Documente Academic
Documente Profesional
Documente Cultură
0
1. Introduction
Cet ouvrage consacre l'étude des spécifités épistémologiques issues d'une rencontre
interdisciplinaire tripartite entre: 1. la linguistique (langage et langue) 2. la didactique des
langues, et 3. la cognition (le lien qui unit nos structures mentales et les connaissances acquises
dans unelangue particulière, puis, transférées d’une langue vers une autre par le biais de contacts
intralinguistiques).
Croire à la dimension scientifique de la didactique des langues implique la prise de
conscience de la réalité suivante: Il est possible d’être linguiste sans être didacticien, mais il
est (du moins) regrettable d’être didacticien sans être linguiste. Comme Karen Renard (1995,
p. 389.): „il n’existe pas de modèle idéal pour enseigner les langues, mais toute méthode
pédagogique a besoin d’un fondement théorique „. Cette thèse a soutenu aussi Hélène Huot
disant: „rien ne peut dispenser les enseignants praticiens d'une réelle formation (initiale et
permanente) en linguistique.“
Le cognitivisme vient couronner l'union présentie entre linguistes et didacticiens, parce que „on
explique selon qu'on a su comprendre. Et on comprend selon qu'on a su observer.“ (G.
Guillaume)
Il ne faudra pas de réduire la didactique des langues à la méthodologie de l’enseignement. Elle
est avant tout une réflexion, profonde et scientifique, sur les processus cognitifs que sont
l’acquisition et l’apprentissage des langues.
Les différentes composantes de ce livre s'adressent à toutes les linguistes, théoriciens ou
praticiens qui méditent sur les problèmes que soulève l'apprentissage des langues et qui se
sentent concernés par l'idée de décrire les conditions qui pertmettent de „penser dans l'autre
langue“. En outre, conçu
comme un ouvrage-manuel, le livre propose des exercices, corrigés et non-corrigés, à la fin de
chaque chapitre. Aussi, il contient des analyses portant sur d’autres langues, essentiellement
germaniques (anglais, allemand), romanes (italien), slaves (croate, serbe, russe), etc.
Le livre est composé de trois parties:
La 1re partie : introduction aux principes de la discipline « linguistiquedidactique»
La 2ème : le lien qui unit les sciences cognitives et la linguistique-didactique
La 3eme partie est une rencontre entre la théorie syntaxique de Tesnière et une approche
didactique. L'essentiel de cette partie portera sur l'examen de la célèbre dichotomie
tesniérienne qui est connu sous le nom de parler une langue/ comprendre une langue.
1
2. PREMIERE PARTIE : Pour une linguistique-didactique
La didactique des langues est une discipline recouvrant l’ensemble des approches scientifiques de
l’enseignement des langues et constituant un lieu de synthèse entre les apports différents de la
linguistique, de la psychologie, de la sociologie, de la pédagogie. […] Aussi, c'est une discipline
utilisant des procédés et des techniques adéquats aux principes choisis et débouchant sur
l’élaboration de méthodes et de manuels utilisables en classe.
Les sciences cognitives contient l’étude de l’intelligence, particulièrement de l’intelligence
humaine. La didactique des langues effectue un simple retour à la principale activité cognitive de
la vie humaine qu’est l’activité langagière.
Selon R.Jakobson : « Parler une langue implique que l’on puisse parler de cette langue ». On parle
une langue et on en parle. On parle des mathématiques mais on ne les parle pas.
« Linguistique-didactique » rejoint une famille nombreuse déjà existante : neurolinguistique,
sociobiologie, astrophysique, psycholinguistique, etc
La didactique des langues effectue un simple retour à la principale activité cognitive de la vie
humaine qu’est l’activité langagière.
La linguistique-didactique est l’étude scientifique du lien entre le langage et l’acquisition des
langues.
L’appellation « linguistique-didactique » permet d’éviter la distinction entre « didactique »
(générale, ou celle d’une matière non linguistique) et « didactique des langues ». Il va de soi, en
effet, que la linguistique-didactique s’applique exclusivement aux langues.
La linguistique « usuelle » se situe à l’écart de l’apprentissage des langues, tandis que la
linguistique-didactique pénètre également dans les sphères psychologiques (avec son versant
cognitif) et sociobiologiques (avec la notion de valeur sociolinguistique des mots et leur impact sur
l’apprentissage).
Une théorie et une pratique de l'enseignement des langues n'impliquent pas seulement une théorie
du langage et une théorie de l'apprentissage, mais aussi une articulation entre l'une et l'autre. (H.
