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Séance 1 : le rôle du poète

Jamais jamais je ne pourrai dormir tranquille


aussi longtemps que d'autres n'auront pas le sommeil et l'abri
ni jamais vivre de bon cœur tant qu'il faudra que d'autres
meurent qui ne savent pas pourquoi
J'ai mal au cœur mal à la terre mal au présent
Le poète n'est pas celui qui dit Je n'y suis pour personne
Le poète dit J'y suis pour tout le monde
Ne frappez pas avant d'entrer
Vous êtes déjà là
Qui vous frappe me frappe
J'en vois de toutes les couleurs
J'y suis pour tout le monde

Pour ceux qui meurent parce que les juifs il faut les tuer
pour ceux qui meurent parce que les jaunes cette race-là c'est fait pour
être exterminé
pour ceux qui saignent parce que ces gens-là ça ne comprend que la trique
pour ceux qui triment parce que les pauvres c'est fait pour travailler
pour ceux qui pleurent parce que s'ils ont des yeux eh bien c'est pour pleurer
pour ceux qui meurent parce que les rouges ne sont pas de bons Français
pour ceux qui paient les pots cassés du Profit et du mépris des hommes

DépêcheAFPdeSaïgonDenotrecorrespondantparticuliersurleFrontdeCoréel’AgenceReuter
mandedeMalaisieLeQuartierGénéraldesForcesArméescommuniqueLeTribunalMilitairesiégant
àhuisclosDenotreenvoyéspécialàAthènesLesmilieuxbieninformésdeMadrid

Mon amour ma clarté ma mouette mon long cours


Depuis dix ans je t’aime et par toi recommence
Me change et me défais et me libère
Mon amour mon pensif et mon rieur ombrage
En t’aimant j’ouvre grand les portes de la vie
Et parce que je t’aime je dis

Il ne s’agit plus de comprendre le monde


Il faut le transformer

Je te tiens par la main


La main de tous les hommes.

Claude Roy "Les Circonstances", Poésies, Gallimard, 1970


Que remarques-tu de particulier dans la disposition et l'écriture de ce texte de Claude Roy ?
Ce texte, présenté en deux paragraphes, n’est muni d’aucun signe de ponctuation : seules quelques
majuscules donnent un rythme. Il est écrit à la première personne dans une forme de présent de vérité
générale qui détermine de manière universelle les missions du poète.
De quel genre littéraire rapprocherais-tu alors ce texte ?
C’est bien un texte poétique même s’il ne présente aucune des contraintes traditionnelles du genre : pas
de rimes, pas de longueur fixe des vers ou des strophes ; c’est un poème en vers libres.
Contre quoi le poète se révolte-t-il ?
Le poète se révolte contre les injustices (pauvreté, guerre…) et les discriminations (raciales, politiques,
religieuses…). Il condamne aussi la passivité de certains poètes qui n’y sont pour « personne ».
Selon Claude Roy, quel est le rôle du poète ? Quelles sont alors ses obligations ?
Le poète est un porte-parole pour ceux qui souffrent (« j’y suis pour tout le monde ») mais ce rôle
l’oblige à ne pas fermer les yeux devant les misères du monde.
Relève l'anaphore de la deuxième strophe ?
« pour ceux qui… » est une anaphore.
Une anaphore est la répétition systématique d'un mot ou d'une expression en début de phrase ou de
vers.
À quel champ lexical appartiennent les verbes que cette répétition introduit ?
Ce sont des verbes qui appartiennent au champ lexical du malheur (mourir, pleurer, trimer, saigner…)
associée à la douleur.
Que condamne le poète dans la deuxième strophe ?
Dans cette strophe sont condamnés les préjugés.
« Le temps est venu où tous les poètes ont le droit et le devoir de soutenir qu’ils sont profondément
enfoncés dans la vie des autres hommes, dans la vie commune. »
Éluard

Le rôle du poète: « Jamais jamais je ne pourrai… », Claude Roy ( Poésie 1970), Magnard 2003 page 270

1) Premières remarques sur le texte


Lecture silencieuse et prise de notes par les élèves de leurs remarques (ce qui ressort du poème, axes à
étudier) et des problèmes qu’ils rencontrent pendant un temps important (10 à 15 minutes). Toutes les
remarques des élèves sont ensuite notées au tableau et recopiées dans le cahier. Si les remarques sont
vraiment très proches, elles sont regroupées par le professeur.

