où estoient lj // i'
comprises les destinées des hommes que lesus- '
Christ va révéler à Saint Jean. Le" livre est scellé
quand les jugemens ne sont pas encore déclarez. La
vision vousfera comme lesparoles d'un livrescclléoàper-
somenepeut lire. If. xxx. 1 l . Ecrit dedans O" dehors:
On n'écrivoit ordinairement que d'un costé> si ce
n'estcjuandily avoit beaucoup de choses à écrire.
Ainsi dans Ezéchiel II. 9. 10... Le livre présenté ait
Prophète fj? écrit de dans & dehors , £7* contient ltsm*~
lédiQions & les malheurs.
Septsceaux : Les saintsDocteurs ont rematqué que
le nombre de sept estoit consacré dans ce livre pour
signifier une certaine universalité & perfection: c'est
pourquoy on a veû d'abord lessept esprits qui sont
devant le trône ,ï. 1 . íept chandeliers , sept étoiles «
íept Eglises , pour désigner toute l'ùnité Catholiqne,
comme il a esté remarqué. Là-mesme 4.1 1.16. 10.
£7*c. On a veû ensuite les seprlampes brûlantes , qui
íbnt encore les sept esprits ». iv. f. Dans le chapitre
qae nous expliquons , on signifie cee- mesmes sept
C 4 eíf>tits>,
î<5 L'APOCALYPSE.
esprits, par lesJept cornes & lessept yeux de ïtÀgneau,
v. 6. C'estquedans le nombre de sept on entend
une certaine perfection, soit à cause des sept jours
delaíemaine marquez des la création, oà la per
fection est dans le septième, soit pour quelque au
tre raison. Icy il y a sept sceaux; on entendra dans
la fuite sept Anges avec leurs trompettes, & sept
tonnerres. Sept Anges porteront les phioles , on les
coupes pleines de la colère de Dieu: le dragon & la
beste qu'il animera auront sept testes; enfin tout ira
par sept dans ce devin livre, jusqu'à donner à l'A-
gneau, en le bénissant , sept glorifications, ch.v.
11. & autant à Dieu, vij. n.ce qu'il fautobferver
d'abord, de peur qu'on ne croye que ce soit par
tout ne nombre préfix : mais qu'on remarque au
contraire que c'est un nombre mystique, pour si
gnifier la perfection. On fçait aussi que c'est une
façon de parler de la langue Sainte , de signifier
un grand nombre &*indéfini par le nombre défini
de sept.
4. Je fondoïs en larmes. . . II vpit qu'on luy veut
ouvrir le livre, mais que personne n 'ejl digne del'ou-
vr/r , 1. ]; . & il déplore tout ensemble la perte qu'il
íait , & l'indigne disposition du genre humain.
5. Le lion de la Tribu de Juda , le rejetton de Da
vid. . . Selon ce qui est écrit dans la Prophétie de
Jacob : Juda est un jeune lion ,&c. GenXL I X. 91.
On entend bien que c'est Jesus-Christ fils de David ,
que Saint Jean apetle un lion à cause de fa force invin
cible , & qui va paroistre commé un Agneau, à
cause qu'il a esté immole'. C'est ainsi que le Saint Es
prit relevé les idées de la foiblesse volontaire de Je
sus-Christ par celles de fa puissance.
Quia obtenu parfr viftoire lepouvoir d'ouvrir le livre .
Jesus-Christ vainqueur du démon & de la mort a
mérité par cette victoire d'entrer dans tous les se
crets de Dieu. \ '
6. Etjevis un eyigneâu debout comme égorge: ítiiKÌ(?
il est debout & vivant , mais il paroist comme moi
o.

;
■CHAPITRE V. if-
& eornmeimmolë , á cause de ses playes qu'il a
portées dans le ciel. Au milieu du trône; Cela mar
que la médiation de Jesus-Chtist qui empesche les
éclairs & les tonnerres qui sortent du trône , [^poc.
rt>. 5.) devenir jusqu'à nous.
Quisont lessept esprits. Voy Apoc. I. 4.
8-, Et i'ayantouvert.LcGlcC , L'ayantpris: ainsi
ont Ieû André de Céíàrée , Tyconius, Hom. I V.
Primase, l'Interprétesous le nom de Saint Am
broise, &Bede. II semble naturel qu'on prenne le
livre devant que de l'ouvrir ; & l'ouverrure qui se
fait des sceaux l'un aprés l'autre est marquée au
Chap.vj. Maisilíe peut faire aussi que l' Ecriture pro
pose d'abord en gros, ce qui s'explique aprés dans
le détail. On voit icy que c'est Jeíus-Christ qui est
ic dépositaire Sc l'interpréte des desseins de
Dieu.
Les quatre Animaux & ks vingt-quatre vieillards fi
pofternérent. . . Us adorent l'Agneau de la meíme sor-
te^u'ils avoient adoré Dieu , & en là présence : mar
que de ía divinité. ^ . ./ :•■ -.m
Des harpes (r des coupes d'or. . . Les vieillards pa-'
xoiíloient icy avec des instrumens de musique , dont
on n'avoit point parlé au chap. fi, Les harpes signi
fient là joye céleste , & le parfait accord des passions
avec la raison dans les Saints. Les coupes d'or plei
nes de parfums v qui sont les prières des Saints , en
tre les mains des vieillards , signifient qu'ils font
chargez de les présenter à Dieu.-
• 11. ii. "fentendis la voix de la plusieurs tyingeí. . ..
qui disoienU . . Vigneau. . . est digne de recevoir la ver
tu , la divinité. Gr. comme aussi Primase & les autres
Anciens, srAeîW, divitias: doù il se peut qu'on
ait fait , divinitas, Sc puis , divinitatem ; quoy-qu'on
peut dire dans un trés-bòn sens , que le Fils reçoit la
divinité, quand la gloire en est manifestée en la per
sonne. II fouticy observer que les Saints disent que
l'Agneaulesa rachetez,ò£ qu'ils luy doivent ce.qu'ils
sout , stpoc. v. 9., io, cc que les Angcsne disent pas.
C 5. H~
,3 L' APOCALYPSE.
1 5 , 14. Et'fentendis toutes les créatures. . . . Toutes
Jes créatures joignent leurs voix à celles des vieillards
& des Anges , & tes quatre animaux chantent jimen\
il ferait unconcert dé tous les esprits pour louer
Dieu. II faut aussi remarquer qu aprés avoir loué
Dieu le Créateur .Apoe.iv* îo. 1 1 . & Jefus-Christ.
v. 9. u . tout le chœur loûë ensemble le Pere & te
Eilt.

CHAPITRE VI.
JLtsJix premiers sceaux ouverts ; le Juge
anecset trois fléaux , laguerre s lafamine & lapeste ;.
k trydes martyrs j le deáty 5 la vengeance enfin venu^
tT représentée er\%ènéral,
th. ». "p T je ris que TAgneau avoit ouvert l'un des
P, sept sceaux t 8e j'entendis l'un des quatre
animaux qui dit avec une Voix comme d' un
tonnerre : Vicn , & voy.
2. Jeregarday , & jevis un cheval blanc. Celuy
qui eííoit monté denie avoit un arc , & on luy don
na une couronne , & il partit en vainqueur qui va
remporter victoire str victoire.
%. Al'ouvercuredu second sceau , fentendis 18
second animal qoi dit : Vien , 5c voy.
4. II partit aussitost un antre cheval qui eítoit
roux: & il fut donné á celuy qui estoit monté des
sus d'oster la paixdedeílusia terre , & défaire que
tes hommes s'entretuassent , «c on luy donna ìjri^
grande épée.
5. Quand ileût levé te rroifiémeft«w , fentes**
a Jtr* distetroisiémeanimalquidít: Vien>& voy a 5 Si s
&""}*y.> je vi» un cheval noir , 3t «eluy quite morHoit > avoit *
en íá main une balance.
"(comme) 6- Et j'entendisune voix comme du milieu des
tt^ estfas. quatre animaux , qui dît ! Le títren de bte' se Vend ua
denier, & Jes trois litrons d'orge, un denier. Ne
gastez point le yìii & l'kuile. - 7.
CHAPITRE VI &
f. Lors qu'il eû; levé le quatrième tceau , j'en
tendis la voix du quatrième animal qui dît: Vien, Gr.
8cvoy. :." •
8. a Etje vis un cheval pafle , & celuy qui estoit a &■ je re
monté dcflus , s'appelloit la Mort , & l 'enfer le l"^»
íìiivoit > & b on Iuy donna puissance c fur les quatre b m leur
parties de la terre, pour faire mourir les hommes tt'"n*
pari 'épée, parla famine , par la mortalité , & ^n"m,
par les bestes sauvages.
- ^« A l'cmverture du cinquième sceau , je visíòus
l'autel les ames de ceux qui ont donné leur vie pour
la parole de Dieu , & pour luy rendre témoi
gnage, r
10. Etiltjettoientungrandcry , en disent : Sei
gneur, qui estes famt& véritable , jusqu'à quand
différez-vous à faine justice , 8c à venger nastre seng
díccu* qui habitent fur la terre ?
:H i Et on leur donnaá chacun une robe blanche.
M leut fut dit qu'ils attendissent en xepos encore un
peu de temps > jusqu'à ce quele nombre de ceux qui
feevoient Dieu comme eux , fust accompli , & «-
Ittyde leUts stères qui dévoient souffrir la mort
aussi-bien qu'eux.
i t. Al'ouverruredu sixième sceau , je vis qu'il
fè fit un grand tremblement de terre-; le Soleil de-
vimaoir comme un sac dé poil , la terre devint
comme du (ang. i:j
• > 1 5 . ' Ec les étoiles tombèrent du ciel en-- terre ,
comme lorsque le figuier agité par un grand vent » * ■
laisse jomber ses figues vertes.
: !■ 14. Le ciel disparut comme un livre roulé, Sc
toutes les montagnes & les isles furent ébranlées de
leurs places.
• 15'. LcsRx>isdelatene,lesPrinccs,IesOfEciers
de guerre , les riches , lés pniílans , & tout homme
«ícíave ou libre y se ochérent dans les cavernes Sc
daus les tochetsdes montagnes.
: *6. Et il» dirent aux montagnes & aux rochers:
Tombez fur nous > & cachez-nous de devantla face:
ao V APOCALYPSE.
de celuy qui est assis íùr le trône , & de la ceféretie
l'Agneau :
17. Parce que le grand jour de leur colère est ar
rive' : & qui pourra subsister ?
EXPLICATION
du ChasUre VI. i<. .
Le crj des Saints dans le ciel, ce que c'efi r
la volonté de Dieuleur'cflrcvélec.
I. ETje vis que Vigneau avoit ouvert. . j'en
tendis l'un des quatre animaux. . .. . Remarquez
que ce sbnt les Auteurs sacrez , & sur toiít les Evan
gélistes , qui nous font ouvrir les yeux aux objets-
qui se présentent & nous y rendent attentifs : t'est-
à-dire > qu'il faut entendre toute l'éxécution: des
secrets conseils de: Dieu , selon les régies qui íònc
propoféesparJesus-Christ dans l'Evahgile. ; -, . .iy<
i. Etje vis un chevalblanc , tel qu'en avoientles
vainqueurs aux jours de leur entrée & de leur
triomphe.
Et celuy quiestoit monté dessus : C'est Jesus-Christ
■victorieux. Vóy tsfyoc.xix. ir. 13. où celuy qui
«st fur le cheval blanc s'appelle. le Verbe dé Dieu.
Icy on luy donneun arc , pour marquer qu'il atteint
de loin. Les Prophéties l 'arment tout ensemble 2c
de l'épée pour frapei de prés , & dé flèches pour at
teindre de loin. PÎ. xliv. lí. Voilà donc ce qui
paroist d'abord & à l'ouverture du premier sceau :
jesus Christ vainqueur. On va faire marcher à fa
^ fuite les trois fléaux de la colère de Dieu * comme
ils furent présentez à David , 1. Rfg. xxip. l y, la
guerre , la famine ,& la peste, . . -j:: j-J,
.4.. Upartit aujjitoflun autre cheval qui estait roux.
D'une couleur approchante du- íàng : c'est ma
nifestement laguerre > comme les caractères qu'on,
luy dorme le font allez Yoir. 1
. C H API TRE; VI *i
'ç. Et je vis un cheval noir. . . . -C'est la famine '
marquée par la couleur noire : tous les visagesferont
noirs comme des chauderons noircis aufeu : Joël dans la
description d'une ramine ,11. g.
6. Le litron de blé. Petite mesure. On donne le
pain à la meíure : la mesure est petite, & on l'achetc
bien cher. 3V<?gastexpoint le vin & l'huile : (Conservez- '
lesavccsoin , car on en aura besoin. On ne pouvoit
pas peindre la famine avec de plus wives couleurs ,.
ni la rendreulus sensible. Mais voicy la mortalité &
la peste auíïï-bien dépeintes à l 'ouverture du quatriè
me seeau. .• : . ,
• i.Etjevis-unchevalfaste. .-. C'est la peste & la
mortalité. Et l'enfer le fuivoit: C'.ett. en général le
lieu des morts. ..Et on luy donna,puissance : ainsi lisent
les anciens. I,e Grec est plus clair : Et on leur donna
puissance * c'est-à-dire > à ces trois cavaliers , de fra-
per leshoromes pax ces trois fléaux. Qn -peut enten
dre auífii, onhy adonné ,1e rapportant au vain-'
queur dontiLest parlé que les» crois fléaux
de Dieu, laeuerte, la famine & la peste íuivent
pour partir à ìbn ordre. Sur les quatre parties, de U
terre. Le Grec dit, fur la quatrième partie.
9. l'ouverture du cinquième sceau. Aprés
que k Juge a paru avec ses trois fléaux, il restoit à
voir qut U frapçroir, Lésâmes des martyrs semblent
le. déterminer à venger leur mort fut Jeurs perse-
cuteurs: mais on leur ordonne d'attendre , comme
Qnvavoir., ; : <■ ...
Je vis fottrtautelksamtsdcccux. , .L'autel repré
sente.Jesus-Christ , oùnoflre vie est cachée jusqu'à ce
?u'M\ apparaisse, Colojfiij. 5.4. a Et c'est ainsi que a Tmti.
entend l'Egliíèquand
10. ,JfuJ^n'á aussi- bien que tous les
differtz-vous . . . anciens.
Remarquez fí1™:4C"
*
que les ames Saintes feavoient bien que Dieu n'avoit
pàs.encore vengé leur saiig j contre ceux qui, les
veulent comprendre dans la loy générale des morts ,
dont il est écrit qu'ils ne sçavçnt pas ce qui se passe'
íurlarerrc. ; . >. •. $,;■*. . : %. *
c 7 g*:
Ci l'APOCALYPSE.
tJ^tnger nofiresang. Les Saints défilent la mani
festation de la justice de Dieu , afin qu'on le crai
gne* & qu'on se convertisse. C'efi-lì. dit Saine
Augustin, la juste & miférwrrdieufe xemeance des
martyrs , fuè le règne d*péché fui leur a eflé ji rigoureux
soildétruit. .
it. Vue tobe blanche: C'est la gloire {Tes saintes
ames , en attendant k résurrection. Par le blanc
est représentée la gtoiK<te Jefes-Christ, & il dit
lay-meGne des Bienhedreu* e Ç^U' marcherai*
fivec hy reversée btant-, fittct flt'iti enJmt dìgns.
^poc.iij.4.
Qu'ils attendissent en repos encore m fen de temps,
Dieu fa it connoistic trois choses à fes Sain ts : le de-
lay de la vengeance , la briévieté dé ce delay , & les
raisons de son conseil éternel.
fujfiCòtetpiik nombre. . % fìift acttmtpìi. Les peu
ples pefse'cutenrs estoient nécessaires poar accom
plit le nombre prédestiné des Martyrs ; c'est pour-
mioy Dieu les épargne en attendant que ce nombre
soit parfait; joint qu'en détruisant les infidèles avant
qu'on en eust tiré taras (es Saints qui estoient encore l
renfermer parmi «Et, on auroit empeigne' l'oeo»
wedeDietìv ."»> •■:t".-z p
tir. t^t'oavertmed*pxiimefieMufevk... Ce qui
fuit c'est la vengeance divine , derniere & irrévoca
ble, premièrement fut fcs JaifSy«t en fuite fat
1 empire persécuteur ; mais c'est la vengeance eh-
core représentée en confusion & en général. Les
grandes calamitez publiques sont décrites dans les
Prophètes , comme fi c'éítoit un renversement de
toute la nature ; la terre tremble, k íòleil s'ob*.
ícurcit, la lune paroist route íànglante, les étoiles,
tombent du ciel: c'est qu'il semble que tout périt
pourceux qui périssent. Les images dont se sert icy
nostre Apostresonttirées de divers endroits des Pro
phètes , & fur tout d'Isaïe , x x x i v. 4.
15, Les étoiks tombèrent du ciel en terre comme lors
VKkfower.. ^aveck mesme abondante , avec la
mefi»e~
CHAPITRE VII. €i
mesine facilité. Dieu secoue toute U nature aoíïï
aisément qu'un grand vent secoûë un arbre.
14. Ettauttt tes montagnes 0" les iflet. . .ce qui
estoit de plus ferme ser la terre, & tout ensemble
ce qui en cstoit le plus séparé par les eaux : tout tut
ébranle!.
»5« Les Rois de la terre , Us Princes r ht Officiers
itguerre. . . C'est ce qu'il avoit figuré auparavant
par les étoiles qui tomboient, 7?. 15. Tout l'uni-
vers fut effrayé d'une íi grande vengeance que Dieu,
tiroitde ses ennemi», & du renversement d'un si
grand Empire. *
16. ^ux montagnes & aux rochers, TombeK su*
mus : Ces paroles sent prise» d'Osée X. 8. & nostre
Seigneur ies applique à la désolation envoyée au*
Juifs en vengeance de fa paslion. Luc. xxiij.^o. On
en peut faire encore l'application à la chute de l'Em-
pire Romain: mais & cet paroles & tout le reste
qu'on vient devoir regardent aoflì k dernier juge
ment que le Saint Esprit joint íouvent aux grandes
caiamitezquiensontrimage, comme a fait Nostre
Seigneur lors qu'il mesle ce dernier & terrible juge-
gement avec la ruine de Jérusalem qui en estoit la
figure. Mat. XXfr.&c.

■ CHiPI tRE VIL


La vengeance suspendu» ; les Eleûs mar
quez avant qu'elle arrive , & tirezdes douze tribus
il k 'tlfratl; ía troupe inwtibrable des autres martyrs ti
rez de la. Gentilité ; ils félicite , CT k. gloire ên
Subits.
t. A Prï s cela je vis quatre Anges qui estoient çn
^^aux quatre coins de la terre , & en rete-
noieut ks qtìatre vents, pour les empeseher
tfc souffler sur la terre , ni íúr la mer , ui sur aucun
arbre
<S4 V k P O; C A L Y P S E.
Gr. t. Je vis encore un autre Ange qui monroit dir
costé de L'Oricat , & portoit le signe du Dieu vivant;.
& il cria à haute voix aux quatre Anges qui avoient
le pouvoir de nuire à la terre & à la mer, •■ )
5. En diíant : Ne nuisez point à !a terre ,
ni à la mer , ni aux arbrer , jusqu'à ce que nous
ayons marque1 au front les serviteurs de nostre
Bicu.
4. Et j'entendis que le nombre de ceux qui avoient
este marquez estoit de cent quarante-quatre mille de
toutes les tribus des enfansd'Iíraë'l. -,
5. II yen avoit douze mille de marquez de la
tribu de Juda ; douze mille de la tribu de Rubeu ;
douze mille de la tribu de Gad :
6. Douze mille de la tribu d'Aíerj douze mille
delatribudeNephtali ; douze mille de la tribu de
Manassé: .'•
■y.'rji Douze mille de la tribu de Simeon ; douze
' mille de la tribu de Lcvi ; douze mille de la tribu
d'Iflachar: •
:■: 8. Douze mille de latribade Zabulon ; douze
mille dé la tribu de joseph ; douze mille de la tribu
de Benjamin. s .
»je ni*r- ?> Aprés cela a je vis une grande troupe que
■*P )' personne ne pouvoit compter , de toute nation , de
toute tribu , de tout peuple , & de toute langue , qui
estoient debout devant le trône , & devant l'Agneau,
revestusde robes blanches , avec des palmes en
leurs mains. ' ;'
10. Ilsjettòicnt un grand cry , en diíant : La gloi
re de nous avoir íàuvez soit rendue à nostre Dieu qui
est assis fur le trône , & àl'Agneau.
n. Et tous les Anges estoient debout autour du
trône & des vieillards , & des quatre animaux : &
ils se prosternèrent fur le visage devant le trône , &
ils adorèrent Dieu ,
■ 1 %. En diíant , Amen : Bénédiction , gloire , ía-
gefle, adion de grâces., honneur ,. puiflance & for
ce soient à nostre Dieu dans les siécles des siécles.,
Amen..
CHAPITRE V II. íj, '
• 15. Alors un des vieillards prenant la parole , me Cr.
dit : Qui sont ceux-cy qui paraissent revestus de
robes blanches , & d'ouviennent-ils ?
14. Je iHy répondis : Seigneur , vous le sçavez.
Et il me dit: Ce font ceux qui viennent de souffrir
de grandes afflictions ,& qui ont a Javé & blanchi a /«i/se*™
Jeurs robes dans le sang de l'Agneau. nbis,(jr
1 5. C'est pourquoy ils sont devant le trône de Xunchì
Dieu i & ils le servent jour & nuit dans son Temple , lim-i nies
&, cel'uy qui est assis, fur le trône demeurera íùr
eux b. b £x/tv«w
\6. Ils n'auront plus ni faim, ni soif, Sc le so- habìur'i '
leil ; ni aucune autre chaleur ne les incommodera/àr»»*,
plus : »» > '« «*-
17. Parce que l'Agneau , cjui est au milieu do*™"*
trône , sera leur Pasteur , & il les conduira aux^*" *t^.
■ fontaines des eaux vivantes , & Dieu eíîuiera de me unt
leurs yeux toutes les larmes. tente,
EXPLICATION
du Chapitre VII.
Que lu dernière désolation qui• devoit tom
bersur les fuij's est différé , jusqu'à ce que le nombre
det Bleus qui en dévoient efire tirezfufl accompli ; It
nombre des autres martyrs innombrable O" infini : my
stère du nombre de douze.
1. j£ P i\E S cela . . . C'est une chose ordinaire
dans l' Apocalypse , comme dans les autres
Prophéties > de montrer premièrement les choses
en général , & plus confusément comme de loin ,
pour ensuite les déclarer par ordre & dans un plus
grand détail comme íi on les avoit fous les yeux,
c'est pour cela que Saint Jean , aprés nous avoir fait
voir la vengeance divine en confusion à la fin du
Chapitre précédent , va commencer à entrer dans le
détail. La première chose qu'il explique, c'est la
raison.
€6 V APOCALYPSE,
raison da delay dont il est-parlé au chapitrevj^.
1 1 . On avoit répondu aux anses qui demandoient la
vengeance de leur sang, qu'elles attendissent que le
iiombredesEleûs fust accompli. Dieu maintenant
va faire connoistre qu'une grande partie de íès
Eleûs , dont le nombre devoit estre accompli ,
estoient parmi les Juifs , & eu dévoient eltre
tirez.
Je vis quatre Ames . . . qui retenaient les quatre
vents ... Les vents laschez signifient l'agitationdes
choies humaines. J'ay vek quatre -vents qui comba-
teientsur unegrande mer. Dan.vij. i. C'estoít à dire,
j'ay veû une grande agitatoin. Par une raison con-
traire Dieu retient les vents , quand il tient lcs.choses
en état. Pour les empescher de souffler : Les Anges qui
avoient le pouvoir de retenir les vents avoient aussi le
pouvoir de les lascher , comme il paroist par la
suite. ' .
Pour les empescher desouffler fur la terre , m sar la
mer , nisur aucun arbre. Ces paroles sont tres remar
quables pour entendre le chapitre suivant, avec le
quel elles ont un rapport manifeste , comme on va
voir.
t, Jevisencore un autre Ange . . . . quiportoit lesigne
du Die» vivant : pour l'apliquer à (es Elêûs , comme
la fuite l'explique.
Et U cria aux singes ... Ce cry des Anges les uns
aux autres lors qu'ils portent les or<íes de Dieu ,
montre l'ardeur qu'ils ont à les faire entendre , com
me un messager envoyé en diligence, déclare scs
ordres dés qu'il peur faite entendre íà voix en
criant.
Aux tAnges qui avoient lepouvoir de nuire à la tare
ÇS à la mer. Voilà encore icy la terre & la mer , &
ce n'est pas en vain que je le remaroue.
3 . Wf nuise* point à la terre , ni à la mer , in aux ar
bres: Car l'heure de lascher les vents pour les affli
ger n'est pas encore venuH , ainsi qu'on vient de le
"fr t. Le Saint Esprit marque icy manifeste
ment,
CHAPITRE VII. 6f
ment le rapport de ce chapitre avec le suivant , où
l'on verra y. 7. au son de la premie're trompette, une
grcfle de feu tombéefur U terre , qui enbrûle lesarbres.
Etau ^. 8. une montagne brûlante tombéefur là mer. Cc
sera donc à ce coup la terre avec les arbres & la mer
frape'c: mais icy l'Ange l'empesche , & les deux
malheurs qui dévoient venir sont arreflez pour
un temps.
Jusqu'à ce que nous ayons marqué au front les servi'
teursdenofìreDieu: C'est la cause du delay expli
quée. Marquer les serviteurs de Dieu fur le front ,
c'est les se'parer d'avec les réprouvez par la pro
fession de l'Evangile , confirmée jusqu'à la fin par
les bonnes œuvres , conformément à cette parole de
Sain Paul : Lefondement que Dieufosé estferme , ayant
foursceau cette parole : Le Seigneur connoist ceux qui
sontàluy, & que celuy qui invoque le nom du Seigneur
se retire de l'iniquié, z.Tim.II. 19.
Sur lefront: Ainsi dans E&cb.ix. 14. aprés Tordre
donné pourexterminer ceux qui estoient distillez à
la vengeance , il est ordonné de marquer fur le front
à la marque Tau , ceux qui dévoient estre épargnez.
í* marque Tau , qni eíteit un T > figurok la croi*
deJesiis-Christ : mais la marque de ce chapitre de
l'Apocalypíe est plus clairement expliquée au cha
pitre x i v. 1 . où il est dit , que les cent quarante qua
tre mille, c'est-à-dire, ceux qui sont marquez au
T?. ^.duCbdpitrevij. que nous expliquons, avoient
le nom de Pvigneau C celuy de {on Père écritfur lefronts
c'est-à-dire , qu'ils avoient fait une haute & persé
vérante profession de l'Evangile. C'est la mesme
chose que nous avons oúïe de la bouche de Jeíùs-
Christ, lApociij. 11. fècrWay fur /«y le nom de
mm Dieu .. .& mon nouveau nom.
On voit maintenant te dessein de l'Ange qui cm-
pescheles quatre Anges exterminateurs de ruiner
quelque peuple ou quelque contrée. C'estqu'il J
avoitdesEleûs à en tirer avant fa ruine, & l'Ange
veut qu'on attende qu'ils se soient rangez dansl'E
69 V A P O C A L Y P S E.
glisc avec leurs autres frères, &que comme eux ils
soient marquez à la bonne marque du troupeau
éleû. On n'aura pas de peine à entendre pourquoy
cette marque est représentée comme imprimée pat
un Ange , si l'on se souvient que les Anges font esprits
administrateurs , envoyez pour le salut des enfans de
Dieu , Hebr. 1. 14.
4. Et j'entendis que le nombre de ceux que avoient
tfié marquez ejloit de cent quarante quatre mille de toutes
les tribus des enfans d'Israël. Aprés ce qui nous avoit
esté expliqué, il ne restoit plus qu'à nous dire de
quel peuple dévoient estte tirez ceux en faveur des
quels la vengeance de Dieu estoit suspendue ; Sc
Saint Jean nous apprend icy que ce ion: ceux qui
furent matquez, c'ést-à-dire, constamment les
Juifs.
C'est qu'il y avoit dans Jérusalem une Eglise
sainte de cette nation , qui y avoit subsisté mesme
depuis la ruine du Temple , & qui y fut consetvée
jusqu'au temps d'Adrien , fous quinze Evefques ti
rez des Juifs convertis , comme on a veû dans l'His-
toire abrégée , n. 1 . II y venoit beaucoup de Juifs ; 8c
lorsque tous ceux que Dieu avoit éleûs pour y en
trer , furent venus , les Juifs alors futent dispersez ,
& exterminez de la Judée. On voit donc les sceaux
levez T Sc le livre ouvert , c'est-à-dire , les conseils
de Dieu. révélez. On voit fur qui doit tomber d'a
bord la colère du juste Juge , & cc íont les Juifs. On
voit pourquoy on diffère de venger le sang des Mar
tyrs , & d'oû se devoit tirer un si grand nombre de
leurs frères qu'il falloit remplir auparavant , tApoc.
vf 1.
Cent quarante-quatre mille. On doit voir avec
beaucoup de consolation ce graud nombte de Saints
qui dévoient sortir des Juifs, & cela s'accorde tres-
bienavecce que Saint Jaques disoit à Saint Paul :
Vous voyez , monfrère , combien de milliers de Juifs ont
cru,At~l.xx'f. xo. Ce qui fut continué dans la fui
te »& tautque Dieu conserva dans Jérusalem une
Eglise
CHAPITRE VII. «9
Eglise Formée de Juifs convertis. Ainsi , comme
dit Saint Paul , la nation n'eítoit pas tellement ré
prouvée > qu'elle ne deust recevoir dans un tres-
grand nombre d'Eleûs l'effet des promesses faites
a ses Pères, Rom,xj.
Cent quarante-quatre mille : Ce íèul endroit devroit
faire voir combien se tromperoient ceux qui vou-
droient toujours s'imaginer un nombre exact &
précis dans les nombres de l'Apocalypse: car faudra-
t-il croire qu'il y ait précisément dans chaque tribu
douze mille Eleûs , ni plus , ni moins , pour com
poser ce nombre total ,de cent quarante-quatre mil
le ; Ce n'est pas par de telles minuties , niavec cette
scrupuleuse petiteflè d'esprit , que les oracles divins
doivent estre expliquez. H faut entendre dans les
nombres de l'Apocaíypse une certaine raison mysti
que â laquelle le Saint Esprit nous veut rendre at
tentifs. Le mystère qu'il veut icy nous faire enten
dre, c'est que le nombre de douze, Sacré dans la
Synagogue & dans l'Eglise ,à cause des douze Pa
triarches & des douze Apostres , se multiplié par
luy-mesme, jusqu'à faire douze mille dans chaque
tribu , & douze íois douze mille dans toutes les
tribus ensemble, afin que nous voyons la foy des
Patriarches & des Apostres multipliée dans leurs
successeurs ; & dans la íolidité d'un nombre si par
faitement quarré , l'éternelle immutabilité de ia
vérité de Dieu de ses promesses. C'est pourquoy
nous^errons ensuite , Jdpoc.xiv. 1.5. ce mesme
nombre de cent quarante-quatre mille comme un
nombre consacré à représenter l'universalité des
Saints, dont aussi les Juifs sont la tige, 0" le tronc bé
ni,sur lequel les autresfont,entez•Rom. xj. 1 S,
.5 . lly en avoit douze mille de marquez de la tribu de
Jxda. II commence par la tribu de Juda , comme par
celle , qui , selon les conseils de Dieu , avoit donné
ion nom à toutes les autres , & les avoit recueillies
comme dans son sein : celle qui avoit receû des pro
messes spécules touchant le Messie , & de la bou
che
7o L' APOCALYPSE,
chc de Jacob en la personne de Juda meíme , Cen.
xlix. 10. & de la bouche du Prophète Nathan,
en la personne de David , i. Reç.vij. celle enfih
d'où le Sauveur venoit de sortir : c'est pourquoyon
l'a nommé le lion de la tribu de Juda , v. 5 .
II n'y a plus rien à remarquer dans tout le reste
du dénombrement , linon que Dan y est omis , &
que Joseph y paroist deux fois pour accomplir le
nombre des douze tribus ; une fois en fa personne ,
"fr. 8 . & une autre fois en celle de Manaflesson fils ,
"fr. 6. Quelques Pères ont cru que Dan estoit omis
exprés , parce que l'Antechrist devoit naistre de fa
race. Peutrestre ne faut-il entendre icy autre choie ,
íi ce n'est que Saint Jean voulant remarquer la béné
diction de Joseph , dont les deux enfans Ephraïm
& Manaflés ont eíté considérez dans le parta
ge de la terre promise comme faiíànt chacun
une tribu, il a fallu omettre Dan pour conserver le
mystère du nombre de douze.
9, exprès cela je \is unegrande troupe que personne
nepowvoit compter': Cette troupe innombrable pa
roist estre la troupe des saints Martyrs , à cause des
palmes qu'ils portent dans leurs mains , comme des
combatans qui ont remporté la victoire ; & á cause
auíli qu'il est dit qu'ils viennent d'éprouver
une. grande affliction , 'fr. 14. Plusieurs raisons

souffrir dans l'Empire Romain , & durant


les persécutions qu'il décrira dans ce livre: c'est ce
qu'on verra,^oc. x x. 4. II ne faut pas hésiter à dire
avec les Saints Pères que le nombre de ces Martyrs
fut immense , sor tout dans la dernière persecution,
qui fut celle de Dioclétien : &c"est un soin superflu
de se tourmenter avec quelques-uns à diminuer le
nombre des Martyrs & les trophées de l'Eglife , ou
plûtost ceux de Jeíùs-Christ mesinc.
De toute nation, de toute írí&K. Ce n'estoit pas seu
lement des douze tribus d'Israël , comme ceux
qu'on
CHAPITRE VIL 7t
qu'on avoit comptez auparavant. Saint Jean, aprés
avoir veu les Saints tirés des Juifs voit ensuite
ceux qui viendront des Gentils : ce qui confir
me que c'est à la lettre qu'il a pris les Juifs dans
le dénombrement précédent. Sçavoir si les Eleûs
tirez des Gentils font aussi du nombre de ceux pour
qui Dieu suspend fa vengeance, au chap. V 1. >k
u. jen'ay pas beíoin de l 'examiner. lime suffit que
les Eleûs; tirez des Juifs íoient ceux que Saint Jean
nous montre d'abord > ou plûtost les seuls qu'ilnous
montre dans ce chapitre comme expressément mai-
•quez i ce qui suffit pour nous faire voir que ce cha
pitre & le suivant qui y est lié , regardent les Juifs :
c'est aussipour cette raison qu'iln'y est parlé ni d'i
doles , ni d'idolâtrie} ce qu'on oc manque pas de
faire aussitost qu'il s'agit des Gentils, comme la
íuite de la Prophétie le fera paroistre , à commen
cer par je y. zo. du chapitre I X.
Au reste, il est bien certain que le plus grand
nombre des Martyrs devoir dans la fuite venir des
Gentils. C'est ausli une des raisons pourquoy Saint
Jean ne les réduit pas à un nombre certain Si précis
comme il avoit fait les Juifs, mais an contraire »
qu'il dit qu'on ne le pouvoit compter: ce qui toute
fois n'empesobe pas qu'en cet endroit il n'ait prin
cipalement les Juifs en veûë, comme il nous la fait
assez connoistre.
I». En disant , ^Amen: Comme avoient fait les
quatre animaux , V. 1 4. Cét tsimen répété deux fois
par le choeur des Anges , marque une éternelle com
plaisance de tous les Esprits célestes dans Faccom-
plislernent des œuvres de Dieu. Plus le reste du
chapitre est intelligible , plus il mérite d'estre mé
dite , pour se laiflér pénétrer le cœur des bontez de
Pieu & de la fée i hté de ícs Sains,

CAA-
L' APOCALYPSE

CHAPITRE Vin,
Vouverture du vij. sceau; les quatre pre
mières Trompettes.
I. A L'ouverture du septième sceau > il |y eût
dans le Ciel un silence d'environ une demi-
heure.
i. Et je vis les sept Anges qui assistent devant la
face de Dieu; & on leur donna sfpt trompettes.
5. Alors il vint un autre Ange qui íc tint debout
devant l'autel , portant un encensoir d'or ; & on luy
douna unegrande- quantité de parfums , afin qu'il
préfentast les prières de tous les Saints fur l'autel
d'or, qui est devant le trône: • ■«
4. Et la fumée des parfums composez fft priè
res des Saints s'e'leva devant Dieu.
de l'autel, & illejetta fur la terre, & il se fit des
t*nd)n'y tonnerres , des voix , des éclairs , & un grand trenr-
funt. blement de terre. 1 "■ ' <
6. Aussitost les sèpt Anges qui avoient les sept
trompettes se préparèrent pour en sonner.
7. Le premier Ange sonna de la trompette ;& il
tomba sur la terre de la gresle & du feu méfiez de
salig;& la troisième partie de la terre & des arbres
fut bruílée , & toute l'herbe verte fut consumée.
8-. Le second Ange sonna de la trompette ; & il
tomba fur la mer comme une, grande montagne
bruílante , & la troisième partie de la mer devint du
sang;
9. Et la troisième partie des créatures qui vivent
dans la mer , mourut , & la troisième pairie des
navires psérit. .
10. Le troisième Ange sonna de la trompette , &
une grande étoile ardente comme un flambeau tom
ba du Ciel fur la troisième partie des fleuves & fur
les fontaines. 11.
CHAPITRE VUl/ 7j
ii. Le nom de l'étoile estoit Absinthe , & la <Jr.
troisième partie des eaux fut changée en absinthe ;
& plusieurs hommes moururent dans les eaux , par
ce qu'elles estoient améres.
11. Le quatrième Ançe sonna de la trompette ;
& la troisième partie du soleil fut frapée > & la troi-
sie'me partie de la lune, & la troisième partie des
étoiles , en sorte qu'ils furent obscurcis dans leur
troisième partie , & que le jour perdit la troisième .
partie de íà lumière, & la nuit de me sine.
1 5 . Alors je regarday , & j'entendis la voix d'un £hh
aigle qui yoioit au milieu de í'air , & disoit à haute ^"Sf
voix : Malheur , malheur , malheur aux habitans
de la terre , à cause des autres voix des trois' Anges
qui doivent sonner de la trompette!
EXPLICATION
du Chapitre VIII.
Desastre des Juifs fous Trajan ; leur der
nière désolationfous Adrien ; révolte du faux Messie
Sarochebas ; obscurcissement delaLoy 0" des Pro
phétiespar les fausses traditions & interprétations des
Juifs.
I. A L 'ouverture duseptième sceau... Ce. chapitre
contient l'èxècution de la vengeance préparée
contre les Juifs au chapitre précédent, & l'union
manifeste d es sceaux avec les trompettes dans la Pro
phétie de Saint Jean , comme on verra jfr.i.
, II feut donc ce souvenir que les Juifs nous ont jípte.
esté représentez parnostre Apostre comme des en- //. 9.
nemis dangereux qui dévoient de nouveau estre ab- 9*
batus s & au reste que les Eleûs qui estoient encore
parmi eux dans la Judée en estant tirez , il n'y avoit
plus-rien qui empeíchast la dernière dispersion que
Dieu préparoit â cette dcloyale nation : c'est ce
qu'on va déclarer à nostre Apostrc, quoy-qu'avec
D des
74 L' A P O G A L Y P S E.
des couleurs moins vives que ce qui regardera l'Em
pire Romain, Dieu ayant voulu réserver les images-
les plus éclatantes à la destinée de Rome ou fa pui-
llance devoit aussi paroistre avec plus d'éclat.
Ity eût dans leCielun (ìlence d'environ une demi heure:
C'est un silence d'étonnement , dansl'attcnte de ce
que Dieu alloit décider s comme lors qu'on attend
en silence les Juges qui vont se résoudre , & enfin
prononcer leur jugement & pour marquer auífi le
commencement d'une grande action , & la soumis
sion profonde de ceux qu'on doit employer à l'é-
xécution , qui attendent en grand silence Tordre de
Dieu , & íe préparent à partir au premier signal.
4. Etje vis lessept t^inges qui ajfflent devantlaface
de Dieu: C'est-à-dire, ces íept Esprits principaux ,
dont nous avons si souventparlé.
Et on leur donna seft trompettes : Elles signifient le
son éclatant de la justice de Dieu , & le bruit que
vont faire ses vengeances par toutl'univers.
3. II vint un autre tAnge qui je tint debout devant
ï^iutel. L'Autel c'estJesus-Chrilt , 8c c'est-là que
l' Ange apporte comme des parfums les prières qui
nesontreceûë'sqUcparluy. Ainsi ce ministère angé
lique, loin d'affoibiir celuy deJesut-Chrrst, lere-
counoist & rhonore: cependant les Protestans ofrèn-
íèz de voir l'intercessioii angélique si clairement
établie dans ce passage , voudroient que cét autre
Ange fust Jesus-Chrilt mesme : mais quand Jefus-
Chnst paroist , il est bien marqué d'une autre sorte,
& avec une bien autre majesté, comme 011 a veû ,
& comme on verra dans toute la fuite. Aussi Saint
Jean fecontente-t-ild'appcller'cét Ange un autre
■Ange-, comme les íept dont il venoit de parler. ,
&c áqui on avoitmis en main les trompettes.
4. Et la fumée desparfums ... s'éleva devant Dieu,
parce que TAnge les offroit sor l'autel, quieltlefus-
Christ.
5. Etrange frit l'encenfbir, U le remplit du feu de
l'autel, des charbons qui paroiflòicnt allumez des
sus :
CHAPITRE VIII. 75
sus : les chatbons marquent la colère de Dieu. //
alluma ses charbons , Ps.xvij. 14. Les tonnerres ,
les éclairs, & le tremblement de terre en marquent
refret dans le mefine rseaume , 5^. 8 . Tout cela
signifie de grands changemçns & de grands ren-
vcrsemens íur la terre.
C'estaprés que la prie're des Saints qui gémiflòient
íur la terre , est montée devant Dieu , que les char
bons de íà colère tombent comme un tonnerre. Les
prières des Saints font toutes puissantes , à cause que
c'est Dieu mesme quilesforme, & c'est par là
que les Saints entrent dans l'accomplissement de tous
Ces ouvrages.
7. Le premier Ange forma de la trompette-, & il
tombafur la terre de lagrefle& dufeu mêliez, de sang ;
& la troisièmepartie de la terre C des arbres fut consu
mée. Voilà donc la terre frapée avec les arbres : la
mer le sera au i?. suivant , & on ne peut douter par
le rapport de ces deux versets avec les 1 . i. & x . du
chapjpe précédent- , que ce nelbicnt les Juifs qui
sont icy írapez > puis que ç'estoient eux qui estoient
épargnez pour un temps , comme on a veû.
Lagreste CT le feu méfiez desang , signifient le com
mencement de la désolation des luib sous Trajan ,
dont il a esté parlé dans I'Hist.abr.M. z. Latrojfiéme
partie de la terre : On marque seulement la troisième
partie , quand la menace ne regarde ni la totalité ,
ni la plus grande partie. Et toute l'herbe verte fut
conjumée: L'herbe , c'est lepeuple , If.xl.-j. principa
lement la jeunesse où consiste l'elpérance de la na
tion, & c'est ce qui périt dans les guerres. On voie
icy la désolation desJuifs vivement représentée par
la comparaison d'une belle 6s riche campagne que
' la gtesleauroit désolée : mais on va voir quelque
choie de plus affreux.
8. Lesecond Ange... & unegrande montagne brû-
lante
nte....
, C'est la seconde St dernière désolation des
Juift sous Adrien! y. Hist. abrep n. 3. La grande
montagne , c'est une grande puissance ; c'est
D ì pour-
76 ['APOCALYPSE.
pourquoy ["empire du Fils de Dieu est désigné par
unegrande montagne , Dan. n. 34. Et en parlant de
l'cmpire de Babylone : Qui es- tu , ê grande monta
gne* Zachar.iv.j.Jeparleàtoy, montagnepernicieu-
fe ,Jerem.l).%$.
Vne grande montagne brûlante. II faut icy le repré
senter de ces montagnes qui vomiflent du feu. Une
grande montagne ainsi brûlante , est une grande
puissance , qui accable & qui consume tout ce fui
quoy elle tombe. Mais nous avons vû dans l'Hist.
abr. n. 6. combien de sang cousta aux Romains cet
te défaite des Juifs. Saint Jean ne pouvoit pas mieux
repréíenter ces pertes de l'armée Romaine dans les
sanglantes victoires , qu'en nousjrépresentant toute
cette guerre comme la chute d'une montagne brû
lante dans la mer , parce qu'il paroist icy par ce
moyen comme entre le feu & l'eau une action réci
proque & un grand effort de part & d'autre , avec
une perte mutuelle : mais le poids d'une si, grande
montagne l'emporte , & la mej: n'y peut reijcter ,
non plus que les Juifs aux Romains.
II tomba fur U mer comme une grande montagne :
Toute la puissance Romaine tombe fur les Juifs.
La désolation sous Trajan fut sanglante , & c'est ce
que vouloit dire cette greíle méfiée de sang , ^.7.
Mais la guerre d'Adrien sut bien plus cruelle: aussi
n'est-ce plus icy des arbres , ni des herbes bruslées ;
c'est des créatures vivantes, & dans les navires , les
hommes meímes; c'est ce qui met la mer en sang.
Ce n'est pourtant que la troisième partie, pour mar
quer que tous les Juifs ne furent pas tuez ; car enco
re qu'ils fissent tout ce qu'il falloit pour né íè laisser
aucune ressource , Dieu quisçaità quoy il íes réser
ve, empeícha leur perte totaler ,
10. Le tr^ipéme ^yinge ... & une grande étoile
timhiduáel ... C'est le faux Messie Cochebas , la
lìttl: cause du malheur que Saint Jean vient de dé
crire. Le nom y convient , 'puis que le nom de Co
tisas signifie étoile j mais lachoíe y convient en-
• core
CHAPITRE VIII. 77
core mieux , comme il paroist dans l'Hist. abreg.
n. 4. où l'on voit que Barcochebas íe vantoit d'estre
un astre descendu du ciel pour le secours de fa na
tion. Saint Jean fait voir pour le confondre , qu'il
n'en descend pas , mais qu'il en tombe , comme ces
feux qui se consument en tombant.
Euscbe rapporte qu'il fit beaucoup souffrir les Eus
Chrétiens , â cause qu'ils ne vouloient pas , quoy chron. ad
qu'ils sussent venus des Juifs , se joindre à leur re- an-li^
bellion , & il acheva par ce moyen d'accomplir le
nombre des Saints dont il est parlé , <yipoc .
yj. 11.
Une Etoile ardente comme un flambeau : A cause des
guerres que cét imposteur alluma.
Les Etoiles , dans les saintes Lettres , signifient les
Docteurs. Dan. viij. 10. XII. 5. Les faux Doc
teurs font appeliez par Saint Jude des Etoiles erran
tes , des feux errans , Juda 1 3 . & ces feux qui tom
bent du Ciel ne les représentent pas moins bien.
- VEtoile: Cette Etoile ainsi allumée , quiportott
la guerre avec elle, tomba sur la troisième partie dey
fleuves C7* furies fontaines , fur les peuples qu'elle
remplit d'un efpritde rébellion , & tostaprés, par
leur défaite, de confusion & de deuïl j comme on
va voir.
Son nom est Absinthe : Ce n'est pas à dire que ce
fust son nom véritable : mais l'Ecriturea accoustu-
mé de marquer par cette faççn de parler ce qui con
vient à chacun , & comme Ion caractère particulier.
tsippellezfonwmJefraHl: esippetlezson nom Sans mi
séricorde. OséeI.4.6.DemefmeIs.VIII. }. Don-,
nez-luypour nom , Dépefckez-voitsdefairedu butin;
JJasteî- vous d'aller aupillage. Ainsi Samarie & Jéru
salem sont appellées Ooalla & Ooliba, pour dési
gner ce qu'estoient à Dieu ces deujc villes , Ezech
X X IV. Cela setdbrne en bien comme en mal.
Ou appefîtrason nom Emanuel, Dieu avec nous : on ap- #
pellera son nom , l'^Mmirable , le Conseiller , le
Dieu fort. If. Y 1 1. 14. I X. 6. S»n nom fera Orient.
« ■ D j Zach„
■}% L" APOCALYPSE.
Zach.VI. ix.&c. Cochebas est appelle Absinthe
en ce sens , comme on a veû .
1 1 . Le nom de l'étoile ejloit absinthe : Ce n'est pas
ïcy un astre bénin , dont la favorable lumière deust
réjouir fa nation : c'est de l'absinthe qui la plonge
dans une profonde & amére douleur. Apres les vic
toires de Tite, les Juifs vaincus devinrent furieux:
apre's celle d'Adrien , c'est une de'tresse irrémédia
ble & un entier abbatement de courage. On a veû ce
qu'ont dit les Juifs de ce malheur íbus Adrien. Cette_
horreur, én voyant les marchez, dans le souvenir
des lieux où ils avoient esté vendus, & cette triste
liberté achetée si cher , de venir pleurer dans leur
ville , montrent allez qu'il ne leur- restoit qu'un
deuïl éternel , & une lamentation íàns bornes. Vbyex
i H/ft. abr. n. 3 . j .
Et la troisièmepar tièdes eauxfut change'e en absinthe ,
&flupeurs hommes moururent dans les eaux , parce
quelles ejloient améres. La désolation ne fut pas égale
par tout. Plusieurs , & non pas tous , moururent
dans la douleur & dans l'amertume. Mais les fontai
nes sont marquées indéfiniment. Les fontaines ,
c'estoit la Judée , où estoit la source de la nation ; 8c
ce fut-là qu'on sentit le plus grand mal. Les fleuves
sont les Provinces, où la révolte ne fut pas si grande,
non plus que la perte.
1 1. Le quatrième z^nge sonna ... & la troisième
partie dusoleilfut frapée. C'est l'obfurcissement des
Prophéties par la malice des Juifs dans ce mesme
temps. Akyba en détourna le sens pour les appli
quera son faux Messie. Touts les Juifs entrèrent
plus que jamais dans le mefme dessein. Ils tirent
alors la compilation de leur Dmeroses , c'est-â dire,
de leurs Traditions ou de leur Talmud, comme il a
esté raconté , fíifi. abr.. ». 7. Plusieurs Pères esti
ment qu'ils corrompirent le texte mefmes«|e l'Ecri-
ture , & il est certain qu'ils en pervertirent le íèns
plus que jamais. Aquilafksa version exprés pour
contredire celle des Septante , dont les Eglises se scrT
voient ,
C H A P I T KL E V I I 1*
voient , à l'éxemple des Apostres , & pour afFoi-
blir les témoignages qui regardoient Jefus-Christ.
Tout cela est arrivé fous Adrien, & yers le temps
de cette derniere désolation des Juifs. Le voile mis 2. cV.
sor leur cœur s'épaissit. Dieu sembloit en avoir 1 U- t
tiré tout ce qu'il avoitd'Eleûs parmi eux. La source
des conversions de ce peuple fut comme tarie par
J'extinction de l'Çglife qu'ils formoient à Jérusalem.
L'Eglise qui y demeura ne fut plus recueillie que des
Gentils , & les Eveíques en furent tirez de la Genti
lité , comme on a veû , Histoire abr. ». 5 .
La troisième partie dusoleil .. .Quand les astres
font obfurcis , tout l'univers s'en ressent. Ce n'eíb
donc pas íèulement icy une playe envoyée aux Juifs ;
c'est la playe de tout l'univers , ainsi qu'il a esté dit
dans I'Histoircabr. ». 7. il ne faut pas s'étonner que
Saint Jean parle dans fa Prophétie de toute forte de
playes*, & aussi-bien des spirituelles que d?s tem
porelles i qui au fonds sont beaucoup moindres :
c'est ce qu'on verra dans la fuite. "
La troisièmepartie du soleil , de la lune , & des ajlres':
Outre l'obícurcissement de la vérité en général , oir
peutencore entendre en particulier que les Juifs ob
scurcirent dans les Prophéties ce qui regardoit le
soleil , c'est-à-dire-Jésus- Christ ; ce qui regardoit la
lune > c'est-à-dire , son Eglise ; les astres , •c'eft-à-
dire, les Apostres , & la prédication Apostolique
qui devoir opérer la conversion des Gentils. Toutes
ces choies fursntobfurcies par les Juifs , & le voile
quiestoitfur. leur cœur s'épaissit, %. Cor. III. 14.
Mais il n'y eût que la trqisiéme partie obscurcie ,
& il y avoit beaucoup plus de lumière qu'il n'en fal-
loitpoúr confondre les incrédules , uon-feulcment
dans les Ecritures , mais encore dans les propres
Traditions des Juifs , comme se fçavent ceux qui y
sont versez.
Au reste , en considérant ces troisièmes parties
tant de foistépétïes dans ce íeul chapitre , y. 7. g.
9. 10. 11. & u, on doit voir plus que jamais que
D 4 ces
8o L* A P O C A L Y P S E.
ces nombres de l' Apocalypse ne sont pas un compte
précis , mais une expression en gros au plus & da
moins , en comparant l'un avec l'autre.
13. J'entendis la voix d'un aigle. C'est ainsi que lit
la Vulgate , comme font aufli Primase & Tyconius,
Hom. VI. Et cette leçon est tres-ancienne : mais le
Grec d'aprésent porte , à'un-Ange , qui voioit au mi
lieu de Pair, & difoit à haute voix , Va;, va: , va; ;
Malheur Icy commencent les trois Vk ,
qui dans la fuite nous feront voir les sept phioles en
gagées avec les íèpt trompettes comme les' sept
trompettes le sont avec les sept sceaux. Parcel,
il faut entendre un cry terrible répandu dans l'air
qui dénonce le malheur aux hommes , comme dans
Ezéchiel //. 5. On y voit écrit des lamentations , &
un chant lugubre , & Vx , Malheur.

CHAPITRE IX.
Une autre étoile tombée du ciel ; le puits
desabysme ouvert ; letsauterelles ; l'Euphrate ou
vert , ($ les ì\ois d'Orient UJchet.
I, y E cinquième Ange sonna de la trompette,
I ,& je vis une étoile qui estoit tombée du ciel
sûr la terre, & la clefdu puits de l'abyíme
luy fut donnée.
x. Elle ouvtit le puits de l'abyíme * & íl s'éleva ,
du puits une fumée comme la fumée d'une grande
fournaise ; & le soleil & l'air furent obscurcis de la
fumée du puits :
; . Et des sauterelles sorties de la fumée du puits
se répandirent sur la terre , & il leur fut donné une
puissance comme celle qu'ont les scorpions de la
terre.
4. Et il leur fut défendu de nuire à l'herbe de la
terre, ni à tout ce qui estoit vert ,*ni à tous lesar-
bres ; mais seulement aux hommes qui n'auroient
pas le signe de Dieu fur 1c front : 5 . Et
CHAPITRE IX/ H
<j . Et il leur fut donné , non de les tuer , niaij de gV,<
les tourmenter durant cinq mois : & le tourmeuc-
• qu'elles font íòufFrir est semblable à celuy que fait
k scorpion lors qu'il pique l'homrhc*
6. Encetcmpsles hommes chercheront la mort*
& ils ne la trouveront pas : ils souhaiteront de mou
rir , & la mort s'enfuira d'eux. ,
7. La figure des sauterelles estoit semblable à des
chevaux préparez au combat : elles portoient fur
leurs testes comme des couronnes qui paroiflbient
d'or t Sc leurs Yisàges estoient comme des visages
d'hommes.
8 . Et leurs cheveux estoient comme ceux des
femmes >& leurs , dents estoient comme des dents
de lions.. . ., . .
9. EÌles portoient des cuirafles comme des cui
rasses de fer > & le bruit de leurs ailes estoit comme
un bruit de chariots à plusieurs chevaux , courant de cht-
au combat. • tùti &• de
10. Leurs queues estoient semblables à celles des f'»/»""»'
scorpions : elles y avoient un aiguillon > & leur ''"w
pouvoir estoit de nuire aux hommes durant cinq
mois.
1 1. Elles avoient au dessus d'elles pour roy l'ange
de I'abysine , dont le nom en Hébreu est Abaddon ,
&en Grec Apollyon, c'est-à-dire , l'extermina-
íeur. „
1 1. Le premier malheur a passé , & voicy deift
autres malheurs qui viennent aprés.
ij. Et le sixième Ange sonna de' la trompette;
& j'entendis une voix qui sortoit des quatre coins de
l'autel d'or , qui est devant Dieu ,
1 4. Qui disoit au sixième Ange qui avoit la trom
pette : Déliez les quatre Anges qui sont liez fur le
grand fleuve d'Euphrate.
1 f . Et auífitost furent déliez les quatre Anges
qui estoient prests pour l'heure, le jour , le mois
ie l'annéc-,- où ils dévoient tuer la troisiéme-partie
des hommes,
D j
gi L'APOCÀLYPSE.
da** , itf. Et le nombre b de cette armée de Cavaleries
<" * . estoit de deux cens millions } car je l'entendis nom-
xTitlmt jjjgj^
17. Et les chevaux me parurent de cette sorte
dans íavision. Ceux qui les moutoient , avotent des
cuiraflesdefeu, d'hyacinthe, & de souffre 5 Scies
testes des chevaux estoient comme des testes de
lions, & de leur bouche il sorteit du feu, de la fu
mée, & du sourire.
18. Et par ces trois playes, le seu, la fumée, &
le soufre qui sortoient de leur bouche , la troisième
partie des nommes fut tuée.
1 9. Car la puissance de ces chevaux est dans leur
bouche & dans leurs queues : parce que leurs queues
ressemblent à des íèrpens , & qu'elles ont des testes
dont eífes blessent.
20. Et les autres hommes qui ne furent point
ruez par ces playes , ne se repentirent point des œu
vres de leurs mains , pour n'adorer plus les démons»
& les idoles d'or , d'argent d'airain , de pierre & de
bois , qui ne peuvent nivoir , ni entendre , nimar
cher :
x t. Et ils ne firent point pénitence de leur homi
cides, de leurs empoisonnemens, de leurs impu-
dieitez , & de leurs voleries.
EXPLICATION
du Cktfìtrt IX.
Les hérésies Judaïques qui s'élèvent ctu-
trela Sainte Trinité , & contre la divinitéde Jésus-
Christ; le caractère de ces hérésies , & de íhtréÇie
tngénéral ; les Perses ; l'Emfrre Romain ébranlé, &
le commencementdeft chute venu du coflé de l'O-
rient,
V T E cinquième t^n^i. Voicy quelque chose de
plus terrible que cc qu'on a veù jusou'icy :
C H A P I T R E ÏX. tf-,
l'enfer va s'ouvrir , & le démon va paroistre pour la^ ■
première fois suivi de combatans de la plus étrange*
rigure que Saint Jean ait marquez dans tout ce livre.
U faatrascher de les bien connoistre > & c'est peut-
estre {'endroit le plus difficile de la Prophétie , par
ce que Saint Jean nous y montre une persécution de
l'Egliiè, & un fléau de Dieu bien différent de ceux
dont il parle dans tout le reste. Dans les quatre trom -
nettes précédentes il nous a fait voir la derniere dé
solation arrivée aux Juifs pour avoir persécuté l'E
gliiè : maintenant le Saint Esprit luy découvre un
nouveau genre de persécution qu'elle aura encore á
laufhir, où Satan se méfiera bien avant pour la dé
truire tout-à fait ; & cette nouvelle persécution luy
doit encore venir de la part des Juifs par lacontagion
des opinions Judaïques dont nous avons parlé. C'e- mfl
Aoient fans difficulté les plus importantes , à cause ». 8.
qu'elles attaquoient la Personne mefme St la Divi
nité du Fils de Dieu. Le fondement de ces hérésies
estoitdedire avec les Juifs , qu'il n'y avoir en Dieu
qu'une personne ; & c'est Terreur que Saint Jean a
foudroyée dés le commencemenr de ion Evangile > Mi
comme on a veû: mais le Saint Esprit luy fait con
noistre qu'elle sortirait de nouveau de l'enfer aprc's fà
mort , & feroit souffrir à l'Egliiè un nouveau genre
de persécution qui luy íèroit plus insuportable que
toutes les autres.
Cette persécution , pour estre spirituelle & plus
cachée , n'en estoit que plus digne de la considéra
tion de Saint Jean. Puis qu'ilavoit à nous découvrir
Satan vaincu , & son empire renversé par l'Egliiè
.aprés tous les vains efforts qu'il auroit faits pourla
détruire , il ne devoit pas oublier le plus dangereux
de tous les combats , qui est celuy des hérésies , prin
cipalement de celles que nous avons appellées Judaï
ques. Car au reste , à l'occasiou de celfss-lá , il nous
donne le caractère de toutes les autres ; & afin de ne
nous laisser aucun doute* de son dessein , il nous
mec d'abord devant les yeux l'idée dune guerre
,14* L' A POC ALYPS E.
,íc d'un malheur spirituel , comme on va voir.
Etje visuneétoile qui eftoittombéc. Si l'étoile tombée
ey-<kssus viij.'J?'. 10. estoit une fausie étoile, un faux
docteur , un Cochebas , l'analogie demande que
' céíbit encore icy la mesine chose, c'est-à-dire, en
core un faux docteur, n'y ayant rien d'ailleurs ,
comme on vient de voir , qui convienne mieux a cet
te idéequ'une étoile qui tombe. Ce docteur dont
le faux brillant trompa les hommes , & qui ramena
le premier de l'enfer l'hérésie que Saint Jean avoit
Mst. Air. étoufée , c'est Théodote de Byíànce dont nous avons
a. 8, veû l'Histoire.
Vne Etoile qui tombe. Ceux qui rcnioient la Foy
dans la crainte des tourmens , s'apelloient dans le
style de fEglise , Les Tombez. On a veû que Thé
odote fut de ce nombre , & de tous les compagnons
de fa prison , il fut le seul qui rAionça Jesus-Christ.
Cefutla chute d'une étoile fort brillante, non seu
lement à caníe de la politesse , du grand fçavoir, &
du beau génie de cét homme-, mais encore beau
coup davantage , parce qu'il estoit da nombre de
ceux qu'on appellon alors les Confesseurs , qui estoit
dansl'Eglisele second degré de gloire, & le pre.-
jnier aprés celuy cjumartyrc. Ce sot un grand scan
dale dans l'Eglisc , quandtoute cetté sainte troupe
de Confesseurs allant á la mort pour Jésus-Christ ,
celuy qui brilloit le plus par sonbel esprit & pár fou
, íçavoir, fut le seul qui le renia. Quelques-uns croyent
Bat. T. II. que ce Théodote est le mesine qu'un Théodote prin-
». ro. cipal disciple de Montan , dont Euíebe écrit , que
t»[.r. ij. Je bruit courut que s'ellant abandonné à un démon
qui faisoit semblant de le vouloir enlever au" ciel , il
fut tout d'un coup précipité contre terre. Le temps y
convient , & le lecteur pourra faire tel, usage qulil
luy plaira de cette histoire.
La clefdufuis de l'abysme luy fut donnée. Ce fut
tfíst. »br. aprés íà chute , aprés qu'il eût renié la Fpy que cette
<íàd' clefluy fut donnée:, l'enfer nes'ouvre pas tóut seul,
c'est toujours quelque faux docteur qui eu fait l'ou-
terru,
CHAPITRE IX. tfs
Tcrtare -, & celoy-cy devenu par sa chute & par ion .
orgueil uu digne instrument de l'enfer , fut choisi '
pour en faire íortir de nouveau l'hérésie que Saint
Jean y avoirprécipitée.
fti. Et il s'éleva huefumée comme lafumée d'unegran
defommife. Un tourbillon de fumée noir & épais
sorti de l'enfer , estl'image la plus naturelle qu'on
puisse donner d'une grande & dangereuse hérésie.
Et ksoleil O'l'airfurent obscurcis. Le Soleil, c'est
Jesiis-Christ mesme , & dans Jesus-Christ ee qu'il y
a de principal , c'est-à-dire , fa Divinité que Théo
dore obscurcit : ou , ce qui est la mesme chose , le
Soleil obscurci par cét hérétique , c'est ce beau com
mencement de l'Evangile de Saint '[Jean , Ze Verbe
estait en Dieu , O" le Verbe estoit Dieu: Paroles plus
lumineuses que le Soleil , mais que ce malheureux
& tous ceux qui suivirent aprés luy les opinions Ju
daïques , ne cesiérent d'obscurcir autant qu'il lent
fut passible.
> Le soleil t? Pair furent obscurcis. Le démon est
appellé par Saint Paul , le Prince de la puissance de cét
air; l'esprit qui agit dans les enfans d'incrédulité, Eph.
IL t. L'air est obscurci, quand le pere du menson
ge & cét esprit qui agit dans les incrédules répandde
fauíles doctrines par ses Ministres. Vqjlà déja un 1
terrible effet de l'nérésie : mais la fuite entepréíente
bien mieux le caractère.
3. Et des'sauterelles sorties de la fumée du fuit!.
Tout est affreux dans ce spéctacle : l'enfer ouvert
comme un puits & comme un abysine immense ,
une noire fumée qui offusque l'air, & du milieu de
cette fumée des sauterelles d'une nouvelle & éton
nante figure, que Saint Jean nous fera paroistre d'au
tant plus terribles , que leurs blessures ne nuisent
qu'à rame , comme nous lc verrons bientost : mais
il faut voir auparavant dans ces sauterelles mysti
ques le premier caractère des hérétiques..
Et dessauterelles. Ce premier caractère des héré
tiques >est.(eluy de n'avoir pas la succession Aposto-
D 7 lique ».
%6 V APOCALYPSE,
lique , & de f'efire séparez eux-me/mes > Juà* 1 9 . Ce
caractère ne pouvoit estre marqué plus expresse,
meut que par des insectes dont la génération est si
peu connue , qu'on croit qu'ils fè forment de pour
riture. Ce qui aussi est vray en partie» parce que la
Corruption de l'air ou de la terre les fait éclorre :
ainsi la corruption de l'eíprit & des moeurs fait
éclorre ses hérésies. Mais les sauterelles représentent
parfaitement le génie des hérésies , qui ne sont pro
pres ni às'élevereomrae les oiseaux > ni à avancer
fur la terre par des mouvemens & des démarches
"~ ïéglées comme les animaux terrestres ; mais qui
vont toûjours comme en sautillant d'une question »
une autre, & ruinant la moisson de TEglise. Les
sauterelles, dit Salamon , n'ontpas de roy, (S «can-
moins elles vont comme des bataillons , Vrov. xxx. %t.
c'est-à-dire , qu'il n'y a point de gouvernement ré
glé ; chacun innove à la fantaisie 1 & tout s'y fait
par cabale. C'est un caractère de Thérésie bien mar-
JiiPrdf quéparTertuIlien. Lès sauterelles ne sont pas des
mpt. cap. animaux qui vivent long-temps : à peine vivent-el-
fti< 4*« jcsia moiué de Tannée , quatre ou cinq mois , com
me il est dit de ces sauterelles mystiques > . ; . 1 o.
Ainsi les hérésies n'achevent pas Tannée, c'est-à-
dire, qu'elles n'ont pas une vie parfaite , ni un
temps complet comme l'Eglise. Elles périssent ,
elles reviennent , elfes périssent encore. Théodote
fait revivre Cérinthe; il scroit luy-mesine oublié
íans Artémon: il eu est de meíme des autres héré-
£es , & on les voit toutes le dissiper comme d'elles-
Ï.Ytvù mesmes, selon ce que dit Saint Paul : Ils n'iront pas
1 1 Z. 9. p[us gyitf t car [eurffòe^ra comtug fa tout le monde.
II leurfut donné une puissance comme celle desscor
pions de la terre. C'est un autre caractère de l'héré
sie, de nuire par un venin secret , comme la fuite
nous donnera lieu de le faire mieux entendre. Des
scorpions de la terre. II y a des scorpions d'eau ; mais
ceux-làn'afnigcnt guéres le genre humain , ce qui
íait que Saint Jean se restraiiit aux autres.
CHAPITRE IX. 87
4. Et il leurfut défendu de nuire à l'herbe... ni 4
tout ce qui est vert , ni aux arbres : maisfeulement aux
hommes qui n'aurotentsas lesigne de Dieu. 5- Et il lent
fut donné , nan de Us tuer. Remarquez ìct avec atten
tion comme Saint Jean éloigne d'abord l'idée d'une
guerre & d'un ravage temporel , afin qu'ayant pris
une fois celle d'une contagion & d'un ravage spiri
tuel , nous tournions toutes nos pensées de ce costé-
là. Ces sauterelles > dit-il , íont d'une cípece parti
culière. Ce n'est pas l'herbe , ni la campagne , & les.
moissons qu'elles ravagent , ce font les hommes ; &
ce ne sont pas tous les hommes , mais feulement
ceux qui n ont pas la marque de Dieu, qui ne sont
pas du nombre de fes Eleûs ; & ce n'est pas tant par la
violence que par un venin qu'elles nuisent ; & ce
n'est pas à la vie humaine , ni à nos biens temporels:
leur venin se porte à l'endroit où résideprincipale*
ment la marque de Dieu , c'est-à-dire > à l'ame où
tlles coulent ce poison secret; car elles ressemblent
à desscorpions qui ont leur venin dans laqueûë, Tt.
t . Les hérésies ont une belle apparence ,8c semblent
d'abord ne faire aucun mal ; mais le venin est daus
la queue , c'est-à-dire , dans la fuite. On n'a plus
qu'à faire l'application de tout cecy à chaque verset ,
& on verra la justesse de cette simiíitude.
Et il leur fut défendu. Les Hérétiques , tout rebel
les qu'ils font contre Dieu , sont assujétis à ses or
dres. Dieu qui permet qu'ils s'élèvent, sçait& or
donne ce qu'il en veut faire, & jusqu'où u leur veut
permettre de nuire : c'est pourquoy Saint Paul di-
fòit , Mais ils n'iront sas plus avant , comme cm
vient de voir, ì.Tïm.IIL
Mais feulement aux hommes qui n'ontpas ksigne de
Dieufur lefr< la marque des vrais.
Chrétiens & des Eleûs , dont il est parlé c_Apoc. U.
ïy.Ill.ii. v ij.K iv. &c. c'est-à-dire , à ceux qui
n'ont pas cette foy constante & persévérante pour en
faire pro&ísion jusqu'à la fin. L'hérésie ne nuit
qu'aux réprouyez, íoit dans l'Eglise , soit hors de
l'Egli
«8 V A P O C A L Y P S E.
1'Egliïè ;& ceux des Chrestiens à qui elle nuit, font
ceux dont il est écrit : lisfontsortis du milieu de mus ;
mais ils n'estotent sas des noflres : car s'ils eussent esté det
ttoflres, ilsferoient demeurez parmi nous , i. Joan.II.
' 19. II ne faut pas oublier que Saint Jean marque
clairement la Yictoire de l'Egliíè fur les hérésies : car
commeildit , Apoc.XI. 1. z. Mesure le Temple >
mais ne mesure point le panis qui efi abandonnéaux Gen-
tils : pour montrer qu'outre ce parvis abandonné
aux Gentils , ilyauroitun endroit que Dieu íèré-
lèrveroit > où les mains- profauesnepourroicnt at
teindre r ainsi il paroist en ce lieu que malgré tout le
ravage que feront ces effroyables sauterelles , Dieu
fçaura bien conserver ceux qui íont à luy.
5. ll leur fut donné de tourmenter les hommes. Le
tourment que les hérésies font sentiraux hommes ,
c'est leursjalousies , leurs haines secrètes , un pro
digieux affoiblissement par l'extinction de la chari
té , le remords de la conscience qui revient de temps
en temps quoy-qu'étoufé par l'orgueïl ; plus que
toutcela , ce mefine orgeuïl toujours insatiable , qui
faitleur supplice , comme celuy desdémons Ion
qu'ils séduisent les hommes.
Et le tourment qu'ellesfontsouffrir est semblable k ce
luy quefait lescorpion. La piqueûre du scorpion à la-
Stirpì quelle Tertulhcn compare l'hérésie , pénétre i'd-
t*p. i« bord , comme il dit , dans Us entrailles ; les sens s'ap-
fefantifsent , lesangsegelé -, les esprits n'animent plus les
chairs; onsent un dégoust extrême une continuelle
envie de vomir. On change souvent de disposition ; le
chaud & le ftoid nous affligent tour à tour. II est
bien aisé d 'appliquer tout cela à l'hérétique , qui
Íierd le goult de la vérité , & peu à peu tout celuy de
a Religion; qui ne peut ni digérer, ni souffrir une
nourriture solide ; toujours ou transporté par un zè
le amer , ou froid & insensible , fans se soucier
dans le fonds de la Religion , n'en aimantque ce
qu'oi»faitscrviriksccte& à ses opinions-particu-
fiéres, -J - -
CHAPITRE IX. S9 f .
6. Ence temps: Du temps que les hérésies régne
ront: les hommes chercheront la mort, Ç$ la mort s'en
fuira d'étai Cette façon de parler signifie des temps
fascheux , ennuyeux > pesans , de ceux où l'on est .
dégoustédelavie , où, selon la phrase Greque &
Ja Latine , on meine une vie qui n'est point une
vie : tels sont les temps òù règnent les hérésies ; car
. premièrement, & les chefs , & les séctateurs des
hérésies sont tourmentez par leur esprit inquiet ,
par leur vaine & fatigante curiosité qui les engage
dans des études laborieuses & dégouttantes, plei
nes de chicane , & destituées de bon sens : il faut
s'épuiíer l'efprit à gagner des séctateurs , à les main
tenir par mille sortes d'artifices & de séductions ;x .
toutes choses par elles-mesmes trilles & pelantes ,
que le seul amour de la gloire fait supporter. Joi
gnez â cela dans l'hçrésie cette triste & obscure ma
lignité , & les autres peines marquées fur le tf. 5.
La vie de telles gens est malheureuse, & ils ressem
blent à ceux qui attaquez par quelque "venin , ne
sçavent s'ils veulent vivre ou mourir: mais comme
cette parole de Saint Jean , en ce temps , semble mar
quer non-seulement le triste état de ceux qui sont
attaquez par le venin , mais encore un grand ennuy
cause aux autres , c'est ce qui arrive dans les hérésies:
., on est las de tant de malices couvertes du nom de
lapiétë;detantdedéguisemens & d'une si dange
reuse hypocrisie ; de tant de contentions & dedif-
putes outrées , où il n'y a nulle bonne foy -, de tant
de chicanes fur la Religion, où , comme dit Saint 0rAt- 3î»
Grégoire de Nazianze , l'on ne voit que cette science Y,rhnù
faussement nommée telle ; & au lieu des combats C? des ' '
exercices qui contentent les fpéélateurs dans lesjeux pu-
llics, des que/lions où il n 'y a qu'un jeu de paroles , Ç$
une vainesurprisedesyeux ; où toutes les assemblées ,
tous les marchez , tous leffeflins font trouble*, d'un bruit
importun par des disputes continuelles , qui ne kijfent
ni la simplicitéauxfemmes , ni la pudeur aux vierges ,
dont elles font des parleuses & des disputeuíes ; en
90 L' APOCALYPSE.
forte que les feftes ne font plus des fefles , mais des
jours pleins de tristesse. Ó" d'ennuy ; oà l'on ne trouve de
consolation aux maux publics que dans unmal encoreplus
grand , qui est celny des disputes ; & oà enfin on ne tra
vaille qu'à réduire la 'Religion à unetrijle & fatigante
fophifliquerie. Quelques-uns veulent que par ces
mots , en ce temps , il faut entendre simplement que
leá temps où les erreurs dont parle Saint Jean auront,
la vogue , íèront trilles ; & c'est ainsi que Bullinger
qui tourne tout à ses prétendues erreurs Papistiques,
a dit que les temps où les Papes ont domine , en gé
néralont este' tristes. Mais on voit bien íans avoir
recours à ces chimères d'errenrs Papistiques , que
les véritables erreurs de Théodore & des autres qui
ont réveillé les hérésies Judaïques ,íbnt arrivées du
temps de Sévère & des autres Empereurs , dont les
temps sont les plus fascheux de toute l'Histoire
Romaine.
7. Semblable à des chevaux préparex au combat . . .
Cela marque l'eíprit de dispute dans les hérétiques ,
& leur acharnement à soutenir leurs opinions. Sur
leurstestes comme des couronnes qui paroifsoient d'or.
Dans/erfcap. iv.^. 4. il est dit distinctement des
vieillards, qu'ils entfur la. tefie des couronnes d'or ; &
de mcfme du Fils de Photnme , X I V. 1 4. mais les
hérésies portent sor la teste comme des couronnes qui
poroiffèntd'or. Ce n'est qu'un faux or, & urte vaine
imitation de la vérité , comme Bede& les autres In
terprètes le remarquent fur ce verset.
Et leurs visages ejhient comme des visages d'hommes
\ . . 8. Et leurs cheveux estoient comme ceux des femmes.
C'est encore cette apparence trompeuse des hérésies ,
dont néanmoins aprés tout , la face est d'un hom
me, & la doctrine toute humaine. Les cheveux de
femmes signifient une fbiblefle de courage qu'on a
remarquée dans les hérétiques , où peu ont eû la
résolution de souffrir le martyre. On aveu la chute
de Théodore , qui est un de ceux dont il s'agit en
ce lieu. Nous pouvons encore entendre icy-la mo
CHAPITRE IX.- 91
IcíTe & le relaschement de la discipline : caractère
que Tertullien a remarque' dans les hérésies , leur De Pr*s-
attribuant précisément le renversement de la disci- "'t'-
■t^xnc. proûraeìonemdiscìplinie. Ce caractère est com- 4I,4J-
mun presque à toutes les hérésies , comme il íeroit
aise' de le faire voir , & convient en particulier à ces
hérésies Judaïques en la personne de Paul de Samo-
sate , dont la vanité & la superbe parure est expressé
ment marquée dans la lettre du Concile d'Antioche, Eus. Vt !■
où il est aussi rapporté que les prestres, & tous les 30,
disciples de cét hérétique estoient nourris dans une
semblable moledè.
Leurs dents eftoient comme des dens de lions, par la
force qu'ilsont àtout ravager , & parce qu'ils déchi
rent & mettent en piécesTEglise & les Catholiques
par leurs calomnies.
Des cuirasses comme des cuirasses defer. Si Saint
Paul , dans un discours dogmatique > donne au
Chrestien des armes , une cuirasse de ]uflice, un bou
clier, UKcasque ,&"uneépe'e,Eph.vi. 14.16. 17.011
peut bien donner icy aux hérétiques une cuirasse
comme de fer , pour signifier leur dureté impéné
trable aux enseigtiemens de l'Eglisc, & leur opi-
ìnastreté dans leur propre sens. Et le bruit de Iturs
ailes comme m bruit de plusieurs chariots : Ce sont leurs
difputes-éclatantes & la réputation qu'ils se donnent.
Ils ont des ailes non pour s'élever i"ils en
faílent le semblant,mais à la maniéré des sauterelles,
pqur passer d'un costé à un autre fans jamais rien
approfondir , & pour aller plus promptement rava
ger la terre.
I.©. Et leurs queues estaient semblables à cilles des
scorpions , comme cy-deílus , jp. 3.5. Le seul moyen
de se guérir du venin des hérésies , est de les écraser
promptement sur la playe comme on fait les scor
pions.
I I . Elles avoient . . . pour roy fange de l'abyfme . . .
Car encore que les hérésies aillant lans ordre , 8c
qu'elles fassent peu de cas de leurs auteurs, qu'elles
desa-
91 V APOCALYPSE,
désavouent le plus souvent en effêct,elles íont domi
nées par l'ange de l'abysmequi les conduit fecréte-
ment,& cét ange s'appelle /'Exterminateur, ^Apollym
dans le Grec; c'est-à-dire, celuy qui tuë, qui fait pé-
rir;celuy qui est appellé par le Fils de Dieu,Jo. vi ij.
44. homicide désle commencement , parce que íà se'duc-
ctioua fait mourir nos premiers parens: de-sorte
que c'est principalement par la séduction qu'il est
exterminateur ainsi que les hérétiques qu'il anime.
Etcenomd'fxífrawMfexrluyestdonné en ce lieu ,
pour montrer que ce qui est dit de cessauterelles qu'il
racine au combat , qu'elles nefont pas mourir les hom
mes , s'entend seulement de la vie du corps , & qu'el
les donnent la mort à l'ame. Ce verset convient par
faitement avec cehiy de Saint Paul qu'on a déja veû ,
où parlant des hérétiques & de leurs docteurs , com
me , dît-il , James Cr Mambré , ces enchanteurs des
Egyptiens, résistèrent à Moïse , ceux- cy de me/me ré
sistent à la vérité : en cela semblables à ces magiciens,
que ce sera par l'instigarion & la puissance du démon
qu'ils combatront la laine doctrine : mais austì le suc-,
cés en sera-t-il pareil , £J leur folie fera connue de tous
comme lefutcelk de ces enchanteurs, continue k mes-
meSaintPaul.î..Tim.HI. 8.9.
Les sauterelles de l'Apocalypse sontprises íur cel
les que Joël décrit I. & II. qui en effet ravagèrent
toute la Judée du temps de ce Prophète > & qui figtt-
roient les Assyriens moissonneurs cruels que Dieu
devoit bientôtt envoyer. Les dents de lion paroi lient,
Joël. I. 6. & dans ce chap. de l'tyípoc. jï. 8 . la ressem
blance des chevaux , Joël. II. 48c ky if-q- le bruit
de leurs ailes comme des chariots , Joël, II. 5. &
icy 9. le tourment des hommes dans Jo'él. II. 6 Sc
icyio.
Selon cette idée de Joël, on pourroit penser que
les sauterelles de Saint Jean sont de vrais soldats ,
comme ceux que le Prophète Joël représentoit par
cette figure. Et en effet , il y a des caractères qoi y
conviennent r mais nous avons veû que Saint Jean a
banni
GHAPITRí IX. 9)
banni d'abord cette ide'e > en nous disant que ces
sauterelles , ni ne pillent , ni ne ravagent , ni ne
tuent. Elles blessent feulement les hommes, mais
à la manière des scorpions , par mj-venin & non par
des armes; & au hen que dans les guerres ordinai
res personne n'est épargné, & que les Saints ne le
sont pas plus que les autres, comme il fera remar
qué, Afoc.cìn. xvj. z. 3. 4. icy ce ne sont pas tous les
hommes qui peuvent eftre bleslez ; mais seulement
ceux qui n'ont point la marque de Dieu & le carac
tère de son élection éternelle. Ges caractères que
Saint Jean adonnez à ces sauterelles, impriment
d'abord l'idée d'une guerre spirituelle , de la blessure
del'ame&du venin de l'hérésie. Les ténèbres &
l'épaiíTeur effroyable d'une fumée sortie de l'enfer,
conduit encore à cette pensée : aussi ni dans Saint
Jean . ni dans les Prophètes , en aucun endroit , on
ne voit les vrais soldats sortir de l'enfer , ni conduits
par le démon. A la fin de l'Apocalypse , Iidée de
l'enfer revient encore, avec celle du démon déchais-
né, sous la meíme figure du puits de l'abyfme ,
Apoc. xx. Et nous voyous aussi tres-clairement qu'il
s'agit là de séduction, car on renferme Satan dans
l'abyfme, afin qu'il neséduise plus les nations, 5^.5.
& lors qu'il est délié , c'est pour les séduire , jfr. 7.
On le voit á la fin puni desesséductions , 5?. 9 . ce qui
montre qu'oùl'on fait paroiltre le démon sorti de
l'abyfme , c'est la séduction qu'il y faut entendre ; &
l'idée des armes & des soldats ne combat point celle-
là » puis que dans ce mesme chapitre x x. le démon
délié pour séduire est représenté comme allemblant
ses tfoupespour le combat , & assiégeant la Cité Sainte
CT le camp des Saints, ~f. 7. 8. Dans le "ty. 17. du
chapitre que uous expliquons , où l'on voit devrais
soldats , on y voit auífi de vraies cuirasses , mais c'est
icy comme des cuirasses , & le comme régne par tout;
ce qui n'estant pas ailleurs , ne peut estre si constam
ment employé en cét endroit que pour y montrer
par tout une allégorie.
Saint

\
j4 L' APOCALYPSE.
Saint Jerosme remarque encore sur les sauterelles
de Joël, qu'aprés qu'elles font mortes» on les ri
masse , O" on les met cn tas dans desfosses , comme on
fc voit dans Iíaïexxxiij. 4. Cét amas, dit Saint Jé-
rosme , corrompt l'air , & excite la peste. Cela con
vient encore aux néréfies , qui lors mefme qu'elles
périssent infectent l'air , & y laissent une forte .
de pestilence spirituelle dont tout le genre humain
est infecté.
Si l'on dit aprés tout cela que Saint Jean nous
montre icy dans ces sauterelles mystiques plutost les
ravages que la défaite des hérésies , on n'aura pas
fait aflez de réfléxion for les paroles de ce grand A-
postre , puis qu'enfin il nous a montré tres-expressé-
ment que ks vrais fidèles dont l'Eglisc est principale
ment composée , font un peuple contre lequel ces
animaux íi cruels & si venimeux ne peuvent rien : &
d'ailleurs il fait les hérétiques du genre de' ces ani
maux qu'on voit périr par eux-meímes fans pouvoir
achever Tannée , "fr. 4- 5. Aquoy encore nous con
duit ridéetlHine fumée qui s élevé contre le soleil ,•
& dont on Voit la dissipation asteûrée dans íà propre
élévation , íans que le soleil ait belbin d'employer
contre elle autre chose que íà lumière , 1. C'est
enfin nous avoir montré la défaite de ces animaux
monstrueux , que de nous ks faire bien connoistre,
& de nous avoir appris par quel esprit ils sont pouf
fez: car tout ce qui est conduit par fange del'abyí-
me , doit avec luy estre replongé dans Tabysine
d'où il ne sort que pour un temps, & comme nous
a dit Saint Paul , avoir k sonde Jannes& de Manï-
bré, lors que par le mefme lecoursils résistèrent à
Moïse , fup. "fr, 11. Par où Saint Jean nous fait voir
l'Eglise invincible , & nous prépare à entendre ce
<ju'il dira dans la íhite , qu'elle verra.tous ses ennemis
tombez à ses pieds , n'y ayant point à craindre qu'el
le périfle aprés la victoire qu'elle a remportée contre
des ennemis furieux , qui animez par toute la puis
sance de l'enfer attaquoicut k fondement de íà doc
trine,
APURE IX.
trine, c'est-à-dire, la divinité de Jeíus-Chiist , &
taschoient de luy ravir jusqu'à son Soleil.
ìx. Lefrelier malheur apafé : Malheur public»
non- seulement de l' Eglise , mais encore de tout le
genre humain , comme ce seroir un malheur public
d'éteindre le Soleil. C'est aussi ce que Saint Jean nous
a mis d'abord devant les yeux , en disant que leSeleil
& tout l'airfurent obscurcis -, c'est-à-dire, que la lu
mière de la vérité est obscurcie , non-seulement ,
pour ainsi parler , dans son propre globe , mais en
core par rapport aux hommes , & meíme aux in
fidèles pour qui elle luisoit , comme Primasc l'in-
terpréte íur le y. 11. du ch. précédent. Nous avons Xii./i
auflì remarqué que les hérésies nuisoient beaucoup
aux infidèles , Hist. abreg. ». 8, ce qui íàns doute
n'arrivoit pas fans une secrète permission de Dieu :
car c'est par un secret jugement qu'il permet au dieu
de cesiécle au démon qui y préside, au prince de cit
air, que Jesus-Christ doit chasser , d'agir dans les
incrédules, £í de répandre l'aveuglement dans leur esprit
enforteyue la lumière de l'Evangile de Jefus-XJirifì ne les
éclairepàs : i. Cor. IV. 4. Eph.II. 1. Ainsi tout ce
qui empesche que la rérité ne se fasse sentir , est un
malheur envoyé de Dieu à sa maniéré, comme les
la peste , comme la famine , con-
fbrmémeut à cette parole de Saint Paul : Parce qu'ils
n'ontpasreceúl'amturdela -vérité pour ejlre sauvez i
Dieu leur envoyera une opération d'erreur, i. Thejs.
1 I. 10. «1 sorte qu'ils errent eux-mefmes-, & qu'ils
jettent les autres "dans l'erreur , z. Tim. ll l. 1 5 . Et
non-seulement dansl'Eghse dont ils empeíchent les
infidèles de voirla lumière , en leur faijant blasphé
mer le nom la doBrinedc Noflre Seigneur,Rom. III,
8.1. Tim. vj. 1 . Tit. II. 5 . &c.
Au reste, Saint Jean ne pou voit placer ces mal-
heurs de la séduction dans une place plus convena
ble , qu'en les mettant , comme il a lait, à la fuite
d'autres erreurs mais encore hors de l'Egliíè& d'au
tres séductions , c'est-à-dire, de celles des Juifs , &
aprés ,
96 V APOCALYPSE,
aprés la chute de Cochebas. Les vrayes guerres & les
vrais soldats qui dévoient ravager dans le temporel
l'Empire persécuteur se trouveront en d 'autres en
droits,& sur tout dans les chapitres xvj: & xv ij.
mesme dés la fin de celuy- cy, & au son de la sixième
trompette. Mais il eltoit à propos que Saint Jean
n'oubliast pas les hérésies , qui , comme les autres
malheurs annoncez dans cette Prophétie sont des
exercices que Dieu envoyé â ses fidèlespour les éprou
ver, i . Cor. XI. 1 9 . & un supplice qu'il envoyé aux
ennemis de la vérité' pour les punir . La doctrine de
cette remarque serafortifiée par celle du chapitre
XI-^.Í. i4.&duch. XII.-J?. n.oùilp'aroistra
que les maux de l'Eglise & ceux-là mesme qu'elle
souffrira par la violence de persécuteurs sont les
maux de tout l'univers* 5c mesme des persécuteurs, ■
tant àcauscquela justice áivine les fera bientost re
tomber fur eux qu'à cause que c'est en soy-mcí-
me le plus grand de tous les maux , de persécuter la
vérité.
Je ne dois pas ometre icy , que presque tous les
Interprètes anciens & modernez , & les Protestans
comme les autres entendent icy les hérétiques. Mais
les Protestans toujours entestez de leurs prétendues
erreurs Papistiques , ne trouveront pas mauvais que
nous leur en fassions voir de plus réelles , & tout
ensemble de plus dignes d'estre reprises par Saint
Jean , puis que cesont les mesmes qu'il avoit d'abord
étoufées. - malheura pajsé.\\ commence par Théo
Lepremier
dore de Byfance , environ l'an 19 í. de Nostre Sei
gneur , sous l'Empire de Sévère , 5jse continue dans
ce régne-lá & dans les régnes fuivans , par les Mel-
chisccíeciens,par Praxéas, parNoétus,par Artémon,
par Sabellius,& par Paul de Samoíàte, en la personne
duquel l'hérélie Judaïque fut condamnée de la ma
niéré la plus folemnelle qu'on eust jamais prati
quée dans l'Eglise Catholique, puis qu'elle le fut par
ce fameux Concile d'Antioche , & pour parler avec
un
CHAPITRE IX. 97
un des Peies du Concile de Nicée , par le Concile ç^EptJt:
kjugementdetousles Eveíques du monde. Le mal íè *
■repoià pour lors : ce fut dans les environs de l'aii Ejjf'x „j
160. & 170. & à peu prés dans le mesme temps jiUx.Çf*
que commence le second V* que bous allons
Toir. •
i). Et lesixième *Ange .. . & j 'entendit une voix
gui fortoit des quatre coins de l'autel d'or. C'est icy
une de ces voix qui marquent quelque ordre impor
tant plus spécialement venu de Dieu , ainsi qu'il a
esté dit fur lé 3?. 10. duchapitrel. & on en va voir la
conséquence;
1 4. Déliez les quatre ^singes qui/ont liezfur le zrand
fleuve d'Euphrate. Saint Jean suit exactement Tordre
des temps. Les Perses qui avoient succédé aux
Parthes , jusqn'icy n'avoient point passé l'Euphratc
impunément , & ils avoient toujours esté glorieuse
ment repouílez par les Romains , qui avoient mesme
pouslé leurs conqueítes au-delà de ce fleuve. Ce fut
íûr la fin du second V* , & pendant que Paul de Sa-
mosate troubloit TEglise , que ces peuples fi sou
vent vaincus passèrent l'Euphrate ,• & inondèrent
l 'Empire. Cét endroit méritoìt bien d'estre mar
qué comme venu spécialement de Dieu , car c'est
un des plus importans secrets de cette Prophétie >
parce que c'est dans le malheur de Valérien qu'on
voit commencer la décadence de l'Empire Romain ,
par les raisons remarquées dans i'Histoke abrégée ,
». 9. 10.
Déliez les litiges ... II n'est pas besoin d'avertir
que ce qui lie les Anges , ce sont les ordres suprê
mes de Dieu. Ces Anges liez soit bons ou mauvais ,
sont ceux qui avoient en main ces bornes fatales en
tre la puiílance Romaine & le fier Empire des Per
ses , que Dieu sembloit jusqu'alors avoir renferme
dans les bornes de l'Euphrate. C'eítoit aulfi fur
l'Euphrate qu'estoient établies les légions qui'
gardoient l'Empire de ce costé-là, comme tout le
monde sçait.
E i]<
5,8 V A P O C A L Y P,S E.
« ij. Les... c^ínges qui estoient prestí pour sheure ,
lt jour , le mois Tannée. Ils n'atteudodent que 1c
signal. Le temps marqué si particulièrement par
le Prophète , fait voir combien précisément Dieu
décide des momens.
La troisièmepartie des hommes : C'est la façon de
parler ordinaire dece livre , pour montrerejue ce
n'est pas une entière extermination.
16. Et le nombre... de la cavalerie ... deux cens
millions. L'arme'e des Perses consistoit en cavalerie ,
& le nombre en estoit prodigieux. C'est en gros
ce que veulent dire les deux cens millions , & ce
scroit une erreur grossière de «'imaginer icy des
nombres précis.
17. Des cuirassesde f'eu, d'hyacinthe, & defoufre.
Hift. jiu£. Hyacinthe , c'est la couleur violette , & celle du
in Mex. fcr p0ii , Le feu du soufre approche de cette couleur ;
Stv. tiit. ^;]orSque la lumière du soleil bat dessus, on croit
f"m- vo'r ^cs e^ca<^rons enflâmez. Les Perses estoient
Hrìhd. armez de fer , de pied en cap , eux & leurs
jf.ihiep. chevaux.
Hift. Les ttfles des chevaux , comme des te[ies de lions,
bit. VIII- Cette redoutable cavalerie marchoit au combat
avec l'ardeur & la force des lions.
De leur bouche il forttit du ftu. On voit icy des
chevaux ardent& courageux , qui semblent jetter le
feu par les narines. CokeÛumque premens volvit fub
nariÍMs ignem. 1 1 1 . Georg.
18. Et par ces trois plajes , lefeu, lafumée , & le
soufre ; par l'un pétuosité des soldats armez de cette
sorte. La force des armées est représentée par le feu :
Le bouclier de ces bravessoldats ejl enflamé : lesbridet
de leurs chevauxfont tout enjeu. Nah. II. ;.
19. La t>ui{jance de ces chevaux ejl dans leur bouche
& drtns leurs queues , quirejjèmblentà desferpens. Les
Parthes qui composoient ces armées, puisque les
Perles, comme on aveu , n'avoient tait que chan
ger le nom de cét Empire , combatoient par devant
Si par derrière , & ils tiroient mesine en fuyait ; &
ces
CHAPITRE X. ■ <>5
ces serpens sont les traits dont ils perçoient leurs en
nemis »la teste tournée.
io. Et les autres hommes ne se repentirent
point pour n'adorerplus les démons , & les idoles
d'or & d'argent . . . Cela fait voir que le Prophète
a paflé des Juifs aux Idolâtres. Car on ne peut assez
remarquer , que comme les afflictions des chap.
vii.&viii. regardoient les Juifs , il n'y est
point parle' d'idolatne.
»i. De leurs homicides, de leurs empoifomemens . .,
U est aise' de faite voir que les violences , les impure-
tez , & les empoisonnemens des Idolâtres estoient
allez à l'extrémité.

CHAPITRE X.
VAnge menaçant ; le livre ouvert ; les
sept tonnerres ; le livre mangé.
I. TE vis un autre Ange fort qui deícendôir du
J Ciel , revestu d'une nuée , & ayant un arc-en-
ciel íùr la teste: son visage estoit comme le soleil ,
&íès pieds comme des colonnes de feu.
x. II avoit à la main un petit livre ouvert, & il
mit le pied droit fur la mer , & le pied gauche fur la
terre. ,■ • '
3 . Et il cria à haute voix comme un lion qui rugit.
Et aprés qu'il eut crié , sept tonnerres rirent éclater
leurs voix»
4. Et les íèpt voix des sept tonnerres ayant éclaté,
je me mis á écrire : mais j'entendis une voix du Ciel
qui me dît : Scelle ce qu'ont dit les íept tonnerres , &
nel'écris point. '
5? Alors l'Ange que j'avois veû qui íè tenoit
debout fur la mer Sc fur la terre leva la main au
Ciel.
6. Et il jura par celuy qui vit dans les siécles des
siécles , qui a créé 1e Ciel , & ce qui est dans le Ciel,
• •- • E a la
ioo L* A P O C A L Y P S E.
©r. laTerre, & ce qui est dans la Terre , la Mer, te
ce qui est dans lá Mer , qu'il n'y auroic plus de
temps; . •
7. Mais qu'au jour que le septième Ange seroit
entendre là voix, & qu'il íònneroit de la Trompette,
le mystère de Dieu íeroit accompli , ainsi qu'il l'a
a aux T«- annonce' a par les Prophètes ses íerviteurs.
hûr'l* 8' b Etj'ai.tendis k 'W me parla encore
voix q«e duCiel, & médît: Va, &prendslelivrcouvertde
Vimnin* la m ain de l'Ange qui se tient debout fur 1» mer &
tendu?du fur la terre,
Çtel,mt 9_ Je m'approchay del'Ange, enluydilant, *
qu'il me donnast le livre. Et il me dît, Prend le li-
"J;l . vre , & le dévore : & il te causera de l'amertumc
dans le ventrc,mais dans ta bouche il sera doux com-
rnoy le fetit me du miel,
fort' 1 o. Je pris le livre de la main de l 'Ange , & je le
.devoray : il estoit dans ma bouche doux comme du
miel: mais après que je l'eûs dévore' , ilmecauíà
de l'amertumc dans le ventre.
1 1 . Alors il me dît : II faut encore que tu pro
phétises aux nations , aux peuples , aux hommes de
diverses langues, acàpluneurs Rois. . •

EXPLICATION
du Chapitre X.
Les jugement cachez, , & les jugement
découverts ; la douceur O" l'amertume du livre.
1 • <TE vis un autre Ange ... La dernière vengean
ts va estre icy propoíèe comme prochaine par
des menaces terribles. Ccst un Ange fort , qui
va fraper fortement ; & faface qui éclate comme le
soleil , marque une vengeance, éclatante.
z. Ilavoit à la main un petit livre ouvert. Notez
que ce n'est plus icy le livre fermé de sceaux dont lc
mystère est caché: les íçeauxíontlcvcz, & le six pre
mières
CHAPITRE X. ' tíí
miéreS trompettes ont révélé une grande partie de
céc admirable íecret. L'Ange paroist donc icy avec
un petit écrit ouvert"en íà main: c'est la sentence déja
prononcée & preste â s'éxécuter.
Lepìeddroitsur ta mer . . . L'Empire est foulé aux
pieds , & aíFoibli par mer & par terre.
j . Et il cria ... Le rugissement du lion dans le style
prophétique , est par tout la menace d'une vengean
ce prochaine.
Sept tonnerresfirent éclater leur voix. C'est encore
la vengeance plus prochaine.
4. Scelle ce qu'ont dit les sept tonnerres. Outre les ju-
gemens que Dieu nous découvre par íès Prophètes ,
il y en a de cachez,qui souvent sont les plus terribles.
5 . L'ange . . . leva la main .. .6. Et il jura.. . Dans
Dan. x ij.7. l'Ange qui jure levé les deux mains :
mais celuy- cy en avoit une occupée à tenir là senten
ce. Qu'il n'y auroit plus de temps. Ce n'est plus com
me auparavaiit^poc. v;. n.vij. 1. 1.3.où la venge
ance est différée:icy tout est accompli,tout est prest.
7. Mais qu'au jour que le septième tyinge... . le '
myflérc de Dieu scroit accompli. Ce mystère r c'est la
glorification del'Egliíe, &la fin des persécutions
par de terribles chastîmens des persécuteurs.
8 . Vas , O" prends le livre ouvert. 9 . Prens le livre,
& le dovore. Le mesme en Ezéchiel , ///. r.
10. // ejìoit doux dans ma bouche ... Ce livre doux
âlabouche, & que fait dans l'cstomac l'effet des
choses améres , c'est la derniere sentence que l'Auge
tenoit, Saint Jean s'en devoit remplir pour en
annoncer l'effet. D'abord elle est douce comme le
fut à Ezéchiel ce livre qu'il dévora. C'est une conso
lation de voir la puissance de Dieu éxercée fur íes
ennemis: mais dans la fuite 011 est affligé de voir
tant d'hommes perdus :& il y a icy un sujet d'afflic
tion particulière , en ce qu'on y va voir les soustran-
ces de l'Eglife perse'cutée.
n. ^Alors il me dit : IIfaut encore que tu Prophé
tisée. II faut que tu expliques le détail de cette- sen-
E j t:nce
■ I9t V APOCALYPSE,
ter ce aux Rois & aux peuples ; & c'est ce queSairit
Jean va commencer dans le chapitre suivant: mais
ìlsiut avant toutes choses, pour le bien entendre ,
cjue nous prenions quelque ide'e des perfe'cutions de
l'Eglise que Saint Jean nous va proposer dans les vi
sions suivantes.
R E' F L Ë X / O JST S
fur les perfe'cutitns , où Von en voit
fidée générale , & quatre de leurs ca
ractères marquez, par Saint Jean.
A -i n T Jean ayant à nous exposer dans la fuite
canctéres ^ !es gran<" chastlmens de Dieu fur Rome perse-
desper- cutrice , il corn mence far expliquer les perfë-
secutions cutions qui les ont attirez , & s'arrelre principale-
marquées ment à celle de Dioctétien, qui fut la dernie're, com-
par Saint mêla plus violente. II nous donne donc d'abord
ohap xi dansée chapitre une idée générale de ces perfécu-
je j;Ap0.«tions ,& il en remarque quatre choses les plus pro-
caîypse. pres à soutenir le courage des Chrestiens , qu'on
pust jamakimaginer.
Premièrement , afin qu'on ne s'éto'nnastpas dé
voir tant de sang répandu , & cequiestoitleplus à
déplorer, tant d'apostasies durant les persécutions ,
ilfaitvoirqu'ilnerautpas craindre quele Temple
de Dieu, c'est- à-dire , son Eglise , soit renversée ,
& qu'au contraire elle demeurera toujours invin
cible dans ceux qui sont vraiment à Dieu , c'est-à-
dire , daHsscsEleûs , jF. r. i.
Secondement , il fait voir que quelque grande
que soit la haine & la puislance des persécuteurs , il
ne leur seroit pas permis de nuire aux Chrestiens au
tant qu'ils voudroient ; mais que Dieu doriKroit des
bornes à leur fureur , & renfermeroit les persécu
tions dans un certain temps limité , if. i . j t
Troisièmement, lemefme Saint Jean faiteon-
noiftre que nulle jwrsécution , quelque violente
qu'elle
CHAPITRE X. 10}
qu'elle soit , n'aura le pouvoir d'empcscher ou d'af-
foiblirle témoignage que l'Egliíè doit rendre éter
nellement à la vérité de l'Evangilc , & c'est ce
qu'il nous explique par ces deux rémoins dont
il íèra tant parlé dans ce chapitre , jf. 3.
4. (Sc.
La quatrième chose qui devoit paroistre dans la
souffrance de l'Eglisc , c'est que la persécution, loin
de I'éreindre & de l'afFoiblir , en devoit toujours
augmenter la force & la gloire: de forte que par la
fuite des conseils de Dieu , il devoit estre réservé â
celle de Dioclétien comme à la plus violente , d'é
lever PEglise au comble de la gloire. C'est aullì ce
oui est arrivé; & SaintJean nous le fait entendre
dans la glorieuse résurrection des deux témoins , au
1 z . 1 5 . de ce chapitre.
De ces quatre caractères des persécutions , ccluy '
qui est le plu* consolant pour les Chrestiens , c'est le ^ea^w°° .
second ; c'est-à- dire , celuy qui leur fait Voir que S^estoU
Dieu préside secrètement aux conseils desperíécu- ie pills
reur; , dontil retient & lafehe le bras autant qu'il consolant,
luyplaist: car c'est ce qui fait sentir aux enfans dec'fst<]!ie
Dieu, que celuy qui leur envoyé les persécutions , Dlfudon-
c'est Dieu mefme leur bon Pere , en forte que leurs b°'t|,„
souffrances venues de cette main leur deviennent iux pcrrt:.
cheres. . cutions.
Dieu aveit commencé à faire paroistre cette véri- 1 1 1.

Dm. xij. 7. 1 ». & qu'il est ailé de le recueillir , caur aitioiu


des livres des MachabéesquederHiftoircdc joíè-
 E 4 plie ;
Í04 L» A P O C A L Y P S E.
phe: l'autre quin'estoit pas moins considérable ,
c'est que Dieu finiroit la persécution par la punition
« éclatante de son autheur.
IV. C'estoit le conseil de Dieu d'en user a peu prés de
Les per- mesme avec íes fidèles. Car encore qu'aprés la croix
deT-Edise deJesus- Christ , son Eglise deust cstre plus soïte-
ont à leur nient & plus longuement éxercée , qu'elle ne l'avoit
maniéré le deû estre dans le Judaïíme où les promesses tempo-
tnesineca- relies estoient en vigueur : néanmoins il plaisoit i
lactére. Díeli , qUe les persécutions qu'il faudroit soutenir
metVes Pour l'EvangilceuíIent à peu prés les mcsmes carac-
bornes. teres 1ue ce''e d'Antiochus.où elles estoient comme
Passage deffignées par la main de Dieu > c'est-à-dire ,pre-
d'Ori- miérement qu'elles fussent courtes , & que Dieu y
gène. donnastdetempsen temps quelque relaíche à son
peuple ; & ce qui n'est pas moins remarquable ,
qu'elles finissent pour l'ordiuaire par un chastï-
ment public des perse'cuteurs.
On voit en effet ces deux marques dudoigt de
Dieu , presque danstoutes les persécutions. Dieu
faiíoit sentir à ses enfans affligez , par le repos qu'il
]eur procurait de rems en temps , qu'il sçavoit me
surer leurs souffrances à leurs forces , & comme Je-
Íìis-Christ l'avoit dit luy-mesme , qu'ilen abrégeoit k
temps pour l'amour desEleùs , Matt. x xiv. zi.
Les Chrestiens ontbien connu ce secours de Dieu
durant les persécutions ; & comme on leur objéctoit
que Dieu les abandonnoit à leurs ennemis , Ori-
gene répondent pour toute l'Eeliíe , que ce nefloit
pas les abandonner , mais pìùtofl leur rendre fenjible fa
froteélion , que leur donner de temps en temps le loisir
de respirer -, en réprimant de telle forte leurs perjécu-
teurs , qu'onz/oyoit bien qu'U nt vouloit pas qu'on pufi '
éteindre la race des Saints, ni qu'il fu\l permis à leurs
ennemis & aux Princes mefmes de les affliger au delà
d'un certain point , ou d'un certain temps , Orig. iij.
cont. Cels. p. 1 1 6.
V. Toutest^>Iein de ces sentimens dans les écrits des
Biftoire Sainrs Pères, &l'expérience en justifioit la; vérité.
CHAPITRE X- \of
ta persécution de Néron òù Saint Pierre & Saint abrégée
Paul furent couronnez finit par sà mort environ j!fSP?r~
quatre ans aprés qu'il l'eût commencée : celle de j^Eg"!
Domitien , où Saint Jean souffrit , fut à peu prés de se f qui
mcsme durée. Le massacre de Domitien tué par les fait voit
liens y mit fin ; & avant ce dernier coup , luy-meí- que Die»
bornestout
me, à fainhumain qu'il
fureur , en estoit, jusqu'à
rappellant il avoit donné des nJSi
ceux qu'il J™"'0"
oc~
avoit bannis, & réprimant par un Edit les persc'cu- Jkà.cb.
tions suscitées contre l'Egliic : ainsi les deux pre- 64.65.68.
míéres permutions eûrent manifestement les deux 9Î-95-96»
caractères de celle d'Antiochus. Dieu les finit par ****■ "*F~
'le chastîment manifeste de leurs auteurs, & voulut
les renfermer à peu prés dans le mesme temps de la&- ™
trois ans&demi que celle d' Antiochus avoit eû. "^"j
Saint Jean apprend aux fidèles , que les persécutions Eus. 'm.
des siécles fuivans aurbient â peu prés le mesme suc- 18. 10.
cés , & que Dieu leur sçauroit donner de secrètes
bornes, quoy-quejion , peut-estre , toûjours dans
le mesme temps précis-On sçait la lettre de Trajan à W»'» Hb.
Pline le Jeune , où encore que cét Empereur luy x-eP- 97-
ordonnait de punir les Chrestiens qui luy íeroient ^
déferez , il luy défendit néanrríoins, d'en faire au
cune recherche. O11 sçait celle d'Adrien à Minucius
Fundanus , & celle de Marc- Aurele, aprés le célèbre '76,
cfíèt de la prière d'une légion Chrestieuue. Ces or
dres des Empereurs estoient autant de barrières que
Dieumettoit pour un temps aux persécutions. On 104-
prétend que celle de Sévère s'adoucit bientost par la- Io6,
mort de Plautien , qui en estoit ['instigateur : & on; T. W.
íjait d'ailleurs que
ses rigueurs.en sortecequ'il
Prince modérait
a semblé luy- mesme
ne persécuter ì'j,20^^,
les s™' . "J*
Chrestiens qu'à regret , & par considération , com- orìr. $,
me Tertullien nous le fait entendre. Quoy qu'il en «mt. Cels.-
foit , c'est aprés avoir veû fa persécution , qu'Ori- s. ». 4.
genea rcmarqné le relaschement que nous avons r4"'*3^"' '
■yeû dans les supplices des Chrestiens , &lesbor- * " 53""
«es que Dieu y mettoit. La persécution de Maxi- Lad.de
«ún & celle de Déce passèrent rapidement avec leur msrt. 4,.
E 5 vie.
. ïoS L' A T? O C A L Y P S E.
'jín. 159. vie. Gallos qui íuivit les voyes de Décesonpréde-
260. 161. cc(ièut , eût tost aprés^fc meíme lort. Les íuffrances
îjjV ' des Saints furent extrêmes sousValérien : mais nous
\Àhx. af. apprenons dans Eusebe par une lettre de Saint Denys
lus. Vil. d'Alexandrie, qu'elles ne durèrent précisément
1. que trois ans & demi. Le maflacre d'Aurélienpré-
Uct .ibid. vintl'éxécution du íàngjànt Edit qu'il venoit de
lin 276. ^onncr co*"tre fidèles , & il n'y eût pas jusqu'à la
í"fí. ibik. dernière persécution , c'est-à-dire , jusqu'à celle
y. de Dioclétien , encore qu'elle ait esté lapsus violen-
Àfi VII. 111 II I ■ £i I m liinjllii iijlllli li I lllli[iÉp H llllïlii
3°-VI- ment. Elle commença en Pan 3 03. le 19. de l'Empire
cíu^on dé *"e i°c^"£n» Par ^e renversement des Eglises , vers
Diode. ^a &ftc de 'a paífion de Nostre Seigneur ,. date mé
tier), morable pour l'Égliíê souffrante. L'année d'aprés.
Jln. 303. la persécution fut rres-violenté: mais dans le temps.
JuiB.de qu'on y commença par tout l'Empire des festes fo-
mm. i r. ]ennc]fes p0Ur ia vingtième année de l'Empereur ,
lis VIII. lfs prisons furent ouvertes, & les Chrestiens parti-
idítVtl.x. cipérent à la grâce comme les autres, pois qu'il est
lit. i* expressément marqué , quelecélébre Martir d'An-
Chrsn. tioche Saint Romain , demeura seul dans les fers , Sc
i ícnl acteTa sen Êloricux martyre. Quelque temps
id.lib.'de aprés, & dans la plus grande ardeur de la persé-
manyr. 9. cution , las de verser du sang , les persécuteurs íe
13. relaschérentd'eux-mesmes par deux fois , & à lx
Lib.nu. fin on changea la peine de mort en d'autres soppli-
JÎJ , ces. En Occident , {a grande furie delapresécution
„„tt , ne dura que deux ans : mais encore que l'Orient eust
jbid. 4. 1 j. plus à souffrir,il paroist que dés le commencement,.
lib.yiií, Maximin íèrelaícha durant quelque temps, & en
J4: général que les tyrans íè raIentifloieut,& se réchauf-
VUI16 ; °*entcomnie à diveríès reprises. Dans la huitième*
j7 ' " í nnée fut publiée la célèbre rétractation de Galère
^3.31 r. ivíaximieu, un peu avant là mort. Les Eglises jóíïi-
311. rent de la paix mesme en Orient, & sous Maximin.
id bb.ix. jn peu aprés , Maxence fut vaincu par Constantin ;
UULX g fa Croix érigée dans Rome , & la paix donnée par
CHAPITRE X. te>r
le vainqueur. Encore que Maximin qui avoit este'
contraint d'abord à se relascffer de íès rigueurs, les t
ait redoublées un peù apre's , elles ne durèrent pas An jij.
long-temps, & licinius alors uni à Constantin ,
entreprit bieutost la guerre , où le tyran perdit la
vie. A son tour Licinius devint luy-mesme perse- 5 '9.
cuteur, & toit âpres il périt > aprés avoir esté sou- î2î*
vent vaincu.
Voilà en gros le cours des persécutions , & je n'ay
pas ky besoin d'une discussion plus scrupuleuse des
années. Cela suffit pour faire voir qu'encore que
Dieu n'épargnait pas le sang de ses Saints , il leur
doiinoit de temps en temps un peu de repos ,c'est-à-
dire , qu'il donnoit aux forts le temps de respirer ,
aux foibles celuy de s'affermir , à ceux qui estoient
tombez celuy de se relever, & enfin aux saints
Pasteurs , celuy de recueillir leurs brebis dissi
pées.
C'est ainli que Dieu mesuroit les souffrances à . 71 T.
son peuple selon fa bonté Sc fa sagesse, comme il S5c0nílç
avoit fau autrefois du temps d'Antiochus. Mais il fonte des-
ne fit pa; moins éclater dans les persécutions de son pC,se'cu.
Eglise ïa seconde circonstance de la persécution tions.:
d'Antiochus, qui fut celle d'avoir fini par le supplice qu'elles
du persécuteur: car pour ne point icy parler des Prin- finifl°'ent
m , * • / ordinaire*
ces persécuteurs que Dieu peut avoir épargnez , ou ment ' £
pour leurs autres bonnes qualitez , comme un Tra- „n chastî'.
jan, ou un Marc Aurele , ou enfin pour des raisons ment
qu'il n'est pas permis de rechercher : pour peu qu'on éxemplai-
fçachela fin d'un Néron, d'un Domitien, d'un '«des pet-
Maximin, d'urfDéce, d'un Valérien , des deux comme"*''
Maximieus , du dernier Maximin , & des autres , ceuc
& qu'on en pèse le temps & les circonstances1, on y d'Antío-
verra la main de Dieu clairement marquée , & un chus,
livre admirable de Lactance que Dieu a rendu à nos L»8.lii i*
jours , nous met cette vérité sous les yeux- ™°rt' f"-
Nous y voyons entre autres choses , que Dioclé- '"'
il** L' APOCALYPSE
perdit le sois , il tomba Jans un si grand affoi-
bliílestient qu'il ne put re'íister à Galère, qui lo
contraignit secrètement à quitter l'Empiré. Cette
abdication tant vantée , & qui parut au dehors si
volontaire, futl'efFetdeía fbiblesse, & de la se
crète violence que luy fit son gendre. Lad.de mort.
17. 1 8. La fin des autres Princes fut encore plus
manifestement funeste : on n'y voit rien que de tra
gique. Dieu pour ainsi dire voulut marquer les
persécuteurs à la marque d'Antiochus ;. & afin qu'il
n'y manquast aucun trait, il voulut dans cette der
nière períccution , que les deux y dont le peuple
Itn.àe Saint avoit le plus long-temps éprouvé la rage, a'est-
*jir/> J4- à-dire j Galère Maximien & Maximin , en périt
ëisjM íànt comme Antiochus , & par un supplice sembla-
16.17. blc.fislènr aussi á son éxcmple des déclarations fa
ix. 10. vorables aux Chrcstiens qu'ils avoient tant haïs , Sc
laiffa/Tent à la postérité un témoignage immortel
d'un repentir autant inutileque forcé.
Y III. La persécution d'Antiochus fit voir encore une
Une autre vérité, qui parut avec éclat dans les persécutions de
circon-
fiance des i.'Egiiíè,
., p, , C'est que1 bien
. loin que
2 ■ lei> peuple
■ luisait
r j
persécu- détruit » comme Ies ennemis 1 avoient eíperé ,
tions. il devint plus illustre que jamais, non-seulemenc
l'Eglise par les victoires de Judas le Machabée , mais éucorc
ptusglo- en s'afranchissant du joug des Gentils-, & rétablis-
IieB, » sàmíousla famille des Asmonéens le Royaume de
âvotî l*0™- Ainsi K£Slise dc Kus-Christ , loin de tom-
ibufFerteí, bersous le poids de tant de persécutions, alloit croit
& la mes- íànt sous le fer & parmi les tourmens. Les victoires
«ne chose cle ses martyrs plus éclatantes que le soleil , luy don-
""J'f noiént tous les jours une nouvelle gloire. . Ceinta-
pcrslcu- Presles,defniersefTortsqu'oneut faits sous Diodé-
tion tien pour la détruire entièrement , & lors qu'on se
d'Antio- flatoit le plus , commeon verra, de la peníée de
chus. l'avoir éteinte , qu'elle se releva plus que jamais, &
que libre de la tyrannie des Gentils, elle régna fur
la terre dans la personne de Constantin & de ses sitc-
cefl'eurs, corame Saint Jeaale célèbre dans toute û
Pro
C H A P I T R E X I. io9
Prophétie , & en pankulict dans le chapitre
XI. qu'on va entendre aisément aprés ces remar
ques. *

