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I – Historique.
Les relations Etat / Marché ont connu une évolution importante avec plusieurs types de couples. Par
exemple on a repéré au XVIIème siècle des mécanismes juridiques appliqués à l’économie que l’on
a dénommé le « colbertisme ». La particularité du colbertisme est le développement de certaines
productions dans le cadre d’une ébauche de politiques économiques mais dont le but est surtout
d’assurer la puissance de l’Etat. Dans cette relation l’Etat intervient peu et quand il le fait c’est
essentiellement dans sa fonction de police, accessoirement dans la fonction de la monnaie. La période
de l’AR, déjà, connaissait une forte production règlementaire qui avait pour but de régulariser la
production. Il s’agissait de contrôler les activités. A la fin du XVIIIème la tradition
d’interventionnisme va se doubler d’une poussée de libéralisme. L’interventionnisme économique
doit tenir compte de plusieurs facteurs. La Loi le Chapelier des 14 et 17 juin 1791 supprimait les
corporations. La conséquence est la suppression des intermédiaires qui contribuaient à la régulation
économique. En particulier avec la limite que les corporations apportaient aux métiers. A la fin du
XVIIIème siècle les opérateurs sont directement au contact des autorités publiques. Ensuite le décret
d’Allarde des 2 et 17 mars 1791 reconnaît une liberté économique assurée aux opérateurs dans le
cadre d’une règlementation. En 1776 était publié l’ouvrage d’Adam Smith « Recherche sur la nature
et les causes de la richesse des Nations ». Il y a à la fois dérégulation et augmentation de la
règlementation. Les autorités publiques voient leur rôle évoluer mais toujours dans le cadre d’un
objectif de maintien du bon ordre économique par une mission de service public. A la suite de la
seconde guerre mondiale on assiste à un tournant vers l’interventionnisme. Cet interventionnisme
coïncide avec l’application des théories libérales. Mais les crises permettent des politiques
d’intervention économique telles que les prônent Keynes. Une police des prix a été instaurée qui a
duré jusqu’en 1986. On constate aussi une forte augmentation des institutions à caractère
économique (offices de gestion des stocks agricoles). C’est la période où s’impose le modèle des
agences américaines avec les AAI. Un vaste secteur public est constitué avec des entreprises publiques
qui comportent un capital qui est totalement, majoritairement ou partiellement public. Ce secteur
public est issu de trois vagues de nationalisation : 1936, l’après-guerre avec des nationalisations
sanction, 1982 où seront particulièrement concernés les secteurs bancaires et de l’assurance. Dans les
années 1980 s’impose une synthèse du néolibéralisme et de l’interventionnisme. Cette synthèse
provient d’abord de l’alternance politique. Influe aussi dans le sens de cette synthèse le caractère
libéral de la pression communautaire. Des privatisations ont lieu occasionnellement (Jospin). La
nouveauté est que l’opérateur public n’est plus considéré comme ayant une place secondaire par
rapport à un secteur privé qui présenterait une carence. Le changement apparaît dans la décision du
Conseil d'Etat CE, 2006, Ordre des avocats du barreau de Paris. Désormais la politique publique
économique est complémentaire et uniquement justifiée par un intérêt public.
I - Le principe d’égalité.
Il s’agit d’un principe clairement affirmé par le droit français. Pour le Conseil constitutionnel le
principe constitutionnel d’égalité devant la loi inclut d’autres aspects comme par exemple l’égal accès
aux services publics et l’égalité devant les charges publiques. Pour le Conseil d'Etat le principe
d’égalité est un PGD dont le respect d’impose à l’autorité administrative (CE, 1951, Société des
concerts du conservatoire). La portée de ce principe général du droit est cependant relative car
l’égalité ne s’applique qu’en l’absence de situations différentes et sous réserve de discriminations qui
répondraient à l’intérêt général.
A / Le principe de non-rétroactivité.
C’est l’idée qu’une règlementation nouvelle ne peut pas déployer ses effets juridiques dans le passé.
Malgré son importance en matière de protection des situations juridiques, ce principe n’est reconnu
constitutionnellement que dans le domaine répressif. En dehors de ce domaine la non-rétroactivité ne
s’impose à l’autorité administrative qu’en tant que PGD (CE, 1948, Société du journal l’Aurore).
Des exceptions existent que l’on peut regrouper en deux catégories : les exceptions par volonté
législative (CE, 1998, Entreprise Chagnaud) et les exceptions prétoriennes notamment lorsque la
rétroactivité est nécessaire à l’action de l’administration (CE, 1951, Syndicat général des planteurs
de canne à sucre). En général dans la pratique du droit de l’économie les atteintes au principe de
non-rétroactivité sont peu nombreuses.
II – La valeur.
Consacrée par DC, 1982, lois de nationalisation le législateur peut restreindre de façon importante
cette liberté mais elle s’impose tout de même. La liberté d’entreprendre trouve son fondement dans
l’article 4 de la DDHC lequel ne cite que la liberté en général mais que l’on combine avec l’article 17
qui consacre la protection du droit de propriété. Sa portée n’est pas absolue, elle ne s’exprime que
dans le cadre d’une règlementation issue de la loi (DC, 22 juillet 1982). Seules sont interdites les
« restrictions arbitraires ou abusives ». Ultérieurement le Conseil constitutionnel va préciser que la
liberté d’entreprendre n’est « ni générale ni absolue » (DC, 20 janvier 1993). Le Conseil
constitutionnel a jugé un temps que la liberté d’entreprendre ne peut exister « que dans le cadre d’une
règlementation instituée par la loi ». Cependant cette formulé semble abandonnée par la
jurisprudence récente qui traduit un renforcement de la protection constitutionnelle de la liberté
d’entreprendre. Ceci est confirmé par la décision du Conseil constitutionnel DC, 27 juillet 2000 qui
concerne la loi sur la liberté de communication. Dans cette décision le Conseil constitutionnel fait
référence à l’idée d’IG ou encore d’OVC. Le législateur conserve la possibilité de concilier la liberté
d’entreprendre avec des objectifs à valeur constitutionnelle : c’est le cas par exemple de la sauvegarde
de l’ordre public, du respect de la liberté d’autrui, de la préservation du caractère pluraliste des
courants d’expression socio-culturelle ainsi que de la protection de la santé publique. La liberté
d’entreprendre doit être rapprochée de la liberté du commerce et de l’industrie consacrée par le
Conseil d'Etat. On peut y voir la consécration d’une même liberté à des niveaux différents. Le Conseil
constitutionnel ne se réfère pas à la liberté du commerce et de l’industrie. Mais celle-ci n’existe pas
en plus de la liberté d’entreprendre. Il n’est pas certain non plus que la liberté d’entreprendre englobe
la liberté de concurrence qui est généralement présentée comme étant le corollaire de la liberté du
commerce et de l’industrie.
Section 3 : Le problème de la place de la liberté du commerce
et de l’industrie.