Compte-rendu de la séance du 31 mars 2009

Ø 1. Le poème n’est pas logique : ce n’est pas la même chose à chaque fois / Sujets différents / Lien pas
expliqué
Ø 2. Pourquoi y a-t-il une dépêche dans la poésie ? / Intérêt ?
Ø 3. Opposition entre ce qu’il y a avant la dépêche (guerre…) et ce qu’il y a après (amour) / Plusieurs thèmes :
fraternité puis amour / Pourquoi ce changement ? / Impression qu’il y a deux poèmes en un
Ø 4. Difficile à comprendre car :
v le texte est « philosophique » (réflexion sur des idées)
v le vocabulaire est soutenu
v des tournures de phrases sont inhabituelles
Ø 5. Pourquoi deux strophes sont-elles en italique ?
Ø 6. Présence d’indignation au début / Enumération d’injustices
Ø 7. Vers de longueurs différentes, pas de rimes / Strophes inégales : pourquoi ?
Ø 8. Aucune ponctuation sauf à la fin, pourtant présence de majuscules en milieu de vers (v.6-7, 20-23 ; cas
du vers 19)
Ø 9. Sens de « mal à la terre » (vers 5) ?
Ø 10. Présent dans les italiques, autres temps ailleurs

Travail à la maison : vérifier la validité des remarques et répondre aux questions posées

2) La construction du poème
v Suite à la remarque 1 : donner les thèmes de chaque strophe
§ 1 : engagement de « je », souffre des souffrances des autres, fraternité
§ 2 : exemples de ceux qui souffrent, d’injustices, de violences (lien : souffrance des autres)
§ 3 : dépêches sur le thème de la guerre (lien : violence)
§ 4 : amour (rupture)
§ 5 : vision du monde
§ 6 : fraternité (retour au thème de départ)

>> Le lien existe en fait entre les trois premières strophes (thème). Rupture après la dépêche.

v Remarque 3 confirmée. Pourquoi cette rupture ?


Chercher des différences autres que le thème entre les 1 à 19 et les vers 24 à 33.
Enonciation (cf question1 p.272) :
A la 1re strophe « je » s’exprime en tant que poète (cf reprise au vers 12 du vers 7 : « je » reprend à son
compte ce que dit le poète, « je » est poète) et s’adresse à « vous » (vers 9-10) désignant les « autres »
évoqués plus haut et qui souffrent.
A la 4e strophe « je » s’exprime en tant qu’amant et s’adresse à la personne aimée (« mon amour » v.24 et 27,
« toi » v.25, « t’ » v.25, 28, 29). Cette partie est lyrique. Accumulation d’adjectifs possessifs puis de pronoms
réfléchis de la 1re personne.

Dans les dernières strophes, chercher un lien entre le « je » poète se rapprochant de ceux qui souffrent et le
« je » amant. (question 7 p.272)
Ce lien est fait aux vers 28-29 : « en t’aimant j’ouvre grand les portes de la vie / et parce que je t’aime je dis
». Par l’amour, le poète est en perpétuel devenir (vers 25-26). L’amour est source de liberté, donc d’ouverture
au monde et aux autres. Il pousse le poète à l’action et non plus à la contemplation (vers 30-31).

v Remarque 2 : la dépêche. Se demander d’abord de quoi elle parle. (q° 5 p.272)


Difficile à comprendre car fragments, dépêches incomplètes, tronquées, débuts de communiqués seulement
(d’où majuscules cf remarque 8) sans ponctuation ; effet : toutes liées, évoque la suite ininterrompue des
événements dramatiques dans le monde.
Champ lexical guerre : front, Quartier Général, Forces Armées, Militaire. Evocation de : guerres coloniales en
Asie, régime des généraux en Grèce, régime franquiste en Espagne.

Explications historiques.
Ø Franco (1892-1975), général espagnol à la tête du soulèvement nationaliste de 1936. Nommé chef du
gouvernement national, il dirige la conduite de la guerre (guerre civile 1936-39 ; dictature militaire ; non
intervention de Londres et Paris) avec le concours de l’Allemagne hitlérienne et de l’Italie fasciste. Dote
l’Espagne d’un régime catholique autoritaire, étouffe toute velléité d’opposition. Reste neutre pendant la 2 nde
guerre mondiale. En 1947 rétablit la monarchie et s’institue régent à vie.

Ø Grèce : crise politique aboutissant à une dictature en 1936, imposée par le général Metaxas en accord avec
le roi Georges II. Pendant 2nde GM, farouche résistance aux forces italiennes puis allemandes. Occupation
allemande, italienne et bulgare. Famine.

Intérêt de cette dépêche ?


Lien avec le thème précédent (violence, morts injustes).
Montrer la réalité, ancrer le poème dans l’actualité.

v Remarque 5 : les italiques. Se demander à quoi ils servent d’habitude.


Servent : à citer (paroles rapportées dans les journaux…) ; à différencier (chapeau / texte) ; à mettre en
valeur (parfois comme entre guillemets). Tout changement de typographie attire l’œil.

>> La 3e strophe est en italique car elle regroupe des citations (dépêches) : il s’agit de montrer la différence
avec le reste du texte.
>> Quant aux vers 30-31, les italiques permettent d’attirer l’attention sur eux : ils sont importants. Ils ont
d’ailleurs été isolés et forment la 5e strophe.

3) Exprimer son indignation et son engagement


v Remarque 4 : difficulté des idées et des mots. A vérifier.
Le poème exprime des idées, surtout aux strophes 1 et 2, mais les mots ne sont pas abstraits (sauf le « Profit
» v.19 et « les rouges » v.18), ce n’est pas un texte « philosophique ».
On trouve quelques mots soutenus (« Profit » v.19 ?, « mande » v.21, « à huis clos » v.22, « accrois » v.26, «
ombrage » v.28) mais la plupart du vocabulaire est simple, courant (voire familier : « triment » v.16).