CHAPITRE- XI,
Xe T^mple mesuré ; le parvis abandonné
aux Gentils; les deux témoins; leur morti leurré-
surreEìion , & leurgloire ; la Jèptiéme trompette ; le
régne de Jefus-Chrijl , O"[esjugement.
r. /™\N me donna une canne semblable à une Gr.
perche a , & il me fut dit : Leve-toy, & ait l'jhì
meíure le Temple de Dieu,&l'Autel , & g'ft tin
ceux qui y adorent. *!
x. Mais laisse le parvis qui est hors du temple , 8c '
ne le meíure point , parce qu'il a esté abandonné aux
Gentils, St ils fouleront aux pieds la Sainte Cité pen
dant quarante-deux mois : v
5 . Et je donneray à mes deux témoins , & ils pro
phétiseront mille deux cens soixante jours revestus
dé sec.
.,4. Ceux-cy íônt deux oliviers & deux chandel
iers qui íont dressez en présence b du Seigneur de b d» Dit»
la terre. ' »
5. Que si quelqu'un veut leur nuire, le feu ser
tira de leur bouche , qui dévorera leurs ennemis : &
celuy qui les voudra offenser, il saut qu'il soit tué de
cette sorte.
6. Us ont la puissance de fermer le Ciel , pour ,
empescher la pluye de tomber durant le temps qu'ils
prophétiserom:& ils ont le pouvoir de changer Veau
en sang, & de ftaper lá terre de toutes sortes
de playes , routes les" fois qu'ils le vou
dront.
7. Quand ils auront achevé leur témoignage »
kbeste qui s'élève de l'abyûne leur fera la guerrè »
les vainc» r & Us tué'ra.
'X E 7 8 - Et
tic* L' A P O C A L Y P S E,
Gr. 8^ Et leurs corps seront étendus dans c les pla-
cUftdce ces de la grande ville , qui est appellée spirituelle
ment Sodome, & l'Egypte , où meíme d leurSei-
d mstn gneur a esté crucifié.
j>. Et les tribus, les peuples , les langues , &les
nations verront leurs corps étendus trois jours Sc de
mi i & ils ne permettront pas qu'onles mette dans
k tombeau.
10. Leshabitansdelaterre íe réjouiront de leur
mort : ils en feront des sectes , & s'envoyeront des
présens les uns aux autres , parce que ces deux Pro
phètes tourmentoient ceux qui habitoient íùr la
terre. .
, ii. Mais aprés trois jours & demi, l'eíprit de
vie entra en eux de la part de Dieu. Ils íè relevèrent
-v fur leurs pieds , & ceux qui les virent furent saisis
d'une grande crainte.
1 1 . Alors ils entendirent une voix forte , qui leur
dît du Ciel : Montes icy.. Et ils montèrent
au Ciel dans une nuée, alaveûë de leuts enne
mis.
1 3 . A cette mefme heure il se fit un grand trem
blement de terre: la dixième partie de la ville tom
ba, & sept mille hommes périrent dans le trem-
>. * blement de terre : le reste fut saisi de crainte , &
donnagloire à Dieu.
1 4. Le second malheur est passé , & voila le troi
sième qui le suit de prés.
•15. Le septième Ange sonna de la trompette ; &
e le Ciel retentit de grandes voix , qui dúoient e : Le
r'y*d™"- K-°yaume de ce monde est devenu le Royaume de
mu Us Nostre Seigneur & de ion Christ , & il régnera aux •
Royaumes siécles des siécles , Amen.
(Amen) 16. Alors les vingt-quatre vieillards qui sont assis
n>f/î /><«/. fur leurs sièges devant la face de Dieu, se pros
ternèrent sur le visage , & ils adorèrent Dicti . en di
sant:
17. Nous vous rendons grâces, Seigneur Diea
tout-puiíîant , qui estes * qui estiez, & qui devez
vciiirj
C H A P I T R E X I. m
venir ; parce que vous vous estes revestu de vostre qp,
grande puiílance,& que vous régnez.
18. Les nations se íont imitées , & le temps de
vostre colère est arrivé , & le temps des morts pour
estrejugez , & pour donner la récompense aux Pro
phètes vos serviteurs , &aux Saints, & à ceux qui
craignent vostre nom , aax petits & aux grands , &
pour exterminer ceux qui ont corrompu la
terre.
19. Alors le Temple de Dieu fut ouvert dans le
Ciel, & l'Archc de íbn alliance v parut , & il se fit
des éclairs ; des voix , un tremblement de terre , 5c
une grosse greffe.
E X P L I C A T I O N
du Chapitre XI.
Les caractères des persécutions en général.
Usfont applique^ en particulier à celle de Dioclctien.
Saint Jean nous en donne un premier- crayon , qui fera
perfeílionné dans le chapitresuivant.
U T Eve-toy,-& mesure le Temple... Lecommcn* V-f«j>.
cernent de la persécution de Dioctétien est R'ftx.-
marqué dans tous les auteurs par le renversement '
desEgliíésquelesChresticns avoient basties dans
nne longue paix. Afin qu'on ne s'en étonne pas ,
Saint Jean nous montre un Temple & un Autel que
les hommes ne peuvent abbattre.
Et ceux quiy adorent. Dans cette mefine persécu
tion de Dioclctien , il devoir arriver aussi beaucoup
déchûtes & d'apostasies : mais Saint Jean fait voir
que tout ce qui est parfaitement au dedans selon l'c-
lection éternelle ne périt point.
Mesure le Temple de Dieti , & l'^Autel , & ceux,
quiy adorent. Gecy représente la société des Eleús
où tout est mesuré & compté , parce que Dieu ne (
veut pas que rien y périsse, •
X. Mais
ut L" A P O C A L Y P S E.
Aíí// Ar/jí/é le parvis qui est hors du Temple ... H
n'y a point de mesure pritc pour ce qui est hors de
cette société-
//a estéabandonnéaux Gentils. La Sainte société des
Elcûs est inaccessible aux Gentils qui ne peuvent la
diminuer : mais l'extérieurde l'Eglife leur est en
quelque sorte abandonné , & ils y feront d'étranges
ravages. Ne croyez donc pas que tout soit perdu
quand vous en verrez la profanation. On renver
sera les Eglises matérielles : nuis il y a un sanctuai
re qui n'est pas bastide main d'homme, & fur le
quel aussi la main des hommes ne peut rien. Les
tourmens feront tomber plusieurs Chrestiens : mais
le fondement de Dieu demeurera ferme. Et voicy
k sceau qu'il a': Le Seigneur connoift ceuxquifont À
luy , & bienheureux celuy qui invoque le nom du Sei
gneur. i.Tim.LI. 19.
Ilsfoulerontaux pieds la Sainte Cité. Les Chrestiens
seront sous la tyrannie des infidèles: mais si lesinfír-
mes tombent , l'Egliïè subsistera dans les forts.
C'est la première choie que Saint Jean remarque
dans les persécutions : l'Eglife toujours subsistante.
Quarante deux mois. Voicy la seconde choie qu'il
faut remarquer : les persécutions de- l'Eglife , 8s
mesme celle de Dioclétien , quoy-qae la plus longue
de toutes, auront un terme préfix 8c marqué de la
main de Dieu.
Pourquoy quarante-deux mois ? Ne retombons pas
icy dans la petitesse de vouloir toujours trouver des
nombres précis: c'est icy un nombre mystique ; Sc-
pour nous en faire connoistre l'importancc , Saint
Jean le répéte souvent , comme on va voir.
j. Et je donneray à mes deux témoins , & ils pro
phétiseront. C'est moy qui leur donneray de prophé
tiser , c'est-à-dire , je leur en donneray Tordre & la -
grâce. Mille deux censsoixante jours : C'est les qua
rante deux moisdont il vient de parler , àcompoíer
les mois de trente jours selon l'anciennc supputa
tion, Ce nombre mystérieux íè tiouye encore dans
CHAPITRE XI, tij
le temps où la femme,, c'est- à-dire l'Eglise , fera
nourrie dans le désert , c'est-à-dire, danslaperíe-
cucion. Elley fera , dit Saint Jean , mille deux cens
soixantejours , xi). 6. Et un peuaprés : Elle y fera
m temps , des temps-, & la moitié d'un temps , ibid.
14. C'est au style de l'Ecriture , une année , deux
années , & une demi-année , en tout , trois ans
&demi. Et encore au chapitre xiïjt 5. La guerre
qu'on fera aux Saints doit durer quarante-deux mois.
Tout cela, íous de différentes expressions » fait Ic
mefme nombre d'années , de mois, & déjoues :car,
& les quarante-deux mois , & les mille deux cens
soixante jours composent trois ans & demi, & le
tout ensemble íè réduit au nombre rond de douze
fois trente jours. Saint Jean retourne ce nombre en
tant de façons par années , par mois ,. Si par jours ,
afin que le lécteur attentif,en faiíànt fa supputation,
& trouvant toujours le mesme nombre , sente enfin
que c'est un nombre mystique consacré aux persé
cutions de l'Eglise , à cause que c'est celuy où fut
renfermée celle d'Antiochus qui les figurait. Et en
effet, tout cecy est visiblement tiré de la Prophétie
de Daniel , où l'Ange détermine la persécution
d'Antiochus à un temps , deux temps, & un demi-
temps , Dan. XIII. 7. c'est-à-dire , comme tout
le monde eu convient , un an , deux ans , & un de
mi-an, conformément à ce qui est dit de Nabuco-
donosor dans le mefme Daniel : Sept temps passeront
fur luy c'est-à-dire , il paflera íept années , Dan. rv.
I}. it. Selon cette explication du mot de temps,
familière à l'Ecriture & à Daniel , ce Prophète dé
termine le temps donné à Anriochus pour persécuter
lesenfansde Dieu à trois ans & demi en tout: ce
qui fut en effet le temps précis de cette persécution ,
ainsi qu'il a esté dit Refléx. fur les períec. n. 5 .
Nous voilà donc tres-distinctement renvoyez par
Saint Jean à la Prophétie de Daniel , & à laperíecu-
rion d'Antiochus, pour y trouver le vray caractère
despersécutions de 1 Eglise , c'est-à-dire , pour j
entea»
H4. L'APOCALYPSE.
entendre un terme arresté de Dieu > un terme abré
gé exprès pour le salut des Eleûs, un terme qui finis
se ordinairement par ie chaílîment éclatant des per-
■ - - locuteurs , & íòuvent mesme par un aveu public de
leur faute avant leutsupplice , comme en effet il est
Rtfl. ». j. arrivé prelque toûjours, & constamment dans la' .
îry««p. dçjniére persécution que Saint Jean avoit principale
ment en veûë.
Une faut pas icy s'émouvoir de ce que trois ans &
demi excédent de quelques jours le nombre de mil
le deux cens soixante jours. On sçait aísez que l'E-
criturearrondit les nombres. On a veû que Saint
Jean régie celuy- cy , dont il fait le caractère de la
persécution , sur le pied dé douze fois trente jours ,
& au surplus la justesse des Prophéties íë doit trou
ver dans les grands caractères , & non pas dans les
minucies.
Dieu a voulu que quelques-unes des persécu
tions , par éxemple , celle de Valérien , eust préci
se.*, lément le nombre de trois ans & demi , comme oi>
a dit. Les autres qui durèrent ou un peu plus > ovr
un peu moins , n'eûrent pas moins un terme abrégé
& fixé par 1e doigt de Dieu , & n'en finirent pas
moins par une conclusion-pareille.
Cetémpsdetroijans& demi est encore celúy
de la mémorable sëcheresíè qui arriva íous Elie , 5 .
Reg.xvij. xvìij. Luc.irv. 1^. Jtc. v. 17. sécheresse
qui revient assez à la persécution , comme il sera re •
marquésurle}?'. 6.
C'est donc à dire en un mot que l'Eglilè íèra ré
duite au mesine état où fut autrefois le peuple de
Dieu , trois ans & demi , & durant cette effroyable
famine , & depuis encore , sous la tyrannie d' Antio-
ehus ; & s'il faut aller plus avant -, comme on voit
dans toute cette Prophétie le nombre de íèpt consa
cré pour signifier quelque chose de complet , ainsi
qu'on l'a remarqué , eh.v. 1. le temps de trois ans
& demi , qui fait justement la moitié de sept ans , &
partage par le.milieu.une semaine d'années, doit
mat-
CHAPITRE XI. nij
marquer un temps imparfait qui n'arriTepas à Ion
tcrme:de cette sorte on le prend pour le temps mysti
que auquel les persécutions sont fixées , pour mar
quer qu'estant resserrées par la main de Dieu , elles
ne parviendront jamais au terme complet que se
proposoient les persécutears>comme il paroistra en
core mieux par les remarques fur les verse ts 9 . & 1 1 .
Et ilsprophétiseront revejlus desacs , dans ['affliction
dans la pénitence. Cecy marque la persécution ; &
remarquez que les deux témoins ne cesseront de
prophétiser durant tout le temps de fa persécution,
car la persécution dure quarante- deux mois , "fi. t.
& la prophétie dure douze cens soixante jours, '5?. 3 .
afin qu'on ne pense pas que l'Eglise soit réduite à un
état visible , ou que fes persécuteurs viennent à bout,
comme ils le pretendoient, de fermer la bouche de
(eux quiloù'ènt Dieu. ^
Ils prophétiseront. Le ministère prophétique ne
consiste pas seulement dans la prédiction de l'avenir,
mais encore dans l'exhortation , 81 dans la consola
tion ; & qui veut voir que toutes ces grâces & ks
dons tant ordinaires qu'extraordinaires , mefme ce-
Jjl}' de la. prophétie dans ft JJgrtie Ja plus éminente f
qui est la prédiction de l'avenir , ne manquoierit pas
â l'Eglise durant la persécution , n'a qu'à lire les
lettres de Saint Cyprien , où l'on voit les merveil
leux avertissemens par lesquels Dieu préparoit son
Eglise aux maux qu'il luy envoyoit , & Pcsprit de
íì»rce qu'il y coníervoit pour la soutenir: c'est auífi ce
qu'on peut voir danrtoute l'Histoire Ecclésiastique.
Mes deux témoins: Témoin , c'est martyr , com
me on sçait. Saint Jean marque icy le vray caractère
de ces temps où l'Eglise éclatoit principalement
dans ses Martyrs , pendant qu'elle estoit contrainte
de cacher son culte & íès assemblées dans des lieux-
obscurs & souterrains.
Pour ce qui regarde le nombre de deux , les Pères
& les -Interprètes sont féconds à nous en repré
senter le mystère. II y a ks deux Testa-
mens,
ii( L'APOCALYT SE.
mens, les deux Tables de IaLoy , les deux Précep
tes de la charité* , le témoignage de deux suffisant
pour établir la vérité' , conformément à cette paro
le: Toute affairefera décidée par /e témoignage de deux
eu de trois témoins,Deut.xix.i 5'. Primaíe rapporte icy
un bel endroit de Saint Cyprien , où il reconnoist
deux sortes de témoins ou de martyrs ; les uns, en
sacrifiant leur vie ; les autres , en abandonnant leurs
biens, Prim.lib.III.Cyp.de laps. Plus simplement
il faut entendre par les deux témoins , les cousola-
teurs du peuple de Dieu , tirez des deux Ordres de
l'Eglise, & tant du Clergé que du peuple: les pre
miers représentez par Jésus fils de Josédec souve-,
rain Pontife; & les autres par Zorobabel , Capitai
ne du peuple de Dieu, comme on verra au verset
suivant.
4. Ceux cy font deux oliviers & deux chandeliers.
Cecy est manifestement tiré de Zacharie / V. 3 . 14.
où Jésus fils de Josédec souverain Pontife, & Zo
robabel, qui soutinrent le peuple pauvre & affligé
au retour de la captivité de Babylone , sont désignez
par deux oliviers , à cause des consolations que le
peuple receût par leur ministère durant que tous
leurs voisins s'unifToient pour achever de les oppri
mer. Alors Dieu leur envoya ces deux grands con
solateurs , & le Saint Esprit qui montre par tout à
Saint Jean l'Eglise figurée dans la Synogogue , -a en
core tiré cét exemple de l'ancien peuple, pour si
gnifier dans ces deux oliviers mystiques la céleste
onction dont l'Eglise seroit pleine durant lespersé-
cuions.
Et deux chandeliers.. Cette figure est encort tirée
du mesme endroit de Zacharie IV. 1. Elle signifie
qae les lumières de l'Eglise ne seront pas moins vi .
vesque ses consolations seront abondantes : ainsi le
nombre de deux est encore icy un nombre mystique
comme les trois ans & demi. Les consolateurs des
fidèles par les grâces tant ordinaires qu'extraordi
naires , estant tirez de deux ordres , c'est-à-dire,du.
Cki-
CHAPITRE XI. 117 ,
Ckrgé & du peuple , & d'ailleurs estant figurez pat
ces «feux hommes de Zacharie , par Jésus fils de
]osédec&parZorobabel, fout aussi pour cette rai- .'
Ion représentez au nombre de deux : ce qui signifie
<jue l 'Eglise aura en effet les grâces qui íònt figurées
par ces deux hommes.
Enprésence du Seigneur de la terre. Ce sont les pro
pres paroles de Zacharie IV. 14. qui continuent á
nous faire voir qu'il faut chercher dàns ce Pro-
Îihétele dénouement de ce't endroit de l'Apoca-
jrpse. ,
5. Lefeusortira de leur bouché. Imité d'Elie qui
fit tomber le feu du ciel par ion commandement , î .
Reg.xviij. 38. 4. Reg. 1. 10. Cr suiv. Ce feu sorti <ìc
la bouche des deux témoins de l' Fglise, c'est l'esti-
cace de fa parole qui confond ses adversaires, &
finalement les détruit. Et celuy jk; les voudra offen
ser , ìlfaut qu'ilsoit tuéde cette forte, II faut que les
persécuteurs périssent , & qu'aprés une mort cruelle
ils soient encore envoyez au feu éternel
6. Us ont la puijsance de fermer le cielpour empeseber
lapluye de tomber. A la lettre fermer le ciel , c'est en
voyer la stérilité\ì & ce pouvoir fut dònné à Elie ,
3 -Reg. XVII. 1. Dieu aussi a souvent puni l'Em-
pire persécuteur en luy envoyant la stérilité, com
me on le verra du ch. xvj. 8 . Mais pour s'élever á
un sens plus haut & plus convenable à ce lieu > par
la pluye il faut entendre la parole de Dieu ; selon ce
que du Moïse dans son Cantique, Que ma parole coule
comme me rosée , Deut xxxtj. t. Durant la perfécu-
rion , la prédication n'avoit pas un cours si libre, &
elleestoitjustement soustraite aux infidèles,qui non-
seulement ne l'écoutoient pas, mais encore enper-
se'cutoient les Ministres. C'estoitdonc avec justice
' que Dieu accompliiîoit alors cette menace autrefois
prononcée dans Isaïe: Je dèfcndrayàmes nuées de
pleuvoir , 6. J'empescheray mes Prédicateurs de
preícher si Jibremeut.
Chanter l'eau ensang : comme fit Moïse en Egypte
~~' sons
,i8 L' APOCALYPSE,
fous la persécution de Pharaon, Exod. viij. 19.10.
c'est envoyer la guerre aux ennemis de l'Eglise ,
comme on verra au chapitre xv\. -fi. 9. 4.
5. 6.
Remarquez que Saint Jean remplit icy ícs deux
témoins de ce qu'il y a tout ensemble de plus doux
& de plus efficace dans les anciens Prophètes , pour
consoler le peuple de Dieu , & poux en chasticr les
ennemis. La douceur est marquée dans les deux oli
viers & dans les deux chandeliers dont la lumière
.consolera les eafans de Dieu , & i'efficace de lavtn-
geanceparoist dans toute la fuite. Au reste , pour
peu qu'on entende le style de l'Ecriture, on ne s'é
tonnera pas que ces grands effets de la justice divine
soient attribuez aux deux témoins, pais que c'est
pour l'amour d'eux que Dieu les envoyé.
7. Quand ils auront achevé leur témoignage : Aprés
•qu'ils auront beaucoup souffert , & qu ils auront
accompli le temps de ce témoignage laborieux ,
qu'ils dévoient tendre dans l'afHiction & dans la
peine : remarquez ce terme , achevé , qui désigne la
fin des persécutions.
Labejlequis'élevedel'abyjme-.ïín'etì a point en
core esté parlé, & elle ne paroistra que dans les chap.
xìij. C7* xvij. Mais Saint Jean nous y renvoye dés iey
pour montrer la liaison de ce chapitre avec les
íuivans , où nous trouverons l'explication de tout le
mystère.
Les vaincra, &lestuêra: En apparence & selon
le corps. Les choses viendront à un point , qu'à
sorce de faire la guerre aux Chrestiens, les Gentils
croiront eu avoir aboli le nom. C'est icy un des ca
ractères de la persécution de Diodétien. On avait
veû jusqu'alors les persécutions se ralentir de temps
en temps , & ou attribuoit à ce relaschement la sub
sistance de l'Eglise. On résolut donc sous Diocté
tien de faire un dernier effort , & de s'acharner con
tre les Chrestiens juíqu'ace qu'on en eust éteint tou
te la race. Ou fUta mefme les Empereurs de la gloi
re
CHAPITRE X J. ri*
re d'avoir accompli ce grand ouvrage vainement
tenté par leurs prédéctfleurs. Ilfauticy screflòuve-
nir des Colonnes trouvées en Espagne avec ces In
scriptions dont voicy l'abrcgé:
tjiux Empereurs Dioclétien & Maximien:Peur avoir
étendu ïEmpire Romain , éteint le nom des Cbrestiensqui
détruisaient l Etat , aboli leur superstition par toute U
terre-, (S augmenté le culte des Dieux. Ces Inscriptions
trouvées en Elpagne estoient fans doute répandues
de mesine dans tout l'Empire. On n'avoic point
encore flaté les Empereurs de lá gloire d'avoir tout-
à-fait éteint le nom odieux des Chrestiens. C'est ce
que Saint Jean appelle icy , avoirfait mourir les deux
Prohétes : & il ne pouvoir représenter la persécu
tion de Dioclétien par un caractère qui luy tùst plus
propre.
8. Leurs corps feront étendus dans les places de la
grande ville. Le Gr. dans la place , au singulier. Saint
ean représente icy les Martyrs , comme privez par
es loix de tons les honneurs , & mesine de ceux
qu'on rend aux morts. Ou voit par tout dans les
actes des Martyrs , & eu particulier dans ceux de
Saint Taraque , le grand péril où il falloit se met
tre pour donner la íépulture aux Saints , dont mef-
mc on laissoit souvent les corps méfiez avec ceux des
ícéJérats , afin qu'on ne les pust distinguer: ce qui
.paroi st principalement durant la persécution de
Dioclétien.
Dans les places de lagrande ville , quiest appellé'spi
rituellement Sodome,CT l'Egypte. C'est Rome & l'Em
pire Romain: Sodome, par son impureté , Egyp
te , par íà tyrannie & ses abominables superstitions,
où le peuple de Dieu estoit captif comme autrefois
en Egypte , où les Chrestiens & les Chrcstienncs
avoient souvent plus â souffrir pour la chasteté que
pour leur foy, comme iamejulle de Lot estoit tour
mentée à Sodome par les atjions détestables defes babi-
tans , x.Pct. II. 8.
Où mtfine leur Seigneur t, este crucifié ; En pre
nant
i»o r a p o c a l y p s t.
nant la grande Cité pour Rome avec íbn Empire
il est vray au pied de la lettre que Jésus Christ y a esté
crucifié , mesine parla puissance Romaine : & flest
vray encore que cette mesine Rome qui avoit cruci
fié Jesus-Christ en ía personne , le crucifioit tous les
jours dans ses membres, comme dans le chapitre
suivant nous le Terrons enfanté dans ses membres
par íbn Eglise , x ij. 5.
9 . Leurs corfs étendus troisjours & demi. Ce mef-
me nombre de jours est encore répétés, n. On
Toit donc icy clairement , & pour les jours comme
pour les années un nombre mystique , & justement
la moitié d'une semaine. Mais icy , troisjours &
demi , c'est-à-dire , la moitié de la semaine de jours,
lignine un temps tres-court , & beaucoup plus court
encore que celuy de la persécution. Car si la persé
cution ne parvient pas jusqu'à la semaine d'années ,
& n'en passe pas la moitié , le temps oû les Gentils
se persuadèrent que le Christianisme estoit éteint ,
n'arrive qu'à la moitié de la semaine de jours -, Sc
ni dans l'un ni dans l'autre cas , on ne vient point à
un temps complet , ni au but que les períécuteurs
avoient espéré , comme il a esté dit "f. 3 .
10. Les habitant de la terre se réjouiront: En fau
íànt entre eux des festes , comme il est porté dans le
texte , & des festins , des réjouissances. Ces Ins
criptions qu'on vient de voir ne permettent pas de
douter que l'extinction du Christianisme dont les
Gentils se vantoient , nefùstuníujetdejoye Sc de
triomphe dans tout l'univers.
Et s'envoyeront des préfins : Ce signe deconjoûïs-
sance mutuelle est marqué parmi les festes & les fe
stins, Eflh, ix. 18. 19. 11. Parce que les deux Pro
phètes les tourmentaient. La prédication de l'Evangile
lourmentoit ceux qui vouloieut mener unevielen-
íùelle , témoin le tremblement de Félix gouverneur
de Judée pendant que Saint Paul traitoit devant luy
de la justice , de la chasteté , & du jugement futur >
tsicl, xx/V. 15. D'ailleurs les Gentils attribuoient
aux
C H A P I T R E XI.. ni
auxChrestiens cous les malheurs de l'Einpire , &
ils estoient ravis d'en estre défaits.
ii. tsiprés trois jours O" demi. Les Gentils ne
joûïrentque tres-peude temps du plaisir de s'ima
giner l'Eglise morte & son témoignage éteint , car
on la vit se relever plus glorieusement que ja
mais.
L'esprit de vie entra en eux : Le rétablissement d'un
peuple abbattu est figuré par une réfurréction,
Evcb. xxxv//.
IX, • Alors ils entendirent une voix . . . Montez icy. Et
ils montèrent dans le Ciel . . .C'est la grandegloire de
l'Eglise fous Constantin incontinent aprés ía grande
persécution.
i j . A cette ntefme heure iljejìtungrand tremblement
déterre. . . . Dans le temps qu'il plaiseit à Dieu de
relever son Eglise que les Payens croyoient á bas ,
tout l'Empire fut ébranlé par les guerres des Empe
reurs les uns contre les autres. Maxence fils de
Maximien établi à Rome , & soutenu par Maximin
en Orient , est attaqué par Galère , & bat Sévère un
autre Empereur que Galère envoyoit contre luy.
Toute l'Italie est ravagée par les vainqueurs & par
îes vaincus. Galère cour à la vengeance avec une
armée immense. Maximien rappellé à l'Empire se
brouille avec son fils Si avec son gendre , qu'il arme
l'un contre l'autre: son gendre c'estoit Constantin ,
qui marche contre Maxence , & le taille en pièces ,
çe qui le rend maistre de Rome, & tost aprés de tout
le monde. La dixième partie de la ville tomba. Cela
signifie de grandes ruines dans tout le corps de
l'Empire par ces effroyables mouvemens.
Etsept mille hom%esypérirent: C'est dans le nom
bre partait la victoire parfaite de Constantin fur
Maxence.
. Et le restefutsaisi de crainte: Quand on vit Constan
tin victorieux par la Croix > en ériger le trophée
dans Rome , & faire publiquement profession du
Christianisme. ... :
F rEt
ni L* A P Ò C A L Y P S' E.
Et ils donnèrent ììxAre du Dieu du Cfiel. Voilà les
grandes conversions dont la victoire de l'Eglise fut
Eus. IX. Ftóiépar'toutl'iniivers. Oii voit souvent dánsl'tìi-
J- 8- ftoire, dtóntlâderniéiíepeH'ccuïfon,& da'tis quel*-
ques actes des Martyrs -, ces acclam.itrons dupeuple
ïtonne'dé leiir'còhstance'r' iie Dieu ítes-Chré'stiehsïfl
grand. Ces cris de joye s'augmentèrent quand oh vit
f'Eglise victorieuse patíá patience, & pát tajit de
miracles quiarrivoientious les jours-au tombeau' des
Saints. . ,.' ' • ■*
14. Lesecond »ralheUr est pásté. C'est celuy-des
persécutions, & iur totítxíelà deftiéte qui fitt fi
sanglante ySí (X sontéirnieimc temps tóasles maux
que Dieu envoyoit au monde pour puniPfbnimpieV
té , â'córiiine^t'a^tóii'sc^m^'.àe 'Vítéricn fat
qu'acckij dfe Mâxettce , delà paix de l'Eglise ,
comme i( faròist', • IX. 14. XI. 5. 6. 13. Mais ce
■qùïil'fetitîe pltìs femirqtíe'r j cYfrque ks periècu--
tiòns doht Sâifit^eah:f>ane tánt-ijdy ',' 'tôïic'comprises
parrrrítóS rtíálrietìr^pitìicí- tîé'toát l-imìvferS i iiry ert
áyant-poinfcie^lu's grímdYtó^i en •attire taift d'^u-
tíes que -áë hc jtíQVbk-tìíâteí.lâ vérité, corri*
»e oh fc'mtt^nëeÀé 'flik'tósprfcifeBiaii ,• XIÏ.
tt. '■
Et voilà kiroijiême qui le fuit deprès. C'est celuy
«ù seracòmprrte laruiríe'de Rome idolâtre -, com
me oh V&ra^itísla-ítìite ; rhais Saint-Jeao/domiera
«mceSé cfaefytfe chapitres à décrire-
*tóènt'fe*tortóitfc)ns^'oitít •■attiréplus ^aiticUrilé-
à l'Etnpire'fai
fl tériibfe-diáífírhèiït;; ;■>■■■'•;•■ • : - *
'-■•ì fí'£*JfyArWe-Jbfci*.. . £f tìeì Wt&trt de gran
des voix quiàtfòìent : Le Royaume dece monde est deve-
rmie R^oyttumede Nostre Seigneur CTnffJon Christ. Voi-
làla corrversióh'univetfelle des peuples , Sc la ■de
struction de l'idolatrie.
- ''£t Urinera 'úitx siécles dés /?srf«:Soh rtghe est érer-
ifcl%lsleCîel,8cílva commencer à éclater meí-
nieÍKf-kttrsci ■
18. ies nationssefont irritées t Rome frémira-en-
core y
. ' . CHAPITUt 3tî. ,Hj
core, &ToutlePaganismeseraeiiftreur de voirie
Cfirrstia)úfrne dahsla gloire /&íés Pxincesmeímes
devenwChrestiens. ""ú ,•.*
:' Eth reMps de Vòliyecptne efl mivé: IÀ temps dû
Komè-pérìrâ : feqrok Vérrá dans la fuite exprimé
plus clairement. ;, .. '
# /<■ tempsdes morts pour eflre jugez . . . Saint Jean
jpintle jugement dernier. â celuy qu'on alloit voir
érercéfur Rome, comme avoit fait Jeíus-Chríst
en prédisant la ruine de Jérusalem,Matt. xxiv. C'est
la^oûtu'medèra'críturedejòihdrè lés figures à la
véritíí. : ; -" *T* - ,
1$ . Le, Ttmpktk. Dit»fut ouvert : C'est le grand
«fclatâe'rtgliíç^yerte 'ito'usles gentils. Et (*Art
rhe'd'àllìance y parut: Xjl différence de l'ancieu peu
ple óu rArtnéestoit •çadiée,: dans lEglise» tous
tes mystères font decàuveris , & la présence de
Dieu elt mánííeïtemcht. déclarée^ £ .ij'1
main de Dieu ma-
hiféstç fur iys.c^hçmis. d^ seu Église. Au reste, je ne
parle^pomtVy jéi'Mpltcatiòride ce chapitré à la
vénue djEnocfiác d/Eliçîd^nV je.jase suis aílcz expli
qué dans la'Préface H. i$.&suiv..
A ■ X-'-fr -G, ' E'
Âts-prédíShm depuis le .chapitre IV.
jufatfntt 3C t&JtilAÇ(m de, ce qui
précéXe à'tìec .^jw^ir^f h : '-"
s,{ £ltï. jfâ*,**'JRIX.n\,zv};.i. .-nu i ; -v.:v •
TT ES choses que ríous avons' véuês méritent bien
' P ^d'estrerepaflées , afin qu'on en voyela fuite
comme d'un coup d'ceil depuis le chap. iv. jus- chap. IV.
<ju'i celuy qui va suivre. 1« 7-
On a veû cTabord le livre scellé , c'est-á- dire , les Sceaux,
décrets encore cachez du conseil de Dieu , i'v. . Chap.V.
" Ce livre est entre les mains de l'Agneau pour en
rompre les sceau*) Sc en révéler les secrets , v.
F i 4
U4 IAA-P O C A L Y P S E.
Chap. VI. " A la rupture des sceaux on a veû paroistrele Juge
avec íes trois fleáux ,& la yçngeance qui devoit estre
appliquée par lá prière 'des Saints , est suspendue
pour unpeu de temps , mais en, jfoite représentée
avec de terribles couleurs (ju'oy-tjù'encore en con
fusion ,"V;. ' ■■ ' WJ
Chap. On entre dans l'explication du de'táil oiì le pre
Vil. mier secret qui se déclare , c'est que la vengeance
dont on alloit découvrir les effets , estant suspendue
en faveur des Juifs ; daní la fuite devoit commencer
par cette nation , selon le dessein de Ik Prophétie : ce
ui se déclare encore par les autres circonstances des
5 k vu. se vin. ... .... . , .A
Chap. t Les sept Trompettes commencent , & lés quatre
VIII.' premiéresnous découvrent les deux coups frápez
Les sept fur les Juifs sous Trajan& fous Adrien, tous deux
trompet terribles , mais le dernier le plus désolant ; où l'on
tes : les marque aussi l'horribre amertume od ils íe virent
quatre
premiè plongez pour avoir suivi leurfaux Messie Còchebas,
res. & on voit en meíme temps les vains efforts qu'ils
rirent ponr' obscurcir les" prophéties : c'est ce que
contient le chapitre V/'^. 'ie dernier verset de ce
rfiaphre marqué tès4tttis'>&' r dont t'effet devoit
regarder les trois dernières Trompettes, yit). 1 5.
& dont la fuite , comme on verra , fait la liaison de
toute cette Prophétie.
Chap.TX , Entre la fin des prédictions qui regardent les
La 5. & Juifs & le commencement de celles qui regardent
6. Trom es Gentils ", ïe Saint .Esprit découvre 4 Saint Jean
pette. La cétaffièurobscuTBiremrtit dù soleilS,' Si çcs saute
s • ôr, fuiv.
Scier.*',» relles mystiques, c'est«à-<îrre5.V« l'occasion de la
à la fin. chute des Juifs auteurs des persécutions-dé TEglise j
12. un nouveau genre dé persécuteurs dans les hérésies
Judaïcjues qui se glisseront dans son sein. Là , au
bruit de la cinquième Trompette , on ses voit sortir
dei'enfer , & Saint Jean se sert.de cette occasion
pour donner à tous les siécles une vive image du gé
nie de l'héréde , dont l'effet est fi funeste à tout fu-
xuvers , mais donc la. chute présage à rEglise ,unç
Victoire
• 'án À p í t r e x ï. ì*j
victoire certaine de tous ses antres ennemis. Le pre
mier Va se termine à ce't endroit , f. 1 1 . Et comme 7. Trom-
il nousmeineautempsde Valérien où la chute de pet'e,
l'Empiré devoir commencer , Saint Jean y entre in- Y." '5- 85
con'ripcnt : mais afin de distinguer ce't événement
deceux qui avoienr regardé plus particulièrement
les Juifs , il marque icy expressément que cét en
droit reeardoit en particulier les Idolâtres, ix. 10.
& voila tout ce cjui paroist au chapitre m x.
au son de la cinquième & de la sixième Trom
pette. ,
II ne restoit plus aprés cela pour nous marquer CIi2p X.
routé là Fuite de la vengeance de Dieu fur fes enne- Prépara -
mis ,ensemble
tout qu'à nous représenter&leà Rome
ái'idolâtrie dernierpersécutrice
coup donné: (^j1vtc.v
"""jg'/i*
mais comme il'devoit estre la punition de ses cruau-
tez contre l'Eglise , Saint Jean , aprés l'avoir an
noncée en général au chapitre x. nous y est encore
montré comme lePíophete destiné de Dieu á nous
en décrire les causes Sí toute la íuite dans le chapitres
íuivans, '•• -, 1 ' •
1 II pároist-par toutes ces choses que I'Apoealypse Rtîtiarque
est comme une histoire suivie des jugemens que impôt-
Dieu éxerce sor les ennemis de son Egliìé, en corn- wate"
mençant par les Juifs & fînrílaiìt par les Gentils ,
fans oublier entre deux les hérétiques , à cause de»
fecrers rapports qu'ils ont avec les uns & avec l«s au
tres aussi-bien qu'avec l'Eglise elle-mefme pour en
exercer & éprouver les vrais fidèles ; & cette histoi
re est suivie non-feulement par Tordre des choses ,
mais encore en quelque façon par celuy des temps.
Au Chapitrexj. commence l'histoire des períé- chap. XT.
cutions Romaines , dont nous voyons d'abord qua- Commen-
tre caractères. Nous voyons aussi la raison pourquoy "?5n?
c- t • íi -1 » tir j rv 1 Histoire
Saint Jean s arrelte principalement a celle de D».- jes „etfo.
clétien, qui par la mefme fuite des conseils de Dieu, cution»>.
devoir tout ensemble &ravagerTEglifeavec le plus
de fureur , & en mefme temps la porter au plus haut
point de íâ gloire. >....'.
P 3 Oa
\%6 V A PiO-G A l Y P S,E.
Ou voitenmesmetempsIagrandeCite'quiperse-
cutoit les Saints , c'est-à-dire Rome ,dans une com
motion si violente r que tout íbn Empire en elt
ébranle'. . Les guerres contre Maxence nons sont icy
figurées, & eeíte fuite dechoses nous meiue au v.
Lei.JV. où se voit ausE raccomplissement du se.
v- '+ cond Kf.
7. Trom- On entend auffitost aprés le son de ía septiémç
Ci'*' Trompette, où autant cju'on est consolé par le ré
gne de Jésus- Christ , autant est-on saisi de frayeur
par les menaces qu'on y entend méfiées en confusion
avec celles du jugement^deruier. Mais des choses si
importantesy sont dites encore tellement, en géné-
isl , qu'elles doivent dés-la nous íaixe attendre un
plus grand éclaircissement dans- les chapittes fui-
vans: selon le génie des Prophéties , & en particu
lier de celle-cy , où Dieu nous meine comme par
degtez dans une plus "rande lumière, & tout en
semble dans une considération plus profonde de ses
jugemens.
Tout cecy démontre donc que la Prophétie de,
íiint jtsn depuis lechapirre iv. jusqu'au xviij. où la
chute de Rome est marquée avec des.tfaiu si perçant
&sivifs, n'est qu'un seul Scmefme tissu; .& Saint
Jean le marque tres- expressément , lors que dans c«
chapitre xj. v. 7. il attribué' le massacre des deux té
moins , à la beste qui s'élèvera de l'abyfme. On n'en,
avoit point encore oûï parler, & on ne la verra pa-
roistre qu'au chapitre x i »j. &xvij. Oa ne peut
donc pas douter que se chapitre x j. n'ait ía relatiort
avec les fuivans, & que ce ne soit delà qu'U en fauç
attendre la parfaite explication.
Les trois K* sont encore un íigne certain pour fai-,
re comprendre à un lecteur attentifla liaison de tous
ces chapitres , ç'est-á-dire , des précédens & des
fuivans. Car évidemment le premier V4 finit au v.
i.t. du chapitre/*, où finitenmefme temps ce qui
avoit une relation plus particulière avec les Juifs -, te
le second Vk qui fiftit Mchdpitrexj.y. 14. comprend
Ç H API TRE XI t i»7
cequi devoit arriver aux Gentils , àcommencer au.
■v. i î . du chapitre ix.depuis les malheurs de Vale'rien
jusques à ceux de Maxence , chafitrexj- v. 14. On
nous avertit dans le mefme verstr , que le troisième,
Kéviendrabientost. II faut donc l'attendre encore ,
& nous n'en verrons nulle mention que vers la fin de
la Prophe'tie, où nous l'entendrons retenir avec ur»
crysi terrible & si perçant , que les plus sourdes
oreilles en feront émues.
II paroist donc encore un coup par tout cecy que
toute la Prophétie est lie'c emsemble depuis le chapi
tré iv. jusqu'au chapitre xviij.ÇS xix. Les sceaux
nous engagent dans les Trompettes. A la quatriè
me trottipette commencent les trois V* > dont
les deux premiers achèvent dans la cinquième Sc
dans la sixième Trompette ; & le dernier est réser
vé âTcxplication de l'effèt dt la septième, qui nç
paroistra tout entier qu'au chapitre xviij, dont le xix.
est la fuite > où auíîi nous prendrons soin de le faire
entendre,
, ' - 'G H A l3 l T-ifc E X I lr .n.'
J,4.fwme e» travail , & la fureur dû
dragon; lafemme e»fuite dans la solitude; le grand
. combat dans le Ciel ; second effort du dragon , £5 se
conde retraite de lafemme ; troisième effort du dragon ;
. fi» f
1. "F grand prodige parut aussi dans la Ciel".
J Une femme revestuë du soleil , qui a la
luaesous sès pieds , & fur fa teste une cou
ronne de dçu?e étoiles.
j,. pile çstoit grosse , & elle erioit estant en tra- ,
Yail, & ressentant les douleurs de l'enfantement.
3 . Un autre prodige parut dans le Ciel : un gran d
dragon roux ayant sept testes & dix cornes, & sept
diadèmes siir ses testes.
4. H entraisnoit avec là queue la troisième partie
, , . F 4 * des
ii S. ,; L' A P OCALYPSE.
Çr- 'des étoiles du Ciel , & il les jetta íùrla terre. Et ce
dragon s'arresta devant la femme qui alloit enfan
ts ter, afin de dévorer son fils auífitoít qu'elle en íèroit
- *■* ' délivrée.
5. Elle enfanta un enfant maflequi devoit gou
verner toutes les nations avee un sceptre de
fer , & ion fils fut enlevé à Dieu & â son trô
ne..
6. Et la femme s'enfuit dans-le désert, où elle
avoit une retraite que Dieu luy avoit préparée ,
pour y eítre nourrie mille deux cens soixante
jours.
(grand) »'j 7. U y eût alors un grand combat dans le Ciel :
,ftt*t. Michel & ses Anges combatoient contre le dragon ,
& le dragon combatoit avec ses Anges.
8. Mais ceux-cy furent les plus foibles , & leur
place ne íè trouva plus dans le Ciel.
9. Et ce grand dragon , lancien serpent , appelle'
le Diable & Satan , qui séduit tout la terre
habitable , fut précipité en terre , & ses Anges avec
lùy.
10. Et j'entendis une grande voix dans le Ciel ,
qui dît: Maintenant le salut de nostre Dieu est affer
mi , & sa puiflance & son règne , & la puissance de
son Christ : parce que l'accuíateur de nos frères, qui
les açcusoit jour Bt nuit devant nostre Dieu atstc
précipité.
n. Et ils font vaincu par le sang de l'Agneau ,
& par le témoignage qu'il ont rendu à íà parole ,
tltxrw & ils ont méprisé a leurs vies jusqu'à souffrir la
mort.
11. C'est pourquoy Cieux réjouísses-vous , &
b aux h*- vous qui y habitez. Malheur b à la terre & à la
bittnidtU mer, parce que le diable est descendu vers vous ,
Tu"tT P'eui d'une grande colère , íçachant,' qu'il luy reste
peu de temps.
1 3 . Maïs le dragon íè voyant précipité en ter
re , poursuivit la femme qui avoit enfanté un
maíle-,
14. Et
CHAPITRE X I T. rtf
14. Et on donna à la femme deux ailes d'un grand Qjg.
aigle, afin qu'elle s'envolait au désert > au lieu de *
ía retraite ,' ou elle est nourrie un temps -, dcs^' f*'.
temps >& la moitié d'un temps hors de la présence í
du serpent, r
15. Alors le serpent jetta de fa gueule comme uh
grand fleuve après la femme pour l'cntraiíher dans
ses eaux.
. 16. Mais la terre aida la femme : elle ouvrit son
sein, & elle engloutit le fleuve que le dragon avoic
jerté de segueule.
• 1 7, Etíe drogon s'irrita contre la femme , & al
la faire la guerre à ses autres enfansqui gardent les
commandemens de Dieu, & qui rendent témoigna
ge à Jesus-Christ.
18. c Etils'arrestaíurlesabledclamer. cÉtjt
m'arrestti
EXPLICATION
du Chapitre XII.
Autres caractères de la persécution de
• Dioctétien: son triple renouvellement. t
I . TJNgrandprodige parut. Saint Jean continué' à
nous expliquer la persécution de Dioctétien ,
mais à mesure qu'il avance , il le fait toujours fous
de plus claires idées , & avec des circonstances plus
particulières. Vne femme revejiuë du Soleil ; c'est
î'Eglife toute éclatante de la lumière de Jefus-
Christ : Qui afousJes pieds la lune : les lumières dou -
teuses& changeantes de la fageíle humaine: Vne
couronne de douze étoiles , les douze Apostres.
1. Elle criait en travail , & ressentant les douleurs de
Venfantement. Primaíè remarque icy le caractère de
I'Eglife , qui semblable á la sainte Vierge , en de
meurant toujours vierge , devoit à- se manière en
fanter le Fils de Dieu, mais avec cette différence ,
que la Sainte Vierge a enfanté fans douleur , & le ca-
E 5 ractére
t$p L' A P O C A L Y P S I.
îactére de l'Eglise est de ressentir Ie$ douleurs de
j'enfantement , parce qu'elle enfante par ses íòufT
frauces , & que le íàng de ses Martyts 1» Kod
féconde.
5. Un autre prodire. . . . dans le Ciel : Au milieu
de l'air où il parut à Saint Jean. Vn grand dragon
roux: Le démon cruel & sanguinaire. ^Ayant sept
teftes. Comme on donne à Dieu sept Anges pour
estre les principaux éxécuteurs de íei volontez, Saint
Jean donne aussi au diable sept démons principaux ,
qui président chacun à quelque vice capital , comme
le dragon présidé à tous: à quoy Dn peut aussi rap
porter ces paroles de l'Evangile,I«c. x'pii. llprend
avec /«}isept autres esprits plus méchant que luy. Et dix
cornes: Aprés avoir marqué les esprits qui agissait
íous les ordres du diable , l'Apostre marqueencore
lapuiîlanccdesRoisdontilsesert. Les dix cornes
peuvent figurer les dix principaux auteurs des per
sécutions , par le secours desquels le démon efpéroic
d'engloutir l'Eghìè. . ■ Y > - •;
Etsept diadèmesfurfestejies. Les démons s'érigent;
en Rois par l'empite qu'ils usurpent sur les hom
mes , & Jcsus-Chtitt roesine appelle Satan le Prince
de ce monde , Jo. xij. } 1 . Le démon enorgueilli dV
Toir eû tant de Rois pour instrumens de û tyranine,
& de s'estre éiigé à luy-mesmeuu tronc h redouta
ble , menace la Femme.
Remarqutó qu'il parôist iey éHla tflefirie forme
qu'aurala peîfécutiotì <ìe Dioclétiéni ty-dessous
xi if. xti'f. Nousenivêtrons lés íaifonÍT & nous
y remarqueronsqtìeique chose de plus particulier.,
ïcy nous avons à cóplìdétër ce qui convient en gé-
ijéral à la puissance du démon.
4, llentraifnoit avec fa queu'ila troisième partie des
Etoiles. C'est avec les Anges qu'il a séduits , les fidè
les qu'iláreiiversez dans les persécutions, & fur
tout les Docteurs , comme rapplique Saint Pionius-
dans fes. actes ^ap. Bar. T.IL an. 154.». ij. Le
dragon s'arrejfa devant lafemme. ...II faut se lc ngu-
CHAPITRE X I I.- r?v>
rer la gueule béante , prest à dévorer l'enfant qui-
alloit naiftre,
5. fille enfanta m enfant mafle : robuste , coura-
fspx > puiflaut, Jíaïe noys représente la fécondité
e la Synagogue preste à sertit de la captivité , cn
disant qu'elle « enfanté un mafle , If. L XVI. 7.
C'cstoirla figure de l'Eglise , qui ne met au nombre
de sesenfàns que ceux qui sent pleins de vigueur. A •
la veille de son martyre, Sainte Perpétue se trouve
clianséeea mafle dans fa vision.eyííîff de la Sainte Gr.
& Yulg.Vn^ls mafle,pour appuyer davantage. JJki de-
voittoicvemer toutes les nations. . . Comme cela est dit
de Jesus-Christ, Pfal.il. Jesos-CJ-tfift le dit aussi de
fes Cçtvixeats.tjifoç.ll. ifi. 47. Et eu effet,les Chre-
stiens alloient avoir dans huit oh dix ans la souverai
ne puiílàuce sor les Gentils , en la personne de Con
stantin & des autres Empereurs Chrestiens;. ìl saurs
biçn remarquer ce temps,&ç quel'Eglise alloit enfan
ter un fils regnant,cornme 011 vient dç voir. Et sonfils
fut enlevéà Dieu, Ó" àson trine : Dieu le prend dans se
protection particuliére,$c luy fait part de se puiflance.
6. Et la femme s'enfuit dans le désert. L'Eglise ca
che son service dans des lieux retirez : c'est une imi
tation de l'état où se trouva la Synagogue dans la
persécution d'Autiochus , 1. Mach. II. 5 1. Pour y
eflre nourrie mille deux cens soixante jours : C'est une
ííiite délimitation. Voy cy- dessus , xj. %.-
Nourrie , sous les ordres de Dieu par les Pasteurs'
ordinaires, comme k peuple dans le désert par Moï
se & Arpn ; & sous Antsechus , par Mathatias &
fes enfans Sacrifiateurs : afin qu'on ne se figure pas-
icy une Eglise invisible & sens Pasteurs,
7. lly eût alors un grand combat dans k Ciel.'*.
Comme le démon prévoyois qu'il luy refloit feu de
temps , "fi. 1 r. Sc que les Gentils qui se convertis--
soient en foule luy feroient bientost perdrel'Empire
Romain il fait íes derniers efforts contre l'Eglise ;
ks Anges de leur costé combatent aussi avec plus de
force.- Michels fes t^inges : ledragonavec fes an-
T? r- , ne. •
t)s t'APOCALTÎSE.
gti: chaque troupe avoit son cher, Dan xi), i. Cr
jc; i } . x i - Michel , mgrand Prince , çwr c^î Hf/èn-
seùrde voftrepeufU. On voit donc icy que Saint Mi
chel est le défenseur de l'Eglise , comme il l'c-
ftoit de la Synagogue.
8t Ccux-cy furentUsplus j'oibles , & leur pldce ne
se trouvaflus dans le Cieh La gloire des de'mons suc
abbatue" avec l'idolatrie qui en faiíoit des dieux , &
les mettoit dans le Ciel. Cette chute leur arriva lors
que Galère Maximien , qui estait le premier auteur
de la persccuion,fut contraint luy-mesme au lit de la
mon , par une horrible maladie où l'impreflîon de
la vengeance divine paroissoit toute manifeste, de
fáireun Edit pour donner la paix á l'Eglise, l'an
3 1 1 . de Nostre Seigneur ; & que ce't Edit Fut appuyé-
par Constantin , qui croiíToit tous les jours en puis
sance , Eujeb. lib.viij: 16. i7.devit.Cmst. 1. 57.
laftant. de mortib. perficut. xxxiij. xxxiv. xxxv. Ce
fut un éxemple pareil à celuy qu'on avoit veû.
dans Antiochus- , comme on l'a souvent remarqué.
9. V'ancien serpent. Celuy qui avoit séduit no»
premiers parens& toute la terre.
lOi Et fentendis unegrande voix dans le Ciel. C'e-
ftoit un chant d'action de grâces des Saints pour la
victoire remportée sor l'idolatrie, & la paix don
née à l'Egliíc par Constantin. L'accusateur de nosfre-
res , qui Us accusait*. . . . devant -, . . Dieu. On peut
entendre icy les calomnies que le démon inspirait
anx Payenscontre les fidèles : mais ce mot , de-
vant. . .Dieu-, nous renvoyé à ce qui se passa en la
personne de Job, lors qu'il fut livre à Satan , qui-
íè vantoit de venir à bout de fa confiance, Job. Il
Ainsi pour éprouver la patience de ion Eglise , Dieu
perfnettoit aux démons de luy sulciter des períécu*
Kurs.
iií. Malheur à la terre ($ à la mer'. Malheur à
tout l'univeis & à tous les hommes V St la cause
de ce malheur de toute la terre , c'est poursuit Saine
Jean ,. yueJediable yt*/ï descendupleìnd'une grande co
CHAPITRE. XII. «$î
lère contre l'Eglise , qu'il va persécuter avec une
nouvelle foreur , comme on verra ^.13. Sachant
<qCilluyrefìepeu de temps : Ce qu'il jugeoitaisement ?
par les conversions qui se multiplioient, par les ac- £«/:/>&. ç>
clamations meíme des Gentils à l'honneur des Chre- í«8.
stiens & de leur Dieu ; & enfin parce que Constan
tin , si favorable à l'Eglise , s'avançoit manifeste
ment á la souveraine puissance , plus que tous les au
tres Empereurs qui estoient alors. Saint Jean nous
déclare icy tres-expressément que cette implacable
colère qui fait faire au démon les derniers efforts,
contre 1 Eglise, est un malheur de tout l 'univers ,
& plus encore des persécuteurs que de l'Eglise persé
cutée r car encore qu'elle ait beaucoup à souffrir â
cause que le démon déchargera fur elle cette
grande colère dont il est plein; ceux dans lesquels il
opère, & dont il fait des instrumens de ía fureur ,
font daus un étatfans comparaison plus déplorable ,
puis qu'il n'y a rien en toutes manières de plus mal»
heureux que de haïr làvérité , & de travaillerjcom-
me ils sont , avec lè démon à l'éteindre dans le mon
de ; par conséquent malheur à eux , & malheur á là
terre & àlamerá cause de la furie que Satan y va
Exercer par kurs mains contre l'Eglise. Ce n'est'
pourtant pas encoreicy ce troisième & dernier Pi
que Saint Jean nous fait attendre depuis le chap. X I.
14. ce n'en est qu'un préparatif & un achemine
ment : quand il viendra ce troisième yicoà paroistra
la dernière & irrévocable sentence contre l'empire
persécuteur , il se fera bien remarquer d'une autre
aorte, eommeon verra-vers la finde.Ia Prophétie.
i}. Ilpoursuivit lafemme. Maximin renòuvella
laperse'cution en Orient avec plus de fureur que ja
mais. Et lafemme est contrainte de se retirer encore
dans lè désert, comme elle avoit fait. 6.
14. cjiu dejêrt, au lieu de fa retraite: Qu'elle
connoissokdéja comme venant de s'y retirer,& d'où
il faut supposer qu'elle estoit sortie quand le dragon
&C yaincu, x
f 7, P
ij4 V A P O C A L T P S E.
II, saut icybien entendre que Saint Jean racou-
pit les choses dans l'ordre qu'il les voyoit. U &
veû premièrement le dragon talchant d'engloutir li
femme ; ensuite , l'enfant enlevs , la femme fuyant
dans le désert , & le combat où le dragon est vain-
cu. Là SaintJean voit la colère du dragon plus en
flammée par fa défaite: de là vient qu'il ne présenté
pas seulement la gueule , comme il faiíòit auparav
vant , "ty. 4. mais encore quil poursuit la femme ,
qui dans une semblable persécution cherche urt sem
blable refuge. Ainsi on ne do.it pas regarder cette
fuite répétée comme Implication de ce qui avoit
esté dit,mais comme une action différente qui a son
caractère particulier , $c que Saint Jean raconte aussi
tres-distinctement.
On donné deux ailes d'aigle à la femme : pour
marquer la vitesse de fa fuite , comme If. xL
1 5 . 4lors lefervent \etta defagueule comme ungrand
fUme four îentraifner ... La persécution est signi
fiée par les eaux > selon k style ordinaire de l'Ecri-
ture. r
K. La terre aida la femme. Alors pour la pre
mière fois les puissances du monde secoururent l'E-
. glile. Constantin Si Licinius réprimèrent la persé
cution de Maximin. Ce tyran batu par Licinius >
sentit la main de Dieu , fit un Edit favorable , &
périt comme Autiochus , & comme Galère Maxi-
mien , avec une aussi fausse pénitence, Eufeb. ix. io<
devit. Constan.l. 58. 59.Iasl.de mort. 45. 46.49.
17. Et le dragons'irrita contre lafemmes allafaire,
laguerrt • •• . ifrenouvella encore & pour la dernié-
rejfois la persécution par le moyen de Licinius 1 mais
qui tost aprc's fut éteinte par Constantin, Euf.x. 8 . de
■vit.Conjì.I. ìo.&feq.ll. feq. Saint Jean fait
entendre se peu d'effet de cette persécution en la
inatquant seulement faus en expliquer aucune par-,
ricularité.
Ounepeuts'cstipescher de voir icydansiaProphé-
tie
CHAPITRE XIII. ijs
tiède Saint Jean, fous trois Princes persécuteurs ,
trois temps principaux de la derniere persécution que
souffrit l'Eglise , aussi distinctement marquez qu'ils'
font dans 1 ' Histoire mcfme. Le premier te m ps de
puis le commencement eu ; o ; .jusqu'à l'Edit favora
ble de Galère Maximien en 3 1 1 . Leíecond , dans les
nouveaux efforts de Maxim in repoussés par Con
stantin & Li cm ms , & finis enfin tant par la victoire
de Constantin fur Maxenee,que par la mort & la ré
tractation de Maximin, an. ; 1 1 . 5 1 3 . Le troisième,
quand Licmius , jusqu'alors tres-uni avec Constan
tin, attaqua l'Egliíè , & périt . an. }I9.. m. Et
il allafaire laguerre: Le dragon fat quelque mouve
ment , q"' fit eounoistre i Saint Jean le dessein qu'il'
eût de poursuivre encore les fidèles , car il ne dilpa-
roistpas, &il demeure présent dans toute la fuite
de cette vision, comme on le verra , Xiìj.4. xvj.
18. Etil s'trrtjlasar lesable de k mer. C'estle drâ-
gonquis'arreste i íelonla Vrdgate s c'elVà-d«e ,
qu'il-nç remuë pdusriçn , & cesle de persécuter l'E»
gliíe. Le Grec porte, Jem'arrtflayfurie fable de U
mer. La leçon de la V ulgate est ancienne , & la c ho se
en elle-mesmc est indifférente pour la suite de 1»
Prophétie. . . -

C H A P I T R E XIII.
.u-. . : -, » •..
ha, beste tjtù s'élève de la mer 4 ses fiftt
tejles , &set dix cimes ; fa blefíùrc mortelle ; frgué'
rìfonsurprenante. Seconde befte avecfes prefliges O"
fisfaux miracles, iïmagedelabefìe ; le caraílére ,
(S If nombre de la befle.
t. Tf7 Tjevisunebestes'e'leverdela mer , ayant Cri .
Jjy íèft testes & dix cornes , & dix diadèmes-
fur ses cornes , Si a des noms de blafphê- a h» «m
mcsuríèscesles. , J
z. La-
rjtf VA P O C A L Y P S E.
fff» i. La beste que je vis estoit semblable à un léo*
card: ses pieds ressembloient aux pieds d'un ours,
& íâ gueule à la gueule d'un lion. Et le dragon luy
tífarci,fm donna fa b force & fa grande puiflance.
trîntt&s* 3 . Et je vis une de ses lestes comme blessée
á mort : mais cette playe mortelle fut guérie , &
toute la terre en estant émerveillée , suivit la beste.
4. Ils adorèrent le dragon, qui avoit donné puií-
íànce à la beste , & ils adorèrent la beste , en dúant :
Qui est semblable á la beste , & qui pourra comba
tte contre elle ?
5. Et il luy fut donné une bouche qui se glori<
fioit , & prononçoit des blasphèmes : & le pouvoir
Idvurrt luy fut donné de faire la guerre quarante- deux
Istdmtle mois.
mîiJim l E'se ouvrit la bouche pour blasohémer contre
nitrate'. * ^'cu » P°ur blasphémer son nom & ton tabernacle >
& ceux qui habitent dans le Ciel.
7 . II luy fut donné de faire la guerre aux Saints ,
& de les vaincre : & la puissance luy furdonnée fur
fiHpu toutetribu , fur tout peuple , fur toute langue, &
(n'tftpaî fur toute nation.
Cw') ' *; Tous les habitans de la terre c l'adorérent ,
c l'aibn- ccux dont les noms ne font pas écrits dans le livre
rmt de vie de l'Agneau immolé dés la création du
monde.
9• Si quelqu'un a des oreilles , qu'il écoute.
iqui mine io. Celuy d qui mènera en captivité e ira en
% «m» captivité : celuy qui tuëra de l'épée il faut qu'il
meure de l!épée. C'esticy la patience & la foy des
Saints.
11 . Je vis une autre beste s'élever de la terre , qui
avoit deux cornes semblables à celles de l'Agneau ,
& qui parloit comme le dragon.
ffxtrce Elle f éxerçoit toute la puissance de la pre-
g tiltfuit miére beste en fa présence , & g elle fît que la terre
& ceux qui l'habitent , adorèrent la première beste ,
dont la playe mortelle avoit esté guérie.
pftìt, 13 . Elle h fit de grands prodiges^, jusqu'à faire
tomber
CHAPITRE X 1,1 I. . tt7
tomber le feu du Ciel sur la terre devant • les Gr.
hommes. /+ .
14. Etelle i se'duisit les habitaus de la terre, par istMt
les prodiges qu'elle eût le pouvoir de faire en présen-' l<
ce de la beste , en ordonnant aux habitans de la ter
re de dresser une image à la beste , qui avoit receû
un coup d'épe'e , & qui néanmoins estoit en vie.
15. II luy fut donne* pouvoir d'animer l'image
de la beste , & de la faire parler , & de faire tuer
tous ceux qui n'adoroïent pas l'image de la beste.
16. Elle k feraque les petits & les grands , les bf*ì*
riches & les pauvres , les hommes libres & les escla
ves portent le caracte're de la beste en leur main droi
te & fur leur front.
17. Et que personne ne puiíle acheter ni vendre,
queceluy 1 qui aura le caractère de la beste , ou le1?*"*
nombre de son nom.
18. C'est icy la íagesie: Que celuy quiadel'in-
relligence compte le nombre de la beste: car c'est
le nombre d'un homme', & ion nombre est six cens
soixante-six.
EXPLICATION
du Chapitre XIII.
Suites des caratìe'res de la persécution de
Dioctétien. Sept Empereurs idolâtres , fout tEmpire
desquels eOt a estéexercée. La playe mortelle de Vido
lâtriepar la mort de Maxìmin. Elle revit feus Julien
l' tjlpôfldt, qm rentre dans le dessein conceû par Dio
ctétien , de détruire entièrement fEglise. La Philoso
phie Pytagoricténne au secours de l idolâtrie dit le
temps de Dioclétien , (y de nouveau fous Julien.
Cruelle défense de Dioclétien imitée par Julien. Lt
nombre fataldé la beste dans le nom de Dioclétien.
I. CTje vis une beste. Daniel a représenté qûatre
grands. Empires sous la figure de quatre bestes
indomp-
ïj» . L'A PO'CAL YPSE.
indomptables , vij. Un grand Empire est icy repré
senté á Saint Jean sous la figure d'une beste , & c'est
J'Empire Romain , ou , pour mieux dire , c'est Ro
me meímc , maistressc du monde , Payenne , &
Îierfécutrice des Saints , qui veut répandre son ido-
atrie dans toute U terre ; ou, ce qui est au fonds la
mesme chose , c'est l'idolatiie Romaine , comme
estant la Religion du plus grand Empire , & de la
ville la plus redoutable qui fut jamais. Qui .s 'élevait
de la mer : Daniel fait aussi sortir de la mer les quatre
belles qui signifient quatre Empires. Ces Empires
sortent de la mer , c'est-à-dire, de l'agitation des
choses humaines qui est figurée par U merfur laquelle
Joufflent tous les vents , Dan. vij. i. Delà vient aussi
qu'en parlant de la tranquilité du siécle futur , Saint
Jean dit qu'il n'y aura plus de mer, xxj. i. £>uiavoit
sept testes : Saint Jean explique Iuy-mefme ces sept
testes dans le chapitre xvij. qui fait tout le dénoue
ment des prédictions de l'Apocalypse. II faut donc
soigneusement conférer ces deux chapitres , & re
marquer avant toutes choses que ces íept testes , se-
Ion Saint Jean , xvij. 9.font les[est montagnes de Rj}-
me , & sept de ses l(ois , ou , comme on parloit eu
Latin , de ses Empereurs. La ville de Rome est ma
nifestement désignée par le caractère des sept mon
tagnes, mais encore en général , & fans s'attacher
â aucun temps détermine. Mais Saint Jean qui nous
veut mener a la dernière persécution , qui fut celle
de Dioclétien , où arrivèrent les grands com
bats & le grand triomphe des Chrestiens, la dé
signe par son caractère particulier , quiesteeluy d'a
voir esté éxercée sous l'Empire & l'autorité de sept
Empereurs idolâtres, qui furewt Dioclétien, Ma-
xirmen surnommé Herculius , ÇoníUmius Chlorus
père de Constantin le Grand > Galère Maximien ,
Maxencefils du premier Maximien , Maximin,
&Licinius.
De ces sept Empereurs , Dioclétien est celuy qui
«st le plus exprcflérn.ent marqué dans la Prophétie ,
. • • '• comme
C H A P- I-T? R E X VIA. - Xi9
corame on veria vers la fin de ce chapitre , à cause
que son nom estoit le premier à 1a testede í'Edit oi
la persécution fut ordonnée. Auffi estoit-ille pre
mier"des Empereurs -, cetuy à qui TEmpire avoic
esté donné d'abord > qui avoit esté au commence
ment le seul Empereur , qui avoit fait tous les au
tres , & qui en fut comme le pere Sc la source > à
qui melme , aprés qu'il eût quitté l'Empire , on
avoit eu quelque sorte conservé l'autorite de créer
sesautres, comme il parut tors que Galère Maxi-
mien l 'appella auprés de luy en L'an 307. pour don-
ner à Licfnius le titre d'Auguste. II crut autoriser
cette nomination par la présence de Dioctétien ,
d'où l'Einpire leur estoit venu à tous ; de forte
qu'il ne faut pas s'étonner qu'on le marque plus
que tous les autres dans la fuite , comme celuy qui
a commencé la persécution , & du nom duquel elle
est nommée par tous les auteurs.
Le Saint Esprit fait donc voir icy à Saint Jean la
persécution de Diodétien , par le caractère qui luy
est propre , qui est d'avoir esté éxercée successive
ment íous le nom & l'autorité de sept Empereurs ,
que l'Apostre appelle íept Rois, selon l'usage de la
langue Greque : par où il faut entendre íept Au
gustes , ou , comme parle Eusebe , sept Rois par
faits, TlAffo'r*T(&' B*n\áô( , bijl. lib. y III. 13.
II est vray qu'à compter tous ceux qui furent
alors élevez à la suprême dignité d'Augustes ou
d'Empereurs, on en trouvera neuf , puis qu'itfaút
encore ajouter Constantin lé Grand & Sévère aux
sept qu'onadéja nommez. Mais il y a des raisons
particulières pour lesquelles Saint Jean , qui feplaist
dans cette Prophétie a réduire tout au nombre de
íept , n'a point fait mention de Constantin & de Sé
vère: car déja pour ce qui regarde Constantin , on,
voiebien qu'il ne devoit pas servir á marquer le ca
ractère de la persécution de Djoelétien , suy qui la
fit cesser dés qu'il parvint à l'Empifre , fuis que ja
première action } quand il yfut élevé, fut de rendre aux.
i4o L'APOCAL YPSÏ
Chrefliens lalibertíde leur culte , comme le rapporter
Lactance. Voilà , continué'-t-il , fin premier Décret
O"Jâprémiere Ordonnance , Lact. demortib. 14.
Pour Séve're , il est vray qu'il a esté Empereur , &
on peut présumer qu'il auraesté ennemi des Chre-'
stiens, puisqu'il estoit créature de Galère Maxi
mien , leur plus ardent persécuteur ; mais son Em
pire est à peine marqué dans l'Histoire. Nous ap-
Dtnmt. prenons de Lactance , qu'il nefustfait Empereur
que pour la guerre contre Maxence , où il fut d'a
bord abandonné de íès soldats , & mesme contraint
de quitter la pourpre , c'est-à-dire, deseréduiteá
la vie privée incontinent aprés íà promotion ; ce qui 1
pourtant aprés tout ne luy valut qu'une mort plus
douce. Comme donc íl perdit l'Empire presque
ausfitost qu'il l'eûtreceû , & qu'il mourut particu
lier , non pas à la maniéré de Dioclétien , qui parut
íè déposer deluy-mesme , & qui aussi conserva toû-
jouts beaucoup de dignité , comme on aveu, mais
d'une maniéré fi basse & si honteuse : il ne faut pas
s'étonner que Saint Jean toujours attaché aux grands
caractères , &aux traits marquez dans FHistoire se
lon le génie des Prophètes , ne compte pas un si mi
sérable Empereur , pour se réduire plus précisément
au nombre de sept si solennel d'ailleurs dans tout lc
cours de íà Prophétie : d'autant plus qu'un règne si
court , & toujours occupé ailleurs , n'eût pas le
temps de se faire sentit à l'Eglise , contre laquelle on
ne voit pas qu'il ait rien fait , ni en général rien de
mémorable.
Saint Jean a donc eû raison de nous montrer sept
Empereurs , sous le nom & l'autorité desquels l'E
glise a esté persécutée par toute la terre. On sçait
que les Empereurs , quoy-qu'ils partageassent en
tre eux les Provinces , les gouvernoient néanmoins
comme faisant un mesme corps d'Empire. Les
«oms de tous les Empereurs estoient inscrits à la te-
fte de tous les actes publics , en quelque endroit
qu'ils se fiflènt: les ordres généraux se donnoienr
aussi
C H A P I T R E X I I I. 141
auíTi au nom de cous ; & pour venir en particulier
á la persécution , en quelque endroit qu'elle «'éxer-
çast , on y faisoit adorer tous les Empereurs , quoy-
qu'ilsfuílèntdans d'autres Provinces , comine il
paroiliçparles aistes du martyre de Saint Procope ,
qui encore qu'il ait souffert dans la Palestine ,
ïeccùtoidtedesacrifieraux quatre Rois , c'est à di
re,» Dioclétien, à Maximien , á Galère Maxi-
• mien , & à Constantius Chlorus ; ce qui justifie par- Eh/. Jt
faitement que la persécution s'e'xerçoit au nom de mm. l-
fous les Princes. . : Pr"'
Orïpourroit icy objécterce qu'Euíebe e'crit àe'jjj^' *'
Maxence , tm'ilnt d'abord celïer la persécution à
Rome, &dans les terres où il commandoit, &
mesme qu'il fit semblant d estre favorable aux
Chrestieiis au commencement de son Empire , dans
le dessein de gagner le peuple Romain , dont une
grande partieavpit déja embrallé le Christianisme ,
Eus. VIII. 1 4. Mais apre's tout , cenc fut icy qu'un
.faux semblant , & Eulèbe ayant remarqué la dou
ceurtrompeuse de ce Prince envers lès sujets Chre-
stiens ,.,au commencement de son iegne;il fait bien
entendre qu'à la fin, & lors qu'il íe crut entière
ment établi, il ne les épargna pas davantage que
tout le reste des citoyens Romains. Au reste > il est
constant par tous les Auteurs , que Maxence a
«sté des plus attachez à toutes les impiétez de l 'ido
lâtrie, a íês,sacrifices impurs, & à íes cruelles divi
nations, où l'on voit qu'il n'épargnoit pas Je sang
humain, croyant, comme tousíes autres, trouver
!des présages plus exquis dans les entrailles des enfaus
que dans celles des animaux , Eus. de vit. Confi. L } ..
Zoz.LI. Et encore qu'en apparence il ait arresté la
persécution en quelques endroits , comme l'af-
íèûrent des Auteurs irréprochables j l'Eglise ne lais-
íoitpas de souffrir beaucoup , puisqu'on renioit Je-
sus-Chiist dans la paix meíme , & que le Pape Saint
Marcel ayaut soutenu la vigueur de la discipline
contre une íì laschc apostalie , 1e tyran prit délà
occa-
„ t4í L* A t» Ò C A L Y P S É.
occasion de l'envoyer en éxil. C'est ce cju'on voit
Hans l'Epitapne de ce Saint Pontife ,.conrposéé -pat
Saint Damaíe , unde ses plos íamts succeflèurs. Saint
Matcel fut ddnc sons Mâxerice le martyr dela-dicv:
plihe , en quoy l'Eglisene se rient pas moins" perfé»
cutéc atjelofsqu'on l'attaque dans'Ia FoyySc quand
lus.VUl. tonrcela auroitrnanqué à la cruauté de Maxence ,
r4' s' r"' cctînesesdesirsirrìpudiquesn'rent'soufFriraux fern-'
îíi4 ' ffles Chrestierines , luy peut donner rang parmi les
phis infâmes persécuteurs. Aûssiïùt-ïl ce grand en
nemi que Dieu abbatit aux pieds défi-croix ,patltf$
armes & parla rictoire de Constàrttflj.1 n:' _
On uepeut icy s'empeseher dé diretin -mot de
Gonstantius Chiorus, dontl/Empirè ftìt fî'doux aux
Chreftiens, que toinde faire souffrir aucun d'euxì
il épargna autant qu'il put jusqu'au Eglises , Eus.
VIH. 15. Aussi n'est-ce pas tant ses dispositions
particulières qu'il faut icy regarder , quefe períon'i
mge qu'il faísoittlans le monde att tcmp^de-cette
derniércperfécution. H effort conftamment nn des
Empereurs au nom desquels on tVxerçoit. ' Nous
ftvòns veu qu'on òbMgeoit á lùy fìtìrifrer -par tout
l'univers comme aux autres Princes. H est' fnott
rreS-constamment dans Tidolàtrie comme dans
l'Empifc , 18c il aesté mis par les Romains au ran»
de leurs dieux , Eus. V$f. 1 ). 11 n'a jamais révoqué
les cruels Edits qui'&bfiftbient par conséquent d*
íòn consentement & deTou autòrttèdamtoud'Em-
{>ire-, i& lá première révocation íjuí'etreft rtiartruée
dansf'hiftbirejest ceHetle fitAe Galè'rïTvi'axtrnien,
de Constantin , & de Licinfus , aprés Ja- mort' trfc
ConstanHus Chlorus-. Jtífques-lales sánglànsEtlltS
íubsistoient pat tout l'Empire dans toute Kurforcr,
de l'autorité de tous les Fmpereursíâns en excepter
Constantius , & mesmenous apprenons de Lac-
tance auteur du temps, & de l'intime familiarité'
^ece Prince, qu'estant encore César , pouríecorï-
'íoriner aux ordres publics dont il eftoit ltéxécureux
naturel en cette qualité, il laissa abbatre les Eglises
dans
CHAÍITRE XÎII. i^j
dans ses Provinces, &mesmedans les Gaules: ce
qui emponoit avec soy lâ suppression du culte &
des asternblées : malheur que •. cnftantius autoirpâ
sauver à l'Egliíe , comïne il luy sauva les martyrs ,
s'il n'aveit)Ogò à propos «!e rendre quelque obéïs-
farrce , quoy-qub non pas jusqu'à l'extrémité , aux:
ordres des persécuteurs , LeQ. de mort. 1 y Tout
cela cstòit plus que stfKiaut , pour obliger nostre
Àpostre à mettre cét Empereur au nombre des
sept1, fous kquels l'Egfik souffrit , & par qui
il a VpúKi caractériser la perlécution de Dioclc-
tfen. ' "u*
Si rnàitrtertant •onJ demande pourquoy , contre
riostrt cositUrhe j ttoèsprenons ky le nombre de
íeptpour urihbmbre '4Áe í&£ précis, ce n'est pas
feulement à cause d'une fi heUreule recontre, quoy*
qu'aprés tout il n'en faudroit pas rejetter la circon
stance favorable; niais c'est â cause que Saint Jean
nousdonnera en terrhes formels ce nombre de sept
cornmeprécis, ■& qu'il en fera un caractère par
ticulier -du temps qu'il véut désigner , comraeetí lè
Yerrajcvij. 9.1-0. nv 1 ,'' * ' <■[■• .
-£t dix cornes. ì^ous Verrons te que c'est dans le
chapitre xvij. 3. ix. où Saint Jean en explique le my
stère. •'
On demandera pour entendre la figure de la bt£
te , comment ces dix cornes eftoient -distribuées far
fcs sept testés. On peut ky 'se Représenter comme
trois testes principales, quiautoíent chacune deust
cornes , &!les quatre autres chacune une: mais il
faut bien que cela soit indifférent , puis que Saint
Jean n'en a rien dit. 11 est certain néanmoins que
parmi les sept Empereurs, il y en eût trois plus
remarquables que les autres, comme on verra
Drxdiadêrttes fur {es cornes : A cause que ses cor
nes signifientdesRois , comme Saint Jean lrexpli-
cjuçra xvij, iz. Une des bestes de Daniel a aussi dix
cornes
144 L'APO CAL YPS E.
cornes i Dan. vij. 7 . & ces cornes sont aussi des Rois,
p-me/mey'.x^. Mais ce que font ces dix cornes &
ces dix Rois dans Saint Jean luy-meíme nous l'ex-
pliquera dans le chapitre xvij.
. Des noms de blasphèmesur ses tejles. C'est íur ces
sept montages des faux-dieux , â qui elles estoient
dédiées , & dans ses Empereurs les noms des dieux
dont ils se faisoieut honneur > Dioctétien ayant pris
le nom de Jupiter, d'où il fut nommé Jovius, &
Maximien celuy d'Hereule,doù il fut nommé Her-
culius. L'autre Maximien se disoit 1e fils de Mars ,
íaíl. de mort. 9'. Nous trouvons aussi que Maxi-
min , un de nos sept Empereurs , prit le nom de
Jovius, Eus.ix. 9. Lactance raconte que ces noms
superbes de Joyiens & d'Herculiens , que Diodétien
& Maximien avoient affectez,estoient paísez à leurs
íucesseurs, de mort. 51. ,
x. La beste queje vis estait semblable à unl'éopart.
Saint Jean ne voit qu'une seule beste , parce qu'il ne
vouloit désigner qu'un seul Empire , qui eítoit ce
luy de Rome Payenne : au lieu que Daniel qui en
vit quatre , vit aussi quatre bestes bien distinguées.
Mais celle dç Saint Jean est composée de ce qu'il y
avoit de plus terrible dans celle de Daniel. Une de
ces bestes de Daniel ressembloit à un lion > une au
tre à un ours, uneautreàun l'éopard. Saint Jean
laisse la quatrième , dont la figure n'a point de nom
dans Daniel , vìj. 4. 5. 6. & il compose la beste
qu'il nous représente, du lion, de Tours, & du
léopard. C'est encore un autre caractère de la per
sécution de Diocletien ; nous l'avons veû dans tout
son cours sous sept Empereurs: mais elle devoir
commencer seulement par trois, c'est-à-dirc, par
Diocletien , & par les deux Maximiens. Laíí. de
mort. iS . çyíb oriente usque ad occasum, tres acerbijji-
m&bestì<es*vierunt. Trois belles tres- cruelles tourmcu-
toient le monde depuis íOrientjusqu'à í'Occident , & y
exerçoient une impitoyable persécution. Voilà donc
les trois bestes de Saint Jean, voilà son liou;sonoûcs>
CHAPITRE XIII. j. 145
Sc son l'éopard > tiois animaux cruels , mais cjui
avec le caractère commun de la cruauté' en ontau(lì
de particuliers que nous allons voir.
La bcfle . .. ejhitsemblable à un léopard. La figure da
-léopard- faisoit le corps de la beste. Ce't animal est le
symbole de l' inconstance par la variété des couleurs
de fa peau , & c'est pourquoy les interprètes l'attri-
buënt dans Daniel aux mœurs inconstantes d'Alé-
xandre: mais ce caracte're ne convient pas moins à
Maximien surnommé Herculius qui quitte l'Em-
pire & le reprend ; qui dans ce retour s'accorde
Sremiérement avec son fils , & incontinent aprés
evient jaloux de fa gloire , & le veut perdre ; qui
se fait ami de Galère Maximien , dont il machine
la perte ; qui en dernier lieu íe ralie avec son gendre
Constantin , qu'à la fin il veut encore faire périr ,
Laíl.demort. x6. 18. 19. 30. Voilà donc le léo
pard; & il faut bien remarquer que Saint Jean ea
a voulu faire le corps de la beste, parce que malgré
son humeur changeante , il fêmbloit estre le plus
opinastre persécuteur de l'Eglisc , avant commencé
avant tous les autres en Occident ou il régnoit , une
persécution tres-violente plusieurs années avant l'E-
ditdela persécution générale. C'est-là que péri
rent une infinité de Martyrs , & entre autres , com
me le raconte Saint Eucher, cette fameuse légion
Thébaine , avec son chef Saint Maurice , l'an de
Jesus-Christ 197. selon Baronius plûtôt selon quel
ques autres , & constamment plusieurs années
avant le cruel Edit.
Sespiedsrejfembloientauxpiedsd'unours. C'est Ga
lère Maximien , animal venu du Nort , que son hu
meur sauvage & brutale , & mesme sa figure infor
me dans son énorme grosseur , avec fa mine féroce
rendoient semblables à un ours, Laíl.demort. 9.
Ce que le mesme Lactance remarque en un autre
endroit par ces paroles : II avoit , dît-il , coutume
de nourrirdes ours qui luy refíèmbloientpar leurgrandeur
O" parleur férocité. Habebat urjosferocix ac magnitu-
G dinis
i4é - L'APOCALYPSL
dinissutsimillimos , ibid. II. Voilà donc Tours de
^ Saint Jean bien marqué : mais il reslembloit à Tours
principalement par les pieds , à cause de son excessi
ve & insatiable rapacité , ce Prince ne longeant à
'**• autre chose qu'à tout envahir , LaQ. ibid. zo.
13. 2.6.
Etfagueuleà la, gueule d'un lion. C'est Dioclétien
qui estoit dans ce corps monstrueux , comme la
première teste qui se présentoir d'abord , car c'e-
ítoit le premier Empereur qui avoit adopté les au
tres , comme on a veû. On le nomme pourtant Ic
dernier , parce qu'en effet il n'estoit pas le plus ani
mé contre les Chrestiens. Ce fut Galère Maximien
qui le contraignit à donner le sanglant Edit , aussi-
bien qu'à quitter TEmpire , Laíi. n.
On luy attribue la gueule , & la gueule d'un
lion.â cause de TEdit sanguinaire qui sortit de sa
bouche, où son nom estoit à la teste comme celny
du premier & principal Empereur. II ne faut pas
regarder icy son'humeur particulière > mais le per
sonnage qu'il faiíòit dans la persécution > qui estoit
, fans difficulté le premier ; d'où vient aussi que cette
persécution elt intitulée de sou nom , comme on
a dit.
}. Etje "vis une defes testes.. . Saint Jean vit d'a
bord la beste avec toutes ses sept testes : mais nous
verrons dans la fuite , xvij. 10. qu'elles diíparoif-
soient les unes aprés les autres , comme firent aussi
ces Empereurs.
Comme blejiée à mort : La blessure de cette teste
attiroit aprés elle la mort de la beste: delà vient
qu'on la représente dans la fuite comme ayant esté
blefiéeamort ,& comme ayant refris la vie , "p. 14.
Et en effet , ces te îles disparoi fiant les unes aprés les
aurres, lors que la beste en vint au point qu'elle n'en
avoit plus qu'une , & qu'elle y fut bleíîée à mort ,
il est clair qu'elle devoit paroistre comme morre.
Or nous verrons , xvij. 10. qu'il fut un temps que
labesteu'avoitque/aja/Áwf teste , les cinqpremié
CHAPITRE XI II. ,,-147
res efíant sapées , &la septième rìestant pat encore -ve-*-
nue. Quand donc cette sixième teste fut coupée, la
beste devoir paroistre comme morte , & c'est ce
qui arriva du temps de Maxinlin , lors que les cinq
premiers tyrans estans morts , & n'y ayant plus que
luy qui perse'cutast l'Eglise , l'Empire de l'idolatric
íembloit mort en la personne de ce Tyran : ce qui
paroistra plus clairement furie chapitre XVII.
j?. 10.
Mais cetteplaye mortellefut guérie. La persécution
de Licinius quoy-que sanglante sut trop légére à
comparaison des autres , pour estre icy regardée
comme la résurréctipn de la beste , puis que mesme
Sulpice Sévère a remarqué qu'il falloit à l'Eglise
pleine de force , quelque affliction plus violente
pour mériter qu'elle la comptast parmi íes playes.
Res leVtoris negottiquàm ut ad Ecclefue vulnerapertine
nt , lib.II. io. Mais on n'a pas beaucoup à cher
cher la résurréction de la beste , puis qu'elle paroist
toute manifeste cinquante ans aprés sous Julienl'A-
postat , lors qu'il abjura le Christianisme , & qu'il
rétablit l'Empire de l'idolatrie.
Et toute la terre. .. suivit labefle. C'est ce qui pa
roist dans la fuite lors qu'il est dit : Et la puissance luy
fut donnéesur toute tribu,sur toutpeuple ,fur toute langue,
&fur toute nation > 7. ce qui convient parfaitement à
julien l'Apostat , qui réunit tout l'Empire sous la
puissance. C'est donc à ce temps précis que nous est
marquée la résurréction de la beste , & non pas dans
les temps de Licinius , où il n'y eût qu'une tres- peti
te partie de l'Empite qui eût à souffrir.
4. Ils adorèrent le dragon : Les autels des démons
furent rétablis. Au reste, cét endroit donne à con-
noistreque le dragon paroissoit encore , & queSaint
Jean voit icy quelque chose qui luy fait dire qu'on
l'adora. Voy xij. 1 7. 1 g . & xvj. 1 3 . lis adorèrent le
dragon, qui arvoit donnépuissance. . .. Si la puissance
de Dieu avoit paru admirable lors que son Eglise
eu apparence accablée , & n'attendant plus que ie
G í tom
148 £' APOCALYPSE,
tombcai, fut tout d'un coup révélée , xj. ii.lt.Ie
diable sembloit avoir fait un semblable prodige en
faveur de l'klolatrie , puis qu'ayant este abbatuë
par Constantin , tout-à-coup , cinquante ans
apres , elle sembla reprendre la vie sous Ju
lien.
Qui estsemblable à labeste ? Les Gentils disoient
îlots, que jamais plus que la Religion Romaine
estoit invincible , puis qu'elle revenoit de fi loin , &
qu'aprés une telle résurrection rien ne pourroitplus
abbattre les dieux qui avoient rendu les anciens Ro
mains maifìres de fa terre.
j. Et illuyfutdonné unebouche qui seglmifìoit. La
■vanitéde Julien paroist de tous collez, mefme dans
Ammian Marcellin ion admirateur , lib.XXV.
8c Julien mefme , dans ses Césars , semble ne mé
priser tous les autres Empereurs , que pour íe met
tre au deíTus d'eux tous , se glorifiant d 'une protéc-
tion ípéciale des dieux , & finissant cét ouvrage par
ces paroles que Mercure le dieu l'éloquence & le
protecteur deshommes de génie , luy ad,resse : Pour
toy , dic-}l,Jet'ay fait connoijìre le Soleil tonpère :
marchefous (a conduite , & fendant cettevie , (T apris
ta mort : par où il luy promettoit une gloire immor
telle, & un éclat semblable à celuy du Soleil j Jul.
C<ef. infine.
Etprononçoit des blasphèmes : Voyezle verset sui
vant.
Et 1c pouvoir luy fut donné. C'est la consolation des
Saints , qu'on ne peut rien contre eux , non plus que
contre leur chef Jefus-Christ , que le pouvoir n'en
joit donné d'enhaut , Joan. xíx. 1 1.
Le pouvoir luy fut donné de faire. . . Le pouvoir
d'ei itre.prendre tout , de faire ce qu'elle voudra ; ou
íepcuvmr défaire la guerre aux Saints , comme ~$r. 7.
Vitrant quarante-deux mois. On ne nous demandera
plusmaintenantpourquoycenombre , domjaraï-
son a d^ja esté expliquée. La persécution de Julien a
eû ses bornes tres courtes , marquées de Dieu ,
comme
CHAPITRE XIII. 149
comme celle d'Amiochus. Comme elle auíïî , elle
a fini par le prompt chastîment de son auteur ; & si
Julien se sentant blesse à mort , a dit en s'adreílant á
Jesus-Christ, comme le rapporte Théodoret , Tu Tbeotni*.
ás -vaincu Galiléen ; ou, comme le raconte un autre 1 J.
Hiltorien , eu s'adressant au Soleil qu'il avoit pris PhiUst. lit.
pour son protecteur , RjiffaÇie-toydemonfang, c'est VU^n- }ì-
avec plus d'impiécéqu'Antiochus , se reconnoistre
néanmoins vaincu comme luy, & confeíler qu'il
s'esloit trompé dans la confiance qu'il avoit eûë en
les dieux.
Il faut remarquer que Saint Jean nç dit pas icy
que l' Eglise se soit retirée dans le désert , comme
elle avoit fait dans les persécutions précédentes ,
xij. 6. 14. parce que du temps de Julienil n'y eût
aucune interruption dans son service public. Aure- >
ste , il n'y a rien eû de plus dur à l'Egliíe que les in
sultes de Julien , ses moqueries pleines de blasphè
mes > ses artifices inhumains , fa sourde & impitoya
ble persécution : car eníaisant semblant d'épargner Suc. III.
aux Chrestiens le dernier supplice , U les abandon- 9- »<£ *«•
noit cependanti la fureur des villes, qui les met-
toient en piéces impunément. II en faiíoit aulïï ///. 6. 7.
mourir luy-meíme un aílcz grand nombre sous de #-/î9.
diíférens prétextes , tafchantdepouílerà bout leur Ss*. 1 y.
patience par de continuelles & iusopportables véxa- ? • 4 5 • 8-
rions. Cette affliction ne dura qu'environ deux ^,c,0,rI4'
ajw, autant que l'Empirc de Julien ; mais elle ne phiust.lìb.
fut pas moins pesante à 1'Eglíse qu'une plus longue y / /.
souffrance, parce qu'elle la trouva fatiguée par les Gnp
violences des Ariens & de l'Ernperéur Constance »«'•?•
leur protecteur , dont Julien profita. . %ȓil".
6. Pour blasphémer contre Dieu y four blasphémer J
son nom &[on tabernacle , C ceux qui habitent dans
le Ciel. Les blaíphémes de Julienne slésevéreiit pas
feulement,' çqrçtre: Jesus-Christ , mais encore con
tre son Eglise signifiée par lé tabernacle , & con
tre les Saints signifiez par les habitans. de ce taber
nacle sacré: en particulier contre Saint Pierre,
. G ' contre
150 L* APOCALYPSE,
contre Saint Paul , contre Saint Jean , conrre
les Martyrs , • qu'il appelloit des mise'rables pu
nis par les loix j & adorez par des inseníèz. Ses
blasphèmes estoient exquis & ingénieux , parce
qu'ils venoient d'un homme qui connoiflbit le
Christianisme , & qui taschoit de le combatre par
íès propres Maximes , pour le rendre ridicule. C'est
ce qu'on peut voir dans Saint Cyrille, ìib.ll.lll.
VI. Vil. VIII f. iCi. X. p. 317. 335. cont.
Jul. & dans les autres Auteurs Ecclésiastiques.
7. Les vaincre: en faire tomber & apostafier un
grand nombre.
Lapuiffance ... .sur toute tribu. La perse'cution de
Julien fut universelle. <
8. Dam le livre de vie de sAgneau immolé dh la
création du monde. Les uns entendent que l'Agneau
est immole' des la création du monde dans les victi
mes & dans les Saints qui en estoient les figures : les
autres entendent que ce íbnt les noms qui sont écrits
dés la création du monde , suivant une parole toute
íèmbiable dansce meíme livre de l'Apocalypíê :
Le: habitant de' fa terre , dont les noms ne font pas
écrits au livre de Vie dés l'établissement du monde ,
xvij.S.
S . Si quelqu'un 4 des oreilles , qu'il écoute : Manié
ré de parler tres-familière à Noítre Seigneur , pour
attirer dans un avis important une attention particu
lière , Matt. xj. ï«f . -P . "
10. Celuyçjitimeheraencaptivité, ira en captivité ;
celity qui iuëradel'épée, il faut qu'il meure de l'épée ;
conformément à ce qui est écrit, Gen.ix. 6. Matt.
xxv j. 51. Saint Jean affligé des longues souffrances
des Saints , dont il est si occupé dans tous ces cha
pitres , entre dans leur peine , & les console par
cetteíèntence : elle a,,esté:. accomplie à la lettre
inesinè dans les Empereurs. Valérien qúi'aj'òit trais-
né tant de fidèles dans les prisons , est traisné luy-
inesme dans celle du Róy dé Perse , & dans une plus
dure servitude qtie celle qu'il avoit fait souffrir aux
autres -,
CHAPITRE XIII.- r5t
autres ; fou sang fut -versé en suite comme il avoic"
versé celuy des fidèles. Cechasiîment lny a esté
commun avec beaucoup d'autres Princes , & Julien*
l'Apostat n'en a pas esté exempt. Nous verrons
aussi dans la fuite Rome souffrir à son tour ce qu'el
le avoit fait souffrir aux Saints , & alors on dira à
ses ennemis : Rendex-luy comme elle a rendu ....
ïviij.í.
C'est icy la patience & la)oy dés Saints. C'est ce
qui les console de voir , comme dit le Prophète ,
que lajujlice divine riefl pas endormie}Síqxie Dieuvien- t. Pet.
dra bientost à leur secours. ' I- 5-
1 1 . Je vis une autre hefle. Un autre personnage
mystique, comme estoit la première beste, sous
l'image de laquelle Rome toute entière, avec son
Empire , qui estoit l'Empire de l'idolatrie , est re
présentée. Ainsi c'est icy un autre personnage my
stique, & une autre espèce d'Empire, qui prétend
par le moyen des démons éxeercer ía puiílance íur
toute la nature, commeon verra.
Cette beste, c'est la Philosophie , &en particu
lier la Philosophie Pythagoricienne qui venoit au
secours del'idolatrie Romaine avec des paroles Sc
des raisonhemens pompeux ; avec des prestiges &
de faux miracles ; avec toutes les sortes de divina
tions qui estoient en usage dans le Paganisme. Ce qui
fait aulfi que Saint Jean parlant ailleurs de cette be
ste, l'appelle le faux Prophète , xvi. i^.x/x. 10.
xx. I o. Vers les temps de Dioclétien , cette espèce
de Philosophie , dont la magie faisoit une, partie ,
se mit en vogue par les écrits de Plotin & de son dis
ciple Porphyre , qui fit alors ses livres contre la Re
ligion Chrestienne que Saint Méthode a réfutez.
Quelques-uns ont conjécturé qu'il fut un de ces
deux Docteurs dont parle Lactance* , qui animoient Hh.y.
tout le monde contre les Chrestiens par leur sédi- stit.i. j
tieuse Philosophie & leur trompeuse abstinence.
Pour l'autre , if est bien constant que c'estoit Hiéro-
cles , quoy-que Lactance ne le nomme non plus que
G 4 Porphi-
15* L' A P O C A L Y P S E.
. . Porphyre. Ce Iuy-cy fit deux livres adressez aux
Chrestiens où , comme Porphyre , il soûtenoit
ir i'idolatîie par la Philosophie Pythagoricienne.
( L'abrégé de leur doctrine estoit qu'il y av«it cer
tains esprits bien-faisans & malfaisans , dont il
falloit honorer les uns , & appaiíèr les autres
par des sacrifices ; qu'il y avoit des moyens de
communiquer avec ces esprits , en se purifiant
par certaines cérémonies & certaines abstinences ,
& que par là on pénétroit dans l'aveuir. On
vantoit beaucoup dans cette secte Apollonius
' de Tyane. Ce Philisophc magicien, qui fut si célé-
bre du temps de Domitien & de Nerva -, estoit de
la secte Pythagoricienne , & du nombre de ces ab-
ilinens supersticieux. Hiéïocles fit deux livres pou t
opposer la sainteté' prétendue & les faux miracles de
T. í3. Ai- ce't imposteur à la sainteté & aux miracles de Jeíus-
via. infiit. Christ , comme le remarquent Lactance & Eu sebe.
r»» hIi *-csauteurs Payen* de ce temps-là sont passionnez
y'âir pour Apollonius Tyaneus qu'ils adorent comme un
ialtunl.' homme d'une sainteté admirable, dont les mira
cles sont (ans nombre , & comme un dieu. U nous
reste quelques écrits de ces Philosophes , òù l'on peut
voir aussi-bien que dans les écrits des Pères , les arti
fices dont on se scrvoit, afin de rendre fidolâtrie
spécieuse. On peut voir aussi ce que dit Saint Augu«
ílin de ces faux íàges , que leur curiosité & leur or-
geuïl jetta clans les pernicieux secrets de la magie.
forph.deabst. ^Aug. VlH.ix. de Cìvit. Eus. contra
fíieroc.&c.
C'estoient ces Philosophes qui animoient Dioclé-
tien& les autres Princes contre les Chrestiens. Un
ji;,ì, d'eux est marqué par Lactance comme un des
principaux instigateurs de la perse'cution: l'autre
ibld. c. 2, n'animoit pas moins le peuple par ses discours, &
les Princes- persc'euteurs par ses flatteries , en les
louant comme défenseurs de la Religion des
Dieux.
Vne autre lefle s'élever de la ferre : II a paru en
d'autres

i.
CHAPITRE X I I I. rjf,
d'autres endroits'de êette Prophétie , des prodiges
dans l'air,dans-l« ciel, dansia mer-: en voky un •
qui s'e'Ieve de la terre , & toute la nature est animée
d'objets merveilleux & surprenans. C'est une va
riété, Sc pour ainsi parler une eípéce de contraste
dansle tableau de Saint Jean , de faire qu'une de ces
bestes s'élève de la mer , & l'autre de la terre > &
qu'elles viennent à la rencontre l'une de l'autre , afin
de íè prester un mutuel secours. Si néanmoins oh
veut entendre quelque autre mystère dans cette be-
ste qui s'élève de la terre, jedirayquela íàgeíle de
ces Philosophes défenseurs de l'idolatrie estoit cette
sagesse dont parle Saint Jacques , animal , terrestre ,
diabolique-, Jac/III. if. i . . ':'
Qui avoit deux cornes semblables à celles de l'tA-
gneau. Les cornes fignifient la force : celle de l'a-
gneau consistoit dans íà doctrine & dans ses mira
cles. La Philosophie' imitoit ces deux choses : la
sublimité & la sainteté de la doctrine de Jcsus-
Christ , par ses contemplations & ses abstinences ; 6c
fcs miracles deJeíus-Christ , par les prestiges dont
ces Philosophes , la pluspart magiciens , tachoieut
de soûtenit leur doctrine. On fçait que Julien l'Apo
stat attaché à ce genre de Philosophie , tâcha d'imi
ter l'Agneau, & d'introduire dans le-Paganifme une
discipline semblable à la Chrestienne dans l'éréction
des hoípitaux , dans la distribution des aumoshes ,
& dans la subordination & régularité des Pontifes.
Julian. Ep. 49. ad z^irsac. Pontìf. Galat. So*. v. 15.
Greç. Maz- Orat. in Jul. 0"c.
Sijeme croyois obligé comme quelques-uns à
trouver deux personnes dans ces cornes , je nomme-
rois Plotin Sí Porphyre comme les premiers qui
joignirent dans leurs écrits la Philosophie & la Ma
gie, gens d'ailleurs si célèbres parmi les Payens ,
qu'on leur dressa des autels , comme nous le verrous
de Porphyre, & comme de célèbres auteurs l'ontdtt
de Plotin. Porph.inVit. Plot. Eunap.inClqr. Mais je
croy la première explication plus naturelle : on n'est
G 5 forcé.
xî4, L' A P O C A L Y P S E.
forcé de prendre les cornes pour des personnes , que
' lors qu'il est ainsi marqué, comme on l'aveû dans,
Daniel Sedans Saint Jean. ■ ..-»'.
Et qui parloit comme le dragon. Sous toutes ces bel
les couleurs & ces belles allégories dont on couvroit
l'idolatrie , c'estoit au fonds toujours elle , & tou
jours la créature adorée à la place du créateur : c'e-.
stoit toujours dans les écrits de ces Philosophes &
dans ceux de Julien , & Sérapis & laReiue Isis , &
Jupiter , & les autres dieux , & toutle.culte du Pa
ganisme íàns en rien rabatre. 11 y i une lettre de Ju
lien t où coníulté s'il falloit enseigner les dieux
d'Homère & d'Hésiode , il répond , qu'ou il ne faut
paslire ces divins Poètes, ou il faut dire comme
eux; & que fi on ne veut pas le faite , on n a qu'à
aller expliquer- Luc O" Matthieu dans les Eglises des
Galiléens , Jul. Ep. 41. 11 faut voir aussiles paroles de
cét Apostatdans leslivres deSaint Cyrille , principa
lement dans le VI. & le VII. & on y trouvera par
lout la plus grossière idolâtrie fort -peu déguisée. '■
n. Elleexerçoit\ le Grec, Elle'éxerce, com
me dans toutela (ùite, elle séduit, elle fait, &«.
Saint Jean raconte en cette maniéré tout ce que fait
cette seconde beste, c'est-à-dire, la Philosophie ,
tant sous Dioclétien que sous Julien, qui marchoit
íursespas , comme on verta.
Elle éxerçoit toute la puissance de la première bejìe.
Rome idolâtre & ses Empereurs autorisoient ces
faux sages , qui animoient toutes les villes contre les
1*8. K- Chrestrens. Quelques-uns estoient Magistrats -,
'"P- ì-d* comme Hiérocles dont il a déja esté parlé, & Théo-
í.*fiIX t^cnus '"ous Maximin : c'estoient eux qui coramen-
^ ,t ' çoient la persécution.
Ellefit que la terre ceux qui l'babitent , ado
rèrent lapremière &e/?e. Labeste, comme on aveu ,
c'est Rome idolâtre. Un des mystères de la Religion-
Romaine, c'est que Rome qui forcoit toute la ter
ne á l'idolatrie , en estoitelle-meíme i'objet, com
me en a dit. Ou sçait qu'elle avoit les temples 01L
elle.
CHAPITRE XIII. rrf
elle estoit adorée; mais ce qu'il y ayoit de plus so- *
lennel , c'est qu'elle estoit adorée dans ses .Empe
reurs à qui elle avoit donné toute fa puissance. Per
sonne n'ignore la lettre de Pline le Jeune à Trajan ,
& on y voit que pour éprouver les Chresiiens , il
Ieur-présentoit/Vmagfde l'Empereur avec celle des £»*■ X.
dieux t afin qu'ils l'adorajfent , en luy offrant de l'en- 'P'fl- 97»
cens des effusions. On voit .encore dans une Lettre
de Saint Denys d'Aléxandrie , qu'iErnylien Préfet £*-^ r^îi
d'Egypte luy ordonne de sacrifier aux Dieux & aux
Empereurs. Tout est plein d'actes semblables où
l'on voit ces deux cultes ensemble ; & on adoroit les
Empereurs avec d'autant plus de soumission , que
c'estoit eux qui faiíoient adorer les autres divinitez.
G'estoit-là un des secrets de' lïmpire ; & un des
moyens de graver plus profondément daus l'efprit
des peuples la vénération du nom Romain.
U importe de se bien mettre dans l'efprit ce point
essentiel de l'idolatrie Romaine , parce que le Saint
Esprit en a tait , pour ainsi parler , tout le fonde
ment du chapitre que nous expliquons, se plaisent
à réunir toute cette fausse Religion dans le culte des
Empereurs , qui en effet renfermoit tout , Sc
par là nous en faisant voir le vray caractère.
adorèrent Upremière belle , dont la playe mortelle
avoit estéguérie. On voit dans ces paroles que l'ado-
ration regarde la beste comme guérie, c'est-à-di
re , Julien l'Apostat , dans lequel revivoit l'idola
trie, & l'efprit des persécuteurs : car ce Prince re
prit le premier desseifreonceû fous Dioclétien , de ne
donner aucun reposaux Chrestiens jusqu'à ce que
le nom en fust entièrement éteint. II est vray que
d'abord il n'approuvoit pas les cruautez de Dieclé-
tien : mais il yentra dans la suite,& il résolut d'em
ployer contre les Chrestiens , au retour de la guer
re de Perse, les mesmes supplices dont s'estoit servi
cét Empereur, Soc.lil.n. 1 9. Voilà donc mani-
festement.la beste qui revit. C'est Julien qui fait
revivre les desieins de Dioclétien contre l'Eglise; SC-
G 6 c'cít
Ms 'L' APOCALYPSE.
• «i c'est pojarquoy nous verrons dans la suite de ce cha
pitre, que Saint Jean nous ramènera toujours au
temps de Dioclétien.
II n'est pas icy question de comparer en eux-mes-
mes les caractères de Dioclétien & de Julien , qui
au fonds sont fort dissemblables. Icy , par rapport
à la Prophe'tie de Saint Jean , il suffit de regarder Ju
lien comme semblable à Diocle'tien , dans le dessein
de ruiner le Christianisme.
Eliefit-, elle, c'est la Philosophie Pythagoricien
ne , assistée de la magie ; c'est-elle qui concilioit
tant de sectateurs, ou, pour mieux dire, tant
d'adorateurs à Julien : car cét Empereur , non con
tent de faire revivre la cruauté de Dioclétien , fit
revivre encore la doctrine de Porphyre qui estoic
"venu sous Dioclétien au secours dé l'dolatrie. Iam-
blique un des sectateurs de ce Philosophe fut respec
té de Julien , jusqu'à en estre adoré comme un de Ces
dieux , Jul. epìst. 5 1 . 40. &c. ad lamhl. Maxime de
la mefme secte eût un pouvoir absolu lur son esprit..
VEmpereur tomba , dit Socrate , dans la maladie de
Porphyre, c'est-à-dire, dans ses erreurs , III. 15.
On ne célébrait que Porphyre', qui estoit le maistre
£khaù. In commun de toute la secte. Libanais lePanégyri-
stc de Julien mit ce Philosophe parmi les dieux ;
où* IV. ^ nous aPPre'ions de Saint Grégoire dç Nazian-
r.cònt. ' Ie > qu'on écoutoit fes paroles comme celles d'un
JkI. p. Dieu. Enfin tous les Auteurs unaimement , & tant
• JJ. les Payens que les Chrestiens , asseûrent que ce
Prince ne se gouvernoit que par ses Philosophes
& par ses Devins , Eunap. in Max. Chryf. CTc
zJmm. Marcell. lib. XXV. Greg. M*k- Orat.
in Jul.
Ellefit que la terre , & ceux qui l'habitent adorèrent
Ubeste , dontlaplaye mortelie avoit esté guérie. On
voit icy un secret de IHístoire de Julien : c'est que
Maitime & ses Devins le poussèrent á usurper ['Em
pire , en luy promettant un heureux succès de les
«Mureprises , Soc.UI, i.Soz.v. 1. Eunap. in
CHAPITRE XIII. tYs
Ce qui luy fait dit à luy-meíme, que les dieux luy
avoient dorme' ce qu'ils luy avoient promis. Aquoy *
aussi regardoit Saint Augustin lors qu'il disoit , Om. ai
qu'une détestable sacrilège curiosité , c'est-à-dire iJÍthta.
celle de la Magie , où il chercha toutesa vie les choses
futures t avoitflatéjon ambition , deCiv.v. n. Ou
tre cela , il n'eut point de plus zélez parti
sans que les Payens, & les Devins qui lecondui-
íoient.
ij. Et elleft de grands prodiges : elle; c'est tou
jours la Philosophie , soutenue" de la Magie , com
me on a dit. Tous les e'crits d'Iamblique , tous ceux
de Porphyre , & des autres , tant estimez de Julien ,
sont pleins de ces prestiges trompeurs , quelepcu-
ple prenoit pout des miracles ; & la foibleílè de Ju
lien alloit encore au-delà de celle des autres , ^Amm.
Marc. XX11. XXI II. XX r. On voit dans
le mesme temps une infinité de prodiges de ces
Philosophes de Julien» & jusqu'à de faufles résur-
re'ctions de morts , rapportez par Eunapius , in
Porph. ^£des. Max. Proxref. Ckrys. CTc. Julien dé
clare luy- mesme la croyance qu'il avoit à ces t^irts ,
qu'il appelleyâinfj, c'est-à-dire, à la Magie , ap.
Cyrill. lib. VI. cont. Jul. p. 1 9 8 .
Jusqu'àfaire tomberlefeu du Ciel... Parmi tous
les taux prodiges , ou tous les prestiges que pou-
voient faire les Devins , c'eíloit celuy-cy qu'il fal-
loit principalement remarquer , à cause que c'estoit
par- là que Julien s'estoit attaché à Maxime son
grand conducteur : l'histoire en est remarquable.
Dans íâ première jeunesse , pendant que Julien étu-
dioit en Asie cette Philosophie curieuse > & cher-
choit par tout des maistres qui la luy apprissent : un
Euscbe jaloux de Maxime , dont la gloire cffaçoic
la sienne , entreprit de le décrier devant Julien en
cette sorte. Cen'ejì , disoit-il j qu'un imposteur qui
s'amuse à des choses indignes : car unjour avec un peu
({'encens O" quelques paroles , ilfitrirelaflatuë de la
Dresse Hécaté, Q nous dit mesme qu'ilalloit allumer let
G 7 fr»*
rj{ « L' APOCALYPSE.
flambeaux éteints quelle ternit à la main. ^4 peine avoit-
ilachevéde parler , qu unesoudaine lumière alluma tous
ces flambeaux. Lors que Julien eût oui ces discours , H
donna congéà celuy qui luypariait ainsi contre Maxime ,
Ç$ le renvoya à fes livres : car pour luy il difoit qu'il
avoit trouvé ce qu'ilcherchait , (S U envoya quérir Ma
xime auquelilfe livra, Euuap. in Max. Au reste, il
n'importe pas que ces prodiges soient vrais ou faux ;
& pour leur attribuer de tels effets dans le stylepro-
phétique, il suíHt que ces Devins s'en vantafleut,
& qu'on lescrust.
LefeuduCiel: On peut encore entendre le fou
dre, selon le style de î'Ecriture , qui l'appelle , le
feu tombédu Ciel , Job. I. 16. C'estoit principale
ment dans l'cxpli cation des foudres & des éclairs
que les Devins faiíbient valoir leurs présages. Ces
feux qu'ils appelloient leurs Conseillers , Conplia-
riumfulmen , scmbloient venir à leur mandement
pour leur découvrir les conseils des dieux. On
croyoit que non-feulement il s interprétoient , mais
encore qu'ils faisoient venir du Ciel les préíàges fa
vorables. C'estoit principalement de quoy sc van-
toit ce grand imposteur Maxime , le principal sé
ducteur de Julien . Lors que les présages ne venoient
pas comme il souhaitoit, ilnelaissoitpasde conti
nuer ses opérations jusqu'à ce qu'il eust arraché des
dieux ce qu'il vouloit , & en quelque façon forcé
les destinées , Eunap. in Chryf. &c.
14. En ordonnantaux habitans de la terre de dresser
une image à la beste. Dresser une image à la beste ,
c'est-à-dire , aux Empereurs idolâtres. C'est en cc
lieu les adorer comme des dieux, ainsi que le dé
montre le verset suivant , & le 9. duChap.xiv. II
fautse souvenir que tout le culte idolâtre se retrou-
voit dans celuy qu'on rendoit aux images del'Em-
pereut , sup.y.iz. & tout cela estoit-figuré dans
i'image d'or de Nabucodonosor , que tout le
monde adora ,. excepté les vrais rideles , Dan.
IIL
CHAPITRE
r^A labefle, XIII.
qui avoit receù un coup d'épée , & 15»
qui
néanmoins estoit envie. C'est à cette beste en quelque
sorte reíluseitée apre's avoir esté blessée à mort , *"
comme il est portés. 3. 1 1. c'est- à- dire , à Julien
l'Apostat , qu'on drefla cette image. On luy dressa
en effet 1111e image où il estoit repréíenté avec tous
les dieux ,& on obligeoit à luy offrir de l'encens
dans cét état. L'hrstoire en est rapportée dans Saint
Grégoire de Nazianze , Orat. 5 . qua efl I. in Jul. &
dans Sozomene V. 1 7. Julien paroissoit dans cette
image avec un Jupiter qui le couronnoit comme du
haut du Ciel , avec un Mercure & un Mars , qui
par les signes qu'ils faiíoient , montroient que ce
Prince avoit receû l'éloquence d'un de ces dieux ,
& la valeur de l'autre. S'il n'y eust eû que l'image
lèule de Julien , lesChrestiens n'eussent point fait
de difficulté de luy rendre de tres grands honneurs >
parce qu'on n'eust fait par là qu'honorer Julien
comme Empereur selon la coutume : mais y joindre
les Dieux qu'on ne voyoit plus paroistre depuis
Constantin avec les images des Empereurs , & y
offrir de l'encens , c'estoit comme guérir la playe de
l'idolatrie , c'estoit drefîei une image à la beste res
suscitée. Ou en peut dire autant AuLabarum, lors
que Julien en fit oster la Croix que Constantin y
avoit miíe > So%. ibid.
15V U luy fut donné pouvoir d'animer Timage de la
beste, & de kfaire parler. Maxime qui se vantoit >
comme on vient de voir , de taire rire la statue d'une
Déesse , pouvoit bien la faire parler. D'ailleurs ,
Julien faisoit fans cefle consulter les Oracles d'A
pollon & des autres dieux , Theod. III. 10. C'e
stoit á leurs statues que se faiíoient ces consulta
tions. Personne n'ignore celle que fit Julien á la
statue d'Apollon en ce lieu célèbre auprés d'Antio
che appelle Daphné, So^. v. 19. &e. II ne faut
donc nullement douter , que lors qu'on luy faiseit
entendre ces oracles qui luy promettoient la victoire *
fur les Perses , on ne luy rapportait que les dieux
ayoieut-
ifa ■** V A P O C A L Y P S E.
avòient parlé en sa faveur , & c'estoit 'raire parler
leurs statues que l'on croyoit animées de la divinité
mesme. :
On lit aussi dans Ammian Marcellin un songe de
Julien estant â Vienne , oú une image resplendis
sante qui luy apparut , luy expliqua en quatre vers
grecs la mort prochaine de l'Empereur Constance:
ce qui suppose qu'on croyoit que les images des
dieux parloient aux hommes, & que Julien vouloic
qu'on crust qu'il estoit accoustumé à ces célestes en-,
tretiens, tAmm.Marc. íib. xxj. t.
C'en est assez pour faire voir , que par les prestiges
ou les illusions des magiciens , on regardoit les ido
les & les statues des dieux comme parlantes. C'est
ce que Saint Jean appelle faire parler les images de
la bestè , parce qu'il renfermoit , comme on a veû ,
toute l 'idolâtrie Romaine dans celle qui regardoit
le culte des Empereurs & de leurs images s & on
pouvoit d'autant plus facilement confondre les ima
ges des dieux avec celles des Princes , qu'on les
mettoit ensemble, comme on a veû: outre qu'il est
certain d'ailleurs que les Princes traitoient telle
ment d'égal avec les dieux , qu'ils leur donuoient
leur figure , & prenoient la leur ; ce qui fait qu'on
voit souvent dans les médailles Julien mesme , lans
aller plus loin , représenté en Sérapis.
Mais encore que cela soit vray dans le literai , le
langage mystique de Saint Jean nous doit faire por
terTa veûë plus loin. C'estoit rendre en quelque sor
te les statues vivantes, que de croire avec les Philoso
phes celles des dieux animées par leur présence.
C'estoit les faire parler que de prononcer tous les
beaux discours qui en animoient le culte ; & comme
on a veû que l'idolatrie se trouvoit renfermée toute
entière dans les images des Empereurs , où l'on
voyoit ordinairement les autres dieux ramassez ,
c'est dans la sublimité de ce sty le allégorique & figu
ré des Prophètes donner la parole à.ces images , que
de faire voiries raisons spécieuses pour lesquelles les
peuples
CHAPITRE XIII. iíi
peuples se dévoient porter à rendre 'des honneurs
divins aux dieux qu'elles avoient autour d'elles
& à elles meímes. . -
Et defaire tuer tous ceux qui n adorcroient pas l'ima
ge de la beste. Ilyavoit des ordres particuliers pour
punir comme ennemis de l'Empereur , ceux qui
lefusoient d'adorer (a statue avec les dieux qui
estoient autour , SoK.ibid.Greg.NaK. ibid. Outre
qu'on puniflòit , íous divers prétextes , & souvent
mesme par la mort , ceux qui refusoient de sacrifier
aux idoles ; & si Julien íèmbloit e'pargner la vie des
Chrestiens , ce n'estoit que pour un certain temps ,
puisqu'il en vcûa lesang a ses dieux , auretourdela
guerre de Perse. Greg. Naï. ibid. Paul. Oroj. vij. jo.
Cbryf. adverf.Jud.
16. Ellefera que les petits 0" Usgrands... por
tent le caratlére de la beste en leur main droite , ou Jur
leurfront: Elle sera qu'ils professeront l'idolatrie ,
& qu'ils en feront les oeuvres. Les Payens , pour se
dévouer à certains dieux , en portoient la marque
imprimée avec un fer chaud fur le poignet ou fur
le front ; d'autres y mettoient les noms des dieux ,
ou les premières lettres de ces noms » eu !e nombre
que compoíbient les lettres numérales qu'on y trou -
voit. Saint Jean fáiíànt allusion à cette coutume,
* repréíèntepar les gens marquez de ces caractères
ceux qui estoient dévouez à l'idolatrie & aux ido-
les.Ceux qui veulent íçavoir les preuves de cette cou
tume peuvent consulter Grotius,Hammond, & Poí-
lïnes íur ce passage de l'Apocalypse. Le fait est con
stant. On faisoit de la mesme sorte une marque sur
les soldats. On cite aussi pour cette coutume de se dé
vouer à quelqu'un par l 'impression de ces caractères,
le partage du Cantique où il est dit: Mettez-moy com
me unsceaufier vojlre cceur,comme unsceausur vôtre bras,
Cant.viij. 6. Et íàns aller plus loin, on voit les Eleûs
porter la marque de Vie«,c'ést-à-dire,/oMsaint mm O" lé
nom de ï vigneaugravésur leur/rouf>Apoc. vij . 3 .xiv.r.
17. Et que personne nepuisse acheter ni vendre , que
celay
ttt , L'APOCALYPSL
ctluyqui'aunt le caractère de labefle. Cecy a un rap
port manifeste à la persécution de Diocle'tieu à la
quelle Saint Jean nous ramené pour les raisons qu'on
aveûës. Tous les Interprètes > 8c autant les Prote-
stans que les Catholiques , rapportent icy un Hym
ne du ve'ne'rable Be'de à L'honneur de Saint Justin
Martyr : ce n'estoit pas ce ce'le'bre Philosophe Saint
Justin qui souffrit lc martyre au fécond siécle : la
Passion de celuy- cy arriva sous Dioclétien , & nous
Toyons daiis cét Hymne qu'on ne permettoit d'acbeter
ni de vendre, ni me/me de puiser de l'eau dans les fon
taines , au'aprés avoir offert de í'encens à des idoles
rangées de tous cofiez, Bed. Hymn. in Just. C'est ce
qu'on n'avoit jamais veû dans aucune persécution.
Cecy est propre à Dioclétien : mais Julien dans le
quel il devoit revivre , entreprit quelque chose de
semblable , lors qu'ilfit jetter des viandes immolées
dansles fontaines , & fit jetter de l'eau consacrée au
démon sur tout ce qui se vendoit au marché , pour
forcer les Chrestiens à participer aux sacrifices im
purs , Theod. III. 15.
Et que personne nepuisse acheter ni vendre. On peut
encore rapporter à cette défense la loy de Dioclé
tien , qui rendoit les Chrestiens incapables de toute
action en justice > à moins de sacrifier auparavant
aux idoles : ce qui eitoit dans le fonds leur interdire
le commerce & la société des hommes; & c'est ce
L*8. de qUe Saint Jean avoit exprimé populairement par les
Bafii.Oràt. terraes d'acheter & de vendre. Nous apprenons de
in Jutít. ' Lactance & de Saint Basile , que Dioclétien fit cet-
Son.r.ift. te défense, &Sozomenea écrit qu'en cela il fut
Or*t. III. suivi de Julien. Saint Grégoire de Nazianze semble
1. in Jul. dire qu'il n'eu eût que le dessein: mais pour conci-
lier ces deux auteurs, on peut dire que le dessein de
Julien fut de le faire par une loy expreste , comme
Saint Grégoire de Nazianze le témoigne , & qu'en
attendant que la loy fust publiée , la chose ne laissoit
pas de s'éxécuterpar voye de fait : & toujours avoir
conceû un tel dessein , est un caractère de Dioclé
tien
CHAPITRE XIIL i<?5
tien digne d'estre remarqué. On voit assez par toutes
ces choses combien il y avoit de raison de faire pa'roi-
stre la persécution de Julien avec celle de Dioclétien,
&àíàsuite;& quand Saint Jeanrevient de Julienà
Diocle'tien , il ne fait que nous rappeller á la source.
18. C'est icy lasagesse : Que celuy qui a de {'intelli
gence comte le nombre de la beste: Saint Jean ne se con-
tente pas de nous avoir désigné la beste que Julien
avoit fait revivre , c'est-à- dire , Dioclétien ; il nous
en va dire le nom dans ce langage mystique dont
Dieu révèle 'le secret quand il luy plaist.
Car c'cft le nombre d'ttnkomme : C'est le nombre du
nom d'un homme , car c'est du nom & non pas du
nombre qu'il fàlloit dire la propriété', & d'ailleurs
ce n'est rien dired'un nombre , que de dire que ce
soit un nombre d'homme , n'y en ayant point d'une
autre nature. C'est donc le nombre du nom d'un
homme qu'il falloit chercher ; &ce devoit estrele
nombre du nom de Dioclétien car ce devoit estre lc
nombre du nom de la beste qu'on a fait revivre , &
encore plus précisément le nom de celuy dont il fal
loit porter le carectére pour acheter & pour vendre ,
dans le verset précédent. Celuy-ià tres-constarn-
ment est Dioclétien.
Etfonnombre est six cens soixantesix. Le nom de
Dioclétien avant qu'il íust Empereur estoit Diocles.
// s'appelloit Diodes devant son £í«/>;Ve,Lact. de mort.
9. Et ensuite, il quitta la pourpre, & redevint Dio
cles, ibid. 19. Pour en faire un Empereur, quiest"
icy ce que Saint Jean a désigné par la beste , il ne
faut qu'ajoûterâson nom particulier Diocles, íà
qualité ^Augustus , que les Empereurs avoient en
effet accoutumé de joindre à leur nom : austìcost 011
verra paroistre d'un coup d'oeil dans les lettres nu
mérales des Latins ainsi qu'il est convenable , s'agis-
sant d'un Empereur Romain , le nombre 666.
DIoCLes AVgVstVs: dchti. Voilà
ce grand persécuteur que Saint Jean a représenté en
tant de manières ; voilà celuy que Julien a fait revi-
.vrei
i*4 L' APOCALYPSE.
rre: c'est pourquoy on marque ion nom plûtost que
celuy de Julien.
18. Clejlicy la sagesse: C'est-à-dire, que c'est
une chose qu'il faut pénétrer avec une soigueuse re
cherche. Car premièrement il faut trouver le nom
d'un homme , en qui ce nombre se recontre. Secon
dement , il faut que cét homme soit un Empereur,
& encore un Empereur sous lequel il n'ait pas este'
permis de vendre ni d'acheter lans se souiller par
î'adoration des faux dieux. Troisièmement , quand
on a trouvé que c'est à Dioclétien seul que cela con
vient pour trouver le nombre de question dans son
nom , il faut sçavoir le prendre comme il le portoit
lors qu'il estoit particulier , & y joindre le mot qui
signifie fa qualité d'Empereur. Quatrièmement ,
il faut trouver que ce nombre doit estre pris dans les
lettres numérales Latines, à cause qu'il s'agit d'un
Prince Romain.
"o d h'^' Ceí* une ck°k remarquable que Nicolas de Le-
rius cherchant un nom artificiel où se trouvast , se
lon le chifre Latin , le nombre 666. n'en a poinr
trouvé de plus propre que ce mot DI CL V X in
venté exprés , où eu effet ce nombre íe trouve ;
& en mefme temps il est si conforme au nom vérita
ble Diodes, qu'on doit croire que c'estoit là qu'il fal
loir viser.
Au reste , û nous voulions appliquer icy le íatei-,
«os de Saint Irénée , où se trouve le mefme nombre
dans les lettres Gréques numérales , il nous seroit
aise de dire , selon la conjécture de ce Pere , que par
trt». ce nombre Saint Jean auroit désigné l'Empire Ro
si'*, y. mam t & ridolatrie Romaine : mais ce n'est pas de
quoy ils'agit , puis qui cét Apostre nous avertit ex
pressément que le nom dont il s'agit estoifc un nom
d'homme qu'il faloit trouver ; mais qu'on ne pou-
voit trouver fans une grande attention.
Les Interprètes Protestans font icy deux sautes :'
la première , c'est de chercher le nombre de 666.
dans le nom de la seconde beste qu'ils yeulent estre
k
'CHAPITRE XIII. IÍ5
le Pape , au lien que visiblement c'est dans le nom
■de la première qu'il le faut chercher ; car ce njest pas *4pte.
elle-mesine que la seconde beste fait adorer , c'est la X I IV
première r ce n'est pas son caractère ou son nom K«I&,7*
d'elle-mesme qu'elle fait porter , mais celuy de la
premie're beste : ce nom myste'tíeux est donc le nom
de la première beste & non pas de la seconde. La
íeconde faute des Protestans eít de s'arrester au nom
Lateinos, qui dans le íèns qu'ils le prennent ne fut ja
mais le nom propre d'un homme.
Nous pouvons compter pour troisième faute des Vjser. de
Protestans, d'appliquer au Pape le-fi. 17. à cauíè s""- E"'
des Canons des Conciles de Tours & de Latran sous
Aléxandrel II. qui défendent d''exercer aucun négoce Med.díi
avec les Vàudois & les albigeois , ni d'avoir aucun cap. 13.
commerce avec eux en vendant , ou enachetant ; mais il <Ape.
faudroit encore remonter plus haut, puis que ces^°j^y;
Canons, comme il est expressément déclaré désles çA„lijrm
premiers mots de celuy de Latran , ncsontquc-ré- itttr. Q*».
xécution des anciennes /oix, qui déclarent l'hérésie XX VIV
un crime capital contre l'Etat , & qui ordonnent de
punir les hérétiques par confiscation de leurs biens , Ccd.de
& leur ojíent tout pouvoir de donner , d'acheter , ni
vendre, ni defaire aucuneforte de contrat. Si donc il
suffit pour estre Antéchrist de défendre aux héréti
ques d'acheterou de vendre , c'est Honorius &
Théodose qui ont mérité ce titre. Et si les Protestans
répondent que le reste des caractères marquez par
Saint Jean 11e conviennent pas á ces Empereurs, c'est ■
à eux à faire voir , non par de froides allégories ,
mais par des faits positifs & historiques , que ces ca
ractères conviennent mieux á Alexandre III. un
des meilleurs Papes & des plus sçavans qui ayent
esté depuis mille ans. Et asin de poufler plus loia
cette remarque , il faut sçavoir que ces loix des Em
pereurs contre les hérétiques regardent principale
ment les Manichéens , & que c'est auísi contre les
Albigeois ( parfaits Manichéens, comme nous l'a- *£r".
' vons démontré ailleurs.) que les Canons de Tours ti*"£'r ' I
&
i<?tf L' A P O C A L Y P S E.
& de Latran ordonnent l'éxécution decesloix Im
périales. Au resté, c'est une ignorance insuppor
table âjoseph Méde,& une grossière illusion à Uíser
íbn auteur > d'avoir icy confondu les Yaudois & les
Albigeois , qui sont des hérésies si distinguées. Cel
le des Vaudois est née à Lion en Pan M C L X. & le
Concile de Tours fut tenu trois ans aprés , lors que
l'hérésieVaudoife estoit à peine connue". Elle ne
l'estoit guéres plus au temps du Concile de La-
tran, c'est-à-dire , enMCLXXIX. & ne fut
condamnée que long-temps aprés par les Papes Lu-
ciùs 1 1 1. & Innocent 1 1 1. II n'y a donc aucun dou
te que les Canons qu'on nous oppose ne regardent
les Albigeois Manichéens , qui aussi y sont les seuls
dénommez i & quand ils regarderoient les Vaudois,
nous avons fait voir clairement qu'ilsne valent gué-
tes mieux que les Albigeois.

CHAPITRE XIV.

L?Agneau sur la montagne de Sion ; les


Saints l'accompagnent en le louant ; le fils de l'hom-
me paroijl fur une nuée ; la moisson , & la ven
dange.