C’est cette liberté qui détermine les limites générales de l’intervention publique dans l’Economie.
Cette détermination est très liée à la jurisprudence du Conseil d'Etat Ville de Nevers. Mais on trouve
des analyses divergentes. On voit bien que cette liberté se prolonge dans le domaine économique mais
pour certains l’analyse doit se faire à deux niveaux : sur le plan du contenu les deux notions ne se
recouvreraient pas, la liberté du commerce et de l’industrie par rapport à la liberté d’entreprendre
aurait plutôt un contenu professionnel (elle serait marquée par une police sur les activités, sur les
professions. Elle touche par exemple le choix de l’activité professionnelle, l’établissement de
l’activité, son mode d’exercice, l’éthique CE, 1998, Association des pêcheurs au filet).
I – Le régime historique.
Le principe de la liberté du commerce et de l’industrie est considéré comme consacré par le décret
d’Allarde dont l’article 7 prévoit la « liberté d’établir les professions ». C’est la fin des corporations.
La juridiction administrative va plus tard reprendre la reconnaissance de cette liberté dans deux arrêts
du même jour : CE, 1951, Daudignac dans lequel le Conseil d'Etat prévoit qu’en l’absence de loi il
est illégal d’instaurer un régime d’autorisation préalable pour exercer une profession et CE, 1951,
Fédération nationale des photographes filmeurs. Par ailleurs le législateur se réfère expressément
à la liberté du commerce et de l’industrie. Dans la loi du 2 mars 1982 il est écrit que les communes
ne peuvent intervenir en matière économique que « sous réserve du respect de la liberté du
commerce ».
II – La valeur juridique.
Le Conseil d'Etat qualifie la LCI comme « liberté publique » (CE, 1960, Martial de Laboulaye).
Conformément à l’article 34 de la Constitution seul le législateur est compétent pour porter atteinte
aux garanties fondamentales accordées aux citoyens. Plus largement le Conseil d'Etat invoque aussi
le principe de liberté du commerce. De ce fait la liberté du commerce et de l’industrie est un principe
qui a une valeur législative ou du moins supradécrétale. Elle ne paraît pas devoir acquérir sous cette
terminologie une valeur constitutionnelle dans la mesure où le Conseil constitutionnel lui se réfère
à la liberté d’entreprendre.
III – Le contenu.
L’expression liberté du commerce et de l’industrie a un contenu polysémique. Ceci entraîne trois
séries de conséquences :
La liberté d’exercer des activités économiques privées : est une liberté en principe privée de se
livrer à toute activité commerciale et même à toute activité économique. Longtemps seules les
personnes privées ont eu cette liberté. Pour le Conseil d'Etat même les termes du décret d’Allarde
ne justifie pas une reconnaissance de la même possibilité pour les personnes publiques. Cela
signifiait que les autorités administratives ne pouvaient imposer à l’accès et à l’exercice des
activités économiques d’autres contraintes que celles qui résultent de la loi de protection de l’ordre
public. La police des activités économiques relève de régimes qui doivent trouver leur fondement
dans la loi. Sans habilitation législative pas de restriction. Hors habilitation législative l’autorité
administrative ne peut agir que dans le cadre de la police générale c'est-à-dire avec pour but la
protection de l’ordre public.
La liberté de concurrencer des activités économiques privées et pas seulement des activités
dépendant de la liberté du commerce et de l’industrie a comme conséquence que les autorités
administratives ne doivent pas fausser le marché. Ainsi une commune ne peut pas accorder sa
garantie d’emprunt à une entreprise même si celle-ci à la forme d’une SEML. Longtemps les
activités économiques publiques ne pouvaient pas concurrencer les activités privées mais en fait
la formulation rigoureuse faisant référence à des « circonstances particulières » était appliquée de
manière souple. Des deux conditions (carence de l’initiative privée et lien avec l’IG) c’est la
deuxième qui l’a emporté. De ce fait il y a un rapprochement de plus en plus important entre
certaines matières reconnues d’IG (logement social, l’hygiène publique…). La liberté du
commerce et de l’industrie est expressément qualifiée de PGD dans CE, 2003, Fédération
nationale des géomètres experts. C’est une liberté publique au sens de l’article 34 de la
Constitution. Seul le législateur est compétent pour instituer un monopole, un régime
d’autorisation préalable ou pour fixer le principe d’une règlementation. Cette liberté du commerce
et de l’industrie ne se limite pas à sa dénomination, elle s’étend à tout type d’activités
économiques.
Le principe de libre concurrence entre personnes publiques et personnes privées est explicité par
la jurisprudence CE, 1997, Million et Marais selon laquelle le droit de la concurrence est
directement opposable aux actes administratifs. Le principe est imposé dans l’avis CE, 2000,
Société Jean-Louis Bernard consultant et les personnes publiques entrent dans le marché avec
la décision CE, 2000, Compagnie méditerranéenne d’exploitation des services d’eau.
Le Conseil constitutionnel dans sa décision du 21 juillet 1994 s’est dit protéger « les droits réels
sur le domaine public ».
Il protège la propriété publique dans sa décision DC, 1991, Lutte contre le tabagisme et
l’alcoolisme. Il protège ainsi une propriété étendue à des aspects nouveaux. Ainsi c’est « le droit
pour le propriétaire d’une marque de fabrique, de commerce ou de science d’utiliser celle-ci et
de la protéger dans le cadre défini par la loi et par les engagements internationaux de la France ».
Le Conseil constitutionnel admet des restrictions à la propriété à condition qu’elles ne soient pas
disproportionnées (DC, 7 décembre 2000, Loi SRU). Les restrictions apportées au droit de
propriété ne peuvent être justifiées que par des raisons d’IG. Ainsi dans sa décision DC, 20 juillet
2000 sur la loi relative à la chasse : « l’interdiction de chasse un jour par semaine ne porte pas au
DP une atteinte exagérée mais une telle interdiction doit être justifiée par un motif d’IG ». Le
Conseil constitutionnel et également la CEDH distinguent bien les cas de dépossession générale
qui privent de la propriété (comme les nationalisations) et les cas de simple restriction ou limitation
de la propriété. Mais parfois les restrictions partielles peuvent atteindre un tel niveau. Dans sa
décision DC, 9 avril 1996, Statut de la Polynésie Française il assimile une dénaturation du DP
à une privation de ce droit en s’appuyant sur l’article 17 de la DDHC. Donc le Conseil
constitutionnel s’engage dans la protection « des droits du propriétaire » et pas seulement du droit
de propriété.
III – Portée.
A / Nationalisations.