Bese et R. Porquier, 1991, p. 179) Il n'y a pas d'enseignement de langues efficace sans une théorie
de la langue.
2
Alors, langue source- renvoie à l'appellation „langue maternelle“ ou „langue de départ“
Langue cible- désigne l'appelation „langue étrangère“
Et enfin, le vocable „interlangue“ est réservé à ce qui se situe entre « langue maternelle » et «
langue étrangère »
Les didacticiens définissent l'apprenant comme un individu acteur de la classe (dans un cours de
langue) et non comme un patient de son apprentissage. Ce terme on limite à la classe.
Ce terme relèverait davantage d'une didactique générale (comment transmettre les savoirs) que
d'une linguistique-didactique qui réunit analyse linguistique et apprentissage des langues. Donc,
l’apprentissage est un processus conscient (S.D. Krashen)
Quant au locuteur natif, il est celui dont on peut dire qu’il parle « sa langue », en tous les cas qu’il
« parle avec une aisance totale une langue acquise dès la petite enfance » (M. Yaguello, 1988).
Mais, il paraît difficile de réserver ce statut exclusivement à la petite enfance, sachant que la notion
de « seuil fatidique » - âge limite à partir duquel il nous est difficile de manier une langue à l'instar
du „natif“(C. Hagège)
Locuteur non confirmé (au lieu de « apprenant » ou « étranger ») est tout individu dont la maitrise
de la langue, quelles qu’en soient les raisons, se révèle inférieure à celle du locuteur confirmé.
Le terme locuteur confirmé – au lieu de « Français » ou « locuteur natif » désigne tout individu
dont le sentiment linguistique est suffisamment fiable et développé pour former des jugements
d’acceptabilité sur des énoncés produits dans la langue.
En général, les didacticiens utilisent le mot „locuteur“ ou „sujet parlant“ quand ils pensent au
„locuteur natif“ en linguistique, et le terme „sujet apprenant“ lorsqu'ils évoquent le mot „apprenant“
en didactique des langues.
Celui qui apprend une langue valorise son énonciation aux yeux des sciences du langage pour deux
raison: il apporte à la linguistique-didactique de précieux éléments de comparaison isssus de
l'analyse contrastive entre les deux langues; il offre, en parlant de nombreuses sources d'études de
la notion de faute, si chère aux linguiste-didacticiens. C'est pourquoi le mot „locuteur“ est plus
adéquat. Il est bien évident que la frontière entre locuteur confirmé et locuteur non confirmé peut
être floue, par exemple , dans un cas de bilinguisme ou de « désarroi linguistique ».
Selon S. Auroux „la langue source est toujours de langue du traducteur“. En traduisant, on
ne peut que projeter une structure sur une autre. La première langue „n'est pas forcément celle que
l''individu parlera à l'âge adulte avec le plus de facilité“. Il est faux qu'une langue maternelle ne
s'oublie jamais. Comme l'a dit A. Martinet – « Le critère de la perfection n’a guère de sens : il
y a dans toutes les communautés linguistiques des unilingues qui emploient des formes considérées
très généralement comme incorrectes. L’unilingue ne parle pas à la perfection, mais à la satisfaction
d’un entourage immédiat ou l’on connait son appartenance au groupe. »
4
2.2. Chapitre II – Nature humaine et comportement linguistique
5
„Il est essentiel, pour aborder une langue étrangère, de se dégager des catégories et de la structure
de la langue maternelle.“ (M. Yaguello) Pour se dégager de la „chaîne mentale“ qui lie les contenus
linguistiques de la langue in esse aux contenus cognitifs il faut être un autre que soi-même.
Maîtriser les formes linguistiques n’est qu’une composante de l’apprentissage, un simple savoir.
Cette composante, déficitaire par définition, ne permet pas au locuteur non confirmé d’être,
d’exister dans la langue qu’il apprend. Confronté essentiellement aux formes de la langue qu’il
apprend, le locuteur non confirmé reste, pour ainsi dire, en dehors de l’essentiel.
L’action mentale que le locuteur confirmé doit accomplir renvoie à ce que les langues germaniques
et slaves nomment de la manière suivante : sich in einer neuen Spracheeinleben (allemand), uživjeti
se u novi jezik (croate). Sur le plan sémantique, le français se rapprocherait des expressions
allemande et croate en optant pour la locution se reconnaître dans une nouvelle langue.