Gr. !• 1 Eregarday encore, & je vis l'Agneau debout


J íur la montagne de Sion , & avec luy cent qua-
fìnnm rante-quatre mille qui avoient son nom & le nom
(n'y est de son Pere écrit fur le front.
t") x. Et j'entendis une voix du Ciel , comme le
bruit de grandes eaux , & comme le bruit d'un
a «W/»- grand tonnerre 5 & le bruit que a j'entendis estoit
tendis le comme le son de plusieurs joueurs de harpes qui
fin de flu- touchent leurs harpes.
3. Ils chantoient comme un Cantique nouveau
t áflttn- devant 'e troue & devant les quatre animaux & les
drt Vieillards :& nul ne pouvoit b chante! çç Canti
que,
CHAPITRE XIV. K7
que, que les cent quarante quatij^mille qui ont Ct.
esté rachetez de la terre.
4. Ceux-cy ne fe font pas íbuïUez avçc les fem
mes , parce qu'ils sont vierges. Ce font eux qui sui
vent l'Agneau par tout où il va : ils íont achetez
d'entre les hommes pour estre les prémices consa
crées à Dieu & á l' A gneau .
5. U ne s'est point trouvé de mensonge dans leur
bouche, parce qu'ils sent purs devant le trône de
Dieu.
6. Je vis un autre Ange qui voioit par le milieu
du Ciel portant l'Evangile éternel pour l'amion-
cer aux habitans de la terte , à toute na
tion , à toute tribu , à toute langue , & à tout
peuple.
7. Ildisoit à haute voix : Craignez « le Sei- cDítit
gneur , & donnez- luy gloire , parce que l'heure de
son jugement est venue ; & adorez celui qui a
fait le ciel , & la terre , la mer , & les fon
taines.
8. Un autre Ange suivit , & dît: Babylone est
tombée, elle est tombée cette grande ville, d qui dJJ*J"
an fáit boire
n- • à toutes les nations du vin de la colère de V1
donnefaf
fa prostitution. toirt
9. Et un troisième Ange suivit ceux-cy , criant
à haute voix: Celuy qui e adorera la beste & son e
image , & qui f portera son caractère fur son tptf
front , ou dans fa main :
10. Celuy-là boira du vin de la colère de Dieu ,
qui est préparé pur dans le calice de fa colère , & il
íera tourmenté dans le feu & dans le soufre devant
les saints Anges , Sc eu présence de l'Agneau.
11. Et la fumée de leurs tourmens g s'élèvera 8
dans les siécles des siécles , & h il n'y aura de repos •> H»'j*
ni jour ni nuit pour ceux qui i auront adoré la be- Ì9*'«</»-
ste & son image
desonnom. * ,& qui k auront porté le caractère kt°r"ttt
11. Icy est la patience des Saints 1 qui gar- licyfini
dent les commandements de Dieu & la foy de-Jeíús. "HX
13. Alors
i6i V A P O C A L Y P S E.
1 3 . Alors j'rfiténdis du Ciel une voix qui me dît:
m mtinti- Ecris , Heureux sont ceux qui meurent m dans le
**** Seigneur:'11 de's maintenant, dîtl'Elprit, ils se
7aï**mtnt reP°íeront de lcuts travaux: car leurs œuvres les siu-
. .Usst Y"iT.-
rtposeront 14. Etjeregarday > & je vis une nuée blanche ,
& quelqu'un assis fur la nuée semblable au tíls de
J'homme 1 ayant fur la teste une couronne d'or, &
en íà main une faulx tranchante.
15. Alors un autre Ange sortit du Temble , eri-
antàhautc voixàceluy qui estoit assis íur la nuée :
Jettezvostre faulx ,$t moissonnez, car le temps de
moiílonner est venu > farce que la moisson de la ter
re est meure.
16. Celuy donc qui estoir assis sor la nuée >
jettaíà faulx fur la terre, & la terre fut moisson
née.
17. Et un autre Ange sortit du Temple
qui est dans le Ciel , ayant aussi une faulx tranchan
te.
18. II en sortit de l'Autel encore un autre , qui
avoit pouvoir sor le feu , & il cria à haute voix à ce
luy qui avoit la faulx tranchante : Jettez vostre faulx
tranchante : & vendangez les raisins de la vigne de
la terre,parce qu'ils sont meurs.
19. Alors l'Ange jettaíà faulx tranchante sor la
terre, & vendangea la vigne de la terre, & il
en fitjetter les raisins dans la grande cuve de la colè
re de Dieu.
10. Et la cuve fut foulée hors de Irville, & lc
sang sorti de la cuve, monta jusqu'aux brides
des chevaux par l'efpacc de mille six cens sta
des. 1

EX PLI-
C H A P I T R E X I V. i69
ZXTL1CATI0 N
d» Chapitre XIV.
ha vengeance aprés la prédication long
temps méprisée ; la moìjjòn (3 la -vendange ; deux
coupsjiir Rome ; iAláric Ç$ t^Att'íla.
I. fJEregarday encore, Ç$je visfur la montagne de
J Sion. Apres l'af&euxspéctacle des perlécuti-
ons , Saint Jean nous fait tourner les yeux vers
un objet plus agréable , qui.est celuy de la gloire
des Saints. Cent quarante-quatre mille . . . C'est lc
nombre confacréà l'universalité des Saints , encore
qu'il semble ne comprendre que ceux des ]mh,/ùp.c.
y ij, mais c?est qu'on entend le tout pâr les premiers,
& que lenombre de douze, racine de celuy-cy, est
également sacre* dans la Synagogue & dans l'E-
gìise.
Son nom & lenomdcJònPere écrit fur le front: Ea
figue de la glorieuse servitude > par laquelle ils luy
ont este' dévouez , comme on vient de voir. Le
nom de Dieu & de fefus-Chrift écrit fur leurs fronts ,
figure la profession de la pieté Chrestienne jusqu'à
la fin , & c'est la marque des Eleús de Dieu.
r. Comme le bruit de grandes eaux , & comme U
bruit d'ungrand tonnerre , . . . comme leson de plu
sieursjoueurs de harpes. Le bruit des eaux & du
tonnerre marque une joye abondante , 8c celuy des
instrumens de musique , une joye réglée.
3 . Nul ne pouvoit chanter ce Cantique. Le Grecdit ,
apprendre. La félicité des Saints n; mont; pas dans le
coeur de l homme , i. Cor. II. p. & il faut l'avoir ex
périmentée pour la comprendre.
4.Ce ux-cy neJe font pasfouillex avec lesfemmes,car
ilsfontvierges. Cesoutdesames innocentes & cou-
xageuscs qui ne se sont pas méfiées dans les foiblefles
iùmsiues ; ainsi parle l'Apostre : ft vous ay pro
H mify
170 L'APOCALTf SI.
mis , dit- il , cdmme , une Vierge chape à unseul Epoux,
quieflycfui-Chrifl , ,i. Cos. X I. x. Ce sens >' qui est
lelitéral, n'empeschepasque Saint Jean n'ait aussi
'■ • . \ouIu tracer quelque chose des prérogatives de ceux
qui ont ve'cu dans une perpétuelle continence , par-.
mi lesquels les Saints Pères luy ont donné le premier
De SmB. rang. Saint Augustin leur applique ce passage : Ils
ïs'Ìq1^" chantent un Cantique particulier , comme ils pra-
"'. tiquent une vertu au dessus du commun: leur joye
estd'autantplusabondarKe, qu'ils se font plus éle
vez que les autres hommes au deslus de la joye des
sens, ilssuivent VlAgnempartom Oíwiva , parce que
non contens de le íuivre dans la vòye de ses Précep
tes , ils le suivent mesme dans la voyc des conseils:
X' Agneau marche , dit Saint Augustin , par un che-
mhfmginal: fa chairformée d'une Vierge est toutevier-
ge, & ilmpmvò&pas t^istre pointfoigneux.de confèr-
yeren luy ntèfme ce qu'il avoitcenferoéeìtfisaintemervy
■mesme enn*ifsMdef»tfìin. ■
6. Je vis un autre ^Ange qui voioit par le milieu du
■CielpoYtantVEvangileéternel , . . Aprésquei'Evangi-
te de'jefíis Christ eût éclaté avec tait de force au
tailieu du monde, ifestoit temps de punir cenxqui
n'y avoient pas voulu croire. C'est aussi -ce qui
va paroistré. V Evangile éternel , qui lie change
plus, àlaáisté-reftcede laloy de Moïse qui devoir
esti* abrogée, & ne pouvoit d'elle- mesme mener
kfbommes.^laferfeúion , & à la vie éternelle , Heb.
VÏ'I-iy.
fy'.ril difoitàhtme voix: Un premier Ange an
nonce en général lesjtfgemens de Dieu-: L'heurieft
■venue-, dilòk-il, de les faite éclater far Rome per
sécutrice, dontla puííhion feauneirnage du der
nier jugement de Dieu. -
g. Un autre zyinge .. .Cét autre Aageexpliquee'ti
particulier ìa chute prochaine de Babylone , c'eft-à-
.dire , de l'Empire & de l'idôlatrie Romaine.
Èabylone ejl tombée , elle efltombét . . . Dàhs la lu
mière Prophétique , on voitdéjaeoíhrne fait, cé<jai
áoincfire bientost accompli. 9. Va
C H A P I T R E X I V. 171
9. 17» troisième zAng* • • • Celuy«cy employé les
menaces des deux autres, pour détourner les hom
mes de Tidolatrie , comme s'il diíbit : Elle va tom
ber avec son Empire cette ville si redoutée; elle v*
tombenne vous lai ssez pas séduire par ses illusions ,
ni effrayer par fa puissance.
- ïO. Celuy~là boira du vin qui est préparé pur : Ce
íbnt les paroles du Ps. L X X I V. 9 . où le Psalmis-
tc met dans la main de Dieu une coupe pleine de vin
j qui signifie la vengeance divine , dont les me
ns boiront jusqu'à 1alie. Devant les Saints ten
tes , Z? en présence de sAgneau : II n'y a lien de
plus cruel que de se voir misérablement pe'rrr
aux yeux de ceux qui ne demandoient que nostre sa
lât.
H. Et lafumée de leur tourments'élèvera, comme
un sacrifice éternel de la Justice divine.
1 1. Ici estla patiencedes Saints: C'est icy qu'ils doi
vent apprendre à souffrir des supplices temporels
|>our éviter les éternels.
15. Qui meurent dans le Seigneur : C'est en géné
ral tous les Saints , & en particulier les saints Mar
tyrs qui meurent pour l'amour de luy.
14. Et je regarda*?,®" je vis une nuée blanche. Aprét
la dénonciation du jugement de Dieu fur l'Empire
Romain plein d'idolâtrie , en voicy l'éxécution ,
mais encoreíòus des idées •générales de la moiflòn
& de la vendange. Jettez les faucilles , parce que la
moisson est meure : descendez , parce que se pressoir est
plein, joël. I II. 13. Pout exprimer la vengeance
de Dieu fur les ennemis de son peuple.
Et quelqu'un assisfier la nuée , semblable au Fils de
l'bomme. Le Fils de l'homme c'est Jelus-Christ.
Ceux qui veulent que ce soit icy un Ange avec une
figure humaine feulement, ne songent pas que les
Anges qui paroiflent dans tout ce livre , ont pour
la pluspart la figure d'homme : mais pour montrer
quelque chose d'extraordinaire, Saint Jean ne dit
pas , selon la coustume , que c'estoit uu Ange >
H i mais
1-7* L' APOCALYPSE.
mais il dit que c'tstoit quelqu'un; ce qui jointavec íe
reste nous donne une idée plus haute.
Semblable au Fils de l'homme: C'est un caractère
de Jesus-Chtist dans cette Prophétie , 1. 13. On
íçait aussi que Nostre Seigneur se donne tres-souvent
ce nom dans son Evangile s ce qui a donné lieu à
Daniel de parler de luy tous le melme titre : c'est á
l'endroitoùilvoit, comme Saint Jean , quelqu'un
' semblable au Fils de l'bomme , qui paroijl fur les nuées ,
Cr s 'approche de l'ancien desjours > qui luy donne l'em
pire souverainfur tous Uspeuples dumonde, Dan. VtI I.
i}. 14. Saint Jean regarde manifestement à cette
Prophétie. An reste, je ne veux point révoquer en
doute que dans Daniel & dans Saint Jean , si quel
que chose leur apparoiflbît au dehors , ce ne luisent
en effet des Anges; mais je veux dire seulement
qu'ils portoient un caractère plus haut que celuy du
ministère angélique , Screprésentoientla personne
de Jésus- Christ.
Saint Jean luy douncen peu de mots , & en deux:
ou trois grands traits , quelque chose de divin. II
est assis comme Juge, Joël cy-devant cité ; Je se-
ray ajjis pour juger . ht. i r. & Jesus-Christ se rç«-
présente luy-mefme aj]is fur le siège defa Majesté ,
Matt. xxv. 51. c'est-à-dire, íùrunenuée, confor
me ment à ce qu'il dit ,lqu''il viendrafur les nuées avec
grandepuissance ÇS Majeflé, Matt. xxv. 30. com
me aussi il vient de nous estre représente par Da
niel.
Sur k tefie une couronne d'or : C'est la marque de
son Empire souverains»fa main unefaulx tranchante:
ce qui le fait Voir prest à ía vengeance. II faut icy re
marquer que c'est Jesus-Christ luy-mesme qui. va
fraper : ce n'est point un Ange , comme ailleurs ,
c'est le Fils de l'homme ; ce qui nous fait entendre
le grand coup donné lur Rome avec toute la force
d'une main divine.
»S. Vn autre cyínge . . .Jetiez noflre faulx . . . le
temps. ...eji\e;u. Tout se fait en un temps çertain
Sc
CtíAPITRE XIV. 175
& déterminé, & l'Angë vient rendre compte au Ju
ge que tout est disposé.
16. Et la terresut moissonnée. Rome la reine des
villes est ftapéeí l'Empire Romain est désole' par
Aîarïc & les G-ots.
17. Etunauire^nge. Un autre , paf rapport à,
ceux dont U est parlé dans ce Chapitre , & dans
toute cette Prophétie. Ce n'est donc pas icy le Fils"
del'homme; c'est un Ange qui doit fraper, & .cc
coup ne dok pas estre si rude que le premier,
encore qu'on y aille voir beaucoup de sang réparti-
du.
1 8 . Encore m autre quiavoìtpouvoirfut le feu , qui
allume les guerres , & qui excite l'ardeur des com
bats. II fort d'auprés de l'autel où estoient les char
bons aidens , sup. v i i j . 5 . Et vendangez les raisins . . .
Ce pourroit estre une autre peinture de la mefme
action , comme cy- dellus , 1 4. dans Joël , si un
autre éxécuteur & un autre ordre que nous voyons
iey paroistre ne nous montroit auflìune autre ac
tion. >
10.. Et la cuvefutfoulée hors de la ville. Tantost
laviNe (e prend pour tout l'Empire Romain , & tan
tost pour Rome mesine fans y comprendre son Em
pire, X V/'/. 9. 1 8,. J'entends icy Attila , qui rava
geant l'Italie & beaucoup d'autres Provinces , épar^
gna Rome par respect pour Saint Léon.
Lesang , . . jusqu'aux brides des chevaux par l 'espa
ce demiuefìx cens flades , c'est environ (oixante sept
lieuës communes: exagération qui représente la
grande quantité de sang répandu , &l'étenduë des
pais ravagezjce qui convient parfaitement au tem ps
d'Attila. Voilà donc icy deux grands fléaux dont
Rome est frapée comme coup fur coup : le premier
& le plus rude fur elle-mefme , & il fait tomber son
Empire sous Alaric en l'au 410. Le second , dans les
Provinces , où elle fut épargnée ; mais tout le reste
de l'Occident nageoit dans le sang sous Attila dans
csannées45i.&4<i. v
H j. CHA
174

CHAPITRE XV.
Lè séjour des bienheureux d'où sortent
sept (singessortant lessept dernieres pkyes , (T les
sept coupes pleines de U colère ae Dieu.
- Çr. I.. 1 E vis dans lc Ciel un autre prodise grand &
. J merveilleux , íèpe Anges portant les sept der
nieres playes , par lesquelles la colère de Dieu est
arrivée â ía fin.
i. Et je vis comme une mer claire à la maniéré
do verre , mestée defeu , & ceux qui avoient vaincu
tk&fnn labeste ,&sonimage , a & le nombre de íòn nom,
(ataSèrt cjui estoient debout íùr cette mer claire comme du
verre , tenant des harpes de Dieu.
Etilschantoient le cantique de Moïse servi
teur de Dieu, & le cantique de l'Agneau , en di-
, sant: Vos ouvrages sont grands & admirables, ô
bê Rtydes Seigneur Dieu tout-puissant ! b ô Roy des siécles »,
sMntt fos voyes font justes & véritables ! -,
4. Qui ne vous craindra, ô Seigneur , & qui ne
c s^ìnt. glorifiera vostre nom ? car vous seul estes * milè'ri-
y»!g Pius. cordieux ; & toutes les natious viendront , & se pro^
sterneronten vostre préseuce , faroe que vos ju-
gemens se font manifestez.
^. Apre'scelaje regarday, & je vis que le tem
ple du tabernacle du témoignage s'ouvrit dans le
Ciel.
6- Et sept Anges sortirent du temple, portant
à & tcU~ sept playes: ils estoient vestus d'un lin net d &
Mot blanc , Sc ceints fur la poitrine de ceintures
d'or.
7. Alors un des quatre animaux donna aux
sept Anges íept coupes d'or pleines de ta co
lère de Dieu qui vit dans les siécles des sié
cles.
8 . Et le temple fut rempli de fumée , à cause de
la
C Hs-AiP I T R E X. Xi ïfj
la majesté & de la puissance de Diea ; Sç nul ne
pouvait entrer dans le temple , josqu'à ce que
les sept playes des sept Anges fussent accom
plies, i,
B.X P L I C A T í O M
du Chapitre JsK.x
Terrible préparation de la vengeance
divine.
i> Sffin't ^.unauirtpradige. Nous avançons dans'
. y la Prophétie > & le gtand secm-de la destinée
deRomeíè va révéler. SaintJean nous en va
marquer tous les progrès. , & íépreíentçr plus en
dérail çequ'ilenà dit en général. Ce chapitre pré
pare l 'esprit , & le. suivant c^romeuc» i'éxécu-
tion.
Les sept dernièresplayes: Les grandes calatftUez ,
par oùl'Empire Romain fut, enfin eotraisué dans fa:
mine. Oh les va voir commencer fous ('Empire de;
Valérie!»: un-de$$htt rudes pour l'Sglife." ;. $c on
voir; juítjjj'.oà on, doit, çor.ter le. sontre»-
foup. ^,ÍK. ;
v -ti^Etje vii otnme «w mer claire à ta, inanjére du
verre. Ilmefleicy , filon ía coutume , aux tristes
idées de la vengeance divine le ípéctacle agréable de
la gloire, des Martyrs, ■ ,t ..*..!--• j
Vne nm cimei..^. méfiée de feu. Le peuple- saint'
parfaitement: pur,,i & emhcafé de l'«t»our de
Dieu. . !.. ! : •: • : , i r, .
.-, Jw. Et ils chateientleCantique de Moise. Le Can
tique d'action de grâces aprés le passage de la mer
rouge convient parfaitement aux Martyrs aprés leur
íàng répandu. Et Ir cantique de t^Jgneau. Ou peut ,
icy entendre deux Cantiques , ou dire qne c'est,
le mefme composé à /.'imitation de celuy de
Moïse. •.!:.'•.;;. , ; :\ . . .
»7* L'APÒCALYPS E.
4. Tentes les nations viendront .... parce que vos-
jugemens se font manifestez. On voit que Dieu fait
connoistre aux saintes araes ce qu'il médite pour
le chastïment de ses- ennemis & pour la gloire de
* son Eglise , afin de donner encore cette matière
aux- louanges perpétuelles qu'elles rendent á fou
4aint Nom.
5 . Etje vis que le Temple du tabernacle du témoignage
s'ouvrit dans le Ciel. C'est une chose admirable de
voir comme toutes les figures de l'ancien Testa
ment sont relevées dans- cette Prophétie. Nous
avons veû dans le Ciel l'Arche d'aliance , x j. 9.
Icy nous voyons ensemble sous lamesmeidée , íe
le temple & le tabernacle du témoignage: ce ta
bernacle estoit comme un temple portatifque Moï
se fit construire dans le désert , Exod. xxvj. St sur le*
quel' Salomon bastit son Temple ; & touc cela
maintenant figure le Ciel où Dieu réside en íà
jjloire.
Le Temple . . . s'ouvrit danì le Ciel : Pour lais
ser sortir les sept Anges , dont on va parler au verset
suivant.
6. £tfepttsinges sortirent: Vòicy un grand appa
reil , & tout nous prépare à quelque chose de
grand. •
7. Vn des quatre animaux donna aux sept ^Angcs
sept coupes d'or : On voit toûjours ces quatre ani
maux intervenir dans lès grands endroits où Dieu
révèle ses secrets. Ce sont eux , qui à l'ouverture de*
sceaux font approcher Saint Jean , Sc l'avertiíTent de
se rendre attentif: ils veulent dire par là, comme
on a veû , qu'il faut tout entendre selon l'Evan-
gile. Icy , dans un dessein à peu prés semblable ,
l'un des animaux distribue à chacun des Anges les
coupes d'or où font les playes , afin qu'on voycque
c'est encore selon l'Evangile & selon les régies qui
nous y sont révélées , que ì^ieu fait éxécuter ses
vengeances par fes Anges.. \
Sept coupes d'or , ou sept phioles : Les phioles ,
.- selon
, CHAPITRE XVI. i7r
selon le Grec , sont une eípéce de tasse bù l'on
beuvoit.
Pleines de U colère de Dieu. On voit dans Isaïe ,
queles pécheurs que Dieu punit ', boivent la coupe de
la colère de Dieu , O" íavalent jusqu'à Lt lie. II. 5 1.
17. On voit aussi , Pf. lxxiv. 9. que Dieu a uni
couse à la main, dont il verse deçà ÇS delà. La vision
de Saint Jean est conforme á cette derniere idéeí
il faut se représenter ces coupes ou ces phiolesdes
Anges comme pleines d'une liqueur consumante ,
& d'une telle vertu , que toute la nature en est
émue*. Nous n'avons pas veû encore la côle're dé
Dieu rendue plus sensible , & ni les sceaux , ni
lestrompettes n'avoient rien de si terrible ; caria
vengeance divine va estre immédiatement appli
quée , & comme répandue fur les objets de la co
lère de Dieu.
8. Et le Temple fut rempli de fumée. C'est l'im-
pression de la majesté de Dieu > comme à la dédi
cace du Temple de Salomon , t, Paralip. V.
*3- H-
Et nul nepouvoit entrer dans le Temple , jusqu'à ci
que les fépt playr,t fussent accomplies. Pendant que
Dieu frape , on prend la fuite , & on se cache
plûtost que d'entrer dans le lieu d'où partent les
coups. Quand il a achevé de lancer ses fléaux, on
entre en tremblant dans son sanctuaire , pour y con
sidérer Tordre de ses jugemens»

CHAPITRE XVI.
Les sept coftp.es versies , tjr lis sep
playest
x. TJ T j'entendis une voix forte qui sortit dû
Jj, Temple , & qui dît aux sept Angez : Allez ,
& répandez fur la terre les sept coupes de la
colère de Dieu,
A Jí *i Le
i78> . l-;a p o e a l y p s e.
Gr. 1. Le premier Ange partit , & répandit ía coupe
sur la terre ;& les hommes qui avoientle caractè
re de la beste , & ceux qui adoroient son image ,
furent frapez d'une a playe maligne & dange
reuse.
j. Lesecond Ange répandit sacoupe sur la mer,.
Scelle devint comme le sang d'un mort; & tout ce
qui avoit vie dans la mer mourut.
4. Le troisième Ange répandit fa coupe fur les
fleuves & fur les fontaines , & ce fut par tout
du sang.
5. Et j'entendis l'Ange qui a pouvoir íùr les
eaux, qui dit : Vous estes juste , Seigneur, qui
estes ,& qui avez esté ; vous estesSaint, lors que
vous rendez de tels jugemens.
6. Parce qu'ils ont répandu le íàng des Saints &
des Prophètes , vous leur avez aussi donné du sang
á boire : car ils en sent dignes.
7. En mefme temps j'en, entendis un autre qui
disoit de l'Autel : Ouï , Seigneur Dieu tout-
puissant , vosjugemens sont justes & véritables.
8. Le quatrième Ange répandit fa coupe fur le
soleil,- & il Iuy fut donné de tourmenter les hom
mes par l'ardeUr du feu.
9. Etles hommes furent brûlez d'une chaleuí
dévorante, & ils blasphémèrent le nom de Dieir
qui tient ces playes en son pouvoir , & ils ne firent
point pénitence pour iuy donner gloire.
10. Le cinquième Ange répandit íà coupe fur le
trône de la beste , & son Royaume devint téné
breux , & les hommes se mordirent la langue dans
leur douleur.
11. Ils blasphémèrent le Dieu du Ciel , à cause
de leurs douleurs & de leurs playes , & ils ne firent
point pénitence de leurs œuvres.
1 1. Le sixième Ange répandit fa coupe fur ce
stand, fleuve d'Euphrate ; 3ç lès eaux furent
léchées pour ouvrir un chemin aux Rois d'O
rient..
ll, Et-
C HAPITRE X Vi: . ijy
j). Et je vis sortit de la bouçhe du dragon. , dé GrV-
1* bouche de la beste 5 & de la bouche du faux '
Prophe'te , trois esprits impurs semblables à des,,,
grenouilles. • Y * J - -' ■ -• . •
ia. Ce soin les esprits des démoqs , qui font
des prodiges > & qui vont vers les Rois de toute la
terre pour lés assémbkr au combat b , au grand bdtee
jour duDieu tout-puissant, grand jour
"15. Je viens comme un larron. Heureux celuy
qui veille , &,qui garde ses vestemens, de peur
qu'il ne marche nud , & qu'il ne découvre fa
honte V :- • • '
\6. Erilles assemblera au lieu, qui en Hébreu Etil' >"
s'appeHeArmagedon. "întt'^
17. Lescptjçrríe Ange répandu fa coupe dans píûíien
l'air , & une Voix forte se fit entendre du Temple , le rappn-
ycnant du trône , qui dît;C'en est fait. *mt aux
1 $ . Au/Rtoift il tè fit des éclairs , des Bruits , & 'st""'- ta.
dés tonnerres , & un grand temblementde terre; & "«K"*'
cerremblementfutsiírand, que jamais les heim- •*"*■
mes n'en out reflénti de pareil depuis qu'ils sont fur '
Ja terre. ' , *"
19.' Et îa grande çité sot divisée en trois parties ,
& les villès des nations tombèrent; & Dieu se reílou-
vient de la grande Babylone ,pour luy donner à boi
re le vin deTindignation de ía colère.
l 'ao; Toutesiles isles s'enfuirent,& les montagnes
disparurent. ; " ::
11. Et une grande grefle , comme du poids d'un
talent , tomba ati GieHur ses hommes ; & les hom
mes blasphémèrent Dieu à cause de la playe-
de la grefle, parce que cette playe estoit tres-gran-,
de; '
ilo l* A P O C A L Y P S E.
EXPLICATION
du Chapitre XVI.
Les calamite*, de PEmpire de Paierie»*.
Les Rois d' Orient vainqueurs , & les batailles fu
nestes aux Empereurs Romains. La chute de ì\ome.
proposée engros. Oécommie de ce chasUre; son raf -
fort avec le chap. 1 X. depuis /í y. 1 4.
i. ETj'entendis une grandèvoix. Saint Jean, aprés
. avoir proposé cornme.cn gros lachute de Ro
me , lava expliquer plus en détail scois des.
images plus claires: c'est ce qui paroisttabientost
dans les chapitres X V I I. & X V III. Pour com
mencer icy a en espliquer les causes , il reprend les
choses de plus haut, & revient au commencement
du second Vie dont il a parlé chapitre IX. 14. Mais
icy, il nous en apprend des particularisez remar
quables, & nous, montre mieux.le rapport qu'if
a avec la chute de Rome. Vne grande voix quisortit
duTempte : La voix qui forticyduTemple Gins qu'il' -
j paroisse aucun ministère desAnges , est de celles
qui marquent un ordre venu plus immédiatement
de Dieu mesme, selon la remarque du cháp: I.v*io*
Qnçaenrendra une semblable y. 17. & il faudra
bienprendre garde à ce qu'elle dira. Vnegrande Voix
qui sortit du Temple, & qui dit auxsept tAnges: Re
marquez icy soigneusement que l'.ordre vient en.
mesme temps à tous les sept Anges ; de • sorte Qu'il
faut entendre quils versèrent leurs coupes ensemble,
à peuprés dans le mesme temps, & comme coup
sur coup. Lors que l'Agncauouvre les sceaux , òu
ks luy voitouvrir mccemvement ; & àchacuue des
quatre premières ouvertures, un des animaux aver-
' tit Saint Jean de regarder, vj. 1. y. 5. 7. Ou ne voit
pas moins clairement dans les Trompettes que les
sept Anges en sonnent l'un aprés l'autre: les trois
CHAPITRE XVI. , lír.
Y& qui sont réservez pour les trois dernieres Trom
pettes, viennent avec une manifeste succession ,
viij.i^.ìx. 1t.xj.14. & un Auge jure expresse"--
ment qu'au temps de la septième Trom pette se my
stère de Dieu s'accompliroit , x. 7. Lasoccession
nous est donc tres-distinctement marquée dans tous
ces endroits-. On ne voit rien de semblable dans ce
chapitre Xfl. niàl'effuíion des sept coupes: au
contraire, on n'entend qu'une seule voix pour les
sept Anges : Tordre part en meíme temps pour tous;
& k Saint Eíprjt.qui veut qu'on apporte une atten
tion extrême dans la contemplation de ses mystè
res , nous avertit par là que ces sept playes regar
dent un certain temps fort court où Dieu devoit fai
re sentir tous ses fléaux à la fois. Cèt état effroyable
où tous les maux se rassemblent est TEmpire de
Gallien , incontinent après que l'Empcreut Va-
Jérieneûtestéprisparletíer Sapor Roy de Perse ;
car c'est alors que Dieu irrité des violences qu'on
faisoit souffrir à son Eglise depuis plus de deux cens
ans , marqua (a juste colère par. deux effets mer
veilleux : l'un , en faiíànt fondre ensemble ínr
TEmpire Romain tout ce qu'on peut endurer de
calamitez íàns périr tout-â-fait ; l'autre , ealeseu-
TOyant incontinent après la persécution , & en chan
geant tout- à-coup l'état le plus heureux du monde
au plus triste &.auplus insupportable, comme la fui
te le sera paroistre-
x. Lepremier e^Mg? par/fí. L'òtdre venu de Dieu-
ne regardent pas plus ce premier Ange que les au
tres, comme on aveu y. 1. Comme donc il partit
en mesme temps que Tordre vint , il faut entendre
que les six autres en firent autant , & allèrent cou*
verser leurs phioles ou leurs coupes , l'un d'un ca
ste , l'autre d'un autre , suivant que la justice divine
les avoit distribuez:de sorte que siSaint Jean nous les
geint l'un après l'autre , ce n'est qu'à cause qu'on ne,
peut pas tout dire à la fois,
&meçlaye maligne O4 dangereuse. Les- Interprér
H 7 n*
t%% X" APOCALYPSE,
tes entendent icy le charbon & la tumeur de la pes
te ; & c'est; aussi ee qui arriva du temps de Valérien,
comme on va voir. > ■
Et les hommes qui avoient le caractère de la befle, &'
ceux qui adoraient fan image. Nous avons dèja parle*
de ce caractère de l'idolatrie Romaine qui coníistok
à adorer les Empereurs & les images , & nous en a-
vonsveû la pratique dès les premiers Empereurs-
Romains, & en particulier fous le règne deVald-
rien, xiij. 11.
íei hommes qui avaient le caraâére de laheffe, &
ceux qui adoraientson image furentfrapez. Pourquoy-
ceux-cy en particulier l est-ce que les Chreftìens. fo
rent éxempts de cette piaye ? Une admirable Let-
tre où Saint Denys d'Ale'xandrie , Auteur du temps>-.
nous représente cecte peste, nous va- expliquer ce
mystère d une manière á ne nous laisser aucun doute:
e/tprés la perjecution , nauseufmes, dit-il, la guerre
& lafamine, & ces maux nousfurent communs avec
kl Vassens : mais lors que tous en/emblenous eu/mesgoû
té un feu de repos , certegrande pefle vint tout à-coup >
&futpour eux leptus extrême Ò~ leplus terrible de fous
les maux: maispour nous , nous laregtrdafmes ptíttoft
comme umreméde ou comme une épreuve que comme une
■playc-, car encare qu'elleattaquas davantage les Gen
tils, nous n'enfufmes pas éxemtps. Saint Denys ra
conte ensuite , comme pendant que les Gentils chas-
ïòient jusqu'à leurs amis & à leurs parens , les Chre-
ftiensau contraire secouraient jusqu'aux plusindif-
ferens , & gagnoieut le mal en assistant les malades.
Par où nous apprenons trois choses , qui semblent
faites pour expliquer ce passage de l'Apocalypse : la
première , que par unebontéparticulie're de Dien ,
la peste épargna les Chrestiens plus que les autres- i-
la seconde, que s'ils en souffrirent, ce fut plûtost
en assistant ceux qíii estoient frapezde ce mal ,
qu'en estant diréctemeut frapez eux-mesmcs: la
troisième , qu'ils le regardoient , non pas comme
nn stéatideJDieu , maiî comme une matière d'éxer-
' l" cei
CHAPITRE XVI. 18}
aer leur charité & leur patience. Saint Cyprien qui
écmoit dans le mesinc temps , remarqueîòigneu-
sement ce dernier point > Cyp.demortat. Et on voie
clairement par ces paflages toutes les raisons que
Saint Jean avoit de regarder cette peste comme en-
Toyée principalement aux infidèles.
- Cette peste est sens doute celle qui avoit comment
cé à ravager tout l'uuivcts quelques années aupara
vant , & dés le temps de la persécution de Gallus &
de Volusien : mais elle reprenoit de temps en temps
de nouvelles forces , & Zozime a remarqué qu'çjle
fut aprés la prise de Valérien , & sous son fils Gal-
lien , la plus grande , comme la plus universelle
qu'on eust jamais veûë, ZoK.lib.i. Tieb.Pall. in
Gallien.
5 . Le second e^énge. ... sur la mer. C'est les guer
res dans tout le corps del'Empire ; & l'on voit toute
la mer changée ensang, parce que tout nage dans le
sang par tout l'Empire. Comme le sang d'un cerfs
mort: Cette parole explique encore plus vivement le
déplorable état de l'Empire , lors que destitué de
l'autoritéquienest l'ame , il semble n'eítre plu»
qu'un grand cadavre.
4. Z.etroisième ^Ànge . . . . sur lesstewbes. Le*
fleuves changez en sang, font les Provinces ensan
glantées de guerres civiles. Saint Denys d'Alexan
drie nous représentedans se ville des fleuves de íang j
c'est que le Préfet Emylien s'y fir tyran. 11 s'en
éleva trente autres en divers endroits , & trente ba
tailles ne suffirent pas pour les détruire, Dion. ^ílix.
ap. Euseh. vij.n. Tret. PdL in xxx. tyr.
5. Etj'entendis ïcyinge. . .. Vous estes jufie , Sei-
fneur-.... On voiticy quelesjugemens que Dieu
xercefutlaterrefontle sujet des louanges que luy
donnent les citoyens du Ciel ,
6. Parce qu'ils ont répandu lesang des Saints. On se
rassasie du sang dont 011 est avide , principalement
dans les guerres civiles , où chacun semble boire le
iang de les citoyens. .....
7> J>'
i«4 . V A P O C A L Y P S E.
.7. f'en entendis un autre qui disoit. . . Oui, Sei
gneur. . . Remarquez icy le consentement des Anges
a Ioûe't Dieu > & une maniéré admirable d'incul
quer la ve'rité.
* t. Le quatrième e^énge. . . . furie Soleil. . . . par
l'ardeur du feu. . . Pour lignifier les chaleurs excessi
ves , la séchereísc , & en fuite la famine. On voit
dans St. Denys d'Aléxandrie le Nil comme dessé
ché par des chaleurs brûlantes. Saint Cyprien , dans
le meíme temps , nous représente la famiue dont le
monde fut souvent affligé , ad Demetr.
9. Etilsblabhémtrentlemmde Dieu. Au lieu de
se convertir , les idolâtres rejettoient tous ces maux:
íùr les Chrestiens , Çyp. Aid. C'estoit-là le plus
grand ma! de la pl aye, que les hommes , loin d'en
profiter , selon le dessein de Dieu , s'endurcifloient
davantage ; ce qui paroist encore mieux
10. 11.
10. Le cinquième lAnge. . . . fur ie trâne de la befir.
La beste , c'est , comme on a veû > Rome idolâtre :
le fléau de Dieu far le trône de la beste , c'est la
grandeur & la majesté des Empereurs ravilie ; ce
qui arriva lors que Valérien vaincu > & devenu es
clave des Perses , servit à leur Roy de marchepied
pour monter à cheval ; lots qu'aprés fa mort, Í*
peau arrachée de dessus son corps fut pendue,
dans leur Temple comme un monument éternel
d'une si belle victoire -, lorsque malgré toutes ces
indignitez qu'on fit souffrir à un si grand-Prince , la
majesté de l'Empire estoit encore plus deshonorée
par la molesse &.l'insensibilité dcíonlils Gallien ,.
Lad. de mort. 5. &c.
Etson Royaume devint ténébreux : La dignité de
l'Empereur fut avilie par le grand nombre de ceux
qui se l'attribuérent. Ou en compta jufqu'àtrente ,
& parmi eux beaucoup de gens de néant. A la honte
du nom Romain , des femmes mefmes usurpèrent
la domination : le Sénat honteux s'écrioit , Delivrez-
nous de Victoire £2 de Zénobie ; & quelqu; («eiEf»
que
CHAPITRE XVI. iS5
que fussent les autres maux , l'opprobre les pafloic
tous, Trebell. Poil. inVal.Gall. )0. tyr. &c. C'est
ce qu'on appelle un Royaume , ou un règne ténébreux ,
& la majesté' obscurcie. Tel est le coup que récent
Romeíòus Vale'rien incontinent apre's íaperíècu-
tion.Le contre-coup fut encore plus funeste: car nous
avons veû que c'est alors proprement que commen
ça l'inondation des Barbares. Pour résister á tant
d'ennemis, il fallut, íbus Dioclétien , multiplier
les Empcreurs&lcsCéíàrs. Ainsi le nom de Ce'íàr
estavili, lafoiblefle de l'Empire montrée, en ce
qu'un seul Prince ue suffisoit pas pour le défendre ;
lescharges publiques augmentées pour fournir aux
dépenses immenses de tant d'Empereurs , Lad. de
mort. 7. Dioclétien accoutumé aux Astéries des
Orientaux, fuit Rome, & craint la liberté de ses
citoyens,là-mesme 1 7. Galère Maximien se met dans
Peípnt de transporter l' Empire en Dacie , d'où ce
Barbare estoit sorti , là-mejmexxvij. Voilà les maux
qui vinrent à l'Empire , & dont la première cause
commença dans le règne de Valéricn. Voilf les de-
grez par où il devoittomber dans ía dernière ruine.
Remarquez que dans ee régne ténébreux , Saint
Jean regarde les ténèbres de l'Egypte , Exad.
X. íi.
11. Ils blasphémèrent le Dieu du Ciel. Les blasphè
mes augmentèrent avec les maux qu'on imputoit
aux.Chrestiens , comme on a veû.
ìx. Le sixième triage . . .sur ce grand fleuve d'Eu-
fbrdte, Ò"ses eauxfurentfechées: Dcslecher les ri
vières , dans le style Prophétique , c'est en ouvrir
le passage ,If. Xf. 15. i«. Zacb. x.n. Pour ouvrir un
chemin aux Rois d' Orient Au Roy de Perse, & aux
autresRoisquilesuivoientàla guerre, Treí. Poil.
C'est delà que nous avons veû que devoir venir la
ruine de l'Empire ; & cette sixième playe íê rapporte
á la sixième Trompette cy-dessusj'x. 14.
ij. Etje vissortir de la bouche du dragon ... Re
marquez que le dragon çstoit toujours demeuré au
lieu
18* V A P O Ci A; L, Y P S E.
lieu où Saint Jean l'avoit veû , comme il a dejaesté
dit xi}, 1 7. xi'i/. 4. 8c non- seulement le dragon ,mais
encore la beste & le faux prophète qui avoieat patu
au mesme chapitre xí/'j. \. 11. j
De la bouche du faux prophète : C'est la second?
beste du chap. xiìj, u, où le mot de beste nous fait
voir que c'est une espèce d' Empire , Si ijont )[>as un
homme particulier. La remarque en a deja esté
faite , là mesme. .
Trois esprits impurs semblables 4 des grenouilles.
C'est-à-dire , qu'il en sortit un de la bouche du dra
gon, un de la bouche de la belle, &uu de la bou
che du faux prophète : ce qui nous marque trois
temps , dont le premier est celuy de Valérien que ce
chapitre regarde principalement. Semblables4 des
grenouilles : On remarque dans ces grenouilles quel
que idée d'une des playes de l'Egypte.
14. Cefont les esprits des démons quifont desprodiges;
c'est-à-dire, manifestement les Devins & les Ma
giciens qui animoientks Princes contre les Chre-
stiens,»par des prestiges & de faux oracles, fie les
cngageoient à entreprendre des guerres, en leur pro
mettant la victoire > pourveû qu'ils persécutassent
l'Eglisc. Saint Jean nousapprend Lcy une mémora
ble particularité du (econd , auquel il remont*-
cn ce lieu : c'est que les démons y agi ssent d'dne.ma-
niére terrible ; ce que Saiut Jean n'en avoit point dit,
lors qu'il en a parlé la première fois' IX. ix. 1 5 . &
subi. Mais c'est qu'il importoit de faire voir l'opé-
ration du démon dans ce V* comme dans les autres,
ainsi qu'il fera remarqué , aprés qu'on aura rour
veû, fie dans un lieu plus propre à le faire enten
dre. ., v> :■. < .' t
Et qui -vont -vers les ì\ais de toute la terre. Remar
quez que ces esprits impursagissoient également fur
tous les Rois de la terre , fit pour ainsi parler dans
toutes les cours. Je trouve trois temps rcmarqua-
blcsoù s'accomplit cette Prophétie. Premièrement,
íòus Valérien , dont il s'agit principalement dans ce
chapi-
CHAPITRE XV I. tt?
chapitre. Saint Denys d'Alexandrie fait mention
d'un chefdes Magiciens , qui incita ce Prince à per
sécuter les fidèles, comme si tout devoir bien réus
sir, pourveû qu'on les persécutait , Eus. FIL 9.
Cétespritimpurqui trompa Vale'rien sortit de la
bouche du dr;
toures les períecuuons. Secondement , dans le
térops de la persécution de Diocletien , un Tagés ,
ou quel que soit celuy que Lactancc nous a voulu
lignifier par ce nom : quoy qu'il en soit , un chefdes
devins de Diocle'tien se servoit des divinations pour
^irriter contre les fidèles , La£ì. de mort. 1 o. inffit.
i v. 17. Le meíme Prince envoya un devin , qui luy
rapporta un oracle d'Apollon pour persécuter les-
Chrestiens, de mort. n. Et dans la mesme persé
cution , sous Maximin , un Théotécnus érigea utie
idole de Jupiter qui préside aux amittez , & fit par set
faux miracles SS lesfaux oracles qui s'y rendoient , que
Maximinfut animécontre les Qbrefliens , l'asfeûrant que
kVitu commandoit qu'il les exterminafi , Euí.'ix. t. }.
Cét esprit sortit de la bouche de la beste,qui comme,
nousavons veû , représente bien en général l'Enr-
pire Romain,mois plus particulièrement íous Dio
ctétien. Enfin, en troisième lieu , Julien avait à
fa íuire danslesguerres contre les-Perses & toujours,
un nombre infini de devins , & entre autres son
magicien Maxime, dont Ennapios luy- mesme nous
fait voir les tromperies, ìnMax.O'Ckrys. C'estoit
les Perses , ensorre que les Chrestiens s'écrioient
aprés ía perte Oú sont maintenant tes prophéties , ô
Maxime'. Theod 1 u. cap. ult. Cét esprit sortit de
la bouche du faux prophète, c'ell- à-diie , de la
seconde befte , ou de la Philosophie magicienne ,
dont le crédit éclata plus particulièrement sous Ju^
lien, comme il aesté dit XIII. 11. & suirv. Au
relie, il n'y a nul inconvénient , qu'à l'occasion de
ce que Saint Jean voit arriver sous Valérien , le Saint
Esprit luy fasse voir encore des choses sembla-
bies.
m Lr A .P Ò C A L Y P S È.
bles qui dévoient suivre dans les autres rè
gnes. ' •
Si les Empereurs Romains avoient leurs séduc
teurs , les Perses dont les Mages ont donne' le nom'
aux Magiciens , ne manquoient pas de leur Costé
de Devins qui les excitoient en mesine temps á la
guerre contre les Romains , & à là persécution des
ftdeles.Sozomene raconte que lesMages ne cessorent
d'aigrir le Roy de Perse contre lesChrestiens, &
que ce fut ce qui excita la persécution en perse du
temps de Constantin , So^.ll.9. 10. 11. ii. 15.
11 ne faut pas douter- qu'il n'en íoit arrivé autant
dans les autres temps;: mais nous n'avons pas l'hi-
stoire de cette nation. II ne faut nullement douter
qu'il n'y eust des Chrcstiens en Perse , où l'Evangile
rut porté par les Apostres dés-Ie com mencement du
Chrestianisine , ni qu'ils ne s'y soient comme ail
leurs multipliez par le martyre, ni qu'ils ne se so
ient attirez là , comme partout ailleurs, la haine
des Devins 3c des Prestres des faux dieux , dont
ils venoient détruire l'empirc. Quelques-uns veu
lent que par les trois esprits impurs,011 entende trois
espèces de divinations- , par lesoiseaux , par les en
trailles , par ra magie r ou trois manières de trom
per les hommes , par les faux oracles , par les faux
miracles , par les faux raisonnemens, à quoy je ne
m'oppose pas : mais : je préfère à tout cela trois dé
mous, qui en ttois temps différens font sentir aux
Chrestiens leur malignité par des divinations impies.
tsfitgrand jour de Dieu : Au jour du grand combat
dont il va estre parlé 1 á,
1 5. Je viens comme un larron: C'est Jésus- Christ
qui) parle, conformémenr á la Parabole où' il se
compare à Un voleur qui surprend le pcre de famil
le , Mm. xxi\>. 45 . Cette parole se doit entendre
non-seulement de l 'heure de la mort , mais encore
áe tous mal heurs publics , qui ptesque tous surpren
nent les hommes ; & du dernier jugement , dont
tous les malheurs publics sont des avant- coureurs &
desimages. / \6. Et.
CHAPITRE XVI. 189
1.6. Et Met assemblerait Gr.Etilht assembla. II
réimporte, puis que les Prophètes voyeut íòuvent
le futur comme passé , pour marquer la certitude de
Jeur prédiction.
Us les assemblera : Ce sont les Rois que le dragon
assemblera par les esprits impurs qui sortiront de sa
gueule., 13.14.
Julien qui en Httrcit s'appelle ^Armageàon: Ar-
mageddon, par deux dd, dans le Grec, félonies
Septante dont les Apostrcs suivent ordinairement la
leçon , & selon l'étymoîogiedece nom qui est Hé
breu , c'est- â- dire , la montagne de Mageddon.
tyiu lieu qui s'appelle t^irmagedon , c'est-à-dire au
lieu oú les grandes armées sont défaites , au lieu où
les Rois périssent. Siíara& les Rois de Canaan sont
tàillez en piéces en Mageddon , Juà. ìv. 7. 16. jf.
19. Ocholìas Roy dejuday périt, 4. Reg- ix. zi.
Etjosiasesttuédanslemelmelieupar Nécao Roy
d'Egypte, 4. Hfg. xxiij. zj. 11 veut donc direque les
Empereurs seront menez parleurs devins dans des
guerres où ils périront, & que leur perte lèra suivie
3'une désolation publique.semblable à celle qui arri
va á Mageddon lors que lofias y férit,Zachar.xif .11.
Ce passage de Zacharie fait voir que ce lieu , dans le
style prophétique, est l'image des grandes douleurs.
Cette Prophétie s'accomplit lors que Valérien fut
taillé en pi&es par les Perses , pris dans la bataille,
8c écorché , comme on a veq , aprés avoir souffert
toute sorte d'indignîtez. Les Perles enflez de cetw
victoires'acharnérent de plus en plus contré les Ro
mains , fur lesquels ils gagnèrent plusieurs batailles,
& entre autres celle contre Julien , où cét Empereur
fut encore taillé en piéces , & mé , & l 'Em pire éter
nellement flestri par ces deux pertes. Nous avons
parlé des maux qui suivirent la défaire de Valérien :
celle de Julien fut encore plus funeste, puis que par
une paix honteuíè il fallut abandonner aux Barbares
beaucoup de tetres de l'Empire, comme tous les Hi-
11oíiens k témoignant d'un commun accord.
i9o l'AÏOCALY P S E.
Voilàdonc deux Empereurs tuè'z par les Perses ,
■comme il y avoit eû deux Rois de Juda tuez eu Ma-
geddon.ll n'est pas icy question de comparer les per
sonnes avec les personnes , mais les eVénemcns avec
les événemens , & les suites avec les íuites. Au reste,
il nc faut pas icy s'imaginer , comme font quel
ques Protestans, des combats des fidèles contre
Jes infidèles, puis que les Rois dont párle Saint Jean
íònt également menez au combat par les esprits
im purs ) 14. 16.
0n ne doit pas s'étonner si le Saint Esprit fait
pasièr Saint Jean du temps de Vale'rien àceux de Ju
lien qui en font si loin : ii-ell ordinaire aux Prophè
tes d'estre transportez d'un objet à un autre, pont
montrer de secrets rapport dans les événemens qu'ils
racontent. 11 y en a un aílez grand eutre la défaite
«le Valt'rien & celle de Julien , puis qu'elles arri
vent toutes deux contre les mefines ennemis : tou
tes Jeux pour punir & arrester les persécutions de
4'Eglise , & toutes deux pour amener Rome à se.
«hute irréparable. Mais il faut toujours Temarquer
la coupe versee, c'est à- dire la playe commencée
sous Valérie» , qui est le temps dont Saint Jean est
occupe dans tout ce chapitre.
17. Le septième jingerépándit sa coupe déns l'-a'rt ,
©ù il se fit une commotion universelle. Ce-doit estre
la plus grande playe, celle dont le bruit auffi-bien
<fuel'efrèt s'étende le plus loin. C'est de l'air que
fartent les foudres 5 c'est-là que se forment- les
tourbillons & les tempestes : icy tout Pair est agit*',
& toute la terre est émuë. C'est ce qui fut accompli,
lors qu'à la prise de Valérieu , toutes les nations
barbares répandues dans l'Empireen ébranlèrent les
fondemens , & portèrent lecoup , dont á la fin il fut
renversé: c'est pourquoy :
Vnevoixfortefefil: entendre du Temple venant du trô
ne , quidtt : C'en eflfait : Les Gots destinez de Diett
pour détruire l'Empire Romain , y íont entrez à la
teste de tous les Barbares: c'est ce qui attiva íous
Vale-
CHAPITRE XVI. jji
"Valdrietj, comme on a^cû, JSftjî. abrégée, ». 9.
Le Saint Esprit qni voit-les effets dans les causes , fle
tout le progre's du mal de's son commence
ment , ,£ronònce , C'en ejì fait ; Rome cít per
due'.
■ it. llsejfhdes&lairs\ desbruits ,£5" des tonnerres,
& ungrand tremblement de terre: Tout cela est l'ef-
fét d'une commotion universelle de l'air & mar
que aulfi une grande & universelle commotion dans
ks esprits , & un grand ■changement dans l'uni-
Vers. '" _*
"' 19; Lagrande citéfut divisée en trois parties. Nous
voilà par la fuite des choses transportez du temps de
Vàlírreri à celuy de la chute de Rome. C'est au pied
dela lettre que ('Empire d'Occident fut alors divise
en trois , Honorìus à Ravenne , Attalus â Rome ,
Constantin dans les "Gaules , Ores. -vif. 40. 41. Zox.
*. vj.Quoy-qu'ilne faille pas toujours s'attacher
Fcrupureufernent auxnombres pre'cis , il ne les faut
pas refuser quand ils se présentent , & fur tout
quand ils Font, comme icy, un caractère da
temps. ' '• •
ît les villes des nations tombèrent. Les'Gots prirent
phífieurs places ; les Provinces de l'Empire furent
en proye , les Gaules , les Espagnes , la Grande Bre
tagne , St Ies'autrcs.
- Dieu se ressouvint de h grande Sabyhnt. En
-ce rhefnte ternps Rome fot prrse par Alaric.
zo. Touteshes Mes s'enfuirent , & lesmontagnés
disparurent: Tout le monde ftmbloit aller en mine.
C est âirrficjue les Prophètes nous représentent la
..Chute des grands Empires, Ezech.Tcxvj. 15. iS.Les
Islesferont ébranlées , on les verra s'émouvoir dans le mi-
ïieudelamer. Ailleurs : Les montagnesse (ont ébran
lées comme de la cire , Pfxcvj. 5. Nous avons veûusl
passage de Saint Jeioíme , oû il dit qu'avec Rgnie , On
crut voirférir -tout l'untvers , Hieton. Prccem.in í.
lib.'comm. Ezech. PòyezPréf. n. 8.
ii. Ëi únt grande greffe , (ommv du pi3s d'un ta
lent. . . .
i9t l'APOCALYPSE,
lent..... C'est lc poids terrible de la vengeance
de Dieu , & les coups de fa main toute-pms-
íante.
,. Et les hommes blasphémèrent. Les Payens imputè
rent encore ce dernier malheur aux Chrestiens , &
c'est ce cjui donna lieu au livre de Saint Augustin de
-la Cité de Dieu, t\etr.II. deCiv./ib. 1. C'est ce
cjui devoit commencer du temps de Vale'rien , &
s'achever entie'rement à la chute de Rome : mais
cettechute devoit encore estre précédée & accompa
gnée des éve'nemens que le Saint Esprit va dé-
■couvrir au Saint Apostre dans le chapitre sui
vant.
On voit maintenant toute l'œconomie de celuy-
cy , & on peut entendre comment ces sept playes
sont appeliées lesplayes dernières , X V. I. par le rap
port qu'elles ont avec la chute prochaine de Rome.
II faut toujours se souvenir que le premier coup qui
en ébranla l'Empire , vint des Perses & du costé
d'Orient, & que la plus grande playe que Rome
P'y Híst. cust receûë de ce costé-là íuy arriva sous Vale'rien ,
jbr.n.Ç). puisque ce fut proprement à cette occasion que
l'Occident commença à estre inondé par les Barba
res , & qu'il fallut en quelque sotte leur abandonner
cette partie de l'Empire où Romeestoit , en toux-
nant vers l'Orient le fort des armes. Ce fut donc
alorsque íutfrapécegtandcoup , dont le contre
coup porta si loin , & à la fin fit tomber Rome
C'est ponrquoy nous avons veû que le Saint Esprit »
qui va toujours à la source , dés qu'il commeuce à
i pafler des playes arrivées à l'Empire idolâtre, met
cn teste les armées immenses qui paíTent l'Euphra-
te, fup.lX.14. 1 5- Or que ce íust la première
playe qui deust fraper diréctement l'Empire idolâ
tre, le Saint Esprit a voulu le déclarer , en ce que
c'est aussi la première fois où il est parlé d'idoles
dans toute la prédiction deSaint îean : Et ils ne se
repentirentpat, dit-il , d'avoir adoré les démons O" let
idoles d'or ÇS d'argent, de pierre Ç$ debou, qui nepeu.
vent
CHAPITRE XVI. 19;
ventnivoir ,nientendre, ibid. 10. Nous avons enco
re observé que ceux dont /es chastîmens sont décrits foy ex-
dans les chapitres précedens , estoient les Juifs , & flic-
ou'aussiil n'est point du tout parlé d'idoles ni d'i-^"/s*r> .» '
dolatne. Tout cela fait voir clairement cjue le des- vlll~
sein de Saint Jean estoit de montrer la source des
malheurs de l'Empire , comme venue d'Orient ; i
& c'est pourcjuoy , prest à expliquer plus expreílé-
ment la chute de Rome dans les chapitres XV 1 1. &
XVIII. il en revient encore lá : il fait encore pa-
roistre les Rois d'Orient , & l'Euphrate traversé ,
XFJ.iz. & il donne tout un chapitre á fairevoir
les effets de ce funeste passage , & tous les autres flé
aux de Dieu qui raccompagnèrent: où le lécteur
doit prendre garde qu'à mesure qu'on avance dans
ce chapitre , on trouve toûjours l'Empire enfoncé
dans de plus grands malheurs , & la cause de ces
malheurs mieux expliquée : c'est pourquoy , aprés
avoir veû jusqu'au y. 10. & à la cinquième phiole ,
les trois fléaux ordinaires , la peste , la guerre , & la
famine; à la cinquième phiole on voit l'Empire at
taqué dans fa teste , c'est-à-dire , dans l'Empereur
itìeíme , & de là un horrible obscurcissement de
tout le corps ,y. 10. Ensuite on en voit la cause
dans les succès prodigieux des Rois d'Orient , &
dans les batailles funestes à l'Empire qui devoit pé
rir, y. ii. 13.14. 1 5. tt. c'est ce que montre la
sixième phiole ; d'où suit enfin dans la septième
cette commotion universelle de l'air par ou Saint
Jean finit son chapitre, & où il voit la ruine de Ro
me envelopée , en sortequ'il ne luy reste plus qu'à
l'íxprimer clairement , comme il fait dans les deux
chapitres íuivans. Pour mieux marquer la liaison de
ce chapitre avec le IX. depuis les. 10. & la sixiè
me Trompette" , il a voulu que cette sixième Trom
pette coucou ru st avec la sixième phiole : d'où il ne
faut point conclure que les phioles concourent tou
tes avec les Trompettes , puis que , comme nous
avousveû , les premières Trompettes regardent les
I Juifs ,
i94 LVAP 0-e A LY?SE.
Juifs , dont il n'est plus nulle mention dans toute la
luire ; & qu'il j a succession dans les Trompettes ,
ce qni n'est point dans les phioles : de lotte que c'est
alïez d'avoir marque' le concours de la lïxién»
Trompette avec une des phioles pour le marques
avec toutes les autres ,• Sc c'est peut-estre aussi poiu
cette raison , que comme l'endurciflement & l'ira-
pe'nitence des idolâtres est marquée dans la fuiéme
Trompette, IX. 10. 1 1 . elle ci t aussi marquée dans
touc ce chapitre , XVI. f. n. n.

C H A P I T R E X y, .I, L
divisé en deux parties.
PREMIERS. PARTIE.
La befle aux sept testes <& aux dix cor
nes ^ U¥ròstitutc<[u\eUeparte ■yfaparmt-ji
i son myjiért.
Gr- ì. ît Lors il vint un dessepe Angesquipor-
^^toient les sept coupes: ilme paria, 5c me
dît , Yien, je temontreray la condamna
tion de la grande Prostituée , qui est assise fur Jet
grandes eaux. ;
i. Avec laquelle les Rois de la terre se sent cor
rompus, & les habitans de la terre íe sont enyvres
du viu de íà prostitution.
3. II me transporta en esprit dans le désert ,& je-
vis u*ne femme assise sur uae beste de couleur d'écar-.
lace, pleine de noms de blasphème , quiavoit sept
testes St dix cornes.
4_La femme estoitvestuc depourpre & d'écar- ».
lace , parée d'or , de pierres précieuses , & de per
les, & tenoit en ía main un vase d'or plein de l'a-
* Jet ah- Domination a & de ['impureté de fa íbxnica-
tainaUent xìqq
CHAPITRE XVII. i9T
5. Et ce nom estoit écrit sut son front: Myrte*- Cf.
re : La grande Babylone > la mere de fornications &
des abominations de la terre.
6. Et je vis la femme enyvre'c du sang des Saints,
& du sang des Martyrs de Jésus ; & en la voyant > je
fus surpris d'un grand étonnement.
7. L'Ange me dît alors: Qu'elest le íujet de ta
de la beste qui la porte, & qui a íèpt testes & dix cor
ues.
. 8. Labestequetuasveûëcstoit, & n'est plus 5 bgtuji-
elle s'élèvera de l'abysine , & íèra précipitée dans la ?*''"'»
perdition & les habitans de la terre , dontlcs noms '"^t( u»,
ne font pas écrits au livre de vie dés rétablisse- T3ne antre
ment du monde , feront daus fétonnement > l'P***
lors qu'il verront la beste qui eítoit, & qui n'est %"J%"''V\
plus b. Scelle
9. Etenvoicylefèns plein de sageslè, Les sept dpitve-
testes sont sept montagnes , fur lesquelles la femme a\t C''fi
TefsZ'
10. Ce font aussi sept Rois, dont cinq sont tom- Hifplju '
hez; l'un est encore, & l'autre n'est pas encore ve- Dtmmjl.
nu ; .& quand il sera venu , il faut qu'il demeure &* *4ntich.
oeu it i'iàititn
U. Et la beste qui estoit,& qui n'est plus c ,est J^£*
la huitième: elle est une des sept , & elle tend á la ,^0.
perte.
huitième ,
tpti ejï de
fessept

EXPLI-
L' APOCALYPSE.
EXPLICATION
de la première partie du
Chapitre XfIÍ.
Sípt Empereur* idolâtres fous ejui la der
nière persécution efi éxercée. Maximien Herculius est
un des[ept-.pourquoy il est aujji en quelquefaçon le hui
tième ì
j . ^JNdessept i/inges : Cét Ange exécuteur de la
- .justice de Dieu en va faire entendre les secrets
à Saint Jean dans un plus grand dérail , & luy
expliquer en mesme temps la vision du chapitre
xiij.
De lagrande Prostituée. II faut voir fur la Prosti
tuée ce qui est dit Prés. n. i o.& fur le verset suivant,
& encore à la fin de cét ouvrage dans l'avertissement
au jc Protestans , n. 9. Qui est assise fur les grandes
eaux : Qui domine fur 'plusieurs peuples , cy-des-
íbus 10. .
z. aAvec laquelle les Rom de la terresesont corrom
pus. Ifs orit adoré non-seulement les dieux Ro
mains , mais encore Rome elle-mesme & ses Em
pereurs: c'est lâ aussi leur enyvrement , cy■dessous .
4-
3 . Dans te désert. Saint }ean est transporté dans
«n lieu où il ue voit d'autre objet que celuy qu'il va
décrire . Vnc femme afíife sur une beste de couleur d'écar
late, pleine de noms de blasphème : C'est la beste qui est
pleine de ces noms , comme il paroist par le Grec.
Cette beste , par les caractères qui luy íont donn-z ,
est la meíme qui paroist au chapitre xiij. Elle a comt-
me elle sept testes , dix cornes avec dix diadèmes,
& des noms de blasphème , car on l'appelloit la
ville éternelle: ou l'appelloit dans los inscriptions ,
Rome la déeslè : on luy donnoitle u:re de Décile
CHAPITRE XVII. iy7_
de laterre & des nations , Terrarum Dea Gentium-
que I{oma , Martial. Epift. XII. 8. Et siir tout
cela il faut voir ce qui a esté dit au chap. xiii: i. On
ajoûte icy l'e'cailate comme la couleur de í'Empirc
& des Princes , & aussi pour signifier lefàng répan
du £c la cruauté'.
Vnefemme afi/efur uutbejîe. Saint Jean explique
clairement , que la beste& la femme ne font au
fonds que la mefme choie , & que l'un & l'autre
c'est Rome avec íòn Empire. C'est pourquoy la
besteest représentée comme celle qui a sept monta
gnes , v. 9. & la femme efl la grande ville qui domine
sur les 'Rois de la terre, -fr. 18. L'un & l'autre est
donc Rome: mais la femme est plus propre á mar
quer la prostitution , qui est dans les écritures le ca
ractère de l'idolatrie. II est dit de Tyr , qu'aprés fin
rétablissement eRefe prostituera de nouveau aux Rois de
la terre, Isaïe xxiij. 17. Ninive aussi est nommée
une Prostituée , belle & agréable , pleine de malefces ,
quiavendu les nations dansjes prostitutions , Nah. jy r .
4. Iíàïe parle aussi â Babylone comme à une pro
stituée: On découvrira ta honte , on verra ton ignomi
nie, 6 toy qui t'es plongée dans tes délices ! Isaïe xlvij.
En ce seps il n'y eût jamais une prostituée qui air
égalé la ville Rome : car outre íès dieux particu
liers, elle adora tous les dieux des autres nations ,
qui tous avoient leurs temples d.uis Rome -, & tel
estoitíbnaveoglcment , qu'elle mettoit une partis
de íà religion dans le culte qu'elle rendoit à- tous les
faux Dieux. Non seulement elle estoit abandonnée
á ces faux dieux , mais encore elle provoquoit tous
les peuples par son autorité & par íòn éxemple à de
semblables corruptions .
4. Lafemme estait vefluê de pourpre : La couleur
de íòn habit désigne Rome , ses Magistrats , & fou
Empire , dont la pourpre estoit la marque : les pier
res précieuses , & ses richesses immenses paroilseut
fur elle comme les marques de fa vanité , &comm£
I 5 Vit-
198 l'APOCALYPSE.
l'attraitde l'amour impur qu'elle vouloit inspirer.
Les Anges & les Saints sont habillez avec dignité ,
mais plus simplement. fc"Eglise est représentée par
une femme revestuë du Soleil , environnée de lu
mière & de gloire: elle a des aîles quand elle veut
fuir ; tout y est céleste : icy on voit proprement la
parure d'une prostituée. En/amainunvafi d'or, se
lon ce qui est écrit : Babylone est une couse d'or qui eny-
Mre toute la terre; toutes les nations ont beù de fin "vin ,
c'est pourquoy elles font enyvrées , Jcr.LI. 7. Par ce
vin de Babylone il faut entendre les erreurs > & les
vices dont elle empoisonnoit toute la teTre.
5. Sur fin front : mystère : Comme s'il diíòit ,
C'est icy un personnage mystique: sous le nom de
la Prostituée , c'est Babylone , & fous le nom
de Babylone , c'est Rome. C'est le sens le plus
naturel : mais on peut encore entendre , si l'on
veut , que Rome avoit ses mystères dans fà re
ligion , fur lesquels ía domination «stoit fon
dée. Elle estoit consacrée à Mars par fa naissance,
ce qui la rendoit , diíoit-on , victoireuse : dédiée
par des auspices favorables , ce que les , Anciens
appelloient , Urbem auspkato condìtam. Elle avoir
ses divinations , & íur tout elle avoic les livres Sy-
billins , livres fecrcts& mystérieux , où elle cro-
yoit trouver les destinéesde son Empire. Ldgrande
Babylone : Babylone dans l'Ecriture , c'est U terre
des idoles; c'est la montagne empestée qui corrompe l»
terre. Jerem.LI. M-47* 51. Ses idoles, ses enchan-
temens , ses maléfices ; ses divinations sont mar
quez dans tous les Prophètes , & en particulier Iptíe
■ xhij. 9.11, On voit donc bien pourquoy Saint Jean
représente Rome fous le nom de Babylone , dont
elle avoit tous les caractères ; dominante comme el
le } comme elle pleine d'idoles & de divinations ,
& persécutrice des Saints qu'elle tenoit captifs.
S. Jefussurpris d'ungrandétonnement. Ilneíca-
voit cc que vouloit dire un si nouveau & si étrange
spectacle. Peutestre auífi fut-il, étonne de voir que
celle
CHAPITRE XVII. 19s '
celle qu'on luy montroit si riche & si dominante ,
alloitestre en un moment précipitée.
8 . La befle que tu as veùë ejìoit n'est plus. Ce
n'est pas du temps de Saint Jean que cela s'entend :
'on ne pouvoit pas dite alors que la beste n'estoit
plus , puis qu'on dit au contraire qu'e//e drvoit s'é
lever de l'abyfme , & en íùite aller àfa perte. On voit
donc bien que l'Angeparloit à Saint Jean , non par
rapport au temps où il vivoit, mais par rapport à un
certain temps où il le situe , & auquel convient ce
qu'il luy dit. Or le temps qui convient le mieux à
toute I'analogie de la Prophétie de cét Apoftreest
celuy que nous 'verrons "fr. i o. oû le règne de l'.ido-
latrie commence à cesser. Labestequi ejtoit, CT qui
n'ejlplus : Cette beste , c'est , comme on a dit fou
lent, & comme on va voir encore Rome Payennc
avec son idolâtrie. Le Grecajoûte, Et toutefois elle esty
ou, quoyqu'elle soit : ce qui íèra éxanunécy-des-
sons aprés le "fr. i o. lors qu'on reprendra le "fr. 8.
9. Zes jitttefles font sept montagnes.. .. 10. Et
sept Rois. II faut voir íùr tout cecy ce qui est dit cha
pitre ■xiìj. 1 .
10. Cinq font tombez. Ainsi Jenorabre de sept est
dans les sept testes un nombre précis , puis que Saint
Jean les compte & les voit passer les unes aprés les
antres.
Cinq font tombe* : l'un est encore , C l'autre n'e(ipas
encore-venu. Voicyun dénouement maniíestede la
'Prophétie. LeSaint Esprit fitué'Saint Jeanàl'endroit
deìaperïécutionou deíèpt Empereurs idolâtres sous
'lefquefs elle avoit esté éxercée, & que nous avons
:veûs; '»£.'!. cinq estoient passez > ou tombez ,
eòrhmeson voudra le traduire , c'est àsçavoir, Dio
ctétien., Maximien, Constantius Qilorus , Galère
Maximien , & Maxence. Vneestoit encore i c'estoit
Maximin. Le septième n'efloit pas encore venu ;
c'estoit Lieinius , quiestoit biendéja Empereur »
' Jnais qtt q'aVditpas pris encore « caractère qui 1 uy
èst prdpre ,' d'avoir Exercé en pàïticulier >, aprés-
I 4 tous
■"' ìoo L* A V Çy CAIYP SE.
tous les autres , une persecution dont il fut le íèul
auteur. Alors donc, & dans le temps où. SaintJean
.s'arreste icy , c'iíst-â-dire , au temps de Constan-
t; tin , de Licinius ,*& de Maximin > Licinius estoit
fi éloigné de ce caractère particulier de persécuteur ,
qu'au contraire il estoit d'accord avec Constantin -,
& les Edits qu'on publioit en faveur des Chrestiens,
le faiíbient en commun par ces deux Princes , LaB.
de mort. 48. X. s. &c. Loin d'e'stre persécu
teur, Licinius sut honoré durant ce temps de la vi
sion d'un Ange. La prière que luy dicta ce bienheu
reux Eíprit pour invoquer le vray Dieu, fut mise;
entre les mains de tous les soldats , & ce fut à ce
mesmeDieuqueLicinius renditgraces à Nicomé-
die, de la victoire qu'il remporta íur Maximin ,
La£l. de mort. 47. 48 . Licinius demeura en cet e'tar
tant que Maximin fut au monde ; de sorte qu'il n'y
a rieiide plus précis que de dire , comme fait Saint -
Jean, qu'alors les cinq premières testes, c'est-à-
dire , les cinq premiers Empereurs sous qui la persé
cution s'estoit exercée , estant passez , & Licinius
le septième n'estant pas encore venu , il n'y avoit que
le sixième , c'est-à-dire , Maximin , en état de per
sécuter l'Eglise.
Ce temps estoit précisément l'an j 1 1. de Nostre
Seigneur , où Maxence fut défait par Constantin ,
& la Croix érigée au milieu de Rome par ce Prince
victorieux. Dieu qui introduit ses Prophètes dans
les temps futurs, les y place eu tel endroit qu'il luy
ls X- plaist. Quand il est question de prédire la ruine de
lbíd.Xlr. Babylone, les Prophètes paraissent assister , tantost
Vr.Xlll' 2 la marche de Cyrus son vainqueur, tantpst an
Xi f. ■ fie'ge, tantost au pillage. En un endroit de fa Pro-
jtr. L.lï. phétie, Iíàïe voit marcher Sennachérib, & luy mar-
&e. que tous ses logemens ; en l'autre il le voit défait
ls' 1 x- °" dans la Terre Samte,& la Judée délivrée de son joug.
psxxit. Les Prophètes voyentjeíus- Christ tantost naissant :
c/.X'.eST. tant°ft c'ans & passion & dans les souffrances,
& tantost aussi dans fa gloire. Le Saint Esprit
qui
CHAPITRE IVII. «u
qui les pouffe, les situé' comme Uveut ; & il nous
faut mettre avec eux dans cetíb'jriesrne situation,
pour les entendre. Mettre l'Apcstre Saint Jean au
temps que nous venons de marquer, c'cstoit juste
ment le mettre dans le plus bfcu temps de la victoire
dejeíùs- Christ: dans le temps où Galère Maximien
venoit de publier fa rétractation , & son Edit favo
rable aux Chrestiens : dans le temps où Constantin
& Licinius s'estoient déclarez en leur faveur : c'est
le temps que Saint Jean avoit si bien veû, & si clai
rement marqué dans les chapitres précédens : dans
le chapitre xj. lors que les témoins qu'on croyoic
morts pour jamais , avoient entendu cette voix d'en-
haut , qui leur disoit , Monttz icy , montez au com
ble de la gloire ; dans le xij. lors que Satan perdit la.
bataille contre les Anges , & que précipité du Ciel
eu terrre ,„ une voix fut entendue , qui disoit > C'efl
maintenant qu'est établi lerégnede noflre Dieu, O" lu
puissance deson Christ , X 1 1 . 9 . 1 o.
II íèra maintenant aisé d'entendre la partie du
8 . de ce chapitre que nous avons remis à expliquer
jusqu'à ce que nous eussions veû celuy-cy , c'est- à,-
, dire, le í o. I
g. Labeste que tu as \eitè estait, & n est plus : Car
Saint Jean qui avoit veû d'abord la beste entière
avec íès íept testes , les vit en íuite paner les unes-
aprés les autres , selon que les persécuteurs dévoient
paroistre plus tost , ou plus tatd. 11 en vient donc au
point où il n'y avoit qu'une teste, cinq autres estant
tombées, &'liíeptiémene paroissant pas encore.
La beste alors luydeûc paroistre comme n estantplus;.
car à voir combien promptement estoient tombées
les cinq autres testes , ilestoitaisé de juger que la
sixième ne dureroit guéres -, & que la beste tiroit à
satin: c'est pourquoy aussi l'Ange luy dit dans ce
mesine verset íêlon une leçon du Grec , Et elleoa â
Jk perte; ce qui convient aussi parfaitement á la fin
de ce verset selon le Grec : car au lieu que la Vulgate 1
portesimplementque/íítf/îífjsoíí 0 n'est plus, le
i: 5 Grec
jm b h' A P^O Ç ALTPSÎ.
Grecajoûte, qysy-quellesoit , ou, elle estpourtant ■
pour faire entendre à Saint Jean , que dans la lan
gueur où elle luy paroiflòit , si elle estoit en quelque
façon par un reste de vie , il la pouvoit regarder
comme n'estaní plus?puis que mesme on luy décla-
roir que laseptième teste , c'est- à-dire le septième per
sécuteur qui devoit venir,dureroit peu, comme nous-
allons voir.
ío. Et quand ilfera venu: Ce septie'me persifcu-
teur, Lkirúmill faut qu'ildemeurepeu:llMoit esté
fait Empereur en l'anC CC VII. Ilavoit régné
glorieusement dix où douze ans. Quatre ou cinq ans.
apre's qu'il íè fut élevé' contre Constantin & contre
l'Eglise , il fut batu , & périt , & ce fut envirou l'an
CCC XXIII. Eus. X. g. 9. de vit. Const.
XLIX.&seq.II. 1. & feq. Chron.an. jx». 3x4.
Cette persécution dura seulement trois ou quatre
ans , St onla peut compter pour courre á comparai
son de la grande qui avoit duré dix ans. Au reste , il.
ne sert de rien de demander si Licinius avoit persé-
cutéauparavant ; cardéja on n'en voit rien: tour.
cequipaioift.de luy avant le temps dont nous par
lons est favorable aux Chrcstiens,& le Saint Esprit ,, '
pour ainsi parler , s'attache à découvrir les grands-
caractères , c'est- à-dire , les caractères marquez &.
particuliers.
I !.. Et la beste qui estait O" qui nefl plus , est elle-
mesmt U huitième. Le Gr. porte: Le huitième Roy , &
il est dessept , GTilva à fi perte. Voicy encore un
admirable dénoûërnenr. Maximien Herculius un
dessept persécuteurs quitta l'Empirc avec Diocté
tien , puis le reprît , &fut appellé Maximiamts bis
t^iugufltts : Maximien deuxfois Empereur , Lact. de
-mort. ìfi.Levoilàdoncdouble, & en état dlestre
compté comme le huitième, quoy-qu'il eust esté
un des sept.
Reste la difficulté , pourquoy ce Maximien est
icy appellé la besteunais elle demeure résolue parce
quìaestéHit xiij. %, puis qu'on y voit que le Léopard
- qui
CHAPITRE- X V I L z&f
«rai représente , comme on y peut voir , Maximieiv
surnommé Herculius , fait en effet le corps de U *
befte , commère Lion & l'Ours -, c'est-à-dire ,
Dtocietkn & Galère Maximien en font la gueule &
les- pieds. II est donc en un certain sens appellé la
beste. , parce qu'il est représenté comme en foisant
te corps-, quoy-qu'en un autre , la beste entière soit
la beste considérée toute ensemble 5 non-seulemenc
avec íòn corps., mais encore avec ses testes , fa gueu
le , & ses pieds. Voilà donc pour ce qui regarde les
sept testes , & je ne croy pas qu'il y reste la moindre
difficulté. Mais le dénouement des dix Rois sera*
encore plus remarquable par les grands Sc singu
liers événemens que l'Ange nous y va décou
vrir,

SEC OJVD £ P A R TJE

-'f , : -f d* Chapitrt XVIL

"Tti:"jt Es dix cornes que tu as veûës íon^dix çr>


' 1 ..Rois , qui n'ont pas encore receû leur
11 Royaume i mais ils recevront comme
"Rois là puissance á la mesine heure » aprés la t ,s
kefre- W*
ij. Ceux-cy ont un mesine dessein , & ils
donneront leur force & leur puislance à la
•bestci ,
• * -r 4; Ceux-cy combatront contre l' Agneau , maïs
ÎAgneau les vaincra , parce qu'il est le Seigneur dés
'Seigneurs & le Roy des Rois , & ceux qui font avec
luy sont les Appeliez , les Eleûs , & les Fidèles.
15. II me dît encore : Les eaux que tu as veûcs où'
ta Prostituée est assise , sont les peuples , lesnations>
'&leslangueSi
' .16, Les dix cornes que tu as veïïcs danslabeste »•
cesont ceux qui haïront la Prostituée , & ils la rédui
ront dans la dérniíre desolation:ils la dépouilleront* ,
L 6, ils.
io* L* A P O C A L Y P S E.
Gr. ils dévoreront ses chairs , & ils la feront brûler au
■ feu : '. *■ , .
, ■ 17. Car Dieu leur a mis dans Ic cœur d'e'xécmer
b<M< ce qu'il Iu_y plaist ; b de donner leur Royaume à
tmspirtr ì la beste jusqu'à ce que les.paroles de Dieu íòient ac-
x» mismt . complies.
átjsitn ,& j g £t ja femmc qUe tu as veûë' cil la grande yìU
****** le qui règne fur les Rois de la terre.
» EXPLICATION
de la seconde partie d»
Chafìtre XVIL,. .] . ,,.[
Les dix Rois qui détruisent Rome ; qua-
trexaroBires de ces Rois.
1 r. TEs dix cornes que tuas vejMs font dix Rj>is>,
L'Auteurdu Commentaire íurl'Apocalyp
se attribué à Saint A mbroise , & que nous avons veû s
est<£, Bérengaude écrivain du septième siécle >
Près. ». S. dit clairement que, par ces dix Rois sont
déíignez dix royaumes par- qui l'Empir* Romain a
esté détruit , & il compte ces destructeurs au. nom
bre de dix , qui sont les Perses & les Sarayns devenus
maistresde sísifìc ; les Vandales de Í^Asrique ; les
Çots de í'Espagne ; les Lombards de l'Italie ; us Bourr
guignons de la Gaule ; les François de U Germanie ; . les
' Huns de la Pannonie ; les ^Alains àr les Suéves de beau
coup d'autres pais qu'ils ontravagez. II. faut donc en
tendre par,ces^dix Rois » ceuxvqui ruinèrent Rome,
Se en démembrèrent l'Empire , principalement en
Occident. Lenombxe de dix est grand pour des
Rois , &. il est vray que l'Ûccidentest déchiré preí-
qu'en mesme temps par un grand nombre de Rois
qui composent de grands Royaumes de ce débris
de l'Empire. O11 voir paroistre à peu prés dans le
mesme temps les.Yandales:, lcsHuslS,les Francs ,
CHAPITRE XVII. !•$
les Bourguignons, les Suéves , les Alains, les Hé -
raies à qui succèdent les Lombards , lesAlemans,
les Saxons ; plus que tous ceux-là , tes Gots qui font
les vrais destructeurs de l'Empire. Rien ne force i
se tourmenter pour les re'duire précisément au nom
bre de dix , encore qu'on les y pust à peu prés rédui
re par rapport aux Royaumes fixes qu'ils ont éta
blis. Mais un des secrets de Interprétation des
Frophétes,est de ne pas chercher de finesses où il n'y
en a point, & de ne íe pas perdre dans les minucies,
quand on trouve de grands caractéresquifrapeatla
veûë d'abord. Nous avons déja veû souvent que
rien n'oblige aux nombres précis , que lors qu ils
sont marquez dans la Prophétie comme un caractè
re particulier ou de la choie , ou du temps. Icy , (ans
qu'il soit besoin d'un plus grand détail , c'est un
caractère assez remarquable que d'un seul Empire
lise forme tant de grands Royaumes , en diverses
Provinces d'Espagne , en Afrique , dans la Gaule
Celtique , dansI'Aquitanique, danslaSéquanoise,
dans la grande Bretagne , dans la Pannonie , dans
f/Italie , & ailleurs , & que l'Empire Romain soit
jábbatu dans fà source , c'est-à-dire ,. en Occident
pû ilest né , non point par un seul Prince qui com
mande en chef comme il arrive ordinairement ,
mais par i 'inondation de tant d'ennemis qui agis
sent tous indépendamment les uns des autres.
Ces Rois qui démembrent l'Empire Romain
ont quatre caractères marquez, dans toutes les hi
stoires.; & fi nous les entendons , il. n'y aura
{'lus de difficulté dans la Prophétie de Saint
pan.,
Dix Rois qui n'ontpas encore receú leur Royaume:
Soit qu'on entende cet encore du temps où Saint Jean
écrivoit , ou de celuy. dans lequel nous l'avons veû
situé , c'est-àrdire , en.I'an.}ii.,& dutemps que
Constantin donna la paix. , ces Rois destructeurs
n'âvoient encore rien dans l'Empire : ainsi le
Royaume qu'ils y dévoient avoir ne leurestoit pas
. I j eheo
u»* L' A 3> O C A L Y P S E.
encore donné ; mcímc à vray dire ils n'avoient an-
cun Royaume fixe , mais 1k íòrtoient tous de lan
pais , ou; en cout cas , des lieux où ils eltoient , pour
chercher avec tout leur peuple à s'établir ailleurs Sc
dans an Empire étranger. C'est le premier caractè
re de ces Rois; & il vaestre expliqué encore plus
clairement.
Mais ils recevront comme F^ois la puìflànceìla mes
ine heurt afres k befle , comme s'il y avoir,
rfurìe tì §n&w ; mais le Grec porte , parce ri §nsÁtv>
Im.ii.i6. cumbejM , avec U befle. Saint Irénée , André de
9t>m. ii*. césaréeavccArethas,& Primase liíent comme te
jìfM. bit- Grec, & c'eftnnc grande autorité pour l'anttquiijê
jtni. Q*s. de cetre leçon. J'en trouve une autre dans Sakit
«S* Mttb. Hippolyte: car en lisant , comme le Grec, ftrnì
ZjZ- _ ; tS 2htgi«», aveclabeste 5il le détache du Or. it.
•.'51! pourlemettreàlateste du 15. en forte que les Rois
ne reçoivent pas la puiflànce aveclabeste > mais ils
ontavec elle un mesine dessein.
Outre cette diversité du texte , íl y crt a encore
pour la version de ces paroles du'Grec , (cUt
îa Vulgate traduit , uni horà , à lame/me heure , £n>
■me/me temps :d'autres traduisent ,pour une heure ,poitr
unpeu de temps , comme s'il y avoit «6m
Chacune de ces versions a ses défenseurs , & par
mi les Catholiques & parmi les Protestans. Toutes
deux font rapportées comme indifférentes dans la.
Bible des Elzévirs. Mais l'ancicn Traducteur de
íftintIrénée, qui efbpeut-estre luy-mesinc , & qui
entoutcarest deveuu original , tourue , mi horâ ,
v. 1 6. &l'automé d'un fi grave & fi ancien Auteur.
x confirme beaucoup la Vulgate. Primase tourne aulfi
de mesine lib. 1 o . in ^tpocal.
Je m'en tiendrois volontiers à là leçon auflubieiv
qu'à la version de Saint Irénée & de Primase , à cau-
-ft de l'amiquité & de l'autorité de ces deux. Auteurs,
& particulièrement du. Traducteur de Saint Iré
née.
Pour le sens, il importe peu de quelle manierc
CHAPITRE XVII. *o7
onlifè& on traduise. Ces dix Rois viendront cora-
mt en me/me temps dans l'Empire.de l'Occident pour
yrégneravec la beste > c'est-à-dire Jafee Rome ,
quine perdra pas tout-à-coup toute fa puiilance &
ce sens , qui est le plu» autorisié , est en mcsine
temps íe plus naturel : mais si l'on vent suivre la
leçon, aprcs labejle , on dira qu'aprés que la belle ,
c'est-à-dire , Rome , aura receû le grand coup dans
ià prise par Alaric , les Rois se jetteront sur elle com
ine enmefme temps , & par un commun effort , poui
■envahir fes provinces ; ce qui est tres-vé nta ble.
ILest vray aussi que ces Rois s'entendront avec
Rome, comme la íiiite le fera paroistre,& régne
ront avec cile , mais ce fera pour un peu de temps ,
parce qu'ils íè tourneront bien- tost contre elle.To.Bt
cela va estre éclairci;
EnfinsinousIiionsavecSaintHippolyte, «vrc la
hefle , à la teste du verset suivant , en sorte que ies
Atx Rois aymt un mcsine deflein , non-íeulcment
entre eux, mais encore avec la bestt & avec l'Em
pire Romain , il iaudra rapporter cela au temps où
ils estaient unis , comme on va voir.
i}.' JCeBx-eyontUHVitfme dtflan. C'est le dessein
dcs'c'tablir dans les terres de l'Em pire Romain , de
■c'est icy une sotte dn caractère que nous venons de
remarquer. Les Rois dont ìi s'agit , ne fout pas des
Rois comme les autres, qui cherchent á faire des
conqufstesíùrl Empire pour en agrandir leur Ro
yaume ; ce sont tous Rois fans Royaume, du moins
fans aucun siège détermine de leur domination , qui
■cherchent à s'ctablir , & à se faire un Royaume ■
<lans un païs plus commode que celuy qu'ils ont'
quitté. On ne vit jamais á la fois tant de Rois de ce
caractère qu'il eu parut dans le temps de la décaden
ce de l'Empite Romain , & voilà déja uu caractère
bien particulier de ce temps-là : mais les autres sont
-beaucoup plus íurprenans.
Et ils donneront leurforce & leurpuissance à Ubcfìe :
Leurs arméesíèroat a la solde de .Rome & dans Ea»
liauee
aa8 L' APOC ALY'PS E.
liance de sesEmpereurs. C'est le íècond caracte're
de çes Rojs destructeurs de Rome , & la marque
. de la décadence prochaine de cette ville autrefois fi
triomphante ,' de se trouver enfin réduite á un tel
point de foibleste , qu'elle nepuiste plus composer
d'armées que de ces troupes de Barbares , ni soutenir
son Empire qu'en ménageant ceux qui le renoient
envahir.. '
Ce temps de foibl esse est tres bien marqué dans
ces paroles de Procope:- Alors ta majesté des Vrincés
Romains estait fiaffoiblie , qu'.aprés avoir beaucoupfous-
fèrt des Barbares , elle né trouvait saint de meilleur mo
yen de couvrirfa honte qu'enjefaisant des aliez defis en •
nemis , í$ en leur abandonnant jusqu'à l'Italie fous le
titrespécieux de Confédération O" cttAliance , Procop.
debell. Goth. I. init. Le meíme Auteur a remarqué
qu'il y avoit déja long-temps qu'on estoit tombé
dans cette foibleste, puis que dés le temps du Roy des
Cots salarie , o» «voitreceù dans l'aliance les Sciricns ,
les Alains , & les Gots ; ce quifit , dit-il , qu'on eût
beaucoup à[òujfrir d't^ílaric-, ibid. En effet, on fie
avec luy divers traitez , tous malheureux , pour
Tempeícher de prendre Rome , Zo*. v. vi. On l'en-
tretenoit encore d'espérances , pendant que la puis
sance Romaine tomboit en morceaux. Saint Jéros-
me nous représentant les ennemis innombrables qui
la déchiraient un peu avant la prise de Rome, n'o-
soit nommer les Gots , que l'on comptoit en
core parmi les amis, Epist. XI. ad <^tgeruch.
Honorius avoit consenti qu'ils se minent en
■ possession de la Gaule & de l'Espagne ; enfin, fau
te d'avoir tenu ce traité , Rome périt, Jorn.de reb.
Got.
II estoit bien visible que par ces honteux, mais né
cessaires ménagemens , Rome ne se sauvoit pas j
elle ne faisoit qu'un peu différer fa perte , & mettoit
cependant ses ennemis dans son sein. Valens ressen-r
tit le mauvais effet d'un si foible & si dangereux con
seil. Les Gots qu'il avoit receûs dans une Pxoyinc»
Romai*
CHAPITRE XVII. *o*
Romaine le firent périr : cegendant il est certain
qu'on les y avoit mis pour la garder , & c'est pour-
quoy Saint Ambroise écrivent à l'EmpereBr Gra-
tien : Comment k t on pu croire que l'Empire Romain
pufl eflre en seuretéfous une telle garde} Ambr. de
Fid.ad Grat. libro 1 1. (ub fin. Outre les Alains & les
Gots , on trouva encore dans Procopc , parmi les
aliez des Romains , les Erules & les Lombards ,
ibid. n.iij. c'est-à-dire, les Maistres futurs de
Rome&del'Italie. Sous The'odose le Grand , &
íbus ses enfans , nous voyons les Francs nos ance-
stres tenir un rang considérable dans l'armée Ro
maine íous la conduite d'Arbogaste leur chef qui
pouvoit tout dans l'Empire,2oï. íy. 0"c. Les Alains
& les Huns servoient contre Radagaise dans l'armée
d'HonotiusíbusIa conduite de Stilicon , id. lib. v.
Orof.Vij. c. 57. Les mesines agirent encore contre
Alaric, Zosj.vj Les Vandales furent rcceûs par
Constantin dans la Pannonie , & y demeurèrent
tres-obeïflans aux Empereurs, Jor.dereb. Got. Les
Francs, les Bourguignons, les Saxons, les Gots
sont dans l'armée d'AériusGénéral Romain au rang
des troupes auxiliaires contre Attila, id. ibid. Et
pour nous attacher aux Gots à qui appartient princi
palement ou la gloire , ou le deshonneur d'avoir
vaincu Rome , & désolé son Empire , on les voit
dans les armées de Constantin , de Julien l'Apostat,
de Théodose le Grand, de son filsArcadius , Jorn.
de reb. Got. Oro/.vij. j 5.Z0*. iij. Proc.de bell. Vínà.
1. init. On les voit dans celles d'Honorius dont ils
détruisirent ['Empire , & il n'y a rien de plus exprés
que ce que dit Paul Orose , que Rome fut prise par
i^laric qui estait l'un de fis Comtes , c'est-a dire ,
l'un des principaux Officiers de son Empire , Paul.
Orof. 11. 5 . Ce mesine Alaric , le vainqueur de Ro
me , qui commanda íous Honorius dont il abbatit
l'Empire , avoit déja commandé sous Théodose
dans la guerre contre Eugène. Syneíè , dans son dis
cours à Arcade > luy représente les inconvéniens.
d'avoir
HO L'AÏOCALYPSE.
d'avoir tant de B arbares à la solde des Romains. U
estoit donc tres-véritable que Rome, dans un certain
temps marque' de Dieu , devoir estre soutenue par
A ceux qui la dévoient détruire à la tin , comme il fera
dit >?". 1 6. 1 7.
,*! Prédire cét état de Rome de si loin, comme fait
Saint Jean, e'estoit aprés avoir veû les premières
causes de fa chute dans la prise de Valéricn, en pé-
uétret tous les progrés , & voir enfin la disposition la
plus prochaine deFa perte.
1 4. Ceux- cy combatront contre l'^Agneau , mais
tAgneau les vaincra. L'auteur du septième siécle
' dont nous avons déja parlé dit lur ce verlet :
lis ont combatu contre l'vigneau, parce qu'ils ont
fait mourir le peuple de Dieu : mais ïAgneau les vain
cra , parce que ces peuplessefontfournis pour la plufpart
aujoug de Jejus-Christ. Voicy un troisième caractère
de ces Rois: d'abord ils seront tous idolâtres , & à
la fin ils deviendront Chrestiens; & les Gots qu'il
faut principalement regarder pour les raisons-
«ju'ona veûës, n'avoient pas seulement esté idolâ
tres, mais encore de cruels persécuteurs: témoin
cét AthanaricRoy des Gots Payen, sous qui un
nombre infini de Chrestiens receût la couronne da
Martyre, comme lc rapporte Saint Augustin deCiv,
•xxnj. 5 1 . & Paul Orosc vij j a.
Les voilà donc qui combatentT Agneau. Appre
nons des mêsines Auteurs comme l' Agneau les a
vaincus: C'est, ditOrose, quVn s'établijpmt dans
1"Empire, ils ont appris le Christianisme dans son sein ,
& qu'onaveît les Églises de Jésus Christ remplies de
Huns y deSuéves, de sandales, de Bourguignons , £?
'detxntde fortes dépeuples , ìlaconfufton de ceux des
Romains oui dtmeuroient obstinez dans leurerreur au mi
lieu des Chrestiens. Oros. ibid. 41. Saint Augustin dit
souvent la meíme chose.
II est vray qu'une panic de ces Barbares furent
rTl ° Ariens : mais il y eût parmi eux une iufinité de Ca-
lUd. 'jt!' Cliques'' Les Bourguignonsl'estoicnt d'abord >.
quoy
CHAPITRE XVII. *rt
•quoy-qu'aprés ils se soientpervertis. Pour les Fran
çois , on fçak combien véritable a esté leur 'conver
sion. Celle des Saxons n'a pasesté moins sincè
re en Angletterre. Tous les Gots se convertirent
i la 6a ; & avant mesine qu'ils fussent Catholiques ,
c'estoitdéja un commencement de la victoire de "
l'Agneau de les avoir mis au nombre des Chre-
stíens.
1 6. Les dix cornes . . . haïront la Prtjlituée : C'est
Rome , dit noltte auteur du septième siécle , qui
efloit encore la Proftituée dams les réprouve* qu'elle con
tenait en sonsein. Ajoutons à cette raison qu'elle estoit
encore la prostituée , aprésmeíme que Constantin
y eût érige l'étendard de la croix,-puis qu'on y voyoit
encore les idoles de tous costez. Ce fut une des rai
sons de bastir Constantinople , parce qu'aprés avoir
détesté les idoles , Constantinvonlutavoiruneville
oùiln'yeneust plus, Orof.vij. 8. Zok. kb. n.
C'estoit mériter plus que jamais le nom de Prosti
tuée, que d'aimer toujours (es idoles malgré l'é-
zemple & les défenses de ses Empereurs ; que des'y
-livrer de nouveau à la première occasion, comme
il arriva sous Julien ; que de soupirer toujours aprés
-ces amans impars, & d'en oser demander k jou'rt
íance à ses Princes ; que des'y abandonner à ladé
robée autant qu'elle ppuvoit , & de persévérer dans
ce dessein criminel jusques dans le tempsde fa prise,
comme on a veû.
Ils haïront la Prtflituée: lis la haïront d'abord ,
puis qu'ils viendront pour la piller , & pour ravager
son empire. Ils auront toujours cecte haine dans 1eut-
cœur , puis qu'ils ne perdront jamais le deflèin de
profiter de ses pertes : néanmoins ils la soutiendront
quelque temps pour les raisons qu'on a veûës ; mais -
a la fin , ils U réduirontdans la dernière defolationdors
que Rome fut saccagée , & tout l'Empire mis en
proye. Us dévorerontfis chairs : Ses trésors & lès
Provinces: Et ils laferont brûler dans le feu; C'est fe
quatrième caractère de ces Rois d'avoir enfin mis
ut L* A P O C A L Y P S E.
fouslejougravillelaplus triomphante qui fut ja
mais, k d'en avoir désolé l'Empire qui navoit ja
mais veû son pareil depuis ['origine du monde. Au
reste, on n'a pas besoin d'attendre Totila pour trou-
g ver l'embrafement de Rome comme font quelque
Jr Interprètes, Grot.bk, &c. Sans descendre plus bas
qu'Alaric , il avoit menacé Rome du feu. Zoz. v. A
la fin il tint parole. Saint Augustin auífi- bien qu'O-
rose , tous deux Auteurs du temps , nous marquent
trop clairement l'embrascment parmi les maux que
souffrit Rome , pour nous en laiíler aucun doute,
tsíug.serm. de excid. urb. 7. Oros. Vij. C'est aussi ce
qui tait dire à Saint Jérosme : La plus illustre des VU-
les C" la capitale de íEmpire Romain a esté consumée
par unseul embrasement : ces Eglises autrefois fi saintes
font tombées en cendres. Epist. XIIadGaudent.il
dit ailleurs que lesplus illustres de la noblesse de Rome
virent alors leurs maisons pillées C brûlées; que du
milieudelamer , Sainte Probe qui s'enfuyait contem
plaitjapatriefumante, & quefes citoyens en Virent les
cendres. De virgin, adDemet. Nostre auteur du
septième ficelé en expliquant ce verset , remarque
que ces Rois haïrent Rome, parce qu'ils prirent les ar
mespour renverserson Empire , qu'ils en pillèrent les tré
sors , O" qu'ils en brûlèrent lesvilles.
1 7. Car Dieu leur a mis dans le cœur .... Voicy !e
grand mot: c'est que Dieu gouverne les cœurs des
hommes,' en forte qu'ils n'avancent qu'autant qu'il
liiyplaist. C'est luy quiretenoit les Gots durant
tout le tempsqu'il vouloit laisser aux Romains pour
faire pénitence ; & quand ce temps fut écoulé ,
il laícha la bride aux vainqueurs , & marqua son
doigt tout-puissant á la mainére que nous avons
veûë , Hist. abreg. n. 1 5 .
18. Et lafemme que tu as veûë. . .Encore que
l' Ange ait fait voir assez clairement qu'il parloit de
Rome, ^.9.15. néanmoins aprés avoir montré
clairement le supplice de cette ville superbe , ils'ex-
que encore, à la fan en paroles claires : La femme ,
dit-

-.
•CHAPITRE XVII. xi j.
dit-il , efl lagrande ville qui règnefuries l{ois de la ter
re, qui estoit du temps de Saint Jean le carac
tère le plus' manifeste & le plus certain de Ko-
mc.
La destinée en est donc marquée tres-distincte-
inent dans ce chapitre. On voit la cause de ía chute
dans la persécution dont on nous marque les circon- *
stances les plus particulières dans la première partie
du chapitre. Voilà le crime pour lequel elle est con-
damneeau dernier supplice ; & on voit les moyens
prochains de l'éxécution-dans les Rois dont les ca
ractères sont si bien marquez; Rois qui viennent
envahir l'Empire ; Rois qui le soutiennent lors que
Dieu ne veut pas encore qu'il tombe; Rois qui le
sont périr fans ressource lors que l'heure de Dieu est
venue'; Rois premièrement ennemis deJesos- Christ,
& enfin ses disciples. Qu'on dise maintenant
qu'il n'y a point de Providence , ni de Prophétie.
rouririoy, en litant celle de SaintJean , j'y vov
le caractère de toutes les autresprédictions prophé
tiques ; je m'y íens conduire insensiblement du plus
obícur au plus clair ; des idées les plus générales &
les plus confuses aux plus nettes & aux plus distin
ctes. C'est ainsi qu'on trouve les véritéz découver
tes peu à péU)& de plus en plus dans Isaïe, dans
Jérémie, dans Daim 1. Saint Jean, parlamefme
voye, mais d'une manière , je l'ofcray dire ► enco
re plus nette, plus précise, & plus ordonnée, est
conduit au grand événement qu'il devoit annoncer ;
íurtout depuis le chapitre xj. où il commence à y en
trer , on va de lumière en lumière. Lá paroiflent
ks persécutions, les victoires, les chastîmens , &
toutes ces choies avec les grands traits qui les ren
dent reconnoissables. Ces grands traits sont des
faits importaus , des faits uniques , tels que
ceux que nous avons remarquez dans toute la
fuite de ces prédictions ; & ces caractères mar
quez se découvrent à mcíurequ'on avance. Quand-
ou yient par tous ces progrés au chapitre xvij.- orv
.1 ' croît
%iç L'APOCALYPSE.
«soit voit les cieux ouverts & tout le secret de la disti
llée de Rome révélé ; & en ramassant ensemble tous
les traits & toute la fuite, ce n'est plus une prophé
tie , mais une histoire.

.i CHAPITRE XVIII.
Chute de la grande Babylone ; toute la ter
te dtns ì'effroy à laveùëdejàdefolation.
gr„ r.A Phi'* cela je vis un autre Ange qui del-
jr^cendoitduciel, ayant une grande puissan
ce ; & la terre fut éclairée de là gloire.
, ». II cria de toute fa force , en disant: Elle est
tombée , elle est tombée , la grande Babylone , Sí
elle est devenuë la demeure des démons , & lare-
traite de tout esprit impur , & de tout oiseau impur >
& qui donne de 1 horreur.
3. Farce que routeslesnations ont heu divin de
la colère de ía prostitution ;& les Rois de la terre
se font corrompus avec elle; & les marchands de
latente se sont enrichis de l'excés de son luxe.
4. J'entendis aussi une autre voix du ciel , qui
dît: Sortez de Babylone, mon peuple , de peur que
vous n'ayez part à ses péchez, & que vous ne soyez
envelopez dans ses playes.
tfintsiu- j. Parce que ses péchez a sont montez jusqu'au
*" ciel, & Dieu s'est ressouvenu de ses iniquitez.
6. Rendez-luy comme elle vous a rendu; ren-
dez-Iuy au double selon íes oeuvres : faites-la boire
deux fois autant dans le mefme calice où elle vous
a donné à boire.
7. Multipliez ses tourmens & ses douleurs à
proportion de ce qu'elle s'est élevée dans son or
gueil , & de ce qu'elle s'est plongée dans les déli
ces , car elle dit en son coeur : Je fuis Reine : je
11e fuis point veuye , & jc ne scray point dans le
deuil.
8. C'est
CHAPITRE XV II I. *i$
8. C'est pourquoy ses play es, la mort, ledèuïl, Gr+
& la famine viendront en un mesme joui , & elle
sera.brûlée pat le reu , parce que c'est b un Dieu b hAi-
puissant qui la jugera. , pu»r
9. Les Rois de la terre qui se íbnt corrompus
ayec elle, & qui ont vécu avec elle dans les; délices ,
pleureront íur elle , Sc se fraperont la poitrine en
•voyant la fumée de íòn embrasement.
10. lisse tiendront loin d'elle dauslactainte de
ses tourmens > en disant : Malheur , malheur !
Babylone , grande ville , ville puiílànte > ta con
damnation estvenue en un moment.
11. Et lesmarchands de La terre pleureront, 3c
gémiront fur elle ; parce que personne n'achetera
plus leurs marchandises ;
1*. Ces marchandises d'or & d'wgent , de pier
reries ,de perles , de fin lin , de pourpre , de íòye ,
•d'écarlate, de toute forte de bois odonférent, Sc
de meubles d'yvoire 1 de pierres précieuses, d'ai
rain, de fer, & de marbre,
rj. De cinnamome , de senteurs , de parfums ,
d'encens , de vin , d'huile , de fleur de farine , de
bled , de bèstes de charge , de brebis , de chevaux ,
■de chariots, «= d'esclaves, Bc dames d'hommes. cdteerpi
14. Les fruits qui faisoient tes délices t'ont qui- &
tée j toute délicatelle St toute magnificence est
perdue' pour toy , Sc d onue les trouvera plus ja- d/« « la
mais. tromiru
r<j. Ceux qui luy vendoient ces marchandises ,
& qui s'en sont enrichis , s'éloigneront d'elle dans la
crainte de ses tourmens ; ils en pleureront, & ils en
gémiront:
16. Ifs diront , Malheur , malheur ! cette
grande ville , qui estoit vestuë de fin lin , de pour
pre ,& d'écarlate , parée d'or, de pierreries, & de
perles :
17. Elleaperdi
chesTes : Sc tous les Pilotes , ceux qui íònt voyage
liulamer, les mariniers , & tous ceux qui sent
employez
H6 , V A ï O C A L Y P -S E.
Gr. employez siir les vaisseaux > se sont arrestez loin
d'elle; . '
tUs*mic 18. Et se sont écriez , en voyant e le lieu de son
/ . embrasement , & ils ont dit : Quelle ville a jamais
égalé cette grande ville î
. 19. Ils le sont couverts la teste dépoussière , &
Hsont'jetté des cris méfiez de larmes & de sanglots ,
en diíant: Malheur, malheur! cette grande ville ,
qui a enrichi de son abondance tous ceux qui avoient
des vaisseaux fur la mer, a esté ruinée en un mo
ment.
10. Ciel réjoûïslez-vous fur elle, & vous Saints
Apostres & Prophètes , parce que Dieu vous a ven
gez d'elle. > -
tri. Alors un Ange fort leva en haut une pierre
comme une grande meule , & laiettadanslamer ,
endilànt: Babylone, cette grande ville , fera ainsi
précipitée , & elle ne se trouvera plus.
Zl. Et la voix des joueurs de harpes, des musi
ciens, des joueurs de flustes & de trompettes, ne
s'entendra plus en toy : nul artisan , nul-métier ne se
trouvera plus en toy 5 & le bruit de la meule ne s'y
entendra plus. ' ■ 1 >
15. Et la lumière des lampes ne luira plus en
toy , &lavoixdel'époux& de l'époufe ne s'y en
tendra plus : cartes marchans estoient des Princes
de la terre , & toutes les nations ont esté séduites par
tes enchantemens.
vM- Etonatrouvé dans cette ville le íàng des
Prophètes & des Saiuts , & de tous ceux qui ont esté
tuëz fur la terre. -•. • . .... .

EXPH-
€ H A PITRE 3Î Y I I I. ìi?

£ X P L I C A T I O N
da Chapitre XFIIÎ.
Chute , & désolation de Rome
foui tjilark.

I. efEvisun t^inge. . . ayant une grande puissance ; &


7 la terrefut éclairée. . . C'est celuy qui va an
noncer le grand ouvrage de la vengeance pro
chaine, qui éclatera comme le soleil par toute la
terre.
z. Elle est tombée la grande Babylone ; tiré d'Uàïej
xxj. 9 . & de Jérémie L 1. 8.
Elle est devenue' la demeure des démons. Dans le sty
le de l'Ecriturei les lieux désolez font représentez
comme abandonnez » non-íeulement aux oiseaux
de mauvais augure , mais encore aux spectres & aux
démons , Jer.tj. 37. Isa. xiij. n.,11. xxxiv. 14.
rjui sont façons de parler tirées du langage po
pulaire.
On dira que Rome ne fût pas si entièrement déso
lée par Alaric , qu'on ne la voye réparée bientost
aprc's: mais Babylone elle-meímè , qui est choisie
par le Saint Esprit pour nous représenter la chute de
Rome aussi-bien que son impiété & son orgueil ,
n'a pas esté détruite d'une autre sorte. Apres íá pri
se & son pillage sous Cyrus , on la voit encore subsi
ster jusqu'au temps d'Áléxandre avec quelque sorte
de gloire, mais qui n'estoit pas comparable avec cel
le qu'elle avoiteûë auparavant. Ce qui fait que les
Prophètes la regardent comme détruite , c'est à
cause qu'elle fut en effet saccagée, & qu'il n'y eût
jamais aucune ressource á la perte qu'elle fit de soit
Empire. Rome a esté poustée bien plus loin , puis
qu'en perdant son Empire , elle est devenue le jouet
des nations qu'elle avoit vaincues , le rebut de ícs
K propres
n8 L* A P O G A L-Y P S E.
propres Princes , Si laproye du premier venu , com
me oft'a veû Hijl. dbr. 14.16. »
II estbonaullï de se souvenir combien grand sut
le desastre de Rome ravagée par Alaric. Outretout
ce qu'on eh a rapporté de Saint Augustin , de Paul
1 Orosc,& de Saint Jérosme ce dernier nous la re
présente comme devenue lesépulcre de ses enfans ; com
me réduite par la famine à des alimcns abominables , (J
ravagée par la.faim avant que de l'ejlreparl'épée; de
fàrte qu'il ne luy rejioit qu'unpetit nombre deJes citoyens,
' O" que lei plus riches réduits à la mendicité » ne trouvè
rent desoulagement que bien loin de leur patrie dans la
charité de leurs frères , Epist. XVI. ad Prkicip.
Proœm. Comm. in Ezech. lib. III. VII. &c.
VoyeK Prés. n.%.&fur le chap. XWI. 1 6.
5 . Toutes les nations ont bit du vin de colère def*
prostitution. Hébraïsme : c'est-à-dire , du vin de
íà prostitution digne d'un chaítîment rigou
reux.
Ont b<ìí du vin.: cy-deûus , xi/ìj. 1. Le vice & Ter-
rcur enyvreut comme un vin fumeux qui fait perdre
laraiíon
3. Les marchands de la terreJe font enrichis de sex-
ecs defonluxe. Cen'estpas feulement l 'idolâtrie de
Rome que Dieu punit ; c'est son luxe & fou orgu
eil.
4. Sortez de Bttbylone , mon peuple. Ainsi dans
Jérémie : Fuyez du mìlitn de Babylone , (T que chacun
fauve son ame , Jer. L 1 . 6. Tout cela ne signifie autre
chose (inon qu'il falloit sortir de Rome , ainsi qu'au-
rrefois de Babylone,coirime d'une ville pleine d 'im
piété , & qui enfinalloit périr Depeur que vous n'à-
yez part à {es péchez ; c'est-â-dire , à la peine de ses
péchez , ou (1 l'on veut , à ía corruption , à son luxe,
à sesidolatriesoùelletafchoitd'attirertous ses ha-
bitaiis , comme on a veû , Hijl. abr. ». 13.
14.
Et que vous nesoyez envelopez dansses playes. II fal
loit que ícs anciens juifs foriiûcnt de Babylon, poux
n'est re
CHAPITRE XVIII. ii9
n'estre pas envelopez dans son supplice. Saint Jean
applique à Rome cette parole comme les autres qui
aut esté dites pour Babylonne.
Dieu en fit íbrtiríbn peuple en plusieurs maniè
res. Iment, en retirant de cette vie ceux à qui il
vouloit épargner la douleur de voir pe'rir une telle
ville. Ainsi!Saint Jérôíine a dit du Pape Saint Ana-
stase, que Home ne lefutpofiéder long-temps , C que
Dieu l'avoit enlevédu monde , depeur que la Capitale dt
tusiners tiefujl abhaiuëfous m pgrand Eve/que , Hier.
Ep. xvj. ,
x ment dans les approches de la prise de Rome ,
une secrète providence en éloigna plusieurs gens de
bien, & entre autres le Pape Innocent , qu'elle fit
sortir comme autrefois le juste Lot de Sodome , de peur
Sk'il nevist la ruine d'un peuple livré au péché. Aug.
e excid. nrb. 7. Oros. vij. 3 9. Nous avons veû auûî
Sainte Mélanie avec plusieurs Grands de Rome , en
sortir dans le meíme temps par une eípéce de pres
sentiment de la ruine de cette grande ville. Hist.
Laufiac. c. 118. Préface n. S Long- temps aupara
vant Dieu avoit mis dans le cœur à Sainte Paule & à
beaucoup d'illustres Romains, de se retirera Beth
léem avec leur famille. Hieron. Ep. Vïl. Et cn géné
ral nons apprenons de Paul Orose qu'un grand nom
bre de Chrestiens se retirèrent de Rome , suivant ce
précepte de l'Evangile: Quand ils vous poursuivront
dans une ville , fuyez en une autre : ce que ceux qui ne
crayoientpas à l'Evangile nefirent poitityCTse trouvèrent
accablez. Paul Oros. V I L 14. 49.
3 ment , dans le sac de la ville Dieu prépara un
asile hors de Rome dans l 'Eglise de Saint Pierre á
tous ceux qui s'y réfugièrent ; car Alatic l'avoit
ainsi ordonné ; & encore que les Payens ayent pro
filé de cette ordonnance , on ne doute point qu'elle
ne fust faite principalement pour les Chrestiens
*4ug. deCivit.l. 1.4. Oros.vij. 33. L'Egypte, l'Afri
que , tout l'Orient , & principalement la Palestine,
tout l'univers enfin fut rempli de Chrestiens sortis
Ki de
aiô L'ÀPOCALYS S E.
de Rome, qui trouve'reuc un refuge asseurédansla
' charité de leurs frères , comme le raconre Saint Jé«
, rosme Ep. XI Lad Gaud. Proœm.in Evcb. íib.líl.
r 4 ment, pour ce qui est des Eleûs de Dieu qui
moururent dans cette guerre , ce fut ceux-lá ,
^adit Saint Augustin, qui sortirent le plus glorieu
sement & le plus seúremcnt de Babylone , puis
qu'ils fuient éternellement délivrez du régne
, " • de l'iniqflité , & furent mis en un lieu où
• ils n'eurent plus à craindre aucun ennemi ni parmi
Jes démons , ni parmi les hommes, ^Aug. deurb. ex-
ad. 6.
y Sespéchez sont montez jusqu'au Ciel. Le Grec.
VontfuiMiejusqu'au Ciel. 11s l'ont poursuivie jusqu'au
jugement de Dieu , comme nous lisons de Ba
bylone : Son jugement est monté aux Cieux, jer.
ì). <,.
6. Rendez luy comme elle vous arendu. Claudius II.
tailla en piéces trois cens vingt mille Gots , & coula
à fonds deux mille de leurs vaislëaux. Toutes les
Provinces furent remplies d'esclaves de cette nation.
Trebell. Pol. in Gaud. & du temps mefme de la prise
do Rome, aprés la défaite de Radagaiíè , le nom
bre des esclaves Gots fut infini : On les vendoit comme
desbejles, &onenavoit, ditOrose , des troupeaux
entiers pour un écu. Orof.vjf. 37. Ainsi c'est avec
raison qu'on dit aux Gors , Faites à Rome comme
<sllè vous a fait; outiéqu'il les faut icy regarder com-
les vengeurs de l'injure commune de touces les na
tions.
Elle dit enson cœur , Jesuis Reine . . .C'est ce qu'I-
íàïe faisoit dire á Babylone ; je domineray éternelle
ment : il n'y a que moy fur la terre > O" je nejeauray ja-
fííer. Fp. mais te.que c'est qu'affliélion.lC. xlvij. 7,8. Rome van-
/ ad toit á son éxempleJ 'éternité de son Empire ; & un
^ilg.tj.Xr. des blasphèmes que les Saints Pères luy reprochent>
._ f' eítoit de s'estre appellée la ville éternelle: titre qu'on
40}. ttouveencore da is une Inscription qui fur faite íix
ou
CHAPITRE XVIII. ìz\-
ou sept íns ayant íà prise á l'occaíion de ses murailles
rebasties.
8 . Ellesera bridée par lefeu : Sous Alaric mesine ,
cy- dessus xvij. 1 6.
9. Les Sois de la terre. ..pleureront fur elle: La_
chute d'uDe si grande ville qu'on regardoit comme
la maistresse de l'univers étonnera tout le geurc hu
main.
Quisefont corrompus avec elle pleureront. Tout ce,
qui restoitdeRoisaliezde Rome & de grands qui
avoient pris part ou à ses idolâtries où à Ton ambi
tion & à son luxe s'affligera de fa perte.
10. Malheur , malheur'. Vie'. Le voilà ce troisième
& dernier V<t que nous attendions depuis si long
temps , & depuis le ~$r. 1 4. du cb. xj. II retentit en
core cy-dessous ifr. 1 6. Ke, Vie'. Malheur, malheur'.
Helas , helas , lagrandeville dehabylone '. Et encore
au verset 1 9 yet , Vie '■ Malheur-, malheur'. Ne le
cherchons plus ce terrible Vk; le voilà) (ans qu'il
soit besoin de nous le faire remarquer. Un cry si
perçant & si souvent répété se fait allez remarquer
luy-mesme. .
1 }. D'esclaves & d'amis d'hommes. Le G mtp>l-re»
qui veut dire , corps : ce qHe la Vulgate a tres-bieti
rendu par le mot de mancipia, comme le prouve
très-clairement Drusius , fçavant Protestant, fur
ce passage. On le trouve dans les Critiques d'Angle
terre. D'amesd'hommet ; c'est à dire , d'hommes
en général , selon la façon de patler usitée dans tou
tes les langues, &eti particulier dans la langue
Sainte. Gen. xlvj. Mais icy , comme Saint Jean oppo
se les hommes aux esclaves, il faut entendre pat
hommes, les hommes libres , car on vend tour ,
esclaves & libres dm\s une ville d'un si grand abord.
D'autres au contraire veulent pat lésâmes entendre
les esclaves qui n'ont que leur amc en leur puissance,
Grotjur ceverjet: maïs 1c premier sens paroilt meil
leur.
iS. Le lieu deson embrasement: Gr, lafumée de son
K j emUa-
m L'APOCALYP S E.
embrasement; ce qui convient mieux à ce qui est
dit xix . ì,.Etsa fumée s 'élevé aux ficelés des siécles.
10. r\éjouij]ez.-voiu fur elle. La voix dont il est
parle' /«p. 4. elticy adresse'e aux Apoílres & aux
Jj?rophétes , & Dieu montre par Iâ qu'il découvre
aux ames Saintes les jugemens qu'il e'xerce fur la ter
re. D'où vient qu'il en est loûé par ces ames bien
heureuses , xix. 1. 1.
11. Un tyîngefort leva : Imite' de Jérémie//. 6 3.
46.
n. Et 1* voix .. .des musiciens .. .& lehruit de la
meule Et la lumière'. . . Imité de Jérémie
xxv. 10. Tout est triste, tout est ténébreux, tout
est mort dans une ville saccagée. Tes marchands
ejhìent des Princes de la terre : Imité d'Ezech. xxvìj.
15.au sujet de fa ruine de Tyr. En général , il faut
conférer tout ce chapitre avec le xxvij. d'Ezéchiel.
14. Et on a trouvédans cette ville le sang des Pbro-
phétes , & lesang des Saints , & lesang de tous ceux
fui ont estétuésfir la terre. Tout ce qu'il y a eû de
Martyrs dans les Provinces ont péri par les décrets
& par les éxemples de Rome ; &pour étendre en
core plus loin cette peníée , ceux qui répandent le
íang innocent, portent la peine de tout le sang inno -
cent répandu depuis le íàng d'Abel , Matt.xxiif.
Î5-

CHAPITRE XIX.
Les Saints louent Dieu , & se re'joútjsent
de la condamnation de Babylone. Le Verbeparoijl Avec
fes Saints. <^4vec eux il défait Us impies. La befle ,
lefaux Prophète , & tous Ut médians jont éternel
lement punis.

•un«<Or.' x. A Pke's cela j'entendis dans le Ciel a un


grand ^ bruit comme d'une grande troupe , quidi
krmi
soicj
CHAPITRE XIX. 114
íoit , tAlleluya : Salut , gloire b > & puissance à ' Gr%
nostreDieu: " b htatut
1. Parce que ses jugemens (ont véritables & ju-
stes , parce qu'il a condamné lágrande Prostkuée ,
qui a corrompu la terre parsa prostitution , qu'jj jf„ DieK- *•
a vengé le íàng de ses serviteurs que íès mains oc»
répandu.
Et ils dirent une seconde fois , tAlleluya. Et '
la fumée de son embrasement s'élève dans les siécles
des siécles.
4. Alors les vingt-quatre vieillards & les quatre
animaux se prosternèrent , & adorèrent Dieu qui
eitoit astis fur le trône , en diíànt , t^Amen , t*At- '
ìeluya.
5. Et il sortit du trône une voix , qui dît : Loûëz
nostreDieu , vous tous qui estes íès serviteurs, & . .
qui le craignez , petits & grands.
6. Et j'entendis un bruit comme d'une grande
troupe, comme le bruit de grandes eaux, & com
me de grands coups de tonnerre, qui disoient, tsíl-
Itluya-, parce que le Seigneur nostre Dieu, le rout-
puiíîant régne.
7. Réjouistonç-nous , soyons dans la joye , &
donnons luy gloire : parceque les noces de l'A-
gneau sont venues , & que son épouse s'y est pré
parée. *
8. Et il luy a esté donné de se vestir d'un fin lin 绫e>
c ' net & blanc ; & ce fin lin est la justice des idnunt
Saints.
*). L'Ange me dît alors : Ecrivez : Heureux cetix
qui onr esté appeliez au souper des noces de l'A-
gneau ; & il ajoûta : Ces paroles de Dieu íont vé
ritables.
ïo. Aussitost je me jettay à ses pieds, pourl'à-
dorer : mais il me dît : Gardez- vous bien de le faire:
je fuis serviteur comme vous,& comme vos store*
qui ont rendu témoignage à Jésus : adorez Dieu , cat
l'csprit de Prophétie est le témoignage de Jé
sus.
K 4 11. Je
tÌ4 L' A P OCA'L Y P S E.
; i i . Je vis. alors lç Ciel ouvert , & il parut un che
val blaitc:ccluy quiestoit, destus s'appelloitlç Fidèle
Sc le Véritable , qui juge , & qui combat juste
ment, r
n. Ses yeux estoient comme une flâme de feu:
t - il avoit plusieurs diadèmes íur fa teste , & un nom
• ' . i exrit que nul ne connoist que luy.
* * "' 13. II estoityestu d'une robe teinte de sang > Sc
m , . «lUs'appelk le Verbe de Dieu.
' m * „ '• *W14. Les armées qui sont dans le Ciel le fuivoient
-if. -fur des chevaux blancs, vestuës d'un lin blanc &
pur.
15. Et il fort de fa bouche une e'pée à deuxtran-
chans , pour en fraper les nations , car il les gouver
nera avec un sceptre de fer : & c'est Iuy qui foule la
cuve du vin de la fureur & de la colère de Dicutout-
puislànt.
ictmm 16- Et il porte. <• écrit sur son vertement & sûr
écrit . sa cuisse : Le Roy des Rois , Sc le Seigneur des Sei
gneurs.
17. Etjevisun Ange debout dans le Soleil , qui
cria à haute voix , en disant à tous les oiseaux qui
■voioient par le milieu de l'air , Venez , & assem
blez- vous au grand souper de Dieu :
18. Pour manger la chair des Rois , la chair des
Officiers de guerre , la chair des forts , lâchait des
chevaux & des cavaliers , la chair de tous leshom-
mes hbres & esclaves , petits & grands.
19. Etjevisla beste & les'Rois de la terre , &
leurs armées assemblées, pour faire la guerre à ce-
luy qui estoit monté fur le cheval & á sou ai
mée.
10. Mais la beste fut prise ,& avec elle le faux
Próphétequi avoitfait les prodiges en fa présence ,
par lesquels il avoit séduit ceux qui avoientreceû le
caractère de la beste , & qui avoient adoré son ima-
Í;e : & les deux furent jettez vifs dans l'étang bru
ant de feu & de fourre.
n. Les autres furent tuez par l'épée qni sonoit
de
C H A PJ T R 'E X I X. Hj
de la bouche de celuy qui estoit rndntë sur Ic che
val ; & tous les oiseaux se "soûlèrent de leurs
chairs.
E X P L I C A*.T 1 <Q - Àt
du Chapitre XIX. *: <
Les Jugemens de Dieu connus aux Saintir ;
Ìadoration refuséefar l'Ange.
i. ■
APrêt cela j 'entendis. . . Les Saints invitez 'i1
it
Q*/! loûé'rDieu , xoiij. 10. le fout icy avec
grand éclat ; & Saint )ean , selon fa coutu
me , aprës les spéctades les plus affreux , en repré
sente de plus doux.
7. Rjjouïffons-nous. . . les noces de l'^Agneau (ont
venues. Al 'occasion de la ruine de l'idolatne& dela
gloire des Eglise il parle de la gloire e'ternelle , &
ensuite dans le}?. 17. du jugement & du supplice
éternel.
10. Jemeìettay àfespieds. Où il prit cét Ange
pour ]e(us-Christ mesme , & il luy voulut rendre un
honneur convenable à la nature Angélique , & tel
que les Saints de l'ancien Testament le rendoient
aux Auges qui leur apparoiíToient , l'Ange refuse de
le recevoir d'un Apoltre. Auífi Saint Jean crut si peu
avoir manqué , qu'aprés l'avertilíèmeiit da l'Ange
il luy rend encore 1c mesme honneur que l'Ange re
fuse de nouveau , xxij. 8. pour égaler le ministère
Apostolique Sc Prophétique à l'état Angélique ,
Gregor. hom. viij. in Evang.
ir. Je vis... leCielouvert. On voit icy une pein
ture admirable de Jeíùs- Christ , pour montrer que
c'est luy qui a fait tout ce qu'on vient de voir , &
qui vaachever de détruire les impies dans son der
nier juge ment.
ti. Un nom. ..que nul ne comoijl que luy : son non
est le Verbe de Dieu. 1 5 . Nùl autre que luy 11e com
prend la dignité de ce nom.
K 5 ij. D'V>nc
H6 L' APOCALYPSE.
15. D'une robe teinte desang. II semble qu'il par
le ìcy du íang de ses ennemis > comme cn Isaïe
Ixiy. 1. 1. 3. d'où est pris encore ce qui est dit icy
5^.15. IIfoule la cuve du vin , quoy-qu'on puisse di
re áulíi que la robe de Jesus-Cbrist , c'est-4-dirc ,
son humanité' , est teinte de son sang.
1 7. Etje vis un uinge. . . dans le Soleil. C'est icy
la grande & éclatante destruction de ceux qui ont
fait la guerre à Dieu durant tout le cours des persé
cutions.
18. Pour manger la chair des B^pis.... Ezech.
jsxxix. 17.
19. Eijcvislabefle C'est une récapitulation
te répétition abre'ge'e de ce qui a -este' représenté au
long dans les visions précédentes.
10. Ces deuxfurentjette* C'est aprésla ven
geance suri a terre, le supplice éternel de l'autre vie.
Remarquez icy l'effet le plus terrible du dernier íi,
où par des malheurs extrêmes on est précipité dans
Penser. Remarquez encore qu'il n'y a icy que la
bestc 5c le faux Prophète qui y soient jettez : le
dragon qui les animoit n'y est jetté qu'au
chapitre XX. 9. dont nous dirons alors la rai
son.
z r . î'uè* parl'cpée quifartait de la boucht,comme il
aestédi cy- dellus /. 1 í.
OBJECTIONS DES PROTESTANS
contre ^interprétationprécédente.
N Ous avons avec la grâce de Dieu conduit les
prédictions de Saint Jean depuis le temps de
Trajan & d'Adrien , jusqu'à la destruction de
lîome, qui eftoic comme le terme de fa Prophétie.
Que íi les Protcstans doutent encore que ce ne soit i
cc grand événement qu'elle se termine , j'ay enco
re áleur opposer ce raisonnement tiré de leurs pro
pres p rúicipes : car ils sont tous demeurez d'accord
que
C H A P I T R E- X I X. 117 ,
que le démembrement de l'Em'pire Romain estoit
marqué Jans les dix Rois du chapicreX VII. donc
la ruine de Rome , qui fuit incontinent aptes dans
le chapitre XVIII. est la ruine qui accompa
gne ce démembrement , c"est-à.-dire > la ruine cau
sée par Alaric ; autrement il n'y aura plus ni fuite
ni enchaînement dans la Prophe'tie ; & pour en fai
te le commentaire, il n'y aura qu'à jctter en l'air
tout ce qu'on voudra. Par conséquent il raut croire
que Saint Jean a eû en veûë ce"t événement, & !&•
Frotestansnc l'ontpunier fans se démentir eux-
mesmes. Mais parce qu'ils prétendent avoir des
raisons pour montrer que cette prise de Rome par .
Alaric & les Gots ne répond pas suffisamment â ce
que dit Saint Jean de la- chute de cette ville , les voi-
cy en peu de mots comme on les trouve ramassées
par ordre de tous les Auteurs Protestans dans la Sj-x*râ*.
nopíe d'Angleterre. Xftu,
i . objé&ion; La chute dont parle Saint Jean est une •>*("•
chute dernière & irréparable. *' IÓ>
r p. 1960.
R e' p o n s E.
Au contraire, nous avons fait voir que c'est une
chute semblable à celle de Babylone , qui resta enco
re long-temps avec gloire, soyez chapitre xviij.
v. i.
1. Oí;/ct<o»:Saint Jean dénonce íà perte à une Ro
me idolâtre & prostituée,& non pas á une Rome de
venue Chreslieunc.
R e' P o n s ï.
Nous avons fait voir comment Rome estoit enco-
réia Prostituée , Hiji. abr. n. 1 3 . 1 <t. & fur le chapi-
tr X VI l. "f. 6. II faut aussi se souvenir que pendant
mesmeque les Empereurseíloient Chrestiens, 1 i-
dolatrie dommoitd.ins le Sénat, & qu'on y regar-
doit la Religion Chreítienne comme la dévotion
K 6 pam
ti% V A P O C A L Y P S E.
parpicuiiére des Princes > mais l'idolatrie corn me la '
leligion de l'Empire , ibià.
Je parse icy la troisie'me & la cinquième obje'c-
tion , que je mettray á la fin comme les plus fortes ,
& que je de'tiuiray , s'il plailt à Dieu, avec la dernié-
le évidence.
í Mais , dit-on , pour quatrie'rne raison , IesSaints
íont avertis de sortir de Babylone. 11 est vray r mais
visiblement ce't ordre du Ciel ne signifie ajitre chose
■ finon que Rome estoit une ville encore pleine d'im-
pie'te' , & qu'elle alloit estre íàccage'é : de forte qu'il
en falloir íortir pour e'viter les malheurs qui accom
pagnent le sac d'une ville ; & s'il y a quelque chose
déplus à entendre dans cet ordre venu du Ciel ,
nous l'avons liirfiíamment expliqué/w le 4. du
ch. xViij.
Pour sixième raison , l'on objecte que cette
çhûte de Rome est une des playes envoyées àla be-
fte.
R e' r o n s s.
Qui en doute? La question est de fçavoir ce que
signifie cette belle : nous avons veû que c'est l'ido
latrie dans Rome maistrelîe du monde j &pour U
connoistre, tant daus íà premie're vigueur que de
puis qu'elle e(l rcssiiícitee , il n'y a qu'à voir ce qui
en est dit íiir les chapitres X 1 1 í. & X V 1 1. Que íi
l'on veut que ce soit icy la victoire de Jésus*- Christ
fur l 'Antéchrist , je réponds qu'ily 3. plusieurs ^Ante-
chrifls , selon Saint Jean , ï.Jo.II. 18. & pour ce
qui regarde le dernier , íçavoir jusques à quel point
on le peut trouver dans la beste â sept testes, je le
la île â déterminer par les principes poíèz Prés.
». 1 6. & par les remarques , íur le chap. rïu-
vanr.
Mais voicy ci ux dernieres raisons que nousavions
réservées c.t.mme les plus apparentes. On dit donc
que la chute de Rome dans l'Apocalypse est attri
buée
C H A P I T R E X I X. ttí
bu<fe aux Saints ; que ce sont eux qui la saccagent, Sc
se vengent des injures qu'ils en ont réceûe's: ce qu'on
prouve pat le •fi.è.duch. xviij. Mais qu'on lise bien
ce passage , on n'y trouvera pas un mot des Saints.
Rende* lny , dit-on aux vengeurs , eomme elle vous
a rendu , &faites, luy le traitement quelle vous a fait.
Je reconnois icy des vainqueurs cruels , qui sont ra- t
vis de détruire celle qui les avoit détruits: mais ja
mais on ne verra dans l'Apocalypíè qu'on ait donné
aux Saints un tel caractère , ni qu'on leur donne
contre Rome leur períécutrice , d'autres armes
que celles de la patience. Je cannois , dit-on, ton
travail O" ta patience , jF. i. Et ailleuts : Tu as
gardé la parole de ma patience, iij. 10. Et enfin jus
qu'à deux fois: C'efl icy la patience des Saints , xiij»
10. xiv. 1 1.
Quand les Protestans nous disent icy , que les
Gots n'avoiencreceû des Romains aucun mauvais
traitement, c'est que leurs fades allégories leur íont
oublier les faits historiques les pins constans que
nousieur avons rapportez fur le y. í. du xviij. cha
pitre. Ils ajoùtentque du moins les Saints lè sont
réjouis de lavette de Rome, ce qui ne convient
pas aux Saints du temps d'Alaric , qui plcu-
roient avec tous les autres la perte de leur com
mune patrie. J*avoûë que les Chrestieiis ,' cjui
estoientpourla pluspart sujets de l'Empire, n a-
voient garde de se réjou ir de la victoire des Gots ni
d'Alaric. Aufli ne Yoy-je dans Samt Jean aucune
marque de leur joyc. li est vray que les Saints sont
invitez à íè réjouir de la chute de leur períécutrice ,
mais ce lònt les Saints qui sont dans le Ciel O Ciel , ^tpcù
dit-on , rèjcùifíz-vous , £í vous Saints ^poflres , O"
vous Prophètes ! C'est là manifestement une voix 10*
adrcílée aux ames Saisîtes qui sont dans la gloire.
Aullìenrens je dans la fuite une grande joye, un ~4ptc'.
tslmen, un ^AlleUya , mais dans le Ciel , où l'on XIX.
se réjouit toujours des jugemens de Dieu. Pour les i*
Saints qui sont fur la terre, ils en tremblent , ils les
K 7 adorent}
*i» V A P C3 C A L Y P S E.
adorent ; mais loin de s'en réjouir , ils ont íba-
Tent à les déplorer , parce qu'en un certain sens , &
9 ne regarder que le dehors , ils peuvent y estie
Compris avec les impies. C'ell ce que firent les Saints,
comme on a pu voir dans la ruine de Rome; & Saint
Èan qui le prevoyoit,ne marquoit point de joye fur
terre.
C'est aussi ce qui fait voir dans ce íàint Apostre
des idées bien différentes de celle des Protestans: car
les Protestans veulent voir une Rome détruite par
les Chreítiens Si les Chrestiens ravis de fa perte :
mais Saint Jean a expreflémentévité cette idée, en
ne nous montrant la joye que dans le Ciel; ce qui
seul pouvoit démontrer aux Protestans la fauíleté de
leur système.
Mais fans rapporter icy toutes les raisons qui en
montrent la vanité > n'est-ce pas aílez que les Pro
testans ne ttouvent dans la ruine de Rome que Saint
Jean explique avec tant de. soin , aucune marque
• d'une Eglise Chrestienne qui doive estre ruinée 3c
abbauë ; Nous n 'y voyons au contraire que ce qui
peut faire íèntir le débris d'une grande ville: ce n'est
donc pas d'une Eglise que Saint Jea|$4écrivoit la
chute, commi- le prétendent les Atl(|fcnís ; mais
d'une ville puiíTaute , d'un Empire purement tem
porel , comme aussi nous l'avons fait voir dans la
Préface , m. 9.
Enfin , qu'on jette les yeux fur la chute de la vé
ritable Babylone , on n'y verra rien qui soit plus
marqué dans les Prophètes que la destruction de fes
temples , & le brisement de fès idoles. Bel efl bri/é >
Jfaboeji enpiéces ; leurs idoles ont ejlé charméesfur des
beflcs desomme quelles ont accablées par leur pesanteur ,
& u'ontpù sauver ceux qui les portoient , If. xlvj. 1. x.
SaintJean qui a peint la chute de Rome fur ce divin
original , s'il avoit voulu nous y représenter le dé
bris d'une nouvelle idolâtrie , ne nous auroit-il pas
' fait voir les nouvelles idoles à bas , la Sainte Eucha
ristie d'un costé , quelque Saint de l'autre, la Croix
mefme
CHAPITRE XIX. *ji
mesme de Jesus-Cbrist la plus exposée de toutes ces
idoles prétendues , briíée la première de toutes , gç
paroiflant de tous costez dans le débris ? Ainsi rien
nemanqueroitauspéctacte , & les Protestans com
ine les Payens auroient eû Ic plaisir de voir tant de •
monumens , 8c presque toutes les marques extérieu
res de la Religion Chrestienne méprisées par un
Apostre.
Onpourroitm'objéctericyque je fuis pris dans
mespropresparcJes:carsi c'est á l'ancienne Rome
& à íbn idolâtrie que Saint Jean en vouloir encore
dans ce chapitre , pourquoy n'en fait- il pas voir les
idoles abbatuës ? Mais c'est icy que me paroist une
des merveilles de ía prédiction , en ce que du temps
d'Alaric& de la destruction de Rome , les temples
Se, les idoles eltoient déja renversez pour la pluspart.
Car faus parler des grands coups que les íaufles di-
vinitezavoientreceus sous Constantin, íousGu-
tien , & fous Théodose Je Grand , Saint Augustin jye c'mit.
nous apprend un fait mémorable du régne 3'Ho- xtn.ll.
norius. Les Payens s'estoient vantez d'un oracle "MJ-S*
qui prédilòit la ruine du Christianisme eu l an 3 6 6 .
depuis la mort de Jeíus Christ, qui est environ l 'an
398. de nostre Ere. Que les Protestans remar
quent en paílam dans quelle boutique font forgées
les Prophéties qui prédisent la ruine de l'Eglise,
Mais cette année 366. qui de-voìt eflrefatale au Carifìì-
fnifme , le fut , dit Saint Augustin , à l'idolatrie , fuis
que les Templesy fuient renverse* , C les idoles brisées
Tannée d aprés. Saint Jérofme nous repréíènte aussi
le Capitoìe abandonné , & toutson or terni ; tous les Tem- Epift. P^t,
pies de Rome couverts d'ordures & de toiles d'arai
gnées ;& encore depuis peu d'armées m des Gracques
dont le nom seulfaisait enttndrece que Rome avoit de plut
noble , renversant , brisant , & bruflant l'antre de Mi-
tras C7" toutes fes idoles , avec leursfigures monstrueuses.
Ainsi Saint Jean n'a plus eii besoin , en décrivant la
chute de Rome , de peindre celle des idoles , puis
que le grand coup dout elles dévoient estie brisées »
avotc
i?i V A P O C A L Y P S E.
avoitdéjá'estésrapé» & comme il a esté dit/a>- se
th. xvij. tf. ií.'*la corruption subíistoit plus dans
les désirs de la Prostituée que dansl'efFet.
RE'CAPITVLATIQN
de ce qui a esté dit depuis te chapi
tre IK jusqu'au XX. & notamment
des trais Vae.
.N peut maintenant entendre 1k toute la fuite de
Oì ' la ptédiction de Saint Jean depuis le chapitre
IV. jusqu'à la fin du XIX. & ilestbou de
se la remettre sous les yeux.
L'ouvrage de Dieu est accompli : Jeíûs Christ est
■ Chap. VII. victorieux ; l'Egliíè est vengée ; les Juifs , qui , mal-
VI II. gre' leur chute , continuoient à la persécuter , ont
receû les derniers coups , & on voit que rienn est ca
pable d'abbatre l'Egliíè , quoy-que Satan employé
contre elle toute (a séduction & toure sa violence. Sa
íéduction paroist principalement dans les hérésies ,
Sc d violence dans la cruauté qu'il inspire à l'Empi-
re persécuteur. Ce mauvais esprit remuë tout, &
tous íès efforts font inutiles.
Ch*p. Là paroiílent ces trois grands Vk , c'est-à-dire ,
VIIt. ces trois grands malheurs , qui font voir la liaison
*?• de tout cét ouvrage , & la fuite des attaques de Sa
tan, car H y est exprellément marqué dans tous le^
trois ; dans tous les trois il travaille à perdre entiè
rement les hommes. Tout aboutit à oster l'Egliíè
de dessus la terre , parce que c'est elle feule qui em-
Chtf.VX. pefche que tout le monde ne l'adore , & que Dieu
I. ii. ne luy abandonne tout le genre humain ; mais il
est vaincu par tout , & l'Agneau triomphe de luy.
Par un premier Ke , ce mauvais esprit soulève les
hérésiarques , & il tasche , en éteignant la lumière
del'Evangilé, d'envcloper tout l'univers dans une
éternelle nuit, car c'estoit là, comme difoit le saint '
vieillard Siméon , la lumière pour éclairer les nations ,
Luc.
CHAPITRE XIX. 13$
Luc. II. 51. Er les enfansde VY-gliCe luisent comme ItiJ. if."'
des luminaires dans le monde , Phil. II. 1^. de sorte \n-XVK
qu'obscurcir l'Eglisc , c'estoit cacher la lumière de 'î-'-t-iû-
tout l'univers dans les ténèbres. La vérité' lesdiffì- Chas. IX.
pe. Par un second Vk , le malin esprit suscite de *i-&fi&
grandes guerres , où ses devins promettent la vie- * jg.1*"
toire à ceux qui répandront le plus de sang Chre-
stien. En mesme temps il anime les persc'euteurs , 0>*p-Xll.
&ondiroitquepar leur moyen il aille engloutir 'î' *ï*
l'Eglisc. L'Émpirffperíécuteur n'agit que parluy :
le dragon donnéà scs
cet efforts,
Empire ,fa grande puiffance ; mais Xlll.i-
plus il redouble plus fa défaite est mani-
feste. L'Eglisc triomphe sous Constantin, l'ido
latrie reçoit le coup mortel. Cette puissance mal
faisante que Satan avoit donnée aux persécuteurs
Jeuv est funeste , puis qu'elle avance leur supplice en
augmentant leur crime. Enfin par un troisième i&»M
Vk, ìlresluscite l'idolatrie , qui avoit receù une
bleflûre mortelle, & il lu y donne de nouveau là
puissance. On l'adore comme l'auteur de cette ré-
surrèction de l'idolatrie qui paroist miraculeuse.
Par les prestiges & les faux miracles de ses devins Sc
de scs enchanteurs , il aveugle julien 1*Apostat qui
devoit estre l 'instrument de ía malice , & il éblouit
les peuples. Le monde est replougé dans l'idola
trie , avec un aveuglement d'aurant plus criminel ,
qu'il est fans comparaison plus mauvais de la relever
de fa chute que de la conserver dans fa puissance.
Malgrèles Empereurs Chrestiens qui vinrent après
Julien, Satan régne dans le cœur de laProltiruée ,
qui ne cesse d'aimer ses idoles , qu'oy-qu'abbatuës
& brisées ; & après le comWe du crime où il la jette,
il luy attire auílì le comble de la peine , & le dernier
coup de foudre , par lequel son Empire , qui estoit
aussi celuy de l'idolatrie & du démon , estant ren
versé fur ía terre , elle est encore précipitée dans les
enfers.
Voilà l'iiistoire des trois Vjc , Si le premier est
différent des deua qui le íuivent, en ce qu'il repré
sente
tj4, L* APOCALYPSE
sente á regard de l'Eglise une persécution spirituel
le, Scmesme àl'égarddu siécle une playe qu'on n'y
sent pas, c'est à-dire, la diminution de la lumière
dont il devoìt estre éclairé , c'est que le Saint Esprit
„ a voulu montrai à Saint Jean toutes les sortes de ju-
femens que Dieu avoit résolu d'éxercer fur les infi-
cles , & ensemble toutes les fortes de victoire que
l'Agneau devoit remporter fur le démon & le mon
de. Les deux autres Vk font voir le crime plus sen
siblement puni , & tout enfin íe termine au feu éter
nel.
0>*f' Le dernier Vk ne paroist clairement marqué qu'à
JjJjJ h la chute de Rome , com»eonaveû; maisilyiaut
rapporter tout ce qui fuit aprés le second. Or le se
cond se termine à l'endroit où les deux témoins
Chap. XI. montent au Ciel , où la perse'cution cesse , où l'E-
12.13. glisc paroist en grande gloire , où enfin le règne des
impies est ébranlé, & ensemble Dieu glorifié par
Chdf.Xii. ie nombre infini des conversions Ce temps concourt
9. tì'siúv. rnam -e(tc.mcnt avec celuy où le dragon est vaincu ,
■Chap. où l'idolatrie est abbatuë , où la befle reçoit la playe
XIJIr. mortelle, & paroist tout-à-fait morte. Là se ter-
ìbid. ' mine le second Vk , & par conséquent le troisième
commenceà l'endroit où la besteest ressuscitée, Sc
où l'idolatrie revient en triomphe sous Julien l'Apo-
stat. A ce Vk appartient donc tout ce qui fuit jusqu'à
la chute de Rome ; & si Saint Jean ne marque pas le
commenc.'mentnilafin de ce K«au(li clairement
que des autres , outre la raison commune de diversi
fier le style , c'est qu'il doit estre aisé á un Lécteur
déja instruit de trouver çe qui regarde le troisième
Vk par l'aualogie des doix autres qu'il vient de
voir.
Le temps des trois Vk est maintenant aise à déter
miner. Le premier commence à Sévère, & finit au
commencement des malheurs de Valéricn. Le se
cond , qui commence là, est pousté jusqu'à la dé
faite de Maxence , & des autres petfécuteurs , par
où l'idolatrie est abbatuc , & le règne de l'Egtise
établi.
CHAPITRE XIX. ajj
établi. Le dernier comprend cous les attentats de
puis l'idolatrie ressuseitéepar Julien VApostat , avec
tout ce qui est arrivé juíqu'à la fin pour les pu
nir.
II ne faut pas oublier icy qu'uue vision répéte
souvent íous une figure ce qu'on aura déja veû re
présenter íòus une autre , car le lecteur seroií
accablé des merveilles d 'une vision , si ou luy repré-
lèntoit tout en mesme temps. Oníoulage donc sou
attention , & on luy inculque davantage une vérité' ,
en la luy proposant fous diverses formes : en mesme
temps il est consolé , parce qu'un endroit luy expli
que l'autre ,& qu'on ne cesse de luy découvrir tou
jours de nouveaux caractères de la chose qu'on avok
dessein de luy montrer ; comme il paroist , â l'égari
de la persécution de Dioclétien , dans les chapi
tres XI. XII. XIII. XVII. & parlachute
de Rome, dans les chapitres XIV. XVII. &
XVIII.
II arrive aussi quelquefois , nottamment au cha -
pitre X VI. que Saint Jean reprend les choses de
plus haut que dans les derniers chapitres précedens ,
pour faire mieux voir la liaison des causes prépara
toires avec les effets , ainsi qu'il a esté remarqué fur
ce chapitre: maisaprés tout dans le fonds , la fuite
de la Prophétie est manifeste. Les sept sceaux sont
engagez dans les sept Trompettes ; les trois Vie qui
tient les Trompettes entre elles les unissent aussi avec
ce qui fuit , où sont comprises les sept coupesavec la
ruine de Rome.Tous les temps marquez dans la Pro
phétie íe touchent , & vont pour ainsi dire de proche
en proche: c'est pourquoy Saint Jean dit toujours que
tout doit venir bientost, parce que lors qu'il écrivoir
la Prophétie.tout ce qu'il devoit prédire dans un or
dre si bien lié alloit commencer. Ainsi en lisant cette
Prophétie , quand on en tient la clef, on croit lire
une histoire. Cependant à Dieu ne plaise qu'on s'i
magine que par cette explication quelque luivic
qu'elleparoifle, on ait épuisé tout le sons d'un livre
i)í L'APOCALYPJI
si profond. Nous ne doutons pas que l'esprit de Dieu
n'ait pu tracer dans une histoire admirable une autre
histoire encore plus surprenante, & dans une pré
diction une autre prédiction encore plus profonde :
mais j'en laisse l'explication à ceux qui verront ve
nir de plus prés le règne de Dieu > ou à ceux à qui
Dieu fera lagrace d'en découvrir le mystère. Cepen
dant rhumble Chrestieu adorera ce secret divin , &
se soumettra par avance aux jugemens de Dieu ,
quels qu'ils doivent estre,& dans quelque ordre qu'il
luy plaise de les déveloper : seulement il demeurera
aisément persuadé qu'il y aura quelque choie qui
n'est point encore entré dans le coeur de l'homme.
Quoy qu'il en (bit , il désirera en tremblant de voir
arriver bientost le règne parfait de Jesus-Christ, & il
vivra dans cette attente.