Celles-ci sont fondées juridiquement sur l’alinéa 9 du Préambule de 1946. L’article 34 de la
Constitution fait du législateur l’autorité compétente pour fixer les règles les concernant. La définition
du Conseil constitutionnel est contenue dans la décision DC, 1984, Etablissements de crédit : « la
nationalisation au sens de l’article 34 de la Constitution implique que le transfert de propriété d’une
entreprise résulte d’une décision de la puissance publique à laquelle le ou les propriétaires sont
obligés de se plier. La prise de participation dans le capital d’entreprises ne saurait, en raison du
caractère contractuel de l’opération, constituer une opération de nationalisation ». Les
nationalisations vont souvent dans le sens d’une politique économique. Dans sa décision du 16
janvier 1982, Lois de nationalisation le Conseil constitutionnel a commencé par admettre que les
nationalisations elles aussi relevaient de la privation de liberté au sens de l’article 17 de la DDHC. Le
législateur fonde les nationalisations sur une idée de nécessité publique qui serait liée par exemple à
la lutte contre le chômage, aux efforts en faveur de la croissance et face à lui le juge opère un contrôle
sur le caractère juste et nécessaire de l’opération ; c’est ainsi que les motifs ayant mené à la
nationalisation ne doivent pas faire preuve d’erreur manifeste d’appréciation. Ni la Constitution ni le
Conseil constitutionnel ne fixent jamais les parts respectives secteur public / secteur privé dans une
branche. Le Conseil constitutionnel ne précise pas la manière dont il apprécierait la Constitution.
Ainsi en 1982 plus de 80% de la branche nationalisée des secteurs bancaires et des assurances sont
tombés dans le secteur public. Le Conseil constitutionnel n’en n’a pas pour autant considéré qu’il ne
restait plus de secteur privé ouvert à la liberté d’entreprendre ; il y a des auteurs qui ont parlé d’un
« secteur privé constitutionnel minimum ».
B / Les nationalisations et la portée juridique de l’alinéa 9 du Préambule de
1946.
L’alinéa 9 est le fondement juridique des nationalisations. Le Conseil constitutionnel applique ce texte
pour légitimer l’intervention économique de l’Etat dans plusieurs de ses décisions (par exemple la
décision sur le programme de privatisation de TF1 en 1986 ou la transformation d’EDG/GDF en SA
en 2004…). Mais d’autres décisions ne se rapportent pas à cet alinéa. Ainsi le Conseil constitutionnel
dans sa décision DC, 2003, Loi relative à l’archéologie préventive il précise : « l’existence d’un
service public national remis à un EPA ne revient pas à lui confier un monopole qui reviendrait à
interdire à des entreprises privées de venir le concurrencer dans ses activités ». D’ailleurs la loi peut
prévoir le recours à des personnes privées dès lors que cette intervention ne nuit pas à l’IG et que ce
recours est entouré de garanties. Ainsi pour la réalisation de fouilles archéologiques préventives
prescrites par la loi, la personne qui projette de faire des travaux peut faire appel soit à l’établissement
public en charge de cette mission soit à d’autres administrations soit enfin à des organismes privés
associés au SP. Quant à l’enseignement privé : l’interprétation générale rend compatible les
dispositions de l’alinéa 9 et une interprétation par le Conseil constitutionnel de l’alinéa 13 du
préambule de 1946 qui prévoit que « l’organisation de l’enseignement public gratuit et laïc est un
devoir de l’Etat ». On peut en déduire qu’organiser un enseignement public et laïc représente un SP
constitutionnel mais ne permet pas d’associer les établissements d’enseignement privé au secteur
public.
« Les biens et entreprises ayant le caractère de monopole de fait doivent devenir la propriété de
la collectivité ». Dans cette situation le Conseil constitutionnel a plus ou moins utilisé un
raisonnement économique. Le Conseil d'Etat quant à lui a une analyse différente. Dans l’avis qu’il
rend le 11 mai 2006 sur les privatisations dans le secteur du gaz GDF n’est pas considéré être dans
une situation monopolistique car d’après le Conseil d'Etat le marché qu’il faut considérer n’est pas
celui de la fourniture du gaz mais celui de la fourniture de l’énergie en général. Cela permet au
Conseil d'Etat de dire qu’il n’y a pas de monopole de fait au sens du Préambule.
« Tout bien toute entreprise dont l’exploitation a ou acquiert le caractère d’un service public
national doit devenir la propriété de la collectivité ». Mais il n’existe pas de SP par nature, de
définition objective du SP. Le SP c’est l’activité érigée comme telle par le Parlement. Quand le
Parlement a créé de telle manière un SP il peut tout aussi bien le supprimer. C’est l’analyse suivie
par le Conseil constitutionnel et une fois défendus ces caractères l’alinéa 9 n’a plus à jouer. Ainsi
dans les affaires où il intervient le Conseil constitutionnel a estimé que ne constitue pas des SP
constitutionnels les distributions du crédit, l’activité des exploitations des autoroutes, le service
public de distribution du gaz.
Chapitre 2 : La loi et le DPE.
Section 1 : La loi comme garantie des libertés.
I – La loi garante de la liberté du commerce et de l’industrie.
En se référant à la jurisprudence CE, 1960, Martial de Laboulaye et CE, 1991, Association fédérale
des consommateurs et société Tousalon on voit bien que le juge supprime les menaces
administratives qui pouvaient atteindre la liberté du C&I sans autorisation de la loi. Si le pouvoir
règlementaire crée un diplôme donnant accès à une profession cette profession va vouloir être réservée
aux seuls détenteurs de diplôme mais c’est à la loi d’imposer cette limitation. De nombreuses
limitations règlementaires venant limiter la liberté du C&I découlent de la loi. Ainsi dans le cadre des
POS le Code de l’urbanisme permettait de limiter la liberté du C&I pour certaines libertés. Mais il
était nécessaire qu’une loi soit intervenue et qu’elle prévoit explicitement, à la fois les applications et
à la fois les limitations qui seront apportées par la voie du règlement. Les limitations règlementaires
se font donc par habilitation législative. Autre possibilité : la compétence règlementaire détenue par
les autorités de police peut ainsi permettre des limitations, la loi peut définir des régimes juridiques
qui vont du moins sévère au plus contraignant. Peu contraignante est l’exigence d’une autorisation
pour les établissements classés (débits de boisson, ouverture d’un kiosque à journaux). Plus sévère
est l’exigence d’une autorisation préalable (il peut s’agir de licences professionnelles, de permis,
d’accords. Le plus souvent dans cette activité d’autorisation l’administration se trouve dans une
situation de compétence liée. L’agrément ensuite. L’interdiction (certains biens sont interdits). Il
arrive aussi que lorsque l’administration interdit une production elle le fait pour en favoriser un autre
(arrêt La fleurette qui interdit la production d’un substitut de produit laitier). La situation de
monopole ensuite, de moins en moins fréquente puisque démantelée petit à petit par le droit
communautaire (monopoles qui ont existé pour des raisons fiscales, administratives…).
I – La dérèglementation.
A / La notion.