6
Dans la langue in fieri (interlangue) existent plusieurs degrés qui dépendent des états
mentaux des locuteurs:
a) Cognition mixte invariable- une très forte imbrication des deux langue, une interprétation
considérable entre les deux complexes de comportement linguistique.
b) Cognition mixte variable- celle de la plupart des locuteurs non confirmés (elle varie de qualité
de l'apprentissage, circonstances, inestissement personnel)
c) Cognition alternée- type de cognition qui concerne les locuteurs dotés d’un bilinguisme très
solide
3.1.2. Le vouloir-dire
On peut constater que les faits généraux relatifs à toutes les langues et les faits particuliers
relatifs à certaines d’entre elles agissent directement sur des comportements des locuteurs. La
singularité qui réside au fond de chaque langue détient la « formule magique » qui permet de savoir
pourquoi cette langue fonctionne ainsi et non autrement.
Le vouloir dire et le comportement linguistique caractèrisent ensemble l'énonciation du locuteur,
mais chacun à un moment différent. Cela signifie l'energia locutoire (selon Humboldt la langue
n'est un ergon= product, mais une energeia= production) abrite d'abord un vouloir-dire, qui
fonctionne comme un avant, puis un type de comportement linguistique, qui se présente comme un
après.
Alors, le vouloir-dire désigne en linguistique-didactique l’ensemble des éléments qui sont d’ordre
mental et par lesquels la langue incite le locuteur à choisir tel type d’énonciation (le dire) et
d’énoncé (le dit) plutôt que tel autre. Ça caractérise chacune des langues naturelles. Qu'est- ce que
7
c'est donc le vouloir-dire? Le vouloir-dire est un ensemble de choses qui sont permises dans le
comportement linguistique.
8
3.2. Chapitre IV – Analyse linguistique et apprentissage des langues :
problèmes et particularités
S.-D. Krashen souligne qu'il n'y a pas de „passage“ possible entre acquisition et apprentissage, qu'il
s'agit de deux processus qui peuvent coexister mais qui sont fondamentalement distincts. Selon lui,
9
l'enfant acquiert la langue (langue „maternelle“), dans la mesure où la petite enfance exclut toute
idée d'un enseignement à dispenser.
Ce qui maintient deux processus l’un près de l’autre et empêche qu’il y ait entre eux un écart
considérable, c’est le résultat final. Ce résultat, ils y aboutissent conjointement: maîtriser la langue.
10
3.2.3. Les niveaux de langue
Dans son oeuvre Linguistique O. Soutet parle de terme le niveau de langue « sert à désigner ce qui
dans un énoncé révèle l’origine sociologique ou sociogéographique du locuteur.
Soutet dans Linguistique distingue quatre niveaux pour le français:
a) le niveau soutenu
b) le niveau moyen
c) le niveau populaire
d) le niveau vulgaire
C'est l'homme qui sait diminuer la rigidité de certains niveaux par des variations sporadiques et
intelligemment dosées, lorsqu'il considère que la situation de communication s'y prête.
3.2.4. Le bilinguisme
Conformément à la terminologie ussuelle, le bilinguisme est soit individuel (celui d’un
locuteur), soit collectif (celui d’une communauté tout entière ou au moins d’une partie de celle-ci).
Certains auteurs opposent le terme bilinguisme (un seul individu) au terme de diglossie (l’ensemble
des locuteurs appartenant à un groupe sociolinguistique précis).
Cette diglossie peut introduire une distinction plutôt sociolinguistique entre langue véhiculaire
(langue officielle la plupart du temps) et langue vernaculaire (langue de communication appartenant
à un groupe plus restreint).
Ainsi utiliserons- nous le terme bilinguisme pour désigner tout locuteur qui, à titre personnel,
entame un apprentissage quelconque de deux langues dès la naissance ou à un stade plus tardif dans
son évolution linguistique.
Certains spécialiste considèrent que l’enfant bilingue possède d’emblée une plus grande ouverture
au monde du fait même de se situer dès le départ dans deux langues et, par conséquent, dans deux
visions du monde différentes.
Concernant au aspect psycholinguistique : le bilingue appréhende le monde et se comporte,
psycholinguistiquement parlant, selon deux systèmes de conceptualisation distincts. Il appartient à
deux mondes conceptuels différents.