S V I T E
de la prédiction de Saint yean.
CHAPITRE XX.
Le dragon lié & délie' ; les mille ans t ; la
première & I*seconde réfurréÛion ; le dr/tgon jelté
dans l étang defeu ; le)ugefur/in trine j lejugement
des morts ; le livre de vie,
i. 1 E vis descendre du Ciel un Ange , qui avoit la
J clefdcl'abysme , & une grande chaiíkc en
sa main.
x. 11 prit le dragon , l'ancien serpent , qui est le
diable & satan , & il le lia pour mille ans.
5. 11 le précipita dans l'abysme , l'y enferma , &
mit un sceau sur luy , afin qu'il ne (éduiíist plus les
nations , jusqu'à ce que les mille ans fussent accom
plis , aprés lesquels il doit estre délié pour un peu de
temps. 4. Je
C H A P I T R E X X. *57
4. Je -vis auflì des trônes , & ceux qui s'assirent g
.delliis , & h puiilauce de juger leur iut donnée : Si
iesaniesdeteux qui ont eu la teste coupée pour
avoir rendu témoignage à Jeíus , & pour la parole
de Dieu , & tui n ont point adoré la beste , ui Ion
image, ni rcceii son caractère sur leur front , on
dans leurs mains ; & ìlsout vécu & régné mille ans
avec Jeíus-Chrilt. %
5. Les autres morts ne sont pas revenus en vie
jusqu'à ce que mille ans soient accomplis. C'est icy
la première réíurréction.
_ 6. Heureux & íàint est celuy qui a part à la pre
mière résurréction : la seconde mort n'aura point
de pouvoir íur eux ; mais ils seront sacrificateurs de .
Dieu & de Jesus-Christ , & ils régneront avec luy
pendant mille ans.
7. Et aprés que mille ans seront accomplis , Sa
tan sera délié ; il sortira de ía prison , & il séduira
les nations qui sont aux quatre coins du monde ,
Gog & Magog j Sc il les assemblera au combat»
& leur nombre égalera celuy du fable de la , „
mer.
8. Us se répandirenusur la face de la terre ,&
ils environnèrent le camp des Saints , & la ville
bien aimée.
9 . Mais Dieu fit descendre du Ciel un feu qui les
dévora ; Sc le diable qui les séduisoit , fut précipité
dans l'étang de feu & de soufre, a où labeíte. atìtstu
10. Et le faux prophète b seront tourmentez beste&lt
jour & nuit dans les iiécles des siétles. f**x P'*-
11. Je vis auflì un grand trône blanc, & quel- f*'".. -
qu'un assis desl'us , devant la face duquel la Terre & '
le Ciel s'enfuirent , & leur place mesme ne se trouva
plus.
11. Et je vis les morts, grands & petits , debout
c devant le trône: les livres furent ouverts , & un c devant
autre livre , qui est le livre de vie , fut encore ouvert; Dit»
& les morts furent jugez , fut ce qui estoit écrit dans
ces livres selon, leurs «euvres, '
13. La
15S L' APOCALYPSE.
ij. La mer rendit ceux qui estoieut morts dans
tes eaux : la mort 2c l'enfer rendirent aussi les
morts qu'ils aToient ; & chacnn fut jugé selon ses
œuvres.
14. L'enfer & la mort furent précipitez dans
l'étang dfc feu : celle-cy est la seconde mort.
15. Et quiconque ne se trouva pas écrit dans le
livre de vie , fut jette dans l'étang de feu.
EXPLICATION
du Chapitre XX.
Dêeha'tsnement de Satan a la fin dessié
cles ; diversesfigures de ce grand dcchatfnement ,
aprés l'an mille de Nofire Seigneur.
I. ffEvis descendre... Cette dernière vision est la
yplus obscure de toutes celles de Saint Jean. II
semble que l'Ange , aprés luy avoir représente1
par des images plus vives & plus expresses ce qui
estoit plus prés de son temps , & ce qui devoit com
mencer incontinent aprés la-rcvclation , luy montre
de loin & comme en confusion les choses plus éloi
gnées, à la maniéré d'un peintre , qui aprés avoir
peint avec de vives couleurs ce qui fait le principal
sujet de son tableau j trace encore dans un lointain
obícur & confus d'autres choses plus éloignées de
cét objet.
Quiavoitlaclef del'abyfme : L'abysine c'est l'en
fer, ainsi qu'il a paru úe. 1 . Les Saints Anges , com
me Ministres de la justice divine , ont la clefde l'a-
bysine , pour renfermer ou laícher les mauvais es
prits selon les ordres d'enhaut.
Et unegrande chaifre enfa main : Voilà une peintu-
reaussigrande & auflì magnifique qu'elle est sim
ple ; elle promet quelque chose de grand.
i. L'ancienserpent , dont il est parlé XII. y. le
chefdes Anges rebelles. Le Prince enchaisné mar
que
C H A P I T R E X X. ij>
quelapuiilancerestraintedans touc le royaume de
Satan.
Le lia. Ainsi dans le livre de Tobie , un démon
tft (aijìfar l'c^nge O1 enchaijné , Tob. VIII. 4.
Mais ce démon de lobie est lié dans les déserts de
l'Egypte , & Satan dans l'enfer meíme ; ce qui mar
que les différentes manières de restraindre ía puis
sance. 11 n'y a rien de plus affreux que cette peintu
re : le diable , qui triomphoit des nations > est en-
chaisné d'une grande chailhe , afin qu'on en puiíîc
faire íùr Iuy plusieurs tours. En céc état , comme on
voie au TÏ. suivant , il est jetté au fonds de l'abysme ;
uue porte impénétrable fermée fur Iuy. , & encore le
sceau mis dessus : sceau que nul ni ne peut > ni n'ose
rompre , puis que ce n'est autre choie que les ordres
inviolables de Dieu dont l'Ange estoit le porteur ,
& la marque de son éternelle volonté: tel elt le sceau
fous lequel Satan est en ermé , & telest encore la
chailne de fer qui le lie. II semble que les dé
mons scntoient approcher le temps où ils dé
voient estre renfermez avec ieur Prince , quand
ils demandoieut á Jésus Christ > qu'il ne leur com
mandas sas d'aller dans l'abyfme , Luc. VIII.
3 1 .Ce qui confirme que la volonté suprême de Dieu
est âpres tout la force invincible qui lts y renferme.
Pour mille ans : Durant leíquels il est dit 4^que
Jesus-Christ doit régner avec íesSaints. C'est ce qui
a donné lieu àl'opuuonde quelques anciens , qui
prenant trop à la lettre cét endroit de l'Auocalypse ,
mettoient avant la derniere & universelle résurréc-
tion, uncréíurréction anticipée pour les martyrs ,
& un régne visible de Jelus- Christ avec eux durant
mille ans íîir la terre , dans une Jérusalem rebastie
avec un nouvel éclat , qu'ils croyoient estre la Jéru
salem dont il est parlé dans le chapitre suivant. Nous
verrons, & en expliquant le Texte de Saint Jean >
que cette opinion est insoutenable íèlou les termes
decétApostre ;& pour ce qui regarde l'autorité des
anciens Docteurs , nous en parierons à latin de ce
chapitre. Saint
t40 L1 A P O C A L Y P S E.
*í*j. XX. Saint Augustin nous apprend que les mille ans de
deÇtv.j. Saint Jean ne (ont pas un nombre préfix, mais un
nombre où il faut entendre tout le temps qui s'écou
lera jusqu'à la fi» des siécles , conformément à cet-
Ps.ClVA. te parole du Psalmiste : La parole qu'il a commandée
jusqu'à mille générations i ce qui ne veut dire autre
chose quetoutes les générations qui serent jamais. A
quoy il faut ajouter la perfection du nombre de mil
le tres propre à nous faire entendre tout ce long
temps que Dieu employera à former le corps entier
de íèsEleûs jusqu'au dernier jour , à commencer de
puis le temps de la Prédication & de la Passion de
nostre Seigneur , car ce fut alors que le fort armé ,
qoiestle diable, fut lié , & désarméfar un plusfort,
qui est Jesus-Christ , Matt. XII. 19. Luc. XI. H.
& que les puissances de íenferfurentdésarmées , Ç$ me
nées , en triomphe, Coloss. II. 1 5.
C'est donc alors que Saint Jean voit le démon .
cnchaifné: c'est delà qu'il faut compter les mille
ans mystiques de la prison de Satan , jusqu'à ce
qu'aux approches du dernier jour , fa puissance qui
est restrainte en tant de manières par la prédication
del'Evangile,sedéchaisnera de nouveau pour un
peu de temps , &quel'Egliíe souffrira sous la re
doutable , mais courte tyrannie de l'Antéchrist , la
pl us terrible tentation où elle ait jamais esté exposc'e.
C'est là fans doute le) sens véritable, comme on
verra par la fuite : de sorte qu'il ne faut pas croire
que l'enchaisoement de Satan soit quelque chose qui
doive arriver aprés le temps de Saint Jean , mais plû-
tost que cegrand Apostre retourne les yeux vers ce
qui estoit deja accompli par Jesus-Christ , parce que
c'est le fondement de ce qui devoit arriver dans la
fuite, & dont ce saint Apostre alíoit nous donner une
image.
Quelques interprètes modernes , mefme Catho
liques , mettant avant la fin des siécles le déchaiíhe-
ment de Satan & les mille ans accomplis : à quoy je
ne veux pas m'opposer , pouryeû qu'on regarde cet
te
C H A P I T R E X X. *4i
te soite d'accomplissement , & le déchaisiiement de
Satan qu'on luy attribue,comme une espèce défigu
re du grand & final dé«haisncment dont nous ve
nons de parler.
- 3 • tsdfin qu'il neféduifìfl plus les nations i II ne faut
pas entendre qu'il n'y ait plus du tout de séduction ni
de tentation , puis que tant que le íìe'cle subsistera
les hommes auront toujours à combatte Satan & ses
anges; & c'est ce qui paroistra clairemet fur les
versets 7. &.8 . mais il faut entendre que la séduc
tion ne sera pas si puissante, si dangereuse, si univer
selle , comrne l'explique Saint Augustin xx. de Civ.
7- «• .
11 doit estredélié pour unseu de temps: Parce qu'ainsi
qu'il a esté dit, la grande persécution de l'Antéchrist
fera courte, comme celle d'Antiochus , qui en a esté
la figure.
4. Je vis ... des trônes ... La fuite va faire paroi-
stre que ces trônes sont préparez pour les ames des
Martyrs. Et les ames de ceux qui avoient eú la teste
coupée: Voilà donc ceux à qui estoient préparez les
trônes. II exprime les martyrs par le plus grand
nombre, qui font les décapitez. Le Grec dit
K-is-iAix/rpÍM» , qui avoient eû la teste coupée avec
une hache.qui avoient esté frapez de la hache , com
me on parloit ,securipercujji; c'estoit un supplice des
Romains. Par où l'on yoit que les Martyrs dont il
veut icy représenter la gloire & la puisiance, font
ceux qui avoient souffert durant la persécution de
cét Empire. SaintJean ne leur donne pas envain ce
caractère: & pour confirmer qu'il veut parler des
Saints martyrisez dans la persécution Romaine, qui
est celle qu'il a prophétisée dans les chapitres précé-
dens, ilajoûtedanscemesmeversct4.que ces dé-
capitexpar un coup de hache n'avoient point adoré la befte
nison image , V n'en avoientpointreceâ le caractère ;
toutes choses que nous avons veûestre ^es marques
de l'idolatrie Romaine, xiij. 14.16. 17. II paroist
donc par toutes «es raisons , que ces martyrs assis fur
L le
i4í V Á P O C A L Y P S E.
le trôné', íont ceux qui ont souffert durant les për-i
séçutionSdel'EmpireRorriain , & le "fi. 9. le fera:
encore triíe-ux eôhnoistrev II faut áûffi , remarquer
dans ce passage que la persécution de labeste est di
stinguée descellé de Gog & de Magog , cjti'otl verra
au ir. 7. puis que l'une est avant les mille ans,& l'au
tre aprés.
JLtsamesdecetrx....Qtiè le Lecteur âttentif re
marque qu'on ne voir icy furie trône podr vivre Sc
pour jugér avec Jésus- Christ , que des anves seule
ment; ce qui parôistra plus clairement daris la fui-
té : contre ceux'quiifeconnorssoieut par les Martyrs
une résurréction anticipée avant la résurrection gá.
nérale- ••
Et ils ont vécu & régné avec fesai- Chrijì. C'est
pourcela qu'on leur avoit préparé dès rrônés.II y a
eû des Martyrs incontinent aprés la résurrection de
Jésus-Christ , & dëflors nous lès ayons veu assis
dans son trône , &' associez i son fégtie ', c^pJcl' I'I.
í6. III. li. avant láréfurtéctiórrdé seur corps,' &
en estât d'aises bienheureuses , ■co'rft'rrfe ot/ viertt dé
dire ; cequi a aussi esté expliquéiffj£ á^rÉ» la Près:
n. 19.
Ce régne de Martyrs avec Jesus-Christ confistç en
deux choses ; premièrement , dárìs la gloire qu'ils
ont auCiel avec Jesiis- Christ , qtìi les y'faít ftkasséí^
seuirs; & feconderhént , dans ïa máirîféstâtion de
certe gloire íùr la terre paf lès grands & justes hoii-
ìíetirs qu'on leur a rendus dafis l'Eglíft, 8Ç par' Ic's?
miracles infinis dont Dieu Fes a honorez y 'mêfnié â
la veûë de leurs ennemis , c'est-à dire, des infidèles
qui les avoient méprisez.
Quanta ce que quelques Anciens concluoient de
cepallage, qu'incontinent aprés lés persécutions
& la chute de l'Empîre Romain arrivée potrr en pu
nir les auteurs , Jesus-Chrift ressufcitëroit (es Mar
tyrs, & viendroit régner avec eux fur lá terre' , ou-'
tre les autres raisons qu'on à veûës & cju'on verrá:
dans la fuite, on voit encore cette opinion réfutée'
par
C H A P I T R E X X. a4î
par l'expérience > puis que ce qui cstoit pre'dit par
Saint Jean fur la destinée de l'ancieaiEmpire Ro
main a eûsa fin, comme on aveu, il y a plus de
treize cens ans, fans que ce re'gne de Jefus-Christ ait *■
paru.
De s'imaginer maintenant icy avec les Protestans
d'autres Martyrs que ceux qui ont souffert sous Ro
me Payenne , c'est leur donner un autre caractère
que celuy que leur a donne'Saint Jean , comme on a
yfû : de forte que ces fau x martyrs dont on nous ra
conte les souffrances sous la prétendue tyrannie de
la Papauté' , ne trouvent point icy de place ; &
nous verrons ailleurs que les Ministres qui nous les
vantent , lesonteux-mcfmes á la fin osiez de ce
rang.
Je recohuois donc dans SaintJean les vrais Martyrs
que Rome Payenne a persécutez , que Jésus- Christ
a receûs incontinent aprés dans le Ciel pour les'y
faire re'gner avec luy , & dont il nous a manifesté la
gloire avec tant d'éclat fur la terre , afin d'honorer
la cause pour laquelle ils avoient donné leur vie.
Ils ont vécu & régnémille ans ; durant toute I'e'ten-
duë des siécles jusqu'au jour du jugement , ce qui se
doit entendre de leur glorification íur la terre, &
dansl'Eglise ; car pour ce qui est du régne de Jefiis-
Christ & de ses Saints dans le Ciel , on fçait qu'il n'a
point de fin.
w5. Les autres morts ne font sas revenus en vie...
C'eji icy la première réfurtétî'm. 6. Heureux & saint
efl celuy qui a fart à lapremière résurréflion. Cette pre
mière résurrection íe commence à la justification ,
conformément à cette sentence : Celuy qui écoute ma
parole est dcjapafic de la mort à la vie , loan. V. 1 4. Sc
à cette autre: Levez-vous , vous qui dormez dans vos
péchez . & refluscitezd'entre les morts , O" Jefus-
Chrìfl vous éclairera, Eph. V. 14. C'est donc alors
que l'arnecommence à ressusciter, & cette résur
rection íe consomme lors que sortie de cette vie
qui n'est qu'une mort , elle vit de la vraye vie avec
L % Jésus
a44 L* A.P O C A L Y P S E.
Jeíuí-CHrist : c'elt la première résurrection qui con
vient aux ames bienheureuses , comme on a veû ;
car pour ce qvfi est de celle des corps , il n'en sera
. parlé qu'aux -fr. n.& i j.&jusqu'icy on n'en a veû
nulle mention. Cette première réíurréction est
manifestée par les miracles des Saints , car on voit
qu'ils (ont vivanspar la vertu que Dieu fait sortir de
leur tombeau, ainsi que tous les Pères l 'ont obser
vé , &queGrotiusl'areconnu; &toutcelaest at
tribué particulièrement aux Martyrs i qui sont les
íèuls des adultes dont on est certain qu'ils entrent
d'abord dans la gloire : les seuls pour lesquels on ne
fait aucunes prières, & qu'au contraire on range
d'abord parmi les intercesseurs , ^Aug. ferm. xvtj.
de verb. isipòfl. Jl n'y avoit d'ordinaire que les Mar
tyrs dont on fist la feste dans les Eglises , & qui fus
sent nommez daiis le Canon; c'estoit principale-
. „ ment
•De ar.ima aux tombeaux
miracieSi Tertulliendesa remarque
Martyrs Cjue se fàisoient
dans les actes les
de
IaíI.S. Sainte Perpétue , qu'f//e ne Vit dans le Paradis que les
Perp. Saints Martyrsses compagnons ; & c'est en effet ce
qu'on voit encore dans les mesmes actes , mais c'est
que dans ces célestes visions l'universalité des Saints
est désignée par la partie la plus excellente & la'plus
reconnue, qui est celle des Martyrs. Saint Jean a
suivi la mesme idée dans les chapitres vjf. xiv. 8c en
core dans celuy-cy , comme on a veû.
Les autres morts : Saint Jean marque que les ames
justes n'entrent pas toutes d'abord dans cette Vie
bienheureuse; mais seulement celles qui font par
venues à un certain degré de perfection, & que Saint
Htb. XII- Paul appelle pour cette raison , les esprits des Justes
*i' parfaits ; ce que les Saints Percs , & toute la Tradi
tion nous apprend aussi.
Lajeconde mort n aura point de pouvoirfur eux. La
première rriortest celle où les ames sont ensevelies
dans l'enfer avec le mauvais riche. La seconde mort
est celle qui fuit la résurréction , comme on verra
auj?\ 1 3.8c où l'homme entier est précipité en
corps
CHAPITRE XX. 14s
corps & en ame dans l'étang de feu & de íbnffre :
Celle- cy, dit-il, est laseconde mort , "fr. 14. ainsi la
première résurréclion , 5.6. est celle, comme on a
veû, où les Saints mourant fur la terre .revivent en
quelque façon , & vont commencer une nouvelle
vie dans le Ciel ;& la seconde résurrection est celle où
ils seront glorifiez dans le corps comme dans l'ame.
Us régneront avec htyfendant mille ans: Ils seront
glorifiez sur la terre pendant toute l'étenduëdu sié
cle présent ; mais les années ne suffiront pas pour
mesurer leur régne au siécle futur.
7. *jtprés que mille ans seront accomplis , Satan fera
délié ; ilséduira les nations quifont aux quatre coins de la
terre, Gog& Maçog, dont le nombre est comme lesa
ble de la mer. S.Ilsse répandront fur laface de la terre.
II ne faut pas s'imaginer que Satan séduise tout d'un
coup ces vastes nations & ces troupes dont toute la
terre est couverte; il y travailloit depuis long-temps,
puis qu'il les trouve toutes disposées à servir à ses
desseins: ce qui fait voir que la séduction n'estoit
pas tout-à-fait éteinte,mais seulement liée & bridée,
principalement par rapport à l'Eglise , selon la re
marque de Saint Augustin & la doctrine exposée sur *Aug it
h "fr. j. Ce frein imposé á la malice de Satan doit c™-
durer jusqu'au temps de l'Antechrist , vers la fin XXm .
des siécles; & alors plus déchaisnéque jamais , il
éxercera fans bornes fa séduction par des moyens
inouïs jusqu'alors.
7. Gag & Mugog dans Ezéchiel.sont des nations
ennemies du peuple de Dieu qui couvriront la terre ,
lur lesquelles Dieufera pleuvoir du feu Ç$ du souf
fre , &" les consumera par ce feu dévorant , Ezéchiel
X X X V III. 14. X XX I X. 1. 6. Cesnomsdé-
ja fameux par cette Prophétie íonticy rappeliez par
Saint Jean , pour représenter ces nations séduites &
séductrices dont Satan se servira contre l'Eglise à la
fin des siécles. On croit que fous le nom de Gog
CTdeMagog, Ezéchiel a décrit la persécution d'An- lg™t\x
tiochus , dont nous avons veû que le Saint Esprit a ~ /~&t '
L 3 choiíì
H6 L' APOCALYPSE.
choisi les temps pour estre l'image des souffrances
del'Egliíe, parce que ce Prince fut le premier qui
employa non-seulement la force , mais encore la K-
« duction & l'artifice pour obliger les fidèles a renon
cer à la loy de Dieu, i.'Mdch.I. 14. 15. 16. 51.41.
45. &c. z. Macb.lll.lV. C'est aussi pour cette
raison que ce iyran est regardé par tous les Pè
res comme la figure la plus expresse de l'Ante-
christ.
7. 11 les assemblera au combat. 8. Us environneront le
camp des Saints & laVdlebienaimée. S'il falloit pren
dre icy au pied de la lettre une ville où Jesus-Christ
viendroit re'gner avec ses Martyrs ressuscitez & glo
rieux en corps & en ame , on ne sçauroit plus ce que
voudtoient dire ces nations qui viendroient as
siéger la ville oùil y auroit un peuple immortel,
& un Dieu qui régneroit visiblement au milieu
d'eux. U faut donc entendre icy une ville spiri
tuelle telle qu'est l'Eglise , un camp spirituel
qui est la société des enfans de Diçu encore
revestus d'une chair mortelle , & dans le lieu de ten
tation , par conséquent aussi une guerre & un com-
fcat spirituel , tel qu'est celuy que !es hérétique? ne
cessent de nous livrer ,& qui se redoublera â latin
des siécles avec un nouvel acharnement. Je ne veux
pa; a.lcûrer qu'il n'y mra point de combats des
Rois Chrestiens contre l'Antéchrist : ce que je veux
remarquer , c'est que Saint Jean rapporte tout à la
séduction, f. 5. 7. 9. & pour le surplus c'est
uníecretde l'avenir > oùj'avouëquejenevoyrien.
g. Usse répandirentfur la face de la terre. Ce" mot
signifie toute la terre habitable , comme le re
marque Saint Augustin xx. de Civit.II. Et ils en
vironnèrent le camp des Saints & ta ville bienaimée :
C'est l'Eglise, chérie de Dieu. II ne faut pas icy
s'imaginer , dit Saint Augustin , que, l'Eglise ,
comme une ville , íoit réduit à un seul lieu où elle
soit assiégée. Elle fera , poursuit- il , toujours
répandue par toute la terre : ses ennemis se trouve
ront \
CHAPITRE X X. 147
rant ajtjjipar tout , mais partout oùferont les ennemis , là
fera aujjï le camp des Saints , & la -ville chérie de Dieu ,
de Civ. xx. ii, ,
9. Dieufit descendre du Ciel unfeu qui les dévora
comme nous l'ayons remarqué de Gog Ç$ Magog íu»
k f-. 7 . conformément à Exéch. XX XVI Tl.xt.
& XXXIX. Icy , jel'entends , à la lettre ,du
feu du dernier jour , car les cieux CT ta terre font ré-
fervezpour eflre brûìex parle feu .au jour dujugement
lors queles impies périront , 1. Pet. II I. 7. cequiíèm-
ble fait pour expliquer ce paflàge de Saint Jean > &
jxvientparfaitement à ce que dit Saint Paul de la
jJerdition/budaiue du méchant que yefus-Chrijl dé
truira, z, Thess. z. S. comme nous verrons dans
Je discours qui sera mis à la fin de ce commen
taire. .M . . .Y ., .
Le diable qui lesféduisoit. II n'est plus dit qu'ils
fuflènt sédui ts par la beste ni par le faux Prophète :
l'idolatrie-de Rome Payenne estoit éteinte , & on ne
yoitplusicy aucun des caracte'res qu'on a veûs dans
les chapitres précédens. C'est donc une tentation
différente de celle de la, beste j c'est une autre sorte
_dc séduction.; & le diable qui en estl'auteur , à la
jSn est jetçé dans le meÇme étang de feu & desoufre ,
.oùestoientdéjalabeste & le faux Prophète , icy
-V.9. 10. & cy- dessus 19.10. ;
Dans}'étang defeu & de faufxe. C'est icy la dernie
rs masque de réceriiel emprisonnement de Satan:
.auparavant , il est jetté dánsrabysme pour en estre
Jaschéaprés taille ans ,fup, jkï.i, j.ícy , st n'y a
plus pour Juy qu'un ««riehourment dans t'étangde
feu & de.soufre , d'où il ne .sortira jamais , parce
qu'il n'y aura plus de léduction , l'ouvraee de la ju
stice aussi-bien que celuy deiataiséricordede Dieu
estant entièrement consommé avec le recueille
ment de tous íesEleûs. J?ar ces divers lieux où Sa
tan est mis , -Saint Jean nous designe les divers états
de ce malin & de ses anges tantostresierrez , tan-
tostrelaschezíclonks ordres de Dieu, & à la fin
148 L'APOCALYPSE.
plongez daiìsdn état où il ne leur restera plus gué
leur supplice. Céte'tat le plus funeste de tous fera
l'erset de la dernière condamnation qui fera pronon
cée contre eux au dernier, jour , où la liberté de ten-
'ter,& la triste consolation de perdre les hommes
leur estant ostée , ils ne seront occupez que de leur
tourment & de celuy des malheureux qui les auront
suivis; ce que Siint Jean explique par ces paroles :
Et ilsseront tourmente*, nuit Ó" jour auxsiécles des sié
cles ; non qu'ils ne le soient auparavant , mais parce
qu'alors il ne leur restera que cela.
n. Je vis anj]ì ungrand trône... Voicy donc en
fin aprés tant de viíions mémorables , celle du
grand & dernier Jugement , commela (úitele fera
paroistre. Vngrand trône blanc , semblable k la nuée
blanche quiparois} , Apoc. XIV. 14. La blancheur
signifie I'éclat & la majesté.
12. Etje vis les morts , grands 01 petit/: debout,
devant le frêne. . . comparoissant les uns avec gran
de crainte, & les autres avec confiance, devant le
Juge* , : .' Y
i?. La mer rendit ceur. . . On éxprime icy di
stinctement la résurrection des corps ; preuve nou
velle que la première résurréction dont il est parlé
au ifr. 5 . ne regardoit que les âmes. La mort & l'en
fer; c'est-à-dire, la mort & le sépulcre rendirent
aujji tes morts qu'ils avoient. Si la résurréction des
martyrs dont il est parlés. 4. £5 ^.fedevoit en
tendre des corps comme des ames, il y auroitdéja
eù long-temps.que les eaux & les sépulcres auroient
rendu une grande partie de leurs morts , puis que
tant de Martyrs avoient esté noyez , & les autres
presque tons ensevelis par la piété des fidèles.
14. L'enjerO" la mortfurentprécipitez dans tètang
defeu: Lors que la mort qui ejìoit la dernière ennemie
fera détruite ■> r.Cor. xv. 5Í. 54. & qu'afin qu'elle
ne paroisse jamais , elle fera précipitée dans l'abyf-
me avec les démons & lesdamnez , félon qu'Isaïe
l'avoit prédit: // précipitera la mort pour jamais ,
CHAPITRE XX. 149
XXV. S. Celle-cy est laseconde mort : La mort en
corps & ename , qui doit suivre la derniere résur-
re'ction , comme cy-dessus jp. j.6.
Voilàcequej'avoisàdire fur le de'chaisnemeiif
de Satan, & fur le régne deltiille ans que Saint Jean ,
attribue" icy à Jefiis-Chrilt avec íès Martyrs. Quant
àl'Antéchrist & á la dernie're persécution , je n'en-
diray rien davantage ; & s'il reste quelque chose de
plus á en expliquer , je laide à ceux qui en sçavent
plus que moy , car je tremble en mettant les mains
surl'avenir. Tout ce que je croy pouvoir dire avec
certitude, c'est que cettederniéie persécution, quel
le qu'en soit la violence , aura encore plus de séduc
tion , car c'est auíïì ce queSaint Paul y remarque
x . Thef. //. J . 10. des prodiges , des signes trompeurs ,
désillusions, íàns y parler d autre chose. Saint Jean
y remarque aussi la séduction ' , comme devant pré
valoir , ^.3.7.9. íans parler deíang répandu,
ainsi qu'il a fait dans tout le reste du livre 5 &
Jeíus-Christ mesme , U y aura de grands prodi
ges Ç$ des miracles trompeurs, enforte , s'il estpossi
ble , que les Eleùs me/me soient trompez , Matt.
XXIV. 14.
Je regarde donc dans l'Eglise deux sortes de per
sécutions :1a première en son commencement , &
sous l 'Empire Romain , où la violence devoit préva
loir ; laseconde , à la fin des siécles , où sera le ré
gne de la séduction , non pas que je veuille dire
qu'elle soit fans violence , non plus que celle de Ro
me Payenne , où la violence dominoit , n'a pas esté ^P"-
fans séduction/: mais l'une & l'autre doit estre défi- xl1
nie , par ce qui y doit prédominer , &. 011 doit atten
dre sous l'Antechnst les signes les plus trompeurs
qu'on ait jamais veûs , avec la malice la plus cachée,
l'hypocrisie la plus fine , & la peau de loup la mieux
couverte de celle de brebis. Ceux qui se sont dits
réformez , doivent prendre garde qu'avec la feinte
douceur , & les prétextes spécieux dont ils ont ta-
íché su commencement de colorer leujr violence &
L s seur
45Ó L' A P O C A L Y P S E.
leur schisme , n'ayent esté les avantcouteurs de cette
séduction. *- •• '
Je croy encore sçavoir que cette dernière tenta
tion de l'Eglise íera courte , & que Dieu y donnera
Rcpx. sur des bornes , comme nous avons remarque' qu'il a
its-firstc. feit à toutes les autres : ce que Saint Jean a voulu
n l-P- nou» expliquer , en disant que Satan seroit délié
9" pour un peu de temps , fi. 5. mais que cette persécu
tion íoit de trois ans & demi précisément , je n'ose
41Ì 1e nier , puis que plusieurs Pères l'ont conjéctuté
ainsi , ni faire aussi un dogme certain de leurs con
jectures. J'^n reviens donc à laisser l'avenir entre
Jes mains de Dieu , & me contenter de ce que dit
Saint Jean , que cettetentation fera courte ; & quand
tnesme il la faudroit réduire précisément aux termes
de celle d'Antiochus , peut-estre faudroit-il penser
etcore que les trois ans & demi destinez à la persé
cution de ce Prince n'en regardent que le grand ef
fort durant )a profanation du temple , estant cer-
Dmi. tain par les Machabées & par Joíepne, comme Sanìt
VIII. 14. Jérofine le prouve, & plus encore par Daniel qui
Hitrin, le prophétise , que dans le fonds il a tourmenté les
Juifs bien plus long-temps. Peut-estre donc en fau
droit-il à peu prés dire autant de l'Antéchrist : mais
qu'il en soit ce que Dieu íçait. Que si je distingue íâ
persécution de celle de la beste, & saséductioii de
\Apac. celle du faux prophète , je ne fais que íuivre Saint
X l il- Jean , corame 0*1 a pû voir fur Jes fi. 4. & 9 . & at-
Íí»m XI tr'huër à chacune des persécutions le caractère qui
2.XII.4. luy est propre, c'est-à-dire, la violence à celle de la
&suiv. beste , comme il paroist dans tout le cours de l'A-
XIII. &e. pocalypse , & la séduction à celle de l'Antechrist.
Je n'en sçay pas davantage , & íans aussi pénétrer
plus avant , j'avertis ceux qui veulent trouver la per
sécution de l'Antechrist dans celle dela beste de
l'Apocaly pfe , que pour parler conséquemment , ils
font obligez de dire que la perlcxution de l'Ante
christ ne sera pas la dernière , puis qu'elle devance
de mille ans en qneloue íorte qu'on les entende celle
de
C H A PITRE XX. ifi
dcGog&áeMagog, comme on a veû : ce qu'ils
ontauflì à ajuster avec les autres parties de la doc-
ctrjne de l'Antechrist , &> fur touc avec ce que Saint
Paul nous a dit , que. ce méchant feroij; détruit par
l 'avènement glorieux de Jesos-Chtist.'
Pour ne laisser au pieux lecteur , autant qu'il sera
possible , aucune difficulté fur ce chapitre , je l'aver-
riray encore que le règne de Jésus- Christ dont il y
est parle' se prend en diverses manières dans ce divin
livre : quelquefois en un sens mpins e'tendu pour lè
temps du triomphe de l'Eglise aprés.Ies persécutions
de Rome, lors que les Royaumes de la terre sont
soumis àJeíus-Cprist par lesEmpereurs Chrestiens,
xj. i$.xy. 10. & quelquefois absolument , lors
cjue Jefus-Christ ressuscité entre en ía gloire , où il
régne avec ses Saints , comme.il est porté ^Afoc. II.
i6.III.ii.ni.i^.ì6. 17. XIV. \. 5. & c'est
manifestement, çqmme on a^ vendu régne pris en
çe sens, qae se doit qntendrelç chapitre XX. en y
joignant , comme il a aussi esté remarqué , la ma
nifestation de la gloire de Jefus-Christ & de ses
Saints fur la terre , & la dernière consommation du
légne de Dieu à la fin des siécles , lors que tous ses
ennemis seront à íès pieds , & tousses Eleûs re
cueillis.
Quant áTopinionde ceux qui veulent que les
mille ans. s'accomplissent long temps avant la fin
des siécles , & qu'ils soient meírue déja accomplis ,
j'yay. consenti, a condition ,que ce serpit fans pré-
judicier au dernier & parfait accomplissement , qui
est celuy qu'pn vient de voir:ce qui peut-estre n'em-
pefche pas qu'il n'y ait encore d'autres termes pré-
veus par Je Saint Esprit , où cette prédiction recevra
quelque forte d'accomplissement.
Grotius & quelques autres font commencer les
mille^nsdurégnede Jesos-Christ avec ses Martyrs
en fan 513. lors que Constantin fit cesser les persé
cutions, & qu'il établit la paix de l'Eglise par cent
glorieux Edits. Us remarquent que depuis ce temps,
... L 6 le
' , L' A-P O C A L Y P S E.
k diable a eù moins de puiflance pour tromper les
•« hommes ; niais quemilleans aprés , le treizième
siécle,estant écqulé , la puiflance Ottomane com
mença à se déclarer sous Orcam fils d'Ottoman , &
á peu pre's dans iè.mesme temps les erreurs de Vie*
lessuivies de celles de Jean-Hus , des Huslìtes Sc des
Luthériens , ravagèrent l'Egliíè.
Alors le régne des Saints jusqu'alors si respécté
par tous les fidèles qui reconnoissoient les miracles
que Dieu faiíoit pour les honorer , fut attaqué par
ces hérétiques , qui se moquèrent de ces miracles j
& de la vertu qu'on attribuoit à rintercession des.
Saints ; & c'est là qu'ils mettent le déchaiínemeut
de Satan . 11s y rapportent aussi le grand schisme de
l'Occidem dans le quatorzième siécle , avec les mal
heurs dont il fut suivi : mais jé trouve des événe-
me»s plus marquez long- temps avant cette date; La
puiflance des successeurs de Mahomet est bien plus
considérable en tou'res manières , que ne le fut alors
celle des Turcs , & les hérésies des Albigeois & des
Vaudois fureet bien plus funestes à l'Egliíè que celle
de Vicies renfermée en Angleterre & en Bohême.
Au surplus , quoy-qu'il soit vray que íes disciples
ayent attaqué le régne des Saints , au sens que Gro-
Vtuátims tius remarque tres-bien , nous avons veû ailleurs
■ X1' que Vicies& Hus en conservèrent l'invocation &
les reliques: mais les Albigeois les rejerrérent , à
l'éxemple des Manichéens leurs prédécesseurs , &
en cela ils furent imitez par les Vaudois. Qu'il nous
íoitdonc permis de reprendre de plus haut avec
Saint Jean le régne de Jésus- Christ , qoi à vray dire
commence à fa mort & à fa rélurréction. Deflors
Satan est lié , vaincu , desarmé , mené en triom
phe, comme on vient de le marquer parl'Evangile
& par Saint Paul. Depuis ce temps , la séduction de
Satan est allée toujours en diminuant par lá prédica
tion de ['Evangile: ainsi Jesus-Christ régnoit , &
conquéroit Iesnations. Les Martyrs régnoient avec
luy en triomphant du monde , en convertissant les
peuples ,
C H A P l\ R E X %. ^ iVî
peuples , en faisant des miracles inouïs jusqu'à Iors>
S pendant leur vie & apreVIeur mort. Mille ad*
durant l'Egliíe n'a souffert aucune diminution sen
sible; le nom Chrestien & la commilnion Catholi
que subsistoit toujours partout óû l'Evangile avoit
esté presché. L'Afrique avoit encore des Eglises
Chreftignnes. L'Orient n'avoit pas encore rompu
avec l'Occident , & cependant les païs duNort ve-
noient en foule. La discipline íe soûtenoit , quoy-
qu'elle'souffrist quelque affoiblissement , Sc on tra-
vaistoit perpétuellement â luy rendre toute sa vi
gueur par les Canons. Les Maximes du moins
estoietit en leurentiet , comme on le pourroit mon
trer par les Conciles qui se tenoient alors , où l'on
trouve dans le gouvernement Eccle'siastique cette
ancienne fève , & cette ancienne vigueur du Chris
tianisme , & les régies n'avoient point encore esté
affoiblies par raut de dispensés & par tant d'inter
prétations relafchées ; témoin les Collections de
Réginon , d' Atton , de Verceil , de Burchard , & les
autres. Sur la fin , & dans le dixième siécle , l'E-
glise Romaine souffrit un grand obscurcissement
par la tyrannie des Seigneurs Romains, qui met-
toient par force leurs enfans & leurs créatures dans
la Chaire de Saint Pierre : mais tout cela estoit un
effet de la violence plûtolt que de la séduction ; &
Dieu , pour montrer qu'il tenoit encore Satan eu-
chaisné , ne luy permit pas alors de seduire tes peu
ples , ni de faire naistre en ce siécle aucune hé
résie.
Apres l'an mille de Nostre Seigneur , tout alla
manifestement en diminuant , & les seandales se
multiplièrent : la discipline se rclaschoit visible
ment r on en voyoit l'affoiblissement dans celuy de
la pénitence canonique. Le refroidissement de la
charité prédit par nostre Seigneur , Matt. xx.n.
1 1. parut dans le schisme des Grecs qui rompirent
ouvertement avec l'Egltíè Romaine en Paji 1050.
fous Je Pape Saint Léon IX. & íe Patriarche Michel
L 7 Céru
. %U V A P O C A L Y P S E.
Çérularius 5 dans les guerresentre les Papes & le?
^Emperéurs ; dans les,jalouííes des deux puissances^
" ifc les eatreprises^çles unsfuries autres ;'dausles op
positions eut^íe Cierge' & les Religieux j. dans les
îchismesfréciueiisfde l'Eglise Romaine* & enfin,
dans le grand schisme arrivé apre's Grégoire X I,
qui acheva de ruiner la discipline , & cfiiitroduire
la licence & la corruption dans k Clergé ; la foy
mesme fut attaquée d'une maniéré plus couverte*
Sc en cela plus pernicieuse que jamais, par ]es Mani
chéens qui vinrent de Bulgarie. Nous en avons fait
fíìfi.dts l'histoire dans k livre XI. des Variations , ou l'on
Çjj * peut voir la multitude effroyable , les artifices, &
la séduction de ces hérétiques , qui réprimez íouyent
Îiar Saint Augustin , par Saint Léon , par Saint Gé-
ase , & les autres Papes , se cantonnèrent dans
quelques Provinces d'Orient , d!où ils se répandi
rent eu Occident aprés l'an mille : car ion les voit
paroiítre la première fois en 1 o 1 7 . sous le Roy Ro
bert , & au Concile d'Orléans , ' oû ilsfurent con
damnez au feu par ce Prince , autant pour leurs ma
léfices & leurs sacrilèges que pour kurs erreurs. Eu
mesme temps il s'en trouve une infinité en Italie , en
Prance , & en Allemagne. Le caractère particulier
de ces hérétiques eítoit d'inspirer la haine contre
l'Eglise Romaine. Cependant les Manichéens,
sous mille noms.difFérens de Pétrobusiens , d'Heiv-
riciens, d 'Albigeois, dePatariens, de Poplicaius,
& de tant d'autres , gagnoient insensiblement. Le
mariage estoit défendu ; les Viandes que Dieu avoit
créés ejrojent déclarées immondes parles maximes de
ces hérétiques , & on y voyoit tous les caractères de
cette hérésie des derniers temps marquée si expres
sément dans Saint Paul i.Tim.tv. 1. Cette peste
áe Manichéens estoit d'autant plus dangereuse
qu'elle estoit cachée; , ces hérétiquesse meslant par
mi les fidèles, & y répandant kur poison , npn-
íenkment sous l'apparence du culte Catholique .,
mais eifcore sous l 'extérieur de la pieté, & fous k
maíque
C H A P I T R E X X.
masque de la plus fine hypocrisie , comme 011 le
peut voir amplement dans leslieu déja allégué des
Variations , & par les Sermons 6 5. £6. de Saint Ber
nard fur les Cantiques. II n'est don^pasicy que
stion de chercher des violences éjritcées par ces nou
veaux persécuteurs ; c'est une affaire de séduction
& d'artifice. Ces nouveaux Gog & Magog , cette
nation ennemie du peuple de Dieu couvrit toute la 1
face de la terre. Pour mieux porter le caractère de
Gog, ils estoient originaires de Ja Gogarenne Pro
vince d'Arménie, où ils s'estoient cantonnez, Sc ils
venoient des Bulgares nation Scytruque , dont 011
fçaitque Magog a esté la source. Par tout , les
Eglises & le camp des Saints estoient assiégez & en
vironnez par ces Hérétiques , & s'il faut de vérita
bles combats , les guerres sanglantes des Albigeois
«ous en fourniront assez. C'a donc esté un prodi-
- gieux déchaifnement de Satan. Rien n'empeíche
qu'il n'en arrive beaucoup de semblables qui nous
préparent au dernier. .L'apostaíie de Luther tient
beaucoup de ce caractère , comme nous l'avons dé
montre' ailleurs. Au reste , nous.avous aussi remar- *Apu.iX<
que qu'un des caractères des hérésiesestde n'avoir ï- I0,
pas un temps complet , c'est-à-dire , dedurerpeu
â comparaison del'Eglise qui est éternelle , & dunt
la perpétuelle stabilité est figurée par le nombre par
fait de mille ans. Le feu du Ciel íera icy. aprés les
anatbêmes del'Eglise , la vengeance céleste sur ces
hérétiques factieux : mais tout cela au fonds n'est
qu'une figure , dontle parfait & véritable accom
plissement est réservé à la fin des siécles , où le feu
du Ciel paroiltra visiblement , Sc où le déchaisne-
ment en effet íera tres- court , parce que Dieu qui
aura pitié de íes Eleûs abrégera pour l'amour d'eux

HE' F LE'-
•.\ is* V A P O C A L Y P S E.
R.E $ K E X I O JST
sur Copinion des Millénaires, Passage
de saint yufiin falsifié far les Pro
testant.
lus fri t. 1)Ap i a s ttes-ancien auteur, mais d'un tres-çe-
'jQ.Hurm. tit esprit, ayant pris trop grossièrement certains
mPdt' discours des Apostres > que leurs disciples luy
avoient rapportez , introduisit dans l'Eglisece régne
de Jésus- Christ dont il a este parlé, durant mille
ans dans une terrestre Je'rusalem magnifiquement
rebastie , où la gloire de Dieu éclaterait d'une ma
niéré admirable , où Jesus-Christ régneroit visible
ment avec ses Martyrs ressuscitez , ou à la fin néan
moins les Saints seroient attaquez , & leurs ennemis
consumez par le feu du Ciel , aprés quoy se feroit
la résurréction générale , & le jugement dernier»
Cette opinion disparut dans la grande lumière du
quatrième siécle , ensortc qu'on n'en voit presque
plus aucun vestige:mais comme quelques Protestans
qui tasehent de la relever, veulent persuader au mon
de qu'elle est établie par une tradition constante des
trois premiers siécles , je croy devoir dire un mot
Joseph fur un passage de Saint Justiu dont ils abusent Jo-
. seph Méde qui nous oppose ce passade a fait deux
.rfiwc. grandes tautes:I une , de suivre , comme nous ver-
p. jjj. roiis, une version inhdelle ; & l'autre , d'y ajouter
une insigne falsification.
DUl. cum Le passage dont il s'agit , est tiré du Dialogue avec
ï-yA Tryphon , & le voicy traduit de mot à mot fur le
f-ì°o. Qrcc> Tryphon demande à Saint Justin , s'il est'
vray que les Chrestiens reconnoissent que la ville de
Jérusalem sera rebastie, & que Jésus- Christ y régne-
raavec les Patriarches & les Prophètes, & avec les
autres j ustes de la nation Judaïque . Sur quoy Saint
Justiu luy répond ainsi : Je vous ay deja déclaré , que
je croyois avec rivsncKs hotkis /«
ebofit
CHAPITRE X X. : , *Ì'j>
chose arriveroìt en cette maniéré qwi ejl connuë parmi
vous : mais qu'ily en avoient plus fi u R ï de la
PURE ET RSUGIBWSE DOC'TRINB t> B S
Chrkstiens, qui n'eftoientfçs de ce sentiment.
Voilà d'abord cesentiment du règne dé Jeíus- Christ
fur la terre , rapporté non pas comme un sentiment
universel , mais comme le sentiment de SaintJustin
£5 de plusieurs autres. Non content de parler ainsi >
il ajoûte en termes formels, qu'il y a des Chrestiens
desure & religieuse doctrine > c'est-à-dire, de bonne
& saine croyance ,c[ui n'estoient pas de cette opinion ,
& par conséquent on voit par luy-mesme , que le
sentiment qu'il suit avec plusieurs autres Chrestiens,
estoit tenu pour indifférent dans l'Eglise. Joseph
Méde quia prétendu le contraire , n'a trouvé d'au
tre moyen d'élúder ce passage qu'en y ajoutant une
négative; & au lieu que Saint Justin a dit , que plu
sieurs quisont de la pure & religieuse doctrine des Chré
tiens ne sont pas de ce sentiment , il a mis du sien ,
flufìeurs qui nefont pas-de cette sure & saine doctrine ;
ce qui non-sculement n'est pas dans le texte , mais
encore n'y peut pas êstre , comme ceux qui le liront
dans l'original , & qui le compareront au paílaga
comme il est cité par Joseph Méde le reconnois-
tront aisément. L'autre faute qu'il a commise , est
d'avoirsuiviunemauYaisc version: mais voicy la
fuite du Texte fidellement traduit fur le Grec. Apre's
que Saint Justin a déclaré qu'il y avoit des Chrestiens
purs & orthodoxes , qui n'eítoient pas de son senti
ment sur le régne de mille ans , il continue son dis
cours en cette sorte : Je vous ay dit outre cela ,
qu'ily en a qu'on appelle Chrestiens , mais qui en
effetfont des hérétiques fans Religion (3fans piété, qui
enseignent des chosesfleinesdeblasphkmes. Or afin que
-vousfcaihie^ que je ne veux pas dire celaseul , if ramaf-
Jeray autant qu'ilsera possible tout ce qu'on dit parmi
nousfur ces matières , £5j 'écriray ce queje vous ay dé
claréquejereconnois. Car encore que vous aye% rencontré
des hommes , qui non-seulement ne consejsent pas ces cho-
*5« L'AP O C A L Y P S p.
/«, mais encore qui bUf^hêment contre le Dieu d'yi-
brttham , d'Israël ou de Jacob , & qui disent qu'il n'y p
foint de résurreclion des morts, mais qu'incontinent aprés
la mort les ansesfont recettes dans le Ciel ( sans en sortie
jamais pour veniireprendre leurs corps ) ne les pre
nez pas saur des Chrestiens , tommevous ne prenez pas
pour Juifs les Saducéens & les autresfeiles semblables.
Pour moy , & tous ceux qui ont dessintimeus droits , &
font Cbrefliens en tout & par tout ( outré les choies que
nous venons de dire du Dieu d'Abraham ) nous cro
yons encore la résurrection de lâchait ; &ks Prophètes
Ezéchiel, 1/àïe, & les autres reconnoiffent qu'on dois
passer cesmille ans dans Jérusalem , aprés quelle aura
esté rebajlie , & augmentée. On voit icy la différen
ce qu'il y a entre ce que croyoient tous les véritables
Chrestiens, c'est-à-dire, la divinité du Dieu d'A
braham & la résurrection , & ce que Saint Justin ,
& quelques autres croyoient devoir ajouter à cette
foy íelon les témoignages des Prophètes , c'est-à-
dire, le régne de mille ans. Mais Joseph Médé ,
pour confondre cette opinion , dont Saint Justin avoit
reconnu que tous les vrais Chrestiens n'estoient pas
i-CCCrd Zfit ce qu'ils éroyent tous UnanirnCméiit ,
a suivi l'interpréte qui a mal traduit: Pommoy, (S
tous les Chrejliens , nous croyons & la résurréBiongéné
rale 0" le régne de mille ans selon que les Prophètes le
reconnaissent ; ce qui fait tomber la foy également fur
le régne de mille ans & fur la résurréction , : contre
la vérité de l 'original. C'estdonc eh particulier lç
sentiment de Saint Justin , & de plusieurs autres ,
que les Prophètes ont prédit ce règne de Jesus-Christ
fur la terre,' mais il paroist clairement que les au
tres orthodoxes n'en estoient pàs d'accord. Et eu
effet, outre que ce sentiment ne se trouve ni dans
Saint Clément d'Aléxandrie , ni dans Saint Cy-
prien , ni dans Origene , 8c qu'au contraire les
principes que ces Pères poíent íbnt contraires à ce
système, on sçaitd'ailleurs qu'il a esté expressé-
«m ment combatu.par Ctïus & par Saint Denis d'Alé-
xandrie
CHAPITRE XVII. *
xandrie nnc des plus vives lumières du troisième *4-
siécle, comme il paroist par Euíèbc & par ^^s^Te'c
Jérosine. ■ ■ i"'r>Lys.'
Au reste , y est aise de voir que le xx. chapitre Mix. &
de l 'Apocalypse, quia donné lieu 4 Terreur , doit Praf. in
estrepris eu un feus spirituel. Cette première ré- 'in
ne regarde que
surrection Saint Jean
quey lésâmes
attribu.ëaujc
visiblement feulesMartyrs
qur vont, ^í^1'*'
,n h
commencer avec Jésus Christ une vie nouvelle in
continent aprés la mort corporelle , comme il résul
te de nos remarques fur les if". 4. 5. 6. ii. 1 3. Et du
reste, les Ministres meímes , qui aprés tant d'é-
claircillemensde la doctrine de ce chapitre donnez
pat Saint Augustin & les autres Pères , ne rougiflent
pas d'en revenir à ces restes du Judaïsme , ont si
bien senti l'abíurdité de faire attaquer par des na
tions assemblées un peuple ressuscité , & une ville
ou Jésus- Christ régneroit avec une si claire manifes
tation de íà gloire , qu'ils ont esté contraints d'aban
donner en ce point I a lettre qui les a trompez: car
au lieu que s'il falloit entendre à la lettre ce régne de
Jésus- Christ fur la terre avec ses Martys , il faudroit
dise CJ'JC tous les Martyrs , du /»* ^wUus^CQXH-
me parle M. Jurieu , ressusciteront avant tous les Jfr. »cc.
autres morts: ce Ministre qui a rougi de faire atta- dls P'fph.
quer par des mains mortelles tant de Saints ressufei- xxíl '&
tez & glorieux , laisse en doute s'il ne faut pas se ré- xxj'j Jt
duire à ressuscites les Apostres , quoy-que Saint Jean
n'en parle pas plus que des autres , & qu'au contrai
re il fasse revivre en mesine temps tous les décollez ,
c'est-à-dire, commeonaveû, tout les Martyrs ;
& au lieu qu'il faudroit aussi poursuivre la lettre ,
faire demeurer Jesus-Christ avec ses Martyrs, puis
que c'estoit avec eux qu'il devoit régner fur la terre,
ce Ministre qui n'a pas ose soutenir qu'on pust atta
quer Jésus- Christ dans fa Majesté & dans fa gloire ,
trouvebon qu'aprés une apparition éclatante , il se
retire dans les Cieux, aprés néanmoins en avoir osté
avec les Apostres un des plus beaux ornemens & les _
ckefs
íto L' APOCALYPSE,
chefs du troupeau racheté. Mais où prend-il ces
, distinctions : dans le feus spirituel qu'il rejette ,
ou dans le sens literai où il n'y en a aucun vestige î
II n'y a que ces interprètes licentieux, quienuous
vantant l'Ecriture , se donnent la liberté d'en pren-
„ .- . dre & d'en laisser ce qu'il leur plaist , & de tourner
^ Je reste à leur fantaisie. Mais où est-ce que ce Mi
nistre a trouvé qu'il y ait trois avénerhens de Jefus-
Christ, & plus d'un avènement glorieux ? Les an
ciens Millénaires du moins n'en reconnoifloient
qu'un seul avec l'Ecriture;& aprés estre descendu en
fa gloire , Jésus- Christ demeureroit mille ans fur la
terre, d'oùilneretoumoitau Ciel qu'aprés avoir
jugé les vivans& les morts. Mais le Ministre, fans
se soucier ni des Ecritures ni des Pères qu'il fait sem
blant de vouloir suivre , fait aller & venir }csus-
Christ comme il luy plaist : & que devient donc cc
passage qui nous est tautobjéctc par les Ministres ,
qu''it'faut que le Ciel contienne Jésus- Chrifl , jusqu'à ce
que toutes chojes/oient rétablies , Act . III.n.LeMi-
ibid. ch. nistres en a trouvé le dénouement : c'est qu'il n'y
XXI XI. aura qu'unepetite interruption qui ne méritoit pas
u'estfe comptée , queique extraordinaire & quel
que éclatante qu'on la figure d'ailleurs. Mais
aprés tout que gagne- t-on en se jouant ainsi de
l'Ecriture? 11 en faut toujours venir à la question:
si l'on peut trouver vraisemblable que des mor
tels viennent attaquer une ville que Jefus-
Christ protégera si visiblement ; où aprés avoir
paru de la maniéré du mende la plus éclatante, il
laissera pour la gouverner douze hommes rcílufci-
tez, immortels, invulnérables, & en un mot
affranchis de toutes les infirmitez humaine;? Que
Ihid. chdp. diray-je de la nouvelle doctrine de ce hardi Thcolo-
XIII.& g'en hazarde tout s qui pour soutenir fou íystê-
friv. meosedirequeJcsus-Christne régne pas à présent!
quel'Eglisen'eít pas le royaume des Cieux-, que
nous-meímes nous ne sommes pas le royaume de
Jesus-Christ ; que Jefus-Christ ne régnera plus aprris
lc
CHAPITRE XXI. Ki
le dernier Jugement, & ses Eleûs encorsmoins' mal
gré ce qu'il leur dira en les jugeant ,' Venez foRéder
le Royaume qui vous a efléfréfaré, Matt. X X V . 3 4.
&en.unmotqu'iln'ettRoy que durant ces mille
ans imaginaires ? Dans quelles erreurs faut- il estte
ppur enseigner de tels prodiges à des Chrestiens , &
combien sont á plaindre ceux qui écoutent un tel
homme comme un prophète ? Concluons donc que
tout cè qu'on dit de ce régne de mille ans , pris a la
lettre , engage en des abfurditez inexplicables ; que
le Fils deT'Homme ne vkndra plus visiblement
qu'une fois lors qu'il paroiítraen íà gloire fur une
nuée , & que ceux qui l'auront percé le verront prest
à les juger ; que lors qu'il viendra en cette forte , il
ne fera pas mille ans à tenir lès Saints fur la terre ;
qu'il prononcera aussitost son irrévocable Jugement,
& ira régner avec eux éternellement dans le CicL
Croyons , dis-je , toutes ces choses , & lassions aux
interprètes Protestans ces restes des opinions judaï
ques , que la lumière de l'Eglise a entièrement dissi
pées depuis treize cens ans.

TROISIÈME PARTIE
de la Prophétie.
LES PROMESSES.
CHAPITRE XXI.
La nouvelle Jérusalem , ou la demeure
des Bienheureux.
1 . 1 E vis alors un ciel nouveau , & une terre nou-
J velle : car le premier ciel > & la première terre
avoicut disparu , & la mer n'estoit plus.
1. Et moy Jean , je vis descendre du Ciel la
sainte Cité > la nouvelle Jcrusalem qui venoit de
Dieu,
í6z V A P O C A L Y P S E.
Cr. Dieu , paréê comme l'est une e'pouíè pour soa
époux.
■■ i. Etj'entendis-unevoix forte íottie du trône,
qttidisoit: Voicy le Tabernacle de Dieu avec les
hommes ,'Si il demeurera avec eux. lisseront son
peuple , & . Dieu au milieu d'eux fera leur Dieu.
4. Dieu essuyera toutes larmes de leurs yeux: &
il n'y aura plus ni mort, ni cry, ni douleur, parce
que les premières choíès font passées.
> 5. Alors celuy qui estoit astis fur le trône dît : Je
vais faire toutes choses nouvelles. Et il me dît":
Ecris , car ces paroles sont très-certaines , & tres vé
ritables.
6. II me dît encore :C'én est fait. Je fais l'Alpha
&l'Oméga, le commencement & la fin. Jedonne-
ray gratuitement â boire de la fontaine d'eau vive á
celuy qui a soif. <
» héritera 7. Celuy qui vaíhcra , a poíïéderaces chofts ,
dZst* "' * iè seray ™ Dieu ' & ú serartion fiIs-
°'" 8. Maispourles timides , les incrédules , les
exécrables , les homicides , les fornicateurs , lérem-
poisonneurs , les idolâtres , & tous les menteurs j ils
auront leur part dans l'étang brûlant de feu & de
soufre , qui est la seconde mort.
9 . II Yint alors un des sept Anges qui tenoient les
sept coupes pleines des sept dernières playes ; il me
patla, & il me dît r Venez , & je vous montreray
î'Epouse , qui est la femmede l'Agneau.
10. U me transporta en esprit sur une grande &
b UnénAt haute montagne, & il me montra b la sainte Cité
P»»J'J" de Dieu,Jérusalem qui descendoit du Ciel d'auprés Y de
c rtviftme 1 1 • c Illuminée de la clarté de Dieu : fa lumié-
de U gloire re estoit semblable à une pierre précieuse , telle
île Dieu qu'une pierre de jaspe transparente comme du
cristal.
ri. Elle avoit une grande & haute muraille , &
douze portes , & douze Anges aux portes, & des
noms écrits , qui estoient les noms des douze tribus
des enfans d'Israël. ij, II
CHAPITRE XXI. z6y
1 5 . II y avoit trois de ces portes à l'Orieitt , trois Grl*
au Septentrion, trois au Midy, & trois á l'Occi^
dent; • i :
14. La muraille de Ia ville avoit douze fonde-
mefis , où estoient d les douze norns des douze d /"»«»»
Apoítres de l'Agneau . <in imv
15. Celuy quimeparloit , avoit une canne d'or -*$'ftrtl
pour mesurer la ville , les portes , & la muraille.
ï6. La viHeéstòitbastie en quarté, aussi longue
que large. II mesura la ville avec sa canne d'or ,
jusqu'à l'érenduë de douze, mille stades ; & ía
longueur , fa largeur ,-& ía hauteur sont égales.
17. II en melura aussi la muraille , quiestoit de
cent quarante-quatre coudées de mesure d'homme ,
qui estoit celle de l'Ange.
k 8. La muraille estoit bastiede pierre dejafpe,-
mais la ville estoit d'uh or pur , íemblableâ du verre
tres clair.- . • !: •' .
19; Les' íondernerre de la ríidraillé de Ia ville
êstòient ornez déroutes fortes de prérres;précieuses.
Le prerhiét fondement estoit dë)âfpe , letecond de
íaphir , le troisième de chalcedom'e , le quatrième?
d'émeraude ,
10. Le cinquième de fa r don ix , le sixième de
fardoine , le septième de crysolithe , le huitième de
béryl , le neuviéfne de topaze , le dixième de chry-
íòpraíe , l 'onzième d'hyacinthe , k douzième d'a
méthyste. ■; . 1! ■ ^
11. Les douze portes estoient de douze perles;
& chaque porte estoit faite de chaque perle, & la
place de la ville estoit d'un or pur comme da verre
transparent.
il. Je ne vis point de Temple dans la ville , par
ce que le Seigneur Dieu toutpuiflant & l'Agneau en
est le Temple.
z 5 . Et la ville n'a pas besoin du Soleil ni de Ia
Lune^our l'édairer , parce que la gloire de Dieu
l'éclaue , & que l'Agneau en est la lampe.
14- Les nations marcheront à sa lumière, & les
Rois
i<f4 • , "1' APOCALYPSE.
Rois de là terre y apporteront leur gloire & leut
honneur. : .
i 5 . Ses pctríes ne lè fermeront point de jour : car
de nuit, il n'y en aura point dans ce lieu. , , ,
i6. On y apportera la gloire & l'honneur des
nations.
i-j. II n'y entrerarien de souillé , ni aucun de
ceux qui commettent l 'abomination & le menson
ge; mais ceux-là feulement qui sent écrits dans le
livre de vie de l'Agneau.
EXPLIC4TI O N
du Chapitre XXI.
I . *1E vis . . . un Ciel nouveau. Apres toutes les cho-
7ses qu'on vient de voir, qui contiennent I'hi-
stoirc de I'Egliíè autant qu'il a plû à Dieu de
nous la révéler, il ne reste plus a parler que des pro
messes de la béatitude céleste : & c'est ce que Saint
Jean va faire d'une maniéré admirable dans ces deux
derniers chapitres.
Car lepremier Ciel (S l* première terre ayoient dispa
ru , par un changement en mieux, & une perfection
toute nouvelle , comme l'entendent tous les Inter
prètes. Et la mer n'estait plus : Et il n'y avoit plus d'á-
gitation ni de tempeste. Saint Pierre nous fait bien
entendre que ce n'est pas une destruction totale ,
mais un changement, lors qu'il dit que comme ían
cien monde a péripar l'eau , ainsi celuy qui est à présent
est réservéaufeu, t. Pet. 1. 1 1 1 . (, 7.
2. Je vis descendre du Ciel. Saint Jean nous mar
que la choie comme il la vit en esprit: & c'estoit
une ville qui venoit d'enhaut, portée en lair, 5c
apparremments'approchoitde íuy pco à-peu ; ce
qui dans le sens mystique veut dire que I'Egliíè qui
est dans le Ciel , est la mesine que celle qui est íur la
terre, que c'est du Ciel en effet que nous sommes
citoyens , & que c'est delàquc descendent toutes nos
lumié
C H A P I T R E X X I. i6S
lumières & nos grâces , comme il paroistra encore
XXII. i.
Comme une e'pouse pour sòn époux. Beau caractère
d'épouse, & belle instruction pour les femmes
chrestiennes de ne se parer que pour leur époux: la
parure en ce cas sera modeste.
j. fí/iry le Tabernacle de Dieu avec les hommes.
C'est raccomplissementdela promesse du Léviti
que xxvj . 1 1 . it.je mettray mon Tabernacle au milieu
6. C'en estfaiuTovt 1'ouvrage de Dieu est accom
pli : la mort qui estoit la derniere ennemie , i . Cor,
xv. 1 6 . est detruite ,& il n'y a plus rien à désirer pour
les Saints.
7. 11fera monfils ; comme il est dit de Salomon
i.Rf|. vy. 14. La filiation de Jesiis-Christ sera éten
due a tous les Eleûsqui-auront part à son héritage.
C'est pourquoy dans ce verset mcfme , & daus les
dera ces choies, le Grec lit, héritera de toutes ces cho-
ses.
8 . Mais les timides £5 les incrédules : La crainte est
la mere de la défiance & de Tinctédulité. La mortse
conde-, cy-dejsus xx, 5.6. 14.
9. Jlvientundes sept lAngcs 5 C'est encore un de
ces sept Anges qui'luy fait voir la grande Prostituée,
xvy. 1. z. 3.
10. // me transporta en espritfur unegrande & haute
montagne. II voit la Prostituée dans le désert, xviij. 3 .
dans un lieu affreux,& dans une terre inculce& pour
l'épouse , il la voit estant élevée íur mie haute mon
tagne par la contemplation.
11. Douzeportes; r$. Troisportes à l'Orient . . . de
mesme dans Ezéchiel xlviij. 3 1 . &c.
1 5 . Celuy qui me parloitavoit une canne d'or , Ezé
chiel, xl. 3 .sup. xi. i . Tout est mesuré , tout , est
compté dans la Jérusalem céleste.
16. La Ville en quarré signifie la stabilité & la
consistance parfaite. Douzemillestades: on a veû
M pour
%66 *\ V A .P O C A L Y P S E.
• pourquoy ce nombre est sacre' dans l'aucicn & dâns
Je nouveau Testament , iv. 4. vif. 4. 5. &c. Et
la meíme chose paroistra dans Ic verset sui
vant.
17. II mesura la muraille . . . cent quarante-quatre
coudées. C'est répaisïtur de la muraille qui en mar
que la solidité' , & par tout une fermeté impertur
bable. On voit toujours que ce font icy des nombres
mystiques. Ce qu'il faut observer en celuy-ry ,
c'est que la racine est douze , à cause des douze tri
bus & des douze Apostres , comme on a dit souvent.
Au reste, tout y est quarré, & compose un cube
parfait; ce qui marque la parfaite stabilité', & tou
tes ces grandes mesures marquent le nombre des
Éleûs, grand en soy, quoy-qUe petit , â compa
raison du nombre des réprouvez. De mesure d'hom
me , qui ejl celle de t^Ange : Selon cette parole de 110s-
tre Seigneur, ils seront égaux aux singes , Luc xi.
ì, 6. outre que ['Angeraroissoíten figure d'homme ;
& Saint jean a peut-eure aúsfi voulu marquer qu'it
ne lu y avoit rien paru d'extraordinaire dans sa tail
le.
19. 10. De toutesfortes de pierres précieuses, dont
les diverses beautez représentent tres-bie'n les dons
divers que Dieu amis dans ses Eleûs , & les divers
degrez de gloire que Saint Paul explique d'Une au
tre façon par la comparaison des étoiles : Vne étoile
diffère en chrtéd une àutre étoile , i. Cor. XV. 41.
Remarquez auíïì que les pierres précieuses soïít icy
presque les inefmes qui composent le râtionaí du
souverain Vouátè,Exod. xxviij. Voyez auslï Tob. Tcitf.
íi.&fuiv.
%%. Je ne vispoint de Temple: PòUr nous raire voir
quecequ'avoit veû Ezéchiel du nouveau Temple &
de la nouvel le Jérusalem , XLl. 0~ fuiv. n'auroit
qu'un accomplissement spirituel dont nous vèrrorís
quelque chose dans la fuite.
1 4 . Les nations marcheront a fa lumière : Vtíyeï cy
dessous XX II. 1.
15. Et
Chapitre xx r i. ■ «7
15. Et ses portes nese fermeront point de jour. Isaïe
avoit dit : Ses fortes nesefermeront nijour ni nuit, LX.
1 1 . Saint Jean ajoute, qu'il n'yfura point de nuit dans
cotte Cité bienheureuse.

CHAPITRE XXII.
Gloire éternelle. Quels font ceux cjuì en
jtSiïroxt, & ceux qui caseront exclus. LeJugement
efiproche, fesus viendrabientojt , Ç$ toute amesuinte
íedesire. Menaces contre celuy qui ajoutera à ce livre,
ou en retranchera quelque chose. Jésus luy-mefme tft
auteur de cette Prophétie.
I. TL me montra aussi un a fleuve d'eau vive , çr,
_|_ clair comme du cristal, qui sortoit du trône tfltuveftt»
de Dieu & de l'Agneau.
». ÂU- milieu de la place de la ville, íurles deux
rivages du fleuve , eítoitl'arbre de vie , qui porte
doute fruits , & rend son fruit chèque mois , & les
feuilles de l'arbre sont pour guérir les na
tions. ■ ■
5. II n'y aura plus là aucune malédiction; mais
le trône de Dieu & de l'Agueau y íera , & ses servi
teurs le serviront.
4. Us verront ía face , & ils auront son nom écrit
íùrle front.
5. II n'y aura plus là de nuit ; & ils n'auront pas
besoin de lampe , ni de la lumière du soleil , parce
que le Seigneur Dieu les éclairera , & ils régneront
dans les siécles des siécles.
6. Et il me dît : Ces paroles sont tres-certaines
& tres-véritables : & b le Seigneur Dieu des esprits b U Séi
des Phrophétes a envoyé ion Ange pour découvrir à tnenr
ses serviteurs ce qui doit arriver bientost. ?)."" *"
7. Je viehdray bientost. Heureux celuy qui garde "y"tl P"'
les paroles de la Prophétie de ce livre ! f
8. C'est ;moy Jean, qui ay entendu, & qui ay
M ì veu
' • 168 r APOCALYPSE.
Gr. veû ces chose». Et aprés les avoir entendues , & les
« avoir veûés, je me jettay aux pieds de l'Angc cjuime
les montroit , pour l'adorer.
9. Mais* il me dît : Gardez-vous bien de le faire
car je luis serviteur comme vous, & comme vos
frères les Prophètes, & comme ceux qui gardent les
paroles de cc livre. Adorez Dieu.
10. II me dît en suite:Ne scellez point les paroles
de la Prophétie de ce livre , carie temps est proche.
11. Que celuy qui fait l'injustice la fasse encore:
que celuy qui est souillé se souille encore ; que celuy
qui juste , devienne encore plus juste ; & queeduy
qui est Saint , íe sanctifie encore.
iz. Je viendray bientost , & i'auray ma réeom.
pense avec moy , pour rendre à chacun selon ses ceu.
vres. *■ , .
13. Jesuisl'Alpha&l'Ornéga, le premier & le
j dernier, le commencement & la fin.
Ojulsont 14. Heureux ceux c quilaventleursvestemens
hictm- dans le sang de l'Âgneau , afin qu'ils ayeut droit á
mande- i'arbredevie , & qu'ils entrent dans la ville par les
c'est i di- portes! • • >< ' > ?■> ■
re.de 15. Loin d'icy les chiens , les empoisonnneurs ,
Vie» eu de les impudiques, les homicides , les idolâtres, & qui-
l vigneau conque aime & fait le mensonge.
j 6. Moy Jésus , j'ay envoyé mon Ange pour vous
rendre témoignage de ces choses dans les Églises . Je
fuis le rejetton &Te fils de David , l'étoile brillante,
l'étoiIe du matin. '.• •; ....
17. L'eíprit & l'épouse diíent: Venez. Que ce
luy qui écoute , dise : Venez. Que celuy qui a soif,'
vienne; & que celuy qui le désire reçoive gratuite
ment seau de la vie.
1.8. Mais je proteste à tous ceux qui entendent
les paroles de la Prophétie de ce livre , que si quel
qu'un y ajoûte , Dieu le frapera des playes qui fout
écrites dans ce livre.
19. Et que si quelquu'n retranche quelque parois
duJivre de cette Prophétie > Dieu l'effaccra du Uvre
CHAPITRE XXII. i6?
de vie , & l'exclura de la sainte Cité f & luy ostera
sa part des promesses qui íbnt écrites dans ce livre.
• i o . Celuy qui rend témoignage de ces choses dit:
Oui , je viendrai bicntost. ^Amen , Venez , Seigneur
Jésus.
11. Que la grâce de nostre Seigneur Jesus-Chiist
íòit ávec tous. ^Amen. ■
EXPLICATIO N
du Chapitre XXII. & dernier.
I. Jtme montra unfleuve d'eau vive. Le Grec ajou
re , pur. C'est la félicité éternelle , figurée par
les eaux du Temple d'Ezéchiel, xhij.i. Etle Saint
Esprit continue a nous faire voir qu'il n'y a point
d'autre accomplissement de ce Temple du Prophè
te que celuy qui nous est icy montré par Saint
Jean.
1 . Sur les deux rivages du fleuve , Varbre de vie . ..
Imité d'Ezéchiel x/vy. i x.L'arbrede vie nous fait
voir que l'im mortalité nous fera rendue, comme
ty-deíïusILj, Pourguérir les nations-, certe parole
8í celle du z^.fup.xxj. Les nations marcheront à
fit lumière, semblent marquer l'Eglise présente ;
ïnais c'est quec'est la mesme. Les remèdes dont fa
sert l'Egliíequi est fur la terre viennent d'enhaut ,
& toute la gloire que les Gentils convertis y
apportent est transportée dans le Ciel. VoycK
XXI. i. ■ r \ : .-• i
■ ^. Ni de la lumière du Soleil. Iíaïe avoit dit îx. 10.
Ton Soleil neJe couchera pas , &ta Lune ne fêta pas di
minuée. Icy , Dieu est luy-mefme le Soleil , & il n'y-
a point de Lunc,plus tien qui diminue,plus de chan
gement : c'est pourquoy la femme qui signifie l'E
glise, avoit la Lune sousíes pieds, fuj>. xi), i.
8. tAux pieds de l'zstnge pour l'adorer. Voyez
xix. io. ' < '■
io. Ne[cellexpas , . . Voyez Apoc.I. i.j.V.i. -
M 3 xi.
V A F O C A L Y P S E.
I it. Que celity quifitit V injustice la fasse encore...'.
Dieu souffre encore le mal durant quelque temps ;
mais alors il n' y aura aucuu mal , & tout le bien íera
consomme'.
I i. Je viendray bientofl. C'estJesus-Christ qui par
le , comme il paroist 1 6.
1 5 . Je suis i't^ilpha & l'Oméga. Cette parole
est attribuée à Dieu uífocl. 8. & àceluy qui est
fur le trône, xxj. 6. qui peut estre ou Dieu mef-
xne, comme au chapitre iv. x. xx. II. ou Jeíus-
Christ les vivans & les morts. Icy,
constamment c'est jèíus-Christ , comme il paroist
au "f. 1 6 . ce qui montre en tout & par tout régaïité
du Pere & du Fils.
l^. Lamd'icy les chiens, les impudiques, £?c.
C'est icy comme un anathème divin pour «xclurrç
à jamais tous les pécheurs de cette íàiote Cité.
Saint Jean avoit .déja dit. qu'il n'y entroít rien de
fouillé; que les incrédules , & les autres n'y avoient
point de part, XXI. i. %?• C'est ce qu'ilré-
péte en ce. lieu d'une roani&e plus vive, & on
diroit qu'il íort une voix du milieu de la Cite'sain
te qui Ienr cric à tons, Loin d'icy. C'est aussi «c
que íembloit imiter ('Eglise , lors qu'à Rapproche
des mystères & dans le silence qui régnoit par tout , -
la voix du Diacre s'élevoit , Que les Catéchumènes fe
retirent ; que les Pénitens fe retirent : il faut estre
purifié pour demeurer icy. Je ne sçay au reste s'il
se trouvera aucun endroit del'Ecritmeoù les ter
reurs soient mieux mefle'es avec les consolations
qa'on les y voit dans ces deui derniers chapitres.
Tout attire dans cette Cité bienheureuse : , touc y est
riche & éclatant,- maïs aussi tout y inspire de la
frayeur, car on nous y marque encore plus de pu
reté que de richesse. On ne sçait comment on
osera marcher dans ces places d'un oi si pur , trans
parent comme du chrystal; entrer dans ce lieu où
tout brille de pierres précieuses , & seulement
aborder de ces portes dont chacune est une perle:
C H A P I T R E X X 1 I. ' %n
on tremble à cét aspect , & on ne voi£ que trop
que tout ce qui est souïlle' n'en peut approcher?
Mais d'autre coste' on voit découler une fontaine
qui nous purifie: c'est la grâce, & hvpénitence ,
XX IL i. On a le íang de Jésus-Christ , dont
Saint Jean venoit de dire , Heureux celuy qui lave
sonvesiement au sang de t Agneau , afin qu'il ait droit
à l' arbre de Vie , Ç$ qu'il entre dans la Ville par lesfor
tes*. XXII. 14.
16. V étoile brillante , Yétoile du matin , comme
cy-de(Tus II. 18. C'est Jeíus Christ, dont lenom est
Orient, Zach. vj. ti. & dont il est écrit : ll/ortira
une étoile de Jacob , Numer. xxvij. 17.
17. Et l'esprit & íépouse disent , Venez.: C'est
l'esprit qui prie en nous , fe/on Saint Paul , J^ow.
ií. 17. & l'esprit de la Prophétie qui parle
à Saint Jean dans tour ce livre , c'est cét esprit qui
dit Venez, 3c qui nous fait désirer avec une ardeur
immense lerégnede Jeíus-Christ. L'Epouse: L'E-
glisenecesse tfappclíet l'Epoux par ses gémisse-
mens ; commel'Ëpousedans le Cantique dit fans
cesse , Vene* , mon bìenaìmé. Que celuy qui écoute di
se, Venc*.. Que le fidèle imite le langage delaPio-
phétie & de l 'Epouse.
18. Jeproteste à tons ceux qui entendent. .. C'est
un avertiiiement à celuy qui copiera cette Prophé
tie , de le faire soigneusement & religieusement , à
cause de l'importance des prédictions , & de la cu
riosité de l'esprit humain qui le porte à trop vouloir
pénétrer dans l'avenir.
10. Celuy qui rend témoignage de ces choses dit:
C'est Jefus-Christ qui a envoyé Ion Ange, comme
il le dit cy- dessus "fi. tí. pour rendre ce témoignage
aux Eglises. Oùï, jeviendray bientofl. Jeíus-Christ
répond au désir de l'esprit & de l'époufe qui l'a-
voient appelle .
^Amen : Venez * Seigneur Jésus. L'atiie fidèle ne
cesse de l'inviter , & de désirer son Royaume. Ad
mirable conclusion de l' Ecriture , qui commence
M 4 à
171 «f «APOCALYPSE,
a la création du monde, & finit à la consomma
tion du tégne de Dieu $ qui eít aussi appelle la nou
velle création.
Dieu faste la grâce à ceux qui liront cette Prophé
tie d'eu répéter en silence les derniers versets , & de
gouster en leur cœur lej)laisir d'estre appeliez de
Jeíus , & del'appeller en secret.

ABRE-
LAPOCALYPSE.

O m m e nous nous sommes arrestez


* à chaque partie de l' Apocalypse, ou cst
pour prendre de temps en tempsquelque Abrcgd.
repos dans cette eípéce de voyage , ou Sup.p.
plûtost pour considérer, à mesure que »5-
nous avancions , le progrés que nous l^lm
avions fait : il faut encore nous arrester151j
à la fin de toute la course , puis que c'est
aprés avoir veû tout ce Divin Livre que
nous pouvons nous en former une idée
plus juste par une pleine compréhension,
de tout í'ouvrage de Dieu qui nous y est
représenté. t jj,
En voicy donc l'abrégé. Jesos-Christ L'Apo'cai-
paroist : les Eglises font averties : c'est lypíeeíl
JeiUsluy-mesme qui leur parle par Saint une fíp^-
Jean pour leur apprendre leur devoir, ffoiJj*
& en mesme tempsson Saint Esprit leur l'Eglise
fait des promesses magnifiques. Jésus- diviíëer
Christ appelle Saint Jean pour luy dé-entrois
couvrir les secrets deTavenir , & ce qui "°^S*£
devoit arriver à son Eglise depuis le
M 5; temps »
.-r. • > (
„ 174. -f. A(; B R É 'G á
cfc. /?•• ' temps où il lliyparloit jusqu'à la fin des
siécles, & à l'entier accomplisse/ment de
» toutledësseindeDieu. Ily a trois temps
cfc.i ^ de l'Eglisé*bien marquez : celujr de Ion
ìjçx" commencement , & de ses premières
' souffrances ; celuy de son régne sur la
Ch.XX. terre . cejUy je fa derniére tentation ,
lorsque Satan déchaisné pour la derniere
fois fera un dernier effort pour la détruis
Ibid. 11. re , ce qui est suivi aussitost par la r«-
Vjr surréction générale , & le Jugement
XX f. dernier. Aprésquoy il ne reste plus qu'à
XXII. nousfairevoir l'Eglise toute belle & tou
te parfaite dans le recueillement de tous
les Saints , íc le parfait assemblage de
tout íe corps -dont Jésus. Christ est le
chef.
p11?' Dans le premier temps , qui est celuy
temps," ^U commencemcnt de l'Eglise & de ses
Lescora- premières souffrances; toute foiblequ'el-
«K'oce Je paroist dans, une si longue & si cruel.
rE^hse6 ^e °PPre^on» Saint Jean nous endécou.
Deux en- vre la puissance , en ce que tous ses en
nemis nemis sont àbbatus , c'est-à-dire , les
abbatus Juifs 6c les Gentils: les Juifsau commen-
^j'eu cernent , & les Gentils dans la fuite
íbuffran- de cette prédiction jusqu'au chapitre
ces, les XX. • - ■
Juifs & -j - r
les Gen- *-eS
tils. Sup.p. 17. crjitiv. ìi.&fuiv. Oì.Vll.yltt.
th. I X. y. i+.jufrí au chap. XX:
DE t'AïOCAI.? ÏSÍ.f^'W -,
Ces deux ennemis ípnt marquez tresT I V.
distinctement par Saint Tean. Les luiss, Cesjku*
lpr« qu'il nous fait voir ìeíàlut des douze marquez*
mille de chaque tribu d'IsraèT, pour l'a- tres-dis-
mour desquels on épargnoit tout le reste «ncte-
de la nation , d'où vient aussi qu'en tous par
ces endroits il- n'est nulle mention d'ido- jeau.
les , par ce que les Juifs n'en connois-
íòient pas , & ne péchoient en aucune
forte de cecosté-là: & les Gentilsaussi-
tost aprés , à l'endroit où il fait venir C6. /X.
avec des armées immenses les Rois d'O- s
rient, flcles peuples d'au delà l'Euphra-
te, qui est aussi celuy où pour la premiè
re fois il est parlé d'idoles d'or <& d'argent , Itid. io.
& où les Gentils font repris, parmi les
playes que Dieu leur envoyé , de ne
s'estre pas corrigez d'adorer les œuvres
de leurs mains & les démons, non plus
que des autres crimes que le Saint Elprit
nous repréíènte par tout comme des lui- /A
tes inséparables de l'idolatrie.
Voila donc les deux sortes d'enne- . v-
mis dont l'Eglise avoit encoi ë à fous- je;in a_
frir , bien distinctement marquez. Les voitmar-
Juifs, qui ne cessoient par leurs caloin- qne ces
nies d'irriter les períecuteurs, comme • en~
Saint Jean 1 avoit remarque des le com- dans les
mencement de son Livre, lors qu'il écri- lettres
voit aux Eglises ; & les Gentils ou les CIU 11
M ô Ro-
^76" - Abrégé
auxEgH- Romains , qui nafongeant qu'à accabler
fis. l' Église naissante , alloient plus que ja-
yljwfc mais l'opprjjner par toute la terre qui
fiitVil e^°^ f01110"6 à son Empire, comme le
xe. ' meime Saint Jean l'avoit dit auffi au mes
me endroit.
V.^ Entre ces deux ennemis , incontinent
têreHeT, aprés les Juifs, & avant que d'avoir nom-
©u les hé- mé les Gentils & les idoles , nous trou-
lésies en-yons dans les sauterelles mystiques une
tre ceqm autre forte d'ennemis d'une elpéce par-
regarde . ,. , r s , ÍT/
les juifs» ticunere , ou nous avons entendu les He-
& cequi résiarques placez à la fuite des Juifs dont
regarde j]s ont imité les erreurs , & devant les
tifs G*U* C"ent^s S1*'* ^a vérité ils ne fembloient
Ch IX Pas atta4uer directement , comme de-
lepuis le voient raire ces Rois d'Orient qu'on voit
■f. r .jus- paroistre au mefme chapitre , mais qui ne
5« au 14. ìajfíoient pas de leur nuire beaucoup en
*5f M 6 -obscurcissant le Soleil , c'est- à-dire, avec
94 &' *a g'°'rc dejelùs- Christ , les lumières de
juiv. 96. son Evangile , & de son Eglise ; par où
s'augmentoit l'endurcissement des Gen-
rils , qui , selon que l'a remarqué Saint
Clément d'Alexandrie, disoient enpar-
Strtm, lant des Chrestiens : II nefaut pas les en
ìib. yi I. çYtire , puis qu'ils Raccordentfi mal entre-
eux, £r qu'ils font partagez, en tant d?hé
résies; ce qui retarde, poursuit ce grand
homme , les progrés de U vérité, a canfc
des
DE L'AfOCALYÍSS. ^77- «
des dogmes contraires que les ttns produi
sent a l'envi des autres. ■¥* " *,
II estoit bon une fois de fàiravoir que v IL
l'Eglise triomphoit de cét obsttble, com- Saint
me de tous les autres. Saint Tean aprés J.ean P**"
. r. ./ rf . r íe aux
l avoir fait d unemaniere aurii vive que Ti0lences,
courte & tranchante , s'attache en fuite & aux
à représenter les persécutions Romaines, punitions
comme l'objet dont les hommes estoient írç™J
le plusfrapez, pour faire éclater davan- fecuteur,
tage la force de l'Eglise en montrant la
violence de l'attaqué , & afin aussi de
faire admirer les lëvéres Jugemcns de
Dieu fur Rome persécutrice, avec l'in-
vincible puissance de la main qui abba-
toit aux pieds de son Eglise victorieuse
unepuiflance redoutéede tout l'univers. VIII.
Tout le chapitre IX. depuis le verset £«Per-
14. jusqu'au chapitre XX. est donné à t„ 0B_-
ce dessein. Pour préparer les esprits à la comme
chute de ce grand Empire , Saint Jean ceux
nous montre de loin les Perses, d'ou luy * ou
devou venir le premier coup. Le carac- njr je
tére dont il se sert pour les désigner n'est premiei
pas obscur , puis qu'il les appelle les Rois C0HP>
d'Orient , & leur fait pafler l'Euphrate SuP-l>-
qui scmbloit fait pour séparer l'Empire f°y&
Romain d'avec eux. C-est-làque le Saint & Çuh'
Apostre commence à montrer combien Ch. 1 X.
les Romains furent rebelles contre Dieu '4- -Xf%
M 7 qui xt"
%7$ Abrégé
qui les frapolt pour les corriger de leur
• idolâtrie j ce t^u'il continue" à faire voir
cn recitant les opiniastres persécutions
dont ils ne cessèrent d'affliger PEgliíë.
] X. Elles commencent à paroistre au cha-
ta persiî- pitre X I. & comme jusqu'icy on nous
cutioa a donné des caractères bien marquez ôc
«à pa-"" bien sensibles des Juifs & des Gentils , oa
loiítreau ne nous en a pas donné de moins clairs
eh. XI. pour désigner la persécution Romaine,
leste'* ke Pms marqué de ces caractères a esté
çeluy de la Beste qu'on ne nous représen
te parfaitement que dans les chapitres
XIII. & XVII. mais que néanmoins
on a commencé à nous faire voir dés le
Cb. XI. chapitre X I. comme celle qui mettoit
7. Sus. à mort les Eleûs de Dieu, & les fidèles
ll8- témoins de fa vérité. II nous faut donc
icy arresterles yeux fur les caractères de
cette Beste, que nous voyons beaucoup
plus clairs & mieux particularisez que
tous les autres.
X. On est accoustumé par la Prophétie
LaBestc <je Daniel à reconnoistre les grands Em-
tdeaQx" P*res íòus la figure de quelques fiers ani-
ch. XIII. maux: il ne faut donc pas s'estonner fi
& XVII. on nous représente PEmpire Romain
îa°ersl f°UScette %ure qui n'a plus rien d'étran-
cf^en ge ni de surprenant pour ceux qui sonc
gênerai, versez dans les Ecritures. Mais le des
sein
d b l'A poc a l y r s e. *7j
sein de Saint Jean n'est pas de nous mar
quer seulement un granti & redoutais, p
Empire: c'estoit aux Saints principale
ment & aux fidelles de Jesus-Christ qu'il
estoit redoutable. Saint Jean nous le-
montre donc comme persécuteur & avec
son idolâtrie , parce que c'estoit pour l'a-
mour d'elle qu'il tourmentoit les enfàns
de Dieu.
Pour mieux entendre ce caractère d'i-
dolàtrie & de persécution que Saint Jean
a donné à la Beste, il la faut considérer
avec la Prostituée qu'elle porte sur son
dos au chapitre XVII. car la prostitu
tion est dans l'Ecriture le caractère de
l'idolatrie , & le symbole d'une aban
donnée à l'amour de plusieurs faux
dieux , comme d'autant d'amans impurs
qui la corrompent. L'Apostre joint à
ce caractère celuy de la cruauté & de 1a
persécution , en failânt Ufemme enyvrée ckap.
du sangdes Saints , & des Martjrsdeje~ Xyll. (>
fus; en sorte qu'on ne peut douter que
ce qu'il veut nous représenter sousla fi
gure de la Beste , ne soit d'abord & en
général la puissance Romaine- idolâtre,
ennemie, & persécutrice j àquoyauffî
«onvenoient parfaitement les noms de C*"*P-
blasphème, sur les sept teste* de k Beste, ^
c'est-à-dire, comme Saint Jean l'expli- 5.9,
que
* i« A .J^ít K 6 É " ,
queluy-mesmé , siïr les sept montagnes
r . «deHRomeifc íè# fureurs contre les Saints,
& fa couleur dé sang; 6c tout son air cruel
Cb. XW. & sanguinaire. C'est aussi pour ceh<pe
$.4. le dragon roux , c'est à- dire le diable,
Ch. XIII. q™ voulait engloutir PEglise y avoit donné
». à la Befie sagrande puijsance, & lliy avoit
ch. XIII. inspiré là haine contre les fidèles. On
J' avouera qu'il n'estoit pas poffibledenous
peindre la persécution avec de plus vives
couleurs. Mais outre la persécution en
général que l'Apostre nous rend si sen
sible, nous avous veû qu'il se réduit à
des idées encore plus particulières en s'at-
tachant spécialement à représenter la per
sécution de Dioelétien qu'il a choisie en
tre toutes les autres pour ha décrire avec
un soin si particulier, parce qu'elle de-
voit estre la plus violente comme la der
niere , & que c'estoit au milieu de ses
viosences quél'Eglise devoit commencer
à estre élevée par Constantin au comblé
de la gloire.
_^V" X-e caractère le plus spécifique dé cet-
Etplusen n o j •/ 'r- . st u
natticu- te cruelle & derniere persécution elr d ai
lier la voir esté éxercée au nom de sept Empe-
persc'cu- reurs: c'est aussi pour cette raison que
Diodé- Saint Jean luy donne sept testes , qui font
tien. hien a la vérité , comme on a veû qu'il
f. l'explique y les sept montagnes de Ro
me j,
DE t'APÛC AI^Y P SE. X8l ,
me; mais qui font aussi , comnieilajQÛV4*- ï0*«*
te,
cf scptdeíes
■ Rois. C'estoitlaseulep^-.i1-8"0!
* -t i r ;wv. 157:
iecution qui euit cette marque : les ca- q jûiy,
ractéresparticuliersdes trois Empereurs,
qui furent les principaux auteurs de la
persécution , nous ont aussi esté marquez
fort historiquement , comme on a veû ,
& parce qu'il y en avoit un des sept , qui
estoit aum un de ces trois , qui devoit
prendre PEmpire par deux fois, c'est-à-
dire , Maximien , íurnommé Herculius ; cb.XVIL
il y a aussi un des sept Rois qui nous est 1 P-
montré en mefme temps, comme estant 10 *
tout ensemble un huitième Roy , & un
des sept : ce qui estoit précisément choi
sir dans l'histoire ce qu'il y avoit de plus
précis, n'y ayant point dans toute la sui
te de l'Empire Romain un caractère sem
blable. . .
On voit donc ce que c'est que la Beste:
Rome comme persécutrice en général,
& avec une désignation plus particuliè
re ; Rome éxerçant la dernière 8c la plus
impitoyable persécution. XII.
On y a veû d'autres caractères de cet- Défigna-
te persécution que je ne répète pas; mais
je ne puis oublier qu'elle portoit le nom je dì0.
de Dioclétien , qui comme premier Em- clétien ,
Í>ereu r estoit aussi le premier en teste dans &í°u
'Edit des persécuteurs; ce qui fait aussi j^i'a.
que
a8îr .- A a. r é g %
potalyp- cuiëSaint Jean ep nous voulant marquer
çìt XIU ^ ÎPmde la Befte par ses lettres numera-
l8< ' les, a matqué'celuy de Dipclétien dans
Sus. f. le nombre de ó'ó'ó'. somme on a veû.
Ií5- . . Saint Jean a tout icy caractérisé d'une
maniéré admirable. Car il nous a dit non-
seulement qu'il nous vouloit donner le
nom d'un homrne,mais au ffi le nom d'une
de ces Bestes mystiques, c'est-à-dire, le
nom d'un Empereur ; cequi nous a con
duit à un nom où nous est marqué Dio
ctétien , & où le nom qu'il avoit porté
lors qu'il estoit particulier , joint à celuy
d'Auguste qui le faisoit Empereur, nous
en donnoit un caractère incommunica
ble , non-feulement à tout autre Prince »
mais encore à tout autre homme.
XIII. Mais parce que le nombre my ftique de
Q"e « 666. que Saint Jean attribue icy au nom
n- de la Beste peut convenir à plusieurs
point pat r r
uneren- -noms , & qu on en compte huit ou dix ,
contre peut-estre, où il se trouve : pour ne don-
fortuite ner aucun lieu à ce jeu frivole des esprits,
trouve nousavonsveû qu'au mefme passage où
icy le Saint Jean a marqué le nomade Dioclé-
nom de tien, il y a joint d'autres caractères qui
Diocié- font auQ-j particuliersà ce Prince que Ion
ch XIII nommemie; de forte que non- feulement
i6\ ' ón trouve dans l' Apocalypse le nom de
Dioclétien , maison y trouve que c'estoit
le
DE L'APOC ALYFSE. l8j
le nom de cét Empereur qu'il y fklloit
trouver , & que ce ne peut estre un au
tre nom que Saint Jean, ait voulu défi- ' ' .
gner , parce que ce devoit estre le nom de
celuy dont la dernière persécution est in
titulée, & de celuy qui auroit tait l'action
unique a laquelle le Saint Apostre kátch.XHI.
une allusion manifeste dans ce passage; ce lC- *!•
qu'on peut voir aisément dans le Com
mentaire. D'où auffi l'on peut conclure Sus. f.
que si l'on a trouvé en ce lieu le nom de
Dioclétien, ce n'est pasl'effet d'une ren- /W.iíj.
contre fortuite; mais une chose qui de
voit estre , & qui estoit entrée necessaire-
mentdansle dessein de nostre Apostre j
parpù auffi les Protestans, qui ne veu- lus. 3 55;
lent jamais rien voir que de confus & de &
vague, se trouveront confondus. 46<3'
Le premier Collègue de Dioclétien , Le*carac-
& le second Empereur qui estoit Maxi- tere de
mien Herculius, ne nous a pas esté moins Maxi
bien désigné , puis qu'on luy a donné le micn
caractère qui luy estoit le plus propre, 1^5^;
c'estoità dire, celuy de venir deux fois; mierCol-
& c'est avec raison que ce Prince a esté hgue de
appelle la Beste , selon cette mystique Dl0^_
signification , ce titre luy convenant plus yen
particulièrement qu'aux cinq autres Em marqué
pereurs sous qui la persécution s'est éxer- <jue«luy
cée , parce que dans le caractère que c|ee^èn"
Saint mesinc.
ft.8'4. A, B R É G É
meíme. Sainç Jean luy avoit donné , non-feule-
Ch.X.VU. ment il estoit une des sept testes , c'est-
zot?' à-dire, un de ces sept Princes, mais en-
Sap, p. . core le corps de la Beste, comme on a
145.101. Veû.
ffc'xv^ Nous avons déja observé que cette Bê-
LaBeste te mystique estoit marquée par Saint
de Saint Jean , non pas comme estant déja delbn
J^n es- temps , mais comme devant dans la sui-
chose"qui te *''lever d* l'fibjfae ; ce qui maintenant
devoit ve- s'entendra mieux , & fur quoy il fera uti -
niraprés le d'appuyer un peu. Car, encore que
uy* PEmpire Romain idolatrcSc persécuteur
xn'i i ^a au monc'e *ors 9ue ^amt J6311
Sup. 101. écrivoit íbn A pocalypse ; dans Implica
tion particulière qu'il faiíbit de la Beste à
la persécution de Dioclétien, ellen'estoit
pas encore. Les sept testes , c'estoit-à-
dire, les sept Empereurs , & tout le reste
3ue Saint Jean nous y a marqué avec une
ésignation particulière, estoient encore
à venir ; & mesme la persécution, quoy-
que déja commencée quelques années
auparavant fous Néron & fous Domi
tien , estoit encore future dans íà plus
í4j. l°ngue durée , & dans ses plus grandes
Chap. fureurs ; ce qui donne lieu a Saint Jean
XVII. 8. denousparlérdek Beste comme devant
^Clíi 1 encore ^élever. II la voit sortir de Pahys-
Ch.kl me'' U assiste à fa naissance , & ne la soit
pa
de l'Ap o cal y p^se. a&£
pafoistre au inonde que pour donner la
mort aux Saints ; ce qu'on nepeut tròp • »
observer, parce qu'outre que ces carac- * -'r
téres particuliers font la vraye clefde la
Prophétie, c'est aussi un des passages qui
doit porter un coup mortel au fystême Cy-dejfout
des Protestans qui n'ont rien voulu voir
de particulier , parce que leurs fausses ^6 ™&>
idées du Pape Antéchrist ne subsistent ^„,v.
que dans la confusion.
Apres avoir observé le fond & les ca- c^^çja
racteres delaBeste, tels que Saint Jean <ie_
nous les a donnez , il faut voir encore ce voitfaire,
qu'elle fera & ce qui luy doit arriver. ?£ce3m
Ce qu'elle fera, c'est de tourmenter l'E- v"^t
glife; & ce qui luy doit arriver , c'est vcrtres-
aprés divers chastîmens, de périr à la fin, bien
à cause de son idolâtrie , & du sang ma^"jM
qu'elle avoit répandu : c'est ce que Saint jeaU.ai
Jean nous a déclaré par des marques aussi
sensibles que toutes les autres que nous , ,; ^
avons veûës. ...
La persécution en général est exercée XVII.
par la Beste lors qu'elle donne la mort aux ^jjt]j^
Saints, & qu'elle tient dans l'oppreffion comment
la Sainte Cité qui est FEglise, avec tou- de'criteau
tes les circonstances qu'on en a mar-
quées. Mais au milieu de ces caractères Caiyp£e.°"
généraux Saint Jean a toujours meflé les ch. XI.
caractères particuliers de la persécution *• 7-
iSo" A b r. é. e é
íox. & de Dioclétien, à laquelle leSaint Esprit
futy u t. ]>avx>it davantage attaché. C'est pour-
' quoy dans le chapitre XI. on voit les
ch.XI.$- Gentils se ftater de la pensée d'avoir
Sup. p. éteint le Christianisme, comme on en fla-
ji^.m. ta Dioclétien : on voit dans ce mesme
Ad. 7. temps le Christianisme élevé au comble
Si Oc. de la gloire , comme il arriva au milieu de
cette sanglante persécution, par les ordres
de Constantin & par ses victoires.
Corn11* ^U c^aP"re ^ ' Par°ist le dragon
ment" an qui donne là force à la Beste, & la fem-
ch.XI I. me en travail, c'est-à-dire, FEglifè íbuf-
Cb.XH. frante. C'est la persécution en général,
a- i- Mais nous sommes bien tost conduits au
XÌJI.x- particulier de Dioclétien, lors que la
femme estant preste de mettre au monde
un enfant mafle & dominant , c'est-à-di
re, le Christianisme vigoureux & vain
queur sous Constantin , le diable redou
ta. XII. bie ses efforts pour le détruire ; & com-
7- 1 5- 1 1' nie là on voit le dragon faire trois divers
Cr'fuiv'. efforts , on voit au fli la persécution s'éle-
ìlid. ver à trois reprises plus marquées íbils
trois Princes ; plus frémissante íbus Dio
clétien & fous Maximin ; plus languis
sante íbus Liciniusj & en estât de tom
ber bientost aprés.
La^Beste Voilàceque fait la Beste tant qu'il luy
blessée à reste quelqueforce. Mais Saint Jean nous
la
DE t'A P O C AL Y* S E. 1§J
k représente en un autre estât où elleniort;&
avoit receû un coup mortel, oò elle^stePc
estoit morte , où pour vivre elle avoit be- íexJs 4
íoin d'estre reiìuicirée : c'elt ce qui est bas.
auíîì arrivé à l'idolatric détruite dans lesc*aP-
sept testes. Tous les pertëcutcutfs estant *JpJ/' £
à bas, & de tous les Empereurs , Constan- lt.j, 1Sl 9"
tin un si zélé entant de 1 Eglise restant
seul , l'idolarrie estoit morte par la défen
se de sès sacrifices & de son culte ; & il
n'y avoit plus pour elle de ressource si
Julien l'Apostat ne l'eust fait revivre.
Saint Jean, comme on voit, continue
toûjoursà s'attacher aux grands événe-
mens. II n'y a rien de plus marqué que
la mort de l'ídolatrie sous un Prince qui .
l'abolit par Tes Edits , ni rien aussi de plus
sensible que d'appeller résurrection, la
force & l'autorité queluy rend un autre
Prince. Voilà qui est grand en général ,
mais le particulier est encore plus surpre
nant, Car on voit la Beste aux abois , \hid.
comme Saint Jean l'avoit marqué par la
blessure d'une de les testes qui estoit
Maximin le sixième persécuteur , &
parce que la septième teste qui ne pa-
roissoit pas encore , devoit périr si-
tost aprés , Comme il arriva à Lici-
nius. C'est ainsi que la Beste mourut ;
c'est ainsi- -que l'idolatrie fut abbatuë,
2.88 Abrégé
& l'image est toute semblable à l'ori-
, ginal.
- Pour la Beste ressuscitée, c'est-à-dire,
icssusci-6 ^'idolâtrie reprenant l'autorité sous Ju-
tée fous lien , elle nous est clairement marquée
Julien par l'orgueïl de ce Prince ; par ses bìaf-
phêmes étudiez contre Jesus-Christ &
Cb.x/]/,&s Saints, par le concours de tout l'Em-
3. 5.7.8. pire réuni fous cét Empereur contre l'E-
sup. p. gliíe • par la haine du Christianisme qui
C9 /&vf *e ^£ rentrer dans les desseins de Dioclé-
' tien pour l'opprimer ; par l'imitation de
'jbid. 7. l'Agneau & de quelques vertus Chres-
riennes <ïue ce &ux íâge affecta ; par les
fui»' prestiges de ses Philosophes magiciens
qui le gouvernoient absolument ; par les
illusions de fa fausse Philosophie, & par
la courte durée de cette nouvelle vie de
W;'(j.i49.1'idolatrieoùlafemmene se cacha point
commé elle avoit fait dans les autres per
sécutions & où l'Eglise retint tout son
culte. Qujon me donne d'autres caractè
res du régne de Julien l' Apostat , &
qu'on m'en fasse un tableau plus au na
turel & plus vif.
Lafccoii n'e^°rï Pas a^ez ^e mar(ìucr k vi°-
de Beste" ^ence ^e^a Be"e> c'est-à-dire, del'ido-
& Peserit latrie persécutrice: nous n'en eussions
de seduc- pas veû ]a séduction & les artifices, si
í'idolaanS Saint Jean nenous eust décrit *a seconde
Beste
D E L'A POC A L Y P S E. iSo
Beste mystique, c'est à- dire, la Philo- trie per-
sophie Pythagoricienne , qui soustenuë íecutri-
de la magie, raíloit concourir à ladéfen- C£
se de l'idolatrie ses raisonnemens les plus n. &
spécieux avec ses prodiges les plus éton- /"'v-
nans. C'est ce que nous avons remar- ^ ?•
quédans les figures de Saint Jean : c'est
ce que nous avons veû accompli dans 158. £5
l'idolatrie en la regardant , tant dans la f11™-
première vigueur fous Dioclétien , que
dans fa vie reparée par Julien l'Apo- l^*1'

On entendra mieux encore la secon- parciciT


de Beste , en "comprenant le caractère £r£*c
qu'elle a dans Saint Jean , qui est de fai- donne â
re adorer la première, c'est-à-dire, d'at- Ja secon-
tacher les hommes à l'ancienne idola- <je Beste:
trie : de forte que la première Beste pa- memo"-
roist dans l'Apocalyple comme le Dieu poídà°^
qu'on adoroit, & la seconde comme son ceiuy de
Prophète qui la faisoit adorer ; d'où j^0™?1?
vient aussi qu'elle est appelléele faux deLinc
Prophète. En quoy Saint Jean nous a Paul avec
fait voir le vray caractère de cette Phi- lequel les
losophie magicienne , dont tous les rai- ^°^î
sonnemens & tous les prestiges abou- veulent
tissoient à faire adorer les dieux que l'an- confon-
cienne idolâtrie avoit inventez. rt.CV
Telle est donc la seconde Beste ; & ■
c'est faute d'avoir bien compris ce ca-
N ractére
zyb Abrégé
raòìére que Saint Jean luy donne, qu'on
a voulu la confondre avec l'homme de
1. Thejs. péché de Saint Paul , encore que son ca-
iefíouT ractéré d'estre le Prophète d'une divi-
3 9 1 . C nité qu'elle annonçoit , íòit directement
suìv.+in oppoJë à eeluy qu'attribue Saint Paul à
crjun. fon homme de péché qui s'élève au -des
sus de tout ce qu'on nomme Dieu ôc
qu'on adore.
XXIII. On peut encore remarquer icy un ca-
rcpatti-" ra&ére particulier de l'idolatrie Romai- .
culier de ne- C'est que par tout elle fait adorer la
l'idola- Beste & íbn image, c'est-à-dire, Rome
me Ro- çtS Empereurs, dont les images, com-
maiiie An- r-
marqué nie on a veu » eitoient propoiees aux
par Saint Martyrs pour estre l'objet de leur cul-
Jem. te f ay tant ou plus que celles des Dieux
5 12, 14 immortels : caractère d'idolâtrie qu'on
Sup. p. voit répandu par tout dans TApocalyp-
154.1 58. se, & que Julien y fait revivre avçc tous
XXIV lesautres-
La durée Ainsi la persécution a esté caractérisée
dtspeiíé- en toutes manières; par la qualité de ses
curions : auteurs, par fa violence , par fesarrifi-
troi"ans cts» Par ^ nacure ^u culte auquel on
6 demi, vouloit forcer le genre humain. Mais
Sus. p. un des plus beaux & des plus particu-
103. cr jjers caractéres que nous en avons dans
& {Uiv. Saint Jean , est celuy qui marque les
cjpoc. bornes que Dieu luy dónnoit par une
XLi.^, 'pro
DE L'A POC A L Y P S E. Z$ I
providence particulière , & un secret XII. e.^
ménagement de ses £leûs , comme il já^j, ,
avoit fait autrefois à celle d'Antiochus. '
Nous avons veû en effet que malgré la
haine immortelle de Rome contre l'E-
glise, il éstoit ordonné de Dieu que ses
violences se relascheroient de temps en
temps , & reviendroientauffi à diverses
reprises toutes courtes ; ce que Saint Jean
a marqué dans ce temps mystique de
trois ans & demi pour les raisons , & à
la maniéré que nous avons veûë.
Que dans ce temps toujours consacré qX^'
aux persécutions, & toujours le mesme sìtat
en quelque sorte qu'il soit expliqué , par Jean âít
jours, par mois, ou parannées, le des- exPre^"
sein du Saint Apostre fust de nous mar- j^"^
quer uri temps court , il le déclare en temps de
termes formels, lors que représentant le t ois ans
dragon irrité de n'avoir plus que fnu de ^demi
temps à tyranniser les ridelles, il déter- temps
mine aufli-tost aprés , & dans le verset conrr.
suivant ce feu de temps & ces trois ans & Ch. XII.
demi , qu'on voit revenir si souvent : ce jj^.j
oui dansía fuite nous découvrira la pro- '
digieuse illusion des Protestans qui veu
lent que ce peu de temps soit 1260. ans cy-defaut
entiers ; & non-seulement un petit reste 3 3 5
de temps que le démon déja terrassé f"'v- 3 5
Voyoit devant luy, mais encore son temps 4,gfgj
N % tout
acjx Abrégé.
XXVI. tout ent^er ' & toute la durée de son Em-
Autxe pii'e.
preuve Saint Jean nous fait voir encore que ce
<)UC cc n. temps revenoit souvent comme estant le
temps est f - , , ...
court, commun caractère de toutes les repaies
parce de persécution. C'est pourquoy nous
qu'il re- avons yeu qu'il revient deux fois dans la
dans St. persécution qui précède la mort de la Bê-
Jean à te, & une troisième foissous la Besteref-
trois dis- suscitée ; ce qui montre plus clair que le
ferentes i0ur que ce temps n'est pas la mesure d'u-
fois,pour 'Z*.., " f, ... j
le moins. ne 'eule & longue perlecution qui dure
Ch, XII. prés de treize siécles, comme l'ont songé
chXIIt Protestans; maisla marquedesdiffé-
' " rentes reprises des persécutions Romaines
Cy-dejfous toutes courtes, & bientost suivies d'un
f• 4 S 5 • adou cissement que Dieu procuroit.
•"xxvil Durant ce temps, c'est un beau con-
Les deux traste ôc quelque chose de ravissant dans
mar- le Tableau de Saint Jean, de voir d'un,
qnesî costé les fidèles, &del'autrelesidolâtrea
íflle dc_ avec une double marque pour lesdistin-
«lie de guet les uns des autres: D un coite , la
1ì Bcíle. marque de Dieu fur les Eleûs , & del'au-
Sup. p. tre } je caractére de la Beste fur les im-
S 8. 1 6 9 ! P*es> c'est-à-dire', pour les fidèles, avec
jbïd. 161 . la. foy au dedans, la profession duChri-
-stianifme; & pour les autres, rattache
ment déclaré à l'idolatrie : ceux qui por
tent la marque de Dieu , ornez de toute
forte
de l' A p o cal y p s e. 2.93 ,
forte de vertus & de grâces ; & ceux qui
portent celle de la Beste , se plongeant
eux mesmes dans Faveuglement & dans
le blasphème , pour eniuite estre aban
donnez à la justice divine. , YVyiTf
Ainíi nous avons l'idée des perséeu- La Beste'
tions de la Beste, c'est- à- dire, de Rome punie, se
Tancienne , par tous les moyens qu'on l'JEmpire
peut souhaiter. Mais pour ne rien ou- Pcrítícu-
£.1. j ., . 1 r teurde-
blier de ce qui devoit luy arriver ; âpres membré.
nousl'avoir montrée comme dominante
& persécutrice , il falloit encore la raire
voir abbatué & punie de ses attentats.
Saint Jean ne pouvoit le faire d'une ma
niéré plus sensible , qu'en rappella'nt
comme il fait à nostre mémoire dans le
chapitre X V I. le premier coup qu'elle
receût du costé de l'Orient fous Vale- Ch.XFI.
rien , & nous la montrant auffi-tost âpres
dans le chapitre XVII. entre les mains igfj.fjjy,
des dix Rois qui la pillent, quiladeso- 191.191.
lent, qui la rongent, qui la consument, Chap.
qui l'abbatent avec son Empire que nous ^^[^
voyons tomber dana Saint Jean , comme fu'lV.
il est tombé en effet par une dissipation Sup. p.
& par un démembrement entfe plusieurs *°4- &
Rois ; en forte qu'il ne reste plus qu'à t
déplorer fur la terre son malheur, & à XVUL
louer Dieu dans le Ciel de la justice Chap.
qu'il a exercée fur elle : ce que Saint X*'X>
N 3 Jean
194 Abrégé
Jean a fait d'une maniéré si claire , 6c
avec des caractères si précis des Rois qui
èr ÍMiv ^ont dépouillé , qu'aprés avoir un peu
' ' dérueílé les figures de son style mysti
que, c'est-à-dire, avoir entendu la lan-
4 gue que parlent les Prophètes , nous
avons cru lire une histoire.
XXTX. Dans ce grand tabLau de Saint Jean
Ladomi- la figure dela Prostituée est unedesplus
nation & merveilleuses; puis qu'avec toute la pa-
Ja
dechute
Rome nire & „ tous *es
, autres
r * caractères
n. / qui. luy
f
dans une sont donnez , elle marque aussi claire-
meíme ment qu'on le pouvoit souhaiter , une
Saint* ^ vi^e re^out^e ^e tout l'univers , aban-
Jean donnée à l'idolatrie , persécutrice des
comme Saints, en sorte qu'il ne restoit plus qu'à
dans un nommer Rome. Afin de mieux ramasser
tableau. toutes les idées » 1* Saint Apostre nous
chap. la montre dans une mesine vision com-
XVit. me dominante, & comme abbatuè'jcom-
^ÇSr 'U me crimine^e > & comme punie ; taisant
■p. , t' éclater íà cruelle domination dans les sept
Cr/uiv. testes de la Beste qui la porte , & dans les
dix cornes de la mesine Beste, la cause de
íà chute inévitable.
XXX. Voilà donc le premier temps de l'A-
Le règne pocalypsequi exprime le commencement
de l' Eglise & ses premières souffrances,
combien C'estoit là le grand objet de Saint Jean
■vivement qui occupe aufli seize chapitres : les
aiarque-. deux
DE i/A P O C A L Y P S E. "1$$
deux autres temps , c'est-à-dire, cduych.XX.
du régne de l'Eglise , &: celuy desader- ^; 1 M'
.i cl ■ r j au au 7.
niere periecution, lont tracez en deux2
ou trois coups de pinceau , mais les plus
vifs qu'on pust souhaiter , & les plus si
gnificatifs. Car,déja pour ce qui regar
de le règne de l'Eglise , elle reçoit une »* *
asstûrance certaine qu'il sera long , ce
xju'on nous figure par les mille ans; qu'il '
fera tranquille , ce qu'on nous montre
par l'encfuinement de Satan qui n'aura
plus la liberté comme auparavant de sus
citer des persécutions universelles ; en
fin qu'il sera le régne de Jésus- Christ &
de ses Martyrs , dont la gloire seroit si
grande par tout Funivres, ôclapuissan-
ce si reconnue , à cause qu'ils auront
vaincu la Bcste & son caractère, Rome
& son idolâtrie , avec mesme une dési
gnation particulière du supplice usité
parmi les Romains , afin que tout fust ^•4-
• marquet par 1les caractères
n. - Ar temps
des » ó. jO"~l& note
òt
par les circonstances les plus précises.
La dernière tentation de TEglisc n'est XXXT.
pas moins marquée , quoy-qu'en tres- L*dei>
peu de paroles. Car Saint Jean qui n'i- tentation
gnoroit pas ce qu'en avoit dit Saint Paul de l'E-
plus expressément, s'est contenté d'en £!lsc>&
_ in.'
marquer en gros les caractères, en nous lede temps
|>Anr_
faisant voir Satan déchaisné , comme ««brist.
'- N 4 Saint
i<)6 Abrégé ^
Compa- Saint Paul nous avoit montré toute ía
jrai^jndu puiffaq^e déployée j en caractérisant
de i'A* cette tentation par la séduction plûtpít
pocalyp-' que par^Ja violence , comme Saint Paul
le .avec avoit fait; en nous marquant comme
^eluyde { ja coune durée de cette séduction:
Saine - „ ' , , „ r . . ,' -
Paiíl.*1* & comme luy , qu elle nniroit par le
i.Thefl. dernier Jugement , 6c l'éclatante arrivée
H- de Jesus-Christ dans la gloire : de forte
que ce fera la fin de l' Eglise fur la ter-
^.7. re, & fa dernière tentation ; cequifuf-
%. Tbef fie pour nous faire entendre qu'elle fera
en meíme temps la plus terrible, com
me celleoù le diable déchaiíhé fera son
dernier effort, & que JesuSr Christ aussi
viendra détruire en personne par la plus
grande manifestation de fa puissance.
XXXII. Voilà les trois temps de l'Eglise : le
Pour- premier qui est celuy dés commencemens
^ruo"J tles représenté tres-au-long , & fous une
temps de grande multiplicité de belles images ,
l'Egíise , comme celuy qui alloit vénir , & contre-
le pre- lequel par conséquent les fidèles avoient
peint besoin d'estre le plus prémunis ; & les
plus au deux autres tracez en deux mots, mais
long, & tres- vivement , & pour ainsi dire , de
les deux maja (je mjistre. C'estoit aussi la main
tracez si d'un Apostre , ou plutost la divine main,
rapide- dont il est dit qu'elle écrit viste; dont les
traits ne sont pas moins forts ni moins
»' . tviir-
mar-
DE t'ÁPOCA'LYPSE. 2,97
marquez pour estre tirezj-apidemínt -• .-r "
qui íçait doiiner toute la force qi*il faúc k
a íès expressions , en forte qu'ê tres -peu • -•
de mots ramassent, quand il luyplaist,
le plus de choses.
Au reste, je n'ay pas besoirt de répé- s*^ir"
ter que la défaite entière de Satan est au vaincu*'
fonds le grand ouvrage que Saint Jean & pat
célèbre. Ce vieux serpent nous est mon- f10:,
tré dans l' Apocalypse comme celuy qu'il jí^í j
falloit abbatre avec son Empire ; & tout sujet de
le progrés de íà défaite nous est marqué J'Apoca-
dans ces trois temps qu'on vient de voir. '7P^e-
Car à la fin du premier temps , qui estoit j'^er
celuy de la première persécution , ses suìv.
dtux grands organes, la Beste& lefaux chaP-
Prophète font jeuez dansl'étang de feu -X^-
ta.
&de soufre: là il paroist enchaiiné,afìn
que TEglise régne plus tranquillement
à couvert des persécutions universelles,
julqu'aux environs des derniers temps.
A la fin de ce second temps Satan fera
déchaifné 6í plus furieux que jamais; ce
qui fera le troisième temps, court dans
fa-durée, mais terrible par la profondeur
de ses illusions : lequel estant écoulé,
Satan ne fera plus enchaifné comme au
paravant pour un certain temps; mais à
jamais , & fans rien avoir à entrepren
dre de nouveau plongé dans l'abysine,.»
N % où
Abrégé
où estoient déja la Beste & le faux Pro-
• phéte*j autrefois ses deux íuposts prin
cipaux , les deux premiers instrumests
des persécutions universelles.
Que si l'on veu t commencer l'enchais-
nement de Satan au temps où nous avons
Sup. p. veû que Saint Jean nous a marqué , en
141.143. un certain sens, le régne de Jeiiis-Christ
144.151. ceiuv (je fes Martyrs fur la terre par
la gloire qu'ils y ont receûè" dans toute
FEglise j on 1» peut , & les temps peut-
estre seront plus distinctement marquez:
ce qui n'empefcbera pas qu'en un autre
sens, l'enchailnement de Satan necom-
foyexch. mence, selon la remarque de Saint Au-
XX. gustin que j'ay suivie , dés la prédica-
^ " l" tion & dés la mort de Jésus- Christ , qui
' en effet est le moment fatal à i'enfer,
encor* que toute la fuite de ce premier
coup ne paroisse que long temps aprés.
xxxiv. Voilà donc toute l'histoire ael'Eelise
La lime , , ... , r r °
tou- tracée dans 1 Apocalypse, avec ies trois
jtoursvi- temps, ou ses trois états j 6c ce que je
f'Ed'se trouvede plus instructif, c'estqueSaint
tréfilai- Jean a esté soigneux de nous marquer fa
remeht fuite toujours visible de l'Egiise. Dans
marquVe. la première persécution» rien ne peut,
dansl A- £ajre tajre çes jeilx tenioins, c'est-à di-
j^°c,i yp , rC) ou çQn cjerg^ & fon peuple, ou en
íh XI, quelque forte qu'on le veuille entendre,
k
ce l'Apocalyîse. içy
le témoignage éclatant qu'elle rend à la
vérité: & lots que le monde, pense l'a-
voir fait périr entièrement, loin d'avoir
esté détruite par les tourmens , comme
on penlbit , elle paroist un moment aprés ch. XU.
plus forte & plus glorieuse que jamais.
Que li elle estoit contrainte de cacher
son culte , ce qui quelquefois la faiiòic
paroistre au monde qui la haïssoic com
me entièrement opprimée: elle y avoit
ses Pasteurs , comme autrefois les Israé
lites durant leur pèlerinage avoient Moi.
se & Aaron , 6c comme lbus Antiochus
les Juifs avoient Mathatias & ses enfans.
Elle y alloit comme à un lieu préparé
de Dieu pour fa retraite, qui luy elloit
bit n connu , & où les perlecuteurssça-
voient bien eux-mesmes qu'elle estoit,
puis qu'ils l'y alloient chercher pour la
tourmenter davantage. Aprés cét état Ch.XX.
elle régne, ôt fa gloire est portée jus- '*
qu'au Ciel durant mille ans , c'est-à-
dire, durant tout le temps que le mon
de dure j & si elle est à la fin encore op- /W. 7-
primée, elle n'en est pas moins visible,
puis que toûjours attaquée elle soûtient
toutes les attaques. Ce n'est pas une n>id. 1.
troupe d'invisibles dissipez deçà& delà
fans se connoistre; c'est une Cité bien,
áimée qui a íbn gouvernement ; c'est un
N 6 camp •
200 -..Abrégé
cafflp bien ordonné qui a ses chefs ; 8C
lórs que ses ennemis paroissent en état de
l'anéantir par leur grande íc redoutable
puissance , ils font eux-mefmes consu
mez par le feu venu du Ciel où la Cité
enfin est transportée, pour estre éternel
lement hors de toute atteinte.
XXXV. J'ajoûteray en finissant que le perpé
La Tri tuel objet de l'amour 6c de l'adorationdc
nité an
noncée PEglife , un seul Dieu en trois person
daus l'A- nes, est célébré dans l' Apocalypse. Le
pocalyp- Pere qui est assis dans le trosne y reçoit
íe. les hommages de toutes les créatures: le
Chap. Fils qui y porte aussi le nom de Verbe,
XIX.13. fous lequel Saint Jean a marqué íà divi
nité , reçoit les melkies honneurs, 6c il
est , comme on a veû , traité d'égal avec
Sup. p. le Pere : le Saint Esprit est montré com
11. 14. me celuy qui est l'auteur des sacrez Ora
58,170-
cles, & qui parle dans tous les cœurs
avec une autorité souveraine : les Egli
th. II. ses sont invitées par sept fois à entendre
III. ce que dit PEsprit ; l'Esprit prononce
Chap. souverainement que les travaux de ceux
XIK13. qui meurent au Seigneur sont finis i l'Es
Chap.
XXII. prit parle dans, tous les coeurs pour ap-
»7- peller Jésus- Christ j cét Esprit qui par
le est toujours unique en son rang, ÔC
toujours incomparable ; un comme le
Pue ôc le fils , intime coopérateur de
l'un
DE L'APCC AL TfS E. 3Oï
l'un & de l'autre , 8c consommateur de
leur ouvrage : ce qui confirme , en pas
sant, que les sept Esprits, au nom des
quels les Eglises íbnt saluées , ne sont ch.l.£
pas cét Esprit égal au Pere & au Fils ,
à qui le carectére de l'unité est attribué
par tout , mais des Anges à qui auffi le
nombre de sept est attribué dans tout le
Livré.
On peut entendre maintenant toute xxxvl.'
l'œconomie de l' Apocalypse. Saint Jean
va d'abord à ce qui estoit le plus proche l'Apoca-
& le plus preflant , qui estoit les com- lypíe.
mencemens de PEgliíe, & ses premières j^j1"''
souffrances. 11 s'y attache par tout aux i'expi£_
évenemens les, plus grands, aux caracté- cation,
res les plus marquez , aux circonstances *
les plus importantes & les plus particu- ^asuitc'
liéres. Chaque choie a son caractère : ce
qui est long est marqué par un grand
nombre ; ce qui est court est marqué
comme court , & k brièveté dans cét
ouvrage le prend toujours à la lettre. Ce í»/>, p.
qui est marqué comme devant arriver 4-
bien-tost, commence en eftet à se dé
ployer incontinent aprés le temps de
Saint Jean, l e livre n'est pas scellé , ibià,
comme s'il devoit demeurer long- temps
fermé ; parce que l'accomplissement de
ses prédictions devoit éclater bientost.
N 7 C'est
joz Abrégé oi l'Apocalypse.
C'est ce que j 'ay crû devoir ajouter à
cette Explication de l'Apocalypse pour
la remettre toute entière, comme en un
moment íbus les yeux , & afin que le
Lecteur attentif en imprimant dans ía
mémoire tous les caractères marquez par
Saint Jean, commence à y reconnoistre
les principes dont nous allons nous ser
vir pour la conviction des Protestans.
AVERTISSEMENT
AUX