Elle ne se situe pas exactement à l’inverse de la règlementation. La dérèglementation c’est plutôt
l’ensemble des mesures qui ont pour objectif de limiter le volume et l’importance des règlements. La
dérèglementation peut être quantitative ou qualitative. Quand elle est qualitative elle touche à la place
du droit et de l’Etat dans les relations économiques. Mais il peut arriver aussi qu’elle n’ait qu’un objet
économique en redonnant le soin de réguler aux agents économiques privés et dans ce cas la
dérèglementation n’implique pas la fin de la règlementation. La dérèglementation ne va pas non plus
nécessairement de pair avec la dérégulation. La dérèglementation peut œuvrer dans le but de clarifier
la règlementation. La dérèglementation n’a pas pour but la suppression ou l’affaiblissement du droit.
Dans ce positionnement de la dérèglementation par rapport à la règlementation on peut dire que la
dérèglementation recherche la promotion du droit, c’est un redéploiement de la règlementation.
C / Le contenu de la dérèglementation.
Elle a été accélérée sous l’effet de divers facteurs : l’intégration dans l’UE, la dérèglementation de
certains secteurs, la dérèglementation des prix (l’ordonnance de 1986). On constate qu’elle se réalise
en premier dans ceux des secteurs encadrés où il est possible de faire le plus de bénéfices. Ces secteurs
reviennent au privé et à la concurrence. Donc il existe en France un mouvement de balancier entre la
dérèglementation et la rerèglementation. La mise en place des AAI a accompagné la
dérèglementation. Celle-ci a entraîné un changement de nature de la règlementation et de la
régulation. La crise économique et financière mondiale a entraîné de la part des gouvernements des
réactions diverses et la France appartient aux pays qui ont choisi de réagir par la rerèglementation.
En matière bancaire la séparation des banques d’investissement et des banques de dépôt était
demandée lors de la campagne présidentielle de 2012 par le candidat Hollande. Cette exigence de
séparation n’est pas nouvelle. La banque traditionnelle d’affaires n’ayant pas eu assez de fond pour
financer la révolution industrielle, elle va développer les dépôts qui permettent de collecter l’épargne
dormante. C’est ainsi que se sont créées les banque de dépôt modernes. Dès le 19ème siècle, en 1882,
a lieu le premier krach boursier qui lie les deux types de banque : c’est une banque de dépôt qui a trop
prêté pour investir. Cette banque fait faillite. Cet épisode est raconté dans « l’argent » de Zola. C’est
à ce moment que le directeur du Crédit Lyonnais (H. Germain) rédige sa doctrine qui correspond
aux précautions qu’il avait lui-même prises pour sa banque et en particulier il exigeait le maintien
d’un « matelas » de fonds qui ne soit pas investi et qui puisse ainsi répondre à d’éventuels retraits
massifs. La doctrine Germain impose un cloisonnement entre banque de dépôt et d’investissement.
Jacques Delors supprime en 1984 la distinction banque de dépôt / banque d’investissement. Plus de
doctrine Germain. Les activités ne sont plus cloisonnées, les épargnants plus protégés. C’est une
législation dérégulatrice qui fait le lit de la crise des subprimes. La loi du 28 juillet 2013 est souple,
elle n’oblige pas à revenir à la distinction dépôt / investissement mais demande aux banques de créer
des filiales qui permettront de cloisonner activités de dépôt / activités d’investissement.
I – La libre circulation.
Elle concerne un marché intérieur incomplet avec quatre libertés : libre circulation des
marchandises, personnes, capitaux, services. En droit administratif l’effet le plus remarquable est
le devoir de reconnaissance d’actes administratifs étrangers qui découlent de la formation de ce
marché intérieur. En principe la légalité d’une activité économique dans l’un des EM entraînerait sa
légalité dans toute l’UE. C’est ainsi que se sont créés des actes administratifs dits « actes
administratifs transnationaux ». Le principe matériel qui se trouve derrière cette construction c’est le
principe dit du « pays d’origine ». Puis la Commission s’est décidée à éliminer les derniers obstacles
dans le domaine des services étant donné que dans les autres domaines (en particulier le domaine des
biens) l’évolution est allée très vite. Dans le domaine du droit administratif cela impose des
obligations de coopération entre les administrations nationales à la fois lorsqu’elles autorisent des
prestataires mais aussi lorsqu’elles surveillent ces prestataires. On utilise souvent le système du
guichet unique.
II – La libre concurrence.
Le marché intérieur est complété par le droit de la concurrence afin d’éviter que le gain d’intégration
acquis par l’abolition des frontières des Etats soit compensé de manière négative et donc perdu du
fait d’obstacles établis par le pouvoir économique des entreprises. Ainsi les articles 101 et 102 du
TFUE ainsi que le règlement sur les règlementations établissent un régime clair et sévère contre les
entraves de la libre concurrence. La concurrence non faussée a été éliminée de la norme centrale sur
les objectifs de l’Union (article 3 TFUE). Mais elle a été conservée au même niveau de droit originaire
dans le protocole numéro 27 sur le marché intérieur et la concurrence. Il reste à surmonter des défis
complexes au niveau administratif, à ce niveau la réforme la plus profonde consiste dans la
décentralisation du contrôle de la concurrence non faussée par le règlement 1/2003 qui a opéré le
transfert des compétences de contrôle aux autorités de concurrence nationale. Il a procédé en
modifiant le régime des légalisations particulières par la Commission en un système de légalisation
générale avec des compétences d’intervention des autorités nationales et de la Commission. Certes
cette modification a été critiquée mais elle a mené à la construction d’un important élément du droit
administratif en Europe : le réseau européen de concurrence. Ce réseau vise à établir une
coopération étroite entre les autorités nationales d’une part et avec la Commission d’autre part. On
constate dans les faits que l’évolution de la pratique administrative se fait lentement mais
efficacement. La Commission a tendance à respecter les obstacles mis à la libre concurrence en
admettant leurs effets favorables à l’Economie. Mais la CJ a une attitude plus sévère et dénonce
l’intrusion des intérêts particuliers dans le régime de libre concurrence. La libre concurrence a donné
lieu à une importante jurisprudence de la CJ. Elle a entraîné également l’élaboration d’une législation
interne, cela a entraîné quatre conséquences principales : la non-discrimination entre nationaux et
ressortissants dans les activités économiques, l’absence de politiques économiques discriminatoires
de par des aides qu’apporteraient l’Etat (soutien à la recherche aéronautique…), la suppression
progressive des monopoles nationaux, la CJ a une interprétation extensive du Traité ce qui dote la
Commission d’un véritable pouvoir normatif autonome (la CJ en vient à considérer que le Traité
confère à la Commission le pouvoir d’édicter des règles générales précisant les obligations résultant
du Traité et s’imposant aux EM).