Selon la définition sociolinguistique le bilingue passe inaperçu dans chacune des deux langues-
cultures auxquelles il appartient et il est à chaque fois reconnu comme tel par le groupe linguistique
correspondant. La capacité d’un individu à utiliser deux langues avec une correction phonétique
suffisante pour éliminer tout obstacle à la bonne compréhension de ce qu’il dit, ainsi qu’une maîtrise
de vocabulaire et des structures grammaticales comparables à celles d’un locuteur monolingue du
même milieu social et culturel.
Il existe une relation de superposition – le sujet bilingue n’a qu’une seule conscience, qu’une seule
pensée. C'est là que résident les particularités relatives aux contenus cognitifs du locuteur bilingue
et à la manière dont il exprime dans les deux langues.
Pour ce qui est de l'énonciation et de l'acquisition des langues, les linguistes-didacticiens
distinguent deux types de bilinguisme :
1) Le bilinguisme coordonné : l’acquisition inconsciente de deux langues dès la naissance (la
coordination entre les deux langues)
2) Le bilinguisme subordonné : le résultat d’un apprentissage conscient d’une deuxième langue a
l’âge linguistiquement adulte (la subordination de la langue 2 à la langue 1)
Les enfants issus de couples „linguistiquement mixtes“ peuvent-ils atteindre un degré important de
bilinguisme, à condition que les deux parents respectenr ce qu'il est convenu d'appeler le „principe
11
de Ronjat“ qui implique que les deux parents s’adressent à leurs enfants dans une seule et même
langue, selon la formule : une (seule) personne = une (seule) langue
Il est très important de savoir que jusqu’à un certain âge (2—5 ans), l’enfant bilingue «
ignore » qu’il parle deux langues. On constate que l’enfant bilingue est plus créatif, et que d’avoir
à sa disposition deux langues et deux modes de pensées enrichit à tous points de vue sa personnalité.
12
simples, dépourvues de toute complexité syntaxique ou sémantique : Il est fou – Il n’est pas fou, je
travaille – je ne travaille pas.
Une simple insertion d’un adverbe, par exemple, à l’intérieur de la négation risquerait de rendre
difficile la compréhension du sens phrastique.
13
La distinction, établie par Tesnière, entre mots pleins et mots vides, permet au linguiste et au
locuteur non confirmé d'analyser et d'apprendre des langues aux typologies différentes (par ex. le
français et le chinois).
Selon Tesnière les paradigmes grammaticaux „se sont avérés d'une grande importance
pédagogiques. Au lieu d'apprendre les réalisations une par une sens en entrevoir la cohérence ni les
limites, l'élève s'aperçoit ainsi du caractère limité et structuré des paradigmes fonctionnels, ce qui
en facilite beaucoup la compréhension et la mémorisation et lui donne une certitude d'en arriver à
bout dans un délai prévisible.
- Le locuteur confirmé (l’élève dont parle L. Tesnière) comprend la phrase avant même de procéder à
l’analyse stemmatique, tandis que le locuteur non confirmé ne comprend pas la phrase avant son
analyse semmatique. Le locuteur confirmé saisit immédiatement le sens de la phrase dans son
intégralité. Les deux locuteurs saisissent l'ensemble des lois syntaxique qui caractérisent la phrase.
14
4.2.3. Connexion et notion de faute
La connexion est supérieure à la notion d'acceptabilité grammaticale.
Les connexions s'établissent là où émergent des rapports de dépendance explicite.
La faute connexionnelle implique des rapports de dépendance. Les fautes connexionnelles
apparaissent plus tardivement, à partir du moment où le locuteur tente de réaliser ses premières
constructions phrastiques en pénétrant dans la syntaxe de la langue.
Donc, la connexion dont l'étude permet de mieux observer les multiples formes de la langue que le
locuteur produit et comprend au sein l'ordre linéaire et de l'ordre structurale.
Glossaire:
Forger- inventer, travailler un métal, fabriquer un objet par forgeage. Créer quelque chose, une
expression, imaginer quelque chose. Synonymes: controuver, fabriquer, imaginer
Effacer- faire disparaître quelque chose; faire en sorte que ses épaules, son ventre soient moins
moins marqués.
Supprimer quelque chose, le faire disparaître ; rayer, abolir
Faire oublier quelque chose ou le (faire) pardonner
Synonymes: barrer, rayer, faire ressortir, éclipser, abolir, absoudre
Néoténie- caractéristique des groupes d'êtres vivants présentant à l'état adulte des caractères
qui, dans les groupes voisins, sont purement infantiles, larvaires ou même fœtaux.
15