P R OTE S TANS

Sur leur prétendu accomplissement


des Prophéties.
SI la profanation des Ecritures est toujours un at-
tentât plein de sacrilège ; la profanation des íî' 'f
Prophéties est d'autant plus criminelle que leur
obscurité íàinte devoit estre plus respectée. C'est prophitiest
néanmoins aux Prophéties que les Ministres se íbnt &sxr mut
attachez plus qu à tous les autres livres de l'Ecriru- «*» l'~4p>-
xe, pour y trouver tout ce qu'ils ont voulu. L'obí- "bfs'i
curitédecesdivinslivres , & surtoutde l'Apoca-
lypse, leur a esté une occasion de les tourner á leur „(flrti,sont
fantaisie: au lieu d'approcher avec frayeur des té- untnumi-
nébres sacrées dont souvent il plaist à Dieu d'enve- s'st' P">s*-
íoper íès Oracle1! , juíqu'à ce que le temps de ks dé- y«» *•
couvrir soit arrivé ; ces hommes hardis ont cru
qu'ils pouvoient fe joûè'r impunément de ce style Wr,'/^ dé-
mystérieux. Leur haine a esté leur guide dans cette mmtrits
entreprise. Ils vouloient,, à quelque prix que ce fust, /«"• a Mtt
rendre l'Eglife Romaine odieuse ; ils en ont fait U ****
Prostituée de l'Apocalypse , & corn me s'ils avoient
démontréce qu'ils ont avancé fans fondement, il
n'y a rien qu'ils n'ayent osé sur ce principe. Ce n'a
pas esté feulement au ■. ommencement de la réforme
qu'ils íè sont servis des Prophéties pour animer con
tre nous un peuple trop crédule. En réiS. on vit
paroistreà Léidc , de la belle impression des Elzé-
vitSjun.livredédiéauRoyde la Grande Bretagne
par un Ecoslbis , dont le titre estoit , Du Droit ^f'Fgfc
IKeyal, que ces nations ont tant respecté, comme foàiMg. "
on a veû. Mais ce n'est pas de quoy il s'agit icy : il
y
5»4 AVERTISSEMENT.
ScThcol. y avoit un chapitré don» le sommaire estoit propo-
Ep. 6J7. g est cestermes . Qje jes 0- autresfidèles ont
eû raison de (ecoûHr le joug de la tyrannie Pontificale , &
qu'ils jontobliçezà persécuter U Pape & les Papistes.
Un titre si violent n'estoit rien ençore á comparai
son du corps du chapitre , où on lisoit ces mot» :
Ce n'est pas ajpzauxfidèles d'estre sortis de Babylone ,
s'ils ne luy rendent perte pour perte , £7" ruine pour ruine.
Rendez-luy; dit l'Apocalypse, comme elle vous à rendu:
rendex.- luy le double de tous les maux qu'elle vous a foie
souffrir, & faites-luy boire deux fats autant du calice
dont ellevous adonné àboire. II est vray que Dieu est la
source des miséricordes T niais ilnegardepoint démesure
avec cette Prostituée ; & encore qu en toute autre occa
sion il défende la vengeance , il veut à ce coupqu'on- arme
contre elle , O" qu'on se venze avec me rigueur impitoya.
île. C'est ainsi que parloient aux Rois & aux peu
ples les Docteurs de la Reforme : ces gens , qm en
apparence ne se glorifioient que de leur patience , nc
respiroient dansde fonds du cœur que des defleins de
se venger ; & comme fi c'eult esté peu d'avoir établi
fur l'Apocalypse ces maximes sanguinaires , ils
ajoûtoient à une telle doctrine cette cruelle exhor
tation : Que tardent les fidèles à persécuter les Papistes ?
Se d.fient ils de leurs forces ? Mais le Seigneur leur pro
met une vicîoire a/Jeurée fur la Prostituée C fur ses
compagnes, fur Rome & fur toutes les Egliíesde là
communion. Voilà, mes rhers frères , les exhor
tations dont retentissoiem toutes vos Eglilés. Tou
tes les boutiques des Libraire» estaient pleines de li
vres semblables. Les Luthériens n'estoienrpas plus
modétez que les Calvinistes ; âc le Miniltr^ princi
pal de la Cour de l'Electcur de Saxe nommé Mat-
LipC in 4. thias Hohe , tit débiter à Francfort un livre dont le
titre estoit: Lejugement 0" l'entiére extermination de
la Prostituée , de la Bibylone Romaine , ou livre VI. des
Commentaires fur t apocalypse. Le livre n'est pas
moins outré que le titre , & voilà ce qu'on écrivoit
cn Allemagne Sc dans k Nort. Eu France , tous nos
Résor
AYERTISSEMÎ NT: jpv
Réformez ayoient entre les mains , avec une infinité t
d'autres livres far cette matière , ceíuy de du Mou
lin íur l'accomplissement des Prophéties, où , cn • «
parlant des dix Rois , qui , selon luy , dévoient dé
truire le Pape avec Rome , & de l'accomplissement tce ^f*
prochain de cette Prophétie , il donnoit cette instruc- t *'
tion aux Rois. • C'efl aux Rois à fe disposera servir 288. a s«.
Dieu dans une fi grande œuvre. C'est ce qu'il disoit dan , an,
dans ce livre qui elt devenu si fameux par laremar- 1614.
que qu'il y fait furTan 1689. On voit qu'il ne te-
noit pas à luy que les Rois ne hastaïlent l'éxécution
de la Prophétie par tous les moyens qu'ils ont ea
main. Le Ministre Jurieu ne dégénère pas de cette
doctrine ,-puis qu'il dit dans ion Avis à tous les
Chrestiens , à la teste de fou Accompliílement des
Prophéties : C'est maintenant qu'il faut travailler à p> 4»
ouvrir lesyeux aux Rois & aux peuples de la terre, car
voicy le temps qu'ils doivent dévorer la chair dela befie ,
& la brûler aufeu , dépouiller la P aillâtde , luy arra- .
cherses ornemens , renverser de fonds en com&èlfabylo-
ne, O" la réduire en cendre. Qui n'admireroit ces
Réformez ? Ils íont les Saints du Seigneur , à qui
il n'est pas permis de toucher > & toujours prests à ,
crier á la persécution. Mais pour eux , il leur elï •
permis de tout ravager parmi les Catholiques ; & si
on les en croit , ils en ont receûle commandement
d'enhaut. C'est à quoy íè terminoit toute la dou
ceur qu'on ne cefToit de vanter dans la réforme. Ses
Ministres ont toujours cherché à faire paroistre dans
l'Apocalypfè la chute prochaine de Rome , dans le
deflein d'inspirer à les ennemis l'audace de tout en
treprendre pour la perdre f & ceux-là meíme qui
ne croyoient pas que ces excessives interprétations
fussent véritable> , croyoient néanmoins qu'il lesfalloit
conserver à cause de futilité publique , c'est-à-dire ,
pour nourrir dans les Protestans la haine contre Ro
me , & une confiance insensée de la détruire bien-
toit. Voilà ce que Grotius écrivoitde bonne foy à Ibid. •
Gérard Jean Yossius qui le sçavoit aussi-bien que Epist.jj7^
luy.
Î06 AVERTISSE M ENT.
qui est luy. Que fi les Ministres n'en veulent pascroí-
Gl0t' re Grotius qui leur est suspect, quoy qu'il n'ait
- jamais esté tout -à- fait des nostres , & qu'a-
E ist r S C0D^atniTlent il fuft des leurs: que répon-
* dront ils à Vostîus , un si bonProtellant , & tout
ensemble un (i sçavant homme , qui raconte à Gro
tius, en faisant réponse â (a lettre , qu'ayant dou
cement remontré á un Ministre de Dordrect ,
qu'il appelle , en se moquant , lourde teste ,
Qu'il ne devoit pas imposer comme ilfaifoit aux Pa-
piftes des sentiment qu'ils n'avoient jamais eus ;
Ce séditieux harangueur luy demanda brusquement
s'il vouloit défendre les Papistes , C conclut comme
m furieux qu'on ne pouvoit trop d crier - la doctrine
de ['Eglise Romaine devant le peuple , afin .qu'il
détejle davantage cette Eglise ; ce qui revient ajjèx ,
poursuit Voífius, á ce qu'on me difoir à Amster
dam : quoyban dire que le Papen'efl pas /' _An-
techriji f Est ce afin qu'on nous quitte de plus en
plus , pour s'unir à ïEglise Romaine , comme s'd
n'y avoit défa pas ajjêz de sens qui le fijpnt , O"
qu'il en jallust encore augmenter te nombre ? On
voit donc qu'il n'est que trop vray , du pro-
• pre aveu des Ministres , que rien ne retenoit
taut le peuple Protestant dans le parti , que la
haine qu'on luy inspiroit contre l'Eglise Ro
maine , & ses séditieuses interprétations où on
la faisoit paroistre comme l'Egliíèautichreltien-
ne que JelusChrist alloit détruire. Cét esprit
a dominé de tout temus dans la réforme : à
la première lueur d'espérance il se réveille ; &
quoy-que trompez cent sois fur la chute ima
ginaire de Rome , les Protestans croyent roû-
jours la voir prochaine dés le premier succès
qui les flate. C'est en vain qu'on leur repré
sente la nullité de leur preuves , la visible con
tradiction de leurs faux systèmes , l'expérience
des erreurs palîées , & la témérité manifeste
de leurs Prophètes tant de fois menteurs. Dés
,. -v que
AVERTISSEMENT. ?o7
que quelque choie leur tic , ils n'écoutent plus ;
Dieu i qui livte durant quelque temps à des
espérances trompeuses ceux qu'il veut punir , ou,
comme j'aime mieux le présumer , ceux qu'il
veut desabuser de leurs erreurs , ils s'obstinent
à croire leurs flateurs. Je ne m'étonne donc
pas de les voir aujourd'huy criet de tous coftez
a la victoire , & s'imaginer qu'ils vont profi
ter des de'pouïlles des Catholiques par toute la Bucer.int.
terre. II y a long-temps que Bucer , un de EP Calv.
leurs réformateurs les plus vantez , a écrit , ç'r'°5'
Qu'ils farloìent toùjours avec beaucoup de courage Hist. des
lors qu'ils se croyaient soutenus du bras de la chair. Var. liv.V»
Nourris dans cét esprit , ils le reprennent aisé- n. 14.
ment , & il semble que c'est inutilement que
nous allons entreprendre de les desabuser pen
dant qu'ils sont enyvrez de leurs Prophéties
imaginaires. Mais comme l'illufíon pourra
passer , & d'ailleurs qu'ils ne sont pas tous éga
lement emportez , je leur adresle ce discours
pour leur faire voir que tout ce qu'ils tirent
contre nous des Prophéties , est une profana
tion manifeste du Texte íàcré ; & parce que
l'Apocalypse est Je livre dont ils abusent le •
plus , c'est à celuy-là principalement que je
m'attacheray dans ce discours. J'en ay déja dit
assez dans un autre ouvrage pour détruire tout
le système Protestant : mais comme M. Jurieu
a fait de vains efforts pour y répondre , je dé-
couvriray les illusions dont il éblouît ses lec
teurs en continuant à faire le Prophète: jepas-
sèray encore plus avant , & je me propose de
démontrer aux Protestans trois défauts essen
tiels de leurs interprétations : le premier , en
ce qu'elles n'ont aucun fondement , ni d'autres
principes que leur haine. Le second > en ce
qu'elles ne satisfont à aucun des caractères de
l'Apocalypse ; au contraire , qu'elles les détrui-
|o8 AVERTISSEMENT,
sent tous fans en excepterun seul;&le troisième ,
en ce qu'elles íè détruisent elles-mesmés. Voilà
trois défauts essentiels que je prétends démontrer ,
& je ue crains point de me trop avancer en me
servant de ce mot. 11 se pourroit faire qu'on
n'eult encore que des conjectures vray-fembla- .
bles fur le véritable íens de l'Apocalypíè. Mais
à l'égard de l'exclusion du sens des Ministres ,
comme on y procède par des principes certains ,
on peut dire avec confiance qu'elle est démon
trée. C'est ce qu'on verra clairement pour peu
qu'on lise ce discours avec attention , & qu'on
écoute Dieu & íà propre conscience en le li
sant.
Je dis donc avant toutes choses que les Pro-
Premier testans parlent fans principes , & n'ont de gui
4if<t*t.
fi*' tesy de que leur haine lors qu'ils appliquent la Pro
flcme'drs stituée & la Beste de l'Apocalypse au Pape 8c
Protejians aux Eglises de ía communion. Je n'en veux
n*a aucun point de meilleures preuve9 que leur propre lé
principe» gèreté , & l'inconstance dont ils ont usé en
Vreuve
fur eux- cette matière. Selon le Ministre Jurieu , dant
mesmes, dr fin r^fois à tous ler Chrétiens- , à la teste de fin
far le Mi Accomplissement des Prophéties , la doctrine diì
nifìre Ju- Pape Antéchrist efl une vérité ft capitale , que
ritu. fans elle on ne fçauroit ejlre Mray Chreftien. C'efì ,
P.49-
poursuit il > le fondement de tonte nofire réforma
tion : Car certainement ajoûte-t il , je ne la croy
bien fondée qu'à cause de cela. Ceux des Pro-
testans qui ont osé mépriser ce fondement de
Ibid. 50. la Réforme , font Topprobre non feulement de la
J{éformation , mais du nom Chrefiien. Ce n'est
donc pas feulement icy un article fondamen
tal de la Réforme , mais c'est encore le plus
fondamental de tous , fans lequel la Réforme ne
peut subsister un seul moment ; & cét article
est si eflentiel , que le nier c'est la honte du Chri
stianisme. Loin de rougir de ces excés , le Ministre
les a confirmez dans les lettres qu'il a pu
bliées
AVERTISSEMENT. 309
bliées contre l'endroir des Variations , cù la íuir
te de mon histoire m'amenoit á cette matière.
C'efl-lìt, dit-il, le grand fondement de noflresépara- Lett.
<io» d'avec sEglise Romaine , lequel comprend tous de'a''0,
les autres, ht encore : Si l íglije Romatne n ejtcit coj_ ,*
point Babylone , vous n'auriez pas ejlé obligez d'en
sortir , car il n'y a que Babylone dont il nous soit or
donné de sortir : Sortez de Babylone , mon peuple.
C'est donc icy , encore un coup ,àl'égard de la
Réforme , le fondement des fondemens , que le
Pape est l'Antéchrist , & que Rome est la Baby
lone antichrestienne. Mais en meíme temps ,
pour faire voir combien ce fondement est ruineux ,
de l'aveude la Réforme mefme , il ne faut que
conlidérer ce que j'en ay dit dans le livre des Va
riations. M. Jurieu croit avoir droit de mépri
ser cét ouvrage , à l'exception des endroits où je
parle du Pape Antéchrist ; car pour ceux-là il re-
connoist , qu'à cause que j'y attaque dirécte- Ibii.
ment son Accomplissement des Prophéties, il y
doit prendre un intéreji particulier. Voyons donc
s'il répondra un seul mot à ce quej'ay dit fur ce
sujet. J'ay dit que ce dogme si estentiel & si fon
damental du Pape Antéchrist tirait son origine
des Manichéens les plus insensez , les plus im
purs , & les plus abominables de tous les hére'-.
tiques. A cela M.Juiieu ne dit pas un seul mot ,
& comme un nouveau Prophète , qui ne doit
compte à personne de ce qu'il annonce , il se conten
te de m'appçller au juste tribunal de Dieu. Mais
pardonnons-luy cette omission: peut-ertte que cét
endroit ne touche pas d'aílez prés son Accom
plissement des Prophéties. J'ay avancé que Lu- Var. liv.
ther > qui le premier des nouveaux Réformateurs 1 1 1- n.
a renouvelle ce dogme du Pape Antéchrist , 60.62.
avoit posé pour fondemenc , que 1 Eglise où
l'Antechiilt présidoit, estoit la vraye Eglise de
Dieu, car c'est ainsi qu'il enteudoit ce mot de
Sauif Vixà, qui é'ublit la séance de l'Antechriíl
dans
5io AVERTISSEMENT.
-, dans le temple de Dieu. Quel aveuglement ,
» „ ou s'il est permis une fois d'appelkr les choses par
leur nom , quel renversement du bon sens , &
qu'elle brutalité , que pour recounoiitre le Pape
comme Antéchrist, & l'Eglise Romaine comme
antichrestienne , le premier pas qu'il faille faire,
soit de reconnoistre cette Eglise comme sevra?
temple où Dieu habite, & comme la vraye Eglise
de Jeíiis Christ , en sorte qu'il en faille sortir
& y demeurer tout ensemble , l'aimer & la
de'rester en mefme temps ? M. Ju rie u passe encore
cecy sous silence. J'ay ajousté que quelque em
portez que fussent ies Réformateurs contre le
Pape , ils n'avoient osé insérer le dogme à pré
sent si fondamental qui en a fait l'Antechrist dans
Jr*f. leurs Confessions de Foy , puis qu'on né le trouve
Cons. ni dans celle d'Aulbourg , qui estoit celle des Luthé-
ConV Ar- r.'ens> 111 dans celle de Strasbourg, qui estoit celle da
sent, in second Parti de ,1a Réforme en Allemagne , de
gne- forte que ce grand dogme se trouve banni de la Con-
Var III. session de Foy des deux Partis Réformez. M.
6t. X I V. Jurieu sc tait à tout cela. Loin que dans ces
74* Confessions de Foy on ait traité le Pape d'Ante-
christ , on y suppoíòit le contraire , puis qu'on s'y
soumettoit au Concile qu'il assemblerait. On
y appelloitâ ce Concile,- on y déclarait publique
ment qu'on n'en vouloir pas á l'Eglise Romaine ;
& ces. déclarations se trouvent également dans
les Confessions de Foy des deux partis, dans cel
le d'Ausbourg '& dans celle de Strasbourg.
Appelloit-on au Concile convoqué par l'Ante
christ ? Qui ne voit donc que ce dogme du Pa
pe Antéchrist , maintenantt le plus essentiel , Sc ce-
Iuy qui comprend tous les autres, ne fut ja
mais avancé sérieusement , & qu'il n'estoit propoíé
que comme un amusement du peuple, que non-
seulement on n'osoit insérer dans les Confessions
de Foy , mais qu'on y combatoit ouvertement ? M.
Jurieu d second á répondre à tout lors qu'il
doit
AVERTISSEMENT. yit
troit avoir la moindre raison , garde encore iey
lc silence. Répondra-t-ildumoirisâcequejedis,
que les articles de Smalcalde de 1556. lors que
le parti de Luther, fortifié par des ligues , com-x""a'"'
mença à devenir plus menaçant , furent le premier
acte de Foy où l'on nomma le Pape Antéchrist ,
&c]ue Mélancìon, si soumis d'ailleurs à Ion Mai-
stre Luther , s'y opposa en deux manières ; l'une ,
en protestant qu'il elìoit prest â rteonnoistre l'au-
tonté du Pape ; & l'autre , en déclarant qu'il
falloit se soumettre au Concile qu'il convoquerait?
Tout cela n'est rien pour M. Jurieu, & il ne
fait pas mesme semblant de l'àvoir leû , de peur
d'estre oblige d'y répondre. J'ay continué l'hi-
stoire de ce nouveau dogme , &).reconnois fran
chement que pour la première fois nos Préten
dus Réformez le voulurent passer en article de
Foy, &1 'insérer dans leur Confession en iéoj.
dans le Synode de Gap, cinquante ans apres
qu'elle eût esté dressée.* Le Miniltre commen
ce icy à rompre le silence: Voila donc, dit-il, qui LettreXI.'
efl pafîéen article de Foy dans Us Eglijes de ïrance;%ì- col. î,
£5 Jejoubaite , ajouste-t-ildeui lignes aprés, qu'on
fajje attention à cét endroit , afin qu on fau
che , que tout Protestant qui nie que le Papisme
soit ïsjtntkhriftianijmc , par cela mefme renonce à
la foy & à la communion de l 'Eglise Reformée de
France, car c'est un article d'un Synode national.
Qu'il est fort , & qu'il parle haut , lors qu'il croit
avoir quelque avantage ! Mais cependant il ou
blie que ce grand article qu'on nous donnoit ^<œr
fisolennel Ç$ pour scellé du sang des Martyrs , avoit Hier. ibii.
pour titre , lAriìcle omis. Je Kavois expreflé-
ment remarque: mais M. Juri<u qui íç voyoit
convaincu par l'autorité de son Synode, où l'on con-
fessoit qu'un article qu'on jngeoit fi important
avoit néanmoins esté omis , & ne commençoit
à paroiftre parmi les articles de Foy que tant
d'années aprés la réforme , paíìe encore cecy
fous
. . ju AVERTISSEMENT.
, - fous silence , & se contente d'exagérer magni
fiquement l'autorité íd'un Synode national. Mais
encore, pourquoy ce Synode a-t-il tantd'autori-
*» te? Noiìs avons fait voir en tant d'endiOitsque
les Synodes les plus généraux de la Reforme sont
pour M. Jurieu si peu de chose ; & fans
Lett. X. sortir de celuy de Gap, il se moque ouverte-
Uj^XIl' "^"^e ce qu'il a défini sur ''affaire de Pifcator ,
ai&luiv' CI1C0re qu'en cét endroit il soir suivi par trois au
tres Synodes nationaux. Mais c'est que dans la
R e'forme les Synodes n'ont rien de sacré &
d'inviolable que ce qu'on y dit pour ncurir la
.haine des peuples contre Rome , & entretenir leurs
espérances.
Le Ministre me demande icy que je Iuy mon
tre que ce Synode ait jamais esté révoqué. II me
produit un grand nombre d'auteurs Protestans
Ibid. qui ont soutenu que le Pape ertoit l'Antechrist,
Ibid.p.86. & il s'étonne de m'«ntendre dire que dans tous
les entretiens que j'ay eûs avec nos Protes
tans , je n'en ay jamais trouvé aucun qui fist
fort fur cét article. II trouve mauvais que j'allè
gue Hammond & Grotius auteurs Protestans ; &
c'est-là le seul endroit de mon livte où il pa-
roiíle vouloir faire quelque réponse. Mais il di-
ílìmule ce qu'il y a de principal . Si je dis que la con
troverse du Pape Antéchrist m'avoit toujours pa
ra tout-à-fait tombée , c'est aprés que le Mi
nistre reconnoist luy-meíme à la teste de
Avis ì ion accomplissement des Prophéties , que cette
Clir 8 (-ontroveríe de /' zsintechrijl a langui depuis m fìé-
1 -P-4 • c[e . qu'on l'a malheureusement abandonnée ; que
' ' la cause de tous les malheurs & de ces derniè
res foibleíîes des Prétendus Réformés , c'est
qu'on ne leur mettoit plus devant les yeux cette
grande & importante -vérité, que le Papisme est
l'^yíntichnjlianisme. Hyavoit, dit-il, Çilong-temps
qu'ils n'avoient ouï dirè cela qu'ils l'avoient OU'
bíié: ils croyoient que c'ejloit un emportement des
Refor-
AVERTISSEMENT. 5 r j " . ' *•
Réformateurs dont on estait revenu. On s >/? uniquement
attaché 4 des Controverses qui ne font que des acces
soires , (T on a négligé celíe-cy quiestoitla fonda
mentale & la plus eÏÏeutíelle de toutes. Voilà ce r'
cju'ilavoit ditluy-meíme. U m 'attaque , & il me
reproche que j'alle'gue mon propre témoignage ;
mais il dissimule que je ne le fais qu^aprés avoir
produit le sien. Que luy sert de me citer des Mi
nistres, qui ont e'crit pour ce nouveau dogme du
Pape Antéchrist? Ce n'est pas ce que j'ay nié : je
íçay bien que les Ministres n'ont cessé de faire ce
qu'ils ont pu peut entretenir dans le peuple ce
iujet de haine contre Rome. Mais je dis qu'on ne
laistbit pas d'abandonner cette controverse , cpm-
mele Ministre l'avoúë ; que ce íoit , comme il
voudroitle faire croire, far une mauvaile politique , Ibid.
pour obéir aux Princes Papiftes : quoy qu'il en
(bit , j'ay raison de dire que ce grand article de Foy
du Synode de Gap eltoit oublie' , puis qû . M |u-
rieul'adit aufíì en termes plus forts que je n'ay
fait. Je pastc encore plus avant. Loin de croire
qu'on abandonnast cét article par politique, je dis
que ce n'estoit que par politique , & pour animer
la multitude que la pluípart des Ministres le íoû-
tenoient ; mais qu'au fonds ils n'y croyoient pas:
je viens d'en produire la preuve par Volfius irré- sup. ri. là
prochable te'moin. J'ajoute que ce n'e'toit pas feule
ment par politique qu'on abandonnoit un dogme
íi insoutenable ; c'est qu'on avoit ouvert les yeux à
son absurdité ; c'est que Grotius , Protestant alors,
& estimé de tous les (çavans du parti , en avoit
rougi , & en avoit inspiré la honre aux habiles gens
dela Réforme ; c'est qu'il avoit esté suivi publique
ment par hammónd , constamment le plus íçavant
& le plus célèbre de tous les Proteltans Anglois ,
fans que personne l'en eust repris , & qu'il avoit
conservé sa dignité , la réputation , son crédit par
mi les liens , quoy-qu'il combatist ouvertement ce ' "
dogme qu'on nous veut donner pour íi eslentiel ;
. . O C'est
•• ' *
jt+ A A».E RTISSEMENT.
c'est que d'autres fçavans Protestans estoient entrez,
dans les mefises lentimens , juíques-Jà que M. Ju
lien luy-ftesme estoit si touché des raisons , ou de
l'autorite de li graves Auteurs , qu'en. 1 6 8 5 . un an
devant qu'il plibliati son Accomplissement des Pro
phéties , il e'crivpit ces paroles : Chacunsçait , O" ce
n est pas la seine d'enj"aire un mystère , que nous regar
dons le Papjjhe comme lesiège de l'Antéchrist : [tc'ejloit
une chose unaniment receùë , ce neJeroit plus unpréjugé ;
teferoitunedémonjlration. Ce n'estoit donc pas une
choie unanimement receû'è : ce Ministre fçavoit bien
qu'on en doutoit dans la Réforme; c'est pourquoy
il n'ose dire que ce soit une démonstration , c'est-à-
dire , une choie asseûrée , mais seulement unpréjuge',
c'est-à-dire > íèlon luy , une chose vray-semblable.
11 doutoit donc luy-mesme encore en 1685. de ce
qui luy a paru en 16$ 6. le fondement le plus eí-
íentiel de la Réforme, fans lequel elle ne peut sub
sister.
On n'imagine pas ce qu'il pouvoit répondre à un
passage íi précis : car je luy demande ce qu'il luy
faudrait afin que le dogme du Pape Antéchrist pal-
sast en démonstrationcomme une chose unanimement re
ceùë? Que demanderoit-il pour cela? Quoy , no-
stre consentement ? Youdroit-il faire dépendre de
nostre aveu fa démonstration , Si le Pape ne íera-
t-il jamais convaincu d'estre l' Antéchrist qu'il ne
l'avoûë? Donc ce qui cmpefche la démonstration
de ce dogme, c'est que la Reforme elle-mefme ,
malgré ì'articlede Gap , n'en convenoit pas comme
d'une chose asseûrée & unanimement recette. C'est
pourquoy M. Jurieu ajoute encore , qu.'il laifle indé
cise cettegrande controverje , quoy-qu'il n'oublie au
cune des raisons dont on s'est ter vi dans le parti , &
au contraire qu'il les étende juíqu' à en faire un gros
volume. II avoué' donc que Í011 dogme du Pape
Antéchrist si efíentiel en 1686. demeurait encore
indécis avec toutes les pieuvcs dont on le soutient eu
Voilà
A V E R T I S S E M E N T. ji5
Voilà de toutes les autoritez qu'on pouvoit jamais
produire contre M. Jurieu la plus píeflantc pour
luy, puis que c'estoit la sienne propre , dans uu li
vre compolë exprés fur Iamatidip dont :1 s'agit en- •
trenous. A cela on sent d'abord qu'il n'y a rien â
répondre , ni d'autre parti à prendre que celuy du
silence. C'est aussi ce qu'a fait M. Juri^jr. Je luy ob
jecte ces paflages dans le XIII. livre des Varia v«. XIH.
tions ;& c'estoit une des autoritez dont je me fer- n. 10. ,
vois pour détruire la certitude de ce nouvel article
fondamental. M. Jurieu s'estoit engagé dans fa let
tre X I. de répondre à cét endroit iíe mon livre ,
comme à une choie où il a un intêrejl particulier. H Lett. XI.
n'y avoit rien oùileust un intérejl plus particulier , delaj.
qu'une autorité tirée de luy-meímc : mais il n'en ann.p. 8j.
ait pas un mot. U traite cette matière dans ion on
zième lettre Pastorale , & il dit dans la douzième >
au commencement , qu'après avoir anéanti les autori
té* de M. Bossuet dans ja lettre précédente , ilfaut ane'an-
tir ses raisons. 11 eri est donc aux raisons , & il a pas
sé le lieu des autoritez , dont la plus considérable
estoit la sienne à laquelle il ne dit mot.
Qui ne voit maintenant plus clair que le jour ,
cjuece dogme du Pape Antéchrist n'est fondé sur
aucun principe ? Dans les Préjugez légitimes en
I68s« il n'est pas certain: en 1686. daiisI'Accom-
pliflement des Prophéties , il est si certain & si évi
dent qu'on ne le peut nier fans renoncer non- seule
ment àla Réforme , mais encore au Christianisme ,
& íans en estre l'opprobre. Mais je dis plus. Dans
I" Accomplissement des Prophéties , où M. Jurieu se
donne aux siens , 4ion tant comme un Interprète
que comme un homme inf iré , il confesse & U
répète souvent qu'il y a tant d'obscurité dans les en
droits del'Apocalypíe, où il met le dénouement
de tout le mystère , qu'après les avoir leûs vingt & Avis aux
■Vingtsoit , il n'y entendaitpas davantage , ZT qu'il s'aj- ^j^',
feùroitfeulement que personne n'y avoitjamais rien enten- pt0phett
tíu. S'il ayoit voulu parler de bonne foy, il nous.
O 1 aurait
■ jií AVE R^T I S S E M E N T.
eh. I V. aurok avoûé que les interprétations des Prote.
VII. &c. fj;ansfur les autres endroits de l'Apocaiypse ne sont
■. . ni-plus claires , hi plus certaines : c'est pourquoy un
an auparavant , & en i éS 5. il nous les dosnoit pout
problématiques. II ne repond rien á tout cela , & ne
Lett, XII. jaifle pas de nous dire avec un air triomphant, qu'il
a anéanti meçautoriteK > & qu'il ne luy reíte plus qu'à
anéantir mes'raisons. S'il appelle anéantir , palier fous
si lënee ce qu'il y a de plus décisif, il a tout anéanti ,
je le confesse: mais si pour anéantir des autorisez,
il faut du moins eu dire quelque mot , on doit croire
que mes raisons (èront autant invincibles que mes
autorité* luy ont paru inattaquables.
Concluons encore une fois qu'il n'y a point de
principes dans le fystême Protestant ; qu'on l'avan-
ce , qu'on l'abandonne , qu'on le reprend > qu'on le
rabaisse, qu'on le relevé fans raison.: de sorte qu'il
ne faut point s'étonner si durant un fi long-temps,
les honnestes gens en ont rougi , & si M. Jurieu
luy-mesine n'a oíés'y appuyer tout-à-fait.
Mais comme il paroist se peu soucier qu'on ait
£?îl" varié dans son parti, & d'avoir varié luy-mesme ,
jtmjres recommençonS Je procès , & cherchons li les Pro-
» ont au- ï r ' . .
cun princi- testansonten eftet quelque principe par ou ils pua-
fe pfur sont prouver que la Babylone de Saint Jean soit
ftutatr l'Eglise Romaine. Je démontre qu'ilsn'en ont au-
?"f'4 ?*" cun ; car tout le principe qu'ils ont , c'est quevili-
l?!T[J blementil s'acit de Rome : or ce n'est pas là uii
ìypfifust principe, puis qu ils ne iont rien pour eux, s ils ne
«ut Eglise montrent dans l'Apocaiypse , non seulement Ro-
chrestim- me , mais encore 1'Èglife Romaine, dont il n'y a
î"f pas feulement le moindre vestige dansles endroits
ceU est L *•! 1 t
iwpÁbtt. ils produisent.
Qu'ainsi ne lòit , cherchons dans ce. divin livre
quelque caractère de l'Eglise Romaine en particu
lier , ou pour ne point trop poulîer nos adversaires ,
du moins de quelque Eglitc en général. Saint Jean
íiit que la Belle est poiée fur sept montagnes , je
1'.avoué i^c'pst un caractère de Rome, mais qui ne .
montre
AVEUTISSkMEN/IV $17.' \*
montre pas une Eglise Chrestienne. Saint Jean dit,
qu'ellea sept Rois -, quoy que ce soit que ces íèpt
Rois, ils ne marquent pas une Eglise , & ce n'en
est pas là un caractère. Saint Jean dit qu'elle e[lve-
stuê d'écarlate ; ce n'est pas un caractère d'Eglise ,
puis que le Se'nat de Rome , ses Magistrats & ses
Princesavoient cette marque- Saint Jeîn dit qu'elle
a l'Empirefur tous les Rois de la terre ; Rome payen- ■ 'y
nel'avoit,& il falloit autre chose pour nous mar
quer une Eglise.
Mais elle corrompt le genre humain par ses yvro-
gneries& sesimpurecez ; ce qui marque une au
torité d'enseigner , & par conséquent une Eglise.
"Qu'elle illusion ! Les Prophètes en ont autant dit de
Tyr , deNinive , & de Babylone, qui fans doute
n'estoient pas des Eglises corrompues. Nous avons tt£f._ n. o.
veû que ces trois superbes villes avoient corrompu Explic du
ou enyvré les nations : Rome payennea corrompu XVK.
le monde, á leur éxemple , en étendant le culte
des Dieux par tout son Empire , St en y faisant en
seigner une fausse Philosophie qui autorisoit l'ido-
latrie.
Quand donc on veut faire passer ta Rome de
Saint Jean pour une Eglise , à cause qu'elle entre
prend de faireembraíseraux hommes une Religion,
on abuse trop grossièrement de l'ignorance d'un
peuple crédule. Car n'estoit-ce pas en effet une Re
ligion que Rome payenne vouloit établir par toste
la terre , & y forcer les Chrestiens ? Et quand on
seroit contraint par l'Apocalypíë à regarder cette
Religion comme particulière à Rome , ce qui n'est
pas; n'estoit-ce pas quelque chose d'assez particu
lier à Rome payenne de faire adorer ses Empe
reurs , & avec eux elle-mesme , comme une Dées
se , dans des temples bastis exprés ? C'est l'ido-
latrie que nous avons veû tres-bien marquée dans Voyez les
l'Apocalypse de Saint Jean ; mais de cette nouvelle Notes fur
idolâtrie qu'on veut attribuer à l 'Eglise Romaine .'""^i'"
de cette idolâtrie dont le vray Dieu est le principal . 5
O 3 objet,
jif A V £ R T 1 S S E M E N T.
XIII. objet , où l'on teconnoist la création par un seul
XVI. Dieu,& la rédemption par un seul Jesus-Christ ,
quoy - qu'elle soit d'une espèce si particulie're , oo
ji'eh montreras un seul trait dans Saint Jean , qui
ï néanmoinsj, a ce qu'on pre'tend , n'a écrit que pour
la faire connoistie.
IV. Peut estré qu'on trouvera plus clairement le
'Démon- caractère du Pape , c'est-à-dire , celuy d'un Pasteur
strAtion Je l'Eglise , que celuy de l'Eglisc mel'me. Eten ef-
q?, Saint fet , nous dit-on , il y a la seconde Beste , qui est
Jeanne
parlr ,, , un faux
mi Jm J*pP««ee , Prophète
' / , : mais en cela, on ne' volt
Pape, ni rien qui marque un caractère de Christianiíme: les
d'auenn Payens ont leurs Prophètes ; tout en est plein dans
Pafimrdt ses Philosophes , parmi les Egyptiens, dans Pla-
Chrèí'itn- ío" ' ^ln* P°rPnyre » dans lambique , dans tous
ne. Vainu 'íS íuwes Auteurs : on n'a qu'à voir les Remarques
fur le X III. chapitre de l' Apocalypse , pour y voir
dei Mini- autaiitdel'hiltoire de ces faux Prophètes qu'il en
fi'"- faut pour épuiser le sens de l'Apocalypse. Mais , dit-
X T/l on • ^auï ProPn^te de l'Apocalypse/í/t venir lefeu
ij. XVI. toC'el* donc c'est k Pape. Pourmoy j'ay bien re-
i5 marqué ce prestige dans les faux Prophètes dupa-
Voyez eaiulme,& j'ay donné des éxemples qu'on peutvoir
Notes fui dansleCommentaire: maisoù est ce feu du Ciel que
3HI?C'« 'e P^^^y^C'est, dit- on, qu'il lauce le foudre de
'' rexcommunication. Si un feu allégorique surfit ,
quelle abondance en trouveray- je dans l'Histoire du
Paganiíme?ll n'y a donc jusqu'icy dans lesbestesde
l'Apocalypse aucun caractère de Chrestien;& quand
on y trouveroit le pouvoir d'excommunier en
termes formels , les Ministres seroient donc aulfì
des Antéchrists comme nous , puis qu'ils ne pré
tendent pas inoins que leur excommunication pro
noncée selon l 'Evangile est une sentence venue du
Ciel , & un feu spirituel qui dévore les méchans.
Quesic'est-là un caractère de l'Autechrist , il en
faudra venir aux Indépendans & à l'oucle de M.
ï»fc> Jurieu, qui soutient que la puiffance d'excom-
Epist. an. mimier qu'on a conservée dans la Réformatiou
i676, ' précen-
se la puissance d'excommunier , ou c'est Hibus ; oji
la chose mesme qu'on nous veut donner pour un
caractère de faux Pasteurs. Mais lî chose est apo-
stoliquè, & il n'y a dans Saint Jean aucun mot qui
marque l 'abus. ■ ^
Mais , dit-on , la Prostitue*? a écrit fur son front , „„fí', „ -
Myflcre, elle voudra donc qu'on la respecte comme pí,e écrit
une chose íacre'e ; jeleveux: qui ne sçait aussi que jur le front
Rome payenne vouloit passer pour une ville sainte , -de U Tro-
consacrée dés son origine par des auspices éternels ? /?'""'» »*
C'estoit , diíbit-on , par la puissante vertu de ces f"™'íie
auspices divins que la destinée de Rome avoitesté ^èsJtlne
supérieure à celle des autres villes ; c'est ce qui avoit Eglise
aveuglé Brennus , osté le sens à Annibal , effrayé chrétienne.
Pyrrhus , en sorte qu'ils ne purent tenir Rome AP°j',
qu'ils avoienrentre les mains/ D'ailleurs , ne cou- xv '
noist-on pas les mystères du Paganiírrre , & cn
particulier ceux de Rome , scs augures , íès divina- •
rions , fés consécrations , ses cérémonies cachées ,
scs sacrifices ? On sçait meftnfc que les mystères des
Paycns estoient fou vent une imitation de lavérita-
bfe Religion , & qu'en particulier les Philosophes
payens & Julien l'Apostat affectèrent quelque
imitation du Christianisme ; ce qui donne heu á
Saint Jean d'attribuer à la beste deux cornessembla- Apoc
bleià celles de l'vigneau. On n'a qu'à voir nos Re- XI11- ir-
marques sor cét endroit , & fur le Chapitre XIÏI. de
l'Apocaîypse , pour y trouver clairement tome autre
chose qu'une Eglise Chrétienne.
II ne saudroitpasicy se donner la peine de rap- fi*
porter un conte qui court parmi les Protestans , si ^°"'H'"st
íeur déplorable crédulité ne leur faisoit prendre scâlker ■
pour vray tout ce que leurs gens leur débitent. Les méprisépur
Critiques d' Angleterré ont inféré parmi leurs re- Drusius
marques , qu'un homme digne de foy avoit raconte' Protestjnt »
ìM.de Montmorency estant à Rome, que le Tiare &rfl'v'.
'O 4 * Von-
? ■. • vío .-Avertissement.
nistrt pontifical avoit écrit %u frontal ces lettres d'or ,
, M Y Í-T.Ï R 1^.0 M , mais qu'on avait changé cette
cap XVII .'"f'*'t'àon- M. Tuijjeu relevé cette histoire toute pro-
, 5. T. v IJ. jf1^ trcfcper 1» 'simples avec ces termes magnifi-
■ col. ques: Ce^k(tpasfans une providence particulière que
Pré)', kg. Dieu a permis qwautre fois tes Papes porta/sent ce nom
*l îa"* -." líeM y s TÉ R F. écritsur leur mitre.Jofeph Scaliger &
p. iï'iT" , autres ont attisé avotr veù de ces vieilles mitres
':fJMefquelíes cenoméfloit écrit. Ce NÍinistre artificieux
ajodte du sien que Scaliger l'avoit veû : on vient de
voir que ce qu'il en écrit n'est qu'un ouï-dire
^"'x^II & sans aucun auteur certain. Drulius auteur
j't Vil' Proteftallt en eft demeuré d'accord , & recon-
p. 4857. ' noist que Scaliger eu a parlé feulement fur la foy
d'autruy: il fait mefme forr peu de cas de ce petit
coure dont il demanda des preuves, & un meilleur
témoignage.. On se tourmenterait en. vain à le
cherclìer: c'est un fait inventé en l 'air ; mais M.
Jurieu ne veut rien perdre , & il trouve digne de
foy tout ce qui fait , pour peu que ce íoit , contre
• le Pape.
J^1.1
Sar le mat Mais
, voicy
, '. le »grand
r> dénouement;
_ • , , ; » il est rdans? cej
Lareinos 11,01 "e Lateinds , ou Saint Irénée un il grand
qu'Un* Docteur , & si voisin des Apostres , a trouvé le
rien de nombre fatal du nom de l'Antechrist. Or Latei-
cammun ms , visiblement c'est le nom du Pape , & de l 'E-
avecje p*- „^ Lat;ne dontil est le Pasteur.Voilà tout ce qu'on
fie. Démon- D , 1
strmiin a Pu tr°uvei : mais voyons en peu de mots ce que
par Saint C'est. , •
Irénée du- C'est , dit-on , ' une ancienne Tradition que
Vfl il 'fi l'Ancechrist serpit Latjn , & : on la voit commencer
fru. je tenipS je Saint Irénée. Mais premièrement
on fe trompe : car Saint Irénée propose ion mot
Lateìnos , non pas comme venu de la Tradition ,
Prés. y. mais comme venu de fa conjécture particulière; 6c
r • 24« noUs avons veu , cqmmçil dit en termes formels ,
qu'il n'y a point de Tradition de ce nom mystique.
*" . - Mais avouons , si l'on veut , la Tradition du mot
■Lqteinos^ Saint Irénée l'entend-t-ií d'une Eglise »
,i A-t-ií
AVERTISSE' M'E NT», i ' . ^
A-t-ilseulemeinsongéqu'il-regardastl'Egíise La- .
tine î Ecoutons : Ce mot , Lateinos , convient fort Ibii.
à là Prophétie de T^ntechrift. rourqucfy ? Pafcejue
ceux qui règnent à présent/ont lés LJ^iat. Sairjf Irénée
vouloitdonc parler de ceux qui régnoraft de Ton» *' ,
temps > & né pensoit pas íeuíkmffit à une
Eglise. ,,s-
Delà résulte ce raisonnement : Saint Jean a you- ri u.
lu donner à la Beste qu'il nous a montrée , ^Êk'^fjj"
ractéres par où on la pourroit reconnoistre : jé"7è ,á<mstrâ-
prouve. II a voulu que l'on connust Rome ; il l'aíî prúí.
bien caractérisée , qu'iln'yaperíonncqui necroye dente.
la vok dans fa fituation , par les sept montagnes , &
dans fa dignité par son empire sur tous les Rois de la
terre. S'il avoit voulu marquer l'Eglise , il ne l'au-
roit pas désignée moins clairement : or dans toute
íòu Apocalypse on ne trouve pas un seul mot qui
marque la Beste , ni la Prostituée comme une
Eglise corrompue. Donc, démonstrativement ce
n'est pas lâ ce qu'il a voulu marquer.
Loin de marquer la Prostituée comme une IX.
Eglise corrompue' , nous avons montré claitement c^fi"""-
qu'il a pris des idées toutes contraires à ceMes-Ià , J^"»»»**"
puis qu'au lieu de produire une Jérusalem infidèle , p„ci '
ou du moins une Samarie „ autrefois partie du peu- saint Jean
plè Saint ,commeil auroit fait s 'il avoit voulu nous a évité
représenrer une Eglise corrompue , il nous propo- <r*pp.'Htv
se
i ■ une
i • Babylone
/ „■ qur1 jamais n'a estérr nommée ' dans . i " adultère
1 aliancede Dieu. Nous avons aulli remarque qu il uprafti-
n'âvoit jamais donné à la Prostituée le titre d'epou- tuée defin
se infidèle ou répudiée ; mais que par tout il s'estoit -4pocaijp-
servi du terme de fornication , & de tous ceux qui fi-
revenoientau mefme sens. Jefçayque ces mots íc ^e',n,9*
confondent quelquefois avecceluy d'adultéré; mais
le fort du raisonnement consiste en ce que de propos
délibéré Saint Jean évite toujours ce dernier mot
qui roarqueroit la foy violée , le mariage íouïllé , Sc
l'aliance rompue : toút au contraire de cc que Dieu .
fait eu parlant de Juda & d'Ilïaël , de Jérusalem ' v
tpt AVERTISSEMENT.
* &deSamarie, à quii} ne celle de reprocher qu'el
le/font des adultères , qui ont méprisé leur premier
époux , en s'abandonnant aux Dieux étrangers.
Ezech. C'est pourquoy il parle ainsi dans Ezéchiel : Je t'ay ,
XVI. 8.- «lit.il, introduite au lit nuptial : je t'ay engagéma foy
\^lx' ì1' par ferment*', fayfait avec toy un contrait, O" tues
*■■ ^' devenue mienne ) & cependant, pouríìiit-il , tu as
prostituéta beauté aux Dieux étrangers : ainsi , con-
cjjit-il, jetejugeray dujugement dont on condamne lu.
femmes adultères , parce que tu es du nombre de celles
jbid. qui ont abandonné leur époux. C'est ce que le mesme
x x 1 1 1. prophète répéte en un autre endroit : Samarie &
37- 45- 47- Jérusalem, dit-il, font des femmes adultères , O4 el
lesferontjugées comme on juge de telles femmes; elles
feront lapidées , qui est , comme on scait, le sup
plice des épouses infidèles , afin quenenne man
que à la figure. Mais qu'y a-t-il de plus clair que ce:
Ibid. qu'ilavoit dit auparavant í Tut'es baflicun lieu infa-
XVI. îï.fame, c'est-à-dire, un temple d idoles , CT tu n'y
a pas eflé comme unefemme publique qui fefait ■valoir en
fai/ant la dédaigneuse , mais comme unefemme adultère
qui reçoit des étrangers dans la couche de son époux. Le
Saint Esprit a jugé cette image si propre à donner
aux Juifs & aux Chrestiens qui manqueroient à la
fòy promise à Dieu , une juste horreur de leur infi-
' délité, qu'il la met íàns cesse à la bouche de tous
Jer. I I I. ses Prophètes , car écoutez Jérémie : Unmarynere-
4. chercheplus lafemme qu'ila quittée , & quis'ejì donnée
à un autre homme; Tu tes abandonnée à tes amans j
toutes'oisreviens à moy , jeterecevray : vien me dire ,
fáiisefìes celuy à qui)'ay efle donnée ejlant vierge. Et
Ibid. 8. 9. dans une autre vision : J'ay répudié la rebelle C l'infi-
14» dele Israël, à cause deses adultères , C7* je luy ay en
voyé la lettre de divorce ; mais Íinfidèle Juda fa sœur-
n'a pointprofitéde cét éxemple , s abandonnant elle -meÇ-
me à fes amans, & commettant adultère avec les ido
les de bois & depierre ; revenez néanmoins ,. convertif-
s fez-vous , parce que ]efois vojhre époux. Iíaïe n'en dit
is.'l. 1, gas moins: Quellesjònt les lettres de dtyojceque j'ay:
■1 • "" " envoyits,
AVERTISSE M EN* T. jtT
envoyées à voftre mere ? Et O^e : Jugez > ìug'K Rostre OTe'c
mere , farce qu'elle n ejl plut ma femme , (S je nefuis
plusfonmary ; qu'elle effacefèi adultères. Et un peu M>'d< i&
âpres : Elle reviendra , tS me dira ,*0 mon cherépoux f
Tout est plein d'expressions semblables dans les
Prophe'tes : mais j'en ay rapporté a^Te£*pour faire
voir que le Saint Esprit s'y plaid , parce qu'en effet
il n'y en a point de plus propre á nous faire sentir .'
l'horreurde nos prévarications contre Dieu , la ju
stice de ses vengeances quand il nous punit , & Tex
tes de íà bonté quand il nous pardonne. Si donc la
Prostituéeque Saint Jean dépeint avec de si horri
bles couleurs , est une Eglise infidèle comme Jéru
salem & Samarie , pourquoy évite-t-il si íòigneu-
scmentdeluy donner les mesines titres ? Pourquoy
Dieu ne marque-t-il en aucun endroit qu'il punit en
ellela foy méprisée? Que neluy reprocne-t-il ,
" ' 'infidèle Jérusalem , lesjoyauxqu'il lar"
l'épousant , l'eausainte dont il Va larvé
mfès richesses dont il Va dotée dansfa miser
Saint Jean , a qui l'Ange dit , comme on a veû, que
pour écrire (on Apocalypse,il a esté rempli del'eíprit Ápoc.
de tous les Prophètes, & qui en effet employé tou- XXII. 6.
tes leurs plus belles figures pour en montrer dans j°X*préjf~
ce divin livre un parfaitaccomplissement : que n'a- n> ^j.
t-il du moins une fois donné à la Prostituée le nom
de répudiée & d'adultéré ? Jesus-Christ avoit bien
appellé lesJuifs , race mauvaise Ç$ adultère , lesre- Matt.XII.
gardant comme un peuple qui violoit l'aliance. '9-XVI-*.
Mais Saint Jean évite exprés toutes les expressions **a. V1ÍI>
semblables , comme nous l'avons démontré $&■■?*
Prostituée n'est jamais une épouse corrompue ,
commele furentSamarie & Jérusalem; elle n'est
qu'une femme publique , & ne reçoit de reproches Tris. n. 9.
que ceux que nous avons veû qu'on faiíoit à une I0-
Tyr , à une Ninive , à une Babylone à une Sodome,
à une Egypte , tous peuples qui n'avoient jamais
rien eû de commun avec lé peuple de Dieu , Sc
u'avoient jamais esté compris dans íonaliance.
O « . AUf . .
f jj4 AVERTISSEMENT.
XV . Au iesautde«es grondés marques d'épouse infi-
Etuxrn- <iele que les Ministres devroient montrer par tout
. dans l'Apocalypse , & qu'ils ne montrent en aucun
AW»*™- 'en£koit, ils s'atrfcherent à deux partages tournez
duits fst 'd'une étrange forte ( le premier tiré du chapitre
les Prote- X I. & leíécoud du chapitre XVIII.
ftans,& Us disent donc premièrement, qu'il y a un P<tr-
IntrmuH- ^ ju simple qui fera livré aux Gentils, & qu'ils
Tur'.Ae- fpuleront aux pieds la Cité sainte: Cela , disent ils,
comp. des s'entend de 1" Eglise considérée dans, son extérieur \
Proph. r. j'en conviens lànshésitecdoncíl y aura dans l'EgUíe
P- c^v.x î" une nouvelle espèce degentilitéqui en remplira ks
Fùiv Lett dehors,' encorequ'ellene pénétre pasjufqu'à l'inti-
XII. 3- ' mei qui sont lesEseûs. Où -va-r-on prendre cette
an. p. 89. conséquence ; Où , dis-je , prend-òn cette genti-
&c. lité dont nous verrons dans la fuite qu'on ne nous
pourra donner la moindre marque ! Mais fans s'ar-
rêster à ces chimères qu'on ayâircé én l'air & fans
preirve , ce que veutdkeSáïnc Jean n'est pasobscur:
Voyez les c'est que JesGentils , las 'vrais Gentils que tout le
Mot. fur monde cannoise , los adorateurs Hés faux Dieux ,
3J C X de Juiioh ákde.jùpicer fouleront aux pieds tout l'exr
* teneur de la vrayt Eglise , en abbacront les maisons
sacrées , en affligeront les fidèles , . eu contraindront
à l'apoltasie les membres infirmes: donc la société
antichrestienne marquée dans ^Apocalypse est une
Egliseoùil.y aur-a tUs :Genríls. , .■& une nouvelle
Gentilité, dont HEçtitUre ne.dii pas un mot : où en
est- on réduit quand oii n'a: que dételles preuves
pour établir des. prodiges n nouveaux * .
Apoc. Celle qu'on tue de la lîabylone de l' Apocalypse
XVIII. dont le peuple de Dieu doit sortir , est de mesme
i6a' gcme : 'e peuple de Dieu y est , j'en conviens, com-
litt. XII. nic est°'t autrefois dans l'ancienne Babylone:donc
c'est une Eglise Chrcsticnne qui renferme le peuple
— de Dieu dans íà communion : ou ne íçait plas d'où
vient cette conséquence , ni à qu'el principe elle
tient : il faut conclure tout le contraire , & dire que
. '» la Babylone de Saint Jean est une Rome payerv-
• ses
AVERTISSEMENT. ,tJ
ac , qui , â l'éxemple dp l'anaicnne Bàbylone ,
ïeufermoit les enfans de Dieu dans son enceinte > "
non pas comme íès citoyens & comme ses membres,
mais comme ses ennemis &sesì:aptiss; de sorte que' *'
pour estre mis en liberté, il en faut sortir, non
pas comme on sort d'une Eglise fans cBanger de pla
ce , en quitant fa communion , mais comme on sort
d'une ville, en cessant effectivement de demeurer
renfermé dans ses murailles qui nous tenoient.lievt-
d'uneprison. Voilà qui est clair;ttiais jeme réserve à
dire encore aux Ministres , fur ce sujet, deschoscs
plusconcluantes. .- . ,
Voilà , de très-bonne foy , ce qu'on nous ob- XI.
fécte>, pour montrer que la Babylone de TApoca- ïf£'.r"h
iypse est l'Egliíe Romaine: il y a néanmoins enco- j/Sî* a"
re une objéction > mais qui m'a presque échapé , u„jtHde
tant elleest mince ; c'est que dans le íac de la nou- mois. Ce
velle Babylone * qui est décrit auX VIII. de l'A- 1ut c'efi
pocalypse , on compte les ames parmi les marchan- "msI
■diíes qu'on y achetoit : voicy en effet comme ^s^"*^f„jrt
tnarchándsdépsoreni la rume.de leuf; commerce/,"'^"/
dans la chute de cette ville opulente , Personne-, di- rètmignn-
sent-ils y n achetera plus ni les beaux ouvrages d'or& gts des
eïargent , ni les pierreries , ni les parfums , ni les che- ]("'"'">'
vaux, nides carrosses , niles esclaves , m les ames des
hommes. Du Moulin & les autres Ministres veulent '
qu'on entende icy le trafic des ames qu'ils font
exercer à la Cour de Rome ; & le Ministre Jurieu , Acc. des
qui n'ose insister fur une si misérable observation , ProPhét.
ne Yeut pas qu'on la méprise tout-â-fait. Ces Mes- V^] 'ï.jj
íîeurs devroient du moins se souvenir que la Rome '
dont parle Saint Jean est l'acheteuse ; au lieu que
celle dont ils nous parlent & à qui ils attribuent ce
íàle com merce , est celle qui vend si- bien que pour
entrer dans leur idée , Saint Jean auroit deû dire
que fa Babylone ne trouve plus de marchands á qui
elle vende ses marchandises, & non pas, comme
il fait, que les marchans ne la trouvent plus pour
Rchetei ks leurs» On yoit donc bien que ces témé-
O y raires
5ií AVERTISSEMENT.
• • 'raires Interprètes nc songent qu'à ébloûïr ceux qui
Voyez leivlisent fans attention la sainte Parole. Nous les
Notes fur avons renvoyez aux Critiques & à la Synopíè d'An
ge passage, gfcterre , pour y estfe convaincus par le témoigna-
v .ge des meilleurs auteurs Protestans, que les ara es
» dont le débir cesse daris la chute de la Babylone de
Saint Jean , selon le style de l'Ecriture , ne sont au
tre chose que les hommes ; de sorte que tout le my-
Jlére » c'est que dans une ville comme Rome où
estoit l'abord de tour I'univers , on vendoit chère
ment avec les autres marchandises que Saint Jean
rapporte, tant les esclaves que les hommes libres r
&quececommercecesseroit par fa ruine; par où
cét Apostre continue à nous donner l'idee d'une
grande ville qui périt, & non pas d'une Eglise qu'on
diífipe.
Ainsi la démonstration est complète de tout point
cn cette sorte: s'il y avoit quelque chose à marquer
bien expressément dans la Babylone de l^Apocafyp-
sc, c'est ce qu'elle auroit de plus particulier: or ce
la , dans le système des-Protestans , c'est qu'elle de-
▼oit estre une Eglise Chrestienne, & encore la
principale: il n'y en a pas un mot dans l' Apocalyp
se. En parcourant tout ce qu'on a pu ramasser con
tre nous depuis cent ans, nous n'avons trouvé ni
dans les deux Bestes ni dans la Prostituée de Saint
Jean aucun trait ni aucun vestige d'une Eglise cor
rompue : mais au defaut de toutes preuves on pré
sente ensemble à des esprits prévenus, la,pourpre ,
la prostitution , leslept montagnes , le mystère ,
& les autres choies dont le mélange confus éblouît
de foibles yeux , & fait mettre T'Eglise Romaine
contre laquelle on est préoccupé , à la place de la
ville de Rome que Saint Jean avoit en veûë comme
celle qui de son temps & dans les siécles fuivans ty-
ranniseroit les fideles.-
XI 1. Vous qui vous laissez ébloûïr à de si vaines appa-
Aéjitxim rences t & qUi à quelque prix que ce soit voulez voir
lm "1Ht une Eglise Chrestienne dans la Babylone de Saint
... # . _ Jean,..
AVERTISSEMENT. 517
Jean , sens que cét Apostre qui l'a sibien caracte'ri- fient d't-
se'e vous en ait donne' la moindre marque : mes chers
frères > n'ouvrirez-vous jamais les yeux pour consi- fa^jj^
dérer jusqu'à quel point on abuse de vostre créduli- f„^t dnsy-t
téì Vos Ministres vous disent toujours, Lisez fitnudet
vous-meímes, vous avez en main la sainte parole ; frttestantt
vous n'avez qu'à voir si vous n'y trouverez pas tout 'st At
ce
apparence qu'ils vous déçoivent ; c'est par cét appas 4*k!'esA 4'
que nous vous diiòns. C'est par cette trompeuse ff"*'"
de liberté apparente qu'ils vous font croire tòut ce marque^
, qu'il leur plaise. L'Apocalypse vous en est un bel (/«M-
exemple : vous croyez y voir tout ce qu'ils vous CdjVfti
disent , & le Pape vous y paroist de tous costez ;
mais vous ne vous appercevez pas qu'ou vous a pre-
mie'remeut inspiré une haine aveugle contre l'Eglise
Romaine. Prévenus de cette haine vous voyez tout
ce qu'on veut : vos Ministres n'ont plus à vous mé
nager, & il n'y a rien de si grossier ni de si faux
qu'i Is ne vous faflent passer pour des véritez capita
les: n'épargnons pas nos soins pour rompre cette
espéce d'enchantement , & tâchons de vous faire
voirie second defaut de vos interprétations.
Je commence cét examen par le chapitre où de XHT.
l'aveu des Ministres comme du nostre consiste le L" C,>*P*-
dénouement de la Prophétie.c'est-à-dire , le XVII. xvìù
conféré avec le X 1 1 1 . de tjíf- '
- II y a deux choses dans ces chapitres , les sept te- talypst :
stes, & les dix cornes , où Saint Jean explique luy- dtuxchefit*
melme qu'il faut entendre , sept Rois d'un costé & * <">fi<U-
dix Rois de l'autre. Voilà un fondement certain : ££oe
mais les Protestaus ajoutent d'un commun accord x v I lí
que les sept Rois signifient l'Empire Romain dans 9. n»,
tous ses Estats, & que les dix Rois en représentent
le démembrement & la chute , qui devoit estre le
signal.de la «aiflànce de leur prétendu. Antéchrist
Romain. Pour faire toucher au doigt combien leurs
conjectures sont malheureuses, jen'auroisqu'àré- Hist. de»
péter ce que j'en ay dit ailleurs: mais je veux aller Xa',I''.T*
plus avant.- llestvrayquedansuu ouvrage com- fcfùi"'
me
A V E R T I S S E M E N T.
me ccluyjdes Variations j'avois cru devoir, seule-
. . ;.rpenr en .Historien marquer cinq ou íix grands traits
du^rstçmçdes Proteftans: mais ce peu que j'en
4 •» avois difpour le faire bien connoistre eftoit décisif ,
^ & ceua qui doutent encore qu'il y eust de quoy im-
^ poscnìlence au Ministre Jurieu le vont voir par íes
réponses.
les st ttt* ' Jc commence Par 'es ^Pr R°'s - c e^ dit-on ,
Btspmr lé f°rmes de gouvernement par lesquels Rome a
sept firmes passé: les Rois , les Consuls, les Dictateurs, les
degowaer- Décemvirs , les Tribuns militaires avec la puissan-
ntment. ce de Consul , les Empereurs , & finalement les
Ptimun
illusion des Papes
1 VQllá
, ' dl „ ' j se.r Rois ,, & c.est de_
Proteftans. 1lIoy tous 'es Proteftans conviennent d un commun
accord.
C'est déja une bizarre imagination de prendre
des Rois pour des formes de gouvernement , Sc de
compter parmi les Rois de Rome les Coníul&qui les
Hist. des ont challez : c'est ce que j'avois objecté dans l'Hi-
Var. XIII. floire des Variations , & le Ministre n'en dit pas un
31' mot dans fa X III. Lettre Postorale où il enrre-
prend expressément de répondre à ce que j'avois
objecté fur les sept Rois ; mais il dissimule des cho
ses bien plus pressantes. Je luy avoit demandé où
Ibid. il avoit pris que desformes de gouvernement fussent des
R^is ; quel éxcmple del'Ecnrure il en avoit ; où il
y trouvoit qu'un Roy fust autre chose qu'un hom-
mesèulen qui residast la puissance souveraine, &en
un mot un Monarque ? comment donc il pouvoit
penser que deux Consulsou dix Décemvirs & sepr
ou huit Tribuns militaires fussent un Roi! dans quel
endroit de l'Histoire Sainte, dans quelle figure des
Prophètes il avoit trouvé une façon de parler si bi-
» zarre & si nouvelle ? 11 fçait bien en fa conscience
qu'il n'en a aucun éxemple : aussi ne se défend-il de
cette objection que par le silence. J'avois fait plus :
non content de luy faire voirque dans toute l'Ecri-
ture il n'y avoit rien de semblable ijl ce qu'il préren-
doit, je luy avois momté touc 1e contraire au mes-
rr\t*
AVERTISSEMENT. 5i5 '
me lieu de l'Apocalypse dont il s'agissoit* en luy
propoíànt un raisonnement qui setéduit à cette for- ' A .
me. DanslechapitreXVII. del'Apqcaly,píe, ,'. ,
quiestceluy dont nous disputons , les íépt Rois du i
y. 9. sont des Rois de meíme nature que les^dix
Rois du y. 1 z. or ces dix Rois (ont de vrais Rois , ft>
comme 011 en demeure d'accord , & non pas indé" j>
tíuiment , toute forme de gouvernement. Les sept '
Rois sont donc auflì des Rois ve'ritables & pris à la ft
lettre, & ce seroit tout brouiller que de prendre les
Rois en trois versets dans des significations d oppo
sées.
Tout cela cstoit compris manifestement dans cet- lbii.
te demande des Variations : Pourquoy les sept I{ois
àuir.tj. font ils [ì différent des dix Rois du"$ . 1 1 . qui
conjlamment font dix vrais Rois , & non sas dix fortes
degouvernement ì Je ne pouvois mieux e'tablir le sty
le de l' Apocalypse que par l' Apocalypse mesme , ni
le íèns d'un veríèt qu'en le conférant avec un autre
verset qui fuit de si prés celuy dont il s'agit. II fal-
loit donc du moins dirc<uielque chose fur un passa
ge si pre'cis & si clairement objecté : mais le Mini
stre fc tait, & il croit satisfaire à tout, en disant au Lett.
commencement que mes preuves sont fipitoyables , X 1 1 1«
qu'il croit que j'ay voulu trahir ma cause , pendant
qu'il les íènt si fortes qu'il n'a osé seulement les faire
envisager à son lecteur.
Mais aprés avoirveû ce qu'il a teû, voyons du
moins s'il réussit dans ce qu'il a dit. De toutes mes
objéctions fur les íèpt formes de gouvernement , il
ne répond qu'à celle-cy : Si Saint Jean a voulu mar- Var. ibi
e/uer tous les noms de lasuprême puissance parmi les Ro
mains , pourquoy avoir oubliéles Triumvirs ? N'eúrent-
ils pas pour le moins autant de puissance que les De'cem-
virsì Queft l'on dit qu'elle fut trop courte pour eflrc
comptée, pourquoy celle des décemvirs qui ne dura que
deux ans le fem-t-elle Phetoft ? Puisque c'est icy la
feule objéction qu'il choisit pour y répondre , c'est
celle où il lèsent ieplus fort : mais écoutons ce qu'il
dit:
' ?ío AVE R T I S S E M E N T.
dit: C'est que Saiiit Jean ne parle point des Trium-
~~ ... _ virs, parce que le*3riumvirs doivent eflre rapportez à
Y4 Diitatureperpetuelle. Et en effet , poutluit-il , le
, Wriumvirat d'^Augufle , de Lépide (T d'Antoine fk
. parthe de la DiQtture perpétuelle établie par Sylla &
f par César. La République nefut rédigée enforme d'Em
pire qu'aprés le Triumvirat ? car quand nous mettons les
DiUateurs pour I un des Gouvernemens , vous n'enten
dons pas cette Diéîature extraordinaire qui ne duroit quel
quefois qu'un mois ou deux , & me/me beaucoup moins.
Nous entendons icy cette D't&ature perpétuelle quifut éri
gée par Sylla , & qui continua jusqu'à l'Empire d'Au
guste. Le Triumviratfut la fn de cette Diélature per
pétuelle , Ç$ ne fut rien autre chose que la DiBature
divisée &posée fur trois tefìes. On ne peut pas brouil
ler davantage l'idée des choses. Si ce Ministreavoit
■consulté M. Grœvius,ou quelque autre decessça-
vans hommes qui ont cultivé les belles lettres, il
n'auroit pas dit que Sylla avoit érigé la Dictature
perpétuelle , comme si cette Magistrature fust dé
tenue de son temps ordinaire à Rome ; cc ne fut
qu'un pouvoir extraordinaire donné à Sylla, qui de
voir expirer avec fa vie. Aprés qu'il l'eût abdiqué ,
comme il fit , au bout de trois ou quatre ans le Con
sulat reprit le dessus trente ans dutant ; de íbrte qu'il
n'y a rien de plus contraire à l'Histoíre , que de fai
re continuer ce gouvernement juíques aux Empe
reurs. II est vray qu'aprés ces frente ans la Dicta
ture perpétuelle hit donnée à César, qui en jouît
cinq ou six ans,& le Triu mvirat suivit de prés. Mais
il ne fut jamais établi pout estre perpétuel , puis
qu'il ne devoit durer que cinq ans : de forte qu'il n'y
avoit rien de plus éloigné de la Dictature perpétuel
le ; & cette charge terrait plus du Consulat que
de la Dictature , puis que mesine' la Dictature
avoit esté abolie à jamais eu haine de la tyran
nie deCésar , & q u'ón donna aux Triumvirs la
puissance Consulaire : 1e nom mesme de Triumvirs
lépugnoit à la Dictature , cette dernière magistra
ture
AVERTISSEMENT. 35/
tare n'estant autre chose qu'une parfaire Monar
chie , c'est-á-dire , la íouvcraine<pui (Tance sans res
triction dans un seul homme: de forte quç Je re
garder avec M. Jurieu le Triumvirat comme une
Diílítture divisée C7" pofe'e sur trots tefìes , c'eíbren-
verserla notion de cette charge. Parlamefmerai- *
son on pourroit dire que le De'cemviratn'estoit auslî
qu'une Dictature poféeíurdix testes: on pourroit
dire que la puiflance des Tribuns militaires , qui ■
n'estoit en effet que la Consulaire, d'où vient qu'on
- les appellcit, Tribuni militum Con/ulariproteflate, n'e
stoit que le Consulat pose fur quatre ou fur six testes,
au lieu qu'auparavant il ne l'estoit que fur deux T
Ainsi les Tribvns militaires , qui en effet ne font que
des Consuls multipliez', feroient encore moins un
estât à part , & une forme particulière de gouver
nement que les Triumvirs ; bien pins , les Empe
reurs mefme qu'on nous donne pour si distinguez
des Dictateurs , n'estoient en cftet que des Dicta
teurs perpe'tuels, c'est à-dire, sous un autre nom
des Monarques absolus. Ainsi ce nombre de sept
si précis selou M. Jurieu pour distinguer les Etats lbiá«
de Rome, ne Test point du tout: si on regarde les
noms , il y en a plus de sept ; si on regarde les cho
ses , il y en a moins: c'est un nombre fait à plaisir,
& tout Je système Protestant tombe à terre par ce
seul defaut.
Quel opprobre du Christianisme & de la sainte
parole, de faire représenter à Saint Jean tout l'Etat
de Rome avec tant de confusion & de si fausses
idées? Mais, dit M. Jurieu, si Saint Jean n'a Mi,
pas voulu poser d.ans Rome ces sept formes de gou
vernement , on ne scait plus ce qu'il veut dire par ses
sept testes , ni par ses sept Rois . Quoy , parce que
lesProtestansnesçaventplusoùils en font fans ces
sept Etats de Rome , il faudra que Saint Jean ait dit
toutes les absurditez qu'il leur aura plû de luy attri
buer ? Mais qui a dit à M. Jurieu que Saint Jean ait
voulu représenter tout l'Etat de. Rome î Nous luy
ferons
U% ATERTÌSSE.MENT.
serons bientost voit le contraire par luy-mesirie.
Quiluy a dit que ce saint Apostredans un íi grand
nombre d'Empereurs, n'en ait pas voulu choisir
fcpt à qui convienne cét endroit de íà Ptophe'tie ? ou
• bien qu'il n'ait pas voulu de'signer un certain temps
où il y ait eû en effet sept Empereurs sous qui l'E-
; gliíe ait souffert ? Que íi tous ces deno démens qui
çnt contenté d'autres Interprètes ne luy plaisoient
pas, ne valoit-il pas mieux -tivoûër qu'on n'enten-
doit pas un partage obscur / que de n'y trouver de
sortie qu'en taisant dite des extravagances à un Pro
phète ?
}'avois encore objécté aux Protestans leur incer-
/"Ttou- «tilde fur la naissance de l'Antechrist. Crespin lc
stani , &• sei'oit naistre vers le temps de Grégoire VII. Du
rtmurse- • Moulin remontoít de quelques siécles ; &Ie faisoit
mtntprodi- commencer vers l'an 75^. On verra que cette opi-
fffrí . niou ne s'accorde guéres avec lés principes de la Ré-
damltHr rorme > °iu' démandent que l 'Antéchrist nailîe dans
fystlme. ^e tcmps que l'Empire Romain íe démembre : mais
Acc.de* c'est qu'on n'osoit pas remonter plus haut , & on
Proph. reípectoit le temps de Saint Grégoire , loin de por-
chap. iv. ter ses attentats jusques fur Saint Léon: c'est pour-
P'11*' quoy d'autres Protestans mettoient l'Antechrist
naiílànt un peu aprés Saint Grégoire fous Boniface
1 1 1. à cause , à ce qu'on prétend , quoy-que fans
preuve, qu'il se dît Evefque universel. M. Jurieu
plus hardi que tous les autres, remonte jusqu'à Saine
28 lec Grégoire <^ans &S Préjugez légitimes , & mesure
1 *' ' jusqu'àSaint Léon dans son Accomplissement des
Var'í111- Prophéties. Nous avons veû que rien n'empeschoit
22. 28.29. qu'on ne remontast jusqu'à Saint Innocent , n'estoit
que les mil deux cens soixante ans qu'il faut donner
nécertairement au règne de l'Antechrist (croient
écoulez , & l'imposture confondue par l'éxperien-
ce. Voilà ce qui a sauvé Saint Innocent , car tout le
reste y convenoit aussi- bien qu'à Saint Léon , & l'au-
dace ne manquoit pas à nostre interprète .
II compte pour ripa ces variations , & il croit tout
, ' íàuver >
AVERTISSEMENT. 555
sauver 1 en répondant que le Pape n'en est pas moins Lett.
rAntechrist,quey-qu'on ne convienne pas du temps X 1 1 1.
où il commence de l'eihe 5 il fait -semblant de ne P-96-97-
pas voir la difficulté. Si les marques de l' Antéchrist
font aussi éclatantes qu'on le prétend dans la réfor- ^
me, elles doivent eltre reconnues, & par maniéré
de dire sauter aux yeux lorsque Dieu les fait paroi-
stre. Encore íì la différence n'estoit que de peu d'an- '
nées , on ppurroit dire qu'il faudroit quelque temps
àl'Antéchrist pour se déclarei :mais elle est au moins
de trois cens ans ; il y en a autant bien comptez de
455. où commence M. Jutieu, jusqu'à 755. ou
commence du Moulin; des 7^5. de du Moulin,
jusqu'au temps de Grégoire VII. il y en a encore
autant jaiusi depuis le cinquième Ík dejusqu'à l'on-
ze , il y a six cens ans dans le cours delqu ls ks in
terprètes Prottstans íéjoûëntpourtrcuveí leur An- ^
teenrist prétendu ; c'eíí-à- dire ; qu'on n'y voit rien :
que le Pape soit l' Antéchrist , c'est une idée que la
haine inspire , & qu'on fuit dans tout le par
ti ; mais on n'a aucune marque pour le recounoi-
ítre.
Qu'ainsi ne íbir , écoutons M Jurieu íur les cau
ses qui ont empesché d'en établir la naissance dans
Saint Léon: C'est, dit- il, qu'on n'aMaitpasjaàjus- Lett.
qu'icy ajjéz d'attention fur ce pajjage de Saint Paul: XIH. 98.
Quand celuy qui tient, c est-k dire,ïEmpm Romain,
fèra aboli , alors le méchant íera révélé ; m â cét au
tre de Saint Jean : Les dix Rois prendront puiflance
aveclaBeste; passages que ks Protestans ne cessent
de faire valoir depuis cent ans dans toutes leurs dis
putes & dans tous leurs livres ; & cependant M.
Jurieu iiousasleureque/w/jK'ií-y qn n'y avoit fas fait
affez d'attention: Car, pouríìiit-il , ony auroit \eù
bien nettement que l'on doit compter les ans de l'.Anté
christ du temps auquel l'Empire Romain a esté aboli Ç$
démembre en dix Royaumes, c'est- â- dire , au cin
quième íic'cle. Mais 11 lacholeestst nette , comment
les Protestans ne l'ont-ils pas veuë depuis tant d'au-
nécsî
JJ4 -A VER T I S S E M E N T.
nées? Tous font d'accord avec M. Jurieu, que
l'Antéchrist doit prendre naissance dans le démem
brement de l'Eiíipire: ils sçavent rous aussi-bien que
luy quel'Empirc a esté démembré au cinquième
» siécle: d'où vient donc qu'ils ont hésitéa faire nai-
stre l'Antechriít en Saint Léon, n ce n'est qu'ils gar-
doient encore quelque mesure avec la sainte auti-
«]uité,& qu'ils n'estoient point parvenus á un si haut
point d'audace ?
Mais ce qui fait voir clairement qu'il n'y a là au
cun fonds , c'est que tours^y dément á l'œil. II
est plusclair que le jour que Saint Léon & fès suc
cesseurs , loin de changer pour peu que ce toit la for
me du gouvernement de Rome , n'ont pas feule
ment íongé à s'y attribuer la puiíîance temporelle;
& afin que M. Jurieu ne nous dise pas , selon íà cou-
% stume, que les Papes commencèrent alors à s'éta
blir, ou queceíustlà, comme il parle , l 'enfance
du gouvernement Papal , je maintiens que durant
ce temps & plus de trois cens ans durant on ne voit
dans la Papauté aucun trait de puissance politique:
les Papes demeurent sujets des Empereurs ou des
Hérules St des Ostrogots qui régnoient dans Rome,'
pour ne point parler des Empereurs François Si
AUemans. La form e du gouvernement ne fut donc,
point changée à Rome par Saint Léon & les autres
Papes , ni au temps du démembrement de l'Empi-
re, ni plus de trois cens ans aprés : par conséquent
la septième teste qu'on fait commencer alors n'est
pas une forme de gouvernement. Que si l'onvou-
íoit compter pour septième gouvernement , le gou
vernement spirituel qu'il fkudroit dire que Saint
Léon se voulut attribuer alors ; outre qu'il est bien
certain que Rome pour le spirituel ne déféra pas
plus à Saint Léon qu'elle avoit fait à ses prédéces
seurs , on iroit contre le système , puis qu on y re-
Préï.leg. gardelaBesteà íeptteltesauXIII. & auXVII.
I.p.p.io:. chapitre comme un Empire mondain, & la íèp-
■tiéme teste de la Beste , comme une septième forme
de
AVERTISSEMENT. jj<
de gouvernement politique , continué»avec la sixiè
me , qui est celle des. Empereurs ; joint qu'il se-
roit ridicule que Saint jeau ayant entrepris de con
duire la description de l'état temporel de Rome du
rant six gouvernemens consécutifs , le lailiast là
tout d'un coup pour pafler au spirituel , & encore
íàns en avertir , ni nous en donner la moindre mar
que. Ainsi la septième telle qu'on veut faire com
mencer à Saint Léon , n'est ni un gouvernement
politique, ni un gouvernement spirituel. Ce n'est
lion plus un gouvernement' meslé du spirituel & du
temporel , puis que toujours il faudroit conclure,
ou que Saint Léon auroit esté Prince temporel , con
tre toutes les histoires , ou que ce ne seroit pas en
luy qu'auroit commencé la septième teste.
Mais quand â force de s'estre entesté de la beauté XVI.
du système on auroit dévoré ces inconveniens ; R*"*"/*"
quand on auroit par force plié son esprit à prendie ™'"t'lf ry.
des formes de gouvernement pour des Rois , & °^mt J a.
qu'on s'opiniastreroit , contre la vérité de l'hiitoi- momrifr
k, á soutenir que l'Antechrist Saint Léon auroit n»seul »>•*
du moins commencé à changer le gouvernement . "í^**
de Rome : voicy un mot de Saint Jean qui va "-W'1
tout foudroyer par un seul coup. Car enfin le sep
tième Roy qui n'estoit pas encore venu de fin temps ;
qui, selon 1.s Protestans, devoit venir en 455 . au dé
membrement del'Empire»ou , sil'011 veut,en 600.
plusou moins;en un mot, le Pape Antéchrist, gwand
ilviendra,dk Saint Jean , il nedoitsubsister qu'un feu de
temps , xvij. 10. C'est le caractère que Saint Jean luy
donne; & il ajoûte au verset suivant: // va à fi perte;d
n'a qu'un moment du durée, & ne paroist que pour
diíparoistreaussitost âpres, ti. Orle Pape du
re encore, Sc fa durée, selon le syltéme , doit estre
de douze cens ans ; donc il est plus clair que le jour «
qu'il ne s'agit pas icy du Pape.
Les Ministres se moquent de nous trop grossière- X Vt l.
ment , lors qu'ils allèguent icy ces beaux paflàges , ltb>tfm 4"
OÙ il est dit, que mtíle ans deyant Dieu ne lontòu un
hun f»'1* ""'
AVERTISSEMENT.
te Jurée Je jour-, car il rie faut pas estre grand prophète pour
U septième deviner de cette sorte. Ce ne- fout pas les PropheV-
*'fi'' tes du Seigneur, ; ce n'est pas un Saint Jean qui
**^j?9'^* préVoit ainsi ce que tout le monde fçait comme
I II. 8.'" '"7" II ne s'agissoit pas de comparer la durée du
septième Roy avec L'éternité de Dieu devanr qui
tous les siécles sont moins qu'un moment; il s'a
gissoit de la comparer avec la durée des autres Rois
& des autres gouvernemens, parmi lesquels il y en
avoit , comme on vient de voir , qui n'avoient duré
que deux ans. Mais quand on voudroit comparer
tous les six gouvernemens cnlèmble avec celuy de la
Papauté, il lè trouveroit que le dernier à qui on don-
Acc. I.p. ne la brièveté pour caractère , devo/í luy seul durer
ch.I.p. n. autant Cr ptus que tous les autres ensemble , comme
le Ministre l'avoûë ; & la preuve en est évidenté, ,
puis qu'on donne, commeonaveû, iiío.ans à
ce nouveau gouvernement, & que toute la durée de
Rome depuis fa fondation juíqu'à la chute de sou
Empire n'en a pas tant. ,
XF1 I I- On íèra bien-aise de voir ce qu'ont icy répondu
Repenses les deux Ministres dont le parti Protestant fuit main.
des Mìni- tenant ies lumiéres,je veux dite,leMinistre du Mour
Aí'a/i» ' 'm * 'e Ministre )uriel>. Le premier a bien senti
a™-™ .°" le ridicule du dénouement de l'éternité , auprès de
& man'ife laquelle, tout est court; mais après tout, il íçait
fie corr«p- trancher ce qu'il ne peut foudre : au lieu que Saint
tion d» jCan dit mot á mot du íèptiéme Roy , c'est-à-dire ,
Textefa- Jeion ies Ministres , de la septième forme de gou-
DuMou- ornement, que/orr qu'il fera venu, ilfaut qu'il de-
lin Acc. meurefeu, iXi'yêt, Genève avoit adouci cepeu, si
des Pto- tranchant, eu traduiíant , pour un peu de temps ; Si
phet. ju Moulin avoit encore adouci en paraphrasant ,
5' 267 que ce septième Roy de-voit demeurer quelque temps ;
' ce qui , ce íemble , luy prolongeroit Un peu plus ía
vie que Saint Jean , qui le fait palier aussi ville qu'on
le vient de voir: mais comme cela ne quadre pas
, . encore ad ez juste, & qu'il ne suffit pas pour un li
durable gouvernement] de dire qu 'if demeura'a quel
que
AVERTISSEMENT. 557
que temps , le Ministre tranche le mot , & voicy p,
commeilinterpréte/fpf«de Saint .Jean: Et quand
leseptièmegouvernement , quiesteeluy du Pape, sera
"venu , ilfaut qu'U dure un peu plus de temps que les au
tres ; tout au contraire de Saint Jean, quien com
parant le septième Roy avec les autres, luy donne
en partage la courte dute'e ; celuy- cy le fait duier un
peuplus de temps que tous les autres ensemble. Voilà
ce qu'est devenu entre les mains des Ministres ce'c
de Saint Jean , qui passe si vilte 5 & il n'y a rien
à ce prix qu'on ne tiouve , ou qu'on ne mette dans
I'Apocalypíe.
M. Jurieu n'ose íê tenir à cette pitoyable interpré-
tation , qui n'est qu'une corruption manifeste du
Texte íàcré : voyons si ce qu'il invente , aprés tous
les autres , vaudra mieux. Quand laseptième testese
ra venue , ilfaut qu'elle demeurepour unpeu de temps;
c'est-à-dire , selon ce Ministre, ilfaut qu'elle demeu-
repour unlong-temps réel , maispour unpetit temps pro
phétique ; merveilleuse interprétation ! pour un peu Préj. le-
de temps . c'est-à-dire, four unlong-temps. Mais je g'1 '• P"
luy impose, dira-t- il ; il ne dit pas absolument , que ch' v 1 *»
feu de temps c'est un long-temps ; il dit que c'est un I2<*'
long-temps ref/; jel'avoûë, &c'estpar là que je
prétends que cepea de temps est d'autant plus abso
lument unlong-temps, qu'il est, íelon le Ministre ,
unlong-temps réel; & selon le meíme Ministre , un
temps qui n'est court qu'à cause de la maniéré figu
rée dont il prétend qu'on l'explique: mais poursui
vons , & de peur qu'il ne nous acculé de luy impo
ser, rapportons de fuite toutes íès paroles. Lepeuibid.
de temps de SaintJean , c'est un long-temps réel , mais
unpetit temps prophétique , car fa duree efl mar-jUce à
quarante deux mois, à douxe censsoixantejours , c'efi à-
dire , trois ans O" demi ; ce qui est un petit íc- ps duis .
lestyle prophétique, selon lequel les siécles nefont que com-
tne desjours. Mais quel temps ne kra pas courteu
ce sens ? & pourquoy la durée de la septième teste
sera-t-elle caractérisée par íà rapide . brièveté, sisi
P toutes
5 38 AVERTISSEMENT,
toutes les autres testes , á l'entendre dans lemeíme
ièns, passent encore plus viste , puis qu'enfin elles
occupent moins de temps re'el ? C'est ce qu'il fal-
loit expliquer : mais c'est á cjuoy le Ministre ne
songe feulement pas , parce qu'il y trouveroit Iz
confusion trop manifeste ; car écoutons ce qu'il
ajoute: C'est que k Seigneur, dés le temps de Saint
Jean , dit > J: vit*s bientost , quoy- queson avènement
fust éloignédeprés de deux mille ans. Ce docteur n'i
gnore rien; il sçait dans quel temps précis doit ve
nir 1c Fils de Dk u , c'est-à dire, qu'il íçait ce que
Matt. les singes negaventpas , ce que le Fils de FHomme
*Míic' luy-meíme a bien voulu dire qu'ilignorait; pour fai-
XIII.' 32 re entendre à íèsApostrcs qu'il leur cachoit& à son
Eglise cette counoissance
— "* »-nnn« 5 mais
à nostre
taillonsfait.
luy }eíus-
étaler