Le domaine de l’OMC s’est petit à petit élargi : il comprend non seulement le commerce des
marchandises mais aussi celui des services et le domaine de la propriété intellectuelle. GATT et
OMC ont progressivement libéralisé les échanges économiques internationaux et ceci
notamment par l’abaissement progressif des droits de douane par la lutte contre les autres formes
de restriction aux importations, par l’interdiction du dumping et par la règlementation des
subventions aux exportations. La non-discrimination entre Etats a pour conséquence l’application
généralisée de la « clause de la Nation la plus favorisée » qui signifie qu’à partir du moment où
un pays a négocié avec un autre pays des conditions d’échange plus favorables n’importe quel
autre pays peut demander à bénéficier des mêmes conditions. Des exceptions sont acceptées et
tiennent souvent à des relations historiques (la France a des liens particuliers avec les pays de son
anciens Empire). Parmi les exceptions admises il peut y avoir des solidarités régionales
(l’intégration de l’ALENA par rapport au continent américain). Constituent des objets d’étude les
mesures liées à la culture, à l’agriculture, à la protection de l’environnement, à la santé publique.
Tous ces domaines sont particulièrement conflictuels dans les relations entre l’UE et les EU.
Le rôle de l’OMC : elle joue un rôle de dérèglementation du commerce mondial plus qu’elle ne
joue un rôle d’organisation. La politique économique des EM est assujettie au respect des règles
de l’OMC et il n’est pas possible de méconnaître les règles l’octroi d’aides publiques ainsi que la
passation des marchés publics. Par ailleurs l’élargissement du domaine d’activité de l’OMC
accroit les risques de conflit des normes supranationales entre elles. En effet il est nécessaire
de confronter les règles de l’OMC avec celles édictées par des organisations internationales
sectorielles. Il est également nécessaire de rendre compatible le système commercial mondial avec
différents systèmes régionaux très avancés comme par exemple l’UE.
Le FMI joue un rôle important en matière économique, il est le garant monétaire international basé
au moment de sa création en 1947 sur ce que l’on appelait le « gold exchange standard » qui est le
niveau auquel chaque monnaie était convertible en or. Ce système d’échange n’existe plus et
paradoxalement le FMI est un fond assez riche, les contributions que les Etats lui apportent ont été
renforcées et ceci après la crise de 2008. Donc le FMI doit garantir les banques contre la faillite et
aussi aider les Etats contre leur propre faillite.
Ces organisations internationales introduisent des normes dans domaines nouveaux liés aux échanges
de services, aux investissements liés au commerce, et tout particulièrement la lutte contre les
contrefaçons. Toutes ces organisations participent à une régulation internationale commerciale.
L’article 6 : l’application de cet article à des autorités administratives non juridictionnelles est à
l’origine d’une profonde réorganisation des autorités de régulation indépendante. Cette influence
est cependant moins présente dans la régulation des activités économiques, moins présente que ce
que l’on aurait pu penser particulièrement par rapport à la régulation des marchés financiers. Mais
cette juridictionnalisation de la régulation et son influence sur le rôle original des autorités
indépendantes ne doit pas être minimisé et va s’en doute d’accroître.
Plusieurs aspects de l’article 8 sont susceptibles de s’appliquer au DPE : c’est d’abord le respect
du droit à une vie privée « sociale ». Ce droit étant applicable aussi bien aux entreprises et ayant
une influence sur les procédures (procédures d’enquête…). La même disposition implique aussi
le droit à un environnement sain ce qui est susceptible de jouer un rôle sur certaines activités
économiques qui ont une incidence sur l’environnement.
L’article 1er du protocole additionnel numéro 1 : il consacre le droit au respect de ses biens pour
toute personne physique ou morale. Notion large qui inclut aussi bien les biens détenus que les
intérêts économiques ou même certaines créances virtuelles pour lesquelles le requérant disposait
d’une espérance légitime. Cet article peut donc avoir une influence dans le champ de la propriété
publique et dans celui des aides publiques.
Enfin l’interdiction des discriminations par la CEDH peut laisser prévoir l’évolution vers une
intensification des liens entre DPE et droit européen des droits de l’homme. L’interdiction des
discriminations procède de deux dispositions qui intéressent le DPE. L’article 14 qui n’a pas
vocation à poser une règle autonome applicable indépendamment d’un autre droit. La seconde
disposition procède du protocole additionnel numéro 12 qui a une portée différente. Elle édicte
une interdiction générale et autonome de toute forme de discrimination. « Sous la poussée
conjuguée du droit européen des droits de l’homme et dans une moindre mesure du droit
communautaire un renversement s’est opéré dans la hiérarchie des intérêts portés par le droit
administratif. L’intérêt général riche d’exorbitance a progressivement cédé le pas à la garantie
des intérêts individuels au point d’être aujourd'hui transcendé voire individualisé ».
Le rôle du droit international sur le droit administratif est croissant même s’il faut le mettre à part du
droit de l’UE. Le juge se refusait à admettre un contrôle de conventionnalité de peur d’entrer en conflit
avec le législateur. La décision Nicolo a bouleversé cette jurisprudence. Le juge admet la primauté
du droit international sur la loi postérieure. Le Conseil d'Etat ouvre la voie en 1989 a une garantie de
l’acceptation du contrôle de conventionnalité. En 1990 il ouvre la voie à la reconnaissance du pouvoir
d’interprétation des normes internationales et en 1997 de leur effet direct.
Les sources internationales sont donc davantage présentes, elles créent des obligations pour
l’administration à l’égard des particuliers. Plus limitée est la place de la coutume et des actes
unilatéraux.
II – Les services.
Selon les formations gouvernementales, leur organisation et leur rattachement diffèrent mais il existe
des constantes. Quelle que soit l’organisation on peut distinguer d’un côté les services de contrôle et
de l’autre les services de détermination budgétaire.
On y trouve environ 180 agents. Le service de contrôle de l’Etat est chargé des investigations sur
pièces. Il dresse des rapports annuels et en particulier sur les entreprises où l’Etat possède des actions.
Il contrôle les organismes professionnels qui perçoivent des taxes ou des redevances obligatoires. Le
service de contrôle de l’Etat contrôle des dépenses engagées. Ses fonctions sont exercées aussi au sein
des autres ministères par des contrôleurs financiers.
La direction générale du Trésor dépend du Ministre de l’Economie pour lui proposer et conduire
sous son autorité des actions de politique économique ai niveau du pays, pour les défendre tant en
Europe que dans le monde. Pour ces missions la DGT dispose à la fois du réseau des services
économiques à l’étranger et sur le territoire français du réseau des directions régionales du
commerce extérieur. La DGT est également chargée d’effectuer les opérations de caisse et de
banque que comporte la gestion des finances publiques. Ce service fait aussi la liaison entre les
agences publiques qui sont partie prenante sur le marché de l’argent. Le Trésor n’est plus le
banquier de l’Etat mais suit les investissements français à l’étranger ainsi que les emprunts
internationaux. C’est également lui qui collecte l’impôt pour les CT, les fonds de ces CT sont
déposés auprès du Trésor public.