Des tournures inhabituelles : des tournures poétiques


Vers 5 « J’ai mal au cœur mal à la terre mal au présent » : métaphores ; cf remarque 9 : image construite sur
« avoir mal au cœur » ; la Terre (et ce qui s’y passe) le fait souffrir ; le « présent » aussi (l’actualité, cf
dépêches). + rythme ternaire, répétition insistante.
Vers 7 : « J’y suis pour tout le monde » : détourne l’expression n’y être pour personne v.6
Vers 10 // proverbe (Qui…)
Vers 11 « J’en vois de toutes les couleurs » : sens détourné cf 2 e strophe racisme
Vers 19 expression « payer les pots cassés » complétée
Vers 24 « ma clarté ma mouette mon long cours » : métaphores, images valorisantes de l’amour(euse), images
d’évasion.
Vers 26 « me change et me défais m’accrois et me libère » : succession de verbes pronominaux (ellipse du
sujet exprimé vers 25) coordonnés ou juxtaposés

>>Le poète utilise un langage souvent simple mais a recours à des images poétiques, joue parfois sur des
expressions figées qu’il détourne.

v Remarque 6 : l’indignation
A propos de quoi s’indigne le poète ?
Vers 2 personnes sans sommeil, sans abri
Vers 4 personnes qui meurent sans raison
Vers 5 la terre, le présent
Vers 10 ceux qui sont frappés
Vers 13 à 19 énumération d’injustices : racisme (v.13-14), violence générale (v.15, 17), exploitation (v.16, 19),
rejet d’opinions politiques différentes (v.18). Il s’agit d’extrêmismes menant à la violence et même à la mort.

Comment montre-t-il son indignation ?


Antithèses §1 : refus de se désintéresser du sort des autres. Opposition je / d’autres ; dormir tranquille /
pas le sommeil et l’abri ; vivre / meurent. + insistance 1 ers mots « Jamais jamais ».
·
Anaphore « pour ceux qui » et parallélisme de la construction des propositions (« … parce que… »).
Enumération (s’accumulent). Impression : insistance sur le nombre et la variété des préjugés à dénoncer. Le
poète est solidaire de ceux qui souffrent (comme l’indiquaient le vers 10 « Qui vous frappe me frappe » et la
référence à « toutes les couleurs » v.11, q° 3 p.272).
·
(question 4 p.272) Fait entendre les préjugés, reprend les propos des extrêmistes (but : choquer). Remarquer
le démonstratif « c’ », « ça » pour désigner des hommes v.14-16 (mépris qui n’est pas celui du poète). Style
parlé, impression de citation (cf « eh bien », reprises de GN immédiatement par pronoms comme dans langue
orale). Majuscule à Profit : importance donnée par d’autres, ironie peut-être ou pour montrer caractère
menaçant.

v Remarque 7 : pourquoi ce choix ? (question 10 p.272)


La forme libre choisie par le poète permet de suivre les associations d’idées, les étapes de la pensée, donne
plus de liberté à l’expression des idées (cf absence apparente de liens au premier abord, remarques 1 et 3).
La citation des dépêches n’aurait pas été possible dans une forme classique. La variété des strophes laisse
l’esprit du lecteur en alerte, il n’y a pas de routine, pas de « ronronnement » des rimes et du rythme.

v Remarque 8 : pas de ponctuation


Forme libre et héritage d’Apollinaire. Fluidité. Jouer sur la continuité pour provoquer des effets (cf §3
dépêches), laisser libre cours aux mots et aux idées. Vers 6-7 : ne pas surcharger de guillemets et de
points, le rythme aurait été hâché (au moins visuellement).

v Remarque 10 : les temps des verbes


Trois verbes §1 au futur, tous les autres au présent (de l’impératif vers 8, de l’indicatif ailleurs). Valeurs :
énonciation, actualité sauf vers 6-7, 13-19 (préjugés : « parce que… ») : vérité générale et vers 25-28
habitude (« depuis dix ans »). Poème ancré dans le présent.

>> L’expression d’un engagement, la conception du rôle que le poète doit jouer :
Dès le début, dont vers 6-7 parallélisme, insistance « Le poète n’est pas celui qui dit Je n’y suis pour
personne / Le poète dit J’y suis pour tout le monde » (et vers 12 : « J’y suis pour tout le monde »)
A la fin vers 32-33 image de solidarité, de fraternité (union) : une chaîne humaine (cf enchaînement aussi
avec reprise de « la main »). « le » = le monde. L’amour d’un être humain ouvre à l’amour des autres hommes.
(question 8 p.272)
Nom et prénom : ................................................................ 3 ème.........

Travail d'écriture :
Poursuis l'inventaire de Claude Roy...

J'ai mal au cœur mal à la terre mal au présent


J'en vois de toutes les couleurs
J'y suis pour tout le monde

Pour ceux qui ____________________________________________________

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