bientost: en eftet, 11 vienora •««.««» pour


cundenous, parce que le terme de nostre vie, q«
estceluyoùil
est celu y oùil vient pour nous ,,est en wubien w——
court,, —
3C
quandfiil faudroit
* c.A^i, entendre
Á>,eniie , Je viendra* bientofl ,
par rapport à l'avènement général & dernier : le
Ministre ne comprendra- 1- il jamais que }esus-
Christ , quand il parle , peut bien dire que de
vant luy , & par rapport à l'éternité qui luy est tou
jours prélente , tout est court ; mais que cette fa
çon de parler , qui abrège également tous les temps,
n'est pas celle que l'on employé lors qu'on les veut
caractériser en particulier ? Continuons: Ce temps,
qui prophétiquement & figurément parlant estait trei-
court , parce qu'il n'estait quede trois ans O" demi pro
phétiques , devoitestrepar égardaux hommesfort long,
puis qu'il devoit estre de douze cens soixante ans.
Avouons qu'on lie s'entend guéres soy-meíme ,
quand on lejette dans.de tellesambiguitez , & qu'on
le charge inutilement de tant de paroles. Ce que
veut dire le Ministre , «'est que ce temps , qui figu- -
xément est sort court, est en effet, à le bien enten
dras: à prendie l'eíprit de 1% Prophétie , non-feu
lement
AVERTISSEMENT. »**
lement long, mais encore fort long: de forte que
le saint Apoitre qui l'appelle court absolument, par
le dans le íèns de ceux qui l'entendront mal , & noa
par rapporta la vérué'íelon laquelle il est fort long.
Qui vit jamais de tels embaras ? & n'est-ce pas
montrer à Saint Jean , qu'il ne s'entend pas luy-
meíme , puis qu'il appelle peu de temps , uu temps
qui en effet est tres-long , mais que les ignorans ,
seuls prendront pour tres-court ?
Apres cela le Ministre s'applaudit encore , $c
c'est , dit-il, une chose extrêmement remarquable , Ibi<t<
que Dieu ait divisé la durée de Home en deux périodes
environ de douze cens soixante ans chacune > en forte
•qtt autant de temptqu'avoit duré Romepayenne , autant
doive durer Rome antichrestietme. Voilà les belles re
marques dont on amuse les simples, qui cependant
n'apperçoiveut pas qu'en divisant en sept parts l'hi-
stoirede Rome , celle qu'on fait appeller courte
par Saint Jean , est celle qui constamment , & de
l'aveu du Ministre , a seule duré autant , & plus
mesine, comme on vient de voir , que toutes les S«p. n 17s
autres ensemble.
Maispourquoy disputerois-je icy davantage con
tre une si déplorable interprétation , puis que le
Ministre meímc l'abandonne dans là lettre X II I ì
C'est luy qui nous vient de dire -.quand cette septiè
me teste, qui est aussi le septième Roy , fera venu* »
ilfaut qu'elle demeurefour un peu de temts : mainte
nant il dit tout le contraire. Nous réfondons , dit-il, tett.'
que ces paroles , il faut qu'il subsiste peu , ne fi doi- XIII.
vent pas rapporter à la septième teste , mais a celuy '' I0°* 1
que Saint Jean appelle le huitième I{oy . Voicy un nou
veau dénouement : tout à l'henre c'estoit, selon luy»
lafeptiéme teste quidemeurait peu,& il setourmeotoit
i expliquer comment luy convenoit cette courte du
rée -, maintenant ce n'est plus la septième teste , ce
n'est donc plus par consequent le septième ì\oy , puis
que ce septième Roy , c'estoit , selon Saint Jean , la Apóc.
septième teste ; Les sept testes , dit-il , 'font sept XVII. 9.'
P 1 monta- '
A V E R T ï S S Ë M E N T.
wonMgnfíC sipt Rois : cinqsont tombez ; /"«« ï' "
^ C /« septième n'estpdt encore; (S' quand ilfêta venu V
Hsaut qu'il subsiste peu. C'est donc le íèptiéme Roy
<jui subsiste peu ; par conséquent la septième teste ,
puisque lessept testesfontsept Rois, & 1c Ministre
nese dément luy-mesme que pour démentir Saint
Jean encore plus ouvertement.
Voilàcomme est traitée la parole íàinte par ceux
qui ne cessent de nous vanter qu'elle est leur régie 5
voilà comme ilsdévelopent les Prophéties , & com-
• me ils trompent un peuple crédule. Le charitable
lecteur me plaint , jelcíçay, d'avoir à réfuter sé
rieusement ces abíurditez : mais la charité de Jesus-
Christ nous y contraint > & il faut voir si en travail
lant â lever les difHcultez dontonembaralle nos
malheureux frères , nous en pourrons sauver quel-
ques-uns.
Ecoutons donc avec patience tout ce que dit le
*~'^'c Ministre: Geluy, dit- il, qui doitsubsister peu n'est
Appelle le huitième R^py. La Bestc qui estok , dit-U ,
Sui n'est plus > est aussi le huitiérne Roy. Le Mini-
re veut embrouiller la matière; car, je vous prie , .
à quoy sert icy ce huitième Roy dont Saint Jean ne
parle pas dans le verset dont il s 'agit?Cf huitièmeRoy,
Voyez cx- dit Saint Jean , est tindessept ; c'est-à-dire , .comme
flie. ch. nous l'avons expliqué , qu'il y a un de ces íèpt Rois
XVII.II. qui revient deux fois , & qui pour cela estant le hui
tième, ne laisse pas d'ailleurs d'estre un des íept :
mais-ce Roy , quel qu'il puifle estre , ne sert de rien
au septième dont nous parlons, puis que Saint Jean
ne dit pas qu'il (bit le septième , mais seulement un
desscpt; & quoy qu'il en íòit , s'il elt aussi le sep
tième , il sera donc , malgré le Ministre , celuy
qui durera peu , & dont il faudrait pouvoir prolon
ger la vie pour soutenir le système. Non, dit M.
Jurieu , ce huitième Roysesaitpar la division des Empe
reurs quise coupent en deux , Empereurs Payens , &
Empereurs Chrestiens ; O" c'est çettedetnicre moitié de
teste
A V É R T í S- S- ísM Ë N T. í4t
tefle qui devoitsubfijler peu. Use trouble -, ces Em
pereurs, soifìPayens, soit Chrestiens, appartien
nent au sixi/me Roy , & à la sixième teste , qu'il
compte bien ; les six premiers Rois iiï système Pro
testant íont les Rois de Rome-, ses Consuls , íes _r
Dc'cemvirs, íes Dictateurs , ses Tribuns, sesEnï- »••-'•.
pereurs. Ces Empereurs sont donc le sixie'me Roy ,
ou, cequiestla mesine choie, la sixième telte :
or, ce n'est pas du sixième Roy , mais distincte
ment du septième que Saint Jean a dit qu'il dure peu.
Jl ne parle donc en aucunesorte ni des Empereurs
Payens , ni des Empereurs Chrestiens, soit qu'ils
durent peu ou beaucoup ; mais il parle du septième
Roy , qui , selon les Protestans , est le Pape , donc
T'Empire doit durer peu , quoy-qu'il dure douze cens
soixante ans. Je ne scay plus quand il est permis de
dire à un homme qu'il s'ègare, & je ne sçay plus
comment on revient de son égarement, si ce n'est
lorsqu'il est si visible: cependant les peuples écou
tent ces faux Pasteurs, qui, comme disoit Ezé- Ezecli.
xhiel , leur gaflent leurs aliment . c'-est-à-ciire , la XXXIV.
íaiutie Parole , en les foulant aux piedt, de peur qu'ils *$>•
ne íe nourriiIent,C" qui leur troMent re««,afiu qu'ils 'i
ue boivent riertde pur. - ..> : •
Ce qui pasle toute croyance , c'est qu'un homme XIX.
qui visiblement ne sçait plus où il en est ; qui , pour K*/fbime
parler tres-modérément , ne va qu'à tâtons dans " Ml"'ft"
cette matière, pour ne pas dire qu'il chope à chaque J""eM'
pas , ose eucore nous asleûrer que les Oracles dos
anciens Prophètes fur Jefus^Christ ne sont pas plus
clairs que ceux qu'il produit pour montrer que le
Papfi.eftilAwechriíl. , ;C'est ce qu'il n'a point de tett.Xïr.
home d'àvç^i^ent-, tout nouvellement, &eníàP 9îi1'
dernière lettre .Pastorale ; & je ne m 'en étonne pas,
{mis que je me souviens tres.-certainement d'avoir
eû dans son Accomplissement des Prophéties , -«
quoy-qu'à prisent je n'aye pas le lieu sous ma main,
que le chapitre L 1 1 1, d'Isaïe, où tous les Chre
stiens ont crû jusqu'icy voir Jesus-Christ au(ïi claire-
P j meut "
'34* AVERTIS S-EMEN T.
ment que dans les quatre Evangiles , n'est pas plus
formel en (à faveur que le sont les passages qu'il pro
duit pour établir {a prétendue Rome Antichreltien
ne. Je ne croy pas qu'il y ait un Chrestien qui ne
frémisse à un tel blasphème. Mais afin que rien n'y
Ibidi manquast , le Ministre ajoûte ces mots: U est cer
tain que les chicanes des Juifs contre nos Oracles/ont beau
coupplus apparentes que celles des Papifles , des faux
Protestans , & des libertins , contre les Oracles qui dé
peignent le Papisme & le Pape/ous les termes de Baby
lone & de ï homme de péché. Voilà , mes frères *
les entousiaímes de vostre Prophète ; voilà com
me il vous apprend à reconnoistre Jesus-Christ dans,
les Prophéties ; voilà comme il justifie les Juifs ; &
quoy- qu'il avoué que des Protestans, qu'il appel
le faux , mais qui sont aussi-bien que luy dans la
communion des Eglises Protestantes , ne veuleut
pas reconnoistre son prétendu Antéchrist; il sou
tient qu'il est prédit aussi clairement que Jeíus-
Christmeímc, tantilestvray que fa haine l'em
porte íur fa foy , & qu'il a plus d'aversion
jour k Pape , que Rattachement à îeíus- Christ,
XX- Avant que de íortir des sept Rois , je demande
i>?< les encore aux Ministres ce que font à l'Apocalypse &
TfùitpMs £ la persécution de l'Eghseles sept gouvernemens.
sâint'yean àe^ome , dont cinq avoient précédé la naiflance
fur lisftft duChrestianisme t C'est, dit- on, queSaint Jean
gouverne- vouloir décrire tontl'état de Rome que Tacite au
mtnsdt commencementde ses Annales avoit réduit à fir
^hoFumn 8onvernemens î à quoy, pour ne rien oublier ,
Cse°Jiement' f"nt Jean ajoûte le septième, quiest le Papal. Mais,
ptHcome- je vous prie, qu'avoit á foire Saint Jean de nous dé-
nMes , crire curieusement tout t'étatde Rome , & á quoy
mais encan bon icy copier Tacite î Saint Jean n'estoit pas un
■vfilUmtnt historien qui voulus t décrire ce qui s'estoit paflé de-
jaujp/. vantluy > mais un Prophète qui alloit nous repré
senter ce que Rome devoit faire ou souffrir dans la
» fuite. II est vray qu'il nous veut montrer cette gran-
X vu * » mais *'nous 1» TC«t montrer comme per-
fécutri
AVERTISSEMENT. J4î
fe'cutrice des Saints , & comme eny vre'e du íang des
Martyrs dé Jésus. Quesefvoienticy les Consuls St
les Dictateurs , & les Rois de Rome ; & ses Decem-
virs , & ses Tribuns militaires ? C'estoit > dira-t-on
peut-estre , pour mieux faire connoistre Rome.
Mais elle estoit assez marquée par ses sept mon
tagnes , par fa domination fur toute la terre ,
Si par ses violences contre les Saints qu'elle a si
Ione-cemps tyrannisez. Que si enfiu Saint Jean
vouloit faire voir qu'il connoisibit parfaitement
l'e'tat deRome, pourquoy donc n'a-t- il pas marqué
dans ìe sixième gouvernement , qui estoit celuy des
Empereurs , qu'il scroit un jour Chrestien ? Pour
quoy mettre des noms de blasphème également sur
les sept testes ? Qu'on en mette , à la bonne-heure,
furies Rois de Rome, fur ses Consuls, fur ses
Dictateurs, qui tous estoient idolâtres: quoy-quc
les blasphèmes de la Beste regardent principalement
ceux qu'elle vomissoit contre l'Eglisc, contre le Apec.
Tabernacle de Dieu , & contre les Saints oui y ha- XI11, 6i
bitent ; ce que n'ont pas fait les Consuls m les Dic
tateurs qui ne les counoissoient pas. Mais pourquoy
mettre encore des noms de blaíphème fur la sixiè
me teste comme fur les autres , c'est-à-dirc , furies
Empereurs? Saint Jean ignoroit-il que ces Empe
reurs se convertiroient , & que de trois à quatre cens
ans qu'ils dévoient durer depuis fc temps de fa Pro
phétie, il y en avoit prés de cent cinquante qu'ils
dévoienteírreChrestiens ? Cependant Saint Jean les
fait tous également blasphémateurs , fans épargner
ni les Constantins , ni les Théodoses ; &lesProte-
irans ne s'apperçoivent pas des effroyables ténèbres
qu'ils répandent íur fa Prophétie , & des contradic
tions dont elle scroit convaincue selon leur systè
me.
Mais voicy bien plus : Saint Jean veut si peu par
ler de Rome dans les états qui ont précédé son Apo
calypse, qu'au contraire il dit expressément que là
Kestcdontily parloit devoit venir. La Btjie que
P 4.,* , vow>
344 AVERTISSEMENT.
vturavez veÂS , dit-il , doit relever de l'abyfm: ,
Apoc. X V 1 1. 8. elle ne s'en eítoit donc pas encore
élevée. En effet , Saint Jean l'en voit sortir : Je vis,
dit-il, une beste qui s'étevoit de la mer , X 1 1 í. f.
fiij. leg. & il assiste à la sortie. M. Jurieu en convient luy-.
p. ch. VII. mesme ; & en parlant de la beste à sept testes , Elle
p. m. tstott avenir , dit-il , puis qu'elle devoit monter de l'a-
bysme. Et un peu aprés : Cette beste qui devoit mon
ter de l'abyfme , ce[l celle-là dont il a dit , Elle n'est
plus. Je demande aux Protestans quelle est cette
teste qui devoit venir du temps de Saint Jean , & qui
devoit périr dans la íuite. Si c'est l'Empire Ro
main dans tous les Etats, à commencer par les Rois ,
& à finir par le Pape , comme le veulent les Mini
stres, Saint Jean nous a trompez : il nous fait voir
comme devant venir , & comrnecommençant alors
â s'élever de l'abyfme un Empire, qui avoit déja
duré sept ou huit cens ans. Ce n'estoit donepas de
Rome ni de l'Empire Romain dans tous íes Etats
que Saint Jean vouloit parler: c'est de l'Empire
Romain daus un certain état qui devoit venir ,
où il persecuteroit le Christianifme-avec la dernière
Voyez fut & la plus implacable violence , comme il a paru
lech. da.is le Commentaire. Ainsi encore une fois, les
XVII interprètes Protestans n'ont apporté aucune atten-
' tion a la lecture de Saint Jean ; ils n'ont songé qu'à
surprendre des lecteurs aussi prévenus qu'eux , &
aussi peu artentifs à ce divin livre.
XXI. Pour ce qui regarde les dix Rois , comparons ce
jtfa/tM des qUe Saint Jean en a dit au chapitre XVII. de l'A-
ï't'ìux P°ca,vP^ avec cc ^u'en diíeut les Protestans; &
bÁìiIhì * *hnde ne nous pas embrouiller dans les noms my-
daiwnt stérieux de cét Apostre , remarquons d'abord que
d'abordfit- la Beste, la Prostituée, ou la femme vestuë'd'écar-
-jorífirRo- late , & Babylone , sent au fonds la mesinechoseî
nïit'eU d" ^Áéja la Prostituée quieftafiife/ùrdegrandcs eaux ,
truirtl '' T^-1- avec l*1uelle les Rois de la terreJefonteorrompus,
0~ les babitans de/a terresefont enyvrc* , i. est la
grande ville quirégnesurìa Rois de la terre, i S. 8t
«. les.
AVERTISSEMENT. 5+5
les eauxsur lesquelles elle cft assise -, sont les peuples Ó"
les naeions.qw íuy obéissent , if. Cette ville qui
est aussi la Prostituée est /a grande Babylone , la mere
des impureté^ de la terre 5 . & c'est encore la beste
aux sept testes, puis que ses sept tejies lònt les sept
montagnes fur lesquelles' la femme, c'est-à-dire, la
Ville;, efiajjifc ir.y.deíoúe, commeonl'a dit,
que La femme ou la Prostituée, la Beste aux íèpt
testes& la ville aux.íept montagnes , ou la Babylo
ne mystique ícmt la meíìne choie , fans encore exa
miner ce que c'est. Cela.estant suppose' , . l'Histoire
des dix Rois est ailée à faire , & consiste principale
ment en deux choies : l'une cp'ilsdonneront leur for
ce, leurpui{fance,y & leur Royaume à la Beste qui est
■aussi la-femmebu la Prostituée & Ja grande ville
ou Babylone , . ^. í 1 . 1 7. & que dans la fuite , ils
la haïront, la réduiront dans la dernière désolation , la
dépouilleront, en dévoreront lasubstance ouïes chairs ,
c'est à- dire, les richeílés & les Provinces, O4 If
ferontbrujler aufeu i jh 16. Ce qui &it qu'au :chapi^
tre X V 1 1 1. l'Ange s'écrie y cpekigratidc -ville de
S-abylone, c'est- à direenìnesmfc temps la. Beste 8c
Ja Proltituécauec laquelle les- Roií de la terre je font '
xorrompus, est\tombie v. ■L.defhlét par la famine*»
■ & bt uflée parlefeu , jfc. 8 . & c'est de quoy on loue
Dieu auCiel dans le chapitre XIX. parce qu'il a
condamnÁla^rande Prostituée quia corrompu laterrepar
faprostitutiàn,-fi i..Z\ - ' r.ì . ;;\' X *;* ;.» •'>
On voit d'ml coup d'oeil qúetoutrcela nôus repré-
féntelamefme a#ioíi & le mefme événement , 8c
úl pauòist sens difficulté qoe c'est la chute deRome ,
ainsi quaje Tay faiVvoir danilé Commentaiie >
fans qu'il soit icy besoin de le répéter. Laquestion
est maintenant si selon la prétention des Protestans
ce peut estre l'Egliíe Romaine: mais d'abord on voit
bien que non , par les principes des Protestans mef-
. mes j çar ilsdemeurerit d'accord que dans le chapi-
tréXy.II* .les versets où al est dit des Roisqu'ils ■
haïrontla Pfostituée-y Ittdefol&ontí ia brûleront., eti >
A6 AVERTISSEMENT,
ïevotéront la substance-, en pillleront les trésors,
en partageront lesProvinces , représentent au -vif la
chute de Rome sous Alaric ou Gensc'ríc, ou sous
tel autre qu'ils voudront avec le démembrement
d» son Empire. Car en effet c'estoit à l'Empire
que tous ces Rois en vouloicnt: cen'estoit pas l'E-
5lise Romaine qu'ilsdépouïUoient des richesses 8c
e la domination qu'elle n'avoitpas-, c'estoitl'Em-
pire Romain qujlsenvahiffoient, & ses Provinces,
dont ils faiíoient de nouveaux Royaumes. Les Pro-
teltaits en conviennent,& c'est de là qu'ils concluent
que le régne de l'Antéchrist commence alors , à
cause , telon Saint Paul , que cehty <pú tewoit, c'est-
à dire , comme iis {'interprètent , l'Empire Ro
main, fut aboli, it.Thess.II. 7. Mais de cette sor
te la Prostituée n'est<kmc ylus l'Eglise Romaine ,
& ne. peut estre autre chose que la ville de Rome
pillée, decagee, brûlée, dépouillée de ses Pro
vinces Sç, de son Empire par Alaric fie les autres Rois,
de sorte que la Prophétietks dix Rois qui -dévoient
désoler Romeaeûíafso. .;. . v
C'est doue dans Jcsystême Protestant une contra
diction manifeste áes'imagiaerencore une astre
chutede Babylone» St dix Rots encore une sois
acharnez contreelle^ cela est entièrement accom
pli. C'est une autre contradiction de Ceparer l'évé-
nemenc du- chapitre. XVII. d'avec ceky du
chapitre XV I I I. car c'est . manifestement la
mesme Prostitué*, la meíroe fielbe , la mesme
Ville , &. la mesme Babylone qui tombe par les
mesmés mains. Ce. qu'on ; décrit si amplement
dans le chapitre XV 11 1. «'«ft ce qu'on a pré paré , ,
& cequ'onadttenmokisdemotsdans le chapitre
X.V. II. ainsi tout est accompli :M n'y a plus d'autre ;
Babylone dont il faille sortit de nc-r.4./n ^ & en at
tendre la chute, comme font ks Protestais ; il n'y..
a.pius un autre mystère à, chercher ; & lorsque les ,
P,ròtestans sont convenus que le chapitre XVH,s'cn-.
tfivdoH dú^'rncirAhrePKm de l'Empire, ils onteux-
• »eûnes;
AVERTISSEMENT.. V4T
meímes détruit tout ce qu'ils ont dit de la corrup
tion & de la deíolation future de l'Eglise Romaine. *
II ne faut donc plus s'étonner si tout se dénient
dans leur système. On leur demande en quoy les
Rois Gots , Vandales, Saxons, François, & les
autres ou Payais ou Hérétiques, & preíque tous
oppresseursde Rome & des Papes , ont aidé TE-,
gliíè Romaine , & quelle puissance ils luyont donnée
pour établir son Empire. C'est en peu de mots ce
que j'objéctois dans le livre XIII. des Variations. Var/Jnij;
M. juneu répond: Voilà une belle difficulté four m 14-
frand auteur ! Et où a-t-iltrouvé que ces dix Rois de- x"j.j
"Voient donner leurpuissance à la Beste dés qu'ils commen- IOo,i.c<£
ceroient de régner ? Cela n'est pas dans le Texte dt Saint
Jean; cela est'sorti du cerveau de M. Bossuet. Qui ne
croiroit à voir ces airs dédaigneux & malhonne-
stes, que je me les fuis attirez par quelque extrava
gance manifeste ? Mais qu'on apprenne à connoi-
ítre M. Jurieu , & à íè convaincre icy que lors qu'il
est leplus méprisant , c'est lors qu'il est le plus foi-
ble: car que dit le Texte de Saint Jean odil nous
appelle? que dit-il dans la version de Genève mes-
me ì Les dix cornes /ont dix Rois , qui n'ont encore Apôc.
tommencéàrégncr , mais prendront puissance comme Rois XVII, ni.
tn un me[me temps avec la Beste. M. Jurieu & tous
les Ministres concluent delà que ces Rois- commen
ceront à régner , en démembrant l'Empire Ro
main , en mesme temps que commencera l'Empi
re du Pape Antéchrist. Poursuivons : Ccux-cy ont Ibîd. ij.
un me/me conseil, Ç$ ils bailleront leurpuiflànceÇS au
torité à la Beste> Voilà par où ils commencent ; & en
mcí'me temps que SaintJean leur fait prendre leur
puissance, il laleut fait communiquer à ce qu'il ap-"
pelle la Beste , quieít , lelonles Ministres, ''Egli
se Romaine ; & aprés cela on me demande où j'ay '
pris queces dix Rois devoifnt donner leur pui/ftnee à la
Beste dés qu'ils commenceraient à régner- ? Mais conti
nuons ; & aprés avoir appris de Saint Jean- , par où ;
ces Rois devoieuKornracncer, & comme- d'abord
P. 6- il*-
?4* AVERTISSEMENT.
ils aideroient la Prostituée ou la Beste > passons ou
tre ,& apprenons de luy-mefme que dans la fuite
Ibid. 16. ils la haïront : Les dix cornes que tu as vcùês , font
ceux qui haïront la Projlituée , & la rendront désolée ,
& la brûleront au feu -, mais ce fera , comme il
vient de dire , apre's l'avoir auparavant fayorisc'e , Sc
luy avoir donne leur puissance.
Etdepeurqu'onnes'imagineciue Saint Jean ait
renversé , quoy-que íàns raison , í'ordte des temps ,
Ibid. 17. jl va luy-meíme au-devant de cette chicane: Car,
pourfuit-il > Dieu a mis dans leurs coeurs qu'ils feront
ce qu'il luyplaifl, & qu'ils arreflent un me/me propos 9.
& qu'ils baillent leur Royaume à laBcjie, jusqu'à ce
que les paroles de Dieu fuj]ènt accomplies ; c'est- àrdire
manifestement, jusqu'à ce que la . Bestc.périsse, Sc
que l'heure de ion jugement íòit arrivée; & tel estoit
ion jugement, que par un conseil admirable de
Dieu qui tient en íà main les cœurs des Rois , les
rnefmes qui la haïssoient , & qui devoieut la détrui
re , fuflent auparavant íes défenseurs.
G'estcequ'onaveû arriver à la chute de l'Em-
Voyez pire Romain. On a veû que les Rois íês alliez tour-
l eïpl. du nérent tout-à- coup leurs armes contre elle ; & si
eh. XVII. m. Jurieun'apas voulu apprendre cette vérité de
BuIIing. Grotius Sí de Hammond , il auroit pu la trouver
com. in <jans Bullinger.
Apoc.nic. Que si au lieude l 'Empire on entend icy l'Egli-,
fè Romaine, on n'a plus besoin de demander en
quel temps ces Rois destructeurs dévoient commei^
ter á . l'aider , ou à la détruire , puis qu'ils ne l'ont
Ibid. ni aidée , ni détruite , ainsi queJVi. lune u k recon-
noist.
Mais, dit-il-, afin que ces itois soient dits véri-
Lítt. tablementavoir donné leur puislànce à l'JEgliíèRo-
XIII; maint, dest assez qu'ils l'ayent fait dans íeur pro-
fvicr. grés, quoy-qu'ilsue l'ayent pas fait au commen-t
cernent , ni plusieurs siécles aprés , parce qu'enfin
ce sont toujours les mesines Royaumes , comme le
Rhin&. les autres fleuves ne laissent pas d'estreles.
mesines
AVERTISSEMENT. u,
mesmesquedutempsde Céíàr , encore que ce ne
soient pas les mefmes eaux , parce que c'est le mef-
melit.
Paflons-luylacomparaisonpourlaFrance, pout
l'Angleterre , & pour l'Eípagnc ; mais le Dane
mark , la Norvège , la Suéde , la Pologne, l'E-
coste seront-elles encore de ces fleuves qui auront
commence' leur cours au temps du de'membrement
del'Empire; tyiutrebelle difficulté , dit nostreau- Ibid«
teur ! comme filesens de Voraclefvidemmentn'eftoitpds
que l'Empire ^ntichrejlien devoit toujours avoir fout
luy dix l(oyaumes , plus ou moins, ajoutons, qui lu/,
donnaslent leur puislance ; car c'est ce qu'il faut
trouver pour expliquer l'oracle de Saint Jean. Mais
où estoient-ils ces Royaumes qui dévoient estre
toitjours '-oùétoient ils durant tout le temps où les
François & les Anglois estoient Payens , où les
■autres Royaumes eltoient Ariens , où tous ces
Royaumes ensemble,de l'aveu de M.Jurieu,ne sonr
geoient pas-feulement à agrandir l'Eglise Romaine?
Ne luy tenons pas, tant; de rigueur ; exceptons
trois ou quatre cens ans de- son tcû)ours , & venons
au point où les Rois doivent enfin donner leur puissan
ce à. l'Eglise Romaine. Quelle puisiance luy ont-
ils donnée? La spirituelle., peut estre , gui e(l celle ïbldi
que Léon I.& sessuccesseurs commencèrent à s'arroger
fur toute l'Eglise.- Point du tout , car Saint Jean a
dit que ces Rois donneroient leur puissance ; c'est la
leur qu'ils dévoient donner , c'est-à-dire, ía tem
porelle , & non pas la spirituelle quin'elt pas â eux.
M. Jurieul'a bien senti -: c'est pourquoy , nous ne lbid. ioij
difons,pas, répond-il, que ce[oìt ces Rois proprement *
qui ayent donne au Pape leur primauté spirituelle ; ce
sont les Papes qui /'ont ujurpéefur les autres Evcjqucs.
Donc les Rois ne donneront pas au Pape la primau
té spirituelle , qui est celle qui proprement le con
stitue Antéchrist , selon les - Ministres. Mais luy
donneront-ils du moins la, puiflaucc temporelle ,
quiest yéwabtement lar7; leur ?.• OÙ,trouvera-t-ou
M« A V E R T I S S E M E N T.
dix Rois qai ayent donné aux Papes quelque puis
sance' temporelle ? Pour moy , je n'en coonois-
point avant Pépin & Charlemagne , plus de trois-
cens ans aprés Saint Léon ; & je oc trouve alors , ni
plusieurs siécles aprés , que lés Rois de Francequi
ayent fait aux Papes de pareils présens. Où font donc
tons les autres Rois qu'on veut faire prophétiser á
Saint Jean? M. Jurieu a tranché ce nœud, en di-
íant: llsufjit, pourïaccomplissement de soracle , que
dans lafuite les Rois tyentvstéaflè*fribles peurse laisser
arracherpar fEglise Romaine leurs biens temporels ©*
leur puissance temporelle. Luy donner , fclon Saint
Jean , leur puissance , n'efl autre tbose jkí la laisser
prendre. Voila cette prophétie du Pape Antéchrist
Î>lus claire & plus lumineuse que toutes celles où
e Saint Esprit a tracé & Jésus- Christ & son ré
gne. Hélas, que penseront de Jesos- Christ & des
Prophètes qui nous l'ont promis , ceux quincicf
connoistront que par les Ministres !
Mais aprésletemps où-les Rois donnent , il faut
encore trouver ceux où ils détruisent , c'eít-à-dire ,
qu'il íàut venir au temps de Luther , onze cens ans
aprés Saint Léon Sc la naissance de l'Antechrist r
pour trouver ces Rois ennemis qui attaquent diréc-
tement l'Eglise Romaine. Maisquajdestce que
s'achevera ce grand œuvre de íà destruction ? II faut
laisser écouler douze cens soixante ans , puis que
íbn régne doit durer autant. Est-ce ainsi qu'on fait
traisocr durant tant de siécles , ce que Saint Jean fait
marcher d'un pas si rapide, & n'y a t-il qu'à brouil
ler mille ou douze cens ans d'histoire, changer la
force des mots , & nou-seulement renverser tout
Potdre dé 1» Prophétie, mais encore ses propres pen
sées , pour faire direàrApocalypíe tout ce qu'on
voudra ì
C'est le desordre où l'ontombe nécessairement ,
en abandonnant le principe , & en s'éloignant de la
route. Pour
«kir que le jour > que les chapitres XYH • & XYM.
AVERTISSEMENT. w
ne sentqn'un mesme événement , & que la chute
de Rpmeavee le démembrement de (bu Empire en
font par tout le sujet , les Ministres ont tout confon
du. Ils trouvent l'Eghse Romaine où Saint Jean
déclare Iuy-mefme qu'il ne présente à nos yeux que
la ville & son Empire; ils trouvent de nouveaux
Rpis amis de Rome , Stco fuite ses ennemis, où
Saint Jean ne connoist que ceux qui en effet l'ont dé
truite au cinquième siécle ils trouvent laaaisiance
deTAmechrift dans un lieuoù il n'y en a pat une
feule parole ; & pour tout comprendre en un mot ,
ils trouvait une chute de Rome distincte de celle où
ils reconnoúTent eux-mefmes la dissipation de son
Empire: ils arrachent les paslages de toute leur fui
te ; ils mettent en pieecs!' Ecriture , & leur fystéme
n'est autre chose qu'une éternelle profanation . de
cette íaiute Parole.
Ainsi la première Beste des Protestans , avec leurs XXI î.
prérendus íept gouvernemens , dont le dernier est ■ lfi»fimsiir
celuy dti Pape , & fesdix Rois ennemis qui dévoient, j£sj™~
détruire l'Egliíè Romaine , est un amas de contra- r^l/r,
dictions? il d'impofltbilitez: mais le personnage XÌIII.&
qu'ils iota faire à celle que Saint Jean appelle l'autre frr la.fi-
ieste , n'est pas moins absurde. La dernière teste Befit,
de la première Beste estoit le Pape , dans lequel re. ^'Vf
ffuseitoiti"EropHe Romain blessé à mort. La se- "f"
coude Beste, c'est encore le Pape quifait adorée la Apoe.
première rkste ressuscitée , c'est- a-dire, toujours XIII.
íe Pape, Ceue Beste qui fait adorer la première i,1'"'
Beste , eu fait encore adorer l'imagc ; & cette P* Î~B"
, « . „ . , „ «> ' lin,.To
nnage cest encore. le Pape qui nest pas un vray, sepjuné.
Empereur , mais un Empereur dont l'Empire de, & Jur.
est imaginaire: . c'est de quoy sont pleins tous les furcej
livres des Interprètes Protestans. Ainsi ttttt autre J^f-de
Best», c'est la mesine Beste ; c'est le Pape qui fait ,Apoe'
adorer le Pape. A foccede vouloir trouver le Pape
partout s ou montre qu'il u'efrnulle part , & qu'eux
le cherchant, vainement sous toutes les figures de :
i'Appcalypst» , an nesonge qu'à contenter une hai
ne-
W AVERTISSEMENT,
neaveug/e; &• il faut icy remarquer que Saint Jean
ne dit en aucune sorte que la féconde Beste se lasse
Apôe. adorer elle-meíme , maisil dit , & il répète toujours
XIII. qu'elle fait adorer la première Beste. St la seconde
Beste, c'est le Pape, le Pape ne íe fait donc pas
adorer luy-mesinc , contre ce que disent tous les
Protestansi Mais qui fait- il donc adorer î La pre
mière Beste , íàns doute , comme dit Saint Jeá».
Mais est-ce la première Beste danstousíesEra»,
& Rome sous ses Consuls , fous ses Dictateurs-', íôús
ses Empereurs ì Le Pape les fait-il adorer ? L'osc-
t-on dire ? Qui fait-il donc adorer ? L'Empire
Romain dans fa septième teste , qui est luy-mef
me: ainsi il se fait adorer luy-mefme, &ii ne se
fait pas adorer luy-mefme. Est-ccla faire révérer
■ les Prophéties , ou les tourner en ridicule?
Pour éviter cette absurdité, que la seconde Beste
qui ne se fait point adorer , mais qui fait adorer la
✓ ' première Beste , soir la mefme que cette première
-. .' &quecelleàqui elle fait rendre des adorations $
. •. quelques Protestans ont trouvé qu'il falloir distin-
- - guérie Pape de la Papauté, on de l'Empire Papal»
Bu Mou- Du Mouliii a inventé ce dénouement : Le tape dit-
■n il , fait adorer la Hiérarchie Romaine & Papale , &
^t_t0" ainfi la seconde Beste fait adorer lâ première. Mais
pTi86. pourquoy est-ce que la seconde Beste ne sera pas aussi
Ibid. 17*. bien lá Hiérarchie Romaine que la première , ou
■•" ì* j pourquoylapremiérenesera-r-ellepaslePapecom'-
, '. '.. melaseçonde? ledémèílequi pourra: quoy qu'il
"! , en soit , ,0a n'a qûe cela à nous répondre. D'autres
•Protestans peu satisfaits d'une si vainc . subtilité ,
■j disent que l'Empire Romain refluscité, c'est l'Em
pire de Charlemague Sc des Empereurs François &
AllemansquelePape fait adorer, parce que c'est
r luy qui l'a établi. Mais comment , il fâit adorer à
toute la terre un Empire si-toit réduit á l'Allema-
fne toute seule : un Empire que le Pape mefme a
aiini4eRome&. del'Italic: un Empire dont , on
layíeprochequ'.il prétend pouvoir, disposer par . un •>
í... ' "-' droit
AVERTISSEMENT, jj)
droit toutparticulier , fans parler icy maintenant de
milleautresabfurditez, je le laisse à expliquer anx
Frotestans. s*
Sur la défense de vendre & d'acheter qu'ils mar- XXIII.
quent comme un caractère antichrestien , on peut Mfl'x'm
voir nostre Commentaire. Et pour le mot í"ten">hi-îtcmoS
& ce fameux caractère du nombre de 666. je n'en ^furlt
diray maintenant que ce seul mot ; c'est que Saint mmbrt
Jean se sert de ce nombre pour nous désigner le nom 666.
propre d'un certainhommeparticulier , comme on ^'le
l'a remarqué ailleurs : c'est pourquoy il dit exprès- x j^' j_
sèment que le nombre qu'on doit trouver dans ce^.t7.
nom est un nombre d'homme, c'est- à- dire, vrsible- Rem. fur
ment le nombre du nom d'un homme, du nom propre Ie ch-
d'une personne particulière, loin que ce puisse estreXI11, I°"
un mot qui comprenne également avec tous les Pa
pes, toute l'Egliíè Latine. Mais avec ces limitations
du sens de Saint Jean , on ne dit pas ce qu'on veut ; Ibid. î}8«
& du Moulin, pour se mettre au large , nous ap
prend que ce nombre d'homme est un nombré ufité
entre les hommes , comme s'il y avoit des nombres
qui n'y fuflentpas uíitez: mais c'est qu'une expres
sion si vague donnoit au Ministre la liberté de se
promener non-seulement par tous lesnoms propres,
mais encore par tous les mots de toutes lesiaiigues
où il y a des lettres numérales.
Le Ministre Jurieu explique autrement. II en- Mf« t. ft
tend par ce nombre d'homme un nombre qui ne soitpas Y
mystique , comme si les nombres mystiques u'e- *
stoient pas auffi à leur maniéré des nombres d'homme,
ou que les Pythagoriciens qui ont trouvé tant de
mystères dans les nombres , deuílent estre exclus
du genre humain. Mais enfin, poursuit le Mini
stre, c'est que Dieu a/es manières décompter , com
me quand ilsignifie nío. anspar 41. mois , & quand
il compte milleani pour un jour , ou unjour pour mille
ans. Saint Jean veut donc dire, selon luy , que le
nombre 666. contenu au nom de la Besle , & dans
íès lettres numérales , csl un nombre pur O" pmple dam
«5* AVERTISSEME NT.
la signification où les hommes ont accoutuméde l'empkyer.
Mais comment se pourroic-il faire autrement ?
Comment, dis- je, se pourroit-il faire que les let
tres numérales d'un nom ne composassent point un
certain nombre pur & simple? Quand un auteur,
& un auteur inspire de Dieu , dont toutes les paro
les pèsent, apporte des limitations à ses expressions,
c'est qu'il veut exclurre un certain sens où il suppose
qu'on pourroit tomber. Or qui pourtoit tomber
dans cette erreur , que les lettres nume'rales d'un
nom ne Fussent pas un certain nombre pur & sim
ple au sensque les hommes l'entendent ? Ce seroit
dire que les lettres numérales ne seroient pas des let
tres numérales, ou que le composé de plusieurs
nombres n'en fcroit pas un autre de mesine nature
xfn' » ^uoy'1llePrus grand. On voit donc bien que Saint
* Iï# jeannevisoitpaslà , quand il a dit que le nombre
dont il parlojt estoit un nombre d'homme ; visiblement
il a voulu inculquer ce qu'il venoit de dire au verset
Ibid. 17. précédent, que c'estoit le nombre d'un nom , & d'un
nom propre, htifcccrQ*, qui catactérisoit si préci-
íément un certain homme particulier dont il vou
loir parler , qu'on ne pourroit jamais le prendre
oonrunauerr. C'cítcc que nous aronsítûiívé dans
Voyez les le nom de Diodes , auquel , si l'on joint le titre
B.em. fur qui désigne un Empereur , on marquera tellement
duc" Diockfcien qo'it ne sera pas possible d'y trouver un
XlVl. autre Empereur , ni mesine uneautre personne. U
falioit donc proposer quelque chose de semblable
pour bien entendre Saint Jean , & la Beste seroit
alors, selon le dessein de cét Apostre , un homme
particulier dont le nom propre seroit connu par ses
lettres numérales , & non pas un individu vague ,
comme on parle dans lYcote, «n Pape indéfini
ment & en général, & encore un Pape mal dési-
gnd , puis que le mot de Latin ne le désigne non
plus que les peuples , les communauté! , & les per
sonnesqu'on appelloit autrefois, & qu'on pourroit
sncorc appeller du nom Latin , Lat'mi nominis ;
joint
AVERTISSEMENT. j«
joint encore icy que le Pape ne s'est jamais appeílé
Latinus Pontistx ; mais partout , & en une infinité
d'endroits , Homatuts Pontifex ; Homanus Episcoput »
Romarins eyíntijles ; afin que la déplorable applica
tion des Ministres demeure confondue de toutes
parcs.
Mais ['endroit où Teneur est le plus, visible est XXm
celuy où les Ministres taschent d'expliquer les j^^'tf_
ntío. jours > &, ce qui est h mesoie chose , a"nsjlr~
les quarante deux mois , ou les trois ans & de- \ts u60.
Uii de persécution dont Saint Jean parle en cinq en- jeun de U
droits de l'Apocalypse. M. Jurieu demeure d'accord persécution.
que si l'on prend icy les jours pour de vrais jours , Dmm-
J lorte
cn r — que les
i douze
j 7 cens soixante
r• •
jours r Jct}
composent RmllQn que
iBW.,„,
seulement trois ans & demi , c'est fait de tout le fy- ptHvent
siême. En effet , si l'Antéchrist n'est pas un seul pas estre
homme; si c'est une longue fuite de Papes , qui des années
au milieu de l'Egliíe doivent blasphémer contre cjfi"fJ",
Dieu, & persécuter les fidèles., on voit bien qu'il lf ™',íie„t,
estimpossible de faire rouler, pour ainsi dire, dans acc. I. p.
un si court espace toute cette grande machine: c'est eh. XVH.
pourquov les Prot5ÍÏ3R*°itçftéîC!îCra'ns <i'*voii- p.*ot»
recours à certainsjours qu'ils ont voulu appeller Pto- * - T'
phétiques , dont , selon eux chacun vaut une année..
Àiais il n'y a rien de si vain que cette invention : car
d'abord il est bien certain qu'àJa maniéré des autres
hommes les Prophètes prennent les jours pour de»
jourSj&lesannnées pour désarmées-Témoin ce nom
bre célèbre de 70.années où lérémie avoit renfermé J«t- il>i«ï.
le temps de la captivité de Babylone. Voilà tres-conr «2j*1??'"
ftammentl'usage ordinaire, íànsquele style pro- Méíc' se
phétique y ait rien changé. C'est en vain que les
Protestans allèguent icy d'un commun accord les
semaines de Daniel, puis qu'en Hébreu, le mot
de semaine, qui signifie seulement un compose en
général du nombre de sept , ne dit pas plus septjouis,
que sept ans , & que le sens se déterminepar les cir
constances. Cét éxemple ne fait donc rien à nostre
finet , où il s'agit de montrer , non point des ex-
jreC-
A V E R Yì S'S Ë'H Ë N T.
pressions qui soient communes aux jours & aux ans;
imis des passages précis où les joursibienr pris pout
des années. Or les Protestans n'en ont pu trouver
dans toute l'Ecriture Sainte que deux de cette natu
re-, & Cetrc signification est si éloignée r que lë
Saint Esprit dans tous les deux trouve néceíláire ,
en s'en servant de nous en avertir exprés. II faut
qu'un sage lécteuríe donne la peine d'entendre cecy,
afin qu'il connoisse une fois le prix de ces éruditions
xÏÏ'l protestantes. Ceux qu'on avoit envoyé pour visiter
la Terre Sainte employèrent quarante joursà la re-
conuoistre ; ils en firentun faux rapport au peuple,
qui les et» crut trop légèrement , & se mit à mur-
XIII. murer contre Moyse.: Pour puuir cesséditieux ,
Dieu ordonna qu'autant de jours qu'on avoit misa
reconnoistre la Terre, autant feroit-on d'années à
E&.Ch- IV" errer t}ans ,e dc^ert- fe vous renAray , dit le Seigneur,
'* chaque annéepour chaque jours , & z/ous posterez qua~
rante an; durant la peine de vos iniquité*. Voilà le
premier pastage. Dans le second , Dieu ordon
ne à Ezéchiel de íè mettre en un- état de souf-
íï£2££ . potfr íout ìe peuple cHsrâël durant un
■, certain nombre de jours , & en metme rémps
il luydéçlare que chaque jour fera, par rapport au
peuple , la figure d'une année , pour exprimer le
temps de son iniquité , ou de son supplice' : Je t'ayt
donne, dit-il, le jour pour année ; je t'ay , dis-je ,
donné, je te le répète , afin que tu l 'entendes , je t'ay
donné lejour pour année. .On voit dans les deux- en
droits où Dieu veut figurer les années par des jours,
qu'il s'en explique enfermes formels; & que dans
le second paslage il le répète par deux sois pour le
. faire entendre au Prophète : tant l'expreífion estoit
peu commune, & peu naturelle, Mais fans avoir
ìcy besoin de nous mettre en peine du dessein parti
culier de ces deux paflages dans les Nombres 3c
dans Ezéchiel d'où ils sont tirez, il faut venir à
Jteplic. 4u Saint Jean dont il s'agit , & voir si c'est ainsi qu'il
eh. X I. compte les jours. Or visiblement cela ne íè peut ;<ar
'*•'"" quóy
AVERTIES E M E N t 357
quoy qu'il ait voulufîgurer parcésistfo. jours , Med.497.
& par ces trois ans & demi , ce qu'on peut voir dans
flostre Commentaire : toujours est- ifbien certain ,
&ònen convient , que dans les endroits où il en est
parlé , il regarde un partage de Daniel j où la per-
sécutiond'Aiuioehusest renfermée dans Iemesme
terme ì c'est donc visiblement de cét endroit de Da
niel qu'il faut prendre la véritable signification des
trois ans & demi de Saint jeah , puis que c'est là
quéregarde.cét Apostre ; & la chercher dans d'au
tres passages que Saint Jean ne regarde pas , c'est Acc. des
abandonner le vray principe de l'interprétation , & ^rop^j" ■
chercher à frcimper le monde. Or il est constant ^ i'ii.
dans cé: endroit de Daniel , & les Ministres en con- x v I f L
viennent, que les jours sont de vrais jours , & non 8cc,
pas des ans ; autrement Antiochus un leul Frince
auroit persécuté le- peuple de Dieu plus de mille
deux censíòíxanteans ; par conséquent chez Da
niel chaque an est un an véritable , & non pas 5 60.
ans, & ainsi trois ans & demi font vraiment trois
áns& demi sàns qu'il soit permis de sortir de cette
idée. C'est donc la mesme chofê dans Saint Jean ; Sc
lors qu'on nous allègue des jours prophétiques,dout
chacun emporté une année, commesiD.niel que
S.Jean suivoit n'estoir pas du nombre des Prophè
tes, ou que ce fùst le style ordinaire des Prophéties
de prendre lesjours pour des années; c'est avec -eje ^ J^t
grands cfForts ne chercher qu'à éblouir lesignorans . J"^u
Lors qu'on force le sens naturel , & qu'on prend Minifirt
des notions écartées , on est sujet à ne les pas suivre, du Moulin
& mesme à les oublier. Du Moulin , comme les s*t I'
autres Ministres , veut que les jours dans Saint Jean <f*>iì(>Q.
soient de ces prétendus jours prophétiques dout 1""'''
chacun est une année. Maisfurle chapitre XII.
fa bizarrerie est extrême , puis qu'au lieu que par
tout ailleurs les 1 160. jours sont 1 ico. ans ; icy »
où ce nombre se trouve deux fois ce sont des jours
naturels qui composent trois ans íc demi , ni plus ni
iBoinsî mais c'est qu'U n'a pas plu à du Mou-
liu ,
?5« AVERTISSEMENT,
lin , on ne sçait pourquoy , que le Pape íê ren-
contrast dans ce chapitre XII. où tous les autres
Ministres le trouvent plus présent qu'ailleurs ; de
forte que n'ayant que faire de ses prétendus jours
prophétiques , il est revenu naturellement â la
signification ordinaire des mots. Cependant) si le
Pape n'est pas là , on ne sçait plus où il est: si fous
quelque autre que luy le dragon a voulu engloutit la
- femme , c'est-à-dire , l'Egliíê , l'a poussée dans
le désert, l'y a tenue si cachée qu'elle ait disparu de
dessus la terre , comme on prétend qu'il arrive au
chapitre XII, ce pourroit bien estre aussi un autre
qUe luy qui persécute les témoins au chapitre XI.
un autre qui blasphème au chapitre X I IL 8c qui
périt aux chapitres XVJI. 3c XVII I. Et pour
* revenir aux ntío. jours, si de cinq passages de l'A-
pocalypse où on lestrouve , il y en a déja deux , où|
de l'aveu de nos adversaires, ce ne íònt pas des an
nées, c'est un préjugé favorable pour les autres , puis
XXVI. queSaint Jeana tenu par tout un mesme langage.
Plus gros- Le Ministre Jurieus'oublie encore plus icy que
trZd'aìôn du Moulin , & il tombe dans unecontradiction si
du Mini- manifeste que feule elle suffira pour l'humilier , s'il .
stnju- est capable de sentir ses égaremens : car d'un coite'
rieusurlt il suppose toujours dans ses Préjugez , dans son
mesmesn- Accomplissement des Prophéties , & dans ses au-
Jjjjj i. p. trcs ouvrages , qu'on trouve le Pape Antéchrist , &
eh. V. p. 'a durée de son régne dans le chapitre X I I. de
90, V I. l' Apocalypse comme dans les autres ; & dans les
p. 108. trois ans & demi que la femme , qui est l'Eglise,
^"xvi? doit passer dans le désert, tout cela pgm'fie, dit-il ,
P.Î94.&C.' Période deU durée du Papisme ; Sc voilà bienfor-
Lett- " mellement le Papisme & sa durée au chapitre XII.
XVII-de Mais d'autre part il l'en exclut en termes aussi for-
la i. an. p. mels , puis qu'il ne trouve dans ce chapitre que les
C^'des quatre cens premières années de l'Eglise: ainsi, de
sous n.35. bonne fby , ilnesòngeoitplusà ce qu'il a dit par;
ibid.ch. ' tout ailleurs ; car dans le lieu qu'on" vient de mar
quer où il fait l'analyse du chapitre XII. il nous
AVERTISSEMENT. ;;9
aptncnd que ce chapitre contient l'histoire de quatre 1 !• !»• «i
cens ans feulement : Nous avons, dìi-i\ , dans et cka- fí-j ' .
fitrel'hijloiredel'Egifcjusqu'à la fin du quatrièmesic- *bu,,5,í?»
de , ou au commencement du cinquième ; cependant ,
comme on vient devoir, on trouve deux ibis dans
ce chapitre l'eipace de 12 <So. jours ;& ù au compte
des Ministres & de M-Jurieu , ces jours sont des
années > ce sera quelque chose de bien nouveau de
placer douze cens soixante ans dans une histoire de *
quatre cens * ou un peu phis. Mais le Ministre ne le
dit pas pour une sois , il répète encore un peu après , Ibid. i|j
que Saint Jean ne donne qu'un chapitre , (qui est le XII.)
à la première période de TEgliJe de 400. ans. Mais de
peur qu'on ne nous objecte qu'il se sera peut-estre
mépris dans les chifres , voyons tout ce qu'il ren
ferme dans« premier période de temps. Ilyphu *
<e premièrement trois cens ans de persécution ; en
iuitel'Arianisme& les victoires de l'Egiiíe depuis
Constantin juíqu'i Theodose le Grand , c'títíà-
dire, jusqu'à la fin du quatrième siécle. C'est donc
«ne choie bien déterminée dans I'eíprit du Ministre,
que le chapitre XII. ne Contient l'histoire que de
quatre cens ans , & il a parfaitement oublié que les
1160. jours dévoient estre 1 1 60 . années. Quand
il voudroit dire icy , malgré tant d autres endroits
de ses ouvrages , qu'il renonce à trouver dans ce cha
pitre le prétendu régne du Pape , on ne sçauroit plus
fur quel pied il faudroit prendre les 1 160. jours ;
car, niceneseroitdesanuées, puisque nfio. ans
ne pourroiem teuir dans quatre cens ; ni ce ne serok
des jours naturels , pnis qu'ils ne pourroient jamais
faire que trois ans & demi : de forte qu'on ne fçaura
Î)lus fur qu'elle régie nostre Apostre aura formé son
angage; & qu'enfin il faudra dire, non-seule
ment que Saint Jean ne parle pas comme Da
niel qui est en cét endroit son original ,',mais encore
que SaintJean ne parle pas comme SaintJean mesine.
Eveillez-vous donc , mes chers frères , du moins XXP7U],
•aux. coaHadictioas si visibles de vostre Prophète. í»««r-s
Mais
%to AVERTISSEMENT.
iaitt/wx Mais voiçy bien un autre inconvénient. C'est qu'en
^'tUi" accorc'ant * vos Ministres tout ce qu'ils demandent,
Tmrssmt * en Prenant comme ils veulent les jours pour an-
des années, nées, afin de donner á Ja prétendue tyrannie du
Vembarras Pape les douze cens íoixante ans dont ils ont besoin ,
nefait ils ne sçauroient encore où les placer. Carpuis que,
9« selon leurs principes , le prétendu Antéchrist doit
lì'l'ésca naistredans le débris de l'Empite, c'est-à-dire ,
■vem «*pu- au cinquième siécle ; & comme ils le fixent à pré-
tttímn sentaux environs de l'an 4s 5. sous Saint Léon ,
jk6o. ms. c'est à ce terme qu'il faut commencer la persécution
antichrestienne , la guerre faire aux Saints , &lcs
blasphèmes de la Eeste. La démonstration en est
claire, puis qu'il est constant dans Saint Jean que la
Apoc XI. Cité sainte est foulée aux pieds ; que les fidèles sont
1. j. «II. dans l'oppression ; que la femme, qui est l'Egliíè ,
Xm 6 est dansle descrt.& quelaBeste Blaphême & fulmi-
' ''' ne contre les Saints durant tout le temps des 1160.
jours qu'on prend pour années. U faut donc trou
ver dans la Chaire de Saint Pierre & dans l'Egliíè
Romaine, à commencer depuis Saint Léon, 1160.
ans de blasphème, ce qui fait horteut à penser , &
n'est pas feulement une impiété , mais encore une
fáufleté criante.
Ce blasphème qu'il faut trouver dans l'Egliíè
Romaine ne íè doit trouver dans toutes les autres
Eglises qui communioient avec elle, c'est-à-dire,
dans toutes les Eglises Catholiques : car on convient
qu'en ce temps du démembrement de l'Empi»
jee, elles estoient toutes dans íà communion; de sor-"
te qu'il faut ttouver tout ensemble dans la mefme
société & la catholicité & lç blasphème , ce qui
ajoûte l'abíurdité à l'impiété & au mensonge.
ï M" k' afin qu'on sçache quel est ce blasphème
fi 'es fine* 1u faut att»kuer i l'Egliíè , nos adversaires .
d'imputer s'en expliquent , & soutiennent que c'ell le plus
l'Matrie gtand de tous les blasphèmes , c'est- à-tlire , l'ido-
Jj'Egiise latrie: de forte qu'il faut ttouver le régne de Fidola-
ff'"' trie dans l'E<;lise du cinquième siécle,& désle temps
■mts"c,ti dugcaudSaintLéon. 11.
AVERTISSEMENT. %6t
II faut mesme le trouver devant , puis qu'on met IMde
cette idolâtrie antichreltienne dans le culte des Saints 50I> S01*
& de leurs reliques. Or on établit ce culte , &
mesme l 'invocation t!es Samrs, des le temps de Saint
Basile, de Saint Grégoire deNazianze, de Saint
Ambroiíe, de Saint Chryfostomc ; puis qu'on fait
ces grands Saints , & avec eux tous les autres de ce
siécle, non- feulement les complices, maisencore
les instigateurs Sc les auteurs de cette idolâtrie anti-
çhrestienne.
C'est ce que fait Joseph Méde en termes formels ; J°£ "edì
c'est ce que fait en trente endroits M. Jurieu. C'est ^e jj
Saint Basile , c'est Saint Chrysostome, c'est St. Am- ann. p.i6«
broise, c'est Saint Grégoire de Nazianze , c'est Saint 17.
Augustin , c'est Saint Jérofme , c'est tous les Pères »-P-
de ce temps-là qui ont fleuri au quatrième sie'-
de , qu'on fait les auteurs de cette idolâtrie qui
constitue l'Antechristi
M. Jurieu ne s'émeut pas de toutes ces choses ; pf^jsî.
&aprés avoir établi en termes formels le culte & s,prlf$fi.
l 'in vocation des Saints dans le quatrième siécle , il tìm du
íè fait cette objection íous le nom des convertis : Ministre
Quoy qu'il en soit, diíent-ils, vous avoiëz que l'invo- Jurím,
cation des Saints aplus de douv cens ansfur latefle: cela ^j*"J7' .
tievousfait-il point de seine í Et comment pouvex-wus p_
croire que Dieu ait lai^érepoferfòn Eglise fur l'idolatrie
durant tant desiécles ? Voilà l'objéction bien claire
ment proposée ; mais.e'est afin de montrer un mé
pris encore plus clair d'un siécle si íaint : Nous répon
dons , dit-iì, que nous nesçavons point refpéBer tantiquité
fans vérité.'Ex un peu aprés: Nous apûtons que nous ne
sommes point étonne* de voir une fi vieille idolâtrie dans
CEglisetpareeque cela nous a ejleformellementprédit.' 11
allègue pour toute preuve deux partages de St. Jean
qui nefflnt rien, comme on verra , selon luy-melme,
&c il finit par ces paroles lafemmec'eft- à-dire,/'Eglise,
doit eflre cachée dans un désert 1 1 6o.jours quifont autant
d'aimées : il fautdonc que l'idolatrie régne dans l'Eglise
Chrefìiem iztfo. ans. Voilà comme on tran- -,
che
ï6i AVERTISSEMENT,
cne les dirricultez dans la nouvelle Reforme ; & on
lie peut plus dite maintenant que cette idolâtrie pré
tendue ne fust pas publique, &entiércment établie,
puis qu'on est contraint d'avouer qu'elle estoit
régnante.
XXX. Ecoutez-moy icy encore une foi» , mes chers fre-
ri»°*f'ni resà qui on adresse ces blasphèmes: est il possible
lire i'h-' 1l,c °cs exc*s fi insupportables ne vous faslént
fii». jamais ouvrir les yeux? Pour diminuer J'horteur
que vous en auriez si on ne takhoit de les adoucir ,
vostre Ministre vous dit que l'idolatrie & TAnti-
christianismè qu'il objecte aux Pères du quatrième
& du cinquième siécle , n'estoit qu'une idolâtrie &
un Antiebristianisme commencé: c'est déja une
étrange Impiété d'attribuer à l'Eglise & à ses Saints
~1 dans les siécles les plus illustres cette idolâtrie & cét
Antichriílianiírae commencé , puisqu'en quelque
ç'eat que l'on considère uu si grand mal, il eít con
stamment toujours mortel: mais vostre Ministre
ne s'en tient pas là,&-il vous fait voir dans des temps
fi£àints& dans les plussaints hommes qui y floris-
soient , une idolâtrie & un Antichristianisme ré
gnant... - •- j»v-v-v. ; , : -3,;;;ib , i
Arrestezvousicyunpeu de temps , mes chers
frères , à considérer les artifices de vostre Ministre,
Var.Uv. Je luy avois objecté dans l'Histoire des Variations
^ 1 1 h combien il estoit horrible , de faire d'un Saint Léon
ïo.etsiiiv. & des autres Saints des Antéchrists, c'est-à-dire ,
ce qu'il y a de plus éxécrable parmi les Chrestiens.
J'avois relevé les trois caractères où ce Ministre a
établi son Antichristianifme prétendu, qui sont dans
les Papes 1'uíurpatioii de la primauté Ecclésiastique,
la corruption des mœurs , & l'idolattie : trois abo
minables excés , qu'onnepeutimputeraux Saints
íàns blasphémer, J'avois mesme pouílé plus loin
mes réflexions , & j'avois dit ce qui est tres-vray ,
qu'on ne pouvoit trouver ces trois excés dans Saint
téon , fans estre obligé de les attribuer aux Pères du
quatrième siécle.»: ou oii crouvoic ks mesmes clio- -
íès
A V E R T I S i E M E N T. 3tf5
ses qui font faire de Saint Léon un Antéchrist ,& je
m'attachois principalement à l^dolatrie comme à
{'exécration des exécrations dont la moindre tache
effaçoit toute sainteté dans lEglise. J'ay objecté
toutes ces choies en quatre ou cinq chapitres que
vous pouvez voir ; ils nc tiennent que sept ou huit
pages , & c'est íur cela que vostre Ministre a entre
pris de vous satisfaite : mais vous verrez aisément
qu'il ne fait que vous amuser , dissimuler les dissi-
cu'tez , & augmenter les erreurs.
Laiflous à part ses manières dédaigneuses & insul
tantes,- fi je tes ay relevées , c'est pour l'amour de
Yous , afin que vous connussiez un des artifices , dont
on se sert pour vous tromper: c'est aflez que vous
l'ayez vea , n'en parlons plus. Mais voicy l'impor-
tant & le sérieux : Vexclamation de M.Bojjuetefi à Lett.
peu prés aujji- bien placée quesi je la mettoisaprés ce que x 1 J
jevais dire: les phtisies, les hydropifi'es ,& cent autres P-9S'
maladies tres-mortalles ont des commencemens insensibles,
c'est une indigestion d'estomac , quelque dérèglement
dans les humeurs , quelque duretédans lefpye , quelque
intempérie dans les entrailles , qui dans le commencement
n'empefchcnt pas de boire , de manger , d'aller à la
chaste ty à laguerre ; la maladie augmente , O4 met le
patienta l'extrémité. Vnhabile Médecin jefait instrui
re despremiers £J desplus stmptes accìdens de la mala
die: U en marque le commencement , & l'origine du
temfs decespremières intempéries , qui n empefchoient
le malade d'aucune deses fondions. Vn homme comme
M. Bossuet luy diroit , II faut avoir beù la coupe d'as-
soupistement , pour renfermer dans lepériode d'une mala
die mortelle dessemaines & des mois dans le/quels on beu-
1>oit , on mangeait bien , onmontoit à cheval, on cou-
toit le cerf , on se trouvoit dans les occafìons. Certaine
ment l'lAntiçhristianisme est cela mefme ; c'efl une mala
die mortelle dans l Eglise , elle a commencé dés le temps
destsljpoflres. Dés l'agle de Saint Paul le mystère d'ini
quité se mettoit en train ; l'orgueil & l'afsehation de la
préséance ejhient lespremiers germes de la tyrannie; le
Q^t servi-
3á4 AVERTI S,SEMEN T.
service àes^Axges que l'^Apofre condamne ejioit le com
mencement de l'idolâtrie : ces germes couvèrent durant
plusieursfiecleï , O* ne "vinrent à éclorre que dans le cin
quième siécle. Ce monfirs ne vint pas au monde tout
grand; ilfut petit durant ùn long-temps , & il pafft
par tous les degrez d'accroissement . Pendant qu'ilfutpe
tit , il ne ruina pas /' essence de fEglise. Léon ©" quel
ques ftns defes succejjèttrs furent d'honnestes
BENS) celafc peut , autant que l'honnefieté & lapiété'
jont compatibles avec une ambition excejjive. .. Ilcfl*
cet tain auffi que deson temps l'Eglisefe trouva ïori
avant engagée dans l' idolâtrie du culte
des cératures , qui efl un des caractères de l'^ntichri-
ftianifme ; C bien que ces maux nefuient pas e n c °"
xeextre'mes & ne fujjent pas tels qu'ils
damnassent laperjonne de Léon , qui d'ailleurs
ávoit de bonnes qualitex , c'ejloit pourtant djjez. peur
faire les commencemens de l'^ntichriflianifme.
J'ay rapporté au long ces paroles , parce qu'elles
expliquent txes-bien & de la manière la plus ípécieu-
íe leíèntiment des Protestaus : mais il ncfaut que
deux mots pour tout renverser. Ces commence-
inens d'idolâtrie & d' Antichristianisme , qui n'em-
peschoient pas Saint Le'on d'estrefcowie/k homme, 8c
qui enfin ne le damnaient pas , estoient-ce dés com
mencemens de la nature de ceux qu'on remarque du
temps des Apostres lors que le myftére d'iniquité je
mettott en train ? Si cela est , l'Auticbristianisme
çstoit forme' deílors comme depuis dans Saint Léon,
& ks mille deux cens soixante ans du régne de }'An
téchrist doivent eíhe çornmencej&du temps de Saint
Paul. Les Ministres ne le diront pas, carie terme fe-
roit écoulé ily a déja plusieurs siécles. Ce n'estoit donc
>as en ce sens que St. Léon estoit l'Antéchrist, c'étoit
'Antéchrist formé ; bien plus, c'estoitl'Antechiïst
rognant , car le Ministre nous vient de dire que l'i-
dolàtrie , qui est un des caractères de l'Antichristia-
niíine, devoitrégner dans l'Eglise durant les mille
deux cens soixante ans , qui commencent , comme
AVERTISSE M E N T. j<f< '
on a veû , au quatrième siécle , $c on pre'tend que
Je mal s'est augmenté íòtis Saint Léon , jusqu'àfai-
rc de ce saint Pape , sans rien ménager , un vérita
ble Antéchrist. Voilà donc {'Antéchrist formé , ou
mesme l'Antechrist régnant, un honnejle homme ; &
pour ne pas dire que c'cstoit un Saint révéré de tou
te I'Eglisè& de tous les siécles , c'est du moins uu
homme qui n'ejl pas damné.
Si on ne sent pas encore l'absurdité de cette pen
sée malgré les belles couleurs & les riches comparai
sons dont on tasehe de la couvrir , il ne faut qu'en
tendre Saint Jean , qui nous apprend que durant
1 160. jours la ville sainte fut foulée aux pieds; les Apoc. Iî.
deux témoins persécutez jtisqu'àla mort ; lafem- y£°c;
me enceinte poussée dans le désert ,& la guerre dé-
claréeaux Saints. C'est dés le commencement de xili. 5.6.
ces jours que la Beste commence à blasphémer con
tre Dieu, contre ion laint nom , contre le Ciel &
ícs Citoyens ; & durant tout le cours de ces jours
malheureux les blasphèmes ne sont point interrom
pus. Toutcelaa deû commencer du temps deSaint
Léon,& a deû durer fans interruption 1 1 60. ans ,
fi les jours, qui sont des années, commencent fous
ce grand Pape. Qu'on nous diíè comment des
blasphèmes vomis contre Dieu , la guerre déclarée
aux Saints, & l'Eglise foulée aux pieds n'empe-
schent pas , je ne <hray plus qu'on ne soit saint ,
puis que le Ministre ne veut plus donner un si beau
titre à Saint Léon , mais qu'on ne soit honneste
homme, & qu'on n'évite la damnation.
Le Ministre voudroit bien pouvoir éxcmpter l'E
glise Romaine de ces attentats affreux du temps de Lttt.
Saint Léon & de Saint Gélase , sous prétexte qué x 11 JJ*
l'Antechrist peut n'avoir pasfait en naissant tout le mal "'
qu'il asait dans Ufuite; mais Saint Jean est ttop ex
prés -, il fait trop formellement commencer la per
sécution & les blasphèmes au moment que la Belle
paroist; il les fait durer trop évidemment durant
tousses jours: il faut enfin trancher le mot ,8c
Q__j ' . * avouer
jí<f AVERTISSEMENT.
avouer que l'Eglise commença dcjlors , c'est-à dire ,
Ibid. íbus FAntechrist Saint Lc'on , à blasphémer contre
Dieu *V contreses Saints: car osier à Dieu son vérita
ble culte pour enfaire part aux Saints , c'est blasphémer
contre eux. Si Saint Léon elt exempt de ces blasphè
mes, il n'est donc pasIaBeste de Saint Jean ; s'il
L'estj quelque jeune qu'elle (bit encore, elle elt in
fâme & horrible , blasphématrice & persécutrice
des qu'elle paroist ; autrement Saint Jean s'est trom
pé ,& il ne faut plus donner de croyance à íes Pro
phéties.
On voit donc bien maintenant combien font vai
nes les comparaisons dont le Ministre éblouit 1c
monde: il y a des dispositions à Thydropisie & à la
phtisie , qui n'empeíchent peut-estre pas absolu
ment la santé , parce qu'elles ne dominent pas en
core asiez pour faire une hydropisie ou une phtisie
formée: mais on ne dira jamais que ia phtisie Sc
1 hydropisie déja formée soit autre chose qu'une ex
trême Sc funeste maladie. Qu'il y ait des dispositions
àl'Antichustianisme qui ne lòient peut-estre pas
cout-à-fait mortelles , cela n'est pas impossible!
mais que l' Antichristianisme formé , c'est-à-dire ,
le blasphème Si l'idolatrie formée , ne soit pas d'a
bord un mal mortel & un monstre éxécrable dés le
premier jour, c'est brouiller toutes les idées , & il
ne reste plus aux Ministres que de faire des blas
phèmes , une oppression , une idolâtrie inno
cente.
Ibid.p.95. Mais, dit-il , l'idolatrie avoit commencé dés
1. col. le temps de Saint Paul, & cét Apostreenreprenoit
le commencement dans quelques Asiatiques qui
adoroient les Anges. II est vray ,• mais aussi que dit
ColoíTlI. Saint Paul de ces adorateurs des Anges ? Qu'Ut ne
T9" fontplus attachez à celuy qui est la teste & le chef ,-
c'est-à-dire, à Jesus-Chnst , d'où nous •vient /'influen
ce de la vie : voilà comme cét Apostre traite ce
commencement d'idolâtrie. Si celle que Saint Léon &
les autres Pères ont autorisée estoit de cette
nature ,
AVE R.T I S 'S E M E N T. 3*7
nature , ils estoietit dcíTôrs séparez de Jefùï-
Chrirt. •
Mais il four remonter plus haut que Saint Le'on. Var.XIIl.
J*ay demande au Ministre qu'il nous morrtrast dans *?•
ce grand Pape ou dans les auteurs de son temps , au
íujet des Saints , quelque chose de plus ou de moins
qu'on n'en trouve au quatrième lìe'cle dans Saint
Ambroise, dans Saint Basile, dans Saint Chryfo- ^
(tome, dans Saint Grégoire de Nazianze , dans
Saint Augustin : il ne fait pas seulement semblant de
m entendre , & il ne die mot , parce qu'il soaic bien
qu'il n'a rien à dire. 1
Tasehons de suppléer à ce defaut. Dans les temps
de Saint Léon le Ministre avoit choisi Théodoret ,
comme celui dans les paroles duquel le faux cuite des Acc. s. p,
Saints O* desseconds intercesseurs ejloit (ì tien formé.' P-
Ecoutons donc les paroles d'un si sçavant Théolo
gien ,& voyons comme il a parlé aux Gentils fur Serm.
les Martyrs : Nous n'en faisons pas des dieux comme JfL' 1 '•
r j. l. ' ' 1 cr* ■ 1 a Martyr. p.
vousfaites de nos morts : nous ne leur offrons m des effu- „^
fions , ni dés sacrifices ; mais nous les honorons comme &c.
des serviteurs de Dieu , commefis Martyrs , C comme
ses amis. C'est ce qu'avòient dit avant luy tous les
autres Pères. Que s'il appelle leurs Temples ceux
qu'on érige à Dieu en leur mémoire , ce n'eltoit
pas pour en faire des divinitez , puisqu'il venoit de
détruire cette fausse idéê , & qu'il ajouste inconti
nent après , qu'tw s'ajfembioit dansrcs Temples four y
chanter les louanges de léur Seigneur : enquoy ii ne dé
génère pas des Pères les prédécesseurs , puis que
Saint Grégoire dçNazianze avoit parlé comme- luy Orat. III.
des maisonssacrées
Martyrs: mais ilqu'on
avoitoffroii comme m quet'estoit
aussi ajousté, présent aux S™^™lan"
le Dieu des Martyrs qui les recevoit.
T'avois donc eû raison de conclure , qu'avec là? Var. XÏIïï
mesme raison qu'on employé à faire un Antéchrist- î
de Saint Léon , on en auroit pu faire autant de
Saint Augustin , de Saint Basile , & des autres Pé~
res du quatrième siécle : qu'illeur falloit faire corn-
Ci^ mencer
3<8 A y E R T I S S E M E N T.
mencet lès blasphèmes & l'idolâtrie de la Bestc , &
que rien n'eu.empeschoit , si ce n'est que les 1160.
aniseroient expirez trop toit : cela estoit con
cluant , & aussi u'y a-t-on rien opposé que Ic
• silence.
J'avois parlé de Iameíme sorte de la primauté' du
Pape,& j'avois demandé qu'on me montrast que
^ Saint Léonen eust'esté plus persuadé que íes prédé
cesseurs , en remontant , íans aller plus loin , jus
qu'au Pape SaintInnocent.il n'y àvoit pourmesatis-
fairequ'alirc vingt ou trente lettres de cesPapes y Sc
á me montrer que Saint Léon eust dit de sa primauté
quelque choie de plus ou de moins que ces grands
IbiJ. 99. hommes. On me dit pour toute réponse , _qu.'mi
de nos critiques a écrit que Léon avoit poussé plus
loin que les autres les prérogatives de son liège : mais
ce critique parle- 1- il de la prérogative essentielle ,
qui est celle de la primauté , ou de certains privilè
ges accidentels qui peuvçiit croistte 011. diminuer
avec le temps ? qu'il le demande à cét auteur -, il luy
répondra que la primauté est de droit divin , & éga
lement reconnue patries prédécesseurs de Saint
Léon , & pat luy-meíme. Le Ministre ne veut donc
encore qu'amuser le monde par ces foiblcs alléga
tions ; & cependant il dit tout court , fans en appor-
Ibid. tet.Ia moindre preuve : La tyrannie desEve/que de
Rgwe ejìoit inconnus avant Léon. Saisit Léon est donc
le premier tyran qui se soit assis dans la chaire de
Saint Pierre : les tyrans sont devenus honnestes gens ,
& la tyrannie > mesme accompagnée de l'idolatrie ,
ne damne plus.
Et íàns entrer dans la dispute de la primauté; si
c'est un caractère d'Antéchrist que Saint Léon ait
esté reconnu au Concile de Calcédoine comme le
Epist. ad chefderEglise& du Concile , ce caractère avoit
Léon. &c. commencé dés le Concile d'Ephcse où les Légats de
Saint Célestin diíènt hautement , avec l'approba-
J?8"c- tion de tous les Percs : Nous rendons grâces au Saint
jP ■ & vénérable Concile, de cc que tous lessaints membres
AVERTISSEMENT. ?<p \4,
qui le composent par votsaintes acclamations se font unis
avec leur saint Chef > voflre Sainteté n'ignorant fas
que Saint Pierre eji lèches de la foy O" des tyípo-
Jfres.
Qu'on me montre enfin que Saint Le'on ait ja
mais 1 ien dit de plus magnifique fur la primauté da
son siège que ce qu'en dit Saint Innocent lors qu'il
répond aux Conciles de Carthage & de Milevi , qui
luy demandoient la confirmation des chapitres Int- fy-
qu'ils avoieut dreflez fur la foy ; qu'ils s'estoient 91*
aquitez de leur devoir , en recourant, comme ils
avoientfait, au jugement du chef de leur ordre ,
íelon qu'il estoit prescrit par l'autorite divine, & le
reste qui est connu de tout le monde. Sur-quoy ,
loin de luy re'pondre qu'il s'estoit attribué trop -
d'autorité, Saint Augustin répond au contraire ,
qu'il avoit parle' comme il convenoit au Prélat du
íiege Apostolique.
Rétablirions donc hautement les conséquences
de l 'Histoire des Variations que le Ministre a tafché
de détruire , & concluons que de faire un Antéchrist
de Saint Léon ; de dire avec les Ministres que
l' Antéchrist ait esté dans ce saint Pape , au lieu de
dire avec tous les Pc'res que c'est Saint Pierre & Je-
íus- Christ mefme qui ont parlé par fa bouche , & de
faire commencer íòus luy les blasphèmes , la ty
rannie & l'idolatrie de la Beste , c'est le comble de
l 'extravagance., & non- seulement une. fausseté ,
mais encore une impiété manifeste. wv
En vérité , mes chers frères , il n'est pas possible
que vous envisagiez distinctement ce que vos Doc- y/„ {txilit
teurs sont obligez de vous dire pour trouver au qua- le commen-
triéme siécle leur idolâtrie prétendue dans l'Eglise tentent 4e
deJesus-Christ. Pourricz-vous entendre fans hor- j^*'"'
reur ces paroles de vostre Ministre? Durant pris de ^fîr'at'ti
trois cens cinquante ans , dit.il, on n avoit oui parler qUt Dieu
d''aucunmiracíe faitpar les reliques: mais fous le règne fait' pmr
de Julienl'^Apoflat , le Martyr Babylas , enterré dans cmfinJrt
unfauxbw.rgd'-yîntiecke appelle Daphnc, cèntttns aprc's fe"^ u
Q. 5 ía
37o AVERTISSEMENT.
jur.Acc.i. fatnort, s'avisa defaire des miracles. Desparolesíî
1. ch. X I. me'prisantes don: on traite les Saints Martyrs ne
P- 103- voqs ouvriront-clles jamais les yeux ? Mais on n'a
ose vous tout dire , de peur de vous faire voir trop
d'impiété dans le discours que vous venez d'enten
dre: on vous a teû que ces miracles du Saint Mar
tyr Baby las, dont on íe moque , avoient esté faits
pour confondre le faux oracle d'Apollon , que Ju
lien l'Apostat alloit consulter. Cét impie en fut
effrayé; toute l'Eglise fut édifiée ,& apprit à mé
priser les menaces d'un Prince infidèle : tous les
Saints, d'un commun accord , louèrent Dieu de la
gloire qu'il avoit donnée à ses Martyrs, que cét
Apostat traitoit de misérables esclaves & de scélé
rats. Je ne sçay quand les miracles sontuécessai-
res , si ce n'est à ces occasions ; & ceux-cy eurent
A mm. tant d'éclat, que les Payens mesme ne les teûrent
Marc. pas. Mais tout cela est le joûé't de vostre Ministre;
& pourcombled'impiété, il ajoûte: ^in[ì la cor
ruption du Christianisme commença dans le mesme lieu cm
lesfidèles avoient commencé d'élire appeliez Chreftient,
c?efi-ìdirr, à Antioche. En vérité est-on Chre-
stien quand on fait commencer 1a corruption 8c l'i-
dolatrie dans les miracles que Dieu fait pour, con
fondre ua Prince qui relevoit les idoles abba-
tuës? , •
XXXIt. Maisvoicy dans lemesrne lieu des paroles qui ne
^íKtrr pA- sont pas moins étranges : II est, dit-il, à remarquer
"ì'J/di'' $"e c(t 'ft1'1 defable s elf 'r"rod'"t dans rty'f? précìfé-
HntsmtMi- merit dans le temps que sidolâtrie antichrejuenne a com-
uijtrt. mencé d'y entrer. Les Vies des anciens Moines , Pauly
Ibid. Antoine , Hùarion , &"c. ont eflé écrites par Saint
Jtrafme , sans bonnefcy C7fans jugement. L'hifloire de
l'Eglise depuis ce temps , (c'est, comme on Toit ,
depuis le quatrième siécle , carc'ell alors que Saint
Jéroírneécrivoitces Vies , ) commence à ejlre un Ro
man , à cause qu'à chaque page la Réforme y est
'• confondue. Aliez, & accomplissez la mesure de vos
pères; accomplissez les prédictions de l'Apocalyp-
£e
AVERTISSE M.EN.T, '37r
se au sens que vous voulez nous les appliquer, Sc r
faites voir par vostre exemple que des Chreítiens.
peuvent blasphémer contre Dieu & contre Jes
Saints. • ■y
Cependant il ne faut pas croire que ce Ministre, xxxm.
tout audacieux qu'il est, puine mépriser en sou
coeur
i cesi saints j.Docteurs du .quatrième
n.r r siéclei qu 'il " Ministre
charge de tant d outrages: c est fa caulequilecon- récuse H'i-
traint; car au reste voicy ce qu'il dit de ces grands JtUtrit,
hommes : Le 4 C" 5 . siécles produisirent des DoBeursfi»' y de fin
distingue*, à comparaison des précedens. Les premiers ""■""> '«
DoSeursdu Christianisme , aprés les Aposlres , ont Û'. Y-
ejtede pauvres Theologiens:ils ontvole rezpted/ rezter- de 1'Eglisr.
re ; ily a plus de théologie dans un seul ouvrage de Saint Acc. 2. pi.:
tyfugujlinaue dans tous les livres des trois premiers Jìé-, P
des ,{ìl'on en excepte O-igene. II dit aussi que jus- Ibid. r.
qùcs au cinquième siécle , & durant l'efpace de qua- P- 2 *• Iî'; .
tre cens ans , CEglise ^pofloliqueenfantait le Christia-,
nisme. II fait dúrerJa victoire qu'elle remporta fur
les démons/a/y/í'à Thétdose, sous lequel tous ces
grands hommes flonilòieirt. Comment donc lc
pur argent de l'Eghscs'est-il changé tout- à-coup en
écume. Commt nt tant de saints Docteurs lònt-ils'
tout-à-coup devenus idolâtres ? & comment établif-
sent-ils l'en i pire du démon, pendant qu'on avoûë
qu'ils le renversent ?
Voicy , mes frères, dans la doctrine de vostre XXXIf^.
Ministre une étrange constitution de l' Eglise Chre- ffí**?'
stiaine , & une terrible tentation pour tous ceux qui 'ì's* „.
se diíent Réformez. Pour peu qu'il leur relie d'à- „ìa"^sitti
mour envers l'Eglise deJesus-Ghnst , il ne peuvent le parti
pas n'estrepasémûsquand ils la voyent livrée au PntijUxt.
blasphème & à l 'idolâtrie durant 1160. ans. D'a
bord on avoit mis á couvert de la corruption les i .;
quatre , les cinq , les six , ou mesme Jes sept à
huit premiers siécles qu'on appelloit les beaux jours:
mais ils se sont trouvez trop Papistiques; 011 les a
attaquez comme les autres, & iequatnéme , tant .««
révéré jusqu'à nos jours , n'a pu s'en sauver. O»
Q. 6 avoit
571- A V E R T í S'S'E MENT. ,
avoit du moins réservé les trois premiers siécles , où
la doctrine bannie de tous les autres , sembloit avoit
uu refuge ; mais maintenant c'est toinc autre chose.
Les Pères de ces trois siécles sont de pauvres Théolo-
fìens , si on en excepte Ongene, c'est-à-dire, ce-
uy de tous dont les égaremens (but les plus certains,
& les plus extrêmes.
Mais peut-estre cjue l'ignorance de ces pauvres
• Théologiens des trois premiers siécles est: .dans des
■v, points peu importans. Non, dans les lettres que
M. Jurieu oppose aux Variations, il n'accuse de
rieu moins ces saints Docteurs, que d'avoir telle
ment embrouillé le mystère de la Trinité > qu'il est
Lett. VI. demeuré informeju/qu au Concile de Nicée. La Théo
rie 1688. logie de ces trois siécles a vatié fur ce mystère: les
y'"44 Attcicns n'avoient pas unejufie idée de l'immutabilité
Ibid." de Dieu, & ils ne ícavoient mesme pas du. premier ,
I.45. Estre ce que les Philosophes en avoient connu: ils.
ont mis de í'inégalité dans lai rinité;iìs n'avançent poinc
cela comme leurpropre imagination ; c'estoit la Doctri
ne recédé"; £5 tous les Amiens des trois premiers fiç-
T-4J» des íont coupables de cette erreur. Le mystère de,
l'Incarnation n'a pas esté mieux connu : cen'est que
par les disputes avec tous les hérétiques , & entre-
autres avec les Eutychieus , qu'enfin cette vérité est
arrivée à fa perfection au Concile de Chalcédpine.
Et de combien de ténèbres les îumières fe trouvent-ellcs
méfiées dans les Pères des trois premiers fucles , &mef~
P. 46. me en ceux du quatrième* A peine conneidoient-ils
Dieu : il n'y a rien qu'ils dcuiltut mieux sçavoir que
l'unité , la toute pui fiance, la sagesse , l'infinjebon-,
té, & ('infinie perfection de ce premier Estre, car
c'est ce qu'ils soûtenoient contre les Pay çns : çepen-
Ibid. dant combien trouve-t-on fui ce íiijei de variations &
de fausses idées ? Voilà ce que dit la première Iettreoù
I.ett. VII. les Varuiions font attaquées. La II. qui est eu or-
dciG88, £)rej |aVll.dei688.confirmetoutcela, & fait
. , voir la mesme ignorance & la melnie instabilité
dans ce qui regarde la grâce & la sctisfa.ctjou de Je
AVERTISSEMENT. 575
sus- Christ, article essentiels auXhristianisine , 5c
en un mot la Théologie des Anciens eji demeurée in- *• J°
firme , imparfaiteflotante dans la maniéré d'expliquer tes
myjlcres. Audi ne paroist-il pas que les anciens Doc
teurs des trois premiers siéclesJesoient beaucoup atta- *Wa-
chex à la UQure de ïEcriture Sainte où la vérité prend
fa dernière forme : Ilsjortoicnt des écoles des Platoni
ciens , (? remplissaient leurs ouvrages de leurs idées ,
au lieu de s'attacher uniquement aux pen/eesdu Saint Es
prit.
•Uest vray que lafin de cette lettre en détruit le
commencement. Car aullì comment répondre aux
objections des Sociniens ou des Tolérans , comme
lesappelleM. Jurieu, qui concluent que tous ces
mystères ne sont pas bien importans , si les Pères des
trois premiers siécles les ont ignorez î Mais enfin
s'il a fallu, pour les satisfaire, dire qu'on n'a pas
varié fur des points si essentiels, il a fallu dire le con
traire pour íòûtenir les variations de la nouvelle Ré
forme: il faut, dis-je, que les. premiers siécles
ayent varié, & .il faut à la fin varier íoy mes-
raç, afin de confondre l'Eveíque ckMeaux qui
a oíé avancer que la véritable Religion ne varie ja
mais.
Cependant á quoy s'en tiendront les Réformez ?
A l 'Ecriture, dira- ton: pendant qu'on la fait eu
niesme temps un livre que les Docteurs des trois pre
miers siécles n'enteudoient pas, n'étudioient gué-
res, & où loin de trouver les mystères que Jesus-
Christavoit enseignez en venantau monde, ils ne
trouvoient mefme pas ce que les Philosophes coh-
noiílòient de Dieu par leur simple raisonnement 5
de sorte qu'à faire le système entier des Proteftans ,
les impies peuvent reprocher au Chriltiaiufme que
jamais secte ne fut plus mal instruite, quoy-qu'elle
se vante d'avoir des livres divins , puis que dans les
trois premiers siécles qui touchent de plus prés à la
source de l'instruction Apostolique, 011 ne voit qu'u
ne ppav.yrc -, une p infirme, une fiflotante (7 fìvaria-
Q. 7 bit
574 AVERTISSEMENT.
bit Théologie ; & dans le quatrième siécle où la
science commence , on íè replonge auíïìtost áaas-
l 'idolâtrie ; sansquoyil n'y a point deBeste , ni
de Babylone pour les Protestans ; il n'y a point die
Pape Antéchrist ; il n'y a point d'idolâtrie autichre-
Itienne.
XXX y. Mais encore faudroit-il du moins que Saint Jean
Dimm- nous eust expliqué ce grand mystère ; & leMinistre
'I^'l'n en convient : car en parlant de ce nouveau genre
Vend» Mi- d'idolâtrie Eccléfiastique , qu'il établit déslequa-
tùftrt.il triéme siécle, Cela , du- il , ne s'ejl point faitpar ba
isy t rien xard, Dieu lapermis, Dieu l'apréveù , O"fans doute Dieu
Jaml\A- i'a prédit; Car il n'y a point d'apparence, continuë-t il,
^""maroHe 1" aylntfts 'ffoinde marquer dans ses Prophéties det
Jh'préten- événement incomparablement mons considérables, ileufl
iuïiàeU- oublié celuy cy. J'en conviens ; je donne les mains à
trìetcclt- une vérité si manifeste: jedisaussi,à I'éxempled»
fiastique, Ministre ,■ une idolâtrie dans l'Eglise qui y régne
qiuji*' treizecens ans dans ses plus beaux jours ,& à com-
d""st'trm- menceraiiquarriémesiécíe; uneidolatrie.donc les
wr ìathm- Saints sont les auteurs', est un prodige asseï grai,d
tdgisel'» pour mériter d'estre prédit ; & Dieu qui ne fait rien >
ses p""- comme il dit luy-mesme , qu'il ne révèle auxPro-
"F"' phétesfesserviteurs , ne devou pas leur cacher un si
l'o ' grand secret. Ils'en est teû néanmoins : je vois bien
Amos dans l'Ap^ocalypse mie idolâtrie persécutrice des
III. 7. Saints, mais jett"y vois pas que ks Saints en soient
les auteurs , qu'un Saint Basile , un Saint Augustru,
un Saint Ambroise , un Saint Léon, un Saint Gré
goire deuslent éstre ces idolâtres parmi lelquels
l'Anrichrist prendroit naissance. Je voy bien enco-
Apoe. re un coup dans l'Apocalypse que la sainte Cite fera
XI. 1. foulée aux piedspar les Gentils ; que les Saints, ces
«k. nouveaux Gentils , deussent eux-meímes foula- aux
pieds la Cite [dinte; c'est bien à la vérité le mystère
des Protestans , & de M. Jurieu aprés Joíèph Médc
& les autres , mais je ne le vois pas dans l'Apocalyp
se, quoy-qu'on prétende que ce mystère en fafle
le principal luiet.
11
A V Ê R T I S S E M E N T. 575
11 est vray que M. Jurieu produit deux passages de
l'Apocalypíe , oùilatentede trouver cette idolâ
trie qui devoit régner dans l'Eglilè ; mais il est luy-
mesinc convenu que ces deux passages ne satisfont
pas. Le premier estoit au chapitre XI. dans le
Panis livréaux Gentils. Le second estoit au chapitre
XVII. o» dit- il , ['idolâtrie Pafistique est comparée A«.
à une adultère. Mais dans la fuite il de'clare qu'il n'est x'.^p. 178.
pas content de ces passages : Lejnremier , dit-il, est 'p' 7
trop obscur , (3 lesecond tropgénéral. II n'y a rien en Ibid.
eftet de plus obscur que le premier passage. Le Par- P' ,79«
vis du Temple est livré aux Gentils ; donc ces Gentils poc* *
fèront Chrestiens , comme s'il estoit impossible
que les vrais Gentils, les Romains adorateurs des
faux Dieux ayent opprimé l'extérieur de l'Eglife :
nonrfeulement cela est obscur , comme l'avoûë le Cy-dessus
Ministre, mais il est absolument faux, comme n-.8, jj*"
nous l 'avons démontré. Pour les lieux où le Mini £(,"x l!"de
stre soutient que l'idolatrie de l'Apocalypíe est ap- l'Ap. jf'.j,
pellée une adultère , & que c'est par conséquent
í'infìdélité d'une épouse , c'est-à-dire, d'une Egli
se , cela n'est pas seulement trop général , comme
l'avoûë le Ministre ; mais évidemment inventé par
le mensonge du monde le plus hardi , puis que le
mot d'adultéré , loin de se trouver dans Saint Jean Cy dessus
une feule fois , y est mcíme, comme on a veú ,
expreslément évité. rre • n' 9»
'Voilà ce que le Ministre a produit 'pour trouver
dans l'Apocalypíe ía prétendue' idolâtrie Fcclésia-
stique. Mais á cesdeux paflages qu'il a produits
dans son Accomplissement des Prophéties , if en
ajoûte un troisième dans une de ses lettres: c'est ce- Lett.
luy de lafemme cachée dans le dejert 1 160. jours ; d'où x V 1 1. r.
il conclut avec un air triomphant : II faut donc que an" í>,139*
l'idolâtrie régne dans l'Eglife Cbreflienne douze censsoi
xante ans. Où y a- t-il en ce lieu un seul mot d'idola-
ttie,& encore d'idolattie régnante dans l'Eglife ?
Est-ce qu'on ne peut estre dans le deíèrt ,
dans la fuite , dans la retraite , fans idolâtrie?
• Matha-."
j7< .AVERTISSEME N*T.
». M«h. Mathatias&sesenfans , & les autres qui les fuiri-
11.19. teut j^jjj its mtlfagtif , dans te désert , pour y
chercher le Jugement la Justice , y sacrifioient-ils
aux idoles? Maisl'idolatriequiles y poussoir pat
ses persécutions estoit-ce une idolarríe Ecclésiasti
que ,& au contraire n'estoit-cc pas l' idolâtrie d'un
Ántiochus & des Grecs ? Pourquoy n'en fera t-il
pas de mesme de cette femme mystique , c'est-à-
dire , de l'Eglise ? C'estoit la períécution des Pa-
yensquilacoutraignoientà cacher son culte dans
les endroits les plus retirez de la veuë des hommes:
c'estoit là le désert où elle estoit ; mais elle y estoit
Apoc. dans un lieu préparé de Dieu , où on U paiffoit , com-
*y0'" me portes Apocalypse, où ses Pasteurs luj admi-
í'Expl de "istroientla sainte Parole. Elle y estoit soutenu?
ces passa- par ces deux témoins qui ne cessèrent de la consoler,
ges. tant que durèrent íes souffrances. Elle y avoit ses
Moylès , sesAarons, ses Mathatias , Sc ses autres
Sacrificateurs, comme le peuple dans le désert en
sortant d'Egypte , afin qu'on n'aille pas icy s'ima
giner un état d'Eglise invisible que l'Ecriturenc
connoist pas , & que les Ministres mesme ne souf
frent plus.
Ainsi le Ministre est forcé de íortir de l'Apoca-
Iypse pour trouver son idolâtrie Ecclésiastique. En
effet, il ne la trouve , dit-il , bienclairemcntex-
Ibid. pliquée que dans la 1 . à Timothée chapitre I V.
p. 166. j}jeu foit j^g- . enmi t l'Apocalypsc est , à ecc
égard, en seûre té contre ses profanations: voyons
en peudeparolescommeilprofaneSaintPaul. Cét
écart 11e sera pas long , & nous reviendrons à Saint
Jean dans un moment.
XXXri- Voicy le paflàge de Saint Paul , où à quelque
txtntn prix que ce loit on veut trouver certe idolâtrie qui
^"J^-^doir régner dans l'Eglise. L'e/prit dit expressément,
'&ahI ûù lt 1ue quelques-uns dans les derniers tempss'abandonneront
Ministre à des e/priti abufeurs , Cr à des doélrines de démons. La
frcttnd vóilá ; dit le Ministre, cette idolâtrie antichrestieu-
vmw ne que nous cherchons, Pour jnoy j'aybeau ou-
-, vrir
AVERTI S,S E MENT. 577
▼rir les yeux, je n'y vois rien ; mais Joseph Méde *prfsjt-
le plus outré & le plus entesté des Interprètes a dé-/í£*.j^'
velopé ce secret dont aucun auteur , ni Catholique
ni Protestant, ne s'estoit encore avisé. La Note de
Desmarais avoit entendu naturellement unedoíìrine danti'E-
de démons, celle dont les dc'mons font les auteurs, g''/*-,
ou les promoteurs. Les autres avoient tous dit la ï^TJm"
mesine chose ; on ne trouve que ce sens-làdans les j^,"
Critiques d'Angleterre. II est vrayque danslaSy- p. jfát
nopse on propose le sentiment de Joseph Me'de ,
maison ne cite que luy seul & il paroistquetout le
reste luy estoit contraire. Quoy qu'il cn soit, Joseph
Me'de nous apprend & le premier & le seul , que la
doElrìnedes démons,c'est la doctrine qui honore les dé
mons , c'est- à-dire , celle qui honore les Anges &
les ames bienheureuses ; & en un mot , c'est la doc
trine du culte des Saints , c'est-á-dire , comme il
en convient , celle des Docteurs du quatrième siécle.
II faut bien du circuit pour arriver lá : voy ons par
quel chemin M. Jurieu , le premier féctateur de
Me'de > nous y conduit. Nous apprenois d; Sn'mt ">i<ii
c^Augufììn , que les corps des Martyrs Gervais & Pro
tais furent découverts <i U faveur d'un sortie. Pour
suivons : fe ne voudrois pas faire à Saint Ambroise le
tort de l"acufer d'avoir supposé cette vision pour tromper
le peuple, pourfaire de faux miracles , afin defaire triom
pher le parti du Consubstantielfur l'^rianifme. Voilà
un homme précautionné, qui , à ce coup, sem
ble vouloir épargner les Saints:il insinué néanmoins
qu'il pourroit bien y avoir quelque petite partialité,
Si que ces miracles servoient á soutenir le parti de
Saint Ambroise , c'est-à- dire , celuy du Fils de Dieu,
contre les ennemis de fa divinité. Mais fans entrer
là-dedans , le Ministre décide ainsi : Ce qui est cer
tain , c'est que cefut un esprit trompeur qui abusa Saint
tsimbroife , & qui luy découvrit ces reliques pour
enfaire des idoles. II traite de la mefme sorte toutes
les autres visions célestes que tous les Percs racon
tent ca ce temps , Si tous les miracles qut-íûivirent.', .
57» AVERTISSEMENT.
II n'estoit pas digne de Dieu d'autoriser par des
miracles ia coníubttantialiré de son Fils , pen
dant qu'une Impératrice en períe'cutoit les dcfen-
seurs i & c'est une oeuvre à renvoyer aux esprits trom
peurs. • ••• 1
Muis enfin quand cela seroit , toûjours auroir>
on peine â comprendre , que par la doctrine des dé
mons il fallust entendre , non pas la doctrine qu'ils
inspirent, mais la doctrine qui enseigne à les ado
rer. On auroit encore plus de peine à entendre que
Saint Ambroise & les Catholiques adorassent les dé
mons , sous prétexte qu'on leur fait accroire qu'ils
adorent les saints Anges & les ames bienheureuses.
Le Ministren'y trouve pourtant qu'un sculembaras.
Ibid. 191. C'eff que le Démon , dans['Ecriture Sainte , tiefeprend
Ibid. jamais en bonnepart- ilsignifie toûjours ces esprits im-
P fies quiséduisent les hommes en ce monde , O" les tour
mentent en l'autre. Voiiâ une objection qui ne souf
frait point de réplique. Mais Joseph Méde , &
Act- aprésluyM. Jurieu, trouvent dans les Actes , que
iïllLls. (« Arkfsifflj pár'lCllt «}e gauit paut ì cmm d'un hom
me qui armoncoit de nouveaux Démons-, c'eft-à-dire ,
de nouveaux Dieux. Voilà donc 1e nom de démons
pris en bonne part : je l'avoû'é , par les Athéniens ,
& par les Gentils que Saint Luc fait parier icy , & à
qui ce langage estoic familier. Mais ne nous mon
trer ce langage que dans la bouche des Gentils , c'est
visiblement confirmer que ce n'est pas le langage de
l'Ecriture: mais,dit-on, c'estSaintPaulluy-mes-
me , qui dans le meíme chapitre dit encore aux
Ibid. 91. Athéniens , qu'il les trouve plus attachez que les autres
au culte des démons , ísinía^íoi'íf Égcit. Quand ce
la seroit, les Dieux des Gentils, selon le style de
l'Ecriture,nesont-ilspas de vrais démons séducteurs
qui se font adorer par les hommes ? Et quand Saint
* Paul auroit parlé aux Athéniens selon leur langage,
s'enfuit-il qu'il deust ainsi parler à Tímothée?Mais
au fonds le mot de Saint Paul ne veut dire que
superstition ou fausse dévotion , comme ra
traduit
AVERTISSEMENT. 579
traduit la Vulgate & les Protestât» eux-mes- Bib. de
_„ ° Gen note
IIÍLS. Des
II n'y a donc constamment aucun endroit de l'E- mílt
criture où le mot de démon se prenne autrement que
pour de mauvais esprits ; & M. Jurieu est insup
portable pour trouver ion idolâtrie prétendue , de
forcer tout le langage des livres divins, & de raire
écrire Saint Paul a Tirnothée dans un style qui n'est
connu que des Gentils. Mais ce qui fuit est risible:
Ilya, dit-il , beaucoup d'apparence que c'efi des Turcs Ibid. 19Î.
que parle Saint Jeanau chapitre IX. de /' apocalypse;
& que ceux qui sontaffligeKpar leurs armées, font les
Chrejliens aujquels efl attribué le culte des démons , à
cause qu'ils adoroient les Saints & les c^inges. Se mo-
que-til, de nous donner íes visions pour preuve î &
qui ne voit au contraire qu'il n'y arien de plus creux
que ses visions , si pour les soutenir il faut renverser
tout le langage de l'Ecriture î
Voicy enfin son dernier refuge. II est vray , il
n'est pas possible de trouver uu íeul endroit de l'E
criture où les démons se prennent, comme nous
Voilions , ên bonne part. Mais nous ne laisserons
pas de dire que les Papistes adorent les démons ,
parce qu'encore qu'ils croyent adorer ou les Anges
ou lésâmes Saintes, toutefois ces elprits bienheu
reux ne recevant pas leur culte,il ne peut aller qu 'aux
démons. Qui ne seroit fatigué de ces violences
qu'on fait au bon sens ? Par ce moyen , s'il faut
définir la Religion des Mahométans , ou meíme
celle des Juifs , & quel est l'objet qu'ils adorent, il
n'y aura qu'à dire , ce sont les démons, parce qu'il
n'y a que les démons á qui leur culte soit agréable.
Mais il y a plus : il n'y a qu'à dire que Saint Am
broise & les autres Saints duquattiéme siécle, lors
qu'ils demandoient aux Saints la société de leuts
prières, & qu'ils honoroient leurs reliques, estoient
ces adorateurs des .démons dont on prétend que
Saint Paul a voulu parler, puisque, selon M. Ju-
lieu, ni Dieu ru [çsSaitits u'admettojeut leur cuire.
Voilà

1
,8o AVERTISSEMENT.
Voilà donc,selon ce Ministre, les Saints mefine ado
rateurs des démons, & c'est là rout le dénóûëmeut
delapiéce.
XXXPll* Lors qu'on tombe dans de si énormes excés , il
le m,m- fentesIre' tout-à-fait livré à l'esprit d'erreur. Mais
n!'d*ru"sts 00 vo'tauflîcequi poustele Ministre dans cét abis-
txeii fur me, car il déclare /«)i-i»f/»if que s'ils'est enfin déter-
It destsfár mine d l'opinion de Joseph Áíéde , cen'apaseftésansbd-
« f* ""fi- lancer , & qu'il a crû long temps que cette opinion efioit
plus ingénieuse quesolide. Qu'est-ce donc qui Pa en-
traisné à ce mauvais choix , où jl n'a l'approbarion
de personne ; pas mesme des habiles gens de la ré
forme? C'est que fans cette bizarre interprétation iil
Ibid. 178. ne sçavoit plus où trouver cette idolâtrie : qu'il vou-
loit placer dans les Sts. car il faHott bien, (elonltiy,
qu'elle fust prédite ; Dieu n'avoit pas manqué à son
Eglise dans un point si important. Tous les partages
de l'Apocalypíèoù il avoir vainement tenté de la
trouver , ne contentoient pas son eíprit : // nepouvoit
croire,dit- il,que Dieu n'eufl laifSé quelque oracle plus clair
& moinsgénéralpour prédire cette admirable conformité
qui est entre ìe culte de l'ancien Paganisme & ceìuy del' A-
ntichrifìianìfme. II falloit qu'il y cust un texte formel
pour prouver ce culte Antichrestien que les Sts. Pé
rès du quatrième siécle dévoient introduire. Or ,
pouríuit-il,ff texte plus formel fS plus clair que les au
tres , je ne le trouvepas ailleurs: il est donc icy , puis
qu'autrement il ne/èroit nulle part, & mon système
seroit renversé. Mais renversons fut fa teste l'argu-
mentdout il se sert contre nous : Cette idolâtrie des
Saints, ce paganisme régnant dans l' Eglise estoit
d'un caractère assez particulier pour estre expressé
ment prédit; le Ministre en est d'accord: or est-ii
qu'il n'est pas prédit ; on ne le trouve nulle part : le
Ministre n'est pas content des passages de P Apoca
lypse où il avoir crû le voir; nous avons mesme
montré qu'ils sont contre luy: il ne trouve enfin fa
chimère qu'en un endroit de Saint Paul , où nul
homme de bon sens ne l'avoit trouvée , pas mesine
parmi
AVERTISSEMENT. ?8i
parmi les Protestans. C'est donc une vraye chimère
& une choie qui ne subsiste que dans fa peníëc , &
dans les calomnies des Protestans.
EnefFct, quoy qu'ils puissent dire, Icvray Dieu xxíviìu
x\on adoroit au quatrième siécle n'est pas le u.f?
Jupiter des Payens: les Anges & les autres Esprits ™ rfat-
bienheureux dont Saint Ambroise & les autres fiant tnt
Saints demandoient la société dans leurs prières , imaginft
n'estoient ni des dieux , ni des génies, in des hé- "?"/".
ros, ni rien enfin de semblable á ce que les Gentils
imaginoient : c'estoient des" créatures que Dieu j,, PertJ
avoit fanes du néant , ícul , & par luy-rnef- du premier
.me ; qu'il avoit sanctifiées par fa grâce , & cou- fi"'' &
ronnées par fa gloire, $c toujours en les tirant du tyfV"*
néant, oudeceluy del'estre , ou de celuy du pé- J^"''
ché : qu'on me montre ce caractère dans le pa- frindfti.
ganiíme, & j'avoûè'ray aux Protestans tout ce
qu'ils voudront. Le culte eít intérieur ou extérieur :
l'intérieur consiste principalement dans le senti
ment qu'on vient de voir , où il eít clair que ni les
Saints Pères , ni nous qui les suivons , ne convenons
Íias avec les Payens. Que si nostre culte intérieur est
i dissemblable , l'extérieur , qui n'est que le signe
de l'intérie.ur , ne peut non plus nous estre commun
avecçux. vvxix
Ainsi J'interprétation des Protestans brouille tuefin- '
toutes les idées de l'Apocalypíe , 011 ne íçait terfréta-
plus ce que c'est de l'idolatrie dont parle Saint tim des
Jean, ni des idolâtres , des persécuteurs , des blif- Protestans
phémateurs dont il fait,de si fréquentes peintures ; tftaïllt
íi ces blasphémateurs & ces idolâtres sont les
Saints du quatrième siécle. Ceux qui trouvent les jtpKa.
idolâtres dans les Saints , afin que rien ne manquast lyrfe , &
à leur ouvrage , dévoient encore trouver les ne Jijìerni
Saints dans des hérétiques & des impies. C'est ce 'ft'1*'
qu'ils ont fait , puis qu'ils nous montrent les Saints jmt
dans les Albigeois , qui sont de vrais Mani- ^Mit sain)
çhéens-; dans les Váudois , qui font dépendre de leur Jean,
iain t.eté l'elficace des Sacremeusjdans Yiclel uu vray
impie ,
58i AVERTISSEMENT,
impie, qui sait agir Dieu avec une inévitable &fa-
> taie nécessité , & le fait également cause du bien Sc
du mal; dansjeamHus, fans en dire icy autre cho-
íè, qui a canonisé Vicier; dans les Taborites , qui
furent les plus barbares de tous les hommes.
Tout cela est clairement démontré au Jivre
- XI. des Variations : voilà les Saints de la ré
forme.
II est encore démontré dans le mefmc livre ,
que les Vaudois crurent comme nous la Transsub
stantiation ; que Jean Hus Fa aussi tenue , & qu'il
a dit la Mcfle jusqu'à la fin ; que Vicies a cru le
Purgatoire & l'invocation des Saints ; & que les
Calixtins qu'on met encore parmi les Saints,
ne différent d'avec nous que dans la sèule Com
munion fous les deux espèces. On est donc Saint
avec tout le reste de nostre doctrine , & avec
la Papauté meíme qu'on nous donne comme le
caractère de L'Antechrist , puis qu'on íçait que
les Calixtins estoient toujours prests à la recon-
noistre.
X1? Un des endroits de l'Apocalypse où le Ministre
tímd* phioles ou des playes , dans le chapitre XVI.
th. XVI- car , selon luy , c'est la clef de toute la Pro-
Aec. î. p.phétie , le plus important de tous les chapitres ,
p, j.60.94.
ceiuv auflï 0£ ]e nouveau Prophète íc représente
luy-mesine , comme ayant írapé à la porte deux
fois , quatre , cinq O" fitfois , & tant qu'enfin la
Ibid. porte s'est ouverte. Alors donc tuy íust révélé
&ist°dcs cc 6rai,d secret que nous avons remarqué ailleurs;
vàr* liv. cette admirable liaison de la Religion Protestan-
XIII. te & de l'Empire Otthoman que Dieu devoit
n. 39. abbaijjèr en me/me temps pour les relever en mef-
me temps. C'est ainsi qu'il auguroit bien des ar
mes de la Chrestienté: mais ce n'est icy qu'un dé
faut particulier ; en voicy un dans tout le plan
des Frotestans. C'est d'avoir fait verser les phioles ,
ou les coupes pleines de la colère de Dieu , les unes
>. aprés
AVERTISSEMENT. 385
âpres les auties , avec une distance entre chaque
phiole de cent oa de deux cens ans; au lieu que le
Saint Esprit nous les fait voir comme répandues voyez «-
dans le mesme temps , & en vertu du mesme ordre, pl- du 'fa
ce qui en íòy est bien plus digne d'une Prophétie , XVI- y. 1.
que de prendre huit ou neuf cens ans pour y placer
au large tout ce qu'on voudra. Ce feroit là en véri
té pour un Prophète aussi éclairé que Saint Jean ,
prendre des idées trop vagues, & ne rien marquer
de précis. Mais de voir tous les fléaux de Dieu , &
la peste avec la famine S'unir à tous les mal heurs de
la guerre-.tant civile qu'étrangére,& à d'autres maux
infinis , & inouïs jusqu'alors , ainsi qu'on l'aura pu
voir dans l'explication de ce chapitre , c'est un ca
ractère marque,& digne d'estre observé par un Pro
phète.
Je ne puis oublier icy une imagination du Mini
stre qu'un Protestant a trouvée aussi ridicule que
les Catholiques. Pour ajuster le íystême , & ve
nir bientost a la subversion de l'Erhpire du prétendu Exam. des
Antéchrist , M. Jurieu se croît obligé d'ima- end.de
giner dansl'esfuíìon de chaque phiole un certain ptoo flee
Íidnode de temps qui le menastá peu près òùilvou- ^-
oit. Je ne veux point répéter ièy les remar
ques qu'on peut voir ailleurs fur ce íújet : puis Hist. des
quête Ministre n'y répond rien, c'est qu'U n'avoit y.""1"'
rien à répondre s s'il les range parmi les choses qu'il ~v lS[ n*
ne juge pas seulement dignes de réponse, on doit fiiiV. 4}.
connoistre ses airs mépriuns qu'il ne prend que pour
couvrir fa foibleflè. Remarquons feulement icy ,
que pour faire que les sept phiolcs marquassent un
certain temps , le Ministre les a métamorphosées Apol p.i.
en clepsydres ; ne parlons point de la figure des
phiolcs, qui sont des espèces de petites taises tres-
eloignées de la forme & du dessein des clepsydres.
C'est ce que M. Jurieu auroit pû attendre des In
terprètes Protestans. Mais laissant à part tou- Not. de
tes ces critiques , il ne falloitques'arrester à l'idée Dc|ra- »UI
qae nous doune le Saint Esprit, Ce n'est pas pour lc c u
meíii-
384 - A "V ERTISSEMENT.
XV.7. Sy- mesurer le ternps que l'on remplit les phiolesde la
nops.ibid. £0ie're de Dieu , c'est pour la répandre: les Anges
la portent en leur main dans leur phiole , pour rap
pliquer à ceuJc que Dieu veut punir; ils la versent
tout-â-coupavec une action viye , non pas comme
une liqueur propre à mesurer , mais comme une li
queur affligeante , dont auffi on voit d'abord l'effet
terrible ; & le Ministre croira satisfaire à l'idée li
vi ve que le Saint Eíprít nous a donnée de ces Anges
en les faiftnt de languissans mesureurs de temps,qui
regardent coujer la liqueur dont leurs phioles sont
. remplies. 1- -
Ibid. Si ce n'est pas là faire ce qu'on veut des Ecri-
Ç" Zç?' turcs , je ne l'çay plus ce que c'est. Mais que dira-
t-ron de cette pelle explication où Arroagédon 'est
Apoc. pris pour les Anathèmes du Pape ? Armagédon ,
xvl- J4- l'elon Saint Jean, c'eítlelktíòù les esprits des dément
mènent les I{ois de la terre poury livrer ungrand combat.
Tous les sçavans interprètes, & meímé les Prote-
Voyezex- flans, demeurent d'accord que Saint. Jean regarde
pi. de ce ^un Jieuoú s'estoit donne de sanglantes batail-
* les j & tout cela couvient parfaitement avec le des
sein de cét Apostre: mais pour celuy du Ministre ,
ii falloit qu'Armagédon fust le .lieu d'où parteut
les Anathèmes; c'est assez, pour en convaincre
Iesignorans, qjie çe fait un grand mot quifàt-
se peur ; &il ne faut pas s'e'tonuer qu'avec un tel
dictionnaife 0.11 trouve tout ce qu'on voudra dans les
Prophéties. ' ,t '. r, • r .
XI I. Nous avons suivi les Proteslans dans tous les cha-
j*r/í cm-, pitres de Saint Jean où ils ctoyent trouver quelque
ITiÍ'Za. chose collt£c 110US. dans le X 1 . dans le X 1 1. dans le
tójiW; XIII. dans le XVI. & dans le XVII Nous
5*'c» ni n'avons trouvé qu'erreur & contradiction danstou-
fftit et t)tu tés leurs Prophéties: mais voicy le comble dans
neut dire et le chapitre X V 1 1 1. & cette remarque ne regarde
commande- pas un endroit particulier , mais tout le but du syí-
r'dJ/dt? tême- : ' - •
Pnttjiant, Le but de tout le système est d'en 'venir á l'cxé-
* cution
AVERTI S S E M E n'V: 5Î5
Cutjon de ce commandement , Sortez de Babylone Apôc.
monpeuple, c'est-à-dire, comme on l'interprcte f^tlt. 4
fortezdela Communion Romaine i s'est- là , íè- t0^?jes
Ion les Ministres , le vtay fondement' de laréíor- chrî-
mation , & la íèule excuse du sehisme. Or c'est stiens de-
icy qu'il y a moins de sens. Pour l'entendre' , il faut vant l'ac-
fiipposer , dans les principes de nos adversaires-, que c°mp- p«
la Babylone d'où il faut sortir n'est pas un lieu de- 49-
ftiné à la vengeance , tel cju'estoit l'ancienne Baby
lone, tt'oùii faille sortir selon le corps, & pat
íer en un païs plus heureux j mais c'est une
fausse Eglise dont il faut , iàns se de'placer , & fans
aucune transmigration , éviter, la société. Cela
Í>oíé , je demande quand est-ce qu'il faut sortir de.
a communion de cette mystique Babylone ? Dés
qu'elle est Antichrétienne , & que son chef est 3bi<1-
l'Antéchrist ? C'est ce que nostre auteur semble P- 49-
vouloir dire par ces paroles , où il reproche à ses
réformez , que s'ils avaient bien eû devant les yeux
cette vérité y que le Papisme est Í^Anticbristianifme,
ils n'aut oient pas puse résoudre à sesoumettre à l'Ì4nte-
chrifi, parce que, comme il ajoiiste aussitost aprés »
ilnya pas de communion entre C hrist O" Sélial. Mais
maintenant cette raison qui paroifloit si spécieuse n'a
plus de force. L'Auteur nous apprend que les ride-
les n'ont pas deû rompre avec Saint Léon ni avec
Saint Grégoire , quoy-qu'Antéchrists déclarez par
des marques indubitables , '& qu'ainsi la Commu
nion dont il faut sortir en vertu de ce commande
ment, Sortexde Babylone, n'est pas précisément
celle de 1" Antéchrist.
Dédire que ce commandement ne regarde pas les
commencemens del'Antechrilt , mais seulement
son progrés , c'est parler en l'air ; car dés son
commencement , laBestede l'Apocalypsc , & la . -
Femme assise deflùs , est appellée Babylone , la
"mère des prostitutions Ç$ des abominations , c'est- â-
dire , des idolâtries & des corruptions de la terre. Ellef-Apoc.
forte des noms de blasphèmes ; elle blasphème elle- XVIU. 5
R ' ** me/me
;8á AVERTISSEMENT,
Ibid. mefmi contre k Çiel , pendant toute laduréede son,
S1U- Empire qu'on veut estre de 11 6q. ans. II la falloic
donc quitter des le commencement de ces. 1 1 6 o. an-.
.. ■ nées, çífét , le Saint esprit qui nous a marqua i,
i çé qu'on'préténd , le commencement de çét Çm^
pire pat des caractères si précis, ne nous en a point
dóoné d'autres pour nous expliquer le moment où,
i 1 s'en faudroit teparer. II falioit donc ou, commen
cet laséparation des le temps de Saint Léon , ce
qu'on, n'oie dire , ou avouer qu'on ne sçait plus
quandílla faut .commencer , & ainsi qu'on n'en
tend rien dans ce prétendu commandement dont
on fait le fondement de la réforme.
II ne sert de rien de répondre qu 'il y a des caractè
res marquez pour reçoniioistre les temps des grands
progrés de la Beste ; car íans icy s'arrester à diícu-t
ter ces caractères , si celuy de i'idolâtrie ne fufEt
pas pour obliger à la séparation , quel autre ca
ractère peut-on trouver qui puisse y obliger davan
tage ? S'il faut que l'idolatrie soie formée , on nous
a dit qu'elle l'estoit sous Saint Léon, par les écrits
Sap. n. deThéodoret , & mefme qu'elle estoitjégnante :
îS- 19 que s'il faut avoir résisté aux avertissemens , ou
avoir ouï ceux, de Vigilance qu'on avoidaiffé écraser
àSaintJérosme.
Ace. s.p. je nem'auesteray pas aux époques de Boniface
cb- ' l III. ni mefme de Grégoire VII. où on prétend
*°* UI" que rAntkhristianiímta esté lc plus marqué ; car
outre qu'il n'y a rien au-dessus <je l'idolatrie, qui
néanmoins h'oblieeoit pas à íe séparer ; il est en
core certain que les titres les plus odieux .qu'on,
prétend .que Grégoire VII. s'est attribué , fans
icy vouloir en disputer , n'appartiennent pas à la
Foy , & on n'est pas obligé de les recevoir pour de
meurer dansl'Eglise. II n'y a donc dans ces titres
* aucun fondement légitime de íe séparer ; & Saint
Jean nous le montre bien , selon' uostre auteur ,
ruis qu'à présent que Babylone s'est élevée , íelon
uiy i au comble de l'iropiété . & qu'elle touche de
r" . a
1- > t
A V E R T 1 S S E M E N T. $87
si prés à fa chute irréparable , le temps de l'obliga-
tion.du précepte ne peut pas ellre-eucore arrivé , puis
que selon le nouveau système de l'Egliíè , celle oùf
nous sommes est encore une véritable partie' de
l'Eglise universelle , oh- Dieu a éncoie se» Eleûs , Pr'i- 'e6*
captifs à la vérité , à ce qu'on prétend , mais enfin J' c£ "
de véritables Eleûs, qui néanmoins n'observent pas seq.ij.t5.
ce grand précepte , Sortez de Babylone , mon peuple* n. Sec.
En effet, & c'est icyjqu'oji va remarquer une pro- V 1 1. 121.
digieuse contradiction; dans, toute la doctrine des
Protestans: à cause qu'ilestdit, Sortez de Babylo
ne, aenpeuplt; ils concluent que le peuple de Dieu 'fS*
y. estoitdonc , quoy-que captif ; d'où ils infèrent y jPjc *
encore , :bien ou. mal ., que Babylone ne signifie Jls.
pasuiieíbciétéouvertementoppoíéeàjesus Christ, Syst. p.
mais une Eglise Chrestienne , 0» le vray peuple de 145. Var.
Dieu eíloit renfermé dans lenceinte & dans la proses- J4'
fum externe de. cette. Babylone spirituelle. Telle est la &lmY>
conclusion de nos adversaires. Mais delà nous con
cluons à nostre tour , que ce vray peuple de Dieu
ferarenférmé jusqu'à; la- fin. dans cette profession ex
terne de la Babylonefpkiuielle,,. cas 'c'est précisé
ment au temps de fa chute que ce précepte vient
duciel, Sortez de Babylone, moripeuple. Qu'on lise ^vu'i
Tendrait de l'Apocalypse où cette voix, duciel est '
entendue: c'est à point-nommé quand l'Ange s'é
crie t. Elit est tombée, elle est tombée la grande Babylo
ne. Sortez-en?, . monpeuple , yáui n'avoir point départ
à/es péchez, & n'estrepointenvelopédansfin supplice,
parce que fes péchez fini montez jusqu'au ciel. Voilà
donc précisément le temps de la chute de Babylone
qui concourt avec le temps du com mandement d'en
sortir. Ainsi dans' ce moment fatal , le peuple de
Dieu est encore dans son enceinte , encore renfermé
dans sa profession externe. Je demande première- * ;
ment que. vent, dire, icy le peuple de Dieu , si ce
n'est le gros de ce peupleîQue si le gros du peuple de
Djeu est- encore dans la procession externe de Baby
lone dans.lg.temps de fa chute , IcsVaudois, > & U s
Ra- Albi-
3S8 AVERTIS S E.M E N T.
Albigeois , & les Videfistes , & les Tabori tes, & les
Luthériens , & les Calvinistes qui en. eítoiem déja
sortis un si long temps avant çeluy où l'on met fa
chiite, qu'estoient-ils donc autre chose sinon Je
peuple réprouvé ? Et si l'on nous dit queléprë-
cepte d'en sortir , quoy-que prononcé au temps
de la chute , s'étend à tous les siécles précedens ,
en forte que le peuple de Dieu deust déja en
estre íorti, pourquoy cette voix ducielpourl'y
obliger ? Dira-t-on que la plus grande partie du peu
ple de Dieu eu estoit sortie, & qu'une petite
partie y demeurait encore > Mais la voix parle
en général à tout le peuple de Dieu , & la rai
son eu est évidente; car cette voix de l'Apoca-
îypíc n'est qu'une répétition de celle que mus
Jes Picphétes avoient adressée aux Juifs , afin
<ju'ils sortissent tous de Babylone & de son Einpite
où ils estoienr captifs. Ainsi cette parole , monfett-
fle , enferme manifestement toute la société du peu
ple fidèle. Qu'on me montre enfin dans l'Ecriture
que cette parole ainsi prononcée généralement he íí-
gnifiequ'une partie , & encoreia plus petite du peu
ple de Dieu. ■ jib iW.) î<| :•
Mais je demande secondement, comment en
tout cas cette petite parcelle du peuple de Dieu pou-
■voit cítre encore renfermée dans la profession externe
de Babylone au temps de fa chute ? Est-ce qu'elle
n'estoit pas encore aflez corrompue , aflèz ido
lâtre, assez tyrannique, en un mot aflez Ba
bylone .jusqu'à ce temps ì Qu'est-ce donc qui luy
attiroit cet grandes playes , i &une vengeance si ter-
nble ?
Je demanderois^n troisième lieu , si ce peuple de
Dieu pouvoit demeurer dans la profejjiou externe de
ì 'idolâtrie , n'estoit que nous avons déja veû quel'i-
dolatrie de Saint Léou & celle de l'Egliíe de son
rempsn'obligeoit pas à en quiter la communion.
v,Mais enfin si l'idolatrien'y oblige pas, à quel ter
tre hïcrora-nous la,date de l'oMigatioH ! Qn ne
if >
AVE R T I S SEMENT.
i sçait plns où l'on va : voicy un précepte d'un genre
tout nouveau qui n'oblige en aucun cas & dout on
ne connoist pas le sujet.
Peut-estre que ceux qui verront les absurditez -S-'Z II.
manifestes de la nouvelle interprétation , à la fin
abandonneront à la risée de tout l'univers Joseph oaH^°l''
Méde & ion défenseur , & íòûtiendrontque le Pa- tt\dt'r£-
pe n'en est pas moins l'Antechrrlt, encore que^ces sKrJiirdn
téméraires ayent donné une fausse date á la naiiïàn- fystêmi de
cedesonAntichristianifme: mais visiblement cefa J'f't*
ne íè peut ; car enfin on ne tient plus rien si on aban- jj*'* ®L
donne l'époque du démembrement de l'Empire '
Romain. Pour peu qu'on change cette date, le ptuvCnt
Papeir'est plusl'Antechrist , Rome n'est plus Ba-/«£fr*»
bylone, l'homme de péché ne vient plus au mo- *«trtpìa»
ment de la ruine de l' Empire, comme on veut que fi^'n^le.
Saint Paul l'ait prédit ; la septième teste , le septiè
me Roy , le septième gouvernement , qui estceluy
del'Antechrist , ne commence plus au temps des
dix Rois ; en un mot tout le sens qu'on veut donner
aux Prophéties de ces deux Apostress'en va en fu
mée. Or ce démembrement ne peut tomber au
plustard que vers le temps de Saint: Léon , dans le
pillage de Genséric. Etilestvcay qu'on pourroit
trouver en 41 o. & quarante ansau-dcssus, fous
le Pape Saint Innocent , une autre prise de Rome par
Alarrc , & le vray commencement du démem
brement de l'Empire. Mais Joseph Méde 8c ion
disciple ont appréhendé cette date, à-.cause qu'à
commencer par cét endroit-lá, les tí6o. ans
(è trouveroient déja écoulez , & le fystéme des Pro-
testans démenti par l'événemenr. Si donc ils ont
commencé trente ou quarante ans au-deíious »
c'est pour prolonger d'autant la vie du système , &
donner encore ce petit cours aux espérances dont oiv -
amuse les peuples. Avee c. misérable artifice, &
tout l'esptit qu'ils ont usé íi mal à-propos dans de
vaines conjéctures , tout est plein d'ablurdité dans- ■»
leurs ouvrages ; l'Antéchrist devient un Saint, !'«« .
R 3 m dola-- .
£9o AVER T I $,S E M E N T.
colatrie devient innocente , Babylone la mere des
-prostitutions devient en mesme temps la mere des
cnfans de Dieu , & le peuplede Dieu est dans son
■enceinte , c'ést-à-dire icommeonl'interprétedans
íà communion , dans fa profejjion externe ; on ne
íçait plus quand doit commencer, ni ou doit finir
leprécepte, Sortezde'Saiylone , ni enfin ce qu'il li
gnifie. II est donc plus clair que le jour que
le nouvel article de Foy de l'Antichristianisme du
Pape, íàns lequel le Ministre enseigne qu'on ne peut
pas estre Chrestien , & ou il met ie fondement de
la Réforme , non-íeulement est destitué de toute
autorité de l'Ecnturc, mais encore si rempli de
contradictions & d'abíutditez , qu'il n'y a plus au
cun moyen de le soutenir. On voit -que tous ces
frands mots , Antéchrist , idolâtrie , Babylone ,
laíphêmes, prostitutions,sont des termes employez
par la Réforme à exciter la haine d'un peuple cré
dule, puis qu'on trouve sous ces noms affreux la vra-
ye Egli(è,& non feulement la piété ordinaire , mais
encore la piété la pluséminente,& la sainteté m cl m e .
Pour peu que les Protestans considèrent les
a>* f/íìm abfurQ,'KZ' ou' pour-mieux jdire, lesimpiétezdc
de"ceTuT cctte interprétation, ils demeureront étonnez de
recrée le s'estre laiílez surprendre à une illusion si grossière.
chttfitrt Ilsavoient devant les yeux un si grand objet; Ro-
Xf^i 1 1. me tombée avec son Empire du comble de la gloi-
//^*" re ' jusiju'â estre la proye & le joûët des peuples
qu'elle avoit'vaincus. La chute de Babylone tant
célébrée par les Prophètes., n'a esté ni plus grande,
ni plus manifeste. Babylone navoft pas tant ty
rannisé les Saints que Rome , ni n'estoit demeurée
plus long-temps qu'elle attachée à ses faux Dieux.
Que diront icy les Protestans en voyant tous les ca-
.ja&rres de la ruine de Rome marquez par Saint Je
an si évidemment accomplis ? diront-ils que St. Jean
• rfy a pas pensé , & que Dieu qui luy a fait voir ,
comme on eu convient , les impiétez &í les cruautez
île Romepayenuequi a tant répandu de sang Chre
stien y
A V E R T I-S S í' M E N t. ?yt
ftíen, ne luyen.aura pas montré le juste ftjppHce ?
C'est démentir l'e'vénement le plus seûr interprète
des Prophéties ; c'est démentir tous les Teres , qui
-désl'origine dii Christianisme ont crû lire dans l'A-
pocalypic la destinée de l'Empire Romain ; c'est dé
mentir Saint Jean , qui a donné à ft Babylone les
caractères de Rome la payenné, commme ils
estoient connus de son temps par tout le monde ;
c'est íè démentir eux-mesrhes , puis qu'ils ont rç-
connu dans les dix Rois du chapitre X V 1 1. la dissi
pation prochaine de l'áucien Empire > dont on ne
trouve la consommation que dans le chapitre Cy-dcûuí.
X V 1 1 1. comme il a esté démontré. n 2
Les Protestans pourroient dire qu'ils ne veulent XllV.
pas exclurre du chapitre XVIII. de l' Apocalypse Si les Pn-
la chute de Rome payenne , mais qu'il y a un dqu-
ble sens dans ce divin livre; & qu'outre la chuté mttlrl ~u„,
de Rome fous Alaric , ou sousGenséric , Saint jÍHbi, cku-
Jean regardoit encore celle qu'ils attendent. u de Rimt.
Mais il neleur est pas permis de nous alléguer ces
Hèuxchures : car, ou ce seroit par ìe texte rneímc
qu'ils préctndroient nous y forcer , ce qui n'est pas>
puis que la chute de Rome payenne épuise suffisam
ment le séns literai ; ou ce seroit par la Tradition :
mais premiéremeut ils la rejettent ; secondement,ils
n'en ont aucune qui les favorise.
Ilfauticy les faire souvenir que c'est la chute d'u
ne Eglise qu'ils se sont obligez à nous faire voit dans
iâchapitre X VII L de l'Apocalypfc , & encore
del'Egliselaplus éclatante de tout ìe monde , &
dont fa communion seroit la plus étendue'. Or c'est
tfe quoy il n'y a aucune Tradition , & pas mesme la
moindre trace dans les Pères. 11 y en a encore moins
dans l' Apocalypse, comme nou l'avonsd emontré
si clairement qu'on ne peut plus y imaginer aucune
réplique.
Nelaiíïbnsaux Protestans aucune des Prophéties ' •Çh— '
qu'ils ont profanées , & sauvons encore de leurs K"f
mains celle de Saint Paul , i. Thefl. /4Mais il faut
R 4 avant *
'39i .AVERTISSEMENT-
2. TheíE avanttoutes choses fa rSmettre fous les yeux du léc-
11- ,'fcur, &ìa voicy traduite de mot à mot íurle Grec ,
enmarquant auífi en particulier la version de Gene.-
••>.. ve& celle du Ministre Jurieu dans les mots qui sont
importans.
i. Nous vous conjurons, mes frères, par ravi
nement de Nostre Seigneur Jésus- Christ , ìc par no-
stre réunion avec luy :
^ i. Que vous ne vous laissiez pas légèrement
e'branler dans vostre sentiment , & que vous ne yous
troubliez pas en croyant ou fur quelque Prophétie y
• i ' . on íur quelque discours, ou fur quelque lettre qu'on
íûppoíeroit venir de nous, que le jour du Seigneur
íoitprest d'arriver
-. ■ , 5. Qie personne nc vous séduise en aucune ma-
. niérc que ce soit, car cejour-Ià ne viendra point
que la révolte , Genève, ou, [l'apostasie] ne soit
arrivée auparavant, & qu'on n'ait veû paroistte
cét homme de péché/ , cet enfant de perdi
tion.
. L'ennemi , [celuy qui s'opposera à Dieu , ] &
s'éleveraaudessusdetoutcequt est appelle Dieu
ou qui est adoré , jusqu'à s'asseoir comme un Dieu
au Temple de Dieu, voulant luy-mesme passer poux
Dieu.
5. Ne vous souvient- il pas que je vous ay dit ces
choses lorsque j'estois parmi vous?
6. Vous íçavez bien l'cmpefchcment [ee qui
l'cmpcsche de venir , cc qui le retient, Gen.] afin
qu'il paroisse en son temps:
7. Car le mystère d'iniquité commence déja : [se
forme des-à-pré(ent, semet entrain, Gen.] seuic-
« meut que ecluy qui tient, (tienne encore ,) [celuy
quia-, ait encore-, ou, ] celuy qui obtient, main
tenant , obtiendra encore , Gen. Céluy qui occupe ,
occupera, fur. jusqu'à ce qu'il soit détruit , [abo-
' v^ Et alors se découvrira le méchant , que le
seigneur Jésus perdra , [déconsira , Gen.] [détruira,
. . " Jur.
AVERTISSEMENT. % .
Jcft.] par le souffle de sa bouche a & qu'ilafeolira
par l'éclat de ía présence , [par ion éclatante préson»
ce,] ou, par ta gloire de son avènement; lau lieu »
de gloire , Gen. clarté: ] ;
9. Ce méchant, dis-je, qui doit venir accom- *
pagné de la puissance de Satan avec toutes sortes
de miracles , de signes , & de prodiges trom
peurs :
10. Et avec toutes les illufions qui peuvent porter
à l'iniquité ceux qui périssent : f
' 11. C'est pourquoy Dieu leur envoyera une
efficace d'erreur, en sorte qu'ils croyent au men
songe :
ix. Afin que tous ceux qui n'ont pas crû la vé
rité , & qui ont consenti à l'iniquité , soient con
damnez.
Telles font ses paroles de Saint Paul , dirécte- XI VI.
mencoppoíées au système des Protestans touchant D"'x"r-
lePape: laraisouestoue, selon leut propre inter- j'fc^á»?
prétation , Saint Paul fait paroistre l'homme de pé- de rEnti
ché , le méchant , l'ennemi de Dieu , & en un mot christ ,
{'Antéchrist, dans deux conjonctures ; l'une, au mirante*
temps qae celuy qui tientfera détruit , -fr. 7. 8. l'autre, t""ra!''A~
aux approches du jour du Seigneur , 1.8. & l'une fJ"''
& l'autre circonstance , sclou leur propre expli± ..
cation, est incompatible avec ce qu'ils disent du
Pape.
Lapremiére, pareequ'ils entendent Saint Paul XI f II.
du démembrement de l'EmpireROmain sous Ala- u premé-
rie , Sc dans toute l'étenduë du cinquième siécle : or ™* 'x~f
il n'a paru dans tout ce temps ni prodiges , ni signes i„ pnt,.
trompeurs , ni rien enfin d'extraordinaire dans la stani.
Papauté , pas meíme cn allégorie. Les miracles
qui se faisoient au tombeau des Saints Martyrs ne
tendoient qu'à glorifier le Dieu des Martyrs , à con
firmer l'Evangile pour lequel ils estoient morts , à
confondre un Julien l'Apostat & les infidèles endur
as ,& à convertir les autres. Ceux qui les ont rap-
R J porte*» ,
* #.í*4 AVERTISSEMENT,'
porté», c'est-à-dire, tous les Saints Pères & tous
leSjHistojiens , n'ont pas este des trompeurs , niais
« «les Saints , & la lumière 4? seur siécle. Les..Papes-.
, n'y ont pas eû plus de part cfue.tp.ut se reste des
Evefques , en Orient Sí en Occident , Sc par tout
le monde. On n'a rjamais produit a,ucun pacage
pour faire voir que lesjPapes ayeutfien fait de partir
culier fur cela ,& on ne songé pas feulement à e»
produire. On n'a non plus oie imaginer que les Pa-
pes qui lurent alors, ni plusieurs siécles aptés, ayent
songé à s'élever au dessus de pieu * ni à se faire ren-
dte)es hp.nneurs divins datjs^i T^P!1? '■ ou.,p'a
dis-je, osé imaginer que Saint Léon , ni Saint Sim-j
plkc , ni. Saint Qél.ase , ni Saint Hormisdas!,, nt
Saint Grégojre , ni les-autres, aycutrieníáit d'ap
prochant , pas mefme , je le répéte , en allégorie ;
car on demeure d'accord , mefme dans la jíéfpr-
mation prétendue , que ces Papes estaient de grands
Saints, ou tout au moins desigerjs de bien ; pn se
moque donc lprsflii'p^ ose dúe^ue.i'hprnrnc.dç pér,
ché parut alors,- ,: ; \ ,' i; , ; .,, . ■
JWIj. On,i)tçserire pas :mieiy£. de l'autre conjonctures
siement' °"^'nt fa^t.r^jst^e rhpnime dé.péchç /.c'est-,
VJmttn- »-*te yjavt les approches du jour- du Seipuus , 'SÍ
de íà présence éclatante : car l'hpmme de pèche
des Protestais ne deypit poiajt du tout venir dans
ces approches , ni vers le temps de ce grand éclat
de la présence 4^^-Ghrist;ipuis que/'Empira dé
ce meçhapf ^piiúmef dans .ifiiçíl^pijigue ïuçjjç'tjîpr}
de Papes, §c-pJus^paQUze ceiîs ans , .comAiciin a
yc$ : dpuç \'ho$ffifâ,j$^Àé$ffi EífMÏ n!j;st pas
çeliiy des Prptestaiis. "■>'-. iii < i~ -n 'u
Mais yoiçy encore un autre inconvénient , c'est
que la chute de ['Empire Romain qui est arrivée au
cinquième siécle , ou en quelque autre endroit qu'on.
Ja veudra mettre ,. n'a nen decommun avec le jour
du Seigneur , puis que ijousávons veûla premié^
"re çho'/é ,.. c'est-à dire , la chute de l'Empire , tresr
. parfaitement.'accomplie , & que treize cens ans
» 4 aER!s
avertissement: r^r.
aprés nous ne voyons encore rien de plus avancé
pour I'accompliílemcnt de l'autre. ».■ f
Mais rjueveur dire ce mot de Saint Paul , Que ce- XI IX.
luy qui tient tienne encore , jusqu'à ce qu'ilsoit détruit , j
fr 7. Tout ce qu'il plaira aux Protestans ; & en p*?n*„,
quelque sorte qu'ils l'entendent , il n'y a rien pour l0Ht /,
eux dans ce passage. qu'ils de-
Ws sçavenr bien que Saint Angustin approuve l'in- mtnint ,.
terprétation , où parce/iyr qni tint, on entend ce- '"'n"n'r
luy qui tient la foy , qui est solidement établi deílus ;
& il veut , selon ce sens , que Saint Paul l'exhorte à „/, ^e
persévérer malgré les illusions de l'Autechrist. U Saint Punir.
»'y a point là de mystère, ni aucune sorte d'ambr- Celuy qui:
guité , que celuy quittent tienne ,que celuy qui ala foy,iien'-.
ditSaint Paul , la conserve , c'est la mefme chose ®ex l*'
qu'il dit ailleurs , epeeeluy qui croitejíre ferme prenne £p, a(j
garde de netomber pas , 1 . Cor. X. 1 1. avertissement Hcsich.
tres-nécessaire dans la grande tentation de l'Ante- 199.0I 80-
christ , tant que dureront ses illusions , & jusqu'à
ce qu'il soit détruit par la présence éclatante du Fils
de Dieu. Et dans le meíme chipitre dont il s'agit,
Saint Paul dit encore à ceux de Thessalonique : Te-'
nez ferme , C conservez les traditions que vous avez
apprises de nous , soit de vive voix , Jott par écrit , x.
Thess. II. 14. où les mors dont se lert l'Apostre ,
çkkítí , x^.tí7ti ; Tenezfcrme, conservez,, gardez,-
tte sont pas moinsforts que celuy du fr, 7. ìrfo»», ce
luy qui tient. Toutes les Epistres de Saint Paul sont
pleines de ces préceptes , Tenez ferme, où le mot
Grec ngt-Axtri , est fort voisin & à peu prés de mes-
meforce , comme de mesme origine que celuy
, dont nous parlons : de sorte qu'il nsy a rien de plus.
x naturel que l'interprétation de Saint Augustin. Elle
n'accommode pas les Protestans : en voicy une autre:
d'un grand auteur qui ne leur conviendra pas davan
tage.'
C'est 1c docte Tliéodoret, un des plus judicieux-
Interprètes-dé l'Ecriture& de S^int Paul. Dansces-
moisd\ifr6.FonssçJvé'rcqitiarrc[}e, ou ce qui re- y
R. 6. tknts*
,9á AVERTISSEMENT.
tient , ■ il n'a pas entendu avec beaucoup d'autres Pé-
1 rçg l'Empire Romain, mais l'immuable décret de Dieu,
qui arrestoitïAntéchrist , parce qu'il vouloit qu'il ne
* t. parust qu'à lafin du monde , C âpres quel' Evangile au-
* roit rempli toute la terre. IL fuit íà pensée au y. 7. íc
il veut que celuy qui tient s'entende de l'idolatrie , fuL
devoit toujours durer dans le monde jusqu'à la venuê <í«
l'Antéchrist : d'eù il conclut qu'il né paroistra qu'a-
prés que l idolâtrieseroit tout-à-fait détruite, O" l'Êvait-
gile annoncépar toutl'uiûvers.
Je ne voy rien qui combate cette exposition , Sc
l'en poutrois rapporter beaucoup d'auttes aussi peu
conformes au dessein des Protestans ; mais venons à
celles qu'ils y croyent favorables.
Selon eux, celuy qui tient, celuy qui obtient ,
selon Genève j celuy qui occupe, selon M. Jurieu,
c'est l'Empire Romani qui tenoit tout l'universen
íà puissance. C'est Interprétation de plusieurs Pé
rès: mais si on la nie aux Protestans , comment la
prouveront-ils l Par les Pe'res & la tradition. ? ce se
roit contre leurs principes ; & puis les Pe'res varient,
& la tradition n'est pas uniforme. Qiioy donc , par
le texte mesme ? II n'y a lien de clair pour l'Empire
Romain. Que si l'on dit avec quelques Pérès , qu 'en
«la meí'me que Saint Paul affecte un langage my
stérieux , il montre qu'il enrendoit quelque chose
qu'il y eust eû du péreil i expliquer clairement ,.
comme eust esté la prédiction de la chute de l'Em
pire dont on auroit pu faire un crime aux Chrcstiens
& â l'Apostre , cette réponse 11e satisfait pas: car
premièrement nous pouvons répondre qu'il n'y a
rien là d'ambigu , ni rien de mystérieux , selon L'iu-
terprétation qu'on vient de voir de Saint Augustin.
■Secondement , qu'U peut y avoir beaucoup d 'autres,
choies que Saint Paul aura voulu enveloper dans un
. discours mystérieux,particuliérement dans l'avenir»
où il transporte en esprit íes secteurs.
En accordant néanmoins qu'il s'agit icy de l'Em-
pkeRomain, plusieurs Catholiques ont pense qu'en
core
AVERTISSEMENT. )97
cote que cét Empire ait elle' détruit en un certain
sens lorsqu'il le fut en Occident oùestoit íâ source
& dans Rome mesme , il a subsisté en quelque ma
niéré dans les Empereurs d'Orient , & en fuite dans*
Charlemagne , & dans les Empereurs François 5c
Allemansqui durent encore. ■' ,
Ce sens est indifférent pour l'Apocalypse. La
chute de Rome punie pour ses persécutions Sc pour
sou attachement à l'idolatrie , avec la dissipation de
son Empire dans fa source , est un assez digne objet
de la Prophétie de Saint Jean , & rien n'empeschc
que tant de siécles aprés cette chute on ne reconnois-
se encore ce foible renouvellement de l'Empire
Romain , qur depuis un si long-temps n'a plus rien
à Rome. Que si l'on veut soutenir que jusqu'à
la fin du monde ce nouvel Empire scraéxempr;
des vicissitudes humaines (ans jamais pouvoir périr
nu'àla venue derAntechrist,&quecesoitlà le sens
le Saint Patal ; ce setoit en mesme temps manife
stement la ruine des Pïotestans,. puis que cét Empire
sobsiíte encore.
Aussi s'y opposent-ils de toute leur forcer ils Jur. A<
ne trouvent aucune apparence que Saint Paul , par^^P"
ctltiy qui tient , parole si forte pour désigner un Em-^' l*
pire fous qui tout l'univers tremble , entende le
nouvel Empire , & ils veulent qu'il entende l'Em
pire Romain dont nous avons veû la chute; mais (
c'est ce que je détruis par cette preuve démonstrati
ve. Car voicy leur raisonnement : Celuy qui
tient, selon Saint Paul, c'est Rome qui tenoit
alors tout l'univers sous fa puissance ; lors que
cette puissance sera détruite, l'Antechrist, selon
cét Apostre , parorstra : Or il est détruit , pour-
íuivent-ils, cét Emprre del'ancienneRome fous
qui l'univers avoit pl«yé: l'homme dépêché est
donc venu. Voilà leur raisonnement Jans rou- *
te ía force. Mais poussons un peu plus loin la
conséquence , pour découvrir clairement la fausse
té du principe. Le mesme Saint Paul qui nous don-
R 7 m ■ .
19* A V E R T I S S E M E N T.
■elachutedeceluy oa;'/«7>í pour signe prochain der
rAnccchriít, nous la donne auífi pour signe pro
chain du jour du Seigneur,- car écoutons lès paro-
* ks,& prenons la fuite de /on discours î Ne vout
kifsez point troubler, ditsil , par ceux qui -mus ont écrit:
fiusmonnom, que le jour du Seigneur alloitvenir , *»
Thess. Pour les empeíchei d'eílre troublez
de la crainte d'une si soudaine arrivée de ce grand-
jour , il leur raconte un grand événement dont il
devoit estre précédé , qui estoit la découverte de
ce méchant que. Jeíus-Çhrist devoit détruire. Vòus^
sçavez, ditiil , ce qui l'empefche , ce <ji<i lé retarde ,.
afin qu'il paroifleen soi) temps, car le myjìérc d'ini
quité commence dé]a ; feulement que cetuy qui tient tien-
neencorejufqu'àcequil foitdétruit , CT alors fera de~
couvert ce méchant que le Seigneur détruirapar le soufle
deft bouche, & qu'ilperdra par ï"éclat de fa présence.
Voilà les mots de Saint Paul 6.7. 8. & on en
voit le rapport avec le jour du Seigneur du 1. On
Voit donc plus clair que le jour qu'il fait marcher
ensemble ces deux choses , la découverte du mé-
_; «. - chant qui s'éjevera auidessus de Dieu , & fa soudaine
destruction aujour du Seigneur , pat l'éclataute ap
parition de sagloire : or est il quece grand jour Sc
l'éclatante apparition de la gloire de leíús-Christ
n'est pas venue ; par conséquent lhomme de pé
ché qui en devoit estre un (1 prochain avanteoureur
ne l'est non plus, & on ne peut croire que Saint Paul,
par çeluy quitient , entende l'EmpireRomain dont
nous avons veû la chute . .
Mais que veulent donc dire les Pérès , lorsqu'ils
entendent ces mots , celuy qili tient , de l' Empire
VuJitagt à 1 tenoit alors l'univers en fa puissance ? II estaiíe
tirer du de répondre : en premier lieu , ce n'est pas le foi-
Péres, 9*» timent de tous les Pérès , co*ime on lc peut voir,.
ftnt-ótnir fans aller plus loin , & d'une maniéré â n'en point
1 yiî'ir lt ^outer ' dans les partages de Saint Augustin ìí de
iJzemtxtS Théodoret qu'on vient de produire. 11 faut donc
'Uclmtt de feigneusemeut distinguer les conjéctures particulié
AVERTISSEMENT. ?99
tes des Pérès d'avec leur consentement unanime : l'Empirt
mais secondementjes meímes Pérès qui entendent R«"!<Iíi,•
l'Em.pire Romain parceluy qui tient , entendent kuísÇ
yi&lejour du Seigneur $í par l'éclat*nte apparition de *
Jfsus-Chiíijl , le jour du Jugement universel dontec
niéchant devoitestre le prochain avanteoureur : tel-
letrientque s'ils joignent la chutede ce grand Empi
re avec la venue de J"Antéchrist , ils joignent aussi
la venue de l'Antéchrist avec le Jugement dernier &
lafin de l'univers ; en un motilsprésumoient que
í'EmpirçRomainso^tpute^ terre neftuircit qu'a,-
ycc Iç monde : ce;cuj'jls ont. bien pu conjecturer
ayant qufles çhpíêsrusíent arrivées : mais ce qu'on
ne peut due Çujs splie maintenant que l'expérience
pous a fait voir le contraire. ; ; •
íl y a encore un autre endroit où rinterprératipa * r-
Protestante ne s'accorde en aucune sorte avec celle £*ele/h»
des Pe'res : c'est que tous unanimement, &■ fans p™r™'fn'
exception d'un feuí , ils ont cru que l'Anrechrist ? diréHement
dontSaint Paul parle, en celieu , ferpitnnteul hom- contraire
me. Carils ont bieiiycûayecSainr Jean qu'il y.a^- au/jptme
rpjt plusieurs Antéchrists ', parce que le dernier , Preieftmt,
comme on l'appeìloit , qu'ils attenaoient à la fin 1"r
çjçs çeçjcs, , . suirpit plusieurs . avantcouieurs i mai»^ r^í„j
pour luy ,toiis l'ont pris pbur un seul homme , & ils techríft
estoient naturellement conduits à ce íens par ces ex- p««r unseul
pressions de l'Apostre: L'homme de pêché,iefils deper- f>°mme-
ditipn .,l'ennemi , le méchant, > çela.y,<jui -viendra ayeç tous e
lessignes trompeurs , celuy quejejus.- Chrifl déttuira,to\l$ x X. 19.
faractéres in.divicíueis. 1 qui désignent un homme z. Thess.
particuliér, corntne housl'avons, observé ailleurs. II.). 4»
Ûnnous objecte que le Saint Esprit nous repré- g.»
fente souvent comme un seul homme tout un corps, Vj[r "jj
tout un estât; témoin le faux Prophète de l'Apoca- 4>
lypse que nousmeímcs nous avons pris pour une •'
société de Philosophes magiciens , encore que par »ï *
troisfois.il soitappclléen singulier & avefcl'arti- Apot
cle , lefaux Prophète , comme l'Antechrist est ap- í V 1. rji.
pellé le méchant , fimpie. * 'x . IO'
C'est ia
* 400 .AVERTISSEMENT..
C'est la méthode perpétuelle des Protestans ;
anstjtost qu'ils ont trouvé dans l'Ecriture une figurei
ils l'outrcnt fans aucune mesure , en sorte qu'on ne
* .. fçait plus par où distinguer çe qui se dit propre
ment. Que si les Juifs ou les libertins qui ne reçoi
vent pas sÈvangi le vouloient dire que les passages
des anciens Prophètes où il est parlé du Messie , dé
signent aussi un certain corps & un certain estât , te
non pas un homme particulier , n'y auroit-iî point
de régie pour les confondre ? Et s'il doit y avoir un
Christ , on homme particulier qui soit le Christ
par excellence , devancé par plusieurs Christs en
figure, pourquoy nevoudra-t-onpas-qu'ily ait un
Antéchrist éminent , un homme particulier qui
' „ paroisse à la fin des siécles , que d'autres Antéchrists
inférieurs en impiété &en malice , un Nabuco-
donoibr , un Antiochus , un Néron , un Simon
le Magicien ou d'autres pareils imposteurs ayent
précédé ?
La régie que nous donnons pour entendre les
figures de l'Ecriture , est de consulter l'Ecriture
, mesme. Par exemple ', (i nous dtfons que le faux
Prophète désigné dans l'Apocalypse comme un
homme particulier peut estre pris pour un corps en
tier & une société , c'est que dés le contmencement
xm ,, ^estaPPe"éunebeste: Et je vis, dit Saint Jean ;
' ' une autre beste ; terme consacré dans ce livre, pour
signifier un corps de société , un grand Empire , une
ville dominante, ou quelque autre chose semblable,
comme il est formellement expliqué par SaintJean
XvTlI me^mc ■ & cette idée venoit de plus haut , c'est-à-
o. 18. dire, de Daniel , où les quatre bestes représentent
quatre Royaumes , comme il est distinctement ex-
Dan. VII- pfiqué par ces paroles précises : Ces quatre bejles
"T* (ont quatre Royaumesquis'éleverontdelaterre.
v_ II faqdroir donc nous montrer que Saint Paul
nous <ktst parlé en quelque endroit de ce méchant
v autrement que comme d'un homme particulier ,
«u qu'on ait jamais entassé tant de caractères indí-
( viduels-
\ » *
»,
AVERTISSEMENT.. 401 '♦ ...
viduels pour signifier une fuite d'hommes : & si l'on
dit que ce méchant est le- meíme que le faux Pro
phète de Saint Jean , visiblement cela ne se peuí 5 A
puisqu'outre les autres raisons par leíquelles nouï -í
nous re'fervons de le démontrer dans la fuite , il
suffit de dire à présent , qu'au lieu que le méchant
» de Saint Paul se porte pour Dieu , &s'éleveaudessus
de tous les Dieux , le faux Prophète de Saint Jean , Apoc.
qui est la seconde Beste , ni ne se donne pour un x 1 í **
Dieu , ni ne íe fait adorer 5 mais qu'il fait adorer la c"
première Beste.
C'est donc pour cette raison que tous les Pé- Ll U
res unanimement , & sens en excepter un seul , dés
l'originedu Christianisme ont reconnu naturelle- ^""Pa
ment le méchant , l'impie, l'homme de péché , dtntai
& l'enfant de perdition de Saint Paul , & en un mot atic Us
l'Antechrist , pour un homme particulier qui de- P/w,»»
voit venir â la fin du monde pour faire la dernière' Saint
' épreuve des Eleûs de Dieu, &l'éxempleleplus P*"1'»'
eclataut de la vengeance avant le Jugemeut pro- mtsmlu
chain. .
Les Protestans nous répondent , qu'aussi ne íui-
vent-ils pas le plan des Pères : qu'il est bien vray
qu'avec eux ils prennent le méchant de Saint Paul
pour l'Antechrist , & le font venir encore avec eux
à la chute de l'Empire Romain ; mais qu'ils ne les
suivent pas en ce qu'ils joignent toutes ces choses au
dernier jour, & encore moins en ce qu'ils font de
l'Antechrist un particulier. Voilà ce qu'ils nous ré
pondent: d'où je conclus premièrement , qu'il ne
faut donc plus , comme ils font, & comme fait
encore en dernier lieu M.Jurieu, s'autoriser des Préj. Ac-
Anciens , pour tout à-coup les abandonner aux comp.
endroits les plus essentiels; & secondement je leur Lett. XII.
demande ce que c'est donc , íeloneux, que le jour
du Seigneur , & l'éclatante apparition de Jesiis-
Christr *
Du Moulin tres-embarassé de cette difficulté , SS
d'une si prompte exécution de son Antéchrist qui
dévoie
x* w ' v
*
«v 49% A V EîTISSÏMEN T.
devoit durer douze à treize cens ans , paraphrase
d'une étrange forte ce verset de Saint Paul: Et lors
le méchantsera révélé , lequel le Seigneur Jésus déconfira
far tefprír de[abouche , (3 abolirapar la clarté de fan
avènement. Voilà le Texte de Saint Paul selon la
version de Genève , &. en voicy la paraphrase ícíort
Accc-mp. le Ministre : Et quand cét Empire Romainsera détruit,
d" p">- alors fera pleinement manifeflé ce Pontife , & le siège
S •P-78' Papalfera exaltépar la ruine de l Empire; lequel Pon-
1 tife Dieu abbatra et aïîoiblira , mais ne
I. E De'truiBA point totalement qu'au dernier
pur du Jugement, lors que Jefus- Chrifi viendra en ft
gloire. Ce que voulant expliquer plus amplement ,
ibid. !i nous représente l'Empire Papal ébranlé par la
f*1?2* prédication de Luther ; & quant à Itpleine abolition,
il la réservé au jour du Jugement, dans cinq ou six
cens ans s'il plaid à Dieu.
On voit bien ce qui le contraint à parler ainsi,
c'est qu'enfin il n'a osé dire que Luther ait abbatu &
détruit ce prétendu Antéchrist de la réforme , com
me il s'en estoit vanté : c'est pourquoy il a fallu dii-
stinguer deux temps , l'un oú l' Antéchrist tetoit
affoibli , & l'autre où il íeroit détruit tout à-faiu
Mais ce n'est pas ainsi que Saint Paul procède : il n'y-
a dans le texte aucun vestige de cette distinction ;
c'est-à-dire , que le Ministre a veû le mal , 5c n'y a
point trouvé de remède > qu'en falsifiant le Texte
de Saint Paul.
Pour colorer «ne si indigne falsification , il a vovr-
lu s'imaginer que le mot Grec qu'on a traduit à Ge>
neve par se vieux mot déeonjtra, & cetuy qu'on y a
traduit par abolira*, lont d'une vertu bien diffèrent
te : àuixàtrit. [íAnalolei) selon luy , ne signifie
« ft A pas tuer, comme la traduit la Vulgate , maisHui
déconfiturepar certainsprogrés , comme qui diroit user ,
dissiper , consumer. Que veut dire ce faux fçavant
* avec son Grec jette' en l'air pour éblouir le mon
de ? Et qui jâmais a coiiccû qu'analofei , où il a tra
duit déconfira , soit plus foible que xara^yini.,
' ■ ■* - n {catar
A V E R T I S S E M E N T, . 4oj ' v
{catargeseí) où il traduit abolira ? Quel enfant qui
ait oûïparler de la ruine de Troye , ne sçait qu'elle
s'appelleiind/ii/M', & que ce mot signifie excidiutn ,
■la destruction , la ruine , la perte totale ? Que si -
c'est lá ce qu'a fait Luther, que fera de plusjcsus-
Chriíì quand il viendra dans w gloire ? Mais qu'y-a
t-ilquitombeplusviste quece qu'on abbat par un
soufle?& qui ne voit plus clair que le jour , queces
deux expressions de Saint Paul , Jesus-Christ perdra
le méchant parsonfoujie , & le détruirasar lagloire de
/on avtnement , ne lignifient que la mesme choie
•re'pe'tée deux fois , lélon le génie de l'Hé-
breuh ,.
Saint Chryíostome , qui asseûrément íçavoit le
Grec, voulantexpliquer la force du mot «»»aiV*h» >
(analiiJ^ein) dont se sert Saint Paul , & tout ensem
ble faire voir combien promptement l' Antéchrist
íèroit de'sait par l'éclanme apparition de Jésus-
Christ, Cesera, dit-il > comme unfeu , qui tombant ïn i- »<J
seulementfur depetits animaux, avant mesme que de les ^he^'r >
toucher , £7* quoy-quiissoient encore éloignez > les rend j'y
immobiles de frayeur , & les consume , analiskei ;
ainsi Jefus-Chrifl , parsonseul commandement , O" par
safeule présence , consumera l'^íntechrifl , analoíèi :
í'f|î afftx qu'il paroisse , CT tout cela périt aujji-
Le Cardinal Bellarmin s'estoit servi tres-à-pro-
pos de ces paroles de Saint Chrysostome , trop pres
santes pour du Moulin , quoy-qu^alors foiblement Ibid. 6j>
traduites. Ce Ministre Les astoibftt encore davanta
ge : au lieu de cette frayeur qui rend ces animaux
immobiles , il veut que le feu , contre ía nature ,
ne fasse que les assoupir ; au lieu de cette prompte
action du plus vif & du plus votacc des elémens,
il luy donne une lenteur qu'il n'eût jamais ; & non
content de changer le sens de Saint Chrysostomc ,
rlvoudroit encore changer la nature mesure , pour »
faire vivre son Antéchrist plus que Saint Paul ne Je
permet.
■i . *
* 404í AVERTISSEMENT,
w*, Lernesme du Moulin blasme la Vulgate , qui traC
duit l'analofei de Saint Paul , par le latin interficieU
Epist. X I. Mais Saint Je'rosrae traduit par tout ainsi : il dit pat
ruch 8Ep ' tout ' *e m^cnant tJtt* 'c Seigneur tu'èra , fini
ad Al*. mt>"y'f > interíiciet , par le foiìfle de sa. bouche ,
q. X I. & détruira par l'éclat de son avènement. Et voi-
cy comme il l'explique : Le Seigneur , dit-il , le
fera mourir > interficiet , far le foufle defa bouche ,
c'ejr-ì-dire , parsa divine puissance , & par un comman
dement absolu , puis qu'à luy , commander c'ejl faire:
ainsi ce nefera ni-par une armée , nipar taforce det sol
dats , nipar lesecours des singes que r^Anttchriftfera
tué; O" de niefrie que les ténèbres font dissipées par le
seul avènement du soleil , ainsi Jrstis-Chrift détruira
l'c^íntechrifl par lefeuléclat deson avènement.
Voilà l'idée que met natirrellement dans les es
prits le passage de Saint Paul : ce n'est pas un Ante-
christ qu'on Tasie périr d'une mort lente , & qu'on
consume , pour ainsi dire , à petit feu , on n'en sait
point à deux fois , sion me permet de parler ainsi ,
& il périt tout- d'un coup devant }eíus-Christ qui
-rient en fa majesté' juger les vivans & les morts.
Préj.leç. Le Ministre Jurieu l'a pris autrement que du
I V Chg1 Moulin > & (>ar I* ^artt'd' ''avènement de Jefus-Cbrifl
Accom. il entend non pas le derniepavènement du Seigneur , mait
des Pro- celuy par lequel il viendra, long-temps avant la fin du
ph. i. p. monde, abbatre le paganisme , le Mabometifme, le
ch.îj. Papisme, &c. Nousnecomioissions jufqu'icy que
deux avénçmens de Jefus-Christ ; l'un avec la mor
talité, qui est accompli ; l'autre en gloire, qui est
«cluy que nous attendons ; mais le Ministre en mec
trois. Les Thessaloniciens ne craignoient qu'un
i. Thess. £ul jour du Seigneur , dont Saint Paul leur avoit
Mcja parlé dans fa première Epistre; & c'estoit
r ^ le jour du Jugement , capable de faire trembler
les plus justes. C'est ce jour dont la prochaine ar
rivée , que quelques-uns leur annonçoient , les
avoit troublez: ìln'y avoit donc àattendre qu'un
jour du Seigneur. Le Ministre leur en montre deuxi
' v -m mais
AVERTISSE M E N T. . 405
mais encore lcq oel des deux craignoient- ils ? Celuy
où Jeíus-Christ devoir apparoistre pour confondre
l' Antéchrist avec le Paganisme , le Mahométisme ,
Je Papisme ? Qu'y avoir- il à craindre pour eux dans
ccjour?& dévoient- ils estre Payens , Mahométans ,
ou Papistes ? dans quel abií'me se jette le Mi
nistre ! II faut estre bien poussé á bout , lors
qu'on fait de telles violences au langage de l'Ecri-
ture: mais avec tout cela on ne gagne rien ,
& la difficulté demeure toujours. Car enfin ,
quoy-qu'on veuille faire du jour du Seigneur ; &
dtlapréfencc éclatante de Jejus-Chnst , il est toujours
tres^constant que Saint Paull'attache à la chute de
celuy qui tient : ^/ilors , dit-il , se découvrira le mé
chant queJesus-Cbrifl détruira par l'éclat defa présence.
Et tout cela devoit patoistre aussirost aprés la chute
de celuy qui tient , y. 7 . puis qu'il n'y avoit que cela
qui retenait ■> 'y. 6. Que ce soit donc tout ce qu'on
voudra , ou l'entier renversement du monde dans
le Jugement dernier , ou dans quelqu'autre appari
tion de Nostre Seigneur, la destruction de l'Ante-
christ ; fi celuy qui tient. , c'est l'Empire dont Alarie,
ou quelque autre qu'on voudra , a commencé la
dissipation , & que pòur cette raison l'homme
de péché ait «leu paroistre vers ces temps-là ,
on en doit avoir veû vers ce mesme temps non-
feulement les' attentats & les prodiges , mais
encore la destruction éclatante, la prédiction de
Saint Paul nous menant si rapidement de l'un à
l'autre , Sí ne laissant entre deux aucun intervalle.
Mais ce rapide accomplislement de la prédiction
de Saint Paul qu'ilexplique avec des paroles.si vives,
n'a rien qui convienne à V Antéchrist des Protestans,
car il leur faut douze cens ans pour en composer la
fisble. L'Antechrist qu'ils nous propoíént estut»
Antechristdontonnevoit trois cens ans durant ni
les impíétez ni les prodiges. C'est un Saint durant
quatre siécles , plu
coramencé á-íc déclarer , il faut encore nuit ouíieuf
40Í «r A V E R T I: S S E M E N T.
cens ans pour lé détruire ,• encore ne sçait-on
pas si on en. viendra tout- à- fait â bout devant
ce temps , & on croit- qu'on sera contraint de luy
laisser une vie traînante durant quelques siécles.
Tout cela qu'est ce autre chose que de changer, lejs
vives idées & les éclairs de Saint Paul en la froide al
légorie d'une histoire aussi languissante qu'elle est
d'ailleurs mal appuyée ?
lllìi , Mais aprés tout , qui a dit à nos Réformez que
froideur ces grands mots de Saint Paul , L'impie gui.s!élèvera ■
dis <tHegt-
rìej des audeffus de tout ce qu'on appelle Dieu , qui fc montrera
frotefidns. dans le "temple de Dieu comme estant Dieu.ûiyrmefmfi- ï ■
& le r*ste ; qui leur a dit encore un coup , que tou
tes, ces choses soient dés caractères allégoriques' î
Est-ce qu'il n'est pas possible qu'elles arrivent à la-
lettre ; Mais nous avons cent éxemples des Rois
orgueilleux qui se font fait rendre les honneurs di
vins ; & fans rappeller icy les Nabucodonosors &
les autres Rois impies que l'on connoist , on sçait
que CaliguJasc vouloir faire adorer jusques dans le
Temple de Jérusalem ; que Nérpn ne fut pas moins
emporté , ni moins impie ; que les Césars avoient
des Temples, & qu'ils furent le plus réspectez
de tous les Dieux. Ces chosesestoieut commu
nes dans le monde au temps que Saint Paul
écrivoit , & il parloit aux fidèles selon les idées qui
estoient connues. Pourquoy veut- on y substituer
des allégories vou plûtost des calomnies manifestes
Var. livie de la Papauté ? Quand je fais ces objections à M.
XIII. 3 Jurieu , il me reproche sérieusement que je n'ay pas
4.7. voulu voir les endroits qu'il a rapportez où le Pape
Lettre
XIII. estappçllé Dieu. Quoy , il voudroit qu'on allast .
répondre à toutes les Thèses, à toutes les Epistres
'dédicatoires, à tous les mauvais complimens que
luy & ses confrères ont ramassez , à cause qu'ils
les débitent avec un air aussi sérieux que si c'estoienc
autant de dogmes de l'Eglise Catholique ? Mais;
je vais donner beau jeu â ses vains reproches» Oûï,
je luy avoué' quele Pape est un de ces Dieux dont a
"* par/c
AVERTISSEMENT. 407
parlé le Psahniste , qui meurent comme les hommes , -
mais qui néanmoins sont appeliez Dieux , parce g1** ■
qu'ils éxercent fur la terre une autorité cjui vient
de Dieu , & qu'ils en repréíèntent la puissance-
jusqu'Ju point que Dieu à voulu. Qui blasme
cette façon de parler n'a qu'à s'en prendre au
Saint Esprit qui l'a dictée à David , & à Je- Joan.X;
fus-Christ- qui l'a approuvée. Si les flateurs en 34*
abusent , qu'ils aillent en perdition avec leurs
lasehes & profanes discours : mais peut-ou dire
sérieusement que le Pape se faste Dieu en un
mauvais sens , pendant qu'il se, reconnoist non-
seulement homme , mais encore pécheur , & que
comme les autres fidèles il confestc ses péchez
aux pieds d'un Preltre ? Mais il se dit Vue-Dieu ,
c'est- à-dire , Lieutenant de Dieu : il n'est donc pas
Dieu. Les Rois (ont à leur maniéré Vicaires de
Dieu. Le Pape l'est d'une autre sorte , & d'une
façon plus particulière , comme établi spéciale
ment par Jeíus-Christ le Pasteur de tout son trou
peau. Se moque-t-on d'appeller cela se faire Dieu ?
Mais , dit M. Jurieu , le Pape fe met audeffus des Le,t-
Rois qui font des Dieux. Qu'un homme nerou-XI
gifle pas d'objécter gravement de telles choses ,
& qu'on puiíle les écouter sérieusement , c'en
íeroit assez pour se détromper à jamais de tels
docteurs. Que veut on dire , le Pape fe met au-
deflus des Rois ? Sans doute en un certain sens, &
comme Pasteur : qui le peut nier , puis que les
Rois Chrestiens fout gloire d'estre compris au
nombre de ceux dont Saint Paul a dit , Obe'tjfex à
vos Prélats f Si c'est là se faire Dieu , qu'on (onge du
moins que ceux dont le Pscaume a dit , Vous ejles
des Dieux ; & Dieu s'e[t aj]i/ dans Vassemblée des Dieux,
ce sont tous les Juges; & parce qu'il y a des Juges au- „ ■
dessus des Juges , des Grands audessus des
Grands , & que le Roy commande à tous , com- Ecc. y.
me dit le Sage , le Roy sera un Antéchrist , & 7-
"tout l' ordre du monde m antichiistianiíme : les
- Faruti-
40*^ AVERTISSEMENT,
fanatiques le diront peut-estre.^ Mais le Pape se
Ift«ie dîc infaillible. Si l'on demandoit au Ministre , quel
XIII, papC j>a jjt . 0^ en e(j ja decrétale , & quel acte a
jamais fait l'Eglise Romaine pour établir ce dog
me , il demeureroit muet , car je luy maintiens
qu'il n'y en a point. Mais enfin, peut-ondire sé
rieusement que de croire ou d'espérer avec quel-
ques-uns que Dieu ne peimettra pas qu'un Pape dé-
cide en faveur de Terreur , ce soit en faire un Dieu ,
& non pas un homme assisté de Dieu , afin que la
vérité íoit toujours presehée daiis l'Eglise par celuy
qui en doit estre la bouche ? Cédons de perdre lc
temps à résoudredesobjéctions qu'on ne peut faite
sérieusement. Que Saint Paul ait eu en Veûë des
choses si froides quand il a écrit son Epistre aux fidè
les de Theffalonique , & qu'il ait voulu leur donner
de si graves précautions contre des chimères de
cette nature , c'est dégrader un si grand Apostre que
de le penser. Non , non, se faire passer pour Dicu-
& s'élever audeílìis de Dieu , ce ne sera pas seule
ment Timpertinente éxagération de quelque fla-
tcur , ou quelque cérémonie mal interprétée , ou
mesine quelque prétention excessive , mais ce sera
dans le litéral se donner réellement pour Dieu , &
se faire bastirdes Temples commeont fait tant de
Rois impies. De mesine , venir au monde avec
a. Thess. toute í'opération de Satan , O" toutesfortes de signes O"
1 9- de prodiges trompeurs , jusqu'à faite descendre le feu
Xil'r diiCiel, & autres choses de cette nature , ce ne sera
jj. ' pas donner la confirmation , ou prononcet des ana
thèmes, ni dire, ce qui est cettaiu , que Dieu faic
des miracles par ses Saints, & durant leur vie , &
aprés leur mort. Ce sera, comme les enchanteurs
de Phataon , imiter les miracles de Moïse ; ce se-
Matt. ra comme dit Jesus-Christ , faire de p grands prodi-
XXIV. M- ges , CT dessignesfifurprenans , que les Elcúsmefmes,
iìlse peut , Joient induits en erreur , en íorte que pour
estre parfaitement confondu , il ne faille rien de
moins que l'apparation éclatante de Jesus-Christ
dans
V
AVERTISSEMENT. > 4»,
dans fa gloire , {c le grand jour du Seigneur.
' Quand les Papes entreprendront de rels prodiges ,
& qu'ils les entreprendront pour justifier qu'ils sont
des Dieux , & se faire dreíïer des autels , je rccon*
noistray l'ennemi dont parle Saint Paul.
Que sera- ce donc , dira-ton, quece't ennemi ? IIP",
Je réponds que si c'est quelque chose qui loit venu il Cijtit i'm
y a long-temps > comme le prétendent les Trote- t"" i*"/*
stans, c'est aussi quelque chose qui est détruit il y a '"Xtt-
long-temps, comme on a veû; C'est donc une christ.
manifelteabsurditédedirequeceíòitlePapç. Que
fi l'on entend par cét ennemi quelqu'un qui soirdéja
venu & détruit , soit que ce soit Néron , selon quel-
ques-uns , ou Caligula, ou Simon le Magicien ,
íelon quelques autres , comme Grotius & Ham-
mond, il n'y a rien là contre nous; la peine sera de
faire quadrer les événemens avec les paroles de Saint
Paul & avec la date de son Epistre , ce que j'avoûë" ,
quanta moy, que je n'ay pu faire. Que si, com
me le veulent les Anciens , & comme Saint Augu- De Civit.
ftin nous asseûre par deux fois , que tout se monde X X. 19.
se croyoit fans aucun doute 5 si , dis-je , ce méchant &c'
est quelqu'un qui ne soit pas encore venu , qui vien
dra à la fin des siécles , & qu'on nom métal'Anté
christ : qui peut dire ce que ce sera fans estre Pro
phète ? Saint Augustin avoûë du moins qu'il n'y
connoist rien, & proposetoutce qu'il peut imagi- -
ner , laissant tout absolument dans l'incertitude.
.Soit donc que ce soit quelqu'un , qui pour.attirer les
Juifs rebastifle se Temple de Dieu dans jérufalem ,
ouquienbastifle quelqu'autre au Dieu créateur,
comme vouloit faire Julien , où enfin il se salle
rendre ses honneurs divins à l'éxeinple de tant de
Rois impies j soit que ce méchant choisisse quelque
célèbre Eglise des Chrestiens pour s'y faire adorer
comme un Dieu j soit nue , selon une des interpré
tations de Saint Augustin, ce soit un Prince héré- .
tique qui prétende que la société qui le suivra soie la
▼raye Eglise, & qui, par force , ou par illusion , y
S entraîne
4io AVERTISSEMENT,
entraîne un ttes-grand peuple pour y paroistretou:
ce qu'il voudra à ses sectateurs ; íòit que ce soit un
faux Christ & un faux Messie , maïs plus grand
trompeur & plus rempli de Satan que tous les autres,
qui se disant le Fils de Dieu comme Jeíus-Christ , &
se mettant audeílus de luy avec des signes propor
tionnez à fa prétention , accomplira à la lettre tout
ce que dit Saint Paul ; soit que ce soit quelque chose
qu'il ne soit pas donné aux hommes de prévoir :
toujours est-il bien constant que c'est chercher á íe
tromper que de fonder un schisme sur cét énigme ,
& que tout ce qu'on en peut dire de plus afleûré , si
c'est celuy dont parle Saint Paul , c'est qu'il ne du
rera pas long temps ,& que fa chute suivra de prés
son audace.
Cependant on peut encore tenir pour afleûré que
ce fera quelque faux réformateur des erreurs 8c des
corruptions du genre humain , & que le fonds de
fa mission sera uoe fine hypocrisie , qui est propre
ment le mystère d'iniquité dont Saint Paul a dit
qu'il commençoit de son temps à íe former. Mais
n ce détestable mystère fe formoit au commence
ment par tant de lectes qui se cachoient jusques dans
le sein de l'Eglise sous le nom & l'extérieur de la
piété, il se consommera à la fin des siécles d'une
maniéré bien plus trompeuse." La grande apostasie
précédera , soitque ce soit la révolre contre quelque
grand Empire , íoitqueceíoitun grand schiíme ,
peut estre encore plus étendu que ceîuy.de Luther &
de Calvin , où des Royaumes entiers se sont canton
nez avec une haine obstinée contre l'Eglise Catholi
que. Et pour ces mots de Saint Paul , que celuy qui
tient tienne , loit que ce soit une exhortation â ceux
qui tiennent la vraye Foy á la défendre contre les
prestiges & les violences de l'Antéchrist , ou , pour
ne point répéter les autres interprétations , qu'il
doive s'élever encore quelque grand Empire où
Saint Paul, à la maniéré des Prophètes , nous ait
Voulu transporter en esprit comme £ la chose estoit
présea
t
AVERTISSE M E N T. 411
présente: toujours est-il bien constant par les preu
ves qu'on en a vcûës > que si c'estoitTEmpire Ro
main dominant fur tout l'univers , nous aurions dé-
ja veû paroistreauffi-bien que la chute de ce grand
Empire.! non-seulement les blasphèmes, les fau*
miracles, & la ruine de l'Antechrist , mais enco
re dans celle de tout l'univers le grand jour de Jesus-
Christ.
Au reste , les Protestans se sondent beaucoup fur tV.■
ce que la Beste de l'Apocalypse , sur tout la seconde , j,
Sc\e méchant de Saint Paul sont la mesme chose ; jj" ^
Scilest vray qu'il y a quelques caracte'res sembla- „t pellt
blcs , par exemple , celuy des faux miracles qu'on tjire mcu-
voitparoistre dans la seconde Beste de Saint Jean , neáeiBe-
comme dans le méchant de Saint Paul : mais ce fi". "*
caractère équivoque leur est commun avec beau- S2**„
coup d'autres , & nous avons remarqué entre-cux ^u'iin'y .*
deux différences essentielles : la première, que la di rapport
Beste de Saint Jean 11e íè dit point Dieu , & ne se tntn Saint
fait point adorer elle mefme comme le méchant de f*!'**"
Saint Paul j mais au contraire, loin de s'élever avec , "fft°ï*e~
cc méchant íur tout ce qu'on adore, elle fait adorer Jjmi, ch.
un autre ; la seconde , que le méchant de Saint Paul XX Je
vient & périt dans les approches du Jugement uni- attiAtr-
versel,. en {orte que là séduction sera la derniere de "j**.
l'univers, comme celle que Jésus- Christ se réserve á f"""'
détruire par ion dernier avènement ; au lieu qu'a- Apoc.
prés le supplice des deux Bestes de Saint Jean , & les XIX. ta.
mille ans qui le doivent siiivrc , quel qu'en puiíle x î* 7*
,(estre le mystère , il reste encore à I'Eglise une der
nière persécution à efluyer , qui est celle de Gog & ,
Magog , plus dangereuse que toutes les autres, com
me il a esté remarqué , puis qu'elle fera l 'effet du ^6TÍZ ,Ie*
dernier déchaisnement de Satan. ch°X X.
II ne faut donc point comparer avec le second
chapitre de la seconde aux Thesïaloniciens tout ce *■
qu'il y a dans l'Apocalypsc depuis le chapitre , IV.
jusqu'au X X. comme si c'estoit la mesme chose ;
il n'y a de rapport précis du passage de Saint Paul
S i avec
4Ti AVERTISSEMENT,
avec l'Apocalypse que dans le chapitre X X. & daní
le feu tombé du Ciel qui consume Gog & Magog ,
puis que ce feu n'eltant autre chose que celuy du
dernier Jugement , il a le rapport qu'on voit ^avec la
Ibid. dernière & éclatante apparition de Jésus Christ ,
comme il a pareillement eíté dit ailleurs. '
J'espére que les Catholiques se rendront aisément
à ces preuves ; & pour ce qui est des Protestans,
qu'ils sedeíabuseront de Terreur grossière qui leur
fait imaginer leur Antéchrist dans plusieurs person
nes & dans une fuite de treize siécles , en sorte qu'a-
ptés fa venue il nous fasse attendre fi long temps le
Jugement universel : contre tout ce qu'a dit Saint
Paul,& contre toute la tradition qui l'a toujours
entendu , comme nous faisons , dés l'origine du
Christianisme.
\ On croira peut-estre que ce qui 'oblige les Mini-
{rìoâit * ' ftres * sorcer se se'iS de Saint Paul Iur le sujet de
Ministre , VAntéchrist qui doit venir & estre détruit à la fin des
k» autre siécles, c'est qu'ils tiennent pour bien asieûré que
^4nte- cet Antéchrist ne viendra jamais,& que tout ce qu'en
christ, i ont ,jit ies pères est une fable : mais il n'en, est pas
l"iTén Lt a'n^* Le Min'stte Jutieù trouve vray-semblable
Us paroles qu'il y aura fur la fin des siécles une dernière perjéc'w
de Saint tion qui durera trois ans & demy. Quoy , trois ans
Paul cm- & demi à-la lettre, íàns que ce soit à ce coup des
viennent jours prophétiques ? Le Ministre le veut ainsi à cet-
Acc*! p. tef°is? Síaprés cette persécution pourra venir, conti-
p. ' nuë-t-il, l'tsfntechrijl de Saint Irénée , à jkì , dit-il,
je veux bienfaire cét honneur de croire qu'il avoit apprit
de quelques hommes ^Apostoliques le mystère de cette der
nière persécution. A cette fois il se rend traitable :
Saint Irénée a trouvé grâce devant luy , & le voilà
•i réconcilié avec les Martyís& les Docteurs des pre
miers siécles : enfin il leur accorde un ^Antéchrist qui
feralcMefjic , pour tromper les Juifs , qui régnera
trois ans & demy devant lafin du monde , GT qui fera
détruit peu dejours devant le dernier Jugement. Mais il
n'accorde cela qu'à condition que-céc homme que
. :.- Jésus-
AVERTISSEMENT. 41 j
Jesus-Christ détruira par (a derniere arrivée ne fera
qu'un diminutif dest^intechrijl , qai est le Pape ; car
fur tout il se Faut bien garder de croire que depuis le
commencement juíqu'â la fin de l'univers il y puisse
jamais rien avoir depisqueluy , pasmeíme celuy
qui se dira le Messie à la fin des íiéclcs , qui néan
moins apparemment sera le plus impudent de tous
les imposteurs , & qui par là mériteroit bien d'estre
cru celuy dont parle Saint Paul. Mais le Ministre
ne l 'endurera jamais: Une faut point le confondre ,
dit-il > ni avec l 'homme de péché de cegrand t^ípoflre, ni
avec aucune des Bestes de l' Apocalypse. Maispour-
quoy , endémeíland'obfcurité d'un passage aussi
obscur que celuy du 1 1. chapitre de la i . aux Thes-
íàloniçiens , ue vouloir pas nous permettre d'y pla
cer ce dernier Antéchrist ? Pourquoy 11e vouloir
pas croire que ce sera le plus méchant de tous , puis
que Satan l'envoyera à la fin des siécles pour faire
les derniers efforts contre les Eleûs , & que Jesus-
Christ de son costé en réservera le chastîment â son
grand & dernier jour , pour estre le dernier coup de
ía puissance? II est vray que le Ministre le défend ,
& ja-n'en íçay r"" la raison , car de bonne foy il
"ïi'cn dit point ; mais c'est qu'il faudroir effacer
tout ce qu'il a dit du Pape avec toute la ré-
forme4 & renverser tout ce beau système qui le fait
passer parmi lés siens pour le Prophète de son
temps.
De peur qu'on n'abuse encore de la Prophétie de 1 T.
Daniel comme de celles de Saint Paul & de Saint J"!*^
Jean , on en verra bientost un commentaire , & je ',„fr^
.iray en attendant , que la Prophétie de Daniel où DmìiI.
l'on veut à présent trouver le Pape estant accomplie l'txplic*-
dans la persécution d' Antiochus > comme les Mini- tien dt
stresenconvierlfient , ils ne peuvent plus y trouver S*™\mPf£
autre sens qu'avec le secours de la tradition qu'ils re- £ j!£
jettent. d$nnh
Pour la prédiction de Saint Paul dans la I. à Ti- Cmc lufim
mothéelY. outre ce qu'on en a veû dans céc Aver-dr<«/*«"*
S } tisser
4H " A V Ê H T I S S Ê M' É N t.
dt partie de aisément , onapuvoir clairement ailleurs qu'elle
''t*vtr' est accomplie dans les Manichéens & les autres íèc-
Sap n?6. t6*'1"?'*5' qui- dés l'origine du Christianisme a-
í7. ' voient miscertaínes viandes, & en général le ma-*
Hist. dts riage , parmi les choses réprouvées de Dieu & mau^
Var. XI. Taises de leur nature. Maisvoicjrceque répond M";
Lettre X. . Jurieu : Les Théologiens Papistes., pour éluder ce pas
sage , tavaient -voulu détourner il y a long- temps du cojic
des Manichéens : mais M. Bojluetfentoit bien que peu de
gens de bon sens fiftient capables de donner /à-dedans
quand ilsfiauroient que les Manichéens ontejìédáns tous
les siécles unefi&e obscure &peu nombreuse , CT qui n'a
sas duré dans le monde avec éclat. Si Saint zsiugujlin)
ne s'efloit latslésurprendre par ces abuseurs ,- & aprés
les avoir quittez nefifuft donné la peinede réfuter ample
ment leurs rêveries , à peiné[croient ils connus. Ils pé
rirent dans le cinquième &" dans lesixièmesiécle , & en
mouranfils laijiérent quelquegerme degens , lesquels con-
(ervérent quelques-uns de leurs dogmes,eomme l'abstinen-
cede certainesviandes 0" le mépris des Sacremens del'E-
j/í/é.Et un peu aprésíO» neprouverajamais qu'ils ayent
tompo/ì me communion ianifoìt peu considérable; il yen:
avoitenbeaucoupdelieuxdel'OrientíS del'^Afrique r
mais c'ejloit depetites société* comme celle des Illumine^
d'Espagne O" de nos Fanatiques. ^Aucunepersonne rai
sonnable nepourra doncfi persuader que Saint Paul ait
pensé à unefiile qui nedeooit jamais eflre d'aucune di
stinction dans le monde: autant de fau(Tetez & d'illu
sions que deparoles : ' les Théologiens Papistes ont àé-_
Var. XI. tourné ce passage du costédes Manichéens ; il falfoit dír
9- 3 J. re que tous fes: Pérès qui ont entrepris d'exphqueè
cette prédiction de Saint Paul l'ont entendue unani-
* inement de ces hérétiques , ou de ceux qui avanr
*eux , & íb'us d'autres noms, enseignòient les
mesines erreurs. Sans Saint t^iugujlin , cette fiile
firoit à peine connue.. Tous les écrits des Saints Pé
rès & les Canons en sont pleins : ni Archélaiïs , ni
Origene , ni Eusebe , ni Saint Cyrille de Jérusalem ,
ni Saint Basile , ni Saint Epiphaue» & les autres qui
' * ont
AVERTISSEMENT. 415
ont écrit avec tant de soin contre çes hérétiques , ne
les ont connus par Saint Augustin qui est venu aprés
eux , & cette maudite íecte n'estoit que trop renom
mée dans toute l'Eglise. Iiy en avoit en beaucoup de
lieux de l'Orient & de ï Afrique : il y en avoit dans
tout l'Orient , & on n'y trouve guéres de Provinces
où ce venin ne fust répandu : cefloit de petits focie'tez
qui nejhient pas constdéì ables , ni d'aucune dipinflion ■
dans le monde : on a montré au contraire dans l'Hi- ibid, 10»
stoire des Variations , que les erreurs de cette secte i1: 51
se trouvent sous divers noms dés l'origine du Cfari. jj'ciil
stiauiíme; que le zele d'étendre la íecte citoit in- Jr 59."
croyable; qu'elle s'estoit en effet beaucoup répan- 157.0e
duë , & qu'elle estoit surprenante & éblouissante
jusqu'au prodige ; que dans le tempsoù le Ministre
ose dire qu 'elle estoit tout à fait éteinte , on la trou
ve fi multipliée en Arménie & ailleurs qu'elle se
cantonna contre les Empereurs , bastit des villes Sc
des forteresses où ils ne pouvoient la forcer, & se
trouva en estât de leur faire une longue guer
re; qu'elle peupla la Thrace&la Bulgarie , d'ou
die le répandit de tous collez en Italie, en Alle
magne , cn France , où elle suscita de grandes guer
res ^qu'elle dura tres-long-temps dans tous ces païs^ ~
& que mefsnedans son déclin eíîe estoit si puissante
cn nombre , qu'encore que les parfaits de la secte ne
fussent que quatre mille , le reste estoit innombra
ble : de sorte que n'y ayant , selon le Ministre >
que le peu de distinction & de considération de la
secte qui ait empêché Saint Paul de la prévoir , o»
voit au contraire qu'il n'y en a point qui par son
nombre , par fa durée , par ses illusions , par son
hypocrisie, par ses prestiges , & par les autres cir
constances que j'ay remarquées , méritastplus d'e- ^
stre prédite : outre que le fait est constant , « qu'il i
est plus clair que le jour , que Saint Paul parle a'nue
secte qui attaquoit diréctement le Créateuf , en
trouvant de l'impureté dans les viandes qu'il avoit
«réées » & en réprouvant le mariage qu'il avoit éta-
S 4 blù
A\6 AVERTISSEMENT,
bli. Nous avons cjpnc démontré les profanations
de la réforme dans toutes les Prophéties qu'el
le tourne contre nous i & il ne relie qu'à faire
voir qu'elle détruit elle-melme ses propres explica
tions.
itjlprctì On trompe toujours aisément ceux qu'on a une
iUni toi ■' f°ls trompez en flatant leurs passions. Nous avons
jours trtm- raconté ailleurs que Luther enyvré du succès de fa
fi\f«r réforme naissante , prît ses propres eniporteniens
linri Pro- p0ur un inltiuct prophétique. Les propos qu'il tint
hÏÏ'cLc alors furent merveilleux. A l'enrendre , le Pape
vàr Liv. al'oit tomber; Daniel & Saint Paul l'avoient pré-
I. n. 1 1." dit. La prédication de Lui.her estoit ce foufle de Je-
Liv. 1 1. fus-Christ dont parloit çét Apoltre , par lequel
n>9- l'homme de péché seroit détruit en un moment: il
Suod' n'y avoit que peu de temps à souffrir soussatyran-
Manic.n°n B'e ' PU'S clu :'' n'3™'1 clue deux ans * v'vre > *
oíc. " l'Empire Turc devoit estre renversé en mesme
Ibi ct. temps. Nous avons marqué les endroits où l'on
trouve ces prophéties de Luther , Sc la sérieuse
croyance qu'on y avoit dans tout le parti: mais cc
ïb\d. I. qu'il y eût de plus remarquable , c'est que tout de-
n. 24. 30. voit s'accomplir fans qu il fuit permis de prendre
Ltv. 1 1. jes armes . peudant que Lutherjboiroit fa biére
1av.1v. tranquillement au coinde son íetí avec lès amis ,
n. t. x. avecAmsdorf& Mélancton , l'ouvragese dévoie
liv V. accomplir tout seul.
}*• ì$• Que des hommes sc hasardent à trancher fur l'a-
venir,soit qu'ils veulent tromper les autres, ou qu'ils
soient eux-mefmes trompez par leur imagination
échaufée , il n'y a rien de fort merveilleux : qu'un
Jícuple entesté lescroye, c'est une foiblesle assez
• * ■ commune ; mais qu'aprés que leurs prédictions sont
*- démenties par les effets , on puisse encore vanter
Jeurs prophéties , c'est un prodige d'égarement
qu'on ne peut cpm prendre. Mais de quoy la íoi-
blesse humaine n'est- elle poiut capable? A la honte
du genre humain Luther demeura prophète apres
qu'il
AVERTISSEMENT. 4*7
qu'il fut convaincu de faux par Wvc'nemeHt : il n'en
fut pas moins écouté $ il n'en décida pas moins suc
l'avenir , quoy-qneses deux ans qu'il avoit donnez
au Pape se poussassent loin , & que toutes les pro
phéties s'accomplissent mal. Alors , contre Icpre- "»«• «♦".
mier projet , il Fallut avoir recours aux armes pour ~ /'r
en haster l'accomplissement. On n'avançoit pas da
vantage^ pendant qu'on fè moquoit hautement
& des prophéties de Luther & de fa crédulité de
ceux qui s'en lahToienr fasciner , il fallut ft conten
ter de la vaine défaite de Calvin » qui répondit que
file corps de la Paparté[ubfifloit encore, tesprit & fa^*
Vie en effoient/ortis j de maniéré que ce n'ejloit plus qu'm by °'opufc~
mpsmort. p ?*r.
' Jamais nation ne fut si crédule que la réformée. Var.liv.
Tontes les fois qu'il elt arrivé à ce parti quelque XMI; n.z.
chose de favorable , ils ne manquent jamais de s'i
maginer qu'ils vont devenir les maistres > & ils"
prennent un air menaçant. On se souvient encore
parmi nous des espérances que leur inspirèrent les
victoires de Gustave Adolphe Roy de Suéde. Les
Calvinistes, pour y prendie part, firent leur décret
d'union avec les Luthériens , & à ce coup Babylone
alloit tomber. Que ne dît on point de ce grand li
bérateur delà réforme ? Nòus avons veû qu'on luy Var.liv.
adressa les mefmes paroles que le Psilmistc adres- x ' l6
fe en esprit au Messie futur lors qu'il en vit B' »
la gloire & les victoires ; il fallut bien le trouver
dàns l'Apocalypse. Joseph Méde y eût de la peine: Apec,
maisenhn , à l'essuíion delà quatrième phiose , il X V 1. 8.
vit que le Soleil alloit estre obscurci ; chose rate & a
difficile à trouver dans les Prophètes t U n'en fallut «
pas davantage pour voir périr l'Empire d'Aile- n
magne , qut est le soleil du Pape. Je le veux ; mais
oû estoit donc cé libérateur venu du Nort ? II n'y en
paroistpasunmot: n'importe, il falloit bien qu il
y fust j car enfin le Soleil de Rome ne s'éteindroit , «■
pas tout seul , & peut-estre que les nuages qui l'ob-
fcurçiroiént, deyoient venir de dessous le Pôle; ainsi
S 5 « ' *le*
■••w