Quant à l’agence des participations de l’Etat c’est un service à compétence nationale qui exerce
quatre missions principales : incarner et exercer la mission d’actionnaire ; exercer l’intégralité des
fonctions de l’Etat actionnaire ; améliorer l’efficacité de la fonction d’actionnaire ; donner à cette
fonction toute sa transparence.
L’INSEE collecte, analyse, diffuse des informations sur l’Economie et la société française. Il
organise aussi le recensement de la population. Il produit les indicateurs essentiels de l’économie
nationale, les données de la comptabilité nationale, l’indice des prix et de nombreux indicateurs
conjoncturels. Auprès des ménages il réalise des études portant sur le logement, la santé, l’emploi
et les conditions de vie des familles. Il interroge aussi les entreprises et les grands acteurs de
l’activité nationale.
La DGCCRF veille à la régulation, au bon fonctionnement des marchés. Elle améliore les règles
de fonctionnement, les applique et élabore des mesures d’urgence ou de sanction le cas échéant.
D’autres directions enfin forment un tout en alliant plusieurs actions (contrôle général économique
et financier, TRACFIN qui lutte contre le blanchiment d’argent).
La déconcentration du service du Trésor : les TPG surveillent l’activité des trésoriers classés
au sein des CT et des EP. Le TPG de région est chargé d’un contrôle classique, un contrôle
financier déconcentré. Il maintient les liens entre un Préfet et le réseau du Trésor public. La
déconcentration concerne le recrutement du personnel, les actes de région afférents, les dépenses
ordinaires de l’Etat, les dépenses en capitaux, les marchés publics et les subventions en
investissement en particulier les subventions aux CT.
Enfin s’agissant de la déconcentration de la direction des douanes : elle est compétente jusqu’à
un certain seuil pour accorder des visas d’accords d’exploitation et pour la fixation d’amendes
transactionnelles.
On trouve à côté de ces trois directions la DGCCRF et la déconcentration est effective puisque
de nombreux dossiers sont gérés au niveau local sans remonter au Ministère.
II – La déconcentration des autres ministères.
Ainsi en est-il des directions régionales de l’Industrie, de la Recherche et de l’Environnement. Ces
services sont au contact du monde industriel. Ils disposent d’un pouvoir important de contrôle, ainsi
ils instruisent les dossiers des entreprises pour l’aide à l’innovation. La Direction régionale et
départementale de l’emploi, du travail et la main d’œuvre. Ces services jouent un rôle important. Ils
sont chargés d’évaluer l’impact sur l’économie locale des politiques publiques et des aides. Ce sont
eux qui souvent sont chargés d’instruire les dossiers pour l’attribution de certaines aides. On peut dire
qu’au plan local aucun service, aucun département ministériel n’est exclu d’un rôle économique local.
Ce rôle s’explique dans un lien de subordination ou de collaboration par rapport aux activités
économiques des Préfets.
III – Le gouverneur.
Il assure la direction de la BDF. Il préside des deux organes. Il met en œuvre les décisions des deux
organes et il pourvoie aux emplois. Il est assisté de deux sous-gouverneurs. Tous trois sont nommés
par décret en Conseil des ministres renouvelables une fois. Ils ne sont révocables que pour faute grave.
Section 2 : Le rôle de la BDF.
I – Les missions.
L’existence du système européen des banques centrales n’empêche pas la BDF de rester une
institution essentielle à la fois pour la politique monétaire et la politique des changes. La BDF reste
maîtresse des contrôles prudentiels des établissements de crédit, elle veille à la sécurité des
moyens de paiement. La politique monétaire unique menée par la BCE est à la fois une politique de
taux d’intérêt et une politique de règlementation des réserves obligatoires. Les taux d’intérêts sont
préconisés par la BCE en particulier le taux des opérations de refinancement des banques auprès de
la BDF. La BDF et les autres BCN jouent un rôle auprès de la BCE en particulier pour les rapports
entre l’euro et les autres monnaies. La BDF exerce pour le compte de l’Etat des missions d’IG telles
qu’établir la balance des paiements ou une participation à la gestion de la dette publique tout en
organisant les adjudications de valeur du Trésor.
B / Les missions.
Il doit soutenir les PME dont les projets sont prometteurs mais qui ont des difficultés pour accéder
au financement. Le FSI doit sécuriser le capital d’entreprises qui sont bien placées. Il doit intervenir
pour aider temporairement des projets industriels novateurs mais sans se maintenir dans le capital. En
effet l’objectif n’est pas de constituer un groupe national industriel intégré. Ce n’est pas non plus
l’objectif de soutenir des entreprises qui ne sont pas viables. Le FSI investit dans des entreprises
reconnues comme rentables. Il n’y a pas de durée type pour l’investissement. Ce qui est important
c’est l’idée que le portefeuille d’actions ne doit pas rester stable, il doit tourner.
C / L’organisation.
Le FSI se présente comme une SA détenue à 51% par la CDC et 49% par l’Etat. Et l’Etat investit dans
le FSI par le biais des agences de participation de l’Etat. D’autres actionnaires français ou étrangers
peuvent entrer dans le capital du fonds à condition que la CDC conserve le contrôle. La direction du
fonds comprend trois instances : un conseil d’administration composé de 7 membres chargés de
déterminer la stratégie générale du fonds et ensuite de la mettre en œuvre. Il est présidé par le
Directeur général de la CDC. Le directeur général dirige le fonds dans le cadre fixé par le CA. Enfin
un comité d’orientation. Certains ont fait remarquer que pour répondre à ses besoins la CDC allait
devoir s’endetter ou tout au moins prendre largement sur ses fonds propres. Il était aussi important de
vérifier la conformité juridique de chaque apport d’une part pour qu’il soit conforme au statut du FSI
et d’autre part pour qu’il soit conforme au droit communautaire des aides. De plus la commission
européenne pourrait être amenée à requalifier en dette publique la dette que creuserait la CDC dans
la mesure où cette institution serait analysée comme un démembrement de l’Etat. D’un point de
vue économique la CDC devra faire des choix stratégiques dans la mesure où ses ressources ne sont
pas analysées.
L’indépendance de ces organismes est relative, graduée, les membres sont nommés par le
gouvernement mais ce qui assure l’indépendance c’est qu’en général le mandat est long et non
révocable. De plus en plus les présidents sont nommés par les assemblées parlementaires. Contrôle
juridictionnel et financier. D’ailleurs la personnalité morale n’est pas attribuée dans tous les cas, en
général celles qui ont la personnalité morale sont plutôt des API. La personnalité financière n’est pas
à elle seule un marqueur d’indépendance. Certains organismes étaient déjà indépendants avant d’avoir
la personnalité morale et il y a aussi des exemples de personnalité morale qui se soient retirées
(Commission de régulation de l’énergie). La loi du 1er août 2003 a doté l’autorité des marchés
financiers de la personnalité morale. La Haute autorité de la santé est qualifiée d’API à caractère
scientifique dotée de la personnalité morale. L’agence française de lutte contre le dopage est une
autorité politique indépendante.
Les AAI n’ont pas la personnalité morale mais échappent à l’autorité hiérarchique. Elles ne
prononcent que des avis ou recommandations. Mais elles sont pratiquement toujours suivies d’effets.
Le Conseil constitutionnel a affirmé qu’elles étaient conformes à la Constitution. Certains distinguent
des AAI et les autorités publiques indépendantes qui sont en plus dotés de la personnalité morale.
Il a été nécessaire pour l’Etat de ne pas cumuler dans un secteur la qualité d’opérateur et la qualité
d’autorité de règlementation. La particularité de ces organismes est qu’ils peuvent prononcer des
sanctions. Leur existence indépendante est d’autant plus justifiée que l’Etat, de même que nous
venons de dire qu’il ne peut être opérateur et autorité de règlementation, il ne peut être opérateur et
juge. Quand l’Etat veut être présent dans le marché en intervenant comme un autre opérateur il se doit
de créer une autorité administrative indépendante afin de rompre avec les structures administratives
qui n’ont pas prouvé leur indépendance à l’égard des opérateurs. L’internationalisation de l’économie
est une autre cause de création des AAI. Ces AAI créent une nouvelle forme d’autolimitation de
l’Etat. Par ce vecteur l’Etat rend acceptable le maintien des interventions qu’il continue de faire.
Dépourvues de définition générale ces institutions manquent d’unité d’où les opinions diverses des
spécialistes. Ces institutions ont fait l’objet d’étude (Conseil d'Etat en 2001). Leur flexibilité, variété
cachent une indépendance toute relative dans la mesure où souvent les membres sont nommés par le
gouvernement. Tous les systèmes sont envisageables et on rencontre d’autres types de domination.
Par exemple parfois les membres des instances des AAI peuvent se représenter en fin de mandat et
parfois non. Dans certains cas les durées de mandat sont indéfinies. Les institutions mises en place ne
le sont pas toujours avec précision. On peut dire que c’est dans le fonctionnement que se crée une
dynamique. Par exemple la CNIL a eu beaucoup d’influences sur les réformes législatives en matière
informatique. Une autre distinction est intéressante : c’est celle du type de régulation qui est instaurée.
Il y a d’une part la régulation sectorielle qui est une régulation ex ante c'est-à-dire un ensemble
d’interventions de nature préventive qui cherche à garantir une concurrence loyale et équilibrée. Puis
il y a la régulation où les autorités interviennent ex post afin de sanctionner les opérateurs une fois
que la pratique a été consommée. On remarque que le législateur n’a pas créé de modèle type
d’autorité de régulation. Elles se ressemblent mais toujours avec des différences. Elles forment un
ensemble spécifique avec comme particularité de pouvoir prononcer sanctions et peines. On retrouve
ici le thème des peines posées par une autorité administrative. L’autre élément qui pousse à leur
création est l’internalisation de l’économie (vrai pour le secteur boursier et financier, secteur de
l’énergie). Elles sont dépourvues de définition commune car ces autorités de marché manquent
d’unité. La personnalité morale n’est pas un élément caractéristique de ces autorités car toutes n’en
bénéficient pas. Ces autorités bénéficient de budgets. Le législateur a confié au juge judiciaire le
contentieux de certaines décisions individuelles de la commission des opérations en bourse, de
l’AMF, de l’ARCEP, de la CRE. Ces recours sont en effet portés devant la Cour d’appel de Paris
qui se trouve alors dans une situation particulière. C’est un organe de l’ordre judiciaire qui applique
le droit administratif. Les autorités de marché ont eu une influence sur l’évolution du principe
d’impartialité puisque c’est à l’occasion de leur fonctionnement qu’a été contestée la présence du
rapporteur au délibéré. Depuis les marchés financiers sont contrôlés par une nouvelle autorité :
l’AMF. Il faut voir dans les rapports entre les juges et l’AMF un élément central du droit de la
régulation. Yves Canivet a dit qu’il voyait dans le droit de la régulation : « une force vive du système
de régulation un rouage essentiel du mécanisme et pas seulement une caution du système mis en place
par la loi ».
Le comité des établissements de crédit et des entreprises d’investissement. C’est une autorité
indépendante dépourvue de la personnalité morale qui accorde autorisations ou dérogations aux
établissements de crédit ou entreprises d’investissement. Il agrée les prestataires de services
d’investissement mais peut aussi bien retirer cet agrément. Il est composé du directeur de la BDF,
du Président de la commission bancaire, du directeur du Trésor et 8 membres parmi lesquels un
conseiller d’Etat, un conseiller à la Cour de cassation…
Le comité consultatif du secteur financier qui s’est substitué au Conseil national des assurances
et au conseil national du crédit et des titres par la loi du 1er août 2003.
Tous ces organes ont en commun d’être des organes ayant un pouvoir de contrôle. Il existe d’autres
organes qui servent à la régulation financière et bancaire.
L’AMF est composée d’un collège et d’une commission de sanction. Il est possible de créer au sein
de l’AMF une commission comme celle des sanctions. La commission des sanctions est distincte du
collège. Il est possible de créer au sein de la commission des sanctions des sous-commissions. Les
membres de l’AMF doivent respecter les règles en matière de conflit d’intérêt. Ils sont tenus par le
secret professionnel. Cependant ils ne peuvent pas opposer ce secret à l’autorité judiciaire.
B / Le fonctionnement de l’AMF.
La loi qui crée l’AMF en fait une API ce qui signifie qu’il s’agit d’une autorité administrative
indépendante dotée de la personnalité morale. Le collège se réunit sur convocation du Président ou
sur décision de la majorité de ses membres. Décisions sont prises à la majorité des voix avec
prépondérance pour le Président.
C / Les moyens.
Elle dispose d’un service propre avec un secrétariat général. Le personnel est constitué d’un côté par
des salariés de droit public et de l’autre par des agents de droit privé. L’AMF dispose d’une
indépendance financière grâce à des ressources propres. Elle récole les produits des droits fixes et des
contributions (il s’agit de droits fixes ou encore de contributions proportionnelles perçus sur les
opérateurs lorsqu’ils sollicitent l’AMF ou lorsqu’ils font l’objet d’un contrôle. Lorsqu’une entreprise
fait appel à l’épargne publique elle est obligée de passer par ce contrôle qui l’autorise à faire l’appel
public à l’épargne. L’AMF va alors toucher des droits).
D / Les attributions.
Les attributions sont très larges et ont été élargies par la loi de sécurité financière. Les attributions
visent le bon fonctionnement du marché.
L’AMF dispose d’abord d’un pouvoir de règlementation : elle sert à préciser l’interprétation et
les modalités d’application du règlement général de l’AMF. Cde règlement général détermine les
règles de pratiques professionnelles imposées aux opérateurs faisant un appel public à l’épargne.