4a*^ AVERTISSEMENT*
ks hommes se trompent , & deviennent le foible
joûé't de leurs espérances. ■
HX. Sans chercher les autres éxempks de semblables
Ridicutti illusions > je neveux plus pirlericy que de celles de
'"'n7de"d» nos Ì0UES- Élie eft°ic réservée au Ministre du Mou-
aW»'». "lin&à íàíamille, puìsque& luy & son petit-fils
VoArijHojii tiennent aujourd'huy tous les Protestans en attente
l'arre^tá. decette fatale annc'e 1 689. où nousentrons. QueU
l'annet aue vaine que soit cette prédiction en elle-mesine ,
l(> 9" il n'est pas permis de négligence qui íéduic tint d'â
mes , & ce que Dieu semble avoir permis ou pont
punir les ennemis de la vérité en les livrant à Ter
reur, ouplûtost, comme je l'espére, pour les fai
re revenir au bon sens par l'excés d ' un égarement fi
manifeste, Enl'an-iér^ ou environ, duMou-
Accetnp. lin Ministre de Paris, le plus autorisé de sou
éesPro- parti, & le plus meflé dans les troubks du régne
pkp.lró. pâf[g, fit un livre qu'il intitula, Istccompliflement
des Prophéties , qui fut imprimé â Sedan ai 1614.
Nous avons déjaveû quelques traits, de ses rares in
terprétations , & nous avons veû entre autres choies
Acc. des ksbizarres & différentes manières dont il a pris les.
Trop. cti. 1 160. jours de l'Apocalypse, tantost pour années ,
III.p. 175. & tantost pour de vrais jours naturels , lans qu'il y.
ait dans le Texte de Saint Jean la moindre occasion
de cette diversité. Ce Ministre est au/íi demeuré
d'accord que le Pape ne se trouvoit point dans le
chapitre X II. où tous ses confrères le mettent ,
quoy qu'il faille également ou le mettre là , ou To-
íter par tout. Mais s'il met k Pape à couvert du
chapitre XII. en récompense il k fait patoistre
1W\£. ch. ~ magnifiquement dans le X 1 1 1. Il.est la septième
IV. a.181. teste de la première Beste , c'est à dire , comme la
réforme l'explique toujours , k septième gouverne
ment de Rome ; il est encore la seconde Belte qui
fait adorer la première , qui est luy-meíme, puis
que ce n'est plus qu'en luy seul qu'elle subsiste ; il
est encore l'image de la première Beste que la se
conde fait adorer ; & oku que l' Apocalypse ne
marque
AVERTISSEMENT. >i»
marque poiut qu'on adore la íeconde Beste qui fait
feulement adorer la premie're & son image , le Pape
cil tout ensemble ce qui fait adorer , ce qu'on ado
re, & ce qu'on n'adore pas. Les deux corne»
de la seconde Beste , c'est la Mitre da Pape. Ibid. r?*.
Le feu que le Pape fait descendre du Ciel , le
croiroit-on? c'est le feu Saint Antoine; ce sont
bien aussi les anathèmes & les foudres que le Pape
lance; car il faut , pour íoûtenir l'interprétation de
la réforme, que les Conciles les plus vénérables &
les plus saints , á cause qu'ils ont prononcé dés les
premiers temps des anathèmes si authentiques & si
marque2 , portent un caractère de la Beste ; & je
ne fçay si Saint Paul en sera éxempe , puis que c'est r. Cor.
de luy qu'ooa appris ce grand lAnathema Jìt , que XVI. r*,
nul n'a jamais méprisé que les impies. Au surplus,
la marque de la Beste , c'est á du Moulin , comme
aux autres, la Croix de Jésus Christ imprimée siir
le front de ses fidèles par la Confirmation. La fa- Apec,
culte qu'on reçoit du Pape pour fendre £5 pour ache* XIII. 17.
ter-, regarde lés Bénéfices que le Pape permet de
vendre & d'acheter tant qu'on veut, encore qu'il
n'y ait rien de plus anathématifë dans tout son Em
pire. Le nombre d'hommes qu'il faut trouver
dans le nom du, Pape n'est pas le nombte du nom
d'un homme; c'est un nombre ufìte'parmi les hommes, Ibid. r 8*.
commcs'ily en avoit d'autres. Le nombre de 666. 23®*
outre le mystère déja connu du mot Lateinos , à
compter depuis le temps de Saint Jean, signifie en- Ibi<T. 160»
core Tannée précise àlaquellc le Pape a commencé
à estre proprement PAntechrist : mystère incon
nu à cét Apoltre , qui ne s'avisa jamais de marquer ,.
par ce caractère la naiflance de l' Antéchrist, m de
personne ; mais seulement qui seroit celuy dont l'E-
gliíé auroit á souffrir tout ce qu'il raconte. Je n'o
ie dire le mystère infâme que ce Ministre a trouvé
dans le nom de Rome , â cause que dans J{oma , si IbicT'jfi^.
011 en renverse les lettres , on trouve amor , ce qu'ils
appelle l'amour renversé. Au reste, nous avons
S 6 vei
4to AVERTISSEMENT.
Cy-dessus veQ comme cc hardi Interprète n'épargne pas le ter-
l8, te de Saint Jean, & l'artihce dont il s'est íervi pour
faire du -er plus que toutes les autres testes , celle que
cét Apostre fait durer le moins.
Voilà quel estoit le premier auteur de la prédic
tion de 1 6 8 9. mais apparemment on voudra íçavoir
comment il cn.est venu à un compte si précis. 11 est
aisé de l 'entendre. C'est en un mot que tous tes Mi
nistres ne longent qu'à trouver dansT Ecriture de
quoy abrogerTe temps des souffrances , & á préci
piter l'Empire de Rome. La nouvelle Eglise n'e-
stoit pas fâchée «savoir à vanter ses persécutions ^
cela estoit capable d'éblouir les simples , mais on y
vouloit voir bieutost une fin : cependant il falloic
donner au Pape i i6o. ans d'Empire ; autrement
les jours prophétiques , & tout le système Protestant
alloit en poudre. Avec un si long Empire , pour fai
re finir bientost les persécutions , du Moulin a trou
vé un expédient; son petit-fils M. Jurieu eu invente
un autre il les faut expliquer tous deux.
IX- Selon le Ministre du Moulin , le régne du Pape
R*ifi""i commence en l'an 7 5 «;. à peu prés dans le mesine
jíôwln ÌM teinPs quelesEmpereurs d'Orient perdirent Rome.
imprtlvt Ce tetme ne semble pas maltrouvé. U est vray que
pjrM. les dix Rois qui signihoient le démembrement de
Jurieu. l'Empire n'y conviennent pas , ce démembrement
ibid. p. avoit précédé il y avoir plus de trois cens ans, com-
147. 1S6. me M. Jurieu en est d'accord , & la date en est con-
215.140. jjante> Maisquoy , toutnepeutpasquadrerfi juste
dam un fysteme fait à plaisir ? Trouver aussi eu ce
temps , c'ell-à dire , au temps de Pépin , dix
Royaumes qui fiílent patrie de l'Empire du Pape i
Ibid. 186. du Moulin l'i spéresipeu , qu'il en recule le temps
d'autres crois cens ans bien comptez, & ne pose les
dix Royaumes qui dévoient íervir au Papisme t
qu'en 1 an 1074. íbus Grégoire V 1 1. où , dit il ,
La Papautés'efl élevée au comble de grandeur mondaine.
Trois cens ans de plus ou de moins jie font rien à*
ces Messieurs ; encore si à cela prés tout alloit bien :
AVERTISSEMENT. 411
inais non.Jepourrois montrer,si je le von loiJ,autant
de violence faite á l'hiltoire dans le temps de Gré
goire V 1 1. que dans les autres. Laiflous tout cela ,
& venons á la question curieuse , pourquoy , con
tre l'intérest& les préjugez de la secte qui devoit
íàire venir l'Anteehrist: au milieu du débris de Ro
me, du MoulinenamispLus-baslanaiflance. C'est
èn un mot , comme on l a de'ja touche' , qu'il ne
pouvoit s'empescher de reípécter en quelque ma
niéré les siécles précédens.
Cependent, a commencer, íelon du Moulin»
le régne de l'Anteehrist à l'an 7 55 . & à le continuer
1 x6o. ans, c'estoit pousser cét Empire jusqu'à l'an
ioi5. &laifler le peuple réformé 404. ans dans
l'oppreífion. A la vérité elle estoit légére du temps
que du Moulin écrivoit. Depuis le temps de Fran
çois II. la Réforme períécutrice plûtostque per
sécutée , estoit toujours preste à titer l'épée , & à
appellerl'étranger : ses villes d ostage la faiíòienr
redouter ; ses assemblées générales estoient fré
quentes } ses dépurez toûjoursptaintifs.; & oaavoit
tant d'égardpour eux , qu'il estoit bien plus dange
reux de toucher à un Protestant qu'à un Prestre. Je
ne dis rien qui ne soit connu , Si cela passoit en pro
verbe parmi le peuple : mais parce que la Réforme
ue dominoit pas , elle íè renoit pour oppfimée; Sc~
pour luy diminuer le temps de son affliction , le Mi
nistre le fit finir en 8$ .
Son fondement estoit si léger , qu'on auroit pei
ne à le croire. II se fonde fur les ttois jours & de- Apoe. xî.
roi de l'oiuiéme de l' Apocalypse , durant lesquels 9- n.
les corss des deux témoins demeurentgitans dans la flace.
Cetteplace, dit du Moulin, signifie FEglise Romai- DuMou-
tie; & il cjì manifeste que Saint Jean fat là met un temps "°tt'ì U
durant lequel les iroisjoursÇS demifont la persécution de
t"Eglise sous la Hiérarchie t\pmaine. Paflbus cela ;
trois jours & demi seront donc apparemment Bois •
ans & demi íelon la glose des jours prophétiques ì
Point du tout: trois, ans & denúseromà çe-coup^
s 7 . *30'
4it AVERTISSEMENT.
6} o. ans, êcvoicy comment: Trois jours & de
m [ont la moitie d'une semaine ; ce gui nous donne à con-
noiflre que le Saint Esprit comprend icy tout le temps de la
domination de la Bejìe par une semaine , O" qu'il nous
avertit que la persécution durera la moitié du temps de
cette domination. Puis donc quefa domination doit du
rer 1160. ans, il s'enfuit que /a Hiérarchie Romai
ne doitpersécuter lesfidèles 6)0. ans, âpres cela la rc-
(iflance qu'ilfera , ferafans effusion desang, pource qu'il
sera affaibli.
Cela pose1 , illuy est aisé1 de venir à 1689. Car ,
poursuit-il, je ne trouvepoint que le siège Romain ait
persécuté &ufè de cruautégénéralement envers ceux qui
fsfont opposez à fa doElrinc , que depuis Bérenger que le
Pape Nicolas 1 1. contraignit àfe dédire par force l'an
1059. deJefus-Chrifij & depuis cela les Papes ont
toújourspersécuté ceux qui ont tenu la mefme doílrìne.
Sidonc à 1 o 5 9 . ans vous ajoutez 6 }0. ans , vous trouve
rez que la persécution de l Eglisefous les Papes doit finir
ent'an 1689.
Tout est faux visiblement dans ce discours: ce
qu'on y dit de récriture , ce qu'on y dit de l'histoire ;
tout est faux encore urie sois . L'histoire de la préten
due persécution est insoutenable. S'il faut compter
pour persécution la condamnation de ceux qui ont
nié la présence réelle , ce n'est point en i o 5 9. & par
Bérenger qu'on a commencé : ces hérétiques d'Or-
Acc. léans que le Roi Robert condamna au seu en 10 17-
Conc., estoient de l'avis de Bérenger ;& il falloit les comp
lut. *c> tercommelespiemiersperíécutczpourcettedoctri-
Conc. Qî.,e fi l'on a honte d'appellcr persécution le
Lab. T. 9. juste supplice de ces impies légitimement con-
Vat.XI. vaincus de Manichéisme, il faut encore rayer
**7' les períécutions des Albigeois également convain
cus de mefme crime. Quant au temps de Bé-
lenger où le Ministre établit une persécution géné
rale, tout cela est faux: on voit bien des par
ticuliers irritez deces nouveautez, assemblez fans
ordre contre luy ; mais on 11c voit ni sang répandu ,
AVE R T 1 S S E M E N T. ,41,
si décret publié , ni persécution générale ; 011
«e voit aucune marque de violence dans les
Conciles où cét hérésiarque se rétracta : il a con
firmé, en mourant, sa rétractation -t on le lais-
£ dans le ministère d' Archidiacre i on l'honora de
la sépulture Ecclésiastique. Hildebert Evesque du
Maus mit íur íbn tombeau un éloge, que ni cét
Evesque constamment zélé défenseur de la pré
sence réelle n'auroit fait , ni ses eoufréres n'auroient
enduré aprés la condamnation solennelle de Béren-
ger, si on n'avoit crû qu'il estoit permis d'hono
rer fa pénitence. C'en est assez pour faire voir k
fausseté de l' histoire des persécutions, comme du
Moulin l'a bastie , & par conséquent ['inutilité de íà
prédiction prétendue , puisqu'elle est toute fondée
fur cette date. Mais il nous sera bien plus aisé de
convaincre ce Ministre d'avoir abusé trop visible
ment de l'Ecriture & du Texte de Saint Jean. Pour
en venir à son compte , il faut supposer deux choies ï
l'une, que tout le temps de la Beste est une semai
ne. Maïs où cela est-il écrit? Une semaine asleâ-
rément se compte par sept; une semaine de jours
font sept jours ; d'années , sont sept ans ; de siécles,
si l'on vouloit pousser juíques-là , sont sept siécles ;
& sept cens ans complets : maisque douze cens soi-
xaute jours , soit qu'on les prenne pour des jours,
réguliers, ou pour des, années, comme le veulent
les Ministres& du Moulin mesiue , ne feront ja
mais une semaine ; au contraire , 1 160. jours sont ,
selon Saint Jean , trois ans & demi , c'est-à dire ,
la juste moitié d'une semaine d'années ; mais ja
mais la semaine entière : & douze cens soixante ans
se réduisent encore moins att nombre de sept ; en
sorte qu'on ne peut comprendre comment le Mini
stre en a fait une íemaine , puis que c'est visiblement
choquer lebonsens , le texte de Saint Jean , k style
& l'analogic de toute l'Ecriture. La seconde
chi se qu'il faut supposer, c'est que la Beste qu'on
sait si cruelle ue persecute que la moitié de ion
temps,
414. AVERTISSE M E^N t.
temps , contre le texte formel , où- íl est-porté ,
aon pas qu'elle durera , mais qu'elle persécutera
ApOc.X I. n£o. jours ; que laJointe Citésera,foulée* aux pieds
XII.XIII. autant de temps , c'est-à-dire , quarante- deux mois ;
& que les témoins preseKeront 1 z6o. jout)s dans le
Ibid. p. cilice , c'est-à- dire , selon du Moulin íuy- mesine,
f- cx- avec beaucoup d'afflt&ion* d'où ce meûne Ministre-
*" conclut que í'oppremon de l'Eglise dure toat ce
temps selon Saint Jean. Quel fondement y a-t-il
donc de la re'duire à la moitié , si ce n'est qu'on veut-
flater un peuple impatient, d'une pins prompte déli
vrance. Mais , dit-on, la persécution doit durer trois
jours & demi ? Ce n'est pas ce que dit Saint Jean :
la persécution doit durer n óo. jours , en quel-u
que sorte qu'on les veuïlleprendrc. De ces' 1 160-
jours il y en aura trois & demi que les témoins pa-
roistront tour à fait mons ; voilà ce que dit Saint
Jean ; mais voicy ce que conclut du Moulin : Donc
ces trois jours & demi composent six cens trente ans»
& la moitié de douze cens soixante. Je n 'entens plus-
rien à ce compte : douze cens soixante sont sept, 6c
trois & demi sont sixeens trente : une pareille ab
surdité n'estoit jamais montée jusqu'alors dans une
teste humaine ; aussil a-t-on rejettée juíques dans la
Aec. I.p- famillededu Moulin, & le Ministre juneu son pe-
p. 71. î.p. eit.n!s a décidé en deux endroits , que sonayeul
Jf> "5- s'estoit trompé: Que prendre , comme il a fait , trois
jours & demipour 650. ans , est une. chose gui n'a
d'éxempUdans aucune Prophétie ; queses hypothèses se
détruisent elles- me/mes ; que lefondementfur lequel ila
bafli efl tout-à-Jàitdeflittte de-solidité : dejortequecest-
-* roit une rencontre tout-à-fait eafuelle st'lâchafi arrivott
comme il l'adit. Voilà , selon M, Jurieu , ce que ■
c'est que l'explication qui donne par toute la
terre de si grandes espérances aux Protestans ,
qu'ils se regardent déja comme les maistres de la..
Ghrestienté.
- ' II est vray que du Moulin luy-mesme ne se donne
P^d. pas pour un faonime inspiré, Sí ne donne foaexpk-
/ ■* y» cation
AVERTISSEMENT. 415
cation que comme une conjecture. N'importe , la
conjecture d'un Ministre de cette importance,quoy-
que jettée en l'air au hazard , contre le texte de Saint
Jean & toute l'analogie des Ecritures, & avec
des fondemens que M. Jurieu méprise luy-mes-
nie, deviendra une prophétie, quand un peu
ple qui veut se venger & vaincre s'en entestera : tant
on se joiië de l'Ecriture ; tant on écoute les hommes
parmi ceux qui ne cèdent de déclamer contre les
inventions humaines.
II y a une autre raison qui oblige M. Jurieu r™™
àrejetterl'expositiondeson giand-pere; c'est que M jMrj„
ce bon homme s'est avisé de donner à chacune des Mta/cM di
íept phioles 187. ans ; de forte qu'à les commencer, revenir i
comme il fait, à l'origine du Christianisme , elles l'interfri-
meneront les Protestans jusqu'après l'au xooo. & **'"»
au lieu de dominer, comme ils le prétendent , ils
auraient encore à souffrir jusqu'à l'an 1015. c'est- mt:
à dire, trois cens trente ans , n'y ayant aucune ap- prisée.
parence , selon leurs principes , que le Pape ré- Jur.Acc.i.
gne fans persécuter.
M. Jurieu Ennuyé
a tranché plus court.d'un si long
A force delay ,,
de désirer *jAJJjJÎ"
lin Acc> •
çommç il le confçíse 1 d'anuoncer de bonnes nou- p. 359.
velles à ses frères , il a trouvé que leurs souffrances Tur.Acc.K
& le régne de l'Antechrist tiraient à leur fin: & pour p. 185.
avancer la chute d'un régne qui 1'importune 5 au
mépris des anciens Ministres & de du Moulin
qui n'ont ose mettre l'Antechrist dans Saint Gré
goire, celuy■ cy l'a fait remonter jusqu'à Saint Léon.
Cependant , comme , selon sa supputation , le
régne Papal doit aller jusqu'à 1 7 1 o. ou 7 1 5. ce qui
luyparoist trop long pour ses Réformez, & que *' •
l 'hypothèse de du Moulin , où la souffrance finit
à %9. est plus favorable ; quoy-qu'il la méprise
autant qu'on a veû , il n'en veut pas perdre le fruit,
& il a mis à la teste de son Accomplissement des -
Prophéties imprimé en 1 6 8 6 . que la perfecutionpré-
fintepeutfinir dans trois ans & demi,c'e.{i- à-dÌK,Com- TttK'de
mt disoit son ayeul , eu Z». çç'
£ \ Ces»
410 AVERTISSEMENT.
Ces termes , elle peut finir , empesehent de se
tromper. Mais le Ministre paroist encore plus trem-
Aec. i. blantdans le corps de son discours , oùil parleainsi:
P i8j. Néanmoins, quoy-que du Moulin aitbasti stir défi
mauvais sondémens , /'/ n'ejl pas tout-, à-fait hors d'ap
parence que la persécution ne fuisse cesser en tan
I6S9.
Pour cela il ne faut que preTuppoler que cette
1^'<1' 184. persécution est constamment la derniere, car les
suiV <*eux t^mo'flS f°nt morts > comme nous verrons , &
il ne leur reste plus qu'à ressusciter apre's trois jours
&demi, c'est-à dire, trois ans & demi. Aureste,
ïréj- i.p. le Ministre avoûë qu'il s'estoit bien trompé dans ses
ch' V.p. Préjugez légitimes , lors qu'il avoít mis cette more
97- 9<>« des deux témoins dans tout le temps qui s'écoula de
puis la totale ruine des Taborites jusqu'à la prédication
del.uther.il estoit pourtant aslez beau de voir ressus
citer ces deux témoins en la personne de Luther &
deZuingle; & le Ministre auroit persisté dans une
idée si favorable aux Réformateurs , si depuis la pu
blication des Préjugez il n'estòit arrivé en France
des choses qu'il estoit bon de trouver dans l' Apoca
lypse. C'est çe qui nons a produit dans le livre de
l' Accomplissement des Prophéties une nouvelle ex
plication : mais voyons si elle sera plus heureuse que
celle qu'on abandonne.
Ace. ibid. On veut que la mort des deux témoins qui doit
éteindre la ■véritable Religion durant trois ans Ç$ demi ,
fiit certainement la persécution préfente. Ils mourront
donc enfin ; & puis que nous sommes à la fin de leur
témoignage , & deîa persécution antichrestienne ,
lavérirable Religion , c'est-à-dire , toute la Réfor
me , va estre éteinte. Non , le Ministre a trouvé
un expédient pourne la faire mourir qu'en France.
Ce fera là seulement que la Beste tuera les deux te'j-
IbuLeh. mojns } & ieurs corpS feront gifàns , non pas fur
175-ioeJ le*pl<"es de la grande Cité , mais fur la place, au
*oy. ' singulier , qui est la Franca Mais , poursuit le
Ibid. 179. Ministre, s'ils y font tufrt, ils n'y feront pas ense
velis i
AVERTISSEME N T. 41?
\elis ; & Dieu , dans la France mesme , ft conservera Ibid.
des fidèles qui empefcberont que les deux témoins nesoient
ensevelir, h" qutiarvérité ne fbiffe tout-à-fait. Ce n'est
donc pas périr tout-à-fait que de mourir r en forte ,
qu'il ne reste plus qu'à estre enterré ? Nouvelle in
vention: mais elle Ta bietìtost diíparoistre. Suivons: Ifcid- '73
Tous les Etats où là déformation efl la Religion dominan- &c"
te nesouffriront pas de cette dernière persécution. II y a
long- temps que ces Etats n'appartiennent plus à la Bejle ;
laperfécution nese doitfaire que dans l'étendue de t Em
pire du Papisme , & où ilefl dominant ; lés deux té
moins neferont tutx qu'où ils prophétifoient revefius de
sac , c'est-à-dire , dans la persécution & sous
la croix. Quoy donc , ces païs heureux ou
la Réforme domine ne font plus au nombre
de ces deux témoins qui soutiennent la vérité
persécutée? II le faut bien , car autrement la nou
velle interprétation ne subfisteroit plus. Mais enfin
est- on du moins bien aileûré que tous les païs, fans
exception , où la Réforme domine , n'auront point
de períécution à souffrir? Pas trop. Dans le livre P-I7J»
de l'Accomplissement des Prophéties , l'auteur dou- J74>
toit encore un peu de l'Angleterre , & peut-estre
qu'à présent que ses lumières font augmentées , il
en parlera plus certainement. Sans doute ìt devi
nera que l'Angleterre ne devoit pas estre períecutée
mais persécutrice , en commençant ses persécutions
par son Roy', & le privant de son trône , aprésl'a-
voir reconnu 8c couronné unanimement , & luy
avoir juré en particulier & en corps la fidélité qu'on
a jurée à ses Augustes Prédécesseurs : voilà le bel
endroit de la Prophétie & de la Réforme*
Pour la fin de la persécution , comme con
stamment, selon l'auteur , elle ne doit durer que
trois ans & demi , il yauroitveû clair déstors, n e-
stoitqu'ilnesçaitpasbiens'ilfautcompter les trois P- >8j.
ans&demi depuis la suppression de l'Edit de Nan- I^4*
tes , ou bien. á quelques autres.termes. Quoy donc ,
il n'est pas bien asseûré que les deux témoins soient .
morts
4ií AVERTISSEMENT,
morts en France ? Pourmoy, comme l 'auteur cn
avoit parlé , je les aurois crjì tout à ■ fait morts , puis
qu'il ne leur manquoit plus que la sépulture; mais
1 auteur s'est réservé de nous dire en un autre temps
I>. i85. s'ils sont morts ou non : Dieu , s'ilveut , peut comp
ter les trois ans & demi de la mort des témoins depuis la
révocation de l'Edit de Nantesfaite en 1 6 8 5 . au mois
d'Oílobre; mais que Dieu U veuille ainsi, nous n'en
avons aucune certitude. II a raison, & il fait tres-
bien de se réserver à compter comme UJuy plaira :
c'est de mesine que s'il disoit , nous íçaurons bien
ajuster les choses , & faire croire tout ce que nous
voudrons à un peuple , qui en se vantant de tout
voir par luy-melme nous en croit aveuglément
en tout & par tout 1 mais toujours > &àcoupseur,
sûr les Prophéties.
Cependant s'il arrive quelque chose de ce qu'on
avoit hasardé dans ses prédictions > on se donne har
diment un air de Prophète. Ecoutez comme le
Ministre triomphe de ce qu'aujourd 'huy toute l'Eu-
rope semble conjurée contre la France íà patrie :
Lett. XII. Permettcx-moy , mes frères , de vous faire ressouvenir
p. 9j . t. que cefut précisément nofbre conjéélure ily a plus de trois
i ■ _ ans, quand nous expliquions ces paroles de tvagíme
chapitre de l'apocalypse: Ceux des tribus , langues
& nations ne permettront pas que leurs, corps morts
soient mis au se'pulcre . . . H y a apparence , disions-
nous, que toute /'Europe contribuera à empefeber que la
France nevìenhe à bout de son dessein, d'extirper la vé
rité. Ne falloit-il pas estre un grand Prophète ,
pour prévoir que la jalousie élevée depuis h long
temps contre un Royaumeque Dieua relevé parrant
d'avantages , produiroit de puissantes ligues , 8c
que la rétor me taseheroit de s'en prévaloir ? M. Ju-
xieu a préveû tout cela précisément -, c'est un nou
veau Jérémie qui aveu , mais avec des yeux secs ,
les maux dont ses voisins conjurez menacent son
* païs.
Qui peut voir fans indignation cette horrible pro
fanation
AVERTISSEMENT. 41»
fanation des Oracles du Saint Esprit, & l 'audace
de s'en joûër à fa fantaisie auísi- bien que de l'avenit
que Dieu se réserve , & de la simplicité des peuples ;
doit craindre d'estre livi é aux illusions de son coeur.
Dieu peut changer ces funestes dispositions , & tour
ner en bien le mauvais préíage: il y a mesme sujet
d'espérer qu'il nc permet cét eípnt de vertige dans
les Docteurs de la réforme , que pour enfin ramener
ceux q; iíont trompez de bonne foy. Pour ceux
qui s'eíidurcirontcontrela vérité manifeste , il n'y
a pour les tromper qu'à lesflaterdansleuis espéran
ces , & à faire un peu 1 homme inspiré. Que M. Ju-
riennes'emporte pas , íije disicy , qu'iln'en joûë
pas niai le personnage , principalement à l'endroit
où* il•■ parle
» ainsi
• r : Jefuis
~ . • dire
i- queJe, ne mefuis pas assit;
,.11 Ayit à
què a Íétude des Propkcties par choix e t ">«s le*
avic.libix.Tb'; je m'y fuissenti foujSépar me JjJ{£^
efpéce di violence a laquelle Jï Ï'acc. des
n' a y po résister. Ce transport d'un hom- pi0p." p. 4,
meentraisnéavecune force invincible , sans liberté
& fans choix , si ce n'est une fiction , ou c'est le
transport d'une imagination échaufée & une illusion
de fanatique , ou c est une imptellìon du malin es
prit, ou c'est un coup de la main de Dieu , aprés
quoy il ne reste plus qu'à dire tout ouvertement avec
les Prophètes , La main de Dieu a éflé faite fur moy.
Déja on ne doute plus dar.s le parti que le Ministre
Jurieu ne soit inspiré ; ce n'est aussi qu'aprés avoir Acc. t. $\
frasé deux, trois-, quatre, cinq O1 [ìx fois avec une t- 94}
attentionreligieufe & une profonde humilitéqu'il croit
que laforte s'efl ouverte. Enfin c'est le Daniel de tou
te la réforme ; c'en est l'hommede desirs: déja on
frape en Hollande , & on répand dans toute l'Euro-
pe des médailles où paroist fa teste. II y en a de deux
sortes ;- la première à la vérité est équivoque : on
voit d'un costé le puits de l'abifme ouvert avec tou
te l'épaifle fumée quis'élevé: contre le Ciel de cette'
fournaise infernale ; & de l'autre, on voit paroistre
M.Juneu, comme si c'estoitluy guiyinst del'ou-
viir.
43© RECAPITULATION.
Yrir. Là on ne luy donne que ses qualitezde Mini
stre & de Professeur en Théologie ; mais dans la
seconde on s'explique mieux : c'est d'un costé la
'Beste de l' Apocalypse ; & de l'autre , M. Jurieu
comme son vainqueur , avec cette inscription, qui
fera l'étonnement de la Postérité , & apre's laquelle
auslì je n'ay rien à dire , Petrus Jurieu Propheta.

RE' C A P ITV L A T.ION,


Eclaircissement , & Çonfirmation de
toutes nos preuves > de tout ce't
Ouvrage fur PApocalypse.

IX II. t^Our achever d'aider nous fre'res, j'ay en-


'êîuRéca A c9re à faire deux choses qui mettront s'il plaist
titillation- * Dieu 'a vérité dans la derniere évidence: la
tt<j»'ily ' première, de recueillir dans un abrège' le plus court
faujrit tb- qu'il sera possible toutes les preuves qui íont re'pan-
server. dais non-seulement dans cét Avertissement , mais
encore dans tout le reste de l'ouvrage, en sorte qu'on
les puisse voir comme d'un coup d'ceil,& par ce mo
yen les mieux sentir ; la seconde , de les réduire à
un ordre qui les rende plus convaincantes , & qui les
mette ( je l'oscray dire encore une fois dans ce qui
regarde la réfutation ) en forme démonstra
tive.
•i Autre est Tordre dont on sc sert pour instrui-
' • • "• re son lecteur , & le conduire peu â peu à la lumié-
' re i autre estl'ordrc qu'on doit employer pour ache
ver de le convaincre aprés qu'il est déja instruit.
C'est à ce dernier ordre que je m'attache , & voicy
une première démonstration.
IXI I I. La Prostituée dont il est parlé dans le X V I I.
Première cnapitre > nUe les dix Rois doivent désoler & consii-
ú™"qxt~U mer par le feu , dent ils doivent dévorer les chairs ,
destruílim piller les richesses , & partager les Provinces ,
Ht U Pro- 1 6. c'est Rome ruaistresse du monde sous les an-
Y" tiens
RECAPITULATION. 4,i
riens Empereurs Romains, priíè & saccagée par les située aux
Gors , & son Empire dissipé dans les environ» ch- xrn.
du cinquième siécle: c'est uu principe avoûé par jT
les Prorestans , & c'est delà qu'ils concluent que-/-^,^.
leur Antéchrist prétendu doit naiítre du débris de lypst ,p*r
Rome, &au milieu de ses ruines. C'est aulli par itsprinà- i
lâ qu'ils prétendent que la Prophétie de Saints"''"
Paul où ils cioyent voir arriver l'Antechrist aprés P!atr^M'/'
la chute de l'Empire Romain, a un pariait rap- /> "c"'^.'",
port avec celle de Saint Jean ; & ce rapport des fi;e , ^
deux Prophéties fait constamment , comme on ainsi
a veû , le fort de leur interprétation } par con- y thnebt
íiquent, selon eux, Uy. 1 6. du chapitre X VI I. »*""'» '«
de Saint Jean où la Prostituée est détruite & „%lu
son Empire dissipé , est une chose accomplie papamí.
dans le tac de Rome : Or la chute qui est dé
crite si amplement au chapitre XVIII. & dont
on rend grâces dans le Ciel au X I X. est la meíme
quiestpropose'een peu de mots au y. 16 du XVII.
Donc cette chute des chapitresXV III. & XIX.
est pareillement chose accomplie , & accomplie
dans le sac de Rome ; & les Protestans se trompent
eux-mesmes, quand ils veulent s'imaginer aprés
cela une autre Babylone qui doive tomber , & d'où
il faille sortir.
Toute la difficulté est à prouver que la chute des
chapitres XVIII. & X I X. est U meíme que
celle du X V 1 1. Or nous l 'avons démontré d'une Avert,
maniéré à ne laisser aucune réplique par lespa- &«.n. u,
rôles de Saint Jean ; & voicy pout faciliter toutes
choses l'abrégé de cette preuve. Au commence
ment du chapitre XVII. l'eyínge prtmet à Saint
Jean de luyfdirevoir Lt condamnation de la grande Pro
stituée , y. i . Or cette condamnation elt celle qu'il
luvfait voir dans les chapitres X VIII. & XIX.
jou l'on voit tomber celle dont la prostitution avoit
souillé tout l'univers , X V I LI. 3 . & le jugement
exercé fur Ugrande Projiituée, dont laprostitution avoit
corrompu toutela terre , X I X. 1. Par conséquent la
j ' Prosti-
4?t RECAPITULATION.
Prostituée qui doit tomber au chapitre XVII. est la
mesme qui est tombée en efFet aux chapitres XVIII.
&XIX.
La mesme chose se démontre encore par une au
tre voye : la Proítiruée dont on nous fait voir la
condamnation future au i . du chapitre XVII.
est la mesme qu'on nous fait voir entre les mains
des dix Rois qui haïssent la Prostituée, la dé
solent, & la bruslent dans le feu, au "fi. 16.
Or celle- là est la mesme dont 011 nous fait voir Ja
chute effective dans les chapitres X V 1 1 1. & X I X .
\ ' en forte qu'il n'y a nulle différence , sinon qu'on dit
dans l'une, elle tombera, & dans l'autre, elle est
tombée, X V II 1. 1. dans l'une , qu'elle seracon-
í'umée par le feu , X V 1 1. 1 6. & dans l'autre , que
la fumée de ion embrasement a saisi de crainte tous
les peuples, XVIII. 9. dans l'une, que ses riches
ses feront pillées, Sedans l'autre qu'elles le font en
effet, XVIII. n. Sec. dans l'une enfin, que le
Jugement sera éxercéíùr elle, XVIL 2. & dans
autre, qu'il a esté éxercé , &queDieu en reçoit
les justes louanges dans le ciel , X I X. r , t. 5 . Pac
conséquent ces trois chapitres ont déja esté accom
plis daus le sac de Rome ; & ce que les Protestans
' veulent qu'on y trouve de la ruine future de l'Eglise
Romaine , & de la nécessité d'en sortir , non-seu
lement par la fuite des paroles de Saint Jean , mais
encore par les principes des Protestans mesines , &
encore par les principes où consistent les fondemeus
de tout le fystême , n'est qu'un songe.
Voicyuue seconde démonstration tjui u'est pas
Sic°na'_ moins évidente , & encore par les principes des Pro-
tiontirii testatis. Quand 011 leur auroit accordé ce qui dé-
du chapitre monstrativement vient de paroistre impossible , que
XVI I I. la Babylone des chapitres X VIL X VI 1 1. Se
Preuve pur XIX. seroit l'Eglise Romaine, je conclus ,
les pmte- .selon leurs principes^ que l'Eglise Romaine est la
fafctf/î vravt Eglfl*. Car l'igsife où est renfermé le
twuàne peuple de Dieu est fans doute la vraye Eglise. . Or
* . -" la
R F C A P I T U L A T I O N. 455
la. Babylone qui tombe est celle où est renferme' le tstUvraj*
peuple de Dieu , puis que c'est delà qu'on luy or- e^^h
donne de sortir : donc la Babylone qui tombe , & £V5,,*
qu'il faut quitter , est en mefme temps la vraye
Eglise.
Si l'on dit que le peuple de Dieu y estoitancom-
mencement,& avant que l'Antechnst y fusttout-à-
sait formé, tout le contraire paroist par cette preuve:
si Babylone est jamais abominable , si I'Antechrist y
est jamais tout-à-fait formé , c'est au temps où elle
est punie pout ses abominations , & où elle tombe.
Or c'est en ce temps précis qu'il est ordonné d'en
sortir, comme il paroist par le texte , Elle est tom
bée , elle est tombée , X VIII. 1. Et incontinent
aprés: Sortez-en , mon peuple , depeur d'estre envebpc
dans[es ruines , parce queses péchezfontparvenus jus
qu'aux Cieux. C'est donc en ce temps précisément
que le peuple de Dieu y est , & qu'elle est par con
séquent la vraye Eglise , la mére des enfans de
Dieu.
C'est ce qui se confirme encore par les principes
des Protestans en cette maniéré : Les Protesta»
veulent qu'on en forte , non pas comme d'une vil
le qui va tomber en ruine , mais comme d'une
Eglise corrompue dont il faut fuir la communion:
c'estoit donc dans íà communion que le peuple de
Dieuestoit;& loin d'estre une fausse Eglise , c'est
la véritable.
Si l'on dit que le peuple de Dieu qui en doit íortir
est feulement le peuple de Dieu par la prédestina
tion éternelle , quoy-qu'il soit encore en effet lc .
peuple du diable, M. Jurieu entreprend de détruire
cette réponse, & la détruit eu effèt par deux dé
monstrations : la prémiere , en faisant voir ce qui •
est indubitable , que dans toutes les Ecritures , Syst. p.
Dieu n'appelle pointson peuple , des- %ens qui(ont en état y\] xill
de damnation : donc le peuple dont il est parlé dans , '.
cét endroit de Saint Jean n'est pas en état de dam
nation : ce n'est donc pas un peuple infidèle pré-
T ' destiné
454 'R E' CAPITULATION,
deliinéáìbrtir de la damnation , mais uu peuple
justifié & èrpyant , qui en eít actuellement dé
livré.
lbid. La seconde, C'est qu'il efl , dit-il , plus clair que
lejour , que Dieu , dans ces paroles , Sortez de Baby
lone , monpeuple, fait allusion aux Juifs de la captivité
de Babylone , qui en ce't élat ne cefièrent sas d cflre Juifs ,
0" le peuple de Dieu: donc , ceux qui sortiront de
la Babylone mystique seront le peuple de Dieu
danslemeíhae lens , & par conséquent la vraye
Eglise.
On peut voir icy en passant , avec quelle bonne
foy le Ministre s'eít tant emporté íur ce quej'aí-
seûrequ'ila reconnu qu'on se íauvoit dansnostre
communion , & que plusieurs Saints y estoient ac
tuellement renfermez. II n'y aopprobrcdont il ne
LettreXI. me charge dans fa lettre X I. pour l'avoirdit. Ou
3. an. voit maintenant si j'ayeû tort, & si j'avois mérité
d'elluyer toute l 'amertume du style de ce Ministre ,
pour luy avoir motvré dans son système un labyrin
the d'ou il ne peut-sortir. ■ .•
Tté). r. p. Xout cecy le confirme encore , en.ce que le mes-
j. 10. me Ministre nous astcûre que les cent quarante-qua
tre mille marquez, de l'^Apocalypse font représentez effre
dans l'Empire de l'^Antéchrist , comme les Israélites
t\loient dans l'Egypte : or les Israélites estoient dans
l'Egypte comme le vray peuple de Dieu : donc ceux
qu'on veut estre sous l' Antéchrist , & dans la com
munion de íoa Egliíè , íònr le vray peuple de
Dieu. ' ;•
fc 9 Et il ne faut pas nous dire que c'en soit seulement
une partie, car Saint Jean dit universellement, Sor
tez de Babylone , mon peuple. C'en est donc manife-
* stement , ou la totalité , ou tout au moins le plus
grand nombre , d'autant plus que les ceut quarante-
quatre mille marquez que le Ministre reconnoifl estre
■t dans l' Empire de l'LAntechrifl ■> représentent l'univer-
salicé„des Saints : c'estoit donc aussi tour 1c peuple
íàinr qui dévoie íortir de Babylone,
Delà
" R E' C A P IT U L A T I OîC };j
Dclá ce raisonnement : Ou ce peuple estoit déja
sorti de la communion de l'Eglise Romaine, ou il
y estoit encore : s'il en estoit déja sorti , ou ne luy
doit pas dire , Sortez en ; & s'il n'en estoit pas sorti,
l'Eglise Romaine est la vraye Eglise, cjui jusqu'au
temps de sa chute renfermera en son- sein les enfans
de Dieu. '
C'est encore une autre de'monstration de dire , Avert.
comme nous avons fait: Selon vous , tout le des- n<41,
sein de l'Apocalypsc est de vous faire connoistre
l'Egliíe Antichrestienne , afin de vous obliger â en
íortir! ; tout aboutit donc â ce précepte, Sortez de
Babylone , mon feupìe : or ce précepte ne vient du
Ciel qu'au moment de la chute de Babylone ; il y
faut donc demeurer jusqu'à sà chute. Tous ceux
qui font séparez avant ce temps-là ont prévenu lc
précepte, & ne (ont pas le peuple de Dieu , mais
des schismauques qui se séparent de la vraye Eglise
íàns Tordre d'enhaut.
Si l'on dit que tout cela est impie , absurde , con
tradictoire , c'est aussi ce que je prétends , & c'est
par laque je démontre que le système Protestant a
toutes ces qualitez.
Une troisième démonstration, qui détruit de IXf.
fonds en comble, & par des principes génnéraux , ïr/'fi"?'
tout le système Protestant , se réduit à cette forme : ™n eTc,
Pour soutenir lesystême Protestant , il faut que la qHt fa Ba_
Babylone , • la Beste , & la Prostituée des chapitres íyhm , u
XIII. XVII. XVII T. & XIX. íoit une Beste, &■
Eglise Chrestienne corrompue: or cela n'est pas I" P"ft»-
possible par une double démonstration. La pre- *£%ft' . .
miére en cette sorte : ce que Saint Jean a voulu m ar- j,a„tr^ "
quer, H l'a caractérisé si nettement que personne ne f,eutpas\
lepeutméconnoistte: par éxemple , il a voulu ca- estreune,
ractériser Rome la payenne, & il l'a caractérisée Eit'fiç*-
par des traits si particuliers & si connus de son temps, ^TerT n.
par fa puistànce , parlés sept montagne! , par ses j & j^y*
violences , qu'on la reconnoist d'abord : >-qonc si
son dessein principal estoit de marquer une Égli-
T i ' " " le, ' «
436 R F C A P I T U L A T I O N.
se, nousén verrions partout des traits aussi vifs,
aulicu qu'on n'en voit aucun , ni durant queBaby-
lone subsiste , ni dans son débris: donc l'Apo-
strc poíîtivement n'a point eû en veûë une Egli
se corrompue , mais seulement une ville domi
nante.
On démontre in second lieu la mesme chose , en
ce que Saint Jean , non content d'avoir expreflémenr
évité toutes les marques que pourroit avoir uneE-
lbid. n. 9. gli se corrompue, nous donne une idée contraire ,
lors qu'au lieu de choisir une Jérusalem ou une
Samarie, il a choisi une Babylone, une Tyr , &
en un mot tout ce qu'il y a de plus étranger ; donc cc
qu'il a voulu représenter n'a jamais rien eû de com
mun avec le peuple de Dieu, & c'est toute autre cho
ie qu'une Eglise.
Tréf. nT8. Nous l'avons confirmé encore par un nouveau ca-
Xvm"* ractére de la Babylone de Saint Jean , puis que si
Avert. c'estoit une Eglise corrompue, cesrroit une fem-
n „ " me adultère, une épouse répudiée, comme les
Prophètes ont appellé cent & cent fois Jérusalem 8c
Samarie , Juda & Israël : or la Prostituée de Saint
Jean n'a point du tout ce caractère, comme nous
l'avons démontré , & les prostitutions qu'on luy re
proche ne íont jamais appcllées d u nom d'infidélité
& d'adultéré , comme celles de Jérusalem & de Sa
marie , mais toûjours & avec un choix aussi ma
nifeste que perpétuel , des fornications & de sim
ples impuretez: donc démonltrativement la Pro
stituée de Saint Jean n'est pas une Eglise corrom
pue.
IX fl- Cette preuve est si convaincante qu'elle a fait sen-
li!" 'f M»'- tir au Ministre lefoible inévitable de ía cause en
mjíre Ju- £eìix endroits de ses ouvrages.
u'firceJe' ' a ^"en" premièrement dans son Accomplisse-
tcui dé- ment des Prophétiés , où aprés avoir propoíè 1c
manjìrn- nom d'adukére O" de paillard: , pour preuve que la
tion Babylone eftoit une Eglise corrompue, il avoué*
par U le ^ue K j;eu Qe contente pas } patce qU'^ eJJ trop gê-
• nt'ral:
RE' CAPITULATION. 457
titrai : â cause manifestement que l'adultére n'est pas fMle dis*
spécifié , & qu'on n'attribue à Babylone qu'une íi m- '""s"-
pie corruption sans y joindre l'inhdélité. Et c'est ^ £
pourquoy en Un autre endroit le Ministre a tasché n. 5?.
de fortifier sa preuve,, en remarquant que Saint Jean Lettre
appelle la Prostituée une femme, c'est à dire , XIII.
comme il ajoute , unefausse épouse , une épouse infidèle. I,90,
Mais ce lieu est encore plus général que le pre
mier , puis qu'icy tres-constamment le nom de
femme ne signifie que le sexe, &ne signifie une
femme mariée qu'au mesme cas où le nom de fem
me le signifie en nostre langue , lors qu'on y ajoûte
de qui on est femme. Témoin Saint Jean mesme
dansl'Apocalypse: Hen, dit-il,/e te montreray l'é- Appc.
fouse, femme de l'Agneau , tS ifìln^rlù yfiv»7n». XXI. 91
Sans une telle addition le mot de femme que Saint
Jean donneàla Prostituée yj»« , yuvetlw s ne sieni- Apoc.
fie que le l'éxe ; & quand le Ministre ajoûte du sien , XVI I. $.4.
unefausse épouse, une épouse adultère , unefausse Eglise; lbld,
premièrement il fait voir qu'en sentant la difficul
té, il n'y a veû de réponse qu'en ajoutant au texte
de Saint Jean ; secondement il encourt cette terrible
malédiction du mesme Apostre ! Siejueltju'unacitte
aux paroles de cette Prophétie , Dieu le{râpera des pla-
yes qui (ont écrites dans ce litre , Apoc. XXII.
18.
Le raisonnement précédent se confirme encore IXVi 1.
parce que Saint Jean vouloit consoler les fidèles fur fsq?^
les persécutions qui se commençoient alors, com. u'wt»-
me il paroist par toute la fuite de ion discours vtprtcé-
plein de la gloire des Martyrs, & de continuelles dente, &
exhortations à la patience : or une grande par- ctmfìrma-
tie de cette consolation estoit de leur faire voir
la juste vengeance de Dieu siirl'Empire persécuteur, "f""*» '■
& enfin sa chute , afin qu'ils ne fussent pas éblouis
de la gloire des impies, ni étonnez de leur puissan
ce: c'est donc là qu'il visoit, & c'est le principal objet
de sa Prophétie.
Cela se confirme de nouveau, parce que pour - ' ,
T j parve- .
438 RECAPITULATION.
parvenir á cette fin , il falloit donner à Rome per
sécutrice & à son Empire les caractères qui estoient
connus du temps de SaintJean ; ce qu'il a fait auífi,
comme on vient de voir , & l'a fait si vivement & si
bien , que personne nes'y est; trompe' , ni u'a dou
te' de son dellèin. Les Saints Pères ont connu , com
me on a veû , que la destinée de Rome la payenne»
de Rome dominante & persécutrice , estoit renfer
mée dans l'Apocalypse , & nous avons démontré
qu'il y a fur ce sujet une tradition constante dans
l'Eglife, Prcf.n.j. Or cette tradition regarde Ja
ville de Rome : aucun n'a pensé â l'Eglife Romaine;
& les Albigeois , c'est-à-dire , les Manichéens ,
font les premiers, qui plus de mille ans aprés Saint
Jean ont commencé à tourner contre l'Eglife de
Rome , ce que tous les siécles précédens avoient en
tendu de la ville ; par conséquent l'idée naturelle ,
& la íèule véritable est celle-la.
Au reste, il n'est pas permis aux Protestans de
vsléprifer , au moins en cette occasion , l'autorité
des Anciens, puisqu'elle fait l'un de leurs princi
paux fondemens: si bienque M. Jurieu qui les mé
prise souverainement , & plus que n'a jamais fait
aucun Ministre , est contraint icy d'y avoir recours
r. 83.93. danuous ses livres , & en particulier dans fa lettre
X II I. où il reproche aux Interprètes qu'il nomme
nouveaux , qui sont entre-autres ceux de Ja Réfor
me qui ne veulent pas reconnoistre que le Pape soit
l'Antechrist, qu'ils s'opposent â l'autorité de tous
les anciens.
tffitPTU. On fait une quatrième démonstration contre le
système Protestant , en détruisant ses jours Prqphé-
\im par' tiques & fes douze cens soixante ans de prétendue
' les p'rihcí- persécution Papistiquc , car c'est: là un dénouement
paginé- detoutlefystcme, fans lequel il faut qu'il tombe
Idux. lei par cette raison. C'est que Saint Jean nous repréfen-
ftrfecu- te par tout les persécutions dont il parle , comme
fions de •
l'^tpoca- i 1
devant ,
durer y 1
feulements, mois, autrement trois.
(ypfitres- ans & demi, & douze cens soixante jours. De quel
que
RECAPITULATION. 459
que sorte qu'il faille entendre ces mois , ces ans , connu
&cesjours, il est clair que le dessein de Saint Jean fij°" s"wt
est de marquer un temps court , la moitié d'une Ce- n'.
maine , C'est-à-dire, un temps imparfait , à Yé- Upin
xem pie de la persécution d'Antiochus dont Dieu de temps
expressément réduilit le temps à un íì court terme , dei Mini-
pour épargner ses Eleûs, selon sa coustume , comme P'" • 1"
nous Pavons démontré; & que ce soit là un des "" *,,
caracteres des persécutions que Saint Jean decrir , on çlm jtJ
le voit manifestement en ce qu'il le répéte cinq fois y,urs pro-
en divers chapitres , & que notamment au X 1 1. il phéiigutí.
asseûrequele dragon avoit peu de temps , quoy- Confusion ,
qu'il deust encore tenir dans le désert, c'est à- dire, ^/"/n/.'v/î
dans roppreffion , la femme , qui eít ('Eglise , du- m„„if,jit,
rant trois ans & demi, jfr. 11.14. Cequi montre Explic
que dans Saint Jean , 41. mois , trois ans & demi , chap. x I.
&iiío. jours , c'est peu de temps , & que cét n' £'
Apostre a voulu donner ce caractère aux períëcu- fur J"^ j,
tions qu'il prophétise : or est-il que les Pioteírans
11c songent pas seulement à trouver labriévété dans
leur prétendue tyrannie & persécution antichre-
stienne , puis qu'ils ìattribuent, non pas á un Pape
particulier, mais à tous les Papes, à commencer
ou à Saint Léon , ou à Saint Grégoire , ou à Bonifa-
ce III. ou à Grégoire VII. jusques à la fin du
monde : par conséquent leur système a un caractère
opposé à la Prophétie de Saint Jean.
Pour sortir de cét embarras , ils ont invente!
leurs jours prophétiques , dont chacun fait tine an
née: d'où ils concluent que les 41. mois, ou les
trois ans & demi , cn , ce qui est la mesme
chose, lesiiío. jours de Saint Jean sonc n6o.
ans, & il n'y a point d'autre dénouement à cette
difficulté: mais il est nul par ces raisons.
La première , c'est quenous avons démontré que
cette invention de jours prophétiques n'a nul fonde
ment dans les Prophètes; que comme les autres Av- n. î|-
hommes, les Prophètes prennent des jours pour *
. T 4 ■ des
440 RE'CAPITUL ATIO N.
des jours; que lors qu'ils les prennent autrement ,
> • ceqqineletir elt arrivé que -deux fois dans toute
J'Ecrirure , ilsen avertissent expressément; & qu'en
fin quand tous les autres Prophètes auroient parléau
gré des Protestans , il faudroit entendre Saint
Jean par rapport á ('original qu'il regarde, c'est-à-
dire, à Daniel où constammegt & de l'aveu des
Ministres meímes , les jours ne sont que des
jours.
Ibid. îy. Secondement, cc^tte idée de jours prophe'ti-
ques est si contrainte Vque les Ministres eux-meímes
l'oublient lors qu'ils parlent naturellement i com
me du Moulin a fait dans le chapitre XII. où tur
. deux versets différais du Texte de Saint Jean il prend
naturellement des jours pour des jours, & 1160.
jours pour trois ans & demi; mais ces 1160. jours
qui faisoient trois ans & demi en deux endroits du
chapitre XII. venoient de faire 1160. ans en deux
endroits du chapitre XI. & puis en sortant du XII.
où ils estoient revenus à leur naturel, tout-à-coup
& íàns qu'on sçache pourquoy , ils le tournent en
core une fois en 1 160. ans : ce qui montre que les
Piotestans n'agiflent point par principes, mais par
caprice & par haine.
Le Ministre Jurieu n'est pas plus constant â
conserver íes jours prophétiques au chapitre X 1 1.
puis qu'encoreque par tout son livre de l'ÂccoropliC-
_ * sèment des Prophéties il veuille trouver dans cc
chapitre les izéo. ans de la persécution Papisti-
que, il y renonce formellement à l'cndroit de ce
Ibi&ïs. mefme livre que nous avons marqué: deíortequ'il
n'y a rien de moins asseûré que ces prétendus jours
, Prophétiques , puis: que de cinq endroits de Saint
"" Jean oú ils ont un droit égal,il y en a déja deux d'où
, ' 'ils sont exclus.
'-* En troisième lieu , ce peu de temps qu'il a fallu
A ver. n. faite quadrer avec 1 ìáo. ans , les a tellement trou-
16, 17. 18. blez àl'endroit des sept testes ou des sept Rois, qu'il
v ' • ft fallu succomberlisiblement :" cat en faisant de ces
.1 íèpt
R E' C A, ï> I T U L A T I O N. 4*41
septRois autant de formes de gouvernement de Ro
me; pour conserver à la Papauté, qui est h septiè
me > le caractère de durerpeu , que Saint Jean luy
donne, quoy-qu'il dure n'on-seulement plus que
chacun des six autres , mais encore plus que tous en-
scmble , l'on ne sçait plus ou l'on en est : autant de
testes , autant d'in|erprétations ; les uns établissent
ce peu de temps du septième gouvernement , c'est-,
à dire , de la Papauté , par rapport à {'éternité , ce
qui brouille tout , & fait une iíUision d'une Prophé-
tie ; lesautres, comme du Moulin, soutiennent Ibid
que durer un peu , à ce septième gouvernement ,
c'est durer plus que tous les autres , & ne se sauvent
que pat cette insigne falsification. M.Jurieu se dé
truit luy-meíme : tantost durer un peu de temps >
c'est durer unlong- temps réel , exprimé íous la figure
d'un temps court,en forte qu'en effet il Confort long ,
& ne íoit court que dans la pensée de ceux qui l'en-
tcndront mal : tantost rebuté luy-meíme d'une tel
le interprétation , il n'y sçait plus de reméde qu'eii
confondant la sixième teste dont Saint Jean ne dit
point qu'elle durast peu , avec la septième , qui est la
îèule dont il le dit. r
Mais je veux bien ajoûter en quatrième lieu >
que quand il seroit permis à ce Ministre de substi
tuer le sixième Roy au septième , & les Empereurs
aux Papes , il n'y trouveroit pas mieux son compte,
puis que toujours les Empereurs ayant duré si long
temps , ils ne peuvent pas estre ceux qui durent
peu. Les Protestais les fout durer jusqu'au gouver
nement Papal v les uns huit cens ans , comme du
Moulin, qui les poulie jusqu'à Pépin & á Chaile-
magne ; les autres onze cens ans , en allant jusqu'à *
Grégoire VII. M. Jurieu qui leur donne le moins ■
detemps, puis qu'il ne les meinc que jusqu'à Saint
Léon, ne leur en peut refuser cinq cens ; & quand
on voudroit admettre la finelíè qu'il imagine de ré-
duitece tempsdes Empereurs aux seuls Empereurs
Cluestiens , fans raison & lans fondement , car où
*f 5 pren- '
44*i R E* C A P I T U L A T I O N.
prendra-t-il que Saint ]ean ait voulu caractériser
le sixième Roy , par rapport aux seuls Empereurs
» Chrestiens , plûtost que par le total des Empereurs?
quand, dis je, onvoudroit admettre cette mau
vaise finesse , pourquoy voudroit-on que le caracté-
, re des Empereurs Chreíìiens soit de durer peu , puis
que, selon les diverses ititerpre'tations des Prote-
stans, ils ont duré cinq & six cens ans, selon M.
Jurieu , nombre qui ne peut estre réputé petit dans
un composé d'autres Bombres où il y en a qui ne
contiennent que trente ans , d'autres que sept ou
huit , & d'autres que deux , comme celuy des
Tribuns , des Dictateurs perpétuels , & desDécem-
"virsî
En cinquième lieu , quand nous aurions accordé
aux Ministres , contre toute l'analogie des Ecritu
res , &' la fuite mesme du texte , que ce court temps
de i z Sc. jours , c'est-à-dire , de trois ans & demi,
seroit un long- temps , & vaudroit 1 160. années ,
nous avons veû que leur embarras ne feroit que
croistre, puis qu'ils ne sçavent où placer ces 1 1 60.
ans , Si qu'en quelque temps qu'ils les commencent ,
les «bsutdìtez ou ils tombent font inexplica
bles.
A vert. n. Ncfhs avons veû , íèlon leurs principes , que le
27.8c suiv. Pape Antéchrist , persécuteur & blasphémateur ,
doit naistre parrhi les ruines de l'Empire Romain
démembré; pat conséquent au citìquiémé siécle ,
comme le tiennent Joseph' Méde & M. Jutieu. Cette
- hypothèse qui en elle-mefme est la plus suivie , &
' t la seule soûtenable chez nos advcrláires, est en mes-
roe. temps la plus absurde , puis qu'elle engage à re-
*' *. ♦ «connoístre pour le premier Antéchrist formé , Saint
, Léon,- à luy attribuer les caractères esseutiels de
, ( l'antichriítianifme, qui íontl'idolatriç '& leblaí-
t phême, la persécution & la tyrannie; à faire du
Concile de Calcédoine un'des quatre quelesChre-
ftiensonttoújoursleplus révéré , une assemblée an-
lichrcstienne : & de la divine Lettre de Saint Léon ,
■A OÙ
RECAPITULATION. m
où le mystère de Jesus-Christ est expliqué si parfai
tement, un ouvrage de l'Antéchrist ; à faire enfin
de toute l'Egliíè Catholique , qui estoit dans la
communion tant de ce grand Pape que detous ses *
saints Successeurs , rÈgrise'antichrestierme , sans
pouvoir da moins en montrer une autre où Jesus-
Christ fust connu ,.& faire encore de tous les Papes
' qui sont venus depuis Saint Léon jusqu'à Saint Gré
goire , c'est à dire , íàns difficulté des plus saint»1
Si des plus doctes de tous les Evesques qui ayent
rempli la Chaire de Saint Pierre , des blas
phémateurs , des idolâtres , des persécuteurs ;
cn un mot , & plus que tout cela des Ante-
chirsts.
En sixième lieu . pour connoistre l'abfurdité & A vert. iï.
l'impiété de ce sentiment , i! ne faut que voir les J.9; i°- &
contradictions où sont tombez les Ministres en le v"
íòûtenant ; car ils taschent d'abord dcl'adoucir , en
disant que l'Antcchrist au commencement n'avoic
pas encore toutes ses mauvaises qualitez, &, com
me parle M. Jurieu , qu'il pouvoitestre homme de H>ïd.
bien ; du moins qu'il n'estoit pas damné : mais tout P" 6c9'
cela n'est qu'illusion , & il faut avaler la coupe jus- j ií I.
qu'àlalie. Car nous avons veû expressément dans a vert."
Saint Jean que la Beste qu'on veut estre l'Ante- n. 17.
christ, avoit esté idolâtre , persécutrice, blasphé- Apoc. Xï.
matrice, ennemie déclarée de Dieu & de ses Saints XIIXUI.
dés qu'elle est sortie de l'abysme , & le doit estre ».
íàns discontinuer durant tous ses jouts : elle le doit
estre pat conséquent, selon les idées de la Réforme,
durant 11 60. ans, à commencer dés le temps de
Saint Léon , & toute l'Egliíè de ce temps l'estoit < »
avec luy. . -
Querépondicy le Ministre ? des contradictions
manifestes : car aprés avoir vainement tasché de <■
mettre à couvert Saint Léon & tous les Saints de ce
temps , cn diíant que l'antichnstianií'me n'estoit
encore que commencé en leurs personnes; à la
fin il a bien senti que tout cela n'estoit ciuepla-
T 6 strer,
444 RECAPITULATION,
i.cttre strer,& ilavoûëen termes formels dans une des
x II. p.89. iettres qu'il vient- d'opposer aux Variations , que l'i-
doktrie O" ta tyrannie du Papismejesontpleinement ma-
niseflces tprés le milieu du cinquième siécle , quand
ïEmpire Á^omainv esté démembre'; c'est- à- dire , fé
lon iuy-meíme , fous Saint Léon. Est-ce-Ià un
mal commence' ? Sc n'est-ce pas au contraire le mai
non- feulement consommé , mais pleinement dé
couvert & déclaré dans toute fa force ? Et dans la
Lettre XIII. lettre où ce Ministre avoit eû horreur de
x 1 ' *" nier que Saint Léon & ses Succelleurs ayent esté
P- 98, gens de bien , quoy-qu'Antecbrists , il est enfin
contraint d'avoûër que c'est fous eux , & des le
temps de Saint Léon , que le blasphème & fidolâtrie
ont commencé avec le culte des Saints ; que í'Eglíse
Ibid. des ce temps a esté foulée aux piedspar les nouveaux
Payens, c'est à dire, par Saint Léon , & les au
tres: d'où il s'enfuit par la force du mefme passage
de Saint Jean , que la guerre a esté deslors déclarée à
Dieu & à lès Saints , en sorte que ce Pape ses
Successeurs, àcelaprésgensdebien , ont esté blas
phémateurs & persécuteurs , qui estoit ce qu'on
n'osok dire, tantil estoit visiblement faux & déte
stable ; & ce qu'à la tin on est contraint de pastcf .
Mais en septième & dernier lieu, il ne faut pas
Avert. n. s'en tenir à Saint Léon, puis qu'on a tres clairement
18.29.30. démontré que les Pères qui ont fleuri au quatrième
3 r- 31- 33* siécle, Saint Ambroise, Saint Basile, Saint Gré-
goire de Nazíanze , Saint Chrysostome , Saint Au
gustin , & les autres lumières de ce temps, n'ont
point d'autres sentimensíur ce prétendu service des
créatures , c'est-à-dire, fur les honneurs desSaints,
queceiuy de Saint Léon ; ne s'ensont pas exprimez
*n termes moms forts , & n'ont pas moins célébré
les miracles que Dieu avoit faits eu confirmation de
Ibid. n. ce culte : ce qui aullì a obligé M. Jurieu à les met-
5.5. p. 65 5. tre au rang des hommes abusez par les démons, &
& iuiv. au rang nicfme Je leurs adorateurs , & d'afleûrer
lWo.n.14). que dés leunempsl'idolatrierégnoit dans 1'Eghfe :
RECAPITULATION. 44s
il faudroit donc en faire encore des blasphémateurs, _
des idolâtres , & en un mot des Antéchrists aussi-
bien que de Saint Léon ; & rien ne les a sauvez "des
mains de la Réforme , que le bonheur qu'ils ont eû
de naistre p!ûtost,en sorte que les mesures que pren
nent lesProtestans pour faire finir le régne antichre-
stien , ne quadrent plus avec le temps de leur vie ; ce
qui dans le fonds ne les empefche- pas d'estre autant
Antéchrists que Saint Léon.
Si les Protestans pensent iè sauver en desa,- £XIX.
vouant M. Jurieu , qui sait de Saint Léon un Ante- p$'u'ámt
christ , & en mettant l'Antechrist plus bas; en quel- ntftfeH.
que temps que ce soit , ce Ministre les convainc par vent paj en
leurs principes : premièrement , parce qu'ils demeu- prenant un
rent d'accord que la naissance de l'Antechrist doit ***re/jstt*
arriver du temps des dix Rois, & au milieu du dé- *J,««.M*
membrement de l'Empire , qui constamment est Avert."
arrivé au cinquième siécle. Ils demeurent encore n. 41.
d'accord que le passage où Saint Paul fait naistre Lettre
l 'Antéchrist <yrf> que celuy quittentfera, ejlé, s'entend XII.XIII.
de l'Empire Romain,& convient avec celuy de Saint
Jean, où l'Empire est donné en proye aux dix Rois ;
ainsi en toutes manières,!'Antéchrist doit naistre en
ce temps , & le reculer plus bas , c'est renverser le sy
stème Protestant.
M. Jurieu les convainc secondement encore pat
deux autres de leurs principes , qui est que l'idola- . . .
trie dans l'Egliíe est un caractère antichrestien , '&
mesme le principal, & que le culte des Saints est une ' "•
vraye idolâtrie : or il leur montre ce culte dés le
temps de Saint Léon , & plus haut,& il n'y a pas mo
yen de le nier; Daillé mesme ayant fait un livre J5IH.de
pour le prou Wr. IUeur montre donc deflors le prin- .cul1- litin.
cipal caractère antichrestien , & l'Antechrist tout
formé.
Par ces deux raisons concluantes, M. Jurieu a
démontré que son. système est le seul qui quadre
avec les principes communs des interprètes Pro
testans; de forte que ii on y trouye des irnpiétez-,
T 7 des
446 RECAPITULATION.
des incoavéniens ,' des absurditez ine'vitables , ce
fera par là nous avouer que le système Protestant est
insoutenable & contradictoire , qui est tout ce que
nous pouvons souhaiter.
Mais d'ailleurs si les Protestans rejettent le systè
me de ce Ministre à cauíe qu'il ne convient pas avec
l'histoire du temps , où l'on ne voit ni blasphè
me ni persécution dans I'Eglise, quoy qu'ils fas
sent, ils tomberont dans les mesines inconvé-
niens.
S'ils descendent à Saint Grégoire, ils n'y trou
veront ni plus de persécution , ni plus de blasphème:
s'ils en viennent à Boniface 1 1 1 . â cause , à ce qu'ils
prétendent, qu'il a pris le titre d'Evesque Univer
sel , qui est un titre antichrestien , selon Saint Gré»
goire, ilestfauxquecePapeaitpriscetitre ; il est
faux qu'il ait étendu ía primauté plus ou moins que
Saint Léon; il est faux qu'il ait honoré les Saints ni
ÍjIus ni moins ; il est faux qu'on trouve de son temps
a moindre ombre' de períècution.
S'ils cn viennent avec du Moulin à l'an 755.
& au temps où les Romains abandonnez à la fureur
des Lombards , furent contraints d'avoir recours
aux François , ils trouveront bien alors la ville de
Rome ostse en quelque maniéré aux Empereurs
d'Orient , ou plûtost abandonnée pareux-mesmes,
& laissée en proye à ses voisins : mais outre qu'ils n'y
trouveront ni les dix Rois , ni le grand démembre
ment de l'Empire qui a précédé cette Epoque de
trois cens ans , ils n'y trouveront de saints opposez à
la prétendue tyrannie du Pape, que les Iconoclastes,
étranges Saints , où pour toute marque de sainteté
011 nous donne 1e renversement des images réprou-
" ii par les Luthériens , esprits outrez , qurportent la
haine des images jusqu'à détester la peinture & la
sculpture comme des arts réprouvez de Dieu ; gens
áu reste si peu éloignez de l'idolatrie, selon les prin
cipes des Protestans , qu'ils prononcent des Anat
hèmes contre ceux qui refuseront d'implorer le se
cours
RECAPITULATION. 447
tours des Saints , & d'en honorer Iesreliquesi &Cônst. in
aprés tout que gagnera-t-oii quand on aura emporté-C.0"^
qu'il n'y aeû de Saints que de telles gens que l'O- *
rient & l'Occident ont détestez ? il y faut la persé
cution : or on n'en trouve aucune en ces temps que
celle que les Empereurs Iconoclastes firent souffrit
cinquante ans durant aux Chrestiens qui retenoient
les images , menaçant jusqu'aux Papes , & ne ces-"
sant de les tourmenter par tous les moyens pof-
íîbes ; de-sortes que contre le système {'Anté
christ auroit esté persécuté , & non pas persé
cuteur.
Quand enfin il en faudroit venir au temps de
Grégoire VII. c'est-à dire, contre les principes de
la secte , â une Epoque éloignée de six cens ans de la
dissipation de l'Empire , on n'y trouveroit non plus
la persécution , si ce n'est qu'en prenant ce Pape pour
J'Antechrist, on prist aussi l'Empereur Henri IV.
qu'il taícha de déposséder , pour un de ces Saints que
la Beste devoir persécuter ; & si l'on a recours à Be-
renget & aux Bérengariens qu'on nous donne pour
les Saints persécutez de ce temps-là, premièrement ,
ses Luthériens , la principale partie des Protestans ,
n'y consentiront jamais; secondement, ces saints Bé- <
rengariens de tous les dogmes de l'Egkse Catholi
que ne contredifoient que celuy de la présence réelle
que nos Prétendus Réformez trouvent le plus roléra-
ble ; & enfin nous avons fait voir qu'il n'y eût point Avert,
alors de persécution , puis que mcíme les Bérenga- 60.
riens ne se séparèrent jamais ,& revinrent bien-toit
de leuterreur , àl'éxempledeleurmaistre. ' *.
II nous reste encore à abréger une cinquième & L XX.
derniere démonstratiou par les principes généraux, Cinquième
& je la forme en cette forte. Rien ne revient plus 5? 2''" '
souvent daiisl'Apocalypsc que des Gentils periécu- '™„ Jl*'
teurs ,& des Saints persécutez , car c'eir ce qu'on y Uifnntu
trouve par tout : Mais les Protestans-ne peuvent peiginé-
trouver ni ces Gentils ni ces Saints , parce qu'ils *<">*•
íònt les uns & les autres d]une espéce si particulière ,
■ • qu'on
44» R E1 C A P I T U L A T I O N.
i. qù'ou ne les trouve nulle patc dans l'Apocalypse , ni
> mesmc dans toute l'Écriture.
Pour ce qui regarde les Gentils , ceux dont ils
• ont besoin pout établir leur système , sont des Gen
tils Chrestiens , qui croyant en Dieu Créateur , &
Avert. en Jesus-Christ Sauveur , profeilent avec cela une
17. j8. 8c idolâtrie dont les Saiftts soient les défenseurs & les
mr' ■ auteurs, & qui aullidevoit régner dans l' Eglise du
rant ii 60. ans. Siunetelleidolatriea jamais esté,
elle est si singulière & si essentieHe , que le Saint Et
prit qui a révélé tant déchoies bien moinsifnpor-
tantes , adeû nous instruire d'un tel mystère , d'où
le Ministre conclut en termes formels, que si cette
Av«t. 55. idolâtrie Ecclésiastique aesté, elle a deuestre pré
dite. Que si elle l'a deû estre , ç'aestéprincipale-
mentdansl'Apocalypse , puis qu'on suppoíe que
ce divin livre a esté écrit pour nous la faire connoi-
stre & éviter : mais le Ministre se tourmente en
vain à la chercher dans tout ce livre , 8c il avoûë à
lafiu qu'il ne l'y voit pas.
Ibid. D'abord ill'avoit trouvée , en ce que Saint Jean
appelloitla Babylone une Prostituée: mais nous
avons veû que cette expression luy a paru trop généra
le, parce qu'il falloir avoir spécifié que c'cstoit une
adultère & une épouse infidèle , ce que Saint Jean
à évité.
Ibid. II croyoit aussi avoir rencontré ce qu'ilcherehoit
Acc. ll.p. dans le passage , où le parvis du dehors estait livré aux
P- *J9- Gentils ; mais ce pallage à la fin luy a paru trop obf-
1 ' cur, n'y ayant rien de moins clair que de prendre le
* parvis du remple pour une fausse Eglise, au lieu
que c'est seulement le dehors de la véritable ; ou de
conclure que l'extérieur de la vraye Eglise devienne
une fauIle Eglise , parce qu'il est livré aux Gentils
, qui le profanent ; ou que ces Gentils profanateurs
de l'extéricur de la vraye Eglise & duvray Tem
ple , soient néceíTàirement de faux Chrestiens ,
comme si on n'avoir pas veû la vraye Eglitf oppri-
• mée durant trois cens ans , dans ce qu'elle avoitde
* . : visible,
R F C A P I T U.L A T í Ò.Nv 4.
visible , par de vrais Gentils adorateurs de Junon-
de Jupiter.
Voilà les deux partages alléguez , & ensuite dé
savouez par le Ministre. Les autres nc sont pas
plus clairs: k femme s'enfuir au désert; la Prosti
tuée est une religion qui a ses mystères ; le peuple
de Dieu est dans Babylone , donc il y aura des Saints
qui seront idolâtres , & une Eglise Chrestienne qui
aura l'idolatrie dans le sein: ou n'entend rien à ces-
conséquences.
Ne nous amusons plus à repérer ce que nous avons Avert, n.
dit pour les détruire , puis que le Ministre qui s'est îl^jj*
voulu fonder deflus , sent à la fin qu'il n'a rien fait
s'il ne trouve cette idolâtrie en quelque texte plus N*1"' P*
formel , en quelque oracle plus clair & moinsgénéral: í^ltt/ n_
mais cét oracle moinsambigu,sf ffxfep/«/c/a;V£? 35- 36. 37
plus formel , il ne le trouveque hors de l'Apocalypse ;
de sorte qu'il faut sortir de la Prophétie de Saint
Jean pour y trouver cette idolâtrie qui en fait le
principal sujet.
Maïs cequ'il donne pour clair , par malheur se
trouve encore phis ambigu > ou pour mieux dire
plus visiblement faux que tout le reste, puis que
c'est le passage de Saint Paul, ou il dit, qu'il y aura
dans les derniers temps des hommes , quiens'adon-
nantà des esprits abufeurs & à la doctrine des dé
mons , condamneront !e mariage & certaines vian
des : passage où loin de parler de la prétendue ido.
latrie des Chrestiens , il n'est meíme en aucune
sorte parlé d'idolâtrie , comme on voir.
Car de prendre dans ce paflage la doíírinedes dé
mons , non plus pour celle qu'ils inspirent , cora
me tout le monde, &les Protestans avec tous les
autres l'avoient toujours entendu; mais pour celle
j«i apprend à les adorer, comme Joseph Méde l'a
imaginé le premier, & ne trouver que là ce texte
/aras/ qu'on cherche depuis si long-temps: c'est à Ibid.
M . Juneu , au lieu d'un texte formel , démefler une n-
obseurite par une obscurité encore plus gran-
45st RECAPITULATION.
de , &■ montrer manifestement qu'on n'a rien à
dire.
. Concluons que la prétendue idolatriè Ecclé-
Ibid.n. /iastique n'a esté prédite nulle part. Or, dit M.
J5.P.629. jurieu, fielleaesté, elle a este' prédite: elle n'a
donc jamais esté , & ce n'est qu'une invention pour
mettre non-feulement les Catholiques , mais enco
re tous les Saints du quatrie'meíie'cie au rang de ces
idolâtres, qui en adorant les Saints, selon M Jurieu,
ont adoré les démons.
U ne sert de rien d'entamer icy avec le Ministre
un vain raisonnement íur les démons, que les Pa-
yens reconnoissent pour des esprits médiateurs: il
s'agit de nous faire voir par l'Apoealypfe , ou du
moins par quelque autre endroit de l'Écriturcqu'u-
ne semblable idolâtrie ait deû régner dans L'E-
gliíe , & y régner un aussi long-fèmpscfue 1160.
ans ; & nous pourrions démontrer fans peine , s'il
en estoit question , que ces démons médiateurs chez
les Payens estoicnt médiateurs de la création , Dieu
jugeant indigne de luy défaire l'homme de fa main,
&jugeant aussi la nature humaine indigne par elle-
meíme de luy estre réunie comme à son principe :
médiation inconnue aux Pères aussi-bien qu'à nous,
& qui l'oin-d'avoir jamais régné dans l'Eglife, y a
toujours esté détestée.
« / ' ^' 'es Proteftans n'ont pu trouver dans l'A-
Siinti & pocalypfe les Chrestiens idolâtres & persécuteurs
quels Mar- qu'ils y cherchoient , ils n'y ont non plus trouvé les
tyrs les Saints persécutez dont ils ont un égal befoin , & ils
Vroirftitni ne nous jes produisent qu'en nous donnant pour des
*d!ih"'~A Sa'nts les Albigeois, les Vaudois, un Vicies, un
pocalypfe' >Hus, & leurs féctateurs , jusqu'aux Taborires ;
&• qu'à U gens que nous avons convaincus par des faits con-
fin ils font stans des crimes & des erreurs que je n'ay plus beíbin
thlhtr, de de répéter.
drr p"rr Au^ a^"'e remarclue' que 'es Ptotestans ont hon-
ge exprh' tedeles mettreau rang des martyrs : car écoutons
d<* Mini- M. Jurieu fur le chapitre X X. del'Apocalypsc : Là
parois
R E' C A P I T ULAT 10 M." 4 51
paroissent lésâmes de ceux qui ont esté décolez pour fi'' J*'
le témoignage de Jeíus , & ce font ceux, qui n'ont point ^™'rt
adoré U Befle nison image , &" qui n'en ont porté le ca- n ^[
ratière ni dam leurfront , ni dam leurs mains , "fi. 4. Apoc.XX.
ce íoiit ceux-là qui revivent & qui restufcitent mes- Accofnp..
me corporellement avant tous les autres, lèlonM. î-p-ch-
Jurieu. Si la Beste, c'est le Pape ,(i ion Imagé, c'est Î3-P,4î9i
le Pape encore, file caractère de la beste c'est là
profession du Papiíme : les Martyrs que Saint Jean
nous vient de décrire font ceux qui ont souffert fous
la Papauté; & , selon M. Jurieu , ce doivent estre
les premiers qui ressusciteront en corps & en ame :
maisnon; c'est tout le contraire. II décide nette
ment que cette première réfurréíìion nefera que de tres-
peu degens , c'efl-à-dire ,des anciens M a r-
tIrs, & que lerefledesjìdelesnerejsufcitera qtt'àla
fìn du monde. Ce n'est done que des anciens Martyrs
que Saint Jean a voulu parler dans toute 1*Apocalyp
se, c'est-à-dire, tres-constamment des Martyrs de
l'ancienne Eglise , & des prémices du nom Chre-
stien : ce lont ces anciens Martyrs qui ont méprisé
la Beste & son caractère. Voilà comme on parle na
turellement , quand on veut de bonne foy parler des
Martyrs dont Saint Jean éxalte la gloire dans toute
son Apocalypse. La Beste n'est donc plus le Pape ,
l'idolatrie n'est plus le Papiíme, & ces faux Mar
tyrs qu'on n'appelle tels qu'à cause qu'ils ont résisté
à la première puissance qui soit dans l'Egliíe , ne pa
roissent plus.
Ainsi la démonstration est achevée. Les Mini
stres, en recherchant leurs idolâtres, nous ont
montré les Saints ; & pour comble d'aveuglement,
en cherchant leurs Saints n ils nous ont mon
tré de faux Martyrs qui échapent de leur mé
moire quand ils regardent de bonne foy les vérita
bles.
Voilà cinq démonstrations , où l'on pouvoit , LXXll.
comme on voit , en compter un bien plus grand Promut-
nombre, si pour les rendre pius intelligibles ou ne "'■"»«
les
45»- RECAPITULATION.
théfMti ies 3y0jt réduites "à certains principes généraux.
Mais les preuves se multiplieront jusqu'à T'infini , si.
jíb'titi jr l'on deseend en particulier aux neufchapitres où il
cilles du est parlé de la Bestc.
th. XI. m Par éxcmple, dans 1c chapitre XI. oùellepa-
l'on etmj rojft pOUr ja prcmie'rc fois , & où elle fait mourir les
7'ml*rer ^eux tern0'ns> 'eS erreurs des Protestans font
nofìrt/y- infinies. Nous avons déja remarqué le court'
siíme *w temps qui est désigné par izéo. jours changé en
ttlHjdts l'espace immense de n6o. ans: nous avons aussi
Vrtteji*»i. remarqué qu'on fait une fausse Eglise du parvis , qui
íiisylî'tt n eíl ^ l'extérieur de la véritable. On veut qu'une
du Mini- f&usse Eglise soit néceflairement celle qui ejlliMrit
stifj*. aux Gentil, & on ne songe pas que U Cité Sainte ,
riiusuY lu qUi fans doute n'est point une fausse Eglise , leur est
deux ti~ pareillement livrée four efìre foulte aux pieds : on
"°òl'e\ donne donc pour marque d'une faufle Eglise Top-
X 1. 1. pression mie la vraye Eglise est contrainte de souf
frir, & la Croix de Jesus-Christ qu'elle porte. Les
Gentils font de faux Chrestiens, uns qu'on puisse
trouver ce nom appliqué á des Chrestiens , pas mes.
me á des Chrestiens hérétiques, ni á d'autres qu'aux
vrais Payens Les deux témoins que la Beste a mis
à mort font les Albigeois, & les autres que nous
avons convaincus d'impiété par des faits constat» ,
& á qui aussi ceux qui nous les vantent n'ont osé con-
» conserver leur rang parmi les Martyrs. lien est á
Tti\. I. p. peu présdemesine de Luther & de Zuiogle : c'e-
SL'ven n ^°'ent eux avec leurs disciples qui estoient dans les
fa,n, 117. Préjugez, les deux témoins , c'est-à-dire, le pe-
titnombre des défenseurs de la vérité , ressuscitez
, tout-à-coup & montez au Ciel , c'est-à-dire , éle
vez au comble de la gloire , aprés avoir esté morts
pour un peu de temps par la toule ruine de ces grands
Saints les Taborites. Cela estoit spécieux & hono
rable aux réformateurs: nuis le Ministre a bien
veû que ressusciter & monter aux Ciel devoir estre
quelque chofe de plus grand que ce qu'ont fait Lut
her & Zuingle ; ainsi il les a tirez d'un si haut ra»g ,
&
RE'CAPITULAJION. 45$
&i!aren3iicé publiquement á cette superbe inter- Avert,
prétation dans son Accomplislement des Prophe'-
ties.
En te'compeníe , il y dit que les dem témoins Ibid.
ne seront mis à mort que dans la France; que
les fidèles des autres Royaumes n'ont point de part
à ce't endroit de la Prophe'tie ; & qu'avec des expres
sions qui regardent si visiblement toute l'Eglise,Saint
Jean n'a eû en veûë que l'Egliíè prétendue réfor
mée de ce Royaume. Elle est si bien moire, ditle
Ministre, qu'il ne luy reste qu'à l'enterrer. C'est
pour les morts le dernier honneur que celuy de la
-sépulture ; &Saint Jean ne nous montroit les corps
morts de ces deux témoins gisans à terre , privez du
tombeau , que pour mieux exprimer la haine
qu'on poulloit contre eux jusqu'après la mort. Mais
ce qui est dans le deflèin de Saint Jean la der
nière marque d'opprobre est à M. Jurieu 1c
commencement du secours. Les amis de la Réfor
me étendue â terre toute morte , empescheront seu
lement qu'on ne l'enterre; fàus doute parce que Dieu
nepourronpaslarcfluscitersionlavoit mise aussi-
bien dans le sépulcre comme on a pu luy donner la
mort. Au reste, dans toutee chapitre, pour ret
lìiícíter les deux témoins , Saint Jean ne voit autre
chose que les ligues de tous les Princes con
jurez contre la Fiance. Le Ministre les avoit bien Avert. n.
devinées, & il veut qu'on s'en ressouvienne, afin 6j.j. yjt.
qu'on ne doute pas qu'il ne soit digne du titre de
Prophète qu'on luy donne déja dans ses médailles.
Pour qui écrit- il? pat quel endroit se montre-t- il à
un siécle si éclairé ? & quel personnage veut- il faire
dans le monde ?
Mais pcnrquoy aimer mieux donner dans ces rê
veries, que de voir dans les deux témoins les pre
miers Chrétiens perse'curez ì dans le court terme de
leur affliction , le foin de la Providence, qui pour
épargner ses fidèles en abrégeoit les souffrances de
temps en temps? dans leur "mort les supplées des
. Martyrs?
, 4H RECAPITULATION.
Martyrs ? dans leurs corps morts étendus fur la ter
re , la cruauté de ceux qui léur refusoient jusqu'à la
'sépulture ? daus leur résurrection , la gloire soudaine
de VEglise íòus Constantin, &I'écIatante prédica
tion de l'Evangile par tout l'Uuivers, pendant que
lesPayensseflatoientdela pensée d'en avoir éteint
la lumière ? Qu'y a-t-il là qui ne convienne par
faitement avec les paroles de Saint Jean, Si mieux
fans comparaison que tousies songes qu'on nous dé
bite; & n'est-ce pas estre ennemi de la piété que
d'aimer mieux voir dans des interprétations vio
lentes íà particulière íàtifaction , que dans les
idées naturelles la gloire commune du Christia-,
niíme ? . , ,
IXXllï Passons au chapitre XII. c'est celuy où du
>AMge iles ivîotilin reconnoill que les 1 160. jours -font des
c":oí"f " 'ours ^ non Pas ^es ann&s » & de cinq partages où
XU. Çcn- í'ôn veut trouver les jours prophétiques , il en oste
firmation deux à ion parti. ,. ,. . •• 1 •■; 1
couvain- Mais venons au gros des.Protestans , qui avec M.
cante <li jurieu veulent trouver dans la femme retirée au de-
"itZtl,, fert jours, l'Eglise opprimée_iiíqi. ans
126c ans. íous 'e Papisme. C estoit donc austi íous le Papií-
lisystème me qu'elle devoir enfanter , & que le dragon vouloit
Protestant dévorer elle & son fruit ? Mais qu'est-ce donc , fe-
se dément Ion les Ministres , que, çét enfant malle & domi-
c'ffe" nant que la fem me aevoit mettre au jour ? Quoy ,
f v la Réforme triomphante 2 Ne rougit-on pas d'ai
mer mieux la voir dans un si bel endroit, que le
Christianifmerégnant avec Constantin? Mais quoy,
le combat des Anges ne íè donne que'pour la Réfor
me? le triomphe du Christianisme n'en cstoit pas
Un digne sujet ? Satan n'y estoit pas aflez atterré par
ía chute de ses idoles & de íes temples , & 011 atten-
doit pour cela la main íe Luther ? Le croyent ils
eux qui le disent ! Mais fi cela/n.'est pas encore aflez
absurde , voicy de quo][.éxercer leur subtilité. La
Vortz la femme se retire deux fois dans le detèrt, comme
Note lur nous l'avous fait voir,& les Protestans doivent trou
R E* C A P I T U L A T I O N. 4*'$ *
ver non- seulement une. fois , mais deux fois i î 60. le <*»p. ,
ans de persécution Papistique , c'est-á-dire , deu? XI1,
mille cinq cens vingt-années ; & plus, seloneux , lf"
que ne devoit durer depuis Saint Jean le Christianis
me, & l'univers melme. Ce n'est pas tout, &
nous verrons au chapitre XIII. que la femme fera
opprimée un pareil temps que nous montrerons di
stingué de celuy - cy. C'est faire monter le temps des
períecutions à prés de quatre mille ans! Qui ne
voit donc que ce temps souvent répété noús mar
que diverses persécutions , tontes courtes , & à
diverses reprises ? Mais si les Protestans ont à passes
quatre mille ans sous le Pape , ils voyent par
lá ce qui leur reste : il n'y a plus rien à chercher dans
cét avenir immense , & 1 Apocalypse est un abyíme
où il n'y a plus ni fonds ni rive.
D'ailleurs l'interprétation Protestante ne nous
montre point les trois efforts du démon coup fur
coup , ni les períecutions trois fois rendues inu
tiles, & la fecoitdeerr particulier par le íècours de
la terre, non plus que la troisième plus foible que . ...
les deux autres, dont aussi póur cette raison Saint . ; .
Jean ne marque aucun errer : c'est néanmoius ce que
nous voyons tres-distinctement au chapitre XII.
"ty. 4. 13. 17. comme on peut voir dans le Com- ^0vez rIfs
mentaìre; On né nous explique non plus ce redou- ^xe^"z
blement de la colère du diable a caulè du peu de ges_
tempsquiluy restoit , & qij'il se voyóit á la fin deíà Apoc.
domination : cépeu dctemps , dis-je , ne s'explique ibrd. n.
pa& dans le systëme Protestant, puis qu'iírestoitau &l«Not.
aémon eficore 1 160. ans entiers à tenir la femme
opprimée dans le deíert , & que l'Aritechrist qu'il
animoitn'alloitque commencer son Empire. Voilà
des énigmes inexplicables pour la Réforme: aussi
avons-nous veû qu'elle s'y perd ; le íubtil Jurieu s'y Avert. n»-
contredit; du Moulin y abandonne les jours pro- 25-iû.
. .phétiques ; & réduit â feKnferraer dans les trois ,i •
ans & demi que passèrent les Chrestiens convertis du
Judaïsme à la pence' ville.de Pella, pendant que DuMotU
4\6 RE' CAPITULATION.
Acc.p. "rite détruisoit Jérusalem , il sait deviner my-
ítéricusement à Saint Jean des cholès pafle'es aux
yeux de toìite la terre il y .avoit plus de vingt
ans-
Mais nostre interprétation n'a point cesinconve-
niens: on y voit'l'Egliseentraváildaus la dernière
persécution: on voit parmi les divers relaschémens
qu'elle pouvoit avoir , trois intervalles marquez ,
& trois reprises plus nettes sous trois Princes : l'£gli-
se par deux fois contrainte à se retirer , mais tou
jours pour un peu de temps , dans ces retraites obs
cures où elle avoit accoustumé de cacher son culte :
la terre l'aidant à la seconde fuite , c'est-à-dire ,
Constantin & Licinius combatant poor eJle -, là pa-
roissentleseffottsdudiable , la re'íistance & h vic
toire des Anges , avec la rage impuissante de l'enne
mi atterré qui voit la fin de ion régne ; enfin lc der
nier effort du dragon encore frémissant > & íòusla
tyrannie de Licinius la persécution renouvellée,mais
trop foible pour mériter qu'on en raconte les
effets.
íXXìV. Nous avons veû que pour bien entendre la Bestc
X*Wí t aux^ePtKstes & au* dix cornes , il faut joindre
uttJt,& ensemble les chapitres XIII. & X V 1 1. où
aux dix nous en avons la peinture. Pour commencer par
ternes , & les sept testes , qui , selon Saint Jean , íbnt íept Rois;
Ussept & fept formes de gouvernement pour les Protestans:
f°™"tne- nousavot>s démontré:
mêntlui- Premièrement , combien peu il estoit utile au
nt'ti par dt dessein de l'Apocalypfe de reprendre les choses de fi
nmvelUs loin,& de remonter jusqu'à l'origine de Rome ,
remarques, pour nous montrer tous les états par où elle avoit
passé durant sept ou huit cens ans avant que Saint
Jean fust au monde : & c'estoit si peu le dessein de
cétApostre-, qu'il nous déclare au contraire que la
A1?ciÌlXI' Eeste à sept testes , où il déclare qu'il vouloir repré-
XV II. 8* senterR°me> devoit sortit de l'abysme aprés ibp
Voyez les' tetnps> ce n'est donc pas Rome dans tous ses Etats >
notes y comprisses siécles passez ," qu'il a dessein de re-
a ; ', "', présent
; ■ t • • \£ ■ :
RECAPITULATION. 457*'
présenter dans cette Beste ? c'eíl Rome dans uh ce\- ibid.
tain état particulier que cét Apotke avoir 'en *v'"* .
veûë. ^ '* * .
En efFet , nous avons vcû en second lieu que Saint Iblí,> P<
Jean ne fait paroistre la Beste que comme,blasphé-
matrice & persécutrice , revestuë de la puifÇuice du Apóc. XI.
dragon, cruelle, euyvréede sang , ennemie de 7. xill.r.
Dieu& de ses Saints, tout en s'élevant de l'abys-î- XV II.
me, c'est-à-dire , dés aussitost qu'elle paroist , gc*-!'1**'
également dans ses sept testes : au lieu que dans le
système Protestant il n"y auroit tout-au-plus que
deux testes persécutrices , c'est-á-dire , les Empe
reurs & les Papes , & les autres auraient occupé lept
ou huit cens ans avant que les Chrestiens eusiènt
paru. * a
On a veû en troisième lieu , que si Saint Jean avoit l0UI*
voulu-nous représenter sept formes de gouverne
ment , il auroit pris toute autre chose que lept Rois >
dont mcsme il auroit fallu que l'un suit l'abolition
dela Royauté , & l'éréction de l'Etat populaire ;
que bien éloigné qu'on puifle trouver dans les saints
livres , ou historiques , ou dogmatiques , ou pro- Avert D-
phétiques , aucun éxemple d'une locution pareille ,
on trouve tout le contraire , notamment dans ce
meíme endroit de l'Apocalypse , & enfin que
les dix Rois du 1 i. estant de vrais Rois , les sept
Rois du}?-. 9. ne peuvent pas estre d'une autre na
ture.
En quatrième lieu , nous avons veû que les six
formes de gouvernement au'on met à Rome jus- *vert- n-
qu'à Saint Jean , n'ont nulle justesse ; que c'est un-*'^'5'*
nombre sait à plaisir, & qu'il y en a ou plus, ou
moins. Quaut à la septième forme de gouverne
ment, qu'on veut estre la Papauté, que pour sott- .
tenir le íystême il la faut faire commencer sous Saint j '
Léon, Sí changer legouvernementdeRome vers.
les temps que l'Empiresut dissipé; ce qui emporte
an si prodigieux renversement de l'histoire , que
julqu'icy on n'eu vit ■ jamais de pareil éxem
ple. ■« V Nous
458 RECAPITULATION.
Nous, pouvons ajoûtcr en cinquième heu , fur
ces sept formes de gouvernement , que fi Saint Jean
cust eû en veûë de nous faire voir par plaisir
cous les états 4e Rome, jusqu'au temps que les
Papes y ont esté Souverains , il eult faliu la
faire passer de la main des Empereurs en celle des
Rois Hérules & Ostrogots , Rois au reste de bien
différente nature > & d'un pouvoir bien plus éten
du que les íept premiers sous qui elle commen
ça. En faisant revenir les Empereurs, comme ils
revinrent fous Justinien , il faudroit marquer à la
fin les Exarques & les Patrices , dont la puissance
approchoit fi fort de la Souveraine ; puis encoiele
pouvoir du penple sous la diréction volontaire
des Papes corn me leurs Pasteurs , íàns qu'ils eussent
le titre de Prince; en fuite le Patriciat) & enfin l'Em-
pire des François ; & les Papes par leur concession
ayant alors quelque part à la souverainetéi mais tou
jours sous l'autorité supérieure de ces Princes. II
ne faudroit pas oublier aprés la Maison de Charle-
magne , l 'anarchie qui revient plulieurs fois , & fur
tout la tyrannie des Barons Romains pendant envi
ron cent ans : le gouvernement des Empereurs d" Al
lemagne modifié en tant de manières ; & enfin avant
que venir à la souveraineté absolue des Papes, la
' puiflauce du Sénateur changée aussi en tant de fa
çons. Que fi l'on ne veut pas que le Saint
Esprit descende dans ce détail aprés l'avoir fait
descendre jusqu'aux Décemvirs & aux Tribuns mi
litaires ; qu'on nous dise donc dans quelles bornes
' il faut renfermer la curiosité de Saint Jean , ou plû-
■ toíl qu'on avoûë de bonne foy que lajustesse qu'on a.
crû voir dans ces íept formes de gouvernement »
n'est venue que de l 'ignorance de 1 histoire , ou du
peu d'attention qu'on y a faite.
Ibid. n. • C'est encore un sixième inconvénient , íùp-
• * io. p ,571. p0se' cjUe ie dessein de l'Apocalypse ait esté de repié-
ienter dans sept testes , sept formes de gouverne
ment ; de mettre fur la sixième , qui est celle des
• . . Empe
RECAPITULATION. 4<(9
Empereurs, & universellement comme fur les au
tres, des noms de blasphème, sans faire du moins'
prévoir àSaint Jean qu'une (í -grande partie de ces
Empereurs dévoient eltré Chrestiens , en'forte qu'il
aura mis au rang des blasphémateurs les Constan-
tins, lesGratiens, & les Théódoses.
Enfin en septième lieu , quand on au roit dévoré Ibid. n.
tant d'abíurditez manifestes, ce petit mot de l'Apo- i6- i7'í&.
caly.píe qui forceroit leá Protestans à reconnoistre la.
Papauté, comme un gouvernement de peu de du
rée, quòy-qu'il dure tisser, ans', & plus que tous
les autres eníemble , sera toujours un écueïl où leur
système sera mis wpiécei; <Je forte qu'il n'y á rien
en toutes manières de plus rliinéque ces sept préten
dus gouvememens.' '■ : i,l'iio>i:"''
• C'est néanmoins le bel endroit des Protestans :
mais en vérité d'autant plus foible qu'ils nescavent
encore comment expliquer ce' Koy qui fait un
des sept , & qui néanmoins efl k huitième. Ils
veulent que ce soit le'Pape , à cause qu'il est tout en
semble Sc le septième comme Pape , par la puissance
spirituelle qu'il usurpe , & lehuitiémé comme Em
pereur , en imitant, comme ils ^'interprètent , Sc
en s'attribuant la puisiance temporelle & Impériale;
íàns songer que ce composé est précisément ce qui
le doit faire la septième teste j ou le septième Roy :
car s'il n'estoit qu'Empereur,' : illefaudroit ranger
avec le sixième; de forte que ce qui luy donne le sep
tième rang , c'est précisément ce composé par le
quel on prétend luy en donner un huitième. A tjuoy
il faut ajouter que li c'eitoit le septième Roy qui
deustestreenmesmetempslehuitiéme, Saint Jean
qui venoit de nommci ce septième Roy au tf. i o. &
qui , par manière dédire , estoit en train d'en mar-
querle caractère en disant qu'il demeure, eu , J'au- i
roit continue au verset luivant , en dilant , non pas
indéfiniment qu'il est un des sept , mais précisé
ment qu'il est le septième & le huitième tout cníem- »
ble.
i. Y í Mais
4«o R E'C APITULATION.
Mais qui ne voit que le Saint Apostre éclai-
re'parl'ésptirdeDieu,, adécouvert dans ccttte lu
mière quelque chose de plus convenable , & que
cét Espfl&qui voit tout luy a tévélcqu'un de ces sept,
& non le septième , reviendroit deux fois , ce qui le
íeroit tout ensemble & un des sept & le huitième ?
Voyez U caractère que les Protestans ne songent seulement
note fur pas qu'on ait pu approprier à la Papauté & que
le chap. nous avons trouvé si précisément en Maximien
XV11. II. j-jercu{w$ , gu'il n'y en a aucun autre exem
ple dans toute l'histoire qui a rapport à l 'Apoca
lypse. ■') ,
Je ne me tromperay donc pas quand je di-
ray , ' fans vouloir vanter l'interprétation que je pro-
VOyez les pose , qu'à comparaison du moins de celle des Pro
notes fur testans, c'est la clarté mesine , puis qu'on y trouve
v'ii & dans sept Rois , non pas íept formes de gouverne^
XVII. n^'K proposées à íà fantasie , mais sept Empereurs
tous idolâtres : En cette maniéré sous ces sept Rois
la períécution de Dipclétien la plus cruelle de toutes,
tres-proprement caractérisée par fa marque parti
culière; fous les mesmes Rois la Prostituée , c'est-
à-dire , Rome la Payenne , enyvrée du sang des
Martyrs , & soutenant son idolâtrie par toute la
terre. On voit auílì ces sept Rois passer prompte-
mentlesunsapréslesautKSj & le septième qtii de-
voit venir après la destruction des six autres pour
exciter de nouveau la persécution , c'est-à-dirc ,
Ljciuitts , s'évanoûïr incontinent , & la Beste par ce
moyen laissée pour morte, poureníuite refluíciter
comme on va voir.
I XX P*. Dans le chapitre XIII. on voit paroistre un nou-
SitUed? veau prodige: c'est que la Beste a sept testes, est
ch*f. comme morte par la playe d'une de ses testes, &que
*o ■ «éanmoins tout d'un coup elle revit. LesProtestans
entendent icy l'Empire Romain comme mort par
qui revit, la blell ure mortelle des Empereurs , qui sont la
de sixième de ses testes , & tout d'un coup refluscité
serti cbt\ Jans le Pape , qui est la septième.
R E" C A V I T U L A T I ON. 4Í1
Cesystêmenequadre pasaveclesidees de Saint lu-ffff
Jean , puis que la Beste qui subsistoit en íèpt te- /**"•
stes , ne devoit pçrir que par la destruction de tou
tes les íèpt , ni tessusciter que dans quelque choie
qui vinstaprés elles toutes. C'est pourquoy le Saint
Esprit dit distinctement que cinq testes eítoient pas
sées ,1a sixième blessée â mort , & la septième qui
devoit venir en estât de durer peu , par où la Beste
devoit mourir toute entière avec ses sept testes re- VOyez les
tranchées , & ce qui la fait revivre en est distingué. .not,es <ur
C'est ce qu'on voit dans Saint Jean, & c'est aussi cc „ xvii"
qu'on a pu voir dans nostre interprétation : où le g_ 'lo>
retranchement de la sixième teste fait bien à la vérité
une mortelle blesseûre , mais où l'on voie eu mes- .
metempsquela septième périroit bientost avec les
autres , en forte qu'on voit tomber sept testes ,
c'est à dire , íèpt Empereurs auteurs de la dernière
persécution qu'on attribue à Dioclétien ; d'où de
voit suivre , comme en effet elle suivit , la destruc
tion totale , & sans retour , de la Beste persécutri
ce , si elle ne ressuícitoit dans quelque choie de
distingué d'elle , ainsi qu'elle fit dans julien qui Iuy
rendit la vie & la force. Tout cela est tres-fuivi ;
au lieu que dans le íystême Protestant , la Belle aux
íèpt testes est tennë pour morte , pendant qu'une de
íes testes, & encore celle de toutes qui avoit le plus
dévie, puisqu'elle devoit vivre prés de treize sié
cles, & plus que toutes les autres ensemble, non-
seulement subsiste encore,mais ne fait que commen
cer fa vie. ì
Ce chapitre cause encore un autre embaras aux ixxrr.
Protestaris , puisqu'icy, outre les deux fois que ^««fa
nons avons veûës/au chapitre X 1 1. il leurfautenco- cfT'Ja's'e
re rrouver^our une troisième fois les douze cens ^&'Ht ""'
soixante ans de persécution. La démonstration cn*/„"^,,r
est évidente ; car la Beste est persécutrice , & dans ch. XW.
son premier estât aulíitost qu'elle fort de l'abyíme , four une
comme on a veû , & lors qu'elle a repris la vie. troisième
La persécution du premier estât , lors que la \ 'J"
Y } . Peste ' *
4éi RECAPITULATION.
Beste sort de l'abysme, est représentée, au cha
pitre XI. ifr. i. 5>otì il paroist qu'elle a duré les
iitfo. jours.. Accordons aux Protettans que
c'est la mesme persécution qui paroist au chapitre
XII. Nous avons démontré ailleurs qu'elle a deû
avoir deux reprises , chacune de pareil temps ;
l'une , à la première attaque du dragon ; l'au
tre, à la seconde & au teraps de ía colère redou
blée , X i 1. <5. 14. Voilàdonc déja tout au moins
deux fois 1160. jours, fans qu'il íbit encore
parlé de la Beste ressuscitée. Mais lors qu'elle est
ressuscitée, il luy faut encore un pareil temps ; car
ce n'est pas en vain qu'elle revit: Toute la terre
s'en étonne, tout le monde adore la Beste , ens'écriant ,
Qui estsemblable à la beste , Gr qui pourra la combatre,
maintenant qu'on la voit revivre aprés la play e qui la
tuë? & puissance luy fut donnée durant quarante-deux
mois. C'estune troisiémefois 1 160. jours, qui
multipliez en années , selon le sy stême Protestant,
Sc joints aux deux autres qui ont précédé larésurréc-
tiondela Beste, font troissois 1 160. ans, àquila
. Réforme doit donner place dans son fystême , ou
se réduire avec nous à trouver trois lois un temps
tres court de persécution; ce qui n'eft pas diffi
cile.
iXXril. Outre la première Beste qui a sept testes & dix
Suite du cornes , il en paroist encore une , que Saint Jean ap-
Tb[""i Pe"e l'autre Beste , tres-distinguee de la première ,
'seconde 6<- & qui ne porte que deux cornes , mais deux cornes
sti. Dix semblables à l'Agneau , quoy-que la Beste parle
caralìéres comme le Dragon. C'est de là qu'on tire la plus
exclusifs grande preuve que c'est le Pape, & une Eglise Cnre-
Deux'd't- "'enne: mais nous l 'avons renversée, en démou-
fnutssm le trant > Par des faits constans , que le Paganisme >
nombre de & sur tout soûs Julien l'Apostat, avoit affecté d'i-
666. miter beaucoup de choses du Christianisme ; de sor -
Voyez les te qu'il ne resteroit qu'à répondre à du Moulin , qui
Icch! a veu **ans les ^cux cornes de Beste celles de la
mitre du Pape. Mais pour ne s'amuser point à des
R F C A V I T U L A T I O N. 4*5
petitesses si peu dignes de gení sérieux , démonstra- XIII..
tivement la seconde Beíte ne peut pas estrele Pape \™'t
par ces raisons. . „_ _
í. La seconde beste fait de faux miracles,comme ' '
de faire descendre le feu du Ciel: or le Pape ne se
vante en aucune forte de faire des miraclesi & encore
moins de faire descendre le feu du Ciel ; ce n'est
donc pas la seconde Beste.
II. Dire que le feu du Ciel , c'est l'exeommuni-
cation cjui est propose'e comme un foudre , c'est en
tendre par un des prestiges de la Beíte une puilîance
instituée par Jesus-Christ, qui est celle d'excommu
nier ; puissance qui ne peut manquer d'estre foudro
yante , puis qu'elle retranche du corps de l' Eglise ,
& qu'elle livre à Satan ceux qui en font ftapez. Dire
icy que cette puissance est usurpée par le Pape , c'est
supposer ce qui est en question, & doimer pour mar
que certaine ce dont on dispute j & en tout cas , ce Avert,
scroit l'abus , & non pas la chose qu'il faudroit faire 4-
marquer aa Prophète.
II L De compter parmi les faux miracles du
Pape , ce que tous les Pères & toute l'Histoire
Ecclésiastique nous racontent des miracles des
Sains , c'est une autre forte de profanation ; & en
tout cas , ces miracles ne font non plus ceux du Pa
pe que ceux de tous les Chréstiens Grecs , Armé
niens , Egyptiens , Méridionaux & Orientaux ,
qui ne les célèbrent pas moins que les Latins.
IV. Sil'onencroitlesProtestans, le Pape est le A veu,
méchant de Saint Paul , qui s'élève audessus de tout u. z 1.
ce qu'on nomme Dieu, & pour tout Dieu ne fait
adorer que luy-meíme ; orest-il que la seconde Be
íte quieítappellée l'autre Beste par Saint Jean , ne
se fait point adorer elle - meíme , mais fait adorer la
première Beste ; par conséquent la seconde Beste
n'est pas le Pape.
V. La seconde Beste, qui est le Pape, doit
adorer la première Beste , c'est-à-dire , la Beste à
sept telles , & Rome â sept gouvernemens : mais le
Y 4 Pape
4«4 R.E'C A P I T U L A T I O N.
Pape ne fait adorer ni les Rois de Rome , ni ses Con
suls , ni ses dictateurs , ni ses Empereurs .'ni les au
tres, c'est-à-dire, que de scpttestesily ena déja
fix qu'il ne fait pas adorer: il ne faut donc pas
faire dire si absolument à Saint Jcarr, que l'autre
Beste faste adorer la première Beste.
VI. Si l'on dit qu'il reste encore la septième te
ste, qui est le Pape, que l'autre Beste qui est enco
re le Pape fait adorer ; il ne falloit pas multiplier les
Bestes , mais dire plus simplement que cette septiè
me teste se faiíòitrendreàelle-raeíme les honneurs
divins, ce qui eust servi à faire connoistre son im
piété & son impudence.
VII. Saint Jean distingue trois.choses,Ia premiè
re Beste , l'autre Beste , & l'image de la pre
mière Beste. Les Protestans confondent tout , &
; partoutnevoyentque le Pape : c'est le Pape qui
faitadorerlePape; l'image qu'il fait adorer , c'est
le Pape encore ; l'autre Beste est la mesme Beste :
rout n'est icy que la mesine chose ; la première Be
ste, la seconde , & l'image de l'un & de l'autre , puis
y-^ que tout cela c'est le Pape.
VIII. On n'a trouvé d'autre expédient pour
Ibìd. p. démester ce cachos que de distinguer le Pape de la
1S8. Papauté , & du Moulin a prétendu , contre les prin
cipes de la secte , que ce n'estoit pas le Pape qui fai-
íoit adorer le Pape , mais que c'estoit le Pape , une
des Bestes , qui faisoit adorer la Papauté , & la Hié
rarchie l'autre beste ; faus pouvoir marquer dans
Saint Jean aucun caractère pour distinguer où est le
Pape ni ou est la Papauté , ni discerner celle à qui
on donne le nom de première Beste d'avec celle
qu'on appelle l'autre.
On ne se fauve pas mieux , en disant avec M.Ju-
rieu que les deux Bestes ne font au fonds , dans Je
deíèin de Saint Jean , quele Papeseul ; mais que
la première Beste le représente dans la puissance
temporelle, & la seconde dans la spirituelle: car
' • outre lesautreîinconvéniens de cette multiplication
* 6. que
R E' C A P I T U L A T I O N. ^ 4^
que nous avons veûe" , la difficulté revient toujours ;
& ce Ministre n'expliquepas pourqúoy la beste'spi-
rituelse est celle qui fait adorer , puis que c'est elle ,
comme prétendant la puissance spirituelle , qui
doit croire qu'elle mente it mieux d'estreado- »
rée.
IX. Que si l'on dit que c'est qu'en effet il est
impossible de démefíer toutes ces choses dans la Pro
phétie ; premièrement il vaudroit mieux avouer
qu'on ne s'entend pas , que de faire retomber la .
faute fur les Oracles divins ; & en second lieu on a'S
pu voir dansnostre explication une tres-nette distin
ction de la Beste morte dans la persécution finie par
la monde Licinius ; de la Beste ressuscitée dans
là persécution renouvellée par Julien ; d'une autre
Beste qui ne disoit point qu'on l'adorast elle-mesme,
mais qui faisoit adorer les idoles que propoíoit la
première Beste , c'est à- dire , les idoles de Rome
Payenne, dont les principales estoient les images
de íès Empereurs : il falloitdonc propoíèr quelque
chose de cette nature , ou renoncer à Implication
de la Prophétie.
X. Sur le nombre de 666. nousavons remarqué Voyez les-
deux défauts du système Protestant : l'un , de ,notj"
chercher ce nombre mystique dans le nom de líxill v
seconde Beste , au lieu que manifestement c'est dans 16. J7,'iS.
Ia première qu'il le faut trouver 5 l'autre , de ne Avett.
pas produire un nom propre d'homme , mais , con- n- 23-
tte l'idée de Saint Jean , un nom vagus & indéfini
comme celuy de Lateinos.
Jle n'ay rien â dire fur le chapitre XIV. où il n'y * x*r> **t-
e prédiction que celle de la chute de Babylone xif'xf
qu'on traitera plus à propos en un autre lieu , & fur x ri.
là fin une prédiction íùr la moiflon & fur la vendan- ' .
g'e qui touche le mefme íujet > mais d'une maniéré
assez générale , où il y a néanmoinsuncaractére'hi-
storique que les Míniíhes n'expfiquent pas ,& que <
nous n 'oublions pas dans nos notes . Notes suc
Lc chapitre X Y- ne contient autre choíè que îa 'cch.Xiys;
v, 5, : •práEà-*°i r: -,
A66 RECAPITULATION.
préparation au XVI. où íe trouve l'effusion des
sept phioles, íur quòy ce que je remarque principale
ment , c'est que les-PrQteítans y vèuleut trouver sept
périodes de tempsavec , entre deux ,un intervale de
cent cinquante ou deux cens ans , qui leur donne le
moyen de (e promener- vaguement dans mille ou on
ze cens ans d'histoire.pour y trouver des famines,des
guerres & d'autres fléaux autant qu'il leur en faut.
Avert, n. Car il faut à ceux qui se joûënt , un champ vaste &
40. Voyez libre, où leur imagination íe donne carrière; mais
les notes pour nous qui expliquons l'Ecriture avec une disci
fut le ch.
XVI. 1. í. pline plus íévére , nous ne hésitons point à remar
8càU fin quer en ce lieu , que Saint Jean nous force à une
duch. íeule action, ouplûtostàunsculétat,quiaun se
cret rapport avec Ion principal , comme nous Vi
Ibid. sons expliqué.
Je ne parle point desclépfydresdeM. Jurieu ,
Avert. ni de lòn Armagedon , qu'il a pris pour un Arsenal
ibid. à excommunication: les Pfotestans qui ont com
mencé à íe moquer de ses clépíydres , nous feront
la mesine justice fur son Armagedon. Cependant
ApOc. ìls nous diront quand il leur plaira, cé que c'est dans
XVI. 14. leur système que ces grands combats , oùdepart &
d'autres les Rois font menez par le diable & ses es-
Ibid. 12. Í>rits impurs: ils pourront encore nous dire à quoy
eur servent les Rois d'Orient qui passent l'Euphra-
te , & fur tout ils se sou viendront d'épargner les allé
gories qui donnent un trop grand jeu aux interpré
tations arbitraires.
XXXIX. C'est à la fin & au dénouement que la'justesse du
lufin d» dessein paroist lors qu'il est bien pris ; & au contrai
ch. xru. re-, lors qu'il est mal conçeû, c'est à la fin, & au
avec les
fuites , e* dénouement que touc doit achever de se démentir ,
le système & que l'abfurdité doit le plus paroistre. Ce dénou
Protestant ement de Saint Jean est aprés nous avoir fait voir
fè dément l'impiécé Si la tyrannie de l'Empire persécuteur de
le plus. puis le chapitre XI. jusqu'au milieu du XVII.
de nous en montrer enfin le juste supplice j & c'est
ce que fait.l'Apostre', lors qu'au -fr, 1 1. de ce cha-
* P"rc >
RECAPITULATION. .467
pitre , "il nous fait voir ce't Empireentre les mains
des dix Rois que le déchirent , pouten lilite nous
en faire voir la.perte totale dans les chapitres fui-
vans. ■ ,
Si lesProtestans ont bien rencontre' 1 rien ne doit
mieux quadrer avec leur fystême: au contraire ,
si leur dessein est mal pris , rien ne les dojt déconcer
ter plus visiblement ; or c'elt le dernier qui leur
arrive.
Us s'imaginent trouver icy & la naissance & la
chute de leur pre'tendu Antéchrist dans celle du
Pape : or tout le texte y répugne.
Ils en mettent la naiílance dans ces paroles: Les
dix cornesfont les dix Kois qui n ont foint encore commen
ce'à régner; mais ils prendront puissance comme Rois en ^Ieì- ?• ?•
me/me temps avec la Befle , tf. 1 1. comme Genève a
traduit ; d'où M. Jurieu. conctót ainsi : S'ils pren- Pr(=l- P-
nent puissance en tnefme temps qae la Beste, la Bejle P-1"-"/:.
prendra doncpuissance en me/me temps qu'eux. La cor
ruption du texte est visible. Saint Jean dit qu'il y
aura dix Rois , qui tous ensemble , & en mesme
temps ( en les comparant les uns avec les autres )
prendront puissance avec la Beste ; mais il ne dit pas
qu'ils prendront puissance en mesme temps qu'elle ,
ou qu'elle prendra puiflance en meíme temps
qu'eux, comme le tourne M. Jurieu: c'est autre
chose que ces Rois, comme dit Saint Jean , trou
vant la Beste établie viennent régner avec elle , &
partager íòn Empire , ce qui est effectivement ar- Voyez les
rivé á l'ancienne Rome maistresle du monde : autre
choíè, comme le prétend M. Jurieu , qu'elle corn- XVii, ^
mence à régner avec eux. Saint Jeau suppose le ,j. tj.
contraire , puis que d'abord la Beste paroist avec ses
íèpt testes qui font autant de Rois , & fur íbn|,dos
elle porte la Prostituée , tenant en fa main la coupe
dont elle enyvre les Rois: elle est donc; & les dix
Rois qui viennent régner avec elle la trouvent deja
établie. Le Protestans n'eu trouvent donc point ,
comme ils le prétendent, la naissance en cét eiw » -, ,
dxoit. Y í H*
'4t% RE'CAPITULATÍON.
11s n'en trouvent non plus la chute, car ils
la mettent dans ces paroles : Les cornes , qui sont les
Rois , hairont h Prostituée , la dévoreront , la dépouil
leront , la brusteront , ifr. 16. car clairement, & se
lon eux-mesmes , Saint Jean marque en ce't endroit ,
non point la désolation de leur nouvelle Rome Anú-
chreítienne, mais celle de Rome l'ancienne maistret
fè de tout l'ùnivers.
Avert. n. Je dis clairement par les raisons que nous avons
15.1r.41> veuës, & j'ajoute, selon les Proteítans mesines ,
lbid.n. ScselonM. Jurieu , puis que daussa X II L.' lettre,
Í5J- pour n'avoir point à reprendre icy ce qu'il adit dans
xc"j'j ses ouvrages pre'cédens, il vient encore d'écrite ces
98. ioo. propres paroles : L'autrepassage est celuy de Saint Jean,
qui dit que les dix Roisprendront puissance avec la Beste
en un mefme temps 5 ce qui , selon luy , dit nettement
que l'on doit compteries ans de l'^Antéchrist y du temps
Jbid. auquel l'Empire Romain a estédémembréen dix l\oyau<-
mes. Ce qu'il repère , en disant > que ces dix cornet
font les dix Royaumes dans lesquels l'Empire Romain a
estédivisé, O" que cefut en ce temps que commença la ty
rannie ^Antichrétienne.
II n'y a personne qui ne voye que t'endroit de la
division de cét Empire , est celuy où les dix Rois le
N dépouillent: or cét endroit est le Hr. 16. par con
séquent on n'y trouve pas la chute de Rome
la nouvelle prétendue Autichrétienne , mais
celle de Rome l'ancienne maistresle de l'Uni-
veis.
Que si les Protestans demeurent d'accord de
* reconnoistre en ce ^r. 16. la chute de Rome l'an-
Avftt. n. cienne, en réservant celle de leur Rome antichre-
2 1. Récap. fìienne au chapitre XVIII. outre que manifeste-
*• 5> ment ce n'est que la meíme chute , & que Saint Je
an n'en connoist pas deux ; ils seront pris par leur
propre aveu , puis qu'il faudra reconnoistre que tout
- le reste de la prédiction du chapitre X V 1 1. se trou
vera accompli dans la chute de Rome L'ancienne :.
ce-ser&elle qui dans un cours de peu d'aimées , c'est-
à-dire»

W"
RECAPITULATION. 4«í
à-dire, danslesapprochesdesachute , feraaimée
& haïe par les metmes Rois : ceux qui estoient ve
nus régner avec elle , qu'elle avoit reconnus pour
Rois , dont elle avoit fait ses amis , & qui commen
çaient á jouir des Provinces qu'elle leur avoit attri
buées , seront les meímes qui dans la fuite l'auront
dépouillée. C'est en effet ce que nous avons trou- Voyez let
vé dans Rome l'ancienne , & dans l'HÍstoire de fa f10'"
chute. Si les Protestans en conviennent , ils n'ont xvíl.
plus de difficulté á nous objécter : celle qu'ils cro-
yoient invincible dans ces Rois , tantost amis & tan-
tost ennemis , est résolue par des faits constans :
le mot de l'énigme est trouvé , c'est Rome l'ancien-
ne, & rien n'empcfche que la prédiction de Saint
Jean ne soit contre leur pensée entièrement accom
plie dans fa chute. Que s'ils refusent d'en conve-
nir,on les yTorce par d'autres choses qu'ils avouent;
& s'ils passent incessamment d'une pensée à une au
tre fans trouver deux versets de íuite qui se rappor
tent á la Mcfme fin , on verra bien que tout s'en
trechoque dans leur interprétation.
De cette confusion sont venus leurs Rois , qui ai- Av«t.
dent l'Eglise Romaine à s'atablir , pendant qu'ils ne "'.P.' '7®'
luy font ni bien ni mal , ou plûrolí du mal que du
biens qui en luy donnant leur puissance ne luy
donnent ni le spirituel en aucune sorte , ni le tempo
rel , autrement qu'en le laislant prendrej qui en ré
gnant avecelle dés le commencement , ne la font
nine la laissent régnerque quatre ou cinq cens ans
aprés ; qui sont appeliez ion soutien , parce que
cinq cens ans aprés aautres Rois , comme ceux d E-
cosse , de Suéde , de Danemark , dfe Pologne ,
parmileíquelsilyenalamoitié, pour ne pas dire
le tout , qui ne tiennent rien des premiers, viendront
J'appuyer , & qui sont dits ladétruire , parce qu'on
ze cens ansaprc'sils s'avisent, du moins quelques-
uns , de se retirer de fa communion lans luy pouvoir
faine d'autte mal ; mais c'est que les Protestans es
pèrent qu'ils l'anéantiront dans peu de temps , &
V 1 ii*
470 RECAPITULATION,
ils font leur prédiction de leur espérance: au lieu que
tout est simple & suivi dans nostre interprétation ;
tout est d un mésme deflein ; la Beste à sept testes &
à dix cornes nous représente tout l'étatde Rome
l'ancienne, autant qu'il est convenable au dessein
de l'Apocalypse. Dans les seps testes nous voyons
la persécution déclarée ; dans les dix cornes ou nous
fait voir aussi clairement la persécution punie -, tout
nous prépare , tout nous meine là. Saint ]ean n'en
vouloit pas davantage , & tout ce que les Protestans
y ont ajoûté n'est qu'illusion , contradiction , vio
lence au Texte , confusion des caractères , renver
sement des histoires , en un mot , rêveries fans sui
te, quis'effaçent les unes les autres, comme les ima
ges d'un songe.
IXXX. Aussi voit-on par expérience que des interpréta-
Vexflien- tions si forcées ne tiennent pas á l 'esprit ; la haine les
timVrott- faitiUventer: tout le monde dit, faus íçavoirpour-
trt"n"a"ic c3uoy » une
violence' C contre Sortezde
RomeBabylone , monpeuple
quelle qu'elle ; on s'anime
soit , &«sans distin-
dani /«f/-guerI'ancienned'aveclanouvelle. Dansl'histoire
prits , úr des Papes on ne veut voir que le mal toujours insé-
t'est l'on- parabíe des choses humaines , & on impute à l'E-
tous les désordres , vrais ou faux , comme -si
elle en faiíòit autant de dogmes : fous des figures
hideuses , on croit voir le Pape par tout , & on fré
mit jusqu'à l'aspect de sa Mitre , où l'on croit lire
imprimé le mot de mystère. II vient des gens plus
modérez; unGrotius, un Hammond; enfin on
commence à voir que le Pape n'est pas fi An-
Lette techrist; & M.Jurieum'apprendluy-mefme,que
XII. de nos jours uasçavent homme de Paris s'étudia un
an durant á prouver à ses disciples , que le Pape ne
pouvoit pas estre lAntechrist : ce íçavant homme
estoit donc un Docteur & un Professeur 5 on ne luy
dît mot, mais néanmoins les emportez prévalent»
& il faut que l'ancienne opinion nécessaire à la poli-
Avgtt. tique du parti subsiste, quand se seroit une erreur :
n. t. " nous en ayons veû les témoignages, A la fin les plus
outrez
RECAPITULATION. 471
outrez mollissent eux-mesmes , & unM.Jurieu , Ibi4. n. z;
dans íès Préjugez légitimes , n'ose dire que la chose
soit certaine , & unanimement recette. Delà ce bel
artifice qui régne par tout ce livre > dffproduire tou-
tes ses preuves, fans en excepter une seule, & de
direenmesme temps qu'on n'entreprend pas de
prouver ; par un secret sentiment que ces preuves ne
sont pas des preuves. Chose étrange ! Dans l'Ac- Acc. t. p.
complistement des Prophéties , le Ministre nous ch. v I. p,
renvoye.à ses Préjugez légitimes comme á un ou- 7\- 8c
vrageoùil a faìfece qu'il vouloir faire contre le Pa-
e , autant qu'il est capable de lefaire. Mais il a ou-
lié de remarquer que cê qui n'estoitqu'K»prefuge , Avert.
ÍT non pas une démonstration y endevientune mainte- ibid.Préf,
nant la plus évidente qu'on puisse proposer , en sor- ""<».
te qu'un Protestant qui la méprise n'est plus ni Pro
testant ni mcsme Chrestien .Cependant il reste enco
re des gens qui rougissent des excés de ce Ministre; le
bruit en est venu jusqu'à nous:uu M. Allix l'incom-
mode ; il se plaint ouvertement ; d'autres gens qui
s'emportent, jufquàvouloir , disent ils , faire can- Lettre
noistre au public que tous les Reformez ne donnent pat X H.9J.
dans ces visions ^Apocalyptiques. On le laifle faire
cependant , car il faut bien laisser amuser le peuple
à quelqu'un aux dépens des Oracles divins. Nostre
Ministre attaque ces mauvais Protestans par le Sy
node de Gap: Cela, dit—il , y est pa{ié en article dejoy,
& en article defoy des plussolennels; article qui n'a/a- Lettre
mais esté 1 évoqué , enfarte que tout Protestant qui le nie , XI. gj.
renonce à la foy & à la communion de l'Eglife BJformée Aveit.
de France, car c''est un Synode national. Foible Pro- a' *"
testant vous-mesrne , luy diront-ils, qui nous éle
vez si haut ce Synode national avec sou article omis
dans les Confessions de foy, &qui vous-mesme en j^jj n Î4
méprisez, avec un dédain si visible , les autres dé- p.ju.jij^
cisions, comme celle qu'on y sit contre Piscator ,
quoy-quejurée par tous les1 Ministres, & soutenue'
par trois autres Synodes nationaux,Vous nous repro-
chei . .
: 47t RFC API TU L ATI ON.
xVï* chez que nous méprisons tous les anciens Pères :
• voulez-vous ajonc que nous recevions doreínavent
leur autorité' ^omme une loy ? Mais qui les mépri
se plus que vous ? Et si c'est icylá seule matière où
vous vouliez les en croire , que ne dites-vous avec
eux que l'Antéchrist est un seul homme , & qu'on
ne le verra qu'à la fin du monde, car tous les anciens
l'ont dit. Enfin si cét article est si important; si
pour estre bon Réformé il faut croire néceflaire-
s que la Beste & fort caractère foiest je Pape & le Pa-
771! pisitte , pourquoy , aprés l'avoir ïÉrit répéré , l'ou-
blîez-vous à la fin jusques dans vostre livre de l'Ac-
complissement des Prophéties Pourquoy est ce
que , selon vous , les anciens Martyrs , les Martyrs
des trois premiers siécles nous sont représentez dans
TApocalypse comme ceux qui ont méprisé la Beste
& son caractère? Ce n'estoit donc pas le Papisme,
ou bien avecTcs Papistes , il faudra mettre la Papau
té juíques dans ces siécles bienheureux. Qui vous a
fait dégrader les Vaudois , les Albigeois , & les Vic-
Iefistes? Reconnoislez de bonne- íoy que ces expli
cations forcées ne tiennent pas à l'eíprit ; pour peu
qu'on soit dans le calme & qu'on cesse de s'irriter
soy-mesme , elles échapent : ce sont anicles de
haine , & non pas de dogme.
iXXXI. H ne reste plus qu'un mot à dire fur la prédic-
^''i' tion de Saint Paul ,■ & voicy* l'abréeé
HesprtHvu a de nostre
umrt Vin. Ple«ve. c
ttrprét*- «• Le méchant de Saint Paul est un nomme par-
titmdts ticulîer,& dans toute l'Ecriture on ne trouvera ja-
VrtitJiMit mais tant de caractères individuels entassez ensem-
^chèsnii bfepour^eugneruneft'ted'hommes: or tous 'es
Avert. ' Papes dont on fait un íeul Antéchrist 11e íont pas
ir. 45. yr. un homme particulier j ils ne sont donc point le
Ccsuiït méchant & l'Antechrist de Saint Paul.
I I. Dés que le méchant de Saint Paul parorst, il
fait dès prodiges inouïs , & déployé toute la puis
sance de Satan , qui fait en luy ses derniers efforts :
: •« donc si l'Antechrist estoit Yena, Sí qu'ileust paru;
dans
RECAPITULATION. 475
dans les Papes > on auroit déja veû de faux miracles
plus éronnans que ceux des Magiciensde Phàraon >
que ceux d'un Simon , & de tant d'autres enchan
teurs : or non seulement on n'eu a point veû de tels
dans les Papes , mais on n'y en voit point du tout de
puis milleou douze cens ans qu'on les fait estre An
téchrists. Ilsnelesontdoncpas.
III. Le méchant de Saint Paul íè metaudessus.
de tout ee qui est Dieu , & íè fait luy-meíme ado
rer comme Dieu : or le Pape se reconnoist non-seu
lement un homme infirme & mortel > mais mesme
ce qui est audessous de tout ce qu'on peut imaginer
de plus vil , un pe'cheur : il ne íè donne donc pas
pour un Dieu malgré les allégories. x
I V. II n'y a rien de plus vaui que de mettre tout
en allégories. Elles doivent estre épargnées mesme
en expliquant les Prophéties , de peur de donner un
champ trop libre à la fantaisie échaufée & aux in
terprétations atbitraires. On a recours principale
ment à l'allégorie pour représenter de ces choies
qu'on appelle incorporelles y comme les vertus , les
vices , t'héréfie , & l'idolatrie , qui manquant de
caractères sensibles , ou en ayant peu , en emprun
tent de l'allégorie : mais il n'y a point dé raison de
porter cette invention jusqu'aux prestiges de Satan ,
qui ne íont que trop réels , & jusqu'à l'impiété des
tyrans qui se íòiit portez pour Dieu , dont le nom
bre est infini.
V. Pour estre donc obligez à sauver par l'allégo
rie les prodiges & les attentats attribuez à l'Ante-
christ , il faudroit ou qu'il fust constant qu'il n'y en
aura plus de pareils, ou que du temps de Saint Paul
ces choíès fussent éloignées & inconnues : or c'est
manifestement tout le contraire , puis que rien n'e-
stoit plus ordinaire que faire les Ceíarsdes Dieux;
& pour ce qui est desprodiges > outre que tout en
estoit plein du temps de Saint Paul , témoin un
Simon , un Elvmas , & cent autres , Jeíus-Christ
eu a prédit de si furprenans jusqu'à la fin du monde ,
474 RECAPITULATION,
qu'il y auroir de-quoy tromper jusqu'aux Eleûs:on
n'est donc pas obligé icy de se sauver par l'allégorie.
VI. II faudrok du moins eílre aíîeûré que le íèns
Iitéral ne couvienr pas aux passages dont il s'agit : Sc
loin d'en estre asseûré , on est asseûré du contraire ,
puisque toute l'antiquité demeure d'accord qu'il y
aura a la fin du monde un Antéchrist qui se dira
Dieu, puis qu'il se dira le Christ , & s'élèvera au-
dessus de Dieu en s'éle^ant au dessus du Christ , à
plus Forte raison audeílus de toutes les fausses divini-
tezque le monde aura jamais adorées;ceque M. Ju-
rieu à la fin trouve vray-semblable ; il vaut donc
mieux expliquer un passager obscur par quelque ob
jet réel , du moins vray-semblable , que de íè per
dre en allégories. •
VII. Bien plus ; cette opinion que M. Jurieu
prend pour vray-semblable , doit estre certaine : car
constamment , outre la persécution de la Beste , il
y aura celle de Gog marquée par Saint Jean , qui ne
Voyez les peut estre appliquée qu'à ce dernier Antéchrist que
Notes fur jes percs ont reconnu , & que M. Jurieu devroit
jCh-X gc' trouver plus que Yray-semblable ■> puis qu'il est si
à la7 fin du néceílaire pour expliquer Gog,
ch. p. 454. VIII. C'esten vainque M. Jurieu s'opiniaítre
& suiv. à faire quece dernier Antéchrist ne íòit qu'un dimi-
Avert. nutif ,& quelque chose en malice de fort audeslous
$0. du Pape, car ii n'y a qu'une haine aveugle qui
puiíle faire regarder comme inférieur en audace &
en séducìion celuy qui se dira nettement le Christ ;
Ibid. qui accompagnera sa prétention de signes propor
tionnez ; que le démon laschera aprés mille ans de
rage réprimée ,& dontl'envoy fera le dernier ef
fort de ce dragon déchaisné ; lequel aussi pour cette
raison il réservera pour la fin , & que pour la mesme
• raison nul autre ne pourra confondre que Jesus-
Christ en personne par le feu de son dernier Juge
ment.
I X. Quoy que ce soit que ce méchant &
cét ennemi de Dieu , Jesus-Christne le laissera pas
durer
R E' C A P I T U L A T I O N. 4^5
durer long-temps , carc'estàcette dernière tenta
tion , Iaplus dangereuse de toutes , que doit con
venir principalement ce qu'a die le Fils de Dieu ,
que lesjours en seront abrège* pour [amour des Eleús : Matt.
ce qui fait austi que Saint Paul , aprés les impiétez & XXIV
les prodiges, en fait íuivre incontinent la chu
te , & cela par l'action la plus vive qu'on puisse ima- Avert.
giner , comme on a veû. Ce n'est donc pas un Ante- n. 51.
christ qui abuse 1 160. ans de la patience de Dieu,
& à la ruine duquel il faille employer tant de sié
cles.
X. On nous vante en l'air tous les caractè
res qu'on prétend estre communs entre l' Antéchrist
& le Pape: tantost il y en a trente-cinq, tantost ils
passent cinquante: les ignorans en íont éblouis , &
ne songent pas que dans tous ces caractères on sup
posé .e qui est «n question. L'idolatne , l'impié-
té, íè faire palier pour Dieu sont , dit- on, des ca
ractères antichrestiens , je le veux : mais , poursuit-
on , le Pape a toutes ces choses : ou vous entrepre
nez de íe prouver , on vous voulez qu'on le suppose
comme certain par ailleurs. Le prouver , c'est per
dre le temps , puis qu'au lieu de la Controverse par
ticulière de l' Antéchrist dont il s'agit , c'est traiter
toute la Controverse en général ; íe supposer com
me déja établi , c.'est encore plus perdre le temps ,
puis que c 'est donner pour marque certaine ce qui est
précisément en dispute.
X I. Si l'on dit qu'on nous allègue des faits
positifs ; ou ce íbnt signes équivoques , comme
îapoutpre, les sept montagnes, les mystères &
autres choses communes à toutes les Religions , &
mefine limitation de l'Agneau que les Payens ont
affectée aussi-bien que les faux Chrestiens , comme
on a veû : ou si ce sont des faits historiques , com
me seroient les desordres dans la vie de quelques Pa
pes, quand ils seroient bien avérez , & qu'on n'au-
roit pas ramassé plus de calomnies des ennemis, que
de témoignages des historiens ; tous ces faits sont
hors
476 RECAPITULATION,
hors du sujet, puis que s'agislant de montrer, non
pas qu'uu tel Pape en particulier, mais que le Pape
comme Pape est l'Antechrist , il faut proposer ,
non pas ce que fait un Pape ou plusieurs Papes , mais
ce qui est inséparable de la Papauté , & dont le Pape
éxige l'appprobation de tous ceux qui le reconnoií^
• sent, faute de quoy la marque eft fausse: 8c
il n'en faut pas davantage pour dissiper par un
íeul coup presque fous les livres, de nos adversai
res.
, XII. Quant à ce que prétend M. Jurieu , qu'il
y a eû tantìe corruption daus la Chaire de Saine
Pierre, qu'on ne la peut jamais prendre pour autre
chose que pour le siège de la pestilence & de l'Ante
christ ; outre qu'on luy nie le fait qu'il avance ,
on luy soutient encore que la conséquence est direc
tement opposée à la parole de Jesus-Christ ; Sc que
quand l'iniquite'de nos Pontifes seroit , s'il se peut y
montée aussi haut.que celle des Pharisiens & des
Docteurs de la Loy , lois qu'ils haïssoient Jesus-
Christ jusqu'à machiner secrettement sâ mort ,
îíatt. il fâud'roit toujours avec Jésus-Christ lpur renvoyet
ïw-i *" 'es ^Preux » ^e^on ^es term« de la Lòy , 8c dire
XXIII encore avec luy ' lisfont assis fur la chaire: faites c»
j.j, " qu'ils enseignent ,& nefaites sas ce qu ilsfont : autre
ment c'est ouvrir la porte au libertinage , 8c lever
, l'étendard de la sédition à tous les esprits chagrins 3c
inquiets.
IXXXII. Mais pour convaincre une fois les trop crédules
CamSîrts Protestans de la vanité de leurs allégories , que ré-
^í''a*j"" Pon<lront-ils si je leur disque le méchant de Saint
Usuât-' Paul. í°nt les chefs 8c tout le corps des Ministres
grtt Albigeois , Vaudois , Viclésistes , Luthériens &
Zeurí *IU- Protestans en général ? Leur apostasie est mani-
goriestonr- feste en quelque forte qu'on prenne ce mot , pour
nées tmtrt une révolte contre l'Eglise, ou contre les Princes.
***• Le mépris qu'ils ont fait des voeux solennels par
lesquels ils s'estoient consacrez à Dieu 8c à la con
tinence perpétuelle, augmente Le crime de leur défe
ction.
RECAPITULATION. 477
ction. Leurs blasphèmes sont inexcusables, puisque
les premiers , & ceux qui ont entraide tous les
autres dans la révolte , se sont emportez jusqu'à soi- .
re Dieu auteur du péché & de la perte des hom- Var. Xl.n.'
mes; luy ravir si liberté aussi-bien qu'à nous , & I*VXIV"
l'aflujétir à une nécessité fatale. On a veû lesparo- Ad3ì^'i
les expresses de Vicies: M. Jutieu a convaincu Lu-iafinn,2.
ther & Mélancton d'une semblable impiété. Cal- 8c siúv.
vin & Bezen'en oui pas moins dit ; le soit est con- Ibid-
fiant. M-. Jurieu vóndroit qu'on crust qu'il n'a accu
sé Luther que d'avoir employé des termes trop durs : Lettre X.
mais ce n'est pas de termes dont il S'agit j ce qu'il P- 77-
n'a pu s'empêcher de reconnnoître dans ce chef de
• de la Reforme; ce qu'il en a dit avec douleur, & enfd- VOyez _
•vori/ant autant qu'ila pu la mémoire d'un p grand hom- '
me : c'est qu'il a enseigné des dogmes impies, horribles,
affreux, dignes de tout anathème, qui introduisent le Ma
nichéisme, (3 renversent toute Religion II ne s'agit plus
de biaiser íur ce que la force de la vérité a soit confes
ser une fois ; je prouve plus que je ne promets : ce ne
sont pas icy des allégories , ce sont des blasphèmes
bien formels. Ceux quienont imputé au Pape qu'on
n'oûït jamais parmi nous , sont convaincus par eux-
mêmes d'en avoir proféré qui font horreur au ciel &
à la terre , & par là de mériter , à la lettre , le titre
d'impie , d'hom me de péché , & d'ennemi de Dieu.
Ce titre avec le nom de Réforme, c'est Thypoctisie
antichrcstienne , & le mystère d'iniquité quicom-
mençoit à se former dés le temps des Apostres.
Selon M.Jurieu , c'est au Pape un caractère an -
tichrestien , & le seul que ce Ministre relevé dans
fa lettre XII. de se mettre audessus de ce qu'on Lettre
appelle Dieu, en se mettant audelsus des Rois , dont P'*9«
le Saint Esprit a dit : Vous estes des Dieux. Mais quel
autre a porté plus loin cét attentat que luy & les Var. livre
siens? On peut voir les insolens discours de Luther I-*?- .
chef de laRéforme , contre l 'Empereur & les Rois> v *
lors qu'il ordonnedeleurcouriríus, à cause qu'ils
défendoient l'ancienne Religion. Les effets ont
suivi
47.8 .RECAPITULATION,
suivi les paroles : peut- an plus s'élever contre les
Rois, que d'avoir entrepris contre eux de íànglan-
Lettre IX. tes guerres , de soutenir encore aujourd'huy , avec
le Prophète.Jurieu , à la face de la Chrestienté ,
qu'elles sont justes; d'éluder avec ce Ministre l'éx-
emple des Martyrs , qui parmi tant de tourmens ,
n'ont pas pris les armes , en disant qu'ils n'onc esté
atiens que parce qu'ils estoient foibles ; d'attri-
uer leur soumission , non pas aux préceptes de Je-
Ibid. fus-Christ & des Apostres , mais à erreur, á soi-
blesse, à une prudence de la chair qui ne tendoit
qu'à éviter un plus grand mal, & à ne se pas inuti.
lement exposer contre le plus fort ! Tout cela qu'est-
ce autre chose que de preícher encore larévolte aussi-
tost qu'on se trouvera en état de la soutenir ? Voilà
Polit, du ce que dit un Ministre qui vantoit il y a quatre ans
Clergé, la fidélité de son parti envers les Rois ,comme estant
à toute épreuve. On peut icy se souvenir de ce que
le Roy Jacques disoit des Puritains , c'est-â-dirc ,
des Presbytériens & des Calvinistes de son Royau
me qu'il marquoit comme ennemis déclarez de la
Royauté. Ilavoitun secret prestentiment de ce que
cette secte feroit souffrir à fa postérité. Et fans icy
rappeller à nostre mémoire tout ce qu'on a veû de
nos jours dont on ne trouve point d'exemple parmi
les peuples les plus barbares , ce qu'on fait encore à
présent contre un Roy à qui fes plus grands ennemis
ne peuvent refuser quatre grandes qualitez , l 'amour
de fa Religion , l'amour de son peuple , la justice ,
& la valeur ; ce qu'on loûë comme un ouvrage
divin, & comme le chef-d'œuvre de la Réforme:
malgré toutes les loix d'un grand Royaume ; mal
gré les sermens les plus solennels j malgré la natu
re mefme dont les droits les plus sacrez sont violez ,
& malgré le respect qu'on doit à l'inviolable Maje
sté des Rois , montre assez combien on honore ces
Dieux terrestres.
Pour achever de mépriser tout ce qui porte la
marque de Dieu, la Réforme a outragé les Saints
en
R E' C A P I T U L A T I O N. 479
en accusant les plus sçavans., qui font les Pères du Voyez cy-
quatrième siécle , de blasphème & d'idolâtrie ; & dessus n.
ce qui n'est pas moins injurieux , ceux des siécles ^ fav.td
précédens , d'avoir ignoré & obscurci tous les my
stères, jusqu'à moins connoiítre Dieu que lesPhi-
loíophes : par où ils ont foulé aux pieds les promes
ses de Jesus-Christ, l'Eglise, qui est son corps, &
ceux dont il a dit, Qui vous écoute , m'écoute, sens *
rien laisier dans l'univers qui soit à couvert de leur
audace. Au surplus , on ne peut nier qu'ils] ne se
soient élevez tout ouvertement audessus de Jesus-
Christ , puis que mcsme les Luthériens ont réfuté
de l'adorer où ils le croyent présent, & quelereste
des Protcstans leur a tourné á louange cette irrévé
rence. Ils n'ont pas prouvé ce qu'ils avancent, que
les Papes ayent dispense de la loy de Dieu , ni qu'on
y ait jamais songé dans l'Eglise Catholique : Var. liv.
mais nous leur avons prouvé par des actes au- ^ *"
thentiques que les chefs de la Réforme l'ont
fait en plusieurs manières à-, l'occasion du ma
riage. Le Ministre Jurieu qui ne peut s'empc- Lettre
ícher de condamner leurs excés , tasche néan- V II I«
moins d'en soutenir le principe , & il ne craint point
de dire qu'il y a des cas où l'on se peut dispenser de
la loy de Dieu. On peut voir salettre VIII. qui
fera trouver efféctivement dans les Ministres ce que
les Ministres ont imputé calomnieusement aux Pa
pes & à l'Eglise Catholique. Ils se sont assis dans le
temple de Dieu , lors qu'érigeant sous ce nom une
fau(le Eglise, ils s'y sont fait une chaire íàns que
Dieu les envoyast , & ont appris à tous les particu
liers á se rendre arbitres de leur soy & du sens de
l'Ecriture , c'est-à-dire, à prendre pour Dieu tout
ce qui leur entre dans le coeur , & à se laire une idole
de leur propre sens ; c'eít se montrer dans le temple
de Dieu comme si on estoit un Dieu , & c'est faite
tout' particulier , infaillible, & indépendant. Si
les Ministres répondent qu'à ce coup ce sont là des
allégories; elles sent meilleures que les leurs, &
48o RECAPITULATION.
sondées sor des faits plus.positifs. . S'ils m'accufent
de supposer ce qui est en questuin ; je lésais exprés
, à leur éxemple. Nous avons droit de supposer aussi-
bien qu'eux cc que nous croyons avoir établi sor de
meilleures preuves, & il n'en faut pas davantage
pour leur íoûtenirque tant d'erreurs , tant d'impié-
tcz, tant de révoltes qu'ils ont introduites dans
l'univers , leur ont mérité le titre d'homme de
péché , & tous les autres opprobres dont ils ont tas-
ché de nous noircir avec beaucoup moins d'appa
rence.
Pour ce qui est des prodiges & des signes , à voir
le dédain qu'ils ont fait paroistre pour les miracles
les mieux attestez, & par les plus graves témoins ,
& avec le consentement le plus unanime , on diroit
qu'ils seroient éxempts de la foiblesse de croire les
faux miracles : mais au contraire , ils ne nous par
lent que de Prophéties , que de voix entendues en
Pair , de prétendus vers prophétiques gravez sor les
habits de quelques femmes, aussi faux que mal -con-
ceûs&mal bistis, & d'autres contes semblables.
Quand il faudroit avouer que tout cela seroit vray ,
& aussi certainement surnaturel qu'il est vulgaire &
grossier ; nous aurions autant de raison de l'attribuer
aux esprits abuseurs , que les Ministres en ont eu
de leur attribuer les miracles qu'un Saint Ambroise ,
un Saint Augustin , & les autres ont rapportez >
comme en ayant esté les témoins avec tout le peuple ,
11 est vray que les miracles qu'on vautc tant
dans la Réforme sont si lc'gers,que Satan tres-asseû-
rémcnt.n'y a employé que les plus grossiers artifi
ces : mais c'est allez qu'on s'y prenne , & assez pour
donner aux Ministres qui les annoncent comme des
signes du ciel , le caractère d'Antéchrist. Je ne seray
pas embarassé de ces paroles , Celuy qui tient , aprés
les différentes interprétations qu'on en a veuës.
Que s'il falloit nécessairement trouver icy PEm-
pire Romain : premièrement , quand je n'auroist
rien à proposer devray-semblable, jcme íàuverois
*. V C A PIT U L AT 10 N. 481
aisément, à L' exemple de nos adveríaires , en sou
tenant qu'ils n'en sont pas moins l'Antecnrist , en
core que je ne puisse pas trouver dans un temps pré
cis certe marque deleur naissance Qu'on me don
ne cinq ou six cens ans dont il me soit libre de me
joûër , comme ils ont fait , j'ajuíleray cette histoi
re , & seauray trouver mon compte aussi- bien
qu'eux;& quand il en faudroit enfin venir â quelque
temps plus précis , qui m'empeíchera de dire qu'en
core que l'Êmpire Romain fust tombé à Rome , Sc
démembré dans la source , comme Saint Jeanl'a-
voic prédit, il tenoit encore en Orient : qu'il a esté
en quelque maniéré renouvelle à Rome meûne du
temps de Charlemagne : quéc'estoit lá ce qui arre-
ítoit le mystère d'iniquité , & l'empcschoit d'écla
ter ; mais que la Maison de Charlemagne estant
tout-à-fait éteinte & en France comme en Italie ,
vingt ans avant que les Manichéens , les premiers
auteurs de nos adversaires , commencèrent à écla
ter , c'estoit alors que le méchant devoit paroistre :
qu'en eftet , on devoit commencer alors à renier .
Jésus- Christ présent dans ITLucharistic , à prendre
pour idolâtrie l'honneur de ses Saints , à donner le
nom d'Antéchrist â son Eglise , & á le mériter plui
que jamais par cet attentat ?
Pour achever défaire voir que l'explication des ixxxur.
Protestans fur le passage de Saint Paul est un amas de Qnt,iiic-
coutradictions & de fausserez manifestes , je prie '*TUT*
le Lécteur de se souvenir que s'il y a dans le système Ministre
Protestant quelque chose de fondamental & de cer- Juritu sur
tain , c'est que l'Antéchrist de Saint Paul doit venir it fr'yt dt,
au temps de la chute de l'Empire Romain ; c'est Vjf!j!':
ce que M. Jurieu établit autant qu'il peut au chapi- c^lnt P»ul
tre I V. de lès Préjugez »où tout son but est de mon- p,^. r. p'
trer qu'ilsaut que l'Empire Romainsoit aboli devant que ch. IV.
l' tsintecbrijl soit révélé ; que l'^ntechrifi endoitoccu- p- 81.
fer la place ; que tout le monde convient que l'^Antechrifi
devoit eflremanifefléincontinent aprés que l'Empire Ro
mainferoit détruit,
X Del*
Ai% récapitulation:
Delà il conclut que pour décider si l'Antechtift
est venu, il ne s'agit plus que de fçaffoicfil'empire
Romainsubsijle encore ; & comme plusieurs Catho
liques répondent qu'il subsiste en Allemagne, il
Ibid.p.gí. soutient qu'il faut avoir perdu toute pudeur pour
mettre l'Empire Romain u loiade Rome : d'où il
conclut, que l'Empire Romain a cesse quand Rome a
ceféd'eflre la capitale des- Provinces, &<que son Em
pire fut démembré aux environs du cinquième sié
cle.
Voilà parler nettement , & il n'y a rien déplus
positifque la chute de cét Empire déja arrivée , &
cette chute marquée comme le signe certain de
l'Antéchrist venu au monde.
II ne parle pas moins positivement dans fa Lettre
r. 89. 90. XII. qui vient de paroistre du 15. Février 1689.
L'tstntichrifîiani/me , dit-il, ne devoitefhe révélé que
quand fEmpire É^omain temporelserait anéanti, & ce
la aprés le milieu du cinquième siécle , où il prétend
que lePapjsiiie fut manifesté.
II semble done qu'il n'y a rien de plus constant;
& pour le mieux assurer , le Ministre se fortifie
Tbid. p. de l'autorité de tous Us cyínciens, dans la préíuppo-
89.95. sition qu'il, fait toujours que les Anciens sont d'ac
cord à faire venir l'Antéchrist' lors que l'Empire
Romain sera dissipé. Mais le système est compoíé
de tant de piéces mal assorties , qu'il n'y a pas
moyen de les concilier , ni de marquer bien nette
ment ce qu'on veut donner pour certain ; car aprés
i 'impression des Préjugez en 1685. le Ministre ne
fur pas long-temps fans s'appercevoir que tout cela
ne pouvoit qnadrer avec le reste du íystême ; un an
Acc. I. p. aprés, dans l'Accomplissement des Prophéties , íl'
P- 8. parle en ces termes deTendrait des Préjugez qu'on
vient devoir : Vexplication & l'application de Saint
Paul à l'Empire du Papisme a efìifaite là d'une maniere •
ajsezéxaólepour nous empe[cher d'y retoucher à Fexcep.
. tien de farticle dans lequel l'^pofìre a St , Vous fça.
vez ce qui le retient, & cejuyqui occupe occupera
C'cst-

v
RECAPITULATION. 485
C'est-à-dire , que tout alloit bien , excepte' l'endroit
principal , puis que c'est cehry-là qu'il va clíanger.
Tout le monde , continuè'-t il , a toujours
c R û e r c R d r t encore que par celuy qui
occupait du temps de Saint Paul,ilfaut entendre CEmpire
Romain , & l'on a compris que 1'ÌApoflre avoit intention
dt dire que l'Empire Antichreftien ne paroijlroitpoint au
monde que l'Empirei\omantnefufl aboli. Voyons donc
ce qu'il faudra croire enfin de ce que tout le monde
avoit cru & croyait encore , c'est- à-dire , de ce qu'a-
voient crû tous les anciens & tous les modernes , par
Conséquent les Protestans comme les autres , & luy-
mesine aveceux tous il n'y avoit pas plus d'un an , à
l'endroit de ses Préjugez où il traitoit cette affaire.
Mais cela -, dit-il , ne s'accordepas avec les autres Pro- ibid.p. gj
fheties. Cetpi'ayantdécidéainsi , il fáit encore cet
te demande: Sicelacfl , quefaut-U entendre par ces Ibid.gr.
paroles de Saint Paul , celuy qui occupe Sec. cela ne
signifiepas jusqu'à ce que l'Empire Romain soit aboli ,
comme ont crû les Anciens , & comme foudroient bien
persuader les Juppojls de P^ntechrijl d'aujourd'huy :
ainsi ccqu'il nous propoíè comme choie que tout le
monde , & par conséquent les Protestans comme
les autres avoient cru & croyoient encore , est en
mesine remps une intention des [uppojls de l'^Ante-
chrift ; & le sentiment de cessupports de l't^íntechrisl
est le mesme que celuy des tyínciens dont on vient de
voir qu'il fait tant valoir l'autorité.
On voit bien qu'il luy saut peníer à tant de choses
pour faire quadrer son íystéme & remédier aux in-
convéniens qui s'élèvent de toutes parts , qu'à cha
que moment il oublie ses propres pensées ; &
pour montrer en cét endroit ce qai ('incommode,
c'est qu'il se trouve engagé à dire avec les autres Pro
testans, que Daniel, Saint Paul& Saint Jfan ne
disent que la mesme chose , & que lé Pape est par
tout.
Dans ce destein , Daniel est Ic premier á l'em-
barasier } car des quatre Monarchies que ce Prophé-
X i te
484 RECAPITULATION.
te a prédites , aprc's lesquelles doit venir l'Empire
de Jésus- Christ 1 le Ministre veut que la dernière
soit celle des Romains, & par conséquent que l'Em
pire de Jesus-Christ ne vienne qu'apxés celle-là }
mais incontinent aprés : ce qu'il croit avoir bien
Dan. 1 1. prouve* par deux endroits de ce Prophète dont je ne
VII. yeux pas diíputer icy. Pour l'Empire du ïils de
Dieu > il ne faut pas croire qu'il ait cpmmencé à fa
«aiflance, ou à la prédication de sou Evangile 5 il
ne commencera ou avec ces mille ans pris àla lettre
Jar. ibid. que ce Ministre est venu rétablir aprés Joseph Mé-
p. 8g. 8c de, Sc finira avec eux ; d'où il conclut que ,
tt 1 11 & ^on ^*1"e'' l'Empire Romain doit durer jusqu'au
íait p commencement de ce régne de mille ans,& par con-
36 1. ' séquent qu'il dure encore.
Mais où dure- 1- il ? dans le Pape. La Papauté
est une partie del'Empire Romain que Daniel avoit
veû, & Saint Jean a ycû aussi la mesme chose dans
ses deux Belles. Le Ministre le veut ainsi: mais si
cela est, il faut bien changer en efFet tout ce qu'on
disoit fur le passage de Saint Paul ; car s'il est vray ,
selon cét Apostre, que l'Antéchrist , qui est la Pa
pauté 5 ne doive venir qu'aprés que l'Empire Ro
main , dont une pattie est la Papauté , íera tombé ,
il s'eníuit que l'Antechrist ne paroistra qu'aprés que
l'Antechrist aura disparu : ce qui seroit un nouveau
mystère dans le système Protestant , á la vérité
difficile á démesler , mais digne de tous les au
tres.
Pour y trouver quelque dénouement, ctluy
qui tient, dans Saint Paul , n'est plus l'Empire Ro
main: tout le monde qui le croyait, O" le croit encore »
s'est trompé; c'est seulement la sixième teste de la
Beste-, -c'est-à-dire, selon le système , le sixième
gouvernement de Rome , qui est celuy des Empe
reurs; & le sens de Saint Paul est que quand cette
Acc.p. 91. sixième teste cessera à Rome , alors le régne ^píníichrf-
stiense munise\tera , &formerX bìentojì uuesepticme te
sts , quifera celle des Paies.
■--y—- - C'est
RECAPITULATION. 42f
C'est ainsi que le Ministre se rire d'affaire dans
l'Accomplissement des Prophéties. Mais pourquoy
done change t- il encore dans fa Lettre X II. eti
disaut que le régne Autichrestien & Papistique rre
devoitparoistreque^HiiMíi l'Empire Romain temporel
seroit anéanti ì Y a-t-il rien de plus détruit que ce
qui est entièrement re'duit au néant ? comment
donc le Ministre peut- il soutenir que l'Empire i^o-
matntemporeleiï mis au néant , puis qu'il doit sub
sister jusqu'au prétendu régne de Jeíus- Christ qui est
encore à venir ? C'est apparemment que Daniel au
ra veû un autre Empire Romain que le temporel :
il aura prédit que cet Empire se spiritualiíeroit à la
fin dans les Papes : mais dans quel endroit de fa Pro
phétie a-t-il découvert ce nouveau mystère? & a-t-il
montré autre choíè dans ses quatre Bestes que desfi|
Empires purement temporels ? Qu'on est à plaindre
de n'aimer pas mieux{garder le silence , que d'inter
préter les Prophètes avec des illusions sembla
bles !
PouraclieverdeIeSdécouvrir,jen'ayplusqu'une i.xxxrr.
■vérité à répéter , c'est qu'il n'y à nul rapport entre' P't&*°J,g
les deux Bestes de Saint Jean & le méchant de Saint
Paul: la première > parce que le méchant de ^ent itS
Saint Paul ne fait .adorer que luy-mefme ; tout au protestant.
contraire de la seconde Bcste de Saint Jean , comme Cmcínfim
on a veû : la seconde , parce que le méchant de Saine * " li't"
Paul doit venir à la fin des siécles & les deux Bestes "
mille ans auparavant : la troisième , cju au temps pjiCt du
de Gog & Magog , où se fera la derniere perfécu- ch. x X.
tion , il n'est parlé en effet de la Bestc & du faux f. 7- 9- &
Prophète , que comme de gens déja plongez dans ■ Ia jj" P*
l'étang de feu ; ce qui achevé de démontrer qu'ils ^J|v
appartenoient à une autre persécution , 8c non pas à avert.*,
la dernière. c i . p.
Que si ce n'est pas la dernière ; ce n'est pas celle 678. 5 j.
de l'Antechrist : premièrement , parce que l'Ante-
christ , qui par son nom mesine est le plus grand en
nemi de Jelus-Chrilt , est celuy que Satan réíèYve
X ; - pour
4U R F C A F I T U L A T I O N.
pour faire son dernier effort à la fin du monde lors
qu'il fera déchaifné ; & secondement , que c'est aussi
cehiy que Jefus-Christ fe réserve pour le détruire
par luy-mefme , & en faire le plus éclatant comme
le dernier éxemple de fa justice , ainsi que l'onc en
tendu tous les aucieus , tous les modernes Catholi
ques , & mefme jusques à nos jours tous les Prote-
Itans.
Delà il s.'enfuit clairement que la Beste del'Apo
calypse n'est pas l'Antechrist , & que toutes les ap
plications qu'on en kit au Pape fur lá présupposai-
on qu'il est l'Antechtist portent à faux.
Que si l'on dit que íà cause n'en est pas meilleuref
puis que toujours il feroit la Beste qui ne vaut pas
mieux: outre que nous avons exclus d'une si sainte
puissance tous les caractères de la Belte , ses blasphè
mes , fes prostitutions , ses idolâtries , son nom
mefme, fa courte durée , son Prophète avec ses pro
diges , fes testes , ses cornes , & tout le reste de
son attirail: fansrentrer dans cette dispute , nous
aurons dqa pour avoué que le rapport qu'on nous
vante entre Saint Paul & Saint Jean sera devenu in
soutenable ; de forte que l'un des deux Aposttcs sera
incontestablement mal allégué. Quand les Prote-
ítans auront choisi l'endroit par où ils veulent com-
. mencer à reconnoistre leur erreur , nous aviserons á
l'autre.
Et si pour- concilier de nouveau Saint Paul &
Saint Jean , ils soutiennent que l'Antechtist & le
méchant deSaint Paul n'est pas le dernier persécu
teur, en disant avec M. Jutieu que le jotir de l'écla-
tante apparition de Jefus-Christ n'est pas aussi le
dernier pur que les Theílaloniciens craignoient si
forr ; contre la fuite du texte & la doctrine constante
non-feulement de tous les Saints Pères, mais encore
de presque tous les Protestan s : les voilà avec ce Mi
nistre réduits à reconnoistre deux apparitions écla
tantes de Jefus-Christ ; l'une, pour commencer,
lesmille ans} 8c l'autre , pour le dernier Jugement ,
RECAPITULATION. 487
sans qu'il y ait de saint pour leur interprétation antre ,
partquedansl'opimondes Millénaires ,»avec tou
tes les absurditez que nous y ayons remar-

se ii défigurée , un Saint Paul si mal entendu > 85


tant de contes si mal dige'rez,que de prier Dieu pour
nos frères qui s'y sont laissez tromper , & enfin de
leur faire craindre que de toutes les Prophéties dont
on leur promet l'accomplissement en nos jours, il
n'y cn ait qu'une feule qui s'accompliste malheu
reusement pour eux • je veux drre la fin de celle de
la seconde aux Thessaloniciens. Parce qu'ils n ontpas Thess.
'voulu ouvrir leurscceurs à la vérité qui les auroìifauves 1 **•
Dieu leur envoyera un esprit d'erreur s en Jorte que '
11e croyantpus à la vérité , & consentant al'iniquité , Ut
soientjustement condamnes.
Au teste, nous espérons de met'Heur'èt choses , «f- Heb. VI.
torequenous parlions ainsi ; & loin de croire que Dieu 9-
déployé fa juste vengeance pour punir les irrévéren
ces de uoS ftére» envers le Pape , envers l'Egliíè Ca
tholique' , & envers les Saints qui en ont cité lâ lu
mière, nous osons bien nous promettre de son im
mense miséricorde , non-seulement qu'il amolira
les cœurs endurcis, mais encore que rexcésdel'éga-
remeut fera un moyen pour en revenir.

*4 TA-
TABLE

DE S MATIERES
Contenues tant dans la Préface que dans
^explication de l'Apocalypse, 6c
dansl'Avertissement.
"P. signifie Préface. E. signifie Explica-
cation & le reste du Livre. Abr. fignìfi*
PAbrégéqui est k lafin de PExplication.
A
JBysmr. te puits de l'abysme, X. Sc. 2)8. l'Ange de
■^l'abysme, 8r. instigateur des Hérésiarques , 91.91.
pourqùoy appel le Exterminateur , ibid, 96. la clef da
puits de l'abysme; la clefde l'abysme , 84. 238. ren
trer dans l'abysme , 2JO
,4;.i>k , £ 4^. receû dans l'alliance des Romains , ibid.
on rompt avecluy , ibid. se sent appelle de Dieu à pu
nir Rome, 49. prise de Rome par Alatic, 191. y»yt\
Goti.
%Aiki$tàs, Vaudois, &c. E. 165. 414. Sis. ce sont
les premiers qui ont appellé l'Eglise Romaine Anti-
chrétienne , itc 309. 510. 411. rayez da nombre des
Marryrs par le Ministre Jurieu, 450
^Ictfiir feavant Jésuite Portugais : son commentaire
fur l'Apocalypse , P. 55 54s
»4ìUgriu. Abus des allégories dans les interprétation
Protestantes, 406. cy/T 47 a. 473 . &• suiv leurs allé"
gories tournées contre etrx , 476. &•s*iv.
^4i»tj. Ames bienheureuses , Voyt-^ Saints. Ames ven
dues, ce que c'est atreh. xviij. del'Apoc. E. 211. 515.
326. quelle doit estre ta pureté des ames pour entrer
au Ciel, 1 E. 207
^inge. Anges , leur ministère expliqué dans l'Apoca
lypse , f. 66. leur entremise dans toutes les fonctions
de l'Eglise, ibid. 68. 69- en particulier dans la prière
& le sacrisice , ibid. E. 72. 74. l'AngeduBaptesme in
voqué par Origene , P. 67. erreur grossière de croire
que. l'en tremisé des Anges blesse U médiation de Je-
-. ., ' -. " fin.
TABLE.
fïrs-Chrlft , 69. 70. ou qu'ils ressemblent aux démoni
& esprits médiateurs des Payens , £. 581.450. les
sept Esprits de l'Apocalypse sont sept Anges princi
paux, £. 6. &s*h>. 11. *4Èr. ». Jj
.Antéchrist. B. Plusieurs Antéchrists , 399. le dernier 8e
le plus méchant doit venir à la fin du monde, tint*.
400. 409. 41 j. tous les Pères en font d'accord > ibid.
que c'est un homme particulier , 399. & sniv. que
c'est le méchant de Saint Paul, ibid. que ce ne peut
estre aucune dés belles de VApocalypse, si ce n'est pat
un sens d'accommodation & à cause de quelque res
semblance, 228. 141.&s.iqj. 251.485. queceá'eft
pas la seconde Beste , 40Q. 411. 463. 485. que la per
sécution de la Beste n'est pas la derniere, 244.246.
411. la persécution de Gog dans l' Apocalypse, re
vient ì celle de l'Antéchrist , 246. 199. ©*/íl'Eglise
visible toûjours subsistante dans la perlécution de
l'Antechrist , 246. & *Abr. ». 34. la persécution de
l'Antéchrist plus en séduction qu'en violence, 246.-
249. elle scia courte : si de trois ans & demy précisé
ment, 250. pourquoy plusieurs Pires ont conjecturé
que l'Antechrist 5c la fin du monde viendroient à la
chute de l'Empire Romain, p. 52. £'399. si l'on
peut sçavoir beaucoup de choses fur le régne de l'An
téchrist: diverses manières toutes incertaines , 410.
Un Antéchrist du dernier temps reconnu par le Mini
stre Jurieu, rend inutile tout ce qu'il dit contre lé
Pape, 412. fVyfjj Juritu. Nulle mention de l'Ante
christ } où les Piotestans en marquent la naissance ,
où la chute, 467. qui font ceux qui ont commencé ìt
appeller le Pape Antéchrist , Poy Albigeois. Ce qu'on'
ífait de l'Antéchrist par Saint Paul , foye\ Suint Taul
^ínththm. La persécution d'Antiochus , figure de cel
le de l'Eglise', E. 103 I04T
^Apollonius du Tyant. foye^ Philosophie Pythagoricienne ,
apocalypse. C'est la prophétie de Jésus -Christ mesme ,
P. 3. £. 4. 5. 50. les beautez de ce Livre, P. r. (y
sniv. explication morale dé ce Livre tirée de Saint
Augustin , 9 & sni'j il doit y en avojt une autre
ibid. Saintjean y prédit ce qui alloit arriver a' 1'Eglise
& à l'Empire, 12. témoignages de Saint Denis d'A-
léxandrie, 13. cette Prophétie devoir estre accom
plie bientoflr, ibid E. 2. 4. 5. 0. 16- 50 52. pourquoy
pas universellement entendue lors qu'elle s'accom-
plifloit , P 42. 52, & suiv. son utilité pour ceux-là"-
melmes qui pouvoient ne l'avoir- pas bien entendue
elaus les premiers siécles , 58. 59 nulle tradition o^n--
X 5 ÍUnw
TABLE.
âantesnrTiatelligence deceLivie, 59. 60. raisons
de s'y appliquer Sc d'y espérer quelques succès, 60.
Crsuiv. utilité de cette explication de 1"Apocalypse ,
6i- 63 mesme pour les Protestans , 64. doctrine de
l'Apocalypse, 66. &sxiv Visions de l' Apocalypse; si
l'on-a besoin de rechercher de quelle nature elles font,
93. t?-/"»^, le temps de l'Apocalypse à la fin de Do-
-mitien ,.£. 9. 10. Tordre de l'Apocalypse , 30. ce quî
. devoir y paroistre de plus clair c'cstoitU chute de
Rome , 29. le sujet des prédictions de l'Apocalypse
•*en un mot , £. ji. 5;. la liaison de toutes les parties
de l'Apocalypse où marquée par Sainr Jean, £. 11S.
125. 114. 125. 126. 192. Çr smv. 2ij. iìi.&-f. répe-
tîon abrégée de quelques explications de l'Apoca
lypse fur le chap. xj. E. 45}. fur le chap. xij. 454. &
s. lurlexiij. 460. ■& suiv. iur le xvij. qui fait le dé
nouement de la Prophétie , 469. 478. fur le xviij.
395- P' 'ï
%ítt'ûa: quel -coup ilfrappe fur l'Empire Romain, E.
17}. par quel caractère Saint Jean le désigne, ibid.
Saint ^t»g»j!i» : ses réfléïiowfur la chute de Kome , E.
46.219. 220. for Julienl'Apostat, 157 furunefausse
prophétie qu'avoient les Paycns de la chute du Chri
stianisme, 231. les idoles détruites en ce temps- 13
suelme, ibid. Belle application du ch. xiv.de l'Apo
calypse à la virginité , 170. comment il entend le»
mille ans de l'Apocalypse , 240. selon luy l'Eglise pat
tout dans la persécution de l' Aptechrist , 246. com
ment il explique ce mot de Saint Paul , celmy qui
tt>n<, }9 J

D it,y.!int: dans le sens moral de Saint Augustin . c'est


la société des méchaos , P 9. Rome signifiée sous ce
nom , 14. 1 5. &-smv. Preuves que ce ne peut estre une
Eglise corrompue , 24. & fitiv. E ]i6.&s. que fa-
chute dans l'Apocalypse est celle de Rome sous Ala-
ric , 390. 39t. nulle marque d'Eglise dans le débris de
Babylone, 230. pourquoy nulle mention d'idoles dans
ce débris, ibid. 23 1. Jes âmes qui s'yvendoient ; ce
que c'est félonies Protestans mesines , 221. 225. Vuye^
IStstt , f»je\ U PmfîitHee, Pùjm Prottjìans , Fijtl,
Ratfie-,
titctchcbm , E. 3 4. 3.ç. 76. {yfitiv.
Saint •Safiti , ce qu'il iMMique fui la persécution de
Dioclétien, E 162
Bittth

TH A B L E."
' Etrtagiudt , sçavaut auteur du commentaite de l'Apoca
lypse attribué à Saint Ambroise, P. xi. ce qu'il dit
furies dix Rois du chap. xvij. de l'Apocalypse , £.
204. sur ce qu'ils doivent estre ennemis de Jefìis-
Ghrist , & ensuite loûtxús , 210. fur la prostituée zn.
fur les villes de l'Empire brûlées, .. 2»
^Stfle. La Befìe desApocalypse , en quel endroit il en
est parlé pour la première fois , £0109. 118. Saine
Jean en parie comme d'une choie qui devoir venir,
19$. 199.544. \4.br «■ r5. ee qu'ellerepréscnteparti-
culiéremcnt , 1)8.187. Mr. n. n. Les sept Empe
reurs qui en font les sept testes, 1)9. J'yint, Ducle-
titn , Ctnstontim Qhloms , Gnier1 , licirùus , Maxence ,
Maximien , Maximin. La beste blessée à mort , 201.
tout à-fait morte, 202. & fuiv. 197.212. &
ressuscitée. 147. 158. 460. La seconde beste , 136.
151. 186. Image de la beste, 158. 159. le nom de la
beste, V(,yi\ Diòclttiin , Lattinoi, Hombrt.lA persé
cution
stituit de la Belle,
, Hom*. ' Vqji\ ^Mttchrifl t Bahylme
• *Pn*
. ... >., :• • •: -
C .
s^mcilei de Tours , & deLatran mal appliquez par les
Prottstans , £. 165 origine de leurs décrets , et l'ap-
plication qu'en font ces Conciles , ibid. qu'elle regar-
doit les Manichéens , ibid. Les Conciles d'Ephese 8c
de Calcédoine sut la primauté du Pape, )68. & f.
Qctbtbas , Voyr\ Himchebas.
Constantin: triomphe de l'Eglise sous Constantin , .£«
42. prédit par Saint Jean, 121. trsniv. iji. 1)2. 133,
454
Cnistantim Chlorus un des sept Empereurs au nom des
quels s'exerça la derniere persécution , £. 14t. pro
posé aux Martyrs pour estre adoté. ibid. & suiv. mis
au rang des Dieux, aprés fa mort , ibid. qu'elle part
il eu»à 1 éxécution de la persécution , ibid. le renver
sement des Eglises, 8c ce qu'il emportoit , ibid.
Saint Chijfistmut : sentiment de ce Père sur l'avenement
futur d'Elie , P. 38
Saint Clément Alexandrin : pallàge sûr les hérésies ,
vtbr. n, 6

<J~)Emont. Esprits de démons : Si ce mot se prend en


bonne part dans l'Eciiture,
X 6 E. 377, Saint.Ambroi-
■ f*
T A B t E.
tt, saint Augustin & les autres Saints , du quatrième
siécle, selon le Ministre jurieu ont suiri la doctrine
des démons , ibid ont adoré les démons , 3 80. Si les
Catholiques admettent des Démons ou esprits mé
diateurs a la manière des payens , f«yt\ ylngti. Saint
Denis d'Alexandrie cherchoit dans l' Apocalypse ce
ejui arrivoit tous les jours qui avoit rapport à l'Eglise,
P. 1 1 . passage de ce Pere fur la puissance des Martyrs a
70. far l'adoration qu'on éxigeoit des Chtesticns pout
les images des Empereurs , t. siir la peste dont
on fut affligé de son temps , 181. fur la guerre civile ,
18$. fur la sécheresse 8c ta famine , 184. furies Ma-
itciens qui excitoient les Empereurs à la persécution ,
186
Le DUUe. La ruine de son Empire par le Fils de Dieu a
est le sujet.de l'Apocalypfe , £. } t. on enchaisnernent
2c son déchaisnement, ce que c'est , ijq. & smv. 14»;.
legrand,8c dernier déchaisnement précédé d'autres
«rot lont moindres , quoy que tres-conûdetiWes ,
241.1;! &"/*«•»• Satan dechaifné dans les Albigeois*
Se autres sectes, 151. son dernier 8c éternel emprison
nement , 147
DioclttU» y E. Sa persécution : la derniere 8c la plus
cruelle-de toutes , 42. roi. 10$. plus particulièrement
prédite & pourquoy, ibid. III. & sitiv. 125. en ques
temps commencée , 8c comment , 106. rtr. O*f hi-
sloire abtegée de cette petiéeution , 106.107. divers
telirtchemens dans cette persécution , ibid. trois plus
remarquez fous trots Princes , ijt. {yfniv. autres ca>-
. lactéres de la.persécution.de Diocletien m. (y sniiu
Les Empereurs flatez de la fausle gloire d'avoir dé
truit le Christianisme ,118. 119. autre caractère de
cetteperíécution, d'avoir esté exercée sous le nom
de sept Empereurs, r}8. &• fniv. 140. Pourquoy at
tribuée à Dioclé tien , 15g. 146. avantages de cc Prin
ce, ibid. Les noms de ces Empereurs, pourquoy pleins
de blasphèmes , 144. parmy ces sept Empereurs trois
principalement caractérisez.,, ibid. Pourquoy Diocté
tien est 1a gueule de la Beste , 146. sous luy la Philoso»
phie Pythagoricienne au secours du paganisme , Vojt\
Shihftfhie; Autre caractère de la- persécution de Dio-
elétien marqué dans la passion de Saint Just , nc pou
voir acheter ni vendre qu'en adorant les idoles, ttuTa
162. Passage de Lactance 8c de Saint Basile , ibid.
Pourquoi le nom de ta belle qui fait 666. ne peut estra
que le nom de ce Prince » 8c comment cclas'accom-
pl" ». 1-6?
T A B L Ê.
B»Mm%* Le Ministre da Moulin fameux «a Ml |6urs
pat U remarque qu'il a faite sur Tannée 1689. E. 505.
anime les Rois contre l'Eglise Romaine , ibid. absui-
ditez manifestes des interprétations de ce ministre ,
jij. jjî. 418. ty fiera, il altère le texte de Saint Jeat»
pour trouver que TAntechrist doit durer beaucoup ,
336. irsuiv. il se contredit sut les prétendus jours
prophétiques : 3 ff. &■ fluv. ablurdité & ignorance fur
la prédiction de Saint Paul , 2. Thess. ij. 401. 402.
Quand ce ministre publia son livre de TAccomplisse
ment des prophéties, 41 S. Comment il y établit la
remarque sor Tannée 1689. 4í0 &• f*™' íon système
particulier (ur TAntechrist , ibid renverse Thistoire ,
tbid. fausserez de tous ses principes : 411. Absurdité
manifeste de son raisonnement , 412. reconnue par
le Ministre Jurieu son petit fils. 415. pourquoy ce Mi»
ztiflxe inventa cela t 411.412

JTpVise : la sainte cité , la ville où Dieu est, E. 24. el-


le vient du ciel , ibid. L'intérieur de TEglise , figni-
fiépar le Sanctuaire & TAutel , 1 1 1. 1 12. la cité lain-
te qui est TEgliíe livrée aux Gentils n'en est pas moins
la vraye Eglise , 109. 452. le dehors de TEglise signifié
par le parvis, M2. 324. 452. le dehors seul abandon
né aux Gentils , in. Eglise toujours visible dans la
persécution, rrj. 131. 246. 408. ^4br. ». 34. mcíme
dans celle de TAntechrist , ibid. Eglise dans le ciel , la
mesme que celle qui est sur la terre , E. 264. 269. Ten
tant malle dominant qu'elle devoit enfanter : cé que
c'est, 13 r
Eleùj : Prédestinez : la marque des éleûs , £. 24.66.0
■sitiv. 169. extermination d un peuple suspendue jus
qu'à ce que les éleûs que Dieu en vouloit tirer, fus'
sent séparez , 62. 67
Elie , Voye\ truc & Elit. '
impire Romain , foje\ Rame , Romtti».
■Ente ÍSc Elie , P. leur venue à la fin du monde , 38. &•
suiv. si ce sont les deux témoins duch. xj. de î'Apoca-
lypse, îï- 34- i*
Espriti :*es sept Esprits j ce que c'est dans TApocalypsej
E. 6. & suiv, Mr. ». 3 5 '
- G
CZ-Alere Maximie» : fa mort semblable ì celle d'AntiO-
• chus,, E. icS. ijí. son caractère parmi le* íeptBrin
X7 w
TABLE,
ecs sous qui la derniere persécution s'est éxercée^
*45
Génébrard: ses pensées fur la Babylone de l'Apocalyp-
se, P. 31.32.
Gentils : où S aint Jean commence a parler des playes en
voyées aux Gentils , £. 99. 125. Mr. ». 4. si les Gen
tils dont parle Saint Jean Ap. xj. 2. peuvent estie des
Chrestiens comme le veulent les Proteftaos , £.111.
Gcg5*î-3*4-
& -Mjgog375, E.2J7-
45» la , persécution
„ . ' de Gog 8c „ Ma-
,
gogaprés celle de la Beste, 245. le rapport de Gog &
Magogavecl'Antechrist 8c le méchant de Saint Paul,
147. yoyen Antéchrist. La prophétie de Gog & Ma-
gog accomplie en quelque façon dans les Albigeois ,
Gtti : destinez de Dieu à punit Rome ; commencent
à se rendre redoutables > £.40.41. à la teste des Bar
bares qui dévoient détruire fEmpire Romain, ibid.
Leuts Rois avec les Roys des autres Barbares' renver
sent cét Empire, 190. 191. Quatre caractères de ces
Rois & des autres par qui Rome devoit périr, 10 5 . &•
fan. Rome long-temps appuyée par ces Rois qui dé
voient la détruire , 107. 108. &pùv les Rois Gots 8c
les autres,ennemis dejefus-Christ & puis soumis,210.
traitent Rome comme ils en avoient esté traitez , MO
Saint Grégoire de T^atf/m^e : ce qu'il dit du tourment des
hérésies , £. 89. fur les Martyrs 8c les Temples qui
portent leur nom , 367
Grégoire Lope\: son interprétation de l'Apocalypse tirée
de 1 histoire , 31
Grtiut• : ses fentimens fur l'Apocalypfe , ?. 6r. 62.
fausse date qu'il a donnée à ce Livre , 8c le mauvais
effet qu'elle a produit , ibid. Pafiage de Grotius fur la
mauvaise foy des Ptédicans , E. 305.306

JJAmmmd Auteur Protestant Anglois : ses


■"lurl'Apocalypse, fentimens
P. 61. E. 513
Hérésie : hérésies Judaïques contre la Trinité & l' Incar
nation 36.81. détruites par Saint Jean, ibid. dé
voient revivre par le moyen des Alogicns : de Théo-
dote , 37. de Praxeas , de Noétus , de Sabellius,
d'Artemou , de Paul de Samosate , 38. 83 &■ fur»*
çi. caractères de l'hérésie, fous la figure des sautetel-
les , 85. &fuiv. celuy de venir fans fucceflîon ,85
/Tceluy dcduxerpeu,»'6(W. 255, guette & javagelpi-
riuici
TABLE.
rituel qui ne trait qu'àl'ame, 87. 93. 94. letourment
' que causent les hérésies, 88. 89. Pasláge de Tcrtullien,
88. de Saint Grégoire de Nazianze, 89. vaincues pat
l'Eglisc , 87. 88. 94. les hérésies sont un fléau de Dieu
& une punition de tout le genre humain ingrat envers
la vérité, 39. 95. 96. *ibr. ». 6. exemples dans l'A-
pocalypfe pour confirmer cette véiité , 117. n*. 184.
comment elles nuisent aux payens & aux infidèles ,
ibid Pourquoy la prédiction des hérésies placée entre
ce qui regarde les Juifs & ce qui regarde les Gentils (
83.97.96. ri4.©" /. ^íbr. ». 6
Hiértclei ! Philosophe Pythagoricien , Vtyt\ "Pbihfi-
phie.
Saint Hìftlytt : paslages de Saint Hipolyte , P. 24. 59
Histoire : prodigieux renversement de l'hiftoire dans les.
interprétations des Protestans , E 329. &• fuiv. 334.
347. o-suiv. 389. 410. #•/. 446, e^/456. &s.
I
JDiìttrie Romaine consistoir principalement à adorer
Rome & ses Empereurs, B. 28. 141. 154. IJ9. 160.
en quoy elle imitoit la vraye Religion , 153. 319. que
cela n'eftoit qu'un grossier déguisement ,154. ses faus
miracles , 1 57. ses mystères , 198. 3 19
Saint Jean. Quand il a écrit son Apocalypse , £ 9. a
étoufé les hérésies Judaïques , 37 83. a préditqu'el-
les sortiroient de nouveau de l'abysme , ibid. Aprés
avoir prophétisé en général la chuiede l'Empire Ro
main, il ladevoit encore prophétiser plus à décou
vert , 100. io». 125. & s- s'attache à marquer les,
grands caractères & particuliers , 140. 202. 212. 213,
\Abr. ». 4. & s. 36. liaison de l'Apocalypse , & pat
où il l a luy-mesme marquée, fiye^^ífoculyf/e , Lui-
fan de l\AfíC*lyfse.
Saint Jénfme , P. témoignage de ce Perelur la Baby
lone de Saint Pierre 8c de St. Jean , 18. &suiv. sur la.
.chute de Rome sous Alaric , 19 20. zr. 52. 53, E.
118. fur son embrasement 2 12. sor ses idoles détrui
tes, 23.1. sor Elie , P. 38. lut la prédiction de Saine
Paul , 2. Thess. ij. £. 4C4
Jtsui-ChrSfi. L'Apocalypse est l'Evangile de Jesus-
.Ghtcttxefluseité , P. 8. 9- en quelle fotme tl apparoist
dans l'Apocalypse, E. 10. ir. 171. t> f. 124. égal
6c coéternel a son Pere , 1 r. 12. t4- 57. 270
Saint Irénée ' Quelle raison il rend de ce que l'Apoca
lypse repasse Gu touu&les
■ anciennes Prophéties,îP.5.
Roaiî
T A B L E.
Home 8c son Empire, íélonluy , dans l'Apôtalypse ,
17. sa conjecture sur le nombre du nom de la Beste, Sc
sorle mot Utttim , surauoy sondée, 17. ;8:. nulle
ment sor la tradition , ibii. cela ne regarde pas l'Egli-
se Romaine, E. 310
Jmtmtnt. Jour du Jugement : Joint avecla perte de
Jérusalem , avec celle de Rome , 8c les autres jours de
vengeance qui en sont la figure, E. ôj.'.ri}
Jtàfi i £• excitoient la persécution par, leuis calom
nies ,13 . ennemis de l'Eglise , 8c abaissez à ses pieds,
H. »t. jj. le dernier coup qu'ils receârent entre dans
le dessein de l'Apocalypse, 16.17. í'estpar eux que
la vengeance divine devoir commencer > ibii. leur
chute prédite parles anciens Prophètes , Jo. leur état
aptes la prise de Jérusalem , 33. leur malheur sons
Trajan ,33. 34. 7;. 8c sous Adrien; celuy-cy bien plus
terrible. 34. &f 76. combien leur défaite cousta de
sang aux Romains , 35.36. 76. & sitiv. obícutcisse-
RientdelaLoy 8c des Prophéties par Akyba , 8c par
le Talmud fous Adrien, 36.78.79. la contagion des
erreurs Judaïques , sources de plusieurs héréstes , 36.
37. Dieu rélolu de punir les Juifs , suspend sa venge
ance pour l'amour des Eleûs qu'il en vouloir tirer, 60.
68. 71. 73. le nombre en estoir rres-grand, 68
jf«/«»i'Apostat. Apostasie, 8c persécution de Julien ,
E. 41. 147. sous luy la résurrection de lldolatrie , 41'.
147. tírjC'155. 156. 461. sa vanité, 148. la persécu
tion, & la fin de Julien , semblable à celted'Antio-
chus , 148. 149. les blasphèmes de Julien , ibii. imite
certaines choses des Chrestiens , 1 5 3 ■ il tasche de dé
guiser l'idolatrie , ibii. entre dans l'esorit de Diocté
tien, ijj. i6i. rinrage de la Beste refiulcitée ; com
ment proposée par Julien , r 59
Le Ministre JnritH ; ses erreurs grossières fur le régne
demiileans, E. 159. 160. tyfinii. comment il anime
les Rois contre l'Eglise Romaine, 30;. selon luy le
fondement le plus essentiel de la Réforme , c'est que
le Pape est l'Antechrist , & que s'il ne l'ést pas on n'a
pas deû se séparer de sa communion , 308. 309. nulli
té de ce fondement dont les Protcstans ont honte ,
ibii. &• suiv. âc mesme le Ministre Jurieu, 314. &
/«ru passages par lesquels le Ministre Jurieu prétend
pitouver que ta Babylone de Saint Jean est chrestienne:
tous ces passages visiblement ne concluent rien , 3Î4.
<jp/kìv. le Ministre qui les propose s'en dédit, 375.
de ce Ministre , que l'Antechrist devoir
jaioistre,* la chute de i'£mpireRomain> 333. 3^4.
-H3>
TABLE...
Î.43. (ys.tt principe est faux , 354. çe principe néces-
aìrc au système Protestant , 346. 3881 Cr fi"i> & ea
mesme temps le ruine , 346. & suiv. ce Ministre se
trouble & se contredit pour expliquer le court temps
de la septième teste qui dans le système doit estrele
Pape , 337. & suiv. blasphème de ce Ministre sut les
Prophéties qui regardent Jesus-Christ, 341.' &• /»«'•».
ses contradictions furies dix Rois de Saint Jean qui
doivent favoriser l'Eglise Romaine, 8c ensutte la dé
truire, 346. &sum. 432. sur les prétendus jours pro
phétiques où un jour lignifie un an, 358 Çr suiv. fur
les 1260. ans de la prétendue persécution Papale,
ibid. 363. Crsuiv. blasphème & idolâtrie imputée aux
Saints des quatrième 8c cinquième siécles, 3^0- &•
Jkiv. 367. 369. & s- %fj. 380. Que ces Pères du qua
trième siécle qu'il accuse d'idolâtrie & de blasphè
mes , selon luy , sont les plus grandes lumières de
l'Eglise, 371. préférablement aux Pères des siécles
précédens , ibid. mépris qu'il fait des premiers siécles,
ibid. pitoyable idée du Christianisme , ibid. airs dé
daigneux de ce Ministre ; qu'il ne s'en sert le plus,
que lors qu'il scait le moins ou il en est , 347. 363. ses
contradictions fur le quatrième siécle , 371. furie
troisième, 373. aven de ce Ministre , que s'il y a eû, .
comme il le pré tend, une idolâtrie régnante dans l'E
glise fie dans les Saints , elle a deû estie prédite, 374.
qu'elle-le devroit estre dans l'Apocalypsc , ibid. qu'el
le n'y est pas, 8c que les passages que le Ministre avoit
alléguez, de son propre aveû ne concluent pas , 37s.
3 80 448. 449. il a recours à Saint Paul r. Tim. iv. j.
-376. étrange dépravation de ce passage , 377. (rsuh.
qu'il ne trouve nulle part ce quTI se croyoir obligé de
trouver, 380. le système de ce Ministre le plus absurde
de tous , est le seul qu'on peut loûtenir dans les prin
cipes des Protestans , 489 445. tout est plein d'abfur-
ditez dans ce système , 389. absurditezde l'iaterpré-
tation de ce Ministre (ur le passage de Saint Paul, 2.
Thcss ij. 404. 406. contraint d'avoû'ér un autre Ante-
christ que le Pape , 8c de détruite par là tout son sy
stème, 411. il reconnoist l'absurdité manifeste de la
remarque de sonayeul du Moulin sur Tannée 1689.
414. il y entre pourtant luy-mesme , 8c par le mesme
motifde fiater le peuple Protestant , 414.42;. incer
titude de ce nouveau Prophète , ibid. 427. 418. il ren
verse dans son Accomplissement des Prophéties , ce
qu'il avoit dit dans les Préjuges légitimes , 8c pour-
quoy , 42Ú. Luther 8c Calvin ne sent plus les deux té
moins
TABLE,
moins yibid. 452. il met à la place les Albigeois qu'il
a ostezdu rang des Martyrs , ibid. absurdité de ía nou
velle interprétation qu'il propose dans ion Accom
plissement des Prophéties, 427. 452. 4^3. combien il
est ridicule de vouloir que Saint Jean n'ait veá dans
ce chapitre , que la France 8c les ligues qu'on fait con
tre elle, 426. 427.45}. il tasche de faire acroire qu'il
a deviné par ('Apocalypse ce qui arrive de nos jours ,
428.429. il se donne un air de Prophète, ibid. contra
diction de ce Ministre : la chute de Rome prédite dans
l'Apocalypscdoitestre déja arrivée selon ses princi
pes , 3 3 3. 345. &■ suiv. 4; r. (r/ìtiv. & selon les mes-
mes principes elle ne doit pas l'estre , ibid. Autre
contradiction, quel'Eglise Romaine au temps de fa
chute est la vraye Eglise oìi le peuple de Dieu est ren
fermé , 387. 388 452. &J~uiv. & en mesme temps la
fausse Eglise d'où il faut sortir, Und. Quelcpeuplede
Dieu qu'elle renferme jusqu'au temps de fa chute est
le vray peuple fidèle & prédestiné , selon M. Jutieu,
ibid. qu'il avoûë qu'on se fauve dans l'Eglise Romai
ne , & qu'en niant cét aveû U a oublié toute bonne
foy , 434. autre contradiction du mesme Ministre ,
qui détruit les preuves partní il mOntroit qíe l'Eglise
Romaineestoit la Prostituée de Siinr Jean, 436. 437.
qu'il falsifie le Texte Sacré pou» soutenir ía préten
tion, ibid autre contradictions qu'il est contraint en
„ mesme temps d'abfoutdte 8î de condamner de blas
phème Sc d'idolâtrie les Péris- du quatrième siécle,
36T. &fniv. 365. ?66. 371. 376.442. 443. 444. autre
contradiction , de prendre l'autoiité des Anciens
pour fondement, 8c en mesme temps d* la rejetteiwu
, mesme égard, 398. 4J8. 37t. 829. 830. Sji. autre
contradiction ; aprés avoir dit pjr tout que la Beste de
l'Apocalypse est Rome chrestienne , k la fia dite te
contraire 1451. autre contradiction -, se íetvit d* Vau-
torité dn Synode de Gap , qu'il a luy-mesme rejettée,
jrr. 471. donnerçour dénouement de foniyctêmece
qui » selon luy , est contraire à tous les Autçars an
ciens 8c modernes , & aux Pro-testans comme aux au
tres , 830. poser pour principe que l'A nteeh/ist est ve
nu , parce que l'Èmpire Romain est à bas , ôc gn mes
me temps que l'Empire Rptnain dureca jusqu'à la fin
du monde , ibid. 468
Saint Jxstin : pas&ge de ce Martyr sur le régne de mille
ans falsifié par Joseph Mede , E. 256. preuve par ce
passage, que la croyance des Pères Millénaires n 'c-
floit que lear opinion particulière , & non la doctrine
T A B L E.
de 1'EgHse , iíid. antre Saint Justin , ôu Saint Jufc
Martyr, du temps de Diocletien j circonstance de
cette persécution marquée dans la passion de ce Saint,
l6x. i6ï
L
TjABanct , son Livre des morts des persécuteurs trou
vé de nos jours , P. 65. combien utile à l'explication
de l'Apocalypse. , £. 107. 159. 140. 142. 1.4?. 144.
14;. i46.*i84. 185. igy.antres .passages de Lactance,
ici. 152. 162
Zateinos : que.ee mot ne peur estre le nom -à qui Saint
Jean assigne le pombre de 666, E. 16}. -353.3 54. 355.
465. yaye\ Saint Irénée , .sombre 666
ticinìui un des sept Empereurs désignez par les telles de
la Beste , E. 138. d'accord avec Constantin .pour les
Chrestiens , 134. 200. troisième 8c dernière reprise de
h persécution sous cét Empereur, ibid. auteur d'une
persécution particulière , ibid. pourquoy il est dit que
Licinius dure peu, toi. la Beste ou l'idolatrie reçoit
le dernier coçrp par fa chute , tos
livre ftrmé , livre Hmtrt : ce que cela veut dite, B. 53 55-
100
M
^JIArtyrs établis Juges dans ^Apocalypse, E. 137 sont
les anciens Martyrs qui ont souffert dans la períecu-
tion des Romains , 141. 141. le Ministre Jurieu en est
convenu quand il a parlé naturellement , 143. 4?o.
451. c'est Avec des ames feules, 8c avant la résurrec
tion des corps que S'aint Jean les représente, 14t.
241. c'est en cet estât que la première résureéttioa
leur convient, 243. 244 pourquoy Saint Jean ne l'at-
tribuc qu'aux seuts Martyrs , iM. leur rèûirxéction
selon le corps ne se fera pas plùtost que celle des autres
morts , 248. Albigeois 8c Vaudou faux martyre des
Frotestans, 165. 257. 413.414. ostezdts nombre des
Martyrs par le Ministre Jurieu, 4*0 Vaye^ Saints.
ÌAaxtnci , un des sept Empereurs sous qui la dernière
persécution fur éxetcée ( £. 141
Maxime Philosophe Pythagoricien , ami de Julien l'A-
postat , ftyei Phihstphit.
Marimìrn , Galère Maximien , faye\ Galère.
Maximien Hercnlint , comment désigné dans la Beste ,
8c parmi les sept E mpereurs , sous qui s 'exerce la der •
niere
TABLE.
niére persécution , E. 145. deux fois Auguste > 8c ce
caractère marque, 202 .Abr. ». r4
Maximin , fa mort semblable à celle d'Antioehus , £.
1 r 8. reste seul persécuteur durant un certain temps ,
199. 100. pourquoy l'idolatrie paroist avoir receu le
coup mortel par fa chute , zor
Saint Michel défenseur de l'Eglise , P. 67. comme de
l'ancien peuple, ibid. si c'est Jesus-Christ, comme l'en-
tendent ordinairement les P rot estans , 68
Mille ans , Veye\ Régne , Paye^ Régne de mille ms.
"Ministres , Voyt\ Pretestans.
Mort: 1a seconde mort , £. lój.ljy.lapremiéremortj
la seconde mort , ce que c'est, 144.145. la mort en
tièrement détruite à la résurrection génétale , 8c tout
à une fois dans tous les hommes , 248. Payez Rif*r-
réBion.
•Mystère : ce mot de mystère écrit fur la mitre du Pape :
origine de ce conte, 319.51-5
N
TiTOmbres: les nombres de l'Apocalypse; qu'on ne le»
doit pas prendre à la lettre : le nombre de sept con
sacré à une certaine perfection Sri l'unirersaliré' , H.
25. 55. ç6. le nombre de douze consacré dans la Syna
gogue 8c dans l'Eglise , 8c pourquoy , 5 1 . 165. 167. la
mesme signification dans le nombre de 144. 8c de 144.
mille, 68.69. r69- 165.166. Autres nombres, 79.
80. Sr. 81. nombre de cinq mois , 8r. 86. autres nom- 1
bres , t 98
Le Xembre de trois ans 8c demi consacré à la persécu
tion, 8r pourquoy , 103. & fuiv. 108. rcg. tiz. &
fuiv. 148. 458. 439. Trois ans 8t demi , c'est la moitié
'd'une semaine d'années, ce que cela signisie, 114. 1 15.
Trois jours St demi, 110. n r. que ce nombre de trois
ans 8c demi est court selon Saint Jean , n8. 119.458.
439. vítr. n. 15. Que ce temps ne peut pas eítre de
1260. ans comme les Ministres le supposent , ibid.
355.438. (s-fuiv. que ce nombre se doit répéter du
moins trois fois pour satisfaire aux termes de l'Apoca-
lypse, ^ibr. n. 26. E. 134 455. 461. Quelques persécu
tions réduites litterallement à ce terme; les deux pre
mières , 105. celle de Valérien , 106. 114 le nombte
de íept mille, no. le nombre de deux, r rj. nS. les
deiyt témoins ibid. le nombre 666 , r 37. c'est le nom
bre du nom propre d'un homme , 16y. qui est désigné
parce nom, 8c que ce ne peutestre que Dioctétien ,
TABLE.
ibiJ. Abr.n.n. 13. Pourquoy ce ne peut estre latei-
»«,£. 163. Double erreur des Protestant , ibií Voym
Luteinti. Les dix Rois , 345. les mille ans. Voyt\ Rè
gne it mille uni. Quand on peut prendre les nombres
au pied de la lettre, 143. 191. 199

Qsjgene invoque l'Ange du Baptesmeà , laT.t>7.expli-


l*qiie comme les Martyrs concourent rédemption
du genre humain , 84. 85. Passage d'Origcnc fui les
persécutions , £. 104

cp^Arins Au Temple, ce que c'est, Vtye\ì.glife.


Saint P*hI, ce qu'il dit des hérésies , £. 86. 87. ÇZ»
89 95. Prédiction decét Apostie, 1. Tim. iv. j. étran
gement dépravée par les Ministres , 377. & (un. le
vray sens de ce passage établi ; qu'il regarde les Ma
nichéens ,413.0-/: Vaine défaite du Ministre Julien,
iWi. confondu par son propre principe , 415. prédic
tion de la x. TheslTij. 39t. 392. Calomnie des Prote-
stans, qui attribuent certe prophétie au Pape, 393.
&fiiiv. 471 .&s*iv. ézâmen de toutes les parties de
cette Prophétie ; & premièrement , l'iniquité, 476.
les feux miracles , 393. 394. 471.' fe porter pour Dieu,
393. 394. & f. 472.476. le méchant de Saint Paul de-
voit paroistre à la fin du monde , 394. ce que veut dire
dans Saint Paul , celtty q*i tient , 395 ©-/quequoy-
que ce soit qu'on veuille entendre , cela nefait rien
contre le Pape , 397. tyjmv. que le méchant de Saint
Paul est un homme particulier , 399. &• suiv. consen
tement de tous les Pères , ibid. 40t. que ce méchant
doit venir vers le temps de la dernière apparition de
Jefus-Christ , 401. 401. qu'il doit périr incontinent
aprés par l'arrivée éclatante de Jefus-Christ, 40Ï.
Embarras des Ministres fur ce sujet ; absurdité mani
feste de du Moulin, 4c 1. & fiùv. & de M. Turieo,
404. 405- Contrariétez manifestes de la prédiction de
Saint Paul.Sc du système Protestant, 406. 471. &fiiv.
íjucle méchant de St. Paul c'est rAntechrist,4C9. qu'il
n'y arien de certain, ni aucune tradition constante de
la maniéré dont s'accomplira la prédiction de Saint
Paul , 4^9. e>suiv. Nul rapport entre la prédiction de
Saint Paul & celle de Saint Jean que dans le ebap. xx.
4e l'Apocalypse , 247.411. Lc MinistreJutieu con
traint
T A B L E.
traiat d'avoûër un autte Antéchrist que le Pape ,
41 1. que par là il détruit tout son système , ibid. Vojt\
ÍAnticbrijt. ,
fml de Samosate : slaté let Juifs en faveur de Ze-
nobie , £. 38. .combien solennellement condamné ,
96
sert! : Saints Pères , leur autorité , P. 33. différence de
leur conjecture d'avec leurs dogmes 6c leur consente
ment unanime , ibid. &suiv. 43 . comment il a pù atti-
ver qu'ils n'ayent pas senti l'accomplissement de l'A-
pocalypse , 49. &• snro. leur maniéré d'interpréter,
s'Ecriture, 51. & suiv. 8c en particulier l'Apocalyp-
sc, ibid. Pourquoy ils conjecturoient que le monde
finiroit avec 1 Empire Romain , ibid. combien outra
gez par le Ministre Juricu , Pïyez, Jitritn.
^Perséttttun, E. cause des persécutions de l'Eglíie: RO-
me pourquoy animée contre elle , 28. quatre caractè
res des persécutions , 10t. &• snh. Perlécutions rel-
traintes par un ordre spécial de Dieu à un temps
court ,ioj.&suiv. passage d'Origene, IC4. trois ans
& demi, trois jours & demi ; pourquoy ce temps
consacré à la persécution, roi. & suiv. les persécu
tions de I'Egliíe figurées par celles des Juifs sous An-
riochus, 5c pourquoy, 103. &suiv. faye\ Ktrnbre 3
Nombre de trois ans & demi. Histoire abrégée des per
sécutions , 104 & fui-u. Remarque fui la persécution
deSévére , ioç. Persécution de Dioctétien , Voye\
Dioctétien. Persécutions le plus souvent finies par le
chastiméntde leurs auteurs , 107. 108. L'Eglise forti
fiée , 8c plus éclatante par les persécutions, 108. Etat
menaçant des Prétendus Réformez dans le temps
qu'elle se plaignoi t d 'estre persécutée , 42 1
Les "Perses: Les Rois d'Orient , E. la première cause de
la chute de Rome Sc de son Empire , venue de ce co-
sté-Ià, 40.É7-/ÌM/. cela marqué pat Saint Jean,97. 192,
(ysuì-j. Armure des Perses, & leurs nombreuses ar
mées , 98. V»ye% Ktléritn, Voye\ *tbr. n. 8 /
pbilcfipbie. La Philosophie Pythagoricienne au secours
del'idolatrie dés le temps de Dioctétien , E. iji. Phi
losophie dé Plotin, 15 r. rj4. de Porphyte, 151. de
Hiétocles, 15 r. 154. de Maxime, ami principal de Ju
lien l'Apostat, ro8. rj6. 158. 187. la doctrine de ces
Philosophes , 152. Apollonius de Tyane oppolé à
Jésus-Christ par cette Philosophie, ibid. combien ad
miré en ce remps par les Payens, ibid. ces Philosophes
animoient Diocletien, ibid. comment ils imitoient
l'Agncau, 8c ce qu'ils prenoient desChtestiens , 15;.
T A B L Ë.
ils déguisoient l'idolatrie , mais grossièrement, 1*4.
Saint Jean propose tout de suite ce que fit cette Philo
sophie, tantlous Dioclétien que fous Julien, ihid.
&•suiv. Prestiges & faux miracles de ces Philosophes
157 &f Le feu descendu du Ciel , ibid. paire parler
les images, 159. & s.
Pletin : Piye^ Philosophie.
Saint Totycarpe Eveíque de Smyrne du temps de Saint
Jean, ' E. 16
Vorphyr , Fey Philosophie.
V. Posfines. sçavant Jésuite d» nos jours : son commen
taire sut l' Apocalypse, % P. 63
Prédiction : celle de Saint Paul 2. Thess. ij. Voyt\ Saint
'Paul.
Prophètes. Prophéties: plusieurs sens dans les Prophé
ties , P 35. & /«u 37. si elles font toujours enten
dues dans le temps qu'elles s'accomplissent , 4c. &
Jhìv 43. (rsuiv. Prophéties de différente nature &
importance , ibid. Dieu préside à ^intelligence des
Prophéties comme à leur révélation , & sui'j. en quel
sens les prophéties seront anéanties dans la gloire ,
76
La Prostituée de Saint Jean, que ce ne peut estre une
Eglise coirompuë , T. 24. ni une épouse infidelle , 26.
&■ suiv. 436. 437. & suiv. que la Prostituée est
Rome la payenne , ibid. foy Babylone ,&t.
prostitution, ce que c'est selon les Prophètes , ibid. 197.
prostitution de Rome la payenne semblable à celle de
Tyr , de Nfnive , & de Babylone, ibid.
Proteflans , Ministres des Ptotestans : PrOtestans qui
ont réfuté Topinion que le Papeestoit l'Antéchrist,
5>. 61. Terreur des Protestans fut le caractère, & le
nom de la Beste , £. 164. 16;. Les Conciles de Tours,
deLarran, mal appliquez , ibid. suiv. Protestans
& leurs faux Martyrs , 243. Voye\ ^Albigeois , Voye<\
Martyrs. Les Protestans exhortent à persécuter l'E-
glise Romaine en vertu de l'Apocalypse, 3c 3. &suiv.
injustice des Protestans qui se plaignent tant des per
sécuteurs ,\ 30J. leurs explications fjpndées fur leur
haine témoignage deVofsius , 305. 306 les Prote
stans ont honte de ce qu'ils disent le Pape Antéchrist ,
309. & suiv. 470. & suiv. conte ridicule des Prote
stans fur la mitre du Pape , & le mot de mystère éciit
■ dessus,
testante319.
, que320. fondement
, fadeBeste
['interprétation Pro-
la Babylone , •& la Prostituée
. derApocalypfeestunéEglisccorrompuë , uneépou-
sc infidèle & répudiée , qu« cela est iniposlible, P.24
TABLE.
&s. E. 17. &suiv. 456. &• /«un. illusions des Mini
stres t St comment ils trompent les simples , 316.317.
les sept prétendues formes du gouvernement de Ro
me , un des fondemens des Frotcstans : ce fondement
miné , 319. trsuiv. 334. & suiv. 342. &-/uiv. 457. &
smv. prodigieux renversement de l'histoire dans le sy
stème Protestant , 329. 330.334. &suiv. 457.458. &
fui-a. en quelque maniéré qu'on l'arrange 446. &• s*iv.
incertitude des Protestans fur le temps de la naissance
de leur Antéchrist : qu'elle prouve la fausseté de leut
système, 331. &■/Uiv. contradictions fur le gouverne
ment Papal: que selon leurs principes il doit durer
peu , 8c qu'en mefme temps i) doit durer beaucoup à
mefme égard ; grossières illusions des Ministres , 33s•
&s»h. 438. &s»iv. 44s. 441. les n6o. ans de leut
prétendue persécution détruits , ibuLi%t. &• fuit.
fiàv. leurs contradictions fur les dix cornes Sc
les dix Rois de Saint Jean , 344. &s»iv. fut la secon
de Beste de l'Apocalypfe , 351. & /»«'• leurs jour»
prophétiques , autre fondement de leur système ; dé
truit , Jjj. & fui-u. les Ministresse contredisent,
ibid. .&fmi>. leur système trouble toutes les idées
de l'Apocalypfe ,381. 8c du bon sens, 406. amas d'ab-
furdirez dans leur système , 550.589 59c. leurs con
tradictions sur l'accomplissemcnt du précepte , Sortt^
de Babylone , E. 384. & smv qu'ils ne peuvent déter
miner le temps d'accomplir ce prétendu commande
ment , ibid. les Ministres forcez par ce passage à re-
connolstrel'Eglisc Romaine pouivraye Eglise , 377.
&sui-j. 435. &sUi-j. si les Protestans font recevables
à reconnoistre un double sens caché fouS la Babylone
de l'Apocalypfe, 391. l'interprétation des Protestans
fur la prédiction de Saint Paul, z. Thess. ij. est insou
tenable ,393. & suiv. les Protestans dés léur origine
ont fait les Prophètes , 416. toûjours trompez dans
leurs prédictions , 417. éxamen des prétendues pré
dictions de du Moulin & de Jurieu, foye\ duMat-
lin , Jurieit. Défaut du système Protestant furies en
droits particuliers de l'Apocalypfe j furie ch.xj. 45Ï.
fur le ch.xij.$4.4jj.sur les ch.xiij.&xvij.456.en par
ticulier fur l'endroit duxvij. où il est dit que le huitiè
me Roy est un des sept , 448. 459. en particulier dans .
le xiij. fur U Beste ressuscitée, 460. fur le nombre de
trois ans & demy qu'il faut trouver dans cechapitte
pour une troisième foié outre les deux du ch. xY\. 4.61.
461. fur la seconde Beste , ibid. lur le ch. xvj . 466. fut
le ch. xvij. qui doit faire le dénouement ; que c'est
TABLE. .
là|que parôist Ic grand embarras des Protestai» , ibid.
& finv. fur les dix Rois , 468. les Protestant en tour
nant tout en allégories , rendent les interprétations
arbitraires , J?oyt\ allégorie Propolent des signet
équivoques: 4 6. & f 471- &f leurs allégories tour
nées contre eux , Sc leur Antichristianisme prouvé»
476. &fuiv contradiction de vouloir taire des Papes
la Beste Sc l'Antéchrist tour ensemble > 4S4. &^fuiv.
ces deux choses incompatibles , ibid.
»•
TX&surrtBiùn : première résurrection : seconde résur
rection ,£. 257. 243. 144. la première résurrection
regarde l'ame , 8c principalement la vie eternelle ,
ibiJ. qui n'est pas donnée d abord à toutes les ames ju
stes , ibii. pourquoy attribuée aux Martyrs seuls > ibid.
combien il faut eftre pur 8c parfait pour cé t état , 262.
26}. 270. la résurrection des corps ne se fera point en
deux fois , mais seulement à la fin des siécles , 244.
la dernière résurrection qui regarde les corps est gé
nérale , 8c de tous les morts ensemble , 24g
Ht^nt de Jésus- Ghrist pris quelquefois pour le temps oìt
Constantin donne la paix a l'Eglisc, £. m. 128. 25 1.
en quoy il consiste , 242 245. 245. 25 r. ^îbr.n. 33.
Règne de mille ans , 8c enchaifnement de Satan , 2jû.
239. &fuiv. quand il commence, 240. autre terme où
on le peut commencer , Mr. ». 3 3 l'opinion de quel
ques Anciens qui croyoient que ce régne s'accompli-
roit visiblement fur la terre , 242. 243. 246.259. &•
fuiv. que cette opinion n'estoit pas universelle, preu
ve par Saint Juftin , 256 & fuiv. confirmation par
d'autres Auteurs , 259. le Ministre Jurieuqui (oûtient
oetre opinion , y ajoûte de nouvelles abturditez, 259.
Çrfuiv. il ne fuit ni la lettre ni l'efprit dans l'inrerpré-
tation du passage de Saint Jean, 231 &fuiv.
Rome. Romains ; Empire Romain ; la chute de Rome ,
chef 8c dénouement de l'Apocalypse , "P- 15.29. cet-
te ville ttes-clairement marquée dans l' Apocalypse,
Ij. 16. B 3 r. 198. sous le nom de Babylone, & pour-
-quoy, ibid. témoignage de Saint Itenée , P. 17 de
Tcrtullien, 16. de Saint Jerosme, 18 quienrécori-
. noist la chute dans 1 Apocalypse , ibid. &f fa chute •
combien grande fous Alaric selon ce Pere , fuiv.
son idolattie en est la cause ; preuve par 1 histoire 8c
par le témoignage des Pères , 2r. 22. cette chute pourr
quoy comparve a cçlie de Babylone , 22. détruite au
Y mefme
T ABLE,
rnesroe sens que cette ville , ibid. E. 217, témoignage
des Auteurs modernes, qui reconnoilícnt dansl'A-
pocalypse la chute de Rome payenne, P. a r. Ia reli
gion de Rome la payenne , E. 28. die consistoit prin
cipalement à faire adorer ses Empereurs , & elle-meí-
iiic 1 Payt^ Idolâtrie Romains, pourquoy Rome G en-
nemiede l'Eglise , ibid. destinée à lavengeance, 29.
Ion Empire, & sa chute prédite par les anciennes Pro
phéties , ibid. plus claire dans l'Apocalypse que celle
des Juifs , & pourquoy , 30 ji. 73. 74. lcpremier
coup de fa chute vient du costé de l'Oricnt, 40. drsmv.
cela marqué par Saint Jean , Voyi^Tersis , V'3'\ V*-
liritn Rome combien attachée à l'idolatríe, mesme
sous les Princes Chreftiens , 42. is" fui-u. 184. & s«iv.
les Gots vengeurs , appeliez avec une marque paiticu-
liére de Tordre de Dieu, 44. Dieu fait connoistre que
c'estoit principalement l'idolatríe qu'il vouloit punit
dans les Romains , 44. ir suiv. rtóstoire de Radagaise
9c d'Alaric le fait voù,ibid. Rome 8c son Emp\re,com-
bien détruits par ce coup , 14. 46. &suiv. deux coups
fur Rome , avec une force inégale : fous Alaric fie fous
Attila , 173. 174. au temps de si chute son Empire en
Occident divise en trois , 191. Rome se nommoit la
Ville £terHelle,P.i9.22o.i2i. ses blasphèmes , & ceux
de ses Empereurs , ibid. 144. 196. l'Empire Romain
devoit pérît pat un démembrement , 8c estte partagé
entre plusieurs Rois, 105. quatre caractères de ces
Rois marquez par Saint Jean , ibid. & smv. Voyi\
Gcts, comment Rome estoit encore la Prostituée aprés
la conversion des Empereuts , 211. embrasement de
Rome, 212. comment le peuple de Dieu sortit de
Rome au temps de sa chute , 219. & friv. débris de
Rome : pourquoy point d'idoles dans ce débris, 250.
lji. raisons des Protestans pour empelcher qu'on ne
leconnoìsse la chute de Rome sous Alaric dans celle
de Babylone, 226. Cr/iró. détruites , ibid. que selon
les principes des Ministres la chure de la Babylone de
Saint Jean est actuellement accomplie dans celle de
| Rome sous Alaric, 545. Crfuh. ^i.&fiàv. que selon
eux-rnesmes ellenel'cst pas , 8c qu'elle est encore à
venir ; que cette contradiction est Je renversement de
tout leur système , ibid. que la Babylone de l'Apoca
lypse ne peur-estre l'Eglise Romaine , yeyt\ labylont,
Prcsiituit.
S
Vsfhts , Ames bienheureuses : Saints Martyrs, P. alîb-
u«ic* dés-à-preseru au régne de Jesus-Chiist, 70. E. 19.
20. ré
T A B L T.
10. témoignage de Saint Denis d'Aléxandrie, P.yc'.
les âmes saintes eneotc séparées du corps : jugent le
monde avec Jesiis-Christ, 7 t. comment concourent à
la rédemption : passage d'Origene, 72. tqutcela se fait
par leurs prières , 73- ce qui regarde l'Eglife leur est
connu , & mesme le secret de l'avenir , ibid. (s-s.^y.
6r. 176. 212. passage de SaintHipolyte,P. 75. l'esprit
de la Prophétie renfermé dans la vision bienheureuse ,
77. nos Saints n'ont rien de semblable aux Démons ni
aux Génies des Payens , £. j8r. ^o.-V»ye\ Martyrs.
T
<TEmps ; peu de temps : dans peu de temps : que tout
celaseptend à la lettre dans l' Apocalypse , ^ííre'ge,
». 56. temps de trois ans & demi , Piye\ Ncmbre ,
Hpmbre de trois ans & demi. —
Tertullien , ce qu'il dit de Babylone & de Rome , P. 16.'
des hérésies, £.88.91
Tbéedcret. E. passage de ce Pere fur les honneurs des Mar
tyrs , & les temples qui portent leurs noms 367. com
ment il explique ceìuy qui tient de la z. Thesl". ij. 595.
Thtodete de Bi^ance : fa chute: les autres hérésiarques
qui introduisent les opinions Judaïques , E. 37, 84
Trinité dans VA pocalypse , br.n. 3 %
Tycenius auteur Donatiste loué par Saint Augustin : cru
auteur d'un Commentaire l'ur l'Apocalypfe , £.11
V
J/"£ : les trois fTa) ,E. 7}. 80 ces trôis Vx sont la liai»
' son de la principale prédiction de l'Apocalypfe, 80.
1 24. 126. le premier Va, Ou malheur, dans quel temps,
81. 95. 96. le second V<tt 81. 110. 122. r 26. 180. 186.
le troisième , oïl il commence, no. 122. oìt il finit,
22t. le démon paroist dans les trois ^,232. dans le
premier ,81.232. dans le second St dans la troisième ,
233. cír s«iv. le temps des trois V* , 234
falerien : fa défaite & les malheurs qui la suivirent , £.
40.4t. 97, 180. (rsuini. la peste dans ces temps-là,
i8r. 182. 183. pourguoy regardée^corome un fleau-par
ticulier des Gentils, 182. la guerre civile & étrangère
' en mesme temps de tous costez , 183 & suiv. lá Ma
jesté de límpire & des Empereurs obscurcie ,- 184.
£r suiv. avantages des Rois de Perse sur Valerien ,
97. i8f. ces fléaux font le premier coup. porté a
rEmgire,7i,74. 179.35t. i8j. contre-coup dans les
'T.*. - fégnes
-TABLE,
lignes fuivans jusqu'à la chute de Rome, 40-|i8o.
suh. 185. 190..<3fjura, sons Dioctétien, igj. sous Tu-
lien , 190. Vi>y'\ "Ptrfts.
Vax : les voix qui sc font oûïr dans ['Apocalypse ; d'où
elles partent , & ce que cela signifie , £. 10. 97. x8o.
I90 1T4 «
n>flì»s: passage de Gérard Jean Voilais fur la mauvaise
foyde» Préâicans 905. 506

F I N.
C A T A L O G U E
Des Livres de
A D R I A N M O E T, J E N S.
A. • . *
A Brége de I'Histoire d'Hollande , li
- - - du Manifeste de Madame .la Comtefle
Bcnthem &c. 1 1
Actes & Mémoires des Négociations de la' Paix
de Nimegue , ix. 7 vol:
— Autentiques des Eglises Reformées de
France , Germanie , &c. parBIondel, 4
— de rassemblée generale du Clergé de France,
concernant ta Religion , 1 r
Affaires de France & d'Autriche , ì z
esJitscema HistoriaTacis , 4
Aimable Mere de Jésus , n.
Alcoran de Mahomet , 11
Almanach des Jésuites > 8
Alaricou Rome Vaincu , 1 1
L' Amnite de Taflc , Italj: Franc: 1 %
L'Amante convertie , 11
L'Ambaffade du Japon , n. zvoll:
L'AnnécChrestienneou les messes des diman
ches &festes de toute l'Année, ii. ffyollr
L'Antiquité des Temps, 4
Aphorisme de Controverse ou Instruction Ca
tholiques , tirées de l'Ecriture des Conciles
& des St. Pères , it
Arts del'Hommed'Epée , ou leDictionairc du
Gentilhomme , 11 . ■
— de la Guerre, u* •'. •• \ ,
L'Art de Parler , n< . •
Arrian guèrré.d'Alexandre , par d'Alancourt, , 1 j.
- B. , t'<
"D Alzac Lettres choisies , 11. . ■
âMr. Conrart, n ' • ' -ft'
Y j \ Aríi
CATALOGUE.
... Aristippe, oudelaCout, ix
Oeuvres diverses » ix
Entretiens i 11
Socrate Chrestien > ix
Barri Retorique Françoise , 1 x
Bâtard de Navarre , ìx
Benjaminis Itinerarlum Latine , 14
Wenttvoglio Rjlatione , 8
Mémoire, 8
Bible Françoise, iz. Leyde.
Bonheur & Malheur du Mariage , 1*
Soxhorni Gramatica Regia > 1 x
— de Trtpexítis , 1 x
Boyie Te»tamina Pbyfìologid, ix |
BongdrÇiEpistoU > 11
Bojfitct Dodrina Catholica , 1 x
Bruyn Contra f^ogelfangi , 4
C.
11 Cardinalipnodi Santa Ckìesit, I*. 3. vo//.
Catecbefìs ConfèJJio O" Liturgia Ecclejìœ Belgkarum
GracaVulgatd, 4
Catéchisme de Mr. l'Evêque de Meaux > 1 x
Cérémonies
Nuptialesdes, Juifs
11 , ta.
Cellari zyírchitefiura Militari* , Hooghteutx, fol.jìg.
Chrestien Désabuse* du Monde , 4
Conférence de Mr. l'Evêque de Meaux , avec Mr >
Claude» ix
Conjurations des Espagnols , 1 x
... du Comte de Fiefque > u
Coups d 'Estât de Naude , ix
Cornijìx Ulefeidi , 1 1 •
Continuation des Essais de Morale , tu y voll.
D.
T\ Aille' meflange des Sermons > 8. 1 voll.
•^'De'fenceduProcésdcMr. Fouquet.n. I»
voll,
r-- des'Abbez Commeudataires, ix
CATALOGU tï :
--- de la Resorraation, par Claude, iì. i-voll.
Défence de l'Eglise contre le livre de Mr. Claude
intitulé Défence de la Reformation, 12.
1 voll. „
Description du Païs dejansénie , it
Devoirs des Grands, 12
Discours íur l'Histoire Universelle de Con-
dom, 12
Dietenci (Conrad) Injlitutioncs Dialefiica > 8
Discorfi Molti Curioft Potitiche , 1 %
Dialogue de la Santé, 12
Divan Ridicule , 12
Disjuifitiones Politica , 1 2
Supplémentou Tome III. du Grand Dictionai-
re Historique de Morery Folio.
E.
EGypte de Murtait , 12
Elemens de Géométrie par Pardies , 1 1
Entretiens fur les affaires du temps , u
de Mahomet , & Colbert , 1 2
Engelgrave Lacis Evangelic* , pars 3 . 4. fig.
Entretiens d'Ariste & d'Eugène , 1 2
Les Enluminures du fameux Almanach des Jé
suites, 8
Epifcopi Tornacenfts Epijlola de Cuhu,B. M. Virgims,^.
Estais de Morale contenus en divers Traitez fur
plusieurs devoirs importans, 12. 4 voll.
- - • continuation des Estais de Morale contenant
des réflexions morales íur les Epistres ôc
Evangiles de toute Tannée, 12. 5 voll:
- -- de Michel de Montaigne , fol.
Examen dcSoy-meímc , par Mr. Claude ; 12
- des Raisons qui ont donné lieu à la sépara
tion des Proteítans , par Bruys , 11
Explication de la Méfie par Mr.deMeaux, 12
Extraits de tous les beaux endroits des ouvrages
de Balzac , Voiture , Costar .Molière , d'A-
blancourt &c. par Cerbinelli-, 12. - jtom.
y 4 Gale.
CATALOGUE.
. G.
GAlerie des Femmes Fortes, \%. ivoll.
Gilbertí (Guillelmi) de mitndo nojlro Sublunari,
Philofiphianova, 4
Gouvernement du Duc d'Ossune, ir
Grotii Afologetkus , 1 z
Giotius du Droit de la Paix & de la Guerre , iz.
} voll.
H.
HEinfìi (Dan:) Conflitutionc Tragaii* , I z
Histoire des Variations des Egliícs Prote
stantes par Mr. de Meaux , 1 z
Histoire de la Paix de Nimegue.par St.Didier,! 1
du véritable Calvinisme , par Rocolles, 11.
du Schisme d'Angleterre par Sandcrus, 1 z
— del'EmpircparHeis, 11. $ voll.
— deTheodoseleGrand , n
du Pontificat: de St. Léon, iz
de la Ligue , par Maimbourg, iz
— de Louis
France,XII
par ,Mezeray,
par Varillas
fol., 11.
3 voll.
j voll.
des Guerre de Flandre, par Strada, fol.
z voll.
du Maréchal de Matignon , fol.
- de Guebriant , fol.
1- - de
de Hérodote
Thucydide, , fol.
fol.
— de Constantinople , traduit par Cousin ,
n. 10 voll.
--- del'Egliíe, 11. 6 voll.
-•- Romaine, 11. z voll.
— Métallique de la Hollande, fol.fig.
JEudepicquet, iz
imitation de J. Christ , Livre premier , en vers,
ii
Introductionà laLangue François , S
K.
InfihottiPoëmata, 8
JCirehere dcla Chjae,sol.fig: Lettre
CATALOGUE.
L.
LEttredeBomgars , iz
— d'un Philosophe fur Ic secret du grand
œuvre, 11 -fe
M.
MtJcUarvellì (Nicol:) Historia Tlorentmd , iz
Magnent (Joh: Chrysolt:) de Marna , 1 z
MaimbourgHistrdelaLìgue, iz
— Pontificat de St. Léon , u
Mancini Enchiridio*Aulicorum , 1 z
Marca (Pétri) Ofufcula, u
Mémoires
deCheverny,
de Madame ìz. la 1Guette
voll. , it
du Duc d'Orléans , iz
— fur la Guerre de Transilvanie , 11
Curieux íur le Combat des Taureaux > 11
Mémorial Historique de ce qui s'est passé à Ro
me depuis 1647. touchant les cinq pro
positions, n
Mercure au Gibet , iz
Mirrucius Félix , par d'Ablancourt , 1 a,
Minorité' de St. Louis , 1 z
Molina Elementa Logica , S
Morale de Tacite, par Amelotte de Hoassaye, 1 »
Moeurs des Israélites , 11
des Clirestkns , 1 z
MuleriTabuUFripca, 4 V
--- Luna Solaris, 8
:-r Institut. astronomieet, S
N.
"^T Egotiations de la Paix & de l'Armistice ,
' touchant les Couronnes du Nord , ìz
NieuhofiLegatio China , fokfig.
Ncmenclatur íat: Bel: 8
Nouveau Testament de Mons Lat: En 1 1. 1 voll.
idem ,14. z. voll.
Nouvelle Manière de Fortifier les Places, 1 z . fig.
CATALOGUE.
O.
O Des de Horace, it
Odyiïée de Homère, Il
Office dfl'Eglisc , Lat: Franc: it
Olay Hist: Suecorum , 8
Oeuvres de Hauteroche, n
... de Bouillon, iî,
.-- méfiée» de Mr. de St. Real, it
--- de Voiture, n. Paris, ivoll.
de Tacite d'Ablancourt , 4
Ouvrages des Sçavans de Leipsigh, it. tioìi.
P.
P Amasse reforme' , . x 1
Pâtissier François , it
Parnaíle Pille' ou le Poëte satire', 1*
Pascbalide Legatis, 11
FershyvitzFamiliieCa/arie, it
Pharmacopaa. Hagienfis , quarto
Pdevicina Ï^Ânm4 , 1 1
--. Dtvortio Céleste , 1 1
Palevícina opère [celte , 1 1
Pontificat de St. Léon , 11
Pontant Poémata , 11
Politesse de la langue Françoise , 11
Prières de divers Autheurs Lat:Franc, iï.
Protestant Pacifique , 11
Procès de Fouquet , 11. 15V0II.
Préjugez légitime contre les Calvinistes, 1 2.
Q:
OUatre Dialogues fur l'immortalité de l'A-
me, fur l'Existenecde Dieu fur la Provi
dence , & fur la religion , 1 % «s
R.
RAfibus ou le Procès fait à la Barbe des Ca
pucins ,11
Rappel des Jëïuites en France, it
Recueil de quelque pieces touchant les maisons "
de Brandebourg, SíLunebourg , 1%
- - - de quelque piece curieuse , la
' ejes
CATALOGUE. .
desPieces servant à l'histoire de Henry III.
en quarto
Reflexions fur la miséricorde de Dieu par Mada
me la Vahere, ix "
Relation
de cedequis
la Conduite
estpaslé dans
de lalaCour
Frifqucmore,
de France, ix
ix
— d'un
del'Etabliflémentde
voyage en Angleterre
la Compagnie
par Sorbierre,
Fran1x
çoise aux Indes Orientales , 1 x ,
-, des trois Arqibaflades de Calisle, ix
--- des guerre des Hollandois contre le Roy de
Macaster, n
Religion de Médecin , II
Hsvi Suares refurgatus , quarto
Retorique Françoise de Barri, ix
Remarque de Gremonville, ix
au Calvinisme , deMainbourg» n
Rome Ridicule Italj: Franc. , ix •
Reponce au Livre de Mr. de Meaux intitulé Con
férence avec Mr. Claude , 8
S.
| íAvilius in Tacitum , 1 x
Sî'La sauce au Verjus, ix
Science naturelle dégagée des Chicanes de l*Eco-
1c ; II
Science Militaire , Il
Sentence des Martyrs , g
Sentimens du monde & de l'Eternité avec Ic
Chrestien désabusé du monde , ix
- - - d'Erasme de Rotterdam conforme à cetu de
l'Eglise Catholique, ix
SyndicatodityílleJfiHdro, 7. 1*
T.
TtAmerhmis Hijioria Arabie* , y«*rtó
Tableau Généalogique de la .Maison Roya
le de France, ix x
' Théâtre du Monde ou Géographie Françoise, £4
Thibault Académie de l'tpée r fol. fig.
Traitté de la Ccur ou instruction des Courtisans
.par
CATALOGUE,
par Refuge , ii
Traitté de la Souveraineté ,
-r- daC . du Thé ,& du Chocolate , u
Traduúions de U Bible par Me/Jìenrs
de Port &ajali
Genèse , i j,. 1 vol. .
Exode & Lévitique , tu ifolî
Nombres » ,irí . *
Deuteronoraè, ií..
Josué ..Juges , & Ruth , l'i
Deux premier Livre des-Rois, n
Deux dernier Livre des Rois, n.
Job, U ,. M: .
Píeaumcs , ri
Proverbe , fi
L'Ecclesia{re de Salomon, ix * o)
Tòbi<- ; Judith , & Esther , 1 1
L'Ecclesiailique » n ...
Isaïe, 12,
Douze petit Prophètes , u
Nouveau Testament de Mons, il 1. vol.
Tradition de l'Eglise Romaine, n. ivol.
VAriIJas Annecdote de Florence, n
--- Hist: de Louis XII. n. 3 vol.
— Minorité de St. Louis , avec l 'Histoire de
Louis XI. & de Henry II. 11
.Ville de Venise par St. Didier , 1 2,
Vie de la Reyue de France, ix* .*■
--- du p: Pàul, 11
de César de Borgia, 11
Virvilius Maronis ,14 • ' ~'
Visions de Oueyedo ,
Voyage de la Reyne d'Espagne , ri
-• - de Constantinople p%r Grelot , ix
n-, de Candie , j 1
F I N.

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