Il détermine également les règles relatives aux dispositions d’acquisition d’instruments financiers
émis avec appel public à l’épargne et également les règles de bonne conduite que doivent respecter
les professionnels de la branche. A côté il existe des décisions individuelles qui concernent
l’application du règlement général et des visas de documents divers à l’appui d’opérations avec
appel public à l’épargne.
L’AMF dispose d’autres attributions : alors que la COB prévoyait cette possibilité l’AMF ne reçoit
pas les plaintes des épargnants. L’AMF utilise la conciliation pour régler des litiges selon des
modes alternatifs. Elle peut recourir à des corps extérieurs pour effectuer des contrôles
(investigations par des CAC). Le collège de l’AMF dispose d’un pouvoir propre d’injonction
directe et le Président de l’AMF peut compléter par son pouvoir d’injonction indirecte, dans ce
cas il demande au Président du TGI de Paris d’ordonner à la personne en cause de mettre fin à
l’irrégularité (pouvoir d’injonction indirect). Toutes ces procédures doivent être complétées par
l’AMF qui peut interdire éventuellement de manière temporaire à l’établissement d’exercer son
activité.
L’AMF peut prononcer aussi des astreintes pour que ses avis soient suivis d’effets. Elle peut
même demander qu’une somme d’argent soit consignée. Comment s’opère le contrôle des
sanctions ? D’abord, avant la loi du 1er août 2003 il fallait distinguer en matière d’offre publique
d’acquisition et de sanctions administratives de la COB, la Cour d’appel de Paris était
compétence ; en matière d’agrément et de sanctions disciplinaires c’est le Conseil d'Etat qui était
compétent. Ensuite depuis la loi de 2003 la dualité subsiste par rapport aux décisions individuelles
de l’AMF. Les recours contre les décisions relatives aux agréments ou aux sanctions infligées aux
professionnels des marchés financiers relèvent du Conseil d'Etat. Ils doivent être formés dans le
délai de 2 mois après signification de décision de sanction et dans le délai de 10 jours après
publication pour les autres décisions. Les recours contre les décisions de portée individuelle autres
que ceux cités relèvent de la Cour d’appel de Paris saisie dans le délai de 15 jours après publication
de la décision.
Section 2 : L’ARCEP.
Dans la plupart des secteurs un service universel est prévu, il correspond à une offre de prestation
pour tous les consommateurs sur la totalité du territoire à un niveau de qualité prévue et à un prix
abordable pour tous. L’un des premiers secteurs à faire l’objet d’un processus de libéralisation est le
secteur des communications électroniques. La présence d’une autorité de régulation est nécessaire à
cause de la rareté des ressources comme les fréquences hertzienne ou encore à cause de la préférence
pour certains numéros.
II – Les compétences.
A / Le pouvoir règlementaire.
Les compétences sont nombreuses et variées. Elle intervient dans la rédaction du Code des postes et
communications électroniques et dans la rédaction des décrets ayant trait à ce domaine. Le pouvoir
règlementaire porte sur les droits et obligations relatifs à l’exploitation des différentes catégories de
réseau et service ainsi que les prescriptions applicables aux conditions techniques et financières
d’interconnexion et d’accès ainsi que les conditions d’utilisation des fréquences et réseaux. L’ARCEP
utilise un pouvoir règlementaire dans un domaine plus large. Ainsi l’article L44 du CPCE prévoit
que l’autorité attribue « dans des conditions objectives, transparentes et non discriminatoires, aux
opérateurs qui le demandent des préfixes et des numéros ». Le Conseil d'Etat a considéré qu’un plan
de numérotation prévoit aussi nécessairement « les règles générales précisant comment ces numéros
et préfixes sont attribués ». Par ailleurs l’article L36-7 du Code prévoit que l’ARCEP définit des
mesures d’encadrement pluriannuel des tarifs et émet un avis public sur la mise en œuvre des tarifs.
Le Conseil constitutionnel accepte de considérer que le pouvoir de définir les mesures d’encadrement
pluriannuel des tarifs relève bien du pouvoir règlementaire et cette habilitation ne porte pas atteinte
à l’article 21 de la Constitution.
C / Le pouvoir de sanction.
L’autorité peut d’office, à la demande du ministre, d’une organisation professionnelle, d’une
association d’utilisateurs ou d’une personne physique ou morale concernée sanctionner les
manquements qu’elle constate de la part des exploitants de réseau ou des fournisseurs de service
de communication électronique. Le Conseil constitutionnel a été amené à préciser le champ des
infractions relevant de l’autorité. Le pouvoir de sanction tel que modifié dans la loi du 9 juillet 2004
peut être exercé de deux manières : soit après mise en demeure en cas d’infraction d’un exploitant de
réseau ou d’un fournisseur de service de communication électronique soit lorsqu’un exploitant de
réseau ou un fournisseur de service ne se conforme pas dans les délais fixés à une décision de
règlement de différends prise en application de l’article L36-8 du CPCE (l’ARCEP ne peut
sanctionner des manquements aux législations autres que celles issues du CPCE). Pour les violations
des règles de la concurrence c’est l’ADLC qu’il faut saisir. Comme toute autorité administrative
l’ARCEP doit respecter les règles de concurrence dans l’exercice de ses missions. Le Conseil
constitutionnel lui-même relève que pour ces missions de règlement des différends relatifs à
l’interconnexion les décisions de l’ARCEP « pourront trancher des litiges relevant du droit de la
concurrence ». Ce n’est que dans le cas où les opérateurs n’auront pas choisi de saisir l’autorité que
les litiges pourront être portés devant l’ADLC.
La responsabilité recherchée dans les fonctions administratives : selon Y. Gaudemet « les autorités
administratives indépendantes qui prolifèrent aujourd'hui ont souvent reçu des attributions de
contrôle parfois noyées sous le vocabulaire flou et plus large de régulation ». Avant 2003 la plupart
des AAI n’avaient pas la personnalité morale, elles faisaient partie de l’Etat. Elles engageaient la
responsabilité de l’Etat avec comme principe que le contrôle ne doit pas être sanctionné comme
l’action. La responsabilité pour l’action relève de la faute simple, celle pour le contrôle relève de la
faute lourde. Chaque fois que le contrôleur est dans sa fonction de contrôle il bénéficie de la
« franchise de responsabilité » que lui assure l’exigence d’une faute lourde. Les théoriciens qui
analysent la responsabilité du fait des activité de tutelle et de contrôle administratif avancent qu’il
faudrait une loi dans les cas où l’on voudrait porter l’intervention administrative au-delà du contrôle
en lui donnant une forme quasi hiérarchique pour que la régularité de l’action administrative soit mise
en cause sur la base d’une faute simple (CE, 1984, Société Pierre et Cristal s’agissant du contrôle
par la COB la responsabilité de l’Etat ne peut être retenue que pour faute lourde).